LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES …
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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
Département Economie
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Maîtrise Option : DEVELOPPEMENT ET ECONOMIE PUBLIQUE
==================================
Mémoire pour l’obtention du diplôme de Maîtrise es Sciences
Economiques
Impétrant : RAKOTONIRINA Hery Brice Antoine
Encadré par Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana
Mahefasoa
Année 2008 - 2009
LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES
NATURELLES DANS L’OPTIQUE DE
DEVELOPPEMENT : illustration à travers la
zone d’Andapa
Date de soutenance : 12 Mars 2010
Mémoire de Maîtrise ès Sciences Economiques
LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES DANS L’OPTIQUE
DE DEVELOPPEMENT : illustration à travers la zone d’Andapa
Impétrant : RAKOTONIRINA Hery Brice Antoine
Encadré par Monsieur RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa
Année 2008 - 2009
i
REMERCIEMENTS
L’établissement de ce livre a été un travail difficile, mais Dieu a voulu qu’il soit établi
et j’ai pu le finir. Je Le remercie pour cela. Merci mon Dieu.
Je porte aussi mon attention à mon encadreur Monsieur RANDRIANALIJAONA
Tiana Mahefasoa qui m’a assisté et m’a donné conseils dans l’élaboration de ce livre à travers
ses expériences. Ses remarques m’ont été d’une grande importance pour l’orientation de mes
études. Je vous remercie Monsieur et je tiens à vous dire que vous avez accompli votre
mission en tant qu’encadreur.
Je tiens également à remercier tous les enseignants du département Economie de la
Faculté de Droit, de l’Economie, de Gestion et de la Sociologie. Depuis ma rentrée dans cet
département en première année jusqu’à aujourd’hui, vous étiez tous d’une grande aide pour
moi. Merci à vous tous.
Je ne saurais pas oublier de remercier RAMANANTSOA Koja Avotra, qui tout au
long de l’établissement du présent document m’a toujours apporté son soutien. Merci et que
Dieu te bénisse, te protège et te donne toute réussite dans tout ce que tu entreprendras.
Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la
réalisation de ce livre pour leurs encouragements et conseils surtout ma famille et mes amis.
MERCI !!!
ii
ACRONYMES
AGERAS : Appui à la Gestion Régionalisée et à l’Approche Spatiale
CAPE : Composante Aires Protégées et Eco-tourisme
CO2 : Dioxyde de Carbone
CPR : Common-pool-resources
EMC : Environnement Côtier et Marin
ESFUM : Ecosystème Forestier à Usage Multiple
FORAGE : Fonds Régional d’Appui à la Gestion de l’Environnement
GCF : Gestion Contractualisée des Forêts
GELOSE : Gestion Locale Sécurisée
GIEC : Groupe Intergouvernemental de l’Evolution du Climat
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONE : Office National pour l’Environnement
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PAE : Plan d’Action Environnemental
PED : Pays en Voie de Développement
iii
L ISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Catégories de biens 17
Tableau 2 : Superficies incendiées 30
iv
L ISTES DES FIGURES :
Figure 1 : Concentrations moyennes de particules en suspension, par catégories de
pays classés selon la catégorie de revenu
5
Figure 2: Régression des forêts tropicales dans les PED 6
Figure 3 : La croissance de la population mondiale 9
Figure 4 : Superficies incendiées 30
Figure 5 : Prêts de la Banque Mondiale à l’appui de projets environnementaux 32
Figure 6 : La relation entre croissance économique et conservation de l’environnement 42
Figure 7 : Le système du développement soutenable 44
Figure 8 : L’optimum de Pareto sur un marché quelconque 46
Figure 9 : Courbe logistique de la croissance économique et de l’exploitation de
l’environnement
48
TABLE DES MATIERES
Remerciements
Acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
i
ii
iii
iv
Introduction 1
Chapitre I : La nécessité de gérer l’environnement 3
I. Le contexte actuel de l’environnement 3
A. La destruction de l’environnement 3
1) L’externalité en économie 3
2) Les constats actuels 4
B. Les conséquences de la destruction environnementale 7
II. Les facteurs de la dégradation de l’environnement 8
A. Quelques facteurs explicatifs de la dégradation de l’environnement 8
1) Facteur démographique 9
2) Facteur économique 11
3) Facteur institutionnel 12
B. Quelques théories sur les ressources naturelles 16
1) Les concepts de ressources naturelles 16
2) La « tragédie des communaux » 19
III. La gestion des ressources naturelles 21
A. La propriété privée des ressources naturelles 21
B. La gestion participative des ressources naturelles 21
Chapitre II : La gestion communautaire des ressources naturelles :
une politique de décentralisation
24
I. La politique environnementale à Madagascar 24
A. Le PE 1 24
B. Le PE 2 25
C. Le PE 3 27
II. La gestion communautaire des ressources naturelles 28
A. Les impératifs de la gestion communautaire 28
1) La communauté 28
2) La décentralisation 32
3) La prise de pouvoir de gestion des ressources naturelles 34
B. Le transfert de gestion des ressources naturelles 35
1) Les acteurs dans le transfert de gestion des ressources naturelles 35
2) Le mécanisme de transfert 36
3) Le contenu du contrat 36
Chapitre III : Le développement et la protection de l’environnement 38
I. Le concept de développement durable 38
A. Le développement économique 38
B. Le développement social 38
C. Le développement durable 39
II. L’approche systémique du développement 40
A. L’aspect écologique du développement 40
B. L’aspect économique du développement 41
C. L’aspect social du développement 43
III. L’exploitation rationnelle des ressources naturelles 44
A. L’équité en économie 44
B. L’exploitation optimale des ressources naturelles 46
IV. Illustration de la gestion communautaire à travers la zone d’Andapa 49
A. Présentation de la zone
1) Le site d’Antsahameloka
2) Le site de Belambo-Lokoho
B. Les caractéristiques du contrat de transfert de gestion dans la zone
d’Andapa
C. Les résultats du contrat de transfert de gestion dans la zone d’Andapa
1) Impacts dans le site d’Antsahameloka
2) Impacts dans le site de Belambo-Lokoho
V. Vérification empirique des théories sur les ressources naturelles
50
50
50
51
51
52
53
55
Conclusion 57
Références bibliographiques
1
Introduction
La mondialisation n’est pas un phénomène récent, elle a déjà commencé depuis les
temps anciens sous diverses formes : recherche de nouvelles terres, conquête de nouveaux
royaume, colonisations, guerres. Tout le monde cherchait et cherche encore à imposer ses
choix. Depuis les vingt dernières années, elle s’est caractérisée surtout par le développement
des échanges et la domination dans ces derniers des pays développés, industrialisés sur les
pays sous développés, en voie de développement (PED), pas industrialisés. Ces échanges eux
même sont caractérisés par l’accélération des échanges commerciaux par rapport à la
production et l’accélération des échanges financiers. En cherchant à imposer leurs choix, les
pays, que ce soient les pays développés, soient les PED, ont cherché les moyens d’augmenter
leurs productions en développant de nouveaux modes de production, des nouvelles
technologies, et en exploitant au maximum les ressources humaines, les machines ainsi que
les ressources naturelles.
C’est pendant cette période de forte exploitation que l’environnement a connu une
destruction et une dégradation importantes. C’est pour cela que de nombreuses conférences
internationales sur la protection de l’environnement ont été faites telles la conférence
mondiale sur l’environnement à Stockholm (1972), le Sommet de la Terre à Rio (1992),
passant par le protocole de Kyoto (1997), le sommet de Johannesburg (2002) et la dernière est
le sommet des Nations Unies sur le changement climatique à New York (2009). Nous avons
vu également la montée d’une branche appliquée de l’économie qui est l’économie de
l’environnement. Elle considère les ressources de l’environnement comme des ressources
rares, donc, il faut les préserver et les protéger. Mais le problème est de savoir si cette
protection de l’environnement peut être de paire avec le développement. En effet, il ne s’agit
pas seulement de préserver l’environnement mais il faut également vivre, se développer donc
produire, exploiter la nature avec les technologies et les moyens disponibles.
C’est dans le souci d’apporter des solutions à ce problème que le présent mémoire a
été fait. Pour se faire et pour faciliter la compréhension du problème afin de le résoudre,
l’examen des quelques points suivants paraît utile :
� d’abord, dans le chapitre premier, nous allons voir pourquoi la gestion de
l’environnement est devenue une nécessité, et ce avec des approches théoriques et des
approches empiriques ;
2
� après, dans le chapitre second, nous allons aborder l’importance de la
communauté dans la gestion des ressources naturelles ;
� ensuite, dans un troisième chapitre, nous allons parler à la fois de la relation
entre le développement et la protection de l’environnement ainsi que de quelques illustrations
pour bien montrer cette relations.
3
Chapitre I : La nécessité de gérer l’environnement
Le but de ce chapitre est de montrer l’importance de la dégradation de
l’environnement et la nécessité par conséquent de prendre des mesures adéquates. En effet, le
problème environnemental est actuellement au centre des débats que ce soit national, ou
international et fait l’objet de plusieurs analyses.
Il parait alors que la connaissance de l’aspect actuel de l’environnement et des facteurs
de la dégradation de celui-ci est nécessaire pour la suite de l’étude. Dans un premier temps,
nous allons voir l’état actuel de l’environnement, ensuite les facteurs de la dégradation de
l’environnement ainsi que des ressources de l’environnement et en dernier lieu, nous allons
aborder les différents modes de gestion des ressources naturelles.
I. Le contexte actuel de l’environnement
Le problème de l’environnement a toujours existé mais c’est depuis les années 80 qu’il
a été vraiment mis en évidence1. Depuis, nous avons constaté une dégradation importante de
l’état de l’environnement mais également des conséquences liées à cela.
A. La destruction de l’environnement
La dégradation de l’environnement est généralement liée à des mauvaises gestions des
différentes institutions2. Ici, nous allons voir les faits en abordant ce qu’est l’externalité et
ensuite, les constats actuels.
1) L’externalité en économie
Nous désignons par externalités les impacts de l’action d’un individu sur les biens être
d’un autre sans que cela soit pris en compte par le marché, c'est-à-dire que cela se fait sans
variation du prix marginal3. Elle peut être positive comme le cas d’un apiculteur et d’un
arboriculteur, où les abeilles de l’apiculteur permet la pollinisation des arbres de
l’arboriculteur, mais elle peut être également négative dans le sens où l’action d’un individu
diminue le bien être d’un autre. C’est l’exemple de la pollution car celui qui a pollué fait
consommer la pollution à un autre.
1 G. Grarnier et Y. Veyret, 2006. Développement Durable : Quels enjeux géographiques ? La documentation
Française. p. 3 2 P. Bontens et G. Rotillon, 1998. Economie de l’environnement, La découverte. p. 8
3L. Pierre, 2009. Cours d’économie industrielle et d’économie des réseaux. Faculté de Droit, d’Economie, de
Gestion et de Sociologie - Université d’Antananarivo
4
Pour notre part, nous allons se limiter à l’étude des externalités négatives dues à la
destruction de l’environnement car cela influe beaucoup sur le bien être de l’homme et sur son
activité.
2) Les constats actuels
Les ressources de l’environnement sont utilisées comme matières premières dans les
processus de production, par exemple la terre, les forêts, l’eau, …. Cependant, on a constaté
que leurs exploitations présentent ce que l’on appelle des externalités qui sont en général des
externalités négatives pour l’homme. Elles sont nombreuses mais nous n’allons parler que de
celles qui ont des effets importantes, que ce soit au niveau local ou au niveau mondial car non
seulement, elles affectent la production mais également l’avenir de l’humanité.
a) La pollution de l’air
L’air est de plus en plus pollué, en effet, d’après des analyses les matières particulaires
en suspension dans l’air sont en hausse, dépassant le niveau admis par l’Organisation
Mondiale de la Santé (OMS). Ces particules sont surtout les poussières, les fumées issues de
la combustion des biomasses comme le bois, la paille à des fins domestiques4.
Il y a ensuite la pollution due au plomb car nous avons constaté une forte teneur en
plomb dans l’air. Il est émis par les véhicules et de ce fait la pollution est important dans les
villes qui ont un grand nombre de véhicules surtout dans les PED telle la Mexique, le
Bangkok.
Nous avons constaté également que la teneur en dioxyde de soufre a fortement
augmenté ainsi que l’oxyde d’azote et les composés organiques volatiles5.
Le graphique suivant montre la pollution de l’air selon les pays classés par catégorie
de revenu.
4 Banque Mondiale, 1992. Rapport sur le développement dans le monde. p. 13
5 Banque Mondiale, 1992. Op. cit, p. 13
5
Figure 1 : Concentrations moyennes de particules en suspension, par catégories de
pays classés selon la catégorie de revenu. (En Microgrammes par mètre cube d’air).
Source : Banque Mondiale, 19926
D’abord, selon le rapport de la Banque Mondiale sur le développement dans le monde
en 1992, l’OMS a défini différents niveaux de concentration à partir desquels on peut voir si
telle ou telle concentration est acceptable ou non. Elle a gardé trois niveaux :
� concentrations entre 0 et 50 µg / m3 : acceptables,
� concentrations entre 50 et 95 µg / m3 : tolérables,
� concentrations entre 95 µg / m3 et plus : inacceptable.
D’après le graphique, on peut alors constater qu’aucune catégorie de pays n’a atteint
un niveau acceptable de concentration de particules. En plus, seuls les pays à revenu ont un
niveau de concentration de particule tolérable.
On peut constater également que ce sont les pays à faible revenu qui sont les plus
touchés par le problème de la pollution de l’air et on a vu que la concentration de particules
dans ces pays ont augmenté alors que celles des pays à revenu élevé et intermédiaire ont
diminué.
A ce problème de pollution de l’air s’ajoute le phénomène de déforestation.
6 Banque Mondiale, 1992. Op. cit, p. 6
6
b) La déforestation et la désertification
Nous avons vu s’accélérer la déforestation et la désertification pendant ces trois
dernières décennies. Avant, la forêt s’étendait sur 6 milliards d’hectares dans le monde, en
1998, elle ne couvrait plus que 4 milliards d’hectares7. Ceci pour dire que la destruction de la
forêt s’est fortement accrue, la conséquence est la désertification intense. Par exemple, Tucker
et al [1990] estimaient que la superficie du désert de Sahara a augmenté pour atteindre une
superficie de 9 269 000 Km² et il y avait diminution des précipitations dans certaines zones
comme l’Afrique.8
La répartition géographique de cette déforestation est indiquée par le graphique
suivant.
Figure 2: Régression des forêts tropicales dans les PED
Source : Banque Mondiale, 19929
Ici, nous avons pris seulement les PED car c’est dans ces pays que se trouve la
majorité des forêts. Nous avons constaté que la déforestation varie selon les régions. Elle
atteint un rythme de 1,7 % en Asie où elle est le plus élevée, 0,87 % pour l’Amérique latine et
Caraïbes et enfin 0,75 % pour l’Afrique subsaharienne.
Les autres problèmes qui suivent sont les conséquences des deux premiers.
7 P. Bontens et al, 1998. Op. cit, p.5
8 P. Bontens et al, 1998. Op. cit, p.5
9 Banque Mondiale, 1992. Op. cit, p. 7
7
c) La destruction de la couche d’ozone
La couche d'ozone est une mince couche gazeuse stratosphérique, où la concentration
d'ozone est maximale, protégeant la surface terrestre du rayonnement ultraviolet solaire. Elle
se trouve entre 20 et 30km d'altitude. Elle est extrêmement fragile.
Cependant, la pollution entraîne une destruction de cette couche via notamment les
réactions qui s'effectuent entre l'ozone et les composés des polluants. Cela expose ainsi les
hommes aux rayons solaires.
d) Le réchauffement climatique
Le réchauffement climatique signifie qu’il y a plus d'énergie dans l'atmosphère et dans
les océans, qu’il y a une augmentation des vagues de chaleur, une élévation du niveau de la
mer par dilation thermique des océans, une augmentation des précipitations dans les zones qui
en reçoivent beaucoup et, à l'inverse, une raréfaction des précipitations dans les zones déjà
peu arrosées.10
Des études effectuées par le Groupe d'experts Intergouvernementale sur l'Evolution du
Climat (GIEC) ont permis de faire des prévisions sur une augmentation des températures
mondiales de 3°C d’ici la fin du siècle.11 Evidement qu’avec les incertitudes dues à une durée
très longue, on peut revoir cette prévision à la baisse ou à la hausse mais ce qui est la plus
importante c’est que la température mondiale va augmenter. D’ailleurs, nous pouvons déjà
voir les conséquences de cela par la montée du niveau de la mer due à la destruction des
calottes polaires, les séismes, et les tsunamis.
Nous assistons donc à des grands problèmes que l’humanité a obligation de surpasser
car leurs conséquences portent atteinte à sa survie et celle des générations futures.
Mais quelles sont ces conséquences ?
B. Les conséquences de la destruction environnementale
L’environnement et son exploitation ne peuvent être séparés de plusieurs
conséquences. Mais en général, on peut les classées en deux catégories :
� celles sur l’homme : il s’agit des effets sur la santé tels les épidémies et leurs
changements, les maladies (cancer de la peau, cataracte,…), le manque d’eau, …
10
Microsoft Corporation, 2006. « Environnement » Microsoft étude 2007 11
Microsoft Corporation, 2006. Op. cit,
8
� celles sur le milieu naturel et la productivité : elles se manifestent par la diminution
de la productivité et de la production à cause de l’état de santé de l’homme, de
l’appauvrissement des lieux de pêche, de la perte de potentiels d’exploitation forestière,…12
L’environnement est donc lié à la notion d’externalité qui peut être positive ou
négative. Mais, le problème vient des externalités négatives qui se présentent de différentes
façons, en effet elles provoquent des conséquences néfastes sur la santé de l’homme et la
productivité de celui-ci.
Il semble alors utile de voir les différents facteurs de la destruction de
l’environnement.
III. Les facteurs de la dégradation de l’environnement
La dégradation de l’environnement a été causée par de nombreux facteurs et a fait
l’objet de plusieurs analyses théoriques, mais, dans tous les cas, elle est liée à des problèmes
démographiques, et enfin à des problèmes institutionnels.
A. Quelques facteurs explicatifs de la dégradation de l’environnement
L’environnement a subit une forte dégradation depuis quelques vingtaines d’années.
Nombreuses sont les causes de cette dégradation, mais en général, elle est due surtout aux
comportements humain vis-à-vis de l’environnement et les caractères associés à cet
environnement.
Plusieurs théories ont essayé d’expliquer cela en faisant appel à plusieurs disciplines:
social, économique, institutionnel, …
Pour faciliter l’étude de ces différents facteurs, prenons l’ « équation d’impact »
d’Ehrlich et Ehrlich13 suivant :
I = P.A.T équation d’impact d’Ehrlich
I : Impact
P : taille de la population
A : le niveau individuel moyen de consommation
T : la nature de la technologie
12
H. Rajaoson, 2009. Cours d’économie de l’environnement, Faculté de Droit, d’Economie, de Droit et de
Sociologie – Université d’Antananarivo 13
P. R. Ehrlich et H.Ehrlich cités par P. Bontens et al, 1998. Op. cit, p. 9
9
Cette équation montre l’impact des facteurs démographiques, économiques et
technologique sur l’environnement.
1) Facteur démographique
La dégradation de l’environnement s’est accélérée depuis quelques années à cause du
problème de l’explosion démographique. Ce problème touche surtout les pays en voie de
développement mais peu les pays industrialisés. En effet, on constate que l’accroissement de
la population dans les pays pauvres est nettement plus élevé que dans les pays développés, en
moyenne la croissance annuelle de la population dans les pays en voie de développement est
1,83 % alors que dans les pays développé, elle est de 0,55 % (par rapport à l’année
précédente)14. Le graphique suivant montre l’évolution de cet accroissement de la population
mondiale depuis 1925 avec une perspective à l’horizon 2200.
Figure 3 : La croissance de la population mondiale.
Source : Encyclopédie Encarta, 2009
Selon le graphique ci-dessus, la population mondiale a toujours augmenté, mais c’est
depuis 1925 qu’elle a connu un accroissement important. Ce n’est qu’en 1996 qu’on a
constaté une légère baisse du taux de croissance de 1,4 % entre 1990 et 1995. Les
démographes ont pourtant prévu une stabilisation du taux de croissance à partir de 2075
jusqu’ en 2200 en atteignant une population mondiale de 10,73 milliards.
14
Banque Mondiale, 1992. Op. cit, p. 28
10
Cette augmentation accélérée de la population a provoqué une augmentation
importante des besoins d’exploiter à fond les ressources naturelles. Ceci a pour effet la
destruction de ces ressources. Cette surexploitation consiste surtout à chercher à satisfaire les
besoins en consommation, en énergie, en espace et tant d’autres encore.
� Satisfaction des besoins en consommation
Elle est liée à la dépendance de l’activité de la société humaine à son environnement.
La population humaine est très dépendante des ressources naturelles, surtout celle des PED.
En effet, dans les PED, la population assure leur survie par l’exploitation traditionnelle des
ressources naturelles comme l’agriculture traditionnelle où la production dépend de
l’importance de la surface de terre cultivée, par exemple environ de 53 % de la population
dans ces pays travaillent dans le secteur agricole, de plus l’utilisation de technologies est
faible15. Il y a ici une relation positive entre la production et la surface cultivée : plus la
surface cultivée augmente, plus la production sera importante, d’où la nécessité d’élargir
encore les espaces cultivées car la production ne suffit plus à satisfaire les besoins en
nourriture exprimés par la population.
� Satisfaction des besoins en énergie
Depuis 1980, la demande d’énergie a fortement augmenté, ceci est dû à un fort
accroissement de la population qui devient de plus en plus consommatrice. Cette forte
demande en énergie a provoqué la surexploitation des ressources qui peuvent en fournir
surtout les forêts car le bois reste la principale source d’énergie pour plus de la moitié de la
population mondiale. Ceci résulte de l’impossibilité pour la population d’accéder à de
nouvelles techniques, à des substitutions : d’abord les coûts sont très élevés mais la plupart de
la population n’a également la capacité technique d’utiliser les nouvelles technologies.
� Satisfaction des besoins en espace
Avec l’augmentation considérable de la population, les besoins en espace, que ce soit
pour l’habitation ou pour les activités, a connu une forte accentuation. A cela s’ajoute
également la forte mobilité de la population avec les divers moyens affectés à ce fait.
Si nous regardons seulement la superficie de la terre et la population mondiale, nous
voyons que la capacité de la terre est loin d’être atteinte. Mais le problème est que les
ressources de la terre ne peuvent pas supporter cette population. En effet, sous une hypothèse
15
Y. A. Bertrand, 2007. Comprendre l’environnement et ses enjeux, www.ifri.org/files/europe/compte rendu
PAC.pdf
11
de construction horizontale c'est-à-dire si l’accroissement de la population mondiale gardera
le même rythme, une augmentation de la population implique la recherche de nouvel espace
habitable, or espace habitable signifie aménagement et donc transformation et destruction des
ressources préexistantes.
La pression démographique est donc, en grande partie, responsable de la dégradation
environnementale surtout dans les PED.
Mais quel est la part de l’économie dans cette destruction ?
2) Facteur économique
Le second facteur de la dégradation de l’environnement est la surexploitation des
ressources naturelles est expliqué par l’activité économique. On peut les classer en deux
catégories selon le degré de développement des pays.
a) Dans les pays industrialisés
Une grande part des dégradations environnementales, surtout l’effet de serre ou le trou
dans la couche d’ozone, mais aussi la surexploitation des ressources renouvelables et
épuisables, sont dues aux comportements de consommation des pays industrialisés. Avec
environ 30 % de la population mondiale, ils consomment l’essentiel des ressources
environnementales et polluent beaucoup. Environ 70 % des émissions de CO2 proviennent des
pays industrialisés.16
Toutes ces pollutions sont dues à la spécialisation des pays du nord à l’activité
industrielle, ceci reflète ce que Ricardo a qualifié d’avantage comparatif, c'est-à-dire un pays
se spécialise dans l’activité qui lui procure un avantage comparatif. L’économie des pays
développés est basée sur l’industrie, la croissance économique provient de l’exploitation des
ressources naturelles et de la domination de la nature par la technologie.17 Or, la plupart des
technologies utilisées sont très polluantes et nécessitent beaucoup de ressources naturelles
dans leur fonctionnement comme le pétrole.
Si la destruction de l’environnement s’explique par l’industrialisation accentuée dans
les PD qu’en est-il des PED ?
16
H. Bontens et G. Rotillon, 1998. Op. cit, p. 15 17
H. Ramiarison, 2008. Cours de développement et croissance, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de
Sociologie - Université d’Antananarivo
12
b) Dans les PED
Par opposition aux pays développé, l’activité économique dans les PED est dominée
par l’agriculture, l’exportation de certaines ressources naturelles comme le bois, blé, …
L’industrialisation dans les PED est faible et s’ils avaient gardé le même rythme
d’exploitation, le même mode de production, il n’y avait pas eu de destruction de
l’environnement et des ressources naturelles.
Mais ce n’était pas le cas. En effet, voulant atteindre le même degré de développement
que celui des pays industrialisés, les PED ont imité le mode de production des pays
industrialisés.18 Les pays pauvres sont devenus de plus en plus consommateurs de ressources
naturelles et de plus en plus pollueurs.
3) Facteur institutionnel
Dans cette partie, pour faciliter la compréhension et toute chose étant par ailleurs
égale, nous avons pris l’Etat et le marché comme institution. En effet, c’est au niveau de ces
deux grands types d’institution que les grandes décisions sont prises. Ici, il s’agit de voir
l’échec de ces institutions dans la gestion de l’environnement.
a) Au niveau du marché
Pour les économistes classiques, le marché constitue un mécanisme autorégulateur car
il y a une « main invisible » qui coordonne et conduit les actions individuelles à une harmonie
sociale19. Or, la réalité est tout autre.
D’abord, en réalité, il n’existe pas de marché de l’environnement même si quelques
ressources naturelles font l’objet d’un échange. La première défaillance du marché provient
du fait que les individus sous-estiment la valeur des ressources naturelles ; ce qui les conduit à
les surexploitent. Ce fait est renforcé par la sous-estimation des coûts impliqués par
l’exploitation car les individus ne prennent compte que des coûts supportés par eux et
ignorent les coûts supportés par les autres, par exemple, un propriétaire d’automobile ne
prend compte que de ses dépenses en carburant et en entretien, et ignore les effets de
l’utilisation de cette automobile sur les autres comme les bruits, la pollution de l’air. On
appelle souvent cela d’externalité.20
18
H. Ramiarison, 2008. Op. cit, 19
A. Smith cité par E. T. Mandrara, 2005. Cours d’histoire de la pensé économique, Faculté de Droit,
d’Economie, de Gestion et de Sociologie - Université d’Antananarivo. 20
Pour plus d’informations voir théorie des externalités
13
La défaillance du marché est également liée ses caractéristiques. Quand nous parlons
de marché, nous nous référons toujours à la loi du marché selon laquelle le prix se fixe sur le
marché par la confrontation de l’offre et de la demande. Mais une chose qui n’est pas dite est
que ce marché est soumis à de nombreuses imperfections entre autre l’asymétrie
d’information, l’incertitude et les risques. Toutes ces imperfections du marché conduisent à
sous évaluer les ressources naturelles et à les surexploiter. En effet, par exemple, compte tenu
de ces défauts du marché, les hommes peuvent valoriser le présent de façon excessive21 et à
utiliser intensivement les ressources naturelles de peur que leurs valeurs actuelles soient
supérieures à leurs valeurs futures. Un autre exemple est le cas de la surexploitation des
ressources naturelles quand les informations sur ces ressources ne sont pas disponibles. En
effet, les agents peuvent surexploiter les ressources car ils ne connaissaient pas leurs
caractéristiques comme la vitesse de renouvellement. Ces faits sont accentués par
l’irréversibilité des actions déjà entreprises.22
La défaillance du marché dans la gestion des ressources naturelles s’explique
également par le rôle joué par les prix. Les prix peuvent augmenter quand les ressources sont
rares, permettant ainsi de stimuler la recherche de nouvelles ressources, l’utilisation des
substituts et la diminution de la consommation en ressources naturelles. Or, ce rôle de
régulateur des prix est limité. D’abord, quand il n’existe pas de substitut efficace, c'est-à-dire
en termes de coût ou de facilité d’utilisation, même si le prix augmente, cette augmentation
n’est suivie que d’une faible modification de la consommation et ce à court terme.23 La
demande est dans ce cas peu élastique par rapport à une augmentation du prix des ressources
naturelles, nous pouvons voir cela dans le cas du pétrole. Ensuite, lorsque l’Etat intervient
dans la fixation des prix comme dans l’agriculture où il applique des prix garantis, les prix ne
peuvent pas dépasser un prix plafond et donc les prix ne peuvent plus assurer son rôle de
régulateur. Enfin, ce rôle régulateur du prix n’est plus valable quand il y a des groupes qui
peuvent l’influencer soit à la baisse pour diminuer les coûts de production, soit à la hausse
quand ils veulent limiter l’entrée de nouveaux concurrents comme le cas d’un monopole.
L’une des causes de la défaillance du marché est aussi expliquée par ce qu’nous
appelons de « passager clandestin ». Sur le marché les individus sont libres de participer ou
non à la préservation de l’environnement. La notion de « passager clandestin » désigne le
21
M. Ravelomanana, 2008. Cours de microéconomie avancée, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de
Sociologie - Université d’Antananarivo 22
H. Rajaoson, 2009. Op. cit, 23
L. Pierre, 2009. Op. cit,
14
comportement individualiste de sous-déclarer son intérêt pour l’environnement. Ceci est lié à
la caractéristique de l’environnement comme bien commun. En fait, chaque individu a intérêt
à sous-déclarer son intérêt sur l’environnement car même s’il ne participe pas aux efforts pour
la préservation de cet environnement, il pourra toujours en bénéficier des résultats de ces
efforts. Le problème est que les efforts fournis ne permettent pas d’assurer automatiquement
une qualité acceptable de l’environnement, c'est-à-dire une qualité qui permet de satisfaire les
besoins de la population.
En somme, la défaillance du marché a provoqué l’aggravation du problème
environnemental. Cette défaillance est liée aux imperfections du marché, à son mécanisme et
aussi aux comportements des individus.
Qu’en est – il de l’Etat ?
b) Au niveau de l’Etat :
Le rôle de l’Etat est d’assurer la satisfaction des besoins de la population.24 En général,
pour satisfaire ces besoins, étant donné que les besoins sont illimités alors que les moyens
sont rares, l’Etat entreprend des actions qui visent à agir sur ces besoins et à les orienter vers
un choix délibérément choisi. En environnement, ce rôle consiste surtout à inciter les
individus à avoir des comportements visant à l’amélioration du bien être collectif, par
exemple par l’application des lois et des politiques de redistribution.
D’abord, la défaillance peut provenir de l’absence proprement dit d’une politique
concernant la gestion de l’environnement. En effet, il est difficile de trouver une politique
souhaitable, acceptable et de la mettre en œuvre.
La deuxième défaillance de l’Etat provient du fait que l’Etat est incapable de trouver
une adéquation entre la politique et la satisfaction des besoins de la population. La demande
émanant de la population est en permanence changement, diffère selon les catégories sociales,
leurs modes de vie alors que la politique de l’Etat est en inertie sans relation avec cette
demande. Il y a ici ce que Hamilton appelle de « dérive institutionnelle », en effet, nous
pouvons considérer la politique de l’Etat comme une institution servant, au début, à satisfaire
la demande de la population mais qu’après elle est devenue rigide car elle n’arrive pas à
satisfaire cette demande changeante. Or, selon lui encore, « la vie d’une institution dépend de
24
F. Andriamalala, 2009. Cours d’économie du développement, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de
Sociologie - Université d’Antananarivo.
15
sa capacité d’adaptation … »25, c'est-à-dire que l’efficacité de la politique dépend de sa
faculté à satisfaire les demandes qui pourraient se présenter et la légitimité de l’Etat en dépend
également. Ici, l’Etat n’arrive pas à élaborer une politique qui satisfait d’abord, la demande de
la population soit en termes de revenu ou en termes de bien être et ensuite, le besoin de gérer
l’environnement.
L’Etat fait face également à ce que nous appelons de passager clandestin comme dans
le cas d’un marché mais la seule différence est qu’il s’agit des problèmes d’envergure
mondiale comme la destruction de la couche d’ozone ou l’effet de serre. En effet, chaque Etat
a intérêt à sous déclarer ce que l’environnement peut lui apporter et ce qu’il détruit
réellement. Par exemple, dans le cas d’émission de gaz à effet de serre, chaque pays a son
quota d’émission qu’il faut respecter sous peine de sanction mais il ne respecte pas ce quota.
Lorsqu’on l’interroge, il sous-évalue ses émissions alors que les impacts sur l’environnement
ont toujours augmenté. Ceci est surtout fréquent pour les pays industrialisés. Ce phénomène
est renforcé par l’insuffisance des institutions internationales qui peuvent prendre des
décisions acceptées par tous et le manque de système de contrôle mondial.
La défaillance de l’Etat dans la gestion des ressources naturelles peut provenir
également de l’antagonisme entre les politiques de gestion de l’environnement et les
politiques sur les activités qui requièrent des ressources naturelles pratiquées par l’Etat. Par
exemple, d’une part, l’Etat a élaboré une politique de protection de forêt et d’autre part il
promet une économie à base d’agriculture. Dans ce cas pour favoriser l’économie, l’Etat peut
accorder des subventions pour les agriculteurs ou garantir le prix de la production pour inciter
les producteurs à augmenter leur production. Pour augmenter leurs productions, les
producteurs sont donc amenés à surexploiter le sol et si la surface cultivable est insuffisante, il
faut en chercher d’autre ce qui conduit à la culture sur brulis. On qualifie ce fait de destruction
subventionnée26. L’Etat est donc amener à faire un choix entre le bien être de la population ou
la croissance économique et il faut noter que cette situation n’est valable que si les
agriculteurs sont motivés par les offres de l’Etat.
En somme, la dégradation de l’environnement et la surexploitation des ressources
naturelles ont été causées par la croissance exponentielle de la population surtout dans les
PED, par les modes de production mais également par les défaillances des institutions comme
le marché et l’Etat.
25
Hamilton cité par B. Chavance, 2007. L’économie instititionnelle, La découverte, p. 25 26
M. Falque et G. Millière, 1992. Ecologie et Liberté : Une autre approche de l’environnement, LIBERALIA, p. 256
16
Cependant, il faut noter aussi que la dégradation de l’environnement et la
surexploitation des ressources naturelle ont été favorisées par le caractère même de
l’environnement, des ressources naturelles et le mode d’accès à ces ressources.
B. Quelques théories sur les ressources naturelles
Les ressources naturelles désignent les biens qui ne proviennent pas des processus de
production humain mais qui participent à la satisfaction de ses besoins. Elles sont donc liées à
la notion de la richesse qui est par-dessus tout le centre d’intérêt de la science économique.
Elles ont toujours occupé une place importante dans l’économie même si cela n’était pas vu
explicitement.27
Pour les physiocrates, la richesse provient de la terre, c'est-à-dire du sol qui fait partie
des ressources naturelles.
Les classiques ont considéré les ressources naturelles comme le moteur de l’activité
industrielle et l’agriculture. Ils ont accordé une place importante aux ressources naturelles
dans leur théorie de la production. En effet, elles constituent les principales matières
premières dans la production après le travail et le capital.
Les néoclassiques ont considérés les ressources naturelles comme des biens qui
procurent de la satisfaction aux individus et qui sont substituables. Pour eux, il n’y a pas de
problème environnemental car on peut toujours substituer une ressource par une autre.
Actuellement, les ressources naturelles, englobées dans l’environnement, sont au
centre des discutions locales et internationales. En effet, nous avons constaté que depuis une
vingtaine d’années, elles ont subis des fortes pressions d’exploitation, c'est-à-dire des
surexploitations.28
Dans la suite de notre analyse, nous aborderons respectivement le concept de
ressources naturelles et la théorie de la « tragédie des communaux ».
1. Le concept de ressources naturelles
Une partie de la destruction de l’environnement, des ressources naturelles est
expliquée par la nature de ces biens. En effet, nous pouvons qualifier l’environnement et les
27
T. RAKOTODRANAIVO, E. M. C. RAKOTONDRANDRIA, T. L. RAKOTONDRASOA, D. A. A. RAKOTONIAINA, H. B.
A. RAKOTONIRINA, 2009. Les enjeux du transfert de gestion des ressources naturelles: Quelle est la pertinence
de la théorie sur la gestion des ressources naturelles dans la mise en œuvre de la gestion communautaire ?
Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie – Université d’Antananarivo, p. 2 28
G. Granier et al, 2006. Op. cit, p. 2
17
ressources naturelles comme des biens économiques, c'est-à-dire qui ont des valeurs d’usage
et parfois des valeurs d’échange lorsque des marchés existent pour certaines ressources
naturelles, de plus elles contribuent à la satisfaction des besoins illimités de l’homme.
a) Les catégories de biens
Les biens sont classés selon leurs caractéristiques qui sont définis par rapport à
quelques critères de base : la rivalité et l’exclusion29
� La rivalité : ce concept désigne le fait que la consommation d’une unité d’un
bien par un agent économique peut réduire ou supprimer la quantité disponible de ce bien
qu’un autre agent peut en consommer donc peut diminuer sa satisfaction.
� L’exclusion : ce concept désigne le fait qu’un agent économique peut être
exclu pour la consommation d’un bien.
Le critère basé sur la rivalité est lié à l’abondance du bien ou de sa rareté tandis que
celui basé sur l’exclusion est lié au pouvoir d’achat, aux réglementations.
On peut alors classer les biens comme suit :
Tableau 1 : Catégories de biens
Critères Exclusion Non-exclusion
Rivalité Biens privés Biens communs
Non-rivalité Biens de club Biens publics purs
Source : T. RAKOTODRANAIVO et al, 200930
Selon T. RAKOTODRANAIVO et al, nous pouvons distinguer 4 catégories de biens
selon ses caractéristiques.
� Les biens publics purs qui sont caractérisés par la non-rivalité et la non-
exclusion de la consommation, peuvent être consommés par un grand nombre de
consommateur sans coût de production supplémentaire pour les autres consommateurs.
� Les biens privés caractérisés par la rivalité et l’exclusion de consommation, ils
s’agissent des biens marchands c'est-à-dire qui peuvent être vendus sur le marché à des prix
économiquement significatifs mais en quantité limitée. 29
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 3 30
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 3
18
� Les biens de club appelés également biens collectifs mixtes du fait de la non-
rivalité et l’exclusion de leur consommation. La consommation d’un agent n’affecte en rien la
consommation des autres mais elle est seulement conditionnée par le pouvoir d’achat.
� Les biens communs caractérisés par la rivalité et la non-exclusion de
consommation, ils sont des biens non exclusif en ce sens qu’il est difficile de d’empêcher leur
consommation par une certaine catégorie d’agent mais la consommation d’une unité de ces
biens peut diminuer ou supprimer la consommation des autres en ces biens.
Connaissant les différents types de biens comment peut-on classer les ressources
naturelles ?
b) Ressources naturelles comme biens communs :
D’après les études faites par T. RAKOTONDRANAIVO et al, certaines ressources
naturelles sont considérées comme des biens communs du fait qu’elles répondent aux
caractères permettant de les classer comme tel. Il y a une rivalité et une non-exclusion dans
leur consommation.31
D’abord, quelques ressources naturelles, telles une forêt ou un lac où il n’y a pas de
contrainte d’accès, appartiennent à tous et à personne : chacun peut les utiliser à sa manière,
personne n’est donc exclue. En général, la non-exclusion de leur consommation est donc due
à l’absence des règlementations, de restriction pour leur consommation, leur utilisation est en
« accès libre ».32
Mais elles sont en quantité limitée, dès qu’un individu en consomme cela affectera la
consommation des autres individus. Il faut noter que certaines ressources naturelles ne
présentent pas de rivalité de consommation tant que les consommateurs sont faibles. Mais à
un moment donné, quand le nombre de consommateur augmente, leur consommation devient
rivale. Par exemple, pour une rivière il n’y a pas de rivalité de consommation tant que le
nombre d’utilisateurs est faible.33
Les ressources naturelles font partie des biens communs. Elles sont en quantité limitée
et l’accès à ces biens est libre. Comme tous les biens communs, elles font face à un problème
majeur : la surexploitation.
31
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 4 32
G. Hardin cité par C. Hess et E. Ostrom, 2001. Artifacts, Facilities, And Content : Information as a Common-pool Resource, http: //www.indiana.edu/workshop, p.49 33
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 4
19
2. La « tragédie des communaux » :
Le concept de tragédie des communaux a été mis en évidence par G. Hardin en 1968
dans son article intitulé « The Tragedy of the Commons ». Elle est issue des études de
Hotelling concernant la durée de régénération des ressources naturelles.
a) Le concept de renouvelabilité et épuisabilité :
Ce concept a été développé par Hotelling en 1931. Selon cet auteur, les ressources
naturelles sont classées en deux : il y a les ressources naturelles renouvelables et les
ressources épuisables.34
� Les ressources naturelles renouvelables ou ressources biotiques sont celles qui
peuvent se régénérer rapidement, elles sont capables de fournir des ressources pour le long
terme. L’air, l’eau, les poissons, les forêts, … en font partie, en somme toutes ressources
naturelles dont la vitesse de régénération est rapide c'est-à-dire à court terme.35
� Les ressources naturelles épuisables : elles sont vues comme telles car leur
stock est limité du fait que la durée de régénération de ces ressources est très longue alors que
la demande de ces ressources ne fait que s’augmenter avec le temps. Elles concernent, en
général, des ressources dans la lithosphère comme le pétrole, l’or, le diamant, …36
En somme, nous pouvons en conclure que toutes les ressources sont toutes
renouvelables mais c’est la durée de cette régénération qui fait que telles ressources soient
considérées comme renouvelables ou épuisables.
Ce caractère d’épuisabilité de certaines ressources naturelles a une implication
importante sur ce que G. Hardin qualifie de « Tragédie des communaux ».
b) Le problème des ressources naturelles
La tragédie des communaux est liée au concept de « common pool resources » (CPR). Nous désignons par CPR les ressources naturelles qui répondent aux deux critères suivants : d’abord, la disponibilité des ressources à un nombre illimité de consommateurs et ensuite, la concurrence dans l’utilisation de ces ressources.37
34
Hotelling cité par P. V. Griethuysen, J. Grinevald et R. Steppacher, 1996. Croissance économique et «
soutenabilité » écologique –Un tour d'horizon des principales critiques écologiques à la croissance économique,
IUED, p. 8 35
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 5 36
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 5 37 T. M. Randrianalijaona, 2008. Gestion Communautaire des Ressources Naturelles Et Développement Durable:
Dans quelles mesures les contrats de transfert de gestion à Madagascar peuvent-ils contribuer durablement à la lutte contre la pauvreté en milieu rural tout en préservant l’environnement ? p. 80
20
En effet, la tragédie des communaux énonce que les ressources naturelles en propriété
commune, c'est-à-dire en accès libre, sont vouées à la surexploitation et à la destruction.38
Quelques concepts sont à la base de cette tragédie des communaux.
D’abord, ces ressources sont en propriété commune : elles sont à tous et à aucun, tout
le monde peut l’utiliser autant qu’il veut, du moins jusqu’à son expiration, c'est-à-dire qu’il
n’y a pas d’exclusion dans leurs utilisations. Nous qualifions cela généralement de ressources
en accès libre.39 Cet accès libre conduit à la surexploitation de ces ressources naturelles du fait
que la règle est que lorsque les ressources sont en propriété commune, on ne soucie pas de sa
pérennité et de sa durabilité.40
Ensuite, les ressources comme les forêts, le sol, le pétrole et le diamant sont des
ressources naturelles épuisables au sens de Hotelling, c'est-à-dire que leur vitesse de
régénération est très lente et que soumis à un certain niveau d’exploitation, elles peuvent
disparaître. Donc, il y a rivalité dans leur utilisation du fait de leur quantité limitée.41
Enfin, mais pas le moindre car il est à la base même du problème, il y a le
comportement des individus qui cherchent à maximiser seulement l’utilité individuelle.
L’homme est égoïste, ainsi selon Hobbes l’être humain est fondamentalement conduit par ses
désirs et il n’a cessé de chercher à les satisfaire «Je place au premier rang, à titre de
penchant universel de tout être humain, un désir inquiet d’acquérir puissance après
puissance, désir qui ne cesse qu’à la mort »42. L’homme ne considère que son propre intérêt
dans l’utilisation des ressources et ignore les effets sur les autres c'est-à-dire qu’il connait les
effets mais fait semblent de ne pas connaître.
La tragédie des communaux est donc, selon G. Hardin, le problème de surexploitation
des ressources en propriété commune et aussi des externalités qui existent quand les actions
d’un agent influent positivement ou négativement sur le bien être d’un autre agent, sans que
ces actions ne passent par un marché c'est-à-dire que ces influences ne se traduisent par une
variation du niveau de prix.43
38
G. Hardin cité par C. Hess et al, 2001. Op. cit, p.49 39
G. Hardin cité par C. Hess et al, 2001. Op. cit, p.50 40
G. Hardin cité par C. Hess et al, 2001. Op. cit, p.49 41
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 6 42
T. Hobbes in Ethique et politique : L’égoïsme moral, in Égoïsme courant versus égoïsme philosophique, p. 1 43
H. B. A. Rakotonirina, 2009. La gestion participative des ressources naturelles dans l’optique de développement : illustration à travers la zone dAndapa, p.3 et p. 19 à 20
21
Les solutions pour résoudre ce problème sont multiples. Cependant, elles relèvent
toutes du mode d’accès aux différentes ressources naturelles.
III. La gestion des ressources naturelles
G. Hardin a soulevé le problème des ressources naturelles en le qualifiant de tragédie
des communaux mais cela ne veut pas dire qu’il n’y avait pas un mode de gestion de ces
ressources avant. Il y en avait mais la gestion des ressources n’était pas bien réglementée ce
qui a fait que l’accès à leur exploitation était libre. L’Etat est le propriétaire et aussi le
gestionnaire des ressources. Il y a alors des règles qui régissent l’exploitation et la gestion de
ces ressources. Cependant, soumises à de nombreuses contraintes comme le moyen financier,
le moyen humain, la capacité et la grandeur de la superficie des ressources l’Etat est incapable
de mettre en œuvre ses politiques. Il en résulte alors la surexploitation.
C’est pour cette raison que des solutions portant sur le mode d’accès ont été
proposées.
A. La propriété privée des ressources naturelles
Pour remédier à la tragédie des communaux, la solution proposée par G. Hardin est la
mise en propriété privée des ressources naturelles. En effet, selon l’auteur, la règle est que
lorsque quelqu’un est propriétaire d’une chose, il en prend soin comme la prunelle de ses
yeux.44 Il est amené à gérer rationnellement ses ressources, l’exploiter de façon optimale. Le
propriétaire aura non seulement intérêt à protéger la ressource mais aussi à favoriser sa
reproduction45. Si tous les individus adopteraient ce comportement, on pourra éviter une telle
tragédie. Du fait que les ressources étaient en propriété commune, la division en propriété
privée se fait selon la règle du premier venu : celui qui a aménagé une ressource en premier
est le propriétaire. Ici, le propriétaire est un individu.
Il y a également d’autre solution qui est une approche participative car l’approche par
l’individu est trop étroite46.
B. La gestion participative des ressources naturelles
Parallèlement à la gestion par l’individu des ressources naturelles, il y a un nouveau
mode de gestion des ressources naturelles qui est basée sur la participation de plusieurs
44
T. RAKOTODRANAIVO et al, 2009. Op. cit, p. 7 45
M. Falque et al, 1992. Op. cit, p. 156 46
E. Ostrom, 2003. Governing a Commons from a Citizen’s Perspective, Cambridge University Press.
p. 1
22
acteurs : ce sont la gestion de terroir, la gestion collaborative, la cogestion, la gestion
communautaire.
1) La gestion de terroir
Elle repose sur l’association des acteurs locaux à la gestion du terroir. Dans sa mise en
œuvre, il faut associer les populations locales à la planification des activités.47 Cela implique
donc une décentralisation de la part de l’Etat mais également une notion de développement
local.
2) La gestion collaborative
Dans ce mode de gestion des ressources naturelles, c’est l’autorité compétente qui fait
le choix. En effet, c’est à ce niveau de les décisions sont prises mais cela après consultation et
main levée des acteurs locaux.48
3) La cogestion
La cogestion est un mode de gestion où les choix sont pris conjointement par une
catégorie d’acteurs locaux et l’Etat.49En effet, elle repose sur une répartition équitable de la
décision entre les acteurs et le gouvernement qui doivent assurer la préservation de la
ressource naturelle objet de la gestion.50
4) La gestion communautaire
Si nous parlons de la gestion communautaire des ressources naturelles, ce n’est pas
pour contredire ce que G. Hardin a déjà dit mais pour apporter quelques éléments en plus. La
gestion par la communauté était l’objet de nombreuses études notamment celles de E. Ostrom
et McKean.51 La gestion par la communauté suppose à la base un transfert de pouvoir de
gestion sur les ressources. En effet, la gestion est collective, dirigée par un groupe d’acteurs
qui détiennent un réel pouvoir de décision et la participation est active.52 Les arguments pour
cette gestion communautaire sont nombreux.
D’abord, nous pouvons avoir une propriété privée des ressources même si on a un
groupement humain ou communauté, dans le cas d’une gestion communautaire des ressources
47
J. Ballet, 2007. La gestion en commun des ressources naturelles : une perspective critique. http//
développement durable.revues.org/index3961.html, p. 7 48
J. Ballet, 2007. Op. cit, p. 7 49
J. Ballet, 2007. Op. cit, p. 7 50
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 88 51
T. M. Randrianalijaona, 2008.Op. cit, p. 84 52
J. Ballet, 2007. Op. cit, p. 7
23
naturelles, on reconnait à la communauté un droit de propriété sur les ressources53 et il est
bien défini par la loi car elle reconnait un droit d’usage exclusif de la communauté sur les
ressources.
Ensuite, au sein d’une communauté, les individus se communiquent entre eux, ils
s’échangent des informations sur les ressources et ces informations changent le comportement
des individus vis-à-vis de la biodiversité. Ce qui n’est pas le cas dans la théorie de G. Hardin
car les individus sont pris isolément.
L’avantage d’un tel type de gestion est que les consommateurs sont suffisamment
homogènes, ils ont un intérêt commun, ils s’obligent par des règles propres à eux qu’ils
considèrent comme légitimes et qu’ils acceptent. Par conséquent, ils s’organisent facilement
et parfois cette organisation est assurée par simples us et coutumes déjà existants.
La participation de la population dans la gestion des ressources naturelles est une
façon d’assurer l’exploitation rationnelle, optimale de ces ressources et par là leur pérennité.
C’est pour cette raison que le chapitre suivant va s’intéresser davantage à cette gestion
par la communauté des ressources de l’environnement.
53 McKean et E. Ostrom cité par T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 84
24
Chapitre II : La gestion communautaire des ressources naturelles : une politique de décentralisation
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons à un concept qui est la gestion par la
communauté des ressources naturelles. De plus, ce mode de gestion a été soutenu par l’Etat
malgache dans le cadre de la politique de décentralisation.
Pour la suite de notre analyse, les points suivants seront privilégiés : la politique
environnementale à Madagascar et la gestion communautaire des ressources naturelles.
I. La politique environnementale à Madagascar
Madagascar a sa propre politique en matière de protection de l’environnement mais
cela ne veut pas dire qu’elle ignore la dynamique externe de cette protection.
La politique environnementale à Madagascar est contenue dans la Charte de
l’Environnement malagasy. Cette charte contient les principes généraux et les dispositions
traduisant en termes opérationnels et dans le cadre de développement global de Madagascar la
politique nationale de l’environnement.54
Le gouvernement malgache a également adopté un plan d’action environnemental qui
a été mise en œuvre à partir de 1990. Dans son exécution, le gouvernement a divisé ce plan en
trois phases : le PE 1, le PE 2 et le PE 355
A. La première phase du PAE
La mise en œuvre du PE1 a commencé depuis 1991 et s’est terminé en 1996.56
Cinq projets sont contenus dans le PE 157 :
• un projet d’éducation, de formation et de sensibilisation à
l’environnement ;
• un projet de protection de la biodiversité ;
• un projet de conservation des sols et d’amélioration du cadre de vie
rural ;
• un projet de sécurisation foncière, cartographie et télédétection ;
54
Office nationale pour l’environnement, 1990. Charte de l’environnement, p. 9 55
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 121 56
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 121 57
Office nationale pour l’environnement, 1990. Op. cit, p. 40
25
• un projet d’appui au PAE comprenant un volet recherche, un volet
institutionnel, un volet législation environnementale, un volet banque de données et
un volet étude d’impact sur l’environnement.
Les projets ont été réalisés en phases successives en fonctions des priorités des
différentes zones. Ils ont été financés par les aides internationales et pour une durée de 5 ans
après laquelle on doit entamer la mise en œuvre du PE 2.
A la fin de sa mise en œuvre en 1996, les résultats du PE 1 étaient jugés positifs même
si les problèmes des ressources de l’environnement existaient encore.58
B. La deuxième phase du PAE
Les différents projets contenus dans le PE 2 avaient une échéance de 5 ans allant de
1996 à 2002, cependant, cette durée était dépassée car le PE 2 s’est terminé en 2003.59
L’objectif est d’optimiser la gestion des ressources naturelles pour les besoins de
développement de l’être humain, de déterminer le rôle de l’Etat, des collectivités territoriales
décentralisées et de leurs partenaires notamment le rôle des associations et des organisations
non gouvernementale (ONG) œuvrant dans le domaine de l’environnement et les opérateurs
privés.
Pour se faire, les stratégies sont :
- le respect du principe de désengagement de l’Etat et la politique de promotion
des initiatives privées et le respect de l’environnement dans la mise en œuvre des
investissements privés ;
- la mise en place d’un système de sécurisation foncière avant l’adoption et
l’entrée en vigueur d’une législation relative au nouveau mode de gestion foncière ;
- la gestion du réseau des aires protégées terrestres, côtières, aquatiques et
marines pouvant être concédée à un organisme national privé autonome, sous la tutelle du
ministère chargé de l’environnement conformément à la législation en vigueur, notamment au
code de gestion des aires protégées.
Le PE 2 renferme plusieurs projets60 :
58
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 124 59
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 125 60
Office nationale pour l’environnement, 1990. Op. cit, p. 43
26
� composantes directes :
- écosystème Forestier à Usage Multiple (ESFUM) ;
- composante Aires Protégées et Eco-tourisme (CAPE) ;
- gestion conservatoire de l’eau et des sols :
� mini-projets ;
� gestion des grands bassins versants.
- environnement Côtier et Marin (EMC)
� composantes transversales :
- appui à la Gestion Régionalisée et à l’Approche Spatiale (AGERAS)
- gestion Locale Sécurisée (GELOSE)
� sécurisation foncière ;
� gestion communautaire locale des ressources naturelles.
- fonds Régional d’Appui à la Gestion de l’Environnement (FORAGE)
� composantes stratégiques :
- élaboration et transfert des politiques, stratégies et instruments ;
- mise en compatibilité des investissements avec l’environnement.
� composantes d’appui :
- communication environnementale ;
- éducation et formation environnementales ;
- système d’information environnementale ;
- Recherche environnementale finalisée ;
- Information géographique ;
- appui à la coordination et à la gestion du PE 2
Le PE 2 consiste donc en la décentralisation de la gestion des ressources naturelles et
l’intensification des actions sur le terrain. Les objectifs du PE 2 étaient très ambitieux ; ce qui
27
explique nombreux d’entre eux ne sont pas atteints.61 Après le PE 2, l’Etat a entamé la mise
en œuvre du PE 3.
C. La troisième phase du PAE
Le PE 3 a débuté en 2005 et devra se terminer en 2010.62 La finalité du PE 3 est la
conservation et la valorisation de l’importance et de la qualité des ressources naturelle pour
permettre une croissance économique durable et une meilleure qualité de vie. Il s’agit de
mettre en place des modes de gestion durable des ressources naturelles renouvelables et de
conserver la biodiversité, ce qui permettra la pérennisation de la gestion des ressources
naturelles environnemental au niveau national.
Compte tenu de cette finalité, des objectifs spécifiques ont été fixés par le PE 3 :63
- gérer de manière durable les écosystèmes forestiers, les zones humides et les
réserves d’eau ;
- conserver et valoriser les écosystèmes sensibles au niveau des aires protégées
et sites de conservation ;
- changer le comportement vis-à-vis de l’environnement ;
- établir des bases de financement des actions de gestion rationnelle des
ressources naturelles et de l’environnement ;
- mettre en place une meilleure gouvernance environnementale.
Pour arriver à ces objectifs, le PE 3 a basé ses actions sur :
- le respect des priorités nationales : qui sont la gestion du Tavy, la gestion et la
valorisation des ressources naturelles terrestres, côtières et marines ;
- la participation des communautés locales de bases dans l’élaboration des
politiques et sa mise en œuvre, la participation de celle-ci dans l’élaboration, l’exécution et le
suivi-évaluation des projets les concernant ;
- la promotion de la gestion participative et le transfert de gestion des ressources
naturelles car les ressources en dehors des aires protégées nécessite une gestion de proximité.
61
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 127 62
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 127 63
Office nationale pour l’environnement, 1990. Op. cit, p. 45
28
Le PE 3 a renforcé les efforts déjà commencés par le P 1 et le PE 2. L’Etat, par
l’intermédiaire du PE 3, a concrétisé l’approche participative de la gestion des ressources
naturelles en responsabilisant la population et le secteur privé dans cette gestion.
En somme, l’objectif principal de la PNE est la gestion optimale des ressources
naturelles, c'est-à-dire assurer la survie à la fois de la population et de l’environnement.
Pour cela, l’Etat a mis l’accent sur la gestion participative des ressources naturelles, la
gestion de proximité. Comme nous l’avons vu dans les sections précédentes, il y a plusieurs
modes de gestion participative.64 Cependant, dans la suite de notre étude, nous allons voir la
gestion communautaire des ressources naturelles car c’est ce mode de gestion que nous
trouvons dans plusieurs régions de Madagascar.
II. La gestion communautaire des ressources naturelles
Après les échecs passés de plusieurs institutions et organisations pour la gestion des
ressources naturelles, nous avons depuis 1980 à une montée en puissance d’un nouvel type de
gestion de ces ressources : c’est la gestion communautaire des ressources naturelles.65 La
notion de gestion communautaire peut poser beaucoup de problème dans sa compréhension.
Mais elle suppose à la base un changement de perspective : faire participer la population à la
gestion des ressources. Elle repose sur quelques impératifs tels la communauté, le transfert de
gestion, l’appropriation des pouvoirs mais il faut connaître également en quoi ce type de
gestion est-il important et quelles sont les modes de gestion communautaire ?
A. Les impératifs de la gestion communautaire
La gestion participative est une nouvelle stratégie ou politique de gestion des
ressources naturelles. Pour se concrétiser, elle a des conditions préalables à remplir. Elles sont
nombreuses, varient selon le pays, la réalité du pays mais il existe quelques-unes que l’on
rencontre toujours : la communauté, la décentralisation et l’appropriation du pouvoir sur les
ressources.
1) La communauté
Longtemps ignorée par les différentes politiques de gestion, elle est au cœur de la
gestion participative. De la gestion pour ou contre la population on est passé à la gestion par
la population. On ne peut pas atteindre les objectifs de la politique mise en place sans la
contribution de la population, c’est d’ailleurs ce qu’a dit J. Weber : « les hommes font partie 64
H. B. A. Rakotonirina, 2009. Op. cit, p. 22 65
J. Ballet, 2007. Op. cit, p. 3
29
intégrante de l’écosystème que l’on entend préserver : on ne réussira pas sans eux »66.
L’intégration de la population est impérative en ce qui concerne la prise de décision
concernant la gestion de son environnement et la mise en pratique de cette décision, elle doit
intervenir fortement dans la gestion de son ressource. Il s’agit donc de responsabiliser et de
faire participer la population aux affaires qui la concernent directement.
La question qui se pose est maintenant de savoir ce qu’est la communauté dont on
parle ici. En effet, dans tout ce qui a été dit, il n’y avait pas de définition explicite de la
communauté.
Pour, le dictionnaire Encarta 2009 définit la communauté comme un groupe humain
solidaire qui partage une histoire, une culture ou des intérêts. Il met l’accent sur le fait que la
communauté est constituée par plusieurs individus solidaires, c'est-à-dire qu’il y a
interdépendance entre les individus, de même qu’ils partagent quelque chose en commun.
L’article 3 de la loi GELOSE renforce cette définition de la communauté en précisant que
« La communauté de base est constituée par tout groupement volontaire d'individus unis par
les mêmes intérêts et obéissant à des règles de vie commune. Elle regroupe selon le cas, les
habitants d'un hameau, d'un village ou d'un groupe de villages »67 en apportant que
l’appartenance au groupe est volontaire, qu’il existe une organisation dans ce groupe afin
d’atteindre un objectif commun. Nous pouvons alors considérer la communauté comme un
autre type d’institution et organisation si l’on se réfère à la théorie des institutions. En effet, la
communauté définit un arrangement particulier visant à des objectifs donnés qui est la gestion
et l’exploitation rationnelles de l’environnement et des ressources qu’il contient, et cela
constitue également une cadre d’action pour les générations futures.68
D’après ces définitions, on ne peut pas dire qu’il n’y avait de communauté qui gérait
les ressources naturelles. En effet, depuis toujours, il y avait les communautés villageoises qui
exploitaient, donc géraient aussi d’une certaine manière, les ressources dans leur village, il y
avait également des groupes désignés par l’Etat, pourtant, la dégradation de l’environnement
ne cesse de s’accroitre. Le problème est donc de savoir ce qui peut expliquer cela. Que ce soit
dans la gestion par les villageois, soit dans la gestion par les élus de l’Etat, à première vue, de
façon succinct, on peut être amené à penser que c’est parce que la gestion n’est pas totale.
66 D. Compagnon et F. Constantin, 2000. Administrer l’environnement en Afrique, Ed. KARTHALA – IFRA, p. 15 67
Office national pour l’environnement, 1996. Loi relative à la gestion locale des ressources naturelles renouvelables, p. 1 68
Schmoller cité par B. Chavance, 2007. Op. cit, p. 8
30
D’une part, c’est peut être vrai car dans ces deux types de gestion, d’abord, les
ressources exploitées sont la propriété de l’Etat ce qui nous amène à la tragédie des biens
communs de G. Hardin, ensuite, dans la gestion il y a une forte intervention de l’Etat : les
deux types d’agent ne font que suivre les ordres de l’Etat et n’en tirent aucun bénéfice. De ce
fait, ils n’ont intérêt à préserver les ressources qui doit être leur objectif principal.
Mais d’une autre part, cela peut ne pas être vrai. En effet, conscient de ce constat,
plusieurs actions ont été entreprises par l’Etat par exemple la gestion décentralisée. L’Etat
n’avait pas intervenu dans la gestion des ressources naturelles, du moins dans quelques unes.
La dégradation a, certes, diminué mais elle perdure encore. Le tableau et graphique suivants
nous permettent de constater cela.
Tableau 2 : Superficies incendiées (en millier d’Ha)
Superficie incendiée 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Objectifs 500 450 400 350 300 250 200
Réalisations 456 318 286
Source : Primature – Secrétariat général du Map, 2008
Figure 4 : Superficies incendiées (en millier d’Ha)
Source : Primature – Secrétariat général du Map, 2008
D’après ces données, nous pouvons voir que pendant ces cinq dernières années les
superficies des forêts incendiées ont diminué, elles dépassent largement les objectifs visés par
31
les politiques de l’Etat, par exemple, en 2008 la superficie incendiée était de 286 000 Ha sur
un objectif de 400 000 Ha, donc à peu près la moitié. Cependant, elle est encore importante
même si de nombreuses mesures ont été prises.
Donc, le problème ne réside pas dans le fait que l’Etat intervient ou non. Si nous
analysons bien, nous trouvons que le problème est sur la base même de la communauté
choisie, c'est-à-dire dans la façon de choisir la communauté. Avant, il y avait beaucoup de
communauté de gestion des ressources naturelles mais leurs actions ont été vouées à l’échec
car les membres n’étaient pas suffisamment homogène. Si on a pris seulement, par exemple,
les subdivisions territoriales héritées de la colonisation, on ne pourrait pas avoir un ensemble
homogène car les membres se diffèrent par leurs cultures, leurs habitudes, leurs besoins. De
ce fait, il y a divergence d’intérêt, les membres n’accordent pas la même valeur, que ce soit
valeur d’usage, soit valeur d’échange, à une même ressource naturelle qui fait l’objet de la
gestion. Cela provoque la divergence des actions des membres du groupe, l’exploitation
inorganisée et abusive de cette ressource.
Pour remédier à cela, il faut prendre en compte les relations sociales, c'est-à-dire le
mode d’organisation de la société, les habitudes de consommation, leurs perceptions de la
nature, la culture. Il s’agit alors de former « un ensemble humain concret tels qu’ils sont
structurés par les formes d’utilisation de la ressource » (T. Lynam, 1992).69 De cette manière,
les membres du groupe seront suffisamment homogènes et solides, ainsi mieux organisés et
faciles à conduire pour la préservation de la nature.
Dans ce processus de choix, il faut voir également l’aspect économique à visage
social, c'est-à-dire, de la rationalité économique : minimisation des coûts et maximisation de
l’utilité sociale. B. Campbell a suggéré de sélectionner les communautés où les coûts de
transaction sont faibles, ces coûts sont liés au transfert de gestion et aux diverses formations
des membres de la communauté.70
En somme, l’efficacité d’une gestion participative repose sur la communauté de base
pourtant des problèmes se posent dans sa définition tant au niveau conceptuel qu’au niveau
géographique et coût.
Quoiqu’il en soit, il faut surmonter tout cela et procéder au transfert de gestion des
ressources naturelles.
69
T. Lynam cité par M. Falque et al, 1992. Op. cit, p. 230 70
D. Compagnon et al, 2000. Op. cit, p. 18
32
2) La décentralisation
Dès que nous entendons le mot « gestion communautaire », cela suppose déjà une
décentralisation du pouvoir. L’efficacité d’une gestion communautaire des ressources
naturelles repose sur une politique de décentralisation forte. D’une façon générale, cette
décentralisation consiste à transférer une partie des pouvoirs ou des compétences de l’Etat
central vers ses démembrements. Cette décentralisation a existé également sur le domaine de
l’environnement car nous avons assisté à des transferts de gestion des ressources naturelles
vers la communauté.
Cela est la conséquence de la faiblesse de l’Etat. En effet, l’Etat, surtout dans les PED,
est faible. D’abord, il est faible financièrement, même s’il a des objectifs et des programmes,
il n’a pas les moyens financiers de les réaliser et de les atteindre. L’Etat a plusieurs
dispositions légales qu’il faut mettre en œuvre pour préserver les ressources mais faute de
moyen il ne peut pas les mettre en application, s’ajoute à cela l’absence de système de
contrôle. Mais sa faiblesse ne réside pas seulement sur le manque de moyen. En effet, les
bailleurs de fonds ont accordé des prêts pour les programmes de gestion des ressources de
l’environnement, comme la montre la figure ci-dessous, mais l’Etat n’arrivait pas encore à
bien gérer les ressources naturelles.
Figure 5 : Prêts de la Banque Mondiale à l’appui de projets environnementaux
Source : Banque Mondiale, 199771
71
P. Bontens et al, 1998. Op. cit, p. 13
33
Les prêts accordés par la Banque Mondiale pour l’appui des projets environnementaux
ont toujours augmenté depuis 1987 où ils étaient environ 0,3 milliards de dollars pour
atteindre 11,3 milliards de dollars en 1996. Les ressources financières sont donc là mais il
apparait une autre faiblesse qui est sur le plan de la prise de décision. Lorsque l’Etat prenait
des décisions concernant la gestion des ressources naturelles, il le fait de façon unilatérale,
sans consultation de la population. La décision est prise selon les aspirations, les intérêts des
dirigeants politiques sans tenir compte de la réalité, c'est-à-dire, des besoins de la
population.72
De ces faiblesses de l’Etat nait la mauvaise administration des ressources de
l’environnement et l’Etat est vu seulement comme une force répressive et non pas comme un
acteur qui contribue à l’amélioration du bien être de la population.
La décentralisation apparait donc comme la solution pour s’en sortir de ce problème.
C’est pour cela que F. Constantin fait comprendre que la communauté doit faire partie
intégrante de toute gestion de ressources les concernant, la participation doit être vue en tant
que moyen, elle doit être effective73. Cette politique de décentralisation est d’ailleurs soutenue
par les bailleurs de fonds. Mais comment se fait-elle ? Vu son importance, on ne va pas
détailler le mécanisme ici mais il s’agit de transférer le pouvoir de l’Etat sur les ressources à
la communauté.
Cependant, cette décentralisation n’est pas sans contrainte. Son application se heurte à
de nombreux problèmes tant au niveau de l’Etat qu’au niveau de la communauté.
D’abord, au niveau de l’Etat, il s’agit d’une perte de pouvoir même s’il reste le
propriétaire des ressources naturelles. Les ressources naturelles constituaient, pour l’Etat, une
source de recette. Il apparait que la décentralisation lui est défavorable et c’est pour cela que
l’Etat est réticent à une politique de décentralisation surtout dans les pays anciennement
colonisés. R. Martin a même mis en évidence que « les bureaucraties d’Etat renâclent à
abandonner toute parcelle de pouvoir et l’intérêt général (public interest) est un prétexte
commode dissimulant des sentiments moins avouables »74 et même s’il y a processus de
décentralisation, il est trop long.
Ensuite, le problème se trouve au niveau de la communauté. La décentralisation est un
transfert de pouvoir de décision à une communauté qui doit être capable d’élaborer leur
72
F. Andriamalala, 2009. Op. cit. 73
D. Compagnon et al, 2000. Op. cit, p. 23 74
R. Martin cité par D. Compagnon et al, 2000. Op. cit, p. 22
34
propres règles de gestion, être autonome dans leur prise de décisions. La décentralisation
dépend de la capacité de la communauté, il ne pourra pas exister une véritable décentralisation
tant que la communauté n’a pas un minimum de connaissance lui permettant de prendre une
décision adéquate pour son organisation et la gestion des ressources naturelles. Mais en
général, l’organisation et la gestion des ressources naturelles ne posent pas beaucoup de
problème car « les communautés locales ont accumulé, au fil du temps, un savoir utile lié à
leur dépendance à l’égard de la ressource naturelle pour leur survie, […] »75, dans toute
société humaine, il y a déjà des règles coutumières qui peuvent venir des expériences, des
apprentissages au cours du temps donc il y a accumulation de connaissances. Ce qui signifie
également qu’il faut prendre en compte la dimension symbolique d’une action menée qui
implique la participation de la population : c’est l’approche « bottom – up ».
Le choix d’une communauté à lui seul est insuffisant pour atteindre les objectifs de
gestion des ressources naturelles, il faut la responsabiliser, la transférer le pouvoir sur les
ressources donc une décentralisation des pouvoirs de la part de l’Etat ; ce qui implique
également que ce pouvoir doit être appropriés par la communauté.
3) La prise de pouvoir de gestion des ressources naturelles
L’histoire a montré l’inefficacité de la gestion publique des ressources naturelles. Elles
sont les propriétés de l’Etat. Il reconnait seulement à la communauté un droit d’usage.
Nombreuses ressources naturelles étaient en accès libre, les gens au contact de ces ressources
n’avaient aucun pouvoir de gestion sur elles.
Or, la réussite d’un système de gestion repose sur sa capacité de garantir un réel
pouvoir sur les ressources, il faut alors donner à la communauté le plein pouvoir sur elles.
Ceci passe nécessairement par la prise du pouvoir de gestion des ressources naturelles par la
communauté. L’importance de celui-ci est que l’on reconnait légalement la communauté
comme l’utilisateur exclusif de la ressource, on lui reconnait, a dit J. Weber (2000) un « droit
d’usage exclusif » : il y a propriété locale de l’usage.76
La communauté aura donc plus de sécurité dans l’usage de la ressource naturelle que
l’on lui a confié. Cela lui amènera à prendre en charge des stocks de ressources et c’est à ce
moment là que nous pourrons dire qu’il y a effectivement participation de la communauté
dans la gestion de son ressource. La participation de la communauté doit être vue en tant que
75
D. Compagnon et al, 2000. Op. cit, p. 26 76
D. Compagnon et al, 2000. Op. cit, p. 30
35
moyen, il ne faut pas rester seulement au stade de la consultation mais faire participer la
communauté dans la gestion, la mobiliser, la motiver, en somme, la responsabiliser.
En résumé, la participation de la communauté locale apparait comme une nécessité à
la gestion actuelle des ressources naturelles. Son efficacité repose sur des éléments de bases
telles la communauté, la décentralisation et l’appropriation du pouvoir sur les ressources.
Cependant, le choix de ces différents éléments n’est que subjectif car il existe d’autres
éléments que certains peuvent trouver plus importants. Ce type de gestion ne peut résulter que
de la volonté de l’Etat à transférer son pouvoir de gestion des ressources naturelles à la
communauté. L’Etat a pour rôle de définir les objectifs globaux, de choisir la communauté qui
doit assurer la gestion des ressources naturelles parmi celles qui ont soumis une demande, de
limiter géographiquement le pouvoir de la communauté, de faciliter le transfert et de contrôler
les actions de la communauté et les résultats.
Voyons alors ce transfert de gestion des ressources naturelles.
B. Le transfert de gestion des ressources naturelles
La gestion efficace de l’environnement ne peut se faire sans la participation active de
la population, plus précisément de la communauté locale de base. Elle passe par le transfert de
l’autorité de gestion de ces ressources vers la collectivité étant donné que ces ressources
appartiennent à l’Etat.
Cette décentralisation donne aux communautés le pouvoir de gérer la ressource et
l’Etat assure le suivi et l’évaluation des actions entreprises par ces communautés. En même
temps, il a aussi la responsabilité d’assister techniquement ces communautés.
1) Les acteurs dans le transfert de gestion des ressources naturelles :
Le transfert de gestion des ressources naturelles résulte d’une politique de
décentralisation de l’Etat. C’est un contrat tripartite incluant :77
� la communauté locale de base constituée par un groupe de personnes uni par un
même intérêt sur les ressources naturelles et qui obéit à une règle d’organisation.
� la Commune représentée par le maire de la région
� l’Etat
77
Office national pour l’environnement, 1996. Op. cit, p. 3
36
L’existence et l’exigence de ces différentes parties visent à faciliter l’appropriation des
pouvoirs sur les ressources par la communauté locale.
Mais cette appropriation se fait en plusieurs étapes.
2) Le mécanisme de transfert
La communauté qui veut bénéficier des ressources doit déposer au près de la
Commune une demande de transfert de gestion. Cette demande peut se porter sur une ou
plusieurs ressources présentées sur une liste de ressources susceptibles d’être transférées, mais
il incombe à la Commune par l’intermédiaire du maire de la Commune de rattachement des
ressources de décider.78
Donc le maire peut accorder une réponse positive mais également une réponse
négative. Toute fois, ce refus n’est pas définitif car la communauté pourra demander encore
un transfert de gestion. Dans le cas d’une réponse favorable, les parties signent un contrat de
gestion.
C’est après signature du contrat de gestion que la communauté peut recevoir
l’agrément de l’autorité compétente qui a une durée de 3 ans. Il faut noter que cet agrément
est renouvelable jusqu’à 10 ans.
Après avoir vu les différentes étapes du transfert de gestion des ressources naturelles,
il est important de voir également les droits et obligations des parties concernées.
3) Le contenu du contrat
Le contrat de gestion définit les droits et les obligations de chaque partie.
a) Les droits et obligations de la communauté de base
Etant comme propriétaire des ressources dont elle a la responsabilité, la communauté
de base a droit à la gestion de l’accès à ces ressources, à les exploiter et les valoriser.79 Les
ressources que ce soit en nature, soit en numéraire provenant des ressources naturelles sont à
la communauté après versement de redevance à l’Etat.
L’exploitation doit cependant être conforme aux règles définies dans le contrat de
gestion.
78
Office national pour l’environnement, 1996. Op. cit, p. 3 79
Office national pour l’environnement, 1996. Op. cit, p. 5
37
La communauté de base doit être également régie et organisée par des règles
spécifiques.
b) L’organisation de la communauté :
L’organisation au sein de la communauté de base se fait, en général, à l’aide des règles
coutumière mais pas par des lois légales.80 La plupart du temps, la communauté de base est
organisée par le moyen des Dina81 que les membres du groupe acceptent. Il se peut que dans
certain cas il n’existe pas, donc il revient à la communauté de le définir.
La gestion des ressources naturelles par la population, par le niveau local, par la
communauté est devenue importante à tel point que l’Etat a élaboré une loi régissant cette
gestion. Depuis la mise en place de cette loi en 1996 plusieurs Régions de Madagascar ont
procédé au transfert de gestion de quelques ressources environnementales.
Ces transferts de gestion des ressources naturelles ont pour but de responsabiliser la
population locale mais également ils sont liés à l’objectif mondial pour la préservation de
l’environnement. Cela nous amène au chapitre suivant.
80
Office national pour l’environnement, 1996. Op. cit, p. 5 81
Règles issues des pratiques coutumières que la population s’accorde à accepter, sa transgression peut
s’accompagner de sanction qui porte sur le paiement d’une certaine somme d’argent, sur l’exclusion sociale.
38
Chapitre III : Le développement et la protection de l’environnement
Toutes les actions entreprises par les différents agents économiques visent d’une façon
ou d’une autre au développement. Nombreux sont les concepts de développement allant de la
simple croissance économique, passant par le développement social pour arriver au
développement durable.
Dans ce chapitre, pour plus d’éclaircissement, nous allons voir comment arriver à un
développement durable et les idées qui lui sont associées.
I. Le concept de développement durable
Suivant les époques et les pensées dominantes, on a plusieurs définitions et
conceptions du développement.
A. Le développement économique
Ici, nous désignons par libéral à la fois les classiques et les néoclassiques du fait qu’il
n’y a pas de grande distinction entre eux. En effet, ils sont unis par le capital.82
Pour eux, la croissance économique est égale au développement. Le développement
est défini comme un processus de satisfaction des besoins matériels sur le marché.83 Lorsqu’il
y a donc croissance de la production, il y automatiquement développement. Evidement, pour
avoir cette croissance de la production, il y a des facteurs de production autres que le capital :
les ressources naturelles (terre) et le travail mais la part de chaque facteur dans la croissance
n’est pas égale. Le capital est important car l’augmentation rapide du capital est la base de la
croissance économique.84 On a alors l’équation suivant :
Y = f (L, T, K)
Ainsi, les pays développés sont ceux qui ont un niveau de production élevée et les
PED sont ceux à faible niveau de production. Ils ne prennent pas compte de l’aspect social.
B. Le développement social
La définition libérale du développement est insuffisante, en effet, la croissance
économique est différente du développement. Le développement est considéré comme la
82
T. Mandrara, 2009. Cours d’économie politique, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie –
Université d’Antananarivo. 83
F. Andriamalala, 2009. Op. cit, 84
Rostow cité par F. Andriamalala, 2009. Op. cit,
39
satisfaction des biens et services collectifs tels la santé, l’éducation, la sécurité, … Il a été
soulevé lors du sommet de Copenhague en 1995.85
La croissance économique est une condition nécessaire au développement mais pas
suffisante. La croissance est seulement une augmentation de la production et le
développement est l’effet de cette croissance sur la population. Une croissance de la
production sans meilleure répartition équitable de cette production ne signifie pas
développement, cela ne fait que renforcer les inégalités entre les couches sociales.
Que ce soit le développement économique, ou le développement social, il n’y a pas
prise en compte de l’environnement, de l’écologie dans le développement. Nous pouvons
alors prendre la définition du développement de F. Perroux comme quoi le développement est
«la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à
faire croitre cumulativement et durablement son produit réel et global »86 et de Bairoch qui
stipulait que «Le développement c’est le changement social, économique, technique et
institutionnel lié à une augmentation du niveau de vie et à une évolution technologique et
organisationnelle ».87
C’est après cela que l’on voit apparaître le concept de développement soutenable.
C. Le développement durable
Avant d’entrer dans le détail, il est nécessaire de souligner qu’il y a une nuance entre «
développement soutenable » et « développement durable ». D’abord, le développement doit
être durable, c’est à dire un développement qui peut durer longtemps. Il ne suffit pas
seulement d’avoir un développement, il faut que ce développement continue pour le long
terme. Ensuite, pour être durable, le développement doit être soutenable c'est-à-dire un
développement qui peut être enduré, supporté par l’homme, par la nature ou les ressources de
l’environnement. C’est ainsi que nous pourrons dire que le développement soutenable a pour
synonyme le « développement écologiquement viable »88.
Le développement durable se définit comme « le développement qui répond aux
besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux
leurs »89, mais le concept était déjà développé depuis 1980 où il est traduit de l’anglais
85
F. Andriamalala, 2009. Op. cit, 86
F. Perroux cité par F. Andriamalala, 2009. Op. cit, 87
Bairoch cité par F. Andriamalala, 2009. Op. cit, 88
Banque Mondial, 1992.Op. cit, p. 8 89
G. Grarnier et al, 2006. Op. cit, p. 3
40
sustainable development dans l’ouvrage « la stratégie mondiale pour la Conservation » de
l’Union internationale de Conservation de la Nature. Il vise à concilier écologie, économie et
social et trouver un optimum entre ces trois éléments de façon à ce que la productivité globale
fasse plus que compenser les pertes dues aux activités économique qui appauvrissaient les
ressources naturelles.
Le développement a connu diverses définitions et appellations, actuellement, on a à
faire face au développement soutenable. Pour la suite, on va voir les éléments pris en
considération dans ce nouvel type de développement.
II. L’approche systémique du développement
Un système est composé de plusieurs éléments qui sont en étroite dépendance et
organisés d’une certaine manière. Pour Condillac, le système est une disposition d’élément
dans un ordre où ils se soutiennent mutuellement, l’ensemble est dans chaque élément et
chaque élément n’a de sens que s’il appartient à un ensemble.90 C’est dans ce sens qu’il faut
comprendre la nouvelle conception du développement.
Le développement, c'est-à-dire aussi la lutte contre la pauvreté, doit prendre en compte
trois éléments important : l’économie, le social et un nouvel élément sur lequel les deux
éléments précédent sont liés : l’écologie.
A. L’aspect écologique du développement
Conscient de la destruction, de la dégradation de l’environnement (désertification,
réchauffement climatique, …) et des externalités négatives qui leurs sont associées, la
nécessité de mieux gérer l’environnement est devenue une priorité. Le développement doit
tenir compte de l’environnement car il ne suffit pas seulement de satisfaire les besoins du
présent mais également des générations futures, il doit être respectueux de l’environnement.
Nous pouvons arriver à cela en répondant à la question «Que devons- nous laisser à nos
enfants et à nos petits-enfants pour qu’ils aient le maximum de chances de ne pas vivre plus
mal que nous ? »91.
Il faut alors préserver l’environnement, mettre en œuvre des actions de pérennisation
des ressources naturelles lors de la recherche de croissance économique pour que les
générations futures peuvent en bénéficier.
90
B. N. Richard, 2009. Cours d’économie de la santé, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie
– Université d’Antananarivo. 91
Banque Mondial, 1992.Op. cit, p. 8
41
B. L’aspect économique du développement
La croissance économique est une condition nécessaire au développement. Il faut
favoriser la croissance économique, l’augmentation de la production pour satisfaire les
besoins exprimés par la population. Cette croissance économique doit tenir compte des deux
autres éléments : elle doit se traduire par l’amélioration des niveaux de vie de la population
sans pour autant nuire à l’environnement. En effet, si autrefois, la croissance économique ne
consistait qu’à l’augmentation de la production en ignorant les impacts de celle-ci sur la
population mais surtout sur l’environnement, désormais, elle doit évaluer les externalités que
peuvent subir la population et l’environnement.
Nous pourrons penser qu’on ne peut pas avoir une croissance économique et une
conservation de l’environnement à la fois car la croissance économique vise à l’augmentation
de la production par l’exploitation des ressources naturelles. Donc, il faut choisir entre
croissance économique ou protection de l’environnement. Or, ce n’est pas toujours le cas, en
effet, croissance économique et conservation de l’environnement ne sont pas contradictoires.
Pour qu’une croissance économique soit écologiquement viable, il faut non pas produire
moins, mais produire différemment, changer le mode de consommation des ressources
naturelles, utiliser des technologies de production qui respectent le plus l’environnement mais
apportent la même croissance désirée. Le graphique illustre ce fait que croissance et
conservation de l’environnement ne sont pas contradictoires.
42
Figure 6 : La relation entre croissance économique et conservation de l’environnement
Source : B. N. Richard, 200892
C min : croissance minimum et E min : effort minimum
Dans un premier temps, la mise en œuvre de politique de conservation de
l’environnement provoquera un ralentissement de la croissance économique, mais on assiste
également à une amélioration des conditions de vie comme la santé. Ce ralentissement de la
croissance économique s’explique par le fait qu’il n’y a pas adéquation automatique entre la
croissance économique et le changement de mode de production. Le ralentissement de la
croissance économique continue jusqu’à ce qu’elle atteint un niveau minimum C min
correspondant à un effort de conservation de l’environnement E min.
Ce n’est qu’à partir de ce seuil qu’on assiste à l’augmentation de la croissance
économique et la protection de l’environnement car il y a déjà adaptation entre eux. A partir
de ce seuil, on a une relation positive entre croissance économique et environnement : plus les
efforts fournis pour la protection de l’environnement augmentent, plus la croissance
économique est importante.
On peut alors avoir à la fois croissance économique et protection de l’environnement,
donc on peut assurer également la satisfaction des besoins des générations futures.
92
B. N. Richard, 2008. Cours d’économie internationale, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de
Sociologie – Université d’Antananarivo
Croissance
économique
Effort de conservation de l’environnement et temps
C min
E min
43
Si tel est l’aspect économique du développement, en quoi l’aspect social est-il
important ?
C. L’aspect social du développement
La gestion de l’environnement est importante pour le développement. Sans bonne
gestion de l’environnement, nous ne pouvant pas avoir un développement. La relation inverse
est aussi importante et c’est peut être là qu’il faut mettre l’accent car sans développement, il
ne peut y avoir bonne gestion de l’environnement. La lutte contre la pauvreté est primordiale
pour conserver l’environnement, il faut satisfaire les besoins essentiels ou fondamentaux.93 En
effet, la majorité de la population mondiale, surtout dans les PED comme Madagascar, sont
pauvres et assurent leur survie, en général, par l’exploitation des ressources naturelles. Par
exemple, l’agriculture qui est basé sur l’exploitation du sol. En effet, dans ces pays,
l’utilisation de technologie est faible ; ce qui fait que s’ils veulent augmenter leur production,
il faut qu’ils exploitent au maximum le sol. Il y a également l’exploitation forestière qui est
destinée surtout à la consommation, c'est-à-dire le bois de chauffe et parfois, à l’exportation
comme celle des bois précieuses. Pour pouvoir espérer une gestion de ces ressources
naturelles, il faut sortir les pauvres de cette situation, leur donner une meilleur condition de
vie, les amener à ne plus être dépendants des ressources naturelles. Or, cela semble être
impossible car la population ne cesse d’augmenter.94 Cela signifie également que la demande
augmente et par conséquent, il y a persistance de l’exploitation. Une politique de réduction de
la population s’impose donc.
Donc, dès que nous parlons de développement soutenable, il faut avoir en tête qu’il y
a toujours ces trois piliers. Nous pouvons schématiser cela de la manière suivant :
93
Voir classification des besoins selon Maslow 94
H. B. A. Rakotonirina, 2009. Op. cit, p. 9
44
Figure 7 : Schéma du développement durable
Source : Wikipédia95
Pour qu’il y a développement durable, il faut que le développement soit vivable sur le
plan social et écologique, équitable économiquement et socialement et enfin, viable sur le
plan économique et écologique. Il faut donc trouver l’équilibre entre ces trois bases sans
lesquelles un développement ne peut être soutenable et durable.
Mais à partir de cette relation apparaît un problème qui est le problème d’équité que ce
soit entre la population, soit entre les pays mais surtout entre les générations. La solution à
cela est l’exploitation optimale des ressources naturelles.
III. L’exploitation rationnelle des ressources naturelles
Le développement durable est devenu un objectif planétaire, pour l’atteindre il faut
résoudre le problème d’équité.
A. L’équité en économie
Le problème d’équité survient dès qu’on parle de développement durable car il
implique un équilibre entre trois élément : économie – société – environnement mais il y a
également une notion de temps.
95
http://fr.wikipédia.org/développementdurable
45
� Equité intra générationnelle
Chaque être humain doit avoir le même droit aux ressources de l’environnement. Les
ressources naturelles doivent être accessibles à tout individu qui désire y avoir accès. Il en
découle qu’une certaine justice, égalité et impartialité doit exister dans la répartition des
ressources entre les hommes constituant la population d’un pays et entre les pays. C’est une
équité intra générationnelle car elle ne fait pas référence à des générations futures, la variable
temps est dans ce cas ignorée. Elle vise d’abord à la satisfaction des besoins de chacun et
l’accroissement du bien être dans un pays, et ensuite à la réduction des inégalités, écarts entre
les pays développés et les PED.
En plus, de cette équité intra générationnelle il y a également une autre équité liée au
temps.
� Equité intergénérationnelle
Il s’agit de la prise en compte du futur : nous avons le droit d’utiliser les ressources
naturelles existantes mais nous avons également le devoir d’en assurer la pérennité pour les
générations prochaines. Ce qui fait que «Chaque génération devrait avoir à cœur de laisser
derrière soi un monde au moins plus riche et productif que celui dont elle a hérité. Le
développement d’une société ou d’une génération ne doit pas s’exercer au détriment de celui
des autres sociétés ou générations »96. Nous avons alors un objectif inter-temporel que
nombreux auteurs ont essayé de modéliser en lui associant un taux d’actualisation. La
méthode consiste en la maximisation de la somme de l’utilité individuelle des agents présents
et futurs. Chaque date peut être alors pondérée en utilisant un taux d’actualisation. S’il est
fixe, alors les décisions seront cohérentes temporellement, c’est à dire que le passage du
temps ne les modifiera.97 Le problème est maintenant de savoir quel taux doit-on utiliser pour
assurer cette équité intergénérationnelle. Pour répondre à cela, il faut comprendre que les
avantages d’un investissement que ce soit en capital physique, ou en capital humain ne durent
qu’à court terme, alors que ceux tirés d’un environnement intact est à long terme. Un agent
décide d’exploiter les ressources naturelles si le rendement espéré actuellement est supérieur
au rendement espéré futur de l’exploitation. Nous disons alors que l’agent a une préférence
pour le présent.98 Il faut donc appliquer un taux faible pour bien gérer les ressources naturelles
96
Union mondiale pour la nature, 1991. Sauver la Planète – Stratégie pour l’avenir de la Vie, Gland (Suisse), p.
14 97
P. Bontens et al, 1998. Op. cit, p. 113 98
M. Ravelomanana, 2008. Op. cit,
46
et assurer leur pérennité. Certaines études ont montré que le taux actuel est de 2 % à 6 %, ce
qui accorde peu d’importance à ce qui se passera dans 100 ans, il doit être nul pour espérer
une pérennité de l’environnement car à ce taux égal à zéro, les agents économiques décideront
d’exploiter dans le futur.99 Le seul problème est que nous sommes dans un cas de préservation
extrême des ressources naturelles mais pas d’une utilisation rationnelle de celle-ci, donc on ne
peut pas avoir de croissance économique et développement.
Comment pourrait-on alors avoir un développement qui respecte l’équité intra et
intergénérationnelle ?
B. L’exploitation optimale des ressources naturelles
Le mot optimum a été initié par Pareto pour désigner une situation entre le
consommateur et le producteur, donc utilisé notamment sur le plan microéconomique. Il ne
désigne pas nécessairement le maximum. Une situation est dite optimale lorsqu’on ne peut
plus améliorer le bien être d’un individu sans diminuer celui d’au moins un autre. Le
graphique suivant illustre cela :
Figure 8 : L’optimum de Pareto sur un marché quelconque
Source : B. N. Richard100
99
H. Rajaoson, 2009. Op. cit, 100
B. N. Richard, 2005. Cours de microéconomie, Faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie –
Université d’Antananarivo.
Prix
Quantité
O
P*
Q*
Demande Offre
47
Ici, nous avons sur l’axe des abscisses les quantités demandées par les consommateurs
et les quantités offertes par l’entreprise et sur l’axe des ordonnées les prix.
Sur le marché, la demande est en fonction décroissante du prix et l’offre est fonction
croissante du prix. Les consommateurs cherchent à maximiser leur satisfaction tandis que les
producteurs cherchent à maximiser leurs profits. Tant que la demande est supérieure à l’offre,
le producteur va augmenter la production mais en même temps le prix, donc la demande va
diminuer, jusqu’à ce que la demande soit égale à l’offre au point O du graphique.
A ce point O, nous avons un optimum au sens de Pareto associé à un prix P* et une
quantité Q* sur le marché.
Nous utiliserons ce concept pour déterminer jusqu’à quel degré nous pouvons avoir
une croissance économique, un bien être, un développement et une exploitation des ressources
naturelles qui vont ensemble dans le respect de l’équité mais en ajoutant la célèbre courbe de
Laffer sur les ressources fiscales101 appelée également courbe logistique mais appliquée au
domaine de l’environnement.
Nous aurons alors le graphique suivant tel que sur l’axe des abscisses se trouve
l’exploitation de l’environnement, la pression qu’exerce la population sur les ressources
naturelles et sur l’axe des ordonnées se trouve tous les biens que l’on peut tirer de
l’exploitation de cet environnement comme la croissance économique d’où le développement,
le bien être des individus et de la population.
101
M. A. Laffer cité par J. P. Cendron, C. D. Echaudemaison et M. C. Lagrange, 1982. Economie et société françaises : dossiers de sciences économiques et sociales, Fernand Nathan, p. 381
48
Figure 9 : Courbe logistique de la croissance économique et de l’exploitation de
l’environnement102
Nous avons une courbe en cloche allant d’un taux d’exploitation environnementale de
0 % jusqu’à 100 %. A ces deux taux limites, on associe une croissance économique nulle.
D’abord si on n’exploite pas les ressources naturelles, on ne peut pas produire, le seul
avantage est que l’environnement est préservé. Ensuite, une exploitation de l’environnement
ne doit pas être excessive, ne doit pas dériver en surexploitation car cela provoquera le même
effet que dans le cas où on n’a pas exploité mais en plus on assiste à la disparition de
l’environnement.
On constate également qu’à chaque taux croissance économique, on peut associer
deux taux d’exploitation différents sauf à l’optimum. Dans le graphique, on a un taux T1 < T2,
ils sont associés à un même taux de croissance économique. Ce qui différencie ces deux taux
est le degré d’exploitation et de destruction de l’environnement. Si on est amené donc à faire
un choix entre ces deux taux étant donné que le résultat est le même, il faut donc prendre le
taux T1.
A niveau maximal de taux de croissance économique a* et un taux de pression sur
l’environnement de T*, on a un optimum E* : on ne peut plus augmenter la croissance
économique par l’augmentation des pressions sur l’environnement, cela provoquerait un effet
102
Inspirée de J. P. Cendron et al, 1982. Op. cit, p. 381
E *
Exploitation de
l’environnement et
pression sur
l’environnement
Croissance
économique
Bien être
0 % 100 % T* T 1 T 2
a
a*
49
contradictoire car plus on va augmenter l’exploitation des ressources naturelles plus la
croissance économique et la dégradation du bien être de la population vont se détériorer.
En somme, on peut diviser la courbe en deux parties :
� A gauche de T* : les augmentations de l’exploitation des ressources naturelles
engendreront une augmentation de la croissance économique et éventuellement du bien être
de la société, l’aggravation de la pression sur l’environnement naturelle est acceptable car le
surplus tiré de cette exploitation couvre largement ses effets et permet d’investir sur
l’amélioration et la protection de l’environnement.
� A droite de T* : toute augmentation de l’exploitation des ressources naturelles
provoquera une baisse plus que proportionnelle de la croissance économique et du bien être
de la société. L’augmentation de la pression sur l’environnement est dans ce cas inacceptable
car le surplus tiré ne permet pas de couvrir les effets causés par cette exploitation.
L’exploitation optimale des ressources naturelles consiste donc à trouver une situation
où l’on peut assurer la pérennité de l’environnement par le réinvestissement de surplus tiré de
l’exploitation environnementale et qu’à partir de cette situation on ne peut pas assurer cet
recouvrement. Ce n’est que dans ce sens que l’on peut assurer une équité surtout une équité
intergénérationnelle.
Cela nous amène à voir la réalité de ces théories par des illustrations.
IV. Illustration de la gestion communautaire à travers la zone d’Andapa
L’Etat avait, pendant plus de 70 ans, le monopole de la gestion des ressources
naturelles à Madagascar.103 Cependant, les résultats sont minimes pour faute de moyen
financier, matériel et humain. C’est pour cette raison que la gestion communautaire a pris une
grande importance dans la préservation des ressources naturelles. Cette gestion
communautaire s’est matérialisée par des transferts de gestion.104 L’illustration de cas de la
zone d’Andapa nous permettra de constater les résultats de tel type de gestion. Nous allons
d’abord voir dans ce chapitre la présentation de la zone d’Andapa, ensuite, les caractéstiques
de la gestion et enfin, les résultats de la gestion communautaire dans la zone.
Nous tenons également à souligner que notre étude est basée sur des données
secondaires surtout celles de T. M. Randrianalijaona (2008).
103
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 129 104
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 129
50
A. La présentation de la zone d’Andapa
La zone d’Andapa est située au Nord-Est de Madagascar. Elle possède deux aires
protégées : le Parc National de Marojejy au Nord et le réserve national d’Anjanaharibe-Sud à
l’Est.105 La zone comprend deux sites dans lesquels nous pourrons voir la gestion
communautaire : le site d’Antsahameloka et le site de Belambo-Lokoho.
1) Le site d’Antsahameloka
Il est rattaché à la Commune rurale d’Ambalamanasy II et se trouve à 16 Km du chef-
lieu de district d’Andapa. Il est composé de 200 ménages environ avec 1 100 habitants qui
s’étendaient sur un terroir de 771 Ha environ.106
Les activités économiques sont caractérisées par le secteur agricole du fait que le site
se trouve dans la cuvette d’Andapa. La riziculture occupe la première place et ensuite, la
culture de vanille qui fait travailler 65 % des ménages.107
2) Le site de Belambo-Lokoho
Le site de Belambo-Lokoho est composé de deux villages : le village de Belambo-
Lokoho et le village d’Anjialava.108 Le site s’étale sur une superficie de 3455 Ha avec une
population de 2 500 habitants environ en 2002.109
Les activités économiques y sont dominées par les activités agricoles telles la
riziculture et la culture de rente.110 Dans toutes ces activités, la pratique du tavy domine pour
la recherche de terre cultivable. Le secteur du commerce existe également et concerne
l’échange de surplus de production des activités citées précédemment.
Nous pourrons donc constaté que la zone d’Andapa est une petite zone mais elle
possède des réserves de ressources naturelles importantes. Cependant, comme l’a énoncé G.
Hardin, toute ressource en accès libre est vouée à la surexploitation. C’est pour cette raison
que des mesures ont été prises dont le principal est le contrat de transfert de gestion qui a
plusieurs caractéristiques.
105
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 150 106
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 152 107
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 152 108
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 153 109
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 153 110
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 154
51
B. Les caractéristiques du contrat de transfert de gestion dans la zone
d’Andapa
Que ce soit dans le site d’Antsahameloka ou dans le site de Belambo-Lokoho, le
contrat de transfert de gestion présente quelques points communs.
� D’abord, le transfert de certaines responsabilités et la définition des fonctions
au niveau des VOI étaient longue et cela à cause de la sensibilisation de la population et de
leur éducation.111 Cela peut être vu d’une part comme un point négatif car il y a un retard et
un coût important pour les formations mais d’autre part, il est avantageux car une population
bien instruite est plus réceptive.112
� Ensuite, les contrats de transfert de gestion dans la zone d’Andapa a permis la
mise en place d’organismes d’appui qui prenaient en charge du financement des
sensibilisations et des formations.113
� Enfin, presque toutes les gestions communautaires ont été basées sur
l’utilisation de règles coutumières comme le Dina.
Cependant, le transfert de gestion dans cette zone présentait des risques. Le contrat ne
stipulait pas clairement les membres du vondron’olona ifotony (VOI), pour le cas du site de
Belambo-Lokoho; ce qui pourra provoquer une confusion entre VOI dont les membres doivent
payer des frais d’adhésion et fokonolona constitué par la population âgée d’au moins 18
ans.114 En plus de cela, le contrat de transfert de gestion est très rigide car il oblige le membre
pendant une durée de 3 ans dans la résiliation vient seulement des services techniques.
Le contrat de transfert de gestion présente des points positifs mais également des
points négatifs. Ils sont liés, en général, à la nature même du contrat. La mise en application
de ce contrat nous a permis de constater plusieurs résultats.
C. Les résultats du contrat de transfert de gestion dans la zone
d’Andapa
La mise en œuvre de la gestion communautaire dans la région d’Andapa a eu
des impacts sur le plan social, sur le plan économique et sur le plan environnemental
111
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 247 112
H. Ramiarison, 2008. Op. cit, 113
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 247 114
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 249
52
1) Impacts dans le site d’Antsahameloka
a) Sur le plan social
Le site d’Antsahameloka est relativement petit. De ce fait, les membres du VOI
s’organisent facilement. Les échanges entre les membres sont fréquents ; ce qui facilite le
contrôle. Tout cela a fait que sur le plan social, la gestion communautaire dans notre site a eu
des impacts considérables.115
b) Sur le plan économique
Les impacts économiques de la gestion communautaire de notre site sont nombreux.
D’abord, cela a permis de créer des emplois, cela implique également des créations de
revenus comme les indemnités, les amendes, ...
Ensuite, le site d’Antsahameloka a bénéficié de la création de nombreuses
infrastructures comme les routes qui constituent des d’opportunité.
Un des impacts de la gestion communautaire dans notre site est la valorisation de
nouvelles filières comme la pisciculture où une dizaine de ménages commençaient à y
pratiquer.116
c) Sur le plan environnemental
Avec la gestion communautaire des ressources naturelles, le site a pu disposer de plan
d’aménagement et de plan de gestion.117 Cependant, bien que des plans existent, ils sont
parfois ignorés. En effet, même si les membres du VOI aidés par les partenaires assurent le
contrôle et le respect des plans, il y a toujours des infractions et des irrégularités.
En somme, nous pouvons constater que de par sa petite dimension, l’application de la
gestion communautaire dans le site d’Antsahameloka a apporté des améliorations importantes
sur le plan social par la modification des relations entre la population, sur le plan économique
par la création d’emploi et sur le plan environnemental en donnant au site des plans
d’aménagement et de gestion pour la préservation des ressources de l’environnement.
Parralèllement à la gestion des ressources naturelles dans le site d’Antsahameloka, le
site de site de Belambo-Lokoho a présenté également des impacts sur les trois plans cités
précédemment.
115
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 264 116
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 268 117
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 274
53
2) Impacts dans le site de Belambo-Lokoho
Le site de Belambo-Lokoho est l’un des sites où la gestion communautaire a été
appliquée et a eu divers résultats. Nous pouvons constater cela à trois niveau : au niveau de la
société, au niveau de l’économie et au niveau de l’environnement.
a) Sur le plan social
Le site de Belambo-Lokoho s’étale sur une plus grande superficie que celle du site
d’Antsahameloka. Cela a eu pour conséquence que les retombées de la gestion
communautaire dans ce site sont relativement peu significatives.118 Cela peut s’expliquer par
des raisons diverses :
- la communication est difficile à établir : même s’il y a des infractions, elles ne
sont pas rapportées à l’autorité compétente,
- les règles sont faiblement appliquées avec un taux de 30 %,119
- comme nous l’avons vu précédemment, le contrat de transfert de gestion dans
le site de Belambo-Lokoho ne faisait pas la distinction entre membre de VOI et fokonolona,
- les VOI sont peu sensibilisés et peu mobilisés car il n’y avait de distinction
entre les membres et les fokonolona.
Cependant, nous pouvons constater des améliorations comme l’approche genre. En
effet, c’est dans ce site qu’il avait des femmes qui ont eu des responsabilités dans la gestion
des ressources naturelles.
Donc, sur la dimension sociale, les impacts de la gestion communautaire dans notre
site sont relativement faibles même si elle a apporté des innovations.
b) Sur le plan économique
Les impacts du contrat de transfert de gestion dans le site de Belambo-Lokoho
présentent quelques différences avec ceux du site d’Antsahameloka.
Au niveau de la création d’emploi, nous avons constaté le même fait que dans le site
d’Antsahameloka. Cependant, il n’y avait pas d’augmentation de revenu liée à la création
d’emploi car les indemnités sont de même taux que le salariat agricole.120
118
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 264 119
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 265 120
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 271
54
Contrairement au site d’Antsahameloka, dans le site de Belambo-Lokoho, il n’y avait
pas encore de création d’infrastructures par les fonds propres des VOI.
Nous avons constaté également qu’il n’y avait pas eu naissance de nouvelles filières et
les produits sont vendus sans transformation.121
Au niveau économique, le contrat de transfert de gestion dans le site de Belambo-
Lokoho a apporté peu d’amélioration.
c) Sur le plan environnemental
Le site disposait de plan d’aménagement et de plan de gestion des ressources
naturelles. Cependant, à cause des raisons citées précédemment,122 l’application de ces plans
était contrainte et n’a que des faibles impacts sur le plan environnemental, de plus que les
plans ne sont pas respectés.
V. Vérification empirique des théories sur les ressources naturelles
Cette partie nous permet d’analyser la pertinence des théories comparée à ce qui se
pratique sur le terrain. La comparaison des études théoriques et l’illustration à travers la
gestion communautaire de la zone d’Andapa nous a aidé dans cette analyse. D’après cette
comparaison, plusieurs points sont à mettre en évidence.
D’abord, les CPR sont à la base de la « Tragédie des communaux »123. En effet, une
des caractéristiques de ces ressources naturelles est que leur accès est libre et de ce fait, elles
sont surexploitées. Dans la réalité, ce phénomène est généralement vérifié. Cependant, le fait
que certaines ressources naturelles sont en accès libre est insuffisant pour expliquer la tragédie
des communaux. Une ressource naturelle que la population n’a pas besoin ne fera pas
nécessairement l’objet d’une surexploitation même si elle est en accès libre. Cela explique le
fait que certaines ressources naturelles sont surexploitées par rapport aux autres même si elles
sont toutes en accès libre.
Ensuite, la limitation d’accès aux ressources naturelles semble être une meilleure
solution pour éviter la tragédie. Cette limitation d’accès passe pour G. Hardin par
l’établissement de droit de propriété individuel et pour d’autres comme Ostrom par la gestion
communautaire. Cependant, dans l’un ou dans l’autre cas, il a toujours des obstacles lorsqu’on
les met en pratique. En effet, ces différentes mesures constituent des changements
121
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 271 122
H. B. A. Rakotonirina, 2009. Op. cit, p. 53 123
H. B. A. Rakotonirina, 2009. Op. cit, p. 19
55
institutionnels qui occasionnent des coûts importants et que leur efficacité dépend des
comportements des agents économiques. Le cas du site de Belambo-Lokoho nous a montré,
par exemple, que même s’il y avait des plans d’aménagement et des plans de gestion des
ressources naturelles, les résultats étaient faibles car les acteurs adoptaient des comportements
déviants.
Enfin, nous pouvons remarquer que le problème des CPR était toujours traité à plus
petite échelle. En effet, selon E. Ostrom et McKean, une des conditions de réussite de la
gestion communautaire des ressources naturelles est que la communauté gestionnaire des
ressources naturelles doit être de petite taille.124 Cependant, actuellement, le problème ne se
situe plus sur une petite zone mais à l’échelle mondiale comme l’épuisement de la couche
d’ozone, le changement climatique, … La question qui se pose est alors de savoir s’il est
possible de traiter ces problèmes à partir des expériences tirées des gestions des CPR.
Les théories sont très pertinentes et peuvent servir de cadre très utile dans la dans la
conception de projet. Cependant, certaines d’entre elles peuvent être vérifiées et d’autres non.
Cela résulte du fait que les réalités sur les terrains sont différentes : une hypothèse vérifiée
dans une situation peut ne pas être dans une autre.
124
T. M. Randrianalijaona, 2008. Op. cit, p. 308
56
Conclusion
En ces premières années du XXIème siècle, le changement climatique, la destruction de
la couche d’ozone, la rareté de l’eau et le phénomène de désertification menacent l’avenir de
l’humanité toute entière.
Tous ces phénomènes étaient les produits de l’homme lui même, de ses activités, des
institutions renforcées par l’irréversibilité des actions liées à l’environnement, l’asymétrie des
informations, des risques.
Il semble alors juste que c’est à l’humanité elle-même que revient l’obligation de
réparer ses erreurs et les dégâts occasionnés. Les problèmes de l’environnement et des
ressources naturelles ne sont plus l’affaire de quelques institutions seulement comme l’Etat et
le marché. Désormais, la gestion des ressources de l’environnement et la préservation de
l’environnement doivent partir de la base, c'est-à-dire de la population, de la communauté au
contact de ces ressources. Bien sur, ce n’est pas une chose facile mais l’Etat et le marché
doivent faciliter cela, ils doivent fournir des cadres de travail adéquats. Leur rôle n’est ni de
faire pression sur la population pour que ce dernière ne détruise pas, ni de faire profiter une
minorité mais de mettre en place un système de gestion incitatif : la gestion participative avec
ses impératifs.
Ce n’est que par cette approche « bottom up » que l’on peut espérer une amélioration
de l’état actuel des choses, en effet, des résultats de tel mode de gestion des ressources
naturelles sont déjà perçus dans de nombreux pays de l’Afrique : Madagascar, Côte d’Ivoire,
…
Cependant, cette approche participative ne doit pas être vue seulement comme une
protection extrême des ressources naturelles. Pour atteindre l’objectif de développement
durable, il faut avoir une nouvelle vision de la gestion de l’environnement. Le développement
durable étant un développement qui satisfait aux besoins de la génération présente sans
compromettre ceux de la génération future, pour satisfaire les besoins présents il faut
produire, exploiter la nature mais pour ne pas nuire à la capacité des générations futures de
satisfaire les leurs cette exploitation présente ne doit pas être excessive. Cela montre donc
qu’une exploitation optimale au sens de Pareto et qu’une vision systémique de trois éléments
Economie – Environnement – Société s’imposent.
Cela suppose donc des changements de comportement que ce soient de la part l’Etat
que de la part de la population. Des mesures permettront cela, elles consistent à corriger les
57
actions déjà entreprises, à inciter les agents économiques à adopter des comportements moins
destructeurs et à informer la population sur les externalités positives de l’environnement, les
conséquences de leurs activités ainsi que les informations sur les solutions existantes et leurs
coûts. L’éducation joue également un rôle important dans ces changements de comportement
car si on occupait la tête de la population, leurs cœurs et leurs mains suivront facilement.
Au terme de cette étude, nous pouvons dire que la protection de l’environnement et le
développement peuvent aller de paire à condition que la première renforce le second et vice
versa. Cependant, le problème n’est pas totalement résolu. En effet, dès qu’on change
d’échelle, le problème devient de plus en plus difficile à résoudre. Or, c’est cela qui persiste
aujourd’hui, on n’arrive pas créer une institution qui pourra règlementer effectivement la
gestion de l’environnement à l’échelle mondiale et les contrastes entre PD et PED ne cessent
de s’accentuer. Comment alors remédier à cela pour espérer une pérennité des ressources
naturelles? Comment se développer vraiment sans compromettre la biodiversité et les
générations futures ? C’est à nous, économistes et dirigeants, que revient la tâche d’apporter
des suggestions et des solutions à cette question.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages
1) B. Chavance. 2007. L’économie institutionnelle, Edition La découverte, Paris
2) D. Compagnon et F. Constantin, 2000. Administrer l’environnement en Afrique, Ed.
KARTHALA – IFRA
3) G. Granier et Y. Veyret, 2006. Développement durable, quel enjeu géographique ?,
Ed. La documentation française
4) J. P. Cendron, C. D. Echaudemaison et M. C. Lagrange, 1982. Economie et société
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DECOUVERTE
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la Vie, Gland
Mémoires et thèses
1) T. M. Randrianalijaona, 2008. Gestion Communautaire des Ressources Naturelles Et
Développement Durable: Dans quelles mesures les contrats de transfert de gestion à
Madagascar peuvent-ils contribuer durablement à la lutte contre la pauvreté en milieu
rural tout en préservant l’environnement ?, thèse de doctorat ès Sciences
Economiques. FAC DEGS – Université d’Antananarivo
2) T. RAKOTODRANAIVO, E. M. C. RAKOTONDRANDRIA, T. L.
RAKOTONDRASOA, D. A. A. RAKOTONIAINA, H. B. A. RAKOTONIRINA, 2009. Les
enjeux du transfert de gestion des ressources naturelles: Quelle est la pertinence de la théorie
sur la gestion des ressources naturelles dans la mise en œuvre de la gestion communautaire ?
FAC DEGS – Université d’Antananarivo
Rapports
1) A. TUYAGAGA, Les usages, les règles d’accès et les délimitations coutumières des
espaces naturels dans la forêt de Betoalana et leurs relations sur l’utilisation des
ressources naturelles renouvelables, 1998
2) Banque Mondiale, 1992. Rapport sur le développement dans le monde
3) Banque Mondiale, 2003. Rapport sur le développement dans le monde
4) Office national pour l’environnement, 1990. Charte de l’environnement malagasy
5) Office national pour l’environnement, 1996. Loi relative à la gestion locale des
ressources naturelles renouvelables
Articles
1) C. Hess et E. Ostrom, 2001. Artifacts, Facilities, And Content : Information as a
Common-pool Resource, http: //www.indiana.edu/workshop
2) E. Ostrom, 2003. Governing a Commons from a Citizen’s Perspective, Cambridge
University Press.
3) J. Ballet, 2007. La gestion en commun des ressources naturelles : une perspective
critique. http// développement durable.revues.org/index3961.html
Cours
1) E. T. Mandrara, 2005. Cours d’histoire de la pensé économique. FAC DEGS-
Université d’Antananarivo.
2) T. Mandrara, 2009. Cours d’économie politique. FAC DEGS – Université
d’Antananarivo
3) F. Andriamalala, 2009. Cours d’économie du développement. FAC DEGS-Université
d’Antananarivo
4) H. Rajaoson, 2009. Cours d’économie de l’environnement, FAC DEGS – Université
d’Antananarivo
5) H. Ramiarison, 2008. Cours de développement et croissance, FAC DEGS- Université
d’Antananarivo
6) M. Ravelomanana, 2008. Cours de microéconomie avancée. FAC DEGS-Université
d’Antananarivo
7) B. N. Richard, 2005. Cours de microéconomie, FAC DEGS – Université
d’Antananarivo
8) B. N. Richard, 2008. Cours d’économie internationale. FAC DEGS – Université
d’Antananarivo
9) B. N. Richard, 2009. Cours d’économie de la santé. FAC DEGS – Université
d’Antananarivo
10) L. Pierre, 2009. Cours d’économie industrielle et d’économie des réseaux. FAC DEGS
- Université d’Antananarivo
Sito-graphie :
� http://fr.wikipédia.org/développementdurable
� www.developpement-durable.gouv.fr
� WWW. ICONOMIX.CH/FR
� www.ifri.org
� www.indiana.edu/workshop
� www.un.org/esa/sustdev/natlinfo/indicators/isd.htlm
Nom : RAKOTONIRINA
Prénoms : Hery Brice Antoine
Titre : LA GESTION PARTICIPATIVE DES RESSOURCES NATURELLES DANS L’OPTIQUE DE
DEVELOPPEMENT : ILLUSTRATION A TRAVERS LA ZONE D’ANDAPA
Nombres de pages : 57 pages
Tableaux : 2
Graphiques : 9
Résumé
L’exploitation des ressources naturelles est souvent liée à des externalités. La
destruction de l’environnement, comme la pollution de l’air, la déforestation et la
désertification, la destruction de la couche d’ozone, le réchauffement climatique, a provoqué
de nombreuses conséquences sur les activités économiques et sociales au niveau mondial.
Cela a rendu la gestion de l’environnement comme une nécessité.
Les causes de cette destruction de l’environnement sont multiples : l’explosion de la
population mondiale, la surconsommation des ressources de l’environnement, l’utilisation de
technologies polluantes mais également la défaillance des institutions comme l’Etat et le
marché. Les caractéristiques des ressources naturelles comme étant des biens communs et le
mode d’accès à ces ressources n’ont fait qu’accélérer la dégradation de l’environnement.
Face à ces problèmes et compte tenu de l’aspiration d’un développement durable, la
gestion participative des ressources naturelles apparaît comme une meilleure solution. Elle
permettra de responsabiliser la population, les communautés locales de bases dans la gestion
des biens qui les concernent. Cependant, l’application des théories sur les terrains doit tenir
compte des réalités sur ces terrains. Les théories sont nombreuses mais il faut choisir celle(s)
qui convient (ennent) le mieux à la situation. En même temps, les enseignements pratiques
peuvent également servir pour améliorer les théories.
Mots clés : environnement, ressources naturelles, dégradation de l’environnement, gestion des ressources naturelles, gestion participative, gestion communautaire, communauté, transfert de gestion, développement durable.
Encadreur : RANDRIANALIJAONA Tiana Mahefasoa
Adresse de l’auteur : Lot II I 71 Mangarivotra Faravohitra – TANA 101