Phonologie et graphisme de la langue francaise

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Rafael del Moral PHONOLOGIE ET GRAPHISME DE LA LANGUE FRANCAISE

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Curso para la preparación de profesores de lengua francesa a enseñanzas medias.

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Rafael del Moral

PHONOLOGIE ET GRAPHISME

DE LA

LANGUE FRANCAISE

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1. PHONOLOGIE Sommaire

1. Système phonologique de la langue française : voyelles, se-mi-voyelles et consonnes. 1.1. Système d’écriture et alphabet phonétique 1.1.1. L’alphabet phonétique 1.1.2. L’alphabet phonétique international 1.1.3. Le français et les signes de L’Alphabet Phonétique Internatio-nal. 1.2. Éléments de phonétique articulatoire 1.2.1. L’appareil phonatoire 1.2.2. La production des sons 1.3. Les voyelles du français 1.3.1. Le lieu d’articulation 1.3.2. L’aperture 1.2.3. La résonance labiale ou labialisation 1.2.4. La résonance nasale. 1.4. Les semi-voyelles 1.5. Les consonnes 1.5.1. Modes articulatoires des consonnes 1.5.2. Lieux d’articulation des consonnes 1.5.3. Classement articulatoire des consonnes 2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante. 2.1. Système phonologique de l’espagnol comparé avec le fran-çais

2.1.1. Les voyelles 2.1.2. Les consonnes 2.1.3. Les points d’éloignement

2.2. Système phonologique du catalan comparé avec le français 2.2.1. Les voyelles 2.2.2. Les consonnes

2.3. Système phonologique du galicien comparé avec le français

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2.3.1. Les voyelles 2.3.2. Les consonnes

2.4. Système phonologique du basque comparé avec le français 2.4.1. Les voyelles 2.4.2. Les consonnes

Introduction La phonétique, importante branche de la linguistique, étudie les sons du langage. La morphologie, la syntaxe et la sémantique sont aussi des branches de la linguistique. La phonétique étudie plus particuliè-rement la composante phonique du langage, en privilégiant soit l’aspect physique (émission, transmission et réception des sons), soit l’aspect fonctionnel, c’est à dire le rôle que jouent les sons dans une langue donnée (phonologie). L’apparition de l’écriture alphabétique, notamment la création de l’alphabet grec, qui note les voyelles et les consonnes, révèle une connaissance de la composante sonore qui atteste que la réflexion théorique menée sur cet aspect du langage est très ancienne, même si elle semble fondée alors essentiellement sur l’audition. Plus en-core, les descriptions phonétiques des grammairiens indiens, comme Pañini (vers 500 av. JC.), et son commentateur Patañjali (env. 150 av. JC) qui n’ont été connues qu’au XIX siècle en Europe, révèlent à la fois les bases d’une phonétique articulatoire et d’une analyse pho-nologique. Si l’on situe habituellement la naissance de la phonétique au milieu du XIXème siècle, c’est parce qu’à cette époque la conjonction de deux facteurs décisifs a permis l’apparition d’une phonétique scienti-fique : d’une part le développement de la linguistique historique et comparative, qui, en posant l’existence des lois phonétiques ca-pables d’expliquer l’évolution des langues, a fait du signifiant sonore un objet privilégié d’observation des linguistes ; d’autre part l’existence d’instruments à l’aide desquels l’étude articulatoire et l’étude physique des sons ont été rendues possibles.

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La phonétique générale étudie l’ensemble des possibilités pho-niques de l’homme à travers toutes les langues naturelles ; la phoné-tique appliquée à une langue, le français par exemple, étudie les particularités phoniques de cette langue à un moment donné de son histoire. Nous ajouterons brièvement quelques aspects phonétiques des diffé-rentes langues des communautés autonomes espagnoles et leur relation avec le français. Par des raisons évidentes ce thème s’étend au delà des normes gé-néralisés dans ce livre. 1. Système phonologique de la langue française : voyelles, semi-voyelles et consonnes. Avant d’entrer dans l’étude des sons du français, nous devons abor-der quelques principes généraux de phonétique. 1.1. Système d’écriture et alphabet phonétique On pense généralement qu’une langue s’identifie à son système d’écriture et que pour le français par exemple il n’existe comme sons vocaliques que les lettres a, e, i, o, u, y, qui correspondent en fait aux lettres de l’alphabet latin. Même si l’écriture du français est alpha-bétique et entretient donc une relation originelle de dépendances vis-à-vis de l’oral, elle transmet d’autres informations, grammaticales et lexicales notamment, qui ne sont pas toujours perceptibles à l’oral. De plus, les lettres (ou graphèmes) ont différentes valeurs se-lon leur place dans le mot ou leur combinaison avec d’autres lettres. L’analyse de la composante phonique d’une langue demande donc un autre système de notation qui représente les sons et leurs combi-naisons, un alphabet phonétique, qui peut être également très utile pour l’apprentissage des langues.

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1.1.1. L’alphabet phonétique L’alphabet phonétique doit obéir à un principe simple : il faut qu’à chaque son différent identifié dans une langue donnée corres-ponde un signe différent et que soit noté ce qui est réellement pro-noncé et tout ce qui est prononcé, notamment les liaisons. Comme aucune écriture n’est totalement satisfaisante, différents systèmes graphiques ont été créés, mêlant des éléments connus dans des al-phabets traditionnels (notamment latin et grec) à d’autres éléments qui pourraient être facilement lus et utilisables dans un très grand nombre de langues. L’alphabet phonétique international est le plus utilisé. 1.1.2. L’alphabet phonétique international L’alphabet phonétique international (API) a été élaboré entre 1886 et 1900 par l’Association Phonétique Internationale. Il est applicable a toutes les langues, et il peut être utile également pour l’étude pra-tique des langues. Il repose sur le principe d’utiliser un seul signe pour un son, et un seul son pour un signe. Les signes s’inspirent de préférence dans l’alphabet latin et dans le grec, et quelques signes diacritiques pour les sons non représentés ou mal représen-tés. Les signes choisis pour transcrire un son, ou plus exactement un phonème, au moment de l’élaboration de l’alphabet ont générale-ment été ceux qui représentent ce phonème dans une majorité de langues. L’alphabet phonétique international est remis à jour et per-fectionné régulièrement. 1.1.3. Le français et les signes de L’Alphabet Phonétique International. voyelles

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i lit, cygne mort, sotte

y rue, sûr a ma, table

u roue mât

e été, marcher je, ce

fête, il était brin, pain

deux brun, emprunt

oe odeur, seule blond

o mot, saute blanc

semi-voyelles

w oui

j pied, yaourt, fille nuit

consonnes

p pain f fille

b bain v ville

t toit s dessert, soie

d doigt z désert, zoo

k cou, qui chou

g goût, gorge joue, girafe

m hameau

n anneau R rue

agneau l lu

parking

- Le tilde [ ] note la nasalité ou la nasalisation. - le dévoisement (ou assourdissement) est noté par un cercle sous-crit [ ], signe utilisé pour les phénomènes d’assimilation. - Le voisement (ou sonorisation) est noté par un v souscrit [ ]. - Une voyelle longue est notée par deux points [ : ], placés après elle. - L’accent est noté par une apostrophe [ ´ ] placée devant la syllabe accentuée, l’accent d’insistance par une double apostrophe [ ´´ ]. - L’intonation peut être notée par des flèches.

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1.2. Éléments de phonétique articulatoire La phonétique articulatoire décrit les sons en fonction des mou-vements des organes de la parole que les produisent. Comme les sons sont généralement classés d’après leur mode de production et leur lieu d’articulation, il est nécessaire d’avoir une connaissance même sommaire de l’appareil phonatoire et des mécanismes de pro-duction de la parole. 1.2.1. L’appareil phonatoire Il n’y a pas vraiment d’appareil phonatoire car ces organes assurent par ailleurs d’autres fonctions comme la respiration, la déglutition ou la mastication.

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1. Lèvres 2. Dents 3. Alvéoles des dents 4. Palais dur 5. Voile du palais 6. Luette 7. Pointe de la langue 8. Dos de la langue 9. Racine de la langue 10. Cavités nasales 11. Cavité pharyngale 12. Grotte (cordes vocales) 13. Larynx 14. Trachée Les organes qui interviennent dans la production des sons sont les poumons et la trachée, qui constituent la soufflerie sous-glottique, le larynx avec les cordes vocales, source d’énergie sonore, le pharynx, la cavité buccale et les cavités nasales, qui constituent les résona-teurs supraglottiques. Ils forment un tube, le canal ou le conduit vo-cal, ou-dessus du larynx, dont la forme varie en fonction des mou-vements des organes mobiles de la cavité buccale : les lèvres, la langue et le voile du palais. 1.2.2. La production des sons Les poumons fonctionnent comme une soufflerie et fournissent l’air nécessaire à la production de la plupart des sons. Les sons sont produits pendant l’expiration (le h dit aspiré est en réalité un souffle, donc expiré). La colonne d’air passe par les alvéoles pulmo-naires, les bronches et la trachée jusqu’au larynx. a) La source d’énergie sonore

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Le larynx est une boîte composée de quatre cartilages. Les cordes vocales fixées à une extrémité sur l’un de ces cartilages, l’os thy-roïde (la pomme d ‘Adam), sont attachées à la partie interne des deux cartilages aryténoïdes. Le nom de corde est impropre. Les cordes vocales sont constituées en réalité d’une paire de lèvres sy-métriques formées d’un muscle et d’un ligament. La glotte est l’espace triangulaire circonscrit par les cordes vocales inférieures, par lequel l’air peut s’échapper. Pendant la respiration normale et l’articulation de certaines consonnes sourdes, la glotte est ouverte. Pour la phonation, la glotte doit se fermer le long de sa ligne mé-diane. La pression de l’air qui vient des poumons écarte les cordes vocales, que se referment et s’ouvrent à nouveau. La vibration des cordes vocales fait vibrer l’air qui sort du larynx, produit la voix (dite aussi ton laryngien), dont la fréquence dépend de la vi-tesse avec laquelle se produit la fermeture et l’ouverture successives de la glotte, qui varient selon la longueur et l’épaisseur des cordes vocales et la pression de l’air venu des poumons. La vibration des cordes vocales est appelée sonorisation ou voisement. Les voyelles sont voisées ; il existe en français une série de consonnes non voisées et une série voisée correspondante. Puis l’onde sonore ainsi produite se dirige vers les cavités supraglottiques. b) Les résonateurs supraglottiques Le pharynx, la cavité buccale et les cavités nasales servent de résonateurs au ton laryngien. La cavité buccale, qui peut changer de forme et de volume grâce aux mouvements de la langue et à la position des lèvres, va jouer un rôle important dans la distinction des timbres vocaliques et consonantiques. De plus, le palais se divise en deux zones, le palais dur en avant et le palais mou (ou voile du pa-lais) en arrière, organe mobile que ouvre ou ferme l’entrée des cavi-tés nasales. Un son sera oralo-nasal si le voile du palais est abaissé et laisse passer l’air dans les cavités nasales, et oral si le voile du palais est relevé. L’espace compris entre les dents et les lèvres

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lorsqu’elles sont arrondies ou projetées peut constituer également un quatrième résonateur, le résonateur labial. 1.3. Les voyelles du français La distinction entre voyelles et consonnes est très ancienne. Les Grecs opposaient déjà des voyelles, qui peuvent se prononcer seules et former une syllabe, aux consonnes, qui ne peuvent former une syllabe qu’à l’aide d’une voyelle. Leur analyse était essentielle-ment fondée sur l’audition. Traditionnellement on distingue souvent les voyelles et les différents types de consonnes par le fait que le passage de l’air est libre (ni arrêté ni rétréci) dans les cavités supraglottiques et que le timbre du ton laryngien, dû à la vibration des cordes vocales, modifié par les résonateurs, garde cependant sa structure périodique (vibration ré-gulière). Les voyelles sont donc définies acoustiquement comme des sons musicaux (opposées aux consonnes considérées comme des bruits apériodiques) dus aux vibrations périodiques de l’air qui s’écoule librement dans le conduit vocale. Cette opposition à été également mise en cause puisque les con-sonnes sonores sont accompagnées de sons et les voyelles peuvent être chuchotées, donc prononcées sans vibration des cordes vo-cales. Georges Straka a montré qu’il existait une différence fondamentale entre les voyelles et les consonnes, qui n’est pas simplement une plus grande tension articulatoire pendant l’émission des consonnes, comme certains phonéticiens l’affirmaient. L’articulation plus nette d’une voyelle produit une ouverture du canal buccal alors qu’il s’accompagne d’une plus grande fermeture pendant l’articulation d’une consonne. Sous l’effet d’un renforcement arti-culatoire, les voyelles tendent à s’ouvrir et les consonnes à se

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fermer. On en conclut que les voyelles sont en grande partie articu-lées par les muscles abaisseurs de la langue et du maxillaire infé-rieur et les consonnes par les muscles élévateurs. On peut cependant admettre que la caractéristique majeure des voyelles est le libre passage de l'air à partir des cavités supraglot-tiques et que l’air vibrant sera modifié en passant dans ces cavités. La phonétique articulatoire décrit les sons en fonction des mouve-ments des organes de la parole qui les produisent. Comme les sons sont généralement classés d’après leur mode de production et leur lieu d’articulation, il est nécessaire d’avoir une connaissance même sommaire de l’appareil phonatoire et des mécanismes de production de la parole. Il faut rappeler qu’il n’y a pas vraiment d’appareil phonatoire mais que sont utilisées pour la phonation des organes qui assu-rent par ailleurs d’autres fonctions comme la respiration, la dé-glutition ou la mastication. L’analyse articulatoire des voyelles du français est connue depuis le XVIIème siècle. Molière, dans la « leçon de philosophie » du Bour-geois gentilhomme, s’est inspiré des descriptions de Géraud de Cor-demoy dans le Discours physique de la parole (1668). Les moyens d’investigation modernes comme la palatographie, associée mainte-nant à la radiographie, donnent des images très précises de la posi-tion des organes pendant la phonation. Les caractéristiques d’une voyelle, son timbre, résultent de la résonance de la cavité pharyngale et de la cavité buccale, auxquelles peuvent s’ajouter la cavité labiale et la cavité nasale. La forme et le volume du résonateur buccal se modifient selon la position de la langue, du voile du palais, des lèvres et du maxillaire inférieur. On classe les voyelles d’après leur lieu d’articulation, leur aperture, l’adjonction ou non des résonateurs la-bial et nasal.

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1.3.1. Le lieu d’articulation On appelle lieu d’articulation l’endroit où le passage de l’air est le plus étroit par suite du rapprochement de la pointe, du dos ou de la racine de la langue vers une partie du palais. Si le lieu d’articulation est situé vers l’avant du palais, on parlera de voyelle palatale ou an-térieure, comme [e] ; si le lieu d’articulation est vers l’arrière du pa-lais, on parlera de voyelle vélaire ou postérieure, comme [u]. 1.3.2. L’aperture L’aperture est la distance entre la langue et la voûte du palais à l’endroit où le conduit buccal est le plus étroit. Elle est définie par rapport au degré d’écartement de la mâchoire et l’élévation de la langue. Lorsque la langue est abaissée au maxi-mum, on parlera de voyelle ouverte, comme [a] ; lorsque la langue est relevée au maximum mais sans toucher le palais, on parlera de voyelle fermée, comme [i]. En français, on distingue des voyelles de petite aperture (voyelles fermées ou d’aperture 1), des voyelles d’aperture moyenne (aperture 2 et 3) et des voyelles de grande aper-ture ( ouverte ou aperture 4). 1.2.3. La résonance labiale ou labialisation Pendant l’émission les lèvres peuvent s’avancer ou s’arrondir : on parle alors de voyelles arrondies ou labialisées, comme [u] ; lorsque l’on passe de [e] à [i], les commissures labiales s’écartent de plus en plus ; ce sont des voyelles non arrondies ou écartées.

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1.2.4. La résonance nasale. Si le voile du palais s’abaisse, il se produit une résonance nasale. On distingue donc les voyelles orales, prononcées avec le voile du palais contre la paroi pharyngale, et des voyelles nasales (on dit aussi oralo-nasales) prononcées avec le voile du palais abaissé. On peut ainsi opposer [a] et [ ] a) Les voyelles orales d’après leurs traits articulatoires.

voyelles orales antérieures postérieures

aperture 1 i y u

aperture 2 e o

aperture 3 oe

aperture 4 a

En passant de [i] à [a], la langue s’abaisse, elle recule de [i] à [u]. b. Les voyelles nasales

voyelles na-sales

antérieures postérieures

aperture 3

aperture 4

Les voyelles orales et les voyelles nasales notées en caractères gras sont arrondies. Les conventions utilisées dans l’Alphabet Phonétique International pourraient laisser entendre que les voyelles nasales [ ] cor-respondent aux voyelles orales [ ] avec une résonance na-sale. En fait les voyelles nasales ont pour correspondant oral des voyelles plus ouvertes.

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c. Le vocalisme du français Les voyelles du français se répartissent donc en quatre séries : - Les antérieures non arrondies [ ] - Les antérieures arrondies [ ]. Elles constituent l’originalité de cette langue. - Les postérieures arrondies [ ] - Les nasales [ ] La répartition et le nombre de ces phonèmes vocaliques ne sont pas identiques chez tous les locuteurs francophones, notamment le nombre des nasales et la répartition des voyelles de moyenne aper-ture (2 et 3). Le vocalisme du français, par rapport à d’autres langues euro-péennes, se caractérise par la prédominance des articulations antérieures et de l’articulation labiale, celle-ci s’accompagnant d’un arrondissement des lèvres, enfin par le rôle du voile du palais pour différencier nettement les voyelles orales et nasales. d. Le trapèze vocalique Les tableaux ci-dessus ne rendent pas compte avec précision de la topographie articulatoire des voyelles. Le trapèze vocalique donne une idée plus juste de leurs lieux d’articulation. Les points notent très schématiquement le lieu de la cavité buccale où la langue se rapproche de la voûte palatine.

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Les organes articulatoires sont asymétriques, La mâchoire inférieure s’écarte beaucoup plus pour les voyelles d’avant que pour les voyelles d’arrière puisqu’elles s’articule en arrière de la cavité buc-cale. 1.4. Les semi-voyelles Semi-consonnes ou semi-voyelles ? Le terme semi-voyelles désigne les sons [ ], quelquefois appelés semi-consonnes. Ce sont des consonnes : elles ne peuvent pas constituer un noyau de syllabe, mais leur articulation les rap-proche des trois voyelles les plus fermées [i, y, u], avec cepen-dant un degré de constriction plus important. Elles sont généralement sonores. Les sons [j] et [ ] sont articulés avec la partie médiane du dos de la langue, qui se rapproche de la partie antérieure du palais (ce sont les médio-palatales), [ ] étant labialisé. Le son [w], labialisé s’articule avec la partie postdorsale de la langue, qui se rapproche du voile du palais (postdorso-vélaire). 1.5. Les consonnes

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En termes articulatoires, on parle de consonne lorsque le passage de l’air venant des poumons est partiellement ou totalement obstrué. La distinction des modes d’articulation est particulièrement importante pour la classement des consonnes. 1.5.1. Modes articulatoires des consonnes a) Le degré d’obstruction du conduit vocal · Les occlusives sont produites dans un premier temps par une fermeture complète en un point variable du conduit vocal, suivi d’une libération de l’air due au relâchement brusque de l’occlusion : [p] et [t] sont des occlusives. On les appelle également momenta-nées. · Les constrictives sont issues d’un resserrement, en un point variable, du conduit vocal. L’air n’est donc pas arrêté et s’échappe avec un bruit de frottement particulier. On les appelle également fri-catives ou continues : [s] et [z] sont des constrictives. · Les sonnantes sont caractérisées par un important phénomène de résonance plutôt que par le type d’obstacle articulatoire. Les consonnes nasales (comme [n]), latérale (comme [l]) et vibrante (comme [r]) sont des sonnantes. La latérale [l] se caractérise par un échappement de l’air de part et d’autre de la langue, latéralement. Il s’agit d’une variante du mode constrictif. Les vibrantes se signalent par des battements rapides de la pointe de la langue –[r] apical- ou de la luette [R]. · Il existe également en français des mi-occlusives, que l’on trouve dans les mots d’emprunt : [ ] tchèque, [ ] tsar, [ ] jazz. Il s’agit de consonnes uniques mais qui présentent deux phases articulatoires, occlusive puis constrictive, avec les même organes articulateurs.

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b. Le voisement ou sonorité On oppose les consonnes voisées ou sonores, articulées avec vibrations des cordes vocales, aux consonnes non voisées ou sourdes, articulées sans que les cordes vocales vibrent. Cette op-position voisé non-voisé est fondamentale dans le système conso-nantique du français. Les consonnes voisées étant caractérisées généralement par une moindre énergie musculaire utilisée pendant l’émission que les consonnes non voisées, on qualifie également les premières de lâches (ou douces) et les secondes de tendues (ou fortes). Cette seconde opposition combinée à la première joue un rôle important en phonétique combinatoire. c. Le résonateur nasal Le voile du palais abaissé, associé par ailleurs à la fermeture de la cavité buccale, est également un facteur de classement des consonnes. On parlera pour [m] et [n] par exemple d’occlusives na-salisées (mais la fermeture du conduit vocal n’est pas complète comme pour les autres occlusives) ou on les classera dans la caté-gorie de sonnantes 1.5.2. Lieux d’articulation des consonnes Le lieu d’articulation est l’endroit précis où se réalise l’occlusion ou la constriction, c’est à dire où les organes mobiles se rapprochent ou s’appuient sur les organes fixes.

On distingue les zones suivantes, des lèvres à la luette, pour classer les consonnes du français :

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a. Zones labiale et dentale · Les bilabiales : les deux lèvres sont en contact. [p], [b] et [m] sont des labiales. · Les labio-dentales : la lèvre inférieure se rapproche des incisives supérieures. [f] et [v] sont des labio-dentales. · Les apico-dentales : la pointe de la langue s’appuie contre les dents supérieures. [t], [d] et [n] sont des apico-dentales. · L’apico-alvéolaire : la pointe le la langue s’appuie contre les al-véoles des dents. [l] est une apico-alvéolaire latérale.(On l’appelle latérale parce que l’air s’échappe par les côtés ; [r] est également une vibrante apico-alvéolaire, la région alvéolaire servant de point d’appui à la langue, qui entre en vibration.) · Les prédorso-alvéolaires : la partie avant du dos de la langue se rapproche des alvéoles des dents. [s] et [z] sont des prédorso-alvéolaires. b. Zone palatale · Les prédorso-prépalatales : la partie avant du dos de la langue se rapproche de la partie avant du palais dur. [ ] et [ ] sont des pré-dorso-prépalatales labialisées. Les lèvres s’avancent pendant l’articulation. · Les médio-palatale : la partie médiane du dos de la langue s’appuie contre la partie centrale de la voûte du palais. [ ] est une médio-palatale. · Les dorso-palatales : le dos de la langue s’appuie contre la palais dur. [k] et [g] sont des dorso-palatales lorsqu’elles sont suivies d’une voyelle antérieure comme [i]. c. Zone vélaire · Les dorso-vélaires : le dos de la langue s’appuie contre le voile du palais. [k] et [g] sont des dorso-vélaires lorsqu’elles sont suivies d’une voyelle postérieure comme [u]. · Les postdorso-vélaires : La partie postérieure du dos de la langue s’appuie contre le voile du palais. [ ], qui est emprunté à l’anglais et que l’on trouve dans les mots en –ing, est une postdorso-vélaire.

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· Les dorso-uvulaires : elles sont réalisées par contact ou rappro-chement de l’extrémité du voile du palais (ou luette) contre la partie postérieure du dos de la langue, avec un léger battement [ ] ou [ ]. Dans la transcription phonétique, le signe [R] sera utilisé même s’il ne représente pas l’usage le plus fréquent. 1.5.3. Classement articulatoire des consonnes a. Les occlusives et les consonnes nasales

lieux bilabiales apicodentales mediopalatales dorsovelaires

non voi-sées

p t k

voisées b d g

nasales m n

b. Les constrictives et les sonnantes

lieux labio-dentales

apico-alveolaires

prédorso-alveolaires

predorso-prépalatales

dorso-uvulaires

non voi-sées

f s

voisées v l r z

2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante. 2.1. Système phonologique de l’espagnol comparé avec le français

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2.1.1. Les voyelles L'espagnol distingue cinq phonèmes vocaliques, et le français envi-ron quinze ou seize, selon les locuteurs, parmi lesquels huit voyelles orales simples et quatre appelées orales composées, qui sont centrales et labialisées. Voici les voyelles de l’espagnol :

antérieures postérieures

aperture 1 i u

aperture 2 e o

aperture 3

aperture 4 a

Bien qu'il soit difficile d'établir des correspondances, nous pourrions dire que l'espagnol qui apprend le français aurait à distinguer au moins douze sons, si nous remarquons que quelques réalisations de l'espagnol peuvent aussi être nasalisées, au lieu des cinq sons des habitudes phoniques espagnoles. L'espagnol monolingue aurait à distinguer un /a/ palatal ou antérieur (année), d'un / / vélaire (repas), qui ne s'adapte pas à ses habitudes phoniques et qu'il identifie difficilement. Quant au /e/ les difficultés sont encore plus grandes. Pour la pers-pective phonique espagnole le son doit se dédoubler en sept varié-tés: deux antérieures simples, / ε / ouvert (père) et /e./ fermé (blé) qui se distinguent par leur ouverture, et deux autres correspondantes, centrales, qui se trouvent à mi-chemin entre la zone palatale et la vélaire /oe/ ouvert (neuf) et /oe./ fermé (peu), c'est-à-dire qui se rap-prochent de l'articulation du /o/ dans ses deux degrés d'ouverture. Ajoutons à cela un / / neutre (petit), peu différencié en français cou-rant, et deux autres variétés nasalisées, l'une ouverte /ε/ (pin) et l'autre centrale /oe/ (parfum).

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- Le /o/ espagnol possède deux correspondances en français: ouvert /c/ (robe) et fermé /o/ (eau), plus une variété nasale /õ/ (honte). - Le /i/ (riz) et le /u/ (pour) français, sont, comme les sons espagnols, deux palatales et vélaires fermés, mais avec une voyelle complexe pour les habitudes phoniques espagnoles: le /y/ (vu), à cheval entre les deux, et labialisé. En résumé quant aux voyelles et pour ce qui concerne la langue orale, les seules correspondances faciles à établir seraient le /a/, le /i/ et le /u/; toutes les autres provoquent des hésitations chez l'hispa-nophone et représentent une simple correspondance chez le franco-parlant. En sens inverse, c'est-à-dire la prononciation espagnole pour un francophone, la difficulté est pratiquement inexistante. La relation phonème-lettre en espagnol est très simple. L'ortho-graphe espagnole reflète fidèlement les variétés phonématiques, avec une seule exception: la graphie "y". Les relations phonème-lettre en français sont indiscutablement beaucoup plus complexes. Dans l'apprentissage de l'espagnol, le francophone cultivé n'aura pas de grandes difficultés à refléter par écrit les sons oraux. Le cas con-traire pose des problèmes de plus grande envergure, provoqués par l'orthographe française, si complexe et embrouillée. En français les voyelles jouent un rôle beaucoup plus important pour la compréhension qu’en espagnol où les mots sont plus longs et plus différenciés. D’où en français : - un nombre de voyelles beaucoup plus grand et par conséquent des marges de variation assez réduites. - des écarts important entre les voyelles pour répondre à la nécessité de les distinguer très nettement. Cela oblige à articuler avec une grande précision. C’est la pre-mière règle de la phonétique française : grande tension articula-toire. L’espagnol, qui a moins de confusions à craindre, peut se permettre, au contraire, un certain relâchement articulatoire.

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2.1.2. Les consonnes La coïncidence en nombre et en articulation entre les consonnes oc-clusives françaises et espagnoles est totale. Leur définition et leurs réalisations sont exactement les mêmes dans la relation phonème / articulation. Les différences les plus notables se trouvent dans le domaine des fricatives, que nous pouvons comparer dans le tableau suivant:

labiode. sour. son

interde sour. son.

alvéolar sour. son

prépalat sour. son.

palatal. sour. son

vélaires sour. son

Espagnol f s j X

Français f v s z S Z

Les fricatives françaises sont formées de trois couples: labiodentales, alvéolaires et prépalatales. Il n'y a pas de couples fricatifs dans l'es-pagnol actuel, bien qu'il y en ait eu à l'époque médiévale. Actuellement, la labiodentale sourde /f/ (faire / fin) et l'alvéolaire /s/ (son / sabio), coïncident avec le français, alors que les sons interden-tal / / (cazar) et vélaire /X/ (pájaro) sont des sons bien espagnols, et le son labiodental /v/ (vin), l'alvéolaire sonore, /z/ (chose) et les deux palataux /Z/ (jour) et /S/ (chambre) sont propres au français. Le son de chambre est le même que le ch prononcé en Andalousie dans muchacho. Les phonèmes difficiles pour les étudiants français de l'espagnol sont l'interdental / /, qui représente un véritable problème pendant les années d'apprentissage, le vélaire /X/, surtout lorsqu'il se trouve dans des articulations proches du vibrant /r/, comme dans jarra, et en moindre mesure le palatal /j/ mayor, si proche des prépalataux. Les hispanophones distinguent mal, ou ne parviennent pas à distin-guer, la labiodentale /v/, à l'exception de quelques zones du domaine linguistique, et l'alvéolaire sonore /z/.

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Une troisième difficulté surgit dans le domaine des prépalatales, non seulement quant à leur articulation mais aussi pour leur distinction. En effet, l'absence de couples de consonnes sourdes/sonores en espagnol rend difficile la différenciation auditive. Le problème de l'hispanophone n'est pas qu'il puisse ou non prononcer ces quatre sons, mais qu'il lui est impossible de les distinguer à l'oreille. L'espagnol dispose aussi d'une consonne affriquée, représentée par la lettre ch, qui n'est que fricative dans une part du domaine linguis-tique. Les consonnes nasales coïncident: /m/ bilabiale, sonore; /n/ alvéo-laire, sonore; /η/ palatale, sonore, bien que cette dernière s’écrive en français gn. Les consonnes liquides françaises sont: /l/ alvéolaire sonore et /R/ vélaire sonore; les espagnoles sont: /l/ alvéolaire sonore; /l./ palatale sonore; /r/ vibrante simple, alvéolaire sonore; /r/ vibrante multiple, alvéolaire, sonore. La consonne alvéolaire sonore /l/ lieux - líquido coïncide. Il n'existe pas en français ni dans la plupart du domaine de l'espagnol, la con-sonne latérale palatale sonore /l/ (aquellos, llegaron). En Amérique hispanophone et dans le sud de l'Espagne elle est remplacée par la fricative / / /akéjos/ /jegáron/. Ce son n'offre pas de difficultés sé-rieuses car pour les espagnols eux-mêmes il offre une grande variété de réalisations. La vibrante simple de l'espagnol /r/ (aurora) est alvéolaire, et non vélaire comme la française qui de plus n'est pas vibrante: retard, pa-rier. A cela s'ajoute la vibrante multiple /r/ (rato, rodilla, perro), peut-être la plus grande difficulté pour les francophones qui apprennent l'espagnol à l'âge adulte, et le dernier échelon à vaincre, lorsqu'on y parvient. Les hispanophones, pour leur part, éprouvent aussi certaines difficul-tés à prononcer le /R/ vélaire.

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2.1.3. Les points d’éloignement Les phonèmes qui coïncident dans les deux langues sont: /a/, /i/, /u/, parmi les voyelles. Toutes les occlusives: /p/, /b/, /t/, /d/, /k/, /g/, /f/ et /s/ parmi les fricatives, bien que la palatale /j/ soit très proche. Toutes les nasales: /m/, /n/ et / /. Une liquide, l'alvéolaire /l/. C'est-à-dire un total de 16 phonèmes. A peu près la moitié de ceux utilisés en fran-çais, mais réellement peu pour pouvoir parler de coïncidences. Iden-tifier 50% des sons n'est pas un pourcentage suffisant pour se sentir proche de l'autre langue. L'usager de la langue française comme langue maternelle qui n'apprendrait pas l'espagnol durant son enfance, trouverait les difficultés propres aux sons qui n'existent pas dans sa langue et qui seraient les suivantes: 1. L'articulation de la fricative interdentale /θ/ pose certains pro-blèmes, fréquemment réduits par la présence du même phonème dans une langue aussi généralisée que l'anglais. 2. La vibrante simple /r/ et la vibrante multiple /r/, qui en réalité sont le même phénomène. Ces deux problèmes sont les plus importants, bien qu'il y en ait d'autres, faciles à résoudre, comme le palatal /l/ déjà conflictuel en espagnol et l'affriquée / /. Ce dernier possède une réalisation méridionale très proche de la française /S/, c'est-à-dire sans l'occlusion initiale, ce qui permet de résoudre plus facilement le problème. Le cas contraire, c'est-à-dire celui de l'adaptation des habitudes pho-niques d'un espagnol à la langue française, trouvera des difficultés, principalement dans la distinction des voyelles et dans la différencia-tion du / s / sourd et du / z / sonore, entre autres comme l’articulation du /R/ avec le dos de la langue.

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2.2. Système phonologique du catalan comparé avec le français On dit que le catalan est une langue à mi-chemin entre l’occitan ou provençal et l’espagnol. Il a aussi des affinités avec le français. Nous devons néanmoins tenir compte des variétés dialectales du catalan : le système vocalique et consonantique n’est pas le même dans tout le domaine linguistique. 2.2.1. Les voyelles Voici les voyelles du catalan :

Antérieure

Postérieure

Postérieure

aperture 1 a

aperture 2

aperture 3

aperture 4 i u

Le système vocalique du catalan est à mi-chemin entre le sys-tème espagnol et le français. Par rapport à l’espagnol il a comme spécificité la distinction entre l’arrondissement des voyelles. Autres caractéristiques du système vocalique catalan : - Le a et le e sont transformés en une voyelle neutre entre les deux. Cette voyelle est prononcée de la même façon dans des mots de signification différente comme pare (substantif) et para (du verbe pa-rar) - Le e et le o ont deux timbres, ouvert est fermé : / /, / /

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Le catalan connaît, comme le français, la semi-voyelle /w/ et /y/ dans les mots cauen et noia respectivement.

2.2.2. Les consonnes

bilabiales labiodentales dentales alvéolaires prépalatales palatales vélaires

- + - + - + - + - + - + - +

occlusives p b t d k g

fricatives f v s z

latérales l

vibrantes r / r

nasales m n

p : pal b : bo t : taula d : dia k : cop g : gat f : fil v : divendres (boligraf) s : sant z : casa : guix : rajar l : bola : colla r : cara : carro m : muntanya n : anem : canya

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- Dans le domaine des occlusives, le catalan et le français coïnci-dent. - Dans le domaine des fricatives les trois couples du catalan sont les mêmes que ceux du français. La langue qui s’éloigne dans ce cas est l’espagnol. Une bonne partie du domaine linguistique distingue entre la bilabiale b et la labiodentale v. - Par contre, dans le domaine des latérales et des vibrantes, le cata-lan et l’espagnol coïncident, et les différences s’établissent avec le français que n’a pas la configuration de ces quatre sons. - Les phonèmes nasales sont les mêmes dans les trois langues. Nous devons rappeler que la graphie ny correspond a ng en français et ñ en espagnol 2.3. Système phonologique du galicien comparé avec le français

Le domaine linguistique du galicien qui occupe la Comunidad

Autónoma de Galicia et une frange de Castille-León, fait partie d’un plus grande domaine, celui qui s’étend par le Portugal aux îles Açores et de l’autre côte de l ‘Atlantique au Brésil.

Les caractéristiques linguistiques qui éloignent le gali-cien de son propre domaine sont celles que la langue a reçu par l’influence de l’espagnol, parlé dans tout son territoire.

2.3.1. Les voyelles

Le galicien distingue les voyelles suivantes :

Antérieure

centrale Postérieure

aperture 1 a

aperture 2

aperture 3

aperture 4 i u

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- Il y a donc sept voyelles. Le e et le o ouverts et fermés se

font sentir spécialement dans les syllabes accentuées. Dans ce sens il s’approche du français, mais sans ses variétés vocaliques. Par ail-leurs, tout ce qui a été dit pour l’espagnol peut servir ici.

- La nasalité qui existe en portugais, et qui pourrait rapprocher le galicien du français, n’existe pas dans le galicien actuel. La langue ancienne nasalisait la voyelle antérieure à n quand le n était en posi-tion intervocalique.

- Le système est plus proche de celui du catalan que de celui du français 2.3.2. Les consonnes Voici les consonnes du galicien :

bilabiales labiodentales dentales alvéolaires prépalatales palatales vélaires

- + - + - + - + - + - + - +

occlusives p b t d k g

fricatives f S

affriquées

latérales l

vibrantes r / r

nasales m n n

Les consonnes du galicien sont proches de celles de

l’espagnol, avec quelques exceptions. Les points d’éloignement comme : - Le galicien ne connaît pas le /X/ (que l’espagnol représente

avec g ou j). - Dans le domaine des nasales, le n vélaire est propre au gali-

cien : elle n’existe ni en français ni en espagnol, mais elle ne se pro-duit qu’en position intervocalique.

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- Il connaît aussi la fricative palatale sourde S, en coïncidence avec le français et non avec l’espagnol.

- La consonne ch / / affriquée est comme l’espagnole, et non pas comme la portugaise que est fricative.

2.4. Système phonologique du basque comparé avec le français Les sons du basque sont très proches du modèle espagnol. Les deux langues ont vécu plus de dix siècles ensemble, sans compter les dix autres siècles d’histoire à côté du latin. 2.4.1. Les voyelles

Les voyelles du basque correspondent, dans les systèmes les plus généralisés des dialectes, à celles de l’espagnol. La simpli-fication des voyelles espagnoles par rapport aux voyelles du latin est due à l’influence du basque.

antérieures postérieures

aperture 1 i u

aperture 2 e o

aperture 3

aperture 4 a

- Le e n’est jamais muet et ne porte jamais d’accent : il se

prononce presque comme le è français. - Le u se prononce comme le français ou - Le son du français u n’existe pas, sauf en usage local du cô-

té nord du domaine linguistique.

2.4.2.

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Les consonnes Voici les consonnes du basque sans tenir compte des variétés dia-lectales :

bila-biales

labio-dentales

den-tales

dorso-alvéolaires

apico-alvéolaires

pré-palatales

palatales vélaires

- + - + - + - + - + - + - + - +

occlusives p b t d (tj dj) k g

fricatives f s j S

affriquées ts t.s tS

latérales l

vibrantes r /

nasales m n

Le système dispose de : - Deux séries des consonnes occlusives, une sourde /p, t, k/ et une autre sonore /b, d, g/. Quelques auteurs ajoutent deux palatales plo-sives : /tj, dj/ qui sont notées en orthographe comme tt, dd. - Les affriquées /ts, t.s, tS/ sont notées dans l’écriture tz, ts, tx. /ts/ est alvéolaire et /t.s/ apico-alvéolaire : atzo (ayer) / arso (viejo) . Parmi les fricatives, /f, z., s., S/ l’alvéolaire /z./ s’écrit z, et l’apico-alvéolaire /s./ s’écrit s. - Parmi les sons nasaux, /m, n/ et la palatale / / qui est la même qui est indiquée en français par gn, ou ny en catalan, et en espagnol ñ. - Il y a deux variétés de latérales, le l et le ll, qui correspondent à celles de l’espagnol du nord, mais la seconde n’existe pas en fran-çais. - Le r basque se fait avec la pointe de la langue contre le palais, et la langue a aussi la vibration multiple rr. Aucune des deux ne sont comparables aux sons du français.

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Aide mémoire 1. Système phonologique de la langue française : voyelles, se-mi-voyelles et consonnes. 1.1. Système d’écriture et alphabet phonétique : l’écriture du français transmet d’autres informations, grammaticales et lexi-cales 1.1.1. L’alphabet phonétique - À chaque son différent identifié dans une langue donnée corres-ponde un signe différent. - L’alphabet phonétique international est le plus utilisé. 1.1.2. L’alphabet phonétique international - Il est applicable a toutes les langues. - Il repose sur le principe d’utiliser un seul signe pour un son, et un seul son pour un signe. 1.1.3. Le français et les signes de L’Alphabet Phonétique Internatio-nal. voyelles - semi-voyelles - consonnes 1.2. Éléments de phonétique articulatoire - Décrit les sons en fonction des mouvements des organes de la pa-role que les produisent. 1.2.1.L’appareil phonatoire : poumons et la trachée, le larynx avec les cordes vocales, le pharynx, la cavité buccale et les cavités na-sales. 1.2.2.La production des sons : Les poumons fonctionnent comme une soufflerie et fournissent l’air nécessaire à la production de la plu-part des sons. a) La source d’énergie sonore : Le larynx et les cordes vocales. La pression de l’air qui vient des poumons écarte les cordes vocales, que se referment et s’ouvrent à nouveau. La vibration des cordes vocales est appelée sonorisation ou voisement. b) Les résonateurs supraglottiques : Le pharynx, la cavité buccale et les cavités nasales servent de résonateurs au ton laryngien. L’espace compris entre les dents et les lèvres peut constituer un ré-sonateur, le résonateur labial. 1.3. Les voyelles du français

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- Définies acoustiquement comme des sons musicaux. Elles tendent à s’ouvrir et les consonnes à se fermer. - La caractéristique majeure des voyelles est le libre passage de l'air. 1.3.1. Le lieu d’articulation : endroit où le passage de l’air est le plus étroit 1.3.2. L’aperture : distance entre la langue et la voûte du palais à l’endroit où le conduit buccal est le plus étroit. 1.2.3. La résonance labiale ou labialisation : les lèvres peuvent s’avancer ou s’arrondir 1.2.4. La résonance nasale : voyelles orales, (voile du palais contre la paroi pharyngale), et des voyelles nasales (oralo-nasales) pronon-cées avec le voile du palais abaissé. 1.4. Les semi-voyelles - Elles ne peuvent pas constituer un noyau de syllabe, mais leur arti-culation les rapproche des trois voyelles les plus fermées. 1.5. Les consonnes - Le passage de l’air venant des poumons est partiellement ou tota-lement obstrué. 1.5.1. Modes articulatoires des consonnes a) Le degré d’obstruction du conduit vocal : · Les occlusives : fermeture complète en un point variable du conduit vocal, · Les constrictives : resserrement, en un point variable, du conduit vocal. · Les sonnantes : phénomène de résonance plutôt que par le type d’obstacle articulatoire. b. Le voisement ou sonorité : On oppose les consonnes voisées ou sonores, articulées avec vibrations des cordes vocales, aux con-sonnes non voisées ou sourdes, c. Le résonateur nasal : Le voile du palais abaissé, associé par ail-leurs à la fermeture de la cavité buccale, est également un facteur de classement des consonnes. 1.5.2. Lieux d’articulation des consonnes a. Zones labiale et dentale bilabiales - labio-dentales - apico-dentales - apico-alvéolaire - pré-dorso-alvéolaires.

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b. Zone palatale : prédorso-prépalatales - Les médio-palatale - Les dorso-palatales. c. Zone vélaire : dorso-vélaires - postdorso-vélaires - dorso-uvulaires 1.5.3. Classement articulatoire des consonnes a. Les occlusives et les consonnes nasales b. Les constrictives et les sonnantes 2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante. 2.1. Système phonologique de l’espagnol comparé avec le fran-çais 2.1.1. Les voyelles - cinq - quinze donc quatre orales composées, qui sont centrales et labialisées. - Articuler avec une grande précision (règle de la phonétique fran-çaise : grande tension articulatoire). - L’espagnol, qui a moins de confusions à craindre, peut se per-mettre, au contraire, un certain relâchement articulatoire. 2.1.2. Les consonnes - La coïncidence entre les consonnes occlusives. - Fricatives françaises formées de trois couples: labiodentales, alvéo-laires et prépalatales. Pas de couples fricatifs dans l'espagnol actuel - Consonne affriquée, représentée par la lettre ch propre de l’espagnol. - Les nasales coïncident - Les consonnes liquides françaises sont: /l/ alvéolaire sonore et /R/ vélaire sonore; les espagnoles sont: /l/ alvéolaire sonore; /l./ palatale sonore; /r/ vibrante simple, alvéolaire sonore; /r/ vibrante multiple, alvéolaire, sonore. 2.2. Système phonologique du catalan comparé avec le français 2.2.1. Les voyelles Le système vocalique du catalan est à mi-chemin entre le système espagnol et le français. Par rapport à l’espagnol il a comme spécifici-té la distinction entre l’arrondissement des voyelles.

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2.2.2. Les consonnes - Dans le domaine des occlusives, le catalan et le français coïnci-dent. - Dans le domaine des fricatives les trois couples du catalan sont les mêmes que ceux du français. - Par contre, dans le domaine des latérales et des vibrantes, le cata-lan et l’espagnol coïncident, et les différences s’établissent avec le français que n’a pas la configuration de ces quatre sons. - Les phonèmes nasales sont les mêmes dans les trois langues. 2.3. Système phonologique du galicien comparé avec le français - Les caractéristiques linguistiques qui éloignent le galicien de son propre domaine sont celles que la langue a reçu par l’influence de l’espagnol, parlé dans tout son territoire. 2.3.1. Les voyelles - Sept voyelles. Le e et le o ouverts et fermés se font sentir spécia-lement dans les syllabes accentuées. Dans ce sens il s’approche du français, mais sans ses variétés vocaliques. - La nasalité qui existe en portugais, et qui pourrait rapprocher le ga-licien du français, n’existe pas dans le galicien actuel. 2.3.2. Les consonnes - Proches de celles de l’espagnol, avec quelques exceptions. 2.4. Système phonologique du basque comparé avec le français 2.4.1. Les voyelles correspondent à celles de l’espagnol. 2.4.2. Les consonnes - Deux séries des consonnes occlusives, une sourde /p, t, k/ et une autre sonore /b, d, g/. Quelques auteurs ajoutent deux palatales plo-sives : /tj, dj/ qui sont notées en orthographe comme tt, dd. - Les affriquées /ts, t.s, tS/ sont notées dans l’écriture tz, ts, tx. /ts/ est alvéolaire et /t.s/ apico-alvéolaire : atzo (ayer) / arso (viejo) . Parmi les fricatives, /f, z., s., S/ l’alvéolaire /z./ s’écrit z, et l’apico-alvéolaire /s./ s’écrit s. - Parmi les sons nasaux, /m, n/ et la palatale / / qui est la même qui est indiquée en français par gn, ou ny en catalan, et en espagnol ñ.

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- Il y a deux variétés de latérales, le l et le ll, qui correspondent à celles de l’espagnol du nord, mais la seconde n’existe pas en fran-çais. - Le r basque se fait avec la pointe de la langue contre le palais, et la langue a aussi la vibration multiple rr. Aucune des deux ne sont comparables aux sons du français. Bibliographie BADIA MARGARIT, ANTONIO, Gramática catalana, Madrid, Gredos,

1976. BÉCHADE HERVÉ-D., Phonétique et morphologie du français mo-

derne et contemporain, Paris, P.U.F., 1992. BOURCIEZ, Phonétique française: étude historique, Paris, Klincksiek, 1990. CARBALLO CALERO, Ricardo, Gramática elemental del gallego

común, Vigo, Galaxia, 1979. CARTON, FERNAND, Introduction à la phonétique du français, Pa-

ris, Bordas, 1979. DERIVERY, NICOLE, La phonètique du français, Paris, Seuil, 1997. DUCHET, JEAN LOUIS, La phonologie, Paris, PUB , coll. «Que sais-

je», 1994 FOUCHÉ, PIERRE, Études de phonétique générale, Paris, Les

Belles Lettres, 1927. FOUCHÉ, PIERRE, Traité de prononciation française, Paris,

Klincksieck, 1956. LANDERCY, RENARD, Éléments de phonétique, Didier, Paris, 1981. LÉON, PIERRE R., Phonétisme et prononciations du français, Paris,

Nathan U, 1992. LÉON, PIERRE, SCHOGT, HENRY ET BURSTYNSKY EDWARD,

La phonologie, Paris, Klincksieck, 1977. LEROND, ALAIN, Dictionnaire de la prononciation, Paris, Larousse,

1980. MALMBERG, BERTIL, La phonétique, Paris, P.U.F. « Que sais-

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ZINK, Phonétique historique du français, Paris, PUF, 1990.

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2 ACCENT, RYTHME, INTONATION Sommaire Introduction 1. Système phonologique de la langue française : accent, rythme et intonation

1.1. La prosodie 1.1.1. Les faits prosodiques 1.1.2. Caractéristiques physiques 1.1.3. Fonctions des faits prosodiques

1.2. L’accentuation 1.2.1. L’accentuation finale : spécificité du français 1.2.2. L’accent d’insistance à valeur didactique 1.2.3. L’accent d’insistance à valeur expressive 1.2.4. Tendances accentuelles du français contempo-

rain 1.3. Le rythme

1.3.1. Groupes de souffle et groupe rythmique 1.3.2. La perception du rythme

1.4. L’intonation 1.4.1. Les principes 1.4.2. Les paramètres de l’intonation

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1.4.3. Fonction modale de l’intonation 1.4.5. Fonction démarcative de l’intonation 1.4.6. Fonction subjective de l’intonation

2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante.

2.1. Système de l’espagnol comparé avec le français 2.2. Système du catalan comparé avec le français 2.3. Système du galicien comparé avec le français 2.4. Système du basque comparé avec le français

Introduction Les phonèmes ont été définis dans le thème précédent (nº 9) comme les unités minimales de la chaîne parlée, analysables en traits articu-latoires et acoustiques qui assurent une fonction distinctive dans la langue. Ils se combinent en unités de rang supérieur : la syllabe et le groupement de syllabes (mots phoniques, groupes rythmiques, groupe de souffle), appelés unités suprasegmentales dans la linguis-tique américaine et presodèmes dans les études européennes. Le terme prosodie désigne le domaine de la phonétique qui étu-die ces unités, leurs caractéristiques physiques et leurs fonc-tions linguistiques. On ne peut envisager le fonctionnement de la parole sans prosodie. Nous allons étudier dans ce thème les faits prosodiques qui mettent en évidence le mieux les caractéristiques phoniques d’une langue, c’est à dire l’accentuation, le rythme et l’intonation. Cela n’empêche pas que nous signalions d’autres faits caractéristiques des langues espagnoles.

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Nous commencerons par mettre en évidence la prosodie du français de façon précise et minutieuse, puis nous verrons le comportement de l’espagnol. Cette dernière langue a des caractéristiques propres qui l’éloignent du français. La prosodie du catalan se trouve, d’autre part, plus proche du français que de l’espagnol. Par des raisons évidentes, ce thème s’étend aussi, comme le précé-dent, au delà des limites habituelles de ces volumes. 1. Système phonologique de la langue française : accent, rythme et intonation 1.1. La prosodie 1.1.1. Les faits prosodiques Pour mettre en évidence les caractéristiques phoniques d’une langue, on étudie généralement les faits prosodiques suivants : * L’accentuation ou nature et place de l’accent, et mise en évi-dence des unités qui portent l’accent * Le rythme ou réparation des accents et des pauses et * L’intonation ou mélodie de la parole liée aux variations de hau-teur de la voix. 1.1.2. Caractéristiques physiques Les faits prosodiques sont caractérisés par des variations de hau-teur (fréquence de vibrations sonores), d’intensité (amplitude des vibrations ) et de durée qu’il n’est pas toujours facile d’attribuer à un

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fait d’accentuation ou d’intonation, ces phénomènes étant étroite-ment imbriqués. Aussi sont-ils plutôt classés d’après les fonctions mises en évidence, dans l’analyse phonologique, par Nicolas Troubetzkoy. 1.1.3. Fonctions des faits prosodiques · La fonction distinctive permet d’opposer un mot à un autre : l’anglais oppose import (accentué dans la première syllabe, qui signi-fie importation) à import (accentué dans la seconde syllabe qui signifie im-port). · La fonction significative est la fonction de l’intonation dans il pleut ? on se demande sur le fait (il peut pleuvoir ou non) dans il pleut on décrit le fait : (la pluie tombe); · La fonction démarcative (ou délimitative) permet la délimitation d’une unité linguistique. En français, l’accent final de groupe joue ce rôle ; les poses et l’intonation peuvent également assurer cette fonction. · La fonction culminative (ou contrastative ) assure la mise en relief d’un élément de la chaîne parlée. 1.2. L’accentuation L’accentuation est un phénomène prosodique de mise en relief d’une syllabe ou de plusieurs syllabes d’un mot ou d’un groupe de mots.

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Il correspond à une variation physique de durée, d’intensité et éventuellement de hauteur mélodique. Il est généralement représenté dans la transcription par une apos-trophe (‘) placée devant la syllabe accentuée. 1.2.1. L’accentuation finale : spécificité du français Dans le français standard, l’accent tombe sur la dernière syllabe prononcée d’un mot isolé ou d’un groupe de mots que l’on ap-pelle groupe accentuel ou groupe rythmique. Dans j’ai décidé de rester avec toi on découvre trois groupes rythmiques : j’ai décidé + de rester + avec toi car il y a trois accents qui tombent sur la fin de chacune des trois fréquences. Le français a souvent été décrit comme une langue caractérisée par une succession de syllabes de même longueur et une absence d’accent, ce qui traduit surtout l’impression auditive de ceux qui sont habitués aux rythmes des langues européennes à accent de mot (accent généralement d’intensité). L’une des particularités de l’accent français est l’allongement sys-tématique d’un élément perçu comme final de groupe, du fait de l’énergie articulatoire qui accompagne la prononciation des syllabes accentuées. Plutôt que d’accent tonique, il est plus juste de parler d’accent final ou d’accent rythmique. Cet accent assure essentiellement une fonction démarcative. Les limites des groupes accentuels ou groupes rythmiques ne sont pas

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fixes et restent déterminées par des critères syntaxiques et séman-tiques : ils correspondent donc généralement aux groupes de sens mais, selon le débit de paroles et le type de discours, des accents secondaires peuvent également apparaître. 1.2.2. L’accent d’insistance à valeur didactique On observe dans le français oral l’emploi particulièrement fréquent d’un accent initial de mot ou de syntagme que l’on qualifie de didactique ou d’intellectuel . Il faut le distinguer de l’accent de groupe rythmique et également de la variante expressive de l’accent d’insistance. Il frappe toujours la première syllabe du mot : Ne confondez pas les problèmes ´intérieurs et les problèmes ´extérieurs, ou nous devons ´voir les aspects ´positifs et ‘négatifs de ce pays. Cet accent est caractérisé par une variation de hauteur et souvent précédé d’un coup de glotte ou fermeture momentanée avec ouver-ture brusque de la glotte, notée [?] en transcription phonétique. Il n’est pas uniquement utilisé en opposition : en effet, dans certains genres de discours, des adjectifs et des adverbes comme gigan-tesque, fondamental, important, essentiel, vraiment, absolument sont presque toujours accentués à l’initiale : C’est un problème ´absolument ´fondamental. Cette mise en valeur accentuelle peut également s’exercer dans le cadre d’un groupe syntaxique : ´dans un premier temps, ´je vais étudier..., ‘ ensuite....

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L’accent initial joue ici le même rôle que l’accent de groupe ryth-mique ou un rôle redondant puisque ce dernier subsiste. On peut parler dans ce cas d’un renforcement de la fonction démarcative dans une énumération, une démonstration. 1.2.3. L’accent d’insistance à valeur expressive L’accent d’insistance expressif, émotionnel en emphatique ( noté ´´ ) se rencontre dans des séquences comme : c’est ‘’magnifique, une erreur im’’pardonnable, c’est une ‘’catastrophe, quel im’’bécile. Il est marqué par l’allongement de la tenue de consonne qui entraîne une variation de hauteur de la voyelle suivante. Quand le mot commence par une voyelle, elle peut être précédée d’un coup de glotte : Elle est ?extraordinaire . 1.2.4. Tendances accentuelles du français contemporain L’accent d’insistance devenant de plus en plus mobile, l’accentuation rythmique semble progressivement remplacée par une accentuation lexicale puisque n’importe quel mot peut être accentué. Même les mots normalement inaccentués peuvent le devenir :

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´je sais. 1.3. Le rythme 1.3.1. Groupes de souffle et groupe rythmique Les groupes de souffle sont des groupes terminés par une pause audible. Ils sont de longueurs variables. Il existe différents types de pauses : - les pauses respiratoires, liées au processus de la phonation, - les pauses d’hésitation, liées au rythme de la personne qui parle, - et surtout les pauses grammaticales, qui marquent la fin d’un groupe et sont liées à l’accent. Elles contribuent à la délimitation des unités accentuelles. On les appelle généralement pauses externes pour les opposer aux pauses internes à un groupe, qui peuvent servir à lever une ambiguïté : son livre est ouvert et son livre est tout (pause) vert Le groupe rythmique est un syntagme déterminé par un accent final démarcatif et il n’est pas obligatoirement terminé par une pause. La segmentation d’un énoncé en groupe rythmique est déterminée par l’organisation syntaxique de la phrase : Chaque jour à la même heure, il promène son chien dans le parc

peut comporter selon les locuteurs deux, trois ou quatre groupes rythmiques.

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1.3.2. La perception du rythme Le rythme est marqué par la perception du retour de la mise en relief accentuelle. On parlera de rythme régulier s’il y a une accen-tuation périodique. Dans la parole ordinaire, on considère généralement que les groupes rythmiques les plus fréquents comportent trois ou quatre syllabes, deux ou trois syllabes inaccentuées suivies d’une syllabe longue ac-centuée. Paul est ins´crit / à l’universi´té / il de´vra / beaucoup cou´rir / et tra-va´iller /. Ce schéma oxytonique (accentuation sur la dernière syllabe pronon-cée) concerne surtout la conversation spontanée. Les accents d’insistance dialectique ou expressive à l’initiale des groupes modi-fient le rythme, qui reste un élément prosodique très difficile à définir. 1.4. L’intonation Les variations de la hauteur musicale de la voix pendant l’énoncé, dues aux changements de fréquence des vibrations des cordes vocales (donc de la fréquence fondamentale), dessinent une courbe mélodique perçue à l’audition. Cette courbe présente de très nombreuses variations. On sait par exemple que les émotions, la fatigue modifient la courbe mélodique, mais également que certains schémas mélodiques ont une fonction distinctive, comme l’intonation interrogative en français. On définit donc la mélodie et l’intonation, qui comme l’accent est une catégorie linguistique.

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1.4.1. Les principes L’intonation a d’abord été considérée par les phonéticiens comme une mélodie de la phrase, en quelque sorte ligne continue parallèle à celle de la parole, qui caractérisait chaque langue (ainsi la phrase française assertive serait spécifiée par une intonation mon-tante puis descendante), qui assurerait une fonction significative (in-terrogation, ordre, exclamation...) et rendrait compte des émotions et des états d’âme (peur, doute, irritation...). Elle a été ensuite considérée par les linguistes structuralistes comme un fait marginal. Ainsi, sans lui dénier toute valeur linguistique - puisque la modalité interrogative notamment peut exister indépen-damment de toute marque syntaxique -, André Martinet considère que l’intonation assure plutôt des fonctions expressives que significatives. Il ne lui reconnaît pas un statut analogue à celui d’autres unités linguistiques, discontinues comme les phonèmes. Cette notion de continuité intonative est à l’origine de celle de supra-segmentalité, qui sert à préciser les faits prosodiques lorsqu’ils sont considérés comme surimposés à la succession des voyelles et des consonnes. Les travaux menés dans les dernières décades dans le domaine de l’acoustique et de la perception permettent de considérer l’intonation non comme un phénomène continu mais comme constitué d’unités discrètes, commutables en un même point de la chaîne parlée, qui s’organisent pour former des contours intonatifs dans le cadre de la phrase et de ses constituants. Les unités intonatives ou into-nèmes, définies par un ensemble de traits acoustiques, doivent donc comme les phonèmes et leurs combinaisons être mis en évidence dans la description phonétique d’une langue. 1.4.2. Les paramètres de l’intonation

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Les traits acoustiques qui caractérisent l’intonation sont : * la hauteur (dont les variations détermineront la direction de la courbe intonative – montante ou descendante), * la durée et l’intensité sonore associées à la hauteur, * la forme et la direction de la courbe intonative (qui peut être convexe ou concave), * les pauses et le niveau tonal. On distingue généralement cinq niveaux (ou registres) : - Le niveau 2 ou registre médium est celui qui correspond à la fré-quence moyenne des syllabes atones (il est très proche du Euh ! d’hésitation que l’on entend dans la conversation courante) ; - Le niveau 1 ou registre grave est atteint par exemple à la fin d’un énoncé déclaratif ; - Le niveau 3 ou registre infra-aigu est atteint dans la continuation mineure, (inachèvement) ; - Le niveau 4 ou registre aigu est atteint au terme d’une question ; - Le niveau 5 ou registre suraigu et le niveau 0 ou infra-grave sont surtout utilisés dans la fonction expressive. On utilise généralement une portée sur laquelle on représente une courbe ou les syllabes pour donner une illustration graphique des variations tonales de l’intonation :

5 suraigu

4 aigu

3 infra-aigu tez

2 médium vous sor avec

1 grave lui

0 infra-grave

On peut également utiliser des flèches suscrites

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vous sortez avec lui Ou des flèches intercalées vous sortez avec lui La notation souscrite des niveaux permet comme avec la portée de représenter les variations de niveaux : vous sortez avec lui 2 2 3 2 2 En simplifiant la description du système intonatif français et en utili-sant les classifications de Pierre Delattre et de Pierre Léon, on peut distinguer une fonction modale de l’intonation, une fonction démarcative qui structure l’énoncé et une fonction expressive ou subjective qui peut se superposer aux autres. 1.4.3. Fonction modale de l’intonation L’assertion, le commandement, la question (interrogation totale) et l’interrogation partielle pourront dans certains cas être marqués par les différences de courbe intonative et de niveau que l’on peut représenter schématiquement. La ponctuation note même imparfai-tement par des signes différents (., ! et ?) ces variations modales. a) L’assertion _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________

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1_________________________________ La phrase assertive simple, sans pause, à un seul groupe rythmique comme il est sorti, est caractérisée par une courbe arrondie descen-dante qui utilise les niveaux 2 et 1. b) Le commandement. _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ Une phrase impérative telle que vous sortez ! est caractérisées par une courbe descendante rectiligne qui utilise les niveaux de 4 (ou 3) à 1. L’intonation a dans ce cas une valeur significative puisqu’elle marque à elle seule le commandement. c) La question (qui suppose une réponse oui ou non). Une phrase interrogative totale comme vous sortez ? est caractéri-sée par une courbe ascendante qui utilise les niveaux 2-3-4 ou 3-4. _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ Des études très précises de l’interrogation totale ont montré que la courbe ascendante n’est pas essentielle dans la perception in-terrogative – elle définit également les énoncés inachevés -, mais que la phrase interrogative qui n’est marquée ni par l’inversion ni par le morphème interrogatif est-ce que se caractérise toujours par un

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niveau total nettement localisé sur la syllabe tonique finale et qui at-teint dans tous les cas le registre aigu. d) L’interrogation partielle

(1) (2) _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ L’interrogation partielle - qui est là ? (1), par exemple – se marque par un ton haut sur le morphème interrogatif suivi d’une courbe des-cendante. Le schéma intonatif sera différent en l’absence d’inversion du sujet – tu viens quand ? (2). 1.4.5. Fonction démarcative de l’intonation La phrase assertive se caractérise par sa descente finale et par une montée initiale lorsqu’elle comprend plusieurs groupes ryth-miques : il demande / qui parlera. L’intonation peut ainsi ôter toute ambiguïté aux énoncés : je veux bien / travailler ------ je veux / bien travailler ; la belle / porte le voile -------- la belle porte / le voile ; c’est bien / ce que tu dis ------ c’est / bien ce que tu dis. a) Intonation de continuation et de finalité.

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L’intonation permet de distinguer, par les variations de hauteur des groupes rythmiques, la continuation qui indique l’inachèvement d’un énoncé et la finalité qui en indique l’achèvement. Ainsi, Si Marie / nous invitait / on irait (1) (2) (3) _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ La distinction de Pierre Delattre entre continuation mineure (Si Marie, montée 1-2) et continuation majeure (nous invitait, montée 2-3) comme caractéristique constante du français est discutée. Elle existe surtout dans une prononciation soignée. b) Intonation de parenthèse. L’intonation de parenthèse est une intonation plate qui est basse (parenthèse basse) après les intonations descendantes, et haute (parenthèse haute ou écho) après les intonations ascen-dantes. Elle est utilisée dans les incises ou dans une mise en apostrophe. Elle signale une rupture de l’énoncé : ainsi, dans les phrases Qui attends-tu, Charlotte ? (1) As-tu compris, Charlotte ? (2) _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________

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1.4.6. Fonctions subjectives de l’intonation Les fonctions subjectives de l’intonation les plus importantes sont: la fonction émotive et la fonction identificatrice. a) Fonction émotive Les travaux sur l’intonation, notamment ceux d’Ivan Fonagy dans La Vive Voix (1983), prennent de plus en plus en compte le fonction ex-pressive de l’intonation. Elle regroupe les faits émotionnels qui peuvent faire l’objet d’un choix du locuteur ou qui sont involon-taires mais décodés par l’auditeur. La variation mélodique traduisant une attitude ou une émotion s’étend sur l’ensemble des éléments de l’énoncé, contrairement aux fonctions précédentes. On a pu cependant classer les émotions en différents types caracté-risés acoustiquement : * Un type marqué par une intensité maximale et peu de variations de hauteur de la fréquence fondamentale (amusement, affection, grati-tude...) ; * Un type marqué par une intensité maximale et de grandes varia-tions de hauteur (colère, irritation, peur....) * Un type marqué par l’absence d’intensité et de variations de hau-teur (ennui, honte, chagrin...) b) Fonction identificatrice

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L’intonation peut également donner des informations sur l’origine régionale et sociale du locuteur. Comme la réalisation particulière des phénomènes et leur distribu-tion, l’intonation révèle l’origine géographique des locuteurs. On parle alors d’accents régionaux. L’intonation peut enfin marquer l’identité sociale du locuteur. 1.5. Les modes phonétiques du français. On entend par modes phonétiques l’ensemble des habitudes arti-culatoires qui caractérisent une langue donnée par rapport aux autres langues à un moment précis de son histoire. Les particularités de la prononciation française standard se ramènent à trois modes : le mode antérieur, le mode croissant et le mode ten-du. 1.5.1. Le mode antérieur Parler sur le mode antérieur signifie que les lieux d’articulation ain-si que les centres de cavités de résonance se portent de préfé-rence vers l’avant. L’antériorité en français est marquée à la foi par la position de la langue, qui est maintenue pointe en bas dans une position convexe vis-à-vis du palais dur et du voile, et par l’arrondissement des lèvres. En français neuf voyelles sur quinze sont antérieures. De plus, il existe une série antérieure arrondie qui n’existe pas dans d’autres langues romanes. Sur dix-sept consonnes, treize consonnes et deux semi-consonnes sont antérieures. De plus, toutes les consonnes pour lesquelles la pointe de la langue entre en jeu sont plus antérieures en français qu’en anglais par exemple.

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Dans l’émission de /t/, /d/, /l/, la pointe de la langue se dirige vers les incisives supérieures alors qu’en anglais elle est plutôt dirigée vers le palais. Par ailleurs, l’arrondissement des lèvres entre en jeu même dans l’articulation des consonnes. Comme les voyelles françaises sont majoritairement arrondies et que le français est ca-ractérisé par la tendance à anticiper la position de la voyelle en arti-culant la consonne précédente, toute consonne qui est suivie d’une voyelle arrondie s’articule avec les lèvres arrondies. 1.5.2. Le mode croissant Parler sur le mode croissant signifie que les voyelles et les con-sonnes se réalisent avec une énergie physiologique qui com-mence avec une attaque douce et s’accroît progressivement. Les syllabes tendent à se terminer sur le noyau vocalique. La transi-tion de consonne à voyelle est nette, sans diffusion entre les sons. Ce mode croissant entraîne les conséquences suivantes : a) Toutes les consonnes intervocaliques se rattachent à la voyelle qui les suit, même si cette voyelle appartient à un autre mot. La syllabation est de type majoritairement ouvert en français. b) Par anticipation vocalique, les consonnes sont mises d’avance dans la position de la voyelle qui les suit, ce qui explique la labia-lisation dans l’articulation de certaines consonnes et l’articulation très sonore de /b/ et /d/ par exemple, puisqu’en français les cordes vo-cales vibrent avant l’explosion. c) Les assimilations de consonnes sont plus souvent anticipa-trices que progressives. d) On peut également attribuer au mode croissant le phénomène connu sous le nom de détente de consonnes finales. En Français, la

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consonne finale se prononce comme si elle commençait une nouvelle syllabe. La bouche s’ouvre légèrement et un embryon de voyelle se fait entendre. Ce qui justifie également l’absence d’assourdissement des consonnes finales. e) Enfin, ce mode phonétique explique pourquoi le français sépare si nettement le son oral du son nasal. Les voyelles orales suivies de consonnes nasales ne sont pas nasalisées. 1.5.3. Le mode tendu Parler sur un mode tendu signifie qu’il se produit, pendant la pho-nation, une grande dépense d’énergie, pour tendre les muscles de la langue et des lèvres notamment. Les sons sont articulés énergi-quement, sans renforcement des uns aux dépens des autres. Ce mode d’articulation entraîne les conséquences suivantes : a) Le français n’a ni diphtongue ni voyelle diphtonguée : le timbre des voyelles change peu pendant l’émission. b) La nasalisation est forte ; il n’y a pas d’appendice nasal conso-nantique derrière les voyelles nasales. c) Il n’y a pas de semi-occlusives en français, excepté dans les mots d’emprunt comme tzar, pizza, djebel... d) Le français est marqué par une grande égalité rythmique ; la phrase semble composée d’une succession de syllabes presque égales, qui se combinent en groupes accentuels. L’accent n’est pas un accent d’intensité mais plutôt un accent de durée. Cela est vrai surtout dans la lecture littéraire ou la conversation soignée, non mar-quée. En français spontané, d’autres tendances apparaissent.

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1.5.4. Variations historiques des modes. L’histoire de la prononciation du français montre qu’il n’a pas toujours été caractérisé par ces modes phonétiques. De lents changements de modes, dont les causes restent conjecturales, ont fait passer le français d’une relative stabilité des modes relâché et décroissant (du IX ème au XII ème siècle) à la progression des modes croissant et tendu. Les diphtongues, les mi-occlusives et les nombreuses con-sonnes implosives ou finales ont été peu à peu éliminées. 2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante. Les moyens dont dispose la langue pour délimiter les mots pho-niques sont très différents en espagnol et dans les autres langues parlées en Espagne, et en français. Dans les langues parlées en Espagne ce rôle revient presque exclu-sivement à l’accent d’intensité. 2.1. Système de l’espagnol comparé avec le français L’accent des mots espagnols est un accent d’intensité. Il peut tomber dans n’importe quelle syllabe d’un mot. Du fait de l’accent dans une syllabe, celle-ci présente les propriétés suivantes : - Une plus grande énergie articulatoire. - Une plus grande tension des cordes vocales et plus grande ouver-ture. - Une plus grande sonorité, donc une plus grande perceptibilité.

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Les positions de l’accent dans un mot à la différence du français sont : - Dans la dernière syllabe ou oxyton : mamá, papel, cortar… - Dans l’avant dernière syllabe ou paroxyton : hermano, resultado, árbol - Dans la syllabe précédente à l’avant dernière proparoxyton: cé-lebre, régimen, bolígrafo. - Dans uns syllabe plus en avant que les précédentes : cómetelo, recogiéndoselo… Bien que l’espagnol soit relativement pauvre en sons vocaliques par rapport au français, ceux-ci sont compensés par la mobilité et ex-pressivité de l’accent. La rigueur de l’accent du français s’oppose à la mobilité de l’accent de l’espagnol. Chaque langue a sa propre musique de la même façon que chaque langue a son propre rythme. Celui de l’espagnol est marqué par les syllabes. Dans l’intonation de l’espagnol il faut distinguer entre : - Les variations des tons qui existent à l’intérieur de la phrase, peut êtres dus aux usages régionaux, individuels ou occasionnels, et - Les variations des tons qui apparaissent à la fin de la phrase. On dit souvent qu’il est presque plus important de bien apprendre l’intonation de la phrase que la prononciation de chacun des sons quand on a une bonne intonation. Une mauvaise intonation change presque entièrement la prononciation. Nous distinguons en espagnol trois mouvements de tons : descen-dant, horizontal et ascendant. a) Pour le ton descendant deux possibilités : la cadence et la semi-cadence.

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La cadence correspond aux phrases affirmatives, et parfois aussi aux interrogatives : Estos niños saben mucho _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ Dans la semi-cadence le ton descend moins Es lo que llamamos moderno _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ b) Dans le ton horizontal, la fin de la phrase a le même niveau que le corps de celle-ci. Il employé dans des phases à sens incomplet : El enemigo, casi derrotado, corría delante de nuestras tropas. _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ c) Au ton ascendant correspondent des expressions comme celles des phrases interrogatives, et aussi dans la subordination, entre la phrase principale en la subordonnée.

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A mal tiempo / buena cara _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ A buen hambre, no hay pan duro _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ d) Un exemple de phrase énonciative qui exprime un fait, un juge-ment ou une affirmation est : _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ Cuando arrancábamos / llegó María e) Un exemple de phrase interrogative est : _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ ¿Quieres bailar conmigo?

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ou bien _________________________________ 4_________________________________ 3_________________________________ 2_________________________________ 1_________________________________ ¿Para qué sirve esto? 2.2. Système du catalan comparé avec le français L’accent du catalan est normalement placé à l’avant-dernière syllabe si le mot finit en voyelle. Néanmoins, l’accent d’intensité du catalan se sert de tildes pour signaler l’emplacement dans les syl-labes des mots. Ces tildes ont deux représentations : l’une est aiguë (´) et l’autre grave (`). Quand, selon les règles graphiques d’accentuation d’un mot, celui-ci tombe sur une voyelle ouverte, c’est la tilde aiguë qui correspond. La prononciation ouverte des voyelles o et e en catalan est bien plus fréquente que la fermée. De plus, les voyelles a et e quand elles ne sont pas accentuées deviennent neutres (entre o et e). Ce son voca-lique est représenté par une de ces deux lettres et constitue le son le plus abondant en catalan qui est celui qu’ont tous les a et les e des syllabes faibles. Les deux premiers a du mot catalan le contiennent, et le second a de passa (il rentre), et le e de pare (père). L’autre ca-ractéristique qui définit le son vocalique est celle qui consiste à fer-mer le o en u. En ce qui concerne le rythme et l’intonation, le catalan a développé des formules propres qui s’éloignent de celles du français, ainsi que

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de l’espagnol. Elles sont fondées sur une articulation plus ouverte et variée que le castillan, parfois plus riche que le français. Le catalan est marqué par une relative inflexion qui s’approche du français dans la richesse musical de la phrase. Celle-ci semble com-posée d’une succession de syllabes qui admettent de tons très va-riés. En général l’articulation semble être plus variée et musicale à l’oreille que le castillan. L’intonation a une tendance à atteindre une tonalité haute à la fin des phrases.

2.3. Système du galicien comparé avec le français

L’accent d’intensité du galicien peut être oxyton, paroxy-

ton, proparoxyton, comme en espagnol, à la différence de l’uniformité oxytone du français (voir commentaires précédents).

Dans le domaine de l’intonation, le galicien est plus large que

l’espagnol. Les extrêmes intonatives sont plus larges et plus proches du français.

Par rapport à l’utilisateur de l’espagnol, celui du galicien

chante, module plus les intonations. Cette marque du galicien se laisse sentir de façon plus particulière dans les phrases non énoncia-tives. Dans celles-ci les intervalles des variations intonatives s’intensifient en modulant la voix. L’accent initial et les cadences sont spécialement significatifs.

En général les phrases exclamatives et interrogatives signa-

lent de façon plus précise le mouvement des tons du galicien par rapport à l’espagnol usuel.

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2.4. Système du basque comparé avec le français

On entend souvent dire que le basque est une langue sans

accent, sauf en dialecte souletin. C’est un peu vrai et ce n’est pas très loin de la réalité. Dans les dialectes centrales en occidentaux les différences d’intensité, de hauteur et de quantité dues à l’accent sont difficiles à capter, et leur fonction dans l’économie de la langue et réduite.

On a suggéré que dans un moment du passé de la langue, l’accent et l’aspiration retombaient sur la seconde syllabe du mot. Aujourd’hui leur emplacement est varié, et peut l’être encore plus selon la formation agglutinante de la phrase.

En contraste avec l’usage habituel, l’accent peut mettre en va-leur expressive ou significative un mot : entre útzi et utzí, (laisse) il y a une différence qui va de la demande au mandat.

Mais si l’accent d’intensité n’a pas été noté dans les textes basques traditionnels, cela est dû à la difficulté de percevoir et de définir les petites différences d’intensité. Si les poètes n’ont pas tenu compte de l’accent, cela veut dire que la coïncidence de temps musi-calement forts avec des syllabes non accentuées ou le contraire n’était pas choquant à l’oreille.

Mais la caractéristique du basque est l’usage de l’accent, le rythme et l’intonation selon les démarcations dialectales. On ne peut pas parler d’un accent basque en général, ni d’un accent occidental du basque, mais de certaines tendances propres du parler local.

Aide Mémoire 1. Système phonologique de la langue française : accent, rythme et intonation 1.1. La prosodie

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1.1.1. Les faits prosodiques * L’accentuation ou nature et place de l’accent, et mise en évidence des unités qui portent l’accent * Le rythme ou réparation des accents et des pauses et * L’intonation ou mélodie de la parole liée aux variations de hauteur de la voix. 1.1.2. Caractéristiques physiques : Variations de hauteur, d’intensité et de durée. 1.1.3. Fonctions des faits prosodiques : distinctive – significative –démarcative - culminative. 1.2. L’accentuation - Mise en relief d’une syllabe ou de plusieurs syllabes d’un mot ou d’un groupe de mots. - Il correspond à une variation physique de durée, d’intensité et éven-tuellement de hauteur mélodique. 1.2.1. L’accentuation finale : spécificité du français - L’accent tombe sur la dernière syllabe prononcée d’un mot isolé ou d’un groupe de mots. - Allongement systématique d’un élément perçu comme final de groupe. - Plutôt que d’accent tonique, il est plus juste de parler d’accent final ou d’accent rythmique. 1.2.2. L’accent d’insistance à valeur didactique - Emploi particulièrement fréquent d’un accent initial de mot ou de syntagme que l’on qualifie de didactique ou d’intellectuel . 1.2.3. L’accent d’insistance à valeur expressive - Il est marqué par l’allongement de la tenue de consonne qui en-traîne une variation de hauteur de la voyelle suivante. 1.2.4. Tendances accentuelles du français contemporain - L’accentuation rythmique semble progressivement remplacée par une accentuation lexicale. 1.3. Le rythme 1.3.1. Groupes de souffle et groupe rythmique Les groupes de souffle sont des groupes terminés par une pause audible. - les pauses respiratoires - les pauses d’hésitation - les pauses grammaticales.

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- Le groupe rythmique est un syntagme déterminé par un accent final démarcatif. 1.3.2. La perception du rythme Le rythme est marqué par la perception du retour de la mise en relief accentuelle. 1.4. L’intonation - Variations de la hauteur musicale de la voix pendant l’énoncé, dues aux changements de fréquence des vibrations des cordes vocales. 1.4.1. Les principes - L’intonation a d’abord été considérée par les phonéticiens comme une mélodie de la phrase. - Elle a été ensuite considérée par les linguistes structuralistes comme un fait marginal. 1.4.2. Les paramètres de l’intonation Les traits acoustiques qui caractérisent l’intonation sont : * la hauteur * la durée et l’intensité sonore associées à la hauteur, * la forme et la direction de la courbe intonative * les pauses et le niveau tonal. - On distingue généralement cinq niveaux (ou registres) : - On peut distinguer une fonction modale de l’intonation, une fonction démarcative qui structure l’énoncé et une fonction expressive ou sub-jective qui peut se superposer aux autres. 1.4.3. Fonction modale de l’intonation - L’assertion, le commandement, la question et l’interrogation par-tielle. 1.4.5. Fonction démarcative de l’intonation : La phrase assertive : descente finale et montée initiale a) Intonation de continuation et de finalité : L’intonation permet de distinguer la continuation qui indique l’inachèvement d’un énoncé et la finalité qui en indique l’achèvement. b) Intonation de parenthèse : intonation plate qui est basse et haute. 1.4.6. Fonctions subjectives de l’intonation a) Fonction émotive. regroupe les faits émotionnels qui peuvent faire l’objet d’un choix du locuteur. b) Fonction identificatrice :l’intonation peut également donner des informations sur l’origine régionale et sociale du locuteur.

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1.5. Les modes phonétiques du français : habitudes articulatoires 1.5.1. Le mode antérieur : Les lieux d’articulation ainsi que les centres de cavités de résonance se portent de préférence vers l’avant. Neuf voyelles sur quinze sont antérieures. Sur dix-sept con-sonnes, treize consonnes et deux semi-consonnes sont antérieures. 1.5.2. Le mode croissant : les voyelles et les consonnes se réalisent avec une énergie physiologique qui commence avec une attaque douce et s’accroît progressivement. a) Toutes les consonnes intervocaliques se rattachent à la voyelle qui les suit. b) Par anticipation vocalique, les consonnes sont mises d’avance dans la position de la voyelle qui les suit. c) Les assimilations de consonnes sont plus souvent anticipatrices que progressives. d) La consonne finale se prononce comme si elle commençait une nouvelle syllabe. e) Les voyelles orales suivies de consonnes nasales ne sont pas nasalisées. 1.5.3. Le mode tendu : se produit, pendant la phonation, une grande dépense d’énergie. a) Le français n’a ni diphtongue ni voyelle diphtonguée. b) La nasalisation est forte. c) Il n’y a pas de semi-occlusives. d) Le français est marqué par une grande égalité rythmique. 1.5.4. Variations historiques des modes. L’histoire de la prononciation du français montre qu’il n’a pas toujours été caractérisé par ces modes phonétiques. 2. Comparaison avec le système phonologique de la langue ou langues officielles de la Communauté Autonome correspon-dante. 2.1. Système de l’espagnol comparé avec le français - L’accent des mots espagnols est un accent d’intensité.

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- La rigueur de l’accent du français s’oppose à la mobilité de l’accent de l’espagnol. - Chaque langue a sa propre musique de la même façon que chaque langue a son propre rythme. Celui de l’espagnol est marqué par les syllabes. - Nous distinguons en espagnol trois mouvements de tons : descen-dant, horizontal et ascendant. 2.2. Système du catalan comparé avec le français - L’accent du catalan est normalement placé à l’avant-dernière syl-labe si le mot finit en voyelle. - En ce qui concerne le rythme et l’intonation, le catalan a développé des formules propres. - L’intonation a une tendance à atteindre une tonalité haute à la fin des phrases. 2.3. Système du galicien comparé avec le français - L’accent d’intensité du galicien peut être oxyton, paroxyton, propa-roxyton. Dans le domaine de l’intonation, le galicien est plus large que l’espagnol. 2.4. Système du basque comparé avec le français - La caractéristique du basque est l’usage de l’accent, le rythme et l’intonation selon les démarcations dialectales. On ne peut pas parler d’un accent basque en général, ni d’un accent occidental du basque, mais de certaines tendances propres du parler local.

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3 LE GRAPHISME

Sommaire Introduction 1. Phonétique et orthographe

1.1. Les voyelles orales 1.2. Les voyelles nasales 1.3. Les groupes de voyelles 1.4. Les consonnes

2. L’orthographe des voyelles 2.1. La voyelle a. 2.2. La voyelle e. 2.3. La voyelle i. 2.4. La voyelle o. 2.5. La voyelle u. 2.6. La voyelle y

3. L’orthographe des consonnes 3.1. La lettre b. 3.2. La lettre c. 3.3. La lettre d. 3.4. La lettre f. 3.5. La lettre g. 3.6. La lettre h 3.7. La lettre j [. 3.8. La lettre k. 3.9. La lettre l. 3.10. La lettre m. 3.11. La lettre n. 3.12. La lettre p.

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3.13. La lettre q. 3.14. La lettre r. 3.15. La lettre s 3.16. La lettre t 3.17. La lettre v. 3.18. La lettre w. 3.19. La lettre x . 3.20. La lettre z

4. Séparation des syllabes 5. Signes diacritiques: accents, tréma, et apostrophe. 5.1. Les accents:

5.2. Diérèse ou tréma 5.3. Apostrophe

Introduction L’orthographe occupe une place très importante dans l’apprentissage du français. Il est certain, tout le monde le sait, que l’orthographe a actuellement très peu de logique et beaucoup de tragique pour les étudiants qui doivent constamment, même les français, écouter des remarques sur leurs erreurs. Il y a de moins en moins de personnes qui connaissent les langues classiques, mais il y a de plus en plus de français qui ne connaissent pas leur propre langue avec la précision qu’exigent les règles d’orthographe. L’orthographe française porte la charge d’une double hérédité: le passé latin, respect qui s’est converti en fétichisme avec la Renais-sance et l’Humanisme, et son propre passé perpétué dans des formes aujourd’hui inutiles. Le français partage avec l’anglais le privi-lège d’avoir l’une des écritures les plus exigeantes du monde. Les sans raisons de l’orthographe française sont sans limites et dans la plupart des cas sans excuses. Contrairement au principe élémentaire un seul signe pour chaque son, un seul son pour chaque signe, nous voyons couramment en français un signe unique susceptible de plu-sieurs prononciations. Nous allons parcourir dans ce thème, de façon bien ordonnée, tout un ensemble de situations qui vont nous servir plus pour la réflexion

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que pour une base logique de ce domaine si oublié des langues qui est leur orthographe. Tout au long des siècles, des recherches ont été effectuées sur les moyens permettant aux langues de se perpétuer. Dans un passé lointain il y avait des tablettes d’argile qui se sont souvent mieux con-servées qu’on ne l’attendait et qui nous ont laissé des textes en écri-ture cunéiforme, certainement avec des fautes d’orthographe très difficiles à corriger actuellement. Le support s’est transformé en pierre puis en papyrus, et plus tard en papier, et seulement le XXé siècle a connu, pour la première fois dans l’humanité, un support ex-ceptionnelle: l’enregistrement magnétique ou informatique. Un sup-port comme celui–ci ne sera jamais critiqué par les puristes de l’orthographe car il correspond de manière bien précise à l’usage naturel de la langue. Il faut bien indiquer par là que l’orthographe n’est pas un moyen naturel, mais artificiel et propre aux désirs des hommes d’unifier les critères avec lesquels une langue se transmet à l’écriture. Cela dit, il est bien connu que l’orthographe du français est l’une des plus difficiles et ardues à maîtriser parmi toutes les langues du monde. La plus grande difficulté du français pour l’étudiant espagnol est, sans doute, l’orthographe. L’écriture qui sert avec une si grande force à fixer les mots devient en français une difficulté pour l’apprentissage du vocabulaire. Il faut donc prendre grand soin de faire un usage juste et efficace des règles, parfois irrationnelles, et bien signaler les différences entre la prononciation et l’écriture.

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1. Phonétique et orthographe D’après les symboles suggérés par l’Association de Phonétique In-ternationale, voici la transcription des sons du français: 1.1. Les voyelles orales

voyelle

définition exemple valeur en espa-gnol

[a] a ouvert Paris a de lastre

[α] a fermé âne a de baúl

[ε] e ouvert terre e de perro

[e] e fermé café e de café

[] e muet avenue sans équivalence

[i] i pari i de mito

[ ] o ouvert or o de torre

[o] o fermé gros o de llamó

[u] ou loup u de tubo

[oe] eu ouvert peur sans équivalence

[ ] eu fermé ceux sans équivalence

[y] u labialisé du sans équivalence

1.2. Les voyelles nasales Le français possède quatre voyelles nasales sans équivalence en espagnol.

voyelle écriture possible

exemple

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[ấ] an am en em

rang ambre enfant embêtant

[ε]

in im yn ym en ain aim ein eim

pin impur syntaxe cymbales bienvenu main essaim frein Reims

[ ]

on om

bon compère

[oe] un um

lundi humble

1.3. Les groupes de voyelles

voyelle définition exemple

[a] ea (précédé de g) (il) mangea

[α] eâ (précédé de c, g) douceâtre

[ε] ai aî ei

balai chaîne beige

[e] oe foetal

[au] au eau eo (précédé de g) eô (précédé de g)

aube agneau Georges geôle

[u] aoû ou où oû

août outil où goûter

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[oe ] eu (ouvert) oe+ill oeu (ouvert) ue+il, ille

gageure oeillet boeuf accueil, recueille

[ ] eu (fermé) eû oeu (fermé) ueu (précédé de g, q)

lieu jeûne voeu queue

[y] eu, eû (formes du verbe avoir)

j’eus

ue charrue

1.4. Les consonnes Le français a, du point de vue phonétique, 17 consonnes. Le h ne se prononce pas car l’aspiration qu’il signale parfois ne sert que pour éviter la liaison. La consonne finale des mots ne se prononce pas, à l’exception de f, l, r, c. Les consonnes doubles se prononcent comme une consonne simple.

lettres Exemples Mot espagnol qui la contient

[b] b, bb cabine, abbé cambio

[d] d, dd dedans, addition cándido

[f] f, ff, ph fer, affaiblir, photo fe

[g] g, gg gomme, aggloméra-tion

goma

[z] g, j gilet, Jean sans équivalence

[k]

c, cc, ch, k, q

cas, accabler, tech-nique, kilogramme, coq

carro, kilo, querer

[l] l, ll lit, pelle cala

[m] m, mm ami, femme mina

[n] n, nn canard, année canela

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[p] p, pp coupe, apparaître pita

[R] r, rr province, correction cardo

[s]

s, ss, c (devant e, i, y). ç (devant a, o, u), t (devant i)

savoir, assez, cidre. façon, addition.

peso

[t] t, tt temps, atteindre tú

[v] v, w voir, wagon sans équivalence

[z] z, s (entre voyelles), x zèbre, maison, deu-xième

sans équivalence

[S]

ch chambre muchacho en la pronunciación an-daluza.

[ ] gn agneau año

2. L’orthographe des voyelles 2.1. La voyelle a. Pour la voyelle a, peu de difficultés, sauf quand elle fait partie des diphtongues ai, au, qui sont prononcés [ε, e], [o, o], ou dans an [α]. 1. Le diphtongue ai [ε]: on le trouve dans les noms féminins avec un son final en [ε] comme claie (cañizo), haie (seto), laie (jabalina), maie (artesa), orfraie (pigargo), raie (raya), taie (funda de almohada, nube en un ojo). Excepté paix (paz), forêt (bosque); les noms mas-culins avec la même terminaison et leurs verbes respectifs terminés en ayer, comme balayer (barrer), balai (escoba), essayer (probar, intentar), essai (ensayo), étayer (apuntalar), étai (puntal), relayer (re-levar), relais (relevo); d’autres noms masculins terminés en ai, suivi ou non de consonne, comme dais (palio, dosel), faix (carga, peso), lait (leche), marais (pantano), portrait (retrato), quai (muelle, andén), souhait (deseo). Le diphtongue ai se trouve invariablement dans les terminaisons de l’imparfait de l’indicatif et du conditionnel pré-

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sent de tous les verbes français, aux trois personnes du singulier et à la troisième personne du pluriel. 2. Le diphtongue au [o, ]: on le trouve dans la première syllabe de mots qui commencent aussi par au en espagnol, comme audace (audacia), audacieux (audaz), augmenter (aumentar), augmentation (aumento), aurore (aurora), ausculter (auscultar), auscultation (aus-cultación), auteur (autor), autorité (autoridad), autoriser (autorizar). Et aussi dans la première syllabe de mots commençant par al en espa-gnol, comme: aube (alba), auberge (albergue), aubergiste (posade-ro), autel (altar). On le trouve aussi dans la racine du verbe avoir, au futur simple et au conditionnel présent. Et dans les mots suivants: - L’article contracté au (al), aux (a los, a las) - Les adverbes auprès (cerca), auparavant (antes); aussi (también, tan), aussitôt (en seguida). - L’indéfini autre (otro) Le son [o] à la fin d’un mot est généralement représenté par eau, mais un certain nombre de noms terminent en au, aud, aut, aux: fabliau (romance), gruau (fécula), joyau (joya); badaud (bobalicón), salaud (sinvergüenza); artichaud (alcachofa), héraut (heraldo); chaux (cal), faux (guadaña). 3. Le triphtongue eau [o]: Comme nous venons de l’indiquer, la plu-part des noms masculins terminés par le son [o] s’écrivent eau: ba-teau, cerceau, morceau, pinceau... Néanmoins, il convient de consul-ter aussi les règles concernant la lettre o. 4. Le a nasal. On le trouve dans les terminaisons en ance corres-pondant à des mots espagnols en anza, ancia, encia: alliance (alian-za), constance (constancia), dépendance (dependencia); et aussi dans les terminaisons en ant des participes et de quelques adjectifs verbaux. 2.2. La voyelle e. On distingue en français trois sorte de e: e muet [ ], e fermé [e], et e ouvert [ε] 1. La plupart des noms féminins terminent en e muet: table (mesa), règle (regla).

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2. Le son [e] á la fin des noms masculins est représenté par la voyelle é ou par la syllabe er: canapé (sofá), cliché (clisé), défilé (desfile), fossé (foso); boulanger (panadero), oranger (naranjo), gre-nier (granero). Le son [e] des infinitifs des verbes du premier groupe est représenté par la syllabe er: parler (hablar), écouter (escuchar), chanter (cantar). Les participes des verbes en er terminent en é: par-lé (hablado), écouté (escuchado), chanté (cantado). 3. Le son [e] à la fin des noms féminins terminés en [te] ou [tje] s’écrit é s’il s’agit de noms abstraits équivalents à ceux terminés en -ad en espagnol: amitié (amistad), société (sociedad), autorité (auto-ridad). Cependant quelques-uns terminent en ée, comme dictée (dic-tado), montée (subida), portée (alcance). Les autres noms féminins en [e] final (non précédé de t ni de ti ) terminent en ée: denrée (géne-ro, mercancía), chaussée (calzada), équipée (desatino, locura). Ex-ceptions: acné, clé, psyché. Les participes prennent aussi un e muet au féminin: parlée (hablada), écoutée (escuchada), chantée (canta-da). 4. Le son final [ε] correspond généralement, pour les noms mascu-lins, á la terminaison et, et pour les noms féminins, à aie. Exemples de noms masculins: alphabet (alfabeto), budget (presupuesto), gui-chet (taquilla), billet (billete). Exceptions: son final en ès: congrès (congreso), progrès (progreso); son final en ect: aspect (aspecto); son final en ais: rabais (rebaja), engrais (abono); son final en ait: ex-trait (extracto). Exemples de noms féminins: orangeraie (naranjal), châtaigneraie (castañar). 5. Diphtongue ei [ε]. On peut le confondre avec le diphtongue ai car sa phonétique est la même. Il est parfois possible, pour éviter l’erreur, de comparer avec l’espagnol: reine (reina), baleine (ballena), veine (vena), verveine (verbena). 6. Diphtongue eu [ ] [oe]. On le trouve dans la terminaison eur: doc-teur (doctor), chauffeur (chófer), mangeur (comilón), candeur (can-dor), laideur (fealdad), douleur (dolor); représenté avec la graphie oeur, comme dans coeur (corazón), boeuf (buey), oeuf (huevo), soeur (hermana); eu se transforme en ue (avec la même phonétique) pour donner un son fort au c dans: cueillir (coger flores), accueil (acogida), recueil (recopilación).

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7. Le son nasal [ε] apparaît dans la terminaison ent et ence: excel-lent (excelente), excellence (excelencia), violent (violento), violence (violencia); mais résistant (resistente), résistance (resistencia); dans tous les adverbes de manière terminés en ment: indépendamment; et aussi: en (en, a), entre (entre), souvent (a menudo). 2.3. La voyelle i. 1. Le son [i] s’écrit i au début d’un mot et suivi d’une consonne: idée (idea), image (imagen), idéal (ideal). 2. Prennent un h devant le i les mots qui commencent par hier, comme hiérarchie ( jerarquía), hiératique (hierático), et ceux qui commencent par hipp, comme hippodrome (hipódromo), hippopo-tame (hipopótamo). 3. Les verbes terminés en -uyer, -oyer changent y par i devant un e muet: ennuyer (molestar), essuyer (secar), appuyer (apoyar); tutoyer (tutear), envoyer (enviar), employer (emplear). Exemple de conjugai-son: présent de l’indicatif du verbe. Et aussi les verbes qui terminent en -ayer, comme payer (pagar), admettent les deux orthographes en y ou i: je paie- je paye. 4. Deux ii suivis se trouvent dans les verbes terminés en -ier, comme étudier, apprécier, supplier, à l’imparfait de l’indicatif et au présent du subjonctif. Un i appartient à la racine du verbe et l’autre à la terminai-son. 5. Le son [i] à la fin d’un mot. On le trouve dans les noms féminins terminés en –i suivi d’un e muet (qui correspondent généralement à ceux en -ía ou -ie en espagnol): orfèvrerie (orfebrería), physionomie (fisonomía). Il existe six noms féminins terminés en i qui ne prennent pas de e muet: fourmi (hormiga), brebis (oveja), nuit (noche), perdrix (perdiz), merci (gracias), souris (ratón). Dans les participes des verbes en -ir comme: finir, fini; mentir, menti; choisir, choisi, sauf ve-nir et venu. Dans les participes de quelques verbes en -ire, comme: rire, ri; dire, dit; frire, frit; nuire, nui.

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6. i nasal [ ] On le trouve généralement dans des mots très proches de l’espagnol: fin (fin), lin (lino), simple (simple) singulier (singular). 2.4. La voyelle o. Le son [o] se transcrit de différentes manières en français: 1. Avec un o final dans les noms provenant d’une langue étran-gère: cacao (cacao), cargo (buque de carga), indigo (añil), lasso (la-zo). 2. Avec eau, orthographe la plus courante: bateau (barco), châ-teau (castillo), berceau (cuna), gâteau (pastel). (Voir aussi les noms écrits avec le diphtongue au à la lettre a). 3. En général, les mots avec le son [o] correspondant à au en espagnol, s’écrivent aussi en français avec au: auditoire (auditorio). 4. Le diphtongue oi [wa]: Tous les mots avec le son [wa] s’écrivent oi, -excepté ouate (algodón en rama)- loi (ley), moi (yo), oiseau (pájaro). 5. Le diphtongue ou [u]: La prononciation de ce diphtongue est la même que celle du u espagnol: nous (nosotros), vous (vosotros), sous (debajo), tout (todo). 2.5. La voyelle u. Les difficultés que l’on peut rencontrer sont provoquées par son changement de prononciation pour former un diphtongue ou pour se transformer en voyelle nasale [ ] 1. Comme voyelle isolée [y]: Voici quelques verbes dont le participe termine en u: boire, bu; croire, cru; connaître, cru; plaire, plu; pleu-voir, plu; vendre, vendu. 2. La prononciation [ ) m]dans une syllabe finale s’écrit –um: al-bum, référendum, rhum. 3. Le diphtongue au [o, )] et le triphtongue eau [o] sont étudiés aux lettres a, o et e.

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4. Le diphtongue eu: Il se prononce comme un e obscur [ ], sauf dans les formes du verbe avoir où il a le son [y]: eu (participe), nous eûmes, qu’il eût, etc. 5. Le diphtongue ou [u] (voir la lettre o). De nombreux mots ayant la même origine que leurs équivalents en espagnol ont pris le diphtongue ou alors que l’espagnol a opté pour le o. Exemples: coudre (coser), couture (costura), souder (soldar), soudure (soldura), oublier (olvidar), oubli (olvido). 6. Le u nasal [ ]: On le trouve dans un certain nombre de mots dont les dérivés perdent généralement la nasalité à cause de la proximité de la consonne nasale avec une voyelle: son nasal [ ] un (uno), brun (moreno), humble (humilde); son u + n: une (una), brune (morena), humilité (humildad). 2.6. La voyelle y La graphie y sert à indiquer la voyelle [i] (cycle) et la semi-consonne [j] (yeux). 1. y entre voyelles a la valeur de ii, le premier i formant diphtongue avec la voyelle qui le précède: crayon (crai-ion). 2. y entre consonnes se trouve: Dans les préfixes: hyper (hypertro-phie), hypo (hypothèse), hydro (hydrogène), hydra (hydraulique); dyn (dynamo), dys (dyspepsie), typ (typographie); pyro (pyrogravure), pyra (pyramide), phys (physique), phyto (phytotage); psy (psycholo-gie); poly (polygone); dans la plupart des noms qui ont un i avec un son nasal [ ] à la première syllabe: symbole (sìmbolo), nymphe (nin-fa), thym (tomillo); dans les sufixes yme ( imo en espagnol): ano-nyme (anónimo), synonyme (sinónimo), homonyme (homónimo); dans certains mots comme: cycle, style, rythme, ainsi que dans leurs dérivés et composés. En général, le y se trouve dans des termes scientifiques ou des mots recherchés qui prennent un i en espagnol: dithyrambe, odyssée, phylloxera, porphyre. 3. Le y en début de mot se trouve dans un petit nombre de mots, presque tous des noms propres et certains d’origine étrangère: yacht, youpin (judío), yatagan (yatagán).

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4. Rappelons que quelques verbes changent le y en i devant un e muet (voir la lettre i). 5. Enfin, n’oublions pas que le y seul peut être un adverbe ou un pronom en français. 3. L’orthographe des consonnes 3.1. Pour la lettre b, pas de difficulté orthographique. On la trouve dans le préfixe bi, qui signifie double ou répétition: bis (dupli-cado), biser (reteñir), biscuit (doblemente cocido, galleta), bissac (doble saco, alforja), binocle (doble ojo, prismáticos). Commencent par b les mots aux racines suivantes: bac, bas, bal, band, bat. Bib, buv, breuv, boir. Bois, boc, bouq. Bov, beu, bou. Bras, brac, branch. 3.2. La lettre c, comme en espagnol, possède deux sons, bien que ceux-ci ne sont pas les mêmes: [s] devant e, i. [k] devant a, o, u. Voici quelques exemples où l’on trouve le c (son [s] ) avec une différence sensible de prononciation dans les syllabes ce et ci ([sa] et [si] en français, [θε] et [θi] en espagnol): cerise (cereza), cilice (cili-cio). Son [k]: écriture, (escritura), curé (cura), clameur (clamor). Ce son correspond plus souvent à des mots écrits avec un c qu’avec q ou k. 1. Pour ne pas confondre l’emploi de c ou s, voyons quelques exemples: c dans les adjectifs démonstratifs: ce, cet, cette, ces ( este, a, os, as); celui, celle (el, la); ceux, celles (los, las); ce, c’ (lo); c dans les pronoms démonstratifs: celui-ci, celui-là (éste, ése o aquel) celle-ci, celle-là (ésta, ésa o aquella); ceci, cela (esto, eso o aquel-lo); ceux-ci, ceux-là (estos, esos o aquellos); celles.ci, celles-là ( éstas, ésas o aquellas). On ne doit pas confondre les homonymes ce et se, ces et ses: se est un pronom personnel: se laver (lavarSE); ses est un adjectif possessif: Pierre prend ses livres (Pedro coge SUS libros). 2. La consonne c avec un son doux suit le n dans les noms abs-traits terminés en ance ou ence; exemples: confiance (confianza), remontrance (amonestación), conséquence (consecuencia).

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3. On la trouve aussi dans la terminaison cien (ico en espagnol) de noms masculins qui désignent un profession, comme mécanicien (mecánico), pharmacien (farmacéutico), musicien (músico). 4. On double le c dans les verbes qui commencent par ac et tous les mots qui commencent par oc: accuser (acusar), occasion (oca-sión), et leurs dérivés: accusation, occasionner. On ne double jamais le c devant h, q, t. Exemples: acheter, acquérir, octroyer. 5. Quelques noms masculins terminent en c (muet ou prononcé). Ce sont les suivants: c muet: broc (jarro), clerc (clérigo), croc (colmil-lo), accroc (desgarrón), c prononcé: froc (hábito de fraile), pic (pico), trac (miedo), vrac (a granel), cric (gato-máquina-). 6. Rappelons que le c avec le son [S] peut être confondu avec le s (sourd) et le t (qui se prononce comme un s sourd dans la termi-naison tion et ses dérivés). Parfois dans un même groupe de mots le même son peut être représenté par des lettres différentes: confi-dence (confidencia), confidentiel (confidencial). Les adjectifs terminés en -antiel, -entiel prennent un t: substantiel (substancial), existentiel (existencial). Deux exceptions: révérenciel (reverencial) et circonstanciel (circunstancial). Mais les adjectifs en -iciel prennent toujours un c: artificiel, officiel. Le ç. On le trouve devant a, o, u, pour indiquer que le c se prononce comme un s sourd [S]: ça, reçu, façon. Il n’existe pas de règle fixe pour établir quand le s sourd [S] doit s’écrire ç ou ss. 3.3. La consonne d: On la trouve après la terminaison [aR] de cer-tains noms et adjectifs, comme regard (verbe regarder), hasard (verbe hasarder), retard (verbe retarder), et aussi après la terminai-son au, [o], de quelques noms et adjectifs, comme chaud, réchaud, nigaud. Dans aucun des deux cas elle n’est prononcée. On ne doit pas confondre quand (cuando), avec quant à (en cuanto a). Le mot addition (suma o cuenta) et ses dérivés s’écrivent avec deux d. 3.4. La consonne f: Tous les mots qui commencent par [af] ou [ef] prennent deux f: affaire, affiche, effet, sauf Afrique et ses déri-vés, et afin. Le son [f] est représenté par ph dans les préfixes amphi, phono et photo; dans les suffixes phone, phonie, graphe, graphie,

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sphère; dans les mots scientifiques comme physique, phosphore, diphtérie et dans quelques mots fréquemment utilisés: le blasphème, blasphémer, triomphe, triompher, phase, phrase. 3.5. La consonne g possède deux sons en français: g devant a, o, u et [z] devant e, i, y. 1. Tous les mots qui commencent par la syllabe gi: gibier (pieza de caza), gisement (yacimiento). 2. La syllabe finale –age: mirage (espejismo), treillage (emparrado). 3. Les verbes dont l’infinitif termine en -ger prennent un e devant certaines terminaisons pour conserver la prononciation [z]: manger, je mangeais. 4. Les mots où le son [z] précède la syllabe finale en -ance ou -ant: vengeance (venganza) (dérivé de venger), engageant (atractivo) (dérivé de engager). Le groupe gn se prononce [n], son identique à la lettre ñ espagnole ou nh portugaise: épargne (ahorro), Espagne. Un certain nombre de verbes terminant par -ndre précédé d’un diphtongue présentent une irrégularité dans leur conjugaison: ils changent -nd par -gn. Ce sont les verbes qui terminent en --aindre, -eindre, -oindre. Les verbes en –guer conservent le u de la racine tout au long de leur conjugaison: naviguer (navegar). Devant une consonne, le g est muet dans doigt, vingt et leurs déri-vés, mais a la fin d’un mot il se prononce toujours, sauf s’il est précé-dé d’une nasale: sang (sangre), rang (fila). Les mots suggérer et suggestion prennent deux g, phénomène peu fréquent. 3.6. Il existe deux sortes de h en français: le h muet et le h aspiré. Dans la plupart des mots qui prennent un h, celui-ci est muet: en dé-but de mot, les mots qui prennent un h sont sensiblement les mêmes qu’en espagnol: humain (humano), homme (hombre), histoire (histo-ria), et aussi harpe (arpa), harmonie (armonía, harmonía), hiver (in-vierno) qui en espagnol peuvent ne pas le prendre. On trouve aussi un h muet à l’intérieur d’un mot composé si le mot primitif en possé-dait déjà un: préhistoire, inhumain, et dans la terminaison -thèque

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( teca en espagnol): bibliothèque (biblioteca). On le trouve aussi à la fin de certains mots comme almanach (almanaque), varech (varec - alga). Pour ce qui est du h aspiré, il n’existe pas de règle fixe: la hau-teur (altura), hausser (alzar). 3.7. La lettre j [z]. Un doute peut se présenter quant à son ortho-graphe, à cause de sa ressemblance phonétique avec le g quand il est suivi de e, i, y. Prennent un j: Tous les mots qui commencent par j suivi du diph-tongue eu: jeu (juego), jeudi (jueves), jeune (joven); le pronom per-sonnel je, le nom jet et ses dérivés, comme jeter, et le mot majeur, bien que généralement le son [zoer] s’écrit -geur. 3.8. La lettre k. Le son [K] est représenté en français par qu, c, et ch. Il existe peu de mots qui prennent un k. Ce sont surtout des mots qui proviennent de langues orientales: Kaléidoscope (calidos-copio), kangourou (canguro), kiosque (kiosco), ticket (billete). Les mots qui prennent ch sont les suivants: chaos (caos), choeur (coro), chrétien (cristiano), chrome (cromo), chlore (cloro), chronique (crónico), chrysanthème (crisantemo), écho (eco), psychologie (psi-cología), autochtone (autóctono), chaotique (caótico), choral (coral), psychologue (psicólogo). 3.9. La lettre l. Dans les mots comme laine, élever, calcul, le l se prononce comme en espagnol. Le l est muet dans les noms mas-culins terminés en ail, eil, euil, [aj] [εj] [oej] et leurs dérivés (qui dou-blent le l): émail, (esmalte), éveil (despertar), seuil (umbral). Prennent deux l: quelques adjectifs masculins terminés en l doublent la con-sonne au féminin: cruel (cruel), cruelle; nul (nulo), nulle; pareil (se-mejante), pareille; les adjectifs commençant par il, comme: illégitime (ilegítimo), illégal (ilegal); les verbes qui terminent en –eler prennent deux l devant une syllabe muette: appeler (llamar), j’appelle. (sauf quelques exceptions, comme: geler, il gèle).

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3.10. La lettre m. Le m en début de mot ou entre des voyelles se prononce comme en espagnol. Devant une consonne ou à la fin d’un mot, le m transforme la voyelle précédente en nasale [a] [)] [oe] [ε]. Il peut alors y avoir une confusion avec la consonne nasale n. Voici quelques normes: 1- On écrit m devant m, b, p: iMmense (inmenso), aMbulance (ambu-lancia), poMpier (bombero). Exceptions: néanmoins (sin embargo), et les composés et dérivés de bon. 2- On écrit m, mais sans le prononcer, dans: automne (otoño), dam-ner (condenar), condamner (condenar), et leurs dérivés et compo-sés. 3- On double le m dans les mots: femme (mujer), somme (suma), comme (como), comment (cómo), ainsi que dans les adverbes de manière dérivés d’adjectifs qualificatifs terminés en –ant, -ent, qui prennent –mment: élégant, élégamment; prudent, prudemment. 3.11. La lettre n. Le n est muet dans les terminaisons des verbes à la troisième personne du pluriel: ils finissent, ils étudiaient. Au futur, le n transforme la voyelle o en nasale: ils finiront, ils étudieront. Les préfixes in et en forment de nombreux mots composés: inabor-dable, inimitable. Ils signifient aussi dentro: infiltre, encadrer. Pren-nent deux n: Les mots composés formés avec in, en, dont le mot original commençait par un n: innombrable; les terminaisons au fé-minin des adjectifs terminés par on et en: breton, bretonne; ancien, ancienne; des noms féminins comme: paysan, paysanne; quelques verbes comme venir, prendre et leurs composés: que je vienne, que tu prennes (présent du subjonctif); les verbes dérivés de noms en –on: fonction, fonctionner; don, donner. Consonne nasale: Rappelons les mots en ance, ence; ant, ent; tion, sion; équivalant en espagnol à ancia, encia; ante, ente; ción, sión. Voici quelques règles pratiques sur les diphtongues nasales ein, ain et les mots les plus courants avec un son nasal: a) Diphtongue ei+n [ε]: Tous les mots terminés par -indre prennent ei sauf craindre, plaindre et contraindre, et leurs dérivés.

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b) Les groupes an et en [a]: Les verbes terminés par –ndre et leurs dérivés: vendre, répandre. On écrit an dans les prépositions et ad-verbes: dans (en), avant (antes), devant (delante), dedans (dentro), auparavant (antes); en dans: en (en), entre (entre), souvent (a me-nudo). 3.12. La lettre p. Le p peut être muet à l’intérieur d’un mot: baptême (bautismo), compte (cuenta), sept (siete). Les verbes qui commen-cent par ap ou op prennent deux p, ainsi que tous les mots qui pos-sèdent cette racine: apparaître (aparecer), application (aplicación). Exceptions: 7 en ap: apaiser, apercevoir, apeurer, apitoyer, aplanir, aplatir, apostropher; 2 en op: opiner, opiniâtrer. Pour la graphie ph, voir la lettre f. 3.13. La lettre q. La lettre q, prononcée [k], est toujours suivie de u en français, sauf à la fin d’un mot (ex.: cinq, cinco). Phonétiquement, elle coïncide avec le c et le k, ce qui peut présenter certains doutes pour sa transcription. Elle est écrit qu, invariablement, dans les pronoms relatifs et interro-gatifs: qui, que, quoi, lequel... auquel...duquel...desquels..., dans les adjectifs interrogatifs: quel...; dans les adjectifs et pronoms indéfinis: quelque..., dans la préposition composée quant à et dans les con-jonctions que, lorsque, quoique. Voici une série de mots qui, ainsi que leurs dérivés et composés, prennent qu: a) Racine aqua (agua): aqueux, aqueduc, aquarelle, aquarium. b) Les mots signifiant antigüedad: antique, antiquité, antiquaire. c) Racine équa (igualdad): équation, équateur. d) Racines quat, quadr, (cuatro): quatre, quatrième, quatorze, quart, quadrillé, quadrupède. e) Racines quin, quint, (cinco): quinze, quinzaine, quinzième, quin-tal. f) Les mots comme: qualité, qualifié, qualification, qualificatif, quanti-té, quantitatif. Le suffixe des adjectifs terminés en [k], équivalent à co en espagnol, est généralement que: érotique, modique, publique.

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La plupart des mots avec le son [k] prennent qu: quémander (mendi-gar), enquête (encuesta, investigación), requérir (requerir). 3.14. La lettre r. Le r est muet dans l’infinitif en -er. (voir lettre e) et dans les noms masculins et quelques adjectifs (voir lettre e). On le double dans les verbes qui commencent par ar (suivi de voyelle), ainsi que leurs dérivés et composés: arriver (llegar), arrivée, arrêter (parar, detener), arrêt; dans les adjectifs qualificatifs avec le préfixe ir: irrégulier, irrésistible, et dans les deux noms masculins: le beurre (la mantequilla), le leurre (señuelo). 3.15. La lettre s est la terminaison du pluriel la plus courante en français. Elle n’a qu’une valeur orthographique car elle ne se pro-nonce pas, ainsi que dans un grand nombre de noms, la plupart masculins, qui terminent en s au singulier et sont donc invariables. Attention: s sonore [z], un seul s: aisance (bienestar), rose (rosa), désert (desierto), poison (veneno), s sourd [s], deux ss: essai (en-sayo), assez (bastante), dessert (postre), poisson (pescado). Avant ou après une consonne, on écrit toujours un seul s: transmettre (transmitir), ascension (ascensión). La prononciation du s étant la même que celle du c (voir la lettre c devant e, i, y), il peut y avoir un doute quant à l’orthographe. Dans ce cas, la comparaison avec l’espagnol peut servir de référence. Dans les terminaisons des verbes en ir comme finir, on double le s devant la voyelle désignant la personne: nous finiSSons. Dans les verbes en uire comme conduire; en ire comme lire ou en aire comme plaire, un seule s devant la voyelle désignant la per-sonne: nous conduiSons. On trouve sc dans des mots dont l’orthographe est semblable en espagnol: piscine, adolescent, scène; mais aussi dans: science (ciencia), conscience (conciencia), schéma (esquema). 3.16. La lettre t à la fin d’un mot ne se prononce pas. On la trouve à la fin d’un nom masculin avec le son [ε] écrit et ou ait: alphabet (al-

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fabeto), lait (leche); à la fin de diminutifs masculins et de mots déri-vés avec le même sens: gantelet (guantelet), jardinet (jardincito); dans des adjectifs qualificatifs masculins en et, ant, ent: secret (se-creto), constant (constante), violent (violento); dans les adverbes en –ment: complètement, secrètement;le t est toujours la consonne fi-nale de la troisième personne du pluriel de tous les verbes français. On trouve deux t: dans les verbes qui commencent par at ainsi que leurs dérivés et composés: attribuer (atribuir), attribution (atribu-ción); dans la terminaison -ette des diminutifs féminins: clochette (campanilla), chambrette (cuartito); dans les terminaisons -ette, au féminin des adjectifs dont le masculin termine en –et: violet, violette; coquet, coquette. Cinq exceptions: complet, complète; discret, dis-crète; inquiet, inquiète; replet, replète; secret, secrète; dans les verbes en -eter qui doublent le t devant une syllabe muette: jeter (ti-rar), je jette, sauf acheter, fureter, haleter. Toujours tt dans regretter. Nous avons vu (règles de c et s) le t avec le son [s]. Pour la graphie th il convient de consulter aussi la lettre h. Voici quelques préfixes avec th: ortho (orthographe), théo (théologie), thermo (thermomètre). Et aussi: théorie, thème, thérapeutique, et leurs dérivés et composés. 3.17. La lettre v. On ne peut pas la confondre en français avec la lettre b car la phonétique les distingue nettement. Cependant, voici quelques exemples de mots avec un b en espagnol et un v en fran-çais ou vice-versa: ouvrir (abrir), avoir (haber), oeuvre (obra), saveur (sabor), bavette (babero), cavalerie (caballería), bandage (vendaje), basque (vasco). 3.18. La lettre w. Cette consonne d’origine germanique se trouve dans des mots étrangers incorporés au français. Généralement, le w a la même prononciation que le v [v]: wagon (vagón) et ses dé-rivés, et watt (vatio). Parfois il conserve sa prononciation d’origine: week-end (fin de semana), whisky, interview (entrevista).

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3.19 La lettre x . Le x est muet à la fin de mots comme: flux (flujo), reflux (reflujo), crucifix (crucifijo), doux (dulce) et dans les adjectifs comme fameux, délicieux (delicioso); dans six et dix devant une consonne, et au pluriel des noms terminés en -eu, -eau, -al, -ail. Il prend le son [ks] dans des mots comme: perplexe (perplejo), complexe (complejo), larynx (laringe). Il prend le son [Z] dans six et dix suivis d’une voyelle et dans les composés et dérivés de deux, six, dix, comme deuxième, sixième, dixième, dix-huit. Il prend le son [GZ] dans le préfixe ex- suivi d’une voyelle ou d’un h muet: exhaler, exhorter. 3.20. La lettre z. Le z est muet à la fin des mots comme la seconde personne du pluriel (-ez) de tous les temps sauf le passé simple: vous parlez, vous écriviez, vous auriez lu. (Exceptions: les verbes faire, dire et être); Dans la préposition chez, et dans un petit nombre de noms dont les plus courants sont: rez-de-chaussée (planta baja), riz (arroz), nez (nariz). Le son [z] s’écrit z dans certains mots, comme: bronze (bronce), bronzé (bronceado), lézard (lagarto) et ses dérivés, zèle (celo) et ses dérivés, zeste (corteza), etc. 4. Séparation des syllabes Pour séparer correctement les syllabes en français, il faut tenir compte des règles suivantes: a) Une voyelle seule peut former une syllabe: animal, a-ni-mal. Mais on ne l’écrira pas seule à la fin d’une ligne. b) Les voyelles qui forment un diphtongue ou un triphtongue (ai, ei, au, eu, oi, ou, eau) ne se séparent pas. c) On ne peut pas séparer les consonnes des groupes suivants: br, kl, br, pl, pr, cl, cr, gl, gr, dr, tr, fl, fr, vr. Ni des groupes: ch, ph, gn, th.

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d) Lorsque deux consonnes se trouvent au milieu d’un mot (sauf celles du paragraphe c), la première forme une syllabe avec la voyelle précédente et la seconde avec la voyelle suivante. Ex: chan-son, chan-son. e) Si une consonne, à l’intérieur du mot, se trouve entre deux voyelles, elle forme une syllabe avec la seconde. Ex. cheval, che-val. f) La double consonne donne lieu à deux syllabes. Ex. lettre, let-tre. 5. Signes diacritiques: accents, tréma, et apostrophe. 5.1. Les accents: Il y a en français trois sortes d’accent ou signes qui accompagnent les voyelles: aigu (´), grave (`) et circonflexe (^). - L’accent aigu se place uniquement sur la lettre e pour indiquer que sa prononciation est fermée, et ne précède pas une syllabe muette. - L’accent grave sert à signaler que le e précède une syllabe muette (père, bière…) ou une différence entre deux mots: à (prépo-sition) a (verbe); la (article) là (adverbe); ou (conjonction), où (ad-verbe). Il peut apparaître aussi sur le a: déjà. - L’accent circonflexe apparaît presque toujours pour remplacer une ancienne lettre supprimée: dîner (où un s a disparu: disner); âge, que était prononcé éage à l’ancienne; rôle, (de roole). Parfois il sert à distinguer les homonymes: dû (verbe), du (article) Si l’on excepte le mot châssis, jamais une voyelle qui précède une double consonne n’est accentuée. 5.2. Diérèse ou tréma Elle est placée sur les voyelles e, i, u pour indiquer que la voyelle précédente doit être prononcée séparément. Moïse, capharnaüm.

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5.3. Apostrophe L’apostrophe remplace une des voyelles a, e, i devant une autre voyelle ou un h muet. La voyelle supprimée est représentée par l’apostrophe: l’arme, l’évasion, l’élève, c’est toi, je m’appelle… Mais dans les adjectifs possessifs ma, ta, sa, au lieu de supprimer la voyelle, on emploie leurs formes masculines mon, ton, son devant les noms féminins qui commencent par une voyelle: mon image, ton histoire, son assistance.

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Aide mémoire 1. Phonétique et orthographe : voyelles orales, voyelles nasales, groupes de voyelles, les consonnes. 2. L’orthographe des voyelles 2.1. La voyelle a. : claie (cañizo), haie (seto), laie (jabalina) / au-dace (audacia), audacieux (audaz) / bateau, cerceau, morceau, pin-ceau... / alliance (alianza), constance (constancia). 2.2. La voyelle e. table (mesa), règle (regla) / canapé (sofá), cliché (clisé) / amitié (amistad), société (sociedad), autorité (autoridad). / alphabet (alfabeto), budget (presupuesto), guichet (taquilla), billet (billete) / reine (reina), baleine (ballena), veine (vena) / docteur (doc-tor), chauffeur (chófer), mangeur (comilón) / ent et ence: excellent (excelente), excellence (excelencia), violent (violento). 2.3. La voyelle i. idée (idea), image (imagen) / hiérarchie ( jerar-quía), hiératique (hierático) / ennuyer (molestar), essuyer (secar), appuyer (apoyar). / étudier, apprécier, supplier / orfèvrerie (orfe-brería), physionomie (fisonomía). / fin (fin), lin (lino), simple (simple) singulier (singular). 2.4. La voyelle o. cacao (cacao), cargo (buque de carga) / bateau (barco), château (castillo), berceau (cuna), gâteau (pastel) / auditoire (auditorio) / Le diphtongue oi avec le son [wa] s’écrive oi. / Le diph-tongue ou : la même que celle du u espagnol. 2.5. La voyelle u. : boire, bu; croire, cru; connaître, cru / album, ré-férendum, rhum / coudre (coser), couture (costura) / un (uno), brun (moreno), humble (humilde) / son u + n: une (una), brune (morena). 2.6. La voyelle y : crayon (crai-ion). / hyper (hypertrophie), hypo (hypothèse),/ yacht / le y seul peut être un adverbe ou un pronom en français.

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3. L’orthographe des consonnes 3.1. La lettre b : bis (duplicado), biser (reteñir), biscuit (doblemente cocido, galleta) / bac, 3.2. La lettre c : ): cerise (cereza), cilice (cilicio). / écriture, (escritu-ra), curé (cura), clameur (clamor). / confiance (confianza), remon-trance (amonestación), / cien (ico en espagnol) : mécanicien (mecánico), pharmacien (farmacéutico), / accuser (acusar), occasion (ocasión) / accusation, occasionner / broc (jarro), clerc (clérigo), / confidence (confidencia), confidentiel (confidencial). 3.3. La consonne d: regard (verbe regarder), hasard (verbe hasar-der), retard (verbe retarder) / chaud, réchaud, nigaud. Dans aucun des deux cas elle n’est prononcée. 3.4. La consonne f: affaire, affiche, effet, sauf Afrique et ses dérivés, et afin. Le son [f] est représenté par ph dans les préfixes amphi, pho-no et photo/ phone, phonie, graphe, graphie / physique, phosphore, diphtérie / blasphème, triomphe, triompher, 3.5. La consonne g : gibier (pieza de caza), gisement (yacimiento) / mirage (espejismo), treillage (emparrado). / manger, je mangeais. / vengeance (venganza) (dérivé de venger), engageant (atractivo) (dé-rivé de engager). / épargne (ahorro), Espagne. / naviguer (navegar). / sang (sangre), rang (fila). 3.6. humain (humano), homme (hombre), histoire (historia), et aussi harpe (arpa), harmonie (armonía, harmonía), hiver (invierno). / pré-histoire, inhumain / et dans la terminaison -thèque bibliothèque (bi-blioteca). / (almanaque), varech (varec - alga). 3.7. La lettre j : jeu (juego), jeudi (jueves), jeune (joven) / jeter, ma-jeur. 3.8. La lettre k. Kaléidoscope (calidoscopio), kangourou (canguro), kiosque (kiosco) / chaos (caos), choeur (coro), chrétien (cristiano), chrome (cromo), chlore (cloro). 3.9. La lettre l. laine, élever, calcul / émail, (esmalte), éveil (desper-tar), seuil (umbral). Prennent deux l: quelques adjectifs masculins terminés en l doublent la consonne au féminin: cruel (cruel), cruelle; nul (nulo), nulle; pareil (semejante), pareille; les adjectifs commen-çant par il, comme: illégitime (ilegítimo), illégal (ilegal); les verbes qui

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terminent en –eler prennent deux l devant une syllabe muette: appe-ler (llamar), j’appelle. (sauf quelques exceptions, comme: geler, il gèle). 3.10. La lettre m. iMmense (inmenso), aMbulance (ambulancia), poMpier (bombero). / automne (otoño), damner (condenar). / femme (mujer), somme (suma), comme (como). 3.11. La lettre n. ils finissent, ils étudiaient. / inabordable, inimitable. / dentro: infiltre, encadrer. / que je vienne, que tu prennes / fonction, fonctionner; don, donner / ance, ence; ant, ent; tion, sion; a) Diph-tongue ei+n b) Les groupes an et en [a]: 3.12. La lettre p. baptême (bautismo), compte (cuenta), sept (siete). / apparaître (aparecer), application (aplicación). 3.13. La lettre q : qui, que, quoi, lequel... auquel...duquel...desquels / aqueux, aqueduc, aquarelle, aquarium./ antique, antiquité, anti-quaire./ équation, équateur./ quatre, quatrième, quatorze, quart, qua-drillé, quadrupède. / quinze, quinzaine, quinzième, quintal / qualité, qualifié, qualification, / érotique, modique, publique. / : quémander (mendigar), enquête (encuesta, investigación), requérir (requerir). 3.14. La lettre r. arriver (llegar), arrivée, arrêter (parar, detener). 3.15. La lettre s : terminaison du pluriel / aisance (bienestar), rose (rosa), désert (desierto), poison (veneno / essai (ensayo), assez (bastante), dessert (postre), poisson (pescado). / nous finiSSons. / piscine, adolescent, scène. 3.16. La lettre t : alphabet (alfabeto), lait (leche) / ; gantelet (guante-let), jardinet (jardincito) / attribuer (atribuir), attribution (atribución) / violet, violette; coquet, co-quette. / ortho (orthographe), théo (théologie). 3.17. La lettre v. ouvrir (abrir), avoir (haber), oeuvre (obra) / saveur (sabor), bavette (babero). 3.18. La lettre w. wagon (vagón) et ses dérivés, et watt (vatio). 3.19 La lettre x . flux (flujo), reflux (reflujo), crucifix (crucifijo). / per-plexe (perplejo), complexe (complejo), larynx (laringe) / deux, six, dix / exhaler, exhorter. 3.20. La lettre z. vous parlez, vous écriviez, vous auriez lu. / rez-de-chaussée (planta baja), riz (arroz), nez (nariz) / bronze (bronce). 4. Séparation des syllabes : animal, a-ni-mal. Mais on ne l’écrira pas seule à la fin d’une ligne.

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(ai, ei, au, eu, oi, ou, eau) / br, kl, br, pl, pr, cl, cr, gl, gr, dr, tr, fl, fr, vr. / ch, ph, gn, th. / chanson, chan-son./ cheval, che-val./ lettre, let-tre. 5. Signes diacritiques: accents, tréma, et apostrophe. 5.1. Les accents: aigu (´), grave (`) et circonflexe (^). 5.2. Diérèse ou tréma : e, i, u 5.3. Apostrophe a, e, i / mon, ton, son devant les noms féminins.

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