ALR et troubles de l’hémostaseautre pathologie pouvant entraîner des troubles de...
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Anne GODIER
Service d’Anesthésie-Réanimation, Fondation Rothschild, Paris
UMRS 1140, faculté de pharmacie, Université Paris Descartes
2014
ALR et troubles de l’hémostase :
problèmes pratiques
Conflits d’intérêt
LFB
Octapharma
CSL-Behring
Bayer
BMS-Pfizer
Boehringer-Ingelheim
Léo
Sanofi
Consultation : quel bilan d’hémostase?
Il est recommandé de ne pas prescrire de façon systématique un
bilan d’hémostase chez les patients dont l’anamnèse et l’examen
clinique ne font pas suspecter un trouble de l’hémostase, quel
que soit le grade ASA, quel que soit le type d’intervention, et quel
que soit l’âge de ces patients à l’exclusion des enfants qui n’ont
pas acquis la marche.
Grade 1-
Il est recommandé de ne pas prescrire de façon systématique un
bilan d’hémostase chez les patients dont l’anamnèse et l’examen
clinique ne font pas suspecter un trouble de l’hémostase, quel
que soit le type d’anesthésie choisi
(anesthésie générale, anesthésie neuraxiale, blocs périphériques
ou techniques combinées), y compris en obstétrique.
Grade 1-
Il est recommandé d’évaluer le risque hémorragique d’après
l’anamnèse personnelle et familiale de diathèse hémorragique et
d’après l’examen physique.
Grade 1+
- Antécédents personnels et familiaux de symptômes hémorragiques
(spontanés ou provoqués)
- Pathologies pouvant interférer avec l’hémostase : hépatopathie,
malabsorption, malnutrition, maladie hématologique, certaines maladies de système, maladie de Cushing,
maladies du collagène comme la maladie d’Ehlers-Danlos
- Traitements : aspirine et autre anti-plaquettaires, AINS, traitement anticoagulant oraux ou injectables
Il faut probablement utiliser un questionnaire standardisé à la
recherche de manifestations hémorragiques pour évaluer
l’anamnèse personnelle et familiale.
Grade 2+
Limites :
- patients pour lesquels l’anamnèse personnelle et familiale est impossible
- les jeunes enfants (classiquement avant l’acquisition de la marche)
- questions spécifiques à la pédiatrie
Questionnaire de diathèse hémorragique
Trouble de l’hémostase pourrait être évoqué si ≥ 2 des symptômes suivants :
1. Tendance aux saignements prolongés/inhabituels (saignement de nez, petite
coupure) ayant nécessité une consultation médicale ou un traitement
2. Tendance aux ecchymoses/hématomes importants (de plus de 2cm sans choc) ou
très importants pour un choc mineur
3. Saignement prolongé après une extraction dentaire
4. Saignement important après une chirurgie (notamment saignement après
circoncision ou amygdalectomies)
5. Pour les femmes :
-Ménorragies ayant conduit à une consultation médicale ou un
traitement (contraception orale, antifibrinolytiques, fer, etc…)?
- Hémorragie du post-partum ?
6. Antécédents dans la famille proche de maladie hémorragique (Willebrand,
hémophilie, autre…) ?
Un bilan d’hémostase devra être réalisé en cas d’hépatopathie, demalabsorption/malnutrition, de maladie hématologique, ou de touteautre pathologie pouvant entraîner des troubles de l’hémostase, ou deprise de médicaments anticoagulants, même en l’absence desymptômes hémorragiques.
La mesure du TCA ou du TP avant une intervention pourra égalementêtre utile pour servir de valeur de référence dans la période post-interventionnelle (ex : TP avant chirurgie hépatique lourde) ou selon lestraitements post-interventionnels prévisibles (TCA si un traitement par héparinenon fractionnée est indiqué après intervention, numération plaquettaire avant introductiond’un traitement par héparine, etc…)
ALR et traitement antithrombotique
Les blocs : quelles complications hémorragiques?
Complications hémorragiques = hématomes
Hématome = 3 risques :
la reprise chirurgicale pour évacuation
la transfusion
la compression nerveuse
Cela impose une surveillance clinique
Une écho ou scanner si suspicion diagnostique pour visualiser
l’hématome si profond ou si signes neurologiques
ALR et traitement antithrombotique
antiplaquettaires
aspirine
les autres
anticoagulants
curatif
préventif
Les agents antiplaquettaires
agents anti-plaquettaires et période péri-opératoire
Conférence d’experts 2001
Blocs périphériques :
Les complications liées à la réalisation d’une ALR Périphérique chez un patient traité
par AAP ne sont pas documentées
L’aspirine et les AINS constituent un risque très faible ou nul, ne contre-indiquant pas
la réalisation d’une ALRP (grade D). Cependant, pour les blocs profonds, une
évaluation du rapport bénéfice-risque est souhaitable.
Les thiénopyridines sont ressenties comme comporter un risque plus important
(grade D). Dans tous les cas, une évaluation individuelle du rapport bénéfice risque est
obligatoire avant de réaliser une ALR chez un patient traité par une thiénopyridine
agents anti-plaquettaires et période péri-opératoire
Conférence d’experts 2001
Blocs périphériques :
Chirurgie ophtalmologique
L’arrêt de l’aspirine n’est pas justifié avant une chirurgie ophtalmologique (grade C).
Les AINS ne semblent pas constituer un risque particulier.
Un traitement par thiénopyridines sera interrompu avant l’intervention (grade C).
En présence d’un AAP :
une anesthésie topique est souhaitable
une APB avec une seule ponction est une alternative
Anesthésies rachidiennes :
le risque d’hématome péri-médullaire chez un patient traité par l’aspirine ou les
AINS semble très faible et il n’est rapporté que de manière anecdotique, alors
que ces agents antiplaquettaires sont utilisés depuis de nombreuses années
chez un très grand nombre d’opérés bénéficiant d’une anesthésie rachidienne
(niveau IV) ;
aucun hématome rachidien n’est rapporté dans les grandes études qui ont
associé ALR-R rachidienne et aspirine, en orthopédie et en obstétrique (niveau
II). Ces données rassurantes portent sur un très grand nombre de patients;
il est préférable de séparer l’aspirine et les AINS des autres AAP (ticlopidine,
clopidogrel, prasugrel,ticagrelor) qui induiraient un surcroît de risque
hémorragique. L’anesthésie rachidienne est déconseillée avec ces agents (avis
du groupe d’experts).
agents anti-plaquettaires et période péri-opératoire
Conférence d’experts 2001
l’aspirine et les AINS ne contre-indiquent pas une ALR rachidienne au cas par cas
si l’on considère que le bénéfice de l’ALR-R est supérieur au très faible risque
d’hématome péri-médullaire :
si le patient n’a reçu aucun traitement anticoagulant avant la ponction ;
si la rachianesthésie « ponction unique » est préférée à la péridurale ou à la
rachianesthésie (rachi continue) avec cathéter;
s’il n’existe pas d’anomalie associée de l’hémostase (importance de
l’interrogatoire);
si la surveillance neurologique post-opératoire est rigoureuse (grade E).
dans l’hypothèse où un traitement par AINS post-opératoire est prescrit, une
molécule à demi-vie courte devra être préférée (avis du groupe d’experts).
agents anti-plaquettaires et période péri-opératoire
Conférence d’experts 2001
2006
En pratique : en cas de monothérapie
Concertation multidisciplinaire avant le geste invasif
Puis-je réaliser le geste sous anti plaquettaires?
Aspirine Clopidogrel
Oui Non Oui Non
Réalisable
sous aspirine?
Oui Non
relais par aspirine
10 jours avant
5 jours
de non prise
3 jours
de non prise
aucun relai n’est recommandé
En pratique : en cas de bithérapie
Concertation multidisciplinaire avant le geste invasif
Puis-je réaliser le geste sous bithérapie?
Oui Non
Clopidogrel
5 jours de non prise
Aspirine + Clopidogrel
Les anticoagulants
Quelles recommandations pour les blocs périphériques des membres en cas
de traitement anticoagulant et/ou antithrombotique ?
La survenue d’un hématome chez un patient sous traitement interférant avec
l’hémostase après un bloc périphérique, quel qu’il soit, est exceptionnelle (D).
L’imputabilité n’est pas toujours certaine.
Dans les rares cas rapportés, l’évolution est le plus souvent favorable.
L’hématome comporte trois risques : la reprise chirurgicale pour évacuation, la
transfusion et la compression nerveuse.
Le risque pourrait intuitivement être plus important en présence d’une
anticoagulation efficace ou d’une association anticoagulant/antiagrégant et pour les
blocs profonds comparativement aux blocs plus superficiels (consensus
professionnel).
La surveillance neurologique postopératoire doit tenir compte de la potentielle
survenue d’une complication à type d’hématome (D).
La mise en place d’un cathéter doit pouvoir être argumentée (D)`
2003
Chez un patient ayant un traitement par anticoagulant,
quels sont les blocs autorisés :
Anticoagulant à dose curative
Blocs superficiels
possibles
S. Kozek-Langenecker. Hämostaseologie 2006
Blocs profonds
déconseillés
Anticoagulant à dose préventive
Administration pré-opératoire d’HBPM ?
Risque thromboembolique et risque hémorragique non modifiés par une
administration pré-opératoire d’HBPM
Recours fréquent à l’ALR
L’administration pré-opératoire devrait être évitée
Chirurgie orthopédique majeure, PTH, PTG
Les HBPM à dose prophylactique élevée, le fondaparinux, le dabigatran, lerivaroxaban et l’apixaban consitutent les 5 moyens prophylactiques depremière intention (1+).
PTH
Une prophylaxie prolongée par HBPM, fondaparinux, dabigatran,
rivaroxaban, ou apixaban jusqu’au 35ème jour post-opératoire réduit le
risque TE majeur après PTH sans augmentation du risque hémorragique
majeur.
Il est recommandé de prescrire une thromboprophylaxie médicamenteuse
jusqu’au 35ème jour post-opératoire après PTH (1+)
Anticoagulant à dose préventive
Dose prophylactique/thérapeutique
Tmax3h
Concentr
atio
n o
f anticoagula
nt
Temps
En demi-vie
100 ng
200 ng/mL
25 ng
2 3
Dose thérapeutique
Dose
prophylactique
Retenir la pharmacocinétique des anticoagulants
Médicament Demi vie (h) Tmax (heures)
Dabigatran 12–14 0,5 - 2
Rivaroxaban
Apixaban
7–11
12 (….)
2 - 4
3 - 4
Time
Con
cent
rati
on d
e l’ a
ntic
oagu
lant
Tmax
Thémostase = 8h
Delai avant l’injection suivante = Tsafety
Tsafety = Thémostase – Tmax
Demi-vie × 2
Retrait du catheter
Tmax
Tmax
Rosencher N, et al. Anaesthesia. 2007;62:1154-60.
lésion
vasculaire
Suggestions pour la stratégie de KT médullaire
avec les anticoagulants
apixaban et KT périduraux
Néanmoins, intégrer le problème de la variabilité pharmacocinétique
et le problème de l’expérience
« Comme avec tous les nouveaux médicaments anticoagulants,
l’expérience clinique en présence d’une anesthésie neuraxiale est limitée
et une prudence extreme est par conséquent recommandée lors de
l’utilisation d’apixaban en présence de ce type d’anesthésie. »
Anticoagulants à dose curative et ALR
Blocs contre-indiqués sous antithrombotiques
Pas de bloc Arrêt de l’antithrombotique ?
Anticoagulants à dose curative et ALR
Chirurgie programmée à risque hémorragique
Quand arrêter
la prise de
l’ACO?
J-1, J-2, J-3 ?
Pas de mesure
de la (c)
plasmatique de
l’ACO
Seuil de
sécurité
hémostatique
inconnu
Variabilité PK
inter-individuelle
Pas d’antidote
Comment passer du niveau initial d’anticoagulation
au seuil de sécurité hémostatique?
3
1
Chirurgie programmée à risque hémorragique
Comme avec les AVK : dernière prise 5 jours avant puis arrêt
Si risque thromboembolique élevé : relais HBPM
Comment passer du niveau initial d’anticoagulation
au seuil de sécurité hémostatique?
3
1
Valve
mécanique
ACFA MVTE
Risque modéré autres Autres TVP et EP
Risque élevé Toute les valves
mécaniques
AVC / Embolie EP < 3 mois
TVP Prox < 3mois
MVTE récidivante
Risque thrombotique
RELAIS
Chirurgie programmée à faible risque hémorragique
Saut d’une prise
Comment passer du niveau initial d’anticoagulation
au seuil de sécurité hémostatique?
1
Chirurgie programmée
Antithrombotiques et ALR
ALR péri-médullaire :
idéal si rien
possible si aspirine
CI si autres antiplaquettaires ou si anticoagulants oraux
Blocs périphériques
superficiel / profond (comme péri-médullaire)
Nouveaux anticoagulants
peu de données en péri-opératoire prudence
aide de la pharmacocinétique
Rapport bénéfice-risque +++