Journal de la Fondation Edition Spéciale

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Edition spéciale - Rabat - Directeur de la Publication : Youssef El Bakkali E-mail : [email protected] - Site web : www.fm6education.ma - Call center : 080 200 8090 A travers ce numéro spécial, la Fondation Mohammed VI des Œuvres Sociales de l’Education-Formation souhaite rendre hommage à son président Feu Abdelaziz Meziane Belfkih, qui a été rappelé à Dieu le 9 mai dernier. A cet effet, ce numéro s’attache à restituer, autant que faire se peut, et sans pouvoir être exhaustif, l’œuvre du défunt et sa contribution aux divers chantiers et projets structurants de notre pays. Ce numéro évoque, non seulement la création et le développement de la Fondation Mohammed VI, où le regretté a joué un rôle éminent, mais aussi son travail sur la réforme du système national de l’éducation-formation, sa supervision de la préparation du rapport du cinquantenaire de l’indépendance ou encore sa participation à divers projets d’infrastructures majeurs réalisés par notre pays ces dix dernières années. Aussi, au-delà de son action, c’est à la personnalité de cet Homme d’exception auquel nous souhaiterions rendre hommage : un homme aux valeurs humaines fortes, au savoir-être exemplaire, guidé par des principes inébranlables et résolument dédié au seul service de la Nation. Pour mettre tout cela en lumière, ce numéro reprend des passages de ses allocutions, des articles de presse et des interviews qui lui ont été consacrés ainsi que des témoignages en hommage à sa mémoire. A Dieu nous sommes, et à lui nous retournons. M. Youssef EL BAKKALI Edito UN HOMME D’EXCEPTION «Une personnalité unique », c’est l’expression que l’on retient des témoignages de personnalités venues nombreuses à Taourirt rendre un dernier hommage à Feu Abdelaziz Meziane Belfkih, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, décédé à Rabat dans la nuit de dimanche 9 mai 2010 à l’âge de 66 ans. Les funérailles se sont déroulées dans son village natal en présence de S.A.R le Prince Moulay Rachid. Dans son message de condoléances adressé à la famille du défunt,le souverain souligne que la mémoire du disparu demeurera vivace dans son souvenir et dans le registre d’or de l’histoire du Maroc, de par ses loyaux services et son œuvre honorable durant toutes les missions et hautes responsabilités qu’il a eu à assumer, tant sous l’ère de S.M. le Roi Mohammed VI que durant le règne de feu S.M. Hassan II, que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde. sommaire C’est avec émotion et considération que nous rappelons les nobles qualités humaines du cher disparu, en tant que l’un de nos fidèles conseillers, qualités faites de grandeur d’âme, de patience dans l’épreuve, de clairvoyance, de pondération, de rectitude et de sagacité. Le Maroc perd ainsi l’un de ses fils dévoués et l’un des grands hommes d’Etat, au talent rarement égalé, tant il est connu par la compétence, l’abnégation et le dévouement dans l’accomplissement du devoir professionnel, l’engagement au service des causes nationales et la fidélité aux valeurs sacrées et aux constantes de la Nation… s’illustrant comme un modèle pour toute une génération, qui alliait amour sincère de la patrie et citoyenneté engagée. Extrait du message de condoléances adressé par S.M. le Roi Mohammed VI aux membres de la famille de feu Abdelaziz Meziane Belfkih. A midi, le cortège funèbre quitte le domicile familial, rapidement rejoint par les écoliers qui viennent grossir la foule. Les gamins se mêlent aux officiels, l’ouvrier au ministre. Le service d’ordre, débordé, réagit sans trop de zèle. Le moment est grave. Les clients du café “Le sixième sens” sont debout pour un dernier hommage au défunt. Cap sur la mosquée Imam Nafiî jouxtant le cimetière Arrahma. Le lieu de culte est assailli par des centaines de personnes. L’espace est saturé et les femmes ont droit à un espace réservé. Le prince Moulay Rachid arrive sur les lieux, peu avant la prière d’Addohr. Quelques minutes plus tard, le cercueil de Meziane Belfkih quitte la mosquée... l’émotion est à son comble… Numéro Spécial Edito Un Homme d’exception Sa biographie Ce qui gouvernait son action Retour sur le Rapport « 50 ans de développement humain au Maroc et pers- pectives pour 2025 La réforme de l’école, clef du développement du pays Témoignages P.1 P.1 P.2 P.6 P.3 P.9 P.15 Des obsèques sous le signe de l’émotion Extrait du reportage publié dans Telquel n°424

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Edition spéciale - Rabat - Directeur de la Publication : Youssef El BakkaliE-mail : [email protected] - Site web : www.fm6education.ma - Call center : 080 200 8090

A travers ce numéro spécial, la Fondation Mohammed VI des Œuvres Sociales de l’Education-Formation souhaite rendre hommage à son président Feu Abdelaziz Meziane Belfkih, qui a été rappelé à Dieu le 9 mai dernier. A cet effet, ce numéro s’attache à restituer, autant que faire se peut, et sans pouvoir être exhaustif, l’œuvre du défunt et sa contribution aux divers chantiers et projets structurants de notre pays. Ce numéro évoque, non seulement la création et le développement de la Fondation Mohammed VI, où le regretté a joué un rôle éminent, mais aussi son travail sur la réforme du système national de l’éducation-formation, sa supervision de la préparation du rapport du cinquantenaire de l’indépendance ou encore sa participation à divers projets d’infrastructures majeurs réalisés par notre pays ces dix dernières années. Aussi, au-delà de son action, c’est à la personnalité de cet Homme d’exception auquel nous souhaiterions rendre hommage : un homme aux valeurs humaines fortes, au savoir-être exemplaire, guidé par des principes inébranlables et résolument dédié au seul service de la Nation. Pour mettre tout cela en lumière, ce numéro reprend des passages de ses allocutions, des articles de presse et des interviews qui lui ont été consacrés ainsi que des témoignages en hommage à sa mémoire.A Dieu nous sommes, et à lui nous retournons.

M. Youssef EL BAKKALI

Edito UN HOMME D’EXCEPTION

«Une personnalité unique », c’est l’expression que l’on retient des témoignages de personnalités venues nombreuses à Taourirt rendre un dernier hommage à Feu Abdelaziz Meziane Belfkih, conseiller de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, décédé à Rabat dans la nuit de dimanche 9 mai 2010 à l’âge de 66 ans. Les funérailles se sont déroulées dans son village natal en présence de S.A.R le Prince Moulay Rachid.

Dans son message de condoléances adressé à la famille du défunt,le souverain souligne que la mémoire du disparu demeurera vivace dans son souvenir et dans le registre d’or de l’histoire du Maroc, de par ses loyaux services et son œuvre honorable durant toutes les missions et hautes responsabilités qu’il a eu à assumer, tant sous l’ère de S.M. le Roi Mohammed VI que durant le règne de feu S.M. Hassan II, que Dieu l’ait en Sa Sainte Miséricorde.

sommaire

C’est avec émotion et considération que nous rappelons les nobles qualités humaines du cher disparu, en tant que l’un de nos fidèles conseillers, qualités faites de grandeur d’âme, de patience dans l’épreuve, de clairvoyance, de pondération, de rectitude et de sagacité. Le Maroc perd ainsi l’un de ses fils dévoués et l’un des grands hommes d’Etat, au talent rarement égalé, tant il est connu par la compétence, l’abnégation et le dévouement dans l’accomplissement du devoir professionnel, l’engagement au service des causes nationales et la fidélité aux valeurs sacrées et aux constantes de la Nation… s’illustrant comme un modèle pour toute une génération, qui alliait amour sincère de la patrie et citoyenneté engagée.

Extrait du message de condoléances adressé par S.M. le Roi Mohammed VI aux membres de la famille de feu Abdelaziz Meziane Belfkih.

A midi, le cortège funèbre quitte le domicile familial, rapidement rejoint par les écoliers qui viennent grossir la foule. Les gamins se mêlent aux officiels, l’ouvrier au ministre. Le service d’ordre, débordé, réagit sans trop de zèle. Le moment est grave. Les clients du café “Le sixième sens” sont debout pour un dernier hommage au défunt. Cap sur la mosquée Imam Nafiî jouxtant le cimetière Arrahma. Le lieu de culte est assailli par des centaines de personnes. L’espace est saturé et les femmes ont droit à un espace réservé. Le prince Moulay Rachid arrive sur les lieux, peu avant la prière d’Addohr. Quelques minutes plus tard, le cercueil de Meziane Belfkih quitte la mosquée... l’émotion est à son comble…

Numéro Spécial

Edito □

Un Homme d’exception □

Sa biographie □

Ce qui gouvernait son □action

Retour sur le Rapport « □50 ans de développement humain au Maroc et pers-pectives pour 2025

La réforme de l’école, □clef du développement du pays

Témoignages □

P.1

P.1

P.2

P.6

P.3

P.9

P.15

Des obsèques sous le signe de l’émotion

Extrait du reportage publié dans Telquel n°424

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Numéro Spécial Q2

SA BIOGRAPHIE Abdelaziz Meziane Belfkih est né en 1944 à Taourirt près d’Oujda, et décédé à Rabat le 9 mai 2010. Il a occupé plusieurs fonctions ministérielles avant d’être nommé en 1998 conseiller de Feu S.M le Roi Hassan II ; fonction qu’il a continué d’exercer auprès de S.M le Roi Mohammed VI.

Parcours professionnel

Après un premier poste d’ingénieur à la Direction de l’hydraulique (Aménagement du Barrage Moulay Youssef sur la Tessaout), il est nommé Chef de division technique à la Direction des routes, puis Chef de l’Arrondissement des travaux publics et des communications à Rabat.

Au lendemain de la Marche verte, il est nommé en décembre 1975 à Laâyoune comme Coordonnateur de l’ensemble des services du Ministère des travaux publics et des communications dans les provinces Sahariennes.

De retour à Rabat en 1978, il fut successivement :

De 1978 à 1980 : Directeur de l’Inspection Âgénérale au Ministère de l’équipement et de la promotion nationale. De 1980 à 1983 : Directeur des routes et Âde la circulation routière. De 1983 à 1992 : Secrétaire général Âdu Ministère des travaux publics, de la formation professionnelle et de la formation des cadres. De 1992 à 1995 : Ministre de l’agriculture Âet de la réforme agraire. De 1995 à1997 : Ministre des travaux Âpublics. De 1997 à 1998 : Ministre de Âl’agriculture, de l’équipement et de l’environnement.

Le 24 avril 1998, il est nommé Conseiller de Feu S.M. le Roi Hassan II, poste qu’il a continué d’occuper auprès de S.M. le Roi Mohammed VI. Feu Meziane s’est vu confier la responsabilité du pilotage et du suivi de plusieurs dossiers et grands projets nationaux. Il a ainsi été chargé, depuis mai 1998, de la direction du projet de la liaison fixe à travers le Détroit de Gibraltar, entre le Maroc et l’Espagne (Tunnel de Gibraltar).

Le 3 mars 1999, Feu S.M le Roi Hassan II le désigne Président de la Commission spéciale éducation-formation (COSEF), qui a élaboré la Charte nationale de réforme du système éducatif, entérinée, en octobre 1999, par S.M le Roi Mohammed VI. La COSEF a été alors chargée du suivi, de l’évaluation et de l’enrichissement de la réforme, dans le cadre de la décennie nationale de l’éducation-formation (2001-2010).

Le 26 octobre 2001, S.M le Roi Mohammed VI lui confie, la présidence de la Fondation Mohammed VI de Promotion des Oeuvres Sociales de l’Education-Formation. Il fut Président du Conseil de surveillance de L’Agence Spéciale Tanger-Méditerranée (société en charge du complexe portuaire Tanger-Med). Il a également présidé, en 2002, le « Groupe Bouregreg » qui a élaboré un plan d’aménagement global de la vallée de Bouregreg (Rabat-Salé), actuellement en cours d’exécution.

En 2006, il est nommé par le Souverain, Président délégué du Conseil Supérieur de l’Enseignement.

Diplômes et formations :

Décorations nationale et étrangères :

Ingénieur en génie civil de l’École nationale des ponts Âet chaussées (Paris).Ingénieur de l’Institut national des sciences appliquées Âde Lyon.DEA en mécanique des solides (Paris X). ÂDESS en gestion des projets (Université de Lille). Â

Nationale : Â Commandeur de l’Ordre du Trône. Françaises : Â

Commandeur de la Légion d’Honneur. • Grand Officier de l’Ordre National • du Mérite.

Italiennes : Â Cavalière di Gran Croce. Espagnoles : Â Gran Cruz De Isabel La Catolica.

Abdelaziz Meziane Belfkih, Docteur Honoris Causa de l’ENPC

En 2009, Feu Abdelaziz Meziane Belfkih a reçu le titre de Docteur Honoris causa de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées. Ce titre est l’une des plus prestigieuses distinctions décernées par les grandes écoles françaises pour honorer leurs lauréats en raison de services éminents rendus aux sciences, aux lettres et aux arts.

Rappelons que Feu Abdelaziz Meziane Belfkih était également président d’honneur du MBA des Ponts et Chaussées introduit à l’école Hassania des Travaux Publics depuis 1998.

Sources : www.academie.hassan2.sciences.ma; www.enpc.fr

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Numéro Spécial Q 3

CE QUI GOUVERNAIT L’ACTION DE FEU MEZIANE BELFKIH

Un sens aigu du service public :

Il y a toujours eu trois façons de servir son pays : défendre des idéaux, porter la voix de l’Etat ou se battre pour la Nation. Le militant, le fonctionnaire et le soldat ont ainsi chacun leur sacerdoce. Celui de Feu Abdelaziz Meziane Belfkih était d’avoir une haute conscience de l’Etat et de l’action publique.

De retour au pays, le jeune Abdelaziz n’a pas cherché à être un cadre, chéri et gracieusement rétribué par le privé. Au contraire. Il a choisi sa voie dès le début. Pas forcément celle de la facilité ; le service public. Et il y est resté toute une vie, au terme d’une soixantaine révolue, mais bien portante. C’est dire que les affaires publiques ont eu très tôt un visage pour feu Meziane Belfkih. Celui de la rigueur et du cur à la tâche... Il gravira les échelons par ses seules capacités professionnelles et morales…

« Ayant fait par vocation toute ma carrière dans le secteur public, je suis bien évidemment très fortement imprégné par la notion de service public, par sa philosophie et par l’engagement ferme qui doit l’accompagner dans tous les moments. Un engagement parfois difficile à honorer, mais souvent conforté par la constatation de la concomitance entre la qualité de l’ingénierie publique et celle du service public, au Maroc comme ailleurs...L'idée de service public est exigeante. Elle l'est, en ce sens, qu'il s'agit du fondement de la relation de légitimité et de confiance entre le citoyen et l'Etat. Elle l'est aussi parce que les services et équipements collectifs sont au coeur de la compétitivité économique des pays et des territoires. De même, le service au public dans sa grande diversité, de la justice à la sécurité, de l'éducation à la santé, est un levier incontournable de la justice sociale. C'est en ce sens qu'on qualifie les services publics de «capital des pauvres»…. Aussi, quel que soit le mouvement d'ouverture des économies, le service public demeure irremplaçable. Les crises actuelles ne font que nous rappeler cette évidence. Elles confirment qu'il est nécessaire de construire un optimum sociétal entre le « tout marché » et le « tout Etat ». Les temps changent et les modes de production des services publics doivent aussi changer et être réinventés en permanence» explique Feu Abdelaziz Meziane Belfkih.

La construction du service public est l’affaire de tous

«Nous avons la conviction que la construction du service public n'est pas l'affaire de l'Administration et des fonctionnaires seuls.

Elle est une œuvre collective qui doit être conçue et menée de bout en bout avec tous les partenaires publics et privés, avec les usagers et l'ensemble des citoyens» disait Feu Abdelaziz Meziane Belfkih. Et ce qui doit fonder le service public, c’est la responsabilité et une éthique à toute épreuve.

A l’époque où Feu Abdelaziz Meziane dirigeait le Ministère de l’Equipement et des Travaux Publics, ce département avait une longueur d’avance dans le processus d’évolution qui avait pour objectif de créer une administration efficace. Vers la fin des années 80 déjà, ses méthodes de travail suscitaient stupéfaction et admiration. Ce Ministère avait développé des méthodes d’analyse de projets et de suivi de chantiers. Ces méthodes lui permettent de défendre avec de très fortes chances de succès un programme sans avoir recours aux méthodes habituelles des administrations.

Feu Abdelaziz Meziane BELFKIH « forçait le respect de tous par ses vertus. Travailleur, perfectionniste, il remettait toujours l’ouvrage sur le métier, confie un de ses amis …Il expliquait qu’un dossier bien ficelé finit toujours par aboutir et qu’on n’avait pas besoin de manoeuvrer pour le « pousser ».Un sens aigu du service public, la rigueur, le travail et la persévérance, l’éthique et la responsabilité, l’ambition et la conviction. Tels sont les maître mots qui distinguaient l’oeuvre de Feu Abdelaziz Meziane Belfkih.

L’idée de service public est exigeante. Elle l’est, en ce sens, qu’il s’agit du fondement de la relation de légitimité et de confiance entre le citoyen et l’Etat. Elle l’est aussi parce que les services et l’équipement collectif sont au coeur de la compétitivité économique des pays et des territoires. De même, le service au public dans sa grande diversité, de la justice à la sécurité, de l’éducation à la santé, est un levier incontournable de la justice sociale. C’est en ce sens qu’on qualifie les services publics de «capital des pauvres»…

Feu Abdelaziz Meziane BELFKIH était connu pour articuler son œuvre autour de principes constants. Ceux-ci ont souvent été soulignés dans les articles de presse qui lui ont été consacrés au cours de sa carrière. Cet article que nous vous proposons se veut être une synthèse de différents écrits qui mettent en lumière quelques principes qui gouvernaient l’action de l’Homme.

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Numéro Spécial Q4

L’Ethique et la responsabilité :

L’éthique est une exigence impérieuse et constante dans le domaine du service public. Pour Feu Abdelaziz Meziane Belfkih, l’éthique du service public [en plus de la déontologie du métier] doit être fondée sur les principes d'égalité, de continuité et d'efficacité qui va de pair avec un engagement social,

spontané et souvent militant, frôlant l'abnégation.

Feu Meziane Belfkih le rappelle encore dans son discours au Forum de Paris - Casablanca Round, tenu le 20 janvier 2010 sous le thème « Construire l’après-crise » en précisant que le défi le plus important sera de consacrer un socle, qui fonde l’action des Hommes. Et l’une des composantes principales de ce socle, un système de valeurs fortes : « D’une part des valeurs collectives, sur lesquelles se construisent le vivre ensemble et la réussite de tous, que sont le respect, la solidarité et l’éthique. Et d’autre part, des valeurs qui permettent à chacun de donner un sens à son action et de se projeter dans l’avenir. Il s’agit de la volonté, de l’engagement et de la responsabilité ». Plus loin, il dira « Permettez-moi d’ajouter, loin de toute rhétorique ou de précepte moral, l’humilité et l’exigence de vertu. C’est seulement ainsi, que nous nous prémunirons contre les « murs » qui s’érigent ici et là.. .Une autre exigence pour relever les défis de notre temps, nous dira-t-il, la rigueur inflexible, le travail, la constance et la persévérance. Car toute réussite, quelle qu'elle soit et c’est encore plus vrai dans le service public, tient au devoir accompli ».

La rigueur, le travail et la persévérance :

Feu Abdelaziz Meziane Belfkih était connu pour être l’avocat de la rigueur et pour ne vouer de culte qu’à son travail, simplement mais efficacement. Car ce sont seuls, le travail, la patience et la persévérance, qui nous permettront d’aller de l’avant.

«Aucun des défis que notre pays doit relever ne présente de difficulté insurmontable. Ils sont tous à notre portée, mais requièrent de leurs acteurs, des hommes qui les pilotent…des

principes d'action : il s'agit de la constance, de la persévérance et de l'audace….Les réformes et chantiers, qu'ils soient dans le domaine des infrastructures, du social, du politique ou de l'économique s'inscrivent forcément dans le long terme, voire le très long terme.C'est pourquoi leur aboutissement appelle à la patience, mais j'aime à dire qu'il n'y a pas de grand soir, il n'y a qu'une multitude de petits matins laborieuxNous ne nous réveillerons pas un jour pour nous retrouver comme un pays développé où tout le monde vit au-delà de ses besoins et où tout le monde a un emploi. La seule solution pour y parvenir un jour, c'est le travail avec constance, en cohérence» A.M.B.

Mais la constance et la persévérance se nourrissent d’une ambition; d’une conviction. Celles d’un Maroc meilleur où croissance économique et développement humain vont de pair.

L’ambition et la conviction :

« L'effet des richesses d'un pays, c'est de mettre de l'ambition dans tous les cœurs » Montesquieu le disait, Feu BELFKIH le pensait : « Je suis optimiste par vocation. Je crois que le Maroc peut réussir dans beaucoup de choses. Il suffit finalement de peu d'éléments. Mais, le plus important est que la confiance existe. Si nous sommes capables d'avoir confiance, nous pourrons réussir ».

Il poursuit plus loin « L’avenir se construit et n’est pas fatalement subi, cela veut dire que l’on est quelque part maître de son destin et que le meilleur est toujours possible » à condition d’avoir la conviction, l’ambition et l’audace. Feu Meziane illustre ses propos à ce sujet : « Il y a une sorte de «vérité» qui est en train de s'installer et qui dit que le Maroc est un pays moyen, une puissance régionale qui n'a pas beaucoup de marge dans la mondialisation, qui n'a pas de pétrole, qui a peu de ressources et qui est à la merci des grands mouvements de libéralisation des échanges et la fin des barrières douanières. Comment dès lors concilier les possibilités d'action avec toutes les contraintes subies ?Je crois et c'est encore là une profonde conviction, que nous avons la possibilité de construire notre futur et cela dépend essentiellement de nous ; même si nous manquons de ressources… Je reviens à l'exemple du projet Tanger-Med initié par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Je dois dire qu'au début, très rares sont ceux qui y ont cru. Ce projet est le fruit d'une ambition fondée sur la foi en la vocation maritime et méditerranéenne du Maroc; une ambition traduite avec intelligence, volonté et persévérance. Le plus important que le Maroc ait donné à ce projet, ce ne sont certainement pas les milliards de dirhams, mais bien l'ambition et l'audace… l'audace pour aller jusqu'au bout des projets les plus ambitieux, même ceux qui peuvent paraître à première vue irréalistes».

Sources :Admemoriam Abdelaziz Meziane Belfkih, publié par Lematin le 10 mai • 2010.Conférence de Feu Abdelaziz Meziane Belfkih sous le thème « Quel • profil d’Ingénieur pour le Maroc en mouvement » au Congrès national de l’Association des Ingénieurs de l’Ecole Mohammedia « L’EMI, 50 ans de défis pour bâtir le Maroc de demain ».Discours de Feu Abdelaziz Meziane Belfkih au Forum de Paris-Ca-• sablanca Round tenu le 20 janvier 2009 sur le thème « Construire l’après crise : conclusions et leçons ».« Entretien avec A. Meziane Belfkih, Conseiller du Souverain : L’ac-• tion politique doit recouvrer ses lettres de noblesse» Le Matin du 14/02/2006.« Il n’y a pas d’archaïsme fatal dans l’Administration : Conversations • sans tabous avec Abdelaziz Meziane » L’Economiste du 6 juin 1996.

J’aimerais évoquer une exigence qui me tient particulièrement à cœur, que je considère fondamentale, et qui doit diriger au premier chef nos actions individuelles au quotidien. J’évoque ici cette qualité particulière, qui allie, principalement dans la gestion publique mais aussi dans la gestion privée, le sens de la responsabilité et une éthique à toute épreuve. C’est la vertu.

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Numéro Spécial Q 5

Réforme de l’Education Nationale : à travers le pilotage et le suivi du travail de la Commission spéciale de l’éducation-formation (COSEF), la Fondation Mohammed VI de Promotion des OEuvres Sociales de l’Education-Formation, du Conseil Supérieur de l’Enseignement et plus récemment de la Fondation Marocaine de Promotion de l’Enseignement Préscolaire.

Coordination du Rapport du cinquantenaire de l’indépendance 1956-2006 : Il a été à la tête du Comité Directeur chargé de l’élaboration de ce rapport suite aux Directives Royales du discours du 20 août de l’année 2003. Feu Meziane Belfkih a fait appel à toutes sortes de compétences pour établir un état des lieux du Maroc et dresser des perspectives jusqu’en 2025.

Grands projets : Feu Meziane Belfkih a été au centre de la majorité des grands travaux de ces dix dernières années (et même plus si on remonte à une carrière commencée au ministère de l’Equipement ) avec la reconfiguration totale du port Tanger-Med ; C’est à lui aussi qu’on doit l’idée de la rocade méditerranéenne ; Il a aussi parrainé celui de l’aménagement de la Vallée du Bouregreg, le projet autoroutier, le projet TGV...

INDH, Au lendemain du discours Royal annonçant l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), c’est encore Feu Abdelaziz Meziane Belfkih que l’on retrouvera au-devant de la scène pour un travail de pédagogie et d’explication autour de l’initiative Royale.

L’homme de tous les chantiers

Ph. MAP

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Numéro Spécial Q6

Plus de 150 personnes (personnalités académiques- chercheurs, des personnes appartenant aux ONG, au monde politique…) avaient été mobilisées, durant 2 ans, pour la réalisation d’un rapport de 4000 pages qui dresse un diagnostic de la situation du Maroc, depuis cinquante ans. De même qu’il suggère des pistes de réflexion et des scénarios possibles pour le Maroc de demain. Dans une interview accordée à l’Economiste du 9 janvier 2006, Feu Meziane BELFKIH donne son appréciation de l’équipe projet : « Ces personnalités qui ont accepté de travailler au rapport ont, me semble-t-il, un puissant point commun : Même avec des différences parfois très importantes de point de vue, ces personnalités sont respectueuses de règles essentielles: l’honnêteté, l’utilisation du bon chiffre, la qualité de l’argumentation et la structuration de la pensée ». La production de ce rapport s’inscrit dans la réflexion stratégique nécessaire à l’anticipation et à l’action. Le mandat du Comité Directeur de ce travail découle du Discours Royal du 20 août 2003.

A l’issue de la remise du rapport du Cinquantenaire à Sa Majesté le Roi, Feu Meziane Belfkih a accordé des interviews à la presse et a participé à des conférences et débats pour expliquer l’approche et les objectifs dudit rapport. A travers cet article, nous présenterons la synthèse de ses éclaircissements en reprenant principalement ses propos émis lors de ses interventions à l’Université libre de Rabat en 2006 et à l’école Mohammedia des Ingénieurs en 2009.

Un rapport pour…susciter le débat : «Je souhaiterais que ce rapport fasse l’objet de lectures différentes et qu’elles soient même critiques. Et c’est cela le sens du débat, sans ceci on ne peut pas avancer. On ne doit pas avoir peur de la contradiction. Elle est salutaire».

proposer une vision : « Fixer son cap ; c’est décider en commun où nous allons et quelle est la vision de notre futur. Pour être partagée, cette vision globale doit of-frir des perspectives à tout un chacun, avec un dessein collectif. C’est le sens même de la philosophie qui sous tend le développement humain sur lequel est fondé tout le travail du rapport du cinquantenaire. C’est son fil di-recteur. Une fois définie et c’est le deuxième principe d’action, il faut s’en tenir avec constance et ne pas se décourager. Il faut persévérer jusqu’au bout sans chan-ger de cap sous prétexte qu’il y a des vents adverses. Il ne faut pas,d’autre part, naviguer au gré des vents, mais vers le port ».

atteindre le consensus : « Quand on évoque le mot consensus on parle de sanctuarisation des réformes et des chantiers fondamentaux. Il y a certains dossiers et certains espaces où le consensus est nécessaire. Consen-sus veut d’abord dire «dissenssus» c’est-à-dire que l’on en a parlé, débattu, et que l’on s’est mis d’accord sur des principes essentiels qui gouvernent un certain nom-bre de réformes cruciales dans des espaces pour les-quels le temps est l’élément principal. Je pense par exemple à l’école et à l’agriculture. Qui peut imaginer un instant qu’une véritable politique de rénovation, de réhabilitation de l’école publique pourra se faire en deux ou trois ans ? Qui peut prétendre également que la reconversion de l’agriculture, chantier important pour des millions de personnes, n’aurait pas besoin d’un ac-cord national sur ses principaux fondements ? « Notre but n’est pas du tout de créer un unanimisme des voix et des points de vue, mais de rendre plus clairs les ob-jectifs de notre pays, unanimiser les objectifs, si vous voulez ».

MéthodologieUn Cahier des charges bien ficelé

Si le travail est libre, la méthode devait être rigoureusement fixée. Le cahier des charges compte 35 pages. Pour chacun des 10 groupes de chercheurs, 3 à 4 pages qui définissent le but global, les questions auxquelles il faut répondre, et les sous-sujets à détailler…commente Nadia Salah dans l’article de l’Economiste cité ci-dessus.

Guidelines

ne pas rechercher l’exhaustivité à tout prix, ne pas oublier l’essentiel pour aller vers l’accessoire, éviter d’aller vers l’anecdotique ou l’événementiel, éviter de tomber dans le programmatique. « Il ne saurait être question de décliner des modus operandi de ce qu’il faudrait faire. Ni les personnes qui ont travaillé sur ce rapport, ni moi-même n’avons de légitimité pour dire ce qu’il faudrait faire » ... « Nous n’avons pas écrit un programme et nous ne tenons pas un discours programmatique. Notre travail, c’est de dire: voilà ce que nous avons fait en 50 ans, voilà ce qui va, voilà ce qui ne va pas et voilà pourquoi -à notre sens- ça ne va pas. Notre objectif est de tirer les bonnes leçons. » A.M.B

Le rapport du cinquantenaire a été publié en version simplifiée, en forme d’ouvrage en arabe et en français. Il est l’un des rares bestsellers au Maroc,

LE MAROC EN MOUVEMENT : RETOUR SUR LE RAPPORT DU CINQUANTENAIRE DE L’INDEPENDANCE

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Numéro Spécial Q 7

« Nous avons d’abord consolidé le Maroc de 2005 pour avoir une vision de la réalité d’aujourd’hui. Nous nous sommes rendus compte que le Maroc est à la croisée des chemins, même si ce terme est utilisé parfois de manière abusive, mais il est le plus approprié aujourd’hui pour décrire la situation du pays.Et le Maroc actuel a tous les futurs possibles. Il y en a au moins deux, schématisés à dessein.

Nous sommes devenus le pays de toutes les réformes, le pays de toutes les transitions

Il faut souligner les nombreuses réformes entreprises. L’ensemble des transitions aux niveaux démographique, économique, politique et culturel sont en cours. Nous sommes dans une société qui bouge, qui avance et même parfois qui recule. Mais il y a une volonté visible de réformer.

Transition institutionnelle ou démocratique ? Je crois personnellement que la transition que nous vivons touche ces deux aspects à la fois, en témoignent l’évolution de l’Etat, des partis politiques. La transition est également économique, nous abordons plus clairement l’économie de marché et nous nous sommes appropriés le terme de mise à niveau. Notre environnement change et nous devons réussir notre transition dans le monde et dans notre région. Tous ces chantiers doivent être réussis, c’est une impérieuse nécessité, faute de quoi nous risquons de tomber dans un scénario régressif. Nous ne nous serions pas libérés des pesanteurs et des risques de l’inertie. Si nous ne nous mettons pas en action tous ensemble et rapidement, si le volume des réformes n’est pas suffisant, si nous sommes atteints de découragement, si nous succombons à la surenchère et si nous ne sommes pas volontaires, nous ferons face à de grands risques. Il faut savoir raison garder et il faut tout faire pour réussir à libérer notre futur, pour rendre possible une alternative de progrès, celle du Maroc souhaitable et possible.

Nous sommes [également] en grande transition démographique et par rapport au taux de natalité, nous sommes presque en modèle européen. Nous sommes passés d’un régime de natalité forte qui pendant longtemps a prévalu à un renouvellement

de 2,1. Ceci entraîne évidemment des conséquences sur le système de santé, sur les retraites, mais aussi sur les valeurs qui traversent notre société.

Une dynamique d’ouverture et de changement des systèmes de valeurs sociétales

Nous avons réalisé une enquête pour nous demander quelles sont les valeurs de notre société qui est aujourd’hui en transition sociale et sociétale. Ces valeurs sont-elles universelles, comment les Marocains gèrent-ils cette ambiguïté entre le traditionnel et le moderne, est ce qu’il y a une différenciation entre les jeunes et les moins jeunes, entre les hommes et les femmes ?

Ce qui apparaît aujourd’hui, c’est l’émergence de nouvelles valeurs avec l’évolution de l’organisation sociale et la persistance d’anciennes valeurs de solidarité familiales, d’honneur, de respect des anciens. Les choses bougent mais les choses ne sont pas tranchées, si tant est que l’on puisse croire qu’elles doivent l’être. Il y a des stratégies individuelles qui permettent aux uns ou aux autres de se réfugier dans tel ou tel registre en fonction

de sa problématique ou de son intérêt. La dynamique d’ouverture et le changement des systèmes de valeurs font cependant peser des risques sur notre cohésion sociale et d’évolution radicale de notre société. Il faut être vigilant sur ces risques d’intégrismes ou de dissolution des solidarités familiales.

Le Maroc avance et il faut qu’il aille de l’avant

Les Marocains veulent s’en sortir.

C’est pourquoi, on voit naître des stratégies individuelles. Le Maroc avance et il faut qu’il aille de l’avant. Aujourd’hui il a une vitesse qu’il doit maintenir. Il ne faut surtout pas compromettre cette dynamique. La volonté d’aller de l’avant est donc clairement affichée. Nous n’avons pas le choix, nous devons avancer. Nous pouvons réussir car nous disposons d’un énorme potentiel. Il suffit que le Maroc y croie. « Nous avons d’excellentes ressources humaines au Maroc et à l’étranger et nous pouvons mobiliser de grandes ressources humaines pour avancer vite ... Nous devons sur le plan économique passer du statut de pays intermédiaire à un pays émergent en multipliant notre PIB par trois ou quatre. Ceci est à notre portée » Lematin du 14/02/2006. Rappelons que le Royaume a, à son actif, de

Un Maroc à la croisée des chemins ... Un Maroc vers ses futurs possiblesIssus du discours de Feu Meziane BELFKIH sous le thème « les chantiers du futur » dans le cadre de l’Université libre de Rabat tenue le 19 avril 2006, les passages suivants présentent certains aspects d’un Maroc à la croisée des chemins et les scénarios possibles de son futur.

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Numéro Spécial Q8

belles réalisations telles que le projet Tanger-Med. Au début, il avait suscité de nombreuses interrogations. Aujourd’hui, c’est une réalité avec le deuxième quai qui a été attribué à un consortium leader mondial.

Quels scénarios pour le Maroc de demain ?Le Maroc de demain, c’est aussi celui de l’INDH. Les performances économiques sont nécessaires mais non suffisantes. Notre histoire économique nous montre que croissance économique et développement humain ne sont pas liés par une articulation obligatoire. Il faut donc insérer dans notre politique économique cet aspect de redistribution et de solidarité principalement en matière d’emplois pour aider tout un chacun ,à être dans le circuit et non sur le quai de la gare. L’inclusion, c’est la lutte contre toutes les formes d’exclusion sociale, spatiale ou de genre.

Il faut réussir la réforme de l’école, réussir une nouvelle politique de santé qui donne droit à une égalité d’accès aux soins de qualité ».

Quel arbitrage entre les moyens et les objectifs du développement?

Il s’agira de dépasser les contraintes (les cinq nœuds du futur) :

Le premier concerne le savoir, l’éducation de base, l’éducation pour tous. Que les Marocains sachent lire et écrire, même peu, mais qu’ils sachent.

Le deuxième a trait à la bonne gouvernance, c’est-à-dire comment exercer une responsabilité publique dans les meilleures conditions de transparence, d’efficience et d’équité. Quand on parle de transparence, cela concerne tout le processus de prise de décision dans le domaine public.Que les décisions soient prises et expliquées selon un process identifiable, que l’on sache qui, comment, sur quelle base cette décision a été prise. La transparence veut dire lutter contre la corruption et pas uniquement du point de vue de la répression. Il faut objectiver au maximum les situations. Il y a aussi l’évaluation, la responsabilisation et l’obligation de rendre des comptes. Mettre en place un système de sanctions aussi bien positives que négatives et coercitives. La même démarche devra s’appliquer au

« [Quand on parle] des «nœuds », les mathématiciens comprennent tout de suite

qu’il s’agit de sous-ensembles dont la formation est indépendante du contexte mais qui agissent sur leur

contexte.Et les gens ordinaires saisissent tout de suite de quoi il s’agit,

si l’on compare les «noeuds» du Rapport aux boules de crampes dans le muscle: ça fait mal, ça bloque et, si on force, ça peut durer

des années... Mais cela ne signifie pas qu’on soit malade puisque tout le reste est sain.Par chance, la comparaison avec la crampe est très porteuse puisque ce genre de crampes se produit en cas d’effort sans préparation ou en cas de carence alimentaire bénigne ou en cas de mauvaise assimilation d’un petit élément comme le magnésium, le fer… C’est exactement ce que veut dire le Rapport: le Maroc a des crampes musculaires dans sa gouvernance, dans son savoir, dans son économie, dans sa santé et dans son inclusion.En posant ce concept de «noeuds» (que l’on ne rencontre pas fréquemment), le rapport ouvre une précieuse possibilité: ne pas se

noyer dans l’accumulation de problèmes dont l’existence dépend en fait d’une «crampe», plus en amont. »

Commente le Directeur de L’Ecole Ponts et Chaussées dans son discours à l’occasion de la Distinction de Feu A.

Meziane BELFKIH en tant que Docteur Honoris Causa de l’ENPC.

« Meziane Belfkih, Conseiller du Souverain : L’action politique doit recouvrer ses lettres de noblesse» Le Matin du 14/02/2006

gouvernement qui prend la responsabilité de gérer la chose publique, et ce sont les urnes qui apporteront la sanction.La justice reste évidemment un élément central du système de bonne gouvernance. C’est comme la femme de César, elle doit être irréprochable.

Le troisième c’est l’inclusion, c’est-à-dire mener la guerre à toutes les formes d’exclusion à l’égard des zones géographiques, des femmes, des jeunes, des handicapés et demain des vieux, qui nous dira qu’en 2025 la dureté des conditions de vie n’obligera pas à renoncer à des signes légendaires de solidarité avec les plus âgés. Il s’agira de bâtir une société plurielle mais solidaire.

Je ne parle pas de solidarité béate, j’entends bien une solidarité qui obéit à des règles et à une discipline. L’INDH est un excellent vecteur de cette inclusion aux niveaux social et territorial.

Le quatrième c’est l’économie. Il s’agira de réussir le pari d’une croissance forte et soutenue.

Le cinquième c’est la santé et le cadre de vie.

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LA REFORME DE L’ECOLE, CLEF DU DEVELOPPEMENT DU PAYS

« C’est une conviction constante : l’école, ou disons le savoir au sens large, est la clef du développement...cette réforme est complexe, décisive mais pas impossible et en tout cas nécessaire » dit Feu Meziane Belfkih (Interview accordée le 15/02/2007 au Temps). Il dira plus tard « C’est dans l’éducation que réside une grande partie des solutions à nos problèmes. Et c’est d’ailleurs un formidable challenge » (Telquel n°321)

La décennie nationale de l’Education-Formation

Chronologie :

3 Mars 1999 : Annonce par Feu S.M. le Roi Hassan II de la création de la Commission Spéciale de l’Education-Formation (COSEF).

8 mars 1999 : Lettre royale fixant les objectifs et la méthodologie de la réforme de l’éducation nationale.

Octobre 1999 : Production de la Charte nationale d’éducation et de formation.

Août 2001 : Création de la Fondation Mohammed VI des Œuvres Sociales de l’Education-Formation

30 juin 2005 : Remise à S.M. le Roi Mohammed VI d’un rapport d’évaluation de la réforme, produit par la COSEF.

Septembre 2006 : Mise en place du Conseil Supérieur de l’Enseignement et de l’Instance d’Evaluation du Système de l’Education et de la Formation.

2008 : Création de la Fondation Marocaine pour la Promotion de l’Enseignement Préscolaire.

2008 : Publication du Rapport du CSE sur l’état et les perspectives du système d’éducation et de formation.

2009 : Lancement du Plan d’urgence, pour la période 2009-2012, par le Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Formation des cadres et de la Recherches Scientifique.

A travers cet article, nous souhaiterions élucider les grands axes de la réforme du Système de l’Education, telle que conçue dans le cadre de la Charte nationale de l’Education-Formation. L’article présente également les explications fournies par Feu Meziane Belfkih à la presse et quelques recommandations issues du rapport publié par le CSE en 2008.

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La réforme, un processus de longue haleine

Sur les questions qui lui ont été posées au sujet du retard enregistré dans la réforme de l’enseignement depuis l’adoption de la Charte de la COSEF, Feu Abdelaziz Meziane Belfkih répond : « Question complexe: pourquoi ce retard? D’abord, parce que toute réforme publique est difficile, au Maroc ou ailleurs; c’est également vrai pour tous les secteurs plus encore pour l’Éducation... Je trouve qu’en 2000-2001, on a été très rapides avec tous les textes, lois et décrets, adoptés à cette date. Une réforme c’est d’abord une question de méthode, d’engagement et de paliers à passer... Réformer est toujours une entreprise difficile, en particulier lorsque vous essayez de remplacer rapidement et en profondeur un équilibre établi par un ordre nouveau», estime-t-il dans un entretien publié par le quotidien «L’Economiste». «[Cette réforme est une] action importante, qui appelle l’engagement total et fort de toute la nation et requiert absolument le consensus de tous sur l’essentiel » relève-t-il lors d’une conférence à HEM, indiquant qu’il s’agit d’un processus qui requiert un travail de longue haleine car l’institution scolaire ne peut être changée du jour au lendemain. «C’est un travail qui doit être mené en profondeur, impliquant la mobilisation de tout un chacun et nécessitant une action cohérente», a-t-il poursuivi, se félicitant «de l’existence d’une prise de conscience plus forte et plus franche sur la nécessité de cette réforme et sur le fait qu’il faut s’attaquer aux vrais problèmes».«Je serais tenté d’affirmer que collectivement, nous ne sommes pas suffisamment rendus compte de la centralité de la question éducative… Je reste convaincu que le processus de 2000 a manqué d’implication, d’engagement (Je veux parler ici des élèves eux-mêmes, des parents d’élèves, des enseignants, des acteurs politiques des opérateurs économiques), peut-être du fait d’un déficit d’explication ». « Il aurait peut-être fallu organiser un débat populaire. Ceci dit, tout n’est pas négatif. Nous avons obtenu d’importants résultats. Des institutions se sont mises en place en termes de décentralisation/déconcentration.Il y a de nouvelles méthodes qui sont en cours. Il faut leur donner le temps de produire leurs effets. Mais il vrai aussi que nous ne donnons pas le temps aux réformes. Très vite, nous les jugeons et nous les enterrons. Nous nous retrouvons dans une situation de «réformiste » permanente ».

Retour sur les objectifs de la charte de l’éducation nationale, référentiel de la réforme

FINALITE

Offrir aux enfants du Maroc les conditions nécessaires à leur éveil et à leur • épanouissement. Leur offrir l’occasion d’acquérir les valeurs, les connaissances et les habiletés • qui les préparent à s’intégrer dans la vie active.Préparer une élite capable de piloter l’essor du pays et de le conduire à gravir • les échelons du progrès scientifique, technique, économique et culturel.

GRANDS AXES :

L’extension de l’enseignement et son ancrage à l’environnement économique : ÂGénéraliser un enseignement fondamental de qualité ;• L’alphabétisation et l’éducation non formelle ;• Passerelles entre l’enseignement général, la formation professionnelle et la • vie active ;La Formation continue• L’organisation pédagogique : ÂRéorganiser et articuler les cycles d’éducation-formation du préscolaire au • supérieur L’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation :• Réviser et adapter les programmes et les méthodes, les manuels scolaires-et • les supports didactiquesPerfectionner l’enseignement et l’utilisation de la langue arabe et maîtriser • les langues étrangères et s’ouvrir sur le Tamazight ;Utiliser les Nouvelles Technologies de l’information et de La Communication• Encourager l’excellence, l’innovation et la recherche Scientifique.• Promouvoir les activités sportives et parascolaires.• Les ressources huaines : ÂMotiver les ressources humaines pédagogiques et administratives et améliorer • leurs conditions de travailFormation continue, Evaluation et promotion• La gouvernance : ÂInstaurer la décentralisation et déconcentration dans le secteur de l’éducation • et de la formationAméliorer la gouvernance et l’évaluation continue du Système éducation • formationDiversifier les modes et les normes des constructions et des équipements, • les adapter à leur environnement et rationaliser leur utilisation et leur bon fonctionnementLe financement et le partenariat : ÂMobiliser les ressources de financement et optimiser leur emploi.•

La COSEF a été créée par Feu S.M le Roi Hassan II et présidée par Son conseiller Feu Abdelaziz Meziane BElFKIH. Elle était constituée d’une trentaine de personnes avec une représentation de toutes les composantes de la société: partis politiques, syndicats, oulémas, experts en éducation, acteurs socio-économiques… La COSEF a produit la charte, qui a tracé les orientations de la décennie nationale de l’éducation et de la formation et ce, conformément aux directives royales inscrites dans la Lettre Royale adressée à Feu Meziane, le lundi 8 mars. «Pour bâtir l’école nationale marocaine de demain, la réforme doit se concevoir dans le cadre d’une vision globale, empreinte de cohésion, de cohérence, de prospective et suffisamment souple pour permettre l’adaptation aux besoins du présent et aux exigences de l’avenir..[La première piste pour cette commission nationale est celle] d’assurer l’égalité des chances et dispenser les savoirs fondamentaux à chaque Marocain pour l’arracher à l’ignorance…[La deuxième piste] « il ne faut pas omettre de cultiver l’excellence et préparer l’élite de demain de nos enfants» (Archives de l’Economiste).

COSEF : composition et mandat

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Sur le volet pédagogique :

D’abord, il faut battre en brèche certains mythes, tels que «les Marocains seraient naturellement très forts en maths». Ils ne sont pas, par nature, plus forts ni moins forts que le reste du monde. Pour répondre à votre question, je serai tenté de dire qu’en la matière, c’est plutôt au collège qu’il faut agir fortement. Il faut mettre plus de moyens tant au niveau de l’infrastructure que de la pédagogie. Un travail important est ainsi attendu au primaire pour l’enseignement du calcul et au secondaire pour l’enseignement des sciences et des maths, ainsi que pour le développement de la culture et du raisonnement scientifiques. Concernant l’enseignement des langues :

L’école a été souvent un terrain d’expression de positionne-ments idéologiques, surtout quand il s’agit de la question linguistique. Je ne pense pas qu’une langue soit meilleure qu’une autre, dans l’absolu. C’est en tout cas ma conviction. La priorité pour notre pays, c’est d’avoir un enseignement obligatoire en arabe, la langue officielle. En revanche, nous disons que la qualité de l’enseignement de l’arabe ou en lan-gue arabe n’est pas satisfaisante dans sa formule actuelle. Nos établissements scolaires offrent 3.400 heures d’arabe de la première année du primaire jusqu’à la dernière année du collège et plus de 5.000 heures entre le primaire, le col-lège et le lycée. Les résultats ne suivent pas pour autant. C’est anormal. Nous n’avons pas voulu aborder la question des langues sous le prisme de la politique linguistique, mais sous l’angle de la maîtrise des compétences linguistiques. Le CSE compte aborder cette question rapidement.

S’agissant de la motivation des ressources humaines :

C’est une question centrale. D’abord commencer par leur donner la parole, ce que nous avons fait, dans le Conseil supérieur de l’enseignement, à travers le rapport dédié au métier d’enseignant. Une enquête auprès des enseignants du supérieur vient d’être achevée et sera bientôt rendue publi-que. Je pense qu’il est fondamental d’écouter ce que disent les enseignants, à titre individuel ou par le biais de leurs représentants. Les conditions de travail ne sont pas toujours aisées, et pour certains d’entre eux, les conditions sociales ne le sont pas non plus. Mais il y a aussi les impératifs de for-mation initiale. Le rapport du CSE a proposé que la formation des enseignants, y compris les instituteurs, soit rattachée à l’université. Les écoles normales supérieures devraient être transférées dès l’année prochaine à l’université.

Le rapport portant sur l’évaluation de la réforme présenté par le Président délégué du CSE en 2008 n’est pas aussi alarmant que celui de la COSEF datant de 2005.

En 2008, les choses ont changé. Dans ses interviews accordées aux journalistes de l’Economiste et de Maroc Hebdo International, Feu Meziane revient sur les acquis de la réforme tout en précisant les écueils persistants.

Il rappelle que la situation actuelle du système d’enseignement est meilleure que celle qui prévalait en 2000. A ce propos, il a cité les avancées réalisées en matière de généralisation de l’accès à l’école, le parachèvement de la réorganisation pédagogique des cycles primaire et secondaire, l’entrée en vigueur du système Licence Masters Doctorat (LMD) aux universités, la création de structures de gestion décentralisées, l’amélioration des conditions matérielles et sociales du corps enseignant et la révision des manuels scolaires.

Est-ce pour autant d’une deuxième réforme dont il s’agit ?

«Ce n’est pas une deuxième réforme mais un second souffle de la réforme. J’entends par là qu’il n’y a pas de changement du référentiel de la réforme que représente la Charte. Une réforme, ce n’est pas seulement un texte et des orientations figés. C’est aussi un engagement et une méthode. Disons que nous avons examiné ce qui doit changer, ce qui ne marche pas et comment y arriver rapidement» dit Feu Abdelaziz Meziane Belfkih dans une interview accordée à Maroc Hebdo International.

Dans les passages suivants, Feu Abdelaziz Meziane Belfkih explique les différentes avancées et écueils relevés par rapport à chacun des axes de la Charte nationale de l’Education.

Sur le volet de la généralisation de l’enseignement :

Où en est-on? À 94% pour le taux d’accès à la scolarité; à plus de 40% d’inscrits dans le secondaire avec un flux global de 6,5 millions d’élèves scolarisés tous les jours; à la réduction des disparités entre le monde urbain et le monde rural ainsi qu’à celle des genres, entre filles et garçons.

La priorité absolue sera donnée à l’effectivité de l’enseignement obligatoire. Quand on dit effectivité, on entend par là qu’il faut arriver rapidement à ce que tous les enfants marocains puissent avoir une scolarisation réussie jusqu’à l’âge de 15 ans révolus. Il s’agit de suivre la promotion de septembre 2008 de manière à ce qu’en 2014, c’est-à-dire dans 6 ans, le taux de réussite pour l’accès au collège puisse dépasser les 90% sans redoublement. L’objectif est de permettre à tous les enfants de 6 ans de s’inscrire et ensuite de poursuivre leur scolarité de bonne manière, c’est-à-dire sans redoublement, sans abandon. Pour l’abandon scolaire, les explications sont de deux ordres: celles qui relèvent des conditions scolaires et celles qui dépendent des conditions sociales. Beaucoup d’écoles manquent d’infrastructure (pas de sanitaires, pas d’eau, pas d’électricité, pas de cantine…) et doivent être réhabilitées.

Pour les contraintes inhérentes aux conditions sociales, le MEN va piloter, à partir de septembre 2008, une expérience intéressante. Elle va consister à octroyer des bourses à 90.000 élèves habitant dans les communes les plus pauvres de l’INDH. Il s’agit de petites bourses d’entretien pour mesurer l’impact qu’elles peuvent avoir sur leur scolarité.

Il faudra ensuite s’attaquer au collège, le «ventre mou» du système. Entre 12 et 15 ans: c’est un âge très sensible et l’élève doit être bien encadré. Sur la tranche d’âge des 11 à 14 ans, seuls 50% se trouvent aujourd’hui au collège. Mais pour corriger ces insuffisances, il faut investir très en amont, dans le préscolaire.

La nécessité de généraliser le préscolaire

Il devrait, selon Feu Meziane, être généralisé à long terme. Actuellement, 50% des enfants marocains sont préscolarisés, mais dans différentes conditions. D’où l’idée de modèle d’écoles, normé et codifié «à la marocaine», dont la concrétisation a été attribuée à la Fondation Marocaine de Promotion de l’Enseignement Préscolaire créée en 2008. Près de 100 écoles seront lancées pour commencer. Ceci pour un coût de 5 milliards de DH par an.

Des avancées bien réelles avec des retards persistants

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Des avancées sur le volet des œuvres sociales de l’Education-FormationCréée en 2001 dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la charte nationale d’éducation et de formation, la Fondation a pour objectif l’amélioration structurelle des conditions sociales de la famille de l’enseignement, constituée de 300 000 membres et englobant les enseignants, les fonctionnaires et les retraités du secteur de l’Education-Formation publique.La Fondation est destinée à prodiguer à plus d’un million de personnes des prestations sociales diversifiées et de qualité. Dès sa création, elle a mis en place des mécanismes dans les domaines prioritaires de l’aide au logement et de la santé.Aide au logement : Subvention de 2 à 4 points du taux d’intérêt et garantie des crédits par le Fonds de Garantie pour le Logement de l’Education Formation (FOGALEF) « FOGALEF ».Santé : - Assurance Médicale Complémentaire (AMC) : elle permet aux adhérents d’obtenir des remboursements et /ou des prises en charge en complément, à ceux octroyés par leur régime de base.- Transport Sanitaire : il permet aux adhérents et les membres de leurs familles de bénéficier gratuitement, en cas d’événement imprévisible et urgent (maladie ou accident), d’une Assistance et d’un Transport Sanitaire vers une unité hospitalière au Maroc ou à l’Etranger.Bourse d’études « ISTIHQAQ » : La Fondation octroie 500 bourses de mérite aux enfants des adhérents ayant réussi leur bac avec excellence afin de leur permettre de poursuivre leurs études supérieures dans des établissements publics au Maroc. La bourse est accordée au niveau national et régional.Subvention du transport ferroviaire : Les adhérents peuvent bénéficier, avec leurs conjoints et leurs enfants âgés de 12 à 18 ans, de réductions pouvant atteindre 40% sur le tarif public de base.Outre les prestations précitées, la Fondation vise à promouvoir les activités culturelles, sportives et les loisirs au bénéfice de la famille de l’enseignement ( Médiathèques, Clubs d’enseignants, centres d’estivages, Safar-taalim).

Ouverture de 11 écoles préscolairesConcrétisation de la politique

culturelle de la Fondation

Création de la FMPSProgramme Nafid@

Fonds de soutien maladieSAFAR TAALIM

Centre d’estivage AL BOUSTANE

Centre d’estivage les MIMOSAS

Assurance Médicale Complémentaire

Assistance et Transport Sanitaire

Aide au logement ( FOGALEF )Aide pour le pèlerinage

Bource ISTIHQAQ

Désignation du Comité DirecteurSubvention des voyages en train

Création de la Fondation

305 inscritsInauguration de la Galerie des expositions ;

150 000 bénéficiaires

48 dossiers réglés1 492 familles

2 900 bénéficiaires

2 500 bénéficiaires

291 000 dossiers réglés 6 285 dossiers réglés

44 743 bénéficiaires1 330 bénéficiaires1 449 bénéficiaires

5 300 000 voyages

Cumul des réalsations au 31-12-2009.

2008

2009

2007

2006

2005

2004

2003

2002

2001

Trajectoire

Le ministre de tutelle a l’avantage de s’occuper de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, ce qui devrait faciliter cette transition. Le plus important c’est d’avoir un niveau de for-mation exigeant pour l’enseignement du XXIe siècle.

Et pour y arriver, il est indispensable que la formation continue trouve également sa place, en tant qu’activité normale visant l’adaptation aux changements et l’amélioration des performances.

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Numéro Spécial Q 13

Concernant l’aspect de la Gouvernance : La question de la gouvernance est revenue à plusieurs reprises dans le rapport. A tous les niveaux. Les outils sont là mais ne sont pas efficacement utilisés. Les textes vont assez loin mais pas la pratique, notamment en matière de déconcentration du système de décision. Je rappelle, entre autres exemples, que les Académies régionales de l’éducation formation (AREF) sont devenues des établissements publics qui ont un conseil, des at-tributions et des budgets. Il y a des marges d’autonomie qui ne sont pas suffisamment utilisées au niveau régional et provincial. Ceci sans parler des projets d’établissement qui tardent encore à émerger en nombre et qualité souhaités, notamment pour nos lycées. Même raisonnement pour l’université où je crois beau-coup à la responsabilisation et à la contractualisation avec l’Etat autour de projets d’avenir.L’enseignement est obligatoire et il est, je le rappelle, à la char-

ge complète de l’Etat. Mais l’Etat a ses démembrements, aussi bien fonctionnels que territoriaux. Nous pensons justement que les collectivités locales, par exemple, par leur proximité peu-vent être d’un très grand appui à l’école. Bien entendu, nous excluons de leurs interventions le volet pédagogique.Il y a déjà des discussions qui sont en cours entre le ministère de l’Intérieur et celui de l’Education nationale sur ces ques-tions. Encore une fois, il s’agit de le faire dans des proportions raisonnables, en fonction des moyens dont disposent ces mêmes collectivités, et surtout de leur niveau de motivation et d’inté-rêt pour l’école. Le CSE a appelé également à explorer toutes les possibilités de partenariat au profit des établissements sco-laires, dans le cadre du renouveau de la mobilisation dont on a parlé tout à l’heure.

L’enseignement privé :Le rappelle que l’enseignement est un service public. Concer-nant plus particulièrement l’enseignement obligatoire, il est du devoir de l’Etat de garantir à chaque enfant marocain une place à l’école. Les prestataires de ce service peuvent cependant être publics ou privés. Si l’encouragement du secteur de l’enseigne-ment privé gagne toujours à être réaffirmé, le rapport du CSE souligne qu’il est important de différencier le traitement entre, d’une part, un enseignement privé opérant selon une logique pure de marché et obéissant aux règles de droit commun et, d’autre part, un enseignement privé conventionné, délégatai-re d’une mission de service public et pouvant bénéficier d’un soutien plus important de l’Etat. Mais il ne s’agit pas d’aller jusqu’au système de chèques-éducation comme cela se fait dans d’autres pays.

Enfin, le financement de la réforme : Si l’on prend les indicateurs classiques (pourcentage de l’éduca-tion dans le budget, part dans le PIB), on a affaire à des chiffres honorables par rapport à des pays de niveau de développement comparable. Mais, quand on se réfère à un indicateur pertinent et essentiel comme celui de la dépense éducative par élève et par an, laquelle est de 525 dollars seulement au Maroc, on est au bas de l’échelle, ce qui, d’ailleurs, plombe notre indice de

développement humain. Le vrai indicateur reste la dépense par élève. Et sur ce plan, l’effort est encore très faible. La réussite de toute réforme dépend aussi de la capacité collective à en payer la facture.

Des chantiers inachevés :Des étapes importantes ont été franchies dans la dynamisation de la Décennie nationale de l’éducation et de la formation. « Je suis témoin de tous les efforts faits et de tous les dévouements qui se sont exprimés. Mais il est vrai que les dysfonctionnements que l’on a relevés sont toujours là: l’insuffisant engagement des enseignants et les exigences de valorisation de leur métier, la gouvernance “déresponsabilisante” de chaque niveau qui n’est pas vraiment expliquée. Sans oublier encore la question des mo-dèles pédagogiques et des outils utilisés, la pédagogie, la mau-vaise maîtrise des langues, dont d’ailleurs la langue nationale, alors que les heures investies dans celle-ci sont importantes…La faisabilité financière de la réforme n’est pas réglée non plus. Le Conseil propose de mettre en place un fonds de soutien. Ce qui implique que des crédits spécifiques soient alloués à la ré-

forme et qu’ils ne soient pas noyés dans la masse. Il faut qu’on sache quels sont les crédits prévus pour quels projets. Quand on dit qu’il faut des formules alternatives de financement, on estime que cette piste peut avoir beaucoup de succès auprès de fondations, de bailleurs internationaux, etc. L’éducation est vendable, il faut en profiter » dit Feu Meziane BELFKIH.

Il faut trouver 4 milliards de dirhams pendant quatre ans; c’est mobilisa-ble de mille manières. C’est une charge au départ, mais c’est surtout un investissement productif générant le développement. C’est une nécessité pour notre pays: il n’y a pas de solution au développement si l’éducation ne suit pas. Interview accordée à Maroc Hebdo International

Hommage à l’école marocaine

Quoiqu’on dise, il faut tout de même rendre justice à notre école. Je crois qu’elle a fait globalement honneur à sa mission. La très grande majorité des cadres aux commandes du pays aujourd’hui, sont des produits de l’école marocaine. Sur les dernières années où je me suis investi dans ce secteur, je peux témoigner des efforts sincères et soutenus accomplis par les différents responsables et ministres qui se sont succédés. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, et il faut également souligner toutes les avancées qui ont été réalisées. Maintenant il est vrai qu’après la généralisation, la massification, la diversification, il y a eu des difficultés nouvelles auxquelles le système éducatif est confronté. A.M.B

Il y a une grande volonté de régler quelques petites choses tant au ministère de l’Intérieur qu’à celui de l’Éducation nationale. Pour des solutions opératoires au niveau local et ce avec l’implication des communes. Ces petites choses, c’est quoi ? Le logement de l’instituteur, le sanitaire de l’école, des petits travaux, la peinture… Le milieu associatif est très actif sur le terrain, mais il ne peut pas tout faire.

Sources : www.fm6education.ma www.cse.ma www.maroc-hebdo.press.ma

« Le Maroc à la recherche du temps perdu. Entretien avec Abdelaziz Feu • Meziane Belfkih » SezameMag du Jeudi 15 Février 2007« Abdelaziz Meziane Belfkih : Il n’y a pas de crise de l’enseignement » • Telquel n°321, sept. 2009. « Abdelaziz Meziane Belfkih: Il faut sanctuariser l’école et la recentrer sur • ses fonctions essentielles » L’Economiste Edition 2763 du 24 avril 2008 « Réforme de l’enseignement : le rapport secret de la Cosef », La Vie • Economique du 20 juillet 2005.

Page 14: Journal de la Fondation Edition Spéciale

Numéro Spécial Q14

Nécessité d’une mobilisation collective autour de la réforme de l’école pour tousFeu Meziane Belfkih considère que l’accélération de la réforme de l’éducation requiert une mobilisation continue en faveur de l’école et l’élaboration d’un contrat de confiance et de qualité avec le corps enseignant, acteur essentiel à la modernisation de l’école.

Il s’agit d’une responsabilité partagée nécessitant des efforts collectifs, un débat constructif et une conviction commune quant à la nécessité d’assurer la réussite d’une école publique pour tous, qui contribue à la consécration d’une société marocaine cohérente, solidaire et développée sous la conduite éclairée de SM le Roi.

Aujourd’hui, la mobilisation doit être mieux organisée et ciblée. Chaque académie, chaque délégation et chaque établissement de-vrait tenir un portefeuille de projets et d’initiatives et répondre à tout porteur d’idée, d’effort ou de moyens.Réussir l’école pour tous passera également par un contrat de confiance et de progrès avec le corps enseignant, qui continue d’œuvrer, souvent dans la difficulté, pour la réussite des générations qui lui sont confiées. Ce pacte, pourrait s’organiser autour d’une dynamique vertueuse dans l’enseignement, fondée sur un dialogue social constructif et sur le droit des élèves à une éducation de qualité, sur une rénovation du métier d’enseignant, dans le sens de sa professionnalisation et de sa valorisation, et un engagement sur des objectifs concrets et vérifiables d’amélioration du système éducatif national, permettant au corps enseignant d’assumer pleinement son rôle dans la réussite des réformes. Telles sont les recommandations issues du rapport du CSE, dont les rédacteurs précisent : « Ce rapport, dont la démarche proposée, se veut être globale sans être dispersée, thématique sans être monodimensionnelle, aspire à éclairer les choix publics dans le domaine de l’éducation et à servir la conversation nationale sur l’école...Cette contribution se veut scientifique et citoyenne. Si elle permet à chacun de se faire librement et en conscience une opinion sur son école sur la base de faits chiffrés et documentés, elle aura alors fait œuvre utile. »

Source : Rapport du CSE sur l’état et les perspectives du système d’éducation et de formation au titre de l’année 2008, publié sur www.cse.ma

Sources :

Web :www.fm6education.mawww.cse.mawww.academie-hassan2-sciences.mawww.enpc.frwww.maroc-hebdo.press.ma

Presse :-Ad Memoriam : Quelle formation pour l’ingénieur de demain ? Le Matin du 20 mai 2010. - Ad Memoriam Abdelaziz Meziane Belfkih » Le Matin du 10 mai 2010.- « En hommage à feu Abdelaziz Meziane Belfqih : Quelques premiers enseignements d’un parcours exemplaire » Le Matin du 30 mai 2010- Adieu à Abdelaziz Meziane Belfkih, Jeune Afrique du 20 Mai 2010-« Abdelaziz Meziane Belfkih. L’architecte de la nouvelle ère » Telquel n°424

- « A. Meziane Belfkih Le roman d’une vie » Temps du 1er juin 2010.- « Le Maroc à la recherche du temps perdu. Entretien avec Abdelaziz Meziane Belfkih » SezameMag du Jeudi 15 Février 2007- « Abdelaziz Meziane Belfkih : Il n’y a pas de crise de l’enseignement » Telquel n°321, sept. 2009.- « Abdelaziz Meziane Belfkih: Il faut sanctuariser l’école et la recentrer sur ses fonctions essentielles » L’Economiste Edition 2763 du 24 avril 2008- « Réforme de l’enseignement : le rapport secret de la Cosef », La Vie Economique du 20 juillet 2005.- « Entretien avec A. Meziane Belfkih, Conseiller du Souverain : L’action politique doit recouvrer ses lettres de noblesse» Le Matin du 14/02/2006- « Rapport du cinquantenaire ; Meziane Belfqih: Nous ne sommes pas les nouveaux gourous » L’Economiste du 9 janvier 2006- Belfkih: «Pas assez de débat de prospective» L’Economiste du 21 avril 2006- « Il n’y a pas d’archaïsme fatal dans l’Administration : Conversations sans tabous avec Abdelaziz Meziane » L’Economiste du 6 juin 1996.

Il n’y a pas d’équation difficile à résoudre. ÂIl y a toujours des solutions meilleures que d’autres.Il n’y a pas de grand soir glorieux, il n’y a Âqu’une multitude de petits matins laborieux.C’est du débat que jaillit le soupçon de Âvérité.La justice, c’est comme la femme de César ; Âelle doit être irréprochable.L’avenir se construit et n’est pas fatalement Âsubi.Le changement n’est pas chemin aisé. ÂIl faut savoir raison garder. ÂLe sens de la responsabilité et une éthique à Âtoute épreuve. C’est la vertu

Ses bons mots …

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Numéro Spécial Q 15

TEMOIGNAGES En hommage à Feu Abdelaziz Meziane BelfKih

LA LEÇON DE «SI MEZIANE» DEVANT SES PAIRSL’hommage se terminait en apothéose : des milliers de mains se joignaient

pour applaudir dans l’immense amphithéâtre de la prestigieuse Ecole Mohammadia d’ingénieurs (EMI), un grand serviteur de l’Etat et

défenseur du service public , «Si Meziane» à qui l’on doit la réalisation de grands projets nationaux : barrages , Tanger Med , l’IRCAM , le rapport du cinquantenaire , l’IER …Quelques semaines avant sa mort , «Si Meziane» très affaibli était venu , devant ses pairs, parler d’un projet qui lui tenait à cœur : la place qui revenait aux ingénieurs dans la construction et le développement du pays. Comment voyait- il l’ingénieur dans le Maroc en mouvement ? C’est le titre de l’intervention qu’il fit devant un parterre de jeunes ingénieurs qui « buvaient » littéralement ses paroles.

Pour lui, il n’ait de capital, et de richesse que l’homme avec son ensemble de valeurs, de savoir faire et de savoir être. Nous devons disait il au-delà de la culture scientifique, éduquer l’esprit d’entreprenariat, la capacité d’écoute de l’autre, le travail en équipe dans un écosystème pluridisciplinaire. Pour lui le lien entre le savoir être et le savoir faire, c’est la constance, la persévérance, l’audace qui régissent les principes d’action. Cela requiert beaucoup de patience car aimait il à dire « il n’y a pas de grand soir, il n’y a qu’une multitude de petits matins laborieux ».Pour revenir aux ingénieurs, «Si Meziane» se plaisait à souligner que « l’ingénieur d’aujourd’hui et de demain doit cultiver sa capacité à gérer la complexité, et à prendre avec discernement de bonnes décisions dans un environnement souvent incertain. Les solutions ne manquent pas. Ce qui est difficile, c’est plutôt d’appréhender les problèmes sous toutes leurs dimensions et de faire des choix ou des arbitrages adéquats et pertinents. C’est la raison pour laquelle, il est nécessaire de développer davantage encore les « compétence non techniques » des ingénieurs. Ces derniers devaient être des acteurs ouverts sur leur environnement, capables de cultiver le sens du contact humain, de travailler en équipe, de maîtriser la communication interculturelle dans un contexte mondialisé, de savoir interagir aussi bien avec d’autres professionnels ,architectes, sociologues, paysagistes, urbanistes, …. qu’avec les élus, les autorités et les acteurs associatifs. Dans leur approche des problèmes et la conception des solutions, le sens de la citoyenneté impose, disait il encore à nos ingénieurs, une prise de conscience accrue des questions liées à la protection de l’environnement, et à l’inclusion sociale et au développement humain, qui doivent devenir des préoccupations permanentes de tout un chacun »

Ce que l’on retiendra de cette « leçon » d’un grand maître c’est sans doute le message adressé aux ingénieurs qui s’impliquent dans le développement de leur pays en servant l’administration. « L’idée de service public dit il est exigeante. Elle l’est en ce sens qu’il s’agit du fondement de la relation de légitimité et de confiance entre le citoyen et l’Etat. Elle l’est aussi, par ce que les services et équipements collectifs sont au cœur de la compétitivité économique des pays et des territoires. De même, le service au public dans sa grande diversité, de la justice à la sécurité, de l’éducation à la santé, est un levier incontournable de la justice sociale. C’est en ce sens qu’on qualifie les services publics de « capital des pauvres »….

Parce qu’il avait à cœur les questions de justice sociale, étant lui-même originaire d’une région pauvre et démunie, il alliait « cette qualité particulière de la gestion publique mais aussi dans la gestion privée, le sens de la responsabilité à une éthique à toute épreuve ». Cette qualité, il la nommait tout simplement « vertu », ce principe qui habilite l’homme à agir bien et qui aura été l’aiguillon de toutes ses actions et qui, disons le sans emphase, aura régi toute sa vie. A Dieu nous sommes et à lui nous retournons …

Par Farida Moha http://emistes.emi.ac.ma

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Numéro Spécial Q16

«Abdelaziz Meziane Belfkih nous a quittés trop tôt. Trop vite. Le choc a été affligeant. Le trauma résiste à l’effet cicatrisant du temps. Mais, c’est dans l’intimité, dans le silence qu’on peut authentiquement faire son deuil de la perte d’un grand ami de très longue date…Constatons que, dans les écrits qui lui ont été consacrés et dans les paroles échangées en public et en privé lors des rencontres et des cérémonies consécutives à son décès, les qualités personnelles du défunt font une unanimité manifeste : intelligence, rigueur, détermination, rectitude, honnêteté, endurance, humilité, ouverture d’esprit… ; autant d’attributs où les scores reconnus au défunt sont rarement égalés.Mais, en se limitant à survoler une telle liste de vertus, on risque de ne pas en tirer d’enseignement. En fait, il n’est pas courant d’être à la fois intelligent et modeste, déterminé et autocritique, haut placé et humble, influent et discret…L’originalité du défunt aura été d’allier ces vertus…Il n’est pas si fréquent qu’un haut responsable jouisse du respect, de l’estime et, surtout, de la confiance de larges franges d’acteurs si variés : politiques, universitaires, ingénieurs, techniciens, professionnels, acteurs de la société civile, humbles citoyens. Ces différents milieux, souvent cloisonnés et adoptant des étalons d’évaluation divergents, retrouvent une communion autour du grand défunt. Cette estime et cette confiance largement partagées tenaient-elles aux qualités humaines et personnelles du défunt ? Sans doute …Mais, au-delà, il y eut aussi sa vision et sa pratique managériales, réflexives et politiques, au sens le plus noble et le plus large de ce dernier terme… Sa méthode alliait une triple exigence : - l’étude et la connaissance des faits ; - l’intelligence experte de la position et de la résolution des problèmes ; - l’imagination constructrice et innovante. Elle mettait aussi en synergie l’effort individuel, le travail d’équipe et la concertation élargie.Elle se référait, enfin, à la spécialisation technique et scientifique, à l’interdisciplinarité et aux valeurs éthiques, culturelles et sociales, tant nationales qu’universelles…La véritable force de feu Meziane et la grandeur de son œuvre se mesurent au fait qu’il ne fut ni un surhomme, ni un homme placé au-dessus des lois et des règles du jeu d’une société bien déterminée, à une époque bien déterminée…Sa force aura été d’avoir innové et persévéré, d’avoir affronté des adversités, d’avoir réussi des acquis de taille, d’avoir assumé des échecs et d’avoir eu le courage d’affronter sans détour l’incertitude et l’erreur, bien humaines».

Extrait du témoignage de Mohamed Berdouzi, publié au Matin du 30/ 05/2010

Quelques premiers enseignements d’un parcours exemplaire

« Meziane Belfqih a en effet une étonnante capacité à la liberté de conscience, une liberté bien plus rigoureuse qu’on l’imagine et ce, vis-à-vis d’elle-même, nuance importante. Ce n’est certes pas un provocateur ou un désobéissant, mais il a un don spécial pour récupérer, presque instinctivement, sa liberté de convictions, et ce, sans que ceux ou celles qui souhaiteraient le limiter n’en prennent ombrage. Cela, les gens, même sans le connaître, le sentent. Donc ils sont portés à faire confiance. Ce n’est pas vis-à-vis de S.M. le Roi, qui avait publiquement donné un chèque en blanc, que cette capacité est mise à l’épreuve, mais vis-à-vis des participants, qui ont tous des personnalités fortes, des visions nettes et arrêtées, mais qu’il fallait faire fonctionner ensemble ».

Nadia SALAH l’Economiste du 9 janvier 2006.