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1 Revue Campus N°11

Edition :

Cellule de communication. Vice Rectorat des relations extérieures de l’UMMTO

Directeur de la publication : Pr. Rabah Kahlouche, Recteur Responsable de la rédaction : Pr Hocine Fellag , Vice Recteur chargé des relations

extérieures. Comité de Lecture : Mohamed Dahmani , Tahar Taleb Mohamed Morsli , Salah Belaid, Iddir Ahmed-Zaid Riche Bouteldja Conception et réalisation : Djamila Mansour Adresse : Campus Hasnaoua I. Auditorium. Tel et Fax : 026 41 05 79/ 026 41 07 92 Couriel : [email protected] Site électronique : www.ummto.dz

Le Marche des Changes : Entre l’Officiel et l’Informel

Brahim GUENDOUZI

04

Les Contraintes à l’Action Publique Locale en Algerie : Cas des communes de la wilaya de Tizi-ouzou Kamel MOULAI

08

Inhibition de quelques bactéries pathogènes par les extraits éthanoliques de Rosmarinus officinalis. Souâd AKROUM

24

Dossier Histoire des Sciences - Interview

28

- Les Mathématiques au Maghreb et en Andalus du IXe au XVe siècle

Ahmed DJEBBAR

34

- Les Sciences en pays d'Islam : Des héritages anciens a la réception Europeenne (VIIIe-XVIIe siècles) Ahmed DJEBBAR

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Moorish Culture in Don Quixote

BahousDr. Abbès BAHOUS

81

للدآتور نحو نظرية لسانية عربية حديثة لتحليل التراكيب األساسية للغة العربيةمازن الوعر الدينهبال خير

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2 Revue Campus N°11

out au long de l’histoire, les savants ont cherché à transmettre la connaissance,

notamment sous la forme de documents écrits. Une bonne partie est due à des

traductions du grec effectuées par des érudits arabes ou musulmans. Souvent, c’est grâce à des écoles médiévales, des monastères et des universités que la conservation de ces travaux a été possible. Certains historiens soutiennent que c’est en Grèce et vers le Ve siècle av. J.-C. que sont apparus des traits caractéristiques du savoir scientifique. On peut aisément remarquer, l’intense activité scientifique grecque illustrée par une multitude de penseurs, Pythagore, Thalès, Zénon d’Elée, Démocrite, Hippocrate et bien d’autres. Remarquons, au passage, qu’à leur époque, les disciples de Pythagore distinguaient seulement quatre branches de la science : l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. Pourtant, les Pythagoriciens menaient une vie plutôt bizarre. En effet, ces derniers se pliaient à des normes insolites comme éviter le fou rire et se laver d’abord le pied gauche. Ce qui fait que, venir vivre avec eux, à Crotone, vers 500 Av. J-C, ne signifiait pas seulement s’initier aux nombres et à la géométrie. En effet, il fallait accepter de ne manger que du miel, des plantes et quelques céréales qui meublaient leur quotidien. Mais ce qui était surprenant, c’est qu’ils ne mangeaient jamais de fèves. Plusieurs philosophes dont Roger-Pol Droit reprennent l’histoire de Jamblique qui raconte qu’un jour, en voyant un bœuf manger des fèves, Pythagore demanda à son propriétaire de dire à ce bœuf de ne plus en manger. Le paysan se moqua de lui en lui répondant qu’il ne connaissait pas la langue des bœufs. Alors, Pythagore s’approcha lui-même de l’animal et lui chuchota quelque chose à l’oreille. On ne saura jamais ce qu’il lui a dit. Alors, curieusement, le bœuf ne mangea plus jamais de fèves et est ainsi devenu un objet de curiosité appelé par tout le monde « le bœuf sacré de Pythagore». Il vécut même très longtemps à Tarente, dans le temple d’Héra. Mais c’est surtout à Platon et à son disciple,

puis critique, Aristote que l’on doit un corpus de textes scientifiques particulièrement riche. Au temps d'Aristote, d'autres branches scientifiques sont apparues comme la mécanique, l'optique,la

physique,la météorologie, la zoologie et la botanique. En Grèce, l'Académie de Platon aussi bien que le Lycée d'Aristote étaient des écoles supérieures de philosophie. Au cours de la période hellénistique, Athènes attira un grand nombre d'étudiants venus de Rome ; plus tard, on compta parmi eux des hommes d'État et des poètes comme Jules César, Cicéron et Horace. La ville d'Alexandrie prit aussi au cours de cette période une importance considérable,

avec son immense bibliothèque et son musée, qui attiraient les érudits du Proche-Orient. Mais, la prolifération et la fécondité des travaux scientifiques ne sont pas venues de l’Europe de l’Ouest mais plutôt de l’Orient. A Damas, puis à Bagdad, prospérités économique et commerciale

allaient de pair avec l’intérêt des califes pour les sciences et les arts. C’était la raison

pour laquelle les Arabes traduisaient, commentaient, et enrichissaient les grands textes savants de l’Antiquité qui étaient alors préservés, transmis et augmentés. Ainsi, de nombreuses contributions ont été apportées principalement aux mathématiques, à l’astronomie, à la chimie, à l’optique et à la médecine. Parmi les noms les plus prestigieux de ces savants musulmans, rappelons ceux d’al-Khawarizmi et Ibn al-Haytham, ainsi que deux autres, devenus tellement célèbres dans l’Occident

chrétien connus sous les noms latinisés Averroès (Ibn Ruchd) et Avicenne (Ibn Sina). Mais aussi Ibn Khaldun, un des penseurs les plus originaux du monde musulman, qui était un épistémologue de la science historique basée sur la rigueur et la méthode. La péninsule

Ibérique, elle aussi, a vécu pendant une bonne période comme une aire de l’Empire musulman particulièrement florissante et rayonnante. Si l’on fait abstraction des contacts occasionnés par les croisades, c’est par son intermédiaire et par celui de la Sicile, une autre aire de croisement et de brassage, que le savoir greco-arabe est parvenu en

Le Sens et la Mesure La chronique de Hocine FELLAG

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3 Revue Campus N°11

Europe. La douceur de vivre cordouane a poussé ses habitants à se laisser entraîner par la poésie et la musique en vivant en harmonie avec toutes les religions. La capitale d’Al-Andalus, foyer d’une brillante civilisation, rivalisait alors avec les métropoles musulmanes d’Orient, Damas et Bagdad. En témoignaient, l’urbanisme raffiné d’Alhambra de Grenade, l’agriculture qui a rendu féconde une terre brûlée au soleil, l’hydraulique avec des techniques inédites de la distribution de l’eau, l’architecture, les arts, les sciences, la poésie et la philosophie. Ibn Ruchd, dans son premier cours à Fès, disait que « les hommes ne sont pas égaux devant le savoir » puisque, selon lui, « certains refusent la vérité et d’autres rejettent la difficulté ». Même les écrivains en ont longuement parlé. Je me souviens, par exemple, d’un passage de Rachid Mimouni qui, dans ses chroniques de Tanger, nous raconte comment l’Europe a adopté l’algèbre née dans un monde musulman ouvert et triomphant. Amine Malouf, dans identités meurtrières, fait une analyse critique mais objective de cette époque florissante. De nos jours, la classification des sciences est bien difficile. Les différentes branches des sciences sont de plus en plus interdépendantes. Ces relations interdisciplinaires ont donné naissance à une multitude de nouvelles disciplines telles que la biochimie, la biophysique, la biomathématique ou la neurophysiologie. De belles avancées sont alors enregistrées. Les biochimistes ont synthétisé les acides nucléiques. Certaines applications nécessitent parfois la combinaison de plusieurs champs scientifiques comme la téléchirurgie née de la collaboration de l’informatique, de la robotique et de la chirurgie. De tels progrès sont, en général, le fruit de recherches effectuées de pair par des groupes de spécialistes des différentes branches de la science pure et de la science appliquée. Cette relation mutuelle entre la recherche fondamentale et l’innovation technologique est aussi nécessaire à la

science aujourd'hui qu'elle l'était au temps de Galilée. C’est pour cela que, de nos jours, on parle plutôt de technoscience pour désigner ces modes de connaissance. Cependant, ces avancées soulèvent des problèmes d’ordre éthique comme c’est le cas pour les biotechnologies, les nanotechnologies, les modifications du patrimoine génétique, l’intégration de la nature des organismes génétiquement modifiés

(OGM), etc. Les réponses à ces questions dépassent le cadre des seuls spécialistes et concernent la société entière. A côté de tout cela, il y a la mondialisation qui n’arrête pas d’accélérer le rythme mais aussi les inégalités. En effet, Il y a d’abord les puissants qui véhiculent la « norme » et qui font croire que le reste du monde est inutile. Puis, viennent ceux qui veulent le statut d’«exception » et qui pensent que le monde ne les écoute pas assez. Alors, ils se cantonnent tout le temps dans un faux rôle de victime. Par

conséquent, pour faire partie du voyage vers la modernité, il faut surtout avoir une université forte, performante et compétitive qui va permettre au pays de mettre en avant son élite et arracher sa place dans le concert des nations. Et là, une chose est sûre, une université ne peut pratiquer l’ouverture que si elle se sent en confiance. On est bien loin de l’époque du bœuf de Pythagore où le scientifique devait être érudit dans tous les domaines de la science ; De nos

jours, à l’heure de la spécialisation, il ne peut progresser qu’en s’associant avec les autres. Ajoutons à cela qu’il faut le faire dans le contexte d’une sorte d’embarquement accéléré qui est une technique actuellement utilisée dans les aéroports pour décoller sans perdre de temps.

C’est dire que le potentiel scientifique est appelé, sans cesse, à tout faire pour s’informer de ce qui se dit et se fait ailleurs en actualisant constamment ses connaissances. Ce n’est certainement pas pour rien que l’Unesco a institué, il n’ y a pas très longtemps, la devise « un homme qui lit en vaut deux ». Hocine FELLAG

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LE MARCHE DES CHANGES : ENTRE L’OFFICIEL ET L’INFORMEL

Brahim GUENDOUZI Maître de conférence

Faculté des Sciences Economiques et de Gestion Université Mouloud MAMMERI, Tizi-Ouzou – Algérie.

Introduction

e contrôle des changes est toujours en vigueur en Algérie bien qu’il soit allégé de façon substantielle grâce au processus des réformes économiques et à la mise en œuvre d’un

programme d’ajustement structurel. La libéralisation du commerce extérieur et celle des capitaux sont accompagnées de la convertibilité du dinar sur les opérations courantes. Aussi, la

mise en place par la Banque d’Algérie d’un marché des changes interbancaire pour la fixation du taux de change constitue incontestablement une avancée certaine dans le sens de l’instauration des mécanismes de l’économie de marché dans le pays.

Le nouveau dispositif en matière de change, même s’il se caractérise par une plus grande

libéralisation, n’a pu venir à bout du marché informel des devises. Celui-ci est en effet omniprésent en Algérie. Non seulement sa présence ne fut pas menacée par les nouvelles mesures relatives au change, mais surtout il s’est renforcé par la politique d’ouverture engagée par les pouvoirs publics.

Le marché interbancaire des changes tel qu’il fonctionne actuellement et le marché « noir » des devises s’influencent –ils mutuellement et vers quelle évolution se dirigent-ils compte tenu de l’approfondissement des réformes économiques ? C’est à cette question que nous tenterons d’apporter quelques éléments de réponse et par conséquent contribuer au débat sur le rôle du marché dans la régulation économique en Algérie.

I. Les réformes en matière de change

Contrairement à la période de planification centralisée, le nouveau processus relatif au contrôle des changes accorde plus de souplesse aux opérateurs économiques et aux citoyens. Le règlement n° 95-07 du 23 décembre 1995 et le dernier règlement n° 07-01 du 03 février 2007 promulgués par la Banque d’Algérie donnent effectivement la possibilité aux intermédiaires agréés (banques et institutions financières) de traiter des opérations en devises pour leur compte ou pour celui de leur clientèle. Par ailleurs, tout résident en Algérie est autorisé à acquérir et détenir des devises librement convertibles. De même que les voyageurs entrant en Algérie ou sortant sont autorisés à importer ou à exporter des billets de banque étrangers à la condition de faire une déclaration en douanes. Enfin, toute personne physique ou morale résidente ou non résidente, peut ouvrir un ou plusieurs comptes devises à vue et / ou à terme auprès des intermédiaires agréés.

Concernant la convertibilité du dinar, la Banque d’Algérie permet aux opérateurs inscrits

régulièrement au registre de commerce et activant dans le commerce extérieur, de bénéficier de la liberté d’accès aux devises librement convertibles aux fins d’importations de biens et services qui ne font pas l’objet de prohibition ou de restriction. La condition imposée consiste, pour toute opération d’importation, à procéder à la domiciliation bancaire. Cela consiste en l’ouverture d’un dossier auprès d’un intermédiaire agréé (domiciliataire) donnant lieu à un numéro de domiciliation. Ce dossier doit contenir l’ensemble des documents relatifs à l’opération commerciale.

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Le règlement n° 07-01 précise dans son article 29 que toute opération d’importation ou d’exportation de biens et services est soumise à l’obligation de domiciliation, dont elle constitue un préalable à tout transfert / rapatriement de fonds avec l’étranger. Cependant, les entreprises exportatrices hors secteur des hydrocarbures, sous réserve de domiciliation bancaire évidemment, bénéficient d’une rétrocession de 50% des recettes en devises.

Les travailleurs étrangers en Algérie ont aussi la possibilité de transférer une partie de leurs

salaires conformément aux modalités fixées par la Banque d’Algérie. Les investissements étrangers effectués à partir d’apports en devises, bénéficient du transfert des bénéfices nets en devises vers le pays d’origine.

Les personnes physiques sont concernées par un droit de change institué au profit des

candidats au pèlerinage, à l’occasion d’hospitalisation des nationaux à l’étranger (soins et accompagnateurs), lors du décès de nationaux à l’étranger, pour les nationaux poursuivant une scolarité à l’étranger et une allocation voyage à l’étranger correspondant à un plafond de quinze mille dinars par année civile ainsi que pour l’importation de véhicules aménagés pour les handicapés moteurs.

L’ensemble de ces mesures s’inscrivant dans une logique de fonctionnement rendue possible

grâce au marché des changes interbancaire institué par le règlement n° 95-08 du 23 décembre 1995 promulgué par la Banque d’Algérie. Les banques et les établissements financiers agréés interviennent pour toutes les opérations de change au comptant et à terme (1) entre monnaie nationale et devises étrangères librement convertibles.

Le marché est non-localisé, c’est - à – dire que les opérations y sont traitées par téléphone,

fax ou autres systèmes électroniques. Il fonctionne en continue et les transactions sont traitées de gré à gré. Aussi, les cours de change sont déterminés à un certain degré par l’offre et de la demande de devises provenant des intermédiaires agréés avec un arbitrage de la Banque d’Algérie (système de flottement dirigé).

La Banque d’Algérie laisse à la disposition des intermédiaires de change agréés certaines

catégories de ressources en devises notamment les recettes provenant des exportations hors hydrocarbures, les emprunts en devises contractés et les montants transitant par le marché interbancaire des changes. En contrepartie, les intervenants sont tenus d’utiliser ces ressources pour couvrir des engagements contractés avec l’étranger par eux-mêmes ou par leur clientèle. Il s’agit des opérations relatives aux contrats d’importation, le financement des avances, etc.

Les pouvoirs publics ont cependant pris des précautions en prévoyant des mesures de

répression contre l’infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger. (2)

II. Nature du marché informel des devises

Le marché informel des devises appelé communément « marché noir » est relativement assez ancien en Algérie. Il s’est développé à l’ombre de la gestion administrée du taux de change et de la régulation de l’économie nationale par la planification centralisée. Le strict contrôle des changes existant en cette période et les pénuries de tout ordre ont fait que de nombreux citoyens se sont retournés vers l’épargne des émigrés pour pouvoir accéder à certains biens et services. D’autant plus

1 Bien qu’elles soient prévues, les opérations à terme sur devises ne sont pas encore effectives.

2 Il s’agit de l’ordonnance n° O3 / O1 du 19 Février 2OO3 relative à la répression de l’infraction à la législation et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger.

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6 Revue Campus N°11

que ces deniers, en l’absence de circuit bancaire efficace et rémunérateur, n’ont pas hésité à exploiter les opportunités de ce marché.

Au début, le change au noir se faisait à distance, c’est-à-dire que les devises et la monnaie

nationale changeaient de main grâce à des intermédiaires discrets qui prenaient une commission. Depuis, avec les réformes en matière de change, une nouvelle façon de procéder est apparue où l’on assiste carrément à des achats et ventes de devises étrangères dans la rue ou sur des places publiques connues de tous le monde.

Traditionnellement, l’offre de devises sur le marché informel provient en premier lieu des émigrés en France. En second lieu, les retraites et autres pensions versées en euros et enfin de quelques étrangers qui font le change occasionnellement, lors de leur séjour dans le pays. Des réseaux de « cambistes de la rue » se sont organisés dans la plupart des villes d’Algérie, particulièrement là où existe une émigration.

Les demandes de devises sur le marché informel émanent par contre de personnes physiques

qui souhaitent ouvrir des comptes devises auprès des banques, surtout que celles-ci ne cherchent pas l’origine des billets étrangers. Ces demandes sont devenues très importantes car les détenteurs de comptes devises ont la possibilité de demander des visas d’entrée auprès des ambassades et en même temps justifier des ressources en monnaie étrangère pour espérer obtenir ces visas et donc pouvoir voyager vers l’étranger. En conséquence, une grande partie de la liquidité en devises qui transite par le marché noir se retrouve régulièrement détenue auprès des banques sous forme de comptes devises, facilitant ainsi une amélioration de la position de change de ces établissements bancaires.

C’est là un aspect positif car cela donne la possibilité au système bancaire algérien de

pouvoir canaliser certaines ressources en monnaies étrangères disponibles auprès des émigrés, lesquels privilégient pour des raisons évidentes le canal du marché informel plutôt que le secteur officiel. L’inconvénient réside dans le fait que les banques auront à gérer un perpétuel mouvement de ces comptes devises à cause des retraits incessants de la part de la clientèle qui est le plus souvent à la recherche d’une obtention d’un visa ou d’un financement d’un voyage à l’étranger.

Une autre partie des devises, non moins importante, circule sur le marché parallèle et qui est

difficilement évaluable, va au profit des importateurs de biens et services. Ces derniers constituent une frange qui s’adonne à l’importation de produits prohibés ou de contrefaçon, renforçant par la même occasion le secteur informel (« trabendo ») de façon générale. Ce qui d’ailleurs porte préjudice à l’économie nationale tant par la fraude fiscale, le gaspillage de devises pour des produits douteux que par la concurrence déloyale qui est faite à la production nationale.

Enfin, une dernière partie des ressources en devises disponibles au niveau du secteur

informel, prend la voie de l’étranger sous forme de fuite de capitaux. En effet, de nombreux algériens investissent d’importantes sommes dans des activités telles la restauration, l’hôtellerie, les services, ou carrément l’immobilier dans certains pays comme la France, l’Espagne ou la Tunisie. Dans ce cas, il y a conversion de montants élevés en dinars vers des devises obtenues auprès des « cambistes de la rue » ou encore directement à la source, soit les émigrés eux-mêmes. Ces dernières années, le phénomène s’est accentué à cause du terrorisme, où l’on a assiste au départ massif de nombreux citoyens vers l’étranger, particulièrement des cadres qui s’installent en France, au Royaume-Uni et au Canada. Les ressources en moyens de paiements extérieurs utilisées, se sont procurées également dans la majorité des cas auprès du marché noir.

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7 Revue Campus N°11

Conclusion

La libéralisation de l’économie nationale et l’allègement sensible du contrôle des changes ont donné au marché noir des devises une nouvelle dimension, celle de véhicule des moyens de paiements extérieurs acquis par des citoyens en toute liberté. C’est également une sorte de complément au marché des changes interbancaire dans la mesure où les activités exclues par ce marché seront prises en charge par le secteur informel des devises. D’autant plus que la Banque d’Algérie ne semble pas trop embarrassée par les opérations informelles de change dès lors que le niveau des réserves de change est appréciable et permet de faire fonctionner le marché interbancaire dans de meilleures conditions.

En définitive, les deux marchés sont appelés à évoluer dans une certaine détente tant que

les cours du baril de pétrole brut reste en hausse d’une part, et tant que l’émigration ainsi que les retraités et autres pensionnés de France continueront à alimenter le marché informel, d’autre part. L’écart entre les deux taux de change semble paradoxalement se rétrécir durant ces derniers mois.

Références

- Ordonnance n° 96-22 du 09 juillet 1996 relative à la répression de l’infraction à la législation

et à la réglementation des changes et des mouvements de capitaux de et vers l’étranger.

- Règlement n° 95-08 du 23 décembre 1995 relatif au marché des changes.

- Règlement n° 2000-03 du 02 avril 2000 relatif aux investissements étrangers.

- Règlement n° 2000-04 du 02 avril 2000 relatif aux mouvements de capitaux au titre des

investissements de portefeuille des non-résidents.

- Règlement n° 07-01 du 03 février 2007, relatif aux règles applicables aux transactions

courantes avec l’étranger et aux comptes devises.

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8 Revue Campus N°11

LES CONTRAINTES A L’ACTION PUBLIQUE LOCALE EN ALGERIE :

CAS DES COMMUNES DE LA WILAYA DE TIZI-OUZOU

Kamel MOULAI Faculté des Sciences Economiques et de Gestion

Université Mouloud MAMMERI, Tizi-Ouzou – Algérie. Résumé : La recherche de l’efficacité des actions publiques et la montée en puissance des idées libérales ont conduit les Etats partout dans le monde à réorganiser leur mode d’intervention à partir des années quatre vingt. En Algérie plus de quinze ans après la mise en œuvre de la loi 90-08 portant code communal qui consacre de façon officielle cette réorganisation, en favorisant la décentralisation et le développement par le bas, on se pose, dans cet écrit, la question de savoir quelles sont les principales contraintes auxquelles est soumise l’action communale en Algérie ? Sont-elles uniquement d’ordre financier comme on a souvent tendance à les présenter ?

La réponse à cette question nous conduit à passer en revue les différents modèles théoriques se rapportant au partage des fonctions entre l’Etat et les collectivités locales et à étudier la configuration de ce partage en pratique. Par ailleurs, l’étude des « prédispositions » des collectivités locales en matière d’organisation et de la gestion des ressources financières, humaines, foncières, entre autres, n’a pas manqué de révéler d’autres contraintes à l’action publique locale.

Mots clés : Algérie- Tizi-ouzou- wilaya- Développement local- Kabylie- Economie publique locale- décentralisation- fiscalité locale- Budget communal Introduction

la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix, les communes algériennes évoluaient dans un environnement marqué par la transition de l’économie nationale vers l’économie de marché et la naissance d’un multipartisme politique. Cette

transition a secrété un nombre important de réformes institutionnelles dans les domaines socio-économique et politique.

L’environnement institutionnel dans lequel exerçaient les communes n’est pas resté en marge.

Ainsi, dans le but de l’harmonisation de la législation encadrant les finances publiques locales avec ces nouvelles donnes économiques et politiques, il a été promulgué la loi 90-08 portant code communal, le 07 avril 1990. Cette loi se fixe alors un double objectif : la réalisation d’un développement local impulsé par le bas et la démocratisation de la décision publique locale. Autrement dit, il s’agissait de réaliser une décentralisation économique et politique. Dans cette perspective, la commune se voit assigné alors un rôle des plus important. De par son organe élu, elle constitue le cadre d’expression de la démocratie locale, l’assise de la décentralisation et le lieu de participation du citoyen à la gestion des affaires publiques3. Notre travail de recherche s’inscrit dans ce contexte de mutations économiques et institutionnelles.

Ceci dit, plus d’une décennie après la mise en œuvre des reformes suscitées, tous les rapports,

études et autres manifestations réalisées ces dernières années sur les finances locales et les collectivités locales en général, font part de difficultés dans lesquelles évoluent les communes algériennes tant sur le plan financier qu’institutionnel et autres4.

3 Art. 84 de la loi 90-08 4 Cela ressort des résultats auxquels ont abouti certaines thèses et mémoires, études du CENEAP et autres rapports, etc.

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9 Revue Campus N°11

Quelles sont les contraintes principales auxquelles est soumise l’action communale en Algérie et

quelles spécificités pour le cas des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou ? Notre démarche consiste à étudier l’essentiel des facteurs intervenant dans la mise en œuvre de

l’action communale (les ressources financières, les ressources humaines, l’organisation, le cadre institutionnel et autres), afin d’identifier et d’étudier les contraintes essentielles sur lesquelles elle bute.

Les données pratiques que nous commentons et analysons dans cet article, pour une grande

partie, sont tirées de l’étude que nous avons faite dans le cadre du mémoire de magister5. La présente contribution s’articulera alors autour des axes suivants :

I- Les relations Etat – communes II- L’organisation de la commune et la gestion de la décision III- Les conditions spatiales de l’action communale I- Les relations Etat – collectivités locales

D’une façon générale, les relations entre l’Etat et les collectivités locales sont marquées par

le partage de trois éléments essentiels : les tâches, les ressources financières et le pouvoir de décision. Ce partage dépend du système d’organisation territorial en présence.

Sans prétendre à une quelconque détermination définitive de ce partage, la théorie

économique, à travers la théorie du fédéralisme financier notamment, a présenté certains modèles pour réaliser ce triple partage.

Quelle est la portée théorique et pratique pour ces modèles ? Quelle est la réalité de ce

partage si on se réfère au contexte algérien ? A- Les modèles théoriques du partage des tâches et les principaux enjeux du partage des ressources entre l’Etat et les collectivités locales 1) La répartition des tâches et des moyens financiers entre l’Etat et les collectivités locales

La question du partage optimal des tâches entre l’Etat et les collectivités locales est analysée selon deux types de démarches : les démarches dites fonctionnelles et les démarches institutionnelles. Les premières commencent par définir d’abord la dimension économique de la tâche à laquelle est adaptée ensuite la taille de l’institution qui l’assumera [travaux de C. Tiebout (1956) et ceux de Oates W. E. (1968)]. Les secondes tentent de réaliser une répartition des tâches sur les institutions existantes de façon à minimiser les effets de débordement (selon les principes de la décentralisation ou de la subsidiarité, entre autres).

1.1) Les modèles de Tiebout C. (1956) et Oates W. E. (1968) ou les démarches fonctionnelles L’hypothèse du « vote avec les pieds » de Tiebout a opéré des changements importants dans la théorie dite du fédéralisme financier. Selon Tiebout C. (1956), la mobilité des individus permet à ces derniers de choisir la collectivité qui offre le meilleur assortiment bien public local-impôt. Sera favorisée de ce fait, la formation des groupes (des collectivités) de dimension optimale par bien

5 Moulai K., les contraintes à l’action publique locale : approche en termes de décisions financières communales. Cas des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, Université M. Mammeri de Tizi-Ouzou, décembre, 2005.

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10 Revue Campus N°11

avec des préférences individuelles homogènes. On cherche donc la dimension optimale du groupe d’abord, pour en déduire l’organisation spatiale adéquate ensuite.

Oates W. E. (1968), quant à lui, utilise cinq critères économiques servant de référence pour réaliser la répartition des tâches entre l’échelon central et l’échelon local6: les économies d’échelle, les préférences individuelles, les effets de débordement, les effets d’encombrement et les coûts de décision.

Or, en plus de la difficulté de respecter simultanément ces critères économiques, les deux

démarches [de Tiebout C. et de Oates W. E.] s’avèrent inapplicables dans la réalité puisqu’elles proposent un recommencement de l’organisation déjà existante. De plus, même si les critères économiques sont pris en charge dans le partage des compétences entre l’Etat et les collectivités locales, ils n’en peuvent être les seuls déterminants. 1.2) Les modèles institutionnels : la subsidiarité et la décentralisation La remise en cause de l’hypothèse de Tiebout et des autres modèles qui ont adopté la démarche fonctionnelle concernant le partage des tâches entre l’Etat et les collectivités locales mène à revoir carrément la problématique posée au départ. A présent, il ne s’agit point de définir la taille optimale de la collectivité par rapport à la dimension fonctionnelle de la tâche, chose qui n’est pas facile à réaliser dans la réalité7, mais d’affecter la tâche à la collectivité qui l’assumerait efficacement. Ainsi, certains régimes institutionnels ont adopté le principe de subsidiarité8, tandis que d’autres ont appliqué la décentralisation de l’action publique.

La notion de décentralisation renvoie à un transfert de certaines activités de l’Etat central aux collectivités locales. La décentralisation, plus qu’une simple technique de gestion administrative visant réaliser une « division de travail », renvoie à la création de collectivités indépendantes de l’Etat central, voire en opposition avec celui-ci. Dotées de personnalité morale, ces collectivités auront, dans ce cas, une gestion autonome assurée par un organe élu. En ce sens, la décentralisation est d’une valeur démocratique. 2) Le partage des ressources financières entre l’Etat et les collectivités locales : entre «autonomie fiscale » et inégalités Corollaire au partage des tâches, la répartition des moyens de financement est aussi importante que le premier. La liaison entre les deux est tellement étroite qu’il n’existe point de répartition satisfaisante de tâches sans répartition « claire et projetée des ressources » entre l’Etat et les collectivités locales9. La répartition des ressources financières entre l’Etat et les collectivités locales est réalisée sous la contrainte du respect de deux enjeux qui nous semblent aussi majeurs que contradictoires : « l’autonomie fiscale » des collectivités locales et les « inégalités des ressources fiscales » entre ces dernières 10.

6 Dafflon B., cours : le fédéralisme financier et la décentralisation, chapitre 2, p 3 disponible sur www.unifr.ch 7 A cause des difficultés signalées plus haut ces modèles n’ont pas étés vérifiées en France et rarement en Suisse (selon Dafflon B., op. cité, chapitre2, p. 17.) et les tentatives de vérification ont presque toutes concerné l’Amérique du nord (comme le montrent Derycke P. H. et Gilbert G., op. cité, p101). 8 Selon ce principe, une tâche appartient de droit et de fait au niveau le plus bas de gouvernement , elle ne sera affectée à l’échelon immédiatement supérieur que si le niveau inférieur s’avère « incapable » de l’assumer. 9 Dafflon B., op. cité, chapitre 3 p. 2. 10 Annie V., les systèmes fiscaux, Ed, le Seuil, Paris, 2000, p.186

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La mesure de l’autonomie fiscale se fait en tenant compte de deux éléments combinés : l’un qualitatif, et concerne le pouvoir des collectivités locales sur la règle fiscale, et l’autre quantitatif, mesurant la part des ressources fiscales dans la totalité de leurs ressources. La combinaison de ces deux dimensions de l’autonomie fiscale fait que son degré varie d’un système institutionnel à un autre. Ainsi, on peut avoir une faible autonomie sur les règles (uniquement la fixation des taux comme c’est le cas par exemple en France) et une forte proportion des ressources fiscales dans le total des ressources de la collectivité. Inversement, on peut avoir une forte autonomie sur les règles tandis que la part des ressources fiscales dans le total des ressources est marginale11. L’autonomie fiscale des collectivités locales, en favorisant la concurrence entre ces dernières, aggrave les inégalités fiscales entre elles, sachant que les bases d’imposition sont à l’origine inégalement réparties sur le territoire national. En effet, les collectivités locales qui disposent d’une florissante activité économique – donc de ressources fiscales importantes en conséquence- auront toutes les possibilités de baisser à leur guise la pression fiscale qui, au détriment des collectivités de situation inverse, favorisera une implantation d’entreprises sur leurs territoires. Aussi, en application du principe d’autonomie fiscale, même si les contribuables disposent des bases d’imposition égales, étant donné que les taux votés par les communes par exemple sont différents, il y aura nécessairement des disparités en matière de revenu fiscal entre ces dernières12. Or, ces inégalités ne peuvent être justifiées que si elles reflètent correctement le rapport existant entre la qualité des services rendus par la collectivité et l’impôt payé par des contribuables très mobiles et parfaitement informés. Ce qui vient d’être exposé nous renseigne sur le fait qu’il est difficile de réconcilier autonomie fiscale et équité territoriale.

3) La nécessité de la coordination financière de l’action publique locale Plusieurs instruments sont utilisés pour mettre en œuvre la coordination de l’action publique locale. Les plus utilisés restent cependant, les subventions et le partage des ressources fiscales13 (comme c’est d’ailleurs le cas en Algérie). 3.1) Les effets des subventions de l’Etat aux collectivités locales Les subventions sont l’ensemble des aides financières que l’Etat accorde aux collectivités locales pour qu’elles puissent produire les biens publics locaux et les biens sous tutelle14 et la réduction des effets de débordement. Les subventions accordées par l’Etat aux collectivités locales ne peuvent être sans effets sur le comportement de celles-ci. Ces effets sont regroupés depuis Williams (1966) comme le

11 En ce sens Annie V., op. cité, p.182, relève qu’en Europe seuls le Danemark, l’Espagne, la France, l’Allemagne et Luxembourg pour qui la part des ressources fiscales des collectivités locales dans la totalité des ressources est supérieure ou égale à 40%. 12Guengant A., équité territoriale et inégalités, le rôle de la DGF dans la réduction des inégalités financières entre les communes,CNRS, collection GRAL, n°15, LITEC, Paris, 1983, p.49. 13 De plus, les subventions se taillent la part du lion en matière d’abondance de la littérature la concernant. Tout de même, Il faudrait ajouter à ces instruments d’autres comme les « dépenses fiscales » et « autres instruments divers ». 14 Nous entendons ici les biens publics dont l’attitude tutélaire de la puissance publique peut être plus ou moins marquée par rapport aux autres biens publics. Par exemple: la santé publique et l’éducation.

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notent Derycke P. H. et Gilbert G.15, indépendamment des choix entre tel ou tel type de subvention, en trois effets principaux. Ainsi, les subventions : - favorisent la création de nouveaux services à travers de nouveaux programmes de dépenses ou le développement de programmes existants ; - permettent le maintien des dépenses qui, faute de ressources suffisantes, auraient pu être l’objet d’une suppression ; - provoquent un double effet de substitution entre, d’un côté, les ressources définitives (subventions) et recettes temporaires (emprunts) et entre subventions et impôts, d’un autre côté. 3.2) Le partage des ressources fiscales Le partage des ressources fiscales entre l’Etat et les collectivités locales peut être apprécié comme un instrument de la coordination financière de l’action publique locale, dès lors qu’il assure le versement aux collectivités locales d’un flux de revenu déterminé et réparti sur des critères préétablis. Le partage des ressources fiscales vise essentiellement: -le renforcement de la vitalité et de l’indépendance des collectivités locales ainsi que leur assainissement financier ; -l’accroissement de l’élasticité des ressources fiscales locales par rapport à l’activité économique et l’incitation à l’effort fiscal16 ; -la progressivité des impôts locaux par rapport au revenu ; -la réduction des inégalités financières entre collectivités territoriales. Finalement, la répartition des compétences et des ressources entre les différents niveaux de gouvernement serait l’une des tâches les plus délicates à réaliser pour tous les Etats, puisque la réalité nous montre que cette répartition n'est jamais immuable. Cela fait dire à Derycke P. H. et Gilbert G.17 qu’«il n’existe aucune ligne de démarcation stable entre les compétences de l’Etat central et celles dévolues aux pouvoirs régionaux ou locaux mais une frontière mouvante à travers l’histoire ». Ce mouvement serait plutôt guidé par « les préférences (des populations) pour la centralisation et la décentralisation ». Dès lors, la coordination des actions entres les différents échelons est la solution privilégiée pour tous les systèmes institutionnels. Les transferts financiers inter-échelons observés dans tous les pays du monde illustrent parfaitement cet état de fait. B- Compétences et financement des communes algériennes : dépendance et assistanat 1) Les actions de développement « contrôlées »

Dès la première loi organique relative aux communes de l’Algérie indépendante, il est consacré l’omnicompétence18 de ces dernières. En fait, l’ordonnance n° 67-24 du 18 janvier1967 et les différents textes qui ont suivi, notamment les 19 décrets promulgués en 1981, ont précisé les compétences pour les communes dans 19 secteurs d’activités. La réduction de certaines de ces dernières dans le cadre de la loi 90-08 du 7 avril 1990 n’est point significative. Elle a concerné essentiellement l’intervention économique directe à travers laquelle l’Etat confirme son retrait de la sphère économique au profit du marché.

En analysant la façon dont le code communal a « dicté » les attributions de la commune,

nous pouvons relever les points suivants :

15Derycke P. H. et Gilbert G., op. Cité, p.50 16 L’ « effort fiscal » d’une commune est mesuré par le rapport entre le montant effectif du produit de la fiscalité directe locale de la collectivité et son potentiel fiscal. 17 Derycke P. H. et Gilbert G., op. cité, p.10 18 Pour plus de détails voir la loi 90-08 du 7 avril 1990 relative à la commune.

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- dans les domaines de l’urbanisme, infrastructures et équipements et de l’hygiène, salubrité publique et environnement, les communes peuvent intervenir avec de larges prérogatives ; - l’intervention des communes dans les domaines de l’aménagement du territoire et l’investissement économique est plutôt marginale. Cela montre notamment la suprématie de l’option du développement par le haut, puisque la commune est tenue par l’obligation de « cohérence » entre son plan de développement et celui de la wilaya qui, lui-même, se fait d’une façon contractuelle avec l’Etat. Par ricochet, la commune se voit alors contrainte d’élaborer son plan de développement par l’Etat ou avec lui. Des «gardes-fous» sont ainsi mis de fait à toute initiative communale19 ; - l’omnicompétence qui caractérise l’intervention des communes, peut apparaître comme un gage et un signe importants pour la décentralisation. Toutefois, elle renforce notre interrogation sur le degré d’efficacité de l’action publique locale20, et ne nous donne qu’une vision partielle de la décentralisation de la décision publique, lorsque l'on sait que souvent le rôle de la commune est celui d’ « initiateur », de « constructeur », de « veilleur », le tout sous contrôle de la wilaya, l’échelon supérieur. 2) Les contraintes liées aux ressources financières des communes dans la wilaya de Tizi-Ouzou

Sur le plan financier, les communes sont confrontées à de multiples difficultés. Il y a d’abord, l’indigence des ressources qui génère des déséquilibres chroniques entre les recettes (notamment pour les ressources propres) et les dépenses. Ensuite, l’étude de la structure des budgets communaux témoigne de la dépendance financière des communes vis-à-vis de l’Etat, puisque les subventions occupent plus de 20% des recettes de fonctionnement et plus de 66 % des recettes d’équipement. Que reste t-il de l’autonomie d’action des communes ? Sur un autre plan, l’étude de l’action d’équipement confirme que l’action d’équipement échappe dans une large mesure aux communes et en termes de niveau et en termes de maîtrise.

a) Le déséquilibre entre les ressources financières et les besoins de financement

Tableau n°2 : Le nombre de communes déficitaires dans la wilaya de Tizi-Ouzou (2001-2003) Année 2001 2002 2003 Nombre de communes déficitaires 58 61 57 En pourcentage (/67 communes) 86.57% 91.05% 85.07% Source : Direction de l’Administration Locale (DAL) - Tizi-ouzou

Nous pouvons affirmer que l’inadéquation du niveau des ressources fiscales et patrimoniales

aux charges générées par les multiples missions des communes et les besoins de leurs populations explique fondamentalement le phénomène du déséquilibre budgétaire. En conséquence, c’est la dépendance financière des communes vis-à-vis de l’Etat qui se trouvera accentuée. Ainsi, le recours à la subvention exceptionnelle d’équilibre du Fonds Commun des Collectivités Locales (FCCL) est pratiquement systématique pour la plus grande majorité des communes. Cette subvention constitue une source de financement que ces communes sollicitent chaque année.

19 Ainouche M. C., les finances publiques locales ou la problématique du financement du développement local, Revue du CENEAP n° 12, 1998, p36. 20 Dans une analyse des compétences faite par le conseil économique et social (CNES) dans son avant-projet de rapport sur « la ville ou le devenir urbain du pays »,12ième session, il est notamment mis l’accent sur la surcharge des communes en matière d’attributions. Ces dernières « dépassent de loin les capacités financières, les visions stratégiques requises ainsi que les aptitudes managériales des communes ».

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b) La structure des recettes et des dépenses des communes étudiées (2001-2003) L’étude de la structure du budget nous permet de rendre compte de la nature des ressources (propres ou concours de l’Etat) des communes et de l’usage dont celles-ci en font.

Graphique n°1: La structure des recettes de fonctionnement des communes de la w ilaya de Tizi-Ouzou (2001-2003)

la f iscalité directe (38,75%)

la f iscalité indirecte (2,27%)

les produits d’exploitation (0,70%)

les produits domaniaux (4,28%)

les autres produits (f inanciers,exceptionnels et antérieurs) (32,90%)Subventions et autres attributions defonctionnement (20,61%)

Source : calculs effectués à partir des données de la DAL- Tizi-Ouzou.

Pour les recettes de fonctionnement, l’étude de la structure des recettes de fonctionnement

des communes (voir le graphique n°1), sur la période (2001-2003), montre que la fiscalité directe y occupe la part principale avec un taux de 38,75% du total des recettes de fonctionnement. L’analyse par articles donne la taxe sur l’activité professionnelle (TAP) et le versement forfaitaire (VF) en première position en termes d’importance, tandis que le produit de la taxe foncière reste d’un apport faible. Cependant, il est à relever que le VF qui constituait l’une des principales ressources pour les communes ne cesse de voir son montant diminuer ces dernières années suite aux différentes baisses qu’a connues son taux21. Nous nous posons alors la question de savoir si ce produit important dans la structure des recettes communales fera l’objet d’un remplacement ou d’une compensation ? Comment ? Par ailleurs, il y a lieu de signaler que le produit de la taxe d’assainissement collectée sur la facture d’eau n’est pas reversé, en pratique, aux communes comme cela a été prévu par la loi22. L’apport de la fiscalité indirecte est très faible (2,27%).

Les autres produits sont formés essentiellement par les produits exceptionnels, les produits antérieurs et d’une part insignifiante des produits financiers. Ils constituent d’une façon globale 32,89% des recettes de fonctionnement.

Les subventions et autres attributions de fonctionnement, qui forment 20,60% de recettes de fonctionnement. Les produits d’exploitation et les produits domaniaux représentent une part presque négligeable dans le budget des communes, soit moins de 5%, d’une façon globale des communes de la wilaya de Tizi-ouzou.

Au total, les ressources « propres » de fonctionnement des communes restent tributaires

dans une large mesure de l’activité économique, seule génératrice de produits des impôts directs (TAP et VF).

Pour les recettes d’équipement, le Graphique n°2 fait apparaître, globalement, la dominance des concours de l’Etat sur les autres recettes.

21En effet, la loi de finances complémentaire pour 2001 a ramené le taux du VF, qui était de 6% pour les traitements, salaires, indemnités et émoluments et de 1% pour les pensions et rentes viagères, au taux unique de 2% avant d’être ramené à 1% par la loi de finances 2005. La loi de finances 2006 a carrément supprimé le VF. 22 La loi de finances pour 1994 prévoie l’encaissement du produit de cette taxe par la commune, si elle assure la gestion du service de l’eaux ou par l’entreprise gestionnaire de l’eau qui la reverse trimestriellement au receveur communal concerné.

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Graphique n°2: La structure des recettes d'équipement des communes de la w ilaya de Tizi-Ouzou sur la période (2001-2003)

Le prélèvement (l’autofinancement) (8,40%)

Excédent reporté (19,94%)

Aliénation de meubles, immeubles et grosmatériel (l5,15%) Les subventions de l’Etat (49,24%)

Les subventions du fonds communal desolidarité (0,91%) Les subventions de la w ilaya (16,05%)

Source : calculs effectués à partir des données de la DAL- Tizi-Ouzou.

Ainsi, les subventions d’une façon générale (de l’Etat, de la wilaya et du fonds communal de

solidarité) occupent une très grande part dans le financement de la section d’équipement des budgets des communes, avec un taux global de 66,90%. Les subventions de l’Etat, à elles seules, représentent près de 50% du total des recettes de la section d’équipement.

Le prélèvement sur la section de fonctionnement exprime l’effort d’autofinancement dégagé

par les communes sur leurs recettes de fonctionnement au profit de l’équipement et de l’investissement. Il occupe une part très faible dans le financement de la section d’équipement, soit 8,40% du total des recettes de cette section. Les taux les plus importants de prélèvement ont été dégagés par les communes de Tizi-Rached et la commune de Tizi-Ouzou23. Ces deux communes ont constitué en 2003, des prélèvements représentants 39,44% et 22, 53% respectivement24.

L’aliénation de meubles et immeubles et de gros matériel a rapporté 15,15% de recettes à la

section d’équipement durant la période étudiée. Alors que l’emprunt demeure une source non utilisée de financement de l’équipement.

D’une façon générale, l’étude de la structure des recettes d’équipement des budgets

communaux nous permet de conclure que l’action d’équipement des communes est plus l’affaire de l’Etat que celle des communes. c) Le caractère marginal de l’effort des communes en matière d’équipement Ce sont les actions des communes en matière d’équipement et investissement qui recouvrent mieux, à notre avis, le sens de l’action communale, notamment celle de développement.

Pour rendre compte du niveau de l’effort d’équipement des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, nous avons retenu un échantillon de 10 communes représentatif de l’espace wilayal. Pour ce faire, nous avons retenu trois critères : la caractéristique de l’espace géographique (montagne, plaine et côte) ; le degré richesse (pauvres et riches) et la taille démographique de la commune.

Le calcul du ratio de l’effort d’équipement pour chaque commune sur la période (2001-2003), en rapportant les dépenses d’équipement au nombre de ses habitants25, nous a permis de déterminer l’effort moyen pour chaque commune sur l’ensemble de la période.

23 Les communes de Tizi-Ouzou et Tizi-Rached ont respectivement des ratios de richesse de 3517,68 et 6581,44, respectivement (chiffres donnés par le ministère de l’intérieur pour l’année 2005) 24 Moulai K., op. cité, p.152 25 En utilisant les estimations de la population par commune établies par la DPAT de Tizi-Ouzou pour les années 2001, 2002 et 2003.

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Graphique n°3 : L'effort moyen d'équipement des communes de la w ilaya de Tizi-Ouzou (2001-2003)

< à 4000 DA (70%)

4000 DA - 6000 DA (20%)

> 6000 DA (10%)

Source : calculs effectués à partir des données de la DAL-Tizi-Ouzou.

Les actions d’équipement pour la majorité des communes portent essentiellement sur la

réalisation des infrastructures de base. Il s’agit notamment des équipements scolaires et sanitaires, des réseaux d’adduction en eaux potable (AEP), des réseaux d’assainissement, de l’entretien et revêtement de la voirie, et ce par les biais des plans communaux de développement (PCD).

Le graphique n°3 montre que soit 70% communes, c'est-à-dire sept communes, ont un effort d’équipement n’excédant pas les 4000 DA par habitant dont trois ont des ratios inférieurs à 3000 DA. Deux communes ont un ratio entre 4000 et 6000 DA par habitant, soit un taux de 20%. Une commune seulement, c'est-à-dire 10% parmi les dix, pour qui le ratio de l’effort moyen d’équipement dépasse les 6000 DA par habitant.

Cependant, l’effort moyen d’équipement ne nous permet pas de porter un jugement direct et définitif sur le niveau réel d’infrastructures des communes. En effet, pour les quelques communes aisées financièrement, cet effort est relativement permanent, puisque il est réalisé, pour une grande part avec leur propre financement. En revanche, pour les communes démunies financièrement, et dont les actions d’équipement dépendent directement des subventions de l’Etat, l’observation de la réalité fait apparaître le faible niveau d’équipement dans lequel elles se trouvent. Dans ce cas, les actions d’équipement financées par l’Etat visent la réalisation des infrastructures de base (centre de santé, écoles, routes, etc.).

Cette inégalité en termes de niveaux d’équipement des communes doit inciter l’Etat à revoir

le mode d’attribution des subventions qui se base actuellement, et à titre principal, sur le critère démographique ; il devrait intégrer également le niveau d’équipement des communes.

II- Quelques problèmes d’organisation et de gestion des communes

Les ressources humaines et les capacités organisationnelles sont deux autres facteurs dont dépendent le niveau du fonctionnement et l’efficacité d’action des communes. Pour le premier facteur, les procédures liées au recrutement des personnels communaux, la structure des effectifs des communes et le problème que pose leur formation, sont des éléments qui nous permettent d’en apprécier la réalité. Pour le deuxième, à travers l’étude des aspects organisationnels, du fonctionnement et des interactions qui existent entre les différents acteurs intervenant dans l’exécution des décisions communales, nous donnera le degré de mise en œuvre des pratiques managériales au sein des communes algériennes. A- La gestion des ressources humaines des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou 1) Les procédures actuelles de recrutement des agents communaux Jusqu’à 1993, les communes recrutaient sur décision de délibération de l’APC. A partir de cette date, les services du personnel communal de la Direction de l’Administration Locale (DAL)

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de la wilaya de Tizi-Ouzou (c'est-à-dire la tutelle) ont institué ce qui est connu comme étant le « tableau des effectifs ». Ce tableau retrace la situation de la commune en matière des ressources humaines en insistant notamment sur les prévisions de recrutement. Toute décision de recrutement de personnels est soumise alors à l’aval de la tutelle. Ce dernier est subordonné à la bonne santé financière de la commune concernée. Au même titre, le décret 95-126, institue le plan annuel de gestion des ressources humaines (PGRH). Par ce plan, sont arrêtées, « conjointement » entre la commune et les services de l’autorité chargée de la fonction publique, les opérations devant être réalisées au cours de l’année budgétaire et notamment celles relatives aux recrutements, aux promotions, aux mises à la retraite et à la formation, aux perfectionnement et aux recyclage des agents communaux26. Ainsi, par ce plan, le législateur a consacré une « implication » directe - et à priori- des services relevant de l’autorité chargée de la fonction publique dans la gestion des ressources humaines des communes. En outre, l’exercice d’un contrôle à posteriori par les services de la fonction publique sur l’exécution du PGRH et sur la légalité des décisions prises dans ce cadre est également institué.

Si ces procédures sont de nature à limiter l’ampleur des déficits budgétaires dont souffrent les communes, en réalité elles demeurent rigides du fait que les mesures imposées par la Direction de la Fonction Publique ne correspondent pas toujours aux besoins des communes27.

De plus, la nature rigide et l’application que l’on fait de ces procédures confirment la

prééminence de la gestion statutaire des personnels sur l’esprit d’initiative et de la performance. Cela fait des membres de l’encadrement communal des « applicateurs de règles » plutôt que des « gestionnaires de personnels ». 28 2) La structure des effectifs des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou sur la période (2000-2003) Le graphique n° 4 montre l’évolution des effectifs globaux des communes et de l’encadrement29 qui caractérise les ressources humaines des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, sur la période (2000-2003).

Graphique n°4 : Evo lut ion de la st ruct ure des ef f ect i f s des communes de la wilaya de T iz i- Ouzou sur la pér iode ( 2 0 0 0 - 2 0 0 3 )

0%

20%

40%

60%

80%

100%

2000 2001 2002 2003

Années

Taux

Exécution

Maîtrise

Cadres

Source : calculs effectués à partir des données de la DAL (wilaya de Tizi-Ouzou)

Le graphique n° 4 montre que les effectifs employés par les communes tendent à être stables, puisque de 2000 à 2003, il a été enregistré une croissance relativement faible (6,22%). Les restrictions citées plus haut seraient à l’origine de cet état de fait, même si la majorité des

26 Art.6 « bis » du décret exécutif 95-126 du 29 avril 1995 modifiant et complétant le décret n°66-145 du 2 juin 1966 relatif à la publication de certains actes à caractère réglementaire ou individuel concernant la situation des fonctionnaires. 27C’est par exemple le cas lorsqu’une commune dont le secrétaire général nous a révélé que pour recruter un cadre pour le service de comptabilité et finance, les services de la fonction publique ont pris des mesures qui ont mené au recrutement d’un cadre licencié en sciences juridiques pour ce poste au lieu d’un financier. 28 Bartoli A., le management dans les organisations publiques, Ed., Dunod, Paris, 1997, p.111. 29 Fonction que remplit le personnel cadre.

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communes les a perçues comme étant une frustration, puisque elle se considère en situation de sous-effectifs30. Les personnes interrogées, dans le cadre de notre enquête, pensent que les communes n’emploient pas des effectifs suffisants. Paradoxalement, ces mêmes personnes soulignent l’existence de sureffectifs dans les services techniques. Cela dénote de la mauvaise répartition des effectifs par service. Par ailleurs, il faut remarquer la faiblesse du taux d’encadrement (4.88% en 2003), et sa une faible évolution de 1.03% de 2000 à 2003. Cela reste insuffisant, d’autant plus que la moyenne nationale en matière d’encadrement des communes en 2000 était de 5.6%31. Outre les moyens financiers que les communes invoquent pour expliquer cette situation, les services de la DAL de la wilaya révèlent que les communes ont tendance à préférer le recrutement des agents d’exécution au détriment des agents cadres et maîtrise. 3) Le déficit en matière de formation du personnel

Les résultats de notre enquête révèlent l’absence d’une véritable politique de formation des personnels des communes. Dans plus de 90 % des communes, la formation des personnels n’est ni assurée ni à l’ordre du jour. Les raisons avancées pour expliquer cette situation sont le manque de ressources financières et d’initiative. Notons à ce titre que d’une façon générale, les communes ont affiché une position d’attente « d’initiative qui viendra des pouvoirs publics » c'est-à-dire, d’être assistées par l’Etat dans cette tâche. Dans plusieurs communes, on considère que la tâche de la formation des personnels est du domaine « exclusif » de l’Etat. B- L’organisation et l’administration des communes

Nous voulons ici mettre en relief la question des organigrammes communaux et de la séparation des tâches entre le personnel élu et les fonctionnaires communaux.

1) L’inadaptation des organigrammes aux vocations des communes

La majorité des personnes interrogées sur l’organigramme de leur commune trouve celui-ci « peu » adapté à la vocation de leur commune. Bien que cet organigramme ait subi plusieurs modifications32, les mêmes personnes estiment que la réglementation régissant son élaboration reste rigide puisque, pour ce faire, elle ne prend en considération que le critère démographique et ignore la vocation des communes. A titre d’exemple, la commune de Tigzirt, une commune côtière dont le nombre d’habitants est inférieur à 20 000 habitants, se plaint du fait que ni son statut administratif de chef-lieu de daïra ni sa vocation touristique ne soient reflétés dans son organigramme. C’est ainsi que la fonction tourisme se trouve intégrée dans le service de la réglementation, des affaires générales, de l’animation sociale et culturelle au même titre que le service national, les élections, le registre des moudjahidines, etc.

Même si dans la plupart des cas, nos interlocuteurs ont seulement émis le vœu de voir

étoffer certains services de leur commune ( notamment le service de la réglementation et affaires générales et le service technique), d'autres souhaitent créer de nouveaux services pour la gestion du personnel, le parc, etc.

30 Prés de 60% des communes enquêtées s’estiment en situation de sous-effectif, 27% en situation de sureffectif et 13% seulement considèrent que leurs effectifs correspondent à leurs besoins. 31CENEAP, étude de l’encadrement de la wilaya, de la daïra et de la commune (document interne), juillet 2000, pp. 55. 32 Les personnes interrogées ont avancé des dates de modification assez récentes (allant de 1992 à 2004).

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2) Administration de la commune et statut du secrétaire général La fonction administration dans la commune est assurée dans la plupart des cas par le

secrétaire général. Considéré comme le « connaisseur » des questions administratives, ce dernier constitue le maillon central dans l’organisation des services de la commune. Il est souvent qualifié de « garant » de la pérennité de l’institution communale et de la continuité du service public33.

Les résultats de notre investigation ont confirmé l’intervention directe des secrétaires généraux dans la gestion de l’ensemble des services communaux. En effet, souvent par « manque de qualification » des chefs des différents services, les secrétaires généraux se voient dans l’obligation de gérer eux-mêmes les dits services. En perspectives, des écrits à ce sujet évoquent un consensus qui semble se dégager34 : à l’APC (aux élus) de contrôler et d’orienter les actions communales et au secrétaire général et fonctionnaires d’exécuter le programme de celle-ci. D’ailleurs, il semble que la prochaine révision du code communal prendra en charge la question du statut du secrétaire général de la commune35. III- Les contraintes liées à l’espace et à la gestion des ressources foncières communales

Les conditions spatiales de l’action communale telles que les caractéristiques du relief

physique et la gestion des ressources foncières des communes, influencent, à notre avis, les actions communales de développement. En effet, toutes les communes n’ont pas l’accès avec la même facilité à l’infrastructure qui sert de base au développement économique et social. Il en résulte : des communes rurales de montagne déshéritées et insuffisamment dotées d’infrastructures de base et des communes urbaines relativement plus équipées. Par ailleurs, la gestion des ressources foncières notamment pour celles qui reviennent à ces dernières a conduit à la raréfaction de cette ressource et au développement des contentieux complexes entre les communes d’un côté et des particuliers de l’autre. A- Les contraintes spatiales

En se référant à la classification faite par la Direction de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (DPAT) de la wilaya de Tizi-Ouzou suite à une étude réalisée en 200336, nous avons élaboré une matrice faisant ressortir une importante corrélation entre la classification des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou selon leur degré de développement et leur répartition sur les trois zones géographiques. Ainsi, il ressort clairement que les communes se situant sur les vallées et plaines sont les mieux classées en matière de développement alors que celles de montagne y sont reléguées aux niveaux inférieurs.

1- La corrélation entre les situations géographiques des communes et leurs degrés de développement

L’observation du tableau n°3, fait apparaître deux situations extrêmes : toutes les communes

classées en premier rang en matière de développement sont issues de la zone de vallée et de plaines et toutes les communes classées dernier rang en matière de développement sont des communes des zones rurales de montagne.

33 Ali Ziane M. O., op. cité, p.193. 34 Meziane Cherif A., collectivités locales : gestion et évolution, Ed, ENAG, Alger, 1995, p.19. 35 Ministère de l’intérieur et des collectivités locales et de l’environnement, base de travail pour l’élaboration de l’avant-projet de loi relative à la commune, Alger, juin 1999. 36 Pour ce faire, elle a tenu compte des critères suivants : le taux d’urbanisation ; le budget communal ; le taux d’activité ; l’alimentation en eaux potable ; le gaz de ville ; le taux de scolarisation ; l’infrastructure sanitaire ; la densité postale (donnée par le nombre d’habitants par établissement postal le nombre de lignes téléphoniques par habitant).

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Cela montre des résultats qui convergent pour situer le développement dans la plaine, où les zones industrielles sont implantées, et l’enclavement dans la montagne et la côte37. D’ailleurs, les communes classées « à promouvoir »38 par l’Etat dans la wilaya de Tizi-Ouzou, sont issues pour la quasi-totalité de ces deux zones. Ce qui confirme nos résultats. Tableau n° 3 : Matrice de la répartition du développement entre les communes de la wilaya de Tizi-Ouzou selon leur relief géographique.

Le degré de développement Le relief géographique

1ier rang

2ième rang

3ième rang

4ième rang

5ième rang

Zone de vallée et plaine

Tizi-Ouzou, Draa Ben Khedda, Azazga, Fréha Boghni, Draa El Mizan, Tadmait, Tizi Rached.

Mékla

Tizi-Ghenif, Ain zaouia, Mechtras, Sidi Namane, Ouaguenoun.

Souama, M’kira Tizi N’Tlata.

Zone côtière

Tigzirt, Azeffoun

Makouda Boudjima

Ait Iassa Mimoun Tmizart, Iflissen, Mizrana, Aghribs, Ait Chafaa.

Zone de montagne

Larbaa nath Irathen

Yakouren, Ain El Hamam, Beni Douala.

Iferhounen, Ait Yenni, Ouacif, Maatkas, Bouzeguene, Tirmitine, Beni Aissi

Zekri, Illilten, Iloula Oumalou, Imsouhal, Beni Ziki Idjeur, Frikat Akbil, Ait Yahia moussa,Abi Youcef Bounouh, Ait yahia, Agouni Gueghrane Akkerou, Ait Boumahdi, Ait Oumalou, Ait Toudert, Ait Aggouacha, Iboudrarene, Ait Bouadou, Yatafen, Assi youcef, Ait Mahmoud,Ifigha , Beni zmenzer, Souk El Tenine, Ait Khelili

Source : matrice élaborée à partir de l’exploitation de données de la DPAT- Tizi-ouzou 37 Les communes de la zone côtière se situent également, pour leur majorité en hautes collines de 500 à 1000 m d’altitude et des pentes de 12 à 25%37 (Bouguermouh A., monographie de la wilaya de Tizi-Ouzou, livre I, présentation générale de la wilaya, tome 2, la société et l’économie, CREAD, 1987, p.5). 38 Arrêté interministériel du 9 octobre 1991 fixant les communes à promouvoir.

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2- Les effets de la planification centralisée amplifiés par le découpage administratif de 1984

L’une des explications qui nous semble pertinente de cet état de fait est liée à la mise en œuvre de la politique de développement dans la wilaya s’inscrivant dans le cadre des politiques régionales mais décidées à partir du centre à l’occasion des plans de développement nationaux39. Ces politiques ont ignoré les contingences et spécificités géographiques et physiques du territoire de la wilaya. Ainsi, la politique de développement régional menée à partir du deuxième plan quadriennal en est, pour le moins, révélatrice40. Suite à la mise en œuvre de ce plan, il a résulté une localisation inégale des équipements et investissements sur les différentes zones composant le territoire de la wilaya. La zone de vallée et plaines qui présente plus de facilités pour son aménagement, se voit réservée l’essentiel de l’effort d’équipement et d’investissement de cette politique au détriment du reste de la wilaya.

L’implantation des zones industrielles et d’activités et du tissu d’infrastructures sur le

territoire de la wilaya, qui exige des espaces suffisamment viables (réseaux électriques de haute tension, réseaux de voirie, le transport ferroviaire, etc.) est concentrée dans les communes de la zone de vallée et plaines.

Par ailleurs, le découpage administratif de 1984 a compliqué davantage cette situation. Ce

dernier a donné naissance à de nouvelles communes souvent économiquement non « viables ». Cela constitue, à notre sens, la cause principale du développement inégal dans la wilaya de Tizi-Ouzou.

Tout compte fait, le caractère enclavé et accidenté de la plus grande partie des communes de

la wilaya de Tizi-Ouzou, ne facilite pas l’initiation de toute action de développement par ces dernières. Cela a donné lieu à un développement inégal entre les communes urbaines et les communes rurales de la montagne. B- La gestion des ressources foncières

Contrairement aux autres ressources (financières et humaines), le foncier doit être considéré comme une ressource particulière en ce sens qu’elle est à la fois « rare » et « non renouvelable ». De ce fait, et parce qu’il est incontournable à toute action de développement, le foncier doit bénéficier d’une gestion rationnelle.

La ressource foncière, d’une manière générale, a fini par s’ériger en facteur de blocage pour

le développement, alors qu’il devait en constituer sa pierre angulaire41. Les communes qui sont appelées à gérer une part de cette ressource, à la préserver et à

l’utiliser d’une façon rationnelle, se retrouvent au centre d’un contexte que les résultats de notre enquête peuvent résumer par les points suivants :

- une cascade de textes législatifs, souvent mal interprétés, qui ont fini par générer de « lourds » et « interminables » contentieux entre les APC et des particuliers ;

- une raréfaction des disponibilités foncières communales qui rend difficile toute planification des actions communales de développement à moyen et à long terme et favorise une implantation anarchique des équipements publics, souvent au détriment de la vocation des terres;

39 Le plan triennal (1967-1969), le plan quadriennal (1970-1973), le plan quadriennal (1974 -1979) et le plan quinquennal (1980 – 1984). 40 Rapport de l’ANAT, 1996. 41 Le CNES, rapport sur la configuration du foncier en Algérie, 24ième session plénière, 2004, p.6.

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- l’espace montagneux de la plupart des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou n’a pas manqué d’amplifier cette raréfaction et d’engendrer des coûts supplémentaires (terrassement, désenclavement et viabilisation) pour l’utilisation des terrains souvent accidentés et enclavés.

Les réserves foncières communales ont été constituées, dans la plupart des cas, à partir « des terrains domaniaux transférés à des prix faibles fixés par voie administrative », note le CNES. Ce dernier précise, qu’au niveau national ces réserves se répartissent en : 40% pour l’habitat individuel, 35% pour l’habitat collectif et 10% pour les zones d’activités. En guise de conclusion

Nous pouvons affirmer d’une façon globale que fondamentalement les relations entre l’Etat et les collectivités locales, dans le cas des Etats unitaires, expriment une situation de « fait du prince ». Autrement dit, l’Etat central reste le décideur principal, voire unique, en matière de la décentralisation de la décision publique. Thoenig J. C. (1992) écrit à ce titre qu’ « en matière de décentralisation, le pouvoir central gouverne de façon centralisée. »42

Théoriquement, l’analyse économique, à travers la théorie du fédéralisme financier et de l’économie de la décision publique- en abandonnant l’hypothèse de l’existence d’un planificateur central qui serait « bien veillant » et « parfaitement informé »43, depuis le début des années quatre vingt- a présenté un argumentaire en faveur de la décentralisation de la décision publique en matière d’allocation des ressources en vertu du paradigme de l’efficacité. La même théorie a reconnu les limites de la décentralisation pour le cas des actions de redistribution du revenu et de stabilisation de la vie économique.

En pratique, le cas algérien a révélé que l’action des collectivités locales est soumise à un

certain nombre de paramètres contraignants.

A ce titre, il n’est pas indiqué de confiner toutes les difficultés que vivent les communes dans le seul facteur « ressources financières » comme ont tendance à l’exprimer les élus locaux44. Il n’est pas garanti que « l’injection » de ressources financières supplémentaires sera la solution idoine à toutes leurs difficultés. En effet, nous venons de montrer que des contraintes marquent tous les facteurs supposés de l’action communale. Par conséquent, la recherche des solutions ne pourrait être que par une réforme globale des conditions de l’action publique locale, qui constituerait alors un gage pour un développement local et une bonne gouvernance locale. Références bibliographiques - Annie V., Les systèmes fiscaux, Ed., Le Seuil, Paris, 2000. - Bartoli A., Le management dans les organisations publiques, Ed., Dunod, Paris, 1997. - Dafflon B., La gestion des finances publiques locales, éd., Economica, 2ième éd., Paris, 1998. - Derycke P. H., Economie publique locale, éd, Economica, Paris, 1988. - Greffe X., Economie des politiques publiques, éd., Economica, Paris, 1997. - Greffe X., La décentralisation, éd, la Découverte, Paris, 1992. - Gruber A., Décentralisation et institutions administratives, coll., U, éd., A. Colin, Paris, 1996. - Pendaven C., Economie des décisions publiques, éd., Vuibert, 1994. 42 J. C. Thoenig, la décentralisation dix ans après, in Pouvoirs, n°60, 1992, pp., 5-16, cité par Vie Publique, dossier sur la décentralisation (Dossier mis en ligne en novembre 2003 (dernière mise à jour : 3/09/2004), www.vie-publique.fr 43 Pendaven C., économie des décisions publiques, éd., Vuibert, 1994. 44 Benaissa S., l’aide de l’Etat aux collectivités locales, éd., OPU, Alger, 1983.

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Thèses et mémoires -Ali Ziane M. O., Les finances publique locales : analyse et perspectives dans une économie en transition, thèse d’Etat, Université d’Alger, 2000. -Moulai K., Les contraintes à l’action publique locale : approche en termes de décisions financières communales. Cas des communes de la wilaya de Tizi-Ouzou, Université M. Mammeri de Tizi-Ouzou, décembre, 2005. Revues -La revue du CENEAP n° 11, Alger, 1996. -La revue du CENEAP n°12, Alger, 1998. Articles -Barilari A., La question de l’autonomie fiscale, in la Revue Française des finances publiques, n° 80-décembre 2002, pp., 78-83. -Bélanger G., Le fédéralism fiscal ou comment concevoir l’harmonisation, in La Revue Française des finances publiques, n° 20, 1987, pp.99-112 -Belmihoub M.C., Réforme institutionnelle et gouvernance locale, in actes du colloque international, La décentralisation au service du développement local, université Mouloud Mammeri, Tizi-ouzou, 27-28 novembre 2004. -Bolliet A., Autonomie locale et responsabilité fiscale, in Klein J. S., moderniser la fiscalité locale, Ed., Economica, Paris, 1990, pp. 9-17. -J. C. Thoenig, La décentralisation dix ans après, in Pouvoirs, n°60, 1992, pp., 5-16, cité par Vie Publique, dossier sur la décentralisation (Dossier mis en ligne en novembre 2003 (dernière mise à jour : 3/09/2004), www.vie-publique.fr Autres documents, rapports et études -Bouguermouh A, Monographie de la wilaya de Tizi-Ouzou, livre I, présentation générale de la wilaya, tome 2, La société et l’économie, CREAD, 1987. -Bouguermouh A. et Bouteldja O., Les entraves au développement local dans la wilaya de Tizi-Ouzou, rapport final : Le développement local vu par les locaux, CENEAP, décembre 1992. -Daflon B., cours : Le fédéralisme financier et la décentralisation, disponible sur www.unifr.ch -CENEAP, Etude de l’encadrement de la wilaya, de la daïra et de la commune, document interne, Alger, juillet 2000. -CNES, Rapport sur la configuration du foncier en Algérie, 24ième session plénière, Alger, 2004. -Rapport de l’Agence Nationale d’Aménagement du Territoire (ANAT), Alger, 1990. -Rapport de l’Agence Nationale d’Aménagement du Territoire, Alger, 1996. Textes législatifs et réglementaires -La loi 90-08 du 7 avril 1990 relative à la commune. -La loi n°90-25 du 18 novembre 1990, portant loi d’orientation foncière. -Loi de finances pour l’année 1997. -La loi n°99-11 du 23 décembre 1999 portant loi de finances 2000, JORA n°92 du 25/12/99. -Décret exécutif 91-26 du 02 février 1991 portant statut particulier des travailleurs appartenant au secteur des communes -Arrêté ministériel n° 6729 du 11 octobre 1981 portant organisation administrative des services communaux. -Arrêté interministériel du 9 octobre 1991 fixant les communes à promouvoir

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INHIBITION DE QUELQUES BACTERIES PATHOGENES PAR LES EXTRAITS ETHANOLIQUES DE ROSMARINUS

OFFICINALIS.

Souâd AKROUM. Département de Biologie Animale. Faculté de Biologie.

Université MENTOURI. Constantine. E-mail : [email protected]

Résumé :

Les flavonoïdes de Rosmarinus officinalis sont extraits avec le méthanol aqueux (80%). Une étude phytochimique réalisée par une chromatographie sur couche mince et des analyses spectrales UV-Visible, montre que cette plante contient principalement des acides phénols et des flavonoїdes parmi lesquels la lutéoline, l’apigénine et la quercétine sont identifiées.

L’activité antibactérienne de l’extrait brut et des molécules identifiées est mise en évidence par la méthode de diffusion sur gélose contre les espèces cliniques : Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Proteus mirabilis.

Selon l’intensité de leur activité antibactérienne, nos extraits sont classés comme suit : lutéoline > apigénine > quercétine > extrait brut. Les CMIs de la lutéoline et de l’apigénine sont de 0,050 mg/ml pour E. coli et S. aureus et de 0.080 mg/ml pour P. mirabilis. Celles de la quercétine sont de 0.150 mg/ml pour E. coli, 0,165 mg/ml pour S. aureus et 0.200 mg/ml pour P. mirabilis.

Mots clés : Rosmarinus officinalis, flavonoїdes, identification, activité antibactérienne. Introduction :

es polyphénols sont des composés aromatiques naturels produits lors du métabolisme secondaire des végétaux. Rosmarinus officinalis, communément appelé le romarin, est un

arbrisseau de la famille des lamiacées poussant à l’état sauvage sur le pourtour méditerranéen. Pour cette plante, nous réalisons une extraction des composés phénoliques

présents. Puis une séparation et une identification des flavonoїdes présents en quantités suffisantes. Ceci afin de tester leur activité antibactérienne sur Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Proteus mirabilis.

Matériel et méthodes : Le Matériel végétal : R. officinalis a été récolté lors de la floraison en mai 2007 de la

région El-Ouana, de Jijel. Pour ce travail, nous utilisons les feuilles des sommités florales, séchées et broyées.

Microorganismes et milieux : Nos trois espèces proviennent du CHU de Constantine. De

chaque solution de microorganismes nous prélevons 0,2 ml que nous mettons dans 20 ml de bouillon nutritif stérile. L’incubation est réalisée à 37°C pendant 3 à 5 h afin de normaliser les cultures à 106 cfu/ml.

Extraction des polyphénols : Elle se fait par trois macérations successives du matériel

végétal avec le mélange éthanol/eau (8/2 : v/v) [1]. Après filtration, le mélange est évaporé dans un rotavapor jusqu’à l’obtention d’un extrait aqueux.

Partitions entre solvants (affrontements): Cette étape nous permet la séparation des

polyphénols présents dans l’extrait brut du départ : l’éther de pétrole enlève les composés non

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phénoliques (cette phase est ensuite rejetée), l’éther diéthylique soutire les acides phénols et les aglycones. Enfin l’acétate d’éthyle soutire les aglycones qui restent et une partie des flavonoides glycosylés.

Les phases éther diéthylique, acétate d’éthyle et la phase aqueuse restante sont évaporées à sec puis reprises dans 3 ml d’eau distillée.

Séparation des composés phénoliques et identification des flavonoїdes : Pour chaque

phase nous réalisons une chromatographie sur couche mince (CCM : Mecherey-Nagel ref. 803013, France) avec gel de polyamide DC6 afin de séparer les composés présents. Pour la phase éther et acétate nous utilisons le système solvant : toluène/ méthanol / méthyléthylcétone (4 / 3 / 3) et pour la phase aqueuse le système : eau / méthanol / méthyléthylcétone / acéthylacétone (13 / 3 / 3 / 1). Les molécules sont détectées à l’aide d’une lampe UV (Ltd d’aigle, Grande Bretagne) à 365 nm, puis elles sont grattées sur gel et filtrées avec de l’éthanol.

Les spectres d’absorption UV-Visible sont réalisés pour chaque composé afin de

connaître sa nature (spectrophotomètre UV-17000, Pharma Spec UV. France). Pour les flavonoïdes présents en quantités suffisantes nous réalisons une identification grâce à une série d’analyses spectrales basée sur l’addition du NaOH, de l’AlCl3 / l’HCl et enfin du NaOAc / H3BO3 [2],[3].

Activité antibactérienne : Nous utilisons la méthode de diffusion sur gélose [4].Cette

activité est testée pour l’extrait brut du départ et les flavonoïdes identifiés. Les solutions bactériennes normalisées auparavant sont ensemencées sur le milieu Muller-Hinton (Institut Pasteur, Alger, Algérie). L’incubation se fait à 37 °C pendant 24 h.

Résultats et discussion : L’analyse phytochimique des composés séparés montre que la phase éther contient

principalement des acides phénols avec des spectres UV-Visible à un seul pic caractéristique aux environs de 209 nm [2]. Trois flavonoïdes seulement sont présents dans cette phase. Les phase acétate et H2O, quant à elles, contiennent plusieurs flavonoïdes avec deux pics caractéristiques : le premier aux environs de 310 et 385 nm et le deuxième aux environs de 250 et 280 nm [2]. Seulement trois flavonoïdes sont présents en quantité suffisante pour l’identification par l’analyse spectrale. Cette dernière permet d’observer ce qui suit :

Le premier composé a une fluorescence violette sous UV, une migration importante (Rf)

dans le solvant (4 / 3 / 3) et des pics à 250 et 310 nm indiquant une flavone non glcosylée (aglycone) avec un OH en C5. La soude provoque un déplacement bathochrome de la bande I indiquant un OH en C4’. L'absence de bande III avec ce produit indique un OR en C7 qui est confirmé par l’absence d’effet bathochrome avec le NaOAc. Entre les spectres enregistrés avec le AlCl3 et AlCl3 / HCl, il y a un déplacement hypsochrome de la bande I indiquant la présence d’un ortho di-OH en C3’ et C4’. Ceci est vérifié par le déplacement bathochrome de la bande I avec le NaOAc / H3BO3. L’AlCl3 avec l’HCl cause aussi un déplacement bathochrome confirmant le OH en C5. Il s’agit donc d’une lutéoline.

Le deuxième composé est aussi une flavone avec un OH libre en C5. Il a un Rf très

important dans le système (4 / 3 / 3) témoignant qu’il s’agit d’un aglycone. La soude provoque un déplacement bathochrome de la bande I et l’apparition d’une troisième bande indiquant un OH libre en C4 et un antre en C7 respectivement. Le NaOAc donne un déplacement bathochrome confirmant le OH en C7 et ne provoque pas un déplacement des spectres avec l’H3BO3 indiquant l’absence d’ortho di-OH. Ceci est confirmé par la stabilité des spectres en présence de l’AlCl3 et de l’AlCl3 / HCl. Ce qui indique aussi un OH libre en C5. Le composé est une apigénine aglycone.

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Le troisième composé est une flavonol substituée en C3 (fluorescence violette et pics à 256 et 355 nm). Le Rf est très faible dans le système (13 / 3 / 3 / 1) indiquant une aglycone aussi. La soude provoque un effet bathochrome de la bande I et l’apparition d’une troisième bande témoignant de la présence d’un OH en C4’ et un autre en C7. Le NaOAc confirme cette dernière information avec le déplacement bathochrome de la bande II qu’il engendre. La présence de l’ortho di-OH est indiqué par les déplacements hypochrome et bathochrome de la bande I avec l’AlCl3 / HCl et le NaOAc / H3BO3 respectivement. L’AlCl3 / HCl provoque aussi un effet bathochrome de la bande I indiquant un OH libre en C5. Il s’agit donc d’une quercétine.

L’activité antibactérienne, quand elle existe, se manifeste par des zones d’inhibition

autour des patchs (disques). Le diamètre de ces zones est proportionnel à l’intensité de l’activité antibactérienne.

D’après nos résultats, nous remarquons que l’extrait brut ainsi que les trois flavonoїdes

donnent tous des zones d’inhibition (tableau 1). Ils sont donc capables d’arrêter la croissance E. coli, S. aureus et P. mirabilis.

Extrait Brut Lutéoline Apigénine Quercétine

E. coli 0.180 0.050 0.050 0.150 S. aureus 0.180 0.050 0.054 0.165 P. mirabilis 0.200 0.080 0.085 0.200

Tableau 1 : Valeurs des CMIs enregistrées par chaque extrait (mg/ml). L’extrait brut donne des CMIs (concentrations minimales d’inhibition) de 0,180 mg/ml

pour E. coli et S. aureus. Et 0,200 mg/ml pour P. mirabilis. La lutéoline inhibe la croissance d’E. coli, S. aureus et P. mirabilis avec des CMIs de

0,050 mg/ml, 0,050 mg/ml et 0,080 mg/ml respectivement. L’apigénine donne des CMIs proches de : 0,050 mg/ml pour E. coli, 0,054 mg/ml pour S. aureus et 0,085 mg/ml pour P. mirabilis. Pour la quercétine les CMIs sont plus hautes avec : 0,150 mg/ml pour E. coli, 0,165 mg/ml pour S. aureus et 0,200 mg/ml pour P. mirabilis.

Ceci nous permet donc de classer nos extraits selon leur activité comme suit : lutéoline >

apigénine > quercétine > extrait brut. Pour E. coli, nous avons des zones d’inhibition plus importantes, avec une

moyenne de 13,666mm témoignant de la grande sensibilité de cette espèce. Pour S. aureus et P. mirabilis, les zones d’inhibition sont moins importantes indiquant qu’elles sont moins sensibles que la première. Aussi, nous remarquons que tous nos extraits donnent une proportionnalité directe entre leur concentration et le diamètre des zones qu’ils engendrent. Nos résultats permettent de classer les bactéries selon leur sensibilité comme suit : E. coli > S. aureus > P. mirabilis.

Discussion :

Le romarin contient plusieurs acides phénols et flavonoїdes dont nous sommes arrivés à

identifier deux flavones et une flavonol : la lutéoline, l’apigénine, et la quercétine. Ceci est conforme à d’autres travaux déjà réalisés sur cette plante [5],[6]. D’autres études ont montré que ces flavonoïdes étaient fréquemment présents chez différentes plantes médicinales [7],[8],[9]. Le nombre important des composés phénoliques détectés chez cette plante indique qu’elle pourrait avoir un grand intérêt dans différentes industries, notamment thérapeutiques, pharmaceutiques et agricoles.

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L’activité antimicrobienne des flavonoïdes identifiés est plus importante que celle de l’extrait brut. Ceci peut s’expliquer par le fait que les flavonoïdes actifs sont présents en faible quantité dans le mélange du départ, mais une fois isolés et concentrés ils deviennent plus actifs.

Toutes les bactéries testées sont sensibles aux flavonoїdes identifiés conformément à d’autres travaux réalisés auparavant [10],[11]. Ces microorganismes montrent qu’en réalité, ils sont plus sensibles à la lutéoline plus qu’aux autres flavonoïdes. Cette molécule serait donc la plus adaptée pour traiter les infections causées par nos bactéries.

E. coli est, quant à elle, l’espèce la plus sensible. Sa CMI la plus basse est de 0,050 mg/ml enregistrée par la lutéoline et l’apigénine. Ceci peut signifier que de faibles concentrations en ces molécules seraient suffisantes pour limiter, voire même éliminer complètement les infections causées par ce microorganisme.

Les bactéries testées sont des Gram+ et des Gram-, ce qui indique que les flavonoïdes n’agissent pas sur la paroi bactérienne mais plutôt sur un mécanisme interne. D’après un travail déjà réalisé dans ce sens, ces composés sont supposés agir sur l’ADN, l’ARN et la synthèse protéique [12].

Conclusion :

Les flavonoïdes de R. officinalis permettent l’inhibition de certains microorganismes responsables des infections urinaires, digestives et broncho-pulmonaires indiquant ainsi qu’ils pourraient être utilisés pour soigner ces maladies. Les extraits de cette plante donnent une inhibition d’E. coli avec de très basses concentrations, mais nécessitaient de plus fortes valeurs pour arrêter la croissance de S. aureus et P. mirabilis. Références bibliographiques : [1]- OKOGUN J.I. Methods of Medicinal Plant Extract Preparation. 2000. National Institute for Pharmaceutical Research and Development (NIPRD). Idu – Abuja, Nigeria. [2]- MARKHAM KR. Techniques of flavonoïdes identification.1982. Ed. Academic Press. London:6-10. [3]- Voirin B. UV spectral differentiation of 5-hydroxy and 5-hybroxy-3-methoxyflavones with mono (4’), di (3’,4’) or tri (3’,4’,5’) substituted B-rings. Phytochem. 1983, 22 (10) : 2107-2145. [4]- COLLINS, C. H., LYNES, P. M. AND GRANGE, J. M. 1995. Microbiological Methods. (7thEdn.) [5]- DEL BANO MJ, LORENTO J, CASTILLO J. Flavonoïd distribution during the development of leaves, flower, stems and roots of Rosmarinus officinalis. Postulation of a biosynthetic pathway. J Agric Food: 2004, 32 (16) : 4987-92. [6]- OKAMURA N, HARAGUCHI H, HASHIMOTO S, YAGI A. Flavonoïds in Rosmarinus officinalis leaves. Phytochem.1994 : 37 (5) : 463-6. [7]- MARTINI A, KATERERE DR, ELOFF JN. Seven flavonoïds with antibacterial activity isolated from Combretum erythrophyllum. J. Ethnopharmacol. 2004, 93 (2-3) : 207-12. [8]- ALMELA L, SANCHEZ-MUÑOZ B, FERNANDEZ-LOPEZ JA, ROCA MJ, RABE V. Liquid chromatograpic-mass spectrometric analysis of phenolics and free radical scavenging activity of rosemary extract from different raw material. J Chromatogr A. 2006, 1120 (1-2) : 221-9. [9]- FECKA I, TUREK S. Determination of water-soluble polyphenolic compounds in commercial herbal teas from Lamiaceae: peppermint, melissa, and sage. J Agric Food Chem. 2007, 55 (26) :10908-17. [10]- OKIGBO RN, MBAJIUKA CS, NJOKU CO. Antimicrobial potentials of (UDA) Xylopia aethopica and Occimumgratissimum L. on Some Pathogens of Man. International Journal of Molecular Medicine and Advance Sciences. 2005, 1 (4) : 392-397. [11]- SOUSA A, FERREIRA I, CALHELHA R, ANDRADE P, VALENTAO P, SEABRA R, ESTEVINHO L, BENTO A,PEREIRA J. Phenolics and antimicrobial activity of traditional stoned table olives 'alcaparra' . Bioorganic & medicinal chemistry. 2006, 14 (24) : 8533-8538. [12]-ULANOWSKA K, TRACZYK A, KONOPA G, WEGRZYM G. Differential antibacterial activity of genistein arising from global inhibition of DND, RNA and protein synthesis in some bacterial strains. Arch. Microbiol. 2006, 184 (5) : 271-8.

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AHMED DJEBBAR HÔTE DE L’UNIVERSITE

MOULOUD MAMMERI DE TIZI-OUZOU

e professeur Ahmed Djebbar, spécialiste de l’histoire des sciences, en particulier du Maghreb, a séjourné pendant deux jours , les 14 et 15 juin 2008, à l’université Mouloud Mammeri de

Tizi-Ouzou invité par le vive rectorat chargé des relations extérieures et des manifestations scientifiques. Deux conférences ont été présentées. La première appelée « Les sciences en pays d'Islam : des héritages anciens à la réception européenne (VIIIe-XVIIe siècles) » a porté, en première partie, sur les facteurs qui ont pu favoriser la naissance d’une nouvelle tradition scientifique en Méditerranée orientale puis les éléments essentiels concernant les sources scientifiques anciennes (mésopotamienne, persane, indienne et surtout grecque) qui ont permis cette naissance. Dans une seconde partie, ont été exposées les grandes phases du développement de cette nouvelle tradition scientifique qui ont été évoqués, à l’aide de documents d’époque, les domaines dans lesquels les hommes de science de cette civilisation ont apporté des contributions significatives.

Enfin, dans une troisième et dernière partie, le professeur Djebbar a abordé le phénomène de la circulation autour de la Méditerranée, à partir d’une époque déterminée, d'une partie du corpus scientifique produit en pays d'Islam, ainsi que les conséquences de cette circulation sur la redynamisation des activités scientifiques en Europe.

La deuxième conférence avait pour titre « Naissance et premiers développement d'une nouvelle discipline mathématique : l'Algèbre (IXe-XVe siècles). ». Dans cet exposé, le conférencier a abordé d’abord la question des sources qui pourraient être à l'origine de la naissance de l'algèbre en tant que nouvelle discipline. En second lieu, il a porté sur les débuts des activités algébriques en pays d'Islam en relation avec les autres activités mathématiques de l'époque. Puis ont été exposées les grandes orientations de l'activité

Présence forte de nos enseignants

Les deux exposés ont suscité un large

débat intellectuel avec les enseignants et les étudiants

Ahmed Djebbar à l’auditorium de l’UMMTO

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algébrique et les éléments qui pourraient caractériser cette activité (innovations, échecs, etc.). En conclusion, le phénomène de circulation des méthodes et des techniques algébriques vers les premiers foyers scientifiques

européens du moyen âge latin a été évoqué. A la fin des ses deux exposés, le Professeur Djebbar a aimablement accepté de répondre à quelques unes de nos questions et a contribué, avec

deux articles complets, à l’actuel numéro de campus.

Ahmed Djebbar est Professeur à l'université des Sciences et technologies de Lille 1. Il a publié de nombreux travaux dont voici quelques publications récentes :

• Les mathématiques dans l'histoire et les cultures africaines. Bibliographie annotée, Lille : université des sciences et technologies, publications de l'UFR de mathématiques, 2007, 392 p.

• Mathematics in African History and Cultures. An annotated bibliography, African Mathematical Union, Lulu éditeur, 2007, 429 p.

• Al-culûm al-carabiyya fî casrihâ adh-dhahabî [L'âge d'or des sciences arabes], version arabe du catalogue de l'exposition de l'Institut du Monde Arabe (25 octobre 2005-19 mars 2006), sous la direction de Ahmed Djebbar, Paris : Institut du Monde Arabe, 2007, 323 p.

• Les mathématiques arabes : entre leur histoire et leur enseignement, Plot, 17 (2007), 2-5 & 6-13.

• Du ludique au sérieux : l'exemple de l'arithmétique des IXe-XVe siècles, Les nouvelles d'Archimède, 46 (2007), 22-23.

• Una panoramica della matematica araba, in C. Bartocci & P. Odifreddi (éds), La matematica : I luoghi e i tempi, Turin : Einaudi, 2007, 177-208.

• (avec G. Gohau et J. Rosmorduc,) Pour l'histoire des sciences et des techniques, Paris : Hachette, 2006, 160 p.

• Mathematische Gedichte, Spektrum der Wissenschaft, numéro spécial 2, 2006, 38-39.

• Le rôle des mathématiques arabes dans la naissance d'une tradition scientifique européenne, in M. Pondevie Roumane, F. Clément & J. Tolan (éds), Culture arabe et culture européenne, Actes du colloque de Nantes (14-15 décembre 2000), Paris : L'Harmattan, 2006, 91-115.

• Les traditions mathématiques d'al-Andalus et du Maghreb en Orient : l'exemple d'Ibn al-Majdî, in Actes du 8e colloque maghrébin sur l'histoire des mathématiques arabes (Tunis, 18-20 décembre 2004), Tunis : ATSM, Graphimed, 2006, 155-184.

• Savoirs mathématiques et pratiques métrologiques arabes, in La juste mesure, quantifier, évaluer, mesurer, entre Orient et Occident (VIIIe-XVIIIe siècles), L. Moulinier, L. Sullimann, C. Verna & N. Weill-Parot (éds), Paris : Presses universitaires de Vincennes, 59-78.

• Les sciences arabes et leur circulation autour de la Méditerrannée, in Figures de la science, ouvrage collectif, Marseille : Parenthèses, 2005, 174-186.

• Universalité et localité dans les pratiques scientifiques des pays d'Islam, Alliage, 55-56 (2005), 35-42.

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QUELQUES QUESTIONS

A AHMED DJEBBAR En marge des deux conférences qu’il a présentées, le Professeur Djebbar a bien voulu répondre à quelques unes de nos questions pour approfondir le débat très riche engendré par ses exposés. Nous donnons ci-après le contenu de cet entretien. Hocine Fellag Professeur Djebbar, Monsieur le Ministre, c’est un honneur pour nous de vous recevoir dans notre université. Quelle est votre impression sur votre court séjour chez nous ?

Ahmed Djebbar : C'est la première fois que je fais une conférence à l'Université Mouloud MAMMERI. Et je dois dire que j'ai été très touché par l'accueil de mes collègues du Département de mathématiques. J'ai été aussi agréablement surpris du nombre important d'auditeurs (Enseignants et étudiants) présents à mes deux conférences, malgré les examens de fin d'année. J'ai enfin été impressionné par l'écoute très attentive des auditeurs et par leurs questions, scientifiques ou culturelles, qui ont révélé un grand intérêt pour les sujets que j'avais traités et des préoccupations citoyennes d'une grande pertinence.

Hocine Fellag : Que signifie pour vous « âge d’or des sciences arabes » et a-t-il encore un sens aujourd’hui ? Ahmed Djebbar : Cette appellation, purement conventionnelle, désigne la période allant du milieu du début du IXe siècle à la fin du XIIIe au cours de la quelle un puissant mouvement de traduction (du grec et du sanskrit à l'arabe) d'ouvrages scientifiques et philosophiques a été observé. C'est également la

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période où la langue arabe a été l'instrument d'expression et de pensée d'une activité scientifique et philosophique multiforme

qui a abouti à la constitution d'un corpus regroupant à la fois une grand partie des savoirs anciens (oraux ou écrits) et des apports nouveaux dans tous les domaines pratiqués. Certains chercheurs qui évoquent cette période préfèrent parler de "sciences arabo-islamiques" d'autres de "sciences des pays d'Islam". Dans l'aire anglo-saxonne on utilise plus souvent l'expression "Islamic Sciences". Mais, quelle que soit l'appellation, c'est son contenu et ceux qui l'ont produit qui intéressent l'historien des sciences. Il s'agit donc de l'histoire des contributions en science et en philosophie des différentes groupes sociaux de l'empire musulmans, quelle que fussent leur langue d'expression et leur origine ethnique ou culturelle (Arabes, Berbères, Ibériques, Persans, Subsahariens, Turcs, ….) et quelle que fût leur confession (Chrétiens, Juifs, Musulmans, Païens). Hocine Fellag : Existaient-ils des échanges scientifiques entre le monde arabo-musulman et l’Europe à l’époque de l’âge d’or de la science arabe ? Ahmed Djebbar : Entre le VIIIe et le milieu du Xe siècle, les échanges étaient en direction de l'empire musulman : ce sont les textes scientifiques de l'Inde et de la Grèce (essentiellement) qui ont circulé et qui ont été à la base du développement des sciences. Puis, à partir de la fin du XIe siècle, la tendance s'est inversée : ce sont des ouvrages scientifiques écrits en arabe qui commencent à être traduits en latin et en hébreu ou dont le contenu a été assimilé, directement en arabe, puis rédigé dans ces deux langues. Parallèlement, et à peu près à la même époque, le persan va de plus en plus redevenir l'expression de la science et de la philosophie, comme il l'a été avant l'avènement de l'empire musulman. Pour le berbère, les témoignages connus nous autorisent à dire que des écrits scientifiques, écrits dans cette langue (à l'aide de caractères arabes) ont été réalisés au moins à partir du XVIe siècle. Mais la grande période de diffusion, vers l'Europe, des écrits scientifiques et philosophiques produits en pays d'Islam s'étend du début du XIIe siècle au milieu du XVe, au hasard de la découverte des manuscrits et en fonction de l'intérêt de ceux qui s'intéressaient à ces sciences.

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Hocine Fellag : Dans quels domaines principaux ?

Ahmed Djebbar : Tous les domaines scientifiques ont été concernés : mathématiques, astronomie, chimie, physique (essentiellement l'optique), médecine. Des auteurs du IXe siècle, comme al-Khwarizmi et al-Kindi ont vus certains de leurs écrits traduits soit en latin soit en hébreu soit dans les deux langues. Parmi les auteurs du Xe siècle, on peut citer l'égyptien Abu Kamil dont le livre d'algèbre a été traduit au XIIIe siècle en latin et au XVe siècle en hébreu. Des ouvrages mathématiques maghrébins ont été également traduits, comme le Talkhis d'Ibn al-Banna (m. 1321) et le manuel d'al-Hassâr (XIIe s.). Dans les domaines scientifiques non mathématiques, on peut citer le Canon d'Ibn Sînâ (m. 1037) qui sera le livre de chevet des médecins européens jusqu'au XVIIe siècle, le chapitre sur la chirurgie de l'andalou az-Zahrâwî (XIe s.). En astronomie, c'est en particulier grâce à la traduction de l'ouvrage de Jâbir Ibn Aflah (XIIe s.) que les outils trigonométriques produits en pas d'Islam vont être découverts en Europe, étudiés puis développés. Hocine Fellag : Pensez vous qu’il y a une reconnaissance irréversible du monde occidental de l’apport des sciences arabes ou y a t il remise en cause de ce principe aujourd’hui ? Ahmed Djebbar : Jusqu'au milieu du XVIIe siècle, l'opinion européenne, dans son ensemble, et en particulier les gens cultivés, reconnaissant une certaine dette vis-à-vis des hommes de science des pays d'Islam. Et cela se voit clairement dans les illustrations de cette époque qui nous sont parvenues. Puis, à partir de la fin du XVIIe siècle, des intellectuels qui fréquentaient les cours royales de France et d'Italie ont commencé à élaborer une autre histoire de la circulation des sciences en affirmant que toute la science qui est à l'origine de la Renaissance européenne est d'origine grecque. C'est à cette époque là aussi que l'on a commencé à populariser l'idée que les Musulmans n'ont été que des transmetteurs des sciences grecques vers l'Europe. Puis les recherches, qui ont commencé à se développer à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, ont mis la lumière à la fois sur l'importance quantitative et qualitative de la production scientifique des pays d'Islam, et sur les traces de cette production dans les premiers écrits scientifiques européens. Actuellement, et sous l'effet des évènements internationaux, un nouveau courant a commencé à s'exprimer, à travers les médias et un certain nombre de publication. Ce courant vise à minimiser l'importance du développement scientifique en Asie Centrale, en Orient, au Maghreb et en Andalus, entre le IXe et le XVIIe siècle et à nier le rôle des sciences produites en pays d'Islam dans l'avènement de la Renaissance scientifique européenne.

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Hocine Fellag : Comment l’historien que vous êtes explique les difficultés du monde musulman d’aujourd’hui à s’adapter au rythme

scientifique et technologique mondial ? Ahmed Djebbar : En fait, lorsqu'on parle de science, il faut distinguer le monde musulman en tant que systèmes de gouvernance de différents types et les individus dans ce monde musulman, qu'ils soient enseignants de science, ingénieurs ou chercheurs. Au niveau des individus, le problème ne se pose pas pour les meilleurs de ces enseignants, ingénieurs ou chercheurs. Ils s'adaptent aux réalités qui les entourent lorsqu'elles leur permettent encore de produire, ou bien ils fuient ces réalités pour aller ailleurs, souvent en Occident, à la recherche d'un meilleur environnement pour faire fructifier leurs savoirs et leurs savoir-faire. Quant aux systèmes de gouvernance des pays musulmans, on ne peut les analyser uniquement à travers leurs échecs dans les politiques de recherche. Les problèmes, pour un certain nombre de ces pays, commencent déjà à l'école. Ce qui se passe ou ne se passe pas dans un système éducatif explique en partie les dysfonctionnements observables dans l'enseignement supérieur. Il y a aussi l'inadéquation entre le contenu de la formation supérieure et le marché du travail, avec l'incapacité des dirigeants de nombreux pays musulmans. Il y a enfin le statut de l'enseignant et du chercheur dans la société et, par voie de conséquence, sa situation morale et matérielle. Hocine Fellag : Un dernier mot ? Ahmed Djebbar : J'espère que mes deux conférences donnée à l'Université Mouloud MAMMERI ont réussi à montrer aux auditeurs que, au-delà de nos différences et de nos origines en tant que groupes sociaux ou linguistiques, nous avons un patrimoine culturel et scientifique commun parce que ce sont nos ancêtres, dans toutes leurs diversités, qui l'ont élaboré et qui l'ont préservé à travers les millions de manuscrits qui nous sont parvenus. C'est vrai pour tout l'héritage scientifique, mais c'est encore plus vrai pour l'héritage culturel et artistique de toutes nos régions et plus particulièrement celles de Kabylie. Hocine Fellag : Merci beaucoup et A bientôt.

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LES MATHEMATIQUES AU MAGHREB ET EN ANDALUS DU IXe AU XVe SIECLE(*)

Ahmed DJEBBAR

Université des Sciences et des Technologies de Lille

INTRODUCTION

vant toute chose, et pour éviter d'éventuelles incompréhensions ou ambiguïtés, il nous a semblé utile de faire quelques remarques au sujet de la terminologie qui sera utilisée dans les différentes parties de cette étude. Il nous faut tout d'abord préciser ce que nous entendons par "tradition scientifique".

Lorsqu'il s'agit du contenu des activités scientifiques, et plus particulièrement mathématiques, qui ont eu lieu dans le cadre de la civilisation arabo-islamique, il ne nous est pas possible de parler d'une tradition spécifique au Maghreb (par opposition à celle de l'Espagne musulmane ou à celle de l'Orient). Nous ne pouvons en fait parler que d'une seule grande tradition, celle des Mathématiques arabes - c'est-à-dire celles qui ont été pensées, écrites et enseignées en langue arabe (appelées aussi Mathématiques des pays d'Islam) -, qui s'est développée en Orient dès la fin du VIIIe siècle, et qui a été partiellement transmise aux villes de l'Occident musulman et d'Asie centrale, puis plus tard à l'Europe du Sud, par l'intermédiaire des traduc-tions (essentiellement latines et hébraïques). Cette tradition a été assimilée, revivifiée et enrichie par les milieux scientifiques des différents pays d'Islam qui lui ont donné, parfois, certaines empreintes spécifiques au niveau de telle ou telle orientation de la recherche et de l'enseignement, comme au niveau de l'agencement du contenu des ouvrages, de la termi-nologie, ou de la classification des disciplines étudiées. Mais, à notre connaissance, ce processus interne de différenciation n'a pas abouti à l'émergence, au niveau local ou régional, d'une tradition mathématique nouvelle caractérisée par ses concepts et ses paradigmes propres. Les traditions scientifiques qui sont évoquées dans cette étude le sont donc dans un sens externaliste qui tient compte de la pratique scientifique en relation avec son environnement.

La même remarque s'applique au contenu des mathématiques produites ou enseignées dans chacune des cinq grandes régions qui constituaient, au moyen âge, le Nord de l'Afrique, c'est à dire le Maghreb Extrême, le Maghreb Central, le Maghreb Oriental qu'on appelait alors Ifrîqyâ, l'Egypte et la vaste zone subsaharienne de confession musulmane qui portait alors le nom de Bilâd as-Sûdân [Pays du Soudan]. L'analyse des textes scientifiques qui nous sont parvenus ne nous permet pas de parler de spécificités régionales au niveau de la matière elle-même et de l'évolution de son contenu. Par contre nous observons, suivant les époques, des différences notables entre ces régions, au niveau du nombre de mathématiciens ou de leurs ouvrages, de la vitalité de telle ou telle discipline enseignée, du dynamisme des différents foyers scientifiques de chacune de ces régions.

(*) - Cette étude a été publiée, pour la première fois, dans le Bulletin de l'AMUCHMA (Commission Africaine d'Histoire des Mathématiques), n° 15, 1995.

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Il nous faut dire aussi ce que nous entendons ici par "mathématiciens maghrébins". Dans les ouvrages bio-bibliographiques, en particulier ceux qui ont été rédigés par des auteurs orientaux, on trouve un certain nombre de savants, de poètes et d'écrivains qui portent le surnom de "maghrébin" sans qu'ils soient originaires du Maghreb. C'est le cas, par exemple, des savants originaires de l'Espagne musulmane. C'est également le cas de ceux dont les parents directs sont originaires de l'Occident musulman mais qui ont grandi ou qui se sont formés en Orient. Inversement, il y a des personnes dont l'origine n'est pas maghrébine mais qui ont joué un rôle dans l'activité scientifique du Maghreb. Ainsi, pour prendre l'exemple des mathématiciens, il faut préciser que seule une catégorie d'entre eux est représentative de la production mathématique du Maghreb. Il s'agit de ceux qui y ont séjourné une période donnée de leur vie et qui, par leur enseignement ou par leur production, ont contribué au développement ou la pérennisation d'une activité mathématique locale ou régionale. Comme exemple de ce type de savants, on peut citer al-Qatrawânî (XVe s.), qui est originaire d'Egypte et qui a vécu un certain temps à Tunis où il a écrit un de ses livres que nous évoquerons plus loin [LAMRABET 1981 : 41-91; DJEBBAR 1986a : 118-19; HADFI 1989, 1992 : 138-39].

Pour les autres, on peut les classer en deux catégories : la première regroupe tous ceux

qui étaient originaires du Maghreb et qui l'ont quitté pour s'installer dans une autre région de l'Afrique (comme l'Egypte ou les régions subs-ahariennes du continent). Parmi les représentants de cette catégorie, il y a al-Hasan al-Murrâkushî, un des plus grands spécialistes de l'Astronomie au XIIIe siècle, qui a vécu essentiellement en Egypte [SEDILLOT 1834-35, 1844; SOUISSI 1982; MURRÂKUSHÎ 1984].

La seconde catégorie regroupe tous ceux qui sont nés au Maghreb ou qui en sont

originaires mais qui se sont, en réalité, formés dans des villes de l'Orient ou de l'Espagne musulmane et qui y ont passé la plus grande partie de leur vie. L'un des représentants les plus éminents de cette catégorie est as-Samaw'al al-Maghribî (m. 1175) qui est né à Bagdad dans une famille juive originaire du Maghreb Extrême et plus précisément de Fez [ANBOUBA 1970-80]. Ses contributions majeures, qui concernent la théorie des polynômes et les fractions décimales, ne semblent pas avoir été connues par les mathématiciens maghrébins des XIIe-XIVe siècles [RASHED & AHMAD 1972; RASHED 1984].

Comme ces mathématiciens ou astronomes n'ont participé, en aucune manière, à une

activité scientifique au Maghreb et qu'ils n'ont pas été des vecteurs de cette activité, nous n'avons pas jugé utile d'exposer, ici, leurs différentes contributions.

NAISSANCE ET PREMIERS DEVELOPPEMENTS DES ACTIVITES MATHEMATIQUES AU MAGHREB (IXe-XIe S.) Compte tenu des liens économiques, politiques et culturels très étroits qui se sont tissés

entre le Maghreb et l'Espagne musulmane tout au long du moyen-âge, et compte tenu de l'importance quantitative et qualitative de la transmission de la production scientifique de chacune de ces deux régions vers l'autre, il nous a semblé nécessaire de rappeler brièvement la genèse et les aspects les plus importants du développement de l'activité mathématique dans les villes de l'Espagne musulmane. Cela pourrait également aider le lecteur à mieux apprécier les grandes orientations de l'activité mathématique au Maghreb en les situant dans un contexte culturel et scientifique plus large mais plus naturel pour l'époque, c'est à dire celui de l'Occi-dent musulman.

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En effet, la période qui s'étend de la fin du VIIIe siècle à la fin du XIe, est caractérisée par le développement, au Maghreb et dans l'Espagne musulmane, de deux traditions scienti-fiques plus ou moins liées entre elles et animées par des savants qui, au delà des clivages sociaux et des différences de statut ou de religion, étaient relativement unis à la fois par le mode de vie de la cité islamique et par l'environnement culturel et scientifique qui s'y était constitué à la faveur des différents apports humains et des multiples contacts avec les foyers scientifiques de l'Orient musulman [VERNET 1978; VERNET & SAMSO 1981; SAMSO 1992].

Cela dit, il faut tout de suite noter que la naissance et les premiers pas des activités

scientifiques dans l'Espagne musulmane et au Maghreb ne sont pas bien connus. En effet, et pour nous limiter à notre discipline, on doit reconnaître que les témoignages relatifs au début des activités mathématiques dans ces deux régions de l'Occident musulman sont rares et peu précis. Parlant des activités scientifiques durant la période qui suivit les conquêtes musul-manes en Espagne, le biobibliographe du XIe siècle, Sâôid al-Andalusî, nous dit que "le pays resta indifférent à toutes les sciences, sauf à celles du Droit et de la langue arabe, jusqu'au jour où le pouvoir passa définitivement aux mains des Umayyades", c'est à dire vers le milieu du VIIIe siècle [SÂôID 1987 : 120]. De son côté, Ibn Juljul, un autre biobibliographe andalou qui a vécu au Xe siècle, laisse entendre que, jusqu'à l'époque du quatrième calife omeyyade, ôAbd ar-Rahmân II (826-852), les sciences médicales, philosophiques et mathématiques n'avaient pas encore de représentants éminents. Mais, en disant cela, cet auteur confirme implicitement l'existence d'hommes de science, en sous-entendant peut-être qu'ils n'avaient pas encore atteint le niveau de leurs collègues d'Orient [IBN JULJUL 1955 : 76].

Quoi qu'il en soit, il nous paraît raisonnable de penser que, durant la période d'instal-

lation et de consolidation du pouvoir musulman dans les premières villes de l'Espagne et du Maghreb, ce sont la Médecine et le Calcul qui ont été les premières disciplines scientifiques à avoir bénéficié d'un enseignement puis de publications d'ouvrages et ce pour répondre aux besoins de certaines franges aisées de la société des villes ou aux sollicitations des juristes pour la résolution de certains problèmes comme ceux qui sont liés à l'arpentage des terres ou à la répartition des héritages.

La tradition andalouse En ce qui concerne l'Espagne musulmane, il semble que dès le début du IXe siècle, les

enfants des princes, des dignitaires ou des gens aisés, ont bénéficié d'un enseignement scientifique utilisant les premières copies des traductions des ouvrages grecs et indiens, faites dans les foyers du centre de l'empire, et peut-être même les copies des premiers livres arabes d'enseignement qui avaient commencé à paraître à Bagdad, dès la fin du VIIIe siècle. Ce fut peut-être le cas des enfants des familles marchandes et princières, en particulier ceux de ôAbd ar-Rahmân II [IBN SAcÎD 1978 : I, 45]. On sait aussi que, devenu calife, ce dernier participera à son tour au soutien et à la dynamisation des activités scientifiques en finançant la constitution d'une importante bibliothèque et en l'alimentant d'ouvrages achetés en Orient. Ces initiatives califales et probablement d'autres initiatives privées, dont il ne nous est pas parvenu de témoignages précis, n'ont pu que favoriser un développement quantitatif et qualitatif des activités scientifiques dans les principales villes de l'Espagne musulmane. Quoi qu'il en soit, il semble que ce soit à cette époque, c'est à dire vers le milieu du IXe siècle, que des foyers scientifiques conséquents se mirent à exister par eux-mêmes, à Cordoue et dans d'autres cités

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comme Tolède, Séville, Saragosse et Valence, qui connaissaient déjà une relative prospérité économique [SÂôID 1987 : 122]. C'est d'ailleurs à cette période que se rattachent les premiers scientifiques dont les biobibliographes nous ont transmis les noms et parfois quelques informations sur leur profil ou sur leurs activités [IBN BUSHKUWÂL 1966; AD-DABBÎ 1884; IBN AL-ABBÂR 1886].

Durant le dernier tiers du IXe siècle et tout au long du Xe, les activités d'enseignement

et de recherche, dans les différents domaines des mathématiques, vont connaître une plus grande impulsion grâce au mécénat des deux grands califes omeyyades du Xe siècle, ôAbd ar-Rahmân III (912-961) et son fils al-Hakam II (961-976). On voit ainsi se constituer une véritable tradition de recherche autour de professeurs de haut niveau, comme Maslama al-Majrîtî (m. 1007), qui a écrit des ouvrages de mathématique et d'astronomie rivalisant avec ceux qui étaient produits en Orient à la même époque, et on voit émerger un nombre de plus en plus grand de jeunes chercheurs, comme Ibn as-Samh et az-Zahrâwî, qui domineront les activités scientifiques de la première moitié du XIe siècle et dont les livres feront autorité à la fois en Espagne et au Maghreb [SEZGIN 1974 : 334-35, 355-56].

Sur le plan interne à la tradition scientifique, on ne possède pas toujours de témoignages

directs et précis sur la nature et le contenu des échanges qui ont eu lieu, pendant cette période, entre l'Orient et l'Occident d'une part et entre l'Espagne musulmane et le Maghreb de l'autre. Mais, l'analyse des textes mathématiques qui nous sont parvenus permet de dire que les étudiants, les enseignants et les chercheurs ont disposé, dans un premier temps, des traductions des textes fondamentaux grecs, comme les Eléments d'Euclide, l'Almageste de Ptolemee, les Coniques d'Apollonius, la Sphère et le cylindre d'Archimède, ainsi que d'autres ouvrages de moindre envergure mais essentiels à la formation d'un futur mathématicien ou d'un futur astronome, comme les Données d'Euclide, les Lemmes d'Archimède, les Sphériques de Menelaüs. Dans un second temps (ou peut-être simultanément pour ce qui est de l'Algèbre), on a étudié certains traités de savants arabes d'Orient, comme le livre sur le calcul indien et le Livre d'algèbre d'al-Khwârizmî (m. 850), le Traité de la figure sécante et le Traité des nombres amiables de Thâbit Ibn Qurra (m. 901), le livre des Banû Mûsâ (IXe s.) sur La mesure des figures planes et sphériques, le Livre d'algèbre de l'égyptien Abû Kâmil (m. 930), ainsi que d'autres écrits de la même époque, comme l'Epître sur la proportion et la pro-portionnalité et l'Epître sur les arcs semblables d'Ahmad Ibn ad-Dâya (m. 944), un autre mathématicien d'Egypte [SEZGIN 1974 : 288-90].

La tradition maghrébine En ce qui concerne le Maghreb, les témoignages qui nous sont parvenus sur les activités

scientifiques, entre le IXe et le XIe siècle, nous autorisent à penser que les débuts des mathématiques, dans cette région du Nord de l'Afrique, ont bien eu lieu en Ifriqiya et plus précisément à Kairouan, dès la fin du VIIIe siècle et que ces activités sont restées, pendant longtemps confinées dans les limites de cette région. Quelques noms de savants nous sont parvenus, comme celui de Yahyâ al-Kharrâz [IBN TAMÎM : 90-91] et celui de son élève Yahyâ al-Kînânî (828-901), l'auteur du premier livre maghrébin de hisba (qui traite des règles régissant les transactions commerciales dans les marchés) [IBN AL-FARADÎ 1966 : II, 183]. Les sources maghrébines citent également Shuqrân Ibn ôAlî qui était un spécialiste en Calcul et en Science des héritages et qui est peut-être le premier maghrébin à avoir rédigé un livre sur les partages successoraux [MAKHLOF 1930 : n° 31]. Selon le témoignage d'Ibn Khayr (XIIe

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s.), le contenu de ce livre était encore enseigné au XIIe siècle, à Béjaïa, une métropole scientifique du Maghreb central [ZERROUKI 1995 : 15].

Pour le IXe siècle, un seul nom de mathématicien nous est parvenu. Il s'agit d'Abû Sahl

al-Qayrawânî dont les parents étaient originaires de Bagdad. C'est aussi le premier ma-thématicien maghrébin connu dont le titre de l'un de ses traités nous soit parvenu. Il s'agit du Kitâb fî l-hisâb al-hindî [Livre sur le calcul indien]. Comme son titre l'indique clairement, ce livre s'inscrit dans la nouvelle tradition arithmétique arabe, d'origine indienne, qui avait été inaugurée à la fin du VIIIe siècle ou au début du IXe par les manuels des mathématiciens d'Orient.

Il semble que ce soit le rôle éminent joué par Kairouan dans les débats théologiques, à

l'époque aghlabide (800-910), qui a permis d'attirer vers l'Ifriqiya de nombreux intellectuels d'Orient, comme Abû Sahl et, parmi eux, des hommes de science versés dans les techniques arithmétiques et géométriques qui pouvaient servir en particulier à résoudre des problèmes d'arpentage ou d'héritage.

Comme dans les autres régions des pays d'Islam, le mécénat en faveur des activités

scientifiques a existé au Maghreb, entre le IXe et le XIe siècle, et il a fonctionné à l'image de celui des grandes métropoles d'Orient : achat de livres, financement de copies de manuscrits, gratification de savants, constructions d'écoles ou d'institutions. Cela n'est pas étonnant quand on connaît les liens qui se sont tissés entre le califat de Bagdad et la dynastie aghlabide qui a gouverné l'Ifriqiya jusqu'au début du Xe siècle, et quand on sait que les princes de cette dynastie ont imité à la fois le modèle de gouvernement des califes mais également leurs initiatives en faveur de la science et de la culture en général.

Mais, les seules informations dont nous disposons, au sujet de ce mécénat, concernent le

Bayt al-hikma [Maison de la Sagesse] fondée par Ibrâhîm II (875-902) et qui porte d'ailleurs le même nom que la fameuse institution créée par le calife abbasside al-Ma'mûn (813-833) qui a joué un grand rôle dans le phénomène de traduction des oeuvres scientifiques grecques et indiennes [ôABD AL-WAHHÂB 1956 : 253-72]. Cette institution, qui aurait survécu à son fondateur comme centre scientifique, jusqu'à l'avènement de la dynastie fatimide, aurait accueilli des mathématiciens, des astronomes et des astrologues, comme at-Tallâ' [ZUBAYDÎ 1954 : 164] et ôUthmân as-Sayqal [ôABD AL-WAHHÂB 1965-72 : I, 249-50, 252-54].

Les activités mathématiques au Maghreb, durant le Xe siècle sont très mal connues. Il

semble que le mécénat initié par les Aghlabides, au IXe siècle, ait été poursuivi et qu'il ait profité aux Mathématiques et à l'Astronomie, en particulier au cours des deux premières décennies du règne du khalife fatimide al-Mucizz (953-975) [NUôMÂN : 91]. Mais, rien ne nous est parvenu comme documents scientifiques pouvant nous renseigner sur le contenu de ce qui a été produit ou enseigné à cette époque. Les biographes n'ont retenu que quelques noms de personnes qui se sont fait connaître par leur activité en mathématique ou par leur intérêt pour cette discipline. A titre d'exemples, on peut citer al-ôUtaqî al-Ifrîqî (m. 955) [SUTER 1900 : 70-71], Yaôqûb Ibn Killîs (m. 990) et al-Huwarî (m. 1023) [ZIRIKLÎ 1980 : VIII, 202-3, 158-59].

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Nous sommes relativement mieux informés sur les activités mathématiques du XIe siècle. Mais nos connaissances restent encore très fragmentaires. Certains savants de cette période sont bien connus. C'est le cas d'Ibn Abî r-Rijâl (m. 1034-35) qui a publié des ouvrages en Mathématique et en Astronomie, qui ne nous sont pas parvenus, et qui s'est également intéressé à l'Astrologie. C'est d'ailleurs grâce à cette dernière discipline qu'il sera connu en Europe à partir du XIIe siècle puisque son livre al-Bâriô fî ahkâm an-nujûm [Le livre brillant sur les jugements des étoiles] sera traduit par Constantin l'Africain [BOUYAHYA 1972 : 83-88]. C'est également le cas d'Abû s-Salt (m. 1134), un savant originaire d'Espagne, qui passera la plus grande partie de sa vie en Egypte puis en Ifriqiya et qui publia des ouvrages relatifs à la Géométrie, à l'Astronomie et à la Logique [DJEBBAR 1988b : 61-66]. D'autres mathématiciens sont moins connus, comme ôAbd al-Munôim al-Kindî (m. 1043-44) et Ibn ôAtiya al-Kâtib (c.a. 1016) [DABBAGH 1902 : III, 228; BOUYAHYA 1972 : 146]. Nous savons qu'ils se sont occupés de Géométrie et d'Arithmétique, mais nous ignorons encore tout de leurs liens avec les différents foyers scientifiques de leur époque et, en particulier, de la circulation et de l'impact de leurs écrits mathématiques dans les villes du Maghreb.

LES MATHEMATIQUES AU MAGHREB A L'EPOQUE ALMOHADE (XIIe-XIIIe S.) L'importance du XIIe siècle dans l'histoire politique et économique du Maghreb a été

mainte fois soulignée par les spécialistes. Il est donc raisonnable de penser que cette im-portance s'étend aux autres domaines de la vie sociale. Mais, l'histoire culturelle et scien-tifique de cette période reste encore, malgré quelques contributions, un vaste champ in-exploré. Pour prendre l'exemple des mathématiques, on est bien obligé de constater, au vu des résultats de la recherche, que, si l'on excepte deux ou trois petits poèmes algébriques ou arithmétiques que nous évoquerons plus loin, seuls quatre ouvrages (dont un incomplet) nous sont parvenus. Il faut d'ailleurs préciser que la découverte et l'analyse de certains d'entre eux ne datent que de quelques années.

Les auteurs de ces ouvrages sont, dans l'ordre chronologique, al-Hassâr (XIIe s.), Ibn al-

Yâsamîn (m. 1204) et Ibn Munôim (m. 1228), auxquels il faut ajouter un quatrième, al-Qurashî (m. 1184), qui a eu une influence aussi importante que ces derniers à travers des écrits qui ne nous sont malheureusement pas parvenus mais sur le contenu desquels nous avons quelques informations.

L'importance de ces quatre savants tient à plusieurs raisons : en premier lieu, et indé-

pendamment de leurs origines, ils peuvent être considérés comme des mathématiciens du Maghreb dans la mesure où ils semblent, tous les quatre, y avoir séjourné et publié certains de leurs ouvrages mathématiques, même si certains d'entre eux se sont formés, totalement ou partiellement, dans une ville de l'Espagne musulmane. En second lieu, ce sont les premiers mathématiciens de cette partie du Nord de l'Afrique dont le contenu de certains de leurs écrits nous soit parvenu, nous permettant ainsi d'avoir des informations directes sur des aspects im-portants de l'activité mathématique dans cette région. En troisième lieu, on peut considérer les ouvrages écrits à cette époque comme les témoins directs de deux phénomènes étroitement liés. Le premier est la diffusion, à une échelle plus grande qu'auparavant, d'une partie de la tradition mathématique andalouse vers le Nord de l'Afrique, par l'intermédiaire des villes du Maghreb, comme Sebta, Fez et Marrakech pour le Maghreb Extrême, Bougie pour le Maghreb Central et Tunis pour Ifriqiya. Le second phénomène est la redynamisation de

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l'activité d'enseignement et de recherche au Maghreb, en particulier grâce au mécénat des premiers califes almohades puis à celui des dynasties qui se sont partagé leur empire et qui se sont efforcées de poursuivre leur mécénat en faveur des théologiens, des poètes, des écrivains et des scientifiques.

La contribution d'al-Qurashî Nous savons peu de choses sur la vie d'Abû l-Qâsim al-Qurashî, sur sa formation et sur

sa production scientifique. Ce savant, qui était originaire de Séville, en Espagne, a vécu une période de sa vie à Bougie où il est mort en 1184. Les biographes qui l'ont évoqué le considèrent comme un spécialiste en Algèbre et en Science des héritages (en plus de sa spécialisation dans certaines sciences religieuses) [ZERROUKI 1995 : n° 5, 10-19].

En Algèbre, al-Qurashî est connu pour son commentaire au livre du grand mathéma-

ticien égyptien Abû Kâmil (m. 930). Ce commentaire n'a pas encore été retrouvé mais son importance est confirmée par l'historien Ibn Khaldûn (m. 1406) qui le considère comme l'un des meilleurs traité qui ait été écrit sur le livre d'Abû Kâmil [IBN KHALDON 1967 : 899], et c'est là un jugement de connaisseur car Ibn Khaldûn a eu une excellente formation mathématique et on lui attribue même un écrit de jeunesse dans cette discipline [DJEBBAR 1988b : 68-69]. Quant au contenu du traité d'al-Qurashî, nous en avons trouvé des passages intéressants dans le livre d'Ibn Zakariyâ' (m. 1404). Ces quelques éléments nous permettent de dire que cet ouvrage d'al-Qurashî n'était pas un simple commentaire d'un traité d'algèbre célèbre à son époque. On y trouve en effet quelques nouveautés d'abord au niveau de l'exposé puisque al-Qurashî commence par la présentation des objets et des opérations de l'Algèbre avant d'aborder la résolution des équations canoniques puis la démonstration de l'existence des solutions de ces équations. Dans ces deux chapitres, on constate qu'al-Qurashî se distingue de ses prédécesseurs dans la classification des six équations canoniques et dans les démonstrations [DJEBBAR 1980 : 8-10, 1986a : 106-7]. Cet ouvrage continuera à être étudié et enseigné au Maghreb jusqu'au XIVe siècle, comme le confirme Ibn Zakariyâ'. On peut même supposer que c'est l'importance de ce livre qui a amené Ibn al-Bannâ (m. 1321) à rédiger, quelques décennies plus tard son Kitâb al-usûl wa l-muqaddimât fi l-jabr [Livre des fondements et des préliminaires en Algèbre] [DJEBBAR 1990c].

Dans le domaine des héritages, al-Qurashî est connu pour avoir mis au point une

méthode nouvelle basée sur la décomposition des nombres en facteurs premiers pour la réduction au même dénominateur des fractions qui interviennent dans la répartition d'un héritage donné [ZERROUKI 1995 : n°6]. Sa méthode a été très vite appréciée par les ma-thématiciens qui rédigeront des manuels pour l'expliquer et pour en montrer l'utilisation à travers des problèmes concrets d'héritage. Parmi ces mathématiciens, on peut citer al-ôUqbânî (m. 1408) et al-Qalasâdî (m. 1486) [HARBILI 1996 : n°7]. Cela dit, et malgré l'efficacité de la méthode d'al-Qurashî, la majorité des praticiens du Droit a continué, et continue aujourd'hui encore, à utiliser l'ancienne méthode [LAABID 1990].

La contribution d'al-Hassâr A ce jour, nous n'avons trouvé aucune biographie d'al-Hassâr ni aucun élément précis

concernant ses origines et ses dates de naissance et de mort. Les seules informations dont nous disposons, et qui nous sont fournies soit par Ibn Khaldûn soit par des mathématiciens maghrébins postérieurs ne concernent que sa production mathématique. Il semble que ce

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mathématicien était également connu comme lecteur du Coran et spécialiste des héritages et qu'il avait un rang élevé puisqu'il portait le titre de Shaykh al-jamâôa [Chef de la Communauté]. On peut également supposer qu'il a vécu un certain temps ou qu'il a exercé ses activités à Sebta (dans le Maghreb Extrême), compte tenu des liens qu'il semble avoir eu avec les mathématiciens de cette ville.

Deux écrits d'al-Hassâr nous sont parvenus. Le premier, intitulé Kitâb al-bayân wa t-

tadhkâr [Livre de la démonstration et du rappel] est un manuel de calcul traitant de la nu-mération, des opérations arithmétiques sur les entiers et sur les fractions, de l'extraction de la racine carrée exacte ou approchée d'un nombre entier ou fractionnaire et de la sommation des suites d'entiers (naturels, pairs ou impairs), de leurs carrés et de leurs cubes. Malgré son contenu classique au regard de la tradition mathématique arabe, ce livre revêt une certaine importance pour l'histoire des mathématiques dans le Nord de l'Afrique et ce pour trois raisons : en premier lieu, et malgré le développement des recherches, ce manuel reste le plus ancien ouvrage de calcul représentant à la fois la tradition du Maghreb et celle de l'Espagne musulmane. En second lieu, ce livre est le premier dans lequel on a trouvé une écriture symbolique des fractions, qui utilise le trait horizontal et les chiffres de poussière c'est à dire les ancêtres des chiffres que nous utilisons aujourd'hui (et qui sont, pour certains d'entre eux, tout à fait identiques aux nôtres) [WOEPCKE 1858-59 : 264-75]. Il semble d'ailleurs que l'utilisation du trait de fraction s'est très vite généralisé dans l'enseignement mathématique au Maghreb, ce qui expliquerait que Fibonacci (m. après 1240) l'ait utilisé dans son Liber Abbaci, sans faire aucune remarque particulière à son sujet [DJEBBAR 1980 : 97-99; VOGEL 1970-80]. En troisième lieu, ce manuel est le seul ouvrage de calcul maghrébin connu qui ait circulé dans les foyers scientifiques de l'Europe du Sud puisque Moses Ibn Tibbon en a réalisé une traduction hébraïque, en 1271.

Le second ouvrage d'al-Hassâr est intitulé al-Kitâb al-kâmil fî sinâôat al-ôadad [Le

livre complet sur l'art du nombre]. Seule la première partie de cet ouvrage, qui occupe 117 folios, a été retrouvée et identifiée en 1986 [ABALLAGH & DJEBBAR 1987 : 147-58]. Son contenu reprend des thèmes de la partie du premier livre relative aux entiers, en les développant, et expose des chapitres nouveaux comme celui de la décomposition d'un nombre en facteurs premiers, celui des diviseurs et des multiples communs ainsi que l'extraction de la racine cubique exacte d'un nombre entier. La seconde partie de l'ouvrage, qui n'a pas encore été retrouvée, mais dont nous avons pu reconstituer une partie des titres de chapitres, est consacrée aux opérations sur les fractions, à la sommation des différentes catégories d'entiers et à l'exposé des algorithmes permettant de calculer les nombres parfaits, déficients, abondants et amiables.

La question naturelle qui se pose à propos de ces deux livres concerne leur lien avec une

éventuelle tradition mathématique régionale, ainsi que la nature de ces liens. Malheureusement, et jusqu'à ce jour, aucun ouvrage de Calcul produit en Espagne ou au Maghreb, avant le XIIe siècle, ne nous est parvenu. Mais la référence d' al-Hassâr à deux ouvrages andalous du XIe siècle, aujourd'hui perdus, le Kitâb al-muôâmalât [Livre des transactions] d'az-Zahrâwî et le Mudkhal al-ôamalî [Introduction pratique] d'Ibn as-Samh, nous permet de dire que, d'une manière ou d'une autre, la tradition arithmétique de l'Espagne musulmane était présente au Maghreb, au XIIe siècle. Cette présence se renforcera plus tard, à la fois par la diffusion directe d'ouvrages andalous traitant d'Algèbre, de Géométrie et d'Astronomie, et par l'utilisation du contenu des ouvrages d'al-Hassâr par les mathématiciens

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maghrébins postérieurs. C'est ce que feront, par exemple, Ibn Muncim et Ibn Ghâzî (m. 1513) qui citent explicitement des passages de l'un ou l'autre des deux livres ou qui s'y réfèrent avec précision [ABALLAGH & DJEBBAR 1987 : 152-53].

La contribution d'Ibn al-Yâsamîn Le troisième représentant de la tradition mathématique maghrébine du XIIe siècle est

relativement mieux connu que les deux précédents. D'après ses biographes, sa mère, dont le prénom était Yâsamîn [Fleur de jasmin], était noire (couleur dont il a hérité) et son père était originaire de la tribu berbère des Banû l-Hajjâj [IBN SAôÎD 1945, 42]. On sait aussi qu'il vécut un certain temps à Séville où il s'est probablement perfectionné en Mathématique, avant de revenir au Maghreb et de s'installer à Marrakech qui était alors la capitale de l'empire almohade. Pendant longtemps, ce mathématicien n'était connu que grâce à un écrit mineur de 52 lignes, son Urjûza fi l-jabr [Poème sur l'Algèbre] [DJEBBAR 1986a]. Il est fort possible que ce soit le succès de ce poème qui l'ait incité à en écrire un autre du même type, qui traite des racines des nombres et peut-être même un troisième qui résume la méthode de fausse position et dont une copie lui est attribuée [SHAWQI 1987; ZEMOULI 1993; KOUIDRI 1996]. Mais les sources bio-bibliographiques ne disent rien sur ces deux derniers poèmes.

Ces mêmes sources sont également silencieuses au sujet d'un ouvrage du même auteur,

intitulé Talqîh al-afkâr bi rushûm hurûf al-ghubâr [Fécondation des esprits avec les symboles des chiffres de poussière]. Cet ouvrage est beaucoup plus important que les trois poèmes, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. En effet, il s'agit d'un livre de plus de 200 folios qui traite à la fois des chapitres classiques de la Science du Calcul et de certains chapitres de Géométrie relatifs au calcul d'aire. C'est d'ailleurs, parmi les ouvrages de l'Oc-cident musulman qui nous sont parvenus, le seul qui regroupe ces deux sujets. Son importance tient également à la nature de ses matériaux et de ses outils mathématiques qui en font un livre original mais tout à fait significatif de cette période de transition où se juxtaposent, avant de se fondre dans un même moule, trois pratiques mathématiques : celle d'Orient, celle de l'Espagne musulmane et celle du Maghreb [ZEMOULI 1993].

A titre d'exemple, on peut signaler les éléments suivants qui contribuent à la fois à

l'originalité de l'ouvrage et à son ancrage dans la grande tradition mathématique arabe des IXe-XIe siècles : en Arithmétique, et contrairement à la tradition maghrébine qui va se perpétuer à partir du XIVe siècle, Ibn al-Yâsamîn traite d'abord la multiplication et la division avant l'addition et la soustraction. Cette démarche que l'on retrouvera plus tard chez Ibn Zakariyâ', semble trouver son origine dans la pratique mathématique de l'Espagne musulmane [GUERGOUR 1992].

Dans le domaine des fractions, les remarques et les suggestions d'Ibn al-Yâsamîn, à

propos de la lecture de certaines expressions, montrent que, en dehors de la barre de fraction, le reste du symbolisme n'était pas encore définitivement fixé à son époque. Ce livre est également le plus ancien, à notre connaissance, qui contient à la fois les objets et les opérations de l'Algèbre qui permettent l'écriture et la résolution des équations ou la mani-pulation abstraite des polynômes. On constate d'ailleurs deux choses au sujet de ce sym-bolisme : d'abord le silence d'Ibn al-Yâsamîn à propos de cette pratique comme s'il utilisait des outils introduits par d'autres mathématiciens avant lui, puis la ressemblance totale des symboles intervenant dans son livre avec ceux que l'on trouve dans les ouvrages des XIVe-

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XVe siècles, comme ceux d'Ibn Qunfudh (m. 1407), d'al-Qalasâdî (m. 1486) ou d'Ibn Ghâzî. Si ce fait était confirmé par d'autres témoignages, on serait alors en présence d'une pratique symbolique beaucoup plus ancienne qu'on ne le croyait [WOEPCKE 1854b; DJEBBAR 1980 : 41-54; GUERGOUR 1990; ZEMOULI 1993].

Quant à la présence de la Géométrie dans un ouvrage de la Science du Calcul, cela ne

constitue pas un fait exceptionnel au regard de la tradition mathématique arabe prise dans son ensemble, dans la mesure où des chapitres semblables (c'est à dire traitant de problèmes de géométrie métrique) ont été insérés déjà dans des ouvrages rédigés en Orient, comme at-Takmila fî l-hisâb [Le complément en calcul] d'al-Baghdâdî (m. 1037) [SAIDAN 1985] ou al-Kitâb al-Kâfî [Le livre suffisant] d'al-Karajî (m. 1029) [CHELHOUB 1989].

Malgré cette richesse du Talqîh d'Ibn al-Yâsamîn, nous n'avons trouvé aucune référence

explicite à ce livre dans les écrits mathématiques maghrébins postérieurs. Cela pourrait s'expliquer de deux manières au moins : la première raison serait une rupture de tradition dont la cause est à chercher à l'extérieur du milieu scientifique de l'époque. Cette hypothèse n'est pas invraisemblable compte tenu, tout d'abord, de la personnalité d'Ibn al-Yâsamîn et de son comportement controversé et vivement critiqué par certains de ses contemporains, et compte tenu, ensuite, de ses liens étroits avec le pouvoir almohade qui sera violemment contesté par la suite, tant sur le plan politique et idéologique que sur le plan culturel [JULIEN 1969 : 92-131; LAROUI 1970 : 162-206]. La seconde raison, qui est aussi vraisemblable et qui a pu s'ajouter à la première, est à rechercher dans la pratique mathématique postérieure à Ibn al-Yâsamîn, pratique qui subira fortement l'empreinte des mathématiciens de Marrakech dont nous parlerons plus loin. On serait alors en présence du même phénomène d'absorption que l'on a déjà observé d'abord en Orient, avec les premiers écrits arithmétiques arabes du IXe siècle, puis dans l'Espagne musulmane avec des écrits du Xe siècle. Mais, dans l'état actuel de la recherche, il ne nous est pas possible de trancher en faveur de l'une ou l'autre hypothèse.

La contribution d'Ibn Munôim Ahmad Ibn Munôim, est né à Dénia (sur la côte est de l'Espagne, à proximité de

Valence), mais il a passé une grande partie de sa vie à Marrakech. A son époque, Il était considéré comme l'un des meilleurs spécialistes en Géométrie et en Théorie des nombres. A l'âge de 30 ans, il se met à étudier la Médecine qu'il exercera à Marrakech parallèlement à ses activités d'enseignement et de recherche. En Mathématique, Ibn Municm aurait publié de nombreux ouvrages, traitant de sujets aussi divers que la Géométrie euclidienne, le Calcul, la construction des carrés magiques, la Théorie des nombres et l'Analyse combinatoire. [IBN ÔABD AL-MALIK 1973 : VI, 59-60]. Mais, un seul de ses écrits nous est parvenu. Il s'agit du Fiqh al-hisâb [La science du Calcul] dont le titre ne reflète pas la diversité et la richesse du contenu [DJEBBAR 1980, 1983a; LAMRABET 1981].

Avant de parler de ce contenu, il faut signaler l'importance du livre pour l'histoire des

activités mathématiques dans l'Espagne musulmane. En effet, l'auteur s'y réfère avec précision à des savants andalous en citant leurs noms, les titres de certains de leurs écrits et parfois même des passages de ces écrits. Ainsi, c'est grâce à lui que nous apprenons l'existence du mathématicien Ibn Tâhir et que nous découvrons un autre aspect des activités d'un important géomètre du XIe siècle, Ibn Sayyid. Nous savions, depuis quelques années, grâce au témoignage de son élève, le philosophe Ibn Bâjja (m. 1138), que ce mathématicien avait

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exploré deux domaines très importants de la Géométrie : celui des intersections de solides dont les bases sont des courbes autres que les courbes coniques, et celui des courbes obtenues par projection de ces intersections de solides sur un plan donné [DJEBBAR 1984a : 84-91; ALAOUI 1983 : 84-87]. Malheureusement, les travaux géométriques d'Ibn Sayyid sont perdus et nous ne savons pas s'ils ont circulé au Maghreb. Ibn Munôim ne parle pas de ces travaux car son livre ne traite pas de Géométrie, mais il nous informe avec précision sur la contribution d'Ibn Sayyid dans l'étude des nombres figurés.

C'est également grâce à Ibn Muncim que nous pouvons affirmer la présence, au

Maghreb à partir du XIIe siècle du livre d'al-Mu'taman (m. 1085), le Kitâb al-istikmâl [Le livre du perfectionnement] qui est consacré essentiellement à la Géométrie mais avec un premier chapitre sur la Théorie des nombres [DJEBBAR 1984a ; HOGENDIJK 1986]. Il semble d'ailleurs que ce soit à partir de la capitale almohade que s'est diffusé cet important ouvrage. Plus tard, Maïmonide (m. 1204) enseignera le contenu du livre d'al-Mu'taman au Caire et peut-être aussi à Fez où il a séjourné un certain temps. Aux XIIIe-XIVe siècles, certains chapitres de l'ouvrage ont continué à être étudiés dans le Maghreb extrême, en particulier par Ibn al-Bannâ qui s'y réfère explicitement dans sa Risâla fî t-taksîr [Epître sur le calcul des aires] et, un peu plus tard, par Ibn Haydûr (m. 1413) [DJEBBAR 1986b].

Quant au contenu du Fiqh al-hisâb, son analyse montre qu'il ne s'agit pas toujours d'une

simple reprise de techniques et de résultats mathématiques antérieurs issus de la tradition andalouse ou transmis par elle. On y trouve en effet des démarches et des résultats nouveaux dont l'origine est à chercher peut-être dans des activités de la capitale almohade ou dans les préoccupations de son milieu intellectuel. D'une manière plus précise, on y découvre, à côté des chapitres classiques sur les opérations arithmétiques, d'autres comme celui sur l'étude des nombres figurés, celui de la détermination des nombres amiables et surtout celui du dénombrement de tous les mots d'une langue utilisant un alphabet donné. C'est d'ailleurs là la contribution la plus importante d'Ibn Muniôm. Ce dernier ne nous expose pas les raisons qui l'ont motivé dans l'étude de ce type de problème et qui l'on amené à lui consacrer un chapitre de 19 pages qui contient des propositions et des démarches combinatoires importantes qui ne seront redécouvertes, en Europe, qu'au XVIe et au XVIIe siècle, en particulier par Cardan (m. 1576), Mersenne (m. 1648), Frénicle (m.1675) et Pascal (m.1662) [DJEBBAR 1983a : 25-44]. Mais on peut raisonnablement supposer que c'est la redynamisation des activités linguis-tiques et grammaticales arabes à Marrakech qui a remis à l'ordre du jour des problèmes de dénombrement. D'autre part, il est raisonnable de penser que sa manière de résoudre ces problèmes combinatoires en utilisant le modèle concret de filaments de soie de différentes couleurs, trouve son origine dans l'environnement industriel ou marchand de Marrakech.

Nous savons qu'Ibn Muncim a eu des étudiants et que l'un d'eux, al-Qâdî ash-Sharîf (m.

1283-84) a écrit un livre, non encore retrouvé, intitulé al-Qânûn fî l-hisâb [Le canon en Calcul]. Mais, nous ne savons pas si cet élève a intégré dans ce livre, les résultats combinatoires de son professeur ou s'il s'est contenté de les enseigner à ses propres élèves et en particulier au plus brillant d'entre eux, le célèbre Ibn al-Bannâ. Quoi qu'il en soit, nous trouvons, chez ce dernier, des préoccupations combinatoires semblables qui ont même abouti à des résultats nouveaux. En effet, dans son petit opuscule, intitulé Tanbîh al-albâb [Avertissement aux intelligents], Ibn al-Bannâ évoque explicitement une des méthodes d'Ibn Munôim, celle du triangle arithmétique, pour dénombrer tous les mots qu'il est possible de prononcer en utilisant les 28 lettres de l'alphabet arabe. Mais, il ne s'arrête pas là puisqu'il

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apporte trois contributions originales dans ce domaine : la plus importante concerne l'énoncé et la démonstration, pour la première fois à notre connaissance, de la formule des factorielles donnant les combinaisons p à p des n lettres d'un alphabet donné, sans utilisation du triangle arithmétique, résultat qui sera de nouveau établi par Pascal trois siècles plus tard. En second lieu, il établit, lorsque cela est possible, les relations existant entre les nombres figurés de Nicomaque, les combinaisons de n objets p à p et les sommes de certaines suites d'entiers. Enfin, Ibn al-Bannâ utilise des techniques ou des démarches de type combinatoire pour résoudre certains problèmes extérieurs aux mathématiques et qui se ramènent à des dénombrements avec contraintes, comme par exemple la détermination du nombre de lectures possibles d'une phrase donnée, compte tenu des règles de la grammaire arabe, ou du nombre de prières que doit faire un musulman pour compenser l'oubli d'un certain nombre d'entre elles [DJEBBAR 1980 : 67-98].

Au XIVe siècle, nous ne trouvons pas de résultats nouveaux dans ce domaine chez les

commentateurs d'Ibn al-Bannâ, mais de simples références à des résultats déjà établis, accompagnés parfois de commentaires. C'est ce que fait Ibn Haydûr dans son livre at-Tamhîs fî sharh at-Talkhîs [L'approfondissement du commentaire de l'Abrégé] et dans son manuel de calcul [GUERGOUR 1992]. On trouve également, et c'est aussi important pour la caractérisation de la tradition mathématique maghrébine, la poursuite d'une certaine pratique combinatoire à l'intérieur et à l'extérieur du champ mathématique [DJEBBAR 1980 : 99-112]. Nous n'avons pas encore une connaissance détaillée de cette pratique après le XIVe siècle, mais les quelques éléments dont nous disposons permettent de penser que c'est là un domaine qui devrait encore faire l'objet d'une étude attentive car il n'a pas encore révélé tous ses secrets. Deux exemples précis nous autorisent à affirmer cela : le premier concerne une allusion rapide au dénombrement des carrés magiques d'un même type, dont on trouve trace dans un manuscrit des Eléments d'Euclide copié au Maghreb. C'est pour la première fois, à notre connaissance que ce problème est évoqué d'une manière aussi explicite. Malheureusement, aucune référence à un travail antérieur sur ces dénombrements n'est évoquée par le copiste du manuscrit [Ms. Rabat, Hasaniya n° 1101 : f.1a]. Le second exemple concerne le commentaire au livre d'al-Qalasâdî Kashf al-asrâr ôan hûrûf al-ghubâr Le dévoilement des secrets relatifs aux chiffres de poussière] réalisé par Tfayyash (m. 1914) un théologien du Maghreb central ayant vécu et enseigné à Beni Izguen. Dans le dernier chapitre de son commentaire, il aborde certains aspects combinatoires en se référant implicitement au travail d'Ibn al-Bannâ [Ms. Bibl. Béni Izguen : 445-50]. A notre avis, cette évocation n'est pas fortuite et ne pourrait s'expliquer que par la persistance de cette tradition combinatoire qui est née ou qui s'est affirmée à partir des contributions originales d'Ibn Munôim et d'Ibn al-Bannâ puis qui a été entretenue au Maghreb à travers les manuels et les enseignements.

En conclusion de ce chapitre, il nous faut préciser que la présentation relativement

détaillée des écrits connus d'al-Qurashî, d'al-Hassâr, d'Ibn al-Yâsamîn et d'Ibn Muncim ne signifie pas que ces écrits étaient les seuls à circuler et à être étudiés aux XIIe-XIIIe siècles. Les informations dont nous disposons démontrent le contraire. En effet, pour la même période, on pourrait évoquer des mathématiciens parfois aussi importants que ceux dont on vient de parler, comme al-Qâdî ash-Sharîf, l'élève d'Ibn Muncim à Marrakech, al-Qalôî (m. 1271) qui a vécu également à Béjaïa et qui y a enseigné la Science des héritages [HAFNÂWÎ 1982 : 495-96], ainsi qu'Ibn Ishâq at-Tûnusî (m. après 1218) connu pour ses travaux en Astronomie [KING 1988]. Malheureusement les écrits mathématiques de ces savants ne nous sont pas parvenus et nous ne pouvons pas spéculer sur leur contenu. Tout au plus peut-on

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juger de leur importance à partir de certaines citations de leurs écrits ou de certains témoignages sur leur statut d'hommes de sciences.

LA PRODUCTION MATHEMATIQUE AU MAGHREB AUX XIVe-XVe SIECLES Dans l'histoire des activités scientifiques au Maghreb, le XIVe siècle constitue un

moment privilégié à la fois pour l'importance quantitative de la production mathématique que l'on peut y observer (au vu des témoignages bibliographiques et des manuscrits qui nous sont parvenus), mais également pour le contenu de cette production et pour l'influence qu'elle aura, durant des siècles, sur l'enseignement des mathématiques dans tout le Nord de l'Afrique et parfois même dans certaines régions subsahariennes.

Dans l'état actuel de nos connaissances concernant cette période de l'histoire scienti-

fique du Maghreb, on peut dire que la majorité de la production mathématique de ce siècle est une reprise, sous forme de commentaires, de résumés ou de développements, d'une partie de ce qui avait été déjà découvert ou assimilé au cours des siècles précédents. Les contributions nouvelles sont en effet exceptionnelles, ce qui ne peut que confirmer, pour les mathématiques, les conclusions auxquelles avait abouti Ibn Khaldûn, dans sa Muqaddima, lorsqu'il a évoqué le déclin de certaines activités scientifiques à son époque.

Cette remarque donne plus d'importance au mathématicien que nous allons présenter

parce qu'il apparaît à la fois comme un des derniers novateurs de la grande tradition ma-thématique arabe et comme un des initiateurs d'une nouvelle tradition d'enseignement des mathématiques, basée sur le commentaire, tradition qui va concerner tout le Maghreb et qui va même s'étendre à l'Egypte.

La contribution d'Ibn al-Bannâ Ibn al-Bannâ est né à Marrakech en 1256, y a grandi et y a acquis une excellente for-

mation dans plusieurs domaines. Mais il a également vécu et enseigné quelque temps à Fez qui deviendra, après la chute des Almohades, la capitale de la dynastie des Mérinides, et qui essaiera de rivaliser, sur le plan intellectuel, avec Marrakech la seule ville qui a eu le privilège d'avoir été, durant près de deux siècles (1062-1248), la capitale du Maghreb dans sa totalité, en incluant de vastes zones subsahariennes [LAROUI 1970 : 147-185]. Les informations que nous possédons montrent qu'une puissante tradition scientifique s'était établie dans cette ville, mais les recherches ne sont pas suffisamment avancées pour pouvoir décrire le contenu de cette tradition, ses liens avec celle d'al-Andalus et le profil des hommes de science qui y ont séjourné.

Pour revenir à Ibn al-Bannâ, il faut tout de suite préciser que nous nous trouvons en

présence du dernier mathématicien maghrébin qui ait eu une activité de recherche, dans la mesure où il s'est attaqué à des problèmes nouveaux pour l'époque et qu'il y a apporté des solutions originales ou qu'il a avancé des idées nouvelles. Nous avons déjà évoqué sa contribution en Analyse combinatoire qui s'inscrit dans le prolongement des activités de recherche et des préoccupations d'Ibn Munôim. Cette contribution ne se limite pas à ce qu'il a écrit dans son Tanbîh al-albâb. On en trouve également des éléments intéressants dans son Rafô al-hijâb [Le soulèvement du voile] où il établit les résultats que nous avons évoqués précédemment et où il laisse entendre qu'à son époque les problèmes de dénombrement ne

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concernaient pas seulement le domaine de la langue. Il a également introduit une démarche nouvelle en Algèbre à propos de la justification de l'existence des solutions des équations canoniques d'al-Khwârizmî et il aurait, selon le témoignage d'Ibn Haydûr, poursuivi une réflexion sur les bases non décimales qu'aurait commencée Ibn Munôim (dans un ouvrage qui ne nous est pas parvenu) [DJEBBAR 1980 : 76-98; ABALLAGH 1988 : 145-168, 517-543].

Mais, malgré ses qualités exceptionnelles, évoquées par tous les biographes, l'impor-

tance et le prestige d'Ibn al-Bannâ ne proviennent pas uniquement de ses travaux mathé-matiques. En effet, notre savant se distingue de ses prédécesseurs maghrébins par la richesse et la diversité de sa production. Nous basant sur l'inventaire qu'avait fait, en son temps, Ibn Haydûr, nous avons recensé plus de 100 titres d'écrits qui lui sont attribués dont 32 seulement concernant les Mathématiques et l'Astronomie [ABALLAGH & DJEBBAR 1995b], les autres étant consacrés à des disciplines très éloignées les unes des autres, comme la Linguistique, la Rhétorique, l'Astrologie, la Grammaire et la Logique.

Parmi ses écrits scientifiques, ce sont ceux relatifs à la Science du Calcul qui semblent

avoir assuré la notoriété scientifique d'Ibn al-Bannâ. Ses ouvrages de la Science du Calcul qui nous sont parvenus et qui ont été analysés sont le Talkhîs [l'Abrégé], les Arbaô maqâlât fî l-hisâb [Les quatre opuscules sur le calcul] et le Raf ôal-hijâb. C'est en fait le Talkhîs qui illustre la démarche et les conceptions d'Ibn al-Bannâ, au niveau de l'agencement des chapitres, de la concision, de la rigueur, de la formulation et de l'absence de tout symbolisme, alors que, pour ce dernier point, une pratique existait déjà, à son époque, à la fois dans le domaine des fractions, dans celui de l'algèbre des polynômes et dans celui des équations.

Les facteurs qui ont amené Ibn al-Bannâ à inaugurer ce type de manuel très condensé,

par opposition aux grands recueils des XIIe-XIIIe siècles que nous avons déjà évoqués, ne sont peut-être pas strictement pédagogiques. Cela pourrait être la conséquence de toute la formation d'Ibn al-Bannâ et en particulier de son cheminement mystique qui a pu favoriser un certain ésotérisme qui s'est ajouté à la difficulté et au caractère abstrait des notions et des techniques mathématiques. Quoi qu'il en soit, ce caractère du Talkhîs amènera de nombreux mathématiciens postérieurs à rédiger des commentaires plus ou moins détaillés de ce manuel.

Le caractère encyclopédique de la production d'Ibn al-Bannâ a dû jouer au niveau du

statut social de notre mathématicien qui sera d'ailleurs honoré par le pouvoir mérinide, ce qui l'amènera à quitter Marrakech pour s'installer un certain temps à Fez, sur invitation du sultan de l'époque. Cette position éminente dont il a bénéficié dans la capitale mérinide n'a pu que renforcer l'autorité qu'il avait déjà acquise par ses travaux scientifiques. On peut également supposer que c'est ce double statut à la fois scientifique et social qui l'a encouragé à trancher sur des problèmes qui préoccupaient ses contemporains et qui l'ont amené à publier un livre original dont le contenu pourrait être rattaché, par certains de ses aspects, à l'ethnomathématique. Il s'agit du Tanbîh al-albâb que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises.

La première partie de ce petit livre contient des réponses mathématiques précises à des

questions touchant à des domaines très variés de la vie de tous les jours, comme la com-position des médicaments, le calcul du débit des canaux d'irrigation, l'explication arithmétique d'un verset du Coran relatif aux héritages, la détermination de l'heure de la troisième prière quotidienne, l'explication des fraudes liées aux instruments de mesure, le dénombrement des prières en retard et qu'il faut faire dans un ordre précis, le calcul exact de l'impôt légal pour un

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paiement différé de cet impôt, etc. [ABALLAGH & DJEBBAR 1995b]. La seconde partie, qui s'inscrit dans la tradition déjà ancienne des mathématiques ludiques et culturelles, rassemble un ensemble de petits problèmes arithmétiques présentés sous forme d'énigmes poétiques [DJEBBAR 1995b].

Avant Ibn al-Bannâ, des mathématiciens ont également résolu des problèmes liés à la

vie de tous les jours mais, souvent, l'aspect concret du problème n'était qu'un habillage à des exercices arithmétiques ou algébriques abstraits. Ce qui n'est pas du tout le cas pour les 17 problèmes exposés par Ibn al-Bannâ. Cela dit, et malgré l'originalité de son livre, Ibn al-Bannâ n'est pas le premier à avoir résolu des problèmes spécifiques à la cité islamique du moyen-âge. Pour rester au Maghreb, on peut signaler le cas d'un mathématicien de l'Ifriqiya, al-Jîtâlî (m. 1305) qui a rédigé un opuscule intitulé Kitâb maqâyîs al-jurûh [Livre des mesures des blessures] dans lequel il décrit la méthode pour mesurer toute sorte de blessures et la manière de calculer les indemnités exigées par la loi comme réparation versée à la personne blessée [DJEBBAR 1995a]. Nous pensons que les deux exemples que nous venons d'évoquer ne sont qu'un aspect d'une riche tradition qui mérite une recherche systématique à la fois dans les écrits mathématiques et dans les ouvrages d'autres disciplines, comme le Droit et l'Astrologie.

Les continuateurs de la tradition d'Ibn al-Bannâ Au niveau des grandes orientations de l'activité mathématique au moyen-âge, Ibn al-

Bannâ apparaît comme le point de départ de toute une tradition qui s'est étendue aux diffé-rentes régions du Nord de l'Afrique et qui a même atteint l'Egypte et ce qui restait de l'Espagne musulmane. Cette tradition est celle des commentaires. Il y eut ainsi plus de quinze ouvrages plus ou moins importants consacrés à l'explication ou au développement et parfois même à la critique de son petit manuel at-Talkhîs. Certains de ces commentaires ont été écrits par des mathématiciens du Maghreb extrême : il s'agit de ceux d'al-Misrâtî (XIVe s.), d'al-Muwâhidî (XIVe s.), d'Ibn Haydûr et d'Ibn Ghâzî. Un commentaire a été écrit par un andalou, Ibn Zakariyâ' et quelques uns l'ont été soit par des mathématiciens du Maghreb central, comme al-ôUqbânî (m. 1408), al-Habbâk (m. 1463) et Ibn Qunfudh, soit par ceux de l'Ifriqiya, comme al-Qalasâdî, soit par des égyptiens, comme Ibn al-Majdî (m. 1447) et Ibn al-Hâ'im (m. 1412) [ABALLAGH & DJEBBAR 1995b].

A ce jour, aucun de ces commentaires n'a bénéficié d'une analyse complète, mais une

étude comparative de leurs contenus révèle des différences à la fois quantitatives et qualitatives. Au niveau quantitatif, on trouve des petits commentaires, comme celui d'al-Misrâtî, un élève d'Ibn al-Bannâ, qui se contente d'expliquer par des exemples les définitions et les algorithmes sans jamais sortir du cadre du Talkhîs. A l'autre extrémité, on trouve de véritables traités dont le contenu du Talkhîs ne semble être qu'un prétexte ou un fil conducteur permettant à leurs auteurs d'exposer à leur manière, parfois en critiquant sévèrement Ibn al-Bannâ, les thèmes traités par ce dernier et d'autres qu'il avait délibérément abandonnés. Parmi ces traités, très riches pour l'histoire des différentes disciplines mathématiques, on peut citer le Tamhîs [L'étude approfondie] du maghrébin Ibn Haydûr et le Hâwî l-lubâb [Le recueil de la moelle] de l'égyptien Ibn al-Majdî.

Au niveau qualitatif, ces commentaires se distinguent les uns des autres par l'utilisation

ou nom du symbolisme arithmétique et algébrique et par le recours ou non à l'explication ou à la critique de certaines définitions, à la démonstration des propositions évoquées par Ibn al-

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Bannâ et à la justification de la validité des algorithmes qu'il a exposés. Un commentaire représentatif de cette catégorie d'ouvrages dont les auteurs ne se contentent pas d'illustrer leurs propos par des exemples, est celui d'al-cUqbânî, un mathématicien du Maghreb Central qui a vécu et qui a enseigné à Tlemcen. Il semble même que ce soit l'un des derniers ouvrages maghrébins qui renferme des démonstrations utilisant les propositions des Eléments d'Euclide ou des outils empruntés à des ouvrages antérieurs de la tradition mathématique arabe [HARBILI 1996 : n° 7].

Cela dit l'analyse détaillée des chapitres les plus importants de ces commentaires nous

permet d'avancer d'autres remarques concernant à la fois la nature des mathématiques enseignées au Maghreb à cette époque et leur niveau :

En premier lieu, on constate que le niveau des mathématiques qui y sont exposées n'a

pas baissé par rapport à la période antérieure, mais on n'y retrouve pas certains thèmes qui étaient enseignés depuis le Xe siècle, comme l'extraction de la racine cubique approchée d'un nombre ou le calcul de nouveaux couples de nombres amiables. Ce phénomène était déjà perceptible dans l'oeuvre d'Ibn al-Bannâ et il ne fera que s'étendre à partir du XIVe siècle.

En second lieu, on ne remarque aucun apport nouveau dans ces commentaires, ni sur le

plan théorique ni au niveau des applications des idées et des techniques antérieures. La nouveauté la plus significative se situe au niveau de l'expression écrite avec l'utilisation progressive d'un symbolisme relativement élaboré. Ce symbolisme qui, comme nous l'avons déjà dit, avait fait son apparition dans les écrits d'al-Hassâr et d'Ibn al-Yâsamîn, voit son utilisation gelée ou bridée tout au long du XIIIe siècle et durant la première moitié du XIVe siècle. En tout cas, aucun mathématicien de cette époque ne l'a utilisé dans les écrits qui nous sont parvenus. D'ailleurs, même après cette période, ce symbolisme ne semble pas avoir été utilisé par tous les commentateurs. Pour le Maghreb Extrême, on le trouve chez al-Muwâhidî et Ibn Ghâzî, mais pas chez al-Misrâtî et Ibn Haydûr. Dans le Maghreb Central, seuls Ibn Qunfudh et al-ôUqbânî l'utilisent [DJEBBAR 1980; GUERGOUR 1990; HARBILI 1996 : n° 7]. En Ifriqiya, on trouve ce symbolisme chez al-Qatrawânî [LAMRABET 1981 : 141-143; DJEBBAR 1986a : 118-120] et, plus tard, chez al-Qalasâdî [WOEPCKE 1858-59]. En dehors du Maghreb, le même symbolisme est utilisé par l'égyptien Ibn al-Majdî, alors qu'il est absent des ouvrages de son compatriote Ibn al-Hâ'im [DJEBBAR 1980 : 48]. Partant de là, il serait intéressant de voir si ce clivage ne reflète pas deux conceptions de l'enseignement des Mathématiques ou tout au moins ce qui est parvenu de ces deux conceptions aux enseignants de cette époque.

Une dernière remarque sur les commentaires des XIVe-XVe siècles concerne la ré-

daction de leur contenu et le style qui y est utilisé. A ce niveau, deux démarches sont per-ceptibles: la première se caractérise par ses formulations stéréotypées qui correspondent au style habituel des mathématiques et la seconde, plus rhétorique, est d'un niveau culturel plus élevé, dans la mesure où les auteurs prolongent et complètent leurs explications mathématiques par des commentaires grammaticaux, littéraires ou philosophiques. Cette démarche n'apporte rien sur le plan mathématique mais elle nous informe sur quelques aspects de la culture de l'époque et sur l'intervention progressive de cette culture dans certains domaines techniques.

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Dans le domaine de l'Algèbre, différentes sources nous informent que les ouvrages d'Ibn Badr [SANCHEZ-PEREZ 1916], d'al-Qurashî, d'Ibn al-Yâsamîn et d'Ibn al-Bannâ continuaient à être enseignés dans les villes du Maghreb comme Fez, Tlemcen, Sebta et Tunis. Mais, seul le poème d'Ibn al-Yâsamîn semble avoir eu la faveur des commentateurs, à la fois au Maghreb et en Egypte. Parmi les commentaires qui ont circulé à partir du XIVe siècle, on peut citer ceux d'Ibn Qunfudh et d'al-Qalasâdî au Maghreb [GUERGOUR 1990; ZEMOULI 1993] et ceux d'al-Mâradînî (m. 1501) et d'Ibn al-Hâ'im (m. 1412), en Egypte [SHAWQI 1987; SOUISSI 1983b].

Cela dit, si on excepte un seul commentaire du Rafô al-hijâb, réalisé par Ibn Haydûr,

aucun autre ouvrage de Calcul ou d'Algèbre des XIIe-XIVe siècles n'a motivé les commen-tateurs maghrébins. En effet, et jusqu'à ce jour, nous n'avons trouvé aucune mention d'un éventuel commentaire des grands ouvrages de calcul d'al-Hassâr et d'Ibn al-Yâsamîn ou du livre d'Ibn Muncim, comme nous n'avons encore découvert aucun commentaire maghrébin sur les classiques de l'Algèbre arabe des IXe-Xe siècles, qui ont pourtant circulé en Andalus et au Maghreb.

L'explication de ce phénomène n'est pas simple : on peut en chercher les raisons soit

dans un abaissement du niveau général de l'enseignement, soit dans l'arrêt de l'activité de recherche, soit dans le désintérêt pour les aspects théoriques des disciplines scientifiques. Ces causes sont en fait liées les unes aux autres et elles renvoient toutes aux facteurs extérieurs à l'activité scientifique elle-même dont le grand historien maghrébin du XIVe siècle, Ibn Khaldûn, avait déjà, à son époque, perçu les effets sur la société dans son ensemble et, partant de là, sur le dynamisme des activités scientifiques et culturelles de tout l'Occident musulman.

En tout état de cause on constate que les ouvrages maghrébins difficiles, ou réputés

comme tels, sont délaissés par les commentateurs ou ne sont utilisés que pour mieux éclairer l'explicitation de tel ou tel passage du Talkhîs d'Ibn al-Bannâ. On constate aussi qu'il y a, à partir de cette époque, une sorte de repli sur la production scientifique de l'Occident mu-sulman, même au niveau des références aux ouvrages. On continue bien sûr à évoquer Euclide, Nicomaque et al-Khwârizmî, mais ce sont surtout des auteurs du Maghreb ou de l'Espagne musulmane qui sont cités dans les commentaires des XIVe-XVe siècles qui nous sont parvenus.

LES MATHEMATICIENS DU MAGHREB POSTERIEURS AU XVe SIECLE A notre connaissance, la production mathématique de la période qui s'étend du début du

XVIe siècle à la fin du XIXe n'a encore bénéficié d'aucune étude globale. Les remarques que nous allons brièvement présenter s'appuient essentiellement sur des éléments bio-bibliographiques et sur l'analyse de quelques textes lithographiés au XIXe siècle ou récemment édités [KHATTABI 1987].

Le nombre des mathématiciens (ou enseignants de mathématiques) connus, qui ont vécu

au Maghreb après le XVe siècle, dépasse 150. Les disciplines qu'ils ont enseignées ou qu'ils ont traitées dans les ouvrages qui nous sont parvenus sont la Géométrie métrique, le Calcul, les carrés magiques et la répartition des héritages, pour ce qui est des Mathématiques, et le calcul du temps, la détermination de la direction de la Mecque et la description d'instruments

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astronomiques, pour ce qui est de l'Astronomie [SUTER 1900; BROCKELMANN 1937-49; LAMRABET 1994].

Pour nous limiter aux Mathématiques, et au vu des textes que nous avons pu étudier,

nous pouvons affirmer que le contenu de cette production se distingue des écrits mathé-matiques antérieurs par la forme et par le niveau. On trouve des poèmes, comme ceux d'al-Akhdarî (m. 1576), d'al-Wansharîsî (m. 1548) et d'ar-Rasmûkî (m. 1721), des gloses ou des commentaires comme ceux d'Ibn al-Qâdî (m. 1616) et de Muhammad Bannîs (m. 1798), des résumés comme ceux d'al-Fâsî (m. 1685). Quant au niveau de ces écrits, il se situe en deçà de celui des ouvrages du XVe siècle, qui sont eux-mêmes beaucoup moins riches, sur le plan des idées et des techniques, que les ouvrages des XIIIe-XIVe siècles. Cela correspond bien à ce que l'on peut observer dans d'autres secteurs de l'activité intellectuelle au niveau de tout le Nord de l'Afrique.

Parmi les facteurs internes qui pourraient être à l'origine de ce long processus de déclin

des activités mathématiques, il y a le ralentissement puis l'arrêt de la recherche et l'amorce d'un changement qualitatif dans le contenu des ouvrages d'enseignement qui se sont progressivement limités à l'exposé des techniques et des résultats sans aucune démonstration. Ces facteurs internes ont été eux-mêmes induits par des facteurs externes qui se rattachent soit au domaine économique, comme le tarissement de la route africaine de l'or ou la perte du contrôle des routes maritimes, soit au domaine politique, comme les offensives répétées, contre les côtes du Nord de l'Afrique, par les nouvelles puissances de l'Europe du Sud, c'est à dire l'Espagne et le Portugal et certaines villes-états italiennes [LAROUI 1970 : 211-223].

Il n'est donc pas étonnant que ce long processus de dégradation ait eu des effets indi-

rects sur les Mathématiques par le rétrécissement progressif de leur domaine d'activité et de leur champ d'application. Ainsi, il n'est plus resté aux mathématiciens comme activités, différentes de l'enseignement et de la rédaction de manuels, que des pratiques mathématiques liées directement à des activités ou à des préoccupations à caractère religieux, comme la répartition des héritages et des donations aux ayant-droit, la détermination du temps pour la fixation des moments de la prière ou la construction et l'utilisation d'instruments astronomiques, tels que le quart de sinus et l'astrolabe.

Comme conséquence de l'arrêt des investigations en Mathématique, du rétrécissement

de leur champ d'application et de la réduction du contenu des programmes, on voit apparaître et se développer, tant au Maghreb qu'en Egypte, la pratique qui consiste à publier, sur un même sujet mathématique, une série d'ouvrages qui ne différent entre eux que par le style (poésie ou prose), le volume (livre ou abrégé) ou la forme (commentaire détaillé ou gloses). Cette tendance était déjà très nette dès la seconde moitié du XVe siècle avec al-Qalasâdî en Ifriqiya et Ibn Ghâzî dans le Maghreb Extrême. Elle se poursuivra au moins jusqu'au XVIIIe siècle, comme le montre la production d'ar-Rasmûkî (m. 1775). Mais, malgré l'absence d'originalité de ces nombreux écrits, ils constituent des matériaux précieux pour l'histoire de l'enseignement scientifique dans le Nord de l'Afrique.

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CONCLUSION Au terme de ce survol de dix siècles d'activités mathématiques au Maghreb, il nous

semble utile de faire quelques remarques d'ordre général concernant le contenu de ces ac-tivités et ce qui en a été transmis dans les autres régions de l'Afrique.

La première remarque concerne certaines survivances calculatoires non arabes. Les

informations que nous avons présentées montrent que la pratique mathématique au Maghreb s'inscrit essentiellement dans la tradition arabe. Mais, cela ne signifie pas que cette pratique était unique. On constate en effet, dans le domaine du calcul, et cela semble être une particularité du Maghreb Extrême, la survivance, depuis l'époque pré-islamique, d'une pratique calculatoire qui utilise des symboles, qui sont appelés les chiffres de Fez. Ces symboles se distinguent des chiffres ghubâr, c'est à dire des chiffres actuels, à la fois par leur nombre et par leur forme. La persistance de cette pratique a été telle que des mathématiciens, comme Ibn al-Bannâ au XIVe siècle, ou d'autres moins prestigieux, lui ont consacré des manuels pour en expliquer le principe et l'utilisation [DJEBBAR 1987 : 239-40].

La seconde remarque concerne la place du Maghreb dans la tradition mathématique de

l'Occident musulman. Il est clair, au vu des informations que nous avons présentées, que c'est essentiellement les villes du Maghreb extrême, et en particulier Sebta, Fez et Marrakech, qui ont pris le relais de l'Espagne musulmane dans l'activité mathématique et ce à partir du XIIe siècle et jusqu'à la fin du XIVe avec, à partir de cette période, une intervention plus grande de deux autres pôles scientifiques : Tlemcen dans le Maghreb Central et Tunis en Ifriqiya. Les raisons qui ont fait que ce relais n'a pas été pris avant le XIIe siècle ne sont pas faciles à déterminer avec certitude. Parmi ces raisons, il y a probablement la proximité de l'Espagne musulmane et son dynamisme des IXe-XIe siècles, qui attirait régulièrement les élites qui se sont d'abord formées dans les villes du Maghreb puis qui se sont installées provisoirement ou définitivement dans une ville d'al-Andalus. A titre d'exemples, on peut citer les cas d'al-Wahrânî (ca. 1037) pour le Maghreb Central [SUTER 1900 : n° 251], d'al-Kalâôî (m. 1111) pour l'Ifriqiya [DJEBBAR 1988b : 64] et d'Ibn Yâsîn (IXe s.) pour le Maghreb Extrême [SUTER 1900 : n° 106]. Ce phénomène a pu influer négativement sur la constitution de foyers scientifiques de haut niveau dans les métropoles maghrébines.

D'autres causes probables sont à chercher dans la sphère économique où le Maghreb

apparaît, jusqu'à l'époque almoravide, beaucoup plus comme un relais que comme un pôle captant les richesses et les savoir-faire. A partir du XIIe siècle, il semble bien que divers facteurs étaient réunis pour permettre au Maghreb de devenir un pôle. Mais, c'est aussi à partir de cette époque que l'activité scientifique arabe prise dans son ensemble a commencé à montrer des signes d'essouflement et de ralentissement dans les métropoles des autres régions. Cela dit, les XIIe-XIIIe siècles n'ont pas révélé tous leurs secrets et il est fort possible que cette courte période où le Maghreb a réalisé son unité politique ait été, dans le domaine des mathématiques, une période encore plus féconde que cela ne transparaît à travers les quelques ouvrages qui nous sont parvenus et que nous avons brièvement présentés.

La troisième et dernière remarque concerne le rôle du Maghreb dans la diffusion des

mathématiques arabes. Cette diffusion s'est d'abord effectuée, semble-t-il, en direction de l'Europe du Sud d'une manière directe grâce aux traductions, comme l'illustre l'exemple, pour le moment unique, de la traduction hébraïque du Kitâb al-bayân d'al-Hassâr, soit d'une

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manière indirecte par l'assimilation d'un enseignement local prodigué en arabe puis la rédaction de manuels ou de traités en latin ou en hébreu. L'exemple le plus célèbre qui illustre ce phénomène encore peu étudié est celui de Fibonacci. Comme il le dit lui-même, ce savant italien s'est formé très jeune à Bougie, l'un des pôles scientifiques maghrébins du XIIe siècle et, plus tard, il a reproduit, dans son Liber Abbaci, certains aspects de la tradition mathématique maghrébine et en particulier ce qui a trait au symbolisme et au calcul des fractions [VOGEL 1970-80 : 605-609].

Mais, dans l'état actuel de nos connaissances, la transmission des écrits mathématiques

du Maghreb s'est faite essentiellement dans deux autres directions. La première est celle de l'Orient et plus précisément de l'Egypte où des écrits d'al-Hassâr, d'Ibn al-Yâsamîn et d'Ibn al-Bannâ ont circulé ou ont fait l'objet de commentaires. Ce fait est confirmé par le témoignage de l'encyclopédiste du XIVe siècle, Ibn al-Akfânî [IBN AL-AKFÂNÎ 1990], et par les commentaires du Talkhîs. Le contenu et les modalités de cette transmission n'ont pas encore fait l'objet d'une étude approfondie, mais l'analyse comparative des documents qui existent pourrait nous éclairer un peu plus sur ce phénomène peu connu.

La troisième direction par laquelle s'est faite la transmission est celle de l'Afrique

subsaharienne. Ce phénomène est, malheureusement, encore moins connu que les deux précédents. Il semble que ce soit le Maghreb Extrême qui a été le relais principal pour cette transmission qui a concerné essentiellement la Science du Calcul et l'Astronomie. Nous en avons une première confirmation à travers les manuscrits qui se trouvent aujourd'hui dans la bibliothèque Ahmad Bâbâ de Tombouctou. Parmi ces manuscrits, un seul, traitant du calcul, est attribué à un homme de science de la région. Il s'agit d'Ahmad Bâbir al-Arawânî un mathématicien originaire d'Arawân (Mali) qui a vécu après le XVIe siècle puisqu'il se réfère dans son écrit au poème arithmétique, ad-Durra al-baydâ' [La perle blanche] du mathématicien du Maghreb Central al-Akhdarî (m. 1575) [Ms. Bibl. Ahmad Bâba n° 3027]. Les autres manuscrits sont des poèmes mathématiques, comme ceux d'as-Samlâlî et d'ar-Rasmûkî, tous d'eux du Maghreb Extrême [LAPOUSTERLE 1990], ou bien des écrits astronomiques, comme le Kitâb tarhîl ash-shams [Le livre du mouvement du soleil] d'Ibn al-Bannâ.

Nous ne pouvons pas apprécier l'importance de cette diffusion à partir des rares élé-

ments qui sont en notre possession, et un certain nombre de questions, concernant l'activité scientifique au Sud du Sahara, restent posées et le resteront encore un certain temps. Mais, si l'on tient compte des informations qui nous sont parvenues et qui sont relatives à l'Histoire culturelle de cette région [BATILY 1989; DRAMANI-ISSIFOU 1982; NIANE 1975; EL-FASI & HRBEK 1990; NIANE 1975a, 1975b, 1985], il nous paraît raisonnable de penser que la circulation des écrits scientifiques a été plus importante que ce que suggèrent les documents aujourd'hui accessibles, comme on peut également supposer que des étudiants, originaires des zones subsahariennes ont peut-être eu la possibilité de se déplacer vers le Nord, par exemple à la faveur d'un pélerinage à la Mecque ou pour d'autres raisons, comme cela est arrivé à Ahmad Bâbâ at-Tambuktî (m. 1627). L'une ou l'autre de ces circonstances pouvait fournir à ces étudiants l'occasion de se perfectionner auprès de professeurs connus, avant de devenir eux-mêmes des enseignants ou des auteurs d'ouvrages, comme nous le montre l'exemple d'al-Arawânî que nous avons déjà évoqué et celui d'al-Katsinâwî (m. 1741), un savant originaire de Katsina (Nigéria) qui vécut un certain temps au Caire et qui se spécialisa dans la construction des carrés magiques [ZASLAVSKY 1973 : 138-151; KANI 1992b : 17-36; GERDES 1992 : 17; SESIANO 1994].

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Mais, nous ne pourrons objectivement évaluer le contenu de la production scientifique ainsi que la nature et l'intensité des échanges entre les hommes de science des différentes régions du Nord de l'Afrique qu'après de nouvelles investigations à travers les documents encore inaccessibles et qui touchent à tous les aspects de la vie intellectuelle des villes de ces régions. Cela dit, et en attendant la mise à jour et l'analyse comparative de ces documents, les quelques éléments que nous avons présentés devraient permettre déjà, du moins nous l'espérons, de convaincre le lecteur de l'importance du patrimoine scientifique de cette partie de l'Afrique.

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Revue Campus N°11 62

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Revue Campus N°11 63

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Revue Campus N°11 64

LES SCIENCES EN PAYS D'ISLAM : DES HERITAGES ANCIENS A LA RECEPTION

EUROPEENNE (VIIIe-XVIIe SIECLES)

Ahmed DJEBBAR

Université des Sciences et des Technologies de Lille

partir du VIIIe siècle, et après une longue période de maturation, une civilisation originale et puissante, portée par une nouvelle religion, l’Islam, et s’exprimant essentiellement en arabe1, a commencé à s’affirmer dans le cadre d’un espace géopolitique et économique qui s’étendait des confins de l’Asie centrale aux

contreforts des Pyrénées. Parmi les éléments constitutifs et caractéristiques de cette civilisation, il y a eu les activités intellectuelles. Elles ont été multiformes et d’une grande richesse. Certaines d’entre elles ont puisé dans le fond culturel local (prose et poésie arabes) ou dans le corpus de la nouvelle religion (Coran et Hadîth). D’autres ont emprunté aux héritages anciens de la Grèce, de l’Inde, de la Perse et de la Mésopotamie, en prolongeant leurs contenus de différentes manières et, parfois, en s’émancipant de ces héritages par une critique féconde et par des innovations significatives.

La première partie de ces activités a été qualifiée, par les bibliographes de cette civilisation, de « sciences de transmission ». Elles ont donc concerné des domaines que nous rangeons aujourd’hui dans les « sciences de la langue » (grammaire, morphologie, linguistique, lexicographie, prosodie, métrique), dans les « sciences de la religion » (théologie, droit, kalam2) et, d’une manière générale dans tout ce qui se rattache aux « sciences humaines ». Le fait que, dans les classifications arabes, ces matières aient été nettement distinguées des « sciences exactes » ne signifie pas du tout que, dans la pratique, elles en ont été séparées. Des exemples significatifs, qui seront évoqués plus loin, montrent, au contraire, qu’il y a eu des passerelles entre ces deux grands domaines et parfois même des influences réciproques pour le plus grand bien du développement de la connaissance.

La seconde partie des activités intellectuelles des pays d’Islam est qualifiée de « sciences rationnelles » ou « sciences des Anciens ». Leurs intitulés correspondent aux disciplines classiques de la tradition grecque, c'est-à-dire les mathématiques, la physique et la philosophie. Mais à l’intérieur de chacun de ces grands chapitres, il y a une grande diversité de savoirs théoriques et de pratiques savantes ou simplement utilitaires. En mathématique, la géométrie, l’arithmétique, l’astronomie et la musique, qui composaient la classification grecque vont être amenées à faire de la place à de nouvelles disciplines ou de nouveaux chapitres, comme l’algèbre, l’analyse combinatoire, la trigonométrie et les carrés magiques. En physique, ce sont toutes les sciences de « la vie et de la terre » qui vont faire l’objet d’étude. Il s’agit, en plus des différents domaines de la physique proprement dite (poids

1 - D'autres langues, pratiquées au quotidien dans les différentes régions de l'empire musulman, ont également été utilisées dans des publications scientifiques, littéraires ou religieuses à différentes époques. C'est le cas du persan, de l'hébreu, du tamazight, du turc et du copte. Mais, comme on le verra dans la suite de l'article, l'arabe a été la langue la plus couramment utilisée dans les écrits scientifiques et philosophiques entre le IXe et le XVIIIe siècle, tant en Orient qu'en Occident musulman. 2 - Kalam : théologie spéculative qui fait appel à la fois aux données du corpus religieux et aux arguments rationnels.

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Revue Campus N°11 65

spécifiques, mécanique, hydrodynamique, …), de la médecine et de ses différentes branches (anatomie, physiologie, pharmacopée), de la botanique, de la chimie (expérimentale ou ésotérique), de la zoologie.

Quant à la philosophie, elle est la science reine aux yeux des savants grecs, celle qui

pouvait discourir sur les autres sciences rationnelles et, plus particulièrement, sur leurs fondements. En bon élèves, les hommes de sciences des pays d’Islam ne vont pas déroger à cette attitude. Concrètement, il y a eu une activité philosophique traitant des grands problèmes déjà étudiés par Aristote, Platon et leurs commentateurs, avec un développement de la Logique. Puis, lorsque les sciences ont atteint leur vitesse de croisière, on a observé une intervention directe ou indirecte de la philosophie et de la logique en mathématique, à l’occasion des discussions sur les fondements de la géométrie, et en astronomie pour formuler les premières critiques sur les modèles planétaires de Ptolémée.

LA PHASE DE MATURATION Les informations qui nous sont parvenues sur les débuts des activités scientifiques au

cours du premier siècle de l’histoire des pays d’Islam (632-750) sont rares et souvent peu fiables. De plus elles sont insuffisantes pour espérer reconstituer les sources, les facteurs et les évènements qui ont été à l’origine de la naissance de la tradition scientifique arabe (c'est-à-dire de l’ensemble du corpus produit, en arabe, de la fin du VIIIe siècle au début du XVe siècle dans les différentes villes de l’empire musulman). Mais, heureusement, le silence des sources classiques (chroniques, ouvrages biobibliogaphiques, historiques, littéraires) est compensé par les résultats que fournissent les études comparatives des contenus de certains écrits arabes et des sources préislamiques qui nous sont parvenues.

Il est désormais admis que la longue période qui s’étend de 632, année de la mort du

Prophète, à la publication du premier écrit scientifique en arabe autour de 775 était riche de savoirs et de savoir-faire même si ces savoirs ne se présentaient pas toujours sous forme d’ouvrages et ne bénéficiaient pas d’un enseignement « académique ». On peut également ajouter qu’il s’agit d’une phase cruciale pour le devenir de la science dans le nouvel empire parce qu’elle a permis la mise en place des structures qui vont assurer le succès des premières initiatives prises dans ce domaine. C’est en effet à cette époque que commence à se développer, puis à se diffuser dans tout l’empire, un enseignement de la langue arabe qui ne se confond pas toujours avec l’apprentissage du Coran. Il semble qu’au début du phénomène, les mosquées seules ont pu accueillir cet enseignement mais que l’extension de l’arabisation a favorisé la multiplication de lieux d’apprentissage profanes. C’est également à cette époque que sont apparues les premières bibliothèques renfermant des écrits en arabe (chroniques, copies de corans, premières traductions d’ouvrages utilitaires comme les traités sur l’astrologie ou sur l’art de la guerre)1.

Il s’agit également d’une phase de maturation et de préparation des conditions de la

pratique scientifique qui a connu des initiatives dont les conséquences ont été très importantes pour le développement des sciences. La première, qui est à la fois politique et idéologique, est la décision du calife omeyyade ‘Abd al-Malik (685-705) d’arabiser les administrations de l’empire. Jusqu’à ce décret, et pour des raisons liées à la continuité des activités et aux profils des fonctionnaires, c’étaient le persan, le syriaque ou le grec qui étaient les langues de travail dans les différents rouages de l’Etat central. L’application du décret signifiait à terme l’arabisation de tous les savoirs et les savoir-faire nécessaires au bon fonctionnement des

1- A. Djebbar : Une histoire de la science arabe, Paris, Seuil, 2001, pp. 57-107.

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Revue Campus N°11 66

institutions. Il semble donc que cela ait provoqué un phénomène de transfert d’une partie du savoir ancien bien avant l’apparition du phénomène de traduction qui a lui-même bénéficié de ce nouveau contexte favorable1.

La seconde initiative n’est ni politique ni individuelle mais elle n’est pas indépendante

de la première. Elle découle en effet du nouveau statut acquis par la langue arabe avec le triomphe de l’Islam. Devenue la langue du culte, du pouvoir politique et de ses administrations centrales et régionale, l’arabe est passé du rôle d’instrument d’expression à un objet d’étude. Cela a ouvert la voie aux premières recherches sur cette langue. Il n’est pas inutile de préciser que l’un des pionniers dans ce domaine, al-Khalîl Ibn Ahmad (m. vers 786), a inauguré de véritables démarches scientifiques en s’efforçant d’analyser les structures internes de la prose et de la poésie arabes et d’en tirer des théories cohérentes. Certaines de ses investigations l’ont même amené à toucher à des problèmes mathématiques qui n’ont été résolus, complètement et d’une manière satisfaisante, que vers la fin du XIIe siècle, à Marrakech2.

Quant au contenu du savoir qui a circulé pendant cette longue période de préparation de

l’avènement de la science, il était essentiellement à visée utilitaire. On y trouve des résultats d’observations astronomiques et météorologiques patiemment rassemblés et confrontés, des procédures de calcul et de résolution de problèmes qui servaient dans les activités quotidiennes des arpenteurs, des comptables, des fonctionnaires du cadastre et des répartiteurs des héritages. Durant cette phase, la médecine a été une des rares disciplines à avoir été pratiquée de deux manières différentes. Il y avait en effet une médecine dite traditionnelle basée sur des recettes à base de plantes, accompagnées parfois de pratiques magiques. Et, pour les catégories sociales les plus aisées, il y avait la médecine savante, héritière de la grande tradition grecque et qui s’enseignait encore, aux VIIe-VIIIe siècles dans quelques rares centres, comme Alexandrie en Egypte et Gundishapur en Perse.

LE PHENOMENE DE TRADUCTION D’après des sources bibliographiques et quelques témoignages d’hommes de sciences,

les traductions en arabe ont commencé avant le VIIIe siècle et se sont poursuivies jusque vers le milieu du Xe. On lit, dans le fameux Fihrist [Le catalogue] d’Ibn an-Nadîm (m. 995) que la première impulsion donnée à ce phénomène est la conséquence d’un rêve du calife al-Ma’mûn (813-833) dans lequel il aurait vu Aristote en personne. Le cours échange qu’il aurait eu avec lui sur le concept de « bien » l’aurait convaincu d’envoyer, à Byzance, une délégation de de traducteurs à la recherche de manuscrits scientifiques et philosophiques grecs. Ce « mythe fondateur » est là en fait pour confirmer le rôle déterminant de ce calife dans la consolidation et le développement du processus de traduction. Mais, nous savons aujourd’hui que ses initiatives s’inscrivent dans une tradition inaugurée par son arrière grand-père, al-Mansûr (754-775). Nous savons aussi qu’un facteur encore plus important que le mécénat califal a contribué à la réussite de cette opération collective. Il s’agit de la persistance, depuis le Ve siècle au moins, de foyers scientifiques d’expression grecque, syriaque ou persane, qui se sont retrouvés sous le contrôle du nouveau pouvoir.

En Egypte, c’est évidemment Alexandrie avec ce qui restait encore comme

bibliothèques privées. Des activités philosophiques et médicales y sont signalées au VIe 1 - G. Saliba : La pensée scientifique arabe, sa naissance et son développement, Amman, Université al-Balmand, 1998, pp. 36-62. En arabe. 2 - A. Djebbar : L'analyse combinatoire au Maghreb : l'exemple d'Ibn Muncim (XIIe-XIIIe siècles), Paris, Université Paris-Sud, Publications Mathématiques d'Orsay, 1985, n 85-01.

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Revue Campus N°11 67

siècle. Un des représentants de cette tradition grecque est Jean Philopon qui a commenté l’œuvre d’Aristote et qui est connu pour son manuel sur l’astrolabe (le plus ancien texte connu consacré à cet instrument)1. A l’arrivée des premiers cavaliers arabes, il y avait encore des médecins qui perpétuaient l’art de Galien par leur enseignement et leurs publications. C’est le cas de Paul d’Egine et du prêtre Ahrun2.

En Perse, la ville de Gundishapur, désormais dans l’empire musulman, conservait

encore une tradition médicale même si elle ne connaissait plus le dynamisme de l’époque de l’empereur Khusrû Anûshirwân (521-579), son fondateur et son mécène. Ce dernier a été en effet l’initiateur d’une politique culturelle et scientifique qui s’est concrétisée par l’accueil de savants étrangers et par l’encouragement de traduction d’ouvrages scientifiques du grec et du sanskrit en persan3. Il aurait même envoyé un de ses médecins, Barzawayh, en Inde pour y chercher des manuscrits.

En Mésopotamie et en Asie Mineure, il y avait les centres d’Antioche, de Nisibe, de

Harrân, de Râs al-‘Ayn et de Kenesrin. Ils constituaient, parfois depuis le Ve siècle, de puissants foyers intellectuels s’exprimant en syriaque. Les enseignements et les publications de leurs professeurs concernaient essentiellement la théologie, la philosophie et la grammaire. Mais les mathématiques et l’astronomie n’étaient pas absentes puisqu’il nous est parvenu une traduction partielle en syriaque des Eléments d’Euclide et des écrits originaux sur des sujets astronomiques4. Parmi les scientifiques éminents de cette tradition, il y a Sévère Sebokht (m. 667) qui a travaillé dans le cloître de Kenesrin. Il est connu pour son commentaire sur les Analytiques d'Aristote et pour ses publications scientifiques, en particulier son ouvrage sur l'astrolabe (qui nous est parvenu) et ses écrits sur la géographie5. Il est même possible qu’il fût un des pionniers à enseigner les premiers éléments d’astronomie et de calcul indien parvenus dans la région par la voie persane6. Mais ce sont ses élèves qui ont constitué le véritable relais avec la tradition scientifique arabe naissante puisqu’ils ont vécu et ont enseigné comme sujet du nouvel empire. Parmi eux, il y a Jacques d'Edesse (633-708) qui a traduit une partie de l’œuvre médicale de Galien (m. ver 200), Athanase (m. 686) et Georges des Arabes qui ont fait connaître, en syriaque, l'Isagoge de Porphyre, l'Organon et les Catégories d'Aristote.

C’est grâce à ces trois traditions, à ce qu’elles avaient pu préserver des héritages anciens

et à ce qu’il en subsistait comme activité, que le phénomène d’appropriation des sciences anciennes a pu se réaliser dans la durée. Ce sont en effet des hommes ayant été élevés et formés dans l’une ou l’autre de ces trois cultures qui ont d’abord joué un rôle de relais, en se mettant au service des nouveaux pouvoirs et des nouvelles élites (en particulier dans le domaine de la comptabilité, de la gestion administrative, de la médecine et de l’astrologie). Compte tenu de leur niveau de formation, ils étaient indispensables au fonctionnement des administrations et même incontournables. Puis, après l’extension de la langue arabe, certains d’entre eux ont proposé leurs services pour contribuer au transfert des savoirs. Parallèlement, d’autres membres de ces communautés cultivées ont participé activement au mécénat et à la recherche des manuscrits qui devaient être traduits7.

1- J. Philopon : Traité de l’astrolabe, A. P. Segonds (trad.), Paris, Editions Brieux, 1981. 2- Ibn an-Nadîm, Le catalogue, R. Tajaddud (édit.), Téhéran, 1971, p. 303. En arabe. 3- Sâ’id al-Andalusî : Livre des catégories des nations, H. Bucalwân (édit.), Beyrouth, Dâr at-talî’a, 1985, pp. 57, 62. En arabe. 4- Cl. Baudoux : La version syriaque des "Eléments" d'Euclide. In : Deuxième Congrès National des Sciences. Bruxelles I, 1935. p. 75. 5- E. Yousif : Les philosophes et traducteurs syriaques, Paris, l’Harmattan, 1997, pp. 65-68. 6- F. Nau : Notes d'astronomie syrienne, Journal Asiatique, Série 10, t. 16, 1910, p. 225. 7- G. Saliba : La pensée scientifique arabe, sa naissance et son développement, op.cit., pp. 62-72.

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Revue Campus N°11 68

Dans cette quête des manuscrits, les bibliothèques ont joué un rôle primordial. Nous

savons, par divers témoignages, qu’il en existait à l’arrivée des premiers cavaliers arabes dans les régions nouvellement conquises. Mais nous ignorons tout de leur emplacement et de leur contenu exact. Certaines ont probablement enrichi les butins des armées musulmanes pour alimenter les nouvelles bibliothèques fondées par les califes omeyyades puis par leurs premiers successeurs abbassides1. Mais, la plupart de celles qui étaient en Orient semble avoir continué à fonctionner comme lieu d’étude privé. Ce sont des initiatives califales qui ont été à l’origine des premières bibliothèques publiques et semi-publiques. Elles ont recueilli les ouvrages empruntés pour les traductions et les nouvelles versions en arabe, sans parler de tous les écrits qui avaient déjà été publiés et qui n’ont pas attendu la traduction des ouvrages anciens. C'est d’ailleurs l’omeyyade al-Walîd (705-720) qui aurait été le premier à financer la constitution et la gestion d’une bibliothèque califale.

Selon Ibn an-Nadîm, c’est également à cette époque que les premières traductions en

arabe ont vu le jour. Le prince Khâlid Ibn Yazîd (m. 704) est présenté comme un des initiateurs de cette nouvelle activité. Même si cette dernière information a été reconsidérée, il semble bien que des traductions ont bien été réalisées avant 750. Les noms qui ont été retenus par les bibliographes arabes sont ceux d’Ibn Qustuntîn et de Mâsarjawayh, ce dernier traduisant du syriaque pour le calife ‘Umar Ibn ‘Abd al-‘Azîz (717-720) 2.

A partir du règne d’al-Mansûr (754-775), le deuxième calife de la dynastie abbasside, le

phénomène de traduction a connu une nouvelle impulsion et a concerné de plus en plus un large éventail de mécènes et d’utilisateurs des textes traduits. C’est Jurjus Ibn Jibrîl et al-Batrîq qui auraient traduit des ouvrages de médecine et c’est Ibn al-Muqaffa’, le fameux traducteur des fables de Kalîla et Dimna, qui a été chargé de réaliser la première version arabe de l’Isagoge de Porphyre et de trois des livres de logique d’Aristote. Pour les mathématiques, nous n’avons pas d’information précises mais, pour l’astronomie, nous avons le témoignage précieux d’un spécialiste dans ce domaine, Ibn al-Âdamî, qui rapporte que « En 156, se présenta, auprès du calife al-Mansûr, un homme de l'Inde qui était savant dans le calcul du Sindhind relatif au mouvement des étoiles avec des équations établies à partir de tables calculées de demi degré en demi degré, avec différentes opérations astronomiques, les deux éclipses, l'ascension des divisions du zodiaque et d'autres choses, <contenues> dans un livre comprenant douze chapitres (...). Al-Mansûr ordonna de le traduire en arabe et d'en rédiger un livre que les Arabes prendraient pour base dans <l'étude> des mouvements des astres »3.

Au cours des califats d’al-Mahdî (775-785) et de Hârûn ar-Rashîd (785-809), les

traductions se sont poursuivies en bénéficiant d’un nouveau mécénat celui de personnages puissants, comme ceux de la famille des Barmékides. Vers 782, ce sont les Topiques d’Aristote qui sont arabisées, à partir du syriaque, par deux chrétiens nestoriens, Timothy I et Abû Nûh4. Un peu plus tard, ce sont des versions persanes d’ouvrages astronomiques et philosophiques qui sont traduites par Ibn an-Nawbakht. Puis ce fut le tour des Catégories et

1- Selon un auteur arabe ancien, Târiq Ibn Ziyâd, le chef des armées musulmanes dans la péninsule ibérique, avait envoyé au calife omeyyade al-Walîd (705-715) un butin comprenant des exemplaires de la Bible un livre sur les propriétés des pierres, un autre sur la chimie et un troisième sur la culture des jacinthes. Cf. Ibn cAbd al-Barr : L'intention et la foi, Le Caire, 1931, p. 34. En arabe. 2- Ibn Juljul : Les classes des médecins et des sages, F. Sayyid (édit.), Le Caire, Imprimerie de l'Institut Français d'Archéologie Orientale, 1955. p. 61. En arabe ; Ibn an-Nadîm : Le catalogue, op. cit., p. 355. 3- Sâcid al-Andalusî : Livre des catégories des nations, op. cit., pp. 130-132. 4- D. Gutas : Greek Thought, Arabic Culture, London & New York, Routledge, 1997, p. 61.

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des Analytiques d’Aristote par Salm al-Harrânî1. Comme on le voit, il ne s’agit pas toujours d’ouvrages utilitaires répondant à des besoins de la vie quotidienne. Ce qui signifie qu’il y avait déjà les premières composantes d’une communauté ayant atteint un certain niveau de formation pour prétendre à l’étude de traités aussi ardus que ceux de la philosophie grecque.

Ce fait est indirectement confirmé par la décision de Hârûn ar-Rashîd de fonder une

institution, appelée Bayt al-hikma [Maison de la sagesse] qui aurait rassemblé des intellectuels de haut niveau travaillant dans différentes disciplines. A ses débuts, cet établissement a fonctionné comme une bibliothèque où l’on faisait des dépôts de documents rares de la période du Prophète, d’ouvrages provenant de butins, de traductions d’écrits anciens d’origine grecque, persane ou syriaque, et de copies des premières publications en arabe2. Parmi les ouvrages grecs dont les versions arabes ont été vraisemblablement déposées dans la Maison de la sagesse, il y a ceux qui avaient été commandés par des personnages importants de la cour califale ou qui avaient été dédiés au calife lui-même. C’est le cas de l'Almageste de Ptolémée dont la traduction avait été financée par Yahyâ Ibn Khâlid al-Barmakî et des Eléments d'Euclide dont la première version arabe, réalisée par al-Hajjâj Ibn Matar, a été dédiée à Hârûn ar-Rashîd3. Mais cela ne signifie pas que les traductions étaient réalisées dans la Maison de la sagesse. Il semble même que ce sont des personnages sans aucun lien avec cette institution qui ont été les plus nombreux à financer cette opération de transfert.

Le phénomène va d’ailleurs se développer à l’époque d’al-Ma’mûn (813-833) qui s’est

lui-même fortement impliqué en prenant un certain nombre d’initiatives en faveur de la traduction d’ouvrages scientifiques et philosophiques grecs. Selon Ibn an-Nadîm, le calife aurait personnellement écrit, peu avant 815, à l'empereur de Byzance Léon V (813-820) lui demandant de recevoir une délégation composée de traducteurs parmi lesquels il y avait Salm, le premier directeur de la Maison de la sagesse, ainsi que Yahyâ al-Batrîq et al-Hajjâj. Il est possible que ce soit au retour de la mission que ce dernier a réalisé la seconde version arabe des Eléments dédiée à al-Ma’mûn4. C’est également à cette époque que se sont révélés les plus grands traducteurs arabes, et à leur tête Hunayn Ibn Ishâq (m. 873) qui a dirigé une véritable équipe composée de son fils Ishâq, de son neveu Hubaysh et d’autres spécialistes moins connus, comme Etienne Ibn Bâsil, Musâ Ibn Khâlid et Yahyâ Ibn Hârûn.

Les initiatives prises par les trois califes abbassides que nous venons d’évoquer ont été

puissamment relayées par d’autres, plus nombreuses, provenant de la « société civile » de l’époque. Ce qui a permis la prise en charge financière, durant de longues décennies, à la fois de la recherche des manuscrits, de leur collation (quand plusieurs copies d’un même ouvrage étaient découvertes), de leur traduction et parfois même de leur copie. Parmi ces nombreux mécènes, les bibliographes mentionnent des hauts fonctionnaires, comme Tâhir Ibn al-Husayn, qui a commandé des versions arabes d’un certain nombre de commentaires d’ouvrages d’Aristote, ou Ishâq Ibn Sulaymân, gouverneur d’Egypte, qui a financé la

1- M.-G. Balty-Guesdon : Le Bayt al-hikma de Baghdad, Mémoire de D.E.A., Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle, 1985-86, pp. 34-35. 2- Plusieurs historiens rapportent qu'en 806, à l'occasion de l'attaque de la ville d'Ancyre, dans l'île de Chypre, par les armées de Hârun ar-Rashîd, des ouvrages grecs ont été récupérés et c'est Yuhanna Ibn Mâsawayh qui fut chargé de les traduire. Cf. Ibn al-Qiftî : Livre qui informe les savants sur la vie des sages, Beyrouth, Dâr al-âthâr, non datée, pp. 248-249. En arabe. 3- Ibn an-Nadîm : Le catalogue, op. cit, pp. 325, 327. 4- Op. cit., p. 304.

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traduction de quatre ouvrages médicaux de Galien ou cAlî ibn Yahyâ Ibn Abî Mansûr, qui a fait traduire, essentiellement, des écrits de médecine, de mathématique et de musique1.

Il y avait aussi des scientifiques aisés qui avaient besoin de disposer de versions arabes

de traités grecs pour leurs propres recherches. Ce fut le cas d’al-Kindî (m. 850) pour les ouvrages philosophiques qui lui ont été traduits par le chrétien cAbd al-Masîh Ibn Nâcima et, surtout, des frères Banû Mûsâ (IXe s.) qui étaient des spécialistes de la géométrie et de la mécanique. Ils ont recruté les traducteurs les plus réputés de leur temps, c'est-à-dire Hunayn Ibn Ishâq, Hubaysh, Ibn Abi Hilâl et Thâbit Ibn Qurra. Ibn an-Nadîm évoque en ces termes le mécénat de ces trois frères : « Ces gens étaient parmi ceux qui se sont dépensés dans la recherche des sciences anciennes, en y consacrant des fortunes et en épuisant leurs énergies. Ils ont dépêché dans le territoire byzantin ceux qui les ont trouvés pour eux et ils ont fait venir les traducteurs de différents contrées et lieux en les gratifiant généreusement et ils ont <ainsi> exhumé les merveilles de la science ».

Au terme de cette rapide évocation du phénomène de traduction, il n’est pas inutile de

tenter de faire un bilan quantitatif et qualitatif de cette opération en nous basant sur les informations fournies par les bibliographes. Pour nous en tenir aux seuls traducteurs dûment répertoriés, leur nombre dépasse la centaine. A lui seul, Ibn an-Nadîm cite plus de 60 noms, 45 d’entre eux ont traduit du grec ou du syriaque, 16 du Persan, deux du sanskrit et un seul du nabatéen. D’autres biographes évoquent des noms différents ou bien des traductions dont les auteurs ne sont pas évoqués explicitement. A ce groupe qui a travaillé en Orient et souvent à Bagdad, il faut ajouter ceux d’al-Andalus qui ont réalisé des traductions du latin à l’arabe. C'est le cas du prêtre Nicolas qui a traduit le Livre des plantes de Dioscoride, et des anonymes qui ont arabisé, aux IXe-Xe siècles, les Aphorismes d'Hippocrate, le livre d’histoire de Paulus Orosius (m. 417), la Chronique de Saint Jérôme (IVe s.) et les Etymologies d'Isidore de Séville (570-636) 2. On doit enfin signaler un certain nombre de textes grecs, sanskrits et même latins, qui ont bénéficié de traductions anonymes ou qui ont tout simplement circulé d’une manière directe, grâce à des utilisateurs qui avaient accès aux contenus de ces textes et qui se sont contentés d’en garder les idées et les techniques sans avoir à les traduire.

Sur le plan qualitatif, les bibliographes et les scientifiques eux-mêmes expriment des

jugements, tantôt élogieux tantôt critiques sur le travail de tel ou tel traducteur. Pour prendre l’exemple des mathématiques et de l’astronomie, on observe que certains traités importants ont bénéficié de plusieurs traductions. Nous avons déjà évoqué les deux versions des Eléments d’Euclide réalisées par al-Hajjâj Ibn Matar. Mais il faut préciser que la seconde a, semble-t-il, provoqué certaines réserves dans le milieu des géomètres. Ce qui a amené Ishâq Ibn Hunayn à en faire une nouvelle traduction. Elle n’a pas tardé à être elle-même révisée par le grand mathématicien Thâbit Ibn Qurra qui maîtrisait parfaitement le grec. Une situation semblable a prévalu en astronomie comme le montre l’exemple de l’Almageste de Ptolémée (IIIe s.) qui a été la référence essentielle des astronomes des pays d’Islam pendant des siècles. Dès la seconde moitié du VIIIe siècle, une première traduction a vu le jour. Elle fut rapidement remplacée par celle qu’avait commandée Yahyâ al-Barmakî et a été soumise à deux révisions scientifique : la première par Abû l-Hasan et Salm, la seconde par Thâbit Ibn Qurra. Deux autres traductions, indépendantes des précédentes, sont signalées par les astronomes, celle d’al-Hajjâj et celle d’Ishâq Ibn Hunayn3.

1- Ibn Abî Usaybcia : Les sources de l’information sur les catégories de médecins, Nizâr Ridâ (édit.), Beyrouth, Dâr maktabat al-hayât, non datée, p. 283. En arabe. 2- Ibn Juljul : Les classes des médecins et des sages, op. cit., pp. 1-4. 3- Ibn an-Nadîm : Le catalogue, op. cit., p. 327.

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Nous ne sommes pas informés sur les aspects qualitatifs des traductions du sanskrit à l’arabe. Il faut d’ailleurs préciser que les bibliographes ne sont ni loquaces ni précis lorsqu’il s’agit de ce phénomène. Nous connaissons des noms de traducteurs mais nous ne savons pas qui a fait quoi. Cela dit, il ne semble que les premiers hommes de science arabes qui ont eut connaissance des écrits indiens se sont contentés de versions arabes médiocres réalisés par des personnes qui n’avaient pas la même maîtrise des deux langues que leurs collègues qui traduisaient à partir du grec ou du syriaque. C’est du moins ce que semble confirmer le célèbre astronome al-Bîrûnî (m. 1058) qui évoque en ces termes une des traductions qu’il avait eu en entre les mains : "J'ai corrigé le Zîj al-Arkand et je l'ai écrit avec mes propres termes car la traduction existante était incompréhensible et les mots indiens y étaient restés tels quels"1.

Il paraît clair que la multiplicité des traductions n’a pas été le résultat de la simple

émulation entre professionnels. Une des raisons à cela est à chercher, probablement, dans les premiers développements qu’ont connus les activités scientifiques à la fin du VIIIe siècle et qui ont entraîné une meilleure compréhension des concepts des différentes disciplines étudiées. Cela a pu alors favoriser une plus grande fidélité aux sources et la recherche de meilleures formulations en arabe. Une seconde raison pourrait être liée à la découverte de nouveaux manuscrits dont les contenus ont été jugés plus complets ou plus précis. C’est ce que confirme, Ishâq Ibn Hunayn qui justifie, en ces termes, sa révision de la première traduction qu’il avait faite du Livre de l'âme d'Artistote : "J'avais traduit ce livre en arabe à partir d'une mauvaise copie. Trente ans après, j'ai trouvé une copie des plus parfaites. Je l'ai alors comparée à la première traduction"2. De son côté, Nazîf al-Mutatabbib aurait pris la décision de retraduire un seul chapitre des Eléments, le Livre X, parce qu’il avait découvert un copie qui contenait plus de propositions que toutes celles qui avaient servies à la réalisation des versions arabes antérieures3.

LA PREMIERE PHASE DE LA PRODUCTION SCIENTIFIQUE ARABE Sans attendre la multiplication des traductions et leur diffusion, des auteurs se sont mis

à publier des ouvrages scientifiques sur différents thèmes répondant ainsi à des besoins qui commençaient à s’exprimer ou qui ne faisaient que croître comme conséquence de la promotion de nouvelles couches sociales plus arabisées. C’est en effet sous le règne d’al-Mansûr qu’apparaissent les premiers ouvrages arabes de médecine, comme celui de Georgius Abû Bakhtishû4 , d’astronomie, comme le Sindhind al-Kabîr [Le grand Sindhind] de Muhammad al-Fazârî (VIIIe s.) ou d’astrologie comme les traités de Mâshâ’allâh5. A partir de là, et en relation directe avec les contenus des différents héritages que nous venons d’évoquer longuement, une véritable tradition scientifique va se constituer, avec ses institutions d’enseignements, ses productions spécialisées, ses domaines de recherche ou d’application et, bien sûr, sa communauté de praticiens de la science qui va se distinguer des autres par la nature de ses activités et par ses réseaux.

Mais après avoir évoqué le contexte dans lequel cette tradition a émergé, et avant de

décrire à grands traits les orientations essentielles qu’elle a connues, il nous faut dires quelques mots des facteurs les plus importants qui l’ont accompagné pendant son développement tout au long des IXe-XIIIe siècles. En premier lieu, il y a les conditions 1- Al-Bîrûnî : Propos consacré au problème des ombres, Hayderabad, 1948, p. 141. En arabe. 2- Ibn an-Nadîm : Le catalogue, op. cit., p. 312. 3- Op. cit., p. 325. 4- Sâcid al-Andalusî : Livre des catégories des nations, op. cit., p. 101. 5- F. Sezgin : Geschichte des arabischen Schrifttums, Leiden, Brill, Vol. VII, 1978, pp. 102-108.

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économiques. Résultat des conquêtes qui se sont déroulées entre 632 et 750, l’empire musulman se présentait, à l’avènement de la dynastie abbasside, comme un immense territoire contrôlant l’essentiel des sources, des voies et des débouchés du commerce international. Dès le IXe siècle, ses marchands étaient partout, en Méditerranée, en Mer Rouge, sur l’Océan Indien et même en Chine dans des ports stratégiques, comme Canton. De plus l’unification des territoires désormais sous une même autorité politique, celle du califat, a permis à ce commerce de bénéficier d’un réseau de communication unifié, protégé et fluide.

Le second facteur est matériel et constitue une véritable révolution pour tous ceux dont

le métier était d’écrire et ils allaient être de plus en plus nombreux jusqu’à constituer de véritables couches sociales. Il s’agit de l’avènement du papier comme support des activités d’enseignement et de publication, sans parler de son rôle dans toutes les administrations centrales et régionales de l’empire. La multiplication des lieux de production de ce matériau, attestée par de nombreux témoignages, est une preuve évidente de son adoption relativement rapide. Le nombre considérable de publications réalisées sur papier, à partir du IXe siècle, en est une autre1.

Le troisième facteur, sans lequel aucun savoir ne pouvait durablement circuler, est le

développement des institutions d’enseignement. Même s’il n’y a aucun doute sur leur existence, leur diversité et leur importance, nous avons peu d’information sur ce qui y était enseigné en science à chaque niveau de la formation. Au niveau primaire (ou ce qui lui correspondait), les cours étaient dispensés dans les mosquées de quartier et chez des particuliers. On y enseignait la langue arabe, l’apprentissage du Coran, les préceptes essentiels de la religion, puis la grammaire et le calcul. L’ordre dans lequel ces matières étaient enseignées dépendait de la pédagogie qui avait cours dans la région ou dans la ville concernée. Dans certains milieux, comme cela a été signalé par Ibn Khaldûn (m. 1406), les élèves apprenaient également la poésie et la calligraphie2. En fait, il n’y a jamais eu de programme unifié parce qu’il n’y avait pas d’institution chargée de le concevoir et de le faire appliquer. On ne sait pas jusqu’à quel âge se prolongeait la phase primaire de la formation et personne n’évoque une phase intermédiaire qui correspondrait à un enseignement secondaire préparant à la spécialisation dans le cadre d’une formation supérieure. Cette dernière se faisait dans des établissements variés, en fonction de la discipline enseignée : grandes mosquées pour les matières liées à la religion et à la langue arabe, hôpitaux pour la médecine, Dâr al-‘ilm [Maison de la science], bibliothèques privées et maisons particulières des professeurs pour certaines disciplines scientifiques.

D’une manière générale, et jusqu’au XIe siècle pour le centre de l’empire,

l’enseignement supérieur était essentiellement privé. Il accordait une place non négligeable aux matières scientifiques et à la philosophie. La prise du pouvoir par les Seldjoukides en 1055 va entraîner une innovation importante par la création des Madrasa, sortes de collèges supérieurs qui assuraient à la fois les enseignements et le logement des étudiants. Contrairement aux institutions de la période précédente, ces établissements étaient financés exclusivement par l'Etat qui avait désormais un droit de regard sur la désignation des enseignants et donc sur le contenu de leurs enseignements ou, du moins, sur leurs orientations essentielles. Comme les Seldjoukides étaient des sunnites [orthodoxes], ils avaient fixé aux

1- A. Djebbar : La science arabe entre le calame et le papier. In A. Djebbar (édit.) : L'âge d'or des sciences arabes, catalogue de l'exposition "L'âge d'or des sciences arabes" (Institut du Monde Arabe, Paris, 25 octobre 2005-19 mars 2006), Paris, I.M.A. – Acte Sud, 2005, pp. 43-50. 2- A. Ibn Khaldûn : Le livre des exemples, Biographie, Muqaddima, A. Cheddadi (trad.), Paris, Gallimard, 2002, p. 1075.

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Madrasas la mission de promouvoir le sunnisme et, par voie de conséquence, de combattre les courants chiites ou tout au moins d’enrayer leur progression. A partir du XIIe siècle, ce nouveau concept a connu une diffusion, plus ou moins importantes, au niveau de toutes les régions de l’empire. C’est d’abord le centre puis l’Asie centrale qui ont bénéficié de la construction de dizaines d’établissements de ce type. Puis ce fut le tour de l’Egypte, du Maghreb et de l’Andalus, mais à un degré moindre pour ces deux dernières régions, probablement parce que l’orthodoxie y était bien installée depuis la fin du Xe siècle1.

Il faut enfin dire quelques mots sur le rôle des bibliothèques dans le développement des

activités scientifiques. On évoque souvent, lorsqu’on aborde ce sujet, les établissements financés par les califes, comme le Bayt al-hikma de Bagdad à l’époque d’al-Ma’mûn ou la bibliothèque d’al-Hakam II (967-976) à Cordoue. Mais quelle que fût leur importance, ces structures n’ont pas pu, à elles seules, dynamiser et, surtout, entretenir l’activité scientifique et ce pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’elles n’ont pas eu une longévité suffisamment grande pour prétendre, malgré leur statut et leurs moyens, influer durablement sur le contenu et les orientations de la science. Ensuite, par le fait même qu’elles avaient été fondées et alimentées par une ou deux personnes, son contenu ne pouvait pas représenter toutes les orientations et tous les aspects de la pratique scientifique de l’époque. Il faut enfin rappeler qu’il s’agissait d’établissements semi-publics où l’accès était réservé à une élite triée sur le volet. Cela dit, le rôle de ces bibliothèques a été déterminant à plusieurs niveaux. Par le mécénat généreux de leurs propriétaires, elles ont permis de mettre à la disposition des chercheurs qui y avaient accès, les traductions des ouvrages grecs et indiens ainsi que les œuvres originales de haut niveau dont la circulation était relativement réduite à leur époque. Cela a permis, dans un deuxième temps, à un plus grand nombre d’hommes de sciences d’accéder à ces sources par le truchement de copies ou de publications nouvelles. Elles ont probablement aussi joué un rôle de modèle à imiter et ont ainsi renforcé une tendance déjà perceptible dès le IXe siècle, dans les milieux aisés et cultivés, et qui n’a cessé de se développer et de s’étendre jusqu’aux couches les moins fortunées, devenant même une sorte de comportement culturel vis-à-vis du savoir écrit. Ce sont en fait ces dizaines de milliers de bibliothèques, parfois très modestes, qui ont constitué le véritable conservatoire de la production scientifique et le relais pour sa diffusion.

Quant à l’histoire des bibliothèques en pays d’Islam, en relation avec le développement des activités intellectuelles de toute sorte, à partir du IXe siècle, et avec les transformations idéologiques qu’ont connues les générations successives, il nous suffira, ici, d’en évoquer les aspects les plus saillants. Les études qui ont été faites sur ce sujet montrent que le concept a évolué en fonction de différents facteurs. Après la phase pionnière, relativement courte, des princes et des califes omeyyades dont nous avons déjà évoqué quelques initiatives dans ce domaine, et après la fondation de Bayt al-hikma, on assiste, avec le développement tous azimuts des sciences, à la multiplication des bibliothèques privées financées par des scientifiques, des hommes de lettres ou de religion, des fonctionnaires aisés. Certaines étaient relativement spécialisées en fonction des préoccupations et des penchants de leurs propriétaires. Mais le statut de la plupart d’entre elles ne permettait pas leur fréquentation par le tout venant. Il faut attendre le Xe siècle pour voir se développer un autre type d’institutions, appelées Dâr al-‘ilm [Maison de la science], qui étaient gérées selon le systèmes du waqf (bien de main morte). Cela leur assurait un financement régulier et donc une certaine stabilité 1- N. Mar’ûf : Les savants des Nizâmiya et les madrasas de l’Orient musulman, Bagdad, Matab’at al-irshâd, 1973. En arabe; M. Kably : La question des madrasas mérinides, remarques et réflexions, Revue de la société et de la culture dans le Maroc médiéval, Casablanca, Editions Toubkal, 1987. En arabe.

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dans la gestion. En contrepartie, elles devaient être accessibles à tous les lecteurs. Parmi les plus connus, on peut citer celle d’Ibn Hamdân (Xe s.), à Mossoul, celle d’Ibn Siwâr à Bassora (Xe s.), celle de Sâbûr à Bagdad (XIe s.), celle de Jalâl al-Mulk à Tripoli (XIe s.) et, surtout, celle du calife fatimide al-Hâkim au Caire, qui est resté active tout au long du XIe siècle et une bonne partie du XIIe1. A partir de la fin du XIe siècle, les madrasas, et par conséquent les bibliothèques qu’elles possédaient, étaient gérées selon le même statut du waqf. Il n’y avait donc pas de changement notable dans leur fonctionnement.

LES GRANDES ORIENTATIONS DES ACTIVITES SCIENTIFIQUES

Compte tenu de l’immensité de l’empire musulman et de l’histoire de sa constitution, la science n’y a pas traversé partout les mêmes phases. Elle n’a pas, non plus, connu le même niveau de développement dans toutes les régions et à la même époque. Puis, lorsque le phénomène de déclin s’est installé durablement, il n’a pas agi de la même manière sur les différents foyers scientifiques de l’empire. Cela dit, personne ne conteste aujourd’hui le fait qu’il y a bien eu, entre le IXe et le XIIe un véritable âge d’or de la science auquel ont contribué, à des degrés divers, tous les centres importants de l’empire, quel que soit leur éloignement de la capitale Bagdad. On sait aussi qu’entre le XIIIe et le XVe siècle, des zones entières, comme l’Andalus, la Sicile, l’Asie centrale et une partie du Croissant Fertile, ont vu leurs dynamisme freiné ou même brisé, comme résultat des différentes offensives militaires menées par les Castillans dans la péninsule ibérique, par les Normands en Sicile, par les Croisés en Méditerranée orientale et par les Mongols en Perse. Pourtant cela n’a pas entraîné un ralentissement général des activités scientifiques ni un tarissement de leur créativité. On peut expliquer ce phénomène par l’étendue de l’empire qui a pu absorber de tels chocs, par le réseau des bibliothèques des régions non touchées et qui ont pu conserver une partie du savoir qui avait disparu ailleurs et, enfin, par la vitalité, restée intacte, des foyers qui n’avaient pas souffert des guerres. Ce fut le cas, en particulier, de Marrakech, de Damas, du Caire et de Samarkand.

Il est difficile de résumer l’histoire de chacune des disciplines scientifiques qui ont été pratiquées durant la période de l’âge d’or et au-delà. Des études entières n’y suffiraient pas. Nous allons donc nous contenter d’évoquer les orientations essentielles des sciences pratiquées en pays d’Islam, et lorsqu’il s’agit de celles qui sont présentées dans l’exposition, nous renvoyons, en note, aux articles qui leur ont été consacrées dans ce catalogue.

Les sciences mathématiques En mathématiques, la production a répondu à deux grandes sollicitations. La première

a été celle de son environnement scientifique, social et économique pour lequel elle a joué un rôle d’instrument pour résoudre des problèmes concrets. Pour cela, les mathématiciens ont récupéré des procédés anciens (mésopotamiens, indiens, grecs) en les améliorant parfois et ils ont conçu de nouveaux instruments pour les adapter à des demandes nouvelles. C’est ainsi que s’est lentement constitué un ensemble d’outils, comme ceux de la trigonométrie, des procédés de construction, de calcul ou d’approximation ainsi que des résolutions des équations. La seconde sollicitation est celle de la communauté des scientifiques. Elle est totalement désintéressée, sans aucun but utilitaire et ne vise qu’à répondre à des questions non

1- Y. Eche : Les bibliothèques arabes, publiques et semi-publiques, en Mésopotamie, en Syrie et en Egypte au Moyen-âge, Damas, Institut Français de Damas, 1967, pp. 67-161.

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résolues. Ces dernières peuvent être anciennes comme elles peuvent avoir été inspirées par les nouvelles recherches entreprises à partir du IXe siècle. Il faut préciser que ces deux préoccupations ont toujours été présentes dans les pratiques mathématiques arabes et elles ont permis le développement et parfois même la synthèse de deux démarches scientifiques bien distinctes. La première est qualifiée d’« algorithmique ». Elle vise à résoudre des problèmes en se préoccupant de tester ou de vérifier la justesse des résultats, c'est-à-dire de s’assurer, indirectement, de la validité des procédures. Ses origines sont à chercher, essentiellement, dans les pratiques indiennes, mésopotamiennes et chinoises. La seconde est dite « hypothético-déductive » en référence à la tradition philosophique grecque qui en est l’initiatrice. Elle consiste à énoncer les hypothèses du problème ou de la propriété à établir puis à « déduire » le résultat cherché en partant de ces hypothèses et en suivant une démarche rigoureuse qui constitue la démonstration. Il est utile de remarquer que ces deux démarches ont été enseignées et utilisées dans tous les foyers scientifiques de l’empire musulman ; ce qui signifie que, de Cordoue à Samarkand, en passant par Marrakech, Kairouan, le Caire et Bagdad, les mathématiques ont été pratiquées de la même manière, selon l’une ou l’autre de ces deux démarches et en fonction des problèmes posés. Cela explique aussi pourquoi les contributions originales, en géométrie, en calcul, en combinatoire ont vu le jour dans différents foyers scientifiques de l’empire1.

En relation étroite et continue avec les mathématiques, l’astronomie est rapidement devenue la discipline reine, en particulier parce qu’elle a bénéficié, dès le départ et pendant des siècles, du soutien du pouvoir politique et de l’élite. Elle était en effet la science qui pouvait honorer les commandes de l’Etat central, puis des différents Etats locaux, concernant l’établissement des calendriers. C’est elle aussi qui assurait une meilleure connaissance des territoires de l’empire par la détermination des longitudes et des latitudes puis par la confection de cartes. C’est enfin elle qui cautionnait l’astrologie dans ses prédictions concernant le sort des individus, des groupes et même des pouvoirs. Mais c’est travers les dizaines d’instruments, conçus par les astronomes. Cela dit, l’astronomie a eu aussi ses préoccupations purement théoriques qui ont passionné les chercheurs et qui ont nourri les réflexions et les débats. Dans ce domaine, il y a eu bien sûr les différentes contributions pour améliorer les modèles planétaires hérités des Grecs mais également pour les critiquer vivement et tenter de les dépasser2, Il y a eu aussi les nombreuses contributions pour élaborer des outils mathématiques indispensables à la confection des tables astronomiques. Certaines d’entre elles ont d’ailleurs été jugées tellement importantes qu’elles ont provoqué des polémiques entre savants, comme nous le rappelle al-Bîrûnî qui évoque, en ces termes, les conflits de priorité provoqués par l’établissement d’un outil mathématique nouveau, le théorème qui dispense3, qui permettait d’économiser beaucoup de temps dans le calcul de nombreux paramètres astronomiques : «Ainsi en fut-il jusqu'à l'époque actuelle, notre époque si étonnante, si prodigieusement féconde, mais non exempte de contradictions. J'entends par-là que si nos contemporains voient se multiplier les domaines de la connaissance, s'ils sont naturellement enclins à rechercher en toute science la perfection, s'ils réussissent même, par des mérites accrus, là où les Anciens les plus illustres avaient échoué, on trouve chez eux des comportements qui contrastent avec ce que nous venons de dire. Une âpre rivalité oppose

1- A. Djebbar : Un panorama des mathématiques arabes. In C. Bartocci & P. Odifreddi (édit.) : La matematica : I luoghi e i tempi, Turin, Einaudi, 2007, pp. 177-208. En italien. 2 - A. Djebbar : Une histoire de la science arabe, op. cit., pp. 153-200. 3- Il a été appelé ainsi parce qu’ils « dispensait » les astronomes d’utiliser un outil devenu, du coup, beaucoup moins performant, le théorème de la figure sécante, attribué au mathématicien grec Ménélaüs (IIe s.).

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ceux qui sont en compétition. Ils se jalousent mutuellement. Querelles et disputes l'importent au point que chacun envie l'autre et se glorifie de ce qui n'est pas de lui »1.

Les sciences physiques La médecine savante des pays d’Islam a puisé essentiellement dans l’héritage de

Galien et d’Hippocrate, même si certains apports persans et indiens ne sont pas à négliger. Par son enseignement, par sa production et par le statut de ses promoteurs, elle s’est rapidement distinguée de la médecine traditionnelle qui a continué à avoir cours dans les couches les moins favorisées de la société. Sans attendre la fin de la phase de traduction, une nouvelle génération de médecins, s’exprimant en arabe, s’installe aux côtés des praticiens persans et syriaques qui tenaient alors le haut du pavé. Au niveau des publications, l’arabe va progressivement s’imposer et une nouvelle terminologie va se forger en puisant dans les racines de cette langue et parfois en empruntant des mots grecs ou persans et en se contentant d’arabiser la phonétique. Cette période pionnière a concerné essentiellement le centre de l’empire, mais les autres foyers scientifiques vont rapidement en profiter, grâce à l’uniformisation du niveau de l’enseignement. C’est ainsi que le Maghreb Oriental puis l’Andalus ont pu se constituer, dès le Xe siècle, deux traditions médicales puissantes qui se sont d’abord nourries des traductions et des premiers ouvrages réalisés en Orient, avant de produire leurs propres œuvres. C’est le même phénomène que l’on observe en Asie centrale comme le montrent les traités d’al-Mâjûsî (m. 1010) et d’Ibn Sînâ (m. 1037).

Comme il n’est pas possible d’évoquer, dans le détail, les contributions de la médecine arabe qui ont constitué un apport incontournable, il nous suffira de pointer quelques unes de ses particularités2. Il faut d’abord remarquer que, malgré sa forte présence et son statut dans la société, cette discipline n’a pas été immédiatement reconnue comme une science. Elle est en effet absente des premières classifications, comme celles d’al-Kindî et d’al-Fârâbî. Il faut attendre le Xe siècle pour qu’elle devienne, chez des bibliographes, comme Ibn an-Nadîm, une sous discipline de la physique. C’est là un exemple typique de la distorsion que l’on a observée, de tout temps, entre les pratiques scientifiques réelles et leur reconnaissance par ceux qui sont chargés d’en parler. La même remarque s’applique d’ailleurs à une branche de cette discipline qui n’est pas évoquée dans les classifications des sciences connues et qui est la médecine hospitalière. Cette dernière est apparue relativement tôt, d’abord à Bagdad au IXe siècle puis dans d’autres métropoles. On a estimé à plus de trente les hôpitaux qui ont fonctionné depuis cette date mais on a également observé que la majorité d’entre eux était située dans le centre de l’empire (Croissant fertile et Egypte). Le concept a bien circulé hors de ces deux régions, comme cela est attesté avec les établissements de Chiraz en Perse, de Marrakech au Maghreb et de Grenade en Andalus mais, pour des raisons que l’on ignore encore, il n’y a pas eu, partout, une même politique hospitalière. L’exemple de l’Occident musulman en est un. On y constate ce qui a déjà été observé au sujet des Madrasas. Ce qui montre, une nouvelle fois, qu’il est hasardeux et erroné de généraliser à tout l’empire des situations ou des évènements bien délimités dans l’espace et dans le temps.

Parmi les autres disciplines traditionnelles de la physique, il y a l’agronomie. Elle a bien sûr emprunté ses éléments de base aux pratiques ancestrales locales, soit directement en observant ce qui se faisait, soit en sollicitant encore une fois les ouvrages anciens dont le plus

1- Al-Bîrûnî : Livre des clés de l’astronomie, M.-Th. Debarnot (édit. & trad.), Damas, Institut Français de Damas, 1985, p. 94. 2 - A. Djebbar : Une histoire de la science arabe, op. cit., pp. 301-331.

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important est L’agriculture nabatéenne qui a été traduite du syriaque à l’arabe par Ibn Wahshiyya (VIIIe s.). Dans ce domaine aussi, la disparition des frontières politiques et le développement économique ont eu une conséquence heureuse. En effet, les barrières agricoles traditionnelles n’ont pas tardé à céder sous l’effet de la multiplication des villes, de l’élévation du niveau de vie (du moins pour une partie de la population de l’empire) et de l’apparition de nouvelles couches sociales, friandes de produits nouveaux ou exotiques. Cela a provoqué l’une des circulations les plus importantes qu’ait connu l’histoire de l’humanité : celle des fruits, des légumes, des arbres et des fleurs. Des espèces inconnues au Centre de l’Empire et en Andalus ont été acclimatées et ont fait l’objet d’observation, d’expérimentation et d’étude. Dans une première phase c’est en Orient qu’une tradition de recherche et d’étude a émergé et s’est développé. Mais, très vite, c’est l’Andalus qui a pris le relais en se spécialisant, plus que toute autre région de l’empire, dans les différents domaines de l’agronomie1.

La mécanique hydraulique a représenté la dimension technologique de l’agronomie.

Le livre fondateur de cette discipline dans la tradition arabe a été le Kitâb al-hiyal [Livre des procédés ingénieux] des trois frères Banû Mûsâ (IXe s.). La technologie de l’eau y tient une place importante, avec la description de différents procédés plus ou moins sophistiqués mais tous opérationnels. Cette tradition de conception et de réalisation de machines utilitaires s’est maintenue au cours des siècles suivants et des contributions nouvelles sont venues enrichir ce chapitre de la mécanique arabe. Il est utile de signaler que l’importance de l’ingénierie arabe ne tient pas seulement à son caractère utilitaire et aux aspects très ingénieux de ses mécanismes. Elle tient aussi aux avancées théoriques qui se cachent derrière telle ou telle innovation technologique. Cela se voit clairement lorsqu’on essaie de reconstituer certaines machines hydrauliques. Mais cela se voit aussi dans les deux autres domaines de la « science des procédés ingénieux », celui des automates et celui des instruments de guerre2.

Parmi les autres disciplines de la physique (qui mériteraient toutes d’être présentées), la plus prestigieuse et, incontestablement, la plus mystérieuse est la chimie. A partir d’un héritage très ancien qui s’est lentement constitué par emprunts successifs aux traditions antérieures (égyptienne, mésopotamienne, grecque), ce chapitre a connu, dès le VIIIe siècle, une impulsion décisive avec les travaux de Jâbir Ibn Hayyân (m. vers 815) et de ses disciples. Ces travaux, ainsi que leurs prolongements au cours des siècles suivants, avec les contributions d’al-Kindî (m. 873), d’ar-Râzî (m. 925), d’Ibn Umayl (m. 950), d’at-Tughrâ’î (m. 1120) et d’al-Jildâkî (m. 1342) (pour ne citer que les plus importants), ont souvent été menés à deux niveaux. Le premier, expérimental et appliqué, est celui de la manipulation de produits minéraux, végétaux et mêmes animaux à travers de multiples opérations et combinaisons visant à les analyser, à les transformer et à obtenir de nouveaux produits. Parmi les secteurs qui ont bénéficié de ces pratiques, il y a la cosmétique, les colorants, le papier, les encres, la céramique, le verre, les engins de guerre et la métallurgie. Le second niveau, élaboré en relation étroite avec le premier, est une combinaison de réflexions, philosophique, ésotérique ou mêmes mystiques, visant à interpréter les pratiques chimiques usuelles et à les prolonger par des manipulations dont le but était d’obtenir ce que certaines théories affirmaient : la possibilité de transformer les métaux ordinaires en or et celle de fabriquer le médicament qui guérit de tout. C’est ce second volet des activités des chimistes arabes qui a le plus circulé en Europe à travers les traductions du XIIe siècle3.

1- M. El Faïz : Les maîtres de l'eau : Histoire de l'hydraulique arabe, Paris, Actes Sud, 2005. 2- A. Y. Al-Hassan & D. R. Hill : Sciences et techniques en Islam, Paris, UNESCO-Edifra, 1991. 3- A. Djebbar : Une histoire de la science arabe, op. cit., pp. 333-370.

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Les sciences et les arts On ne peut pas conclure cette présentation rapide des pratiques scientifiques arabes

sans revenir, à travers un exemple significatif, à la question importante des relations qui ont pu exister entre certaines sciences et leur environnement. Nous avons déjà signalé, pour chacune des disciplines qui ont été évoquées dans cette introduction, les aspects utilitaires et appliqués de leurs activités et il n’est pas nécessaire d’y revenir. Mais il y a un domaine qui continue à intriguer parce qu’il n’a pas encore dévoilé tous ses mystères, c’est celui de l’art ou, plus précisément, celui des relations complexes entre les sciences et les arts. Comment les architectes des pays d’Islam ont-ils travaillé pour concevoir, sur le papier ou dans leur imagination, les plans de leurs oeuvres ? Comment ont-ils pu maîtriser les lois de la mécanique et celles de la résistance des matériaux ? Quel savoir théorique minimal devait posséder un artiste pour matérialiser son inspiration, sous forme de motifs et de figures originales pour un décorateur, ou sous forme de compositions nouvelles pour un musicien ? Quelle est la part de l’inspiration, de l’intuition et de l’imagination créatrices de l’artiste dans la découverte de résultats et de propriétés que la démarche scientifique ne pouvait pas, à l’époque, atteindre par ses seuls outils d’investigation ? Toutes ces questions sont légitimes lorsqu’on a eu l’occasion d’admirer les chefs-d’œuvre architecturaux et les différents styles de calligraphies, de mosaïques et de muqarnas ou de goûter au charme d’une musique aux multiples facettes.

Qu’en est-il précisément de la musique ? Nous savons que, dans la tradition arabo-musulmane, elle s’est épanouie à la fois comme un art et comme une science. Sa dimension scientifique s’est nourrie de l’héritage grec (où elle était considérée comme une branche des mathématiques), avant de connaître un développement significatif avec des travaux théoriques de grande valeur1. Mais c’est en tant qu’art qu’elle a conquis ses titres de gloire en accompagnant les évènements les plus joyeux comme les plus tristes, en contribuant à façonner un style de vie pour l’élite de la société et en produisant des œuvres qui continuent à faire vibrer et à émouvoir. C’est aussi sous l’angle artistique que se présentent à nous les nombreux instruments de musique qui ont été conçus ou améliorés dans le cadre de cette civilisation. Même si les spécialistes de l’acoustique sont capables de trouver, à posteriori, des explications théoriques aux performances techniques de tel ou tel instrument, il n’est pas toujours possible, dans l’état actuel de nos connaissances, d’affirmer que des études théoriques sont à l’origine de ces performances.

La situation est quelque peu différente lorsqu’on aborde les arts décoratifs qui ont fleuri en pays d’Islam. Les pratiques géométriques qui y interviennent, ainsi que celles qui sont liées au mesurage et au calcul des proportions, puisent incontestablement dans le savoir mathématique enseigné2. On peut aussi supposer que ces pratiques ont vu leur niveau s’élever au fur et à mesure que les outils théoriques s’amélioraient. Mais on ne sait pas toujours comment se réalisaient, au quotidien, les échanges entre les détenteurs du savoir et les créateurs dans le domaine de l’art. Il faut dire que les témoignages sont rares et, de ce fait, ils ne permettent pas d’écrire l’histoire de ces échanges directs ou indirects dont il nous reste pourtant des preuves éclatantes à travers de nombreux chef-d’œuvres, comme les muqarnas

1- Ch. Poché : Le rapport de la science et de la musique dans la civilisation arabo-islamique. In A. Djebbar (édit.) : L'âge d'or des sciences arabes, catalogue de l'exposition "L'âge d'or des sciences arabes" (Institut du Monde Arabe, Paris, 25 octobre 2005-19 mars 2006), Paris, I.M.A. – Acte Sud, 2005, pp. 255-261. 2- Y. Porter : Les arts et les sciences : ars gratia artis, op. cit., pp. 243-252.

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des madrasa et des mosquées d’Asie centrale, les mosaïques de l’Alhambra de Grenade ou les variations calligraphiques des livres et des façades.

Parmi les pratiques artistiques qui nous ont conservé des preuves irréfutables de leur lien avec un savoir géométrique, il y a la conception et la réalisation des muqarnas, des coupoles et des mosaïques. Les textes qui nous sont parvenus montrent que les artisans ne se fiaient pas à leur seule intuition et à un savoir-faire figé hérité des maîtres et reproduit tel quel. Dans un chapitre de son livre La clé du calcul, le mathématicien al-Kâshî (m. 1429) expose, avec force détails les démarches précises à suivre pour concevoir les figures planes de base qui vont fournir, en trois dimensions, les différents types d’ogives, de coupoles et de muqarnas1. Comme il ne fait aucune critique au monde des artisans et à leurs manières de procéder dans ce domaine, on peut supposer qu’il n’a fait que systématiser des démarches que suivaient déjà les architectes et les décorateurs. Ce n’est pas le cas d’un autre mathématicien, Abû l-Wafâ’ (m. 997), qui fait la distinction entre les méthodes des praticiens et celles des scientifiques. Dans son livre sur « Ce qui est nécessaire aux artisans en constructions géométrique », il évoque les procédés des maîtres artisans dans la découpe et la recomposition des carreaux de faïence et il montre qu’ils ne répondent pas toujours au critère de l’exactitude et de la précision des hommes de science. Puis, il fournit des solutions aux mêmes problèmes, selon la démarche des géomètres et il démontre qu’elles sont plus conforme à la rigueur scientifique. Mais, en faisant cela, Abû l-Wafâ’ nous révèle, indirectement, que son discours était compris de ses interlocuteurs. Ce qui signifie qu’ils avaient un niveau de connaissance mathématique tout à fait respectable. C’est d’ailleurs ce qui se dégage de l’argument que ces artisans lui opposent : selon eux ce n’est pas la rigueur mathématique qui est déterminante dans le choix de leurs solutions aux problèmes concrets qui se posent à eux, mais plutôt la démarche la plus optimale qui aboutit à un résultat satisfaisant pour l’œil2. Il faut enfin remarquer qu’en s’écartant des conceptions des géomètres, les créateurs innovent et que les solutions qu’ils imaginent et qu’il matérialisent dans leurs œuvres s’avèrent parfois être de nouvelles pistes pour des recherches futures. C’est le cas de toutes les constructions que la géométrie de la règle et du compas ne pouvait pas permettre (pour des raisons théoriques) et qui ont enrichi, grâce aux initiatives des artisans décorateurs, le chapitre mathématique des résolutions et des constructions par approximation. C’est aussi le cas des techniques de pavage qui consistent à recouvrir le plan par des motifs réguliers se répétant, sans rupture, jusqu’à l’infini. Là aussi, c’est la création artistique qui a, manifestement, devancé les recherches des mathématiciens (qui n’ont d’ailleurs abouti que vers la fin du XIXe siècle).

Comme on le voit, l’art en pays d’Islam a eu, avec les sciences (et plus particulièrement avec les mathématiques), des relations riches et complexes qui n’ont pas été réduites à un simple emprunt de techniques pour matérialiser l’inspiration de l’artiste. Il y eut des moments où, par son imagination et son intuition, ce dernier a entrevu des voies nouvelles, non encore explorées par les hommes de sciences. Son incursion dans l’inconnu n’était pas guidée par le savoir de son époque. C’était même lui qui, par son inspiration, indiquait parfois le chemin.

1- Al-Kâshî : Miftâh al-hisâb [La clé du calcul], A. S. Damirdâsh & M. Hamdî (édit.), Le Caire, 1967, pp. 176-188. 2- Abû l-Wafâ’ : Kitâb fî mâ yahtâju ilayhi as-sâni’ min ‘ilm al-handasa [Livre sur ce qui est nécessaire à l’artisan en géométrie], S. A. Al-‘Alî (édit.), Bagdad, Imprimerie de l’Université de Bagdad, 1979.

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Les sciences arabes en Europe Au terme de cette présentation rapide, il nous faut évoquer un dernier aspect important

des sciences arabes, celui de leur circulation et de leur rôle dans l’avènement d’une nouvelle tradition scientifique. Depuis le XIXe siècle, les chercheurs n’ont cessé d’exhumer des témoignages sur l’importance de l’apport arabe dans la réactivation des sciences en Europe. Les travaux de ces dernières décennies ont encore enrichi nos connaissances sur ce phénomène. Pourtant, on continue, ici ou là à réduire cet apport à une simple « transmission » du savoir grec. Il faut tout de suite dire que les hommes de sciences des pays d’Islam n’ont, à notre connaissance, jamais eu l’idée de « transmettre » leur savoir à l’Europe chrétienne. Il y avait au moins deux raisons à cette attitude : les conflits persistants qui ont empoisonné les relations entre les deux mondes durant plus de deux siècles (fin XIe-fin XIIIe s.) et la conviction des sujets de ces pays que les Chrétiens d’Occident n’avaient pas atteint le degré de « civilisation » qui permettait de s’occuper de science.

Il faudrait plutôt parler « d’appropriation » des savoirs grecs et arabes par des groupes encore très minoritaires dans les sociétés de l’Europe médiévale. Ce sont en effet des initiatives de quelques dizaines de personnes, de confessions, d’horizons et de pays différents, qui ont été à l’origine de cet évènement considérable qui a consisté à traduire, en latin, en hébreu et parfois même dans des langues locales, tout ce qui était accessible en matière de science et de philosophie. Et cela n’a pas concerné uniquement les œuvres grecques puisque de nombreux traités arabes touchant à toutes les sciences ont également été traduits. Il y eut même une première phase, qui a débuté à la fin du XIe siècle et qui s’est poursuivie un certain temps, où des hommes de science européens reproduisaient dans leur langue, ce qu’ils avaient appris et assimilé en arabe. Ce fut le cas d’Abraham Bar Hiya en Espagne et de Fibonacci (m. après 1240), en Sicile1.

Il faut enfin préciser que cette génération de pionniers n’a pas profité uniquement des

savoirs et des savoir-faire des pays d’Islam. En s’appropriant une partie du contenu de la science produite entre le IXe et le XIIe siècle, ses membres se sont initiés aussi à une autre manière de pratiquer la science et ont fini par adopter un autre regard sur la nature et sur ses lois. Après une longue période où l’acquisition du savoir visait essentiellement à glorifier Dieu, eux se sont mis à faire de la science d’une manière profane, avec pour seul but de comprendre, rationnellement, les phénomènes, c'est-à-dire comme l’avaient pratiqué et enseigné les savants arabes. Adélard de Bath, un des traducteurs du XIIe siècle pensait à cela lorsqu’il répondait à un des tenants de l’ancienne école : «Moi, j’ai en effet appris de mes maîtres arabes à prendre la raison pour guide, toi tu te contentes de suivre en captif la chaîne d’une autorité affabulatrice »2.

1- M. Guttman (édit.) : Abraam Bar Hiia, Libre de Geometria, Barcelone, 1931 ; L. E. Sigler : Fibonacci’s Liber Abaci, New York, Springer-Verlag, 2002. 2- Le Goff, Les intellectuels au Moyen Âge, Paris, Seuil, 1985, p. 59.

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Revue Campus N°11 81

Moorish Culture in Don Quixote BahousDr. Abbès BAHOUS University of Mostaganem

question that may be asked from the onset is Cervantes's relation to Moorish culture.

Américo Castro, for instance, points to some illuminating aspects of Don Quixote in

connection with Islamic culturei. This connection is quite new, since no scholar prior to him

has touched upon this aspect of the narrative or made a thorough study of it, and thereby

displaces some old views that saw in Don Quixote a mere knight-errant, parodying chivalric

heroes, etc. One of Castro's ideas is the all-importance and power of reading, and the danger

of books as imbedded in this novel. In suggesting this, and in so doing, he opens a new line

which few have followed.

The Koran, 'reading' in Arabic, was revealed to Muhammad gradually over a

timespan of some twenty years, 'descending' onto him with this first verse entitled the Blood

Clots, which Castro actually also mentions as part of his argument which will be assessed as

follows. This verse begins with this appeal to the mind:

Recite (read) in the name of your Lord who created, created man from clots of

blood! Recite (read)! Your Lord is the most Bountiful One, who by the pen

taught man what he did not knowi (italics and brackets mine, Koran, 96:1)

Being thus the first revelation by Allah to Muhammad, it clearly stresses and spells out

the primacy or rather the priority of reading over speech, of reading/writing over speech. This

echoes the Old Testament, but puts more emphasis on reading. The very name of the

Muslim Koran means that which is to be read or simply readingii and implies the idea of

book, to be compared for instance with the term 'Bible' (from biblos,i.e. book) and to the

notion of Scriptures (Ecritures) which in itself implies reading. The point is that the order is

reversed by the Koran: reading entails the existence of a book, whereas the name Bible

signifies, and thus implies, first the existence of a or several books, to be read of course. In

other words, Islam focuses here on reading, for writing is already there, before it, in the words

of Allah, presumably unmediated, as Gustave E.von Grunebaum explains:

The vindication of the matchless literary position of Revelation was more important to

Islam than to Christianity because only the Muslim possessed the unmediated word of God.

The Christian had his scriptures in translation and had not been taught to look upon the

original as actual discourse in the Lord's tongue. Besides, the Bible could not escape being

judged against the Graeco-Roman literary tradition while the Koran stood out in Arabic

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literature as an unprecedented phenomenon for the critical valuation of which no standard

existediv (italics mine).

We can see these problems of relationship between script and speech echoed by

Jacques Derrida's unmasking of Saussure's preference for speech over writing, leaving writing

as only 'ce supplément' as J.J. Rousseau saw itv . Let us then dwell for a moment on the

philosophy of the kalam in Islamic theology and metaphysics. The term kalam, literally

'speech' or 'word', is used as an equivalent of the Greek logos in its various acceptions: 'word',

'reason' and 'argument' as Averroes for instance would use it. It is equally used as meaning

any branch of learning. Later, kalam as 'speech' or 'discourse' developed in order to enable

Muslim scholars- via the Koranic text, logic and argumentation - to comprehend and grasp the

universe and God. It is then a human branch of learning, that which tries to 'discourse' on the

universe, Man and God, but also used as a reference to (or meaning of) the 'divine word'. In

this, the Islamic concept of kalam merges with that of mantiq (logic) both of which, like

logos refer to 'speech' or 'discourse'. On the other hand, the Koran presents itself, besides the

meaning of 'reading', as 'word', 'wisdom' and 'knowledge' in its overall self-conception of a

pre-existent Koranii . Thus, speech is human, writing is divine; it is the written logos, the sign

that is divine. When Michel Foucault sees Don Quixote as hero of the same, and above all as

a signii, he comes rather close to the Islamic notion of the reader embodying the 'sign', i.e. the

word of God both as it is written in the Koran and as it is contained in all writings.

In the One Thousand and One Nights, Kamaralzaman (Qamar-al-zaman), who is to

be wed to a lady chosen by his father, refuses to marry at all, for he has just read about

women's treacherous behaviour and other related matters. His readings made him stubbornly

reject his father's wish (he has no other reason) and incur his wrath. He is thus put into jail

because of his refusal, due to his readings that is, and only a dream will save him. The

importance of books and reading in Islamic culture has been stressed by several scholarsviii ,

but deserves perhaps more emphasis here. I shall try to analyze Don Quixote's relation to

Moorish culture, by systematically isolating the most relevant and noteworthy Moorish

elements in the text and discuss them in some detail.

Américo Castro's major contributions to our understanding of Cervantes's narrative

and thought lies in his decision to leave off his Western view of Don Quixote, and espouse

thereafter an Oriental one, for as he writes,

para un europeo plenamente articulado con la tradicíon greco-occidental, un

libro es un libro y un hombre es un hombre; no puede ocurrírsele, por tanto,

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forjar la realidad "centaurica" del "libro-hombreado" o del "hombre-libreado"

como un fenómeno normal y sin toques de magia o de alegoríaii.

This drastic change toward an altogether different view enables him to move further

and see books as a living reality in Moorish culture:

Sentir los libros como realidad viva, animada, comunicable e incitante es un

fenómeno humano de tradicíon oriental, estrechamente ligado con la creencia

de ser la palabra contenido y transmisor de una revelacíon. La idea de la

religíon en libros sagrados es oriental y no occidental...limitémonos a recordar

el papel, el libro como realidad humana dentro de la literatura árabeii(italics

mine).

Moreover, and in order to substantiate his claim, Castro quotes the first Koranic

revelation mentioned above and the Arab historian Al-Mas'udi (d.956/7) at lengthiv . For him,

there is no doubt that Don Quixote is permeated by this Oriental view of the book as a

potential danger, and the reader-sign as exemplified by Kamaralzaman's story, to a degree

unseen in the rest of European literature:

La tradicíon oriental de la vida española hizo posible que el tema de la lectura de los

libros, como fuente de bienes y de males, existiese en la vida española y penetrara más tarde

en las páginas del Quijote en una forma que no hallamos en la literatura del resto de Europa

sino muy rara veziv (italics mine).

Books, literature as sources of evil can also be associated with the Mu'tazilites (eighth

century onward) and their doctrine of God as the source of good, and evil emanating only

from humans and their actions, including writingiv. Cervantes, via the priest echoes a similar

view:

El cual aún todavía dormía. Pidió las llaves a la sobrina, del aposento donde estaban los libros autores del daño(italics mine, I, 6).

Through such instances and others (I,1; II,22, II,62, etc.), Don Quixote appears to be the roman d'un liseur as Thibaudet writes, stemming from a liseur de romansiv. Dominique Aubier on the other hand, identifies Don Quixote's obsession with books and reading with Judaism. Because of the Spanish touchiness about the Quixote he writes, no hazardous interpretation can be made, for aucune autre littérature n'offre un héros de fiction capable à la fois de faire rire et de mettre le peuple à la dévotion ou au combativ (italics mine).

Such is the case, he adds, of another nation: Israël. This view differs widely from the two major ones on this question. The first sees Don Quixote as parodying chivalric books via Cide Hamete as historian and his insistence on bookishness. The second, i.e. Castro's, views Cervantes's narrative from an Islamic angle, that is based on the Koran and Moorish literature on the one hand, and a close reading of the text on the other. In this, Castro is not aloneiii.

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Aubier's view of this narrative does not illuminate us; on the contrary, it blurs the borderline between the Jewish-Islamic connections and gives Don Quixote a far more bellicose aspect than has hitherto been suggestedv. This said, we should now move on to other Moorish cultural elements in the narrative.

Cervantes quite often employs as an indirect reference to Benengeli, the expression

dice la historia. This is clearly of Moorish origin, as Willis for instance has shown. Following

the isnad technique or chain of transmitters, Cervantes uses it to substantiate his claim of the

veracity of his historia as recounted by the Moorish historian. In fact, dice la historia where

writes Willis, at each occasion the flow of the Cervantine text is interrupted, opens Moorish

historiographical works and other narratives, and is the equivalent of the Arabic taqulu al-

qisa, yaqulu al-tarikh, yarwi al-tarikh, etc. (respectively, 'the story has it that...', 'history says',

'history recounts'). Hence qala... (says the narrator or historian) is no mere stereotype but

rather an important traditional function concludes Willisiv, precisely that of the isnad

technique and the function of the rawi or narrator-transmitter in narrating events, etc. This

formula, repeatedly utilized by Cervantes is related to the Vida del Quijote which Benengeli

recounts; and it is precisely a life of type of narrative that Moorish authors were fond of.

Agreeing with Castro who writes that the idea or notion of vida was necessary 'para la

innovacíon novelística motivada por el Quijote'vi, I believe it is another instance of Moorish

cultural penetration. Moorish narratives 'tell' or narrate the flux of events among which the

lives of men and women stream along, just as the Spanish 'Vida de', with its pseudo- or semi-

autobiographical aspect does. It gives indeed an impression of veracity, of being true to life,

by trying to reproduce a faithful chronology and account of events and behaviours. Siyar al-

muluk al-a'jam (The Lives of the Alien [Persian] Kings) written or compiled by Ibn-

Muqaffa' (c.8thcentury), Sirat Rasul Allah (The Life of the Messenger of Allah) by

Muhammad Ibn-Ishaq (d.767), and Siratu 'Antar (The Life [and Aventures] of Antar) by

an unknown or still disputed authorvi are ample evidence.

Other Arabic formulae are also used in Don Quixote. Very often, Cervantes makes

use of them at the beginning or the end of chapters, and at times in the chapter:

...comenzó a decir desta manera:-...(end of I,38)

...donde les sucedió lo que se contará en el capítulo venidero(end of II,28)

Estando en esto, comenzó a dar voces Don Quijote, diciendo:-..(beginning of I,7)

Estando en esto, llego otro mozo de los que les traían...(beginning of I,12)

En esto hizo su aparicion el brebaje, y comenzó...(middle of I,17)

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En esto comenzó a llover un poco, y quisiera Sancho...(beginning of I,21)

Estando en esto, el ventero, que estaba a la puerta de la venta, dijo:-

...(beginning of I,36) (italics mine)

Both desta manera and related in the coming chapter fill the text and can easily be

connected to such Arabic formulae: kama yali (as follows) and fi-al-qisati attaliya (in the

following story or chapter) as some instances in the One Thousand and One Nights can

show:

... and he related as follows:-...

... and the Christian related as follows:-...

Other examples from this text can show striking similarities with Cervantes's

formulae. But it is, above all, his repeated use of en esto that strikes most. Aubier mentions it

but does not, unfortunately, dwell on itvi . This formula is mostly used in Part One, enabling

Cervantes to open a new chapter without 'roughness'. This formula, the equivalent of upon

this (sometimes translated wrongly as 'at this point' by J.M.Cohen, 195O), has its double in

Arabic and was very often used in Moorish story-telling. Let us take a few examples from the

above-named Arabic text:

Upon this, the third sheikh...(end of the Story of the Second Sheikh and the

Two Black Hounds)

Upon this the fisherman accepted...(mid. of the Story of the Fisherman)(my

italics)

Moreover, the major difference between the use of en esto in Don Quixote and that of

the One Thousand and One Nights lies in the former being used at the beginning of

chapters, while the latter is basically used in the middle or at the end of the stories. This is of

course an important contrast between the two, but seems relevant in the sense that similarities

are not the sole indicators of 'influence'. Often, writers do not 'imitate' as blindly as it can be,

but rather adulterate or improve upon the model. What is simply meant here is that, as in the

case of countergenre, similarities are not always helpful.

At the level of syntax, and contrary to various claims that for instance 'Spanish

grammar remained unaffected by Arabic'vi, Arabic syntax is found in Don Quixote, according

to the discoveries of Snyder Gehman. He has recently noted that the Arabic relative pronoun

can be found not only in Cervantes's text, but also in the much older Poema de mío Cid. The

relative clause of the accusative case can be observed in Don Quixote. However, and

strangely enough, this construction occurs from chapter 8 of Part One onwards, that is exactly

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when Cide Hamete steps in. There are two types, writes Snyder Gehman. In the first case, a

relative clause immediately follows an indefinite noun without the use of a relative pronoun.

Let us give an example: marartu bi-tiflin yasrakhu (I passed by a boy who was shouting).

This type, as Snyder Gehman has noted, does not occur in Don Quixote. But it is the second

type, the uninflected relative which is supplemented by a resumptive or tautological personal

pronoun, that occurs in it. To take Snyder Gehman's own example: al sariq alladhi qatalahu

ibni (the thief, who my son killed him= the thief whom my son killed). After this example of

the accusative, let us take one in the genitive: al-tabibu ibnuhu 'indi (the physician who his

son is at my house= the physician whose son is at my house). Most of the examples available

in Don Quixote are in the accusative case, adds Snyder Gehman, providing full evidence

from the text. A few examples will suffice (for more, see table below):

Los brazos largos que los suelen tener algunos (I,8)

Otra desgracia, que Sancho la tuvo por la peor(I,19) (instances in the accusative). Un delinquente, que está en sú lengua su vida o su muerte(II,22) (instance of the genitive).

And Snyder Gehman concludes that:

the influence of Arabic syntax, however, on the relative pronoun with the

resumptive or tautological personal pronoun has not received consideration.

Although this principle has not been carried out everywhere in the Cid and

Don Quijote, the Arabic syntax has left its traces in various passagesv.

Cervantes tells us, at the every beginning of his narrative, that the name of the 'hero' is

problematic but nevertheless somewhere between quexana and quesada/quixada. In my

opinion, the name quesada in particular is an instance of pseudomorphosisvii, and is intimately

related to the Arabic qasd (intention, way, road, purpose, resolution), qasada (intend, seek,

move towards); hence qasida (ode/elegy) as 'purpose', etc.vii Thus, quesada, i.e. Don

Quixote, is quite close to the idea of knight-errantry, for after all, as that eminent specialist of

the Middle Ages wrote,

Islam too developed an ideal of knighthood, which exhibits "striking

coincidences" with that of the Christian Westvii (italics mine).

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This is what had to be said concerning certain Moorish literary aspects into which was

incorporated an apparently unimportant term quesada. However, more Moorish cultural

elements can be extracted from the text.

Américo Castro dealt with several Moorish characteristics of Don Quixote. It is

perhaps profitable to discuss them again here and as a starting point towards other areas of

the same nature. The first item to open the discussion with is the notion of hidalgo. Castro

wrote that the term was built following an Arabic pattern, and he said, is another instance of

seudomorfosis (see note 24). In Arabic, expressions such as rajul khayr (man of good deeds,

hombre de bien that is), bint bayt (daughter or girl of a good(noble) house) are quite common.

Hence, hija d'algo (son of 'something', i.e. 'nobleman') is strikingly similar in form to the

Arabic wald hram (literally, son of 'sin'), used for thugs, thieves or as is common, for

illegitimate children (cf. hi de malicia)xxvii. It is noteworthy, at this stage, to make clear, as did

Castro, that ibn/bint or bent do not necessarily always imply or mean 'son of', 'daughter of',

but also that/he, she who..., and that as Castro explained, hijodalgo (hidalgo) cannot thus be

understood if one sticks to the Latino-Roman terminology or background. On the contrary, it

can only be grasped if one switches to an Oriental explanation:

hijo d'algo no sea explicable dentro del marco latino-romanico vii.

Another major point brought up by Castro is the notion of honra (feeling of honour, to

be contrasted with honor). The latter is an absolute or is absolutely; the former, on the

contrary, belongs to that who acts and reactsvii. Cervantes, in El Trato de Argel for instance,

compares two 'honras', the Muslim and the Christian(Spanish), and writes that the Christian

refuses to take the oar for instance while in the sea, whereas the Muslim takes pride in taking

it whatever his rank may be. Hence, the Islamic idea that a person is worth by what he is, not

his environment or heritage. Here, I shall paraphrase a famous Arab proverb: the child is

worth what he does, not what his father didvii. Moreover, the very title of that celebrated

novela morisca, El Abencerraje y Jarifa deals with noble deeds and noble people; and

therefore, the very fact that the Moorish lady is named Jarifa (Arabic for 'noble' or

'honrosa')viii is not to be taken lightly. Thus, when Cervantes writes that Don Quixote comes

from a 'well-known house', he seems to echo an Arabic equivalent: fulan min bayt('aila)

ma'ruf(a)xxxii. Finally, and carrying this discussion of honra, I will again draw on Castro's

findings to illustrate this further. Dulcinea comes from El Toboso, which happened to be

inhabited by a great number of Moors. Then, the very fact of claiming that she came from a

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noble family or was 'wellborn' and thus belonged to a noble lineage of El Toboso strikes at

this very claim. Here, Cervantes's sarcasm takes a greater proportion than elsewhere(cf.when

he has Don Quixote, Sancho, etc. discuss the question of Old Christians, 'purity of blood',

etc.)viii. At this stage, and in order not to burden this work with more of Castro's points, I shall

send the reader back to Castro's worksxxxiv.

Another scholar, González Palencia pointed out to Sancho's proverbs and other

instances, and believed that some of the tales of the Disciplina Clericalis (12th century), of

Arabic or Oriental origin (see below) reappeared later in El Conde Lucanor(1342), and in

Don Quixote(1O-12, Part One) as for example 'el de las cabras, que Sancho contó a Don

Quijote la noche de los batanes'xxxiv .

As to Leo Spitzer, he indicated some intriguing connections with Moorish

culture (unaware of it though); in other words, what he raised could be related

to Moorish culture. He remarked for instance that it is 'vanity which ultimately

induces townsmen to sally forth and do battle with their deriders'viii, but did not

go any further. In chapter 27 (Part two), Don Quixote and Sancho pursue their

journey, having so far travelled for two days without meeting anyone or

anything worth mentioning (by Cide Hamete that is). As Don Quixote is

climbing up a slope, he hears a commotion of drums, trumpets and musketry.

Some two hundred men, we are told, armed with various sorts of weaponry

(spears, crossbows, etc.) are on their way to wage battle against another village,

that which has mocked them 'more than was reasonable or neighbourly'. Here,

the reader should be referred to the 14th-century Moorish sociologist, Ibn-

khaldun (1332-14O6) who in his Muqaddimah (Prolegomena) discussed the

notion of 'asabiya (kinship or clanism): the blood and tribal feelings of the

nomads which welds them together and strengthens their position vis-a-vis the

townsfolk. It is, he says, a cyclical phenomenon; the tribesmen, feeling inferior

and 'derided' by the town, decide to seize power. Once done, they become

alienated and corrupted by urban life (civilization) and will fall into the same

situation as that of those they themselves criticized. Hence, another tribe will

wage war against them and seize power, etcviii. And it is none other than Cide

Hamete who relates this chapter:

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Cide Hamete Benengeli, the chronicler of this great history, introduces the

present chapter with these words: 'I swear as a Catholic Christian...'(II,27)

However, and I am not suggesting it for one moment, this aspect should in no way

imply that Cervantes knew of this sociologist. What is meant is that given that Ibn-Khaldun

lived in Moorish Spain, and that his work was later known there, being in fact based upon his

factual observations of Muslim society from Baghdad to Spain, it is likely that what is

recorded here in this chapter is in fact the remnants of a modus vivendi inherited from the

Moorsviii. After all, the previous chapter of the puppet-showman concerns itself with Moors

and battles against them:

Now turn your eyes, sirs, to that tower yonder, which is supposed to be one of

the towers of the castle of Saragossa, now called the Aljaferia. The lady

appearing on that balcony dressed in the Moorish fashion is the peerless

Melisendra...Do you observe that Moor stealing up on tiptoe...? Now the city is

drowned in peals of bells ringing from all the towers of the mosques. -'That is

not right', said Don Quixote, '...for they do not use bells among the

Moors'(II,26) and the chapter ends beautifully, like so many others, in the

fashion of Sheherazade:

...where we leave them, for this is a fitting opportunity for relating other

matters pertinent to the telling of this famous history, that is the historia as

written and told by Cide Hamete in Arabic. But Leo Spitzer's most noteworthy

remark, based on Castro's work, is the use of 'dirty' language in Don Quixote.

For this he quotes Sancho's hacer aguas (to urinate) from chapter I,48 ('The

Canon of Toledo'), which I shall fully quote instead:

... preguntó, hablando con acatamiento,¿ si acaso después que vuestra merced

va enjaulado y, a su parecer encantado en esta jaula, le ha venido gana y

voluntad de hacer aguas mayores o menores, como suele decirse? - No

entiendo eso de hacer aguas, Sancho; aclárate más si quieres que te responda

derechamente... - Pues en la escuela destetan a los muchachos con ello... - Ya,

ya te entiendo, Sancho !...y aún ahora la tengo...(italics mine)

Let us then try to see its Moorish relation. El-Boukhari or Al-Bukhari recounts in his

Les traditions islamiques(translated in 19O3) that Muhammad once felt an urge for

defecation and went out. El-Boukhari followed him only to be asked to fetch him three stones

to wipe himself. As the companion found only two stones instead of the required three, he had

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but to find an alternative. He then brought him a piece of dung with the two stones, to which

Muhammad replying by saying: 'Ça c'est une ordure'ix. This is an instance of supreme

modesty and humility examplified by the symbol of Islam, the prophet himself. Another

instance, that of the story told by the Muslim Spaniard Ibn-Hazm of Cordova(994-1O64)

about Harun Al-Rashid, Caliph of Baghdad, deserves to be related here. The latter, being very

thirsty asked for a glass of water, and the ascetic Ibn-Al-Samak judiciously asked him in his

turn the price he would have paid for such a glass. 'All my empire!' was Harun's answer. 'And

if you should not be able to pass this water from your body...what would you give to be free

of such an affliction?' his companion insisted. 'The whole of my kingdom', answered the

Caliph. And the former to conclude: '...are you so proud of possessing a realm that is worth

less than a urination and less than a sip of waterxi?'(italics mine). Basing his argument on such

and other instances, Castro arrives at the conclusion that without the Muslims the Spaniards

would not have mixed the clean with the dirty:

Cervantes, Quevedo, Lope de Vega, Tirso de Molina, and many others had no

compunction about mixing the noblest and the basest aspects of man together.

Without the example of the Moslems they would not have done this(italics

mine)xli.

This blunt 'realism' occurred, it should be recalled, as from the seventh century! Other

examples abound in Arabic literature.

These instances suffice to make the point, and it is worth noting here that this very

expression hacer aguas is used nowadays in the rural areas of the maghreb: tayyar al-ma

(literally, 'to pass water', 'to spray water'). But before closing the discussion on this passage of

Don Quixote, a final remark can be made. Sancho's use of 'dirty' language, and above all Don

Quixote's act (he understands what this expression finally means, and decides or rather feels

an urge for unrinating) happens in one of the most 'sacred' chapters, namely that of 'The

Canon of Toledo', carried out by 'vuestra merced' after having discussed or mentioned

literature, drama, authors themselves...and Theseus! This could be interpreted as tantamount

to a 'urination' on what has been reviewed, and perhaps on the literary canons themselves. It is

not possible to examine all the Moorish connections in this narrative; this can later be done at

leisure. There is, nevertheless, a last word to say and a final point to make in this part of the

work: the notion of 'armas y letras' in Don Quixote.

In Part II,6, 'one of the most important chapters in this whole History' as entitled, Don

Quixote makes a notable speech on Arms and Letters, starting with Amadis of Gaul. Then he

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comes to mention the 'Ottoman house' since it serves 'as an example' for those who 'have risen

from humble origins to their present greatness'. This belongs, he says, to the first of the four

kinds of pedigrees. In it, he includes himself precisely by excluding himself. He thinks that

the poor gentleman possesses no other means or way of showing that he is a gentleman except

by being virtuous, affable, etc. Then he goes on to discuss the 'two roads' he knows of, that

can take men to honour and riches: Letters and Arms. And he makes it clear, at first, that he is

of the second choice (Arms), precisely that which, as a means, led the Ottomans to stand 'now

at the height we see it'. Secondly, he quotes a Castilian poet while discussing the matter of

Arms, not Letters. But in doing so, he combines both, something which implicitly lacks in the

Ottoman house as he calls it. I now wish to connect this idea to Moorish culture.

Writing on this, Balzac's significant sentence echoes a rather widely accepted idea, the

joining of the pen and the sword:

Ce qu'il a commencé par l'épée (Napoléon), je l'achèverai par la plume(italics mine)ix.

Curtius discusses this notion in European literature from the Middle Ages onwards.

He examines the cases of such writers as Boiardo in Orlando Innamorato,I,18,41-5, where

he says, one can read 'one of the most brilliant passages... on arms and studies'. The theme, he

adds, reappears in Ariosto(XX,1-2), in Pantagruel(ch.8), and Don Quixote (I,38;II,6). But it

is in Spain, he affirms, that the combination of the sword with studies was best realized:

Nowhere else has the combination of the life of the Muses and the life of the

Warrior ever been so brilliantly realized as in Spain's period of florescence in

the 16th and 17th centuries - it suffices to call to mind Garcilaso, Cervantes,

Lope , and Calderon. All were poets who also served in warsxliii.

This theme was therefore widely known in Spain in particular, where it was quite often

treated in literature.

In his Españolidad y Europeizacion del Quijote, Castro demonstrates how Don

Quixote as a character was manipulated in literary historiography, and 'europeanized', when

he was basically Hispano-Moorish:

Hay en Europa más elementos mágico-orientales que en España, en donde lo

"oriental" no fue cultura venida de fuera, sino cosa propia, usada o rechazada

según hacía al caso...una España...que en su presente y en su pasado

pretendemos que sea una porción de Occidente, y nada más...Pero se olvida

que los españoles eran tan cristiano-europeos como islámico-asiáticos

ehispano-hebreos...xlvi

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Again, and in I,38, entitled 'Don Quixote's curious Discourse on Arms and Letters',

Don Quixote makes a choice, or shall I say , gives precedence to the profession of arms over

that of studies. This he balances as we have seen above (II,6). This change of attitude stems

from the fact that this chapter occurs between the Algiers chapters (I,37-42) , and also because

it was written some ten years before.

This notion, then, of arms and studies is also a Moorish 'literary' characteristic,

perhaps too Moorish in that it was too much an idea(l) of Arab poets. Consider the following

verses by Abu-Tammam (c.8O5-45), which can help demonstrate what I mean:

-The sword is truer in tidings than(any) writings: in its edge is the boundary

between earnestness and sport.

-(Swords) white as to their blades, not (books) black as to their pages -in their

broad sides(texts) lies the removing of doubt and uncertainties;

-And knowledge(resides) in the flames of the lances flashing between the two

massed armies... xlv

of which the second verse is described by Arberry as 'brilliant', for the Arabic 'matn

signifies the broad side of a sword and also the text of a book'xlv. Al-Mutannabi(915-965) is

of course the master of such combination of arms and studies, alongside Antar-ibn-Shaddad,

especially in these lines:

-I know the steed, the night and the desert, the sword, the lance, the paper and

the pen

(my translationxlvi).

In an Arabic scholarly work, Nuri Hammudi Al-Qaysi gives a detailed account of the

question. But more interestingly, he seems to converge with Juan Vernet on another matter:

horse-naming. Don Quixote's mount is called Rocinante, a name 'which seemed to him grand

and sonorous, and to express the common horse before arriving at his present state: the first

and foremost of all hacks in the world'(I,1). Among the names used in Arabic, I will cite a

few: dahis (whitlow, felon); Al-kamit (dumb), and above all Abjar (obese, corpulent),

Antara's famous mount. In fact, Antar-ibn-Shaddad is to the Arabs what Renaud de

Montauban is to Europexxxiii. J. Vernet has rightly compared both knights, but also their

coursers, Abjar and Bayard, noting the homophony between themix.

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NOTES

i. CASTRO's Españolidad y Europeizacion del Quijote, 1960, and the very recent work by E.

SOLA, Un Mediterráneo de piratas: corsarios, renegados y cautivos, 1988, pp.267ff.

ii. THE KORAN, translated by N.J. DAWOOD, fourth revised edition, 1974.

iii. See for instance, M. BRETT & W. FORMAN, The Moors: Islam in the West, 198O, pp.59-

6O.

iv. G.E. Von GRUNEBAUM, A Tenth-Century Document of Arabic Literary Theory and

Criticism, 195O, pp.XIV-XV.

v. J. DERRIDA, De la grammatologie, 1967.

vi. H.A. WOLFSON, The Philosophy of the Kalâm, 1976, pp.1-2O and passim. See also A.

CASTRO, op.cit., where he writes: "No es un azar que en arabe una misma palabra sinifique

'herir' y 'conversar con alguien' (kalán(?), kallam), y que kalima sea 'verbo, logos divino". On

the other hand, E.W. SAID points to an eleventh-century Cordoban school led by Ibn-Hazm

and others, and their thought raised - among other things - 'a notion that essentially puts a line

of demarcation between Islamic ideas and the Judeo-Christian textual traditions.' Drawing on

R. ARNALDEZ's Grammaire et théologie chez Ibn Hazm de Cordoue, 1956, SAID

continues: 'By contrast (with the Bible) the Koran is the result of a unique event, the "descent"

into wordliness of a text, whose language and form are thereafter to be viewed as stable,

complete, unchanging...Hence...according to Ibn Hazm, (the Koran) is a text controlled by

two paradigmatic imperatives, iqra: read, or recite, and qul: tell.' See his 'The Text, the World,

the Critic', in Textual Strategies, ed. J.V. HARARI, 198O(1979), pp.161-188.

vii. M. FOUCAULT, The Order of Things, 197O(1966), pp.46-77.

viii. A. CASTRO, op.cit, and La realidad historica de España, 1962(1954). See also P.K. HITTI,

History of the Arabs, 1951(1937), pp.563-4.

ix. A. CASTRO, Hacia Cervantes, op.cit, pp.292-324.

x. Ibid, pp.3O8-9.

xi. A. CASTRO, The Structure of Spanish History (España en su historia, 1948), 1954.

xii. A. CASTRO, Hacia Cervantes, op.cit, p.31O.

xiii. See for this matter, and as an instance, H.A. WOLFSON, op.cit, pp.579-89.

xiv. Quoted by M.I. GERHARDT, Don Quijote: la vie et les livres, 1955, p.2.

xv. On the relationship between Don Quixote and Moorish culture, see for instance S. de

MADARIAGA, Don Quixote: An Introductory Essay in Psychology, 1961(revised edition),

esp. pp.16-19, P.K. HITTI, op.cit, pp.559-64, A. GONZALEZ PALENCIA, Historia de la

literatura Arábigo-Española, 1945(1928), esp. pp.334-5, and H.A.R. GIBB's 'Literature', in

The Legacy of Islam, Sir T. ARNOLD & A. GUILLAUME(eds), 1931, esp. pp.196-9.

xvi. On the relationship between Don Quixote and Moorish culture, see for instance S. de

MADARIAGA, Don Quixote: An Introductory Essay in Psychology, 1961(revised edition),

esp. pp.16-19, P.K. HITTI, op.cit, pp.559-64, A. GONZALEZ PALENCIA, Historia de la

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Revue Campus N°11 94

literatura Arábigo-Española, 1945(1928), esp. pp.334-5, and H.A.R. GIBB's 'Literature', in

The Legacy of Islam, Sir T. ARNOLD & A. GUILLAUME(eds), 1931, esp. pp.196-9.

xvii. See for instance W. BYRON, Cervantes: A Biography, 1979.

xviii. R.S. WILLIS, The Phantom Chapters of the Quijote, 1953, p.1O1.

xix. A. CASTRO, La realidad historica de España, 1962(1954), p.XXVII.

xx. R.A. NICHOLSON, A Literary History of the Arabs, 19O7, pp.349-459.

xxi. D. AUBIER, op.cit.

xxii. H. SNYDER GEHMAN, 'Arabic syntax of the relative pronoun in Poema de mío Cid and

Don Quixote', HISPANIC REVIEW, 5O/1, 1982, pp.53-6O.

xxiii. Ibid.

xxiv. On what is called pseudomorphosis, see CASTRO's The Structure of Spanish History,

op.cit, and Collected Studies in Honour of Américo Castro's 8Oth year, ed.M.P.

HORNICK, 1965, where the editor stated that O.Spengler's 'mineralogical concept' of

pseudomorphosis was applied to history. He then proposed to apply the term historical

pseudomorphosis to those cases in which an alien culture lies so massively over the land that

another culture, born in this land, cannot get its breath and fails to develop its own self-

consciousness' (Introduction, pp.7-2O).

xxv. I. GOLDZIHER, A Short History of Classical Arabic Literature, 1966, p.1O. See also M.

BRETT & W. FORMAN, op.cit, p.74 where they write: 'qasida has the meaning of travelling

towards a goal.'

xxvi. E. CURTIUS, European Literature and the Latin Middle Ages, 1953(1948), p.537.

xxvii. A. CASTRO, La realidad historica de España, op.cit., pp.219-23.

xxviii. Ibid, p.22O.

xxix. A. CASTRO, Le drame de l'honneur dans la vie et la littérature espagnoles du XVIème

siècle, 1965(1961), pp.27-57.

xxx. Ibid, p.86. The Arabic proverb I quoted literally means: 'is not a youth he who says my father

was, but he who says here I am!'

xxxi. Ibid, pp.122-3.

xxxii. Ibid, pp.127-8 and A. CASTRO, The Structure of Spanish History, op.cit, p.1OO.

xxxiii. See B. LOUPIAS, 'En marge d'un recensement des moriscos de la "villa de el Toboso" ',

BULLETIN HISPANIQUE, 78, 1976, pp.74-96.

xxxiv. See for instance A. CASTRO, 1948, 1954, 1957, op.cit.

xxxv. A. GONZALEZ PALENCIA, op.cit, pp.334-5.

xxxvi. L. SPITZER, 'Linguistic Perpectivism in the Don Quijote', in Linguistics and Literary

History , 1962(1948), pp.41-85.

xxxvii. IBN-KHALDUN, The Muqaddimah: An Introduction to History, translated by F.

Rosenthal, second edition, 1967(1958). See also R.A. NICHOLSON, op.cit, pp.438ff, who

claims that Ibn Khaldun went to Spain in 1362 and stayed there for a while.

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Revue Campus N°11 95

xxxviii. A. CASTRO, La realidad historica de España, op.cit. and The Structure of Spanish

History, op.cit.

xxxix. A. CASTRO, The Structure of Spanish History, op.cit, p.25O.

xl. Ibid, p.251.

xli. Ibid, p.251.

xlii. Quoted by E. CURTIUS, op.cit, p.179.

xliii. Ibid, pp.178-9.

xliv. A. CASTRO, Españolidad y Europeizacion del Quijote, 196O, pp.XXX-XXXIII.

xlv. A.J. ARBERRY, Arabic Poetry(bilingual edition), 1965, pp.5O-1.

xlvi. Ibid, p.51.

xlvii. M. BRETT & W. FORMAN, op.cit. write that, for instance, 'Swordsmanship and

pensmanship is also Moorish', p.82.

xlviii. Siratu 'Antar (The Romance of Antar or The Life and Adventures of Antar) deals with

the poet Antar and his heroism. However, it is supposed to have been written by Asma'i(?).

Antar was compared by R.A. NICHOLSON, to 'the bedouin Achilles', op.cit, pp.1O3-115 and

pp.459ff.

xlix.

See N.H. AL-QAYSI, Chivalry in pre-Islamic Poetry (Arabic edition), 1964, and J. VERNET,

Ce que la culture doit aux Arabes d'Espagne, 1985(1978), pp.282-3.

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Revue Campus N°11

من ثور بيتاغرس إىل االمتطاء العاجل

لقد سعى العلماء على امتداد التاريخ عن نقل املعرفة يف شكل

و اجلزء األكرب منها يعود إىل ترمجات من . وثائق مكتوبة أساسااملوسوعيون العرب و اإلغريقية قام ا

و غالبا ما كان االحتفاظ ذه . املسلمونن القرون األعمال يعود إىل مدارس مإن بعض . الوسطى و املعابد و اجلامعات

املؤرخني يرون بأن السمات اخلصوصية للمعرفة العلمية قد ظهرت ببالد اإلغريق

فمن . حوايل القرن اخلامس قبل امليالدالسهولة مبكان مالحظة النشاط العلمي املكثف لإلغريق اسد من قبل حشد من

س و و تاليساملفكرين من أمثال بيتاغرونالحظ يف هذا . زينون ديلي و دميقريطس و أبقراط و غريهم

الصدد بأن أتباع بيتاغرس مل مييزوا يف زمام سوى أربعة فروع و مع . من العلوم وهي احلساب و اهلندسة و املوسيقى و الفلك

ذلك، كان البيتاغرسيون حييون . معيشة غريبة نوعا ما

فكان هؤالء بالفعل خيضعون ذة كتجنب القهقهة و البدء دوما بغسل الرجل ألعراف شا

500اليسرى، مما يعين أن العيش يف أحضام يف كروتون حوايل سنة قبل امليالد، مل يتطلب فقط التتلمذ على األعداد و اهلندسة، بل كان جيب فعال االقتناع بتناول العسل فقط و النباتات و بعض احلبوب اليت كانت تسد رمق احلياة

لكن األعجب هو أم ال يأكلون . ةاليوميالفول أبدا وهذا دون أن نعرف سببا

" روجي بول السادس"لقد روى . لذلكالذي حيكي أنه يف يوم من األيام، شاهد " مجبليك"حكاية

بيتاغرس ثورا يتناول الفول، فطلب من مالكه أن يدعو الثور تقن لغة فأجابه الفالح بسخرية بأنه ال ي. لعدم أكل الفول ثانية

فاقترب حينئذ بيتاغرس من الثور هامسا بشيء. الثريان

ذو الغريب يف األمر عندئ. نعرف ما هو ما يف أذنه، ال ميكن أن

أن الثور أقلع عن تناول الفول، بل أصبح موضوعا للفضول ينعته ؛ أضف إىل ذلك أنه "ثور بيتاغرس"اجلميع ب

لكننا . عمر طويال يف تارنت بقصر هريادينون باخلصوص ألفالطون و فيما بعد م

لتلميذه و ناقده أرسطو، مبدونة من النصوص ففي زمن أرسطو، . العلمية الثرية جدا

ظهرت فروع علمية أخرى كامليكانيكا و البصريات و الفيزياء و األرصاد اجلوية و علم احليوان و علم النبات؛ ففي بالد اإلغريق، كانت كل من أكادميية أفالطون و. ثانوية أرسطو، مدرستني عاليتني للفلسفة

ومن خالل الفترة اإلغريقية، استقطبت أثينا عددا كبريا من و فيما بعد، ظهر بينهم رجال دولة . الطلبة الذين جاءوا من روما

و شيشرون و أغسطوس و " يوليوس سيزار"و شعراء من أمثال كما احتلت . هوراس

اإلسكندرية مكانة ل نفس مرموقة كذلك خال

الفترة بفضل مكتبتها و متحفها اللذين لكن تكاثر األعمال العلمية و . جذبا أعالما من الشرق األوسط

ففي دمشق و . خصوبتها مل يكن مصدرمها أوروبا، بل املشرقبغداد، كان الرخاء االقتصادي و التجاري يتماشيان مع اهتمام اخللفاء للعلوم و

للترمجة السبب عمد العرب فلهذا . الفنونو التعليق و إثراء النصوص العلمية الكربى للعصور القدمية و االحتفاظ ا و توصيلها و

، سامهوا يف الرياضيات و و بالتايل. إثرائها. الفلك و الكيمياء و البصريات و الطب

ومن أشهر أمساء هؤالء العلماء املسلمني، نذكر كال من هلم شهرة كبرية يف اخلوارزمي و ابن اهليثم و آخرون، كانت

الغرب املسيحي وكانوا معروفني بأمساء تأثرت باللغة الالتينية، من ؛ باإلضافة )ابن سينا" ( أبيسان"و ) ابن رشد" ( أبريواس"أمثال

مقال حسني فالق أملعىن و املقياس

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إىل ابن خلدون، أحد أطرف املفكرين يف العامل اإلسالمي و الذي عاشت كما . كان من فالسفة املعرفة املبنية على الصرامة و املنهج

شبه اجلزيرة اإلسبانية خالل مدة طويلة، فترة خصبة و مشرقة، و إذا ما . شبيهة حبالة العامل اإلسالمي

استثنينا االحتكاكات اليت عرفتها احلروب الصليبية، فبفضل هذه الفترة و بفضل صيقيليا اليت عرفت فترة أخرى من االختالط و املزج، وصلت املعرفة

إن عذوبة . أوروبااإلغريقية العربية إىلالعيش بقرطبة، فرضت على سكاا االنسياق وراء الشعر و املوسيقى و العيش يف تناغم مع باقي األديان؛ فكانت عاصمة األندلس موطنا حلضارة مشرقة تضاهي يف

و الدليل على . ذلك كل من عواصم الشرق، دمشق و بغدادة و الزراعة اليت ذلك كله، العمران املرموق لقصر احلمراء لغرناط

جعلت األرض احملروقة حتت الشمس، غاية يف اخلصوبة و الري بتقنياته املستحدثة لتوزيع املياه و اهلندسة املعمارية و الفنون و

كما كان ابن رشد يصرح يف دروسه األوىل . الشعر و الفلسفةالناس ليسوا سواسية " يف فاس أن " ، حبيث كان يعتقد أن"أمام املعرفة

لبعض يرفضون احلقيقة و البعض او حىت ". اآلخر يرفضون الصعوبة

أذكر . األدباء قد حتدثوا عن ذلكعلى سبيل املثال، فقرة من فقرات رشيد ميموين الذي حيكي لنا يف

يوميات طنجة كيف اهتمت أوروبا باجلرب الذي ولد يف عامل قوم ، ي"اهلويات القاتلة" و يف كتابه . إسالمي متفتح و مزدهر

و . أمني مالوف بتحليل نقدي لكن موضوعي هلذه احلقبة املشعةيف يومنا هذا، من الصعوبة مبكان تصنيف العلوم، فأصبحت

إن هذه العالقات بني . الفروع العلمية يكمل بعضها البعضامليادين، قد ولدت تنوعا يف االختصاصات كالبيوكمياء و

مت إذن تسجيل تطورات لقد. البيوفيزياء و الفيزيولوجيا العصبيةإن بعض . هائلة كتركيب البيوكيماويني لألمحاض النووية

التطبيقات تتطلب أحيانا عدة ميادين علمية كاجلراحة عن بعد إن مثل . اليت هي حصيلة اإلعالم اآليل و الروبوتيك و اجلراحة

هذه التطورات هي يف الغالب، نتيجة أحباث منجزة باملوازاة بني ائيي الفروع املختلفة للعلوم النظرية و العلوم جمموعة أخص

إن العالقة املتبادلة بني البحث النظري و التجديد . التطبيقيةالتكنولوجي، هي اليوم ضرورية أيضا أكثر

هلذا السبب، . مما كانت عليه يف زمن قاليلي العلوم ىنتحدث أكثر يف وقتنا احلاضر عل

التقنية عندما نقصد تلك األمناط من إال أن هذه التطورات تثري مشاكال .املعرفة

ةأخالقية كما هو احلال بالنسبللبيوتكنولوجيا و التكنولوجيات الدقيقة و التغيريات يف التراث اجليين و إدماج طبيعة

إن اإلجابة على . اخل..الكائنات احملولة جينياهذه األسئلة تتعدى إطار األخصائيني

واىل جانب كل هذا، هناك . لوحدهم، ليشمل اتمع ككلففعال . العوملة اليت ال تتوقف عن إسراع الوترية و الفوارق أيضا

و يزعمون بأن باقي " املعيار"هناك أوال األقوياء الذين حيددون مث يليهم من يرضون بالقانون األساسي ل . العامل ال يصلح لشيء

و الذين يرون أن العامل ال يصغى إليهم بالقدر" اخلصوصية"فيتسترون دائما وراء دور . الكايف

و عليه، يتطلب . الضحية املزعومةااللتحاق بركب احلداثة، التوفر على جامعة قوية و منافسة متكن بالدها من جعل صفوا يف املقدمة و الظفر مبقعدها

ههنا، من األكيد أن . يف مسرح األمماجلامعة ال ميكنها أن متارس االنفتاح يف

فبالرغم من كوننا بعيدين عن ثور . التامة يف نفسهاغياب الثقةإن التقدم احلقيقي . بيتاغرس، فالروح العلمية، قد بقيت كما هيأضف إىل ذلك أنه . مير عرب اجلهود الفكرية للمثقفني و الفالسفة

يف وقتنا احلاضر، ال حيصل هذا التقدم إال بالتعيبء السريع وهي رات لالنطالق دون تضييع للوقت؛ تقنية مستعملة حاليا يف املطا

يف العامل قصد دمما يعين ضرورة اإلطالع املستمر على ما يستجفليس من العبث أن رفعت اليونسكو . حتديث الرصيد العلمي

اإلنسان املطلع يضاهي شخصني " منذ عشريات خلت، شعار حسني فالق ."كاملني

حسني تومي: ترمجة

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للدآتور نحو نظرية لسانية عربية حديثة لتحليل التراكيب األساسية للغة العربية

مازن الوعر

قسم اللغــة العربيــة و آدابـها, هبال خير الدين -تيزي وزو–جامعــة مولــود معمـــري

:مقـــــــــــــدمة

ان، الذي خلق اإلنسان، علمه البيان، وشاءت بواعـث إرادتـه الحمد لله العزيز المنان، الكريم الرحم

وصـلى . وكوامن حكمته أن أنزل على نبيه القرآن، فأعلى له به شان، وما أصابه بعده من قوم شنآن

اهللا وسلم على سيدنا محمد صاحب العصمة والجاه والسؤدد، أشرف العرب نسبا، وأوثقهم باهللا سـببا،

:نسانا، وأكملهم عقيدة وإيمانا، وأفصح أهل زمانه لسانا، وبعـــــــــدوأصدق بني البشر إ

فإنه منذ أن أنزل اهللا القرآن الكريم، واللغة العربية موضوعة تحت الفحص والتمحـيص، والدراسـة

والتحليل والتشخيص، فاعتنى بها العرب أيما عناية، حتى بلغوا في ذلك تمام الغاية وهذا ما نلمسه في

الرابع الدراسات الطويلة العريضة، والشروح الكاملة المستفيضة، وألن األمة العربية عرفت بعد القرن

ركودا موصوفا، وضعفا مكشوفا، فقد طال هذا الضعف حتى جوانب العلوم اللغوية، التي بقيـت قيـد

أيـن أينعـت الحـديث، اإلعادة والتكرار، وبين المضغ االجترار، ودام هذا الوضع إلى مطلع العصر

الدراسات اللسانية لدى الغرب، الذي فتح ألفذاذ من بني جلدتنا الباب على مصراعيه لالطالع عليهـا،

كما بسطوا لهم مضامينها ومفاهيمها، ولعل أهم النظريات اللسانية التي أثرت في العرب أيمـا تـأثير،

" دي سوسيردفردنان"النظرية البنيوية، لـ

ي ما لبثت أن انكشفت عيوبها، وضاقت بها دروبها، لتكون نظرية لسانية شاملة قادرة علـى فهـم والت

ما بـين " نعوم تشومسكي "الظاهرة اللغوية، فقامت على إثرها النظرية التوليدية التحويلية، التي أتى بها

تبرت بديال حقيقيا يمكن م ،والتي سار ذكرها في اآلفاق ، وتناقلتها الدفاتر واألوراق واع 1957،1981

من دراسة الظاهرة اللغوية على وجهها األكمل

، فقـد حـاولوا نقـل "تشومسكي" و ألنه هناك من نحارير العرب من كانت له فرصة التلمذة على يد

ثم تطويعها لتكـون نظريـة مبادئ هذه النظرية و تطبيقها على التراكيب األساسية للغة العربية ومن

. إلى ما ذهب علماء العرب القدامــىداالستناب ،شاملة

وذلك من " مازن الوعر "ولعل أهم من انبرى لهذا العمل الجبار، العالمة الفذ، والجهبيذ الفطحل، الدكتور

محـاوال بـذلك " نحو نظرية لسانية عربية حديثة لتحليل التراكيب األساسية للغة العربية "خالل مؤلفه

102

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ة التوليدية التحويلية لتراكيب اللغة العربية في شكل ترسيمات تشجيرية، تمكن من فهـم تطويع النظري

.الجملة في اللغة العربية

ونظرا ألهمية هذا المؤلف، فقد رأيت أن أجري فيه هذه القراءة، لعل كوامن الكتاب تكون بها مضاءة،

:وقد حاولت أن أجيب فيها عن األسئلة التالية

يكون مازن الــوعــر؟ من -

ما فحوى نظريته اللسانية التي يدعــو إليها؟ -

إلى أي مـدى وفق في إخضاع مبادئ النظرية التوليديــة التحويليــة للـسياقات اللغويـة -

العربية؟

وقد اتبعت في هذه القراءة منهجية بسيطة، إلتمام هذه الدراسة المحيطـة، فـاحتوى العـرض علـى

:العناصر التالية

.التعريف بصاحب الكتاب -1

.بطاقة فنية للكتاب -2

.قيمة الكتاب العلمية واللسانية من خالل المحتوى -3

.نقــد وتقييم -4

: التعريف بصاحب الكتاب-1

.1952ولد الدكتور مازن الوعر في حمص عام

ة عام تلقى تعليمه في حمص وفي جامعة دمشق حامال اإلجازة في اللغة العربي

:، ثم نال1975

دكتوراه دولة في اللسانيات الحديثة بدرجة شرف من جامعة جورج تاون في

.1983الواليات المتحدة األمريكية صيف

ماجستير في اللسانيات الحديثة بدرجة ممتاز من جامعة جورج تاون في الواليات

.1980المتحدة األميريكية ربيع

.1980دبلوم الدراسات المعقمة من معهد ماستشوستس للتكنولوجيا في الواليات المتحدة األميريكية شتاء

.1976دبلوم الدراسات العليا األدبي من جامعة دمشق

.معة دمشق والبعث وحلبعمل أستاذا للسانيات الحديثة بقسم اللغة العربية بجا

وعضوية . وفي مركز الدراسات العسكرية التابع لوزارة الدفاع1984عمل في هيئة الطاقة الذرية في سورية

.عضو جمعية النقد األدبي. المغرب-التي تصدرها جامعة فاس" التواصل اللساني"هيئة تحرير مجلة

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:مؤلفاتـــه

- دار طالس للدراسات والترجمة والنشر-)بالعربية)(المنهج: (نحو نظرية لسانية عربية حديثة- 1

.1987 دمشق -سورية

دار طالس للدراسات والترجمة -)باالنجليزية)(المصطلح:(نحو نظرية لسانية عربية حديثة-2

.1987 دمشق - سورية-والنشر

-لنشر دار طالس للدراسات والترجمة وا-)مدخل:(قضايا أساسية في علم اللسانيات الحديث-3

.1989 دمشق -سورية

.1989 دمشق - سورية-دار طالس للدراسات والترجمة والنشر: دراسات لسانية تطبيقية-4

- دار طالس للدراسـات والترجمـة والنـشر -)المنطوق والمكتوب (اللسانيات وتحليل الخطاب -5

. دمشق-سورية

:بطاقة فنية للكتاب -2

نحو نظرية لسانية عربية حديثة لتحليل التراكيب األساسية في " الكتاب بعنوان : وصف الكتاب ومحتواه

، وقد كتب )16( بحجم Traditional Arabic، من الحجم المتوسط، و كتب المتن بخط "اللغة العربية

دكتوراه دولـة فـي علـم (، ودرجته العلمية )مازن الوعر (على الغالف الخارجي للكتاب اسم مؤلفه

ويقع في أعلى الصفحة إلى ) مدرس الدراسات اللسانية في جامعة دمشق (وعملــه ) سانيات الحديث الل

ـ . اليمين، ثم يتوسط الغالف عنوان الكتاب بالخط العـــريض الطبعـــة ووالكتـاب المعتمـد ه

.األولــى

معلومات، وفي الـصفحة الثالثـة ، وما يتعلق بها من )طالس(أما الصفحة الثانية فكتبت فيها دار النشر

جميـع الحقـوق "كتب عنوان الكتاب في األسفل إلى اليسار، تليه الصفحة الرابعة وكتب فيها عبـارة

.1987الطبعة األولى "لدار طالس للدراسات والترجمة والنشر، وفي أسفل الصفحة مكتوب " محفوظة

وفي الصفحة السادسة في األسفل كتبـت . خارجيوأما الصفحة الخامسة فهي نسخة مطابقة للغالف ال

. اآلراء الواردة في كتب الدار تعبر عن فكر مؤلفيها وال تعبر بالضرورة عن رأي الدار"عبارة

فحة الثامنة، وبعدها تعليـق : اإلهداءثمابعة، فيما يأتي التعريف بالمؤلف في الصفحة السويقع في الص

عالم اللـسانيات " نعوم تشومسكي "اد بالدراسة، ثم ختم تعليقه أسفل الصفحة بعبارة الذي أش "تشومسكي"

وبعـدها . في الصفحة الحادية عشرة " كلمة شكر "األمريكي، ويقع التعليق في الصفحة التاسعة، وتليها

.مدخل عام يقع في الصفحة الثالثة عشرة، ومختوم بتوقيع مازن الوعر مع التاريخ

فحة الخامسة عشرة: مة الكتابمقدة للتراكيب األساسية، وذلك في الصاحتوت على نظرة عام

100

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ـ : الفصل األول ، وأهم "النظرية اللسانية للتراكيب " يقع في الصفحة الثالثة والعشرين، وعنونه صاحبه ب

:ما ورد فيه

ويقع ذلك ...) ج، =لةك، الجم =الكالم(تمهيد، ثم تحليل التراكيب العربية، وضبط المصطلحات -1

.في الصفحة الخامسة والعشرين، والسادسة والعشرين

:وتقع في الصفحة السابعة والعشرين، وفيها: طبيعة أركان التراكيب الكالمية -2

التركيب الفعلي، فـي الـصفحتين الثامنــة والعـشرين والتاسـعة : التركيب االسمي، ب : أ

.التركيب الفعلي، في الصفحتين الثالثين واإلحدى والثالثين: ي، دالتركيب الشرط: والعشرين، ج

ـ -3 وفيه تطرق الدكتور مازن الوعر إلى الجملـة ):كبرى وصغرى (طبيعة التراكيب الكالمية ك

ـ والجملة الـصغرى فـي " زيد أبوه شاعر " الكبرى في الصفحة الثالثة والثالثين، ومثل لها ب

.نالصفحة الرابعة الثالثي

:وذكر فيه): أدوار وظيفية(طبيعة أركان التراكيب الكالمية كـ -4

الوجوه النحوية والداللية للتراكيب العربية، وذلك في الـصفحة : الدور الوظيفي للجملة، ب : أ

.الثامنة والثالثين

بعين ويعـرض ويبدأ من الصفحة التاسعة واألر " نظرية القواعد التوليدية والتحويلية "في : الفصل الثاني

).التوليدية والتحويلية(فيه لنظرية تشومسكي

، وهو أهم فصول الدراسة، وفيه يعـرض للتمثيـل "التراكيب األساسية " ويتطرق فيه : الفصل الثالث

:التشجيري لتراكيب اللغة العربية، ويقع في الصفحة التاسعة والثمانين، ويبدأ بـ

، ويقع في الصفحة الواحدة والتسعين، وقد عرض فيـه )المنهجي(ي التمهيد، ثم اإلطار النظر -1

الدكتور مازن الوعر االفتراضات النحوية والداللية للبنية العميقة أو المقدرة للتركيب العربي،

مستخدما المنهج اللساني الذي وضعه العرب القدماء، مع محاولة دمج هـذا الـنهج اللـساني

ولتـر "نهج الداللي التصنيفي الذي وضعه عـالم الـدالليات األمريكـي العربي القديم مع الم

-1970تشومـسكي " ومع النهج التحويلي الذي وضعه عالم اللسانيات األمريكي " 1979كوك

وذلك من أجل وصف التراكيب العربية وشرحها نحويا ودالليا، ويقع ذلك في الصفحة " 1981

م إ = م، مـسند إليـه = مسند (ثم يذكر باالصطالحات . لتسعينالثالثة والتسعين، والرابعة وا

.، ثم يبدأ عملية التطبيقات التشجيرية)ف=فضلة

: رتبة الكلمات في التراكيب األساسية -2

:وتقع في الصفحة الخامسة بعد المائة، وتطرق فيها إلى: رتبة الكلمات في التراكيب الفعلية: أ

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الكلمات في التراكيب الفعلية،وذلك في الصفحة الحادية عشرة بعد المائـة، ضوابط رتبة ) 1-أ

وتحدث فيها عن التراكيب الملتبسة ثم يتحدث عن كيفية تجـاوز االلتبـاس وفـق التحريـك

التحويلي، بوجود قرائن نحوية وداللية، ومثل لها بترسيمات تشجيرية فـي الـصفحة الثالثـة

.عشرة بعد المائة

.وتقع في الصفحة الثالثة والثالثين بعد المائة: رتبة الكلمات في التراكيب االسمية) 2-أ

خلص الدكتور مازن الوعر إلى أن اللغة العربية تظهر أربعة من التراكيـب :الخالصة -5

:األساسية وهــــــــي

.ضرب زيد عمروا: مثل) ف– م إ –م (أي : التركيب الفعلي) 1

.زيد جاء: مثل)) ف– م إ –م (–م إ (أي :سمي ذو الخبر الفعليالتركيب اال) 2

.ريد أبوه شاعر:مثل)) م–م إ (–م إ (أي:التركيب االسمي ذو الخبر االسمي) 3

.البطل ريد: مثل) م–م إ (أي:التركيب االسمي ذو الخبر الكوني) 4

:ول التراكيب االستفهامية وفيهورد في الصفحة السابعة والخمسين بعد المائة،ح: الفصل الرابع

.وجاءت في الصفحة التاسعة والخمسين بعد المائة: مقدمــة •

ينطلق مازن الوعر من كون بنيـة : )نعم، ال (اإلطار النظري لصيغة االستفهام التصديقي •

التركيب االستفهامي التصديقي تشبه إلى حد ما بنية التركيب األساسي، غير أن الفرق بين

يتي هذين التركيبين هو أن أدوات االستفهام التي تستخدم مع مثل هذه التراكيب متولـدة بن

، هذه األدوات االستفهامية تستطيع أن تحول التركيب األساسي )أداة(في المستوى اللساني

).160الصفحة (إلى تركيب استفهامي

الخامسة والستين بعد المائة وهو وتقع في الصفحة : الوجوه النحوية لصيغة االستفهام التصديقي - أ

أقام زيد؟ هل حضر عمرو؟: مثل".ال"أو" نعم"االستفهام الذي يجاب فيه بـ

وتقع في الصفحة السابعة والسبعين بعـد المائـة، : الوجوه الداللية لصيغة االستفهام التصديقي - ب

ـ ": "الوعـر"وفيها يقول اني علـى االسـتفهام إذا طبقنا النظام الداللي الذي وضـعه الجرج

التصديقي فإننا سنجد أن األداة االستفهامية التحويلية تعمل على الركن اللغوي المجـاور لهـا،

وفي الوقت نفسه فإنها تعمل على التركيب األساسي كله، إن الركن اللغوي المجـاور لـألداة

فة إلـى ذلـك فـإن التركيـب هو الذي سيستفهم عنه باإلضا - طبقا لهذا النظام -االستفهامية

أجاء الرجل؟ : األساسي كله سيستفهم عنه أيضا، وسيتأثر دالليا من جراء هذه العملية مثل

انين بعد المائة وأدواتـه ويقع في الصفحة الثم :اإلطار النظري لصيغة االستفهام التصوري *

تدخل األدوات االستفهامية التي تصوغ التركيـب ": " الوعر"يقول ...) متى، كيف، ماذا، أين (

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االستفهامي التصوري في اللغة العربية على التركيب األساسي المثبت لتحولـه إلـى تركيـب

فهامي التصوري مشتق مـن استفهامي تصوري، إن القواعد التوليدية المركبية للتركيب االست

.اإلطار النظري المشتق من قبل

)181الصفحة (من ضرب زيد؟: التركيب الفعلي-

)182الصفحة(أين أمــي؟: التركيب الكوني-

)183الصفحة (من جاء؟: التركيب االسمي ذو الخبر الفعلي-

من في حمص؟: السمي ذو الخبر الكوني التركيب ا-

:تقع في الصفحة الخامسة والثمانين بعد المائة وفيها: حركة االستفهام التحويلية في التراكيب*

. حركة االستفهام التحويلية في التراكيب الفعلية-

).187ص .( ار الفعلية حركة االستفهام التحويلية في التراكيب االسمية ذوات األخب-

).195ص.( حركة االستفهام التحويلية في التراكيب االسمية ذوات األخبار الكونية-

.201وتقع في الصفحة: الضوابط النحوية والداللية لصيغة التراكيب االستفهامية التصورية*

:تظهر اللغة العربية صيغتين استفهاميتين اثنتين: خالصة*

. صيغة االستفهام التصديقــــي- أ

. صيغة االستفهام التصـــوري-ب

من الناحية النحوية هاتين الصيغتين عرضة لتحوالت مختلفة تنتج بدورها دالالت متنوعة، أما من

يولدان دالالت محددة، الناحية الداللية فإن هاتين الصيغتين تشتركان بالوجوه الداللية نفسها، أي أنهما

.ودالالت عامة

هذه الدالالت النحوية والداللية في هاتين الصيغتين االستفهاميتين يجب أن تضبط، وذلك من أجل توليد

وهو ما ورد في الصفحة الثامنة عشرة بعد المائتين. تراكيب نحوية صحيـــحة

:الفصل الخامــس

في الصفحة التاسعة عشرة بعد المائتين، وفي هذا الفصل عرض يقع الفصل:المضامين النظرية*

إلى مقارنة المضامين النظرية للمفاهيم التركيبية من جهة، والمفاهيم التركيبية العالمية " مازن الوعر"

أي مقارنة ومطابقة النظرية العربية اللسانية التراكيب مع القواعد التوليدية . من جهة أخـرى

.ة، وذلك من الصفحة الواحدة والعشرين بعد المائة إلى الصفحة التاسعة والعشرين بعد المائتينالتحويلي

اهللا –بحثه بعبارة " مازن الوعر"تقع في الصفحة الخمسين بعد المائتين، وختم الدكتور : نتيجة البحث*

-أعلــم

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قابله بالعربية، من الصفحة الواحدة المصطلح اللساني اإلنجليزي وم" ثم أتبع الدراسة بملحق بعنوان

وتليه المراجع العربية التي تقع في . إلى الصفحة الواحدة والسبعين بعد المائتيننوالخمسين بعد المائتي

الصفحة الثالثة والسبعين بعد المائتين، ثم المراجع باألجنبية في الصفحة الخامسة والسبعين بعد

وبعدها رقـم اإليـداع د المائتين،ـي الصفحة الواحدة والثمانين بعالمائتين، ثم فهرس الموضوعات ف

.خــدد النســة وعـ وينتهي الكتاب بالمطبع،1040/12/1986-القانــوني

: القيمة العلمية واللسانية للكتاب من خالل المحتوى-3

-"جورج تـاون "ة أصل الكتاب رسالة باإلنجليزية، نال بها المؤلف درجة الدكتوراه من جامع -1

وقد أدخلت علـى الرسـالة . 1983 صيف عام – بالواليات المتحدة األمريكية -قسم اللسانيات

.تعديالت إلخراجها في كتاب

والكتاب في حقيقته العلمية إنما يؤسس لنظرية عربية جديدة وفق المنظور اللـساني الحـديث،

.لة تخضع لها جميع اللغاتالذي يسعى جاهدا إلى إيجاد نظرية لغوية متكام

في - في حدود اطالعي -إن هذا المؤلف يكتسي أهمية بالغة، باعتبار أنه خطوة رائدة وسباقة -2

طرح جديد يعرض لنا تعليمية اللغة العربية بشكل مبسط وممنهج وفـق النظريـة التوليديـة

.التحويلية، وفي حدود النحو العربي بما أقره علماء العرب

ن طريقة الترسيمات التشجيري في طريقة رائعة وفعالة وأكثر علمية، كما أنها تسهل عمليـة إ -3

االستيعاب لدى التالميذ خاصة، وبالتالي فهم القواعد النحوية التي طالما عجزوا عن إدراكهـا

.وفق القاعدة والمثال، فالترسيمات تختصر الكثير من الكالم

: نقـــــد وتقييم-4

1- هذه المحاولة مع كل ما لها، يؤخذ عليها أنها ال تستوفي كل الظـاهرة اللغويـة العربيـة، إن

.وتحتاج إلى تطويع أكثر، وإلمام أكبر، وتطوير أفضل للوصول إلى عملية التعليم والتعلم

د على مغني اللبيب البن هشام األنصاري، وهو كتاب تعرض للنق " مازن الوعر "اعتمد الدكتور -2

والتمحيص والتخطيء في بعض المسائل، كما أنه لم يعتمد أصول النحـو العربـي ككتـاب

.سيبويه، ومن اتسمت مؤلفاتهم بالمنطق اللغوي السليم القريب من المنطق الرياضي

التوليد والتحويل عنـد "، النحو العربي في هذه الدراسة لمنطق "مازن الوعر "أخضع الدكتور -3

فهو علـى مـا ".عبد القاهر الجرجانــــي " وهو موجود بحذافره عند اإلمام " تشومسكي"

يبدو متأثر إلى حد بعيد بأستاذه نعوم تشومسكي وبالمقابل يبدو اطالعه على التراث العربـي

. غير كاف للجزم بأحكام لسانية جوهرية

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