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  • 7/26/2019 Folie Et Raison Pure

    1/6

    Les Cahiers du GRIF

    La folie dans la raison pureMonique David-Mnard

    Abstract

    Monique David-Mnard shows how the idea of her book, La folie dans la raison pure, Kant lecteur de Swedenborg, took

    shape. Taking as an example a great philosophical thought, she makes understandable how psychoanalysis raises newquestions in philosophy. She demonstrates how a metaphorical proximity between the dialectical, more precisely

    antinomical, structure of reason in Kant, and the structure of paranoiac thinking such as describeb by Freud, can be

    transformed into a clue for reading this philosopher and tested by the specific consistency and organisation of his thought.

    Citer ce document Cite this document :

    David-Mnard Monique. La folie dans la raison pure. In: Les Cahiers du GRIF, n46, 1992. Provenances de la pense

    femmes/philosophie. pp. 41-45.

    doi : 10.3406/grif.1992.1858

    http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1858

    Document gnr le 14/10/2015

    http://www.persee.fr/collection/grifhttp://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1858http://www.persee.fr/author/auteur_grif_493http://dx.doi.org/10.3406/grif.1992.1858http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1858http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1858http://dx.doi.org/10.3406/grif.1992.1858http://www.persee.fr/author/auteur_grif_493http://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1992_num_46_1_1858http://www.persee.fr/collection/grifhttp://www.persee.fr/
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    a folie

    dans

    la

    raison

    pure

    Sur

    la

    gense d un livre

    Monique David-Mnard

    On

    prsente habituellement la pense

    rationnelle

    comme neutre

    par

    rapport aux

    conditions

    subjectives

    de sa

    production.

    L ide mme de l universalit de la raison

    consiste

    dans l affirmation selon laquelle la prminence de la rationalit

    rside

    dans la dfinition

    d un lieu

    de

    pense o

    tous les humains se retrouvent quels que

    soient leur

    sexe

    et les

    particularits de

    leur vie

    imaginaire

    et fantasmatique.

    Et

    certes, il n est pas question de nier

    que

    la pense rationnelle puisse

    tre

    comprise

    par

    tous dans le registre d intelligibilit o elle se donne. La russite de toute

    grande

    pense philosophique

    est

    certainement

    de

    pouvoir

    tre

    nonce

    et

    prsente

    indpendamment de l histoire de sa formation. Et pourtant, mme dans les textes

    les plus rigoureux du

    point

    de vue de cette autonomie que

    peut

    acqurir la pense

    par rapport

    ses

    conditions

    subjectives, c est--dire historiques,

    de production,

    j ai

    peu peu dcouvert qu il n en tait rien, et que la

    pense

    rationnelle,

    par exemple

    celle

    d Emmanuel

    Kant dans la Critique de la raison

    pure

    tait

    traverse, travaille

    par des thmes inconscients, par un processus de refoulement dont le texte et

    l uvre mme, ce qui

    permet

    de comprendre comment et

    quel prix

    se constitue

    l impassibilit de la raison philosophique.

    Il

    sera donc ici question d histoire, - et

    d une

    double manire : dans

    l objet

    qu est

    la philosophie

    thorique

    de

    Kant,

    on

    fera

    apparatre

    le

    rapport

    entre

    un

    rsultat,

    la

    forme

    acheve

    d une thorie de la connaissance,

    et

    une gense

    dont

    le rsultat

    garde

    les traces crites ;

    dans la recherche qui

    fut

    la mienne

    aussi, et qui dcrit

    l histoire

    par

    laquelle j ai

    t

    amene

    dcouvrir

    dans Kant

    un

    tout autre

    Kant

    que

    celui

    qu on

    m avait appris

    lire, parce

    que je

    me suis mise

    tre attentive

    des

    dtails

    ngligs de son uvre. L histoire de cette recherche ne

    concide pas avec

    celle

    de son objet. Mais elle

    suppose

    que la mthode de lecture tombe juste : si je

    m autorise

    lier

    dans ma

    lecture, les mthodes classiques de l histoire de la philo

    sophie

    l attention

    autre

    qui

    vient

    de l coute analytique, c est aussi parce que le

    dbat

    entre

    les

    penses

    inconscientes

    et

    la

    rationalit

    m ont

    parues non

    trangres

    4\

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    au

    texte

    kantien lui-mme. Si

    je

    ne

    partagais

    pas avec Kant une certaine conception

    de la

    rationalit

    dont je peux analyser sur une autre scne, le

    caractre

    dfensif, je

    n aurais pas eu

    l ide

    de

    mettre

    l preuve mes hypothses de

    lecture.

    Partons

    donc

    d un

    premier

    expos

    de

    la

    philosophie

    kantienne,

    qui

    est

    pour

    ce

    der

    nier une formulation seconde, faite aprs coup, de sa pense : dans les Prolgomnes

    toute

    mtaphysique

    future qui pourra se prsenter comme science, en 1783, Kant

    donne

    une

    prsentation pdagogique de

    ce qu il a avanc deux annes plus tt dans

    la

    Critique de la raison pure. Tout

    professeur

    de philosophie

    a,

    en

    effet,

    l exprience de

    la facilit

    qu offre l expos

    de

    1783 comme voie

    d accs

    la

    philosophie

    transcen-

    dantale.

    La pense de Kant s y dfinit comme

    l arbitrage d un dbat

    entre

    idalisme et

    empirisme, entre Leibniz et Hume : si

    toute

    la Critique prend sens autour de la ques

    tion Comment des jugements

    synthtiques

    a priori

    sont-ils

    possibles ? Cette

    question n a

    de

    sens

    que

    par

    rapport

    Leibniz

    pour

    qui les

    propositions scientifiques

    sont analytiques et a priori, et par

    rapport

    Hume

    pour

    qui, puisque l ide de

    cause

    est

    magique, les propositions scientifiques sont toutes

    synthtiques

    et a posteriori.

    Kant

    crit

    d ailleurs lui-mme

    une brve histoire de

    sa

    pense : Je l avoue franche

    mentce

    fut l avertissement

    de David Hume qui

    interrompit

    d abord, voil

    bien

    des

    annes,

    mon

    sommeil dogmatique,

    et

    qui

    donna

    mes

    recherches

    en

    philosophie

    spculative

    une tout

    autre direction

    .

    J avais lu cette

    affirmation

    de

    sincrit

    mille

    et une

    fois,

    sans y chercher autre chose que ce qui s y trouve nonc, et sans

    prter

    attention la solennit de cette dclaration de

    franchise.

    Retenons seulement qu en

    effet, la pense de

    Kant peut

    se

    prsenter

    avec

    cohrence et

    vraisemblance

    comme

    la

    rsolution d un dbat entre id lisme dogmatique et

    empirisme.

    Mais en mme

    temps,

    ce premier

    registre de

    la pense

    kantienne, qui a son

    intelligibilit propre

    et

    qui peut tre transmise telle quelle, nous allons le

    considrer

    comme l laboration

    secondaire

    d un

    rve qui se prsente comme raisonnable. La raison

    d une telle

    dci

    sion

    appartient l histoire de cette

    recherche.

    Une anne o

    je faisais, pour des

    tudiants

    en philosophie,

    un cours

    sur

    la raison,

    j avais

    t

    amene relire la seconde partie de la Critique de la raison

    pure,

    que Kant

    nomme Dialectique transcendantale et o il

    s applique avec

    patience

    dcrire -

    on

    dirait aujourd hui dconstruire -, les

    illusions

    de la raison c est--dire les raiso

    nn m nts

    ncessaires

    mais

    aussi

    ncessairement illusoires

    dans

    lesquels

    la

    pense

    s emptre lorsqu elle

    rflchit aux thmes traditionnels de la

    mtaphysique

    :

    l me, le

    monde,

    et Dieu.

    Plus prcisment, en expliquant les textes concernant la troisime antinomie,

    celle

    qui porte

    sur

    la

    question de

    savoir si le

    monde, pris

    comme

    totalit,

    doit

    tre

    dit

    libre ou

    caus

    par

    autre

    chose

    que lui-mme,

    l ide

    curieuse me

    vint

    que

    ce

    que

    Kant dcrivait

    sous

    le

    titre

    de structure antinomique de la raison prsentait

    une

    ana

    logie

    troublante avec ce

    que Freud,

    dans

    un

    tout

    autre champ, dcrit comme

    struc-

    42 ture de la pense paranoaque.

    J avais

    la mme

    poque,

    en analyse, un

    patient

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    paranoaque

    dont

    la cure s achevait

    par

    une violence verbale

    quotidienne,

    et des

    menaces de mort, depuis

    qu il

    avait

    t

    amen revivre et dire, dans mon

    cabinet

    de

    travail,

    une

    scne

    de son

    histoire

    qui

    lui

    faisait

    horreur.

    partir

    de

    ce

    moment,

    j tais

    devenue

    pour

    lui l objet ha, et

    dans

    les

    moments

    o

    sa

    violence ne m attei

    gnait as

    trop, j en venais

    me dire que, ce qui permettait prsent cet homme de

    vivre et de travailler, c tait que

    je

    fusse

    devenu cet objet

    d horreur.

    Or, c tait

    juste

    ment le

    statut

    de cet objet que

    j tais

    devenue, et sur lequel

    mon patient

    s archar-

    nait,

    qui me

    faisait

    penser de faon lancinante l autre auquel s affronte

    et

    que

    veut

    dtruire

    ch que

    parti dans

    l antinomie

    de

    la raison pure dcrite par

    Kant... Il conven

    ait

    e considrer avec prudence

    un

    tel

    rapprochement,

    qui n tait aprs tout peut-

    tre

    que

    mon

    dlire personnel, mais

    il

    tait

    ncessaire

    d examiner la chose de plus

    prs,

    et

    de

    voir

    si

    cette intuition

    peut-tre

    dlirante

    pouvait se

    transformer

    en

    hypo

    thse

    de lecture du texte philosophique en question, et

    ussi

    si cette hypothse

    pouvait

    tre mise l preuve.

    Je comparai

    donc, aussi

    prcisment que possible,

    la

    structure

    de la raison

    dans

    les antinomies de la raison

    pure

    , et la pense paranoaque dans l exprience du

    transfert. Dans la

    seconde

    partie

    de

    la

    Critique de

    la

    raison

    pure, E. Kant

    dcrit,

    parmi

    les impasses de la raison, ce qu il nomme antinomies. La troisime antino

    mie,a

    plus

    clbre, met face face la thse, affirmant qu il y a

    une

    cause

    libre et

    l antithse

    soutenant qu il n y a

    pas de libert, mais que

    tout arrive suivant

    des

    lois

    naturelles.

    Prcisons les

    termes

    du conflit. La thse affirme que la causalit dter

    mine

    par

    des

    lois

    de

    la

    nature

    n est

    pas la

    seule

    d o

    puisse

    tre

    drivs

    tous

    les

    phnomnes

    du

    monde. Il est ncessaire

    d admettre

    aussi,

    pour

    les expliquer, une

    causalit libre . L antithse rtorque :

    Il

    n y a pas de libert, mais tout dans le

    monde arrive

    suivant

    des

    lois naturelles

    . Dans ce face face des positions de la

    raison, Kant montre d abord qu il est rationnellement impossible

    de

    choisir l un ou

    l autre

    parti : chacun peut raisonner pour prouver ce

    qu il avance et le

    fait avec

    cohrence sans parvenir par

    l

    ruiner

    le

    parti adverse,

    car ce dernier dploie lui

    aussi,

    sa logique

    propre

    avec cohrence, et dfait les prtentions de la thse. La

    preuve,

    ici, ne suffit donc pas prouver, car elle s exerce sur un terrain o le vrai

    et

    le

    faux

    ne

    se partagent

    pas

    par

    une

    relation

    de

    disjonction

    exclusive.

    La

    raison

    patine

    , du fait que

    les deux positions sont incompatibles et

    que,

    pourtant,

    aucune ne parvient, en confondant l autre, tablir son propre droit. Tel est l enjeu

    philosophique de la question.

    Il

    tait donc possible de transformer le rapprochement

    incongru

    entre structure

    antinomique de la

    raison et rapport

    l autre

    dans

    la paranoa en hypothse de lecture

    qui concernait l organisation mme de ce livre-monument de Kant qu est la Critique

    de la

    raison

    pure. Mais l htrognit des domaines que je

    mettais

    en

    rapport

    n tait pas

    pour

    autant rduite, elle tait plutt dveloppe

    par

    cet

    autre rapproche- 43

  • 7/26/2019 Folie Et Raison Pure

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    ment

    que je

    faisais

    en disant :

    L entendement

    russit l

    o

    la raison

    choue

    ,

    parodiant ainsi la rponse

    de

    Freud

    Ferenczi dans sa

    lettre

    du

    6 octobre 1920 : en

    fondant un savoir sur l inconscient. J ai russi l o le paranoaque

    choue.

    Un

    autre

    hasard, c est--dire une

    rencontre,

    permit

    d aller

    plus loin

    :

    une

    spcial

    iste e Kant

    dont

    j avais sollicit

    l avis

    concernant mes hypothses bizarres

    me fit

    connatre

    un

    ouvrage de celui-ci

    consacr

    l occultisme.

    Michle Crampe-Casna-

    bet avait elle-mme prsent un

    texte

    de 1766 dont le titre allait me

    retenir

    longue

    ment Rves

    d un

    visionnaire expliqus

    par des rves

    de la mtaphysique 2. Kant,

    le philosophe de la subjectivit transcendantale avait

    donc

    crit sur la folie et le

    dlire

    d un

    occultiste, Swedenborg, ce qui ne m avait pas

    t signal au

    cours de

    mes tudes universitaires.

    vrai dire,

    prsent,

    je me

    rappelle tout

    de

    mme

    que

    Georges

    Canguilhem,

    au dbut

    des

    annes

    soixante-dix, avait

    un jour cit un petit

    opuscule

    de Kant, non traduit alors, Versuch iiber die

    Kopfkrankheiten,

    texte de

    1764, de deux

    ans antrieur,

    donc,

    au

    livre

    sur

    Swedenborg.

    Mais

    il s agissait

    alors

    d un

    cours sur l histoire

    de la mdecine, et j avais

    considr,

    avec la communaut

    savante qui produit de l isolation

    la manire des

    obsessionnels,

    que cet

    opuscule

    ne

    pouvait avoir qu un

    intrt marginal par rapport

    aux

    thmes centraux

    de

    la phi

    losophi kantienne. Nous devons une premire traduction de ce texte

    Jean-Pierre

    Lefebvre

    pour

    la revue L volution psychiatrique d avril-juin 1977, et cet Essai sur

    les maladies de la

    tte a t

    retraduit

    par

    moi

    et publi

    en

    un

    volume spar

    chez

    Garnier-Flammarion

    en 1990. L isolation de ces textes, la lecture

    des

    Rves d un

    visionnaire, n tait plus de saison.

    Car Kant n y prend

    pas

    acte,

    seulement, de

    sa

    fascination

    et

    de

    sa

    rpulsion pour

    les

    phnomnes

    de voyance,

    la

    communication

    avec

    les morts et les

    esprits

    dont

    Swedenborg, -

    un

    savant sudois devenu

    le

    contempteur de la science laque et le fondateur d une nouvelle religion

    -

    tait l un

    des

    hrauts

    les

    plus

    marquants

    dans l Europe savante

    du xviir

    sicle.

    Ce

    qui

    retient

    Kant, surtout, dans ce livre, c est l troite ressemblance, qu il reconnat son

    propre

    scandale,

    entre

    l idalisme philosophique et le dlire d un

    visionnaire. Ce

    qui

    rend

    ncessaire une redfinition radicale de la philosophie comme philosophie critique,

    c est--dire

    comme science des limites de la

    raison

    humaine. Ce n est

    donc

    pas

    Hume

    qui

    a

    rveill Kant

    de son

    sommeil dogmatique , c est plutt

    le fait qu un

    systme

    du

    monde

    construit

    par

    un

    penseur

    fou

    lui

    ait

    paru

    en 1766,

    de

    mme

    nature que l idalisme postleibnizien. Les Rves d un visionn ire (Rves d un

    visionnaire

    expliqus par des rves

    de

    la mtaphysique)

    fondent

    le concept critique

    de limite, et la

    rforme

    de la mtaphysique

    sur

    un

    surtout

    pas cel

    ,

    nonc

    par

    Kant

    dans

    l horreur de la connivence perue entre mtaphysique idaliste et dlire,

    et dont

    la pense hyper-systmatique de

    Swedenborg effectuait

    en

    quelque

    sorte la

    synthse.

    L intrt de ce

    texte

    des Rves est encore de montrer comment Kant se bat avec

    44

    1 pense

    qu il refuse

    : manquant aux rgles

    discursives

    de

    cohrence et

    de non

  • 7/26/2019 Folie Et Raison Pure

    6/6

    contradiction

    qui

    rgissent

    tout

    expos

    philosophique. Or c est dans

    ce

    contexte que

    naissent les thmes de la philosophie critique qu il pourra

    prsenter

    plus tard

    en

    effaant

    leur

    origine

    dans une

    mauvaise

    rencontre

    de

    la

    philosophie

    avec

    la

    folie.

    Il

    est

    pourtant

    patent,

    lire ce

    texte,

    que

    l inventivit

    de Kant lui vient de la dng t

    ion

    e son

    rapport

    Swedenborg.

    partir de

    l, une nouvelle

    tche s imposait :

    si

    la dngation du

    rapport une

    pense folle

    tait

    constitutive

    de la philosophie critique et transcendantale,

    il

    n tait

    pas concevable que toute

    trace

    de ce

    dbat

    ait

    disparu

    des uvres de la

    maturit. Il

    convenait

    donc

    de

    relire la

    Critique de

    la

    raison

    pure d un il

    neuf,

    pour prendre la

    mesure de l importance

    relative

    qu y occupe

    le

    dbat persistant de

    Kant

    avec la

    folie, par rapport aux autres sources

    de sa

    pense. Le livre qui a paru

    chez Vrin

    l hiver

    dernier

    (1990),

    La

    folie dans

    la

    raison

    pure. Kant

    lecteur de

    Swedenborg

    propose

    la lecture renouvele de

    ce grand livre d un philosophe qu on

    dit souvent

    austre, abstrait et

    rbarbatif,

    mais dont la pense prend une

    vigueur

    toute neuve,

    lorsqu on

    saisit

    quel risque elle s est mesure.

    Monique David-Mnard

    1. Prolgomnes

    toute

    mtaphysique

    future qui voudra se prsenter

    comme science,

    Vrin, 1967, p. 13,

    Prolegomena

    zu einerjeden kunftige

    Metaphysik

    die

    als Wissenschaft wird auftreten knnen, Werkaus-

    gabe Band

    IV,

    Suhrkamp

    Taschenbuch

    Wissenschaft

    188,

    1977,

    p. 18.

    2.

    Michle

    Jalley-Crampe,

    La

    raison

    et

    ses

    rves. Kant juge de Swedenborg ,

    Revue

    des

    sciences

    humaines, 1979-4.

    Monique David-Mnard

    shows how

    the idea

    of her

    book, La folie

    dans la raison

    pure,

    Kant

    lecteur de Swedenborg, took shape. Taking as

    an

    example a great philosophical

    thought,

    she

    makes understandable how psychoanalysis

    raises

    new questions in philosophy. She demonst

    rates

    ow a

    metaphorical

    proximity between the dialectical, more precisely antinomical,

    structure of reason in Kant, and the structure ofparanoiac

    thinking such

    as describeb by

    Freud,

    can

    be transformed into a clue for reading this philosopher and tested by the

    specific

    consistency

    and

    organisation of

    his

    thought.

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