Train Magazine n°13

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Magazine du train n°13 des écoles militaires de Bourges

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UNE PUBLICATION DES ÉCOLES DE LA LOGISTIQUE ET DU TRAIN

Jusqu’au 31 juillet 2009 :Écoles de la Logistique et du Train 60, rue du Plat d’Étain - B.P. 342537034 Tours cedex 1

À partir du 1er août 2009 :École du TrainÉcoles militaires de BourgesCommunicationAvenue Carnot - B.P.5070918016 Bourges CEDEX

Directeur de publicationGénéral de brigade Hervé Le Garrec

Rédacteur en chefColonel Arpad Toth

Chef de projetLieutenant David Samson, chargé de communication

Conception graphique & réalisationEFIL communication (www.efil.fr)

ImpressionGibert & Clarey (Tours)

ISSN N° 1778-0055. Dépôt légal à parution.© TRAIN MAGAZINE 2009. Photos : © ELT, SIRPA TERRE.

TRAIN MAGAZINE

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e numéro de Train Magazine est donc le dernierédité sous le timbre des Écoles de la Logistiqueet du Train. À la rentrée 2009, une nouvelleécole du Train prendra son essor au sein desÉcoles militaires de Bourges. Le cadre auradonc changé, mais l’esprit de l’Arme demeurera,soyez sans crainte.

Cette édition traite donc des opérations extérieures, prioritéde l’armée de terre, dans lesquelles nos unités sont pleine-ment engagées. Les théâtres sont de plus en plus exigeants etles savoir-faire technico-logistiques s’accompagnent d’unenécessité de maîtriser également à un niveau élevé, les savoir-faire tactiques. Les circulateurs et les transporteurs sontavant tout des soldats qui doivent en maîtriser les actes fonda-mentaux. Ceux-ci doivent s’acquérir en école de formation pourles cadres et être revus, entretenus et développés lors desmises en condition opérationnelles.

Pour autant les Écoles de la Logistique et du Train ne restentpas inactives et s’appuyant sur le RETEX de nos régiments,elles adaptent par touches successives, le contenu des courset des exercices afin de rester en phase avec l’engagement desforces terrestres. Ainsi les exercices du CFCU et de la DA ontété refondus et collent désormais à l’actualité la plus brûlante.Un logiciel d’apprentissage des mécanismes d’escorte desconvois a été développé permettant à nos lieutenants et à nosjeunes sous-officiers de se faire la main sous divers scénarii.Les mises en situation réelles dans le cadre du partenariatdeviennent ainsi plus efficaces et plus rentables comme nousavons pu le constater.Mais ne nous trompons pas. La simulation ne remplacerajamais les séances sur le terrain, seules à même de faireacquérir la réalité du métier par nos jeunes cadres.

A cet égard, les engagements actuels font acquérir à nos offi-ciers et sous-officiers une expérience inestimable qui faitprogresser et tirer l’ensemble de l’Arme vers le haut. Mais il

nous faut capitaliser cette expérience en partant du principeque nos cadres engagés aujourd’hui en opérations sont nosinstructeurs de demain ; et l’affectation des meilleurs d’entreeux à l’encadrement des stagiaires est une absolue nécessitépour que la qualité et l’actualisation de la formation soientgaranties. Nos chefs de corps doivent y penser quand ils abor-dent le PAM avec leurs subordonnés.

Enfin, je voudrais évoquer les travaux sur la réorganisation dudomaine mouvements-ravitaillements qui se poursuivent enliaison étroite ave l’EMAT et le CFT.L’objectif est bien de constituer cinq régiments polyvalents,véritables outils plurifonctionnels aptes à satisfaire lesbesoins de la projection et du soutien logistique en opérations.A travers eux, nous conserverons l’ensemble de nos savoir-faire, sans perte irrémédiable de capacités. En parallèle, deséquipements mieux adaptés à la dangerosité des théâtres ontété mis en place pour les unités logistiques dans l’urgence surordre du CEMAT et un nouveau véhicule de transport logistiqueva être rapidement acquis par l’armée de terre. Il n’aura pastoutes les spécificités du PPT mais il sera hautement mobile,disposera d’une protection élevée, du système ampliroll etsurtout il coûtera beaucoup moins cher à l’acquisition.

La réalisation de ce magazine relatant l’action de nos tringlotssur les théâtres d’opérations n’est pas une fin en soi. Il doitnous encourager à poursuivre sans relâche, avec détermina-tion et pragmatisme notre mission de formation commencée ily a 65 ans.

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Une nouvelleécole du Trainprendra son essorau sein des écolesmilitaires deBourges.”

ÉDITO

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PAR LE GBR HERVÉ LE GARREC, COMMANDANTLES ÉCOLES DE LA LOGISTIQUE ET DU TRAIN

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SOMMAIRE #13

02 T R A I N M A G A Z I N E / N ° 13 / J U I N 2 0 0 9

04/ Opérations extérieuresAFGHANISTAN06/ Mentoring : l’équilibre entre combat et instruction,par le LTN Alexandre Nérac, chef de peloton au 503e RT.

08/ Transporteurs et circulateurs : mission de soutien sousroquettes, par le LTN Aude RAYEZ, officier communication511e Régiment du Train.

10/ Convoi vers Tora, par le LCL (TA) Jean-Luc Chapeu,chef de corps du 515e RT, chef de corps du BCS 2 PAMIR.

13/ La jonque au pays de l’or noir, par le MCH XavierMessmer, chef de groupe 519e RT.

14/ Un officier au cœur de l’Afghanistan, témoignaged’un chef d’OMLT, par le LCL Christophe Barbe,chef du bureau opération du 601e RCR.

18/ Livraison de fuel sous haute surveillance,par le Major Denis Rebillard, officier NEB du 601e RCR.

TCHAD22/ Construire une ville en plein désert : un défi logistiquesans précédent, par le CNE Romain Cros, officier adjointde l’ET4 du 503e RT.

24/ Au quotidien : poussière, sueur, volonté et humilité,par le CNE Erwan Le Bohec, officier de réserve au 516e RT.

26/ S’adapter au désert et connaître ses habitants,par le CNE Yves Le Bot, officier adjoint de l’ETB1 du 517e RT.

KOSOVO28/ Des tringlots au tribunal, par le CNE Sébastien Pourcelot,officier adjoint de l'EC2 du 601e RCR.

30/ La première des “Crocos”, par le LTN Sandra Thomas,chef du PCR de l’ERC du BCS-BFA.

CÔTE D’IVOIRE31/ Maintenir la capacité d’évacuation, par le MCH GrégoryLaborde, patron de bord au 519e RT.

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TRAIN MAGAZINE

03T R A I N M A G A Z I N E / N ° 13 / J U I N 2 0 0 9

32/ Savoir-Faire32/ Le largage de matériel à très grande hauteur, par l’ADJJérôme Lecoqierre, responsable largueur LMTGH au 1er RTP.

38/ En métropole38/ Tempête Klaus : le 15e BT soutient les landais, par l’ADJGilles Conchon, chef patrouille appui mouvement au 15e BT.

40/ Common Effort 2008 : le CRRE en exercice, par le CNEJoseph Richard, S3 training du BQG du Corps Européen.

42/ De Tours à Bourges, l’École du Train vers un nouveaudépart, par le LTN David Samson, officier communicationdes ELT.

50/ Histoire50/ Les vicissitudes de l’histoire de l’Arme, par le COL (ER)Daniel Labbé, conservateur du musée du Train et deséquipages militaires.

52/ L’arme du Train dans la Seconde Guerre mondiale,par le COL (ER) Daniel Labbé, conservateur du musée du Trainet des équipages militaires.

60/ Associations60/ FNT : RCR ou “références, cohésion, rayonnement”,par le GDI (2s) Paul Farbos, président de la FNT.

61/ Actualité des associations

62/ In memoriam

63/ Bulletins d’adhésion46/ Vie des unités

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AFGHANISTANAccompagner l’armée afghanesur le chemin de l’autonomie

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES AFGHANISTAN

Capitale : KaboulPopulation : 31 000 000 habitants (en 2006).Principales ethnies : Pachtounes (42 %), Tadjiks (27 %), Hazaras (10 %),Ouzbeks (9 %), Aimak (4 %), Turkmènes (3 %), Baloutches (2 %),Religion : Musulmans à 99 % (sunnites 80 %, chiites 19 %). Superficie : 652 500 km2

Densité : 47 hab./km2

Pays frontaliers : Pakistan, Tadjikistan, Iran,Turkménistan, Ouzbékistan, Chine.Extrémités d'altitude : de + 258 m à + 7 485 mClimat : continentalTaux de mortalité infantile : 160 ‰ (en 2005)Routes : 34 800 km (dont 8 200 km goudronnés)SOURCE : © WIKIPEDIA

L’AFG

HANI

STAN

EN

BREF

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES AFGHANISTAN

Traversée de Kaboul par le 601e RCRlors d’une mission de livraison de fuelsur la FOB d’Airborne. Toujours délicate,la traversée de la capitale afghaneobligera cette fois-ci le VAB de queueà procéder à un «warning-shoot ».

Depuis décembre 2007, projetés pourdes périodes de six mois, les tringlotsparticipent activement aux combatsaux côtés de l’Armée Nationale Afghane.Au sein notamment de l’OMLT soutien,ils aident l’armée nationale afghane(ANA) à assurer son autonomielogistique dans sa préparation et sonemploi opérationnel. La missionconsiste en fait à conseiller et formerles chefs afghans à différents niveauxhiérarchiques sans jamais se substituerà eux. Les « mentors français »enseignent à leurs homologues afghansles techniques du ravitaillement parconvoi en zone d’insécurité tout ens’engageant avec eux sur le terrain.Ils doivent s’adapter à cette populationen guerre depuis des décennies,la comprendre et maîtriser parfaitementsa culture et ses ethnies dontla connaissance conditionne la réussitede la mission. Le relief difficile desmontagnes afghanes, leur très hautealtitude, le climat éprouvant en étécomme en hiver sollicitent fortementles hommes et le matériel. De Kaboulà Tora, Nejrab et autres foward operatingbases (FOB), les acheminementsdoivent passer pour soutenir ces basesisolées où les conditions de vie sontrudes pour les soldats de la coalitionqui y sont stationnés. Le rythme élevédes opérations et des convois,l’insécurité oppressante liée à unemenace imperceptible et les pertespossibles placent au premier planla force psychologique et moraledu personnel engagé.

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e mentoring est une mission permanente etlaborieuse qui nécessite patience et sang-froidainsi que d’indispensables connaissances surles coutumes et la culture afghanes.

Instruire et combattreLes troupes françaises déployées au sein des OperationalMentoring and Liaison Team évoluent dans un contexte parti-culièrement difficile où chaque personne doit assumer unedouble mission à savoir : instruire l’Armée Nationale Afghaneet assurer sa sauvegarde face aux insurgés, lesquels utilisentdes actions de guérilla pour tenter de désorganiser la coalitionet faire régner un climat d’insécurité.

La mise en condition avant projection prend ainsi une partimportante dans la réussite de la mission. Elle permet en outrede « réviser » des savoir-faire essentiels sur les actes réflexesdu combattant et s’approprier les procédés qui permettront, lecas échéant, de se dégager rapidement ou d’évacuer un éven-tuel blessé.

Vers l’autonomie de l’ANA« Conseiller, appuyer, aider à l’entraînement et à l’emploi opé-rationnel des unités de l’ANA, sont les missions initiales fixéesaux OMLT qui, en outre, agissent en appui des activités des« kandaks » pour l’entraînement collectif au quartier etconseillent au plus près les « kandaks » lors de leur déploie-ment opérationnel. Il s’agit « d’amener progressivement, àl’entraînement et en opération, les unités à un niveau d’effica-cité opérationnelle leur permettant une prise en compteautonome des tâches sécuritaires ».

Mentor : un équilibre subtilPour être efficace, chaque mentor doit s’imprégner des spéci-ficités de la culture afghane afin de s’adapter rapidement àleur environnement. Dans l’objectif d’enseigner durablementdes savoir-faire à son homologue, il est indispensable degagner la confiance des Afghans. Cela demande à la fois dutemps et de la persévérance, ces derniers cherchant à testernos capacités et nos compétences. Bien que nous soyons souvent tentés derésoudre leurs problèmes à leur place, il nefaut pas tomber dans ce travers au risque deles voir nous laisser tout faire. D’ailleurs, etcompte tenu de la sensibilité de la missiondes OMLT, le cadre d’action est strictementdéfini et les limites doivent être rigoureuse-ment respectées : nous ne devons en aucuncas prendre le combat à notre compte. Defaçon générale, nous devons privilégier laprise de risque au profit de l’ANA et garantirla sécurité de nos hommes.

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Nous ne devonsen aucun cas prendre

le combat à notrecompte.”

PAR LE LTN ALEXANDRE NÉRAC, CHEF DE PELOTON AU 503 E RT

MENTORING : L’ÉQUILIBREENTRE COMBAT ET INSTRUCTION

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De décembre 2007 à juin 2008, le lieutenant AlexandreNérac a conseillé un commandant d’unité afghan.

Il appartenait à l’OMLT soutien. Les 31 membresde cette équipe (6/15/10) basée à Darulaman, avaient pour missionde « mentorer » le 5 e kandak (bataillon) de la 201 e Brigade de l’arméeafghane. Le lieutenant Nérac revient sur cette expérience de mentor...

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LTN Alexandre Nérac (au centre),mentor au sein de l’OMLT soutien.

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Les Français conseillent les kandaksau plus près. Ils partagent les risqueset doivent être prêts à se défendre(ici en ouverture de convoi).

L’organisation et la conduite desconvois en sécurité : les Françaistransmettent cette compétenceessentielle aux Afghans pourgagner leur autonomie logistique.

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L’hiver afghan est rigoureux :les températures oscillent

entre - 14°C et - 52°C.

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es transporteurs sont chargés d’assurer le sou-tien logistique de niveau 2 (au-dessus du niveaubataillon) de tous les éléments françaisdéployés sur le théâtre afghan. Ils assurent éga-lement le soutien de l’état-major de la région deKaboul, le soutien vie et protection du camp deWarehouse. Les norias logistiques entre le camp

de Warehouse et la FOB de Nijrab s’enchaînent à un rythmesoutenu pour préparer le déploiement du 8 e RPIMa dans lavallée de Kapisa. Des conteneurs sont chargés, déchargés,transportés sur des TRM 10000 ou par VTL. Chaque convoi estescorté par deux éléments de circulation.

LMon camion est la cible de trois roquettes !

TRANSPORTEURS ET CIRCULATEURS :MISSION DE SOUTIEN SOUS ROQUETTES

De juin à octobre 2008, 30 soldats logisticiens du 511 e RTsont projetés en Afghanistan dans le cadre du Bataillon de

Commandement et de Soutien de l’opération PAMIR.Au sein du peloton de transport basé au camp de Warehouse ils préparentles implantations des troupes françaises. Début octobre, un seconddétachement leur succède, composé de 25 militaires de l’escadronde circulation routière pour assurer les missions d’escorte.

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PAR LE LTN AUDE RAYEZ, OFFICIER COMMUNICATION 511E RÉGIMENT DU TRAIN>

CAPORAL-CHEF CHRISTOPHE LÉOTY,CONDUCTEUR SUPER POIDS LOURD À L’ESCADRON DE TRANSPORT N° 3

Le détachement de circulation routière du 511 e Régiment duTrain est employé pour des missions d’escorte pour la relèvede la Task Force « Kapisa » en renfort temporaire du BCS deKaboul. Il protège des convois logistiques entre les différentes FOB enSurobi et en Kapisa ; des unités montantes, y compris d’infan-terie, lors des relèves avec des matériels majeurs ; lestransports de frêts entre « Kaboul International Airport » et lecamp de Warehouse ; des personnes arrivant et partant entreKiai et Warehouse lors des relèves ; les transmetteurs sur lespoints hauts, des aumôniers et plus généralement toute per-sonne ou groupe sortant du camp.

Généralement, il roule partout enFrance, effectue des milliers dekilomètres sur autoroute et routes

nationales et départementales. En Afghanistan, il roule aussi,mais sur toutes sortes de routes et de pistes de montagne, dontcertaines sont à peine carrossables. 25 août 2008 : « Uneaventure que je n’oublierai jamais » s’est déroulée lors d’uneliaison en convoi entre Kaboul et une FOB. Un seul itinérairepour remplir ce plan de transport, une seule route au milieu desmontagnes, bordée de fossés, le lieu idéal pour une embuscade

des insurgés. Sur le trajet du retour, mon camion est la cible detrois tirs de roquettes qui ne tombent qu’à 5 ou 10 mètres...Le camion était au milieu de la rame, le but à ce moment précisest de dégager la zone au plus vite. Tandis que les circulateurs àbord de leur VAB appuient le convoi avec les 12.7 mm et lesfantassins avec leur canon de 20 mm, mon but du moment estde rester sur la piste et de ne pas retourner le camion alors quemon équipier répond aux tirs. Tout le convoi se sort sain et saufde ce péril du 25 août... heureusement les camions étaientchargés de palettes d’eau !

TÉMOIGNAGE>

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES AFGHANISTANSur les routes montagneuses d’Afghanistan,une attaque peut survenir à chaque instant.Les convois et leurs escortes doiventmaintenir une vigilance permanente.

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Réserviste civilo-militaire au 526 e BT en AfghanistanD’août à décembre 2008, le lieutenant de Gouvion-Saint-Cyr, ancienofficier adjoint de l’EC du 526 e BT, a servi au sein du BAT FRA commeofficier de liaison du détachement CIMIC (Coopération civilo-militaire)auprès, notamment, des autorités afghanes et des organisations nongouvernementales. Il a ainsi contribué à la mise en œuvre de plus de200 projets CIMIC réalisés en 2008 dans les districts de Deh Sabz et de

Shamali (au nord de la province de Kaboul) mais aussi en Surobi, vaste districtsitué à l'est de la province et dont la sécurité a été placée sous responsabilitéfrançaise depuis le début du mois d'août. Le BAT FRA se place désormais en

appui des forces afghanes quiprennent en compteprogressivement la responsabilitéde la sécurité sur l’ensemble de larégion de la capitale. Le lieutenantest photographié ici en compagniedu colonel commandant le bataillonet du Malek du village.

EN BR

EF

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undi, 5h00, il fait encore nuit, les gazelles Vivianedécollent de l'aéroport de Kaia et survolentHighway 7 en direction de Tora. Rien à signaler, lareconnaissance ne détecte aucune menace parti-culière. Un compte-rendu est envoyé au CO duBCS. Une heure plus tard, à Warehouse, sous la

houlette des éléments de circulation, le convoi s'assemble : unPCR, cinq vecteurs logistiques, dont trois nouveaux Scania àcabine protégée, un VAB SAN, un VAB ELI, un VAB BROMURE, unVAB TACP. Le chef de peloton regroupe l'ensemble des partici-pants au convoi et donne ses ordres : situation tactique,menaces possibles, mission, ordre de marche de la colonne et

surtout mesures de coordination en cas d'incident : panne,embuscade, attaque EEI, accident, etc.

Le top départ est donnéLe convoi s'ébranle. Une patrouille éclaire la progression, uneseconde lui emboîte le pas afin d'assurer le guidage de larame. Les vecteurs logistiques suivent, le VAB BROMURE estpositionné derrière le troisième : il assurera la protection descamions et de la ressource transportée contre une éventuelleattaque d'EEI radiocommandé. Le VAB TACP se met alors enroute, suivi du chef de convoi, chef du PCR. Une dernièrepatrouille ferme la marche avec les VAB SAN et ELI.

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Du 09 octobre 2008 au 29 avril 2009, le 2 e mandat du BCS Pamir estdéployé au camp de Warehouse, à Kaboul. Il ravitaille les “forwardoperational bases” (FOB) de Tora, en Surobi, et de Nejrab en Kapisa.Il soutient également les OMLT françaises déployées au sud de Kaboul.

Acheminant les ressources sur ses vecteurs logistiques conduits pardes transporteurs du 515, il dispose de deux pelotons de circulation, fournis parle 511e RT et le 601e RCR pour assurer les escortes.

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PAR LE LCL (TA) JEAN-LUC CHAPEU, CHEF DE CORPS DU 515 E RT, CHEF DE CORPS DU BCS 2 PAMIR >

CONVOI VERS TORA

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Après deux heures de route à travers des gorges superbes,mais peu rassurantes d'un point de vue sécuritaire, le convoiarrive sur la FOB. Prise en compte par les fantassins présentssur zone, livraison des ressources, déchargement des conte-neurs, récupération des KC vides, ainsi que de trois passagersqui ayant terminé leur mission sur Tora vont bénéficier de laprotection offerte par les VAB de la circulation pour rentrer àKaboul.

L'ensemble des opérations a pris à peine une heure et demie.Le chef de convoi réunit à nouveau sa cohorte et se livre à unbriefing pour le retour. Il est 11h00, le convoi repart. Au mêmemoment un drone SDTI décolle : il va assurer l'éclairage de laprogression du convoi sur la moitié du trajet retour. Les imagessont transmises en direct à l'état-major du RCC : pas de véhi-cule suspect, encore une fois la route est claire.14h00. Le convoi, ralenti par le trafic, rentre à Warehouse. Lamission s'est passée sans incident notable, bien mieux que leconvoi vers Nejrab de la semaine précédente qui, sous laneige, a connu cinq pannes.

Le chef de peloton de circulation, acteur-cléLes convois en zone d'insécurité sont de véritables opérationsinterarmes. Leur planification, leur composition et leurconduite nécessitent une coordination fine et continue de l’en-semble des acteurs. Le chef de peloton de circulation, chef deconvoi, trouve là une dimension interarmes forte et s'imposenaturellement comme un pion essentiel des opérationsmenées par le BCS.

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Les convois en zoned'insécurité sont de

véritables opérationsinterarmes qui nécessitent

une coordination fine etcontinue de l’ensemble

des acteurs.”

OPÉRATIONS EXTÉRIEURES AFGHANISTAN > 515e RT

1/ Briefing de départ : panne, embuscades, attaqueEEI, accidents... un convoi risque de nombreuximprévus qui nécessitent une préparation et unesynchronisation minutieuse des hommes.

2/ À Tora les opérations de déchargement dela ressource acheminée ne prendront que 1h30permettant ainsi au convoi de repartir dans les temps.

3/ Cinq véhicules de transport logistique vont assurerl’acheminent de la ressource par conteneurs KCvers la FOB de Tora. Cette cargaison est essentielle aumaintien opérationnel de la base avancée. Ce type deconvoi représente donc une cible pour l’ennemi.

4/ L’itinéraire vers Tora est montagneux, sinueuxet accidenté. La menace est imperceptible et peutsurvenir à chaque instant.

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Eté 2008, Port de Fujairah(Émirats Arabes Unis) :29 hommes du 519e RTfont transiter les moyensdes renforts françaisen Afghanistan.

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uin 2008. Après l’annonce du Président de laRépublique de l’envoi de 900 militaires françaisen renfort en Afghanistan, la chaîne logistiqueest rapidement sollicitée pour acheminer lesmatériels majeurs nécessaires au déploiementdes troupes françaises en opération.

Malgré l’absence de façade maritime du territoire afghan etdans une logique de rationalisation des coûts et d’efficacité dutransit, la voie maritime via les Émirats Arabes Unis a étéretenue pour l’acheminement des 400 véhicules et quelques150 conteneurs. Dans ce contexte d’urgence opérationnelle, le519e Régiment du Train de La Rochelle reçoit pour mission d’ef-fectuer le transbordement maritime du fret de deux navires dela marine marchande affrétés pour l’occasion.

Seul régiment capable d’accomplir cette mission par son expé-rience et ses savoir-faire uniques, le « Régiment de laJonque » met sur pied en moins d’une semaine un pelotonportuaire d’un effectif de 0/8/21 projeté sur le site de Fudjairah(côte Est des Émirats Arabes Unis) dès le 25 juin 2008. Ce der-nier, ainsi que les cinquante autres militaires logisticiens du1er RTP, sont hébergés en milieu civil local puisque la France nepossède aucune base militaire sur ce territoire.

45°C en extérieur et 60°C en fond de cale !Dans un premier temps, le peloton portuaire décharge lenavire Eider sur le port de Fudjairah dans des conditions clima-tiques extrêmes avec plus de 45°C de température ambianteen extérieur, cette chaleur atteignant même les 60°C en fondde cale du navire au milieu des émanations des pots d’échap-pement. L’excellente condition physique des hommes ainsique leur expérience dans de telles conditions ont permis undéchargement en toute sécurité en moins de cinq heures.

Le déchargement de l’Eclipse marque le deuxième temps desopérations, une semaine plus tard. Les opérations portuairesvont avoir lieu en grande partie de nuit et vont nécessiter desopérations d’élingage en vue d’assurer le déchargement desvéhicules embarqués dans la cale du navire. Encore une fois,la capacité opérationnelle éprouvée du peloton permet ledéroulement parfait des opérations.

Le dernier temps a consisté à transférer tous les véhicules del’enceinte du port de Fudjairah jusqu’à l’aéroport de cettemême ville. Ces transferts se sont effectués par rotations dedeux rames de quarante véhicules environ durant cinq nuitsconsécutives en vue d’éviter l’encombrement des réseaux rou-tiers locaux.

Cette mission en terre émirati montre aujourd’hui que le trans-bordement maritime tient une place déterminante etstratégique dans la logistique de projection des forces.

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le régimentde la Jonque met surpied en moins d’unesemaine un pelotonportuaire d’uneffectif de 0/8/21.”

OPÉRATIONS EXTÉRIEURES AFGHANISTAN > 519e RT

LA JONQUEAU PAYS DE L’OR NOIR

Dans le cadre de l’Opération Héraclès, une plateforme detransit a été mise en place aux Emirats-Arabes-Unis, en vue

de renforcer les forces françaises en Afghanistan. Du 25 juinau 6 août 2008, 29 militaires du peloton portuaire du 2e escadron portuairedu 519e Régiment du Train vont faire transiter 400 véhicules et150 conteneurs entre le port de Fudjairah et son aéroport.

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PAR LE MCH XAVIER MESSMER, CHEF DE GROUPE 519E RT>

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n Afghanistan, au sein des operationalmentoring liaison teams (OMLT), l’armedu Train, du soldat au colonel, montrel’engagement de son personnel en tant

que combattant logisticien. De juin à décembre 2008, en tantque chef du bureau opérations instruction du 601e Régimentde Circulation Routière armant l’OMLT 5, j’ai assumé le com-mandement de ce détachement logistique inhabituel.Déployée dans la banlieue sud de Kaboul, à Darulaman, cetteéquipe forte d’une trentaine d’hommes composée essentielle-ment de cadres ne soutient pas les OMLT mais conseille leKandak 5, un bataillon logistique de l’armée nationale afghane,au quotidien et en opérations.

L’arme du Train a l’habitude de fédérer des formations pourcréer une unité logistique de circonstance mais la constitutiond’une OMLT, bien qu’elle s’inspire du concept de l’assistancemilitaire, est novatrice et s’inscrit au cœur du processus d’af-ghanisation. La réussite de la mission repose sur trois piliers :le choix du personnel, la relation de confiance établie avec lesoldat afghan et une remise en cause permanente à chaqueopération.

Le choix des hommes : le premier critère de la réussiteLe choix du personnel est essentiel car le détachementconstitué va vivre une année ensemble dont quatre mois depréparation et six mois de mission. La cohésion de l’OMLT seforge au cours de la mise en condition opérationnelle qui elleseule est une mission de courte durée. Le détachementconstruit ses forces morales au cours de cette étape capitaleavant de vivre six mois au rythme d’un bataillon afghanengagé en opérations.

Les qualités exigées pour chacun des membres de l’équipesont nombreuses, et l’équilibre psychologique est fonda-mental. En effet, le soldat idéal doit faire preuve de rusticité, decompétence technique, d’une grande stabilité émotionnelleface à des situations de stress au combat, d’ouverture d’espritet enfin maîtriser la langue anglaise. Ces qualités n’existentpas chez un seul homme. Ainsi, avant la montée en puissancedu détachement, je me suis presque transformé en directeurde casting pour choisir le personnel... ou écarter certains. Avecle recul, la qualité fondamentale est l’équilibre psychologique.C’est la plus difficile à juger mais elle est indispensable pour un

UN OFFICIER AU CŒUR DE L’AFGHANISTAN

TÉMOIGNAGE D’UN CHEF D’OMLT

Comment former les hommes d’une armée en guerre ?De juin à décembre 2008, le lieutenant-colonel Barbe,

chef du bureau opérations du 601e RCR a conseilléle commandement du Kandak 5, un bataillon logistique de l’armée afghane.Il témoigne de cette mission pour la réussite de laquelle l’équilibrepsychologique et la force mentale des hommes sont déterminantes.

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PAR LE LCL CHRISTOPHE BARBE, CHEF DU BUREAU OPÉRATION DU 601E RCR>

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Explication aux soldats afghans sur le rôle des forces de la coalition(le visage de l'interprète est flouté pour anonymat).

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engagement dans le contexte des OMLT. Sur le théâtre afghan,la qualité de la préparation s’est retrouvée dans la justessedes conseils prodigués quotidiennement aux soldats afghanset dans la réussite des missions opérationnelles.

Le mentoring : une nouvelle formed’assistance militaireDans le monde civil, le mentoring est une activité connue sousle nom de coaching. Il s’agit de redynamiser une entreprise endifficulté. Dans le monde militaire, cette activité rappelle l’as-sistance militaire. Dans le cadre des OMLT, la mission estnovatrice et s’articule autour des trois axes suivants : > conseiller dans la vie courante, à l’instruction et à l’entraîne-ment les unités de l’Armée Nationale Afghane (ANA) ;> conseiller les chefs en planification opérationnelle, lesaccompagner au combat et mettre en œuvre à leur profit lesappuis aériens et terrestres de la coalition ;> apporter les moyens et les savoir-faire nécessaires pourfavoriser les liaisons et permettre l’exercice du commande-ment et la conduite des opérations.Au quotidien, la tâche est beaucoup plus complexe car il s’agitde transformer un mélange d’ex-moudjahidines, d’anciens offi-ciers formés par les Soviétiques dans les années 1980 et dejeunes Afghans fraîchement engagés, en une armée régulièreavec un bon niveau opérationnel malgré une technologie rus-tique. Chef militaire de l’OMLT, je conseille directement le chef

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Les qualitésexigées pour chacundes membres de l’équipesont nombreuses, etl’équilibre psychologiqueest fondamental. ”

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L'OMLT 5, photo de groupesur les hauteurs de Darulaman,la forward supply base.

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Aujourd’hui,l’Afghanistan estune guerre sansnom et sans front.”“

de corps du bataillon logistique et compose avec lui pour orga-niser l’entraînement du Kandak 5 et les opérations logistiquesqu’il conduit au sein d’une brigade d’infanterie forte de 3 000hommes. En effet, cette mission de soutien est essentiellepour la brigade qui sécurise à partir de Kaboul, sur plus d’unecentaine de kilomètres, la Highway 1, unique axe logistiquereliant la capitale à Kandahar.

Le mentoring consiste donc au quotidien à conseiller en fai-sant preuve d’une grande ouverture d’esprit, à proposer, àsuggérer, à orienter en laissant l’officier afghan prendre ladécision finale. Malgré une certaine frustration parfois, il fautveiller à ne pas se substituer à lui car ce serait un échec. Lepremier mois de la mission a donc été un véritable round d’ob-servation qui a déterminé la suite de la mission au coursduquel je me suis senti évalué par le colonel afghan pourensuite travailler en étroite collaboration... Mais la véritableconfiance se gagne sur le terrain au cours des opérations.

Les convois logistiques : le Train au combatAujourd’hui, l’Afghanistan est une guerre sans nom et sansfront. L’armée afghane est en guerre mais les forces de lacoalition ne remplissent officiellement qu’une mission d’assis-tance. Il n’existe pas de front car l’ennemi attaque les convoislogistiques sur l’ensemble de la zone d’opérations, la notiond’avant et d’arrière n’existe pas. Il s’agit d’un conflit moderneoù le Train participe au soutien et assure sa mission de ravitail-lement.

Ainsi pendant six mois, l’OMLT a-t-elle effectué une centaine demissions dans les provinces du Logar, du Wardak et duBamyan et a parcouru plus de 100 000 kilomètres sur lespistes afghanes. Le séjour a donc été très dense et tout le per-sonnel a été soumis à une forte pression. Chaque convoi deravitaillement est une véritable opération militaire qui peutdurer de un jour à une semaine. Au sein du détachement,chacun participe aux missions. Le roulement adopté au coursdes six mois a limité l’usure du personnel et a permis de com-battre efficacement le premier ennemi : la routine.

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Convoi traversantKaboul pour allerravitailler despositions 100 kmplus au sud.

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Nous avons montré à nos homologues afghans que chaquelogisticien français est un combattant. Nous avons ainsi gagnéleur confiance. Les missions courantes consistent à ravitaillerles unités engagées le long de la Highway 1 en leur livrant ducarburant, du matériel génie et des ressources diverses ainsiqu’à évacuer les véhicules endommagés par les combats.Le détachement a également participé à plusieurs opérationscomme la remotorisation et le soutien d’un bataillon d’infan-terie accompagné de son OMLT à 300 kilomètres de Kaboul ausud de la province de Bamian.

La logique afghane s’écarte parfois dangereusementde tout raisonnement tactique rationnel.Chef de l’OMLT 5, en coordination avec le chef de corps dubataillon afghan, je participe à la planification des opérations desoutien de la brigade et parallèlement j’organise au quotidien la

sûreté des convois logistiques au cours desquels l’engagementpeut être extrême. Il faut également savoir dire « non » car lalogique afghane s’écarte parfois dangereusement de tout rai-sonnement tactique rationnel. Mes deux refus en six mois ontété acceptés par mon homologue et les deux missions vrai-ment hasardeuses furent complément réétudiées.

Une mission dangereuse et passionnanteCette mission exaltante est donc une formidable aventure desoldat parce qu’elle met le chef du détachement en situationopérationnelle tantôt comme un lieutenant, chef de peloton,au sein d’un convoi logistique, tantôt comme un lieutenant-colonel participant à la planification et à la conduite du soutiend’une brigade engagée dans une opération de contre-insurrec-tion. Enfin, cette mission est attachante mais dangereuse carle quotidien est partagé avec une armée afghane en guerre.

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Derrière le VAB ELI de l’OMLT, un pick-upde l’Armée Nationale Afghane ferme lamarche du convoi logistique sur la pistereliant Kaboul à Bamian.

Cours sur le fonctionnement de la station-service. Extraction d'un véhicule détruitsur une forward operational base.

Arrivée sur une position à ravitailler.

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Le BCH Dieudonne sécurisela zone durant la livraison

du carburant.

LIVRAISON DE FUELSOUS HAUTE SURVEILLANCE

Arrivé depuis le 8 juin 2008 au sein de l’OMLT1 5 Kandak soutiende la 1ère Brigade du 201e Corps de l’Armée Nationale Afghane (ANA),je suis désigné comme « mentor » sur un convoi mixte franco-

afghan le lundi 21 juillet. La mission consiste à livrer 3 500 litres defuel sur la FOB2 d’Airborne, située dans la province du Wardak, à 70 km du campDubs. Ce type de convoi comprend en général trois VAB de protection, une à deuxciternes et une quinzaine d’hommes de chaque nationalité française et afghane.

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PAR LE MAJOR DENIS REBILLARD, OFFICIER NEB DU 601E RCR>

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e rassemblement est fixé le matin à 06h30devant les bâtiments du Kandak 5. Le convoiest organisé par l’officier afghan qui s’appuiesur mes conseils. Il rassemble son personnel etprocède au briefing obligatoire pour tout dépla-

cement en zone d’insécurité. Je vérifie que tout soit conformeaux ordres et mon interprète donne le feu vert au chef deconvoi afghan. Avec quelques minutes de retard sur l’horaire,l’officier de l’ANA fait son compte-rendu départ.

Le VAB de queue procède à un warning-shootLa traversée de Kaboul est toujours un passage délicat. La cir-culation y est particulièrement dense. Le bruit et la poussièrey sont omniprésents. Alourdis par les équipements balisti-ques, le personnel en tape conserve néanmoins des gestesfermes afin d’interdire tout dépassement ou intrusion au seindu convoi. Mais ce jour là, le VAB de queue procède à un war-ning-shoot sur un taxi, visiblement récalcitrant à obtempérer.Dès la sortie de la capitale nous augmentons les distancesentre les véhicules, accélérons et allumons nos brouilleursanti- IED. En effet, la menace augmente fortement à l’extérieurde Kaboul.

Nous entendons le compte-rendud’un convoi américain pris dans une embuscadeAu terme d’un déplacement que la chaleur et le sentiment d’in-sécurité rendent éprouvant, le convoi arrive en FOB. Lepersonnel nous y accueille et guide les citernes jusqu’au lieude livraison. Comme mentor, je dois vérifier que la quantitélivrée correspond bien aux prévisions, car les détournementsde marchandises et les problèmes de corruption sont monnaiecourante. Mon interprète favorise les échanges, assurant ainsile lien avec nos homologues. Au même moment, sur le réseauradio, nous entendons le compte-rendu d’un convoi américainpris dans une embuscade, sur l’itinéraire que nous venons

1/ Operational Mentoring and Liaison Team. 2/ Forward operational base.

juste d’emprunter. Il n’y aurait pas de victimes. Ces renseigne-ments nous seront très précieux, car ils nous permettrontd’adapter notre dispositif au retour. Quelques heures plus tard,la livraison de fuel se termine enfin. Il est temps de reprendrela route du retour. La tension est à son comble en passant àl’endroit même où l’accrochage a eu lieu quelques heuresauparavant. Mais aujourd’hui, la chance nous sourit. Le convoipasse sans encombre...

Le soleil accroche les cimes des sommets encerclant Kaboul.Les enfants jouent avec leurs cerfs-volants, signe encoura-geant de la reconstruction du pays. Aujourd’hui la missions’est parfaitement déroulée. Les hommes et les matériels sontéprouvés, mais l’effectif est complet. Chaque mission estunique et ne ressemble à aucune autre. Elles sont - pour cha-cune d’elles - toujours à prendre aussi sérieusement que latoute première.

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La tension est àson comble en passantà l’endroit même oùl’accrochage a eu lieuquelques heuresauparavant.”

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L’officier afghan rassemble son personnel et procède aubriefing obligatoire pour tout déplacement en zone d’insécurité.

Départ du convoi à la sortie de la FOB d’Airbonne.À l’extérieur de Kaboul, accélération, augmentation des distances et brouilleursanti-IED permettent de sauvegarder la sécurité du convoi.

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Capitale : N’Djamena.Population : 10 111 337 habitants (en 2008).Principales ethnies : populations sahariennes musulmanesdiverses (30 %), arabes musulmans (14 %), populations noireschrétiennes (56 %).Langues officelles : français et arabe.Espérance de vie moyenne : 48 ans.Superficie : 1 284 000 km2.Densité : 8 hab./km2.Pays frontaliers : Libye, Niger, Nigeria, Cameroun,République centrafricaine et Soudan.Géographie et climat : 1/3 nord : Sahara désertique, 1/3 centre :Sahel semi-désertique, 1/3 sud : savane tropicale.Saisons : mars à juillet : saison chaude ; juillet à octobre :saison des pluies, octobre à mars : saison fraîche.Températures à N’Djaména : 33°C en décembre (14°C la nuit), 42°C en avril (23°C la nuit).SOURCE : © WIKIPEDIA

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TCHADSoutenir et ravitailler,dans la chaleur et la poussière...

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Tchad, Abéché. Les convois quittentle Camp des Étoiles pour ravitaillerles GTIA via des centaines dekilomètres de désert sous un soleilde plomb. (Ci-contre un convoiroutier du 517e Régiment du Train).© SIRPA TERRE

Janvier 2008 : la force EUFOR-TchadRCA (République Centreafricaine) sedéploie pour améliorer les conditionsde sécurité des camps de réfugiés(723 000 personnes) dans les deux payset de la frontières entre le Darfour,le Tchad et la RCA. Il s’agit là de la23e opération du dispositif EuropeanForce, coalition de pays de l’UnionEuropéenne, créée spécifiquementpour chaque opération. Nation cadre del’EUFOR Tchad-RCA, la France peut sereposer sur l’expérience de la forceÉpervier (700 hommes) présente dansle pays depuis 1986. Les tringlotsdoivent organiser et mettre en œuvrele soutien logistique de cette force quià termes comptera 3 200 hommes de26 nations. Les régiments du Train vontbâtir une ville, à Abéché, au cœur dudésert à partir de laquelle ils vontravitailler les Groupements tactiquesinterarmes (GTIA) stationnés à lafrontière du Darfour. Transporteurs etcirculateurs sont extrêmement sollicités.Les pistes sont chaotiques, la chaleurétouffante. La poussière envahit tout.Les pistes se transforment en rivièresde boue quand vient la saison des pluies.Au cœur de l’Afrique l’insécurité et lamisère sont partout au bord des routes.Les convois, pourvoyeurs d’eau, doiventavancer coûte que coûte. La surviedes Polonais d’Iriba, des Irlandais deGoz Beïda et des camarades françaisde Forchana en dépend.

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organisation du camp est le préalable nécessaire àla mission. En plein désert, par une chaleur acca-blante et avec peu d’eau, il s’agit ni plus ni moins quede bâtir une ville de toile. C’est-à-dire monter les

tentes, produire de l’électricité, couler des dalles de béton,organiser des réseaux de barbelés, réaliser des postes decombat provisoires... Tel fut le quotidien des logisticiens trans-formés, pour l’occasion, en bâtisseurs.Simultanément, les convois s’enchaînent et il faut rapidementgonfler les stocks de rations et de bouteilles d’eau au profit destrois GTIA qui se déploient déjà à la frontière du Darfour. Eneffet, nul ne peut prédire quelles seront les conditions de cir-culation au plus fort de la saison des pluies. Il semble fortprobable que la plupart des axes seront, sinon coupés, dumoins très difficilement praticables.

50°C, eau saumâtre, tempêtes de sableet orages tropicauxRapidement les conditions de travail s’avèrent particulière-ment difficiles. Entre 10h et 16h, les températures dépassentfréquemment 50°C. Il faut donc se lever très tôt, effectuer unmaximum de travaux le matin, sachant de toute façon que lerepos pendant la pause méridienne est quasiment impossiblecompte tenu des températures étouffantes sous les tentes.L’absence de filets anti-chaleur se fait immédiatement etcruellement ressentir.L’eau sanitaire est par ailleurs une ressource plus que comptéeet le niveau de la nappe souterraine dans laquelle le bataillonpuise une eau saumâtre baisse dangereusement. Il faut doncrationner l’eau en modifiant radicalement nos habitudes deconsommateurs occidentaux. De plus, à l’approche de la saisondes pluies, de violentes tempêtes de sable frappent Abéché,suivies parfois de violents orages tropicaux auxquels noussommes peu habitués. Le vent occasionne également de nom-

breux dégâts et l’eau en profite pour envahir les tentes. Malgrétout et progressivement, les conditions de vie s’améliorent.Quelques tentes climatisées sont même montées, devenantdes lieux de détente enfin supportables aux heures les pluschaudes. Après deux mois de rations, l’ordinaire du bataillon,bientôt relayé par celui des Économats des Armées, offre(enfin) des menus plus diversifiés et le problème de l’eau sani-taire est partiellement résolu au terme de huit semainesd’efforts. Peu à peu, le Camp des Étoiles prend forme, comptantdésormais une zone vie, des zones de manutention, de mainte-nance et de parking pour les véhicules en attente de convoisvers l’est et la frontière soudanaise. A proximité de la zone duBATLOG s’installe le FHQ de l’EUFOR et une zone réservée auxforces spéciales. Pour nos jeunes soldats, c’est aussi uneopportunité de communiquer avec d’autres soldats venus del’Europe entière : Polonais, Irlandais, Suédois et Suédoises...

PAR LE CNE ROMAIN CROS, OFFICIER ADJOINT DE L'ET4 DU 503E RT>

L’

Tempêtes de sable et chaleur étouffanterendent les conditions de travail surle camp particulièrement éprouvantes

Les pelotons de circulationroutière renseignent sur lesitinéraires et escortentles convois sur des pistesdifficilement praticables.

CONSTRUIRE UNE VILLE EN PLEIN DÉSERT :UN DÉFI LOGISTIQUE SANS PRÉCÉDENT

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19 avril 2008. Abéché, dans l’Est du Tchad, les premierséléments du 503e Régiment du Train rejoignent le « Camp

des Étoiles ». 200 soldats logisticiens et plus d’une centaine devéhicules les rejoignent rapidement par les 900 km de piste depuis N’Djaména.Ensemble ils vont armer le Bataillon Logistique (BATLOG) pour organiser lesmoyens logistiques et assurer le soutien de la Force Européenne (EUFOR).

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Les convois passent coûte que coûtePlusieurs fois par semaine, les convois logistiques quittent lecamp vers les GTIA. C’est plus spécifiquement le travail despelotons de transport et des pelotons de circulation qui assu-rent les escortes. Pendant plusieurs jours, ils vont progresserplus ou moins rapidement sur des pistes devenant difficile-ment praticables. Les épreuves se succèdent : passages àgué, enlisement dans des mers de sable, tempêtes sur lesbivouacs, épidémies de « tourista », chargement et décharge-ment de savoyardes, notamment de bouteilles d’eau nonpalettisées et découverte des rations polonaises... Malgrétout, les sourires s’obstinent sur les visages qui se tannentdoucement sous le soleil du désert. Chacun mesure la chancequ’il a de vivre une grande aventure. C’est certainement aussiune spécificité de notre mentalité gauloise qui, si d’aucun laconfondent parfois avec du mauvais esprit, nous aide néan-moins à affronter les difficultés avec humour et surtoutdébrouillardise.

Les convois représentent aussi l’occasion d’affronter la misèreet l’insécurité qui planent partout dans cette Afrique sahé-lienne rongée par la désertification et les guerres endémiques.Le contact avec les populations nous offre cette possibilité demesurer chaque jour le sens de notre action.

Pendant la saison des pluies, les convois continuent à ravi-tailler les GTIA. Jusqu’à la fin du mandat, et malgré desconditions de circulation et de travail rendues de plus en plusdifficiles du fait de la transformation du désert en champ deboue, les soldats logisticiens du bataillon ont poursuivi leursefforts : la réussite de l’opération européenne a été totalementdépendante de la qualité et à l’efficacité de sa logistique.« Dans cette vie qui n’est faite que de départs et d’arrivées, iln’est qu’exaltations et recueillements. Tel est le double jeu del’Afrique, tel est le double mouvement dans l’ordre de l’actionet dans l’ordre du rêve » (Ernest Psichari, Les voix qui crientdans le désert).

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À Abéché, en plein désert, les hommesdu 503e RT ont bâti le Camp des Étoiles,une ville de toile sous une chaleur de 50°C.

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Les convois représententl’occasion d’affronter la misèreet l’insécurité qui planent danstoute l’Afrique sahélienne.”“

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ECL, l’ECT, le DETGEN et le DETCAT, les 4 entitésdu BATLOG se retrouvent au 516e RT à TOUL lapremière semaine de juillet pour la période deVérification Avant Projection (VAP). Point dedépart du mandat 2, la VAP permet de contrôleret valider la capacité du bataillon à remplir lamission. Les 438 soldats logisticiens s’envolent

mi-août vers le Tchad sous les ordres du Colonel Kempf. LeBATLOG atteint sa pleine capacité opérationnelle le 6 sep-tembre 2008 au Camps des Étoiles à Abéché, celui d’Europa àN’djamena ou de Birao en République Centrafricaine.

Un convoi de grande envergureL’escadron de circulation et de transport (164 personnes)assure principalement des convois de ravitaillement enrations, en eau et en matériaux les plus divers vers Iriba,Forchana et Goz Beïda. Deux grosses boucles arrières ont éga-lement été effectuées vers N’djamena, la capitale. La première,a représenté l’occasion de mettre en œuvre un convoi degrande envergure et riche par la diversité des matériels et per-sonnels engagés. En effet, des produits très variés ont ététransportés, allant de missiles aux munitions diverses en pas-sant par les approvisionnements pour le camp d’Abéché. Leretour a permis d’intégrer des éléments de l’ONU et de l’organi-sation MINETECH qui ont profité de l’escorte de convoi assuréepar le maréchal des logis chef Kremer. Au total, un convoi fortde 76 véhicules et 141 soldats et civils, sur une distance d’en-viron 950 kilomètres avec bivouac, pannes de véhicules,ouaddis à franchir, quelques contacts avec les populationslocales et de très bonnes relations avec l’ONU et MINETECH quiont été accueillies et soutenues avec grand enthousiasme parles tringlots pendant tout le trajet.

L’

D’août à décembre 2008, le 516e RT a armé le bataillonlogistique de l’EUFOR au Tchad. 438 militaires logisticiens des

différentes fonctions logistiques ont été réunis pour ce mandat 2.Cette unité éclectique a assuré les missions de soutien du Camp des Étoileset le ravitaillement par convois des camps d’Iriba, Forchana et Goz Beïda.

AU QUOTIDIEN : POUSSIÈRE, SUEUR,VOLONTÉ ET HUMILITÉ...

PAR LE CNE ERWAN LE BOHEC, OFFICIER DE RÉSERVE AU 516E RT>

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES TCHAD > 516e RT

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Pendant que l’ECT poursuit ses convois logistiques et recon-naissances d’itinéraires au gré des pistes chaotiques duTchad, l’ECL travaille dans l’ombre au soutien du Camp desÉtoiles. Quotidiennement, les 144 militaires de cette unitéremplissent leur mission de soutien qui demande volonté ethumilité. Du service général à l’infirmerie, de la maintenanceau secrétariat du corps, tous veillent à être à la hauteur et auxpetits soins de l’ensemble du bataillon tout comme le détache-ment du Commissariat de l’armée de terre qui essaie derépondre favorablement aux différentes doléances des uns etdes autres.N’oublions pas nos sapeurs qui détruisent, reconstruisent etaménagent le Camp des Étoiles pour le confort de chacund’entre nous et la réalisation de chantiers d’envergure notam-ment sur l’entrée principale pour renforcer notre sécurité.

Un convoide 76 véhicules,141 soldats et civils,sur 950 kilomètresde pistes chaotiques.”

“Chaleur et poussière, le désert est un ennemiimprévisible pour les convois de ravitaillementqui empruntent ses pistes accidentées sur descentaines de kilomètres pour ravitailler les GTIAà la frontière du Darfour.© SIRPA TERRE

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Les villages sont abordés avec retenueet pudeur et il est laissé aux habitants

la liberté de venir, ou pas, prendreattache avec les patrouilles.

S’ADAPTER AU DÉSERTET CONNAÎTRE SES HABITANTS

De décembre 2008 à avril 2009, les hommes et femmesdu 517e Régiment du Train se déploient en plein milieu del’immense continent africain pour y armer le bataillon logistique

de l’EUFOR. Climat éprouvant, insécurité latente, le régiment dumillion d’éléphants doit s’adapter au Tchad et connaître ses habitants pourravitailler les forces de l’EUFOR au cœur du désert.

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES TCHAD > 517e RT

PAR LE CNE YVES LE BOT, OFFICIER ADJOINT DE L’ETB1 DU 517E RT>

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Chateauroux, le Berrichon, bourru de prime abord,dissimule en fait un cœur généreux et un étatd’esprit ouvert ; de cette sérénité, engendrée parla confiance mutuelle, naît le souhait de partir quiétouffe rapidement le temps des adieux.S’adapter à Abéché, c’est se priver de ses douces

habitudes castelroussines pour adopter un mode de vie radica-lement opposé. L’acclimatation à une météo littéralementécrasante et à l’austérité du paysage sahélien est aussi uneaide précieuse pour les hommes en quête d’aguerissement.S’adapter, c’est également trouver l’équilibre entre activité etpatience lorsque les aléas des missions jouent avec les nerfsdes soldats. C’est, enfin, absorber les incertitudes quant à lasuite du mandat, sans que cela ne déteigne pour autant surl’efficacité du tringlot.

Sur la piste d’Iriba...Soutenir à Abéché, c’est convoyer la ressource vers les GTIA del’avant à travers des pistes sablonneuses, chaotiques et brû-lantes qui sollicitent durement le personnel comme lesmatériels, et ce, en gardant toujours à l’esprit la possible

1/ Operational Mentoring and Liaison Team. 2/ Forward operational base.

menace et, donc, le souci de maîtriser les procédures perma-nentes opérationnelles, rappelées avant chaque départ par lechef de convoi. Cette expertise dans la fonction d’achemine-ment revêt une importance cruciale pour la vie de noscamarades de la mêlée qui, sinon, ne pourraient pas s’inscrireet combattre dans la durée. Nul ne l’ignore dans la zone d’opé-ration de l’EUFOR, les convois ont d’ailleurs toujours reçu unaccueil chaleureux de la part des Polonais d’Iriba, des Françaisde Forchana ou des Irlandais de Goz Beïda qui, tous, savent gréaux tringlots des missions accomplies.

Le chef de village et l’instituteurLa patrouille, savoir-faire Proterre, est une autre illustration dela double mission du tringlot, combattant de la logistique.Elle est riche en termes de découverte du pays et de ses habi-tants, avec lesquels les contacts sont excellents et leséchanges prometteurs. Elle contribue à prévenir la violence etdonc à protéger les populations. Les villages sont abordésavec retenue et pudeur et il est laissé aux habitants la libertéde venir, ou pas, prendre attache avec les patrouilles.Les enfants sont les premiers, demandent des cadeaux, enga-gent la conversation à leur façon. Peu à peu apparaissent lesadultes, timorés mais curieux, parlant souvent dans un fran-çais approximatif.Le chef du village se montre discret alors que l’instituteur, plusérudit, délivre de nombreuses informations sur la vie des villa-geois. Tous se montrent enthousiasmés et saluent la patrouillequi part vers d’autres destinations, riche d’une nouvelle expé-rience humaine.

À

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES TCHAD > 517e RT

La poussière des pistes et la chaleur sollicitent durementle personnel et les véhicules.

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES KOSOVO > 601e RCR

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u début d’année 2008, le Kosovo a refait parler delui : indépendance, tensions, affrontements. Cethéâtre d’opérations dont certains reprochent lemanque d’exotisme, nous a rappelé avec force lanécessité de la vigilance permanente, l’exigence etla rigueur de l’entraînement et de la mise en condi-

tion opérationnelle, et a démontré de façon tonitruante que leprofessionnalisme des troupes qui y sont déployées est unimpératif.Projeté du 4 janvier au 28 mai, le personnel du 2e escadron du601e Régiment de Circulation Routière commandés par leCapitaine Guele connaissait les risques et les enjeux de cemandat. Beaucoup d’entre-nous connaissaient déjà cetterégion. Mais nous ignorions dans quelle mesure le mot pou-drière pouvait avoir du sens.

La foule cerne le tribunal de Mitrovica16 mars vers 19h00 : le commandant d’unité de retour de réu-nion diffuse l’ordre d’opération du Bataillon Français (BATFRA)détaillant les modalités selon lesquelles la force mettrait enplace un dispositif en alerte afin d’appuyer les forces del’UNMIK voulant expulser les KOS qui occupaient le tribunal deMitrovica situé au nord de l’Ibar. Ce tribunal incarne effective-ment le nouveau pouvoir indépendant kosovar dans une zoneoù les serbes sont ethniquement majoritaires.À 5h00 le 17 mars, le troisième peloton commandé par l’adju-dant Omodei se met en place conformément aux ordres reçussur le pont « Cambronne » le pont secondaire de Mitrovica,articulé en trois éléments sous blindage (VAB), renforcé d’ungroupe génie lui aussi sous VAB, d’un moyen polyvalent dugénie (MPG) et d’une équipe EOD.

DES TRINGLOTS AU TRIBUNAL

Le 17 février 2008, le Kosovo proclame son indépendance.Le 2e escadron du 601e RCR est alors en opération. Il va connaîtreun mandat tumultueux entre l’impatience des Kosovars d’origine

albanaise (KOA) d’obtenir enfin leur indépendance et l’hostilité desKosovars d’origine serbe (KOS). Le 17 mars 2008, la poudrière explose au tribunalde Mitrovica. Les tringlots du 601e vont faire face à une foule hostile.Un événement bref mais violent.

PAR LE CNE SÉBASTIEN POURCELOT, OFFICIER ADJOINT DE L'EC2 DU 601E RCR>

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Escorte du convoi vers le tribunal.Les projectiles s’abattent sur le convoi.

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À 5h30 l’opération d’expulsion débute à l’initiative de l’UNMIK .À 5h50 nous apprenons que la plupart des occupants ont étéarrêtés. Certains se sont échappés mais la population a étéalertée. Une foule se rassemble autour du tribunal et eninterdit la sortie des troupes de l’UNMIK. Celles-ci subissentdes jets de pierres et rendent compte de ses premiers blessésdont un grave.

KFOR : le convoi de secours acculé par la fouleUne colonne de secours se met en place. Le troisième pelotoncertifié au CRC (Crowd and Riot Control, le contrôle de foule) aen charge la sûreté arrière de ce convoi composé de véhiculessanitaires mais également de renforts pour conserver lecontrôle du tribunal. Ce convoi est long et le trajet dans lesrues de Mitrovica est complexe. En effet, un bus a été placé entravers de l’itinéraire et la foule présente tout au long de laroute gêne la progression. Les émeutiers sont également pré-sents dans les immeubles et les projectiles s’abattent sur le

convoi de la rue mais aussi des toits et des balcons. Les véhi-cules non protégés subissent d’importants dégâts. Les unitéschargées de la protection utilisent les grenades lacrymogènesà leur disposition mais les 25 minutes nécessaires pour faireun trajet d’environ 1500 m font que la dotation en munitionslacrymogènes diminue dangereusement. A 500 m de l’en-ceinte du tribunal, tenue par la KFOR, le convoi s’arrête.La cour du tribunal est petite et le nombre et le gabarit desvéhicules sont trop importants. L’adjudant Omodei fait alorsdébarquer son personnel et forme un barrage d’arrêt fixe(BAF) à l’arrière du dispositif afin de contenir une foule de plusen plus hostile. Le Cougar, cette arme de maintien de l’ordrequi projette des grenades lacrymogène, se révèle particulière-ment efficace. La foule étant proche, les dispositifs delancement 50 m (DPR 50) sont les plus employés mais leurquantité est insuffisante. Les DPR 200 permettant de lancerles grenades lacrymogène CM6 à 200 mètres sont alors misen œuvre par ricochet sur les habitations permettant decontenir la foule.Parti de Cambronne à 9h35, l’intégralité du convoi entre dansle périmètre sécurisé du tribunal à 10h.

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Les 25 minutesnécessaires pour faireun trajet d’environ1500 m font que ladotation en munitionslacrymogènes diminuedangereusement.”

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Le service de santé est sollicité. Ici, préparation d’un blessé avant évacuation.

Camille FélixNous gardons en mémoirele BRI (F) Camille Félixdécédée le 1er février 2008.Nous avons une pensée émuepour sa famille et son fils.

IN M

EMOR

IAM

DES TROUPES ENTRAÎNÉES : LE CROWD AND RIOTCONTROL (LE CONTRÔLE DE FOULE)Cet épisode bref et violent a été vécu par des troupes sinonaguerries du moins bien entraînées. En effet, au Kosovo,chaque unité composant le BATFRA est instruite, validée etcertifiée au CRC par les unités de la gendarmerie présentessur le théâtre. Les tenues CRC, composées de coudières,de jambières, d’un bâton et d’un bouclier dotent toutes lesunités au moins partiellement. L’escadron de circulationroutière théoriquement doté à 25 % a demandé et obtenud’être doté à 100 % suite aux événements du tribunal.De plus, une instruction spécifique dite « instruction roadblock » avait été expérimentée par le peloton de l’adjudantOmodei renforcé de moyens du génie deux semainesauparavant. Cet entraînement consistait à acquérir le savoirfaire permettant au groupe du génie et au MPG « d’ouvrir »un itinéraire protégé par un dispositif CRC.Par la suite un détachement « FOM » Freedom of Movementsera systématiquement placé en alerte lors desdéploiements de la force.

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a mission a dépassé le cadre de la circulation rou-tière. Au-delà du renseignement, de l’appuimouvement et de la participation aux missions desureté, les « crocos » ont pu se perfectionner ponc-tuellement en participant à des missions VehicleCheck Point (contrôle de véhicules - VCP), Northern

Tremor (exercice de sécurité civile sur le thème d'un tremble-ment de terre majeur affectant tout le Nord du Kosovo) et LongRange Patrol (patrouille de reconnaissance - LRP). Les plusjeunes ont été baptisés sur Puma.

Formation CRC sur le camp de PlanaLes circulateurs ont également été formés au Crowd and RiotControl (CRC : contrôle de foule) grâce au Peloton deGendarmerie de surveillance et d’Investigation de Calais(PGSI) colocalisé avec l’ECR sur le camp de Plana. Cettepériode est clôturée par un scénario complet joué sur le campde Novo Selo. Avec le Génie, ils ont reçu la formation spécifiqueau « DIA Roadblock » concernant le passage de barrages lorsde manifestations principalement concentrées sur la ville deMitrovica. Habitués au fonctionnement binational, ils ont enfin

effectué des patrouilles mixtes dans Mitrovica avec leurscamarades Autrichiens et Allemands de passage sur le camppour quelques semaines. De retour début janvier, dans leur jolie garnison de Müllheim,les « crocos » fourmillent d’impatience dans l’attente d’unenouvelle OPEX vers d’autres horizons.L

Les crocos, les circulateurs du bataillon de commandement et desoutien de la brigade franco-allemande (BCS/BFA), ont connu leurpremière opération extérieure de septembre 2008 à janvier2009. Depuis janvier 2008 ils se préparaient à l’escorte de convoi

pour l’Afghanistan. C’est finalement à Mitrovica au Kosovo au seindu BATFRA 19 qu’ils ont été projetés pour un mandat riche en expériences.

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES KOSOVO > BCS-BFA

LA PREMIÈRE DES “CROCOS”PAR LE LTN SANDRA THOMAS, CHEF DU PCR DE L’ERC DU BCS-BFA>

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Circulateur du BCS/BFA et son matériel spécifique.CRC : maintenir le niveau de violence au plus bas demande sang-froid et entraînement.

519e RT : transbordement au profit de la KFORLe 2e Peloton Portuaire du 2e Escadron Portuaire, unité du 519e Régimentdu Train, a été projeté en détachement de transit interarmées maritime,au Kosovo du 14 janvier au 6 février 2009. Après une installation rapidedans le camp de Novo Selo, les spécialistes du transbordement maritimeont basculé vers le port de Thessalonique pour débuter les opérations dedéchargement et de chargement du MN ECLIPSE. Brouettage, empotage

et convoyage ont, par ailleurs,rythmé les trois semaines demission au profit de la KFOR.

LTN Aurélien TREBOUVIL,Chef de peloton Portuaire

EN BR

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OPÉRATIONS EXTÉRIEURES CÔTE D’IVOIRE > 519e RT

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EN BR

EF

ous connaissons déjà pratiquement tous cethéâtre pour y avoir servi soit dans le cadred’un séjour soit par le biais d’un chargement denavire dans le port d’Abidjan. La mission dontnous héritons est cependant plus diverse.L’objectif est de maintenir la capacité d’évacua-tion par voie lagunaire de façon opérationnelle

et de former le personnel de la force Licorne aux spécificitésdu combat amphibie et du débarquement sur plage. Pour cefaire nous organisons des exercices de jour comme de nuit.Nous devons également mener la reconnaissance des pointsd’embarquement et de débarquement dans la zone d’Abidjanau profit des responsables des différentes unités.Le ton de la mission est donné et une fois arrivé sur zone, lesexercices s’enchainent jour après jour et de façon soutenue.Nous disposons, pour mener à bien notre travail, de deux piro-gues d’intervention rapide pour l’acheminement de personnels,d’une barge de débarquement pour le transport de véhicules etde matériel, mais aussi de deux zodiacs que nous employonspour la reconnaissance des points sensibles.

La spécificité du travail en milieu interarmes nous permet éga-lement de prendre part à des missions annexes comme desexercices de treuillages à partir de nos embarcations ouencore la recherche de balises de détresse au profit du déta-chement FENNEC de l’armée de l’air. Nous prenons égalementpart à l’acheminement de personnel dans le cadre de l’entrai-nement au tir et du transport d’éléments des forces spécialesvers leur zone de mission. En plus de quatre mois en Côte d’Ivoire, nous avons formé plusde 750 personnes (dont la gendarmerie, le bataillon togolaisde l’ONU ou encore les commandos parachutistes de l’arméede l’air) sur les rudiments de l’amphibie, et nous avons parti-cipé à de multiples exercices de transport, de récupération oude projection de forces.

Cette mission variée et intense a permis de démontrer lessavoir-faire uniques du personnel de la Jonque et nous avonssu rester fidèles à notre devise : « adroit et rigoureux sur terrecomme sur mer ».

N

C’est en juin 2008, que le 2e Peloton Amphibie du 519e régimentdu Train reçoit la mission de reprendre le fonctionnement du

Détachement d’Intervention Lagunaire (DIL) situé à proximitédu 43e BIMa à Abidjan. Le DIL est stratégique. En 2004 ce détachement aen effet permis l’évacuation de 1200 ressortissants par voie fluviale.

PAR LE MCH GRÉGORY LABORDE, PATRON DE BORD AU 519E RT>

CÔTE D’IVOIRE : MAINTENIRLA CAPACITÉ D’ÉVACUATION

En quatre mois,le 2e Peloton amphibie

a formé près de 750personnes.

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTP

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mars 1954. L’offensive générale Vietminh estdéclenchée sur le camp retranché de Dien BienPhu. La piste d’aviation, unique point d’entrée duravitaillement des 12 000 combattants de la gar-nison, est la cible privilégiée des tirs d’artillerie.

Depuis le 20 novembre 1953, début de l’opération Castor, vingtavions ont été abattus au sol.

Dien Bien Phu : l’aérolargage, ultime cordon ombilicalLe 23 mars, la piste, grêlée de cratères, est définitivementimpraticable. L’approvisionnement en munitions, vivres, médi-caments, carburant est désormais suspendu à la capacitéd’aérolargage du théâtre, ultime cordon ombilical entre DienBien Phu et le delta du Tonkin.

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTP

LE LARGAGEDE MATERIELA TRES GRANDEHAUTEUR

,

,,

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Depuis août 2008,le 1er RTP expérimenteen Afghanistan le largagede matériel à très grandehauteur. Cette technique,issue des réflexions

menées depuis la bataille de DienBien Phu, est la première techniquede largage qui offre des garantiesde sécurité et de précision à coûtmaitrisé. Elle pourrait à termes éviterles convois et les héliportages àrisque et ainsi les pertes humaines.

PAR L’ADJ JÉRÔME LECOQUIERRE,RESPONSABLE LARGUEUR LMTGH AU 1ER RTP

>

La préparation des charges à larguerest une opération extrêmement

technique. La rigueur estindispensable pour que les voiles

s’ouvrent en temps voulu.

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Pendant 54 jours de bataille acharnée, l’armée de l’air et leslargueurs des compagnies de ravitaillement par air effectuentplus de 750 missions de largages, de jour comme de nuit. LesDakotas sont exposés au feu nourri de la DCA vietminh. Autotal, 167 aéronefs sont touchés et 28 abattus en vol. Le 8 mai1954, quand cesse enfin le combat, les pertes humaines s’élè-vent à 56 membres d’équipage, tués ou disparus, dont 11tringlots parachutistes. À Dien Bien Phu, la livraison par air a répondu présent aurendez-vous de l’Histoire. Elle a amplement démontré son effi-cacité opérationnelle et sa capacité à assurer un ravitaillementlogistique de masse. Le lourd tribut payé, tant par l’armée del’air que par les largueurs du Train, oblige cependant à relati-viser l’efficience du mode d’action. Le défi technique consisteà présent à soustraire les vecteurs aériens et leurs équipagesà la menace des armes automatiques.

La LMTGH pour soustraire les équipages à la menaceIl faut attendre plusieurs décennies pour que soit mis au point,en 1989, le largage de matériel à très grande hauteur (LMTGH).Le procédé consiste à larguer des charges à plus de 4 000 mdu sol, hors de portée des missiles à courte portée. À bord,l’équipage se prémunit contre les dangers de la haute altitude.Le port du masque à oxygène oblige une période de dénitrogé-nation (remplacement de l’azote contenu dans l’organisme parde l’oxygène) de 45 minutes pour éviter l’aéroembolisme. Lesvariations de pression atmosphérique peuvent en effet rendrefatales de simples bulles d’azote. Un médecin est adjoint àl’équipage pour prévenir tout accident respiratoire.

Au bilan, la technique est rapidement maîtrisée mais présenteencore un inconvénient majeur : l’ouverture des voiles decharge à très grande hauteur a pour conséquence une dériveimportante. En fonction des vents aux différentes couches, uncolis largué à plus de 7000 mètres d’altitude peut atterrir àplusieurs dizaines de kilomètres de la zone de mise à terrevisée. Comment garantir dans ces conditions que la charge nesoit perdue dans un bois, un marécage, un ravin, ou qu’elle netombe aux mains ennemies ? L’arbitrage entre l’urgence dubesoin et les chances de succès est nettement défavorable.Le procédé ne sera employé que dans le cadre de l’opérationCourlis, en 1992, pour ravitailler en vivres les populations deBosnie.

Vers une technique sure et préciseLa menace sol-air diffuse rencontrée en Afghanistan relancela recherche d’une technique de largage à la fois sûre et pré-cise. Si les Talibans ne disposent pas d’une DCA digne desbatteries du Vietminh, les tirs d’armes légères occasionnentde sévères dommages aux aéronefs de la coalition. Le largageà très grande hauteur est au point, la technologie moderneapporte enfin des réponses au problème de dérive du fardeausous voile.

US Army : le JPADS, une aile télécommandéeUne première approche consiste à guider le colis au moyend’un système GPS. Cette technique suppose de disposer d’unevoile de charge pilotable et couplée à une télécommande. C’estl’option retenue par les forces américaines. Celles-ci expéri-mentent aujourd’hui le Joint Precision Airdrop System (JPADS).Une aile géante, capable de faire voler un colis de plusieurstonnes, est guidée vers le point choisi. Au stade actuel, lesytème se caractérise avant tout par un coût d’utilisationinaccessible aux budgets contraints des principales arméesoccidentales.

La précision moyennede nos largages surle théâtre d’opérationafghan est inférieureà 500 mètres.”

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTP

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Le LMTGH doit se faire sousoxygène. Un médecin est adjointà l’équipage pour prévenirles accidents respiratoires.

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France : l’ouverture de voile retardéeUne seconde approche consiste à retarder l’ouverture desvoiles de charge afin de réduire la dérive au minimum et ainsiaccroître la précision du largage. C’est cette voie qui estexplorée par la France depuis 2008. La charge est stabiliséedans sa chute par un petit parachute. L'ouverture des voilesprincipales se déclenche de manière automatique à 500mètres grâce à un déclencheur vario-barométrique. Malgrécette ouverture basse, la précision recherchée ne saurait êtreobtenue sans données météo fiables relatives aux différentescouches atmosphériques traversées par le fardeau. Un sys-tème expérimental de Météo France, MESO NH, permet depuispeu de recueillir et d’exploiter ces paramètres essentiels. Surcourt préavis, les données de la zone de mise à terre choisiesont intégrées pour calculer le point de relaxation, point de lar-gage optimisant la précision de mise à terre.

La campagne d’essais conduite sur le théâtre d’opérationafghan depuis l’été 2008, à raison de deux largages mensuels,a permis de mettre à terre une vingtaine de tonnes de fret.La précision moyenne de ces largages est inférieure à 500mètres. Moins onéreux que le premier, ce système présentepourtant des contraintes fortes.

Des équipages d’élite pour une technique exigeanteLes équipages de l’air comme les largueurs subissent unesélection physique rigoureuse. Le passage en caisson déter-mine l’aptitude de chaque équipier au travail sous oxygène.

Ensuite, la restitution coordonnée de procédures de largagetrès strictes nécessite une formation poussée suivie d’unentraînement régulier, favorisant la connaissance du rôle dechaque équipier.

Enfin, le risque d’avoir à abandonner l’avion en urgenceimpose une parfaite maîtrise des procédures « RESCO »acquises à Cazeaux ou à Toulouse. Après le saut, les membresd’équipage activent leurs balises, rallient un des points préala-blement étudiés, et attendent l’hélicoptère qui les évacueraaprès authentification.

La LMTGH, la solution pour les besoins prioritairesIl est évidemment exclu d’essayer d’égaler la capacité de lar-gage atteinte en Indochine. La première raison qui écarte cettehypothèse est la dimension de notre parc d’aéronefs. Le corpsexpéditionnaire français en Extrême Orient disposait en 1954d’un nombre d’aéronefs supérieur à la flotte d’avion de trans-

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTP

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Le LMTGH permet d’assurer le ravitaillement des points isolés en évitantdes prises de risque pour les moyens héliportés et routiers.

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port tactique dont dispose actuellement la Brigade d’AppuiAérien à la Projection (BAAP). En outre, le poids logistique destroupes au sol a augmenté de façon exponentielle depuis60 ans si bien que le ravitaillement nécessaire à un combat-tant serait au moins quatre fois supérieur aujourd’hui. Enfin, compte tenu de la capacité d’emport limité des aéro-nefs, le recours à la LPA doit répondre à des besoinsprioritaires, que ne sauraient satisfaire les autres modesd’acheminement :> le ravitaillement planifié de détachements isolés,> le ravitaillement dans l’urgence.

Afghanistan : la LMTGH pour les OMLT isoléesLe premier cas paraît évidement adapté au ravitaillement desOperationnal Mentoring and Liaison Team (OMLT) basées dansdes secteurs mal desservis ou présentant un danger jugéexcessif pour les convois routiers ou les hélicoptères.Dehrawod, en Oruzgan, pourrait par exemple être approvi-sionné de façon régulière par la troisième dimension. A raisonde 2 à 4 tonnes hebdomadaires de vivres, carburant, muni-tions ou pièces détachées, 30 mentors français pourraienttenir entre deux convois routiers mensuels. Cette combinaisondes modes d’approvisionnement logistique permettrait uneéconomie significative d’escortes et de vecteurs.

La nécessité de planifierL’emploi en ravitaillement dans l’urgence ne sera quant à luioptimal que s’il est anticipé. Sans préavis, le délai dépendessentiellement de l’inscription de la mission sur l’Air TaskOrganization (planning des missions aériennes élaboré à

l’échelon interallié) et de la récupération du fret à larguer sur labase de départ (Douchanbe). Selon les cas, il pourra varier de8h à 24h. Par conséquent, la mission doit être systématique-ment planifiée par défaut pour pouvoir être réalisée dans undélai de deux heures. Autrement dit, le recours éventuel auLMTGH-OB doit impérativement être prévu dans l’ordre d’opé-ration pour déclencher le conditionnement des fardeaux,l’étude de la mission et la demande d’inscription sur l’ATO,quitte à ne pas déclencher la mission.

A cet égard, la constitution d’un stock de colis génériques« prêts-à-larguer » permettrait de réduire considérablementles délais de livraison en urgence. La définition du contenu decette charge standard appartient évidemment aux forces utili-satrices. Cet appoint, non négligeable pour une section, n’estpas adapté au SGTIA. Un fardeau lourd, d’une masse maximumde 4 tonnes, pourrait à terme compléter utilement la plaged’emploi de ce mode de ravitaillement.

Employé à titre expérimental sur le théâtre afghan depuisaoût 2008, le LMTGH-OB, a prouvé sa pertinence. Il complètede façon efficace les autres modes de ravitaillement. Écono-mique en moyens, relativement souple d’emploi, il doit à termepermettre à l’armée de terre de préserver des moyenscomptés en hélicoptères de manœuvre, mais aussi en convoisescortés. La validation du procédé par la DGA et la mise en ser-vice de lots de conditionnement en nombre suffisant,attendus dans les prochains mois, permettront d’adapter lerythme des largages aux réels besoins des troupes au sol.

La France appartient de longue date au club très fermé desnations dotées de la capacité de ravitaillement par voieaérienne. Cette capacité additionnelle suscite actuellement unvif intérêt de la part de nos alliés anglais, belges, espagnols, etmême américains. Il s’agit pour le 1er RTP et les escadrons detransport de la BAAP de préparer le prochain rendez-vous avecl’Histoire.

La France appartient delongue date au club très fermédes nations dotées de la capacitéde ravitaillement par voieaérienne.”

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTPAérolargage, aéroportage,

aérotransport...la maquette C160 estun outil de formation

de premier ordre.

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Un nouvel outil pour l’instruction et l’entraînement,particulièrement attendu, est désormais opérationnelau sein du 1er Régiment du Train Parachutiste :la maquette C160. En effet, la cellule du Transall R05a entamé une deuxième carrière. Ainsi, servant toutautant pour l’aérolargage, l’aéroportage, etl’aérotransport, elle voit passer jour après jourles militaires du rang en phase d’instruction,les détachements préparant un départ OPEX, les équipesLTGH (largage très grande hauteur = oxygène) ou JVN(jumelle vision nocturne) en entraînement, mais aussiles largueurs personnels et plus récemment les jeunessous-officiers au cours de leur formation continue.En bref, le 1er RTP dispose aujourd’hui d’un outil essentielqui, s’il ne permet pas à lui seul de restituer le travaild’un équipage d’arrimeurs largueurs en vol, garantit uneinstruction de qualité et permet une connaissanceapprofondie de la soute du C160.

CNE Frédéric LAPREVOTTECommandant le 3e Escadron de Livraison par Air

LA CELLULE R05L’INSTRUCTIONLARGAGE SURMAQUETTE

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SAVOIR-FAIRE > 1er RTP

ZOOM SUR...>

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TEMPÊTE KLAUS : LE 15E BTSOUTIENT LES LANDAIS

23 et 24 janvier 2009, la tempête Klaus s’abat sur le Sud-Ouestde la France. 6 personnes sont tuées, 1,3 million d’usagers sont

privés d’électricité et les réseaux de communication sontgravement endommagés. Le lendemain, le Président le la République

décide la mobilisation de l’armée de terre pour participer aux opérations desecours. Le 15e Bataillon du Train de Limoges est désigné pour rétablircommunication et électricité dans la forêt landaise ravagée.

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EN MÉTROPOLE TEMPÊTE KLAUS > 15e BT

PAR L’ ADJ GILLES CONCHON, CHEF PATROUILLE APPUI MOUVEMENT AU 15E BT>

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27 janvier 2009 : l’engagement physique deshommes du 15e BT est considérable pour faireface à l’urgence. La vie des Landais estsuspendue en attendant le rétablissementdes communications et de l’électricité.

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imanche soir, 22h10, soirée télévision en famillle.Un appel de l’officier de permanence m’informe dela mise en place d’un peloton PROTERRE tempêteKlaus, qui fera mouvement dès le lendemain versles Landes pour rejoindre un groupement tactiqueaux ordres du RICM.

Lundi, au rapport, un appel est effectué et les trois différentsgroupes doivent commencer les perceptions : gants, chaus-sures de sécurité, VHLS, carte autoroute, jerrycans...15H00. Après revue de la rame et consignes du chef de corps,nous partons en direction de Biscarrosse.Plus nous nous rapprochons, plus les réminiscences de 1999remontent à la surface. Effectivement, les pins sont de plus enplus nombreux à joncher le sol au fur et à mesure de notreavancée. Le pire est encore à venir car après avoir pris lesconsignes sur place auprès du RICM, nous nous déplaçonsvers Morcenx, petit village situé à 1h30 plein sud deBiscarrosse.Arrivés sur place, nous constatons l’ampleur des dégâts etallons aux ordres au PC des sapeurs-pompiers. Nous sommespris en compte et amenés sur une route très étroite à causedes pins. Des groupes sont formés afin d’élargir le plus rapide-ment la route. Un de nos soldats a la tronçonneuse et lesautres, des haches et des balais de cantonniers. Les arbressont coupés, déplacés de part et d’autre de la route, tandisque deux personnes s’occupent du pilotage, afin que nouspuissions travailler en toute sécurité.Le premier tronçon étant terminé, nous partons vers notre lieude restauration : une école primaire où nous sommes très bienaccueillis par le personnel. Après un repas riche en calories,nous retournons au PC des sapeurs-pompiers, car toutes lesmissions partent de chez eux.

Les groupes progressent, arbre après arbreL’après-midi, une nouvelle mission : nous devons permettreaux trains de circuler sur l’axe Morcenx - Mont-de-Marsan.Accompagnés d’un responsable de la SNCF qui nous pilote,nous commençons le travail, équipés de nos chasubles et denos chaussures de sécurité. Trois sapeurs-pompiers et un denos soldats utilisent des tronçonneuses. Les groupes progres-sent au fur et à mesure, pin par pin. Quand la nuit approche,pour des raisons de sécurité évidentes, nous regagnonsBiscarrosse, toujours à 1h30 de là.

Les personnes qui utilisent les tronçonneuses sont épuiséespar le poids de chacune d’elles, ajouté à celui de la veste et dupantalon de sécurité et à celui du casque, ainsi que par beau-coup de travail en hauteur.

En accord avec le PC de Biscarrosse et la Ville de Morcenx, l’au-torisation d’être logés sur place nous a été accordée, ce quipermet de gagner trois heures de route chaque jour.Nous passons la dernière nuit à Biscarrosse. Réveil avant lelever du soleil. Travaux d’intérêt général. Embarquement dessacs. Contrôle des chambres et des lieux communs par leMajor de camp. 6h30, départ pour l’ordinaire. 7h00, départpour Morcenx. 8h30, arrivée chez les sapeurs-pompiers.Retour sur la voie ferrée, car il nous reste 200 m de voie etdonc beaucoup d’arbres à dégager. En fin de matinée, la voieest libre !... et les trains peuvent à nouveau circuler dès le len-demain matin.Mission de l’après-midi : libérer des câbles à haute tension pri-sonniers sous les pins qui, avec leur poids, ont aussi cassé despylônes en béton. Les groupes progressent dans la forêttandis qu’un groupe sécurise la route car des arbres dépas-sent d’un bon mètre du fossé.

Une journée de plus. Nous sommes logés dans un gymnasenon loin d’une section de l’ENSOA. Le soir, nous sommesnourris par un LEP situé à 400 m de notre lieu de « bivouac ».Les jours suivants, nous avons libéré des lignes à haute ten-sion, ouvert des chemins forestiers et permis aux cars desécoles de réemprunter des itinéraires qu’il leur était impos-sible de prendre la semaine précédente.Le dernier jour, nous libérons une énième ligne à haute tensionqui permettra plus tard de rétablir l’électricité à un groupe demaisons, dès le passage d’EDF.

Nous sommes informés que les unités spécialisées du Génievont nous remplacer ; après un au revoir aux sapeurs-pom-piers, contrôles et pleins des véhicules, nous reprenons laroute et nous partons avec la satisfaction du travail accompliet la conviction de notre utilité dans le cadre des MISINT dansces moments difficiles pour les Landais.

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39

Les arbres sontcoupés, déplacés depart et d’autre de laroute, tandis que deuxpersonnes s’occupentdu pilotage.”

EN MÉTROPOLE TEMPÊTE KLAUS > 15e BT

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Le peloton Proterre du 15e BTs’est mobilisé en moins de 12hpour rejoindre les forêts landaises.

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our cet exercice le défi réside dans l’acheminementd’une centaine de « shelters » (ou abris de com-mandement), de 3500 m2 de tentes à architecturegonflable, d’une vingtaine de générateurs, et de toutle matériel nécessaire pour chauffer et entretenircette ville éphémère.

Une ville à construireDes moyens additionnels ont donc été sollicités du CFLT, (vec-teurs du 516e et 515e RT et VALMET du 8e RMAT entre autres).Cet effort logistique est facilité par les délais prévus : un moisavant l’exercice proprement dit, qui se déroule du 12 au 28novembre 2008.L’assemblage des trois PC (« Main » ou « principal », « Rear »ou « arrière » et « DISTAFF » ou « DIREX ») est effectué parune seconde compagnie du bataillon, baptisée « Compagniede montage de Poste de Commandement » (ou CP-Set Up Coy),qui comporte également un peloton français. L’essentiel dusoutien logistique de l’exercice réside dans l’acheminementdes moyens puis leur déploiement.La mise en place d’un tel PC en une seule fois (donc sans« norias » de véhicules logistiques) ainsi que la concentrationdes structures de commandement en feraient certainementune cible conséquente.

Un soutien logistique tactique La mission logistique durant l’exercice lui-même se résume àl’entretien des matériels existants (manutention au moyendes chariots élévateurs moyens « Merlo », recomplètementdes réservoirs des chauffages, vérification des réseaux élec-

triques et regonflage régulier des tentes) et au soutien del’homme. L’état-major est en effet autonome pour la durée del’exercice.

Le Real Life SupportIl s’agit là de tout l’aspect commandement-vie-soutien(COVISOU). Il comporte la sécurité « réelle », prise en comptepar la chaîne « RLS Security », mais aussi le logement, l’ali-mentation, le transport et l’administration. Le bataillon est

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COMMON EFFORT 2008LE CRRE EN EXERCICE

Le Corps de Réaction Rapide Européen (CRRE), situé à Strasbourg,organisait en novembre 2008 un exercice de déploiement d’état-major

de corps d’armée à Mourmelon, sous le doux nom de « Common Effort2008 ». L’acheminement, le montage et le post-acheminement de cette

masse impressionnante de moyens et d’équipements multinationaux furentdévolus au Bataillon de Soutien Multinational, au sein duquel servent la majoritédes « tringlots » du CRRE.

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PAR LE CNE JOSEPH RICHARD, S3 TRAINING DU BQG DU CORPS EUROPÉEN>

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EN MÉTROPOLE COMMON EFFORT 2008 > CRRE

Le soutien de tous les déploiements de PC (en opérationsmais surtout en exercice) incombe systématiquement aubataillon de soutien ou « Headquarters Support Bataillon ».Celui-ci dispose de peu de moyens logistiques en propre,une demi-douzaine de VTL-R tout au plus. La compagnie dite« de transport » du bataillon de soutien comporte troispelotons dont un seul français, en majorité tringlots, maisdont les spécialités couvrent la manutention, le soutiencarburant, et le transport proprement dit. Les deux autrespelotons, allemand et espagnol, ne disposent pas demoyens permettant l’emport de conteneurs « vingt pieds »ou même simplement des plateaux VTL, pour des raisonsd’incompatibilité matérielle.

UN BATAILLON POUR TOUTFOCUS>

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responsable de la maîtrise de ces aspects pour les élémentsprojetés mais aussi pour la base arrière, ainsi que de la liaisonpermanente entre les deux.

Le désengagement : une mise en place inverséeIl s’agit de tout refaire à l’envers : le désassemblage dedizaines de tableaux et de kilomètres de câble, électriques etinformatiques, la remise en condition des structures, gonfla-bles ou métalliques, qui abritèrent durant quinze jours descentaines de cadres d’état-major de plusieurs nationalités,puis le chargement et le post-acheminement de ces centainesde mètres cube matériel.

Le bataillon, fort d’environ 400 personnes, regroupe toutes lesspécialités requises par le soutien de l’état-major d’un corpsde réaction rapide OTAN. Le soutien de l’exercice « CommonEffort 2008 » lui a pris presque trois mois. Dès février 2009,il s’est remis à préparer le soutien de l’exercice suivant,« European Endeavour 2009 », prévu fin avril 2009.

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Acheminer toutle matériel nécessairepour bâtir une villeéphémère de 3 500 m2

de tentes gonflables.”

EN MÉTROPOLE COMMON EFFORT 2008 > CRRE

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Les tringlots du bataillon de soutien duCorps Européen ont déployé en une seulefois le PC d’un corps de réaction rapidede l’OTAN.

Exercice Common Effort 2008 :le 5e Escadron du 516e RT en soutienDu 13 au 24 octobre dernier, un élément du5e Escadron a effectué la mission de transportCommon Effort 2008.Cette mission, exécutée au profit du CorpsEuropéen, avait pour but le transport de 160

plateaux (100 AMPC et 60 TC20) entre Strasbourg (67)et le camp de Mourmelon (51). Durant la journée dudimanche 12 octobre, 38 réservistes ont prisconnaissance de la mission et pris en compte lesvéhicules, les matériels nécessaires, et effectué lesvérifications avant départ et les rappels concernantla sécurité. Le lendemain matin, répartis en troisescouades, le convoi faisait route en direction dela capitale alsacienne, alors qu'un détachement de liaisonles précédait sur place, ainsi qu'un autre sur Mourmelon.Une fois le chargement des différents plateaux préparéspar l'Eurocorps effectué, dans le respect des règles desécurité, le lieutenant (R) Terver, chef de peloton, donnaitl'ordre de départ, afin d'acheminer ces premiers plateauxau camp de Mourmelon, lieu de déchargement et de gîteétape. Le dimanche 19, c'est un nouveau peloton de 38PAX qui prenait le relais, sous les ordres de l'adjudant (R)Lallemand, afin d'achever la mission. Ainsi jusqu'au23 octobre, la boucle Mourmelon/Strasbourg/Mourmelon,comptabilisant 700 km, a été effectuée quotidiennement.Cette mission a permis aux militaires du rang, sous-officiers et officiers de se retrouver, de travailler et deparfaire leurs savoir-faire, ainsi que de collaborer avecleurs camarades d'active du Corps Européen.

EN BR

EF

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Le 24 juillet 2008, l’annonce faite par le ministre de la Défense lanceune restructuration d’envergure pour les armées et pour l’arméede terre en particulier. Première échéance le 1er août 2009 : un nouvel

organisme de formation doit voir le jour par regroupement à Bourges des écolesde la logistique et du Train (37) et de l’école du Matériel (18).

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EN MÉTROPOLE TRANSFERT DES ELT

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DE TOURS À BOURGES : L’ÉCOLE DU TRAINVERS UN NOUVEAU DÉPART

PAR LE LTN DAVID SAMSON, OFFICIER COMMUNICATION DES ELT>Le quartier Carnot à Bourges.

Ses 60 hectares vont accueillirles activités des ELT après destravaux d’adaptation. La place

d’armes, ci-contre, va quant à elleêtre baptisée place Voie Sacrée,

haut fait d’armes partagé parle Train et le Matériel.

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endant un an les cadres des deux écoles ont relevéun véritable défi : créer un nouvel organisme à coûtminimal sans impacter les actions de formationprévues et les études programmées. Ressources

humaines, organisation, infrastructures, budget, mutations,déménagement des locaux, patrimoine... le chantier a étécomplexe et colossal.

La méthode de travail : mixité et coordinationLa manœuvre a été menée en plusieurs étapes : la définitionde l’objectif, la planification des actions puis leur conduite. Aumois d’août 2008, il a d’abord fallu s’organiser. L’ensemble desacteurs des deux écoles ont constitué un comité exécutif seréunissant tous les mois en alternance à Tours et à Bourges. Ilcomprenait des groupes de travail mixtes, ELT et ESAM, pardomaine. Sous le commandement des deux généraux, lesbinômes de chefs de corps, de commissaires, de DRH, de DGF,etc., ont travaillé de manière coordonnée afin que le cycle deformation 2009/2010 démarre dans les meilleures conditions.Ce travail a été réalisé en concertation avec l’état-major de larégion terre nord-ouest, l’état-major du CoFAT, la direction desressources humaines de l’armée de terre et l’état-major del’armée de terre.

Les écoles militaires de Bourges : quelle organisation,quelle infrastructure ?Les groupes de travail se sont d’abord attelés à la définitionde l’objectif : quelle école, quelle organisation ? Les écolesmilitaires de Bourges vont regrouper sous un seul comman-dement, un pôle administration-soutien puis trois écoles :l’école du Train, l’école du matériel et un centre de formationlogistique.Les besoins en infrastructures et les travaux d’adaptation duquartier Carnot à Bourges se sont simultanément imposéscomme la première priorité au regard des financementsnécessaires et des délais de réalisation. Le quartier Carnotdoit en effet absorber l’activité des ELT en moins de douzemois laquelle correspond au travail de 400 cadres sur 150actions de formations destinées à 1 500 stagiaires par an.

Il a fallu rapidement définir les besoins spécifiques de chaquedivision et services transférés et des points durs sontapparus. Des travaux ont du être engagés pour héberger ladivision des sous-officiers ou encore le centre de simulationqui nécessite des installations techniques lourdes.

Économiser 142 postes. La phase ressources-humaines a logiquement suivie. Les ser-vices RH ont conçu le document unique d’organisation (DUO)définissant chacun des 1 218 postes à pouvoir au sein de lanouvelle école. L’objectif était d’économiser 142 postes relati-vement aux effectifs cumulés des écoles regroupées. Cetteéconomie a principalement été réalisée dans les domainesadministratifs et de soutien grâce aux synergies du regroupe-ment. Cette étape complexe fut une étape difficile car elle ademandé le temps nécessaire de la réflexion et de la validationalors qu’elle conditionnait l’avenir du personnel et des familles.Chacun voulait savoir si au regard de ses compétences, ildevrait occuper un poste à Bourges au sein du nouvel orga-nisme ou à Tours au sein d’un détachement de soutien degarnison d’environ 80 personnes constitué pour poursuivrecette mission des ELT.

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La maison du chef de corps à Bourges vaaccueillir le nouveau musée du Train. Situéeà l’opposé de l’entrée du quartier, le long del’enceinte, son état va nécessiter quelquestravaux d’aménagement pour accueillir les

collections dans des conditions acceptables.

MILITAIRESCIVILSTOTAL

ELT

517222739

ESAM

420201621

EMB

859359

1 218

POSTESRENDUS

7864

142

Le défi du DUO des écoles militaires de Bourges :économiser 142 postes et en définir 1 218.

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Les services RH ont mené ce chantier en un temps recordentre août et décembre 2008 avec de nombreux allers-retoursvers les administrations centrales. Chacun a ensuite puexprimer ses désidératas de mutation en sachant qu’uncontingent incompressible d’une centaine d’experts devraitrejoindre Bourges pour sauvegarder le savoir-faire.Le travail de mutation et d’affectation du personnel versBourges ou d’autres garnisons a alors pu commencer. À cetitre les ELT et l’ESAM ont mené des actions d’information surla garnison de Bourges, les possibilités d’hébergement, l’em-ploi des conjoints, la scolarité... La majorité du personnel civil(70 %) a quant à lui été affecté au détachement de soutien àTours.

100 semi-remorques pour déménagerDès janvier 2009 le déménagement, son organisation, saconduite et l’installation dans les locaux du quartier Carnot àBourges sont vite devenus les priorités au regard de la dimen-sion du chantier.La rentrée 2009 était déjà une échéance non négociable qui apris une nouvelle dimension lorsqu’au mois d’avril l’ordre estdonné d’évacuer totalement les quartiers de Beaumont etChauveau à Tours pour le 31 juillet 2009 et cela tout en menantà son terme l’année scolaire. Il a fallu planifier en simultanéévacuation et installation à échéance courte. Le SMCAT desELT a planifié et organisé le déplacement de 3500 m3 (environ100 semi-remorques) chargés par le personnel principale-ment EVAT et sous-officier de l’escadron de commandement etde soutien (ECS). Le chantier a été colossal et il va sans dire que les difficultésont été nombreuses. Le personnel a été extrêmement sollicitéentre préparation du déménagement et nouvelle affectation.L’armement des postes au DUO, c’est à dire la nécessité detrouver le personnel qualifié, tout comme la préparation de l’in-frastructure pour l’arrivée des cadres des ELT (travaux), ontconstitué autant de préoccupations permanentes. Toutefois,l’ensemble de la manœuvre a été conçue et conduite pour pré-server au mieux la qualité de la formation du cycle 2008/2009mais aussi du cycle 2009/2010.Le maintien du camp du Ruchard pour une année devrait per-mettre d’assurer une transition plus douce.

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Au mois d’avrill’ordre est donnéd’évacuer totalementles quartiers pourle 31 juillet 2009. ”

Le quartier de Beaumontà Tours devra êtretotalement vide le 31 juillet2009. 3500 m3 de mobilieret de matériels divers vontdevoir être déménagés.Le bâtiment d’instruction,ci-contre, connaît sadernière année scolairequi malgré tout devra sepoursuivre normalement.

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La responsabilité d’une arme bicentenaireTout est mis en œuvre pour préserver le patrimoine et l’iden-tité de l’arme du Train en conférant notamment au musée duTrain une nouvelle « résidence » susceptible de lui permettrede poursuivre son œuvre de mémoire. Le major BrigitteJeanselme est au départ et à l’arrivée de ce déménagementsensible. Elle assurera la conservation de la mémoire et lacontinuité des efforts réalisés depuis 1978.Les monuments symboliques de l’arme du Train trouverontégalement leur place au sein du quartier Carnot. Certainesvoies de ce quartier vont également être rebaptisées aux

noms des fait d’armes du Train. Les associations et l’école duTrain continueront de réaliser ensemble les publications pério-diques. L’éloignement physique ne signifie pas pour autantl’éloignement affectif et le lien avec les associations du Trainrestera à n’en pas douter vivace. La date du 31 juillet 2009 sonnera le glas de plus de soixanteannées de présence en Touraine pour l’école de formation descadres de l’arme du Train. C’est le cœur serré que les tringlotsquitteront le creuset historique de l’Arme tout en étant animésde la volonté de replanter les graines de l’excellence logistiqueen terre berruyère.

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EN MÉTROPOLE TRANSFERT DES ELT

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Les monuments de l’arme du Train vontquitter le quartier de Beaumont à Tourspour être installés à Bourges.Le monument aux morts de l’arme du Trainsera rénové pour s’inscrire de manièremarquante au sein du quartier Carnot.

LA DERNIÈRE FÊTEDU TRAIN À TOURSLe samedi 28 mars 2009, au quartier de Beaumont, lesécoles de la logistique et du Train ont célébré, pour ladernière fois à Tours, l’anniversaire de la création de l’armedu Train, le 26 mars 1807. Le général de corps d’arméeMoreau, inspecteur de l’armée de terre était présent.

Le maire de Tours, Jean Germain, trois députés et unsénateur avaient également fait le déplacement.22 régiments de toute la France, les élèves des ELT,soit 450 militaires, étaient également réunis pour célébrercet événement majeur de la communauté « Train ». Créée à Tours en 1945, l’école du Train quittera Tours à l’été2009 pour s’installer à Bourges. Cette cérémonie était donchistorique puisqu’après 63 éditions il s’agissait du dernierrassemblement à Tours, devenue au fil du temps la capitalede l’arme du Train.

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Le brigadier Vastine (ECL/BOI) a étésacré champion de France à Auxerrele 19 mars dernier. Une victoireremportée sur le score de 18 à 7.

La mission a débuté par un stage au Centre d’Instruction d’Entraînement de Combat enMontagne à Barcelonnette pour 60 militaires du 2e ET. Ils y ont affronté le froid et les

dénivelés avec courage et triomphé de la formation avec succès. Trois mois plus tard, ilsont découvert le sol réunionnais. Entre les incontournables tours de garde, d’autres

activités ont pimenté le quotidien : exercice aux côtés des hommes du 2e RPIMa et du5e RIAOM de Djibouti, expérience d’une mission de souveraineté de 45 jours sur les îles

éparses et stage d’aguerrissement de 3 semaines avec les sauts de 12 mètres, lesattaques des chiens, les rappels de 40 et 70 mètres et les sept heures de navigation.

Ce furent quatre mois riches en activités qui laisseront à tousun excellent souvenir. LTN Nguyen

S’AGUÉRRIR À LA RÉUNION

515 E RT / ÉCOLE À FEUUn détachement du 4e escadron aparticipé à une école à feu au 17e Grouped’Artillerie à Biscarosse, du 10 au20 décembre 2007. Le but : évaluer lescapacités au tir anti-aérien des équipesde pièces. Après une semained’instruction avec tirs d’entraînement,un rallye inter régimentaire a permis decontrôler les connaissances théoriqueset pratiques sur le canon de 20 mn.Un tir opérationnel a consacré l’excellentinvestissement de tous avec deprobants résultats.

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VIE DES UNITÉS

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515 E RT /

121 E RT /

VASTINE SACRÉCHAMPION DEFRANCE

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VIE DES UNITÉS

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515 E RT /BCH FRANCK DUVALCinq ans... Voilà presque cinq ans quenotre frère d’arme, le brigadier chefFranck Duval nous quittaittragiquement. Il laissait sa vie en OPEX,en Côte d’Ivoire lors du bombardementde la position française de Bouaké.Professionnalisme, rigueur, joie devivre mais aussi et surtoutabnégation. Telles étaient les valeursque défendait farouchement Franck.C’est cet état d’esprit qui continue denous animer pour que le flambeau nes’éteigne jamais et guide les pas desplus jeunes. Sache Franck que tonsacrifice n’a pas été vain et qu’il estpour nous, soldats, un exemple decourage et de dévouement.Tes frères du "2".

Le 3e escadron de transport a participé au soutien du 92e RI au CENTAC à Mailly enfévrier, dans le cadre d’un sous groupement logistique, composé de ravitaillement,circulation, matériel, évacuation et soutien médical. Malgré des conditions météodéplorables, le SGL a fourni un soutien de grande qualité, dans un esprit de cohésionremarqué, permettant la réussite de la mission du GTIA.

515 E RT / SECOURISMELe 515e RT accueillait, du 30 mars au 14avril 2009, un monitorat de secourismeréunissant du personnel du régiment etdu 1er RIMA. Neuf candidats étaient ainsià la merci des deux instructeurs, qui sesont acharnés sur leurs élèves sansrelâche. La bonne humeur fût présentetout au long du stage et les résultatsfurent au rendez-vous. Ces nouveauxmoniteurs ont maintenant pour missionde transmettre leur savoir.

515 E RT / BCH FABIEN RIVIEREEngagé en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne

en qualité de brancardier secouriste, le brigadier chefRiviere participait le 25 août 2003 à une patrouille fluviale

dans la zone du lac de Kossou lorsque sa section fûtviolemment prise à partie par des rebelles armés. Blessé

par balle, le brigadier Riviere ne survivra pas. Professionneld’une grande générosité qui vivait son engagement avec

passion et dévouement, Fabien Riviere est toujours vivantdans la mémoire de ses camarades.

EXERCICE AU CENTAC À MAILLY515 E RT /

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La Mission de Contrôle et d’Assistancede la Maintenance (MICAM) a effectué un

contrôle des matériels majeurs durégiment. Une vingtaine d’officiers et

sous-officiers « experts » s’étaientrépartis dans les domaines techniques

diversifiés (Mobilité terrestre et multitechniques). Tous les efforts produits par

les utilisateurs des unités élémentairesdurant la préparation, associés à la

qualité des actes de maintenance, visiteset préparations, que les « mécanos » du

BML effectuent régulièrement ont permisun déroulement très satisfaisant de cette

MICAM. Au final, l’écart mesuré entre ladisponibilité technique (DFTO) annoncépar le 516e RT et celle déterminée par la

MICAM est largement en dessous de lanorme admissible (7 %) et le régiment

peut ainsi se targuer d’avoir obtenu ce quise fait de mieux sur le plan national.

Il s’agit à présent de faire perdurer laqualité du suivi de nos matériels en

s’appliquant chacun à son poste. Et d’ymettre en œuvre, au quotidien,

l’incontournable devise : « l’entretien estun acte de combat... »

MEILLEURE NOTENATIONALE

MAINTENANCE

516 E RT /

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VIE DES UNITÉS

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516 E RT /SÉBASTIEN MARCHALLe 516e Régiment du Train a été vivementému par le décès de l’un des siens, leconducteur de 1ère classe SébastienMarchal, le 27 février dernier. Ce décès estsurvenu suite à une très longue périodede coma, dû à un accident de circulationen date du 22 décembre dernier, ceci lorsde sa période d’adaptation en entreprise(PAE). Engagé au 516e Régiment du Traindepuis novembre 2003, il suit sa FGI puis,il a été affecté à l’Escadron de CirculationRoutière. Titulaire de la médaille de ladéfense nationale échelon bronze avecagrafe Train, le 1ère classe Marchal venaitde commencer sa période de reconversioncomme conducteur ambulancier.Le régiment se rappelle, au travers dece drame, que la période de reconversionreste une période où chacun est, par lecœur et les valeurs, membre del’institution.

30 ÉTOILES...ET UN MINISTRE

516 E RT /

C’est avec le 53e Régiment de Transmission deLunéville, de la Base Aérienne 133 de Ochey et desservices localisés à Nancy que le 516e Régiment duTrain a participé à la mise en place d’une base dedéfense. Très investi dans la mise en œuvre de cettebase de défense inter-armes, sur un territoire d’uneenvergure de 70 km et incluant les contraintes defusionner les services et procédures des différentséléments la composant, le Régiment a su répondreprésent dès l’origine de cette restructuration.C’est une des raisons pour lesquelles ce régiment esttrès visité depuis quelques mois. Un petit record detrente étoiles et un ministre ont visité, officiellement,le régiment au cours des derniers mois.

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VIE DES UNITÉS

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La brigade franco-allemande s’est déployée pour un exerciceopérationnel d’une semaine dans la région de Mulhouse - Lure -Besançon après avoir franchi le Rhin le 6 octobre 2008.Le déploiement de cette grande unité a été assuré par un peloton decirculation composé de patrouilles du 511e RT et de deux patrouillesde l’escadron de réserve du 526e BT. Les réservistes du bataillon ontété confrontés à une mission opérationnelle nouvelle pour eux plushabitués à gérer la circulation des autorités parisiennes que celled’une brigade blindée. Le cadre de travail a été très enrichissant puisqu’ils ont été amenés à travailler avec leurs camarades d’activefrançais et allemands mais aussi avec des conscrits de la

Bundeswehr (en effet l’Allemagne fait encore appel à la conscription). Cette missions’est parfaitement déroulée puisque nos patrouilles de réserve ont été félicitées par legénéral commandant la BFA. Rendez-vous est pris pour un nouvel exercice en 2009.

519 E RT / FORMATION TIR IST-C À MONTMORILLONDu 17 au 23 mars 2009, le terrain militaire de Montmorillon a vu les militaires du 519e

Régiment du Train s’aguerrir et surtout former les spécialistes du transbordement au tirIST-C. Sous un soleil de plomb, les stagiaires ont donc pu assimiler toute la gestuelle IST-Cavant d’effectuer les tirs du module Bravo sur trois jours. Après cinq jours d’instructionet près de 6 000 cartouches consommées, 27 cadres et EVAT ont été validés tireursIST-C, démontrant ainsi l’intérêt qu’ils ont trouvé à cette nouvelle approche du tir.Ces quelques jours de terrain ont également permis aux plus experts de concocter desateliers ludiques pour les participants : atelier topographie, atelier transmission avecmise en œuvre du GPS militaire, atelier nœuds et cordage, CO et atelier flèchepolynésienne. LNT Nicolas Vergos. 601 E RCR / EN ORDRE DE

BATAILLE JUSQU’À LA FINLe 601 e RCR premier arrageois se rangeen ordre de bataille pour aborder leterme de son existence. Lesreversements s’accélèrent, les murs sevident et les ordres de mutation tombentquotidiennement. Mais, paradoxalement,les activités opérationnelles ne fontqu’augmenter à l’approche du dernierkilomètre.En 2009, en six mois, le régiment auraprojeté 69 % de son effectif sur tous lesthéâtres d’opération de l’armée de terre.Du Kosovo à l’Afghanistan en passantpar le Liban, sans oublier la Côte d’Ivoire,les circulateurs du « Six cent premier »sont présents partout dans le monde.L’OMLT soutien et l’UMFL du BCS Kaboulrentreront d’ailleurs après la dissolutiondu régiment, marquant jusqu’à la fin lavolonté d’aller plus loin « Toujours toutdroit ».

7 E BT / EXERCICE :UNE AFFAIRE DE RAQUETTES...

En février 2009, le 7e Bataillon du Trains’est rendu à Septmoncel dans le haut

Jura dans le cadre d’un aguerrissementen milieu montagneux.

Au programme de ces quatre jours :marche en raquette dans le très vallonné

massif jurassien et afin d’agrémenter letout, séances de sport en rangers dans la

neige avec renforcements musculaires.L’objectif de cette sortie, au-delà de

l’aguerrissement était de renforcer lacohésion au sein des différents services

et de l’unité élémentaire du bataillon. À cette occasion, chacun a pu se dépasseret découvrir ses collègues de travail sousun nouvel angle et partager des moments

conviviaux dans le cadre agréable dela nature enneigée.

EXERCICE DE DÉPLOIEMENTFRANCO-ALLEMAND RAPID FOX

526 E BT /

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1815 : le Train réduit à un escadron Des nombreux bataillons qui rendirent de si grands services pen-dant les guerres de l’Empire 1 et qu’une ordonnance de novembre1814 va transformer en escadrons, par analogie à ce qui avait étéfait pour le Train d’artillerie 2, la Restauration, par esprit de réaction,ne laisse subsister en 1815 que deux compagnies réunies en unescadron. Le Train des équipages, de création napoléonienne, estfort suspect sous la Restauration car ses cadres conservent ungrand respect envers l’Empereur.Dès que les armées ne sont plus en campagne et que le calmerevient, le Train des équipages militaires, déjà fort réduit, faitl’objet de remise en cause plus ou moins fondamentale. Il faudra35 ans pour conforter l’existence du Train au travers des menacesde dissolution et de multiples transformations.

1821 : la dissolution du Train à la ChambreIl faillit même être purement et simplement supprimé. En effet, legénéral Foix, dans la séance du 21 juin 1821, propose à la chambredes pairs sa dissolution définitive et le recours à l’entreprise civilepour les transports militaires, comme du temps des compagniesBreidt ou Lanchère.Par bonheur, l’action personnelle des maréchaux Oudinot, Monceyet Victor (ce dernier ministre de la guerre) permit non seulementde stopper le funeste projet mais propose que les effectifs du Traindes équipages soient augmentés dans toute la mesure des néces-sités et des moyens financiers qui pouvaient être dégagés dubudget. Le Train des équipages militaires était sauvé.Mais en 1829, un projet de réduction du Train des équipages mili-taires est à nouveau présenté à la chambre des députés. Lesenseignements des campagnes de l’Empire et de l’expéditiond’Espagne en 1822 s’estompent une fois de plus derrière lespréoccupations financières du royaume.

1848 : huit escadrons pour l’AfriqueL’extension de notre conquête en Afrique, les convois et les nom-breux ravitaillements de places ou de villes qui en furent laconséquence nécessitèrent une augmentation des effectifs duTrain des équipages qui finit par passer d’un escadron en 1815 àhuit escadrons en 1848 3. Des menaces pèseront sur son exis-tence pendant de nombreuses années et il ne trouvera son salutque dans sa participation aux expéditions coloniales dans les-quelles sa présence est fort appréciée.

1850 : les entreprises civiles menacent le Train Après la création des trois départements français d’Algérie,l’armée française va poursuivre la pacification. Le calme relatif est

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HISTOIRE VICISSITUDES DE L’ARME

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Depuis sa création le 26 mars 1807 par Napoléon Ier, l’arme du Train a connude nombreux formats et organisations au gré des régimes et des impératifsbudgétaires. Ayant atteint sa majorité officielle en 1945, bien que maturedepuis plus longtemps, apte à soutenir mais aussi à se battre, l’arme du Trainsait par expérience que l’existence est faite de difficultés et que cette réalitéest stimulante et source de progrès. La restructuration décidée en 2008,le déménagement de l’école du Train et la dissolution de trois régimentssont les évènements marquants d’une histoire en marche.

LES VICISSITUDES DEL’HISTOIRE DE L’ARME

PAR LE COL (ER) DANIEL LABBÉ, CONSERVATEUR DU MUSÉE DU TRAIN ET DES ÉQUIPAGES MILITAIRES>

Guerre de Crimée(1854-1855)

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établi sur le territoire mais en 1850, une menace est brandie parles tenants, forts intéressés, de l’entreprise civile pour assurer lesoutien des transports en Algérie.Le projet d’organisation du Train présenté par le général d’Hautpoul,ministre de la guerre en réplique à cette manœuvre n’est pasadopté 4 mais il sera repris par son successeur, le général de SaintArnaud, pour aboutir au décret du 29 février 1852 qui sauve unefois encore le Train des équipages. Le Train dispose de six esca-drons à quatre compagnies et va participer à toutes les expéditionsde Napoléon III et à toutes les campagnes coloniales de laIIIe République.

1924 : l’artillerie convoite le Train Dès la disparition de la sous-direction hippo-auto en 1920, le Trainva revendiquer son autonomie mais l’Artillerie s’y opposera. Unprojet de loi en 1924 comporte même sa fusion totale avecl’Artillerie. Les lois de 1928 mettront fin à ces tentatives de miseen sommeil, de fusion ou de dissolution.

1945 : l’indépendance Devenue véritablement indépendante en 1945 avec une inspection,une direction et une école d’application, l’arme du Train verra sesmissions s’élargir avec une circulation routière plus dynamique, laprise en charge de la livraison par air et du transbordement mari-time et l’attribution de responsabilités accrues en matière delogistique.

1970 à nos jours : le Train de toutes les opérationsLes bouleversements intervenus dans l’emploi, l’organisation etl’équipement des grandes unités modernes vont entraîner uneatténuation du rôle du Train dans le soutien direct de l’Infanterie etle Soutien Santé5, mais la prise en charge de la manutention desravitaillements palettisés et des opérations de transbordementdes aires de chargement, va voir son rôle renforcé dans la fonctiontransit. Après l’Algérie, le commandement des bataillons et régi-ments de soutien, des bases logistiques et des quartiers générauxest confié au Train.L’accroissement des OPEX a entraîné une forte participation desformations du Train, présentes depuis les garnisons en métropolejusqu’aux premières lignes sur le théâtre pour assurer l’achemine-ment des unités et de leurs ressources.Successivement service, troupe d’administration, arme soustutelle puis arme à part entière ; lié d’abord à l’Intendance, puis àl’Artillerie et à la Cavalerie, le Train, prolongement des équipagesmilitaires impériaux et du service automobile, s’est vu confier parle commandement la part qui lui revient dans le soutien tactique etlogistique des combattants.

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L’accroissementdes OPEX a entraînéune forte participationdes formations du Train.”“

1/ Au mois de février 1814, il existait encore douze bataillons du Train des équipages, plus ou moins complets et le bataillon de la garde soit 6279 officiers et troupe, 8275 chevaux, 1384 voitures.2/ Cette appellation concernant les corps restera dans le Train pendant 150 ans. 3/ En 1840, le TEM compte déjà 9000 hommes, 7000 chevaux et mulets, plus de 2000 voitures. 4/ Il souhaitaitrétrocéder le service des constructions à l’industrie civile et donner plus d’amplitude aux escadrons du Train des équipages. 5/ La mission de transport des blessés va revenir au service desanté dans les années 1990 avec la création de régiments médicaux dotés de moyens d’évacuation sanitaire.

Appuyés par les unités de circulation, les véhicules du mandat 7de l’opération Licorne attendent les ordres d’embarquementface au navire affrété.© SIRPA TERRE

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HISTOIRE FAITS D’ARMES > 1939-1945

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1939-1945L’arme du Train dansla Seconde Guerre mondiale

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Lors de la mobilisation, les groupesde transports automobiles vontconvoyer 30 000 tonnes de matérielpar jour et véhiculer près de huitmillions de permissionnaires(50 000/jour).

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e 3 septembre 1939 la France et la Grande Bretagnedéclarent la guerre à l’Allemagne suite à l’invasion dela Pologne et à une dizaine de jours de tensions poli-tiques. Le 23 août 1939 les unités d’active de l’Armese dirigent vers leurs zones de desserrement où

elles vont constituer les noyaux actifs des unités de mobilisationau fur et à mesure de l’arrivée des réservistes et des véhicules deréquisition.

La mobilisation se met en place Dans un premier temps les escadrons automobiles de réservegénérale sont dissous et transformés en groupes de transport depersonnel. Vingt groupes de ce type assurent les déplacements de6 divisions tandis que 3, puis bientôt 11 compagnies de régula-trices routières, veillent à la libre circulation des grandes unités enmouvement. Au total, près de 130 000 véhicules auto participentsans à-coups à cette manœuvre de couverture.

Dans un deuxième temps, les autres formations du Train deréserve générale et des grandes unités se mettent sur pied dansles dépôts des centres mobilisateurs. Au même moment, lesgroupes de transport de personnel qui ont mis en place lestroupes de couverture, assurent les transports terminaux à partirdes gares vers les ouvrages de la ligne Maginot et la frontièrebelge. Pendant ce temps, le Train aux armées met progressive-ment sur pied l’ensemble des formations organiques aux grandesunités et des formations de réserve générale.

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Les groupes de transport et lesrégulatrices routières ont joué un rôledéterminant dans le conflit de laSeconde Guerre mondiale. Lors dela mobilisation, face à l’offensiveallemande, résistant à la débâcleou sur les routes de la Libération,les tringlots ont assuré la mobilitédes armées et le déplacement despopulations civiles sur des routesbombardées, impraticables ouengorgées. Cette action a révéléle potentiel des transports militairesmotorisés et de la circulation routièreainsi que leur importance stratégique.

PAR LE COL (ER) DANIEL LABBÉ, CONSERVATEURDU MUSÉE DU TRAIN ET DES ÉQUIPAGES MILITAIRES

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LE TRAIN DANS LA DRÔLEDE GUERREDurant les huit mois d’accalmie de septembre 1939 à mai 1940,l’armée française mobilisée ne reste pas inactive. Elle va profiterau maximum de ce répit inespéré pour se perfectionner etaccroître le potentiel d’intervention de toutes ses unités. Lesactions de l’Inspection Générale avec le colonel Ramel, duCommandement de la Réserve Générale du Train avec le colonelCollot et de la Sous-direction du Train avec le colonel Foare, se fontsentir au fil des mois dans tous les domaines : instruction descadres et de la troupe, régulation, spécialisation d’unités de trans-port. Elles porteront leurs fruits au moment de l’attaque allemandeoù l’on verra le Train acheminer les renforts vers un front en conti-nuelle évolution malgré l’action des unités blindées ennemies.« Depuis que l’attaque allemande s’est déclenchée sur les arméesalliées, les formations du Train ont rempli leurs missions sans fai-blir. » (Général Weigand, commandant en chef, ordre général du31 mai 1940).

Les transports journaliers effectués pour les 10 armées sont del’ordre de 30 000 tonnes-jour. Ils sont de nature très diverses etdonc complexes. On note en effet quantité de transports demoyenne et de petite envergure1. Ils incombent aux unités duTrain des G.U. et de la réserve générale. Du 20 au 25 septembre1939, les formations du Train participent également à des trans-ports en cours d’opération au moment de l’offensive limitée de laSarre.

Réorganisation du frontAprès l’écrasement de la Pologne, l’étalement des armées estmodifié au profit de la frontière belge et du Jura. Cette redistribu-tion des grandes unités entraîne d’importants transports detroupes et de matériels, assurés par voie ferrée pour les longuesdistances et par les unités du Train pour les transports terminaux.Ce renforcement s’effectue aussi par des prélèvements de troupesdu front des Alpes (Xe armée) qui sont acheminés dans les mêmesconditions.Les formations du Train de transport et de circulation participentégalement à la mise en place du corps expéditionnaire britanniqueentre la VIIe et la Ière armée française. Les formations du Train trans-portent enfin vers les gares et centres de triage, près de 8 millionsde permissionnaires soit une moyenne de 50 000 par jour.

L’importance des régulatrices routièresLe développement de la motorisation et l’importance des effectifs2

font de la circulation aux armées un problème crucial.Début septembre, parallèlement à la concentration des troupes,les régulatrices routières facilitent l’évacuation vers l’intérieur despopulations civiles des régions frontalières.L’organisation de la circulation est basée sur une implantation ter-ritoriale des régulatrices routières liée au quadrillage routier. Pourremplir leur mission, les 12 régulatrices disposent d’un état-majorcommandé par un officier supérieur, de 12 cantons de circulationsur véhicules légers de réquisition, de 3 pelotons de circulationsur motos et d’une compagnie chargée du soutien des autres cel-lules et des questions administratives.

Des détachements territoriaux sont mis sur pied dans les régionsde l’Est dès la mobilisation pour faciliter la tâche des régulatricesdurant le premier mois du conflit. Ces mesures heureuses expli-quent que les régulatrices ont parfaitement rempli leur missiond’aide à la circulation durant la concentration et la période de sta-bilisation. Jusqu’en mai 1940, les régulatrices routières sontorganisées territorialement derrière un front stabilisé. Elles maîtri-sent la situation et assurent la circulation sur tous les itinérairesdont elles ont la responsabilité. Les pelotons motocyclistesaccomplissent les missions inopinées (circulation d’accompagne-ment d’unités en mouvement, contrôles et police volante) dansles meilleures conditions grâce à leur mobilité et leur souplesse.

LE TRAIN DANS LA BATAILLEDe septembre 1939 à mai 1940, l’action du Train s’est manifestéepar l’emploi d’une vingtaine de groupes de transport et des douzerégulatrices routières.

Pris à revers par les ArdennesLe 10 mai 1940, la Hollande et la Belgique sont envahies. Les alliésentreprennent la manœuvre « Dyle » qui consiste à pénétrer enBelgique pour bloquer l’armée allemande.

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Les groupes de transport et les régulatrices routières vont permettrele formidable élan de la mobilisation. 130 000 véhicules vont transporterpersonnel et matériel sans engorgement du réseau jusqu’à la ligne de front.

EN CHIFFRES / LE TRAINDE LA MOBILISATION 300 000 hommes90 000 véhicules automobiles27 000 véhicules hippomobiles90 000 chevaux et mulets

940 formationsDont pour la réserve générale :12 régulatrices routières48 groupes de transport72 compagnies automobiles52 compagnies hippomobiles ou muletières10 sections auto spécialisées

Pour mémoire, en 1935 le Train se composait de 16 escadrons,15 compagnies régionales, 1 compagnie école à Saumur et7 compagnies de camp.

1/ Dans la IVe armée du général Requin, on signale pour une seule journée 50 pointsdifférents de chargement. 2/ Plus de 3 millions d’hommes mobilisés à mettre en place, plus

les habitants des départements frontaliers à évacuer.

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Les sept groupements de transport (Brémont, Cacaret, Devimeux,Gravier, Renvoyer, Degravelle et Demangeat) sont mis à la disposi-tion des sept divisions d’infanterie motorisées qui pénètrent enBelgique pour s’établir entre Anvers et Namur. Cette stratégie ouvre la voie des Ardennes aux blindés de Guderianqui prend les troupes franco-britanniques à revers.

Dès le 20 mai, les groupements Cacaret, Bremont, Devimeux etRenvoyer sont chargés d’assurer les transports massifs liés à l’or-ganisation d’un nouveau barrage Aisne-Somme pour s’opposer àl’avance allemande vers Paris et la Basse-Seine. Il s’agit de trans-porter 15 divisions prélevées sur le IIe groupe d’armées (ligneMaginot) et de mettre en place entre Chauny et l’Aisne la VIe Arméequi était en réserve près de Langres. Les groupements de transport restant disponibles réaliseront ledéplacement de 5 divisions sur de longues distances, celui de 12autres entre les gares et les zones de déploiement situées à100 km et enfin la mise en place de 20 divisions débarquées de lavoie ferrée très près de la ligne des contacts, soit l’emploi de50 000 véhicules du Train.

Contre-offensive : occasion manquéeAu moment où va débuter la bataille de France, les groupementsde transport vont participer à la constitution de l’armée du généralFrère avec laquelle le nouveau commandant en chef, le généralWeigand compte prendre l’offensive en direction du nord, enliaison avec les Anglais. Ils vont, nuit et jour, sans repos, soit avecles chemins de fer, soit par leurs seuls moyens, assurer, de bouten bout de l’Est vers la Somme et l’Aisne, le déplacement degrandes unités.

La mort accidentelle du général Billotte et peut être un manque decoordination avec nos alliés anglais ne permettent pas à cetteaudacieuse conception de manœuvre de se réaliser.

De la mer à l’Argonne : l’offensive allemandeLe 5 juin, c’est l’ennemi qui attaque et finalement enfonce ce nou-veau front sans profondeur. Entre le 5 et le 11 juin, l’offensiveallemande est déclenchée de la mer à l’Argonne.Dans la journée du 9 et la nuit du 9 au 10 juin, le commandementjette dans la bataille la 41e DI du général Bridoux. Cette division aété enlevée par le groupement Cacaret dans la région de Clermont-en-Argonne, et débarquée dans celle de Château-Thierry. Cedéplacement fut difficile, cisaillant les arrières des armées avecles 3 000 véhicules du groupement et ceux organiques de la divi-sion. Il réussit malgré d’énormes difficultés de circulation, surtoutde nuit, tous feux éteints, et compliqués encore par des chicaneslors de la traversée de la Marne ; le pont de la Marne saute avantl’arrivée des Allemands. Hélas ! Tout est trop tard ! L’action despelotons de circulation routière des divisions d’infanterie motori-sées et celle des régulatrices routières furent remarquables :missions d’éclairage, jalonnement, renseignements des états-majors sur l’état des routes et la position des éléments enmouvement.Le général Frère, commandant la VIIe Armée écrit à leur sujet :« Je tiens à rendre hommage au personnel des cantons de circu-lation routière implantés aux ponts et aux carrefours. Ces ponts etces carrefours... C’est sur eux que s’acharnait le bombardementen piqué ; ce sont eux qui constituaient les objectifs des premièresauto-mitrailleuses ennemies.3 »

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Le 16 juin 1939, en pleine retraite face à l’offensiveallemande, la 999e/6 compagnie de protectionantiaérienne va défendre les ponts de Sully-sur-Loirejusqu’à destruction par l’aviation ennemie.

3/ Préface pour l’historique de la R.R. n° 11 du C.E. Favart, le 20 décembre 1941.

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La retraite du 10 juin au 5 juin 1940.Le 10 juin le front de l’Aisne craque, celui de Champagne estenfoncé. Le 11 juin la Basse-Seine est franchie, Paris est déclaréeville ouverte. Au cours de la retraite, les formations du Train serontparalysées par la masse de réfugiés qui ont envahi les routes etvont devenir une proie facile pour les avions Stukas et les charsallemands. À partir du 14 juin, il devient très difficile, pour le direc-teur des mouvements et transports, de coordonner entièrementl’action des groupements de transport (8 grandes unités soit20 000 camions du Train). Il se voit contraint de les mettre plus oumoins directement aux ordres soit des groupes d’armées, soit decertaines armées, notamment la VIIe armée du général Frère, quiretraite en combattant. Les unités de transport du Train partagentles dernières réactions et les dernières souffrances.

Au cours des derniers jours de combat, de beaux faits d’armestémoignent de la volonté de lutter jusqu’au bout qui anime nosunités. La 999e/6 Compagnie de protection anti-aérienne du Trainassure à partir du 16 juin la protection des ponts de Sully-sur-Loire. Elle va subir les plus rudes attaques de l’aviation allemande.Trente appareils vont prendre à partie les pièces qui ouvrent le feujusqu’au moment où les bombes vont pulvériser les camionnettesporte mitrailleuses, l’armement et l’équipage d’une voiture.

Du 18 au 20 juin 1940, les élèves aspirants de réserve du Train encours d’instruction à l’école de Saumur s’illustrent aux côtés deleurs camarades de la cavalerie dans les combats des ponts de laLoire où ils mènent une défense héroïque pour l’honneur de leurécole et des armées. Les combats sont d’une rare violence, lesmunitions deviennent rares et les troupes du colonel Michon sebattront pendant 48 heures sans discontinuer. Les 218 élèvesaspirants du Train sont commandés par les lieutenantsRoimarmier et Dorémus. Le lieutenant Roimarmier sera tué à latête de sa compagnie d’élèves, le mousqueton à la main, par unprojectile de mine qui lui fracasse le crâne.

LE TRAIN DE L’ARMÉEDE L’ARMISTICE.Le 17 juin 1940, par la voix du maréchal Pétain, la France demandeun armistice et dépose les armes. Quelques jours plus tard, le 22juin 1940, en application de l’article 4 de la convention d’armistice,l’Allemagne fixe le sort de l’armée française.Le Train de l’armistice est très réduit : 8 compagnies division-naires dans la zone dite libre, comprenant chacune un peloton decirculation routière et 3 sections de 20 camions en métropole ;3 escadrons mixtes (auto et hippo) en Algérie, 3 au Maroc, un enTunisie, 5 compagnies au Levant et une en A.O.F. Composées d’en-gagés, soumises à un entraînement intensif avec un moral à touteépreuve, ces unités vont participer à cet immense effort dereconstitution et d’organisation. Elles vont être une pépinière decadres pour la Résistance et l’Armée d’Afrique.

LA LUTTE CONTINUE...Le 8 novembre 1942, les Américains débarquent en Afrique duNord pour prêter main forte aux Anglais, engagés contre lestroupes de Rommel dans le désert. C’est l’opération Torch. L’arméefrançaise s’y oppose pour respecter les termes de l’armistice puisfini par reprendre place aux côtés des alliés. Mais l’opération Torcha déclenché une réplique immédiate des Allemands : l’attaque dela Tunisie, sous protectorat français et surtout l’invasion de la zonelibre en France.

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Du 18 au 20 juin 1939, l’avant-garde de la 1ère division allemande de cavaleriedoit mener un combat acharné face aux 218 élèves aspirants de l’école decavalerie et du Train qui défendent les ponts de Gennes-Saumur.

Les ambulancières du 27e Escadron du Train d’Algervont évacuer les blessés sur les routes de

la Libération en Tunisie, en Italie... Cette missionsanitaire revenait alors à l’arme du Train.

Juin 1940. Les combatssont d’une rare violence,les munitions deviennentrares et les troupes ducolonel Michon se battrontpendant 48 heures sansdiscontinuer.”

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Le Train de métropole disparaît avec la dissolution de l’Armée del’Armistice mais de nombreux officiers avec une partie de leurssous-officiers et de leurs soldats, plongent dans la Résistance, lesforces françaises combattantes et les organisations clandestinesdes services alliés.

En Afrique, au sein des Forces Françaises LibresDes unités du Train formées à partir du Corps Expéditionnaire deNorvège et d’éléments stationnés outre-mer ou ayant ralliél’Angleterre sont intégrés aux Forces Françaises Libres (FFL) etparticipent à leurs premières opérations sur le sol africain. Parmicelles-ci, le 1er Escadron du Train rejoint le Cameroun où ses deuxcompagnies se séparent :

> la 1ère compagnie part pour le Gabon puis l’Erythrée avec laBrigade Française d’Orient. Elle prendra part à de nombreusescampagnes Libye (Bir Hakeim et El Alamein),Tunisie, Italie, débar-quement en Provence et la campagne de France.> la 2e compagnie est présente dans la colonne Leclerc de FortLamy à Koufra jusqu’à sa dissolution le 1er avril 1941. Après laTunisie au sein de la force « L » et le Maroc au sein de la 2e DB, leséléments du Train renforcés embarquent à destination de laGrande Bretagne et participent à la campagne de libération de laFrance. Les centres d’instruction du Train et les escadrons vont permettrede rassembler les matériels américains, mobiliser les personnels4,constituer les formations de toute nature qui seront destinées au

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le 29e Escadron du Train du Levant(Syrie) va renforcer le 25e Escadron

du Train à la division de marche deConstantine (Algérie).

Le Train du Corps Expéditionnairede l’Armée d’Afrique monte ainsi en

puissance avant de se lancer surles routes de la Libération.

4/ Français et indigènes mobilisés en AFN dont les évadés de France par l’Espagne.

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Corps Expéditionnaire. En Afrique du Nord, le Train comprend déjà :le 25e Escadron du Train à la Division de Marche de Constantinerenforcé par le 29e Escadron du Train du Levant (Syrie), Le 27e

Escadron du Train à Alger, le 28e Escadron du Train à Oran, et le 26e

Escadron du Train à Tunis.Sous le commandement du chef d’escadron Chapelle, comman-dant le Train du 19e Corps d’Armée, les unités du Train vontparticiper activement à la campagne de Tunisie. L’apport du maté-riel américain va bientôt leur donner une vigueur renouvelée etpermettre la montée en puissance du Train d’Afrique du Nord. Ladifficile campagne de Tunisie se termine par la capitulationennemie le 12 mai 1943 et le Corps Expéditionnaire du GénéralJuin s’embarque en novembre 1943 pour l’Italie.

Le Train réorganisé est placé sous le commandement du lieutenant-colonel Boucaud qui dispose outre son état-major, d’une compagniede QG avec un peloton de circulation routière, des réserves géné-rales fortes de 13 groupes de transport et d’une compagnie decirculation routière, 2 puis bientôt 4 Trains de division, 2 régulatrices

routières, 13 compagnies muletières, 5 compagnies sanitaires plusles compagnies organiques des 7 divisions et les 5 groupes detransport de la base d’opérations 901.

L’Italie à dos de mulets Dès le début de la campagne d’Italie, le commandement donne aucommandant du Train l’emploi de ses unités et lui confie la respon-sabilité des transports et de la circulation.Tout au long des combats livrés depuis le débarquement en Italiejusqu’à Rome, les unités du Train se montrent dignes de leursanciens : muletiers ravitaillant en première ligne les tirailleurs etles goumiers, circulateurs débloquant en janvier 1944 la routed’Acquafondata à Pozzoli en serrant au plus près les reconnais-sances, transporteurs avec les camions GMC assurant sans trêveles transports de troupes et la montée des ravitaillements, ambu-lancières relevant les blessés au plus près des combats. La mission de circulation routière dont le Train a reçu l’entière res-ponsabilité, revêt maintenant une importance capitale. Le 24 mai1944, le général Juin écrivait : « La bonne exécution des mouve-ments et transports sur route est désormais la conditionindispensable du succès de la manœuvre. Elle ne peut êtreobtenue que si la circulation routière est bien réglée. »

La bonne exécutiondes mouvements ettransports sur route estdésormais la conditionindispensable du succèsde la manœuvre.”

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Général JuinCampagne de Tunisie 1942-1943.

Italie 1943. Circulateur sur les routes de la Libération.

Italie 1943. En pleine essor des unités motorisées,les compagnies muletières vont s’avérer essentiellespour ravitailler les premières lignes dans un relieffortement accidenté.

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En France et en Allemagne avec la 2e DB et la 1ère ArméeLe 6 juin 1944, l’attaque de la forteresse Europe est déclenchée, ledébarquement des alliés en Normandie voit la plus vaste opéra-tion amphibie jamais enregistrée dans l’histoire militaire.Deux mois plus tard, la 2e DB française du général Leclerc participeà l’exploitation à travers Alençon, Sées et Argentan jusqu’à la libéra-tion de Paris le 25 août. Les pelotons de circulation de la 397e

Compagnie de Circulation Routière vont jalonner les routes de laLibération, des côtes normandes jusqu’au Rhin. Le 15 août 1944, la1ère Armée Française débarque en Provence sur les plages deSt Raphaël et de Fréjus. Constitué à partir du Corps Expéditionnaireen Italie, le Train de la I ère Armée commandé par le colonel Boucaudprésente un effectif de près de 30 000 hommes. Il prend part à laremontée de la vallée du Rhône, à la course aux Vosges, aux com-bats pour la libération de l’Alsace puis le Rhin franchi, à l’expéditionà travers la Forêt Noire et le Wurtemberg. La 2e DB fera sa jonctionavec la I ère Armée à Chaumont et Neuchâtel avant de s’emparer deBaccarat et déboucher dans la plaine d’Alsace pour libérerStrasbourg le 23 novembre.

Ravitailler et transporter les populations civilesAu lendemain du débarquement en Normandie, les Transports mili-taires pour les populations civiles (TMAPC) forts de 8 000hommes, 3 000 camions, 5 régiments, vont ravitailler les popula-tions civiles, rapatrier les déportés et les prisonniers et participerau regroupement des personnes déplacées en Allemagne et enAutriche. Le général Kœnig témoignera sa reconnaissance pourl’action accomplie.

1945 : l’émancipation du TrainLe décret du 1er mars 1945 est d’une importance capitale pour leTrain. C’est en effet à partir de cette date que l’arme du Traindevient totalement indépendante après 138 années de tutellessuccessives de l’Intendance, de l’Artillerie et de la Cavalerie.

L’arme va disposer d’une direction, d’une inspection et d’une écolespécifique que sera créée à Tours le 19 novembre 1945. C’est lepoint de départ de son ère de majorité caractérisée par un nouvelaccroissement de ses responsabilités et la grande variété de mis-sions qui lui seront confiées.

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1944. Traversée du Rhin par la Ière Armée et ses 30 000 tringlotsqui vont la soutenir sur les routes de la victoire.

À partir de juin 1944, les unités de transportsmilitaires automobiles pour les populations civilesvont aider les civils et raccompagner les déportés.

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epuis un moment l’évolution que nous allons subirdans nos forces armées va induire des conséquencessur nos associations. Je m’interroge et vous fais partde quelques réflexions. Tout d’abord ayant redonné un

dynamisme à nos références par des actions régulières au coursde l’année, la FNT a le souci de conforter son aura. Le ravivage dela flamme à l’Arc de Triomphe le 26 mars suivi d’un cocktail, lescérémonies traditionnelles autour du 26 mars aux ELT et dans lesformations auxquelles nous sommes associés, la journée « VoieSacrée » positionnée en juin sont les principales. Nous sommesprésents en qualité et souvent en quantité. À ce titre nous avonseu à répondre présent au souci du CEMAT pour garantir le lienentre l’active et les associations à travers le protocole signé parson prédécesseur avec la RANAT ou « réunion des associationsnationales de l’armée de terre » par exemple.

Mais je me demande s’il ne faut pas que, faute d’un recrutementrégulier qu’offraient la sortie du service militaire et les obligationsdans la réserve, certaines associations envisagent de seregrouper à terme en réalisant un jeu subtil de vice-présidencepour garder le noyau dur des plus petites associations le tempsqu’il faudra. Ainsi nous resterons dans le paysage associatif sansdevenir caricatural. Evoluer en souplesse permet d’appréhenderl’avenir. Dans certains endroits l’affaire est engagée, je pense quec’est une excellente chose. De la même manière il va falloir inciterles formations d’active à bien confirmer leur amicale régimentaireau sein de la FNT, ce que certaines ont fait. Active et associations,même combat !

La cohésion, facteur de force, s’exprime chaque année par desactions ponctuelles allant des assemblées générales à desmanifestations diverses. Je citerai par exemple celle que les ELTont favorisé avec l’association Train Touraine Val de Loire par laprésentation de travaux d’adhérents ou la remise des calots detradition aux jeunes lieutenants. C’est excellent. C’est pourquoinous avons choisi au niveau de la FNT d’aller dans les formationspour l’Assemblée générale annuelle. Il y a un double avantagepour les Anciens de voir la qualité du travail fait par l’active, pourle régiment le plaisir de retrouver des amis avec pour l’amicale

locale contactée des liens plus étroits qui peuvent se renouer siparfois ils s’étaient distendus. L’Assemblée générale qui vient dese dérouler à Arras cette année est un excellent exemple.Le rayonnement sera ce que nous voudrons faire. À mon avis ilest très important par la réalisation d’actions ciblées. L’existencede notre musée bientôt à Bourges est une ouverture civile etmilitaire, nous devons continuer à œuvrer en étroite symbioseavec l’AMAT. Nous avons su soutenir l’action d’un officier d’activeavec l’ouvrage sur la Circulation Routière pour que sa publicationcorresponde à la qualité du livre. Nos expositions à Souilly ont étéun succès, il est dommage que la mairie n’arrive pas à sortir sonprojet de réhabilitation du bâtiment. Là il faut savoir bien ciblernotre effort car les moyens sont comptés tant en capacitéhumaine que financière mais des opportunités existent, il fautsavoir les saisir. Je pense qu’un « noyau dur » doit être préservépar l’effort de tous avec les parutions sortant des ELT bientôt denouveau de l’école du Train au sein des écoles militaires deBourges. L’almanach et Train Magazine font partie d’un bonmoyen de communication. Il faut également essayer de maintenirun voyage tous les deux ans à Osterode. Historique, touristique,mettant en valeur notre Arme, c’est à nous de faire de la bonneinformation pour le réaliser, une quarantaine d’adhérents tousles deux ans semble envisageable.

Par notre action fédérative, il nous faut poursuivre en étroitesynergie. À court terme pour que ceux qui vont quitter le servicedans la déflation d’effectifs prochaine rejoignent nos rangs, c’estl’œuvre de tous. Si beaucoup de choses évoluent il faut savoirsaisir toutes les opportunités pour continuer à progresser.

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ASSOCIATIONS

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Inciter lesformations d’active àbien confirmer leuramicale régimentaire.”“D

FNT : RCR OU « RÉFÉRENCES,COHÉSION, RAYONNEMENT » !

PAR LE GDI (2S) PAUL FARBOS, PRÉSIDENT DE LA FNT>

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ASSOCIATIONS

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RÉUNION ANNUELLE DES ANCIENS DU GT 510Les 27, 28 et 29 mai 2008, les anciens du GT 510 organisaient leur réunion annuelleaux ELT. Un nouveau président, Guy Continho a été élu par l’assemblée. Paul Courtpremier président en 1985 a été nommé président d’honneur des amis du GT 510.Le groupe a également visité le musée du Train et des équipages militaires.

RECHERCHE CAMARADE...> Le général Forrer recherche depuis plusieurs annéesle colonel Bréant qui fut son instructeur à Tours au retourd’Algérie. En 1973/1975, ce colonel était commandant du Trainà Compiègne.

> M. Jacques Mille-Meunier, appelé du contingent au GT 520de Béni-Messous avec le grade de maréchal des logis, rechercheJean Tregoet ou Tregouet, capitaine, chef de la 2e compagnie duGT 520 à Béni-Méssou – banlieue d’Alger – années 1953/54/55

Contact : Musée du Train et des Équipages Militaires5-7 allée du Point Zéro - 18 000 Bourges

ASSEMBLÉ GÉNÉRALE DE LAFÉDÉRATION NATIONALE DUTRAIN : LE LIEN EST MAINTENUENTRE LES GÉNÉRATIONSLes 14 et 15 février 2009, le 601e RCR aaccueilli l’assemblé générale de laFédération Nationale du Train à Arras,perpétuant ainsi le lien fort qui unit lesgénérations de tringlots à travers lesâges. À cette occasion, le colonel Ami a puprésenter le régiment et les implicationsde sa dissolution sur l’avenir de lacirculation routière à nos anciens avantde déposer une gerbe au monument duTrain avec le général de division (2S)Farbos, président de la fédération, lecolonel (ER) Mervaux, président del’amicale du 525/625 et le lieutenant-colonel (H) Bodelet, président de l’AORTNord. Le dîner partagé avec tous lesanciens et la messe le lendemain ontclôturé ces journées.Afin de poursuivre les actions entreprises à l’occasion

du bicentenaire, les adhérents à une association del’Arme (A.M.A.T. – F.N.T.) ont la possibilité decommander le calot de l’Arme ainsi qu’un écussonbrodé (amovible) qui se fixe à la poche de la veste.Le montant de ces articles a été fixé à 20 € pourle calot (qui peut comporter le grade) et 16 € pourl’insigne brodé. Si vous êtes intéressé et que vous êtesadhérent à une association, vous pouvez adresservotre commande, en précisant le nombre de calot,la taille et le grade ainsi que le nombre d’insigne,accompagnée de votre règlement (libellé à l’ordrede l’A.M.A.T.) au :

Musée du Train et des Équipages Militaires5-7 allée du Point Zéro18 000 Bourges

34E RENCONTRE DE L’AMICALEDE LA 285E CCRL’amicale de la 285e CCR s’est réunie poursa 34e rencontre du 20 au 24 juin 2008dans le Libournais. Au programme : visiteguidée de Bordeaux, des grands crus deSaint-Émilion, Pomerol, Château LaRivière... Ce fut l’occasion également defêter l’adjudant-chef Paul Edouard pour saLégion d’Honneur décernée le 14 juillet2007 à Gujan-Mestras.

COMMANDEZVOS CALOTS !

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JEAN LAIRÉJean Lairé nous a quitté en décembre2008. Cet officier général se caractérisaitpar sa gentillesse, sa courtoisie, sondévouement, sa droiture et sacompétence. Ancien enfant de troupe,il a consacré toute sa vie à la fonctionmilitaire.Saint-Cyrien de la promotion Garigliano, ila servi en Indochine et en Algérie commefantassin, puis en France et en Allemagne.Deux fois chef de corps, d’abord au 525e

puis au 516e RT, il a occupé des fonctionsd’état-major à la 2e RM, à la brigade LOGdes FFA et au SAACMA à Paris. Officier de laLégion d’Honneur et de l’Ordre National duMérite, il était titulaire de la Croix deGuerre des TOE et de la valeur militaire. En2e section il a présidé l’Amicale du Train deTouraine et le Comité Légion d’HonneurTours sud.

L’adjudant-chef Jean-Pierre Caron,médaillé militaire, retraité depuis 20 ansnous a quitté en 2009 des suites d’unelongue maladie. Engagé à l’âge de 19 ansdans l’arme du Train, il est nommé sous-officier en 1965. Il a servi successivementà l’EAT, au GT 512 à Saint-Lô, l’EAT, le

412e RCS à Offenburg et le 5e RCS àLandau. Il termine sa carrière militaire àl’EAT en 1988 après 24 années de service.Durant les cinq dernières années de sacarrière il a occupé les fonctions deconservateur du musée des équipagesmilitaires et du Train. Passionné d’histoiremilitaire, gardien du passé de l’arme du

Train, il s’est consacré à sa fonction avecbeaucoup de compétence. D’un naturelcourtois et accueillant il a, sans conteste,œuvré pour la renommée du musée enTouraine. Nous lui devons un hommageappuyé pour son action dans le cadre dela conservation du patrimoine de l’Armeet de ses traditions.

YVES TATINYves Tatin est décédé à Tours le26 octobre 2008. Né à Gray en 1929, cetofficier supérieur a servi plus de 30 ansdans l’arme du Train et dans l’ALAT commeobservateur pilote hélicoptère lourd ettotalise plus de 2 500 heures de vol dont1 000 en Algérie. Comme sous-officier, ilfait la campagne d’Indochine, puis il entreen 1953 à l’ESMIA promotion « ceux deDien Bien Phu ». Durant la campagned’Algérie il est cité à trois reprises dontune fois à l’ordre de l’Armée. Pilotechevronné, toujours volontaire pour lesmissions opérationnelles il a effectué denombreuses missions à haut risque enparticulier de nuit. Son appareil plusieursfois touché par la mitraille de l’adversaire,il a fait preuve de sang froid, d’audace, decourage et de détermination. Chef decorps du 3e GHL, sa formation est citée àl’ordre de l’Armée en 1969 pour sesactions au Tchad. Dynamique et d’uncourage à toute épreuve, le colonel Tatina donné le meilleur de lui-même durantsa carrière militaire.De retour à la vie civile, il œuvre à titrebénévole dans des associations d’anciensmilitaires en particulier dans le cadre dudevoir de mémoire comme réalisateur del’exposition « trois siècles de présencefrançaise en Indochine ».Le colonel Tatin, titulaire de quatre titresde guerre était chevalier de la Légiond’Honneur et officier de l’Ordre Nationaldu Mérite.

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ASSOCIATIONS IN MEMORIAM

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JEAN DOUGUETJean Douguet s’est éteint à Paris le15 janvier 2009. Né à Hanoï en 1927 deparents enseignants, il entre à St-Cyrdans les tous premiers de la promotionRhin et Danube.Officier du Train il fait campagne auMaroc puis en Indochine dans lesformations du Train et d’Infanterie.Cité à six reprises il est fait chevalierde la Légion d’Honneur à 27 ans pourservices exceptionnels en ExtrêmeOrient. Diplômé d’état-major il rejointl’Allemagne où il fait campagne et denouveau trois fois cité pour son courage.Affecté dans des états-majors de hautniveau (Inspection, EMAT...) il estnommé chef de corps du 512e RT aprèsavoir dirigé le cours des capitaines àl’EAT. Commandant du Train de la 3e RM,il termine sa carrière comme général àla direction des transports militaires parvoie ferrée au CEFFA.Très rigoureux,distingué, d’une très grande sagesse, etd’une profonde culture générale etmilitaire, il laisse le souvenir d’un chefqui se distinguait par son courage etson sens du commandement.Jean Douguet était commandeur dela Légion d’Honneur et titulaire de9 citations. Il a été blessé au combaten Indochine.

JEAN-PIERRE CARON

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ASSOCIATIONS ADHÉSIONS

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Fondée en octobre 1956 par le général Boucaud, la FNT a repris les traditions des amicales nationalesdu Train existant dès avant 1914. Son siège est situé dans l’ancien PC du 1er RT, 16-18 place Dupleix à Paris.

Elle a pour buts :> d’entretenir la cohésion entre les associations d’anciens du Train ;> de développer la solidarité entre les anciens en leur apportant son concours ;> de regrouper et diffuser toute information les concernant ;> de servir d’intermédiaire entre les anciens et l’école du Train ;> de participer aux cérémonies officielles à Paris et en province ;> de représenter le Train auprès des associations nationales d’anciens combattants et du secrétariat d’État.

Pour rejoindre la fédération, remplissez le bulletin ci-dessouset adressez-le, accompagné de votre règlement (CCP Paris 1652432C)au président de votre association ou à :COL (H) Pierre Béry, trésorier de la FNT,28 rue Franklin - 92600 Asnières

NOM, PRÉNOM

ADRESSE

TÉLÉPHONE

TARIFS D’ADHÉSIONAssociations ou amicales :3,00 € par adhérent ou 100 €Adhérents individuels : 25,00 €

FÉDÉRATION NATIONALE DU TRAIN

Créée le 1er juillet 2004, par fusion de l’AMET (Association des Amis du Musée du Train et des Équipages Militaireset de l’ASAT (Association du Soutien à l’arme du Train), l’AMAT s’est fixée trois objectifs principaux :> contribuer au rayonnement de l’arme du Train ;> participer à l’enrichissement, la conservation et la promotion du patrimoine historique et culturel du musée ;> développer les relations armées-nation au sein de l’Arme.

Pour atteindre ses objectifs, l’AMAT a besoin de vous. Issus des deux anciennes associations, ce sont déjàplus de 500 camarades qui manifestent par leur présence au sein de l’AMAT leur soutein aux valeurs qui nousunissent. Ils seront heureux de vous compter bientôt à leurs côtés.

Pour rejoindre la fédération, remplissez le bulletin ci-dessouset adressez-le accompagné de votre règlement à :Musée du Train et des équipages militaires5-7 allée du Point Zéro18000 Bourges

NOM, PRÉNOM

ADRESSE

TÉLÉPHONE

TARIFS D’ADHÉSIONAssociations ou amicales : 107 €Adhérents individuels : 3,00 €

ASSOCIATION DES AMIS DU MUSÉE DE L’ARME DU TRAIN

RESTEZ UNIS !ADHÉREZ AUX ASSOCIATIONS !

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ÉCOLESDE LA LOGISTIQUE

ET DU TRAIN

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ÉCOLESDE LA LOGISTIQUE

ET DU TRAIN

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