Modes de connaissance et attitudes des entreprises sénégalaises face à la méthode ABC...
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1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
1
Modes de connaissance et attitudes des entreprises sénégalaises
face à la méthode ABC.
Modes of knowledge and attitudes of the
Senegalese companies face the ABC method
Ousmane Tanor Dieng*
Résumé :
Cette communication examine l’influence
des canaux de communication et des
caractéristiques perçues de l’ABC sur
l’attitude des entreprises à l’égard de cette
innovation. L’étude réalisée dans le
contexte Sénégalais ressort la place de
cette méthode au sein de l’échantillon
examiné ainsi que les types de canaux
utilisés par les entreprises pour s’informer
sur l’ABC. Les canaux interpersonnels,
comparés aux canaux de masse, sont les
médiums qui influencent très positivement
l’attitude des entreprises à l’égard de la
méthode. En rapport avec les attributs de
ABC, l’influence de l’avantage relatif
perçu de la méthode sur l’attitude des
entreprises à l’égard de celle-ci s’est
révélée significative.
Mots clés : Méthode ABC- Innovation-
Canaux de communication-
Caractéristiques perçues.
Abstract.
This paper examines, in the Senegalese
context, the influence of communication
channels and perceived characteristics of
ABC on the attitude of companies towards
this innovation. The Results show the place
of this method in the sample examined
and the types of channels used by
companies as information sources on ABC.
Interpersonal channels compared to mass
channels, are mediums that influence very
positively the attitude of companies
towards the method.
Concerning the characteristics of ABC, the
influence of relative advantage perceived
on
the attitude of companies appeared signifia
nt.
Keywords : ABC– Innovation- Channels
of communication -
Perceived characteristics
*Assistant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal)
Chercheur au laboratoire FOCCS1/UCAD
E. mail : [email protected];
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
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Introduction
Corrélativement à l’évolution des organisations et de leur environnement, les besoins
en matière d’information relative aux coûts et marges ont également évolué et de nouveaux
modes d’analyse tentent de répondre à cette exigence. Johnson et Kaplan (1987) ou encore
Evraert et Mevellec (1990) n’y sont pas allés par quatre chemins pour indiquer que les
besoins actuels des entreprises sont tels que les méthodes traditionnelles utilisées par le
contrôle de gestion ne sont plus pertinentes. Et elles doivent être rattrapées par de nouvelles
méthodes. Ce plaidoyer a eu « le vent en poupe » avec l’émergence d’un florilège de
nouveaux outils tels que le Target Costing, le Total Quality Management (TQM), le juste à
temps (JIT), l’ABC/ABM etc. dont la vocation est d’améliorer la mesure et la maîtrise de la
performance des organisations (Ermult, 2005).
En dépit des plaidoyers qui stipulent que ces outils offrent au contrôleur de gestion (plus
largement aux gestionnaires) un système d’information permettant un pilotage optimal de la
chaîne de valeur, il reste que le nombre d’entreprises ayant adopté l’une ou l’autre de ces
méthodes s’est avéré relativement minime (Armitage et Nicholson, 1993). Le cabinet Ernst et
Young et la Fondation américaine pour la qualité (1993) ont confirmé l’existence d’un certain
désenchantement parmi le monde des affaires face à l’adoption de certaines de ces méthodes
(Zéghal et .Bouchékoua, 2002).
La théorie de la contingence a fait l’objet de larges emprunts par les auteurs pour documenter
les facteurs différenciant les entreprises ayant adopté ces méthodes de leurs homologues qui
ne l’ont pas adopté. Sur le cas précis de ABC, les recherches consacrées à l’étude de
l’influence de la stratégie (Gosselin, 2000), de la taille de l’organisation (Innes et Mitchell,
2000), de l’intensité de la concurrence (Alcouffe,2004) (pour ne citer que ces variables ) sur
son adoption par les entreprises ont parfois débouché sur des résultats controversés pour ne
pas dire contradictoires. A tel enseigne que pour Moalla (2007), il y’a lieu, dans les
problématiques sur l’adoption des innovations comptables telle que l’ABC par les entreprises,
de tenir compte des facteurs autres que rationnels et asociaux qui prédominent dans les études
se revendiquant de l’école de la contingence.
Dans ces facteurs non asociaux, les rôles des actants et leurs attentes par rapport à
l’innovation nous semblent pertinents à étudier. Le niveau de succès d’une innovation (en
termes d’adoption par exemple par ses cibles) dépend fortement de sa capacité à intéresser et
à mobiliser les acteurs concernés (Meysonnier et Pourtier, 2004). Par intérêt de l’innovation,
les auteurs font remarquer que ce ne sont pas les caractéristiques objectives de l’innovation
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qui sont pertinentes en elles-mêmes. D’où le prétexte de plancher sur une première question :
comment les caractéristiques perçues sur l’ABC influencent-elles le comportement d’adoption
des entreprises dans le contexte sénégalais ?
Sur la mobilisation des acteurs, autre composante sur laquelle ces mêmes auteurs attirent
l’attention, elle fait office de second prétexte pour étudier le lien entre les canaux de
communication (véhicules mobilisateurs) et le comportement des entreprises à l’égard
d’ABC. D’où la deuxième question : Comment les canaux de communication sur ABC
influencent-ils l’attitude des entreprises à l’égard de cette méthode dans le contexte sénégalais?
Pour apporter des réponses à ces questions, le plan suivi comprend trois parties principales.
Le cadre théorique et conceptuel est d’abord posé. La méthodologie de recherche est ensuite
exposée. Les résultats tirés des données collectées sont présentés en dernier lieu.
1. Cadre théorique et conceptuel : L’objet dans ce point est double. Nous montrons d’abord que la méthode ABC peut être
considérée comme une innovation. Ensuite nous mettons à profit les contributions théoriques
des auteurs sur les facteurs qui influencent les décisions des utilisateurs auxquels les
innovations sont destinées. Ces contributions sous-tendent les hypothèses formulées dans la
présente recherche.
1.1 La méthode ABC : une innovation
Dans le cadre d’un travail de conceptualisation, Durieux (2001) a regroupé les conceptions
sur l’innovation en trois perspectives :
Tableau 1. Le concept d’innovation : les perspectives.
Perspectives Conceptions sur l’innovation
1
l’innovation trouve ses origines dans l’acquis antérieur et elle consiste en de
nouvelles interprétations et en une extension du savoir. L’innovation radicale n’est
donc pas possible.
2
l’innovation renvoie à l’introduction d’un nouvel élément inconnu dans une chose
existante et établie.
3
l’innovation est assimilée à un changement dans l’état des connaissances et dans
l’activité, on parle dans ce cas de la perception de l’innovation par les acteurs
impliqués. Source : Par nos soins
Dans cet essai de catégorisation, l’élément saillant dans la manière de concevoir l’innovation
renvoie à la notion de nouveauté. Laquelle constitue presque la centralité de la thèse défendue
par Alcouffe (2004) pour convaincre que la méthode ABC est une innovation. Cette dernière
est une innovation pour deux raisons essentielles précise-t-il : d’une part, la méthode
constitue « une nouvelle combinaison d’éléments nouveaux ou anciens » et, d’autre part,
« elle est porteuse d’une vision « nouvelle » du fonctionnement de l’entreprise ».
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En se référant à Godowski (2001), qui a insisté sur la dimension « nouveauté » dans ses
réflexions sur le concept d’innovation, l’on peut aller jusqu’à classer la méthode ABC dans
les innovations managériales. Selon ce dernier une technique de gestion peut être assimilée à
une innovation managériale si trois conditions sont respectées :
(1) la technique doit être une idée nouvelle (elle peut être une combinaison d’idées
anciennes).
La méthode ABC se reconnaît dans l’idée prise en charge par l’encadré ci-dessus. En effet, la
littérature ne manque pas d’établir des parentés entre ABC et d’autres méthodes anciennes
(telle que la méthode des sections homogènes (MSH)) tout en reconnaissant à ABC une
certaine « originalité ». A ce propos, Evraert et Mévellec (1991) font savoir que dans ce qui
fait la différence entre la MSH et l’ABC il y’a le caractère nouveau de l’utilisation du concept
d’activité dans la perspective de l’ABC. Pour Pesqueux (1997), l’innovation dans la méthode
ABC par rapport à la MSH réside dans la place donnée aux « cost drivers » en particulier au
« cost drivers » autres que volumiques dans le calcul et l’analyse des coûts. En rapport avec
ce même point lié à l’analyse des coûts, Lebas (1996a), a situé l’originalité de l’ABC en
insistant sur la « centralité » de la place du client dans le « logiciel » de la méthode : « Dans
l’approche traditionnelle, il y a des coûts qu’il faut répartir entre les objets à valoriser. Dans
l’approche ABC, (…), c’est tout le contraire : le point de départ est le client et les coûts à
mettre en œuvre pour le satisfaire sont le point d’arrivée. Il y a donc inversion de logique ! »
(ibid., p.214).
Dans la perspective «Godowskienne » (op.cit.), les considérations ci-dessus, bien qu’elles
satisfassent l’idée mise en encadré supra, ne suffisent pas pour conclure que ABC est une
innovation managériale. Il faut deux autres conditions cumulatives (voir ci-dessous) :
(2) La méthode doit exercer un impact direct sur le mode de management
(3) La méthode doit contribuer à augmenter le stock de connaissance dont disposent les
acteurs.
Selon McGowan (1998), ABC améliore la pertinence, la causalité, la disponibilité et le sens
de l’information pour les dirigeants de l’entreprise (ce qui va dans le sens de la condition 3 de
l’encadré supra). La méthode dépasse le seul champ du calcul des coûts. Elle permet un
processus d’amélioration continue (Mevellec, 1995) (ce qui va dans le sens de la condition 2
du même encadré). L’apport de la méthode dans le management de l’entreprise (seconde
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condition de Godowski, cf. supra) est bien mis en exergue par Milkoff (1996) qui a proposé
un tableau très indicatif de la double utilisation possible avec ABC.
Tableau 2. La double utilisation de la méthode ABC
UTILISATION DES COUTS A BASE
D’ACTIVITES POUR : - ETABLIR DES TARIFICATIONS (approche calcul de coûts) - ALLOUER LES RESSOURCES (approche budgétaire) - EFFECTUER DES COMPARAISONS
DANS LE TEMPS ET DANS L’ESPACE (approche Benchmarking)
UTILISATION DE L’ARCHITECTURE DES
PROCESSUS ET DES ACTIVITES POUR : - GERER LES DELAIS, LA QUALITE ET
AMELIORER LA REACTIVITE (approche pilotage) - MODIFIER, AMELIORER, RECONSTRUIRE LES PROCESSUS ET LEURS
COMPOSANTS : LES ACTIVITES (approche ré ingénierie)
Source : Milkoff (1996)
Toujours pour rester sur la condition 2 de l’encadré précédent, la littérature sur la méthode
ABC qui aborde l’intérêt de cette méthode fait savoir qu’elle donne aux dirigeants la
possibilité de distinguer à l’aide d’indicateurs pertinents les activités critiques (destructrices
de valeur) des activités saines (porteuses de valeur), donc de regarder le fonctionnement de
l’entreprise avec un œil critique (Bouquin, 2000). Dans une démarche de recherche
intervention, Chauvey et Naro (2003) ont évalué l’apport de l’ABC dans le management de
l’entreprise en attirant l’attention sur son rôle structurant dans la réflexion stratégique. Le
processus de mise en œuvre de l’ABC et les réflexions auxquelles il conduit amène les
dirigeants de l’entreprise « à s’interroger sur des questions stratégiques qui n’étaient pas à
l’ordre du jour au départ » (ibid., p.81). Dans le cadre de réflexions précurseurs, Villarmois et
Tondeur (1996, p.5), parlant de l’ABC, précisaient : « Les relations entre (…) activités et (…)
inducteurs de coûts permettent de concevoir un système de comptabilité de gestion
suffisamment efficient pour en faire un support de l’analyse stratégique. »
De tout ce qui précède, nous terminons par conclure que la méthode ABC se reconnait dans
les trois conditions cumulatives exposées ex-ante en encadrés qui permettent de considérer
une méthode de gestion comme une innovation managériale.
1.2 Les facteurs qui influencent l’attitude des utilisateurs potentiels d’une innovation
Les auteurs qui étudient les facteurs qui expliquent l’adoption et le rejet d’une innovation
commencent par circonscrire le concept « adoption ». Rogers (1995) (dont les travaux ont
inspiré plus d’un auteur en gestion), entrevoit l’adoption d’une innovation comme étant le
processus d’acceptation d’une nouveauté par une unité décisionnelle évoluant dans un
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système social particulier. Dans un ordre d’idées similaires, Rogers et Shoemaker (1971)
décrivent l’adoption comme un processus avec différentes séquences permettant d’arriver à la
décision d’adoption ou de rejet de l’innovation puis à une confirmation de cette décision. Le
rejet peut être « passif » (l’utilisation de l’innovation n’a jamais été considérée) ou « actif »
(l’utilisation de l’innovation a été considérée mais n’a pas été retenue). De manière plus
formelle, le processus d’adoption comporte, au regard des contributions théoriques de ces
auteurs, cinq étapes : la connaissance, la persuasion, la décision, la réalisation et la
confirmation (voir schéma illustratif ci-après). Steckler et al., (1992) ont proposé une
approche analogue du processus d’adoption. Dans leur acception, les étapes connaissances et
persuasion de Rogers sont jointes pour constituer une seule étape nommée sensibilisation
(awareness en anglais).
. Graphe 1. Séquences du processus d’adoption d’une innovation
Caractéristiques Perçues Adoption Avantage relatif
Compatibilité ;
Complexité ; Rejet
Testabilité.
Source : Leroux et Pupion (2006).
Au sens « Rogérien », l’adoption correspond à la décision de faire un total usage de
l’innovation. Elle est précédée (comme cela apparaît ci-dessus) d’une étape d’information
(connaissance) sur l’innovation de laquelle va se construire une attitude persuasive favorable ou
défavorable envers l’innovation. La perspective dans ce présent papier est d’appréhendée
l’attitude des entreprises à l’égard de la méthode ABC. Ainsi, le focus sera mis sur la manière
dont les canaux de communication (variable prépondérante dans le schéma ci-dessus, la
communication est au départ et à l’arrivée) influencent l’attitude des entreprises à l’égard de
la méthode ABC (§.1.2.1). Mais aussi, nous ne perdrons pas de vue l’influence des
caractéristiques perçues de l’innovation (autre variable très perceptible dans le modèle ci-
dessus) (§.1.2.2).
CHAINE DE COMMUNICATION
Confirmation
Confirmation
Réalisation
Réalisation
Décision Persuasion
Persuasion Connaissance
Connaissan
ce
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1.2.1 Les canaux de communication
Les canaux de communication jouent un rôle clé dans la circulation de l’information sur
l’innovation. « Une innovation doit être communiquée pour être adoptée ou rejetée » (Moalla,
2007, p. 8).
Bass (1969) distingue deux types de communication qui influencent l’attitude des utilisateurs
potentiels d’une innovation : la communication directe (les interactions personnelles) et la
communication indirecte (les médias de masse). Selon l’auteur, la communication directe (les
conversations interpersonnelles) entre pairs a un impact décisif sur le comportement
d’adoption. D’après Ram (1987), plus le mécanisme de propagation (le canal de
communication) est clair, convaincant, crédible, informatif pour les utilisateurs et moins la
probabilité de rejet de l’innovation sera forte.
Sur un ordre d’idée similaire, Rogers (1995) distingue d’une part les canaux de masse (ou
média de masse) tels que les journaux, magazine etc. qui en général sont les moyens les plus
rapides pour atteindre les utilisateurs potentiels d’une innovation et, d’autre part, les canaux
interpersonnels qui correspondent à l’ensemble des relations impliquant deux personnes au
moins qui communiquent (c’est-à-dire qui échangent des informations) en face à face et dans
un cadre formel ou informel. Ces deux types d’interfaces (canaux interpersonnels et de masse)
relient : ceux qui sont intéressés par l’adoption de l’innovation et ceux qui jouent le rôle de «
vecteur » de diffusion de l’innovation. Pour reprendre Berry (1983), on retrouve dans ce
second groupe, les experts qui alimentent le marché des innovations : consultants, organismes
de formation, établissements d’enseignement supérieurs de gestion, associations
professionnelles. Les contacts entre ces « experts » (vecteurs de la communication directe) et
les utilisateurs potentiels facilitent la propagation d’informations sur l’innovation et favorise
son adoption (Frambach et Schillewaert, 2002).
Zaltman et al. (1973) ou encore Alcouffe (2004) insistent sur le rôle des canaux de
communication en précisant qu’ils permettent aux utilisateurs potentiels de se renseigner sur
l’innovation et de se fonder une opinion sur celle-ci. Les canaux de communication ne sont
pas les seuls facteurs susceptibles d’influencer l’attitude des utilisateurs potentiels à l’égard
des innovations.
1.2.2 Les caractéristiques perçues de l’innovation.
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Pour Taylor et Todd (1995) les différentes dimensions de la formation d’une attitude envers
une innovation sont les caractéristiques perçues de l’innovation que sont l’avantage relatif, la
compatibilité, la complexité, l’essayabilité et la visibilité.
- L’avantage relatif perçu de l’innovation :
Tornatzky et Klein (1982) ont trouvé dans leur étude que l’avantage relatif est un facteur
important dans l’adoption des innovations. Alcouffe (op.cit.) précise que peu importe que
l’innovation présente un avantage objectif c’est la perception des unités de décision qui
compte. Cette notion d'avantage relatif désigne le degré auquel une innovation est perçue
comme avantageuse. Cet avantage relatif est souvent décliné en terme d'avantages
économiques perçus par l'utilisateur potentiel mais également de prestige social ou de
satisfaction personnelle (Rogers, op.cit.). Ainsi il peut s’apprécier à partir de plusieurs
critères. Pour le cas de l’ABC (objet d’étude dans ce papier) Kaplan et Anderson (2008) ont
mis en relief ses avantages par rapport à des méthodes plus classiques de calcul de coûts.
Dans le tableau précédent emprunté à Milkoff (op.cit.), tableau synthétisant les utilisations
possibles de l’ABC, les avantages de cette méthode sont assez bien déclinés.
- La compatibilité (une autre composante de la variable « caractéristique perçue » ; cf.
modèle supra):
Elle correspond au degré de compatibilité de l’innovation avec les valeurs, les besoins,
l’expérience antérieure des individus, les responsabilités, leurs systèmes existants etc. Ainsi
cette dimension peut être mesurée par rapport à plusieurs points référentiels. Roehrich
(2001) affirme que l’intention d’adoption de l’innovation dépend dans l’ordre de l’avantage
relatif, le risque perçu et de la compatibilité. Pupion et Leroux (2006), dans leur étude sur
l’adoption et la diffusion des ERP2, que les attributs (avantages et compatibilité) perçus de
cette innovation facilitent son adoption au niveau des entreprises. Dans le cas de la méthode
étudiée ici (en l’espèce la méthode ABC) Alcouffe (op.cit) a montré en contexte Français que
ses caractéristiques compatibilité et avantage relatif perçus sont des déterminants de son
adoption par les entreprises.
- La complexité :
Elle correspond à la difficulté perçue de comprendre l’innovation et son fonctionnement. Des
recherches ont indiqué que les innovations caractérisées par une complexité substantielle
nécessitent des compétences plus techniques et des efforts opérationnels et d’implémentation
importants pour augmenter leurs chances d’être adoptées (Dickerson et Gentry, 1983 ; Couper
et Zmud, 1990). Les auteurs soulignent donc que plus l’innovation est complexe dans son
utilisation, moins elle sera adoptée.
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Masterson et Hayward (1985) (cités par Elissar, 2004) attirent l’attention sur le fait que les
innovations échouent, généralement lors de l’introduction initiale sur le marché et elles ne
sont adoptées massivement qu’après un certain temps. Ceci tient au fait que plusieurs
innovations peuvent paraître trop complexes lors de l’introduction initiale sur le marché et très
souvent les innovations traditionnelles sont acceptées plus rapidement. Tornatzky et Klein
(op.cit.) ont observé empiriquement que les caractéristiques « compatibilité » et « avantage
relatif » facilitent l’adoption d’une innovation et la complexité la freine. Alcouffe (op.cit.) a
trouvé dans son étude en France que la complexité perçue de l’ABC est en général supérieure
pour les entreprises qui n’adoptent pas la méthode.
Les auteurs qui se sont intéressés à la méthode ABC ont relevé son caractère complexe. C’est
le cas par exemple de Bouquin (op.cit.) qui soulève particulièrement la difficulté avec la
méthode de tracer les liens entre produits et activités de supports. L’auteur évoque ainsi le
risque de complexité excessive de la méthode.
- Le caractère essayable et le caractère observable
Ces deux dimensions correspondent respectivement à la possibilité pour l’individu :
d’essayer une innovation avant son utilisation effective.
d’observer les effets de l’innovation chez ceux qui l’ont adopté.
Alcouffe (op.cit.) considère que ces deux dernières caractéristiques ne s’appliquent pas à des
innovations de gestion de type ABC. Cette position de l’auteur s’explique à notre avis par le
fait que les travaux de Rogers s’inscrivent dans une démarche globale qui tient compte de
toutes les innovations en général (y compris les innovations de types produit ou objet). Or
pour ces catégories d’innovation (produits ou objet simples) l’unité de décision (qui peut être
en l’occurrence le consommateur3) peut :
- procéder à un essai du produit (à partir d’un échantillon) avant de fonder une décision
finale d’achat. Ce qui prend en compte le caractère essayable dont parle Rogers (op.cit.)
- adopter un autre comportement, celui d’observer les effets induit de l’innovation (s’il
s’agit d’un objet par exemple) chez ceux qui l’ont adopté avant de décider d’en faire usage.
Ce qui prend en compte le caractère observable dont parle Rogers (op.cit.)
Au terme de l’analyse théorique faite jusqu’ici, les quatre hypothèses suivantes sont
retenues :
Hypothèses
H1. Les entreprises favorables à la méthode ABC, comparées à celles qui ne le sont pas,
privilégient les canaux interpersonnels sur les canaux de masse
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H2. L’avantage relatif perçu élevé de l’ABC influence positivement l’attitude des entreprises à
l’égard de l’innovation.
H3. La compatibilité perçue élevée de l’ABC influence positivement l’attitude des entreprises à
l’égard de l’innovation.
H4. La complexité perçue élevée de l’ABC influence négativement l’attitude des entreprises à
l’égard de l’innovation.
La méthodologie adoptée pour tester cette série d’hypothèses est détaillée dans les lignes ci-
dessous.
2. Méthodologie
Ce paragraphe expose la démarche d’échantillonnage et la stratégie de collecte de données
2.1 Echantillonnage.
La base de construction de l’échantillon est représentée par le répertoire des entreprises du
Sénégal mise à la disposition des chercheurs, pouvoirs publics et de la communauté des
affaires par la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar (CCIAD). Ce
répertoire de plus de 5000 entreprises comprend des informations précises sur le nom de
chaque entreprise, son principal responsable, sa localisation, son téléphone, l’effectif etc.
Sur cette base, et tenant compte des études4 qui ont montré que les petites structures
n’adoptent pas en général la méthode ABC, nous avons écarté du répertoire précité les petites
entreprises (constituées des micros et des catégories très petites5) pour ne considérer comme
population de sondage que les moyennes et grandes entreprises (principe de pertinence). De
cette population, 80 individus (20 entreprises de grandes taille et 60 de taille moyenne) ont été
sélectionnés pour constituer l’échantillon. La facilité d’accès des entreprises a guidé la
sélection (les contraintes de temps imparties pour finaliser et envoyer le présent travail ont
dissuadé la prise en compte des adresses situées hors de la capitale et plus largement des
entreprises pour lesquelles nous avons jugé les sites difficilement accessibles).
La décision de fixer la taille de l’échantillon à 80 entreprises s’explique par le budget limité
(constitué en l’espèce que de fonds propres) mobilisé pour financer l’ensemble des enquêtes.
2.2 Collecte des données
Le questionnaire utilisé dans cette cherche vise à mesurer l’influence des canaux de
communications sur l’ABC et de ses caractéristiques perçues sur le comportement d’adoption
des entreprises. La conception du questionnaire (constitué de questions dichotomiques, de
questions à choix multiples, de questions ouvertes et d’échelles) s’est inspiré des moutures de
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Alcouffe (2004) et Moalla (2007) qui ont, respectivement, approché les questionnements
examinées dans ce papier en contexte Français et Tunisien. Deux phases sont à distinguer
dans l’administration du questionnaire ainsi élaboré (l’administration s’est étalée de la
seconde quinzaine du mois de juillet à la première semaine du mois d’Août).
Une phase prétest réalisée sur cinq entreprises6 à l’issue de laquelle les données recueillies et
exploitées ont conduit à l’ajustement de certaines questions ( les questions à réponses
multiples en particulier) pour faciliter leur compréhension par les enquêtés, à l’élimination des
items qui demandent le chiffre d’affaire de la structure (item qui s’est révélé potentiellement
source de susceptibilité chez les enquêtés ) et le degré d’utilisation de internet pour s’informer
sur la méthode ABC (item dont on s’est rendu compte de la difficulté7 opérationnelle de le
classer dans l’un des deux types entre canaux directs et canaux indirects).
Pour la phase lancement du questionnaire pré testé en vue de la grande enquête, la difficulté
de concilier les déplacements vers les entreprises pour les besoins des enquêtes et les emplois
du temps très serrés à la faculté8 où nous sommes recrutés en tant qu’assistant a justifié le
recrutement d’un enquêteur professionnel. Nous avons entretenu ce dernier des termes du
questionnaire, des cibles visées au sein des entreprises et du temps imparti pour faire les
enquêtes. Les « engagements contractuels » convenus avec l’enquêteur recruté lui fixaient la
tâche d’administrer le questionnaire sur 409 entreprises moyennant une rémunération qui
couvre ses frais de déplacements, de communications et une indemnité arrimée sur le nombre
de questionnaire récupérés.
L’on s’est chargé, pour notre part, de la collecte des données sur la seconde moitié des
entreprises de l’échantillon. La stratégie de collecte a consisté à envoyer10 des questionnaires
par mails (16 au total) aux personnes ciblées dans les entreprises (au sein de chaque
entreprise, nous avons cherché à enquêter le contrôleur de gestion. Au cas où ce poste est
absent, c’est soit le chef comptable, le Directeur administratif et financier ou le Directeur
Comptable et Financier qui était visé). Le coût élevé et imprévisibles des relances
téléphoniques adjoint à l’allongement des délais de réponses sur les 16 questionnaires
administrés via mail a rendu nécessaire de continuer les enquêtes par des déplacements
physiques vers les sites (24 questionnaires ont été administrés par déplacements).
Au terme des enquêtes, 80 questionnaires ont été placés (40 par l’enquêteur recruté sous notre
supervision et 40 par nous-mêmes à raison de 16 envoyés par mail et 24 par déplacements).
Sur ce total administré, 56 ont été récupérés d’où un taux de retour de 70%. Les premiers
dépouillements opérés sur ces 56 observations ont fait apparaître 14 questionnaires
(l’équivalent de 25%) pour lesquels les entreprises en question ne disposent pas d’une
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comptabilité analytique ou encore n’utilisent pas de méthodes de détermination des coûts. A
la question demandant aux enquêtés de renseigner les méthodes de calcul des coûts
utilisées11, ces 14 entreprises ont fait valoir qu’elles tiennent uniquement la comptabilité
obligatoire (la comptabilité générale). De ce fait, seuls 42 questionnaires (soit 56 -14)
représentatifs d’entreprises déclarant recourir à des méthodes de calcul de coûts dans leurs
réponses ont été exploités dans la partie sur les résultats de l’étude (cf. infra). La distribution
de ces 42 observations en fonction du critère taille est donnée ci-dessous
Tableau 3. Répartition des entreprises en fonction de la taille
Catégories Effectif % % valide % cumulé
Moyennes entreprises 34 81,0 81,0 81,0
Grandes entreprises 8 19,0 19,0 100,0
Total 42 100,0 100,0
Source : Enquêtes.
3. Présentation et interprétation des résultats
Ce paragraphe comporte deux grands points. Le premier fait état de la place de la méthode
ABC dans l’échantillon étudié. Le second point essaye d’appréhender l’influence des
caractéristiques de l’ABC et des canaux de communication sur l’attitude des entreprises à
l’égard de cette méthode.
3.1 La méthode ABC : place dans les méthodes de calcul des coûts au sein des
entreprises étudiées.
Si on prend au pied de la lettre les déclarations des répondants quant aux outils de calcul des
coûts utilisées dans leur entreprise, l’on s’aperçoit que la méthode ABC est loin d’être une
méthode prépondérante pour ne pas dire qu’elle est minoritaire. En atteste le tableau 4 suivant
qui récapitule les réponses des enquêtés sur l’item du questionnaire qui leur demande de
renseigner leurs méthodes de calcul des coûts.
Tableau 4. Méthodes de calcul de coûts identifiées dans les entreprises de l’échantillon
Méthodes Centre d’analyse Direct Costing Imputation rationnelle ABC
Modalité Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non
Effectif 36 6 7 35 4 38 3 39
Source : Enquêtes.
Le moins que l’on puisse inférer à partir de ce tableau est que la méthode des centres
d’analyse à la quelle ABC est très souvent comparée dans la littérature semble être
privilégiée par les entreprises (36 contre 3 utilisateurs seulement de ABC). Ce résultat
rappelle, toutes choses égales par ailleurs, les travaux d'auteurs précurseurs (tels que Innes et
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Mitchel12 (1991)) qui ont révélé des taux d’adoption faibles de l’ABC même dans des pays
développés. Pour dépasser une analyse qui confine le raisonnement en termes d’utilisation ou
non de la méthode ABC (39 déclarent ne pas l’utiliser, voir tableau supra), l’on s’est employé
à cerner le statut de cet outil dans l’échantillon étudié (statut approché par un item qui fixe
différents cas de figures inspirés de Alcouffe (2004) pouvant se présenter au niveau des
entreprises). L’exploitation des réponses recueillies montre que le statut de la méthode au
sein des entreprises est très variable.
Tableau 5. Statut de la méthode ABC dans les entreprises
Statut de
l’ABC
l'entreprise a
déjà mis en
place ABC
(A)
l'adoption de
ABC a été
envisagée
puis rejetée
(B)
l'entreprise
n'exclut pas
la possibilité
de recourir à
ABC
(C)
l'entreprise
ne s'est pas
posé la
question de
l'adoption de
l’ABC
(D)
Entreprises
ne s’étant
pas
prononcés
sur la
question
(E)
Effectif 3 1 10 18 10
Source : Enquêtes.
A partir de ce tableau, nous sommes allés vers une catégorisation des entreprises en structures
favorables à la méthode ABC, défavorables à la méthode et neutre à son endroit. Pour ce faire
l’on s’est appesanti sur les observations qui se reconnaissent dans les statuts (C) (D) et (E).
Celles qui se reconnaissent dans les statuts (A) et (B) pouvant être déjà classées assez
aisément dans les classes : favorables et défavorables respectivement.
Les entreprises qui se reconnaissent dans les modalités (C), (D) et (E) (cf. tableau ci-dessus))
ont été questionnées pour se prononcer sur les chances qu’elles adoptent cette méthode dans
le court, moyen et long terme. Pour chaque horizon, une échelle de likert à 5 pas a été utilisée.
L’échelle va de : 1 les chances d’adoption sont très faibles à 5 les chances sont très élevées ;
une demande de justification est adjointe à chaque niveau choisi par le répondant). Les
données recueillies et exploitées sous SPSS ont produit les indications qui suivent
Catégorisation en classes des 10 entreprises qui n’excluent pas d’adopter ABC (tel
que spécifié dans le tableau 5 supra).
La catégorisation des entreprises en classes est guidée par le regroupement des modalités de
l’échelle de Likert utilisée comme suit : « très faibles et faibles » décryptent une attitude
défavorable envers ABC ; « élevé et très élevé » reflètent une attitude favorable et « ne sait
pas » une attitude neutre.
Tableau 6. Distribution des (10) entreprises en fonction des chances qu’elles adoptent ABC Horizon temporel
Chances d’adopter ABC
Court terme Moyen terme Long terme
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
14
Très faibles 6 2 -
Faibles 3 4 3
Ne sait pas 1 2
Elevé 1 3 4
Très élevé 1
Total 10 10 10
Source : Enquêtes.
Si l’on se centre sur la dernière colonne du tableau relative à l’horizon long terme, l’on note
que 5 entreprises (soit 4 + 1) des 10 qui déclarent ne pas exclure l’adoption de ABC
manifestent une attitude favorable envers l’outil. En référence toujours à la dernière colonne
du tableau ci-avant, 3 ont une attitude défavorables et 2 une attitude neutre. Les réponses
communiquées par les enquêtés pour justifier chacun des choix dans les trois temporalités
court, moyen et long terme (tel que demandé dans le questionnaire) sont livrés en annexe.
Une analyse similaire à celle déclinée ci-dessus est répliquée pour catégoriser les 18
entreprises qui se reconnaissent dans le statut (D) du tableau 5 précédent. Les données
collectées sur ces entreprises à l’aide d’une échelle à 5 pas (la même que celle susmentionnée)
ont produit les indications ci-dessous :
Catégorisation des 18 entreprises qui déclarent que la question de l’adoption de ABC
ne s’est pas encore posé en leur sein.
Le même principe de regroupement des modalités de l’échelle à 5 pas est ici de mise.
Tableau 7. Distribution des (18) entreprises en fonction des chances qu’elles adoptent ABC Horizon temporel
Chances d’adopter ABC
Court terme Moyen terme Long terme
Très faibles 12 9 4
Faibles 1 4 4
Ne sait pas 5 5 8
Elevé - - 2
Très élevé - - -
Total 18 18 18
Source : Enquêtes.
En considérant les données de la temporalité long terme et du principe de regroupement des
modalités de l’échelle évoqué supra, trois classes émergent : les entreprises favorables à la
méthode, elles sont au nombre de 2 ; les entreprises qui apparaissent plus neutres (8 au total) ;
et les entreprises qui affichent une attitude défavorable à l’égard de ABC, elles sont au
nombre de 8 (soit 4 +4).
Catégorisation des 10 entreprises qui se reconnaissent dans la modalité (E) du tableau
5. supra.
Le même principe de regroupement des modalités de l’échelle à 5 pas est reconduit.
Tableau 8. Distribution des (10) entreprises en fonction des chances qu’elles adoptent ABC Horizon temporel Court terme Moyen terme Long terme
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
15
Chances d’adopter ABC
Très faibles 4 4 4
Faibles 2 1 1
Ne sait pas 4 4 4
Elevé - 1 1
Très élevé
Total 10 10 10
Source : Enquêtes.
Les données de la dernière colonne ci-avant permettent de distinguer : 5 entreprises (soit 4 +
1) qui affichent une attitude défavorable envers ABC, 4 ont une attitude plutôt neutre et 1 se
montre favorable à la méthode.
Somme toute des lignes ci-avant au travers desquelles les effectifs pour chacune des trois
classes ou catégories (entreprises favorables, entreprises défavorables et entreprises neutres)
ont été déterminés, nous proposons en synthèse le tableau ci-contre.
Tableau 9. Attitudes des entreprises à l’égard d’ABC (synthèses)
Classes
d’entreprises
FAVORABLES DEFAVORABLES NEUTRES
EFFECTIFS 11 17 14
DETAILS
-3 adopteurs effectifs (cf.
Tableau 5)
-8 entreprises qui estiment
élevées les chances qu’elles
l’adoptent (cf. tableau 6, 7, et 8)
- 1 rejet ((cf. Tableau 5)
- 16entreprises qui estiment
faibles les chances d’adoptions
(cf. tableau 6, 7, et 8)
(cf. tableaux
tableau 6, 7,
et 8)
Source : Enquêtes
L’objet dans la suite est d’examiner si les trois classes d’entreprises distinguées affichent des
différences sur les canaux de communication qu’elles utilisent pour se documenter sur l’outil
et les caractéristiques perçues de la méthode.
3.2 Comparaison des entreprises sur les canaux de communication et les
caractéristiques perçues de l’ABC.
Le focus est d’abord mis dans un premier temps sur les canaux de communication.
3.2.1. Examen du rôle des canaux.
En adressant aux entreprises une question à 12 modalités de réponses possibles sur les sources
utilisables pour s’informer sur l’ABC, les canaux au travers desquels cette méthode est
connue des entreprises de l’échantillon ont pu être identifiées (cf. tableau ci-après)
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
17
Tableau10.Les canaux de communication croisés avec les attitudes des entreprises envers
ABC
CANAUX DE COMMUNICATION
Canal
Attitude
envers
ABC
1.
Consul
tant
2.
Client
3.
Univer
sité
4
Séminaire
5.
Conféren
ce,
Colloque
6.
Parte
naire
7.
collègue
I. Canaux
interpersonne
ls
(1+2+3+4+
5+6+7)
8.
revue
9.
livre
II.
Canaux
de
masse
(8+9)
Favorable 2 - 10 3 - 2 - 17 2 2 4
Défavorabl
e - 1 5 2 1 - 3 12 8 1 9
Neutre - - 4 2 1 - 1 8 2 3 5
Total 2 1 19 7 2 2 4 37 12 6 18
Source : Enquêtes
Ces données montrent l’importance des canaux interpersonnels dans la communication de la
méthode ABC [ces canaux interpersonnels sont représentés par 37 occurrences (pour
lesquels les médiums sont précisés dans le tableau ci-dessus) contre 18 occurrences qui
renvoient aux mediums de masse que sont les ouvrages de gestion et les revues]. Ce résultat
va dans le sens des conclusions de Alcouffe (2004) et de Moalla (2007) qui ont trouvé en
contexte Français et Tunisien (respectivement) que les canaux directs (interpersonnels) sont
davantage utilisés par les entreprises pour s’informer sur ABC.
L’importance des canaux interpersonnels sur les canaux de masse constatée dans le tableau
ci-dessus est confirmée par l’analyse en composante multiple (ACM) réalisée sur les
données relatives aux canaux d’informations sur l’ABC dans l’échantillon étudié. Sur le
diagramme des variables obtenu par l’ACM (cf. ci-après), seuls les canaux interpersonnels
sont bien représentés.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
18
Graphe 2. Diagramme des variables.
Au regard du graphe, le canal interpersonnel représenté par les études à l’université semble
être la source qui influence plus l’attitude des entreprises envers ABC (la forte proximité entre
ces deux modalités ne passe pas inaperçu). Le test13 exact de Fisher utilisé pour mesurer cette
relation est significatif (p=0,002<0,05). Ce résultat montre le rôle de l’université comme
medium déterminant qui joue un rôle non négligeable sur l’attitude des entreprises envers
ABC. 10 sur les 11 entreprises favorables à l’ABC se sont informés sur cette méthode à
l’université contre 5 sur les 17 qui ont une attitude défavorable et 4 sur les 14 au
comportement neutre (cf. tableau 10 supra).
A travers une échelle à 5 points, nous avons mesuré le degré d’utilisation des canaux de
communication sur l’ABC au sein de l’échantillon. Le tableau suivant permet de comparer
les moyennes d’utilisation des différents médiums par les enquêtés.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
19
Tableau 11. Moyenne d’utilisation des canaux
Attitudes des entreprises envers ABC
Eléments
Favorable Défavorable Neutre
CANAUX
INTERPERSONNEL
S
Consultant 1. 90 1. 25 1. 14
Université 2. 45 1. 69 1. 07
Conférences, Colloques,
Séminaires
2. 20 1. 47 1. 36
Cadres dirigeants 2. 00 1. 41 1. 36
CANAUX DE
MASSE
Articles, revues académiques ou
professionnelles
2. 00 1. 94 1. 00
Ouvrages de gestion sur ABC 2. 40 1. 53 1. 57
Source : Enquêtes
L’examen des valeurs moyennes du tableau ci-dessus inspire quelques observations. L’on
peut noter en effet que les canaux de communication (interpersonnels et de masse) sont
faiblement utilisés quel que soit l’attitude de l’entreprise envers la méthode : défavorable,
favorable ou neutre. Sur une échelle14 à 5 degrés, aucune moyenne d’utilisation dans le
tableau n’atteint 3. Alcouffe (op.cit.) a confirmé dans ses travaux cette faiblesse d’utilisation
des canaux de communication sur ABC par les entreprises.
Lorsqu’on compare les moyennes d’utilisation des canaux à l’intérieur de chaque classe
d’entreprises, les particularités qui se dégagent sont les suivantes :
-dans la classe des entreprises favorables à l’ABC, le canal le plus utilisé en moyenne est un
canal interpersonnel : c’est l’université en l’occurrence avec une moyenne de 2. 45.
-au niveau des entreprises plutôt défavorables et neutres, les médias de masse constituent en
moyenne les canaux les plus utilisés : c’est en l’occurrence les articles, revues (1. 94) et les
ouvrages de gestion (1.57) respectivement.
Une comparaison interclasse montre que les entreprises favorables à la méthode ABC
enregistrent les moyennes d’utilisation des canaux les plus élevées. Toutefois, les résultats du
test de Student ne permettent de confirmer cette supériorité que pour la comparaison entre
entreprises favorables et neutres : dans ce groupe le test est positif sur trois canaux que sont :
l’« université » (p=0,016<0,05), les « articles et revues » (p= 0,015<0,05) et les
« conférences, séminaires et colloques » (p= 0,039<0,05).
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
20
En conclusion, les résultats exposés le long des lignes ci-avant vont dans le sens de notre
première hypothèse de travail H1 selon laquelle le type de canal influence l’attitude des
entreprises envers la méthode ABC. Les entreprises favorables à la méthode, comparées
aux entreprises qui ont une attitude défavorables ou neutres sont celles qui privilégient les
canaux interpersonnels sur les médias de masse comme source d’information d’une part et, se
distinguent par des moyennes d’utilisation de ces canaux supérieures d’autre part.
En dernier ressort, l’enseignement que livre un tel résultat, et qui n’est pas des moindres, est
que les canaux (interpersonnels en particulier) quoi qu’ils jouent un rôle important (les
professionnels qui recourent à ces canaux ont une attitude favorable envers ABC, voir ci-
avant) sont insuffisants pour expliquer l’adoption voire l’utilisation de l’outil sur le terrain. En
effet, sur l’échantillon de 42 entreprises étudiées ici, finalement la balance est de 11
entreprises favorables à l’ABC (voir tableau 9, supra) et seulement 3 entreprises utilisatrices
de la méthode (tableau 4, supra). Le débat sur la faible utilisation en général des outils
modernes de gestion (de management) importés d’occidents refait ici surface avec acuité.
Débats qui a inspiré chez Kandem et Tidiani (2010) les questions à savoir : faut-il adapter les
outils généralement d’origine européenne ou nord-américaine aux contextes africains ? ; faut-il
forcer les entreprises à s’adapter à ces outils en reconnaissant à ces derniers un caractère
universel ou bien concevoir des outils appropriés aux cultures africaines ?
En tout cas, la porte d’entrée privilégiée dans ce papier (en l’occurrence l’étude des canaux de
communication sur un outil spécifique qui est ABC) confirme que la méthode est davantage
diffuser dans le monde académique et professionnel (la plupart des professionnels enquêtés
ont connu la méthode au travers du canal représenté par l’université, cf. tableau 10 supra)
qu’elle n’est utilisée en pratique. Outre les canaux de transmission des connaissances sur les
outils de gestion, il est justifié de s’arrêter sur les caractéristiques de ces outils pour
expliquer : le succès ou l’échec de leur adoption selon Bampoky et Meysonnier (2012),
l’attitude des entreprises à l’égard de ces outils dans la perspective de ce papier.
3.2.2. Examen des caractéristiques perçues de l’ABC.
Les attributs perçus de ABC au sein de l’échantillon sont appréhendés à l’aide d’une échelle
à 5 degrés. Les items utilisés demandent aux enquêtés leurs opinions sur chacune des trois
caractéristiques qui ont retenu notre attention dans le questionnaire à savoir : l’avantage relatif
perçu de la méthode, sa complexité et sa compatibilité avec les spécificités de l’entreprise.
Les données recueillies au travers de l’échelle (allant de très faible à très élevé) révèlent
qu’en général c’est les entreprises qui affichent une attitude défavorable ou neutre envers
ABC qu’on retrouve dans la modalité « ne sait pas » (cf. tableau suivant)
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
21
Tableau 12. Distribution des entreprises (interpelées sur les attributs de ABC) en fonction de
la modalité « ne sait pas ».
Attributs de la méthode Avantage relatif Complexité Compatibilité
Nombre d’entreprises
dans la modalité « ne sait
pas »
Entreprises
défavorables
10 / 17 10 / 17 7 / 17
Entreprises
neutres
9 / 14 7/ 14 8 / 14
Source : Enquêtes.
A partir des données ci-dessus, l’on est tenté de lier l’attitude défavorable ou neutre affichées
par certaines entreprises à l’égard de ABC par le fait qu’elles en ignorent les implications en
termes de conséquences pratiques qui seraient liés à son application. En effet, les items
utilisés demandaient précisément aux entreprises de se prononcer sur : 1) la comptabilité de
la méthode ABC avec les spécificités de leurs entreprises (activités, produits, structure des
coûts) ; 2) l’avantage relatif de la méthode par rapport aux méthodes actuelles de calcul
qu’elles utilisent ; 3) la complexité de la mise en place et d’utilisation de la méthode ABC.
Alors, méconnaître ces trois facteurs importants associés à l’utilisation de l’outil ou encore
être sans réponses sur ces éléments (comme cela ressort ci-dessus au niveau de la modalité
« ne sait pas ») peut valablement inspirer de l’aversion à son égard de la part des entreprises.
Surtout que Collerette, Delisle et Perron (1997) ont, dans leurs réflexion, confirmé que
l’inconnu ou à tout le moins la peur de l’inconnu fait partie des facteurs qui expliquent les
comportements de réserves envers une nouveauté (représentée ici par ABC15). Morin (1996)
précise que l’inconnu (incarné dans le tableau supra par la modalité « ne sait pas ») suscite des
craintes, des appréhensions qui sont facteurs de résistances.
Pour enrichir l’analyse ci-dessus centrée sur une seule modalité de l’échelle en l’occurrence
la modalité « ne sait pas », l’ACM a été effectuée sur le paquet de données constituées des
classes d’entreprises et des caractéristiques perçues sur ABC. Le diagramme obtenu qui
visualise à la fois les classes et les modalités montre des singularités nettes entre les classes
favorables et les classes défavorables (cf. ci-dessous)..
Graphe 3. Diagramme liant les classes d’entreprises et les modalités
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
22
Au regard du diagramme, l’avantage relatif et la compatibilité semblent être positivement
perçus par les entreprises favorables à l’ABC. Alors que ces mêmes attributs sont perçus
inversement par les entreprises défavorables à la méthode. Ce résultat semble allé dans le sens
des hypothèses H2 et H3 qui, pour rappel, stipulaient respectivement que : « l’avantage relatif
perçu élever de l’ABC influence positivement l’attitude des entreprises à l’égard de
l’innovation » et «la compatibilité perçue élever de l’ABC influence positivement l’attitude des
entreprises à l’égard de l’innovation ». Soulignons en passant que Alcouffe (op.cit.) a confirmé
dans ses travaux que l’avantage relatif et la compatibilité de l’ABC sont perçus plus élevés
par les entreprises qui l’adoptent.
Contre toute attente, la complexité perçue de la méthode apparait élevée pour les entreprises
favorables à l’ABC et faibles pour la classe des entreprises défavorables (voir diagramme
supra). Ce qui semble prendre le contrepied de l’hypothèse H4 selon laquelle « la complexité
perçue élevée de l’ABC influence négativement l’attitude des entreprises à l’égard de
l’innovation ».
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
23
Nous avons cherché à tester les relations évoquées supra entre l’attitude de l’entreprise à
l’égard de l’ABC (en tenant compte des modalités : favorable et défavorables) et les
caractéristiques perçues sur la méthode. Pour ce faire le focus a été mis, au niveau de
l’échelle à 5 degrés (qui va de « très faible » à « très élevé »), sur les quatre modalités autres
que « ne sait pas16 ». Précisément, les degrés « très faible » et « faible » ont été regroupés
pour constituer une nouvelle modalité « FAIBLE » et les degrés « très élevé » et « élevé »
une autre modalité « ELEVE ». Ce qui a conduit au tableau de valeurs suivant :
Tableau 13. Classes d’entreprises croisées avec les caractéristiques perçues.
Attitudes entreprises
Total17 Favorable Défavorable
Avantage perçu Faible 2 7 11
Elevé 5 0 8
Compatibilité perçue Faible 4 9 16
Elevé 5 1 9
Complexité perçue Faible 3 5 11
Elevé 6 2 12
Source : Enquêtes.
Le tableau confirme les tendances montrées visuellement par le diagramme ci-dessus obtenu
par l’ACM. L’on remarque en effet que l’avantage relatif et la compatibilité de ABC sont en
général jugés élevés par les entreprises favorables à la méthode et faibles par les entreprises
qui ont une attitude défavorable. Ces dernières sont, globalement, moins convaincues des
attributs avantages relatifs et compatibilité de ABC.
Quant à la complexité de la méthode, elle est jugée faible par la majorité des entreprises
défavorables et élevée par la plupart des entreprises favorables à la méthode.
En raison de la faiblesse de la taille des effectifs du tableau ci-dessus, nous avons réalisé le
test exact de Fisher en vue de vérifier l’existence d’une relation statistique entre « attitude
des entreprises » et « caractéristiques perçues ». Le test est significatif pour la relation
« attitude de l’entreprise » et avantage perçu de la méthode (p= 0,021<0,05) (d’où H2
confirmée)
Par contre les tests des relations entre « attitude de l’entreprise » et compatibilité d’une part
et, « attitude de l’entreprise » et « complexité » d’autre part se sont révélés non significatifs
(p= 0,057> 0,05 et p =0,315>0,05 respectivement). Alors, nous ne pouvons pas confirmer H3
et H4.
Conclusion
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
24
L’objet dans ce papier était de contribuer à la réflexion sur le comportement des entreprises à
l’égard de la méthode ABC dans le contexte Sénégalais. La littérature compte à son actif des
travaux qui ont examiné, dans des contextes assez variés, le taux d’adoption de cette méthode
au sein des entreprises et les facteurs pouvant expliquer son adoption par certaines entreprises
et son non adoption par d’autres. L’une des perspectives théoriques très empruntée par les
auteurs pour éclairer la lanterne autour de ces questions est représentée par la théorie de la
contingence. Inspiré par les auteurs qui suggèrent de mettre au centre de la réflexion les
attentes des utilisateurs pour comprendre leur comportement d’adoption et/ou de rejet de la
méthode, nous avons mobilisé la littérature sur les facteurs qui influencent les décisions des
utilisateurs de recourir aux innovations. Deux variables ont retenu l’attention dans l’étude de
ces facteurs réalisée dans la partie théorique et conceptuelle de ce papier : les canaux de
communications et les caractéristiques perçues. Il s’est agi, en rapport avec ABC, d’étudier
l’influence de chacune de ces variables sur l’attitude des entreprises à l’égard de cette
innovation (ce papier revendique la perspective qui appréhende ABC comme une
innovation). Les résultats ont amené à distinguer trois profils d’attitudes dans l’échantillon :
les entreprises favorables à la méthode, les entreprises défavorables à l’ABC et la catégorie
des entreprises intermédiaires ou neutres. Ce résultat a l’intérêt de proposer, à côté de la
catégorisation qui distingue « adopteur » et « non adopteur » dans la littérature sur ABC, une
nouvelle forme de catégorisation. Un autre élément dans cette recherche à mettre en exergue
concerne la manière dont nous avons approché les canaux de communication. Si d’aucuns ont
examiné cette variable pour déterminer leur rôles dans la diffusion des principes de l’ABC, Il
a été question dans cette présente d’appréhender l’influence de ces canaux sur l’attitude des
entreprises envers ABC. Là-dessus, les résultats montrent que les entreprises qui privilégient
les canaux interpersonnels sur les médias de masse, à la différence de celles qui privilégient
l’inverse ont une attitude favorable envers ABC. Un autre enseignement mis en exergue dans
ce papier et qui est relatif aux canaux d’information sur ABC a trait à la remarque que la
méthode (encore peu utilisée) est en retard sur les canaux qui la portent à la connaissance des
entreprises. Dit autrement, l’outil est plus connu des professionnels qu’il n’est utilisé sur le
terrain. Ce qui remet au goût du jour le débat (qui dépasse l’échelle empirique de ladite
recherche représentée par le Sénégal) sur les outils importés en contexte africain et leur faible
utilisation.
Enfin, les résultats ont montré que l’avantage relatif perçu élever de l’ABC influence
positivement l’attitude des entreprises à l’égard de l’innovation.
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
25
Il convient de relever que l’étude a visé des entreprises exerçant leur activité au niveau de la
capitale. Ce qui peut influencer la robustesse des conclusions.
Pour les voies de recherches futures, il est possible d’examiner la relation pouvant exister
entre les canaux de communication et les caractéristiques perçues de la méthode par les
entreprises. Ce lien n’a pas pu être appréhendé dans ce papier. Des monographies sur les
entreprises déclarant utiliser cette méthode et qui sont identifiées au nombre de trois (03) dans
cette recherche peuvent être réalisées pour appréhender la profondeur de l’utilisation de
l’outil. Des auteurs tels que Boisvert et al. (2007) et Gosselin (1997) ont, en effet,
respectivement distingué différents modèles de ABC et de niveaux d’utilisation de la
méthode.
Notes
1 Finance Organisation Comptabilité Contrôle Audit. 2 Enterprise Resource Planning, 3 Le modèle de Ram comme la plus part des théories sur la diffusion et l’adoption des innovations sont traitée
dans le cadre d’une sociologie de la consommation. 4 Nous pouvons citer les travaux de Krumwied (1998) aux USA ou encore les études de Dahlgren et al. (2001)
(citées par Moalla, 2007) en Suède 5 Les petites entreprises (dont la taille du point de vue du nombre d’employés est comprise entre 1 et 20) sont
constituées, d’après la charte sur les types d’entreprises au Sénégal, des micro-entreprises et des très petites
entreprises 6 Les personnes rencontrées pendant le prétest occupent les responsabilités de Directeur Financier et Comptable
(1), de Directeur Administratif et Comptable (2), d’Assistant Comptable (3) et de Comptable (4). 7 Difficulté liée au caractère ambivalent de « internet » où l’on retrouve à la fois des canaux indirects (exemples
des documents numériques consultables et/ou téléchargeables) et des canaux directs (exemples des
visioconférences animés par des consultants, professionnels, experts 8 L’enquête a coïncidé avec une période à cheval entre la fin des travaux dirigés à la faculté et l’organisation des
évaluations (devoirs et examens) qui impactent sensiblement sur le volume de charges de travail de
l’enseignant : participations aux surveillances lors des évaluations ; aux corrections, aux jurys, à la gestion des
réclamations après délibérations 9 Les 40 entreprises représentent la moitié de notre échantillon de travail arrêté à 80 entreprises 10 Chaque envoi est précédé d’un entretien téléphonique qui le sensibilise le responsable de l’entreprise sur
l’enquête et ses finalités 11 Il s’agit d’une question avec différentes modalités de réponses (allant de la méthode des centres d’analyse en
passant par l’ABC, jusqu’à la modalité : autres méthodes à préciser) qui demande au répondant de préciser
(cocher) les méthodes de calcul des coûts utilisées par l’entreprise. 12 Innes et Mitchel (1991) ont trouvé un taux d’adoption de 6% au Royaume-Uni. Au Cameroun, Ngongang
(2010), (cité par Elhamma, 2013) a trouvé un taux pas différent soit 9,3%. 13 Le test de Khi-deux est significatif (p = 0,02 < 0,05) mais il n’est pas puissant (l’effectif théorique minimum
est de 4,98). Dans le test exact de Fisher nous avons croisé la variable attitude (avec ses deux modalités
« favorable » / « défavorable ») et le canal de communication représenté par l’université (qui prend deux
modalités : oui / non) 14 Pour chaque canal, l’échelle est graduée de 1 (utilisation nulle du canal) à 5 (utilisation très élevée). 15 La revue de la littérature a montré que la méthode ABC peut être considérée comme une innovation. 16 La modalité « ne sait pas » étant déjà exploité précédemment, cf. Tableau 12 17 La colonne totale inclut l’effectif des entreprises neutres. Pour chaque ligne du tableau, cet effectif se déduit
par différence entre le nombre total ayant répondu et la somme (répondants favorables + répondants
défavorables). Exemple : pour la ligne sur l’avantage relatif perçu : 2 entreprises dans la classe (neutre) jugent
faible l’avantage relatif de la méthode soit [11 - (2 + 7)].
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
26
BILIOGRAPHIE
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Bass F. M. (1969). A new product growth for model consumer durable. Management Science,
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4. Thèses et mémoires
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et contrôle de gestion : le cas de l’ABC en France, Doctorat en sciences de gestion, Ecole des
Hautes Etudes Commerciales.
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Elissar T. (2004), Adoption de la banque électronique et son impact sur la performance
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par activités, les cahiers de la recherche, IAE.
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6. Texte de synthèse
Berry M. (1983), Une technologie invisible ? L’impact des instruments de gestion sur
l’évolution des systèmes humains, CRG, Ecole Polytechnique.
7. Communications dans des congrès
Meyssonnier F., Pourtier, F. (2004). ERP, changement organisationnel et contrôle de gestion,
Actes du 25ème Congrès de l’Association Francophone de Comptabilité « Normes et
mondialisation », Orléans, 12-14 mai.
Moalla, H. (2007). Les mécanismes de diffusion, d’adoption et de rejet de la méthode ABC
dans l’environnement tunisien. Actes du 28ème congrès de l’AFC, Poitiers, mai
ANNEXE : Extraits des justifications demandées aux enquêtés
Tableau 1. Justifications (sur l’horizon court terme)
Effectif
s
% % valide %cumulé
21 50,0 50,0 50,0
à court terme rien n'est envisagé pour l'appliquer 1 2,4 2,4 52,4
Ce sujet n'a pas été à l'ordre du jour des réunions
mensuelles du…….
1 2,4 2,4 54,8
il n' y ' a pas un enjeu qui justifie un recours à l'ABC 1 2,4 2,4 57,1
Il est possible de l'adopter à cause de sa fiabilité 1 2,4 2,4 59,5
l'adoption de la méthode ABC ne se discute au sein de
l'entreprise
1 2,4 2,4 61,9
l'affectation des charges indirectes ne représente pas
encore un enjeu ….
1 2,4 2,4 64,3
la méthode n'est pas à l'ordre du jour 1 2,4 2,4 66,7
la méthode n'est pas appliquée dans le calcul des
coûts au sein de……
1 2,4 2,4 69,0
la méthode n'est pas trop connue par les dirigeants 1 2,4 2,4 71,4
la question n'est pas à l'ordre du jour et au niveau du
département …..
1 2,4 2,4 73,8
le CC nous permet déjà de connaitre tous les couts de
revient des …….
1 2,4 2,4 76,2
le cout et la mobilisation que demande son utilisation
font que les c………..
1 2,4 2,4 78,6
manque d'info par rapport à la politique de l'entreprise 1 2,4 2,4 81,0
ne nous tente pas 1 2,4 2,4 83,3
ne sait pas 1 2,4 2,4 85,7
notre méthode nous convient pour le moment 1 2,4 2,4 88,1
nous avons une seule activité 1 2,4 2,4 90,5
on n’en parle pas 1 2,4 2,4 92,9
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
30
on ignore tout de la méthode ABC 1 2,4 2,4 95,2
pas envisagé 1 2,4 2,4 97,6
pour le moment et dans les 5 ans à venir on se
satisfait de la méthode……..
1 2,4 2,4 100,0
Total 42 100,
0
100,0
Tableau 2. Justifications (sur l’horizon moyen terme)
Effectifs % % valide % cumulé
25 59,5 59,5 59,5
ça ne se discute pas 1 2,4 2,4 61,9
ce n'est pas exclu dans un proche avenir 1 2,4 2,4 64,3
Ce sujet n'a pas été à l'ordre du jour des
réunions mensuelles du
1 2,4 2,4 66,7
Idem 3 7,1 7,1 73,8
il faut un temps d'appropriation de la méthode 1 2,4 2,4 76,2
il n' y ' a pas un enjeu qui nécessite un recours à
l'ABC
1 2,4 2,4 78,6
l'entreprise envisage de diversifier ses activités
en intégrant ……
1 2,4 2,4 81,0
l'équipe dirigeante est de la vielle école pas très
informée
1 2,4 2,4 83,3
la méthode n’est pas trop connu par les
dirigeants, l'entreprise n'a pas encore une durée
de vie assez longue depuis sa création.
1 2,4 2,4 85,7
manque d'info par rapport à la politique de
l'entreprise
1 2,4 2,4 88,1
même chose 1 2,4 2,4 90,5
ne sait pas 1 2,4 2,4 92,9
notre système suffit 1 2,4 2,4 95,2
on ignore tout de la méthode 1 2,4 2,4 97,6
pas à l'ordre du jour 1 2,4 2,4 100,0
Total 42 100,0 100,0
1 ère journée d’étude africaine en comptabilité et contrôle
31
Tableau 3. Justifications (sur l’horizon moyen terme)
Effectifs % % valide % cumulé
27 64,3 64,3 64,3
1 2,4 2,4 66,7
Ce sujet n'a pas été à l'ordre du jour des
réunions mensuelles du
1 2,4 2,4 69,0
ce système peut être instauré si la direction
arrive à saisir l’avant
1 2,4 2,4 71,4
envisager pour son application 1 2,4 2,4 73,8
eu égard au nombre croissant de la concurrence 1 2,4 2,4 76,2
1 2,4 2,4 78,6
l'avenir nous le dira 1 2,4 2,4 81,0
manque d'info par rapport à la politique de
l'entreprise
1 2,4 2,4 83,3
même chose 1 2,4 2,4 85,7
ne sait pas 1 2,4 2,4 88,1
on ne sait pas ce qu'il adviendra dans 5 ans 1 2,4 2,4 90,5
Peut être mais je n'y crois pas 1 2,4 2,4 92,9
possibilité de l'introduire dans notre système de
calcul des coûts
1 2,4 2,4 95,2
tout est possible 1 2,4 2,4 97,6
un changement de dirigeant pourrait peut être
amené du sang neuf et renforcer les politiques
managériales
1 2,4 2,4 100,0
Total 42 100,0 100,0