Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation...

165
http://portaildoc.univ-lyon1.fr Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0) http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Transcript of Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation...

Page 1: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

http://portaildoc.univ-lyon1.fr

Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.0 France (CC BY-NC-ND 2.0)

http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.0/fr

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 2: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

UNIVERSITE CLAUDE BERNARD –LYON 1

FACULTE DE MEDECINE LYON EST et LYON SUD

Année 2016 N°

VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES S’AGISSANT DE LA REPRISE DU

TRAVAIL APRES UN CANCER DU SEIN

THESE

Présentée

A l’Université Claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 15 novembre 2016 pour obtenir le grade de Docteur en Médecine

par

Clémentine GASPAROUX épouse JORDAN

Née le 04 juillet 1988

à LYON 7 ème

et

Angelika KOCHAN

Née le 23 juillet 1984

à Stalowa Wola, POLOGNE

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 3: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 4: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

UNIVERSITE CLAUDE BERNARD –LYON 1

FACULTE DE MEDECINE LYON EST

Année 2016 N°

VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES S’AGISSANT DE LA REPRISE DU

TRAVAIL APRES UN CANCER DU SEIN

THESE

Présentée

A l’Université Claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 15 novembre 2016 pour obtenir le grade de Docteur en Médecine

par

Clémentine JORDAN, née GASPAROUX

Née le 04 juillet 1988

à LYON 7eme

et

Angelika KOCHAN

Née le 23 juillet 1984

Stalowa Wola, POLOGNE

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 5: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

2

UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1 Président Frédéric FLEURY Président du Comité de Pierre COCHAT Coordination des Etudes Médicales Directeur Général des Services Dominique MARCHAND Secteur Santé UFR de Médecine Lyon Est Doyen : Gilles RODE UFR de Médecine Lyon Sud- Doyen : Carole BURILLON Charles Mérieux Institut des Sciences Pharmaceutiques Directrice : Christine VINCIGUERRA Et Biologiques (ISPB) UFR d’Odontologie Directeur : Denis BOURGEOIS Institut des Sciences et Techniques Directeur : Xavier PERROT De Réadaptation (ISTR) Département de Biologie Humaine Directrice : Anne-Marie SCHOTT Secteur Sciences et Technologie UFR de Sciences et Technologies Directeur : Fabien de MARCHI UFR de Sciences et Techniques des Directeur : Yannick VANPOULLE Activités Physiques et Sportives (STAPS) Polytech Lyon Directeur : Emmanuel PERRIN I.U.T. Directeur : Christophe VITON Institut des Sciences Financières Directeur : Nicolas LEBOISNE Et Assurances (ISFA) Observatoire de Lyon Directrice : Isabelle DANIEL Ecole Supérieure du Professorat Directeur : Alain MOUGNIOTTE Et de l’Education (ESPE)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 6: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

3

Faculté de Médecine Lyon Est Liste des enseignants 2016/2017

Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 2 Blay Jean-Yves Cancérologie ; radiothérapie Cochat Pierre Pédiatrie Cordier Jean-François Pneumologie ; addictologie Etienne Jérôme Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Gouillat Christian Chirurgie digestive Guérin Jean-François Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Mornex Jean-François Pneumologie ; addictologie Ninet Jacques Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Philip Thierry Cancérologie ; radiothérapie Ponchon Thierry Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Revel Didier Radiologie et imagerie médicale Rivoire Michel Cancérologie ; radiothérapie Rudigoz René-Charles Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Thivolet-Bejui Françoise Anatomie et cytologie pathologiques Vandenesch François Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 1 Borson-Chazot Françoise Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale Chassard Dominique Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Claris Olivier Pédiatrie D’Amato Thierry Psychiatrie d’adultes ; addictologie Delahaye François Cardiologie Denis Philippe Ophtalmologie Disant François Oto-rhino-laryngologie Douek Philippe Radiologie et imagerie médicale Ducerf Christian Chirurgie digestive Finet Gérard Cardiologie Gaucherand Pascal Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Guérin Claude Réanimation ; médecine d’urgence Herzberg Guillaume Chirurgie orthopédique et traumatologique Honnorat Jérôme Neurologie Lachaux Alain Pédiatrie Lehot Jean-Jacques Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Lermusiaux Patrick Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Lina Bruno Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Martin Xavier Urologie Mellier Georges Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Mertens Patrick Anatomie Michallet Mauricette Hématologie ; transfusion Miossec Pierre Immunologie Morel Yves Biochimie et biologie moléculaire Moulin Philippe Nutrition Négrier Sylvie Cancérologie ; radiothérapie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 7: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

4

Neyret Philippe Chirurgie orthopédique et traumatologique Nighoghossian Norbert Neurologie Ninet Jean Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Obadia Jean-François Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Ovize Michel Physiologie Rode Gilles Médecine physique et de réadaptation Terra Jean-Louis Psychiatrie d’adultes ; addictologie Zoulim Fabien Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie

Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Première classe

André-Fouet Xavier Cardiologie Argaud Laurent Réanimation ; médecine d’urgence Badet Lionel Urologie Barth Xavier Chirurgie générale Bessereau Jean-Louis Biologie cellulaire Berthezene Yves Radiologie et imagerie médicale Bertrand Yves Pédiatrie Boillot Olivier Chirurgie digestive Braye Fabienne Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ; Brûlologie Breton Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chevalier Philippe Cardiologie Colin Cyrille Epidémiologie, économie de la santé et prévention Colombel Marc Urologie Cottin Vincent Pneumologie ; addictologie Devouassoux Mojgan Anatomie et cytologie pathologiques Di Fillipo Sylvie Cardiologie Dumontet Charles Hématologie ; transfusion Durieu Isabelle Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Edery Charles Patrick Génétique Fauvel Jean-Pierre Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie Guenot Marc Neurochirurgie Gueyffier François Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Guibaud Laurent Radiologie et imagerie médicale Javouhey Etienne Pédiatrie Juillard Laurent Néphrologie Jullien Denis Dermato-vénéréologie Kodjikian Laurent Ophtalmologie Krolak Salmon Pierre Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Lejeune Hervé Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Mabrut Jean-Yves Chirurgie générale Merle Philippe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Mion François Physiologie Morelon Emmanuel Néphrologie Mure Pierre-Yves Chirurgie infantile Négrier Claude Hématologie ; transfusion Nicolino Marc Pédiatrie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 8: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

5

Picot Stéphane Parasitologie et mycologie Rouvière Olivier Radiologie et imagerie médicale Roy Pascal Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Ryvlin Philippe Neurologie Saoud Mohamed Psychiatrie d’adultes Schaeffer Laurent Biologie cellulaire Scheiber Christian Biophysique et médecine nucléaire Schott-Pethelaz Anne-Marie Epidémiologie, économie de la santé et prévention Tilikete Caroline Physiologie Truy Eric Oto-rhino-laryngologie Turjman Francis Radiologie et imagerie médicale Vallée Bernard Anatomie Vanhems Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Vukusic Sandra Neurologie Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Seconde Classe Ader Florence Maladies infectieuses ; maladies tropicales Aubrun Frédéric Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Boussel Loïc Radiologie et imagerie médicale Calender Alain Génétique Chapurlat Roland Rhumatologie Charbotel Barbara Médecine et santé au travail Chêne Gautier Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Cotton François Radiologie et imagerie médicale Crouzet Sébastien Urologie Dargaud Yesim Hématologie ; transfusion David Jean-Stéphane Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Di Rocco Federico Neurochirurgie Dubernard Gil Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Ducray François Neurologie Dumortier Jérome Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Fanton Laurent Médecine légale Fellahi Jean-Luc Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Ferry Tristan Maladie infectieuses ; maladies tropicales Fourneret Pierre Pédopsychiatrie ; addictologie Gillet Yves Pédiatrie Girard Nicolas Pneumologie Gleizal Arnaud Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Henaine Roland Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Hot Arnaud Médecine interne Huissoud Cyril Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Jacquin-Courtois Sophie Médecine physique et de réadaptation Janier Marc Biophysique et médecine nucléaire Lesurtel Mickaël Chirurgie générale Michel Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Million Antoine Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire Monneuse Olivier Chirurgie générale Nataf Serge Cytologie et histologie Peretti Noël Nutrition Pignat Jean-Christian Oto-rhino-laryngologie Poncet Gilles Chirurgie générale Raverot Gérald Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 9: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

6

Ray-Coquard Isabelle Cancérologie ; radiothérapie Rheims Sylvain Neurologie Richard Jean-Christophe Réanimation ; médecine d’urgence Robert Maud Chirurgie digestive Rossetti Yves Physiologie Souquet Jean-Christophe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Thaunat Olivier Néphrologie Thibault Hélène Physiologie Wattel Eric Hématologie ; transfusion

Professeur des Universités - Médecine Générale

Flori Marie Letrilliart Laurent Moreau Alain Zerbib Yves

Professeurs associés de Médecine Générale

Lainé Xavier

Professeurs émérites

Baulieux Jacques Cardiologie Beziat Jean-Luc Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chayvialle Jean-Alain Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Daligand Liliane Médecine légale et droit de la santé Droz Jean-Pierre Cancérologie ; radiothérapie Floret Daniel Pédiatrie Gharib Claude Physiologie Mauguière François Neurologie Neidhardt Jean-Pierre Anatomie Petit Paul Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Sindou Marc Neurochirurgie Touraine Jean-Louis Néphrologie Trepo Christian Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Trouillas Jacqueline Cytologie et histologie Viale Jean-Paul Réanimation ; médecine d’urgence Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Hors classe Benchaib Mehdi Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Bringuier Pierre-Paul Cytologie et histologie Dubourg Laurence Physiologie Germain Michèle Physiologie Jarraud Sophie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Le Bars Didier Biophysique et médecine nucléaire Normand Jean-Claude Médecine et santé au travail Persat Florence Parasitologie et mycologie Piaton Eric Cytologie et histologie Sappey-Marinier Dominique Biophysique et médecine nucléaire Streichenberger Nathalie Anatomie et cytologie pathologiques

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 10: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

7

Timour-Chah Quadiri Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Voiglio Eric Anatomie Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Première classe Barnoud Raphaëlle Anatomie et cytologie pathologiques Bontemps Laurence Biophysique et médecine nucléaire Chalabreysse Lara Anatomie et cytologie pathologiques Charrière Sybil Nutrition Collardeau Frachon Sophie Anatomie et cytologie pathologiques Confavreux Cyrille Rhumatologie Cozon Grégoire Immunologie Escuret Vanessa Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Hervieu Valérie Anatomie et cytologie pathologiques Kolopp-Sarda Marie Nathalie Immunologie Lesca Gaëtan Génétique Lukaszewicz Anne-Claire Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Maucort Boulch Delphine Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Meyronet David Anatomie et cytologie pathologiques Pina-Jomir Géraldine Biophysique et médecine nucléaire Plotton Ingrid Biochimie et biologie moléculaire Rabilloud Muriel Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Rimmele Thomas Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Ritter Jacques Epidémiologie, économie de la santé et prévention Roman Sabine Physiologie Tardy Guidollet Véronique Biochimie et biologie moléculaire Tristan Anne Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Venet Fabienne Immunologie Vlaeminck-Guillem Virginie Biochimie et biologie moléculaire Maîtres de Conférences – Praticiens Hospitaliers Seconde classe Casalegno Jean-Sébastien Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Curie Aurore Pédiatrie Duclos Antoine Epidémiologie, économie de la santé et prévention Lemoine Sandrine Physiologie Marignier Romain Neurologie Phan Alice Dermato-vénéréologie Schluth-Bolard Caroline Génétique Simonet Thomas Biologie cellulaire Vasiljevic Alexandre Anatomie et cytologie pathologiques

Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale

Farge Thierry Pigache Christophe

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 11: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

8

U.F.R. FACULTE DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON SUD-CHARLES

MERIEUX

PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (Classe exceptionnelle)

BERGERET Alain Médecine et Santé du Travail

BROUSSOLLE Emmanuel Neurologie

BURILLON-LEYNAUD Carole Ophtalmologie

CHIDIAC Christian Maladies infectieuses ; Tropicales

COIFFIER Bertrand Hématologie ; Transfusion

DUBREUIL Christian O.R.L.

FLOURIE Bernard Gastroentérologie ; Hépatologie

FOUQUE Denis Néphrologie

GILLY François-Noël Chirurgie générale

GOLFIER François Gynécologie Obstétrique ; gynécologie médicale

GUEUGNIAUD Pierre-Yves Anesthésiologie et Réanimation urgence

LAVILLE Martine Nutrition

LAVILLE Maurice Thérapeutique

MALICIER Daniel Médecine Légale et Droit de la santé

MATILLON Yves Epidémiologie, Economie Santé et Prévention

MORNEX Françoise Cancérologie ; Radiothérapie

MOURIQUAND Pierre Chirurgie infantile

NICOLAS Jean-François Immunologie

PEIX Jean-Louis Chirurgie Générale

SALLES Gilles Hématologie ; Transfusion

SAMARUT Jacques Biochimie et Biologie moléculaire

SIMON Chantal Nutrition

THIVOLET Charles Endocrinologie et Maladies métaboliques

VALETTE Pierre Jean Radiologie et imagerie médicale

VIGHETTO Alain Neurologie

PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)

ADHAM Mustapha Chirurgie Digestive

ANDRE Patrice Bactériologie – Virologie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 12: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

9

BERARD Frédéric Immunologie

BONNEFOY Marc Médecine Interne, option Gériatrie

BONNEFOY- CUDRAZ Eric Cardiologie

BROUSSOLLE Christiane Médecine interne ; Gériatrie et biologie vieillissement

CAILLOT Jean Louis Chirurgie générale

CERUSE Philippe O.R.L

DES PORTES DE LA FOSSE Vincent Pédiatrie

ECOCHARD René Bio-statistiques

FESSY Michel-Henri Anatomie

FLANDROIS Jean-Pierre Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière

FRANCK Nicolas Psychiatrie Adultes

FREYER Gilles Cancérologie ; Radiothérapie

GEORGIEFF Nicolas Pédopsychiatrie

GIAMMARILE Francesco Biophysique et Médecine nucléaire

GLEHEN Olivier Chirurgie Générale

JOUANNEAU Emmanuel Neurochirurgie

KIRKORIAN Gilbert Cardiologie

LANTELME Pierre Cardiologie

LEBECQUE Serge Biologie Cellulaire

LINA Gérard Bactériologie

LLORCA Guy Thérapeutique

LONG Anne Chirurgie vasculaire

LUAUTE Jacques Médecine physique et Réadaptation

MAGAUD Jean-Pierre Hématologie ; Transfusion

PEYRON François Parasitologie et Mycologie

PICAUD Jean-Charles Pédiatrie

PIRIOU Vincent Anesthésiologie et réanimation chirurgicale

POUTEIL-NOBLE Claire Néphrologie

PRACROS J. Pierre Radiologie et Imagerie médicale

RODRIGUEZ-LAFRASSE Claire Biochimie et Biologie moléculaire

SAURIN Jean-Christophe Hépato gastroentérologie

TEBIB Jacques Rhumatologie

THOMAS Luc Dermato -Vénérologie

TRILLET-LENOIR Véronique Cancérologie ; Radiothérapie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 13: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

10

PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

BARREY Cédric Neurochirurgie

BOHE Julien Réanimation urgence

BOULETREAU Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie

CHAPET Olivier Cancérologie, radiothérapie

CHOTEL Franck Chirurgie Infantile

COTTE Eddy Chirurgie générale

DAVID Jean Stéphane Anesthésiologie et Réanimation urgence

DEVOUASSOUX Gilles Pneumologie

DISSE Emmanuel Endocrinologie diabète et maladies métaboliques

DORET Muriel Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale

DUPUIS Olivier Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale

FARHAT Fadi Chirurgie thoracique et cardiovasculaire

FEUGIER Patrick Chirurgie Vasculaire

FRANCO Patricia Physiologie

GHESQUIERES Hervé Hématologie

KASSAI KOUPAI Berhouz Pharmacologie Fondamentale, Clinique

LASSET Christine Epidémiologie., éco. santé

LEGER FALANDRY Claire Médecine interne, gériatrie

LIFANTE Jean-Christophe Chirurgie Générale

LUSTIG Sébastien Chirurgie. Orthopédique,

MOJALLAL Alain-Ali Chirurgie. Plastique.,

NANCEY Stéphane Gastro Entérologie

PAPAREL Philippe Urologie

PIALAT Jean-Baptiste Radiologie et Imagerie médicale

POULET Emmanuel Psychiatrie Adultes

REIX Philippe Pédiatrie

RIOUFFOL Gilles Cardiologie

SALLE Bruno Biologie et Médecine du développement et de la reproduction

SANLAVILLE Damien Génétique

SERVIEN Elvire Chirurgie Orthopédique

SEVE Pascal Médecine Interne, Gériatrique

TAZAROURTE Karim Thérapeutique

THAI-VAN Hung Physiologie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 14: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

11

THOBOIS Stéphane Neurologie

TRAVERSE-GLEHEN Alexandra Anatomie et cytologie pathologiques

TRINGALI Stéphane O.R.L.

TRONC François Chirurgie thoracique et cardio.

WALLON Martine Parasitologie mycologie

WALTER Thomas Gastroentérologie - Hépatologie

PROFESSEURS ASSOCIES

FILBET Marilène Thérapeutique

LESURTEL Mickaël Chirurgie générale

SOUQUET Pierre-Jean Pneumologie

PROFESSEUR DES UNIVERSITES - MEDECINE GENERALE

DUBOIS Jean-Pierre

PROFESSEURS ASSOCIES - MEDECINE GENERALE

DUPRAZ Christian

ERPELDINGER Sylvie

PROFESSEURS ASSOCIES SCIENCES ET TECHNOLOGIES - MEDECINE GENERALE

BONIN Olivier

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (Hors Classe)

ARDAIL Dominique Biochimie et Biologie moléculaire

BOUVAGNET Patrice Génétique

CHARRIE Anne Biophysique et Médecine nucléaire

DELAUNAY-HOUZARD Claire Biophysique et Médecine nucléaire

LORNAGE-SANTAMARIA Jacqueline Biologie et Médecine du développement et de la

reproduction

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 15: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

12

MASSIGNON Denis Hématologie – Transfusion

RABODONIRINA Méja Parasitologie et Mycologie

VAN GANSE Eric Pharmacologie Fondamentale, Clinique

VIART-FERBER Chantal Physiologie

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)

BELOT Alexandre Pédiatrie

BREVET Marie Anatomie et Cytologie pathologiques

CALLET-BAUCHU Evelyne Hématologie ; Transfusion

COURAUD Sébastien Pneumologie

DECAUSSIN-PETRUCCI Myriam Anatomie et cytologie pathologiques

DIJOUD Frédérique Anatomie et Cytologie pathologiques

DUMITRESCU BORNE Oana Bactériologie Virologie

GISCARD D’ESTAING Sandrine Biologie et Médecine du développement et de la

reproduction

MILLAT Gilles Biochimie et Biologie moléculaire

PERROT Xavier Physiologie

PONCET Delphine Biochimie, Biologie moléculaire

RASIGADE Jean-Philippe Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière

MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)

BRUNEL SCHOLTES Caroline Bactériologie virologie ; Hyg.hosp.

COURY LUCAS Fabienne Rhumatologie

DESESTRET Virginie Cytologie – Histologie

FRIGGERI Arnaud Anesthésiologie

LEGA Jean-Christophe Thérapeutique

LOPEZ Jonathan Biochimie Biologie Moléculaire

MAUDUIT Claire Cytologie – Histologie

MEWTON Nathan Cardiologie

NOSBAUM Audrey Immunologie

VUILLEROT Carole Médecine Physique Réadaptation

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 16: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

13

MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES – MEDECINE GENERALE

CHANELIERE Marc

PERDRIX Corinne

PROFESSEURS EMERITES Les Professeur émérites peuvent participer à des jurys de thèse ou d’habilitation.

Ils ne peuvent pas être président du jury.

ANNAT Guy Physiologie

BELLON Gabriel Pédiatrie

BERLAND Michel Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale

CARRET Jean-Paul Anatomie - Chirurgie orthopédique

DALERY Jean Psychiatrie Adultes

FABRY Jacques Epidémiologie

MOYEN Bernard Chirurgie Orthopédique

PACHECO Yves Pneumologie

PERRIN Paul Urologie

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 17: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

14

COMPOSITION DU JURY Président : Professeur LETRILLIART Laurent

Membres : Professeur CHAPET Olivier

Professeur CHARBOTEL Barbara

Professeur JACQUIN-COURTOIS Sophie

Docteur FASSIER Jean Baptiste

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 18: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

15

LE SERMENT D'HIPPOCRATE

Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la

Médecine.

Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.

J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur

dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de

l'humanité.

J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne

tromperai jamais leur confiance.

Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.

Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne

servira pas à corrompre les mœurs.

Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne

provoquerai délibérément la mort.

Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences.

Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.

Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert

d'opprobre et méprisé si j'y manque.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 19: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

16

REMERCIEMENTS Aux membres du jury :

Professeur Laurent LETRILLIART, président du Jury,

Nous vous remercions chaleureusement d’avoir accepté d’être notre président de thèse. Nous

avons particulièrement apprécié votre réactivité qui témoigne de votre dévouement auprès des

internes de médecine générale. Nous connaissons votre intérêt pour le sujet du travail des patients,

et nous sommes honorées d’avoir pu bénéficier de votre avis de spécialiste sur ce travail. Nous

vous assurons de notre gratitude et de notre respect les plus sincères.

Professeur Olivier CHAPET,

Nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse et de nous avoir consacré du

temps. Nous avons particulièrement appréciée votre réponse rapide à nos sollicitations. Veuillez,

être assuré, Monsieur le professeur, de notre reconnaissance et de notre respect.

Professeur Barbara CHARBOTEL,

Nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse et d’apprécier notre travail.

Angelika : je vous remercie tout particulièrement d’avoir été un soutien lors de mes débuts dans

les études de médecine. Veuillez, être assurée, Madame le professeur, de notre gratitude et de

notre respect.

Professeur Sophie JACQUIN-COURTOIS,

Nous vous remercions infiniment d’avoir accepté de juger notre travail. Votre point de vue de

médecin rééducateur nous semble un aout pour notre travail. Veuillez, être assurée, Madame le

professeur, de notre gratitude et de notre respect.

Docteur Jean-Baptiste FASSIER, notre directeur de thèse,

Nous sommes honorées d’avoir pu participer au Projet FASTRACS, merci de nous avoir choisies

pour cette thèse et d’avoir dirigé notre travail. Votre patience, votre gentillesse, votre disponibilité

et vos conseils ont facilité notre travail tout au long de ces derniers dix-huit mois. Votre pédagogie

est exemplaire, et nous vous remercions pour les connaissances que vous nous avez apportées.

Vos encouragements réguliers nous ont motivées à donner le meilleur de nous-mêmes. Nous vous

assurons de notre de notre admiration pour vos qualités humaines et professionnelles.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 20: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

17

Remerciements Clémentine :

A ma maman et mon papa :

Merci pour votre amour et votre accompagnement pendant toutes ces belles années de médecine.

Vous m’avez soutenue et guidée à chaque étape, sans votre aide je n’aurais jamais surmonté tous

ces challenges. Vous êtes des parents exceptionnels et je mesure chaque jour ma chance de vous

avoir à mes côtés. Je vous aime de tout mon cœur.

A mon Chéri d’amour de ma vie :

Merci de m’aimer chaque jour et d’illuminer mon quotidien. Merci d’avoir été présent et patient

pendant toutes ces années de médecine. Merci de croire en moi et de me soutenir dans toutes les

épreuves de la vie. Je t’aime à la folie et pour toujours.

A mes sœurs, mon beau frère, mon neveu et ma nièce :

Ma Ninouche, ma Concon, mon Fredoc, mon Liamounet, et ma Clélilalounette merci à vous

d’illuminer ma vie par votre gentillesse et votre amour.

A ma belle famille :

Merci de m’avoir accueillie aussi chaleureusement dans votre famille. Et un grand merci à Nicole

et Nicolas pour vos multiples relectures. Il y a un peu de vous dans ce travail.

A mes cousins et cousines :

Vous êtes tous très important pour moi, je vous remercie pour toutes vos gentillesses ces dernières

années. Une petite pensée pour ma Lolotte d’amour, merci pour tous ces thés et smoothies mais

surtout pour tout ce qu’ils représentent.

Au reste de ma famille :

Merci à ceux qui seront présents pour ma thèse, mais aussi à tous les autres qui m’ont suivie de

près ou de loin pendant ces longues années d’études.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 21: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

18

A Angelika :

Merci pour ta gentillesse et ton soutien pour cette année difficile. J’ai été très heureuse de

travailler à tes côtés. Je suis très contente d’avoir partagé ce travail avec toi.

A mes copines d’amour :

Merci à ma Clem d’avoir été là du 1er jour de mes études de médecine jusqu’au dernier, mais aussi

à Sarah, Laura, et Sandra de m’avoir accompagnée dans cette belle aventure. Votre amitié me

comble de joie, et vous m’avez montrée ces dernières que je pouvais compter sur vous dans tous

les moments de ma vie (les bons comme les moins bons), vous êtes vraiment mes super

COUPINES d’amour.

A tous ceux que je n’ai pas cité mais qui compte beaucoup à mes yeux, je ne nommerais personne

au risque d’en oublier. Merci à tous.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 22: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

19

Remerciements Angelika :

A mes parents :

To dzięki Waszemu poświęceniu stoję dziś tu przed Wami. Dziękuję Wam po prostu za

wszystko : że mnie wychowaliście, że wierzyliście we mnie, za wsparcie w trudnych chwilach.

Przykro mi, ze jestem od Was tak daleko. Myślami jestem zawsze z Wami.

Dziękuję Bogu za to co mi dał, za dzisiejszy dzień.

A ma sœur Elżbieta, mes frères, Krzysztof, Robert, qui me soutiennent toujours :

I miss you guys so much. Robert, the present thesis proves that I am smarter than you. Elżbieta,

take good care of Lucky.

A ma belle famille :

Merci pour votre soutien lors de ces années d’études.

A Clémentine :

Tu es un rayon de soleil et c’était un plaisir de travailler avec toi. J’admire ton courage, ta

persévérance. Je te souhaite le meilleur pour ton avenir ; je te remercie pour ce partage.

A mes amis d’ici et d’ailleurs :

Saliha je suis heureuse de t’avoir comme amie. J’espère que nous aurions plus de temps pour nous

voir. Nous avons tellement encore d’évènements à partager ensemble ! Dafni, notre amitié est

précieuse pour moi. Merci pour tes encouragements.

Last but not least :

Yann, l’amour de ma vie. Tu m’as soutenue et encouragée tout au long de cette épreuve. Merci

infiniment pour ta patience pendant que je travaillais cette thèse.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 23: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

20

Remerciement en commun :

Merci aux cancérologues qui ont accepté de participer à notre étude. Nous vous remercions pour

votre accueil et votre disponibilité lors de nos entretiens.

Merci à l’équipe du projet FASTRACS pour le financement de la retranscription d’une partie de

nos entretiens.

Merci aux médecins rencontrés lors de nos parcours médicaux. Merci pour leur expérience

partagée au cours de notre cursus qui nous ont fait grandir.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 24: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

21

ABREVIATIONS ALD : Affection Longue Durée

AMM : Autorisation de Mise sur le Marché

APA : Activité Physique Adaptée

AS : Assistante Sociale

ASCO : American Society of Clinical Oncology

CHU : Centre Hospitalier Universitaire

CLCC: Centre de Lutte Contre le Cancer

ESMO : European Society of Medical Oncology

FASTRACS : FAciliter et Soutenir le reTour au tRAvail après un Cancer du Sein

GDS : Geriatric Depression Scale

GnRH : Gonatrophin-Releasing Hormone

Gy : Gray

HAS : Haute Autorité de Santé

HER2 : Human Epidermal growth factor Receptor 2

HCL : Hospices Civils de Lyon

IDE : Infirmier Diplômé d’Etat

IMC : Indice de Masse Corporelle

INCa : Institut National du Cancer

MeSH : Medical Subject Headings

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 25: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

22

ORL : Oto-Rhino-Laryngologie

RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire

RE : Récepteur des Estrogènes

RP : Récepteur des Progestatifs

RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé

SBR: Scarff Bloom Richardson

SERMs : Selective Estrogen Receptor Modulators

TNM : Tumor Nodes Metastasis

WHO : World Health Organization

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 26: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

23

RESUME Introduction : De par sa fréquence et son bon pronostic, le cancer du sein est un enjeu de santé

publique. Il est important que les survivantes de ce cancer en activité professionnelle au moment

du diagnostic puissent retourner au travail, car celui-ci contribue à une pleine participation sociale.

L’objectif de ce travail était de décrire l’expérience et la vision des cancérologues, concernant les

besoins des femmes ayant eu un cancer du sein, s’agissant la reprise du travail. Cette étude

s’intégrait dans la première étape d’un protocole de l’intervention mapping du Projet FASTRACS.

Cette étape vise à évaluer les besoins des femmes s’agissant du retour au travail et du maintien

dans l’emploi.

Matériel et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-dirigés. Les participants à l’étude

étaient les cancérologues (comprenant les oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les

chirurgiens) prenant en charge les femmes ayant eu un cancer du sein. Un codage puis des

analyses intra-cas et inter-cas ont été réalisées. Une triangulation des données a été établie par la

confrontation des analyses des deux chercheurs.

Résultats : Vingt entretiens ont été réalisés. Selon les médecins interrogés, les femmes auraient

besoin de l’aval de leur cancérologue pour la reprise du travail. Celle-ci serait facilitée par des

adaptations sur les plans professionnel et thérapeutique. Le temps partiel thérapeutique était la

principale adaptation proposée. Les cancérologues n’échangeaient pas sur la question du travail

avec les médecins généralistes ni avec les autres acteurs de la prise en charge (médecins du travail

et acteurs paramédicaux). Le rôle du médecin généraliste dans la problématique du retour au

travail n’était pas décrit clairement par les cancérologues, mais semblait néanmoins important

pour certains d’entre eux. Ils s’interrogeaient sur les modalités de la discussion concernant le

travail avec leurs patientes, s’agissant du bon moment et des bonnes conditions pour en parler. La

chimiothérapie et les facteurs intrinsèques à la patiente étaient cités comme des facteurs

influençant la reprise, mais pas les facteurs de leur environnement familial ni professionnel.

Conclusions : Une meilleure communication entre les professionnels de santé prenant en charge

les femmes atteintes de cancer du sein, associé à des adaptations thérapeutiques et professionnelles

semblent souhaitables pour que le retour au travail et le maintien dans l’emploi de ces femmes se

passe dans de bonnes conditions. La prochaine étape du Projet FASTRACS est de compléter

l’évaluation des besoins, par le recueil de l’expérience des autres acteurs (médecins généralistes,

entreprises, etc.). Ce recueil exhaustif permettra de développer et de tester une intervention pour

faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 27: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

24

TABLE DES MATIERES COMPOSITION DU JURY ..................................................................................................... 14

LE SERMENT D'HIPPOCRATE ........................................................................................... 15

REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 16

ABREVIATIONS ..................................................................................................................... 21

RESUME .................................................................................................................................. 23

TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ 24

INTRODUCTION .................................................................................................................... 27

1. Cancer du sein et ses traitements .............................................................................................. 27

1.1. Epidémiologie ..................................................................................................................... 27

1.2. Prise en charge thérapeutique .............................................................................................. 27

1.2.1. Chirurgie mammaire et ses effets indésirables ................................................................. 27

1.2.2. Le curage ganglionnaire et ses complications .................................................................. 28

1.2.3. La radiothérapie et ses effets indésirables ........................................................................ 29

1.2.4. La chimiothérapie et ses effets indésirables ..................................................................... 30

1.2.5. L’hormonothérapie et ses effets indésirables ................................................................... 31

1.2.6. Thérapies ciblées et ses effets indésirables ...................................................................... 33

2. Le travail après le cancer .......................................................................................................... 34

2.1. Les enjeux de la reprise du travail après un cancer du sein ................................................... 34

2.1.1. Difficultés au moment de la reprise ................................................................................. 35

2.1.2. Rôle des professionnels de santé dans la reprise du travail ............................................... 35

2.2. Besoins en lien avec le travail après un cancer du sein ......................................................... 36

2.3. Les facteurs influençant la reprise du travail ........................................................................ 36

3. Objectifs de l’étude .................................................................................................................... 40

MATERIEL ET METHODES ................................................................................................. 42

1. Méthode de recherche bibliographique .................................................................................... 42

1.1. Sources d’information ......................................................................................................... 42

1.2. Stratégie de recherche ......................................................................................................... 42

2. Contexte de la Recherche .......................................................................................................... 43

3. Type d’étude .............................................................................................................................. 43

4. Echantillonnage des participants .............................................................................................. 43

5. Collecte des données .................................................................................................................. 44

5.1. Le guide d’entretien ............................................................................................................ 44

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 28: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

25

5.2. Réalisation des Entretiens ................................................................................................... 45

5.3. Déroulement de l’entretien .................................................................................................. 45

6. Analyse des entretiens ............................................................................................................... 45

7. Retour au terrain : validation des résultats .............................................................................. 46

8. Considérations éthiques ............................................................................................................ 46

RESULTATS ............................................................................................................................ 46

1. Description de l’échantillon ...................................................................................................... 46

2. Description des entretiens ......................................................................................................... 50

3. Arbre de codage......................................................................................................................... 50

4. Analyses intra-cas ...................................................................................................................... 50

5. Analyses inter-cas ...................................................................................................................... 60

5.1. Intérêt pour l’étude .............................................................................................................. 61

5.2. Pratiques professionnelles ................................................................................................... 63

5.2.1. Dossier et prise en charge................................................................................................ 63

5.2.2. Arrêt de travail et temps partiel thérapeutique ................................................................. 65

5.2.3. Discussion avec la patiente sur le travail ......................................................................... 68

5.2.4. Continuer le travail pendant la prise en charge ................................................................ 73

5.2.5. Effets secondaires ........................................................................................................... 76

5.3. Relation médecin malade .................................................................................................... 78

5.4. Collaboration ...................................................................................................................... 80

5.4.1. Collaboration avec les autres cancérologues .................................................................... 80

5.4.2. Collaboration avec les médecins généralistes ................................................................... 81

5.4.3. Collaboration avec le médecin du travail ......................................................................... 84

5.4.4. Collaboration avec les acteurs non médicaux................................................................... 88

5.5. L’analyse des besoins des femmes ayant eu un cancer du sein ............................................. 89

5.5.1. Perception des besoins par les cancérologues ................................................................. 89

5.5.2. Facteurs barrières à la reprise du travail .......................................................................... 97

5.5.3. Facteurs facilitateurs à la reprise du travail ................................................................... 102

5.5.4. Synthèse des analyses inter-cas ..................................................................................... 105

DISCUSSION ......................................................................................................................... 110

1. Discussion des résultats au vu de l’état des connaissances actuelles ...................................... 110

1.1. Le manque de communication ........................................................................................... 110

1.2. Les rôles professionnels .................................................................................................... 110

1.3. La place de la discussion du travail avec la patiente ........................................................... 112

1.4. L’impact de la chimiothérapie ........................................................................................... 113

1.5. L’influence des facteurs intrinsèques ................................................................................. 113

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 29: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

26

1.6. Le besoin d’aval ................................................................................................................ 114

1.7. L’estimation de l’importance du travail ............................................................................. 114

1.8. Les adaptations permettant la reprise ................................................................................. 115

1.9. Les différences entre les genres ......................................................................................... 116

1.10. Les autres résultats ............................................................................................................ 116

2. Forces et faiblesses de l’étude.................................................................................................. 118

2.1. Forces ............................................................................................................................... 118

2.2. Faiblesses ......................................................................................................................... 120

3. Retombées ................................................................................................................................ 122

3.1. Pratiques ........................................................................................................................... 122

3.2. Retombées scientifiques .................................................................................................... 124

CONCLUSIONS ..................................................................................................................... 126

BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 130

ANNEXES .............................................................................................................................. 135

1. Guide d’entretien..................................................................................................................... 135

2. Arbre de codage....................................................................................................................... 142

3. Courriels adressés aux cancérologues ..................................................................................... 151

4. Notice d’information sur le Projet FASTRACS ..................................................................... 155

5. Formulaire de consentement à la participation à l’étude ....................................................... 159

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 30: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

27

INTRODUCTION Le cancer est un enjeu majeur de santé publique en France de par sa fréquence. Le cancer du sein

est le premier cancer en termes d’incidence et de mortalité parmi l’ensemble des cancers féminins

en France. Les survivants d’un cancer du sein représentent la plus grande proportion de survivants

de tous les cancers (1). Selon les estimations de l’INCa, il y a 54 062 nouveaux cas de cancer du

sein estimés en France en 2015 (2). La mortalité par cancer du sein concerne essentiellement les

femmes de plus de 65 ans. L’âge médian de décès est de 73 ans (2). Ces observations

épidémiologiques nous incitent à nous interroger sur les problématiques concernant les survivants

du cancer du sein, et notamment le sujet du travail après le cancer. Les facteurs comme le

vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie professionnelle font que le

maintien dans l’emploi est un enjeu majeur de santé publique et de société (3).

Ce travail sera introduit par des rappels concernant le cancer du sein et sa prise en charge ainsi que

leur retentissement sur l’activité professionnelle.

1. Cancer du sein et ses traitements

1.1. Epidémiologie

Le cancer du sein touche une femme sur dix au cours de sa vie en France. Il est le premier cancer

en termes d’incidence (avec plus de 48 700 nouveaux cas en 2012), et de mortalité parmi

l’ensemble des cancers féminins (11 866 décès en 2012). Il est le troisième cancer après le cancer

du poumon et le cancer colorectal en termes de mortalité totale tous sexes confondus. La survie

relative après un cancer du sein est parmi les meilleures à 86% à 5 ans et 76% à 10 ans (4). En

conséquence, grâce à cet excellent taux de survie, il se pose la question de la vie après le cancer

pour ces patients, et cela comprend la sphère professionnelle.

1.2. Prise en charge thérapeutique

1.2.1. Chirurgie mammaire et ses effets indésirables

La chirurgie mammaire est souvent la première étape de la prise en charge thérapeutique des

cancers du sein non métastatiques. La chirurgie mammaire doit être au maximum conservatrice,

sous forme de mastectomie partielle de type tumorectomie ou de quadrantectomie, ou

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 31: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

28

mastectomie (totale) (5). Toutefois, tout type de chirurgie est à l’origine d’effets indésirables qui

surviennent plus ou moins précocement après l’intervention.

Parmi les complications précoces les plus fréquentes figurent : le lymphocèle, la cystéatonécrose

et la neuropraxie (trouble sensitif allant d’une paresthésie des doigts à une dysesthésie complète

du membre supérieur, elle survient dans 1% des chirurgies mammaires (6)).

Parmi les complications tardives, figurent : les préjudices esthétiques de type asymétrie mammaire

(7) et les séquelles psychologiques. L’altération de l’image corporelle peut entraîner des

conséquences psychologiques, familiales et socioprofessionnelles. D’autres complications tardives

incluent des douleurs chroniques et la fatigue. Les douleurs sont souvent d’origine neuropathique

par disparition de la distinction entre sensation tactile et perception douloureuse (8).

1.2.2. Le curage ganglionnaire et ses complications

Le curage ganglionnaire est recommandé en cas d’envahissement ganglionnaire clinique ou si la

technique du ganglion sentinelle montre un envahissement ganglionnaire. Le curage ganglionnaire

peut être à l’origine d’importants effets indésirables, avec des séquelles invalidantes. Les

premières complications apparaissent en per-opératoire et sont liées à l’intervention, elles sont

essentiellement nerveuses et veineuses.

Parmi les complications précoces spécifiques du curage ganglionnaire on note: la lymphorée à

l’origine du lymphocèle lorsque celle-ci est mal traitée (9-40% après une chirurgie axillaire) et les

troubles sensitifs au niveau de la face interne du membre supérieur, qui récupèrent en général au

bout de 6 à 12 mois. Ces troubles sensitifs pourront être aggravés par l’apparition d’un névrome

qui sera douloureux, invalidant et à l’origine de décharges électriques dans le membre supérieur.

D’autres complications précoces incluent: la bride rétractile et la thrombose lymphatique

superficielle.

Le lymphœdème est la complication la plus fréquente du curage ganglionnaire, présent chez 33 à

47% des patientes ayant eu un curage ganglionnaire (9). C’est une source majeure de comorbidités

et de détresse psychologique pouvant apparaître jusqu’à plus de trente ans après l’intervention

(10),(11). Les facteurs favorisant l’apparition du lymphœdème sont : le nombre élevé de ganglions

retirés, le surpoids ou la prise de poids avant la chirurgie, la radiothérapie, le type de chirurgie, la

baisse d’activité physique, les ponctions au niveau du membre supérieur concerné et la fibrose

cutanée (12).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 32: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

29

Une autre complication tardive gênante est la capsulite rétractile, qui correspond à un

enraidissement progressif et douloureux de l’épaule homolatérale (13). Les facteurs favorisant la

capsulite rétractile sont : la mastectomie, la radiothérapie, le lymphœdème, l’IMC élevé et

l’immobilisation (12). Les autres effets indésirables tardifs sont : la lymphangite, les troubles de la

sensibilité, la baisse de la production sudorale, les douleurs chroniques, les limitations

fonctionnelles de l’épaule et les séquelles d’ordre esthétique.

1.2.3. La radiothérapie et ses effets indésirables

La radiothérapie est indiquée selon le stade de la tumeur après une chirurgie. Selon le type

histologique et le stade de la tumeur, différents types d’irradiation peuvent être proposés :

l’irradiation de la glande mammaire, l’irradiation de la paroi thoracique ou l’irradiation axillaire.

Une irradiation mammaire externe est indiquée dans le traitement du cancer du sein non

métastatique suite à une mastectomie partielle en cas de carcinome canalaire in situ, dans le

carcinome infiltrant opéré par chirurgie conservatrice, et après traitement néoadjuvant suivi d’une

chirurgie selon les critères pronostiques. Dans le traitement du carcinome infiltrant, elle diminue

de 70% le risque de récidive locorégionale. Elle est discutée en RCP pour le carcinome lobulaire

in situ (14).

Une irradiation de la paroi thoracique est indiquée dans le but de réduire le risque de récidive

locale en cas de carcinome infiltrant non inflammatoire traité par mastectomie totale ayant des

facteurs de mauvais pronostic tels que : la présence d’emboles sanguins ou lymphatiques, le jeune

âge de la patiente, le grade histologique, l’infiltration de la peau ou de la paroi thoracique, la

présence de lymphangite carcinomateuse sous-cutanée, l’atteinte des berges d’exérèse, et de

l’irradiation ganglionnaire associée.

Une irradiation axillaire est indiquée dans le carcinome infiltrant, en cas d’envahissement axillaire

supérieur à 2 millimètres. Elle consiste en une irradiation du sommet de l’aisselle et de la région

sus-claviculaire.

Une irradiation supplémentaire du lit tumoral (boost) peut être proposée pour diminuer le risque

de récidive locale pour les patientes présentant des facteurs de risque de récidive, quel que soit

leur âge (14).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 33: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

30

La radiothérapie se présente sous un protocole de doses de cinquante Gy délivrées en vingt-cinq

fractions de deux Gy, cinq jours par semaine pendant cinq semaines. En cas d’existence de

facteurs de risque de récidive (un âge inférieur à 60 ans, un grade histologique élevé, une atteinte

des berges, et la présence d’emboles vasculaires péri-tumoraux) une dose supplémentaire de à

seiez Gy est délivrée (5).

Le traitement par radiothérapie présente des effets secondaires similaires quelle que soit la

localisation d’irradiation. Les effets secondaires, précoces, et d’intensité variable, apparaissent

dans les six premiers mois et sont : l’érythème cutané, l’œdème, la dépilation. Des douleurs et la

fatigue peuvent également être attribuées à la radiothérapie. La pneumopathie radique survient

dans 14% des cas (15).

D’autres effets indésirables apparaissent plus tardivement après la radiothérapie. Parmi les plus

fréquents figurent: la fatigue, la radiodermite chronique, la plexite radique, le lymphœdème, la

fibrose pulmonaire, les télangiectasies, les pathologies cardiaques (la péricardite post-radique et

les atteintes coronaires), les séquelles esthétiques, les troubles psychologiques, et les douleurs

chroniques. D’autres effets secondaires apparaissant à long terme sont des cancers secondaires,

des fractures de côtes (rares), ou la capsulite rétractile (5).

1.2.4. La chimiothérapie et ses effets indésirables

La chimiothérapie est utilisée dans trois indications dans le traitement des carcinomes infiltrants.

La première indication est le traitement adjuvant après chirurgie (16), en présence des critères de

mauvais pronostic suivants : âge inférieur à 35 ans, statut ganglionnaire N1 (du stade TNM), taille

de la tumeur supérieure à 2 cm (pT1 du stade TNM), récepteurs hormonaux négatifs, présence

d’emboles vasculaires si Pn0 et grade histologique SBR III de la tumeur (17). Le traitement

adjuvant est débuté trois à six semaines après la chirurgie. Les principales molécules utilisées en

traitement adjuvant sont des anthracyclines et des taxanes (5).

La deuxième indication de la chimiothérapie dans le cancer du sein est la chimiothérapie néo-

adjuvante indiquée dans le traitement pré-opératoire des cancers infiltrants volumineux et

inflammatoires, dans le but de rendre la tumeur opérable.

La troisième indication de la chimiothérapie est dans le traitement des cancers métastatiques, seule

ou associée à l’hormonothérapie.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 34: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

31

Les effets indésirables précoces des chimiothérapies utilisées dans le cancer du sein sont

nombreux. Les principaux effets indésirables liés à toutes les chimiothérapies utilisées dans le

cancer du sein sont: la toxicité hématologique (avec neutropénie, anémie et thrombopénie), la

toxicité digestive (avec nausées vomissements et troubles du transit), les stomatites, l’alopécie et

l’aménorrhée (5). Chaque molécule comporte ses effets indésirables spécifiques (liste disponible

sur le guide ALD du cancer du sein) (5).

Il existe des effets secondaires qui apparaissent plus tardivement comme les pathologies malignes

induites, la suppression ovarienne (avec ses conséquences : signes de ménopause, ostéoporose

précoce, et insuffisance cardiaque), et la prise de poids. Cette dernière représente en moyenne une

prise d’un à neuf kilos, selon le type de chimiothérapie et concerne 50 à 96% des femmes selon les

études. La surcharge pondérale est souvent maintenue et progresse les mois et années qui suivent

la chimiothérapie (18) (19). Il a été démontré que la chimiothérapie comporte des effets péjoratifs

sur la cognition, probablement en lien avec le passage de la barrière hémato-encéphalique par les

traitements (20). Les effets cognitifs portent surtout sur la mémoire (21), l’attention et les

fonctions exécutives (20). Une fatigue persistante, plusieurs mois après l’arrêt des traitements, est

également observée. Celle-ci peut être expliquée par deux mécanismes : l’anémie chimio-induite

par toxicité hématologique et la libération de métabolites inflammatoires par lyse cellulaire (22).

Des neuropathies périphériques chimio-induites sont également constatées avec une fréquence

variable selon les molécules utilisées (alcaloïdes, platines et taxanes essentiellement).

1.2.5. L’hormonothérapie et ses effets indésirables

L’hormonothérapie est un traitement adjuvant du cancer du sein qui regroupe les traitements ayant

pour cible des récepteurs hormonaux ou pour fonction d’inhiber la synthèse d’hormones. Deux

types de récepteurs hormonaux sont utilisés pour cible dans le traitement des tumeurs hormono-

dépendantes : les récepteurs des œstrogènes (RE) et les récepteurs de la progestérone (RP).

Environ 60% des cancers du sein sont hormono-dépendants, et donc accessibles à

l’hormonothérapie (23).

Les anti-œstrogèniques sont indiqués dans le traitement adjuvant du cancer du sein chez les

femmes non ménopausées, et chez les femmes ménopausées en situation métastatique de manière

dite « séquentielle » après un traitement par inhibiteur d’aromatase. Il existe deux types anti-

œstrogèniques : les SERMs Selective Estrogen Receptor Modulators et les anti-œstrogènes purs

appelés Estrogen Receptor Downregulators. Les SERMs agissent en entrant en compétition avec

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 35: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

32

les œstrogènes au niveau de leur récepteur spécifique (RE). Parmi les SERMs, les deux molécules

ayant l’AMM dans le cancer du sein sont le Tamoxifène® et la Torémifène®. Le Tamoxifène®

est la molécule la plus utilisée avec le plus de recul, depuis plus de trente ans. Les SERMs ont des

effets sur d’autres organes ayant des récepteurs hormonaux (comme l’os ou l’utérus). Ces effets

secondaires sont bénéfiques pour la prévention de l’ostéoporose. L’hormonothérapie par anti-

œstrogéniques augmente le risque thromboembolique veineux et artériel, ainsi que le risque de

cancer de l’endomètre (23). Les traitements anti-œstrogéniques ont également une toxicité

hépatique, ils augmentent le risque de cataracte, et sont responsables du syndrome climatérique.

Les anti-œstrogènes purs n’ont pas d’effet sur d’autres organes. Ces molécules sont plus récentes

et leur indication est restreinte à des cas avancés du cancer du sein et aux échecs du Tamoxifène®.

Le Fulvestrant (Faslodex®) est indiqué chez la femme ménopausée dans le cancer du sein

localement avancé ou métastatique, en cas de récidive pendant ou après un traitement adjuvant par

un anti-œstrogène et en cas de progression de la maladie sous traitement anti-œstrogènique (17).

Les traitements progestatifs sont des hormonothérapies ciblées contre les récepteurs de la

progestérone (RP). Ils sont moins utilisés en France. En 2013, la HAS a estimé leur service

médical rendu insuffisant pour justifier leur prise en charge par la Sécurité Sociale (17). Ils

peuvent être utilisés dans le cancer du sein métastatique hormono-dépendant (PR+) de la femme

ménopausée et dans le traitement palliatif du cancer du sein. Les deux principales molécules de

cette classe thérapeutique sont : l’acétate de médroxyprogestérone et l'acétate de mégestrol. Les

principaux effets secondaires liés au traitement par progestatifs sont l’hypertension artérielle, la

prise de poids, l’augmentation du risque thromboembolique et l’hyperglycémie.

Parmi les inhibiteurs de synthèse d’hormones il y a les anti-aromatases qui empêchent la

transformation des androgènes en œstrogènes. Ils sont utilisés dans le traitement adjuvant du

cancer du sein hormono-dépendant chez les femmes ménopausées car, chez ces femmes, la

principale source d’œstrogènes provient de la transformation des androgènes en œstrogènes par

l’aromatase. (23). Il existe trois molécules : Létrozole (Femara®), Anastrozole (Arimidex®) et

Exémestane (Aromasine®). Les effets secondaires des anti-aromatases peuvent être très

invalidants. Ils comprennent des douleurs articulaires, des sècheresses vaginales, des

dyspareunies, des troubles du transit, et l’ostéoporose fracturaire.

Les agonistes de la GnRH entraînent une diminution de la synthèse des œstrogènes par les ovaires

en induisant une ménopause artificielle chez les femmes non ménopausées. Ils sont donc utilisés

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 36: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

33

chez la femme pré-ménopausée, ayant un cancer du sein métastatique hormono-dépendant. Les

deux molécules utilisées dans le cancer du sein sont la Goséréline et la Leuproréline (17). Les

effets indésirables des agonistes de la GnRH sont similaires à ceux des anti-aromatases. Ils

correspondent à une privation œstrogénique: syndrome climatérique, sécheresse vaginale, baisse

de la libido et augmentation du risque d'ostéoporose.

1.2.6. Thérapies ciblées et ses effets indésirables

Une thérapie ciblée peut être proposée en cas de surexpression significative de HER2. Elle doit

être associée à la chimiothérapie sans anthracycline (5). Les indications de la thérapie ciblée sont

multiples, de la première ligne de traitement aux rechutes métastatiques. Il existe plusieurs

molécules de thérapie ciblée dans le cancer du sein. Les effets secondaires généraux des thérapies

ciblées sont principalement pulmonaires : infiltrat pulmonaire, détresse respiratoire aigüe et

œdème aigu du poumon.

Le Trastuzumab (Herceptin®) a trois indications ayant l’AMM pour les tumeurs HER2+: le

traitement néoadjuvant en association à une chimiothérapie, le traitement adjuvant de première

ligne en association à une taxane et le traitement des tumeurs métastatiques. Le Trastuzumab

présente deux effets secondaires spécifiques : une toxicité cardiaque et le risque de réaction

allergique (ce qui requiert une surveillance rapprochée lors de la première perfusion et la

réalisation d’une échographie cardiaque obligatoire avant le début du traitement.)

Le Bevacizumab (Avastin®) est indiqué en première ligne métastatique des tumeurs triples

négatives en association avec le Paclitaxel (Taxol®) ou la Capecitabine (Xeloda®). Les effets

indésirables du Bevacizumab sont nombreux. Il est responsable d’importants troubles de la

cicatrisation et d’un risque de réaction d’hypersensibilité important au moment de la transfusion.

Il augmente le risque de fasciite nécrosante et d’ostéonécrose de la mâchoire (surtout en

association avec les biphosphonates). Il peut induire une hypertension, augmenter le risque

thromboembolique artériel et le risque hémorragique. Il présente une gastro-toxicité qui se

manifeste par des diarrhées et des douleurs abdominales.

Le Pertuzumab (Perjeta®) présente une indication dans le traitement de tumeurs HER2+

métastatiques ou localement récidivantes non résécables, en première ligne, en association avec le

trastuzumab (Herceptin®) et le docétaxel (Taxotere®). Les principaux effets secondaires de

Pertuzumab sont la neutropénie fébrile et les diarrhées (17).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 37: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

34

2. Le travail après le cancer

La plupart des études portant sur la vie après le cancer sont focalisées sur la qualité de vie des

femmes survivantes d’un cancer du sein. Or il a été récemment constaté que la question de

l’impact sur leur carrière était peu étudiée (1). Le taux de retour au travail après un cancer varie de

30 à 93%, avec une moyenne à 63% dans une étude (24). Parmi les survivants du cancer, les

patientes ayant eu un cancer du sein ont les meilleures chances de retrouver un travail (25).

2.1. Les enjeux de la reprise du travail après un cancer du sein

De nombreuses études qualitatives ont permis d’attirer l’attention sur la problématique de la

reprise du travail pour les femmes survivantes d’un cancer du sein (1), (26), (27), (28),(29), (30).

De plus en plus d’études montrent qu’un retour au travail est bénéfique à l’individu ayant eu un

cancer (31). Le maintien d’un emploi est important pour les personnes dans la vie active, afin de

maintenir leur niveau de vie, leurs liens sociaux ainsi que leur estime de soi. Souvent, pour les

personnes ayant eu un cancer, le travail est beaucoup plus qu’un simple emploi, c’est le pilier de

leur identité et il représente leurs capacités (32),(33),(29). Le fait de pouvoir travailler pendant la

phase de traitement permet à beaucoup de patients, de ne pas se sentir malades ou isolés, d’être

connectés au monde extérieur et d’avoir une source de distraction pendant cette période difficile

(29). La réintégration professionnelle est souvent perçue comme un symbole de la guérison, elle

est donc une étape essentielle au retour à la « vie normale » (31). Malgré cela, entre 20 et 30% des

individus déclarent avoir des limitations dans leur capacité à travailler après un cancer (30).

Dans les résultats d’une méta-analyse récente, Wells et al. (2013) soulignent que le retour au

travail n’est pas un but en soi (29). Etant donné les bénéfices et les défis potentiels pour l’individu

et la société dans la reprise du travail, les auteurs arguent qu’il est urgent de développer de

nouvelles stratégies pour soutenir les survivants du cancer dans la reprise du travail. Les auteurs

proposent une approche plus nuancée et centrée sur la personne. Elle prendrait en compte

l’identité de la personne, le sens que le travail a pour elle, ainsi que les contraintes familiales et

financières existantes. Pour arriver à cette nouvelle approche de la reprise du travail, il faut

concentrer les efforts sur les objectifs des personnes ayant eu un cancer, au lieu de partir du

principe qu’elles souhaitent tout simplement reprendre le travail.

De façon plus terre à terre, le maintien dans l’emploi devient un enjeu dès que se profile la

possibilité d’une restriction d’aptitude (3). Les femmes effectuant un travail physique et ayant subi

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 38: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

35

un curage ganglionnaire sont souvent confrontées à cette problématique. Il en est de même pour

les patientes présentant des séquelles psychologiques à la suite du cancer et de ses traitements.

2.1.1. Difficultés au moment de la reprise

Duijts et al. (2014) ont identifié, à travers une revue systématique de la littérature sur la reprise du

travail des survivants d’un cancer, trois principaux types de difficultés au moment du retour au

travail : les difficultés physiques (fatigue, douleur, ménopause induite), les difficultés d’ordre

psychosocial (syndrome dépressif, anxiété, troubles cognitifs) et les difficultés directement en lien

avec le travail (problèmes d’adaptation au travail). Selon les auteurs, les difficultés présentées par

les survivants du cancer ne devraient pas être sous-estimées par le corps médical ni par les

employeurs, car les effets des thérapeutiques sont importants et durables (27).

2.1.2. Rôle des professionnels de santé dans la reprise du travail

La question du travail s’éloigne des objectifs premiers des soignants, alors qu’elle est parmi les

sujets les plus importants de la vie courante pour la majorité des patients. Les survivants d’un

cancer attendent, de la part de leurs professionnels de santé, des informations et un soutien actif

concernant le retour au travail. Or, dans la vaste majorité des cas, ce soutien est insuffisant (29).

Plusieurs études montrent un manque de communication entre les femmes, leurs employeurs et

leurs médecins sur le sujet de la reprise du travail (28), (34), (29).

La majorité des études portant sur le travail après un cancer n’explorent pas les moyens d’aider les

patients à reprendre leur activité dans de bonnes conditions. Les interventions les plus

fréquemment retrouvées dans la littérature étaient: l’encouragement, les conseils concernant le

travail, les formations et les aménagements du poste de travail (35). Il est donc mis en évidence un

besoin d’amélioration des interventions, pour le soutien des personnes retournant au travail après

un cancer (36).

Les patientes ne savent pas s’il appartient aux professionnels de santé de leur prodiguer des

conseils concernant la reprise du travail. Parmi les différents acteurs prenant en charge le patient à

l’hôpital, il n’est pas toujours clairement établi qui devrait aborder le sujet du retour au travail et à

quel moment de la prise en charge. Selon une méta-analyse récente, l’aide apportée par les

professionnels de santé ne répondait pas aux besoins des femmes souhaitant reprendre un travail.

De plus, les survivants du cancer du sein citaient la rigidité des plannings de consultations, les

refus de fournir des certificats médicaux et les attitudes négatives concernant le retour au travail

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 39: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

36

(29). Il a été mis en évidence que les conseils, concernant la reprise du travail, émanant des

médecins avant la reprise du travail, étaient positivement associés à celle-ci. Les personnes ayant

repris le travail après traitement avaient plus fréquemment bénéficié de conseils de leur médecin et

d’adaptations au travail (34).

Dans la plupart des cas, les femmes prennent leur décision concernant la reprise du travail sans

conseil médical. Kennedy et al. (2007) affirment que les femmes discutent très peu de la reprise de

travail avec leurs médecins et la plupart des médecins laissent les femmes décider sans intervenir.

Les femmes de cette étude déclaraient ne pas être certaines que leurs médecins savaient si elles

travaillaient ou pas. Cela illustre le détachement du corps médical sur cette question. Les auteurs

concluent que la communication en amont de la reprise du travail pourrait mettre en évidence les

besoins des femmes dans la reprise du travail (28).

2.2. Besoins en lien avec le travail après un cancer du sein

Il ressort de la littérature la prise en charge insuffisante des besoins des personnes souhaitant

reprendre leur travail après un cancer. Dans une étude récente sur la reprise du travail un an après

le traitement d’un cancer, 63% des personnes interrogées avaient au moins un besoin « non

satisfait». Parmi les dix besoins les plus fréquemment reportés figuraient « les situations en lien

avec le retour au travail». Près de 20% des personnes interrogées n’étaient pas satisfaites sur ce

besoin. Les survivants d’un cancer du sein avaient plus de « besoins non satisfaits » que les

survivants d’autres types de cancer (37).

Les femmes ayant eu un cancer du sein cherchent souvent un équilibre dans le travail. Elles ne

souhaitent pas être perçues comme une personne malade ayant un cancer, mais en même temps,

ont besoin de soutien et d’adaptations au travail. Bien que les besoins des femmes soient variés,

des ajustements au travail semblent bénéfiques pour la reprise et le maintien du travail après un

cancer, pour toutes les patientes. Il en est de même pour le soutien de la part des professionnels de

santé (38). Selon une étude prospective américaine, parmi les femmes ayant repris un travail, 87%

déclaraient avoir bénéficié d’un soutien de la part de leur employeur (39).

2.3. Les facteurs influençant la reprise du travail

De multiples facteurs influencent la décision des femmes de reprendre leur travail. Ils se partagent

entre facteurs propres à la patiente et facteurs en lien avec le travail. Pour certaines patientes, le

retour au travail est synonyme de retour à la « normalité », pour d’autres c’est un moyen de faire

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 40: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

37

abstraction de la maladie et, pour d’autres encore, c’est une nécessité financière (28). Selon

Kennedy et al. (2007), la pression financière était le premier facteur influençant le retour au

travail, suivi d’un souhait de retour à la « normalité » (28).

Une revue systématique de la littérature (Muijen et al. 2013) a mis en évidence six facteurs

négativement associés au retour au travail, notamment: un travail physique difficile, la

chimiothérapie, un âge avancé, un bas niveau d’études, et un faible niveau de revenus (25).

Spelten et al. (2002), à travers une revue de la littérature sur tous les cancers, ont également mis en

évidence qu’un travail manuel ou requérant un effort physique était un facteur négativement

associé au retour au travail après un cancer. Ils ont identifié quarante-et-un facteurs influençant la

reprise du travail après un cancer, dont quatorze étaient cités dans au moins deux études (24).

D’autre part, Banning et al. (2011), dans une revue de la littérature qualitative, font émerger quatre

concepts en lien avec la reprise du travail : la capacité de réaliser le travail, les problèmes liés à

l’arrêt de travail, les expériences de retour au travail et les facteurs influençant la reprise du travail

(40). Dans une méta-analyse plus récente, Wells et al. (2013) mettent en évidence plusieurs

éléments, en lien avec l’environnement, du travail ayant une influence sur le retour au travail après

un cancer du sein et notamment: le type du travail (travail manuel ou cadre), les exigences

émotionnelles du poste, ainsi que la taille de l’entreprise. L’élément clé d’un retour au travail

réussi retrouvé dans cette étude était la souplesse, à la fois pendant et après la phase de traitement.

D’autre part, Wells et al. (2013) citent quatre principales stratégies employées par les patients pour

une réintégration au travail : la communication et négociation avec l’employeur, la reconnaissance

et acceptation de la modification de leurs capacités, la gestion des symptômes et reconstruction de

l’estime de soi et enfin le fait de travailler plus « intelligemment » (29). Les résultats de cette

méta-analyse montrent également que la préparation pour un retour au travail est souvent émaillée

d’expériences négatives (par manque de soutien organisationnel dans le travail et de soutien

interpersonnel, ainsi que par des attitudes négatives). Selon une autre étude, les survivants d’un

cancer qui avaient un supérieur hiérarchique aidant vis à vis de leur maladie ont subi moins de

modifications de poste (41).

Enfin, Pryce et al. (2007), se sont intéressés à la reprise du travail au moment des traitements, et

retrouvent certains facteurs influençant cette démarche: la possibilité d’aménagement de travail, le

fait d’avoir partagé leur diagnostic avec leurs collègues, les indemnisations journalières pour

assister à des consultations médicales mais aussi les facultés à gérer la fatigue. Cette étude a

également démontré que le poids psychologique, en lien avec les symptômes secondaires au

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 41: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

38

cancer et ses traitements, pourrait avoir un effet néfaste sur la santé physique et mentale des

patients. Il s’agissait d’une étude menée sur tous les cancers, mais la majorité des répondants

étaient des survivants d’un cancer du sein (34).

En ce qui concerne les facteurs influençant la reprise, liés à la patiente, plusieurs ont été identifiés

dans la littérature. D’après Bouknight et al. (2006), le fait de se sentir prêt pour reprendre le travail

et les autres facteurs psychologiques sont associés à la reprise du travail après un cancer du sein

(39). D’autres études évoquent ce même type de facteurs, pour expliquer les échecs de maintien

dans l’emploi : des facteurs physiques (séquelles fonctionnelles et inadaptation au poste qu’elles

peuvent entraîner), des facteurs sociodémographiques (âge avancé, faible niveau de qualification

limitant les perspectives de reclassement) ou encore des facteurs psychologiques (difficulté à

prendre du recul, à accepter la dégradation de l’état de santé ou le statut de travailleur handicapé,

manque de motivation face au maintien dans l’emploi) (3).

Une autre étude rétrospective met en évidence l’âge comme le facteur le plus fortement corrélé à

la non reprise du travail (42).

D’autres facteurs influençant la reprise et fréquemment cités dans la littérature, étaient le niveau

d’études et le niveau socio-économique.

Plusieurs études mettent en évidence une interaction significative entre le niveau d’études et la

reprise du travail après un cancer du sein. (41),(32) D’après Thielen et al. (2015), dans une étude

portant sur le statut d’emploi cinq ans après un cancer, un bas niveau d’études augmentait la

probabilité de ne pas avoir d’emploi. Cette constatation était plus forte pour les femmes atteintes

d’un cancer du sein, et encore plus forte pour celles diagnostiquées à un stade avancé. A l’inverse,

un haut niveau d’études était un facteur favorisant la reprise de travail (32). Le fait que les taux

d’emploi soient plus hauts pour les femmes ayant un niveau d’études plus élevé n’est pas expliqué

par le stade du cancer au diagnostic ni par la présence de comorbidités. Torp et al. (2011),

montraient que les effets du niveau d’études et du statut social sur la reprise du travail sont

atténués quand les effets physiques et psychologiques des traitements sont pris en compte (41).

Selon la majorité des études, le niveau socio-économique bas était corrélé à un risque plus élevé

d’être sans emploi après le cancer du sein. Les résultats d’une méta-analyse montrent que les

survivants plus âgés, ayant un niveau d’études plus bas, et un travail ouvrier, sont moins

susceptibles de retrouver un emploi après le cancer (30). A contrario, dans une revue de la

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 42: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

39

littérature de 2002 (24), le niveau d’études n’était pas un facteur significativement associé à la

reprise du travail comme d’autres facteurs sociodémographiques (le revenu, le sexe, et le statut

marital).

Traitements et effets secondaires influençant la reprise

Enfin, au delà du niveau d’études, le stade du cancer, et les comorbidités des patients ont

également des effets significatifs sur le travail ultérieur (32). Il en va de même pour les types de

traitement et leurs effets indésirables. Par exemple, selon Muijen et al. (2013), la chirurgie moins

invasive était positivement associée au retour au travail (25).

Cette hypothèse n’est pas retrouvée de façon unanime dans la littérature. En effet, Drolet et al.

(2005), évoquent que la probabilité de ne pas être employé trois ans après le diagnostic de cancer

n’est pas influencée de manière significative par le type de traitement adjuvant (radiothérapie ou

chimiothérapie) ni par l’envahissement ganglionnaire (42). Ces résultats corroborent les résultats

de la méta-analyse de Spelten et al. (2002), qui mettent en avant la nature rassurante de ces

résultats quant aux effets secondaires à long terme des traitements du cancer. Ces effets n’avaient

pas de retentissement durable sur les chances des survivantes d’être employées (24).

En ce qui concerne les effets secondaires, dans une étude longitudinale, 28% des femmes

rapportaient une altération globale des capacités physiques et 62% des femmes étaient gênées pour

soulever des charges après leur traitement pour un cancer du sein (43). De plus, les survivants du

cancer étaient plus susceptibles de se déclarer en mauvaise santé par rapport aux personnes ayant

une autre maladie chronique. Les difficultés cognitives et le sentiment d’infériorité par rapport à

leurs collègues ont également été rapportés (30). D’autres études quantitatives et qualitatives ont

démontré que la fatigue en particulier, avait un impact négatif sur la capacité des personnes à se

sentir performantes dans leur travail, et ce des années après le traitement (34).

Situations de reprise compliquée ou de non reprise

Certains ajustements au travail sont imposés aux patientes, qu’elles sont contraintes d’accepter

avec la crainte de perdre leur emploi. Dans une revue de la littérature, les modifications de poste

étaient perçues de façon négative par les femmes. Un exemple, de modifications perçues

négativement, était le changement de relations avec les collègues ou les employeurs pouvant aller

jusqu’à la perte du travail. Ces changements étaient vécus comme une forme de discrimination.

Les femmes attribuaient ces modifications indésirables à l’employeur, et non à la maladie (26).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 43: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

40

D’autre part, les patients atteints de cancer se voient fréquemment proposer un départ en retraite

anticipée, ce qui n’est pas toujours leur demande. Ce constat est particulièrement vrai pour les

femmes ayant eu un cancer du sein (44). Selon une autre revue de la littérature, le risque d’être

sans emploi est 37% plus élevé pour les patients ayant eu un cancer par rapport aux personnes

témoins (35). De ce fait les patients ayant des contrats de travail précaire sont exposés à un risque

accru de ne pas retrouver d’emploi. Lindbohm et al. (2014), ont identifié des facteurs prédictifs

pour ces deux cas de figure : le faible niveau scolaire, la santé physique altérée, la présence de

comorbidités, les douleurs et le faible soutien de la part des collègues au travail. Parmi ces

facteurs, la mauvaise santé physique était le facteur le plus fortement corrélé à une retraite

anticipée (45). De plus, Lindbohm et al. (2014) notent que les femmes survivantes d’un cancer du

sein qui partent précocement à la retraite, bénéficient d’une moins bonne qualité de vie physique

par rapport aux patientes qui conservent leur emploi.

Les constats précédents montrent un décalage entre les attentes des femmes survivantes d’un

cancer du sein et la réalité de la reprise du travail. L’expérience qui en découle est négative, ce qui

amène les patientes à « faire le point » sur ce qui compte vraiment dans leur vie. Il en résulte une

modification des priorités des patientes au cours de la trajectoire de la prise en charge du cancer

du sein (16), (29).

3. Objectifs de l’étude

Notre travail de thèse s’intègre dans le projet FASTRACS qui vise à développer, implémenter et

évaluer une intervention pour améliorer le retour à la vie professionnelle dans de bonnes

conditions et le maintien dans l’emploi suite à un cancer du sein. Ce projet se fonde sur le

protocole de l’intervention mapping de planification de programmes en promotion de la santé. La

première étape du protocole évalue les besoins du point de vue des différents acteurs (les

patientes, les entreprises, les médecins impliqués dans la prise en charge dont les cancérologues,

les médecins généralistes, les médecins du travail et les médecins conseils). L’évaluation des

besoins fait partie des premières étapes du protocole d’intervention mapping (46).

Devant l’état des connaissances actuelles, nous avons été amenées à nous poser les questions

suivantes: quelle est l’expérience des cancérologues (dans notre étude ce terme comprend les

oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les chirurgiens) concernant les besoins de leurs

patientes aux différentes étapes de la prise en charge s’agissant de la reprise du travail ? D’après

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 44: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

41

des cancérologues, quels types de liens existent entre eux et les médecins généralistes concernant

la question du travail de ces femmes atteintes d’un cancer du sein ?

Notre hypothèse principale est que les cancérologues ont un investissement limité dans cette

problématique, et cela probablement du fait du manque de temps et d’autres facteurs que nous

chercherons à identifier. Notre hypothèse secondaire est que la collaboration concernant cette

problématique entre les cancérologues et les médecins généralistes est insuffisante. Nous

proposons comme explications : la différence de culture professionnelle, le manque de temps et

probablement d’autres facteurs.

L’objectif du travail est de décrire l’expérience et la vision des cancérologues concernant les

besoins de ces femmes s’agissant de la reprise du travail.

L’objectif secondaire de ce travail est de décrire la collaboration existant entre les cancérologues

et les médecins généralistes concernant la question du travail de ces femmes.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 45: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

42

MATERIEL ET METHODES

1. Méthode de recherche bibliographique

La recherche bibliographique a été réalisée principalement par internet, par le biais du portail

documentaire de la Bibliothèque Universitaire Claude Bernard Lyon 1, ce qui a permis la

consultation de bases de données payantes.

1.1. Sources d’information

Nous avons utilisé les bases de données bibliographiques automatisées pour les articles en langue

anglaise: Medline, Cochrane Library, Web of Science, et pour les articles en langue française :

CAIRN.info, la Banque de Données de Santé Publique.

Nous avons également consulté des sources de littérature « grise » selon la définition dite de

« Luxembourg ». Il s’agit de publications « produites par les instances du gouvernement, de

l’enseignement et de la recherche publique, du commerce et de l’industrie, sous forme papier ou

numérique, et qui ne sont pas contrôlées par l’édition commerciale » (47). Elles comprennent la

documentation de l’Institut National du Cancer (www.e-cancer.fr) et de l’OMS, ainsi que d’autres

ressources disponibles sur les sites suivants:

x L’institut National de la Santé et de la Recherche Médicale : www.inserm.fr x L’institut National de Prévention et d'Education pour la Santé: www.inpes.fr x Ligue Nationale Contre le Cancer 2015: www.ligue-cancer.net x L’institut Curie: www.curie.fr x La Coalition Européenne Contre le Cancer du Sein: www.europadonna.fr x La Haute Autorité de Santé: www.has-sante.fr x L’Assurance Maladie: www.ameli.fr

1.2. Stratégie de recherche

La recherche bibliographique a été conduite en employant les mots clés MeSH dans les bases de

données en anglais. Nous avons utilisé les mots clés MeSH suivants en associant plusieurs mots

clés : breast cancer survivors, (survivantes du cancer du sein), work / employment (travail,

emploi), return to work (retour au travail), support (soutien), workload (charge de travail), work-

related difficulties (difficultés liées au travail), long-term effects (effets à long terme), prognostic

factors (facteurs pronostiques), systematic review (revue systématique), literature review (revue

de la littérature), et accessoirement: chemotherapy (chimiothérapie), radiation, cognition.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 46: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

43

La recherche bibliographique a été menée sur la période de mai 2015 à septembre 2015. En

parallèle, nous avons réalisé des lectures de divers documents de travail sur la préparation à la

conduite d’entretiens semi structurés fournis par notre directeur de thèse. Ce travail de recherche a

été enrichi par la participation à la conférence des Oncoriales organisée par le Cancéropôle de

Lyon Auvergne Rhône Alpes (le 07/07/2015 journée de rencontres des jeunes chercheurs en

cancérologie).

2. Contexte de la Recherche

La plupart des études portant sur le travail après un cancer ne sont pas principalement orientées

sur l’amélioration du retour au travail ou l’emploi des personnes ayant eu un cancer. Les

interventions les plus fréquemment retrouvées dans la littérature étaient: l’encouragement,

l’instruction, les conseils concernant le travail, la formation ou l’aménagement du poste de travail

(35). Une méta-analyse retrouve un besoin d’amélioration des interventions visant à soutenir les

personnes retournant au travail après un cancer. Le projet FASTRACS a été conçu pour répondre

à ce type de question. Notre thèse fait suite à un premier travail mené dans le cadre du projet

FASTRACS qui explorait les besoins des femmes sur le plan social et professionnel auprès d’un

échantillon de patientes ayant bénéficié d’un programme d’Activité Physique Adaptée (APA)

suite à un cancer du sein. De ce fait, il paraissait intéressant aux investigateurs du projet

FASTRACS de compléter ce travail en explorant le point de vue des cancérologues concernant les

besoins des femmes lors du retour au travail après un cancer du sein.

3. Type d’étude

Il s’agissait d’une étude qualitative basée sur des entretiens individuels semi dirigés. Nous avons

choisi cette méthode car elle correspondait au mieux à l’exploration des besoins des femmes du

point de vue des cancérologues. Le choix des entretiens semi dirigés nous paraissait le moyen le

plus adapté pour recueillir des récits plus personnels et approfondis pour chaque intervenant. Dans

le cadre de cette méthode qualitative nous nous sommes inspirées de l’approche par théorisation

ancrée (48).

4. Echantillonnage des participants

La population de notre étude incluait des cancérologues, de trois spécialités : radiothérapeutes,

oncologues médicaux, chirurgiens gynécologues ayant une activité de chirurgie carcinologique. Ils

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 47: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

44

exerçaient dans la zone géographique Centre de la Région Rhône Alpes, et plus particulièrement

au Centre Hospitalier Universitaire (CHU), dans un centre privé à but non lucratif, et dans

plusieurs centres du secteur privé.

Il a été décidé, en concertation entre les chercheurs et leur directeur de thèse d’appliquer un

échantillonnage théorique type « boule de neige ». Il a été également décidé de partager le travail

des deux chercheurs entre le secteur privé et le secteur public. Un des investigateurs du projet

FASTRACS avait désigné deux médecins informateurs clés (médecins ayant signifié leur intérêt

pour l’étude FASTRACS) : un dans le secteur privé et un dans le secteur public. Un courriel

d’information et de consentement leur a été adressé, afin de solliciter leur participation. Ils ont été

les premiers médecins inclus dans l’étude. Suite à ces deux entretiens, la sélection de l’échantillon

s’est faite par effet « boule de neige ». Chaque participant nous orientait sur des confrères

susceptibles d’accepter de participer à notre étude. Une fois les participants potentiels identifiés,

nous adressions un courriel à ces cancérologues afin de les informer de l’étude, et de leur proposer

d’y participer (ANNEXE 3). Si les médecins acceptaient, un deuxième courriel était adressé pour

recueillir leur consentement, programmer l’entretien et leur demander de préparer un ou deux cas

cliniques de patientes suivies pour un cancer du sein qui les auraient marqués concernant la

question du travail. De plus, quelques informations administratives et relatives à leurs pratiques

leur étaient demandées.

5. Collecte des données

5.1. Le guide d’entretien

Les entretiens semi dirigés étaient basés sur un guide d’entretien préalablement établi afin de

cibler les points clés, répartis en thèmes, tout en laissant libre cours au discours de l’interlocuteur

(ANNEXE 1). Le guide d’entretien était élaboré par les deux chercheurs après plusieurs versions

et validé par triangulation avec deux investigateurs de l’étude FASTRACS dont notre directeur de

thèse. Les thèmes du guide étaient les suivants : intérêt pour l’étude, généralités sur le cancer du

sein, présentation de la situation marquante, acteurs de la prise en charge, questions personnelles

concernant le médecin. Dans la présentation de la situation marquante, les sous thèmes clés étaient

les suivants: les besoins des femmes concernant la reprise du travail, les facteurs influençant la

reprise, les modalités des arrêts de travail. Le guide d’entretien était le même pour les deux

chercheurs. Après la réalisation des premiers entretiens, certaines questions du guide ont été

modifiées, d’autres ont été ajoutées.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 48: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

45

5.2. Réalisation des Entretiens

Le recueil des données a été réalisé par deux internes en médecine générale, qui sont également

les auteurs de ce travail : Clémentine JORDAN et Angelika KOCHAN. Les chercheurs réalisaient

seuls les entretiens : elles étaient en même temps modératrices et observatrices. Une étude

longitudinale a été réalisée. La cohorte de vingt cancérologues a été divisée en deux parmi les

deux chercheurs.

5.3. Déroulement de l’entretien

Il s’agissait d’entretiens individuels, en tête à tête avec les participants, réalisés sur leur lieu

d’exercice, et enregistrés. Suite à la présentation du chercheur et au recueil du consentement du

participant, l’enregistrement débutait avec l’aide de deux supports électroniques type dictaphone.

Il était rappelé l’anonymat et la possibilité d’interruption d’enregistrement à la demande du

participant. Dans les suites immédiates de chaque entretien, des notes de terrain ont été rédigées

par les chercheurs.

6. Analyse des entretiens

Les entretiens enregistrés ont été retranscrits en partie par les chercheurs et, sur la fin du recueil,

par des prestataires financés par le projet FASTRACS. Suite à la retranscription, les noms des

participants et des structures hospitalières ont été anonymisés. Cette anonymisation a été réalisée

grâce à un tableau d’anonymisation créé par les investigateurs principaux du projet FASTRACS.

Les entretiens retranscrits et anonymisés ont été codés par les chercheurs, au moyen du logiciel

d’analyse qualitative MAXQDA®, selon l’arbre de codage (ANNEXE 2) dérivé du guide

d’entretien et des premiers entretiens analysés dans une approche déductive. De nouvelles

catégories ont été ajoutées autant que nécessaire pour inclure toutes les données dans une

approche inductive jusqu’à saturation des données. Ce codage a été réalisé selon la méthode

d’analyse thématique du contenu. A l’issue de ces codages, il a été élaboré une grille de synthèse

commune qui a permis la catégorisation des données. Cela nous a permis de réaliser l’analyse

intra-cas. Le contenu de la grille de synthèse pour chaque entretien a été également inclus et codé

dans la base de données MAXQDA® afin de réaliser l’analyse inter-cas. Chaque chercheur a

réalisé l’analyse intra-cas pour les entretiens qu’il a réalisés. L’analyse inter-cas a été réalisée sur

l’ensemble des données des deux chercheurs. Les catégories d’analyse ont été partagées de façon

équitable entre les deux chercheurs. A l’issue de cette analyse inter cas, les deux chercheurs ont

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 49: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

46

réalisé un travail en binôme permettant l’application de la stratégie de triangulation des résultats

afin de faire ressortir les données les plus marquantes.

7. Retour au terrain : validation des résultats

Nous avons organisé une réunion de restitution des résultats en présence de deux cancérologues le

22 septembre 2016 (que nous avons désigné comme le « focus groupe » de restitution des

résultats). Lors de ce « focus groupe » nous avons exposé les neuf points marquants de nos

résultats. Cela nous a permis de discuter nos résultats et d’apporter un point de vue supplémentaire

pour l’analyse et la discussion de notre étude.

8. Considérations éthiques

Notre étude s’intégrait dans le projet FASTRACS qui a été présenté au Comité de Protection des

Personnes (CPP) Sud-Est II, lequel a émis un avis éthique favorable et donné son autorisation le

16.12.2015 (n°IRB 00009118).

Les participants ont été informés des objectifs et du contexte de l’étude. Ils avaient la possibilité

de refuser et de se rétracter à tout moment. Cette information a été transmise par courriel au

moment de l’organisation de l’entretien avec les médecins participants. Ce courriel comprenait

une fiche d’information sur le projet FASTRACS (ANNEXE 4), et un formulaire de consentement

(ANNEXE 5). Le consentement a été signé par les participants avant le déroulement de chaque

entretien ainsi que par les chercheurs. Les chercheurs n’avaient pas de conflit d’intérêt.

RESULTATS

1. Description de l’échantillon

Avec la méthode évoquée ci-dessus, voici le tableau qui décrit l’échantillon de l’étude.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 50: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

47

Tableau 1: Description de l’échantillon

Médecin Spécialité Sexe Age Secteur d’activité

public privé mixte

Structure d’exercice Ancienneté dans la structure Pourcentage cancer du sein

Et autres cancers pris en charge

MED_ONCO_16 Oncologue

médical

F 30-40 ans MIXTE CLCC* 2 ans

-60% cancer du sein.

-Autres cancers: sarcomes, autres cancers gynécologiques

MED_ONCO_1 Oncologue

médical

F >50ans PRIVE Structure privée 18 ans -40% cancer du sein

-Autres cancers gynécologiques et des cancers digestifs,

urologiques.

MED_ONCO_7 Oncologue

médical

F 30-40 ans PUBLIC

-qualité de vie

-diversité

CHU 3 ans -70% cancer du sein

-Autres cancers gynécologiques

MED_ONCO_6 Oncologue

médical

F 30-40 ans PUBLIC CHU 3 ans -60% cancer du sein

-Autres cancers: gynéco, ORL, hépato gastro, pneumologie

MED_RADIO_7 Radiothérapeute F 30-40 ans MIXTE CHU

2 ans, -90% cancer du sein

-Autres cancers: gynéco, dermato, ORL, hémato

MED_GYN_4 Gynécologue M 30-40 ans PUBLIC CLCC 2-4 ans - 70% cancer du sein

-30% chirurgie pelvienne fonctionnelle

MED_GYN_3 Gynécologue M >50 ans MIXTE Structure privée >20 ans -30% cancer du sein

-70% chirurgie gynécologique dont cancer pelvien

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 51: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

48

MED_RADIO_8 Radiothérapeute M 40-50 ans PUBLIC

-proximité avec les

patients

CHU 12 ans

-20% cancer du sein

-Autres pathologies

gynécologiques, urologiques

MED_CHIR_7 Chirurgien M 40-50 ans PUBLIC CHU 2 ans -50% cancer du sein

MED_ONCO_2 Oncologue

médical

F 30-40 ans MIXTE Structure Privée 2 ans -80% cancer du sein

-20% cancer gynécologique autre : ovaire, utérus.

MED_RADIO_3 Radiothérapeute F 40-50 ans PUBLIC CHU 15 ans - 20% cancer du sein

-Autres pathologies : cancers gynécologiques, tumeurs

cérébrales, cancers dermatologiques, hématologiques.

MED_CHIR_6 Chirurgien F 40-50 ans PUBLIC CLCC 12 ans -100% cancer du sein

MED_CHIR_4 Chirurgien M 40-50 ans PUBLIC CHU 1.5 ans -30% cancer du sein

-70% cancers gynécologiques

MED_ONCO_10 Oncologue

médical

M 30-40 ans PUBLIC

-recherche

CHU 1 an -30% cancer du sein

MED_CHIR_11 Chirurgien F 30-40 ans MIXTE CHU

8 ans - 40% cancérologie, dont 90% cancer du sein

-Autre activité : chirurgie fonctionnelle et obstétrique

MED_RADIO_6 Radiothérapeute F >50 ans PRIVE Structure privée plus de 20 ans -80% cancer du sein

-Autre activité : oncogériatrie

MED_ONCO_15 Oncologue M 30-40 ans PUBLIC CLCC 7 ans -70% cancer du sein

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 52: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

49

médical

MED_RADIO_4 Radiothérapeute F 40-50 ans MIXTE

-acquisition de

l’expérience

CLCC 12 ans -10% cancer du sein

MED_RADIO_2 Radiothérapeute F >50 ans PRIVE

-raisons personnelles

Structure privée 8 ans -75% cancer du sein

MED_ONCO_5

Oncologue

médical

M >50 ans PUBLIC CHU

-Depuis 24 ans dans le même

service avec depuis 3 ans

vacation 40% dans un autre

établissement public

-55% cancer du sein

-Autres cancers gynécologiques

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 53: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

50

L’échantillon était assez homogène, avec 8 hommes et 12 femmes. Les trois catégories

professionnelles étaient représentées de façon équilibrée, 6 chirurgiens, 8 oncologues

médicaux et 6 radiothérapeutes. Concernant les lieux d’exercice, les participants du CHU

étaient les plus représentés (9 participants) et les autres étaient partagés (6 CLCC et 5 du

secteur privé).

2. Description des entretiens

Il a été réalisé 20 entretiens semi-dirigés auprès de cancérologues. Ils ont été menés entre

le 22 décembre 2015 et le 26 juillet 2016. Le tableau ci-dessous décrit la durée des

entretiens.

Tableau 2: Durée des Entretiens

Durée en minutes

Durée Minimale 31

Durée maximale 97

Durée Moyenne 46

3. Arbre de codage

L’analyse des résultats a permis d’identifier 2184 citations. Ces citations ont été organisées

à l’aide de 89 codes qui étaient classés en 6 grandes catégories : patientes, cancérologues,

prise en charge, travail, arrêt de travail, et reprise du travail. Dans chaque grande catégorie

il y avait plusieurs sous catégories. L’arbre de codage complet est dans l’ANNEXE 2.

4. Analyses intra-cas

Analyse inter-cas 1 : Chirurgien

MED_CHIR_6 est une femme d’une quarantaine d’années exerçant dans un établissement

privé à but non lucratif depuis douze ans. Elle n’a pas du tout d’activité privée et apprécie

de ne pas avoir de rapport d’argent avec ses patientes. Elle prend en charge exclusivement

des patientes pour des cancers du sein. Les quelques interventions qu’elle pratique, autres

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 54: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

51

que la chirurgie mammaire, sont : l’ovariectomie pour les patientes mutées et

l’hystéroscopie pour les patientes sous hormonothérapie. Elle apprécie le côté très pointu

du centre où elle travaille et également son côté très familial. Elle pense que les patientes

qui viennent dans ce centre sont d’un niveau socio-économique un peu plus élevé que la

moyenne même si, finalement, elle voit quand même tous types de patientes.

Le choix de sa spécialité est dû à un concours de circonstances, de même que son

orientation vers la chirurgie du cancer du sein. Elle trouve que ses relations avec les

patientes sont vraiment fortes et elle apprécie cela. De temps en temps, elle trouve son

travail difficile et pense qu’elle ne pourra peut-être pas exercer cette spécialité toute sa vie.

Elle pense avoir une relation particulière avec ses patientes du fait d’être une femme.

Enfin, dans le cadre de son exercice, elle fait un peu d’enseignement et un peu de

recherche. Elle apprécie d’être dans un centre d’excellence et trouve que les relations avec

les oncologues médicaux sont très enrichissantes.

«MED_CHIR_6 : «Et en plus parce que je trouve que quand on est une femme faire

du sein c’est génial.»» (MED_CHIR_6)

Elle trouve que la thématique du travail est intéressante et que les médecins ont parfois peu

de solutions pour aider les patientes. Dans sa pratique, elle attache énormément

d’importance au travail de ses patientes.

«INVEST_8 : «Mais, vous c’est quand même une problématique que vous gardez en

tête.»

MED_CHIR_6 : «Ah ben c’est la, les, la problématique essentielle.»

(MED_CHIR_6)

MED_CHIR_6 ne répond pas directement à la question sur les besoins mais en exprime

lors de son récit. Elle nous parle des femmes qui ont besoin d’aide technique à la maison

quand elles sont seules pour assumer les charges familiales et elle exprime surtout des

besoins en lien avec le travail.

«Je vais attendre la fin du traitement avant de reprendre le boulot et j’ai besoin de

prendre du temps pour moi.» (MED_CHIR_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 55: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

52

Elle nous parle des femmes qui souhaitent s’arrêter directement après le diagnostic car

elles expriment le besoin de prendre du temps pour elles. Elle nous dit que les femmes sont

en attente d’écoute au travail et ont souvent besoin de pouvoir planifier leur arrêt de travail,

d’où l’importance de leur expliquer au mieux les traitements pour qu’elles puissent avoir

un arrêt approprié. Cela permet donc à leur employeur de s’organiser et cela peut enlever

un stress important à la patiente de savoir que l’employeur n’est pas en difficulté. D’autre

part, en fonction des professions, elles ont besoin d’avoir des aides sociales à cause de

certaines situations précaires (ex : emploi saisonnier) et d’autres fois, beaucoup de

certificats.

«Une assistante dentaire l’autre fois, elle avait une patronne qui était vachement

compatissante, enfin elle a réussi à s’arrêter deux mois, elle, la, elle a trouvé une

amie la dentiste pour l’aider pendant deux mois, elle lui aménageait son temps de

travail après et tout, du coup les gens ils stressent beaucoup moins quand c’est

organisé, ils savent qu’ils vont pourvoir reprendre dans de bonnes conditions,

qu’ils ont pas mis leur employeur dans la détresse et ça se passe super bien. C’est

un poids en moins ça clairement.» (MED_CHIR_6)

Le travail des patientes a une importance majeure pour MED_CHIR_6, elle en parle

beaucoup avec les patientes qui risquent d’avoir des séquelles suite à la prise en charge

chirurgicale. MED_CHIR_6 parle beaucoup des problèmes du curage quand le métier de la

patiente est menacé par celui-ci. Elle demande systématiquement la profession de ses

patientes et, souvent, leur fait décrire leurs tâches de façon exacte mais elle ne les note pas

forcément dans le dossier.

«MED_CHIR_6 : «Ah oui ben là par exemple aujourd’hui, j’ai opéré une dame,

j’en ai longuement discuté avec elle parce qu’elle est, elle est dans un immeuble,

son travail c’est physique, c’est j’pense c’est plus ou moins femme de ménage, elle

sort les poubelles etc. et lors de la première consultation elle m’a expliqué qu’elle

trainait des poubelles très lourdes, qu’elle était plutôt gauchère et c’est du côté

gauche, qu’elle allait être embêtée parce qu’elle pourrait pas faire ça si elle était

gênée avec son bras etc. J’ai été obligé de faire un curage axillaire, parce que y’a

des ganglions envahis mais on discute beaucoup de ça avant.» (MED_CHIR_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 56: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

53

MED_CHIR_6 nous explique que les patientes sont parfois arrêtées au moment du

diagnostic par un autre médecin mais, que d’autres fois, elles ne souhaitent être arrêtées

qu’au moment de l’intervention. Après la chirurgie, MED_CHIR_6 a tendance à imposer

un arrêt pour un mois afin que les patientes ne forcent pas sur la cicatrice puis, elle les

revoit trois semaines plus tard pour discuter des résultats et de l’organisation des

traitements. Pour celles qui vont avoir de la chimiothérapie, elle leur conseille d’attendre

au moins la première cure pour se faire une idée et décider du type d’arrêt pour la suite. En

moyenne, les femmes qui ont de la chimiothérapie s’arrêtent six mois et celles qui n’ont

que de la radiothérapie s’arrêtent trois mois. La reconstruction mammaire peut également

influencer l’arrêt de travail. D’autre part, au moment de la reprise, elle les encourage

souvent à le faire à mi-temps. Elle le voit comme quelque chose de très positif pour les

patientes.

MED_CHIR_6 : «Et, et je leur demande souvent d’avoir au moins un mois d’arrêt

de travail après la chirurgie. Et après je leur dis souvent, de commencer la chimio,

de prendre un mois pour commencer la chimio, de voir comment ça se passe et de

voir en fonction de comment elles sont, si elles peuvent reprendre le travail et

organiser leur vie en fonction de ça.» (MED_CHIR_6)

MED_CHIR_6 discute beaucoup du travail avec les patientes avant les traitements. Elle

nous dit que c’est la patiente qui aborde le sujet en premier assez tôt dans la prise en

charge pour savoir la durée de l’arrêt à prévoir et les modalités de reprise possible. Elle

leur fait décrire leur travail quand il y a un risque qu’elles soient gênées par le geste

chirurgical. Au cours du suivi, il lui arrive d’en reparler mais pas toujours car elle a

beaucoup de suivis et peu de temps.

MED_CHIR_6 ne nous donne pas d’exemple précis mais nous parle des patientes qui ont

du mal à s’arrêter. D’après MED_CHIR_6 les femmes qui sont très investies dans leur

travail ont le sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter mais une fois qu’elles l’ont fait, elles se

rendent compte qu’elles ont bien besoin de cet arrêt. Elle nous dit qu’en moyenne trente

pour cent des patientes ne s’arrêtent pas pendant la prise en charge.

L’effet secondaire qu’elle retrouve le plus souvent est la fatigue. Elle note aussi le

lymphœdème qui peut avoir des conséquences sur la reprise. Les femmes lui parlent aussi

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 57: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

54

des effets secondaires de l’hormonothérapie (troubles de la sexualité, troubles du sommeil,

douleurs articulaires), mais elles font rarement le lien avec le travail.

MED_CHIR_6 : «Parce que, elles sont, elles sont fatiguées, elles dorment, des fois

elles font la sieste, ou elles ont d’autres activités et elles se disent que quand elles

vont être à nouveau au taquet ça va être compliqué.» (MED_CHIR_6)

MED_CHIR_6 n’évoque pas d’élément facilitateur en dehors de l’entreprise.

Par ailleurs, au sein de l’entreprise, une compréhension et une empathie de la part des

collègues et des supérieurs sont deux éléments importants pour le retour au travail. De

plus, le fait d’organiser les choses à l’avance est aussi très important pour les patientes.

MED_CHIR_6 : «Alors quand y’a eu, quand y’a eu une écoute, un, une

compréhension des collègues que, une empathie, et, et ben elles ont envie de

reprendre bien évidemment, quand y’a un aménagement du temps de travail, enfin

du, de la, du travail, et, elles ont envie de reprendre plus facilement que quand elles

sont pas bien dans leur boulot.» (MED_CHIR_6)

Les barrières à la reprise sont essentiellement les effets secondaires à savoir la fatigue et le

lymphœdème.

De ce fait, au sein de l’entreprise, les professions physiques sont un frein à la reprise tant

en ce qui concerne la fatigue que le lymphœdème avec le risque de blessure qui peut se

surajouter.

MED_CHIR_6 n’a aucun échange sur la problématique du travail avec les autres

cancérologues. Elle pense que c’est par manque de temps.

MED_CHIR_6 pense que les médecins généralistes ont un rôle essentiel dans la

problématique du retour au travail mais elle n’a aucun échange avec eux sur cette question.

Ce sont les patientes qui font le lien.

Elle n’a aucun contact avec les médecins du travail non plus. Elle oriente vers eux les

patientes pour les adaptations de poste. Les patientes lui amènent souvent des certificats à

remplir mais elle n’est jamais en lien direct avec le monde du travail.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 58: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

55

MED_CHIR_6 : «Et, moi, et moi c’est ce que je disais tout à l’heure, je reviens là-

dessus, je leur demande d’essayer d’aller organiser avant la reprise du travail avec

le médecin du travail. Souvent on leur a pas proposé, et puis c’est pas dans toutes

les boites qu’il y a un médecin du travail sympa. Mais des fois y’a des médecins du

travail qui sont vachement sympas, et qui aménagent les choses et qui aident au

retour au travail, mais ça c’est assez rare quand même.» (MED_CHIR_6)

Elle nous parle de deux types d’acteurs paramédicaux qui ont une importance cruciale :

- les assistantes sociales que MED_CHIR_6 sollicite à chaque fois qu’elle pense qu’il va y

avoir des problèmes financiers ou d’isolement,

- les infirmières de coordination qui voient toutes les patientes pour gérer les problèmes du

quotidien. Elle nous dit que ces infirmières connaissent parfaitement les patientes et les

aident beaucoup.

MED_CHIR_6 : «En disant que maintenant les médecins, quand même vu qu’il y a

pas d’aide et qu’on est en contact avec personne, on a développé ce genre de chose

pour quand même être plus proche des patients et essayer de gérer le quotidien des

gens.» (MED_CHIR_6)

Elle ne peut pas faire de différence entre les patientes atteintes d’un cancer du sein et les

autres car elle ne voit que des cancers du sein. Elle est proche de ses patientes et trouve les

rapports humains en cancérologie très enrichissants mais difficiles à vivre tous les jours.

Elle pense que le fait d’être une femme lui permet d’avoir une relation privilégiée avec ses

patientes atteintes d’un cancer du sein.

Interprétation & synthèse personnelle du chercheur

MED_CHIR_6 se soucie beaucoup des conséquences du geste chirurgical sur la vie

professionnelle de ses patientes, c’est pour cette raison qu’elle parle beaucoup de ce sujet

avec celles-ci. Elle trouve que ses patientes lui parlent assez spontanément de cette

problématique et MED_CHIR_6 le comprend très bien. Elle croit que les patientes ont

besoin d’anticiper les choses et que cela leur permet de moins stresser tant pour l’arrêt que

pour la reprise. Elle pense qu’une bonne ambiance au travail et des collègues empathiques

sont la clef d’un retour dans de bonnes conditions. Elle estime que le mi-temps

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 59: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

56

thérapeutique est souvent d’une aide précieuse pour les patientes. Elle n’a pas de relation

avec les autres intervenants de la prise en charge. Elle n’en a pas particulièrement avec les

médecins généralistes et pense que c’est une question de manque de temps. Les relations

qu’elle établit avec ses patientes sont à la fois très fortes mais très dures à gérer

personnellement.

Analyse intra-cas 2 : Oncologue

Le Docteur MED_ONCO_6 est un jeune oncologue médical responsable d’une nouvelle

unité de jour qu’il dirige depuis trois ans au sein du CHU. Il s’agit de son activité

principale à plein temps.

Le Docteur MED_ONCO_6 est dynamique, très impliqué dans la vie de son service et de

ses patients. Il apprécie le côté innovateur de sa spécialité, et surtout le contact humain et

l’aspect « général » de sa spécialité. Il n’a pas d’activité de recherche particulière. Sa

patientèle est plutôt urbaine partagée entre patientes plutôt aisées (pour les cancers du sein

qui représentent entre 50 et 70% de sa patientèle) et patients éthylo-tabagiques de milieux

plus défavorisés (pour les cancers ORL).

L’intérêt pour notre étude est né d’une analyse négative qu’il fait de sa propre formation

dans ce domaine. Il dit être en difficulté pour orienter ses patientes dans la phase post-

cancer du fait d’une formation insuffisante et d’un manque d’informations concernant les

ressources disponibles. C’est donc dans l’optique d’amélioration des pratiques qu’il

participe à l’étude.

«Alors , alors déjà, moi, je trouve qu’on, on est très mal formé , à la médecine du

travail, en général, qu’on est peu sensibilisé, à la problématique de la reprise du

travail , et que on connaît pas tout ce qui peut se faire, en fait , oui, en fait, on sait

pas, enfin, je pense qu’y a énormément de ressources qui existent et à la fois, on les

connaît très mal , et puis j’allais dire, on sait pas trop comment positionner la

reprise du travail au cours de la prise en charge des patients, en fait , je, enfin, je

trouve qu’on a du mal à se positionner pour savoir à quel moment on parle de la

reprise du travail et quelles sont les ressources disponibles et déjà en place pour

aider les patientes dans cette démarche-là. » (MED_ONCO_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 60: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

57

Les besoins des femmes sans lien avec le travail sont propres à l’individu : il y a certaines

femmes qui ont besoin de prendre le temps pour elles tandis que d’autres souhaitent

reprendre rapidement le travail.

Selon le Docteur MED_ONCO_6, les femmes ayant eu un cancer du sein ont besoin d’une

prise en charge sociale et d’être informées de la conduite à tenir quant à la reprise du

travail (par exemple, qu’il faut voir leur médecin du travail).

«A fin des traitements parce que, parce qu’elles avaient besoin de, de s’occuper

d’elles, de faire du sport, de s’occuper de leur famille, de voyager, vous voyez, que

c’était le temps pour elles de faire ça, y en a d’autres qui pour qui la reprise du

travail signifie que, qu’on est guéri, et du coup, elles veulent reprendre le plus tôt

possible et quelques fois c’est même un peu trop tôt.» (MED_ONCO_6)

Le Docteur MED_ONCO_6 renseigne la profession ainsi que d’autres éléments en lien

avec le mode de vie de la patiente de façon systématique à la première consultation.

«Alors nous, enfin, dans, dans mon observation y a une, y a un item, mode de vie et

là, je mets si elles sont mariées, si elles ont des enfants, si elles travaillent et c’est

pareil pour mes collègues…» (MED_ONCO_6)

Le Docteur MED_ONCO_6 est souvent le premier prescripteur d’arrêts de travail lors de

la phase de la chimiothérapie. La durée des arrêts de travail est « à la carte » pour chaque

patiente. Le temps partiel thérapeutique est un mode de reprise du travail prescrit par le

Docteur MED_ONCO_6 à la demande de ses patientes.

Les patientes ne viennent pas le voir pour discuter spécifiquement des questions en lien

avec le travail. Mais quand le sujet de la reprise du travail est abordé en fin de prise en

charge, c’est souvent le Docteur MED_ONCO_6 qui propose d’en discuter.

«Alors ça, c’est, j’essaie de l’aborder, à la consultation après la fin de la

radiothérapie, à, enfin, tout simplement, en me disant quand est-ce que vous

envisagez de reprendre votre travail, en général, je le fais, je le fais à ce moment-

là…» (MED_ONCO_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 61: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

58

Le Docteur MED_ONCO_6 évoque le cas de plusieurs patientes qui ne se sont pas arrêtées

lors de la phase thérapeutique pour des raisons financières ou autres (par exemple le suivi

de clients pour une agente de voyage), ou encore de patientes qui souhaitent à tout prix

continuer leur travail et avec qui le Docteur MED_ONCO_6 est très compréhensif et fait

tout son possible pour que le traitement puisse être modulé pour arranger la patiente.

D’autres femmes continuent à travailler quand un aménagement de poste est possible (par

exemple le cas d’une gendarme qui ne faisait plus de travail de terrain).

La recherche d’effets secondaires se fait au sens large pour les dépister sans vraiment

rechercher leur retentissement sur le travail.

«Non, non, je pense pas que je les recherche, les effets secondaires, on les

recherche, j’allais dire dans le, c’est un retentissement dans le, dans l’activité

quotidienne mais spécifiquement sur le travail, non. » (MED_ONCO_6)

Les facteurs de reprise sont surtout individuels : selon ce que les patientes souhaitent faire

et se sentent prêtes à faire.

Le fait d’avoir de bonnes relations avec ses collègues, de garder des liens avec eux pendant

l’arrêt de travail et d’avoir des supérieurs hiérarchiques compréhensifs sont des facteurs

positifs pour la reprise du travail.

«Non, non, c’est elle, c’était, ça venait vraiment d’elle, et puis pour le coup, je

crois qu’elle, enfin, même si elle avait une grosse pression dans le travail, y avait

quand même une relation de confiance avec ses, avec ses collègues de travail et

une certaine bienveillance, enfin, elle avait gardé, elle avait gardé contact avec ses

collègues pendant son arrêt de travail, enfin, pour le coup, y avait pas de pression

du côté de son employeur, c’était elle qui, à un moment, je commence à m’ennuyer

chez moi, je veux… » (MED_ONCO_6)

Un syndrome dépressif ou d’anxiété importante peuvent être des barrières à la reprise du

travail. Le Docteur MED_ONCO_6 donne l’exemple d’une patiente très anxieuse dont les

symptômes pourraient être en lien avec un problème psychiatrique qui n’a pas pu, de ce

fait, reprendre son travail.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 62: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

59

Parmi les barrières à la reprise du travail il y a les mauvaises relations au travail et la

pression au travail. Le Docteur MED_ONCO_6 donne l’exemple d’une patiente où la

pression au travail l’a poussée à reprendre plus rapidement qu’elle ne l’aurait fait, et, en

conséquence a fini par se faire réarrêter car elle ne pouvait plus supporter cette pression.

«Après elle m’avait dit qu’effectivement y avait aussi des conflits avec, ses

supérieurs hiérarchiques, qui faisaient que la reprise du travail, c’était pas, c’était,

c’était aussi compliqué parce que, parce qu’il y avait déjà des conflits antérieurs.»

(MED_ONCO_6)

Il est plutôt exceptionnel que les cancérologues échangent entre eux concernant le sujet du

travail. Dans les rares cas où cela arrive, c’est pour les patientes qui souhaitent poursuivre

leur activité professionnelle et, à ce moment-là, il est nécessaire d’ajuster leur prise en

charge.

Selon le Docteur MED_ONCO_6 les échanges avec le médecin traitant sont rares, sans

exemple d’échange en particulier. Il n’y a pas non plus d’interaction avec le médecin du

travail.

Les assistantes sociales interviennent sur la question du travail quand la reprise est

impossible ou pour la mise en place des aides pour les patients en difficulté en cas d’arrêt

qui sont souvent des libéraux.

Les infirmières de coordination repèrent les patients en difficulté et sollicitent les

assistantes sociales par l’intermédiaire de l’oncologue.

«C’est difficile, le, en tête comme ça, en fait, souvent elles interviennent justement

chez les patientes qui se, moi, j’en ai une qui était intervenue justement chez une

dame qui travaillait en libéral, et pour le coup, c’est souvent plus difficile, les

arrêts de travail, chez ces patients-là et du coup, elle était intervenue pour la mise

en place des aides et des relais, pour la prise en charge pendant le, pendant le

traitement, mais j’ai, je sais même plus, enfin souvent, voilà, elles interviennent

comme ça, après elles interviennent aussi, quand la reprise du travail est, est

impossible mais j’allais dire, pas tellement en adjuvant, plutôt chez les patients

métastatiques…» (MED_ONCO_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 63: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

60

«C’est à notre demande, et puis on a aussi des infirmières de coordination, et qui

repèrent beaucoup, enfin, qui repèrent bien ce genre de difficultés et du coup, qui

les sollicitent aussi par notre intermédiaire.» (MED_ONCO_6)

La relation thérapeutique est influencée par le type de patients. En effet, dans le cas de

patientes atteintes de cancers gynécologiques, ces dernières sont très impliquées dans leur

prise en charge, et, du fait de leur statut socio-économique élevé, elles sont plus soucieuses

d’avoir des informations précises que les patients atteints de cancers ORL qui sont souvent

issus de milieux plus modestes. Avec les patientes atteintes de cancer du sein, les échanges

peuvent être plus riches.

Interprétation & synthèse personnelle du chercheur

Le Docteur MED_ONCO_6 est un médecin très impliqué dans la prise en charge de ses

patients. Il avoue être interpellé par la question du travail et avoue qu’il ne sait pas

comment positionner la reprise du travail dans la trajectoire de la prise en charge. Il

identifie clairement les problèmes qu’il rencontre dans ce domaine, notamment, le manque

de ressources d’informations, la mauvaise connaissance des ressources existantes,

comment et à quel moment se positionner pour aborder la reprise du travail et quelles

ressources proposer aux patients. Selon lui, la problématique de la reprise du travail n’est

pas abordée assez tôt dans la prise en charge et les patientes ne s’attendent pas à ce que ça

soit leur oncologue qui aborde la question du travail avec elles.

5. Analyses inter-cas

Les analyses inter-cas nous ont permis d’explorer les besoins des femmes, ayant eu un

cancer du sein, en ce qui concerne la reprise du travail, d’après l’expérience des

cancérologues qui les ont prises en charge. Afin d’accéder à ce résultat, nous avons analysé

les thèmes suivants: l’intérêt des cancérologues interrogés pour la problématique du travail,

les pratiques professionnelles des cancérologues concernant la problématique du travail,

les caractéristiques de la relation thérapeutique entre les cancérologues et les patientes

atteintes de cancer du sein, les collaborations existantes entre les cancérologues et leurs

confrères cancérologues, les médecins du travail et les médecins généralistes.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 64: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

61

5.1. Intérêt pour l’étude

La forte prévalence du cancer du sein, le jeune âge des patientes atteintes, et le bon

pronostic de cette maladie étaient trois éléments mis en avant par les médecins pour

justifier leur intérêt pour l’étude.

Les médecins interrogés avaient des réponses variées quant à l’intérêt pour la

problématique du travail des femmes ayant eu un cancer du sein. Quelques idées

récurrentes apparaissaient tout de même : certains médecins disaient assez clairement

n’accorder que peu d’importance à la problématique du travail, mais reconnaissaient

l’importance de cette problématique pour les femmes. De ce fait, cela avait peu de

conséquences sur leurs pratiques.

De nombreux cancérologues mettaient également en avant les difficultés des femmes face

à cette problématique. Ils considéraient qu’elles avaient besoin d’aide pour ce passage

difficile. Beaucoup nous parlaient de la notion de la reprise d’une vie normale, et, la

plupart d’entre eux considéraient la prise en charge de l’après-cancer comme un élément à

part entière du suivi.

Les médecins avaient tendance à ne pas répondre directement à la question. Ils exprimaient

plutôt leurs interrogations personnelles sur le sujet et pourquoi ce sujet était pertinent pour

les femmes. Il semblerait que de nombreux médecins interrogés souhaitaient obtenir des

réponses à leurs questionnements sur ce sujet. Ils exprimaient être en difficulté face à leurs

patientes concernant la question du retour au travail. Les difficultés soulevées étaient le

manque de formation, d’informations et de ressources. Ils ne savaient pas toujours

comment orienter leurs patientes quand elles posaient des questions sur cette

problématique. Souvent, ils avaient accepté de participer à l’étude dans le but d’améliorer

leurs pratiques professionnelles. D’autres cancérologues avaient participé dans une

démarche plus scientifique et appréciaient particulièrement que le sujet du travail soit

abordé sous cet angle. Un des médecins en particulier mettait en avant le côté atypique de

ce sujet, par rapport aux sujets habituellement abordés en recherche cancérologique:

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 65: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

62

«Je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle pose des

questions atypiques à mon sens. En tout cas atypiques dans… pour un

cancérologue qui a l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en

cancérologie. Parce que justement la question qui…, la thématique est une

thématique qui n’est pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est

l’optimisation du traitement des patientes.» (MED_ONCO_10)

Particularités

Nous avons noté quelques particularités dans les intérêts des médecins pour l’étude :

-Un des médecins évoquait les enjeux de santé publique et d’économie de santé et de la

nécessité de conduire de nouvelles recherches sur ce sujet.

-Un autre médecin participait à l’étude car cette problématique était l’un de ses centres

d’intérêt majeur dans son parcours professionnel du fait de son implication dans la création

d’un programme de réadaptation à la vie après le cancer du sein.

-Un autre médecin nous a dit ne s’être jamais questionné sur cette problématique avant

notre étude et exprimait sa curiosité à ce sujet.

Hypothèses pour expliquer les variations inter cas:

Variations selon la Catégorie professionnelle:

Nous n’avons pas noté de tendances évidentes par groupe de spécialités. Il ressortait

seulement que les radiothérapeutes ne citaient pas l’intérêt pour la recherche scientifique

comme un facteur ayant influencé leur participation à l’étude.

Variations selon le genre :

Nous avons constaté une différence de sensibilité à la question de l’intérêt pour l’étude

selon le genre des participants. Les hommes médecins de l’étude citaient fréquemment leur

intérêt pour la recherche scientifique tandis qu’aucune femme ne citait ce critère comme

facteur ayant influencé sa participation à l’étude.

Les femmes mettaient en avant, plus souvent que les hommes, qu’il s’agissait d’un sujet

important et que cela avait motivé leur participation. De même, elles citaient souvent le

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 66: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

63

désir d’améliorer leurs pratiques sur ce sujet, ce que nous retrouvions plus rarement chez

les participants hommes.

«Et puis des choses qui permettent de s’améliorer par rapport à c’que l’on pense et

qui peut-être, peut-être un peu forcément, parce qu’on détient pas forcément la

vérité.» (MED_RADIO_6)

Les femmes exprimaient plus fréquemment leur manque de formation et d’informations

face à cette problématique. De ce fait, elles disaient être démunies pour aider leurs

patientes sur ce sujet.

«Et de temps en temps, je me sens un petit peu… Enfin, voilà, c’est compliqué,

parce qu’en même temps, on doit juguler, nous, le côté santé, elles nous posent du

coup des questions sur leur pronostic de leur maladie et en même temps, faut qu’on

réponde sur le travail, sur l’aspect législatif, qu’on connaît pas forcément non plus,

voilà. » (MED_ONCO_7)

De plus, certaines femmes notaient leur rôle dans la continuité des soins comme un facteur

ayant motivé leur participation à notre étude.

Variations selon le lieu d’exercice :

Notre méthodologie ne nous a pas permis d’identifier de variations de résultats par lieu

d’exercice.

5.2. Pratiques professionnelles

5.2.1. Dossier et prise en charge

La majorité des médecins interrogés demandaient la profession à leurs patientes ou en

discutaient avec elles. Parmi ceux qui demandaient la profession, tous ne la notaient pas

toujours dans le dossier médical. Les médecins demandaient parfois le niveau socio-

économique global et le niveau de pénibilité du travail plutôt que le type de travail à

proprement parler.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 67: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

64

«Alors, moi, quand je les vois, s— (en) fin souvent, le traitement standard, c’est je

les vois moi, au moment de la prise en charge initiale, donc là, j’aborde la question

du travail tout ça, pour savoir s’ils sont protégés, si c’est—le travail, le manque—

(en) fin un problème financier va pas impacter sur la prise en charge des

traitements.»(MED_GYN_4)

En ce qui concerne l’importance du travail aux yeux des médecins, les avis étaient très

partagés : certains accordaient une place importante au travail et d’autres une place très

secondaire.

La majorité des médecins nous disaient ne pas adapter les traitements au travail des

patientes en situation adjuvante du fait des recommandations de bonnes pratiques pour ces

patientes (49). Les seuls aménagements évoqués étaient : les aménagements d’horaires et

de jours de traitement.

«Pour l’adjuvant, non c’est sûr que non parce qu’on transige pas trop. Sur pas

grand-chose d’ailleurs. Parce qu’on sait qu’il faut garder le rythme, commencer

tôt, pas diminuer forcément les doses donc, on va pas forcément adapter les choses,

en rien du tout d’ailleurs, à partir du moment où elles acceptent le traitement.»

(MED_ONCO_16)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie professionnelle:

Les médecins qui exprimaient accorder une grande importance à ce sujet étaient de toutes

catégories professionnelles. Les radiothérapeutes adaptaient souvent le planning des

traitements en fonction des contraintes professionnelles des patientes.

Variations selon le genre:

Les seules tendances par genre retrouvées étaient que les femmes chirurgiens accordaient

une importance majeure à la problématique du travail, et beaucoup en discutaient avec

leurs patientes.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 68: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

65

MED_CHIR_6 : «Nous vraiment c’est plus, est-ce qu’elles vont pouvoir reprendre

leur boulot sachant qu’avec nos traitements on, on les handicape quoi.»

INVEST_8 : «Mais, vous c’est quand même une problématique que vous gardez en

tête.»

MED_CHIR_6 : «Ah c’est la, les, la problématique essentielle, moi j’ai une

dentiste elle est obligée de changer de boulot hein.» (MED_CHIR_6)

Variations selon le lieu d’exercice :

Les variations observées n’étaient pas en lien avec un lieu d’exercice particulier.

5.2.2. Arrêt de travail et temps partiel thérapeutique

Les médecins avaient du mal à définir un arrêt de travail type. L’arrêt type pour les

patientes au « stade adjuvant » était assez variable selon les participants. En cas de

chimiothérapie, l’arrêt pouvait aller de trois mois à deux ans en tout et d’un mois à quatre

mois après la radiothérapie. Pour les patientes n’ayant pas eu de chimiothérapie, l’arrêt

allait d’un mois à trois mois en tout. Certains médecins nous parlaient également d’arrêts

de travail « à la carte » non standardisés.

La grande majorité des médecins s’accordaient sur le fait que les chirurgiens étaient les

premiers prescripteurs d’arrêts de travail.

«En général, le premier arrêt est fait par le chirurgien qui opère. Moi du coup je

vois les patientes, en deuxième intention. Donc les patientes, en général sont

opérées par le chirurgien qui me les adresse. Donc le chirurgien qui les opère, fait

un, un général un arrêt de, deux mois. Et puis moi, après, je renouvelle. Pendant

toute la durée nécessaire. (…) Par trois mois.» (MED_ONCO_2)

«Alors souvent c’est leur chirurgien qui fait le premier arrêt de travail, qui va

arrêter, au moment où on fait le diagnostic, y’a pas mal de bilan donc c’est quand

même compliqué quand on travaille, jusqu’à la consultation postopératoire, et nous

on les revoit à ce moment-là, et quand on a défini la stratégie thérapeutique avec le

nombre de chimiothérapie, la radiothérapie et tout ben j’arrête, je fais l’arrêt en

une seule fois, qui couvre jusque-là, un mois après la fin des rayons.»

(MED_ONCO_15)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 69: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

66

Un chirurgien évoquait les arrêts faits avant la première consultation de chirurgie qui

seraient réalisés par les médecins généralistes au moment de la suspicion diagnostique

suite aux examens radiologiques suspects de malignité.

«En fait nous, comment ça se passe : On leur demande. Des fois y’en a vraiment

qui veulent qu’on les arrête avant la prise en charge, parce que elles sont en stress

total dans le cadre de leur boulot. Comme je disais. Et donc elles veulent qu’on les

arrête pour faire leur bilan correctement avant le bloc. Y’a déjà des patientes qui

sont arrêtées par leur médecin, quand elles arrivent avec le diagnostic.»

(MED_CHIR_6)

Les facteurs évoqués par les médecins comme influençant la durée de l’arrêt étaient : le

type de chirurgie, le traitement par chimiothérapie, l’acceptation psychologique de la

maladie, la reconstruction mammaire et la fatigue.

Les médecins étaient assez unanimes sur le temps partiel thérapeutique. Il était considéré

comme une aide importante pour les patientes dans la majorité des cas.

«Je parle avec elles de reprendre à mi-temps thérapeutique parce que je pense que

c’est important, de, voilà, d’être dans les meilleures conditions possibles quand on

reprend.» (MED_RADIO_3)

«Alors moi je les fais toujours reprendre à, fin je leur conseille toujours de

reprendre à temps partiel. » (…) « Ou au moins même si c’est que quatre vingt

pour cent parce que c’est toujours plus pratique de faire comme ça.»

(MED_RADIO_4)

Le seul inconvénient qui revenait de temps en temps concernant le temps partiel

thérapeutique dans le discours des médecins était qu’il n’était pas toujours accessible à

toutes les patientes. Cependant les médecins n’expliquaient pas pourquoi. Certains

médecins exploraient les problématiques liées au temps partiel thérapeutique. En effet, ils

insistaient sur les inégalités d’accès à cette mesure selon les entreprises et sur les temps

pleins déguisés (même travail à faire en moins de temps).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 70: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

67

«Y en a deux, trois j’pense qui sont un peu réticentes avec le mi-temps

thérapeutique en disant un truc assez vrai : le risque du mi-temps thérapeutique

c’est qu’on me demande de faire en un mi-temps ce que je faisais à temps plein.»

(MED_ONCO_16)

De plus, un des médecins évoquait le cas d’une patiente qui était perdante financièrement à

reprendre à temps partiel. En effet en arrêt maladie, elle ne payait pas son crédit

immobilier et si elle reprenait à temps partiel elle perdait cet avantage. Ne touchant pas son

salaire plein elle était donc perdante financièrement. Il abordait du coup un frein nouveau

par rapport à d’autres médecins.

Peu de médecins évoquaient des abus d’arrêts de travail. Un des médecins évoquait des

abus concernant la durée totale d’arrêt.

«Alors, y’a… y’a les deux possibilités, soit c’est lui [médecin du travail] qui

pousse, pour, pour que, les patients reprennent très rapidement. J’en j’en vois pas

beaucoup. Soit il est, il a tendance, à justement aménager beaucoup, et cetera. Et,

et finalement, l’impression que ça donne un peu, c’est qu’au bout d’un moment, on

peut prolonger comme ça à l’infini : le mi-temps thérapeutique, l’aménagement,

(…) le truc. De temps en temps c’est justifié. La plupart du temps, ces patientes

vont relativement bien, finalement (…) Et que, ça l’est pas forcément.»

(MED_CHIR_7)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie professionnelle:

Les oncologues médicaux avaient plus de mal à définir un arrêt type en termes de temps

par rapport aux autres spécialistes.

Parmi les oncologues médicaux et les radiothérapeutes, certains précisaient qu’ils

n’imposaient jamais un arrêt de travail. Seul un chirurgien évoquait un arrêt imposé à la

patiente suite à la chirurgie.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 71: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

68

«Je dis toujours c’est « je vous arrête, comptez au moins un mois d’arrêt pour la

chirurgie » parce que il me semble que c’est très compliqué de travailler pendant

la chirurgie, surtout que moi je veux pas qu’elle force sur la cicatrice.»

(MED_CHIR_6)

Certains radiothérapeutes insistaient sur l’intérêt de prendre le temps en fin de traitement

pour reprendre dans de bonnes conditions.

«Je pense que,… qu’on garde des relations avec son travail et cetera, mais on

prend du temps, pour soi pour .... voilà . Pour s’occuper de soi.» (MED_RADIO_2)

«En en tous cas, moi, très souvent, je leur, j’insiste pour que elles prennent

suffisamment de temps d’arrêt de travail après la radiothérapie, avant d’envisager

de reprendre» (MED_RADIO_3)

Variations selon le genre:

Quelques hommes précisaient qu’ils ne s’opposaient jamais à la reprise, les femmes ne le

précisaient pas.

«Elles me demandent si elles peuvent reprendre le travail toujours. Je leur dis

toujours oui, parce qu’il y a rien… il y a aucune contre indication médicale pour

ne pas travailler, jamais, enfin quasiment jamais.» (MED_ONCO_10)

Variations selon le lieu d’exercice :

Seuls les médecins du CHU ont mentionné ne jamais s’opposer à la reprise des patientes.

5.2.3. Discussion avec la patiente sur le travail

La plupart des médecins interrogés nous disaient avoir des discussions sur le sujet du

travail avec les patientes. Les façons d’aborder ce sujet étaient très variées. Le temps de la

chimiothérapie ne semblait pas être le bon moment pour discuter de cette problématique.

Aucun médecin n’abordait le sujet pendant le traitement par chimiothérapie. De façon

générale, les médecins parlaient du travail essentiellement en fin de prise en charge et au

moment du suivi. Certains précisaient qu’ils en parlaient un peu au moment du diagnostic

et du premier arrêt de travail.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 72: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

69

«On sait pas trop comment positionner la reprise du travail au cours de la prise en

charge des patients, en fait, je, enfin, je trouve qu’on a du mal à se positionner

pour savoir à quel moment on parle de la reprise du travail et quelles sont les

ressources disponibles et déjà en place pour aider les patientes dans cette

démarche-là.» (MED_ONCO_6)

«Alors— non c’était un sujet qu’elle — qu’elle [la patiente]— alors je me rappelle

très bien qu’elle en avait parlé au départ. Qu’elle espérait bien pouvoir reprendre

son travail. Après, elle en avait pas parlé pendant un bon bout de temps parce que,

le sujet c’était le traitement » (MED_ONCO_1)

«Souvent elles [les patientes] arrivent elles sont déjà, elles arrivent, comme on les

voit pour la chimiothérapie elles sont déjà arrêtées depuis un moment donc, ça

forcément, ça c’est pas forcément toujours abordé, dès le début et, on pose un peu

plus la question sur les, sur les fins de traitements.» (MED_ONCO_16)

Les médecins étaient partagés sur l’importance qu’ils attachaient à la problématique du

travail. Un quart des médecins exprimaient clairement le caractère secondaire de cette

problématique.

«Mais on est purement dans le traitement d’une manière ou d’une autre ou dans la

prévention et le rapport au travail, presque jamais.» (MED_CHIR_7)

Un autre quart des médecins exprimaient à l’inverse l’intérêt majeur qu’ils portaient à cette

problématique et du coup les discussions fréquentes qui en découlaient avec les patientes.

«Alors, si vous voulez échanger avec les malades sur ce sujet, ce sont des échanges

pratiquement permanents,» (MED_ONCO_5)

«INVEST_9: «Est-ce que vous pouvez me dire quelle place, vous accordez à

l’activité professionnelle de votre patiente dans votre prise en charge ?»

MED_CHIR_11: «Ah ben hyper importante. Pour moi c’est quand même le reflet

de, du retour à la vie, an, antérieure.»»(MED_CHIR_11)

Les autres en parlaient de façon courante, sans exprimer d’intérêt majeur.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 73: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

70

A la question «Qui abordait le sujet en premier ? » les réponses des médecins étaient

partagées entre eux ou les patientes.

Certains médecins ne se considéraient pas comme les interlocuteurs les plus appropriés

pour aider les patientes sur cette problématique. Ils pensaient à d’autres intervenants.

Certains médecins évoquaient l’assistante sociale et /ou le médecin généraliste.

«Effectivement, la dimension, du lien, finalement, avec le retour, avec, avec l’après

cancer, on l’a très peu. (…) Et soit on la délègue au médecin généraliste, soit on la

délègue aux assistantes sociales.» (MED_CHIR_7)

Un chirurgien se disait également mal placé pour aborder le sujet. Il préférait laisser les

patientes en parler si elles voulaient et il constatait qu’elles ne le faisaient pas.

«INVEST_8 : « Et vous, vous, c’est, ça vous arrive de leur en parler ? »

MED_CHIR_4 : « Non. (…) Je sors du principe mais ça c’est mon attitude,

professionnelle, personnelle, individuelle, c’est que, je, si, la consultation c’est un

moment où les gens s’expriment en fait. (…) C’est un moment, où la patiente a

l’opportunité de s’exprimer, de dire c’qui va c’qui ne va pas. Je leur repose la

question « est-ce que tout va bien, est-ce que vous avez quelque chose à me signaler

? » Ça c’est, ma façon de, de voir la consultation. Donc j’lui pose la question « est-

ce qui y’a quelque chose qui vous inquiète dans votre vie de tous les jours ? »

Voilà. (…) Et en général, je, j’ai pas le souvenir d’une, d’une patiente en fait,

voilà, à part celles qui ont eu une séquelle, médicale, handicapante sur le plan

professionnel. Mais sur le plan de, de la reprise, du travail… [Toussotement], non

très sincèrement non. » (…)

INVEST_8 : « Vous préférez parler des problèmes qu’elles ont décidé d’aborder

elles et pas d’être intrusif… »

MED_CHIR_4: « Exactement ». (MED_CHIR_4)

Certains médecins introduisaient le questionnement du pronostic médical dans les

discussions autour du travail.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 74: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

71

«Et puis, à l'issue, si les examens, si tous les examens sont normaux, et sont

rassurants, je pose la question, «Alors, est ce que vous vous sentez en forme pour

réattaquer, pour reprendre une activité professionnelle?» (MED_ONCO_2)

«Lorsqu’on voit une femme de de de trente-huit ans qui a quatre ganglions positifs

envahis et puis qui n’a pas de récepteur hormonal ni aux œstrogènes ni à la

progestérone, pas expression de la protéine R2, bref des cancers du sein à triple

négatifs n’est ce pas ? Le pronostic est quand même réservé, ces femmes ont des

chances de guérison, mais le pronostic est quand même réservé, eh leur dire au

bout de dix huit mois : « Allez madame vous reprenez le turbin ! » Ce n’est pas si

simple que cela, on a une certaine gêne.» (MED_ONCO_5)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie professionnelle:

Les chirurgiens femmes parlaient fréquemment du travail avec leurs patientes, elles en

parlaient volontiers au début de la prise en charge, pour connaître les modalités du travail

des patientes.

«Si elles ont un travail très physique, on leur explique tout le temps qu’elles

peuvent être amenées à être très gênées dans le cadre de leur travail, à la suite de

nos traitements, qu’elles peuvent avoir des conséquences et qu’elles peuvent être

amenées à changer de boulot. (…) Ah oui ben là par exemple aujourd’hui, j’ai

opéré une dame, j’en ai longuement discuté avec elle parce qu’elle est, elle est dans

un immeuble, son travail c’est physique, c’est j’pense c’est plus ou moins femme de

ménage, elle sort les poubelles etc. et lors de la première consultation elle m’a

expliqué qu’elle traînait des poubelles très lourdes, qu’elle a été plutôt gauchère et

c’est du côté gauche, qu’elle allait être embêtée parce qu’elle pourrait pas faire ça

si elle était gênée avec son bras etc. J’ai été obligé de faire un curage axillaire,

parce que y’a des ganglions envahis mais on discute beaucoup de ça avant.»

(MED_CHIR_6)

Les radiothérapeutes abordaient souvent la question du travail avant la fin de la prise en

charge par radiothérapie pour faire le point avec les patientes sur les conditions de reprise.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 75: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

72

«Oui la radiothérapie c’est à la fin, donc moi de toute façon, par définition, j’arrive

le, les deux derniers mois. Donc moi au pire, au mieux, je peux leur en parler à ce

moment-là. Moi je ne les vois jamais avant hein. Mais là, là j’en parle volontiers.

[…] «Et votre reprise de travail, et comment on fait. Et…» (MED_RADIO_2)

«Y’a, y’a deux moments. C’est soit juste à la fin de la radiothérapie quand on

prend les rendez-vous de, de, de consultation et notamment le premier rendez-vous

à six semaines. Soit sinon c’est au moment du rendez-vous à six semaines, c’est là

oui que se posent les questions.» (MED_RADIO_8)

Les oncologues notaient fréquemment la profession au début de la prise en charge mais

n’en discutaient réellement qu’au moment du suivi.

«Parce que le seul moment où je fais le truc systématique c’est la première

consultation.» (MED_ONCO_10)

«Souvent elles arrivent elles sont déjà, elles arrivent, comme on les voit pour la

chimiothérapie elles sont déjà arrêtées depuis un moment donc, ça forcément, ça

c’est pas forcément toujours abordé, dès le début et, on pose un peu plus la

question sur les, sur les fins de traitements.» (MED_ONCO_16)

Un oncologue très impliqué dans cette problématique soulevait un questionnement sur la

trajectoire des soins. Il se posait la question d’inclure la reprise du travail dans la trajectoire

thérapeutique. Cela permettrait, d’après lui, d’introduire les discussions sur le travail

beaucoup plus tôt dans la prise en charge.

«Ca ce serait peut-être important, c’est à dire que nous faisons des plans de

traitement, le PPS, le plan personnalisé de soin (…) Moi je le fais généralement

sous la forme d’un petit schéma (…) Peut-être est ce que nous devrions dire : «

Voilà Madame, et puis environ trois à quatre mois après la fin de la radiothérapie,

il conviendra de reprendre votre activité professionnelle, bon sachant que ça

pourra se faire dans le cadre d’un mi-temps thérapeutique, mais nous en

reparlerons madame, c’est beaucoup trop tôt, tout d’abord commençons le

traitement, il faut d’abord que vous soyez sur le chemin de la guérison.»

(MED_ONCO_5)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 76: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

73

Variations selon le genre:

Les médecins qui disaient ne porter qu’un intérêt secondaire à cette problématique étaient

principalement des hommes.

INVEST_9 : « Est-ce que vous pouvez me dire quelle place vous accordez à

l’activité professionnelle de vos nouveaux patients dans votre prise en charge. »

MED_ONCO_15 : « En temps ? Trois pour cent. » (MED_ONCO_15)

Variations selon le lieu d’exercice :

Nous n’avons pas pu expliquer les différences observées par lieu d’exercice.

5.2.4. Continuer le travail pendant la prise en charge

Tous les médecins avaient déjà pris en charge des patientes qui ne souhaitaient pas

s’arrêter pendant toute la durée du traitement. Ils avaient en tête souvent des exemples de

patientes qui n’avaient pas souhaité s’arrêter. Les raisons évoquées pour expliquer la

décision des femmes de ne pas s’arrêter étaient multiples. On pouvait distinguer les raisons

plutôt contraignantes, ou négatives, et les raisons plutôt choisies ou positives. Dans les

raisons contraignantes, il y avait les problèmes financiers (profession libérale et travailleur

indépendant), et le sentiment d’être indispensable qui obligeaient certaines patientes à ne

pas vouloir s’arrêter. Dans les raisons plutôt favorables, il était mis en évidence le caractère

volontaire de certaines patientes, leur attachement pour leur travail, leur investissement

important sur le plan professionnel, leur désir de garder une interaction sociale, le bénéfice

du travail sur le plan psychologique (moins penser à la maladie quand on est occupé).

Certains médecins estimaient un pourcentage approximatif de patientes qui ne souhaitaient

pas s’arrêter pendant le traitement. Ce pourcentage était assez variable, entre 5 et 30% des

patientes pour certains médecins et un autre nous donnait 75% des patientes de plus de 40

ans. La différence de chiffres annoncés ne nous permettait pas vraiment d’avoir une

information fiable sur le nombre de patientes qui ne s’arrêtaient pas pendant le traitement.

Un tiers des médecins étaient plutôt réticents quant au fait que les patientes ne s’arrêtaient

pas pendant le traitement, certains avaient l’habitude de prévenir les patientes de la

difficulté de cette démarche et du risque de burn-out.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 77: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

74

«INVEST_9 : Et le, l’exemple de, de la femme qui souhaitait pas s’arrêter, ca c’est

plutôt exceptionnel… ? ou ça?»

MED_RADIO_2 «Oui mais parfois c’est pas très bon. Parce que parfois, moi j’ai..

si elles veulent, parfois souvent elles craquent après, celles là. (…) Je les retrouve

parfois en mille morceaux après. (…) Je pense que… vous savez, faut pas vouloir

jouer, le le petit soldat, meilleur que tout le monde, qui va a la tête de tout C’est

parfois celui qui se fait tuer en premier (…) Enfin, psychologiquement parlant.»

(MED_RADIO_2)

Un tiers des médecins se montraient très favorables au fait de continuer le travail pendant

le traitement et avaient le sentiment que ça se passait souvent bien.

«Et puis de toute façon on voit bien, nous on—le peu de patientes qui travaillent

pendant les traitements sont ceux, celles pour qui ça se passe le mieux. (…) C’est

pas pour rien. C’est parce que quand on est dans la vie active, et ben, on avance et

on se pose moins de questions et (…) On pleure moins sur son sort ?»

(MED_ONCO_2)

Certains médecins évoquaient la nécessité d’adaptation au niveau de l’organisation du

traitement mais aussi au niveau de l’organisation du travail pour que la poursuite du travail

soit possible pour les patientes. Certains médecins insistaient sur l’adaptation du travail,

d’autres sur l’adaptation du traitement (toujours en termes d’organisation, pas de choix des

traitements) et d’autres évoquaient la nécessité des deux.

Pour ce qui est de l’adaptation du traitement cela concernait surtout les aménagements

d’horaires. En effet les radiothérapeutes adaptaient souvent les horaires d’irradiation pour

les patientes souhaitant travailler. Certains oncologues adaptaient également les jours de

traitement pour les patientes maintenant une activité professionnelle pendant les

traitements.

«Souvent sur les patientes qui veulent travailler je leur mets la cure de

chimiothérapie le jeudi comme ça le vendredi elles travaillent pas, elles ont samedi,

dimanche et au final le lundi elles peuvent réattaquer, un peu mieux et ça se, et ça

se passait bien.» (MED_ONCO_16)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 78: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

75

«Alors, quand les gens continuent à travailler c’est notre priorité de, que les gens

puissent continuer à travailler pendant la radiothérapie. C’est-à-dire qu’on

aménage les horaires pour qu’ils puissent continuer à (…) travailler.»

(MED_RADIO_4)

Le « focus groupe » de restitution des résultats a également permis d’aborder ce sujet. Un

des médecins nous disait ne pas conseiller le maintien d’activité pendant le traitement mais

ne pas s’y opposer non plus. Il ne parlait pas spontanément de cette possibilité avec les

patientes, car cela lui semblait marginal. Un autre médecin du focus groupe nous indiquait

que les patientes qui travaillaient pendant les traitements étaient globalement de haut

niveau socio-économique.

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie professionnelle:

Les radiothérapeutes aménageaient souvent les horaires de traitement des patientes qui

avaient repris le travail (tôt le matin ou tard le soir, parfois le week-end).

Les oncologues aménageaient, eux, plutôt l’organisation globale du traitement en restant

dans les recommandations bien entendu. C’était plutôt le choix des jours de traitement et la

fréquence des chimiothérapies qui pouvaient varier. Cela était particulièrement vrai pour

les patientes en phase métastatique.

Les oncologues insistaient particulièrement sur la nécessité d’une adaptation de poste pour

que les patientes reprennent le travail pendant le traitement. Les aménagements de poste

abordés étaient : l’aménagement des horaires de travail, la possibilité de faire du

télétravail, la diminution du travail de force.

«Du coup, j’avais une patiente avocate, on a fait un traitement qui était pas mal

fatigant et qui était en libéral. Donc, elle avait son cabinet et puis elle pouvait

travailler de chez elle. Donc, on faisait la chimiothérapie, elle travaillait pendant la

chimiothérapie sur son ordinateur. Le lendemain aussi.» (MED_ONCO_7)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 79: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

76

Quand les oncologues donnaient des exemples d’aménagements de poste ils parlaient plus

souvent de l’employeur que du médecin du travail. Le lien avec les médecins du travail

n’était pas souvent fait.

Variations selon le genre:

C’était principalement les femmes qui nous disaient aménager l’organisation des

traitements (horaires ou jour de traitement) pour les patientes qui poursuivaient leur

activité professionnelle, et qui insistaient sur la nécessité de prendre du temps pour se

soigner.

Variations selon le lieu d’exercice :

Aucun médecin du secteur privé n’était parmi les médecins qui évoquaient la nécessité

d’une adaptation de poste pour que les patientes puissent poursuivre leur travail pendant

les traitements. (Ce résultat n’était pas généralisable à tous les médecins du secteur privé,

du fait de la méthodologie utilisée et du faible échantillon de l’étude).

5.2.5. Effets secondaires

Le lien entre les effets secondaires et le travail n’était pas toujours fait dans cette catégorie

d’analyse, qui se recoupait avec les facteurs influençant la reprise.

Certains médecins nous disaient rechercher les effets secondaires au moment du suivi,

d’autres ne précisaient pas le moment. Un seul médecin nous disait ne pas rechercher les

effets secondaires directement.

Peu d’effets secondaires étaient cités en lien avec la radiothérapie.

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas :

Variations selon la catégorie socio professionnelle :

Les chirurgiens n’évoquaient pas l’image corporelle dans cette catégorie d’analyse.

Les oncologues médicaux n’évoquaient pas les troubles psychologiques comme effets

secondaires dans cette catégorie d’analyse.

Les radiothérapeutes évoquaient très peu les effets secondaires liés à la radiothérapie.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 80: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

77

«Ben avec la radiothérapie y’en pas hein. Y’a pas de… Après normalement une

patiente qui a eu une irradiation mammaire, y’a pas de soucis pour qu’elle

reprenne après.» (MED_RADIO_4)

«INVEST_9 : «Et la fatigue, vous l’attribuez plus à la chimiothérapie…»

MED_RADIO_2 : «Ah oui»

INVEST_9 : «Ou la radiothérapie?»

MED_RADIO_2 : «Plus à la chimio, ah bah oui. Ah bah non c’est pas les

rayons.»» (MED_RADIO_2)

«INVEST_8 : «Et en terme d’effets secondaires, il y aussi un petit paragraphe là-

dessus, est-ce que vous avez l’impression qu’il y a des effets secondaires qu’ont

impacté sa vie professionnelle ?»

MED_RADIO_7 : «En général ?»

INVEST_8 : «Ben, pour elle, par exemple.»

MED_RADIO_7 : «Pour elle, non, non. Elle n’a pas eu de toxicité très importante,

donc, et en plus aujourd’hui avec les nouvelles machines, on n’a, on n’a plus les

toxicités qu’on avait avant.»» (MED_RADIO_7)

Variations selon le genre:

Seuls les médecins femmes évoquaient les troubles cognitifs dans cette catégorie

d’analyse.

Variations selon le lieu d’exercice :

Les participants évoquant les troubles cognitifs travaillaient tous au CHU. Mais, les

participants du CHU n’avaient pas abordé les troubles psychologiques dans les effets

secondaires.

La notion de modification du trouble de l’image corporelle n’était pas abordée par les

participants du CLCC.

Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie

utilisée et du faible échantillon de l’étude.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 81: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

78

5.3. Relation médecin malade

La plupart des répondants valorisaient la relation thérapeutique avec leurs patientes. De

nombreux médecins disaient que le relationnel était une des raisons de leur choix

professionnel pourtant, un quart d’entre eux semblaient avoir du mal, à caractériser la

relation médecin patient, et à parler des particularités des patientes atteintes de cancer du

sein.

Nous avons noté trois grandes tendances à la question «Existe-t-il des particularités dans

les relations que vous établissez avec les femmes atteintes de cancer du sein?» :

-la relation thérapeutique était la même qu’avec les autres patients

-elle était particulière

-il était difficile de déterminer la nature de la relation thérapeutique

Parmi les répondants qui trouvaient une relation particulière, plusieurs (6) disaient que la

relation thérapeutique était influencée par l’exigence des patientes (plus demandeuses

d’informations, plus anxieuses). Les médecins qui trouvaient les patientes atteintes du

cancer du sein plus exigeantes, identifiaient deux sous-groupes:

-les patientes atteintes de cancer gynécologique étaient plus exigeantes que les patientes

atteintes d’autres types de cancers

«Oui sur ce plan là, elles sont clairement, y’a une claire demande. Qui qui, qui est

évidente. Ouais. Ouais. Après, la patiente à qui on fait une laparotomie pour un

autre cancer, je veux dire, que la cicatrice soit verticale, horizontale, en diagonale,

elle s’en fout complètement.» (MED_CHIR_7)

«Oui. C’est pas du tout, c’est des, pas, c’est pas du tout la même, relation que un

patient traité pour la, sur la sphère ORL par exemple.» (…) «C’est pas la même

population. » (…) « Donc c’est plutôt des …» (…) Comment préciser ? Comment

elles sont ? C’est des patientes aussi, qui sont quand même assez anxieuses, qui

demandent beaucoup, qui demandent beaucoup beaucoup d’attention en fait, y’a

beaucoup de besoins de, de paroles.» (MED_RADIO_4)

-les patientes en situation adjuvante (au sein du groupe de patientes atteintes de cancer du

sein) étaient plus exigeantes que les patientes en situation métastatique. Plusieurs médecins

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 82: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

79

disaient que la relation avec les patientes au stade adjuvant pouvait être ambivalente ou

même compliquée.

«Souvent, les métastatiques vont te dire, font preuve d’un espèce de relativisme et

de, et de courage et tu vas les mettre par terre, elles sont fatiguées, elles se

plaignent jamais. Avec les seins adjuvants, j’fais un peu du, d’la caricature hein,

c’est pas, c’est pas aussi net que ça mais où nous on s’dit on va les guérir, elles

vont en, ça va être une période difficile certes, on mesure tout à fait, l’avant-après

que ça va être mais j’pense que nous on a une telle vision en disant elles vont être

guéries et c’est vraiment que cette parenthèse-là et après ça ira mieux que,

forcément les patientes ne voient pas à cet instant T, ou mesurent pas de la même

façon et donc du coup vont être plus pénibles au quotidien quoi. Souvent ça s’passe

beaucoup plus mal la chimio, elles sont beaucoup plus tatillonnes sur plein de

choses.» (MED_ONCO_16)

D’autre part, parmi les médecins qui disaient avoir une relation thérapeutique particulière

avec les patientes atteintes de cancer du sein, un médecin notait que la relation était plus

facile du fait du bon pronostic du cancer du sein :

«Et par ailleurs, le cancer du sein aussi c’est quand même un cancer où on guérit

les gens et c’est quand même agréable aussi.» (MED_CHIR_11)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Il n’y avait pas de tendance prépondérante concernant la relation thérapeutique et la

catégorie professionnelle ou le lieu d’exercice des médecins interrogés.

Variations selon le genre:

Peu de tendances par genre ont émergé de notre analyse. Cependant une idée ressortait :

deux répondants femmes soulignaient que le fait d’être une femme leur permettait d’avoir

une relation privilégiée avec leurs patientes atteintes de cancer du sein.

«MED_CHIR_6 : « Et en plus parce que je trouve que quand on est une femme

faire du sein c’est génial. »

INVEST_8 : «Et pourquoi c’est génial ?»

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 83: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

80

MED_CHIR_6 : «On a une approche, y’a des psy là, on bosse avec les psy, et, mais

les mecs ils font aussi bien c’est pas le problème, mais elles nous disent que elles

vont, elles sont, elles ont assisté à toutes les consults, elles disent qu’on a un

contact aux femmes qui est différent des mecs. Et j’pense qu’il y a certaines femmes

qu’ont envie que ça soit des femmes.» (MED_CHIR_6)

D’autre part, un médecin homme pensait que le fait d’être un homme avait une influence

négative sur la relation thérapeutique avec ses patientes.

«Alors, je sais pas, est-ce que c’est, c’est parce que je, moi je suis homme que les

femmes ne me disent pas ? Je sais pas, je sais pas. Mais en tout cas, je, j’ai

l’impression que c’est pas suffisamment verbalisé.» (MED_CHIR_4).

5.4. Collaboration

5.4.1. Collaboration avec les autres cancérologues

Nous sommes arrivés plus rapidement qu’avec les autres catégories d’analyse à la

saturation des données : la vaste majorité des médecins ne citaient aucun échange entre eux

et les autres cancérologues. Les interactions étaient pour la plupart absentes, avec quelques

exceptions pour des cas particuliers.

«Non. Très rarement, parce qu’on est purement dans la, dans le, le, la prise en

charge de la maladie et les traitements.» (MED_CHIR_7)

Certains participants évoquaient pour expliquer la rareté des échanges, le manque de

temps, le manque d’intérêt.

«INVEST_8 : «Est-ce que ça vous arrive de parler d’une problématique de travail

avec, ou que ce soit de façon formelle ou informelle.»

MED_CHIR_6 : «Non.»

INVEST_8 : «Mais est-ce que il y a des échanges là-dessus ?»

MED_CHIR_6 : « Non. »

INVEST_8 : «Non ? Ok.»

MED_CHIR_6 : «En fait parce qu’on voit pas les gens au même moment et qu’on

n’a pas le temps de discuter de ça malheureusement.»» (MED_CHIR_6)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 84: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

81

«INVEST_9 : «Et est-ce que ça vous arrive d’évoquer le sujet du travail avec vos

confrères cancérologues ? oncologues médicaux?»

MED_RADIO_2 : «De temps en temps, mais de façon très à la marge.»

INVEST_9 : « Hm. D’accord. C’est plutôt informel ?»

MED_RADIO_2 : «Oui, de temps en temps. Si, pour, quand, dans une situation

particulière, on vient… Mais c’est vrai qu’on en parle pas. (…) C’est vrai que ce

n’est pas, un sujet.»» (MED_RADIO_2)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

Les chirurgiens étaient unanimes sur l’absence d’échange avec leurs confrères

cancérologues sur le sujet du travail.

Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les chirurgiens du fait de la méthodologie

utilisée et du faible échantillon de l’étude.

Variations selon le genre:

Il ne ressortait pas de tendance par sexe dans la catégorie de collaboration entre

cancérologues.

Variations selon le lieu d’exercice :

Il n’y avait pas de tendance par structure d’exercice pour les échanges.

5.4.2. Collaboration avec les médecins généralistes

La majorité des médecins interrogés n’avaient pas d’échange avec le médecin traitant, mais

pensaient qu’il jouait un rôle dans cette problématique.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 85: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

82

INVEST_8 : « D’accord, ok, et, du coup, les médecins généralistes des patients, des

médecins traitants est-ce que vous avez l’impression que ils ont un rôle à jouer

dans cette problématique, et est-ce qu’ils échangent avec vous sur cette

problématique des fois ? »

MED_CHIR_6 : « Je pense qu’ils ont un rôle essentiel mais ils doivent être

débordés aussi, et ils échangent jamais avec nous. »

INVEST_8 : « Même pas téléphone ou … »

MED_CHIR_6 : « Jamais. » (MED_CHIR_6)

Certains répondants rapportaient de rares échanges sur le sujet du travail. Aucun n’a donné

d’exemple d’échange concret avec le médecin traitant. Ils ne proposaient que rarement des

explications pour l’état actuel des choses.

La majorité des médecins ne pouvaient pas décrire le rôle du médecin généraliste,

«INVEST_9 : «Et de façon générale, est ce que vous savez si, le médecin généraliste,

intervient concernant la question du travail ? Pour les femmes qui ont eu un cancer

du sein.»

MED_RADIO_2 : «[répond tout bas] Je sais pas ! [reprise à voix haute] Oui, je

pense que oui, parce que de temps en temps, je sais qu’elles vont leur demander,

elles sont même parfois surprises que je sois apte à faire un arrêt de travail. «Vous

pouvez me faire un…», un minimum, «Oui!» [rires]»» (MED_RADIO_2)

Parmi ces médecins, quelques-uns leur attribuaient un rôle mineur.

«MED_ONCO_1 : «De t’façon, les trois quarts du temps, le généraliste il dit,

«Vous verrez avec votre cancérologue.»

INVEST_9 : «Pour, pour l’arrêt ? »

MED_ONCO_1 : «Pour tout. [rires] Pour beaucoup de choses. (…) Mais y’a, par

exemple, pour le, l’arrêt de travail, bon, ça s’est systématique hein. (En) fin, c’est

systématique, j’exagère… huit sur dix, il disent, «Oh ben, non non, non non, vous

voyez avec votre cancérologue.» Alors si jamais le, l’arrêt de travail se finit à un

moment où la patiente vient pas nous voir, qu’elle va voir son généraliste, moi,

après, régulièrement— il, il va mettre, quinze jours ou un mois.» (MED_ONCO_1)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 86: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

83

Ceci contrastait avec la plupart des répondants qui attribuaient un rôle important voire

central concernant cette question. Certains répondants ajoutaient que les médecins

hospitaliers n’incluaient pas assez souvent le médecin traitant, alors qu’ils pensaient que ce

dernier devrait être le coordonnateur des arrêts de travail.

«Quand le médecin généraliste à mon avis il a un rôle justement de, de, de

centraliser toutes les informations médicales concernant son malade, et ben peut-

être qu’il a toutes les mains, toutes les cartes en main en fait pour, pour prendre la

bonne décision.» (MED_CHIR_4)

«C’est-à-dire que on arrive, et c’est un tort hein, je, on arrive sur une prise en

charge qui est hyper spécialisée, moi je m’occupe de la radiothérapie, et toi tu

t’occupes de la chimio, toi tu t’occupes de la chirurgie, tout ça se coordonne

finalement, et se coordonne souvent sans médecin généraliste.» (MED_RADIO_8)

«Je pense qu’il y aurait vraiment une, une place plus importante et notamment par

rapport à l’accompagnement au, à la reprise du travail, là je pense que d’avoir

quelqu’un qui est plus proche, qui est plus un médecin de, avec tout ce que ça a de

positif hein, c’est surtout pas négatif ce que je vais dire, mais un, un médecin de

terrain, donc proche, vraiment proche de ses patients de tous les jours. Enfin qu’il

peut être, j’pense que c’est vraiment celui qui serait le mieux placé pour,

finalement encore, en concertation avec nous pour, pour gérer la reprise de travail,

pour gérer les prolongations d’arrêt maladie.» (MED_RADIO_8)

«Alors, les médecins généralistes, pendant les traitements, interviennent très peu.

Et après c’est presque, eux qui sont souvent en première ligne, en tout cas c’est eux

qui—parce que la patiente, elle, elle va quand même facilement, plus facilement

voir son médecin traitant pour l’arrêt de travail que les autres, et y’a beaucoup de

mi-temps thérapeutiques qui sont par les médecins traitants.» (MED_GYN_3)

Un répondant notait la notion d’impuissance des cancérologues ou généralistes, face à

l’employeur qui souhaiterait terminer un contrat pour raison de cancer.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 87: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

84

«Le médecin traitant c’est vrai que, il est plus accessible que l’oncologue, donc,

dans la, le cas de ma patiente, y’avait pas eu de—en fait, en gros, on était aussi

désemparé l’un que l’autre, enfin aussi bien moi que le médecin généraliste parce

qu’on pouvait rien faire.» (ONCO_MED_2)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

Parmi les oncologues médicaux, aucun ne se prononçait sur le rôle du médecin traitant.

Parmi les radiothérapeutes, un seul répondant disait avoir des échanges avec le médecin

traitant. Le même répondant proposait une hypothèse pour expliquer cela: tendance du

monde hospitalier à ne pas inclure les médecins généralistes.

«Ah les médecins généralistes on a quand même plus de lien. Alors c’est pas

parfait, (…) c’est vrai qu’on a, on a un peu du mal à, comment dire, et, et la

patiente et nous on a parfois du mal à, à intégrer complètement le, le médecin

généraliste dans la prise en charge.» (MED_RADIO_8)

Variations selon le genre:

L’analyse par sexe ne faisait pas ressortir de tendance particulière.

Variations selon le lieu d’exercice :

L’analyse par lieu d’exercice ne faisait pas ressortir de tendance particulière.

Nous notions seulement qu’aucun médecin exerçant dans le secteur privé ne se prononçait

sur le rôle positif ou central du médecin traitant concernant la question du travail.

Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie

utilisée et du faible échantillon de l’étude.

5.4.3. Collaboration avec le médecin du travail

La vaste majorité des répondants disaient n’avoir aucune interaction avec le médecin du

travail. Cependant, quelques répondants déclaraient avoir collaboré avec le médecin du

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 88: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

85

travail, et, parmi eux, certains précisaient que c’était à la demande des médecins du travail

(besoin de précision, avis).

«Alors je pense qu’il faut dire que c’est assez exceptionnel, que eux-même nous

écrivent quelquefois mais c’est très rare, il me semble si vous voulez que j’ai

grosso-modo, je dois avoir une lettre par mois, donc …, même pas je dois avoir dix

lettres par an de médecins du travail disant : «Ben écoutez voilà on aimerait avoir

votre avis etc.» Donc c’est absolument exceptionnel.» (MED_ONCO_5).

Un des médecins précisait également que les interactions avec le médecin du travail étaient

uniquement avec le médecin du travail de l’ENTREP_D.

Même s’ils n’avaient aucune collaboration directe, certains donnaient leur avis sur le rôle

professionnel du médecin du travail ou orientaient les patientes vers lui.

«Dans un premier temps. C’est souvent d’ailleurs, ce que disent les médecins du

travail, qui sont assez au fait. Si elles (ne) l’ont pas repris aussi, je leur conseille de

voir leur médecin du travail assez vite, parce que, il adapte assez bien le, le poste,

et puis, ils sont assez, ils sont assez au faite. Ils sont très très partisans d’une

reprise à temps partiel aussi. (…) Parce qu’ils doivent bien connaître ce domaine

là. » (….) Mais par contre c’est vrai, j’ai pas d’interaction directe avec le médecin

du travail. J’ai—je crois que j’ai jamais eu une seule interaction avec un médecin

du travail. (…) Je sais qu’il peut, qu’il a des possibilités d’adaptation

thérapeutique, de mi-temps thérapeutique, d’imposer des adaptations du, du poste.

Notamment de dire que cette personne doit plus porter, plus faire des choses

comme ça. Voilà c’est de manière générale, je— le rôle du médecin du travail.

Mais ça s’arrête là en fait.» (MED_GYN_4)

«Donc c’est vrai que le médecin du travail qui, (en) fin, son rôle est de constater

l’état de la patiente, à, (en) fin, au travail, plutôt, alors que, nous, enfin, moi, ici,

les, l’oncologue la voit avant. Après donc, nous on sait que, une fois qu’elle a

arrêté ses traitements, enfin, moi je sais que cette patiente était apte à reprendre à

cent pourcent.» (MED_ONCO_2)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 89: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

86

Particularité dans les collaborations avec le médecin du travail:

Un des médecins proposait une réponse paradoxale: il nous disait ne pas connaître

clairement le rôle du médecin du travail, mais orientait systématiquement ses patients vers

lui, en le présentant comme une personne ressource importante.

MED_RADIO_2 : «Par contre moi, moi j’insiste vraiment pour qu--- qu’elles,

parce qu’on parle de femmes, revoient leur médecin du travail, par contre. (…)

Hm. Voilà. En leur disant, «Le médecin du travail, il a un rôle important, il va vous

aider, pour reprendre votre travail, et juger si par rapport à votre activité

physique.» et ça, moi je—«Votre poste dans dans la, le la société où vous travaillez,

vous êtes aptes à le faire» et qui pourra vous aider si il faut vous trouver une

adaptation à votre poste de travail.» (…)

INVEST_9 : «Et de manière générale, dans, dans votre pratique, le médecin du

travail intervient dans la plupart des dossiers…. Où ? Dans quelle mesure ?»

MED_RADIO_2 : «Je sais pas.» (MED_RADIO_2)

Un des répondants nous précisait que les médecins du travail ne s’opposaient jamais à la

reprise du travail.

«J’ai jamais vu un médecin du travail refuser qu’elles reprennent le travail et ils

ont toujours validé les, les, les temps partiels. » (MED_CHIR_11)

Un autre répondant proposait une hypothèse pour expliquer le manque d’échanges. Il

supposait que les médecins du travail étaient au courant des effets secondaires des

chimiothérapies et n’avaient pas besoin de solliciter les cancérologues pour cela.

MED_ONCO_7 : «Globalement, je trouve qu’on n’a pas vraiment de contacts avec

le médecin du travail, hors Fonction Publique, voilà. Oui, parce que très rarement,

ils me demandaient de faire un certificat, alors peut-être, parce que les patientes

ont eu des comptes-rendus de consult ou je sais pas hein. Ils ont peut-être pas

besoin, hein…»

INVEST_8 : «Oui, oui, non mais, c’est… Probablement.»

MED_ONCO_7 : «Ils connaissent aussi les effets secondaires de la chimio, de

l’hormono et puis ils savent, voilà. Enfin je pense que…» (MED_ONCO_7)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 90: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

87

Un autre participant pensait que certains médecins du travail faisaient barrière à la reprise.

«Moi je trouve que quand ils peuvent, c’est important. Quand ils peuvent maintenir

une activité professionnelle, c’est important, c’est très rare. (…) Parce que d’abord

y’a plein de médecins du travail qui leur interdisent de reprendre.»

(MED_ONCO_1)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

Aucun des chirurgiens n’avait d’échanges avec le médecin du travail. Malgré cela, deux

d’entre eux nous disaient orienter les patients vers eux pour la reprise ou l’adaptation de

poste.

«Je conseille beaucoup, beaucoup aux patientes qui sont salariées à voir leur

médecin du travail et souvent, elles ont pas le reflexe. Elles ont—je—parfois je je—

elles me disent, «Ah oui tiens, je y ai pas pensé.» Donc ça, je leur conseille

beaucoup beaucoup. Mais par contre c’est vrai, j’ai pas d’interaction directe avec

le médecin du travail. J’ai—je crois que j’ai jamais eu une seule interaction avec

un médecin du travail.» (MED_GYN_4)

Quelques répondants parmi les oncologues et radiothérapeutes disaient avoir quelques

interactions avec le médecin du travail, et cela particulièrement avec les médecins de

l’ENTREP_D.

«Mais sur les médecins du travail qui sont à l’hôpital, hein, parce que sinon les

autres, jamais, hein. Moi, ça m’est arrivé peut-être deux fois, justement pour des

patientes qui étaient, qui travaillaient à l’hôpital mais sinon, là, comme ça, je crois

pas que j’ai déjà, j’ai déjà eu une interaction avec une patiente qui travaillait pas à

l’hôpital et son, et le médecin du travail.» (MED_RADIO_3)

Variations selon le genre:

Il ressortait que plus de répondants femmes avaient quelques échanges avec le médecin du

travail concernant la question du travail, et ce sur la demande de ce dernier.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 91: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

88

Variations selon le lieu d’exercice :

Trois répondants du CHU disaient avoir des échanges exceptionnels avec le médecin du

travail. Dans le privé, les participants étaient partagés de façon égale entre ceux qui

disaient ne pas avoir d’interaction et ceux qui disaient interagir avec eux sur leur demande.

Aucun des répondants exerçant dans un CLCC ne déclarait interagir avec le médecin du

travail concernant la question du travail.

Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie

utilisée et du faible échantillon de l’étude.

5.4.4. Collaboration avec les acteurs non médicaux

L’absence de pratique en collaboration avec les acteurs paramédicaux sur la question de la

reprise du travail était observée chez la majeure partie des répondants. Toutefois, plusieurs

répondants disaient avoir des interactions avec l’assistante sociale, certains mentionnaient

l’assistante sociale sans forcément interagir avec elle. Les interactions étaient très limitées,

et dans la plupart des cas il ne s’agissait pas de véritables interactions mais plutôt une

sollicitation d’un acteur envers l’autre quand la situation leur semblait complexe.

«Souvent on, on, on la, on les, on leur demande de voir les assistantes sociales

quand son cas, pose des questions liées au, hors activités professionnelles mais

liées à des aides, à des choses particulières, on les envoie là-dessus, et du coup des

fois on est amené à interagir un petit peu. Là encore c’est de manière ponctuelle.»

(MED_ONCO_15)

Quelques répondants identifiaient l’infirmière de coordination en même temps que

l’assistante sociale.

«C’est à notre demande, et puis on a aussi des infirmières de coordination, et qui

repèrent beaucoup, enfin, qui repèrent bien ce genre de difficultés et du coup, qui

les sollicitent aussi par notre intermédiaire.» (MED_ONCO_6)

Quelques répondants évoquaient l’intervention d’autres acteurs paramédicaux dans cette

problématique (kinésithérapeute, psychologue) sans forcément interagir avec eux. Un des

médecins disait avoir des interactions avec le psychologue en cas de difficultés à la reprise.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 92: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

89

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

Les oncologues médicaux étaient plus nombreux à solliciter les interlocuteurs non

médicaux sur la question du travail. Seuls deux oncologues disaient ne pas interagir avec

d’autres acteurs non médicaux. Les autres évoquaient l’assistante sociale et l’infirmière

coordonnatrice.

Tous les radiothérapeutes participant à l’étude disaient interagir avec d’autres intervenants

sur la question du travail, sans tendance nette pour un type d’intervenant. Un seul des

chirurgiens évoquait l’intervention de l’assistante sociale et l’infirmière de coordination.

Variations selon le genre:

Il n’existait pas de tendance nette par genre.

Variations selon le lieu d’exercice :

Un peu plus de la moitié des intervenants exerçant au CHU disaient solliciter ou collaborer

avec l’assistante sociale. Dans le sous-groupe des participants du CLCC, seuls deux

participants évoquaient l’intervention de deux intervenants paramédicaux (l’assistante

sociale et l’infirmière coordinatrice). Les autres n’évoquaient pas d’échanges avec eux.

Dans le secteur privé, un seul médecin évoquait l’intervention de l’assistante sociale sur la

question du travail. Les autres n’échangeaient pas sur la question. Un répondant déclarait

interagir avec le kinésithérapeute et l’ostéopathe sur la question sans exemple d’échange

concret.

Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie

utilisée et du faible échantillon de l’étude.

5.5. L’analyse des besoins des femmes ayant eu un cancer du sein

5.5.1. Perception des besoins par les cancérologues

Les besoins des femmes perçus par les médecins les prenant en charge étaient assez divers.

Les médecins interrogés mettaient en avant le besoin d’information, d’orientation, et de

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 93: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

90

réadaptation. Tous les médecins interrogés évoquaient des besoins en lien avec les effets

secondaires des traitements. Selon les médecins, les effets secondaires, qui suscitaient des

besoins chez les patientes, étaient les suivants : les douleurs induites par les traitements, la

fatigue, et les troubles cognitifs. Tous ces effets étaient évoqués à plusieurs reprises, mais

aucun ne ressortait de façon majoritaire en termes de fréquence. En ce qui concerne les

troubles cognitifs, seulement un quart des médecins les citaient.

Le besoin de l’aval du cancérologue pour la reprise était cité à plusieurs reprises. Les

femmes avaient besoin que le sujet de la reprise soit abordé de façon adaptée. Peu de

médecins évoquaient des besoins en lien avec le monde du travail.

Besoins sans lien avec le travail

Les besoins des femmes pouvaient être regroupés en trois catégories :

-Besoins d’ordre physique en lien avec les symptômes persistants post-traitement, comme

les douleurs ou la fatigue.

«Et c’est vrai que ce programme, il nous aide quand même beaucoup à se

débarrasser de la fatigue post-traitement et à encourager les patientes à reprendre

une activité professionnelle.» (MED_RADIO_2)

-Besoins d’ordre psychique, comme le besoin de se retrouver, de se reconstruire, d’être

«bien dans leur peau» et dans leur couple, de prendre du temps pour elles.

«Je vais attendre la fin du traitement avant de reprendre le boulot et j’ai besoin de

prendre du temps pour moi.» (MED_CHIR_6)

«Dans, dans la reprise du travail, y’a y’a, en tout cas pour le cancer du sein, y’a un

peu deux choses : y’a le côté physique de l’affaire, qui est—très honnêtement,

rarement un problème en réalité. Hein, après y’a des patientes qui : ont eu un

curage axillaire, qui ont eu des choses comme ça qui peuvent être gênées, bon ça

peut, ça peut arriver. Après, y’a une dimension, y’a une dimension de la fatigue

qui, qui est également physique. Puis y’a la dimension psychologique.»

(MED_CHIR_7)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 94: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

91

«A fin des traitements parce que, parce qu’elles avaient besoin de, de s’occuper

d’elles, de faire du sport, de s’occuper de leur famille, de voyager, vous voyez, que

c’était le temps pour elles de faire ça, y en a d’autres qui pour qui la reprise du

travail signifie que, qu’on est guéri, et du coup, elles veulent reprendre le plus tôt

possible et quelquefois c’est même un peu trop tôt.» (MED_ONCO_6)

-Besoins d’information et d’accompagnement sur les démarches administratives, et pour

faire valoir leurs droits après le traitement. Elles avaient également besoin d’un

accompagnement moral en fin de traitement.

«Et y’a, y’a des gens qui dépriment hein, y’a des, y’a des vrais syndromes

dépressifs, de fin de traitement, donc de, de les accompagner je trouve que c’est

bien.» (MED_RADIO_8)

Certains médecins interrogés nous disaient ne pas aborder la question des besoins de façon

claire avec leurs patientes.

«Non, pas tellement. Mais probablement parce que je leur pose pas la question, en

disant est-ce que y’a quelque chose dont vous auriez besoin pour que ça vous aide,

pour que ça soit plus facile ? Après, ce que je vous ai dit, là, sur l’APA, elles le

disent vraiment, que ça, ça les a aidées, que c’est un moment qu’est important et

tout ça.» (MED_RADIO_3)

Besoins en lien avec le travail

Les besoins en lien avec le travail avant la reprise étaient :

-le besoin de l’aval du médecin pour reprendre le travail

«Elles attendent, un petit peu quand même notre feu vert. Voilà. Quand elles sont

motivées, elles nous redemandent. Après, y’en a certaines qui n’ont pas demandé,

qui ont repris assez vite. Mais, souvent, voilà, c’est… «Bon maintenant je vais

pouvoir reprendre le travail,» Je fais, «Oui, bah, oui.»»(MED_ONCO_7)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 95: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

92

«Elles me demandent si elles peuvent reprendre à travailler, elles me demandent si

… elles me demandent si elles peuvent reprendre le travail, toujours.»

(MED_ONCO_10)

-le besoin d’information concernant la reprise

«INVEST_9 : «Et vis-à-vis du travail, est-ce que vous voyez des besoins particuliers

des femmes ? Par rapport au travail ? Par rapport à la reprise du travail ?»

MED_RADIO_4 : «Ben, oui qu’on puisse plus les renseigner. Si elles sont

salariées, si elles sont, libérales, sur leurs, leurs droits, leurs possibilités…»

(MED_RADIO_4 )

-le besoin de temps pour reprendre dans de bonnes conditions

-le besoin de se réadapter à l’effort : qui impliquait souvent la participation aux

programmes d’APA

-le besoin d’une prise en charge sociale, et d’aide pour les tâches ménagères.

«Et je pense que oui y’a, d’avoir quelque chose d’organisée autour de ça, autour

d’un, d’un soutien, pendant quelques temps sur les tâches ménagères et sur, tout ce

qui peut y avoir à côté du travail. Je pense que ça c’est une demande, alors elle est

pas forcément toujours formulée ou elle est formulée indirectement par, « Oui le

travail à la maison me pèse, je, j’ai du mal à faire, mon, mon travail au

quotidien, » voilà c’est des choses comme ça mais, j’crois que, ça serait quelque

chose de vraiment intéressant à développer.» (MED_RADIO_8)

Une fois au travail, ces femmes avaient besoin d’être écoutées, et certaines avaient besoin

qu’on leur répète les choses du fait des troubles cognitifs engendrés par la chimiothérapie.

«J’ai repris mais, on dit quelque chose, je suis obligée de tout noter. On sait que

j’oublie, donc, on me répète. Mais, voilà, après, c’est aussi des choses que les

collègues, certains, ça se passe bien, d’autres, c’est compliqué.» (MED_ONCO_7)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 96: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

93

«MED_RADIO_2 : «Et ce qu’elle me dit. Elle me dit que, comme j’ai entendu

plusieurs fois, «Je n’ai plus qu’un neurone.» L’autre jour elle m’a dit, «J’ai qu’un

demi cerveau». (rire)»

INVEST_9 : «Mais ça, vous attribuez ça aux… ? (coupé)»

MED_RADIO_2 : «Mais ça, c’est le, bah c’est le…bah vous savez, les…la chimio

peut donner des troubles cognitifs hein.»»(MED_RADIO_2)

Une minorité de répondants ne citaient aucun besoin en lien avec le travail.

«Vis-à-vis du travail ? Oh, j’en, non, j’peux, pas de choses bien précises, à

répondre hein. C’est trop large, je sais pas quoi puis vous dire. (…) C’est

reprendre leur travail dans de meilleures conditions. Après c’est en fonction de

leur personnalité, leur caractère, les, les entreprises qu’elles font, leurs, le métier

qu’elles ont.» (MED_RADIO_6)

Particularités concernant la perception des besoins

Les médecins qui accordaient une grande importance au travail dans la vie des patientes

percevaient plus souvent les besoins des femmes en lien avec le travail. A l’inverse, ceux

qui accordaient une place moins importante au travail étaient plus en difficulté pour

identifier les besoins en lien avec le travail.

Dans de rares cas, les répondants nous indiquaient que ces femmes n’avaient pas de besoin

particulier, dans d’autres cas, le sujet n’était pas abordé avec les patientes.

«INVEST_8 : «D’accord, donc elles ont pas enfin, de besoin particulier au moment

du…»

MED_RADIO_7 : «Non.»

INVEST_8 : «…du retour au travail ? Est-ce qu’y a des choses, elles vous disent :

moi j’ai besoin d’ça ?»

MED_RADIO_7: «Non.» (MED_RADIO_7)

Un des répondants expliquait que c’était un besoin pour les femmes d’être bien dans leur

vie et dans leur couple.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 97: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

94

«Mais si on veut reprendre son travail, c’est qu’on va bien, c’est qu’on a envie de,

de revoir les collègues, de revoir les copines, de de revivre en fait, et je crois que

c’est quand même très intriqué. Et en fait le cancer du sein est très souvent

révélateur de problème de couple.» (MED_ONCO_5)

Le même médecin oncologue médical évoquait en premier lieu les problèmes de sexualité

comme ayant un lien avec la reprise du travail.

«Donc il me semble si vous voulez que derrière cette notion de de de, du

retentissement sur le couple, sur la vie de couple du cancer du sein eh (hésitation)

il y a une un (hésitation), un retentissement aussi sur, sur, sur « la vie

professionnelle.» (MED_ONCO_5)

Il ne s’agissait pas d’un résultat isolé. Cette notion a également été citée par un des

médecins lors du focus groupe de restitution des résultats. Ce médecin faisait le lien entre

les difficultés conjugales et le syndrome dépressif post traitement, qui étaient souvent des

problèmes rencontrés chez les femmes qui ne parvenaient pas à reprendre une activité

professionnelle après le cancer du sein.

«Le cancer du sein signifie, ablation du sein, risque conjugal fort, et c’est une

réalité en plus. J’en vois beaucoup qui se séparent sur cette période-là. Donc, non,

mais c’est une réalité. Donc, ça reste un traumatisme profond donc s’il y a un

terrain fragile. (...) J’ai, pour moi, c’est celles qui ne retournent pas au travail, il y

a une majorité, j’crois, vers les quatre-vingt, quatre-vingt-dix pour cent, sont

dépressives.» (MED_ONCO_3)

Un des médecins exprimait que les femmes avaient besoin que le sujet de la reprise soit

abordé de façon progressive et empathique pour ne pas les angoisser ni les braquer.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 98: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

95

«Mais c’est peut-être moi, si vous voulez dont le discours est très mal rodé, mais je

suis très sincère ! Mon discours est très très mal rodé sur cette thématique de la

reprise de l’activité professionnelle. » (…) «Et donc je lui dis : « Voilà madame le

moment est peut-être venu maintenant qu’on discute, qu’on voit ensemble comment

est-ce que vous envisagez la reprise de votre travail. » C’est souvent comme ceci

que je présente les choses. Si on dit : « Voilà madame, aujourd’hui, voilà c’est fini,

c’est la consultation où vous reprenez votre travail demain. » C’est pas la peine

hein !» (MED_ONCO_5)

Certains répondants évoquaient le besoin d’une prise en charge esthétique des effets

secondaires sur la féminité.

«Mais y’a aussi tout ce qui a été mis en place la, la socio coiffeuse, le sport, bon on

a déjà parlé de l’APA mais y’a aussi des, on peut se faire faire des, des massages,

des choses comme ça, la socio esthéticienne.» (MED_RADIO_3)

Un des répondants disait que le travail était un besoin pour certaines femmes. D’autre part,

il soulevait l’incompréhension de certains employeurs face au cancer du sein et ses

conséquences. Certains employeurs n’avaient pas du tout intégré le fait que les patientes

étaient souvent en mesure de reprendre le travail après avoir été traitées pour un cancer du

sein.

«Voilà donc c’était— c’est, c’est des situations comme ça, qui nous font dire qu’il y

a quand même une incompréhension de la part des, de certains employeurs, qui,

qui fait que, on a—, enfin on a peut-être un niveau d’informations qui est

insuffisant justement, par rapport au pronostic de cette maladie, par rapport au fait

que, c’est pas parce qu’on est traité pour un cancer du sein qu’on va forcément

mourir d’un cancer du sein. Puis même, enfin, on peut continuer à travailler en

ayant une maladie non curable, enfin.» (MED_ONCO_2)

Outils proposés pour aider les femmes

Un des médecins proposait une solution pour pallier à la difficulté des patientes à reprendre

leur travail après un cancer du sein. Il proposait un programme de réadaptation cognitive

calqué sur les programmes de réadaptation physique déjà existants.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 99: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

96

«Mais, que’que chose calqué sur la réadaptation à l’effort et qui soit aussi, au

niveau, intellectuel quoi. (…) Une espèce de gymnastique, de se réhabituer à

travailler, à se concentrer, voilà.» (MED_CHIR_11)

Un autre répondant allait plus loin dans sa réponse à la question et évoquait l’intérêt d’une

grille de décision qui aiderait les médecins à définir le bon moment pour la reprise.

«Qu’est-ce qui fait qu’on est prêt à reprendre le travail, en termes, sur le plan

physique, je suis sûr qu’il pourrait y avoir des, des petites questions simples qui

pourraient, sur l’activité physique, sportive, sur d’autres choses, qui pourraient

déjà identifier, permettre d’identifier si la personne est prête. Comme on a, vous

connaissez sûrement le G8 pour les, pour, pour les personnes âgées.»

(MED_RADIO_8)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas :

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

Chez les chirurgiens, il n’était pas mentionné le besoin d’information, un élément qui

ressortait chez les autres sous-groupes.

Parmi les oncologues médicaux, les besoins évoqués en premier lieu étaient les besoins

physiques en lien avec les effets secondaires, suivis par les besoins d’information et de

liaison avec les professionnels de santé. Il ressortait chez les médecins oncologues

qu’aucun ne mentionnait de besoin d’aide pour les tâches ménagères.

Variations selon le genre:

Ce sont les femmes qui évoquaient la nécessité de programmes de réadaptation plus

souvent que les hommes, et le besoin d’avoir le temps d’en bénéficier. Une femme poussait

sa réflexion en évoquant la nécessité de programmes de réadaptation particulièrement

orientés sur la reprise du travail pas seulement sur le plan physique mais aussi sur le plan

cognitif

Variations selon le lieu d’exercice :

Il n’a pas été mis en évidence de tendance par lieu d’exercice.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 100: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

97

5.5.2. Facteurs barrières à la reprise du travail

La majorité des répondants citaient les effets secondaires des traitements comme facteur

prépondérant influençant négativement la reprise du travail. Ils évoquaient les effets

secondaires suivants, par ordre de fréquence: la fatigue, le lymphœdème, les douleurs, les

troubles psychologiques (comme la dépression ou l’anxiété de reprendre), et les troubles

cognitifs.

«Il y a parfois un tableau dépressif hein, parce que la fatigue ne peut, n’est pas

forcément expliquée que par les traitements. Elle l’est pendant un temps mais après

derrière ça peut être aussi, plus que le moral enfin oui, y’a le syndrome dépressif

qui prend le dessus et qui crée, qui génère lui aussi un, un état de fatigue

permanent, ressenti. Oui dans le, le stress de reprendre, la peur de reprendre,

j’crois le, c’est un peu on fait un refus d’obstacle quoi. A chaque fois on veut y aller

et puis on s’arrête juste avant, on a peur. Je crois que ça c’est, ça c’est le plus fré,

enfin avec, avec, oui c’est le plus fréquent avec. Ouais j’sais pas, j’sais pas quoi

vous dire d’autre là-dessus.» (MED_RADIO_8)

La chimiothérapie était souvent mentionnée comme facteur influençant négativement la

reprise. Le fait d’avoir eu la chimiothérapie était pénalisant d’une part parce que ces

femmes avaient un arrêt long, et d’autre part elles subissaient des effets négatifs multiples

et durables.

«J’pense que c’est plus intéressant pour celles qu’ont de la chimiothérapie parce

que celles qu’ont pas de chimiothérapie, j’pense que, ça a moins d’impact sur leur

travail. (…) Sur la reprise on va dire. Et que les patientes qu’ont eu de la

chimiothérapie on voit qu’elles sont quand même, att, enfin elles ont un, des

séquelles entre guillemets de cette chimiothérapie qui perdurent quand même

pendant longtemps après l’arrêt de la chimiothérapie et qu’elles ont des difficultés

à reprendre le travail.» (MED_CHIR_11)

«Y’a y’a tout un ensemble de choses qui fait, effectivement, les patientes ont du mal

à se remettre au travail. Et c’est surtout après la chimio. C’est vraiment surtout

après la chimio.» (MED_GYN_3)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 101: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

98

Les facteurs barrières à la reprise, en lien avec le travail, revenant le plus souvent étaient :

le travail physique, le faible intérêt du patient pour son travail, le niveau de pression au

sein de l’entreprise, les difficultés liées à l’organisation du travail en équipe ou en libéral :

«Alors y’a des métiers qui s’y prêtent plus ou moins bien, y’a des métiers, des

métiers de bureau, s’y prêtent assez bien à l’absence de reprise—(en) fin, à un

travail qui peut être interrompu pendant une journée. Y’a des métiers qui s’y

prêtent pas du tout, notamment, le monde médical, pour ça, c’est la catastrophe

hein, parce que, si, quelqu’un (n’) est pas là le lendemain, y’a personne pour le

remplacer donc c’est les collègues, qui doivent faire le travail, donc ça fait

crispation au sein des équipes, qui sont, très fortes, vous voyez bien ce que je veux

dire hein. Ça fait des crispations au sein des équipes, qui sont très très fortes. Et du

coup, ça fait une grosse pression sur la personne. On préfère qu’elles reviennent

dans un contexte, plus réglé, c’est à dire qu’elles reviennent à mi-temps, ou à vingt

pour cent, mais que quand elles reviennent, elles soient là.» (MED_GYN_4)

Un des médecins évoquait le cas particulier des patientes exerçant en libéral. Ces patientes

étaient exposées au risque de perdre leurs indemnités journalières si une reprise prématurée

entraînait un nouvel arrêt de travail. Cela ne les incitait donc pas à tenter une reprise si

elles n’étaient pas vraiment sûres de pouvoir reprendre définitivement.

«Je—les obstacles des, des caisses, (en) fin, des, des assurances pour les libéraux,

parce que c’est souvent la loi du tout ou rien. C’est à dire, soit vous a—vous êtes

arrêtés, et puis vous, vous (n’) avez pas le droit d’y aller, et puis, même si vous

voulez travailler à mi-temps, vous (n’) avez pas le droit d’y aller, sinon vous (n’)

avez aucune de vos indemnités, donc les gens ne travaillent pas alors qu’ils en

auraient envie.» MED_GYN_ 3.

D’autre part, les relations avec les collèges pouvaient également être un frein quand ceux-

ci ne prenaient pas en compte les difficultés rencontrées par les patientes ainsi que les

changements secondaires au cancer. Enfin, l’incompréhension des collègues et des

employeurs sur le bon pronostic de cette maladie était également un élément négatif pour

une reprise dans de bonnes conditions.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 102: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

99

«Après dans les patientes qui ont eu un arrêt de travail qui ne reprennent pas une

activité professionnelle hors toxicité, il y a, il y a un petit peu la vision, du fait que

le cancer fait, le cancer fait peur en fait, une patiente qui m’a décrit que, les, les,

ses collègues, ses anciennes collègues la voyaient un petit peu comme un ovni quoi,

c’était, mais qui est cette personne qui est revenue de la mort un petit peu.»

(MED_ONCO_15)

«Voilà donc c’était— c’est, c’est des situations comme ça, qui, nous font dire qu’il

y a quand même une incompréhension de la part des, de certains employeurs, qui,

qui fait que, on a, enfin on a peut-être un niveau d’informations qui est insuffisant

justement, par rapport au pronostic de cette maladie, par rapport au fait que, c’est

pas parce qu’on est traité pour un cancer du sein qu’on va forcément mourir d’un

cancer du sein. Puis même, enfin, on peut continuer à travailler en ayant une

maladie non curable, enfin.» (MED_ONCO_2)

Plus de la moitié des médecins mentionnaient la fatigue comme effet secondaire et

l’identifiaient clairement comme un frein à la reprise.

«INVEST_8 : «Est-ce qu’y a des femmes qui vous disent ben y a telle chose qui a

fait que moi la reprise ça été compliqué ? Ou fin de souvenir de patientes qui vous

auraient dit…»

MED_ONCO_16 : «La fatigue. (…) La fatigue. La majorité elles vont dire : « moi

je me sens pas de, de reprendre parce que je suis fatiguée ». Et y en a beaucoup qui

reprennent d’ailleurs pas à temps plein au début, qui font des mi-temps

thérapeutiques …» (MED_ONCO_16)

« INVEST_9 : «Dans votre expérience, est ce qu’il y a des éléments qui ont un

impact sur l’activité professionnelle? »MED_RADIO_2 : «Premièrement, la

fatigue. »»(MED_RADIO_2)

«Y’a cette fatigue encore probablement post chimio, y’a y’a tout un ensemble de

choses qui fait, effectivement, les patientes ont du mal à se remettre au travail.»

(MED_GYN_3)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 103: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

100

Particularités des facteurs barrières à la reprise du travail

Un quart des médecins participant à l’étude évoquaient le syndrome dépressif post-

traitement. Et seulement certains d’entre eux faisaient le lien avec une difficulté à la reprise

du travail.

«Et reprendre le travail si c’est, voilà si, si y’a une phase après un peu de blues, de

dépression ou autre dans les semaines qui suivent et avoir repris son travail dans le

milieu c’est difficile.» (MED_RADIO_8)

Parmi les facteurs influençant négativement la reprise, un des médecins citait les médecins

du travail qui interdisaient la reprise du travail.

«Hein, des médecins du travail, qui—le peu de fois où un médecin, par exemple—

va refuser qu’une patiente reprenne, jamais il nous aurait appelés Jamais on aura

un contact. (…). Non j’ai jamais eu de—ouais, de contre-ordre. Dans ce sens-là.

(…)Quand moi j’ai décidé d’arrêter, quand on m’aurait dit, «Non.» (…)Par contre

y’a des fois où moi j’aurais aimé où la patiente puisse reprendre, et on lui a dit,

«Non.»» (MED_ONCO_1)

Ce même médecin évoquait le risque infectieux en lien avec les chimiothérapies

aplasiantes qui pourraient empêcher les patientes de travailler.

«J’en ai eu une y’a pas longtemps, qui, elle garde des gamins, assistante

maternelle. Je lui ai dit, «Non, ça, ça va pas être possible de garder des enfants

avec la chimio et l’aplasie quoi.»» (MED_ONCO_1)

Certains médecins évoquaient la peur de la récidive comme facteur qui pourrait freiner la

reprise.

«De toute façon pour les seins adjuvants le problème principal c’est, c’est la, c’est

la rechute. Donc, elles ont, je pense que la peur de travailler va un peu avec le fait

qu’on s’dise : «Ben c’est p’t’être pas possible.». Qu’on se dit que c’est p’t’être pas

possible de faire ça parce que, parce que si elles rechutent dans deux mois ça sert à

rien quoi.» (MED_ONCO_16)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 104: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

101

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

La majorité des chirurgiens ne citaient pas directement le syndrome dépressif comme

facteur barrière à la reprise.

Aucun participant oncologue médical n’évoquait directement le lien entre la

chimiothérapie, et les difficultés à la reprise, un lien qui était plus explicite dans le discours

des chirurgiens,

«Et que les patientes qu’ont eu de la chimiothérapie on voit qu’elles sont quand

même, att, enfin elles ont un, des séquelles entre guillemets de cette chimiothérapie

qui perdurent quand même pendant longtemps après l’arrêt de la chimiothérapie et

qu’elles ont des difficultés à reprendre le travail.» (MED_CHIR_4)

et des radiothérapeutes.

«Ensuite on a, bon les patientes qui ont des traitements plus longs, notamment

quand il y a une prise en charge par chimiothérapie avant, puis radiothérapie, là

c’est sur un processus qui s’étend sur plusieurs mois. C’est généralement entre

quatre et six mois, là c’est vrai qu’on peut avoir, plus de difficultés sur, sur la

reprise du travail.» (MED_RADIO_8)

Pour les radiothérapeutes, le facteur cité le plus fréquemment était le fait d’avoir un travail

physique.

«J’ai eu une patiente qui était stressée par son poste parce qu’elle devait porter des

choses lourdes dans ses bras, donc qui touchaient le sein irradié et opéré donc elle

voulait pas. Eventuellement j’crois qu’elle avait décidé, j’sais pas si elle avait

discuté avec son chef, de changer, son poste, y’avait une chose comme ça, je suis

pas très, très sûre mais demander de l’encadrer sur une autre chose, un autre

poste.» (MED_RADIO_7)

Variations selon le genre:

Les femmes citaient plus souvent le travail physique comme étant une barrière à la reprise.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 105: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

102

Elles évoquaient également la pression au travail, et le fait que le monde de l’entreprise

soit difficile comme facteurs barrières. Les répondants hommes ne les mentionnaient pas.

«C’est-à-dire, c’est surtout je pense, c’est, c’est avoir un moral correct pour

affronter le monde du travail qui est un monde difficile.» (MED_RADIO_6)

Variations selon le lieu d’exercice :

L’analyse en sous-groupes ne permettait pas de dégager de tendance selon le lieu

d’exercice.

5.5.3. Facteurs facilitateurs à la reprise du travail

Les facilitateurs à la reprise hors entreprise

Tous les médecins interrogés évoquaient des facteurs intrinsèques tels que la motivation

personnelle, ou la personnalité de la patiente ou l’état psychologique favorable de la

patiente, comme facteurs favorisant la reprise.

«A son boulot ils ont été aussi à l’écoute pour essayer d’aménager son poste mais.

Je pense que, je pense ce qui est en premier c’est l’envie de—l’envie de la patiente.

Après, après il faut avoir, effectivement l’employeur en face…» (MED_ONCO_1)

«Alors j’pense que c’est vraiment tempérament lié. Déjà j’pense que c’est la

première chose ou qui sont, qui est vraiment intrinsèque et...» (MED_ONCO_16)

«Oui, la motivation de la patiente, par rapport à son travail c’est quand même

effectivement assez, net hein. Parce que j’avais une autre patiente qu’a eu un

cancer du sein jeune, qu’est, une cadre , cadre supérieure, j’sais pas exactement ce

qu’elle fait, et qui, elle, effectivement pour le coup ça va être ma seule patiente qu’a

repris presque tout de suite à plein temps et qui n’a jamais dit que c’était difficile

pour elle.» (MED_CHIR_11)

«Et justement, il y a quelquefois des, fin vraiment je crois que c’est vraiment

extrêmement positif, et donc dès lors qu’il y a cet entrain qui redémarre et ben il y

a aussi un entrain pour reprendre l’activité professionnelle.» (MED_ONCO_5)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 106: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

103

«Ah, y’a l’état, ah, psychologique en fait, ça c’est qui est au premier, (en) fin, le

premier facteur au-delà de l’état physique, c’est psychologique. C’est si la patiente

se sent, sortie un peu de la bulle traitement, chimio, radiothérapie. Ou si elle reste

un peu dans la bulle, dans la crainte de la rechute, voilà.» (MED_ONCO_2)

Parmi tous les répondants, les facteurs financiers n’étaient que très rarement évoqués.

Les facilitateurs à la reprise dans l’entreprise

Les facteurs facilitateurs étaient :

-le soutien des collègues et de la hiérarchie (le même nombre d’incidences pour les deux,

donc le soutien des supérieurs hiérarchiques ne semblait pas être plus important que le

soutien des collègues)

«Alors quand y’a eu, quand y’a eu une écoute, un, une compréhension des

collègues que, une empathie, et, et ben elles ont envie de reprendre bien

évidemment, quand y’a un aménagement du temps de travail, enfin du, de la, du

travail, et, elles ont envie de reprendre plus facilement que quand elles sont pas

bien dans leur boulot. »(MED_CHIR_6)

-l’anticipation de la reprise et l’adaptation du poste

«Mais je trouve que beaucoup, on leur a, on a tenu compte, elles ont pu anticiper,

elles ont pu en discuter avant, même. Ouais, des aménagements du temps de

travail, mais, elles, elles l’évoquent pas non plus. Enfin, si parfois elles le disent,

elles disent, «oui, on m’a aidée sur mon lieu de travail.»» (MED_RADIO_3)

-la reprise à temps partiel thérapeutique.

Près de la moitié des répondants n’avaient pas évoqué de facteurs spécifiques à

l’entreprise.

Particularités dans les facteurs favorisants

Un des répondants pensait que le fait de bien préparer la reprise en amont était un facteur

favorisant, mais nous disait ne pas aborder le sujet avec ses patientes pour autant.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 107: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

104

Quelques rares répondants proposaient, comme facteur pouvant faciliter la reprise la

reconnaissance en tant que travailleur handicapé.

«Il me semble, il me semble que la règlementation par laquelle, les entreprises…,

mais je dis peut-être une bêtise, doivent récupérer vingt pour cent de malades,

doivent employer vingt pour cent pas de malades mais de personnes ayant le statut

d’adulte handicapé peut aider.» (MED_ONCO_5)

Quelques médecins identifiaient clairement les programmes d’APA comme facteur

favorisant le retour au travail. Les autres participants reconnaissaient le caractère bénéfique

de ces programmes mais ne faisaient pas clairement le lien avec le travail.

«L’occurrence avec PROG_A elles sont toutes vraiment très enthousiastes en

disant que à la fois physiquement on les prend en charge , mais aussi ,

psychologiquement, qu’elles ont un suivi, qu’y a des psys, et elles sont ouais, toutes

plutôt ultra enthousiastes à l’idée, après avoir fait ça et à l’idée de le faire

potentiellement.»

INVEST_8 : «Et elles disent que ça les influence dans le travail ?»

MED_ONCO_16 : «Non, ça je saurais pas, enfin je saurais pas, je saurais pas dire

oui ou non. En tout cas, j’peux pas dire non mais en tout cas ça m’a, ça a pas été,

ça a pas été abordé.» (MED_ONCO_16)

Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas des facteurs facilitateurs:

Variations selon la catégorie socio professionnelle:

L’analyse n’a pas permis d’expliquer les variations observées parmi les catégories

professionnelles.

Variations selon le genre:

Les répondantes femmes citaient plus souvent l’activité physique ou les programmes

d’APA.

Variations selon le lieu d’exercice :

Les répondants du CHU citaient la plus grande variété de facteurs favorisants.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 108: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

105

Les médecins exerçant dans le privé citaient plus souvent des facteurs motivationnels

propres à l’individu comme facteurs favorisant la reprise, plutôt que des facteurs liés à

l’entreprise.

5.5.4. Synthèse des analyses inter-cas

1er Point marquant : le manque de communication

Les cancérologues avaient très peu d’échanges entre eux sur le sujet de travail de leurs

patientes. Ils communiquaient également très peu sur cette thématique avec les médecins

généralistes, les médecins du travail, et les acteurs paramédicaux.

Le « focus groupe » de restitution des résultats appuyait ce point marquant :

«INVEST_8 : «Donc, c’est vrai, enfin, clairement, tous les médecins nous disent,

ben, il y a les discussions autour des cas, autour des cas compliqués mais on ne

parlera jamais entre nous d’une situation, d’une patiente au travail, enfin… »

MED_ONCO_3 : «Jamais !»

MED_ONCO_10 : « Ça, ça m’va très bien comme information. »

(MED_ONCO_10 et MED_ONCO_3)

2éme Point marquant : les rôles professionnels

Le rôle des médecins généralistes n’était pas clair pour les médecins interrogés mais

semblait important pour une partie d’entre eux.

Le « focus groupe » confirmait la méconnaissance du rôle du médecin généraliste. Les

deux médecins étaient partagés sur l’importance de son rôle. Cela ne permettait donc pas

d’affiner le résultat.

Les cancérologues ne connaissaient pas vraiment le rôle du médecin du travail.

Ce résultat a été affiné au moment du « focus groupe ». Les deux cancérologues avaient

tendance à orienter leurs patientes vers le médecin du travail lorsqu’ils identifiaient un

problème concernant cette question.

A la question : «Pensez vous qu’il est de votre rôle professionnel de faire le lien entre la

patiente et le médecin du travail?» L’un des médecins ne saisissait pas l’intérêt de faire ce

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 109: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

106

lien, citant comme argument sa réticence à dévoiler les informations médicales de la

patiente au médecin du travail qui, d’après lui, ne faisait pas partie du soin. Le deuxième

médecin aurait aimé pouvoir faire ce lien, mais avançait l’argument du manque de temps.

Au contraire, pour lui, cette démarche faisait partie de son rôle professionnel. D’autre part,

il insistait sur le fait que ce lien serait primordial pour les patientes ayant eu un arrêt de

travail prolongé.

3ème Point marquant : la place de la discussion du travail avec la patiente

Les médecins s’interrogeaient sur le bon moment pour évoquer le sujet du travail ainsi que

la meilleure façon de l’aborder.

Les résultats permettaient de décrire certaines tendances sur le déroulement de la

discussion autour de la question du travail. Certains chirurgiens évoquaient le travail au

moment des premières consultations, certains notaient seulement la profession, d’autres

abordaient ce sujet de façon approfondie afin de discuter des conséquences probables des

traitements. Les oncologues notaient la profession au début de leur prise en charge et n’en

reparlaient généralement pas pendant la phase de traitement. S’ils en reparlaient c’était

seulement lors du suivi. Enfin la majorité des radiothérapeutes évoquaient le sujet en fin de

radiothérapie et également pendant le suivi.

4ème Résultat marquant : l’impact de la chimiothérapie

Les médecins ne parlaient pas du travail avec leurs patientes pendant la chimiothérapie.

Le sujet était abordé par les oncologues rapidement en début de prise en charge en

oncologie médicale, puis seulement à la fin de la trajectoire de soin et au cours du suivi.

La chimiothérapie semblait avoir un retentissement important sur les possibilités de reprise

du travail. Les effets secondaires immédiats et tardifs de la chimiothérapie étaient souvent

identifiés comme des facteurs barrières à la reprise (fatigue, troubles cognitifs, ménopause

induite). Ce résultat n’était pas clairement mis en avant par les oncologues, mais plutôt par

les chirurgiens et les radiothérapeutes.

Lors du « focus groupe, » l’un des médecins confirmait qu’il s’agissait d’une réalité en

cancérologie : chaque spécialiste étant réticent à imputer les effets secondaires des patients

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 110: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

107

aux thérapeutiques qu’il dispense. Selon lui, cela s’expliquait notamment par la

problématique médicolégale.

D’autre part, concernant le retentissement important de la chimiothérapie sur les

possibilités de retour au travail, il est important de préciser, d’après un des médecins du

« focus groupe, » que cela n’est pas seulement lié aux effets secondaires biomédicaux de la

chimiothérapie. En effet, les patientes présentant une indication de chimiothérapie sont

également celles qui ont un moins bon pronostic et un risque de récidive plus élevé. Cette

réalité a probablement des retentissements psychologiques qui influencent le retour au

travail. (Ce point est également cité dans nos résultats).

5ème Résultat marquant : l’influence des facteurs intrinsèques

Les participants avançaient les facteurs intrinsèques tels que la motivation, le

tempérament, comme facteurs favorisant la reprise. Par ailleurs la dépression était

finalement assez peu citée comme facteur barrière à la reprise.

Le « focus groupe » de restitution des résultats nous a permis de discuter sur les

personnalités à risque dépressif. Il est possible de faire le lien entre les facteurs

intrinsèques et le syndrome dépressif post traitement qui peuvent parfois être étroitement

liés. En effet, lors de la restitution des résultats l’un des médecins évoquait les cas des

patientes présentant un terrain psychologique fragile avant le diagnostic. Selon lui,

l’épreuve de la maladie semblait être un tel traumatisme pour ces patientes qu’elles étaient

d’autant plus susceptibles de présenter un syndrome dépressif post traitement, devenant

alors un frein majeur à la reprise de leur activité professionnelle. Il soutenait que ses

patientes n’ayant pas encore repris plusieurs mois après la fin de la radiothérapie,

présentaient très souvent un syndrome dépressif post traitement.

MED_ONCO_3 : «Oui mais celles que moi je connais qui veulent pas retourner au

travail, elles pleurent dans mon bureau, toutes.»

MED_ONCO_10 : «Ça, c’est la dépression.»

MED_ONCO_3 : «Ça, c’est de la dépression. C’est généralement des femmes qui

ont perdu le respect d’elles-mêmes» (MED_ONCO_3 et MED_ONCO_10).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 111: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

108

6ème Point marquant : le besoin d’aval

Parmi les besoins évoqués par les cancérologues, il ressortait comme information

innovante le besoin d’avoir l’aval du cancérologue pour la reprise.

Les cancérologues du « focus groupe » étaient en accord avec ce résultat. Il leur paraissait

« logique » que les patientes aient besoin de leur avis pour reprendre, même si, eux ne

pensaient pas toujours être les mieux placés pour répondre à cette attente.

7ème Résultat marquant : l’estimation de l’importance du travail

L’analyse a mis en évidence des représentations variées et partagées: pour certains

médecins le travail était très important dans la vie des patientes, pour d’autres moins. Il y

avait souvent des retombées sur la prise en charge comme dans l’estimation des besoins:

ceux qui pensaient que le travail était important citaient plus de besoins en lien avec le

travail.

8èmeRésultat marquant : les adaptations permettant la reprise

Le retour au travail se passait mieux quand des adaptations étaient mises en place. Les

résultats mettaient en lumière plusieurs types d’adaptation. Les radiothérapeutes

organisaient les plannings des séances. Les oncologues médicaux faisaient quelques

adaptations de plannings pour les jours de chimiothérapie.

Dans le monde du travail, l’adaptation retrouvée principalement était le temps partiel

thérapeutique. Il était souvent cité comme une aide importante pour les patientes, mais pas

toujours accessible à toutes.

A noter que d’après les oncologues médicaux, les adaptations au travail étaient

essentiellement faites par les employeurs. De façon étonnante les médecins mentionnaient

peu les médecins du travail quand les adaptations de poste avaient été faites, mais

seulement l’employeur et les collègues.

Ce point n’a pas pu être abordé au cours du « focus groupe » de restitution des résultats.

9ème Point marquant : les différences entres les genres

-Les femmes parlaient plus des troubles cognitifs gênants pour la reprise du travail.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 112: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

109

-Les femmes disaient souvent avoir participé à l’étude dans le but d’améliorer leurs

pratiques professionnelles.

-Les hommes exprimaient moins souvent leur manque de formation sur le sujet.

-Les hommes mettaient souvent en avant leur intérêt pour la recherche ayant motivé leur

participation.

-Les femmes insistaient sur la nécessité de prendre du temps, et évoquaient plus souvent la

nécessité des programmes de réadaptation.

-Les hommes parlaient moins souvent de la nécessité d’adapter les plannings de traitement

que les femmes.

-Les hommes et les femmes avaient des représentations de la pénibilité du travail

différentes: les femmes évoquaient plus souvent le travail physique et la pression au travail

comme barrières à la reprise.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 113: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

110

DISCUSSION

1. Discussion des résultats au vu de l’état des connaissances actuelles

1.1. Le manque de communication

Les échanges entre les cancérologues étaient rares. De même, ils n’échangeaient que très

peu avec les médecins généralistes et les médecins du travail. Enfin, il en était de même

avec les acteurs paramédicaux. Une étude interrogeant les médecins du travail et les

professionnels du reclassement montrait l’importance de la communication

interprofessionnelle (3). D’après cette étude, le travail en partenariat était la clé d’un retour

au travail réussi ce qui ne ressortait pas du discours des médecins impliqués dans les soins.

Nos résultats corroborent ceux de cette étude.

Dans notre étude, les cancérologues admettaient avoir peu de contacts avec les médecins

généralistes, que ce soit de façon globale sur la prise en charge ou particulièrement

concernant la reprise du travail. Des études ont déjà été réalisées pour examiner les

interactions entre le monde hospitalier et les médecins généralistes (50), et plus

particulièrement entre les médecins généralistes et les équipes spécialisées en oncologie

(51), concernant les problématiques somatiques. Cependant les échanges concernant le

travail entre cancérologues et généralistes n’ont pas été à ce jour examinés dans la

littérature. Notre étude a ainsi montré qu’il y avait encore moins d’échanges entre les

cancérologues et les médecins généralistes sur la problématique du travail que sur les

problématiques somatiques.

1.2. Les rôles professionnels

Les cancérologues de notre étude ne connaissaient pas précisément le rôle professionnel du

médecin généraliste ni celui du médecin du travail. Ce manque de connaissances a été

illustré par Adam et Herzlich qui soutenaient que la surspécialisation médicale expliquait

la difficulté de chaque spécialiste à connaître le rôle professionnel de ses confrères (52).

Une étude récente a fait ressortir le rôle central du médecin du travail dont la mission est

d’évaluer l’état de santé des salariés et leur aptitude à reprendre le travail (3).

Contrairement à cette étude, l’importance du rôle du médecin du travail n’a pas été

identifiée par les cancérologues participant à notre étude.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 114: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

111

Lors du « focus groupe » de restitution des résultats, il a été évoqué le rôle professionnel

des cancérologues. Il a été demandé aux cancérologues présents de discuter sur leur rôle

professionnel. D’après eux, faire le lien entre le médecin du travail et la patiente ne relevait

pas de façon évidente de leur rôle professionnel. Ils justifiaient cela en évoquant le secret

professionnel, qu’ils ne pensaient pas forcément pouvoir partager avec le médecin du

travail. Or, il existe bien un partage du secret médical, avec l’accord du patient, entre le

médecin conseil, le médecin du travail et le médecin spécialiste. Cela doit se faire dans

l’intérêt de la patiente et se limiter aux éléments nécessaires pour sa prise en charge (53).

Comme nous l’avons mentionné précédemment, le rôle des médecins généralistes n’était

également pas clair pour les médecins interrogés mais semblait important pour une partie

d’entre eux. D’après la littérature, les médecins généralistes sont impliqués dans la prise en

charge du cancer du sein. Dans l’étude de Bungener et al. (2009), 78% des médecins

généralistes étaient actifs sur les aspects sociaux et familiaux de la gestion de la maladie, et

pour 72 % de leurs patients suivis pour un cancer, ils réalisaient un suivi psychologique et

empathique. Ils assumaient une proximité revendiquée par leurs patients (51). Les auteurs

concluaient également que les médecins généralistes avaient une perception d’inégalités

d’échanges avec les cancérologues. Ces inégalités pouvaient être classées en trois

catégories : les lacunes dans la transmission d’informations sur les patients, le mépris de

leurs confrères spécialistes à leur égard, et la perte de certains de leurs patients. Dans notre

étude les cancérologues ne semblaient pas mépriser les médecins généralistes, certains,

même lui accordaient un rôle central du fait de sa proximité avec les patientes. Cette

proximité était également mise en avant par l’étude de Bungener (2008). En effet, d’après

ce travail, les médecins généralistes se considéraient également plus proches de leurs

patients (54).

Une méta-analyse récente, a réaffirmé l’existence d’un rôle important des médecins

généralistes dans la prise en charge de l’après cancer. Dans plusieurs études de cette méta-

analyse, le rôle du médecin généraliste était surtout d’agir comme un facilitateur et

défenseur des malades dans leur parcours de soins. Les médecins généralistes et les

patients atteints de cancer souhaitaient qu’un rôle plus important soit accordé aux médecins

généralistes pour améliorer la qualité des soins après le cancer (55). Ces études appuyaient

l’impression exprimée par certains médecins interrogés dans notre étude sur l’importance

du rôle du médecin généraliste dans la prise en charge du post cancer.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 115: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

112

1.3. La place de la discussion du travail avec la patiente

Les médecins de notre étude s’interrogeaient sur le bon moment pour évoquer le sujet du

travail avec les patientes ainsi que sur la meilleure façon de l’aborder. Plusieurs études ont

suggéré que les femmes étaient en attente de conseils de la part des professionnels de santé,

mais n’en recevaient pas suffisamment d’après elles (29), (34). Selon Wells et al. (2013),

les professionnels de santé étaient en situation d’échec quant à la satisfaction de ce besoin

(29). Les résultats de notre étude vont également dans ce sens : les cancérologues de notre

étude s’interrogeaient sur leur manque de connaissances ou de ressources pour aider les

femmes à reprendre leur travail.

Une autre étude, anglaise, menée auprès de patientes survivantes du cancer du sein (pour la

majorité), trouvait qu’il y avait peu d’échanges entre le médecin (médecin généraliste ou

cancérologue) et le patient sur le retour au travail, il s’agissait d’un sujet peu abordé, et les

médecins laissaient les patientes décider seules de leurs modalités de reprise. Les patientes

de cette étude comprenaient la difficulté des médecins à donner leur avis sur cette

problématique qui leur semblait très personnelle. D’autres patientes attendaient quand

même ce type de conseils de la part de leur médecin (28). Ces résultats ne sont pas

parfaitement en accord avec le discours des cancérologues que nous avons interrogés. En

effet, d’après eux, il s’agissait d’un sujet de discussion fréquent, même s’ils n’avaient pas

toujours les réponses à apporter à leurs patientes.

En ce qui concerne le bon moment pour parler de la reprise du travail, une étude française

récente indiquait que, pour les femmes ayant repris le travail dans les deux ans après la fin

des traitements, le moment idéal pour en parler était pendant ou à la fin du traitement (56).

Pour les femmes n’ayant pas repris le travail, le moment idéal pour parler de la reprise du

travail se situait plutôt au delà d’un an après la fin des traitements. Les cancérologues de

notre étude avaient tendance à évoquer le sujet de la reprise pendant le traitement et au

cours du suivi, ce qui nous semblait en accord avec le besoin des femmes ayant repris une

activité professionnelle dans les deux ans après la fin des traitements. Le fait d’aborder le

sujet du retour au travail précocement dans la prise en charge semblait être un besoin des

femmes ayant eu un cancer du sein et un facteur favorisant la reprise.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 116: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

113

1.4. L’impact de la chimiothérapie

Une revue de la littérature a montré des résultats nuancés sur l’influence que pourrait avoir

la chimiothérapie sur le travail. En effet, certaines études pointaient une influence négative

de la chimiothérapie sur le travail (57) mais d’autres ne faisaient pas le lien (39), (56).

Dans notre étude, la chimiothérapie semblait avoir un retentissement important sur les

possibilités de reprise du travail du fait de ses effets secondaires importants et durables.

Parmi ces effets secondaires, les plus fréquemment cités, étaient la fatigue, les troubles

cognitifs, et la ménopause induite. Mais comme précisé dans les résultats, aucun n’était

cité de façon unanime ni majoritaire. En ce qui concerne les troubles cognitifs, nous notons

qu’une grande partie des cancérologues n’ont pas du tout soulevé ce problème, ce qui

semble étonnant au vu des résultats de la littérature. Dans une étude récente, Keslser et al.

(2016), soulignent que les troubles cognitifs sont plus fréquents chez les patientes ayant eu

un traitement par anthracyclines (58).

Le retentissement psychologique en lien avec le fait d’avoir eu de la chimiothérapie

(pronostic aggravé et risque de récidive plus important) a été cité, lors du « focus groupe, »

comme facteur influençant la reprise du travail. L’un des médecins expliquait la nature

probablement plus anxiogène du discours tenu aux patientes nécessitant une

chimiothérapie, par rapport aux patientes n’en ayant pas besoin. D’après lui, ces patientes

subissaient donc un « traumatisme psychologique » plus important qui pouvait influencer

la reprise du travail.

1.5. L’influence des facteurs intrinsèques

Le type de personnalité des patientes est un facteur intrinsèque qui influence le vécu de la

maladie (52). D’autres études ont mis en évidence des facteurs intrinsèques influençant le

travail, tel que l’intérêt personnel du patient pour son travail (28). Il en va de même dans

notre étude où les cancérologues mettaient en avant les facteurs intrinsèques tels que la

motivation et le tempérament comme facteurs favorisant la reprise.

L’acceptation de la maladie était également un facteur intrinsèque, favorisant le retour au

travail, retrouvé dans notre étude. Cette notion est concordante avec la théorie du «coping»

évoquée par C. Stanko dans sa thèse sur la fatigue après le cancer du sein (59). Guittard et

al. (2016) mettaient en avant « le sentiment d’avoir la capacité de travailler » comme un

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 117: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

114

facteur important influençant positivement la reprise du travail (56). Notre travail renforce

ce résultat en montrant l’importance des facteurs intrinsèques dans la reprise du travail.

Dans notre étude, la dépression était assez peu citée par les cancérologues comme facteur

barrière, alors que dans la littérature ce facteur était fréquemment cité comme influençant

négativement la reprise (27). Il était également cité l’appréhension de la reprise (56) ce qui

ressortait également dans les discours de certains cancérologues de notre étude.

1.6. Le besoin d’aval

Parmi les besoins évoqués par les cancérologues, il ressortait comme information

innovante le besoin des patientes d’avoir l’aval du cancérologue pour la reprise du travail.

Plusieurs études ont évoqué que les femmes bénéficiaient de peu de conseils de la part des

professionnels de santé concernant la reprise du travail. De ce fait, elles organisaient, elles-

mêmes, les circonstances de leur reprise professionnelle alors qu’elles auraient aimé que

les médecins les orientent plus sur cette problématique (28) (60) (61). Dans notre étude,

nous avons mis en évidence le besoin des patientes d’avoir l’aval du cancérologue quant à

la reprise du travail. Ce résultat est tout à fait concordant avec les besoins exprimés par les

patientes dans ces études. Les femmes semblaient donc être dans l’attente de plus

d’implication de la part du cancérologue concernant la question de la reprise du travail.

Ces résultats peuvent être mis en lien avec ceux d’une étude récente, qui a identifié les

professionnels de santé comme la première source d’informations concernant les besoins

des femmes en lien avec le travail (62). En effet, les professionnels de santé interrogés

considéraient avoir une place privilégiée auprès des patients pour délivrer ces informations

et aider les patients à faire valoir leurs droits. Ces résultats sont à nuancer, car la population

interrogée dans cette étude américaine n’incluait pas les médecins mais des gestionnaires

de cas et des travailleurs sociaux.

D’autre part, nos conclusions appuyaient celles de Duijts et al. (2014) dans la nécessité de

l’implication du corps médical et dans la prise en compte des difficultés, secondaires aux

thérapeutiques, rencontrées par les patientes sur le long terme (27).

1.7. L’estimation de l’importance du travail

Notre analyse a mis en évidence des représentations partagées: pour certains médecins, le

travail des patientes était un sujet très important, pour d’autres moins. Ces différentes

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 118: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

115

représentations avaient souvent des retombées sur les pratiques professionnelles des

médecins et sur leur vision des besoins des femmes. Ceux qui pensaient que le travail était

important citaient plus de besoins en lien avec le travail. Cette notion se rapprochait des

résultats de Murphy et al. (2016).

Selon Kennedy (2007), certaines patientes avaient le sentiment que les médecins étaient

détachés de la problématique du retour au travail après le cancer. Dans notre étude, cela ne

semblait pas être le cas de la majorité des médecins. En effet, certains cancérologues

accordaient beaucoup d’importance à cette problématique.

1.8. Les adaptations permettant la reprise

Les adaptations des plannings de traitements permettaient le maintien de l’emploi, chez les

patientes qui le souhaitaient, pendant la phase de traitement, d’après les cancérologues de

notre étude. Cependant, certaines patientes d’une étude anglaise mettaient en avant le

manque de flexibilité des plannings de consultations (29). Il semblerait que les adaptations

des plannings hospitaliers ne soient pas encore suffisantes. Cela pourrait peut-être

s’expliquer par une différence entre les pays d’analyse.

La possibilité d’adaptation de poste était un des facteurs associé positivement à la reprise

du travail après traitement (34). Notre étude confirme ce résultat.

Le temps partiel thérapeutique a été évoqué comme facteur favorisant la reprise d’après

plusieurs études françaises (56), (3). Les cancérologues interrogés dans notre étude

évoquaient souvent le temps partiel thérapeutique comme une aide importante. Dans une

thèse récente, toutes les patientes participant à un programme de réadaptation souhaitaient

reprendre à temps partiel (63). Il était souvent cité comme un facteur favorisant la reprise

des patientes. Par ailleurs, les médecins de notre étude notaient que le temps partiel

thérapeutique n’était pas accessible à toutes les patientes qui auraient souhaité en

bénéficier. En effet, l’employeur a le droit de s’opposer à cette mesure s’il considère

qu’elle n’est pas adaptée à son organisation (53), ce qui était plus souvent le cas dans les

petites entreprises (moins de 50 employés) (56).

Dans la littérature, la modification de poste était parfois perçue comme une forme de

discrimination par les patientes (26). Les oncologues de notre étude ne mettaient pas en

évidence cette problématique.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 119: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

116

1.9. Les différences entre les genres

Les différences entre les genres mises en évidence dans la section résultats sont originales.

Nous n’avons pas retrouvé de notions similaires dans la littérature. Nous avons conscience

que l’utilisation d’une méthodologie qualitative ne nous permet pas de généraliser ces

résultats. Ils n’en sont pas moins intéressants et innovants, et pourraient faire l’objet de

nouvelles recherches plus vastes, par exemple sous forme d’enquête.

1.10. Les autres résultats

Discussion des facteurs influençant la reprise du travail

Nous avons noté que les facteurs sociodémographiques tels que l’âge, le niveau d’études,

le statut professionnel et les ressources disponibles au moment du diagnostic étaient

fréquemment cités dans la littérature comme influençant la reprise du travail (56), (39),

(18), (30), (45), alors que les cancérologues de notre étude n’en parlaient pas. D’autres

études n’ont pas mis en évidence de lien entre les facteurs sociodémographiques et le

travail (24). Une étude récente a mis en évidence que le fait de vivre en couple était un

facteur favorisant le retour au travail, ce qui nous a été confirmé par un des médecins

interrogés ainsi qu’au moment du « focus groupe » (retour au terrain) (56). La pression

financière était souvent citée dans la littérature (56), (26), (28) comme facteur

encourageant les patientes à reprendre le travail. Les cancérologues de notre étude ne

citaient que très rarement ce facteur. Le soutien des collègues était souvent cité dans la

littérature comme un facteur influençant positivement la reprise (28).

La notion de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) chez les

femmes atteintes de cancer du sein était peu étudiée dans la littérature française. Saliba et

al. (2013) indiquaient qu’il s’agissait d’un outil important (3). Cette notion était nuancée

par Guittard et al. (2016) qui montraient que la RQTH était demandée plus fréquemment

pour les femmes qui ne reprenaient pas le travail, et que cette démarche avait plutôt

tendance à retarder le retour au travail du fait de la longueur de mise en place de cette

mesure ( 4 à 12 mois selon les lieux) (53).

La fatigue était un élément mis en avant comme effet secondaire immédiat et durable des

diverses thérapeutiques. A noter que la littérature montrait qu’il s’agissait également d’un

effet secondaire de la radiothérapie (64), (59), un élément qui ne ressortait pas chez les

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 120: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

117

radiothérapeutes interrogés. Dans une étude récente, la fatigue était également citée comme

le premier facteur créant des difficultés au travail (62).

Les études ne sont pas unanimes sur l’influence du type de chirurgie (tumorectomie ou

mastectomie) sur le retour au travail. Certaines études ont montré l’influence positive

d’une chirurgie moins invasive sur les possibilités de retour au travail (25). D’autres n’ont

pas montré d’influence du type de chirurgie sur les possibilités de travail (56). Pour notre

part, certains médecins ont évoqué une influence négative d’une chirurgie plus invasive qui

pourrait avoir un effet sur le travail. Par ailleurs, le curage ganglionnaire est souvent

évoqué dans la littérature comme un facteur frein à la reprise du travail (56), ce que nos

résultats confirment. En effet, les cancérologues citaient souvent le lymphœdème

secondaire à ce geste chirurgical comme un frein majeur à la reprise du travail. Cela était

particulièrement évoqué pour les patientes ayant un travail physique. Le fait d’avoir un

travail physique était souvent noté dans la littérature comme un facteur influençant la

reprise (24), (26), (3), (25). Nos résultats concordent avec cette notion, particulièrement

chez les médecins femmes.

Une autre étude notait, qu’une meilleure connaissance par les professionnels de santé, de

l’influence des effets secondaires du cancer et des traitements sur le travail, ainsi que des

ressources pour aider les patients, leur permettrait de favoriser la reprise du travail dans de

bonnes conditions (62).

Discussion sur les exigences des patientes atteintes du cancer du sein

Le « focus groupe » a mis en lumière les exigences des femmes atteintes de cancer du sein

non métastatique par rapport aux femmes atteintes de cancer du sein en situation

métastatique et par rapport aux patients atteints d’autres cancers. Ces exigences

apparaissaient également dans le discours de certains médecins interrogés. D’après les

médecins du « focus groupe, » la médiatisation et « popularité » du cancer du sein dans la

population générale font que ces patientes ont souvent des connaissances sur ce sujet et

beaucoup d’attentes vis-à-vis du monde médical. Cela s’expliquait aussi, d’après les

médecins du « focus groupe, » par la particularité de l’organe atteint. «C’est pas un organe

comme les autres ! » (MED_ONCO_3). En effet, le sein est le symbole extérieur de la

féminité. De ce fait, les patientes ont tendance à être exigeantes quant à la prise en charge

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 121: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

118

de ce cancer. Cela s’explique peut-être par les exigences qu’elles pourraient subir dans leur

couple et dans la société vis-à-vis de cet organe.

2. Forces et faiblesses de l’étude

2.1. Forces

Liées à la question de recherche

Cette étude permet d’avoir une première vision, du point de vue des cancérologues sur les

besoins professionnels des femmes ayant eu un cancer du sein. L’originalité de cette

question de recherche est dans le fait d’avoir interrogé spécifiquement des cancérologues

prenant en charge ces femmes. Ce point de vue n’était pas, à notre connaissance, abordé

dans la littérature.

Aujourd’hui, le cancer du sein est un cancer de très bon pronostic, les femmes désirent

donc reprendre leur travail après leur traitement. Cette pathologie est actuellement bien

prise en charge sur le plan biomédical par les cancérologues mais la prise en charge

socioprofessionnelle présente des lacunes. Il était donc important d’interroger les

cancérologues afin de confronter leur point de vue aux résultats de la littérature sur les

besoins exprimés par les patientes.

Le fait que cette étude ait été menée par deux internes en médecine générale nous semble

être un point fort. En effet les deux chercheurs ont sollicité le point de vue des

cancérologues face à une problématique bio psycho sociale qui est un paradigme en

médecine générale, mais semble moins habituel pour les cancérologues, qui sont pour la

plupart focalisés sur des problématiques purement bio- médicales. En effet cela nous a été

confirmé par un des cancérologues interrogés.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 122: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

119

«Je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle pose des

questions atypiques à mon sens. En tout cas atypiques dans…, pour un

cancérologue qui a l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en

cancérologie. Parce que justement la question qui…, la thématique est une

thématique qui n’est pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est

l’optimisation du traitement des patientes. Là on est sur un versant plus sociétal,

qui fait évidemment partie de la qualité du service proposé aux patientes atteintes

de cancer, mais qui ne fera jamais les gros titres d’un compte rendu de l’ASCO ou

de l’ESMO, parce qu’on n’est pas directement dans la thérapeutique. »

(ONCO_MED_10)

La construction de la problématique dans un paradigme bio psychosocial, et la conduite

des entretiens par de futurs médecins généralistes ont permis le questionnement et

l'expression des cancérologues sur des thématiques dans le champ psychologique, social et

professionnel. L'exploration de ce registre en décalage avec leurs préoccupations

habituelles les plus prégnantes dans le champ de la thérapeutique n'aurait probablement pas

été possible avec un interlocuteur cancérologue. À ce titre, nous pensons que la conduite de

l'étude par des internes en médecine générale et la confiance qui leur a été faite par les

participants doivent être considérées comme des forces de l'étude.

Liées à la méthode

Notre méthodologie s’est appliquée à respecter les critères de rigueur communément admis

en recherche qualitative (65). L’échantillonnage théorique a procédé à la fois en cascade

(ou « boule de neige ») pour identifier des participants et de façon intentionnelle pour les

choisir dans les trois catégories différentes de médecins spécialistes en cancérologie

(oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes). Il s’agissait d’une des forces de l’étude car les

informateurs clés choisis répondaient bien aux critères de rigueur de méthodologie

qualitative : motivation pour la participation à l’étude, expérience dans le domaine et

capacité d’expression. D’autre part, l’élaboration de l’arbre de codage nous a permis de

coder nos données pour ensuite les catégoriser en tableaux de synthèse.

Une autre force méthodologique de l’étude était d’annoncer aux participants

l’anonymisation au début de l’entretien ce qui facilitait une expression libre.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 123: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

120

La réalisation de cette thèse en binôme a permis de renforcer la fiabilité de l’étude du fait

de la triangulation tout au long de ce travail. En effet une triangulation a été réalisée entre

les chercheurs et leur directeur de thèse pour l’élaboration du guide d’entretien, de l’arbre

de codage et de la grille de synthèse. Il en a été de même pour l’analyse des résultats. A

noter que le guide d’entretien a évolué au cours de la phase de recueil des données pour

répondre au mieux aux objectifs de l’étude. D’autre part, les chercheurs ont tenu un carnet

de bord avec des notes de terrain, qui ont permis de contextualiser les résultats.

La réalisation d’une séance de retour au terrain en présence de deux cancérologues, dont

un non interrogé dans l’étude, a permis la validation des résultats ce qui a renforcé leur

validité interne.

Liées aux résultats

Notre méthode d’échantillonnage a permis d’obtenir un échantillon équilibré. La

répartition des participants selon : le lieu d’exercice (entre le CHU, le centre de lutte contre

le cancer, et les centres privés), la catégorie professionnelle, le genre et l’âge des

participants, était assez bonne.

L’intérêt principal de cette étude est d’avoir mis en évidence des résultats originaux, non

attendus par les chercheurs initialement. De plus, nos résultats ont confirmé les hypothèses

de recherche émises initialement.

D’autre part, la collaboration entre médecin généraliste et cancérologue est insuffisante

cela probablement par méconnaissance du rôle professionnel du médecin généraliste par le

cancérologue. Enfin ces résultats permettent d’avoir une première vision sur les pratiques

professionnelles des cancérologues concernant le retour au travail des patientes.

2.2. Faiblesses

Liées à la question de recherche

Notre question de recherche visait à recueillir la vision des cancérologues concernant les

besoins des femmes. Or, notre impression est que certains cancérologues que nous avons

interrogés n’étaient pas tout à fait à l’aise pour identifier certains besoins de leurs patientes,

en lien avec le travail. Quand des besoins étaient identifiés, les médecins exprimaient être

en difficulté pour y répondre.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 124: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

121

Liées à la méthode

Une des limites de l’étude sur le plan méthodologique était que les chercheurs étaient

novices dans les techniques d’entretien semi-structuré et ont probablement, de ce fait,

influencé partiellement les réponses de leurs interlocuteurs. Nous avons par ailleurs

remarqué que la qualité des entretiens s’est améliorée au fil du recueil. D’autre part, les

conditions n’étaient pas toujours propices. Les cancérologues avaient parfois des

contraintes professionnelles qui les obligeaient à répondre au téléphone lors de l’entretien

ou à écourter celui-ci par contraintes de temps.

L’analyse selon l’approche de la théorisation ancrée a été imparfaite. Le principe de recueil

avec analyse simultanée des données n’a pas toujours pu être respecté. En effet, la

codification et la catégorisation des données n’ont pas pu être réalisées dans la suite

immédiate des entretiens pour plusieurs raisons. La première étant la sous-estimation par

les chercheurs du délai de retranscription. La deuxième étant l’interruption inattendue et

prolongée du recueil des données par l’un des chercheurs, pour raisons personnelles. Il en a

résulté un décalage du recueil des données entre les deux chercheurs ce qui ne permettait

pas une triangulation immédiate. Cela a donc retardé la catégorisation de l’ensemble des

données ainsi que leur analyse.

Une limite possible de l'étude tient à la formulation des questions du guide d'entretien qui

ont pu poser des problèmes de compréhension auprès des répondants au début de l'étude.

Nous avons partiellement corrigé cette limite en soumettant notre guide d’entretien à la

validation d’un expert (investigateur de FASTRACS différent de notre directeur de thèse).

D’autre part, au début du recueil, le guide d’entretien de l’étude, ne ciblait pas

suffisamment notre question de recherche principale. Cela a été en partie corrigé par l’ajout

de questions à l’issue des deux premiers entretiens.

Il est possible que nos résultats aient été biaisés par l’effet du chercheur sur le site. En

effet, nous sommes deux médecins généralistes en formation. Les médecins interrogés

connaissant notre spécialité, mesuraient probablement leurs propos quant aux médecins

généralistes. D’autre part, nous pensons qu’il y a également eu un effet du site sur le

chercheur. Un des chercheurs était personnellement affecté par une problématique de santé

au moment du recueil, et a pu inconsciemment influencer le discours des médecins

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 125: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

122

interrogés. Cela a été contré par la rédaction de notes de terrain, et la prise en compte de

celles-ci dans l’analyse des résultats.

Liées aux résultats

Le nombre d’entretiens réalisés a été proposé initialement par les chercheurs et leur

directeur de thèse, par contraintes de faisabilité de l’étude. En effet, il a été noté, dès le

début de l’étude qu’il serait compliqué de recruter vingt cancérologues pour des entretiens

d’environ quarante-cinq minutes du fait du manque de disponibilité de ces médecins.

D’ailleurs, le recrutement par courriel a parfois nécessité plusieurs relances, certains

médecins n’ont pas répondu. La réalisation du nombre prévu d’entretiens s’est déjà révélée

ambitieuse, et les chercheurs n’ont de ce fait pas pu réaliser d’entretiens supplémentaires.

Malgré cela, nous avons rapidement atteint la saturation des données en ce qui concernait

notre objectif secondaire (lien entre les cancérologues et les médecins généralistes). Quant

à notre objectif principal, il n’apparaissait pas de données innovantes durant les derniers

entretiens.

Les chercheurs ont remarqué que les résultats les plus marquants n’étaient pas forcément

en lien direct avec les questions prévues par le guide d’entretien. Ceci est le propre des

études de recherche qualitative permettant aux chercheurs de découvrir des résultats non

prévus par leurs hypothèses initiales, et cela permet d'ouvrir des pistes de recherche pour

des études futures.

3. Retombées

3.1. Pratiques

Les cancérologues disaient fréquemment orienter les patientes vers le médecin du travail,

oralement ou de façon informelle. Il nous semblerait utile, au vu de nos résultats, et sous

réserve de l’accord des patientes, d’ancrer cette demande par écrit au moyen d’un courrier

adressé au médecin du travail, ce qui se rapprocherait de la démarche qu’ils ont

habituellement avec les autres médecins (chirurgiens, oncologues médicaux,

radiothérapeutes, médecins généralistes) prenant en charge ces patientes. Cela permettrait,

d’inclure le médecin du travail dans le protocole de soins des patientes, et d’améliorer la

prise en charge globale de celles-ci.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 126: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

123

Nous avons constaté que les cancérologues connaissaient peu le rôle du médecin du travail,

en particulier en ce qui concerne le partage du secret professionnel. Il serait important de

rappeler aux cancérologues qu’il est tout à fait possible et souhaitable qu’ils transmettent

les informations médicales concernant les patientes au médecin du travail. Il est important

d’insister sur le fait que ce partage doit se passer en accord avec les patientes, et que les

informations transmises doivent être restreintes aux informations nécessaires à la reprise

du travail. Il est à rappeler que ce partage d’informations doit toujours être réalisé dans

l’intérêt des patientes. Ces rappels pourraient se faire au moyen de formations « sur

mesure » pour les cancérologues pour leur permettre de mieux aider les femmes dans leurs

démarches de reprise du travail. Ces formations comprendraient des rappels sur le rôle du

médecin du travail, sur les bénéfices de la visite de pré-reprise ainsi que sur l’ensemble des

démarches aidant les femmes à faire valoir leurs droits en ce qui concerne le retour au

travail.

D’autre part, il serait intéressant de proposer aux cancérologues un parcours standardisé

pour rentrer en contact avec le médecin du travail, particulièrement pour les patientes pour

qui l’arrêt de travail se prolonge de façon inattendue après la phase de traitement (au delà

d’un an après la fin de la radiothérapie). Actuellement, en dehors d’une minorité de

patientes adressées en visite de pré-reprise, il n’est pas proposé de façon systématique à ces

femmes de rencontrer le médecin du travail, tant que la démarche de reprise n’a pas été

entamée par la patiente elle-même. Les cancérologues devraient être en mesure de

proposer une rencontre systématique avec le médecin du travail tout en rassurant la

patiente sur les intérêts de cette visite de pré-reprise prévue par le code du travail. Celle-ci

serait dans l’optique d’anticiper la reprise, sans forcément l’envisager immédiatement. Les

cancérologues devraient pouvoir s’assurer de la prise de contact entre la patiente et la

médecine du travail, avant de prolonger les arrêts de travail. Il en va de même pour les

médecins généralistes.

Un autre résultat marquant de notre étude était la sous-estimation du lien entre le syndrome

dépressif et l’absence de reprise du travail. Ce résultat est discuté dans la littérature. Il a été

également abordé lors de notre « focus groupe » de retour au terrain avec les

cancérologues. Ils avaient un avis partagé sur le sujet. Un des médecins constatait que la

vaste majorité de ses patientes, n’ayant pas repris le travail, présentaient un syndrome

dépressif. Le second cancérologue ne mettait pas en évidence ce résultat dans sa pratique.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 127: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

124

Il nous paraît important de rappeler que le syndrome dépressif post-traitement doit être pris

en charge en tant que tel, pour limiter son impact sur la reprise du travail. Il nous

semblerait donc important que les cancérologues s’assurent que ce syndrome dépressif soit

identifié et suffisamment pris en charge. Il en va de même pour le médecin généraliste.

Notre étude a montré que les femmes avaient besoin de l’aval de leur cancérologue pour la

reprise du travail. Or, les cancérologues ne se sentaient pas toujours en mesure de répondre

à cette demande, même s’ils la comprenaient. Il nous semblerait donc utile, comme le

proposait l’un des médecins de notre étude, de mettre en place un outil pratique tel qu’une

grille d’évaluation. Cette grille pourrait comprendre l’indentification de facteurs barrières à

la reprise, qui pourraient être classés en trois catégories de critères :

- liés aux patientes: la dépression, les troubles cognitifs, les douleurs, etc.

-liés à l’environnement familial: le manque de soutien pour la reprise, contraintes

logistiques

-liés à l’environnement professionnel : les exigences importantes du travail sur le

plan physique et/ou cognitif, l’impossibilité d'aménagement du travail, le manque

de soutien social (des collègues et/ou de l'encadrement).

Ce type d’outil pourrait aider les médecins à déterminer la capacité des patientes à

reprendre leur travail dans de bonnes conditions. Il s’agirait d’un outil pratique et

accessible comme le GDS (Geriatric Depression Scale) pour la dépression des personnes

âgées.

3.2. Retombées scientifiques

Notre travail de thèse s'intègre dans le projet FASTRACS dont l'objectif est de développer,

d’implémenter et d’évaluer une intervention pour améliorer le retour au travail dans de

bonnes conditions et le maintien dans l’emploi suite à un cancer du sein. Ce projet repose

sur le protocole de l'intervention mapping dont la première étape est l'évaluation des

besoins auprès des différents acteurs. Notre travail fait partie de la première étape

d'évaluation des besoins perçus par les cancérologues. D'autres études sont en cours pour

évaluer les besoins auprès des patientes, des médecins généralistes, des employeurs, et des

partenaires institutionnels. La comparaison des besoins perçus par les différentes

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 128: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

125

catégories d'acteurs permettra d'identifier les points de convergence, et les spécificités. Aux

termes de l'évaluation des besoins, il est prévu par le projet FASTRACS de développer et

de tester une intervention pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l'emploi

après un cancer du sein.

Selon la dernière thèse s’intégrant également dans l’évaluation des besoins du projet

FASTRACS, les femmes semblaient accorder au médecin généraliste un rôle secondaire

dans la problématique de la reprise du travail (63). Les cancérologues de notre étude

attribuaient au médecin traitant un rôle important sans pour autant pouvoir bien le définir.

Une évaluation des besoins auprès des médecins généralistes est actuellement en cours afin

de confronter leur point de vue à celui des patientes et des cancérologues.

D’autre part, nous avons mis en évidence des lacunes de communication entre les

médecins généralistes, les médecins du travail et les cancérologues concernant la

problématique du travail. Il serait donc utile d’évaluer les facteurs barrières à une

communication efficace.

Enfin, nous avons proposé dans la section précédente un outil permettant d’améliorer les

pratiques professionnelles à savoir, une aide pour les médecins afin d’évaluer la capacité

des patientes à reprendre le travail. Il serait donc intéressant de développer et tester ce type

d’outil au moyen d’études scientifiques.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 129: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

126

THESE SOUTENUE PAR : KOCHAN Angelika

CONCLUSIONS Le cancer du sein est une maladie fréquente et de bon pronostic. Il est donc crucial de

s’efforcer d’aider les femmes à retrouver une pleine participation sociale après cette

épreuve. Le retour au travail est une attente forte pour la majorité des patientes en activité

au moment du diagnostic.

Nos résultats mettent en évidence certaines notions clés. D’après les cancérologues, les

femmes ont besoin de leur aval pour la reprise du travail. Cette reprise est selon eux

influencée principalement par des facteurs intrinsèques à la patiente tels que la motivation

et un tempérament volontaire. En revanche, le syndrome dépressif réactionnel n’est pas

avancé comme facteur barrière à la reprise pour la plupart des médecins interrogés. Les

cancérologues ont souligné que le traitement par chimiothérapie influence beaucoup le

retour au travail par ses effets secondaires importants et durables, même si les troubles

cognitifs ne sont pas cités systématiquement.

Du fait de ces traitements contraignants il est important, dans le discours des

cancérologues, que des adaptations puissent être proposées aux patientes, autant sur le plan

professionnel que thérapeutique. Les discussions des cancérologues avec leurs patientes

sur la question du travail suscitent chez eux des interrogations quant au moment propice et

la bonne manière d’aborder cette problématique pour laquelle ils sont en difficulté pour

conseiller leurs patientes. A l’issue de ces discussions, il est noté que la reprise à temps

partiel thérapeutique est une mesure jugée utile par les cancérologues pour faciliter le

retour au travail des femmes après un cancer du sein.

Cette étude constate un manque de communication entre les cancérologues et les médecins

généralistes, mais aussi avec les autres acteurs que sont les médecins du travail et les

acteurs paramédicaux. Ce manque de communication est probablement le reflet d’une

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 130: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

127

méconnaissance des rôles professionnels respectifs des médecins intervenant dans la prise

en charge de ces patientes. Malgré cette méconnaissance, les cancérologues s’accordent

pour la plupart sur le rôle important du médecin généraliste dans cette problématique. De

nouveaux travaux de recherche sont nécessaires pour préciser les modalités concrètes de

cette collaboration nécessaire entre les cancérologues, les médecins généralistes, les

médecins du travail et les autres acteurs pour faciliter le retour au travail après un cancer

du sein.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 131: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

128

THESE SOUTENUE PAR : Mme. GASPAROUX Clémentine (Epouse JORDAN)

(en binôme avec Mme KOCHAN Angelika)

CONCLUSIONS Le cancer du sein est une maladie fréquente et de bon pronostic. Il est donc crucial de

s’efforcer d’aider les femmes à retrouver une pleine participation sociale après cette

épreuve. Le retour au travail est une attente forte pour la majorité des patientes en activité

au moment du diagnostic.

Nos résultats mettent en évidence certaines notions clés. D’après les cancérologues, les

femmes ont besoin de leur aval pour la reprise du travail. Cette reprise est selon eux

influencée principalement par des facteurs intrinsèques à la patiente tels que la motivation

et un tempérament volontaire. En revanche, le syndrome dépressif réactionnel n’est pas

avancé comme facteur barrière à la reprise pour la plupart des médecins interrogés. Les

cancérologues ont souligné que le traitement par chimiothérapie influence beaucoup le

retour au travail par ses effets secondaires importants et durables, même si les troubles

cognitifs ne sont pas cités systématiquement.

Du fait de ces traitements contraignants il est important, dans le discours des

cancérologues, que des adaptations puissent être proposées aux patientes, autant sur le plan

professionnel que thérapeutique. Les discussions des cancérologues avec leurs patientes

sur la question du travail suscitent chez eux des interrogations quant au moment propice et

la bonne manière d’aborder cette problématique pour laquelle ils sont en difficulté pour

conseiller leurs patientes. A l’issue de ces discussions, il est noté que la reprise à temps

partiel thérapeutique est une mesure jugée utile par les cancérologues pour faciliter le

retour au travail des femmes après un cancer du sein.

Cette étude constate un manque de communication entre les cancérologues et les médecins

généralistes, mais aussi avec les autres acteurs que sont les médecins du travail et les

acteurs paramédicaux. Ce manque de communication est probablement le reflet d’une

méconnaissance des rôles professionnels respectifs des médecins intervenant dans la prise

en charge de ces patientes. Malgré cette méconnaissance, les cancérologues s’accordent

pour la plupart sur le rôle important du médecin généraliste dans cette problématique. De

nouveaux travaux de recherche sont nécessaires pour préciser les modalités concrètes de

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 132: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

129

cette collaboration nécessaire entre les cancérologues, les médecins généralistes, les

médecins du travail et les autres acteurs pour faciliter le retour au travail après un cancer

du sein.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 133: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

130

BIBLIOGRAPHIE 1. Raque-Bogdan TL, Hoffman MA, Ginter AC, Piontkowski S, Schexnayder K, White R. The

Work Life and Career Development of Young Breast Cancer Survivors. J Couns Psychol. 9 mars 2015;

2. INCa, éditeur. Les cancers en France, Les Données. In: Les Données [Internet]. Boulogne-Billancourt; 2016. Disponible sur: http://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Les-cancers-en-France-Edition-2015

3. Saliba M-L, Arnaud S, Souville M, Viau A, François G, Verger P. Pratiques et perceptions des professionnels vis-à-vis du dispositif de maintien dans l’emploi : étude qualitative en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Revue d’Épidémiologie et de Santé Publique. avr 2013;61(2):172‑9.

4. Les cancers en France - Edition 2014 - Institut National Du Cancer [Internet]. ouvrage collectif édité par l’INCa. INCa, Boulogne-Billancourt; 2015 [cité 6 sept 2015]. (Les Données). Disponible sur: http://www.e-cancer.fr/Expertises-et-publications/Catalogue-des-publications/Les-cancers-en-France-Edition-2014

5. HAS, INCa. Tumeur maligne, affection maligne du tissu lymphatique ou hématopoïétique Cancer du sein. Guide Affection Longue Durée. [Internet]. 2010 janv. Disponible sur: www.e-cancer.fr

6. Ouanounou D. Rôle du médecin généraliste dans la prise en charge du patient cancéreux en ville. EMC - Traité de médecine AKOS. janv 2007;2(3):1‑10.

7. Matory WE, Wertheimer M, Fitzgerald TJ, Walton RL, Love S, Matory WE. Aesthetic results following partial mastectomy and radiation therapy. Plast Reconstr Surg. mai 1990;85(5):739‑46.

8. Schnur JB, Hallquist MN, Bovbjerg DH, Silverstein JH, Stojceska A, Montgomery GH. Predictors of expectancies for post-surgical pain and fatigue in breast cancer surgical patients. ResearchGate. 1 févr 2007;42(3):419‑29.

9. Soran A, Menekse E, Girgis M, DeGore L, Johnson R. Breast cancer-related lymphedema after axillary lymph node dissection: does early postoperative prediction model work? Supportive Care in Cancer [Internet]. 9 sept 2015 [cité 26 sept 2015]; Disponible sur: http://link.springer.com/10.1007/s00520-015-2933-0

10. Jeffs E, Ream E, Shewbridge A, Cowan-Dickie S, Crawshaw D, Huit M, et al. Exploring patient perception of success and benefit in self-management of breast cancer-related arm lymphoedema. European Journal of Oncology Nursing [Internet]. 2015 [cité 26 sept 2015]; Disponible sur: http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1462388915300181

11. Norman SA, Localio AR, Potashnik SL, Simoes Torpey HA, Kallan MJ, Weber AL, et al. Lymphedema in Breast Cancer Survivors: Incidence, Degree, Time Course, Treatment, and Symptoms. Journal of Clinical Oncology. 15 déc 2008;27(3):390‑7.

12. Lee TS, Kilbreath SL, Refshauge KM, Herbert RD, Beith JM. Prognosis of the upper limb following surgery and radiation for breast cancer. Breast Cancer Res Treat. juill 2008;110(1):19‑37.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 134: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

131

13. Helms G, Kühn T, Moser L, Remmel E, Kreienberg R. Shoulder-arm morbidity in patients with sentinel node biopsy and complete axillary dissection--data from a prospective randomised trial. Eur J Surg Oncol. juill 2009;35(7):696‑701.

14. INCa. Carcinome mammaire Indications de la Radiothérapie. Collection Recommendations. Outil d’aide à la décision. Consensus d’experets à partir de recommendations internationales. Focus sur les indications de la radiothérapie. [Internet]. 2008. Disponible sur: http://www.e-cancer.fr/Professionnels-de-sante/Recommandations-et-outils-d-aide-a-la-pratique/Cancers-du-sein#toc-recommandations-de-prise-en-charge-sp-cialis-e

15. Jeba J, Isiah R, Subhashini J, Backianathan S, Thangakunam B, Christopher DJ. Radiation Pneumonitis After Conventional Radiotherapy For Breast Cancer: A Prospective Study. J Clin Diagn Res. juill 2015;9(7):XC01-XC05.

16. Sarradon-Eck A, Pellegrini I. Le traitement adjuvant du cancer du sein par tamoxifène. Sciences sociales et santé. 1 mars 2012;Vol. 30(1):47‑71.

17. German C. Cancer du sein. In: VIDAL Recos Recommendations en pratique. 5e édition. Vidal; 2014.

18. Vance V, Mourtzakis M, McCargar L, Hanning R. Weight gain in breast cancer survivors: prevalence, pattern and health consequences. Obes Rev. avr 2011;12(4):282‑94.

19. Liu L-N, Wen F-H, Miaskowski C, Lin Y-C, Wang J-S, Jeng C, et al. Weight change trajectory in women with breast cancer receiving chemotherapy and the effect of different regimens. J Clin Nurs. oct 2014;23(19‑20):2757‑68.

20. Koppelmans V, Breteler MMB, Boogerd W, Seynaeve C, Schagen SB. Late effects of adjuvant chemotherapy for adult onset non-CNS cancer; cognitive impairment, brain structure and risk of dementia. Critical Reviews in Oncology/Hematology. oct 2013;88(1):87‑101.

21. Heflin LH, Meyerowitz BE, Hall P, Lichtenstein P, Johansson B, Pedersen NL, et al. Cancer as a Risk Factor for Long-Term Cognitive Deficits and Dementia. JNCI J Natl Cancer Inst. 1 juin 2005;97(11):854‑6.

22. Pavic M, Sève P, Rousset H, Debourdeau P. Prise en charge de l’asthénie associée au cancer. /data/revues/07554982/003706P1/08000857/ [Internet]. 6 mars 2008 [cité 26 sept 2015]; Disponible sur: http://www.em-consulte.com/en/article/164684

23. De Cremeux P, Carcopino B, Bourstyn E, Espisé M, Alby N. Hormones et cancer du sein. In: Coalition Européenne Contre le Cancer du Sein [Internet]. 2014. Disponible sur: http://www.europadonna.fr/4.aspx?sr=9

24. Spelten ER, Sprangers MAG, Verbeek JHAM. Factors reported to influence the return to work of cancer survivors: a literature review. Psycho‑Oncology. 1 mars 2002;11(2):124‑31.

25. Muijen P, Weevers NLEC, Snels I a. K, Duijts SFA, Bruinvels DJ, Schellart AJM, et al. Predictors of return to work and employment in cancer survivors: a systematic review. European Journal of Cancer Care. 1 mars 2013;22(2):144‑60.

26. Tiedtke C, de Rijk A, Dierckx de Casterlé B, Christiaens M-R, Donceel P. Experiences and concerns about ‘returning to work’ for women breast cancer survivors: a literature review. Psycho‑Oncology. 1 juill 2010;19(7):677‑83.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 135: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

132

27. Duijts SFA, Egmond MP, Spelten E, Muijen P, Anema JR, Beek AJ. Physical and psychosocial problems in cancer survivors beyond return to work: a systematic review. Psycho‑Oncology. 1 mai 2014;23(5):481‑92.

28. Kennedy F, Haslam C, Munir F, Pryce J. Returning to work following cancer: a qualitative exploratory study into the experience of returning to work following cancer. European Journal of Cancer Care. 1 janv 2007;16(1):17‑25.

29. Wells M, Williams B, Firnigl D, Lang H, Coyle J, Kroll T, et al. Supporting ‘work‑related goals’ rather than ‘return to work’ after cancer? A systematic review and meta‑synthesis of 25 qualitative studies. Psycho‑Oncology. 1 juin 2013;22(6):1208‑19.

30. Taskila T, Lindbohm ML. Factors affecting cancer survivors’ employment and work ability. Acta Oncologica [Internet]. 8 juill 2009 [cité 1 sept 2015]; Disponible sur: http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/02841860701355048

31. Going back to work - Information and support - Macmillan Cancer Support [Internet]. 2015 [cité 6 sept 2015]. Disponible sur: http://www.macmillan.org.uk/information-and-support/organising/work-and-cancer/the-impact-cancer-may-have-on-work/going-back-to-work.html

32. Thielen K, Kolodziejczyk C, Andersen I, Heinesen E, Diderichsen F. Cancer Stage, Comorbidity, and Socioeconomic Differences in the Effect of Cancer on Labour Market Participation: A Danish Register-Based Follow-Up Study. PLoS ONE [Internet]. 2015 [cité 30 août 2015];10(6). Disponible sur: http://www-ncbi-nlm-nih-gov.docelec.univ-lyon1.fr/pmc/articles/PMC4451757/

33. Johnsson A, Fornander T, Rutqvist LE, Olsson M. Factors influencing return to work: a narrative study of women treated for breast cancer. European Journal of Cancer Care. 1 mai 2010;19(3):317‑23.

34. Pryce J, Munir F, Haslam C. Cancer survivorship and work: Symptoms, supervisor response, co-worker disclosure and work adjustment. Journal of Occupational Rehabilitation. mars 2007;17(1):83‑92.

35. Tamminga SJ, Boer AGEM de, Verbeek JH a. M, Frings-Dresen MHW. Return-to-work interventions integrated into cancer care: a systematic review. Occup Environ Med. 1 sept 2010;67(9):639‑48.

36. de Boer AG, Taskila TK, Tamminga SJ, Feuerstein M, Frings-Dresen MH, Verbeek JH. Interventions to enhance return-to-work for cancer patients. In: Cochrane Database of Systematic Reviews [Internet]. John Wiley & Sons, Ltd; 2015 [cité 24 sept 2016]. Disponible sur:http://onlinelibrary.wiley.com.docelec.univ-lyon1.fr/doi/10.1002/14651858.CD007569.pub3/abstract

37. Willems RA, Bolman CAW, Mesters I, Kanera IM, Beaulen AAJM, Lechner L. Cancer survivors in the first year after treatment: the prevalence and correlates of unmet needs in different domains. Psycho‑Oncology [Internet]. 1 janv 2015 [cité 30 août 2015]; Disponible sur: http://onlinelibrary.wiley.com.docelec.univ-lyon1.fr/doi/10.1002/pon.3870/abstract

38. Lindbohm M-L, Kuosma E, Taskila T, Hietanen P, Carlsen K, Gudbergsson S, et al. Cancer as the cause of changes in work situation (a NOCWO study). Psycho‑Oncology. 1 août 2011;20(8):805‑12.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 136: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

133

39. Bouknight RR, Bradley CJ, Luo Z. Correlates of Return to Work for Breast Cancer Survivors. JCO. 20 janv 2006;24(3):345‑53.

40. Banning M. Employment and breast cancer: a meta‑ethnography. European Journal of Cancer Care. 1 nov 2011;20(6):708‑19.

41. Torp S, Gudbergsson SB, Dahl AA, Fosså SD, Fløtten T. Social support at work and work changes among cancer survivors in Norway. Scand J Public Health. 1 mars 2011;39(6 suppl):33‑42.

42. Drolet M, Maunsell E, Brisson J, Brisson C, Mâsse B, Deschênes L. Not Working 3 Years After Breast Cancer: Predictors in a Population-Based Study. JCO. 20 nov 2005;23(33):8305‑12.

43. Bradley CJ, Neumark D, Luo Z, Schenk M. Employment and Cancer: Findings from a Longitudinal Study of Breast and Prostate Cancer Survivors. Cancer Investigation [Internet]. 11 juin 2009 [cité 6 sept 2015]; Disponible sur: http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/07357900601130664

44. Stewart DE., Cheung AM., Duff S, Wong F, McQuestion M, Cheng T, et al. Long-term breast cancer survivors: confidentiality, disclosure, effects on work and insurance. Psycho-Oncology. 1 mai 2001;10(3):259‑63.

45. Lindbohm M-L, Kuosma E, Taskila T, Hietanen P, Carlsen K, Gudbergsson S, et al. Early retirement and non‑employment after breast cancer. Psycho‑Oncology. 1 juin 2014;23(6):634‑41.

46. Bartholomew LK, Parcel GS, Kok G, Gottlieb N H, Fernandez M E. Planning Health Promotion Programs: An Intervention Mapping Approach. In: 3rd Edition. John Wiley & Sons; 2011. p. 768.

47. Gokhale P (University of M. Grey Literature Varieties - Definitional Problems. In Luxembourg; 1997.

48. Glaser BG, Strauss AL. The Discovery of Grounded Theory: Strategies for Qualitative Research. Aldine Publishing Company; 1967. 292 p.

49. Référentiel Sein Gynéco - sein | Réseau Espace Santé Cancer Rhône-Alpes [Internet]. [cité 23 sept 2016]. Disponible sur: http://www.rrc-ra.fr/Pages/referentiel-sein.aspx

50. Vignot S, Varin D, Romand-Monnier P, Vignot M, Solub D. Suivi des patients atteints de cancer : interactions ville-hôpital et implication du médecin traitant. http://www.em-premium.com.docelec.univ-lyon1.fr/data/traites/tm/tm-64719/ [Internet]. 11 avr 2014 [cité 21 sept 2015]; Disponible sur: http://www.em-premium.com.docelec.univ-lyon1.fr/article/935519/resultatrecherche/1

51. Bungener M, Demagny L, Holtedahl K, Letourmy A. La prise en charge du cancer : quel partage des rôles entre médecine générale et médecine spécialisée ? PRATIQUES ET ORGANISATION DES SOINS. 09 2009;(3):191‑6.

52. Adam P, Herzlich C. Sociologie de la maladie et de la médecine. Armand Colin; 2005. 127 p.

53. Fassier J-B, Petit A, Yven C, Sappey P, Bernieri F, Soyeux E, et al. Douleurs et travail : aider le patient à garder un emploi. /data/revues/16245687/v15i1/S1624568713002102/ [Internet].

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 137: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

134

2 mai 2014 [cité 26 sept 2016]; Disponible sur: http://www.em-consulte.com/en/article/869985

54. Bungener M, Demagny L, Bachimont J, Vazeilles I, Holtedahl K, Letourmy A. Prendre en charge le cancer en médecine générale Médecine générale, médecine spécialisée entre hiérarchie, concurrence et complémentarité. Centre de Recherche Médecine, Sciences, Santé et Société CNRS UMR 8169, EHESS, INSERM U 750, Université Paris-Sud, Institut National du Cancer, Cancéropôle Ile de France; 2008 oct.

55. Meiklejohn JA, Mimery A, Martin JH, Bailie R, Garvey G, Walpole ET, et al. The role of the GP in follow-up cancer care: a systematic literature review. J Cancer Surviv. 2 mai 2016;

56. Guittard M, Capitain O, Guittard E, Roquelaure Y, Petit A. Facteurs influençant le retour au travail et le maintien en emploi après un cancer du sein. Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement. avr 2016;77(2):157‑64.

57. Damkjaer LH, Deltour I, Suppli NP, Christensen J, Kroman NT, Johansen C, et al. Breast cancer and early retirement: Associations with disease characteristics, treatment, comorbidity, social position and participation in a six-day rehabilitation course in a register-based study in Denmark. Acta Oncol. févr 2011;50(2):274‑81.

58. Kesler SR, Blayney DW. Neurotoxic Effects of Anthracycline- vs Nonanthracycline-Based Chemotherapy on Cognition in Breast Cancer Survivors. JAMA Oncol. févr 2016;2(2):185‑92.

59. Stanko C. Fatigue après cancer du sein: évaluation d’un programme d’activité physique adaptée chez un groupe de 50 femmes prises en charge dans un service de soins de suite et de réadaptation [Thèse d’exercice]. [Lyon, France]: Université Claude Bernard; 2013.

60. Maunsell E, Brisson C, Dubois L, Lauzier S, Fraser A. Work problems after breast cancer: an exploratory qualitative study. Psychooncology. déc 1999;8(6):467‑73.

61. Main DS, Nowels CT, Cavender TA, Etschmaier M, Steiner JF. A qualitative study of work and work return in cancer survivors. Psychooncology. nov 2005;14(11):992‑1004.

62. Murphy KM, Nguyen V, Shin K, Sebastian-Deutsch A, Frieden L. Health Care Professionals and the Employment-Related Needs of Cancer Survivors. J Occup Rehabil. 8 févr 2016;

63. Richet A, Lerolle C. Retentissement socio-professionnel après un cancer du sein: quel retour au travail ? [Lyon, France]: Université Claude Bernard Lyon 1; 2016.

64. Serin D, Dilhuydy J-M, Guiochet N, Romestaing P, Gledhill J, Bret P, et al. [Parcours de femmes 2001, a French survey on the management and needs of women with breast and gynecological cancer: what’s new after 8 years?]. Bull Cancer. sept 2005;92(9):817‑27.

65. Tong A, Sainsbury P, Craig J. Consolidated criteria for reporting qualitative research (COREQ): a 32-item checklist for interviews and focus groups. International Journal for Quality in Health Care. 1 déc 2007;19(6):349‑57.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 138: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

135

ANNEXES

1. Guide d’entretien Entretiens individuels semi-dirigés portant sur l'expérience des cancérologues sur la

question du travail après un cancer du sein.

Introduction

Présentation personnelle, Présentation de l’étude, Présentation de la confidentialité.

Début de l’enregistrement.

1. Questions pour mieux connaître le mode d’exercice

- Quel (s) type (s) de pathologie (s) prenez-vous en charge principalement?

- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?

- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge ? (Socio

démographique : rural / urbain, cadre / libéral /ouvrier)

-Quel est votre mode de recrutement habituel ?

- Quels sont vos modes d’exercices actuels ?

Privé / public ? Consultation / Activité de service ? Activité universitaire ?

- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?

- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice?

2. Intérêt pour notre étude

Pouvez-vous me dire ce qui vous intéresse dans notre étude ?

Et ce qui vous a encouragé à y participer ?

3. Cancer du sein : généralités

Selon votre expérience, existe-t-il des particularités dans la relation établie avec les

patientes atteintes de cancer du sein, par rapport aux autres types de cancers ?

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 139: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

136

4. Présentation de la ou des situation(s) marquante(s)

4.1. Dans le dernier mail que je vous ai adressé, je vous ai proposé de réfléchir à une

ou deux situations marquantes. Pouvez-vous m’en parler et dans un second

temps m’expliquer pourquoi vous avez choisi de parler de ce cas en

particulier ?

Sachez que pour répondre à cette question vous pouvez prendre une vingtaine de minutes,

car votre récit libre est beaucoup plus intéressant qu’un interrogatoire trop structuré. L’idée

dans la présentation c’est de me décrire tout ce qui vous vient à l’esprit, moi je vous ferai

préciser avec des questions que nous avons dans notre guide, mais l’idée c’est vraiment le

discours libre. Vous pouvez me raconter votre expérience, votre ressenti, ce qui vous a

interpellé, ce qui a été compliqué, comment ça s’est passé concernant la question du

travail.

4.1.1. Que diriez-vous globalement de la relation thérapeutique avec cette

patiente?

*si pas de cas préparé : avez-vous à l’esprit une situation qui pourrait concerner le

sujet du travail chez une patiente que vous prenez en charge pour un cancer du sein.

Les détails techniques du dossier comme le stade exact de la maladie ou la nature

précise de la chimiothérapie ne sont pas les plus importants.

4.2. Concernant la question du travail : poursuivre ou reprendre le travail

4.2.1. Pouvez-vous me dire comment la question de la poursuite ou de la reprise

du travail a été évoquée durant la prise en charge de cette patiente ?

4.2.1.1. A quel moment de la prise en charge ce sujet a-t-il été évoqué ?

4.2.1.2. Qui a évoqué ce sujet en premier ? (la patiente ? Vous ? Un autre

intervenant ?)

4.2.1.3. Qu’est-ce qui a été abordé ?

4.2.1.4. Comment s’est passée cette discussion ?

4.2.1.5. Comment ce sujet a-t-il évolué au cours du suivi ?

4.2.2. Quelle place accordez-vous à l’activité professionnelle de vos patientes dans

votre prise en charge ?

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 140: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

137

Si demande de reformulation : Abordez-vous avec vos patientes les questions

professionnelles de façon systématique (de quelle façon ?) ou plutôt au cas par

cas (sur quels critères ?)

4.2.2.1. Y-a-t-il un endroit particulier dans le dossier pour renseigner la

profession de la patiente?

4.3. Les arrêts de travail

4.3.1. De façon globale, quelles ont été les modalités d’arrêt de travail de cette

patiente ?

4.3.1.1. Etiez-vous le premier prescripteur d’arrêt de travail ?

4.3.1.2. Si non : Qui l’a fait ?

4.3.1.3. Si oui : Pouvez-vous me le décrire de façon générale ?

4.3.1.4. Quelle a été la durée approximative de l’arrêt de travail ?

4.3.2. Dans votre pratique, comment se passe habituellement la prescription de

l’arrêt de travail pour les femmes ayant un cancer du sein.

Transition : Nous allons évoquer maintenant les effets des traitements….

4.4. Les effets secondaires des traitements

4.4.1. Selon votre expérience quels sont les éléments qui ont eu un impact (positif

ou négatif) sur les possibilités de travailler pour cette patiente ? (Si la patiente

a déjà repris)

4.4.2. Avez-vous connaissance des effets des traitements ayant eu des

conséquences sur la reprise du travail ou le maintien dans l’emploi de cette

patiente ?

(Selon le répondant : chirurgie / chimiothérapie / radiothérapie / thérapies

ciblées / hormonothérapie)

4.4.3. De façon plus générale, recherchez-vous dans vos consultations de suivi les

effets/impacts/conséquences des traitements sur l’activité professionnelle de

vos patientes ? (types : troubles cognitifs, fatigabilité)

4.4.3.1. À quel moment de la prise en charge ce sujet est-il abordé? (tout de

suite, au moment des traitements ou au moment du suivi ?)

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 141: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

138

4.4.3.2. Concrètement, quelles sont les questions que vous posez à vos

patientes pour analyser les effets des traitements sur leur activité

professionnelle ?

4.4.3.3. Selon vous, quels sont les besoins des femmes ayant eu un cancer du

sein en rapport avec le travail ?

4.5. La reprise du travail

4.5.1. Au cours du suivi, comment abordez-vous la question du travail ?

4.5.2. Pouvez-vous me décrire le contexte de reprise du travail de cette patiente si

cela a été le cas ?

4.5.2.1. Savez-vous si cette patiente a repris son travail ?

4.5.2.2. Dans quelles conditions la reprise du travail s’est-elle faite ?

4.5.3. Pour les patientes qui n’ont pas pu répondre, d’après vous, pour quelles

raisons ces patientes n’ont pas pu reprendre une activité professionnelle ?

4.5.4. D’après votre expérience et de façon plus générale, quels sont les

facteurs qui influencent la reprise du travail chez les femmes ayant eu un

cancer du sein ?

4.5.4.1. Est-ce que, a contrario, vous auriez des exemples de facilitateurs ?/

quels ont été les facteurs facilitant la reprise ?

4.5.5. Est-ce qu’il y a des patientes qui viennent particulièrement vous demander

votre avis concernant leur condition de reprise ?

4.5.6. Avez-vous des exemples de femmes qui n’ont pas souhaité arrêter leur

travail ?

4.5.6.1. Comment avez-vous réagi ?

4.5.6.2. Comment cela s’est-il passé par la suite pour ces femmes ?

4.6. Conclusion

4.6.1. Est-ce que la situation de cette patiente vous semble représentative de celle

des autres patientes ? Pour quelles raisons ?

4.7. Caractéristiques de la patiente Ne pas demander directement ou faire préciser

en fin d’entretien, + /- demander l’accès au dossier médical

Si <40 min d’entretien : Si cela ne vous dérange pas, je vais vous poser quelques

questions pour avoir des informations complémentaires concernant la patiente et sa

prise en charge.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 142: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

139

4.7.1. Quel est son âge, son niveau d’études, sa profession, sa situation familiale,

combien a-t-elle d’enfants et leur âge ?

4.7.2. Le stade de la maladie ?

4.7.3. Prise en charge thérapeutique ?

(Type de chirurgie, de chimiothérapie, de radiothérapie, de thérapies

ciblées, hormonothérapie)

Nous allons passer à la discussion concernant les autres acteurs de la prise en charge.

5. Les acteurs de la prise en charge

(Exemple de transition)Là, nous allons évoquer les interactions entre les différents

intervenants. Nous allons parler des cancérologues, des chirurgiens et des

radiothérapeutes, mais aussi des médecins traitants et des médecins du travail pour savoir

comment ils sont intervenus dans la prise en charge de ces femmes et comment vous

interagissez avec eux de façon plus générale.

5.1. Les autres cancérologues

5.1.1. Dans le cas que nous venons d’évoquer, pouvez-vous me dire si le sujet du

travail a été abordé avec vos confrères (autre que celui à qui on parle) qui

suivaient cette patiente? Au quel cas, comment a-t-il été abordé?

5.1.1.1. Précisions :

Dans quelles conditions l’avez-vous abordé ?

Etait-ce au cours d’une RCP ou plutôt de façon informelle ?

5.1.2. Et de manière générale, vous arrive-t-il de parler de l’activité

professionnelle de vos patientes avec vos confrères cancérologues ?

5.2. Les médecins généralistes

5.2.1. Vous avez évoqué la participation du médecin généraliste

dans le cas que vous venez de citer. Pouvez-vous me décrire plus

précisément son intervention dans cette situation ?

5.2.2. Vous n’avez pas évoqué d’intervention du médecin généraliste dans

cette situation. Est-ce que vous savez s’il est intervenu et si oui comment et

à quel moment?

5.2.3. De façon générale, dans votre pratique, comment intervient le

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 143: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

140

médecin généraliste concernant la question du travail dans ce contexte du

cancer du sein?

5.2.3.1. Dans quelles circonstances ? (à votre demande, à la demande de la

patiente ?)

5.2.4. (Toujours dans le contexte du travail des femmes ayant eu un cancer du

sein, et pas dans le cas présenté) Que diriez-vous globalement de vos

relations avec les médecins généralistes concernant le retour au travail des

femmes atteintes de cancer du sein (en ce qui concerne le travail des patientes

atteintes d’un cancer du sein)?

Pouvez-vous illustrer votre propos par un exemple concret d’un échange que

vous avez eu avec un médecin généraliste ?

5.3. Les médecins du travail

5.3.1. Vous avez évoqué la participation du médecin du travail dans le cas que

nous venons d’évoquer. Pouvez-vous nous décrire plus précisément son

intervention dans cette situation ?

5.3.2. Vous n’avez pas évoqué d’intervention du médecin du travail dans

cette situation. Est-ce que vous savez s’il est intervenu et si oui comment et

à quel moment ?

5.3.3. Et de manière générale, dans votre pratique, comment intervient le

médecin du travail concernant la question du travail dans le contexte du

cancer du sein?

5.3.3.1. Dans quelles circonstances ?

5.3.4. (Toujours dans le contexte du travail des femmes ayant eu un cancer du

sein) Que diriez-vous globalement de vos relations avec les médecins du

travail (en ce qui concerne le travail des patientes atteintes d’un cancer du

sein) ? Pouvez-vous illustrer votre propos par un exemple concret d’un

échange que vous avez eu avec un médecin du travail ?

5.4. Les autres acteurs

Seulement si abordé d’abord par le Médecin cancérologue

5.4.1. Vous avez évoqué la participation du … (IDE, AS, Psychologue…)

dans cette situation. Pouvez-vous me décrire plus précisément son

intervention dans cette situation ?

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 144: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

141

5.4.2. Que diriez-vous globalement de vos relations avec les (IDE, AS,

Psychologue…) ?

5.4.2.1. Pouvez-vous illustrer cela par un exemple concret d’un

échange que vous avez eu ?

6. Questions personnelles sur l’interlocuteur

Est-ce que vous avez encore quelques minutes à m’accorder ? Si oui, puis-je me permettre

de vous poser quelques questions d’ordre personnel ?

6.1. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous avez choisi cette spécialité ?

6.1.1. Quel aspect de votre travail vous satisfait le plus, personnellement ?

6.2. Quels ont été vos critères de choix pour votre mode d’exercice

(L’institution privée / publique) ?

6.3. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre mode d’exercice ?

6.3.1. Le fait que ce soit du public/privé ?

6.4. Qu’est qui vous plaît particulièrement dans cette institution ?

6.4.1. Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ?

7. Fin d’entretien

7.1. Avez-vous quelque chose à ajouter, d’autres renseignements ?

7.2. Pouvez-vous nous orienter vers un confrère qui serait intéressé par ce sujet et dont

l’expérience pourrait faire avancer notre problématique ?

7.3. Remerciements : Je vous remercie de m’avoir accordé du temps et votre confiance

lors de cet entretien. Je vous remercie également pour votre implication et pour ce

partage d’expériences très enrichissant

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 145: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

142

2. Arbre de codage Codes Définitions Exemples

1 Patientes L’ensemble des informations concernant les patientes

1.1 Sphère Biologique

Informations recueillies dans le dossier médical de la patiente comprenant : l’âge, les antécédents.

INVEST_8 : " Donc, c’est une dame qui devait avoir assez jeune, cinquante-

deux, cinquante- trois ans"

INVEST_9 : " Elle est née en soixante six cette dame."

1.1.1 Stade de la maladie Etat clinique au moment du diagnostic, stade de la maladie (TNM), détail de la pathologie cancéreuse.

INVEST_8 : " qui est venue en consultation il y a 6 mois pour un cancer du

sein inflammatoire, c'est-à-dire que… un cancer très agressif mais encore

localisé au niveau du sein et des ganglions, qui est en très bon état général à

l’arrivée."

INVEST_9 : " Et surtout que c’était un cancer in situ du sein, donc un truc—.

Pas du tout grave"

INVEST_9 : " Elle était « triple négatif » ce qui est un élément, pas vraiment

favorable." 1.2 Sphère

Psychologique

Traits de personnalité de la patiente. Etat psychologique de la patiente au moment du diagnostic et suite à l’annonce de la pathologie. Etat d’esprit de la patiente concernant sa pathologie. Impact psychologique de la pathologie sur la patiente. Description de la vie normale.

INVEST_8 : “ Et très volontaire”

INVEST_8 : “ Ma patiente qui est une bonne grosse dame très fonceuse”

1.2.1 Image corporelle

Importance de l’image corporelle pour la patiente avant la maladie, femme coquette vs garçon manqué.

INVEST_8 : “ Elle était plus coquette plus sophistiquée que la première, plus

coquette et du coup des longs cheveux et compagnie”

1.3 Sphère sociale Eléments concernant l’environnement social de la patiente de façon générale et plus particulièrement leur impact sur la pathologie.

INVEST_9 : “ « qui est-ce qui vous a le plus soutenu pendant votre maladie ?

» « Et ne rêvons pas, sont (ce) sont ni les médecins ni les associations, ni les

infirmières, ni les psychologues, c’est les proches !”

1.3.1 Conjugale Statut matrimonial. Eléments concernant les relations dans son couple et ses relations intimes au moment de l’annonce du diagnostic ou au cours du suivi. Catégorie générale regroupant toutes les informations sur la vie de couple.

INVEST_8 : " une… divorcée"

INVEST_9 : " Je l’avais vue avec son mari, la première fois, mais après j’ai

jamais revu le mari."

INVEST_9 : "C’est un petit peu comme un couple. Quand, le cancer, quand

on dit que le cancer ça fait divorcer les gens, les maris s’en vont. J’ai envie de

dire, ils s’en vont quand c’était déjà pas très bien avant." 1.3.2 Familiale Eléments concernant le cercle

familial au moment de l’annonce du diagnostic. Nombre d’enfants, de frères et sœurs. Qualité de l’entourage familiale.

INVEST_8 : " qui élevait seule trois gamins dont un qui est assez jeune qui

devait avoir une douzaine d’années"

INVEST_9 : " Une fille qui fait des études de médecine"

1.3.3 Autres relations

Réseau amical et relation sociale en général à l’exception du réseau professionnel.

1.4 Besoins Besoins des femmes de façon générale, concernant le travail, d’après les cancérologues.

INVEST_9 : " Il fallait aussi qu’il y ait une prise en charge psychologique ; il

fallait qu’il y ait une prise en charge nutritionnelle. Ces femmes prennent du

poids, donc il fallait lutter contre cette prise de poids qui est tout à fait

néfaste."

2 Prise en charge Description de l’ensemble de la prise en charge dans le sens le plus global possible.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 146: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

143

2.1 Trajectoire de soins Description des soins médicaux. Déroulement des soins, protocoles de prise en charge.

INVEST_8 : " Elle a été opérée, ensuite elle a eu de la chimiothérapie, ensuite

de la radiothérapie et ensuite de l’hormonothérapie."

INVEST_9 : " Moi j’arrive à la fin des traitements, vous savez comment ça se

passe."

2.1.1 Chirurgie Eléments concernant la chirurgie sans parler des effets secondaires.

INVEST_9 : “La chirurgie du sein, ça relève pas d’une maison de repos. C’est

pas des chirurgies suffisamment lourdes.”

2.1.2 Chimiothérapie Eléments concernant la chimiothérapie sans parler des effets secondaires.

INVEST_8 : “ c’était un peu particulier parce qu’en plus au niveau

thérapeutique il y avait un côté excitant à la fois pour moi mais également

pour elle, parce que c’était la première fois qu’on faisait ce protocole de

chimiothérapie enfin de thérapie ciblée qui venait d’être approuvée, qui venait

d’être mise sur le marché, quelque chose de bien tolérée, extrêmement

efficace, que j’étais pas sûr la 1ère fois que je l’ai vue, de pouvoir lui donner

parce que je savais pas, si j’allais avoir le remboursement les machins, tous

les bons trucs qui vont bien, tous les papiers qui vont bien pour pouvoir

délivrer la molécule. Du coup on avait réussi à l’avoir. Ce qui fait qu’il y avait

eu une sorte d’attente de ce côté-là etc , qui s’était finalement bien passée et

finie par un succès ce qui fait que la… Et comme j’avais dû lui expliquer en

plus ce côté, voilà il y a une molécule que je suis pas sûr de pouvoir l’avoir,

que ça dépend un peu des trucs administratifs, que finalement on a pu l’avoir,

donc une attente comblée.”

2.1.3 Radiothérapie Eléments concernant la radiothérapie sans parler des effets secondaires.

INVEST_9 : “ Oui la radiothérapie c’est à la fin, donc moi de toute façon, par

définition, j’arrive le, les deux derniers mois.”

2.1.4 Hormonothérapie Eléments concernant l’hormonothérapie sans parler des effets secondaires

INVEST_9 : " elles ne sont pas toutes récepteurs d’hormones positives, un

traitement hormonal, qui aggrave les symptomatologies."

2.2 Réadaptation Programmes de réadaptations diverses, prise en charge par exemple de la prise de poids, des troubles psycho- socio…

INVEST_8 : “ Ce qu’on discute avec elles c’est éventuellement de les mettre

dans nos filières de réadaptation. Nous c’est avec ETAB_PUBLIC_E avec qui

on travaille surtout. C’est des filières de réadaptation où en espace de deux

trois semaines quoi, ou si il y a besoin de gérer un lymphœdème on gère le

lymphœdème, on fait de la réadaptation à l’effort, il y a de la psychologie, il

y a de la diététicienne, il y a des nutritionnistes et il y a des… j’imagine des

gens tels que les AS qui leur parlent de leur situation sociale”

2.2.1 Activité physique

/Nutrition

Les effets de l’activité physique pendant et après le traitement. Généralités sur l’activité physique ; bienfaits de l’activité physique. Effets d’une prise en charge nutritionnelle, et des variations de poids.

INVEST_8 : “ mais par exemple je vais envoyer notre 1ère dame, je vais

l’envoyer à ETAB_PUBLIC_E. Elle sait pourquoi ? C’est parce qu’elle a pris

quelques kilos et qu’on sait qu’après un cancer du sein il vaut mieux avoir une

activité physique existante importante et que ça diminue le risque de cancer

du sein, donc on insiste beaucoup sur le côté activité physique et nutrition. Et

du coup je l’ai envoyée, mais elle plutôt sur le versant… sur le versant…

activité physique diététique”

INVEST_8 : “ quand je les revois à huit jours, à six mois plus tard et elles ont

perdu quelques kilos parce que je les ai motivées…”

2.2.2 Esthétique Effets d’une prise en charge esthétique sur les effets secondaires des traitements. Effets de la prise en charge esthétique sur le moral.

INVEST_9 : “ ou je trouve qu’elles se sont un peu pomponnées, je sens

qu’elles sont mieux, ça se voit hein”

2.3 Suivi Eléments recueillis au moment du INVEST_9 : “ Je leur demande si elles ont des douleurs…”

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 147: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

144

suivi, question posée par le cancérologue au cours du suivi. Déroulement de la consultation de suivi.

INVEST_9 : “ Je leur demande de revoir le chirurgien ou l’oncologue

médical, ça dépend avec qui elles ont un lien plus proche.”

INVEST_8 : “ INVEST_8 : “ Ok, et du coup donc toujours concernant ces

suivis, ces femmes qui viennent vous voir tous les ans, est-ce que à distance

elles évoquent des difficultés dans leur travail consécutives à …”

MED_ONCO_10 : “ Très honnêtement, pas vraiment, c’est des consultations

qui du coup durent quand même moins longtemps c’est des consultations de

suivi. Où le principe fondamental des consultations de suivi est, pour celles

qui sont encore sous hormonothérapie, c’est de gérer l’hormonothérapie avec

les effets secondaires et de faire les réadaptations qui seraient nécessaires ?

Deuxièmement de rechercher les récidives notamment quand on a eu un

cancer du sein d’un côté, vérifier qu’il n’y en a pas un de l’autre etc. Donc

c’est donc des récidives locales. Et on va dire, la thématique de la consultation

n’est pas vraiment centrée autour de la situation sociale des patientes.”

INVEST_9 : “ j’essaie de juger l’intensité des douleurs.”

2.4 Effets secondaires Ensemble des effets secondaires liés au traitement et à la pathologie elle-même, tant sur le plan physique que psychique.

Exemple(s) :

INVEST_9 : “ ils sont déconditionnés physiquement”

2.4.1 Retentissement sur

le travail

Liens directs entre les effets secondaires des traitements et de la pathologie avec le travail.

INVEST_8 : “ Alors, pour ce qui est des traitements je dirais que celui qui

parait le plus évident, c’est pour les femmes qui ont des métiers manuels, c’est

si on leur fait un curage ganglionnaire et qu’elles ont une raideur de l’épaule

ou un gros lymphœdème qui s’installe. Et en plus on leur fait la

recommandation d’éviter de se blesser au niveau des mains. C’est évident que

si jamais il y en a une qui est menuisière ou je ne sais quoi, ce sera

évidemment plus compliqué et parce qu’elle aura en plus cette ambivalence

de : pour travailler elle est obligée d’aller à l’encontre des recommandations

qu’on lui a faites , de se protéger son bras opéré. Donc du coup évidemment

ça logiquement ça peut être un frein,…”

INVEST_8 : “ chimiothérapie c’est une fatigue qui est pas… qui est pas

continue, qui est pas une fatigue installée pareille du jour au jour le jour, ce

qui permet de bien programmer entre guillemets l’adaptation du travail.”

2.4.2 Tolérance des effets

secondaires

Tolérance des effets secondaires sur le plan bio-psycho-social et adhésion au traitement de la part des patientes en fonction des effets secondaires.

INVEST_8 : “ Et cette même hormonothérapie, les mêmes cachets, à la même

dose etc, au stade de maladie potentiellement guérie, donc au stade adjuvant,

… sont très difficiles à supporter”

2.4.3 Fatigue Fatigue d’étiologie multifactorielle : liée à la maladie, liée au traitement, liée à la souffrance morale et liée à la profession, comprenant le déconditionnement physique.

INVEST_9 : “ Mais eu, la fille qui est ouvrière, la fille qui est femme de

ménage, qui est concierge. C’est physiquement fatigant quand même.”

INVEST_8 : “ Oh ben c’est…, c’est la fatigue, ce qui a fait que, parce que

théoriquement c’est une dame qui aurait pu, vu qu’elle avait cette volonté de

travailler.”

INVEST_8 : “ Et du coup je dirais que elle c’est la fatigue en fait, c’est le fait

que…, c’est l’irrégularité de la fatigue. Cette chimiothérapie c’est une fatigue

qui est pas… qui est pas continue, qui est pas une fatigue installée pareille du

jour au jour le jour, ce qui permet de bien programmer entre guillemets

l’adaptation du travail. Là c’est une fatigue qui dépend de…, qui déjà est pas

exactement la même d’une cure sur l’autre et qui est surtout la semaine

suivant la chimiothérapie ensuite ça va un peu mieux, puis on en refait une

etc., ce qui fait que c’est un peu plus compliqué à gérer”

2.4.4 Douleur Douleurs de façon générale excluant les douleurs rhumatologiques et les

INVEST_9 : “Et y’a aussi des conséquences sur le plan de la douleur, y’a pas

mal de du—de patientes qui ont des douleurs, à peu près dans quinze pour

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 148: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

145

douleurs liées au lymphœdème. cent des cas, après un traitement, (en) fin quinze à vingt pour cent des cas,

après un cancer du sein.”

2.4.5 Douleur

rhumatologique

Comprenant les douleurs musculo-squelettiques et ostéo-articulaires

INVEST_9 : “ sauf si elles avaient vraiment des douleurs articulaires, et ça

c’est le curage…”

2.4.6 Lymphœdème Eléments concernant le lymphœdème secondaire ou curage ganglionnaire

INVEST_8 : “ C’est si on leur fait un curage ganglionnaire et qu’elles ont une

raideur de l’épaule ou un gros lymphœdème qui s’installe.”

2.4.7 Ménopause induite Eléments secondaires à la ménopause induite : Syndrome climatérique, sécheresse vaginale et cutanée

INVEST_8 : " Ou si elles ne le sont pas, nous on les ménopause ; et en plus

on leur donne un traitement, pour la plupart d’entre elles, pas toutes, elles ne

sont pas toutes récepteurs d’hormones positives, un traitement hormonal, qui

aggrave les symptomatologies."

2.4.8 Prise de poids

Eléments liés à la prise de poids en tant qu’effet secondaire, sans évoquer la prise en charge de cette prise de poids.

INVEST_8 : “ Parce qu’elle a pris quelques kilos”

INVEST_9 : “ On est jamais contente de prendre cinq kilos. Je n’ai rarement

vu de femme contente.”

2.4.9 Troubles cognitifs Trouble de mémoire et trouble de la concentration.

INVEST_9 : “ Elle me dit que, comme j’ai entendu plusieurs fois, « je n’ai

plus qu’un neurone. » L’autre jour elle m’a dit, « j’ai qu’un demi cerveau »”

INVEST_9 : " C’est plutôt des troubles cognitifs, plutôt sur le long terme que

dans l’immédiat."

INVEST_9 : " bah vous savez, les… la chimio peut donner des troubles

cognitifs hein."

2.4.10 Image corporelle

Description des effets secondaires esthétiques. Troubles des phanères, pâleur, peau sèche, cicatrisation, tumorectomie, lésion cutanée liée à la radiothérapie sans évoquer la prise en charge de ces effets secondaires.

INVEST_8 : “ Après au niveau, elles honnêtement au niveau, il y a des

patientes qui seraient plus gênées par le côté : je suis malade tout le monde va

me regarder comme un zoo, elle, c’était pas son cas. Bon c’est sûr que ça

arrive le fait de perdre les cheveux d’être pâle, d’avoir les sourcils à moitié

dégommés, enfin pour certaines, d’avoir les ongles qui cassent etc… C’est…

Forcément c’est…Il y a des gens qui n’aiment pas se mettre en scène et qui

vivront mal, je pense, qui d’ailleurs vivent mal et elles restent un peu cloitrées

chez elles. Elles ont cette volonté de ne pas se faire voir malades, donc dans la

même situation, mais là c’était pas trop le cas de ma patiente”

2.4.11 Sexualité Retentissement de la modification de l’image corporelle dans la sexualité. Impact de la maladie sur la vie de couple. Quand le sujet de la sexualité est évoqué lors du suivi.

INVEST_9 : " je leur parle aussi de leur vie sexuelle."

2.5 Relation médecin-

patiente

Description de la relation entre les cancérologues et les patientes, de leur particularité, de leur singularité, par rapport à d’autres cancers.

INVEST_9 : “ Oh moi, moi mon ressenti, mais on, toutes les deux, on y est,

c’était, parfait, enfin c’était parfait, la relation ce qu’elle était, était…

normale.”

2.5.1 Implication

émotionnelle

Emotions et notions affectives mises en jeu de la part des patientes et des cancérologues au sein de la relation.

INVEST_8 : “ Du coup je peux… il y avait eu déjà beaucoup d’explications

et quand ça se finit bien, et du coup une relation qui était sympa je pense

qu’elle m’aimait bien cette dame. Elle a un peu l’impression que je me suis

battu pour elle, du coup je pense qu’elle… que c’était une relation qui était

positive des deux côtés.”

2.5.2 Divergence

médecin-patiente

Divergence de point de vue et de priorité entre la patiente et le cancérologue.

INVEST_8 : “Ce que je lui ai dit c’est que, parce que mon but à ce moment-là

il y avait un, encore une fois, il y avait un traitement urgent à débuter, donc

mon but n’était pas de passer cette 1ère consultation de cancérologie face à un

cancer du sein inflammatoire, à parler de son travail, qui est vraiment une

problématique à ce moment-là en tout cas secondaire”

2.5.3 Confiance Confiance mutuelle entre patientes et INVEST_9 : “ Mais par contre, de temps en temps, je n’ai pas confiance dans

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 149: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

146

cancérologues Comprend aussi les problèmes de confiance dans la relation.

mes malades, sur ce qu’ils me racontent. D’accord?”

3 Cancérologue Ensemble des éléments concernant le médecin prenant en charge les patientes atteintes de cancer du sein, à savoir les oncologues médicaux, les radiothérapeutes, les chirurgiens.

3.1 Histoire personnelle Critères de choix de la spécialité et du mode d’exercice. Description du parcours professionnel.

INVEST_8 : “ Alors je dirais, que premièrement il me fallait une… une vraie

spécialité médicale, où…où c’est compliqué quoi, où il y a des

problématiques toujours un peu différentes toujours complexes. La

cancérologie n’est certainement pas la seule et certainement probablement pas

la meilleure des spécialités pour la complexité, parce qu’il y a la médecine

interne qui est bien mieux pour ça. Mais ça reste une spécialité où il y a un

nombre de situations différentes colossales où il y a absolument pas dans

l’abattage quoi, puisqu’il y a énormément de cas individuels qui se traitent de

façons vraiment très différentes.”

3.2 Conviction

personnelle

Ressenti / avis des cancérologues sur des sujets clés.

INVEST_9 : «On est malade mais on reste quand même un adulte et pas un—

on retombe pas en enfance » (P21)

3.2.1 Intérêt pour l’étude

Raison de la participation des cancérologues à cette étude, intérêt pour le sujet et critères de choix pour le cas.

INVEST_8 : “ Forcément je vais faire une réponse un peu bizarre. Eh

(silence) disons que, je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est

qu’elle pose des questions atypiques à mon sens”

3.2.2 Intérêt pour

l’associatif

Exposition de l’intérêt des cancérologues pour le monde associatif si c’est le cas.

INVEST_9 : “ c’est la raison pour laquelle j’ai monté le programme

PROG_A”

3.2.3 Vie normale Définition de «la vie normale » du point de vue du cancérologue et du point de vue des patientes, d’après le cancérologue.

INVEST_9 : “ « Tout au moins ordinaire » pour ne pas dire « normale » parce

que je ne sais pas ce qu’est une « vie normale » ou « une vie anormale. »”

3.2.4 Solution Solution proposée par le cancérologue pour répondre aux besoins des femmes concernant le travail, ou objectifs.

INVEST_9 : “ Trouver un système comme un SAS de décompression”

3.2.5 Problème Problèmes soulevés par le cancérologue concernant la question du travail ou de façon générale

INVEST_9 : “ Sauf cas particulier, problème. Quand il y a problème souvent

c’est des problèmes graves”

3.2.6 Comparaison Comparaison avec d’autres situations de vie donnée par le cancérologue. Type : grossesse, lombalgie.

INVEST_8 : “ c’est si on a mal au dos soit on est coincé chez soi et rien à

faire et on se concentre sur le mal de dos, soit on a plein de trucs à faire et on

n’y pense plus quoi.”

3.3 Pratiques

professionnelles

Description des pratiques professionnelles, du type de population traitée, du pourcentage de cancer du sein.

INVEST_9 : « Ma patientèle : soixante-quinze pour cent. » INVEST_9 : « Par

contre moi, moi j’insiste vraiment pour qu--- qu’elles, parce qu’on parle de

femmes, revoient leur médecin du travail, par contre. » (25)

3.3.1 Dossier médical Place de la profession dans le dossier médical.

INVEST_8: “ Oui on le note systématiquement dans les mots de 1ère

consultation dans le mode de vie avec, à côté de mariée trois enfants, on met

la profession.”

3.3.2 Interaction avec le

médecin traitant.

Description de l’interaction des cancérologues avec le médecin traitant concernant la question du travail, ou absence d’interaction.

INVEST_8 : “ C’est un problème assez général. C’est que quand même les

patientes en traitement actif ont tendance, et ça on essaye beaucoup de lutter

contre cette tendance mais…, et c’est encore plus vrai pour les phases

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 150: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

147

métastatiques, ont tendance à nous substituer à leur médecin généraliste.

Parce que les gens se disent je vois un médecin tous les mois ou machin, quel

intérêt d’aller voir un autre médecin. Ce qui est… ce qui est nul bien

évidemment, encore plus nul pour les phases métastatiques. Parce que du

coup l’adjuvant on va dire que ça dure en moyenne six mois donc why not, et

après elles retournent voir leur médecin généraliste why not. Mais mais….

Mais à la phase métastatique du coup elles restent métastatiques toute leur vie,

c’est… on insiste beaucoup pour qu’elles revoient leur médecin généraliste,

mais forcé force est de constater que, il y en a beaucoup qui n’y retournent

jamais.”

INVEST_9 : “ On interagit pas. De temps en temps moi, j’ai j’ai des médecins

généralistes que j’appelle, et qui m’appellent, pour des … mais c’est pour

des…. Mais c’est pour des problèmes médicaux.”

3.4 Culture

professionnelle

Vision des cancérologues sur leur rôle professionnel, et sur leur culture professionnelle. Implication du cancérologue dans la reprise du travail de leur point de vue.

INVEST_8 : “ En tout cas atypiques dans…, pour un cancérologue qui a

l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en cancérologie. Parce

que justement la question qui…, la thématique est une thématique qui n’est

pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est l’optimisation du

traitement des patientes”

INVEST_9: “ c’est comme les gens qui font du SAMU parce qu’ils savent

qu’ils vont pas faire de la bobologie” 4 Travail

Ensemble des éléments concernant le travail.

4.1 Sphère

professionnelle

Environnement professionnel, avant la maladie. Ambiance entre collègues, ainsi qu’avec la hiérarchie. Soutien au travail.

INVEST_9 : " Oh c’était un travail de bureau, secrétariat, enfin je n’sais pas.

Et vous savez, c’était un travail de bureau, ce n’était pas un travail physique."

4.1.1 Niveau socio-

économique

Classe socio-économique : cadre, employé, ouvrier, libéral. Niveau d’études de la patiente.

INVEST_8 : “ C‘est une dame qui était dans l’administratif du BTP »

INVEST_9: “ Les cadres, ceux qu’ont quand même des belles situations, par

exemple, (tu) vois, j’ai traité récemment une fille qui était DRH chez

LABO_A, elle s’est même pas arrêtée de travailler, vous voyez, alors qu’elle

était salariée hein.”

4.1.2 Importance du

travail

Importance du travail pour les patientes au sens général au moment du diagnostic et au moment de la reprise. Et importance du travail dans la vision des cancérologues.

INVEST_8 : « Mais c’est une patiente qui dès le début m’a tenu un discours,

presque avant même que l’on parle de sa maladie, qui pourtant nécessite un

traitement urgent, m’a tenu un discours sur le fait que son travail était

extrêmement important qui fallait pas que je me mette entre elle et son travail,

parce qu’elle en avait besoin pour faire vivre sa famille, qu’elle avait un foyer

à entretenir tout ça, et du coup qu’il fallait qu’on essaye de la remettre en selle

le plus vite possible. »

INVEST_9 : « c’est quand même, c’est vraiment important donc… » (P10).

4.1.3 Rémunération Problème de prise en charge / rémunération au moment de la maladie

INVEST_9 : “ Le patron n ‘a jamais renvoyé les arrêts de travail à la sécurité

sociale"

5 Reprise du travail Eléments concernant la reprise de travail.

INVEST_9 : « je les interroge toujours sur leur reprise du travail »

5.1 Bénéfice du travail Bénéfice du travail de façon générale et bénéfice lié à la reprise après un arrêt.

INVEST_9 : “ Moi je trouve qu’on tire quand même un bénéfice de travailler,

indépendamment du…”

INVEST_9 : “ Oui bien sûr, donc, l’activité professionnelle, vous y accordez

une grande place…? MED_RADIO_2 : « Bah c’est important. Hmm. Enfin,

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 151: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

148

moi j’ai travaillé toute ma vie, même s’il y a des jours ou j’en ai ras-le-bol, je

n’ai pas envie de partir à comme tout le monde à huit heures du matin. »”

5.1.1 Physique Bénéfice sur le plan physique.

5.1.2 Psycho-social Bénéfice sur le plan psychique et maintien de liens sociaux.

INVEST_8 : “ des idées très arrêtées dans un sens positif c'est-à-dire : « Moi

je veux reprendre mon travail très rapidement ! » Soit parce que : « C’est ma

vie je veux reprendre mon travail ! C’est la vie c’est, ce n’est pas pour ça que

je me suis fait traiter mais je veux guérir et la guérison c’est aussi reprendre le

travail. »”

5.1.3 Economique Bénéfice financier de la reprise. INVEST_9 : “ même si vous n’avez pas de satisfaction personnelle, même si

vos collègues de travail ne sont pas très sympathiques, à la fin du mois vous

avez un chèque, là. Et ce chèque, bah c’est quand même un remerciement, qui

vaut…”

5.2 Problèmes de la

reprise

Problématiques liées à la reprise du travail tant sur le plan du travail que sur le plan de l’organisation de la vie autour du travail. Exemple de reprise difficile.

NVEST_9 : " Mais on n’avait pas prévu de travail, on pensait que t’allais

récidiver”

INVEST_9 : " Et surtout je n’avais pas de travail. J’avais rien. Parce que le

travail que je faisais avait été repris par quelqu’un d’autre et moi je n’avais

rien.”

INVEST_9 : " Elle a repris son travail dans des conditions parfois un peu

difficiles, alors qu’elle était très soutenue pendant sa maladie. On sent que son

retour au travail a été un peu compliqué.” 5.2.1 Précarité

Problèmes liés à la précarité de l’emploi. Exemple : chômage, situation instable (intérim), travailleur indépendant.

INVEST_9 : “ qu’on tombe dans un domaine de, de la limite avec la précarité.

Ça c’est autre chose.”

INVEST_9 : “ je me disais, « Mais elle va s’en sortir comment pour vivre ? »”

5.2.2 Modification de

l’emploi

Modification du poste pendant l’arrêt maladie, nécessité de s’adapter au moment de la reprise ou changement de l’emploi.

INVEST_9 : « d’une part je n’avais plus de bureau, on m’avait déplacée, on

m’avait mis dans un espèce d’open space. »

5.2.3 Retentissement

psychologique

Retentissements psychologiques négatifs, sur la patiente, des problèmes liés à la reprise.

INVEST_9 : « Donc on va ; elle va, elle va mo—elle va faire autre chose, ça

avait l’air de la un peu préoccuper. »

5.3 Préparation de la

reprise

Comment les cancérologues préparent les patientes à la reprise ou comment les patientes se sont préparées elles-mêmes à la reprise. Conseil reçu par les patientes de façon générale concernant leur retour au travail. Préparation avant la reprise.

INVEST_9 : « il faut travailler auprès des patients pour qu’eux-mêmes se

préparent pour se trouver après à reprendre leur travail. »

INVEST_9 : « Moi je dis à mes malades aussi: « Attention, ah, préparez

vous, vous même à reprendre votre travail. Est-ce que vous êtes prêts à le

reprendre »

5.4 Réadaptation au

travail

Comment les patientes se sont réadaptées à leur poste, au moment de la reprise

INVEST_9 : « mais au onzième jour, vous êtes là, vous travaillez, donc vous

êtes comme tout le monde. Vous travaillez. »

5.5 Facteurs

influençant la

reprise

Facteurs ayant une influence positive ou négative sur la reprise du travail, comprenant le soutien des collègues /de la hiérarchie

INVEST_9 : « Motivation »

INVEST_9 : « quand vous êtes pas salariée et que vous avez rien du tout, du

moins un petite assurance personnelle, et bien vous reprenez un peu plus vite

votre travail »

5.6 Reprise non

abordée

Cas où les cancérologues nous disent ne pas avoir parlé de la reprise avec leurs patientes, et/ ou ne pas savoir du tout comment ça s’est passé. Cas où la patiente informe le cancérologue sans solliciter son avis sur la question du travail.

INVEST_8 : «Oui… absolument, elle gère sa vie oui. »

INVEST_8 : « Ok. Et du coup elle, est-ce que de façon récurrente, elle parle

de son travail, ou finalement elle gère et elle vous en parle plus. »

MED_ONCO_10 : « Non, elle gère »

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 152: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

149

5.7 Temps partiel

thérapeutique

Cas où les patientes ont pu reprendre à temps partiel thérapeutique. Les bénéfices du temps partiel thérapeutique pour la patiente. Les retours d’expériences sur le temps partiel thérapeutique

INVEST_9 : “ Mais certaines font PROG_A en travaillant à mi-temps.”

5.8 Echange entre les

cancérologues

Place du sujet du travail dans les interactions des cancérologues entre eux.

INVEST_9 : " Bah, on aborde du travail, dans le sens où, on leur informe du

métier de la patiente. C’est à dire, on dit, « Bah oui, tiens, en plus, cette dame

elle fait tel métier. »"

INVEST_8 : " Et quelquefois les malades nous disent : « Ah ben justement

docteur je voulais vous en parler, oui alors comment ça se fait ? Comment ça

se fait ? »Et des dames ne, ne, oui ne savent pas … »"

5.9 Echange avec les

patientes Place du sujet du travail dans les interactions entre les cancérologues et les patientes.

INVEST_8 : " Alors, si vous voulez échanger avec les malades sur ce sujet, ce

sont des échanges pratiquement permanents, en sachant que les malades ne

prennent pas forcément bien le commentaire. Mais c’est peut-être moi, si vous

voulez dont le discours est très mal rodé, mais je suis très sincère ! Mon

discours est très très mal rodé sur cette thématique de la reprise de l’activité

professionnelle."

INVEST_8 : " Et quelquefois les malades nous disent : « Ah ben justement

docteur je voulais vous en parler, oui alors comment ça se fait ? Comment ça

se fait ? »Et des dames ne, ne, oui ne savent pas … »"

5.10 Absence d’échange Cas où les cancérologues ne parlent du travail avec aucun des autres intervenants, à l’exclusion du médecin traitant (qui est dans une autre catégorie).

INVEST_9 : « Dans les RCP ? Jamais. » (plus loin) : « Une fois que le

traitement est lancé, on ne va pas reparler du t— Dans les RCP, on parle

jamais de la reprise du travail. »

INVEST_9 : «C’est vrai que ce n’est pas, un sujet. »

5.11 Médecin généraliste

et travail

Implication/rôle professionnel du médecin généraliste concernant la question du travail du point de vue du cancérologue. Ne sont pas attendus dans cette catégorie les verbatims concernant les échanges.

INVEST_9 : « Est-ce que vous savez si le médecin généraliste est intervenu

concernant la question du travail ? RP: Je sais pas du tout. Je n’sais pas

répondre à la question. Je n’sais même plus qui c’était son médecin, j’ai son

nom là, connais pas spécialement, il s’appelle X comme moi, mais c’est tout.

»

5.12 Médecin du travail

et travail

Implication/rôle professionnel du médecin du travail concernant la question du travail du point de vue du cancérologue. Interaction du médecin du travail avec le cancérologue.

INVEST_9 : « moi je dis que c’est important. Parlez en à votre médecin du

travail. » (P21)

INVEST_9 : « Moi j’insiste vraiment pour qu—elles (…) revoient

leur médecin du travail »

INVEST_9 : « En leur disant, « Le médecin du travail, il a un rôle important,

il va vous aider, pour reprendre votre travail, et juger si par rapport à votre

activité physique, » (25)

5.13 Assistante sociale et

travail

Implication/rôle professionnel de l’assistante sociale concernant la reprise du travail du point de vue du cancérologue et rôle professionnel de façon générale. Interaction de l’AS avec le médecin cancérologue.

INVEST_9 : « mais là je vais intervenir l’assistante sociale »

INVEST_9 : « Ah bah oui.. ah bah oui.. ah bah c’est indispensable une

assistante sociale. Ah bah c’est elles qui connaissent le… »

6 Arrêt de travail Eléments concernant l’arrêt de travail en général.

INVEST_9 : « Alors bon, effectivement, le travail, c’est peut-être pas, si on se

centre sur le travail, beaucoup de patientes ne travaillent pas, ça c’est très

clair, la la grande, très grande majorité ne travaillent pas. »

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 153: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

150

6.1 Description de

l’arrêt de travail

Comment se passe la prescription d’arrêt de travail du point de vue du cancérologue comprenant les prescriptions d’AT des autres intervenants médicaux.

INVEST_9 : « Voilà, et en plus, je sais que quand c’est moi qui les signe, ils

ont pas de contrôle, ça les met un peu à l’abri de tout… »

6.1.1 Intérêt de l’AT Nécessité de l’AT pour les patientes, ce qu’apporte l’arrêt de travail aux patientes.

INVEST_9 : « Je pense que… qu’on garde des relations avec son travail et

cetera, mais on prend du temps, pour soi pour .... voilà. Pour s’occuper de

soi. »

6.1.2 Durée de l’AT Durée et temporalité de l’arrêt de travail.

INVEST_9 : « Je leur donne un mois d’arrêt. »

6.2 AT prolongé Conséquences d’un AT prolongé. Démarches administratives compliquées pouvant mener à une invalidité. Cas où le patient ne peut pas reprendre l’activité.

INVEST_9 : « Et quand vous avez été en dehors de votre arrêt de t-- enfin de

votre travail, vous êtes déconnectés, vous avez de la peine à vous remettre

dedans.»

6.2.1 Bénéfice secondaire Bénéfice secondaire de l’arrêt prolongé pour le patient. Arrêt abusif à la demande du patient et / ou à l’initiative du médecin.

INVEST_9 : «Je veux dire par là, que de temps en temps, je me dis, « Est-ce

qu’ils essayent pas de me rouler? »

6.3 Maintien d’activité

professionnelle

Maintien d’activité professionnelle pendant la prise en charge : quand les patientes ne veulent pas s’arrêter.

INVEST_8 : “ et il y en a qui le font de travailler pendant la chimiothérapie, à

condition de pouvoir du coup assouplir un peu son emploi du temps.”

6.3.1 Conséquences

néfastes

Points négatifs d’un maintien dans l’emploi pendant le traitement.

INVEST_9 : « Je les retrouve parfois en mille morceaux après. » (19)

6.3.2 Conséquences

positives

Points positifs d’un maintien dans l’emploi pendant le traitement.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 154: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

151

3. Courriels adressés aux cancérologues

(1er mail) Mail pour demander au médecin de participer à notre thèse.

Cher Dr (…),

Je me permets de vous solliciter pour la participation à une étude qualitative concernant le

travail des femmes après un cancer du sein.

Je m’adresse à vous particulièrement car les investigateurs de l’étude pensent que votre

expérience sur le sujet sera un atout pour notre étude, du fait de votre implication

particulière dans la prise en charge du cancer du sein.

Nous sommes deux internes en médecine générale. Notre sujet de thèse s’intègre dans un

projet de recherche qui s’intéresse à la problématique du travail des femmes après un

cancer du sein. Notre thèse vise à évaluer les besoins des femmes à travers l’expérience des

médecins prenant en charge les femmes atteintes de cancer du sein (Comprenant : Les

oncologues, les chirurgiens et les radiothérapeutes).

Ce travail de thèse, réalisé en collaboration avec Clémentine JORDAN/Angelika

KOCHAN, est dirigé par le Dr Jean-Baptiste FASSIER, médecin du travail aux Hospices

Civils de Lyon et chercheur à l’université Lyon 1 (UMRESTTE UMR T9405).

Notre étude portera sur la région centre de Rhône-Alpes.

Cette étude cherche à explorer l’expérience et la vision des médecins prenant en charge les

femmes atteintes de cancer du sein (Comprenant : Les oncologues, les chirurgiens et les

radiothérapeutes) concernant le retour au travail de ces femmes, et particulièrement leurs

pratiques et leurs retours d’expériences, au moyen d’entretiens individuels semi-dirigés.

Afin d’analyser les données de ces entretiens pour notre sujet de recherche, il me sera

nécessaire de les enregistrer pour les retranscrire puis les analyser.

Toutes les informations que vous me délivrerez seront confidentielles, et seront

retranscrites de façon à les rendre anonymes conformément au protocole de l’étude validé

par le Comité de Protection des Personnes Sud-Est II en date du …..

J’espère que vous serez intéressé par notre sujet et qu’il vous sera possible d’y participer.

Pour la réalisation d’un entretien il est nécessaire de disposer d’environ 45 à 60 minutes,

et je m’ajusterai de toute façon à votre disponibilité. Celui-ci peut se dérouler sur le lieu de

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 155: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

152

votre choix. Je vous propose d’appeler directement votre secrétariat pour connaître votre

intérêt et votre disponibilité.

Je reste bien entendu à votre disposition pour toutes informations complémentaires.

Je vous transmets en pièce jointe les informations concernant l’étude FAST TRACS dans

laquelle s’inscrit notre sujet de thèse.

Respectueusement,

Clémentine JORDAN.

Angelika KOCHAN.

(2ème mail) Demande de préparation des cas.

Cher Dr …,

Merci d’avoir accepté de participer à notre étude concernant le travail des femmes après un

cancer du sein. Votre participation sera très précieuse pour notre sujet de recherche qui

constituera également un travail de thèse qualitative que je réalise en collaboration avec

Clémentine JORDAN/Angelika KOCHAN, également interne en médecine

générale/médecin remplaçante en médecine générale, sous la direction du Dr Jean Baptiste

FASSIER.

J'ai pu contacter votre secrétariat qui m’a proposé le créneau du (…) pour notre entretien à

(…). J’espère que cette date et lieu vous conviennent.

Afin d’appréhender au mieux cet entretien, je souhaiterais vous demander s’il vous est

possible de préparer un dossier de patiente traitée pour un cancer du sein, pour laquelle la

question du travail vous a semblé importante. Je ne vous demanderai pas d’apporter de

détail concernant le traitement. En revanche, il est important pour moi de recueillir des

informations concernant les éléments suivants :

- l’histoire de vie / trajectoire depuis le diagnostic / le parcours de soins

- les évènements marquants : les grandes lignes de la thérapeutique choisie pour la

patiente, la question du travail, la relation médecin/patiente établie avec cette patiente.

- le contexte de reprise du travail (si cela a été le cas).

Par ailleurs, pour mieux connaître votre cadre d’exercice, je vous remercie de répondre aux

quelques questions suivantes :

- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?

- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice?

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 156: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

153

- Quels sont vos modes d’exercice actuel ? Privé / Public ? Consultation / Activité de

service ? Activité universitaire ?

- Quel(s) type(s) de pathologie(s) prenez-vous en charge principalement?

- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?

- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge?

(Socio démographique : rural / urbain, cadre / libéral / ouvrier)

-Quel est votre mode de recrutement habituel?

Veuillez trouver en pièce jointe le consentement de participation à l’étude que nous

récupérerons le jour de l’entretien.

Je suis très reconnaissante du temps que vous allez consacrer à notre travail de thèse, et je

vous remercie encore pour votre participation.

Dans l’attente de notre entretien, je vous prie de recevoir, Madame, l’expression de mes

salutations respectueuses.

Angelika KOCHAN ou Clémentine JORDAN

Médecin remplaçante en médecine générale/ Interne de médecine générale

Ou :

Cher Dr (…),

Merci d’avoir accepté de participer à notre étude. Votre participation sera très précieuse

pour notre sujet de recherche.

Afin d’appréhender au mieux cet entretien qui se déroulera le ../../2016 à ..h.. à l’hôpital

(…), je souhaite vous demander s’il vous est possible de préparer un dossier de patiente

traitée pour un cancer du sein, pour laquelle la question du travail vous a semblé

importante.

Je ne vous demanderai pas d’apporter de détail concernant le traitement. En revanche, il est

important pour moi de recueillir des informations concernant les éléments suivants :

- l’histoire de vie / trajectoire depuis le diagnostic / le parcours de soins

- les évènements marquants: les grandes lignes de la thérapeutique choisie pour la patiente,

la question du travail, la relation médecin/patiente établie avec cette patiente.

- le contexte de reprise du travail (si cela a été le cas).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 157: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

154

Par ailleurs, pour mieux connaître votre cadre d’exercice, je vous remercie de répondre aux

quelques questions suivantes :

- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?

- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice ?

- Quels sont vos modes d’exercices actuels ? Privé / Public ? Consultation / Activité de

service ? Activité universitaire ?

- Quel (s) type(s) de pathologie(s) prenez-vous en charge principalement?

- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?

- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge?

(Socio démographique : rural / urbain, cadre / libéral /ouvrier)

- Quel est votre mode de recrutement habituel ?

Je suis reconnaissante du temps que vous allez consacrer à mon travail de thèse, et je vous

remercie encore pour votre participation.

Dans l’attente de notre entretien, je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, l’expression

de mes salutations respectueuses.

Clémentine JORDAN

Angelika KOCHAN

Internes de médecine générale

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 158: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

155

4. Notice d’information sur le Projet FASTRACS

Etude FAST TRACS 1 – Faciliter et Soutenir le Retour au Travail après un Cancer du Sein

Information aux Professionnels de la santé

�����

Madame, Monsieur

Nous vous proposons de participer à l’étude FAST-TRACS-1. Cette étude cherche à comprendre

comment mieux faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi des femmes après un

cancer du sein. Ce document vous apporte toutes les informations concernant cette étude. Nous

vous invitons à le lire, et à poser toutes vos questions avant de prendre votre décision d’y

participer. A. Justification de l’étude Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Pour les patientes, la reprise

du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein peuvent se heurter à plusieurs difficultés. Il existe également des enjeux pour les professionnels de santé qui prennent en

charge les patientes, et pour les organismes d’assurance maladie et complémentaires qui

assurent le remboursement des soins. Il y a enfin des enjeux pour les entreprises au moment du

retour d’une salariée après un cancer du sein.

Actuellement, aucune intervention n’a démontré son efficacité pour aider les femmes à reprendre

et conserver leur travail après un cancer du sein. Toutes ne rencontrent pas les mêmes conditions

de reprises et il existe des inégalités sociales qui pénalisent certaines femmes plus que les autres.

Cette étude est une occasion de comprendre pourquoi il existe ces différences-là.

Il est donc essentiel de mieux comprendre ces situations pour développer des solutions adaptées

visant à faciliter la reprise et le maintien du travail, et réduire ces inégalités sociales. L’étude que

nous menons cherche donc à associer tous les acteurs concernés dans la recherche et le

développement de nouvelles solutions (usagers, secteur de la santé, monde du travail, protection

sociale).

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 159: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

156

B. Description du projet FAST-TRACS Le projet de recherche FAST-TRACS a pour objectifs de concevoir puis d’évaluer une démarche

innovante pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein. Ce

projet comporte plusieurs étapes depuis l’évaluation initiale des besoins jusqu’à l’évaluation des

nouvelles solutions développées. La durée nécessaire pour conduire toutes les étapes du projet

FAST-TRACS est évaluée entre 3 et 5 ans.

Le projet est conduit par une équipe associant des chercheurs et des chercheuses de plusieurs

disciplines (médecine et santé au travail, psychologie sociale et du travail, médecine générale,

cancérologie) affiliés à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et l’Université Lumière Lyon 2.

C. Description de l’étude FAST-TRACS-1 Cette étude est la première étape du projet FAST-TRACS. Elle a deux objectifs : (1) Constituer un

comité scientifique élargi (COS) associant les représentant des différentes catégories d’acteurs

impliqués dans la problématique: patientes et associations, professionnels de santé, acteurs du monde du travail, acteurs de l’offre de soins et du remboursement des soins ; (2) Conduire une

évaluation des besoins, permettant de formuler une représentation complète de cette

problématique partagée par les différentes parties prenantes. Les besoins évalués sont bien sûr

ceux des patientes, mais aussi les besoins de leurs entreprises (collègues, encadrement et

direction), de leurs professionnels de santé (cancérologues, généralistes et médecins du travail) et

des organismes de protection sociale (médecins-conseils, assistantes sociales, mutuelles et

assurances complémentaires).

D. Votre participation à l’étude FAST-TRACS-1 Vous êtes sollicitée dans le cadre de cette étude, car vous prenez (ou avez pris) en charge des

patientes ayant un cancer du sein dans le cadre de votre activité professionnelle. À ce titre, votre

expérience peut enrichir l’évaluation des besoins rencontrés par les professionnels de santé

pendant la prise en charge et le suivi d’une patiente avec un cancer du sein, que ces besoins

concernent la patiente elle-même, ou bien vos propres besoins pour les prendre en charge.

Votre participation à l’étude prendra la forme d’un entretien individuel et/ou collectif. Les questions

qui vous seront posées porteront sur votre expérience professionnelle de prise en charge de

patientes avec un cancer du sein. Les thèmes abordés porteront sur votre activité professionnelle

habituelle, votre cadre de travail, votre expérience de collaboration avec les autres acteurs de la

prise en charge (médecins traitants, médecins du travail, médecins-conseils), et votre expérience

sur la thématique du retour et maintien en emploi après un cancer du sein.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 160: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

157

La participation aux entretiens repose sur la base du volontariat. Il est prévu qu’un entretien

(individuel ou collectif) dure entre 45 et 90 minutes. Les entretiens seront conduits par des

chercheurs et des chercheuses sans lien de dépendance avec votre établissement.

Si vous participez à un entretien individuel, celui-ci sera fixé à un horaire et un lieu à votre

convenance, en accord avec le chercheur ou la chercheuse qui conduira cet entretien.

Si vous participez à un entretien collectif, le lieu et l’horaire seront déterminés pour permettre au

plus grand nombre de personnes de participer (six à huit personnes au maximum par groupe de discussion).

E. Anonymat et confidentialité des données Les entretiens individuels et collectifs seront enregistrés au moyen d’un dictaphone, et leur contenu

sera retranscrit pour pouvoir être analysé. Les retranscriptions seront conduites par une personne

liée par une clause de confidentialité.

Une procédure d’anonymisation sera appliquée au moment de la retranscription, pour remplacer

par des codes les noms de personnes ou de lieu (établissement, entreprise, service médical, ville, etc.). Une fois retranscrits, les supports d’enregistrement et les retranscriptions seront les seuls

documents conservés.

Les analyses des retranscriptions anonymisées seront effectuées par des chercheurs /

chercheuses et des étudiant(e)s sous leur responsabilité. L’anonymat sera respecté durant

l’analyse des données, la publication des résultats et l’archivage des retranscriptions. Les seules

personnes pouvant accéder aux retranscriptions seront les chercheurs et les chercheuses, ainsi

que étudiant(e)s sous leur responsabilité.

F. Aspects réglementaires Votre participation à cette étude est totalement volontaire et ne sera pas rémunérée. Si vous

refusez d’y participer, vous n’en subirez aucune conséquence et vous n’aurez pas à en préciser les

raisons. A tout moment vous pourrez choisir d’interrompre votre participation à l’étude.

Si vous deviez quitter l’étude ou si vous avez des questions sur l’entretien individuel ou collectif,

vous pourrez vous adresser directement à l’investigateur principal, le Dr Jean-Baptiste FASSIER au 04 78 77 28 28, par courriel : [email protected] ou par courrier (UMRESTTE-

Domaine Rockfeller- 69373 LYON cedex 08).

Nous garantissons que toutes les données vous concernant recueillies dans le cadre de cette

recherche resteront strictement confidentielles et seront traitées de façon anonyme.

Nous vous remercions pour votre aide dans la réalisation de ce projet.

Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos salutations respectueuses.

Pour l’équipe de recherche de l’étude FAST-TRACS-1,

Les Investigateurs

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 161: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

158

Dr Jean-Baptiste Fassier (Investigateur principal), UMRESTTE, Université Claude Bernard

Lyon 1 Dr Marion Lamort-Bouché, UMRESTTE, Université Claude Bernard Lyon 1

Pr Laurent Letrilliart, SIS, Université Lumière Lyon 2

Dr Julien Peron, LBBE, Université Claude Bernard Lyon 1

Sabrina Rouat, Maître de Conférences, GREPS, Université Lumière Lyon 2

Pr Philippe Sarnin, GREPS, Université Lumière Lyon 2

Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement

(Umrestte, UMR T9405) - Site de Rockefeller, UCBL 1 - 8 avenue Rockefeller, 69373 Lyon Cedex 08

Tél. : 33 (0)4 78 77 28 09 ; Fax : 33 (0)4 78 77 28 65

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 162: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

159

5. Formulaire de consentement à la participation à l’étude

Etude FAST TRACS 1 – Faciliter et Soutenir le Retour au Travail après un Cancer du Sein FORMULAIRE DE CONSENTEMENT – Professionnels de santé

* Madame, Monsieur (NOM Prénom)

...................................................................................

Adresse personnelle*:............................................................................................................ ........................................................................................................................................

N°téléphone (fixe)*: └─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘ N°portable *: └─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘ Si je souhaite pouvoir avoir un retour par mail des résultats de cette recherche, je laisse mon adresse mail : ............................................................................................@................................................................... *champ obligatoire

J’accepte de participer à l’étude intitulée : « FAST-TRACS-1 –Faciliter et Soutenir le Retour au travail après un Cancer du Sein -1 » que M. / Mme ..................................................., investigateur dans l’étude m’a présentée oralement.

J’ai pris note que ma participation à l’étude prendra la forme d’un entretien individuel et/ou collectif à une heure et un lieu convenus avec moi. Il m’a été précisé que je suis libre d’accepter ou de refuser de participer à cette étude sans aucune conséquence dans le cadre de ma prise en charge. Je sais que je peux retirer à tout moment mon consentement, quelles que soient mes raisons sans que ma responsabilité ne soit engagée. J’ai pris note que ma participation à l’étude ne sera pas rémunérée.

Une lettre d’information précisant les implications d’une telle étude m’a été remise. J’ai lu et compris la lettre d’information. J’ai pu poser toutes les questions que je souhaitais et j’ai reçu des réponses claires et précises. Je peux à tout moment demander des informations complémentaires au Docteur Jean-Baptiste Fassier (Tel: 04.78.77.28.28).

Mon consentement ne décharge pas les investigateurs de leurs responsabilités et

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 163: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

160

obligations légales. Je conserve tous mes droits garantis par les articles L.209-1 et suivants du Code de la Santé Publique et la Loi Informatique et Liberté du 6 Janvier 1987 modifiée.

J’accepte que les données nominatives recueillies à l’occasion de cette étude fassent l’objet d’un traitement informatisé par les organisateurs de la recherche. Le droit d’accès et de rectification des données prévu par la loi « Informatique et Liberté » peut s’exercer à tout moment auprès des responsables de l’étude par l’intermédiaire du Dr Jean-Baptiste Fassier (Tel : 04.78.77.28.28).

Les données nominatives recueillies resteront strictement confidentielles et seront traitées de façon anonyme. À ce titre, une déclaration de création de fichier informatisé a été faite auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés spécifiquement pour cette étude. Je n’autorise la consultation des fichiers que par les personnes seulement qui collaborent à l’étude, dûment mandatées par l’investigateur.

J’ai été informé(e) que conformément au Livre I-Titres 2 et 3 du Code de la Santé publique relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales, le Comité de Protection des Personnes (CPP) Sud-Est II a été sollicité pour avis éthique et donné son autorisation le 16.12.2015 (n°IRB 00009118).

Date et Signature du Professionnel Date et Signature de l’Investigateur

Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement

(Umrestte, UMR T9405) - Site de Rockefeller, UCBL 1 - 8 avenue Rockefeller, 69373 Lyon Cedex 08 Tél.:33(0)478772809;Fax:33(0)478772865

Ce document a été établi en 2 exemplaires : l’un remis au participant, l’autre archivé par l’investigateur.

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 164: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)

Page 165: Creative commons : Paternité - Pas d’Utilisation ...bibnum.univ-lyon1.fr/nuxeo/nxfile/default/903c003f... · Année 2016 N° VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES

161

GASPAROUX Clémentine (épouse JORDAN) et KOCHAN Angelika: Vision des cancérologues sur les besoins des femmes s’agissant de la reprise du travail après un cancer du sein. 160 pages, 2 tableaux Thèse de Médecine, Faculté de Lyon, 2016 ; n° Résumé : Introduction : De par sa fréquence et son bon pronostic, le cancer du sein est un enjeu de santé publique. Il est important que les survivantes de ce cancer en activité professionnelle au moment du diagnostic puissent retourner au travail, car celui-ci contribue à une pleine participation sociale. L’objectif de ce travail était de décrire l’expérience et la vision des cancérologues, concernant les besoins des femmes ayant eu un cancer du sein, s’agissant la reprise du travail. Cette étude s’intégrait dans la première étape d’un protocole de l’intervention mapping du Projet FASTRACS. Cette étape vise à évaluer les besoins des femmes s’agissant du retour au travail et du maintien dans l’emploi. Matériels et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-dirigés. Les participants à l’étude étaient les cancérologues (comprenant les oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les chirurgiens) prenant en charge les femmes ayant eu un cancer du sein. Un codage puis des analyses intra-cas et inter-cas ont été réalisées. Une triangulation des données a été établie par la confrontation des analyses des deux chercheurs. Résultats : Vingt entretiens ont été réalisés. Selon les médecins interrogés, les femmes auraient besoin de l’aval de leur cancérologue pour la reprise du travail. Celle-ci serait facilitée par des adaptations sur les plans professionnel et thérapeutique. Le temps partiel thérapeutique était la principale adaptation proposée. Les cancérologues n’échangeaient pas sur la question du travail avec les médecins généralistes ni avec les autres acteurs de la prise en charge (médecins du travail et acteurs paramédicaux). Le rôle du médecin généraliste dans la problématique du retour au travail n’était pas décrit clairement par les cancérologues, mais semblait néanmoins important pour certains d’entre eux. Ils s’interrogeaient sur les modalités de la discussion concernant le travail avec leurs patientes, s’agissant du bon moment et des bonnes conditions pour en parler. La chimiothérapie et les facteurs intrinsèques à la patiente étaient cités comme des facteurs influençant la reprise, mais pas les facteurs de leur environnement familial ni professionnel. Conclusion : Une meilleure communication entre les professionnels de santé prenant en charge les femmes atteintes de cancer du sein, associé à des adaptations thérapeutiques et professionnelles semblent souhaitables pour que le retour au travail et le maintien dans l’emploi de ces femmes se passe dans de bonnes conditions. La prochaine étape du Projet FASTRACS est de compléter l’évaluation des besoins, par le recueil de l’expérience des autres acteurs (médecins généralistes, entreprises, etc.). Ce recueil exhaustif permettra de développer et de tester une intervention pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein. MOTS CLES : Retour au travail, Maintien dans l’emploi, Cancer du sein, Besoins

JURY : Président : Pr LETRILLIART Laurent Membres : Pr CHAPET Olivier

Pr CHARBOTEL Barbara Pr JACQUIN-COURTOIS Sophie Dr FASSIER Jean-Baptiste

DATE DE SOUTENANCE : 15 novembre 2016 ADRESSES DES AUTEURS: [email protected] [email protected]

JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)