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report 2019 u BEF Basel Economic Forum 2019 sur l’avantage concurrentiel procuré par les données u Les données : utilisation, protection, projets, infrastructures u Réunion sur l’accord-cadre CH-UE u Forums économiques Lörrach, Fricktal et Binningen «Les données, la clé des performances économiques» Potentiels – Risques – Contexte réglementaire © ruweba kommunikation ag

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report 2019

uBEF Basel Economic Forum 2019 sur

l’avantage concurrentiel procuré par les données

u Les données : utilisation, protection, projets, infrastructures

u Réunion sur l’accord-cadre CH-UE

u Forums économiques Lörrach, Fricktal et Binningen

«Les données, la clé des performances économiques»Potentiels – Risques – Contexte réglementaire

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Table des matières

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4 Préface : Ueli Maurer, Président de la Confédération

5 Préface : Winfried Kretschmann, Ministre-président

6 Préface des Conseillers d‘état : Elisabeth Ackermann, Dr. Markus Dieth, Kathrin Schweizer, Jörg Lutz, Maire de Lörrach

8 BEF Basel Economic Forum 2019: «Les données, la clé des performances économiques» Potentiels – Risques – Contexte réglementaire 15 La protection des données - protection de la vie privée et des droits fondamentaux Beat Rudin, responsable de la protection des données du Canton de Bâle-Ville

17 Les services en ligne du Département fédéral des finances en un seul clic Dirk Lindemann, BIT

18 Données et informations – la transparence, la qualité et la confiance sont les outils du futur Dr. Madeleine Imhof, Jonas Eckenfels, l’Office de la statistique du Canton de Bâle-Ville

20 L’exploitation transfrontalière des données prend de l‘importance Wüest Partner

22 La blockchain, un outil de contrôle sur les données sensibles Alexander E. Brunner

23 Big Data : comment les superordinateurs révolutionnent l’industrie Dr. Matthias Halusa, BASF

24 Forum économique de Lörrach 2019 Numérisation et utilisation des données: Potentiels et contexte réglementaire 25 La sécurité des données et la gestion intelligente des données sont la clé du succès Ministerialdirektor Stefan Krebs

26 Accord-cadre : une bonne ou une mauvaise affaire pour la Suisse ? 28 Notre objectif : la transformation numérique dans le Rhin supérieur Dr. Manuel Friesecke,

Regio Basiliensis

29 Il faut construire des ponts, pas les détruire Monika Rühl, Economiesuisse

30 Forum économique Fricktal 2019: Les données sont le carburant du monde numérique 32 Bienvenue dans la médecine de l’avenir Dorothea Ledergerber, Novartis

33 Forum économique de Binningen 2019 : deux poids deux mesures 34 metrobasel, partenaires, Bureau directeur et Conseil consultatif 35 metrobasel – projets et manifestations 2020 Regula Ruetz

Le metrobasel report 2019 est publié sous forme d’édition spéciale par le bz – Zei-tung für die Region Basel (édition généra-le). Dans la Région métropolitaine de Bâle (y compris le Fricktal, Lörrach et l’Alsace), il est distribué directement par Direct Mail Company et psg Presse- und Verteil-service.

Tirage : Env. 300.000 exemplaires

Rédaction, réalisation et annonces ruweba kommunikation ag, Riehen

Traduction : dialogos, François Morel-Fourrier,Freiburg (D)

Imprimeur : Swissprinters AG, Zofingen

Secrétariat metrobasel :Aeschenvorstadt 4, Postfach, 4010 Basel Tel. + 41 (0) 61 272 11 44 [email protected]

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Ueli MaurerPrésident de la Confédération

Il est difficile de savoir ce que l’avenir, en l’occurrence l’avenir numérique, nous réserve. Les attentes des uns et des autres à cet égard sont diverses et variées.

Les optimistes sont persuadés que la transformation numérique permettra d’élever davantage notre niveau de vie et espèrent d’importants gains d’efficacité dans l’économie et l’administration. Ils font valoir que, par expérience, les nouvelles technologies sim-plifient les processus et vont souvent de pair avec la création d’emplois innovants. Les pessimistes, de leur côté, craignent que la transformation numérique porte atteinte à la sphère privée et vont jusqu’à concevoir un scénario catastrophe consistant en un monde dominé par les algorithmes, dans lequel l’être humain per-dra de plus en plus le contrôle de la technique, voire de sa propre existence. Un troisième groupe, que nous appellerons les scep-tiques, part du principe que les conséquences de la transformati-on numérique seront, d’une manière générale, bien moins impor-tantes que ne le supposent les deux premiers groupes.

À l’heure actuelle, personne ne peut dire avec certitude qui aura finalement raison. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que nous pouvons dès à présent façonner notre avenir numérique. Nous tous, c’est-à-dire l’individu, l’État et la société, souhaitons partici-per à cette évolution. Je partage l’espoir des optimistes, qui con-sidèrent la transformation numérique comme une source de pré-cieux avantages pour notre économie et notre société. Cette transformation constitue une occasion formidable que nous de-vons absolument saisir, et la Suisse offre les conditions idéales à

cet effet. Notre économie innovante, globale et connectée, le ni-veau élevé de formation de la population et notre infrastructure numérique de qualité constituent de solides fondations sur les-quelles nous pouvons développer de nouvelles technologies et applications. Dans sa stratégie «Suisse numérique», le Conseil fédéral montre dans quelle direction il souhaite faire évoluer la Suisse afin que celle-ci fasse partie de l’élite mondiale en matière de transformation numérique. Dans cette perspective, il encoura-ge les innovations, crée des conditions attrayantes pour l’économie numérique et favorise le développement numérique au sein de l’administration publique.

Dans ce contexte, il est de notre devoir d’aller à la rencontre des pessimistes et de prêter une oreille attentive à leurs préoccupa-tions. Nous devons leur montrer que la transformation numérique ne doit en aucun cas porter atteinte aux droits et aux libertés des citoyennes et des citoyens. La sécurité et l’état de droit doivent être garantis en tout temps, en particulier lors de changements qui peuvent être considérés comme une chance, mais qui peuvent également remettre en question beaucoup de choses. Dans le do-maine de la cybersécurité notamment, la dépendance croissante aux infrastructures numériques peut engendrer de nouvelles me-naces. Le rythme auquel ces nouvelles menaces apparaissent pose d’importants défis aux sociétés modernes.

Compte tenu de la vitesse à laquelle les changements se produi-sent, les milieux politiques doivent pouvoir reconnaître suffisam-ment tôt et évaluer de façon aussi réaliste que possible les évolu-tions décisives afin d’avoir assez de temps pour mettre en balance les avantages escomptés et les risques éventuels. Le Conseil fédé-ral a par conséquent décidé de créer un centre de compétences pour la cybersécurité. Ce centre lui permettra, d’une part, de réagir rapidement aux menaces et de prendre les mesures qui s’imposent et, d’autre part, de protéger la Suisse, ses infrastruc-tures et sa population.

Nous devons également prendre au sérieux les objections des scep-tiques. En effet, les discussions portant sur le développement nu-mérique de la Suisse comportent souvent des termes pédants, à mille lieues du quotidien des citoyennes et des citoyens. C’est pourquoi il faut garantir l’ancrage de ces discussions dans la réa-lité en organisant des échanges réguliers avec la population. Il appartient aux milieux politiques, économiques et scientifiques de traduire la transformation numérique et ses effets dans un langage clair et, partant, de faire comprendre à la population ce que l’on entend par là. Que nous soyons directement ou indirec-tement concernés, nous voulons tous savoir où ce voyage nous emmènera et quelles seront les conséquences concrètes de cette transformation pour la Suisse.

L’avenir numérique de la Suisse se joue donc aujourd’hui. Accom-pagnons cette transformation rapide en faisant preuve non seule-ment d’ouverture d’esprit, mais également d’esprit critique. Même si de nombreuses questions restent encore sans réponse, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas influer sur cette transforma-tion. Au contraire, ce sont nos actions et décisions d’aujourd’hui qui détermineront la Suisse numérique de demain.

L’avenir numérique de la Suisse se joue aujourd’hui

Le Département fédéral des finances (DFF)

Utilisation des données et sécurité informatiqueLa Suisse et le Bade-Wurtemberg sont réputés pour leur haute technologie et leur rôle de pionnier en matière d’innovation. Toutefois, nous sommes confrontés à des changements profonds qui touchent presque tous les domaines de notre économie et de notre vie quotidienne. Le secteur du numérique connaît un déve-loppement rapide et déploie une dynamique qui représente un véritable défi pour nos marchés : la numérisation conduit à un profond changement structurel. Dans le secteur des services, du développement technologique et de la recherche : partout, il est nécessaire d’établir un lien entre le monde virtuel et le monde réel, afin de trouver de nouveaux modèles économiques innovants et de les faire fleurir. Et pour répondre de manière efficace à ce défi mondial, nous avons besoin d’une étroite coopération avec nos voisins européens. Nous devons considérer ce processus com-me une occasion de renouveler notre économie : les grandes en-treprises traditionnelles comme les petites et moyennes entrepri-ses, chacun doit saisir cette chance si nous voulons rester compétitifs sur le plan international.

Dans un monde de plus en plus numérique, les données jouent un rôle crucial : elles sont la matière première de l’économie nu-mérique. Les données sont la principale source de croissance et d’innovation. Leur exploitation permet non seulement de créer de nouveaux produits, de nouveaux services numériques, modèles économiques et plate-formes de services. La disponibilité et l’utilisation des données seront des éléments déterminants de la compétitivité européenne à l’avenir, en particulier pour le déve-loppement de technologies-clés telles que l’intelligence artificiel-le. La disponibilité des données est la clé du développement des marchés et de la prospérité économique.

Cependant, pour concurrencer les géants mondiaux du big data issus des États-Unis et de Chine, nous avons besoin d’une stratégie forte en Europe. Nous avons besoin d’un plan directeur européen qui nous permette, par exemple, d’exploiter notre vaste réservoir de données sur les machines et les entreprises du secteur de la mobilité ou de la construction mécanique. L’Europe a besoin d’une infrastructure de données sur laquelle elle exerce pleinement sa souveraineté. L’Europe doit également développer des initiatives communes pour l’échange de données au sein de l’industrie et de la recherche – ces éléments sont la base indispensable pour la prospérité économique et pour que l’Europe conserve sa capacité d’initiative à l’avenir. Ensemble, en Europe, il convient de se con-centrer sur les solutions et les normes européennes, afin de pou-voir exploiter de manière rentable l’énorme potentiel de la dispo-nibilité des données.

La nouvelle réglementation européenne sur la protection des don-nées nous offre l’opportunité de déployer des modèles écono-miques européens «made in Europe». L’intelligence artificielle doit être fiable et respectueuse des droits de la personne pour devenir le cœur de métier de nos entreprises, nous donnant ainsi un avan-tage décisif sur les États-Unis et la Chine dans le contexte de la concurrence internationale.

Les données sont un produit sensible. L’échange de données né-cessite une réglementation transfrontalière. À ce stade, nous avons besoin de toute urgence d’une réponse européenne pour encadrer les entreprises qui réalisent de la création de valeur sur la base de données qui concernent les personnes et leurs droits – nous devons faire en sorte que leur mode de fonctionnement corresponde aux valeurs européennes. Les nombreuses petites et moyennes entre-prises situées le long de la frontière entre le Bade-Wurtemberg et la Suisse ont également besoin de conditions réglementaires équi-tables et fiables dans l’économie numérique.

La poursuite d’une coopération transfrontalière étroite est la base qui nous permettra d’aborder avec assurance les grandes théma-tiques de l’avenir. Notre voisine, la Suisse, est un partenaire solide avec lequel nous entretenons une coopération fructueuse depuis de nombreuses années. Nous avons réussi à développer des zones économiques transfrontalières, à promouvoir l’innovation entre le Bade-Wurtemberg et la Suisse, une innovation dont profitent les deux parties. Cet échange fructueux a également besoin de con-ditions réglementaires stables à l’avenir pour assurer la poursuite des échanges bilatéraux entre la Suisse et l’UE. Le Bade-Wurtem-berg a donc tout intérêt à ce que l’accord-cadre envisagé entre la Suisse et l’UE crée une base solide pour notre coopération. Il s’agira en effet d’une excellente base pour affronter ensemble les changements actuels et les défis à venir.

Winfried KretschmannMinistre-Président du Land de Bade-Wurtemberg

LE MINISTRE-PRÉSIDENT DU LAND DE BADE-WURTEMBERG

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portables dans les rues de Berlin : on y voit des gens, des hommes et des femmes avec des chapeaux et des téléphones portables at-tachés à leur manteau ou leur veste comme des médailles. N’est-ce pas incroyable ? La clairvoyance de ce journal satyrique prévoy-ait un développement à cette époque, qui seulement 57 ans plus tard en 1983 avec le téléphone mobile DynaTAC de Motorola eut le succès commercial que nous connaissons aujourd’hui. Oui, parfois le progrès techno-logique prend plus de temps que prévu. Mais il existe toujours des visionnaires, des gens qui pensent à l’avenir et le mettent en œuvre – et cela me fascine !

Lorsque je me rends dans notre centre de recherche étudiant phaenovum, c’est tou-jours une source d’encouragement pour moi. Il est bon de constater l’enthousiasme des jeunes qui, week-end après week-end, font du bénévolat pour préparer leur participati-on au concours national « Jugend Forscht », qui participent au concours RoboRave avec des équipes d’autres écoles, accompagnées d’enseignants dévoués. L’investissement dans les jeunes générations est un investissement prometteur et rentable. Car ce sont ces jeunes qui créeront les nouvelles idées visionnaires de l’avenir.

Jörg LutzMaire de la Ville de Lörrach

Dans son quotidien, un maire doit relever un grand nombre de défis – et ils devi-ennent de plus en plus complexes. Si la transformation numérique ouvre des pos-sibilités complètement nouvelles, elle est aussi un facteur d’accélération : tout va plus vite, tout devient plus intelligent, la ville, la mobilité, l’énergie, les bâtiments. Les processus décisionnels doivent alors aussi suivre cette tendance : ils doivent être plus rapides, plus transparents et, bien entendu, en tenant compte des attentes de

tous les groupes d’intérêt. Est-il possible d’y parvenir ? L’économiste anglais John May-nard Keynes aurait dit un jour : « Le plus difficile, ce n’est pas de convaincre les gens du bien fondé de nouvelles idées, c’est sur-tout de leur demander d’oublier les anciennes idées ».

En 2019, deux entreprises de longue traditi-on ont cessé leurs activités à Lörrach. De nombreux emplois dans le secteur industriel ont été perdus. Une fois de plus, le change-ment structurel s’est traduit, de manière as-sez brutale, par une perte de confiance éco-nomique. Il n’est pas facile pour les employés concernés de s’ouvrir à des environnements de travail complètement nouveaux. Beauco-up s’inquiètent également d’avoir été laissés pour compte par le développement technolo-gique. Comment convaincre ces personnes que nous sommes dans une dynamique po-sitive ?

Deux observations me rendent optimiste quant à notre avenir : Saviez-vous que dès 1926, un dessin animé visionnaire de Karl Arnold était consacré au thème de la «téléphonie sans fil» dans le ma-gazine satirique allemand «Simplicissimus» ? Il s’agissait de l’utilisation des téléphones

ciales. Mais les entreprises n’ont pas seule-ment des comptes à rendre à leurs action-naires, elles ont aussi une responsabilité envers la société toute entière.

Bien entendu, il est difficile d’exprimer une telle responsabilité directement en chiff-res. Mais à moyen terme, je suis convain-cue que nous y gagnerons tous si nous trai-tons de manière plus responsable l’ensemble du flux de données et ses possi-bilités. Ceux qui se sont fixé le profit com-me unique priorité perdent de vue l’essentiel : il faut être à la hauteur de ses responsabilités lorsque l’on gère des don-nées personnelles.

En ce sens, je peux soutenir sans réserve le titre du site web : Si l’œuvre de George Or-well pouvait redevenir une fiction. Par con-tre, en ce qui concerne l’intention commer-ciale derrière ce site Web, je ne puis me prononcer...

Kathrin SchweizerMembre du Conseil d’État, Cheffe de la Direction de la sécurité du Canton de Bâle-Campagne

Récemment, je suis tombée sur un site web : « Si l’œuvre de George Orwell pou-vait redevenir une fiction ! » Son célèbre roman « 1984 » est resté dans les mémoires comme une dénonciation du totalitarisme.

Si l’on observe le développement du nu-mérique au cours des dernières années, l’écrivain britannique apparaît de plus en plus comme un visionnaire, bien à son insu. Nous pouvons travailler en réseau et nous connecter sur le réseau à tout mo-ment et en tout lieu. Nous mettons à dispo-sition nos données personnelles, des algo-rithmes permettent, sur la base de notre comportement sur le net, de générer des données personnelles.

La numérisation apporte de nombreux avantages, elle est génératrice de simplifi-cations, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Par contre, il faut savoir raison garder : il convient tout à la fois de garder notre sens critique face à des servi-ces qui semblent nous faciliter la vie que d’exiger un haut niveau de responsabilité de la part des entreprises auxquelles nous confions nos données. Bien sûr, personne ne souhaite mettre nos entreprises en mar-ge de la concurrence en renonçant à l’analyse des données à des fins commer-

Notre plus grand défi : convaincre nos concitoyens.

Nous bénéficions tous d‘un traitement responsable des données.ère vue. Afin de développer leur valeur, ces données doivent être traitées et rendues « lisibles » pour tous. Elles peuvent ensuite être mises à la disposition du public sous forme de données ouvertes, à condition que cela ne porte atteinte à aucun droit de la personnalité.

La protection des données à caractère per-sonnel revêt donc une importance capitale. Toutefois, le fait de disposer de données ouvertes ouvre également la voie à une plus grande participation et à une plus grande transparence. On peut ainsi générer une dynamique, créer de nouveaux modèles d’entreprise et de nouvelles innovations et contribuer ainsi à renforcer l’économie su-isse.

Avec la création de l’Unité Open Govern-ment Data (OGD) au sein du Cabinet du Gouvernement, le Grand Conseil a créé un point de contact fiable pour la société civile, la politique, la science et les entreprises. Je suis convaincue que la mise à disposition des données en open data présente des avantages, tout en assurant la protection indispensable des droits de la personne - dans l’intérêt de tous.

Elisabeth AckermannPrésidente du Conseil d’État du Canton de Bâle-Ville

La valeur des données pour la société, l’économie et le gouvernement augmente constamment. Les nouvelles technologies doivent être utilisées avec intelligence, elles doivent pouvoir recourir de manière simple et rapide aux données numériques de mani-ère ciblée, afin de maintenir et d’accroître la qualité de vie et la compétitivité tout en pré-servant les ressources. La valeur des don-nées est également polyvalente et d’une grande importance pour l’économie suisse.

C’est également l’idée directrice qui a ame-né à la création du terme de «Smart City». Dans la dynamique du développement d’une ville en réseau, durable et moderne où il fait bon vivre, il est essentiel de trouver des réponses concrètes aux défis actuels. Je pense ici principalement au réchauffement climatique, à la croissance démographique et au changement démographique. Les res-sources qui seront utilisées comprennent les nouvelles technologies et la numérisation ciblée pour façonner le changement struc-turel.

L’une des préoccupations souvent expri-mées, et que j’entends régulièrement lors de mes entretiens avec les acteurs de la société, est de savoir comment traiter les données qui sont actuellement collectées dans le do-maine des projets de numérisation. Nous prenons ces préoccupations très au sérieux, mais nous avons aussi des réponses claires, car un traitement prudent et responsable des données est également crucial pour nous.

L’État « collecte » de grandes quantités de données dans l’exécution de ses tâches. Ces données peuvent contenir une valeur ajou-tée qui n’est pas toujours évidente à premi-

de gestion, cela signifie également que nous devons développer une culture de l’erreur. On demande aux dirigeants et aux employés de créer un environnement où les innova-tions sont les bienvenues, où l’on peut tenter des expériences et essayer de nouvelles cho-ses – et si on commet des erreurs, celles-ci doivent être traitées de façon constructive.

L’administration cantonale s’efforce de déve-lopper des solutions tournées vers l’avenir. Des solutions souples et itératives, pour les tester ensuite dans le cadre de projets pilotes. A titre d’exemple, je vous renvoie au VoiceBot de l’Office cantonal de la circulation routière, qui reçoit environ 360.000 appels télépho-niques par an. Ce service informatisé pourra, dès l’année prochaine répondre directement au téléphone pour renseigner les usagers sui-te à leurs demandes de renseignements ad-ministratifs par téléphone – un service utile aux citoyens, et qui réduira la charge de tra-vail de nos employés administratifs.

Le changement culturel exige aussi une cer-taine ouverture. Les données de Statistik Aargau (service des statistiques) et du Géo-portail sont disponibles sur Internet. Le vo-yage continue.

Dr. Markus DiethVice-Président du Conseil d’État du Canton d’Argovie

La transformation numérique bat son plein au sein de l’administration publique – mais elle ne s’arrête pas là. Pour la population et les entreprises, il est quasiment devenu une évidence que les services administratifs et gouvernementaux soient disponibles partout et en tout temps. En outre, ils doivent être faciles à utiliser et efficaces. Avec sa nouvelle stratégie SmartAargau, le Conseil d’État en-courage la transformation numérique dans le Canton d’Argovie et insuffle un véritable

changement culturel au sein de l’admini-stration cantonale. Cette nouvelle stratégie passe par la mise en place de nouveaux ser-vices en ligne. L’accent est mis sur la valeur ajoutée pour la population et les entreprises du canton d’Argovie.

Mais la stratégie SmartAargau ne nous de-mande pas de partir de zéro. Depuis de nom-breuses années, le canton et les communes ont commencé à développer avec beaucoup de succès les services de e-gouvernement, au service de notre population et de nos entre-prises. Depuis 2017, l’administration a mis en place une dynamique forte de numérisation et de modernisation en interne, basée sur une vision globale de consolidation budgé-taire. SmartAargau est une stratégie globale. Elle est articulée sur objectifs différents et orientations stratégiques qui seront mis en œuvre au cours des cinq prochaines années.

Le changement technologique nécessaire, la transformation numérique c’est aussi une question de culture d’entreprise, de culture du leadership. Voilà pourquoi elle ne peut réussir que si nous abordons le changement de manière positive et constructive et, sur-tout, si nous le considérons comme un poten-tiel. Faire évoluer la culture d’entreprise et

La valeur et la protection des données.

Le Canton d’Argovie et le e-gouvernement – sur la bonne voie, mais nous ne touchons pas encore au but.

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ment via des données. L’avenir est en réseau et intelligent, et l’utilisation des données est un avantage concurrentiel décisif.» Mais Regula Ruetz a également abordé les aspects négatifs de la numérisation : la révolution numérique ne crée pas seulement de nou-veaux secteurs d’activité pour le prochain Google. Elle peut aussi être exploitée à des fins criminelles, de renseignement ou terro-ristes. Les manipulations et les attaques cib-lées effectuées via les réseaux électroniques sont des risques auxquels une société de l’information doit faire face. Il est donc d’une importance capitale que la politique, l’économie et la société s’intéressent aux po-tentiels, aux risques et au cadre réglemen-taire de l’utilisation des données.

Les TIC made in China et la recherche suisseFelix Kamer, vice-président de Huawei Suisse, a commencé sa présentation en par-lant du secteur d’activité de Huawei : «L’entreprise, qui a maintenant 40 ans et compte environ 190.000 employés, réalise son chiffre d’affaires non pas avec les don-nées elles-mêmes, mais avec les infrastruc-tures nécessaires au transport de celles-ci. En effet, les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), le cœur de métier de Huawei, représente la base technologique de la numérisation.» En Suisse, Huawei travaille avec Swisscom pour étendre le réseau de fibres optiques,

explique Kamer. Dans les zones urbaines, cela permettra de connecter les usagers di-rectement au réseau. Dans les zones rurales, cependant, le réseau de fibres optiques

Nicole Hostettler, cheffe de l’Office de l’économie et du

travail de l’AWA, a ouvert le BEF 2019 au nom du gouvernement du canton de Bâle-Ville. Elle remplaçait la Présidente Elisabeth Acker-mann, qui a dû annuler sa participation au Forum économique de Bâle 2019 pour des raisons de santé. Dans son allocution d’introduction, elle a montré comment le can-ton de Bâle-Ville relève le défi de la numéri-sation : dans l’accomplissement de ses tâches,

l’Etat collecte de grandes quantités de données. Pour que leur potentiel soit plei-nement exploité, ces données doivent être accessibles au public. Ces données gouver-nementales ouvertes (OGD) ouvrent la voie à plus de participation et de transparence pour les citoyens et peuvent donner l’impulsion à de nouveaux modèles d’entreprise et à de nouvelles innovations et contribuer ainsi à encourager les entreprises à s’installer chez nous. Toutefois, comme les données gouver-nementales ouvertes sont la propriété de la population du canton, il convient d’être très prudent lors de leur traitement. D’autre part, l’importance des données ne se limite pas à leur traitement pour des tiers. Le traitement des données fac i l ite éga lement l’accomplissement des tâches de l’État : une interprétation holistique des données est à la base d’une politique fondée sur des données probantes, c’est-à-dire la base d’une action administrative plus efficace, plus conviviale et mieux adaptée aux besoins des usagers.

Regula Ruetz, Directrice de metrobasel, a ensuite présenté le thème du BEF 2019 et a

n’arrive pas jusqu’aux usagers et la distribu-tion fine s’y fait encore par le biais de câbles en cuivre existants. Avec Sunrise, le déve-loppement du réseau mobile 5G est au pre-mier plan, la 5G étant une technologie clé pour la conversion numérique : elle per-met d’utiliser des largeurs de bande plus importantes pour faire face au volume de données, qui double chaque année dans le secteur mobile, ou pour permettre des applications gourmandes en données com-me la réalité virtuelle. De plus, la 5G rédu-irait massivement les temps de transmission et les délais. Une application qui pourra bénéficier de ces progrès techniques est l’agriculture intelligente : les drones survo-lent les champs pour détecter la présence d’insectes nuisible, ceci permettant l’utilisation ciblée de produits phytosani-taires et donc une réduction d’un facteur 80 de l’utilisation de ces produits. Dans le débat qui a suivi, Rolf Dornberger, directeur de l’Institut d’informatique économique de la FHNW, souhaite en savoir plus sur le pou-voir perturbateur de la 5G dans le format. M. Kamer répond : «La 5G ouvre de nom-breuses opportunités d’innovation aux ent-reprises. Les processus, les machines et les informations peuvent être entièrement mis en réseau et automatisés. Des éléments in-dividuels tels que le cloud, la sécurité, la gestion des données ou l’Internet des objets (IoT) deviennent un ensemble homogène grâce à la 5G. La 5e génération de la norme de communication mobile a donc le poten-tiel de révolutionner notre vie économique et sociale avec des modèles d’affaires et des domaines d’activités complètement nou-veaux.

La numérisation est une question de con-fiance«L’or est un métal précieux parce que nous avons confiance en sa valeur. La confiance dans la nouvelle ère cybernétique n’a pas encore été créée.» C’est avec cette métapho-re que Philippe Borloz, Vice-Président Sa-les et Directeur Général EMEA du Groupe Kudelski, a ouvert sa présentation sur le thème «Successful digitization, a matter of trust». Nous sommes sur le point de devenir une entreprise «Always On» : des télévi-seurs intelligents, des voitures intelligentes, des assistants numériques de Siri à Alexa - presque tous les domaines de la vie sont maintenant enregistrés. Cela soulève la question urgente de savoir qui peut avoir accès à ces données et dans quelles circon-stances. Par exemple, l’entreprise qui gère l’équivalent des Uber en Chine écoute à l’intérieur du taxi - pour prévenir les actes de violence contre les chauffeurs, et avec un succès considérable. Face à de telles possi-bilités, nous devrions nous demander dans

souligné que l’utilisation des données est un phénomène qui nous concerne tous : «Tout ce qui peut être numérisé le sera à terme. Cela présente de nombreux avantages et peut fa-ciliter la vie. Toute la difficulté réside dans la définition de réglementations adaptées pour l’utilisation des données de telle sor-te qu’elles apportent une valeur ajoutée aux personnes et à la société et causent le moins de dommages possible. La numéri-sation ne doit pas être rejetée comme une mode passagère ou le produit d’une publicité à outrance - et surtout, elle n’est pas nouvelle. La numérisation nous accompagne depuis près de 40 ans maintenant : au cours de la première vague, les ordinateurs personnels se sont introduits dans les bureaux et les lo-gements. L’Internet a annoncé l’ère des dot-com lors d’une deuxième vague dans les an-nées 1990. En 2007, le premier iPhone a révolutionné notre comportement d’utilisateur. Dans le même temps, les nou-

velles générations de téléphones mobiles ont rendu l’Internet mobile. La production de données a explosé. Les bases ont été jetées pour une transformation de l’économie et de la société, que nous appelons 4.0 - la 4e révo-lution industrielle. Contrairement aux tech-nologies clés des siècles passés, la numérisa-tion ne se limite pas à un seul objectif - par exemple, se déplacer d’un point A à un point B en utilisant des machines à vapeur. L’utilisation des données permet des applica-tions beaucoup plus ouvertes : des objets, des processus ou des services, voire des infra-structures urbaines entières, sont déjà en grande partie télécommandés numérique-

quelle mesure nous accordons de l’importance à notre sécurité et à qui, en retour, nous voulons déléguer la responsa-bilité de notre liberté dans le monde nu-mérique - aux entreprises, aux États ou aux particuliers ? Le développement de la nu-mérisation ne crée cependant pas seulement de nouvelles possibilités de surveillance, dont le domaine d’application doit être né-gocié socialement. Cela change également la situation de la menace : dans l’ensemble, il est important de sensibiliser aux cyber-risques, car les cyberattaques et la fraude de données font partie des cinq principaux risques auxquels sont confrontées les entre-prises, en particulier lorsqu’il s’agit de risques mondiaux. Les pirates informa-tiques deviennent de plus en plus profes-sionnels et les secteurs de la banque, de l’énergie, du gouvernement et des logi-ciels sont les cibles les plus fréquentes. En ce qui concerne les progrès dans le secteur de la sécurité, il y a aussi de bonnes nouvelles : en 2011, les intrus dans un ré-seau d’entreprise piraté pouvaient pirater un réseau pendant 416 jours en moyenne sans être détectés, alors qu’en 2018, ce ne

sont plus que 78 jours. Cette bonne nouvelle a incité le professeur Rolf Dornberger à de-mander quand est-ce que nous arriverons à détecter les hackers dès le premier jour. M. Borloz a ensuite souligné que la cybersécu-rité ne pouvait être créée du jour au lende-main : il a fallu 100 ans pour que les voitu-res répondent aux normes de sécurité actuelles. En conséquence, quelques années supplémentaires de travail de développe-ment seront également nécessaires pour mettre en œuvre une norme comparable dans le domaine de la cybernétique.

Hack me if you canIvan Bütler, directeur général de Compass Security AG, a démontré en direct devant le public, la facilité avec laquelle des données sensibles peuvent être volées dans une sim-

ple boutique en ligne, par exemple, et le peu de connaissances nécessaires pour pirater des sites Web mal protégés. Cependant, si l’on veut attaquer des cibles mieux proté-gées, les pare-feu rendent la pénétration par la porte d’entrée beaucoup plus difficile. Par exemple, il serait beaucoup plus efficace

Basel Economic Forum 2019 «Les données, la clé des performances économiques» Potentiels – Risques – Contexte réglementaireLe monde des données est devenu extrêmement complexe. Comment gagner la confiance de nos concitoyens dans la numérisation ?

metrobaselPhilippe Borloz, Kudelski

Ivan Bütler, Hacker

«Un débat animé» – Prof. Dr. Rolf Dornberger

Nicole Hostettler, AWA

Regula Ruetz, metrobasel

Felix Kamer, Huawei

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lement des données. La création d’un profil de mouvement des utilisateurs de télépho-nes mobiles en est un exemple frappant. Cela pourrait, par exemple, fournir des in-formations précieuses pour la planification de la mobilité. Le Dr Stephan Mumentha-ler, directeur de scienceindustrie, s’est con-centré sur la recherche. Dans ce domaine, de grandes quantités de données sont géné-rées, ce qui ouvre un tout nouveau monde de possibilités. Toutefois, l’ampleur de ce dépend essentiellement du contexte appli-cable, c’est-à-dire de la réglementation. Se-lon M. Mumenthaler, les données sont en-core considérées par certains comme l’incarnation du mal. Cela doit changer à tout prix. En Suisse, par exemple, 10% de notre produit intérieur brut est consacré à la santé. Cependant, nous ne savons pas ex-actement quelle est la contrepartie de ces 60 milliards de francs. Chaque acteur du marché de la santé dispose de son propre système de collecte de données. Les don-nées sont fortement dispersées : hôpi-taux, médecins, caisses d’assurance mala-die, mais elles ne sont pas fusionnées car cela est interdit par la loi. La discussion sur le dossier électronique du patient, par ex-emple, dure depuis des années sans résultat concret. Stefan Metzger constate une rela-tion ambivalente en ce qui concerne l’utilisation des données : il existe un large consensus sur le potentiel qu’offrent les données. Néanmoins, on craint régulière-ment que les données soient utilisées à mau-vais escient. Si, par le passé, le manque de confiance en l’Etat était la principale source de méfiance, elle s’exerce de plus en plus à l’encontre des entreprises privées. Il est es-sentiel de rechercher un dialogue trans-parent avec la population au sujet de l’»utilisation des données». Une confiance durable ne peut être gagnée qu’en initiant les individus à l’utilisation responsable de leurs propres données.

Breakout Session 2 / Utilisation des don-nées : risques et réglementationBeat Rudin, délégué à la protection des données du canton de Bâle-Ville, a ouvert la session en abordant trois questions qui doi-vent être discutées dans le contexte de tout type de réglementation : 1. la dépendance

d’envoyer une fausse application sur une clé USB. Dès que la clé est branchée sur un or-dinateur par un employé de l’entreprise at-taquée, le logiciel malveillant commence à se frayer un chemin à travers le pare-feu pour accéder aux données de l’entreprise via l’ordinateur de l’entreprise piratée. Le ha-cker dispose alors d’un accès non perturbé au réseau de l’entreprise. Cette méthode, appelée social engineering, est de loin le moyen le plus efficace d’accéder à des informations secrètes telles que les mots de passe et elle est nettement plus rapide que les attaques purement techniques. La défense contre les attaques de social engi-neering est extrêmement difficile à assurer, surtout si le hacker sait comment convainc-re le destinataire de brancher sa clé USB en lui racontant une histoire tout à fait crédi- ble. La meilleure défense contre le social engineering, c’est donc chaque utilisateur : il doit vérifier la provenance des supports de données avant de les brancher sur son ordi-nateur. En outre, des informations appa-remment insignifiantes et inutiles ne doi-vent pas être divulguées à des inconnus, car ces informations peuvent être utilisées à mauvais escient pour espionner d’autres personnes. Mais chacun doit vivre avec le risque d’être piraté - qu’il s’agisse d’un particulier, d’un entrepreneur ou d’un politicien. Le cybermonde est conçu pour les business opportunities d’affaires et non pour la sécurité. Les nombreuses passerelles et points faibles qui sont facilement exploi-

à l’égard des pays étrangers ; 2. la nécessite d’une certaine confiance dans l’Etat comme condition préalable importante à la régle-mentation ; 3. la connaissance par chaque individu des données qu’il communique. Jonas Eckenfels, du département Open Government Data de Bâle-Ville, s’est chargé de l’aspect confiance et a défini quel était le plus grand défi pour l’Etat en tant que coll-ecteur de données dans l’équilibre entre la collecte de données et l’anonymisation si-multanée : lors de la publication des don-nées, il ne doit pas être possible de re-monter jusqu’aux individus, alors qu’en même temps, on souhaite générer des con-naissances. Jörg Lutz, maire de la ville de Lörrach, a déclaré que dans notre société occidentale, certains ont tendance à être critique à l’égard de l’Etat en tant que col-lecteur de données, mais en même temps, nous ne pensons pas à remettre en question la légitimité des entreprises privées dans ce contexte. Cette circonstance ressemble à la situation historique du capitalisme de Man-chester, où les entreprises ont eu les mains libres pendant longtemps. Ce n’est que lorsque les syndicats se sont fortement mo-bilisés que des réglementations ont été mi-ses en place. Ce bras de fer inégal dans l’utilisation des données représente un obstacle sur la voie d’une ville intelligen-te, avec laquelle nous pouvons résoudre nombre de nos problèmes environne-mentaux et de mobilité actuels. Si la col-lecte et le traitement des données étaient possibles, il en résulterait une valeur ajou-tée profitable à l’ensemble de la population. Par contre, il faut faire preuve de pédagogie et expliquer quelle peut être cette valeur ajoutée, afin que chacun puisse être con-vaincu et accompagner un tel développe-ment. M. Beat Rudin répond que les régle-mentations pourraient tout à fait s’adapter à la nouvelle réalité. Par exemple, selon le type d’utilisation et sous réserve d’anonymat, les véhicules, y compris les plaques d’immatriculation, pourraient déjà être enregistrées aujourd’hui pour le contrôle intelligent de la circulation. Ivan Bütler, qui, en tant que consultant en sécurité informatique, est favorable à chaque nouvelle étape de numérisation, n’en est pas moins critique à l’égard de ces

tés par les pirates sont essentiellement des erreurs système, c’est pourquoi la réponse ne peut être que la security by design : lors du développement du matériel et des logi-ciels, il faut veiller dès le départ à ce que les systèmes soient aussi exempts de points fai-bles que possible et soient conçus de mani-ère à être aussi immunisés que possible aux attaques. Rolf Dornberger demande com-ment l’utilisateur moyen peut se protéger au mieux contre les pirates informatiques. Büt-ler répond brièvement et succinctement : « Tout simplement en ne cliquant pas sans réfléchir sur tout ce qui se présente sur son écran ».

Breakout Session 1 / L’utilisation des données : avantages concurrentiels pour les entreprises et la sociétéNicolas Zahn, co-responsable du groupe de travail sur la numérisation de l’Opération Libero et animateur de ce workshop, a ou-vert la séance en demandant comment les participants à la discussion ont utilisé les données de manière profitable pour leur organisation. L’Office statistique de la ville de Bâle a préparé les données et les a mises à disposition ; la ville s’est donc engagée en faveur de l’ouverture des données gouver-nementales (OGD), c’est-à-dire des données accessibles au public, a déclaré Madeleine Imhof, directrice de l’Office statistique du canton de Bâle-Ville. Stefan Metzger, ex-pert de Smart City, a ajouté que les opéra-teurs de réseaux mobiles fournissaient éga-

développements. Il est convaincu que nous sommes parfois dépassés et que nous ne sommes pas en mesure de comprendre réel-lement ce que cela signifie si nos données sont stockées et évaluées partout. Certains parmi nous sont encore prêts à révéler beaucoup de choses sur eux-mêmes en échange d’une petite gratification. Est-ce qu’il vaut vraiment le coup de divulguer ses données personnelles pour une petite grati-fication ? La question est posée et on peut s’attendre à ce que cette question se pose dans de nouvelles dimensions à l’avenir. Il a cité l’exemple de la détection précoce du cancer à l’aide de puces implantées. Si cela était possible, la relation entre la protection des données et le bénéfice personnel serait également renégociée. Les participants à la discussion ont tous convenu que le contri-buable consentirait volontiers à mettre ses données à la disposition de l’État, à condi-tion que cela permette d’économiser de ma-nière substantielle les impôts.

Table ronde : La numérisation - les déve-loppements technologiques et la sécurité de nos donnéesRolf Dornberger, directeur de l’Institut d’informatique économique de la FHNW, a demandé aux participants si les mesures de sécurité concernant nos données suivaient le rythme des développements technolo-giques. Philippe Borloz, Vice President Sa-les and General Manager EMEA du Groupe Kudelski, a constaté que le meilleur rap-

port entre le degré de numérisation et les normes de sécurité mises en place se trouve dans le secteur bancaire. Cela n’est toutefois pas surprenant, car le secteur ban-caire fait partie des secteurs les plus forte-ment règlementés. Bruno Tissot, responsa-ble des statistiques et du soutien à la recherche à la Banque des règlements inter-nationaux (BRI), a confirmé cette affirma-tion et expliqué que les données particuli-èrement sensibles de la BRI sont enregistrées sur un réseau dédié. En tout état de cause, la plupart des données utilisées sont anony-misées, car cela est tout à fait suffisant pour procéder aux analyses - la personnalisation des données n’apportant aucune valeur ajoutée. Cependant, malgré l’utilisation de mécanismes de protection de pointe basés sur les techniques d’analyse du big data, on n’est jamais à 100 % à l’abri des hackers. En réponse à la question de Dorn-berger sur la manière d’accroître la sécurité dans notre monde en réseau, Felix Kamer, vice-président de Huawei Suisse, a répondu que le développement de la sécurité infor-matique reposait principalement sur les trois «P» suivants : personnes (sensibilisa-tion), produits (produits conçus de manière sûre), protocole (processus de sécurité nor-malisés). Ces trois P doivent être fermement intégrés dans les processus de l’entreprise. Les participants à la discussion ont convenu que le principal point faible est en fait l’être humain - l’employé lui-même. C’est pourquoi la priorité absolue doit être de veil-

Public Panel TalkBreakout Session 1: Dr. Stephan Mumenthaler, Nicolas Zahn, Dr. Madeleine Imhof, Stefan Metzger

Panel Talk: Felix Kamer, Philippe Borloz, Bruno Tissot, Prof. Dr. Rolf Dornberger Breakout Session 2: Ivan Bütler, Jörg Lutz, Jonas Eckenfels, Prof. Dr. Beat Rudin

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Slide présentation; Felix Kamer, HuaweiSlide présentation; Philippe Borloz, Kudelski

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indiqué que les réponses recherchées ne fi-gurent pas nécessairement dans les données brutes. Il s’agit ensuite, et c’est précisément son travail, de «relier les points, pas seule-ment les collecter». Ce n’est que de cette manière que l’information peut être extraite des données et déboucher ensuite sur de la connaissance.

En route vers l’administration fédérale numérique Dirk Lindemann, directeur de l’Office fédé-ral de l’informatique et de la télécommuni-cation, a défini la stratégie de numérisation au niveau fédéral comme suit : pour faire de la numérisation, il ne suffit pas de co-pier sur un écran ce qui se trouve sur le

papier. Il s’agit plutôt d’une mise en réseau de bout en bout, comme cela a déjà été mis en œuvre dans l’industrie du voyage, par exemple, dans les processus de réservation. L’objectif premier n’est pas non plus de ré-duire les effectifs. En effet, on sait que l’administration fédérale est constamment confrontée à de nouvelles tâches, sans pour autant disposer de personnel supplémen-taire. Comme les tâches les plus simples sont automatisées à l’aide de la numérisati-on, l’accent est mis sur la formation des per-sonnels à des tâches plus complexes. Quoi qu’il en soit, l’objectif prioritaire du gouver-nement fédéral est de créer de la valeur ajoutée pour les citoyens. La demande est forte, en particulier pour les services d’administration en ligne, parce que presque personne n’aime se rendre dans les bureaux administratifs pour régler ses affaires. Dirk Lindemann souligne qu’il n’est pas seule-ment dans l’intérêt national de disposer

ler à la formation, la sensibilisation des per-sonnes.

Qui est responsable de la sécurité nu-mérique ?La conseillère d’état Kathrin Schweizer, cheffe de la Direction de la sécurité du can-ton de Bâle-Campagne, a ouvert le pro-gramme de l’après-midi. Dans ses re-marques, elle a abordé la numérisation sous l’angle de la sécurité. On sait que l’être hu-main a tendance à mettre les aspects posi-tifs au premier plan : nous accueillons favo-rablement la révolution numérique avec un ton euphorique, nous sommes prêts à ache-ter les derniers produits des entreprises in-formatiques, alors qu’en même temps, il ne

se passe pas une semaine sans qu’un vol de données ou une utilisation indue ne soit si-gnalé. Qui doit garantir la sécurité nu-mérique de chaque individu ? La réponse est multiple. Dans les entreprises, le point de vue qui prévaut est que les données sur les partenaires, les clients et d’autres données doivent circuler le plus librement possible pour la survie de l’entreprise. Toutefois, cela ne doit pas conduire à un traitement négli-gent des données – en effet, que devraient alors penser ceux que l’on encourage à di-vulguer leurs données ? Bien comprendre les conséquences de la numérisation, ce n’est pas seulement la tâche des utilisateurs. Quiconque collecte des données dans l’intérêt des entreprises a également le de-voir d’assurer la transparence de leur utili-sation. Il est indispensable d’accéder à un degré élevé si nous souhaitons être en mesure d’exploiter pleinement le poten-tiel de la numérisation - une condition

préalable absolument nécessaire à la survie face à la concurrence mondiale.

Le Big data n’apporte pas automatique-ment la connaissance.« Le terme « big bata « désigne des données produites en grande diversité, en grande quantité et à grande vitesse », explique Bruno Tissot, responsable des statistiques et du soutien à la recherche à la Banque des règlements internationaux (BRI). Ces en-sembles de données sont si vastes que les logiciels de traitement de données clas-siques ne peuvent les gérer. Cependant, en utilisant le machine learning et d’autres techniques d’analyse de données, le big data peut nous permettre d’aborder des problèmes qui étaient auparavant hors de notre portée. La Banque des règlements internationaux a pour mission d’apporter un soutien aux banques centrales des pays membres dans leur quête de stabilité moné-taire et financière. Et c’est précisément là que réside le potentiel du big data : les mar-chés financiers peuvent ainsi faire l’objet d’un suivi beaucoup plus précis, des prévi-sions macroéconomiques peuvent être éta-blies et permettre ainsi de générer des in-formations granulaires sur une question locale et spécifique. Le big data, par exem-ple, permettent également de simuler le système financier. Cela permet de modéli-

ser les effets d’un choc externe - comme la crise financière de 2008 - dans le but de développer des contre-mesures adéquates. Rolf Dornberger demande comment disso-cier les éléments pertinents dans la masse incompréhensible de données - ce que l’on appelle le «big data». M. Tissot a clairement

Lukas Ott

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d’un paysage numérique moderne, il s’agit aussi et surtout de conserver la compétitivi-té de notre pays sur la scène internationale - car outre les impôts, le degré de numérisa-tion d’un pays devient un facteur de plus en plus important lorsque les entreprises déci-dent d’y installer leur siège social.

La médecine moderne repose sur les don-nées.Stephan Mumenthaler, Directeur de sci-enceindustries, a cité Severin Schwan, CEO de Roche, au début de sa présentation. M. Schwan a déclaré qu’il considérait que la Suisse en tant que centre économique et scientifique était en danger parce que la nu-mérisation du système de santé progressait trop lentement. Ce risque peut déboucher sur une réduction progressive des emplois hautement qualifiés dans l’industrie phar-maceutique. M. Mumenthaler a donc expli-qué qu’il est particulièrement important que la Suisse se dote d’une législation équivalen-te à celle de l’UE sur la protection des don-nées si elle souhaite garder son niveau de performances économiques. Les données doivent pouvoir circuler - en particulier au-delà des frontières nationales. Alors qu’auparavant la recherche reposait sur des études cliniques, il est aujourd’hui de plus en plus important d’extraire des données des connaissances pour la médecine person-

nalisée. Pour ce faire, la «mise en commun» des données est indispensable. Un réseau de recherche s’étend généralement au monde entier. La nouvelle loi suisse sur la protec-tion des données ne doit donc pas être trop «helvétique». Lorsque M. Dornberger a de-mandé quelles seraient les conséquences

d’une loi trop stricte, M. Mumenthaler a averti : «Trop de protection des données, sans coordination au niveau international, empêche la médecine personnalisée d’être basée sur des données de meilleure qualité - au détriment des personnes gravement malades».

Les données changent la campagne poli-tiqueFondée par des étudiants en 2014, l’Opération Libero s’est fixé comme mission principale la conduite de campagnes poli-tiques. Nicolas Zahn est co-responsable du groupe de travail sur la numérisation de l’Opération Libero. Mener une campagne, c’est organiser des activités spécifiques pour

influencer l’opinion afin d’amener des déci-sions politiques. Pour une petite organisati-on aux ressources limitées, cet objectif ne peut être atteint que si les potentiels de la numérisation sont pleinement exploités. Cela inclut tout d’abord le story-telling, par-ce que seules les idées enveloppées dans de bonnes histoires sont partagées par les mé-dias modernes et atteignent un large public avec peu de ressources. L’Opération Libero détermine le moment opportun pour lancer une campagne en évaluant les données : dans ce que l’on appelle le «Topics Monito-ring», les thèmes politiques sont vérifiés en ce qui concerne leur actualité et leur popu-larité, puis les campagnes sont lancées ou reportées. Avec l’aide de Google Trends, il est possible de savoir quand et à quelle fré-quence certains termes sont recherchés. Les mêmes résultats pourraient également être obtenus sur Twitter ou Facebook. Si une campagne est en cours, des centaines de

bénévoles doivent alors être coordonnés. Pour l’Opération Libero, ce défi peut être relevé en utilisant des données : elles per-mettent de contacter les bénévoles qui s’étaient mobilisés sur les actions passées et de savoir quand ces personnes sont disponi-bles. Pour Rolf Dornberger, en politique, on sait combien les bonnes nouvelles, mais aus-si les fake news peuvent avoir des consé-quences. M. Zahn souligne que l’Opération Libero attache une grande importance à la vérification des informations dans la prépa-ration des sujets. À l’époque des médias so-ciaux, les fausses nouvelles peuvent avoir une portée énorme, mais la prochaine shit-storm - et donc les dommages irrévocables à l’image – peut nous tomber dessus à chaque coin de rue. La confiance, c’est un atout majeur, pas seulement lorsque l’on traite des données, mais aussi lorsque l’on fait campagne dans un environne-ment politique.

Le dilemme de l’utilisation des donnéesSelon Stefan Metzger, expert de Smart City, l’image prédominante selon laquelle les données ne servent qu’à la publicité in-dividualisée est depuis longtemps dépassée. Des connaissances beaucoup plus utiles peuvent être extraites des données, à condition que différents ensembles de données soient combinés correctement.

Cependant, on constate que notre attitude à l’égard des collecteurs de données est sou-vent quelque peu schizophrène : d’une part, nous voulons communiquer le moins de données possible à l’État, mais en même temps, nous n’avons aucun problème à di-vulguer aux entreprises privées, via smart-

Dirk Lindemann, BIT

Dr. Stephan Mumenthaler, scienceindustries

Nicolas Zahn, Operation Libero

Stefan Metzger, expert de Smart City

Kathrin Schweizer, conseillère d’état

Bruno Tissot, BRI

Welcome Café Nicole Hostettler & Prof. Dr. Beat RudinPhillippe Borloz & Dirk Lindemann William DC WildPause réseautage

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phone, tablette ou PC, toutes sortes de données sur, par exemple, la mobilité et le comportement d’achat ou des informations sensib-les concernant notre propre état de santé. Rolf Dornberger a de-mandé à M. Metzger d’illustrer cette différence d’information. M. Metzger a alors pris l’exemple de son chat : l’État ne connait proba-blement même pas son existence, alors que Google connaît le nom, l’âge et les habitudes alimentaires du chat en raison des recherches sur Internet que peut faire son propriétaire. M. Metzger est con-vaincu de la nécessité d’inciter les citoyens à communiquer des données non seulement aux entreprises, mais aussi à l’Etat.

Réunion-débat : «L’avenir du site économique de Bâle - Opportunités et risques pour une région qui compte devenir le premier pôle d’innovation numérique» avec Jörg Lutz, maire de Lörrach (DE) - Felix Kamer, vice-président de Huawei Suisse - Dirk Lindemann, directeur a.i., Of-fice fédéral de l’informatique et des télécommunications - BIT Stephan Mumenthaler, directeur Siences industrielles - Nicolas Zahn, co-pré-sident de l’Equipe Numérisation, Operatio Libero - Lukas Ott, respon-sable du développement Canton et Ville, administration cantonale Bâle-VilleLe citoyen se méfie plutôt de l’Etat et est beaucoup moins réservé vis-à-vis des entreprises, a déclaré Jörg Lutz, maire de Lörrach, en guise d’introduction au débat. C’est pourquoi la transparence dans le traitement des données est tout aussi importante aux yeux de M. Lutz que le dialogue social sur l’utilisation des données. Si les ci-toyens savaient toujours exactement dans quel but leurs don-nées sont recueillies et si les citoyens pouvaient y reconnaitre un avantage personnel, les préoccupations concernant l’État en tant que collecteur de données seraient moins grandes. Pour illustrer ce problème, M. Lutz a pris l’exemple du nouveau service de bus entre Lörrach et l’Euro-Airport, prévu pour 2020 : les infor-mations actuellement disponibles ne lui permettent pas de dire si les horaires ou l’itinéraire sont définis de manière utile pour les citoyens. Toutefois, il est sûr que les utilisateurs potentiels du ser-vice de bus seraient heureux de fournir leurs données, à condition que le service réponde aux besoins de l’utilisateur dès le début. Felix Kamer, qui a vécu un an dans la ville chinoise de Shenzhen (13 millions d’habitants), a souligné la nécessité d’évaluer les don-nées à des fins d’urbanisme : «Shenzen, siège de Huawei, s’accroît de plusieurs centaines de milliers habitants chaque année. Sans une collecte complète de données, une planification urbaine efficace dans une ville de cette dimension serait tout simple-ment impossible. Bien que l’Allemagne et la Suisse soient encore loin d’être confrontées à des défis de cette ampleur, les villes de ce pays peuvent encore être intelligemment développées. Dans ce con-texte, Dirk Lindemann a évoqué la souveraineté des données. Il est extrêmement important - parce que cela renforce la confiance - que les citoyens aient autant d’autodétermination que possible en ce qui concerne l’utilisation de leurs données personnelles. Il faut faire preuve de pédagogie et expliquer de manière convaincante que l’Etat apporte un soin particulier dans le traitement des don-nées. Les données ne deviennent dangereuses que si elles sont

utilisées dans le mauvais contexte. Avec un degré d’anonymisation approprié, il n’est plus possible de déduire des informations person-nelles sur chaque citoyen et, en même temps, le potentiel des don-nées pourrait être exploité, par exemple pour le développement intelligent de la région économique de Bâle. En ce qui concerne les services d’administration en ligne, les citoyens sont déjà contraints d’ouvrir leurs portes. Ces services sont populaires parce qu’ils per-mettent un accès direct aux services des autorités - en d’autres termes, un avantage concret est perceptible. Il faut plus de courage pour innover. C’est pourquoi le mode expérimental doit aussi être de plus en plus appliqué au niveau administratif - même si le prin-cipe de «tâtonnement» n’y est pas bien accueilli. Lukas Ott a de-mandé à Felix Kamer où en était la Suisse dans la course à la nu-mérisation. Kamer a répondu que la Suisse dispose d’une excellente infrastructure TIC (technologies de l’information et de la communication). Les consommateurs sont enthousiastes à l’égard de la technologie et utilisent les ressources financières en consé-quence. Cependant, nous manquons d’entreprises dont le modèle économique repose essentiellement sur des données, c’est-à-dire qu’ils sont explicitement axés sur les données. Si nous voulons continuer à nous développer en tant que société numérique, il n’y a pas d’autre solution que de commencer tout simplement à utiliser la technologie et d’accepter les éventuelles erreurs. Le Dr Stephan Mumenthaler était d’accord avec Kamer et a souhaité s’orienter vers l’avenir : pourquoi la Suisse ne deviendrait-elle pas un havre de sécurité pour les données - comme le secret bancaire ? La Suisse est une structure extrêmement stable sur le plan politique, la situation juridique est claire et prévisible. Si les entreprises devaient garantir la transparence de leurs services ba-sés sur les données et accorder aux consommateurs la liberté de choix, ce package se traduirait par un énorme avantage géogra-phique. Nicolas Zahn a insisté sur cet argument en déclarant : «Au départ, nous étions très optimismes sur la technologie. Mais main-tenant, il semble que nous soyons complètement techno-pessimis-tes. La numérisation est toujours difficile à expliquer en raison de sa complexité. Raison de plus pour que la population soit impliquée dans la discussion à un stade précoce.» Jörg Lutz a bien résumé la discussion : «Si les données sont utilisées pour le bien commun et non principalement pour des intérêts économiques, alors le citoyen y réagira positivement. Il en résulterait une nouvelle dy-namique au sein de notre société qui nous ferait faire un pas de plus sur la voie d’une transformation numérique réussie».

de g. à d. : Débat d’experts: Jörg Lutz, Felix Kamer, Dirk Lindemann, Lukas Ott, Dr. Stephan Mumenthaler, Nicolas Zahn

Regula Ruetz© Photos BEF 2019: Alex Uehlinger, Wittnau

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Beat Rudin D’une part, l’exploitation des données est un élé-ment capital pour une administration qui doit

s’acquiter de ses missions statutaires, pour une entreprise qui doit fonctionner de manière optimale ou pour les scientifiques qui veulent acquérir de nouvelles connaissances. Mais il y a aus-si l’autre côté de la médaille : il faut respecter le droit inaliéna-ble des citoyens à la protection de leur données personnelles et à l’autodétermination basée sur la liberté d’information.

La loi sur la protection des données réglemente la circulation des données et recherche les bons compromis dans cette zone de conflit. Tout d’abord, le principe de légalité s’applique : le traitement de données par des organismes publics doit être fon-dé sur une base juridique solide - le traitement de données par des personnes privées qui, sans justification, constituerait une atteinte aux droits de la personne, peut être justifié par le con-sentement de l’intéressé, par un intérêt supérieur ou par la loi et donc devenir admissible. En outre, le traitement des données doit respecter le principe de proportionnalité, être en phase avec la finalité et être transparent pour l’intéressé.

Mais où en sont ces règles, quelle législation sur la protection des données doit-on appliquer ? Pour les sous-traitants privés et les administrations fédérales, les règles de transfert de données sont définies par la loi fédérale sur la protection des données, pour les autorités cantonales et communales dans la loi canto-nale sur l’information et sur la protection des données. Si cela peut ressembler à une fragmentation des compétences juri-diques, cela n’est pas forcément un inconvénient : les règles ont été harmonisées depuis l’adhésion de la Suisse à «Schengen». En raison de l’association Schengen, la directive européenne 2016/680 s’applique également à la coopération judiciaire et policière en Suisse. Notre pays a également ratifié la Convention n°108 du Conseil de l’Europe et a l’intention de le faire avec la Convention n°108+ mise à jour. Cette convention a récemment été adaptée pour suivre l’évolution de la technologie et de la société. Enfin, le règlement général de l’UE sur la protection des données (RGPD) n’épargne pas la Suisse : un transfert de don-

nées d’entreprises ou d’autorités de l’UE vers la Suisse n’est au-torisé que si la Commission européenne reconnaît le caractère adéquat du droit suisse sur la protection des données. Or, cette équivalence ne sera accordée que si la Suisse consent de moder-niser sa législation sur la protection des données. Ce que le Con-seil national a décidé lors de sa session de septembre n’aurait certainement pas suffi - il faut espérer que le Conseil des Etats pourra lever le blocus. En tout état de cause, il est assez étrange que la Suisse, qui aime à se considérer comme un «havre de li-berté», ne veuille pas, de sa propre initiative, mieux protéger la liberté de ses citoyens dans un monde de plus en plus numérisé, mais ne le veuille apparemment que parce que la pression juri-dique étrangère s’accroît. Ce faisant, les entreprises commercia-les qui dépendent des échanges internationaux ont depuis longt-emps adapté leurs processus aux exigences du RGPD. Ce règlement est aujourd’hui considéré dans le monde entier comme une référence - et de nombreux pays d’autres continents s’en servent comme base pour leur législation. La Suisse doit veiller à ne pas rester sur le bord du chemin !

La protection des données - protection de la vie privée et des droits fondamentauxLa protection des données et la libre circulation des données peuvent entrer en conflit.

Datenschutz: Rechtsgrundlagen

Bund

Europäische Union: Datenschutz-Grundverordnung (EU) 2016/679 / Richtlinie (EU) Justiz und Polizei 2016/680

Datenbearbeiten durch BundesorganeDatenbearbeiten durch Private

Datenbearbeiten durch kantonale und kommunale Organe

Kantone

Bundesverfassung + (z.T.) KantonsverfassungenDSG/Bund (1992) kantonales DSG/IDG usw.

© 2018 B. Rudin

3© B. Rudin 2019

Europarat: Europarats-Konvention 108 (1981) + ZP (2001)(Europarats-Konvention 108+ (2018))

Beat Rudin, Prof. Dr. iur., Advokatresponsable de la protection des données du Canton de Bâle-Ville

Datenschutz ist

Auf jeden Fall: Datenschutz: Achtung!

4© B. Rudin 2019

Achtung vor den Menschen, über die wir Daten bearbeiten

Slide présentation, Beat Rudin

Slide présentation, Beat Rudin

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Les services en ligne du Département fédéral des finances en un seul clicDébut 2020, la Confédération mettra en service un site internet unique qui permettra d’accéder aux services de l’Administration fédérale des contributions. A l’avenir, tous les citoyens pourront accéder par ce site à une grande diversité de services administratifs de la Confédération – en quelques clics.

Sans doute utilisez-vous déjà régulièrement divers services en ligne : vous faites vos

achats dans des boutiques en ligne, entretenez vos contacts pro-fessionnels et privés via les médias sociaux et payez vos factures en toute simplicité via la banque en ligne. Aussi pratiques que soient ces services en ligne, il peut être fastidieux de se rappeler de tous ses différents codes d’accès. Ce problème se pose est éga-lement pour les applications spécialisées de la Confédération. L’Office fédéral de l’informatique et de la télécommunication (OFIT) gère environ 400 applications différentes au nom de diffé-rents départements et offices – la plupart ayant leur propre page d’entrée et des procédures d’accès pas toujours harmonisées.

Des efforts visant à simplifier l’accès aux services gouvernemen-taux sont en cours depuis un certain temps déjà. Avec le portail SuisseTax, l’Administration fédérale des contributions (AFC) pro-pose déjà un accès central aux services en ligne pour le traitement de la TVA et de l’impôt anticipé ainsi que de la redevance radio-TV pour les entreprises. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO) met à la disposition des entreprises un accès aux services électroniques pour les procédures d’octroi de licences, de demande et de décla-ration par le biais du site en ligne easyGov.swiss.

Les services électroniques sont donc déjà une réalité aujourd’hui - et sont largement utilisés. Plus de 500.000 utilisateurs sont en-registrés dans le système de gestion des identifiants et des accès de la Confédération. Près de 180.000 entreprises gèrent déjà leur TVA par voie électronique via SuisseTax.

Le Département fédéral des finances (DFF) va encore plus loin : il lancera début 2020 un nouveau portail électronique. L’objectif de ce nouveau portail en ligne est simple : proposer un accès central et sécurisé à un grand nombre de services fédéraux. Début 2020, les services électroniques de l’Administration fédérale des contri-

butions (AFC) et les premières applications de l’Administration fédérale des douanes (AFD) seront disponibles sur le portail élec-tronique. D’autres services en ligne seront intégrés dans les mois à venir.

L’un des avantages du portail électronique, c’est son infrastructure uniforme avec une gestion centralisée des identifiants et des accès. L’ePortal permet différentes options d’accès. Aucune inscription n’est requise pour les services accessibles à tous, comme les bro-chures d’information. Pour les autres services en ligne, l’enregistrement s’effectue par exemple via le numéro de télépho-ne mobile avec authentification par SMS ultérieure, tandis que les applications présentant des exigences de sécurité plus élevées sont accessibles uniquement par un identifiant électronique.

Bien entendu, l’accès aux services se fera via l’authentification unique. Lorsque l’utilisateur s’est enregistré une fois et dispose des autorisations nécessaires, il n’a plus besoin de s’authentifier à nou-veau lors de l’utilisation d’un autre service en ligne.

Si nous voulons que l’ePortal soit largement utilisé par la popula-tion, son fonctionnement doit être convivial et intuitif. L’équipe de développement, composée de personnels de l’OFIT, de la plate-forme de numérisation du DFF, de l’AFC et de l’AFD, s’est donc concentrée sur une conception axée sur l’utilisateur.

L’utilisateur sera en mesure de configurer la page d’accueil de ses services en ligne, et d’afficher ainsi à l’écran les administrations qui répondent à ses besoins individuels. Pour ce faire, il lui suffit de sélectionner les applications qu’il compte utiliser le plus souvent et de les attacher à la page d’accueil sous forme de tableau de bord, en fonction de ses préférences.

Si l’utilisateur recherche quelque chose de précis, par exemple des informations sur le remboursement de l’impôt à la source ou des services de TVA en ligne, ils sera bientôt assisté par un chatbot. Et si ce dernier ne trouve pas l’information, l’utilisateur pourra alors s’adresser au personnel d’assistance en le contactant directement sur le portail électronique.

Le développement du portail électronique est loin d’être terminé. L’objectif est d’intégrer l’expérience acquise avec la première ver-sion dans le développement continu et d’intégrer autant de services en ligne que possible. Notre travail de mise au point et d’adaptation continue, pour que la vision devienne réalité et que vous puissiez à l’avenir utiliser les services en ligne de l’Administration fédérale de manière centralisée en passant par un seul portail électronique.

Dirk Lindemann

Dirk Lindemann, Directeur de l’Office fédéral de l’Informatique et de la télécommunication

SuisseTax: https://www.estv.admin.ch/estv/de/home/estv-suissetax/estv-su-issetax.html

Le guichet en ligne pour les entreprises: https://www.easygov.swiss/

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metrobasel – report 2019 | 19

C’est au début du XIXe siècle, avec

la fondation des états-nations, que les gouvernements se sont dotés d’offices nationaux de la statistique. Les statistiques officiel-les permettent de contrôler le système étatique et le développe-ment des sujets traités par les politiques de l’état. Tout ce qui intéresse l’état est documenté par des chiffres. Mais le rôle des offices de statistiques a évolué au fil du temps : aujourd’hui, la statistique publique fournit des informations qui doivent permet-tre à tous de participer au discours sociopolitique. La Charte de la statistique publique de la Suisse définit la mission de cet Office comme suit : «[...] répondre au besoin d’informations statistiques pertinentes au sujet de la société[...]». En outre, les autorités sta-tistiques doivent «...être indépendantes sur le plan professionnel dans l’accomplissement de leurs tâches, en particulier vis-à-vis des autorités politiques et des groupes d’intérêt». A l’heure où la quantité de données disponibles ne cesse d’augmenter et où les évolutions technologiques permettent à un nombre croissant de parties intéressées de traiter les données, la statistique publique se trouve confrontée à un défi de taille : comment répondre à ces exigences modernes ?

Lorsque les informations communiquées par les Offices de statis-tiques publiques sont considérées comme fiables et dignes de foi, si elles sont perçues comme des faits établis, alors on peut consi-dérer que ces offices ont rempli leur mission. En fin de compte, cela signifie que la qualité et la transparence des chiffres et des

Données et informations – la transparence, la qualité et la confiance sont les outils du futurLes statistiques publiques et les données publiques ouvertes sont constituent la base de la connaissance et de nouvelles applications. Et pour obtenir la crédibilité et la confiance, il est indispensable de disposer de données de qualité, en toute transparence. C’est la condition sine quae non si nous voulons convaincre nos concitoyens que nous avons besoin d‘un espace régional de données ouvert.

Dr. Madeleine Imhof, Jonas Eckenfels

déclarations sont exigées. Si les procédures techniques et métho-dologiques sont conçues de telle manière qu’elles soient pleine-ment compréhensibles, il est alors possible d’établir un rapport de confiance avec la population concernant les informations four-nies par les statistiques publiques. Dans le monde analogue, les définitions exactes, les notes de bas de page et les explications méthodologiques étaient des mesures appropriées, de même que la séparation institutionnelle entre l’administration et la produc-tion de statistiques. Grâce à l’évolution technique, il existe désor-mais d’autres moyens de parvenir à l’indépendance profession-nelle et, surtout, à la transparence en ce qui concerne ses propres procédures. Par exemple, l’utilisation de logiciels libres ou la publication du code utilisé pour les évaluations et les analyses sont susceptibles de créer de la transparence. La statistique pub-lique permet à chacun de connaître les calculs sur lesquels repo-sent les faits, de les comprendre et, selon les circonstances, d’attirer l’attention sur d’éventuelles anomalies.

Outre la transparence, il convient de renforcer un deuxième pilier important de la confiance dans les statistiques publiques : il s’agit de la qualité des chiffres et des calculs. Des statistiques publiques de bonne qualité favorisent avant tout la confiance que la société accorde aux Offices de la statistique et donc à l’État. Les statis-tiques publiques peuvent se définir par la qualité, se différencier des déclarations non transparentes et remplir leur mandat, tel qu’énoncé dans la Charte, pour répondre au besoin d’informations statistiquement pertinentes.

Par exemple, l’Office statistique du canton de Bâle-Ville met à disposition une grande partie de ses évaluations via un portail d’indicateurs interactif avec graphiques et textes descriptifs. Les chiffres et le code de programme utilisés pour les visualisations sont accessibles au public via Github.

Le canton de Bâle-Ville va encore plus loin avec le réglage de base «ouvert par défaut». Depuis le début de l’année 2019, le gouver-nement cantonal de Bâle-Ville a chargé les services publics placés sous son autorité de mettre gratuitement leurs données à la dis-

position du public dans des formats ouverts et lisibles par ordi-nateur, sauf restrictions légales ou nécessité de protection des données. Pour soutenir les services administratifs dans ce pro-cessus, le Conseil du gouvernement a mis en place une unité spécialisée pour la transparence des données gouvernementales (OGD) au sein de l’Office de la statistique. Cette unité est le pre-mier point de contact pour les préoccupations concernant les données ouvertes, tant à l’interne qu’à l’externe. La Confédération et un certain nombre d’autres cantons suivent déjà l’approche «ouverte par défaut» et certains d’entre eux ex-ploitent leurs propres portails de données - la ville de Zurich, par exemple, fait figure de pionnière depuis plusieurs années déjà. Grâce à ces portails, le public peut accéder aux stocks de données mis à disposition par l’administration. Le portail de données du canton de Bâle-Ville est en ligne depuis le début du mois de no-vembre ; le service est en constante évolution. La publication d’ensembles de données sous forme de d’informations lisibles par ordinateur, librement accessibles et utilisables, constitue la base de l’innovation et contribue de ma-nière significative au développement des villes intelligentes. Avec son approche «ouverte par défaut», son portail de données et la mise à disposition de différents ensembles de données, le canton de Bâle-Ville contribue à la création d’un espace régional de don-nées ouvert. Des données en temps réel sur les niveaux d’eau, la qualité de l’air et l’utilisation des parkings et des bornes de re-charge pour voitures électriques peuvent déjà être utilisées - d’autres le seront prochainement. Afin de maximiser les avanta-ges de cette base de données, d’autres acteurs sont nécessaires pour l’alimenter en données ouvertes – en provenance de sources gouvernementales et privées.

En même temps, l’ouverture complète des bases de données d’une communauté garantit la transparence de l’action gouvernemen-tale. Comme nous l’avons mentionné au début, il s’agit essentiel-lement de consolider la confiance du grand public - et pas seule-ment dans le domaine des statistiques publiques.

Dr. Madeleine Imhof, Cheffe de l’Office de la statistique, Département de la présidence du Canton de Bâle-Ville

Jonas Eckenfels, Chef de la consultation et de la conformité, Unité Open Government Data, Bureau de la statistique BS

Portail d’indicateurs, la page d’aperçu: https://www.statistik.bs.ch/zahlen/indikatoren/portal.html

Portail de données, la page d’aperçu: https://data.bs.ch/explore

18 | metrobasel – report 2019

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metrobasel – report 2019 | 21

Allemagne en CHF France en CHF Suisse en CHFGrenzach-Wyhlen 3’970 Saint-Louis 3’380 Binningen 10’330Lörrach 3’900 Leymen 3’170 Bottmingen 9’440Binzen 3’890 Wentzwiller 3’140 Riehen 9’410Weil am Rhein 3’890 Hégenheim 3’120 Bergdietikon 9’120Wittlingen 3’840 Blotzheim 3’030 Ennetbaden 8’640

Allemagne en CHF France en CHF Suisse en CHFLörrach 3’930 Wentzwiller 3’120 Binningen 10’240Wittlingen 3’920 Village-Neuf 3’020 Bottmingen 9’860Weil am Rhein 3’910 Blotzheim 2’960 Riehen 9’480Schopfheim 3’820 Michelbach-l.-H. 2’870 Oberwil (BL) 8’730Binzen 3’680 Attenschwiller 2’810 Ennetbaden 8’690

Top 5 des communes dans la région des 3 pays :Prix moyen du m² pour un appartement (m² habitables, 2019)Source : Wüest Partner

Top 5 des communes dans la région des 3 pays :Prix moyen du m² pour une maison individuelle (m² habitables, 2019) Source : Wüest Partner

20 | metrobasel – report 2019

sidentiel dans le canton de Bâle-Ville et dans le Haut-Rhin ont évolué de manière presque parallèle. Et si l’on tient également compte de la région frontalière de Genève, on obser-ve une évolution stable similaire depuis 2013, même si les hausses de prix des années précédentes ont été nettement plus fortes dans le canton de Genève (en raison de la pénurie prononcée de l’offre) que dans les régions voisines.

D’importantes différences de prix Malgré la disparition des frontières nationa-les et l’évolution similaire des prix au cours des dernières années, il existe encore des différences significatives dans les prix de l’immobilier résidentiel (voir carte et tab-leaux des prix). Alors que dans la commune de Binningen, les maisons individuelles se vendent plus de CHF 10’000.- le mètre carré, les niveaux des communes françaises et al-lemandes les plus chères (Saint-Louis et Grenzach-Wyhlen respectivement) sont en-core inférieurs à CHF 4000.- (convertis au taux de change de 1 euro pour 1,10 franc).

Le fait que les prix en France et en Allema-gne soient inférieurs de plus de 60 pour cent à ceux des communes suisses s’explique principalement par des différences de ni-veaux de salaires. Si l’on compare les salaires

La collecte continue de données au moyen de l’observation et de l’analyse systéma-tiques est de plus en plus répandue dans de nombreux domaines de la vie économique : on considère en effet qu’il est possible de prendre de «meilleures» décisions si on dis-pose des bonnes bases de données.

Gestion de données complexesLa gestion des données est un processus complexe, même si les ensembles de don-nées existants sont déjà très vastes. Pour de nombreuses entreprises et institutions pub-liques, l’adaptation des données analogiques du marché à l’ère numérique est une tâche ardue et exigeante. Le fait de disposer de données ne signifie pas automatiquement que ces données pourront être utilisées à bon escient. Dans de nombreuses institu-tions, un nouveau métier s’est créé : les «data scientists». Ces spécialistes prennent en charge l’exploitation des données, afin de pouvoir tirer en les connaissances les plus complètes possibles.

Ce processus de transformation a également commencé dans le secteur immobilier il y a quelques années. Et il s’accélère aujourd’hui rapidement - de plus en plus de données sur le bâtiment et le génie civil sont disponibles pour les acteurs du marché immobilier, les acheteurs, les investisseurs, les institutions financières et les décideurs politiques. Alors qu’il y a quelques années, le marché immo-bilier local était considéré comme un secteur économique relativement peu transparent, la diversité des données s’est considérable-ment élargie. Le défi aujourd’hui est de se frayer un chemin dans la jungle des données afin d’obtenir la «bonne» information. C’est particulièrement difficile lorsque certaines bases de données permettent des interpréta-tions différentes et que des déclarations par-fois contradictoires doivent être comparées et évaluées les unes par rapport aux autres.

Aujourd’hui, l’ensemble des informations du secteur de la construction et de l’immobilier comprennent les données sur les projets de construction, les annonces immobilières, les transactions et la conclusion de contrats.

D’autres données sont également pertinen-tes : les informations sur la démographie et la structure économique, les données sur les revenus immobiliers, les changements de valeur et les rendements immobiliers. Cette palette est complétée par de riches ensem-bles de données sur les facteurs qui détermi-nent le marché, tels que la qualité des sites, les fréquences piétonnes, les curiosités, les nouveaux projets de transport ou les diffé-rences de revenus à petite échelle. Il n’y a presque plus de limites.

Fusionner les régions frontalièresLe marché immobilier se concentre de plus en plus sur des données qui permettent des comparaisons transnationales au niveau le plus fin possible. D’une part, les investisse-ments transfrontaliers sont fortement favo-risés par les investisseurs privés et institu-tionnels en raison de la pression exercée par les investissements à l’échelle européenne. En revanche, dans les régions frontalières de la Suisse - Genève, le Tessin, la vallée du Rhin saint-galloise, le lac de Constance et la région de Metrobasel - les marchés immobi-liers sont en pleine fusion. La pleine entrée en vigueur des accords bilatéraux entre l’Union européenne (UE) et la Suisse en 2007 a été l’un des principaux déclencheurs de cette évolution. Depuis cette date, toute la Suisse est ouverte aux travailleurs fronta-liers et des contrats de travail flexibles sont également possibles. Avant 2007, les travail-leurs frontaliers n’étaient autorisés à occu-per des emplois que dans certains domaines clairement définis et avec des contrats limi-tés.

A la mi-2019, le marché du travail suisse comptait 322 800 frontaliers. En consé-quence, d’importants investissements ont été réalisés dans les infrastructures de trans-port en de nombreux endroits, ce qui a per-mis d’améliorer sensiblement l’accès trans-frontalier et d’intensifier encore la fusion des marchés immobiliers dans les régions fron-talières, que ce soit dans le secteur résiden-tiel ou dans les secteurs de l’immobilier de bureau et commercial. La disparition des frontières sur le marché immobilier se reflè-te, par exemple, dans l’évolution des prix au cours des dernières années. Depuis le début de l’année 2000, les prix de l’immobilier ré-

L’exploitation transfrontalière des données prend de l‘importanceAu cours des dernières années, la disponibilité des données est devenue de plus en plus importante pour la société et, en particulier, pour l‘activité économique. Les ensembles de données, ainsi que les analyses et les interprétations qui en découlent constituent aujourd‘hui - encore plus que par le passé - la base de travail et un outil de prise de décision.

Dragana Djurdjevic, Patrick Schnorf, Robert Weinert, Wüest Partner AG

annuels moyens (exprimés en euros), les ni-veaux moyens suisses (salaire brut pour un emploi à plein temps : 71 700 euros) sont 1,7 fois plus élevés qu’en Allemagne (41 400 eu-ros) et 1,9 fois supérieurs à ceux de France (38 200 euros). On peut supposer que les écarts salariaux dans les régions frontalières sont inférieurs à la moyenne nationale parce que le revenu suisse a un effet positif sur le pouvoir d’achat des travailleurs frontaliers en France et en Allemagne. Néanmoins, les écarts de revenus substantiels existants res-tent la principale raison des écarts de prix.

Si l’on regarde au-delà des frontières, on con-state également que les écarts de prix entre les communes d’un même pays sont plus im-portants en Suisse qu’en France ou en Alle-magne. La différence de prix entre la com-mune la plus chère (Binningen) et la cinquième commune la plus chère (Ennetba-den) est déjà supérieure à 16 % pour les mai-sons individuelles. Les différences entre les principales communes de France et d’Allemagne sont beaucoup plus faibles, principalement en raison des différences entre les systèmes fiscaux. Comme les can-

350

300

250

150

12 181614100800 02 04 06

200

100

Frankreich:— Département de l'Ain— Département de la Haute-Savoie— Département du Haut-Rhin

Quellen: Insee; Wüest Partner

Schweiz:— Kanton Genf— Kanton Waadt— Kanton Basel-Stadt

Eigentumswohnungen: Transaktionspreisentwicklung(Index 2000 = 100)

tons et les communes de Suisse jouissent d’une grande autonomie fiscale, la charge fiscale privée est très variable, ce qui signifie également que la demande et donc les prix de l’immobilier résidentiel varient forte-ment.

La convergence des marchés immobiliers de la région métropolitaine de Bâle devrait se poursuivre dans les années à venir. Aujourd’hui, les espaces économiques sont si étroitement liés qu’un développement isolé des marchés immobiliers est quasiment im-possible. En conséquence, l’intérêt pour des données comparables dans un contexte in-ternational est susceptible d’augmenter en-core.

Contexte méthodologique de la carte des prixLes prix indiqués sont basés sur les annonces immobilières sur la période du quatrième trimestre 2018 au troisième trimestre 2019. Nous avons étudié les sites Internet spéciali-sés en France, en Allemagne et en Suisse. Il s’agit donc de prix d’offre ou de prix du marché.

L’un des principaux avantages de travailler avec des prix d’offre est la large couverture régionale. Pour une grande partie des mu-nicipalités, par exemple, il existe des don-nées qui peuvent être utilisées pour révéler les différences municipales. Pour les com-munes pour lesquelles seul un nombre in-suffisant d’offres a pu être observé au cours de la période considérée, les prix sont mo-délisés sur la base d’offres et d’annonces antérieures dans les communes voisines.Comme alternative aux prix d’offre, les écarts de prix peuvent également être affi-chés à l’aide des données altérables. Con-trairement aux prix de l’offre, où les va-leurs sont déterminées principalement par les attentes de prix du vendeur, les données de transaction représentent la volonté ef-fective de l’acheteur à payer. Toutefois, comme les données sur les transactions ne sont pas disponibles pour toutes les muni-cipalités, la couverture serait beaucoup plus faible et les prix devraient être modé-lisés dans un nombre beaucoup plus élevé de municipalités.

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22 | metrobasel – report 2019 metrobasel – report 2019 | 23

Alexander E. BrunnerDans notre monde de plus en plus nu-mérique, les données sont un élément

crucial. Il s’agit du pétrole brut du 21e siècle. Ils sont à la base de nouvelles offres basées sur l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle. Plus il y a de données disponibles, meil-leurs sont les algorithmes. Elles constituent un facteur concurren-tiel important. À la mi-novembre, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné que l’Europe risque d’être laissée pour compte par les États-Unis. Parce que les États-Unis dominent l’économie numérique. Aussi utile que soit la commercialisation de nos don-nées, les défis en matière de protection des données sont grands. Comment résoudre cette contradiction ?

Quiconque veut contrôler ses données est confronté à un certain nombre de défis : com-ment puis-je contrôler et empêcher la diffusion de mes données ? Comment puis-je m’assurer que mes données ne sont pas manipulées ? Com-ment puis-je être rémunéré pour mes données ? À quoi pourrait ressembler une solu-tion praticable ?

La technologie de la Block-chain a une solution prête à l’emploi. Elle permet à un ré-seau de participants inconnus de s’assurer qu’il y a accord sur l’information. En outre, les données ne peuvent pas être

modifiées sans autorisation des utilisateurs. En même temps, il est possible de s’assurer que seules les personnes autorisées peuvent utiliser les données et qu’il n’est pas possible de les copier. Dans une étape ultérieure, le transfert de données pourra également être lié à un paiement. Cela résoudrait les problèmes mentionnés ci-dessus. A quoi cela ressemblerait-il concrètement ?

Aujourd’hui, nous pouvons écouter de la musique dans les trans-ports en commun, à vélo ou au bureau par radio ou en streaming. Il y a plus de 130.000 stations de radio et plus de 10.000 stations de télévision dans le monde et il existe un grand nombre de four-nisseurs de streaming, tels que Spotify ou Apple Music. Néanmoins, les musiciens ne sont rémunérés qu’après plusieurs années, voire même pas du tout. Ils n’ont aucune idée précise de l’endroit où leur musique est diffusée. Mais une solution existe dorénavant.

La start-up suisse Utopia Music a développé une technologie de Big Data d’apprentissage automatique qui enregistre l’utilisation com-merciale de la musique dans le monde entier en temps réel. Utopia Music recueille ainsi 600 millions d’éléments de données par tri-mestre. Ces données sont mises à la disposition des musiciens et

des détenteurs de droits d’auteur, afin qu’ils aient une vision plus claire, plus précise et plus efficace de leurs revenus. Utopia Music estime que plus de la moitié de la musique commerciale n’est pas rémunérée financièrement. Tout cela va changer grâce à la techno-logie de la blockchain. À l’avenir, ces données d’utilisation seront mises à disposition sur la chaîne de blocage afin qu’elles ne puissent plus être modifiées. En outre, les droits respectifs sont stockés dans les Smart Contracts, de sorte que le paiement est automatiquement déclenché via la blockchain lorsqu’un utilisateur emploie cette tech-nologie. Cela signifie que les musiciens pourront être rémunérés plus rapidement et équitablement.

Pour paraphraser Karl Marx, on peut dire que les données sont l’opium du peuple. D’autre part, certains prétendent que le danger d’une mauvaise utilisation des données n’existe pas : après tout, nous n’avons rien à cacher. Cependant, la valeur des données ne réside pas dans leur contenu, mais dans la façon dont elles sont liées. Il est beaucoup plus intéressant de savoir qui communique avec qui que de connaître le contenu de la communication. Parce que nous utilisons de nombreux services gratuitement et les appré-cions, nous supprimons les risques. Les nouvelles technologies, telles que la Blockchain appliquée par une entreprise suisse, nous permettront à l’avenir de mieux surveiller et partager nos données – une nécessité urgente!

Alexander E. Brunner a récemment publié un ouvrage qui a eu un grand succès sur le marché : « Crypto Nation - La Suisse et la fièvre de la blockchain ». Il s’appuie sur plus de 90 entretiens avec des ent-repreneurs, des investisseurs, des scientifiques, des avocats, des ban-quiers et des organismes de réglementation des marchés financiers. L’avant-propos a été rédigé par l’ancien Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann.

La blockchain, un outil de contrôle sur les données sensiblesNous vivons à une époque de surabondance de données : 300 heures de vidéos sont téléchargées sur YouTube chaque minute, 38.000 mises à jour sont créées sur Facebook et 682 millions de tweets sont envoyés chaque jour sur Twitter. Grâce à une grande quantité de données, nous pouvons naviguer en voiture, écouter de la musique dans les transports en commun et faire nos courses en ligne.

La première machine à cartes perforées a été mise en service il y a plus d’un sièc-

le et constituait à l’époque un mode de traitement des données révolutionnaire car automatisé. Aujourd’hui, les superordinateurs livrent des analyses complexes en une fraction de seconde. Dans l’industrie chimique, ils permettent par exemple de simuler des molécules dans le but de découvrir de nouvelles substances actives. Ils permettent un approvisionnement en eau et en énergie plus efficace et apportent un soutien précieux pour la prévision d’épidémies et de tremblements de terre ou pour le diagnostic de maladies.

Au Japon par exemple, des oncologues échouaient à établir un di-agnostic probant sur le cas d’une femme de 60 ans, jusqu’à ce qu’ils demandent conseil à IBM Watson. En l’espace de dix minutes, ce superordinateur a opéré un rapprochement entre les données de diagnostic de la malade et celles de plusieurs millions d’études on-cologiques et a identifié une forme de leucémie extrêmement rare. Les médecins ont ensuite adapté leur traitement, et la femme a pu être soignée efficacement grâce à l’aide du « Dr. Watson ».Les superordinateurs rendent également service dans la production, puisque la collecte et l’analyse de grandes quantités de données dans le domaine de la maintenance prédictive permettent d’éviter des arrêts imprévus. En outre, grâce à ces artistes du calcul nu-mérique, les données opérationnelles quotidiennes, mais aussi cel-les relatives à l’évolution des prix ou de la conjoncture, peuvent être associées pour parvenir à une exploitation plus efficace des instal-lations.

Des superordinateurs renfermant plusieurs milliers de processeurs et atteignant une puissance de calcul maximale aide-ront à relever les défis de demain. Dans le domaine des sciences naturelles en particulier, des superordi-nateurs puissants sont indispensables à la simulation des processus moléculaires. En effet, ils permettent de repérer, parmi la multitude de combinaisons d’éléments chimiques possibles, celles qui offrent les meilleures perspectives en termes de connaissances et de produits innovants. Le superordinateur permet d’opérer une présélection, puis les solutions les plus prometteuses sont testées en laboratoire. Ainsi, les expériences virtuelles sur l’ordinateur et les expérien-ces réelles en laboratoire sont menées de front et se complètent mutuellement.

Depuis 2017, BASF fait elle aussi confiance à un assis-tant numérique puissant pour développer des expéri-ences virtuelles et répondre à des problématiques complexes. Baptisé QURIOSITY, le superordinateur de BASF réalise 1,75 billiards d’opérations par seconde, un score qui en fait le superordinateur le plus puissant de l’industrie chimique. Il permet ainsi des gains de temps phénoménaux, puisqu’il réalise en quelques

jours des calculs qui autrefois au-raient nécessité environ un an de travail. Doté d’une puissance de calcul concentrée et approvision-né en informations appropriées, le superordinateur peut contribu-er à évaluer des modèles comple-xes. Dans le cadre de la simulati-on de processus chimiques, le superordinateur révèle des possi-bilités inédites, jusque-là consi-dérées impossibles sur le plan théorique ou à l’échelle de labo-ratoire. De façon générale, les superordinateurs permettent non seulement une accélération sen-sible des processus de développe-ment, mais aussi l’identification d’interactions jusque-là ignorées ouvrant des perspectives de recherche entièrement nouvelles.

L’analyse des données par des superordinateurs constituera une aide précieuse pour l’industrie dans tous ses domaines d’activité : de la recherche et du développement aux nouveaux modèles com-merciaux numériques, en passant par la production et la logistique.

Big Data : comment les superordinateurs révo-lutionnent l’industrieLe passage au numérique offre également de vastes opportunités à l‘industrie chimique. À cet égard, le traitement de grands volumes de données et leur analyse en temps réel jouent un rôle important.

Alexander E. Brunner

Dr. Matthias Halusa

Dr. Matthias Halusa, directeur de BASF Suisse SA

Baptisé QURIOSITY par les collaborateurs de l’entreprise dans le cadre d’un sondage en ligne, le superordinateur de BASF est doté d’une puis-sance de calcul dix fois supérieure à la puissance totale auparavant dis-ponible pour les calculs scientifiques au sein de BASF.

Une Blockchain comprend une liste extensible d’enregistrements de données, appelés «blocs», qui sont reliés les uns aux autres par une procédure cryptogra-phique. Chaque bloc contient une empreinte numérique clairement identifiable du bloc précédent - la valeur de hachage - un horodatage et des données de transaction. Les données d’une Blockchain se construisent donc les unes sur les autres, rendant impossible toute modification ultérieure sans porter atteinte à l’intégrité de l’ensemble du système. La fonctionnalité de la Blockchain peut être illustrée sous une forme très simplifiée grâce au traitement commun des docu-ments : traditionnellement, un document est édité par plusieurs personnes, chacune ajoutant l’une après l’autre ses modifications. Les intervenants se trans-mettent le document entre eux par e-mail. Ainsi, plusieurs documents indépen-dants sont créés au fil du temps. Par contre, avec Google Docs, par exemple, tous les auteurs ont un accès simultané à un document : tout le monde peut suivre les modifications, tout le monde veille simultanément à la cohérence du contenu, tout le monde est auteur et administrateur en même temps, le document ne peut être contrôlé par une seule personne. La situation est très similaire avec la Blockchain : aucun organisme de validation ne peut procéder à des changements par lui-même, puisque chacun de ces organismes dispose des mêmes droits d’administrateur. De cette façon, une traçabilité est ancrée dans le système. Celle-ci est intéressante sur le plan technique, non seulement pour les marchés financiers, mais aussi pour les transactions qui étaient jusqu’ici opaques, telles que la chaîne d’approvisionnement des diamants.

metrobasel

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24 | metrobasel – report 2019

de g. à d. : Simon Marville, Thomas Berger, André Marker, Prof. Dr. Jan Olaf, Regula Ruetz, Lukas Ott, Stefan Krebs

André Marker, CEO de la Sparkasse Lörrach-Rheinfelden et hôte du Forum économique, a

résumé dans son discours de bienvenue que la transformation numérique avait commencé depuis longtemps et qu’il n’était ni souhaitable ni possible de renverser la tendance. La Directrice de metrobasel, Regula Ruetz, s’est félicitée de la rapidité avec laquelle la révolution numérique s’est opérée, par rapport aux révolutions industrielles précédentes. Elle a également souligné que les conditions réglementaires, juridiques et sociales doivent évoluer au même rythme, si nous souhaitons exploiter pleine-ment le potentiel de la numérisation et rester compétitifs au niveau international. Si nous voulons que ces deux aspects évo-luent de concert, il est important de prévoir une marge de manœuvre correspondante.

Le Secrétaire d’Etat Stefan Krebs, Chief Innovation Officer du gouvernement du Bade-Wurtemberg, a rappelé au début de la table ronde que la tendance disruptive générée par la numérisa-tion affecte tout le monde, sans exception. Un artisan, qui exer-çait auparavant son métier de manière analogique, n’est pas à l’abri des changements provoqués par la numérisation. Toute personne prenant part à l’activité économique devrait se poser la question suivante : peut-être que quelqu’un d’autre est capa-ble de faire mon travail, mais mieux, plus vite ou moins cher grâce aux moyens numériques. Dans ce contexte, Lukas Ott, Chef de la Direction du développement cantonal et urbain de Bâle-Ville, a averti qu’une partie de la société court le risque d’être laissée pour compte si elle n’investit pas suffisamment dans l’éducation et la formation. Avec la numérisation, l’accent est de plus en plus mis sur les activités qui nécessitent des qua-lifications particulières. Il en résulte une pénurie de main-d’œuvre qualifiée - et les décideurs politiques sont appelés à trouver des solutions à ce problème, selon Simon Marville, Re-sponsable de la stratégie et de l’innovation au sein de la Division informatique de La Poste CH SA. Cependant, si nous voulons que la transformation numérique soit une réussite, nous avons besoin

non seulement des bons spécialistes, mais aussi d’une infrastruc-ture informatique moderne, a ajouté Thomas Berger, responsa-ble des services informatiques centraux de la ville de Bâle. A cet égard, Jörg Lutz, maire de la ville de Lörrach, fait remarquer qu’en Bade-Wurtemberg, par exemple, la connexion haut débit n’était pas garantie partout et qu’une connexion était très coûteu-se pour les clients - collectivités locales ou personnes privées - dans certains cas. En particulier, il ne faudrait pas que les étab-lissements d’enseignement qui sont censés former les spécialistes dont nous avons besoin, soient confrontés à des problèmes d’infrastructure informatique. Jan Olaf, directeur du centre d’études IT-Management & Informatik DHBW Lörrach, a ajouté que la numérisation pose un défi non seulement à l’État, mais aussi à chaque individu. D’une part, les citoyens sont tout à fait disposés à partager leurs données personnelles avec les entre-prises et, d’autre part, les préoccupations en matière de protec-tion des données envers l’État sont particulièrement fortes. Il en résulte une législation qui entrave le potentiel de numérisation, tout en permettant aux grandes entreprises internationales de recueillir les fruits de ces données. Au cours de la discussion, qui a duré plus d’une heure, les par-ticipants sont tombés d’accord sur deux thèses de base : pre-mièrement, la numérisation a déjà eu un effet disruptif dans de nombreux domaines de la vie - et ce n’est qu’une question de temps avant que d’autres ne suivent. Il s’agit donc de mettre en place le contexte approprié pour éviter d’entraver le progrès, tout en atténuant les effets secondaires indésirables. Deuxièmement, la transformation numérique ne doit pas seulement résoudre les problèmes d’infrastructure, mais aussi et surtout apporter un soutien politique et social : les avantages de la numérisation doivent être communiqués de manière convaincante - c’est le seul moyen de faire en sorte que la population reconnaisse les avantages de la transformation numérique et accepte de l’accompagner.

metrobasel

Forum économique de Lörrach 2019 : Numérisation et utilisation des données Potentiels et contexte réglementaireLa numérisation a gagné tous les domaines de notre vie quotidienne - comment contrôler ce progrès technique afin de créer une situation gagnant-gagnant pour la société dans son ensemble ?

La sécurité des données et la gestion intelli-gente des données sont la clé du succès Le Bade-Wurtemberg va devenir la première région numérique d‘Europe, la cybersécurité l‘une de nos marques de fabrique. Le Bade-Wurtemberg innove avec la création d‘une agence de cybersécurité.

Stefan Krebs, Directeur général, CIO/CDO - Représentant du gouvernement de Bade-Wurtemberg pour les technologies de l’information

Le Bade-Wurtemberg veut devenir la première région numérique d’Europe - tel est l’objectif

clair du gouvernement du Land : se placer à l’avant-garde de la transition numérique et jouer un rôle actif dans son élaboration. C’est pourquoi le Bade-Wurtemberg a été l’un des premiers à adop-ter une stratégie de numérisation transverse à l’été 2017. Sous la désignation digital@bw, nous poursuivons la numérisation des ser-vices administratifs, dans une optique d’amélioration de la qualité de vie de nos concitoyens.

Savoir accueillir les entreprises issues du monde entier, cela exige un haut niveau d’innovation dans les technologies clés. La sécurité et la gestion des données sont parmi les questions les plus impor-tantes de l’avenir. La numérisation ne réussira que si les gens font vraiment confiance à la technologie. La cybersécurité est donc un thème transverse au cœur de notre stratégie de numérisation : elle doit devenir la marque de fabrique du Bade-Wurtemberg. Surtout pour nous, une région qui, en Allemagne, compte le plus grand nombre de PME leaders mondiales dans leur secteur, il est impor-tant de protéger ce précieux savoir-faire contre le transfert illégal de connaissances et de technologie, ainsi que contre l’espionnage industriel.

Et le danger augmente. Au cours du premier semestre 2019, plus de 500 entreprises et autorités ont contacté le Point de contact central de la cybercriminalité (ZAC) de l’Office national de police judiciaire, soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier. Nous avons réagi à cette évolution. Depuis août 2018, les petites et mo-yennes entreprises, en particulier, ont accès à la Cybersécurité de Bade-Wurtemberg au Centre de Karlsruhe pour les technologies de l’information, qui est financé par le Land de Bade-Wurtemberg et qui est un projet pilote unique en Allemagne. En cas d’attaque, la Cybersécurité fournit une assistance pratique, par exemple pour la reprise des opérations commerciales. Actuellement, les entreprises des districts de Karlsruhe, Rastatt et Baden-Baden peuvent contac-ter la ligne télephonique Cyberwehr 24 heures sur 24 – et elle a déjà pu apporter une aide efficace dans presque 80 cas.

En outre, nous avons examiné l’architecture de cybersécurité du Bade-Wurtemberg et créerons une agence de cybersécurité. La cy-bersécurité doit être considérée de manière holistique, comme une thématique prioritaire. L’agence de cybersécurité réunira toutes les autorités qui s’occupent de la cybersécurité dans notre région. Elle coordonnera les tâches de manière centralisée, mais les tâches con-tinueront à être exécutées de manière décentralisée. Cela garantis-sant une efficacité maximale dans le domaine numérique, en ré-seau. Le Bade-Wurtemberg renforcera son influence en matière de cybersécurité en renforçant la coordination et la coopération entre les services.

Outre l’augmentation alarmante du nombre de cyberattaques, je m’inquiète du fait que les hackers amateurs se sont transformés en véritables cyber-gangs, lourdement équipés et souvent très expéri-mentés sur le plan technologique. Leur répertoire d’attaque est

souvent complété par l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA). Celle la un très grand pouvoir de chan-gement - avec des risques et des opportunités. Nous vou-lons contribuer à façonner ce changement dans le Bade-Wurtemberg. Nous consi-dérons les technologies d’intelligence artificielle per-formantes qui protègent les données et les droits de la personne et qui sont à l’abri des cyberattaques comme un avantage concurrentiel dé-cisif. C’est pourquoi nous in-vestissons spécifiquement dans la recherche et le trans-fert de connaissances sur les solutions d’IA logicielles et matérielles.

Avec la CyberVallée, nous avons réussi à établir un site de recherche de renommée internationale pour l’IA dans le Bade-Wurtemberg, qui est également soutenu par de nombreux partenaires de l’industrie et de la recherche. Avec un peu plus de 80 innovations IA, le sud-ouest occupe déjà l’une des premières places dans les applications IA. L’intelligence artificielle ouvre également de toutes nouvelles possibilités dans le secteur de la santé. L’automatisation, la mise en réseau et le big data offrent de nouvelles possibilités diagnostiques et thérapeutiques, notamment dans la lutte contre le cancer.

De telles applications, cependant, nécessitent une bonne infrastruc-ture numérique. Notre objectif est donc clair : approvisionner le Bade-Wurtemberg en réseaux à capacité de l’ordre du gigabit d’ici 2025. A cette fin, le Gouvernement a lancé une offensive d’investissement et depuis 2016, il a déjà investi environ 450 mil-lions d’euros dans plus de 1.900 projets à haut débit. Grâce à notre nouveau contexte de financement, le financement fédéral et celui des États peuvent être encore mieux reliés et nos municipalités peuvent bénéficier d’un financement de 90 % des coûts d’extension du réseau. Les investissements portent déjà leurs fruits et seront poursuivis à l’avenir. Le Gouvernement préconise donc une aug-mentation du financement dans le budget 2020/21. En outre, la Commission des finances du Parlement du Land devrait approuver 600 millions d’euros supplémentaires à la demande de la majorité parlementaire. Cela signifie que nous investissons plus d’un milliard d’euros rien qu’en Bade-Wurtemberg dans l’expansion du haut débit au cours de cette législature - et que nous nous rapprochons tou-jours plus de notre objectif de devenir la première région nu-mérique d’Europe.

Stefan Krebs

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er comme avant », en l’absence d’un ac-cord-cadre, les accords bilatéraux ne pour-raient plus être mis à jour, ils perdraient alors progressivement de leur efficacité. L’adoption de l’accord-cadre créerait un mécanisme durable pour les traités exis-tants et instaurerait un mécanisme de règ-lement des différends, qui fait pour le mo-ment cruellement défaut. Seuls cinq des plus de 120 traités existants seraient con-cernés. Et Monika Rühl de conclure de manière pertinente : « Nous devons chan-ger les choses pour que tout reste comme avant ». Brigitte Guggisberg, directrice du WWZ Forum de la Faculté des sciences écono-miques de l’Université de Bâle, a animé la table ronde qui a suivi. Elle a demandé aux représentants des milieux économiques, politiques et associatifs quelle importance ils attachent - du point de vue de leurs do-maines d’activité respectifs - aux relations régulées avec nos voisins européens. Regina Ammann, responsable External & Public Affairs pour la Suisse chez Syngen-ta, a souligné que seulement 0,2% du chif-fre d’affaires de Syngenta est réalisé en Suisse, le reste étant réalisé sur le marché mondial. Par conséquent, le succès de son entreprise s’appuie sur des marchés ou-verts. L’industrie des sciences de la vie se base sur la mise en réseau des connaissan-ces et des marchandises : elles doivent pouvoir circuler aussi librement que pos-sible - l’ouverture est un avantage concur-rentiel et une intégration aussi poussée que possible est souhaitable. Outre la sé-curité juridique, les entreprises ont égale-ment besoin d’une bonne visibilité sur les enjeux de demain et le contexte réglemen-taire. Christoph Brutschin, membre du Conseil d’État de Bâle-Ville, a souligné qu’en tant que Responsable des affaires économiques, sa mission consistait principalement à maintenir les emplois dans la région. La région de Bâle vit en grande partie de

Au nom des autorités can-tonales, Christoph Brut-

schin, membre du Conseil d’État et Res-ponsable du département économique, a adressé un message de salutation. Pour lui, il est bien clair que Bâle-Ville est en faveur de l’accord-cadre, sans réserves. Toutefois, la signature du traité n’est pas du tout cer-taine. On espère donc un petit miracle au vu des différences politiques internes et de l’intransigeance de l’UE. Se tournant vers les critiques, il précise également que : « Même si certains sont dubitatifs, il est pos-sible de trouver une solution à tous les problèmes – à condition d’y mettre de la bonne volonté ». Mais en cas d’échec des négociations, il n’a aucun plan B réaliste à proposer. Et si certains préfèrent condam-ner la coopération institutionnelle, ils sont priés de bien vouloir nous présenter des solutions alternatives. Dans son discours de bienvenue, Regula Ruetz, Directrice de metrobasel, a planté le décor du débat et insisté sur un certain nombre de thèmes importants, qui ont été repris par les conférenciers et panélistes : elle a souligné l’actuelle incertitude sur le marché mondial, qui a un impact au ni-veau national. Elle a mis en garde contre la sous-estimation des énormes défis soci-aux, politiques et économiques posés par

la numérisation, les changements démo-graphiques et la menace de guerres com-merciales et monétaires. Raison de plus pour entretenir les bonnes relations avec ses voisins lorsque l’on voit certains préfé-rer la confrontation politique. Elle a fer-mement mis en garde contre l’ouverture d’un autre front en ces temps incertains, d’autant plus que l’UE est notre plus im-portant partenaire commercial. Le discours d’introduction a été prononcé par Monika Rühl, CEO d’economiesuisse. Elle a noté que la voie bilatérale avait déjà été confirmée à deux reprises par la popu-lation : d’une part par le rejet de l’initiative d’autodétermination et d’autre part avec le oui à la révision de la loi sur les armes et au maintien de la Suisse dans l’espace Schengen. L’accord-cadre institutionnel et l’initiative de résiliation de l’UDC sont deux autres décisions importantes, qui dé-terminent le contexte de nos relations avec l’UE. Si l’initiative de résiliation était ad-optée, il faudrait alors renégocier le prin-cipe de libre circulation des personnes - et l’échec serait pratiquement certain. La clause guillotine entrerait alors en vigueur et nous nous trouverions dans une impas-se économique parce que le marché intéri-eur européen est un important moteur de notre économie. Si nous devions « continu-

Accord-cadre : une bonne ou une mauvaise affaire pour la Suisse ?Au-delà de la Région des Trois-Pays, cette question préoccupe la Suisse toute entière : le fait que la salle du Grand Conseil de Bâle était occupée jusqu’au dernier siège le montre bien. Pour le monde de l’entreprise, de la politique, mais aussi la population en général, les relations entre la Suisse et l’UE sont une question prioritaire.

metrobasel l’exportation. L’ouverture des marchés est donc une condition sine qua non de la pro-spérité. Il doute fort que les motifs des op-posants à l’accord-cadre soient suffisam-ment argumentés pour justifier l’échec des négociations – car ceci signifierait immé-diatement des pertes massives pour les entreprises de la région. Eric Scheidegger s’est vu posé la question suivante : est-il possible de comparer les négociations bilatérales Suisse-EU avec d’autres négociations comme celles du Bre-xit. En guise de réponse, le Directeur ad-joint du SECO et chef de la direction de la politique économique, a souligné les simi-litudes et les différences entre les deux pays. En cas de retrait « sans accord », tous les accords bilatéraux entre l’UE et la Gran-de-Bretagne cesseraient de s’appliquer, tandis que ceux avec la Suisse - en cas de non-signature de l’accord-cadre ou d’attitude attentiste - continueraient de s’appliquer. Toutefois, puisqu’il n’y aurait alors plus de mécanisme de renouvelle-ment, les traités seraient progressivement frappés d’obsolescence et ne correspond-raient plus aux conditions réelles. Un scé-nario comparable au scénario « Brexit » ne serait envisageable que si l’initiative de résiliation de l’UDC était acceptée. C’est pourquoi Monika Rühl, CEO d’economiesuisse, s’est prononcée en fa-veur de la voie bilatérale. L’accord-cadre serait la meilleure solution. L’UE a créé son propre marché intérieur, tout en nous per-mettant d’y participer. En contrepartie, nous devrions accepter les règles du jeu - y compris celles de l’avenir, mais pas incon-ditionnellement : l’adoption dite dyna-mique de la loi se ferait selon le même mécanisme que, par exemple, la mise en œuvre de la directive européenne sur les armes dans le droit suisse. Cela inclurait toutes les options de codétermination pré-vues dans le processus législatif suisse. Le Conseiller national Thomas Aeschi, président du groupe parlementaire de

l’UDC et membre de la délégation parle-mentaire AELE/UE, a souligné les avanta-ges de l’ouverture des marchés. Il n’est pas fondamentalement opposé à un accord-cadre, mais souhaite empêcher la Suisse, ignorant les futures réglementations et droits de l’UE, de les accepter à l’avance par le biais d’une acceptation automatique de la loi. L’accord-cadre porterait ainsi at-teinte au processus législatif unique de la Suisse. Le principal problème du traité est son manque de clarté. Par conséquent, en période d’incertitude, la meilleure option peut parfois être de ne pas modifier sa po-sition. Brigitte Guggisberg, a demandé à Ger-hard Zickenheiner, député au Bundestag al lemand pour BÜNDNIS 90/DIE GRÜNEN, comment le débat politique et les hésitations du Bundesrat sont perçus dans l’UE. M. Zickenheiner a déclaré que le manque de compréhension au sein de l’UE était principalement dû à trois circon-stances : premièrement, contrairement à ce qui se passe en Suisse, les systèmes po-litiques des pays membres ne prévoient pas

que l’action d’un gouvernement soit remise en cause par référendum. Deuxièmement, le fait que les négociations UE-Suisse coïn-cident avec le « Brexit » est plutôt le résul-tat d’un hasard historique. Et si l’UE accep-te des concessions envers la Suisse, elle devra également les accepter pour les Bri-tanniques. C’est pourquoi l’UE ne peut que se montrer inf lexible. Troisièmement, l’accord-cadre était à l’origine une idée su-isse qui avait été négociée depuis longt-emps. C’est précisément en raison de cette longue période de négociation que l’hésitation actuelle se heurte à une incom-préhension encore plus grande. En conclusion, il a lancé un nouvel appel aux opposants à l’accord pour qu’ils ne poussent pas plus loin la controverse, qu’ils mettent fin à un jeu hautement spé-culatif et qu’ils reconnaissent le résultat des négociations comme ce qu’il est : un bouquet de conditions spéciales qu’aucun autre pays n’a obtenu dans ses négocia-tions avec l’UE.

de g. à d. : Dr. Brigitte Guggisberg, Regierungsrat Christoph Brutschin, Regina Amman, Monika Rühl, Nationalrat Thomas Aeschi, Gerhard Zickenheiner, Dr. Eric Scheidegger

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Notre objectif : la transformation numérique dans le Rhin supérieurBien que la numérisation soit, sur le plan technologique, une thématique transverse, force est de constater que l’accent est très souvent mis principalement sur le niveau national. En raison de sa situation géographique, la transition numé-rique donne à la région de Bâle une excellente occasion de réfléchir de manière transfrontalière à la transformation numérique et aux chaînes de valeur qui peuvent en résulter.

Dr. Manuel Friesecke, CEO Regio BasiliensisLa région trinationale du Rhin supérieur est au cœur de l’Europe. Elle constituée de quatre entités : l’Alsace, la Suisse du Nord-Ouest, le Sud-Palatinat et le Pays de Bade. Elle compte pas moins de six millions d’habitants et totalise un produit intérieur brut de 272 milliards d’euros. Les entreprises de cette région trinati-onale possèdent des compétences techniques et scientifiques largement reconnues, en particulier dans les domaines des sci-ences de la vie, des technologies de la communication et des secteurs d’avenir de la nanotechnologie et de la photonique. De part et d’autre du Rhin, l’innovation, l’e-government et l’administration ouverte, ainsi que les technologies de numéri-sation de pointe sont à l’ordre du jour. Toutefois, il arrive souvent que ces réseaux ne soient pas intelligemment connectés au-delà des frontières.

Les technologies numériques et la gestion des données nous per-mettent de trouver de nouvelles solutions aux défis de la société moderne : le vieillissement de la population, les soins de santé, les moyens de transport intelligents, la sécurité, l’énergie et la protection de l’environnement sont autant de thématiques prio-ritaires. Le fait de savoir penser en réseau, la souplesse, l’agilité et la volonté d’apprendre sont cruciales si nous voulons dévelop-per des approches appropriées. L’innovation fondée sur les don-nées est un moteur important de la croissance et de l’emploi, qui peut également accroître sensiblement la compétitivité de la

région trinationale du Rhin supérieur. Notre objectif global doit être le suivant : collecter et mettre à disposition des données en tant que source importante d’innovation et de croissance, en provenance de divers secteurs et domaines d’activité dans un espace commun de données transfrontalier.

Dans les trois pays du Rhin supérieur, la question de la numérisa-tion se pose, mais dans des circonstances différentes et avec des approches différentes. Le projet Interreg « Rhin supérieur 4.0 » représente un bon exemple d’échange d’expériences et de mise en réseau. Il accompagne et soutient les PME dans leurs processus de prévision et d’adaptation, grâce à un réseau transfrontalier. Outre l’échange d’acteurs économiques, on citera également la coopéra-tion scientifique en matière de numérisation dans le cadre du réseau des universités du Rhin supérieur - le Réseau « Eucor » - et la coo-pération « TriRhenaTech » entre les hautes écoles spécialisées.

Comme d’autres régions frontalières, le Rhin supérieur présente des déficits en ce qui concerne la disponibilité, la comparabilité et l’harmonisation des ensembles de données dans les différentes sous-régions. Cela s’explique notamment par la diversité des sys-tèmes nationaux de collecte et par les différences juridiques ou culturelles en matière de gestion des données. Alors que la numéri-sation progresse dans des cycles de développement de plus en plus courts, la demande de solutions numériques et d’échange de don-nées au niveau des interfaces en Europe augmente rapidement. A cet égard, le processus d’intégration européenne offre à la région frontalière franco-allemande la possibilité de sortir de son ancien statut de région périphérique, de renforcer les coopérations trans-frontalières et d’améliorer ainsi la qualité de vie et la compétitivité.Photo: Markus Bühler-Rasom

Les douze derniers mois n’ont pas été faciles pour l’économie mondiale. Le différend com-

mercial en cours entre les États-Unis et la Chine ou les incertitu-des entourant la question du Brexit ne préoccupent pas seulement les économistes. Du point de vue de la Suisse, ces évolutions sont particulièrement préoccupantes. Nous sommes doublement tou-chés par la tendance mondiale vers plus de protectionnisme. Tout d’abord, l’industrie d’exportation suisse est directement impactée lorsque l’économie mondiale s’affaiblit. Au cours des années précédentes, la récession en Amérique du Nord était souvent compen-sée par un accroissement des échanges commerciaux avec l’Asie, et vice versa. Mais l’économie mondiale est actuelle-ment en chute libre et pour l’économie suisse, la seule solution est de renforcer son orientation vers l’exportation. Deuxi-èmement, notre pays n’est pas à propre-ment parler une grande puissance écono-mique. Dans le jeu de poker qui oppose les grandes puissances, nous avons plutôt le rôle de spectateurs et nous ne pouvons qu’espérer nous en sortir indemnes. Mal-heureusement, ce n’est pas toujours le cas, comme le montrent les quotas d’importation de produits sidérurgiques fixés par l’UE en réponse aux mesures américaines. Bref, si les grandes zones économiques s’éloignent de plus en plus du monde extérieur, ce n’est pas une bon-ne nouvelle pour la Suisse. Quelle stratégie nous aidera dans cet environnement difficile ? Comment faire en sorte que la Suisse reste un marché écono-mique attrayant, innovant et prospère ?

En premier lieu, nous devons nous concentrer sur certaines de nos vertus typiquement suisses : le courage, la créativité, l’esprit d’ouverture et le pragmatisme. Sur le plan intérieur, cela signifie que nous devons investir dans l’éducation et la recherche, afin de renforcer l’innovation et de rester indispensables pour le reste du monde. Nous devons rester une société inclusive, car c’est le seul moyen de générer la stabilité interne à long terme. Nous devons offrir aux entreprises un contexte favorable pour qu’elles puissent continuer à conquérir les marchés mondiaux depuis la Suisse à l’avenir ou y chercher leurs fournisseurs. Et en matière de poli-tique étrangère, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que nos entreprises partout dans le monde aient un accès le plus aisé possible aux marchés à l’exportation.

Ce monde commence à notre porte, en Europe. Plus de la moitié de notre commerce extérieur est réalisé sur le marché intérieur européen. Aujourd’hui, des milliers de nos PME sont liées à des entreprises des pays voisins par de nombreuses relations com-merciales. Selon les dernières enquêtes, la Suisse bénéficie aujourd’hui du marché unique européen plus que tout autre mem-bre de l’UE. Cela n’est possible que grâce aux accords bilatéraux

qui nous ont donné un très bon accès à ce marché intérieur qui compte plus de 500 millions de consommateurs depuis main-tenant 17 ans. Il est donc de la plus haute importance que notre pays prenne ces accords à cœur, qu’il les développe davantage et les protège.

Malheureusement, l’accord-cadre négocié à cette fin ne progresse pas pour le moment. La raison en est notamment une proposition qui sera probablement soumise au vote en mai 2020 : l’initiative de résiliation de l’UDC. Ceci repré-sente rien moins qu’une attaque frontale contre les accords bilaté-raux - car ce qui se passe après un «oui» est clairement énoncé. Le Conseil fédéral dispose exacte-ment d’un an pour négocier avec l’UE l’abolition de l’accord sur la libre circulation des personnes. Les initiateurs veulent s’en débar-

rasser, même si l’immigration en provenance d’Europe a déjà été réduite de plus de moitié depuis 2013. Il s’agit là de l’essentiel des accords bilatéraux I et d’une condition de base pour la participa-tion au marché intérieur européen, comme l’UE l’a clairement fait savoir à la Grande-Bretagne. Après cette année, la prochaine disposition de l’initiative entrera en vigueur : le Conseil fédéral disposera de 30 jours pour résilier l’accord. Cela déclencherait la fameuse « clause guillotine «, qui conduirait à l’abolition des sept accords bilatéraux I d’ici fin 2021. Les entreprises suisses perdrai-ent ainsi l’accès direct à leur marché d’exportation le plus impor-tant.

Dans la situation économique mondiale actuelle, une telle stra-tégie est périlleuse. Et les initiateurs ne daignent pas nous mon-trer comment la Suisse pourrait défendre sa position forte après un vote en faveur du oui. Quand le climat est à la tempête, est-il logique de démolir notre pont le plus solide ?

Il faut construire des ponts, pas les détruire

Le protectionnisme et l’esprit de confrontation ont façonné les politiques économiques des grandes puissances en 2019. Du point de vue de la Suisse, il s’agit là d’une évolution défavorable, car elle met en péril notre économie d’exportation florissante. Néanmoins, l’initiative de résiliation exige maintenant une rupture radicale avec notre partenaire commercial le plus important.

Monika Rühl

Monika Rühl, CEO d’economiesuisse

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Aux États-Unis, la situation est différente : le droit l’autodétermination de chaque citoyen, sa la liberté d’information sont les priorités du système réglementaire. Mettre en place une système à points pour l’attribution des privilèges - comme en Chine – serait totalement inconcevable dans ce pays. La loi américaine sur les droits d’auteur accorde à l’utilisateur de la propriété intellectuelle, c’est-à-dire à l’entreprise, plus de droits d’utilisation qu’à celui qui produit les don-nées, c’est-à-dire l’individu. Ce n’est donc pas l’État qui contrôle les masses, mais les grandes entreprises technologiques comme Google, Facebook, Amazon, Apple & co. Les Big 4 fournissent à leurs clients des assistants de vie numériques largement gratuits, des biens et des informations, pour lesquels les gens payent volontiers – en donnant accès à leurs données personnelles. In fine, on obtient un contexte propice à l’innovation et à l’expérimentation, mais il convient d’être prudent car ces données recueillies sont exploitées et traitées « sans filtre »… ce qui peut surprendre et faire tousser les consommateurs.

En Europe, en revanche, le contexte juridique est différent : le règ-lement européen sur la protection des données accorde plus d’importance aux droits de la personne qu’aux droits de l’économie (exemple des États-Unis) ou à ceux de l’État (en Chine). Le système juridique européen reflète les valeurs culturelles dans lesquelles la protection des données personnelles est un droit fondamental. On leur accorde plus de poids qu’à tout avantage économique concurren-tiel. Même si cela ne représente pas le terrain idéal pour le dévelop-pement de géants technologiques à l’américaine, cela donne aux individus plus de droits et de sécurité dans le traitement de leurs données.

«La manière dont les données peuvent être utilisées et la question des droits civils, des exigences de la société et des intérêts écono-miques et étatiques dépend donc de la jurisprudence et des intérêts des différents pays. Inévitablement, la l’idée que l’on se fait du con-cept de culture et d’état joue un rôle important à cet égard «, a con-clu Regula Ruetz dans ses remarques sur le traitement culturellement influencé de l’utilisation des données.

Marc Ruef, co-propriétaire de la société scip AG, spécialisée dans le conseil en cybersécurité et disposant d’un important département de recherche, a mis en évidence les risques actuels et futurs auxquels les particuliers, les entreprises et les gouvernements sont exposés dans le cadre de la transformation numérique. La société scip AG teste systématiquement l’infrastructure ou les produits informatiques

Christian Fricker, président de Fricktal Regio Plan-ning, constate avec satisfaction que le forum écono-

mique, organisé de la société Novartis à Stein a fait salle comble. Pour Christian Fricker, le fait que le public ait répondu présent à l’invitation du Fo-rum Fricktal montre bien son importance pour la po-litique régionale, la société et l’économie, et a ajouté que le Forum était organisé depuis de nombreuses an-nées en collaboration avec le think tank metrobasel. Après son allocution d’accueil, il a donné la pa-role à Regula Ruetz, Direc-trice de metrobasel.

« Les données sont le pétro-le du 21e siècle. Il s’agit d’une matière première tout aussi précieuse que l’or noir, elles sont le moteur décisif du développement économique et social ». C’est avec cette comparaison que Regula Ruetz a ouvert sa présen-tation sur « L’utilisation des données et la souveraineté des données, comparaison internationale ». Par notre comportement au quotidien, nous faisons en sorte de rendre les données disponibles à une échel-le de plus en plus grande : paiement par cartes de crédit et cartes clients, utilisation d’applications de fitness ou de navigation, com-

mandes en ligne ou lecture et télécharge-ment d’articles et d’informations diver-ses. L’énorme quantité de données que nous c réons g râce à l’utilisation des servi-ces numériques est ap-pelé le « big data », comparable au pétrole brut. Afin d’obtenir des connaissances utilisab-les à partir de la quan-tité non structurée de données – on veut donc obtenir des «données intelligentes» - une «raffinerie» est néces-saire pour traiter et

évaluer les données. Le potentiel économique est énorme – on connaît le succès phénoménal de certaines entreprises mondiales dans ce domaine. D’autre part, des questions sociales, politiques et, en fin de compte, réglementaires urgentes se posent, car le traite-ment des données permet souvent de savoir beaucoup de choses sur une personne.

Le progrès technologique de la transformation numérique revêt des aspects hautement délicats : le numérique permet non seulement de créer de la valeur ajoutée, mais aussi et surtout de contrôler la soci-été numériquement. Cet élément fait l’objet d’un débat, voire même d’une certaine méfiance au sein de la population occidentale. En Chine par contre, la population est passionnée de technologie et ne considère pas la transformation numérique comme une menace sur la vie privée. Au contraire, la collecte de données personnelles est perçue avant tout comme une opportunité pour l’individu d’obtenir des privilèges pour sa vie privée - à condition qu’il respecte la loi et les conventions sociales. Pour surveiller ses habitants, le pays le plus peuplé du monde a mis en place un système de crédit social lié au numéro de sécurité sociale de chaque individu. Ce système se trou-vera bientôt au stade de test. Le système évalue le comportement de chaque individu et le classe comme comportement conforme ou non conforme au système. En cas de comportement « conforme » l’individu est récompensé par des points : cela lui donne droit par

exemple à un logement plus spacieux, ou à une place en jardin d’enfants à proximité, ou encore le droit de partir en vacances à l’étranger. Par contre, si vous traversez le passage piétons au rouge, si vous commettez un délit, même mineur, vous pouvez être privé de points. En conséquence, certains privilèges et droits vous seront re-fusés. « Avec ce principe, la direction du parti veut s’assurer la loy-auté des masses », explique Regula Ruetz à propos du système chi-nois.

Forum économique Fricktal 2019: Les données sont le carburant du monde numériqueAlors que les États-Unis et la Chine se disputent la domination du monde numérique, l‘Europe cherche toujours quelle doit être sa position. Le traitement des données est une question culturelle. La réponse que nous y appor-terons est cruciale pour notre avenir numérique.

metrobasel

de ses clients pour détecter leur vulnérabilité aux attaques de pirates informatiques, explique M. Ruef. Cette procédure, appelée test d’intrusion, permet de s’assurer que les failles de sécurité peuvent être découvertes et comblées de façon préventive. A l’aide d’exemples, il a montré l’importance du «darknet» en tant qu’indicateur de la si-tuation de menace, car la cybercriminalité n’est finalement rien d’autre qu’une affaire comme une autre. M. Ruef a expliqué quelles étaient les diverses techniques d’attaque utilisées par les cybercrimi-nels, par exemple pour obtenir des données personnelles ou des mots de passe dans l’objectif de commettre un vol, d’impliquer les victimes dans un chantage ou leur extorquer de l’argent. M. Ruef a conclu son exposé en déclarant que la cybersécurité est à la portée de la grande majorité des utilisateurs : ceux qui ne cliquent pas aveuglément sur tout, font toujours preuve de bon sens, effectuent des mises à jour

régulières et ont installé un antivirus sont protégés à 98% au moins.Dorothea Ledergerber, directrice de projet en thérapie cellulaire et génétique chez Novartis Pharma Stein AG, a conclu en parlant du traitement des données en thérapie cellulaire et génétique personna-lisée. Avec son équipe, qui est passée de dix à plus de 130 employés en peu de temps, elle met sur pied un centre de biotechnologie pour la thérapie cellulaire et génique chez Novartis à Stein. La nouvelle thérapie « Kymriah » y est en cours de développement et d’implantation. L’usine de Stein fait partie d’un réseau de production mondial. Vous trouverez plus d’informations sur ce processus à la page 32.

Regula Ruetz Marc Ruef Dorothea Ledergerber Eric Ammann

© Photos: Alex Uehlinger, Wittnau

Christian Fricker

Page 17: report 2019€¦ · applications. Dans sa stratégie «Suisse numérique», le Conseil fédéral montre dans quelle direction il souhaite faire évoluer la Suisse afin que celle-ci

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Forum économique de Binningen : deux poids deux mesuresPrêcher l’eau, mais boire du vin. Deux critères différents sont rapidement appliqués - une contradiction qui doit être résolue ?

Bâle-Mulhouse-Freiburg, a ajouté que les défis du changement climatique étaient globaux et que la vitesse à laquelle les change-ments se produisaient était si élevée qu’ils nous dépassent. Par contre, il ne sert à rien de sermonner les citoyens. Chacun doit prendre ses responsabilités personnelles, ce qui est confirmé par le professeur Ueli Mäder, sociologue, ancien professeur à l’Université de Bâle : L’homme doit être considéré comme un être fondamentalement mûr qui ne doit pas être découragé par le com-portement des autres. Il revient à chacun d’entre nous de réfléchir à la façon dont son mode de vie peut contribuer au bien commun.

Patrik A. Janovjak, CIIA, Chief Investment Officer, BLKB, a répondu aux questi-ons sur le thème de l’investissement durable dans la rubrique «Questions». M. Janoviak a précisé qu’investir dans des entreprises qui cher-chent des solutions à nos pro-blèmes les plus urgents est l’investissement qui présente les plus grandes possibilités financières. La durabilité n’est pas une tendance, mais un critère décisif pour le succès économique futur des entre-prises. C’est pourquoi la BLKB ne se limite pas à promouvoir les investissements durables, mais vit activement l’idée de dura-bilité - en l’intégrant dans la culture d’entreprise avec de nouveaux modèles de temps de travail, le passage à la mobilité électrique et l’objectif d’une banque neutre en CO2.

metrobaselEdy Portmann, de l’Institut Human-IST de Fri-bourg, a expliqué le phénomène autour de

l’expression « deux poids, deux mesures » en prenant l’exemple des Grecs anciens. C’est Aristote qui voulait tout diviser en deux catégories : le bien ou le mal, et rien ne devait se trouver entre les deux ou être les deux en même temps. Au fil des siècles, cette logique binaire s’est confondue avec notre pensée occidentale de telle sorte que lorsque l’on nous répond « les deux sont possibles », nous restons insatisfaits. Les zones contradictoires, les zones grises, intermédiaires sont inacceptables. On observe en consé-quence une sorte de mathématisation de notre monde, la pensée est réductionniste et limitée, ce qui empêche malheureusement de concilier des positions contradictoires. La digression philoso-phique de Edy Portmann a ensuite été ramenée à l’usage quotidi-en lors du débat qui a suivi.

Regula Ruetz, Directrice de metrobasel, s’est prononcée en faveur d’incitations et contre les interdictions classiques qui permettent de réaliser seulement des objectifs généralement reconnus. Nous avons souvent agi de manière contradictoire dans de nombreux domaines. Ce comportement, ce double standard, était souvent basé sur des intérêts particuliers. C’est un fait irréfutable que chacun se comporte fondamentalement de manière égoïste de bien des façons : « Tout le monde veut la densification de l’habitat urbain, mais surtout pas dans sa rue ». A l’instar du mouvement des jeunes militants du climat, elle souhaite une action plus cou-rageuse et plus cohérente, tant sur le plan social que politique. Mike Keller, maire de Binningen, s’est rallié à Regula Ruetz et a plaidé en faveur d’une politique qui progresse à petits pas : en effet, les solutions doivent être en fin de compte – sinon rien ne peut être réalisé dans le domaine politique, surtout si l’urgence d’agir n’est pas encore trop forte. Johann Rudolf Meier, hôtelier de profession et CEO du Groupe Berest, a souligné que les gens préfèrent toujours parler de mesures qui touchent les autres. Mais si vous voulez vraiment faire un pas en avant, vous avez besoin de solidarité et de coopération. Pour ce faire, il faut que l’individu soit conscient des problèmes qui dépassent son propre quidien. Car le contrat intergénérationnel n’est pas seulement valable en ce qui concerne la prévoyance vieillesse. Il inclut aussi, par exem-ple, la préservation de l’environnement pour les générations fu-tures. Kevin Vidal, membre du collectif d’organisation Klimast-reik Basel, a pris la balle au bond et a déclaré que les exigences écologiques entraient souvent en collision avec les libertés indivi-duelles. Bien que les défis climatiques soient largement reconnus, l’individu n’est pas prêt à renoncer aux avantages qu’il a appris à apprécier. La discussion est donc chargée d’émotion, chacun es-sayant de s’y retrouver. Matthias Suhr, directeur de l’EuroAirport

de g. à d. : Prof. Dr. Edy Portmann, Prof. Dr. em. Ueli Mäder, Mike Keller, Johann Rudolf Meier © Fotos: Alex Uehlinger, Wittnau

de g. à d. : Kevin Vidal, Regula Ruetz, Matthias Suhr

Patrik A. Janovjak, CIIA, BLKB

A propos de Novartis à SteinLe site de Stein est d’importance stratégique pour la production et la commercialisation de médicaments innovants. Outre les deux sites de production pharmaceutique Stein Solids et Stein Steriles, l’usine de thérapies cellulaires et génétiques innovantes est en cours de construction. Dès 2020, le site de Stein dé-marrera une production commerciale de produits pharmaceutiques au profit des patients du monde entier. Stein abrite également le centre de broyage et de mélange pour la production chimique et le centre de données CUBE. Environ 2 milliards de comprimés, capsules, ampoules, seringues préremplies, flacons d’injection et auto-injecteurs sont produits, inspectés, emballés et expédiés vers plus de 150 pays chaque année depuis le site de Stein. Sur ce site, Novartis emploie actuellement environ 1.800 personnes. Novartis emploie un total de 109.000 personnes issus de 140 pays du monde. Pour plus d’infos : www.novartis.com.

Comment fonctionne exactement cette thérapie cellulaire et génétique ?Novartis fabriquera d’abord des thérapies à Stein pour le traitement de deux types de leucémies. Contrairement à la fabrication traditionnelle de médicaments, cette théra-pie cellulaire et génétique produit un médi-cament personnalisé pour chaque patient. Pour ce faire, des cellules sanguines sont prélevées sur un patient qui a généralement déjà suivi diverses thérapies et envoyées au laboratoire de Stein. Ici, certains des globu-les blancs, les lymphocytes T, sont enrichis et génétiquement modifiés, afin qu’ils puissent reconnaître et combattre les cellu-les cancéreuses dans le sang du patient. Les cellules modifiées sont ensuite renvoyées à l’hôpital et administrées au patient par per-fusion. Cette thérapie cellulaire dite CAR-T offre une nouvelle chance aux patients pour lesquels il n’y a pas eu d’autres options thérapeutiques jusqu’à présent.

Qu’est-ce que cela signifie pour le traite-ment des données des patients ?Contrairement à la production en série de comprimés, de capsules ou de seringues prêtes à l’emploi, une dose appropriée de thérapie cellulaire et génétique est produite

sur mesure pour chaque patient. Comme il s’agit d’une prescription personnalisée, No-vartis porte une attention particulière à l’utilisation, sur le site de production, des seules données personnelles réellement né-cessaires au processus d’élaboration et aux contrôles de qualité qui l’accompagnent. Ceux-ci incluent le poids corporel du patient et le type de leucémie dont il souffre. D’autres données, telles que les antécédents médicaux, l’état de santé ou le pays d’origine, ne sont pas pertinentes pour le processus et sont donc inaccessibles aux personnels du laboratoire qui préparent les cellules. Ce-pendant, une clé d’identification unique est stockée pour chaque étape de l’élaboration, afin de s’assurer que le patient se voit effec-tivement administrer un remède basé sur ses propres cellules.

Comment se déroule la mise en place de la nouvelle usine de Stein ?La nouvelle technologie a été introduite dans un bâtiment nouvellement construit à Stein depuis août 2018. Après une phase de projet d’un an seulement, la première pro-duction clinique à Stein a été achevée avec succès en septembre. Jusqu’à présent, envi-ron 185 nouveaux emplois ont été créés dans le domaine de la thérapie cellulaire et génétique à Stein, avec un potentiel de 265 emplois supplémentaires au cours des pro-chaines années. Presque tous ces employés travaillaient auparavant dans la production chimique et pharmaceutique traditionnelle sur les sites de Novartis à Bâle, Schweizer-halle et Stein. Les employés ont été formés dans le cadre d’un programme de formation spécial de plusieurs mois pour leurs nou-velles tâches dans l’usine de production de thérapies cel lulaires et géniques. L’investissement total sur trois ans dans ce domaine dépasse les 90 millions de francs suisses.

Bienvenue dans la médecine de l’avenir Novartis ne commercialise pas seulement des médicaments très complexes depuis le site de Stein en Argovie, Novartis y produit également une application médicale révolutionnaire depuis le mois août 2019 : les thérapies cellulaires et génétiques ont le potentiel de guérir la leucémie. Autre nouveauté pour l’ensemble de l’industrie pharmaceutique : une dose sur mesure est produite pour chaque patient. Dorothea Ledergerber, chef de projet de la nouvelle unité de production, répond à trois questions sur la nouvelle thérapie, le développement du site de Stein et le traitement des données des patients.

Novartis, Stein, SuissePhoto : Novartis

Dans la salle blanche du site de Stein, les personnels de laboratoire travaillent à la fabrication des thérapies cellulaires et génétiques. Photo : Novartis

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Partenaires metrobasel

Actelion Pharmaceuticals Ltd. • Angestelltenvereinigung Region Basel arb • aprentas • Arbeitgeberverband Basel • Bachem Hol-ding AG Actelion Pharmaceuticals Ltd • Angestelltenvereinigung Region Basel arb • Bachem Holding AG • BASF Schweiz AG • Basler Verkehrs–Betriebe BVB • Bau- und Unweltschutzdirektion BL • Bau- und Verkehrsdepartement BS • Bayer Consumer Care AG • Bloch Thomas, Druckerei Bloch AG • Bönzli + Feuz IT • Burckhardt+Partner AG • Bürgerspital Basel • business parc reinach • Christoph Merian Stiftung • Donati Vini • DSM Nutritional Products Ltd • Economiesuisse • Endress + Hauser AG • EuroAirport Basel-Mulhouse-Freiburg • F. Hoffmann-La Roche Ltd • FHNW Hochschule für Wirtschaft • Forum Schwarzbuben-land • Fricktal Regio Planungsverband • Gebäudeversicherung BS • Gemeinde Aesch • Gemeinde Allschwil • Gemeinde Arisdorf • Gemeinde Bettingen • Gemeinde Binningen • Gemeinde Blauen • Gemeinde Grenzach-Wyhlen • Gemeinde Langenbruck • Gemeinde Reinach • Grand Hotel Les Trois Rois • Groupe Mutuel • Grundbuch- und Vermessungsamt BS • Handwerkskammer Freiburg • Hecht IMMO Consult AG • Helvetia Versicherungen • Henniez • Herzog & de Meuron • Hyperion Hotel • Implenia Schweiz AG • IPT Beider Basel • Jakob Müller Holding AG • Jermann Ingenieure + Geometer AG • Kantons- und Stadtentwick-lung BS • Konnex GmbH • Kraftwerk Birsfelden AG • Kreishandwerkerschaft Lörrach • Leaders Solutions AG • Lonza Group Ltd • Merian Iselin • Novartis Pharma AG • regio basiliensis • SIGMA-ZENTRUM • Sparkasse Lörrach-Rheinfelden • Stadt Lör-rach • Switzerland Global Enterprise (S-GE) • Syngenta • Top Consult & Capital AG • VISCHER AG • VSUD • VTU Engineering Schweiz AG • WFL Wirtschaftsförderung Lörrach GmbH • Wohnstadt Bau- und Verwaltungsgenossenschaft • Wüest Partner AG

Le Bureau directeur metrobasel

Dr. Uwe H. Böhlke, Präsident metrobasel; Regula Ruetz, Direktorin metrobasel; Dr. Melchior Buchs, Gemeindepräsident Reinach; Fabian Frei, CEO Jermann Ingenieure + Geometer AG (JAG); Dr. Peter Herrman, Head Corporate Affairs and Compliance bei Acteli-on Pharmaceuticals Ltd; Nicole Hostettler, Leiterin AWA Basel Stadt; Mike Keller, Gemeindepräsident Binningen; Jörg Lutz, Oberbür-germeister der Stadt Lörrach; Stefan Marbach, Senior Partner bei Herzog & de Meuron; Françoise Moser, Gemeindepräsidentin Kai-seraugst; Prof. Dr. Urs Müller, Präsident Verband Schweizerischer Kantonalbanken; Nicole Nüssli-Kaiser, Gemeindepräsidentin Allschwil; Lukas Ott, Leiter Kantons und Stadtentwicklung, Kanton BS; Rudolph Schiesser, VR-Präsident Airport Hotel und Grand Casino Basel, VR-Präsident Grand Hotel Les Trois Rois; Samuel Schultze, CEO Burckhardt+Partner AG; Alexandre F. Stotz, Consulting Services, Alexandre F. Stotz; Dr. Beat von Wartburg, Direktor der Christoph Merian Stiftung

Le Conseil consultatif metrobasel

Dr. Can Ensar, Economiesuisse, Projektleiter allgemeine Wirtschaftspolitik & Bildung; Prof. Dr. Madeleine Herren-Oesch, Direkto-rin Europainstitut Basel; Prof. Dr. Maarten J.F.M Hoenen/ Universität Basel; Françoise Moser, Gemeindepräsidentin Kaiseraugst; lic. iur. Andrea Knellwolf, F. Hoffmann-La Roche AG; Prof. Dr. Rudolf Minsch, Chefökonom economiesuisse; Andreas Müller, Po-litconsulting; Prof. Dr. Urs Müller, Präsident Verband Schweizerischer Kantonalbanken; Dr. Daniel Müller Jentsch / Avenir Suisse; Dr. Stephan Mumenthaler, Head Economic & Swiss Public Affairs Novartis Pharma AG; Lukas Ott, Leiter der Kantons- und Stadt-entwicklung Basel-Stadt; Regula Ruetz, Direktorin metrobasel; Samuel Schultze, CEO Burckhardt + Partner AG; Prof. Dr. Stefan Schären, Universitätsspital Basel; Prof. Dr. Theodor Karl Sproll, Rektor Duale Hochschule Baden-Württemberg Lörrach; Matthias Suhr, Direktor EuroAirport Basel-Mulhouse; Prof. Christian Tanner, Standortleiter Basel der Hochschule für Wirtschaft FHNW; Dr. Andreas Walker, weiterdenken.ch; Dr. Beat von Wartburg, Direktor Christoph Merian Stiftung

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La plateforme web de notre région écono-mique et trinationale est basée sur des don-nées 3D. L’évolution de l’urbanisation et du trafic peuvent être vécus de façon explora-toire au cours d’un voyage virtuel dans le temps. En même temps, il est possible d’obtenir des informations sur le développe-ment urbain et le développement lié à la cir-culation dans la région et sur les grands pro-jets ou les aménagements de sites prévus, ainsi que de nombreuses informations histo-riques, des données statistiques et des outils utiles. Sur la plate-forme numérique, diver-ses données et plates-formes Web de tiers peuvent être fusionnées ou reliées en une seule application. En tant que noms et do-maines pour notre plate-forme, nous avons pu enregistrer «Basel App» / «metrobasel App» / «metrobasel digital» et «metrobasel digital». Le projet est géré par metrobasel, la mise en œuvre technique par Jermann Inge-nieure + Geometer AG. Le Dr. Noah Rege-nass de la Bibliothèque universitaire de Bâle est responsable de l’ensemble des contenus

issus d’archives. Le projet est soutenu par des partenaires de renom, des administrations, des organisations et des autorités locales. «metrobasel digital» et «Basel App» seront mis en ligne à la fin de l’été 2020.

Nous attendons avec impatience de recevoir à nouveau votre soutien l’année prochaine et de vous retrouver lors de nos évènements. En attendant, nous vous souhaitons de joyeuses fêtes de fin d’année et vous transmettons déjà nos meilleurs vœux pour l’année à venir.

Regula Ruetz, Directrice de metrobasel

metrobasel Les systèmes de retraite sont mis à mal – quelles

sont les solutions ?Nous – c’est-à-dire la société, l’économie et la politique - serons confrontés à des défis ma-jeurs dans les années à venir. Nous man-quons maintenant déjà de travailleurs quali-fiés. Cette pénurie s’aggravera encore au cours des dix prochaines années, lorsqu’un million de travailleurs de la génération du baby-boom prendront leur retraite et que moins de jeunes spécialistes entreront dans le monde du travail. L’espérance de vie s’accroit, nous restons en bonne santé plus longtemps – ce qui est un fait très réjouis-sant. Mais le vieillissement de la société a aussi son prix : lors de la fondation de l’AVS en 1948, il y avait au total 100 personnes actives pour 15 retraités. Aujourd’hui on compte environ trois actifs pour un retraité et en 25 ans seulement deux. Le troisième pilier était auparavant destiné à l’épargne individuelle, chacun pouvant constituer son propre capital pour la vieillesse. Toutefois, plus les années passent, plus elle devient un financement par répartition des pensions de plus jeunes aux anciens. Les polices d’assurance vieillesse doivent être redéfinies afin qu’elles puissent continuer à remplir leur mandat de prestations à l’avenir. Mais com-ment ? Quelles prestations doivent être as-surées par le travailleur salarié ? Comment garantir une pension équitable ? Diverses mesures sont nécessaires pour protéger nos systèmes de retraite à long terme. metroba-sel souhaite le découvrir dans le cadre d’une vaste enquête auprès des salariés des PME, des administrations et des organisations les plus susceptibles d’être soutenus par la popu-lation active. Faudra-t-il retarder l’âge de retraite ou réduire le montant des pensions? Et qui devra supporter les coûts d’une socié-té vieillissante: l’État, la société où chaque individu?

La numérisation est de plus en plus au cœur de tous les domaines de la vie. L’utilisation des données et les nouvelles ap-plications technologiques peuvent non seu-lement représenter un avantage concurren-tiel pour les entreprises, mais peuvent également être précieuses pour les person-nes. Que ce soit dans le domaine de la santé pour la recherche de nouveaux médicaments et de thérapies personnalisées, ou pour opti-miser les processus. Mais la numérisation entraîne aussi des changements majeurs. Comment arrivons-nous à convaincre le plus grand nombre, afin que cette technologie puisse être mise au service de la société ? Comment protéger les personnes contre l’utilisation abusive de leurs données ? Auco-

urs de l’année à venir, nous continuerons à nous poser ce type de questions dans le cad-re de différents forums économiques metro-basel. Que ce soit à Lörrach, à Binningen, dans le Fricktal et peut-être aussi à Grenz-ach-Wyhlen.

L’Europe - notre partenaire le plus impor-tantLa poursuite des accords bilatéraux est émi-nemment importante pour notre région tri-nationale ! C’est pourquoi nous organisons cette année encore la traditionnelle manifes-tation d’été sur les relations entre la Suisse et l’UE ainsi que sur les traités bilatéraux et l’accord-cadre institutionnel. Toutefois, en raison de la proximité avec la consultation électorale sur l’initiative d’autodétermination, l’évènement sera exceptionnellement avancé au printemps.

Les événements metrobaselEn 2020, nous organiserons à nouveau les forums économiques metrobasel à Lörrach/DE, Fricktal/AG et Binningen/BL avec les communes. Si nécessaire, d’autres forums

économiques décentralisés pourront être ajoutés. Le BEF Basel Economic Forum 2020 aura lieu le 13 novembre. Il traitera de la cohésion sociale et de la cohésion de la soci-été. Nous examinerons les questions de ce qui fait l’identité de notre région, ce qui con-stitue notre succès économique et quels sont les dangers de la polarisation et de l’égoïsme ?

«metrobasel digital – Basel AppL’année dernière, nous avons travaillé sur un grand projet, la plate-forme web metrobasel, qui sera également disponible sous forme d’application pour smartphones et tablettes.

metrobasel – projets et manifestations 2020

visualisation : metrobasel digital

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