8/18/2019 LILIANA CHIABURU L'architecture traditionnelle roumaine est une architecture de l'ombre
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14/2/2016 LILIANA CHIABURU - L'architecture traditionnelle roumaine est une architecture de l'ombre
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LILIANA CHIABURU - L'architecture traditionnelle
roumaine est une architecture de l'ombre
Si le retour à la tradition suscite un intérêt grandissant dans certains milieux, il existe encore
très peu de professionnels roumains capables d'offrir le savoir-faire d'antan. Liliana Chiaburu
est l'une des rares architectes à s'être penchés sur les proportions des maisons paysannes
anciennes pour les adapter au contexte actuel. Le Petitjournal.com l'a rencontrée.Photo : DR
Le Petitjournal.com/Bucarest - Qu'est-ce qu'une maison traditionnelle roumaine ?
Liliana Chiaburu - La maison traditionnelle roumaine a quelques éléments importants. Le premier
est le pridvor ou prispa (véranda ouverte, ndlr). Il peut être très étroit et ne couvrir qu'un seul côté de
la construction. Quand il s'étend sur plusieurs côtés de la maison, c'est signe de richesse. Son rôle
est d'accueillir le regard du visiteur pour qu'il se sente enveloppé. L'architecture roumaine est une
architecture de l'ombre. Cette terrasse offre de l'ombre au visiteur et l'introduit dans un état d'esprit
totalement différent que celui des maisons aux façades pleines. L'architecture roumaine n'est pasune architecture de façade mais de l'espace, parce que la terrasse qui l'entoure n'est pas une
façade, mais un volume. Et ce volume n'a pas besoin d'être décoré, c'est juste un espace, pur et
poétique.
Y-a-t-il d'autres éléments typiques ?
Oui. Le toit à quatre pans. Les Roumains pensent aujourd'hui que les toits à deux pans sont
modernes car ils ont vu ça aux États-Unis. Mais là-bas, il s'agit d'une architecture bon marché et non
pas moderne comme on la considère chez nous. Une autre caractéristique est celle du rythme donné
par les piliers de la prispa. L'architecture roumaine ressemble par son rythme et sa proportion avec
l'architecture grec classique, à la différence des architectures balkaniques qui sont pittoresques et
n'ont pas ce rythme donné par les piliers. L'architecture roumaine ressemble également avec celle
8/18/2019 LILIANA CHIABURU L'architecture traditionnelle roumaine est une architecture de l'ombre
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japonaise, qui est très proche de la nature. Certaines maisons traditionnelles du Japon peuvent être
confondues avec des maisons roumaines, c'est très intéressant.
Existe-t-il aussi une spécificité roumaine à l'intérieur de la maison ?
Non, pas vraiment. Si ce n'est la lumière qui n'entre pas directement à l'intérieur. Elle est reflétée par
la terrasse qui l'entoure. La lumière directe est crue, celle reflétée est plus intime. Elle rapproche des
autres. On n'utilise pas de volets dans les maisons roumaines car on se sent protégé. Unecomparaison peut encore une fois être faite avec les maisons japonaises traditionnelles.
Comment l'architecture traditionnelle est-elle appréciée par les architectes roumains ?
En 1986, quand j'ai terminé mes études, on survolait l'architecture traditionnelle sans essayer de
l'expliquer. Moi, j'ai été répartie dans une agence où l'on dessinait des immeubles communistes.
Cela n'avait bien évidemment aucun lien avec l'architecture traditionnelle. Mais quasiment plus
personne n'en faisait à l'époque. Il a existé un courant à la mode durant l'Entre-deux-guerres, qui
mélangeait des éléments traditionnels à l'architecture roumaine moderne. L'un des architectes qui en
faisait partie, Octav Doicescu, a tenté de continuer après 1945. Mais il a été très critiqué à l'époque.
On disait qu'il fallait se moderniser et non pas retourner vers la campagne. Dans les années 70, un
autre courant a tenté d'intégrer des éléments locaux sur les façades, mais de manière très formelle.
Et après 1989 ?
Vous savez, les architectes roumains sont très cosmopolites car ils sont très complexés. Ils veulent
être reconnus par le reste du monde et n'assument pas leurs origines. C'est comme les paysans qui,
en ville, ne veulent pas qu'on sache qu'ils sont originaires de la campagne. Le comportement des
architectes roumains est identique. Constantin Joja a été l'un des seuls à travailler sur l'architecturetraditionnelle à la fin de la période communiste et un peu après la révolution. Mais sont travail a été
méprisé.
Comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser à l'architecture traditionnelle roumaine ?
En renonçant à l'architecture. J'ai fait une pause dans ma carrière et me suis lancée dans le
journalisme. Quand je me suis remise à l'architecture, j'ai abordé ce métier de manière différente, en
me rapportant d'abord au bénéficiaire. C'est comme cela, selon moi, que l'architecture devrait être
enseignée à la faculté. Mettre toutes ses connaissances, toute sa rigueur, pour exprimer les désirs
du bénéficiaire. Avant, les gens faisaient des maisons qui les représentaient, dans lesquelles ils se
sentaient bien. Aujourd'hui, les architectes roumains demandent à leur client la surface voulue et se
mettent à dessiner. Parfois, ils vendent un projet déjà préconçu. On ne leur a pas appris à écouter.
C'est une vraie carence de l'école.
Propos recueillis par Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Lundi 4 Mai 2015
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