L’œuvre d’art et la mémoire - ENOE-PRESENTATION · Differents train - Steve REICH...
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Arts, créations, cultures
Arts, espace, temps Arts, états et pouvoir
Arts, mythes et religions
Arts, techniques,
expressions
Arts, ruptures et
continuités
L’œuvre d’art et la mémoire
Nuit et brouillard – Jean Ferrat
Different trains –Steve Reich
Anselm Kiefer - Lot’s wife
Arts de l'espace
Arts du langage Arts du quotidien
Arts du son
Arts du spectacle vivant Arts du visuel
Differents train - Steve REICH
Introduction :
De tous temps, et en tous lieux, les hommes se sont faits (et se font encore) la guerre. Celle-ci détruit
tout sur son passage, des villes et des villages, des pays entiers, mais aussi des vies humaines, des
innocents, qui meurent parfois dans des conditions innommables.
Dans tous les domaines artistiques, les artistes, qui ont vécu ou qui ont été informés de l’horreur de
la guerre, ont transmis dans leurs oeuvres leurs réactions, leurs sentiments, leurs émotions, leur
message. Ces oeuvres sont d’autant plus importantes qu’elles aident à fixer à jamais la guerre dans
la mémoire de chacun d’entre nous, dans l’espoir que de telles horreurs ne se reproduiront plus
jamais.
Ainsi, l’oeuvre d’art permet à l’artiste :
- de figer ce que la “mémoire des souvenirs” ne peut conserver intact, donc de participer au devoir
de mémoire
- de dénoncer, de critiquer, donc d’être dans un acte d’engagement.
Nous réfléchirons à la problématique : “Comment dire l’indicible ?” à travers l’étude d’oeuvres
relatant les conséquences de la guerre.
I. LE COMPOSITEUR : STEVE REICH (1936- …)
Steve Reich (New York, 1936) a étudié le piano, les percussions, la composition et même la
philosophie. Il est considéré comme l’un des pionniers de la musique minimaliste (= musique
répétitive), courant musical apparu aux Etats-Unis dans les années 60.
Recherche personnelle : site internet : steve Reich
II. L’OEUVRE : “DIFFERENT TRAINS” (1988)
Different Trains (27′) est une œuvre de musique mixte pour quatuor à cordes et bande magnétique
composée en 1988. (Grammy Award de la meilleure composition de musique classique
contemporaine en 1989)
CONTEXTE : Pourquoi cette composition ?
Steve Reich dit : “L’idée de cette composition vient de mon enfance. Lorsque j’avais un an, mes
parents se séparèrent. Ma mère s’installa à Los Angeles et mon père resta à New York. Comme ils me
gardaient à tour de rôle, de 1939 à 1942 je faisais régulièrement la navette en train entre New York et
Los Angeles, accompagné de ma gouvernante. Bien qu’à l’époque ces voyages fussent excitants et
romantiques, je songe maintenant qu’étant juif, si j’avais été en Europe pendant cette période,
j’aurais sans doute pris des trains bien différents. En pensant à cela, j’ai voulu écrire une œuvre qui
exprime avec précision cette situation…“
Contexte historique de création
Cette musique fait référence à la seconde guerre mondiale en mémoire aux déportés d'Europe
convoyés dans les trains vers les camps de concentration. Steve Reich sous-entend que s'il avait
vécu en Europe à cette époque, en tant qu'enfant juif, ce sont ces « trains bien différents » qu'il
aurait probablement dû prendre.
Les procédés de composition
Steve Reich explique la façon dont il a procédé pour préparer la bande magnétique :
Steve Reich a donc fait le choix d’utiliser des enregistrements “authentiques”; l’oeuvre prend alors la
dimension d’un témoignage historique.
Samples : Les échantillons vocaux que Steve Reich a collecté proviennent d’interview qu’il a réalisé
dans les années 1980
Steve Reich utilise également des enregistrements sonores des trains des années 1930-1940.
- Voir photocopie explicative annexe dans vos cahiers
STRUCTURE DE L’OEUVRE : Different trains comprend trois mouvements :
PART I : AMERICA – Before the war (9′)
PART II : EUROPE – During the war (7’30)
PART III : After the war (10’30)
PART I : AMERICA – BEFORE THE WAR
- Ce 1er mouvement représente le train du voyage, de l’insouciance, du bonheur de prendre le train
pour se déplacer. Les voix évoquent le trajet Chicago-New-York-Los Angeles.
- Ce mouvement est construit sur un ostinato évolutif (imitation du train) auquel se superpose un
dialogue enregistré (sample) voix-cordes , sur un mode répétitif, des sons de sirènes venant
ponctuer, ça et là, le discours.
Exemples :
Ostinato sur deux notes, joué par les cordes (imitation du train)
La voix parlée est “musicalisée” une mélodie est créée au plus proche de cette voix.
La voix est précédée par l’alto qui introduit le thème seul avant de mélanger leurs timbres en jouant
ensemble.
Extrait des paroles :
PART II : EUROPE – DURING THE WAR
- Ce mouvement représente le train de la terreur, de la mort, d’un aller sans retour ; c’est le train
qui emmène les déportés vers les camps de concentration.
- Plusieurs cellules répétitives se superposent, s’entrecroisent.
- Ostinato aux cordes qui imitent le bruit du train des déportés, qui change à chaque phrase.
- Un instrument à cordes imite l’intonation de la voix à chaque phrase et la répète en écho.
- A partir de « don’t breathe » : accélération du tempo, plus de tension, plus fort, plus de sirènes,
apparition des sirènes du train.
- Caractère obsessionnel et angoissant dû à la répétition de l’ostinato et des registres aigus.
- Ralentissement puis fin dans le néant lors de l’évocation de la disparition des corps dans les fours
crématoires : ”Il y avait de la fumée”.
Extrait des paroles
Eléments musicaux évoquant la guerre :
Liés aux rythmes
On retrouve des rythmes répétés (= ostinato
rythmique), joués ici par les violons
Effets/sentiments produits Angoisse, évocation d'un train (en
référence aux trains qui conduisaient les
juifs dans les camps de concentration)
Liés au tempo
On observe de nombreux changements de
tempo (tantôt le morceau accélère, tantôt il
ralentit).
Effets/sentiments produits Angoisse, évocation d'un train en marche
Liés aux types de sons utilisés
Il y a de nombreux enregistrements de voix.
Effets/sentiments produits Dans ce contexte, les voix apparaissent
comme froides car elles ne sont ni
travaillées ni chantées mais simplement
parlées. Ces voix sont d'autant plus froides
qu'elles appartiennent à de véritables
survivants de l'Holocauste. Ainsi, elles nous
confrontent directement à la réalité.
Liés à un son en particulier
Le bruit des sirènes.
Effets/sentiments produits
Evocation du danger, des secours.
Liés aux hauteurs de notes
Les notes des violons sont parfois très
aigües.
Effets/sentiments produits
Peur, voire même douleur.
Liés au nombre de mélodies utilisées
Il y a de nombreuses mélodies qui se
superposent.
Effets/sentiments produits
Cette superposition évoque la confusion.
PART III : AFTER THE WAR
- Ce mouvement représente le train de l’espoir retrouvé, lors de l’immigration de certains juifs aux
USA.
- Densification progressive du discours musical par superposition de cellules répétitives avant un
nouveau dialogue « voix-cordes » ; là encore présence d’un ostinato qui évoque le train.
- Nombreuses ruptures dans le discours par des changements de tempo, d’ostinato, de cellules
répétitives et de registre qui illustrent les souvenirs relatifs à la fin de la guerre.
Extrait des paroles :
En quoi l’oeuvre a-t-elle marqué son temps ?
Cette pièce constitue une nouveauté dans l'écriture de Reich qui utilise pour la première fois des
enregistrements d'interviews réalisés pour l'oeuvre, et non de simples bandes magnétiques
retravaillées, comme matériau musical.
Conclusion
Nous pouvons donc conclure que l’art apparait comme une activité indissociable de la Shoah. En
effet c’est avec l’art que des victimes de cette catastrophe ont pu extérioriser et exprimer leur
douleur, leur souffrance, pour pouvoir continuer à vivre. Mais c’est également avec l’art que des
témoignages furent possibles, c’est en partie « grâce » à l’art que l’on a pu prouver l’horreur qui a
été faite durant la Seconde Guerre Mondiale. L’art joue alors un rôle dans ce qu’on appelle le
« devoir de mémoire », c’est avec des tableaux, des dessins, des films etc. que l’on peut continuer à
se souvenir et raconter, pour que dans l’avenir cela ne se reproduise plus jamais.
VOCABULAIRE
Quatuor : oeuvre musicale pour 4 musiciens
Quatuor à cordes : 2 violons, alto, violoncelle
Musique minimaliste : ensemble des oeuvres utilisant la répétition comme technique de
composition. Le mouvement de l’art minimalistes est apparu aux Etats-Unis dans les années 1960.
Musique mixte : œuvres qui superpose une ou plusieurs parties instrumentales (ou vocales),
exécutées sur scène en direct, à une musique sur support (sons enregistrés). Il y a bien alors mixité
des sources. Les premières musiques mixtes apparaissent dans les années 1950 avec l’avènement de
l’enregistrement.
Ostinato (Pluriel : ostinati) : répétition obstinée (en boucle) d’un motif musical (rythmique ou
mélodique)
Déphasage/Phasing : se construit à partir d’un court motif musical répété indéfiniment. Chaque
musicien (ou magnétophone) répète ce motif en boucle, mais avec un décalage entre les voix,
décalage qui augmente
NUIT ET BROUILLARD, chanson de Jean Ferrat (1963)
Le contexte
Charles de Gaulle (1890-1970), président de la République Française de 1958 à 1968 Conrad Adenauer (1876-1967) chancelier de la RFA de 1949 à 1963
Ils ont formé de 1958 à 1963 le premier «couple» franco-allemand qui s’est imposé à l’époque comme le moteur de l’Europe : tous avaient conscience que la paix en Europe reposait largement sur la réconciliation entre Allemands et Français. À cette époque, les vedettes de la chanson, Johnny, Sheila, ont entre 16 et 18 ans, n'ont pas connu la guerre et sont le symbole de cette époque yé-yé. La jeunesse née du baby-boom de l'après-guerre veut s'amuser et profiter : c'est le début des Trente Glorieuses et de la société de consommation. Nuit et Brouillard en allemand : Nacht und Nebel : décret de 1941 stipulant que toutes les personnes
représentant un danger pour la sécurité de l’armée allemande (saboteurs, résistants) seraient
transférées en Allemagne et disparaîtraient dans le secret absolu.
Jean Ferrat a écrit cette chanson en mémoire des victimes des camps de concentration nazis de la Seconde Guerre mondiale, et en particulier en mémoire de son père, Juif émigré de Russie mort dans le camp d’Auschwitz. Hommage à tous ceux qui ont disparu dans les camps de concentration, cette chanson apparaît à cet égard comme un pavé dans la mare et complètement à contre-courant de ce que l'on peut écouter à la radio ou à la télévision à cette époque. Ferrat veut faire entendre la mémoire des disparus et s’engage contre l’oubli. Ce rappel de l'Holocauste n'est pas le bienvenu en 1963. ''Si aucune censure officielle n'est prononcée à l'égard du morceau, sa diffusion à la radio est jugée inopportune. Déconseillée par le directeur de l'ORTF, la chanson passera en contrebande, un dimanche à midi, dans le "Discorama" de Denise Glaser. Le disque se vend alors à plus de 300.000 exemplaires, en pleine vague florissante des "yéyés".
Pour cette chanson Jean Ferrat reçut "le grand prix du disque de l'Académie Charles-Cros" en 1963. Ce fut le début du succès pour le chanteur.
Ferrat de son vrai nom Jean Tenenbaum, est né à Versailles en 1930 d'un père ayant fui les pogroms russes :"Je ne connaissais pas ses origines, sachant à peine qu'il venait de Russie. J'ai su qu'il était juif quand il a dû porter l'étoile jaune." [Il sera arrêté et, comme des milliers d'autres, disparaîtra à Auschwitz] La rafle fut préparée, organisée et exécutée par la police française
Rappel historique :
Le titre de la chanson évoque le décret d'Hitler ordonnant la disparition dans le plus grand secret (Nacht und Nebel ) des opposants ou des indésirables (communistes, socialistes, juifs, tsiganes, homosexuels, handicapés mentaux) Le 7 décembre 1941, Hitler fait publié le décret Nacht und Nebel. Ce décret est un nouvel outil qui doit remplacer l'inefficace politique nazie de prises d'otage, pour contrer les activités clandestines. Des agents soupçonnés de clandestinité, et d'autres, disparaîtront ainsi sans laisser de traces, dans la nuit et le brouillard d'où le nom du décret. Le SS Reichsführer Himmler ordonna les instructions suivantes à la Gestapo :
"Après longue considération, il est de la volonté du Führer que les mesures prises contre ceux qui sont coupables d'offenses contre le Reich ou contre les forces d'occupation dans les territoires occupés, soient modifiées. Le Führer est d'avis que dans ces cas, la servitude pénale ou même la condamnation à vie aux travaux forcés, doivent être considérés comme des signes de faiblesse. Une dissuasion efficace et durable ne peut être obtenue que par la peine de mort ou en prenant des mesures qui laisseront la famille et la population dans l'incertitude quant au sort de l'agresseur. La déportation en Allemagne répond à ce besoin." Le Feldmarschal Keitel publia une lettre stipulant… "Une intimidation efficace et durable peut seulement être atteinte par la peine capitale ou par des mesures par lesquelles les parents du criminel ne puissent pas connaître son sort….Les prisonniers doivent dorénavant être transportés secrètement en Allemagne, et le traitement ultérieur des agresseurs aura lieu ici ; ces mesures auront un effet dissuasif parce que : - Les prisonniers disparaîtront sans laisser de traces. - Aucune information sur leur sort ne peut être donnée à leurs proches
Nacht (nuit), c'est l'oubli. Nebel (brouillard), c'est la fumée dans laquelle les déportés se sont volatilisés
Analyse du chant Nuit et brouillard - Jean Ferrat
Le texte : Utilisation d’une langue à la fois riche et simple (nécessité du devoir de mémoire) qui comporte 9 couplets ( déshumanisation, fatalité), en alexandrins - versification noble - survivre pour revenir et en rimes variées (plates, embrassées) masculines (vivre pour témoigner lutter contre l'oubli) 1. Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers progression anonymat Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés enfermement Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent répétition 2. Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres allusion aux tatouages Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre Ils ne devaient jamais plus revoir un été 3. La fuite monotone et sans hâte du temps Survivre encore un jour, une heure, obstinément Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir 4. Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel ils retrouvent leur identité, Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou leur confession, D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux Ferrat rappelle leur combat 5. Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge Les veines de leurs bras soient devenues si bleues 6. Les Allemands guettaient du haut des miradors La lune se taisait comme vous vous taisiez En regardant au loin, en regardant dehors Votre chair était tendre à leurs chiens policiers 7. On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours engagement de Ferrat malgré le Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour contexte Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare 8. Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ? L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été Je twisterais les mots s'il fallait les twister Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez 9. Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
La musique Le tempo est lent pour exprimer la gravité. Pas de refrain donc c’est une forme strophique Il faut noter une tension progressive par l'ajout progressif d'instruments puis decrescendo sur les derniers couplets Le chant comprend 2 parties:
Les 6 premiers couplets représentent le passé : récit narratif, description de la vie dans les camps.
Les 3 derniers couplets représentent le présent : changement au niveau de la temporalité : après avoir raconté, l’auteur prend la parole, ce qui témoigne de l'aspect engagé du poète. Il souhaite accomplir le devoir de mémoire, informer, rendre hommage.
LA MUSIQUE suit le texte, l'accompagnement suit la voix du poète
Introduction
Le rythme de marche obstiné des timbales solos est inquiétant et obsédant. Par sa répétition, il évoque le voyage interminable et le roulement des roues sur les rails. L'atmosphère est lourde, pesante, tragique, sombre, grave, oppressante, poignante et solennelle à la fois.
Couplet1 Thème A Court, simple, répétitif Notes conjointes et rythme souple En forme de cloche ou de vague ascendante (tension progressive) Rythme identique à celui des timbales ce qui donne une grande unité dramatique L'émotion ressentie par la mise en musique du texte est soulignée par deux éléments :
- la voix chaude, grave (baryton), puissante et chaleureuse de l'interprète - le chant intensité de la voix qui focalise l'attention de l'auditeur sur le texte
Couplet2
Thème B : Variante mélodique de A, plus aiguë : dramatisation et tension plus marquée La guitare remplace les timbales dont elle prend le rythme de marche. Elle accompagne le chanteur avec la rythmique continue des timbales rappelant le mouvement du train.
La modulation suit la structure du texte: la 1ère partie (6 couplets) est en Do Majeur puis elle module
d’un demi ton plus haut dans la 2ème partie pour marquer la coupure entre le passé et le présent.
Le rythme soutient le rythme du texte: un ostinato rythmique s'installe tout le long du chant
Mesure ternaire 6/8.
L’ostinato est également joué aux instruments: aux timbales seules (pendant l'introduction) auxquelles s'ajoutent les guitares (pendant les couplets et les interludes). La sonorité douce des vents bois (flûte traversière) apparaît au couplet 3 pour évoquer la nostalgie et « la fuite monotone et sans hâte du temps ». Les cuivres qui jouent sur le rythme des timbales en homorythmie pour faire référence à la guerre et aux allemands sont entendus au couplet 6 et les cordes frottées se rajoutent. A la fin de la strophe, sur le vers « votre chair était tendre à vos chiens policiers » pour souligner la brutalité et la cruauté des nazis, le volume augmente en crescendo, le tempo s’accélère. On imagine des détenus voulant s’échapper du camp mais qui sont rattrapés par les chiens. L’accompagnement s’arrête brusquement. Le silence évoque ainsi la mort. L’accompagnement obstiné des timbales et de la guitare en homorythmie revient aux deux dernières strophes. La mélodie est simple pour mettre le texte en valeur. Elle est syllabique (note =syllabe) et revient identique un couplet sur deux (A-B, A-B, A-B …) Le crescendo met également le texte en valeur. Il se fait jusqu'au point culminant du poème (6ème couplet):
par les nuances (p < f) par les instruments qui s'ajoutent (timbales, guitares , orchestre) par l'ostinato rythmique joué par un instrument puis par l'orchestre par l'intensité de la voix plus marquée.
La césure à la fin de la 1ère partie est le tournant du poème, traduite par un arrêt du texte, du chant, de l'accompagnement musical après le crescendo: point culminant renforcé par la modulation, la nuance piano et le retour à peu d'instruments de la 2ème partie. Le chant se termine sur le retour de l'ostinato rythmique joué aux timbales.
Sources pour ces 2 œuvres
http://www.jean-ferrat.com/
http://lewebpedagogique.com/musicarte/2012/02/13/3eme-art-et-guerre-hda/
http://hist-geo.spip.ac-rouen.fr/IMG/pdf/conc_dep.pdf
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_et_brouillard
http://www2.ac-lyon.fr/enseigne/histoire/spip.php?article693
http://brahms.ircam.fr/steve-reich
http://musique.ac-dijon.fr/new/