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le Mien-poème aux cent bouches Paul Celan

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Ahmad Saidullah

LE BONHEUR�et autres

TROUBLES�

Traduit de l'anglais (Canada) par Annick Geoffroy-Skuce, Marc Charron

et Caroline Lavoie

Les Presses de l’Université d’Ottawa 2013

Collection Traduction littéraire

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Les Presses de l’Université d’Ottawa (PUO) sont fières d’être la plus ancienne maison d’édition universitaire francophone au Canada et le seul éditeur univer­sitaire bilingue en Amérique du Nord. Fidèles à leur mandat original, qui vise à « enrichir la vie intellectuelle et culturelle », les PUO proposent des livres de qualité pour le lecteur érudit. Les PUO publient des ouvrages en français et en anglais dans les domaines des arts et lettres et des sciences sociales.

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Révision linguistique : Nadine Elsliger Correction d’épreuves : Thierry Black Mise en page : André Vallée – Atelier typo Jane Maquette de la couverture : Johanna Pedersen Développement numérique/eBook: WildElement.ca

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Saidullah, Ahmad[Happiness and other disorders.  Français]  Le bonheur et autres troubles / Ahmad Saidullah ; traduit de l'anglais (Canada) par Annick Geoffroy-Skuce, Marc Charron et Caroline Lavoie.

(Collection Traduction littéraire)Traduction de: Happiness and other disorders. Nouvelles.Publié en formats imprimé(s) et électronique(s).ISBN 978-2-7603­0812-1 (couverture souple).--ISBN 978-2-7603-2115-1 (pdf).--ISBN 978-2­7603-2098-7 (epub).--ISBN 978-2-7603-2116-8 (mobi)

I. Lavoie, Caroline, traducteur  II. Charron, Marc, traducteur III. Geoffroy-Skuce, Annick, traducteur IV. Titre. V. Happiness and other disorders. Français

PS8637 A446 H3614 2013 C813'.6 C2013-906497-4 C2013-906498-2

Dépôt légal : Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université d’Ottawa, 2013

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Préface

La traduction en français d’auteurs anglophones d’origine sud-asiatique est un phénomène assez récent, qui remonte

essentiellement au début des années 1980. Or, depuis sa découverte d’auteurs comme le romancier britannique d’origine indienne Salman Rushdie, le lecteur francophone, qu’il soit d’Europe ou d’Amérique, semble de plus en plus intéressé et intrigué par ces écrivains venus d’un monde à la fois fascinant et lointain, et évoluant très souvent en Grande-Bretagne, auxÉtats-Unis ou au Canada. Convient-il alors de parler d’une littérature sud-asiatique affirmant de plus en plus sa présence dans ces pays majoritairement anglophones, ou bien d’une littérature d’expression anglaise de plus en plus marquée par l’expérience sud-asiatique de l’exil ?

Happiness and Other Disorders est l’une de ces œuvres qui intriguent. Son auteur, le Canadien d’origine indienne Ahmad Saidullah, a d’emblée attiré l’attention des jurys de nombreux prix littéraires parmi les plus prestigieux, non seulement au Canada (CBC Literary Prizes, Danuta Gleed Literary Award) et en Inde (Vodafone Crossword Book Award), mais égalementaux États-Unis (Panliterary Award du Drunken Boat) et en Irlande (Fish Publishing International Short Story Contest).

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Curieusement, ou peut-être pas dans un contexte mondia­lisé de la circulation des livres, la scène littéraire asiatique semble de plus en plus occupée par des auteurs nord-américains. Ou devrait-on plutôt parler d’auteurs nord-américains d’abord et avant tout actifs et présents sur la scène littéraire asiatique? On n’a qu’à penser à des auteurs bien établis et mondialementreconnus comme Jhumpa Lahiri aux États-Unis ou Michael Ondaatje au Canada. Et les étoiles montantes ne manquent pas : Miguel Syjuco, auteur montréalais d’origine philippine, lauréat du Man Asian Literary Prize en 2008; Xu Xi, qualifiée d’auteure anglophone hongkongo-newyorkaise, finaliste de ce même prix en 2007; Chitra Banerjee Divakaruni, lauréate de l’American Book Award en 1995 ; Pasha Malla, récipiendaire en 2009 des prix Trillium et Danuta Gleed ainsi que finaliste aux prix du Commonwealth et Scotiabank Giller la même année. On pourrait encore citer maints exemples.

Lors de la parution de Happiness and Other Disorders, en 2008, la question de l’identité duelle (canadienne et indienne) de l’auteur s’est présentée. Notons d’entrée de jeu que le recueil a été reçu avec autant d’enthousiasme au Canada qu’en Inde. Le fait qu’il ait été publié la même année par Key Porter House, à Toronto, et par Penguin Books India, à New Delhi avec la même couverture et la même description n’est sans doute pas aléatoire. Au Canada, le Globe and Mail, le Toronto Star et le Hamilton Spectator ont salué l’émergence de ce nouvel auteur et, en Inde, le Telegraph, le Statesman, le Financial Express et le Business Standard ont encensé l’œuvre.

Il semblerait donc qu’à identité duelle correspondrait réception duelle. Mais comment Saidullah a-t-il été présenté par la critique au Canada et en Inde ? Comme un auteur canadien ou indien ? La presse culturelle canadienne semble quelque peu ambivalente sur la question. En février 2008, le Globe and Mail parle à la fois de « new South Asian writing » et de «new Canadian writers» pour décrire Saidullah et d’autres écrivains canadiens d’origine sud-asiatique. Un autre article du Globe, paru un mois plus tôt, vante les mérites d’une œuvre de fiction qui fait entrer le lecteur dans un « monde

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nouveau ». Au cours du même mois de janvier 2008, le Star découvre dans l’écriture de Saidullah des accents de Faulkner, Borges, James et Nabokov, mais aussi d’Ondaatje.

Les critiques indiens, quant à eux, semblent faire peu de cas de l’identité duelle de l’auteur, à l’exception du Telegraph, qui passe en revue le recueil de Saidullah sous la rubrique « Home Thoughts from Abroad », titre emprunté au poème éponyme de Robert Browning. Mais où est ce « home » et où est ce « abroad » ?

Chose certaine, si la presse indienne passe sous silence le fait que Saidullah est Canadien, la presse canadienne ne manque jamais de préciser que cet auteur, s’il est né au Canada, a grandi en Inde. Pour la traduction, la question n’est pas sans intérêt, car le texte traduit doit lui aussi présenter l’auteur, mais en faisant se déplacer son œuvre encore un peu plus loin, à partir d’un (ou de deux ?) univers culturel(s) vers un autre, francophone. C’est là qu’intervient la question de la pertinence d’un appareil paratextuel, question liée à l’identité duelle de l’auteur. Car pour bien comprendre l’œuvre en français, peut-on se passer tout à fait d’un appareil paratextuel qui ferait office, en quelque sorte, de guide de voyage ?

Il importe tout d’abord de signaler que la plupart des nouvelles de Happiness and Other Disorders sont profondément « enchâssées » dans l’univers culturel du sous-continent ou, pour reprendre le terme de Theo Hermans, sont enveloppées d’un « cultural embedding1 ». Certaines nouvelles sont truffées de mots ou d’expressions non seulement en langues sud­asiatiques, mais également en tchèque et en lallan (référence partielle tout au moins, peut-on penser, au poète écossais Robert Burns). Saidullah n’a pas jugé que cette intrusion de langues étrangères, qui pourrait a priori dérouter le lectorat anglo­phone non indien, nuisait outre mesure à la compréhension du texte. C’est pourquoi il a choisi de ne rien expliquer à ses

1. Hermans, Theo (2009). « The Translator’s Voice in Translated Narrative ». Critical Readings in Translation Studies, sous la direction de M. Baker. New York et Londres : Routledge, p. 199.

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lecteurs anglophones. Mais il reste que les nouvelles de Sai­dullah ne sont pas d’une lecture tout à fait facile, même en anglais, et le lecteur doit rester alerte pour comprendre les allusions, les références intertextuelles et les soubresauts par­fois simplement suggérés du récit. L’absence d’un appareil paratextuel en anglais force le lecteur à s’engager activement dans la production du sens.

Et Saidullah va plus loin. Se disant surpris que certains lecteurs puissent trouver le livre d’un abord difficile, comme le rapporte en janvier 2008 le Hamilton Spectator, il va jusqu’à refuser de distinguer par l’italique les mots en langues étran­gères, comme il est d’usage. Mais pourquoi ?, pourrait-on se demander. Saidullah explique que ce rejet délibéré de l’italique est un refus de marquer les mots en langues sud-asiatiques comme singuliers car, dans le contexte culturel où sont campés ses personnages, il est commun d’amalgamer anglais et hindi (ou ourdou, etc.). Autrement dit, cette interpénétration des langues est naturelle pour les personnages qui peuplent Happiness and Other Disorders. La reproduire textuellement semble donc fondamental pour asseoir, si l’on veut, leur crédibilité.

On pourrait cependant vérifier si ce choix « linguistique » de Saidullah est le même partout et s’il ne s’agit pas, à l’occasion, d’un « refus de traduire » comme stratégie, telle que le courant postcolonial en traductologie nomme ce type de phénomène. En effet, le refus délibéré de l’italique rappelle la notion, reconnue et revendiquée par Saidullah lui-même, de « lacune métonymique » que Bill Ashcroft place au cœur de la trans­formation de la langue littéraire, et qui serait, en soi, un « refus de traduire »2. Pour ce théoricien du postcolonialisme, ce qui distingue le texte transculturel, c’est son désir d’inscrire la dif­férence et l’absence comme corollaires de l’identité culturelle. Ainsi, toute stratégie de transformation (que ce soit la «traduc­tion » d’une réalité culturelle comme celle du monde sud­asiatique racontée en anglais, ou encore la « traduction »

2. Ashcroft, Bill (2009). Caliban’s Voice : The Transformation of English in Post-Colonial Literature. New York et Londres : Routledge, p. 175.

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stricto sensu de l’anglais vers le français) installe la différence au cœur du sens. Il s’agit donc bien là de stratégies métonymiques pour marquer la différence culturelle, qu’on met à jour grâce à la variation linguistique. Or, cette « lacune métonymique », sorte de « refus de traduire », est une construction textuelle insérée dans le texte par le biais d’une allusion, d’un dialogue ou d’une variation linguistique3. L’un des corollaires de ce refus est de forcer l’engagement actif du lecteur envers la culture vernaculaire, la rendant par là centrale, et non secondaire, ce qui établit une distance culturelle tout en la franchissant. L’absence d’explications devient à la fois stratégie pour marquer cette différence centrale et façon de s’assurer que le sens n’est pas donné par une définition de dictionnaire ou une note explicative, mais plutôt construit par le lecteur lui-même4.

Barbara Folkart, quant à elle, parle de «décalage traduction­nel», qui fragilise le cadre de référence commun (jusqu’à un certain point) essentiel à la communication entre l’auteur et ses lecteurs, surtout si ces derniers se situent dans un contexte culturel ou temporel éloigné5. Ainsi, il est plus difficile pour le traducteur d’afficher ce même refus d’intervenir que Saidullah, car il est soumis à la forte tentation de corriger ce décalage et de restaurer ce cadre afin de s’assurer que le texte sera compris et apprécié par les lecteurs de la traduction. Ainsi, il a tendance à faire entendre sa voix, par le biais de notes de traduction ou d’un glossaire, le plus souvent pour expliquer le contexte culturel ou historique. Autrement dit, plus le texte est enchâssé dans un contexte culturel éloigné, plus la tendance à l’explicitation se fait sentir chez le traducteur6.

La question qui s’est posée à nous, traductrices et traduc­teur, était la suivante : comment représenter en français les personnages et leur histoire non pas comme secondaires, mais de façon centrale, tout en évitant de reléguer le lecteur

3. Id., p. 176-177. 4. Id., p. 177. 5. Folkart, Barbara (1991). Le conflit des énonciations : traduction et discours rapporté.

Montréal : Balzac Éditeur, p. 347. 6. Op. cit., Hermans, p. 197-198.

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à une place tout aussi secondaire ? Nous étions préoccupés par l’absence totale d’explications, qui aurait pu empêcher le lecteur francophone d’apprécier pleinement l’ouvrage. Poussée à l’extrême, cette situation pouvait constituer une « lacune » infranchissable ou un «décalage» insurmontable, surtout parce que les nouvelles de Saidullah sont pour l’essentiel, comme il a été dit, profondément enchâssées dans le contexte culturel du sous-continent indien.

Ce fut là une réelle question d’ordre presque éthique et l’objet de bien des débats. Jugeant, comme Hermans7, les notes de traducteurs comme une « rupture de discours » et peut-être contraires à l’intention de Saidullah, qui a exclu toute note explicative de l’ouvrage original, nous voulions tout de même faciliter la lecture de l’œuvre au lecteur francophone.

Nos débats ont d’abord été guidés par la tendance qu’on observe dans les traductions françaises d’auteurs anglophones d’origine sud-asiatique. Au cours du dernier quart de siècle, soit précisément entre 1983, date de la traduction de Midnight’s Children de Salman Rushdie par Jean Guiloineau, et 2009, nous avons recensé pas moins de 53 ouvrages répondant à ces critères8, tous se présentant comme des traductions de façon tout à fait transparente. Un peu moins de la moitié, soit une vingtaine, contiennent un glossaire en annexe, dont la présence est généralement signalée par une note de bas de page à la première occurrence d’un mot en langue sud-asiatique. Quand on étudie plus avant les glossaires, on se rend compte qu’ils contiennent surtout des références culturelles ou explications de réalités sociologiques relatives au système de castes, aux pratiques religieuses et rituelles, ainsi qu’aux groupes sociaux ou partis politiques. Les glossaires comportent également des termes exprimant le respect ou l’affection, les liens familiaux, les formules de salutations ou de politesse, certaines interjections répandues, etc.

7. Id., p. 201.8. Nous tenons ici à remercier Élise Fournier-Lévêque pour ses recherches appro­

fondies sur la question, qui nous ont été d’un grand appui.

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Cependant, une bonne trentaine de traductions ont choisi de ne pas reléguer les explications linguistiques et culturelles en fin d’ouvrage, mais plutôt de les insérer directement dans l’espace paratextuel le plus direct, soit la note de bas de page. De cette trentaine de traductions, 19 précisent, par la mention « N.D.T. », que la note est bien celle du traducteur et non de l’auteur. Du point de vue de leurs fonctions, les notes de bas de page et les entrées au glossaire ne diffèrent pas beaucoup. Les sujets qu’elles couvrent sont souvent les mêmes. Mais les notes de bas de page servent également à donner la traduction (hors du corps du texte) de passages ou expressions laissées intraduites, à expliquer les références ou allusions historiques, culturelles ou littéraires, qu’elles soient sud-asiatiques ou non, et à déchiffrer les jeux de mots parfois eux aussi laissées intra­duits. Enfin, une seule des 53 traductions étudiées comporte une préface du traducteur.

En tant que traductrices et traducteur de Saidullah, nous avions donc à faire ce choix d’inclure, ou non, un appareil paratextuel et, le cas échéant, de décider de la forme maissurtout de l’ampleur à lui donner. À la fin (et après un long processus de réflexion amorcé en fait dans le cadre d’une communication sur le sujet présentée il y a quelques années à Kuala Lumpur, réunissant entre autres nombre de spécialistes de la traduction et des études interculturelles en Asie), nous avons jugé qu’un appareil exhaustif composé de plusieurs notes de bas de page et de multiples renvois à un glossaire détaillé, s’il eût certes pu assurer une lecture plus « encyclopédique » de la traduction de Happiness and Other Disorders, n’était pas essentiel à sa compréhension générale ni, encore moins, à son appréciation proprement littéraire. Et puisque Saidullah cherche, faut-il le répéter, à engager le lecteur dans la produc­tion du sens, il laisse subséquemment à celui-ci la responsabilité d’aller très souvent chercher ailleurs l’information complé­mentaire où, quand et comme bon lui semble. Nous avons donc choisi de ne pas retenir l’option de l’appareil paratextuel exhaustif, mais de proposer au lecteur un glossaire somme

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toute limité et contenant des définitions assez brèves et élémentaires.

Enfin, ce recueil de nouvelles se prêtait à la traduction à plusieurs voix. En effet, les critiques ont noté à quel point les nouvelles qui composent Happiness and Other Disorders diffèrent par leur style, leur ton et leur manière de se présenter en tant que textes. Les différentes voix des deux traductrices et du traducteur qui ont collaboré à cette version du recueil tentent de faire écho à celles des divers narrateurs mis en scène par Saidullah. Aussi espérons-nous que le lecteur aura plaisir à découvrir cet ouvrage extraordinaire ainsi que son auteur hors du commun.

Marc Charron et Caroline Lavoie

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Note de l’éditeur

Son Nonneure, ma femme, insiste pour que j’inclue ceci, sans quoi elle me mettra le bras en écharpe. Je m’étais rendu à Sulaimsarai, un peu à l’extérieur de la

ville, pour livrer la nouvelle au père Eugenio. Une certaine sœur Dorota m’a conduit jusqu’à sa classe. Le padre se trouvait debout, devant le tableau, en train de donner une leçon d’éducation morale à ses élèves.

— L’ignorance est quelque chose de difficile à surmonter. Voyons voir, a-t-il sifflé, emporté, en effaçant quelques lettres au tableau. Si vous retirez les lettres « a », « n » et « c », il reste toujours le mot «ignore»; puis, si vous retirez les lettres «i», «r» et « e » et réinsérez le « n », vous obtenez alors le mot « gnon ». Mukul, c’est ce que tu recevras sur la tête si tu continues à mal te conduire.

Lorsqu’il m’a aperçu dans l’embrasure de la porte, il s’est avancé.

— Vous avez une minute ? lui ai-je demandé. C’est au sujet du coffre.

Il a acquiescé de la tête. — Qu’entend Wordsworth par « L’enfant est le père de

l’homme » ? Rédigez-moi quelque chose là-dessus pendant le reste de la séance. J’ai un visiteur.

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Plus tard, assis à la cantine, je lui ai transmis la nouvelle. — Des papiers, c’est tout ? a-t-il demandé avec son

habituelle voix de stentor. Ils ont une certaine valeur ? Vous en êtes certain ? Il n’y avait rien d’autre ?

Je voyais bien qu’il avait du mal à croire que ce n’était qu’un tas de papyrus sans valeur aucune. Je lui ai mentionné que certaines personnes avaient réclamé la boîte. Le padre a immédiatement perdu tout intérêt et est retourné à sa classe.

Un mot, donc, au sujet de la boîte. On peut me traiter de collectionneur d’histoires et d’histo­

riettes. On peut me traiter de libraire, d’éditeur, de boursicoteur ou d’acheteur de bibelots. On peut même me traiter de gardien de secrets, mais on ne peut pas dire de moi que je suis un grand homme d’affaires. Ce n’est pas ma janno (ou même moi) qui s’étonnera de voir, étant donné ma générosité, ma petite maison d’édition se mourir, triste à dire, à coups de récriminations de la part des membres de la famille de ma merveilleuse et très sensible épouse. Elle lit ces lignes et, bien entendu, elle est d’accord. [Foutaise. Je n’ai rien lu et ne suis aucunement d’accord. Pourquoi écrit-il ainsi ? Toute cette prose si fleurie. Un tas de balivernes. Tout à fait son genre.]

En effet, comme je m’apprêtais à le dire avant que ma femme m’interrompe, j’ai vendu des cannes en verre de cristal, des manuscrits, des plaques d’or, des pierres précieuses, des mohurs à H.P. Kraus à New York et à d’autres ; j’ai déambulé à travers les pièces, chargé de lingots, dans le palais du nizam d’Hyderabad ; j’ai dû m’occuper de régler plusieurs bizarreries et mystères en mon temps, mais je suis toujours méfiant envers les étrangers porteurs de présents, étant d’un naturel dubitatif. Si j’écris tout ça, c’est que j’ai reçu ce qui m’est d’abord apparu comme un cadeau. J’en suis devenu propriétaire peu de temps après que notre ville fut déchirée par des guerres religieuses à un moment ou à un autre dans les années 1990, je ne sais trop quand au juste. Les cheveux grisonnent, la mémoire faiblit, hélas9 ! J’invite ceux qui sont curieux à consulter un gazetier

9. En français dans le texte.

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au sujet de notre annus horribilis. Pendant ce temps, laissez­moi boire mon thé en paix.

Je venais de mettre fin à une conversation téléphonique avec une certaine Ceri Kirwan, fille de Cyril et Stella Fielding – elle venait de terminer le présent livre et m’appelait depuis Londres afin de m’offrir les papiers d’Alipore de ses parents pour examen de ma part –, quand le padre Eugenio m’a apporté ce coffre peu attrayant en métal noir. Peu attrayant malgré sa taille, car vu de l’extérieur, il était rectangulaire, volumineux sans plus, muni d’énormes brides, mais incroyablement, vraiment incroyablement lourd ; si lourd qu’il a fallu dix ouvriers de Bilaspur ployant sous le poids du coffre pour le transporter jusque sur le porche. Les anneaux en fonte sur les côtés étaient rongés par les années. Nous avons fait plusieurs tours autour du coffre et j’avais cette étrange impression – ne riez pas – que c’était une chose noire et célèbre qui ne se déplaçait ni dans les airs ni sans le lever grandiose du rideau, le charabia qui l’annonce, les courbettes ou le frottement qui peu à peu en révèle le véritable secret. Il s’était auréolé du même genre de mystère.

Ce coffre mesurait huit pieds de largeur et quatre de profon­deur. Plus tard, le coffre pourrait recevoir ma femme debout en chaussettes, ce qui confirme qu’il ne faisait pas plus de quatre pieds de haut. Deux tiges de métal couraient telles des tresses sur les côtés, et on aurait dit que le cadenas avait été conçu pour un coffre aux trésors comme on en voit dans les dessins animés. De vagues gravures de couronnes, de serpents, de sirènes et de goélettes y étaient ciselées, mais je ne peux imaginer qu’un tel coffre en fonte ait pu se trouver à bord du plus extravagant galion de pirates, à moins d’avoir effectivementservi de coffre-fort. À coup sûr, il était de curieuse facture, et même si j’ai recruté beaucoup de porteurs pour le retourner en tous sens, on n’a pas pu trouver trace de l’imprimatur d’un quelconque fabricant.

Peu importe, le coffre ressemblait à n’importe quel autre, et plus je l’examinais, plus j’avais l’impression qu’il avait été expressément fabriqué pour servir de coffre-fort. Le rabat avait acquis une patine verte semblable à celle qui convient

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tellement bien aux toits et aux coupoles de cuivre. Mais combiné avec de la suie et ce qui devait avoir résulté d’une décoloration due à la fumée, le coffre était dur et graisseux au toucher, presque chitineux, comme du bois poli, quoiqu’un peu plus souple dès lors qu’on appuyait l’ongle sur l’incrustation. Non, il n’y avait pas de clé. De plus, chose étonnante, il n’y avait aucune trace laissant penser que le coffre avait été forcé, ni qu’il y avait même eu tentative en ce sens, du moins au cours des dernières années.

Sous la suie, sur le dessus du coffre, figurait un médaillon où étaient incrustées des arabesques et des fioritures, ainsi qu’une espèce de tracé sinueux qui laissait deviner un motif ouest-asiatique, ce qui expliquait sans doute ces mots inscrits en runes d’allure vaguement nabatéenne ou cyrillique, votre humble serviteur n’étant un spécialiste ni des unes ni des autres. En l’examinant de plus près, j’ai pu constater que certaines parties du coffre étaient plus vieilles que d’autres, bien que je n’aie trouvé aucun raccord ni marque de soudure ni moindre crique. Peut-être n’était-il pas érodé uniformément en raison d’une exposition inégale aux intempéries ou aux forces de la nature, quelles qu’elles soient. Aucune cloque ou écaille comme c’est si souvent le cas avec la peinture, mais sur le dessus quelqu’un avait utilisé le bout d’un objet suffisamment saillant pour y effacer les noms en lettres pointues, des runes masculines qui sont des surnoms tout à fait communs quoique, considérées ainsi en bloc, elles remuaient chez moi des souvenirs de mon temps passé avec la famille Ashfaq, de laquelle je parlerai un peu plus loin.

Quoi qu’il en soit, il s’agissait là d’un bien curieux cadeau, pourrait-on penser, d’un porteur bien bizarre. Le prêtre était réputé pour ses voyages effectués dans le but de sauver les femmes déchues ou pour soustraire les enfants à l’exploitation sexuelle, ou encore pour infliger à ses propres victimes des coups violents ou provoquer chez elles des terreurs à coups de visions effroyables en alimentant d’horreurs ses sermons à l’école de menuiserie qu’il dirigeait à Sulaimsarai quand il le voulait bien. C’était un grand et cadavérique prélat doté d’un énorme appétit, un type plus grand que nature. Ces

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derniers temps, il passait la plus grande partie de ses journées en compagnie d’un médecin, qui demeurera ici anonyme, à aider les Adivasis à s’organiser contre les propriétaires terriens des castes supérieures. Jamais le padre ne s’était fait prendre à participer à une altercation ou à une quelconque dispute. Un homme à l’esprit vif, mais parfois instable.

Je n’ai pas posé de questions au padre au sujet du coffre, du moins pas tout de suite. Je fais rarement les choses de cette façon. Si on a l’instinct de ne rien dire, alors les secrets se révéleront d’eux-mêmes. Cela est d’autant plus le cas si le détenteur de ces secrets est un padre de Goa porté sur les réminiscences mélancoliques dès qu’on lui sert tasse après tasse de feni. Bien entendu, je ne pouvais le faire à la maison sans risquer, de la part de ma femme, un pyroclasme suffisamment puissant pour couvrir à nouveau Herculanum au moins dix fois, risque venant en grande partie des servantes, qui sont de redoutables commères. C’est pourquoi j’ai amené le padre vers l’arrière-boutique de l’un de ces cafés qu’on voit pousser partout ces jours-ci dans notre voisinage. Il n’a pas fallu long-temps pour lui délier la langue. Après son cinquième verre de rhum, faute de feni, il s’est mis à pleurnicher ouvertement sur les horreurs qu’il avait vues lors des troubles religieux, de sa congrégation terrifiée, de ses frères et de sa sœur, et m’a demandé tout bas si je connaissais quelqu’un qui pouvait les aider à émigrer au Canada ou en Australie. Je n’étais pas en soi insensible à leur demande. L’Angleterre était beaucoup trop antipapale à son goût.

En même temps, vous pouvez imaginer que j’étais impatient qu’il me donne des détails sur ce qu’il avait apporté. Savait-ilce qu’il y avait à l’intérieur du coffre? À vrai dire, plus les minutes passaient, plus les paroles et les pensées de mon interlocuteur devenaient déliquescentes en raison de l’alcool, et le padre s’est mis à chanter, de sa puissante voix de basse, quelques paroles d’une chanson folklorique en konkani (dont l’une tirée du film classique Bobby). Il fallait agir sans attendre, parler dans un coin tranquille, mais, tout d’abord, le faire taire. Je me suis dit que j’y arriverais en exploitant une autre de ses faiblesses, le cari de poisson sur un lit de riz. J’ai réussi en le tentant par

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l’odorat à le diriger vers un petit restaurant de fruits de mer. Après avoir englouti le repas en quelques respirations, il a affirmé que le tout eût été parfait si j’avais inclus un plat de sorpatel dans la balance. Quoi qu’il en soit, la prise en compte de cette lacune semblait avoir suffi à le rendre sobre.

Non, il ne savait pas à qui appartenait le coffre, mais il était disposé à ce que nous nous partagions son contenu. Pourquoi alors l’avoir fait transporter jusque chez moi, pourquoi nepas avoir tout pris pour lui? L’Église le mettrait sous opprobre pour biens provenant d’une émeute religieuse. Eh oui, uneémeute! Mais laquelle? Où? À qui le coffre avait-il appartenu? Comment ? Il n’a rien dit, en vérité, non sans faire quelques remarques cinglantes imputables au Old Monk, dont il a bu l’équivalent de deux bouteilles pour se laisser persuader. Pourquoi alors n’avait-il rien rapporté aux autorités ? Pour lamême raison, et aussi parce que l’Église ne voulait pas avoir l’air de prendre parti dans les disputes entre hindous et musulmans. Nous vivons à une époque de fanatisme.

Oubliez in vino veritas, ce sacrement de vérité. Rien de plus retors que l’esprit d’un ivrogne, sauf peut-être un moine ivrogne qui boit du rhum Old Monk, ou « Vieux Moine », même un moine ivrogne moralisateur – et je pourrais ici poursuivre longtemps. J’ai cru comprendre qu’un de ses paroissiens était entré en possession du coffre à l’époque des troubles, mais qu’il avait été tué quelques années plus tard lors d’une autre « altercation », disait-il. Il laissait entendre que le type en question était un converti qu’il employait à l’école de menuiserie depuis tout petit. L’enfant était confus et dérouté quand il était entré à l’école, mais avait montré un certain talent pour la menuiserie, selon le padre. Il avait fabriqué toutes sortes de crosses tarabiscotées pour des fusils qu’ils avaient vendus à Ely, le fabricant d’armes et de cartouches, mais il se laissait sans cesse attirer du « mauvais côté ». C’est tout ce que j'ai pu tirer du padre. L’identité de cet homme était protégée par le caractère sacré du confessionnal, comme il aimait à le raconter, entre autres balivernes. (Par la suite, ça a été quand même plutôt facile à deviner : assurément, il

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devait s’agir de Munna, qui travaillait chez les Ashfaq et dontle triste sort est relaté dans « La fuite en Égypte ».)

Frustré par son catholicisme d’ivrogne, mais prenant soin de refouler mon accès d’agacement, je lui ai demandé ce qu’il y avait dans le coffre. Il a secoué la tête avec mélancolie, comme s’il me soupçonnait déjà de fourberie. Je sentais qu’il trouvait que je poussais trop fort… et il avait raison. Je voulais savoir ce qu’il y avait dans le coffre. On l’ouvrira ensemble demain, ai-je proposé, on dressera la liste de son contenu et la valeur de chaque pièce, et puis on décidera comment procéder. S’il y avait des objets de valeur, j’ai dit qu’il me faudrait du temps – peut-être une semaine, un mois, qui sait – pour en retracer la provenance, et peut-être même contacter leurs propriétaires, s’il était possible de les retrouver, et de leur rendre leurs possessions. Il a songé à tout cela d’un air hésitant et s’apprêtait à protester, mais s’en est abstenu. Il m’a laissé entendre qu’il n’avait pas d’endroit pour passer la nuit. Je l’avais prévu et, comme il ne manquait pas d’espace chez moi, je lui ai proposé un lit. Au bout du compte, il est resté une semaine, jusqu’à ce que ma femme revienne.

Le lendemain matin, on a appelé un serrurier, qui, après avoir tiré sur la chaîne, graissé le pilier et le trou de la serrure, et essayé différentes clés pour finir avec des bouterolles toutes tordues, est parti en secouant la tête. Puis on s’est affairés avec une alène, un pied-de-biche, un marteau et même une foreuse, tous des outils de haute technologie, il va sans dire.La serrure semblait pratiquement indestructible. À la fin, on a fait appel à un ferrailleur de bateaux sans travail d’Alang, qui s’est amené avec son chalumeau. Mais comme celui-ci était tout rouillé, le ferrailleur a mis une heure à nettoyer et à huiler son outil avant qu’il puisse servir.

— Vous voyez, a-t-il dit en pointant le coffre, il est déjà passé au feu, mais il n’a pas cédé. Du beau travail, nettement mieux que la coque de bien des bateaux.

Il a soufflé dans le bec du chalumeau, puis a percé un collet jusqu’à ce que le métal devienne incandescent et les flammèches rebondissent sur son masque. L’Alangi a versé de l’eau sur le métal, qui s’est mis à cracher de la vapeur bouillante. Ce n’est

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