Documentation pédagogique · 2019. 9. 23. · Dans de vastes parties d’Allemagne, de Belgique,...

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NMB Nouveau Musée Bienne / Neues Museum Biel Faubourg du Lac 52 / Seevorstadt 52 Case postale / Postfach 2501 Biel / Bienne Documentation pédagogique Moi Homme. Toi Femme. Des rôles gravés dans la pierre ? Dans le cadre des ateliers « Tu peux… et vice-versa ! » et « Thermonaute ou aquatologue ? » proposés durant les Semaines promotionnelles (23.9 22.11.2019) Image : GFF Integrative Kommunikation, Bienne Médiation culturelle [email protected] Tél. : 032 322 24 64 www.nmbienne.ch

Transcript of Documentation pédagogique · 2019. 9. 23. · Dans de vastes parties d’Allemagne, de Belgique,...

  • NMB Nouveau Musée Bienne / Neues Museum Biel

    Faubourg du Lac 52 / Seevorstadt 52 Case postale / Postfach 2501 Biel / Bienne

    Documentation pédagogique

    Moi Homme. Toi Femme. Des rôles gravés dans la pierre ?

    Dans le cadre des ateliers « Tu peux… et vice-versa ! » et

    « Thermonaute ou aquatologue ? » proposés durant les Semaines promotionnelles (23.9 – 22.11.2019)

    Image : GFF Integrative Kommunikation, Bienne

    Médiation culturelle [email protected] Tél. : 032 322 24 64 www.nmbienne.ch

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    Table des matières

    Introduction ............................................................................................................... 3

    Pourquoi les filles aiment le rose, ou la « pinkification » de la Préhistoire ................. 4

    Renversées par la postérité ? Les souveraines préhistoriques ................................... 6

    L’archéologie permet-elle d’identifier le genre ? ........................................................ 9

    Ce qui subsiste dans le sol ........................................................................................ 10

    Homme ou femme, ou peut-être les deux ? ............................................................. 10

    Corps nus au Paléolithique ....................................................................................... 11

    Les illustrations à l’épreuve des faits ........................................................................ 11

    Découvertes archéologiques : certitudes et zones d’ombre ..................................... 12

    Restes humains marqués par la vie .......................................................................... 13

    Le mythe des chasseurs et des cueilleuses ............................................................... 13

    Ressources pédagogiques en lien avec l’atelier « Tu peux… et vice-versa ! » ........... 14

    Idées d’activités .................................................................................................... 14

    Documents disponibles dans les bibliothèques du réseau RBNJ, par ex. dans les

    médiathèques de la HEP BEJUNE .......................................................................... 17

    Ressources pédagogiques en lien avec l’atelier « Thermonaute ou aquatologue? » 19

    Idées d’activités .................................................................................................... 19

    Documents disponibles dans les bibliothèques du réseau RBNJ, par ex. dans les

    médiathèques de la HEP BEJUNE .......................................................................... 19

    Sauf indication contraire, les textes de ce dossier ont été rédigés par Ludivine Marquis et Jonas Kissling.

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    Introduction

    Dans l’exposition interdisciplinaire Moi Homme. Toi Femme., on se demande si les chasseurs-

    cueilleurs préhistoriques étaient aussi des chasseuses-cueilleuses, si les femmes ont peint les

    parois des cavernes et si elles étaient reines au Premier âge du Fer. On se demande aussi

    pourquoi les filles aiment le rose, pourquoi Migros propose des soupes genrées aux enfants et

    pourquoi la grève des femmes est une nécessité.

    À ces questions en apparence triviales, l’exposition Moi Homme. Toi Femme. répond en

    décloisonnant nos représentations du passé et en déconstruisant une lecture androcentrée de

    celui-ci. À la lumière des faits archéologiques, on entrevoit une grande diversité des rôles et des

    modèles sociaux couvrant les millénaires de la Préhistoire pour mieux penser notre société

    contemporaine.

    Grâce à leurs installations vidéo et plastiques, les artistes invitées Magali Dougoud, Anna Marcus,

    Alizé Rose-May Monod et Anne-Valérie Zuber croisent leur regard sur la construction du récit

    historique et la définition du genre.

    Vue de l’exposition : Patrick Weyeneth, NMB

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    Pourquoi les filles aiment le rose, ou la « pinkification » de la Préhistoire Pourquoi les filles adorent-elles le rose ? Les psychologues et neuro-scientifiques britanniques

    Anya Hurlbert et Yazhu Ling mettent cette attirance pour les teintes rouge et rose sur le compte de

    la répartition des tâches selon les genres durant la Préhistoire. En tant que cueilleuses, les

    femmes se seraient entraînées à repérer les baies roses et rouges, alors que les hommes

    chassaient sous le ciel bleu. L’attirance des petites filles d’aujourd’hui pour la couleur rose

    relèverait donc d’un avantage de l’évolution : la faculté des femmes à reconnaître les tons rouge et

    rose aurait contribué à la survie des premiers humains. Il faut pourtant attendre les années 1950

    pour que le rose devienne la couleur des filles en Occident. Dans les années 1990, on assiste à

    une véritable explosion commerciale de l’attribution du rose aux petites filles. Aujourd’hui, nous

    avons à faire à une « globalisation du rose », à une « pinkification » à grande échelle du monde

    des filles : vêtements de princesse Disney, série de livres pour enfants « Pinkalicious », poupées

    « Barbie », peluches « Hello Kitty », shampoings « Fée Lili-Rose » ou lotions corporelles « Victoria

    Secret Pink ».

    L’homme bourgeois en noir

    Dans l’évolution du rapport entre couleurs et genres, trois étapes sont essentielles. Au milieu du

    19e siècle, le complet-veston noir devient le signe de reconnaissance de la masculinité

    bourgeoise ; il permet de se démarquer des hommes issus de la noblesse, avec leurs vêtements

    voyants et bigarrés, et de les dévaloriser en les associant aux femmes. Avec ses vêtements noirs,

    le bourgeois s’éloigne de l’univers affectif des épouses et des enfants, habillés de couleurs

    chamarrées. La couleur contribue donc à établir de manière visible la différence binaire des

    genres, fondement de la société bourgeoise. En présentant leur progéniture dans des vêtements

    gais choisis avec soin, ces mêmes bourgeois expriment leur privilège : leurs enfants n’ont pas

    besoin de se salir en accomplissant des tâches domestiques. Le plus souvent, les enfants de la

    classe moyenne ou supérieure ne portent pas de vêtements roses ou bleu ciel, mais uniquement

    blancs. Ce choix ne repose pas exclusivement sur la force symbolique d’innocence et de pureté,

    caractéristiques que l’on attribuait volontiers aux enfants en bas âge ; il est bien plus pragmatique :

    à cette époque, les teintures textiles étaient rarement lavables à hautes températures.

    La femme de l’après-guerre en tons pastel

    La période décisive à partir de laquelle on attribue le rose aux fillettes et le bleu ciel aux garçons

    se situe dans les années 1950, marquées par un retour à la différenciation traditionnelle entre les

    genres et davantage imprégnées par le consumérisme. Durant la Seconde Guerre mondiale, de

    nombreuses femmes exerçaient une activité rémunérée ; pour inciter les femmes de l’après-guerre

    à retourner aux fourneaux, les tons pastels envahissent salles de bain et cuisines. À cette même

    époque, l’idéal de beauté féminin évolue, passant de celui d’une dame vêtue de blanc, figée à

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    l’âge de 35 ans, à celui d’une jeune femme en rose, encore en pleine croissance et volontiers

    encline à la consommation. Vu sous cet angle, on assiste dans les années 1950 et 1960 à un

    assouplissement et à un glissement des modèles masculins et féminins en vigueur jusque-là.

    Marie en bleu, Jésus en rose

    Cependant, l’attribution des couleurs telle qu’on la pratique aujourd’hui ne s’impose que lentement.

    Dans de vastes parties d’Allemagne, de Belgique, de France et de Suisse, les garçons sont

    encore habillés de rose dans les années 1960 ; par ailleurs, le bleu ciel et le rose passent

    globalement pour des couleurs de bébés, sans qu’elles soient attribuées à un sexe en particulier.

    Ce phénomène est généralement mis sur le compte de l’emprise de l’Église catholique : dans

    l’iconographie chrétienne, la Vierge Marie porte souvent un manteau bleu ciel, alors que l’enfant

    Jésus est enveloppé d’un drap rose. Mais l’explication religieuse n’est pas valable partout : jusque

    dans les années 1980, les patriciens protestants de la ville de Bâle annonçaient la naissance d’un

    garçon par un faire-part orné d’un ruban rose, alors qu’ils utilisaient un ruban bleu ciel pour

    marquer la naissance d’une fille.

    La « globalisation rose »

    La troisième phase démarre dans les années 1990 et se poursuit aujourd’hui encore. Avec

    l’attribution des couleurs rose et bleu ciel à un sexe donné, les différences entre garçons et filles

    sont amplifiées sur le plan visuel, ne laissant plus d’équivoque possible. Plus que jamais, les

    enfants sont conditionnés, tant par leurs sens que par leurs attirances affectives, à se glisser dans

    le rôle charmant du rose, ou celui plus musclé du bleu. La publicité et le marketing misent

    systématiquement sur ces deux couleurs pour doubler les ventes, et les parents s’en servent pour

    rendre visible le sexe de leur enfant dès le premier jour. Ce phénomène n’a donc rien à voir avec

    la prétendue répartition des rôles selon un schéma rose-baie/bleu-ciel, entre les cueilleuses et les

    chasseurs de la Préhistoire.

    Texte : Dr Dominique Grisard, Directrice du Swiss Center for Social Research et maître de conférences en

    étude genres, Université de Bâle

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    Renversées par la postérité ? Les souveraines préhistoriques

    Souveraine (ill. de gauche) Et si les fastueuses tombes de femmes étaient interprétées de la même

    manière que celles des hommes ? Il y aurait alors encore plus de représentations comme celle-ci : une

    femme souveraine dessinée ici sur la base d‘une sépulture fastueuse d’Ins (BE).

    Accueil des hôtes (ill. du centre) Une précieuse vaisselle à boire provenant de sa tombe suggère qu’elle

    organisait des festins pour ses invités. Ils visaient à cultiver les relations économiques, politiques et

    culturelles qui s‘étendaient jusqu’à la Méditerranée.

    Prêtresse (ill. de droite) Deux bols recouverts d‘une feuille d‘or laissent supposer que la femme d‘Ins

    accomplissait également des gestes rituels. Grâce à des représentations contemporaines, on sait que des

    bols servaient à offrir des libations.

    Les 3 illustrations ont été spécialement réalisées par bunterhund Illustration pour l‘exposition « Moi Homme.

    Toi Femme ».

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    Cléopâtre, Catherine la Grande ou la reine Victoria : au cours des deux derniers millénaires, de

    nombreuses femmes furent de puissantes souveraines. Mais qu’en était-il auparavant ? La

    recherche archéologique véhicule l’image d’une omniprésence masculine aux positions clés.

    Voyons les choses sous un autre angle.

    Deux poids, deux mesures

    Il semble que tout soit une question d’optique, ou plutôt de perception du genre. Comment

    expliquer sinon que les mêmes découvertes archéologiques soient interprétées selon deux poids,

    deux mesures, à savoir en fonction du sexe masculin ou féminin auquel elles sont associées ?

    Prenons l’un des exemples les plus frappants : en France, dans le sud de l’Allemagne et en

    Suisse, entre le 6e et le 4e siècle av. J.-C., on a inhumé certains morts dans des tombes d’une

    extraordinaire richesse. Alors qu’on dénombre tant des hommes que des femmes parmi les

    défunts, les sépultures sont systématiquement désignées sous le terme de « tombes princières »,

    suggérant qu’il s’agit de tombes de princes, excluant la présence de princesses. Il en découle une

    vision biaisée d’un univers dominé par le sexe masculin, « le monde des princes celtiques », dans

    lequel seuls les hommes détenaient l’autorité, et ceci dans tous les domaines.

    Un univers purement masculin ?

    La suprématie masculine s’affirmerait à travers de riches complexes funéraires, avec des tombes

    composées d’une vaste chambre recouverte d’un tertre monumental. Le splendide mobilier et les

    précieuses offrandes parleraient en faveur du statut social élevé des défunts, synonyme de

    puissance et de pouvoir. Parmi les offrandes, on dénombre entre autres des chars, symbolisant un

    statut social élevé, de même que des colliers en or, qu’on pense être des insignes de pouvoir. Les

    tombes ne témoignent pas seulement d’un style de vie exclusif et donc spécifique à une riche élite

    sociale : elles recèlent de nombreux indices permettant d’évoquer des fonctions politiques et

    religieuses, parmi lesquelles des devoirs de représentation comme l’organisation de banquets.

    C’est en effet ce qu’évoque la précieuse vaisselle découverte comprenant fréquemment des

    récipients grecs et étrusques. Ils révèlent des contacts étendus et des relations d’échange qui ne

    se réduisaient certainement pas à leur nature économique. Ils englobaient aussi des échanges

    politiques et culturels. Les banquets correspondaient peut-être à un moyen d’entretenir ces

    contacts et ces relations.

    Discutable sur le plan scientifique

    Voilà les éléments qu’on avance volontiers pour l’interprétation culturelle et historique de ces

    tombes d’apparat. Les résultats sont plausibles, à l’exception d’un point essentiel : pourquoi valider

    un scénario exclusivement masculin alors que les femmes ont bénéficié du même mode

    d’inhumation ? Il n’existe aucune justification scientifique à cela, comme l’illustre bien l’exemple

    des colliers en or. En effet, si l’on choisit de considérer ces objets comme des insignes de pouvoir,

    cette interprétation devrait s’appliquer systématiquement à tous les individus inhumés. Sur le plan

    méthodologique, il est inadmissible de ne les évoquer que pour les hommes et de les passer sous

  • 8

    silence en contexte féminin, ou pis, de les reléguer à une simple fonction de bijoux. Une telle

    interprétation serait légitime si des sources écrites contemporaines révélaient que ces sociétés

    fonctionnaient selon un système patriarcal, et que la portée symbolique d’objets identiques était

    donc dépendante du genre. On ne dispose toutefois d’aucune information de ce type.

    Aller au-delà des clichés de genre

    Il faut se rendre à l’évidence : l’interprétation des fastueuses tombes comme miroir « du monde

    des princes celtiques » reflète en réalité les clichés de genre qui prévalent aujourd’hui. Dans une

    perspective neutre sur le plan des genres et exempte de préjugés, ces sépultures évoquent tout

    autant un accès au « monde des princesses celtiques ». Le terme de « princesse celtique » ne doit

    pas être pris dans le sens d’« épouse d’un prince celtique », de « femme aux côtés d’un prince »,

    mais désigne une femme qui détient le pouvoir et dispose d’une suprématie autonome, incluant

    des fonctions politiques et religieuses. Dans les sources antiques, de telles femmes sont appelées

    « reines ». Peut-être qu’il y en eut davantage durant la Préhistoire que ce que nous supposons.

    Dr Brigitte Röder, Professeure d‘archéologie pré- et protohistorique, Université de Bâle

    Vue de l’exposition : Patrick Weyeneth, NMB

  • 9

    L’archéologie permet-elle d’identifier le genre ?

    Les fouilles mettent au jour des tombes appartenant à différentes époques préhistoriques. Les

    objets déposés dans les sépultures ont un rapport avec la vie ou les funérailles des défunts. En

    contexte funéraire, les objets physiques sont directement rattachables aux restes humains qui les

    accompagnent, ce qui n’est pas le cas dans les habitats. Traditionnellement, les archéologues se

    basent sur les objets déposés en offrande et considérés comme typiquement « féminins » ou

    « masculins » pour déterminer le sexe du défunt. En présence de bijoux, on partira souvent du

    présupposé qu’il s’agit d’une femme alors que la présence d’armes parmi les offrandes conduira

    plutôt à conclure qu’il s’agit d’un homme. Un genre est donc préalablement attribué arbitrairement

    à des objets physiques intrinsèquement « neutres ». Ils servent ensuite d’argument pour émettre

    une hypothèse sur le genre de la personne inhumée. Cette identification correspond-elle à la

    réalité de l’époque ou est-elle surtout tributaire des expériences et conceptions actuelles ?

    Aujourd’hui, en effet, les femmes portent davantage de bijoux que les hommes. De même, les

    armes de combat ou de chasse sont généralement rattachées à des activités masculines.

    Vue de l’exposition : Patrick Weyeneth, NMB

  • 10

    Ce qui subsiste dans le sol

    L‘étude de la Préhistoire porte sur des sociétés qui n‘ont laissé aucun témoignage écrit, seulement

    des vestiges matériels. D‘une part, des restes humains, le plus souvent inhumés, d‘autre part, des

    traces d‘habitations et de villages. Cependant, les trouvailles archéologiques ne représentent

    qu‘une petite partie des objets produits et utilisés à l‘époque. Après des milliers d’années,

    beaucoup d’éléments ont disparu dans le sol et ont donc peu de chances d‘être découverts. La

    majorité des trouvailles, principalement des ordures ménagères provient de zones d’habitat :

    débris de récipients en argile, déchets de pierres taillées ou métallurgiques, os d‘animaux et autres

    déchets alimentaires. Bien que peu spectaculaires, l’archéologie peut utiliser ces vestiges pour

    reconstituer les activités quotidiennes, les techniques de production ou les régimes alimentaires. Il

    est toutefois impossible d‘établir un lien entre ces trouvailles et un sexe en particulier. En effet, les

    objets du quotidien ayant servi à certaines tâches ne permettent pas de déterminer si ce sont des

    hommes, des femmes ou des enfants qui les ont accomplies.

    Homme ou femme, ou peut-être les deux ? Si de nombreuses représentations humaines ne laissent planer aucun doute, l’art paléolithique a

    aussi livré des statuettes anthropomorphes pour lesquelles le sexe n’est pas identifiable. Selon

    l’angle de vue, elles peuvent être interprétées comme masculines ou féminines. Parfois, elles ont

    été façonnées de telle manière qu’il peut aussi bien s’agir d’un phallus que d’une représentation

    féminine. Cette impossibilité d’identifier sexuellement certaines figures peut être très

    déstabilisante. Notre pensée binaire s’efforce de classer les représentations en deux groupes. Car

    en toute logique, il doit forcément s’agir de femmes ou d’hommes. Avec un regard impartial, ces

    statuettes expriment plutôt une sorte de continuité au-delà de la frontière des genres. Cette

    alternance sexuelle ainsi que cette unité homme-femme dans une seule et même représentation

    étaient probablement intentionnelles. Voyait-on alors davantage les similitudes que les

    différences ? Il s’agit peut-être d’une indication essentielle sur la perception du sexe biologique au

    Paléolithique supérieur et, partant, des rapports entre les hommes et les femmes.

  • 11

    Corps nus au Paléolithique Se représenter soi-même est une étape importante dans le développement culturel de l’être

    humain. Les premiers essais remontent au Paléolithique supérieur, il y a 40'000 ans. Selon les

    connaissances actuelles, cet art s’est propagé de l’Europe du Sud à la Sibérie jusque vers 12’000

    av. J.-C. Au total, environ 700 représentations de corps humains complets sont connues, sous

    forme d’images ou de statuettes. La façon très naturelle de traiter la nudité laisse supposer que ce

    n’était pas un tabou social à l’époque. Des corps nus et des organes sexuels sont représentés. Il

    s’agit d’un aperçu unique de la façon dont les gens voyaient le corps et le sexe à cette époque. La

    plupart des images et des sculptures représentent des femmes, souvent sans traits faciaux

    personnalisés mais avec des caractéristiques sexuelles prononcées : seins surdimensionnés,

    vulve clairement façonnée, fesses accentuées. Plus de 70 exemplaires représentent clairement

    des hommes, parfois avec une érection marquée. Le phallus et la vulve sont généralement

    représentés seuls, indépendamment du corps.

    Les illustrations à l’épreuve des faits La fouille archéologique d’une tombe pré- ou protohistorique, l’observation minutieuse de la

    position du squelette et des offrandes permettent de reconstituer graphiquement les modes de vie

    préhistoriques avec davantage de clarté. Les archéologues omettent malheureusement trop

    souvent de signaler les doutes et les contradictions qui demeurent occultés derrière les

    reconstitutions proposées. Les illustrations sont inévitablement marquées par les interprétations

    des chercheurs·euses et des dessinateurs·trices. Toutefois, en observant de telles images, peu de

    gens ont conscience qu’il ne s’agit pas d’une scène historiquement avérée mais plutôt d’un

    scénario ayant pu se produire dans le passé. Ce que l’on voit est intuitivement perçu comme la

    réalité. Il existe donc un grand risque qu’une image reconstituant le rôle des hommes et des

    femmes du passé soit fortement déformée par des préjugés contemporains. Prenons le cas d’une

    tombe de l’âge du Fer dans laquelle deux individus ont été inhumés sans laisser de vestiges. De

    nombreuses options de couples sont envisageables, sans qu’aucune ne soit forcément la bonne.

    Quelle interprétation archéologique paraît la plus vraisemblable et pourquoi ? D’autres scénarios

    seraient- ils encore envisageables ?

  • 12

    Découvertes archéologiques : certitudes et zones d’ombre Contrairement à la pratique archéologique traditionnelle qui consiste à déterminer le sexe du

    défunt sur la base des offrandes qui l’accompagnent, les trouvailles archéologiques ne révèlent

    pas si elles appartenaient à un homme ou à une femme. Et détachées de leur contexte, ces

    découvertes sont encore moins pertinentes. Ainsi, en étudiant les anneaux présentés dans

    l’exposition, on pourrait uniquement affirmer qu’ils sont en bronze ou en or. Par contre, le contexte

    archéologique dans lequel ils ont été mis au jour est beaucoup plus révélateur. Leur emplacement

    dans la tombe près de la colonne cervicale suggère qu’ils étaient portés autour du cou. Ils ont

    également été trouvés dans des sépultures particulièrement riches de l’âge du Fer, datées grâce à

    d’autres objets funéraires du 7e au 4e siècle av. J.-C. Dans le cas de tombes présentant des

    squelettes bien conservés et qui pourraient faire l’objet d’une étude anthropologique, le sexe du

    défunt peut être déterminé indépendamment des découvertes archéologiques. Fait à souligner :

    ces colliers, pour la plupart en or, ont été déposés dans des tombes ostentatoires de l’âge du Fer,

    aussi bien auprès d’hommes que de femmes.

    Vue de l’exposition : Patrick Weyeneth, NMB

  • 13

    Restes humains marqués par la vie

    Les objets matériels, par leur nature, sont peu parlants. Ils ne disent pas s’ils ont été fabriqués ou

    utilisés par des hommes ou par des femmes. L’archéologie du genre dispose toutefois de moyens

    pour en savoir davantage sur la répartition des rôles au quotidien. Les tombes contiennent non

    seulement des objets déposés en offrande, mais aussi des restes humains. Lorsque ces derniers

    sont bien conservés, l’anthropologie peut déterminer le sexe de la personne inhumée, les

    squelettes masculins étant très différenciables des squelettes féminins. Ce constat permet

    d’examiner si des offrandes spécifiques à un genre ou à un autre se trouvaient dans la sépulture.

    Les analyses anthropologiques ouvrent également des perspectives intéressantes pour une vision

    plus précise des tâches accomplies quotidiennement par les hommes et les femmes. En effet, les

    activités répétées jour après jour et les conditions de vie marquent les corps des individus. Ces

    transformations du corps sont parfois identifiables au niveau du squelette ou de la dentition. Les

    restes humains de nos prédécesseurs nous livrent donc des informations sur les conditions de vie

    d’autrefois, ainsi que sur la répartition du travail et le rôle économique des hommes, des femmes

    et des enfants.

    Le mythe des chasseurs et des cueilleuses

    Des découvertes archéologiques prouvent que les paléolithiques vivaient de la chasse, de la

    pêche et de la cueillette. Cependant, les vestiges préservés ne révèlent pas comment les tâches

    individuelles étaient réparties au sein de la communauté. Un javelot ou un harpon ne permet pas

    de savoir qui l’utilisait. L’idée que seuls les hommes chassaient pour assurer la survie du groupe

    alors que les femmes, moins mobiles, n’y participaient pas, n’est donc pas fondée sur des faits

    archéologiques. Cette vision répandue découle de comparaisons ethnographiques avec des

    communautés de chasseurs-cueilleurs. De vieux récits de voyage, véhiculant souvent une image

    déformée, en sont la source. Sans esprit critique, les archéologues ont repris leurs descriptions

    lacunaires, inexactes voire erronées sur les rôles des genres, créant ainsi le mythe du chasseur-

    cueilleur dans les temps anciens. Des exemples ethnographiques récemment recueillis montrent

    qu’il y avait et qu’il y a encore des femmes chasseuses dans des sociétés extra-européennes. Il

    est vraisemblable qu’à l’époque, les femmes, les hommes et les enfants ont œuvré ensemble,

    chacun selon ses aptitudes, à la survie de la communauté. Une répartition du travail en fonction du

    genre ne peut être étayée par des faits pour cette période ancienne.

  • 14

    Ressources pédagogiques en lien avec l’atelier « Tu peux… et vice-versa ! »

    Idées d’activités

    Chaque élève se représente exerçant une activité qu’elle ou il apprécie.

    Chaque élève se représente avec ses couleurs préférées.

  • 15

    Livres utilisés dans le cadre de l’atelier :

    Marine-Sabine Roger & Anne Sol, A quoi tu joues ?, Paris : Editions Sarbacane, Amnesty International, 2014 Dossier avec des activités : http://pedagogie-nord.ac-lille.fr/IMG/pdf/cycle_1_-_a_quoi_tu_joues_.pdf

    Elise Gravel, Tu peux, 2014 Livre gratuit disponible en pdf sur internet : https://elisegravel.com/wp-content/uploads/2017/07/tupeuxfin2.pdf

    http://pedagogie-nord.ac-lille.fr/IMG/pdf/cycle_1_-_a_quoi_tu_joues_.pdfhttps://elisegravel.com/wp-content/uploads/2017/07/tupeuxfin2.pdf

  • 16

    Vidéos :

    C'est quoi l'égalité entre les filles et les garçons ?

    https://www.youtube.com/watch?v=nKwVOTntlVc

    C’est quoi un stéréotype ?

    https://www.1jour1actu.com/info-animee/cest-stereotype/

    Fille ou garçon, ça change quoi ?

    https://www.youtube.com/watch?v=wavx0D4XX4M

    RTS Specimen : Moi Jane, toi Tarzan

    https://pages.rts.ch/emissions/specimen/3047178-moi-jane-toi-tarzan.html#3047179

    Autres idées : https://www.bildungbern.ch/fileadmin/user_upload/bildungbern/public/Leistungen/Gewerkschaft/Idees_pour_l_enseignement_-_greve_des_femmes.pdf https://www.education21.ch/fr/zoom

    https://www.youtube.com/watch?v=nKwVOTntlVchttps://www.1jour1actu.com/info-animee/cest-stereotype/https://www.youtube.com/watch?v=wavx0D4XX4Mhttps://pages.rts.ch/emissions/specimen/3047178-moi-jane-toi-tarzan.html#3047179https://www.bildungbern.ch/fileadmin/user_upload/bildungbern/public/Leistungen/Gewerkschaft/Idees_pour_l_enseignement_-_greve_des_femmes.pdfhttps://www.bildungbern.ch/fileadmin/user_upload/bildungbern/public/Leistungen/Gewerkschaft/Idees_pour_l_enseignement_-_greve_des_femmes.pdfhttps://www.education21.ch/fr/zoom

  • 17

    Documents disponibles dans les bibliothèques du réseau RBNJ, par ex. dans les médiathèques de la HEP BEJUNE

    Aubrun, Claudine, Le garçon rose malabar, Paris : Syros, 2018

    Audren, Les vrais filles et les vraies garçons, Paris : Editions Thierry Magnier, 2019

    Babillot, Michèle, 50 activités pour l'égalité filles-garçons, Futuroscope : Canopé, 2015-2017 (2 vol.)

    Chirouter, Edwige, Pettier, Jean-Charles, Mallette pédagogique pour dire non aux préjugés ! : vivre avec les

    autres et penser par soi-même, Montrouge : Bayard éducation, 2017

    Collet, Isabelle, L'école apprend-elle l'égalité des sexes ? : pour combattre les inégalités à l'école, Paris :

    Belin, 2016

    Duval, Stéphanie, Laboucarie, Sandra, L'égalité filles garçons : pas bête, Montrouge : Bayard jeunesse,

    2019

    Egalité.ch, L'école de l'égalité : répertoire d'activités pour une pédagogie égalitaire entre filles et garçons :

    cycle 1, 1re-4e années, Conférence romande des bureaux de l'égalité, 2019

    Golay, Muriel, Bruggimann, Isabelle, Balayons les clichés ! : [Secondaire I - II] : [une sélection de ressources

    pédagogiques pour sensibiliser et informer sur l'égalité entre hommes & [et] femmes], Genève : Service pour

    la promotion de l'égalité entre homme et femme, 2010

    Golay, Muriel, Bruggimann, Isabelle, Balayons les clichés ! : primaire : [5-12 ans] : [une sélection de

    ressources pédagogiques pour sensibiliser et informer sur l'égalité entre hommes & [et] femmes], Genève :

    Service pour la promotion de l'égalité entre homme et femme, 2010

    Hauwelle, Francine, L'égalité des filles et des garçons dès la petite enfance, Toulouse : Erès, 2014

    Hense, Nathalie, Marre du rose, Paris : Albin Michel Jeunesse, 2009

    Larsen, Hilde Matre, Johnsen, Mari Kanstad, Garçon et fille font semblant, Paris : Cambourakis, 2018

    Magana, Jessie, Comment parler de l'égalité filles-garçons aux enfants, Paris : Le Baron perché, 2014

    Mix-Cité (Orléans); Collectif contre le publisexisme, Contre les jouets sexistes, Paris : L'Echappée, 2007

  • 18

    Association Egalité par Education (sur le recueil de paroles de collégiens et lycéens), Pichard Tristan, Égaux

    sans ego : histoires de filles et de garçons [Loperec] : Locus Solus, 2013

    Piquet, Emmanuelle, Je me défends du sexisme, Paris : Albin Michel Jeunesse, 2018

    Praplan, Brigitte, Filles & Garçons, tous les possibles : suggestions de lecture pour la jeunesse, Lausanne :

    Institut suisse Jeunesse et Médias, 2013

    Simon, Chantal, Il, elle, hen : la pédagogie neutre selon la Suède (film), [Paris] : CAPA Presse [prod.], 2013

    Tinnen, Kari, Johnsen, Mari Kanstad, Nils, Barbie et le problème du pistolet, Paris : A. Michel, 2013

    Ansi que de nombreux titres de littérature jeunesse sélectionnés par l’association lab-elle

  • 19

    Ressources pédagogiques en lien avec l’atelier « Thermonaute ou aquatologue? »

    Idées d’activités

    https://www.futurentousgenres.ch/fr/home/ https://www.hepl.ch/files/live/sites/systemsite/files/instance-egalite/jom-activites-pedagogique-2014-hep-vaud.pdf https://matilda.education/app/course/index.php?categoryid=16

    Documents disponibles dans les bibliothèques du réseau RBNJ, par ex. dans les médiathèques de la HEP BEJUNE

    Champy, Florent, La sociologie des professions, Paris : Presses universitaires de France, 2009

    Guichard-Claudic, Yvonne, L'inversion du genre : quand les métiers masculins se conjuguent au féminin... et

    réciproquement, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2008

    Hommes, femmes : quelles différences ? , Magazine Sciences Humaines, Auxerre, 2004

    Moreau, Thérèse, Le langage n'est pas neutre : réflexions sur les discriminations touchant les femmes et les

    hommes dans l'information professionnelle et guide de rédaction non discriminatoire, Lausanne : Association

    suisse pour l'orientation scolaire et professionnelle, 1991

    Raynal, Marie, Enjeux contemporains de la mixité, Vanves : CNDP/VEI, 2011

    https://www.futurentousgenres.ch/fr/home/https://www.hepl.ch/files/live/sites/systemsite/files/instance-egalite/jom-activites-pedagogique-2014-hep-vaud.pdfhttps://www.hepl.ch/files/live/sites/systemsite/files/instance-egalite/jom-activites-pedagogique-2014-hep-vaud.pdfhttps://matilda.education/app/course/index.php?categoryid=16