La télécollaboration : apports et limites

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La télécollaboration : apports et limites

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La télécollaboration : apports et limites. Plan. Introduction : problématique Typologie des échanges Apports et écueils Exemples de tâches / échanges analysés au plan interculturel. Introduction : problématique. - PowerPoint PPT Presentation

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Plan

• Introduction : problématique

• Typologie des échanges

• Apports et écueils

• Exemples de tâches / échanges analysés au plan interculturel

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Introduction : problématique

• La télécollaboration, rappel de la définition : Communication via Internet (CMO) entre deux groupes institutionnels distants, de langues différentes

• 6 projets universitaires, qui tous suscitent puis analysent les échanges (tableau)

• Questions : quels apports, quels écueils, quelles conditions de réussite, notamment au plan de la communication interculturelle ?

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1. Typologie des échanges

• 1.1 Langues en présence• 1.2 Intégration au présentiel, tâches, tutorat • 1.3 Scénario de communication

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Langues-cultures en présence

• Monolingue exolingue : F1L (français)

• Bilingue (français, anglais), chacun dans sa langue: Cultura (cf. Furstenberg & English, 2006)

• Bilingue avec production dans L2 : Tandem, PI (italien, anglais), Tridem (français, anglais)

• Plurilingue, chacun dans sa langue : Galanet (intercompréhension, langues romanes)

• Toujours un objectif de développement de la compétence culturelle, + ou - affirmé

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Intégration

• Les 6 projets sont institutionnels : on est dans le cadre de cours de langues évalués (d’un côté au moins)

• Scénarios pédagogiques :

– projet collaboratif (PI, Galanet)

– tâches assignées progressives (Tridem)

– tâches assignées indépendantes (F1L)

– tâches suggérées (Tandem)

– questionnaires + discussions (Cultura)

• Synthèses réflexives : Tridem, F1L, PI.

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Place et rôle du présentiel, tutorat

• Remarque : l’accompagnement doit être inversement proportionnel à l’autonomie… Plusieurs formes :

– discussions en classe (Cultura, Galanet),

– tutorat en présentiel (F1L, PI),

– tutorat en ligne (Tridem, Galanet),

– tutorat en ligne différencié selon groupes : F1L

– pour Tandem, cela dépend...

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Scénario de communication (SC)

• Définition : « prévision des échanges en ligne visés » (Louveau & Mangenot, 2006).

• SC dépend du scénario pédagogique :– Travail collaboratif ou non (taille groupes)

– Contacts un à un, par groupes, collectifs

• SC dépend des outils mis à disposition :– Courriel = Tandem

– Ecrit asynchrone (forum) + synchrone (chat) = Galanet

– Forum + oral asynchrone = F1L

– Oral synchrone + blog = Tridem

– Site Web + forum = Cultura, PI (vidéoconf. finale)

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2. Apports et écueils

• Premier apport évident : on crée une situation de « communication authentique pour faciliter l’appropriation des langues-cultures visées » (Degache & Mangenot, 2007)

• « La caractéristique la plus intéressante du projet [via Internet] est sa capacité à faire sortir des murs de l’institution » (Mangenot, 1998) - cf. Freinet

• Le Minitel avait tracé la voie aux échanges en ligne (projets de Debyser)

• Mais situation appauvrie du fait de la CMO

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Inventory of Reasons for Failed Communication in Telecollaborative Projects [O’Dowd & Ritter, 2006]

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Ecueils

• Inventaire des raisons d’échec de la communication dans les projets télécollaboratifs [O’Dowd & Ritter, 2006] ; trois niveaux :

– Niveau socio-institutionnel• Prestige de la langue-culture cible

• Organisation générale des études

• Technologie : outils, accès

– Niveau de la classe• Préparation à l’échange

• Dynamiques de groupe locales

• Procédures d’appariement des apprenants

• Conception des tâches

• Relation entre les enseignants

– Niveau individuel / niveau de l’interaction• Motivation et attentes des apprenants

• Degré de compétence interculturelle des apprenants

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Quelques écueils possibles sur le plan interculturel

• Pauvreté des indices fournis par la CMO

• Un « netspeak » universel ?

• Centration sur la langue et non sur la culture

• Niveau linguistique ne permettant pas l’expression fine

• Centration sur la Culture (avec C majuscule)

• Cultures trop proches pour que les différences ressortent

• Lexique chargé de culture

• Malentendus sur le plan pragmatique

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3. Exemples d’échanges analysés au plan interculturel

• Exemple 1 : absence de dimension interculturelle malgré un thème potentiellement culturel (Polynésie française)

• Scénario de type jeu de rôle : organiser une fête polynésienne pour Sophie, un personnage fictif joué par la tutrice

• SC : 8 étudiants australiens, en équipes de 4, organisent la fête sur un forum, la tutrice (française de France) anime et joue le rôle de Sophie.

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Extraits du forum (cités dans Mangenot & Zourou, 2007, Lidil 36)

• Auteur: RYAN H. - 2005-05-30 09:13Peut-etre, on pourrait decorer la fete avec les choses hawaiennes, non? Avec le foin, les feuilles de banane? Les guitares hawaiennes mises sur les murs. Je sais bien que Sophie vient de Polynesie, pas d'Hawaii, mais ils sont assez similaires tous les deux, n'est-ce pas? Les decorations hawaiiennes sont populaires et bien connues!

• Auteur: KHIC P. - 2005-06-07 15:10Oui, tu as raison Ryan. Je crois que les décors de la Polynésie sont très similaires des Hawaiien. Peut-être, Annie, tu pourrais décorer aux centres des tables avec des noix de coco et des fruits exotiques dans des vases plats ? Ou peut-être faire des compo de fleurs exotiques au milieu des tables ?

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Extraits de Mangenot & Zourou, 2007 (Lidil 36)

• La culture polynésienne sert d’élément de décor dans ce jeu de rôle qu’est l’organisation de la fête de Sophie. Bien que la tradition culinaire, musicale, vestimentaire fasse partie des éléments à prendre compte dans la réalisation de la tâche, ces éléments culturels ne donnent presque jamais lieu à une confrontation culturelle ou à un regard décentré du locuteur. Plutôt prise dans un sens ludique, la culture étrangère, rarement questionnée dans sa propre réalité, est confinée aux stéréotypes qui accompagnent souvent les cultures « exotiques ».

• Pourtant, la tutrice incite le groupe à se pencher plus profondément sur

la réalité culturelle étrangère.

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Exemples au plan interculturel (ex. 2, « Racontez-moi une coutume japonaise »)

• Il y a l’étiquette quand on prie au temple. On va la présenter. Au Japon, on se purifie avant la prière.

• Aller se laver les mains en utilisant le puisoir. D’abord, prendre le puisoir à la main droite et jeter de l’eau sur la main gauche. Faire le contraire.

• Puis il faut prendre le puisoir à la main droite et recueillir de l’eau à la main gauche.

• Se rincer la bouche avec cette eau.• Enfin se laver la main gauche. Aller puis devant l’autel.• S’incliner deux fois et frapper des mains deux fois.• Prier calmement à mains jointes.• S’incliner encore une fois et c’est fini.

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Exemples au plan interculturel (ex. 2, « Racontez-moi une coutume japonaise »)

• Bonjour, c’est Takuya. • C’est Naokazu.• Aujourd’hui, on va vous présenter des coutumes japonais.

Je pense que la coutume unique et amusante au Japon est le train bondé. Il y a beaucoup beaucoup de monde dans une voiture. J’entends souvent que les étrangers s’étonnent à la vue du train bondé en heure d’affluence pour la première fois qu’ils viennent au Japon. C’est très fatigué pour les personnes qui vont à ses travail en train. Donc on va au Hanami (cerisiers en fleurs) pour se remettre de la fatigue au printemps.

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Exemples au plan culturel (ex. 2, « Racontez-moi une coutume japonaise »)

• Bien que la plupart des Japonais soient bouddhistes, on fait beaucoup de cérémonies de différentes traditions, n'est-ce pas Natsuo?

• Oui, c'est vrai. Par exemple, le Noël, c'est chrétien et on fête le Nouvel An de la manière shintoïste. Et en général, on fait les funérailles dans un temple du bouddhisme.

• Et la cérémonie du mariage est parfois bouddhiste, parfois chrétienne. Vous verrez si vous vous mariez avec un Japonais comme moi.

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Exemples au plan interculturel (ex. 3) : culture visible et invisible

• Tâche : la journée d’une étudiante. La tutrice française raconte une journée typique d’université, avec des photos et des fichiers son, et demande à des étudiantes japonaises d’en faire autant par écrit, en utilisant la comparaison (au programme du cours).

• SC : 8 Japonaises communiquent avec une Française par forum ; possibilité d’attacher des photos aux messages.

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Quelques exemples au plan culturel (ex. 3)

• Je rentre chez moi plus tard que toi, parce que j'ai un petit boulot. Je travaille dans une école de l'anglais. J'arrive chez moi à 10heures. Après, je mange le dîner à la maison. Puis je prends mon bain et je vais au lit vers minuit.

• Il me faut environ une heure et demi pour arriver à l'université. C'est à dire, j'habite à ou plus loin de l'université que vous. C'est très loin donc c'est dur pour moi d'aller à l'université. […] Le midi, je prends le déjeuner avec des copines dans un RU. Il y a beaucoup de monde, donc je doit m'aligner pour acheter mon déjeuner. Je pense que le RU est plus plein que vôtre.

• Je me lève plus tôt que toi, à 6 heures!! Parce que j'aime le matin et je veux goûter le temps du matin. La clarté du soreil est superbe!! Tout les jour, je prend du yaourt avec le lait de soja et il y a une banane et un kiwi. C'est très bon pour la santé!! Il faut plus d'heure pour aller à l'école en train que toi. […] Après prendre un bain, je fais les exercices d'assouplissement! C'est important pour restaurer mes forces!!

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Quelques exemples au plan culturel (ex. 3)

• Exemple 3 : la culture invisible (même tâche, même SC)

• Extraits du forum :– Donc, je ne travail pas beaucoup à la maison. Je pense que tu travail plus

que moi.

– Et moi aussi, je regarde la télé le soir, mais je ne travaille pas beaucoup. Je cois que tu es plus travailleuse que moi. ....

– Je travaille moins que toi après le dîner, donc tu es une meilleure étudiante que moi!!!!

– Alors tu travaille beaucoup mieux que moi...

– Après, je fais mon devoir pour le lendemain. Mais je suis plus capricieuse que vous, donc je le finis à 10 h.

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Quelques exemples au plan culturel (ex. 3)

• Grande fréquence des comparaisons flatteuses pour la Française (« face flattering acts », Kerbrat-Orecchioni, 2005)

• Place de la modestie dans l’« éthos communicatif » des Asiatiques (op. cit.)… Selon Sourisseau (2003), « [Le récepteur du message] est mis sur un piédestal par le locuteur, qui doit de son côté se rabaisser, au nom de la politesse, laquelle s’identifie alors à de la déférence. ».

• On peut penser que la consigne invitant à faire des comparaisons a fourni aux étudiantes japonaises un bon prétexte pour valoriser leur interlocutrice.

• Mais cette dimension pragmatique est passée inaperçue...

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Quelques exemples au plan culturel : tentative de travail sur les stéréotypes (ex. 4)

• Quatre micro-trottoirs (1mn) avec des Français d’âges très différents (10 à 55 ans): « dis-moi à quoi te fait penser le Japon ? »

• Les Japonais, individuellement, écoutent les enregistrements et y réagissent par fichier son interposé

• Les Français répondent• Exemples de Productions orales

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Quelques exemples au plan culturel : conclusion

• Ce qui amène finalement à la question de la réflexivité : les échanges en ligne et les tâches qui les suscitent ne seraient-ils que la partie émergée de l’iceberg, l’essentiel se jouant en dehors des interactions proprement dites, par des pratiques réflexives comme la tenue d’un « journal d’étonnement » (Develotte, 2006), éventuellement sous la forme d’un blog, et lors de discussions en classe fondées sur une analyse critique des discours échangés ? Comme le dit Abdallah-Pretceille, « Aucun fait n’est d’emblée interculturel […] Ce n’est que l’analyse interculturelle qui peut lui conférer ce caractère. C’est le regard qui crée l’objet et non l’inverse. » Mangenot & Zourou, 2007 (Lidil 36)

• Cultura comme exemple de dispositif réflexif

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Conclusions : pour réussir un échange en ligne

• Trouver un partenaire fiable et avec qui on travaille bien, avec des objectifs compatibles

• Rôle fondamental des tâches et scénarios de communication

• Ne pas sous-estimer le rôle de médiateur des enseignants-tuteurs

• Faire émerger certaines dimensions culturelles invisibles

• Encourager une dimension réflexive

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Bibliographie• Degache, C., Mangenot, F. (2007, dir.) Lidil 36, Les échanges exolingues via Internet.

• Dejean-Thircuir, C., Mangenot, F. (2006, dir.) Le français dans le monde, Recherches et applications n°40. Les échanges en ligne dans l’apprentissage et la formation.

• Develotte, C. (2006) Le journal d’étonnement, Aspects méthodologiques d’un journal visant à développer la compétence interculturelle. Lidil, 34, p.107-124.

• Furstenberg, G., English, K. (2006) Communication interculturelle franco-américaine via Internet : le cas de Cultura. Le français dans le monde, Recherches et applications n°40, p. 178-191

• Kerbrat-Orecchioni, C. (2005) Le discours en interaction. Paris, Armand Colin

• Lamy, M.-N., Mangenot, F., Nissen, E. (2007, dir.) Actes du colloque Epal (Echanger pour apprendre en ligne). http://w3.u-grenoble3.fr/epal/actes.htm

• Louveau, E., Mangenot, F. (2006) Internet et la classe de langue. Paris, CLE International.

• Mangenot, F. (1998) Classification des apports d’Internet à l’apprentissage des langues. Alsic vol. 1, n°2, p.133-146

• Mangenot, F., Zourou, K. (2007) Susciter le dialogue interculturel en ligne : rôle et limites des tâches. Lidil 36 (décembre 2007)

• O’Dowd, R. & Ritter, M. (2006) Understanding and Working with 'Failed Communication' in Telecollaborative exchanges. CALICO Journal, 23(3), p. 623-642.

• Sourisseau, J. (2003) Bonjour / Konischiwa, Pour une meilleure communication entre Japonais et Français. Paris, L’Harmattan.