LUNDI 4 NOVEMBRE 2013 – 20H Remember...

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LUNDI 4 NOVEMBRE 2013 – 20H Remember Shakti John McLaughlin, guitare Zakir Hussain, tablas Shankar Mahadevan, chant Shrinivas Uppalapu, mandoline Selvaganesh Viniyakram, kanjira, ghatam, mridangam Fin du concert vers 21h30. Les partenaires média de la Salle Pleyel

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LUNDI 4 NOVEMBRE 2013 – 20H

Remember Shakti

John McLaughlin, guitareZakir Hussain, tablasShankar Mahadevan, chantShrinivas Uppalapu, mandolineSelvaganesh Viniyakram, kanjira, ghatam, mridangam

Fin du concert vers 21h30.

Les partenaires média de la Salle Pleyel

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Remember Shakti

Traverser l’Hellespont qui sépare l’urgence vagabonde du jazz des fantasmes tantriques de la musique indienne. Chercher une autre temporalité, d’autres émotions nichées entre ciel et terre, tout en délimitant un nouvel espace musical où les sensations seraient mises à l’épreuve d’une transformation nouvelle. Voilà le sens des pérégrinations que dévoilent les tableaux sonores du groupe Remember Shakti. La légendaire formation réunissant le guitariste anglais et pionnier du jazz-rock John McLaughlin, le surdoué des tablas Zakir Hussain, Shrinivas Uppalapu à la mandoline, Shankar Mahadevan au chant et Selvaganesh Viniyakram (kanjira, ghatam, mridangam) a toujours vu sa combinaison flamboyante d’éléments jazz et de musique traditionnelle indienne comme « une douce invitation à une rêverie sonore intemporelle », selon les termes pleins de poésie de son leader à la retenue toute britannique.

Souffle d’une folle élégance, la musique de Remember Shakti est une harmonieuse cartographie de l’imaginaire humain où se révèlent autant de trésors inconnus que de présences cachées. Les deux premiers albums de ce groupe « réincarné » (Remember Shakti, paru en 1999, et l’indispensable disque live The Believer, publié un an plus tard) témoignent d’un singulier miracle : la guitare aérienne – presque hantée – de McLaughlin, le lyrisme tout en retenue de la mandoline électrique et les imprécations hypnotiques, voire hallucinogènes, que distillent les tablas de Zakir Hussain sont autant de panoplies d’émotions (l’excitation, la sensualité, la douceur…) conduisant au « mantra suprême » : celui qui libère les corps pour mieux les unir avec nos esprits enclavés. Faut-il y voir une porte d’entrée pour le Nirvana ? Ou la démonstration magique et irréelle que le monde de Remember Shakti est l’épicentre de toute création divine (n’oublions pas que « shakti » veut dire intelligence créatrice, puissance ou Mère divine en sanskrit) ?

Difficile de rêver plus bel appel du large… Pourtant rien ne semblait gagné d’avance lorsqu’au milieu des années 70, John McLaughlin choqua ses fans et les bien-pensantes élites culturelles occidentales en délaissant sa sensibilité électrique et ses jeux de guitare pyrotechniques pour créer Shakti : un groupe entièrement acoustique né sur les cendres du Mahavishnu Orchestra et fusionnant avec délicatesse les improvisations aériennes héritées des jazzmen du Bebop avec le polymorphisme rythmique et la spiritualité multidimensionnelle des musiques du sous-continent indien. Une démarche à contrecourant de son parcours artistique – mais beaucoup plus en adéquation avec ses propres questionnements philosophiques.

Si la carrière météorite de Shakti (entre 1974 et 1978) n’a jamais engendré des ventes de disques vertigineuses, elle aura néanmoins sonné le point de départ d’une formidable ouverture des consciences, réduisant les distances – géographiques, spirituelles, artistiques – entre pop culture occidentale et mysticisme oriental grâce à une série de concerts restés dans les mémoires et une poignée d’albums (Shakti, A Handful Of Beauty et Natural Elements) aussi séminaux que visionnaires, captant pour la première fois l’essence même de ce que l’on appelle aujourd’hui « world music ».

Près de quarante ans après avoir scellé leur indéfectible amitié en 1972 (les deux maestros étudiaient alors la musique indienne et les tablas sous la direction du maître Ramanathan au Wesleyan College, dans le Connecticut), et malgré ces vingt longues années de silence ayant suivi la dissolution de la mouture originelle de Shakti, John McLaughlin et Zakir Hussain ont conservé intacte cette ferveur mystérieuse qui les lie et irrigue en profondeur la musique de Remember Shakti. Passée maître dans l’art de la réincarnation volubile, elle continue aujourd’hui de creuser un sillon unique, réinventant son propre langage, ajoutant à la beauté de ses jardins harmoniques suspendus une subtile et bienveillante modernité – due aux présences conjuguées de programmations discrètes et de boucles de guitares électriques aux vertus méditatives. Entre virtuosité et alchimie, passé et présent, Orient et Occident, Remember Shakti trace une ligne de démarcation entre le monde figé des genres musicaux et l’horizon infini qu’offre la transmutation spirituelle ; soit la définition magnifiée d’une humanité à la recherche de sa part de sacré. Peut-on rêver plus bel espoir d’avenir ?

Ivan Essindi