"Transformation" et contre-insurrection. Implications capacitaires pour les forces terrestres...

8/7/2019 "Transformation" et contre-insurrection. Implications capacitaires pour les forces terrestres occidentales

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Transformation et contre-insurrection

Implications capacitaires

pour les forces terrestres occidentales______________________________________________________________________

Anne-Henry de Russ

Mai 2009

FFooccuuss ssttrraattggiiqquuee nn 1166

Laboratoirede Recherchesur la Dfense


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LIfri est, en France, le principal centre indpendant de recherche,dinformation et de dbat sur les grandes questions internationales. Cr en1979 par Thierry de Montbrial, lIfri est une association reconnue dutilitpublique (loi de 1901).Il nest soumis aucune tutelle administrative, dfinit librement ses activits etpublie rgulirement ses travaux.

LIfri associe, au travers de ses tudes et de ses dbats, dans une dmarcheinterdisciplinaire, dcideurs politiques et experts lchelle internationale.Avec son antenne de Bruxelles (Ifri-Bruxelles), lIfri simpose comme un desrares think tanksfranais se positionner au cur mme du dbat europen.

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Focus Stratgique

Les questions de scurit exigent dsormais une approcheintgre, qui prenne en compte la fois les aspects rgionaux et globaux,les dynamiques technologiques et militaires mais aussi mdiatiques ethumaines, ou encore la dimension nouvelle acquise par le terrorisme ou lastabilisation post-conflit. Dans cette perspective, le Centre des tudes descurit se propose, par la collection Focus stratgique , dclairer par

des perspectives renouveles toutes les problmatiques actuelles de lascurit.

Associant les chercheurs du centre des tudes de scurit de lIfri etdes experts extrieurs, Focus stratgique fait alterner travauxgnralistes et analyses plus spcialises, ralises en particulier parlquipe du Laboratoire de Recherche sur la Dfense (LRD).

Lauteur

Officier suprieur de larme de Terre, le Chef de Bataillon Anne-Henryde Russ est dtach comme chercheur au sein du Laboratoire deRecherche sur la Dfense (LRD). Diplm de lEcole spciale militaire deSaint-Cyr et du Collge interarmes de dfense (CID), il est en outretitulaire dun Master of Arts en European Policy Studies (London SouthBank University). Il suit plus particulirement les politiques de dfensefranaise et amricaine, ainsi que les interventions militairescontemporaines.

Le comit de rdaction

Rdacteur en chef : Etienne de DurandRdacteur en chef adjoint : Corentin Brustlein

Assistante ddition : Maryse Penny


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Sommaire

Introduction ______________________________________________ 5

Les limites du dbat actuel _________________________________ 7

Les apories de la Transformation ___________________ 7Les apories du modle smithien ________________ 14

Une approche mdiane ____________________________________ 21

Les matriels en stabilisation ______________________ 21Adapter les structures de forces ___________________ 33

Conclusion ______________________________________________ 39

Rfrences ______________________________________________ 45


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Introduction

es guerres que les armes occidentales auront mener dans les quinzeprochaines annes pourraient bien tre semblables aux oprations en

cours en Irak et en Afghanistan et confirmer a contrario le caractreexceptionnel des guerres menes contre lIrak en 1991 et 2003. Le Livreblanc sur la Dfense et la Scurit nationale adopte sur ce point uneposition claire : les missions de stabilisation constitueront sans doute lun

des cadres demploi privilgis de nos forces armes dans les annes venir []. Ladaptation de nos forces aux nouvelles caractristiques de cetype dopration, leur doctrine, leur entranement et leur quipementdoivent donc recevoir une attention particulire 1. Longtemps limit laseule phase des combats et au seul engagement militaire, lemploi desforces armes sinscrit aujourdhui dans ce quil est convenu dappeler le continuum intervention, stabilisation, normalisation 2.

Lide dun continuum entre oprations de guerre et oprations destabilisation traduit une volution considrable des conflits et des missionsdes forces armes. Le retour de la guerre non-conventionnelle en Irak et en

Afghanistan souligne en effet linadquation du distinguo entre guerre etmaintien de la paix et leffacement sur le terrain des frontires entre descatgories en ralit plus juridiques que stratgiques3.

Dans ce nouveau contexte dengagement, dans lequel les forcesterrestres sont particulirement sollicites4, on doit sinterroger sur la naturedes quipements permettant aux forces occidentales dassurer leurmission. Btir un modle capacitaire intellectuellement voire culturellementconfortable, qui vise une parit technologique et industrielle face unadversaire structurellement semblable, ne suffit plus. Organiser nos forcesterrestres selon une logique demploi, en fonction des contraintesoprationnelles actuelles, constitue dornavant un dfi majeur.

1Voir Dfense et Scurit nationale : le Livre Blanc, Paris, Odile Jacob, La

documentation franaise, 2008, p. 73.2

Voir Centre de Doctrine et dEmploi des Forces (CDEF), FT-01 Gagner la bataille,conduire la paix Les forces terrestres dans les conflits aujourdhui et demain,Paris, janvier 2007, p. 10.3

Voir Etienne de Durand, Les mtamorphoses de la guerre Lge desinterventions limites , Ramses 2009, Paris, Ifri-Dunod, 2008, p. 77.4

Larme de Terre fournit 80 % des effectifs militaires dploys en opration.Assemble Nationale, Compte rendu n 11 de la Commission de dfense de

lAssemble nationale , Audition du gnral Irastorza, chef dtat-major delarme de Terre, 15 octobre 2008, p. 6.

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A.H. de Russ / Transformation et COIN

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Les oprations de contre-gurilla visent en effet remporter unecomptition pour le soutien de la population civile, contrairement auxoprations de guerre conventionnelle qui ont pour finalit la destruction desforces ennemies. Or, face la suprmatie matrielle et technologique desarmes occidentales, les milices irakiennes ou les combattants talibansadoptent des postures asymtriques (stratgie de contournement, refus delaffrontement direct, terrorisme) qui expliquent les difficults rencontrespar larme amricaine en Irak et plus gnralement les limites de la rvolution dans les affaires militaires (RMA) et dune approche fondesur le tout technologique .

Pour autant, le retour dengagements durs face des gurillasde mieux en mieux quipes invite les forces terrestres renforcer laprotection, la puissance de feu et laromobilit, ainsi que la cohrenceoprationnelle des brigades de contact, que lexprience du maintien de lapaix des annes 1990 avait conduit oublier, voire ngliger. Les

projections de longue dure qui caractrisent les oprations de stabilisationimposent nos forces de disposer de matriels robustes et adapts laguerre au sein des populations .

Enfin, et pour ne pas faonner notre format capacitaireexclusivement partir des oprations militaires actuelles, il convient deconserver une polyvalence militaire ainsi quune posture de sauvegarde quipermettent une remonte en puissance de certaines capacitsconventionnelles.

Parce que les engagements militaires actuels, dans le cadre des

guerres irrgulires, sollicitent au premier chef les forces terrestres, etparce que la nature hautement technologique et sophistique des besoinscapacitaires des autres armes fait rarement dbat, la prsente analyse sefocalise sur les quipements et technologies plus particulirement lis auxengagements terrestres et aroterrestres, cest--dire qui seffectuent auprofit des troupes engages au sol.

Aprs avoir tent de dpasser les dbats entre les partisans de la Transformation militaire et les tenants du modle de guerre au seindes populations , il conviendra ici de sinterroger sur la ncessit deconcevoir un format capacitaire quilibr qui rponde aux besoins

dquipements actuels et permette de faire face la rsurgence dunemenace majeure.


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Les limites du dbat actuel

es dbats entre les partisans de la Transformation militaire et lestenants du modle de guerre au sein des populations , qui dominent

la littrature de dfense depuis maintenant plusieurs annes, semblentquelque peu rducteurs. Ces deux thses en opposition comportent enralit des limites et des insuffisances quil convient de dpasser si lonveut aboutir des structures de forces quilibres, cest dire adaptes

aux conflits asymtriques daujourdhui mais aptes rpondre demain des hypothses demploi plus classiques.

Les apories de la Transformation

Alors que la premire guerre du Golfe, lintervention de lOTAN au Kosovo,le renversement des talibans et linvasion de lIrak en 2003 semblaientavoir dmontr la supriorit technologique des armes occidentales, onne peut que constater que les certitudes nonces au cours des annes1990 par les tenants de la rvolution dans les affaires militaires ne sontplus de mise face aux postures asymtriques des combattants irrguliers.Les quipements de haute technologie qui ont fond le concept de

RMA semblent avoir trouv leurs limites tactiques et stratgiques dansles oprations de stabilisation en cours. Paralllement, le contextebudgtaire restreint et le cot lev des armements modernes psent demanire dcisive sur les appareils de dfense. Ils militent pour la mise enuvre de matriels robustes et prouvs, ce qui suppose une plus grandeslection dans lintgration des avances technologiques.

Gulliver chez les Lilliputiens : haute technologie et stabilisation

A compter de la fin des annes 1980, lincorporation des technologies delinformation a permis un accroissement considrable des capacits desarmes occidentales amricaines en particulier en termes dacquisition

dobjectifs et de frappes distance de haute prcision, tel point que denombreux experts ont parl de rvolution dans les affaires militaires (Revolution in Military Affairs, RMA) ou par la suite de Transformation.Forts de cette impressionnante avance technologique, les Etats-Unis neconnatraient pas de concurrent avant au moins 20205. Englobant desnotions trs varies telles que les oprations dites bases sur les effets (Effects Based Operations, EBO) ou rapides et dcisives (RapidDecisive Operation, RDO), la Transformation sest dveloppe grce auxavances des technologies de linformation et de la communication. Dansce modle fond sur la supriorit qualitative, le recueil du renseignement

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Voir Herbert R. McMaster, On War: Lessons to be Learned , Survival, vol. 50,n 1, Fvrier 2008, p. 20.

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permet danalyser ladversaire comme un systme afin den identifierles points vulnrables et de les attaquer simultanment, distance descurit, grce des frappes prcises et ractives. Pour les forcesterrestres, la supriorit dans le renseignement et la couverture offerte parles frappes de prcision devaient permettre de saffranchir du blindage etde lempreinte au sol . Leffondrement du systme adverse, produitbrusquement et faible cot humain, autoriserait une rsolution rapide dela crise et diminuerait dautant le prix politique dune intervention6.

Au niveau tactique et rebours du mythe de la technologie capablede percer le brouillard de la guerre 7, les conflits en Irak, au Liban et enAfghanistan montrent que les effets de sidration ( Shock and Awe )produits par le complexe de reconnaissance-frappe occidentalsestompent rapidement. Lennemi sadapte en utilisant un terrain quilconnat parfaitement et adopte des contre-mesures : dispersion,enfouissement, imbrication dans la population civile ( civilians by day,

terrorists by night ).

Le contrle despaces terrestres complexes o simbriquentinsurgs et non-combattants impose des actions de proximit physique,dans lesquelles seule la discrimination permet une contrainte efficace8.Dans de tels environnements, les limites du renseignement techniqueapparaissent clairement et obligent au recueil humain par lobservation et ledialogue. Les drones et satellites fournissent des images de prcisionmtrique, sans toujours parvenir distinguer linsurg taliban du bergerpachtoune.

La numrisation de lespace de bataille atteint galement certaineslimites. Le Blue Force Tracking (BFT) permet lidentification des amis entemps rel, et apporte incontestablement au chef interarmes une meilleureapprhension de la situation tactique. En revanche, il ne permet pas unsuivi automatique de la situation ennemie, plus difficile actualiser cartributaire de renseignements acqurir et dont le traitement etlinterprtation ne sauraient tre instantans9.

Au niveau politico-stratgique, les moyens de frappes distance,symbole de la Transformation, atteignent galement leurs limites dans lesoprations actuelles. Dans un schma de guerre contre-insurrectionnelle,

6Voir Philippe Coquet, Technologie et guerre Fin de la RMA et adaptation aux

conflits asymtriques , Ramses 2009, Paris, Ifri-Dunod, p. 88.7

Voir William A. Owens, Lifting the Fog of War, New York, Ed Offley, 2000.8

Voir Vincent Desportes, La guerre probable. Penser autrement, Paris,Economica, 2007, p. 93.9

Voir Hughes Delort-Laval, Homme et haute technologie dans les engagements

terrestres : vers un mariage de raison ? , Inflexions, octobre-dcembre 2006,p. 115.


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le renseignement humain seul peut permettre de dresser un organigrammede lencadrement de ladversaire afin de le dsarticuler10.

En outre, et en dpit dune prcision redoutable, les bombes

guidage laser ou GPS provoquent rgulirement des dommagescollatraux du fait dun renseignement incomplet ou de limbrication desinsurgs au sein de la population civile. En 2005, la Coalition a conduit 176missions dappui arien (Close Air Support, CAS) en Afghanistan. En 2007,ce sont 3 572 missions de ce type qui ont t menes 11. Les dommagescollatraux occasionns par les frappes de la Coalition rendentminemment difficile le ralliement de la population pourtant au cur desobjectifs poursuivis. Palliatifs tactiques parfois utiles, ces procdssemblent savrer stratgiquement inoprants et contre-productifs.

Parce que son efficacit se limite aux niveaux tactique et opratif de

laction militaire classique acclration des tempos et neutralisation desforces conventionnelles et du capital industriel la RMA rpond mal auxbesoins des oprations de stabilisation actuelles qui exigent un succspolitique au sol et, dans la dure, au sein des populations12.

Les insuffisances du rseau et de la protection active

La ncessit dengagements longs dans le rglement des crises enstabilisation implique de disposer dquipements robustes. En sus de cette rusticit , lattrition importante des quipements conscutive desengagements de longue dure milite galement pour des matrielsnombreux et moins coteux.

LeStryker : un bilan contest

Depuis les annes 1970, lUS Army tente didentifier les avancestechnologiques qui lui permettront dchapper autant que possible larbitrage entre dployabilit et capacit de combat. La puissance de feuinsuffisante et le manque de vhicules blinds des Rangers Mogadiscioen 1993, ainsi que les difficults de dploiement des Task forcesamricaines en Bosnie puis au Kosovo en 1999 conduisent lEtat-majoramricain innover en matire de structures de forces comme dematriels. Il sagit dintroduire un format intermdiaire entre les divisionslourdes ncessitant dimportants moyens de transport stratgique et un

long dlai d'engagement, et des divisions lgres manquant la fois depuissance de feu et de protection, afin dintervenir rapidement dans lescrises. En 1999, le gnral Shinseki propose un format mdian en lanantla brigade interarmes intermdiaire, lIBCT (Interim Brigade Combat Team)de plus de 3 000 hommes monts sur vhicules blinds roues Strykeretdevant pouvoir tre dploye sous 96 heures. Intgrant un escadron de

10Voir David Galula, Contre-insurrection : Thorie et pratique, Paris, Economica,

2008, pp. 174-178.11

Voir Nathaniel C. Fick & John A. Nagl, Counterinsurgency Field Manual:Afghanistan Edition , Foreign Policy, janvier/fvrier 2009,http://www.foreignpolicy.com/story/cms.php?story_id=4587.12

Voir Etienne de Durand, Quel format darme pour la France ? , Politiquetrangre, 4:2007, hiver, p. 731.


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reconnaissance de surveillance et dacquisition (RSTA squadron), lIBCTest largement oriente vers le combat distance adoss une suprioritinformationnelle. LIBCT vise deux grands objectifs : prparer la voie auxsystmes et aux formations futures de l Objective Force , plan demodernisation de lUS Army bas sur lintgration des nouvellestechnologies, et corriger les insuffisances en matire de dploiement rapideet de rversibilit des forces terrestres amricaines13.

En dpit dun accueil initialement favorable, le vhicule Stryker,lment central de cette architecture, fait aujourdhui lobjet dun dbat trsintense au sein de la communaut de dfense amricaine. Le retourdexprience des Stryker Brigade Combat Team (SBCT, nouvellednomination des IBCT) engages en Irak14 et bientt en Afghanistan,souligne certaines limites du Stryker, notamment en termes de protection etde puissance de feu. De nombreux officiers et experts font mme valoirque certaines versions de M 113, dont lArmypossde dimportants stocks,

seraient suprieurs au Strykeren termes de protection et de lgret. Pouroffrir une scurit contre les tirs de RPG 7 et les roquettes chargescreuses de plus en plus rpandues, la protection du Stryker a d treamliore grce un blindage supplmentaire et une cage mtallique(slat armor) cense faire exploser prmaturment les projectiles, avantquils natteignent le blindage proprement dit. Lalourdissement de plusieurstonnes et laugmentation de lencombrement occasionne par ce dispositifont pour consquence une diminution de la mobilit tactique et stratgiquedu vhicule, pourtant sa raison dtre initiale. Certains officiers amricainssoulignent par ailleurs la vulnrabilit du Stryker face aux ImprovisedExplosive Device(IEDou Engin explosif improvis, EEI)15.

Ces insuffisances du Strykeren matire de protection, de puissancede feu et de vulnrabilit de certains capteurs soulignent la relative fragilitdun modle de forces orient sur le combat distance de scurit et lasupriorit informationnelle.

La rvision dchirante du programme FCS

Dans la continuit de la monte en puissance des SBTC, le programmeFuture Combat Systems (FCS) de lUS Army a initialement lambition desaffranchir des blindages multicouches (protection passive) provoquant unalourdissement excessif, en privilgiant des systmes dits de protection

active APS (Active Protection System). Il sagit de crer une vritablebulle autour du vhicule protger en interceptant et en dtruisant lesmunitions assaillantes avant limpact. Cette tendance privilgier la

13Voir Etienne de Durand, Les Transformations de lUS Army, Etudes de lIFRI,

n 1, juillet 2003, pp. 46-47.14

Les oprations de lIBCT 1 du 2me

rgiment de la 3me

Brigade modulaire Mossoul ont donn lieu un RETEX sur lutilisation des Strykers : InitialImpression Report Operation in Mosul, Iraq , Center for Army Lessons Learned,21 dcembre 2004.15

Voir Robert H. Reid, Stryker Losses in Irak Raise Questions , USA Today,5 dcembre 2007, www.usatoday.com/news/world/iraq/2007-05-13-stryker-iraq_N.htm .


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protection active se traduit en France par le dmonstrateur Sharket surtouten Isral avec le systme Trophyquipant les chars Merkava16.

Or, si la protection active constitue une avance technologique

prometteuse, son systme explosif est susceptible dengendrer denombreux dgts collatraux sur les populations et les fantassins quientourent le vhicule. Il peut donc se rvler inadapt dans le contexte desguerres au sein des populations . Par ailleurs, cette technologie nestpas mme de faire face une saturation du systme par un nombreimportants de projectiles visant un mme vhicule. Le Hezbollah utilisedepuis longtemps cette tactique d attaque de saturation au Sud Liban,o la milice chiite a cre des units antichars spcialises mettant enuvre des missiles 9K111 Fagot (AT-4 Spigot en classification OTAN)17.Cet exemple illustre une fois de plus la capacit des gurillas contournerla supriorit technologique occidentale en utilisant des moyens peuonreux et relativement faciles mettre en uvre. A cela, il convient

dajouter que la dtermination des combattants adverses est parfois telleque ceux-ci nhsitent pas sapprocher moins de 70 mtres des blindspour ajuster le tir de leur RPG.

Ainsi, confronte aux limites de la protection active face lacapacit dadaptation des techno-gurillas , lUS Army a dciddaugmenter le blindage passif et donc le poids des vhicules duprogramme FCS, en passant dune masse de moins de 20 tonnes parvhicule presque 3018, offrant une protection bien suprieure celle desStrykers. Pour autant, les technologies ncessaires au dveloppement duFCS ne sont pas encore matrises et leurs cots explosent19. Les premiers

incrments (spin out) ne sont prvus qu compter de 201020

. Parce que lanumrisation (informational awareness), cense compenser le blindagepassif, nest pas toujours adapte aux oprations en cours en Irak et enAfghanistan et que le cot estim de 87 milliards de dollars pour la partievhicule du programme FCS devient prohibitif, le secrtaire la Dfense,Robert Gates, a dclar lors de la prsentation du budget 2010 que leprogramme FCS serait restructur de manire significative et recommandeen consquence labandon pur et simple de la composante vhicules duprogramme actuel21.

16Voir TTU, n 698, 24 dcembre 2008, p. 3.

17Voir TTU,n 695, 3 dcembre 2008, p. 3.

18Voir John Gordon, Transforming for What ? Challenges Facing Western

Militaries Today , Focus Stratgique,n 11, Ifri, novembre 2008, p. 18.19

LUS Army estime que le projet FCS devrait coter au total 162 milliards dedollars. Le Government Accountability Office(GAO), quant lui, porte le chiffre 200 milliards de dollars et certains organismes indpendants laissent entendre quele cot total pourrait atteindre 300 milliards de dollars. Entretien la Dlgationaux affaires stratgiques (DAS), Paris, mai 2009.20

Ibid.21

Confrence de presse de Robert Gates du 6 avril 2009. Voir Anthony H.Cordesman, The Obama Administration and US Strategy : The First 100 Days ,

Center for Strategic and international Studies (CSIS), Washington DC, avril 2009,pp. 13-14.


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mtres) permet de disposer dune capacit dappui feu instantane etcomplmentaire des moyens feux indirects fournis par le CAS oulartillerie25.

Paralllement cette tendance, on voit rapparatre danciensvhicules de combat dinfanterie (VCI), quil sagisse de M113 dans le Nahrel Bared ou lors de la bataille dAlasay en Kapisa en mars 2009, deYPR765 nerlandais la bataille de la Churah en Afghanistan, ou desFV 432 Trojan de la British Army Bassorah. Lemploi danciens VCIchenills de moins de 20 tonnes, largement revaloriss en sur-blindage etcages mtalliques, semble donc adapt aux oprations de contre-insurrection, en zone urbaine comme en zone rurale26.

Ainsi, rebours des promesses de la RMA, les enseignements dela guerre en Irak et en Afghanistan montrent que les Legacy systems

sont loin davoir franchi le seuil de lobsolescence. Ils prsentent parailleurs lavantage dtre disponibles trs rapidement et souvent trs bonmarch, considration non ngligeable au regard de lasphyxie financirequi menace les appareils militaires occidentaux, confronts lenvole descots des armements modernes et la contraction parallle des budgetsmilitaires.

Les cots levs de la technologie dans un contexte de crise

Le cot des armes occidentales de haute technologie devientproblmatique. Le prix dun Rafale est approximativement le double decelui du Mirage2000D, mis en service en 1993. Le prix du futur F-35 Joint

Strike Fighter(JSF) de lUS Air Forceest aujourdhui estim plus de 100millions de dollars lunit contre 35 millions de dollars prvus en 199527.Les armements terrestres ne sont pas en reste. Le Vhicule blind decombat dinfanterie (VBCI), dont les premiers exemplaires viennent dtreperus par le 35me Rgiment dInfanterie de Belfort, cote 4 millionsdeuros lunit soit au moins six fois plus que lAMX 10 P quil remplace28. Achaque gnration, linflation du cot des armements est dau moins 50 %.Le clbre thorme nonc dans les annes 1970 par NormanAugustine, ancien directeur de Lockheed-Martin, annonait dj que si lesmthodes du Pentagone et l'volution des cots ne changeaient pas, lebudget du Pentagone autour de 2050 ne pourrait permettre que lachat dun

25Voir Trevor Cadieu, Canadian Armour in Afghanistan , op. cit., p. 135.

Toutefois, si la rgion de Kandahar et les fonds de valles se prtent assezfacilement au dploiement de chars, il nen va pas toujours de mme pour lesnombreuses zones montagneuses et trs accidentes de lAfghanistan.26

Voir Pierre Santoni, AMX 10 PH valoris en action en zone urbaine Desexcellentes perspectives demploi court terme , Hracls, Centre de la Doctrineet de lEmploi des Forces, n 31, fvrier/mars 2009, p. 15.27

Voir John Gordon, Transforming for What ? , op. cit., p. 14.28

Voir Michel Goya, Dix millions de dollars le milicien La crise du modle

occidental de guerre limite de haute technologie , Politique trangre, Ifri,1:2007, p. 197.


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unique avion tactique. Celui-ci serait alors confi trois jours par semaine l'US Air Force, puis la Navy, enfin le septime jour au Marine Corps29.

Paralllement cette augmentation des cots, les budgets militaires

occidentaux sont en baisse relative depuis plus de 15 ans. Si les Etats-Unisconsacrent environ 4 % de leur PIB leffort de dfense, aucun payseuropen, lexception notable du Royaume-Uni, ne dpense plus de 2 %de son PIB pour ses besoins militaires30. Le vieillissement des populationseuropennes, le sentiment dinsularit stratgique conscutif labsencedennemi nos frontires depuis la fin de la guerre froide et le caractrelimit des interventions actuelles, dans lesquelles nos intrts vitaux nesont pas directement en jeu,ont naturellement report leffort financier despays europens vers dautres postes budgtaires. Il est craindre que lacrise financire dbute lautomne 2008 ne pse nouveau sur lesbudgets militaires.

Au vrai, les ruptures technologiques et notamment ledveloppement des technologies de linformation lorigine de la RMA ont un cot financier exorbitant pour des rsultats stratgiques et politiquesextrmement ingaux selon les contextes demploi. Pour autant, lesrecommandations des thoriciens de la guerre au sein des populations comportent, ellesaussi, des contradictions de fond.

Les apories du modle smithien

Les thses dveloppes par les thoriciens de la contre-insurrection ou de la guerre au sein des populations soulignent la ncessit de bnficier

deffectifs nombreux en vue dassurer un contrle du milieu considr raison comme primordial. Or, les ressources humaines des paysoccidentaux sont de plus en plus limites, pour des raisons dordredmographique et socital. Cette tendance la contraction des effectifs,lvolution du rapport aux pertes et le renforcement des capacits adversesfont de la protection du soldat un impratif tant politique quoprationnel.Les quipements, sil ne constituent pas lunique solution, rpondent aumoins en partie cet impratif.

War Amongst the People et contre-insurrection

Dans un livre qui fait maintenant rfrence, The Utility of Force31, Rupert

Smith dcrit la disparition du modle de guerre industrielle dans laquellelobtention des objectifs militaires mne directement la ralisation desobjectifs politiques. Aujourdhui, selon lauteur, une nouvelle forme deguerre lui a progressivement succd, la guerre au sein despopulations ( war amongst the people) dont lenjeu est ladhsion de lapopulation un projet politique. Les guerres au sein des populations sont

29Voir Les doutes de Norman Augustine , De Defensa, vol. 13, n 5, 10 octobre

1997, disponible sur http://www.dedefensa.org.30

Voir James Hackett (dir.), The Military Balance 2009, International Institute forStrategic Studies (IISS), Londres/New York, Routledge, 2008, p. 21.31

Voir Rupert Smith, Lutilit de la force. Lart de la guerre aujourdhui, Paris,Economica, 2007.


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longues, voire interminables, et le seul usage de la force militaire ne sauraitpermettre dy atteindre lobjectif stratgique. La victoire des armes conduitsimplement ltablissement des conditions qui, elles, permettrontpeut-tre le succs politico-stratgique32. Les quipements lourds - chars,avions, canons - et les tactiques dveloppes pour mener une guerreindustrielle savrent souvent contre-productifs dans cette forme de guerre,les actions violentes et mal cibles alinant rapidement la population. Lerenseignement humain apparat ds lors prioritaire dans ce typedengagement, tandis que les armes de coercition comme linfanterie, lesblinds, lartillerie ou laviation sont appeles voir leur rle diminuer33.Conus pour des conflits classiques, nos organisations, doctrines etquipements, seraient donc devenus caducs.

Les recommandations des thoriciens de la contre-insurrectionconvergent assez largement avec cette analyse. David Galula34 expliquenotamment que les oprations de contre-gurilla visent remporter une

comptition pour le soutien de la population civile, contrairement auxoprations de guerre conventionnelle, focalises sur la destruction delennemi. De cette caractristique fondamentale, il dduit des principespour une vritable stratgie de contre-insurrection tout en analysant lesproblmes tactiques que pose la mise en uvre de celle-ci. Pour gagner lesoutien de la population, le gouvernement loyaliste doit identifier la minoritfavorable et lorganiser de faon mobiliser la population contre la minoritinsurge. Il faut donc rallier politiquement la population, ce qui suppose toutdabord de la protger des insurgs, puis dorganiser idalement un partipolitique loyaliste 35. De fortes similitudes existent entre la situation queconnaissent les thtres actuels et celle quil dcrit propos des guerresde dcolonisation :le contrle et la protection de la population reprsententun enjeu majeur, de mme que le recueil et lanalyse du renseignement, laformation des forces locales de scurit et la reconstruction des structurespolitiques.

Aussi convaincante soit-elle, cette analyse demeure toutefoisancre dans une poque rvolue : la stratgie de contre-insurrectionexpose par Galula requiert une dtermination durable et unanime de lapart de la coalition ainsi quun nombre important de troupes quaucunearme occidentale nest en mesure de dployer aujourdhui.

32Voir Rupert Smith, Lutilit de la force, op. cit, pp. 260-261.

33Ibid.,p. 385.

34 Voir David Galula, Contre-insurrection, op. cit., David Galula a la particularit

davoir accumul une grande exprience des conflits rvolutionnaires dedcolonisation, en qualit dobservateur des Nations unies en Grce en 1949,comme officier dtach auprs de la mission militaire franaise dans la Chinemaoste des annes 50 ou en situation de commandement pendant la guerredAlgrie durant laquelle il russit parfaitement la pacification de son secteur enGrande Kabylie. En 1963, il publie Counterinsurgency Warfare : Theory andPracticeaux Etats-Unis, alors quil est chercheur associ luniversit de Harvard.Totalement ignor en France et tomb dans loubli depuis, le lieutenant-colonelGalula est remis lhonneur aujourdhui par le gnral amricain David Petraeus,

commandant en chef des forces amricaines au Moyen-Orient.35Ibid., p. 115.


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Des ressources humaines contraintes

Les dmocraties occidentales sont en effet confrontes un contextedmographique et socital de plus en plus contraint. Les formats rduitsdes armes modernes, la faiblesse des ressources humaines et

laccentuation de la sensibilit aux pertes et la guerre en Occidentconstituent autant de facteurs dimensionnants pour ladoption dun modlede forces.

Arme professionnelle effectifs limits

Larme de terre franaise est passe de 720 000 hommes en 1962 la finde la guerre dAlgrie 240 000 en 1996 au moment o fut initie laprofessionnalisation des armes. Ces effectifs slvent aujourdhui 130 000 hommes. A lhorizon 2015, lensemble des units oprationnellesde larme de terre franaise reprsentera 88 000 hommes36. Tandis queles effectifs de larme de terre britannique sont sensiblement les mmes

avec un peu plus de 100 000 hommes (hors infanterie de marine)37

, leseffectifs de lUS Army, professionnelle depuis 1973, ont pour leur partdiminu dun tiers de 1991 200138. Remarquons dailleurs que les forcesterrestres amricaines (US Army et Marine Corps) connaissentactuellement une croissance de leurs effectifs, qui sexplique par la placecentrale accorde aux oprations de stabilisation et de contre-insurrection39. La professionnalisation des armes occidentales, dont il nesagit pas de contester le bien-fond, a rendu le soldat rare et cher et nepermet plus de dployer, sur des thtres extrieurs, des forces atteignantle volume traditionnellement requis par des oprations de stabilisation oude pacification grande chelle. Si larme franaise a pu dployer la finde 1957 jusqu 415 000 hommes en Algrie40, grce notamment au

recours au contingent, les effectifs de la coalition en Afghanistan sontaujourdhui denviron 70 000 hommes dans le cadre de la FIAS (Forceinternationale dassistance et de scurit de lOTAN) et de loprationEnduring Freedom et devraient atteindre plus de 90 000 hommes (dont60 000 amricains) avec le renforcement de 21 000 GIs annonc par lePrsident Obama41.

Ce format darme professionnelle aux effectifs rduits tientgalement, par-del le cot, des facteurs fondamentaux de naturesociopolitique.

36Voir, Dfense et Scurit nationale : le Livre Blanc,op. cit., p. 224.

37Voir James Hackett (dir.), The Military Balance 2009, op. cit., p. 158.

38Voir John Gordon, Transforming for What ? , op. cit., p. 9.

39Les effectifs des forces terrestres amricaines (US Army et Marine Corps), sous

limpulsion du secrtaire la Dfense, Robert Gates, sont en constanteaugmentation depuis deux ans et devraient atteindre respectivement, cette anne,un volume total de 547 000 et 202 000 hommes. Entretien la DAS, Paris, mai2009.40

Voir Rupert Smith, Lutilit de la force, op. cit., p. 238.41 Entretien la DAS, Paris, mai 2009.


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Lre post-hroque et ses consquences

Quand on voque les questions militaires, on nglige souvent la dimensiondmographique. Alors qu la priode majeure de lexpansion colonialeentre 1830 et 1914, les puissances europennes affrontaient des socits

aux populations peu nombreuses, la situation sest aujourdhui inverse. En1900, lEurope et lAmrique du Nord reprsentaient 33 % de la populationmondiale. Cette proportion nest plus aujourdhui que de 15% et continuede diminuer au profit des continents asiatique et africain42. Les armesoccidentales sont donc de plus en plus confrontes des difficults derecrutement tant sur le plan quantitatif que qualitatif (raret du personnelqualifi, cot prohibitif). La capacit remplacer les troupes est limite.

Sur le plan sociologique, ce renversement dmographique, levieillissement de la population, lavnement aux affaires dune gnrationqui na pas connu la guerre, et enfin le caractre limit des enjeux des

conflits actuels contribuent susciter en Occident une assez fortesensibilit aux pertes humaines. Alors que la socit franaise avait accept tant bien que mal prs de 27 000 morts pendant la guerredAlgrie (soit environ dix par jour), chaque soldat franais tu aujourdhuien Afghanistan ou ailleurs suscite une motion considrable. Cettesensibilit des opinions publiques occidentales se trouve exacerbe par cequil convient dappeler la dimension politique et mdiatique des perteshumaines au combat. La sociologue Danile Hervieu-Lger considre ainsique le traitement politique et mdiatique de la mort des dix soldats danslembuscade dUzbin, en aot 2008, ont contribu une transformation deces morts au combat en fait-divers dramatique. En organisant undplacement sur les lieux de lembuscade pour les familles des soldats

tus, lEtat entrine une sorte de privatisation de ses morts aucombat 43. Quon le veuille ou non, cette approche post-hroque de laguerre semble aujourdhui simposer comme un lment de plus en plusdterminant de la posture stratgique des Etats occidentaux44. Lamdiatisation de la socit, qui conduit faire natre dans les opinionspubliques occidentales une exigence dinformation en temps rel, ainsi quelmergence parallle du caporal stratgique 45, renforcent cettesensibilit aux pertes.

42Voir Grard Chaliand, Le nouvel art de la guerre, Paris, Larchipel, 2008, p. 128.

43Danile Hervieu-Lger, entretien avec Jean-Dominique Merchet, On

dpossde les jeunes soldats tombs du sens de leur mort , 12 septembre 2008,www.secretdefense.blogs.liberation.fr/defense/2008/09/on-dpossde-les.html 44

Voir Edward N. Luttwak, Toward Post-Heroic Warfare , Foreign Affairs, vol.74, n 3, mai 1995.45

La notion de caporal stratgique dfinie la fin des annes 90 par lanciencommandant de lUS Marine Corps, le Gnral Charles Krulak, bouleverse lesfrontires entre les trois niveaux de la guerre (stratgique, opratif et tactique).Lavnement des nouveaux mdias (web2.0, site de vidos amateurs, etc.) donneen effet au soldat la capacit se transformer en journaliste et troubler la chanede commandement. Voir Thomas Rid, Les photos du caporal stratgique :

Comment les nouveaux mdias changent la guerre, Ifri, 2006. Disponible surhttp://www.ifri.org/files/Securite_defense/RID_caporal_strategique.pdf.


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En dpit du concept de rsilience mis en avant dans le Livre blanc46,la faible tolrance aux pertes des socits et pouvoirs politiquesoccidentaux semble constituer un horizon indpassable court et moyentermes, dautant plus problmatique que les oprations en Irak et enAfghanistan ont inaugur une phase plus dure des oprations destabilisation avec lapparition de gurillas particulirement bien quipes.

Durcissement des adversaires

Si le contournement de la supriorit technologique occidentale par lerecours des techniques asymtriques (terrorisme, instrumentalisation despopulations civiles, etc.) ne constitue pas une nouveaut, les moyensutiliss depuis quelques annes par des gurillas de mieux en mieuxquipes sont particulirement meurtriers. Fortes de relles capacitsfinancires et bnficiant de la prolifration darmements conventionnelsprovenant entre autres de la Rpublique Populaire de Chine et de lex-bloc

sovitique, elles disposent aussi dsormais darmements modernes -drones, missiles antichars, scanners lexemple du Hezbollah durant laguerre de lt 2006 au Liban47.

Les combattants irrguliers sadaptent ainsi trs rapidement au dfitechnologique que leur imposent les armes occidentales. Les milicessunnites et chiites en Irak sont progressivement passes matresses dansles techniques dlaboration des IED. De nombreuses munitions nonexploses (roquettes, bombes, obus, mines) sont en effet reconverties enIED ou roadside bomb, ncessitant en rponse un savoir-fairetechnique considrable. Il en existe de tous types selon la catgorie demunitions utilises, lobjectif vis et limagination des artificiers. Certains

IED sont particulirement perfectionns et peuvent tre dclenchs laidedun tlphone portable. Ces armes ont elles seules caus plus de 70 %des morts et blesss amricains depuis 2003, visant aussi bien les unitsde combat que les convois logistiques48. En Afghanistan, les IED ou VBIED(Vehicle-Borne IED) reprsentent la principale menace pour les soldats delAlliance49. Internet, enfin, constitue la fois un vritable systme decommunication pour des groupes dissmins sans vritable structurehirarchique intgre, une plate-forme de propagande mondialise et unebase de donnes techniques et militaires. A linstar des promoteurs etthoriciens du nuclaire franais, les gnraux Pierre-Marie Gallois etLucien Poirier, qui voquaient le pouvoir galisateur ou compensateur de latome, certains voquent dsormais un pouvoir

46Voir Dfense et Scurit nationale : le Livre Blanc, op. cit., p. 64.

47Entretien la DGA, Paris, dcembre 2008.

48Voir Tanguy Struye de Swielande, Ladaptation lasymtrie des moyens en

milieu urbain : un dfi technologique et socital continu in Tanguy Struye deSwielande (dir.), Les interventions militaires en zones urbaines : paradigmes,stratgies et enjeux, Bruxelles, Bruylant, 2008, p. 87.49

Le Department of Defense (DoD) a consacr plus de 4 milliards de dollarspendant lanne 2007 la lutte contre les IED (contre-mesures, vhicules,robots,). Entre 2004 et 2006, 5 milliards de dollars y avaient dj t consacrs.

Tom Shanker, Iraqi Bombers Thwart Efforts to Shield GIs , The New YorkTimes, 2 Juin 2007. www.nytimes.com/2007/06/02/washington/02military.html.


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galisateur du rseau50. La gnralisation de la tlphonie cellulaire permetaux combattants irrguliers de disposer dun rseau de communicationperformant, y compris dans les zones recules. Ainsi, lexclusion dessystmes de combat complexes de trs haute technologie avions decombat, plates-formes navales, armement nuclaire la technologiemilitaire moderne est connue et employe par ces combattants irrguliers51.

De mieux en mieux quipes et de plus en plus comptentes, ces techno-gurillas infligent des pertes aux contingents occidentaux.Depuis 2003, 4 306 soldats amricains et 179 britanniques sont morts enIrak. En Afghanistan, ce sont, ce jour, 685 amricains, 162 britanniques,119 canadiens, 27 allemands et 26 franais qui ont t tus52. Depuis lesconflits de dcolonisation et la guerre du Vietnam, ces statistiques restenttotalement indites53. Si larme franaise mne des oprations destabilisation en Afrique et dans les Balkans depuis fort longtemps,lembuscade dUzbin, du 18 aot 2008, est l pour rappeler la dangerosit

du combat de contre-gurilla. Derrire des expressions comme aide auretour la paix, stabilisation ou normalisation, se cachent dsormais devritables actions de guerre.

A rebours de ce que dclarent aussi bien les partisans de la RMAque les thoriciens de la guerre au sein des populations , les oprationsde stabilisation actuelles montrent que les quipements hrits de la guerrefroide se rvlent finalement assez bien adapts aux missions, grce leurrversibilit qui autorise les forces terrestres mener, dans leur zonedaction et quelques jours dintervalle, des oprations de combat, etdinterposition entre des factions rivales, du contrle de foules, ou encore

des actions humanitaires54

. De la mme faon, il serait hasardeux de solderlintgralit des gains technologiques issus de la RMA : au contraire, uneapproche mdiane qui sapproprie certaines des innovationstechnologiques les plus utiles et versatiles et en fasse bnficier lesquipements, semble pouvoir rpondre tant aux exigences actuelles quauxbesoins futurs de nos forces.

50Voir Jean Coulloume-Labarthe, Nouvelles conflictualits et dfense moderne :

lapproche globale , Raisons politiques, vol. 32, no. 4, 2008, p. 104.51

Entretien la DGA, Paris, dcembre 2008.52

cnn.com/world. US and Coalition casualties,http://edition.cnn.com/SPECIALS/2003/iraq/forces/casualties53

Comme indiqu en supra, les pertes militaires franaises de la guerre dAlgriesont estimes environ 27 000 hommes et les pertes amricaines au Vietnam 58 000.54

Les Anglo-Saxons parlent du concept de Three Block War , conceptdvelopp par le gnral amricain Charles Krulak pour dcrire la complexit duspectre oprationnel de la guerre en zone urbanise, quil dcoupe en trois phases

dintensit (basse/moyenne/haute). Voir Charles Krulak, The Strategic Corporal :the Leadership in the Three Block War , Marines Magazine, janvier 1999.


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Une approche mdiane

l convient donc de dpasser les apories de la RMA et du modle deguerre au sein des populations en privilgiant une approche mdiane qui

rponde aux besoins dquipements actuels et permette de faire face larsurgence dune menace majeure. Cette approche doit sapprhender lafois sous langle des quipements et de la rorganisation actuelle et venirdes forces terrestres.

Les matriels en stabilisation

Les limites du dbat actuel opposant, pour schmatiser, les dfenseurs dumodle smithien aux partisans de la Transformation, militent pour laprojection systmatique de moyens de protection, de capacits de feux, demobilit tactique et daromobilit, tout en conservant le meilleur delinformation warfare. Vu sous le seul angle tactique, les enseignementsdes conflits de dcolonisation illustrent dailleurs la ncessairecomplmentarit entre forces lourdes et forces lgres.

Lutilisation des blinds en Indochine et en Algrie

Beaucoup dexperts de la contre-insurrection soulignent juste titre que cetype de guerre ncessite des troupes dinfanterie lgre55. Lutilisationmassive des bataillons parachutistes est largement connue et retracedans lhistoriographie de la guerre dIndochine et de la guerre dAlgrie. Enrevanche, lutilisation de moyens plus lourds, tels que les blinds, restelargement ignore, alors mme que les oprations actuelles nous renvoientde plus en plus aux enseignements tirs de ces conflits56.

En Cochinchine en 1949, pour combattre dans les marcages de laplaine des Joncs, inaccessible aux blinds, de jeunes officiers du REC

(Rgiment tranger de cavalerie) ont lide de crer des groupementsamphibies composs de deux escadrons de 25 Crabes, engin amphibiechenill et sans blindage, dot dune mitrailleuse et parfois dun mortier de60mm. Etendus aux deltas de lAnnam et du Tonkin en 1952, ces sous-groupements amphibies furent dots de blindage et darmes dappui. Ilstaient constitus dun escadron Crabes, dun escadron port et dunescadron de 8 Alligators, un engin blind amphibie chenilles disposant

55Voir David Galula, Contre-insurrection, op. cit., p. 139.

56On notera nanmoins que la nouvelle doctrine de contre-rbellion de larme de

terre aborde ce point mconnu. Voir CDEF, Doctrine de contre rbellion, Paris, janvier 2009, p. 56. Galula, sil milite pour lutilisation de troupe dinfanteries

lgres, voque galement lutilisation de moyens de reconnaissance blind. VoirGalula, Contre-insurrection, op. cit., p. 139.

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dune grande puissance de feu57. Il fut constitu au total deux groupementsamphibies qui travaillrent en liaison troite avec les groupements mobilesdinfanterie et les units parachutistes. En saffranchissant des routes, ilsparticiprent activement la destruction dlments de la gurilla VietMinh58. Paralllement, le gnral de Lattre met en place en 1951, auTonkin, les Groupements mobiles composs de trois bataillons dinfanteriemotoriss ou mcaniss et dun groupe dartillerie. Pendant la dfense dudelta du Tonkin, leur mission consistait procder au ratissage des zonesthoriquement contrles par les forces territoriales franaises et effectuer des raids dans la profondeur sur les communications Viet Minh59.

Pendant la guerre dAlgrie, les annes 1958-59 souvrent parlintroduction de nouveaux modes dactions tactiques franais. Lescommandos parachutistes puis les commandos de chasse , mis enplace par le gnral Challe en dcembre 1958, visent renseigner, voiredtruire les katybas dans les zones refuges avec laide dunits lgres

dintervention souvent hliportes. Ces innovations obtiennent deremarquables succs tactiques : en menant sur le terrain de ladversaireune contre-gurilla permanente, le rebelle, constamment plac enambiance dinscurit, perd rapidement la libert daction indispensable sa survie 60. Pour autant, les moyens lourds et les grandes unitsretrouvent leur valeur dans lentreprise de scurisation du territoire et desduction dune population sdentaire, dans la mesure o elle se sentprotge61. Ainsi, le plan Challe combine-t-il commandos de chasse,appuys par lartillerie et laviation (T6 et Corsairs), units en rservedintervention et units blindes pour le cloisonnement des zones et lascurit des axes62.

Si le contexte actuel diffre sans doute profondment, au planpolitique, des conflits de dcolonisation, certains attributs tactiques commela puissance de feu ou la mobilit demeurent toujours indispensables, voiresavrent plus importants encore aujourdhui. Il en va ainsi de la protection.

Limpratif de la protection

La protection des combattants sest en effet impose comme un impratifcatgorique, qui procde dune logique politique et conditionne le niveauoprationnel. Cette proccupation permanente a une influence directe surles choix stratgiques. Le Livre blanc prsente dailleurs cette fonction

comme tant non seulement un impratif humain, mais aussi une

572 mitrailleuses 12.7 et 2 mitrailleuses 7.62.

58Voir Alain Bizard, Adaptation de larme blinde la guerre dIndochine in

Centre dEtudes dHistoire de la Dfense (CEHD) (dir.), Larme franaise dans laguerre dIndochine, Bruxelles, Editions Complexe, 2000, p. 257-258.59

Voir Douglas Porch, French Imperial Warfare 1945-1962 , inDaniel Marstonet Malkasian Carter (dir.), Counterinsurgency in Modern Warfare,Oxford, Ospreypublishing, 2008, p. 96.60

Commandement en chef des forces franaises en Algrie, les commandos dechasse dans la contre-gurilla , EMI, 3

mebureau, section oprations, juillet 1959.

61Voir David Galula, Contre-insurrection, op. cit., p. 124.

62

Voir Douglas Porch, , French Imperial Warfare 1945-1962 , inDaniel Marstonet Malkasian Carter (dir.), op. cit., p. 105.


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ncessit stratgique, pour prserver ladhsion, et tactique, pour assurerle succs , et insiste sur linvestissement dans des matriels dont laprotection a t renforce, notamment en ce qui concerne les vhiculesterrestres et les hlicoptres 63.

Lefficacit des combattants requiert un certain nombre de matrielsperformants : il apparat moins ncessaire de disposer des systmestechnologiques les plus avancs, que dengins ariens et terrestressuffisamment nombreux et simples mettre en uvre.

Equipement individuel et MRAPs

Ds la fin de la campagne anglo-amricaine de mars-avril 2003 qui voit ladroute de larme irakienne et la chute de Bagdad, la priode destabilisation fait apparatre chez les troupes amricaines des lacunesconsquentes en matire de protection balistique et individuelle. A la

diffrence des Marines et des forces de contact de lUS Army, les units desoutien et celles de la National Guard et de la rserve ne sont pasquipes dun gilet pare-balles adquat64. Or, la notion de front et doncdarrire perd son sens dans les phases de stabilisation, au coursdesquelles les units logistiques deviennent souvent la cible privilgie desembuscades et autres attaques par IED. Il faut attendre octobre 2003 pourque le Pentagone commande des gilets Interceptor destination de toutesles troupes engages en Irak65. Nanmoins, le problme nest pas rsolude manire durable : un rapport davril 2005 publi par le GovernmentAccountability Office (GAO)66 met en avant les problmes de disponibilitde certains quipements, notamment en matire de protection balistique67.De mme, au moment du Surge, en 2007, le problme est nouveau

soulev suite laugmentation des effectifs. Lintensit des engagements adonc conduit une gnralisation de ces matriels.

De la mme faon, lquipement individuel des forces franaises enAfghanistan a fait un bond qualitatif important depuis juillet 2008 aveclengagement dun bataillon en Kapisa. Lensemble des units de combatest dsormais dot de gilets pare-balles de nouvelle gnration offrant unemeilleure protection et plus ergonomiques que les gilets pare-clatsencombrants adopts dans les annes 1990. La nouvelle version ducasque du fantassin franais est dsormais compatible avec lesquipements de vision nocturne. Enfin, des masques de protection

UV/balistique, des genouillres, coudires et gants de combat protgent lestroupes sur le thtre68. La protection anti-balistique devient ainsi un

63Voir Dfense et Scurit nationale : le Livre Blanc, op. cit., p. 202.

64Association of the United States Army, All Deployed Soldiers Should Have

Body Armor by November , 21 octobre 2003, www.factcheck.org/article438.html.65

Association of the United States Army, Army Speeds Body Armor Buys ,9 octobre 2003, http://www.factcheck.org/article438.html.66

Equivalent amricain de la Cour des Comptes.67

United Sates Government Accountability Office, Report to CongressionalCommittees, Defense Logistics: Actions Needed to Improve the Availability ofCritical Items during Current and Future Operations, Washigton, GPO, Avril 2005,

www.gao.gov/new.items/d05275.pdf .68 Etat-major des armes (EMA), voir


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impratif oprationnel car elle renforce la confiance du soldat dans sonquipement et par consquent son moral.

Face la menace des mines et des IED, qui reprsentent eux

seuls plus de la moiti des pertes en Irak comme en Afghanistan69

, lesarmes occidentales se sont trs rapidement retrouves dmunies. Lesparcs de vhicules blinds lgers se sont avrs vulnrables des chargesexplosives toujours plus puissantes70. La solution du sur-blindage desvhicules existants ne stant pas rvle satisfaisante (rduction de lamobilit et tenue de route dgrade), lEtat-major amricain a lanc, ds2004, plusieurs programmes de vhicules usages multiples ou de typeMRAP (Mine Resistant Ambush Protected), capables de rsister laplupart des IED71. Le besoin immdiat pour les forces terrestresamricaines en Afghanistan serait de 3 300 vhicules en plus des quelque1 800 MRAP dj prsents sur le thtre (contre prs de 10 000 en Irak).Pour linstant, lUS Army y envoie, depuis lIrak, des MRAP,

essentiellement des RG 31 et des Cougar, afin de satisfaire le besoin72.Dans son discours du 6 avril prsentant llaboration du budget de ladfense 2010, Robert Gates a exig lacclration du programme delivraison de vhicules MRAP adapts au thtre afghan73.

De son ct, le Ministry of Defence(MoD) britannique a command100 Vhicules blinds haute mobilit (VBHM) Broncopour remplacer sesVhicules haute mobilit (VHM) Viking. Les Broncooffrent une charge utileplus importante, acceptant ainsi davantage de blindage et dquipements etrsistant mieux aux explosifs. Ces remplacements sinscrivent dans unvaste plan de renouvellement du parc de 600 blinds britanniques pour une

somme de 500 millions de livres sterling et font suite la perte dunedouzaine de pilotes de Vikingdes Royal Marinesfrapps par des mines et

www.defense.gouv.fr/ema/operations_exterieures/afghanistan/breves/14_10_08_afghanistan_l_adaptation_des_equipements_au_durcissement_des_engagements.69

Actuellement les IED sont la cause de 75% des pertes occidentales enAfghanistan et la menace ne cesse de saccrotre avec 3 276 IED rpertoris en

2008, soit une augmentation de 45% par rapport 2007. Entretien lEMA, Paris,mars 2009.70

Voir Struye de Swielande, Ladaptation lasymtrie des moyens , op cit.,pp. 89-90.71

Le plus emblmatique et le plus rpandu est le RG 31, un vhicule 4x4 de laclasse des 8 tonnes conu pour offrir une haute rsistance aux mines grce sacoque en V . Prvu pour accueillir 10 soldats, il peut tre quip dune tourelletlopre, qui permet au servant de la mitrailleuse de bord de tirer en demeurantprotg. Il est engag depuis plusieurs annes en Afghanistan par de nombreuxpays de la coalition. Entretien lEMA, Paris, avril 2009.72

Entretien lEMA, Paris, avril 2009.73

Programme MRAP-All Terrain Vehicle (M-ATV) visant intgrer des moyensC4ISR et offrant davantage de mobilit tactique. Le DoD a investi 25 milliards de

dollars dans le programme MRAP. Voir Cordesman, The ObamaAdministration , op. cit., p. 14.


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des IED dans la province afghane du Helmand. Environ 500 autres MRAPdevraient galement tre commands par larme britannique74.

Ainsi, la plupart des armes occidentales prsentes sur les thtres

irakien et afghan consentent-elles un effort sur le blindage des vhicules.Bien que remis en cause par certains officiers suprieurs au Pentagone75,notamment du fait de son cot, de sa surconsommation en carburant et deson manque de mobilit tactique, le MRAP semble nanmoins devenuincontournable sur les thtres actuels. Des statistiques rcentes semblentprouver son succs : sur plus de 300 attaques subies par ces vhiculesdans la province dAnbar en Irak entre janvier 2006 et avril 2007, aucunMarinena perdu la vie76.

Si le Vhicule de lavant blind (VAB), utilis en opration depuisplus de 20 ans par larme franaise, fait encore preuve de sa trs bonne

rsistance aux mines et de son excellente mobilit tactique dans desterrains compartiments, la ncessit de renforcer la protection des soldatsfranais semble simposer et lengagement du bataillon en Afghanistandans la valle de la Kapisa en juillet 2008, comme les enseignementsdUzbin, ont acclr ce mouvement. Ainsi, lEtat-major de larme deTerre a dj achet cinq vhicules de dminage blind Buffalo lUSArmy77 et a recommand en dcembre 2008 lachat dune vingtaine deMRAP78. En outre, les rcents combats en Afghanistan ont montrcertaines faiblesses du VAB dont les servants darmes ne peuvent tirer delintrieur, labri du blindage. Cette lacune est sur le point dtre combleavec la livraison fin janvier Kaboul des premiers VAB TOP (quips detourelleaux tl-oprs) qui offrent une protection satisfaisante aux

servants de mitrailleuses79

. Larme de Terre a donc acclr les achats devhicules blinds en urgence oprationnelle. En 2008, prs de 117 millionsdeuros dachats en urgence oprationnelle ont t consacrs la

74Voir Michael Evans, MoD to order 500 million worth of armoured vehicles for

Afghanistan troops , Times online, 29 septembre 2008.www.timesonline.co.uk/tol/news/uk/article4841750.ece.75

Voir Robert Bryce, A $20 Billion Solution to an intractable problem , TheWashington Spectator, 13 septembre 2007.76

Voir Tom Vanden Brook, New vehicles protect Marines in 300 attacks , USA

Today, 18 avril 2007, www.washingtonspectator.org/articles/20070915heavymetal.cfm .77 Le Buffaloest un vhicule de dminage MRAP dune vingtaine de tonnes conupour louverture des itinraires sur les routes mins et menaces dIED. En servicedans lUS Army et lUSMarine Corps en Irak et en Afghanistan depuis 2003, leBuffaloest capable de supporter des explosions et de manipuler les explosifs distance de scurit grce un bras articul hydraulique.78

Entretien lEMA, Paris, janvier 2009. Les entreprises franaises ont dveloppds 2007 le concept de MRAP, l Aravis de Nexter (protection de niveau 4 OTANqui lui permet de rsister 50kg de TNT sous forme dIED) et le Bushmaster dePanhar et Thales.79

Site de lEMA, Afghanistan : les quipages des VAB dcouvrent le tourelleautl-opr , fvrier 2009. Disponible sur :www.defense.gouv.fr/ema/layout/set/popup/operations_exterieures/afghanistan/breves_

et_photos/04_02_09_afghanistan_les_equipages_des_vab_decouvrent_le_tourelleau_teleopere_video


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protection et la puissance de feu des soldats franais en Afghanistan,dont 108 millions pour les quipements lourds80.

Pour autant, un recours systmatique aux procdures dachats en

urgence oprationnelle doit tre vit, ceux-ci aboutissant une sur-spcification de loutil de combat, accroissant par l mme le risquedinadaptation.

Eviter une sur-spcification de nos matriels

Lacquisition de matriels en urgence a souvent un effet dviction sur lesautres programmes, comme a pu le constater larme de terre britanniquefortement implique dans les conflits irakien et afghan et qui a engag 5milliards deuros pour des quipements de type MRAP afin de rpondre aubesoin de ses forces sur ces thtres. Elle dispose donc aujourdhui dunparc htroclite, plus difficile soutenir et grer. Pire, en consacrant le

gros de son effort financier aux urgences oprationnelles, la British Armysemble avoir fortement compromis le programme FRES, fer de lance de samodernisation81. Se pose enfin la question du devenir de ces quipementstrs typs en phase de normalisation. Seuls les Amricains peuvent eneffet se permettre de laisser leur matriel sur les thtres, en les lguantaux forces locales. La question de la formation des quipages restegalement pose. Une solution ventuelle pourrait consister adopter uneposture intgre prenant en compte adaptation ractive et prparation delavenir82.

En France, les achats en urgence oprationnelle dquipements

terrestres ont reprsent 116 millions deuros en 2008. Pour 2009, cechiffre pourrait atteindre prs de 300 millions. Un tel niveau dengagementsde crdits remet clairement en cause les annuits de la Loi deprogrammation militaire (LPM) et concourt invitablement la baisse descibles prvues, quil sagisse de commandes ou de livraisons. Ouvrir uneligne budgtaire consacre lurgence oprationnelle, sur le modle de laligne consacre aux oprations extrieures, pourrait permettre decirconscrire, voire de prvenir ces effets dviction83.

80Assemble Nationale, Compte rendu n11 de la Commission de dfense, op cit,

p. 8. Larme de Terre verra en 2009 lacquisition des 60 premiers tourelleauxtloprs sur VAB, de 50 drones tactiques supplmentaires, de 53 VBHM(Vhicule Blind Haute Mobilit, vhicule chenill dj en service dans lestroupes alpines) et de 232 PVP. Concernant les convois logistiques rgulirementviss par les IED en Irak et en Afghanistan, 50 kits de surprotection pour vhiculesde transport logistique, 31 cabines blindes pour GBC 180 et 22 camions Scaniamunis de bennes et cabines blindes ont t commands.81

Entretien de lauteur lEMA, janvier 2009. FRES (Future Rapid Effect System)peut tre considr comme lquivalent britannique des programmes SCORPIONet FCS.82

Sur ce sujet, voir Louis-Marie Clouet, Achats en urgence (AUO) contreprogrammation : Lefficacit des oprations darmement en temps de guerre ,Focus statgique, n15, Ifri, mars 2009.83

En 2005, suite un amendement parlementaire vot dans la LPM 2003-2008,une ligne budgtaire spcifique a t cre pour le financement des oprations


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Paralllement ces achats en urgence oprationnelle et afindviter une sur-spcification des quipements, les grands programmesdarmement terrestres doivent tre prenniss. Trois grands programmesseront bientt oprationnels et apporteront aux forces, selon le chef dEtat-major de larme de Terre, puissance de feu, prcision et protectionrequises . 96 VBCI, 34 canons dartillerie Caesaret 8 hlicoptres Tigreseront ainsi mis en service en 2009, sachant que 332 VBCI et 22hlicoptres NH 90 doivent par ailleurs tre commands cette anne84.

Larrive du VBCI dans les rgiments dinfanterie mcanise vapermettre de se rapprocher des standards occidentaux85. En effet, sesquivalents amricain (M2 Bradley), britannique (Warrior) ou allemand(Marder), tous trois chenills, affichent un poids de 25 30 tonnes86. Defait, roues et chenilles paraissent complmentaires dans le cadre desoprations de stabilisation : la roue permet daller plus vite, est plusdiscrte et consomme moins, mais la chenille offre davantage de mobilit

sur tous les terrains, notamment en zone urbaine, une silhouette devhicule plus basse et une meilleure protection87. A ce jour, larme deterre franaise est la seule grande arme occidentale avoir optintgralement pour des vhicules blinds de combat dinfanterie roues.Au vu du dveloppement des forces mdianes de nos principaux allis etdu droulement des oprations actuelles, ce choix apparat la foisquelque peu risqu et remarquablement prmonitoire.

Si la protection savre indispensable dun point de vue tactique etstratgique, lefficacit des techno-gurillas milite pour la projection decapacits de feux et dappui feux interarmes et interarmes. Les

contraintes lies aux zones lacunaires et aux oprations menes sur desterrains vastes et difficile daccs, les effectifs peu nombreux dontdisposent les armes occidentales impliquent de bnficier de moyensaromobiles. Les procds tactiques dfensifs et offensifs en contre-rbellion, quadrillage et pression dissuasive, imposent de disposer la fois

extrieures. Elle permet de mettre fin aux avances de trsorerie qui psent tout aulong de lanne sur lexcution du budget des armes. Entretien lEMA, Paris,janvier 2009.84

Assemble Nationale, Compte rendu n11 de la Commission de dfense,

op. cit., p. 5.85 Bnficiant dune mobilit quivalente celle du char Leclerc avec 8 rouesmotrices, le VBCI est dot dun canon de 25 mm avec conduite de tir automatique.Totalement numris, il dispose dune protection blinde deux fois suprieure celle du VAB. Particulirement adapt contre les mines et les IED, il dispose dedeux camras thermiques. Il pse 28,8 tonnes en ordre de combat. La findquipement des rgiments mcaniss est prvue pour 2015. Entretien laSection technique de larme de Terre (STAT), Satory, janvier 2009.86

De leur ct, les Israliens ont lanc en 2006 le dveloppement du vhicule decombat dinfanterie Namer de 60 tonnes, driv du char Merkava et combinantainsi protection et puissance de feu. Notons que Tsahal nest pas soumise auxcontraintes de transport stratgique en vue dune projection de forces.87

Voir Brian R. Zahn, The Future Combat System: Minimizing Risk While

Maximizing Capability, Massachusetts Institute of Technology (MIT) SecurityStudies Program, May 2000, pp. 37-38.


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de capacit de destruction et dune mobilit tactique importante88. Plusgnralement, que ce soit dans le cadre dune campagne de contre-rbellion ou dun conflit classique, le combat proprement dit repose en effettoujours sur ces constantes que sont la protection, la mobilit tactique et lapuissance de feu, mme si la nature de lengagement conditionne sontour lquilibre prcis entre ces trois composantes89.

Appui feu et aromobilit

Les contraintes lies aux zones lacunaires imposent lartillerie unegrande dispersion des moyens dappui feu rpartis dans les postes defaon couvrir la totalit des zones dengagements dune trame defeu90.

Si les units dinfanterie nemportent quun minimum dappui lgers(mortier de 81 mm) pour les oprations de contre-gurilla, elles sont

appuyes par lartillerie de secteur et les moyens ariens ou aromobiles.Les principales artilleries occidentales dploient ainsi en Irak et enAfghanistan des moyens dartillerie de campagne lgre (mortiers de 120mm) et des moyens lourds (canons de 155 mm, Lance roquette unitaire,LRU). Pendant les dix jours de la bataille de Fallujah en dcembre 2004 enIrak, lartillerie amricaine a tir 6 000 coups de canon91. En Afghanistan,lUS Armya expriment, pour la premire fois en fvrier 2008, la munitionExcalibur, obus de 155 mm guidage GPS92 permettant des tirs plusrapides et surtout plus prcis, rduisant ainsi les risques de dommagescollatraux. Les Britanniques, pour leur part, ont dploy leur systmeLRM, mont sur chenilles et pouvant tirer des roquettes guidage GPS

88Voir CDEF, Doctrine de contre rbellion, Paris, janvier 2009, pp. 29-57.

89Le corps des Marines illustre bien cette aptitude combiner mobilit, protection

et puissance de feu en contre-insurrection. Le 24th Marine Expeditionary unit(MEU) mne en avril 2008 une opration militaire de haute intensit dans laprovince du Helmand dans le sud-ouest de lAfghanistan. La composante terrestredispose dune centaine de Hummer, une trentaine de MRAP, dune dizaine de

LAV 25, de canons de 155-mm et de drones Predator. Enfin, lensemble taitcouvert par une force arienne de 30 aronefs : hlicoptres AH-1W Super Cobra,hlicoptres de transport CH-46 Chinook, avions de transport C-130 et avions decombat Harrier pour lappui sol. Voir Emmanuel Derville, la 24

thMEU des

Marines en Afghanistan , RAIDS, n269, octobre 2008, pp. 45-46. Tandis quenIrak, les units dartillerie de lUS Armyet de lUS Marine Corpsont t employesdans des missions de police ou descortes de convois, les Marinesse sont surpris mener plus de 100 missions dartillerie durant ces oprations dans la province duHelmand. Voir Nathan Hodge, Artillery forms cornerstone of US marines Afghanops , Janes Defence Weekly, vol. 45, n 36, 3 septembre 2008, p. 16.90

Voir CDEF, Doctrine de contre rbellion, op. cit., p. 58.91

Cannon artillery plays a vital role in todays fight , disponible surhttp://cannonartillery.com/combat_ops.cfm.92

Picatinnys Excalibur round debuts in Aghanistan , disponible surwww.army.mil/-news/2008/03/20/8021-picatinnys-excalibur-round-debuts-in-afghanistan/ .


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une porte de 70 km. Lartillerie britannique lutilise notamment pourdtruire les bunkers talibans dans le sud de la province du Helmand93.

Si sa ractivit et sa capacit daction en tous temps rendent

lartillerie indispensable dans les engagements actuels, elle restecomplmentaire de lappui arien, la combinaison permanente des moyensterrestres et aro-terrestres dbouche ainsi sur une certaine suprioritoprationnelle. Lappui arien, ou CAS, dsigne l'utilisation daviondattaque au sol ou dhlicoptres dattaque pour appuyer des troupes aucontact de lennemi. Ce type d'opration a toujours ncessit la fois unusage prcis de la puissance de feu, un court dlai de raction et unebonne synchronisation avec les units au sol. Avec le retour des oprations dures , en Irak et en Afghanistan, les armes occidentales redcouvrentles vertus dun appui arien bnficiant de lapport de la haute technologie.Comme le rappelle en septembre 2008 le gnral McKiernan, anciencommandant en chef des forces de lOTAN en Afghanistan, la puissance

de feu du CAS permet de palier en partie la faiblesse des effectifsdploys94. Les troupes amricaines utilisent intensivement le CAS avecdes appareils spcialiss comme lAC 130 Gun Ship, le A-10 Thunderbolt IIou le AV 8B Harrier II. Des drones dattaques, du type PredatorMQ-1 ouMQ-9 Reaper peuvent galement remplir ce type de mission95. Lappuiarien est coordonn par une quipe au sol, gnralement compose de 5personnes dont un contrleur arien avanc, le Joint Tactical Air Controller(JTAC)96.

Les soldats franais ont pu mesurer lefficacit du CAS, notammentlors de lembuscade dUzbin en aot 2008 et lors de lopration mene

dans la valle dAlasay en Kapisa, en mars 2009. Le colonel Le Nen,commandant le Groupement tactique interarmes (GTIA) Kapisa lors delopration, reconnat avoir bnfici dappui-feux phnomnaux 97. Siles avions franais participent pour leur part depuis le dbut delengagement en Afghanistan aux missions de CAS, le dtachement arienfranais souffre nanmoins de difficults telles quune faible interoprabilitavec certains JTAC (dispositif Rover) ou un manque de sophistication dessystmes de guidage laser98. Mme si ces lacunes matrielles sont

93Deagel.com, British Army GMLRS fired for the first time in Afghanistan ,

disponible sur http://www.deagel.com/news/British-Armys-GMLRS-Fired-for-the-

First-Time-in-Afghanistan_n000002464.aspx .94 Voir Lara M. Dadkhah, Close air support and civilian casualties inAfghanistan , Small War journal, 2008, disponible surhttp://smallwarsjournal.com/blog/2008/12/close-air-support-and-civilian.html .95

Le MQ-9 peut emporter 4 missiles Hellfire et 2 bombes GBU-12 de 227 kg,lensemble bnficiant dun guidage laser.96

Le JTAC est le nouveau terme du contrleur arien avanc (TACP), dans uneversion interarmes permettant de coordonner les feux ariens, terrestres, voirenavals, ainsi que le survol de la zone de combat.97

Voir Jean Guisnel, Chronologie de la bataille dAlasay , Dfense ouverte,mars 2009, disponible sur http://www.lepoint.fr/actualites-monde/chronologie-de-la-bataille-d-alasay-operation-dinner-out/1648/0/328460 .98

Voir Franois Lamy et Pierre Lellouche, Mission dinformation sur la situation en

en Afghanistan, Rapport dtape, Assemble nationale, Paris, 29 octobre 2008,p. 23.


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partiellement compenses par la mutualisation des moyens en coalition, ilconviendrait de poursuivre les efforts sur ce type dquipements.

Laromobilit savre galement essentielle aux oprations de

stabilisation. Lhlicoptre contribue la reprise de linitiative tactique ou la protection de points isols qui peuvent tre renforcs ou dgagsrapidement, malgr les difficults lies aux terrains et aux embuscadespotentielles 99.

Au cours de la guerre dAlgrie, lhlicoptre fut largement utilis partir de 1958, avec la bataille des frontires et le plan Challe quiredonnrent linitiative aux forces franaises de contre-gurilla100. EnAfghanistan, les Sovitiques, aprs leurs dconvenues initiales, deviennent leur tour des experts dans la mise en uvre des assauts par air ,manuvre consistant transporter par hlicoptres de manuvre MI-6 et

MI-8 un bataillon dinfanterie tout en tant appuy par des hlicoptresdattaques MI-24 Hind, des chasseurs bombardiers MIG-21 et des avionsdattaque au sol SU-25 Frogfootqui assurent la destruction des cibles dansla profondeur101. Trs bien protg contre les armes de petit calibre(blindage en titane), le MI-24 Hind constitue un excellent appareil anti-gurilla102. En complment des moyens ariens trs sollicits en CAS, lesAmricains dploient aujourdhui lAH-64 Apachesur les thtres irakien etafghan avec des rsultats mitigs, comme Kerbala en mars 2003,opration au cours de laquelle 30 des 33 appareils envoys contre unebrigade blinde de la division Medina furent srieusement endommags103.

Ainsi, la souplesse demploi de lhlicoptre, qui saffranchit de la

menace des IED, permet de maintenir le flux logistique et lindispensablemobilit des troupes. Sa rapidit et sa capacit intervenir presque partouten font par ailleurs un lment indispensable des missions dextraction depersonnels et dvacuation sanitaire. Ds les dbuts de la mission de la

99Voir CDEF, Doctrine de contre rbellion, op. cit., pp. 56-57.

100Voir Adle Le Guen, Lemploi des forces terrestres dans les missions de

stabilisation en Algrie , Cahier de la recherche doctrinale, CDEF, juin 2006,pp. 42, 47.101

Voir Mriadec Raffray, Les Sovitiques en Afghanistan, 1979-1989 : LArmeRouge bouleverse , Cahier de la recherche doctrinale, CDEF, octobre 2008,

pp. 64-65.102 Surnomm le char du diable par les Moudjahidin, il a nanmoins dmontrquil ntait pas invulnrable face aux missiles Stinger et les conditionsgographiques propres lAfghanistan (majorit des terrains situs entre 1000 et1500 mtres daltitude, tempratures extrmes) ont restreint son emploi.102

Voir Mriadec Raffray, op. cit., p. 66.103 Army Magazine, Iraqi Freedom : a chronology , Association of the Unitedstates Army, disponible sur http://www3.ausa.org/webint/DeptArmyMagazine.nsf/byid/CCRN-6CCS8J. Cet appareil requiert dimportantes oprations de maintenance quirduisent fortement son emploi. L'appareil a bien confirm ses capacits dedestruction et de CAS, mais son domaine de vol trs basse altitude l'exposefortement aux tirs darmes de petit calibre et de RPG qui ont endommag denombreux appareils, soulevant la question de sa survivabilit en contre-

gurilla. Les troupes au sol semblent massivement lui prfrer lA-10 lors de leursdemandes d'appui arien.


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FIAS en Afghanistan en 2003, lancien secrtaire gnral de lOTAN, LordRobertson, avait alert la coalition sur les besoins en hlicoptres detransport104. Pourtant, les forces de la coalition en Afghanistan souffrenttoujours aujourdhui dun dficit vident en matire dhlicoptres lourds105.

En dpit des cots levs de la technologie et de linadaptation decertaines avances techniques de la Transformation, la projectionsystmatique de moyens de protection, de capacits de feux, de mobilittactique et daromobilit doit saccompagner dune recherche deslectivit dans les avances offertes par la RMA.

Conserver le meilleur de linformation warfare

Si les difficults rencontres par les Amricains en Irak ont montr leslimites de la RMA, il serait nanmoins hasardeux de solder les avancesoffertes par les technologies associes au processus de Transformation.

Critiqu pour ses insuffisances, le programme Stryker tmoigne pourtantdes possibilits pour les forces occidentales de tirer parti des nouvellescapacits technologiques, et pourrait devenir un point de rfrence utile envue de la mise en uvre du programme Scorpion de modernisation delarmement terrestre franais.

LeStryker : un rapport cot-efficacit intressant

Si les limites du Stryker ont t soulignes en premire analyse,notamment en termes de protection et de dployabilit, ce vhiculeconstitue une tentative de synthse originale entre technologie et rusticit.Totalement numris, le Stryker est un vhicule prouv106 et permet,

grce une tourelle rduite, dembarquer beaucoup plus de fantassins quedautres engins blinds dinfanterie. En sus dune mobilit stratgique nonngligeable, le Strykerparvient trouver un quilibre entre une importantemobilit tactique, une bonne puissance de feu et un certain degr deprotection pour ses personnels. Le retour dexprience de la 3me BrigadeStryker (SBCT) Mossoul en Irak en 2004 et 2005 est globalementpositif107. Les Strykeront donn un avantage important face aux insurgsgrce leur discrtion, leur capacit dacquisition de jour comme de nuit etle partage de linformation tactique facilit par la numrisation et desmoyens C4ISR (Command, Control, Communication, Computers,Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) particulirement dvelopps.

104Voir Elaine Sciolino, Drifting NATO finds new purpose with Afghanistan and

Irak , The New York Times, 23 fvrier 2004, disponible surhttp://www.nytimes.com/2004/02/23/world/drifting-nato-finds-new-purpose-with-afghanistan-and-iraq.html .105Voir Franois Lamy et Pierre Lellouche, op. cit., p. 22. Notons dailleurs que surle plan de laromobilit, larme de terre franaise dispose en Afghanistan demoyens limits mais croissants : elle compte trois hlicoptres de transportCaracalet deux hlicoptres de reconnaissance arme Gazelle Viviane. Le Tigredevrait y tre dploy son tour trs prochainement.106

Le Strykerest la version modernise du LAV III (Light Infantry Vehicle) dj enservice dans les forces armes canadiennes et lUS Marine Corps.107

Voir David E. Johnson, Adam Grissom et Olga Oliker, In the Middle of the Fight:

an Assessment of Medium-Armored Forces in Past Military Operations, RandCorporation, 2008, pp. 128-129.


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Grce lemploi du rseau, la mobilit oprative de lengin et lintgration dun escadron de reconnaissance de surveillance etdacquisition (Reconnaissance, Surveillance, Target Acquisitionsquadron,RSTA), la superficie thorique de la zone daction dune brigade SBCT estune fois et demie suprieure celle dune brigade dinfanteriemcanise108. Aussi, compte tenu des rsultats probants obtenus par lesSBCT en Irak, une brigade Strykerva-t-elle tre dploye en Afghanistan,probablement ds cet t, dans le cadre des renforts annoncs par lePrsident Obama109.

Ainsi, une utilisation slective de la technologie peut permettre decompenser en partie le manque deffectifs que connaissant les forcesterrestres occidentales dans les oprations de stabilisation. Cestgalement dans ce cadre que sinscrit le programme dquipement delarme de terre franaise pour les vingt ans venir.

Le programme Scorpion : une brigade interarmes moderne, protge etinterconnecte

Le programme dquipement Scorpion (Synergie du contact renforce parla polyvalence et linfo-valorisation) vise la numrisation intgrale du champde bataille et le renouvellement des matriels majeurs des forces decontact aroterrestres : vhicule de combat dinfanterie, volution du charLeclerc, canon dartillerie et drones tactiques. Ce programme ne vise pas acqurir des matriels futuristes financirement inaccessibles, mais a pourambition une intgration de lquipement existant dans le parc venir. Silobjectif de Scorpion est dobtenir lhorizon 2015 une brigade interarmes(soit lquivalent de 4 6 GTIA, cest--dire lquivalent dun bataillon

renforc) moderne, fiable, protge et interconnecte110, le programmeprend en compte le renouvellement de lensemble des quipements desbrigades lourdes dites de dcision , des brigades multirles etbrigades lgres dites dengagement durgence dfinies par le Livreblanc. Ce maintien de la polyvalence dans les quipements, du charLeclerc au vhicule blind multirle (VBMR, remplaant du VAB), doitpermettre de rpondre aux besoins de court et moyen termes enstabilisation, tout en prservant une capacit daction en haute intensit111.Afin de pouvoir adapter les quipements en fonction des besoins, il estprvu de concevoir des plate-formes de combat et des architectures desystmes modulaires, avec un maximum de commutabilit permettantau passage de faciliter le maintien en condition oprationnelle (MCO) etden rduire les cots.

Larme de terre franaise poursuit la rnovation du systmeLeclerc dans le cadre du programme Scorpion, notamment en adaptantlengin au combat en zone urbaine (Leclerc Azur). A ce titre, il est prvu de

108Voir David Johnson et. al., In the middle of the Fight, op. cit., p. 125.

109Il sagit de la 5

meBrigade (2

meDI) base Fort Lewis dans lEtat de

Washington. Cre en mai 2007, elle sera dploye en Regional CommandSouth(RCS). Entretien lEMA, avril 2009.110

Entretien lEMA, Paris, janvier 2009.111

Entretien lEMAT, janvier 2009. LEBRC (Engin blind roues canon)remplacera lAMX 10 RC lhorizon 2015-2020.


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le doter dune mitrailleuse tlopre, dune capacit dobservation 360et trs courte porte, de suspensions renforces et, enfin, duneprotection amliore contre les IED et RPG (grce au dveloppement dekits de surprotection type slat-armor ou caissons blinds)112. La prioritsemble donc porter sur la protection passive, directement disponible et bonmarch, qui prserve toutefois la mobilit tactique (augmentation de masselimite). A terme, cette modernisation vise disposer dun char de batailleinfovaloris, cest--dire parfaitement interoprable avec les autres plates-formes numrises113.

La faiblesse des effectifs occidentaux, le besoin de protection,lquipement et la comptence des adversaires irrguliers militent pour queles forces engages disposent dun matriel adapt lintgralit duspectre des missions envisageables en stabilisation, y compris la contre-insurrection et les oprations de combat. Toutefois, cette polyvalence nestpas rserve exclusivement aux quipements, mais concerne galement

les structures de forces.

Adapter les structures de forces

Il parat en effet ncessaire de privilgier un modle de forces polyvalentqui permette de rpondre aux contraintes oprationnelles du moment maisqui puisse galement faire face lincertitude stratgique et larenaissance ventuelle dune menace classique de grande ampleur.

Les rorganisations de lUS Armyet de larme de Terre franaise

Ltude des toutes dernires rorganisations de lUS Armyet de larme

"Transformation" et contre-insurrection. Implications capacitaires pour les forces terrestres...

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