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JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD –LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON EST et LYON SUD
Année 2016 N°
VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES S’AGISSANT DE LA REPRISE DU
TRAVAIL APRES UN CANCER DU SEIN
THESE
Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 15 novembre 2016 pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
Clémentine GASPAROUX épouse JORDAN
Née le 04 juillet 1988
à LYON 7 ème
et
Angelika KOCHAN
Née le 23 juillet 1984
à Stalowa Wola, POLOGNE
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD –LYON 1
FACULTE DE MEDECINE LYON EST
Année 2016 N°
VISION DES CANCEROLOGUES SUR LES BESOINS DES FEMMES S’AGISSANT DE LA REPRISE DU
TRAVAIL APRES UN CANCER DU SEIN
THESE
Présentée
A l’Université Claude Bernard Lyon 1 et soutenue publiquement le 15 novembre 2016 pour obtenir le grade de Docteur en Médecine
par
Clémentine JORDAN, née GASPAROUX
Née le 04 juillet 1988
à LYON 7eme
et
Angelika KOCHAN
Née le 23 juillet 1984
Stalowa Wola, POLOGNE
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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UNIVERSITE CLAUDE BERNARD – LYON 1 Président Frédéric FLEURY Président du Comité de Pierre COCHAT Coordination des Etudes Médicales Directeur Général des Services Dominique MARCHAND Secteur Santé UFR de Médecine Lyon Est Doyen : Gilles RODE UFR de Médecine Lyon Sud- Doyen : Carole BURILLON Charles Mérieux Institut des Sciences Pharmaceutiques Directrice : Christine VINCIGUERRA Et Biologiques (ISPB) UFR d’Odontologie Directeur : Denis BOURGEOIS Institut des Sciences et Techniques Directeur : Xavier PERROT De Réadaptation (ISTR) Département de Biologie Humaine Directrice : Anne-Marie SCHOTT Secteur Sciences et Technologie UFR de Sciences et Technologies Directeur : Fabien de MARCHI UFR de Sciences et Techniques des Directeur : Yannick VANPOULLE Activités Physiques et Sportives (STAPS) Polytech Lyon Directeur : Emmanuel PERRIN I.U.T. Directeur : Christophe VITON Institut des Sciences Financières Directeur : Nicolas LEBOISNE Et Assurances (ISFA) Observatoire de Lyon Directrice : Isabelle DANIEL Ecole Supérieure du Professorat Directeur : Alain MOUGNIOTTE Et de l’Education (ESPE)
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Faculté de Médecine Lyon Est Liste des enseignants 2016/2017
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 2 Blay Jean-Yves Cancérologie ; radiothérapie Cochat Pierre Pédiatrie Cordier Jean-François Pneumologie ; addictologie Etienne Jérôme Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Gouillat Christian Chirurgie digestive Guérin Jean-François Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Mornex Jean-François Pneumologie ; addictologie Ninet Jacques Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Philip Thierry Cancérologie ; radiothérapie Ponchon Thierry Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Revel Didier Radiologie et imagerie médicale Rivoire Michel Cancérologie ; radiothérapie Rudigoz René-Charles Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Thivolet-Bejui Françoise Anatomie et cytologie pathologiques Vandenesch François Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Classe exceptionnelle Echelon 1 Borson-Chazot Françoise Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale Chassard Dominique Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Claris Olivier Pédiatrie D’Amato Thierry Psychiatrie d’adultes ; addictologie Delahaye François Cardiologie Denis Philippe Ophtalmologie Disant François Oto-rhino-laryngologie Douek Philippe Radiologie et imagerie médicale Ducerf Christian Chirurgie digestive Finet Gérard Cardiologie Gaucherand Pascal Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Guérin Claude Réanimation ; médecine d’urgence Herzberg Guillaume Chirurgie orthopédique et traumatologique Honnorat Jérôme Neurologie Lachaux Alain Pédiatrie Lehot Jean-Jacques Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Lermusiaux Patrick Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Lina Bruno Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Martin Xavier Urologie Mellier Georges Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Mertens Patrick Anatomie Michallet Mauricette Hématologie ; transfusion Miossec Pierre Immunologie Morel Yves Biochimie et biologie moléculaire Moulin Philippe Nutrition Négrier Sylvie Cancérologie ; radiothérapie
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Neyret Philippe Chirurgie orthopédique et traumatologique Nighoghossian Norbert Neurologie Ninet Jean Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Obadia Jean-François Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Ovize Michel Physiologie Rode Gilles Médecine physique et de réadaptation Terra Jean-Louis Psychiatrie d’adultes ; addictologie Zoulim Fabien Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Première classe
André-Fouet Xavier Cardiologie Argaud Laurent Réanimation ; médecine d’urgence Badet Lionel Urologie Barth Xavier Chirurgie générale Bessereau Jean-Louis Biologie cellulaire Berthezene Yves Radiologie et imagerie médicale Bertrand Yves Pédiatrie Boillot Olivier Chirurgie digestive Braye Fabienne Chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ; Brûlologie Breton Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chevalier Philippe Cardiologie Colin Cyrille Epidémiologie, économie de la santé et prévention Colombel Marc Urologie Cottin Vincent Pneumologie ; addictologie Devouassoux Mojgan Anatomie et cytologie pathologiques Di Fillipo Sylvie Cardiologie Dumontet Charles Hématologie ; transfusion Durieu Isabelle Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Edery Charles Patrick Génétique Fauvel Jean-Pierre Thérapeutique ; médecine d’urgence ; addictologie Guenot Marc Neurochirurgie Gueyffier François Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Guibaud Laurent Radiologie et imagerie médicale Javouhey Etienne Pédiatrie Juillard Laurent Néphrologie Jullien Denis Dermato-vénéréologie Kodjikian Laurent Ophtalmologie Krolak Salmon Pierre Médecine interne ; gériatrie et biologie du vieillissement ; médecine générale ; addictologie Lejeune Hervé Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Mabrut Jean-Yves Chirurgie générale Merle Philippe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Mion François Physiologie Morelon Emmanuel Néphrologie Mure Pierre-Yves Chirurgie infantile Négrier Claude Hématologie ; transfusion Nicolino Marc Pédiatrie
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Picot Stéphane Parasitologie et mycologie Rouvière Olivier Radiologie et imagerie médicale Roy Pascal Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Ryvlin Philippe Neurologie Saoud Mohamed Psychiatrie d’adultes Schaeffer Laurent Biologie cellulaire Scheiber Christian Biophysique et médecine nucléaire Schott-Pethelaz Anne-Marie Epidémiologie, économie de la santé et prévention Tilikete Caroline Physiologie Truy Eric Oto-rhino-laryngologie Turjman Francis Radiologie et imagerie médicale Vallée Bernard Anatomie Vanhems Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Vukusic Sandra Neurologie Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers Seconde Classe Ader Florence Maladies infectieuses ; maladies tropicales Aubrun Frédéric Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Boussel Loïc Radiologie et imagerie médicale Calender Alain Génétique Chapurlat Roland Rhumatologie Charbotel Barbara Médecine et santé au travail Chêne Gautier Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Cotton François Radiologie et imagerie médicale Crouzet Sébastien Urologie Dargaud Yesim Hématologie ; transfusion David Jean-Stéphane Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Di Rocco Federico Neurochirurgie Dubernard Gil Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Ducray François Neurologie Dumortier Jérome Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Fanton Laurent Médecine légale Fellahi Jean-Luc Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Ferry Tristan Maladie infectieuses ; maladies tropicales Fourneret Pierre Pédopsychiatrie ; addictologie Gillet Yves Pédiatrie Girard Nicolas Pneumologie Gleizal Arnaud Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Henaine Roland Chirurgie thoracique et cardiovasculaire Hot Arnaud Médecine interne Huissoud Cyril Gynécologie-obstétrique ; gynécologie médicale Jacquin-Courtois Sophie Médecine physique et de réadaptation Janier Marc Biophysique et médecine nucléaire Lesurtel Mickaël Chirurgie générale Michel Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention Million Antoine Chirurgie vasculaire ; médecine vasculaire Monneuse Olivier Chirurgie générale Nataf Serge Cytologie et histologie Peretti Noël Nutrition Pignat Jean-Christian Oto-rhino-laryngologie Poncet Gilles Chirurgie générale Raverot Gérald Endocrinologie, diabète et maladies métaboliques ; gynécologie médicale
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Ray-Coquard Isabelle Cancérologie ; radiothérapie Rheims Sylvain Neurologie Richard Jean-Christophe Réanimation ; médecine d’urgence Robert Maud Chirurgie digestive Rossetti Yves Physiologie Souquet Jean-Christophe Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Thaunat Olivier Néphrologie Thibault Hélène Physiologie Wattel Eric Hématologie ; transfusion
Professeur des Universités - Médecine Générale
Flori Marie Letrilliart Laurent Moreau Alain Zerbib Yves
Professeurs associés de Médecine Générale
Lainé Xavier
Professeurs émérites
Baulieux Jacques Cardiologie Beziat Jean-Luc Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie Chayvialle Jean-Alain Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Daligand Liliane Médecine légale et droit de la santé Droz Jean-Pierre Cancérologie ; radiothérapie Floret Daniel Pédiatrie Gharib Claude Physiologie Mauguière François Neurologie Neidhardt Jean-Pierre Anatomie Petit Paul Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Sindou Marc Neurochirurgie Touraine Jean-Louis Néphrologie Trepo Christian Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie Trouillas Jacqueline Cytologie et histologie Viale Jean-Paul Réanimation ; médecine d’urgence Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Hors classe Benchaib Mehdi Biologie et médecine du développement et de la reproduction ; gynécologie médicale Bringuier Pierre-Paul Cytologie et histologie Dubourg Laurence Physiologie Germain Michèle Physiologie Jarraud Sophie Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Le Bars Didier Biophysique et médecine nucléaire Normand Jean-Claude Médecine et santé au travail Persat Florence Parasitologie et mycologie Piaton Eric Cytologie et histologie Sappey-Marinier Dominique Biophysique et médecine nucléaire Streichenberger Nathalie Anatomie et cytologie pathologiques
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Timour-Chah Quadiri Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique ; addictologie Voiglio Eric Anatomie Maîtres de Conférence – Praticiens Hospitaliers Première classe Barnoud Raphaëlle Anatomie et cytologie pathologiques Bontemps Laurence Biophysique et médecine nucléaire Chalabreysse Lara Anatomie et cytologie pathologiques Charrière Sybil Nutrition Collardeau Frachon Sophie Anatomie et cytologie pathologiques Confavreux Cyrille Rhumatologie Cozon Grégoire Immunologie Escuret Vanessa Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Hervieu Valérie Anatomie et cytologie pathologiques Kolopp-Sarda Marie Nathalie Immunologie Lesca Gaëtan Génétique Lukaszewicz Anne-Claire Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Maucort Boulch Delphine Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Meyronet David Anatomie et cytologie pathologiques Pina-Jomir Géraldine Biophysique et médecine nucléaire Plotton Ingrid Biochimie et biologie moléculaire Rabilloud Muriel Biostatistiques, informatique médicale et technologies de communication Rimmele Thomas Anesthésiologie-réanimation ; médecine d’urgence Ritter Jacques Epidémiologie, économie de la santé et prévention Roman Sabine Physiologie Tardy Guidollet Véronique Biochimie et biologie moléculaire Tristan Anne Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Venet Fabienne Immunologie Vlaeminck-Guillem Virginie Biochimie et biologie moléculaire Maîtres de Conférences – Praticiens Hospitaliers Seconde classe Casalegno Jean-Sébastien Bactériologie-virologie ; hygiène hospitalière Curie Aurore Pédiatrie Duclos Antoine Epidémiologie, économie de la santé et prévention Lemoine Sandrine Physiologie Marignier Romain Neurologie Phan Alice Dermato-vénéréologie Schluth-Bolard Caroline Génétique Simonet Thomas Biologie cellulaire Vasiljevic Alexandre Anatomie et cytologie pathologiques
Maîtres de Conférences associés de Médecine Générale
Farge Thierry Pigache Christophe
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U.F.R. FACULTE DE MEDECINE ET DE MAIEUTIQUE LYON SUD-CHARLES
MERIEUX
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (Classe exceptionnelle)
BERGERET Alain Médecine et Santé du Travail
BROUSSOLLE Emmanuel Neurologie
BURILLON-LEYNAUD Carole Ophtalmologie
CHIDIAC Christian Maladies infectieuses ; Tropicales
COIFFIER Bertrand Hématologie ; Transfusion
DUBREUIL Christian O.R.L.
FLOURIE Bernard Gastroentérologie ; Hépatologie
FOUQUE Denis Néphrologie
GILLY François-Noël Chirurgie générale
GOLFIER François Gynécologie Obstétrique ; gynécologie médicale
GUEUGNIAUD Pierre-Yves Anesthésiologie et Réanimation urgence
LAVILLE Martine Nutrition
LAVILLE Maurice Thérapeutique
MALICIER Daniel Médecine Légale et Droit de la santé
MATILLON Yves Epidémiologie, Economie Santé et Prévention
MORNEX Françoise Cancérologie ; Radiothérapie
MOURIQUAND Pierre Chirurgie infantile
NICOLAS Jean-François Immunologie
PEIX Jean-Louis Chirurgie Générale
SALLES Gilles Hématologie ; Transfusion
SAMARUT Jacques Biochimie et Biologie moléculaire
SIMON Chantal Nutrition
THIVOLET Charles Endocrinologie et Maladies métaboliques
VALETTE Pierre Jean Radiologie et imagerie médicale
VIGHETTO Alain Neurologie
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)
ADHAM Mustapha Chirurgie Digestive
ANDRE Patrice Bactériologie – Virologie
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BERARD Frédéric Immunologie
BONNEFOY Marc Médecine Interne, option Gériatrie
BONNEFOY- CUDRAZ Eric Cardiologie
BROUSSOLLE Christiane Médecine interne ; Gériatrie et biologie vieillissement
CAILLOT Jean Louis Chirurgie générale
CERUSE Philippe O.R.L
DES PORTES DE LA FOSSE Vincent Pédiatrie
ECOCHARD René Bio-statistiques
FESSY Michel-Henri Anatomie
FLANDROIS Jean-Pierre Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière
FRANCK Nicolas Psychiatrie Adultes
FREYER Gilles Cancérologie ; Radiothérapie
GEORGIEFF Nicolas Pédopsychiatrie
GIAMMARILE Francesco Biophysique et Médecine nucléaire
GLEHEN Olivier Chirurgie Générale
JOUANNEAU Emmanuel Neurochirurgie
KIRKORIAN Gilbert Cardiologie
LANTELME Pierre Cardiologie
LEBECQUE Serge Biologie Cellulaire
LINA Gérard Bactériologie
LLORCA Guy Thérapeutique
LONG Anne Chirurgie vasculaire
LUAUTE Jacques Médecine physique et Réadaptation
MAGAUD Jean-Pierre Hématologie ; Transfusion
PEYRON François Parasitologie et Mycologie
PICAUD Jean-Charles Pédiatrie
PIRIOU Vincent Anesthésiologie et réanimation chirurgicale
POUTEIL-NOBLE Claire Néphrologie
PRACROS J. Pierre Radiologie et Imagerie médicale
RODRIGUEZ-LAFRASSE Claire Biochimie et Biologie moléculaire
SAURIN Jean-Christophe Hépato gastroentérologie
TEBIB Jacques Rhumatologie
THOMAS Luc Dermato -Vénérologie
TRILLET-LENOIR Véronique Cancérologie ; Radiothérapie
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PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)
BARREY Cédric Neurochirurgie
BOHE Julien Réanimation urgence
BOULETREAU Pierre Chirurgie maxillo-faciale et stomatologie
CHAPET Olivier Cancérologie, radiothérapie
CHOTEL Franck Chirurgie Infantile
COTTE Eddy Chirurgie générale
DAVID Jean Stéphane Anesthésiologie et Réanimation urgence
DEVOUASSOUX Gilles Pneumologie
DISSE Emmanuel Endocrinologie diabète et maladies métaboliques
DORET Muriel Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale
DUPUIS Olivier Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale
FARHAT Fadi Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
FEUGIER Patrick Chirurgie Vasculaire
FRANCO Patricia Physiologie
GHESQUIERES Hervé Hématologie
KASSAI KOUPAI Berhouz Pharmacologie Fondamentale, Clinique
LASSET Christine Epidémiologie., éco. santé
LEGER FALANDRY Claire Médecine interne, gériatrie
LIFANTE Jean-Christophe Chirurgie Générale
LUSTIG Sébastien Chirurgie. Orthopédique,
MOJALLAL Alain-Ali Chirurgie. Plastique.,
NANCEY Stéphane Gastro Entérologie
PAPAREL Philippe Urologie
PIALAT Jean-Baptiste Radiologie et Imagerie médicale
POULET Emmanuel Psychiatrie Adultes
REIX Philippe Pédiatrie
RIOUFFOL Gilles Cardiologie
SALLE Bruno Biologie et Médecine du développement et de la reproduction
SANLAVILLE Damien Génétique
SERVIEN Elvire Chirurgie Orthopédique
SEVE Pascal Médecine Interne, Gériatrique
TAZAROURTE Karim Thérapeutique
THAI-VAN Hung Physiologie
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THOBOIS Stéphane Neurologie
TRAVERSE-GLEHEN Alexandra Anatomie et cytologie pathologiques
TRINGALI Stéphane O.R.L.
TRONC François Chirurgie thoracique et cardio.
WALLON Martine Parasitologie mycologie
WALTER Thomas Gastroentérologie - Hépatologie
PROFESSEURS ASSOCIES
FILBET Marilène Thérapeutique
LESURTEL Mickaël Chirurgie générale
SOUQUET Pierre-Jean Pneumologie
PROFESSEUR DES UNIVERSITES - MEDECINE GENERALE
DUBOIS Jean-Pierre
PROFESSEURS ASSOCIES - MEDECINE GENERALE
DUPRAZ Christian
ERPELDINGER Sylvie
PROFESSEURS ASSOCIES SCIENCES ET TECHNOLOGIES - MEDECINE GENERALE
BONIN Olivier
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (Hors Classe)
ARDAIL Dominique Biochimie et Biologie moléculaire
BOUVAGNET Patrice Génétique
CHARRIE Anne Biophysique et Médecine nucléaire
DELAUNAY-HOUZARD Claire Biophysique et Médecine nucléaire
LORNAGE-SANTAMARIA Jacqueline Biologie et Médecine du développement et de la
reproduction
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MASSIGNON Denis Hématologie – Transfusion
RABODONIRINA Méja Parasitologie et Mycologie
VAN GANSE Eric Pharmacologie Fondamentale, Clinique
VIART-FERBER Chantal Physiologie
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES – PRATICIENS HOSPITALIERS (1ère Classe)
BELOT Alexandre Pédiatrie
BREVET Marie Anatomie et Cytologie pathologiques
CALLET-BAUCHU Evelyne Hématologie ; Transfusion
COURAUD Sébastien Pneumologie
DECAUSSIN-PETRUCCI Myriam Anatomie et cytologie pathologiques
DIJOUD Frédérique Anatomie et Cytologie pathologiques
DUMITRESCU BORNE Oana Bactériologie Virologie
GISCARD D’ESTAING Sandrine Biologie et Médecine du développement et de la
reproduction
MILLAT Gilles Biochimie et Biologie moléculaire
PERROT Xavier Physiologie
PONCET Delphine Biochimie, Biologie moléculaire
RASIGADE Jean-Philippe Bactériologie – Virologie ; Hygiène hospitalière
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS (2ème Classe)
BRUNEL SCHOLTES Caroline Bactériologie virologie ; Hyg.hosp.
COURY LUCAS Fabienne Rhumatologie
DESESTRET Virginie Cytologie – Histologie
FRIGGERI Arnaud Anesthésiologie
LEGA Jean-Christophe Thérapeutique
LOPEZ Jonathan Biochimie Biologie Moléculaire
MAUDUIT Claire Cytologie – Histologie
MEWTON Nathan Cardiologie
NOSBAUM Audrey Immunologie
VUILLEROT Carole Médecine Physique Réadaptation
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MAITRES DE CONFERENCES ASSOCIES – MEDECINE GENERALE
CHANELIERE Marc
PERDRIX Corinne
PROFESSEURS EMERITES Les Professeur émérites peuvent participer à des jurys de thèse ou d’habilitation.
Ils ne peuvent pas être président du jury.
ANNAT Guy Physiologie
BELLON Gabriel Pédiatrie
BERLAND Michel Gynécologie-Obstétrique ; gynécologie médicale
CARRET Jean-Paul Anatomie - Chirurgie orthopédique
DALERY Jean Psychiatrie Adultes
FABRY Jacques Epidémiologie
MOYEN Bernard Chirurgie Orthopédique
PACHECO Yves Pneumologie
PERRIN Paul Urologie
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COMPOSITION DU JURY Président : Professeur LETRILLIART Laurent
Membres : Professeur CHAPET Olivier
Professeur CHARBOTEL Barbara
Professeur JACQUIN-COURTOIS Sophie
Docteur FASSIER Jean Baptiste
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LE SERMENT D'HIPPOCRATE
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur
dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de
l'humanité.
J'informerai les patients des décisions envisagées, de leurs raisons et de leurs conséquences. Je ne
tromperai jamais leur confiance.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma conduite ne
servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Je préserverai l'indépendance nécessaire et je n'entreprendrai rien qui dépasse mes compétences.
Je perfectionnerai mes connaissances pour assurer au mieux ma mission.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois couvert
d'opprobre et méprisé si j'y manque.
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REMERCIEMENTS Aux membres du jury :
Professeur Laurent LETRILLIART, président du Jury,
Nous vous remercions chaleureusement d’avoir accepté d’être notre président de thèse. Nous
avons particulièrement apprécié votre réactivité qui témoigne de votre dévouement auprès des
internes de médecine générale. Nous connaissons votre intérêt pour le sujet du travail des patients,
et nous sommes honorées d’avoir pu bénéficier de votre avis de spécialiste sur ce travail. Nous
vous assurons de notre gratitude et de notre respect les plus sincères.
Professeur Olivier CHAPET,
Nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse et de nous avoir consacré du
temps. Nous avons particulièrement appréciée votre réponse rapide à nos sollicitations. Veuillez,
être assuré, Monsieur le professeur, de notre reconnaissance et de notre respect.
Professeur Barbara CHARBOTEL,
Nous vous remercions d’avoir accepté de participer à ce jury de thèse et d’apprécier notre travail.
Angelika : je vous remercie tout particulièrement d’avoir été un soutien lors de mes débuts dans
les études de médecine. Veuillez, être assurée, Madame le professeur, de notre gratitude et de
notre respect.
Professeur Sophie JACQUIN-COURTOIS,
Nous vous remercions infiniment d’avoir accepté de juger notre travail. Votre point de vue de
médecin rééducateur nous semble un aout pour notre travail. Veuillez, être assurée, Madame le
professeur, de notre gratitude et de notre respect.
Docteur Jean-Baptiste FASSIER, notre directeur de thèse,
Nous sommes honorées d’avoir pu participer au Projet FASTRACS, merci de nous avoir choisies
pour cette thèse et d’avoir dirigé notre travail. Votre patience, votre gentillesse, votre disponibilité
et vos conseils ont facilité notre travail tout au long de ces derniers dix-huit mois. Votre pédagogie
est exemplaire, et nous vous remercions pour les connaissances que vous nous avez apportées.
Vos encouragements réguliers nous ont motivées à donner le meilleur de nous-mêmes. Nous vous
assurons de notre de notre admiration pour vos qualités humaines et professionnelles.
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Remerciements Clémentine :
A ma maman et mon papa :
Merci pour votre amour et votre accompagnement pendant toutes ces belles années de médecine.
Vous m’avez soutenue et guidée à chaque étape, sans votre aide je n’aurais jamais surmonté tous
ces challenges. Vous êtes des parents exceptionnels et je mesure chaque jour ma chance de vous
avoir à mes côtés. Je vous aime de tout mon cœur.
A mon Chéri d’amour de ma vie :
Merci de m’aimer chaque jour et d’illuminer mon quotidien. Merci d’avoir été présent et patient
pendant toutes ces années de médecine. Merci de croire en moi et de me soutenir dans toutes les
épreuves de la vie. Je t’aime à la folie et pour toujours.
A mes sœurs, mon beau frère, mon neveu et ma nièce :
Ma Ninouche, ma Concon, mon Fredoc, mon Liamounet, et ma Clélilalounette merci à vous
d’illuminer ma vie par votre gentillesse et votre amour.
A ma belle famille :
Merci de m’avoir accueillie aussi chaleureusement dans votre famille. Et un grand merci à Nicole
et Nicolas pour vos multiples relectures. Il y a un peu de vous dans ce travail.
A mes cousins et cousines :
Vous êtes tous très important pour moi, je vous remercie pour toutes vos gentillesses ces dernières
années. Une petite pensée pour ma Lolotte d’amour, merci pour tous ces thés et smoothies mais
surtout pour tout ce qu’ils représentent.
Au reste de ma famille :
Merci à ceux qui seront présents pour ma thèse, mais aussi à tous les autres qui m’ont suivie de
près ou de loin pendant ces longues années d’études.
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A Angelika :
Merci pour ta gentillesse et ton soutien pour cette année difficile. J’ai été très heureuse de
travailler à tes côtés. Je suis très contente d’avoir partagé ce travail avec toi.
A mes copines d’amour :
Merci à ma Clem d’avoir été là du 1er jour de mes études de médecine jusqu’au dernier, mais aussi
à Sarah, Laura, et Sandra de m’avoir accompagnée dans cette belle aventure. Votre amitié me
comble de joie, et vous m’avez montrée ces dernières que je pouvais compter sur vous dans tous
les moments de ma vie (les bons comme les moins bons), vous êtes vraiment mes super
COUPINES d’amour.
A tous ceux que je n’ai pas cité mais qui compte beaucoup à mes yeux, je ne nommerais personne
au risque d’en oublier. Merci à tous.
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Remerciements Angelika :
A mes parents :
To dzięki Waszemu poświęceniu stoję dziś tu przed Wami. Dziękuję Wam po prostu za
wszystko : że mnie wychowaliście, że wierzyliście we mnie, za wsparcie w trudnych chwilach.
Przykro mi, ze jestem od Was tak daleko. Myślami jestem zawsze z Wami.
Dziękuję Bogu za to co mi dał, za dzisiejszy dzień.
A ma sœur Elżbieta, mes frères, Krzysztof, Robert, qui me soutiennent toujours :
I miss you guys so much. Robert, the present thesis proves that I am smarter than you. Elżbieta,
take good care of Lucky.
A ma belle famille :
Merci pour votre soutien lors de ces années d’études.
A Clémentine :
Tu es un rayon de soleil et c’était un plaisir de travailler avec toi. J’admire ton courage, ta
persévérance. Je te souhaite le meilleur pour ton avenir ; je te remercie pour ce partage.
A mes amis d’ici et d’ailleurs :
Saliha je suis heureuse de t’avoir comme amie. J’espère que nous aurions plus de temps pour nous
voir. Nous avons tellement encore d’évènements à partager ensemble ! Dafni, notre amitié est
précieuse pour moi. Merci pour tes encouragements.
Last but not least :
Yann, l’amour de ma vie. Tu m’as soutenue et encouragée tout au long de cette épreuve. Merci
infiniment pour ta patience pendant que je travaillais cette thèse.
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Remerciement en commun :
Merci aux cancérologues qui ont accepté de participer à notre étude. Nous vous remercions pour
votre accueil et votre disponibilité lors de nos entretiens.
Merci à l’équipe du projet FASTRACS pour le financement de la retranscription d’une partie de
nos entretiens.
Merci aux médecins rencontrés lors de nos parcours médicaux. Merci pour leur expérience
partagée au cours de notre cursus qui nous ont fait grandir.
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ABREVIATIONS ALD : Affection Longue Durée
AMM : Autorisation de Mise sur le Marché
APA : Activité Physique Adaptée
AS : Assistante Sociale
ASCO : American Society of Clinical Oncology
CHU : Centre Hospitalier Universitaire
CLCC: Centre de Lutte Contre le Cancer
ESMO : European Society of Medical Oncology
FASTRACS : FAciliter et Soutenir le reTour au tRAvail après un Cancer du Sein
GDS : Geriatric Depression Scale
GnRH : Gonatrophin-Releasing Hormone
Gy : Gray
HAS : Haute Autorité de Santé
HER2 : Human Epidermal growth factor Receptor 2
HCL : Hospices Civils de Lyon
IDE : Infirmier Diplômé d’Etat
IMC : Indice de Masse Corporelle
INCa : Institut National du Cancer
MeSH : Medical Subject Headings
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
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ORL : Oto-Rhino-Laryngologie
RCP : Réunion de Concertation Pluridisciplinaire
RE : Récepteur des Estrogènes
RP : Récepteur des Progestatifs
RQTH : Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé
SBR: Scarff Bloom Richardson
SERMs : Selective Estrogen Receptor Modulators
TNM : Tumor Nodes Metastasis
WHO : World Health Organization
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RESUME Introduction : De par sa fréquence et son bon pronostic, le cancer du sein est un enjeu de santé
publique. Il est important que les survivantes de ce cancer en activité professionnelle au moment
du diagnostic puissent retourner au travail, car celui-ci contribue à une pleine participation sociale.
L’objectif de ce travail était de décrire l’expérience et la vision des cancérologues, concernant les
besoins des femmes ayant eu un cancer du sein, s’agissant la reprise du travail. Cette étude
s’intégrait dans la première étape d’un protocole de l’intervention mapping du Projet FASTRACS.
Cette étape vise à évaluer les besoins des femmes s’agissant du retour au travail et du maintien
dans l’emploi.
Matériel et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-dirigés. Les participants à l’étude
étaient les cancérologues (comprenant les oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les
chirurgiens) prenant en charge les femmes ayant eu un cancer du sein. Un codage puis des
analyses intra-cas et inter-cas ont été réalisées. Une triangulation des données a été établie par la
confrontation des analyses des deux chercheurs.
Résultats : Vingt entretiens ont été réalisés. Selon les médecins interrogés, les femmes auraient
besoin de l’aval de leur cancérologue pour la reprise du travail. Celle-ci serait facilitée par des
adaptations sur les plans professionnel et thérapeutique. Le temps partiel thérapeutique était la
principale adaptation proposée. Les cancérologues n’échangeaient pas sur la question du travail
avec les médecins généralistes ni avec les autres acteurs de la prise en charge (médecins du travail
et acteurs paramédicaux). Le rôle du médecin généraliste dans la problématique du retour au
travail n’était pas décrit clairement par les cancérologues, mais semblait néanmoins important
pour certains d’entre eux. Ils s’interrogeaient sur les modalités de la discussion concernant le
travail avec leurs patientes, s’agissant du bon moment et des bonnes conditions pour en parler. La
chimiothérapie et les facteurs intrinsèques à la patiente étaient cités comme des facteurs
influençant la reprise, mais pas les facteurs de leur environnement familial ni professionnel.
Conclusions : Une meilleure communication entre les professionnels de santé prenant en charge
les femmes atteintes de cancer du sein, associé à des adaptations thérapeutiques et professionnelles
semblent souhaitables pour que le retour au travail et le maintien dans l’emploi de ces femmes se
passe dans de bonnes conditions. La prochaine étape du Projet FASTRACS est de compléter
l’évaluation des besoins, par le recueil de l’expérience des autres acteurs (médecins généralistes,
entreprises, etc.). Ce recueil exhaustif permettra de développer et de tester une intervention pour
faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
24
TABLE DES MATIERES COMPOSITION DU JURY ..................................................................................................... 14
LE SERMENT D'HIPPOCRATE ........................................................................................... 15
REMERCIEMENTS ................................................................................................................ 16
ABREVIATIONS ..................................................................................................................... 21
RESUME .................................................................................................................................. 23
TABLE DES MATIERES ........................................................................................................ 24
INTRODUCTION .................................................................................................................... 27
1. Cancer du sein et ses traitements .............................................................................................. 27
1.1. Epidémiologie ..................................................................................................................... 27
1.2. Prise en charge thérapeutique .............................................................................................. 27
1.2.1. Chirurgie mammaire et ses effets indésirables ................................................................. 27
1.2.2. Le curage ganglionnaire et ses complications .................................................................. 28
1.2.3. La radiothérapie et ses effets indésirables ........................................................................ 29
1.2.4. La chimiothérapie et ses effets indésirables ..................................................................... 30
1.2.5. L’hormonothérapie et ses effets indésirables ................................................................... 31
1.2.6. Thérapies ciblées et ses effets indésirables ...................................................................... 33
2. Le travail après le cancer .......................................................................................................... 34
2.1. Les enjeux de la reprise du travail après un cancer du sein ................................................... 34
2.1.1. Difficultés au moment de la reprise ................................................................................. 35
2.1.2. Rôle des professionnels de santé dans la reprise du travail ............................................... 35
2.2. Besoins en lien avec le travail après un cancer du sein ......................................................... 36
2.3. Les facteurs influençant la reprise du travail ........................................................................ 36
3. Objectifs de l’étude .................................................................................................................... 40
MATERIEL ET METHODES ................................................................................................. 42
1. Méthode de recherche bibliographique .................................................................................... 42
1.1. Sources d’information ......................................................................................................... 42
1.2. Stratégie de recherche ......................................................................................................... 42
2. Contexte de la Recherche .......................................................................................................... 43
3. Type d’étude .............................................................................................................................. 43
4. Echantillonnage des participants .............................................................................................. 43
5. Collecte des données .................................................................................................................. 44
5.1. Le guide d’entretien ............................................................................................................ 44
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
25
5.2. Réalisation des Entretiens ................................................................................................... 45
5.3. Déroulement de l’entretien .................................................................................................. 45
6. Analyse des entretiens ............................................................................................................... 45
7. Retour au terrain : validation des résultats .............................................................................. 46
8. Considérations éthiques ............................................................................................................ 46
RESULTATS ............................................................................................................................ 46
1. Description de l’échantillon ...................................................................................................... 46
2. Description des entretiens ......................................................................................................... 50
3. Arbre de codage......................................................................................................................... 50
4. Analyses intra-cas ...................................................................................................................... 50
5. Analyses inter-cas ...................................................................................................................... 60
5.1. Intérêt pour l’étude .............................................................................................................. 61
5.2. Pratiques professionnelles ................................................................................................... 63
5.2.1. Dossier et prise en charge................................................................................................ 63
5.2.2. Arrêt de travail et temps partiel thérapeutique ................................................................. 65
5.2.3. Discussion avec la patiente sur le travail ......................................................................... 68
5.2.4. Continuer le travail pendant la prise en charge ................................................................ 73
5.2.5. Effets secondaires ........................................................................................................... 76
5.3. Relation médecin malade .................................................................................................... 78
5.4. Collaboration ...................................................................................................................... 80
5.4.1. Collaboration avec les autres cancérologues .................................................................... 80
5.4.2. Collaboration avec les médecins généralistes ................................................................... 81
5.4.3. Collaboration avec le médecin du travail ......................................................................... 84
5.4.4. Collaboration avec les acteurs non médicaux................................................................... 88
5.5. L’analyse des besoins des femmes ayant eu un cancer du sein ............................................. 89
5.5.1. Perception des besoins par les cancérologues ................................................................. 89
5.5.2. Facteurs barrières à la reprise du travail .......................................................................... 97
5.5.3. Facteurs facilitateurs à la reprise du travail ................................................................... 102
5.5.4. Synthèse des analyses inter-cas ..................................................................................... 105
DISCUSSION ......................................................................................................................... 110
1. Discussion des résultats au vu de l’état des connaissances actuelles ...................................... 110
1.1. Le manque de communication ........................................................................................... 110
1.2. Les rôles professionnels .................................................................................................... 110
1.3. La place de la discussion du travail avec la patiente ........................................................... 112
1.4. L’impact de la chimiothérapie ........................................................................................... 113
1.5. L’influence des facteurs intrinsèques ................................................................................. 113
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
26
1.6. Le besoin d’aval ................................................................................................................ 114
1.7. L’estimation de l’importance du travail ............................................................................. 114
1.8. Les adaptations permettant la reprise ................................................................................. 115
1.9. Les différences entre les genres ......................................................................................... 116
1.10. Les autres résultats ............................................................................................................ 116
2. Forces et faiblesses de l’étude.................................................................................................. 118
2.1. Forces ............................................................................................................................... 118
2.2. Faiblesses ......................................................................................................................... 120
3. Retombées ................................................................................................................................ 122
3.1. Pratiques ........................................................................................................................... 122
3.2. Retombées scientifiques .................................................................................................... 124
CONCLUSIONS ..................................................................................................................... 126
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 130
ANNEXES .............................................................................................................................. 135
1. Guide d’entretien..................................................................................................................... 135
2. Arbre de codage....................................................................................................................... 142
3. Courriels adressés aux cancérologues ..................................................................................... 151
4. Notice d’information sur le Projet FASTRACS ..................................................................... 155
5. Formulaire de consentement à la participation à l’étude ....................................................... 159
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
27
INTRODUCTION Le cancer est un enjeu majeur de santé publique en France de par sa fréquence. Le cancer du sein
est le premier cancer en termes d’incidence et de mortalité parmi l’ensemble des cancers féminins
en France. Les survivants d’un cancer du sein représentent la plus grande proportion de survivants
de tous les cancers (1). Selon les estimations de l’INCa, il y a 54 062 nouveaux cas de cancer du
sein estimés en France en 2015 (2). La mortalité par cancer du sein concerne essentiellement les
femmes de plus de 65 ans. L’âge médian de décès est de 73 ans (2). Ces observations
épidémiologiques nous incitent à nous interroger sur les problématiques concernant les survivants
du cancer du sein, et notamment le sujet du travail après le cancer. Les facteurs comme le
vieillissement de la population et l’allongement de la durée de vie professionnelle font que le
maintien dans l’emploi est un enjeu majeur de santé publique et de société (3).
Ce travail sera introduit par des rappels concernant le cancer du sein et sa prise en charge ainsi que
leur retentissement sur l’activité professionnelle.
1. Cancer du sein et ses traitements
1.1. Epidémiologie
Le cancer du sein touche une femme sur dix au cours de sa vie en France. Il est le premier cancer
en termes d’incidence (avec plus de 48 700 nouveaux cas en 2012), et de mortalité parmi
l’ensemble des cancers féminins (11 866 décès en 2012). Il est le troisième cancer après le cancer
du poumon et le cancer colorectal en termes de mortalité totale tous sexes confondus. La survie
relative après un cancer du sein est parmi les meilleures à 86% à 5 ans et 76% à 10 ans (4). En
conséquence, grâce à cet excellent taux de survie, il se pose la question de la vie après le cancer
pour ces patients, et cela comprend la sphère professionnelle.
1.2. Prise en charge thérapeutique
1.2.1. Chirurgie mammaire et ses effets indésirables
La chirurgie mammaire est souvent la première étape de la prise en charge thérapeutique des
cancers du sein non métastatiques. La chirurgie mammaire doit être au maximum conservatrice,
sous forme de mastectomie partielle de type tumorectomie ou de quadrantectomie, ou
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
28
mastectomie (totale) (5). Toutefois, tout type de chirurgie est à l’origine d’effets indésirables qui
surviennent plus ou moins précocement après l’intervention.
Parmi les complications précoces les plus fréquentes figurent : le lymphocèle, la cystéatonécrose
et la neuropraxie (trouble sensitif allant d’une paresthésie des doigts à une dysesthésie complète
du membre supérieur, elle survient dans 1% des chirurgies mammaires (6)).
Parmi les complications tardives, figurent : les préjudices esthétiques de type asymétrie mammaire
(7) et les séquelles psychologiques. L’altération de l’image corporelle peut entraîner des
conséquences psychologiques, familiales et socioprofessionnelles. D’autres complications tardives
incluent des douleurs chroniques et la fatigue. Les douleurs sont souvent d’origine neuropathique
par disparition de la distinction entre sensation tactile et perception douloureuse (8).
1.2.2. Le curage ganglionnaire et ses complications
Le curage ganglionnaire est recommandé en cas d’envahissement ganglionnaire clinique ou si la
technique du ganglion sentinelle montre un envahissement ganglionnaire. Le curage ganglionnaire
peut être à l’origine d’importants effets indésirables, avec des séquelles invalidantes. Les
premières complications apparaissent en per-opératoire et sont liées à l’intervention, elles sont
essentiellement nerveuses et veineuses.
Parmi les complications précoces spécifiques du curage ganglionnaire on note: la lymphorée à
l’origine du lymphocèle lorsque celle-ci est mal traitée (9-40% après une chirurgie axillaire) et les
troubles sensitifs au niveau de la face interne du membre supérieur, qui récupèrent en général au
bout de 6 à 12 mois. Ces troubles sensitifs pourront être aggravés par l’apparition d’un névrome
qui sera douloureux, invalidant et à l’origine de décharges électriques dans le membre supérieur.
D’autres complications précoces incluent: la bride rétractile et la thrombose lymphatique
superficielle.
Le lymphœdème est la complication la plus fréquente du curage ganglionnaire, présent chez 33 à
47% des patientes ayant eu un curage ganglionnaire (9). C’est une source majeure de comorbidités
et de détresse psychologique pouvant apparaître jusqu’à plus de trente ans après l’intervention
(10),(11). Les facteurs favorisant l’apparition du lymphœdème sont : le nombre élevé de ganglions
retirés, le surpoids ou la prise de poids avant la chirurgie, la radiothérapie, le type de chirurgie, la
baisse d’activité physique, les ponctions au niveau du membre supérieur concerné et la fibrose
cutanée (12).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
29
Une autre complication tardive gênante est la capsulite rétractile, qui correspond à un
enraidissement progressif et douloureux de l’épaule homolatérale (13). Les facteurs favorisant la
capsulite rétractile sont : la mastectomie, la radiothérapie, le lymphœdème, l’IMC élevé et
l’immobilisation (12). Les autres effets indésirables tardifs sont : la lymphangite, les troubles de la
sensibilité, la baisse de la production sudorale, les douleurs chroniques, les limitations
fonctionnelles de l’épaule et les séquelles d’ordre esthétique.
1.2.3. La radiothérapie et ses effets indésirables
La radiothérapie est indiquée selon le stade de la tumeur après une chirurgie. Selon le type
histologique et le stade de la tumeur, différents types d’irradiation peuvent être proposés :
l’irradiation de la glande mammaire, l’irradiation de la paroi thoracique ou l’irradiation axillaire.
Une irradiation mammaire externe est indiquée dans le traitement du cancer du sein non
métastatique suite à une mastectomie partielle en cas de carcinome canalaire in situ, dans le
carcinome infiltrant opéré par chirurgie conservatrice, et après traitement néoadjuvant suivi d’une
chirurgie selon les critères pronostiques. Dans le traitement du carcinome infiltrant, elle diminue
de 70% le risque de récidive locorégionale. Elle est discutée en RCP pour le carcinome lobulaire
in situ (14).
Une irradiation de la paroi thoracique est indiquée dans le but de réduire le risque de récidive
locale en cas de carcinome infiltrant non inflammatoire traité par mastectomie totale ayant des
facteurs de mauvais pronostic tels que : la présence d’emboles sanguins ou lymphatiques, le jeune
âge de la patiente, le grade histologique, l’infiltration de la peau ou de la paroi thoracique, la
présence de lymphangite carcinomateuse sous-cutanée, l’atteinte des berges d’exérèse, et de
l’irradiation ganglionnaire associée.
Une irradiation axillaire est indiquée dans le carcinome infiltrant, en cas d’envahissement axillaire
supérieur à 2 millimètres. Elle consiste en une irradiation du sommet de l’aisselle et de la région
sus-claviculaire.
Une irradiation supplémentaire du lit tumoral (boost) peut être proposée pour diminuer le risque
de récidive locale pour les patientes présentant des facteurs de risque de récidive, quel que soit
leur âge (14).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
30
La radiothérapie se présente sous un protocole de doses de cinquante Gy délivrées en vingt-cinq
fractions de deux Gy, cinq jours par semaine pendant cinq semaines. En cas d’existence de
facteurs de risque de récidive (un âge inférieur à 60 ans, un grade histologique élevé, une atteinte
des berges, et la présence d’emboles vasculaires péri-tumoraux) une dose supplémentaire de à
seiez Gy est délivrée (5).
Le traitement par radiothérapie présente des effets secondaires similaires quelle que soit la
localisation d’irradiation. Les effets secondaires, précoces, et d’intensité variable, apparaissent
dans les six premiers mois et sont : l’érythème cutané, l’œdème, la dépilation. Des douleurs et la
fatigue peuvent également être attribuées à la radiothérapie. La pneumopathie radique survient
dans 14% des cas (15).
D’autres effets indésirables apparaissent plus tardivement après la radiothérapie. Parmi les plus
fréquents figurent: la fatigue, la radiodermite chronique, la plexite radique, le lymphœdème, la
fibrose pulmonaire, les télangiectasies, les pathologies cardiaques (la péricardite post-radique et
les atteintes coronaires), les séquelles esthétiques, les troubles psychologiques, et les douleurs
chroniques. D’autres effets secondaires apparaissant à long terme sont des cancers secondaires,
des fractures de côtes (rares), ou la capsulite rétractile (5).
1.2.4. La chimiothérapie et ses effets indésirables
La chimiothérapie est utilisée dans trois indications dans le traitement des carcinomes infiltrants.
La première indication est le traitement adjuvant après chirurgie (16), en présence des critères de
mauvais pronostic suivants : âge inférieur à 35 ans, statut ganglionnaire N1 (du stade TNM), taille
de la tumeur supérieure à 2 cm (pT1 du stade TNM), récepteurs hormonaux négatifs, présence
d’emboles vasculaires si Pn0 et grade histologique SBR III de la tumeur (17). Le traitement
adjuvant est débuté trois à six semaines après la chirurgie. Les principales molécules utilisées en
traitement adjuvant sont des anthracyclines et des taxanes (5).
La deuxième indication de la chimiothérapie dans le cancer du sein est la chimiothérapie néo-
adjuvante indiquée dans le traitement pré-opératoire des cancers infiltrants volumineux et
inflammatoires, dans le but de rendre la tumeur opérable.
La troisième indication de la chimiothérapie est dans le traitement des cancers métastatiques, seule
ou associée à l’hormonothérapie.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
31
Les effets indésirables précoces des chimiothérapies utilisées dans le cancer du sein sont
nombreux. Les principaux effets indésirables liés à toutes les chimiothérapies utilisées dans le
cancer du sein sont: la toxicité hématologique (avec neutropénie, anémie et thrombopénie), la
toxicité digestive (avec nausées vomissements et troubles du transit), les stomatites, l’alopécie et
l’aménorrhée (5). Chaque molécule comporte ses effets indésirables spécifiques (liste disponible
sur le guide ALD du cancer du sein) (5).
Il existe des effets secondaires qui apparaissent plus tardivement comme les pathologies malignes
induites, la suppression ovarienne (avec ses conséquences : signes de ménopause, ostéoporose
précoce, et insuffisance cardiaque), et la prise de poids. Cette dernière représente en moyenne une
prise d’un à neuf kilos, selon le type de chimiothérapie et concerne 50 à 96% des femmes selon les
études. La surcharge pondérale est souvent maintenue et progresse les mois et années qui suivent
la chimiothérapie (18) (19). Il a été démontré que la chimiothérapie comporte des effets péjoratifs
sur la cognition, probablement en lien avec le passage de la barrière hémato-encéphalique par les
traitements (20). Les effets cognitifs portent surtout sur la mémoire (21), l’attention et les
fonctions exécutives (20). Une fatigue persistante, plusieurs mois après l’arrêt des traitements, est
également observée. Celle-ci peut être expliquée par deux mécanismes : l’anémie chimio-induite
par toxicité hématologique et la libération de métabolites inflammatoires par lyse cellulaire (22).
Des neuropathies périphériques chimio-induites sont également constatées avec une fréquence
variable selon les molécules utilisées (alcaloïdes, platines et taxanes essentiellement).
1.2.5. L’hormonothérapie et ses effets indésirables
L’hormonothérapie est un traitement adjuvant du cancer du sein qui regroupe les traitements ayant
pour cible des récepteurs hormonaux ou pour fonction d’inhiber la synthèse d’hormones. Deux
types de récepteurs hormonaux sont utilisés pour cible dans le traitement des tumeurs hormono-
dépendantes : les récepteurs des œstrogènes (RE) et les récepteurs de la progestérone (RP).
Environ 60% des cancers du sein sont hormono-dépendants, et donc accessibles à
l’hormonothérapie (23).
Les anti-œstrogèniques sont indiqués dans le traitement adjuvant du cancer du sein chez les
femmes non ménopausées, et chez les femmes ménopausées en situation métastatique de manière
dite « séquentielle » après un traitement par inhibiteur d’aromatase. Il existe deux types anti-
œstrogèniques : les SERMs Selective Estrogen Receptor Modulators et les anti-œstrogènes purs
appelés Estrogen Receptor Downregulators. Les SERMs agissent en entrant en compétition avec
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
32
les œstrogènes au niveau de leur récepteur spécifique (RE). Parmi les SERMs, les deux molécules
ayant l’AMM dans le cancer du sein sont le Tamoxifène® et la Torémifène®. Le Tamoxifène®
est la molécule la plus utilisée avec le plus de recul, depuis plus de trente ans. Les SERMs ont des
effets sur d’autres organes ayant des récepteurs hormonaux (comme l’os ou l’utérus). Ces effets
secondaires sont bénéfiques pour la prévention de l’ostéoporose. L’hormonothérapie par anti-
œstrogéniques augmente le risque thromboembolique veineux et artériel, ainsi que le risque de
cancer de l’endomètre (23). Les traitements anti-œstrogéniques ont également une toxicité
hépatique, ils augmentent le risque de cataracte, et sont responsables du syndrome climatérique.
Les anti-œstrogènes purs n’ont pas d’effet sur d’autres organes. Ces molécules sont plus récentes
et leur indication est restreinte à des cas avancés du cancer du sein et aux échecs du Tamoxifène®.
Le Fulvestrant (Faslodex®) est indiqué chez la femme ménopausée dans le cancer du sein
localement avancé ou métastatique, en cas de récidive pendant ou après un traitement adjuvant par
un anti-œstrogène et en cas de progression de la maladie sous traitement anti-œstrogènique (17).
Les traitements progestatifs sont des hormonothérapies ciblées contre les récepteurs de la
progestérone (RP). Ils sont moins utilisés en France. En 2013, la HAS a estimé leur service
médical rendu insuffisant pour justifier leur prise en charge par la Sécurité Sociale (17). Ils
peuvent être utilisés dans le cancer du sein métastatique hormono-dépendant (PR+) de la femme
ménopausée et dans le traitement palliatif du cancer du sein. Les deux principales molécules de
cette classe thérapeutique sont : l’acétate de médroxyprogestérone et l'acétate de mégestrol. Les
principaux effets secondaires liés au traitement par progestatifs sont l’hypertension artérielle, la
prise de poids, l’augmentation du risque thromboembolique et l’hyperglycémie.
Parmi les inhibiteurs de synthèse d’hormones il y a les anti-aromatases qui empêchent la
transformation des androgènes en œstrogènes. Ils sont utilisés dans le traitement adjuvant du
cancer du sein hormono-dépendant chez les femmes ménopausées car, chez ces femmes, la
principale source d’œstrogènes provient de la transformation des androgènes en œstrogènes par
l’aromatase. (23). Il existe trois molécules : Létrozole (Femara®), Anastrozole (Arimidex®) et
Exémestane (Aromasine®). Les effets secondaires des anti-aromatases peuvent être très
invalidants. Ils comprennent des douleurs articulaires, des sècheresses vaginales, des
dyspareunies, des troubles du transit, et l’ostéoporose fracturaire.
Les agonistes de la GnRH entraînent une diminution de la synthèse des œstrogènes par les ovaires
en induisant une ménopause artificielle chez les femmes non ménopausées. Ils sont donc utilisés
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
33
chez la femme pré-ménopausée, ayant un cancer du sein métastatique hormono-dépendant. Les
deux molécules utilisées dans le cancer du sein sont la Goséréline et la Leuproréline (17). Les
effets indésirables des agonistes de la GnRH sont similaires à ceux des anti-aromatases. Ils
correspondent à une privation œstrogénique: syndrome climatérique, sécheresse vaginale, baisse
de la libido et augmentation du risque d'ostéoporose.
1.2.6. Thérapies ciblées et ses effets indésirables
Une thérapie ciblée peut être proposée en cas de surexpression significative de HER2. Elle doit
être associée à la chimiothérapie sans anthracycline (5). Les indications de la thérapie ciblée sont
multiples, de la première ligne de traitement aux rechutes métastatiques. Il existe plusieurs
molécules de thérapie ciblée dans le cancer du sein. Les effets secondaires généraux des thérapies
ciblées sont principalement pulmonaires : infiltrat pulmonaire, détresse respiratoire aigüe et
œdème aigu du poumon.
Le Trastuzumab (Herceptin®) a trois indications ayant l’AMM pour les tumeurs HER2+: le
traitement néoadjuvant en association à une chimiothérapie, le traitement adjuvant de première
ligne en association à une taxane et le traitement des tumeurs métastatiques. Le Trastuzumab
présente deux effets secondaires spécifiques : une toxicité cardiaque et le risque de réaction
allergique (ce qui requiert une surveillance rapprochée lors de la première perfusion et la
réalisation d’une échographie cardiaque obligatoire avant le début du traitement.)
Le Bevacizumab (Avastin®) est indiqué en première ligne métastatique des tumeurs triples
négatives en association avec le Paclitaxel (Taxol®) ou la Capecitabine (Xeloda®). Les effets
indésirables du Bevacizumab sont nombreux. Il est responsable d’importants troubles de la
cicatrisation et d’un risque de réaction d’hypersensibilité important au moment de la transfusion.
Il augmente le risque de fasciite nécrosante et d’ostéonécrose de la mâchoire (surtout en
association avec les biphosphonates). Il peut induire une hypertension, augmenter le risque
thromboembolique artériel et le risque hémorragique. Il présente une gastro-toxicité qui se
manifeste par des diarrhées et des douleurs abdominales.
Le Pertuzumab (Perjeta®) présente une indication dans le traitement de tumeurs HER2+
métastatiques ou localement récidivantes non résécables, en première ligne, en association avec le
trastuzumab (Herceptin®) et le docétaxel (Taxotere®). Les principaux effets secondaires de
Pertuzumab sont la neutropénie fébrile et les diarrhées (17).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
34
2. Le travail après le cancer
La plupart des études portant sur la vie après le cancer sont focalisées sur la qualité de vie des
femmes survivantes d’un cancer du sein. Or il a été récemment constaté que la question de
l’impact sur leur carrière était peu étudiée (1). Le taux de retour au travail après un cancer varie de
30 à 93%, avec une moyenne à 63% dans une étude (24). Parmi les survivants du cancer, les
patientes ayant eu un cancer du sein ont les meilleures chances de retrouver un travail (25).
2.1. Les enjeux de la reprise du travail après un cancer du sein
De nombreuses études qualitatives ont permis d’attirer l’attention sur la problématique de la
reprise du travail pour les femmes survivantes d’un cancer du sein (1), (26), (27), (28),(29), (30).
De plus en plus d’études montrent qu’un retour au travail est bénéfique à l’individu ayant eu un
cancer (31). Le maintien d’un emploi est important pour les personnes dans la vie active, afin de
maintenir leur niveau de vie, leurs liens sociaux ainsi que leur estime de soi. Souvent, pour les
personnes ayant eu un cancer, le travail est beaucoup plus qu’un simple emploi, c’est le pilier de
leur identité et il représente leurs capacités (32),(33),(29). Le fait de pouvoir travailler pendant la
phase de traitement permet à beaucoup de patients, de ne pas se sentir malades ou isolés, d’être
connectés au monde extérieur et d’avoir une source de distraction pendant cette période difficile
(29). La réintégration professionnelle est souvent perçue comme un symbole de la guérison, elle
est donc une étape essentielle au retour à la « vie normale » (31). Malgré cela, entre 20 et 30% des
individus déclarent avoir des limitations dans leur capacité à travailler après un cancer (30).
Dans les résultats d’une méta-analyse récente, Wells et al. (2013) soulignent que le retour au
travail n’est pas un but en soi (29). Etant donné les bénéfices et les défis potentiels pour l’individu
et la société dans la reprise du travail, les auteurs arguent qu’il est urgent de développer de
nouvelles stratégies pour soutenir les survivants du cancer dans la reprise du travail. Les auteurs
proposent une approche plus nuancée et centrée sur la personne. Elle prendrait en compte
l’identité de la personne, le sens que le travail a pour elle, ainsi que les contraintes familiales et
financières existantes. Pour arriver à cette nouvelle approche de la reprise du travail, il faut
concentrer les efforts sur les objectifs des personnes ayant eu un cancer, au lieu de partir du
principe qu’elles souhaitent tout simplement reprendre le travail.
De façon plus terre à terre, le maintien dans l’emploi devient un enjeu dès que se profile la
possibilité d’une restriction d’aptitude (3). Les femmes effectuant un travail physique et ayant subi
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
35
un curage ganglionnaire sont souvent confrontées à cette problématique. Il en est de même pour
les patientes présentant des séquelles psychologiques à la suite du cancer et de ses traitements.
2.1.1. Difficultés au moment de la reprise
Duijts et al. (2014) ont identifié, à travers une revue systématique de la littérature sur la reprise du
travail des survivants d’un cancer, trois principaux types de difficultés au moment du retour au
travail : les difficultés physiques (fatigue, douleur, ménopause induite), les difficultés d’ordre
psychosocial (syndrome dépressif, anxiété, troubles cognitifs) et les difficultés directement en lien
avec le travail (problèmes d’adaptation au travail). Selon les auteurs, les difficultés présentées par
les survivants du cancer ne devraient pas être sous-estimées par le corps médical ni par les
employeurs, car les effets des thérapeutiques sont importants et durables (27).
2.1.2. Rôle des professionnels de santé dans la reprise du travail
La question du travail s’éloigne des objectifs premiers des soignants, alors qu’elle est parmi les
sujets les plus importants de la vie courante pour la majorité des patients. Les survivants d’un
cancer attendent, de la part de leurs professionnels de santé, des informations et un soutien actif
concernant le retour au travail. Or, dans la vaste majorité des cas, ce soutien est insuffisant (29).
Plusieurs études montrent un manque de communication entre les femmes, leurs employeurs et
leurs médecins sur le sujet de la reprise du travail (28), (34), (29).
La majorité des études portant sur le travail après un cancer n’explorent pas les moyens d’aider les
patients à reprendre leur activité dans de bonnes conditions. Les interventions les plus
fréquemment retrouvées dans la littérature étaient: l’encouragement, les conseils concernant le
travail, les formations et les aménagements du poste de travail (35). Il est donc mis en évidence un
besoin d’amélioration des interventions, pour le soutien des personnes retournant au travail après
un cancer (36).
Les patientes ne savent pas s’il appartient aux professionnels de santé de leur prodiguer des
conseils concernant la reprise du travail. Parmi les différents acteurs prenant en charge le patient à
l’hôpital, il n’est pas toujours clairement établi qui devrait aborder le sujet du retour au travail et à
quel moment de la prise en charge. Selon une méta-analyse récente, l’aide apportée par les
professionnels de santé ne répondait pas aux besoins des femmes souhaitant reprendre un travail.
De plus, les survivants du cancer du sein citaient la rigidité des plannings de consultations, les
refus de fournir des certificats médicaux et les attitudes négatives concernant le retour au travail
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
36
(29). Il a été mis en évidence que les conseils, concernant la reprise du travail, émanant des
médecins avant la reprise du travail, étaient positivement associés à celle-ci. Les personnes ayant
repris le travail après traitement avaient plus fréquemment bénéficié de conseils de leur médecin et
d’adaptations au travail (34).
Dans la plupart des cas, les femmes prennent leur décision concernant la reprise du travail sans
conseil médical. Kennedy et al. (2007) affirment que les femmes discutent très peu de la reprise de
travail avec leurs médecins et la plupart des médecins laissent les femmes décider sans intervenir.
Les femmes de cette étude déclaraient ne pas être certaines que leurs médecins savaient si elles
travaillaient ou pas. Cela illustre le détachement du corps médical sur cette question. Les auteurs
concluent que la communication en amont de la reprise du travail pourrait mettre en évidence les
besoins des femmes dans la reprise du travail (28).
2.2. Besoins en lien avec le travail après un cancer du sein
Il ressort de la littérature la prise en charge insuffisante des besoins des personnes souhaitant
reprendre leur travail après un cancer. Dans une étude récente sur la reprise du travail un an après
le traitement d’un cancer, 63% des personnes interrogées avaient au moins un besoin « non
satisfait». Parmi les dix besoins les plus fréquemment reportés figuraient « les situations en lien
avec le retour au travail». Près de 20% des personnes interrogées n’étaient pas satisfaites sur ce
besoin. Les survivants d’un cancer du sein avaient plus de « besoins non satisfaits » que les
survivants d’autres types de cancer (37).
Les femmes ayant eu un cancer du sein cherchent souvent un équilibre dans le travail. Elles ne
souhaitent pas être perçues comme une personne malade ayant un cancer, mais en même temps,
ont besoin de soutien et d’adaptations au travail. Bien que les besoins des femmes soient variés,
des ajustements au travail semblent bénéfiques pour la reprise et le maintien du travail après un
cancer, pour toutes les patientes. Il en est de même pour le soutien de la part des professionnels de
santé (38). Selon une étude prospective américaine, parmi les femmes ayant repris un travail, 87%
déclaraient avoir bénéficié d’un soutien de la part de leur employeur (39).
2.3. Les facteurs influençant la reprise du travail
De multiples facteurs influencent la décision des femmes de reprendre leur travail. Ils se partagent
entre facteurs propres à la patiente et facteurs en lien avec le travail. Pour certaines patientes, le
retour au travail est synonyme de retour à la « normalité », pour d’autres c’est un moyen de faire
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
37
abstraction de la maladie et, pour d’autres encore, c’est une nécessité financière (28). Selon
Kennedy et al. (2007), la pression financière était le premier facteur influençant le retour au
travail, suivi d’un souhait de retour à la « normalité » (28).
Une revue systématique de la littérature (Muijen et al. 2013) a mis en évidence six facteurs
négativement associés au retour au travail, notamment: un travail physique difficile, la
chimiothérapie, un âge avancé, un bas niveau d’études, et un faible niveau de revenus (25).
Spelten et al. (2002), à travers une revue de la littérature sur tous les cancers, ont également mis en
évidence qu’un travail manuel ou requérant un effort physique était un facteur négativement
associé au retour au travail après un cancer. Ils ont identifié quarante-et-un facteurs influençant la
reprise du travail après un cancer, dont quatorze étaient cités dans au moins deux études (24).
D’autre part, Banning et al. (2011), dans une revue de la littérature qualitative, font émerger quatre
concepts en lien avec la reprise du travail : la capacité de réaliser le travail, les problèmes liés à
l’arrêt de travail, les expériences de retour au travail et les facteurs influençant la reprise du travail
(40). Dans une méta-analyse plus récente, Wells et al. (2013) mettent en évidence plusieurs
éléments, en lien avec l’environnement, du travail ayant une influence sur le retour au travail après
un cancer du sein et notamment: le type du travail (travail manuel ou cadre), les exigences
émotionnelles du poste, ainsi que la taille de l’entreprise. L’élément clé d’un retour au travail
réussi retrouvé dans cette étude était la souplesse, à la fois pendant et après la phase de traitement.
D’autre part, Wells et al. (2013) citent quatre principales stratégies employées par les patients pour
une réintégration au travail : la communication et négociation avec l’employeur, la reconnaissance
et acceptation de la modification de leurs capacités, la gestion des symptômes et reconstruction de
l’estime de soi et enfin le fait de travailler plus « intelligemment » (29). Les résultats de cette
méta-analyse montrent également que la préparation pour un retour au travail est souvent émaillée
d’expériences négatives (par manque de soutien organisationnel dans le travail et de soutien
interpersonnel, ainsi que par des attitudes négatives). Selon une autre étude, les survivants d’un
cancer qui avaient un supérieur hiérarchique aidant vis à vis de leur maladie ont subi moins de
modifications de poste (41).
Enfin, Pryce et al. (2007), se sont intéressés à la reprise du travail au moment des traitements, et
retrouvent certains facteurs influençant cette démarche: la possibilité d’aménagement de travail, le
fait d’avoir partagé leur diagnostic avec leurs collègues, les indemnisations journalières pour
assister à des consultations médicales mais aussi les facultés à gérer la fatigue. Cette étude a
également démontré que le poids psychologique, en lien avec les symptômes secondaires au
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
38
cancer et ses traitements, pourrait avoir un effet néfaste sur la santé physique et mentale des
patients. Il s’agissait d’une étude menée sur tous les cancers, mais la majorité des répondants
étaient des survivants d’un cancer du sein (34).
En ce qui concerne les facteurs influençant la reprise, liés à la patiente, plusieurs ont été identifiés
dans la littérature. D’après Bouknight et al. (2006), le fait de se sentir prêt pour reprendre le travail
et les autres facteurs psychologiques sont associés à la reprise du travail après un cancer du sein
(39). D’autres études évoquent ce même type de facteurs, pour expliquer les échecs de maintien
dans l’emploi : des facteurs physiques (séquelles fonctionnelles et inadaptation au poste qu’elles
peuvent entraîner), des facteurs sociodémographiques (âge avancé, faible niveau de qualification
limitant les perspectives de reclassement) ou encore des facteurs psychologiques (difficulté à
prendre du recul, à accepter la dégradation de l’état de santé ou le statut de travailleur handicapé,
manque de motivation face au maintien dans l’emploi) (3).
Une autre étude rétrospective met en évidence l’âge comme le facteur le plus fortement corrélé à
la non reprise du travail (42).
D’autres facteurs influençant la reprise et fréquemment cités dans la littérature, étaient le niveau
d’études et le niveau socio-économique.
Plusieurs études mettent en évidence une interaction significative entre le niveau d’études et la
reprise du travail après un cancer du sein. (41),(32) D’après Thielen et al. (2015), dans une étude
portant sur le statut d’emploi cinq ans après un cancer, un bas niveau d’études augmentait la
probabilité de ne pas avoir d’emploi. Cette constatation était plus forte pour les femmes atteintes
d’un cancer du sein, et encore plus forte pour celles diagnostiquées à un stade avancé. A l’inverse,
un haut niveau d’études était un facteur favorisant la reprise de travail (32). Le fait que les taux
d’emploi soient plus hauts pour les femmes ayant un niveau d’études plus élevé n’est pas expliqué
par le stade du cancer au diagnostic ni par la présence de comorbidités. Torp et al. (2011),
montraient que les effets du niveau d’études et du statut social sur la reprise du travail sont
atténués quand les effets physiques et psychologiques des traitements sont pris en compte (41).
Selon la majorité des études, le niveau socio-économique bas était corrélé à un risque plus élevé
d’être sans emploi après le cancer du sein. Les résultats d’une méta-analyse montrent que les
survivants plus âgés, ayant un niveau d’études plus bas, et un travail ouvrier, sont moins
susceptibles de retrouver un emploi après le cancer (30). A contrario, dans une revue de la
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
39
littérature de 2002 (24), le niveau d’études n’était pas un facteur significativement associé à la
reprise du travail comme d’autres facteurs sociodémographiques (le revenu, le sexe, et le statut
marital).
Traitements et effets secondaires influençant la reprise
Enfin, au delà du niveau d’études, le stade du cancer, et les comorbidités des patients ont
également des effets significatifs sur le travail ultérieur (32). Il en va de même pour les types de
traitement et leurs effets indésirables. Par exemple, selon Muijen et al. (2013), la chirurgie moins
invasive était positivement associée au retour au travail (25).
Cette hypothèse n’est pas retrouvée de façon unanime dans la littérature. En effet, Drolet et al.
(2005), évoquent que la probabilité de ne pas être employé trois ans après le diagnostic de cancer
n’est pas influencée de manière significative par le type de traitement adjuvant (radiothérapie ou
chimiothérapie) ni par l’envahissement ganglionnaire (42). Ces résultats corroborent les résultats
de la méta-analyse de Spelten et al. (2002), qui mettent en avant la nature rassurante de ces
résultats quant aux effets secondaires à long terme des traitements du cancer. Ces effets n’avaient
pas de retentissement durable sur les chances des survivantes d’être employées (24).
En ce qui concerne les effets secondaires, dans une étude longitudinale, 28% des femmes
rapportaient une altération globale des capacités physiques et 62% des femmes étaient gênées pour
soulever des charges après leur traitement pour un cancer du sein (43). De plus, les survivants du
cancer étaient plus susceptibles de se déclarer en mauvaise santé par rapport aux personnes ayant
une autre maladie chronique. Les difficultés cognitives et le sentiment d’infériorité par rapport à
leurs collègues ont également été rapportés (30). D’autres études quantitatives et qualitatives ont
démontré que la fatigue en particulier, avait un impact négatif sur la capacité des personnes à se
sentir performantes dans leur travail, et ce des années après le traitement (34).
Situations de reprise compliquée ou de non reprise
Certains ajustements au travail sont imposés aux patientes, qu’elles sont contraintes d’accepter
avec la crainte de perdre leur emploi. Dans une revue de la littérature, les modifications de poste
étaient perçues de façon négative par les femmes. Un exemple, de modifications perçues
négativement, était le changement de relations avec les collègues ou les employeurs pouvant aller
jusqu’à la perte du travail. Ces changements étaient vécus comme une forme de discrimination.
Les femmes attribuaient ces modifications indésirables à l’employeur, et non à la maladie (26).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
40
D’autre part, les patients atteints de cancer se voient fréquemment proposer un départ en retraite
anticipée, ce qui n’est pas toujours leur demande. Ce constat est particulièrement vrai pour les
femmes ayant eu un cancer du sein (44). Selon une autre revue de la littérature, le risque d’être
sans emploi est 37% plus élevé pour les patients ayant eu un cancer par rapport aux personnes
témoins (35). De ce fait les patients ayant des contrats de travail précaire sont exposés à un risque
accru de ne pas retrouver d’emploi. Lindbohm et al. (2014), ont identifié des facteurs prédictifs
pour ces deux cas de figure : le faible niveau scolaire, la santé physique altérée, la présence de
comorbidités, les douleurs et le faible soutien de la part des collègues au travail. Parmi ces
facteurs, la mauvaise santé physique était le facteur le plus fortement corrélé à une retraite
anticipée (45). De plus, Lindbohm et al. (2014) notent que les femmes survivantes d’un cancer du
sein qui partent précocement à la retraite, bénéficient d’une moins bonne qualité de vie physique
par rapport aux patientes qui conservent leur emploi.
Les constats précédents montrent un décalage entre les attentes des femmes survivantes d’un
cancer du sein et la réalité de la reprise du travail. L’expérience qui en découle est négative, ce qui
amène les patientes à « faire le point » sur ce qui compte vraiment dans leur vie. Il en résulte une
modification des priorités des patientes au cours de la trajectoire de la prise en charge du cancer
du sein (16), (29).
3. Objectifs de l’étude
Notre travail de thèse s’intègre dans le projet FASTRACS qui vise à développer, implémenter et
évaluer une intervention pour améliorer le retour à la vie professionnelle dans de bonnes
conditions et le maintien dans l’emploi suite à un cancer du sein. Ce projet se fonde sur le
protocole de l’intervention mapping de planification de programmes en promotion de la santé. La
première étape du protocole évalue les besoins du point de vue des différents acteurs (les
patientes, les entreprises, les médecins impliqués dans la prise en charge dont les cancérologues,
les médecins généralistes, les médecins du travail et les médecins conseils). L’évaluation des
besoins fait partie des premières étapes du protocole d’intervention mapping (46).
Devant l’état des connaissances actuelles, nous avons été amenées à nous poser les questions
suivantes: quelle est l’expérience des cancérologues (dans notre étude ce terme comprend les
oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les chirurgiens) concernant les besoins de leurs
patientes aux différentes étapes de la prise en charge s’agissant de la reprise du travail ? D’après
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
41
des cancérologues, quels types de liens existent entre eux et les médecins généralistes concernant
la question du travail de ces femmes atteintes d’un cancer du sein ?
Notre hypothèse principale est que les cancérologues ont un investissement limité dans cette
problématique, et cela probablement du fait du manque de temps et d’autres facteurs que nous
chercherons à identifier. Notre hypothèse secondaire est que la collaboration concernant cette
problématique entre les cancérologues et les médecins généralistes est insuffisante. Nous
proposons comme explications : la différence de culture professionnelle, le manque de temps et
probablement d’autres facteurs.
L’objectif du travail est de décrire l’expérience et la vision des cancérologues concernant les
besoins de ces femmes s’agissant de la reprise du travail.
L’objectif secondaire de ce travail est de décrire la collaboration existant entre les cancérologues
et les médecins généralistes concernant la question du travail de ces femmes.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
42
MATERIEL ET METHODES
1. Méthode de recherche bibliographique
La recherche bibliographique a été réalisée principalement par internet, par le biais du portail
documentaire de la Bibliothèque Universitaire Claude Bernard Lyon 1, ce qui a permis la
consultation de bases de données payantes.
1.1. Sources d’information
Nous avons utilisé les bases de données bibliographiques automatisées pour les articles en langue
anglaise: Medline, Cochrane Library, Web of Science, et pour les articles en langue française :
CAIRN.info, la Banque de Données de Santé Publique.
Nous avons également consulté des sources de littérature « grise » selon la définition dite de
« Luxembourg ». Il s’agit de publications « produites par les instances du gouvernement, de
l’enseignement et de la recherche publique, du commerce et de l’industrie, sous forme papier ou
numérique, et qui ne sont pas contrôlées par l’édition commerciale » (47). Elles comprennent la
documentation de l’Institut National du Cancer (www.e-cancer.fr) et de l’OMS, ainsi que d’autres
ressources disponibles sur les sites suivants:
x L’institut National de la Santé et de la Recherche Médicale : www.inserm.fr x L’institut National de Prévention et d'Education pour la Santé: www.inpes.fr x Ligue Nationale Contre le Cancer 2015: www.ligue-cancer.net x L’institut Curie: www.curie.fr x La Coalition Européenne Contre le Cancer du Sein: www.europadonna.fr x La Haute Autorité de Santé: www.has-sante.fr x L’Assurance Maladie: www.ameli.fr
1.2. Stratégie de recherche
La recherche bibliographique a été conduite en employant les mots clés MeSH dans les bases de
données en anglais. Nous avons utilisé les mots clés MeSH suivants en associant plusieurs mots
clés : breast cancer survivors, (survivantes du cancer du sein), work / employment (travail,
emploi), return to work (retour au travail), support (soutien), workload (charge de travail), work-
related difficulties (difficultés liées au travail), long-term effects (effets à long terme), prognostic
factors (facteurs pronostiques), systematic review (revue systématique), literature review (revue
de la littérature), et accessoirement: chemotherapy (chimiothérapie), radiation, cognition.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
43
La recherche bibliographique a été menée sur la période de mai 2015 à septembre 2015. En
parallèle, nous avons réalisé des lectures de divers documents de travail sur la préparation à la
conduite d’entretiens semi structurés fournis par notre directeur de thèse. Ce travail de recherche a
été enrichi par la participation à la conférence des Oncoriales organisée par le Cancéropôle de
Lyon Auvergne Rhône Alpes (le 07/07/2015 journée de rencontres des jeunes chercheurs en
cancérologie).
2. Contexte de la Recherche
La plupart des études portant sur le travail après un cancer ne sont pas principalement orientées
sur l’amélioration du retour au travail ou l’emploi des personnes ayant eu un cancer. Les
interventions les plus fréquemment retrouvées dans la littérature étaient: l’encouragement,
l’instruction, les conseils concernant le travail, la formation ou l’aménagement du poste de travail
(35). Une méta-analyse retrouve un besoin d’amélioration des interventions visant à soutenir les
personnes retournant au travail après un cancer. Le projet FASTRACS a été conçu pour répondre
à ce type de question. Notre thèse fait suite à un premier travail mené dans le cadre du projet
FASTRACS qui explorait les besoins des femmes sur le plan social et professionnel auprès d’un
échantillon de patientes ayant bénéficié d’un programme d’Activité Physique Adaptée (APA)
suite à un cancer du sein. De ce fait, il paraissait intéressant aux investigateurs du projet
FASTRACS de compléter ce travail en explorant le point de vue des cancérologues concernant les
besoins des femmes lors du retour au travail après un cancer du sein.
3. Type d’étude
Il s’agissait d’une étude qualitative basée sur des entretiens individuels semi dirigés. Nous avons
choisi cette méthode car elle correspondait au mieux à l’exploration des besoins des femmes du
point de vue des cancérologues. Le choix des entretiens semi dirigés nous paraissait le moyen le
plus adapté pour recueillir des récits plus personnels et approfondis pour chaque intervenant. Dans
le cadre de cette méthode qualitative nous nous sommes inspirées de l’approche par théorisation
ancrée (48).
4. Echantillonnage des participants
La population de notre étude incluait des cancérologues, de trois spécialités : radiothérapeutes,
oncologues médicaux, chirurgiens gynécologues ayant une activité de chirurgie carcinologique. Ils
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
44
exerçaient dans la zone géographique Centre de la Région Rhône Alpes, et plus particulièrement
au Centre Hospitalier Universitaire (CHU), dans un centre privé à but non lucratif, et dans
plusieurs centres du secteur privé.
Il a été décidé, en concertation entre les chercheurs et leur directeur de thèse d’appliquer un
échantillonnage théorique type « boule de neige ». Il a été également décidé de partager le travail
des deux chercheurs entre le secteur privé et le secteur public. Un des investigateurs du projet
FASTRACS avait désigné deux médecins informateurs clés (médecins ayant signifié leur intérêt
pour l’étude FASTRACS) : un dans le secteur privé et un dans le secteur public. Un courriel
d’information et de consentement leur a été adressé, afin de solliciter leur participation. Ils ont été
les premiers médecins inclus dans l’étude. Suite à ces deux entretiens, la sélection de l’échantillon
s’est faite par effet « boule de neige ». Chaque participant nous orientait sur des confrères
susceptibles d’accepter de participer à notre étude. Une fois les participants potentiels identifiés,
nous adressions un courriel à ces cancérologues afin de les informer de l’étude, et de leur proposer
d’y participer (ANNEXE 3). Si les médecins acceptaient, un deuxième courriel était adressé pour
recueillir leur consentement, programmer l’entretien et leur demander de préparer un ou deux cas
cliniques de patientes suivies pour un cancer du sein qui les auraient marqués concernant la
question du travail. De plus, quelques informations administratives et relatives à leurs pratiques
leur étaient demandées.
5. Collecte des données
5.1. Le guide d’entretien
Les entretiens semi dirigés étaient basés sur un guide d’entretien préalablement établi afin de
cibler les points clés, répartis en thèmes, tout en laissant libre cours au discours de l’interlocuteur
(ANNEXE 1). Le guide d’entretien était élaboré par les deux chercheurs après plusieurs versions
et validé par triangulation avec deux investigateurs de l’étude FASTRACS dont notre directeur de
thèse. Les thèmes du guide étaient les suivants : intérêt pour l’étude, généralités sur le cancer du
sein, présentation de la situation marquante, acteurs de la prise en charge, questions personnelles
concernant le médecin. Dans la présentation de la situation marquante, les sous thèmes clés étaient
les suivants: les besoins des femmes concernant la reprise du travail, les facteurs influençant la
reprise, les modalités des arrêts de travail. Le guide d’entretien était le même pour les deux
chercheurs. Après la réalisation des premiers entretiens, certaines questions du guide ont été
modifiées, d’autres ont été ajoutées.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
45
5.2. Réalisation des Entretiens
Le recueil des données a été réalisé par deux internes en médecine générale, qui sont également
les auteurs de ce travail : Clémentine JORDAN et Angelika KOCHAN. Les chercheurs réalisaient
seuls les entretiens : elles étaient en même temps modératrices et observatrices. Une étude
longitudinale a été réalisée. La cohorte de vingt cancérologues a été divisée en deux parmi les
deux chercheurs.
5.3. Déroulement de l’entretien
Il s’agissait d’entretiens individuels, en tête à tête avec les participants, réalisés sur leur lieu
d’exercice, et enregistrés. Suite à la présentation du chercheur et au recueil du consentement du
participant, l’enregistrement débutait avec l’aide de deux supports électroniques type dictaphone.
Il était rappelé l’anonymat et la possibilité d’interruption d’enregistrement à la demande du
participant. Dans les suites immédiates de chaque entretien, des notes de terrain ont été rédigées
par les chercheurs.
6. Analyse des entretiens
Les entretiens enregistrés ont été retranscrits en partie par les chercheurs et, sur la fin du recueil,
par des prestataires financés par le projet FASTRACS. Suite à la retranscription, les noms des
participants et des structures hospitalières ont été anonymisés. Cette anonymisation a été réalisée
grâce à un tableau d’anonymisation créé par les investigateurs principaux du projet FASTRACS.
Les entretiens retranscrits et anonymisés ont été codés par les chercheurs, au moyen du logiciel
d’analyse qualitative MAXQDA®, selon l’arbre de codage (ANNEXE 2) dérivé du guide
d’entretien et des premiers entretiens analysés dans une approche déductive. De nouvelles
catégories ont été ajoutées autant que nécessaire pour inclure toutes les données dans une
approche inductive jusqu’à saturation des données. Ce codage a été réalisé selon la méthode
d’analyse thématique du contenu. A l’issue de ces codages, il a été élaboré une grille de synthèse
commune qui a permis la catégorisation des données. Cela nous a permis de réaliser l’analyse
intra-cas. Le contenu de la grille de synthèse pour chaque entretien a été également inclus et codé
dans la base de données MAXQDA® afin de réaliser l’analyse inter-cas. Chaque chercheur a
réalisé l’analyse intra-cas pour les entretiens qu’il a réalisés. L’analyse inter-cas a été réalisée sur
l’ensemble des données des deux chercheurs. Les catégories d’analyse ont été partagées de façon
équitable entre les deux chercheurs. A l’issue de cette analyse inter cas, les deux chercheurs ont
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
46
réalisé un travail en binôme permettant l’application de la stratégie de triangulation des résultats
afin de faire ressortir les données les plus marquantes.
7. Retour au terrain : validation des résultats
Nous avons organisé une réunion de restitution des résultats en présence de deux cancérologues le
22 septembre 2016 (que nous avons désigné comme le « focus groupe » de restitution des
résultats). Lors de ce « focus groupe » nous avons exposé les neuf points marquants de nos
résultats. Cela nous a permis de discuter nos résultats et d’apporter un point de vue supplémentaire
pour l’analyse et la discussion de notre étude.
8. Considérations éthiques
Notre étude s’intégrait dans le projet FASTRACS qui a été présenté au Comité de Protection des
Personnes (CPP) Sud-Est II, lequel a émis un avis éthique favorable et donné son autorisation le
16.12.2015 (n°IRB 00009118).
Les participants ont été informés des objectifs et du contexte de l’étude. Ils avaient la possibilité
de refuser et de se rétracter à tout moment. Cette information a été transmise par courriel au
moment de l’organisation de l’entretien avec les médecins participants. Ce courriel comprenait
une fiche d’information sur le projet FASTRACS (ANNEXE 4), et un formulaire de consentement
(ANNEXE 5). Le consentement a été signé par les participants avant le déroulement de chaque
entretien ainsi que par les chercheurs. Les chercheurs n’avaient pas de conflit d’intérêt.
RESULTATS
1. Description de l’échantillon
Avec la méthode évoquée ci-dessus, voici le tableau qui décrit l’échantillon de l’étude.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
47
Tableau 1: Description de l’échantillon
Médecin Spécialité Sexe Age Secteur d’activité
public privé mixte
Structure d’exercice Ancienneté dans la structure Pourcentage cancer du sein
Et autres cancers pris en charge
MED_ONCO_16 Oncologue
médical
F 30-40 ans MIXTE CLCC* 2 ans
-60% cancer du sein.
-Autres cancers: sarcomes, autres cancers gynécologiques
MED_ONCO_1 Oncologue
médical
F >50ans PRIVE Structure privée 18 ans -40% cancer du sein
-Autres cancers gynécologiques et des cancers digestifs,
urologiques.
MED_ONCO_7 Oncologue
médical
F 30-40 ans PUBLIC
-qualité de vie
-diversité
CHU 3 ans -70% cancer du sein
-Autres cancers gynécologiques
MED_ONCO_6 Oncologue
médical
F 30-40 ans PUBLIC CHU 3 ans -60% cancer du sein
-Autres cancers: gynéco, ORL, hépato gastro, pneumologie
MED_RADIO_7 Radiothérapeute F 30-40 ans MIXTE CHU
2 ans, -90% cancer du sein
-Autres cancers: gynéco, dermato, ORL, hémato
MED_GYN_4 Gynécologue M 30-40 ans PUBLIC CLCC 2-4 ans - 70% cancer du sein
-30% chirurgie pelvienne fonctionnelle
MED_GYN_3 Gynécologue M >50 ans MIXTE Structure privée >20 ans -30% cancer du sein
-70% chirurgie gynécologique dont cancer pelvien
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
48
MED_RADIO_8 Radiothérapeute M 40-50 ans PUBLIC
-proximité avec les
patients
CHU 12 ans
-20% cancer du sein
-Autres pathologies
gynécologiques, urologiques
MED_CHIR_7 Chirurgien M 40-50 ans PUBLIC CHU 2 ans -50% cancer du sein
MED_ONCO_2 Oncologue
médical
F 30-40 ans MIXTE Structure Privée 2 ans -80% cancer du sein
-20% cancer gynécologique autre : ovaire, utérus.
MED_RADIO_3 Radiothérapeute F 40-50 ans PUBLIC CHU 15 ans - 20% cancer du sein
-Autres pathologies : cancers gynécologiques, tumeurs
cérébrales, cancers dermatologiques, hématologiques.
MED_CHIR_6 Chirurgien F 40-50 ans PUBLIC CLCC 12 ans -100% cancer du sein
MED_CHIR_4 Chirurgien M 40-50 ans PUBLIC CHU 1.5 ans -30% cancer du sein
-70% cancers gynécologiques
MED_ONCO_10 Oncologue
médical
M 30-40 ans PUBLIC
-recherche
CHU 1 an -30% cancer du sein
MED_CHIR_11 Chirurgien F 30-40 ans MIXTE CHU
8 ans - 40% cancérologie, dont 90% cancer du sein
-Autre activité : chirurgie fonctionnelle et obstétrique
MED_RADIO_6 Radiothérapeute F >50 ans PRIVE Structure privée plus de 20 ans -80% cancer du sein
-Autre activité : oncogériatrie
MED_ONCO_15 Oncologue M 30-40 ans PUBLIC CLCC 7 ans -70% cancer du sein
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
49
médical
MED_RADIO_4 Radiothérapeute F 40-50 ans MIXTE
-acquisition de
l’expérience
CLCC 12 ans -10% cancer du sein
MED_RADIO_2 Radiothérapeute F >50 ans PRIVE
-raisons personnelles
Structure privée 8 ans -75% cancer du sein
MED_ONCO_5
Oncologue
médical
M >50 ans PUBLIC CHU
-Depuis 24 ans dans le même
service avec depuis 3 ans
vacation 40% dans un autre
établissement public
-55% cancer du sein
-Autres cancers gynécologiques
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
50
L’échantillon était assez homogène, avec 8 hommes et 12 femmes. Les trois catégories
professionnelles étaient représentées de façon équilibrée, 6 chirurgiens, 8 oncologues
médicaux et 6 radiothérapeutes. Concernant les lieux d’exercice, les participants du CHU
étaient les plus représentés (9 participants) et les autres étaient partagés (6 CLCC et 5 du
secteur privé).
2. Description des entretiens
Il a été réalisé 20 entretiens semi-dirigés auprès de cancérologues. Ils ont été menés entre
le 22 décembre 2015 et le 26 juillet 2016. Le tableau ci-dessous décrit la durée des
entretiens.
Tableau 2: Durée des Entretiens
Durée en minutes
Durée Minimale 31
Durée maximale 97
Durée Moyenne 46
3. Arbre de codage
L’analyse des résultats a permis d’identifier 2184 citations. Ces citations ont été organisées
à l’aide de 89 codes qui étaient classés en 6 grandes catégories : patientes, cancérologues,
prise en charge, travail, arrêt de travail, et reprise du travail. Dans chaque grande catégorie
il y avait plusieurs sous catégories. L’arbre de codage complet est dans l’ANNEXE 2.
4. Analyses intra-cas
Analyse inter-cas 1 : Chirurgien
MED_CHIR_6 est une femme d’une quarantaine d’années exerçant dans un établissement
privé à but non lucratif depuis douze ans. Elle n’a pas du tout d’activité privée et apprécie
de ne pas avoir de rapport d’argent avec ses patientes. Elle prend en charge exclusivement
des patientes pour des cancers du sein. Les quelques interventions qu’elle pratique, autres
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
51
que la chirurgie mammaire, sont : l’ovariectomie pour les patientes mutées et
l’hystéroscopie pour les patientes sous hormonothérapie. Elle apprécie le côté très pointu
du centre où elle travaille et également son côté très familial. Elle pense que les patientes
qui viennent dans ce centre sont d’un niveau socio-économique un peu plus élevé que la
moyenne même si, finalement, elle voit quand même tous types de patientes.
Le choix de sa spécialité est dû à un concours de circonstances, de même que son
orientation vers la chirurgie du cancer du sein. Elle trouve que ses relations avec les
patientes sont vraiment fortes et elle apprécie cela. De temps en temps, elle trouve son
travail difficile et pense qu’elle ne pourra peut-être pas exercer cette spécialité toute sa vie.
Elle pense avoir une relation particulière avec ses patientes du fait d’être une femme.
Enfin, dans le cadre de son exercice, elle fait un peu d’enseignement et un peu de
recherche. Elle apprécie d’être dans un centre d’excellence et trouve que les relations avec
les oncologues médicaux sont très enrichissantes.
«MED_CHIR_6 : «Et en plus parce que je trouve que quand on est une femme faire
du sein c’est génial.»» (MED_CHIR_6)
Elle trouve que la thématique du travail est intéressante et que les médecins ont parfois peu
de solutions pour aider les patientes. Dans sa pratique, elle attache énormément
d’importance au travail de ses patientes.
«INVEST_8 : «Mais, vous c’est quand même une problématique que vous gardez en
tête.»
MED_CHIR_6 : «Ah ben c’est la, les, la problématique essentielle.»
(MED_CHIR_6)
MED_CHIR_6 ne répond pas directement à la question sur les besoins mais en exprime
lors de son récit. Elle nous parle des femmes qui ont besoin d’aide technique à la maison
quand elles sont seules pour assumer les charges familiales et elle exprime surtout des
besoins en lien avec le travail.
«Je vais attendre la fin du traitement avant de reprendre le boulot et j’ai besoin de
prendre du temps pour moi.» (MED_CHIR_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
52
Elle nous parle des femmes qui souhaitent s’arrêter directement après le diagnostic car
elles expriment le besoin de prendre du temps pour elles. Elle nous dit que les femmes sont
en attente d’écoute au travail et ont souvent besoin de pouvoir planifier leur arrêt de travail,
d’où l’importance de leur expliquer au mieux les traitements pour qu’elles puissent avoir
un arrêt approprié. Cela permet donc à leur employeur de s’organiser et cela peut enlever
un stress important à la patiente de savoir que l’employeur n’est pas en difficulté. D’autre
part, en fonction des professions, elles ont besoin d’avoir des aides sociales à cause de
certaines situations précaires (ex : emploi saisonnier) et d’autres fois, beaucoup de
certificats.
«Une assistante dentaire l’autre fois, elle avait une patronne qui était vachement
compatissante, enfin elle a réussi à s’arrêter deux mois, elle, la, elle a trouvé une
amie la dentiste pour l’aider pendant deux mois, elle lui aménageait son temps de
travail après et tout, du coup les gens ils stressent beaucoup moins quand c’est
organisé, ils savent qu’ils vont pourvoir reprendre dans de bonnes conditions,
qu’ils ont pas mis leur employeur dans la détresse et ça se passe super bien. C’est
un poids en moins ça clairement.» (MED_CHIR_6)
Le travail des patientes a une importance majeure pour MED_CHIR_6, elle en parle
beaucoup avec les patientes qui risquent d’avoir des séquelles suite à la prise en charge
chirurgicale. MED_CHIR_6 parle beaucoup des problèmes du curage quand le métier de la
patiente est menacé par celui-ci. Elle demande systématiquement la profession de ses
patientes et, souvent, leur fait décrire leurs tâches de façon exacte mais elle ne les note pas
forcément dans le dossier.
«MED_CHIR_6 : «Ah oui ben là par exemple aujourd’hui, j’ai opéré une dame,
j’en ai longuement discuté avec elle parce qu’elle est, elle est dans un immeuble,
son travail c’est physique, c’est j’pense c’est plus ou moins femme de ménage, elle
sort les poubelles etc. et lors de la première consultation elle m’a expliqué qu’elle
trainait des poubelles très lourdes, qu’elle était plutôt gauchère et c’est du côté
gauche, qu’elle allait être embêtée parce qu’elle pourrait pas faire ça si elle était
gênée avec son bras etc. J’ai été obligé de faire un curage axillaire, parce que y’a
des ganglions envahis mais on discute beaucoup de ça avant.» (MED_CHIR_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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MED_CHIR_6 nous explique que les patientes sont parfois arrêtées au moment du
diagnostic par un autre médecin mais, que d’autres fois, elles ne souhaitent être arrêtées
qu’au moment de l’intervention. Après la chirurgie, MED_CHIR_6 a tendance à imposer
un arrêt pour un mois afin que les patientes ne forcent pas sur la cicatrice puis, elle les
revoit trois semaines plus tard pour discuter des résultats et de l’organisation des
traitements. Pour celles qui vont avoir de la chimiothérapie, elle leur conseille d’attendre
au moins la première cure pour se faire une idée et décider du type d’arrêt pour la suite. En
moyenne, les femmes qui ont de la chimiothérapie s’arrêtent six mois et celles qui n’ont
que de la radiothérapie s’arrêtent trois mois. La reconstruction mammaire peut également
influencer l’arrêt de travail. D’autre part, au moment de la reprise, elle les encourage
souvent à le faire à mi-temps. Elle le voit comme quelque chose de très positif pour les
patientes.
MED_CHIR_6 : «Et, et je leur demande souvent d’avoir au moins un mois d’arrêt
de travail après la chirurgie. Et après je leur dis souvent, de commencer la chimio,
de prendre un mois pour commencer la chimio, de voir comment ça se passe et de
voir en fonction de comment elles sont, si elles peuvent reprendre le travail et
organiser leur vie en fonction de ça.» (MED_CHIR_6)
MED_CHIR_6 discute beaucoup du travail avec les patientes avant les traitements. Elle
nous dit que c’est la patiente qui aborde le sujet en premier assez tôt dans la prise en
charge pour savoir la durée de l’arrêt à prévoir et les modalités de reprise possible. Elle
leur fait décrire leur travail quand il y a un risque qu’elles soient gênées par le geste
chirurgical. Au cours du suivi, il lui arrive d’en reparler mais pas toujours car elle a
beaucoup de suivis et peu de temps.
MED_CHIR_6 ne nous donne pas d’exemple précis mais nous parle des patientes qui ont
du mal à s’arrêter. D’après MED_CHIR_6 les femmes qui sont très investies dans leur
travail ont le sentiment de ne pas pouvoir s’arrêter mais une fois qu’elles l’ont fait, elles se
rendent compte qu’elles ont bien besoin de cet arrêt. Elle nous dit qu’en moyenne trente
pour cent des patientes ne s’arrêtent pas pendant la prise en charge.
L’effet secondaire qu’elle retrouve le plus souvent est la fatigue. Elle note aussi le
lymphœdème qui peut avoir des conséquences sur la reprise. Les femmes lui parlent aussi
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
54
des effets secondaires de l’hormonothérapie (troubles de la sexualité, troubles du sommeil,
douleurs articulaires), mais elles font rarement le lien avec le travail.
MED_CHIR_6 : «Parce que, elles sont, elles sont fatiguées, elles dorment, des fois
elles font la sieste, ou elles ont d’autres activités et elles se disent que quand elles
vont être à nouveau au taquet ça va être compliqué.» (MED_CHIR_6)
MED_CHIR_6 n’évoque pas d’élément facilitateur en dehors de l’entreprise.
Par ailleurs, au sein de l’entreprise, une compréhension et une empathie de la part des
collègues et des supérieurs sont deux éléments importants pour le retour au travail. De
plus, le fait d’organiser les choses à l’avance est aussi très important pour les patientes.
MED_CHIR_6 : «Alors quand y’a eu, quand y’a eu une écoute, un, une
compréhension des collègues que, une empathie, et, et ben elles ont envie de
reprendre bien évidemment, quand y’a un aménagement du temps de travail, enfin
du, de la, du travail, et, elles ont envie de reprendre plus facilement que quand elles
sont pas bien dans leur boulot.» (MED_CHIR_6)
Les barrières à la reprise sont essentiellement les effets secondaires à savoir la fatigue et le
lymphœdème.
De ce fait, au sein de l’entreprise, les professions physiques sont un frein à la reprise tant
en ce qui concerne la fatigue que le lymphœdème avec le risque de blessure qui peut se
surajouter.
MED_CHIR_6 n’a aucun échange sur la problématique du travail avec les autres
cancérologues. Elle pense que c’est par manque de temps.
MED_CHIR_6 pense que les médecins généralistes ont un rôle essentiel dans la
problématique du retour au travail mais elle n’a aucun échange avec eux sur cette question.
Ce sont les patientes qui font le lien.
Elle n’a aucun contact avec les médecins du travail non plus. Elle oriente vers eux les
patientes pour les adaptations de poste. Les patientes lui amènent souvent des certificats à
remplir mais elle n’est jamais en lien direct avec le monde du travail.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
55
MED_CHIR_6 : «Et, moi, et moi c’est ce que je disais tout à l’heure, je reviens là-
dessus, je leur demande d’essayer d’aller organiser avant la reprise du travail avec
le médecin du travail. Souvent on leur a pas proposé, et puis c’est pas dans toutes
les boites qu’il y a un médecin du travail sympa. Mais des fois y’a des médecins du
travail qui sont vachement sympas, et qui aménagent les choses et qui aident au
retour au travail, mais ça c’est assez rare quand même.» (MED_CHIR_6)
Elle nous parle de deux types d’acteurs paramédicaux qui ont une importance cruciale :
- les assistantes sociales que MED_CHIR_6 sollicite à chaque fois qu’elle pense qu’il va y
avoir des problèmes financiers ou d’isolement,
- les infirmières de coordination qui voient toutes les patientes pour gérer les problèmes du
quotidien. Elle nous dit que ces infirmières connaissent parfaitement les patientes et les
aident beaucoup.
MED_CHIR_6 : «En disant que maintenant les médecins, quand même vu qu’il y a
pas d’aide et qu’on est en contact avec personne, on a développé ce genre de chose
pour quand même être plus proche des patients et essayer de gérer le quotidien des
gens.» (MED_CHIR_6)
Elle ne peut pas faire de différence entre les patientes atteintes d’un cancer du sein et les
autres car elle ne voit que des cancers du sein. Elle est proche de ses patientes et trouve les
rapports humains en cancérologie très enrichissants mais difficiles à vivre tous les jours.
Elle pense que le fait d’être une femme lui permet d’avoir une relation privilégiée avec ses
patientes atteintes d’un cancer du sein.
Interprétation & synthèse personnelle du chercheur
MED_CHIR_6 se soucie beaucoup des conséquences du geste chirurgical sur la vie
professionnelle de ses patientes, c’est pour cette raison qu’elle parle beaucoup de ce sujet
avec celles-ci. Elle trouve que ses patientes lui parlent assez spontanément de cette
problématique et MED_CHIR_6 le comprend très bien. Elle croit que les patientes ont
besoin d’anticiper les choses et que cela leur permet de moins stresser tant pour l’arrêt que
pour la reprise. Elle pense qu’une bonne ambiance au travail et des collègues empathiques
sont la clef d’un retour dans de bonnes conditions. Elle estime que le mi-temps
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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thérapeutique est souvent d’une aide précieuse pour les patientes. Elle n’a pas de relation
avec les autres intervenants de la prise en charge. Elle n’en a pas particulièrement avec les
médecins généralistes et pense que c’est une question de manque de temps. Les relations
qu’elle établit avec ses patientes sont à la fois très fortes mais très dures à gérer
personnellement.
Analyse intra-cas 2 : Oncologue
Le Docteur MED_ONCO_6 est un jeune oncologue médical responsable d’une nouvelle
unité de jour qu’il dirige depuis trois ans au sein du CHU. Il s’agit de son activité
principale à plein temps.
Le Docteur MED_ONCO_6 est dynamique, très impliqué dans la vie de son service et de
ses patients. Il apprécie le côté innovateur de sa spécialité, et surtout le contact humain et
l’aspect « général » de sa spécialité. Il n’a pas d’activité de recherche particulière. Sa
patientèle est plutôt urbaine partagée entre patientes plutôt aisées (pour les cancers du sein
qui représentent entre 50 et 70% de sa patientèle) et patients éthylo-tabagiques de milieux
plus défavorisés (pour les cancers ORL).
L’intérêt pour notre étude est né d’une analyse négative qu’il fait de sa propre formation
dans ce domaine. Il dit être en difficulté pour orienter ses patientes dans la phase post-
cancer du fait d’une formation insuffisante et d’un manque d’informations concernant les
ressources disponibles. C’est donc dans l’optique d’amélioration des pratiques qu’il
participe à l’étude.
«Alors , alors déjà, moi, je trouve qu’on, on est très mal formé , à la médecine du
travail, en général, qu’on est peu sensibilisé, à la problématique de la reprise du
travail , et que on connaît pas tout ce qui peut se faire, en fait , oui, en fait, on sait
pas, enfin, je pense qu’y a énormément de ressources qui existent et à la fois, on les
connaît très mal , et puis j’allais dire, on sait pas trop comment positionner la
reprise du travail au cours de la prise en charge des patients, en fait , je, enfin, je
trouve qu’on a du mal à se positionner pour savoir à quel moment on parle de la
reprise du travail et quelles sont les ressources disponibles et déjà en place pour
aider les patientes dans cette démarche-là. » (MED_ONCO_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
57
Les besoins des femmes sans lien avec le travail sont propres à l’individu : il y a certaines
femmes qui ont besoin de prendre le temps pour elles tandis que d’autres souhaitent
reprendre rapidement le travail.
Selon le Docteur MED_ONCO_6, les femmes ayant eu un cancer du sein ont besoin d’une
prise en charge sociale et d’être informées de la conduite à tenir quant à la reprise du
travail (par exemple, qu’il faut voir leur médecin du travail).
«A fin des traitements parce que, parce qu’elles avaient besoin de, de s’occuper
d’elles, de faire du sport, de s’occuper de leur famille, de voyager, vous voyez, que
c’était le temps pour elles de faire ça, y en a d’autres qui pour qui la reprise du
travail signifie que, qu’on est guéri, et du coup, elles veulent reprendre le plus tôt
possible et quelques fois c’est même un peu trop tôt.» (MED_ONCO_6)
Le Docteur MED_ONCO_6 renseigne la profession ainsi que d’autres éléments en lien
avec le mode de vie de la patiente de façon systématique à la première consultation.
«Alors nous, enfin, dans, dans mon observation y a une, y a un item, mode de vie et
là, je mets si elles sont mariées, si elles ont des enfants, si elles travaillent et c’est
pareil pour mes collègues…» (MED_ONCO_6)
Le Docteur MED_ONCO_6 est souvent le premier prescripteur d’arrêts de travail lors de
la phase de la chimiothérapie. La durée des arrêts de travail est « à la carte » pour chaque
patiente. Le temps partiel thérapeutique est un mode de reprise du travail prescrit par le
Docteur MED_ONCO_6 à la demande de ses patientes.
Les patientes ne viennent pas le voir pour discuter spécifiquement des questions en lien
avec le travail. Mais quand le sujet de la reprise du travail est abordé en fin de prise en
charge, c’est souvent le Docteur MED_ONCO_6 qui propose d’en discuter.
«Alors ça, c’est, j’essaie de l’aborder, à la consultation après la fin de la
radiothérapie, à, enfin, tout simplement, en me disant quand est-ce que vous
envisagez de reprendre votre travail, en général, je le fais, je le fais à ce moment-
là…» (MED_ONCO_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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Le Docteur MED_ONCO_6 évoque le cas de plusieurs patientes qui ne se sont pas arrêtées
lors de la phase thérapeutique pour des raisons financières ou autres (par exemple le suivi
de clients pour une agente de voyage), ou encore de patientes qui souhaitent à tout prix
continuer leur travail et avec qui le Docteur MED_ONCO_6 est très compréhensif et fait
tout son possible pour que le traitement puisse être modulé pour arranger la patiente.
D’autres femmes continuent à travailler quand un aménagement de poste est possible (par
exemple le cas d’une gendarme qui ne faisait plus de travail de terrain).
La recherche d’effets secondaires se fait au sens large pour les dépister sans vraiment
rechercher leur retentissement sur le travail.
«Non, non, je pense pas que je les recherche, les effets secondaires, on les
recherche, j’allais dire dans le, c’est un retentissement dans le, dans l’activité
quotidienne mais spécifiquement sur le travail, non. » (MED_ONCO_6)
Les facteurs de reprise sont surtout individuels : selon ce que les patientes souhaitent faire
et se sentent prêtes à faire.
Le fait d’avoir de bonnes relations avec ses collègues, de garder des liens avec eux pendant
l’arrêt de travail et d’avoir des supérieurs hiérarchiques compréhensifs sont des facteurs
positifs pour la reprise du travail.
«Non, non, c’est elle, c’était, ça venait vraiment d’elle, et puis pour le coup, je
crois qu’elle, enfin, même si elle avait une grosse pression dans le travail, y avait
quand même une relation de confiance avec ses, avec ses collègues de travail et
une certaine bienveillance, enfin, elle avait gardé, elle avait gardé contact avec ses
collègues pendant son arrêt de travail, enfin, pour le coup, y avait pas de pression
du côté de son employeur, c’était elle qui, à un moment, je commence à m’ennuyer
chez moi, je veux… » (MED_ONCO_6)
Un syndrome dépressif ou d’anxiété importante peuvent être des barrières à la reprise du
travail. Le Docteur MED_ONCO_6 donne l’exemple d’une patiente très anxieuse dont les
symptômes pourraient être en lien avec un problème psychiatrique qui n’a pas pu, de ce
fait, reprendre son travail.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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Parmi les barrières à la reprise du travail il y a les mauvaises relations au travail et la
pression au travail. Le Docteur MED_ONCO_6 donne l’exemple d’une patiente où la
pression au travail l’a poussée à reprendre plus rapidement qu’elle ne l’aurait fait, et, en
conséquence a fini par se faire réarrêter car elle ne pouvait plus supporter cette pression.
«Après elle m’avait dit qu’effectivement y avait aussi des conflits avec, ses
supérieurs hiérarchiques, qui faisaient que la reprise du travail, c’était pas, c’était,
c’était aussi compliqué parce que, parce qu’il y avait déjà des conflits antérieurs.»
(MED_ONCO_6)
Il est plutôt exceptionnel que les cancérologues échangent entre eux concernant le sujet du
travail. Dans les rares cas où cela arrive, c’est pour les patientes qui souhaitent poursuivre
leur activité professionnelle et, à ce moment-là, il est nécessaire d’ajuster leur prise en
charge.
Selon le Docteur MED_ONCO_6 les échanges avec le médecin traitant sont rares, sans
exemple d’échange en particulier. Il n’y a pas non plus d’interaction avec le médecin du
travail.
Les assistantes sociales interviennent sur la question du travail quand la reprise est
impossible ou pour la mise en place des aides pour les patients en difficulté en cas d’arrêt
qui sont souvent des libéraux.
Les infirmières de coordination repèrent les patients en difficulté et sollicitent les
assistantes sociales par l’intermédiaire de l’oncologue.
«C’est difficile, le, en tête comme ça, en fait, souvent elles interviennent justement
chez les patientes qui se, moi, j’en ai une qui était intervenue justement chez une
dame qui travaillait en libéral, et pour le coup, c’est souvent plus difficile, les
arrêts de travail, chez ces patients-là et du coup, elle était intervenue pour la mise
en place des aides et des relais, pour la prise en charge pendant le, pendant le
traitement, mais j’ai, je sais même plus, enfin souvent, voilà, elles interviennent
comme ça, après elles interviennent aussi, quand la reprise du travail est, est
impossible mais j’allais dire, pas tellement en adjuvant, plutôt chez les patients
métastatiques…» (MED_ONCO_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«C’est à notre demande, et puis on a aussi des infirmières de coordination, et qui
repèrent beaucoup, enfin, qui repèrent bien ce genre de difficultés et du coup, qui
les sollicitent aussi par notre intermédiaire.» (MED_ONCO_6)
La relation thérapeutique est influencée par le type de patients. En effet, dans le cas de
patientes atteintes de cancers gynécologiques, ces dernières sont très impliquées dans leur
prise en charge, et, du fait de leur statut socio-économique élevé, elles sont plus soucieuses
d’avoir des informations précises que les patients atteints de cancers ORL qui sont souvent
issus de milieux plus modestes. Avec les patientes atteintes de cancer du sein, les échanges
peuvent être plus riches.
Interprétation & synthèse personnelle du chercheur
Le Docteur MED_ONCO_6 est un médecin très impliqué dans la prise en charge de ses
patients. Il avoue être interpellé par la question du travail et avoue qu’il ne sait pas
comment positionner la reprise du travail dans la trajectoire de la prise en charge. Il
identifie clairement les problèmes qu’il rencontre dans ce domaine, notamment, le manque
de ressources d’informations, la mauvaise connaissance des ressources existantes,
comment et à quel moment se positionner pour aborder la reprise du travail et quelles
ressources proposer aux patients. Selon lui, la problématique de la reprise du travail n’est
pas abordée assez tôt dans la prise en charge et les patientes ne s’attendent pas à ce que ça
soit leur oncologue qui aborde la question du travail avec elles.
5. Analyses inter-cas
Les analyses inter-cas nous ont permis d’explorer les besoins des femmes, ayant eu un
cancer du sein, en ce qui concerne la reprise du travail, d’après l’expérience des
cancérologues qui les ont prises en charge. Afin d’accéder à ce résultat, nous avons analysé
les thèmes suivants: l’intérêt des cancérologues interrogés pour la problématique du travail,
les pratiques professionnelles des cancérologues concernant la problématique du travail,
les caractéristiques de la relation thérapeutique entre les cancérologues et les patientes
atteintes de cancer du sein, les collaborations existantes entre les cancérologues et leurs
confrères cancérologues, les médecins du travail et les médecins généralistes.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
61
5.1. Intérêt pour l’étude
La forte prévalence du cancer du sein, le jeune âge des patientes atteintes, et le bon
pronostic de cette maladie étaient trois éléments mis en avant par les médecins pour
justifier leur intérêt pour l’étude.
Les médecins interrogés avaient des réponses variées quant à l’intérêt pour la
problématique du travail des femmes ayant eu un cancer du sein. Quelques idées
récurrentes apparaissaient tout de même : certains médecins disaient assez clairement
n’accorder que peu d’importance à la problématique du travail, mais reconnaissaient
l’importance de cette problématique pour les femmes. De ce fait, cela avait peu de
conséquences sur leurs pratiques.
De nombreux cancérologues mettaient également en avant les difficultés des femmes face
à cette problématique. Ils considéraient qu’elles avaient besoin d’aide pour ce passage
difficile. Beaucoup nous parlaient de la notion de la reprise d’une vie normale, et, la
plupart d’entre eux considéraient la prise en charge de l’après-cancer comme un élément à
part entière du suivi.
Les médecins avaient tendance à ne pas répondre directement à la question. Ils exprimaient
plutôt leurs interrogations personnelles sur le sujet et pourquoi ce sujet était pertinent pour
les femmes. Il semblerait que de nombreux médecins interrogés souhaitaient obtenir des
réponses à leurs questionnements sur ce sujet. Ils exprimaient être en difficulté face à leurs
patientes concernant la question du retour au travail. Les difficultés soulevées étaient le
manque de formation, d’informations et de ressources. Ils ne savaient pas toujours
comment orienter leurs patientes quand elles posaient des questions sur cette
problématique. Souvent, ils avaient accepté de participer à l’étude dans le but d’améliorer
leurs pratiques professionnelles. D’autres cancérologues avaient participé dans une
démarche plus scientifique et appréciaient particulièrement que le sujet du travail soit
abordé sous cet angle. Un des médecins en particulier mettait en avant le côté atypique de
ce sujet, par rapport aux sujets habituellement abordés en recherche cancérologique:
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
62
«Je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle pose des
questions atypiques à mon sens. En tout cas atypiques dans… pour un
cancérologue qui a l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en
cancérologie. Parce que justement la question qui…, la thématique est une
thématique qui n’est pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est
l’optimisation du traitement des patientes.» (MED_ONCO_10)
Particularités
Nous avons noté quelques particularités dans les intérêts des médecins pour l’étude :
-Un des médecins évoquait les enjeux de santé publique et d’économie de santé et de la
nécessité de conduire de nouvelles recherches sur ce sujet.
-Un autre médecin participait à l’étude car cette problématique était l’un de ses centres
d’intérêt majeur dans son parcours professionnel du fait de son implication dans la création
d’un programme de réadaptation à la vie après le cancer du sein.
-Un autre médecin nous a dit ne s’être jamais questionné sur cette problématique avant
notre étude et exprimait sa curiosité à ce sujet.
Hypothèses pour expliquer les variations inter cas:
Variations selon la Catégorie professionnelle:
Nous n’avons pas noté de tendances évidentes par groupe de spécialités. Il ressortait
seulement que les radiothérapeutes ne citaient pas l’intérêt pour la recherche scientifique
comme un facteur ayant influencé leur participation à l’étude.
Variations selon le genre :
Nous avons constaté une différence de sensibilité à la question de l’intérêt pour l’étude
selon le genre des participants. Les hommes médecins de l’étude citaient fréquemment leur
intérêt pour la recherche scientifique tandis qu’aucune femme ne citait ce critère comme
facteur ayant influencé sa participation à l’étude.
Les femmes mettaient en avant, plus souvent que les hommes, qu’il s’agissait d’un sujet
important et que cela avait motivé leur participation. De même, elles citaient souvent le
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
63
désir d’améliorer leurs pratiques sur ce sujet, ce que nous retrouvions plus rarement chez
les participants hommes.
«Et puis des choses qui permettent de s’améliorer par rapport à c’que l’on pense et
qui peut-être, peut-être un peu forcément, parce qu’on détient pas forcément la
vérité.» (MED_RADIO_6)
Les femmes exprimaient plus fréquemment leur manque de formation et d’informations
face à cette problématique. De ce fait, elles disaient être démunies pour aider leurs
patientes sur ce sujet.
«Et de temps en temps, je me sens un petit peu… Enfin, voilà, c’est compliqué,
parce qu’en même temps, on doit juguler, nous, le côté santé, elles nous posent du
coup des questions sur leur pronostic de leur maladie et en même temps, faut qu’on
réponde sur le travail, sur l’aspect législatif, qu’on connaît pas forcément non plus,
voilà. » (MED_ONCO_7)
De plus, certaines femmes notaient leur rôle dans la continuité des soins comme un facteur
ayant motivé leur participation à notre étude.
Variations selon le lieu d’exercice :
Notre méthodologie ne nous a pas permis d’identifier de variations de résultats par lieu
d’exercice.
5.2. Pratiques professionnelles
5.2.1. Dossier et prise en charge
La majorité des médecins interrogés demandaient la profession à leurs patientes ou en
discutaient avec elles. Parmi ceux qui demandaient la profession, tous ne la notaient pas
toujours dans le dossier médical. Les médecins demandaient parfois le niveau socio-
économique global et le niveau de pénibilité du travail plutôt que le type de travail à
proprement parler.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
64
«Alors, moi, quand je les vois, s— (en) fin souvent, le traitement standard, c’est je
les vois moi, au moment de la prise en charge initiale, donc là, j’aborde la question
du travail tout ça, pour savoir s’ils sont protégés, si c’est—le travail, le manque—
(en) fin un problème financier va pas impacter sur la prise en charge des
traitements.»(MED_GYN_4)
En ce qui concerne l’importance du travail aux yeux des médecins, les avis étaient très
partagés : certains accordaient une place importante au travail et d’autres une place très
secondaire.
La majorité des médecins nous disaient ne pas adapter les traitements au travail des
patientes en situation adjuvante du fait des recommandations de bonnes pratiques pour ces
patientes (49). Les seuls aménagements évoqués étaient : les aménagements d’horaires et
de jours de traitement.
«Pour l’adjuvant, non c’est sûr que non parce qu’on transige pas trop. Sur pas
grand-chose d’ailleurs. Parce qu’on sait qu’il faut garder le rythme, commencer
tôt, pas diminuer forcément les doses donc, on va pas forcément adapter les choses,
en rien du tout d’ailleurs, à partir du moment où elles acceptent le traitement.»
(MED_ONCO_16)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie professionnelle:
Les médecins qui exprimaient accorder une grande importance à ce sujet étaient de toutes
catégories professionnelles. Les radiothérapeutes adaptaient souvent le planning des
traitements en fonction des contraintes professionnelles des patientes.
Variations selon le genre:
Les seules tendances par genre retrouvées étaient que les femmes chirurgiens accordaient
une importance majeure à la problématique du travail, et beaucoup en discutaient avec
leurs patientes.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
65
MED_CHIR_6 : «Nous vraiment c’est plus, est-ce qu’elles vont pouvoir reprendre
leur boulot sachant qu’avec nos traitements on, on les handicape quoi.»
INVEST_8 : «Mais, vous c’est quand même une problématique que vous gardez en
tête.»
MED_CHIR_6 : «Ah c’est la, les, la problématique essentielle, moi j’ai une
dentiste elle est obligée de changer de boulot hein.» (MED_CHIR_6)
Variations selon le lieu d’exercice :
Les variations observées n’étaient pas en lien avec un lieu d’exercice particulier.
5.2.2. Arrêt de travail et temps partiel thérapeutique
Les médecins avaient du mal à définir un arrêt de travail type. L’arrêt type pour les
patientes au « stade adjuvant » était assez variable selon les participants. En cas de
chimiothérapie, l’arrêt pouvait aller de trois mois à deux ans en tout et d’un mois à quatre
mois après la radiothérapie. Pour les patientes n’ayant pas eu de chimiothérapie, l’arrêt
allait d’un mois à trois mois en tout. Certains médecins nous parlaient également d’arrêts
de travail « à la carte » non standardisés.
La grande majorité des médecins s’accordaient sur le fait que les chirurgiens étaient les
premiers prescripteurs d’arrêts de travail.
«En général, le premier arrêt est fait par le chirurgien qui opère. Moi du coup je
vois les patientes, en deuxième intention. Donc les patientes, en général sont
opérées par le chirurgien qui me les adresse. Donc le chirurgien qui les opère, fait
un, un général un arrêt de, deux mois. Et puis moi, après, je renouvelle. Pendant
toute la durée nécessaire. (…) Par trois mois.» (MED_ONCO_2)
«Alors souvent c’est leur chirurgien qui fait le premier arrêt de travail, qui va
arrêter, au moment où on fait le diagnostic, y’a pas mal de bilan donc c’est quand
même compliqué quand on travaille, jusqu’à la consultation postopératoire, et nous
on les revoit à ce moment-là, et quand on a défini la stratégie thérapeutique avec le
nombre de chimiothérapie, la radiothérapie et tout ben j’arrête, je fais l’arrêt en
une seule fois, qui couvre jusque-là, un mois après la fin des rayons.»
(MED_ONCO_15)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
66
Un chirurgien évoquait les arrêts faits avant la première consultation de chirurgie qui
seraient réalisés par les médecins généralistes au moment de la suspicion diagnostique
suite aux examens radiologiques suspects de malignité.
«En fait nous, comment ça se passe : On leur demande. Des fois y’en a vraiment
qui veulent qu’on les arrête avant la prise en charge, parce que elles sont en stress
total dans le cadre de leur boulot. Comme je disais. Et donc elles veulent qu’on les
arrête pour faire leur bilan correctement avant le bloc. Y’a déjà des patientes qui
sont arrêtées par leur médecin, quand elles arrivent avec le diagnostic.»
(MED_CHIR_6)
Les facteurs évoqués par les médecins comme influençant la durée de l’arrêt étaient : le
type de chirurgie, le traitement par chimiothérapie, l’acceptation psychologique de la
maladie, la reconstruction mammaire et la fatigue.
Les médecins étaient assez unanimes sur le temps partiel thérapeutique. Il était considéré
comme une aide importante pour les patientes dans la majorité des cas.
«Je parle avec elles de reprendre à mi-temps thérapeutique parce que je pense que
c’est important, de, voilà, d’être dans les meilleures conditions possibles quand on
reprend.» (MED_RADIO_3)
«Alors moi je les fais toujours reprendre à, fin je leur conseille toujours de
reprendre à temps partiel. » (…) « Ou au moins même si c’est que quatre vingt
pour cent parce que c’est toujours plus pratique de faire comme ça.»
(MED_RADIO_4)
Le seul inconvénient qui revenait de temps en temps concernant le temps partiel
thérapeutique dans le discours des médecins était qu’il n’était pas toujours accessible à
toutes les patientes. Cependant les médecins n’expliquaient pas pourquoi. Certains
médecins exploraient les problématiques liées au temps partiel thérapeutique. En effet, ils
insistaient sur les inégalités d’accès à cette mesure selon les entreprises et sur les temps
pleins déguisés (même travail à faire en moins de temps).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
67
«Y en a deux, trois j’pense qui sont un peu réticentes avec le mi-temps
thérapeutique en disant un truc assez vrai : le risque du mi-temps thérapeutique
c’est qu’on me demande de faire en un mi-temps ce que je faisais à temps plein.»
(MED_ONCO_16)
De plus, un des médecins évoquait le cas d’une patiente qui était perdante financièrement à
reprendre à temps partiel. En effet en arrêt maladie, elle ne payait pas son crédit
immobilier et si elle reprenait à temps partiel elle perdait cet avantage. Ne touchant pas son
salaire plein elle était donc perdante financièrement. Il abordait du coup un frein nouveau
par rapport à d’autres médecins.
Peu de médecins évoquaient des abus d’arrêts de travail. Un des médecins évoquait des
abus concernant la durée totale d’arrêt.
«Alors, y’a… y’a les deux possibilités, soit c’est lui [médecin du travail] qui
pousse, pour, pour que, les patients reprennent très rapidement. J’en j’en vois pas
beaucoup. Soit il est, il a tendance, à justement aménager beaucoup, et cetera. Et,
et finalement, l’impression que ça donne un peu, c’est qu’au bout d’un moment, on
peut prolonger comme ça à l’infini : le mi-temps thérapeutique, l’aménagement,
(…) le truc. De temps en temps c’est justifié. La plupart du temps, ces patientes
vont relativement bien, finalement (…) Et que, ça l’est pas forcément.»
(MED_CHIR_7)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie professionnelle:
Les oncologues médicaux avaient plus de mal à définir un arrêt type en termes de temps
par rapport aux autres spécialistes.
Parmi les oncologues médicaux et les radiothérapeutes, certains précisaient qu’ils
n’imposaient jamais un arrêt de travail. Seul un chirurgien évoquait un arrêt imposé à la
patiente suite à la chirurgie.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
68
«Je dis toujours c’est « je vous arrête, comptez au moins un mois d’arrêt pour la
chirurgie » parce que il me semble que c’est très compliqué de travailler pendant
la chirurgie, surtout que moi je veux pas qu’elle force sur la cicatrice.»
(MED_CHIR_6)
Certains radiothérapeutes insistaient sur l’intérêt de prendre le temps en fin de traitement
pour reprendre dans de bonnes conditions.
«Je pense que,… qu’on garde des relations avec son travail et cetera, mais on
prend du temps, pour soi pour .... voilà . Pour s’occuper de soi.» (MED_RADIO_2)
«En en tous cas, moi, très souvent, je leur, j’insiste pour que elles prennent
suffisamment de temps d’arrêt de travail après la radiothérapie, avant d’envisager
de reprendre» (MED_RADIO_3)
Variations selon le genre:
Quelques hommes précisaient qu’ils ne s’opposaient jamais à la reprise, les femmes ne le
précisaient pas.
«Elles me demandent si elles peuvent reprendre le travail toujours. Je leur dis
toujours oui, parce qu’il y a rien… il y a aucune contre indication médicale pour
ne pas travailler, jamais, enfin quasiment jamais.» (MED_ONCO_10)
Variations selon le lieu d’exercice :
Seuls les médecins du CHU ont mentionné ne jamais s’opposer à la reprise des patientes.
5.2.3. Discussion avec la patiente sur le travail
La plupart des médecins interrogés nous disaient avoir des discussions sur le sujet du
travail avec les patientes. Les façons d’aborder ce sujet étaient très variées. Le temps de la
chimiothérapie ne semblait pas être le bon moment pour discuter de cette problématique.
Aucun médecin n’abordait le sujet pendant le traitement par chimiothérapie. De façon
générale, les médecins parlaient du travail essentiellement en fin de prise en charge et au
moment du suivi. Certains précisaient qu’ils en parlaient un peu au moment du diagnostic
et du premier arrêt de travail.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«On sait pas trop comment positionner la reprise du travail au cours de la prise en
charge des patients, en fait, je, enfin, je trouve qu’on a du mal à se positionner
pour savoir à quel moment on parle de la reprise du travail et quelles sont les
ressources disponibles et déjà en place pour aider les patientes dans cette
démarche-là.» (MED_ONCO_6)
«Alors— non c’était un sujet qu’elle — qu’elle [la patiente]— alors je me rappelle
très bien qu’elle en avait parlé au départ. Qu’elle espérait bien pouvoir reprendre
son travail. Après, elle en avait pas parlé pendant un bon bout de temps parce que,
le sujet c’était le traitement » (MED_ONCO_1)
«Souvent elles [les patientes] arrivent elles sont déjà, elles arrivent, comme on les
voit pour la chimiothérapie elles sont déjà arrêtées depuis un moment donc, ça
forcément, ça c’est pas forcément toujours abordé, dès le début et, on pose un peu
plus la question sur les, sur les fins de traitements.» (MED_ONCO_16)
Les médecins étaient partagés sur l’importance qu’ils attachaient à la problématique du
travail. Un quart des médecins exprimaient clairement le caractère secondaire de cette
problématique.
«Mais on est purement dans le traitement d’une manière ou d’une autre ou dans la
prévention et le rapport au travail, presque jamais.» (MED_CHIR_7)
Un autre quart des médecins exprimaient à l’inverse l’intérêt majeur qu’ils portaient à cette
problématique et du coup les discussions fréquentes qui en découlaient avec les patientes.
«Alors, si vous voulez échanger avec les malades sur ce sujet, ce sont des échanges
pratiquement permanents,» (MED_ONCO_5)
«INVEST_9: «Est-ce que vous pouvez me dire quelle place, vous accordez à
l’activité professionnelle de votre patiente dans votre prise en charge ?»
MED_CHIR_11: «Ah ben hyper importante. Pour moi c’est quand même le reflet
de, du retour à la vie, an, antérieure.»»(MED_CHIR_11)
Les autres en parlaient de façon courante, sans exprimer d’intérêt majeur.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
70
A la question «Qui abordait le sujet en premier ? » les réponses des médecins étaient
partagées entre eux ou les patientes.
Certains médecins ne se considéraient pas comme les interlocuteurs les plus appropriés
pour aider les patientes sur cette problématique. Ils pensaient à d’autres intervenants.
Certains médecins évoquaient l’assistante sociale et /ou le médecin généraliste.
«Effectivement, la dimension, du lien, finalement, avec le retour, avec, avec l’après
cancer, on l’a très peu. (…) Et soit on la délègue au médecin généraliste, soit on la
délègue aux assistantes sociales.» (MED_CHIR_7)
Un chirurgien se disait également mal placé pour aborder le sujet. Il préférait laisser les
patientes en parler si elles voulaient et il constatait qu’elles ne le faisaient pas.
«INVEST_8 : « Et vous, vous, c’est, ça vous arrive de leur en parler ? »
MED_CHIR_4 : « Non. (…) Je sors du principe mais ça c’est mon attitude,
professionnelle, personnelle, individuelle, c’est que, je, si, la consultation c’est un
moment où les gens s’expriment en fait. (…) C’est un moment, où la patiente a
l’opportunité de s’exprimer, de dire c’qui va c’qui ne va pas. Je leur repose la
question « est-ce que tout va bien, est-ce que vous avez quelque chose à me signaler
? » Ça c’est, ma façon de, de voir la consultation. Donc j’lui pose la question « est-
ce qui y’a quelque chose qui vous inquiète dans votre vie de tous les jours ? »
Voilà. (…) Et en général, je, j’ai pas le souvenir d’une, d’une patiente en fait,
voilà, à part celles qui ont eu une séquelle, médicale, handicapante sur le plan
professionnel. Mais sur le plan de, de la reprise, du travail… [Toussotement], non
très sincèrement non. » (…)
INVEST_8 : « Vous préférez parler des problèmes qu’elles ont décidé d’aborder
elles et pas d’être intrusif… »
MED_CHIR_4: « Exactement ». (MED_CHIR_4)
Certains médecins introduisaient le questionnement du pronostic médical dans les
discussions autour du travail.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
71
«Et puis, à l'issue, si les examens, si tous les examens sont normaux, et sont
rassurants, je pose la question, «Alors, est ce que vous vous sentez en forme pour
réattaquer, pour reprendre une activité professionnelle?» (MED_ONCO_2)
«Lorsqu’on voit une femme de de de trente-huit ans qui a quatre ganglions positifs
envahis et puis qui n’a pas de récepteur hormonal ni aux œstrogènes ni à la
progestérone, pas expression de la protéine R2, bref des cancers du sein à triple
négatifs n’est ce pas ? Le pronostic est quand même réservé, ces femmes ont des
chances de guérison, mais le pronostic est quand même réservé, eh leur dire au
bout de dix huit mois : « Allez madame vous reprenez le turbin ! » Ce n’est pas si
simple que cela, on a une certaine gêne.» (MED_ONCO_5)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie professionnelle:
Les chirurgiens femmes parlaient fréquemment du travail avec leurs patientes, elles en
parlaient volontiers au début de la prise en charge, pour connaître les modalités du travail
des patientes.
«Si elles ont un travail très physique, on leur explique tout le temps qu’elles
peuvent être amenées à être très gênées dans le cadre de leur travail, à la suite de
nos traitements, qu’elles peuvent avoir des conséquences et qu’elles peuvent être
amenées à changer de boulot. (…) Ah oui ben là par exemple aujourd’hui, j’ai
opéré une dame, j’en ai longuement discuté avec elle parce qu’elle est, elle est dans
un immeuble, son travail c’est physique, c’est j’pense c’est plus ou moins femme de
ménage, elle sort les poubelles etc. et lors de la première consultation elle m’a
expliqué qu’elle traînait des poubelles très lourdes, qu’elle a été plutôt gauchère et
c’est du côté gauche, qu’elle allait être embêtée parce qu’elle pourrait pas faire ça
si elle était gênée avec son bras etc. J’ai été obligé de faire un curage axillaire,
parce que y’a des ganglions envahis mais on discute beaucoup de ça avant.»
(MED_CHIR_6)
Les radiothérapeutes abordaient souvent la question du travail avant la fin de la prise en
charge par radiothérapie pour faire le point avec les patientes sur les conditions de reprise.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
72
«Oui la radiothérapie c’est à la fin, donc moi de toute façon, par définition, j’arrive
le, les deux derniers mois. Donc moi au pire, au mieux, je peux leur en parler à ce
moment-là. Moi je ne les vois jamais avant hein. Mais là, là j’en parle volontiers.
[…] «Et votre reprise de travail, et comment on fait. Et…» (MED_RADIO_2)
«Y’a, y’a deux moments. C’est soit juste à la fin de la radiothérapie quand on
prend les rendez-vous de, de, de consultation et notamment le premier rendez-vous
à six semaines. Soit sinon c’est au moment du rendez-vous à six semaines, c’est là
oui que se posent les questions.» (MED_RADIO_8)
Les oncologues notaient fréquemment la profession au début de la prise en charge mais
n’en discutaient réellement qu’au moment du suivi.
«Parce que le seul moment où je fais le truc systématique c’est la première
consultation.» (MED_ONCO_10)
«Souvent elles arrivent elles sont déjà, elles arrivent, comme on les voit pour la
chimiothérapie elles sont déjà arrêtées depuis un moment donc, ça forcément, ça
c’est pas forcément toujours abordé, dès le début et, on pose un peu plus la
question sur les, sur les fins de traitements.» (MED_ONCO_16)
Un oncologue très impliqué dans cette problématique soulevait un questionnement sur la
trajectoire des soins. Il se posait la question d’inclure la reprise du travail dans la trajectoire
thérapeutique. Cela permettrait, d’après lui, d’introduire les discussions sur le travail
beaucoup plus tôt dans la prise en charge.
«Ca ce serait peut-être important, c’est à dire que nous faisons des plans de
traitement, le PPS, le plan personnalisé de soin (…) Moi je le fais généralement
sous la forme d’un petit schéma (…) Peut-être est ce que nous devrions dire : «
Voilà Madame, et puis environ trois à quatre mois après la fin de la radiothérapie,
il conviendra de reprendre votre activité professionnelle, bon sachant que ça
pourra se faire dans le cadre d’un mi-temps thérapeutique, mais nous en
reparlerons madame, c’est beaucoup trop tôt, tout d’abord commençons le
traitement, il faut d’abord que vous soyez sur le chemin de la guérison.»
(MED_ONCO_5)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
73
Variations selon le genre:
Les médecins qui disaient ne porter qu’un intérêt secondaire à cette problématique étaient
principalement des hommes.
INVEST_9 : « Est-ce que vous pouvez me dire quelle place vous accordez à
l’activité professionnelle de vos nouveaux patients dans votre prise en charge. »
MED_ONCO_15 : « En temps ? Trois pour cent. » (MED_ONCO_15)
Variations selon le lieu d’exercice :
Nous n’avons pas pu expliquer les différences observées par lieu d’exercice.
5.2.4. Continuer le travail pendant la prise en charge
Tous les médecins avaient déjà pris en charge des patientes qui ne souhaitaient pas
s’arrêter pendant toute la durée du traitement. Ils avaient en tête souvent des exemples de
patientes qui n’avaient pas souhaité s’arrêter. Les raisons évoquées pour expliquer la
décision des femmes de ne pas s’arrêter étaient multiples. On pouvait distinguer les raisons
plutôt contraignantes, ou négatives, et les raisons plutôt choisies ou positives. Dans les
raisons contraignantes, il y avait les problèmes financiers (profession libérale et travailleur
indépendant), et le sentiment d’être indispensable qui obligeaient certaines patientes à ne
pas vouloir s’arrêter. Dans les raisons plutôt favorables, il était mis en évidence le caractère
volontaire de certaines patientes, leur attachement pour leur travail, leur investissement
important sur le plan professionnel, leur désir de garder une interaction sociale, le bénéfice
du travail sur le plan psychologique (moins penser à la maladie quand on est occupé).
Certains médecins estimaient un pourcentage approximatif de patientes qui ne souhaitaient
pas s’arrêter pendant le traitement. Ce pourcentage était assez variable, entre 5 et 30% des
patientes pour certains médecins et un autre nous donnait 75% des patientes de plus de 40
ans. La différence de chiffres annoncés ne nous permettait pas vraiment d’avoir une
information fiable sur le nombre de patientes qui ne s’arrêtaient pas pendant le traitement.
Un tiers des médecins étaient plutôt réticents quant au fait que les patientes ne s’arrêtaient
pas pendant le traitement, certains avaient l’habitude de prévenir les patientes de la
difficulté de cette démarche et du risque de burn-out.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
74
«INVEST_9 : Et le, l’exemple de, de la femme qui souhaitait pas s’arrêter, ca c’est
plutôt exceptionnel… ? ou ça?»
MED_RADIO_2 «Oui mais parfois c’est pas très bon. Parce que parfois, moi j’ai..
si elles veulent, parfois souvent elles craquent après, celles là. (…) Je les retrouve
parfois en mille morceaux après. (…) Je pense que… vous savez, faut pas vouloir
jouer, le le petit soldat, meilleur que tout le monde, qui va a la tête de tout C’est
parfois celui qui se fait tuer en premier (…) Enfin, psychologiquement parlant.»
(MED_RADIO_2)
Un tiers des médecins se montraient très favorables au fait de continuer le travail pendant
le traitement et avaient le sentiment que ça se passait souvent bien.
«Et puis de toute façon on voit bien, nous on—le peu de patientes qui travaillent
pendant les traitements sont ceux, celles pour qui ça se passe le mieux. (…) C’est
pas pour rien. C’est parce que quand on est dans la vie active, et ben, on avance et
on se pose moins de questions et (…) On pleure moins sur son sort ?»
(MED_ONCO_2)
Certains médecins évoquaient la nécessité d’adaptation au niveau de l’organisation du
traitement mais aussi au niveau de l’organisation du travail pour que la poursuite du travail
soit possible pour les patientes. Certains médecins insistaient sur l’adaptation du travail,
d’autres sur l’adaptation du traitement (toujours en termes d’organisation, pas de choix des
traitements) et d’autres évoquaient la nécessité des deux.
Pour ce qui est de l’adaptation du traitement cela concernait surtout les aménagements
d’horaires. En effet les radiothérapeutes adaptaient souvent les horaires d’irradiation pour
les patientes souhaitant travailler. Certains oncologues adaptaient également les jours de
traitement pour les patientes maintenant une activité professionnelle pendant les
traitements.
«Souvent sur les patientes qui veulent travailler je leur mets la cure de
chimiothérapie le jeudi comme ça le vendredi elles travaillent pas, elles ont samedi,
dimanche et au final le lundi elles peuvent réattaquer, un peu mieux et ça se, et ça
se passait bien.» (MED_ONCO_16)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
75
«Alors, quand les gens continuent à travailler c’est notre priorité de, que les gens
puissent continuer à travailler pendant la radiothérapie. C’est-à-dire qu’on
aménage les horaires pour qu’ils puissent continuer à (…) travailler.»
(MED_RADIO_4)
Le « focus groupe » de restitution des résultats a également permis d’aborder ce sujet. Un
des médecins nous disait ne pas conseiller le maintien d’activité pendant le traitement mais
ne pas s’y opposer non plus. Il ne parlait pas spontanément de cette possibilité avec les
patientes, car cela lui semblait marginal. Un autre médecin du focus groupe nous indiquait
que les patientes qui travaillaient pendant les traitements étaient globalement de haut
niveau socio-économique.
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie professionnelle:
Les radiothérapeutes aménageaient souvent les horaires de traitement des patientes qui
avaient repris le travail (tôt le matin ou tard le soir, parfois le week-end).
Les oncologues aménageaient, eux, plutôt l’organisation globale du traitement en restant
dans les recommandations bien entendu. C’était plutôt le choix des jours de traitement et la
fréquence des chimiothérapies qui pouvaient varier. Cela était particulièrement vrai pour
les patientes en phase métastatique.
Les oncologues insistaient particulièrement sur la nécessité d’une adaptation de poste pour
que les patientes reprennent le travail pendant le traitement. Les aménagements de poste
abordés étaient : l’aménagement des horaires de travail, la possibilité de faire du
télétravail, la diminution du travail de force.
«Du coup, j’avais une patiente avocate, on a fait un traitement qui était pas mal
fatigant et qui était en libéral. Donc, elle avait son cabinet et puis elle pouvait
travailler de chez elle. Donc, on faisait la chimiothérapie, elle travaillait pendant la
chimiothérapie sur son ordinateur. Le lendemain aussi.» (MED_ONCO_7)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
76
Quand les oncologues donnaient des exemples d’aménagements de poste ils parlaient plus
souvent de l’employeur que du médecin du travail. Le lien avec les médecins du travail
n’était pas souvent fait.
Variations selon le genre:
C’était principalement les femmes qui nous disaient aménager l’organisation des
traitements (horaires ou jour de traitement) pour les patientes qui poursuivaient leur
activité professionnelle, et qui insistaient sur la nécessité de prendre du temps pour se
soigner.
Variations selon le lieu d’exercice :
Aucun médecin du secteur privé n’était parmi les médecins qui évoquaient la nécessité
d’une adaptation de poste pour que les patientes puissent poursuivre leur travail pendant
les traitements. (Ce résultat n’était pas généralisable à tous les médecins du secteur privé,
du fait de la méthodologie utilisée et du faible échantillon de l’étude).
5.2.5. Effets secondaires
Le lien entre les effets secondaires et le travail n’était pas toujours fait dans cette catégorie
d’analyse, qui se recoupait avec les facteurs influençant la reprise.
Certains médecins nous disaient rechercher les effets secondaires au moment du suivi,
d’autres ne précisaient pas le moment. Un seul médecin nous disait ne pas rechercher les
effets secondaires directement.
Peu d’effets secondaires étaient cités en lien avec la radiothérapie.
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas :
Variations selon la catégorie socio professionnelle :
Les chirurgiens n’évoquaient pas l’image corporelle dans cette catégorie d’analyse.
Les oncologues médicaux n’évoquaient pas les troubles psychologiques comme effets
secondaires dans cette catégorie d’analyse.
Les radiothérapeutes évoquaient très peu les effets secondaires liés à la radiothérapie.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
77
«Ben avec la radiothérapie y’en pas hein. Y’a pas de… Après normalement une
patiente qui a eu une irradiation mammaire, y’a pas de soucis pour qu’elle
reprenne après.» (MED_RADIO_4)
«INVEST_9 : «Et la fatigue, vous l’attribuez plus à la chimiothérapie…»
MED_RADIO_2 : «Ah oui»
INVEST_9 : «Ou la radiothérapie?»
MED_RADIO_2 : «Plus à la chimio, ah bah oui. Ah bah non c’est pas les
rayons.»» (MED_RADIO_2)
«INVEST_8 : «Et en terme d’effets secondaires, il y aussi un petit paragraphe là-
dessus, est-ce que vous avez l’impression qu’il y a des effets secondaires qu’ont
impacté sa vie professionnelle ?»
MED_RADIO_7 : «En général ?»
INVEST_8 : «Ben, pour elle, par exemple.»
MED_RADIO_7 : «Pour elle, non, non. Elle n’a pas eu de toxicité très importante,
donc, et en plus aujourd’hui avec les nouvelles machines, on n’a, on n’a plus les
toxicités qu’on avait avant.»» (MED_RADIO_7)
Variations selon le genre:
Seuls les médecins femmes évoquaient les troubles cognitifs dans cette catégorie
d’analyse.
Variations selon le lieu d’exercice :
Les participants évoquant les troubles cognitifs travaillaient tous au CHU. Mais, les
participants du CHU n’avaient pas abordé les troubles psychologiques dans les effets
secondaires.
La notion de modification du trouble de l’image corporelle n’était pas abordée par les
participants du CLCC.
Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie
utilisée et du faible échantillon de l’étude.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
78
5.3. Relation médecin malade
La plupart des répondants valorisaient la relation thérapeutique avec leurs patientes. De
nombreux médecins disaient que le relationnel était une des raisons de leur choix
professionnel pourtant, un quart d’entre eux semblaient avoir du mal, à caractériser la
relation médecin patient, et à parler des particularités des patientes atteintes de cancer du
sein.
Nous avons noté trois grandes tendances à la question «Existe-t-il des particularités dans
les relations que vous établissez avec les femmes atteintes de cancer du sein?» :
-la relation thérapeutique était la même qu’avec les autres patients
-elle était particulière
-il était difficile de déterminer la nature de la relation thérapeutique
Parmi les répondants qui trouvaient une relation particulière, plusieurs (6) disaient que la
relation thérapeutique était influencée par l’exigence des patientes (plus demandeuses
d’informations, plus anxieuses). Les médecins qui trouvaient les patientes atteintes du
cancer du sein plus exigeantes, identifiaient deux sous-groupes:
-les patientes atteintes de cancer gynécologique étaient plus exigeantes que les patientes
atteintes d’autres types de cancers
«Oui sur ce plan là, elles sont clairement, y’a une claire demande. Qui qui, qui est
évidente. Ouais. Ouais. Après, la patiente à qui on fait une laparotomie pour un
autre cancer, je veux dire, que la cicatrice soit verticale, horizontale, en diagonale,
elle s’en fout complètement.» (MED_CHIR_7)
«Oui. C’est pas du tout, c’est des, pas, c’est pas du tout la même, relation que un
patient traité pour la, sur la sphère ORL par exemple.» (…) «C’est pas la même
population. » (…) « Donc c’est plutôt des …» (…) Comment préciser ? Comment
elles sont ? C’est des patientes aussi, qui sont quand même assez anxieuses, qui
demandent beaucoup, qui demandent beaucoup beaucoup d’attention en fait, y’a
beaucoup de besoins de, de paroles.» (MED_RADIO_4)
-les patientes en situation adjuvante (au sein du groupe de patientes atteintes de cancer du
sein) étaient plus exigeantes que les patientes en situation métastatique. Plusieurs médecins
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
79
disaient que la relation avec les patientes au stade adjuvant pouvait être ambivalente ou
même compliquée.
«Souvent, les métastatiques vont te dire, font preuve d’un espèce de relativisme et
de, et de courage et tu vas les mettre par terre, elles sont fatiguées, elles se
plaignent jamais. Avec les seins adjuvants, j’fais un peu du, d’la caricature hein,
c’est pas, c’est pas aussi net que ça mais où nous on s’dit on va les guérir, elles
vont en, ça va être une période difficile certes, on mesure tout à fait, l’avant-après
que ça va être mais j’pense que nous on a une telle vision en disant elles vont être
guéries et c’est vraiment que cette parenthèse-là et après ça ira mieux que,
forcément les patientes ne voient pas à cet instant T, ou mesurent pas de la même
façon et donc du coup vont être plus pénibles au quotidien quoi. Souvent ça s’passe
beaucoup plus mal la chimio, elles sont beaucoup plus tatillonnes sur plein de
choses.» (MED_ONCO_16)
D’autre part, parmi les médecins qui disaient avoir une relation thérapeutique particulière
avec les patientes atteintes de cancer du sein, un médecin notait que la relation était plus
facile du fait du bon pronostic du cancer du sein :
«Et par ailleurs, le cancer du sein aussi c’est quand même un cancer où on guérit
les gens et c’est quand même agréable aussi.» (MED_CHIR_11)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Il n’y avait pas de tendance prépondérante concernant la relation thérapeutique et la
catégorie professionnelle ou le lieu d’exercice des médecins interrogés.
Variations selon le genre:
Peu de tendances par genre ont émergé de notre analyse. Cependant une idée ressortait :
deux répondants femmes soulignaient que le fait d’être une femme leur permettait d’avoir
une relation privilégiée avec leurs patientes atteintes de cancer du sein.
«MED_CHIR_6 : « Et en plus parce que je trouve que quand on est une femme
faire du sein c’est génial. »
INVEST_8 : «Et pourquoi c’est génial ?»
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
80
MED_CHIR_6 : «On a une approche, y’a des psy là, on bosse avec les psy, et, mais
les mecs ils font aussi bien c’est pas le problème, mais elles nous disent que elles
vont, elles sont, elles ont assisté à toutes les consults, elles disent qu’on a un
contact aux femmes qui est différent des mecs. Et j’pense qu’il y a certaines femmes
qu’ont envie que ça soit des femmes.» (MED_CHIR_6)
D’autre part, un médecin homme pensait que le fait d’être un homme avait une influence
négative sur la relation thérapeutique avec ses patientes.
«Alors, je sais pas, est-ce que c’est, c’est parce que je, moi je suis homme que les
femmes ne me disent pas ? Je sais pas, je sais pas. Mais en tout cas, je, j’ai
l’impression que c’est pas suffisamment verbalisé.» (MED_CHIR_4).
5.4. Collaboration
5.4.1. Collaboration avec les autres cancérologues
Nous sommes arrivés plus rapidement qu’avec les autres catégories d’analyse à la
saturation des données : la vaste majorité des médecins ne citaient aucun échange entre eux
et les autres cancérologues. Les interactions étaient pour la plupart absentes, avec quelques
exceptions pour des cas particuliers.
«Non. Très rarement, parce qu’on est purement dans la, dans le, le, la prise en
charge de la maladie et les traitements.» (MED_CHIR_7)
Certains participants évoquaient pour expliquer la rareté des échanges, le manque de
temps, le manque d’intérêt.
«INVEST_8 : «Est-ce que ça vous arrive de parler d’une problématique de travail
avec, ou que ce soit de façon formelle ou informelle.»
MED_CHIR_6 : «Non.»
INVEST_8 : «Mais est-ce que il y a des échanges là-dessus ?»
MED_CHIR_6 : « Non. »
INVEST_8 : «Non ? Ok.»
MED_CHIR_6 : «En fait parce qu’on voit pas les gens au même moment et qu’on
n’a pas le temps de discuter de ça malheureusement.»» (MED_CHIR_6)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
81
«INVEST_9 : «Et est-ce que ça vous arrive d’évoquer le sujet du travail avec vos
confrères cancérologues ? oncologues médicaux?»
MED_RADIO_2 : «De temps en temps, mais de façon très à la marge.»
INVEST_9 : « Hm. D’accord. C’est plutôt informel ?»
MED_RADIO_2 : «Oui, de temps en temps. Si, pour, quand, dans une situation
particulière, on vient… Mais c’est vrai qu’on en parle pas. (…) C’est vrai que ce
n’est pas, un sujet.»» (MED_RADIO_2)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
Les chirurgiens étaient unanimes sur l’absence d’échange avec leurs confrères
cancérologues sur le sujet du travail.
Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les chirurgiens du fait de la méthodologie
utilisée et du faible échantillon de l’étude.
Variations selon le genre:
Il ne ressortait pas de tendance par sexe dans la catégorie de collaboration entre
cancérologues.
Variations selon le lieu d’exercice :
Il n’y avait pas de tendance par structure d’exercice pour les échanges.
5.4.2. Collaboration avec les médecins généralistes
La majorité des médecins interrogés n’avaient pas d’échange avec le médecin traitant, mais
pensaient qu’il jouait un rôle dans cette problématique.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
82
INVEST_8 : « D’accord, ok, et, du coup, les médecins généralistes des patients, des
médecins traitants est-ce que vous avez l’impression que ils ont un rôle à jouer
dans cette problématique, et est-ce qu’ils échangent avec vous sur cette
problématique des fois ? »
MED_CHIR_6 : « Je pense qu’ils ont un rôle essentiel mais ils doivent être
débordés aussi, et ils échangent jamais avec nous. »
INVEST_8 : « Même pas téléphone ou … »
MED_CHIR_6 : « Jamais. » (MED_CHIR_6)
Certains répondants rapportaient de rares échanges sur le sujet du travail. Aucun n’a donné
d’exemple d’échange concret avec le médecin traitant. Ils ne proposaient que rarement des
explications pour l’état actuel des choses.
La majorité des médecins ne pouvaient pas décrire le rôle du médecin généraliste,
«INVEST_9 : «Et de façon générale, est ce que vous savez si, le médecin généraliste,
intervient concernant la question du travail ? Pour les femmes qui ont eu un cancer
du sein.»
MED_RADIO_2 : «[répond tout bas] Je sais pas ! [reprise à voix haute] Oui, je
pense que oui, parce que de temps en temps, je sais qu’elles vont leur demander,
elles sont même parfois surprises que je sois apte à faire un arrêt de travail. «Vous
pouvez me faire un…», un minimum, «Oui!» [rires]»» (MED_RADIO_2)
Parmi ces médecins, quelques-uns leur attribuaient un rôle mineur.
«MED_ONCO_1 : «De t’façon, les trois quarts du temps, le généraliste il dit,
«Vous verrez avec votre cancérologue.»
INVEST_9 : «Pour, pour l’arrêt ? »
MED_ONCO_1 : «Pour tout. [rires] Pour beaucoup de choses. (…) Mais y’a, par
exemple, pour le, l’arrêt de travail, bon, ça s’est systématique hein. (En) fin, c’est
systématique, j’exagère… huit sur dix, il disent, «Oh ben, non non, non non, vous
voyez avec votre cancérologue.» Alors si jamais le, l’arrêt de travail se finit à un
moment où la patiente vient pas nous voir, qu’elle va voir son généraliste, moi,
après, régulièrement— il, il va mettre, quinze jours ou un mois.» (MED_ONCO_1)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
83
Ceci contrastait avec la plupart des répondants qui attribuaient un rôle important voire
central concernant cette question. Certains répondants ajoutaient que les médecins
hospitaliers n’incluaient pas assez souvent le médecin traitant, alors qu’ils pensaient que ce
dernier devrait être le coordonnateur des arrêts de travail.
«Quand le médecin généraliste à mon avis il a un rôle justement de, de, de
centraliser toutes les informations médicales concernant son malade, et ben peut-
être qu’il a toutes les mains, toutes les cartes en main en fait pour, pour prendre la
bonne décision.» (MED_CHIR_4)
«C’est-à-dire que on arrive, et c’est un tort hein, je, on arrive sur une prise en
charge qui est hyper spécialisée, moi je m’occupe de la radiothérapie, et toi tu
t’occupes de la chimio, toi tu t’occupes de la chirurgie, tout ça se coordonne
finalement, et se coordonne souvent sans médecin généraliste.» (MED_RADIO_8)
«Je pense qu’il y aurait vraiment une, une place plus importante et notamment par
rapport à l’accompagnement au, à la reprise du travail, là je pense que d’avoir
quelqu’un qui est plus proche, qui est plus un médecin de, avec tout ce que ça a de
positif hein, c’est surtout pas négatif ce que je vais dire, mais un, un médecin de
terrain, donc proche, vraiment proche de ses patients de tous les jours. Enfin qu’il
peut être, j’pense que c’est vraiment celui qui serait le mieux placé pour,
finalement encore, en concertation avec nous pour, pour gérer la reprise de travail,
pour gérer les prolongations d’arrêt maladie.» (MED_RADIO_8)
«Alors, les médecins généralistes, pendant les traitements, interviennent très peu.
Et après c’est presque, eux qui sont souvent en première ligne, en tout cas c’est eux
qui—parce que la patiente, elle, elle va quand même facilement, plus facilement
voir son médecin traitant pour l’arrêt de travail que les autres, et y’a beaucoup de
mi-temps thérapeutiques qui sont par les médecins traitants.» (MED_GYN_3)
Un répondant notait la notion d’impuissance des cancérologues ou généralistes, face à
l’employeur qui souhaiterait terminer un contrat pour raison de cancer.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
84
«Le médecin traitant c’est vrai que, il est plus accessible que l’oncologue, donc,
dans la, le cas de ma patiente, y’avait pas eu de—en fait, en gros, on était aussi
désemparé l’un que l’autre, enfin aussi bien moi que le médecin généraliste parce
qu’on pouvait rien faire.» (ONCO_MED_2)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
Parmi les oncologues médicaux, aucun ne se prononçait sur le rôle du médecin traitant.
Parmi les radiothérapeutes, un seul répondant disait avoir des échanges avec le médecin
traitant. Le même répondant proposait une hypothèse pour expliquer cela: tendance du
monde hospitalier à ne pas inclure les médecins généralistes.
«Ah les médecins généralistes on a quand même plus de lien. Alors c’est pas
parfait, (…) c’est vrai qu’on a, on a un peu du mal à, comment dire, et, et la
patiente et nous on a parfois du mal à, à intégrer complètement le, le médecin
généraliste dans la prise en charge.» (MED_RADIO_8)
Variations selon le genre:
L’analyse par sexe ne faisait pas ressortir de tendance particulière.
Variations selon le lieu d’exercice :
L’analyse par lieu d’exercice ne faisait pas ressortir de tendance particulière.
Nous notions seulement qu’aucun médecin exerçant dans le secteur privé ne se prononçait
sur le rôle positif ou central du médecin traitant concernant la question du travail.
Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie
utilisée et du faible échantillon de l’étude.
5.4.3. Collaboration avec le médecin du travail
La vaste majorité des répondants disaient n’avoir aucune interaction avec le médecin du
travail. Cependant, quelques répondants déclaraient avoir collaboré avec le médecin du
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
85
travail, et, parmi eux, certains précisaient que c’était à la demande des médecins du travail
(besoin de précision, avis).
«Alors je pense qu’il faut dire que c’est assez exceptionnel, que eux-même nous
écrivent quelquefois mais c’est très rare, il me semble si vous voulez que j’ai
grosso-modo, je dois avoir une lettre par mois, donc …, même pas je dois avoir dix
lettres par an de médecins du travail disant : «Ben écoutez voilà on aimerait avoir
votre avis etc.» Donc c’est absolument exceptionnel.» (MED_ONCO_5).
Un des médecins précisait également que les interactions avec le médecin du travail étaient
uniquement avec le médecin du travail de l’ENTREP_D.
Même s’ils n’avaient aucune collaboration directe, certains donnaient leur avis sur le rôle
professionnel du médecin du travail ou orientaient les patientes vers lui.
«Dans un premier temps. C’est souvent d’ailleurs, ce que disent les médecins du
travail, qui sont assez au fait. Si elles (ne) l’ont pas repris aussi, je leur conseille de
voir leur médecin du travail assez vite, parce que, il adapte assez bien le, le poste,
et puis, ils sont assez, ils sont assez au faite. Ils sont très très partisans d’une
reprise à temps partiel aussi. (…) Parce qu’ils doivent bien connaître ce domaine
là. » (….) Mais par contre c’est vrai, j’ai pas d’interaction directe avec le médecin
du travail. J’ai—je crois que j’ai jamais eu une seule interaction avec un médecin
du travail. (…) Je sais qu’il peut, qu’il a des possibilités d’adaptation
thérapeutique, de mi-temps thérapeutique, d’imposer des adaptations du, du poste.
Notamment de dire que cette personne doit plus porter, plus faire des choses
comme ça. Voilà c’est de manière générale, je— le rôle du médecin du travail.
Mais ça s’arrête là en fait.» (MED_GYN_4)
«Donc c’est vrai que le médecin du travail qui, (en) fin, son rôle est de constater
l’état de la patiente, à, (en) fin, au travail, plutôt, alors que, nous, enfin, moi, ici,
les, l’oncologue la voit avant. Après donc, nous on sait que, une fois qu’elle a
arrêté ses traitements, enfin, moi je sais que cette patiente était apte à reprendre à
cent pourcent.» (MED_ONCO_2)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
86
Particularité dans les collaborations avec le médecin du travail:
Un des médecins proposait une réponse paradoxale: il nous disait ne pas connaître
clairement le rôle du médecin du travail, mais orientait systématiquement ses patients vers
lui, en le présentant comme une personne ressource importante.
MED_RADIO_2 : «Par contre moi, moi j’insiste vraiment pour qu--- qu’elles,
parce qu’on parle de femmes, revoient leur médecin du travail, par contre. (…)
Hm. Voilà. En leur disant, «Le médecin du travail, il a un rôle important, il va vous
aider, pour reprendre votre travail, et juger si par rapport à votre activité
physique.» et ça, moi je—«Votre poste dans dans la, le la société où vous travaillez,
vous êtes aptes à le faire» et qui pourra vous aider si il faut vous trouver une
adaptation à votre poste de travail.» (…)
INVEST_9 : «Et de manière générale, dans, dans votre pratique, le médecin du
travail intervient dans la plupart des dossiers…. Où ? Dans quelle mesure ?»
MED_RADIO_2 : «Je sais pas.» (MED_RADIO_2)
Un des répondants nous précisait que les médecins du travail ne s’opposaient jamais à la
reprise du travail.
«J’ai jamais vu un médecin du travail refuser qu’elles reprennent le travail et ils
ont toujours validé les, les, les temps partiels. » (MED_CHIR_11)
Un autre répondant proposait une hypothèse pour expliquer le manque d’échanges. Il
supposait que les médecins du travail étaient au courant des effets secondaires des
chimiothérapies et n’avaient pas besoin de solliciter les cancérologues pour cela.
MED_ONCO_7 : «Globalement, je trouve qu’on n’a pas vraiment de contacts avec
le médecin du travail, hors Fonction Publique, voilà. Oui, parce que très rarement,
ils me demandaient de faire un certificat, alors peut-être, parce que les patientes
ont eu des comptes-rendus de consult ou je sais pas hein. Ils ont peut-être pas
besoin, hein…»
INVEST_8 : «Oui, oui, non mais, c’est… Probablement.»
MED_ONCO_7 : «Ils connaissent aussi les effets secondaires de la chimio, de
l’hormono et puis ils savent, voilà. Enfin je pense que…» (MED_ONCO_7)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
87
Un autre participant pensait que certains médecins du travail faisaient barrière à la reprise.
«Moi je trouve que quand ils peuvent, c’est important. Quand ils peuvent maintenir
une activité professionnelle, c’est important, c’est très rare. (…) Parce que d’abord
y’a plein de médecins du travail qui leur interdisent de reprendre.»
(MED_ONCO_1)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
Aucun des chirurgiens n’avait d’échanges avec le médecin du travail. Malgré cela, deux
d’entre eux nous disaient orienter les patients vers eux pour la reprise ou l’adaptation de
poste.
«Je conseille beaucoup, beaucoup aux patientes qui sont salariées à voir leur
médecin du travail et souvent, elles ont pas le reflexe. Elles ont—je—parfois je je—
elles me disent, «Ah oui tiens, je y ai pas pensé.» Donc ça, je leur conseille
beaucoup beaucoup. Mais par contre c’est vrai, j’ai pas d’interaction directe avec
le médecin du travail. J’ai—je crois que j’ai jamais eu une seule interaction avec
un médecin du travail.» (MED_GYN_4)
Quelques répondants parmi les oncologues et radiothérapeutes disaient avoir quelques
interactions avec le médecin du travail, et cela particulièrement avec les médecins de
l’ENTREP_D.
«Mais sur les médecins du travail qui sont à l’hôpital, hein, parce que sinon les
autres, jamais, hein. Moi, ça m’est arrivé peut-être deux fois, justement pour des
patientes qui étaient, qui travaillaient à l’hôpital mais sinon, là, comme ça, je crois
pas que j’ai déjà, j’ai déjà eu une interaction avec une patiente qui travaillait pas à
l’hôpital et son, et le médecin du travail.» (MED_RADIO_3)
Variations selon le genre:
Il ressortait que plus de répondants femmes avaient quelques échanges avec le médecin du
travail concernant la question du travail, et ce sur la demande de ce dernier.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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Variations selon le lieu d’exercice :
Trois répondants du CHU disaient avoir des échanges exceptionnels avec le médecin du
travail. Dans le privé, les participants étaient partagés de façon égale entre ceux qui
disaient ne pas avoir d’interaction et ceux qui disaient interagir avec eux sur leur demande.
Aucun des répondants exerçant dans un CLCC ne déclarait interagir avec le médecin du
travail concernant la question du travail.
Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie
utilisée et du faible échantillon de l’étude.
5.4.4. Collaboration avec les acteurs non médicaux
L’absence de pratique en collaboration avec les acteurs paramédicaux sur la question de la
reprise du travail était observée chez la majeure partie des répondants. Toutefois, plusieurs
répondants disaient avoir des interactions avec l’assistante sociale, certains mentionnaient
l’assistante sociale sans forcément interagir avec elle. Les interactions étaient très limitées,
et dans la plupart des cas il ne s’agissait pas de véritables interactions mais plutôt une
sollicitation d’un acteur envers l’autre quand la situation leur semblait complexe.
«Souvent on, on, on la, on les, on leur demande de voir les assistantes sociales
quand son cas, pose des questions liées au, hors activités professionnelles mais
liées à des aides, à des choses particulières, on les envoie là-dessus, et du coup des
fois on est amené à interagir un petit peu. Là encore c’est de manière ponctuelle.»
(MED_ONCO_15)
Quelques répondants identifiaient l’infirmière de coordination en même temps que
l’assistante sociale.
«C’est à notre demande, et puis on a aussi des infirmières de coordination, et qui
repèrent beaucoup, enfin, qui repèrent bien ce genre de difficultés et du coup, qui
les sollicitent aussi par notre intermédiaire.» (MED_ONCO_6)
Quelques répondants évoquaient l’intervention d’autres acteurs paramédicaux dans cette
problématique (kinésithérapeute, psychologue) sans forcément interagir avec eux. Un des
médecins disait avoir des interactions avec le psychologue en cas de difficultés à la reprise.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
Les oncologues médicaux étaient plus nombreux à solliciter les interlocuteurs non
médicaux sur la question du travail. Seuls deux oncologues disaient ne pas interagir avec
d’autres acteurs non médicaux. Les autres évoquaient l’assistante sociale et l’infirmière
coordonnatrice.
Tous les radiothérapeutes participant à l’étude disaient interagir avec d’autres intervenants
sur la question du travail, sans tendance nette pour un type d’intervenant. Un seul des
chirurgiens évoquait l’intervention de l’assistante sociale et l’infirmière de coordination.
Variations selon le genre:
Il n’existait pas de tendance nette par genre.
Variations selon le lieu d’exercice :
Un peu plus de la moitié des intervenants exerçant au CHU disaient solliciter ou collaborer
avec l’assistante sociale. Dans le sous-groupe des participants du CLCC, seuls deux
participants évoquaient l’intervention de deux intervenants paramédicaux (l’assistante
sociale et l’infirmière coordinatrice). Les autres n’évoquaient pas d’échanges avec eux.
Dans le secteur privé, un seul médecin évoquait l’intervention de l’assistante sociale sur la
question du travail. Les autres n’échangeaient pas sur la question. Un répondant déclarait
interagir avec le kinésithérapeute et l’ostéopathe sur la question sans exemple d’échange
concret.
Ces résultats n’étaient pas généralisables à tous les médecins du fait de la méthodologie
utilisée et du faible échantillon de l’étude.
5.5. L’analyse des besoins des femmes ayant eu un cancer du sein
5.5.1. Perception des besoins par les cancérologues
Les besoins des femmes perçus par les médecins les prenant en charge étaient assez divers.
Les médecins interrogés mettaient en avant le besoin d’information, d’orientation, et de
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
90
réadaptation. Tous les médecins interrogés évoquaient des besoins en lien avec les effets
secondaires des traitements. Selon les médecins, les effets secondaires, qui suscitaient des
besoins chez les patientes, étaient les suivants : les douleurs induites par les traitements, la
fatigue, et les troubles cognitifs. Tous ces effets étaient évoqués à plusieurs reprises, mais
aucun ne ressortait de façon majoritaire en termes de fréquence. En ce qui concerne les
troubles cognitifs, seulement un quart des médecins les citaient.
Le besoin de l’aval du cancérologue pour la reprise était cité à plusieurs reprises. Les
femmes avaient besoin que le sujet de la reprise soit abordé de façon adaptée. Peu de
médecins évoquaient des besoins en lien avec le monde du travail.
Besoins sans lien avec le travail
Les besoins des femmes pouvaient être regroupés en trois catégories :
-Besoins d’ordre physique en lien avec les symptômes persistants post-traitement, comme
les douleurs ou la fatigue.
«Et c’est vrai que ce programme, il nous aide quand même beaucoup à se
débarrasser de la fatigue post-traitement et à encourager les patientes à reprendre
une activité professionnelle.» (MED_RADIO_2)
-Besoins d’ordre psychique, comme le besoin de se retrouver, de se reconstruire, d’être
«bien dans leur peau» et dans leur couple, de prendre du temps pour elles.
«Je vais attendre la fin du traitement avant de reprendre le boulot et j’ai besoin de
prendre du temps pour moi.» (MED_CHIR_6)
«Dans, dans la reprise du travail, y’a y’a, en tout cas pour le cancer du sein, y’a un
peu deux choses : y’a le côté physique de l’affaire, qui est—très honnêtement,
rarement un problème en réalité. Hein, après y’a des patientes qui : ont eu un
curage axillaire, qui ont eu des choses comme ça qui peuvent être gênées, bon ça
peut, ça peut arriver. Après, y’a une dimension, y’a une dimension de la fatigue
qui, qui est également physique. Puis y’a la dimension psychologique.»
(MED_CHIR_7)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
91
«A fin des traitements parce que, parce qu’elles avaient besoin de, de s’occuper
d’elles, de faire du sport, de s’occuper de leur famille, de voyager, vous voyez, que
c’était le temps pour elles de faire ça, y en a d’autres qui pour qui la reprise du
travail signifie que, qu’on est guéri, et du coup, elles veulent reprendre le plus tôt
possible et quelquefois c’est même un peu trop tôt.» (MED_ONCO_6)
-Besoins d’information et d’accompagnement sur les démarches administratives, et pour
faire valoir leurs droits après le traitement. Elles avaient également besoin d’un
accompagnement moral en fin de traitement.
«Et y’a, y’a des gens qui dépriment hein, y’a des, y’a des vrais syndromes
dépressifs, de fin de traitement, donc de, de les accompagner je trouve que c’est
bien.» (MED_RADIO_8)
Certains médecins interrogés nous disaient ne pas aborder la question des besoins de façon
claire avec leurs patientes.
«Non, pas tellement. Mais probablement parce que je leur pose pas la question, en
disant est-ce que y’a quelque chose dont vous auriez besoin pour que ça vous aide,
pour que ça soit plus facile ? Après, ce que je vous ai dit, là, sur l’APA, elles le
disent vraiment, que ça, ça les a aidées, que c’est un moment qu’est important et
tout ça.» (MED_RADIO_3)
Besoins en lien avec le travail
Les besoins en lien avec le travail avant la reprise étaient :
-le besoin de l’aval du médecin pour reprendre le travail
«Elles attendent, un petit peu quand même notre feu vert. Voilà. Quand elles sont
motivées, elles nous redemandent. Après, y’en a certaines qui n’ont pas demandé,
qui ont repris assez vite. Mais, souvent, voilà, c’est… «Bon maintenant je vais
pouvoir reprendre le travail,» Je fais, «Oui, bah, oui.»»(MED_ONCO_7)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«Elles me demandent si elles peuvent reprendre à travailler, elles me demandent si
… elles me demandent si elles peuvent reprendre le travail, toujours.»
(MED_ONCO_10)
-le besoin d’information concernant la reprise
«INVEST_9 : «Et vis-à-vis du travail, est-ce que vous voyez des besoins particuliers
des femmes ? Par rapport au travail ? Par rapport à la reprise du travail ?»
MED_RADIO_4 : «Ben, oui qu’on puisse plus les renseigner. Si elles sont
salariées, si elles sont, libérales, sur leurs, leurs droits, leurs possibilités…»
(MED_RADIO_4 )
-le besoin de temps pour reprendre dans de bonnes conditions
-le besoin de se réadapter à l’effort : qui impliquait souvent la participation aux
programmes d’APA
-le besoin d’une prise en charge sociale, et d’aide pour les tâches ménagères.
«Et je pense que oui y’a, d’avoir quelque chose d’organisée autour de ça, autour
d’un, d’un soutien, pendant quelques temps sur les tâches ménagères et sur, tout ce
qui peut y avoir à côté du travail. Je pense que ça c’est une demande, alors elle est
pas forcément toujours formulée ou elle est formulée indirectement par, « Oui le
travail à la maison me pèse, je, j’ai du mal à faire, mon, mon travail au
quotidien, » voilà c’est des choses comme ça mais, j’crois que, ça serait quelque
chose de vraiment intéressant à développer.» (MED_RADIO_8)
Une fois au travail, ces femmes avaient besoin d’être écoutées, et certaines avaient besoin
qu’on leur répète les choses du fait des troubles cognitifs engendrés par la chimiothérapie.
«J’ai repris mais, on dit quelque chose, je suis obligée de tout noter. On sait que
j’oublie, donc, on me répète. Mais, voilà, après, c’est aussi des choses que les
collègues, certains, ça se passe bien, d’autres, c’est compliqué.» (MED_ONCO_7)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«MED_RADIO_2 : «Et ce qu’elle me dit. Elle me dit que, comme j’ai entendu
plusieurs fois, «Je n’ai plus qu’un neurone.» L’autre jour elle m’a dit, «J’ai qu’un
demi cerveau». (rire)»
INVEST_9 : «Mais ça, vous attribuez ça aux… ? (coupé)»
MED_RADIO_2 : «Mais ça, c’est le, bah c’est le…bah vous savez, les…la chimio
peut donner des troubles cognitifs hein.»»(MED_RADIO_2)
Une minorité de répondants ne citaient aucun besoin en lien avec le travail.
«Vis-à-vis du travail ? Oh, j’en, non, j’peux, pas de choses bien précises, à
répondre hein. C’est trop large, je sais pas quoi puis vous dire. (…) C’est
reprendre leur travail dans de meilleures conditions. Après c’est en fonction de
leur personnalité, leur caractère, les, les entreprises qu’elles font, leurs, le métier
qu’elles ont.» (MED_RADIO_6)
Particularités concernant la perception des besoins
Les médecins qui accordaient une grande importance au travail dans la vie des patientes
percevaient plus souvent les besoins des femmes en lien avec le travail. A l’inverse, ceux
qui accordaient une place moins importante au travail étaient plus en difficulté pour
identifier les besoins en lien avec le travail.
Dans de rares cas, les répondants nous indiquaient que ces femmes n’avaient pas de besoin
particulier, dans d’autres cas, le sujet n’était pas abordé avec les patientes.
«INVEST_8 : «D’accord, donc elles ont pas enfin, de besoin particulier au moment
du…»
MED_RADIO_7 : «Non.»
INVEST_8 : «…du retour au travail ? Est-ce qu’y a des choses, elles vous disent :
moi j’ai besoin d’ça ?»
MED_RADIO_7: «Non.» (MED_RADIO_7)
Un des répondants expliquait que c’était un besoin pour les femmes d’être bien dans leur
vie et dans leur couple.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
94
«Mais si on veut reprendre son travail, c’est qu’on va bien, c’est qu’on a envie de,
de revoir les collègues, de revoir les copines, de de revivre en fait, et je crois que
c’est quand même très intriqué. Et en fait le cancer du sein est très souvent
révélateur de problème de couple.» (MED_ONCO_5)
Le même médecin oncologue médical évoquait en premier lieu les problèmes de sexualité
comme ayant un lien avec la reprise du travail.
«Donc il me semble si vous voulez que derrière cette notion de de de, du
retentissement sur le couple, sur la vie de couple du cancer du sein eh (hésitation)
il y a une un (hésitation), un retentissement aussi sur, sur, sur « la vie
professionnelle.» (MED_ONCO_5)
Il ne s’agissait pas d’un résultat isolé. Cette notion a également été citée par un des
médecins lors du focus groupe de restitution des résultats. Ce médecin faisait le lien entre
les difficultés conjugales et le syndrome dépressif post traitement, qui étaient souvent des
problèmes rencontrés chez les femmes qui ne parvenaient pas à reprendre une activité
professionnelle après le cancer du sein.
«Le cancer du sein signifie, ablation du sein, risque conjugal fort, et c’est une
réalité en plus. J’en vois beaucoup qui se séparent sur cette période-là. Donc, non,
mais c’est une réalité. Donc, ça reste un traumatisme profond donc s’il y a un
terrain fragile. (...) J’ai, pour moi, c’est celles qui ne retournent pas au travail, il y
a une majorité, j’crois, vers les quatre-vingt, quatre-vingt-dix pour cent, sont
dépressives.» (MED_ONCO_3)
Un des médecins exprimait que les femmes avaient besoin que le sujet de la reprise soit
abordé de façon progressive et empathique pour ne pas les angoisser ni les braquer.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«Mais c’est peut-être moi, si vous voulez dont le discours est très mal rodé, mais je
suis très sincère ! Mon discours est très très mal rodé sur cette thématique de la
reprise de l’activité professionnelle. » (…) «Et donc je lui dis : « Voilà madame le
moment est peut-être venu maintenant qu’on discute, qu’on voit ensemble comment
est-ce que vous envisagez la reprise de votre travail. » C’est souvent comme ceci
que je présente les choses. Si on dit : « Voilà madame, aujourd’hui, voilà c’est fini,
c’est la consultation où vous reprenez votre travail demain. » C’est pas la peine
hein !» (MED_ONCO_5)
Certains répondants évoquaient le besoin d’une prise en charge esthétique des effets
secondaires sur la féminité.
«Mais y’a aussi tout ce qui a été mis en place la, la socio coiffeuse, le sport, bon on
a déjà parlé de l’APA mais y’a aussi des, on peut se faire faire des, des massages,
des choses comme ça, la socio esthéticienne.» (MED_RADIO_3)
Un des répondants disait que le travail était un besoin pour certaines femmes. D’autre part,
il soulevait l’incompréhension de certains employeurs face au cancer du sein et ses
conséquences. Certains employeurs n’avaient pas du tout intégré le fait que les patientes
étaient souvent en mesure de reprendre le travail après avoir été traitées pour un cancer du
sein.
«Voilà donc c’était— c’est, c’est des situations comme ça, qui nous font dire qu’il y
a quand même une incompréhension de la part des, de certains employeurs, qui,
qui fait que, on a—, enfin on a peut-être un niveau d’informations qui est
insuffisant justement, par rapport au pronostic de cette maladie, par rapport au fait
que, c’est pas parce qu’on est traité pour un cancer du sein qu’on va forcément
mourir d’un cancer du sein. Puis même, enfin, on peut continuer à travailler en
ayant une maladie non curable, enfin.» (MED_ONCO_2)
Outils proposés pour aider les femmes
Un des médecins proposait une solution pour pallier à la difficulté des patientes à reprendre
leur travail après un cancer du sein. Il proposait un programme de réadaptation cognitive
calqué sur les programmes de réadaptation physique déjà existants.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
96
«Mais, que’que chose calqué sur la réadaptation à l’effort et qui soit aussi, au
niveau, intellectuel quoi. (…) Une espèce de gymnastique, de se réhabituer à
travailler, à se concentrer, voilà.» (MED_CHIR_11)
Un autre répondant allait plus loin dans sa réponse à la question et évoquait l’intérêt d’une
grille de décision qui aiderait les médecins à définir le bon moment pour la reprise.
«Qu’est-ce qui fait qu’on est prêt à reprendre le travail, en termes, sur le plan
physique, je suis sûr qu’il pourrait y avoir des, des petites questions simples qui
pourraient, sur l’activité physique, sportive, sur d’autres choses, qui pourraient
déjà identifier, permettre d’identifier si la personne est prête. Comme on a, vous
connaissez sûrement le G8 pour les, pour, pour les personnes âgées.»
(MED_RADIO_8)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas :
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
Chez les chirurgiens, il n’était pas mentionné le besoin d’information, un élément qui
ressortait chez les autres sous-groupes.
Parmi les oncologues médicaux, les besoins évoqués en premier lieu étaient les besoins
physiques en lien avec les effets secondaires, suivis par les besoins d’information et de
liaison avec les professionnels de santé. Il ressortait chez les médecins oncologues
qu’aucun ne mentionnait de besoin d’aide pour les tâches ménagères.
Variations selon le genre:
Ce sont les femmes qui évoquaient la nécessité de programmes de réadaptation plus
souvent que les hommes, et le besoin d’avoir le temps d’en bénéficier. Une femme poussait
sa réflexion en évoquant la nécessité de programmes de réadaptation particulièrement
orientés sur la reprise du travail pas seulement sur le plan physique mais aussi sur le plan
cognitif
Variations selon le lieu d’exercice :
Il n’a pas été mis en évidence de tendance par lieu d’exercice.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
97
5.5.2. Facteurs barrières à la reprise du travail
La majorité des répondants citaient les effets secondaires des traitements comme facteur
prépondérant influençant négativement la reprise du travail. Ils évoquaient les effets
secondaires suivants, par ordre de fréquence: la fatigue, le lymphœdème, les douleurs, les
troubles psychologiques (comme la dépression ou l’anxiété de reprendre), et les troubles
cognitifs.
«Il y a parfois un tableau dépressif hein, parce que la fatigue ne peut, n’est pas
forcément expliquée que par les traitements. Elle l’est pendant un temps mais après
derrière ça peut être aussi, plus que le moral enfin oui, y’a le syndrome dépressif
qui prend le dessus et qui crée, qui génère lui aussi un, un état de fatigue
permanent, ressenti. Oui dans le, le stress de reprendre, la peur de reprendre,
j’crois le, c’est un peu on fait un refus d’obstacle quoi. A chaque fois on veut y aller
et puis on s’arrête juste avant, on a peur. Je crois que ça c’est, ça c’est le plus fré,
enfin avec, avec, oui c’est le plus fréquent avec. Ouais j’sais pas, j’sais pas quoi
vous dire d’autre là-dessus.» (MED_RADIO_8)
La chimiothérapie était souvent mentionnée comme facteur influençant négativement la
reprise. Le fait d’avoir eu la chimiothérapie était pénalisant d’une part parce que ces
femmes avaient un arrêt long, et d’autre part elles subissaient des effets négatifs multiples
et durables.
«J’pense que c’est plus intéressant pour celles qu’ont de la chimiothérapie parce
que celles qu’ont pas de chimiothérapie, j’pense que, ça a moins d’impact sur leur
travail. (…) Sur la reprise on va dire. Et que les patientes qu’ont eu de la
chimiothérapie on voit qu’elles sont quand même, att, enfin elles ont un, des
séquelles entre guillemets de cette chimiothérapie qui perdurent quand même
pendant longtemps après l’arrêt de la chimiothérapie et qu’elles ont des difficultés
à reprendre le travail.» (MED_CHIR_11)
«Y’a y’a tout un ensemble de choses qui fait, effectivement, les patientes ont du mal
à se remettre au travail. Et c’est surtout après la chimio. C’est vraiment surtout
après la chimio.» (MED_GYN_3)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
98
Les facteurs barrières à la reprise, en lien avec le travail, revenant le plus souvent étaient :
le travail physique, le faible intérêt du patient pour son travail, le niveau de pression au
sein de l’entreprise, les difficultés liées à l’organisation du travail en équipe ou en libéral :
«Alors y’a des métiers qui s’y prêtent plus ou moins bien, y’a des métiers, des
métiers de bureau, s’y prêtent assez bien à l’absence de reprise—(en) fin, à un
travail qui peut être interrompu pendant une journée. Y’a des métiers qui s’y
prêtent pas du tout, notamment, le monde médical, pour ça, c’est la catastrophe
hein, parce que, si, quelqu’un (n’) est pas là le lendemain, y’a personne pour le
remplacer donc c’est les collègues, qui doivent faire le travail, donc ça fait
crispation au sein des équipes, qui sont, très fortes, vous voyez bien ce que je veux
dire hein. Ça fait des crispations au sein des équipes, qui sont très très fortes. Et du
coup, ça fait une grosse pression sur la personne. On préfère qu’elles reviennent
dans un contexte, plus réglé, c’est à dire qu’elles reviennent à mi-temps, ou à vingt
pour cent, mais que quand elles reviennent, elles soient là.» (MED_GYN_4)
Un des médecins évoquait le cas particulier des patientes exerçant en libéral. Ces patientes
étaient exposées au risque de perdre leurs indemnités journalières si une reprise prématurée
entraînait un nouvel arrêt de travail. Cela ne les incitait donc pas à tenter une reprise si
elles n’étaient pas vraiment sûres de pouvoir reprendre définitivement.
«Je—les obstacles des, des caisses, (en) fin, des, des assurances pour les libéraux,
parce que c’est souvent la loi du tout ou rien. C’est à dire, soit vous a—vous êtes
arrêtés, et puis vous, vous (n’) avez pas le droit d’y aller, et puis, même si vous
voulez travailler à mi-temps, vous (n’) avez pas le droit d’y aller, sinon vous (n’)
avez aucune de vos indemnités, donc les gens ne travaillent pas alors qu’ils en
auraient envie.» MED_GYN_ 3.
D’autre part, les relations avec les collèges pouvaient également être un frein quand ceux-
ci ne prenaient pas en compte les difficultés rencontrées par les patientes ainsi que les
changements secondaires au cancer. Enfin, l’incompréhension des collègues et des
employeurs sur le bon pronostic de cette maladie était également un élément négatif pour
une reprise dans de bonnes conditions.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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«Après dans les patientes qui ont eu un arrêt de travail qui ne reprennent pas une
activité professionnelle hors toxicité, il y a, il y a un petit peu la vision, du fait que
le cancer fait, le cancer fait peur en fait, une patiente qui m’a décrit que, les, les,
ses collègues, ses anciennes collègues la voyaient un petit peu comme un ovni quoi,
c’était, mais qui est cette personne qui est revenue de la mort un petit peu.»
(MED_ONCO_15)
«Voilà donc c’était— c’est, c’est des situations comme ça, qui, nous font dire qu’il
y a quand même une incompréhension de la part des, de certains employeurs, qui,
qui fait que, on a, enfin on a peut-être un niveau d’informations qui est insuffisant
justement, par rapport au pronostic de cette maladie, par rapport au fait que, c’est
pas parce qu’on est traité pour un cancer du sein qu’on va forcément mourir d’un
cancer du sein. Puis même, enfin, on peut continuer à travailler en ayant une
maladie non curable, enfin.» (MED_ONCO_2)
Plus de la moitié des médecins mentionnaient la fatigue comme effet secondaire et
l’identifiaient clairement comme un frein à la reprise.
«INVEST_8 : «Est-ce qu’y a des femmes qui vous disent ben y a telle chose qui a
fait que moi la reprise ça été compliqué ? Ou fin de souvenir de patientes qui vous
auraient dit…»
MED_ONCO_16 : «La fatigue. (…) La fatigue. La majorité elles vont dire : « moi
je me sens pas de, de reprendre parce que je suis fatiguée ». Et y en a beaucoup qui
reprennent d’ailleurs pas à temps plein au début, qui font des mi-temps
thérapeutiques …» (MED_ONCO_16)
« INVEST_9 : «Dans votre expérience, est ce qu’il y a des éléments qui ont un
impact sur l’activité professionnelle? »MED_RADIO_2 : «Premièrement, la
fatigue. »»(MED_RADIO_2)
«Y’a cette fatigue encore probablement post chimio, y’a y’a tout un ensemble de
choses qui fait, effectivement, les patientes ont du mal à se remettre au travail.»
(MED_GYN_3)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
100
Particularités des facteurs barrières à la reprise du travail
Un quart des médecins participant à l’étude évoquaient le syndrome dépressif post-
traitement. Et seulement certains d’entre eux faisaient le lien avec une difficulté à la reprise
du travail.
«Et reprendre le travail si c’est, voilà si, si y’a une phase après un peu de blues, de
dépression ou autre dans les semaines qui suivent et avoir repris son travail dans le
milieu c’est difficile.» (MED_RADIO_8)
Parmi les facteurs influençant négativement la reprise, un des médecins citait les médecins
du travail qui interdisaient la reprise du travail.
«Hein, des médecins du travail, qui—le peu de fois où un médecin, par exemple—
va refuser qu’une patiente reprenne, jamais il nous aurait appelés Jamais on aura
un contact. (…). Non j’ai jamais eu de—ouais, de contre-ordre. Dans ce sens-là.
(…)Quand moi j’ai décidé d’arrêter, quand on m’aurait dit, «Non.» (…)Par contre
y’a des fois où moi j’aurais aimé où la patiente puisse reprendre, et on lui a dit,
«Non.»» (MED_ONCO_1)
Ce même médecin évoquait le risque infectieux en lien avec les chimiothérapies
aplasiantes qui pourraient empêcher les patientes de travailler.
«J’en ai eu une y’a pas longtemps, qui, elle garde des gamins, assistante
maternelle. Je lui ai dit, «Non, ça, ça va pas être possible de garder des enfants
avec la chimio et l’aplasie quoi.»» (MED_ONCO_1)
Certains médecins évoquaient la peur de la récidive comme facteur qui pourrait freiner la
reprise.
«De toute façon pour les seins adjuvants le problème principal c’est, c’est la, c’est
la rechute. Donc, elles ont, je pense que la peur de travailler va un peu avec le fait
qu’on s’dise : «Ben c’est p’t’être pas possible.». Qu’on se dit que c’est p’t’être pas
possible de faire ça parce que, parce que si elles rechutent dans deux mois ça sert à
rien quoi.» (MED_ONCO_16)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
101
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
La majorité des chirurgiens ne citaient pas directement le syndrome dépressif comme
facteur barrière à la reprise.
Aucun participant oncologue médical n’évoquait directement le lien entre la
chimiothérapie, et les difficultés à la reprise, un lien qui était plus explicite dans le discours
des chirurgiens,
«Et que les patientes qu’ont eu de la chimiothérapie on voit qu’elles sont quand
même, att, enfin elles ont un, des séquelles entre guillemets de cette chimiothérapie
qui perdurent quand même pendant longtemps après l’arrêt de la chimiothérapie et
qu’elles ont des difficultés à reprendre le travail.» (MED_CHIR_4)
et des radiothérapeutes.
«Ensuite on a, bon les patientes qui ont des traitements plus longs, notamment
quand il y a une prise en charge par chimiothérapie avant, puis radiothérapie, là
c’est sur un processus qui s’étend sur plusieurs mois. C’est généralement entre
quatre et six mois, là c’est vrai qu’on peut avoir, plus de difficultés sur, sur la
reprise du travail.» (MED_RADIO_8)
Pour les radiothérapeutes, le facteur cité le plus fréquemment était le fait d’avoir un travail
physique.
«J’ai eu une patiente qui était stressée par son poste parce qu’elle devait porter des
choses lourdes dans ses bras, donc qui touchaient le sein irradié et opéré donc elle
voulait pas. Eventuellement j’crois qu’elle avait décidé, j’sais pas si elle avait
discuté avec son chef, de changer, son poste, y’avait une chose comme ça, je suis
pas très, très sûre mais demander de l’encadrer sur une autre chose, un autre
poste.» (MED_RADIO_7)
Variations selon le genre:
Les femmes citaient plus souvent le travail physique comme étant une barrière à la reprise.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
102
Elles évoquaient également la pression au travail, et le fait que le monde de l’entreprise
soit difficile comme facteurs barrières. Les répondants hommes ne les mentionnaient pas.
«C’est-à-dire, c’est surtout je pense, c’est, c’est avoir un moral correct pour
affronter le monde du travail qui est un monde difficile.» (MED_RADIO_6)
Variations selon le lieu d’exercice :
L’analyse en sous-groupes ne permettait pas de dégager de tendance selon le lieu
d’exercice.
5.5.3. Facteurs facilitateurs à la reprise du travail
Les facilitateurs à la reprise hors entreprise
Tous les médecins interrogés évoquaient des facteurs intrinsèques tels que la motivation
personnelle, ou la personnalité de la patiente ou l’état psychologique favorable de la
patiente, comme facteurs favorisant la reprise.
«A son boulot ils ont été aussi à l’écoute pour essayer d’aménager son poste mais.
Je pense que, je pense ce qui est en premier c’est l’envie de—l’envie de la patiente.
Après, après il faut avoir, effectivement l’employeur en face…» (MED_ONCO_1)
«Alors j’pense que c’est vraiment tempérament lié. Déjà j’pense que c’est la
première chose ou qui sont, qui est vraiment intrinsèque et...» (MED_ONCO_16)
«Oui, la motivation de la patiente, par rapport à son travail c’est quand même
effectivement assez, net hein. Parce que j’avais une autre patiente qu’a eu un
cancer du sein jeune, qu’est, une cadre , cadre supérieure, j’sais pas exactement ce
qu’elle fait, et qui, elle, effectivement pour le coup ça va être ma seule patiente qu’a
repris presque tout de suite à plein temps et qui n’a jamais dit que c’était difficile
pour elle.» (MED_CHIR_11)
«Et justement, il y a quelquefois des, fin vraiment je crois que c’est vraiment
extrêmement positif, et donc dès lors qu’il y a cet entrain qui redémarre et ben il y
a aussi un entrain pour reprendre l’activité professionnelle.» (MED_ONCO_5)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
103
«Ah, y’a l’état, ah, psychologique en fait, ça c’est qui est au premier, (en) fin, le
premier facteur au-delà de l’état physique, c’est psychologique. C’est si la patiente
se sent, sortie un peu de la bulle traitement, chimio, radiothérapie. Ou si elle reste
un peu dans la bulle, dans la crainte de la rechute, voilà.» (MED_ONCO_2)
Parmi tous les répondants, les facteurs financiers n’étaient que très rarement évoqués.
Les facilitateurs à la reprise dans l’entreprise
Les facteurs facilitateurs étaient :
-le soutien des collègues et de la hiérarchie (le même nombre d’incidences pour les deux,
donc le soutien des supérieurs hiérarchiques ne semblait pas être plus important que le
soutien des collègues)
«Alors quand y’a eu, quand y’a eu une écoute, un, une compréhension des
collègues que, une empathie, et, et ben elles ont envie de reprendre bien
évidemment, quand y’a un aménagement du temps de travail, enfin du, de la, du
travail, et, elles ont envie de reprendre plus facilement que quand elles sont pas
bien dans leur boulot. »(MED_CHIR_6)
-l’anticipation de la reprise et l’adaptation du poste
«Mais je trouve que beaucoup, on leur a, on a tenu compte, elles ont pu anticiper,
elles ont pu en discuter avant, même. Ouais, des aménagements du temps de
travail, mais, elles, elles l’évoquent pas non plus. Enfin, si parfois elles le disent,
elles disent, «oui, on m’a aidée sur mon lieu de travail.»» (MED_RADIO_3)
-la reprise à temps partiel thérapeutique.
Près de la moitié des répondants n’avaient pas évoqué de facteurs spécifiques à
l’entreprise.
Particularités dans les facteurs favorisants
Un des répondants pensait que le fait de bien préparer la reprise en amont était un facteur
favorisant, mais nous disait ne pas aborder le sujet avec ses patientes pour autant.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
104
Quelques rares répondants proposaient, comme facteur pouvant faciliter la reprise la
reconnaissance en tant que travailleur handicapé.
«Il me semble, il me semble que la règlementation par laquelle, les entreprises…,
mais je dis peut-être une bêtise, doivent récupérer vingt pour cent de malades,
doivent employer vingt pour cent pas de malades mais de personnes ayant le statut
d’adulte handicapé peut aider.» (MED_ONCO_5)
Quelques médecins identifiaient clairement les programmes d’APA comme facteur
favorisant le retour au travail. Les autres participants reconnaissaient le caractère bénéfique
de ces programmes mais ne faisaient pas clairement le lien avec le travail.
«L’occurrence avec PROG_A elles sont toutes vraiment très enthousiastes en
disant que à la fois physiquement on les prend en charge , mais aussi ,
psychologiquement, qu’elles ont un suivi, qu’y a des psys, et elles sont ouais, toutes
plutôt ultra enthousiastes à l’idée, après avoir fait ça et à l’idée de le faire
potentiellement.»
INVEST_8 : «Et elles disent que ça les influence dans le travail ?»
MED_ONCO_16 : «Non, ça je saurais pas, enfin je saurais pas, je saurais pas dire
oui ou non. En tout cas, j’peux pas dire non mais en tout cas ça m’a, ça a pas été,
ça a pas été abordé.» (MED_ONCO_16)
Hypothèses pour expliquer les variations inter-cas des facteurs facilitateurs:
Variations selon la catégorie socio professionnelle:
L’analyse n’a pas permis d’expliquer les variations observées parmi les catégories
professionnelles.
Variations selon le genre:
Les répondantes femmes citaient plus souvent l’activité physique ou les programmes
d’APA.
Variations selon le lieu d’exercice :
Les répondants du CHU citaient la plus grande variété de facteurs favorisants.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
105
Les médecins exerçant dans le privé citaient plus souvent des facteurs motivationnels
propres à l’individu comme facteurs favorisant la reprise, plutôt que des facteurs liés à
l’entreprise.
5.5.4. Synthèse des analyses inter-cas
1er Point marquant : le manque de communication
Les cancérologues avaient très peu d’échanges entre eux sur le sujet de travail de leurs
patientes. Ils communiquaient également très peu sur cette thématique avec les médecins
généralistes, les médecins du travail, et les acteurs paramédicaux.
Le « focus groupe » de restitution des résultats appuyait ce point marquant :
«INVEST_8 : «Donc, c’est vrai, enfin, clairement, tous les médecins nous disent,
ben, il y a les discussions autour des cas, autour des cas compliqués mais on ne
parlera jamais entre nous d’une situation, d’une patiente au travail, enfin… »
MED_ONCO_3 : «Jamais !»
MED_ONCO_10 : « Ça, ça m’va très bien comme information. »
(MED_ONCO_10 et MED_ONCO_3)
2éme Point marquant : les rôles professionnels
Le rôle des médecins généralistes n’était pas clair pour les médecins interrogés mais
semblait important pour une partie d’entre eux.
Le « focus groupe » confirmait la méconnaissance du rôle du médecin généraliste. Les
deux médecins étaient partagés sur l’importance de son rôle. Cela ne permettait donc pas
d’affiner le résultat.
Les cancérologues ne connaissaient pas vraiment le rôle du médecin du travail.
Ce résultat a été affiné au moment du « focus groupe ». Les deux cancérologues avaient
tendance à orienter leurs patientes vers le médecin du travail lorsqu’ils identifiaient un
problème concernant cette question.
A la question : «Pensez vous qu’il est de votre rôle professionnel de faire le lien entre la
patiente et le médecin du travail?» L’un des médecins ne saisissait pas l’intérêt de faire ce
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
106
lien, citant comme argument sa réticence à dévoiler les informations médicales de la
patiente au médecin du travail qui, d’après lui, ne faisait pas partie du soin. Le deuxième
médecin aurait aimé pouvoir faire ce lien, mais avançait l’argument du manque de temps.
Au contraire, pour lui, cette démarche faisait partie de son rôle professionnel. D’autre part,
il insistait sur le fait que ce lien serait primordial pour les patientes ayant eu un arrêt de
travail prolongé.
3ème Point marquant : la place de la discussion du travail avec la patiente
Les médecins s’interrogeaient sur le bon moment pour évoquer le sujet du travail ainsi que
la meilleure façon de l’aborder.
Les résultats permettaient de décrire certaines tendances sur le déroulement de la
discussion autour de la question du travail. Certains chirurgiens évoquaient le travail au
moment des premières consultations, certains notaient seulement la profession, d’autres
abordaient ce sujet de façon approfondie afin de discuter des conséquences probables des
traitements. Les oncologues notaient la profession au début de leur prise en charge et n’en
reparlaient généralement pas pendant la phase de traitement. S’ils en reparlaient c’était
seulement lors du suivi. Enfin la majorité des radiothérapeutes évoquaient le sujet en fin de
radiothérapie et également pendant le suivi.
4ème Résultat marquant : l’impact de la chimiothérapie
Les médecins ne parlaient pas du travail avec leurs patientes pendant la chimiothérapie.
Le sujet était abordé par les oncologues rapidement en début de prise en charge en
oncologie médicale, puis seulement à la fin de la trajectoire de soin et au cours du suivi.
La chimiothérapie semblait avoir un retentissement important sur les possibilités de reprise
du travail. Les effets secondaires immédiats et tardifs de la chimiothérapie étaient souvent
identifiés comme des facteurs barrières à la reprise (fatigue, troubles cognitifs, ménopause
induite). Ce résultat n’était pas clairement mis en avant par les oncologues, mais plutôt par
les chirurgiens et les radiothérapeutes.
Lors du « focus groupe, » l’un des médecins confirmait qu’il s’agissait d’une réalité en
cancérologie : chaque spécialiste étant réticent à imputer les effets secondaires des patients
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
107
aux thérapeutiques qu’il dispense. Selon lui, cela s’expliquait notamment par la
problématique médicolégale.
D’autre part, concernant le retentissement important de la chimiothérapie sur les
possibilités de retour au travail, il est important de préciser, d’après un des médecins du
« focus groupe, » que cela n’est pas seulement lié aux effets secondaires biomédicaux de la
chimiothérapie. En effet, les patientes présentant une indication de chimiothérapie sont
également celles qui ont un moins bon pronostic et un risque de récidive plus élevé. Cette
réalité a probablement des retentissements psychologiques qui influencent le retour au
travail. (Ce point est également cité dans nos résultats).
5ème Résultat marquant : l’influence des facteurs intrinsèques
Les participants avançaient les facteurs intrinsèques tels que la motivation, le
tempérament, comme facteurs favorisant la reprise. Par ailleurs la dépression était
finalement assez peu citée comme facteur barrière à la reprise.
Le « focus groupe » de restitution des résultats nous a permis de discuter sur les
personnalités à risque dépressif. Il est possible de faire le lien entre les facteurs
intrinsèques et le syndrome dépressif post traitement qui peuvent parfois être étroitement
liés. En effet, lors de la restitution des résultats l’un des médecins évoquait les cas des
patientes présentant un terrain psychologique fragile avant le diagnostic. Selon lui,
l’épreuve de la maladie semblait être un tel traumatisme pour ces patientes qu’elles étaient
d’autant plus susceptibles de présenter un syndrome dépressif post traitement, devenant
alors un frein majeur à la reprise de leur activité professionnelle. Il soutenait que ses
patientes n’ayant pas encore repris plusieurs mois après la fin de la radiothérapie,
présentaient très souvent un syndrome dépressif post traitement.
MED_ONCO_3 : «Oui mais celles que moi je connais qui veulent pas retourner au
travail, elles pleurent dans mon bureau, toutes.»
MED_ONCO_10 : «Ça, c’est la dépression.»
MED_ONCO_3 : «Ça, c’est de la dépression. C’est généralement des femmes qui
ont perdu le respect d’elles-mêmes» (MED_ONCO_3 et MED_ONCO_10).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
108
6ème Point marquant : le besoin d’aval
Parmi les besoins évoqués par les cancérologues, il ressortait comme information
innovante le besoin d’avoir l’aval du cancérologue pour la reprise.
Les cancérologues du « focus groupe » étaient en accord avec ce résultat. Il leur paraissait
« logique » que les patientes aient besoin de leur avis pour reprendre, même si, eux ne
pensaient pas toujours être les mieux placés pour répondre à cette attente.
7ème Résultat marquant : l’estimation de l’importance du travail
L’analyse a mis en évidence des représentations variées et partagées: pour certains
médecins le travail était très important dans la vie des patientes, pour d’autres moins. Il y
avait souvent des retombées sur la prise en charge comme dans l’estimation des besoins:
ceux qui pensaient que le travail était important citaient plus de besoins en lien avec le
travail.
8èmeRésultat marquant : les adaptations permettant la reprise
Le retour au travail se passait mieux quand des adaptations étaient mises en place. Les
résultats mettaient en lumière plusieurs types d’adaptation. Les radiothérapeutes
organisaient les plannings des séances. Les oncologues médicaux faisaient quelques
adaptations de plannings pour les jours de chimiothérapie.
Dans le monde du travail, l’adaptation retrouvée principalement était le temps partiel
thérapeutique. Il était souvent cité comme une aide importante pour les patientes, mais pas
toujours accessible à toutes.
A noter que d’après les oncologues médicaux, les adaptations au travail étaient
essentiellement faites par les employeurs. De façon étonnante les médecins mentionnaient
peu les médecins du travail quand les adaptations de poste avaient été faites, mais
seulement l’employeur et les collègues.
Ce point n’a pas pu être abordé au cours du « focus groupe » de restitution des résultats.
9ème Point marquant : les différences entres les genres
-Les femmes parlaient plus des troubles cognitifs gênants pour la reprise du travail.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
109
-Les femmes disaient souvent avoir participé à l’étude dans le but d’améliorer leurs
pratiques professionnelles.
-Les hommes exprimaient moins souvent leur manque de formation sur le sujet.
-Les hommes mettaient souvent en avant leur intérêt pour la recherche ayant motivé leur
participation.
-Les femmes insistaient sur la nécessité de prendre du temps, et évoquaient plus souvent la
nécessité des programmes de réadaptation.
-Les hommes parlaient moins souvent de la nécessité d’adapter les plannings de traitement
que les femmes.
-Les hommes et les femmes avaient des représentations de la pénibilité du travail
différentes: les femmes évoquaient plus souvent le travail physique et la pression au travail
comme barrières à la reprise.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
110
DISCUSSION
1. Discussion des résultats au vu de l’état des connaissances actuelles
1.1. Le manque de communication
Les échanges entre les cancérologues étaient rares. De même, ils n’échangeaient que très
peu avec les médecins généralistes et les médecins du travail. Enfin, il en était de même
avec les acteurs paramédicaux. Une étude interrogeant les médecins du travail et les
professionnels du reclassement montrait l’importance de la communication
interprofessionnelle (3). D’après cette étude, le travail en partenariat était la clé d’un retour
au travail réussi ce qui ne ressortait pas du discours des médecins impliqués dans les soins.
Nos résultats corroborent ceux de cette étude.
Dans notre étude, les cancérologues admettaient avoir peu de contacts avec les médecins
généralistes, que ce soit de façon globale sur la prise en charge ou particulièrement
concernant la reprise du travail. Des études ont déjà été réalisées pour examiner les
interactions entre le monde hospitalier et les médecins généralistes (50), et plus
particulièrement entre les médecins généralistes et les équipes spécialisées en oncologie
(51), concernant les problématiques somatiques. Cependant les échanges concernant le
travail entre cancérologues et généralistes n’ont pas été à ce jour examinés dans la
littérature. Notre étude a ainsi montré qu’il y avait encore moins d’échanges entre les
cancérologues et les médecins généralistes sur la problématique du travail que sur les
problématiques somatiques.
1.2. Les rôles professionnels
Les cancérologues de notre étude ne connaissaient pas précisément le rôle professionnel du
médecin généraliste ni celui du médecin du travail. Ce manque de connaissances a été
illustré par Adam et Herzlich qui soutenaient que la surspécialisation médicale expliquait
la difficulté de chaque spécialiste à connaître le rôle professionnel de ses confrères (52).
Une étude récente a fait ressortir le rôle central du médecin du travail dont la mission est
d’évaluer l’état de santé des salariés et leur aptitude à reprendre le travail (3).
Contrairement à cette étude, l’importance du rôle du médecin du travail n’a pas été
identifiée par les cancérologues participant à notre étude.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
111
Lors du « focus groupe » de restitution des résultats, il a été évoqué le rôle professionnel
des cancérologues. Il a été demandé aux cancérologues présents de discuter sur leur rôle
professionnel. D’après eux, faire le lien entre le médecin du travail et la patiente ne relevait
pas de façon évidente de leur rôle professionnel. Ils justifiaient cela en évoquant le secret
professionnel, qu’ils ne pensaient pas forcément pouvoir partager avec le médecin du
travail. Or, il existe bien un partage du secret médical, avec l’accord du patient, entre le
médecin conseil, le médecin du travail et le médecin spécialiste. Cela doit se faire dans
l’intérêt de la patiente et se limiter aux éléments nécessaires pour sa prise en charge (53).
Comme nous l’avons mentionné précédemment, le rôle des médecins généralistes n’était
également pas clair pour les médecins interrogés mais semblait important pour une partie
d’entre eux. D’après la littérature, les médecins généralistes sont impliqués dans la prise en
charge du cancer du sein. Dans l’étude de Bungener et al. (2009), 78% des médecins
généralistes étaient actifs sur les aspects sociaux et familiaux de la gestion de la maladie, et
pour 72 % de leurs patients suivis pour un cancer, ils réalisaient un suivi psychologique et
empathique. Ils assumaient une proximité revendiquée par leurs patients (51). Les auteurs
concluaient également que les médecins généralistes avaient une perception d’inégalités
d’échanges avec les cancérologues. Ces inégalités pouvaient être classées en trois
catégories : les lacunes dans la transmission d’informations sur les patients, le mépris de
leurs confrères spécialistes à leur égard, et la perte de certains de leurs patients. Dans notre
étude les cancérologues ne semblaient pas mépriser les médecins généralistes, certains,
même lui accordaient un rôle central du fait de sa proximité avec les patientes. Cette
proximité était également mise en avant par l’étude de Bungener (2008). En effet, d’après
ce travail, les médecins généralistes se considéraient également plus proches de leurs
patients (54).
Une méta-analyse récente, a réaffirmé l’existence d’un rôle important des médecins
généralistes dans la prise en charge de l’après cancer. Dans plusieurs études de cette méta-
analyse, le rôle du médecin généraliste était surtout d’agir comme un facilitateur et
défenseur des malades dans leur parcours de soins. Les médecins généralistes et les
patients atteints de cancer souhaitaient qu’un rôle plus important soit accordé aux médecins
généralistes pour améliorer la qualité des soins après le cancer (55). Ces études appuyaient
l’impression exprimée par certains médecins interrogés dans notre étude sur l’importance
du rôle du médecin généraliste dans la prise en charge du post cancer.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
112
1.3. La place de la discussion du travail avec la patiente
Les médecins de notre étude s’interrogeaient sur le bon moment pour évoquer le sujet du
travail avec les patientes ainsi que sur la meilleure façon de l’aborder. Plusieurs études ont
suggéré que les femmes étaient en attente de conseils de la part des professionnels de santé,
mais n’en recevaient pas suffisamment d’après elles (29), (34). Selon Wells et al. (2013),
les professionnels de santé étaient en situation d’échec quant à la satisfaction de ce besoin
(29). Les résultats de notre étude vont également dans ce sens : les cancérologues de notre
étude s’interrogeaient sur leur manque de connaissances ou de ressources pour aider les
femmes à reprendre leur travail.
Une autre étude, anglaise, menée auprès de patientes survivantes du cancer du sein (pour la
majorité), trouvait qu’il y avait peu d’échanges entre le médecin (médecin généraliste ou
cancérologue) et le patient sur le retour au travail, il s’agissait d’un sujet peu abordé, et les
médecins laissaient les patientes décider seules de leurs modalités de reprise. Les patientes
de cette étude comprenaient la difficulté des médecins à donner leur avis sur cette
problématique qui leur semblait très personnelle. D’autres patientes attendaient quand
même ce type de conseils de la part de leur médecin (28). Ces résultats ne sont pas
parfaitement en accord avec le discours des cancérologues que nous avons interrogés. En
effet, d’après eux, il s’agissait d’un sujet de discussion fréquent, même s’ils n’avaient pas
toujours les réponses à apporter à leurs patientes.
En ce qui concerne le bon moment pour parler de la reprise du travail, une étude française
récente indiquait que, pour les femmes ayant repris le travail dans les deux ans après la fin
des traitements, le moment idéal pour en parler était pendant ou à la fin du traitement (56).
Pour les femmes n’ayant pas repris le travail, le moment idéal pour parler de la reprise du
travail se situait plutôt au delà d’un an après la fin des traitements. Les cancérologues de
notre étude avaient tendance à évoquer le sujet de la reprise pendant le traitement et au
cours du suivi, ce qui nous semblait en accord avec le besoin des femmes ayant repris une
activité professionnelle dans les deux ans après la fin des traitements. Le fait d’aborder le
sujet du retour au travail précocement dans la prise en charge semblait être un besoin des
femmes ayant eu un cancer du sein et un facteur favorisant la reprise.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
113
1.4. L’impact de la chimiothérapie
Une revue de la littérature a montré des résultats nuancés sur l’influence que pourrait avoir
la chimiothérapie sur le travail. En effet, certaines études pointaient une influence négative
de la chimiothérapie sur le travail (57) mais d’autres ne faisaient pas le lien (39), (56).
Dans notre étude, la chimiothérapie semblait avoir un retentissement important sur les
possibilités de reprise du travail du fait de ses effets secondaires importants et durables.
Parmi ces effets secondaires, les plus fréquemment cités, étaient la fatigue, les troubles
cognitifs, et la ménopause induite. Mais comme précisé dans les résultats, aucun n’était
cité de façon unanime ni majoritaire. En ce qui concerne les troubles cognitifs, nous notons
qu’une grande partie des cancérologues n’ont pas du tout soulevé ce problème, ce qui
semble étonnant au vu des résultats de la littérature. Dans une étude récente, Keslser et al.
(2016), soulignent que les troubles cognitifs sont plus fréquents chez les patientes ayant eu
un traitement par anthracyclines (58).
Le retentissement psychologique en lien avec le fait d’avoir eu de la chimiothérapie
(pronostic aggravé et risque de récidive plus important) a été cité, lors du « focus groupe, »
comme facteur influençant la reprise du travail. L’un des médecins expliquait la nature
probablement plus anxiogène du discours tenu aux patientes nécessitant une
chimiothérapie, par rapport aux patientes n’en ayant pas besoin. D’après lui, ces patientes
subissaient donc un « traumatisme psychologique » plus important qui pouvait influencer
la reprise du travail.
1.5. L’influence des facteurs intrinsèques
Le type de personnalité des patientes est un facteur intrinsèque qui influence le vécu de la
maladie (52). D’autres études ont mis en évidence des facteurs intrinsèques influençant le
travail, tel que l’intérêt personnel du patient pour son travail (28). Il en va de même dans
notre étude où les cancérologues mettaient en avant les facteurs intrinsèques tels que la
motivation et le tempérament comme facteurs favorisant la reprise.
L’acceptation de la maladie était également un facteur intrinsèque, favorisant le retour au
travail, retrouvé dans notre étude. Cette notion est concordante avec la théorie du «coping»
évoquée par C. Stanko dans sa thèse sur la fatigue après le cancer du sein (59). Guittard et
al. (2016) mettaient en avant « le sentiment d’avoir la capacité de travailler » comme un
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
114
facteur important influençant positivement la reprise du travail (56). Notre travail renforce
ce résultat en montrant l’importance des facteurs intrinsèques dans la reprise du travail.
Dans notre étude, la dépression était assez peu citée par les cancérologues comme facteur
barrière, alors que dans la littérature ce facteur était fréquemment cité comme influençant
négativement la reprise (27). Il était également cité l’appréhension de la reprise (56) ce qui
ressortait également dans les discours de certains cancérologues de notre étude.
1.6. Le besoin d’aval
Parmi les besoins évoqués par les cancérologues, il ressortait comme information
innovante le besoin des patientes d’avoir l’aval du cancérologue pour la reprise du travail.
Plusieurs études ont évoqué que les femmes bénéficiaient de peu de conseils de la part des
professionnels de santé concernant la reprise du travail. De ce fait, elles organisaient, elles-
mêmes, les circonstances de leur reprise professionnelle alors qu’elles auraient aimé que
les médecins les orientent plus sur cette problématique (28) (60) (61). Dans notre étude,
nous avons mis en évidence le besoin des patientes d’avoir l’aval du cancérologue quant à
la reprise du travail. Ce résultat est tout à fait concordant avec les besoins exprimés par les
patientes dans ces études. Les femmes semblaient donc être dans l’attente de plus
d’implication de la part du cancérologue concernant la question de la reprise du travail.
Ces résultats peuvent être mis en lien avec ceux d’une étude récente, qui a identifié les
professionnels de santé comme la première source d’informations concernant les besoins
des femmes en lien avec le travail (62). En effet, les professionnels de santé interrogés
considéraient avoir une place privilégiée auprès des patients pour délivrer ces informations
et aider les patients à faire valoir leurs droits. Ces résultats sont à nuancer, car la population
interrogée dans cette étude américaine n’incluait pas les médecins mais des gestionnaires
de cas et des travailleurs sociaux.
D’autre part, nos conclusions appuyaient celles de Duijts et al. (2014) dans la nécessité de
l’implication du corps médical et dans la prise en compte des difficultés, secondaires aux
thérapeutiques, rencontrées par les patientes sur le long terme (27).
1.7. L’estimation de l’importance du travail
Notre analyse a mis en évidence des représentations partagées: pour certains médecins, le
travail des patientes était un sujet très important, pour d’autres moins. Ces différentes
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
115
représentations avaient souvent des retombées sur les pratiques professionnelles des
médecins et sur leur vision des besoins des femmes. Ceux qui pensaient que le travail était
important citaient plus de besoins en lien avec le travail. Cette notion se rapprochait des
résultats de Murphy et al. (2016).
Selon Kennedy (2007), certaines patientes avaient le sentiment que les médecins étaient
détachés de la problématique du retour au travail après le cancer. Dans notre étude, cela ne
semblait pas être le cas de la majorité des médecins. En effet, certains cancérologues
accordaient beaucoup d’importance à cette problématique.
1.8. Les adaptations permettant la reprise
Les adaptations des plannings de traitements permettaient le maintien de l’emploi, chez les
patientes qui le souhaitaient, pendant la phase de traitement, d’après les cancérologues de
notre étude. Cependant, certaines patientes d’une étude anglaise mettaient en avant le
manque de flexibilité des plannings de consultations (29). Il semblerait que les adaptations
des plannings hospitaliers ne soient pas encore suffisantes. Cela pourrait peut-être
s’expliquer par une différence entre les pays d’analyse.
La possibilité d’adaptation de poste était un des facteurs associé positivement à la reprise
du travail après traitement (34). Notre étude confirme ce résultat.
Le temps partiel thérapeutique a été évoqué comme facteur favorisant la reprise d’après
plusieurs études françaises (56), (3). Les cancérologues interrogés dans notre étude
évoquaient souvent le temps partiel thérapeutique comme une aide importante. Dans une
thèse récente, toutes les patientes participant à un programme de réadaptation souhaitaient
reprendre à temps partiel (63). Il était souvent cité comme un facteur favorisant la reprise
des patientes. Par ailleurs, les médecins de notre étude notaient que le temps partiel
thérapeutique n’était pas accessible à toutes les patientes qui auraient souhaité en
bénéficier. En effet, l’employeur a le droit de s’opposer à cette mesure s’il considère
qu’elle n’est pas adaptée à son organisation (53), ce qui était plus souvent le cas dans les
petites entreprises (moins de 50 employés) (56).
Dans la littérature, la modification de poste était parfois perçue comme une forme de
discrimination par les patientes (26). Les oncologues de notre étude ne mettaient pas en
évidence cette problématique.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
116
1.9. Les différences entre les genres
Les différences entre les genres mises en évidence dans la section résultats sont originales.
Nous n’avons pas retrouvé de notions similaires dans la littérature. Nous avons conscience
que l’utilisation d’une méthodologie qualitative ne nous permet pas de généraliser ces
résultats. Ils n’en sont pas moins intéressants et innovants, et pourraient faire l’objet de
nouvelles recherches plus vastes, par exemple sous forme d’enquête.
1.10. Les autres résultats
Discussion des facteurs influençant la reprise du travail
Nous avons noté que les facteurs sociodémographiques tels que l’âge, le niveau d’études,
le statut professionnel et les ressources disponibles au moment du diagnostic étaient
fréquemment cités dans la littérature comme influençant la reprise du travail (56), (39),
(18), (30), (45), alors que les cancérologues de notre étude n’en parlaient pas. D’autres
études n’ont pas mis en évidence de lien entre les facteurs sociodémographiques et le
travail (24). Une étude récente a mis en évidence que le fait de vivre en couple était un
facteur favorisant le retour au travail, ce qui nous a été confirmé par un des médecins
interrogés ainsi qu’au moment du « focus groupe » (retour au terrain) (56). La pression
financière était souvent citée dans la littérature (56), (26), (28) comme facteur
encourageant les patientes à reprendre le travail. Les cancérologues de notre étude ne
citaient que très rarement ce facteur. Le soutien des collègues était souvent cité dans la
littérature comme un facteur influençant positivement la reprise (28).
La notion de reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) chez les
femmes atteintes de cancer du sein était peu étudiée dans la littérature française. Saliba et
al. (2013) indiquaient qu’il s’agissait d’un outil important (3). Cette notion était nuancée
par Guittard et al. (2016) qui montraient que la RQTH était demandée plus fréquemment
pour les femmes qui ne reprenaient pas le travail, et que cette démarche avait plutôt
tendance à retarder le retour au travail du fait de la longueur de mise en place de cette
mesure ( 4 à 12 mois selon les lieux) (53).
La fatigue était un élément mis en avant comme effet secondaire immédiat et durable des
diverses thérapeutiques. A noter que la littérature montrait qu’il s’agissait également d’un
effet secondaire de la radiothérapie (64), (59), un élément qui ne ressortait pas chez les
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
117
radiothérapeutes interrogés. Dans une étude récente, la fatigue était également citée comme
le premier facteur créant des difficultés au travail (62).
Les études ne sont pas unanimes sur l’influence du type de chirurgie (tumorectomie ou
mastectomie) sur le retour au travail. Certaines études ont montré l’influence positive
d’une chirurgie moins invasive sur les possibilités de retour au travail (25). D’autres n’ont
pas montré d’influence du type de chirurgie sur les possibilités de travail (56). Pour notre
part, certains médecins ont évoqué une influence négative d’une chirurgie plus invasive qui
pourrait avoir un effet sur le travail. Par ailleurs, le curage ganglionnaire est souvent
évoqué dans la littérature comme un facteur frein à la reprise du travail (56), ce que nos
résultats confirment. En effet, les cancérologues citaient souvent le lymphœdème
secondaire à ce geste chirurgical comme un frein majeur à la reprise du travail. Cela était
particulièrement évoqué pour les patientes ayant un travail physique. Le fait d’avoir un
travail physique était souvent noté dans la littérature comme un facteur influençant la
reprise (24), (26), (3), (25). Nos résultats concordent avec cette notion, particulièrement
chez les médecins femmes.
Une autre étude notait, qu’une meilleure connaissance par les professionnels de santé, de
l’influence des effets secondaires du cancer et des traitements sur le travail, ainsi que des
ressources pour aider les patients, leur permettrait de favoriser la reprise du travail dans de
bonnes conditions (62).
Discussion sur les exigences des patientes atteintes du cancer du sein
Le « focus groupe » a mis en lumière les exigences des femmes atteintes de cancer du sein
non métastatique par rapport aux femmes atteintes de cancer du sein en situation
métastatique et par rapport aux patients atteints d’autres cancers. Ces exigences
apparaissaient également dans le discours de certains médecins interrogés. D’après les
médecins du « focus groupe, » la médiatisation et « popularité » du cancer du sein dans la
population générale font que ces patientes ont souvent des connaissances sur ce sujet et
beaucoup d’attentes vis-à-vis du monde médical. Cela s’expliquait aussi, d’après les
médecins du « focus groupe, » par la particularité de l’organe atteint. «C’est pas un organe
comme les autres ! » (MED_ONCO_3). En effet, le sein est le symbole extérieur de la
féminité. De ce fait, les patientes ont tendance à être exigeantes quant à la prise en charge
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
118
de ce cancer. Cela s’explique peut-être par les exigences qu’elles pourraient subir dans leur
couple et dans la société vis-à-vis de cet organe.
2. Forces et faiblesses de l’étude
2.1. Forces
Liées à la question de recherche
Cette étude permet d’avoir une première vision, du point de vue des cancérologues sur les
besoins professionnels des femmes ayant eu un cancer du sein. L’originalité de cette
question de recherche est dans le fait d’avoir interrogé spécifiquement des cancérologues
prenant en charge ces femmes. Ce point de vue n’était pas, à notre connaissance, abordé
dans la littérature.
Aujourd’hui, le cancer du sein est un cancer de très bon pronostic, les femmes désirent
donc reprendre leur travail après leur traitement. Cette pathologie est actuellement bien
prise en charge sur le plan biomédical par les cancérologues mais la prise en charge
socioprofessionnelle présente des lacunes. Il était donc important d’interroger les
cancérologues afin de confronter leur point de vue aux résultats de la littérature sur les
besoins exprimés par les patientes.
Le fait que cette étude ait été menée par deux internes en médecine générale nous semble
être un point fort. En effet les deux chercheurs ont sollicité le point de vue des
cancérologues face à une problématique bio psycho sociale qui est un paradigme en
médecine générale, mais semble moins habituel pour les cancérologues, qui sont pour la
plupart focalisés sur des problématiques purement bio- médicales. En effet cela nous a été
confirmé par un des cancérologues interrogés.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
119
«Je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est qu’elle pose des
questions atypiques à mon sens. En tout cas atypiques dans…, pour un
cancérologue qui a l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en
cancérologie. Parce que justement la question qui…, la thématique est une
thématique qui n’est pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est
l’optimisation du traitement des patientes. Là on est sur un versant plus sociétal,
qui fait évidemment partie de la qualité du service proposé aux patientes atteintes
de cancer, mais qui ne fera jamais les gros titres d’un compte rendu de l’ASCO ou
de l’ESMO, parce qu’on n’est pas directement dans la thérapeutique. »
(ONCO_MED_10)
La construction de la problématique dans un paradigme bio psychosocial, et la conduite
des entretiens par de futurs médecins généralistes ont permis le questionnement et
l'expression des cancérologues sur des thématiques dans le champ psychologique, social et
professionnel. L'exploration de ce registre en décalage avec leurs préoccupations
habituelles les plus prégnantes dans le champ de la thérapeutique n'aurait probablement pas
été possible avec un interlocuteur cancérologue. À ce titre, nous pensons que la conduite de
l'étude par des internes en médecine générale et la confiance qui leur a été faite par les
participants doivent être considérées comme des forces de l'étude.
Liées à la méthode
Notre méthodologie s’est appliquée à respecter les critères de rigueur communément admis
en recherche qualitative (65). L’échantillonnage théorique a procédé à la fois en cascade
(ou « boule de neige ») pour identifier des participants et de façon intentionnelle pour les
choisir dans les trois catégories différentes de médecins spécialistes en cancérologie
(oncologues, chirurgiens, radiothérapeutes). Il s’agissait d’une des forces de l’étude car les
informateurs clés choisis répondaient bien aux critères de rigueur de méthodologie
qualitative : motivation pour la participation à l’étude, expérience dans le domaine et
capacité d’expression. D’autre part, l’élaboration de l’arbre de codage nous a permis de
coder nos données pour ensuite les catégoriser en tableaux de synthèse.
Une autre force méthodologique de l’étude était d’annoncer aux participants
l’anonymisation au début de l’entretien ce qui facilitait une expression libre.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
120
La réalisation de cette thèse en binôme a permis de renforcer la fiabilité de l’étude du fait
de la triangulation tout au long de ce travail. En effet une triangulation a été réalisée entre
les chercheurs et leur directeur de thèse pour l’élaboration du guide d’entretien, de l’arbre
de codage et de la grille de synthèse. Il en a été de même pour l’analyse des résultats. A
noter que le guide d’entretien a évolué au cours de la phase de recueil des données pour
répondre au mieux aux objectifs de l’étude. D’autre part, les chercheurs ont tenu un carnet
de bord avec des notes de terrain, qui ont permis de contextualiser les résultats.
La réalisation d’une séance de retour au terrain en présence de deux cancérologues, dont
un non interrogé dans l’étude, a permis la validation des résultats ce qui a renforcé leur
validité interne.
Liées aux résultats
Notre méthode d’échantillonnage a permis d’obtenir un échantillon équilibré. La
répartition des participants selon : le lieu d’exercice (entre le CHU, le centre de lutte contre
le cancer, et les centres privés), la catégorie professionnelle, le genre et l’âge des
participants, était assez bonne.
L’intérêt principal de cette étude est d’avoir mis en évidence des résultats originaux, non
attendus par les chercheurs initialement. De plus, nos résultats ont confirmé les hypothèses
de recherche émises initialement.
D’autre part, la collaboration entre médecin généraliste et cancérologue est insuffisante
cela probablement par méconnaissance du rôle professionnel du médecin généraliste par le
cancérologue. Enfin ces résultats permettent d’avoir une première vision sur les pratiques
professionnelles des cancérologues concernant le retour au travail des patientes.
2.2. Faiblesses
Liées à la question de recherche
Notre question de recherche visait à recueillir la vision des cancérologues concernant les
besoins des femmes. Or, notre impression est que certains cancérologues que nous avons
interrogés n’étaient pas tout à fait à l’aise pour identifier certains besoins de leurs patientes,
en lien avec le travail. Quand des besoins étaient identifiés, les médecins exprimaient être
en difficulté pour y répondre.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
121
Liées à la méthode
Une des limites de l’étude sur le plan méthodologique était que les chercheurs étaient
novices dans les techniques d’entretien semi-structuré et ont probablement, de ce fait,
influencé partiellement les réponses de leurs interlocuteurs. Nous avons par ailleurs
remarqué que la qualité des entretiens s’est améliorée au fil du recueil. D’autre part, les
conditions n’étaient pas toujours propices. Les cancérologues avaient parfois des
contraintes professionnelles qui les obligeaient à répondre au téléphone lors de l’entretien
ou à écourter celui-ci par contraintes de temps.
L’analyse selon l’approche de la théorisation ancrée a été imparfaite. Le principe de recueil
avec analyse simultanée des données n’a pas toujours pu être respecté. En effet, la
codification et la catégorisation des données n’ont pas pu être réalisées dans la suite
immédiate des entretiens pour plusieurs raisons. La première étant la sous-estimation par
les chercheurs du délai de retranscription. La deuxième étant l’interruption inattendue et
prolongée du recueil des données par l’un des chercheurs, pour raisons personnelles. Il en a
résulté un décalage du recueil des données entre les deux chercheurs ce qui ne permettait
pas une triangulation immédiate. Cela a donc retardé la catégorisation de l’ensemble des
données ainsi que leur analyse.
Une limite possible de l'étude tient à la formulation des questions du guide d'entretien qui
ont pu poser des problèmes de compréhension auprès des répondants au début de l'étude.
Nous avons partiellement corrigé cette limite en soumettant notre guide d’entretien à la
validation d’un expert (investigateur de FASTRACS différent de notre directeur de thèse).
D’autre part, au début du recueil, le guide d’entretien de l’étude, ne ciblait pas
suffisamment notre question de recherche principale. Cela a été en partie corrigé par l’ajout
de questions à l’issue des deux premiers entretiens.
Il est possible que nos résultats aient été biaisés par l’effet du chercheur sur le site. En
effet, nous sommes deux médecins généralistes en formation. Les médecins interrogés
connaissant notre spécialité, mesuraient probablement leurs propos quant aux médecins
généralistes. D’autre part, nous pensons qu’il y a également eu un effet du site sur le
chercheur. Un des chercheurs était personnellement affecté par une problématique de santé
au moment du recueil, et a pu inconsciemment influencer le discours des médecins
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
122
interrogés. Cela a été contré par la rédaction de notes de terrain, et la prise en compte de
celles-ci dans l’analyse des résultats.
Liées aux résultats
Le nombre d’entretiens réalisés a été proposé initialement par les chercheurs et leur
directeur de thèse, par contraintes de faisabilité de l’étude. En effet, il a été noté, dès le
début de l’étude qu’il serait compliqué de recruter vingt cancérologues pour des entretiens
d’environ quarante-cinq minutes du fait du manque de disponibilité de ces médecins.
D’ailleurs, le recrutement par courriel a parfois nécessité plusieurs relances, certains
médecins n’ont pas répondu. La réalisation du nombre prévu d’entretiens s’est déjà révélée
ambitieuse, et les chercheurs n’ont de ce fait pas pu réaliser d’entretiens supplémentaires.
Malgré cela, nous avons rapidement atteint la saturation des données en ce qui concernait
notre objectif secondaire (lien entre les cancérologues et les médecins généralistes). Quant
à notre objectif principal, il n’apparaissait pas de données innovantes durant les derniers
entretiens.
Les chercheurs ont remarqué que les résultats les plus marquants n’étaient pas forcément
en lien direct avec les questions prévues par le guide d’entretien. Ceci est le propre des
études de recherche qualitative permettant aux chercheurs de découvrir des résultats non
prévus par leurs hypothèses initiales, et cela permet d'ouvrir des pistes de recherche pour
des études futures.
3. Retombées
3.1. Pratiques
Les cancérologues disaient fréquemment orienter les patientes vers le médecin du travail,
oralement ou de façon informelle. Il nous semblerait utile, au vu de nos résultats, et sous
réserve de l’accord des patientes, d’ancrer cette demande par écrit au moyen d’un courrier
adressé au médecin du travail, ce qui se rapprocherait de la démarche qu’ils ont
habituellement avec les autres médecins (chirurgiens, oncologues médicaux,
radiothérapeutes, médecins généralistes) prenant en charge ces patientes. Cela permettrait,
d’inclure le médecin du travail dans le protocole de soins des patientes, et d’améliorer la
prise en charge globale de celles-ci.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
123
Nous avons constaté que les cancérologues connaissaient peu le rôle du médecin du travail,
en particulier en ce qui concerne le partage du secret professionnel. Il serait important de
rappeler aux cancérologues qu’il est tout à fait possible et souhaitable qu’ils transmettent
les informations médicales concernant les patientes au médecin du travail. Il est important
d’insister sur le fait que ce partage doit se passer en accord avec les patientes, et que les
informations transmises doivent être restreintes aux informations nécessaires à la reprise
du travail. Il est à rappeler que ce partage d’informations doit toujours être réalisé dans
l’intérêt des patientes. Ces rappels pourraient se faire au moyen de formations « sur
mesure » pour les cancérologues pour leur permettre de mieux aider les femmes dans leurs
démarches de reprise du travail. Ces formations comprendraient des rappels sur le rôle du
médecin du travail, sur les bénéfices de la visite de pré-reprise ainsi que sur l’ensemble des
démarches aidant les femmes à faire valoir leurs droits en ce qui concerne le retour au
travail.
D’autre part, il serait intéressant de proposer aux cancérologues un parcours standardisé
pour rentrer en contact avec le médecin du travail, particulièrement pour les patientes pour
qui l’arrêt de travail se prolonge de façon inattendue après la phase de traitement (au delà
d’un an après la fin de la radiothérapie). Actuellement, en dehors d’une minorité de
patientes adressées en visite de pré-reprise, il n’est pas proposé de façon systématique à ces
femmes de rencontrer le médecin du travail, tant que la démarche de reprise n’a pas été
entamée par la patiente elle-même. Les cancérologues devraient être en mesure de
proposer une rencontre systématique avec le médecin du travail tout en rassurant la
patiente sur les intérêts de cette visite de pré-reprise prévue par le code du travail. Celle-ci
serait dans l’optique d’anticiper la reprise, sans forcément l’envisager immédiatement. Les
cancérologues devraient pouvoir s’assurer de la prise de contact entre la patiente et la
médecine du travail, avant de prolonger les arrêts de travail. Il en va de même pour les
médecins généralistes.
Un autre résultat marquant de notre étude était la sous-estimation du lien entre le syndrome
dépressif et l’absence de reprise du travail. Ce résultat est discuté dans la littérature. Il a été
également abordé lors de notre « focus groupe » de retour au terrain avec les
cancérologues. Ils avaient un avis partagé sur le sujet. Un des médecins constatait que la
vaste majorité de ses patientes, n’ayant pas repris le travail, présentaient un syndrome
dépressif. Le second cancérologue ne mettait pas en évidence ce résultat dans sa pratique.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
124
Il nous paraît important de rappeler que le syndrome dépressif post-traitement doit être pris
en charge en tant que tel, pour limiter son impact sur la reprise du travail. Il nous
semblerait donc important que les cancérologues s’assurent que ce syndrome dépressif soit
identifié et suffisamment pris en charge. Il en va de même pour le médecin généraliste.
Notre étude a montré que les femmes avaient besoin de l’aval de leur cancérologue pour la
reprise du travail. Or, les cancérologues ne se sentaient pas toujours en mesure de répondre
à cette demande, même s’ils la comprenaient. Il nous semblerait donc utile, comme le
proposait l’un des médecins de notre étude, de mettre en place un outil pratique tel qu’une
grille d’évaluation. Cette grille pourrait comprendre l’indentification de facteurs barrières à
la reprise, qui pourraient être classés en trois catégories de critères :
- liés aux patientes: la dépression, les troubles cognitifs, les douleurs, etc.
-liés à l’environnement familial: le manque de soutien pour la reprise, contraintes
logistiques
-liés à l’environnement professionnel : les exigences importantes du travail sur le
plan physique et/ou cognitif, l’impossibilité d'aménagement du travail, le manque
de soutien social (des collègues et/ou de l'encadrement).
Ce type d’outil pourrait aider les médecins à déterminer la capacité des patientes à
reprendre leur travail dans de bonnes conditions. Il s’agirait d’un outil pratique et
accessible comme le GDS (Geriatric Depression Scale) pour la dépression des personnes
âgées.
3.2. Retombées scientifiques
Notre travail de thèse s'intègre dans le projet FASTRACS dont l'objectif est de développer,
d’implémenter et d’évaluer une intervention pour améliorer le retour au travail dans de
bonnes conditions et le maintien dans l’emploi suite à un cancer du sein. Ce projet repose
sur le protocole de l'intervention mapping dont la première étape est l'évaluation des
besoins auprès des différents acteurs. Notre travail fait partie de la première étape
d'évaluation des besoins perçus par les cancérologues. D'autres études sont en cours pour
évaluer les besoins auprès des patientes, des médecins généralistes, des employeurs, et des
partenaires institutionnels. La comparaison des besoins perçus par les différentes
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
125
catégories d'acteurs permettra d'identifier les points de convergence, et les spécificités. Aux
termes de l'évaluation des besoins, il est prévu par le projet FASTRACS de développer et
de tester une intervention pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l'emploi
après un cancer du sein.
Selon la dernière thèse s’intégrant également dans l’évaluation des besoins du projet
FASTRACS, les femmes semblaient accorder au médecin généraliste un rôle secondaire
dans la problématique de la reprise du travail (63). Les cancérologues de notre étude
attribuaient au médecin traitant un rôle important sans pour autant pouvoir bien le définir.
Une évaluation des besoins auprès des médecins généralistes est actuellement en cours afin
de confronter leur point de vue à celui des patientes et des cancérologues.
D’autre part, nous avons mis en évidence des lacunes de communication entre les
médecins généralistes, les médecins du travail et les cancérologues concernant la
problématique du travail. Il serait donc utile d’évaluer les facteurs barrières à une
communication efficace.
Enfin, nous avons proposé dans la section précédente un outil permettant d’améliorer les
pratiques professionnelles à savoir, une aide pour les médecins afin d’évaluer la capacité
des patientes à reprendre le travail. Il serait donc intéressant de développer et tester ce type
d’outil au moyen d’études scientifiques.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
126
THESE SOUTENUE PAR : KOCHAN Angelika
CONCLUSIONS Le cancer du sein est une maladie fréquente et de bon pronostic. Il est donc crucial de
s’efforcer d’aider les femmes à retrouver une pleine participation sociale après cette
épreuve. Le retour au travail est une attente forte pour la majorité des patientes en activité
au moment du diagnostic.
Nos résultats mettent en évidence certaines notions clés. D’après les cancérologues, les
femmes ont besoin de leur aval pour la reprise du travail. Cette reprise est selon eux
influencée principalement par des facteurs intrinsèques à la patiente tels que la motivation
et un tempérament volontaire. En revanche, le syndrome dépressif réactionnel n’est pas
avancé comme facteur barrière à la reprise pour la plupart des médecins interrogés. Les
cancérologues ont souligné que le traitement par chimiothérapie influence beaucoup le
retour au travail par ses effets secondaires importants et durables, même si les troubles
cognitifs ne sont pas cités systématiquement.
Du fait de ces traitements contraignants il est important, dans le discours des
cancérologues, que des adaptations puissent être proposées aux patientes, autant sur le plan
professionnel que thérapeutique. Les discussions des cancérologues avec leurs patientes
sur la question du travail suscitent chez eux des interrogations quant au moment propice et
la bonne manière d’aborder cette problématique pour laquelle ils sont en difficulté pour
conseiller leurs patientes. A l’issue de ces discussions, il est noté que la reprise à temps
partiel thérapeutique est une mesure jugée utile par les cancérologues pour faciliter le
retour au travail des femmes après un cancer du sein.
Cette étude constate un manque de communication entre les cancérologues et les médecins
généralistes, mais aussi avec les autres acteurs que sont les médecins du travail et les
acteurs paramédicaux. Ce manque de communication est probablement le reflet d’une
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
127
méconnaissance des rôles professionnels respectifs des médecins intervenant dans la prise
en charge de ces patientes. Malgré cette méconnaissance, les cancérologues s’accordent
pour la plupart sur le rôle important du médecin généraliste dans cette problématique. De
nouveaux travaux de recherche sont nécessaires pour préciser les modalités concrètes de
cette collaboration nécessaire entre les cancérologues, les médecins généralistes, les
médecins du travail et les autres acteurs pour faciliter le retour au travail après un cancer
du sein.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
128
THESE SOUTENUE PAR : Mme. GASPAROUX Clémentine (Epouse JORDAN)
(en binôme avec Mme KOCHAN Angelika)
CONCLUSIONS Le cancer du sein est une maladie fréquente et de bon pronostic. Il est donc crucial de
s’efforcer d’aider les femmes à retrouver une pleine participation sociale après cette
épreuve. Le retour au travail est une attente forte pour la majorité des patientes en activité
au moment du diagnostic.
Nos résultats mettent en évidence certaines notions clés. D’après les cancérologues, les
femmes ont besoin de leur aval pour la reprise du travail. Cette reprise est selon eux
influencée principalement par des facteurs intrinsèques à la patiente tels que la motivation
et un tempérament volontaire. En revanche, le syndrome dépressif réactionnel n’est pas
avancé comme facteur barrière à la reprise pour la plupart des médecins interrogés. Les
cancérologues ont souligné que le traitement par chimiothérapie influence beaucoup le
retour au travail par ses effets secondaires importants et durables, même si les troubles
cognitifs ne sont pas cités systématiquement.
Du fait de ces traitements contraignants il est important, dans le discours des
cancérologues, que des adaptations puissent être proposées aux patientes, autant sur le plan
professionnel que thérapeutique. Les discussions des cancérologues avec leurs patientes
sur la question du travail suscitent chez eux des interrogations quant au moment propice et
la bonne manière d’aborder cette problématique pour laquelle ils sont en difficulté pour
conseiller leurs patientes. A l’issue de ces discussions, il est noté que la reprise à temps
partiel thérapeutique est une mesure jugée utile par les cancérologues pour faciliter le
retour au travail des femmes après un cancer du sein.
Cette étude constate un manque de communication entre les cancérologues et les médecins
généralistes, mais aussi avec les autres acteurs que sont les médecins du travail et les
acteurs paramédicaux. Ce manque de communication est probablement le reflet d’une
méconnaissance des rôles professionnels respectifs des médecins intervenant dans la prise
en charge de ces patientes. Malgré cette méconnaissance, les cancérologues s’accordent
pour la plupart sur le rôle important du médecin généraliste dans cette problématique. De
nouveaux travaux de recherche sont nécessaires pour préciser les modalités concrètes de
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
129
cette collaboration nécessaire entre les cancérologues, les médecins généralistes, les
médecins du travail et les autres acteurs pour faciliter le retour au travail après un cancer
du sein.
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135
ANNEXES
1. Guide d’entretien Entretiens individuels semi-dirigés portant sur l'expérience des cancérologues sur la
question du travail après un cancer du sein.
Introduction
Présentation personnelle, Présentation de l’étude, Présentation de la confidentialité.
Début de l’enregistrement.
1. Questions pour mieux connaître le mode d’exercice
- Quel (s) type (s) de pathologie (s) prenez-vous en charge principalement?
- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?
- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge ? (Socio
démographique : rural / urbain, cadre / libéral /ouvrier)
-Quel est votre mode de recrutement habituel ?
- Quels sont vos modes d’exercices actuels ?
Privé / public ? Consultation / Activité de service ? Activité universitaire ?
- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?
- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice?
2. Intérêt pour notre étude
Pouvez-vous me dire ce qui vous intéresse dans notre étude ?
Et ce qui vous a encouragé à y participer ?
3. Cancer du sein : généralités
Selon votre expérience, existe-t-il des particularités dans la relation établie avec les
patientes atteintes de cancer du sein, par rapport aux autres types de cancers ?
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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4. Présentation de la ou des situation(s) marquante(s)
4.1. Dans le dernier mail que je vous ai adressé, je vous ai proposé de réfléchir à une
ou deux situations marquantes. Pouvez-vous m’en parler et dans un second
temps m’expliquer pourquoi vous avez choisi de parler de ce cas en
particulier ?
Sachez que pour répondre à cette question vous pouvez prendre une vingtaine de minutes,
car votre récit libre est beaucoup plus intéressant qu’un interrogatoire trop structuré. L’idée
dans la présentation c’est de me décrire tout ce qui vous vient à l’esprit, moi je vous ferai
préciser avec des questions que nous avons dans notre guide, mais l’idée c’est vraiment le
discours libre. Vous pouvez me raconter votre expérience, votre ressenti, ce qui vous a
interpellé, ce qui a été compliqué, comment ça s’est passé concernant la question du
travail.
4.1.1. Que diriez-vous globalement de la relation thérapeutique avec cette
patiente?
*si pas de cas préparé : avez-vous à l’esprit une situation qui pourrait concerner le
sujet du travail chez une patiente que vous prenez en charge pour un cancer du sein.
Les détails techniques du dossier comme le stade exact de la maladie ou la nature
précise de la chimiothérapie ne sont pas les plus importants.
4.2. Concernant la question du travail : poursuivre ou reprendre le travail
4.2.1. Pouvez-vous me dire comment la question de la poursuite ou de la reprise
du travail a été évoquée durant la prise en charge de cette patiente ?
4.2.1.1. A quel moment de la prise en charge ce sujet a-t-il été évoqué ?
4.2.1.2. Qui a évoqué ce sujet en premier ? (la patiente ? Vous ? Un autre
intervenant ?)
4.2.1.3. Qu’est-ce qui a été abordé ?
4.2.1.4. Comment s’est passée cette discussion ?
4.2.1.5. Comment ce sujet a-t-il évolué au cours du suivi ?
4.2.2. Quelle place accordez-vous à l’activité professionnelle de vos patientes dans
votre prise en charge ?
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
137
Si demande de reformulation : Abordez-vous avec vos patientes les questions
professionnelles de façon systématique (de quelle façon ?) ou plutôt au cas par
cas (sur quels critères ?)
4.2.2.1. Y-a-t-il un endroit particulier dans le dossier pour renseigner la
profession de la patiente?
4.3. Les arrêts de travail
4.3.1. De façon globale, quelles ont été les modalités d’arrêt de travail de cette
patiente ?
4.3.1.1. Etiez-vous le premier prescripteur d’arrêt de travail ?
4.3.1.2. Si non : Qui l’a fait ?
4.3.1.3. Si oui : Pouvez-vous me le décrire de façon générale ?
4.3.1.4. Quelle a été la durée approximative de l’arrêt de travail ?
4.3.2. Dans votre pratique, comment se passe habituellement la prescription de
l’arrêt de travail pour les femmes ayant un cancer du sein.
Transition : Nous allons évoquer maintenant les effets des traitements….
4.4. Les effets secondaires des traitements
4.4.1. Selon votre expérience quels sont les éléments qui ont eu un impact (positif
ou négatif) sur les possibilités de travailler pour cette patiente ? (Si la patiente
a déjà repris)
4.4.2. Avez-vous connaissance des effets des traitements ayant eu des
conséquences sur la reprise du travail ou le maintien dans l’emploi de cette
patiente ?
(Selon le répondant : chirurgie / chimiothérapie / radiothérapie / thérapies
ciblées / hormonothérapie)
4.4.3. De façon plus générale, recherchez-vous dans vos consultations de suivi les
effets/impacts/conséquences des traitements sur l’activité professionnelle de
vos patientes ? (types : troubles cognitifs, fatigabilité)
4.4.3.1. À quel moment de la prise en charge ce sujet est-il abordé? (tout de
suite, au moment des traitements ou au moment du suivi ?)
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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4.4.3.2. Concrètement, quelles sont les questions que vous posez à vos
patientes pour analyser les effets des traitements sur leur activité
professionnelle ?
4.4.3.3. Selon vous, quels sont les besoins des femmes ayant eu un cancer du
sein en rapport avec le travail ?
4.5. La reprise du travail
4.5.1. Au cours du suivi, comment abordez-vous la question du travail ?
4.5.2. Pouvez-vous me décrire le contexte de reprise du travail de cette patiente si
cela a été le cas ?
4.5.2.1. Savez-vous si cette patiente a repris son travail ?
4.5.2.2. Dans quelles conditions la reprise du travail s’est-elle faite ?
4.5.3. Pour les patientes qui n’ont pas pu répondre, d’après vous, pour quelles
raisons ces patientes n’ont pas pu reprendre une activité professionnelle ?
4.5.4. D’après votre expérience et de façon plus générale, quels sont les
facteurs qui influencent la reprise du travail chez les femmes ayant eu un
cancer du sein ?
4.5.4.1. Est-ce que, a contrario, vous auriez des exemples de facilitateurs ?/
quels ont été les facteurs facilitant la reprise ?
4.5.5. Est-ce qu’il y a des patientes qui viennent particulièrement vous demander
votre avis concernant leur condition de reprise ?
4.5.6. Avez-vous des exemples de femmes qui n’ont pas souhaité arrêter leur
travail ?
4.5.6.1. Comment avez-vous réagi ?
4.5.6.2. Comment cela s’est-il passé par la suite pour ces femmes ?
4.6. Conclusion
4.6.1. Est-ce que la situation de cette patiente vous semble représentative de celle
des autres patientes ? Pour quelles raisons ?
4.7. Caractéristiques de la patiente Ne pas demander directement ou faire préciser
en fin d’entretien, + /- demander l’accès au dossier médical
Si <40 min d’entretien : Si cela ne vous dérange pas, je vais vous poser quelques
questions pour avoir des informations complémentaires concernant la patiente et sa
prise en charge.
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4.7.1. Quel est son âge, son niveau d’études, sa profession, sa situation familiale,
combien a-t-elle d’enfants et leur âge ?
4.7.2. Le stade de la maladie ?
4.7.3. Prise en charge thérapeutique ?
(Type de chirurgie, de chimiothérapie, de radiothérapie, de thérapies
ciblées, hormonothérapie)
Nous allons passer à la discussion concernant les autres acteurs de la prise en charge.
5. Les acteurs de la prise en charge
(Exemple de transition)Là, nous allons évoquer les interactions entre les différents
intervenants. Nous allons parler des cancérologues, des chirurgiens et des
radiothérapeutes, mais aussi des médecins traitants et des médecins du travail pour savoir
comment ils sont intervenus dans la prise en charge de ces femmes et comment vous
interagissez avec eux de façon plus générale.
5.1. Les autres cancérologues
5.1.1. Dans le cas que nous venons d’évoquer, pouvez-vous me dire si le sujet du
travail a été abordé avec vos confrères (autre que celui à qui on parle) qui
suivaient cette patiente? Au quel cas, comment a-t-il été abordé?
5.1.1.1. Précisions :
Dans quelles conditions l’avez-vous abordé ?
Etait-ce au cours d’une RCP ou plutôt de façon informelle ?
5.1.2. Et de manière générale, vous arrive-t-il de parler de l’activité
professionnelle de vos patientes avec vos confrères cancérologues ?
5.2. Les médecins généralistes
5.2.1. Vous avez évoqué la participation du médecin généraliste
dans le cas que vous venez de citer. Pouvez-vous me décrire plus
précisément son intervention dans cette situation ?
5.2.2. Vous n’avez pas évoqué d’intervention du médecin généraliste dans
cette situation. Est-ce que vous savez s’il est intervenu et si oui comment et
à quel moment?
5.2.3. De façon générale, dans votre pratique, comment intervient le
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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médecin généraliste concernant la question du travail dans ce contexte du
cancer du sein?
5.2.3.1. Dans quelles circonstances ? (à votre demande, à la demande de la
patiente ?)
5.2.4. (Toujours dans le contexte du travail des femmes ayant eu un cancer du
sein, et pas dans le cas présenté) Que diriez-vous globalement de vos
relations avec les médecins généralistes concernant le retour au travail des
femmes atteintes de cancer du sein (en ce qui concerne le travail des patientes
atteintes d’un cancer du sein)?
Pouvez-vous illustrer votre propos par un exemple concret d’un échange que
vous avez eu avec un médecin généraliste ?
5.3. Les médecins du travail
5.3.1. Vous avez évoqué la participation du médecin du travail dans le cas que
nous venons d’évoquer. Pouvez-vous nous décrire plus précisément son
intervention dans cette situation ?
5.3.2. Vous n’avez pas évoqué d’intervention du médecin du travail dans
cette situation. Est-ce que vous savez s’il est intervenu et si oui comment et
à quel moment ?
5.3.3. Et de manière générale, dans votre pratique, comment intervient le
médecin du travail concernant la question du travail dans le contexte du
cancer du sein?
5.3.3.1. Dans quelles circonstances ?
5.3.4. (Toujours dans le contexte du travail des femmes ayant eu un cancer du
sein) Que diriez-vous globalement de vos relations avec les médecins du
travail (en ce qui concerne le travail des patientes atteintes d’un cancer du
sein) ? Pouvez-vous illustrer votre propos par un exemple concret d’un
échange que vous avez eu avec un médecin du travail ?
5.4. Les autres acteurs
Seulement si abordé d’abord par le Médecin cancérologue
5.4.1. Vous avez évoqué la participation du … (IDE, AS, Psychologue…)
dans cette situation. Pouvez-vous me décrire plus précisément son
intervention dans cette situation ?
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5.4.2. Que diriez-vous globalement de vos relations avec les (IDE, AS,
Psychologue…) ?
5.4.2.1. Pouvez-vous illustrer cela par un exemple concret d’un
échange que vous avez eu ?
6. Questions personnelles sur l’interlocuteur
Est-ce que vous avez encore quelques minutes à m’accorder ? Si oui, puis-je me permettre
de vous poser quelques questions d’ordre personnel ?
6.1. Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vous avez choisi cette spécialité ?
6.1.1. Quel aspect de votre travail vous satisfait le plus, personnellement ?
6.2. Quels ont été vos critères de choix pour votre mode d’exercice
(L’institution privée / publique) ?
6.3. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre mode d’exercice ?
6.3.1. Le fait que ce soit du public/privé ?
6.4. Qu’est qui vous plaît particulièrement dans cette institution ?
6.4.1. Pourquoi ici plutôt qu’ailleurs ?
7. Fin d’entretien
7.1. Avez-vous quelque chose à ajouter, d’autres renseignements ?
7.2. Pouvez-vous nous orienter vers un confrère qui serait intéressé par ce sujet et dont
l’expérience pourrait faire avancer notre problématique ?
7.3. Remerciements : Je vous remercie de m’avoir accordé du temps et votre confiance
lors de cet entretien. Je vous remercie également pour votre implication et pour ce
partage d’expériences très enrichissant
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
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2. Arbre de codage Codes Définitions Exemples
1 Patientes L’ensemble des informations concernant les patientes
1.1 Sphère Biologique
Informations recueillies dans le dossier médical de la patiente comprenant : l’âge, les antécédents.
INVEST_8 : " Donc, c’est une dame qui devait avoir assez jeune, cinquante-
deux, cinquante- trois ans"
INVEST_9 : " Elle est née en soixante six cette dame."
1.1.1 Stade de la maladie Etat clinique au moment du diagnostic, stade de la maladie (TNM), détail de la pathologie cancéreuse.
INVEST_8 : " qui est venue en consultation il y a 6 mois pour un cancer du
sein inflammatoire, c'est-à-dire que… un cancer très agressif mais encore
localisé au niveau du sein et des ganglions, qui est en très bon état général à
l’arrivée."
INVEST_9 : " Et surtout que c’était un cancer in situ du sein, donc un truc—.
Pas du tout grave"
INVEST_9 : " Elle était « triple négatif » ce qui est un élément, pas vraiment
favorable." 1.2 Sphère
Psychologique
Traits de personnalité de la patiente. Etat psychologique de la patiente au moment du diagnostic et suite à l’annonce de la pathologie. Etat d’esprit de la patiente concernant sa pathologie. Impact psychologique de la pathologie sur la patiente. Description de la vie normale.
INVEST_8 : “ Et très volontaire”
INVEST_8 : “ Ma patiente qui est une bonne grosse dame très fonceuse”
1.2.1 Image corporelle
Importance de l’image corporelle pour la patiente avant la maladie, femme coquette vs garçon manqué.
INVEST_8 : “ Elle était plus coquette plus sophistiquée que la première, plus
coquette et du coup des longs cheveux et compagnie”
1.3 Sphère sociale Eléments concernant l’environnement social de la patiente de façon générale et plus particulièrement leur impact sur la pathologie.
INVEST_9 : “ « qui est-ce qui vous a le plus soutenu pendant votre maladie ?
» « Et ne rêvons pas, sont (ce) sont ni les médecins ni les associations, ni les
infirmières, ni les psychologues, c’est les proches !”
1.3.1 Conjugale Statut matrimonial. Eléments concernant les relations dans son couple et ses relations intimes au moment de l’annonce du diagnostic ou au cours du suivi. Catégorie générale regroupant toutes les informations sur la vie de couple.
INVEST_8 : " une… divorcée"
INVEST_9 : " Je l’avais vue avec son mari, la première fois, mais après j’ai
jamais revu le mari."
INVEST_9 : "C’est un petit peu comme un couple. Quand, le cancer, quand
on dit que le cancer ça fait divorcer les gens, les maris s’en vont. J’ai envie de
dire, ils s’en vont quand c’était déjà pas très bien avant." 1.3.2 Familiale Eléments concernant le cercle
familial au moment de l’annonce du diagnostic. Nombre d’enfants, de frères et sœurs. Qualité de l’entourage familiale.
INVEST_8 : " qui élevait seule trois gamins dont un qui est assez jeune qui
devait avoir une douzaine d’années"
INVEST_9 : " Une fille qui fait des études de médecine"
1.3.3 Autres relations
Réseau amical et relation sociale en général à l’exception du réseau professionnel.
1.4 Besoins Besoins des femmes de façon générale, concernant le travail, d’après les cancérologues.
INVEST_9 : " Il fallait aussi qu’il y ait une prise en charge psychologique ; il
fallait qu’il y ait une prise en charge nutritionnelle. Ces femmes prennent du
poids, donc il fallait lutter contre cette prise de poids qui est tout à fait
néfaste."
2 Prise en charge Description de l’ensemble de la prise en charge dans le sens le plus global possible.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
143
2.1 Trajectoire de soins Description des soins médicaux. Déroulement des soins, protocoles de prise en charge.
INVEST_8 : " Elle a été opérée, ensuite elle a eu de la chimiothérapie, ensuite
de la radiothérapie et ensuite de l’hormonothérapie."
INVEST_9 : " Moi j’arrive à la fin des traitements, vous savez comment ça se
passe."
2.1.1 Chirurgie Eléments concernant la chirurgie sans parler des effets secondaires.
INVEST_9 : “La chirurgie du sein, ça relève pas d’une maison de repos. C’est
pas des chirurgies suffisamment lourdes.”
2.1.2 Chimiothérapie Eléments concernant la chimiothérapie sans parler des effets secondaires.
INVEST_8 : “ c’était un peu particulier parce qu’en plus au niveau
thérapeutique il y avait un côté excitant à la fois pour moi mais également
pour elle, parce que c’était la première fois qu’on faisait ce protocole de
chimiothérapie enfin de thérapie ciblée qui venait d’être approuvée, qui venait
d’être mise sur le marché, quelque chose de bien tolérée, extrêmement
efficace, que j’étais pas sûr la 1ère fois que je l’ai vue, de pouvoir lui donner
parce que je savais pas, si j’allais avoir le remboursement les machins, tous
les bons trucs qui vont bien, tous les papiers qui vont bien pour pouvoir
délivrer la molécule. Du coup on avait réussi à l’avoir. Ce qui fait qu’il y avait
eu une sorte d’attente de ce côté-là etc , qui s’était finalement bien passée et
finie par un succès ce qui fait que la… Et comme j’avais dû lui expliquer en
plus ce côté, voilà il y a une molécule que je suis pas sûr de pouvoir l’avoir,
que ça dépend un peu des trucs administratifs, que finalement on a pu l’avoir,
donc une attente comblée.”
2.1.3 Radiothérapie Eléments concernant la radiothérapie sans parler des effets secondaires.
INVEST_9 : “ Oui la radiothérapie c’est à la fin, donc moi de toute façon, par
définition, j’arrive le, les deux derniers mois.”
2.1.4 Hormonothérapie Eléments concernant l’hormonothérapie sans parler des effets secondaires
INVEST_9 : " elles ne sont pas toutes récepteurs d’hormones positives, un
traitement hormonal, qui aggrave les symptomatologies."
2.2 Réadaptation Programmes de réadaptations diverses, prise en charge par exemple de la prise de poids, des troubles psycho- socio…
INVEST_8 : “ Ce qu’on discute avec elles c’est éventuellement de les mettre
dans nos filières de réadaptation. Nous c’est avec ETAB_PUBLIC_E avec qui
on travaille surtout. C’est des filières de réadaptation où en espace de deux
trois semaines quoi, ou si il y a besoin de gérer un lymphœdème on gère le
lymphœdème, on fait de la réadaptation à l’effort, il y a de la psychologie, il
y a de la diététicienne, il y a des nutritionnistes et il y a des… j’imagine des
gens tels que les AS qui leur parlent de leur situation sociale”
2.2.1 Activité physique
/Nutrition
Les effets de l’activité physique pendant et après le traitement. Généralités sur l’activité physique ; bienfaits de l’activité physique. Effets d’une prise en charge nutritionnelle, et des variations de poids.
INVEST_8 : “ mais par exemple je vais envoyer notre 1ère dame, je vais
l’envoyer à ETAB_PUBLIC_E. Elle sait pourquoi ? C’est parce qu’elle a pris
quelques kilos et qu’on sait qu’après un cancer du sein il vaut mieux avoir une
activité physique existante importante et que ça diminue le risque de cancer
du sein, donc on insiste beaucoup sur le côté activité physique et nutrition. Et
du coup je l’ai envoyée, mais elle plutôt sur le versant… sur le versant…
activité physique diététique”
INVEST_8 : “ quand je les revois à huit jours, à six mois plus tard et elles ont
perdu quelques kilos parce que je les ai motivées…”
2.2.2 Esthétique Effets d’une prise en charge esthétique sur les effets secondaires des traitements. Effets de la prise en charge esthétique sur le moral.
INVEST_9 : “ ou je trouve qu’elles se sont un peu pomponnées, je sens
qu’elles sont mieux, ça se voit hein”
2.3 Suivi Eléments recueillis au moment du INVEST_9 : “ Je leur demande si elles ont des douleurs…”
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
144
suivi, question posée par le cancérologue au cours du suivi. Déroulement de la consultation de suivi.
INVEST_9 : “ Je leur demande de revoir le chirurgien ou l’oncologue
médical, ça dépend avec qui elles ont un lien plus proche.”
INVEST_8 : “ INVEST_8 : “ Ok, et du coup donc toujours concernant ces
suivis, ces femmes qui viennent vous voir tous les ans, est-ce que à distance
elles évoquent des difficultés dans leur travail consécutives à …”
MED_ONCO_10 : “ Très honnêtement, pas vraiment, c’est des consultations
qui du coup durent quand même moins longtemps c’est des consultations de
suivi. Où le principe fondamental des consultations de suivi est, pour celles
qui sont encore sous hormonothérapie, c’est de gérer l’hormonothérapie avec
les effets secondaires et de faire les réadaptations qui seraient nécessaires ?
Deuxièmement de rechercher les récidives notamment quand on a eu un
cancer du sein d’un côté, vérifier qu’il n’y en a pas un de l’autre etc. Donc
c’est donc des récidives locales. Et on va dire, la thématique de la consultation
n’est pas vraiment centrée autour de la situation sociale des patientes.”
INVEST_9 : “ j’essaie de juger l’intensité des douleurs.”
2.4 Effets secondaires Ensemble des effets secondaires liés au traitement et à la pathologie elle-même, tant sur le plan physique que psychique.
Exemple(s) :
INVEST_9 : “ ils sont déconditionnés physiquement”
2.4.1 Retentissement sur
le travail
Liens directs entre les effets secondaires des traitements et de la pathologie avec le travail.
INVEST_8 : “ Alors, pour ce qui est des traitements je dirais que celui qui
parait le plus évident, c’est pour les femmes qui ont des métiers manuels, c’est
si on leur fait un curage ganglionnaire et qu’elles ont une raideur de l’épaule
ou un gros lymphœdème qui s’installe. Et en plus on leur fait la
recommandation d’éviter de se blesser au niveau des mains. C’est évident que
si jamais il y en a une qui est menuisière ou je ne sais quoi, ce sera
évidemment plus compliqué et parce qu’elle aura en plus cette ambivalence
de : pour travailler elle est obligée d’aller à l’encontre des recommandations
qu’on lui a faites , de se protéger son bras opéré. Donc du coup évidemment
ça logiquement ça peut être un frein,…”
INVEST_8 : “ chimiothérapie c’est une fatigue qui est pas… qui est pas
continue, qui est pas une fatigue installée pareille du jour au jour le jour, ce
qui permet de bien programmer entre guillemets l’adaptation du travail.”
2.4.2 Tolérance des effets
secondaires
Tolérance des effets secondaires sur le plan bio-psycho-social et adhésion au traitement de la part des patientes en fonction des effets secondaires.
INVEST_8 : “ Et cette même hormonothérapie, les mêmes cachets, à la même
dose etc, au stade de maladie potentiellement guérie, donc au stade adjuvant,
… sont très difficiles à supporter”
2.4.3 Fatigue Fatigue d’étiologie multifactorielle : liée à la maladie, liée au traitement, liée à la souffrance morale et liée à la profession, comprenant le déconditionnement physique.
INVEST_9 : “ Mais eu, la fille qui est ouvrière, la fille qui est femme de
ménage, qui est concierge. C’est physiquement fatigant quand même.”
INVEST_8 : “ Oh ben c’est…, c’est la fatigue, ce qui a fait que, parce que
théoriquement c’est une dame qui aurait pu, vu qu’elle avait cette volonté de
travailler.”
INVEST_8 : “ Et du coup je dirais que elle c’est la fatigue en fait, c’est le fait
que…, c’est l’irrégularité de la fatigue. Cette chimiothérapie c’est une fatigue
qui est pas… qui est pas continue, qui est pas une fatigue installée pareille du
jour au jour le jour, ce qui permet de bien programmer entre guillemets
l’adaptation du travail. Là c’est une fatigue qui dépend de…, qui déjà est pas
exactement la même d’une cure sur l’autre et qui est surtout la semaine
suivant la chimiothérapie ensuite ça va un peu mieux, puis on en refait une
etc., ce qui fait que c’est un peu plus compliqué à gérer”
2.4.4 Douleur Douleurs de façon générale excluant les douleurs rhumatologiques et les
INVEST_9 : “Et y’a aussi des conséquences sur le plan de la douleur, y’a pas
mal de du—de patientes qui ont des douleurs, à peu près dans quinze pour
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
145
douleurs liées au lymphœdème. cent des cas, après un traitement, (en) fin quinze à vingt pour cent des cas,
après un cancer du sein.”
2.4.5 Douleur
rhumatologique
Comprenant les douleurs musculo-squelettiques et ostéo-articulaires
INVEST_9 : “ sauf si elles avaient vraiment des douleurs articulaires, et ça
c’est le curage…”
2.4.6 Lymphœdème Eléments concernant le lymphœdème secondaire ou curage ganglionnaire
INVEST_8 : “ C’est si on leur fait un curage ganglionnaire et qu’elles ont une
raideur de l’épaule ou un gros lymphœdème qui s’installe.”
2.4.7 Ménopause induite Eléments secondaires à la ménopause induite : Syndrome climatérique, sécheresse vaginale et cutanée
INVEST_8 : " Ou si elles ne le sont pas, nous on les ménopause ; et en plus
on leur donne un traitement, pour la plupart d’entre elles, pas toutes, elles ne
sont pas toutes récepteurs d’hormones positives, un traitement hormonal, qui
aggrave les symptomatologies."
2.4.8 Prise de poids
Eléments liés à la prise de poids en tant qu’effet secondaire, sans évoquer la prise en charge de cette prise de poids.
INVEST_8 : “ Parce qu’elle a pris quelques kilos”
INVEST_9 : “ On est jamais contente de prendre cinq kilos. Je n’ai rarement
vu de femme contente.”
2.4.9 Troubles cognitifs Trouble de mémoire et trouble de la concentration.
INVEST_9 : “ Elle me dit que, comme j’ai entendu plusieurs fois, « je n’ai
plus qu’un neurone. » L’autre jour elle m’a dit, « j’ai qu’un demi cerveau »”
INVEST_9 : " C’est plutôt des troubles cognitifs, plutôt sur le long terme que
dans l’immédiat."
INVEST_9 : " bah vous savez, les… la chimio peut donner des troubles
cognitifs hein."
2.4.10 Image corporelle
Description des effets secondaires esthétiques. Troubles des phanères, pâleur, peau sèche, cicatrisation, tumorectomie, lésion cutanée liée à la radiothérapie sans évoquer la prise en charge de ces effets secondaires.
INVEST_8 : “ Après au niveau, elles honnêtement au niveau, il y a des
patientes qui seraient plus gênées par le côté : je suis malade tout le monde va
me regarder comme un zoo, elle, c’était pas son cas. Bon c’est sûr que ça
arrive le fait de perdre les cheveux d’être pâle, d’avoir les sourcils à moitié
dégommés, enfin pour certaines, d’avoir les ongles qui cassent etc… C’est…
Forcément c’est…Il y a des gens qui n’aiment pas se mettre en scène et qui
vivront mal, je pense, qui d’ailleurs vivent mal et elles restent un peu cloitrées
chez elles. Elles ont cette volonté de ne pas se faire voir malades, donc dans la
même situation, mais là c’était pas trop le cas de ma patiente”
2.4.11 Sexualité Retentissement de la modification de l’image corporelle dans la sexualité. Impact de la maladie sur la vie de couple. Quand le sujet de la sexualité est évoqué lors du suivi.
INVEST_9 : " je leur parle aussi de leur vie sexuelle."
2.5 Relation médecin-
patiente
Description de la relation entre les cancérologues et les patientes, de leur particularité, de leur singularité, par rapport à d’autres cancers.
INVEST_9 : “ Oh moi, moi mon ressenti, mais on, toutes les deux, on y est,
c’était, parfait, enfin c’était parfait, la relation ce qu’elle était, était…
normale.”
2.5.1 Implication
émotionnelle
Emotions et notions affectives mises en jeu de la part des patientes et des cancérologues au sein de la relation.
INVEST_8 : “ Du coup je peux… il y avait eu déjà beaucoup d’explications
et quand ça se finit bien, et du coup une relation qui était sympa je pense
qu’elle m’aimait bien cette dame. Elle a un peu l’impression que je me suis
battu pour elle, du coup je pense qu’elle… que c’était une relation qui était
positive des deux côtés.”
2.5.2 Divergence
médecin-patiente
Divergence de point de vue et de priorité entre la patiente et le cancérologue.
INVEST_8 : “Ce que je lui ai dit c’est que, parce que mon but à ce moment-là
il y avait un, encore une fois, il y avait un traitement urgent à débuter, donc
mon but n’était pas de passer cette 1ère consultation de cancérologie face à un
cancer du sein inflammatoire, à parler de son travail, qui est vraiment une
problématique à ce moment-là en tout cas secondaire”
2.5.3 Confiance Confiance mutuelle entre patientes et INVEST_9 : “ Mais par contre, de temps en temps, je n’ai pas confiance dans
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
146
cancérologues Comprend aussi les problèmes de confiance dans la relation.
mes malades, sur ce qu’ils me racontent. D’accord?”
3 Cancérologue Ensemble des éléments concernant le médecin prenant en charge les patientes atteintes de cancer du sein, à savoir les oncologues médicaux, les radiothérapeutes, les chirurgiens.
3.1 Histoire personnelle Critères de choix de la spécialité et du mode d’exercice. Description du parcours professionnel.
INVEST_8 : “ Alors je dirais, que premièrement il me fallait une… une vraie
spécialité médicale, où…où c’est compliqué quoi, où il y a des
problématiques toujours un peu différentes toujours complexes. La
cancérologie n’est certainement pas la seule et certainement probablement pas
la meilleure des spécialités pour la complexité, parce qu’il y a la médecine
interne qui est bien mieux pour ça. Mais ça reste une spécialité où il y a un
nombre de situations différentes colossales où il y a absolument pas dans
l’abattage quoi, puisqu’il y a énormément de cas individuels qui se traitent de
façons vraiment très différentes.”
3.2 Conviction
personnelle
Ressenti / avis des cancérologues sur des sujets clés.
INVEST_9 : «On est malade mais on reste quand même un adulte et pas un—
on retombe pas en enfance » (P21)
3.2.1 Intérêt pour l’étude
Raison de la participation des cancérologues à cette étude, intérêt pour le sujet et critères de choix pour le cas.
INVEST_8 : “ Forcément je vais faire une réponse un peu bizarre. Eh
(silence) disons que, je pense que ce qui est intéressant dans cette étude, c’est
qu’elle pose des questions atypiques à mon sens”
3.2.2 Intérêt pour
l’associatif
Exposition de l’intérêt des cancérologues pour le monde associatif si c’est le cas.
INVEST_9 : “ c’est la raison pour laquelle j’ai monté le programme
PROG_A”
3.2.3 Vie normale Définition de «la vie normale » du point de vue du cancérologue et du point de vue des patientes, d’après le cancérologue.
INVEST_9 : “ « Tout au moins ordinaire » pour ne pas dire « normale » parce
que je ne sais pas ce qu’est une « vie normale » ou « une vie anormale. »”
3.2.4 Solution Solution proposée par le cancérologue pour répondre aux besoins des femmes concernant le travail, ou objectifs.
INVEST_9 : “ Trouver un système comme un SAS de décompression”
3.2.5 Problème Problèmes soulevés par le cancérologue concernant la question du travail ou de façon générale
INVEST_9 : “ Sauf cas particulier, problème. Quand il y a problème souvent
c’est des problèmes graves”
3.2.6 Comparaison Comparaison avec d’autres situations de vie donnée par le cancérologue. Type : grossesse, lombalgie.
INVEST_8 : “ c’est si on a mal au dos soit on est coincé chez soi et rien à
faire et on se concentre sur le mal de dos, soit on a plein de trucs à faire et on
n’y pense plus quoi.”
3.3 Pratiques
professionnelles
Description des pratiques professionnelles, du type de population traitée, du pourcentage de cancer du sein.
INVEST_9 : « Ma patientèle : soixante-quinze pour cent. » INVEST_9 : « Par
contre moi, moi j’insiste vraiment pour qu--- qu’elles, parce qu’on parle de
femmes, revoient leur médecin du travail, par contre. » (25)
3.3.1 Dossier médical Place de la profession dans le dossier médical.
INVEST_8: “ Oui on le note systématiquement dans les mots de 1ère
consultation dans le mode de vie avec, à côté de mariée trois enfants, on met
la profession.”
3.3.2 Interaction avec le
médecin traitant.
Description de l’interaction des cancérologues avec le médecin traitant concernant la question du travail, ou absence d’interaction.
INVEST_8 : “ C’est un problème assez général. C’est que quand même les
patientes en traitement actif ont tendance, et ça on essaye beaucoup de lutter
contre cette tendance mais…, et c’est encore plus vrai pour les phases
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
147
métastatiques, ont tendance à nous substituer à leur médecin généraliste.
Parce que les gens se disent je vois un médecin tous les mois ou machin, quel
intérêt d’aller voir un autre médecin. Ce qui est… ce qui est nul bien
évidemment, encore plus nul pour les phases métastatiques. Parce que du
coup l’adjuvant on va dire que ça dure en moyenne six mois donc why not, et
après elles retournent voir leur médecin généraliste why not. Mais mais….
Mais à la phase métastatique du coup elles restent métastatiques toute leur vie,
c’est… on insiste beaucoup pour qu’elles revoient leur médecin généraliste,
mais forcé force est de constater que, il y en a beaucoup qui n’y retournent
jamais.”
INVEST_9 : “ On interagit pas. De temps en temps moi, j’ai j’ai des médecins
généralistes que j’appelle, et qui m’appellent, pour des … mais c’est pour
des…. Mais c’est pour des problèmes médicaux.”
3.4 Culture
professionnelle
Vision des cancérologues sur leur rôle professionnel, et sur leur culture professionnelle. Implication du cancérologue dans la reprise du travail de leur point de vue.
INVEST_8 : “ En tout cas atypiques dans…, pour un cancérologue qui a
l’habitude de… de baigner dans un milieu de recherche en cancérologie. Parce
que justement la question qui…, la thématique est une thématique qui n’est
pas directement celle qu’on aborde quotidiennement, qui est l’optimisation du
traitement des patientes”
INVEST_9: “ c’est comme les gens qui font du SAMU parce qu’ils savent
qu’ils vont pas faire de la bobologie” 4 Travail
Ensemble des éléments concernant le travail.
4.1 Sphère
professionnelle
Environnement professionnel, avant la maladie. Ambiance entre collègues, ainsi qu’avec la hiérarchie. Soutien au travail.
INVEST_9 : " Oh c’était un travail de bureau, secrétariat, enfin je n’sais pas.
Et vous savez, c’était un travail de bureau, ce n’était pas un travail physique."
4.1.1 Niveau socio-
économique
Classe socio-économique : cadre, employé, ouvrier, libéral. Niveau d’études de la patiente.
INVEST_8 : “ C‘est une dame qui était dans l’administratif du BTP »
INVEST_9: “ Les cadres, ceux qu’ont quand même des belles situations, par
exemple, (tu) vois, j’ai traité récemment une fille qui était DRH chez
LABO_A, elle s’est même pas arrêtée de travailler, vous voyez, alors qu’elle
était salariée hein.”
4.1.2 Importance du
travail
Importance du travail pour les patientes au sens général au moment du diagnostic et au moment de la reprise. Et importance du travail dans la vision des cancérologues.
INVEST_8 : « Mais c’est une patiente qui dès le début m’a tenu un discours,
presque avant même que l’on parle de sa maladie, qui pourtant nécessite un
traitement urgent, m’a tenu un discours sur le fait que son travail était
extrêmement important qui fallait pas que je me mette entre elle et son travail,
parce qu’elle en avait besoin pour faire vivre sa famille, qu’elle avait un foyer
à entretenir tout ça, et du coup qu’il fallait qu’on essaye de la remettre en selle
le plus vite possible. »
INVEST_9 : « c’est quand même, c’est vraiment important donc… » (P10).
4.1.3 Rémunération Problème de prise en charge / rémunération au moment de la maladie
INVEST_9 : “ Le patron n ‘a jamais renvoyé les arrêts de travail à la sécurité
sociale"
5 Reprise du travail Eléments concernant la reprise de travail.
INVEST_9 : « je les interroge toujours sur leur reprise du travail »
5.1 Bénéfice du travail Bénéfice du travail de façon générale et bénéfice lié à la reprise après un arrêt.
INVEST_9 : “ Moi je trouve qu’on tire quand même un bénéfice de travailler,
indépendamment du…”
INVEST_9 : “ Oui bien sûr, donc, l’activité professionnelle, vous y accordez
une grande place…? MED_RADIO_2 : « Bah c’est important. Hmm. Enfin,
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
148
moi j’ai travaillé toute ma vie, même s’il y a des jours ou j’en ai ras-le-bol, je
n’ai pas envie de partir à comme tout le monde à huit heures du matin. »”
5.1.1 Physique Bénéfice sur le plan physique.
5.1.2 Psycho-social Bénéfice sur le plan psychique et maintien de liens sociaux.
INVEST_8 : “ des idées très arrêtées dans un sens positif c'est-à-dire : « Moi
je veux reprendre mon travail très rapidement ! » Soit parce que : « C’est ma
vie je veux reprendre mon travail ! C’est la vie c’est, ce n’est pas pour ça que
je me suis fait traiter mais je veux guérir et la guérison c’est aussi reprendre le
travail. »”
5.1.3 Economique Bénéfice financier de la reprise. INVEST_9 : “ même si vous n’avez pas de satisfaction personnelle, même si
vos collègues de travail ne sont pas très sympathiques, à la fin du mois vous
avez un chèque, là. Et ce chèque, bah c’est quand même un remerciement, qui
vaut…”
5.2 Problèmes de la
reprise
Problématiques liées à la reprise du travail tant sur le plan du travail que sur le plan de l’organisation de la vie autour du travail. Exemple de reprise difficile.
NVEST_9 : " Mais on n’avait pas prévu de travail, on pensait que t’allais
récidiver”
INVEST_9 : " Et surtout je n’avais pas de travail. J’avais rien. Parce que le
travail que je faisais avait été repris par quelqu’un d’autre et moi je n’avais
rien.”
INVEST_9 : " Elle a repris son travail dans des conditions parfois un peu
difficiles, alors qu’elle était très soutenue pendant sa maladie. On sent que son
retour au travail a été un peu compliqué.” 5.2.1 Précarité
Problèmes liés à la précarité de l’emploi. Exemple : chômage, situation instable (intérim), travailleur indépendant.
INVEST_9 : “ qu’on tombe dans un domaine de, de la limite avec la précarité.
Ça c’est autre chose.”
INVEST_9 : “ je me disais, « Mais elle va s’en sortir comment pour vivre ? »”
5.2.2 Modification de
l’emploi
Modification du poste pendant l’arrêt maladie, nécessité de s’adapter au moment de la reprise ou changement de l’emploi.
INVEST_9 : « d’une part je n’avais plus de bureau, on m’avait déplacée, on
m’avait mis dans un espèce d’open space. »
5.2.3 Retentissement
psychologique
Retentissements psychologiques négatifs, sur la patiente, des problèmes liés à la reprise.
INVEST_9 : « Donc on va ; elle va, elle va mo—elle va faire autre chose, ça
avait l’air de la un peu préoccuper. »
5.3 Préparation de la
reprise
Comment les cancérologues préparent les patientes à la reprise ou comment les patientes se sont préparées elles-mêmes à la reprise. Conseil reçu par les patientes de façon générale concernant leur retour au travail. Préparation avant la reprise.
INVEST_9 : « il faut travailler auprès des patients pour qu’eux-mêmes se
préparent pour se trouver après à reprendre leur travail. »
INVEST_9 : « Moi je dis à mes malades aussi: « Attention, ah, préparez
vous, vous même à reprendre votre travail. Est-ce que vous êtes prêts à le
reprendre »
5.4 Réadaptation au
travail
Comment les patientes se sont réadaptées à leur poste, au moment de la reprise
INVEST_9 : « mais au onzième jour, vous êtes là, vous travaillez, donc vous
êtes comme tout le monde. Vous travaillez. »
5.5 Facteurs
influençant la
reprise
Facteurs ayant une influence positive ou négative sur la reprise du travail, comprenant le soutien des collègues /de la hiérarchie
INVEST_9 : « Motivation »
INVEST_9 : « quand vous êtes pas salariée et que vous avez rien du tout, du
moins un petite assurance personnelle, et bien vous reprenez un peu plus vite
votre travail »
5.6 Reprise non
abordée
Cas où les cancérologues nous disent ne pas avoir parlé de la reprise avec leurs patientes, et/ ou ne pas savoir du tout comment ça s’est passé. Cas où la patiente informe le cancérologue sans solliciter son avis sur la question du travail.
INVEST_8 : «Oui… absolument, elle gère sa vie oui. »
INVEST_8 : « Ok. Et du coup elle, est-ce que de façon récurrente, elle parle
de son travail, ou finalement elle gère et elle vous en parle plus. »
MED_ONCO_10 : « Non, elle gère »
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
149
5.7 Temps partiel
thérapeutique
Cas où les patientes ont pu reprendre à temps partiel thérapeutique. Les bénéfices du temps partiel thérapeutique pour la patiente. Les retours d’expériences sur le temps partiel thérapeutique
INVEST_9 : “ Mais certaines font PROG_A en travaillant à mi-temps.”
5.8 Echange entre les
cancérologues
Place du sujet du travail dans les interactions des cancérologues entre eux.
INVEST_9 : " Bah, on aborde du travail, dans le sens où, on leur informe du
métier de la patiente. C’est à dire, on dit, « Bah oui, tiens, en plus, cette dame
elle fait tel métier. »"
INVEST_8 : " Et quelquefois les malades nous disent : « Ah ben justement
docteur je voulais vous en parler, oui alors comment ça se fait ? Comment ça
se fait ? »Et des dames ne, ne, oui ne savent pas … »"
5.9 Echange avec les
patientes Place du sujet du travail dans les interactions entre les cancérologues et les patientes.
INVEST_8 : " Alors, si vous voulez échanger avec les malades sur ce sujet, ce
sont des échanges pratiquement permanents, en sachant que les malades ne
prennent pas forcément bien le commentaire. Mais c’est peut-être moi, si vous
voulez dont le discours est très mal rodé, mais je suis très sincère ! Mon
discours est très très mal rodé sur cette thématique de la reprise de l’activité
professionnelle."
INVEST_8 : " Et quelquefois les malades nous disent : « Ah ben justement
docteur je voulais vous en parler, oui alors comment ça se fait ? Comment ça
se fait ? »Et des dames ne, ne, oui ne savent pas … »"
5.10 Absence d’échange Cas où les cancérologues ne parlent du travail avec aucun des autres intervenants, à l’exclusion du médecin traitant (qui est dans une autre catégorie).
INVEST_9 : « Dans les RCP ? Jamais. » (plus loin) : « Une fois que le
traitement est lancé, on ne va pas reparler du t— Dans les RCP, on parle
jamais de la reprise du travail. »
INVEST_9 : «C’est vrai que ce n’est pas, un sujet. »
5.11 Médecin généraliste
et travail
Implication/rôle professionnel du médecin généraliste concernant la question du travail du point de vue du cancérologue. Ne sont pas attendus dans cette catégorie les verbatims concernant les échanges.
INVEST_9 : « Est-ce que vous savez si le médecin généraliste est intervenu
concernant la question du travail ? RP: Je sais pas du tout. Je n’sais pas
répondre à la question. Je n’sais même plus qui c’était son médecin, j’ai son
nom là, connais pas spécialement, il s’appelle X comme moi, mais c’est tout.
»
5.12 Médecin du travail
et travail
Implication/rôle professionnel du médecin du travail concernant la question du travail du point de vue du cancérologue. Interaction du médecin du travail avec le cancérologue.
INVEST_9 : « moi je dis que c’est important. Parlez en à votre médecin du
travail. » (P21)
INVEST_9 : « Moi j’insiste vraiment pour qu—elles (…) revoient
leur médecin du travail »
INVEST_9 : « En leur disant, « Le médecin du travail, il a un rôle important,
il va vous aider, pour reprendre votre travail, et juger si par rapport à votre
activité physique, » (25)
5.13 Assistante sociale et
travail
Implication/rôle professionnel de l’assistante sociale concernant la reprise du travail du point de vue du cancérologue et rôle professionnel de façon générale. Interaction de l’AS avec le médecin cancérologue.
INVEST_9 : « mais là je vais intervenir l’assistante sociale »
INVEST_9 : « Ah bah oui.. ah bah oui.. ah bah c’est indispensable une
assistante sociale. Ah bah c’est elles qui connaissent le… »
6 Arrêt de travail Eléments concernant l’arrêt de travail en général.
INVEST_9 : « Alors bon, effectivement, le travail, c’est peut-être pas, si on se
centre sur le travail, beaucoup de patientes ne travaillent pas, ça c’est très
clair, la la grande, très grande majorité ne travaillent pas. »
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
150
6.1 Description de
l’arrêt de travail
Comment se passe la prescription d’arrêt de travail du point de vue du cancérologue comprenant les prescriptions d’AT des autres intervenants médicaux.
INVEST_9 : « Voilà, et en plus, je sais que quand c’est moi qui les signe, ils
ont pas de contrôle, ça les met un peu à l’abri de tout… »
6.1.1 Intérêt de l’AT Nécessité de l’AT pour les patientes, ce qu’apporte l’arrêt de travail aux patientes.
INVEST_9 : « Je pense que… qu’on garde des relations avec son travail et
cetera, mais on prend du temps, pour soi pour .... voilà. Pour s’occuper de
soi. »
6.1.2 Durée de l’AT Durée et temporalité de l’arrêt de travail.
INVEST_9 : « Je leur donne un mois d’arrêt. »
6.2 AT prolongé Conséquences d’un AT prolongé. Démarches administratives compliquées pouvant mener à une invalidité. Cas où le patient ne peut pas reprendre l’activité.
INVEST_9 : « Et quand vous avez été en dehors de votre arrêt de t-- enfin de
votre travail, vous êtes déconnectés, vous avez de la peine à vous remettre
dedans.»
6.2.1 Bénéfice secondaire Bénéfice secondaire de l’arrêt prolongé pour le patient. Arrêt abusif à la demande du patient et / ou à l’initiative du médecin.
INVEST_9 : «Je veux dire par là, que de temps en temps, je me dis, « Est-ce
qu’ils essayent pas de me rouler? »
6.3 Maintien d’activité
professionnelle
Maintien d’activité professionnelle pendant la prise en charge : quand les patientes ne veulent pas s’arrêter.
INVEST_8 : “ et il y en a qui le font de travailler pendant la chimiothérapie, à
condition de pouvoir du coup assouplir un peu son emploi du temps.”
6.3.1 Conséquences
néfastes
Points négatifs d’un maintien dans l’emploi pendant le traitement.
INVEST_9 : « Je les retrouve parfois en mille morceaux après. » (19)
6.3.2 Conséquences
positives
Points positifs d’un maintien dans l’emploi pendant le traitement.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
151
3. Courriels adressés aux cancérologues
(1er mail) Mail pour demander au médecin de participer à notre thèse.
Cher Dr (…),
Je me permets de vous solliciter pour la participation à une étude qualitative concernant le
travail des femmes après un cancer du sein.
Je m’adresse à vous particulièrement car les investigateurs de l’étude pensent que votre
expérience sur le sujet sera un atout pour notre étude, du fait de votre implication
particulière dans la prise en charge du cancer du sein.
Nous sommes deux internes en médecine générale. Notre sujet de thèse s’intègre dans un
projet de recherche qui s’intéresse à la problématique du travail des femmes après un
cancer du sein. Notre thèse vise à évaluer les besoins des femmes à travers l’expérience des
médecins prenant en charge les femmes atteintes de cancer du sein (Comprenant : Les
oncologues, les chirurgiens et les radiothérapeutes).
Ce travail de thèse, réalisé en collaboration avec Clémentine JORDAN/Angelika
KOCHAN, est dirigé par le Dr Jean-Baptiste FASSIER, médecin du travail aux Hospices
Civils de Lyon et chercheur à l’université Lyon 1 (UMRESTTE UMR T9405).
Notre étude portera sur la région centre de Rhône-Alpes.
Cette étude cherche à explorer l’expérience et la vision des médecins prenant en charge les
femmes atteintes de cancer du sein (Comprenant : Les oncologues, les chirurgiens et les
radiothérapeutes) concernant le retour au travail de ces femmes, et particulièrement leurs
pratiques et leurs retours d’expériences, au moyen d’entretiens individuels semi-dirigés.
Afin d’analyser les données de ces entretiens pour notre sujet de recherche, il me sera
nécessaire de les enregistrer pour les retranscrire puis les analyser.
Toutes les informations que vous me délivrerez seront confidentielles, et seront
retranscrites de façon à les rendre anonymes conformément au protocole de l’étude validé
par le Comité de Protection des Personnes Sud-Est II en date du …..
J’espère que vous serez intéressé par notre sujet et qu’il vous sera possible d’y participer.
Pour la réalisation d’un entretien il est nécessaire de disposer d’environ 45 à 60 minutes,
et je m’ajusterai de toute façon à votre disponibilité. Celui-ci peut se dérouler sur le lieu de
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
152
votre choix. Je vous propose d’appeler directement votre secrétariat pour connaître votre
intérêt et votre disponibilité.
Je reste bien entendu à votre disposition pour toutes informations complémentaires.
Je vous transmets en pièce jointe les informations concernant l’étude FAST TRACS dans
laquelle s’inscrit notre sujet de thèse.
Respectueusement,
Clémentine JORDAN.
Angelika KOCHAN.
(2ème mail) Demande de préparation des cas.
Cher Dr …,
Merci d’avoir accepté de participer à notre étude concernant le travail des femmes après un
cancer du sein. Votre participation sera très précieuse pour notre sujet de recherche qui
constituera également un travail de thèse qualitative que je réalise en collaboration avec
Clémentine JORDAN/Angelika KOCHAN, également interne en médecine
générale/médecin remplaçante en médecine générale, sous la direction du Dr Jean Baptiste
FASSIER.
J'ai pu contacter votre secrétariat qui m’a proposé le créneau du (…) pour notre entretien à
(…). J’espère que cette date et lieu vous conviennent.
Afin d’appréhender au mieux cet entretien, je souhaiterais vous demander s’il vous est
possible de préparer un dossier de patiente traitée pour un cancer du sein, pour laquelle la
question du travail vous a semblé importante. Je ne vous demanderai pas d’apporter de
détail concernant le traitement. En revanche, il est important pour moi de recueillir des
informations concernant les éléments suivants :
- l’histoire de vie / trajectoire depuis le diagnostic / le parcours de soins
- les évènements marquants : les grandes lignes de la thérapeutique choisie pour la
patiente, la question du travail, la relation médecin/patiente établie avec cette patiente.
- le contexte de reprise du travail (si cela a été le cas).
Par ailleurs, pour mieux connaître votre cadre d’exercice, je vous remercie de répondre aux
quelques questions suivantes :
- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?
- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice?
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
153
- Quels sont vos modes d’exercice actuel ? Privé / Public ? Consultation / Activité de
service ? Activité universitaire ?
- Quel(s) type(s) de pathologie(s) prenez-vous en charge principalement?
- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?
- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge?
(Socio démographique : rural / urbain, cadre / libéral / ouvrier)
-Quel est votre mode de recrutement habituel?
Veuillez trouver en pièce jointe le consentement de participation à l’étude que nous
récupérerons le jour de l’entretien.
Je suis très reconnaissante du temps que vous allez consacrer à notre travail de thèse, et je
vous remercie encore pour votre participation.
Dans l’attente de notre entretien, je vous prie de recevoir, Madame, l’expression de mes
salutations respectueuses.
Angelika KOCHAN ou Clémentine JORDAN
Médecin remplaçante en médecine générale/ Interne de médecine générale
Ou :
Cher Dr (…),
Merci d’avoir accepté de participer à notre étude. Votre participation sera très précieuse
pour notre sujet de recherche.
Afin d’appréhender au mieux cet entretien qui se déroulera le ../../2016 à ..h.. à l’hôpital
(…), je souhaite vous demander s’il vous est possible de préparer un dossier de patiente
traitée pour un cancer du sein, pour laquelle la question du travail vous a semblé
importante.
Je ne vous demanderai pas d’apporter de détail concernant le traitement. En revanche, il est
important pour moi de recueillir des informations concernant les éléments suivants :
- l’histoire de vie / trajectoire depuis le diagnostic / le parcours de soins
- les évènements marquants: les grandes lignes de la thérapeutique choisie pour la patiente,
la question du travail, la relation médecin/patiente établie avec cette patiente.
- le contexte de reprise du travail (si cela a été le cas).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
154
Par ailleurs, pour mieux connaître votre cadre d’exercice, je vous remercie de répondre aux
quelques questions suivantes :
- Quels sont vos lieux d’exercices actuels ?
- Depuis combien de temps exercez-vous dans chaque lieu d’exercice ?
- Quels sont vos modes d’exercices actuels ? Privé / Public ? Consultation / Activité de
service ? Activité universitaire ?
- Quel (s) type(s) de pathologie(s) prenez-vous en charge principalement?
- Quelle est la proportion (approximativement) des cancers du sein dans votre activité ?
- Pouvez-vous décrire rapidement le type de patientèle que vous prenez en charge?
(Socio démographique : rural / urbain, cadre / libéral /ouvrier)
- Quel est votre mode de recrutement habituel ?
Je suis reconnaissante du temps que vous allez consacrer à mon travail de thèse, et je vous
remercie encore pour votre participation.
Dans l’attente de notre entretien, je vous prie de recevoir, Madame, Monsieur, l’expression
de mes salutations respectueuses.
Clémentine JORDAN
Angelika KOCHAN
Internes de médecine générale
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
155
4. Notice d’information sur le Projet FASTRACS
Etude FAST TRACS 1 – Faciliter et Soutenir le Retour au Travail après un Cancer du Sein
Information aux Professionnels de la santé
�����
Madame, Monsieur
Nous vous proposons de participer à l’étude FAST-TRACS-1. Cette étude cherche à comprendre
comment mieux faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi des femmes après un
cancer du sein. Ce document vous apporte toutes les informations concernant cette étude. Nous
vous invitons à le lire, et à poser toutes vos questions avant de prendre votre décision d’y
participer. A. Justification de l’étude Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. Pour les patientes, la reprise
du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein peuvent se heurter à plusieurs difficultés. Il existe également des enjeux pour les professionnels de santé qui prennent en
charge les patientes, et pour les organismes d’assurance maladie et complémentaires qui
assurent le remboursement des soins. Il y a enfin des enjeux pour les entreprises au moment du
retour d’une salariée après un cancer du sein.
Actuellement, aucune intervention n’a démontré son efficacité pour aider les femmes à reprendre
et conserver leur travail après un cancer du sein. Toutes ne rencontrent pas les mêmes conditions
de reprises et il existe des inégalités sociales qui pénalisent certaines femmes plus que les autres.
Cette étude est une occasion de comprendre pourquoi il existe ces différences-là.
Il est donc essentiel de mieux comprendre ces situations pour développer des solutions adaptées
visant à faciliter la reprise et le maintien du travail, et réduire ces inégalités sociales. L’étude que
nous menons cherche donc à associer tous les acteurs concernés dans la recherche et le
développement de nouvelles solutions (usagers, secteur de la santé, monde du travail, protection
sociale).
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
156
B. Description du projet FAST-TRACS Le projet de recherche FAST-TRACS a pour objectifs de concevoir puis d’évaluer une démarche
innovante pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein. Ce
projet comporte plusieurs étapes depuis l’évaluation initiale des besoins jusqu’à l’évaluation des
nouvelles solutions développées. La durée nécessaire pour conduire toutes les étapes du projet
FAST-TRACS est évaluée entre 3 et 5 ans.
Le projet est conduit par une équipe associant des chercheurs et des chercheuses de plusieurs
disciplines (médecine et santé au travail, psychologie sociale et du travail, médecine générale,
cancérologie) affiliés à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et l’Université Lumière Lyon 2.
C. Description de l’étude FAST-TRACS-1 Cette étude est la première étape du projet FAST-TRACS. Elle a deux objectifs : (1) Constituer un
comité scientifique élargi (COS) associant les représentant des différentes catégories d’acteurs
impliqués dans la problématique: patientes et associations, professionnels de santé, acteurs du monde du travail, acteurs de l’offre de soins et du remboursement des soins ; (2) Conduire une
évaluation des besoins, permettant de formuler une représentation complète de cette
problématique partagée par les différentes parties prenantes. Les besoins évalués sont bien sûr
ceux des patientes, mais aussi les besoins de leurs entreprises (collègues, encadrement et
direction), de leurs professionnels de santé (cancérologues, généralistes et médecins du travail) et
des organismes de protection sociale (médecins-conseils, assistantes sociales, mutuelles et
assurances complémentaires).
D. Votre participation à l’étude FAST-TRACS-1 Vous êtes sollicitée dans le cadre de cette étude, car vous prenez (ou avez pris) en charge des
patientes ayant un cancer du sein dans le cadre de votre activité professionnelle. À ce titre, votre
expérience peut enrichir l’évaluation des besoins rencontrés par les professionnels de santé
pendant la prise en charge et le suivi d’une patiente avec un cancer du sein, que ces besoins
concernent la patiente elle-même, ou bien vos propres besoins pour les prendre en charge.
Votre participation à l’étude prendra la forme d’un entretien individuel et/ou collectif. Les questions
qui vous seront posées porteront sur votre expérience professionnelle de prise en charge de
patientes avec un cancer du sein. Les thèmes abordés porteront sur votre activité professionnelle
habituelle, votre cadre de travail, votre expérience de collaboration avec les autres acteurs de la
prise en charge (médecins traitants, médecins du travail, médecins-conseils), et votre expérience
sur la thématique du retour et maintien en emploi après un cancer du sein.
JORDAN ; KOCHAN (CC BY-NC-ND 2.0)
157
La participation aux entretiens repose sur la base du volontariat. Il est prévu qu’un entretien
(individuel ou collectif) dure entre 45 et 90 minutes. Les entretiens seront conduits par des
chercheurs et des chercheuses sans lien de dépendance avec votre établissement.
Si vous participez à un entretien individuel, celui-ci sera fixé à un horaire et un lieu à votre
convenance, en accord avec le chercheur ou la chercheuse qui conduira cet entretien.
Si vous participez à un entretien collectif, le lieu et l’horaire seront déterminés pour permettre au
plus grand nombre de personnes de participer (six à huit personnes au maximum par groupe de discussion).
E. Anonymat et confidentialité des données Les entretiens individuels et collectifs seront enregistrés au moyen d’un dictaphone, et leur contenu
sera retranscrit pour pouvoir être analysé. Les retranscriptions seront conduites par une personne
liée par une clause de confidentialité.
Une procédure d’anonymisation sera appliquée au moment de la retranscription, pour remplacer
par des codes les noms de personnes ou de lieu (établissement, entreprise, service médical, ville, etc.). Une fois retranscrits, les supports d’enregistrement et les retranscriptions seront les seuls
documents conservés.
Les analyses des retranscriptions anonymisées seront effectuées par des chercheurs /
chercheuses et des étudiant(e)s sous leur responsabilité. L’anonymat sera respecté durant
l’analyse des données, la publication des résultats et l’archivage des retranscriptions. Les seules
personnes pouvant accéder aux retranscriptions seront les chercheurs et les chercheuses, ainsi
que étudiant(e)s sous leur responsabilité.
F. Aspects réglementaires Votre participation à cette étude est totalement volontaire et ne sera pas rémunérée. Si vous
refusez d’y participer, vous n’en subirez aucune conséquence et vous n’aurez pas à en préciser les
raisons. A tout moment vous pourrez choisir d’interrompre votre participation à l’étude.
Si vous deviez quitter l’étude ou si vous avez des questions sur l’entretien individuel ou collectif,
vous pourrez vous adresser directement à l’investigateur principal, le Dr Jean-Baptiste FASSIER au 04 78 77 28 28, par courriel : [email protected] ou par courrier (UMRESTTE-
Domaine Rockfeller- 69373 LYON cedex 08).
Nous garantissons que toutes les données vous concernant recueillies dans le cadre de cette
recherche resteront strictement confidentielles et seront traitées de façon anonyme.
Nous vous remercions pour votre aide dans la réalisation de ce projet.
Nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos salutations respectueuses.
Pour l’équipe de recherche de l’étude FAST-TRACS-1,
Les Investigateurs
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Dr Jean-Baptiste Fassier (Investigateur principal), UMRESTTE, Université Claude Bernard
Lyon 1 Dr Marion Lamort-Bouché, UMRESTTE, Université Claude Bernard Lyon 1
Pr Laurent Letrilliart, SIS, Université Lumière Lyon 2
Dr Julien Peron, LBBE, Université Claude Bernard Lyon 1
Sabrina Rouat, Maître de Conférences, GREPS, Université Lumière Lyon 2
Pr Philippe Sarnin, GREPS, Université Lumière Lyon 2
Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement
(Umrestte, UMR T9405) - Site de Rockefeller, UCBL 1 - 8 avenue Rockefeller, 69373 Lyon Cedex 08
Tél. : 33 (0)4 78 77 28 09 ; Fax : 33 (0)4 78 77 28 65
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5. Formulaire de consentement à la participation à l’étude
Etude FAST TRACS 1 – Faciliter et Soutenir le Retour au Travail après un Cancer du Sein FORMULAIRE DE CONSENTEMENT – Professionnels de santé
* Madame, Monsieur (NOM Prénom)
...................................................................................
Adresse personnelle*:............................................................................................................ ........................................................................................................................................
N°téléphone (fixe)*: └─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘ N°portable *: └─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘└─┴─┘ Si je souhaite pouvoir avoir un retour par mail des résultats de cette recherche, je laisse mon adresse mail : ............................................................................................@................................................................... *champ obligatoire
J’accepte de participer à l’étude intitulée : « FAST-TRACS-1 –Faciliter et Soutenir le Retour au travail après un Cancer du Sein -1 » que M. / Mme ..................................................., investigateur dans l’étude m’a présentée oralement.
J’ai pris note que ma participation à l’étude prendra la forme d’un entretien individuel et/ou collectif à une heure et un lieu convenus avec moi. Il m’a été précisé que je suis libre d’accepter ou de refuser de participer à cette étude sans aucune conséquence dans le cadre de ma prise en charge. Je sais que je peux retirer à tout moment mon consentement, quelles que soient mes raisons sans que ma responsabilité ne soit engagée. J’ai pris note que ma participation à l’étude ne sera pas rémunérée.
Une lettre d’information précisant les implications d’une telle étude m’a été remise. J’ai lu et compris la lettre d’information. J’ai pu poser toutes les questions que je souhaitais et j’ai reçu des réponses claires et précises. Je peux à tout moment demander des informations complémentaires au Docteur Jean-Baptiste Fassier (Tel: 04.78.77.28.28).
Mon consentement ne décharge pas les investigateurs de leurs responsabilités et
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obligations légales. Je conserve tous mes droits garantis par les articles L.209-1 et suivants du Code de la Santé Publique et la Loi Informatique et Liberté du 6 Janvier 1987 modifiée.
J’accepte que les données nominatives recueillies à l’occasion de cette étude fassent l’objet d’un traitement informatisé par les organisateurs de la recherche. Le droit d’accès et de rectification des données prévu par la loi « Informatique et Liberté » peut s’exercer à tout moment auprès des responsables de l’étude par l’intermédiaire du Dr Jean-Baptiste Fassier (Tel : 04.78.77.28.28).
Les données nominatives recueillies resteront strictement confidentielles et seront traitées de façon anonyme. À ce titre, une déclaration de création de fichier informatisé a été faite auprès de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés spécifiquement pour cette étude. Je n’autorise la consultation des fichiers que par les personnes seulement qui collaborent à l’étude, dûment mandatées par l’investigateur.
J’ai été informé(e) que conformément au Livre I-Titres 2 et 3 du Code de la Santé publique relative à la protection des personnes qui se prêtent à des recherches biomédicales, le Comité de Protection des Personnes (CPP) Sud-Est II a été sollicité pour avis éthique et donné son autorisation le 16.12.2015 (n°IRB 00009118).
Date et Signature du Professionnel Date et Signature de l’Investigateur
Unité mixte de recherche épidémiologique et de surveillance Transport Travail Environnement
(Umrestte, UMR T9405) - Site de Rockefeller, UCBL 1 - 8 avenue Rockefeller, 69373 Lyon Cedex 08 Tél.:33(0)478772809;Fax:33(0)478772865
Ce document a été établi en 2 exemplaires : l’un remis au participant, l’autre archivé par l’investigateur.
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GASPAROUX Clémentine (épouse JORDAN) et KOCHAN Angelika: Vision des cancérologues sur les besoins des femmes s’agissant de la reprise du travail après un cancer du sein. 160 pages, 2 tableaux Thèse de Médecine, Faculté de Lyon, 2016 ; n° Résumé : Introduction : De par sa fréquence et son bon pronostic, le cancer du sein est un enjeu de santé publique. Il est important que les survivantes de ce cancer en activité professionnelle au moment du diagnostic puissent retourner au travail, car celui-ci contribue à une pleine participation sociale. L’objectif de ce travail était de décrire l’expérience et la vision des cancérologues, concernant les besoins des femmes ayant eu un cancer du sein, s’agissant la reprise du travail. Cette étude s’intégrait dans la première étape d’un protocole de l’intervention mapping du Projet FASTRACS. Cette étape vise à évaluer les besoins des femmes s’agissant du retour au travail et du maintien dans l’emploi. Matériels et Méthodes : Etude qualitative par entretiens semi-dirigés. Les participants à l’étude étaient les cancérologues (comprenant les oncologues médicaux, les radiothérapeutes et les chirurgiens) prenant en charge les femmes ayant eu un cancer du sein. Un codage puis des analyses intra-cas et inter-cas ont été réalisées. Une triangulation des données a été établie par la confrontation des analyses des deux chercheurs. Résultats : Vingt entretiens ont été réalisés. Selon les médecins interrogés, les femmes auraient besoin de l’aval de leur cancérologue pour la reprise du travail. Celle-ci serait facilitée par des adaptations sur les plans professionnel et thérapeutique. Le temps partiel thérapeutique était la principale adaptation proposée. Les cancérologues n’échangeaient pas sur la question du travail avec les médecins généralistes ni avec les autres acteurs de la prise en charge (médecins du travail et acteurs paramédicaux). Le rôle du médecin généraliste dans la problématique du retour au travail n’était pas décrit clairement par les cancérologues, mais semblait néanmoins important pour certains d’entre eux. Ils s’interrogeaient sur les modalités de la discussion concernant le travail avec leurs patientes, s’agissant du bon moment et des bonnes conditions pour en parler. La chimiothérapie et les facteurs intrinsèques à la patiente étaient cités comme des facteurs influençant la reprise, mais pas les facteurs de leur environnement familial ni professionnel. Conclusion : Une meilleure communication entre les professionnels de santé prenant en charge les femmes atteintes de cancer du sein, associé à des adaptations thérapeutiques et professionnelles semblent souhaitables pour que le retour au travail et le maintien dans l’emploi de ces femmes se passe dans de bonnes conditions. La prochaine étape du Projet FASTRACS est de compléter l’évaluation des besoins, par le recueil de l’expérience des autres acteurs (médecins généralistes, entreprises, etc.). Ce recueil exhaustif permettra de développer et de tester une intervention pour faciliter la reprise du travail et le maintien dans l’emploi après un cancer du sein. MOTS CLES : Retour au travail, Maintien dans l’emploi, Cancer du sein, Besoins
JURY : Président : Pr LETRILLIART Laurent Membres : Pr CHAPET Olivier
Pr CHARBOTEL Barbara Pr JACQUIN-COURTOIS Sophie Dr FASSIER Jean-Baptiste
DATE DE SOUTENANCE : 15 novembre 2016 ADRESSES DES AUTEURS: [email protected] [email protected]
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