France-Amérique Mai 2013

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LE JOURNAL FRANÇAIS DES éTATS-UNIS Mai 2013 france-amerique.com Guide TV5Monde PSYCHOSE DANS LE VIGNOBLE CINÉMA À L’HEURE DES NéO-BISTROS GASTRONOMIE REPORTAGE LE NEW JERSEY SE RêVE EN BORDEAUX NÉO BISTRO

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Numéro de Mai 2013

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LE JOURNAL FRANÇAIS DES éTATS-UNIS Mai 2013

france-amerique.com

Guide TV5Monde Psychose dans le vignoble

CinémaÀ l’heure des néo-bistros

gastronomiereportage

le new Jersey se rêve en bordeaux

NÉO BISTRO

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sommaire

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Vie en France

Chronique Écopar Évariste Lefeuvre

Livres Et si on (re)lisait Proust?

immigrationUne bonne nouvelle pour les Français rêvant d’Amerique?

ReportageLe New Jersey se rêve en Bordeaux

CinémaPsychose dans le vignoble

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PortfolioLes maisons volantes de Laurent Chehere

HistoireLouis XIV et Marie Mancini

Saveurs À l’heure des neo-bistrots

Point final Michel Legrand, les melodies du bonheur

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instantanés

annuaire

Petites annonces

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Vie en franCe

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Marseille / Feux sur le Vieux-Port ! Dans le cadre de Marseille-Provence 2013, la compagnie Carabosse presente Le Vieux-Port entre flammes et flots, un spectacle pyrotech-nique qui ouvrira les 3 et 4 mai la saison de la Folle histoire des arts de la rue, le festival annuel anime par l’association Karwan sous l’egide de la Cite des arts de la rue. Chore-graphies de tractopelles sur la plage, deam-bulations burlesques, danses aeriennes et theâtre de rue detourneront l’espace public portuaire et urbain, pour en faire un lieu hors du commun. Et pour continuer dans cette ambiance festive, Marseille accueillera du 3 mai au 9 juin le festival This is (not) music, soit 40 jours de street-art destines à mettre en avant les cultures urbaines les plus representatives de la cite phoceenne. ■

CanneS 2013

Le cinéma américain en vedette sur la CroisettePaul Newman et Joanne Woodward s’embrassent. C’etait en 1963 pour La Fille à la casquette (A New Kind of Love), un film de Melville Shavelton. Cinquante ans plus tard, cette photo de tournage, legerement retravaillee, fait l’affiche du 66e Festival de Cannes qui se deroulera du 15 au 26 mai. « La vision de ces deux amoureux pris de vertige et perdant tout repère appelle à vivre le cinéma comme un désir sans fin », precisent les orga-nisateurs du festival. En 1958, les deux jeunes maries foulaient le tapis rouge du Festival de Cannes pour Les Feux de l’été (The Long, Hot Summer) de Martin Ritt, le premier film qu’ils ont tourne ensemble. Cet amour perdurera jusqu’à la mort de l’acteur, en 2008. « C’est pour le Festival l’occasion de rendre hommage à la mémoire de Paul Newman, disparu en 2008, et de faire un salut plein d’admiration à Joanne Woodward, sa femme et son interprète d’élection », ont declare les organisateurs. Joanne Woodward, 83 ans, devrait probablement monter les marches du Palais des festivals aux côtes du president du jury, Steven Spielberg, ainsi que du realisateur Baz Luhrmann et de l’acteur Leonardo DiCaprio dont le film Gatsby le Magnifique (The Great Gatsby) sera pre-sente en ouverture. ■

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Vie en franCe

L’origine du nom de la plus grande ville du Michigan n’est pas bien difficile à deviner : c’est à une particularite geographique qu’elle le doit. Louis XIV, en 1699-1700, cautionne la construc-tion d’un fort au niveau du detroit separant les lacs Sainte-Claire et Érie. La colonie est baptisee « Fort Pontchartrain du Detroit », Pontchartrain etant le ministre de la Marine du Roi-Soleil. Le fondateur de la ville, dont la statue est visible sur Hart Plaza, n’est autre qu’Antoine Laumet, dit Antoine de La Mothe-Cadillac. Cet aventurier gascon avait su motiver le roi en lui expliquant qu’un etablissement au sud des Grands Lacs permettrait de freiner l’expansion anglaise tout en contrôlant les Iroquois. Il jeta les bases de la colonie en 1701, avec l’aide d’une centaine d’hommes. Dote d’un flair certain, il avait devine que le lieu se prêterait au developpement du commerce. Quelle perspicacite ! Avant d’être la vedette d’une chanson de Johnny Hallyday (dans l’album Cadillac, sorti en 1989), cet Antoine-là a laisse son nom au fleuron de l’industrie automo-bile americaine, dont Detroit a longtemps ete – et semblerait en passe de redevenir – le fer de lance. Hommage etait ainsi rendu par les associes d’une societe de construction automobile au fonda-teur de la ville, dont on celebrait le bicentenaire au moment où les premieres Cadillac sortaient des usines. On notera qu’avant les vehicules à moteur, la region, situee à un carrefour, etait dejà reputee pour la construction de chariots, utilises par les pionniers qui se ruaient vers l’Ouest. ■

ÉDUCation

maDe in FranCe

À partir de la rentree, les enfants reprendront le chemin de l’ecole le mercredi ou le samedi matin. Un decret du ministre de l’Éducation Vincent Peillon reinstaure ce rythme de 4,5 jours par semaine, abandonne en 2008 au profit de 4 jours. La reforme conserve les 24 heures hebdomadaires (con-tre 26 avant) etablies par Xavier Darcos. Ainsi, les journees seront raccourcies de 45 minutes en moyenne et des activites pedagogiques viendront completer l’emploi du temps. Ce changement promis durant la campagne de François Hol-lande inquiete les collectivites locales, qui – malgre un fonds d’incitation de 250 millions d’euros – verront s’alourdir leurs depenses en cantine, transports, prise en charge periscolaire, etc. L’association des maires de France estime à 600 millions d’euros par an le coût de la reforme pour les communes. Le choix appartenant à chaque municipalite, une majorite de villes prefere attendre 2014 pour mettre en place ce nouveau rythme scolaire. ■

Retour à l’école le mercredi matin

La mimolette en otage aux États-Unis Plus de 500 kg de ce fromage orange sont retenus aux frontieres americaines par la FDA (Food and Drug Administration) dans un entrepôt du New Jersey. « On importe ce fromage depuis une vingtaine d’années mais depuis début mars, les inspecteurs de la FDA nous donnent du fil à retordre. Nos mimolettes ne passent pas les analyses », explique Benoît de Vitton, responsable USA de l’entreprise normande Isigny Sainte-Mere. Selon M. de Vitton, les inspecteurs ont fait savoir que les « mites à fromage » ou cirons, sortes d’acariens microscopiques cul-tives à dessein sur la croûte pour affiner le fromage, etaient allergenes. Or, ces mites ont toujours existe, s’etonne ce responsable. « Je n’ai aucune explication si ce n’est cette histoire d’allergie », ajoute M. de Vitton, qui a fait stopper les arrivages de France, et selon qui certains froma-gers de New York sont en rupture de stock. Une page Facebook de soutien a ete ouverte debut avril sous le titre, en anglais, de « Save the mimolette ». ■

un bras entre deux rives baptisé detroitsébastien Drouet

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Vie en franCe

LÉgiSLativeS

JUStiCe

Dix mois apres avoir quitte la presidence de la Republique, Nicolas Sarkozy doit faire face au pouvoir judiciaire. Il a ete mis en examen le 21 mars dernier pour « abus de faiblesse » au detriment de l’heritiere de L’Oreal, Liliane Bettencourt. L’annonce a ete faite apres l’audition de l’ancien president de la Republique par le juge d’instruction Jean-Michel Gentil au palais de justice de Bordeaux. Des soup-çons de financement illegal pesent sur la campagne presidentielle victorieuse de M. Sarkozy en 2007. Le parquet a precise que cette mise en examen concerne des vi-sites du candidat de l’UMP chez Mme Bettencourt pendant l’annee d’election. Plusieurs proches de M. Sarkozy ont attaque la decision du juge, remettant en cause l’independance de ce dernier. Le depute UMP Henri Guaino, ancien conseiller special du president, a estime que la decision de M. Gentil etait « indigne », qu’il avait « déshonoré la justice ». L’information judiciaire sur d’eventuelles malversations commises contre la milliardaire est terminee depuis le 28 mars. Les parties civi-les ont desormais trois mois pour presenter des observations et demandes. Douze personnes ont ete mises en examen dans ce volet de « l’affaire Bettencourt ». ■

ÉvaSion FiSCaLe

L’Europe veut copier le Fatca américain Le ministre français de l’Économie Pierre Moscovici tient-il la solution miracle contre les scandales politico-financiers, comme celui qui a precipite la chute du mi-nistre du budget Jerôme Cahuzac ? Il va proposer à l’Union europeenne d’adopter sa version du « Fatca », du nom de la loi americaine de lutte contre les fraudeurs du fisc à l’etranger. Adopte en 2010 dans le sillage de scandales d’evasion fiscale impliquant notam-ment la banque suisse UBS, le Foreign Account Tax Compliance Act (Fatca) entrera en vigueur le 1er jan-vier 2014. Il obligera tous les etablissements financiers mondiaux (banques, mais aussi fonds d’investissements, fonds de pension, trusts et fiducies de placement, fonda-tions et même certains produits d’assurance) à declarer aux autorites americaines presque tous les mouvements affectant un compte detenu par un citoyen americain, même si celui-ci ne reside pas ou plus aux États-Unis... Si un etablissement refuse de se soumettre au Fatca, ses activites aux États-Unis seront sanctionnees par une surtaxe de 30%, via une retenue à la source. La sanction pourra même aller jusqu’au retrait de la licence bancaire aux États-Unis, un argument persuasif compte tenu de l’importance du marche americain pour les banques. Plusieurs pays adeptes du secret bancaire semblent dejà jouer le jeu : la Suisse a conclu un accord Fatca avec Washington et le Luxembourg envisage de le faire. ■

Les Français appelés aux urnes fin maiApres l’annulation de l’election de Corinne Narassiguin par le Conseil constitutionnel, un nouveau scrutin legisla-tif partiel aura lieu en Amerique du Nord. Les Français inscrits sur les listes electorales consulaires pourront exprimer leur suffrage au moyen des mêmes modalites de vote qu’en juin 2012 : à l’urne, par procuration, par correspondance ou par Internet. Le vote à l’urne aura lieu le samedi 25 mai 2013 pour le premier tour et, dans le cas d’un second tour, le samedi 8 juin. Le vote par voie electronique sera ouvert du mercredi 15 mai 2013 à midi au mardi 21 mai à midi (heures de Paris) pour le premier tour, et du mercredi 29 mai à midi au mardi 4 juin à midi (heures de Paris) pour le second tour.

Chaque electeur sera informe individuellement, par courrier, des modalites de scrutin et peut obtenir des informations sur le site du ministere des Affaires etrangeres : votezaletranger.gouv.fr.Les candidats sont, à l’heure où nous ecrivons : Franck Scemama pour le PS, Frederic Lefebvre pour l’UMP, Nicolas Druet pour le MoDem, Louis Giscard d’Estaing pout l’UDI, Cyrille Giraud pour Europe Écologie-Les Verts, Thierry Fautre pour le FN, Veronique Vermorel pour le Parti Pirate, Karel Vereycken pour Solidarite et Progres, Damien Regnard et Gerard Michon, candidats divers droite. ■

Nicolas Sarkozy mis en examen

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La CHRonique éCo

March Madness. Tous les ans, les equipes de premiere division de basket de la National Collegiate Athletic Association (NCAA) s’affrontent à l’occasion d’un tournoi ultra-mediatise. L’engouement populai-

re est bien superieur à celui de la NBA (professionnels) pour des raisons tres « americaines ». Bien plus que les immuables franchises de la NBA, les victoires et defaites des equipes de la NCAA declenchent une « Folie de Mars » qui rappelle ce qui forge le sentiment americain – l’importance de l’attachement local, de la communaute et une nostalgie du passe qui ne re-monte pas ici aux peres fondateurs mais aux « belles annees » universitaires : amities, romances, esperances…

Cette annee, la folie de mars s’observe egalement sur les marches financiers : non seulement les indices boursiers ameri-cains ne cessent de depasser leurs plus hauts taux historiques mais aussi affichent-ils des performances bien meilleures que celles de la plupart des places emergentes. Le 31 mars a ponc-tue un premier trimestre qui restera dans les annales : la hausse de 11,25% du Dow Jones est la plus forte enregistree en quinze ans. Depuis plusieurs semaines pourtant, la bataille est feroce entre les « bulls » et les « bears », les partisans d’une hausse durable et ceux qui craignent (voire souhaitent) une correc-

tion des indices. Au cœur du debat, la solidite de la crois-sance et l’evolution des profits. À court terme, les rendements des actions sont fortement correles à l’evolution cyclique de l’economie : tant que les statistiques economiques sont con-formes ou superieures aux attentes, les indices grimpent. En depit du feroce debat sur la falaise fiscale (fin d’annee 2012), des hesitations sur la sequestration (depenses de defense en particulier), les nouvelles economiques ont ete plutôt favo-rables en fevrier et mars. La tendance semble neanmoins s’être rompue debut avril. Pour les adeptes du « vendre en mai et racheter en septembre », ces premiers signaux de faiblesse sont un signe de vente probant. D’autant plus que l’economie americaine est, depuis quelques annees, caracterisee par des effets saisonniers marques : la croissance s’affaisse au deuxieme trimestre de maniere bien plus prononcee qu’avant la Grande Recession de 2008.

À moyen terme en revanche, le moteur des indices est ce-lui des profits. Il est coutume de valoriser les actions en rap-portant leur prix aux benefices. Cette metrique, appelee PER, donne generalement une bonne indication du caractere cher ou bon marche des actions. Avec un taux de profits proche de son plus haut historique, nombreux sont ceux qui pensent là aussi que les actions sont allees trop loin.

C’est oublier que si le niveau absolu des indices est à un plus haut historique, le PER est lui à un niveau non seulement soutenable mais aussi bien inferieur à ceux des pics boursiers de 2007 ou 2000. Par ailleurs, à ce stade du cycle, une baisse des taux de profits serait synonyme de hausse des salaires et donc de renforcement de la reprise economique, un phenomene fa-vorable aux actions.

La folie de mars est probablement terminee pour les marches d’action et un repli des cours au printemps ne serait pas surprenant, mais le potentiel haussier des indices boursiers americains reste encore significatif. ■

La Folie de MarsÉvariste Lefeuvre est chef économiste de Natixis North America. Normalien, agrégé d’économie, il a co-écrit, avec David Abiker, le Dictionnaire posthume de la finance, signé en 2010, La Logique du hasard (Éditions Eyrolles) puis, en novembre dernier, La Renaissance américaine (Éditions Leo Scheer).

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French-American Foundation ANNUAL

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LiVres

C’était il y a 100 ans : le 14 novem-bre 1913 paraissait en France Du côté de chez Swann, premier tome d’À la recherche du temps perdu de Marcel

Proust. Micro-episode pour une Europe alors sur le point de sombrer dans le plus effroyable des conflits. Maxi-evenement pour l’histoire litteraire mondiale, qui inaugure là l’un de ses plus longs et plus incroyables romans. Le centenaire de cette œuvre incomparable est aujourd’hui dûment fête sur le sol americain. Une selection de notes, de brouillons et d’epreuves annotees ont ete exposes à la Morgan Library de New York. Plus au nord, à l’universite d’Harvard, c’est la correspondance entre l’ecrivain et Reynal-do Hahn, son ami et amant, qui est mise à l’honneur, tandis qu’un concert intitule « Proust le musicien », au Center for Fiction de New York rendait hommage à ses goûts musicaux, de Debussy à Saint-Saëns.

Ces manifestations officielles ne doivent pas pour autant masquer l’eventualite, toujours presente, d’une museifica-tion forcee. Alors, cent ans apres, que reste-t-il de Proust ? Un incipit reste celebre sans doute. La reference à une petite madeleine. Et une reputation, celle d’un auteur exigeant, aux phrases interminables. Les Anglo-Saxons n’ont d’ailleurs ja-mais donne leur part au chien quand il s’est agi d’en souligner la difficulte. En 1922, l’annee de la mort de l’auteur, mais aussi de la premiere traduction du livre, un critique anglais evoque ainsi un roman ecrit dans « un français où tous les mots sont faciles et toutes les phrases difficiles ». En 1972, c’est la troupe comique des Monty Python qui s’attaque à son tour à Proust, dans un sketch baptise « The All-England Summarize Proust Competition » : trois candidats sont mis au defi de resumer la Recherche en moins de quinze secondes. Defi impossible – et hilarant -, bien evidemment… Quant à l’ecrivain Phyllis Rose, elle prolonge la blague sur la difficulte de l’œuvre en ouvrant son best-seller de 1997, The Year of Reading Proust, par ces mots : « Longtemps, j’ai essayé de lire Proust. »

Cette reputation aurait pu ternir gravement l’image de Proust, precipiter son nom dans les oubliettes de l’Histoire…

Mais c’est tout le contraire. Le poids de cette œuvre gigantesque – plus d’un million de mots ! -, l’originalite de cet art sinueux de la phrase, sont en realite autant de qualites qui ont fait de Proust une icône de la litterature mon-diale, un symbole même de l’ecrivain intello classique. Si bien qu’on retrouve aujourd’hui sa trace un peu partout dans la culture popu-laire… En 1955, c’est Andy Warhol qui publie un livre intitule À la Recherche du Shoe perdu.

Depuis 1993, Marcel s’affiche dans les pages de Vanity Fair, comme inspiration de son rituel questionnaire – un interroga-toire intime egalement popularise par James Lipton, dans son emission Inside the Actors Studio. Quant au journaliste Tom To-morrow, il a cree le « Spot the Pretentious Proust Reference », un blog recensant les mentions au « petit Marcel » dans les pages du New York Times – pres de 1700 depuis 1981 !

Ces dernieres annees, Proust a egalement contamine Hol-lywood. Il sert ainsi de fil rouge dans le superbe film Little Miss Sunshine, qui voit Steve Carell jouer le rôle d’un profes-seur homosexuel et depressif, obsede par Proust, qu’il qualifie de « total loser » certes, mais aussi de « plus grand écrivain depuis Shakespeare ». Ou encore dans La vie aquatique de Wes Ander-son, où le personnage de Cate Blanchett s’efforce de lire à voix haute l’interminable roman à l’enfant s’agitant dans son ven-tre. Sans oublier l’adaptation du Sur la route de Jack Kerouac, sortie sur les ecrans l’an passe, où un exemplaire de Du côté de chez Swann apparaît à plusieurs reprises, comme un lien entre les differents personnages.

Ce n’est donc pas le moindre des paradoxes que de voir celebre ce romancier au phrase si ample, à l’âge des tweets de 140 signes. Mais il serait dommage de s’arrêter à la carica-ture qu’on en propose volontiers. Dommage de ne pas goûter ses reflexions sur le temps, la memoire ou la litterature. De ne pas savourer son humour formidable, son regard acere sur la nature humaine. Alors prenez donc votre courage - et les sept tomes du roman ! - à deux mains. Et souvenez-vous de haïr les snobs qui vous lanceront, avec un detachement cruel : « Proust, ça ne se lit pas. Ça se relit... » ■

Cent ans aprés la parution de Du côté de chez Swann, Marcel Proust continue de fasciner les lecteurs du monde entier, autant par la qualité

de son œuvre que par sa difficulté.

Et si on (re)lisait Proust ?

Julien Bisson

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immigration

Une bonne nouvelle pour les Français rêvant d’Amérique ?

Sous l’impulsion du president Barack Obama, un groupe de travail de huit senateurs repu-blicains et democrates a annonce mi-avril qu’il venait de finaliser un grand projet de reforme du systeme migratoire sur lequel il

travaille depuis trois mois. Le systeme actuel, dont la derniere reforme remonte à l’ere

Clinton, est devenu clairement obsolete, au regard des plus de 11 millions de sans-papiers, en grande majorite d’origine mexicaine, qui travaillent et vivent sur le territoire. Tres at-tendu, ce texte pourrait notamment permettre la regularisa-tion de millions de clandestins, avec à la clef l’obtention de la citoyennete au bout de 10 ans. Autres objectifs de reforme : la securisation des frontieres et la regulation des flux futurs de travailleurs, en etablissant notamment des quotas pour les saisonniers agricoles.

Seul point majeur qui pourrait reellement impacter les Europeens : la reforme des systemes de visas pour les per-

sonnes hautement qualifiees, dits H-1B, le visa de travail le plus convoite. Pour cela, deux solutions sont envisagees : l’augmentation des quotas pour ce type de visa, bloque à 65 000 chaque annee, ou bien l’attribution automatique de cartes vertes pour les etudiants etrangers diplômes d’universites americaines en sciences, technologie ou ingenierie.

Une bonne nouvelle qui poussera peut-être davantage de Français à venir etudier aux États-Unis dans ces domaines. Selon le dernier barometre Ifop publie fin fevrier pour le cabi-net Deloitte, 27% des jeunes diplômes en recherche d’emploi voient leur avenir à l’etranger (contre 13% l’an dernier). Ac-tuellement, selon le ministere des Affaires etrangeres, 1,6 mil-lion de Français sont inscrits sur les registres à l’etranger, parmi lesquels 270 000 sont des jeunes âges de 25 à 35 ans. Et dans le top 3 des pays d’accueil, on trouve, aux côtes de la Suisse et du Royaume-Uni, les États-Unis, qui comptent actuellement 125 200 residents français. ■

Pour les milliers de Français désireux de s’installer outre-Atlantique, l’imminence d’une réforme du système d’immigration sonne comme un nouvel espoir : car depuis le 11 septembre 2001, immigrer aux États-Unis est devenu un véritable casse-tête pour tous les candidats, y compris les plus qualifiés.

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immigration

Pour décrocher un visa de travail, mieux vaut être un scientifique européen

Même si elle n’a « pas de difficulté » à prouver qu’elle a besoin de faire appel à des travailleurs étrangers aux compétences pointues, la société de services pétroliers employant Nicolas Pilisi au Texas a dû s’y prendre très tôt pour lui obtenir un visa de travail, puis la carte verte.

par Cécile fandos

« J’ai toujours rencontré les bonnes personnes au bon moment », re-sume Nicolas Pilisi en racontant son parcours aux États-Unis. Volontaire international chez Total, puis assistant de recher-che à l’Universite Texas A&M, avant de rejoindre la societe Blade Energy comme consultant international intervenant notamment sur le forage en eaux profondes… Il est vrai que tout s’est enchaîne pour ce jeune ingenieur petrolier.Pour ce qui est du statut migratoire en revanche, ce fut moins lineaire. « Pour Total, le recrutement était urgent, donc les ressources humaines ont opté pour le visa J de perfectionnement de jeune diplô-mé, se souvient Nicolas Pilisi. Puis en tant qu’étudiant, je suis entré dans la catégorie F, comme les trois quarts de ma promotion, également d’origine étrangère. Enfin, chez Blade Energy aussi, il y a de nombreuses nationalités. Mais le visa de travailleur invité H-1B est bien plus compliqué à obtenir. Il fait partie de ceux sanctionnés par un numerus clausus pour lesquels l’ensemble des visas pour l’année sont attribués en quelques semaines, au mois d’avril. »

Des visas de travail trop raresLà encore, le calendrier correspondait à celui de Nicolas, recrute avant même d’avoir passe son diplôme à l’ete 2009. « Il est très rare que nous trouvions des candidats américains répon-dant à nos besoins », souligne Melony Block, la responsable des ressources humaines de Blade Energy pour expliquer l’anticipation dont doit faire preuve son entreprise.Outre une hausse du nombre de visas H-1B, cette derniere reclame des procedures accelerees pour les ressortissants indi-ens. « J’ai obtenu ma carte verte il y a près de deux ans, alors qu’un collègue indien pour lequel les démarches ont été lancées en même temps que moi l’attend toujours », atteste Nicolas Pilisi.« La procédure peut prendre jusqu’à dix ans pour un Indien », in-dique Brent Huddleston, l’avocat specialiste de l’immigration auquel fait appel Blade Energy. Or « la carte verte nous permet de manifester notre appréciation aux salariés », estime Melony Block. ■

En chiffresSans-papiers européens expulsés des États-Unis par nationalité :

En 2009 : 27 Belges, 129 Irlandais, 129 Hollandais, 156 Espagnols, 204 Allemands, 235 Français, 244 Italiens et 720 Britanniques.

En 2010 : 27 Belges, 90 Hollandais, 103 Irlandais, 136 Espagnols, 187 Allemands, 189 Français, 197 Italiens et 481 Britanniques.

Source : Departement of Homeland Security

« ici, sans argent et sans carrière, personne ne vous tendra la main »

Pour beaucoup de Français, la Californie incarne le rêve américain par excellence. Mais ceux qui partent y chercher du travail avec un simple visa de touriste ou d’étudiant déchantent très vite. Julien*, un comédien de 27 ans installé à Los Angeles, en a fait l’amère expérience.

par noémie taylor-rosner

Il y a quatre ans, Julien atterrissait à L.A. avec pour seul bagage ses rêves et sa pugnacite de jeune homme de 23 ans. « À l’époque, je croyais dur comme fer au rêve américain. En France, j’avais pas mal galéré. Je pensais qu’ici on me donnerait ma chance », raconte ce comedien, originaire de banlieue parisienne. Parti avec un visa d’etudiant F1, valable cinq ans et plutôt facile à obtenir, il est officiellement aux États-Unis pour « améliorer son anglais », dans une ecole de langue. En rea-lite, il est surtout « venu avec l’idée de faire carrière dans l’ani-mation 3D », sa formation d’origine. « Le visa d’étudiant était un prétexte pour chercher tranquillement une entreprise qui veuille bien me sponsoriser. En étant sur place, je me suis dit qu’on me prendrait probablement plus au sérieux que si j’envoyais des CV depuis la France ». Mais même installe à deux pas d’Hol-lywood et de ses studios mythiques, Julien n’obtient pas de reponse à ses candidatures. « Pour me remonter le moral et étoffer mon CV, je me suis mis au théâtre. Très vite, je suis tombé amoureux : j’ai trouvé ma voca-tion ». Le matin apres ses cours, Julien enchaîne les castings, pour des jobs « les trois quarts du temps non rémunérés ». Le soir, l’aspirant comedien travaille au noir dans les cuisines d’un restaurant chic de Beverly Hills. En tant qu’etudiant etranger, il n’a pas le droit d’effectuer un emploi à temps plein en dehors de son campus et n’a pas acces à une carte de securite sociale, tres souvent demandee par les employeurs. « Je me suis fait fabriquer une fausse carte pour quelques dizaines de dollars à Downtown. Mes employeurs n’y ont vu que du feu ».

« Le rêve américain, c’est dépassé »Mais aujourd’hui, la coupe est pleine. « J’approche de la tren-taine, j’en ai marre de consacrer mes soirées à un job étudiant ». Pour regulariser sa situation, Julien a recemment consulte une avocate. « Elle m’a dit que j’avais très peu de chances d’obte-nir un visa d’artiste. Je n’ai pas assez d’expérience. Et le peu que j’ai, je l’ai acquis illégalement sur le territoire américain ! Je peux difficilement m’en prévaloir », dit-il, amer. « Le rêve américain c’est dépassé. Je connais plusieurs Français qui s’y sont cassé les dents. Ici, si vous n’avez pas d’argent et pas de carrière, personne ne vous tendra la main. Le talent ne suffit pas. Cela devrait être plus simple pour les immigrés qualifiés », regrette-t-il, tout en doutant que la reforme migratoire puisse le concerner, en tant qu’artiste. Son visa d’etudiant expire en fevrier 2014. « Je me suis fait une raison. Je continue mon aventure ici jusqu’au bout. Je travaille actuellement sur un projet de série télé que j’aimerais vendre à une chaîne, qui pourra peut-être me sponsoriser. Si ça ne marche pas, je partirai. Après tout, il n’y a pas qu’aux États-Unis que l’on peut être heureux ». ■ *Le prénom a été modifié

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reportage

Bordeauxgaétan mathieu

Pourfendeur du vin sucré de la Napa Valley qui domine le marché américain, Louis Caracciolo perpétue le savoir-faire des vignobles français sur son domaine du New

Jersey. Et espère ainsi éduquer le palais des Américains.

Assis sur la terrasse de sa mai-son, à l’ombre des pins, Louis Caracciolo remue abondam- ment son verre de vin. Une

fois la jambe de son cabernet sauvignon 2010 revelee, le vigneron boire avec sat-isfaction. « On ne s’attend pas à déguster

ça dans le New Jersey ! », s’exclame-t-il. Pas même les habitants de l’État, ni les œnologues avertis. Il faut dire qu’à moins d’un kilometre des vignes de Louis Caracciolo, ce sont les fast-foods qui fleu-rissent davantage que les pieds de vigne. Niche à Atco, entre Philadelphie et At-

lantic City, son vignoble, Amalthea Cel-lars, est un joyau meconnu qui merite d’être decouvert. C’est ici que, depuis 1976, Louis Caracciolo produit son vin. « Pas ce jus de raisin fruité que l’on trouve partout dans le New Jersey », peste-t-il. Le vigneron se bat depuis des annees pour

Le New Jersey se rêve enLe viticulteur Louis Caracciolo dans ses vignes d’Atco, New Jersey.

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ninchanger la mauvaise image des vins de

la region mais aussi de l’État du New Jersey, souvent associe à l’industrie et à la pollution. Apres avoir rassemble plu-sieurs viticulteurs de la region, Louis Caracciolo a decide d’organiser, en juin 2012, une degustation à l’aveugle pour comparer les vins du New Jersey avec de grands Bordeaux. L’evenement, baptise le Jugement de Princeton, etait inspire du celebre Jugement de Paris : une au-tre degustation à l’aveugle organisee en 1976, où les vins californiens l’avaient emporte face à de grandes bouteilles françaises. Un cataclysme dans le monde du vin qui propulsa les bouteilles de la Napa Valley sur le marche mon-dial. « Lorsque j’ai appris les résultats du Jugement de Paris, je me suis pas dit ‘la Californie a de très bonnes bouteilles’. J’en ai conclu que tout le monde peut faire de bons vins avec un peu de savoir-faire et un climat convenable », affirme Louis Caracciolo.

« Aux États-Unis, on achète du vin comme on achète du Coca-Cola »Preside par George Taber, le journaliste dejà à l’origine de l’article du New York Times de l’epoque sur le Jugement de Paris, le Jugement de Princeton a ete un grand succes pour les vins du New Jersey. Le jury, compose entre autres de Jean-Marie Cardebat de l’universite de Bordeaux ou encore du tres respecte expert en vin et blogueur Tyler Col-man, a attribue des notes quasi-equivalen-tes aux vins de Louis Caracciolo et aux Bourgogne et Bordeaux hexagonaux. Les bouteilles venant des États-Unis coûtaient pourtant en moyenne seule-ment 5% du prix des vins français ! Ce resultat encourageant n’est qu’un debut pour Louis Caracciolo qui espere ameliorer en profondeur la qualite du vin produit dans son État. « Cela fait 350 ans que le New Jersey fait du vin sucré. On part de loin. Mais un œnophile français m’a dit un jour que la Provence a fait du mauvais vin pendant 1 000 ans avant qu’il y ait un changement. Plus il y aura de bons viticulteurs dans le New Jersey, plus nos vins seront pris au sérieux ». Louis Caracciolo ne veut à l’inverse pas entendre parler de ses collegues de la Napa Valley. « Ils ont américanisé le vin. C’est-à-dire qu’ils en ont fait quelque chose de sucré, avec beaucoup d’alcool et donc complètement déséquilibré. On pourrait étaler leur vin sur un toast ! » Selon lui, les bons vignerons californiens des annees 70 ont vite laisse place à des viticulteurs qui ont standardise le goût

du vin et donc le palais des Americains. « Aux États-Unis, on achète du vin comme on achète du Coca-Cola. Le goût a été uni-formisé ».

S’écarter des traditions familialesCes vins fruites et sucres, Louis Caracciolo en a aussi produit. Il travaillait alors pour le vignoble de son grand-pere Emilio, un immigrant italien venu de Naples à seulement 13 ans. Ce dernier possedait un grand vignoble à quelques kilometres de l’actuel domaine de Louis Caracciolo. Malgre la prohibition, Emilio a poursui-vi son commerce de vin, et transmis sa passion à son petit-fils. Les methodes de production archaïques ne sont pas vrai-ment au goût du jeune Louis. Alors etu-diant en Food Science à l’universite Pratt à Brooklyn, Louis Caracciolo a com-me livre de chevet le guide culinaire d’Auguste Escoffier, et les recettes de Julia Child. « À l’époque, le vin français était le seul que l’on étudiait à l’université. On apprenait la technique française en cui-sine comme en vin ». Une methode à des annees lumieres des habitudes de son grand-pere, septuagenaire. « Dès que je pouvais, j’essayais en cachette de nettoyer le matériel pour éviter que le vin tourne au vinaigre

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Casey Economides, l’assistante de Louis Caracciolo, dans les caves d’Amalthea Cellars.

Le viticulteur Louis Caracciolo dans ses vignes d’Atco, New Jersey.

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mais lui me disait que ça ne servait à rien, que l’alcool tuait les bactéries de toute façon ! Je ne voulais pas discuter de ses méthodes avec lui car c’était un savoir-faire familial qui s’était transmis de génération en gé-nération ». Bien decide à mettre en pratique son apprentissage, Louis Caracciolo se met à produire du vin à base de jus de rai-sins dans la chambre de son internat à l’Universite Pratt. « Ma chambre ressemblait au laboratoire de Frankenstein ! J’étais le type qui vendait du vin sur le campus. Dans le Brooklyn hippie des années 70, c’était d’autres produits qui circulaient généralement ! »

Un sol similaire dans le New Jersey et en GirondeMais la science du vin ne fait pas tout. En 1986, soit dix ans apres le debut de son exploitation, Louis Caracciolo decide de faire des allers-retours en France, dans la region de Bordeaux. Principalement pour apprendre le savoir-faire français. Dans des videos d’epoque, on peut voir Louis Caracciolo, barbe noire, jean et T-Shirt façon Steve Jobs, visiter les vignobles de château Margaux. Il y apprend notamment le nettoyage des vieux fûts. Mais plus important encore, il decouvre une nouvelle philosophie du vin. « Avec mes cours de Food Science, j’avais une approche trop scientifique du vin. En parlant avec des vi-gnerons de Bordeaux ou de Bourgogne, j’ai compris qu’il ne fallait pas trop jouer avec le vin, pas trop y toucher. Pour une bonne sauce tomate, vous avez besoin d’une bonne huile d’olive, de tomates fraîches, de basilic et d’ail. C’est tout. Si vous commencez à ajouter du sucre, vous n’améliorez pas votre produit. C’est pareil pour le vin. »

Lors de ce voyage en Gironde, Louis Caracciolo decouvre de nombreuses similarites entre la region de Bordeaux et le sud du New Jersey. Plus de 25 ans apres ses premiers voyages en France, Louis Caracciolo s’amuse encore à renverser la carte du New Jersey et à la superposer à celle de la region de Bordeaux. Les deux cartes sont similaires, avec d’un cote la Delaware Bay qui s’enfonce dans le territoire jusqu’à Camden. De l’autre la Gironde, qui se retrecit jusqu’à Bordeaux. Outre le hasard de la similitude topographique, le nombre de jours froids dans l’annee, le climat oceanique, la saison des vendanges et surtout la composition des terres sont autant de points communs entre la region bordelaise et le sud du New Jersey. Plusieurs etudes ont ainsi mis en evidence les caracteristiques similaires du sol, à la fois sablonneux et argileux. « Le terroir du New Jersey est aussi bon que celui de la région de Bordeaux pour le cabernet sauvi-gnon, cabernet franc ou merlot. Le savoir-faire et le respect du produit sont donc les seuls obstacles qui empêchent les vignerons du New Jersey de faire de grands vins », affirme Louis Caracciolo.

Les jeunes Américains plus réceptifs au vin de qualitéLes vins de Louis Caracciolo n’explosent pas en bouche. Mais le goût, doux, s’etend sur la duree. « Maintenant, il va falloir que les Américains comprennent que c’est surtout ça le vin...». Le viticulteur ne manque jamais une occasion de malmener ses compatriotes. « Il ne faut pas oublier que je suis de la génération hip-pie, anti-américaine ! » Il a neanmoins confiance en la nouvelle generation. Car même si les vins de Louis Caracciolo sont de plus en plus reconnus par les connaisseurs, il faut encore convaincre le consommateur d’acheter des vins moins sucres. « Les enfants du baby-boom n’ont pas suffisamment développé leur palais pour apprécier le bon vin. Mais la nouvelle génération est com-plètement différente. Les jeunes d’aujourd’hui ne veulent pas dépenser des centaines de dollars dans du vin. Et ce n’est pas parce qu’un grand œnologue ou un guide leur dit qu’une bouteille est bonne qu’ils vont l’acheter. La jeune génération n’écoute pas les conseils des plus âgés et

préfère se forger son propre avis. L’expérience est leur seul jugement ». Un changement dans la maniere de consommer le vin que Louis Caracciolo constate lorsqu’il organise des degustations dans son vignoble. « De nombreux Américains se tournent vers des vins plus authentiques ». Le renouveau du vin aux États-Unis passera peut-être par le New Jersey. ■ www.amaltheacellars.com

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Cinéma

Le vin abreuve les imaginaires : drames de famille enfouis au plus profond du vignoble, guerres de ge- nerations, successions sanglantes. Tu seras mon fils (You will be my son) de Gilles Legrand (Malabar Prin-

cess, La jeune fille et les loups) s’inscrit dans cette veine. Tout en carrure, Niels Arestrup (Un prophète, Cheval de guerre) y campe un patriarche imposant sa loi d’une main de fer sur son do-maine. Ce proprietaire d’un « château », herite de son pere dans des circonstances tragiques, refuse que son fils prenne sa succession, l’accusant de ne pas avoir de « nez ». Face à ce monstre narcissique, Lorànt Deutsch fait pâle figure dans le rôle de Martin, le fils bafoue, maigrichon. Pliant l’echine, ser-rant les dents, l’heritier malheureux encaisse sans broncher les moues dedaigneuses et les piques acerees du pere, sous le re-gard impuissant du spectateur. La tension s’accentue encore lorsque le bras droit du seigneur (excellent Patrick Chesnais), detenteur du savoir de la vigne, se revele atteint d’un cancer foudroyant. À six mois des vendanges, c’est la panique au do-maine ! Le fils du regisseur (interprete par Nicolas Bridet), eleve sur le domaine, puis parti faire ses classes chez Coppola, dans les vignobles californiens, fait alors son entree. Ce jeune

loup charismatique rompu aux techniques en vogue et au mar-keting, est accueilli comme le sauveur. « C’est un peu la parabole du fils prodigue qui revient plein d’usage et raison au pays, après avoir étudié les vins du Nouveau Monde au Chili, en Nouvelle-Zélande et surtout, aux États-Unis. Cette expérience américaine fait encore son petit effet en Europe », explique le realisateur. Vif et plein d’assurance, il ferait un successeur ideal aux yeux de Marseul qui lui confie rapidement ses rituels de fabrication, l’intronise dans la profession, l’amene à Bordeaux et fomente en secret de bien sombres desseins.

Le roman noir du vinIssu d’un milieu modeste, le fils d’Amerique se laisse griser par la possibilite de cet ascenseur social que lui offre le metier de viticulteur. « La vigne et le vin éveillent les sens ! Et puis les effets secondaires sont enivrants. L’ivresse bien sûr, mais aussi le pouvoir, l’argent, le talent, la passion. C’est un milieu très exigeant. Pour bien faire le métier de vigneron, il faut exceller à toutes les étapes, de la vigne à la cave. Je suis fasciné par ces gens passionnés qui ont une rigueur ex-trême ou qui sont quasiment névrotiques. La vigne mène à ça. Si vous voulez faire du bon vin il faut être excellent partout », poursuit Gilles

guénola pellen

Psychose dans le vignoble

Passionné de vin, le réalisateur Gilles Legrand a imaginé un scénario original autour d’une cuvée reine menacée. Tourné dans un authentique vignoble de Saint-Émilion, Tu seras mon fils est un grand drame à la française, aux accents hitchkockiens. Film de terroir, il nous parle d’héritage et de la difficile relation père fils.

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Cinéma

Legrand. « Le film pose la question de l’héritage. Faut-il transmettre son domaine à son fils si on ne l’estime pas à la hauteur ? », explique le realisateur.

À plusieurs millions d’euros l’hectare, on peut y reflechir à deux fois. « La transmission n’est pas une affaire de génétique mais de savoir-faire », rencherit Niels Arestrup. L’acteur defend avec passion la cause de son personnage antipathique, dans une joute verbale musclee. « Sa fierté, c’est ce grand cru, le ‘Clos de l’Abbé’. Ce vin lui a valu la Légion d’honneur et son titre de noblesse. Il est de son devoir de transmettre sa terre, son terroir et ce vin haut de gamme à quelqu’un de qualifié. Il est sincèrement persuadé que son fils serait incapable, tant sur le plan technique que sur celui des qualités humaines, de remplir ce rôle. Sa responsabilité consiste donc à ne pas lui transmettre ce terroir, et à trouver un héritier digne de ce nom, quitte à briser la chaîne familiale. »

Le milieu bourgeois vieille France de la region bordelaise est bien depeint dans ce sombre tableau. Avec son costume de notable, ses cigares et sa Jaguar interieur cuir, Paul Marseul incarne le stereotype de l’aristocrate accroche à ses privileges. Grand seigneur, Paul Marseul roule en Jaguar, sur fond du magnifique Cum dederit de Vivaldi. Esthete, il cire au cognac sa collection de chaussures italiennes. Et il collectionne, dans le « caveau » intemporel de sa propriete, des bouteilles d’un autre âge. « Près de Saint-Émilion, où nous avons tourné, j’ai découvert qu’il existait encore des petits châteaux, et des seigneurs à l’intérieur de ces châteaux, s’etonne Niels Arestrup. Ils ont souvent le goût des belles choses, d’une certaine forme de luxe, et renvoient des signes de richesse extérieure. Mais ce sont aussi des gens qui travaillent énor-

mément ! Ce sont les derniers seigneurs ruraux, et les héritiers de ces grands paysans de la fin du XIXe siècle. En réalité, Marseul n’est pas propriétaire de sa terre. Elle appartient à ses aïeux. Il s’agit d’un bien presque immatériel, quasi spirituel. Lui n’est qu’un passeur, chargé de passer le flambeau. »

Un film à boireDans cette tragedie familiale à l’ancienne, le vin est perçu comme le Saint-Graal. Les bouteilles s’entrechoquent, les bouchons sautent dans tous les sens, la vigne s’etend à perte de vue, l’argot pinaresque imbibe l’atmosphere... tout amateur de vin appreciera. Pour couronner le tout, Gilles Legrand fait montre d’une maîtrise toute hitchcockienne du suspense qui va crescendo, jusqu’à l’apotheose. Si le film tire sa force des excellentes interpretations de Lorànt Deutsch en anti-heros ecorche vif, et de Niels Arestrup en pere tyrannique, le spec-tateur appreciera aussi à travers ce film, le monde secret du vignoble, les exigences du metier.

« J’aime la diversité des cépages, des terroirs, des arômes, de même que la vigne, noueuse et généreuse, l’ordonnancement et la contrainte qu’on impose à cette plante, la géométrie et l’architecture des vignobles qui offrent des perspectives magnifiques, mais aussi les cuveries comme des laiteries, les chais à barriques sous les voûtes cisterciennes et surtout les caves, les alignements de tonneaux et de bouteilles, le silence sous terre, les odeurs, les matières, les couleurs, les lumières… La transfor-mation du raisin en vin est une des plus belles choses que sache faire l’homme à partir d’un produit naturel. » ■

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portfoLio

le maisons volantes de

LauReNT CheheRe

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portfoLio

Mi-reelles, mi-rêvees, les Flying houses du photo-graphe Laurent Chehere offrent une galerie d’eva-

sion urbaine, poetique et joyeusement surrealiste. Inspire par le realisateur Hayao Myazaki et son Château ambu-lant, et par Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse (tourne en 1956 à Menil-montant), l’artiste prête une seconde vie aux bâtisses fatiguees du Paris populaire. « Ces maisons sont le fruit de mes explorations. Elles s’inscrivent dans un travail de mémoire des quartiers de l’Est parisien dont les immeubles anciens dis-paraissent un à un, et au Paris d’avant le baron Haussmann et son architecture ‘co-

piée-collée’. J’ai essayé de sortir ces maisons de l’anonymat de la rue, pour raconter leur histoire, vraie ou fantasmée », explique Laurent Chehere. Entre reportage et photomontage, son travail est aussi un hommage indirect aux habitants de ces foyers. « Je suis né à Ménilmon-tant, un quartier riche de cultures diffé-rentes. On peut y croiser le monde entier au coin de la rue. Je me suis intéressé aux Roms dans leur caravane, blasés de leurs expulsions quotidiennes, à des Maliens le cœur plein d’illusions voguant vers un immeuble insalubre, un clown essayant de s’allumer une clope sur le toit d’un cirque en hiver, un vieux cinéma X de Pigalle, un voyeur derrière ses jumelles, un théâtre

disparu du Boulevard du Crime [surnom donne au XIXe siecle au boulevard du Temple à Paris, en raison des nombreux crimes qui etaient representes chaque soir dans les melodrames de ses theâtres, ndlr], aussi bien qu’au mignon petit pavil-lon de banlieue sans histoire. » Si le pho-tographe revendique bien d’autres in-fluences cinematographiques allant de Wim Wenders à Federico Fellini, Dino Risi et Marcel Carne, son processus creatif est aussi à chercher du côte de l’assemblage. « Après une esquisse, je pho-tographie dans la bonne lumière tout ce dont j’ai besoin, façade, fenêtre, graffitis, toit, gens, etc. Quelque part je suis aussi devenu un architecte. » ■ www.laurentchehere.com

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En 1656, Louis XIV n’est âge que de dix-huit ans et pourtant il est roi depuis treize ans ! Desireux de prouver ses qualites de stratege et de chef militaire, il passe la plus grande partie de son temps à l’armee.

Cette vie martiale, le plus souvent en plein air, a change son apparence : le joli enfant du Palais-Royal aux longues boucles est maintenant un jeune homme à la musculature puissante et à l’allure virile qui connaît dejà la passion amoureuse !

les sœurs mancini détonnent à la courComment le roi n’aurait-il pu remarquer à la cour les nieces de son ministre italien, le cardinal Jules Mazarin ? L’arrivee d’Ita-lie des quatre sœurs Mancini en 1655 avait ete, selon l’expres-sion d’un contemporain, « comme un vol de nocturnes qui se pose dans une volière de poules faisanes ! » Au debut, le roi s’eprend d’Olympe, l’aînee que l’on appelle « la Becasse ». Il se tourne

aussi vers l’amitie presque fraternelle de la moins jolie des sœurs, la jeune Marie qui, aux dires des courtisans, « n’était que tignasse noire et teint olivâtre, et était noire comme un pruneau ». La mode etant alors à une beaute grasse, blonde et blanche, Marie est tout l’oppose. Aux yeux de Louis, cependant, Marie possede d’autres charmes : elle l’amuse et le distrait. Marie pourtant est malheureuse, car dans sa famille elle n’est guere aimee ; sa propre mere l’a prise en grippe simplement parce qu’un jour un astrologue avait predit qu’elle lui porterait mal-heur, aussi la destine-t-elle au couvent. Quand Marie pleure, Louis la console. À son tour, Marie redonne confiance au roi, meurtri par ses precedentes mesaventures durant la Fronde des grands seigneurs. Pour elle, il n’est pas encore le Roi-So-leil, mais un jeune homme humilie dans son enfance, souvent à court d’argent, qu’on a vu portant des pourpoints uses jusqu’à la trame.

histoire

anne prah-perochon

Portrait de Marie Mancini par Jacob Ferdinand Voet (1646-1714).

À la tête d’un royaume déchiré par les guerres intestines, le jeune roi Louis XiV tombe sous le charme de la jeune Marie Mancini. La nièce de Mazarin et le jeune

monarque s’adonnent à la passion. Mais la raison d’État s’impose.

Louis XiV et Marie Manciniamours interdites pour raison d’État

Louis XIV au Siège de Besançon par Adam Frans van der Meulen (1632-1690).

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histoire

faire pression sur Louis. « Les rois appartiennent à l’État auquel ils doivent sacrifier leur amour et leur vie ».

Mazarin ayant pris conge du roi, informe sa niece qu’elle devra se retirer pour quelques mois avec ses sœurs Marianne et Hortense dans son domaine de Saintonge, dans le petit port de Brouage, pres de La Rochelle. Desespere, Louis va supplier sa mere. Ayant tout essaye pour faire revenir la reine et le car-dinal à d’autres sentiments, Louis et Marie se jurent un amour eternel et pleurent longtemps dans les bras l’un de l’autre. En-fin, Mazarin conclut avec le jeune roi un pacte qui l’autorise à ecrire à Marie et l’assure que ses lettres ne seront pas ouvertes.

Le 22 juin 1659, le jour du depart de la jeune fille pour Brouage, Mazarin rencontre Don Luis de Haro, l’envoye d’Espagne. Les negociations entre les deux pays aboutissent à l’accord du mariage de Louis et de Marie-Therese. Celui-ci est d’abord conclu par procuration dans l’île des Faisans, sur la riviere Bidassoa qui separe la France de l’Espagne, puis par une ceremonie officielle prevue pour le 28 juin 1660, à Saint-Jean-de-Luz.

la ruse de mazarinMarie-Therese est desormais l’epouse du roi de France. Des lors, Marie et ses sœurs reçoivent l’avis qu’elles peuvent revenir à Paris au palais Mazarin (l’actuel Palais-Royal) tandis que le cortege royal en route pour Paris fait etape à Saintes en Sain-tonge. Dans cette ville proche de Brouage où Marie a passe plusieurs mois, Louis ne cesse de penser à son grand amour. Ayant decide de se rendre à Brouage à cheval, il annonce que le cortege devra continuer sans lui jusqu’à la ville voisine de Saint-Jean-d’Angely. Il passe la nuit dans la chambre qu’a habitee Marie. Conscients des sentiments de Louis qui, loin de s’apaiser, atteignent une intensite qu’ils redoutent, Anne d’Autriche et le cardinal decident alors de perdre Marie une fois pour toutes dans l’esprit du roi. Ils lui font croire qu’elle aime le prince de Lorraine et que cette même nuit où il pleu-rait à Brouage, elle se pavanait aux Tuileries avec le prince. La vanite de Louis est si grande qu’il ne supporte pas que ceux qu’il a quittes le delaissent à son tour. Plus tard quand il revoit Marie, il toise avec dedain la pauvre jeune femme qui n’y comprend rien, car le ruse Mazarin s’etait assure que les deux jeunes gens ne puissent se revoir en tête-à-tête et s’expliquer.

Le 26 août, accompagne de sa nouvelle epouse, Louis XIV fait son entree solennelle à Paris par la rue Saint-Antoine, passant sous les balcons de l’hôtel de Beauvais où se tiennent Anne d’Autriche, Mazarin et diverses personnalites de la cour qui admirent le defile. Le roi, preoccupe de sa gloire, ne voit pas à une fenêtre voisine une jeune femme brune, qui se penche pour cacher ses larmes.

L’annee suivante, en 1661, Marie Mancini epousera le prince Lorenzo Colonna et partira vivre à Rome. Louis XIV refusera toujours de la revoir. ■

voCabULaire

carte du tendreGrâce à Marie, Louis, jusque-là habitue surtout à la compagnie des courtisans, des soldats, des chevaux et des chiens, com-mence à penetrer avec respect et timidite dans l’atmosphere precieuse des dames de l’hôtel de Rambouillet. Ensemble, ils se penchent avec emotion sur la carte du Tendre. Entre eux n’existe cependant qu’une amitie amoureuse, romantique et platonique. Durant l’ete 1658, un evenement crucial vient changer leurs relations. Louis part en campagne militaire à Dunkerque où il n’epargne pas sa peine. Le 30 juin, il s’eva-nouit et est pris de fievre. Les medecins le saignent genereu-sement et le purgent. Le 4 juillet, on craint que ses jours ne soient en danger ; le 8, il passe pour mourant. À la cour, Marie qui voit tout et entend tout, pleure. Elle pleure sur son ami-tie qui s’est transformee en amour et qui n’a pu s’afficher au grand jour. Lorsque la reine Anne d’Autriche se rend à Calais au chevet du roi, Marie aimerait la suivre mais on lui fait savoir qu’il n’en est pas question.

Toutefois, le 10 juillet, la fievre tombe et le roi paraît hors de danger. Par courtes etapes, la reine le ramene à Fontai-nebleau pour eviter les grosses chaleurs de l’ete parisien. Le long de la route, pour distraire le convalescent, son entourage lui raconte les divers potins de la cour, lui parlant de Marie Mancini et de son angoisse pendant la maladie royale. On dit même qu’« elle s’est tuée de pleurs », à son sujet. C’est la premiere fois que Louis conquiert le cœur d’une femme et cela l’emeut profondement.

amour ardentQuand il revoit Marie à Paris, il remarque que son apparence physique semble avoir subi une transformation : elle est deve-nue presque belle, son teint s’est colore et est devenu radieux ; on remarque mieux la perfection de ses dents et l’elegance de sa silhouette. Avec ses yeux de braise, son expression spi-rituelle et son temperament fougueux, celle que l’on avait appelee « Cendrillon » est devenue irresistible.

À Fontainebleau, où sejourne de nouveau la cour, les deux jeunes gens ne se quittent bientôt plus. Leur tête-à-tête est respecte au bal, à la chasse, en promenade. Le jour où le roi offre à Marie un collier de perles qui lui vient de sa tante Hen-riette d’Angleterre, son entourage commence à se poser des questions. De retour à Paris, Louis, le front grave et l’air sou-cieux, se presente chez le cardinal Mazarin pour lui demander officiellement la main de sa niece. Pris de court, Mazarin lui conseille d’aller voir sa mere. « Ma mère, j’aime Marie Mancini et je veux la prendre pour épouse », declare-t-il à Anne d’Autriche. Quand elle comprend qu’il ne s’agit plus d’amours enfantines, la reine est remplie d’emoi !

les rois appartiennent à l’étatDepuis longtemps, Anne d’Autriche caresse le rêve de voir cesser la guerre entre son pays natal (l’Espagne) et son pays adoptif (la France). Pour mettre un terme à ces hostilites, les premieres negociations ont ete entamees dans l’espoir de favo-riser une alliance matrimoniale entre sa propre niece, Marie-Therese et son fils Louis. « Mon fils, répond-elle avec véhémence, vous insultez mon pays ! Ne ravivez pas la guerre ! » Puis elle le renvoie à Mazarin qui fait alors appel à la raison d’État pour

aux dires = according to À court d’argent = short of moneys’afficher = to flaunt oneself

Fougueux = hot headedse pavanait = strutted abouttoiser = to eye scornfully

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saVeurs

estelle Lenartowicz

À mi-chemin entre la cantine de quartier et le restaurant etoile, le neo-bistro fait mouche dans l’Hexagone. Depuis quelques annees, il est devenu un QG gastronomique et les foodies

français ne jurent plus que par lui. Que ce soit du côte du Chateaubriand - où officie le basque Inaki Aizpitarte – ou au Septime de Bertrand Grebaud, la recette est la même : servir une cuisine haut de gamme, en cassant

À l’ère des néo-bistros

les prix. Pour reussir le pari, les chefs creent de hauts lieux cu-linaires, à echelle democratique. Exit l’argenterie et les serveurs en habit. Leur marque de fabrique ? Des menus uniques et un service sans chichi. De quoi debarrasser la grande cuisine de son côte intimidant et guinde au profit de l’esprit convivial d’une brasserie bon marche. Dans un contexte de crise economique, les gourmets ne peuvent qu’approuver.

déjouer les codesFormes aux fourneaux des plus grands palaces, ces neo-chefs se plaisent à dejouer les codes du sacro-saint guide Michelin. Au menu, des plats du terroir dopes à grands coups de bistronomie dernier cri : sardines aux herbes en rouleau croustillant, hareng fume et rattes à l’aneth, pave de rumsteck sauce miso, truite fumee et puree d’avocat… Ils rivalisent d’inventivite pour faire de leurs estaminets de bouillonnants laboratoires d’idees. Valeur ajoutee de ces bistrots 2.0 : leur etroite collaboration avec des fournisseurs de haute volee, reunis par le label Terroir d’Avenir, un denicheur de petits produits locaux et souvent bio. Resul-tat : des assiettes simples, limpides et qui ont du peps. Celles de Bertrand Grebaud, bistrotier phare de la capitale, federent celebrites, hommes d’affaires et foodies lambda.

un destin américainForte de ce succes hexagonal, la formule a tôt fait de partir à la conquête des ronds de serviettes americains. À Manhattan, la bistronomie fait de plus en plus d’adeptes, par le truchement d’abord de chefs français expatries. Comme Claude Godard au Madison Bistro – ils s’essayent à la gastronomie de comptoir. Les toques internationales ne se privent pas pour surfer sur la vague du modele bistro-tier, revu et corrige à la sauce new-yorkaise. Au Philosophe, la blanquette de veau rehaussee de son riz thaï fait les beaux jours du chef Matthew Aita tan-dis qu’à Calliope, impos-sible de rester indifferent aux fameux dumplings à la ricotta de chevre plonges dans une etonnante soupe au pistou. Pas de doute : de ce côte-ci de l’Atlantique aussi, on predit longue vie à la bistronomie. ■

Bertrand Grébaud, chef du Septime à Paris et chef de file de la néo-bistronomie.

nouvel épicentre de la gastronomie française, la bistronomie n’a pas fini de faire parler d’elle.

La cuisine de Bertrand Grébaut : Septime. Photographies : François Flohic, Éditions Argol.

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ASPERGE / FAiSSELLE DE BREBiS / FèVES, PETiTS PoiSPour 4 personnes

IngrédIentsLes produits : 4 asperges vertes, 12 as-perges sauvages, 16 cuilleres à dessert de faisselle, 4 poignees de petits pois, et de feves epluchees, 1 kg de cosses de petits poisLes herbes : bourgeon d’epicea, cheno-pode, pourpier d’hiver, coriandre en feuillesLes fleurs : de roquette, de sureau, de moutarde

préparatIon • Passer les cosses des petits pois à la centrifugeuse, recueillir le jus et coller juste un peu à la gelatine (une feuille).• Faire griller l’asperge au beurre brièvement dans une sauteuse recouverte à plat de papier cuisson pour la conserver dans son jus. Elle doit rester croquante.

Asperges vertes ou blanches Selon la taille de l’asperge, 2-3 minutes de cuisson. Les asperges vertes supportent mieux la coloration grillees à cru dans le beurre, les blanches preferent une cuisson à l’eau. Un exces de cuisson les rendra un peu fondantes.

dressage• Faire revenir les asperges sauvages dans le beurre juste une seconde.• Les petits pois et les fèves sont ici utilisés crus, parce qu’ils sont d’une qualite exceptionnelle, sinon on les blanchit 10 secondes dans l’eau salee.• Dresser dans l’assiette l’asperge, et autour et dessus, les asperges sauvages, la faisselle, les petits pois et les feves (tout est huile pour le brillant).• Disposer les herbes et les fleurs.• Verser une cuillère à soupe d’huile d’olive.• Saler à la fleur de sel.• Verser le jus de cosses de petits pois dans le mé-nisque de la goutte d’huile où il reste limite. ■

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L’aCCoRd Vin de Jean-luc le dûCe mois-ci, je vous propose un blanc bien printanier, le muscadet Sèvre & Maine “Granite” du Domaine de l’Écu. Guy Bossard, qui travaille son domaine de façon bio, est l’un des phares de l’appellation et sépare toutes ses cuvées selon les sols. Sa cuvée Granite est minérale à souhait, avec des notes d’embruns et une superbe fraîcheur qui s’accorde parfaitement avec le plat.

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« Hey Frog, bring your fucking ass out here ! » : quand le trom-pettiste Miles Davis l’appelait ainsi pour venir faire une jam session, Michel Legrand sautait dans le premier avion pour New York ou Los Angeles. Pour l’enfant solitaire qui du-rant la guerre passait ses journees à reproduire sur le piano familial les airs entendus à la radio, le jazz, qu’il decouvre lors d’un concert de Dizzie Gillespie, est une revelation. En 1949, le jeune musicien Premier prix du Conservatoire en piano, fugue et solfege, joue d’une douzaine d’instruments. Il delaisse une carriere de concertiste et chef d’orchestre clas-sique pour accompagner des vedettes de la chanson, comme Henri Salvador, Juliette Greco, Zizi Jeanmaire ou Maurice Chevalier, avec lequel il fait de nombreuses tournees aux États-Unis. En 1954, le label americain Columbia-EMI lui commande un premier album dans lequel il adapte de nombreux titres français. I Love Paris, vendu à huit millions d’exemplaires, lance sa carriere internationale. En 1958, Big Mike, comme le surnomme Jean Cocteau, enregistre à New York avec Miles Davis, John Coltrane et Bill Evans un album de ses compositions, Legrand Jazz. De la chanson au cinema, rien ne resiste à cet auteur compositeur touche-à-tout, qui se fait aussi interprete, encourage par Jacques Brel et Claude Nougaro.

de la nouvelle vague à hollywoodDans les annees 60, emporte par la Nouvelle Vague, Michel Legrand compose les musiques des films de Jean-Luc Go-dard, d’Agnes Varda et de Jacques Demy, avec qui il invente la comedie musicale à la française. Les Parapluies de Cherbourg, Palme d’or à Cannes en 1964, Les Demoiselles de Rochefort (1967) ou Peau d’Âne (1970) connaissent un immense suc-ces. « Jacques et moi avons eu du mal à faire accepter ce projet », se souvient-il. « Les producteurs nous disaient ‘vous pensez vraiment que les gens vont passer une heure et demie à écouter des personnages chanter des banalités de la vie quotidienne’ ! » La chanson titre du film Les Parapluies de Cherbourg, « Je ne pourrai jamais vivre sans toi » (« I Will Wait for You ») reprise par Frank Sinatra, Tony Bennett, Louis Armstrong ou Liza Minelli devient un standard aux États-Unis. Partageant son temps entre Paris et Hollywood, Michel Legrand compose pour les realisateurs

Orson Welles, Marcel Carne, Clint Eastwood, Norman Jewison, Louis Malle, Andrzej Wajda, Richard Lester, Joseph Losey ou Claude Lelouch. La chanson Les Moulins de mon cœur (The Windmills of Your Mind), theme du film L’Affaire Thomas Crowne, lui vaut son premier Oscar en 1969. Il recidive deux ans plus tard avec la bande-son d’Un Été 42, de Robert Mul-ligan, celebre pour son theme The Summer Knows chante par Barbra Streisand, pour laquelle il composera la musique du film Yentl, qui lui vaut un troisieme Oscar en 1983. La même annee, Michel Legrand ecrit la BO du dernier James Bond de Sean Connery, Jamais plus Jamais (Never Say Never Again).

éclectismeAuteur de plusieurs centaines de musiques pour le grand et le petit ecran, nomme 27 fois aux Grammy Awards, qu’il remporte à 5 reprises, ce musicien insatiable refuse toute hie-rarchie entre differents genres musicaux. « Depuis que je suis enfant, mon ambition a toujours été de vivre entièrement pour et par la musique », confesse-t-il. « C’est pourquoi je ne me suis jamais installé dans une discipline. J’ai toujours voulu varier les plaisirs et surtout rester un éternel débutant, sans rationaliser les choses en termes de carrière ». Ainsi, Michel Legrand se plaît-il à jouer avec le même bonheur en trio ou en big band avec Stan Getz, Shirley Bassey ou Stephane Grappelli, accompagner des per-sonnalites aussi dissemblables que Diana Ross, Ray Charles ou Björk, composer des musiques de feuilletons et des jingles radio, ou diriger des orchestres symphoniques partout dans le monde. Pour ses 80 printemps, Michel Legrand a entame en 2012 une tournee mondiale qui se prolonge en 2013. Avec la soprano Nathalie Dessay, qui le qualifie de « Mozart du XXe

siècle », ils revisitent, ensemble sur scene, les meilleurs titres de son repertoire. À la demande de son ami Jerry Lewis, il fait aussi escale à Los Angeles, pour composer la musique du film Max Rose, l’histoire d’un musicien de jazz, realise par Daniel Noah qui sortira aux États-Unis cet automne. Jamais à court de projets et de talent, Michel Legrand tourne egale-ment un film au Quebec. « J’ai trouvé une nouvelle façon d’utiliser la musique au cinéma comme on n’a jamais essayé. Alors je veux voir si ça marche vraiment », dit-il enigmatique. Decidement une grande annee pour cet eternel debutant ! ■

À 80 ans, le compositeur des Demoiselles de Rochefort et de L’Affaire Thomas Crowne continue d’enchanter

son public en concert et sur grand écran.

agnès Kerr

Michel Legrand les mélodies du bonheur

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instantanés

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1 new york, ny – Le 16 mars, une délégation de cent Bretons a bravé le froid pour la parade an-nuelle de la Saint-Patrick dans la Grosse Pomme. Menés par le maire de Quimper, Bernard Poignant et le président de BZH NY Charles Kergaravat, ils ont arpenté la Cinquième Avenue au rythme du bagad du Moulin Vert. © alexander delaroche

2 boynton beach, Fl – Le 6 mars, le consul gé-néral de France à Miami Gaël de Maisonneuve (à droite) a remis une médaille à douze vétérans américains, nommés chevaliers dans l’ordre na-tional de la Légion d’honneur pour leur combat aux côtés de la France. © Consulat général de France

à miami

3 new york, ny – Le 16 mars, le Lycée Français (LFNY) a tenu son 14e gala annuel à Pier 36, avec près de 800 invités. Pour soutenir les programmes pédagogiques de l’établissement, 1,7 million de dollars ont été collectés lors d’une soirée sur la thématique des médias et de la communica-tion numériques, dont le journaliste Charlie Rose (au milieu) était l’invité d’honneur, remercié par Stephan Haimo, président du Board du LFNY, Magalie Laguerre-Wilkinson, Laetitia Chaix et

L. Bayly Ledes, co-présidentes du gala, et Sean Lynch, le directeur du LFNY. © Kent miller Studios

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4 seattle, wa – Le 24 mars, French Education Northwest tenait son tout premier French Fest à Seattle au Seattle Center’s Armory. Entre concerts de jazz et démonstrations de cuisine, la chorale de l’Alliance Française de Seattle a donné de la voix. 5 washington, d.c – Le 8 avril, l’Alliance Fran-çaise a organisé une réception pour accueillir l’artiste maroco-canadien Gad Elmaleh après son spectacle au Birchmere Music Hall. Le comique préféré des Français est en tournée aux États-Unis courant avril. © Yacouba Tanou

6 boston, ma – Le 30 mars, Boston Accueil a fêté ses 20 ans au Top of the Hub. Cécile Penot (vice présidente de Boston Accueil), Virginie Legrand (responsable des activités), Muriel Moreau (une ancienne du bureau) et Françoise Matte, la prési-dente depuis 2005, ont organisé l’anniversaire de l’association qui aide les Français nouvellement expatriés à s’intégrer.

7 brooklyn, ny – Le 22 mars, la ministre déléguée chargée des Français de l’étranger Hélène Con-way-Mouret (à gauche) s’est rendue à l’école PS 58, à Carroll Gardens, pour affirmer son soutien aux programmes bilingues en présence notam-ment de Fabrice Jaumont, attaché à l’éducation de l’ambassade de France et de la principale de l’établissement, Giselle McGee (à droite). 8 houston, tx – Le 16 mars, la Texan French Al-liance for the Arts (TFAA) a lancé sur la place de la Public Library l’exposition Open the Door, qui présentera une soixantaine de portes peintes dans plusieurs endroits de la ville, jusqu’à la fin de l’année. La directrice de la TFAA Karine Parker Lemoyne (en bas à droite) a réuni douze artistes parisiens (du collectif 9ème Concept) et housto-niens pour ce projet. 9 Paris, France – Le 20 mars, le maire de San Francisco Ed Lee (à gauche) et celui de Paris Bertrand Delanoë ont cosigné une convention de coopération sur l’économie numérique et les villes intelligentes. © Consulat général de France à San Fran-

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