Yodel Volume1

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du yodel à la physique quantique...

From yodeling to quantum physics…

palais de tokyo /

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du yodel à la physique quantique...From yodeling to quantum physics…

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5.000.000.000 [ 2 ][m 1, fig. #01 – #0� ][f ] m 5.000.000.000 D’ANNéES. Exposition

14/09/200� – 31/12/200�. 5.000.000.000

D’ANNéES s’inscrivait dans la session [ m Cinq milliards d’années ]. Jouant d’un mouvement schizophrénique et d’une capacité à se méta-morphoser, les œuvres de 5.000.000.000 D’AN-

NéES testaient l’[ m élasticité ] d’un monde de l’art en expansion, à l’image de notre univers depuis [ m 5.000.000.000 ] d’années. [ m mutants ] [ m quotient schizophrénique accélération ]

[e ] m 5,000,000,000 YEARS. Exhibition 14/09/200� – 31/12/200�. 5,000,000,000 YEARS placed itself within the FivE BillioN YEAR

chapter [ m Cinq milliards d’années ]. Schizo-phrenic and [ m mutant ], pieces featured in 5,000,000,000 YEARS tested the elasticity [ m élasticité ] of an expanding art world, similar to our universe since [ m 5.000.000.000 ] years. [ m quotient schizophrénique accélération ]

m Liste des œuvres / List of works [ m Christian andersson ] The Blind Spot, 2003/200�

Courtesy Galerie Nordenhake, Berlin / Stockholm

[ m artists Unknown ]  Wrong Place Wrong Time, 2005 Courtesy Thyssen-Bornemisza Art Contempo-rary, Vienne/Vienna

[ m michel Blazy ]  Patman 2, 200� Courtesy Art : Concept, Paris

[ m mike Bouchet ]  Jude Law, 2005 Courtesy de l’artiste / of the artist

Jack Welch, 2005 Courtesy de l’artiste / of the artist

[ m loris Cecchini ] Cloudless, 200� Courtesy Galleria Continua, San Gimignano / Pekin

[ m Philippe decrauzat ]

Fade In Out, 200� Courtesy galerie Praz-Delavallade, Paris Light Space Modulator, 2002 Courtesy FRAC Languedoc-Roussillon,

Montpellier [ m marcel duchamp ]

Rotoreliefs, 1953 Collection particulière / private collection [ m Ceal Floyer ]

Bucket, 1999 Courtesy Esther Schipper, Berlin Auto Focus, 2002 Courtesy Esther Schipper, Berlin

[ m Urs Fischer ]  Untitled (Branches), 2005 Collection Ringier, Zurich Courtesy de l’artiste / of the artist, galerie Eva

Presenhuber, Zurich & Sadie Coles HQ, Londres [ m mark Handforth ]  Honda, 2002 Collection Paul Rubell, Miami Vespa, 2001 Collection particulière / private collection,

Berlin [ m Joachim Koester ]  Message d’Andrée, 2005 Courtesy galerie Jan Mot, Bruxelles / Brussels &

Gallerie Nicolai Wallner, Copenhague / Copenhagen

[ m Vincent lamouroux ]

Scape, 200� Courtesy de l’artiste / of the artist [ m lang / Baumann ]  Perfect, 200� Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Tony matelli ]  Gone, 2000 Collection Pamela & Arnold Lehman Courtesy Leo Koenig Inc., New York [ m Jonathan monk ]  Constantly Moving Whilst Standing Still, 2005 Collection Dr Paul Marks, Toronto ; Courtesy

Meyer Riegger, Karlsruhe Meeting Piece, 200� Courtesy galerie Yvon Lambert, Paris [ m François morellet ]  Pi Weeping Neonly, 200� Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Gianni motti ]  [ m Big Crunch Clock ], 1999 –2005 Courtesy de l’artiste / of the artist HIGGS, à la recherche de l’anti-Motti, 2005 Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Charles ray ]

Rotating Circle, 1988 Collection particulière / private collection,

Turin

#10,5[f ] m Poids (en tonnes) de l’hôtel [ m everland ].[e ] m Weight (in tons) of Hotel [ m everland ].

190[f ] m Vitesse moyenne (en km/h) de [ m Ghost 

rider ] sur le périphérique parisien.[e ] m Average speed (in km/h) of [ m Ghost rider ]

on the Paris Périphérique [city’s ring road].

1969[f ] m Date charnière dans l’histoire des états-

Unis. Année d’Altamont (concert au cours duquel un fan des Rolling Stones est tué par un [ m Hell’s angel ]), année de l’assassinat de Sharon Tate par des membres de la secte de [ m Charles manson ], année de la grande marche contre la guerre du Vietnam… L’année 19�9 marque la fin du « Summer of Love » entamé en 19�7. [ m Hallucinogène ] [ m Grunen-berg, Christoph ]

[e ] m Key date in the history of the USA. The year of Altamont (a concert during which a fan of the Rolling Stones was killed by a [ m Hell’s angel ]), the year when Sharon Tate was murdered by members of [ m Charles manson ]’s sect, the year of the big march against the Vietnam War… Year 19�9 marked the end of the “Summer of Love” which had started in 19�7.  [ m Hallucinogène ] [ m Grunenberg, Christoph ]

1.419.993[f ] m Nombre de visiteurs au Palais de Tokyo

depuis son ouverture en 2002.[e ] m Number of visitors of the Palais de Tokyo

since its opening in 2002.

4.999.999.991[f ] m Temps restant (en années) avant l’explosion

du soleil et l’irrémédiable fin de notre univers. [ m Big Crunch Clock ]

[e ] m Remaining time (in years) until the explo-sion of the sun and the inescapable end of our universe. [ m Big Crunch Clock ]

5.000.000.000 [ 1 ][f ] m Temps (en années) depuis le début de

l’accélération de l’expansion de l’univers sous l’effet d’une force mystérieuse, l’énergie noire.

[e ] m Time (in years) since the accelerated expansion of the universe under the effect of a force called “dark energy”.

#7

#10,5 5.000.000.000

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8 9 The video of Claim Excerpts, a performance

from 1971, made at 93 Grand Street in New York, was presented in [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. Isolated in the basement of the building during three hours, his eyes blindfolded and armed with a crow bar, Acconci yells, shouts and threatens the visitors on the ground-floor, who watch him on a video monitor.

m acconci, Vito, Claim Excerpts, 1971

adjnabistan [f ] m « Anti-nationalité » inventée par Michael

Ashkin lors d’un voyage au Moyen-Orient, en 1978. Dérivé de l’arabe adjnabi (qui désigne l’étranger, l’inconnu, l’autre), Ashkin donne au terme Adjnabistan une dimension concep-tuelle, et même une vie propre lui permettant de former « des images mentales de cette patrie imaginaire » à chaque fois qu’il évoquait l’Adjnabistani.[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m “Anti-nationality” invented out of necessity by Michael Ashkin while travelling through the Middle East in 1978. Derived from the Arabic adjnabi (meaning “foreigner,” “stranger,” or “other”), the term Adjnabistan came to assume a concept for the artist, indeed a life of its own where “mental images of this shadow homeland” began to present themselves to his imagina-tion as the usage of Adjnabistani continued. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

aerica (l’empire d’)[f ] m Micronation. À l’âge de 5 ans, Eric Lis

revendiqua la propriété de 2,3 m2 à Montréal. Ainsi naquit l’Empire d’Aerica, mot-valise formé à partir de « Eric » et « America ». La mission essentielle, voire métaphysique de l’Aerica serait, selon son fondateur, de découvrir sa propre raison d’être. C’est peut-être dans cette optique qu’une entité divine, dans une « forme non corporelle », s’est révélée aux Aéricains, dont la religion officielle (non organisée) est le silinisme. L’Aerica revendique des territoires à Melbourne, Dandenong, Springvale, Chelsea, un pâturage choisi au hasard et l’espace intersidé-ral. L’Aerica est dotée d’un Sénat composé de deux représentants de chacune de ses régions

aaccélérationAcceleration[ m   voir encadré p.9 / see box p. 10 ]

[ m duchamp, marcel ] [ m Cuche, didier ]  [ m Klammer, Franz ] [ m élasticité ]

acconci, vito[f ] m *1940, vit à New York. Poète, plasticien,

vidéaste et performer, Vito Acconci s’est fait connaître dans les années 19�0 grâce à sa poésie et la revue 0 to 9 qu’il fonde en 19�7. A partir de 19�9, il réalise de nombreuses performances qu’il documente par des films, des photographies ou des textes. L’espace de la page, puis l’espace privé et enfin l’espace public sont au cœur de son travail. Son propre corps devient le lieu privilégié de nombreuses expérimentations sur notre façon d’être au sein de contexte urbain, social ou politique. À partir de 1988, il crée le Acconci Studio rassemblant divers architectes et ingénieurs. Leurs inter-ventions dans l’espace public (parcs, bâtiments, aires de jeux, etc.) par le biais de commandes publiques transforment l’espace en sources d’interrogations à la frontière de l’architecture, du politique et de l’environnement.

Dans [ m BeFore (PlUs oU moins) ] a été présen-teé la vidéo de Claim Excerpts, performance de l’artiste réalisée en 1971 au 93 Grand Street à New York. Retranché dans la cave de l’immeu-ble pendant trois heures, les yeux bandés et armé d’un pied-de-biche, Vito Acconci vocifère, crie et menace les visiteurs de la galerie au rez-de-chaussée qui peuvent observer l’artiste sur un moniteur vidéo.

[e ] m *1940, lives in New York. Vito Acconci established a reputation for himself as a poet, visual artist, video artist and performer in the 19�0s through his poetry and the journal 0 to 9 he founded in 19�7. Beginning in 19�9, he made many performances which he docu-mented in films, photographs or texts. The spaces represented by the page, private space, and finally public space have been successively central to his work. His own body became the preferred site for many experiments with our way of existing within the urban, social or political context. In 1988, he set up the Acconci Studio, bringing together various architects and engineers. Their interventions in public spaces (parks, buildings, playgrounds, etc.) in the form of public commissions transform those spaces into sources of questioning at the frontier of architecture, political concerns and the environment.

Accélération~~~

[f ] m Le skieur Didier Cuche, champion du monde 2007 de descente, peut parcourir les premiers cent mètres d’une piste en moins de quatre secondes. Une chute vertigineuse. Marcel Duchamp, avec le ready-made, fait pourtant mieux : il passe de l’objet ordinaire à l’œuvre d’art à la vitesse de la lumière. Si la produc-tion du ready-made ne dépend que d’un choix, elle est en effet à rapporter au temps d’une connexion synaptique, accélération décisive qui laisse sur place tous ses poursuivants. Touchée dans ses fondements – son temps d’élaboration, de fabrication et de réception –, l’œuvre d’art est dès lors en redéfinition constante : on ne peut décemment revenir en arrière, mais dans le même temps, il est impossible d’aller plus loin.

L’important dans cette accélération est son effet sur le spectateur. De la même manière que le corps de Didier Cuche, littéralement « lâché » dans la descente, se trouve en état d’apesanteur, l’esprit du « regardeur », s’il prend conscience de la brèche ouverte par le coup d’accélérateur donné par Duchamp, n’est plus soumis aux contraintes de lecture et de compréhension habituellement indexées à l’œuvre d’art. Le moment de l’interprétation est suspendu, étiré à l’infini ; véhicule lancé à la vitesse de la lumière, le ready-made glisse sur le temps, révèle l’élasticité du réel et permet de passer librement de l’une à l’autre de ses couches.

~~~

  /…

acc AccéléRAtioN AERicA aer

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10 11[e ] m In 1941, [ m emma Kunz ] discovered in

the Roman Quarry in Würenlos the healing rock to which she gave the name Aion A. the powerful healing capacity of the rock revices, according to Kunz, not only from its special mineral composition but especially from its accumulated biodynamic energy. The healing rock has become an indispensable assistance in the treatment of, for example, rheumatological problems, in all sports injuries, and damage to muscles, tendons, and ligaments. Aion A has been approved by the IKS since 1984 and is available in Switzerland in pharmacies and drugstores.

ajemian, lucas & jason[m 6, fig. #88 ][f ] m Lucas Ajemian : *1975, vit à New York. Jason

Ajemian : *197�, vit à Chicago. Les performan-ces, installations vidéos, dessins et sculptures de Lucas Ajemian ont pour base commune l’intégration, la révision et la désarticulation de sources diverses. L’artiste travaille à partir des dysfonctionnements, conflits, faux départs et vides pour formuler une critique ironique, et non dénuée d’humour, des comportements sociaux et politiques. Jason Ajemian est un musicien de jazz, membre du groupe Exploding Star Orchestra.

[ m modUle ] 01/03/2007 – 01/04/2007. From Beyond. Lucas Ajemian a transcrit avec l’aide de son frère, Jason Ajemian, joueur de jazz, la partition du morceau Into the Void de Black Sabbath (1971) à l’envers. La chanson a été jouée par un orchestre de chambre le 1er mars au Palais de Tokyo. La vidéo de la performance a ensuite été projetée au Palais de Tokyo à l’envers et à l’endroit. En plus de la vidéo, la partition imprimée sur du plexiglas, fixé sur du papier phosphorescent, et la pochette originale de Black Sabbath badigeonnée d’IKB (Interna-tional Klein Blue) ont été exposées, en référen-ce au travail de Klein sur le vide. [ m Backward messages ] [ m Backmasking ] [ m satanisme ]

[e ] m Lucas Ajemian: *1975, lives in New York. Jason Ajemian: *197�, lives in Chicago. Performances, film installations, drawings and sculptures by Lucas Ajemian are based on the integration, revision and de-articulation of found sources. Ajemian works with dysfunc-tions, conflicts, false starts and voids as an ironic and humorous critique of political and social behavior. Jason Ajemian is a jazz musician, a member of the Exploding Star Orchestra band.

[ m modUle ] 01/03/2007 – 01/04/2007. From Beyond. Together with his brother, Jason Ajemian, who is a jazz musician, Lucas Ajemian has transcribed Black Sabbath’s Into the Void from 1971 to a new version of the song performed backwards. The song, performed in the Palais de Tokyo the 1st of March with clas-sical musicians has been recorded on tape. The video is shown here backwards and forwards. Besides the singles and the video, the score, which is printed on plexiglass with “glow in the dark” paper as background, and the original Black Sabbath cover were also shown, with International Klein Blue as a reference to Klein’s work with voids. [ m Backward mes-sages ] [ m Backmasking ] [ m satanisme ]

m Œuvre / Work From Beyond, 200�

Courtesy Kirkhoff Gallery, Copenhague / Copenhagen

Violoncelles / Cellos : Grégoire Korniluk, Alexandre Lacourt, Anthony Leroy, Thibault Leroy, Benoît Moritz Contrebasse / Double bass : Mauro Gargano Saxophone : Serge Bertocchi Timbales / Timpani : Régis Famelart Batterie / Drum Kit : Noritaka Tanaka Cymbales / Cymbals : Sébastien Lecornu, Emile Saubole, Magalie Sonneville Shaker : Victor Hanna Chant / Vocal : Lucas Ajemian Chef d’orchestre / Conductor : Jason Ajemian

aldrich, richard[f ] m *1975, vit à New York. Richard Aldrich est

un artiste qui se consacre à la peinture, la sculpture, et la musique. Ses toiles explorent diverses techniques de recouvrement de la surface avec des bouts de tissus cousus, de la peinture, des effets de giclures, d’éclats, de dé-coupes de la toile, etc. Richard Aldrich se place directement dans la tradition de la peinture où les possibilités du formalisme, du graffiti et de la figuration sont pleinement utilisées.

Richard Aldrich gère le label de disque Skul et a produit les albums du groupe de [ m steven Parrino ], [ m electrophilia ].[ m BasTard Crea-

TUre ][e ] m *1975, lives in New York. Richard Aldrich

works with painting, sculpture and music. His canvases demonstrate various techniques of covering the surface, with scraps of sewn mate-rial, paint, splash effects, fragments, cutouts in the canvas, etc. Aldrich stands in the painting tradition in which the possibilities of formal-

territoriales. Ce dernier a instauré la « loi de Murphy » afin de protéger l’empire si l’état du monde devait s’aggraver. En 1999, les Aéri-cains fondèrent un journal quotidien chargé d’archiver l’histoire de l’empire. La citoyenneté est offerte gratuitement, tout comme le droit de séjour. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A micronation. At just 5 years of age, Eric Lis laid claim to 2.3 sqm in Montréal, Canada, and named it Aerica, combining “America” and “Eric.” The essential, metaphysical mission of Aerica, according to its founder, is to find out what the purpose of its very own existence at the most basic level is. Pursuant to these aims perhaps, a divine deity in “a non-corporeal form” revealed itself to Aericans; the official if unorganized religion is Silinism. Territori-ally, there are Aerican claims in Melbourne, Dandenong, Springvale, Chelsea, a random cow pasture and outer space. Aerica has a govern-ing senate made up of two representatives from each of its territorial regions. “Murphy’s law” was passed by the Senate to protect the empire if everything goes wrong. In 1999, Aericans instituted a daily newspaper that going forward serves as the main record of history. Citizenship and even residency is offered freely. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

aion a[f ] m En 1941, [ m emma Kunz ] fit la découverte

d’une pierre guérisseuse dans les carrières romaines de Würenlos qu’elle nomma Aion A. Le potentiel thérapeutique de cette roche tient, selon cette dernière, non seulement à son extraordinaire composition minérale mais sur-tout à l’énergie biodynamique qu’elle renferme. Elle entre, par exemple, dans le traitement des rhumatismes, des blessures liées à la pratique du sport et des affections des tissus musculai-res, tendineux et conjonctifs. L’Aion A, classée médicament de catégorie D depuis 1984, est disponible dans toutes les pharmacies et dro-gueries de Suisse.

Acceleration ~~~

[e ] m The skier Didier Cuche, downhill World Cup champion in 2007, can cover the first hun-dred meters of a piste in under four seconds. A vertiginous descent. However Marcel Duchamp does even better with his ready-mades: he goes from an ordinary object to a work of art at the speed of light. While production of a ready-made depends only on a choice, it should in fact be related to the duration of a synaptic connection, a crucial acceleration which leaves all its followers standing. The work of art is affected at its foundations—the time taken to work it out, make it and review it—, and from then on is in a state of constant redefinition: it is not decently possible to go back, but at the same time it is impossible to go any further.

The important thing about this acceleration is its effect on the onlooker. Just as the body of Didier Cuche, literally “cast off” into the descent, is in a state of weightlessness, the mind of the viewer, if he is aware of the gap opened up by the boost to the accelerator given by Duchamp, is no longer subject to the constraints of reading and understanding usually tied to the work of art. The moment of interpretation is suspended, drawn out ad infi-nitum; a vehicle launched at the speed of light, the ready-made slides over time, reveals the elasticity of reality and makes it possible to pass freely from one layer of reality to another.

~~~

AioN Aaio aldAlDRich

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12 13les conceptions artistiques de Gustave Courbet par exemple. Aucun de ces auteurs n’est le maî-tre ou le théoricien des autres ; chacun élabore l’essentiel de ses conceptions à partir de lui-même, à partir de ce qu’il perçoit et du monde dans lequel il vit, dans une mystérieuse unité où toute une dimension de l’époque et de ses possibles s’exprime spontanément dans chacun de leurs écrits. »

L’anarchie « positive » qui apparaît au milieu du XIXe siècle n’est ni une provocation, ni une utopique notion de sciences politiques ; ainsi, elle n’est pas à réduire à un modèle de gou-vernement parmi d’autres, une « anarchie » qui trouverait à se classer quelque part entre « mo-narchie » ou « démocratie ». Pour ses inventeurs, elle est au contraire un concept éminemment empirique et concret, le seul capable de rendre compte de ce qui nous constitue, quand les injonctions et les mises en ordre « réalistes » de l’économie, du politique et des religions sont illusoires, trompeuses et contraignantes. Dans la [ m pensée libertaire ] naissante, anarchie et réalité sont synonymes. L’anarchie ne se situe pas en aval de nous-mêmes, dans un avenir indéterminé – une absence idéale de gouverne-ment comme fin de l’histoire – , mais en amont, déjà là. Elle renvoie en effet à la vie même, mul-tiple et diverse, intrinsèquement « anarchique

», et trouve sa signification politique et éthique par rapport à cet ancrage ontologique.

Pour saisir toute l’originalité du terme, il s’agit de prendre à la fois en compte sa signification la plus ordinaire, celle de désordre et de confu-sion, mais aussi la plus savante, celle d’absence de principe premier – la racine grecque archè signifiant « origine » aussi bien que « gouver-nement ». L’anarchie, c’est le multiple, la mul-tiplicité infinie et la transformation incessante des êtres ; le fait que toute chose et tout être est constitué d’une multitude infinie de forces et de points de vue en perpétuel changement, d’une multitude infinie de modes d’être et de possibles qui s’entrechoquent, se composent, se défont et se détruisent sans cesse, en aveu-gles, en provoquant de nouveaux troubles, de nouvelles révoltes et de nouveaux combats. Cette anarchie première et réaliste de ce qui est, des choses et des êtres, cette affirmation du multiple aux dépens de l’un, de la transfor-mation incessante aux dépens de l’identique, du désordre aux dépens de l’ordre, du discontinu aux dépens du continu, de la différence aux dé-pens du même, est justement la condition et la chance d’une émancipation des êtres humains.

Comme Spinoza et Leibniz avaient pu déjà l’af-firmer et le pressentir, l’anarchie du réel offre la possibilité de construire de façon volontaire, de l’intérieur des choses et des situations, un monde pluraliste où les êtres, en s’associant et sans jamais renoncer à leur autonomie première,

pourtant si fragile et éphémère, ont la capacité de se libérer de la servitude, de libérer et d’exprimer la puissance et les possibles qu’eux, les autres et le monde, portent en eux-mêmes. [ m anarchisme ] [ m les jeudis de la marqUe noire ] [ m mutants ]

[e ] m A lack of direction, the failure of all cer-tainty, total chaos or just a mess: while it is of course a familiar notion, anarchy a priori conjures up nothing good. It was not until the 19th century that it took on an original and positive meaning for the first time, as a political watchword and a philosophical concept which, according to Gilles Deleuze, while it cannot be defined, can be characterized as follows: “anarchy, that strange entity which is said only of the multiple”. A particularly powerful “idea” anarchy is a mode of being of life and relation-ships between people that is born as much from practice as from philosophy; or to be more precise is always born from practice, philosophy being only the subject of one practice among others. As [ m daniel Colson ] emphasizes: “Moreover anarchist thought is embodied via very diverse literary and artistic forms, from the memoir by Pierre-Joseph Proudhon, Qu’est-ce que la propriété? (1840) to his posthumous book De la capacité politique des classes ouvrières (1865), by way of Der Einzige und das Eigen-tum by Max Stirner (1845) and the first texts by Mikhail Bakunin, but also the pictures and artistic conceptions of Gustave Courbet, for example. None of these authors was the master or theorist of the others; each of them elabo-rated the crux of his ideas on his own initiative, from what he perceived and the world that he lived in, in a mysterious unity in which a whole dimension of the period and its potential was expressed spontaneously in each of their writ-ten works.”

“Positive” anarchy, which made its appearance in the mid-19th century, is neither a provocation nor a utopian notion found in political science; thus it cannot be reduced to one model of gov-ernment among others: “anarchy” which could be classified somewhere between “monarchy” and “democracy”. On the contrary, for those who invented it, it was an eminently empirical and concrete concept, the only one capable of

ism, graffiti and figuration are fully exploited. Richard Aldrich manages the Skul record label and has produced the albums of [ m steven Parrino ]’s group, [ m electrophilia ]. [ m BasTard CreaTUre ]

aléatoireRandom  [ m Blazy, michel ] [ m seConde Une année (Une) ] 

[ m cut-up ] [ m THird mind (THe) ]

m alighiero e Boetti, Lampa Annuale, 19��

alighiero e boetti[m 1, fig. #07 ][f ] m 1940 – 1994. Alighiero e Boetti aproduit une

œuvre d’une grande densité conceptuelle et systématique. Les idées de ses œuvres priment sur leur réalisation qu’il laisse le plus souvent à d’autres. En 19�8, il décide d’intercaler entre son prénom et son nom un « e » (« et » en Italien) qui symbolise l’impossible unité de l’individu avec lui-même.

Dans [ m Une seConde Une année ], a été pré-sentée Lampada Annuale (19��) une lampe qui ne s’allume qu’une fois par an.

[e ] m 1940 – 1994. Over the course of his career, Alighiero e Boetti generated a body of work of great conceptual depth, all the while leaving the actual realization of his pieces up to others. In 19�8, he added “e” (Italian for “and”) between his first and last names, symbolizing the impos-sible unity of the individual with himself.

In oNE SEcoND oNE YEAR [ m Une seConde Une 

année ], Lampada Annuale (19��), a lamp that turns on only once a year, was presented.

amis du palais de tokyo (les)Friends of the Palais de Tokyo (The)[f ] m L’Association des Amis du Palais de Tokyo

réunit des militants de la création contempo-raine en une communauté active. Grâce à une volonté de partenariat avec les artistes, les ins-titutions, les « professionnels du monde de l’art

» mais aussi les amateurs et les collectionneurs, les Amis du Palais de Tokyo contribuent à son

rayonnement tant en France qu’à l’étranger. Ses principaux axes de travail sont le soutien à la production d’expositions ou d’événements et à la publication d’ouvrages. L’association compte 200 membres. Président : Jean-Michel Raingeard

; vice-présidents : Isabelle Lemaître, Daniel Bosser, trésorier : Bernard Chenebault. En 2007, a été créée l’Association des Amis Suisses du Palais de Tokyo, à l’initiative de Barbara Polla.

[e ] m The Association of the Friends of the Palais de Tokyo brings together activists from the world of the contemporary arts in a dynamic, support-oriented community. Thanks to its willingness to work in partnership with artists, institutions, and “art world professionals,” but also art-lovers and collectors, the Friends of the Palais de Tokyo contribute to the institution’s influence and reputation in France and abroad. Its main lines of activity involve a range of endeavors, from producing exhibitions and events to publishing books. The Association has 200 members. President: Jean-Michel Raingeard; vice-presidents: Isabelle Lemaître, Daniel Bosser; treasurer: Bernard Chenebault. In 2007, the Association of the Swiss Friends of the Palais de Tokyo has been created on the in initiative of Barbara Polla.

anarchie [ 1 ]

Anarchy [f ] m Philosophie. Absence de direction, faillite de

toute certitude, chaos absolu ou simple pagaille : notion certes familière, l’anarchie n’évoque a priori rien de bon. Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’elle prend pour la première fois une signifi-cation positive originale, comme mot d’ordre po-litique et comme concept philosophique que l’on peut, suivant Gilles Deleuze, non définir, mais caractériser ainsi : « l’anarchie, cette étrange unité qui ne se dit que du multiple ». « Idée » particulièrement puissante, l’anarchie est un mode d’être de la vie et des relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie ; ou plus précisément qui naît toujours de la pratique, la philosophie n’étant en la matière qu’une pratique parmi d’autres. Com-me le souligne [ m daniel Colson ] : « La pensée anarchiste prend d’ailleurs corps à travers des formes littéraires et artistiques très diverses, du mémoire de Pierre-Joseph Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ? (1840) à son livre posthume De la capacité politique des classes ouvrières (1865), en passant par L’Unique et sa Propriété de Max Stirner (1845), les premiers textes de Mikhaïl Bakounine, mais aussi les tableaux et

ale AléAtoiRE ANARchiE ana

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14 15not identify with the proletariat. For libertarian thought [ m libertaire (pensée) ], the condition of workers and wage-earners, like any situation of domination, was circumstantial and changing, with a multitude of possible outcomes inherent in it. This results in a paradox: for all that it was in the vanguard of struggles for emanci-pation, in the eyes of history anarchism often played only a minority role.

[ m les jeudis de la marqUe noire ]

ancelin, david[m 6, fig. #85 ][f ] m *1978, vit à Nice. David Ancelin, jeune

artiste français, crée un répertoire de formes multiples, parfois mécaniques, souvent hors d’état de nuire. Son univers décalé et humo-ristique nous place face à la solitude d’objets abandonnés, sous forme de rencontres plus ou moins incongrues : bouée et béton, casque de moto et perles, etc. Autant de dialogues impro-bables qui, du feutre à la sculpture en passant par la sérigraphie, créent l’amorce d’histoires qui restent à inventer.

[ m modUle ] 01/02/2007 – 25/02/2007. Avis de grand frais est une installation rurale d’intérieur. Cette œuvre sous forme d’accident manipulé est créée par la relation hors normes d’un motoculteur (appareil agricole servant à retourner la terre) datant de 1949 avec un sol de tomettes anciennes… faites de terre cuite.

[e ] m *1978, lives in Nice. David Ancelin creates a repertory of multiple forms, sometimes me-chanical, often no longer in working order. His offbeat, humorous universe confronts us with the loneliness of abandoned objects, bringing together varying incongruities: a buoy and con-crete, a motor-cycling helmet and beads, etc. From felt sculpture to silk-screens, his works create unlikely catalysts for stories that remain to be invented.

[ m modUle ] 01/02/2007 – 25/02/2007. Avis de grand frais is a rustic indoor installation. A ro-tary tiller (an agricultural tool used to turn the soil) dating from 1949 disrupts a floor made of terra-cotta tiles, creating an unlikely accidental collision between earth, man, and machine.

m Œuvre / Work Avis de grand frais, 200�

Courtesy de l’artiste / of the artist

andersson, christian[m 1, fig. #05 ][f ] m *1973, vit à Stockholm. À la fois sophisti-

quées et épurées, les installations de Christian

Andersson jouent sur les apparences. Les rap-ports d’ombres et de lumière, de transparence ou de réflexion permettent à l’artiste de créer de véritables « pièges à perception ». Le specta-teur est ainsi systématiquement confronté à un dispositif de détournement de nos a priori.

Dans [ m 5.000.000.000 d’années ] a été présen-tée l’œuvre Blind Spot (2003), un projecteur illuminant d’un cercle le mur qui lui fait face. Le spectateur qui venait à passer entre le pro-jecteur et le mur avait la surprise de constater que son ombre n’apparaissait pas sur le cercle de lumière.

[e ] m *1973, lives in Stockholm. Sparse yet sophisti-cated, Christian Andersson’s installations play with appearances. In exploring the relationships between shadows and light, transparency and reflection, the artist creates true “perception traps.” Systematically, viewers are confronted with a mechanism that obstructs and diverts their preconceptions.

Blind Spot (2003), a projector creates a simple circle of light on the wall, was presented in 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ]. The viewer who passed in front of the projector, however, discovered that his or her shadow did not appear on the wall.

m Christian andersson, Blind Spot, 2003

anger, kenneth [f ] m *1930, vit en Californie. Pionnier du cinéma

expérimental américain depuis les années 1950, Kenneth Anger a développé un univers intense et complexe, empruntant souvent au registre de l’occulte et du paranormal. Il est considéré comme un des premiers artistes cinéastes à avoir introduit l’iconographie gay dans son œuvre. Sa renommée s’est considérablement accrue grâce à son livre Hollywood Babylon, dans lequel il dévoilait la face cachée des célébrités de Hollywood. La première publica-tion fut réalisée en France, après son séjour à

taking account of what constitutes us, when the “realistic” injunctions and tabulations of the economy, politics and religions are illusory, deceitful and restricting. In then nascent lib-ertarian thought [ m pensée libertaire ], anarchy and reality are synonymous. Anarchy does not lie downstream from us, in an indeterminate future—an ideal absence of government as the end of history—, but upstream: it is already there. It actually refers to life itself, multiple and diverse, intrinsically “anarchic”, and finds its political and ethical meaning in relation to that ontological anchorage.

To grasp the full originality of the term, it is necessary to take account not only of its com-monest meaning, that of disorder and confusion, but also of its most scholarly, that of the ab-sence of a first principle—the Greek root archè means “origin” as well as “government”. Anar-chy is what is multiple, the infinite multiplicity and unceasing transformation of creatures; the fact that all things and all creatures are consti-tuted from an infinite multitude of perpetually changing forces and points of view, an infinite multitude of modes of being and possibilities that clash against one another, are composed, undone and destroyed, incessantly, blindly, provoking new disturbances, new rebellions and new fights. That primary and realistic anarchy of what is, of things and creatures, that affirma-tion of the multiple at the expense of the single, of unceasing transformation at the expense of identicalness, of disorder at the expense of order, of the discontinuous at the expense of the continuous, of difference at the expense of sameness, is precisely the condition of human beings and their opportunity for emancipation. As Spinoza and Leibniz had already been to assert and presage, the anarchy of reality offers the possibility of deliberately constructing, from inside things and situations, a plural-ist world in which human beings, by banding together and without ever renouncing their primary autonomy—for all that it is so fragile and ephemeral—, have the capacity to break free from servitude, to liberate and express the power and potential that they, others and the world carry within them. [ m anarchisme ] [ m les jeudis de la marqUe noire ] [ m mutants ]

anarchie [ 2 ]

Anarchy [f ] m Politique. Dans la deuxième partie du XIXe

siècle l’anarchisme s’affirme comme mouvement révolutionnaire, entre militantisme politique et

lutte armée. Sur une période de soixante-dix ans, entre la création de la Première Inter-nationale (ou Association Internationale des Travailleurs, AIT) à Londres en 18�4, et la dé-faite, en mai 1937 à Barcelone, des mouvements révolutionnaires espagnols et catalans, l’idée anarchiste passe par une suite chaotique de mo-ments et de cristallisations, se métamorphosant et resurgissant dans une dynamique incessante. L’Internationale anti-autoritaire de 1871 à 1881, les attentats et les tentatives d’insurrection de la « propagande par le fait » de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, le « syndicalisme révo-lutionnaire » français, l’« anarcho-syndicalisme » espagnol, représentent autant d’expérimenta-tions singulières et discontinues, plus ou moins éphémères et de plus ou moins grande ampleur, faisant corps ou se dispersant. Comme le précise [ m daniel Colson ], même si l’anarchisme est alors très proche des mouvements ouvriers, il n’envisage pas sa lutte pour l’émancipation en termes de classe, et ne s’identifie donc pas au prolétariat. Pour la [ m pensée libertaire ], la condition ouvrière et salariale, comme toute situation de domination, est circonstancielle et changeante, porteuse d’une multitude de devenirs possibles. D’où un paradoxe : tout en ayant été à l’avant-garde de luttes d’émancipa-tion, l’anarchisme n’a souvent joué, au regard de l’histoire, qu’un rôle minoritaire.

  [ m les jeudis de la marqUe noire ][e ] m Politics. In the second part of the 19th

century that anarchism would declare itself as a revolutionary movement, between political militancy and armed struggle. Over a sev-enty-year period, between the creation of the First International (or International Working Men’s Association) in London in 18�4, and the defeat in Barcelona of the Spanish and Catalan revolutionary movements in May 1937, the anarchist idea went through a chaotic series of moments and crystallizations, metamorphos-ing and resurfacing in ceaseless dynamics. The Anti-authoritarian International from 1871 to 1881, the attacks and attempted insurrections of the “propaganda through action” of the late 19th and early 20th century, French “revolutionary trade unionism,” Spanish “anarcho-syndicalism”: they all represent one-off, discontinuous experi-ments, ephemeral to a greater or lesser extent and varying in scale, gathering strength or disintegrating. As [ m daniel Colson ] points out, even if anarchism was then very close to work-ers’ movements, it did not envisage its struggle for emancipation in terms of class, therefore did

ana angANGERANARchiE

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1� 17éléments : ils annihilent la matière « normale » à laquelle ils correspondent dès qu’ils se trouvent à son contact, leur masse devenant alors énergie suivant la formule d’Einstein E=mc2. C’est cette transformation exponentielle qui focalise aujourd’hui l’intérêt des laboratoires : la possi-bilité de fabriquer et de contrôler l’antimatière ouvrirait des perspectives inédites dans le domaine énergétique. Elle reste cependant à ce jour excessivement difficile à stocker et à étu-dier, ainsi qu’à fabriquer. Alors qu’un gramme d’antimatière permettrait de répondre aux besoins en énergie d’une ville entière pendant vingt-quatre heures, la quantité totale d’antima-tière produite en un an au CERN est si infime qu’elle ne ferait pas briller une ampoule plus de quelques secondes. Selon [ m Christophe Galfard ], « L’antimatière est bien réelle, mais nous n’en savons pas encore beaucoup à son sujet. Des questions fondamentales ont d’ailleurs émergé avec sa découverte : pourquoi le monde que nous voyons est-il fait presque exclusivement de matière et non pas d’antimatière ? Existe-t-il des galaxies lointaines où prospèrent des mon-des entiers faits d’antimatière ? » [ m détecteurs de particules ] [ m Palais / ] [ m voir p. B-2 ] 

[e ] m “The discovery of antimatter is among those few extraordinary moments in the history of science, those moments when theory precedes experiment, making it possible to discover what had not even been imagined except theoreti-cally.”, underlines [ m Christophe Galfard ]. The revelation of antimatter is due to the theoretical work of Paul [ m dirac ], from the late 1930s on: his famous equation mathematically establishes the existence of a kind of particle close to the electron, but with an opposite electric charge, named the [ m positron ]. It was while observ-ing cosmic rays that antimatter was discovered experimentally in 1932, at the Pic du Midi observatory in the Pyrenees, by the physicist Carl Anderson. Dirac’s work has been generalised, and today we know that every particle has its anti-particle, every atom its anti-atom and therefore every molecule its anti-molecule.

So antimatter designates [ m matter ] all the par-ticles of which seem to be replaced by the cor-responding antiparticles. The prefix “anti” refers to the principal property of these elements: they annihilate the “normale” matter they correspond to directly they make contact with it, leur masse devenant alors énergie suivant la formule d’Einstein E=mc2. C’est cette transformation exponentielle qui focalise aujourd’hui l’intérêt

des laboratoires: la possibilité de fabriquer et de contrôler l’antimatière ouvrirait des perspec-tives inédites dans le domaine énergétique. Elle reste cependant à ce jour excessivement dif-ficile à stocker et à étudier, ainsi qu’à fabriquer. A gram of antimatter would be enough to meet the energy needs of a whole city for 24 hours, but the total amount of antimatter produced in a year at the CERN antimatter factory in Geneva is so tiny that it is only just enough to light a bulb for a few seconds.

According to [ m Christophe Galfard ], “Antimat-ter is therefore quite real, but we still know very little about it. Moreover, fundamental questions emerged with its discovery: why is the world we see made almost exclusively from matter, and not from antimatter? Do far-off galaxies exist where entire worlds made from antimatter flourish?” [ m détecteurs de particu-les ] [ m Palais  / ] [ m see p. B-8 ]

anti-motti [ m Gianni motti ] [ m lHC ] [ m antimatière ]

[ m merlo, Jean-Pierre ]

araucania & patagonia (royaume d’) Kingdom of Araucania and Patagonia[f ] m Royaume de la nation mapuche. Après

une tentative de conquête avortée, le � janvier 1�41, la nation mapuche et l’Empire espagnol signèrent le traité de Killin, en vertu duquel la couronne d’Espagne reconnaissait l’autonomie territoriale de la nation mapuche. Ce traité est le seul document attestant la reconnaissance d’un peuple indigène sur le continent. La nation mapuche vivait dans le cône sud d’Amérique du Sud, dans une zone occupée aujourd’hui par l’Argentine et le Chili. Entre 18�0 et 1885, au terme d’une campagne militaire – connue sous le nom de « pacification de l’Araucania » au Chili et sous celui de « conquête du désert » en Argentine –, près de 100.000 Indiens mapuche furent massacrés. Les survivants furent déportés dans des réserves, et leur territoire, au sud du Bio-Bio, confisqué par les Espagnols. Le peuple mapuche continue de subir les conséquences sociales et politiques de diverses mesures d’as-similation et de modernisation, mais les Mapu-che sont arrivés à maintenir dans leurs réserves, habitées depuis le début du XXe siècle, leur langue officielle (le mapudungun), leur religion et leur structure sociale. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ] [ m Peyotl ] [e ] m Kingdom of the Mapuche nation. After

a failed conquest, on the �th January, 1�41

Paris suite à l’invitation de Jean Cocteau dans les années 1950. Kenneth Anger a eu une forte influence sur de nombreuses artistes dans de nombreux domaines (musique, littérature, cinéma, etc.).

Œuvre parmi les plus métaphysiques et démo-niaques de l’artiste, Invocation of My Demon Brother (19�9), pièce du cycle Magick Lantern Cycle, appartient à l’avant-garde des films occul-tes. La bande son originale, conçue pour le film, a été réalisé par Mick Jagger. Bobby Beausoleil interprète le rôle de Lucifer. Dans [ m BeFore 

(PlUs oU moins) ], le film était présenté avec une bande-son réalisée dans les années 1990 par le groupe [ m electrophilia ] ( [ m steven Parrino ] et [ m Jutta Koether ]. [ m Thélème ] [ m Crowley, aleister ] [ m satanisme ] [ m 1969 ]

[e ] m *1930, lives in California. Kenneth Anger has been a pioneer of American experimental cinema since the 1950s and has developed an intense, complex universe, often borrowing from the register of the occult and the paranormal. He is regarded as one of the first art film-mak-ers to have introduced gay iconography into his work. His fame was considerably enhanced by his book Hollywood Babylon, in which he re-vealed the hidden side of Hollywood celebrities. It was first published in France, after he had stayed in Paris following an invitation from Jean Cocteau in the 1950s. Kenneth Anger has ex-erted a powerful influence on many artists in a variety of fields (music, literature, cinema, etc.). One of the most metaphysical and demoniac of the artist’s works, Invocation of My Demon Brother (19�9), part of the Magick Lantern Cycle, is very much in the avant-garde of occult films. The original soundtrack, devised for the film, was made by Mick Jagger. Bobby Beausoleil plays the role of Lucifer. In [ m BeFore (PlUs oU moins) ], the film was shown with a soundtrack made in the 1990s by the group [ m electrophilia ] ( [ m steven Parrino ] and [ m Jutta Koether ]. [ m Thélème ] [ m Crowley, aleister ] [ m satanisme ] [ m 1969 ]

anodyne (la république d’) The Republic of Anodyne [f ] m A déclaré son indépendance le 30 jan-

vier 2000 pour devenir une démocratie non territoriale. Ses fondateurs sont des individus cherchant à créer, au terme de négociations avec des états-nations établis, une patrie viable. L’accroissement de la population et la collecte de fonds sont deux des thèmes essentiels de la politique anodynienne. En 2001, la population

s’élevait à une cinquantaine d’individus anglo-phones, francophones ou hispanophones. La république possède deux ambassades – à Tokyo et à Odessa, en Floride, où réside le président Charles H. Wilkins, qui occupe égale-ment les fonctions de consul général auprès des états-Unis. Cette démocratie constitutionnelle « extraterritoriale » vit de la vente de cadeaux, de documents officiels et de droits de citoyen-neté. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Declared independence on January 30, 2000 as a non-territorial democracy. Individuals seeking a peaceful negotiation with estab-lished nation-states to create a viable home-land founded the Republic. Fundraising and population growth are also dominant issues on its political scene. By 2001, there were 50 estimated citizens, speaking English, French and Spanish. The Republic has two embassies: one in Tokyo, Japan, and one in Florida, U.S.A. President Charles H. Wilkins, who also serves as Consul General to the United States, resides in Odessa, Florida. The sale of gifts, permits and citizenship fees are the driving force behind the economy in this “extraterritorial” constitutional democracy. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

antimatièreAntimatter[f ] m « La découverte de l’antimatière fait partie

de ces moments extraordinaires de l’histoire des sciences, ces moments où la théorie précède l’expérience, permettant de découvrir ce qui n’avait même pas imaginé », souligne [ m Chris-tophe Galfard ]. C’est aux travaux théoriques de Paul [ m dirac ] que l’on doit la mise en évidence de l’antimatière, dès la fin des années 1930 : sa fameuse équation établit mathématiquement l’existence d’une sorte de particule proche de l’électron, de charge électrique opposée, bapti-sée [ m positron ]. Ce n’est que dans un second temps que l’observation a permis de confirmer expérimentalement l’existence d’antimatière, suite aux recherches sur les [ m rayons cosmi-ques ] effectuées par Carl Anderson à l’Obser-vatoire du Pic du Midi, dans les Pyrénées. Les travaux de Dirac sur l’électron et le positron ont depuis été généralisés et l’on a établi que toute particule a son antiparticule, chaque atome son antiatome et donc chaque molécule son antimo-lécule.

L’antimatière désigne alors la [ m matière ] dont toutes les particules seraient remplacées par les antiparticules correspondantes. Le préfixe « anti » renvoie à la propriété principale de ces

ANoDYNE ano ARAucANiA & PAtAGoNiA ara

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18 19qui désirent prendre leur destin en main en vrais citoyens du monde ». [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ][e ] m A small micronation of �1 sqm situated

in the heart of Sydney’s business district. Atlantium was founded by three teenage boys in Narwee, a suburb of Sydney in the year 10500 on the 3rd of Decimus (November 27, 1981). Today, his Imperial Majesty George II rules over the Empire and ensures that time and date are considered in accordance with the Annus Novus Decimal Calendar System, invented by the Empire of Atlantium’s Minister of Communications at the onset of the tri-party founding in 10500. The Decimal calendar is divided into ten months with alternating 3� and 37 day months. Year zero, according to the Atlantium Decimal Calendar, is the date when the ice age ended. By Sextarius 10521 (June 2002) the Empire grew to 500 citizens from sixty countries around the world with diplomatic representatives in New Jersey, Poland and Pakistan. The Empire of Atlantium offers to all people a secular, democratic republic ruled by an elected monarchy for the purpose of unifying individuals and peoples of the world into a global and cooperative unity, based on what it claims to be its Roman Heritage. The Empire derives its name from the Greek myth of Atlanta. Latin is its primary language chosen because “[Latin] is relatively culturally neutral by virtue of the fact that it is no longer a ‘living’ language.” Atlantium welcomes, “anyone with the desire and motivation to forge their own destiny as a true citizen of the world”. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ]

auguste-dormeuil, renaud[m 1, fig. #14; 5, fig. #�5 ][f ] m *19�8, vit à Paris. Le travail de Renaud

Auguste-Dormeuil joue sur l’idée de sur-veillance et de paranoïa. Il utilise des éléments existants à l’échelle de la ville – caméras de surveillance, voitures de police banalisées ou encore reportages télévisés – afin de les détourner au profit de projets artistiques dans lesquels photographies, sculptures, performan-ces et installations se mêlent dans une critique de la société actuelle. [ m The day Before ]

[e ] m *19�8, lives in Paris. Renaud Auguste-Dormeuil’s work addresses surveillance and paranoia. His projects appropriate existing elements of the city such as surveillance cam-eras, undercover police cars, or even television

reports. He then uses photography, sculpture, performances, and installations to produce a social critique. [ m The day Before ]

avl ville [f ] m état indépendant fondé par Joep van

Lieshout et l’Atelier van Lieshout (AVL). De toutes les réalisations de l’Atelier, celle-ci est la plus considérable. Voici ce qu’en disent les créateurs d’AVL Ville : « Cet état indépendant propose à la fois un environnement artistique et un sanctuaire d’art abritant des œuvres connues et nouvelles d’AVL – des œuvres entiè-rement fonctionnelles. Il ne s’agit pas ici d’un art que l’on se contente de regarder, mais d’un art à vivre, à habiter, à méditer. » AVL Ville est la réaction d’AVL face à ce que le groupe appelle un pays (les Pays-Bas) en proie à l’op-pression et à l’hyper-réglementation. Elle bat sa propre monnaie et possède un drapeau natio-nal. AVL Ville, aujourd’hui située dans la zone portuaire de Rotterdam, occupera bientôt une décharge contaminée près du terrain d’avia-tion de Zestienhoven. Le collectif ne crée pas seulement de l’art, mais aussi des bâtiments, de l’énergie et de la nourriture. [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ][e ] m An independent state founded by Joep van

Lieshout and the Atelier van Lieshout (AVL).Of the Atelier collective’s cooperative efforts, this is its largest endeavour. According to their mission statement: “This free state is an agree-able mix of art environment and sanctuary, full of well-known and new works by AVL, with the special attraction that everything is fully op-erational. Not art to simply look at, but to live with, to live in and to live by.” AVL Ville is a response to what it claims is an overregulated, oppressive country (The Netherlands). It has minted its own currency, and has a national flag. AVL Ville is temporarily located in the Rotterdam harbour area and in the future on a contaminated soil dump near Zestienhoven airfield. In addition to supporting itself with its art the AVL Ville collective creates its own buildings, energy and food. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

the Mapuche Nation and the Spanish Empire signed the treaty of Killin, in which the Span-ish Crown recognized the territorial autonomy of the Mapuche Nation. This treaty is the only such acknowledgement of an indigenous people on the continent. The Mapuche Nation is situ-ated in what is known as the Southern Cone of South America, in the area now occupied by Argentina and Chile. Between 18�0 –1885, as a result of a joint military campaign, known as the “Pacification of Araucania” in Chile, and the “Conquest of the Desert” in Argen-tina, around 100,000 Mapuche were massacred. Surviving Mapuche were deported to reserva-tions, and territory south of the Bio-Bio River. Although the Mapuche people continue to suf-fer socially and politically the consequences of assimilationist policies and modernization, the Mapuche have managed to preserve Mapudun-gun, their traditional language, religion and social structure on reservations they’ve inhab-ited since the early 20th century. There is broad support from organizations around the world, the most outspoken being the North American Araucanian Royalist Society. The NAARS is a nonprofit organization without ties to Chile or Argentina, founded in 1995 to promote aware-ness of the history of the Kingdom and the cur-rent situation within the Mapuche nation.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ] [ m Peyotl ]

art minimal Minimal Art [ m Chopper ] [ m BeFore (PlUs oU moins)] [ m steven Parrino ]

artists unkoWn[f ] m Stephan Kobatsch : *1975, vit à Vienne ;

Attila Saygel : *19�8, vit à Berlin ; Lorenz Schreiber : *1972, vit à Berlin. Artists Unknown a été créé par les artistes Attila Saygel, Lorenz Schreiber et Stephan Kobatsch. Stephan Ko-batsch travaille habituellement avec le groupe Mahony. Saygel & Schreiber forment eux-mê-mes un duo. Ces artistes ont collaboré pour la première fois à l’occasion de l’œuvre Wrong Place Wrong Time (2005), une œuvre originale sous forme de plaisanterie. Les artistes ayant été engagés pour l’installation d’une exposition sur la lumière au centre d’art contemporain ZKM à Karlsruhe, ils entassèrent des ampou-les endommagées provenant d’une œuvre de Carsten Höller dans une poubelle rose en ne laissant qu’une ampoule fonctionner. Ils instal-lèrent ensuite cette « œuvre » parmi des pièces

de Martin Kippenberger, le titre Wrong Place Wrong Time étant un hommage à ce dernier. [ m 5.000.000.000 d’années ].

[e ] m Stephan Kobatsch : *1975, lives in Vienna; Attila Saygel : *19�8, lives in Berlin; Lorenz Sch-reiber : *1972, lives in Berlin. Artists Unknown was created by the artists Attila Saygel, Lorenz Schreiber, and Stephan Kobatsch. Kobatsch usu-ally works with the group Mahony, and Saygel & Schreiber form their own separate collaborative duo. Wrong Place Wrong Time (2005)—the art-ists’ first work as Artists Unknown—is a work of art in the form of a joke. Invited to work on the installation of a show devoted to light held at the ZKM Center for Contemporary Art in Karl-sruhe, the trio collected damaged light bulbs from an installation by Carsten Höller and used them to fill up a pink trash can, leaving only one working bulb. They then installed this “work” among pieces by Martin Kippenberger, the title Wrong Place Wrong Time being an homage to him. [ m 5.000.000.000 d’années ]

atlantium (l’empire d’)The Empire of Atlantium [f ] m Petite micronation occupant une surface de

�1 m2 au centre du quartier d’affaires de Sydney. Atlantium fut fondé par trois adolescents de Narwee, dans la banlieue de Sydney, en l’an 10500 du 3 e de Décimus (le 27 novembre 1981). Sa Majesté Impériale George II règne aujourd’hui sur l’empire et veille à ce que la date et l’heure correspondent bien au Système Calendaire Décimal Annus Novus, inventé par le ministre des Communications de l’empire d’Atlantium au moment de sa fondation en 10500. Le calendrier décimal est divisé en dix mois de trente-six ou trente-sept jours. D’après ce calendrier, l’an zéro correspond à la fin de l’ère glacière. En Sextarius 10521 (juin 2002), l’empire comptait cinq cents citoyens provenant de soixante pays différents, et possédait des représentations diplomatiques au New Jersey, en Pologne et au Pakistan. L’Empire d’Atlantium propose à chacun une république démocratique séculière dirigée par un monarque élu dans le but de rapprocher les individus et les peuples au sein d’une unité coopérative et mondialisée, sur la base de l’héritage romain dont il se proclame. L’empire tire son nom du mythe grec d’Atlante. Le latin est sa langue officielle et, d’après Sa Majesté Impériale George II, a été choisi car il est « relativement neutre du point de vue culturel puisqu’il ne s’agit plus d’une langue vivante. » Atlantium accueille « tous ceux

art avlAvl villE ARt miNimAl

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20 21 Le fantasme du backward message repose sur

l’idée selon laquelle une parole prononcée à l’envers traverse la conscience pour atteindre directement le subconscient et orienter ensuite la perception et les actions du suppôt. Un prêtre comme Gary Greenwald par exemple, défend l’idée que les messages diffusés à l’envers dans des morceaux pop entraînent de facto la consommation de drogues et la prati-que de la bisexualité. Il existe même des lois dans l’Arkansas et en Californie qui demandent que les disques pratiquant le [ m backmasking ] possèdent un label spécial, une indication prévenant que « dans cet album, certaines paroles sont diffusées à l’envers ». En 1985, deux professeurs d’université en psychologie, John R. Vokey et J. Don Read ont voulu étudier le comportement d’auditeurs sujets à l’écoute de messages diffusés à l’envers, utilisant entre autres le psaume 23 de la Bible et Another One Bites the Dust de Queen, morceau réputé contenir le backward message « It’s fun to smoke marijuana » : ils conclurent à leur absence d’effet. Plusieurs affaires ont cepen-dant continué à populariser le mythe : en 1985, Judas Priest a été poursuivi dans le cadre d’une enquête sur le pacte de suicide de deux éco-liers du Nevada. L’un des deux garçons, ayant survécu au suicide, avait affirmé que Stained Glass, un des albums du groupe de heavy metal, contenait des messages cachés ayant entraîné leur geste, comme les mots « Fais-le » (Do It), perceptibles quand on diffusait le disque à l’envers. Judas Priest gagna le procès, après une investigation menée sur le contexte sociologique des enfants. En 1988, lors de son procès, le serial killer Richard Ramirez déclara quant à lui que la chanson de AC/DC Night Prowler, présente sur l’album Highway to Hell, lui avait inspiré ses meurtres. Ce à quoi Angus Young répondit simplement : « Vous n’avez pas besoin de passer le disque à l’envers, parce que ces paroles ne sont pas cachées. On a appelé notre disque Highway to Hell, tout cela est en face de vous ». [ m Backmasking ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ] [ m ajemian, lucas & Jason ] [ m led Zeppelin ]

[e ] m As [ m Pacôme Thiellement ] observes, the virtual presence of backward messages in pop music has attracted the wrath of the priests, especially in the United States of course where religious hysteria can assume fantastic, almost poetic proportions. Any use of a tape played backwards was seen as proof of the Satanism of rock musicians—which is both understand-

able and strange. For it implies that in the final analysis the devil is God backwards, an idea that has often featured symbolically in the context of occultism, but seldom in theology as such, where the devil is a deprivation of God, not his inversion.

The general idea was that words spoken back-wards passed through the conscious mind to reach the subconscious directly and would then influence the perception and actions of the subject. A priest like Gary Greenwald for ex-ample defended the idea that messages broad-cast back to front in pop songs led de facto to the taking of drugs and bisexual practices. In Arkansas and California there were even laws requiring records featuring [ m backmasking ] to have a special sticker, a warning that “in this album, some words are recorded backwards”. In 1985, two university lecturers in psychology, John R. Vokey and J. Don Read, carried out a study using texts including Psalm 23 from the Bible and Another One Bites the Dust by Queen (backwards the words may possibly produce: “It’s fun to smoke marijuana”) to study people’s behavior after they had listened to messages played backwards. Their conclusion was that, even when use was made of subliminal mes-sages by means of backmasking, they failed to have any apparent effect on the subjects. Two further examples: in 1985, the Judas Priest group was prosecuted on account of a joint suicide pact by two Nevada schoolboys. One of them survived his attempted suicide and stated that a 1978 Judas Priest album contained hidden messages: the words “Do it” could be heard when the record was played backwards, and the letters S, U and I could be read on the sleeve, a reference to suicide. Of course Judas Priest won the case after an inquiry into the children’s sociological background.

At his trial in 1988 the serial killer Richard Ramirez in turn claimed that the song Night Prowler by AC/DC on the album Highway to Hell had inspired his murders. David John Oates stated that there were messages con-cealed within the same record if you listened to it backwards: “I’m the Law”, “My name is Lucifer” and “She belongs in Hell”. But Angus Young simply answered: “You don’t need to play the record backwards because those words aren’t hidden. We called our record ‘Highway to Hell’, it’s all there in front of you.” [ m Back-masking ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ] [ m ajemian, lucas & Jason ] [ m led Zeppelin ]

bbackmasking[f ] m Musique. Procédé qui consiste à cacher un

message dans la chanson lors de sa production et se distingue ainsi des [ m backward mes-sages ]. Selon [ m Pacôme Thiellement ], « ses premiers usages sont liés à la censure. Mais le procédé devient très vite une opération poétique. Malheureusement, suite à l’inflation de la réception suspicieuse et des accusa-tions de [ m satanisme ], à l’opération poétique elle-même s’est progressivement substituée un usage de plus en plus parodique de ces procédés d’inversion musicale. » [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ]

[e ] m Music. Unlike [ m backward messages ], backmasking consists of hiding a message in a song, before distribution. According to [ m Pacôme Thiellement ], “its first use was associated with censorship. But it very quickly became a poetic enterprise. Unfortunately, the poetic operation itself—following the inflation of the suspicious reception and the accusations of Satanism [ m satanisme ]—was gradually replaced by an increasingly parodic use.” [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde 

renVersé ]

m lucas & Jason ajemian, From Beyond, 200�

backWard messages [f ] m Propos potentiellement subversifs dissimu-

lés dans les enregistrements et ne révélant leur sens qu’en écoutant ceux-ci à l’envers, cette pratique a partout suscité légendes, craintes et paniques ; aux états-Unis, où l’hystérie religieuse peut prendre des proportions fabu-leuses et presque poétiques, elle a de surcroît provoqué les foudres des prêtres. Comme le remarque [ m Pacôme Thiellement ] , tout usage de bande diffusée à l’envers constitue alors une preuve du [ m satanisme ] des musiciens de rock ; ce qui est à la fois compréhensible et curieux, car cela signifie qu’en dernière instance, le diable serait Dieu à l’envers, conception plus courante dans la symbolique occultiste que dans la théologie elle-même.

bac BAckmASkiNG bacBAckwARD mESSAGES

Page 12: Yodel Volume1

22 23de Nanney reconsidère le pop à l’aune du minimalisme ; les néons de Thurman évoquent les courses automobiles ; tandis que Violette propose un face-à-face entre deux plateformes noires et un télescopage de lumières fluores-centes, comme si une musique avait dépassé son point de rupture. Le film de Richard Kern, basé sur l’évocation de pratiques extrêmes, reflète la décadence et l’indécence de la culture underground du Lower East Side de New York. Présentes dans l’œuvre de Steven Parrino, les qualités graphiques de l’image dépouillée jusqu’à sa pure essence sont également centrales dans l’œuvre de [ m Gardar eide einarsson ], qui, armé d’un pochoir et d’une bombe de peinture, couvre le mur d’une réplique de grillage. À une plus petite échelle, [ m richard aldrich ] ramène la peinture à son potentiel graphique minimal. Les motifs et li-gnes courbes du dessin de [ m elizabeth Valdez ] ont été créés pour la couverture de son album de bande dessinée [ m Black noise ] – une série d’albums créés en souvenir de Parrino et produits par les artistes John Armleder, Mai-Thu Perret et Amy Granat. Les photocopies de [ m Cinema Zero ], collectif nomade lancé grâce au soutien et aux encouragements de Steven Parrino constituent des collages étranges qui servent aussi d’annonce aux événements orga-nisés par le collectif. La vidéo FTW (for S.P.) est une collaboration faite début 2005. Comme leur ami et collaborateur Steven Parrino, tous ces artistes explorent les marges de la culture et tous croient dans le potentiel radical de l’art. [ m la marqUe noire ]

[e ] m Exhibition 24/05/2007 – 25/07/2007. [ m steven Parrino ] broke many boundaries. While he brought together different disci-plines and media, he also reached towards oth-er artists. Parrino recognized the importance of the next generation and tirelessly supported the work of artists he believed in by collabo-rating with them, trading with them, writing about them, or inviting them to participate in exhibitions he curated himself. The exhibi-tion BAStARD cREAtuRE gathered together this community of artists and presents works by those who continue to be inspired by Parrino and his spirit. The starting points for BAStARD

cREAtuRE was two exhibitions curated by Steven Parrino himself: Bastard Kids of Drella, part 9 (Le Consortium, Dijon, 1999) and The Return of the Creature (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz, 2003).

Bracketing the exhibition is the iconic aura

of [ m andy Warhol ] and the reckless glamour of [ m michael lavine ]. Contained within Warhol’s photographic self-portrait and Lavine’s photo-graph of a kneeling Courtney Love are ritual, violence, sex, pop culture, outlaw, celebrity, high art, and the creation of new ideals out of the ruins of a rotten culture. Trash collides with aesthetics, and each are revealed as nec-essary equals to the other. This collapsing of opposites—beautiful/ugly, transparent/opaque, black/colourful—informs the work of [ m Jutta Koether ], a frequent collaborator with Parrino and his music project [ m electrophilia ]. In the exhibition, she presents a black painting and mixed media assemblage with glass chimes. Also a collaborator, [ m amy Granat ] creates 1�mm films and installations that investigate the pure and basic qualities of light and sound. She made her Chemical Scratch Films (2003) by chemically altering the film strip material itself. Choosing to show recent work,  [ m amy o’neill ] presents the newest addition to her Parade Float Graveyard series, a sculptural installa-tion of a wagon wheel rising out of a spinning platform. [ m mai-Thu Perret ] pursues her own storyline of undermined heroism by pairing desire with emptiness, and her sculptures give us slick monolithic surfaces in gold or black. More direct references to pop culture and to its fallen heroes exist in works by [ m Chuck nan-ney ], [ m Blair Thurman ], [ m Banks Violette ] and [ m richard Kern ]. Nanney’s painting folds pop into minimalism, Thurman’s neon references race cars, and Violette’s sculpture proposes a face-off between two black platforms and a collision of fluorescent lights, as if a musical moment reached beyond its breaking point. Traces of extreme acts reappear more explicitly in the film by Richard Kern, who captures the infamous underground culture of New York’s Lower East Side. The graphic qualities of an image stripped to its bare essence that appear in the work of Steven Parrino are also impor-tant to the work of [ m Gardar eide einarsson ], who covers a wall with a duplicated image of a chain-linked fence by using spray-paint and a stencil. At a smaller scale, [ m richard aldrich ] strips painting to its minimal graphic potential. The curved patterns and lines in [ m elizabeth Valdez ]’s drawing were made for her [ m Black noise ] book, from a series of comic books created in Parrino’s memory produced by the artists John Armleder, Mai-Thu Perret, and Amy Granat. The photocopied pages by [ m Cinema Zero ], a nomadic collective that presents film/

bannesled (le royaume de)Kingdom of Bannesled [f ] m Le 12 juin 1998, la future reine émilie Ière de

Bannesled racheta sa chambre à coucher à ses parents : cet acte originel entraîna la formation d’une monarchie absolue héréditaire. Le 24 juin 1998, en signant la Déclaration du peuple de Bannesled, elle parvint à séparer sa chambre du territoire canadien. Sur une surface de 12 m2 à peine, avec six habitants, le Bannesled est en-touré de tous côtés par Ottawa, dans l’Ontario. Un système de classes très strict a été mis en place dans cette micronation ; la citoyenneté ne peut y être obtenue que par les amis et connaissances des citoyens actuels. La plupart appartiennent à l’entourage de la reine, souve-raine absolutiste. Quoique dépourvus de tout pouvoir, les citoyens peuvent contrebalancer le pouvoir exécutif. La majorité d’entre eux sont des femmes et présentent une grande diversité sur le plan ethnique, religieux et culturel. Tous partagent la même culture et les mêmes idéaux bannesiens.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m On June 12, 1998, Queen Emily I of Ban-nesled started a chain reaction that led to the formation of this absolute hereditary monarchy: she bought her bedroom from her parents. Then on June 24, 1998, by signing The Declarations of the People of Bannesled, she successfully separated her bedroom from Canada. With a population of �, Bannesled covers just less than 130 square feet and is surrounded on all sides by Ottawa, Ontario. A strict class system is firmly in place in this micronation; citizenship is open only to the personal relations of current citizens. Most belong to the “peerage” of the Queen, who rules by absolute right. Although they have no power themselves, they do have the ability to sway decision-making power. The majority of Bannish citizens are female but there is great ethnic, religious, and cultural diversity between citizens. All share the same Bannish Culture and believe in the ideals of the Bannish Nation. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ]

barre de FractionFraction line [ m π, noUVelles dU monde renVersé  ]

bastard creature[m 3, fig. #40 – #43 ][f ] m Exposition 24/05/2007 – 25/07/2007.

[ m steven Parrino ] n’a eu de cesse de briser les frontières. S’il a fait se croiser disciplines et médiums, il a également sollicité la collabo-ration de nombreux artistes. Reconnaissant l’importance de la nouvelle génération, il a soutenu sans discontinuer l’œuvre d’artistes en lesquels il croyait, collaborant avec eux, écrivant sur eux ou les invitant à participer à des expositions dont il était le commissaire. L’exposition BAStARD cREAtuRE rassemblait les œuvres de cette communauté d’artistes qui continue de s’inspirer de Parrino et de son énergie, prenant pour point de départ deux expositions organisées par Steven Parrino lui-même : Bastard Kids of Drella, part 9 (Le Consortium, Dijon, 1999) et The Return of the Creature (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz, 2003).

L’aura iconique de l’autoportrait photo-graphique de [ m andy Warhol ] d’un côté, la désinvolture glamour de Courtney Love à genoux photographiée par [ m michael lavine ] de l’autre, posent le cadre de l’exposition. Entre les deux s’affichent rituels, violence, sexe, pop culture, gloire, beaux-arts, et nouveaux idéaux surgis des ruines d’une culture en décompo-sition. Le « trash » se heurte à l’esthétique formelle et révèle que l’un ne va pas sans l’autre. Beau et laid, transparent et opaque, noir et coloré, une lutte des contraires sous-tend l’œuvre de [ m Jutta Koether ]. Collabo-ratrice régulière de Parrino et de son projet musical [ m electrophilia ], elle présente ici une toile noire mêlant divers matériaux. Autre col-laboratrice, [ m amy Granat ] conçoit des films 1�mm en boucle et ses Chemical Scratch Films (2003) sont nés de la destruction même du film. [ m amy o’neill ] présente une nouvelle version de sa série Parade Float Graveyard, une roue de wagon en métal doré sur une plateforme tournante. Avec ses sculptures aux surfaces monolithiques lisses noires ou dorées, [ m mai-Thu Perret ] poursuit l’écriture d’un scénario qui intègre la notion d’un héroïsme contrarié. Les œuvres de [ m Chuck nanney ], [ m Blair Thurman ], [ m Banks Violette ] et [ m richard Kern ] font plus directement référence à la pop culture et à ses héros déchus. La peinture

ban BANNESlED basBAStARD cREAtuRE

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24 Heroine of the People (Golden Rock), 2005 Courtesy Praz-Delavallade, Paris [ m Blair Thurman ]

Vanishing Point 2/3, 1999 Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Banks Violette ]

Kill Yourself (Twin), 200� Collection Migros Museum für Geganwart-

skunst, Zurich [ m elizabeth Valdez ]

Black Noise-Selects Series 1, 200�–2007 Courtesy de l’artiste / of the artist Black Noise-Cover, 200� Courtesy de l’artiste [ m andy Warhol ]

Auto-portrait / selfportrait Sans date / undated Collection Le Consortium, Dijon

beFore (plus ou moins)[m 3, fig. #38, #39 ][f ] m Exposition 24/05/2007 – 25/07/2007.

Empruntant à toutes les formes de la culture américaine (motards, super héros, musique punk, films d’horreur, etc.), l’art de [ m steven Parrino ] conserve un lien fort avec l’histoire de l’art moderne, notamment de l’avant-garde amé-ricaine d’après-guerre. Les sources de la force expressive de Steven Parrino, du drame perpé-tuel en train de se produire, de cette radicalité chromatique, de cette extrême violence au pouvoir destructeur, se retrouvent dans les œu-vres d’artistes aussi divers qu’[ m andy Warhol ], [ m Vito acconci ], [ m robert smithson ] et bien d’autres. Ses couleurs fétiches, noir et argent, sont les couleurs des Harley Davidson, des amplis de guitare, des lunettes de soleil (que Parrino portait même la nuit), mais aussi celles des peintures de [ m Frank stella ] ou encore des matériaux industriels, comme l’acier ou la laque, utilisés par [ m donald Judd ] dans ses travaux. La démarche de Steven Parrino dans sa recherche d’une peinture réaliste conçue en tant qu’objet ou fait réel, peut être interprétée comme une nouvelle forme de « réalisme », dans la tradition des artistes américains d’après-guerre. « Le réalisme a été redéfini depuis Courbet comme étant passé de la représenta-tion de la réalité du jour à la définition de l’ob-jet dans le monde réel. La subjectivité consiste en l’acte de sélectionner et n’a rien à voir avec les mélodrames de l’imagination/désir, seule-ment avec les faits » disait Parrino. L’artiste a choisi de s’inspirer de ses prédécesseurs afin de donner une nouvelle direction à la peinture

au moment le plus critique, où tout le monde proclamait sa mort. BEFoRE (PluS ou moiNS) regroupait certaines pièces clés dans la forma-tion de l’univers esthétique de Steven Parrino : des œuvres historiques des années 19�0/1970 – comme la série Electric Chair d’Andy Warhol, une pièce monochrome en acier inoxydable de la série Progression de Donald Judd (réalisée entre autres avec de la peinture-laquée de Harley Davidson), la vidéo Claim Excerpts de Vito Acconci, ou encore les vidéos Rundown et Swamp de Robert Smithson, mais aussi les Stel-la Black Paintings de [ m sturtevant ] ou le film Invocation of My Demon Brother de [ m Kenneth anger ]. Commissaire invité : [ m olivier mosset ]. [ m la marqUe noire ]

[e ] m Exhibition 24/05/2007–25/07/2007. Bor-rowing from all forms of American culture (bikers, super heroes, punk music, horror films, etc.), the art of [ m steven Parrino ] retains a strong link with the history of modern art, in particular the post-war American avant-garde. The sources of Parrino’s oeuvre—its expressive strength, its constantly unfolding drama, its chromatic radicalism, the extreme violence of its destructive power—appear in the works of artists such as [ m andy Warhol ], [ m Vito acco-nci ], [ m robert smithson ] and many others. His fetishized colours, black and silver, are the colours of Harley Davidsons, guitar amplifiers, sunglasses (which Parrino used to wear even at night), but also those of [ m Frank stella ]’s paintings or of the steel or industrial paint used by [ m donald Judd ].

Steven Parrino’s approach in his search for a realist painting, conceived as a real object or fact, can be interpreted as a new form of “realism”, in the tradition of post-war American artists. “Realism has been redefined since Cour-bet, from representing the reality of the day to defining the object in the real world, real time. Subjectivity is selection and does not deal with the melodramas of fantasy, just the facts,” Parrino used to say. The artist chose to draw his inspiration from his predecessors in order to give painting a new direction at the most critical moment, when everyone was proclaim-ing its death. BEFoRE (PluS ou moiNS) brought together some key pieces in the formation of Steven Parrino’s aesthetic universe: historical works from the 19�0s and 1970s—like Andy Warhol’s Electric Chair series, a monochrome stainless steel piece from Donald Judd’s Pro-gression series (made among other things with Harley Davidson’s lacquered paint), the video

music/performance events, are cut-up collages that also serve as the event announcements. The collaborative video FTW (for S.P) was made in early 2005. Like their friend and col-laborator Steven Parrino, these artists pursue the extreme edges of culture and believe in the radical potential of art. [ m la marqUe noire ]

m Liste des œuvres / List of works [ m richard aldrich ] 

Sans titre, 2005 Courtesy Corvi-Mora, Londres / London Sans titre, 2007 Courtesy Corv-Mora, Londres / London Ufo, 200� Collection particulière / private collection Courtesy Corvi-Mora, Londres / London Sans titre, 2005 Courtesy Corvi-Mora, Londres / London [ m Cinema Zero ]

FTW (For S.P.), 2005 Courtesy Cinema Zero Flyers, 2005–2007 Courtesy Cinema Zero [ m Gardar eide einarsson ]

I am the master of my fate; I am the captain of my soul, 2007

Courtesy Team Gallery, New York [ m amy Granat ]

Chemical Scratch Film #1, 2003 Courtesy de l’artiste / of the artist Spray Paint Film #3, 2003 Courtesy de l’artiste / of the artist [ m richard Kern ]

I Hate You Now, 1985 Courtesy Jousse Entreprise, Paris [ m Jutta Koether ]

Female Force, 200� Courtesy Galerie Daniel Buchholz, Cologne [ m michael lavine ]

Courtney Love, Kneeling, 1994 Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Chuck nanney ]

Mudhoney, 1989 Collection Laurence& Patrick Seguin Mute Witness, 1991 Collection Laurence& Patrick Seguin [ m amy o’neill ]

The Golden West, 2007 Courtesy Alexandre Pollazzon Ltd, Londres /

London [ m mai-Thu Perret ]

Heroine of the People (Black Stack), 2005 Courtesy Praz-Delavallade, Paris Heroine of the People (Black Tower), 2005 Courtesy Praz-Delavallade, Paris

m BAStARD cREAtuRES

Banks Violette, Kill Yourself (Twin), 200� ; Gardar eide 

einarsson, I am the master of my fate; I am the captain of my soul, 2007

m BAStARD cREAtuRES

Blair Thurman, Vanishing Point 2/3, 1999

m BEFoRE (PluS ou moiNS) Frank stella, Mas o Menos ( plus ou moins), 19�4 ;

sturtevant, Stella Die Fahne Hoch!, 1990 ; Stella Arbeit Macht Frei, 1989

bas BAStARD cREAtuRE

25

beFBEFoRE (PluS ou moiNS)

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2� 27[e ] m An American writer living in New York.

Bruce Benderson is the author of Autobiogra-phie érotique (Rivages, 2004, English title The Romanian: Story of an Obsession, USA, Tarch-er/Penguin and UK, Snow Books 200�), erotic memoirs of a nine-month stay in Romania, which was awarded the Prix de Flore in 2004. His latest novel Pacific Agony (Clearcut Press, 2007) is a caustic satire on life in America’s Pacific Northwest. In 1999 he also published a book on the work of the film-maker and photographer James Bidgood, the director of the cult gay film Pink Narcissus. Furthermore he has translated several books into English, including Baise-moi by Virginie Despentes, but also the biography of Céline Dion. In his essay Concentré de contre-culture: 50 idées, per-sonnes et événements de l’underground qui ont changé ma vie, pour le meilleur ou pour le pire (Scali, Paris, 2007)—published to coincide with the fiftieth anniversary of Jack Kerouac’s On the road—Bruce Benderson gives an overview of fifty years of underground: from Altamont, the famous concert by the Rolling Stones dur-ing which one of the audience was murdered by [ m Hells angels ] in [ m 1969 ], to [ m Patty Hearst ], by way of [ m William s. Burroughs ] or Robert Crumb.

big crunch clock[m 1, fig. #0� ][f ] m Œuvre d’art. Installée sur le fronton du

Palais de Tokyo, Big Crunch Clock (1999) de [ m Gianni motti ] effectue le décompte des [ m 5.000.000.000 d’années ] qui nous séparent de l’explosion du soleil.

[e ] m Work of art. Installed at the Palais de Tokyo entrance Big Crunch Clock (1999) by Gianni motti ] displays the countdown of the 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ] that seperate us from the explosition of the sun.

black block[f ] m Boutique du Palais de Tokyo.[e ] m Shop of the Palais de Tokyo.

m BlAck NoiSE (Philippe Decrauzat)

m BlAck NoiSE (Jutta Koether)

black noise[f ] m Coffret de trente-deux publications réalisé

à l’initiative de John Armleder, [ m amy Granat ] et [ m mai-Thu Perret ], en hommage à l’artiste [ m steven Parrino ] (édité par écart Publica-tions). Conçu sur le modèle des comic books américains que Parrino affectionnait, le projet rassemble des artistes proches de lui, qu’ils l’aient côtoyé, aient collaboré avec lui ou que leurs œuvres se soient réciproquement influen-cées. Chaque auteur invité a réalisé un volume du coffret, avec pour seules contraintes le format et le titre de l’ensemble de la publica-tion. « Black noise », expression qui rend grâce aussi bien à l’univers culturel dark de Steven Parrino qu’à l’omniprésence du noir dans son œuvre, désigne par ailleurs un son paradoxale-ment puissant, réputé accompagner les grandes catastrophes : l’oreille humaine ne le percevrait pas, mais il étoufferait dans un même temps la diffusion de tous les bruits environnants. [ m la marqUe noire ]

[e ] m A box of 32 publications produced at the initiative of John Armleder, [ m amy Granat ] and [ m mai-Thu Perret ], as a tribute to the artist [ m steven Parrino ] (published by écart Publications). Designed along the lines of the American comic books that Steven Parrino was fond of, the project brings together people who were associated in some way with Steven Parrino through projects and exchanges, friend-ship, or reciprocal inspiration. Each author invited to produce a volume for the box had no constraints other than the format and the

Claim Excerpts by Vito Acconci, or the videos Rundown and Swamp by Robert Smithson, but also [ m sturtevant ]’s Stella Black Paintings or [ m Kenneth anger ]’s film Invocation of My De-mon Brother. Guest curator: [ m olivier mosset ].

[ m la marqUe noire ]

m Liste des œuvres / List of works [ m Vito acconci ]  

Claim Excerpts, 1971 ; Courtesy Electronic Arts Intermix (EAI), New York

[ m Kenneth anger ]  Invocation of My Demon Brother, 19�9 ; Courtesy Re-Voir, Paris

Bande son / soundtrack : Electrophilia (bande son originale / original soundtrack : Mick Jagger)

nancy Holt / [ m robert smithson ]  Swamp, 1971 ; Courtesy Electronic Arts Inter-mix (EAI), New York

Jane Crawford / robert Fiore   Rundown, 1994 ; Courtesy Electronic Arts Inter-mix (EAI), New York

[ m donald Judd ]  Progression, 1972 ; Collection Musée d’art mod-erne de Saint Etienne, Saint Etienne Métropole

[ m robert smithson ]  Mirror Vortex, 19�4 ; Collection Centre Pompi-dou, Musée national d’Art moderne – Centre de création industrielle, Paris. Don de la Clarence Westbury Foundation, 2005

[ m Frank stella ]  Mas o Menos ( plus ou moins), 19�4 ; Collec-tion Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne –Centre de création industrielle, Paris

[ m sturtevant ] Stella Die Fahne Hoch!, 1990 ; Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris, Salzbourg

Stella Arbeit Macht Frei, 1989 ; Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris, Salzbourg

Stella The Marriage of Reason and Squalor (First Version), 1990 ; Courtesy Galerie Thad-daeus Ropac, Paris, Salzbourg

Stella Bethlehem’s Hospital, 1989–1990 ; Col-lection de l’artiste, Courtesy Galerie Thaddaeus Ropac, Paris, Salzbourg

  [ m andy Warhol ]  Electric Chairs, 1971 ; Collection FRAC Nord – Pas de Calais

bellamy, samuel[f ] m Pirate anglais plus connu sous le nom

de « Black Sam ». [ m voir p. C-4 ][e ] m English pirate better known as

“Black Sam”. [ m see p. C-8 ]

benderson, bruce [f ] m écrivain américain vivant à New York. Bruce

Benderson est notamment l’auteur d’Autobio-graphie érotique (Rivages, 2004), mémoires érotiques d’un séjour de neuf mois en Rouma-nie, qui obtient le Prix de Flore en 2004. Son dernier roman Pacific Agony (Payot & Rivages, 2007) est une satire caustique de la vie sur la côte nord-ouest des états-Unis. Il a également publié en 1999 un livre sur l’œuvre du cinéaste et photographe James Bidgood, réalisateur du film culte gay Pink Narcissus. Il a par ailleurs traduit en anglais plusieurs li-vres dont Baise-moi de Virginie Despentes, mais également la biographie de Céline Dion. Dans son essai Concentré de contre-culture : 50 idées, personnes et événements de l’under-ground qui ont changé ma vie, pour le meilleur ou pour le pire (Scali, 2007) – publié à l’occasion du cinquantième anniversaire de Sur la route de Jack Kerouac – Bruce Benderson balaie cin-quante ans d’underground : d’Altamont, le célè-bre concert des Rolling Stones au cours duquel un spectateur fut assassiné en [ m 1969 ] par des [ m Hells angels ], à [ m Patty Hearst ], en passant par [ m William s. Burroughs ] ou Robert Crumb.

BEllAmY BlAck NoiSE blabel

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bla28 29

unstable incompletion. Preferring cheap and even edible materials, Blazy allows a controlled randomness and the beauty of entropy to reign supreme. Unstable developments and biologi-cal alterations give rise to a changing plastic universe in which time is a leading player. A builder of random, fragile universes, Michel Blazy likes to manipulate materials, to attempt to control their disappearance and transfor-mation, or on the contrary to be completely dependent on them. The micro-events to which the adventure gives rise are crucial to the unfolding journey: instances of intentional or accidental germination, of the desiccation and decline of materials, of microscopic molds and rots, of the deterioration of surfaces, of the degeneration, transmutation or decrepitude of forms—all these febrile energies of living matter are claimed by the artist as operations crucial to the elaboration of the work. Living matter is inconceivable without multiple mor-tiferous energies, metamorphoses and a great many oddities. The artist’s works integrate that complexity, which unfold with all its ambigui-ties, and its sometimes disturbing, even repul-sive character. A spider, an animal skin, a hunt-ing trophy, an atomic mushroom, a skeleton… all sculptures made of edible materials that form a strange bestiary, a cabinet of paradoxi-cal curiosities. Static if viewed from a certain angle, the artist’s work is in fact inhabited by a multitude of minute movements that constantly at every instant make and unmake forms, disconcerting our categories of perception, as well as those of the art world. [ m 5.000.000.000 

d’années ] [ m PosT PaTman ]

bontecou, lee[f ] m *1931, vit à Orbisonia, Pennsylvanie.

Utilisant le langage de l’abstraction, le travail intime et étrange de Lee Bontecou mêle le figu-ratif, l’organique et le mécanique comme autant de paliers entre le naturel et l’artificiel. Dans ses sculptures murales en trois dimen-sions, des fragments de toiles et d’autres matériaux sont tendus et façonnés sur des cadres souples et métalliques. Un espace en profondeur surgit de ces objets et nous renvoie vers des références organiques et féminines, vers le sublime, le mystérieux ou l’extra-terrestre, mais aussi vers l’angoisse d’un monde artificiel, grotesque et mutilé. Les frontières entre la beauté et la laideur, la nature et la guerre, la terre et le ciel, la femme et l’homme sont brouillées au profit d’une intense

sensation de vie. [ m THe THird mind ][e ] m *1931, lives in Orbisonia, Pennsylvania. Us-

ing the language of Abstraction, the intimate and strange work of Lee Bontecou mixes the figurative, the organic and the mechanical like so many states of transformation between the natural and the artificial. In her three-dimen-sional mural sculptures, fragments of canvases and other materials are stretched and shaped together over flexible, metallic frames. A space with depth emerges from these objects, making us think of organic and feminine references, the sublime, the mysterious or the extrater-restrial, but also the anguish of something artificial that is grotesque and mutilated. The frontiers between beauty and ugliness, nature and war, earth and sky, woman and man are blurred in favour of an intense feeling of life.

[ m THe THird mind ]

m mike Bouchet, Judd Law, 2005

bouchet, mike[f ] m *1970, vit à New York et à Berlin. Mêlant

les références à l’histoire de l’art, les icônes contemporaines, les problématiques socio-éco-nomiques, Mike Bouchet produit des installa-tions qui décalent nos attentes. Du [ m jacuzzi ] de célébrités en passant par son cola auto-pro-duit, sa marque de jeans, ses bustes de Tom Cruise jusqu’à la réactivation d’une pièce cé-lèbre de Walter de Maria, Mike Bouchet croise avec humour l’historique et le quotidien.

Dans [ m 5.000.000.000 d’années ], Mike Bouchet a présenté quelques uns de ses jacuzzis pour célébrités ( Jude Law, 2005 ; Robert Mugabe, 2005 ; Jack Welch, 2005). À la frontière du [ m bricolage ] et de l’objet scientifique, ses sculptures post-minimales jouent d’une référen-ce cryptée à une célébrité sans que l’on puisse déterminer s’il s’agit d’un hommage irrévéren-cieux ou d’un pied de nez admiratif.

overall title of the publication. “Black Noise”, an expression which refers both to the dark cultural universe of Steven Parrino and the omnipresence of black in his work, furthermore designates a paradoxically powerful sound, said to accompany major catastrophes: the human ear would not perceive it, but it would simul-taneously stifle the diffusion of all surrounding noises. [ m la marqUe noire ]

m Auteurs / Authors [ m richard aldrich ] / John Armleder / Fia Backström / Sophie Bernhard / [ m Peter Coffin ]

/ [ m Philippe decrauzat ] / Vidya Gastaldon & [ m Fabrice stroun ] / Gabrielle Giattino & Sarah Turner / Janine Gordon / Kim Gordon / [ m amy Granat ] / Drew Heitzler & Flora Wiegman /

[ m Jutta Koether ] / Alix Lambert / Balthazar Lovay / Brendan Majewski / Christian Marclay /

Mass / John Miller / Thurston Moore / [ m olivier mosset ] / [ m Chuck nanney ] / Genesis P-Orridge

/ [ m mai-Thu Perret ] / Carissa Rodriguez / Aura Rosenberg / Michael Scott / John Terhorst /

[ m Blair Thurman ] / John Tremblay / [ m elizabeth Valdez ] / Joan Wallace.

bladen, ronald[m 4, fig. #54 ][f ] m 1918 – 1988. Considéré par certains comme

le « père du minimalisme », l’artiste améri-cain Ronald Bladen a produit des œuvres monumentales aux formes géométriques en bois monochrome. En lien direct avec leur environnement, ces œuvres dominent l’espace muséal et en modifient l’appréhension. Avec son compatriote Tony Smith, Ronald Bladen élève l’artificiel à la taille et à la force d’un phénomène naturel. Dans [ m THe THird mind ], Cathedral Evening (1971) se présente comme un vaste triangle ouvrant au-dessus du spectateur un drame aux allures d’expérience minimale alors que la géométrie plus instable de Three Elements (19�5) semble frôler l’effondrement.

[e ] m 1918 – 1988. Regarded by some as the “father of Minimalism,” the American artist Ronald Bladen produced monumental geometrically shaped works in wood. Linked to their environ-ment, these monochromatic works dominate the museum space and alter our apprehension of it. Along with his peer Tony Smith, Ronald Bladen elevated the artificial to the stature and strength of a natural phenomenon. In [ m THe 

THird mind ], Cathedral Evening (19�9) takes the form of a huge triangle opening up above the viewer a drama which has the appearance of a Minimal experiment, while the less stable

geometry of Three Elements (19�5) seems on the verge of collapse.

blaZy, michel[m 1, fig. #01; 2, fig. #15 – #19 ; 5, fig. #�4 ][f ] m *19��, vit à Paris. Artiste de l’incontrôlable,

Michel Blazy produit des œuvres où la décom-position et le devenir des objets organiques structurent de manière aléatoire sa pratique. Le collant, le liquide ou le mousseux sont des matières récurrentes qui permettent à l’artiste de ne jamais s’enfermer dans une conception finie de l’œuvre d’art. Privilégiant les matières pauvres, voire comestibles, l’artiste laisse libre champ à un hasard contrôlé et à la beauté de l’éphémère. évolutions instables et altérations biologiques donnent forme à un univers plas-tique mutant dont le temps est un acteur de premier plan. Bâtisseur d’univers aléatoires et fragiles, l’artiste manipule les matières, tente d’en contrôler disparition et transformation ou, bien au contraire, d’en être entièrement dépen-dant. Les micro-événements que l’aventure suscite sont essentiels aux déploiements du parcours : germinations souhaitées ou acciden-telles, dessications et altérations des matières, moisissures et pourrissements microscopiques, dégradations des surfaces, dégénérescences, transmutations, décrépitudes des formes, toutes ces énergies fébriles du vivant sont revendiquées par l’artiste comme autant d’opé-rations essentielles à l’élaboration de l’œuvre. Le vivant ne se conçoit pas sans de multi-ples énergies mortifères, métamorphoses et nombreuses étrangetés. Les œuvres de l’artiste intègrent cette complexité qui se déploie avec toutes ses ambiguïtés, son caractère parfois inquiétant, voire repoussant. Araignée, peau de bête, trophée de chasse, champignon atomique, squelette… autant de sculptures en matières comestibles qui forment un étrange bestiaire, un cabinet de curiosités paradoxales. Statique sous un certain angle, le travail de l’artiste est en réalité habité par une multitude d’infimes mouvements qui ne cessent de faire et de défaire les formes à chaque instant, déroutant les catégories de la perception, aussi bien que celles du monde de l’art.

[ m 5.000.000.000 d’années ] [ m PosT PaTman ] [e ] m *19��, lives in Paris. Michel Blazy is an

artist of the uncontrollable. The growth and decay of organic materials forms the structure of Michel Blazy’s work. Sticky, liquid, and foamy materials allow his sculptures to always be in progress, caught in a permanent state of

BlADEN bouBouchEt

Page 16: Yodel Volume1

30 31intentionally unsophisticated collection of pho-tocopies which has included contributions from authors like Julien Blaine, Jean-François Bory or Nathalie Quintane. The collective has set up the T.A.P.I.N. (Toute l’Actualité de la Poésie Inadmissible ou Idiote sur le Net [All the latest news about unacceptable or idiotic poetry on the net]) website which offers an anthology of contemporary sound and visual poems, as well as the archives of the activities of the collec-tive itself. In April 2007, Julien d’Abrigeon, Cosima Weiter, Georges Hassomeris, Sophie Nivet, Cyrille Bret and Thomas Braichet, all members of BoXoN, organized boxonoxod at the Palais de Tokyo: an imaginative event based on a rereading of Lewis Carroll’s book Through the Looking Glass, the evening of po-etic-linguistic exercises successfully mixed ac-tion poems, contests and acknowledgments of failure, simultaneous poems with 2, 3, 4, 5 and � voices, “dystructive” simultaneous translexi-cal translations, visual poems and bunny-girls pushed for time. [ m les jeudis de π, noUVelles 

dU monde renVersé  ]

m Brainard Joe, Untitled (Madonna), 19�8

brainard, joe[f ] m 1942 – 1994. Dans les années 19�0 et 1970,

Joe Brainard, artiste et poète, a produit un grand nombre d’œuvres (collages, peintures, travaux d’écriture, décors de théâtre et costu-mes de danse...) avant de s’arrêter mystérieu-sement de créer au milieu des années 1980. Les motifs développés par Joe Brainard (fleurs, madones, tatouages corporels, etc.) frôlent le registre du décoratif en jouant avec les détails grâce à des couleurs fraîches et lumineuses, qui séduisent l’œil non sans humour. [ m THe 

THird mind ]

[e ] m 1942 – 1994. In the 19�0s and 1970s Joe Brainard, an artist and a poet, produced a large number of works (collages, paintings, written works, stage sets, dance costumes…) before mysteriously stopping in the mid-1980s. The motifs developed by Brainard (flowers, Madon-nas, body tattoos, etc.) are on the fringes of the decorative register, playing with details by means of bright, luminous colours that appeal to the eye and are not devoid of humour.

[ m THe THird mind ]

m robert Breer, Swiss Army Knife with Rats & Pigeons, 1980

breer, robert[f ] m Venu s’installer à Paris dès la fin des années

1940 pour se consacrer à la peinture, Robert Breer expose à la galerie Denise René des toiles abstraites dans la mouvance de l’art concret. Cherchant à se libérer de ce carcan, il commence à travailler avec des formes géomé-triques plus libres, flottantes, et expérimente leurs évolutions, leur mise en mouvement, leur élasticité dans des flip books puis dans des films réalisés avec les techniques de l’anima-tion. Les Form Phases, série de courts-métrages

[e ] m *1970, lives in New York and Berlin. Mike Bouchet’s sculptural installations blend art-historical references, contemporary icons, and socio-economic issues. From a [ m jacuzzi ] for celebrities, a self-produced soda, and his own brand of jeans, to his busts of Tom Cruise and his reactivation of a famous earthwork by Walter de Maria, Bouchet—with deadpan humour—mixes history and the everyday. In 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ], the artist presents a selection of his celebrity jacuzzis (Jude Law, 2005; Robert Mugabe, 2005; Jack Welch, 2005). On the border between the DIY [ m bricolage ] and the scientific object, his post-minimalist sculptures make ambiguous ref-erences to celebrities, and the divide between irreverence and admiration remains unresolved.

boyce, martin[f ] m *19�7, vit à Glasgow. Sculpteur, designer,

Martin Boyce intègre ses œuvres dans l’espace physique, celui que l’on occupe par sa simple présence, mais aussi l’espace psychologique et émotionnel. Imprégné par l’univers urbain, son travail construit des ambiances de vie in-térieure, à l’aide d’un langage visuel parfois di-rectement issu du design. Proche de la création de mobilier, Martin Boyce choisit cependant d’investir tout l’espace et non de se concentrer sur la création d’objets utilitaires. Reliant les espaces urbains extérieurs et l’espace intérieur des salles d’exposition, Martin Boyce nous invite à prendre le temps de circuler dans ses installations qui sont autant de paysages imagi-naires, comme When Now is Night (Web), une installation composée d’un système d’éclairage de tubes fluorescents. [ m THe THird mind ]

[e ] m *19�7, lives in Glasgow. Martin Boyce is a sculptor and designer who integrates his works into physical space—the space we occupy by our mere presence, but also psychological and emotional space. His work is imbued with the urban universe, and constructs ambiances of in-door life, with the help of a visual language that sometimes comes straight from design. While he is close to furniture design, Martin Boyce nonetheless chooses to invest the entirety of spaces, not concentrating on the design of utili-tarian objects. Linking outside urban spaces to the internal space of exhibition galleries, Boyce invites us to take the time to move around in his installations, each of them an imaginary landscape, such as When Now is Night (Web), an installation composed of a fluorescent-tube lighting system. [ m THe THird mind ]

m De l’autre côté du miroir / Through the Looking Glass

boXon[f ] m Collectif de poètes et d’écrivains fondé à

Lyon en 1997 par Gilles Cabut, Jean-Luc Michel, Gilles Dumoulin et Julien d’Abrigeon. Dans la lignée du Lettrisme, de la poésie sonore de Bernard Heidsieck et des textes incantatoires de [ m William s. Burroughs ], ils manipulent non seulement la langue et le mot, mais travaillent aussi la typographie, les dimensions visuelles de l’écrit, et mettent l’accent sur la lecture comme performance. BoXoN publie une revue éponyme, cahier de photocopies volontairement fruste auquel ont pu collaborer des auteurs comme Julien Blaine, Jean-François Bory ou Nathalie Quintane. Le collectif a mis en place le site Internet T.A.P.I.N. (Toute l’Actualité de la Poésie Inadmissible ou Idiote sur le Net) qui propose, outre les archives des activités du collectif lui-même, une anthologie de poèmes sonores et visuels contemporains. En avril 2007, Julien d’Abrigeon, Cosima Weiter, Georges Hassome-ris, Sophie Nivet, Cyrille Bret et Thomas Braichet, tous membres de BoXoN, ont organisé au Palais de Tokyo boxonoxod : imaginée à partir d’une relecture du livre de Lewis Carroll De l’autre côté du miroir, cette soirée d’exercices poético-linguistiques a pu mêler poèmes d’action, tournois et constats d’échec, poèmes simultanés à 2, 3, 4, 5, � voix, traductions translexiques « dystructrices » simultanées, poèmes visuels et bunny-girls à la bourre. [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ][e ] m A collective of poets and writers founded

in Lyons in 1997 by Gilles Cabut, Jean-Luc Michel, Gilles Dumoulin and Julien d’Abrigeon. Carrying on the heritage of Lettrism, the sound poetry of Bernard Heidsieck and the incantatory texts of [ m William s. Burroughs ], not only do they manipulate language and words, they also intervene in the typography, the visual dimensions of the written text, and put great emphasis on reading as performance. BoXoN publishes an eponymous journal, an

BoYcEboy BREER bre

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32 33[e ] m Max Brooks is the son of the film director

Mel Brooks and the actress Anne Bancroft. He successively published The Zombie Survival Guide (New York: Crown, 2003) which explains how to survive an eventual zombie invasion, and World War Z: An Oral History of the Zom-bie War (New York: Crown; London: Duckworth, 200�), an ovel that recounts a war between zombies and the human race. [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]  [ m Zombie ]

bureau des médiateurs (bdm)Mediators’ Office[f ] m Point de départ ou d’arrivée de visite au

Palais de Tokyo, le Bureau des médiateurs est un espace d’accueil, d’information et de documentation sur les expositions. Il propose une programmation quotidienne pour explorer l’univers de chaque session d’expositions. [ m équipe ]

[e ] m The departure or arrival point for visits to the Palais de Tokyo, the Bureau des médiateurs is a reception area providing information and documentation about the exhibitions. It sug-gests a daily program for getting the best out of the exhibitions on offer. [ m équipe ]

burroughs, William seWard[m 4, fig. #45 – #47 ][f ] m 1914 – 1997. écrivain américain. Après

avoir sans succès envisagé une carrière dans les services secrets et exercé à Chicago le métier d’exterminateur de cafards, William S. Burroughs s’établit à New York au milieu des années 1940, où sa rencontre avec Jack Kerouac et Allen Ginsberg va donner naissance à la Beat Generation. Déjà grand consom-mateur d’opiacés, Burroughs accumule les

ennuis avec la police et finit par s’installer au Mexique avec sa femme, Joan Vollmer – qu’il tuera accidentellement, en 1951, en jouant à Guillaume Tell avec son pistolet automatique. Ses nombreuses pérégrinations en Amérique Latine, entre dérive sexuelle et quête mystique de drogues mayas, donneront matière à ses trois premiers textes, Junkie, Queer et Lettres du Yage, seul le premier étant publié en 1953 chez un éditeur de romans populaires. À qua-rante ans, complètement accroc à la morphine, il s’installe à Tanger où il se lie avec [ m Brion Gysin ], rencontre Paul Bowles, et entame la rédaction de son grand’œuvre : mis en forme avec l’aide de Kerouac, Ginsberg, puis Gysin, le manuscrit d’Interzone deviendra Le Festin Nu, publié à Paris en 1959. Installé au Beat Hotel de la rue Gît-le-Cœur, William S. Burroughs poursuit ses expérimentations poétiques et met au point avec Brion Gysin plusieurs techniques d’écriture, à commencer par le [ m cut-up ], dont la manipulation et l’association à un travail sur l’image donnera la matière à l’ouvrage [ m The Third Mind  ]. La publication de la trilogie Nova, « mythologie pour l’âge de l’espace », (La Machine molle, 19�1 ; Le Ticket qui explosa, 19�2 ; Nova Express, 19�4) et un procès intenté au Festin Nu, en 19�5, font de Burroughs une icône de la contre-culture américaine. Revenu s’installer aux états-Unis au milieu des années 1970, il s’impose comme un des maîtres à penser de plusieurs générations d’artistes underground, jouant de son image fascinante et sulfureuse de toxicomane averti, fanatique d’armes à feux et du lancer de couteaux ou adepte des théories du complot passé par la scientologie. [ m THe THird mind ] [ m Peyotl ] [ m The Third Mind, p. d-2 ] 

[e ] m 1914 – 1997. An American writer. After unsuccessfully contemplating a career in the secret service and working in Chicago as a cockroach exterminator, William S. Burroughs settled in New York in the mid-1940s where his meeting with Jack Kerouac and Allen Ginsberg gave rise to the Beat Generation. Already a heavy consumer of opiates, Burroughs was constantly in trouble with the police and ended up moving to Mexico with his wife, Joan Vollmer—killing her by accident in 1951, when playing at being William Tell with his auto-matic pistol. His many journeys across Latin America, between sexual drift and a mystical quest for Maya drugs, provided the material for his first three texts, Junkie, Queer and The Yage Letters, with only the first being brought

abstraits en 1� mm initiée en 1952, s’inscrivent ainsi dans la lignée du cinéma d’avant-garde de Hans Richter et de Viking Eggeling. Entre poésie, expérimentation formelle et humour absurde, ses films brouillent les limites entre figuration et abstraction (A Man & His Dog Out For Air, 1957), mêlant à l’occasion dessins et prises de vues réelles (Jamestown Baloos, 1957), et poussent le spectateur dans ses retranchements perceptuels (Blazes, 19�1). Breer s’impose comme une figure majeure du cinéma expérimental, art qu’il ne cessera de pratiquer de manière aussi libre qu’éclectique : dans Bang ! (198�), il glisse ainsi une photo-graphie le représentant, barrée, à laquelle il adjoint un point d’interrogation et les quelques mots « Don’t be so smart » (« Ne fais pas le malin »). Abandonnant la peinture, il conçoit des sculptures cinétiques ainsi que plusieurs mutoscopes, appareils donnant l’illusion du mouvement par la succession rapide de dessins. Ses recherches sur le mouvement dans l’espace l’amènent à l’élaboration d’inclassables sculptu-res mobiles, les Floats, volumes géométriques empruntant leurs formes au néoplasticisme ou au minimalisme, autopropulsés grâce à de petits moteurs électriques programmables. Il va jusqu’à réaliser, à l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, en 1970, un Float monu-mental, entre le robot et la sculpture vivante. Véritable pendant à son œuvre filmique, ce n’est que récemment que cette part du travail de l’artiste américain a été redécouverte.

[ m les jeudis de THe THird mind ][e ] m Robert Breer went to live in Paris in the

late 1940s in order to devote himself to paint-ing, and exhibited abstract paintings in the Concrete Art style at the galerie Denise René. Trying to break out of this straitjacket, he started working with freer, floating geometric forms, and experimented on their development, movability, and elasticity in flip books, then in films made using animated film techniques. Form Phases, a series of abstract 1� mm short films initiated in 1952, are thus descended from the avant-garde cinema of Hans Richter and Viking Eggeling. His films, a cross between poetry, formal experiment and absurd humor, blur the boundaries between figurative art and abstraction (A Man & His Dog Out For Air, 1957), sometimes mixing drawings and real shots (Jamestown Baloos, 1957), and shak-ing the viewer in his perceptual convictions (Blazes, 19�1). Breer made his mark as a major figure in experimental cinema, an art which

he would not cease to practice in a way that is as free as it is eclectic: thus in Bang! (198�) he slips in a photograph of himself, scored through, to which he adds a question mark and the words “Don’t be so smart”. Abandoning painting, he devised kinetic sculptures as well as several mutoscopes, machines giving the illusion of movement through showing drawings in rapid succession. His research into movement in space led him to develop mobile sculptures that defy categorization, his Floats, geometric volumes deriving their forms from Neoplasti-cism or Minimalism, self-propelled by means of small programmable electric motors. For the Osaka World’s Fair in 1970, he went so far as to make a monumental Float, a cross between a robot and a living sculpture. A real counterpart to his work as a film-maker, this aspect of the American artist’s work has only recently been rediscovered. [ m les jeudis de THe THird mind ]

m Liste des films projetés / List of films shown : Form Phases IV, 1954 ; Recreation I, 195� – 57 ; A Man & His Dog Out For Air, 1957 ; Jamestown Baloos, 1957 ; Blazes, 19�1 ; 69, 19�8 ; Fuji, 1974

; LMNO, 1978 ; Swiss Army Knife with Rats &

Pigeons, 1980 ; Bang!, 198� ; Time Flies, 1997

bricolageDIY [ mBouchet, mike ] [ m satanicpornocutshop ]  [ m dewar, daniel & Gicquel, Grégory ]

m Zombie Defense Station

brooks, maX [f ] m Max Brooks est le fils du metteur en scène

Mel Brooks et de l’actrice Anne Bancroft. Il a successivement publié The Zombie Survival Guide (Crown, New York, 2003), récit qui nous apprend comment survivre dans le cas d’une invasion de zombies, et World War Z : An Oral History of the Zombie War (Crown, New York & Duckworth, Londres, 200�), qui met en scène une guerre opposant la race humaine et les zom-bies. [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ] [ m Zombie ]

BRicolAGEbri BuRRouGhS bur

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34 35

ccadiot, olivier [f ] m *195�, vit à Paris. écrivain, il publie aux édi-

tions P.O.L un premier livre de poésie intitulé L’Art poétic’. Il écrit pour Pascal Dusapin une série de pièces courtes puis le texte de l’opéra Roméo & Juliette (P.O.L 1989). En 1993, il publie le premier tome d’une série à la limite du roman, Futur, ancien, fugitif, suivi du Colonel des Zouaves en 1993, de Retour définitif et du-rable de l’être aimé et de Fairy queen en 2002 (éditions P.O.L). Pour le théâtre, il écrit pour Ludovic Lagarde une première pièce en 1993 Sœurs et frères ; ce seront ensuite ses livres que le metteur en scène adaptera, du monolo-gue du Colonel des Zouaves en 1998 à Fairy queen en 2004. Il poursuit ses collaborations extérieures avec des musiciens comme Georges Aperghis, Gilles Grand, le pianiste Benoît Del-becq, le groupe Kat Onoma et Rodolphe Burger. [ m événements ] [ m Giorno, John ]

  [ m Burroughs, William s. ][e ] m *195�, lives in Paris. A writer, he published

a first book of poetry entitled L’Art poétic’ with Editions P.O.L. For Pascal Dusapin he wrote a series of short plays, then the text of the opera Roméo & Juliette (P.O.L 1989). In 1993, he published the first volume of a series taking the novel to its limits, Futur, ancien, fugitif, followed by Le Colonel des Zouaves in 1993, Retour définitif et durable de l’être aimé and Fairy queen in 2002 (Editions P.O.L). For the theater, he wrote a first play for Ludovic Lagarde in 1993: Sœurs et frères, and then books which the director adapted, from the monologue in Le Colonel des Zouaves in 1998 to Fairy queen in 2004. He pursues his outside collaborations with musicians like Georges Aperghis, Gilles Grand, the pianist Benoît Delbecq, the Kat Onoma group and Rodolphe Burger. [ m événements ] [ m Giorno, John ]

  [ m Burroughs, William s. ]

caroline (nouvel état libre de)The New Free State of Caroline [f ] m En 1997, l’artiste Gregory Green prit les

toutes premières mesures en vue de la création du Nouvel état libre de Caroline (mise en place d’un système de demandes de citoyenneté, demande de reconnaissance officielle par l’ONU) qui devait occuper une petite île déserte à 800 km au sud de Tahiti. Depuis, des fouilles archéologiques ont permis d’attribuer cette île à l’un des pays qui la revendiquaient jusque-là, si bien que Green continue à chercher un terri-toire vierge de toute souveraineté susceptible

out in 1953 by a publisher of popular novels. At the age of forty, completely addicted to mor-phine, he moved to Tangiers where he made friends with [ m Brion Gysin ] , met Paul Bowles, and embarked on writing his masterpiece: put into shape with the help of Kerouac, Ginsberg and then Gysin, the manuscript of Interzone would become The Naked Lunch, published in Paris in 1959. Based in the Beat Hotel on rue Gît-le-Cœur, William S. Burroughs continued with his poetic experiments and together with Brion Gysin perfected several writing tech-niques, starting with the [ m cut-up ]. Manipulat-ing it and associating it with work on images would provide the material for [ m The Third Mind  ]. The publication of the trilogy Nova, a “mythology for the space age,” (The Soft Machine, 19�1; The Ticket That Exploded, 19�2; Nova Express, 19�4) and a court case against The Naked Lunch, in 19�5, turned Burroughs into an icon of American counterculture. He returned to live in the United States in the mid-1970s, and was accepted as one of the leading thinkers by several generations of underground artists, playing on his fascinating, toxic image as a discriminating drug addict, a firearms and knife-throwing fanatic, or a proponent of conspiracy theories involving scientology.

  [ m THe THird mind ] [ m Peyotl ] [ m The Third Mind, p. d-8 ] 

bur BuRRouGhS cADiot cad

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3� 37D’une évocation à l’autre, Loris Cecchini réin-vente notre perception des choses et brouille les codes de compréhension en usage.

Dans [ m 5.000.000.000 d’années ], a été présen-tée Cloudless (200�), une œuvre monumentale prenant la forme d’un nuage improbable mêlant en un gigantesque nid surréaliste des balles de ping-pong et des échelles. [ m empty Walls – Just doors ]

[e ] m *19�9, lives in Milan. Through subtle trans-formations, Loris Cecchini slips into the world of everyday objects and transforms their practi-cal use into a vision that shifts between the post-apocalyptic and a pure dreamlike state. Office supplies, chairs, doors, and cables, for example, are recreated out of a soft grey mate-rial that suspends their usefulness and causes them sink back upon themselves, as if affected by some sort of ontological fatigue.

In 5,000,000,000 YEARS  [ m 5.000.000.000 

d’années ], he presented Cloudless (200�), an improbable cloud that contains a gigantic sur-realist nest of ping-pong balls and ladders. [ m empty Walls – Just doors ]

celmins, vija[f ] m *1938, vit à New York. Née en Lettonie, mais

contrainte à l’exil sous la menace soviétique dès son plus jeune âge, Vija Celmins est l’une des figures de proue du mouvement hyperréa-liste. Influencée par des expériences liées à la fois à son histoire personnelle et au contexte politique de son époque, elle commence par faire de la peinture expressionniste abstraite pour ensuite développer une technique de dessin extrêmement minutieuse. Ses thèmes de prédilection sont l’océan, le ciel, le désert et la galaxie. En 19�8, elle commence sa série de toiles et de dessins du ciel étoilé d’après des photographies. Les galaxies, les comètes et les champs d’étoiles se concentrent et explosent selon deux mouvements apparemment contra-dictoires, ici exploités sur la même surface. Les effets de gris ou de noirs sont denses, veloutés, charbonneux, servant de fond à des centaines de points blancs. [ m THe THird mind ]

[e ] m *1938, lives in New York. Born in Latvia but forced into exile from early infancy because of the Soviet threat, Vija Celmins is one of the figureheads of the Hyperrealist movement. Influenced by experiences linked both to her personal story and the political context of her period, she started off doing abstract expres-sionist painting, then developed an extremely meticulous technique of drawing. Her favorite

themes are the ocean, the sky, the desert, and galaxies. In 19�8 she started her series of paint-ings and drawings of the starry sky, based on photographs. The galaxies, comets and fields of stars concentrate and explode in accordance with two seemingly contradictory movements, here exploited on the same surface. The effects of greys or blacks are dense, velvety, coal-like, serving as a background for hundreds of white dots. [ m THe THird mind ]

chalets de tokyo [f ] m Programme de développement du Palais de

Tokyo à l’étranger. Comme leur nom l’indique, les Chalets de Tokyo ont vocation à être de véritables résidences secondaires du Palais de Tokyo, aussi changeants et temporaires que des lieux de villégiature : tantôt modestes comme un chalet, tantôt somptueux comme un hôtel par-ticulier, tantôt mobiles comme un camping-car. De fait le lieu d’art est devenu aujourd’hui une notion indistincte. Il fleurit dans une cuisine, un centre d’art, sur un bord de plage, dans un cra-tère, un wagon de train, une ferme, une station spatiale, sur un répondeur téléphonique, un ter-rain de football, un fond marin…. Les Chalets de Tokyo sont destinés à accueillir des expositions aussi variées que les lieux qui les accueillent, explorant toute la typologie des expositions possibles et de leur espace-temps particulier

: de l’exposition temporaire traditionnelle à l’exposition d’une seule seconde, de l’exposition disséminée dans la ville à l’exposition invisible. [ m medio dìa - media noche ].

[e ] m The Chalets de Tokyo is the name of the Palais de Tokyo’s innovative development programme abroad. As the name suggests, the Chalets de Tokyo are destined to be second homes of the Palais de Tokyo, as changing and temporary as holiday lets: sometimes modest like a chalet, sometimes splendid like a private town house, sometimes mobile like a camper van. The art venue has today become a hazy no-tion. It flourishes in a kitchen, at an art centre, on a beach, in a crater, in a railway carriage, on a farm, at a space station, on an answering machine, on a football ground, on a seabed… So the idea is for the Chalets de Tokyo to host exhibitions that are as varied as the venues wel-coming them, exploring the complete typology of possible exhibitions and their special space-time: from the traditional temporary exhibition to the exhibition lasting just one second, from the exhibition spread across a town to the invis-ible exhibition. [ m medio dìa - media noche ].

d’accueillir la Caroline. Celle-ci, en accord avec les intérêts artistiques de Green, sera une anarchie gouvernée par ses citoyens. À ce jour, 3.700 candidats ont déposé une demande de citoyenneté. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m In 1997, artist Gregory Green took steps to initiate the formation of The New Free State of Caroline, chiefly opening channels for citizen-ship applications, and issuing a formal claim with the United Nations to a small, uninhab-ited island 500 miles south of Tahiti. Despite archaeological discoveries having settled inter-national claims over the disputed island, Green continues to seek out unclaimed geographical locations for Caroline’s homeland and awaits existing claims to be processed. In accord with Green’s artistic interest, Caroline will host a form of anarchism governed by its citizenry, now comprised of some 3,700 applicants.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

m Valentin Carron, Fosbury Flop, 200�

carron, valentin[f ] m *1977, vit à Fully, Suisse. Valentin Carron ex-

ploite l’iconographie de la culture vernaculaire suisse. Les objets, images, symboles et cou-tumes de la culture rurale apparaissent dans ses œuvres sous formes détournées et souvent humoristiques. La perception d’une Suisse pure et parfaite – avec ses montagnes, chalets, forêts, églises – est mise à mal par l’artiste qui oscille entre la célébration et la critique. Ses sculptu-res de croix combinent le langage de la religion et celui de l’abstraction minimale en libérant l’objet d’un sens fixe grâce à une stratégie de reproduction. Mais bien que l’artiste joue avec l’authenticité, l’artisanat, le ready-made, le mo-nument commémoratif ou l’esthétique kitsch, ses objets restent trop ambigus pour appartenir à une seule idéologie. [ m THe THird mind ]

[e ] m *1977, lives in Fully, Switzerland. Valentin Carron avails himself of the iconography of

Swiss vernacular culture. The objects, images, symbols, and customs of rural culture appear in his works in misappropriated and often humor-ous forms. The perception of a pure and perfect Switzerland—with its mountains, chalets, forests, and churches—is undermined by the artist who oscillates between celebration and criticism. His sculptures of crosses combine the language of religion and that of minimal abstraction, freeing the object of a fixed mean-ing by means of a strategy of reproduction. But although the artist plays games with authentic-ity, craftsmanship, ready-mades, commemo-rative monuments or kitsch aesthetics, his objects remain too ambiguous to be part of a single ideology. [ m THe THird mind ]

m Pinot-Gallizio, La Caverne de l’antimatière, 1958-59

caverne de l’antimatièreCave of Antimatter [ m voir p. B-2 / see p. B-8 ]

cecchini, loris[f ] m *19�9, vit à Milan. Par des transformations

subtiles, Loris Cecchini s’immisce dans le monde des objets quotidiens et en arrête toute fonctionnalité au profit d’une vision qui alterne entre post-apocalypse et onirisme pur. Des fournitures de bureau, chaises, portes et câbles divers sont, par exemple, confectionnés en une matière élastique molle et grise qui suspend leur utilité et affaisse les objets, atteints d’une sorte de fatigue ontologique, sur eux-mêmes.

cARRoNcar chachAlEtS DE tokYo

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38 39

m Œuvre / Work TDF06, Chant I, 200� DVD, 52 min. Musique de / music by

Stéphane Bérard.

château de tokyo[m 5, fig. #58 – #�5 ][f ] m Exposition 03/08/2007 – 30/9/2007. Le

Palais de Tokyo, associé au Centre internatio-nal d’art et du paysage de Vassivière, proposait pour le Château de Tokyo de découvrir ou de redécouvrir certaines pièces ou certains artistes présentés pendant sa première saison dans un cadre inédit. Installée dans un château à la décoration gothique, cette exposition fut l’occasion de poursuivre le dialogue entre les trois sessions qui ont rythmé l’année du Palais de Tokyo ( [ m Cinq milliards d’années ], [ m π, noUVelles dU monde renVersé ] et [ m la marqUe noire ] ) mais aussi de tester à nouveau le concept « d’[ m élasticité ] de l’œuvre d’art » au cœur de la programmation du Palais de Tokyo, en prenant quelques libertés avec le traditionnel white cube. Une exposition sous le signe du double, donc, mais alors, ou aussi, sous celui de la possession et de la hantise.

[e ] m Exhibition 03/08/2007 – 30/9/2007. The Palais de Tokyo, in association with the Centre International d’Art et du Paysage [International Art and Landscape Center] in Vassivière, set out to discover or rediscover on the occasion of the Château de Tokyo certain items or certain artists presented during its first season in a novel setting. Installed in a château with a Gothic decor, the exhibition was an oppor-tunity to continue the dialogue between the three sessions that set the pattern of the Palais de Tokyo’s year FivE BillioN YEARS [ m Cinq 

milliards d’années ], m—, NEwS FRom thE uP-

SiDE-DowN woRlD [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ], and [ m la marqUe noire ] ) but also to retest the concept of “the work of art’s elasticity [ m élasticité ] ”, central to the Palais de Tokyo’s programming, while taking a few liberties with the traditional “white cube”. It was an exhibition notable for duplication, but also characterized by possession and a sense of being haunted.

m Liste des œuvres / List of works [ m renaud auguste-dormeuil ]

Glorious #2, 2004 Aigle US Courtesy In Situ Fabienne Leclerc, Paris Glorious #4a, 2004 Lion RU, Australie, Canada

Courtesy In Situ Fabienne Leclerc, Paris Glorious #4b, 2004 Licorne RU, Australie, Canada 200 x 130 cm Courtesy In Situ Fabienne Leclerc, Paris [ m michel Blazy ]

Sculptcure (par Jean-Luc Blanc), 2003 – 2007 Courtesy galerie Art Concept, Paris [ m Philippe decrauzat ]

Light Space Modulator, 2002 – 2003 Courtesy Frac Languedoc Roussillon, Montpellier [ m dewar & Gicquel ]

Big Bertha, 200� Courtesy galerie Hervé Loevenbruck, Paris [ m Fabien Giraud & raphaël siboni ]

Friendly Fire, 200� Courtesy des artistes / of the artists [ m amy Granat ]

Chemical Scratch, 200� Courtesy de l’artiste / of the artist [ m mark Handforth ]

Golden phone, 2005 Collection particulière / private collection [ m Zilvinas Kempinas ]

Flying Tape, 200� Courtesy Frac Languedoc, Montpellier [ m Joachim Koester ]

One + One + One, 2005 Courtesy Ian Mot Galerie, Bruxelles / Brussels [ m Vincent lamouroux ]

Planetarium, 200� Courtesy galerie Georges-Philippe & Nathalie

Vallois, Paris [ m Jonathan monk ]

My Last Cigarette, 1997 Courtesy Frac Bourgogne, Dijon [ m Gianni motti ]

Big Crunch Clock, 1999 Courtesy Frac Franche-Comté, Besançon [ m david noonan ]

Owl, 2004 Courtesy de l’artiste / of the artist, Roslyn

Oxley9 Gallery, Sydney; Foxy Production, New York Field, 2005 Courtesy de l’artiste / of the artist, Roslyn

Oxley9 Gallery, Sydney; Foxy Production, New York [ m roman signer ]

Bürostuhl, 200� Courtesy galerie Art Concept, Paris

chapoulie, jean-marc[m 6, fig. #83 ][f ] m *19�7, vit à Paris. Cinéaste, vidéaste, Jean-

Marc Chapoulie interroge le cinéma sous toutes ses formes depuis plusieurs années. Il est artiste invité à la biennale de Lyon 2005 (dont il était déjà un des sept commissaires associés en 2000), et responsable d’une programmation régulière de cinéma au Centre Culturel Suisse (Alchimic Cinema).

[ m modUle ] 02/11/200� – 24/11/200�. TDF06, Chant I est un film documentaire au for-mat télévisuel réalisé à partir d’un montage d’extraits du [ m Tour de France ]. Jean-Marc Chapoulie enlève toute dimension sportive à la célèbre course cycliste en ne conservant des 42 heures de direct que les vues aériennes des Alpes ou des Pyrénées, les franchissements de villages pittoresques ou les descriptions de monuments historiques… Reste une épopée touristique de 52 minutes où les coureurs cyclistes sont réduits au rang de figurants. Mais tandis qu’au fil des étapes, la musique inquiétante de Stéphane Bérard se superpose aux commentaires journalistiques, c’est entre dépaysement et angoisse que la France du Tour se dévoile. [ m mutants ]

[e ] m *19�7, lives in Paris. A film-maker and a video-maker, Jean-Marc Chapoulie has been questioning cinema in all its forms for several years. He was a guest artist at the Lyons Biennial in 2005 (having already been one of the seven associate curators in 2000), and is responsible for organizing a regular film program at the Centre Culturel Suisse (Alchimic Cinema).

[ m modUle ] 02/11/200� – 24/11/200�. TDF06, Chant I is a documentary film for television. After recording the TV broadcast of the 200� [ m Tour de France ] bicycle race, Jean-Marc Chapoulie selects only the segments where the focus is removed from the cyclists, systemati-cally subtracting the sporting aspect of the event. In its place are aerial views of the Alps or the Pyrenees, picturesque villages, or the stories behind historical monuments. A 42-hour sporting event becomes a 52-minute tour-ist journey where the cyclists are reduced to bystanders. In this film, the Tour de France also unfolds with the uncanny soundtrack by Stéphane Bérard, which, merged with the voices of the network’s commentators, creates a cinematic mood of suspense and anxiety. [ m mutants ]

m Chalets

m Château de Tokyo (Vassivière)

cha chAPouliE châtEAu DE tokYo cha

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40 41artists are dealing with, because artists just ba-sically have to deal with self, since they decided to be self, as oppose to service… service to the Pope, service to the king, service to the state. And sometimes that self is very hard to deal with, so it’s easier to boil it down to some sort of essence. So that’s where the sort of romance with the chopper comes from. There is the idea that the chopper is an outlawed vehicle. It’s not street riding, and it’s made to drive very fast, so the mentality for what it exists for is to break the law. You’re breaking the law, and you’re doing this against the system, so it becomes a fight between the self and everything else. And that’s where you get the birth of this idea of the rebel in a way… of the modern rebel. In the past Satan was the rebel. But now bikers and hard rockers, people who say ‘Fuck you!’, anarchists, they’re the rebels now. That’s basically what that link is, and what I certainly recognize in that type of culture. I hold them equal to what I am doing. I don’t see them doing anything that isn’t what I am interested in. It’s just that I am associated with ‘fine art’, whatever that means, and they’re associated with ‘low art,’ whatever that means. But if you could bring the high and low together, you’re doing something really in-credible.” [ m sTeVen Parrrino reTrosPeCTiVe 

1981– 2004 ] [ m BeFore (PlUs oU moins) ] [ m Judd, donald ] [ m indian larry ]

christiania [f ] m Fondée au cœur de Copenhague par des

squatters qui, ayant occupé une ancienne ca-serne, en revendiquèrent la souveraineté. Sur ce nouveau territoire, automobiles et armes à feu furent interdits, tandis que les drogues douces autorisées par un gouvernement consensuel chargé d’arbitrer les conflits. Le gouvernement danois commença par refuser l’idée, préférant considérer le territoire comme une « expérience sociale » et réclamer un modeste loyer mensuel à ses occupants. En vingt ans, Christiania se fit connaître en favorisant l’art public, le jazz, le folk, la musique d’avant-garde et la libre expres-sion. En 2004, le gouvernement danois tenta de retirer par la force les barricades entourant Christiania (barricades composées de voitures),

mais il dut faire face à la résistance de milliers de personnes. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Founded in the heart of Copenhagen when a group of squatters occupying an old military barrack made a declaration of a new territory. Together it was decided that the new territory would be free of cars and guns, while soft drug use would be allowed and a conflict-and-con-sensus form of government would be instituted. Initially the Danish government objected, refer-ring to the territory as a ‘social experiment’ and charging its residents a small monthly rent. Over two decades, Christiania developed a reputation for public art, jazz, folk and avant-garde music and free-expression. In 2004, the Danish government sought to remove the automobile barricades by force, but were met with the resistance of thousands of supporters from around the country – many of whom were not directly connected to Christiania. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

chuck, naney[f ] m *1958, vit à New York. Avec des peintures

mais aussi des punaises, des pailles flexibles, du carton ondulé, du son, Chuck Nanney combi-ne les références de l’histoire de l’art moderne avec des allusions à la science-fiction ou à la bande dessinée. Il puise ses inspirations dans la culture américaine de ces quarante dernières années. [ m BasTard CreaTUre ]

[e ] m *1958, lives in New York. Using paints as well as drawing pins, flexible straws, cor-rugated cardboard and sound, Chuck Nanney combines history of modern art references with allusions to science fiction or strip cartoons. He draws his inspiration from the American culture of the past forty years.

[ mBasTard CreaTUre ]

cinema Zero[f ] m Collectif d’artistes fondé en 2004 à New

York, avec le soutien de [ m steven Parrino ], par [ m amy Granat ], Felicia Ballos, [ m richard aldrich ], Gabrielle Giattino, et Fabienne Stephan, Cinema Zero fonctionne de manière nomade au rythme des films, des performances musicales ou de danse, des installations tem-poraires et des flyers qui prennent la forme de collages photocopiés. [ m BasTard CreaTUre ]

[e ] m This artists’ collective was founded in 2004 in New York by [ m amy Granat ], Felicia Ballos, [ m richard aldrich ], Gabrielle Giattino and Fabienne Stephan, with the support of [ m steven Parrino ]. Cinema Zero operates on a

m Choppers Indian Larry

chopper [f ] m Type de moto qui se caractérise par un

assemblage artisanal radical. Dans Conversa-tion avec Steven Parrino, film réalisé par Ivo Zanetti, [ m Parrino steven ] met en évidence des similitudes entre chopper et art minimal. « Cette histoire au sujet du chopper est inté-ressante. Prenez une grosse Harley, du type de celles qu’utilise la police – en toile de fond il y a aussi l’idée du flic et du rebelle. Au fond, le chopper, c’est une moto de police allégée de tous ses gros équipements affreux et rendue aussi légère que possible. Donc, vous gardez le gros moteur avec le châssis, l’insigne de la marque, et vous pouvez ajouter un minuscule réservoir, un minuscule pare-chocs ou une selle minuscule. Et soudain, c’est comme si vous fabriquiez un objet minimal dans le but d’aller plus vite, en retirant du poids. C’est donc une sorte de minimalisme pratique, mais finalement ça fait ressortir la beauté cachée sous tout ce métal.

Et en même temps, vous réduisez l’objet à son essence, jusqu’à l’esthétique. C’est beau, mais il s’agit aussi d’une relation de pouvoir, parce que plus vous êtes léger, plus vous allez vite. C’est pour cette raison que les voitures de Formule 1 ont cet aspect, comme tout autre engin qu’on utilise pour des courses de vitesse d’ailleurs. […]

Soudain, il y a un type dans sa cour qui démon-te une moto ou une voiture pour en extraire l’essence même. Il est confronté à la même problématique que les artistes qui doivent trai-ter du moi, depuis qu’ils ont décidé d’être des

individus et de ne pas être au service, que ce soit au service du Pape, au service du roi ou au service de l’état. Comme c’est parfois très diffi-cile, il est alors plus simple de réduire ce moi à une sorte d’essence. C’est en quelque sorte de là que vient cette vision romantique associée au chopper. Le chopper est un véhicule hors-la-loi. Il est fait pour rouler très vite, enfreindre la loi est donc sa raison d’être. Vous transgressez la loi, vous faites cela contre le système, donc cela devient un combat entre le moi et tout le reste. D’où l’idée du rebelle… du rebelle moderne. Par le passé, Satan était le rebelle. Mais maintenant, vous savez, les bikers, les hardrockers et les gens qui disent “Va te faire foutre !”, les anar-chistes, ce sont eux les rebelles. Voilà en fait où est le lien ; voilà ce que j’estime dans ce type de culture. Je pense qu’ils font la même chose que moi. Je ne les vois pas faire autre chose que ce qui m’intéresse. C’est juste que je suis assimilé aux beaux-arts, quoi que cela puisse signifier, et qu’ils eux sont associés à la culture populaire, quoi que cela signifie. Mais si vous parvenez à faire se rencontrer ces deux cultu-res, alors vous faites quelque chose de vraiment incroyable. » [ m sTeVen Parrrino reTrosPeC-

TiVe 1981– 2004 ] [ m BeFore (PlUs oU moins) ] [ m Judd, donald ] [ m indian larry ]

[e ] m A type of radically customized motorcy-cle. In A Conversation with Steven Parrino, a film by Ivo Zanetti, [ m steven Parrino ] points out the similarities between chopper and Minimal Art. “The thing about the chopper is interesting. You have a big Harley, the type the police ride, so there’s a kind of ‘cops and rebel’ thing also going on. But basically, the chopper is a police bike stripped of all the big fat ugly parts and made as light as possible. So you keep the big engine in a frame and tag, but you might put a little tiny gas tank on it, little tiny fenders, and a little tiny seat. And all of a sud-den it’s like you’re trying to create a minimal object in order to go faster. You remove the weight. So it’s a practical type of minimalism, but in the end it brings out the beauty that was underneath all the metal.

But also you are boiling down the essence of something into an aesthetic. That’s pleasing, but also it’s a power relationship, because you go faster if you are lighter. It’s why Formula 1 cars look the way they do, and everything else that you would race. […]

All of a sudden, there’s a guy who is in his back-yard, he is chopping a bike or a car to expel es-sence. He’s dealing with the same thinking that

choPPERcho cinciNEmA ZERo

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42 43 [ m modUle ] 05/07/2007 – 29/07/2007. Get Lost

is a video about the fantasies and phantoms that migrate into our imagination from the pages of fashion magazines. These artificial and enhanced faces appeared and quickly disap-peared, like a retinal interference. On the floor are photocopies of a 1999 text by the collective Tiqqun, which denouncesd the alienation of contemporary relations and reminded us that we all belong to the same libidinal fabric, that inside capitalism virginity is not possible, and that power-relations always pass through bod-ies.

coFFin, peter[m 2, fig. #28 – #31 ][f ] m *1972, vit à New York. Artiste multiforme,

Peter Coffin utilise des langages artistiques variés. Actif comme plasticien, Peter Coffin multiplie aussi les activités de collaboration et de médiation : il est aussi commissaire d’ex-position, speaker à la radio et participe à de nombreuses collaborations à l’intérieur comme à l’extérieur du monde de l’art. Sa polyva-lence artistique lui permet d’échapper à toute catégorisation et interprétation fixe. Chacun de ses projets adopte des stratégies artistiques inattendues et marginales qui mettent à mal la notion d’œuvre.

Dans [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ], l’artiste organisait une exposition didactique sur le phénomène des micronations en invitant une quarantaine de pays ou états indépendants ainsi que de nombreux artistes pour interroger les différences parfois ténues entre l’art et la politique. Pour [ m mUsiqUe PoUr PlanTes 

VerTes , il faisait construire une serre remplie de plantes vertes qui accueille les musiciens les plus radicaux de la scène parisienne. Dans les deux cas, le travail de l’artiste est à la fois ouvert à diverses collaborations et inscrit dans une réflexion sur le confinement et la séparation. Utilisant des langages artistiques variés (sculpture, photographie, son, perfor-mance, installation), Peter Coffin prend souvent comme point de départ de son travail divers éléments de sensibilité new age, relevant de la pseudo-science, de la réinterprétation abstraite d’icônes artistiques ou de l’évocation de mon-des parallèles ou décalés.

[e ] m *1972, lives in New York. Peter Coffin’s work makes use of a wide range of artistic languages. While active as a visual artist, Peter Coffin is also involved in curatorial projects, radio broadcasts, and a number of collaborative

ventures both inside and outside the art world. His artistic versatility enables him and his practice to escape easy or fixed categorization. Each of his projects adopts unexpected artistic strategies that confound the idea of a strictly determined, circumscribed work.

In GRow YouR owN [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ] the artist organized a didactic exhibition on the phenomenon of micronations, independent states or secession movements, uniting artist projects with documentation from some forty countries, and collapsing the differences between art and (marginalized) politics. For muSic FoR PlANtS [ m mUsiqUe 

PoUr PlanTes VerTes ] he installed a green-house full of plants that functions as a perform-ance site for experimental musicians from Paris. In both cases the artist’s work is open to a variety of collaborative inputs, while at the same time remaining linked to a reflection on confinement and separation. Using a number of artistic languages (sculpture, photography, sound, performance, installation), Peter Coffin often uses a “new age” sensibility as a starting point for his work, which merges with fringe or pseudo-science, the abstract reinterpretation of artistic icons or the evocation of parallel or out-of phase worlds.

m Joe Coleman en / as Professor Mombooze-o, performance, 1998

coleman, joe[m 2, fig. #20 ][f ] m *1955, vit à New York. Artiste, performeur,

musicien et acteur, Coleman est une person-nalité new-yorkaise incontournable. Jouant d’une obsession maladive et d’une fascination pour les tendances psychopathes, ses peintures denses et détaillées plongent le spectateur dans un univers gothique illuminé entre icônes culturelles de la violence, antihéros et figures historiques. Plus que de simples portraits, ses œuvres racontent la vie et la légende de

peripatetic basis, interspersing films, musical or dance performances, temporary installations and flyers in the form of photocopied collages.

[ m BasTard CreaTUre ]

m Cinema Zero, FTW (For S.P.), 2005

cinq milliards d’annéesFIVE BILLION YEARS[m 1, fig. #01 – #14 ][f ] m Session 14/09/200� – 31/12/200�. Première

session d’un programme se déclinant sur une année, le prologue d’une réflexion portant non pas sur l’exposition en tant qu’événement singulier, point fixe isolé dans le temps et l’espace, mais sur la notion de programme, expérience dont le curseur temporel est en constant mouvement, en oscillation perma-nente. [ m saison 1 ] [ m Vision-fenêtre ]

[e ] m Session 14/09/200� – 31/12/200�. The first chapter of a year-long program at the Palais de Tokyo, the beginning of a reflection not on the exhibition as a singular event—a fixed point that is isolated in time and space—but on the very notion of a program, an experience with a temporal cursor that is constantly in motion, in permanent fluctuation. [ m saison 1 ] [ m Vision-fenêtre ]

m Expositions / exhibitions [ m 5.000.000.000 

d’années ] / 5,000,000,000 YEARS , [ m Une  

seConde Une année ] / oNE SEcoND oNE YEAR [ m Zilvinas Kempinas ] [ m FlyinG TaPe  ], [ m renaud auguste dormeuil ] [ m THe day 

BeFore _ sTar sysTem  ], [ m Joachim Koester ] [ m le maTin des maGiCiens ] / moRNiNG oF thE

mAGiciANS m [ m modUles ] [ m Ghost rider ], [ m Fabien 

Giraud ], [ m Ulla von Brandenburg ], [ m Jean-marc Chapoulie ], [ m raphaël siboni ], [ m Virginie yassef ], [ m stéphane Vigny ]

m [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ] / 

Thurdays at FivE BillioN YEARS

claire Fontaine[m 6, fig. #92 ][f ] m Pseudonyme d’un duo italobritannique qui

se définit comme un artiste ready-made : une singularité quelconque, à l’image de la standar-disation des identités produites par le capita-lisme contemporain. Au moyen de sculptures de livres en briques, d’enseignes lumineuses, de vidéos et de textes, Claire Fontaine poursuit des stratégies militantes et subversives, mais qui restent comme muettes et impuissantes, faute de pouvoir interrompre concrètement la logique des dispositifs de pouvoir. Seul demeure le défi d’une « grève humaine », la grève d’une subjectivité informe et indé-finissable compromettant tout mécanisme d’identification et de normalisation. Tout en ne provoquant aucune transformation sur le plan politique, l’art indique aux spectateurs l’ur-gence de prendre le relais et d’enclencher l’acte d’interruption et de révolte. Claire Fontaine n’est qu’une assistante dans ce processus.

[ m modUle ] 05/07/2007 – 29/07/2007. Get Lost est une vidéo qui a pour objet les fantasmes et les fantômes qui migrent dans notre imaginaire depuis les pages des magazines de mode. Ces visages artificiels et retouchés apparaissaient et disparaissaient rapidement comme des persistances rétiniennes. Au sol, des photoco-pies d’un texte du collectif Tiqqun datant de 1999, qui dénonçait l’aliénation des relations contemporaines, rappellaient que nous faisons tous partie du même tissu libidinal, qu’il n’y a pas de virginité possible au sein du régime capitaliste, et que les rapports de pouvoir passent toujours à travers les corps

[e ] m Pseudonym of a British-Italian duo who de-fines herself as a readymade artist: a “whatever singularity” born out of the standardization of identities produced by contemporary capital-ism. With sculptures of brick-books, neon signs, videos, and texts, Claire Fontaine pur-sues militant and subversive strategies, albeit ones that appear mute and impotent, aware of the impossibility of creating real interruptions in the logic of power and the functioning of its concrete devices. What remains is the chal-lenge of “human strike,” the strike of a formless and indefinable subjectivity that compromises any mechanism of identification and normali-zation. Unable to provoke any actual political transformations, art instead reveals the urgent necessity for its viewers to enact interruptions and revolt. Claire Fontaine is nothing but an assistant in this process.

ciNQ milliARDS D’ANNéEScin colEmAN col

Page 23: Yodel Volume1

44 45faisant appel à un réseau tentaculaire, en France mais aussi à l’international. [ m lenglet lucas ]

[e ] m Le Commissariat, a producer of contempo-rary art exhibitions, was founded in 200� by four artists/curators: Fayçal Baghriche, Mat-thieu Clainchard, Dorothée Dupuis and Vincent Ganivet. It is a federation based on the skills developed by the associations its founders respectively represent: residencies for artists by Entreprise Culturelle, the seeking of funds and partners with Mayeutik, and logistical assistance in production by Random Research and Rassemblement pour Repeindre. Le Com-missariat sets out to devise, disseminate and support high-quality contemporary artistic projects by means of hybrid strategies, calling on a tentacular network, in France as well as internationally. [ m lenglet lucas ]

conch (la république de)The Conch Republic[f ] m Micronation. Naquit de la sécession des

Keys (un archipel de récifs coralliens) en Flo-ride le 23 avril 1982 en réponse à l’intervention d’une patrouille frontalière américaine qui blo-qua l’autoroute US1 à hauteur de Florida City, au nord des récifs. Immobilisés par le barrage qui bloquait la seule voie d’accès à la Floride, résidents et touristes durent patienter pendant que les garde-côtes fouillaient leurs voitures, en quête de clandestins ou de narcotiques. Le maire, Dennis Wardlow, déposa plainte devant un tribunal de Miami pour contester les manières militaires du barrage ; débouté, il décréta que les Florida Keys se séparaient de l’Union. Le lendemain, au cours d’une cérémo-nie théâtrale, Wardlow décréta l’indépendance et déclara la guerre aux états-Unis, avant de se rendre aussitôt après et d’exiger un milliard de dollars d’aide internationale pour restaurer l’économie. La République de Conch, qui n’a ja-mais été reconnue comme nation par les états-Unis, jouit du soutien de nombreux résidents et vend sur Internet des passeports et autres articles. Selon Peter Anderson, Secrétaire géné-ral autoproclamé de Conch, les passeports sont acceptés dans les Caraïbes, au Mexique et dans plusieurs pays européens. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ][e ] m A micronation. Established by secession

of the Florida Keys from the United States of America, on April 23rd, 1982 in response to a United States Border Patrol Blockade setup on highway U.S.1 at Florida City just to the northof

leurs sujets (serial killers, détraqués, etc.) en y ajoutant des textes, des récits, et un labyrinthe de petites saynètes, rendant la lecture visuelle et textuelle chaotique malgré une composi-tion très structurée et délicate. Sa peinture se présente à la frontière du malsain comme une autopsie de la condition humaine – privilégiant son versant violent ou dément – qu’il dissèque au scalpel à même le tableau. Influencé autant par la peinture de la Renaissance, les enluminu-res du Moyen-Âge que par les « crime comics » des années 1950, l’artiste remplace des images de saints par celles de personnages contempo-rains à la « sainte folie » trash. Son travail se si-tue dans la tradition de peintres comme Bosch, Bruegel, Grünewald, ou Goya, qui s’inspiraient également de la folie, du traumatisme ou de la souffrance. À cette sensibilité pour la perte et la peur humaine, Coleman ajoute une dimen-sion d’humour ainsi qu’une intensité picturale qui tend vers l’hallucination. [ m Joe Coleman 

(exPosiTion) ]. [ m devotio moderna ] [ m manson, Charles ] [ m indian larry ] [ m 1969 ] [ m Gesualdo ]

[e ] m *1955, lives in New York. An artist, per-former, musician and actor, Joe Coleman is a legendary New York figure. Playing with pathological obsession and a fascination for psychopathic tendencies, his dense and detailed paintings plunge viewers into an illuminated Gothic universe featuring cultural icons of violence, anti-heroes and historical figures.His works are more than simple portraits: they recount the lives and legends of their subjects (serial killers, the deranged, etc.) by adding texts, stories and a labyrinth of mini-scenes, rendering the reading of the images and text chaotic, all the while maintaining a highly structured and delicate compositional sense. His painting presents itself as an autopsy of the human condition—concentrating on its violent or demented side—which he dissects with a scalpel on the surface of a canvas. Influenced in equal measure by Renaissance painting, medieval illuminations and crime comics of the 1950s, the artist replaces images of saints with contemporary figures of holy madness. His work exists in the tradition of painters like Bosch, Bruegel, Grünewald or Goya who were also inspired by madness, trauma or suffering. To this awareness of loss and human fear, Coleman adds a dimension of humour and a pictorial intensity that is almost hallucinatory.

[ m Joe Coleman (exPosiTion) ]. [ m devotio 

moderna ] [ m manson, Charles ] [ m indian larry ] [ m 1969 ] [ m Gesualdo ]

colson, daniel[f ] m Professeur de sociologie à l’Université

de Saint-étienne, Daniel Colson milite dans le mouvement anarchiste depuis 1973 ; il est notamment membre de la librairie libertaire La Gryffe, fondée en 1978 à Lyon. Après avoir publié plusieurs études sur l’histoire de l’anarcho-syndicalisme dans le Forez, il est l’auteur en 2001 d’un Petit lexique philosophi-que de l’anarchisme – de Proudhon à Deleuze (Le livre de poche) et, en 2004, de Trois essais de philosophie anarchiste – Islam, Histoire, Mo-nadologie (Léo Scheer). [ m anarchie ] [ m anar-chisme ] [ m libertaire (pensée) ] [ m Jeudis de la marqUe noire ]

[e ] m Daniel Colson is a sociology lecturer at the University of Saint-étienne, and has been ac-tive in the anarchist movement since 1973; in particular, he is a member of La Gryffe libertar-ian bookshop, founded in Lyons in 1978. After publishing several studies on the history of an-archo-syndicalism in the Forez region, in 2001 he produced a Petit lexique philosophique de l’anarchisme—de Proudhon à Deleuze (Le livre de poche), and in 2004 Trois essais de philoso-phie anarchiste—Islam, Histoire, Monadologie (Léo Scheer). [ m anarchie ] [ m anarchisme ]  [ m libertaire (pensée) ] [ m Jeudis de la marqUe noire ]

columbo (inspecteur)Columbo (Inspector)[f ] m Personnage de série télévisée policière amé-

ricaine incarné par Peter Falk. [ m voir encadré p.45 ] [ m Pirates ] [ m Furtivité ]

[e ] m Character in an American TV police series played by Peter Falk. [ m see box p. 45 ]

[ m Pirates ] [ m Furtivité ]

commissariat (le)[f ] m Structure de production d’expositions d’art

contemporain, le commissariat a été fondé en 200� par quatre artistes / commissaires : Fayçal Baghriche, Matthieu Clainchard, Dorothée Du-puis et Vincent Ganivet. Le Commissariat est une fédération basée sur les compétences dé-veloppées par les associations respectives aux-quelles participent ses fondateurs : résidence d’artistes par l’Entreprise Culturelle, recherche de fonds et de partenaires avec Mayeutik et aide logistique à la production par Random Research et Rassemblement pour Repeindre. Le Commissariat entend concevoir, diffuser et soutenir des projets artistiques contemporains de qualité par le biais de stratégies hybrides

Inspecteur Columbo~~~

[f ] m Génie incompris, visionnaire tourmenté, poète maudit et oublié – le modèle de l’artiste a longtemps été celui d’un être d’exception, aux talents hors du commun et à l’inspiration trans-cendante. L’artiste du début du XXIe siècle, lui, n’a plus ni la fougue des héros romantiques ni leur folie créatrice, et n’a pas davantage acquis les superpouvoirs de Superman. Son modèle serait à trouver ailleurs, parmi des aventu-riers du banal autrement prosaïques, comme l’inspecteur Columbo. Le détective incarné par Peter Falk ne paie pas de mine. Son imper est vieillot, son chapeau mou et sa voiture sans éclat ; il flâne, bavarde, boit des verres, un peu comme tout le monde, sans s’en faire. A contra-rio, il ne dégaine pas plus vite que son ombre, ne bénéficie pas d’une vue à rayons X et n’ac-complit aucune action exceptionnelle pour mener ses enquêtes. Pourtant, le coupable finit toujours par être débusqué et par avouer ses crimes.

Comme Columbo et les nouveaux pirates, les artistes ne mènent plus d’actions frontales, l’arme à la main, et se fient autant à leur flair qu’aux circonstances. Comme tout militaire qui se respecte, et comme la femme de Columbo, ils doivent fausser les règles de visibilité et se faire discrets, car ils ont affaire à une réalité où rien n’est caché, où tout finit par se savoir. La femme de Columbo pourrait d’ailleurs être pour les artistes un modèle encore plus influent : invisible, irrepérable, ombre furtive s’infiltrant insidieuse-ment dans les conversations les plus anodines, elle n’a jamais besoin de se montrer pour donner un autre sens à la réalité.

Inspector Columbo ~~~

[e ] m A misunderstood genius, a tormented visionary, an accursed and overlooked poet—the model of the artist has long been that of an exceptional being, with extraordinary talents and transcendent inspiration. But the artist of the early 21st century no longer has either the ardor of those romantic heroes nor their creative madness, nor has he acquired the superhuman powers of Superman. We would have to look for his model elsewhere, among far more down-to-

  /…

col colSoN coNch con

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4� 47considérés comme les précurseurs des vidéo-clips. À travers cette multitude de supports, ses œuvres cherchent souvent les dimensions physiques, métaphoriques, et métaphysiques de la lumière. Entre 1973 et 1975, Conner réalise sa série des Angels, photogrammes à taille réelle, images éthérées hantées par son propre corps flottant dans un espace noir et indéfini. Au fur et à mesure de la série, Conner allonge les temps d’exposition, jusqu’à ce que ne se détache sur le fond sombre que les points où il touche le papier, comme dans Kiss Angel. Cette photographie sans appareil photo rappelle des procédés en usage depuis la fin du XIXe siècle, tels en particulier qu’ils ont été utilisés dans la photographie spirite, où ces auras lumineuses étaient présentées comme la trace d’énergies invisibles. [ m THe THird mind ]

[e ] m *1933, lives in San Francisco. Since the 1950s Bruce Conner has been producing films, paintings, assemblages, drawings, sculptures, collages, prints and photographs. His first films used the collage and «sampling» technique of found films. They are regarded as the precur-sors of music videos. Through this multitude of supports, his works often explore the physical, metaphorical and metaphysical dimensions of light. Between 1973 and 1975, Conner made his series of Angels, real-size photograms, ethereal images haunted by his own body floating in a black, undefined space. As the series proceeds, Conner extends the exposure times, until all that stands out against the dark background are the points where he touches the paper, as in Kiss Angel. This photography without a cam-era is reminiscent of processes that were in use from the end of the 19 th century, in particular those used in spirit photography where these auras of light were presented as the traces of invisible energies. [ m THe THird mind ]

cosmosabbat [f ] m Micronation. Un « culte de l’esprit [qui] cher-

che à réincarner l’esprit dans le cosmos tout entier et non uniquement sur terre. », selon son créateur, Christopher Lucas. Le Cosmosabbat entend unir les individus en un état supérieur représenté par une nation souveraine d’esprits. Le drapeau du Cosmosabbat est une réinter-prétation du drapeau des Nations Unies et son emblème comporte une double représentation de deux bergers allemands se faisant face, sym-bolisant la réflexivité spirituelle et universelle. Le Cosmosabbat a choisi ce drapeau comme fondement symbolique car son ambition est de

s’appuyer sur toutes les nationalités et de les rassembler. Parce que la mission de Cosmosab-bat est de réincarner l’esprit dans l’espace, il considère l’espace dans son entier comme un territoire libre. Le Cosmosabbat a recours à un symbolisme qui se fonde sur diverses mytholo-gies mystiques et sur la tradition chamanique. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A micronation. “A cult of the spirit” ac-cording to its creator Christopher Lucas, “[it] seeks to reincarnate the spirit in the cosmos at large rather than on earth alone.” The Cosmos-abbat intends to unite individuals to a higher state represented as a sovereign nation of spirits. The Cosmosabbat flag is a re-adaptation of the UN flag and its emblem, incorporating a doubled representation of Alsatian dogs that face one another and symbolize universal and spiritual self-reflexivity. It chooses that flag as a symbolic foundation for the sake of building on and incorporating all nationalities. Because Cosmosabbat’s mission is to reincarnate the spirit in space, it treats all of space as its free territory. The Cosmosabbat uses symbolism, which it appropriates from various mystical mythologies and shaman tradition.   [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

cracratrénouille [f ] m Personnage des contes Tok Tok. Escargot

de compagnie de Miss Toktok, bourg-mai-tresse du quartier de la Manutention. Il est le fils d’une limace phosphorescente à bulles et de Cracratrénos, élevé et ramené des Indes coloniales par l’énigmatique aïeul de Miss Tokto, le Colonel Toky. Les trois fêtes de naissance de Cracratrénouille, conformément aux us et coutumes des gastéropodes géants furent marquées par quelques querelles entre le père-façonneur de coquille, le père-bulleur et le jeune père adoptif. Cracratrénouille était encore enfant lorsque sa famille quitta la vallée des laitues de Bodh-Gayâ en 18�2, dissimulée dans les malles victoriennes de Toky à la fin de la guerre qui opposait gastéropodes et crustacés, pour aller s’installer près des bords de Seine dans le Paris haussmannien. À la mort de son père à l’âge de 238 ans et après l’enlè-vement mystérieux du colonel Toky, l’escargo-teau fut confié à la toute jeune Miss Toktok (Little Miss Toktok). Au fil de ses aventures, il put rapidement accroître ses compétences en glisse-bave, ce qui lui permit notamment de se fixer verticalement à certaines œuvres contemporaines. Il put également parfaire ses

the Florida Keys. The blockade along the only road leading to mainland Florida delayed resi-dents and tourists while the US Border Patrol searched cars for illegal aliens and narcotics. Mayor Dennis Wardlow was denied an injunc-tion against the military-style blockade he sought at a Miami courthouse and so declared that the Florida Keys will secede from the Union. The next day a theatrical ceremony was publicly held in which Wardlow declared both independence from and war against the United States, but surrendered immediately, demand-ing a billion dollars in foreign aid to restore the pre-blockade economy. The media attention and the events surrounding generated great publicity for the Keys’ plight eventually leading to the removal of the blockade. Although never officially recognized as a nation by the United States, the Conch republic still retains the support of many Keys residents, and continues mostly as a network of citizens who support its independence. The passports the Conch Re-public issues, according to self-proclaimed Sec-retary General Peter Anderson, have been well received across the Caribbean, in Mexico and several European Nations. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

Observateur Observer

Espace

Space

Espace Space

Hypersurface du présent Hypersurface of the Present

Cône de lumière futur / Future Light Cone

Cône de lumière passé / Past Light Cone

Tem

ps

Tim

e

cônes de lumièreLight cones [ m voir p. a-6 / see p. a-14 ]

conner, bruce[m 4, fig. #44 ][f ] m *1933, vit à San Francisco. Depuis les an-

nées 1950, Bruce Conner produit des films, des peintures, des assemblages, des dessins, des sculptures, des collages, des estampes et des photographies. Ses premiers films utilisent la technique du collage et du « sampling », et sont

earth commonplace adventurers, like Inspector Columbo. The detective played by Peter Falk puts on no airs. His raincoat is old-fashioned, his hat soft and his car inconspicuous; he hangs about, chats, drinks a glass, a bit like everyone else, without stirring himself. Quite the opposite: he is not quicker than his shadow on the draw, does not have X-ray eyesight, and does nothing at all exceptional in conducting his enquiries. Yet the guilty person always ends up by being tracked down and confessing his crimes.

Like Columbo and the new pirates, artists no longer attack frontally, weapon in hand, and rely as much on their flair as on circumstances. Like any self-respecting soldier, and like Columbo’s wife, they have to distort the rules of visibility and behave discreetly, for they are dealing with a reality where nothing is concealed, where everything ends up by being known. More-over, Columbo’s wife could be an even more influential model for artists: invisible, impos-sible to track down, a furtive shadow insidiously infiltrating herself into the most innocent conversations, she never needs to show herself in order to give a different meaning to reality.

~~~

côNES DE lumièREcon cRAcRAtRéNouillE cra

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connaissances dans les modes de communica-tion non-verbale en contrôlant le flux de bulles émises par ses traînées alternatives lors de ses périples à travers les white cubes lumineux.

[e ] m A character of the Tok Tok stories. A snail companion of Miss Toktok, burgermistress of the Manutention district. He is the son of a phosphorescent bubble slug and Cracratrénos, raised and brought back from colonial India by Colonel Toky, Miss Toktok’s enigmatic forebear. Cracratrénouille’s three birth feasts, in keeping with the uses and customs of the giant gastropods, were marked by a few quar-rels between the father-maker of the shell, the bubble-making father and the young adoptive father. Cracratrénouille was still a child when his family left the valley of lettuces known as Bodh-Gayâ in 18�2, concealed in Toky’s Victorian trunks at the end of the war which set the gastropods against the crustaceans, to go and take up residence beside the Seine in Haussmann’s Paris. On the death of his father at the age of 238 and after the mysterious abduction of Colonel Toky the snail-let was entrusted to Little Miss Toktok—herself still very young at the time. In the course of his adventures), he was quickly able to increase his glide-dribble skills, which enabled him in particular to attach himself vertically to some contemporary works. He was also able to per-fect his knowledge of non-verbal communica-tion methods by controlling the flow of bubbles emitted when making his alternating trails on his peregrinations across the luminous white cubes.

croWley, aleister[f ] m Figure éminente de l’[ m occultisme ] du

début du XXe siècle, Aleister Crowley, peintre et voyageur, alpiniste et écrivain, mage et gourou, est depuis près d’un siècle une des légendes les plus sombres de la contre-culture anglo-saxonne, incarnation extrême d’une recherche de connaissance qui tient autant de l’œuvre d’art totale que de la mise en scène paranoïaque. Surnommé « The Beast » dès son enfance, il étudie très tôt l’art occulte et n’a qu’une vingtaine d’années lorsqu’il est initié aux rites de l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée. Augmentant son pouvoir par l’apprentis-sage du yoga et de nombreux rites magiques, il s’éloigne de cette société secrète au début des années 1900 quand vient, au cours de son voyage de noces en égypte, en 1904, l’expé-rience mystique. Sa femme Rose Kelly entre en

m Aleister Crowley

m Abbaye de Thélème / Abbey of Thelema : Joachim Koester, Morning of the Magicians, 2005

m Arbre de vie d’Aleister Crowley / Aleister Crowley’s tree of life

48

cro cRowlEY

#01 – #14

ciNQ milliARDS D’ANNéES 1

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5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS [ m Vincent Lamouroux ] Scape, 2006 ; [ m Michel Blazy ] Patman 2, 2006 ; [ m Lang /Baumann ] Perfect, 2006 ;  [ m Mark Handforth ] Honda, 2002 ; Vespa, 2001

1

# 01

CINQ MILLIARDS D’ANNÉES

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5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS [ m Mark Handforth ] Honda, 2002 ; Vespa, 2001 ; [ m Vincent Lamouroux ] Scape, 2006 ;  [ m Philippe Decrauzat ] Fade In Out, 2006 ;  [ m Jonathan Monk ]  Constantly Moving Whilst Standing Still, 2005 ;  [ m François Morellet ] Pi Weeping Neonly, 2006

1

# 02

CINQ MILLIARDS D’ANNÉES

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# 03 5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS

[ m Tony Matelli ] Gone, 2000 ; [ m Philippe Decrauzat ] Light Space Modulator, 2002# 04 5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS

[ m Gianni Motti ] HIGGS, à la recherche de l’anti-Motti, 2005

# 04

1

# 03

CINQ MILLIARDS D’ANNÉES 1

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# 05 5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS

[ m Urs Fischer ] Untitled (Branches), 2005 ;  

[ m Christian Andersson ] The Blind Spot, 2003/2006  ; [ m Vincent Lamouroux ] Scape, 2006  

UNE SECONDE UNE ANNÉE / ONE SECOND ONE YEAR [ m Leopold Kessler ] Distributeur de boissons, 2006 

# 06   5.000.000.000 D’ANNÉES / 5,000,000,000 YEARS [ m Gianni Motti ] [ m Big Crunch Clock ], 1999 –2005

1

# 05

CINQ MILLIARDS D’ANNÉES 1

# 06

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#07   UNE SECONDE UNE ANNÉEONE / ONE SECOND ONE YEAR [ m Lara Favaretto ] Twistle, 2003 ; [ m Alighiero e Boetti ] Lampada annuale, 1966 ;  

[ m Fernando Ortega ] Fly Electrocutor, 2003 ; [ m Roman Signer ] Valise, 2006#08   UNE SECONDE UNE ANNÉE / ONE SECOND ONE YEAR

[ m Roman Signer ] Valise, 2006

1

# 07

CINQ MILLIARDS D’ANNÉES 1

# 08

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1 CINQ MILLIARDS D’ANNÉES CINQ MILLIARDS D’ANNÉES 1

# 09   UNE SECONDE UNE ANNÉE / ONE SECOND ONE YEAR   [ m François Curlet ] Œuf de voiture, 2003# 10   FLYINg TApE   [ m Zilvinas Kempinas ] Flying Tape, 2006

# 09 # 10

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1 CINQ MILLIARDS D’ANNÉES CINQ MILLIARDS D’ANNÉES 1

# 11   LE MATIN DES MAgICIENS / MORNINg OF ThE MAgICIANS

[ m Joachim Koester ] The Magic Mirror of John Dee, 2006

# 12   LE MATIN DES MAgICIENS / MORNINg OF ThE MAgICIANS

[ m Joachim Koester ] One + One + One, 2006

# 13   LE MATIN DES MAgICIENS / MORNINg OF ThE MAgICIANS

[ m Joachim Koester ] Morning of the Magicians, 2005

# 13# 11 # 12

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1

# 14   ThE DAY BEFORE _ STAR SYSTEM   [ m Renaud Auguste-Dormeuil ] The Day Before _ Guernica _ April 25, 1937 _ 23 : 59

# 14

La reLativité comme accéLérateur de métaphysiques/reLativity as an acceLerator of metaphysics

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¶CINQ MILLIARDS D’ANNÉES

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¶Élie During

La relativité comme accélérateur de métaphysiques

Élie During

Laissons à nos rêveries le cabinet de curiosités cosmologiques, avec ses trous noirs et ses naines blanches, ses big-bangs et ses soupes primordiales. « Patience dans l’azur », ce sera pour une autre fois. Ce n’est d’ailleurs pas le temps qui manque : nous avons encore devant nous quelques millions (ou milliards ?) d’années. Revenons plutôt, pour le moment, au B.A.-BA des représentations scientifiques de l’univers, et tâchons d’y puiser des intuitions neuves. L’Espace et le Temps, par exemple. Le premier est traditionnellement associé à des opérations de repérage et de localisation, d’identification et de distinction (je suis ici et vous êtes là). Le second est plutôt du côté du lien et de la relation, il suggère un mode de connexion des contraires ( j’étais jeune et je suis vieux ), en même temps qu’une manière de se représenter le déploiement commun des phénomènes de la nature (j’écris tandis que la nuit tombe). C’est parce qu’il dure (et non parce qu’il s’étend) que l’univers peut tenir d’une pièce. Mais tient-il encore d’une pièce ? Y a-t-il même un seul univ-ers ? Et quel genre d’opérations, quel mode nou-veau de liaison et de déliaison, quel régime de coexistence conviennent à l’ [m ] espace-temps ?

Espace, temps : des formes sans figure.

Ce qui est sûr, c’est que l’espace et le temps ont depuis longtemps perdu leur figure familière. Avec la physique du « champ » (au sens du champ électromagnétique) élaborée à partir du XIXe siècle, la matière n’est pas simplement « dans » l’espace comme un milieu enveloppant ou un contenant universel ; c’est d’une certaine façon l’inverse : c’est l’espace qui est dans la matière, ou qui émerge des relations entre des systèmes de corps définis par des « états » sans configuration intrinsèque. De même, le temps n’est plus conçu comme le milieu uniforme du changement : au niveau des particules élémen-taires, l’image quantique du monde ne nous

présente plus des objets existant continûment au cours du temps. Rien ne persévère « dans » le temps, et ce dernier, réduit à un paramètre parmi d’autres possibles dans l’espace abstrait des états d’un système, participe de la forme générale des connexions causales entre les corps sans pouvoir prétendre en déployer une dimension universelle, comme c’était le cas en mécanique classique (souvenez-vous des jolis diagrammes, au lycée : l’espace en abscisse, le temps en ordonnée). La conséquence immédi-ate de cette double défiguration de l’espace et du temps est d’ôter toute pertinence directe à l’idée de trajectoire comme déplacement con-tinu de la région d’espace occupée par un corps. Le mouvement est une idée grossière, il faut inventer d’autres manières de changer.Nul besoin pourtant d’aller chercher aussi loin que la [m ] physique quantique pour se faire une idée du bouleversement suscité par la théorie physique dans nos catégories les plus ordinai-res. Il n’y a qu’à se pencher sur la [m ] relativité d’ [m ] Einstein, et pas même la générale, mais la restreinte, celle de �905. Dans sa radicalité conceptuelle, la relativité restreinte fonctionne comme un synthétiseur ou un accélérateur de métaphysiques (au sens où l’on parle d’un accé-lérateur de particules). Théorie spéciale, et même un peu spectrale, il faut bien l’avouer. Quelques paradoxes incessamment rapportés par la littérature de vulgarisation témoignent depuis bientôt un siè-cle de la manière dont elle remet en cause nos évidences les mieux ancrées concernant l’es-pace, le temps, et leur ajustement réciproque. Le plus célèbre est sans doute le « [m ] paradoxe des jumeaux » imaginé par le physicien Langevin en �9��, un an avant le voyage en automobile de [m ] Duchamp qui devait le mener, avec Picabia, Apollinaire et Gabrielle Buffet, du Jura à Paris – expérience cinétique-érotique dont allait naître Le Grand Verre. Supposez, dit Langevin, deux frères jumeaux, dont l’un s’embarque sur une fusée (un « boulet ») pour s’éloigner à une vitesse proche de celle la lumière en direction des étoiles, avant de faire demi-tour et de

[f ]

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¶Élie During

revenir à son point de départ. Pendant tout ce temps, l’autre n’a pas quitté la Terre. La théorie prédit, calculs à l’appui, que le jumeau voya-geur, à son retour, sera plus jeune que son frère sédentaire. Selon le rapport entre sa vitesse de déplacement et celle de la lumière, l’écart des âges sera plus ou moins impressionnant (d’autant plus impressionnant que la vitesse sera grande), mais l’effet est avéré. Plusieurs expériences en donnent des versions moins romancées qui valent confirmation : temps de désintégration des muons dans l’atmosphère ou de particules accélérées dans des laboratoires, horloges voyageant en avion à grande vitesse autour du globe, etc.

Paradoxe des jumeaux et « temps local »

Comment interpréter ce paradoxe ? Qu’est-ce que ces temps relativistes variablement dilatés ont à voir avec les temps de l’expérience ordi-naire, les temps vécus par chacun des jumeaux, par exemple ? Les vulgarisateurs n’hésitent pas à parler d’un ralentissement du temps, là où Einstein lui-même, plus prudent, parlait seulement d’un ralentissement des horloges (et encore, toujours relativement à d’autres horloges). N’importe, les équations relativistes le prouvent : le temps est élastique. C’est du moins ce qu’on lit, encore aujourd’hui, sous les meilleures plumes. Le temps n’est plus ce fleuve majestueux dont le cours uniforme emporte tout sur son passage. Il faut l’imaginer comme un torrent fougueux, fait d’innombrables cou-rants et de vitesses variables. Pas moyen d’en donner une image globale, à moins de se placer, arbitrairement, dans un référentiel donné pour retrouver l’illusion d’un « cours du temps » atta-ché au lieu où l’on est, et conventionnellement étendu à l’espace entier par l’intermédiaire de procédures de synchronisation d’horloges. Car chacun est libre de se considérer au repos dans un système de référence « inertiel » (non

accéléré) pour définir des plans (en fait, des « hypersurfaces » �D) d’événements simultanés qui seront alors autant d’instantanés d’univers, de tranches de « présent » s’empilant au fil du temps. L’univers peut continuer à être repré-senté du point de vue de chaque référentiel comme un espace qui perdure globalement dans le temps, alors même que le caractère relatif de la simultanéité de deux événements à distance, établie par Einstein par un raisonnement de quelques lignes 1, semble dissoudre ou « vapo-riser » pour de bon ce qui restait d’objectivité dans l’idée d’espace absolu, et même dans l’idée d’un état de l’univers « à l’instant t ».Voilà la situation conceptuellement ambiguë dont nous héritons. Bien sûr, la relativité géné-rale (�9�6) compliquera les choses en incorpo-rant directement la gravitation dans la structure géométrique d’un « espace-temps courbe » à quatre dimensions, suivie à partir de �9�5 de la mécanique quantique et enfin des diverses tentatives contemporaines de synthèse de ces deux théories sous la forme de la « [m ] théorie des cordes » (string theory), ou encore de l’étonnante « [m ] gravité quantique à boucles » (loop quan-tum gravity). Cette dernière, la plus récente, commence par faire abstraction de l’espace et du temps pour mieux les dériver à partir de notions plus fondamentales : l’espace y gagne une texture granulaire, discontinue et probabi-liste, le temps n’y est plus une variable continue qui s’écoule, de sorte que le monde lui-même, comme l’écrit Carlo Rovelli, n’est plus « quelque chose qui évolue dans le temps ».La relativité générale, pour s’en tenir à elle, ne garantit déjà plus la possibilité d’une partition globale de l’« espace-temps » en plans d’événe-ments simultanés, fussent-ils relativisés à un référentiel. Le temps y est donc irrémédiable-ment local : s’il ne s’écoule pas partout de la même manière, s’il flue différemment le long de différentes lignes d’univers, c’est parce qu’il s’attache d’abord au voisinage de processus singuliers, là où ils ont lieu, et que toute exten-sion de la variable « t » à des régions distantes est essentiellement précaire. L’image du torrent

plein de remous s’impose à nouveau : on va voir qu’elle est pourtant fondamentalement inadé-quate. Il est aussi question dans cette théorie d’espaces-temps non orientables (au sens où l’est le ruban à face unique de Mœbius) et de lignes temporelles bouclées sur elles-mêmes (suscitant les habituels paradoxes du voyage dans le temps, façon Terminator). Tout cela est passionnant, mais les ressources de la relativité restreinte sont loin d’être épuisées. La philo-sophie a encore quelque chose à en faire, tout comme l’art lui-même, à condition qu’il se donne les moyens d’en extraire quelques motifs pour ajuster nos intuitions aux étranges construc-tions formelles de la théorie (si seulement Duchamp avait trouvé autant d’intérêt à la phy-sique d’Einstein qu’à la géométrie de Poincaré !).

Un temps élastique ?

Que le temps soit élastique est à cet égard la leçon la moins intéressante, et peut-être la moins juste, qu’on puisse tirer de la relativ-ité. La moins intéressante, car chacun fait déjà pour son compte l’expérience du caractère élastique de la durée psychologique. Platitudes d’usage sur le temps vécu  : il semble s’étirer dans l’ennuyeuse attente, se contracter dans la fébrile activité… Mais il y a mieux à faire que de colmater au moyen d’intuitions rassurantes les brèches ouvertes dans la pensée par les con-cepts de la théorie. L’idée du temps élastique n’est d’ailleurs pas seulement banale ; elle est également égarante si l’on prétend saisir par là ce qui est en jeu dans la théorie d’Einstein. Car c’est une des leçons fondamentales de la théorie qu’il est toujours possible de définir, le long de chaque « ligne d’univers » (les trajets d’espace-temps correspondant au mouvement d’un système), une notion de temps intrinsèque ou invariante : le « temps propre » du système, celui que mesurent des horloges au repos par rapport à lui. Ce temps-là ne connaît ni accélération ni

ralentissement en l’absence de forces gravita-tionnelles. Les horloges battent au même rythme pour le jumeau au repos et pour le jumeau voy-ageur. Le temps s’écoule de la même manière, il faut tout simplement moins de jours, moins de tours de cadran d’horloges, moins de temps en somme au jumeau voyageur pour connecter deux événements de l’espace-temps : son départ et son retour. Il n’y a donc pas de « dilatation » des durées (ou alors seulement en un sens triv-ial, si l’on veut indiquer par là une différence dans les temps écoulés). Il n’y a pas d’élasticité du temps, mais seulement des raccourcis dans l’espace-temps.Ainsi il n’est pas vrai que la vitesse préserve la jeunesse : « Il va falloir trouver un autre moyen de ne pas vieillir » (Bergson). Le temps n’est pas un torrent parcouru de courants plus ou moins rapides ; il flue uniformément, mais au sein d’une structure étrange qu’il contribue à dessi-ner, celle d’un espace-temps cisaillé, plein d’an-gles morts, de portes dérobées, de raccourcis et de faux raccords. Le temps n’est pas ramolli comme les montres de Dali ; il n’est pas étiré en tous sens mais plutôt écarté et comme diverse-ment replié sur l’espace. Temps kaléidoscopique, temps fibré ou aéré : c’est ici que l’art doit venir au secours de l’intuition pour proposer de nou-velles constructions sensibles de l’espace-temps. Quelques années avant Einstein, Manet a tenté avec Un bar aux Folies Bergère (�88�-8�) quel-que chose comme un tableau-charnière, selon une perspective en cisailles. Le Grand Verre (�9�5-��) cherchait du côté des géométries non-euclidiennes et de la topologie naissante une articulation inédite de la « quatrième dimen-sion », sans commune mesure avec les explo-rations projectives du cubisme, et capable de traduire plastiquement la vitesse pure conquise au bout de la route Jura-Paris. Je ne vois pas beaucoup d’artistes aujourd’hui qui manient la cisaille pour construire, directement, des espa-ces-temps qui soient à la mesure de l’invention scientifique. Le temps est à autre chose…

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L’espace-temps cisaillé.

Qu’est-ce qui d’ailleurs « cisaille » l’espace-temps relativiste ? La réponse tient en un mot : c’est la lumière. La lumière, dont la théorie de la relativité commence par postuler le caractère invariant dans tous les systèmes de référence inertiels. Contre la notion d’action instantanée à distance, ce postulat introduit un principe de limitation dans les possibilités de connexion entre les points-événements de l’espace-temps. Car cette vitesse invariante est aussi une vitesse limite pour toutes les interactions physi-ques, toutes les transmissions de signaux dans l’univers.Dire qu’il existe une vitesse limite finie, c’est dire que la propagation doit se faire de manière locale, de proche en proche. Connecter deux événements distants, cela prend du temps. Tel est le principe qui sous-tend l’étrange comportement de la lumière en relativité. La conséquence est immédiate l’espace-temps est peut-être d’une pièce, mais il apparaît, en chacun de ses points, diversement connecté. En effet, s’il n’y a pas d’action instantanée à distance qui donne un sens intuitif à l’idée du tout de l’univers « à l’instant t » en le connectant immédiatement à lui-même à travers toutes ses parties, il faut reconnaître que l’ordre des rela-tions temporelles, calé comme il doit l’être sur l’ordre des relations causales, est plein de trous, de zones d’indétermination ou de points aveu-gles. Le mathématicien Hermann Minkowski a su saisir cela dans ses élégants diagrammes d’espace-temps, avec leurs doubles « [m ] cônes de lumière ». Le « futur causal » (le cône supé-rieur) et le « passé causal » (le cône inférieur) à un instant donné de mon évolution incluent beaucoup de choses : on y trouve l’ensemble des événements avec lesquels je suis connecté par une chaîne causale, ou avec lesquels je pour-rais l’être (ainsi les rayons de lumière d’une étoile lointaine qui atteignent ma pupille après plusieurs années de voyage à travers l’espace, ou encore les conséquences, dans un an, d’un geste que j’accomplis aujourd’hui). Mais il y a

encore beaucoup (et plus) d’événements distants avec lesquels mon présent (l’événement qui le définit à cet instant) ne peut entretenir aucune espèce de relation causale, parce qu’ils sont trop éloignés pour qu’un signal se propageant à une vitesse inférieure à celle de la lumière puisse nous connecter. Ces événements coexis-tent avec moi sans pouvoir m’affecter. On les dira « contemporains ». Moyennant un choix approprié de système de coordonnées, je peux toujours définir parmi eux une section d’événe-ments « simultanés », mais à l’instant où je parle ils sont hors-champ, ils représentent quelque chose comme un « angle mort » : dead zone.La topologie particulière de cet espace-temps diversement connecté suscite immédiate-ment une question d’ordre métaphysique : qu’en est-il de la « réalité » de ces événements « contemporains » mais déconnectés de mon présent local ? Ces événements dont la théo-rie nous indique qu’ils peuvent être arrangés d’innombrables manières selon le « plan de coupe » qu’on se donne pour trancher dans l’espace-temps et y définir des nappes de « présent », jouissent-ils du même degré de réalité que les événements qui m’affectent ici et maintenant ? À peine commence-t-on à y réfléchir que s’enclenche une dialectique inexorable. C’est comme si chaque position était conduite à se radicaliser jusqu’à basculer dans une forme de fantastique métaphysique.

Univers-bloc et mondes intermittents

Supposons en effet que ce qui est réel, au sens fort, se confond avec ce qui est présent. C’est une hypothèse raisonnable. Les événements du passé sont passés, ils ne sont plus ; quant aux événements futurs, ils ne sont pas encore. Seul le présent est, au sens fort, c’est-à-dire en acte, et non virtuellement. Comprenez : parmi les événements qui me sont « contemporains », seuls sont réels (déterminés, actuels) ceux qui me sont simultanés. Pourtant, si la simultanéité

est relative au référentiel adopté, on peut déjà en tirer de curieuses conséquences. Supposons que deux observateurs liés à deux référentiels en mouvement relatif coïncident localement (disons, à l’instant où ils se croisent à grande vitesse). La théorie indique qu’ils sont naturellement conduits à définir des plans de simultanéité différents. Autrement dit, ce ne sont pas les mêmes événements qui comptent comme présents, et donc comme réels pour l’un et pour l’autre. Ils ne peuvent s’accorder sur ce qui constitue la réalité actuelle de l’univers dans sa totalité, ni par conséquent sur une suc-cession d’états instantanés de l’univers qui décr-irait son évolution globale. (Un raisonnement du même genre permettrait de montrer que des événements qui, pour moi, sont futurs, et donc irréels, peuvent figurer dans le présent d’un observateur que je tiens lui-même pour présent, et donc réel : cet événement futur est donc présentement réel, quoique d’un autre point de vue que le mien). De façon générale, ce qui est réel à tel instant pour tel observateur ne l’est pas nécessairement pour tel autre qui se meut par rapport à lui. Et puisque nul observateur ne jouit d’une position privilégiée qui permettrait d’accorder plus de réalité à son présent qu’aux autres, la notion même de réalité s’en trouve dissoute, ou du moins radicalement relativisée. Or il faut bien que quelque chose soit, à l’instant où je parle. Comment expliquer autrement qu’il y ait quelque chose, en général ? Si l’on veut faire droit à la relativité des per-spectives temporelles tout en continuant à utiliser la notion de réalité, qui a tout de même fait ses preuves, on est naturellement conduit à la thèse du « bloc » espace-temps (block- universe). L’[m ] univers-bloc est démocratique : il faut se figurer que tous les événements de l’espace-temps sont réels au même titre. Le futur est aussi réel que le présent ou le passé. Mon futur est déjà là, étendu devant moi ; je vais à sa rencontre comme si je parcourais une contrée inconnue. Le devenir est comme gelé, déroulé d’avance, donné en bloc, donc, de toute éternité. L’écoulement du temps est une

illusion. Le temps n’est, littéralement, qu’une quatrième dimension de l’espace.Il y a pourtant un échappatoire. Car on peut, tout à l’inverse, dénier d’emblée toute réalité à la zone « hors-champ » des événements « contem-porains », au même titre que la zone « futur » et la zone « passé » . Autrement dit, on peut vouloir traiter de façon symétrique la séparation spa-tiale (entre événements distants et déconnectés) et la séparation temporelle (passé, futur). Ce qui est ailleurs n’est pas — jusqu’à preuve du contraire. On s’interdit ainsi de répandre le temps sur l’espace en invoquant une simulta-néité globale (fût-elle relativisée) ; on restreint sa perspective au seul temps local, celui qui flue ici et maintenant. Cette décision débouche sur une position solipsiste tout aussi extravagante, mais tout aussi défendable, que la précédente. Alors le « maintenant » ne déborde pas de l’« ici », et il n’y a de réel que le point de présent que j’occupe. Ce qui veut dire aussi : l’espace n’est rien. Il ne s’agit plus de dire que la configura-tion spatiale de l’univers « à l’instant t » est une chose relative, mais plus radicalement qu’il n’y a littéralement rien de tel. L’espace est, pour de bon, défiguré, déconnecté de lui-même. Il n’y a de réel que l’ici-maintenant. Mais comme chacun (y compris des versions futures de moi-même) peut en dire autant et revendiquer avec autant de force la réalité de son présent local, la notion même de réalité risque de devenir très vite inopérante. Et si l’on veut éviter d’être reconduit aussitôt à l’espace-temps « bloc » où tout est donné, il faut renoncer une fois pour toute à donner une tenue à l’univers dans sa totalité. Il faut refuser de réunir les perspec-tives dans une vue globale et s’en tenir à une approche résolument locale. Cette décision a un prix. On peut montrer qu’elle implique l’appa-rition, dans mon « passé causal », d’événements fantomatiques qui auront été réels (puisqu’ils figureront dans mon passé, le moment venu) sans avoir pourtant jamais eu à faire partie de la réalité présente. Cela n’a rien d’étonnant si l’on se souvient que la réalité présente est désormais confinée au voisinage de mon « ici »,

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et que les conséquences d’un événement éloigné (que mon présent local ignore alors nécessai-rement) peuvent fort bien m’affecter à l’avenir (inscrivant du même coup, mais seulement après coup, le dit événement dans mon passé causal). Un sentiment de malaise persiste néanmoins. Le passé comme tel ne se contenterait donc pas de croître à mesure que le temps passe ; il se renouvellerait en se chargeant progressivement d’existences intermittentes ou rétrospectives, comme des signaux que l’avenir enverrait de loin en loin vers le passé, en enjambant le pré-sent. C’est comme si l’univers se déconnectait et se reconnectait au fil du temps, ranimé périodi-quement par une sorte de faux contact. « If you don’t like this world, you should see some of the others. » (Philip K. Dick).

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�. Sur la relativité de la simultanéité, voir par exemple le chapitre 9 du livre de vulgarisation d’Albert Einstein, La Relativité, Payot, �990.

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Let’s leave the cabinet of cosmological curiosi-ties, with its black holes and white dwarfs, its big bangs and primordial soups, to our day-dreams. There will be other occasions for tell-ing the “Brief History of Time.” In any case, it isn’t time we lack: we still have a few million (or billion?) years ahead of us. Let’s go back instead, for a moment, to the B-A BA of scien-tific representations of the universe, and try to find new insights there. Take Space and Time, for example. The former is traditionally associ-ated with processes of location and localization, identification and distinction (I am here and you are there). The latter tends toward bonds and relationships; it suggests a way of connecting opposites (I was young and I am old), as well as a way of picturing the common deployment of phenomena in nature (I write as night falls). It is because it endures (and not because it stretches out in space) that the universe can keep itself together. But is it still in one piece? Is there only one universe? More importantly, what spe-cial operations, what new ways of connecting and disconnecting things, what modes of coex-istence are appropriate for the articulation of space and time in space-time [m espace-temps ]?

space, time: Forms without a Figure

What is certain is that space and time have long since lost their familiar aspects. With the phys-ics of the “field” (meaning the electromagnetic field) developed in the �9th century, matter is not simply “in” space as an enveloping ether or a universal container; in a way, it is the reverse: it is space that is inside matter, or that emerges from the relationships between systems of bod-ies defined by “states” without an intrinsic configuration. Similarly, time is no longer con-ceived of as the uniform medium of change: on the level of elementary particles, the quantum image of the world no longer presents us with objects that exist continuously in the course of time. Nothing perseveres “in” time, and time, reduced to a parameter among other possible

parameters in the abstract space of the states of a system, participates in the general form of the causal nexuses between bodies without being able to claim to deploy a universal dimen-sion of it, as one could in traditional mechanics (remember the lovely diagrams in high school: space an X-coordinate, time a Y-ordinate). The immediate consequence of this double disfigu-ration of space and time is to remove any direct relevance of the idea of a trajectory as a contin-uous displacement of the area of space occupied by a body. Movement is a coarse idea; we need to invent other ways of changing. But there is no need to go looking as far as quantum physics [m physique quantique ] to get a sense of the upheaval caused by physical theories in our most ordinary categories. Just consider [m ] Einstein’s theory of relativity [m relativité ], and not even the general theory of relativity, but the so-called “special” one, that of �905. In its conceptual radicality, special relativity functions as a synthesizer or an accel-erator of metaphysics (somewhat like a particle accelerator). Let’s admit it: special relativity is a strange and even spectral theory. For almost a century, paradoxes reported in the popular literature have testified to the way it questions our most rooted beliefs concerning space, time, and the way they hang together. The most famous is no doubt the “Paradox of the Twins” [m para-doxe des jumeaux ] thought up by the physicist Langevin in �9��, one year before the legend-ary car trip that would take [m ] Duchamp with Picabia, Apollinaire, and Gabrielle Buffet from the Jura to Paris—a kinetic-erotic experiment from which The Large Glass would be born. Suppose, Langevin says, there are two twin brothers, one of whom embarks on a rocket ship moving almost at the speed of light in the direction of the stars, before turning around and coming back to his point of departure. During all this time, the other twin has not left the Earth. The theory predicts, with the support of calculations, that, on his return, the traveling twin will be younger than his sedentary brother.

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of time travel, Terminator style). All of this is fascinating, but the resources of special relativ-ity are far from exhausted. Philosophy still has something to make of it. So does art, provided it gives itself the means of extracting the patterns of intuitions that will enable our rigid minds to adjust to the strange formal constructions of the theory (if only Duchamp had been as interested in Einstein’s physics as he was in Poincaré’s geometry!).

Elastic time?

That time is elastic is, in this respect, the least interesting—and perhaps the least accurate—lesson we can draw from relativity. The least interesting, because everyone has already expe-rienced the elastic nature of psychological dura-tion. Platitudes on lived time: it seems to stretch out in tedious waiting, to contract in feverish activity… But there are better things to do than mobilize reassuring intuitions in order to clog the gaps opened in thought by new theoreti-cal concepts. Besides, the idea of elastic time is not only banal; it’s also misleading, if one claims to grasp what is at stake in Einstein’s theory. Because one of the fundamental lessons of the theory is that it is always possible to define a notion of intrinsic or invariant time along each “line of universe” (paths of space-time corre-sponding to the trajectory of a moving system): such is the “proper time” measured by clocks at rest relative to a system. This time knows neither acceleration nor deceleration in the absence of gravitational forces. The clocks tick at the same rhythm for the stay-at-home twin and the traveling twin. Time passes in the same way for each, it simply takes fewer days, fewer turns of the hand around the clock dial, in short, less time for the traveling twin to connect two separated events in space-time: his departure and his return. There is no “dilation” therefore of durations (or only in a trivial sense that would indicate a difference in the total elapsed time). There is

no elasticity of time, there are only short cuts in space-time. Thus, it is not true that speed preserves youth: “We’ll have to find other ways of not aging,” as Bergson says. Time is not a tor-rent traversed by faster or slower currents; it flows uniformly, but within a strange structure, which it contributes to designing, a sheared space-time, full of blind spots, hidden doors, short cuts and discontinuous montage. Time does not melt like Dali’s pocket watches; it is not stretched in all directions but rather drawn aside and folded over space in various ways. Kaleidoscopic time, textured or fibrous time: it is here that art must assist and extend intu-ition in proposing new, tangible constructions of space-time. A few years before Einstein, Manet tried with Un bar aux Folies Bergère [A Bar at the Folies-Bergère] (�88�-8�) a sort of “hinge-painting” (“tableau-charnière”, to use Duchamp’s term), according to a sheared perspective. The Large Glass (�9�5–��) sought in non-Euclidean geometries and in nascent topology a new artic-ulation of the “fourth dimension,” which broke with the projective explorations of cubism, and aimed at a visual equivalent of the pure speed conquered at the end of the Jura-Paris trip. I do not see many artists today who use the chisel or the shears to build space-times directly that measure up to scientific invention. This may not be the proper time...

sheared space-time

What is it that “shears” relativistic space-time anyway? The answer can be found in a word: light. The theory of relativity will begin to pos-tulate light’s invariant character in all inertial systems of reference. Contrary to the notion of instantaneous action-at-a-distance, this postu-late introduces a principle of limitation into the possibilities of connection between the point-events of space-time. The invariant speed of light is also a maximum speed for all physical interactions, all transmissions of signals in the universe.

According to the relationship between the speed of the rocket ship and that of light, the discrepancy between their ages would be more or less impressive (all the more impressive with increasing speed), but the effect has been well proven by now. Several experiments offer less fictionalized versions that provide confirma-tion for the theory: the time it takes for muons to disintegrate in the atmosphere or particles to accelerate in laboratories, clocks traveling around the globe in planes at high speed and running behind, and so on.

the Paradox of the twins and “Local time”

How should we interpret this paradox? What do these relativistic times, variably dilated, have to do with the times of ordinary experience, the times lived by each twin, for example? The common parlance speaks of a slowing down of time, where Einstein himself, more prudently, spoke only of a slowing down of clocks (and still, always relative to other clocks). Nevertheless, the relativistic equations speak for themselves: time is elastic. This, at least, is what we read, today still, from the best writers. Time is no longer this majestic river whose uniform course carries everything along with it. It should be imagined as an impetuous torrent, made of countless currents of variable speeds. There is no way to give an overall image of it, except to place oneself, arbi-trarily, in a given frame of reference in order to find the illusion of a “flow of time” attached to the place where one is situated, and convention-ally extended to all of space via the process of the synchronization of clocks. Indeed, everyone is free to consider himself at rest in an “inertial” (that is, unaccelerated) frame of reference in order to define planes (actually, �D “hypersur-faces”) of simultaneous events, which will then be so many snapshots of the universe or sections of the “present” piling up as time goes by. The universe can continue to be repre-sented from the point of view of each frame

of reference as a space that endures in time as a whole, even though the relative character of the simultaneity of two remote events, which Einstein established in a reasoning of a few lines1, would seem to dissolve or “vaporize,” once and for all, whatever remained of objectivity in the idea of absolute space, and even in the idea of the state of the universe “at an instant.” This is the conceptually ambiguous situation we have inherited. Of course, general relativity (�9�6) will complicate things by directly incorpo-rating gravitation in the geometrical structure of a four-dimensional “curved space-time,” followed in �9�5 by quantum mechanics and finally by various contemporary attempts at a synthesis of these two theories in the form of string theory [m théorie des cordes ], or the astonishing loop quantum gravity [m gravité quantique à boucles ]. The latter starts by short-circuiting time and space in order to derive them from more funda-mental concepts: as a result, space, on the one hand, takes on a granular texture, appearing discontinuous and probabilistic; time, on the other hand, is no longer represented by a con-tinuously flowing variable, so that the world itself, as Carlo Rovelli writes, can no longer be described as “something that evolves in time.”In fact, general relativity itself no longer ensures a total division of “space-time” in planes of simultaneous events, no matter their being rela-tivized to a frame of reference. Time is therefore irremediably local: if it does not flow everywhere in the same way, if it runs differently along various “lines of universe” (as demonstrated by the Twin Paradox), that is because, initially, it emerges in the vicinity of singular processes, where they take place, in such a way that any extension of the variable “t” to distant areas is essentially precarious, and largely conven-tional. The image of a torrent full of movement arises once again: yet we will see that it is basi-cally inadequate. General relativity also makes room for non-orientable space-times (analogous to the single-sided Möbius strip) and of “closed time-like curves” looping back from the future to the past (resulting in the classical paradoxes

rELativity as an accELErator oF mEtaPhysics

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no observer enjoys the privileged position that would make it possible to grant more reality to his own present than to that of others, it would seem the very concept of reality is dissolved, or radically relativized. Yet, something has to exist the instant I speak. For otherwise, how could we say that there is something in general, rather than nothing? If one wants to acknowledge the relativity of temporal perspectives while con-tinuing to use the notion of reality, which has so far proved reliable, one is naturally led to the thesis of the space-time “block” (the block-uni-verse [m univers-bloc ]). The block-universe theory is democratic: it views all the events of space-time as equally real. The future is as real as the present or the past. My future is already there, stretched out in front of me; I go to meet it as though travers-ing an unknown region. The future is fixed, unfurled in advance, presented as a whole, then, for all eternity. The flow of time is an illusion. Time is, literally, just the fourth dimension of space.There is, however, a loophole. Because one can, conversely, immediately deny any kind of reality to the “out-of-bounds” zone of “contemporary” events, as well as to the “future” zone and the “past” zone of the “light cone.” In other words, one can take a symmetrical approach to spatial separation (between distant and disconnected events) and temporal separation (past, future). According to this view, what is elsewhere is not—until proof of the contrary. One thus avoids spreading time over space by calling upon a global simultaneity (even a relativized one); one restricts one’s perspective to local time alone, that which flows here and now. This deci-sion leads to a solipsistic position that is as extravagant but in a sense as justifiable as the preceding one. The “now” does not spill out of the “here,” and the only real thing is the punc-tual present that I occupy where I am. Which is another way of saying: space is nothing. It is no longer a matter of acknowledging that the spa-tial configuration of the universe “at the instant t” is a relative thing, but, more radically, that

there is literally no such thing as “the whole of space.” Space is disfigured for good, universally disconnected from itself in space-time. The only reality is the here-and-now. But since everyone (including future versions of myself) can say as much and assert the reality of his local present as forcefully, the very notion of reality is likely to become inoperative very quickly. And if we want to avoid immediately going back to the space-time “block,” where everything is given at once, we have to give up describing the uni-verse in its totality once and for all. We have to refuse to unite the perspectives in an overall vision and stick to a resolutely local approach. This decision has a cost. One can show that it implies the appearance, in my “causal past,” of ghostly events that will have been real (since they will appear in the past region of my “light cone,” in due time) without, however, ever hav-ing had to be part of the present reality. There is nothing surprising about this, if we remember that present reality is now confined to the vicin-ity of my “here,” even though the consequences of a (presently) non existing distant event (that my local present is naturally unaware of) can affect me in the future (inscribing the said event in my causal past, but only in retrospect). A sense of malaise nevertheless persists. The past as such would not be satisfied to “grow” as time passes; it would renew itself by continu-ously taking charge of intermittent or retrospec-tive existences. These emerging events are akin to signals the future would send from time to time to the past, skipping over the present. It is as if the universe disconnected and reconnected over the course of time, periodically revived by a kind of bad connection. As Philip K. Dick said, “If you don’t like this world, you should see some of the others.”

�. On the relativity of simultaneity, see chapter 9, for example, in the popularized version of Albert Einstein, Relativity (New York: Three Rivers Press, �995)

  (Translated from the French by Jeanine Herman)

To say that there is a finite maximum speed is to say that propagation must occur locally, from place to place. To connect two distant events takes time. This is the principle that under-lies the strange behavior of light in relativity. The consequence is immediate: space-time is perhaps of a piece, but it appears variously connected from any of its points. Indeed, con-sidering that there is no instantaneous action-at-a-distance that gives intuitive meaning to the idea of the whole universe “at instant t” by immediately connecting it to itself through all its parts, one should not be surprised if the order of temporal relations, based as it must be on the order of causal relations, is full of holes, gray areas, and blind spots. The mathematician Hermann Minkowski was able to grasp that state of affairs in his elegant “space-time dia-grams,” with their double “light cones” [m cônes de lumière ]. The “causal future” (the upper cone) and the “causal past” (the lower cone) at a given moment of my evolution include many things: all the events I am connected to by a causal chain, or to which I could be connected in this way (like the rays of light of a distant star reaching my eyes after several years of travel-ing through space, or the consequences, in a year, of some action I took today). But there are still many (infinitely many) distant events with which my present (or the event that defines it at this instant) cannot maintain any sort of causal relationship, because they are too distant for a signal (propagated at a speed slower than or equal to that of light) to connect us. These events coexist with me, without being able to affect me. Let’s call them “contemporary.” Using a suitable selection of a system of coordinates, I can always define a section of “simultaneous” events among them, but the moment I speak they are “off-camera”; they represent something like a dead zone.The particular topology of this variously con-nected space-time immediately raises a meta-physical question: what happens to the “reality” of these “contemporary” events that are discon-nected from my local present? Do these events,

which theory tells us can be arranged in count-less ways according to the cutting angle one uses to slice space-time into layers of the “pres-ent,” enjoy the same degree of reality as the events that affect me here and now? The mere thought of it sets off an inexorable dialectic. It’s as if each position had to be radicalized until toppling into a sort of fantastic metaphysics.

the Block-Universe and intermittent Worlds

Let’s suppose, indeed, that what is real, in the strictest sense of the word, is equivalent with what is present. It’s a reasonable assumption. The events of the past have passed; they no longer exist. As for the future events, they do not exist yet. Only the present exists, in the strongest sense, i.e., in actuality, and not virtu-ally. Thus, among the events that are “contem-porary” to me, only those that are simultaneous (i.e., co-present) to me are real (determined, actual). However, if simultaneity is relative to a given reference frame, we can already draw some curious conclusions. Let’s suppose that two observers linked to two reference frames in relative motion coincide locally (let’s say, at the instant they cross paths at high speed). The theory indicates that they are naturally led to define different planes of simultaneity. In other words, the same events do not count as present, and therefore as real, for one and the other. They cannot agree on what constitutes the actual reality of the universe in its totality, or, consequently, on a succession of instanta-neous states of the universe that would describe its overall evolution. (Reasoning of this sort would make it possible to show that events which, for me, exist in the future, and are thus unreal, can appear in the present of an observer I consider present, and to that extent real: this future event is thus presently real, though from a point of view other than mine). It is a general rule that what is real at a particular moment for such an observer is not necessarily real for another who moves in relation to him. And since

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49 transe lors d’une visite au musée Boulaq, au

Caire, et lui désigne une stèle dédiée à Horus : invoquant le dieu antique, Crowley se voit révéler le Livre de la Loi ou Liber AL vel Legis, sur lequel il basera désormais sa magick. En 1920, il fonde une petite communauté, l’Abbaye de [ m Thélème ], à Cefalù, en Sicile, qui reprend l’utopie hédoniste imaginée par Rabelais et sa devise « Fay ce que vouldras » sur un mode satanique. Crowley y célèbre des rites alchimiques et des cérémonies théâtralisées, où les passes magiques s’associent au sexe et à la prise de drogues. Ses mœurs suscitent le scandale public, en Italie comme ailleurs, quand il n’est pas pris à parti par d’autres occultistes lui reprochant de divulguer leurs secrets à des non-initiés. Ruiné suite à son troisième divorce, il se retire en Angleterre où il meurt en 1947. Des Beatles aux Red Hot Chili Peppers en passant par David Bowie et [ m led Zeppelin ], de [ m Kenneth anger ] à [ m Joachim Koester ], Crowley continue encore aujourd’hui de susciter la fascination et de répandre son influence sur les mondes de l’art.

  [ m maTin des maGiCiens (le) ] [ m satanisme ][e ] m A leading figure in early 20th-century occult-

ism [ m occultisme ], Aleister Crowley, a trav-eler, painter, mountaineer and writer, a magus and guru, has been one of the darkest legends in the counter-culture of the English-speak-ing world for nearly a century, the extreme embodiment of a search for knowledge that has overtones of both the total work of art and a paranoiac scenario.

Nicknamed “The Beast” from childhood, he studied the occult arts at a very early age and was only about twenty when he was initiated into the rites of the Hermetic Order of the Golden Dawn. Increasing his powers by learn-ing yoga and through many magic rites, he distanced himself from that secret society early in the first decade of the 20th century when in 1904, on his honeymoon on in Egypt, a mystical experience occurred. His wife Rose Kelly went into a trance when visiting the Boulaq museum in Cairo, and pointed out a stele dedicated to Horus to her husband: on invoking the ancient god later, Crowley had the Book of the Law or Liber AL vel Legis revealed to him, the text he will base his “magick” on. In 1920 he founded a small community, the Abbey of Thelema [ m Thélème ], at Cefalù in Sicily, which adopted the hedonist utopia imagined by Rabelais and its motto “Fay ce que vouldras” [“Do what thou wilt”] on a satanic mode. Crowley organises

alchemical rites and theatrical ceremonies as-sociated with sex and drug-taking. His morals were a source of public scandal, in Italy and elsewhere, when he was not being criticized by other occultists, reproaching him for divulging their secrets to the uninitiated. Ruined after his third divorce, he returned to England where he died in 1947. From the Beatles to the Red Hot Chili Peppers by way of David Bowie and [ m led Zeppelin ], from [ m Kenneth anger ] to [ m Joachim Koester ], Crowley still continues to be source of fascination and spread his influ-ence over the worlds of art today.

  [ m maTin des maGiCiens (le) ] [ m satanisme ]

m Didier Cuche

cuche, didier[f ] m Skieur suisse [ m accélération ][e ] m A Swiss alpine ski racer [ m accélération ]

curlet, François[m 1, fig. #09 ][f ] m *19�7, vit à Paris. Pratiquant l’allusion avec

humour, François Curlet opère des glissements de sens à travers un jeu subtil sur les mots, les formes et les matières. Ces allusions et rapprochements permettent à l’artiste de faire émerger un sens nouveau des objets de notre quotidien. L’effet produit est à la fois ironique et surréaliste.

Dans [ m Une seConde Une année ] a été présentée Œuf de voiture – American Dino (2003) (œuvre sous-titrée « Sculpture minimale et timide »), un cube laqué de blanc, d’un mètre de côté, duquel une antenne télescopique se déplie et replie de manière aléatoire.

[e ] m *19�7, lives in Paris. With humor and through subtle manipulations of words, shapes, and materials, François Curlet alludes to interpretive and semantic shifts. By isolating sculptural and linguistic elements found in everyday use, he creates surrealist and ironic situations.

Œuf de Voiture—American Dino (2003) (a work subtitled “Minimal and Shy Sculpture”),

curcuRlEt

la relativité comme accélérateur de métaphysiques/relativity as an accelerator oF metaphysics

¶A–1�

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50 51

ddavid noonan (eXposition)DAVID NOONAN (ExhIBITION)[m 2, fig. #21 ][f ] m Exposition personnelle de [ m david noonan ].

22/03/2007 – 0�/05/2007. Pour sa première exposition en France, David Noonan a présenté une série inédite de sérigraphies et de collages ainsi qu’une sélection d’œuvres récentes. Le travail réalisé pour cette exposition s’articule autour de la représentation de communautés, de regroupements insolites et autres jeux de rôles et de masques dont les sources restent anonymes. Ses œuvres, proches d’une esthé-tique des années 1970, sont cependant trop floues, trop peu narratives et trop ambiguës pour prendre une quelconque dimension nostal-gique ou historique. En superposant des images trouvées, David Noonan utilise un langage vi-suel qui mêle récit et abstraction, transformant ses personnages en motifs et vice-versa. Pour le Palais de Tokyo, l’artiste a conçu un dispositif spécifique, fusionnant espace, sculpture et surface. L’agencement de panneaux en bois recouverts de tissu crée un système de frag-ments muraux qui renvoie à une architecture de ruptures, de déjà-vus et de silhouettes. [ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

[e ] m Solo exhibition of [ m david noonan ]. 22/03/2007 – 0�/05/2007. For his first exhibi-tion in France, David Noonan presented a group of large new silkscreens, new collages, as well as a selection of recent silkscreens, collages, gouaches, and sculpture. The new works feature images silkscreened on linen or directly onto birch plywood. While his sources are anonymous, the artist focuses on scenes of ritualistic gatherings, theatrical role-playing, or masked figures. Although making use of a 1970s aesthetic, the works remain too out-of-focus, storyless, and ambiguous to become nostalgic or historical. In creating composites of found photographs juxtaposed on top and inside of each other, Noonan uses a visual language that confuses narrative with abstrac-tion and that allows people to become patterns, and vice-versa. At the Palais de Tokyo, the artist conceived a site-specific display system that merges space, sculpture, and surface. An arrangement of fabric-covered panels and wooden support structures creates a system of wall fragments and an architecture of interrup-tions, déjà-vu’s, and physical silhouettes. The flattening process that occurs in the artist’s image-collaging is ultimately reversed, and the ghost-like protagonists of his invisible play are

a white cube on top of which is installed an antenna that unfolds and folds itself randomly, was presented in oNE SEcoND oNE YEAR 

[ m Une 

seConde Une année ].

cut-up[f ] m Méthode élaborée par [ m William s.  

Burroughs ] et [ m Brion Gysin] consistant à cou-per et réassembler divers fragments de phrases pour leur donner un sens totalement nouveau et inattendu. [ m THe THird mind ]

[e ] m Method worked out by [ m William s.  Burroughs ] and [ m Brion Gysin ] which consists of cutting up and reassembling various frag-ments of sentences to give them a completely new and unexpected meaning. [ m THe THird 

mind ]

m William s. Burroughs & Brion Gysin, The Third Mind, ca. 19�5

cut cut-uP DAviD NooNAN dav

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52 53graphie. La légende, composée du titre, du nom de la ville attaquée, d’une date et d’une heure précises, fait entrer de plein fouet l’Histoire et la mémoire collective au sein de l’image. Cette image reste intrinsèquement la même, mais la façon dont le spectateur l’appréhende ne peut plus être désormais “innocente”, celui-ci partage donc, malgré lui, la vision de ceux qui, en cette veille de bombardements, savaient ce qui allait arriver puisqu’ils en étaient les décisionnaires ou les exécutants. L’exercice unilatéral du pouvoir et le point de vue sont des préoccupations récurrentes dans l’œuvre de Renaud Auguste-Dormeuil. Ces images évoquent la guerre, mais sans la montrer, elles disent l’Histoire sans la narrer, elles donnent à voir la reproduction d’un ciel qui n’a pas été photographié, qui n’existe que virtuellement et qui pourtant impose fortement sa présence.

Réalisées sur ordinateur à l’aide d’un logiciel qui peut à partir de n’importe quelles données définies (lieu, date et heure) représenter la carte du ciel, ces images ne requièrent aucun savoir-faire photographique, éludant une bonne fois pour toute la tentation de l’analyse roman-tique qui pourrait se glisser dans l’interpré-tation à la vue d’un tel sujet. Il ne s’agit plus de capter le réel, d’enregistrer l’immédiateté mais de prendre la proposition à rebours. Ces voûtes célestes sont une recomposition, une re-création basées sur des données objectives. Ces étoiles ne sont que des pixels, des points blancs sur un fond noir qui menace de tout envahir.

Ni document d’archive, ni photographie au sens strict du terme, ni même pure modélisation scientifique, ces œuvres possèdent le charme ambigu de ce qui échappe à la définition, dépassant, à chaque tentative de qualification de leur statut, le cadre trop étroit dans lequel on voudrait les inscrire. Leur attrait réside en partie dans cette ambivalence, nul ne peut res-ter insensible à la beauté sereine de ces étoiles, mais en même temps nul ne peut faire abstrac-tion de la violence du sujet. A-t-on le droit de trouver ces images belles, sans en éprouver simultanément une certaine culpabilité ? Tout dépend du champ dans lequel on se situe. C’est le propre du champ de l’art de faire naître cette tension, de nous faire côtoyer ces limites. »

[ m Palais / ] [ m Cinq milliards d’années ][e ] m Solo exhibition of [ m renaud auguste- 

dormeuil ]. 07/12/200� – 14/01/2007. The Day Before_Star System. A series of photographs by Renaud Auguste-Dormeuil, which show

how the map of the sky would have appeared the day before certain bombings. According to Fabienne Fulchéri, “The decision to use English (the official language of aviation) is not a symptom of the growing internationalization of the art market or of surrendering to its rules; it is, rather, the result of a work that uses cartog-raphy as its point of departure.

The caption, which consists of the title, the name of the attacked city, and a precise date and time, blasts History and collective memory into the very heart of each image. Though the images remain intrinsically identical, the way the viewer understands them can never again be ‘innocent.’ Suddenly, the viewers reluctantly share the gaze of those who knew what was in store for the city below, placing the audience alongside the decision-makers or the execu-tors of these decisions. The unilateral uses of power and of viewpoint are recurring themes in Renaud Auguste-Dormeuil’s work. These images evoke war without actually showing it; they talk of History but do not narrate it; they display the reproduction of a sky that has never been photographed, that only exists virtually, and yet is strongly felt.

Computer-generated by software that can create the map of the sky by means of certain specifications (place, date and time), these im-ages do not require any previous photographic expertise; they put a resounding end to any temptation to let romanticism creep into our interpretation of a subject like this one. It is not a question of capturing reality, of recording immediacy, but of viewing the proposition from a different angle. These celestial vaults are a re-composition, a re-creation based on objec-tive information. These stars are only pixels, white points on a black background, that threatens to blot everything out.

These works are not archival documents, nor are they photographs in the strict sense of the word; they are not even pure scientific modeling. They have the ambiguous charm of something that eludes definition, evading every attempt to pin them down, and any narrow framework that we would like force upon them. Their attraction lies partly in this ambivalence. Who could be untouched by the serene beauty of the stars and who could ignore of the vio-lence of this subject? Do we have the right to find these images beautiful without simultane-ously feeling some kind of guilt? It all depends on how we choose to look. This is what is peculiar to art: its ability to create tension, to

brought back into real space via this system of stand-alone props. [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ]

m Liste des œuvres / List of works Sans titre, 2007

Série de sérigraphies sur lin contrecollé / series of silkscreen on collaged linen ; toutes / all : courtesy de l’artiste / of the artist & Foxy Production, Sans titre, 200� (x 4)

Collages sur papier / paper collages ; Collection Janet de Botton & Rebecca Green, Londres / London

Sans titre, 2007 (x 9) Collages sur papier / paper collages ;

Courtesy de l’artiste / of the artist & Foxy Pro-duction, New York

Sans titre, 200� (x 4) Collages sur lin / collages on linen ; Rennie Col-

lection, Vancouver, Canada Sans titre, 200� (x 4) Acrylique sur papier / acrylic on paper ;

Collection particulière / private collection, Saint-Barthelemy

daWson, verne[m 4, fig. #5� ][f ] m *19�1, vit à New York. Verne Dawson s’ins-

pire des mythes de la création, de la culture populaire et du folklore pour composer ses peintures. En inventant un univers fantastique, faussement naïf, Verne Dawson tente de revi-taliser le lien qui unit l’homme à sa condition primaire de dépendance à la nature. Dans une série de sept peintures présentées dans l’exposition [ m THe THird mind ], Verne Dawson revisite l’origine des noms des jours de la semaine. Lié au mouvement des planètes et des étoiles (lundi : jour de la Lune, mardi : jour de Mars, etc.), chaque jour est par ailleurs associé à la personnalité des divinités gréco-romaine. Il s’agit pour l’artiste de montrer comment les cycles du soleil, de la lune, des planètes et des étoiles jouent un rôle important sur le cycle de la vie.

[e ] m *19�1, lives in New York. Verne Dawson draws inspiration from creation myths, popular culture, and folklore in composing his paint-ings. By inventing a fantastical, faux-naive universe, he revitalises the links that unite man to his primary condition of being dependent on nature. In the series of paintings presented in the exhibition [ m THe THird mind ], Verne Dawson revisits the origin of the names of the days of the week. As well as being linked to the

movement of the planets and the stars (Mon-day, day of the Moon, Tuesday under the sign of Mars, etc.), every day is associated with the personality of one of the Greco-Roman deities. For the artist it is a question of showing how the cycles of the sun, moon, planets and stars play an important role on the cycle of life.

m dawson Verne, Thursday, 2005

day beFore _ star system (the)[m 1, fig. #14 ][f ] m Exposition personnelle de [ m renaud 

auguste-dormeuil ]. 07/12/200� – 14/01/2007. The Day Before_Star System. Série de travaux photographiques de Renaud Auguste-Dormeuil, qui donne à voir la carte du ciel telle qu’elle a pu être observée le jour qui a précédé celui d’un bombardement militaire. Selon Fabienne Fulchéri, « La décision de recourir au langage anglo-saxon (langage officiel de l’aviation) n’est pas le symptôme d’une internationalisation croissante du marché de l’art, et la soumission à ses règles, mais résulte du postulat de départ de l’œuvre qui plonge sa source dans la carto-

daW DAwSoN dayDAY BEFoRE _ StAR SYStEm

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54 55

(making the painting almost sculptural), Jay DeFeo was an artist who looked for the weight, volume, transformed surface and attenuated colour of nature and physical endurance. Her works have the depth of a mythical story, with the viewer seeing only the part that has emerged. After doing photography for approxi-mately fifteen years, the artist turned back to painting in 1982 and extended her thinking about materiality, surface, abstraction and the symbolic evolution of forms. [ m THe THird mind ]

de haan, siebren [ m Van Brummelen lonnie & de Haan siebren ]

della negra, alain [ m see / voir Kinoshita Kaori & della negra 

alain ]

des indes à la planète mars[f ] m Film. À partir du compte-rendu des séances

de [ m spiritisme ] de [ m Catherine-élise müller ] et [ m Théodore Flournoy ], Christian Merlhiot et Matthieu Orléan ont construit un texte qu’ils ont donné à lire à des acteurs à l’occasion d’un projet pour l’Atelier de création radiophonique pour France Culture. Rassemblés autour d’une table et devant des micros, ils rejouent, en le lisant, le récit de cette aventure imaginaire ; comme dans les séances de spiritisme, le dispo-sitif engendré par la radio travaille un espace immatériel où cohabitent les ondes hertzien-nes et les fantômes. Si Théodore Flournoy fai-sait photographier les séances, représentations théâtrales particulièrement érotisées, Christian Merlhiot et Matthieu Orléan ont quant à eux voulu faire de cette lecture un film, l’œuvre de Catherine-élise Müller coïncidant justement avec l’invention du cinéma. [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ] [e ] m Film. From the documents relating to the

spiritualism [ m spiritisme ] séances of [ m Cathe-rine-élise müller ] and [ m Théodore Flournoy ], Christian Merlhiot and Matthieu Orléan con-structed a script which they gave actors to read as part of a project for the Atelier de création radiophonique [creative workshop for radio] for France Culture. Gathered round a table and in front of microphones, as they read the story of this imaginary adventure they reenacted it; as at spiritualist séances, the arrangements brought about by radio work in an immate-rial space where Hertzian waves cohabit with ghosts. If Théodore Flournoy had photographs

taken of the séances which were highly eroti-cized theatrical performances, Christian Merl-hiot and Matthieu Orléan for their part wanted to turn the reading into a film, as the work of Catherine-élise Müller coincided exactly with the invention of the cinema. [ m les jeudis de 

π, noUVelles dU monde renVersé  ] 

 

m Détecteur de particules ATLAS / ATLAS particle detector

m Détecteur de particules CMS / CMS particle detector

détecteurs de particulesParticle detectors[f ] m Physique. Pour explorer les constituants

de la [ m matière ] et les forces qui assurent sa cohésion, les scientifiques ont recours aux ac-célérateurs pour porter les particules (électrons ou protons) jusqu’à la vitesse de la lumière, et aux détecteurs pour observer les éléments générés par les collisions de ces particules. Comme le précise [ m Jean-Pierre merlo ], les avancées des mathématiques puis de l’informa-tique ont constitué des apports déterminants pour la physique théorique ; en ce qui concerne la représentation et la compréhension de la matière, ce sont davantage les progrès techni-ques réalisés dans le domaine des détecteurs de particules qui ont ainsi permis de susciter, valider ou abandonner de nouvelles hypothèses. Au fur du perfectionnement des technologies de détection des particules, depuis le compteur Geiger-Müller jusqu’aux grands collisionneurs actuellement en cours de réalisation, le prin-cipe est cependant resté le même : tirer parti du processus d’ionisation, soit l’arrachement d’électrons des atomes d’un milieu lorsque

push us to our limits.” [ m Palais / ] [ m Cinq  milliards d’années ]

m Liste des œuvres / List of works The Day Before _ Guernica _ April 25, 1937 _ 23 : 59

The Day Before _ London _ September 6, 1940 _ 23 : 59

The Day Before _ Coventry _ November 13, 1940 _ 23 : 59

The Day Before _ Caen _ June 5, 1944 _ 23 : 59 The Day Before _ Hiroshima _ August 5,

1945 _ 23 : 59 The Day Before _ Nagasaki _ August 8,

1945 _ 23 : 59 The Day Before _ Dresden _ February 12,

1945 _ 23 : 59 The Day Before _ Hanoi _ December 17,

1972 _ 23 : 59 The Day Before _ Halabja _ March 15,

1988 _ 23 : 59 The Day Before _ Baghdad _ January 15,

1991 _ 23 : 59 The Day Before _ New York _ September 10,

2001 _ 23 : 59 The Day Before _ Baghdad _ March 18,

2003 _ 23 : 59 Collection Isabelle & Michel Fedoroff, Monaco Courtesy de l’artiste / of the artist

m decrauzat Philippe, Light Space Modulator, 2002

decrauZat, philippe[m 1, fig. #02 ; 5, fig. #73 ][f ] m *1974, vit à Lausanne. Jouant du rapport de

l’œuvre à l’espace, Philippe Decrauzat crée des sculptures, dessins ou peintures murales qui réinvestissent l’héritage de l’Op’art et du voca-bulaire de l’abstraction. High et low culture se croisent dans un univers artistique qui fait du

rapport optique une coordonnée fondamentale de son œuvre. À la fois hypnotique et vibrante, le travail de l’artiste ouvre de nouvelles dimen-sions perceptives.

Pour [ m 5.000.000.000 d’années ], Philippe De-crauzat a réalisé un wall-painting monumental. Il a également présenté son Light Space Mo-dulator (2002) dont les séquences lumineuses suivent le rythme hypnotique d’une scène du film L’Exorciste, ainsi que Melancholia (2003) qui poursuit sur un mode sculptural l’interroga-tion mathématique autour d’un volume géomé-trique impossible apparaissant sur la gravure éponyme d’Albrecht Dürer. [ m satanisme ]

[e ] m *1974, lives in Lausanne. Addressing the work of art’s relationship to space, Philippe Decrauzat creates sculptures, drawings, and wall paintings that revive the legacy of Op Art and the vocabulary of abstraction. High and low culture intersect in an artistic universe that combines the optic with the pop. Hypnotic and vibrant, the artist’s work reveals new perceptual dimensions.

For 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 

d’années ], the Palais de Tokyo produced a new wall painting by Decrauzat. Monumental, rigor-ous, and alluring, the site-specific installation merges with the building’s architecture and increases the space’s optical possibilities. The artist also presented Light Space Modulator (2002), based on a scene of the film The Exor-cist, as well as Melancholia (2003), a sculpture referring to the impossible geometrical volume devised by Albrecht Dürer. [ m satanisme ]

deFeo, jay[f ] m 1929 – 1989. Connue pour sa fameuse toile

The Rose (1958 – ��), réalisée avec environ une tonne de peinture blanche et grise, mesurant plus de 3 mètres sur 2, et d’une épaisseur de plus de 25cm (rendant la peinture quasi sculp-turale), Jay DeFeo est une artiste qui cherche la pesanteur et le volume, mais aussi la nature et l’effort. Ses œuvres ont la profondeur d’une histoire mythique dont le spectateur ne verrait que la partie émergée. Après avoir pratiqué la photographie pendant une quinzaine d’années, l’artiste est revenue à la peinture en 1982 pour prolonger une méditation sur la matérialité, la surface, l’abstraction et le destin des formes symboliques. [ m THe THird mind ]

[e ] m 1929 – 1989. Known for her famous painting The Rose (1958 – ��), made using about a ton of white and grey paint, measuring over 3 metres by 2 metres and with a thickness of over 25 cm

DEcRAuZAtdec detDétEctEuRS DE PARticulES

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5� 57de la laideur, de la souffrance et de la rédemp-tion. Dürer, Grünewald, Bosch et Brueghel dé-passèrent le caractère expressément religieux de ces thèmes pour accéder à une exploration psychologique bien plus vaste et profonde de la terreur, de la violence et du monde fantastique des monstres et démons. »[ m Palais / ] [ m Joe  

Coleman (exPosiTion) ] [ m Coleman, Joe ] [ m Gesualdo, Carlo ]

[e ] m Theology. Some time around 1418, Thomas à Kempis (1380–1471) wrote a small book titled Imitatio Christi, or ‘On The Imitation of Christ.’ As [ m steven Holmes ] writes “Imitatio Christi was part of a movement that sought to shift religion from the rote mechanics of Christian piety, to a more intimate, personal, and medi-tative observance of the Christian message—a movement that became known as the devo-tio moderna (modern devotion)—, and to help focus this new devotional energy artists began to paint small works for the private homes of the middle and upper classes. These paintings, usually scenes from the life of Christ, were nar-rative aids to help those who sought to follow Christ in their everyday lives. Set against the first wave of Black Death (1347–1351) and the Hundred Years’ War (1337–1453), most of these paintings reflected the suffering and destruc-tion of the period and emphasized the suffer-ing of Christ. Images of Christ’s physical pain and torture helped Christians identify tangibly with Christ’s brutal death, and, in turn, helped them to identify with the sufferings of others. Late Medieval hagiography would become satu-rated with saints whose chief attributes were the nature and severity of their martyrdoms. These works, together with altarpieces, manu-scripts, narrative sculpture, and stained glass windows, all contributed to a medieval scopic regime of pain, ugliness, suffering, and redemp-tion; Dürer, Grünewald, Bosch, and Brueghel would go beyond these expressly religious themes to tap into a much broader and deeper psychological exploration of terror, violence, and the fantastical worlds of monsters and demons.” [ m Palais / ] [ m Joe Coleman (exPo-

siTion) ] [ m Coleman, Joe ] [ m Gesualdo, Carloi ]

deutsch, david[f ] m Physicien britannique spécialisé dans le

domaine de l’informatique quantique. Deutsch souscrit à l’interprétation des multivers en matière de mécanique quantique à la suite du physicien Hugh Everett. Selon lui ces multiv-ers seraient l’une des quatre composantes de

l’étoffe de la réalité. Il a été en 1998 le lauréat du Prix Paul Dirac. [ m matière ] [ m Physique 

quantique ][e ] m British physicist specializing in the field of

quantum computers. Deutsch subscribes to the interpretation of multiverses where quantum mechanics is concerned, following the ideas of the physicist Hugh Everett. According to him these multiverses are one of the four strands of the fabric of reality. In 1998 he was awarded the Paul Dirac Prize. [ m matière ] [ m Physique 

quantique ]

deWar, daniel & gicquel, grégory[m 2, fig. #22 – #24; 5, fig. #�4 ][f ] m Daniel Dewar : *197�, vit à Paris ; Grégory

Gicquel : *1975, vit à Paris. Tandem de sculp-teurs, Daniel Dewar & Grégory Gicquel culti-vent l’art du télescopage allié à une conception à la fois populaire et hybride de l’œuvre d’art. Depuis la présentation de leur scierie portative Echo PPK, et des différents objets « fait main »

– chaussures Nike, cadre de vélo BMX – le travail des deux artistes s’est progressivement déplacé vers d’autres territoires, d’autres univers formels tout en restant attaché à la pratique de la sculpture et à la production des « ready-hand-made ». Comment concevoir une œuvre à la fois artisanale et industrielle, artis-tique et design, pop et conceptuelle ? Ce sont toutes ces questions que le duo français semble vouloir se poser n’hésitant pas à multiplier les références au monde des loisirs populaires comme la pêche, le surf, le tuning et le skate. La culture japonaise du XIXe siècle semble également source d’inspiration dans leur démarche à l’image de certains titres de leurs œuvres sous forme de courts poèmes / haïku : « La couleur vert détachée de la montagne suit le mouvement de la truite prise » (Sekite Hara), titre d’une de leur sculpture-totem improba-ble associant bois et laine. Ainsi, à travers un univers à la fois ludique, conceptuel, narratif et proche de la science-fiction, Dewar & Gicquel parviennent à créer des histoires entre un élé-phant et une geisha, une voiture et un piercing ou encore un collier de perles et des casques de moto, bouleversant les codes de la sculpture contemporaine.

[ m GraniToïd Trans Goa rasCal Koï Koï, sHi-

menaWa mamBa, oriGinal PerUVian CarPeT 

and diGiTal ProJeCT For mUsiCians ][e ] m Daniel Dewar: *197�, lives in Paris; Grégory

Gicquel: *1975, lives in Paris. A duo of sculp-tors, Daniel Dewar & Grégory Gicquel cultivate

celui-ci est traversé par une particule chargée. Il s’agit donc d’observer la trace laissée par le passage de particules chargées électriquement dans un gaz ou dans un liquide donné.

On peut considérer le compteur Geiger-Müller, imaginé par Hans Geiger en 1913 et mis au point avec le concours de Walther Müller en 1928, comme le premier détecteur de particules. Il s’agit d’un simple tube conducteur rempli de gaz avec un fil isolé au centre ; une tension de 1.000 volts est appliquée de façon à accélérer la production d’électrons, tandis que le signal électrique peut être détecté sur le fil et mesuré. Puis furent utilisés au cours des décennies les détecteurs de particules suivants : la chambre à brouillard (détecteur imaginé par Charles Thom-son Wilson dès 1912 et grâce au recours duquel le physicien américain Carl David Anderson découvrit dans les [ m rayons cosmiques ] le [ m positron ] prédit par Paul [ m dirac ]), la cham-bre à bulles (inventée par Donald Glaser en 1953), la chambre à étincelles (utilisée à partir des années 19�0) et enfin les chambres propor-tionnelles ou à dérive, utilisées aujourd’hui en association avec les dernières générations d’ac-célérateurs de particules, comme le [ m lHC ]. On compte parmi ces chambres les détecteurs de particules ATLAS et CMS.

[e ] m Physics. To explore the constituents of [ m matter ] and the forces that ensure its cohesion, scientists use accelerators to carry particles (electrons or protons) up to the speed of light, and detectors to observe the elements generated by the collisions of these particles. As [ m Jean-Pierre merlo ] explained, advances in mathematics and then in information technology have constituted decisive gains for theoretical physics; as regards the representa-tion and understanding of matter, it is more the technical progress achieved in the field of particle detectors that has made it possible to come up with new hypotheses, and validate or abandon them. However, as technologies for the detection of particles have been perfected, from the Geiger-Müller counter to the great colliders currently being built, the principle has re-mained the same: taking advantage of the ioni-zation process, or the extraction of electrons from atoms in an environment traversed by a charged particle. So it is a question of observ-ing the trace left by the passage of electrically charged particles in a given gas or liquid.

The Geiger-Müller counter, devised by Hans Geiger in 1913 and perfected with the assist-ance of Walther Müller in 1928, can be regarded

as the first particle detector. It is a simple con-ductive gas-filled tube with an insulated wire in the centre; a tension of 1000 volts is applied so as to accelerate the production of electrons, while the electric signal can be detected on the wire and measured. Then over the decades the following particle detectors were used: the Wilson cloud chamber (a detector thought up by Charles Thomson Wilson in 1912 by means of which the American physicist Carl David Anderson discovered the [ m positron ] in cosmic rays [ m rayons cosmiques ]predicted by Paul [ m dirac ]), the bubble chamber (invented by Donald Glaser in 1953), the spark chamber (used from the 19�0s) and finally proportional or drift chambers, used today in association with the latest generations of particle accelera-tors, like the [ m lHC ]. The ATLAS and CMS particle detectors are among those chambers.

devotio moderna [f ] m Théologie. Aux alentours de 1418, Thomas

a Kempis (1380 – 1471) écrivit un petit livre intitulé Imitatio Christi [L’imitation de Jésus-Christ]. Comme l’écrit [ m steven Holmes ], « L’Imitatio Christi faisait alors partie d’un mouvement s’efforçant de faire évoluer la religion, de la mécanique bien huilée de la piété chrétienne à une observance plus intime, personnelle et méditative du message chrétien – mouvement qui devint connu sous le nom de devotio moderna (dévotion moderne). Afin d’aider à focaliser cette nouvelle énergie dévotionnelle, des artistes commencèrent à peindre des œuvres de petite taille pour les maisons particulières des classes moyennes et supérieures. Ces peintures représentaient géné-ralement des scènes de la vie du Christ, servant de support narratif à ceux qui s’efforçaient de suivre la voie du Christ dans leur vie quotidien-ne. Avec pour toile de fond la première vague de peste noire (1347-1351) et la guerre de Cent Ans (1337-1453), la plupart de ces peintures reflétaient les souffrances et destructions de l’époque, et exaltaient la souffrance du Christ. Les images de la douleur et des tortures physi-ques subies par le Christ aidaient les chrétiens à s’identifier concrètement à ce dernier dans sa mort violente, et les aidaient, par conséquent, à éprouver la souffrance des autres. L’hagio-graphie du Moyen-Âge tardif se trouva ainsi peuplée de saints, dont la nature et la rigueur du martyre constituait l’attribut principal. Ces œuvres, tout comme les retables, manuscrits, sculptures narratives et vitraux, contribuèrent à un régime scopique médiéval de la douleur,

DEvotio moDERNAdev deWDEwAR

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58 59this other solution is real, and examine it. As [ m Christophe Galfard ], it is very closely resembles a kind of electron that has exactly the same mass and the same form as a normal electron, but all its charges are opposite. For example, the electron has a negative electric charge, whereas this other solution has a positive electric charge. Because of its posi-tive charge, this strange electron was called a “[ m positron ]”. The profound correctness of Dirac’s equation was confirmed by experiment in 1932. His equation allowed human beings to discover the first element of a hitherto unknown matter [ m matière ], the antimatter [ m antimatière ]. [ m Palais / ] [ m détecteur de particules ] 

m Dix JouRS, Dix ARtiStES, Dix viDéoS

Victoire Gounod, 11, 2005

diX jours, diX artistes, diX vidéosTen Days, Ten Artists, Ten Videos[f ] m [ m modUle ] 11/01/2007 – 21/01/2007. Une

sélection de vidéos réalisées par les étudiants de l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’école nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. Entre animation, court métrage, cinéma expérimental et mini clip cette programmation témoignait de la vita-lité et de la créativité à l’œuvre chez ces jeunes artistes.

[e ] m [ m modUle ] 11/01/2007 – 21/01/2007. A selection de videos by students of the école Na-tionale Supérieure des Beaux-Arts de Paris and of the école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Ranging from animation and short films to experimental cinema and mini-clips, this program demonstrated the vital-ity and creativity at work among these young artists.

m Œuvres / works Neil Beloufa, Carlotta, 200� Laetitia Bénichou, Souvenir n°12, 200� Elvire Bonduelle, Non, non, non, 200� Antonia Carrara, In Search of the Miracoulos, 200�

Daniela Franco, We Only Wait For You, 2003 Victoire Gounod, 11, 2005 Thomas Hachette, Dialogue, 200� Mathieu Klebeye Abonnenc, Le Passage du milieu, 200� Raphaël Larre, Traits Quotidiens, 2005; Tonton, 2005 Shingo Yoshida, Ma Benz, 2002

donnelly, trisha[f ] m *1974, vit à San Francisco. Utilisant à la

fois la vidéo, le son, la photographie, le dessin ou la performance, Trisha Donnelly explore la question de l’art. Son travail mystérieux échappe à toute formalisation globale et laisse le spectateur suivre le fil décousu de narrations à peine évoquées, encore moins expliquées. L’installation sonore présentée au Palais de Tokyo dans l’exposition [ m THe THird mind ] se faisait entendre de pièce en pièce, se laissant poursuivre mais ne pouvant jamais être rattra-pée. Très poétiques, les interventions de Trisha Donnelly laissent le spectateur dans un état second, témoins du pouvoir captivant de ses invocations.

[e ] m *1974, lives in San Francisco. Simultaneously using video, sound, photography, drawing, and performance, Trisha Donnelly explores the question of art. Her mysterious work eludes any overarching shape and allows the spectator to follow unconnected threads of stories that are both barely alluded to and unexplained. The sound installation presented at the Palais de Tokyo in the exhibition [ m THe THird mind ] allows the visitor to follow the sound from one space to another but without ever being able to catch it! Trisha Donnelly’s work is very poetic, putting the spectator in a kind of trance that speaks to the captivating power of her invocations.

dopageDoping  [ m Tour de France ] [ m Vayer, antoine ]  

[ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]

double bind[m 2, fig. #25 – #27 ][f ] m Exposition personnelle de [ m Tatiana 

Trouvé ]. 01/02/2007 – 11/03/2007. Sur près de 500 m², l’installation Double Bind de Tatiana Trouvé réunit un ensemble composite de sculptures – rochers recouverts de cadenas et de poids en cuivre, paysages de sel, « boîtes noires » d’espaces, objets hybrides –, jouant sur

the art of telescoping allied with a popular and hybrid conception of the work of art. Since they presented their portable sawmill Echo PPK, and various “hand-made” objects—Nike shoes, a BMX bicycle frame—the work of the artists has gradually shifted towards different areas, differ-ent formal worlds, while remaining attached to the practice of sculpture and the production of “ready-handmades”. How is it possible to come up with a work that involves both craftsmanship and industry, art and design, pop and conceptu-al art? These are the questions the two French-men seem to ask, not hesitating to use multiple references to the world of popular hobbies such as fishing, surfing, car tuning and skating. Nine-teenth-century Japanese culture also serves as a source of inspiration in their approach, reflected in some of the titles of their works that come in the form of short poems, or haikus: “La couleur vert détachée de la montagne suit le mouvement de la truite prise“ (Sekite Hara) [The silhouetted green of the mountain follows the movement of the caught trout] is the title of an improbable totemic sculpture combining wood and wool. Thus through a universe that is simultaneously conceptual, narrative and close to science-fic-tion, Daniel Dewar and Grégory Gicquel succeed in creating stories involving an elephant and a geisha, a car and a piercing or even a pearl necklace and motorbike helmets, overturning the codes of contemporary sculpture in the process. [ m GraniToïd Trans Goa rasCal Koï 

Koï, sHimenaWa mamBa, oriGinal PerUVian 

CarPeT and diGiTal ProJeCT For mUsiCians ]

dieuGod  [ m antimatière ] [ m Coleman, Joe ] [ m devotio 

moderna ] [ m duchamp, marcel ] [ m évangélistes ] [ m Gesualdo, Carlo ] [ m leary, Timothy ] [ m man-son, Charles ] [ m michel-ange ] [ m Zinzendorf, nicolaus ludwig (Comte) ] [ m  Gnose ] [ m  anger, Kenneth ] [ m  Crowley, aleister ] [ m  satanisme ] [ m  occultisme ] [ m  spiritisme ] [ m  nécromancie]  [ m  Fonction etc. ]

dirac (équation de)Dirac’s Equation[f ] m Physique. En 1928, en essayant de compren-

dre les lois qui régissent la dynamique d’un électron se déplaçant à une vitesse proche de celle de la lumière, un jeune physicien nommé Paul Dirac a trouvé une équation que l’on appelle depuis « l’équation de Dirac ». L’élec-tron qui se déplace très vite y devient un objet

mathématique qui doit résoudre cette équation, c’est-à-dire qu’il doit en être une solution. Une fois l’équation de Dirac connue, il fut possi-ble d’en étudier les solutions, de voir si elles correspondaient bien à une quelconque réalité. Dirac avait trouvé juste : son équation possède deux solutions et l’une d’entre elle correspond bien à un électron. Le physicien avait réussi à représenter mathématiquement un électron rela-tiviste en combinant la mécanique quantique à la relativité (restreinte) d’Einstein.

Mais son équation avait deux solutions. Qu’en est-il de l’autre solution ? À quoi correspond-elle ? Est-elle réelle ou simplement un rebut d’une théorie finalement imprécise, juste inven-tée ? Admettons que cette autre solution soit réelle et examinons-la. Ainsi que le remarque [ m Christophe Galfard ], elle ressemble fortement à une sorte d’électron, qui a exactement la même masse et la même forme qu’un électron normal, mais dont toutes les charges sont opposées. Par exemple, l’électron a une charge électrique négative, tandis que cette autre solu-tion a une charge électrique positive.

À cause de sa charge positive, cet étrange électron fut appelé « [ m positron ] ». La profonde justesse de l’équation de Dirac fut confirmée en 1932 par l’expérimentation. Son équation a permis aux humains de découvrir le premier élément d’une [ m matière ] jusqu’alors inconnue. Cette matière, c’est l’[ m antimatière ].

[ m Galfard, Christophe ] [ m Palais / ] [ m détec-teur de particules ] 

[e ] m Physics. In 1928, trying to understand the laws that govern the dynamics of an electron travelling at a speed close to that of light, a young physicist by the name of Paul Dirac came up with an equation that has been referred to ever since as “Dirac’s equation”. In Dirac’s equa-tion, the very fast-travelling electron becomes a mathematical object that has to solve the equa-tion, i.e. it has to be a solution. Once Dirac’s equation became known it was possible to study its solutions and see whether they actually cor-responded to any kind of reality. Dirac had got it right: there are two solutions to his equation and one of them does correspond to an electron.

The physicist had succeeded in representing a relativistic electron mathematically by combin-ing quantum mechanics with Einstein’s (special) relativity. But his equation had two solutions. What about the other one? What does it cor-respond to? Is it real, or simply a by-product of a newly invented theory that would ultimately turn out to be imprecise? Let us accept that

DiEudie douDouBlE BiND

Page 47: Yodel Volume1

�0 �1patients a peculiar situation emerges in which no matter what a person does, he / she “can’t win”.

According to Bateson, the necessary ingredi-ents for a double bind situation are the follow-ing: (1) the presence of two or more persons including the “victim”; (2) a repeated trauma experience that is a recurrent theme in the life of the victim; (3) a primary negative injunc-tion based on avoidance of punishment rather than a context of reward seeking (for instance “Do not do so and so, or I will punish you.”, “If you do not do so and so, I will punish you.”); (4) a secondary injunction conflicting with the first at a more abstract level, and like the first enforced by punishments or signals which threaten survival (posture, gesture, tone of voice, meaningful action, and the implica-tions concealed in verbal comment)—may all be used to convey this more abstract message; (5) a tertiary negative injunction prohibiting the victim from escaping from the field. When a person is caught in a double bind situation, he will respond defensively in a manner similar to the schizophrenic. An individual will take a metaphorical statement literally when he is in a situation where he must respond, where he is faced with contradictory messages, and when he is unable to comment on the contradictions.

This theory led to a major overturning of tradi-tional psychiatric conceptions, and contributed in particular to the development of family and systemic therapy. More than fifty years after the publication of Gregory Bateson’s article, the notion of a double bind has gone well beyond the application domain of psychotherapies. [ m double Bind ]

dream machine[f ] m Dans son journal intime, à la date du 21

décembre 1958, [ m Brion Gysin ] consigne la vision qui l’a saisi au cours d’un voyage en bus à Marseille, alors qu’il fermait les yeux pour éviter l’aveuglement provoqué par les éclats in-termittents du soleil derrière les rangées d’ar-bres bordant la route : le rapide clignotement produit dans son esprit l’impression d’« un kaléidoscope multi-dimensionnel tourbillon-nant à travers l’espace ». C’est l’explication physiologique du phénomène formulée par le neurologue William Grey Walter qui l’incitera à chercher un moyen de reproduire les condi-tions cette expérience. Dans son ouvrage The Living Brain, le médecin théorise le fonction-nement du cerveau et catégorise les ondes qu’il

module selon son activité et pose notamment l’existence d’ondes alpha, d’une fréquence comprise entre 8 et 13 Hz, correspondant précisément à l’état du cortex au repos. Brion Gysin fait sienne cette hypothèse pour lancer, avec l’aide d’un de ses amis, Ian Sommerville, le projet d’une « machine à rêves » susceptible de synchroniser le cerveau sur cette fréquence pour l’ouvrir à de nouvelles perceptions.

Sommerville aboutit dès 1959 à un premier modèle de Dream Machine, que Gysin reprend et expérimente au Beat Hotel, à Paris, l’année suivante. Il s’agit d’un simple cylindre de carton soigneusement ajouré, au centre duquel luit une ampoule électrique, tournant sur lui-même à vitesse constante ; le dispositif est voué à fonctionner grâce à un simple tourne-disques réglé à la vitesse de 78 tours par minutes. Son utilisateur doit se tenir confortablement installé face à l’appareil, le visage placé à mi-hauteur du cylindre, yeux clos, et laisser la lumière cli-gnotante imprimer ses paupières, accompagnant éventuellement l’expérience d’une musique idoine. S’inscrivant dans un processus de révéla-tion quasi initiatique, le dispositif doit stimuler l’imagination et les capacités visionnaires de son utilisateur pour lui permettre de découvrir l’étendue de sa « vision intérieure », selon l’ex-pression de Brion Gysin.

Légère et mobile, d’une grande simplicité tech-nique, facilement reproductible et utilisable, la Dream Machine est destinée à être diffusée le plus largement possible. Ian Sommerville la voit comme un moyen de « provoquer un change-ment dans les consciences, dans la mesure où elle repousse les limites du monde visible et peut, en somme, prouver qu’il n’y pas de limites ». Ainsi, en 19�2, les plans et instruc-tions nécessaires à la réalisation de l’objet sont publiés dans le magazine Olympia ; après avoir été republiés en 1992 par Temple Press, ils sont aujourd’hui facilement disponibles sur Internet.

[ m William s. Burroughs ][e ] m In his diary on 21 December 1958, [ m Brion 

Gysin ] wrote down the vision that had over-whelmed him on a bus journey to Marseilles while he was closing his eyes to avoid the blind-ing effect of the intermittent bursts of sunlight from behind the rows of trees lining the road: the rapid flickering produced in his mind the impression of ”a multi-dimensional kaleidoscope whirling out through space”. It was the physi-ological explanation of this phenomenon given by the neurologist William Grey Walter that prompted him to look for a means of reproduc-

des décalages et des répétitions qui ne sont pas sans évoquer la fragmentation et l’effeuillage de l’espace et du temps par la mémoire. Un parcours « en contrarié » se construit progressi-vement, qui propose au visiteur une expérience déstabilisante, comme une sorte de « [ m double contrainte ] ». Issu des théories de la commu-nication, le « double bind » est une double injonction paradoxale qui plonge le sujet en situation de blocage mental, voire physique. Tatiana Trouvé crée ainsi un univers condi-tionné par la répétition et le déplacement des repères, au sein duquel chaque objet accorde à l’espace une dimension temporelle. Devant ces propositions visuelles, le visiteur est apparem-ment amené à faire un choix, mais il est avant tout contraint d’inventer de nouveaux systèmes d’orientation. Double Bind est une installation qui multiplie les hypothèses de parcours et trouble les logiques de la perception.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ][e ] m Solo exhibition of [ m Tatiana Trouvé ].

01/02/2007 – 11/03/2007. In a structure cover-ing a surface area of approximately 500 sqm, Tatiana Trouvé’s installation Double Bind brings together a composite collection of sculp-tures—rocks covered with padlocks and cop-per weights, landscapes made from salt, spaces consisting of “black boxes”, hybrid objects—playing on discrepancies and repetitions that conjure up the way memory fragments and flicks through space and time. She gradu-ally establishes a “contradictory” path, offer-ing visitors a destabilising experience, like a sort of “double bind” [ m double contrainte ]. The “double bind”, a concept that comes from communication theories, is a paradoxical dou-ble injunction that plunges the subject into a state of mental block, or even physical paraly-sis. Thus Tatiana Trouvé creates a universe determined by the repetition and displacement of reference points, a world within which each object gives a temporal dimension to space. Viewers of the work are seemingly led to make a choice, but first and foremost they are con-strained to invent new systems for finding their bearings. Double Bind is an installation that offers many potential routes and disturbs our logic of perception.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

double contrainteDouble bind[f ] m L’expression « double contrainte » (dou-

ble bind) découle de notions développées par

l’école de Palo Alto dans le domaine des scien-ces de l’information et de la communication et de la cybernétique. Elle est mise en évidence en 195� par une équipe dirigée par Gregory Bate-son dans l’article « Vers une théorie de la schi-zophrénie » publié dans Behavioral Science, vol. 1, n° 4, 195� qui, suite à l’observation du com-portement des schizophrènes, décrit une situa-tion toute particulière dans laquelle l’individu « ne peut pas être gagnant ». Selon Bateson, les éléments indispensables pour constituer une situation de double contrainte sont les suivants : (1) présence de deux person-nes ou plus dont la « victime » ; (2) une expé-rience traumatique répétée qui revient avec régularité dans la vie de la « victime » ; (3) une injonction négative primaire fondée plutôt sur l’évitement de la punition que sur la recherche de la récompense (par exemple « Ne fais pas ceci ou je te punirai », « Si tu ne fais pas ceci, je te punirai ») ; (4) une injonction secondaire, qui contredit la première à un niveau plus abs-trait tout en étant, comme elle, renforcée par la punition ou par certains signaux menaçant la survie (attitudes, gestes, ton de la voix, actions significatives, implications cachées dans les commentaires verbaux) – tous ces moyens pou-vant être utilisés pour véhiculer le message plus abstrai ; (5) une injonction négative tertiaire qui interdit à la victime d’échapper à la situation et de fuir cette dernière. Quand un individu est pris dans une situation de double contrainte, il réagit comme le schizophrène, d’une manière défensive, puisqu’il se trouve dans une situation qui, tout en lui imposant des messages contra-dictoires, exige qu’il y réponde, et qu’il est donc incapable de commenter les contradictions du message reçu. Cette théorie a provoqué un bouleversement majeure des conceptions psychiatriques tradi-tionnelles et notamment contribué au dévelop-pement de la thérapie familiale et systémique. Plus de cinquante ans après la parution de l’ar-ticle de Gregory Bateson, la notion de double contrainte a largement dépassé le domaine d’application des psychothérapies. [ m double Bind ]

[e ] m The expression “double bind” comes from ideas developed by the Palo Alto school in the field of information and communication sci-ences and cybernetics. It was demonstrated in 195� by a team directed by Gregory Bateson, in the article “Toward a Theory of Schizophrenia”, published in Behavioral Science, Vol. 1, No 4, 195�, that from observations of schizophrenic

DouBlE coNtRAiNtEdou DREAm mAchiNE dre

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�2 �3

Christian ] [ m anger, Kenneth ] [ m anodyne (la république d’) ] [ m antimatière ] [ m anti-motti ] [ m araucania & Patagonia (royaume d’) ] [ m art minimal ] [ m artists Unkown ] [ m atlantium (l’empire d’) ] [ m auguste-dormeuil, renaud ] [ m aVl Ville ] [ m Backmasking ] [ m Backward messages ] [ m Bannesled (le royaume de) ] [ m Barre de fraction ] [ m Bastard Creature ] [ m BeFore (PlUs oU moins) ] [ m Bellamy, samuel ] [ m Benderson, Bruce ] [ m Big Crunch Clock ] [ m Black Block ] [ m Black noise ] [ m Bladen, ronald ] [ m Blazy, michel ] [ m Bontecou, lee ] [ m Boyce, martin ] [ m Boxon ] [ m Brainard, Joe ] [ m Breer, robert ] [ m Bricolage ] [ m Brooks, max ] [ m Bureau des médiateurs (Bdm) ] [ m Burroughs, William seward ] [ m Cadiot, olivier ] [ m Caroline (nouvel état libre de) ] [ m Carron, Valentin ] [ m Caverne de l’antimatière ] [ m Cecchini, loris ] [ m Celmins, Vija ] [ m Chalets de Tokyo ] [ m Chapoulie, Jean-marc ] [ m CHâTeaU de ToKyo ] [ m Chopper  ] [ m Christiania ] [ m Chuck, naney ] [ m Cinema Zero ] [ m Cinq milliards d’années ] [ m Claire Fontaine ] [ m Coffin, Peter ] [ m Coleman, Joe ] [ m Columbo (inspecteur) ] [ m Colson, daniel ] [ m Commissariat (le) ] [ m Conch (la république de) ] [ m Cônes de lumière ] [ m Conner, Bruce ] [ m Cosmosabbat ] [ m Cracratrénouille ] [ m Crowley, aleister ] [ m Cuche, didier ] [ m Curlet, François ] [ m Cut-up ] [ m daVid 

noonan (exPosiTion) ] [ m dawson, Verne ] [ m day BeFore _ sTar sysTem (THe) ] [ m de Haan, siebren ] [ m decrauzat, Philippe ] [ m defeo, Jay ] [ m della negra, alain ] [ m des indes à la Planète mars ] [ m deutsch, david ] [ m détecteurs de particules ] [ m devotio moderna ] [ m dewar, daniel & Gicquel, Grégory ] [ m dieu ] [ m dirac (équation de) ] [ m dix Jours, dix artistes, dix Vidéos ] [ m donnelly, Trisha ] [ m dopage ] [ m doUBle Bind ] [ m double contrainte ] [ m dream machine ] [ m duracell ] [ m during, élie ] [ m east river (les Îles Unies de la)  ] [ m eco, Umberto ] [ m einarson, Gardar eide ] [ m einstein, albert ] [ m élasticité ] [ m electrophilia ] [ m elgaland-Vargaland (les royaumes d’) ] [ m elleore (royaume d’) ] [ m empty Walls – Just doors ] [ m enchères (vente aux) ] [ m enenkio (le royaume d’) ] [ m essaimage ] [ m &nbsp ] [ m équipe (sept. 2006 – dec. 2007) ] [ m espace-temps ] [ m états (Faites-le vous-même) ] [ m états généraux du poil ] [ m évangélistes ] [ m événements ] [ m everland (Hôtel) ] [ m evrugo (état mental d’) ] [ m Favaretto, lara ] [ m Fischer, Urs ] [ m Floyer, Ceal ] [ m Fomoire (la communauté) ] [ m Franklin 

abraham (le) ] [ m Freedonia ] [ m Fonction etc. ] [ m Frestonia ] [ m Furries ] [ m Fusa ] [ m Galfard, Christophe ] [ m Gallizio Giuseppe ] [ m Garcia Galan, adriana ] [ m Genée, Bernadette & le Borgne, alain ] [ m Géométrie inverse ] [ m Géorgie (république de) ] [ m Gesualdo, Carlo ] [ m Giorno, John ] [ m Gironcoli, Bruno ] [ m Ghost rider ] [ m Giraud, Fabien ] [ m Glandelinia ] [ m Gnose ] [ m Gober, robert ] [ m Goréens ] [ m GraniToïd 

Trans Goa rasCal Koï Koï, sHimenaWa 

mamBa, oriGinal PerUVian CarPeT and 

diGiTal ProJeCT For mUsiCians ] [ m Granat, amy ] [ m Gravité quantique à boucles ] [ m Grizzly man ] [ m Grossman, nancy ] [ m Gussin, Graham ] [ m Grunenberg, Christoph ] [ m Guis, Jean-Pierre ] [ m Gysin, Brion ] [ m Hallucinogènes ] [ m Handforth, mark ] [ m Hanovre (royaume de) ] [ m Harsh noise ] [ m Haut yafa (le sultanat du) ] [ m Hauviller, Claude ] [ m Hay-on-Wye (royaume de) ] [ m Hearst, Patty ] [ m Hell’s angels ] [ m Helvetica (film) ] [ m Henrot, Camille ] [ m Holmes, steven ] [ m Hustwit Gary ] [ m Hutt river (la principauté de la province de) ] [ m indian larry  ] [ m ins (international necronautical society, ou société nécronautique internationale) ] [ m institut de Culture étrangère (l’) ] [ m internationale situationniste ] [ m Jacuzzi ] [ m Jeanpierre, laurent ] [ m Jefferson (l’état de) ] [ m Jeudis de Cinq milliards d’années (les) ] [ m Jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé (les) ] [ m Jeudis de la marqUe 

noire (les) ] [ m Jeudis de THe THird mind (les) ] [ m Joe Coleman (exPosiTion) ] [ m Josephsohn, Hans ] [ m Judd, donald ] [ m Kant, immanuel ] [ m Kalakuta anikulapo Kuti (république de) ] [ m Kempinas, Zilvinas ] [ m Kern, richard ] [ m Kessler, leopold ] [ m Keucheyan, razmig ] [ m Khedoori, Toba ] [ m Kidd William ] [ m Kilimnik, Karen ] [ m King Kong ] [ m Kinoshita, Kaori & della negra, alain ] [ m Kintera, Kristof ] [ m Kirpikistan (l’état de) ] [ m Klammer, Franz ] [ m Koester, Joachim ] [ m Koether, Jutta ] [ m Kunz, emma ] [ m ladonia ] [ m lamm, olivier ] [ m lamouroux, Vincent ] [ m lang / Baumann ] [ m lattaud, Claude ] [ m lavine, michael ] [ m le Borgne, alain ] [ m leary, Timothy ] [ m led Zeppelin ] [ m légion étrangère ] [ m lemaire, Gérard-Georges ] [ m lenglet, lucas ] [ m lHC (Grand Collisionneur de Protons) ] [ m libertaire (pensée) ] [ m librairie du Palais de Tokyo ] [ m llhuros (la civilisation de) ] [ m lord, andrew ] [ m lournoy, Théodore ] [ m lucas, sarah ] [ m lunch, lydia ] [ m π, 

noUVelles dU monde renVersé ] [ m malabou, Catherine ] [ m mandala shirt ] [ m manson, 

ing the conditions of that experience. In his book The Living Brain, the doctor develops theories about the functioning of the brain and categorizes the waves that it modulates accord-ing to its activity, and in particular posits the existence of alpha waves, of a frequency lying between 8 and 13 Hz, corresponding exactly to the state of the cortex at rest. Brion Gysin adopted that hypothesis as his own, and with the help of one of his friend Ian Sommerville, embarked on the project of a “dream machine” capable of synchronizing the brain on to that frequency in order to open it up to new percep-tions.

By 1959 Sommerville had produced a first Dream Machine model which Gysin took up and tried out at the Beat Hotel in Paris the following year. It consists of a simple cardboard cylinder carefully pierced with holes, and with an elec-tric light bulb glowing at its center, rotating at a constant speed; the device is intended to work by means of a simple record-player set to turn at a speed of 78 rpm. The user should sit comfortably, facing the machine, with his face level with the middle of the cylinder and his eyes closed, and allow the flickering light to pass over his eyelids, possibly accompanying the experiment with appropriate music. Forming part of a process of quasi initiatory revelation, the device is intended to stimulate the imagina-tion and the visionary capacities of its users and enable them to discover the extent of their “interior vision,” in the words of Brion Gysin.

Light and movable, extremely simple techni-cally, easy to reproduce and use, the Dream Ma-chine was intended to be distributed as widely as possible. Ian Sommerville saw it as a means of “bring[ing] about a change of consciousness in as much as it throws back the limits of the visible world and may, indeed, prove that there are no limits”. Thus in 19�2 the drawings and instructions required to make the object were published in the magazine Olympia; they were then republished by Temple Press in 1992, and today can easily be accessed on the internet.

[ m William s. Burroughs ]

duchamp, marcel [ m 10,5 ] [ m 190 ] [ m 1969 ] [ m 1.419.993 ]  

[ m 5.000.000.000 ] [ m accélération ] [ m acconci, Vito ] [ m adjnabistan ] [ m aerica (l’empire d’) ]  [ m aion a ] [ m ajemian, lucas & Jason ] [ m aléatoire ] [ m anarchie ] [ m aldrich, richard ] [ m alighiero e Boetti ] [ m amis du Palais de Tokyo (les) ] [ m ancelin, david ] [ m andersson, 

m Dream Machine (Brion Gysin & William S. Burroughs)

m Dream Machine

m Dream Machine (image du film de / image of the movie by antony Balch & William s. Burroughs, Towers Open Fire, 19�3)

duc DuchAmP DuchAmP duc

Page 49: Yodel Volume1

�4 �5special nature. His instrument, a drum kit with the skins of the snare drum, bass drum and floor tom fitted with sensors linked to a virtual modular synthesizer, actually allows him to offer post-punk live versions of themes from Atari, Commodore �4 or GameBoy video games. In addition to covers of Space Harrier or Ninja Spirit that are both physical and experimental, the drummer-performer has already tackled Girl/Boy Song by Aphex Twin as well as some titles by Lightning Bolt. Since 2005, Duracell has provided a supporting act for Damo Suzuki or Acid Mother Temple. [ m les jeudis de Cinq 

milliards d’années ] [ m noise ]

during, élie[f ] m Philosophe. Auteur de Poincaré, la science

et l’hypothèse (Ellipses, 2001) et de Matrix, machine philosophique (Ellipses, 2003, avec Alain Badiou, Thomas Benatouïl, Patrice Mani-glier, David Rabouin et Jean-Pierre Zarader). Il est professeur à l’école nationale des Beaux-Arts de Lyon et à l’école d’art d’Annecy. Ses recherches portent sur la philosophie des scien-ces (constructions d’espaces en géométrie et en physique), sur l’esthétique (création contempo-raine, musique), et sur les interférences entre ces deux domaines. Il est membre du conseil de rédaction de la revue Critique. [ m La relativité comme accélérateur de métaphysiques voir p. a-2 ] [ m Palais / ]

[e ] m A philosopher. The author of Poincaré, la science et l’hypothèse (Ellipses, 2001) and Matrix, machine philosophique (Ellipses, 2003, with Alain Badiou, Thomas Benatouïl, Patrice Maniglier, David Rabouin and Jean-Pierre Zarader). He teaches at the école nationale des Beaux-Arts in Lyons and the école d’art in Annecy. His research focuses on the philosophy of science (constructions of spaces in geometry and physics), esthetics (contemporary creative work, music), and the cross-influences between these two fields. He is a member of the edito-rial board of the journal Critique.

[ m Relativity as an Accelerator of Metaphysics see p. a-10 ] [ m Palais / ]

Charles ] [ m markl, Hugo ] [ m marqUe noire (la) ] [ m matelli, Tony ] [ m matière ] [ m maTin des 

maGiCiens (le) ] [ m mcCarthy, Tom ] [ m mcCartney, Paul ] [ m medio dÌa – media noche ] [ m merlo, Jean-Pierre ] [ m merzbow ] [ m michel-ange ] [ m micronation ] [ m misson (Capitaine) ] [ m modules ] [ m molossia (république de) ] [ m monk, Jonathan ] [ m morellet, François ] [ m mortadello Cox rider (dit running Bob) ] [ m mosset, olivier ] [ m motos ] [ m motti, Gianni ] [ m müller, Catherine-élise ] [ m mUsiqUe PoUr PlanTes VerTes ] [ m mutants ] [ m nadirie (la) ] [ m nécromancie ] [ m neuropsychanalyse ] [ m new island (Commonwealth de) ] [ m new Ponderosa year Zero ] [ m no Wave ] [ m noise ] [ m noland, Cady ] [ m noonan, david ] [ m nouveaux états-Unis d’amérique (les) ] [ m nouvelle Utopie (la principauté de) ] [ m nova arcadia (Principauté de) ] [ m nsK (l’état de) ] [ m o’neill, amy ] [ m occultisme ] [ m operational Theory research institute (oTri) ] [ m orgone ] [ m ortega, Fernando ] [ m Palais / (magazine) ] [ m Paradoxe des jumeaux ] [ m Parrino, steven ] [ m Parsons, laurie ] [ m Partenaires ] [ m Patria (le royaume intérieur de) ] [ m Pavillon (le) ] [ m Pavillon, session 2006-2007 (les artistes du) ] [ m Perret, mai-Thu ] [ m Petitpateur ] [ m Physique quantique ] [ m Pinot-Gallizio ] [ m Pirate ] [ m Piringer, Joerg ] [ m Plastoque Clink ] [ m Poivey, Patrick ] [ m Pradeau, Frédéric ] [ m PoP music ] [ m Positron ] [ m PosT PaTman ] [ m Posadas, Juan ] [ m Pourtissure (bataille de) ] [ m ray, Charles ] [ m rayons Cosmiques ] [ m reiterer, Werner ] [ m relativité ] [ m répondeur (Tapez 9) ] [ m république Géniale (la) ] [ m rondinone, Ugo ] [ m sabotage (l’état de) ] [ m saison 1 ] [ m satanicpornocultshop ] [ m satanisme ] [ m saunders, Bryan lewis ] [ m saville, Peter ] [ m schnyder, Jean-Frédéric ] [ m sealand (Principauté de) ] [ m second life ] [ m seConde Une année (Une) ] [ m siboni, raphaël ] [ m signer, roman ] [ m smith, Josh ] [ m smithson, robert ] [ m sPeeCH aCT #1, le Peyotl ] [ m spiritisme ] [ m stella, Frank ] [ m sTeVen Parrino réTrosPeCTiVe 1981– 2004 ] [ m stroun, Fabrice ] [ m strudel ] [ m sturtevant ] [ m Talossa (le royaume de) ] [ m Tanaka, Koki ] [ m Teach, edward ] [ m Thek, Paul ] [ m Thélème (abbaye de) ] [ m Théorème de calvitie ] [ m Théorie des cordes ] [ m Thiellement, Pacôme ] [ m THird mind (THe) (exPosiTion) ] [ m Thoenen, nik (re-p.org) ] [ m Thrace (l’empire de) ] [ m Thurman, Blair ] [ m Tok Tok ] [ m Tok Tok etik ] [ m Tokyo eat ] [ m Tokyofeel ] [ m Transnationale 

(la république) ] [ m Trouvé, Tatiana ] [ m Tronçonneuse (concours international de sculpture à la) ] [ m Tuazon, oscar ] [ m Tuning ] [ m Univers-bloc ] [ m Université d’été ] [ m Valdez, elizabeth ] [ m Van Brummelen, lonnie & de Haan, siebren ] [ m Vayer, antoine ] [ m Vigny, stéphane ] [ m Veneziano, Gabriele ] [ m Vie artificielle ] [ m Vikesland (Principauté de) ] [ m Violette, Banks ] [ m Vleeschouwer, Kris ] [ m Von Brandenburg, Ulla ] [ m Wahler, marc-olivier ] [ m Warhol, andy ] [ m Warren, rebecca ] [ m Weeds ] [ m Weizman, eyal ] [ m Westarctica (le Grand duché de) ] [ m Williams, sue ] [ m yan (la nation de) ] [ m yassef, Virginie ] [ m yodel ] [ m youpketcha ] [ m youTube Battle ] [ m Zinzendorf, nicolaus ludwig (Comte) ] [ m Zombie ]    

m Performance de / by Duracell

duracell[f ] m Duracell, alias Andrew Dymond, alias André

Diamant, est issu de la scène noise lyonnaise. Par ailleurs batteur des formations Chewbacca et The Rubiks, il se produit depuis 2003 en tant que one man band d’un genre particulier. Son instrument, une batterie dont les peaux des caisse claire, grosse caisse et tom basse sont équipées de capteurs reliés à un synthé-tiseur modulaire virtuel, lui permet en effet de proposer en live des versions post-punk de thèmes de jeux vidéo Atari, Commodore �4 ou GameBoy. En sus de reprises aussi physiques qu’expérimentales de Space Harrier ou Ninja Spirit, le batteur-performeur s’est déjà attaqué à Girl/Boy Song d’Aphex Twin ainsi qu’à quelques titres de Lightning Bolt. Depuis 2005, Duracell a notamment assuré les premières par-ties de Damo Suzuki ou d’Acid Mother Temple. [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]  [ m noise ] 

[e ] m Duracell, alias Andrew Dymond, alias André Diamant, emerged from the “noise” scene in Lyons. As well as being a drummer in the Chewbacca and The Rubiks groups, since 2003 he has performed as a “one-man band” of a

dur DuRAcEll durDuRiNG

Page 50: Yodel Volume1

�� �7etc.) become vehicles for politically committed denunciation. [ m BasTard CreaTUre ]

einstein, albert [ m voir p. a-3 / see p. a-11 ]

élasticitéElasticity[f ] m Physique. Qualité d’un objet à être déforma-

ble tout en reprenant sa forme d’origine lors-que la contrainte qu’on lui applique disparaît. [ m voir encadré p.�8 ] [ m accélération ] [ m Furtivité ] [ m mutants ]

[e ] m Physics. Quality enabling an object to be pulled out of shape yet return to its original shape when the force being applied to it disap-pears. [ m see box p. �8 ]

[ m accélération ] [ m Furtivité ] [ m mutants ]

electrophilia[f ] m Dès la fin des années 1970, [ m steven 

Parrino ] s’illustre dans le domaine musical en pratiquant le « guitar grind », performance qui consiste à frotter deux guitares électri-ques l’une contre l’autre pour produire un son violent, aux stridences renforcées par l’effet

de feedback. C’est sur les bases de telles expérimentations que l’artiste américain fonde en 1997 Electrophilia, groupe noise aux accents psychédéliques s’apparentant à un mélange de la densité sonore du Metal Machine Music de Lou Reed et du Black Metal minimaliste de Darktrone, de l’iconoclasme incantatoire d’Al-bert Ayler et du radicalisme de [ m merzbow ]. Steven Parrino est rejoint en 2002 par [ m Jutta Koether ] aux synthétiseurs, et le grou-pe marque de son empreinte la scène artistique new-yorkaise. Plusieurs concerts d’Electrophilia ont été enregistrés, quatre d’entre eux ayant fourni la matière du double album Black Noise Practitioner, sorti en 2004 sur Skul, le label de l’artiste [ m richard aldrich ].

[ m Black noise ] [ m noise ][e ] m From the late 1970s [ m steven Parrino ]

distinguished himself in the musical field by practicing “guitar grind”, a performance that consisted of rubbing two electric guitars against one another to produce a violent sound the strident tones of which were reinforced by the feedback effect. It was on the basis of such experiments that the American artist founded Electrophilia in 1997, a noise group with psychedelic overtones and affinities to a mix of the sonic denseness of Lou Reed’s Metal Machine Music, Darktrone’s minimalist Black Metal, Albert Ayler’s incantatory iconoclasm and [ m merzbow ]’s radicalism. In 2002 Steven Parrino was joined by [ m Jutta Koether ] on synthesizers, and the group made its mark on the New York art scene. Several concerts by Electrophilia have been recorded, and four of them have provided the material for the double album Black Noise Practitioner, issued on 2004 on Skul, the label of the artist [ m richard aldrich ]. [ m Black noise ] [ m noise ]

elgaland-vargaland (les royaumes d’)The Kingdoms of Elgaland-Vargaland [f ] m Le 14 octobre 1991, Carl Michael von Haus-

swolff et Leif Elggren décidèrent de former leur propre état souverain et en faire une œu-vre d’art. L’état d’Elgaland-Vargaland (KREV) fut officiellement et publiquement proclamé

eeast river (les Îles unies de la) The United Islands of the East River[e ] m Micronation. Pendant la convention natio-

nale des Républicains durant l’été 2004, l’ar-tiste Duke Riley, quelque peu éméché, traversa l’East River entre Brooklyn et Manhattan à bord d’une embarcation. Ayant débarqué sur une petite île non loin de l’immeuble des Nations Unies, il escalada une tourelle pour y déployer son drapeau. À l’aube, il décréta la souverai-neté de Belmont Island avant d’affronter les garde-côtes. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A micronation. In the summer of 2004, during the Republican National Convention, an inebriated artist, Duke Riley, had manoeuvred a small craft towards Manhattan across the East River starting in Greenpoint, Brooklyn. Landing on a small island near the United Na-tions building, at the time under security video surveillance, he scaled a tower and unfurled a flag. At daybreak he declared Belmont Island a sovereign state and was confronted by the U.S. Coast Guard. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

eco, umberto[f ] m Auteur italien de nombreux essais universi-

taires sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie. [ m Columbo ] [ m Fonction etc. ]

[e ] m An Italian author of several essays about semiotics, Middle Ages aesthetics, mass com-munication, linguistics and philosophy.

  [ m Columbo ] [ m Fonction etc. ]

einarson, gardar eide[m 3, fig. #43 ][f ] m *197�, vit à New York. Jeune artiste nor-

végien, Gardar Eide Einarsson réinvestit les possibilités du langage, du texte et de la forme à l’aide de divers matériaux comme la peinture, la sculpture et la photographie. Ce mode de production varié est mis au service d’un discours social et politique où les signes de notre société (logos, couverture de magazine, pochette de CD, etc.) deviennent des moyens d’une dénonciation engagée. [ m BasTard CreaTUre ]

[f ] m *197�, lives in New York. Gardar Eide Ein-arsson is a young Norwegian artist who re-ex-plores the potential of language, text and form through various mediums such as painting, sculpture and photography. This varied method of production is used to promote a social and political discourse in which the signs of our society (logos, magazine covers, CD sleeves,

EASt RivEReas elgElGAlAND-vARGAlAND

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�8 �9

enchères (vente auX)Auction[f ] m Organisée le 19 octobre 2007 en soutien du

programme artistique du Palais de Tokyo, avec la collaboration bénévole des maisons de vente Artcurial, Christie’s, Drouot et Sotheby’s et avec le soutien des artistes (par ordre alphabétique) : [ m lucas ajemian ], [ m david ancelin ], [ m renaud auguste-dormeuil ], Olivier Babin, Virginie Barré, Tobias Bernstrup, Davide Bertocchi, [ m michel Blazy ], [ m michael Bouchet ], Rebecca Bournigault, Jota Castro, [ m loris Cecchini ], Hsia-Fei Chang, [ m Jean-marc Chapoulie ], [ m Joe Coleman ], Franck David, [ m Verne dawson ], Alain Declercq, [ m Philippe decrauzat ], [ m daniel dewar & Grégory Gicquel ], Vincent Epplay, Erikm, [ m lara Favaretto ], Meshac Gaba, [ m Bernadette Genée & alain le Borgne ], Janine Gordon, Amy Granat, Valéry Grancher, Loris Gréaud, Katharina Grosse, [ m Graham Gussin ], Clarisse Hahn, [ m Camille Henrot ], Thomas Hirschhorn, [ m richard Kern ], [ m leopold Kessler ], [ m Kristof Kintera ], Kolkoz, Arnaud Labelle-Rojoux, [ m Vincent lamouroux ], [ m lang / 

Baumann ], [ m michael lavine ], Robert Milin, Olivier Millagou, [ m Jonathan monk ], [ m François morellet ], Jean-François Moriceau & Petra Mrzyk, [ m olivier mosset ], [ m Gianni motti ], [ m david noonan ], Orlan, Bruno Peinado, [ m mai-Thu Perret ], [ m Werner reiterer ], [ m Ugo rondinone ], Alain Séchas, Franck Scurti, [ m roman signer ], Beat Streuli, Annika Ström, Samon Takahashi, [ m Koki Tanaka ], Tsuneko Taniuchi, Pascal Marthine-Tayou, Agnès Thurnauer, Barthélemy Toguo, [ m Tatiana Trouvé ], [ m elizabeth Valdez ], [ m lonnie van Brummelen & siebren de Haan ], Sergio Vega, [ m stéphane Vigny ], [ m Chris Vleeschouwer, [ m Ulla von Brandenburg, [ m Virginie yassef ].

[e ] m Held on 19 October 2007 in support of the artistic program of the Palais de Tokyo, with the pro bono collaboration of Artcurial, Christie’s, Drouot and Sotheby’s salerooms and the support of the following artists (listed in alphabetical order): [ m lucas ajemian ], [ m david ancelin ], [ m renaud auguste-dormeuil ], Olivier Babin, Virginie Barré, Tobias Bernstrup, Davide Bertocchi, [ m michel Blazy ], [ m michael Bouchet ], Rebecca Bournigault, Jota Castro, [ m loris Cecchini ], Hsia-Fei Chang, [ m Jean-marc Chapoulie ], [ m Joe Coleman ], Franck David, [ m Verne dawson ], Alain Declercq, [ m Philippe decrauzat ], [ m daniel 

dewar & Grégory Gicquel ], Vincent Epplay, Erikm, [ m lara Favaretto ], Meshac Gaba, [ m Bernadette Genée & alain le Borgne ], Janine Gordon, Amy Granat, Valéry Grancher, Loris Gréaud, Katharina Grosse, [ m Graham Gussin ], Clarisse Hahn, [ m Camille Henrot ], Thomas Hirschhorn, [ m richard Kern ], [ m leopold Kessler ], [ m Kristof Kintera ], Kolkoz, Arnaud Labelle-Rojoux, [ m Vincent lamouroux ], [ m lang / Baumann ], [ m michael lavine ], Robert Milin, Olivier Millagou, [ m Jonathan monk ], [ m François morellet ], Jean-François Moriceau & Petra Mrzyk, [ m olivier mosset ], [ m Gianni motti ], [ m david noonan ], Orlan, Bruno Peinado, [ m mai-Thu Perret ], [ m Werner reiterer ], [ m Ugo rondinone ], Alain Séchas, Franck Scurti, [ m roman signer ], Beat Streuli, Annika Ström, Samon Takahashi, [ m Koki Tanaka ], Tsuneko Taniuchi, Pascal Marthine-Tayou, Agnès Thurnauer, Barthélemy Toguo, [ m Tatiana Trouvé ], [ m elizabeth Valdez ], [ m lonnie van Brummelen & siebren de Haan ], Sergio Vega, [ m stéphane Vigny ], [ m Chris Vleeschouwer, [ m Ulla von Brandenburg, [ m Virginie yassef ].

enenkio (le royaume d’)The Kingdom of EnenKio[f ] m Petit atoll situé près des îles Marshall. Le

royaume d’EnenKio (île de la fleur d’oranger), revendiqua sa souveraineté en 1994, au terme d’un siècle de polémiques. En 1899, après une période de colonisation allemande, l’atoll d’EnenKio fut rattaché aux états-Unis par un navire de guerre américain. Mais l’atoll ne fut jamais intégré à la République des îles Mars-hall, et, quand celles-ci signèrent un accord de libre association avec le gouvernement améri-cain, EnenKio voulut obtenir son indépendance. Quand l’accord prit effet, en 198�, la popula-tion de l’atoll attendit en vain les subventions promises pour favoriser et instaurer l’indépen-dance du peuple Ratak En. Murjel Hermios, qui devait devenir le premier monarque d’EnenKio, conçut les modalités de la souveraineté de l’atoll et établit une fondation caritative pour ses habitants. L’administration de l’état et des affaires internes est aujourd’hui confiée à six ministres, qui, avec le roi, constituent le Conseil exécutif. Fondant son action sur les principes des droits inaliénables de l’homme, sur le droit des nations et sur divers mandats constitutionnels, le gouvernement dispose d’une agence centrale et de divers bureaux à Hawaï, en Europe, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et en Océanie. Voici ce qu’en dit

moins d’un an plus tard, le 27 mai 1992 à midi à la galerie Andréhn Schiptjenko à Stockholm, en Suède (la seule ambassade de KREV à l’époque). Depuis, des ambassades ont été ouvertes à Ams-terdam, San Francisco, Stockholm, New York, Bâle, Milan, Londres et Oslo. Le thaler qui est la monnaie officielle peut être utilisé pour acheter de vrais objets dans les ambassades du KREV. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m On October 14 th, 1991, Carl Michael von Hausswolff and Leif Elggren agreed to initiate their own sovereign state as a work of art. The state of Elgaland-Vargaland was officially and publicly proclaimed less than a year later on the 27 th of May 1992 at noon at what was then the KREV embassy, the Andréhn Schiptjenko Gallery in Stockholm, Sweden. Since its initiation, the Kingdoms of Elgaland-Vargaland embassies have been established in Amsterdam, San Francisco, Stockholm, New York, Basel, Milan, London and Olso. The Kingdoms of Elgaland-Vargaland today uses the Thaler as their primary currency which can be used to buy real goods through KREV’s embassies.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

elleore (royaume d’)The Kingdom of Elleore [f ] m Sité au large des côtes danoises, sur l’île

quasiment déserte d’Elleore. Une grande fête en l’honneur du royaume d’Elleore se tient chaque année. À cette occasion, les citoyens de l’île «

rentrent de 51 semaines de vacances à l’étranger

». Le royaume d’Elleore fut fondé en 1944 par une société savante nommée Societas Findani. Cette société cherchait à établir un état sépara-tiste, afin de préserver la philosophie progres-siste d’une école privée locale fondée en 1834. La Societas Findani tirait son nom de saint Fin-tan, mais ses fondateurs – les Immortels – igno-raient que « l’île d’or » avait été habitée par des moines et des nonnes appartenant au monastère fondé en �03 par Fintan en personne. Les Elléo-riens ont le plus grand respect pour la culture monacale, et notamment pour l’œuvre littéraire de Caspar Tromphett (1583-1�53), surnommé «

le Shakespeare d’Elleore ». Tout candidat à la citoyenneté doit être parrainé par des citoyens du pays ou appartenir à l’école Kildegaard, l’une des écoles fondées par les Immortels.

[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ][e ] m Located off Denmark’s coastline, on the

mostly uninhabited island of Elleore. The great history of the Kingdom of Elleore is annually

celebrated during Elleore Week, when citizens are said to be “returning from a 51-week vacation abroad.” The Kingdom of Elleore was founded in 1944 by an academic society called Societas Findani, named after Saint Fintan, not only to find a safe retreat, but also to establish a separatist state for the preservation of the underlying philosophies of an enlightened local private school founded in 1834. Although the society was named after Saint Fintan, the founders, who came to be known as the Immor-tals, were aware that refugee monks and nuns from the monastery founded by Fintan himself in �03 had landed on “the golden island” before them. Elleorians have great respect for the monastic culture that preceded them and hold in high esteem the literary works of Caspar Tromphett (1583-1�53), also known as “The Shakespeare of Elleore.” Elleorian citizenship is exclusive and one must either be nominated by two current citizens or be enrolled in the Kildegaard School, one of the original schools founded by the Immortals. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

empty Walls – just doors[f ] m Projet de [ m loris Cecchini ]. 11/01/2007–

21/01/2007. Œuvre labyrinthique, installée de manière éphémère au Palais de Tokyo, Empty Walls – Just Doors était composée d’un ensem-ble de portes en caoutchouc souple, répliques de différentes portes réelles, paraissant avoir été oubliées là, depuis une utilisation du bâti-ment qu’on ne peut qu’imaginer.

[e ] m Project by [ m loris Cecchini ]. 11/01/2007–21/01/2007. Empty Walls—Just Doors, a laby-rinthine work, that was installed temporarily at the Palais de Tokyo, was a set of doors made of flexible rubber, replicas of various real doors, seem to have been forgotten there, leftovers from a previous use of the building that can only be imagined.

m loris Cecchini, Empty Walls – Just Doors, 2007

Élasticité~~~

[f ] m On peut étirer le réel, il ne se déchire pas ; on peut lui greffer autant de couches que l’on veut, il ne s’effondre pas ; on peut le froisser, le comprimer, le plisser ou l’enrouler sur lui-même, la déformation ne s’inscrit pas dans son tissu. Corps indéchirable, extensible et pliable à volonté, les perspectives que la manipulation de la réalité ouvre à l’artiste sont toutes aussi complexes. À force de tordre le réel, peut-il se dédoubler ? Si l’on se glisse dans ses plis, peut-on se faire momentanément invisible ? En accélérant certains de ses éléments, serait-il pos-sible de le traverser ? Ou faut-il plutôt, comme un surfeur prend le tube, s’essayer à glisser sur ses surfaces, pour épouser la souplesse de ses formes et s’infiltrer subrepticement entre ses strates ? Encore faut-il savoir se perdre dans ses replis. Car le corollaire de l’inépuisable capacité du réel à se métamorphoser sans se déliter, à muter pour mieux se recombiner, c’est sa résist-ance.

Elasticity~~~

[e ] m Reality can be stretched, it cannot be torn; we can graft as many layers as we like on to it, and it will not collapse; it can be creased, compressed, folded or rolled up on itself, but the misshaping is not inscribed into its fabric. The prospects that the manipulation of reality—as a body that is tear-proof, stretchable and fold-able at will—opens up to the artist are just as complex. By dint of twisting reality, can it be split it in two? If we slip into its folds, can we make ourselves momentarily invisible, furtive? By speeding up some of its elements, would it be possible to go through it? Or rather, as a surfer rides the tube, do we have to try and slide over its surfaces, espouse the suppleness of its forms and infiltrate ourselves surreptitiously between its layers? We have to know how to get lost in its coils though. For the corollary of the inex-haustible capacity of reality to be transformed without splitting, to change in order to recom-bine better, is its toughness.

EmPtY wAllS – JuSt DooRSemp ENENkio ene

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m Essaimage / Swarming

essaimageSwarming[f ] m Stratégie. L’observation scientifique du

comportement d’essaims d’abeilles ou de colo-nies de fourmis a mis en évidence, dans ces so-ciétés où les insectes sont, pris isolément, peu singularisés et impuissants, l’existence d’une intelligence de groupe basée sur une communi-cation d’une efficacité d’autant plus redoutable qu’elle fait l’économie de tout fonctionnement hiérarchique. Tout d’abord modélisé par les chercheurs travaillant sur l’intelligence artifi-cielle, l’essaimage est devenu, sous l’impulsion d’un think tank néoconservateur comme la RAND Corporation, un des termes privilégiés pour caractériser aussi bien la mobilisation de militants pacifistes que le mode opératoire de groupes terroristes internationaux. Discrétion, rapidité de déplacement et d’action, capacité à communiquer, interchangeabilité des rôles : les atouts de ces « réseaux » sont particulièrement difficiles à contrer pour les armées convention-nelles. À moins qu’elles ne tentent de les imi-ter, comme n’ont de cesse de le préconiser les théoriciens de cette nouvelle forme de guerre anti-subversive. C’est en particulier, comme l’évoque [ m eyal Weizman], le cas de l’armée israélienne. Selon le général Kochavi : « Une armée d’État qui affronte un ennemi disséminé, des bandes en réseau, sans organisation rigide […] doit se déprendre des vieilles conceptions de lignes droites, d’alignement des unités, des régiments et des bataillons, […] et devenir elle-même beaucoup plus diffuse et disséminée, flexible comme un essaim. […] En fait, elle doit

se régler sur l’aptitude à la furtivité de l’en-nemi. […] L’essaimage, tel que je le comprends, correspond à l’arrivée simultanée vers une cible d’un grand nombre de nœuds – si possible de 360 degrés – […] qui alors se rassemblent et se dispersent à nouveau. » [ m Furtivité ] [ m Géométrie inverse ] [ m operatio-nal Theory resarch institute ]

[e ] m Strategy. Scientific observation of the be-havior of swarms of bees or colonies of ants has revealed in those societies where the insects, taken singly, are rather nondescript and power-less, the existence of a group intelligence based on communication of an effectiveness that is all the more formidable because it dispenses with any hierarchical operating system. Initially modeled by researchers working on artificial intelligence, swarming, under the impetus of a Neo-Conservative think tank such as the RAND Corporation, has become one of the favorite terms used to characterize both the mobilization of pacifist militants and the modus operandi of international terrorist groups. Discretion, speed of movement and action, capacity to communicate, interchangeability of roles: the trump cards of the “networks” that are particularly hard for conventional armies to counter. Unless they try to imitate them, as the theoreticians of this new form of anti-subver-sive warfare never cease recommending. This is particularly true, as [ m eyal Weizman] points out, of the Israeli army. According to General Aviv Kochavi:”A state military whose enemy is scattered like a network of loosely-organized gangs […] must liberate itself from the old con-cept of straight lines, units in linear formation, regiments and battalions, […] and become itself much more diffuse and scattered, flexible and swarm-like… In fact, it must adjust itself to the stealthy capability of the enemy […] Swarming, to my understanding, is simultaneous arrival at a target of a large number of node —if possible from 360 degrees— […] which then dissever and re-disperse.” (Eyal Weizman, “Walking Through Walls”, in Multitudes no 28, January 2007, pp. 37 – 38. Extract from an interview Eyal Weizman and Nadav Harel held with Aviv Kochavi, 24 September 2004, at an Israeli military base in the Tel Aviv area [text in Hebrew]; video documentation by Nadav Harel and Zohar Kaniel.) [ m Furtivité ] [ m Géométrie inverse ] [ m operational Theory resarch institute ]

espace-temps Space-time [ m voir p. a-3 / see p. a-11 ]

le site officiel d’EnenKio : « baignant dans une tradition vieille de deux mille ans, la population indigène tente aujourd’hui de s’affranchir de la dépendance, de la négligence et de l’agression que lui imposent des envahisseurs étrangers détenteurs de l’arme atomique et d’une idéolo-gie étrangère, qui ne laissent derrière eux que des cœurs brisés et des confiances ébranlées. » [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m An atoll located near the Marshall islands. The Kingdom of EnenKio, “island of the orange flower,” is that claimed its sovereignty in 1994 after nearly a century of dispute with vari-ous colonial powers. After an early period of German colonization, Eneen-Kio Atoll was claimed forcibly by the United States in 1899 by an armed U.S. war ship in hopes that it could become a base. It was left behind and the atoll was never officially incorporated into the Republic of the Marshall Islands. However, the Marshalls emerged in 1979 from United Nations Trust Territory status to gain independence. After a “Compact of Free Association” between the RMI and the United States went into effect in 198�, development funds for the self-deter-mination of the Ratak En people were supposed to be made available, but access was limited. A sovereignty was conceived and Murjel Hermios, who later became EnenKio’s first monarch established a charitable trust for the island’s inhabitants. The administration of various internal and state affairs is undertaken by six Ministers, who, with the king, collectively make up an Executive Council. Founded on the principals of unalienable natural human rights, the common law of man, the Law of Nations and constitutional mandates in pursuit thereof, the government has set up a central bureau and today has offices in Hawaii, Europe, South America, the Middle East and Oceania. Accord-ing to the official EnenKio webpage: “embedded in 2,000 years of tradition, an aboriginal people now strive to rise above a mire of depend-ency, neglect and outright physical assaults from foreign invaders bearing atomic weapons, foreign ideologies and leaving broken trusts and hearts in their wake.” [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

équipe (sept. 2006 – dec. 2007)Staff (Sept. 2006 – Dec. 2007)m Directeur / Director : [ m marc-olivier Wahler ]

Personnel permanent / Permanent staff : Ahmed Aguerd, Mark Alizart, Cécile Allouis, Mouhcine Almi, Youssef Amri, Margherita Balzerani,

Benjamin Bardinet, Didier Barrosso, Johanna Benattar, Cyril Blancher, Daphné Blouet, Nazih Bouazini, Maud Brionne, Marion Buchloh, Willy Carda, Jean-Claude Charles, Fabrice Claval, Daria de Beauvais, Jean-Baptiste de Beauvais, Bernard Gauckler, Dolorès Gonzalez, Antonio Grassi, Frédéric Grossi, Louise Hervé, Rachid Houat, Anthony Huberman, Katell Jaffrès, François Lafragueta, Raphaële Layani, Aurélie Lesous, Perrine Martin, Raphaële Mas, Akiko Miki, Fany Moinel, Mohammed Nasraoui, André Nicolaescu, Sumiko Oe-Gottini, Anais Pamela, Tanguy Pelletier, Chloé Philipp, Ludovic Poulet, Houmann Reissi, Soraya Rhofir, Marc Sanchez, Céline Seger, Claire Staebler, Claire Szulc, Camilla Taube, Issa Traore, Alain Trouslard, Marie-Claude Vitoux, Adeline Wessang, Agnès Wolf, Noredinne Zaim.

Le Pavillon : Alix Dionot-Morani, Ange Leccia, Christian Merlhiot.

Stagiaires / Interns : Sylvère Armange, Tawan Arun, Florianne Benjamin, Caroline Bergoin, Fabienne Bideaud, Julien Bourdiec, Sara Campo, Justine Canu, Emilie Carette, Nicolas Chaverou, Marie Chenel, Aurélie Cras, Marie-Anne Derville, Pierre Dumont, Géraldine Eschapasse, Nadia Fatnassi, Vincent Gicquel, Laura Gourmel, Valentin Gribal, Bertrand Gruchy, Anna-Lena Gugger, Marion Guyot, Jonathan Hawes, Cécile Huges, Sylvain Leroy, Lina Lopez, Catalina Martinez-Breton, Nathanaël Mikles, Aude Monasse, Jodene Morand, Grégory Motrref, Mariela Munoz, Sandra Nilsson, Valérie Nivesse, Agnès Noël, Nora Orallo, Matthieu Orenge, Sophie Pagano, Cybèle Panagiotou, Noémie Paya, Anne-Laure Raphy, Anne Riant, Sébastien Rippon, Marie Sandri, Romain Tardy, Fanny Thauvin, Daria Viana, Nicole Vuillemer.

Monteurs / Temporary technical staff : Arnaud Aimé, Harry Bacto, Pierre Bamford, Cyril Barcelo, Arnaud Bergeret, Emmanuel Brondeau, Carla Casal Ribeiro, Alexandre Chevalier, Russel Childs, Nicolas Clerice, Arnaud Darmayan, Jérôme Delpino, Matthieu Dourlent, Angéline Duhec, Stéphane Emptaz, Jérôme Gallos, Guillermo Grassi, Gaelle Hautbois, Willfried Julien, Yves Koerkel, Sophie Lautru, Christophe Le Dantec, Yann Ledoux, Lemarcis, Victor Mac Lennan, Arnaud Martin, Antoine Miserey, Pascale Mons, Johan Ollivier, Yves Pelissier, éric Pourcel, Guillaume Regnaut, Katell Rolland, Damien Roualo, Vincent Roux, Mélanie Torok, Vergonzanne, Philippe Verly.

éQuiPEequ ESPAcE-tEmPS esp

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renVersé ] [ m anarchie ] [ m Capitaine misson ]

m Participants [ m adjnabistan ], [ m aerica ], [ m anodyne ], [ m araucania & Patagonia ], [ m atlantium ], [ m aVl Ville ], [ m Kingdom of Bannesled ], [ m Christiania ], [ m Conch ], [ m Cosmosabbat ], [ m elgaland-Vargaland ], [ m elleore ], [ m enen-Kio ], [ m east river ], [ m evrugo mental state ], [ m Franklin abraham ], [ m Fomoire ], [ m Free-donia ], [ m Frestonia ], [ m Fusa ], [ m Géorgie ], [ m Glandelinia ], [ m Hanover ], [ m Haut yafa ], [ m Hay-on-Wye ], [ m Hutt river ], [ m institut de culture étrangère ],[ m Jefferson ], [ m Kalakuta], [ m Kirpikistan ], [ m ladonia ], [ m llhuros ], [ m mo-lossia ], [ m nadiria ], [ m new Ponderosa year Zero ], [ m new island ], [ m nouveaux états-Unis d’amérique ], [ m nouvelle utopie ], [ m nova arcadia ], [ m nsK ], [ m nutopia ], [ m Patria ], [ m 

république Géniale ], [ m sabotage ], [ m sealand ], [ m Talossa ], [ m Thrace ], [ m Transnationale ], [ m Vikesland ], [ m Westartica ], [ m yan ].

états générauX du poilStates-General for hair[f ] m Manifestation organisée par le Collège de

Pataphysique au Palais de Tokyo les 8, 9 et 10 clinamen 134 (vulg. 30, 31 mars et 1er avril 2007) avec Fernando Arrabal, Jean-Christophe Averty, Tristan Bastit, Bruno Bernard, Gérard Berry, Pascal Bouché, André Brahic, Jean-Pierre Brisset, Isabelle Brisson, Christian Bromberger, Jacques Carelman, Catherine Contour, Phryné Coutant-Foulc, Fanchon Daemers, Marc Décimo, Isabelle Dubosc, Yann Fañch Kemener, Thieri Foulc, Patrice Josset, Eduardo Kac, Bernard Lançon, David Lavergne, Frédéric Leroy, Bernard Lubat, Stéphane Mahieu, Jean-François Mattéi, Alain Mignien, Philippe Obliger, Paul Gayot, Duc Glandieu, Claude Gudin, Pascal Picq, Guillaume Pô, Max Poty, Aldo Ripoche, André Stas, Daniel Thomas, Jack Vanarsky, Pascal Varejka, Marc Vasseur, Catherine Vidal, Milie von Bariter, Alain Zalmanski. [ m Théo-rème de calvitie ] [ m Tok Tok ] [ m Gnose ]

[e ] m Event organized by the Collège de Pata-physique at the Palais de Tokyo on 8, 9 and 10 Clinamen 134 (30, 31 March and 1 April 2007) with Fernando Arrabal, Jean-Christophe Averty, Tristan Bastit, Bruno Bernard, Gérard Berry, Pascal Bouché, André Brahic, Jean-Pierre Brisset, Isabelle Brisson, Christian Bromberger, Jacques Carelman, Catherine Contour, Phryné Coutant-Foulc, Fanchon Daemers, Marc Décimo, Isabelle Dubosc, Yann Fañch Kemener, Thieri Foulc, Patrice Josset, Eduardo Kac, Bernard

Lançon, David Lavergne, Frédéric Leroy, Bernard Lubat, Stéphane Mahieu, Jean-François Mattéi, Alain Mignien, Philippe Obliger, Paul Gayot, Duc Glandieu, Claude Gudin, Pascal Picq, Guillaume Pô, Max Poty, Aldo Ripoche, André Stas, Daniel Thomas, Jack Vanarsky, Pascal Varejka, Marc Vasseur, Catherine Vidal, Milie von Bariter, Alain Zalmanski. [ m Théorème de calvitie ] [ m Tok Tok ] [ m Gnose ]

&nbsp[m 6, fig. #8� ][f ] m Groupe d’artistes basé à Paris composé de

Rada Boukova, Aymeric Ebrard, Thomas Fon-taine, élodie Huet.

[ m modUle ] 11/01/2007– 21/01/2007. L’Iceberg est le premier volet de Xploitation, Love, etc., programme en quatre chapitres successifs conçu par &nbsp. Avec une approche qui reste toujours flexible, réactive et ouverte, &nbsp mixe la forme de l’exposition et celle de la performance. En invitant d’autres artistes, ils mettent en œuvre une présentation qui se transforme au quotidien, à travers l’espace et le temps. À la surface du décor glacial et mouvant d’un quotidien abstrait et désincarné, des petites manifestations humaines s’agitent ainsi chaque jour à tour de rôle. Remuant comme en sursaut pour signaler leur présence entre rêves de grandeur, productivité et succès, et sou-venirs aseptisés d’aires tertiaires ou de zones d’intimité, ces petites silhouettes isolées lut-tent pour attirer l’attention, entrer en contact ou élever une défense, affirmer leur existence, ou du moins se la prouver, désespérément. La succession de ces lives construit au fil des jours la chronique d’une comédie humaine, la fiction globale et inachevée du grand soap de la vie, l’enchaînement de ses épisodes retra-çant, à défaut d’en trouver le sens, ses chemins emmêlés.

[e ] m Group of artists (Rada Boukova, Aymeric Ebrard, Thomas Fontaine, élodie Huet) based in Paris. [ m modUle ] 11/01/2007– 21/01/2007. The Iceberg is the first part of Xploitation, Love, etc., a program in four successive chapters devised by &nbsp. With an approach that always remains flexible, reactive and open, &nbsp combines the forms of exhibition and performance. By inviting other artists, they set up a presentation that is transformed on a daily basis, through space and time. Thus on the surface of the glacial, moving decor of abstract, disembodied everyday life, little human mani-

états (Faites-le vous-même)Grow Your Own[m 2, fig. #28 – #30 ][f ] m Projet de [ m Peter Coffin ]. 01/02/2007 –

0�/05/2007. étAtS (FAitES-lE vouS-mêmE) est une exposition qui a réuni un large choix de [ m micronations ], états souverains et in-dépendants, nations-concepts, mouvements de sécessions et autres. Tous se présentent comme une réponse créatrice au climat politique global. Peter Coffin s’est intéressé à ce sujet lorsqu’il a fondé sa propre nation indépendante en 2000 et a commencé à faire des recher-ches sur des projets similaires partout dans le monde. étAtS (FAitES-lE vouS-mêmE) est une version nouvelle et élargie de l’exposition de Peter Coffin, réalisée avec Robert Blackson, sur le même sujet en 2005 à New York : We Could Have Invited Everyone [On aurait pu inviter tout le monde] à la galerie Andrew Kreps.

Distincte d’une exposition à thème, étAtS

(FAitES-lE vouS-mêmE) est un projet d’artiste qui se concentre sur un phénomène qui croise art, politique, anarchie et fiction de manière indiscernable. Les gouvernements, les sociétés et les artistes impliqués ont tous créé divers signes de reconnaissance (langues, devises, constitutions, drapeaux et tous les symboles nécessaires à l’établissement de leur souverai-neté). [ m π, noUVelles dU monde renVersé ] [ m anarchie ] [ m Capitaine misson ]

[e ] m Project by [ m Peter Coffin ]. 01/02/2007–0�/05/2007. Grow Your Own is an exhibition bringing together a wide selection of [ m micro-nations ], sovereign independent states, concept nation states, and secession movements. All are presented as a creative response to a global political climate. Coffin’s interest in this subject began in 2000 when he initiated his own independent nation and began collecting information about other such projects around the world. Grow Your Own is a newly expanded version of the exhibition on the same subject Peter Coffin curated in 2005 at the Andrew Kreps Gallery in New York in conjunction with Robert Blackson: We Could Have Invited Everyone. Not a thematic group exhibition, Grow Your Own is an artist project that blurs any ability to distinguish between art, politics, anarchy and fiction. The governments, socie-ties and artists involved have created various recognizable symbols that range from seals, anthems, languages, mottos, constitutions, flags and all the icons with which they establish their sovereignty. [ m π, noUVelles dU monde 

m étAtS (FAitES-lE vouS-mêmE)

m États généraux du poil / States-General for Hair

étAtS (FAitES-lE vouS-mêmE)eta &NBSP &nb

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18/04/2007. « Rêves de nations : faire semblant jusqu’au bout”. Projection de « M8 » réalisé par Ykon dans le cadre de [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]. 20/04/2007. Avant-première de « Destricted »

(Larry Clark, Matthew Barney, Gaspar Noé, Marina Abramovic, Richard Prince, Marco Brambilla, Sam Taylor-Wood).

03/05/2007. [ m sPeeCH aCT ]. Olivier Babin. Conférence/performance sur le [ m peyotl ].

25/05/2007–26/05/2007. [ m Helvetica ] de Gary Hustwit, suivie d’un débat sur le graphisme avec [ m Gary Hustwit ], [ m nik Thoenen ] et Jean-Baptiste Levée.

05/06/2007. [ m raphaël siboni ]. Projection de Kant Tuning Club (2007).

06/06/2007. Signature de « Barefoot/Bad Omen » suivie d’une improvisation musicale de David-Ivar Herman Dune, Julien Langendorff, Neman et Q pour célébrer la sortie du livre.

07/0�/2007. [ m olivier Cadiot ] & Laurent Poitrenaux. Lecture radiophonique à deux voix Un nid pour quoi faire ?

03/07/2007. Avant-première de « Llik your idols », réalisé par Angélique Bosio [ m no Wave ]

03/08/2007–05/08/2007. Parcours MU / Festival Quartier d’été.

19/10/2007–21/10/2007. FIAC Cinéma. Guest curator : d.c.a (association française de développement des centres d’art).

24/10/2007. « Femmes artistes, artistes femmes » rencontre avec Elisabeth Lebovici et Catherine Gonnard.

28/11/2007. « Betting on shorts », festival de courts-métrages.

[e ] m Other events: 12/01/2007. Scorched Earth by Gareth James,

Sam Lewitt & Cheyney Thompson. A review questioning the theory and practice of drawing.

17/01/2007. “Un million et quarante-quatrième anniversaire de l’art / 24 heures pour célébrer l’art contemporain en France” with a performance inspired by Breath by [ m Werner reiterer ].

18/01/2007. Satanism and contemporary art. Christophe Kihm, Michel Gauthier, Christian Merlhiot.

2/101/2007. Chiara Zocchi. “Je vous chante mon roman” with Jerémie Lenart (sounds,noises and rhythm), Michel Godard (tuba, serpent) & Carlo Di Paola (live video).

18/03/2007. “Enquêtes spatiales”. CNES Space Observatory.

30/03/2007–01/04/2007. “[ m états généraux du poil ]”, organized by the College of Pataphysics

18/04/2007. “Rêves de nations : faire semblant jusqu’au bout”. Projection of “M8” directed by Ykon. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

20/04/2007. Preview of “Destricted” (Larry Clark, Matthew Barney, Gaspar Noé, Marina Abramovic, Richard Prince, Marco Brambilla, Sam Taylor-Wood).

03/05/2007. [ m sPeeCH aCT. Olivier Babin. Lecture/performance on [ m peyotl.

25/05/2007–26/05/2007. [ m Helvetica ] by [ m Gary Hustwit ], followed by a talk on graphic design with Gary Hustwit, [ m nik Thoenen ] and Jean-Baptiste Levée.

05/0�/2007. [ m raphaël siboni ]. Screening of Kant Tuning Club (2007).

06/06/2007. Book signing of “Barefoot/Bad Omen” followed by a musical improvisation by David-Ivar Herman Dune, Julien Langendorff, Neman & Q to celebrate publication of the book.

07/0�/2007. [ m olivier Cadiot ] & Laurent Poitrenaux. Public reading Un nid pour quoi faire ?

03/07/2007. Preview of “Llik your idols”, directed by Angélique Bosio.

03/08/2007-05/08/2007. MU / Festival Quartier d’été itinerary

19/10/2007–21/10/2007. FIAC Cinéma. Guest curator : d.c.a (association for the development of art centers).

24/10/2007. “Femmes artistes, artistes femmes” lecture with Elisabeth Lebovici and Catherine Gonnard.

28/11/2007. “Betting on shorts”, short movie festival.

everland (hôtel)hotel Everland[m 5, fig. #�5 – #�9 ][f ] m L’hôtel Everland, conçu par [ m lang / 

Baumann ] pour l’exposition nationale suisse Expo.02, est à la fois un hôtel et une œuvre d’art. Installé sur le toit du Palais de Tokyo depuis le 1� octobre 2007 et jusqu’à fin 2008, à plus de 30 mètres de hauteur, l’hôtel Everland surplombe la Seine et offre un point de vue ex-ceptionnel sur Paris et la Tour Eiffel à travers son grand hublot donnant sur un coin salon lounge. Le design rétro-futuriste d’Everland n’est pas sans rappeler la Futuro House de Matti Suuronen ou la Maison Bulle de Jean Maneval.

[e ] m Hotel Everland, devised by [ m lang / 

Baumann ] for the Swiss national exhibition Expo.02, is both a hotel and a work of art.

festations stir each day in their turn. Moving as if startled to signal their presence between dreams of grandeur, productivity and suc-cess, and sterile memories of tertiary areas or private zones, these little isolated silhouettes struggle desperately to attract attention, enter into contact or raise a defense, declare their existence, or at least prove it to themselves. Over the days the succession of these lives builds up the chronicle of a human comedy, the all-embracing, unfinished fiction of the great soap opera of life, the sequence of its episodes retracing its intersecting paths, since unable to find its meaning.

m Programme 11/01/2007 : La répétition (&nbsp, Blue Sabbath Black Fiji, Benjamin Bodi, Diego Ocampo, Downliners Sekt) 12/01/2007 : Longboard (Jérôme Guige) ; Le Boul’ch (Bertrand Berrenger) 13/01/2007 : Pipole-Peepole (Anne-Claire Budin & Dorothée Loermann) ; Shooting (Otto Muehlethaler) 14/01/2007 : Grand Casting (Aymeric Ebrard) ; Tentative d’épuisement d’un lieu épuisé (Olivier Nourisson) 1�/01/2007 : Girls (live) (Dominique Forest) ; Angélique (set téléphone) (Julien Saglio) 17/01/2007 : Angélique (live) (Julien Saglio) ; Girls (set vidéo) (Dominique Forrest) 18/01/2007 : Love-troc (Sandrine Weissen-burger) ; Foamman (Jérémy Chabaud & Aymeric Ebrard) 19/01/2007 : HERstory (live) (Sinae Kim) 20/01/2007 : HERstory (set vidéo) (Sinae Kim) ; Catwoman (Shanta Rao) 21/01/2007 : Limoges-China (Frédéric Danos & Jochen Dehn)

évangélistesEvangelists[f ] m Communauté sur Second Life. Certains

joueurs de Second Life semblent se sentir désignés par Dieu pour sauver les âmes perdues du monde virtuel, sans qu’il soit toujours facile de faire la distinction entre ce qui relève du jeu de rôle et de la conviction véritable. Particulièrement prosélyte, très proche des tendances puritaines de certaines églises états-uniennes, la communauté des évangélistes regroupe à l’évidence de sincères « re-born Christians ». Ainsi, ses membres prônent la fréquentation des églises dans Second Life et invitent les résidents débauchés à venir réfléchir sur eux-mêmes dans ces lieux

de culte ; certains d’entre eux n’hésitent pas à se rendre, déguisés, dans les communautés de [ m Goréens ] pour tenter de convertir des esclaves. Enfin, les évangélistes animent périodiquement des messes dominicales et des « Bible Studies » online. [ m Kinoshita Kaori & della negra alain ] [ m second life ]

[e ] m A community in Second Life. Some Second Life players seem to feel they have been ap-pointed by God to save the lost souls of the virtual world, and it is not always easy to distinguish between when they are playing a role and when they are acting out of true conviction. The community of Evangelists is particularly keen to convert, and very close to the Puritan tendencies of certain US churches, evidently bringing together sincere “born-again Christians”. Thus its members advocate church attendance in Second Life and invite dissolute residents to come and reflect on their ways in these places of worship; some of them do not scruple to travel disguised into communities of Goreans [ m Goréens ] to try to convert slaves. And finally, from time to time the Evangelists run on-line Sunday services and “Bible studies”.

[ m Kinoshita Kaori & della negra alain ]

  [ m second life ]

événementsEvents [ m Jeudis de Cinq milliards d’années ]

[ m Jeudis de π, noUVelles dU monde 

renVersé ] [ m Jeudis de la marqUe noire ] [ m Jeudis de THe THird mind ][f ] m Autres événements : 12/01/2007. Scorched Earth de Gareth James,

Sam Lewitt & Cheyney Thompson. Revue qui questionne la théorie et la pratique du dessin

17/01/2007. « Un million et quarante-quatrième anniversaire de l’art / 24 heures pour célébrer l’art contemporain en France » avec une performance inspirée de l’œuvre Breath de [ m Werner reiterer ].

18/01/2007. Satanisme et art contemporain. Christophe Kihm, Michel Gauthier, Christian Merlhiot.

2/101/2007. Chiara Zocchi. « Je vous chante mon roman » avec Jerémie Lenart (sons, bruits et rythmes), Michel Godard (basse, serpent) et Carlo Di Paola (vidéo live).

18/03/2007. « Enquêtes spatiales ». Observatoire de l’Espace du CNES

30/03/2007–01/04/2007. « [ m états généraux du poil ] », sur une proposition du Collège de Pataphysique.

évANGéliStESeva eveEvERlAND

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7� 77Installed on the roof of the Palais de Tokyo from 1� October 2007 until the end of 2008, at a height of over 30 meters, Hotel Everland overlooks the Seine and offers an exceptional view of Paris and the Eiffel Tower through its large porthole, opening on to a lounge area. The retro-futuristic design of Everland is a reminiscent of the Futuro House by Matti Suuronen or the Maison Bulle [Buble House] by Jean Maneval.

m hôtel Everland (lang / Baumann) sur le toît du / on the roof of the Palais de Tokyo

evrugo (état mental d’)Evrugo Mental State [f ] m Micronation. Fondé en septembre 19�8

par Zush, artiste et philosophe autoproclamé. L’état mental d’Evrugo est avant tout un concept. Il existe en dehors de tout territoire physique, dans l’étendue mentale que les citoyens d’Evrugo perçoivent comme un espace commun. « Son origine est l’inspiration. Il s’agit d’un état imaginaire et contradictoire, mais autocratique et universel. Sa constitution est aléatoire. Tout est possible, le concret comme l’immatériel. Il utilise les symboles communs à tous les états : une langue, son propre alphabet, un drapeau, un hymne, une monnaie et un passeport. Son territoire est mental, physi-que, artistique, scientifique et mystique. Sa principale industrie est la création d’armes ironiques qui tuent par le plaisir et le rire. Les idées constituent son patrimoine. Sa stratégie est l’auto-guérison créative. Son idéal consiste à atteindre le bonheur. C’est un endroit de séduction et d’expression. Les conflits y sont permanents. Il est à usage individuel. Il est la bulle ou le halo commun à tous les êtres. Il a pour but d’éveiller la notion d’existence personnelle qu’ont tous les êtres humains afin de résoudre les problèmes d’insertions dans la société. » [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A micronation. Founded in September 19�8 by artist and self-proclaimed philosopher Zush. Evrugo Mental State is first and foremost a concept. It exists without a physical terri-tory and instead in the mental expanse which Evrugo citizens believe is a shared communal space. According to its mission statement, “Its origin is inspiration. It is a contradictory, imaginary yet real autocratic and universal state. Its constitution is random. Everything is possible, the concrete and the immaterial. It uses symbols common to all state: language, its own alphabet, flag, anthem, currency and pass-port. Its territory is mental, physical, artistic, scientific and mystic. Its main industry is the creation of ironic weapons that kill through pleasure and laughter. Its heritage is ideas. Its strategy is creative self-healing. Its ideal is to attain happiness. It is a place for seduction and expression. Its conflicts are permanent. It is for individual use. It is the bubble or common halo of all beings. It intends to awaken the sense of personal beings that all we human beings have as a solution to social maladjustment.” [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

EvRuGoevr

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Fischer, urs[m 1, fig. #05 ; 4, fig. #50, #51 ][f ] m *1973, vit entre Los Angeles, Zurich et

Berlin. Urs Fischer trouve ses sujets et ses matériaux dans la vie quotidienne. En les trans-formant en objets et en sculptures, la forme de ces éléments ordinaires change et échappe à leur fonctionnalité d’origine. Multipliant les angles de vision inattendue, il donne un aspect lyrique et humoristique à son art.

Dans [ m 5.000.000.000 d’années ], Urs Fischer a présenté Untitled (Branches) (2005), une œuvre qui flirte avec une ambiance solennelle et mystérieuse. Deux bougies attachées à une branche en circonvolution dessinent deux cercles de cire sur le sol.

Dans [ m THe THird mind ] a été présentée Madame Fisscher (1999/2000), la reconstitu-tion du studio de l’artiste lors de sa résidence à Londres. À son retour en Suisse, l’artiste a rapatrié l’intégralité du studio et de ce qu’il contenait : œuvres, matériaux divers, murs et planchers, pour en faire une installation.

[e ] m *1973, lives in in Los Angeles, Zurich and Berlin. Urs Fischer finds his subjects and his materials in everyday life. Transformed into sculptures, the objects escape their original functionality.

In 5,000,000,000 YEARS  [ m 5.000.000.000 d’an-

nées] , Fischer presented Untitled (Branches) (2005), a work that creates a solemn and mys-terious mood. Two candles attaches to a large rotating branch draw two circles of wax on the ground. In [ m THe THird mind ], a reconstruction of the artist’s studio during his residency in London (Madame Fisscher, 1999/2000) was presented. On his return to Switzerland, the artist repatri-ated the entire studio and all it contained—works, various materials, walls and floors—to turn it into an installation.

Floyer, ceal[f ] m *19�8, vit à Londres. évitant les écueils de

la dérive spectaculaire et le pur illusionnisme, Ceal Floyer produit un travail à la fois ténu et discret. Ses installations prennent corps dans l’espace avec humour et délicatesse en déjouant les attentes du spectateur. L’absurde et la gravité légère cohabitent avec un sens extrême de l’à-propos.

Présentée dans [ m 5.000.000.000 d’années ], Autofocus (2002) joue sur le processus de transition du focus à l’out of focus et de l’ap-parition à la disparition. De manière aléatoire,

un projecteur se règle et dérègle sans fournir d’image, mais une simple variation d’intensité lumineuse.

[e ] m *19�8, lives in London. Avoiding the pitfalls of pure illusionism and the drift towards the spectacular, Ceal Floyer’s work is subtle and discreet. Her projections and installations combine a sense of the absurd with a precise phenomenological sensibility.

Features in 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ], Autofocus (2002) pursues the process of transition between the in-focus and the out-of-focus and between apparition and disappearance. In random ways, a slide projector with an empty carousel auto-matically adjusts and re-adjusts itself, offering only a simple variation in light intensity.

m Ceal Floyer, Bucket, 1999

Flying tape [m 1, fig. #10 ][f ] m Exposition personnelle de [ m Zilvinas Kem-

pinas ]. 14/09/200� –23/11/200�. Flying Tape (200�) est œuvre mobile, élégante et légère jouant sur plusieurs registres. Une bande magnétique de plusieurs mètres flotte dans les airs simplement propulsée par plusieurs ventilateurs posés au sol. Si l’artiste utilise régulièrement des matériaux évoquant l’image et le son, c’est le plus souvent au profit d’une œuvre silencieuse. Flying Tape n’est pas sans évoquer l’héritage de l’art cinétique ou de l’Op Art. [ m Cinq milliards d’années ]

[e ] m Solo exhibition of [ m Zilvinas Kempinas ]. Flying Tape (200�) is long piece of un-spooled videotape floats against the walls of a square room, held in the air by a series of fans in the center of the gallery. While the artist often uses materials that refer to images and sound, his works deal with silence. Flying Tape also evokes the legacy of Kinetic Art or Op Art.

[ m Cinq milliards d’années ]

m Liste des œuvres / List of works Flying Tape, 200� ; Collection FRAC Langue-doc-Roussillon, Montpellier ; Courtesy Spencer-Brownstone Gallery, New York

FFavaretto, lara[m 1, fig. #07 ][f ] m *1973, vit à Turin. Le thème de la fête est

une constante dans l’œuvre de Lara Favaretto qui conçoit l’art comme un espace structuré par la multiplication des possibles. L’utilisation de la photographie, de la sculpture, de la vidéo et de la performance lui permet d’exprimer l’urgence d’une transformation permanente et la nécessité d’impliquer l’autre dans le processus créatif.

Dans [ m Une seConde Une année ], Lara Favaretto a présenté Twistle (2004), une série de bombonnes d’air compressé surmontées de sifflets qui s’activaient de manière aléatoire.

[e ] m *1973, lives in Turin. The party is a consist-ent theme in the work of Lara Favaretto. She conceives of her work as a space where pos-sibilities are allowed to multiply. Her videos, photographs, sculptures, and performances allow her to express the urgent nature of constant transformations that characterize the art-making process.

In oNE SEcoND oNE YEAR [ m Une seConde Une 

année ], Favaretto presented Twistle (2004), a series of canisters of compressed air randomly released their contents.

m lara Favaretto, Twistle, 2004

Fenêtres (les)[f ] m Projet permanent de [ m olivier mosset ].

Invité à intervenir sur les fenêtres du Palais de Tokyo, Olivier Mosset a repris à son compte la fameuse citation d’Ellsworth Kelly : « En octobre 1949, au Musée d’Art Moderne à Paris, je remarquai que les fenêtres m’intéressaient plus que l’art exposé dans les salles. »

[e ] m Ongoing project by [ m olivier mosset ]. For his intervention on the windows of the Palais de Tokyo, Swiss artist Olivier Mosset adopted Ellsworth Kelly’s famous quote, “In October 1949, at the Museum of Modern Art in Paris, I noticed that I was more interested in the win-dows between the paintings than the artworks themselves.”

FAvAREttoFav FlYiNG tAPE Fly

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Fomoire (la communauté)The Fomoire Community [f ] m Créée en 1991, la communauté Fomoire

compte aujourd’hui plus d’une centaine de membres répartis dans huit pays sur trois continents. Cette communauté tire ses origines de la mythologie celtique où, dans un temps lointain, les envahisseurs successifs de l’Irlande s’étaient heurtés à une population d’origine in-connue, les Fomoires. Cette population finit par être vaincue par la déesse Dana, les repoussant aux confins du monde. Dès lors, les Fomoires furent dépeints comme des gens cruels et contrefaits, devenant les « croque-mitaines » de la tradition irlandaise. La communauté Fomoire a repris le mythe de façon positive et développé autour de ce dernier tout un univers culturel, comprenant tant des idées concep-tuelles qu’un travail pratique, telle la musique, la poésie, la cuisine, les vêtements, les sports, etc. La nouvelle culture fomoire se veut une promotion de l’harmonie dans la différence, la tolérance et la communication. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Created in 1991, the Fomoire Community now has more than a hundred members in eight countries on three continents. This community finds its origins in celtic mythology in which, long ago, successive invaders of Ireland came up against a population of unknown origin, the Fomoires. This population was finally overcome by the Goddess Dana, who expelled them. Since then, the Fomoires have been portrayed as cruel people, becoming the undertakers of Irish history. The Fomoire Community appropriated the myth, cast in a positive light, and devel-oped a cultural universe around it, including ideas as well as actual practices such as music, poetry, cuisine, cloths, sports, etc. The new Fomoire culture promotes harmony within dif-ference, tolerance, and communication.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

Fonction etc. Function of an etc. [ m  voir encadré p.81 / see box p. 81 ]

[ m élasticité ] [ m multivers ] [ m mutants ]

[ m quotient schizophrénique ] [ m Vision-fenêtre ]

Franklin abraham (le) The Franklin Abraham (Jonah Freeman) [f ] m Vaste ville-nation qui existe dans un espace-

temps parallèle et intègre une connaissance de l’histoire de l’industrialisme et de l’avenir des états-nations entreprises. Le Franklin Abraham

est une civilisation perdue et éteinte dont la richesse reste à découvrir. Le roman (The Radiant Century), qui garde la trace de tout ce qui reste du Franklin Abraham en dehors de quelques rares reliques, est le dernier document à maintenir son histoire en vie. Il est construit autour de l’ascension et du déclin d’un centre commercial appelé Octaplaz, dont il décrit l’environnement fantasmagorique et les diverses luttes de pouvoir qui ont entouré son développement et sa chute finale. Son auteur, Jules Ackroyd, a dit à propos d’Octaplaz qu’il s’agissait de « la personnification de l’ère du Franklin Abraham, la représentation d’un optimisme narcotique au sein de notre propre consommation et de notre propre splendeur, une disposition particulière qui conduit en des lieux étranges et inattendus. » [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ][e ] m A large city-nation state that exists in a

parallel time, while incorporating a combined sense of the history of industrialism and the future of corporate nation states into one. The Franklin Abraham is a kind of lost and expired civilization with a wealth still to be discovered. The Novel (The Radiant Century), which preserves all that is left of The Franklin Abraham aside from a few rare relics, is the last document that keeps its history alive. It centers around the rise and fall of the shopping arcade called the Octaplatz - the phantasmago-ria of its environs and the various power strug-gles surrounding its expansion and eventual demise. Its author Jules Ackroyd said of the Octaplatz that it is “The personification of the [Franklin Abraham] epoch, -the embodiment of a narcotic optimism in our own consumption and splendor and a disposition that leads to strange, unexpected places.” [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ]

Freedonia [f ] m Crée au début des années 1930 par Groucho

Marx. La nation souveraine de Freedonia est très vite devenue le sujet d’un film : Duck Soup, produit par Paramount Pictures à la fin de l’an-née 1933. La création de la Freedonia avait des fondements politiques. Pour les Marx Brothers, c’était une façon de faire rire tout en évoquant la période trouble dans laquelle ils s’étaient retrouvés après la Première Guerre mondiale, et les tensions qui ont finalement abouti à la guerre suivante. Le film lui-même parodie la guerre et les erreurs politiques qui en ont été à l’origine. De nombreuses nations, réelles ou

FomoiREFom

#15 – # 31

m—, NouvEllES Du moNDE RENvERSé 2

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# 15

# 15 POST PATMAN

[ m Michel Blazy ] Sculptcure (par Jean-Luc Blanc), 2003-2007# 16 POST PATMAN

[ m Michel Blazy ] Patman II, 2006 ; Champ de pommes de terre, 2002 ; Sans titre, 2007 ; Fontaine de mousse, 2007

2 M—

, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ 2

# 16

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# 17 POST PATMAN

[ m Michel Blazy ] Sans titre, 2007# 18 POST PATMAN

[ m Michel Blazy ] Peau de bête, 2007 ; Canapé, 2007 ; Fontaine de mousse, 2007 ; Sans titre, 2007

# 19 POST PATMAN

[ m Michel Blazy ] Boules de carottes, 1998

2

# 17

M—

, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ 2

# 18

# 19

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# 20 JOE COLEMAN

[ m Joe Coleman ] I Am Joe’s Fear of Disease, 2001

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# 20

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, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ

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# 21 DAVID NOONAN

[ m David Noonan ] Vue de l’exposition / exhibition view

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# 21

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, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ

Page 62: Yodel Volume1

# 22 GRANITOïD TRANS GOA RASCAL kOï kOï, ShIMENAwA MAMbA, ORIGINAL PERUVIAN

CARPET AND DIGITAL PROJECT fOR MUSICIANS

[ m Daniel Dewar & Grégory Gicquel ] Granitoïd trans goa rascal koï koï, 2007# 23 GRANITOïD TRANS GOA RASCAL kOï kOï, ShIMENAwA MAMbA, ORIGINAL PERUVIAN

CARPET AND DIGITAL PROJECT fOR MUSICIANS

[ m Daniel Dewar & Grégory Gicquel ] Granitoïd trans goa rascal koï koï, 2007 # 24 GRANITOïD TRANS GOA RASCAL kOï kOï, ShIMENAwA MAMbA, ORIGINAL PERUVIAN

CARPET AND DIGITAL PROJECT fOR MUSICIANS

[ m Daniel Dewar & Grégory Gicquel ] Original peruvian carpet and digital project for musicians, 2007 ; Shimenawa mamba, 2007

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# 22

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# 23

# 24

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, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ

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# 25 # 26 # 27 DOUbLE bIND

[ m Tatiana Trouvé ] vues de l’exposition / exhibition views

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# 26

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# 27# 25

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#28 #29 #30 ÉTATS (fAITES-LE VOUS-MêME) / GROw YOUR OwN

[ m Peter Coffin ] vues de l’exposition / exhibition views

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# 30

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MUSIqUE POUR PLANTES VERTES / MUSIC fOR PLANTS

[ m Peter Coffin ] vue de l’installation / installation view

2

# 31

M—

, NOUVELLES DU MONDE RENVERSÉ

Pinot-Gallizio et la Caverne de l’antimatière dans l’antiChambre de l’anti-monde/Pinot-Gallizio and the Cave of antimatter, in the anteChamber of the anti-world

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Page 66: Yodel Volume1

B–�

¶B–�

Pinot-Gallizio et la Caverne de l’antimatière dans l’antichambre de l’anti-monde

Laurent Jeanpierre

Le 1� mai 1959, [m ] Giuseppe Gallizio, dit [m ] Pinot-Gallizio, pharmacien, chimiste, archéologue amateur, peintre seulement depuis quelques années, ancien résistant et occasionnellement conseiller municipal de la petite ville italienne d’Alba, dans le Piémont, expose à la galerie Drouin, rue Visconti à Paris, une [m ] Caverne de l’antimatière composée notamment de 145 mètres de ce qu’il appelle de la « peinture industri-elle ». Gallizio a rencontré le peintre Asger Jorn en 1955 à Alba et il a participé avec lui, deux ans plus tard, à la fondation, en Italie, de l’[m ] Internationale Situationniste, par fédération de plusieurs petits groupements de l’avant-garde artistique européenne de la période. La Caverne de l’antimatière s’inscrit dans le programme situationniste alors en développement : elle représente une des premières tentatives de « construction consciente de situation » – visée qui a donné son nom au groupe –, quoique encore réservée au seul monde de l’art. Quelles relations peuvent exister entre ce projet col-lectif porté par Gallizio et la thématique de l’antimatière ? En quoi l’élucidation de ces relations peut-elle éclairer d’un jour différent l’histoire des situationnistes et des avant-gardes ? Pour répondre à ces questions, il faut d’abord entrer plus avant dans la Caverne, à partir de ce qu’il est possible de savoir à son sujet aujourd’hui 1.

Dans la Caverne et au-delà

La Caverne de l’antimatière fut produite par recouvrement de toutes les parois, sol compris, de la galerie Drouin, avec de la peinture expres-sionniste et abstraite. Des éclairages mobiles de plusieurs couleurs, utilisant notamment des lampes infrarouge et ultraviolet, en modifiaient irrégulièrement les reflets et les aspects. Des sons spectraux, très variables dans leur inten-sité et leur gamme en fonction des allées et venues dans les lieux, émanaient de l’ensemble.

Une odeur composite y circulait aussi, tandis qu’un foyer de plusieurs bois aromatiques devait annoncer l’entrée de l’exposition sur le trottoir, devant un long rouleau de toile peinte de Gallizio, posé au sol et foulé d’emblée par l’artiste et les visiteurs. Le volume du lieu avait été reconfiguré pour ressembler à un labyrinthe et chaque soir une jeune femme portant une robe taillée à partir d’une chute de peinture industrielle devait s’y promener à son gré.Sur le carton d’invitation, il était indiqué qu’il s’agissait de construire « une ambiance » géné-rale. La réalisation de Gallizio s’inscrivait ainsi dans une longue lignée de projets syn-esthésiques conduits par les avant-gardes, du futurisme italien au constructivisme russe, en passant par le dadaïsme. Elle entendait non seulement accélérer les émotions, comme l’écrit quelques mois avant l’exposition son auteur 2, mais également démontrer que les dif-férentes disciplines des beaux-arts devaient être combinées afin de produire un environne-ment complet comme œuvre d’art totale. Un tel dessein est sans aucun doute présent dès les débuts de la modernité artistique, au XIXe siè-cle, et chaque génération d’artistes, à l’avant-garde, a pu le réactualiser. Dans le cas des situationnistes et de Pinot-Gallizio, il constitue cependant une étape seulement vers la quête de nouvelles passions. En dévalorisant toute pra-tique artistique séparée (des autres arts comme de l’expérience vécue), l’œuvre voudrait inciter les artistes à la réalisation collective d’un nou-veau milieu de vie. D’autres artistes situation-nistes, comme Constant, explorent au même moment de telles contrées, à l’échelle plus vaste de l’architecture et de ce qu’ils appellent alors « l’urbanisme unitaire ». L’utilisation de tech-niques artistiques au service de la « construction de situations » est complétée par la recherche de comportements nouveaux, dont témoigne par exemple la « dérive » urbaine pratiquée par Debord et ses compagnons depuis le début des années 1950. La Caverne de l’antimatière est ainsi plus qu’une œuvre critique de la division du travail artistique ou une installation dou-

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blée d’une performance avant l’heure : elle veut représenter un modèle réduit de ce que pourrait être un environnement diversifié en émotions inattendues, et porteur de nouvelles formes de vie.

Deux tendances dans l’internationale : situationnisme et expérimentation

Ce programme esthétique et politique visant à libérer l’homme de l’ennui, de la répétition et du malheur en construisant une vie nouvelle fondée sur l’activité libre et le jeu plutôt que sur la contrainte du travail imposée que des loi-sirs produits par d’autres sont censés adoucir, a été poursuivi par les situationnistes de deux manières distinctes qui ont polarisé l’histoire et la mémoire du mouvement, comme de toutes les avant-gardes historiques du siècle passé. Sous la bannière générique du « détournement », les situationnistes ont en effet conçu deux voies pour sélectionner et combiner des élé-ments culturels déjà existants en une unité considérée comme supérieure 3. La première voie est centrée sur le réemploi de contenus de la culture et fut surtout appliquée à l’écriture, à la peinture et au cinéma. La seconde voie est celle d’un détournement des pratiques ou des « arts de faire ». Il y a ainsi deux détermi-nations devenues peu à peu antagonistes à l’intérieur de l’Internationale Situationniste : l’une disons littéraire et logocentrique et l’autre plus technique et praxéo-centrée ; l’une visant au dépassement et à la « fin de l’art » dans la mesure même où elle est encore dépendante des disciplines artistiques, la seconde circulant plus librement de part et d’autre de la ligne de démarcation de l’art et du non-art. Gallizio a été un des éléments les plus actifs de la seconde de ces tendances 4. À cause de sa profession de pharmacien et de sa pratique assidue de la chimie végétale, de l’archéologie et de l’anthropologie région-ale, il est prédisposé à établir des passerelles

nombreuses entre son art, les sciences et les techniques. Dès 1946, après un cours sur les herbes et les arômes de vin donné à l’Institut agricole de la ville, son atelier fut ainsi rebap-tisé « laboratoire expérimental d’Alba ». En plus de quinze ans d’activité, Gallizio y a accueilli d’autres artistes de l’avant-garde picturale mais aussi des physiciens, des ouvriers de Turin, des gitans à qui il avait offert un terrain pour refuge. La rencontre avec Jorn a orienté de manière décisive le laboratoire vers la recherche d’une intégration des méthodes scientifiques et artistiques et l’expérimentation empirique col-lective comme mode d’enseignement 5. Après le travail des céramiques, les premières recher-ches personnelles de Gallizio se concentrent sur les résines et sur les propriétés olfactives d’essences synthétisées aux couleurs. Ces élé-ments entreront dans la composition des sur-faces de la Caverne.Mais la grande œuvre issue des expérimenta-tions de Gallizio pendant cette période est le procédé de « peinture industrielle » découvert en décembre 1956 6. Il sape les principes d’unicité du geste créateur de l’artiste, retire son aura à l’œuvre d’art et vise à dévaluer l’activité pictu-rale séparée. Il montre qu’une machine est apte à produire des toiles expressionnistes abstraites, comme celles de Pollock ou de Mathieu, de même que des peintures Cobra ou d’art brut, en vogue à la même période. La machine à peindre de Pinot-Gallizio diffère cependant de celle, motor-isée, de Tinguely, montrée pour la première fois à la première biennale de Paris quelques mois après le vernissage de la Caverne 7. Faite à partir de chaînes de vélo, de larges poulies, de rouleaux métalliques qui étalent la peinture et aplatissent la toile, de brosses qui dispersent les matières, elle presse des séries à partir d’un monotype fait de torchons imbibés de peinture ( mélangée parfois à du sable, du charbon ) qui se dégradent au fil des utilisations. Elle sèche ensuite les mètres de toile. La prouesse de Gallizio tient au fait que la peinture industrielle n’a rien d’une peinture répétitive, même si elle est produite par une machine, puisque chacun

de ces fragments diffère de celui qui le précède. Pour le son de la Caverne, Gallizio a fait appel à une autre machine, le Theremin, un dispositif électrique inventé en 1919 par un scientifique et musicien russe, reconstruit avec des éléments de radio par un ami physicien du peintre et dissimulé derrière ses toiles.

De l’antimatière à l’anti-monde

L’emploi, dans le titre même de la Caverne, du thème scientifique de l’[m ] antimatière prolonge l’inclination expérimentale de l’artiste. Il s’agit, écrit-il à Drouin, d’offrir une protection pour les peurs de ceux qui vivent dans la « préhistoire de l’âge atomique » 8. La Caverne de l’antimatière est donc à la fois une grotte préhistorique, avec ses peintures rupestres, et un abri anti-atom-ique, mais antifonctionnaliste, un environne-ment qui stimule le désir autant qu’il répond aux besoins, suivant l’esprit de ce que Jorn avait conçu comme « Bauhaus imaginiste », c’est-à-dire un Bauhaus pourvu d’images. Dans la mobilisation de la notion d’« antimatière », se manifeste, bien entendu, une autre allusion à l’arme nucléaire mais aussi à la physique mod-erne. L’emprunt exprime surtout la fidélité de Jorn et Gallizio au matérialisme dialectique et, derrière lui, à l’espérance révolutionnaire 9. La découverte empirique de l’antimatière, con-firmée en 1955 par le physicien italien Emilio Segre, depuis un accélérateur de particules à Berkeley, confirme pour Jorn et Gallizio la valid-ité de la philosophie marxiste de la nature et, implicitement, de l’histoire. Le motif de l’antimatière offre en outre une métaphore pour identifier l’activité situation-niste. Le discours de la vulgarisation scien-tifique d’époque laisse en effet entendre que si un gramme d’antimatière est mis en con-tact avec un gramme de matière ordinaire, il se produira une réaction brutale libérant autant d’énergie que la fission de plusieurs

kilogrammes de plutonium. Séparée du monde tel qu’il est mais dotée des mêmes propriétés sauf une – la charge électrique –, contrainte de provoquer une explosion si elle entre en con-tact avec lui : telle est l’antimatière. Gallizio et Jorn approfondissent cette première intuition manichéenne à partir d’un article du physic-ien italien Francesco Pannaria qui a dével-oppé en 1949 la notion d’« anti-monde ». Pour ce dernier, l’absence de contact non explosif entre la matière et l’antimatière n’interdit pas un échange électromagnétique entre les deux ordres. Pannaria conçoit ainsi le monde phy-sique comme un théâtre où l’antimatière est dans les coulisses, la matière à l’orchestre, les échanges qu’elles entretiennent se jouant sur la scène. Les parties constituantes de la Caverne figurent cette rencontre. En effet, comme l’indique le carton du vernissage, le « mur de droite, le mur de gauche et le fond de la galerie représentent les réactions qui adviennent entre l’anti-matière, au plafond, et la matière, au sol. Ces forces se rencontrent et se fondent dans une “réalité provisoire”, représentée par le manne-quin habillé de peinture. » Avec une telle image, Gallizio cesse d’identifier l’activité de l’artiste révolutionnaire avec celle de l’antimatière : si la Caverne est une représentation de la rencontre de la matière avec sa face cachée, l’artiste est alors un acteur de la scène d’échange imag-inée par Pannari pour cette rencontre. « Nous sommes en position de catalystes, écrit ainsi Gallizio à Baj pendant l’été 1958, qui, comme tu le sais, sont en chimie des éléments indispen-sables, mais invisibles, d’une présence – nous sommes les éminences grises du chaos 10. » Zone franche de ce négatif puissant et imper-ceptible qu’est l’anti-monde et allégorie pos-sible de la rencontre explosive entre matière et antimatière, grotte préhistorique pour les temps nouveaux et prototype d’abri anti-atomique antifonctionnaliste, modèle réduit de milieu libre producteur de nouvelles passions et arme de décloisonnement des disciplines artistiques, de déplacement des activités créatives hors du monde de l’art : les figures de la Caverne sont

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donc multiples et fédèrent plusieurs lignes en tension de la pensée de Gallizio et des situation-nistes à la fin des années 1950. Elles témoig-nent surtout chez leur auteur d’un rapport aux techniques et à la science singulier au sein du mouvement : rapport clivé fait de distance et de familiarité. Dans la Caverne comme dans ses coulisses, le laboratoire d’Alba, la critique de la contribution scientifique à la menace de destruction nucléaire s’équilibre en effet avec la construction expérimentale de machines capa-bles d’aller au-delà de leur essence répétitive. L’emprunt à la notion d’antimatière et aux tech-niques expérimentales, chimiques, électriques ou mécaniques, n’est, quant à lui, destiné qu’à la construction d’un imaginaire « enfantin », selon Gallizio, susceptible d’outrepasser la grande peur de l’âge atomique et même de fonder l’humanité nouvelle 11.

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1. Il ne reste plus que des traces photographiques qui ne montrent donc qu’une infime partie d’un projet censé mobiliser tous les sens. La Caverne de l’antimatière a toutefois été reconstituée à l’occasion de l’exposition itinérante À propos de l’Internationale Situationniste présentée en 1989 au Centre Pompidou, à l’ICA de Londres et à l’ICA de Boston. Cf. Iwona Blazwick (ed.), An endless passion... an endless banquet, ICA/Verso, London/New York, 1989. À propos des conditions et des circonstances de sa fabrication, consulter : Mirella Bandini, L’esthétique, le politique – de CoBrA à l’Internationale Situationniste 1948 – 1957, Sulliver-Via Valeriano, Arles-Marseille, 1998 ; « Pinot Gallizio, de l’expérimentation à la situation », dans Yan Ciret (dir.), Figures de la négation. Avant-gardes de la fin de l’art, Paris-Musées/Art of this Century/Musée d’Art moderne Saint-Etienne Métropole, Limites Ltd. Éditions, �004, pp. 9�-9� ; Giorgina Bertolino, Francesca Comisso, Maria Teresa Roberto, Pinot Gallizio. Il Laboratorio della Scrittura, Charta, Milano, �005 ; Guy Debord, Correspondance, vol. 1, juin 195�-août 1960, Fayard, Paris, 1999 ; Corine Pencenat. « Au laboratoire d’Alba, chez Pinot-Gallizio », Journées d’études « Les espaces de l’atelier », http//publi-misha.u-strasbg.fr/document.php?id=11� ; Frances Stracey, « The Caves of Gallizio and Hirschhorn: Excavations of the Present », October, 116, Spring �006, pp. 8�-100.

�. Giorgina Bertolino et al., op. cit., p. 68-�0.

�. Sur la distinction entre le détournement et l’ultra-détournement, qui s’applique dans la vie sociale quotidienne, cf. Guy E. Debord, Gil J. Wolman, « Mode d’emploi du détournement », Les Lèvres nues, 8, mai 1956, rééd. Allia, Paris, 1995, p. �-9.

4. Le soir même du vernissage de l’exposition chez Drouin, a lieu, à Paris également, galerie Rive Gauche, une exposition de son complice Asger Jorn (Modifications) dans l’esprit, au contraire, du premier courant. Cf. Asger Jorn, « Peinture détournée », Discours aux pingouins et autres textes, Ensba, Paris, �001, pp. �14-�18 ; Yan Ciret, « Les modifications hérétiques d’Asger Jorn », dans Yan Ciret (dir.), op. cit., pp. 10�-104. Ainsi, cette soirée du 1� mai 1959, au départ conçue par Debord et les siens comme une première offensive concertée de deux artistes se présentant comme situ-ationnistes et anti-artistiques sur le marché de l’art parisien, est-elle d’emblée marquée par une tension irrésolue à l’intérieur du groupe entre deux types de rapport de la création présente aux arts du passé et aux autres pratiques contemporaines.

5. Sur cette thématique de conciliation des arts et de la science, cf. Asger Jorn, Pour la forme. Ébauche d’une méthodologie des arts, Allia, Paris, �001 (195�).

6. Giuseppe Pinot-Gallizio, « Discours sur la pein-ture industrielle et sur un art unitaire applicable », Internationale Situationniste, �, décembre 1959, rééd. dans Internationale Situationniste, Fayard, Paris, 199�, pp. 99-10� ; Frances Stracey, « Pinot-Gallizio’s ‘Industrial Painting’: Towards a Surplus of Life », Oxford Art Journal, vol. �8, �, �005, pp. �91-405.

�. Sur les machines à peindre en général et celles de Tinguely et Gallizio en particulier, cf. Maurice Fréchuret, La machine à peindre, Jacqueline Chambon, Paris, 1998.

8. Giorgina Bertolino et al., op. cit., p. 68-�0.

9. Celle-ci apparaît chez Jorn dans « Mouvement et forme. Sur le contenu progressif de la notion de dissymétrie », Pour la forme, op. cit., p. 11�.

10. Giorgina Bertolino et al., op. cit., p. ��. 11 Ibid., p. 68.

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On May 1�, 1959, at the Drouin gallery on rue Visconti in Paris, [m] Giuseppe Gallizio, known as [m] Pinot-Gallizio, pharmacist, chemist, amateur archeologist, painter with only a few years experience, former resistance fighter, and occasional city councilman in the small Italian city of Alba, in Piedmont, exhibited a Cave of Antimatter [m Caverne de l’antimatière ], com-posed, notably, of 145 meters of what he called “industrial painting.” Gallizio met the painter Asger Jorn in 1955 in Alba and, two years later, participated with him in the foundation of the Situationist International [m Internationale Situ-ationniste ] in Italy, uniting several small groups of the European artistic avant-garde of the period. The Cave of Antimatter was inscribed in the Situationist agenda as it was being devel-oped: it represented one of the first attempts at the “conscious construction of situations”—a goal that gave the group its name—though it was still limited to the art world. What relationships might exist between this collec-tive project led by Gallizio and the theme of antimatter? How can the elucidation of these relationships shine new light on the history of the Situationists and the avant-gardes? To answer these questions, we must first enter the Cave, based on what it is possible to know about it today.1

in the Cave and Beyond

The Cave of Antimatter was produced by covering all the walls, and also the floor, of the Drouin gallery with expressionist and abstract painting. Moving lights of various colors, which notably used infrared and ultraviolet light bulbs, modified the reflections and aspects irregularly. Spectral sounds—which varied in intensity and scale based on the comings and goings in the space —emanated from the installation as a whole. A composite odor was also circulating, while a hearth of several aromatic woods announced

the exhibition from the sidewalk, in front of the long roll of canvas painted by Gallizio, placed on the ground and trod upon, at first, by the artist and visitors. The volume of the space had been reconfigured to resemble a labyrinth, and every evening a young woman wearing a dress cut from a scrap of industrial painting would walk around at her leisure. The invitation explained that it was a matter of constructing a general “ambiance”. Gallizio’s realization was also inscribed in a long tradition of projects involving synesthesia, conducted by the avant-gardes, from Italian futurism to Russian constructivism, by way of Dadaism. It intended not only to accelerate the emotions, as its author wrote a few months before the exhibition, but also to demonstrate that the various disciplines in the fine arts should be combined to produce a complete environment, a total work of art.2 Plans such as these were no doubt present at the very beginning of artistic modernity, in the 19th century, and each generation of artists in the avant-garde has been able to re-actualize it. In the case of Pinot-Gallizio and the Situationists, it was only a step towards the quest for new passions. By devalorizing all separate artistic practice (in the other arts as well as in lived experience), the work encouraged artists to create a new living environment collectively. At the same time, other Situationist artists, like Constant, were exploring these regions on the vaster scale of architecture and what was called “unitary urbanism” at the time. The use of artistic techniques in the service of the “construction of situations” was completed by the search for new behaviors, among which, for example, the urban “dérive” [drift] practiced by Debord and his companions since the early 1950s. The Cave of Antimatter was thus more than a work that was critical of the division of artistic labor or an installation that doubled as performance before its time: it wanted to represent a small-scale model of what might be an environment diversified by unexpected emotions, and the bearer of new forms of life.

Pinot-Gallizio and The Cave of Antimatter, in the Antechamber of the Anti-world

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From antimatter to the anti-world

The use of the scientific theme of antimatter [m antimatière ], in the title of the Cave itself, extended the artist’s experimental inclinations. It was about offering protection, he wrote to Drouin, to those living fearfully in the “prehis-tory of the atomic age.”8 The Cave of Antimat-ter was therefore both a prehistoric grotto with its cave paintings and a fallout shelter, but an anti-functionalist one, an environment that stimulated desire as much as it responded to needs, in the spirit of what Jorn had conceived of as an “imaginist Bauhaus,” which is to say, a Bauhaus syle open to images. In the mobiliza-tion of the notion of “antimatter,” there was an allusion to nuclear weaponry, of course, but also to modern physics. The borrowing, above all, expressed Jorn and Gallizio’s fidelity to dialectical materialism and, behind that, revolutionary hope.9 The empirical discovery of antimatter, confirmed in 1955 by the Italian physicist Emilio Segre, at a particle accelerator in Berkeley, demonstrated for Jorn and Gallizio the validity of Marxist philosophy in nature and, implicitly, of history.Moreover, the theme of antimatter provided a metaphor for Situationist activity itself. The discourse of the scientific vulgarization of the period, in fact, suggested that if a gram of antimatter were placed in contact with a gram of ordinary matter, it would produce a brutal action that would release as much energy as the fission of several kilograms of plutonium. Antimatter: separated from the world as such but endowed with the same properties except for one—electrical charge—and forced to cause an explosion on contact. Gallizio and Jorn went more deeply into this first Manichean intuition based on an article by the Italian physicist Francesco Pannaria, who in 1949 developed the notion of the “anti-world.” For the latter, the absence of a non-explosive contact between matter and antimatter did not prevent an electromagnetic exchange between the two orders. Pannaria thus conceived of the physical

world as a theater in which antimatter waited in the wings, matter in the orchestra, and the exchanges between them occurred on stage. The constituent parts of the Cave depict this encounter. Indeed, as the invitation stated, the “right wall, left wall, and back wall of the gal-lery represent the reactions that occur between antimatter, on the ceiling, and matter, on the floor. These forces meet and are established in a ‘temporary reality,’ represented by the model dressed in painted canvas.” With this image, Gallizio ceased to identify the activity of the revolutionary artist with that of antimatter: if the Cave was a representation of the encounter between matter and its hidden side, the artist was an actor on the stage of exchange that Pannaria imagined for this encounter. “We are in the position of catalysts,” Gallizio wrote to Baj in the summer of 1958, “which as you know in chemistry are indispensable but invisible ele-ments of a presence—we are the gray eminen-cies of chaos.” 10 A free zone for this powerful and imperceptible negative that is the anti-world and a possible allegory for the explosive encounter between matter and antimatter, a prehistoric cave for modern times, and a prototype of an anti-func-tionalist fallout shelter, a small-scale model of a free environment that would produce new passions and a weapon with which to decompartmentalize artistic disciplines, and displace creative activities outside the world of art: the depictions of the Cave are multiple and unite several lines of tension in the thought of Gallizio and the Situationists in the late 1950s. Above all, they testify to their author’s singular relationship to technologies and to the science when compared to the rest of the movement: a divided relationship com-posed of distance and familiarity. In the Cave as well as in its wings (the Alba Laboratory) and the critique of the scientific contribution to the threat of nuclear destruction was in fact balanced by the experimental construction of machines capable of going beyond their repeti-tive essence. Borrowing the notion of antimatter

two tendencies in the international: Situationism and experimentation

This aesthetic and political agenda which aimed to liberate people from boredom, repeti-tion, and sorrow by constructing a new life based on free activity and play rather than on the constraints of imposed work that people’s leisure activities intended to make less harsh, was followed by Situationists of two distinct sorts that polarized the history and memory of the movement and all the historical avant-gardes of the past century. Under the generic banner of “détournement,” [diversion] the Situ-ationists in fact conceived of two ways to select and combine cultural elements that already existed into a unity considered superior.3 The first path was centered on reusing the contents of culture and applied above all to writing, painting, and cinema. The second path was a détournement of practices or “the practice of everyday life”. There are two determinations, therefore, that gradually become antagonistic within the Situationist International itself: one might be called literary and logocentric and the other, more technical and praxeo-centric; one aimed at going beyond art or to the “end of art” as long as it still relied on artistic disciplines; the second circulated more freely on both sides of the dividing line between art and non-art. Gallizio was one of the most active elements of the second of these tendencies.4 Because of his profession as a pharmacist, his assiduous practice of vegetal chemistry, archeology and regional anthropology, he was predisposed to establishing many footbridges between art, science, and technology. Starting in 1946, after a class on herbs and aromas in wine given at the city’s Agricultural Institute, his studio was rechristened the “experimental laboratory of Alba.” Over fifteen years of activity, Gallizio welcomed other artists in the pictorial avant-garde but also received physicists, workers from Turin, gypsies whom he offered a place of refuge. The meeting with Jorn decisively reoriented the laboratory toward

research into the integration of scientific and artistic methods and collective empirical experimentation as a way of teaching.5 After working with ceramics, Gallizio’s initial research focused on resins and the olfactory properties of essences and their synesthesis with colors. These elements would enter into the composition of the Cave’s surfaces. But the great work that emerged from Gallizio’s experiments during this period was the process of “industrial painting” discovered in December of 1956.6 It undermined the principles of the unity of the artist’s creative gesture, stripped away the aura from the work of art and sought to devalue separate pictorial activity. He showed that a machine could produce abstract expressionist canvases, like those of Pollock or Mathieu, as well as Cobra or art brut paintings, in vogue at the same time. Pinot’s painting machine differed, however, from the motorized one made by Tinguely, which was shown for the first time at the first Paris Biennial a few months after the opening of the Cave.7 Constructed out of bicycle chains, large pulleys, metal rollers that spread the paint and flattened the canvas, and brushes that dispersed the materials, it produced series based on a monotype made of cloths soaked with paint (sometimes mixed with sand or coal) that would gradually fade with use. It would then dry the meters of canvas. Gallizio’s prowess had to do with the fact that industrial painting had nothing to do with repetitive painting, even though it was produced by a machine, because each of these fragments differed from the one that preceded it. For the sound of the Cave, Gallizio also called on another machine, the Theremin, the electronic device invented in 1919 by a Russian scientist and musician, reconstructed with parts of a radio by one of the painter’s physicist friends and concealed behind his canvases.

Pinot-Gallizio anD the Cave oF antimatter

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and experimental, chemical, electrical or mechanical technologies, was only intended for the construction of a “childlike” imagination, likely, according to Gallizio, to override the great fear of the atomic age and even to estab-lish a new humanity.11

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1. Only a few photographic traces remain, showing a small part of a project meant to mobilize all the senses. Nevertheless, The Cave of Antimatter was reconstructed during the international exhibition About the Situationist International presented in 1989 at the Centre Pompidou, Paris, at the ICA in London and at the ICA in Boston. Cf. Iwona Blazwick (ed.), An endless passion... an endless banquet (London/New York: ICA/Verso, 1989). Regarding the conditions and circumstances of its fabrication, see: Mirella Bandini, L’esthétique, le politique—de CoBrA à l’Internationale Situationniste 1948-1957 (Arles-Marseille: Sulliver-Via Valeriano, 1998); “Pinot-Gallizio, de l’expérimentation à la situation,” in Yan Ciret (ed.), Figures de la négation. Avant-gardes de la fin de l’art (Paris: Paris-Musées/Art of this Century/Musée d’Art moderne Saint-Etienne Métropole, Limites Ltd. Editions, �004), pp. 9�-9�; Giorgina Bertolino, Francesca Comisso, Maria Teresa Roberto, Pinot Gallizio. Il Laboratorio della Scrittura (Milan: Charta, �005); Guy Debord, Correspondance, vol. 1, juin 195�-août 1960 (Paris: Fayard, 1999); Corine Pencenat, “Au laboratoire d’Alba, chez Pinot-Gallizio,” in “Les espaces de l’atelier,” http://publi-misha.u-strasbg.fr/document.php?id=11�; Frances Stracey, “The Caves of Gallizio and Hirschhorn: Excavations of the Present,” October, 116, Spring �006, pp. 8�-100.

�. Giorgina Bertolino, et al., op. cit., pp. 68-�0.

�. On the distinction between détournement and ultra-détournement, which is applied in everyday social life, see Guy Debord and Gil J. Wolman, “Mode d’emploi du détournement,” Les Lèvres nues 8, May 1956 (Paris: Allia, 1995), pp. �-9.

4. On the same night as the opening at galerie Drouin, there was another exhibition taking place at galerie Rive Gauche by his accomplice Asger Jorn (Modifications) in the spirit of the first current. Cf. Asger Jorn, “Peinture détournée” in Discours aux pingouins et autres textes (Paris: Ensba, �001), pp. �14-18; Yan Ciret, “Les modifications hérétiques d’Asger Jorn,” in Yan Ciret (ed.), op. cit., pp. 10�-04.

This evening, May 1�, 1959, initially conceived by Debord and his circle as a concerted first offensive by two artists presenting themselves as anti-artistic Situationists on the Parisian art market, was suddenly marked by an unresolved tension within the group between the two types of relationships of the art of the present with arts of the past and with other contemporary practices.

5. On the topic of cooperation between the arts and science, see Asger Jorn, Pour la forme. Ébauche d’une méthodologie des arts (Paris: Allia, �001). Originally published in 195�.

6. Giuseppe Pinot-Gallizio, “Discours sur la peinture industrielle et sur un art unitaire applicable,” Internationale Situationniste 3, December 1959, reprinted in Internationale Situationniste (Paris: Fayard, 199�), pp. 99-10�; Frances Stracey, “Pinot-Gallizio’s ‘Industrial Painting’: Towards a Surplus of Life,” Oxford Art Journal, vol. �8, no. �, �005, pp. �91-405.

�. On painting machines in general and those of Tinguely and Gallizio in particular, see Maurice Fréchuret, La machine à peindre (Paris: Jacqueline Chambon, 1998).

8. Giorgina Bertolino et al., op. cit., pp. 68-�0.

9. This appeared in Jorn’s “Mouvement et forme. Sur le contenu progressif de la notion de dissymétrie” in Pour la forme, op. cit., p. 11�.

10. Giorgina Bertolino et al., op. cit., p. ��.

11. Ibid., p. 68.

(Translated from French by Jeanine Herman)

Pinot-Gallizio anD the Cave oF antimatter

Page 72: Yodel Volume1

81imaginaires, naissent sur les cendres encore fumantes des conflits, en réaction contre les gouvernements qui les encouragent, tout comme l’humour absurde a fini par devenir un dérivatif important pour tous ceux qui cher-chent à échapper au traumatisme de la guerre. éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Created in the early 1930s by Groucho Marx. The Sovereign Nation of Freedonia soon became the subject for the film Duck Soup re-leased by Paramount Pictures in late 1933. The creation of Freedonia was politically motivated and became the Marx Brothers way to find humor while commenting on the troubled times they found themselves in after WWI and during the tension leading up to WWII. The film itself parodied war and the misguided leadership that allowed war to occur. After all, many na-tions real and imaginary are initiated out of the ashes of war and the distrust of leaders who encourage it, and absurd humor is an important outlet for people who seek some respite from the trauma war brings. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

m marx Brothers, Duck Soup, 1933

Frestonia [f ] m En 1977, les autorités locales menacèrent

d’éviction les squatters d’un bâtiment abandon-né de Freston Road, dans l’ouest de Londres. Inspirés par une comédie de Henry Cornelius datant de 1949, Passeport pour Pimlico, ils déclarèrent que le squat était une nation souveraine nommée Frestonia et n’avait pas de comptes à rendre au Royaume-Uni. Ayant sou-mis une demande de reconnaissance par l’ONU, ils mirent sur pied des forces de maintien de la paix chargées d’éviter l’éviction ordonnée par la municipalité de Londres.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m In 1977, squatters in an abandoned building on Freston Road, West London faced eviction by the local authorities. Inspired by a 1949 comedy film Passport to Pimlico, directed by Henry Cornelius, the squatters declared them-

Fonction Etc. ~~~

[f ] m Et le reste, ainsi de suite, on pourrait con-tinuer : l’infini que la locution latine se contente d’indiquer en une abréviation, la Fonction Etc. l’érige en facteur et en principe de création et de programmation. Mathématique schizophrène, une telle fonction ne serait pas tant une mise en relation de deux ensembles, élément par élément, qu’une exploitation de chaque entité dans toute l’étendue de ses potentiels. Les données se transfèrent d’une zone à l’autre, transmutent ; une identité en devient une autre, puis une autre, puis une autre ; à chaque image s’en ajoute une nouvelle, sur chaque couche du réel viennent s’en greffer plusieurs ; à un seul univers correspond une infinité d’autres. Avec la Fonction Etc. se désagrège la logique tradition-nelle du « ou bien… ou bien… » au profit de celle, plus polysémique et fertile, accumulation vertigineuse, du « et… et… ».

C’est la science-fiction qui a la première appliqué cette mécanique : plutôt que de s’en tenir à un corps, à une planète, à un univers, il s’agit de les multiplier, de les additionner, de les empiler. Par l’intermédiaire de ses mutants, la science-fiction embraye la Fonction Etc. : elle active les doubles, partage les identités, décuple le nombre des vies possibles. Ceci plus ceci et encore cela… pour mieux éprouver les capacités élastiques de la réalité. La Fonction Etc. implique un enchaînement continu de perceptions et une absence totale de point fixe : la vue chancelle, entraînée dans un mouvement en pleine accélération, qui laisse sur place les cadres de perception et d’observation habituels. Les œuvres s’abordent désormais en tant que liaisons et passages, non plus comme des lieux et des positions. L’art devient un trajet sans fin, non pas au-delà du réel, mais dans l’épaisseur de ses répétitions et de ses correspondances, dans la densité et la complexité de ses plis.

Function of an etc.~~~

[e ] m And all the rest, and so on, and so forth: the infinitude that the Latin wording is content to indicate by an abbreviation, the function played by etc., raises it into a creative and programming factor and principle. Schizophrenic

  /…

FREStoNiA Fre

pinot-galliZio et la caverne de l’antimatière dans l’antichambre de l’anti-monde/pinot-galliZio and the cave oF antimatter, in the antechamber oF the anti-World

B–14

Page 73: Yodel Volume1

82 83pouvant aller jusqu’à s’imaginer retrouver ainsi leur précédente incarnation. Dans un même temps, beaucoup s’interrogent, dans Second Life, sur le « devenir Furry », et ce d’autant plus que, au lancement de la plateforme, tous les avatars avaient une apparence humaine : on ne pouvait alors que se changer progressivement en Furry, grâce à l’écriture ou l’acquisition de scripts. Il est désormais possible de choisir une allure d’animal anthropomorphe dès le départ, ce qui a considérablement augmenté la commu-nauté des Furries, mais également rendu moins signifiante leur désignation commune.

[ m Kinoshita Kaori & della negra alain ]

  [ m second life ] [ m Goréens ][e ] m Community in Second Life. The Furries

form an immediately identifiable community in Second Life, bringing together avatars with hybrid animal and human attributes. To start with, “furry” (from the word “fur”) was a generic term referring to the anthropomorphic animals depicted in cartoons or science-fic-tion stories, before being applied by extension to the fans of such characters, often devotees of sophisticated disguises and conventions related to their passion. In Second Life, it is estimated that around �% of the avatars are Furries; for most of these players, their virtual transformation into an animal allows them to live and express their true “self”, rather than being a reference to a pre-existing hero. The animal chosen can be a simple totem, but many residents really do identify with it, and can go so far as to imagine they are thus rediscovering a previous incarnation. At the same time, many in Second Life wonder about the “Furry desti-ny”, especially as, at the launch of the platform, all avatars had a human appearance: it was then possible to change into a Furry only gradually, by means of writing or the acquisi-tion of scripts. It is now possible to choose an anthropomorphic animal appearance right from the start, which has considerably increased the size of the Furry community, but also made their shared designation less meaningful.

[ m Kinoshita Kaori & della negra alain ]

  [ m second life ] [ m Goréens ]

Furtivité Furtivity[f ] m [ m voir encadré p.83 ] Caractéristique d’un

engin militaire conçu pour avoir une signature réduite ou banale et donc pour être moins détectable, classifiable ou identifiable.

[ m 5.000.000.000 d’années ]

selves to be a sovereign nation called Frestonia, apart from the United Kingdom. They appealed for recognition by the United Nations, and asked for a peacekeeping force to prevent their evic-tion by the Greater London Council. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

m Furries

Furries[f ] m Communauté sur Second Life. Les Furries

forment sur Second Life une communauté immé-diatement identifiable, regroupant les avatars hybridant attributs animaux et humains. Au départ, « furry » (de l’anglais « fur », qui signifie « fourrure ») était un terme générique désignant les animaux anthropomorphes représentés dans des dessins animés ou dans des récits de scien-ce-fiction, avant de renvoyer, par extension, aux fans de tels personnages, souvent adeptes de déguisements sophistiqués et de conventions consacrées à leur passion. Dans Second Life, on estime qu’environ �% des avatars sont des Fur-ries ; pour la plupart de ces joueurs, davantage que la référence à un héros préexistant, la trans-formation virtuelle en animal permet de vivre et d’exprimer son véritable « moi ». L’animal choisi peut être un simple totem, mais de nombreux résidents s’identifient réellement à celui-ci,

mathematics: such a function would not be so much a linking of two groups, element by ele-ment, as an exploitation of each entity to the full extent of its potential. The data are transferred from one zone to another, transmuted; one identity becomes another, then another, then another; to each image a new one is added, on to each layer of reality several more are grafted, to a single universe an infinity of other ones corresponds. With the Function of an etc. the traditional logic of “or else… or else…” disinte-grates in favor of the more polysemic and fertile logic, the vertiginous accumulation, of “and… and…”.

Science fiction was the first to apply this mecha-nism: rather than confining itself to one body, one planet, one universe, it became a question of multiplying them, adding them up, piling them on. Through the agency of its mutants, science fiction puts the function of an etc. into gear: it activates doubles, shares identities, increases the number of my possible lives tenfold. This plus this and that too… so as better to test the elastic capabilities of reality. The Function of an etc. implies a continuous linked sequence of perceptions and a total absence of any fixed point: our sight sways, carried away in a move-ment accelerating at full speed, which leaves the usual frameworks of perception and observation standing. Works are now approached as links and passages, no longer as places and positions. Art becomes a journey without an end, not beyond reality, but into the depths of its repeti-tions and correspondences, into the density and complexity of its folds.

~~~

Furtivité ~~~

[f ] m Au contraire du camouflage, technique ancestrale de dissimulation et d’invisibilité dont le principe est de se fondre dans le paysage, la furtivité repose sur une paradoxale capacité à mettre en défaut les moyens de reconnaissance habituels tout en restant de fait visible. Un objet camouflé se travestit, se cache, s’immobilise pour passer inaperçu ; l’objet furtif esquive et se dérobe, ne donne pas prise, et dévie, fractionne ou leurre les signaux de détection. Invisible au radar, un bombardier furtif fait comme s’il n’était pas là ; pourtant, il suffirait de lever les yeux pour le découvrir, machine de guerre aux allures de science-fiction. En un éclair, le défaut de vis-ible se transforme alors en son excès : la furtivité est à la fois invisible et hyperspectaculaire, discrétion optimale et photogénie ultime.

Dans leur démarche comme dans leurs œuvres, notamment dans le rapport qu’elles entretien-nent avec le réel, nombre d’artistes s’approprient les caractéristiques inouïes de l’objet furtif. Ils n’affirment pas leur présence et s’avancent, à peine masqués, avant de révéler subitement la vraie nature de leur intervention et d’imposer leur impact. Ils développent des stratégies d’infiltration en se déjouant des habitudes de perception, s’introduisant subrepticement dans tous les territoires du réel pour soudainement en bouleverser l’appréhension. Dans l’œuvre d’art « furtive », un simple détail du réel, d’ordinaire invisible, prend une nouvelle dimension, devient photogénie ; sans crier gare, les artistes pénètrent et s’immiscent dans notre système interprétatif.

Furtivity~~~

[e ] m Unlike camouflage, an age-old technique for concealment and invisibility based on the principle of merging into the landscape, furtiv-ity relies on a paradoxical capacity to baffle the usual means of recognition at the same time as in fact remaining visible. A camouflaged object is disguised, hidden, immobilized so that it can pass undetected; the furtive object dodges and circum-vents, gives no hold, and sidetracks, breaks up or tricks detection signals. Invisible to radar, a furtive or stealth bomber is as if it was not there; yet people would only have to look up to find it, a war machine that looks like something out

FuRRiESFur FuRtivité Fur

Page 74: Yodel Volume1

84 85[e ] m [ m see box p. 83 ] The characteristic of a

military weapon designed to give it a reduced or commonplace signature which is therefore harder to detect, categorize or identify.

[ m 5.000.000.000 d’années ]

Fusa [f ] m Municipalité villageoise du comté de Horda-

land, en Norvège. En 2003, les habitant de Fusa ont proclamé une monarchie indépendante et Morten Holmefjord s’est porté volontaire pour être le vice-roi de Fusa. Le maire a lui-même sanctionné cette déclaration de souveraineté et d’indépendance par un traité signé avec Fusa. Le royaume, gouverné par un vice-roi, a re-trouvé son statut de municipalité ordinaire lors d’un référendum public, deux ans plus tard. Le Vice-roi Holmefjord fut contraint à l’exil en Uruguay. Fusa couvre un territoire de 378 km2 et comprend 137 kilomètres de côtes. Sa popu-lation est de 3750 habitants et son territoire attire des gens du monde entier. De vastes cratères de pierre formés par des tourbillons et par le mouvement de l’eau et de la glace qui, sur des milliers d’années, ont créé ces bassins de pierre, couvrent le paysage. Fusa est une commune autosuffisante qui s’enorgueillit de son indépendance et de son autonomie. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A village municipality within the cov-ers county of Hordaland, Norway. In 2003 the people of Fusa declared themselves an independent monarchy and Morten Holmefjord volunteered himself as viceroy of Fusa. Even the elected presiding mayor sanctioned the declaration of independent sovereignty with a treaty he signed with Fusa. The viceregal king-dom reverted back to an ordinary municipality when a public referendum was held two years later. Viceroy Holmefjord was forced to leave in exile in Uruguay. Fusa covers a territory of 378 km2 including, 137 km of which is coastline. It has a population of 3,750 citizens and its land attracts people from around the world. Large rock craters shaped by eddies and the movement of water and ice which over many thousand years created the rock pools that cover the landscape. Fusa is a self-sustaining commune that prides itself on its independence and self reliance.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

  /…

 

of science fiction. In a flash, the defect of vis-ibility is transformed into its excess: furtivity is simultaneously invisible and hyper-spectacular, optimum discretion and ultimate photogenicity.

In their approach and their works alike, in particular in their relationship to reality, quite a few artists take on the unprecedented char-acteristics of the furtive object. They do not declare their presence and move forward, barely concealed, before suddenly revealing the true nature of their intervention and imposing their impact. They develop strategies of infiltration by outsmarting habits of perception, intro-ducing themselves surreptitiously into every territory of reality in order suddenly to overturn apprehension. In the “furtive” work of art, a simple detail of reality, of invisible ordinari-ness, takes on a new dimension, and becomes photogenic; without shouting beware, artists penetrate into and interfere with our interpre-tative system.

~~~

    m Sea Shadow

    m F-177

FuSA Fus

Page 75: Yodel Volume1

8� 87spectateurs, inscrivant son travail dans un échange permanent.

[ m modUle ] 03/05/2007 – 03/0�/2007. Pro-gramme de gouvernement. Sur fond de ciel bleu, deux beat boxers récitent respectivement le programme officiel de Ségolène Royal et de Nicolas Sarkozy pour les élections présidentiel-les françaises de 2007.

[e ] m *1977, lives in Paris. Adriana Garcia Galan, a Colombian artist, has developed a body of work that is playful and political. She is particularly interested in the question of language and in the power of words, both the basis of any communication in modern society and tools of its construction. Multimedia, video, sound or performance, her works often require the participation of the public, placing her work in a permanent exchange.

[ m modUle ] 03/05/2007 – 03/0�/2007. Programme de gouvernement [Government Program]. With a perfectly blue sky as a background, two beat boxers recite the of-ficial agenda of Ségolène Royal and of Nicolas Sarkozy for the 2007 presidential elections.

m Œuvre / Work Programme de gouvernement, 2007 DVD, 24 min. 14 sec.,

Avec / featuring : Faty, David-x courtesy de l’artiste / of the artist

genée, bernadette & le borgne, alain[m 6, fig. #87 ][f ] m Bernadette Genée : *1949 ; Alain Le Borgne :

*1947 ; vivent à Concarneau et Paris. Depuis 1993, Bernadette Genée et Alain Le Borgne travaillent en lien direct avec des univers professionnels en apparence éloignés du monde de l’art. Les échanges qu’ils établissent avec le monde du cirque, de l’industrie textile, des comices agricoles ou même du Vatican aboutis-sent à une production artistique variée (instal-lations, objets, photographies, vidéos, œuvres sonores, performances, tableaux vivants, livres, ou expositions). En 1998, les artistes se sont intéressés aux codes et usages des milieux mi-litaires. Plusieurs années durant, ils ont établi de nombreux liens avec diverses personnes de l’Armée de Terre, de la Légion étrangère ou de l’Hôtel national des Invalides : de nombreuses histoires se sont tissées entre les lieux, les objets et les mémoires. Divers documents, arrangements et images en témoignent sous la forme de représentations imprévues qui énon-cent l’ambivalence de leur statut à la fois réel et symbolique.

[ m modUle ] 05/04/2007 – 29/04/2007. Unités élémentaires. Dans un premier espace du Mo-dule a été présenté Couvre-chefs, un ensemble de soixante-dix photographies de képis retour-nés. Les effets personnels des militaires qui y sont cachés dévoilent leur intimité et l’envers de leurs relations entre identité personnelle et unité collective. Le deuxième espace du Mo-dule était occupé par une double projection vi-déo, un corpus de films militaires et de vidéos réalisées par les artistes. Aubade, Sortilèges et Je crèche derrière le musée, tournés avec la participation de la Légion étrangère, évoquent chansons, poèmes et crèches de Noël. Simul-tanément, la programmation de films extraits des archives de l’ECPAD (établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense), sélectionnés par les artistes, présente des militaires pratiquant des activités parallèles, par nature étrangères au combat.

[e ] m Bernadette Genée: *1949 ; Alain Le Borgne: *1947 ; live in Concarneau and Paris. Since 1993, Bernadette Genée and Alain Le Borgne have been working in direct contact with profes-sional contexts that appear far removed from the world of art. The exchanges they have established with the worlds of the circus, the textile industry, agricultural shows or even the Vatican have resulted in a varied artistic out-put (installations, objects, photographs, videos, sound works, performances, tableaux vivants, books, or exhibitions). In 1998 the artists became interested in the codes and customs practised in military circles. Over the course of several years, they established numerous relationships with people in the Army, in the Foreign Legion, or with pensioners at the Hôtel National des Invalides, and gradually became intimately connected to these communities and their many stories, objects and memories. Through their production of documents, instal-lations and images, the artists create repre-sentations of ambivalent status, both real and symbolic.

[ m modUle ] 05/04/2007 – 29/04/2007. Unités élémentaires [Elementary Units]. Couvre-chefs [Headgear] (2007), a new set of seventy photo-graphs of upside-down kepis or military caps, is presented in a first space of the Module. The personal effects of the servicemen that are hid-den there reveal private choices and activate a personal identity within a collective unit. The second space of the Module was occupied by a double video projection featuring a number of military films, and videos made by the artists.

g galFard, christophe[f ] m Docteur en physique théorique, diplômé

de l’université de Cambridge. Seul étudiant français à avoir travaillé avec Stephen Hawking, il a étudié les trous noirs et l’évolution de notre univers. Il se consacre actuellement à l’explica-tion des idées scientifiques modernes au grand public à travers des créations littéraires et ciné-matographiques. Il a co-écrit avec Hawking et sa fille Lucy Hawking Georges et les secrets de l’univers (Pocket Jeunesse, 2007), premier tome d’une trilogie romanesque pour enfants sur la science et notre univers. Il donne par ailleurs des conférences grand public sur la science, l’espace et l’univers, illustrées d’animations conçues avec l’aide de spécialistes en effets spéciaux numériques. [ m antimatière ] [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde 

renVersé  ] [ m Positron ] [ m dirac (équation de) ] [ m Palais /  ]

[e ] m A doctorate in theoretical physics from Cambridge University. He is the only French student to have worked with Stephen Hawking, has studied black holes and the evolution of our universe. He is currently engaged on explaining modern scientific ideas to the public at large through literary and cinematographic works. He has collaborated with Hawking and his daughter Lucy Hawking on writing George’s Secret Key to the Universe (Simon & Schuster, 2007), the first volume of a trilogy of novels for children on science and our universe. Furthermore he gives lectures to the general public on science, space and the universe, illustrated with anima-tions devised with the help of experts in digital special effects. [ m antimatière ] [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ] [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ] [ m Positron ] [ m dirac (équation de) ] [ m Palais /  ]

galliZio giuseppe [ m voir p. B-3 / see p. B-9 ]

garcia galan, adriana[m 6, fig. #84 ][f ] m *1977, vit à Paris. Adriana Garcia Galan,

artiste d’origine colombienne, réalise depuis quelques années un travail à la fois ludique et politique. Elle s’intéresse particulièrement à la question du langage et au pouvoir des mots, qui sont à la base de toute communication dans la société actuelle et un outil de construction. Multimédia, vidéo, son ou performance, ses œuvres requièrent souvent la participation des

GAlFARDgal GENéE & lE BoRGNE gen

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88 89demolish the refuges of the enemy combatants from inside. Then the idea is to take advantage of such hi-tech equipment as thermal sights or wall-penetrating ammunition to approach the movement, deployment and organization of troops through the town in a different way, and above all to “reinterpret” architecture to their own advantage. This notion of inverse geom-etry, put forward by General Aviv Kochavi, in charge of the attack on Nablus in April 2002, is more than just a tactic aimed at contesting the advantage enjoyed by the enemy of being on their own ground. Thus General Shimon Naveh, one of the main theorists behind this new art of warfare, claims to be influenced by the think-ing of Gilles Deleuze and Félix Guattari: taking up the distinction proposed in A Thousand Plateaus between striated space, a hierarchical system in which “lines and trajectories tend to be subordinate to points: we move from one point to another”, and smooth space, a multi-dimensional level in which the continuity of the trajectory takes precedence, he enjoins his troops to “smooth out space”, to impose their movement on the “striated” Palestinian zones of walls, barbed-wire fences and trenches. The notions of fluidity or drift valued by fundamen-tally critical thinkers are thus diverted for the benefit of a very real practice of disorganizing space, the end purpose of which is no longer static occupation, but the control of frontiers.

[ m essaimage ] [ m operational Theory resarch institute ] [ m Weizman, eyal ] [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ]

géorgie (république de)The Republic of Georgia [f ] m Groupe factieux qui revendique l’état

de Géorgie, aux états-Unis. La république a officiellement fait sécession le 19 janvier 18�1. Mais son indépendance ne dura offi-ciellement que quelques jours, un comité de « délégués du peuple de l’état de Géorgie » ayant décidé d’autoriser l’état de Géorgie à rejoindre les états Confédérés d’Amérique le 4 février. Certains historiens, ainsi que ceux qui revendiquent aujourd’hui leur allégeance à la république de Géorgie, affirment que les mem-bres de ce comité étaient en fait des agents de la couronne d’Angleterre. Ils ne représentaient en aucun cas le peuple de Géorgie, qui, dans sa grande majorité, souhaitait à ce moment-là le maintient de l’autonomie de la Géorgie en tant qu’état libre et indépendant. La République de Géorgie a désormais une taille considéra-

blement réduite, mais ceux qui soutiennent son existence hissent encore le drapeau à une étoile de la Géorgie. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Seditionist group that claims its territory as the existing state of Georgia in the United States. The Republic officially seceded on January 19, 18�1. The Republic’s independence officially lasted only a few days, as a committee calling themselves ‘the Delegates of the People of the State of Georgia’ decided to agree to al-low the state of Georgia to join the Confederate States of America on February 4. Some histori-ans and the people who today pledge allegiance to the Republic claim that those delegates were actually agents of the crown of England and that they were in fact unrepresentative of the people of Georgia, the majority of whom, according to the Republic, wanted to maintain autonomy as a free and independent state. The Republic of Georgia has become small, but those who support it still fly the “Georgia One-Star” flag. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

m Joe Coleman, Tenebrae for Carlo Gesualdo, 2004

gesualdo, carlo[f ] m 15�0 – 1�13. Compositeur italien. En 1590 il

assassina sa première épouse, Maria d’Avalos, et son amant, Fabrizio Carafa, surpris en flagrant délit d’adultère. Ses crimes vinrent hanter le compositeur vers la fin de sa vie. La mort de son second fils, perçue par ce mystique comme l’œuvre de la justice divine, déclencha en lui le besoin d’expier ses fautes par des séances de flagellation pour, selon sa propre expression, « chasser les démons ». Ce double meurtre ainsi que ces pratiques masochistes contribuèrent à

Aubade [Dawn Serenade] (2000), Sortilèges [Magic Spells] (2001) and Je crèche derrière le musée [I hang out behind the museum] (2002), feature men from the Foreign Legion sing-ing songs, reciting their poems, or making Christmas crèches. Shown simultaneously is a programme of films from the archives of the ECPAD (Defence Ministry Audiovisual Com-munication and Production Office) selected by the artists, showing servicemen carrying out parallel activities far removed from combat.

m Liste des œuvres / List of works Couvre-chefs, 2002-2007

78 photographies / photographs Tirages jet d’encres / inkjet prints, 40 x �0 cm Unités élémentaires, 2007 Double projection vidéo / double video

projection, 25 min

m Géométrie inverse / Inverse Geometry

géométrie inverseInverse geometry [f ] m Stratégie. Les évolutions récentes de la

géopolitique moyen-orientale – offensives de Tsahal en Cisjordanie et au Sud-Liban, abandon de certaines colonies, construction par Israël d’un mur de séparation avec la Palestine – ont

conduit les stratèges israéliens à modifier radicalement leur manière d’élaborer, de mener et même de penser leurs opérations militaires en dehors de leurs frontières. Ansi la tactique de la « géométrie inverse » préconise d’éviter les portes, les fenêtres et les rues et de creuser, à travers murs et plafonds, des tunnels de surface à la manière d’un Gordon Matta-Clark pour démolir de l’intérieur les refuges des combattants adverses. L’idée est alors de tirer parti d’équipements aussi perfectionnés que des viseurs thermiques ou des munitions perfo-rantes pour aborder autrement le déplacement, le déploiement et l’organisation des troupes à travers la ville, et surtout pour « réinterpréter » l’architecture à son propre avantage. Cette notion de géométrie inverse, proposée par le général Aviv Kochavi, responsable de l’attaque contre Naplouse en avril 2002, n’est pas qu’une tactique visant à contester à l’ennemi l’avan-tage du terrain. Ainsi, le général Shimon Naveh, un des principaux théoriciens de ce nouvel art de la guerre, se revendique de la pensée de Gilles Deleuze et Félix Guattari : reprenant la distinction proposée dans Mille Plateaux entre espace strié, système hiérarchisé où « lignes et trajectoires tendent à être subordonnés aux points : on se déplace d’un point à l’autre », et espace lisse, plan multidimensionnel dans lequel la continuité de la trajectoire prime, il enjoint ses troupes à « lisser l’espace », à impo-ser leur mouvement aux zones palestiniennes « striées » de murs, de barbelés et de tranchées. Les notions de fluidité ou de dérive prisés par des penseurs foncièrement critiques sont ainsi retournées au profit d’une pratique bien réelle de désorganisation de l’espace, dont la finalité n’est plus l’occupation statique, mais le contrôle des frontières. [ m essaimage ] [ m ope-rational Theory resarch institute ] [ m Weizman, eyal ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde 

renVersé  ][e ] m Strategy. Recent developments in the geo-

politics of the Middle East—attacks by Tzahal on the West Bank and in southern Lebanon, the abandonment of some settlements, the building by Israel of a dividing wall between it and Palestine—have led Israeli strategists to make radical changes in their way of prepar-ing, conducting and even thinking about their military operations outside their own frontiers. Inverse geometry tactics advocate avoiding doors, windows and streets and digging surface tunnels through walls and ceilings, in the manner of someone like Gordon Matta-Clark, to

GéométRiE iNvERSEgeo GESuAlDo ges

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90 91de communication et d’enregistrement à la fois pour diffuser la création contemporaine et pour en renouveler les techniques de création. Après quelques expérimentations menées avec [ m William s. Burroughs ] et [ m Brion Gysin ] lors de séjours de ces derniers au Chelsea Hotel, il fonde en 19�5 Giorno Poetry Systems (GPS) ; en 19�8, il imagine le service Dial-A-Poem, sys-tème de répondeur automatique aléatoire pro-posant des textes de Allen Ginsberg, Emmett Williams ou [ m Joe Brainard ] sur simple appel. En tant que label, GPS éditera par ailleurs des disques aux noms évocateurs (You’re The Guy I Want To Share My Money With, 1981 ; Like A Girl I Want You To Keep Coming, 1989) sur lesquels ont pu figurer Sonic Youth, Debbie Harry, Laurie Anderson, Arto Lindsay ou [ m lydia lunch ]. Artiste protéiforme, John Giorno continue aujourd’hui d’accompagner son œuvre écrite par des performances, et de travailler sur la dimension visuelle et graphi-que de ses textes, exposant régulièrement des prints et des painted poems.

[ m les jeudis de THe THird mind ] [ m répon-deur (tapez 9) ]

[e ] m *193�. By playing the lead role in one of [ m andy Warhol ]’s most widely noticed films, Sleep (19�3), which shows him sleeping for eight hours, John Giorno became a figure in the New York underground scene of the 19�0s. As a poet, he tried to take advantage of communica-tion and recording technologies both to dissem-inate contemporary creative work and renew the techniques whereby it is created. After carrying out a few experiments with [ m William s. Burroughs ] and [ m Brion Gysin ] when they were staying at the Chelsea Hotel, in 19�5 he founded Giorno Poetry Systems (GPS); in 19�8 he dreamt up the Dial-A-Poem service, a system based on an automatic answering machine randomly offering texts by Allen Ginsberg, Emmett Williams or [ m Joe Brainard ] simply by calling the number. As a record label, GPS also produced records with evocative names (You’re The Guy I Want To Share My Money With, 1981; Like A Girl I Want You To Keep Coming, 1989) which might feature Sonic Youth, Debbie Harry, Laurie Anderson, Arto Lindsay or [ m lydia lunch ]. A protean artist, John Giorno is still accompanying his written work with performances today, as well as working on the visual and graphic dimension of his texts, regu-larly exhibiting prints and painted poems.

[ m les jeudis de THe THird mind ] [ m répon-deur (tapez 9) ]

giraud, Fabien[m 5, fig. #�3, 6, fig. #77 ][f ] m *1980, vit à Paris. Fabien Giraud est diplômé

du Studio National des Arts Contemporains

– Fresnoy (200�). [ m modUle ] 14/09/200� – 29/10/200�. Sans

titre (Rodage) est constitué de trois mini-mo-tos qui, périodiquement, se mettent à rugir et cherchent à interagir entre elles. Chaque moto est équipée de capteurs et d’une intelligence artificielle sommaire qui détermine ses choix et son comportement vis-à-vis des autres. Il en résulte l’image d’une communauté embryon-naire faite de réglage et d’intensité, de rivalité, de vexation et de symbiose. [ m motos ]

[e ] m *1980, lives in Paris. Fabien Giraud is graduated from Le Fresnoy (National Studio of Contemporary Arts, 200�).

[ m modUle ] 14/09/200� – 29/10/200�. Untitled (Rodage) is a sculpture comprising of three mini-motorcycles placed on a low pedestal. Periodically, the motorcycles roar their engines and, with the help of artificial intelligence devices, they communicate with each other in an attempt to harmonize their sounds. The resulting image is one of an embryonic commu-nity made of adjustments, intensities, rivalry, playful anger, and symbiosis. [ m motos ]

m Œuvre / Work Sans titre (Rodage), 200�

Courtesy Fresnoy, studio national des arts contemporains & Palais de Tokyo

m  Bruno Gironcoli, sans titre, 2003

gironcoli, bruno[m 4, fig. #55 ][f ] m *193�, vit à Vienne. Bruno Gironcoli se

consacre à la sculpture et aux assemblages de matières brutes et métalliques. Par la trans-formation d’objets ludiques et de symboles, souvent liés à la sexualité, les thèmes de l’alié-nation et de l’absurde s’imposent dans l’espace. Ses œuvres monumentales, généralement sans titre, ont été présentées, entre autres, à la

la postérité de Gesualdo. La vie du compositeur a inspiré un tableau à [ m Joe Coleman ].

[e ] m 15�0 – 1�13. Italian composer. In 1590 he murdered his first wife, Maria d’Avalos, and her lover, Fabrizio Carafa, surprised in the act of committing adultery. His crimes returned to haunt the composer and mystic towards the end of his life. The death of his second son, perceived by him as the work of divine justice, triggered a need in him to expiate his sins through sessions of flagellation, in order—in his own words—“to drive out the demons”. That double murder and those masochistic practices contributed to Gesualdo’s subsequent legacy. The composer’s life inspired a picture by [ m Joe Coleman ].

m Ghost Rider

ghost rider [m 6, fig. #7� ][f ] m Motard suédois anonyme, Ghost Rider roule

à plus de 300 km/h sur les autoroutes et filme ses performances. Il est devenu un personnage culte sur internet.

[ m modUle ] 14/09/200� – 01/10/200�. La vidéo A Day in Paris (Ghost Rider Goes Crazy in Eu-rope) est un hommage au Prince Noir qui avait effectué le tour du périphérique parisien en 11 minutes et 4 secondes. Ghost Rider a retenté l’expérience en 2004 à bord d’une GSX-R 1000.

Le record a été largement battu puisqu’il est passé sous la barre des 10 minutes soit 9 minu-tes 57 secondes, soit une vitesse de 190 kmh. [ m motos ]

[e ] m An anonymous Swedish motorcyclist, Ghost Rider films himself as he drives on Scandi-navian highways at almost 200 mph. Now a cult figure on the Internet, Ghost Rider has transformed his flirtations with death into a hypnotic experience. He has become a celebrity on the internet and transforms his dangerous flirting with death into a hypnotic experience.

[ m modUle ] 14/09/200� – 01/10/200�. The video A Day in Paris (Ghost Rider Goes Crazy in Europe) is a tribute to the notorious Black Prince who achieved infamy through his illegal racing on the Paris Périphérique [the city’s 35 km ring road] in 11 minutes 4 seconds. Gost Rider beat the Black Prince’s record in 2004 in 9 minutes 57 seconds at a speed of 190kmh. [ m motos ]

m Œuvre / Work A Day in Paris (Ghost Rider Goes Crazy in Europe), 2004 ; Courtesy Ghost Rider, SWT Racing & Team GRV

m John Giorno

m andy Warhol, Screen Test: John Giorno, 19�4

giorno, john[f ] m *193�. En tenant le premier rôle d’un des

films les plus commentés d’[ m andy Warhol ], Sleep (19�3), qui le montre dormir pendant huit heures, John Giorno devient une figure de l’underground new-yorkais des années 19�0. Poète, il cherche à tirer parti des technologies

GhoSt RiDER gho GiRoNcoli gir

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92[e ] m *1954, lives in New York. With Robert

Gober, ordinary everyday objects such as doors, sinks, children’s beds or various parts of the body become strange and enigmatic. A vague malaise arises from these seemingly simple works which subtly touch on childhood, sexuality, segregation or even religion. With the series of Sinks (1984 -198�), Robert Gober studied all the possibilities of these objects, even going so far as to do away with the bowl and leave on the ground the side usually fixed to the wall, as in Partially Buried Sink (198�), a sink transformed into a virtual gravestone. Meticulously sculpted by hand, Gober’s sinks featured in the exhibition [ m THe THird 

mind ]—unlike [ m marcel duchamp ]’s famous Fountain that comes immediately to mind—are uneasy, perfectly controlled objects where the bizarre resides in contorted plumbing and a pile of hairs in a duct.

 

m Goréens / Goreans

goréensGoreans[f ] m Communauté dans Second Life. Les Goréens

constituent une des communautés les plus organisées et les plus controversées de Second Life. Les règles de vie de ses membres sont basées sur l’univers imaginé par l’Américain John Norman dans une saga heroic fantasy en-tamée en 19��, le « cycle de Gor » : y est décrite une planète cachée du système solaire, Gor, jumelle de la Terre, où évolue, entre barbarie et technologie, une société de castes, machiste et très hiérarchisée. À son sommet, on trouve des Maîtres, essentiellement des hommes, et à sa base, des femmes vouées à être esclaves, les « Kajirae », portant un collier de cuir et

devant se tenir à genoux ; si des femmes libres sont tolérées, le port du voile leur est imposé. Dès lors, les Goréens de Second Life s’apparen-tent à de sulfureuses confréries BDSM (pour bondage et discipline, domination et soumis-sion, sadisme et masochisme) alors même que, pour nombre de ses membres, le respect de telles règles relève du seul jeu de rôle. Cette communauté fonctionne ainsi sur le principe de la confiance et la solidarité entre ses membres, et évolue dans des espaces qui recréent leur univers de référence. On peut noter que les Go-réens éprouvent une animosité certaine envers les autres communautés présentes sur Second Life, particulièrement les [ m Furries ].

  [ m Kinoshita Kaori & della negra alain ]

  [ m second life ][e ] m Community in Second Life. Goreans are one

of the best organized and most controversial Second Life communities. Its members’ rules of life are based on the universe dreamt up by the American John Norman in a heroic fantasy saga he embarked on in 19��, the “Gor cycle “: in it Gor, a hidden planet in the solar system and a twin planet to Earth, is described, where a macho and very hierarchical society based on a caste system evolves, combining barbarism and technology. It is headed by Masters, primarily men, and at the bottom are women destined to be slaves, the “Kajirae” who wear leather col-lars and have to kneel rather than stand; while free women are tolerated, they have to wear a veil. This means that the Second Life Goreans are linked to BDSM (bondage, discipline, domi-nation and submission, sadism and masochism) fraternities, even though for some of members respecting such rules amounts to no more than playing a role. Thus this community operates on the principle of trust and solidarity between its members, and evolves in spaces that recre-ate their benchmark universe. Moreover, it can be observed that Goreans feel some animosity towards the other communities present on Second Life, in particular the [ m Furries ].

  [ m Kinoshita Kaori & della negra alain ]

  [ m second life ]

granat, amy[m 5, fig. #�0 ][f ] m *197�, vit à New York. Amy Granat réalise

des films sans caméra en utilisant la bande dans sa matérialité, qu’elle brutalise avec une lame de rasoir, une perforeuse, ou d’autres objets. Son travail avec le film de 1�mm troué ou gratté laisse une place au hasard mêlé à

biennale de Venise en 2003. Les teintes grises, argentées, chromées ou brillantes de leur surface dessinent des contours effilés et des formes évidées qui s’entremêlent. Les géants de Bruno Gironcoli, sculptures organiques et machiniques, sont autant de formes improba-bles qui semblent dotées d’une vie secrète. Des objets usuels sont détournés et associés à des éléments symboliques et des figures biomorphi-ques ou anthropomorphes. La transformation est la clef du travail de l’artiste qui ne propose rien de permanent, mais bien au contraire, de nouvelles formes évolutives qui sont la méta-phore d’un système opaque face auquel nous sommes souvent décontenancés.

[ m THe THird mind ][e ] m *193�, lives in Vienna. Bruno Gironcoli

devotes his time to sculpture and assemblages of raw and metallic materials. Through the transformation of play objects and symbols, often associated with sexuality, the themes of alienation and the absurd are imposed in space. His monumental and generally untitled works were presented at the 2003 Venice Biennial, among other places. The grey, silver, chrome or shiny hues of their surfaces outline slender contours and hollowed-out shapes that inter-mingle. Gironcoli’s giant organic and mechani-cal sculptures are improbable forms that seem to be endowed with a secret life. Commonplace objects are misappropriated and associated with symbolic elements and biomorphic or anthropomorphic figures. Transformation is the key to his work which offers nothing perma-nent: quite the opposite, it offers new open-ended forms that are a metaphor for an opaque system which often leaves us feeling confused. [ m THe THird mind ]

glandelinia [f ] m Nation créée par Henry Darger dans son

épopée de 15.000 pages en douze volumes inti-tulée L’Histoire des sœurs Vivian dans ce qui est connu sous le nom de royaume de l’Irréel et dans la violente guerre glandéco-angélinienne causée par la révolte des enfants esclaves.

[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ][e ] m Nation created by Henry Darger in his

15,000-page 12-volume single-spaced typewrit-ten epic entitled The Story of the Vivian Girls, in What is Known as the Realms of the Unreal, of the Glandeco-Angelinnian War Storm, as caused by the Child Slave Rebellion.

[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

gnoseGnosis[f ] m Variante ésotérique de la théologie. Les

grands gnostiques de l’époque alexandrine sont Basilide, Simon le Magicien ou Marcion. Plus tard, le gnosticisme a inspiré les Bogomiles, les Cathares, le Collège de Pataphysique et les Beat-les. [ m satanisme ] [ m occultisme ] [ m Pop music ] [ m Backward messages ]

[e ] m An esoteric variant of theology. The great Gnostics of the Alexandrian period were Basilides, Simon Magus or Marcion. Later on, Gnosticism inspired the Bogomils, the Cathars, the College of Pataphysics and the Beatles. [ m satanisme ] [ m occultisme ] [ m Pop music ] [ m Backward messages ]

m robert Gober, Right Angle Sink, 1984

gober, robert[m 4, fig. #53 ][f ] m *1954, vit à New York. Grâce à Robert Gober,

les objets ordinaires du quotidien tels que les portes, les éviers, des lits d’enfants ou diverses parties du corps deviennent étranges et énigma-tiques. Un malaise indistinct s’échappe de ces œuvres à l’apparente simplicité qui touchent, par des biais subtils, à l’enfance, la sexualité, la ségrégation ou encore la religion. Avec la série des Sinks [éviers] (1984 -198�), Robert Gober étudie tous les possibilités de cet objet, allant jusqu’à en supprimer la cuve et laisser au sol la paroi habituellement fixée au mur comme pour Partially Burried Sink (198�), évier transformé en quasi pierre tombale. Méticuleusement sculp-tés à la main, les éviers de Gober présentés dans l’exposition [ m THe THird mind ] sont, à l’inverse de la fameuse Fontaine de [ m marcel duchamp ] auxquels ils font immédiatement penser, des objets troubles et parfaitement maîtrisés où le bizarre se loge dans le dénuement d’un quoti-dien décontextualisé.

GlANDEliNiAgla GRANAt

93

gra

Page 79: Yodel Volume1

94 95

gravité quantique à boucles Loop quantum gravity[ m voir p. a-4 / see p. a-12 ]

m Tim Treadwell (Grizzly Man)

griZZly man[f ] m Documentaire de Werner Herzog (2005)

retraçant la vie et la mort et de Tim Treadwell, écologiste controversé tué par des grizzlis.

  [ m Jeudis de Cinq milliards d’années ][e ] m A documentary by Werner Herzog (2005)

retracing the life and death of Tim Treadwell, a controversial ecologist killed by grizzly bears.

  [ m Jeudis de Cinq milliards d’années ]

grossman, nancy[f ] m *1940, vit à New York. Nancy Grossman ex-

plore le collage, la sculpture et les assemblages. Ses matériaux de prédilection comme le tissu, le cuir ou le métal délimitent un univers où la sexualité se mêle à la violence sous un jour ambigu et fascinant. Le thème du corps y est omniprésent, comme dans la célèbre série des « têtes ». En bois sculpté, elles sont habillées de cuir noir et de formes agressives : pic, corne, harnais de chevaux. Chaque visage masqué marque à la fois l’instrumentalisation des corps et la dissimulation de toute identité.

[ m THe THird mind ][e ] m *1940, lives in New York. Nancy Grossman

explores collage, sculpture, and assemblages. Her favourite materials, such as cloth, leather or metal, define a universe in which sexual-ity is mixed with violence in an ambiguous and fascinating light. The theme of the body is omnipresent, as in her famous series of “heads”. Made from carved wood, they are clad in black leather and have aggressive shapes: a pick, horn, a horse’s harness. Each masked face marks both the instrumentalization of the body as well as hidden identity. [ m THe THird mind ]

m Summer of Love (Allen Ginsberg)

grunenberg, christoph [f ] m Directeur de la Tate Liverpool, il organise

en 2005 l’exposition Summer of Love : Art of the Psychedelic Era. À cette occasion, il publie avec Jonathan Harris l’ouvrage Summer of Love : Psy-chedelic Art, Social Crisis and Counterculture in the 1960s (Liverpool University Press ; Tate Liverpool, 2005) qui met en evidence comment le psychédélisme, dans ses diverses manifesta-tions visuelles et chimiques, a été le moteur de la contre-culture dans les années 19�0.

[ m Jeudis de THe THird mind ] [ m Hallucinogè-nes ] [ m Peyotl ] [ m 1969 ] [ m leary, Timothy ]

[e ] m As the director of Tate Liverpool, in 2005 he organized the exhibition Summer of Love: Art of the Psychedelic Era. To coincide with it, to-gether with Jonathan Harris he edited the book Summer of Love: Psychedelic Art, Social Crisis and Counterculture in the 1960s (Liverpool University Press; Tate Liverpool, 2005) which demonstrates how psychedelia, in its various visual and chemical manifestations, was the motor force of the counterculture of the 19�0s. [ m Jeudis de THe THird mind ] [ m Hallucinogè-nes ] [ m Peyotl ] [ m 1969 ] [ m leary, Timothy ]

guis, jean-pierre[f ] m Psychologue, anciennement chargé de cours

d’Esthétique musicale à la Sorbonne, Jean-Pierre Guis, est actuellement maire-adjoint du 12e arrondissement de Paris, mais aussi vice-président d’Anticor, association de lutte contre la corruption en politique. Il collectionne en musicologue averti disques et enregistrements en tous genres, du [ m yodel ] à la musique brési-lienne, en passant par le Texas et les Pygmées. [ m Jeudis de Cinq milliards d’années ]

[e ] m A psychologist, formerly responsible for Musical Esthetics classes at the Sorbonne, Jean-Pierre Guis is currently deputy mayor of the 12th arrondissement of Paris, as well as vice-

un jeu de graphisme et de son précis. Le cycle infini des films mis en boucle se lie au cycle de la présence et de l’absence, du noir et du blanc, du son et du silence.

Elle a participé aux expositions The Return of the Creature  (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz, 2003), et Leviathan Under Moon’s Influence  (Champion Fine Arts, New York, 2004), organisées par [ m steven  Parrino ]. [ m BasTard CreaTUre ]

[e ] m *197�, lives in New York. Amy Granat’s cameraless movies strip film away from its materiality with the use of chemicals, a razor blade, a hole-punch or other objects. Her work with holed or scratched 1�mm film leaves room for chance, while at the same time articulating a precise graphic sensibility. The endless cycle of looped films is linked to the cycle of absence and presence, black and white, sound and silence.

She took part in the exhibitions The Return of the Creature (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz, 2003) and Leviathan Under Moon’s Influence (Champion Fine Arts, New York, 2004), curated by [ m steven Parrino ].

[ m BasTard CreaTUre ]

granitoïd trans goa rascal koï koï, shimenaWa mamba, original peruvian carpet and digital project For musicians[m 2, fig. #22 – #24 ][f ] m Exposition personnelle de [ m daniel dewar 

& Grégory Gicquel ]. 22/03/2007 – 0�/05/2007. Ensemble de sculptures inédites, fidèles à leur univers protéiforme et radical. Un véhicule « préhistorique » sculpté et taillé en granit, un shimenawa, corde sacrée utilisée au Japon, monumental tressé en fil synthétique, une série d’ocarinas, petits instruments de musique, en bois peint et ciment et enfin un tapis en laine aux motifs trans-péruviens composent cet ensemble insolite de sculptures.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ][e ] m Solo exhibition of [ m daniel dewar &  

Grégory Gicquel ]. 22/03/2007 – 0�/05/2007. A collection of new sculptures that keep faith with their protean and radical universe. Thus a combi (campervan) sculpted and carved out of granite, a monumental shimenawa twisted out of synthetic thread, a series of ocarinas made from painted wood and cement, and finally a woollen rug with trans-Peruvian motifs form this unusual collection of full-size sculptures.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

m  Granat amy, Chemical Scratch Film #1, 2003

m Grossman nancy, Tilt, 1990

gra GRANitoïD tRANS GoA RAScAl koï koï GuiS gui

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9� 97there, “Les Mille et Une Nuits,” [ One Thou-sand and One Nights] a shady place where he invited players of Jajouka, Sufi trance music, to perform. He associated with Paul Bowles, made the acquaintance of [ m William s. Burroughs ] and became friends with the major figures in the Beat Generation, rejoining them in Paris, during his many stays at the Beat Hotel on rue Gît-le-Cœur. Inspired by Dadaist games and the Surrealists’ automatic writing, Gysin was noted for his experiments on language, the spoken word and recording of the spoken word. With William Burroughs he perfected several techniques of writing, starting with [ m cut-up ]; manipulating it in association with work on images would provide the material for the book [ m The Third Mind ]. He also invented the per-mutation process, which consists of exhausting every possible combination in organizing the words in a simple sentence, with the help of a young mathematician from London, Ian Som-merville, with whom he likewise developed the famous [ m dream machine ] in the early 19�0s. Focusing his experiences of life and his work-ing methods on a form of quest for self-dissolu-tion, in the 1980s he collaborated in particular with musicians like Steve Lacy or Ramuntcho Matta. Brion Gysin died in 198�, shortly after completing his book The Last Museum.

  [ m THe THird mind ] [ m The Third Mind, p. d-8 ]

m William S. Burroughs & Brion Gysin

president of Anticor, an association combating corruption in politics. As a knowledgeable mu-sicologist he collects records and recordings of all genres, from yodeling [ m yodel ] to Brazilian music, by way of Texas and the Pygmies.

  [ m Jeudis de Cinq milliards d’années ]

m Graham Gussin, Fall, 1997-200�

gussin, graham[f ] m *19�0, vit à Londres. Utilisant une grande

variété de médiums, le travail de Graham Gussin se glisse dans le fin interstice entre réalité et inconscient. Ses œuvres engagent le spectateur dans une certaine expérience de l’infini, entre déplacement de sens et confusion. Reprenant à son compte des images ou des histoires ex-istantes, il les distord jusqu’à fournir une com-plète manipulation de notre vision du monde.

Jouant avec l’idée d’attente, Graham Gussin a présenté dans [ m Une seConde Une année ] une nouvelle version de l’installation vidéo Fall (1997 – 200�). Le spectateur est face à une image projetée d’un lac de montagne, dont seules les traces de vent sur la surface de l’eau indiquent qu’il ne s’agit pas d’une image fixe. De manière aléatoire, selon un logiciel d’ordinateur, une immense pierre tombe dans l’eau, troublant par ses éclaboussures et son bruit la quiétude de la scène originelle.

[e ] m *19�0, lives in London. Working in a wide range of media, Graham Gussin addresses the borders between reality and the unconscious. His works reach for an experience of the infi-nite, between confusion and displacement. The artist appropriates existing images or stories, distorting them and manipulating our vision of the world.

In the oNE SEcoND oNE YEAR  [ m Une seConde 

Une année ] Graham Gussin presented a new version of Fall (1997 – 200�). The viewer faces a projected image of a mountain lake that is discernable as a moving image only thanks to the wind’s movements on the water’s surface. According to random decisions made by com-puter software, a huge rock falls into the lake, ruining—for a brief moment—the quiet and calm of the scene.

gysin, brion [m 4, fig. #45 – #47 ][f ] m 191� – 198�. Peintre et écrivain. Brion Gysin

n’a que dix-neuf ans lorsqu’en 1934, il est invité à exposer aux côtés du groupe Surréaliste dans une galerie parisienne, ses œuvres irrévéren-cieuses envers André Breton étant cependant décrochées sur le champ. S’intéressant à l’[ m occultisme ], au Zen, aux arts calligraphi-ques japonais et arabe, Gysin entame dès les années 1940 une œuvre complexe, mêlant pein-ture gestuelle et poésie sonore. Il part s’instal-ler à Tanger en 1950 et y ouvre un restaurant, « Les Mille et Une Nuits », lieu interlope où il invite à se produire des joueurs de Jajouka, musique de transe soufi. Il y fréquente Paul Bowles, fait la connaissance de [ m William s. Burroughs ] et se lie avec les acteurs de la Beat Generation, qu’il retrouve à Paris, au cours de ses nombreux séjours au Beat Hotel de la rue Gît-le-Cœur. Inspiré par les jeux dadaïstes et l’écriture automatique des Surréalistes, Gysin se démarque par ses expérimentations sur le langage, la parole et son enregistrement. Il met au point avec William Burroughs plusieurs techniques d’écriture, à commencer par le [ m cut-up ], dont la manipulation et l’associa-tion à un travail sur l’image donnera la matière à l’ouvrage [ m The Third Mind ]. Il invente éga-lement le procédé de permutation, qui consiste à épuiser toutes les combinaisons possible d’or-ganisation des mots d’une phrase simple, aidé par un jeune mathématicien londonien, Ian Sommerville, avec qui il élabore également la fameuse [ m dream machine ] au début des an-nées 19�0. Axant ses expériences de vie et ses méthodes de travail sur une forme de recherche de dissolution du soi, il collaborera notamment, dans les années 1980, avec des musiciens comme Steve Lacy ou Ramuntcho Matta. Brion Gysin meurt en 198�, peu de temps après avoir achevé son livre Le Dernier Musée.

  [ m THe THird mind ] [ m The Third Mind, p. d-2 ]

[e ] m 191� – 198�. A painter and writer. Brion Gysin was only nineteen when he was invited to exhibit alongside the Surrealist group in a gallery in Paris in 1934, although his works which were irreverent towards André Breton were immediately taken down. Gysin was interested in [ m occultism ], Zen, Japanese and Arab calligraphic art, and from the 1940s embarked on a complex body of work, mixing gestural painting and sound poetry. He moved to Tangiers in 1950 and opened a restaurant

GuSSiNgus GYSiN gys

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receptors. [ m Peyotl ] [ m sPeeCH aCT #1 ] [ m Thélème ] [ m William s. Burroughs ] [ m Brion Gysin ] [ m 1969 ] [ m The Third mind (livre) ]

handForth, mark[m 1, fig. #01 , #02 ][f ] m *19�9, vit à Miami. Adepte d’une esthéti-

que du patchwork, Mark Handforth assemble, transforme et détourne des objets du quoti-dien et de l’espace public. Dans ses sculptures et installations, l’artiste combine des éléments aussi hétéroclites que des panneaux indica-teurs, des lampadaires ou des deux roues. Après avoir intégré, pour une exposition à Rome, un système d’arrosage à une Vespa (Vespa Fountain, 2001), l’artiste récidive avec Honda (2002) mêlant mécanique et chandelles. Présenté dans l’exposition [ m 5.000.000.000 

d’années ], l’engin est couché sur le côté et les innombrables bougies de couleur posées sur la moto se consument, transformant la motocy-clette en autel improvisé.

[e ] m *19�9, lives in Miami. Mark Handforth cre-ates assemblages of objects taken from daily life or from public space. In his sculptures and installations, the artist combines elements as wide-ranging as road signs, lampposts, or motorcycles. After having incorporated a watering system within a Vespa for an exhibi-tion in Rome (Vespa Fountain, 2001), the artist follows up with Honda (2002), merging candles with mechanics. Presented in the 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’an-

nées ] group show, the motorcycle lies on its side, covered with countless coloured candles, transforming it into an improvised shrine.

hanovre (royaume de)The Kingdom of hanover[f ] m Nation non territoriale et souveraine

fondée en novembre 2002 par le roi James. En raison de la taille réduite de sa communauté nationale – constituée surtout de citoyens inscrits en ligne –, le Hanovre est souvent considéré comme une micronation. Sur le modèle du gouvernement britannique mo-derne, le Royaume de Hanovre est devenu une monarchie démocratique constitutionnelle.

Au cours de ses vœux pour l’année 2003, le roi James Ier, après avoir évoqué les différences entre individus et l’égalité entre les hommes, institua une méritocratie dans son royaume : dorénavant, les titres officiels seraient décer-nés en vertu des actes de chacun – et non en fonction de la richesse, de l’influence ou de l’ascendance. La loi organique proclamée le 27 janvier 2003 mit un terme à l’absolutisme et ouvrit la voie à un mode de gouvernement représentatif. Le Hanovre devint un état laïc soucieux de préserver la liberté de conscience et de conviction religieuse. Sous James Ier, Sir Steven Foong (aujourd’hui Lord Damo-neigh) établit la Banque royale du Hanovre et encouragea la mise en place d’une économie de marché fondée sur des échanges réels. Le talen fut déclaré unité monétaire officielle par décret royal ; des entrepreneurs indépendants commencèrent à ouvrir divers commerces – presse écrite, bureaux de graphisme, cabinet juridique, et même un casino en ligne. La citoyenneté du Hanovre est accordée gratuite-ment. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A sovereign, non-territorial nation founded in November of 2002 by King James. On ac-count of the small size of its national and principally on-line community, Hanover is often referred to as a “micronation.” Presently styled after the modern British form of government, the Kingdom of Hanover evolved to become a constitutional democratic monarchy. During a 2003 New Year’s address in which equality and individual difference were emphasized, King James I initiated a meritocracy in Hanover whereby official titles would be conferred based upon actions rather than wealth, influ-ence or family connection. Organic Law was proclaimed on January 27, 2003, bringing an end to absolutism and ushering in a new era of representative government. Hanover became a secular state celebrating freedom of religion and liberty of conscience. During the era of King James, Sir Steven Foong (now Lord Damoneigh) established the Royal Bank of Hanover with which it began to encourage the development of a real goods free-market economic system. The Talen was declared the official monetary unit by royal decree and independent entrepreneurs began to open small businesses, including newspapers, graphic design services, a law office and even a fully operational on-line casino. Citizenship of Hanover is freely granted.  [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

hhallucinogènes hallucinogens[f ] m Chimie. Les hallucinogènes sont surtout

des éléments végétaux ou des alcaloïdes qui en sont extraits ; d’autres sont des produits de synthèse.

Il est possible de les répartir en trois groupes : – les phényléthylamines, aux effets particulière-ment variés. Leur classification est difficile se-lon ce critère (par exemple mescaline, ecstasy) ; – les dérivés indoliques : les dérivés de la tryptamine (par exemple DMT, psilocybine) ; les dérivés indoliques à chaîne carbonyle (par exemple harmaline) ; les amides de l’acide lyser-gique (par exemple LSD, ibogaïne) ; – les hallucinogènes à structures diverses (par exemple salvinorine A, THC). Comme tout psychotrope, les hallucinogènes altèrent l’homéostasie du système nerveux central en agissant sur les concentrations en neuromédiateurs (acétylcoline, dopamine, no-radrénaline, sérotonine). Les mécanismes sont nombreux et sont encore l’objet de travaux, mais certains ont été précisément identifiés. Ainsi, la salvinorine A de la salvia divinorum agit uniquement sur les récepteurs opioïdes kappa. D’autres hallucinogènes agissent comme agonistes des récepteurs sérotoninergiques de type 5-HT2. [ m Peyotl ] [ m sPeeCH aCT #1 ] [ m Thélème ] [ m William s. Burroughs ] [ m Brion Gysin ] [ m 1969 ] [ m The Third mind (livre) ]

[e ] m Chemistry. Hallucinogens are mainly plant elements or alkaloids that are extracted from them; others are synthetic products.

It is possible to divide them into three groups: – phenylethylamines, with particularly varied effects. They are hard to classify because of this criterion (for example mescaline, ecstasy); – indole-group derivatives: tryptamine deriva-tives (for example DMT, psilocybin); carbonyl-chain indole-group derivatives (for example harmaline); amides of lysergic acid (for example LSD, ibogaine); – hallucinogens with various structures (for example salvinorin A, THC). Like all psychotropic drugs, hallucinogens impair the homeostasis of the central nervous system by acting on the neurotransmitter con-centrations (acetylcolin, dopamine, noradrena-line, serotonin). There are many mechanisms and they are still being worked on, but some have been precisely identified. Thus salvinorin A from salvia divinorum acts solely on the kappa-opioid receptors. Other hallucinogens act as agonists of the serotonin type 5-HT2

hAlluciNoGèNEShal hANovRE han

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100 101la poésie sonore de Henri Chopin ou François Dufrêne qui mettent le micro dans la gorge pour amplifier le corps-orchestre et achever de démanteler, après le signe, la voyelle jusqu’au bruit pur. Et puis, lisiblement, les noces de la musique et de la violence, la mise au monde de l’aberration rock, Bo Diddley, la course au boucan de la British Invasion (de mémoire, les plus durs, c’était The Creation), puis l’escalade infinie, Blue Cheer, les Sonics et le Velvet, Metal Music Machine ou le bruit de rien dans la machine mainstream, les Rallizes Denudés, Pere Ubu, l’industriel total de Throbbing Grist-le, P1�.D4, SPK, NON ou Neubauten, Branca et ses enfants, les Swans, Discharge puis Napalm Death, Slayer, le black metal, l’Everest de bruit sur la page de JR de William Gaddis en 1975, et, enfin, en même temps, juste avant, juste après, la pure boucle de mort, Whitehouse, [ m merzbow ], Hanatarash, le harsh noise. »

[ m olivier lamm ] [ m Palais / ] [ m les jeudis de la marqUe noire ] [ m noise]

[e ] m Extreme type of noise music. According to [ m olivier lamm ]: “Harsh noise is a black hole. Harsh noise is a deliberately released noise, a self-generated and likewise self-devouring labyrinth of feedbacks, with just a hand to sculpt it, an intention to guide it, barely an idea to conceptualise it. It is not noisy music but hewn noise-music, not a genre, still less a mixture, because it is born of sources detectable farther back in the history of music, in the history of the 20th century. We need to turn back a little, to the 20th-century hubbub, to understand this “birth-death experience,” if I may quote the title of a record by Whitehouse, their first what’s more. Jacques Attali wrote in Noise, published in 1977 (irrelevant, even so, whatever university academics of “noise” who love digging around in it for explanations may think), that “life is noisy, work noises, human noises, animal noises,” but above all what happened at the same time as machines and vehicles was the invasion of our lives by music, which became that total background noise with no relation to art, when the very means of storing it (records, tapes, waves and frequencies dematerialised in the air, in virtual memories, in networks) became supplementary sources of noise. In art, the path taken was an explosion to all corners of the world, the gradual invasion of the orchestra by glissandi and tessituras, Henri Barzun and simultaneity in poetry for making a racket, Dada, its drum noises and its mounds of

rubbish, Russolo and his war music machines, Schwitters and “thought made in the mouth,” Varèse and his sirens, Varèse and his drums, radios and turntables on the stage of the auditorium with Milhaud, with Cowell, with Cage, the interlude of music consisting of noises recorded (and organized, though this is irrelevant) by Schaeffer, the pure sound-effects happiness of nascent electronic music, Stockhausen who made white noise with hymns in praise of war, Cage again, less important for his violation of music by life than for his all-out championship of amateurism, of the totally random in pieces of music, plastic boxes for playing, AMM, the Nihilist Spasm Band and the others, Maciunas who breaks a piano, Persepolis by Xenakis who as early as 1971 delivered crushed metal noises and dusty saturated grinding sounds, real deliberate noise in the background of the tape, the sound poetry of Henri Chopin or François Dufrêne who put the microphone in the throat to amplify the body-orchestra and finish dismantling the vowel, after the sign, to make it pure noise. And then, as we can read, the marriage of music with violence, the begetting of the rock aberration, Bo Diddley, the rush towards racket of the British Invasion (from memory, the harshest were The Creation), then the endless escalation, Blue Cheer, the Sonics and Velvet, Metal Machine Music or the nothing noise in the mainstream machine, the Rallizes Denudés, Pere Ubu, the total industrialism of Throbbing Gristle, P1�.D4, SPK, NON or Neubauten, Branca and its children, the Swans, Discharge, then Napalm Death, Slayer, black metal, the Everest of noise on the page of JR by William Gaddis in 1975, and finally, at the same time, just before, just after, the pure death loop, Whitehouse, [ m merzbow ], Hanatarash, harsh noise.”

[ m olivier lamm ] [ m Palais / ] [ m les jeudis de la marqUe noire ] [ m noise]

haut yaFa (le sultanat du)Sultanate of Upper Yafa [f ] m Fondé en 1729 par le Grand-sultan Mohn-

fakh Maktab Sahbee. Le Sultanat du Haut Yafa se fit connaître en 19�7, alors qu’en Arabie

m Harsh Noise : Hanatarash

m Harsh Noise : Whitehouse

harsh noise[f ] m Courant extrême de la noise music. Selon

[ m olivier lamm ] : « le harsh noise est un trou noir. Le harsh noise, c’est un bruit volontaire-ment libéré, un labyrinthe de feedbacks autogé-néré, autodévorant en même temps, avec juste une main pour sculpter, une intention pour guider, à peine une idée pour le conceptualiser. Il n’est pas une musique bruyante mais une musique-bruit taillée, pas un genre, encore moins un mélange, car s’il est né d’amonts lisibles dans l’histoire de la musique, dans l’histoire du XXe siècle. Il faut se pencher un peu en arrière, le XXe siècle brouhaha, pour comprendre cette « birth-death experience », pour citer le titre d’un disque de Whitehouse, le premier de surcroît. Jacques Attali écrit dans son Bruits de 1977 (hors-sujet, quand même, n’en déplaise aux universitaires du noise qui adorent venir y piocher des explications), que « la vie est bruyante, bruits du travail, bruits des hommes, bruits des bêtes », mais ce qui est surtout arrivé en même temps que les machines et les véhicules, c’est la musique qui a envahi la vie, qui est devenue ce bruit de fond total sans filiation avec l’art, quand les supports de stockage eux-mêmes (disques, bandes, ondes et fréquences dématérialisées dans les airs, dans les mémoires virtuelles, dans les réseaux) sont devenus sources supplémentaires. Dans l’art, le parcours est un éclat dans toutes les directions du monde, l’invasion progressive des glis-sandi et des tessitures dans l’orchestre, Henri Barzun et la simultanéité dans la poésie pour «

boucaner », Dada, ses bruits de tambour et ses monceaux d’ordures, Russolo et ses machines de musique de guerre, Schwitters et « la pensée dans la bouche », Varèse et ses sirènes, Varèse et ses tambours, les radios et les platines sur la scène de l’auditorium avec Milhaud, avec Cowell, avec Cage, l’interlude de la musique de bruits enregistrés (et, c’est hors-sujet, organi-sés) de Schaeffer, le pur bonheur bruiteur de la musique électronique qui naît, Stockhausen qui fait du bruit blanc avec des hymnes va-t-en-guerre, Cage à nouveau, moins important pour son viol de la musique par la vie que pour son championing de la pratique amateur tous azimuts, de l’aléatoire total dans la pièce de musique, des boîtes en plastique pour jouer, AMM, le Nihilist Spasm Band et les autres, Maciunas qui casse un piano, Persepolis de Xe-nakis qui délivre, dès 1971, bruits métalliques écrasés et grincements saturés de poussière, du vrai noise volontaire dans le fond de la bande,

har hARSh NoiSE hauhAut YAFA

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102 103Hay-on-Wye. When asked if King Richard took his reign seriously he responded, “Of course not – but it’s more serious than real politics…” [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

m Cady noland, Untitled (Patty Hearst), 1989

hearst, patty[f ] m * 1954 à San Francisco. Fille de William

Randolph Hearst, magnat de la presse qui a servi de modèle pour le personnage de Citizen Kane, Patty Hearst fut enlevée en 1974 par l’Ar-mée de libération symbionaise, un groupuscule réclamant en échange de sa libération que de la nourriture soit distribuée aux pauvres. Bien que son père s’exécutât, elle finit par rejoindre ses ravisseurs et embrasser leur cause. Son his-toire a inspiré des œuvres de [ m Cady noland ] et de Michel Berger. [ m Benderson, Bruce ]

[e ] m * 1954 in San Francisco. The daughter of William Randolph Hearst, a press baron who was the model for the character in Citizen Kane, Patty Hearst was abducted in 1974 by the Symbionese Liberation Army, a small group who demanded that food should be distributed to the poor in exchange for setting her free. Although her father complied, she ended up joining her abductors and embracing their cause. Her story has inspired works by [ m Cady noland ] and Michel Berger. [ m Benderson, Bruce ]

hell’s angels[f ] m Motoclub. En 1957, Ralph « Sonny » Barger

fonde son premier club de bikers à Oakland, près de San Francisco, club qui deviendra dix ans plus tard le Quartier Général international des Hell’s Angels. Dans son autobiographie Hell’s Angel. La vie et l’histoire de Sonny Barger et du Hell’s Angels Motorcycle Club

Saoudite, une guerre opposait alors l’armée britannique et deux groupes nationalistes mili-tants, le Front pour la libération du Sud-Yémen (FLSY) et le Front national de libération (FNL). Le Haut Yafa était jusqu’alors un état du pro-tectorat d’Aden, dirigé par la dynastie Harhara. Sa capitale, Mahjaba, était une oasis au milieu du désert. Après le retrait des Britanniques, le FLSY et le FNL se disputèrent le contrôle de la région. Au milieu de ce chaos, le sultan déclara l’indépendance du Haut Yafa et auto-risa l’impression de timbres. Durant le siège qu’elle avait eu à subir, la nation était devenue autosuffisante par nécessité ; elle l’est encore aujourd’hui. En 1998, le Haut Yafa fut admis au Conseil international des états indépendants, et cet état put dès lors renouer des relations diplomatiques. Plus tard dans la même année, le Haut Yafa adopta la monnaie du sultanat d’Oman, son voisin. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ][e ] m Founded in 1729 by the great Sultan Mohn-

fakh Maktab Sahbee. The Sultanate of Upper Yafa became known to the world in 19�7, at the height of the war in South Arabia between the British Army and two militant nationalist groups: the Front for Liberation of Occupied South Yemen (FLOSY); and the National Libera-tion Front (NLF). Until that time, Upper Yafa was a state in the British Protectorate of South Arabia, and was ruled by the Harharah dynasty. Its capital was a desert oasis called Mah-jaba. When the British pulled out of the fight-ing the FLOSY and NLF clashed over regional control. Amid the chaos, the Sultan declared Upper Yafa’s independence and began to issue stamps. During the siege, the nation was forced to become self-sufficient, which continues to this day. In 1998, Upper Yafa was admitted to the ICIS (what some refer to as “the Fifth World’s United Nations”) renewing diplomatic relations. Later that year, Upper Yafa adopted the currency of the neighboring sultanate of Oman. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

hauviller, claude[f ] m Diplômé de l’école nationale supérieure de

l’Aéronautique et de l’Espace (SUPAERO) et du California Institute of Technology (Caltech), Claude Hauviller a travaillé auprès du Groupe-ment Atomique Alsacienne Atlantique (GAAA) et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avant de rejoindre le Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN) à Genève. Au sein de cette organisation, Claude Hauviller a par-

ticipé à la conception et à la construction des éléments les plus complexes des accélérateurs de particules et des détecteurs de physique associés ; il y est actuellement chargé de la coordination globale de l’installation du

[ m lHC ] (Grand Collisionneur de Protons), gigantesque accélérateur de particules sou-terrain. [ m matière ] [ m Gianni motti ] [ m Jean-Pierre merlo ] [ m les jeudis de Cinq milliards 

d’années ][e ] m A graduate of the école nationale

supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace (SUPAERO) and the California Institute of Tech-nology (Caltech), Claude Hauviller worked with the Groupement Atomique Alsacienne Atlan-tique (GAAA) and the Commissariat à l’énergie atomique (CEA) [French Atomic Energy Com-mission] before joining CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire) in Geneva. Within that organization, Claude Hauviller was in-volved in the design and construction of the most complex elements of particle accelerators and the associated particle physics detectors; he is currently in charge of the overall coordi-nation of the installation of the [ m lHC ] (Large Hadron Collider), a gigantic underground par-ticle accelerator. [ m matière ] [ m Gianni motti ] [ m Jean-Pierre merlo ] [ m les jeudis de Cinq 

milliards d’années ]

hay-on-Wye (royaume de) Kingdom of hay-on-Wye [f ] m Richard Booth, propriétaire de la plus gran-

de librairie d’une région du Pays de Galles en-tourée par le parc national de Brecon Beacons, est le roi de Hay-on-Wye. À des fins publici-taires, Richard Booth s’est couronné roi de Hay et s’est mis à distribuer duchés, comtés, baronnies et chevaleries pour un coût minime. Le royaume de Hay-on-Wye délivre également des passeports qui peuvent être tamponnés dans la plupart des pubs de la ville. Quand on demande au roi Richard s’il prend son rôle au sérieux, il répond : « Bien sûr que non – mais ça reste plus sérieux que la véritable politique… » [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Richard Booth who owns the largest book-shop in a region of Wales surrounded by the National Park of Brecon Beacons is the King of Hay-on-Wye. As a publicity stunt Richard Booth crowned himself King of Hay-on-Wye and now confers Dukedoms, Earldoms, Baro-nies and Knighthoods at a minimal cost. The Kingdom of Hay-on-Wye also issues passports that can be stamped on entry to most pubs in

m Hell’s Angels

m Ralph « Sonny » Barger

hAuvillERhau hEll’S ANGElS hel

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105of its masters an opportunity to speak—among others Hermann Zapf, a father figure in 20th-century graphic design, and Erik Spiekermann, the designer of FF Meta, the “Helvetica of the 1990s”—, individuals who are not well known to the public at large, for all that their designs define our visual and intellectual environment. [ m Thoenen, nik]

m Helvetica (affiche du film / movie poster)

henrot, camille[m 6, fig. #89 ][f ] m *1978, vit à Paris. Passionnée de cinéma, Ca-

mille Henrot manipule l’univers et les codes de la matière cinématographique comme d’autres utilisent le bois ou la peinture. Réalisant rare-ment ses propres films, elle préfère intervenir sur ceux des autres par l’utilisation de divers processus : dessin, grattage sur la pellicule ou collage. Chacune de ces techniques permet de faire surgir ombres, lumières ou fantômes et de démultiplier l’œuvre sous forme de photos, dessins, films ou installations. Camille Henrot s’approprie ainsi le cinéma populaire pour le ramener dans le champ de l’expérimentation avec poésie et imagination.

[ m modUle ] 01/02/2007 – 25/02/2007. Ni remake ni détournement, King Kong Addition est une version de King Kong qui permet tout simplement de regarder en superposition trois versions du film hollywoodien (1933, 197� et 2005). Œuvre mythique, King Kong est avant tout un film sur le cinéma et pour le cinéma. Le résultat de cette addition produit un film troublant à l’image noircie parfois illisible, dont l’opacité fait véritablement « écran », un écran sur lequel peuvent se projeter tous les fantasmes. De cette jungle d’images sombres

ne se détachent plus que les deux figures principales du film : le gorille et le personnage féminin. King Kong émerge de cette obscurité et résiste au brouillage visuel sous la forme d’une figure à laquelle le spectateur refuse de cesser de croire, cette figure monumentale que le cinéma ressuscite périodiquement.

[e ] m *1978, lives in Paris. Camille Henrot is a pas-sionate cinema lover and handles the universe and codes of cinematographic material as others do wood or paint. She seldom directs her own films, preferring to intervene in films made by other people using a variety of proce-dures: drawing, scraping on the film, or collage. Each of these techniques makes it possible to conjure up shadows, lights or ghosts and relay the work in the form of photographs, draw-ings, films or installations. Camille Henrot thus appropriates popular cinema, using poetry and imagination to bring it back into the experi-mental field.

[ m modUle ] 01/02/2007 – 25/02/2007. Neither a remake nor a misappropriation, King Kong Addition is a version of King Kong that simply makes it possible to look at three versions of the Hollywood film (1933, 197� and 2005) over-laid over one another. A legendary work, King Kong is first and foremost a film about the cinema and for the cinema. The end result of this mathematical addition is a disturbing film with blackened, sometimes illegible images, the opacity of which makes it truly a “screen”, a screen on to which any and every fantasy can be projected. Only the two main figures in the film now stand out from this jungle of dark im-ages: the gorilla and the female character. King Kong emerges from this obscurity and with-stands the visual confusion. He also remains the figure spectators refuse to stop believing in, that monumental figure the cinema periodi-cally resuscitates.

m Œuvre / Work King Kong Addition, 200�

Vidéo sonore / sound video ; courtesy de l’artiste / of the artist

holmes, steven[f ] m Curateur de la Collection Cartin, collection

privée d’art moderne et contemporain basée à Hartford, dans le Connecticut, qui présente des expositions dans le monde entier. Il a publié de nombreux écrits relatifs à la théologie et à l’histoire de l’art. Il a co-organisé l’exposition [ m Joe Coleman ] du Palais de Tokyo. [ m devotio moderna ]

(Flammarion, 2004), Ralph Barger revient sur les origines du club : « Je ressentais le besoin d’un club d’hommes plus soudé, capables de sauter sur leurs bécanes, de traverser le pays s’ils le souhaitaient, sans se plier à des règles ou à des horaires (...). Nous avons formé le club dans les années 1950 pour faire la bringue et se balader. Le terme de Hell’s Angels revenait dans les cercles militaires depuis la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920 à Detroit, un club affilié à l’American Motorcy-clist Association s’était donné pour nom Hell’s Angels. La Seconde Guerre mondiale a connu quelques groupes appelés Hell’s Angels, comme la 358e escadrille de bombardiers de l’American Air Force stationnée en Angleterre. Au cours des années 19�0 psychédéliques, le terme Hell’s Angels est devenu un nom d’usage courant. » [ m Chopper ] [ m Parrino, steven ] [ m indian larry ] [ m 1969 ]

[e ] m Motorcycle club. n 1957, Ralph “Sonny” Barger founded his first bikers’ club at Oak-land, near San Francisco, a club that ten years later was the wildest in California, and the in-ternational headquarters of Hell’s Angels. In his autobiography Hell’s Angel. The Life and Times of Sonny Barger and the Hell’s Angels Motorcy-cle Club (HarperCollins Publishers, 2001), Ralph Barger describes the club’s origins: “I felt the need for a more close-knit club for men who could jump on their bikes, ride across the coun-try if they wanted to, without bothering about rules or timetables (...). We formed the club in the 1950s to go on the spree and ride around places. The term Hell’s Angels had been around in military circles since the First World War. In the 1920s in Detroit, a club affiliated to the American Motorcyclist Association had been called Hell’s Angels. In the Second World War there were some groups called Hell’s Angels, like the 358th squadron of American Air Force bombers stationed in England. During the psy-chedelic 19�0s, the term Hell’s Angels became a name that was widely used.” [ m Chopper ]  [ m Parrino, steven ] [ m indian larry ] [ m 1969 ]

helvetica[f ] m Film documentaire réalisé par [ m Gary Hus-

twit ], dont le héros éponyme est un caractère typographique tout juste cinquantenaire. Au fil d’interviews et de reportages dans différentes villes du monde, ce long-métrage revient autant sur la création et la mise au point esthétique et technique de l’Helvetica que sur ses utilisa-

tions graphiques les plus emblématiques et sa fortune critique. Développé en 1957 par Max Miedinger et Edouard Hoffmann pour la fonde-rie Haas à Münchenstein en Suisse, l’Helvetica, d’abord baptisé Neue Haas Grotesk, ne prend son nom définitif qu’à sa commercialisation en 19�1, jouant de la renommée alors grandissante du graphisme suisse. Neutre mais élégant, lisible et précis, il s’impose bientôt comme l’une des typographies sans empattements de référence ; le gouvernement canadien et la com-pagnie aérienne Lufthansa y ont aujourd’hui recours, tout comme la marque American Apparel, la firme Apple ou le Palais de Tokyo. En revenant sur le succès de l’Helvetica, sa diffusion internationale et son omniprésence dans notre quotidien, le film de Gary Hustwit met en perspective notre culture visuelle, notre manière de lire l’espace et le monde qui nous entoure. Le documentaire rend également hom-mage à l’art typographique, donnant la parole à certains de ses maîtres – entre autres Hermann Zapf, figure tutélaire du graphisme du XXe siè-cle, Erik Spiekermann, auteur de la FF Meta, la « Helvetica des années 1990 » – , individus peu connus du grand public quand bien même leurs créations définissent notre environnement visuel et intellectuel. [ m Thoenen, nik]

[e ] m A documentary movie made by [ m Gary Hustwit ], the eponymous hero of which is a typeface that is just 50 years old. In the course of interviews and reportages in different cities of the world, this feature-length film dwells as much on the creation and esthetic and technical perfecting of the Helvetica typeface as on its most emblematic graphic uses and its critical fortunes. Developed in 1957 by Max Miedinger and Edouard Hoffmann for the Haas foundry at Münchenstein in Switzerland, Hel-vetica, initially called Neue Haas Grotesk, did not assume its final name until it was widely marketed in 19�1, playing on the then growing reputation of Swiss graphic design. Neutral but elegant, legible and precise, it soon became established as one of the benchmark sans-serif typefaces; the Canadian government and Luf-thansa airline use it today, as do the American Apparel brand, Apple or the Palais de Tokyo. By dwelling on the success of the Helvetica font, its international distribution and its omnipres-ence in our everyday lives, Gary Hustwit’s film puts our visual culture, our way of reading space and the world that surrounds us, into perspective. The documentary likewise pays homage to typography as an art, giving some

hElvEticA

104

hel holholmES

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10� 107[e ] m The curator of The Cartin Collection, a pri-

vate collection of modern and contemporary art based in Hartford, Connecticut that produces exhibitions internationally. He has published in the fields of criticism, theology and art his-tory. He has co-curated the [ m Joe Coleman ] exhibition at the Palais de Tokyo. [ m devotio moderna ]

hustWit gary[f ] m Trés actif dans les industries culturelles et

le monde des médias depuis la fin des années 1990, Gary Hustwit a notamment travaillé avec le label de musique punk SST Records, été vice-président du magazine en ligne Salon.com et a fondé, en 2001, Plexifilm, maison de production et d’édition de DVD. Il a coproduit plusieurs long-métrages documentaires sur la musique, parmi lesquels I Am Trying To Break Your Heart (2002), film sur le groupe Wilco réalisé par Sam Jones et Moog (2004), de Hans Fjelles-tad, sur le pionnier de la musique électronique Robert Moog. Helvetica, un documentaire typographique, est son premier film en tant que réalisateur. [ m Helvetica (Film) ] [ m les jeudis de la marqUe noire ]

[e ] m Gary Hustwit, who has been very active in the cultural industries and the media world since the late 1990s, worked with punk label SST Records, was Vice President of the media website Salon.com, and started the indie DVD label Plexifilm in 2001. Hustwit has produced several feature documentaries about music, including I Am Trying To Break Your Heart (2002), Sam Jones’ film about the band Wilco, and Moog (2004), by Hans Fjellestad, the docu-mentary about electronic music pioneer Robert Moog. Helvetica, a typographical documentary, is Hustwit’s directorial debut.[ m Helvetica (Film) ] [ m les jeudis de la marqUe noire ]

hutt river (la principauté de la province de)The hutt River Province Principality [f ] m Située dans le quart sud-ouest de l’Austra-

lie, la Principauté de la province de Hutt River, déclara sa souveraineté en plusieurs étapes à partir de 19�9. À cette époque, le gouverne-ment australien fit voter une loi sur l’agricul-ture interdisant la surproduction de céréales et assignant à chaque agriculteur une surface cultivable de 40 hectares maximum. Leonard Casley, à la tête d’une ferme produisant dix fois le maximum autorisé, ne pouvait plus payer ses employés et ses fermiers s’il se conformait

à la nouvelle loi. Il fit donc campagne pour la faire abroger, mais en vain. Il ne lui restait qu’une solution : la sécession, qu’il déclara le 21 avril 1970. L’Australie n’ayant ni reconnu, ni contesté cette sécession, Hutt River obtint automatiquement sa souveraineté le 21 avril 1972, en vertu de la loi. Au cours des années suivantes, Hutt River mit en place un gouver-nement, imprima des timbres, battit sa propre monnaie. En raison d’un différend avec la poste australienne, qui refusait de reconnaître ses timbres, le courrier de Hutt River fut alors re-dirigé vers le Canada. L’Australie ne cessant de lui réclamer des impôts, Casley déclara officiel-lement la guerre à son voisin en décembre 1977. Aujourd’hui, la principauté existe toujours, tourisme et agriculture constituant l’essentiel de son économie.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Located in the south-western quadrant of Australia, the Hutt River Province Principal-ity declared its sovereignty in several stages beginning in 19�9. The Australian government had passed agricultural legislation protecting against the overproduction of grain, limiting each farmer to the harvest of 100 acres. A farm owned by Leonard Casley found itself produc-ing the same amount of wheat it always had but according to the new law overproducing wheat by nearly tenfold. Its staff and depend-ents came to the support of Leonard Casley and his farm. Together they campaigned unsuccess-fully to ratify the law. Seeing a single option open to him, Casley lodged notice of secession on April 21, 1970. Because Australia failed to acknowledge or protest Casley’s secession (ac-cording to its own law) Hutt River gained legal status as a sovereign on April 21, 1972. Over the next several years, Hutt River developed a governing structure, issued stamps and money. At one point, a postal dispute resulted in out-going mail being diverted to Canada. Following Australia’s repeated demands for taxes, Casley officially declared war against his neighbours in December of 1977. The Principality still exists today on an economy of agriculture and tourism. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

hutt RivER hut

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108 109rendu public à l’occasion de l’Articultural Fair organisée par l’artiste Gavin Turk, pose explici-tement dès son premier article que « la mort est un type d’espace que nous avons l’intention de cartographier, de parcourir, de coloniser et, en fin de compte, d’habiter ». Si un tel projet peut sembler excentrique, sinon loufoque, l’INS le mène avec autant de minutie que d’assurance, mimant l’organisation d’un parti ou d’un groupe de réflexion. « Agents » et « Enquêteurs » sont responsables de programmes de recherches dont les résultats sont régulièrement rendus publics sous la forme de « Rapports » numé-rotés et de conférences, tandis qu’un Premier Comité organise régulièrement des cycles de débats et d’« Auditions » en collaboration avec artistes, chercheurs et institutions diverses. En s’appropriant et en déformant les modes de fonctionnement, d’analyse et de communica-tion en vigueur dans le monde de l’art comme dans ceux de la politique et des affaires, l’INS théâtralise la construction du savoir et parodie ses effets d’autorité. Cependant, cette mise en scène sert de support à une véritable entreprise artistique et littéraire : au fur et à mesure des publications et des manifestations qu’elle a or-ganisées, l’INS a mis en place un vocabulaire et des formes qui lui sont propres, s’inspirant tant de Georges Bataille et de Jean Cocteau que de Chris Marker ou d’Andreï Tarkovski. Après une première résidence du « Bureau de l’Antima-tière » au Centre Culturel Autrichien de Londres en 2001, Tom McCarthy est invité en 2002 à la DasArts Foundation d’Amsterdam, où il élabore un « Projet d’Histoire des Fusillades », tentant de reconstituer, avec l’aide de chorégraphes, d’experts en armes à feu et en informatique, le déroulement d’un règlement de comptes entre maffieux locaux. Entre 2002 et 2004, l’INS concentre ses activités sur les rapports entre transmission, mort et technologie, piratant le site de la BBC pour y incorporer sa propre propagande ; en 2004, elle organise à l’ICA de Londres la manifestation Calling All Agents et crée une « Unité de Transmission » chargée de diffuser des programmes radiophoniques cryptés. Les travaux préparatoires à cet évène-ment, dont le titre était repris d’une formule fétiche de [ m William s. Burroughs ], ont donné lieu à une publication, Calling All Agent – Ge-neral Secretary’s Report to the International Necronautical Society (Vargas, Londres, 2003). L’INS a par la suite mené plusieurs missions d’Inspection à Berlin, comportant plusieurs travaux de reconnaissance aérienne de l’archi-

tecture de la capitale allemande ; ses résultats ont été exploités par le « Bureau d’Interprétation Temporaire » mis en place à Bratislava en 200�, dans le cadre de l’exposition Pantheon : Heroes and Anti-Monuments. L’essentiel des archives de la Société Nécronautique Internationale sont disponibles sur le site Internet de l’organisation www.necronauts.org [ m occultisme ]

[e ] m Founded in 1999 by the artist and writer [ m Tom mcCarthy ], the International Necronauti-cal Society (or INS) simultaneously manifests aspects of an avant-garde movement, a true-false think tank and a secret society. As its name suggests, this “organization” has set itself the objective of exploring death as if it were a ter-ritory, and listing its manifestations and current states: its First Manifesto, launched at the Arti-cultural Fair organized by the artist Gavin Turk, explicitly posits in its first article that “death is a type of space, which we intend to map, enter, colonise and, eventually, inhabit”. While such a project may seem eccentric, not to say crazy, the INS carries it out both meticulously and with assurance, echoing the organization of a politi-cal party or a think tank. “Agents” and “Scouts” are responsible for research programs the results of which are regularly made public in the form of numbered “Reports” and lectures, while a First Committee regularly organizes series of debates and ”Hearings” in collaboration with artists, researchers and various institutions. By appropriating and twisting the operational, analytical and communication methods in force in the world of art as well as the worlds of politics and business, the INS turns the build-ing of knowledge into theater and parodies its authoritative effects. Nevertheless, this scenario serves as a base for a genuine artistic and literary enterprise: over time, in the course of the publications and events it has organized, the INS has established a vocabulary and forms that are peculiar to it, drawing inspiration as much from Georges Bataille and Jean Cocteau as from Chris Marker or Andreï Tarkovski. After a first residency at the “Office of Antimatter” at the Austrian Cultural Institute in London in 2001, in 2002 Tom McCarthy was invited to the DasArts Foundation in Amsterdam, where he prepared a “Shooting History Project”, working with choreographers, firearms experts and IT experts to attempt to reconstruct the course of a settling of accounts between local mafias. Be-tween 2002 and 2004, the INS concentrated its activities on the relationship between transmis-sion, death and technology, infiltrating the BBC

i

m Joe Coleman, Indian Larry’s Wild Ride, 200�

m Chopper Indian Larry

indian larry[f ] m « Indian » Larry Desmedt (1949 – 2004) était

un célèbre fabricant de motos, plus précisément de [ m choppers ], et un cascadeur. Il est mort d’un accident de moto lors d’une cascade. Ses créations ont été présentées à la Spencer Brow-stone Gallery, New York, dans une exposition organisée par [ m olivier mosset ]. [ m Coleman, Joe ] [ m Joe Coleman (exPosiTion) ] [ m Parrino, steven ]

[e ] m “Indian” Larry Desmedt (1949 – 2004) was a noted bike builder, stuntman, and innovator in the world of custom [ m choppers ]. He died from an accident in a motorcycle stunt. His creations were presented at Spencer Browstone Gallery, New York, in an exhibition curated by [ m olivier mosset ]. [ m Coleman, Joe ] [ m Joe Coleman 

(exPosiTion) ] [ m Parrino, steven ]

ins (international necronauticalsociety, ou société nécronautiqueinternationale)[f ] m Fondée en 1999 par l’artiste et écrivain

[ m Tom mcCarthy ], la Société Nécronautique Internationale (International Necronautical Society, ou INS) tient à la fois du mouvement d’avant-garde, du vrai-faux think tank et de la société secrète. Ainsi que son nom le suggère, cette « organisation » s’est donné pour objet d’explorer la mort comme s’il s’agissait d’un territoire, et d’en répertorier les manifestations et les états actuels : son Premier Manifeste,

iNDiAN lARRYind iNS ins

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111

j

m  Jacuzzi pour célébrité par / Celebrity jacuzzi by mike Bouchet

jacuZZi [ m Bouchet, mike ]

jeanpierre, laurent[f ] m Sociologue et historien, Laurent Jeanpierre

est actuellement maître de conférences à l’Ins-titut d’études politiques de Strasbourg. Ces tra-vaux portent sur les effets des circulations de savoirs et de pratiques entre disciplines et tra-ditions nationales ainsi que sur les conditions du nouveau, en art, en science, en politique. [ m Pinot-Gallizio et la Caverne de l’antimatière dans l’antichambre de l’anti-monde  B-2] [ m Palais / ]

[e ] m A sociologist and historian, Laurent Jeanpi-erre is currently a lecturer at the Institute of Political Studies in Strasbourg. His work con-cerns the effects of the circulation of knowl-edge and practices among national disciplines and traditions, as well as the conditions for innovation in art, science, and politics. [ m Pinot-Gallizio and The Cave of Antimatter, in the Antechamber of the Anti-world B-10 ] [ m Palais / ]

jeFFerson (l’état de)The State of Jefferson [f ] m Micronation. Située dans une région monta-

gneuse au nord de la Californie, à la lisière de l’Oregon. L’état de Jefferson fit sécession en 1941. Incapables de fournir des infrastructures et des services sociaux satisfaisants, les gou-vernements de Californie et d’Oregon avaient sous-estimé l’accroissement de la population de cette région, dont l’économie florissante repo-sait sur l’exploitation des forêts. Certains de pouvoir compter sur leur économie et leur pro-pre gestion, les citoyens de l’état de Jefferson

website to insert its own propaganda there; in 2004, it organized the Calling All Agents event at the ICA in London and created a “Broadcast-ing Unit” responsible for broadcasting encrypted radio programs. The preparatory work for this event—the title was taken from a catchphrase used by [ m William s. Burroughs ]—was encapsu-lated in a publication, Calling All Agents—Gen-eral Secretary’s Report to the International Necronautical Society (Vargas, London, 2003). The INS subsequently conducted several Inspec-tion missions in Berlin, involving several aerial reconnaissance surveys of the architecture of the German capital; its results were exploited by the “Temporary Office of Interpretation” set up in Bratislava in 200�, in the context of the “Pan-theon: Heroes and Anti-Monuments” exhibition. Most of the International Necronautical Society’s archives are available on the organization’s web-site, www.necronauts.org [ m occultisme ]

m INS : Tom mcCarthy, Navigation Was Always a Difficult Art, 2002

institut de culture étrangère (l’)The Foreign Culture Institute [f ] m Fondé par Becket Bowes et David Adamo

comme une entité dont l’objet est de réintro-duire inlassablement « l’étranger », l’Institut de Culture étrangère pousse à remettre en question tout ce que nous avons normalisé, tout ce qui nous est familier et auquel nous sommes habi-tués. L’ICE utilise son statut d’état comme un moyen de remettre en question notre définition générale de la norme. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ][e ] m Founded by Becket Bowes and David Adamo

as an entity whose purpose is to continually reintroduce “the foreign.”, the Foreign Culture Institute pursues a method that challenges everything with which we are familiar and to which we are accustomed. FCI uses statehood as a means to engage with this overall re-definition of norms. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

internationale situationnisteSituationist International [ m  voir p. B-3 / see p. B-9 ]

iNStitut DE cultuRE étRANGèRE

110

ins jacJAcuZZi

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112 113

08/03/2007. [ m anTimaTière ]. [ m Christophe Galfard ]. Conférence « Introduction à l’antimatière ». 15/03/2007. THANATOTACTICS. [ m eyal  Weizman ]. Rencontre sur les techniques de combat en espace urbain de Tsahal. 22/03/2007. [ m Vie arTiFiCielle ]. [ m Claude lattaud ]. 29/03/2007. ANTIPODES. Projections et rencon-tres avec les artistes du [ m Pavillon ]. 05/04/2007. SPLIT-SCREEN. [ m yoUTUBe 

BaTTle ]. 12/04/2007. JABBERWOCKY. [ m Pacôme Thielle-ment ]. Conférence sur les backward tapes. 19/04/2007. BOXON/NOXOD. Revue [ m Boxon ]. Performance et exercice linguisti-que. 2�/04/2007. DOPPELGANGER. David Cohen. Conférence sur le double. Suivie de la projec-tion de Twin Falls Idaho de Michael Polish.

[e ] m 08/02/2007. CAVE OF ANTIMATTER. [ m laurent Jeanpierre ]. A meeting about Guy Debord, [ m Pinot-Gallizio ] and the Cave of Antimatter [ m Caverne de l’antimatière ]. 22/02/2007. [ m seCond liFe ]. [ m alain della negra et Kaori Kinoshita ]. Lecture about Second Life, followed by the screening of their movie Neigborhood. 15/02/2007. LA NAVIGATION FUT TOUJOURS UN ART DIFFICILE. [ m Tom mcCarthy ]. First report of the [ m international necronautical society ]. 01/03/2007. FROM BEYOND. [ m lucas & Jason ajemian ]. Concert/performance

08/03/2007. ANTIMATTER. [ m Christophe Galfard ]. Lecture “Introduction to Antimatter [ m antimatière”. 15/03/2007. THANATOTACTICS. [ m eyal Weiz-man. Meeting about Tsahal’s urban space combat techniques. 22/03/2007. [ m Vie arTiFiCielle. [ m Claude  lattaud. A talk on the notion of artificial life. 29/03/2007. ANTIPODS. Screenings and meet-ings with several artists from the [ m Pavillon ]. 05/04/2007. SPLIT-SCREEN. [ m youTube Battle ]. 12/04/2007. JABBERWOCKY. [ m Pacôme  Thiellement ]. Lecture on the backward tapes. 19/04/2007. BOXON/NOXOD. [ m Boxon ] collec-tive. Performance and linguistic exercice. 2�/04/2007. DOPPELGANGER. David Cohen. A talk on split personality, followed by the screening of Michael Polish’s Twin Falls Idaho.

jeudis de la marque noire (les) Thurdays at LA MARqUE NOIRE[f ] m 24/05/2007. [ m JUTTa KoeTHer ]. Perfor-

mance musicale Metalist Moment. 31/05/2007. [ m Cinema Zero ]. Projections.

09/0�/2007. [ m lydia lUnCH ]. Performance Spoken Word.

14/0�/2007. DRAPEAU NOIR. [ m daniel Colson ]. Conférence sur l’actualité de l’anarchisme. 21/0�/2007. [ m BlaCK noise ], la série de livres-hommage à [ m steven Parrino ]. 28/0�/2007. [ m PeTer saVille ]. 05/07/2007. GRAFOLOGY. Une soirée pour faire le lien entre le hip-hop, les arts graphiques et l’art contemporain. 12/07/2007. DU BRUIT. [ m olivier lamm ]. Conférence sur le [ m harsh noise ].

19/07/2007. [ m merZBoW ]. Concert/performance.[e ] m 24/05/2007. [ m JUTTa KoeTHer ]. Music

performance Metalist Moment. 31/05/2007. [ m Cinema Zero ]. Screenings.

09/0�/2007. [ m lydia lUnCH ]. Performance Spoken Word.

14/0�/2007. BLACK FLAG. [ m daniel Colson ]. Lecture on anarchism today.

21/0�/2007. [ m BlaCK noise ], the series of tribute books to [ m steven Parrino[ m . 28/0�/2007. [ m PeTer saVille ].

05/07/2007. GRAFOLOGY. A special night devoted to urban culture, graffs and hip-hop.

12/07/2007. NOISE. [ m olivier lamm ]. A talk on [ m harsh noise ].

19/07/2007. [ m merZBoW ]. Live performance.jeudis de the third mind (les)Thurdays at ThE ThIRD MIND[f ] m 02/10/2007. [ m saTaniCPornoCUlTsHoP ].

Concert. 04/10/2007. [ m JoHn Giorno ]. Performance.

11/10/2007. [ m THe THird mind ]. [ m John Giorno ], Bernard Heidsieck, Françoise Janicot, Jean-Jacques Lebel & [ m Gérard-Georges lemaire ]. Table-ronde autour de [ m William s. Burroughs ] & [ m Brion Gysin ]. 25/10/2007. [ m roBerT Breer ]. Projection d’une sélection de films d’animation effectuée par [ m Ugo rondinone ].

31/10/2007. THE THIRD BODY. [ m Bruce Ben-derson ]. Discussion autour de la sexualité et de l’addiction dans les romans de [ m William s. Burroughs ].

01/11/2007. [ m dream maCHines ]. 08/11/2007. BRAIN DEAD. [ m Catherine mala-

bou ]. Conférence sur les blessures du cerveau. 15/11/2007. M.I.B. Cédric Vincent, [ m Pacôme 

Thiellement ] & [ m Tom mcCarthy ]. De la conspiration internationale du mensonge de Burroughs aux Men in Black, en passant par Sun Ra et [ m Juan Posadas ].

tentèrent d’obtenir leur indépendance, car les gouvernements locaux comme le gouvernement fédéral semblaient indifférents à leur bien-être économique. Le comité des citoyens de Jef-ferson entreprit ainsi, en 1941, une « rébellion patriotique » visant à attirer l’attention du public et de la classe politique sur le manque de routes et de ponts, infrastructures indispen-sables pour accéder aux ressources naturelles de la région. Le mouvement reçut le soutien de nombreux politiques au niveau fédéral, mais il ne fut jamais reconnu par l’Oregon ou par la Californie. Aujourd’hui encore, il compte de nombreux partisans. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ][e ] m A micronation. Located on the mountain

region on the border of northern California and southern Oregon. Jefferson State seceded from both states in 1941. By failing to build proper infrastructure and to provide social services, the state governments had not kept pace with the growing population of the area, so profit-able in timber. Confident they could sustain their own economy and self-govern, Jefferson State Citizens decided it was necessary to seek independence because state and federal governments were overlooking their economic wellbeing. The Jefferson Citizen’s committee began a “patriotic rebellion” in 1941 in order to gain public and political attention to the lack of roads and bridges in their area. Those roads and bridges were a necessity for gaining access to their natural resources. The move-ment gained support from many politicians at the federal level but never succeeded in being recognized by California or Oregon. Support for the Jefferson State movement continues to this day and many Jeffersonians claim this region as their state while remaining loyal to the U.S. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

jeudis de cinq milliards d’années (les)Thurdays at FIVE BILLION YEARS

[f ] m 12/10/200�. LE TROISèME SEXE. [ m Jean-Pierre Guis ]. « Le [ m yodel ] comme critique de la raison sexuelle : le 3ème sexe ».

19/10/200�. [ m GriZZly man ] (1995) de Werner Herzog. Introduction par Abraham Poincheval & Laurent Tixador.

2�/10/200�. TROUS NOIRS. [ m Christophe  Galfard ]. 02/11/200�. [ m dUraCell ] (Andrew Dymond). Concert/performance.

09/11/200�. EPO, STéROïDES ET PETITES PéPéES. [ m anToine Vayer ].

1�/11/200�. SUPERMASOCHISME. Paul Ardenne. Rencontre autour de son ouvrage Extrême, esthétique de la limite dépassée. Projection de SICK, The Life and Death of Bob Flanagan, Supermasochist de Kirby Dick (1997).

23/11/200�. [ m ZomBies ]. [ m max Brooks ]. Conférence illustrée sur les zombies.

07/12/200�. MINUIT À MA PORTE. Journée musicale proposée par Motus 14/12/200�. [ m lHC ]. [ m Claude Hauviller ], [ m Jean-Pierre merlo ] & [ m Gabriele Veneziano ]. Table-ronde autour de l’accélérateur de parti-cules LHC du CERN.

[e ] m 12/10/200�. LE TROISèME SEXE. [ m Jean-Pierre Guis ]. Lecture “Yodeling [ m yodel ] as Critique of Sexual Reason: the Third Sex”.

19/10/200�. [ m GriZZly man ] (1995) by Werner Herzog. Introduction by Abraham Poincheval and Laurent Tixador.

2�/10/200�. TROUS NOIRS. [ m Christophe  Galfard ]. Lecture “Black Holes: the Paradox of Information”.

02/11/200�. [ m dUraCell ] (Andrew Dymond). Concert/performance.

09/11/200�. EPO, STéROïDES ET PETITES PéPéES. [ m antoine Vayer ]. 1�/11/200�. SUPERMASOCHISM. Paul Ardenne. Dialogue on occasion of the publication of his book Extrême, esthétiques de la limite. Screen-ing of Kirby Dick’s SICK: The Life and Death of Bob Flanagan, Supermasochist (1997).

23/11/200�. [ m ZomBies ]. [ m max Brooks ]. Lecture about zombies.

14/12/200�. [ m lHC ]. [ m Claude Hauviller ], [ m Jean-Pierre merlo ] & [ m Gabriele Veneziano ]. Lecture about the LHC particle accelerator at CERN.

jeudis de π, nouvelles du monde renversé (les)Thursdays at M—, NEWS FROM ThE UPSIDE-DOWN[f ] m 08/02/2007. [ m CaVerne de l’anTimaTière ].

[ m laurent Jeanpierre ]. Une rencontre à propos de Guy Debord, [ m Pinot-Gallizio ] et la Caverne de l’antimatière. 22/02/2007. [ m seCond liFe ]. [ m alain della negra et Kaori Kinoshita ]. Conférence sur Second Life, suivie de la projection de leur film documentaire Neigborhood. 15/02/2007. LA NAVIGATION FUT TOUJOURS UN ART DIFFICILE. [ m Tom mcCarthy ]. Premier rapport de la Société Nécronautique Internationale ([ m ins ]). 01/03/2007. FROM BEYOND. [ m lucas & Jason ajemian ]. Concert/performance

JEuDiS DE ciNQ milliARDS D’ANNéESjeu JEuDiS DE thE thiRD miND jeu

Page 89: Yodel Volume1

22/11/2007. STAND-UP TRAGEDY. [ m Jorg  Piringer ] & [ m Bryan saunders ]. Poésie sonore.

29/11/2007. BAD TRIP. [ m Christoph Grunen-berg ]. Une petite histoire des drogues Beat et de leurs effets sur les arts plastiques. 0�/12/2007. [ m Weeds ]. Projection de la pre-mière saison.

3/12/2007. MOLOCH. Howl d’Allen Ginsberg, récité par Carlo Brandt, sur une musique de Gabriel Scotti & Vincent Haenni et des images d’Arnaud Valadié.

[e ] m 02/10/2007. [ m saTaniCPornoCUlTsHoP ]. Concert. 04/10/2007. [ m JoHn Giorno ]. Performance.

11/10/2007. [ m THe THird mind ]. [ m John Giorno ], Bernard Heidsieck, Françoise Janicot, Jean-Jacques Lebel & [ m Gérard-Georges lemaire ]. A talk on [ m William s. Burroughs ] & [ m Brion Gysin ].

25/10/2007. [ m roBerT Breer ]. Screening of a selection of animation movies curated by [ m Ugo rondinone ]. 31/10/2007. THE THIRD BODY. [ m Bruce Bend-erson ]. Discussion about sex and addiction in novels by [ m William s. Burroughs ].

01/11/2007. [ m dream maCHines ]. 08/11/2007. BRAIN DEAD. [ m Catherine mala-

bou ]. A lecture on brain damages. 15/11/2007. M.I.B. Cédric Vincent, [ m Pacôme 

Thiellement ] & [ m Tom mcCarthy ]. From Bur-roughs international conspiracy of lies to MiB, going through Sun Ra & [ m Juan Posadas ].

22/11/2007. STAND-UP TRAGEDY. [ m Jorg Piringer ] & [ m Bryan saunders ]. Performance poetry.

29/11/2007. BAD TRIPS. [ m Christoph  Grunenberg ]. A little histoire of Beat drugs and of their effects on visual arts.

0�/12/2007. [ m Weeds ]. Screening of the first season.

13/12/2007. MOLOCH. Ginsberg’s Howl by Carlo Brandt, on a music by Gabriel Scotti & Vincent Haenni and images by Arnaud Valadié.

joe coleman (eXposition)Joe Coleman (Exhibition)[m 2, fig. #20 ][f ] m Exposition personnelle de [ m Joe Coleman ].

01/02/2007– 11/03/2007. Un ensemble d’une vingtaine de tableaux très représentatifs de l’œuvre de cet artiste autodidacte offrait une introduction à cet univers nourri d’obsessions et d’excentricités. Mélangeant cultures popu-laires et religions, les images de la fête, de la guerre, du paradis et de l’enfer apparaissent

comme les coordonnées extrêmes d’un monde joyeux mais hanté par la perversité. [ m π, noUVelles dU monde renVersé ] [ m devotio 

moderna][e ] m Solo exhibition of [ m Joe Coleman ].

01/02/2007– 11/03/2007. A collection of twenty paintings by this self-taught artist provided an introduction to this world fed by obsessions and eccentricities. Mixing popular cultures and religions, the images of festival, war, paradise and hell seem like the extreme coordinates of a joyful world that is nonetheless haunted by perversity. [ m π, noUVelles dU monde ren-

Versé ] [ m devotio moderna]

m Liste des œuvres / List of works War Triptych, 2003

Collection Dana et Dot Brunson, Cincinnati, états-Unis / USA

The Big Bang Theory, 1999 Collection James Corcoran Gallery, Los Angeles The Victory of Hell, 1995 Collection Anna Sea et Craig Rodriguez,

Brooklyn, états-Unis / USA Tenebrae for Carlo Gesualdo, 2004 The Cartin Collection, Hartford,

états-Unis / USA Behold Eck, 200� Collection de l’artiste / of the artist, New York There’s no Place like Rome, 199� Collection Gil & Lisa Chaya, Genève / Geneva Ecce Homo, 1994 Collection Gil & Lisa Chaya, Genève / Geneva Portrait of Ed Gein, 199� The Cartin Collection, Hartford,

états-Unis / USA Faith, 199� Collection Gil & Lisa Chaya, Genève / Geneva Portrait of Professor Momboozoo, 198� Collection Martin Strickler, Zurich Indian Larry’s Wild Ride, 200� Collection Mark Parker, Beaverton,

états-Unis / USA Portrait of Charles Manson, 1988 Collection Museum HR Giger, Gruyères,

Suisse / Switzerland The Man of Sorrows, 1993 Collection HR Giger, Zurich Public Enemy Number One (John Dillinger),

1999; Collection James Corcoran Gallery, Los Angeles

A Picture from Life’s Other Side (Hank Williams), 1998

Collection Anna Sea et Craig Rodriguez, Brooklyn, états-Unis / USA

And a Child Shall Lead Them (Mary Bell)

JoE colEmAN

114

joe lA mARQuE NoiRE

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# 32 STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] 13 Shuttered Panels for Joe Ramone, 2001

3 LA MARQUE NOIRE

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3

# 33

LA MARQUE NOIRE

STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] Lee Marvin / Marlon Brando, 1990 ; Dancing on Graves, 1999 ; Cyclotron, 2002

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3 LA MARQUE NOIRE LA MARQUE NOIRE 3

# 34 STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] Blob (Fuckheadbubblegum), 1996 ; Cyclotron, 2002 ; Caustic Pill, 2001 ; Skeletal Implosion, 2001

# 35 STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] Œuvres sur papier / Works on paper

# 34 # 35

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LA MARQUE NOIRE 3

# 36 STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] Stockade: Existential Trap for Speed Freaks, 1988-1991# 37 STEVEN PARRINO RÉTROSPEcTIVE 1981– 2004

[ m Steven Parrino ] The Self Mutilation Bootleg 2 (The Open Grave), 1988-2003

3

# 36 # 37

LA MARQUE NOIRE

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3# 001

LA MARQUE NOIRE LA MARQUE NOIRE 3# 001

3

# 38 [ m Frank Stella ] Mas o Menos (plus ou moins), 1964 [ m Sturtevant ] Stella Die Fahne Hoch!, 1990 ; Stella Arbeit Macht Frei, 1989

LA MARQUE NOIRE

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3

# 39

LA MARQUE NOIRE

#39 BEFORE (PLUS OU MOINS)

[ m Andy Warhol ] Electric Chairs, 1971

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3 LA MARQUE NOIRE LA MARQUE NOIRE 3

#40 BASTARD cREATURE

[ m Mai-Thu Perret ] Heroine of the People (Black Stack), 2005 ; Heroine of the People (Black Tower), 2005 ; Heroine of the People (Golden Rock), 2005 ; [ m Jutta Koether ]Female Force, 2006

#41 BASTARD cREATURE

[ m Amy O’Neill ] The Golden West, 2007#42 BASTARD cREATURE

[ m Blair Thurman ] Vanishing Point 2/3, 1999

# 40 # 41

# 42

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3 LA MARQUE NOIRE

# 43 BASTARD cREATURE

[ m Banks Violette ] Kill Yourself (Twin), 2006 ; [ m Gardar Eide Einarsson ]  I am the master of my fate; I am the captain of my soul, 2007

# 43

Spectralité pirate/pirate Spectrality

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¶Razmig Keucheyan

Spectralité pirate

Razmig Keucheyan

Un spectre ne meurt jamais, dit Derrida à si juste titre à propos de celui de Marx, bien que ses apparitions sur la scène de l’histoire soient par définition intermittentes. La remarque s’applique particulièrement bien à la figure du [m ] pirate, dont les hauts faits de ceux qui l’ont incarnée n’ont cessé de hanter les siècles écou-lés. Depuis quelques années, le spectre de la piraterie est de retour. Une trilogie hollywoo-dienne à succès – Pirates des Caraïbes – l’a récemment représenté sous la forme d’extrava-gants hors-la-loi libertaires en proie à la main-mise impériale britannique. De Stevenson à Le Clézio, en passant par Borges et Burroughs, la littérature s’est fréquemment nourrie des aven-tures de la flibuste 1. D’autres types de pirates prolifèrent sur Internet, les exploits informati-ques des hackers suscitant alternativement l’admiration et la réprobation de leurs victimes. Un secteur significatif de la critique sociale contemporaine se réclame explicitement de la piraterie. Le pirate y est présenté comme para-digmatique de la résistance à l’ordre néo-libéral, et le « piratage » considéré comme la stratégie de contestation la plus adaptée aux évolutions économiques et culturelles du capitalisme. Dans Zones d’autonomie temporaires (TAZ), le texte le plus typique de cette tendance, Hakim Bey constate l’échec des stratégies révolution-naires – d’inspiration léniniste – basées sur la conquête et la transformation du pouvoir d’État, et en appelle à la constitution d’« utopies pira-tes » provisoires et festives, logées dans les « marges d’erreur » du capitalisme 2. Dans No Logo, Naomi Klein préconise quant à elle le détournement ou le piratage (cultural hijacking) des messages publicitaires comme tactique de lutte contre la colonisation de l’ima-ginaire par les médias et l’emprise des marques dans l’espace public 3. Autre référence politique à la piraterie, un « Parti Pirate » a récemment vu le jour en France qui, à l’instar de ses homo-logues étrangers, combat la clôture des droits de propriété sur Internet et dans le domaine « cognitif » plus en général 4.

Les spectres ne naissent pas tels, et dans le cas présent, ils sont nés prolétaires. Les ban-dits des mers des XVIIe et XVIIIe siècles – l’âge d’or de la piraterie moderne – étaient dans la plupart des cas d’anciens marins. À cette épo-que se forme un véritable prolétariat maritime, composé de paysans n’ayant pas trouvé à s’em-ployer dans les grands centres urbains en voie de constitution 5. Cette population surnumé-raire est conduite à s’engager dans les marines européennes qui se disputent alors le contrôle de la planète. Les conditions d’existence de ces marins sont d’une terrible âpreté. Mal payés, soumis à l’autorité de capitaines tyranniques, et risquant leur vie au quotidien, l’entrée en pira-terie s’impose comme un choix forcé à nombre d’entre eux. Surtout, elle constitue une forme de révolte originaire, dont le caractère radical accompagnera désormais chaque instant de leur parcours, et elle relève ainsi de l’irrévoca-ble. Une fois en mer, le retour à terre est certes possible, mais il est soumis à des contingences sur lesquelles l’individu a rarement prise. La vie d’avant la piraterie, le contact avec la société, s’en trouvent irrémédiablement perdus. C’est dans ces conditions que s’élaborent les projets les plus insensés, et que se mettent en place les composantes de la spectralité pirate à venir. Le cas du [m ] capitaine Misson en est un exemple passionnant. Misson est un officier de marine d’origine provençale naviguant sous pavillon français à la fin du XVIIe siècle. Il fait la rencontre à Rome d’un dénommé Caraccioli, un dominicain hérétique radicalement égali-tariste qui a décidé d’explorer dans toutes ses conséquences l’idée que les hommes sont égaux devant Dieu. Sous l’influence de Caraccioli, Mis-son fonde au nord de Madagascar une colonie libertaire à laquelle il donne le nom de [m ] Liber-talia. Ses membres renoncent à leur nationalité, se font appeler Liberi, et proclament leur allé-geance à « Dieu et à la liberté » et à rien d’autre. Ils inventent une forme d’esperanto, composé d’un mélange de langues européennes et afri-caines. Concevant leur entreprise comme un retour au « paradis perdu », les Liberi entourent

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leur colonie d’un enclos afin de la protéger de la corruption de la civilisation. Comme le dit Gilles Lapouge, « Fourier et Saint-Simon ont d’autres précurseurs que Thomas More. » 6

Misson compte parmi les plus clairement politi-sés des pirates. La piraterie renferme toutefois des révoltes plus « infra-politiques », qui procè-dent de colères libertaires ne donnant pas lieu à des projets d’émancipation sociale articulés. Le cas de [m ] Samuel Bellamy – « Black Sam » pour ses compagnons – en fournit un exemple inté-ressant. « Les bourgeois volent les pauvres sous la protection de la loi, nous volons les riches sous la seule protection de notre courage », assure-t-il au capitaine d’un navire qu’il vient d’arraisonner. Contrairement à Misson, Bellamy est un pessimiste. L’idée d’un recommencement de la civilisation sur de nouvelles bases lui est étrangère. D’un côté, il perçoit clairement les rapports de classe qui sous-tendent le système social et judiciaire de son temps, dont les pira-tes comptent parmi les principales victimes. De l’autre, la critique qu’il en propose n’engage pas une visée politique alternative, qui lui confé-rerait sa justification. Ce que Bellamy oppose aux injustices commises par les riches, c’est son seul courage, ainsi que celui de ses compa-gnons. « Quant à moi, je suis un prince libre ! », dit-il à une autre occasion. Que d’autres adeptes du drapeau noir qui allaient se faire connaître un siècle plus tard aient admiré de semblables actes de rébellion n’est guère étonnant. Cette attitude oppositionnelle connaît de nom-breuses variantes parmi les pirates. « Déclarer la guerre au monde entier » est une autre formule courante chez eux. [m ] Edward Teach, plus connu sous le nom de « Barbe noire », faisait preuve d’une cruauté inouïe envers ses victimes. Celle-ci allait bien au-delà de la brutalité qui lui eût normalement été nécessaire pour asseoir son autorité parmi ses hommes, et tenir ses adver-saires à distance. Le capitaine Lewis se consi-dérait quant à lui comme le diable en personne, et se comportait en toute circonstance selon cet axiome de départ. [m ] William Kidd, dont les aventures inspireront Stevenson, est une autre

« diva » de la piraterie. Corsaire à la solde de l’Angleterre, il se convertit à la flibuste sous la pression de son équipage. Tombé aux mains de ses anciens employeurs, il est condamné à mort pour l’exemple, et sa dépouille enfermée dans une cage sur la Tamise en avertissement à ceux que tenterait la piraterie. Les pirates sont à rapprocher de ce que l’his-torien britannique Eric Hobsbawm appelle les bandits sociaux 7. Les bandits sociaux sont des « révolutionnaires traditionalistes ». Ils émergent dans les phases de transition entre systèmes sociaux, en particulier au cours de la transition entre le féodalisme et le capitalisme, et lors des périodes de crise économique. En Europe du Nord, ils existent jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Dans le Sud du continent, leur trace se perd au début du XXe siècle. Les sociétés dites du « tiers monde » en produisent jusqu’à ce jour. Le haïdouk d’Europe centrale, le cangaceiro brésilien 8 et Robin des Bois en sont les exem-ples les plus connus. Les bandits sociaux sont ancrés dans les sociétés rurales, dont ils défen-dent la population face à des changements de la société perçus comme injustes. Volant aux riches et redistribuant aux pauvres, c’est au nom d’idéaux traditionnels – honneur, courage, justice, dignité – et non d’un programme révolu-tionnaire dirigé vers le futur, qu’ils opèrent 9. Ils se rencontrent dans les régions reculées, mon-tagneuses et forestières notamment, et dans les zones frontières, dont ils profitent de l’absence de souveraineté clairement établie. Comme les bandits sociaux, les pirates appa-raissent dans les phases de transition. L’Empire romain avait réussi à en débarrasser la Médi-terranée, mais ils réapparurent sitôt son déclin entamé. Aussi longtemps que le quadrillage de l’océan Atlantique par les marines nationales demeurait approximatif, jusqu’au milieu du XIXe siècle, les pirates transatlantiques y proliférè-rent. La piraterie peut à certains égards être considérée comme le contraire de l’hégémonie. Non pas bien entendu qu’elle soit en mesure de rivaliser avec les empires sur le terrain de la puissance. La piraterie s’immisce dans les inter-

valles que les cycles de souveraineté ne man-quent pas d’ouvrir, sa résorption signalant en général la naissance d’un nouvel hegemon. Pira-terie et hégémonie progressent en proportion inverse. La prolifération des pirates est donc toujours le symptôme d’un déclin.Ce qui valait pour les siècles passés vaut égale-ment pour le temps présent. Il serait imprudent de spéculer sur les facteurs qui ont concouru à la récente réapparition du spectre de la pirate-rie, mais il n’est pas interdit de constater que celle-ci a lieu au moment même où font intru-sion sur le marché des idées de nombreuses théories du déclin. À commencer par celle de Paul Kennedy qui, dans la partie conclusive de son désormais classique Rise and Fall of the Great Powers, prophétise la chute de la super-puissance américaine en raison de sa « surexten-sion impériale », c’est-à-dire de la distance trop grande qui sépare son centre de ses théâtres des opérations les plus éloignés 10. Ou encore des hypothèses d’Immanuel Wallerstein et Giovanni Arrighi, qui annoncent le remplacement, au cours des prochaines décennies, du « système-monde » capitaliste par un système global possi-blement générateur de davantage de misère et de violence que son prédécesseur 11. Les analyses élaborées par Michael Hardt et Toni Negri dans Empire et Multitude, qui repré-sentent sans doute la théorie critique la plus lue et commentée à l’heure actuelle, partici-pent elles aussi de cette tendance 12. Pour Hardt et Negri, la classe ouvrière industrielle a sinon disparu, du moins perdu la centralité dont elle disposait dans la lutte contre l’exploitation et l’aliénation capitalistes. Au prolétariat s’est pro-gressivement substituée selon eux une nouvelle classe de travailleurs pauvres, qui ont pour prin-cipale caractéristique d’être hautement qualifiés et diplômés, et qui sont donc essentiellement producteurs de capital intellectuel. Cette nou-velle classe de travailleurs pauvres est dénom-mée par eux cognitariat – par contraction de « prolétariat » et de « cognitif » – et comprend différentes sortes d’« intellos précaires », des informaticiens free lance aux intermittents du

spectacle, en passant par les doctorants désar-gentés et le million d’ingénieurs que génère désormais annuellement la Chine. Le spectre de la piraterie est né, comme on l’a vu, dans les entrailles du prolétariat maritime européen des XVIIe et XVIIIe siècles. Se pourrait-il que sa réapparition s’explique par la formation d’un cognitariat au seuil du XXIe siècle ?

[m ] Razmig Keucheyan

1. La flibuste est la piraterie des Caraïbes des XVIIe et XVIIIe siècles, le terme de pirate désignant plus généra-lement les bandits des mers de l’antiquité à nos jours.

�. Hakim Bey, TAZ : zones d’autonomie temporaires, éditions de l’Éclat, Paris, 1997.

�. Naomi Klein, No logo. La tyrannie des marques, J’ai lu, Paris, �00�.

�. Voir le site http://www.parti-pirate.info

�. Marcus Rediker, Between the Devil and the Deep Blue Sea. Merchant Seamen, Pirates, and the Anglo-American Maritime World, 1700-17�0, Cambridge University Press, Cambridge, �00�.

6. Gilles Lapouge, Les Pirates. Forbans, flibustiers, bouca-niers et autres gueux des mers, éditions Phébus, Paris, 1987, p. 7�.

7. Eric Hobsbawm, Les Bandits, éditions La Découverte, Paris, 1999 (�e édition).

8. Sur l’univers des cangaceiros, voir le roman de Mario Vargas Llosa, La Guerre de la fin du monde, éditions Gallimard, Paris, 1987.

9. La différence entre bandits sociaux et révolutionnaires est parfois ténue, comme l’illustrent, parmi d’autres, les cas d’Emilano Zapata et de Pancho Villa au Mexique.

10. Paul Kennedy, The Rise and Fall of the Great Powers, Random House, New York, 1987.

11. Voir par exemple Giovanni Arrighi, « Hegemony Unra-velling », New Left Review, n° ��/��, Londres, �00�.

1�. Michael Hardt & Toni Negri, Empire, éditions Exils, Paris, �000 ; Multitude, éditions La Découverte, Paris, �00�.

[f ] Spectralité pirate

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A specter never dies, as Derrida rightly said in regard to the specter of Marx, though his apparitions on the stage of history have been intermittent by definition. The remark applies equally well to the figure of the [m ] pirate, whose derring-do has been a source of fascination over the centuries. For the past several years, the specter of piracy has made a re-appearance. A blockbuster Hollywood trilogy—The Pirates of the Caribbean—recently depicted pirates as extravagant, libertarian outlaws prey to the British imperial stranglehold. From Stevenson to Le Clézio, by way of Borges and Burroughs, literature has frequently sustained itself on the adventures of the buccaneer.1 Other types of pirates proliferate on the Internet, with the digi-tal exploits of hackers alternately inciting admi-ration or their victims’ reprobation. A significant sector of contemporary social criti-cism has explicitly reclaimed piracy as its own. The pirate is presented as a paradigm of resis-tance to the neo-liberal order, and “hacking” [which in French is piratage or “piracy”] is considered a strategy of protest well suited to the economic and cultural evolutions of capi-talism. In T.A.Z.: The Temporary Autonomous Zone, the book most representative of this ten-dency, Hakim Bey observes the failure of revo-lutionary strategies—inspired by Lenin—based on the conquest and transformation of the power of the State, and calls for the construc-tion of temporary, festive “pirate utopias” lod-ged within capitalism’s “margins of error.”2 In No Logo, Naomi Klein advocates the subversion or cultural hijacking of ads as a way to strug-gle against the colonization of the imagination by the media and the takeover of brands in public space.3 In another political reference to piracy, a “Pirate Party” recently saw the light of day in France, following in the footsteps of its foreign homologues, fighting copyright laws on the Internet and in the “cognitive” domain more generally.4

Specters are not born as such, and in this case, they were born proletarian. The bandits of the high seas in the 17th and 18th centuries—the gol-

den age of modern piracy—were for the most part former sailors. A veritable maritime proletariat for-med at this time, composed of peasants who had not found employment in the large urban centers that were being built.5 This supernumerary popu-lation eventually found employment in the Euro-pean navies, which at the time were battling over control of the planet. The living conditions of these sailors were terribly harsh. They were poorly paid, subject to the authority of tyran-nical captains, and risked their lives on a daily basis; entering a life of piracy was a choice for-ced on many of them. Above all, it was an origi-nal form of revolt, the radical character of which would infuse every moment of their journey, and which arose out of a kind of irrevocability. Once at sea, returning to land was certainly pos-sible, but it was subject to contingencies over which the individual rarely had control. Life before piracy and contact with society were found to be irremediably lost. It was under these conditions that the wildest plans were hatched, and components of the pirate spectrality to come were put into place. The case of [m ] Captain Misson is a fascinating example. Misson was a naval officer originally from Provence, sailing under the French flag in the late 17th century. In Rome, he met a hereti-cal Dominican monk named Caraccioli, a radi-cal egalitarian who had decided to explore the idea that men are equal before God in all its consequences. Under Caraccioli’s influence, Mis-son founded a libertarian colony in the north of Madagascar, which he christened [m ] Libertalia. Its members renounced their nationality, called themselves Liberi, and proclaimed their alle-giance to “God and freedom” and nothing else. They invented a form of Esperanto, composed of a blend of European and African languages. Seeing their undertaking a return to a “lost paradise,” the Liberi built a fence around their colony to protect it from the corruption of civi-lization. As Gilles Lapouge said, “Fourier and Saint-Simon have other precursors besides Thomas More.”6

Misson counts among the most clearly politicized of

Pirate Spectrality

Razmig Keucheyan

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numerous theories of decline. To begin with, there is Paul Kennedy’s, who in the conclu-sion of his now classic The Rise and Fall of the Great Powers, predicted the fall of the American superpower due to its “imperial overextension,” which is to say, the excessive distance sepa-rating its center from its far-flung theaters of operation.10 Or the hypotheses of Immanual Wal-lerstein and Giovanni Arrighi that foresee the replacement of the capitalist “world-system,” over the course of the next few decades, with a global system that might possibly generate more misery and violence than its predecessor.11 The analyses proposed by Michael Hardt and Toni Negri in Empire and Multitude, no doubt the most widely read and commented on of current critical theory, also take part in the tendency.12 For Hardt and Negri, the industrial working class has, if not disappeared, then at least lost the centrality it once had in the struggle against capitalist exploitation and alienation. The pro-letariat was gradually replaced with a new class of poor workers, they contend, whose main fea-ture is to be highly qualified and educated and who are, therefore, essentially producers of intellec-tual capital. This new class of poor workers is cal-led the cognitariat—a contraction of “cognitive” and “proletariat”—which includes various sorts of “precarious intellectuals,” from freelance computer technicians to freelance performing artists [France’s Intermittents du Spectacle], by way of penniless graduate students and the mil-lion engineers that China generates annually. The specter of piracy was born, as we said, in the entrails of the European maritime proleta-riat of the 17th and 18th centuries. Could its reap-pearance be explained by the formation of a cognitariat at the threshold of the 21st?

[m ] Razmig Keucheyan

1. Buccaneers were the pirates of the Caribbean of the 17th and 18th centuries, the term “pirate” referring more generally to bandits on the high seas from anti-quity to the present.

�. Hakim Bey, T.A.Z.: The Temporary Autonomous Zone (New York: Autonomedia, 198�).

�. Naomi Klein, No Logo: Taking Aim at the Brand Bullies (Toronto: Vintage Canada, �000).

�. See the site http://www.parti-pirate.info

�. See Marcus Rediker, Between the Devil and the Deep Blue Sea. Merchant Seamen, Pirates, and the Anglo-American Maritime World, 1700-17�0 (Cambridge: Cam-bridge University Press, �00�).

6. Gilles Lapouge, Les Pirates. Forbans, flibustiers, bouca-niers et autres gueux des mers (Paris: Editions Phébus, 1987), p. 7�.

7. Eric Hobsbawm, Bandits (1969) (New York: The New Press, �000).

8. On the world of the cangaceiros, see Mario Vargas Llosa’s novel, The War of the End of the World, trans. Helen Lane (New York: Farrar, Straus & Giroux, 198�).

9. The difference between social bandits and revolutiona-ries is sometimes tenuous, as illustrated by the cases of Emilano Zapata and Pancho Villa in Mexico, among others.

10. Paul Kennedy, The Rise and Fall of the Great Powers (New York: Random House, 1987).

11. See, for example, Giovanni Arrighi, “Hegemony Unravel-ling” in New Left Review, no. ��/��, London, �00�.

1�. Michael Hardt and Toni Negri, Empire (Paris: Editions Exils, �000); Multitude (Paris: Editions La Découverte, �00�).

(Translated from the French by Jeanine Herman)

pirates. Nevertheless piracy also involved more infra-political revolts that proceeded from liber-tarian rage, and did not articulate plans for social emancipation. The case of [m ] Samuel Bellamy—“Black Sam” to his friends—provides an interesting example. “The rich steal from the poor under the protection of the law; we steal from the rich under the protection of our cou-rage alone,” he assured the captain of a ship he had just boarded and ransacked. Unlike Misson, Bellamy was a pessimist. The idea of civiliza-tion beginning anew on new foundations was foreign to him. On the one hand, he clearly saw the class relations underlying the social and judicial system of his time, pirates being some of its principal victims. On the other hand, the critique he proposed did not have an alternative political goal that would give him some justifi-cation. That Bellamy opposed injustices commit-ted by the rich was his only courage, like that of his companions. “As for me, I’m a free prince!” he said on another occasion. It’s hardly surpri-sing that other followers of the black flag who would meet a century later would admire such acts of rebellion.This attitude of opposition has many varia-tions among pirates. “Declare war on the entire world” was a popular rallying cry. [m ] Edward Teach, better known as “Blackbeard” proved to be incredibly cruel toward his victims, and his cruelty went far beyond the brutality that might have been necessary to assert his authority over his men, and keep his adversaries at a distance. As for Captain Lewis, he considered himself the devil personified and behaved accordingly in all circumstances. [m ] William Kidd, whose adven-tures would inspire Stevenson, was another “diva” of piracy. A corsair for hire from England, he converted to a buccaneer under the pressure of his crew. After falling into the hands of his former employers, he was condemned to death as an example, and his remains were placed in a cage on the Thames as a warning to future pirates.

We might compare pirates to what the British historian Eric Hobsbawm called social ban-

dits.7 Social bandits are “traditional revolutio-naries.” They emerge during phases of transition between social systems (they were particularly visible during the transition between feudalism and capitalism) and during periods of econo-mic crisis. In the north of Europe, they existed until the end of the 17th century. In the south of the continent, their traces were lost in the early 20th century. So-called “third world” countries produce them to this day. The haidouk of cen-tral Europe, the Brazilian cangaceiro, and Robin Hood are the most famous examples.8 Social bandits are anchored in rural societies, whose population they defend in the face of societal changes perceived as unjust. Stealing from the rich and giving to the poor is something they do in the name of traditional ideals—honor, courage, justice, dignity—and not in the name of a revolutionary agenda directed toward the future.9 They meet in remote mountainous or wooded areas, notably, and in border zones, where the absence of clearly established sove-reignty works to their advantage. Like social bandits, pirates appear during phases of transition. The Roman Empire managed to rid the Mediterranean of them, but they reappeared as soon as the empire began its decline. As long as the protection of the Atlantic Ocean by the national navies remained approximate, until the mid-19th century, transatlantic pirates prolifera-ted. Piracy could in some respects be considered the opposite of hegemony. Not that they were in a position to rival the empires on the terrain of power, of course. But piracy inserted itself in into the gaps that cycles of sovereignty never failed to open and its curbing generally signaled the birth of a new hegemon. Piracy and hege-mony progressed in inverse proportion to each other. The proliferation of pirates is therefore always the symptom of a decline.What applies to centuries past also applies to the present. It would be imprudent to speculate on the factors that contributed to the recent reappearance of the specter of piracy, but it is possible to note that it has occurred just as the market of ideas is being inundated with

pirate Spectrality

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2000 ; Collection de l’artiste / of the artist, New York

I Can Still Remember the Glory That Was Once New York, 1994 ; Collection Jim Jarmusch & Sara Driver, New York

The Book of Revelations, 1999 The Cartin Collection, Hartford,

états-Unis / USA American Venus, Portrait of Jane Mansfield, 1997; The Cartin Collection, Hartford,

états-Unis / USA I Am Joe’s Fear of Disease, 2001 The Cartin Collection, Hartford,

états-Unis / USA As you Look into the Eye of the Cyclops, so

the Eye of the Cyclops Looks into you, 2003 ; Collection de l’artiste / of the artist, New York

m Joe Coleman, I Can Still Remember the Glory That Was Once New York, 1994

josephsohn, hans[m 4, fig. #49 ][f ] m *1920, vit à Zurich. Sculpteur, Hans Joseph-

sohn questionne le corps grâce à une techni-que originale, du plâtre travaillé avec vigueur puis moulé en laiton. La matière, pétrie en amas, dissimule l’identité des personnages en les noyant dans une masse anthropomorphe. Malgré une apparence lourde et massive, une présence subtile se dégage de ces êtres alan-guis. Leurs formes généreuses et immobiles semblent animées par d’imperceptibles muta-tions qui les rendent à la fois fascinantes et repoussantes. Fasciné par la pose d’une femme allongée, appuyée sur le coude, depuis plus d’une cinquantaine d’années, Josephsohn en a réalisé au cours de sa carrière de multiples va-riantes. La répétition quasi-obsessionnelle de cette figure lui permet d’interroger le rapport de celle-ci au socle et de travailler à la limite de l’abstraction. Il exploite ainsi le potentiel plastique du plâtre qu’il aime qualifier de

« matériau neutre, qui n’inspire rien ». [ m THe 

THird mind ][e ] m *1920, lives in Zurich. Hans Josephsohn is

a sculptor who questions the body using an original technique: the plaster cast is vigorously worked before being cast in brass. The material, kneaded into a heap, conceals the identity of the characters by drowning them in an anthro-pomorphic mass. In spite of a heavy, massive appearance, a subtle presence emanates from these languid creatures. Their generous, motion-less forms seem animated by imperceptible mutations which render them both fascinating and off-putting. Josephsohn has been fascinated by this pose of a reclining woman, resting on her elbow for more than fifty years, and in the course of his career has made many variants of it. The almost obsessional repetition of this figure allows him to question its relationship with the plinth and to work at the edges of ab-straction. Thus he exploits the plastic potential of plaster which he is fond of describing as a “neutral material which inspires nothing”. [ m THe THird mind ]

m donald Judd, Progression, 1972

judd, donald[f ] m 1928 – 1994. Souvent considéré comme une

figure du minimalisme dont il rejetait pour-tant le nom, Donald Judd définit dès le début des années 19�0 sa méthode de travail dans le fameux texte Specific Objects publié en 19�5. Ni peinture ni sculpture, l’œuvre d’art est consi-dérée comme un objet dont la fonction est de reconfigurer l’espace dans lequel elle se trouve. L’art ne fait plus illusion, il n’est plus le lieu de manifestation de la subjectivité de l’artiste, il n’est plus le produit d’un savoir-faire, il est « l’expression de pensées complexes ». Utili-sant des matériaux « réels » dans des espaces « réels », Donald Judd étendra ce principe à l’architecture et au design, en particulier dans la ville de Marfa, Texas, où il réalisera ses der-nières productions.

Dans [ m BeFore (PlUs oU moins) ] a été pré-sentée l’œuvre Progression (1972), une barre crénelée à intervalles irréguliers en acier inoxy-dable monochrome. Suspendue horizontalement au mur, elle accompagne le regard du visiteur qui, selon l’endroit où il se trouve, modifie littéralement l’œuvre par les infimes variations d’ombres qui résulte de sa position. Des effets

JuDD jud

spectralité pirate/pirate spectrality

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k

kant, emmanuelImmanuel Kant[f ] m 1724 – 1804. Philosophe allemand qui a donné

son nom à un club de [ m tuning ].   [ m siboni, raphaël ][e ] m 1724 – 1804. A German philosopher who gave

his name to a car [ m tuning ] club. [ m siboni, raphaël ]

kalakuta anikulapo kuti(république de)The Kalakuta Republic Fela[f ] m Micronation qui existait à l’intérieur du

Nigeria en tant qu’état sécessionniste accordant l’asile politique aux musiciens, aux amis et à la famille, au sens large, de l’activiste et musicien nigérian d’afro-pop Fela Kuti également connu sous le nom de Fela Ransom Kuti, Fela Aniku-lapo Kuti ou encore « le James Brown africain ». Fela fonda cette république indépendante afin de se libérer du régime dictatorial d’Obasanjo, alors dirigeant du Nigeria. Fela et sa famille furent fréquemment persécutés avant et au moment de la création de cet état libre, lorsque Fela décida de prendre son destin en main. Jus-qu’à sa mort en 1997, Fela fut lui-même arrêté 35� fois pour dissidence. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ][e ] m A micronation inside Nigeria which was a

secessionist state that provided political asylum for musicians, friends and the extended family of popular Nigerian afro-pop musician and activist Fela Kuti, also known as Fela Ransom Kuti, Fela Anikulapo Kuti and even “the James Brown of Africa”. Fela founded his independent republic as a way of establishing freedom from the oppressive regime led by dictator Obasanjo who ruled Nigeria at the time. Fela and his fam-

subtils de perspective viennent rompre l’appa-rente monotonie de la pièce pouvant donner l’impression, d’un certain point de vue, que les intervalles entre chaque blocs sont égaux. Ces variations résultent de la division asymétrique de la forme, réalisées ici grâce à un système de progression mathématique. Donald Judd met en place une relation logique qui relie les différents éléments entre eux. Ainsi, l’œuvre est le résultat d’une expérience logique créant une « progression » activée par le regard. Progres-sion est une variante d’une série réalisée entre les années 19�0 et les années 1970, avec des matériaux différents, dont une élaborée avec de la peinture industrielle pour Harley Davidson.

[ m Chopper ][e ] m 1928 – 1994. Often regarded as a representa-

tive of Minimalism (though he rejected that term) in the early sixties, Donald Judd defined his method of working in the famous essay «Specific Objects», published in 19�5. Neither a painting nor a sculpture, the work of art is considered as an object whose function is to reconfigure the space in which it is located. Art no longer creates illusion, it is no longer the place where the artist’s subjectivity is demon-strated, it is no longer the product of a skill, it is «the expression of complex thoughts». Using «real» materials in «real» spaces, Donald Judd would extend that principle to architecture and design, especially in the town of Marfa, Texas, where he made his last works.

In [ m BeFore (PlUs oU moins) ] was presented Progression (1972), a monochrome stainless steel bar crenellated at irregular intervals. Suspended horizontally on the wall, it stays in the visitor’s view, while remaining susceptible to variations in shading depending on a viewer’s standpoint. These changes of perspective disrupt the ap-parent monotony of what seem to be regular intervals between each block. These variations result from the asymmetrical division of the form, implemented here using a system of math-ematical progression. Judd establishes a logical relationship that links the various elements to one another. Thus the work is the result of a logical experiment creating a “progression” activated by the gaze. Progression is one variant of a series made between the 19�0s and the 1970s, using different materials, including one made with industrial paint for Harley Davidson. [ m Chopper ]

JuDDjud kANt

117

kan

Page 104: Yodel Volume1

118 119encore des objets du quotidien. Nulle présence humaine sur ces œuvres, laissant le spectateur se débattre avec un no man’s land à la fois inquiétant et délicat. Sur la feuille de papier, une couche de cire recouvre des dessins faits à l’encre, jouant sur une solitude de laquelle toute vie a disparu. D’aspect minimaliste, les œuvres de Toba Khedoori possèdent un raffinement d’une grande sobriété, tant dans les sujets choisis que dans les techniques utilisées. [ m THe 

THird mind ][e ] m *19�4, lives in Los Angeles Toba Khedoori

focuses on urban and architectural elements re-moved from their context and origin. Stairways, models or every-day objects are clearly deline-ated on very big formats. There is no human presence in these works, leaving the spectator alone in a no man’s land that is both anxiety producing and delicate. On a sheet of paper is a layer of wax covering ink drawings, playing on a solitude in which all life has disappeared. Toba Khedoori’s works are minimalist and display techniques and subjects of a sober refinement. [ m THe THird mind ]

kidd William[f ] m Corsaire à la solde de l’Angleterre qui se

convertit à la flibuste. Ses aventures ont inspiré Stevenson. [ m voir p. C-4 ]

[e ] m A corsair for hire from England who con-verted to a buccaneer. His adventures inspired Stevenson. [ m see p. C-8 ]

kilimnik, karen[f ] m *1955, vit à Philadelphie. Le travail fasci-

nant de Karen Kilimnik trouve son origine au croisement des contes de fées et de l’actualité des stars d’aujourd’hui. Princesses idéales et icônes du cinéma sont mis en situation dans des univers à la fois baroques et précieux. Peintures à l’huile, décors chargés et installations histo-

riques sont dans son travail indissociables de son intérêt pour la peinture ancienne et de sa passion pour les têtes couronnées et la vie des célébrités. Entre fantaisie et fantastique, vieille Europe et Hollywood, sa grande maîtrise de la peinture s’attache à une vision sophistiquée qui plonge le visiteur dans un univers parallèle séduisant. Présentée dans [ m THe THird mind ], l’installation Swan Lake consiste en une accu-mulation d’objets : une luge à tête de cygne, de la neige artificielle, des miroir, des ballerines. Des écrans colorés et des lais de tissu noir vien-nent renforcer l’impression d’un décor.

[e ] m *1955, lives and works in Philadelphia. Karen Kilimnik’s fascinating work is at the intersec-tion of fairy tales and today’s movie stars. The idealized princess and the cinema icon are por-trayed in both baroque and precious universes. Oil paintings, busy sets and historic installa-tions cannot be dissociated from her interest in painting and her passion for the royalty and celebrities’ lives. Between whimsy and fantasy, old Europe and Hollywood, her painting mastery relates to a sophisticated vision, plunging the viewer into a seductive parallel universe. Swan Lake, the installation presented in [ m THe THird 

mind ], takes the form of an accumulation of objects: a sledge with a swan’s head, artificial snow, mirrors, ballerinas. Colored screens and swathes of black material further reinforce the impression of a stage set.

m merian C. Cooper & ernest B. schoedsack, King Kong, 1933

king kong [ m Henrot, Camille ]

ily were often persecuted before and during the time he decided to take matters into his own hands by initiating his own free state. Until his death in 1997, Fela was himself arrested some 35� times for his political dissidence. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

kempinas, Zilvinas[m 1, fig. #10 ; 5, fig. #58 ][f ] m *19�9, vit à New York. Poétiques, minimales

et visuellement intrigantes, les installations in situ de Zilvinas Kempinas combinent l’uti-lisation sensible de matériaux hétéroclites pour créer des sculptures « vivantes » dont la forme souvent infra-mince parvient toujours à investir totalement l’espace. Sous les dessous d’une insoutenable légèreté, Zilvinas Kempinas parvient à créer de la monumentalité avec un minimum de moyen, comme un acte furtif et spectaculaire, un jeu sur le vide.

[ m FlyinG TaPe ] [e ] m *19�9, lives in New York. Poetic, minimal,

and visually intriguing, Zilvinas Kempinas’s site-specific installations use common materi-als to create living sculptures that take up entire exhibition spaces. With deceiving light-ness and an economy of means, he achieves monumentality. Like an act that is spectacular but elusive, his work inhabits emptiness. [ m FlyinG TaPe ]

kern, richard[f ] m *1954, vit à New York. Photographe et

réalisateur de films underground, Richard Kern débute sa carrière dans les années 1980 à la suite de l’achat d’une caméra Super 8. Il commence alors à réaliser des courts-métra-ges, aujourd’hui reconnus comme la base du mouvement « Cinema of Trangression ». Dans les années 1990, il se dédie à la photographie et réalise aussi des clips de Sonic Youth ou Marylin Manson. Son travail explore la partie obscure du rêve américain où les narcissiques excentriques, les phobiques agressifs et les instincts incontrôlables sont au premier rang. [ m BasTard CreaTUre ] [ m lydia lunch ]

[e ] m *1954, lives in New York. Richard Kern is a photographer and an underground film direc-tor. His career started in the 1980s following the purchase of a Super 8 camera, and today he is recognized as the founder of the “Cinema of Transgression”. In the 1990s he devoted himself to photography, and also made music videos for Sonic Youth or Marylin Manson. His work deals with the dark side of the American dream and

its eccentric narcissists, aggressive phobics and sexual delinquents. [ m BasTard CreaTUre ] [ m lydia lunch ]

kessler, leopold[m 1, fig. #05 ][f ] m *197�, vit à Vienne. Leopold Kessler adopte

le rôle d’un ingénieur dissident travaillant de manière subversive au cœur de nos référents culturels. Ses travaux provoquent des fissures au sein d’un environnement aussi contrôlé que celui des lieux publics. Par ses petits gestes et interventions, l’artiste semble préparer le terrain pour une révolution discrète contre l’autorité.

Dans [ m Une seConde Une année ], Leopold Kessler a présenté une nouvelle version de son installation Drink Distributor (200�), œuvre constituée de deux distributeurs de boissons connectés par GSM.

[e ] m *197�, lives in Vienna. In his work, Leopold Kessler subverts infrastructures of authority and surveillance. Through subtle interventions, the artist prepares a discreet revolution against cultural power structures.

In oNE SEcoND oNE YEAR [ m Une seConde Une 

année ], Leopold Kessler presented a new ver-sion of his installation Drink Distributor (200�), two soda machines connected by GSM.

keucheyan, raZmig[f ] m Docteur en sociologie, il a enseigné à

l’université de Paris IV-Sorbonne et à l’Institut d’études politiques de Paris. Il est membre du comité de rédaction de la revue ContreTemps (éditions Textuel, Paris). Il est l’auteur de Le constructivisme. Des origines à nos jours (édi-tions Hermann, 2007). [ m Spectralité pirate voir p. C-2 ] [ m Palais / ]

[e ] m A sociologist who has taught at the Univer-sity of Paris IV-Sorbonne and the Institute of Political Studies in Paris. He is a member of the editorial board of the review ContreTemps (éditions Textuel, Paris). He is the author of Le constructivisme. Des origines à nos jours (éditions Hermann, 2007). [ m Pirate Spectrality see p. C-8 ] [ m Palais / ]

khedoori, toba[m 4, fig. #53 ][f ] m *19�4, vit à Los Angeles. Toba Khedoori s’at-

tache aux éléments urbains et architecturaux, placés hors de leur contexte et de leur origine. Sur de très grands formats, se détachent avec précision des escaliers, des maquettes ou

kEmPiNASkem kiNG koNG kin

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120 121[e ] m *1973, lives in Prague. With familiar

everyday objects, Kristof Kintera builds sophisticated mechanisms that tranform them into potential threats with a life of their own, becoming critiques of the consumer world.

In oNE SEcoND oNE YEAR  [ m Une seConde Une 

année ], Kristof Kintera presented a new ver-sion of Revolution (2005 – 200�). Turned to face the wall, a small but life-sized figure violently hits its head against the surface in random and irregular intervals.

kirpikistan (l’état de)The State of Kirpikistan [f ] m Fondé le 22 juillet 2004, le Kirpikistan est

né en Grande-Bretagne d’un projet Internet en faveur d’un état plus démocratique. Avec un programme pour une meilleure qualité de vie – évoquant des problèmes de surtaxation, de surpopulation, d’emploi et de pollution – M. Cenk K., fondateur du Kirpikistan, mit en place sur Internet un système de demandes de citoyenneté. Comme d’autres nations modernes, le Kirpikistan entend être un sanctuaire où seront respectés les droits de l’homme, le droit à l’intimité, la liberté de pensée, de parole et de religion à l’exclusion du [ m satanisme ] (comme le stipule la constitution). [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ][e ] m Founded July 22, 2004, Kirpikistan origi-

nates from Great Britain as an internet out-reach project for a more ideal democratic state. Citing quality-of-life issues, such as the stress of over-taxation, population density, jobs and pollution, Mr. Cenk K., founder of Kirpikistan, produced a web-based call for citizenry. Like other modernized nations, Kirpikistan would be a haven for human rights across the board, including the right to privacy, freedom of thought, speech and religion, except [ m sata-nisme ] (explicitly banned by the constitution). [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

klammer, FranZ[f ] m Skieur alpin autrichien. Champion de

descente. [ m accélération ][e ] m An Austrian alpine ski racer. Downhill

champion. [ m accélération ]

koester, joachim[m 1, fig. #11 – #13 ; 5, fig. #59 ][f ] m *19�2, vit à New York. Joachim Koester

travaille à la frontière entre documentaire et fiction. Qu’il prenne la forme d’un film docu-mentaire en 1� mm, d’une série de photos d’ar-chives ou d’un livre, son travail transforme les images en histoire, et réciproquement. Fasciné par le pôle Nord, l’artiste fait de l’exploration l’un des pivots de sa recherche. Joachim Koes-ter s’attache également à la documentation d’événements infimes, disparus de la Grande Histoire, pour les faire réapparaître dans la mémoire collective. Selon lui, si au XIXe siècle l’exploration fut de nature majoritairement géographique, le XXe siècle, avec la découverte de la psychanalyse, est entre autres celui d’une exploration mentale de notre inconscient. Message From Andrée (2005), présenté dans [ m 5.000.000.000 d’années ], est un travail poétique et conceptuel qui relate l’histoire tragique de l’accident d’un groupe d’explora-teurs partis en montgolfière en 1897 dans le pôle Nord, et dont on retrouva trente-trois ans plus tard quelques effets dont une boîte de négatifs. Joachim Koester a filmé ces derniers avec une caméra 1� mm. [ m le maTin des 

maGiCiens ][e ] m *19�2, lives in New York. Whether in the

form of a 1�mm documentary film, a series of archival photographs, or a book, Joachim Koester’s work turns images into history, and vice-versa. The artist is fascinated by the North Pole as well as documentation of moments in history that have slipped out of collective memory. Joachim Koester is also keen on documenting tiny events, ones that have disappeared from History with a capital H, allowing them to re-emerge into collective memory. As he sees it, while in the 19th century exploration was mainly geographical in nature, the 20th century, with its discovery of psycho-analysis, is among other things the century of a mental exploration of our unconscious.

The film Message From Andrée (2005), presented in the 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ], refers to the tragic story of a group of explorers who left for the North Pole in a hot-air balloon in 1897. Their remains, discovered thirty-three years later, included a box of negatives filmed by Koester with a 1�mm camera. [ m le maTin des maGi-

Ciens ]

m Kaori Kinoshita & Alain Della Negra dans / in Second Life

kinoshita, kaori & della negra, alain[f ] m Avant d’entamer leur collaboration artis-

tique, Kaori Kinoshita et Alain Della Negra avaient chacun réalisé plusieurs vidéos et do-cumentaires touchant aux mondes virtuels – My Sims in Paris (2004), court-métrage de Kaori Kinoshita – et aux systèmes de langage et de communication – dans sa vidéo Dropping Out (2001), Alain Della Negra fait jouer à des ac-teurs américains un script traduit de l’anglais en français, langue qu’ils ne maîtrisent pas. Leur premier court-métrage commun, Neigh-borhood (200�), met en scène des résidents d’Alphaville, version online des Sims, relatant des épisodes de leur(s) existence(s) virtuelle(s) comme s’il s’agissait de leur vie normale. Alain Della Negra et Kaori Kinoshita s’intéressent aujourd’hui à Second Life, étudiant les inte-ractions entre monde virtuel et monde réel, le fonctionnement des communautés online et leurs équivalents terrestres, la philosophie du « jeu » aussi bien que ses développements com-merciaux. Second Life of (200�) ajoute ainsi à une série de portraits de joueurs américains les commentaires et réactions de leurs avatars, recueillis lors d’une projection spéciale organi-sée dans Second Life, au cinéma Midnight City en juin 200�. Pour leur nouveau projet de film, ils ont cette fois engagé plusieurs « acteurs » et les ont invité à devenir résidents de Second Life, puis à raconter, face à la caméra, leurs débuts dans le monde virtuel. [ m les jeudis de 

π, noUVelles dU monde renVersé ] [ m second life ] [ m évangélistes ] [ m Furries ] [ mGoréens ]

[e ] m Before embarking on their artistic collabora-tion, Kaori Kinoshita and Alain Della Negra had each made several videos and documentaries relating to virtual worlds —My Sims in Paris (2004), a short film by Kaori Kinoshita — and language and communication systems — in his video Dropping Out (2001), Alain Della Negra gets American actors to play a script translated from English into French, a language they can’t

speak properly. Their first joint short film, Neighborhood (200�), features the residents of Alphaville, an on-line version of the Sims, recounting episodes of their virtual existences as if it were a question of their normal lives. Alain Della Negra and Kaori Kinoshita are today interested in Second Life, studying the interactions between a virtual and a real world, the behavior of on-line communities and their terrestrial equivalents, the philosophy of “play” as well as its commercial developments. Thus Second Life of (200�) features a series of por-traits of American players and adds the com-ments and reactions of their avatars, collected at a special projection organized at Second Life, at the Midnight City cinema in June 200�. For their new film project, they have taken on several “actors” and asked them to become residents of Second Life, then talk about they got started in the virtual world in front of the camera. [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé ] [ m second life ]  [ m évangélistes ] [ m Furries ] [ mGoréens ]

m Kristof Kintera, Revolution, 2005–200�

kintera, kristoF[f ] m *1973, vit à Prague. Utilisant des objets du

quotidien a priori inoffensifs, Kristof Kintera les dote de systèmes sophistiqués qui les transforment en menaces potentielles ayant une vie propre. Son travail poursuit par un biais humoristique une critique de la société de consommation. Ses installations au-delà de leur impact immédiat opèrent une remise en cause du monde qui nous entoure.

Présentée dans [ m Une seConde Une année ], Revolution (2005 – 200�) est une sculpture ani-mée particulièrement saisissante : un person-nage de petite taille paisiblement tourné contre le mur se tape violemment la tête à intervalles irréguliers.

kiNoShitAkin koEStER koe

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122 123

koether, jutta[m 3, fig. #40 ][f ] m *1958, vit à New York. Jutta Koether est

peintre, musicienne, écrivain, théoricienne et réalise également des performances. Artiste fé-ministe à la fin des années 1980 avec ses pein-tures translucides, aux grands coups de brosse, aux dessins de corps de femmes, elle évolue dans les années 1990 dans un autre registre. Ses coopérations avec des artistes musiciens lui apportent un espace de création plus libre où la « peinture » est réévaluée, expérimentée avec d’autres matériaux. Elle a collaboré avec [ m steven Parrino ] dans son projet musical [ m electrophilia ] pour lequel ils ont présenté plusieurs performances en duo.

[ m BasTard CreaTUre ][e ] m *1958, lives in New York. Jutta Koether is a

painter, musician, writer and theorist. A femi-nist artist in the late 1980s with her translu-cent paintings featuring large brushstrokes and drawings of women’s bodies, in the 1990s she developed in another register. Her cooperative ventures with musician artists provide her with a freer creative space in which “painting” is reevaluated, experimented with using different materials. She collaborated with [ m steven  Parrino ] on his musical [ m electrophilia ] project, and they staged several performances as a duo. [ m BasTard CreaTUre ]

kunZ, emma[m 4, fig. #52 ][f ] m 1892 – 19�3. Guérisseuse, chercheuse, artiste,

Emma Kunz occupe une place très particulière dans l’histoire de l’art. Elle-même définissait son travail atypique comme « stylisation et forme en tant que mesure, rythme, symbole et métamorphose du nombre et du principe ». On lui doit la découverte de l’[ m aion a ] (signifiant en grec « sans limite », en référence à ses pré-tendues propriétés curatives), roche guéris-seuse originaire de Würenlos en Suisse, dont elle se servit sa vie durant pour soigner divers maux. Ses œuvres sont le résultat de ses re-cherches, sans titre ni date, de grands dessins géométriques réalisés à la mine de plomb, aux crayons de couleur ou à la craie sur papier mil-limétré – autant de « champs magnétiques » liés à sa pratique hors norme de la médecine et de l’art, via des forces énergétiques et spirituelles. [ m THe THird mind ]

[e ] m 1892 – 19�3. A healer, researcher and artist, Emma Kunz occupies a very special place in art history. She herself defined her atypical

work as «stylisation and form as the measure, rhythm, symbol and metamorphosis of number and principle». The discovery of [ m aion a ] (which in Greek means “with no limit”, a refer-ence to the its purported healing properties), a healing rock originating from Würenlos in Switzerland is due to her, and she used it throughout her life to tend various illnesses. Her works are the result of her researches and have no titles or dates—large geometric draw-ings done with lead pencil, coloured pencils or chalk on graph paper, all or them «magnetic fields» linked to her non-standard practice of medicine and art, using energetic and spiritual forces. [ m THe THird mind ]

m Emma Kunz

m Aion A : la carrière de Würenlos / the querry in Würenlos

koEthERkoe

Page 107: Yodel Volume1

124 125cart et a achevé plusieurs travaux de recherche dans le domaine du postmodernisme en littéra-ture américaine. [ m Harsh noise ] [ m merzbow ] [ m Palais / ]

[e ] m A critic and muscian. As well as his three albums produced by the Active Suspension label (Snow Party, 2002, hello spiral, 2004, Monolith, 200�), Olivier Lamm has collaborated with numerous artists, including My Jazzy Child, dDamage, Sutekh, Hypo; he also takes participates in the following collectives: événe-ment, Section Amour, Labranisch (with Davide Balula and Stéphane Laporte aka Domotic) and the Motards en Colère (MEC). He writes regularly for the magazine Chronicart and has completed several research projects into the field of postmodernism in American literature. [ m Harsh noise ] [ m merzbow ] [ m Palais / ]

lamourouX, vincent[m 1, fig. #01, #02, #05 ][f ] m *1974, vit à Paris. Le travail de Vincent

Lamouroux bouleverse la relation du specta-teur à l’œuvre d’art, en employant souvent la sculpture monumentale et l’installation in situ. Ses références, allant du Land Art au divertis-sement populaire, sont à l’origine de propo-sitions architecturales perturbant le visiteur, décalant et détournant ses points de référence dans l’espace.

Présentée dans [ m 5.000.000.000 d’années ], Scape (200�) est une gigantesque sculpture en acier inoxydable repensée spécialement pour le Palais de Tokyo. Sa forme, reflétant de manière détournée et sinueuse le symbole de l’infini, un grand-huit ou encore une rampe de flipper.

[e ] m *1974, lives in Paris. Vincent Lamouroux’s monumental installations or kinetic sculptures reverse the relationship between the work of art and its viewer. Drawing his inspiration from Land Art and the architecture of entertainment as well as from science fiction, the artist unsettles our understanding and perceptions of space.

Presented in 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ], Scape (200�) is a massive stainless steel sculpture reconfigured specifically for the Palais de Tokyo. Its shape refers to the symbol for infinity, a rollercoaster, or even a pinball machine, all at once.

lang / baumann[m 1, fig. #01 ; 6, fig. #�� – #�9 ][f ] m Sabina Lang : *1972, Daniel Baumann :

*19�7, vivent à Burgdorf (Suisse). Dans ses

installations, le duo Sabina Lang et Daniel Baumann mêle des références de l’art pop et du life-style des années 19�0 et 1970. Inspiré par une esthétique de design intérieur futuriste, l’univers visuel de ces artistes s’adapte à diffé-rents espaces et en modifie la perspective.

[ m 5.000.000.000 d’années ] [ m Hôtel everland ] [e ] m Sabina Lang: *1972, Daniel Baumann: *19�7,

live in Burgdorf (Switzerland). A mixture of Pop Art and the life-style of the 19�0s and 70s appears in the collaborative works by Sabina Lang and Daniel Baumann. Inspired by a futur-ist interior design aesthetic, the vision of the artists adapts itself to different spaces.

[ m 5.000.000.000 d’années ] [ m Hôtel everland ]

lattaud, claude[f ] m Mathématicien, responsable de projets pour

le Laboratoire d’Intelligence Artificielle de Paris 5 (UFR Math-Informatique). Spécialiste de la notion de [ m vie artificielle ], il se consacre plus précisément à la simulation de plantes virtuelles, prenant en compte la morphogenèse des plantes au niveau individuel, l’émergence de compétition et de coopération au sein de communautés de plantes et la co-évolution au fil des générations de plusieurs types de plantes. [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ] [e ] m A mathematician, responsible for projects

at the Artificial Intelligence Laboratory of Paris 5 (Mathematics-Informatics Teaching and Research Unit). Specializing in the idea of arti-ficial life [ m Vie artificielle ], he devotes himself more specifically to the simulation of virtual plants, taking account of the morphogenesis of plants at the individual level, the emergence of competition and cooperation within communi-ties of plants, and the co-evolution over the generations of several types of plants. [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ]  

lavine, michael[f ] m *19�3, vit à New York. Michael Lavine s’est

illustré à la fin des années 1980 en photogra-phiant les icônes de la musique pop, puis ceux de la scène rock/grunge au début des années 1990. Ses sujets s’élargissent aux icônes de la télévision, aux politiciens, aux artistes et à la vie quotidienne des américains. Son style aux couleurs saturées, agressives et dynamiques, une mise en lumière poussée à l’extrême, ainsi que cette conscience innée d’un aspect direct, presque cru, ont fait sa renommée. [ m BasTard 

CreaTUre ]

lladonia [f ] m Nation associée aux deux sculptures monu-

mentales composées de 75 tonnes de bois flotté (Arx et Nimis) construites en 1980 sur les côtes suédoises par Lars Vilks. Joseph Beuys acheta les sculptures en 1984. Quand le conseil local déclara que les sculptures étaient des structu-res domestiques, construites sans autorisation, et ordonna qu’elles soient détruites, une contro-verse s’ensuivit. À la mort de Joseph Beuys en 198�, les artistes Jeanne-Claude et Christo ache-tèrent Nimis afin de participer à sa protection. En 199� Lars Vilks créa la micronation de Lado-nia pour préserver de manière sûre les œuvres et l’idéologie de ses protecteurs. Trois ans plus tard, Vilks créa une troisième sculpture qu’il appela Omphalos. Tous les citoyens de Ladonia sont nomades et la plupart sont des artistes, si bien que les impôts de cette micronation sont constitués par les dons dérivés de leurs talents artistiques. Les titres nobiliaires sont égale-ment une source de revenus. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Nation associated with two monumental sculptures (Arx and Nimis) using 75 tons of driftwood constructed in 1980 on the coast of Sweden by Lars Vilks. Joseph Beuys purchased the sculptures in 1984. When local council declared the sculptures to be domestic struc-tures, built without permit, and ordered them to be torn down, controversy ensued. Joseph Beuys died in 198� and artists Jeanne-Claude & Christo purchased Nimis to aid in its protection. In 199� Vilks created the micronation of Lado-nia to further ensure the freedom of the works and the ideology of its supporters. Three years later Vilks erected a third sculpture he called Omphalos. All citizens of Ladonia are nomadic, and most are artists, paying taxes through charitable contributions of their respective creative talents. Otherwise income is derived through the sale of titles such Baron, or Lady.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

lamm, olivier [f ] m Critique et musicien. Outre ses trois albums

édités par le label Active Suspension (Snow Party, 2002, hello spiral, 2004, Monolith, 200�), Olivier Lamm a collaboré avec de nombreux artistes, parmi lesquels My Jazzy Child, dDa-mage, Sutekh, Hypo ; il participe également aux collectifs événement, Section Amour, Labra-nisch (avec Davide Balula et Stéphane Laporte aka Domotic) et les Motards en Colère (MEC). Il écrit régulièrement pour le magazine Chroni-

lADoNiAlad lAviNE lav

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12� 127s’ornent de symboles mystérieux, et la passion de Jimmy Page pour [ m aleister Crowley ] ira jusqu’au rachat en 1971 de l’ancienne résidence du maître de la magick, le manoir Boleskine, près du Loch Ness. Qui plus est, dans les paro-les même de Stairway to Heaven, Robert Plant dit que « parfois les mots ont deux sens » et que « si vous écoutez attentivement, le chant finira par venir à vous »… La chanson de Led Zeppelin est, certes, comme tous les morceaux du groupe, le produit d’une poétique qui intè-gre des thématiques associables au satanisme poétique, inspiré par l’occultisme du XIXe

siècle, mais elle ne contient aucun message caché, aucun message subliminal. [ m Backward messages ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ] [e ] m English rock band. [ m Pacôme Thiellement ]  

points out that “a good example of convergen-ces of interest between pop music and Satan-ism is Led Zeppelin and Stairway to Heaven. Myth has it that if we listen to a certain passage in Stairway to Heaven backwards we can hear the words: “Here’s to my sweet Satan”. There are more highly developed versions of this legend. The suspect words, the right way round, are as follows: “If there’s a bustle in your hedgerow, don’t be alarmed now, it’s just a spring clean for the May queen. Yes, there are two paths you can go by, but in the long run there’s still time to change the road you’re on.” One of the backwards listenings comes up with the following result: “Oh here’s to my sweet Satan. The one whose little path would make me sad, whose power is Satan. He will give those with him ���. There was a little toolshed where he made us suffer, sad Satan.” In 1982, prompted by a Baptist pastor, a consumers’ association in California also issued a com-muniqué on this song, claiming that if played backwards the words uttered were these: “I sing because I live with Satan. The Lord turns me off. There’s no escaping it. Here’s to my sweet Satan, whose power is Satan. He will give you ���. I live for Satan.” What added controversial elements to this example were the following factors: the fact that in the song itself Robert Plant says that “sometimes words have two meanings” and “if you listen carefully, the song will end up coming to you”, the use of occult symbols on the covers of Led Zeppelin’s albums, and Jimmy Page’s passion for [ m aleister Crowley ], which extended as far as the purchase in 1971 of Boleskine House, near Loch Ness, Crowley’s one-time residence.

Like all Led Zeppelin pieces, the Led Zeppelin song is undoubtedly the product of poetics that integrate sets of themes that can be associated to poetic Satanism, inspired by 19th-century occultism, but it does not a priori contain any hidden message, any subliminal message.” [ m Backward message ] [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ] [ m ajemian, lucas & Jason ]

légion étrangèreForeign Legion [ m Genée, Bernadette & le Borgne, alain ]

lemaire, gérard-georges [f ] m écrivain, historien et critique d’art, Gérard-

Georges Lemaire a écrit trente-huit ouvrages

– dont, récemment, Kafka (“Folio”, Gallimard) et Le Noir (Hazan) – et a été le commissaire de quatre-vingts expositions en France et à l’étranger. Il est directeur littéraire de Verso et membre de la rédaction des Lettres françaises. Il a publié en 197� la version française de [ m The Third Mind  ] de [ m William s. Burroughs ] et [ m Brion Gysin ]. [ m The Third Mind, p. d-2 ]

[e ] m A writer, historian and art critic, Gérard-Georges Lemaire has written thirty-eight books—including, recently, Kafka (“Folio”, Gal-limard) and Le Noir (Hazan)—and has curated eighty exhibitions in France and abroad. He is the literary director of Verso and a member of the editorial team of Lettres françaises. In 197� he published the French version of [ m The Third Mind  ] by [ m William s. Burroughs ] and [ m Brion Gysin ]. [ m The Third Mind, p. d-8 ]

lenglet, lucas[m 6, fig. #91 ][f ] m *1972, vit à Amsterdam et Berlin. Lucas Len-

glet opère de manière générale une recherche formelle sur l’espace en utilisant ce dernier comme médium. Il tente de modifier notre vue et notre perception de l’espace, par le biais de constructions variées. Son travail se révèle sous forme de commissions, d’installations in

[e ] m *19�3, lives in New York. Michael Lavine distinguished himself in the late 1980s by pho-tographing the icons of pop music, then those of the rock/grunge scene in the early 1990s. His subjects broadened to include TV personali-ties, politicians, artists, and the everyday life of Americans. His style is marked by saturated, aggressive, dynamic colours, lighting pushed to the extreme, and an innate awareness of a direct, almost raw composition. [ m BasTard 

CreaTUre ]

m michael lavine, Courtney Love, Kneeling, 1994

leary, timothy[f ] m 1920 – 199�. Messie biochimique, sauveur

spirituel et gourou de la méditation. Comme l’écrit [ m Christoph Grunenberg ] : « grand, beau, charismatique, intelligent et cultivé, il devint une icône des médias américains dans les années 1960, et son message « tune in, turn on, and drop out » [allume-toi, branche-toi et lâche prise] devint – malgré son absurdité apparente de slogan publicitaire – le cri de ralliement de toute une génération. Il choisit pour acronyme de son mouvement et de sa nouvelle religion le sigle L.S.D., pour « League for Spiritual Disco-very » [Ligue pour la découverte spirituelle], et il parla de la drogue comme d’une « substance sacramentelle », expliquant que l’usage d’ [ m Hallucinogènes ]  est, dans notre quête de Dieu et de l’Infini, une forme d’adoration qui doit se pratiquer lors de célébrations collectives multimédia ou, chez soi, dans un sanctuaire ».

  [ m occultisme ][ m 1969 ][ m manson, Charles ][e ] m 1920 – 199�. Biochemical messiah, spiritual

saviour and meditation guru with scientific credentials. As writes [ m Christoph Grunenberg ]: “Tall, good-looking, charismatic, intelligent and erudite he became the darling of the media and ‘tune in, turn on, and drop out,’ with its ap-parent absurdity of an advertising slogan, the

rallying cry of a generation. Leary’s adopted L.S.D. as the acronym for his movement and ‘new religion,’ the ‘League for Spiritual Discovery,’ spoke of LSD as a ‘sacramental substance,’ described taking hallucinogenics  [ m Hallucinogènes ]as ‘worship’ in the search of God and infinity to be consumed in com-munal multimedia celebrations or in shrines at home”.

[ m occultisme ] [ m 1969 ][ m manson, Charles ]

m Timothy Leary

le borgne, alain [ m  Genée Bernadette & le Borgne alain ]

led Zeppelin[f ] m Groupe de rock anglais. [ m Pacôme Thiel-

lement ] souligne que « l’exemple canonique des convergences d’intérêt entre la pop music et le Mal en la matière est Led Zeppelin et son morceau Stairway to Heaven. Le mythe veut que si l’on écoute un certain passage de Stai-rway to Heaven à l’envers, on puisse entendre une prière adressée à Satan. Le passage incri-miné, « à l’endroit », est : « If there’s a bustle in your hedgerow, don’t be alarmed now, it’s just a spring clean for the May queen. Yes, there are two paths you can go by, but in the long run there’s still time to change the road you’re on. » L’une des écoutes répulsives donne le ré-sultat suivant : « Oh here’s to my sweet Satan. The one whose little path would make me sad, whose power is Satan. He will give those with him 666. There was a little toolshed where he made us suffer, sad Satan ». En 1982, à l’ini-tiative d’un prêtre baptiste, une association de consommateurs de Californie fit également un communiqué sur cette chanson, prétendant que, diffusé à l’envers, les paroles prononcées étaient : « I sing because I live with Satan. The Lord turns me off. There’s no escaping it. Here’s to my sweet Satan, whose power is Satan. He will give you 666. I live for Satan ». La controverse a principalement été entre-tenu par l’intérêt avoué de Led Zeppelin pour l’occultisme : les pochettes de leurs albums

lEARYlea lENGlEt len

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128 129de la Tour Eiffel. On a successivement mis en place : les équipements pour les services gé-néraux que l’on pourrait résumer par « l’eau, le gaz et l’électricité » auxquels on a ajouté des milliers de kilomètres de câbles pour les signaux optiques et électriques ; la ligne de distribution d’hélium à température cryogéni-que constituée d’un ensemble de tuyauteries de haute qualité ; la machine proprement dite, c’est-à-dire principalement les 10.000 aimants et autres équipements comme les tubes sous vide où circuleront les particules et les cavités radiofréquence servant à accélérer ces mêmes particules. », souligne [ m Claude Hauviller ].

[ m détecteurs de particle ] [ m motti, Gianni ] [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ][e ] m The Large Hadron Collider (LHC) is the

most powerful instrument day for exploring the properties of matter [ m matière ] ever constructed up to the present day. Installed in the laboratories of CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire), this particle accelerator has been designed to make it possible to project proton beams into vacuum tubes at the speed of light, in order to achieve collisions at an energy of 14 teraelectronvolts. Keeping the beams in orbit requires very high intensity magnetic fields (7 Tesla), created by means of recourse to superconductivity—i.e. the capacity of certain materials to conduct electricity without any resistance or energy loss, generally at very low temperatures. Thus superconducting cables, here niobium-tita-nium wires in a copper matrix, are placed into the superfluid helium at a temperature of 1.9 Kelvin, a temperature even lower than that of intersidereal space. As for the proton beams, they are prepared by a chain of accelerators before being injected into the LHC: this way of interconnecting the accelerators enables CERN to be a particularly flexible particle beam factory. Thus from 2008, billions of collisions per second will be pre-analyzed in the LHC’s giant detectors, and the data collected will then be passed on to a large number of international laboratories. The LHC has been built in the tunnel which used to house CERN’s Large Electron Positron Collider (LEP). “Installing the LHC accelerator entails transporting, positioning and connecting over 100,000 tonnes of material in a narrow tunnel 27 kilometers in length; that represents no less than fourteen times the weight of the Eiffel Tower. We have successively installed: facilities for general services which could be

summed up as ‘water, gas and electricity’ to which we have added thousands of kilometers of cables for visual and electrical signaling; the distribution line for helium at a cryogenic temperature, made up of a set of high-qual-ity pipes; the actual machine, i.e. mainly the 10,000 magnets and other hardware such as the vacuum tubes where the particles will circulate and the radio-frequency cavities that are used to accelerate those same particles.”, [ m Claude Hauviller ] points out.

[ m détecteurs de particle ] [ m motti, Gianni ] [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]

libertaire (pensée)Libertarian Thought[f ] m Il aura fallu attendre la dernière partie

du XXe siècle pour qu’on puisse commencer à prendre conscience de l’importance de l’[ m anarchisme ] et à pressentir la valeur philo-sophique, hier comme pour le siècle à venir, de la pensée libertaire. Moins qu’à un renouveau, c’est au retour d’une conception philoso-phique oubliée ou ignorée que l’on assiste dans les années 19�0 – 70, avec des auteurs comme Gilles Deleuze et Michel Foucault. Les théories à prétention révolutionnaire sont alors entièrement dominées par la suffisance et le terrorisme théorique du marxisme des décen-nies précédentes, longues années de dictature du socialisme d’état, mais aussi de soumission et d’intégration des classes ouvrières à l’ordre social et économique. En contradiction ouverte avec ce carcan idéologique, se révèlent en une immense et multiforme explosion de vie et de révolte les aspirations émancipatrices traver-sant alors la plupart des pays et des sociétés. C’est dans cette tension même qu’on peut comprendre la démarche d’un grand nombre de philosophes et théoriciens, de René Scherer à Michel Foucault et Jacques Derrida, en passant par Cornelius Castoriadis, Maurice Blanchot ou Pierre Klossowski. Dans leurs œuvres s’opère une régénération de la pensée libertaire, et l’Idée anarchiste, à travers la redécouverte de sa double et successive inflexion – théorique et pratique –, vient redonner sens à une affirma-tion commune de la vie, à une critique radicale de la science et de la modernité. Se reprécise une pensée où toute chose est rapportée à une pluralité infinie de forces et de points de vue en lutte pour leur éclosion, une pensée où, comme l’avait expliqué Proudhon, tout groupe est un « individu », doté de subjectivité, puisque tout individu est lui-même un groupe,

situ, d’œuvres à vivre ; autant de constructions faites par l’artiste avec des matériaux du quotidien pour mieux le déjouer.

[ m modUle ] 05/05/2007 – 29/07/2007. Carte blanche au [ m Commissariat ]. Inaccessibilité et connecteurs hiérarchiques. L’installation conçue par Lucas Lenglet est constituée de cinq éléments indépendants formant un tout, oscillant entre formes architecturales et ima-ges mystérieuses : des étagères en circuit fer-mé, une photographie d’escalier, une fenêtre donnant sur le restaurant du Palais de Tokyo… Autant de perspectives sur l’architecture du lieu et sa fonction. Le titre Inaccessibilité et connecteurs hiérarchiques fait référence à une question récurrente dans le travail de l’artiste : comment l’architecture d’un lieu définit-elle sa sécurité et son accessibilité ? La question des moyens d’accès – des connecteurs – déborde le cadre de la seule utilité : couloirs, portes ou escaliers sont autant d’éléments menant vers l’inconnu. Un livre d’artiste est par ailleurs conçu comme un satellite de l’exposition.

[e ] m *1972, lives and works in Amsterdam and Berlin. As a rule Lucas Lenglet carries out formal research into the space, using it as a medium. He sets out to alter our view and our perception of a space, through a variety of constructions. His work can be seen in the form of commissions, site-specific installa-tions, experiential works; they are all con-structions made by the artist with materials from everyday life.

[ m modUle ] 05/05/2007 – 29/07/2007. Carte blanche to [ m le Commissariat ]. Inacces-sibilité et connecteurs hiérarchiques. The installation created by Lucas Lenglet consists of five independent elements forming a whole, oscillating between architectural forms and mysterious images: shelves forming a closed circuit, a photograph of a staircase, a window overlooking the restaurant of the Palais de Tokyo—all considering the architecture of the place and its function from a different perspective.The title “Inaccessibility and hierarchic connectors” alludes to a question that is recurrent in the artist’s work: how does the architecture of a place define its security and its accessibility? The question of means of access—connectors—goes beyond the context of mere practicality: corridors, doors or stairs are so many elements leading to the unknown. An artist’s book is devised as a satellite to the exhibition.

m LHC, Grand Collisionneur de Protons / Large Hadron Collider

lhc (grand collisionneur de protons)LhC (Large hadron Collider)[f ] m Le Grand Collisionneur de Protons (Large

Hadron Collider, LHC) est l’instrument le plus puissant jamais construit à ce jour pour explorer les propriétés de la [ m matière ]. Installé dans les laboratoires du CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire), cet accélérateur de particules a été conçu pour permettre de lancer à la vitesse de la lumière, dans des tubes de vide, des faisceaux de protons, afin d’obtenir leurs collisions à une énergie de 14 téraélectronvolts. Le maintien en orbite des faisceaux requiert des champs magnétiques d’une très haute intensité (7 Tesla), créée grâce au recours à la supra-conductivité – soit la capacité de certains matériaux à conduire l’électricité sans aucune résistance ou perte d’énergie, généralement à très basse température. Les câbles supracon-ducteurs, ici des fils de niobium-titane noyés dans une matrice de cuivre, sont ainsi placés dans de l’hélium superfluide à la température de 1,9 Kelvin, température encore plus basse que celle de l’espace intersidéral. Quant aux faisceaux de protons, ils sont préparés par une chaîne d’accélérateurs avant d’être injectés dans le LHC, cette manière d’interconnecter les accélérateurs permettant au CERN d’être une usine de faisceaux de particules particulière-ment flexible. À partir de 2008, les milliards de collisions par seconde seront ainsi pré-analy-sées dans les gigantesques détecteurs du LHC, et les données collectées ensuite transmises à de nombreux laboratoires internationaux. Le LHC a été construit dans le tunnel qu’occupait auparavant le Grand Collisionneur électron-Positon (Large Electron Positron Collider, LEP) du CERN. « Installer l’accélérateur du LHC, c’est transporter, mettre en place et connecter dans un étroit tunnel de 27 kilomètres de long plus de 100.000 tonnes de matériel ; ce qui ne représente pas moins de quatorze fois le poids

lhclhc liBERtAiRE lib

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130 131 01/0�/2007 – 2860 grams of art (éditions M19) 07/0�/2007 – François-Xavier Courrèges (édi-

tions Archibooks) 04/10/2007 – Madame la Baronne d’Emilie

Renard (coédition Centre d’art Mira Phalaina ; Maison Populaire de Montreuil)

24/10/2007 – Femmes artistes. Artistes femmes, Paris de 1880 à nos jours d’élisabeth Lebovici &

Catherine Gonnard (éditions Hazan) 08/11/2007 – Transformez votre dépendance

aux médicaments en une prestigieuse carrière artistique de Dana Wyse

llhuros (la civilisation de)The Civilization of Llhuros[f ] m Civilisation perdue inventée par Norman

Daly à la fin des années 19�0 et au début des années 1970. Norman Daly a créé de nombreux objets faisant partie de la civilisation llhuros-sienne, tous fabriqués à partir d’objets trouvés abîmés et vieillis artificiellement : par exemple, un presse-fruits devient un « bronze de trallib » ou un jerrican d’essence est transformé en déesse. Son travail s’inspire de son intérêt à long terme pour les cultures et les civilisations indigènes, documenté grâce à son expérience de professeur d’art et son titre auto-adminis-tré de directeur des études llhurossiennes à la Cornell Université de New York. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ][e ] m Invented lost civilization created by Norman

Daly in the late �0’s and early 70’s. Daly has created many objects that are part of the Ll-hurossian civilization, all made from found ob-jects which are altered and “aged”: for example, a juice squeezer becomes a “bronze trallib”, or an oil canister becomes a female deity/goddess. His work is inspired by his longstanding inter-est in the cultures and civilizations of indig-enous people and is informed by his expertise as an art professor and self-described director of Llhuroscian studies at Cornell University.

[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

lord, andreW[m 4, fig. #48][f ] m *1950, vit à Rotterdam et New York. Les

céramiques brutes et calculées d’Andrew Lord se rapprochent, par de nombreux aspects, de la poterie moderne. En effet, on y retrouve l’exagération des plans, des creux mais aussi la gestualité propre à la sculpture cubiste ou futuriste. Cette pratique de l’objet-céra-mique amène Lord à concevoir des séries de récipients difformes et disproportionnés. Les

sculptures d’Andrew Lord sont mises en forme par l’usage tactile de son corps. Les sept sculp-tures présentées dans l’exposition [ m THe THird 

mind ] étaient réunies par groupes de deux ou trois. Elles manifestent sept sens – le goût, la morsure, la vue, l’odorat, l’ingurgitation, la respiration et l’ouïe – que l’artiste a ressenti puis répertoriés en imprimant son corps dans la glaise.

[e ] m *1950, lives in Rotterdam and New York. An-drew Lord’s raw, carefully calculated ceramics are in many aspects close to modern pottery. For in them can be found the exaggeration of the planes and hollows but also the gestuality that typifies Cubist or Futurist sculpture. This way of treating ceramics as objects has led Lord to design series of distorted, dispropor-tionate receptacles. The sculptures of Andrew Lord are informed by the tactile use of his body. The seven sculptures in [ m THe THird 

mind ], in groups of two or three, document the seven senses of tasting, biting, watching, smelling, swallowing, breathing and listen-ing—which are formed by the artist impressing his body in soft clay.

m andrew lord, Smelling, 199�-1998

lournoy, théodore [ m müller, Catherine-élise ] [ m des indes à la 

planète mars ]

lucas, sarah[m 4, fig. #57][f ] m *19�2, vit à Londres. Par le biais de la

photographie, du ready-made, du collage et de la sculpture, Sarah Lucas investit l’espace avec provocation. Développant les procédés minima-listes, ses œuvres revitalisent les codes popu-laires et antibourgeois, où la question du corps tient une place majeure. Représentant crûment

une résultante, et donc un foyer subjectif, un composé de puissances et de volontés.

Comme le remarque [ m daniel Colson ] : « Avec Deleuze et le réveil de l’esprit libertaire, il est enfin redevenu possible de comprendre non l’universalité du projet anarchiste, mais sa ca-pacité à répéter l’ensemble des expériences et des pensées émancipatrices produites un peu partout dans le monde et depuis les débuts de l’humanité – des Présocratiques et des Cyniques de la Grèce antique à Simondon et Whitehead, en passant par Spinoza, Leibniz et Nietzsche, du taoïsme chinois et de ses révoltes paysan-nes au communisme libertaire des paysans et des ouvriers aragonais en passant par les dissidents du christianisme et de l’Islam ou en-core les sociétés sans État d’Amazonie décrites par Pierre Clastres. » [ m anarchie ] [ m Capitaine misson ] [ m libertalia ] [ m voir p. C-3 ]

[e ] m It was not until the latter part of the 20th century that it was possible to start to become aware of the importance of anarchism [ m anarchisme ] and to have any presenti-ment of the philosophical value of libertarian thought, both in the past and the coming cen-tury. It was less a renewal than a return to a forgotten or unknown philosophical conception that was witnessed in the 19�0s and 70s, with authors like Gilles Deleuze and Michel Fou-cault. Theories with revolutionary pretensions were then completely dominated by the com-placency and theoretical terrorism of the Marx-ism of the previous decades, long years of State socialist dictatorship, but also of subjection of the working classes to the social and economic order and their integration into it. In open con-tradiction with this ideological straitjacket, the emancipatory aspirations then sweeping across most countries and societies were revealed in an immense, multiform explosion of life and rebellion. It is in that tension that has to be understood the approach of a great number of philosophers and theorists, from René Scherer to Michel Foucault and Jacques Derrida, by way of Cornelius Castoriadis, Maurice Blanchot or Pierre Klossowski. In their writings a regeneration of libertarian thought is at work, and the anarchist Idea, through the rediscovery of its double and successive—theoretical and practical—inflection, has just restored meaning to a common affirmation of life, to a radical criticism of science and modernity, A line of thought where each thing is related to an infi-nite plurality of forces and points of view fight-ing to hatch out is reassesed, a line of thought

where, as Proudhon had explained, every group is an “individual”, endowed with subjectivity, since every individual is itself a group, a resul-tant, and hence a subjective focus, a compound of powers and wills.

As [ m daniel Colson ] observes: “With Deleuze and the awakening of the libertarian spirit, at last it again became possible to understand not the universality of the anarchist project, but its capacity to repeat in their entirety all the emancipatory experiments and thoughts produced more or less throughout the world, since the beginning of humankind—from the Pre-Socratics and the Cynics of ancient Greece to Simondon and Whitehead, by way of Spino-za, Leibniz and Nietzsche, from Chinese Taoism and Chinese peasant revolts to the libertar-ian Communism of the Aragonese peasants and workers, by way of Christian and Islamic dissidents, or again the stateless societies of Amazonia described by Pierre Clastres.” [ m anarchie ] [ m Capitaine misson ] [ m libertalia ] [ m voir p. C-7 ]

librairie du palais de tokyoBookstore m Signatures et rencontres / book signings

and events 29/09/200� – Revue Azimuts 02/11/200� – Fresh Theorie II

(éditions Léo Scheer) 24/11/200� – LOVE/PAIN d’ Ephameron 01/12/200� – Nuke Magazine, # 4 07/12/200� Philippe Mayaux

(Sémiose éditions) ; revue 20/27 (éditions M19) 13/12/200� – Chonologie lacunaire du skate-

board (1779 – 2005) de Raphaël Zarka & revue Marie Louise (éditions F7)

21/12/200� – PFFFUUT d’Olivier Nottelet (éditions Villa Saint Clair)

11/01/2007 – After de Thomas Lélu & Jean-Max Colard (éditions Sternberg Press)

09/02/2007 – Livre rouge du collectif C215 08/03/2007 – Glitch, beaucoup plus de moins !

de Jean-Baptiste Farkas (éditions Zédélé) 2�/04/2007 – éditeur modeste de Sanzo Kuh-

nam (éditions Sanzo Kunhnam) 02/05/2007 – Slumberland de Virginie Barré 5/05/2007 – Pixaçao: Sao Paulo de François

Chastenet & Steven Heller (éditions XGpress) 31/05/2007 – Reception/transmission de

Camille Henrot et Yona Friedman (coédition Collections de Saint-Cyprien, Musée des beaux arts de Bordeaux, galerie Kamel Mennour et Paris Musées)

liBRAiRiE Du PAlAiS DE tokYolib lucAS luc

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132 133a parallel development, following a first solo al-bum, Queen of Siam (ZE Records, 1980), Lunch created her own label, Widowspeak, in 1984; she moved away from rock formats and turned towards the spoken word to develop a more experimental, more personal style of writing, while continuing to work with musicians like Nick Cave, Einstürzende Neubauten and Sonic Youth. Provocative and anti-authoritarian, her emblematic albums are significantly entitled Hysterie (Widowspeak Productions, 1987), Oral Fixation (Widowspeak Productions, 1988), Con-spiracy of Women (Widowspeak Productions, 1990) or, more recently, with Anubian Lights, Champagne, Cocaine & Nicotine Stains (Crip-pled Dick Hot Wax!, 2002). Lydia Lunch also does photography and has published several books, including her autobiography, Paradoxia: A Predator’s Diary, in 1997. Furthermore, one of her texts accompanies a portfolio of draw-ings and photographs by [ m steven Parrino ] in the artist’s book Steven Parrino. 1983, 1984

– 86, 1987 – 90, 1991 (Les Presses du Réel, 1992). [ m les jeudis de la marqUe noire ]

m Lydia Lunch’s Teenage Jesus & the Jerks

m Lydia Lunch

le corps féminin, parfois le sien, elle dénonce les rapports hommes/femmes, le sexisme et interroge la notion de genre et ses pouvoirs sur le quotidien. Présentée dans [ m THe THird 

mind ], l’installation Car Park (1997) mettait en scène une voiture dont les vitres ont été brisées (Islington Diamonds, expression qui à Londres désigne précisément les éclats de verre des pare-brises réduits en miettes par les casseurs), et une série de photos d’un parking déserté (Concrete Void) couvrant le mur en arrière-plan. Le cadrage, qui privilégie les murs aveugles et les recoins sans issue, souligne une atmosphère oppressante. L’installation condense en elle une violence manifeste à la fois passée et à venir sous la forme d’un énig-matique récit à reconstruire.

[e ] m *19�2, lives in London. By means of pho-tography, ready-mades, collage and sculpture, Sarah Lucas occupies space in a provocative way. Developing minimalist processes, her works revitalise popular and anti-bourgeois codes, with the question of the body being a major preoccupation. Crudely representing the female body, sometimes even her own, Lucas denounces male/female relationships, sexism, and questions the notion of gender and its power over everyday life. Presented in [ m THe 

THird mind ], Car Park (1997) featured a dam-aged car with its windows smashed (Isling-ton Diamonds, in London the expression is precisely used to describe the splinters of glass from windscreens reduced to smithereens by wreckers), and a series of photos of a deserted car park (Concrete Void ) that covered the wall in the background. The framing which empha-sizes blank walls and recesses with no exit underlines an oppressive atmosphere. The work condenses obvious violence within it, both past and future, in the form of an enigmatic story for us to reconstruct.

lunch, lydia[f ] m Poétesse et performeuse. Lydia Lunch n’a

que seize ans lorsqu’elle se fait remarquer sur la scène artistique new-yorkaise comme chanteuse du groupe Teenage Jesus and the Jerks, fondé en 197� avec le guitariste James Chance. Avec son style de chant tantôt sensuel et profond, tantôt scansion à la limite du cri, Lydia Lunch s’impose comme une des figures de proue du mouvement No Wave et participe à de nombreux groupes à l’existence plus ou moins éphémère, Beirut Slump, 13 : 13 ou encore 8 Eyed Spy. Elle joue également dans les films

underground de Vivienne Dick et de Beth et Scott B., avant d’entamer, dans les années 1980, une collaboration fructueuse avec [ m richard Kern ], alors affilié à un « Cinéma de la Trans-gression » volontiers subversif et trash. The Ri-ght Side of My Brain (1984) et Fingered (198�), écrits par Lydia Lunch et réalisés par Kern, combinent ainsi pornographie, ultraviolence, satire politique et anticonformisme esthétique. Parallèlement, suite à un premier album solo, Queen of Siam (ZE Records, 1980), Lunch crée son propre label, Widowspeak, en 1984 ; elle s’éloigne des formats du rock et se tourne vers le spoken word pour développer une écriture plus expérimentale, plus personnelle, tout en continuant de travailler avec des musiciens comme Nick Cave, Einstürzende Neubauten, Sonic Youth. Provocatrice et contestataire, ses albums emblématiques s’intitulent significa-tivement Hysterie (Widowspeak Productions, 1987), Oral Fixation (Widowspeak Productions, 1988), Conspiracy of Women (Widowspeak Productions, 1990) ou, plus récemment, avec Anubian Lights, Champagne, Cocaine & Nicoti-ne Stains (Crippled Dick Hot Wax!, 2002). Lydia Lunch pratique également la photographie et a publié plusieurs ouvrages, parmi lesquels son autobiographie, Paradoxia: A Predator’s Diary, en 1997. Un de ses textes accompagne par ailleurs un portfolio de dessins et photos de [ m steven Parrino ] dans le livre d’artiste Steven Parrino. 1983, 1984 – 86, 1987 – 90, 1991 (Les Presses du Réel, 1992).

[ m les jeudis de la marqUe noire ][e ] m A poet and performer. Lydia Lunch was only

sixteen when she first attracted attention on the New York artistic scene as a singer with the group Teenage Jesus and the Jerks, founded in 197� with the guitarist James Chance. With her style of singing, now sensual and profound, now a rhythmic beat on the verge of a scream, Lydia Lunch established herself as one of the figureheads of the No Wave movement and participated in many groups which were to a greater or lesser extent ephemeral: Beirut Slump, 13: 13 or 8 Eyed Spy. She also acted in the underground films of Vivienne Dick, and Beth and Scott B., before embarking on a fruit-ful collaboration in the 1980s with [ m richard Kern ], then affiliated to a deliberately subver-sive and “trash” Cinema of Transgression. Thus The Right Side of My Brain (1984) and Fingered (198�), written by Lydia Lunch and made by Kern, combine pornography, extreme violence, political satire and esthetic anticonformism. In

luNch luNch lunlun

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134 135

mπ, nouvelles du monde renverséM—, NEWS FROM ThE UPSIDE-DOWN[m 2, fig. #15 – #31 ][f ] m Session 01/02/2007–0�/05/2007. Les

physiciens placent une courte barre horizon-tale au-dessus d’une lettre pour identifier les particules d’[ m antimatière ]. S’inspirant librement de cette annotation, qui signale une forme d’inversion, le Palais de Tokyo a proposé M—, cinq expositions personnelles et deux pro-jets collectifs traversés par l’idée de renver-sement. Après [ m Cinq milliards d’années ], qui interrogeait l’élasticité du temps et de l’espace, M— rassemblait des œuvres qui se comportent comme des oscillateurs, des ponts ou des points de basculement du réel entre des polarités différentes. « Le rapport a/b est tout entier non pas dans un nombre c tel que a/b=c mais dans le signe ( / ) qui sépare a et b » disait [ m marcel duchamp ]. L’art, entendu en ce sens, n’est plus un résultat ou un produit, mais la barre de fraction elle-même, le signe discret d’une transformation, l’opérateur de nombreux renversements.

[e ] m Session 01/02/2007–0�/05/2007. Physicists place a short horizontal line above a letter to identify particles of anti-matter [ m antimatière ]. Drawing free inspiration from that annotation that indicates a form of inversion, the Palais de Tokyo presented M—, five solo exhibitions and two collective shows, permeated by the idea of reversal. After FivE BillioN YEARS [ m Cinq milliards d’années ], which questioned the elasticity of time and space, M— brought together works that behave like oscillators, bridges or tipping points between reality’s different polarities. “The a/b relationship lies not in any number c as in a/b=c but rather in the sign ( / ) that separates a and b,” [ m marcel duchamp ] said. Understood in this way, art is no longer a result or a product, but the fraction line itself, the discreet sign of a transformation, the operator of many inversions or reversals.

m Expositions / exhibitions [ m michel Blazy ]  [ m PosT PaTman ], [ m Tatiana Trouvé ]  [ m doUBle Bind ], [ m Joe Coleman ],  [ m daVid noonan ], [ m daniel dewar & Grégory Gicquel ] [ m GraniToïd Trans Goa rasCal Koï 

Koï, sHimenaWa mamBa, oriGinal PerUVian 

CarPeT and diGiTal ProJeCT For mUsiCians ], [ m Peter Coffin ] [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ] [ m mUsiqUe PoUr PlanTes VerTes ] / 

muSic FoR PlANtS m [ m modUles ] [ m Bernadette Genée & alain le 

Borgne], [ m Koki Tanaka], [ m lucas & Jason 

m—, NouvEllES Du moNDE RENvERSém

ajemian], [ m Camille Henrot ], [ m david ancelin], [ m &nBsP]

m [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde 

renVersé ] / Thurdays at M— , NEwS FRom thE

uPSiDE-DowN

malabou, catherine[f ] m Philosophe et maître de conférence à

l’université de Paris X-Nanterre. Catherine Malabou se consacre depuis des années à l’élaboration théorique du concept de plasticité à partir de Hegel, et en élargissant son champ d’investigation jusqu’aux neurosciences où il joue aujourd’hui un rôle central. Elle consacre son dernier ouvrage (Les nouveaux blessés. De Freud à la neurologie, penser les traumatismes contemporains, 2007) aux personnes souffrant des maladies d’Alzheimer ou de Parkinson, sujets atteints de dommages neurologiques irréversibles, traumatisés de guerre, victimes d’agressions ou d’actes terroristes, individus que la psychanalyse ne peut pas comprendre puisqu’ils sont amputés d’une partie d’eux-mêmes. Développant une lecture de Freud novatrice et radicale, Catherine Malabou en-treprend de montrer que l’événement cérébral se substitue à l’événement sexuel dans la psy-chopathologie contemporaine. [ m les jeudis de THe THird mind ] [ m neuropsychanalyse ]

[e ] m A philosopher and a lecturer at the Univer-sity of Paris X-Nanterre. For years Catherine Malabou has devoted herself to the theoretical elaboration of the concept of plasticity starting from Hegel and widening her field of investiga-tion as far as the neurosciences where it now plays a central role. She devotes her latest book (Les nouveaux blessés. De Freud à la neurolo-gie, penser les traumatismes contemporains, Bayard, Paris, 2007) to the new injured, those suffering from Alzheimer’s or Parkinson’s disease, individuals suffering from irreversible

neurological damage, people traumatized by war, victims of aggression or terrorist acts. … Individuals psychoanalysis cannot understand since a part of them has been amputated. De-veloping an innovative and radical interpreta-tion of Freud, Catherine Malabou undertakes to show that the cerebral event is substituted for the sexual event in contemporary psycho-pathology. [ m les jeudis de THe THird mind ] [ m neuropsychanalyse ]

mandala shirt[f ] m T-shirt conçu par [ m Ugo rondinone ] et le

styliste Gaspard Yurkievich pour [ m THe THird 

mind ]. [ m emma Kunz ][e ] m T-shirt designed par [ m Ugo rondinone ] and

the fashion designer Gaspard Yurkievich for [ m THe THird mind ]. [ m emma Kunz ]

manson, charles[f ] m *1934 à Cincinnati. Fondateur et gourou de

« The Family », secte qui s’est rendue célèbre en [ m 1969 ] à l’occasion de l’assassinat de Sha-ron Tate, la femme de Roman Polanski. Inspiré par un mélange de chansons des Beatles et de ses lectures de L’Apocalypse, il était persuadé de l’imminence d’une guerre interraciale et d’une attaque nucléaire. [ m Joe Coleman ], [ m Cady noland ] et [ m Kenneth anger ], entre autres, l’évoquent à l’occasion de leurs œuvres. [ m satanisme ] [ m Backward message ]

[e ] m *1934 in Cincinnati. Founder and guru of “The Family,” a sect that became famous in [ m 1969 ] when Sharon Tate, the wife of Roman Polanski, was murdered. Inspired by a mixture of songs by the Beatles and his readings of the Apocalypse, he was convinced of the im-minence of an interracial war and a nuclear attack. [ m Joe Coleman ], [ m Cady noland ] and [ m Kenneth anger ] are among those to refer to him in their works. [ m satanisme ] [ m Backward message ]

markl, hugo[m 4, fig. #49 ][f ] m *19�4, vit à Vienne. Hugo Markl puise

directement dans sa vie quotidienne pour faire œuvre. Il transforme des impressions et des matériaux qui le captivent et l’intriguent, pour les restituer sous forme de vidéos, sculptures et divers assemblages. Ses œuvres naissent là où il les fabrique, car Hugo Markl ne se définit pas comme un artiste d’atelier. Par ses collages, l’artiste autrichien réalise de nouvelles unités, à partir de fragments de formes prélevés dans

mARkl mar

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13� 137considérer le mode de la collaboration comme le matériau même de sa propre activité créatrice. Conçue comme un triptyque, la session regrou-pait non seulement une sélection d’œuvres de [ m steven Parrino ], mais aussi un choix de travaux d’artistes historiques dont il s’est inspiré et des pièces d’artistes qu’il a exposés, soutenus, et avec lesquels il a collaboré, cou-vrant ainsi un champ allant du minimalisme au tatouage, en passant par le cinéma expérimental des années 19�0, la bande dessinée, le design industriel, la No Wave et le punk.

[e ] m Session 24/05/2007 – 2�/08/2007. After FivE BillioN YEARS [ m Cinq milliards 

d’années ] and M— , NEwS FRom thE uPSiDE-DowN

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ] that tested the elasticity and the oscillation of the work of art, respectively, lA mARQuE NoiRE con-sidered its resilience. For this session, the Palais de Tokyo devoted the entirety of its exhibition spaces to [ m steven Parrino ]. Conceived as a triptych, the program not only brings together a selection of works by Parrino, but also presents a collection of works by artists from whom he drew inspiration as well as pieces by artists he exhibited, supported, and with whom he col-laborated. In this way, lA mARQuE NoiRE covers a field ranging from Minimalism to tattoo art, by way of experimental cinema, comic books, industrial design, No Wave and punk.

m Expositions / exhibitions [ m sTeVen Parrino, 

reTrosPeCTiVe 1981-2004 ], [ m BeFore (PlUs oU 

moins) ], [ m BasTard CreaTUre ]

m [ m modUles ] [ m lonnie van Brummelen & siebren de Haan ], [ m adriana Garcia Galan ], [ m lucas lenglet ], [ m Claire Fontaine ], [ m les artistes du Pavillon (session #2) ]

m [ m les jeudis de la marqUe noire ] / Thurdays at lA mARQuE NoiRE

matelli, tony[m 1, fig. #03 ][f ] m *1971, vit à New York. Utilisant différents

matériaux tels que la résine, le PVC et la peintu-re, Tony Matelli propose des instantanés de vie tels qu’un groupe d’adolescents perdus dans la forêt ou un somnambule vêtu de son seul cale-çon. Par le biais de son parti-pris hyperréaliste, l’artiste porte un regard onirique et ironique sur les aspects les plus absurdes de notre vie quotidienne.

Après avoir travaillé sur la citation en se mettant en scène dans une série d’autoportraits reproduisant les postures de divers classiques de l’histoire de l’art, l’artiste franchit une étape

supplémentaire dans la mise en abîme avec Gone (2000). Avec cette version simiesque présentée dans [ m 5.000.000.000 d’années ], l’artiste proposait une relecture ironique de son premier Sleepwalker (1997).

[e ] m *1971, lives in New York. Using materials such as resin, PVC, and paint, Tony Matelli pro-poses slice-of-life moments such as a group of adolescents lost in the forest or a sleepwalker dressed only in his underwear. Known for his hyperrealist allegorical sculpture, the artist locates the dreamlike and ironic nature of daily life’s many absurdities.

Having already begun a self-referential process of representing his own body assuming the poses of various famous art historical classics, Matelli continued the exercise with Gone (2000), an ape version of his Sleepwalker from 1997 that was presented in the 5,000,000,000

YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ].

m Matière : les quatre forces fondamentales / Matter: the four fundamental forces

m Classification périodique des éléments / Periodic clas-sification of the elements

matièreMatter[f ] m Physique. L’idée qui guide la recherche de

particules de plus en plus précises, au cœur même de la matière, trouve son origine dans les théories des philosophes matérialistes de l’Antiquité, Leucippe, Démocrite (420 av. JC), épicure (300 av. JC) et plus tard Lucrèce (70 av. JC), selon lesquelles la matière est discontinue, formée de grains insécables, les atomes. Cette hypothèse s’oppose alors à la pensée d’Empé-docle d’Agrigente (Ve siècle av. JC), adoptée par Aristote, posant que tous les matériaux se com-posent de quatre éléments, terre (solide), eau (liquide), air (gazeux), feu (plasma) – auxquels la tradition ésotérique ajoutera un cinquième élément, l’éther ou esprit. C’est néanmoins en

des magazines et des journaux. Ces éléments disparates assemblés semblent véhiculer des messages qui restent souvent ambivalents et mystérieux. La série de photographies intitulée Brown est réalisée à partir de collages de docu-ments collectés au fil des années par l’artiste : coupures de journaux, de magazines, de catalogues. Chaque pièce de la série est nommé d’après l’un des états d’Amérique, classés par ordre alphabétique : Brown Alabama, Brown Alaska, etc., suggérant une structure narrative, mais sans que cela semble informer l’image correspondante. Ces collages ne se rapportent pas à une réalité bien définie, ils semblent être des variations, uniques à chaque fois, autour du grotesque et du banal des images qui nous entourent. [ m THe THird mind ]

[e ] m *19�4, lives in Vienna. Hugo Markl draws directly on his everyday life to create his works. He transforms impressions and materials that captivate and intrigue him by reconstituting them in the form of videos, sculptures and various assemblages. His works are born in the place where they are made because Markl does not define himself as a studio artist. Through his collages, the Austrian artist makes new entities from fragments of forms taken from magazines and newspapers. These disparate as-sembled elements seem to convey messages that often remain ambivalent and mysterious. The se-ries of photographs entitled Brown is made from collages of documents collected over the years by the artist: cuttings from newspapers, maga-zines and catalogues. Each item in the series is named after one of the American states, listed in alphabetical order: Brown Alabama, Brown Alaska, etc., suggesting a narrative structure, though it does not seem to have any impact on the corresponding image. These collages do not relate to a well defined reality, they seem to be variations, unique every time, focusing on the grotesqueness and banality of the images that surround us. [ m THe THird mind ]

marque noire (la)[m 3, fig. #32 – #43 ][f ] m Session 24/05/2007 – 2�/08/2007.

Après [ m Cinq milliards d’années ] et [ m π, 

noUVelles dU monde renVersé ], consacrées à tester respectivement l’élasticité et l’oscillation de l’œuvre d’art, lA mARQuE NoiRE éprouvait sa résilience. Pour cette session, le Palais de Tokyo a consacré la totalité de ses espaces d’exposi-tions à la figure d’un artiste qui n’a eu de cesse de faire voler en éclat toute catégorie et de

 

m Mandala Shirt (photo : Didier Barroso)

m Joe Coleman, Portrait of Charles Manson, 1988

m Hugo marl, Brown Series, 2004

mARQuE NoiREmar mAtièRE mat

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bodies accumulated, and in 18�9 the Russian chemist Dmitri Mendeleyev was able to come up with a first “Periodic classification of the elements” at a time when atomic theory had not yet been constituted. His table then included 30 elements, classified according to the number of protons and the total number of nucleons in their atoms, as against 114 in 200�. The unifica-tion of electricity and magnetism, demonstrated by the Scotsman James Clerk Maxwell in 18�5, would be reinforced by research into the photon carried out in the 20th century: thus it is in fact photons of different wave lengths that consti-tute visible light and radio waves like X-rays or gamma rays.

In parallel with the ever more refined analysis of the structure of matter, particle physics therefore henceforth worked on describing and unifying the macroscopic and microscopic in-teractions that determine its behavior: research into the components of matter went hand in hand with analysis of the determinants of the four fundamental forces of physics—gravitation-al force, electromagnetic force, weak interaction and strong interaction. Thus the heavy bosons discovered by the CERN teams in 1982 had been predicted by the electroweak theory of Sheldon Glashow, Abdus Salam and Steven Weinberg, which unifies electromagnetic interaction and weak interaction, responsible for electronic radioactivity and the disintegration of certain particles. Research is currently concentrating on the Higgs boson, a particle thus named after one of the physicists who posited its existence, which a detector like the [ m lHC ] will be capa-ble of revealing. In parallel, research into strong interaction, which for its part binds protons and neutrons into the nuclei of atoms, has led to the modeling of the structure of protons in terms of quarks. Six types of quark are known today: the up (u) quark, the down (d) quark, the strange (s) quark, the charm (c) quark, the bottom (b) quark and finally the top (t) quark. And that is not counting the antiquarks.

“But the observations of astrophysicists reveal that all the visible matter we know represents only 4% of what the universe contains. That 96% of hidden matter in the Universe is made up of black matter, black energy, neutrinos if they have mass. Or perhaps of the imperfection of Newton’s law or of theoretical estimates… It’s an open field.”, comments [ m Jean-Pierre Merlo ]. [ m antimatière ] [ m détecteurs de parti-cules ] [ m rayons cosmiques ] [ m les jeudis de 

Cinq milliards d’années ]

matin des magiciens (le)MORNING OF ThE MAGICIANS[m 1, fig. #11 – #13 ][f ] m Exposition personnelle de [ m Joachim 

Koester ]. 07/12/200� – 14/01/2007. Une expo-sition construite autour de plusieurs récits de sciences occultes [ m occultisme ] qui regroupait une série de photographies accompagnée d’un film en 1� mm, abstrait et en noir et blanc, en relation avec la célèbre Abbaye de [ m Thélème ]. L’artiste présentait également The Magic Mirror Of John Dee, la photographie d’un miroir magique, conservé au British Museum et ayant appartenu à John Dee, scientifique et astrologue du XVIe siècle. Cette photographie, un monochrome noir, révèle en creux une autre histoire du minimalisme. Enfin, la double pro-jection One + One + One réinvestissait l’Abbaye de Thélème aujourd’hui en ruines. Mélange d’images documentaires et d’images abstraites tirées de la végétation encerclant la maison, le film tente de renouer avec l’atmosphère surnaturelle des lieux en incluant les restes de fresques de la « Chambre des cauchemars ». Le titre One + One + One est inspiré du film de Godard sur les Rolling Stones, Sympathy for the Devil (One+One) en forme de clin d’œil à l’in-fluence d’Aleister Crowley sur certains groupes rock des années 19�0. Les Beatles utilisèrent d’ailleurs son image pour la couverture de leur album Sergent Pepper. Dernier monument d’une histoire invisible, l’Abbaye de Thélème, avec son lot de récits et de mémoire enfouie, fonctionne pour Koester comme un « paysage mental » qu’il accompagne d’un texte à la fois descriptif et littéraire.

[ m Cinq milliards d’années ][e ] m Solo exhibition of [ m Joachim Koester ].

07/12/200� – 14/01/2007. An exhibition con-structed around several stories of the occult [ m occultisme ] sciences comprising a series of photographs accompanied by an abstract, black and white 1� mm film relating to the famous Abbey of Thelema [ m Thélème ]. The artist also presented The Magic Mirror Of John Dee, the photograph of a magic mirror held in the Brit-ish Museum which belonged to John Dee, a 1� th-century scientist and astrologer. This pho-tograph, a black monochrome, subtly reveals a different story of minimalism. Finally, the double projection One + One + One reoccupied the Abbey of Thelema which is now in ruins. A mixture of documentary images and abstract images derived from the vegetation surround-ing the house, the film attempts to reconnect

suivant cette physique des éléments que se développera, dans le monde arabe puis dans l’Occident médiéval, l’alchimie, dont certains principes, comme celui de transmutation, pré-figurent, à mi-chemin de l’[ m occultisme ] et de l’intuition expérimentale, la physique nucléaire.

C’est le XVIIIe siècle qui marque les débuts de la chimie moderne : la figure du Français An-toine-Laurent Lavoisier symbolise un tournant tant dans les méthodes que dans les modes de pensée scientifiques, combinant expérimenta-tion et modélisation théorique. Après avoir fait l’analyse de l’air et, à la suite du Britannique Henry Cavendish, celle de l’eau, battant ainsi en brèche la théorie des éléments, il est l’un des instigateurs d’une nouvelle nomenclature chimi-que, rigoureuse, basée sur la distinction entre corps simples et composés. Au fil du XIXe siècle, les analyses des propriétés des corps s’accumu-lent, et le chimiste russe Dimitri Mendeleïev peut proposer en 18�9 une première « Classifica-tion périodique des éléments » alors même que la théorie atomique n’est pas encore constituée. Son tableau compte alors 30 éléments, classés selon le nombre de protons et le nombre total de nucléons de leurs atomes, contre 114 en 200�. L’unification de l’électricité et du magnétisme, démontrée par l’écossais James Clerk Maxwell en 18�5, sera renforcée par les recherches réalisées au XXe siècle sur le photon : ainsi, ce sont bien des photons de longueurs d’onde diffé-rentes qui constituent la lumière visible et les ondes radio comme les rayons X ou les rayons gamma.

Parallèlement à l’analyse de plus en plus fine de la structure de la matière, la physique des particules travaille donc désormais à décrire et unifier les interactions macro et microscopi-ques qui déterminent ses comportements : les recherches sur les composantes de la matière vont de pair avec l’analyse des déterminants des quatre forces fondamentales de la physique – la force de gravitation, la force électromagnétique, l’interaction faible et l’interaction forte. Ainsi, les bosons lourds, découverts par les équipes du CERN en 1982, avaient été prédits par la théorie électrofaible de Sheldon Glashow, Abdus Salam et Steven Weinberg, qui unifie l’interac-tion électromagnétique et l’interaction faible, responsable de la radioactivité électronique et de la désintégration de certaines particules. Les recherches se concentrent actuellement sur le boson de Higgs, particule baptisée ainsi d’après le nom d’un des physiciens ayant proposé son existence, qu’un détecteur comme le [ m lHC ]

sera capable de mettre en évidence. En paral-lèle, les recherches sur l’interaction forte, qui lie quant à elle les protons et les neutrons dans les noyaux d’atomes, ont mené à la modélisation de la structure des protons en quarks. On connaît aujourd’hui six types de quarks : le quark up (u), le quark down (d), le quark étrange (s), le charme (c), le bottom (b) et enfin le top (t). Et ce, sans compter les antiquarks.

« Mais les observations des astrophysiciens révèlent que toute la matière visible que nous connaissons ne représente que 4% de ce que contient l’univers. Ces 96% de matière cachée de l’Univers sont constitués de matière noire, énergie noire, de neutrinos s’ils ont une masse - ou peut être de l’imperfection de la loi de Newton ou des estimations théoriques… C’est un domaine ouvert. », observe [ m Jean-Pierre Merlo ]. [ m antimatière ] [ m détecteurs de parti-cules ] [ m rayons cosmiques ] [ m les jeudis de 

Cinq milliards d’années ][e ] m Physics. The idea that guides the search for

ever more precise particles at the very heart of matter has its origin in the theories of the materialist philosophers of Antiquity, Leucip-pus, Democritus (420 BC), Epicurus (300 BC) and at a later date Lucretius (70 BC), according to which matter is discontinuous, formed of indivisible grains, or atoms. This hypothesis was then in opposition to the ideas of Empedocles of Agrigentum (5th C. BC), adopted by Aristotle, positing that all materials are composed of four elements, earth (solid), water (liquid), air (gas-eous), fire (plasma)—and to these the esoteric tradition added a fifth element, ether or spirit. Nevertheless, it was by following this physics of the elements that alchemy would develop, first in the Arab world, then in the medieval west, and certain of its principles, such as that of transmutation, prefigured nuclear physics, halfway between [ m occultism ] and experimen-tal intuition.

It was the 18th century that marked the begin-ning of modern chemistry: the figure of the French scientist Antoine-Laurent Lavoisier sym-bolizes a turning point in scientific methods and ways of thinking alike, combining experimenta-tion and theoretical modeling. After analyzing air and—following in the footsteps of the British scientist Henry Cavendish—water, so demolish-ing the theory of the elements, he became one of the instigators of a new rigorous chemical nomenclature, based on the distinction between simple and composite bodies. In the course of the 19th century, analyses of the properties of

mAtièREmat mAtiN DES mAGiciENS mat

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mccartney, paul[f ] m Chanteur britannique. [ m Pacôme Thiel-

lement ] explique que « Toute l’histoire du mythe de la mort de Paul McCartney est celle de la discographie des Beatles considérée sous l’angle du document chiffré, rythmée par des paroles expirées entendues différemment en diffusant des disques à l’envers. Selon les théories diffusées par des dénommés Tim Harper, auteur en 19�9 d’un texte dans un journal universitaire de l’Iowa, et Russ Gibb, disc-jockey animateur d’un émission de radio à Detroit, Paul McCartney serait mort dans un accident de voiture le 9 novembre 19�� à cinq heures du matin, après avoir pris en stop une ex-contractuelle nommée Rita, et aurait été ensuite remplacé par un imposteur, un ancien agent de police nommé William Campbell ayant récemment gagné un concours de sosie de Paul. Leurs thèses étaient étayées par des indices ti-rés des disques des Beatles, comme si le groupe révélait ainsi lui-même, tout en la masquant, la supercherie : le puzzle doit être reconstitué à partir de détails de pochette, des fragments de paroles de chansons, et bien sûr plusieurs backward messages. Les marmonnements de Lennon à la fin de I’m so tired donneraient, une fois renversés, ‘ Paul is dead, miss him, miss him’ ; la répétition de ‘Number nine’, ‘ Turn me on, dead man’ ; enfin, la boucle infinie qui clôt Sgt. Pepper serait à entendre comme ‘We will fuck you like supermen’». [ m Backward message ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ][e ] m British singer. [ m Pacôme Thiellement ] 

explains that “The whole story of the myth of the death of Paul McCartney is that of the discography of the Beatles considered from the point of view of a document in cipher. It was set in motion in 19�9 by an article in the university newspaper of Iowa by someone called Tim Harper and the radio broadcasts of a Detroit disc jockey called Russ Gibb. Accord-ing to their theory Paul McCartney died in a car accident on 9 November 19�� at 5 a.m., after giving a lift to a former traffic warden by the name of Rita, and was subsequently replaced by an impostor, a former policeman called William Campbell who had recently won a competition for a Paul look-alike. And their theories were supported by clues taken from the records of the Beatles themselves, who revealed it in a masked from in their records from Sgt. Pepper’s lonely hearts club band on. Among the clues they give, there are not only

details on the record sleeves or in the words of the songs, rearranged like a puzzle, but several backward messages: Lennon’s murmurings at the end of I’m so tired backwards supposedly produce ‘Paul is dead, miss him, miss him”, the words ‘ Number nine’ repeated, ‘Turn me on, dead man’, and finally the endless loop that closes Sgt. Pepper , ‘We will fuck you like su-permen’.” [ m Backward message ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ]

medio dÌa – media noche[m 5, fig. #70 – #75 ][f ] m [ m Chalet de Tokyo ]. Exposition 10/11/2007

– 30/12/2007 au Centro Cultural Recoleta de Buenos Aires. Le « temps manquant ». C’est par cette expression que les ufologues décrivent cette faille spacio-temporelle que vivent les per-sonnes emmenées par les extra-terrestres. Ces derniers peuvent vivre une aventure qui pour eux peut sembler se prolonger pendant des années ; or pour le temps humain, elle n’aura même pas duré une nanoseconde. Le temps est décidemment une notion élastique. Midi d’un côté de la planète, minuit de l’autre. Le temps est-il le même partout ? Comment vivre l’instant

? Comment faire exister le présent ? Quand Duchamp réalise un ready-made, il ne crée pas une œuvre destinée à durer éternellement, mais au contraire, une œuvre qui se constitue à la vitesse de la lumière, qui n’existe que le temps instantané de son appréhension, et qui disparaît aussitôt. Une œuvre qui ouvre le temps, plutôt qu’elle ne s’y inscrit. Ce sont de telles œuvres qui ont été présentées dans MEDIO DÌA – MEDIA NOCHE [De midi à minuit]. Entre un crâne-

with the supernatural atmosphere of the place by including the remnants of frescoes from the “Chambre de cauchemars” (Chamber of night-mares). The title One + One + One is inspired by Godard’s film about the Rolling Stones, Sympa-thy for the Devil (One+One), a discreet reference to [ m aleister Crowley ]’s influence on some Six-ties rock groups. Moreover, the Beatles used his picture on the cover of their Sergeant Pepper album. The last monument of an invisible story, the Abbey of Thelema, with its share of stories and buried memory, functions for Koester as a “mental landscape” which he accompanies with a text that is both descriptive and literary. [ m Cinq milliards d’années ]

m Liste des œuvres / List of works Morning of the Magicians, 2005 Série de 10 photographies /

series of 10 photographs Courtesy galerie Jan Mot, Bruxelles et Galleri

Nicolai Wallner, Copenhague / Copenhagen Morning of the Magicians, 2005 Film 16 mm / 16 mm film Courtesy galerie Jan Mot, Bruxelles et Galleri

Nicolai Wallner, Copenhague / Copenhagen The Magic Mirror of John Dee, 2006 Courtesy galerie Jan Mot, Bruxelles et Galleri

Nicolai Wallner, Copenhague / Copenhagen One + One + One, 2006 Installation vidéo / Video installation Courtesy galerie Jan Mot, Bruxelles et Galleri

Nicolai Wallner, Copenhague / Copenhagen

m Tom McCarthy

mccarthy, tom[f ] m Fondateur de la Société Nécronautique Inter-

nationale (International Necronautical Society, ou [ m ins ] ), dont il est le Secrétaire général. Ce « réseau avant-gardiste semi-fictif », dont le projet est l’exploration de la mort considé-rée comme un territoire, s’est signalé dans le monde de l’art par la diffusion de rapports et de manifestes (dont Navigation Was Always a Difficult Art permier rapport établi en 2002), la mise en place d’actions plus ou moins secrè-tes, et l’organisation de manifestations comme

Calling All Agents à l’ICA, à Londres, en 2004. écrivain, il se fait remarquer avec son premier roman, Remainder (Metronome Press, 2005), dont le narrateur est un homme qui, suite à un grave accident, n’a de cesse de reconstituer ses propres souvenirs. Ce livre est paru en français sous le titre Et ce sont les chats qui tombèrent (Hachette Littératures, 2007), alors qu’est sorti en Grande-Bretagne son second opus, Men in Space (Alma Books, 2007). Il a également publié Tintin et le secret de la littérature (Ha-chette, 200�), un essai réinscrivant les bandes dessinées d’Hergé dans l’histoire du roman, de Balzac à Pynchon. [ m ins ] [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ][e ] m In 1999 McCarthy founded the International

Necronautical Society, or [ m ins ], of which he is General Secretary; this “semi-fictitious avant-garde network”, whose first project was the exploration of death regarded as a territory, made its mark in the art world by distributing reports and manifestoes (including Navigation Was Always a Difficult Art, their first report drawn up in 2002), setting up more or less se-cret campaigns, and organizing demonstrations such as Calling All Agents at the ICA in London in 2004. As a writer he attracted attention with his first novel, Remainder (Metronome Press, 2005); the narrator is a man who, following a serious accident, ceaselessly reconstructs his own memories. That book has been published in French under the title Et ce sont les chats qui tombèrent (Hachette Littératures, 2007), while his second novel, Men in Space (Alma Books, 2007), has just been issued in Britain. He has also written Tintin and the Secret of Literature, published by Granta Books in 200�, an essay giving Hergé’s strip cartoons their proper place in the history of the novel, from Balzac to Pynchon. [ m ins ] [ m les jeudis de π, 

noUVelles dU monde renVersé  ]

m Paul McCartney (Sgt. Pepper’s lonely hearts club band, pochette / sleeve)

mccARthYmcc mEDio DÌA – mEDiA NochE med

Page 116: Yodel Volume1

142 143composée à partir de bruits, de déchets sonores et d’éléments obtenus par le manipulation d’ins-truments sommaires, de bandes magnétiques ou d’ordinateurs. Jouant avec les fréquences, les saturations et les distorsions sonores au fil de morceaux pouvant excéder les vingt minutes, Merzbow remet à plat les distinctions entre bruit et musique, matière et forme, hasard et composition pour proposer à ses auditeurs une expérience esthétique limite. Dans une disco-graphie qui compte plus de trois cents titres, parmi lesquels des collaborations avec Genesis P. Orridge ou Pan Sonic, on peut retenir l’emblé-matique Pulse Demon (Release, 199�) et surtout la Merzbox (Extreme, 2003) qui regroupe sur cinquante CD les archives de l’artiste autour d’un mot d’ordre : « Welcome to the Pleasure-dome of Noise ». Masami Akita est par ailleurs l’auteur de plusieurs livres, certains portant sur sa musique, d’autres sur l’architecture nippone d’avant-guerre ou sur le bondage ; il a aussi réalisé quelques films érotico-gore, comme Lost Paradise (1990), qui relève du genre très codé du film de seppuku féminin. [ m Harsh noise ] [ m les jeudis de la marqUe noire ]

[e ] m Merzbow, the project created by Tokyo-based Masami Akita in 1978, is one of the most praised tenants of a radical and extreme noise music. Echoed with Kurt Schwitters’ Merz art and Merzbau, which principle of construction was the retrieval of found material and rub-bish, Merzbow composes his music with noise, sound waste or elements obtained by the use of rough instruments, tape loops and computers. Working on frequencies, saturations, and sound distortions all along titles that can last more 20 minutes, Merzbow plays fast and loose with the distinctions between noise and music, matter and form, chance, and composition, to offer his listeners an extreme esthetic experience. Among his discography, that counts more than 300 cas-settes and albums, including collaborations with Genesis P. Orridge or Pan Sonic, the emblematic Pulse Demon (Release, 1995) is worth noting, and above all the Merzbox (Extreme, 2003) that gathers previous releases and archives on 50 CD with a motto: « Welcome to the Pleasuredome of Noise ». Moreover Masami Akita is the author of several books, some about his music, others about Japanese pre-war architecture or about bondage; he has also made some erotic-gore films, like Lost Paradise (1990), which have overtones of the very coded film genre of the female seppuku. [ m Harsh noise ] [ m les jeudis de la marqUe noire ]

disco de Bruno Peinado tournant en dérision les vanités traditionnelles et un wall painting de [ m Philippe decrauzat ] ouvrant les portes surréelles du rêve et de son temps élastique si particulier, on trouvait dans cette exposition tout le dégradé des couleurs du temps. De midi à minuit.

[e ] m [ m Chalet de Tokyo ]. Exhibition 10/11/2007

– 30/12/2007 at Centro Cultural Recoleta in Buenos Aires. “Missing time”: that is the expression used by ufologists to describe the space-time fault experienced by those abducted by extraterrestrials. They can live through an adventure which to them seems to extend over years; but in terms of human time, it will not even have lasted a nanosecond. Time is definitely an elastic notion. Midday on one side of the planet, midnight on the other. Is time the same everywhere? How can we experience an instant? How can we make the present exist? When Duchamp made a ready-made, he did not create a work intended to last for ever—on the contrary, a work which is formed at the speed of light, exists only for the instantaneous time when it is apprehended and immediately disappears. A work that opens time rather than being inscribed in it. It is works such as these that were presented at MEDIO DÌA – MEDIA NOCHE [From midday to midnight]. Between a disco brain by Bruno Peinado beside which traditional vanitas paintings pale into insig-nificance and a wall painting by [ m Philippe decrauzat ], opening up the surreal doors of dream and its very special elastic time, every gradation of the colors of time could be found in this exhibition. From midday to midnight.

m Œuvres / works John armleder Sans titre, 1993 Collection Fonds national d’art contemporain,

Donation Honegger, Mouans-Sartoux [ m renaud auguste-dormeuil ] Ecriture noc-

turne, 2007; Courtesy galerie In-Situ / Fabienne Leclerc, Paris

[ m Philippe decrauzat ] After DM Explosed, 2007; Courtesy Galleria Francesca Pia, Zurich & galerie Praz-Delavallade, Paris

Fischli & Weiss Büsi, 2001 Collection Musée d’Art moderne la ville de Paris lucio Fontana Concetto spaziale, 1951 Collection Museo Castagnino, Rosario (Argen-

tine / Argentina) douglas Gordon From God to Nothing, 1997

– 2007; Collection FRAC Languedoc Roussillon, Montpellier

Fabrice Gygi Tribune, 199�

Collection FRAC Bourgogne, Dijon Carlos Herrera Protección, 2001 Collection Museo Castagnino, Rosario (Argen-

tine / Argentina) Jorge macchi Buenos Aires, 2003 Courtesy de l’artiste / of the artist mathieu mercier Bricomobile, 1998 Collection FRAC Bourgogne, Dijon Sans titre, 2003 – 2007 (x3) Courtesy galerie Chez Valentin, Paris Philippe Parreno AC/DC Snakes , 1995 Collection FRAC Languedoc Roussillon,

Montpellier Bruno Peinado Vanity flight case , 2005 Courtesy galerie Loevenbruck, Paris [ m Tatiana Trouvé ] Sans titre, 2007 (x3) Collection particulière, Paris

merlo, jean-pierre [f ] m Physicien au Conseil européen pour la

recherche nucléaire (CERN) à Genève, et chercheur associé à l’Université de l’Iowa. Au sein de ces deux structures, il est plus particulièrement en charge de la collaboration CMS (Compact Muon Solenoid), expérience en cours d’installation au [ m lHC ] (Large Hadron Collider). Il a accueilli l’artiste [ m Gianni motti ] en 2005 au CERN pour son projet Higgs, à la recherche de l’Anti-Motti.

  [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]

  [ m Hauviller Claude ] [ m matière ] [ m détecteur de particules ] [ m rayons cosmiques ]

[e ] m A physicist at CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire) in Geneva, and an as-sociate researcher at the University of Iowa. More specifically, within these two structures he is in charge of CMS (Compact Muon Solenoid) collaboration, an experiment currently being installed at the [ m lHC ] (Large Hadron Collider). He had welcomed he artist [ m Gianni motti ] at CERN in 2005 for his project Higgs, à la recherche de l’Anti-Motti [Higgs, in search of Anti-Motti].

  [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]

  [ m Hauviller Claude ] [ m matière ] [ m détecteur de particules ] [ m rayons cosmiques ]

merZboW[f ] m Projet du Tokyoïte Masami Akita créé

en 1978, Merzbow est l’un des plus illustres représentants d’une noise music radicale et extrême. En écho à l’art « Merz » et au Merzbau inventé par Kurt Schwitters, avec pour principe de construction la récupération de matériaux et de rebuts divers, la musique de Merzbow est

m merzbow (photo : Virginie Delgrange)

m merzbow (masami akita), Lost Paradise, 1990

mERlomer mERZBow mer

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144 145sont les espaces d’exposition du Palais de Tokyo dédiés à la jeune création contemporaine et aux projets spéciaux. Tout au long de la

[ m saison 1 ], au rythme de deux nouvelles ex-positions par mois, ils ont permis de découvrir plus d’une vingtaine de jeunes artistes vivant et travaillant en France.

[e ] m Introduced in September 200�, Modules are exhibition areas at the Palais de Tokyo devoted to young contemporary creativity and special projects. Throughout [ m season 1 ], presenting two new exhibitions every month, they made it possible to discover the work of more than twenty young artists living and working in France.

m Artistes / Artists [ m ajemian, lucas & Jason ] [ m ancelin, david ] 

[ m Chapoulie, Jean-marc ] [ m Claire Fontaine ]  [ m dix jours, dix artistes, dix vidéos ] [ m &nBsP ] [ m Garcia Galan, adriana ] [ m Genée, Bernadette & le Borgne, alain ] [ m Giraud, Fabien ] [ m Hen-rot, Camille ] [ m lenglet, lucas ] [ m Pavillon (les artistes du), session 2006 – 2007 ] [ m Pradeau, lenglet ] [ m siboni, raphaël ] [ m Tanaka, Koki ] [ m Tuazon, oscar ] [ m Van Brummele, lonnie & de Haan, siebren ] [ m Vigny, stéphane ] [ m Von Brandenburg, Ulla ] [ m yassef, Virginie ]

molossia (république de)The Republic of Molossia [f ] m Fondée à l’origine sous le nom de Grande

République du Vuldstein en 1977, la République de Molossia se situe aux abords de Virginia City, dans le Nevada, à l’ouest des états-Unis. La république n’accepte aucune demande de citoyenneté, mais elle est l’une des microna-tions les plus actives sur le plan diplomati-que puisqu’elle a organisé les premiers Jeux Olympiques micronationaux. Kevin Baugh, le président molosien, y a remporté une médaille d’or au disque (en l’occurrence, un frisbee). Les quatre citoyens de Molossia célèbrent également Norton Day, le 8 janvier – Joshua Norton est cet habitant de San Francisco qui, en 1859, se déclara empereur des états-Unis. Molossia possède sa propre monnaie, la valora, qui se divise en 100 futtrus. L’économie est fondée sur le rapport entre la valora et un tube de pâte à cookies de marque Pillsbury – rapport qui s’établit actuellement à environ un tiers. Parce que ses frontières jouxtent la plus grosse base navale américaine, Molossia a institué un service militaire obligatoire. Le tabac y est prohibé. Molossia est à la pointe de la conquête spatiale micronationale : en 2003, elle a ouvert

un observatoire (un simple télescope) et lancé un ballon-sonde spatial. Quelques branches d’arbre ont interrompu le lancement des sondes Hypérion Balloon et Ariel Survey. Ce programme spatial devrait permettre un jour de prendre des clichés aériens de la république. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Originally founded in 1977 as the Grand Republic of Vuldstein, The Republic of Molossia is located just outside Virginia City, Nevada, in the western United States. The Republic does not accept applications for citizenship but has led the way diplomatically on the micronational scene, establishing the first micronational Olympics in which His Excellency, Kevin Baugh, Molossian president, won a gold medal in discus (using a Frisbee). The four citizens of Molossia also celebrate the international holiday Norton Day on January 8th, after the infamous Joshua Norton of San Francisco declared himself Em-peror of the United States in 1859. Molosia has minted its own currency, the Valora, which is divided into 100 Futtrus. The economy is based on the relationship between the Valora and a tube of Pillsbury-brand cookie dough, currently 1:3. Because its borders are in relative proximity to the largest U.S. Marine base, Molossia has instituted obligatory military service. It has also banned smoking. Molossia has pioneered micro-national space travel, opening an observatory (a telescope) and launching a balloon-powered space probe in 2003. Hypérion Balloon Flight and Ariel Survey became entangled in local trees. The space program is still determined to produce aerial photographs of the Republic.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

monk, jonathan[m 1, fig. #02 ][f ] m *19�9, vit à Berlin. Par le biais de divers

médiums et en référence constante aux pion-niers de l’art moderne, Jonathan Monk tente de démystifier le procédé de création. Puisant généreusement dans le passé, il juxtapose sa création personnelle et de banales anecdotes qu’il réfère aux plus intouchables mythes de l’histoire de l’art. À la Tour Eiffel le 13 octobre 2008 à midi, The Lion Enclosure London Zoo Regents Park London 12th May 2014 Lunchtime, etc. sont autant de rendez-vous que Jonathan Monk propose avec Meeting Piece (200�), œuvre itinérante sous la forme d’un blind date avec le public, notamment celui de [ m 5.000.000.000 

d’années ]. Dans la même exposition, l’œu-vre Constantly Moving Whilst Standing Still

michel-ange Michelangelo[f ] m 1475-15�4. Sculpteur et peintre. [ m steven 

Parrino ] dit à plusieurs reprises son admiration pour Michel-Ange. Le rapprochement peut paraî-tre incongru. Il ne l’est pourtant pas tant que ça si on considère que les monochromes froissés de l’artiste américain reprennent aux drapés du sculpteur italien la plupart de leurs caractéristi-ques. Formelles d’abord. Repulsion Painting III (1992), un tableau blanc plissé, emblématique de la « patte » Parrino, n’évoque pas seulement une tôle de voiture froissée, il reprend aussi aux plis de la robe de la Vierge représentée dans la Pietà de Michel-Ange de la basilique Saint-Pierre de Rome, jusqu’à la brillance un peu mouillée du marbre. Contextuelles ensuite. Dans la profanation du monochrome qu’il aura pratiqué toute sa vie, il y a bien aussi quelque chose qui se rattache à un culte (le « culte de l’art ») et quelque chose qui se rattache au Golgotha : la « mort de l’art », l’histoire sainte de la peinture expirant dans le monochrome, l’ar-tiste décrochant la toile de son châssis comme la mère de douleur le corps de Dieu. L’œuvre intitulée Trashed Black Box II (2003), évoque de la même manière le sépulcre vide que Madeleine découvre au troisième jour. Le célèbre tableau à l’huile de vidange, Slow rot (1988), jaunâtre et légèrement translucide, n’est pas sans rappeler le Saint-Suaire. [ m dieu]  

[e ] m 1475-15�4. A painter and sculptor. [ m steven Parrino ] expressed his admiration for Michelangelo on several occasions. The combination may seem incongruous. But it is not so very incongruous if we consider that the creased monochromes by the American artist owe most of their characteristics to the drapery of the Italian sculptor. Their formal ones first of all. Not only does Repulsion Painting III (1992), a white folded picture, emblematic of Parrino’s “touch,” conjure up a crushed car panel, it also borrows from the folds of the gown of the Virgin as seen in the Pietà by Michelangelo at St Peter’s basilica in Rome, down to the slightly moist brilliance of the marble. Then there are their contextual characteristics. In the profanation of the monochrome that he practiced throughout his life, there is indeed also something that is linked to a cult (the “cult of art”) and something that is linked to Golgotha: the “death of art,” the holy history of painting expiring in the monochrome, the artist detaching the canvas from its stretcher as the mother of sorrows takes down the body of God.

Similarly the work entitled Trashed Black Box II (2003) conjures up the empty sepulcher Mary Magdalene found on the third day. Slow rot (1988), the famous yellowish and slightly trans-lucent painting made from used engine oil, has overtones of the Holy Shroud. [ m dieu]  

m michel-ange, Pietà, 1499

micronation[f ] m Pays (souvent sans terre) conçus par des

artistes, des excentriques, des mécontents politiques ou des égocentriques. Incluant le plus souvent le concept de monde parallèle, ces micro-nations entremêlent l’imaginaire, l’artistique, le réel ainsi que des motivations aussi variées que la répugnance à payer des impôts, un amour immodéré des titres royaux ou même le simple désir de créer une nouvelle civilisation. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ] [ m Physique quantique ]

[e ] m Countries (often without territories) conceived by artists, eccentrics, political malcontents or egocentrics. These micronations merge the imaginary, the artistic and the real in their embrace of a parallel world, motivated by artistic and conceptual concerns, a dislike for paying taxes, an immoderate love of royal titles, or even the simple desire to create a new civilization. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[ m Physique quantique ]

misson (capitaine)Captain Misson[f ] m Pirate qui a la fin du XVII e siècle fonda la

colonie libertaire de [ m libertalia ] au nord de Madagascar. [ m voir p. C-3 ]

[e ] m Pirate who founded at the end of the 17 th century the libertarian colony of [ m libertalia ] in the north of Madagascar. [ m see p. C-7 ]

modules[m 6, fig. #7� – #95 ][f ] m Inaugurés en septembre 200�, les Modules

michEl-ANGEmic moNk mon

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14� 147cadeau définitivement. À la mort de Fox Run-ner, à l’automne 200�, il prit la tête de la bande des Cox. En janvier 2007, tout comme d’autres chefs du Consortium, Cox Rider signa au nom des Cox le traité « [ m 5,000,000,000 ] » avec le jeune gouvernement des sphères parallèles. Après l’enlèvement des sculptures icônes de [ m mark Handforth ], les Cox durent se résoudre à s’installer dans les égouts avec les autres mutants. Mortadello Cox Rider montra une grande ambition à s’adapter à cette nouvelle existence souterraine. Il établit son campement sous la rue de la Manutention, y aménagea un cabaret pour [ m mutants ] et encouragea les membres de sa bande à se suffire à eux-mêmes en s’adonnant au music-hall. [ m moto ]  [ m Chopper ]

[e ] m A character of the [ m Tok Tok ] stories. A biker in space and between the worlds, head of the Cox gang and one of the main leaders of the Consortium of robbers of time faults. Born c. 1975 in what is today the center of parallel spheres, he is the son of Mordello Fox Runner. He had three wives, including the famous Cos-mic Pamela.

When he was still a teenager, his elder brother Mordello Sox Dancer was head of the gang. To encourage him to appropriate the treasures from between the worlds, Sox Dancer lent his younger brother his lucky charm, a santiag made from moonstone he had received during his mutation. On his very first raid, Mortadello Cox Rider stole two major inventions from the enemy: the maxi-banaber and a car egg he gave to his brother. Sox Dancer lent him the amulet on three other occasions and as it had brought him luck on every raid, Sox Dancer finally gave it to him as a present. On the death of Fox Run-ner in autumn 200�, he took over as head of the Cox gang. In January 2007, like all other leaders of the Consortium, Cox Rider signed the “[ m 5,000,000,000 ]” treaty with the young government of the parallel spheres in the name of the Coxes. After the removal of [ m mark Handforth ] ’s icon sculptures, the Coxes had to resign themselves to taking up residence in the sewers with the other mutants. Mortadello Cox Rider evinced great eagerness to adapt to this new underground existence. He established his camp site under the rue de la Manutention, set up a cabaret for [ m mutants ] there and encouraged the members of his gang to be self-sufficient by engaging in music-hall. [ m moto ]  [ m Chopper ]

mosset, olivier[f ] m *1944, vit à Tucson, Arizona. Travaillant les

questions de signatures, d’appropriations et de répétitions, Olivier Mosset a développé en tant que « non-peintre » une œuvre radicale et rigoureuse qui ouvre de nouvelles perspecti-ves à l’abstraction. Il a participé avec Buren, Parmentier et Toroni à la fondation de BMPT en 19�7. [ m les Fenêtres] [ m BeFore (PlUs oU 

moins) ][e ] m *1944, lives in Tucson, Arizona Working

on the questions of signatures, appropriations and repetitions, Olivier Mosset has as a “non-painter” developed a radical, rigorous body of works which opens up new perspectives on abstraction. With Buren, Parmentier and Toroni he took part in founding BMPT in 19�7.

[ m les Fenêtres] [ m BeFore (PlUs oU moins) ]

motos  [ m Chopper ] [ m indian larry ] [ m Giraud, Fabien ]

[ m Parrino, steven ] [ m Ghost rider ] [ m Hells angel’s ] [ m Handforth, mark ] [ m mosset, olivier ] [ m Judd, donald ] [ m Tuning ]

m Gianni motti, Higgs, à la recherche de l’Anti-Motti, 2005

motti, gianni[m 1, fig. #02, #04 ][f ] m Vit en Suisse. Gianni Motti adore brouiller

les pistes en agissant hors du monde de l’art. En utilisant des éléments vrais, faux, vécus, inventés ou projetés, il sait jouer avec notre système de valeurs et infiltrer les médias. Notre façon de vouloir toujours déterminer ce qui « fait œuvre », ce qui « fait sens », ce qui entre dans le champ de l’art et ce qui en serait exclus est systématiquement remis en question.

Pour [ m 5.000.000.000 d’années ], Gianni Motti a présenté deux œuvres qui explorent la struc-ture du temps : [ m Big Crunch Clock ] (1999) et le film Higgs, à la recherche de l’Anti-Motti (2005) montrant l’artiste dans le [ m lHC ], nou-vel accélérateur de particules du CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire). Là où

(2005) est une bicyclette renversée dont les deux roues tournent inlassablement dans des directions opposées, une illustration littérale de cette expression anglaise.

Présentée dans [ m Une seConde Une année ], l’œuvre intitulée Big Ben (2002) est un projec-teur de diapositives qui s’enclenche et projette une image d’une carte postale de Big Ben à l’heure exacte indiquée par la célèbre horloge londonienne. Les images sont toutes des cartes postales récoltées par l’artiste dans les bouti-ques de touristes à Londres.

[e ] m *19�9, lives in Berlin. Employing various media, Jonathan Monk places his work in the lineage of 19�0’s and 1970’s conceptual art and points to the mechanics behind art-making. Making use of the past, he juxtaposes his own creations with banal anecdotes that refer to famous art historical figures.

À la Tour Eiffel le 13 octobre 2008 à midi, The Lion Enclosure London Zoo Regents Park London 12th May 2014 Lunchtime, etc: the artist proposes countless rendez-vous with his Meeting Piece (200�), an itinerant piece that manifests itself in the form of a blind date with the public, such as the public of 5,000,000,000

YEARS  [ m 5.000.000.000 d’années ]. In the same exhibition, Monk literalizes the saying “Constantly Moving Whilst Standing Still” by presenting a bicycle, turned upside town, each wheel turning in opposite directions.

Presented in oNE SEcoND oNE YEAR  [ m Une 

seConde Une année ], Big Ben (2002) is a slide piece. At what seems like random times, the slide projector displays a different postcard of Big Ben that the artist bought in London tourist shops. In fact, each slide is projected according to the time indicated on Big Ben’s clock, which is different in each postcard.

m Jonathan monk, Big Ben, 2002

morellet, François[m 1, fig. #02 ][f ] m *192�, vit à Paris et Cholet. François Morel-

let est une figure historique de l’art contempo-rain. Visant la neutralité et l’absence de pathos, son œuvre se déploie avec toute la rigueur de l’abstraction géométrique. Le processus de conception de l’œuvre intervient de manière décisive dans son travail d’où doit jaillir, en toute logique, une part d’imprévisibilité.

Dans la lignée de ses œuvres qui tentent de limiter au maximum la subjectivité par déclinaison successive de propositions ma-thématiques, François Morellet a réalisé, pour [ m 5.000.000.000 d’années ], Weeping Neonly (200�), une nouvelle pièce composée d’assem-blages de néons inclinés de manière aléatoire.

[e ] m *192�, lives in Paris and Cholet. François Morellet is a seminal figure in contemporary art. Reaching for neutrality and an absence of pathos, his work deals with strict geometrical abstraction. The process behind the conception of a work of art is prominent in this practice, and unpredictability, logically, follows.

Continuing his work with mathematical pro- positions that limit subjectivity, Morellet creates a new piece for 5,000,000,000 YEARS  [ m 5.000.000.000 d’années ]. Weeping Neonly (200�) is a random assemblage of fluorescent light tubes.

mortadello coX rider (dit running bob)Mortadello Cox Rider (known as Running Bob)[f ] m Personnage des contes [ m Tok Tok ]. Motard

de l’espace et des entre-mondes, chef de la bande des Cox et l’un des principaux dirigeants du Consortium des voleurs de failles temporel-les. Né vers 1975 dans ce qui est aujourd’hui le centre des sphères parallèles, il est le fils de Mordello Fox Runner. Il eut trois épouses, parmi lesquelles la célèbre Cosmic Pamela.

Lorsque il était encore adolescent, son frère aîné, Mordello Sox Dancer, était chef de la bande. Pour l’encourager à s’approprier les trésors des entre-mondes, Sox Dancer prêta à son frère cadet son fétiche, une santiag confectionnée à partir de pierre de lune, qu’il avait reçue au cours de sa mutation. Dès son premier raid, Mortadello Cox Rider déroba à l’ennemi deux inventions majeures : le maxi-banaber et un œuf de voiture qu’il offrit à son frère. Sox Dancer lui prêta l’amulette à trois autres reprises et, comme à chaque raid elle lui avait porté chance, il finit par lui en faire

mor moREllEt motti mot

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148 149

musique pour plantes vertesMusic for plants[m 2, fig. #31 ][f ] m Projet de [ m Peter Coffin ]. 01/02/2007 –

11/03/2007. Untitled (Greenhouse) (2002) de Peter Coffin est une serre grandeur nature, remplie de plantes en tous genres éclairées par des lampes halogènes. L’œuvre est non seule-ment un lieu de culture pour les plantes, mais aussi un lieu de concert : parmi la végétation, on découvre une sono, une guitare électrique, des amplis, des micros, etc. Le public est invité à entrer dans la serre et peut jouer de la musique pour les plantes. Plusieurs fois par semaine, Untitled (Greenhouse) a accueilli un musicien de la scène expérimentale qui tente de communiquer avec les plantes. Certaines preuves scientifiques montrent déjà que les plantes n’y sont pas insensibles. Le but de ce projet artistique ne se trouve cependant pas dans une validation de théories scientifiques mais dans la mise en place d’un dialogue entre différentes formes de vie et la création d’un lieu où existe un engagement direct et régulier mais aussi intuitif et improvisé avec les plan-tes. [ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

[e ] m Project by [ m Peter Coffin ]. 01/02/2007 –

11/03/2007. For Music for Plants, the art-ist Peter Coffin presented his work Untitled (Greenhouse) (2002), a full-sized greenhouse and invited musicians to come and play for the plants. The polycarbonate greenhouse is filled with various types of plants illuminated by hal-ogen grow lights. More than a place for plants to grow, Untitled (Greenhouse) also functions as a concert venue: dispersed within the veg-etation is a sound system, an electric guitar, a keyboard, speakers, microphones, etc. The pub-lic is invited to enter the greenhouse and play music for the plants. Several times per week, Untitled (Greenhouse) welcomed a musician from the experimental scene who attempts to communicate with the plants. While scientific proof showing that the plants are reactive to music does in fact exist, this artistic project does not seek to validate scientific theories, as much as it establishes a creative dialogue between different forms of organic life and cre-ates a site for a direct and ongoing engage-ment with plants that is intuitive, improvised, and undetermined.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

m Participants (par ordre chronologique / by chronological order) Minitel, [ m amy Granat ] +

Marie-Eve Jetzer, Julie b. Bonnie, Andy Bolus,

Vincent Epplay, Noël Akchoté + Jean-Marc Montera + Jean-François Pauvros, Don Nino, Noël Akchoté + Andrew Sharpley, Samon Taka-hashi, Gwen Jamois, Pierre-Yves Macé, Rainier Lericolais + Philippe Gusching + Lili Kim, F.F.M (Rodolphe Alexis + Matt F), Vincent Madame, Dan Warburton, Davide Balula, portradium + Hendrik Hegray. (Programmation musicale / Music programming : Ludovic Poulet).

mutants [ m voir encadré p.150 / see box p. 150 ]

m ridley scott, Blade Runner, 1982

les particules d’[ m antimatière ] tournent à la vitesse de la lumière, il se déplace à la vitesse du pas.

[e ] m Lives in Switzerland. Gianni Motti loves to find hideaways outside of the world of art. Making use of elements that are real, fake, lived, invented, or projected, he manipulates our value systems and infiltrates the media. Motti throws into question the validity of our methods of determining what “is art” and what “makes sense.”

In 5,000,000,000 YEARS  [ m 5.000.000.000 d’an-

nées ], the artist put two works face to face, each one exploring the structure of time: [ m Big Crunch Clock ] (1999) and the video Higgs, look-ing for the Anti-Motti (2005) showing the artist walking in the new particle-accelerator tunnel [ m lHC ] at CERN, the nuclear research center in Geneva. Where particles of antimatter [ m anti-matière ] circulate at the speed of light, he goes by foot.

müller, catherine-élise[f ] m Médium. Catherine-élise Müller a trente-

deux ans lorsqu’elle fait la connaissance de Théodore Flournoy, qui vient d’obtenir la chaire de psychologie à la Faculté des sciences de Genève ; intrigué par une médium réputée être rentrée en contact avec Victor Hugo, il décide d’assister aux séances de [ m spiritisme ] qu’elle donne à Genève. Leur rencontre marque un tournant radical dans la carrière du médium qui développe alors, pendant plus de six ans, deux fictions romanesques assorties de l’invention de langues imaginaires : l’une d’intonation orientale et l’autre martienne.

Véritable laboratoire d’exploration de l’incons-cient pour Flournoy, la médiumnité d’élise sera pour lui l’occasion de produire son œuvre majeure. La publication de son Étude d’un cas de somnambulisme avec glossolalie en 1900 le rend immédiatement célèbre dans le monde entier. Mais la paternité de l’ouvrage pose pro-blème dès sa parution, d’autant que la médium y est rebaptisée Hélène Smith, et le duo éclate à travers des règlements de comptes qui laissent apparaître une passion amoureuse jusqu’ici savamment refoulée. Il existe une documentation précieuse sur cette histoire : le compte-rendu des séances rédigé par un collaborateur de Flournoy, auquel s’ajoutent plusieurs clichés photographiques. Ce déroulé retrace avec une précision remarquable l’origine des romans subliminaux et l’apparition des langues. [ m des indes à la planète mars ]

[e ] m A medium. Catherine-élise Müller was thirty-two years old when she met Théodore Flournoy, who had just been appointed to the chair of psychology at the Science Faculty of Geneva University; he was intrigued to hear of a medium said to have made contact with Victor Hugo, and decided to attend spiritualism [ m spi-ritisme ] séances she was holding in Geneva. Their meeting marked a radical turning point in the career of the medium who over a period of more than six years went on to develop two romantic fictions, matched by the invention of imaginary languages: one with oriental intona-tion, the other Martian.

For Flournoy, élise’s mediumism was a real laboratory for exploring the unconscious and it would provide him with the opportunity to pro-duce his magnum opus. The publication of his Étude d’un cas de somnambulisme avec glos-solalie in 1900 immediately made him world-fa-mous. But the authorship of the work presented problems directly it was published, especially as in the book the medium was renamed Hélène Smith, and the couple broke up in the course of a settling of accounts which allowed a pas-sionate love to appear, which had hitherto been knowingly repressed. There is valuable documentation relating to this story in existence: the reports on the séances written by one of Flournoy’s collaborators, and in addition several photographs. That account retraces the origin of the subliminal novels and the appearance of the languages with remark-able precision. [ m des indes à la planète mars ]

m muSiQuE PouR PlANtES vERtES /

muSic FoR PlANtS

müllERmul mutANtS mut

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150 151

Mutants~~~

[f ] m Comme les mutants, les artistes ont développé une liberté de se mouvoir dans des sphères parallèles e,t comme les mutants, l’art fonde sa survie sur la furtivité : notre radar ne permet pas à notre système interprétatif de déceler les indices alarmants. Visuellement, rien (ou presque) ne permet de distinguer un mutant d’un être humain, rien (ou presque) ne permet de distinguer une œuvre d’art d’un objet ordinaire. La différence est ailleurs. Mais dès qu’un mutant est identifié comme tel, il réintègre à nos yeux son statut d’origine (un extraterrestre). Dès qu’une œuvre d’art est identifiée, elle abandonne son statut d’objet pour se transfigurer et rejoin-dre le monde de l’art. Ce qui compte, ce n’est pas la colonisation de nouveaux mondes. Les petits martiens verts aux rayons lasers – tout comme les artistes visionnaires aux pinceaux fous – s’en sont déjà chargé. Non, l’expansion continue de notre univers implique un mouvement de mise en glisse perpétuel, un cumul de l’identique activant une schizophrénie chronique, et l’art d’aujourd’hui travaille à ce développement.

~~~[e ] m Like mutants, artists operate in parallel

spheres and, like a mutant, art survives by being furtive and by compromising our ability to establish clear interpretive sign-posts. Visu-ally, nothing (or almost nothing) allows one to distinguish a mutant from a human being, and nothing (or almost nothing) allows one to dis-tinguish a work of art from an ordinary object. The difference lies elsewhere. But as soon as a mutant is identified as such, he returns — we see it happen — to his original status of being an extraterrestrial. As soon as a work of art is identified as such, it loses its status as an object only to be transfigured and returned to the world of art. This chronic schizophrenia is a defining characteristic of art-making today. What counts is not the colonization of new worlds but an accumulation of the identical. Art doesn’t invade or abandon one territory at the expense or in favor of another, but it constantly slides in and out of territories and across differ-ent spheres and personalities.

~~~

mutANtSmut

nnadirie (la)Nadiria[f ] m Fondée en février 18�� par Samuel et

Constance Brundt. Cette petite colonie, instal-lée sur l’une des côtes les plus septentrionales de l’Antarctique, ne survécut que sept mois – mais elle eut le temps de produire sa propre monnaie, le dream-dollar de l’Antarctique. Le dream-dollar semble avoir totalement disparu aujourd’hui, mais l’artiste Stephen Barnwell a créé sa propre version de cette monnaie en s’inspirant des dénominations et des couleurs des billets d’origine. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Founded in February 18�� by Samuel and Constance Brundt. This small colony was situ-ated on one of the northern-most coasts of Antarctica. Although the colony survived for only a brief seven-month period, it did produce its own currency—Antarctica Dream-Dollars. While no authentic Dream-Dollars are known to exist, the artist Stephen Barnwell has cre-ated his own versions of the Dream-Dollars based on their original denominations and col-our scheme. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

nécromancie

Necromancy [ m spiritisme ]

neuropsychanalyseNeuropsychoanalysis[f ] m Nouvelle discipline qui s’attache à croiser

les enseignements de la psychiatrie et de la psychanalyse. Pour la neuropsychanalyse, tout trauma de nature symbolique imprime une trace physique dans le cerveau. Inversement, tout trauma d’origine neurologique se traduit par des perturbations dans le comportement et les émotions. [ m malabou, Catherine ]

  [ m les jeudis de THe THird mind ][e ] m A new discipline which sets out to interlink

the teachings of psychiatry and psychoanalysis. For neuropsychoanalysis, any trauma that is symbolic in nature imprints a physical trace in the brain. Conversely, any trauma that has a neurological origin is translated into distur-

NADiRiE nad

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152bances in the behavior and emotions.

  [ m malabou, Catherine ] [ m les jeudis de THe 

THird mind ]

neW island (commonWealth de)Commonwealth of New Island[f ] m Territoire de cinq hectares, à l’ouest des

côtes australiennes ayant déclaré son in-dépendance en 1992. Selon Lee Mothes, son fondateur, New Island est « une œuvre d’art in-teractive qui invite chacun à recréer sa parcelle de l’île – à construire une maison, créer une entreprise, voire fonder une nouvelle civilisation

; l’île est une entité à part entière, un lieu fait pour des pionniers qui souhaitent s’approprier un morceau de l’île ».

[ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ][e ] m A 12,000 square mile territory that declared

its independence in 1992. New Island is situated off the west coast of Australia and according to its founder Lee Mothes, “is an interactive work of art that invites anyone to re-create their own piece of the island: build a house, start a business or even begin a new civilization. The Commonwealth is its own entity—it’s just a place out there that is inviting those pioneers who might want to make a part of it their own.”  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

neW ponderosa year Zero [f ] m Communauté autonome installée dans une

région déserte du Nouveau Mexique. Fondée par un groupe de femmes âgées de 20 à 40 ans, elle s’inspire des théories de Beatrix Mandell. Selon cette activiste, une organisation sociale non patriarcale ne peut être fondée que par un groupe de femmes qui doivent apprendre à devenir parfaitement autosuffisantes avant d’inviter des hommes dans la communauté – car exclure les hommes par antipathie n’est pas une solution satisfaisante. Les théories de Mandell se fondent aussi bien sur la conception féministe de l’oppression des femmes que sur ce que la communauté appelle des « tendances psychédélico-pastorales ». La population du New Ponderosa oscille entre huit et douze membres. Les participantes sont libres de partir et de revenir à tout moment. Afin de pouvoir vivre en autarcie, New Ponderosa Year Zero cultive ses propres terres et élève du bétail et autres ani-maux (quelques vaches, des lapins, des poules, des poneys). À ces revenus agricoles s’ajoutent les recettes d’un commerce d’objets d’arts décoratifs. On doit également à la communauté une œuvre collective baptisée La Frontière de

cristal, qui rend compte de ses pratiques et de l’idéologie inspirée par Beatrix Mandell. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[ m mai-Thu Perret ][e ] m An autonomous community in the desert

country of New Mexico. It was created by a group of women in their twenties and thirties loosely founded on the ideas of activist Beatrix Mandell. It was her understanding that a truly non-patriarchal social organization can only be established by a core group of women who would have to learn to be perfectly self-suf-ficient before inviting men into the community. Mandell’s beliefs mix classic feminist ideology with what the organization describes as ‘psych-edelic-pastoral tendencies”. The population of New Ponderosa oscillates between eight and a dozen members. Participants are always free to leave and come back to the group at any time in their life. New Ponderosa Year Zero’s goals are to remain self-sufficient, continuing to grow their own food and raise livestock (a few cows, rabbits, hens, and palomino ponies). Income from their agrarian lifestyle is supple-mented by the sale of unique decorative arts. The community also prides itself on its collec-tive writings known as The Crystal Frontier which accounts for their collective ideology in practice and an extension of their ideology inspired by Beatrix Mandell. [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ] [ m mai-Thu Perret ]

no Wave[f ] m Mouvement musical et artistique apparu à

New York à la fin des années 1970. Proches du punk, les artistes no wave se reconnaissaient à leur goût de la dissonance, de l’improvisation et de l’[ m anarchie ], à l’encontre des pratiques de la cold wave et de la new wave contempo-raines. Principaux représentants : James Chance and the Contortions, DNA, Richard Kern, [ m lydia lunch ], Sonic Youth, Teenage Jesus and the Jerks. [ m 1969 ] [ m la marqUe noire ] [ m electrophilia ]

[e ] m A musical and artistic movement that emerged in New York in the late 1970s. No Wave artists were close to punk, can be recog-nized by their liking for dissonance, improvisa-tion and anarchy [ m anarchie ], in contrast to the practices of contemporaneous “cold wave” and “new wave”. Its main representatives were: James Chance and the Contortions, DNA, Richard Kern, [ m lydia lunch ], Sonic Youth, Teenage Jesus and the Jerks. [ m 1969 ] [ m la 

marqUe noire ] [ m electrophilia ]

NEw iSlANDneW

#44 – #57

4thE thiRD miND

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4# 001

THE THIRD MIND4

# 44

THE THIRD MIND

[ m Andy Warhol ] Screen Tests, 1964-1966 ; [ m Bruce Conner ] Angel Series, 1975

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# 45 [ m Williams S. Burroughs ] & [ m Brion Gysin ] The Third Mind, 1976 ; The Third Mind, ca. 1965

# 46 [ m Williams S. Burroughs ] & [ m Brion Gysin ] The Third Mind, ca. 1965# 47 [ m Williams S. Burroughs ] & [ m Brion Gysin ] The Third Mind, ca. 1965

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THE THIRD MIND

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4 THE THIRD MIND 4THE THIRD MIND

# 48 [ m Andrew Lord ] Listening, 1998 ; Biting, 1995-1998 ; Smelling, 1996-1998 ; Tasting, 1996-1998 ; Listening, 1996-1998 ; Swallowing, 1999-2007 ; Breathing, 1996-1998 ; [ m Jean-Frederic Schnyder ] Wartesäle, 1988-1990

# 49 [ m Hans Josephsohn ] Sans titre, 1999-2001 ; Sans titre, 1970-1973 ; [ m Hugo Markl ] Brown Series, 2004

# 48 # 49

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4 THE THIRD MIND 4THE THIRD MIND

# 50 # 51 [ m Urs Fischer ] Madame Fisscher, 1999-2000# 52 [ m Paul Thek ] Sans titre, 1965 ; Sans titre, 1966 ; [ m Emma Kunz ] Sans titre,

sans date / Untitled, undated

# 50 # 51

# 50

Page 126: Yodel Volume1

[ m Toba Khedoori ] Untitled (Model), 1998 ; [ m Laurie Parsons ] Troubled, 1989 ; [ m Robert Gober ] The Split Up Conflicted Sink, 1985

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# 53

THE THIRD MIND

Page 127: Yodel Volume1

[ m Ronald Bladen ] Cathedral Evening, 1971 ; Three Elements, 1965

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# 54

THE THIRD MIND

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4 THE THIRD MIND 4THE THIRD MIND

# 55 [ m Bruno Gironcoli ] Sans titre, 2003 ; Sans titre, 2001-2002 ; Sans titre, 2003# 56 [ m Rebecca Warren ] She-Valerie, 2003 ; She-South Kent, 2003 ; She-Sans titre, 2003 ; [ m Verne Dawson ] Tuesday, 2005 ; Thursday, 2005

# 55 # 56

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[ m Sarah Lucas ] Car Park, 19974

# 57

THE THIRD MIND

The Third Mind de WilliaM S. BurroughS & Brion gySin/The Third Mind By WilliaM S. BurroughS & Brion gySin

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¶ The Third Mind

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Brève histoire d’un livre mythique : The Third Mind de William S. Burroughs & Brion Gysin

Gérard-Georges Lemaire

William S. Burroughs arrive à Paris en janvier 1958 et prend une chambre (n° ��) dans le petit hôtel de la rue Gît-le-Cœur près de la place Saint-Michel. Cet hôtel sans nom ne tarde pas à être surnommé le « Beat Hotel » . Allen Ginsberg, Peter Orlovsky et Gregory Corso figurent parmi les premiers poètes américains à y séjourner. C’est là que Ginsberg et quelques autres aident Burroughs à produire la version définitive de The Naked Lunch (Le Festin nu), qui paraît chez Olympia Press à Paris, son directeur, Maurice Girodias, ayant élu la capitale française pour fuir la censure anglo-saxonne. Burroughs y retrouve Brion Gysin qu’il avait connu à Tanger. Les deux hommes ne tardent pas à se lancer dans des expérimentations littéraires. Gysin avait découvert des modes de production de texte que Burroughs surnomme « les méthodes littéraires de Lady Sutton Smith » : le cut-up, le fold-in et les permutations. Burroughs se passionne surtout pour la première et va longtemps l’utiliser pour écrire ses romans et ses récits. Une partie des résidents de l’hôtel s’implique dans cette aventure, comme Gregory Corso et Sinclair Beiles. Plusieurs petits opuscules sortent de cette étrange et foisonnante manufacture de textes. De plus, Burroughs remplit de grands cahiers de collages (les Scrapbooks), alors que Gysin développe l’idée de ses grilles calligraphiques. Cette masse considérable d’œuvres leur donne l’idée d’un livre étant une anthologie préservant l’essentiel des travaux accomplis pendant ces années de recherche intense. Le projet est soumis à Richard Seaver qui est responsable éditorial chez Grove Press. Il l’accepte. Quand Burroughs et Gysin se rendent à New York en 1965, le livre baptisé The Third Mind d’après une citation de T. S. Eliot (« Who is that third walking besides you ? ») semble bien se présenter : des épreuves sont données aux auteurs. Mais tout s’arrête brusque-ment : l’éditeur a renoncé de publier cet ouvrage trop onéreux. En 1974, je fais la connaissance de Brion Gysin qui habite à la Cité des Arts. Tandis que je prépare à Genève le Colloque de Tanger avec mon ami, photographe et éditeur, François Lagarde, Gysin me donne le jeu d’épreuves de The Third Mind et ensemble, en nous concertant avec Burroughs (que je rencontre pour la première fois à l’occa-sion du Colloque), nous mettons au point une nouvelle version acceptable pour un éditeur français tel que Flammarion où je viens de créer la collection « Connections » . Gysin donne à cette traduction le titre d’Œuvre croisée et elle sort de presse en 1976 avec une préface rédigée par mes soins. C’est cette même version que reprend Viking aux États-Unis l’année suivante mais en conservant le titre original. Ce volume est réédité en France en 1998 sous une nouvelle couver-ture et repris dans l’anthologie que je présente chez Flammarion en �005, The Beat Generation. Peut-être un jour prochain, une maison d’édition, un musée ou une fondation aura à cœur de mettre en chantier un livre conforme aux rêves des deux écrivains – des deux artistes – que furent Burroughs et Gysin …

[m ] Gérard-Georges Lemaire

[f ]

IntroductionsWilliam S. Burroughs

* Une citation extraite de Think and Grow Rich (« Reflechissez et devenez riches » par Napoleon Hill qui affirme, a propos de son livre, qu’il contient un secret mentionne pas moins d’une centaine de fois : « Ce qui n’a pas été directement nommé », et il ajoute « parce qu’il semble marcher avec plus de succès quand il est laisse tout bonnement en évidence là où ceux qui sont prêts et qui le recher-chent peuvent le saisir ».

Reste plus beaucoup de temps pour tourner ... ... officier assis la dans le grenier, ombres de fin d’après-midi sur son dos. Il est assis devant un bureau sur lequel nous voyons un magnétophone portatif, une machine a écrire portative, des registres, des photos et des notes. Un store baissé sert d’écran pour les lames de verre d’une lanterne magique. L’officier s’adresse a une audience composée exclusivement de deux cadets. C’est suffisant. La voix est fatiguée : sur son visage, les dernières cicatrices de guerre, presque invisibles ... sac-cadée et lointaine : Pourquoi suis je là ? Je suis la parce que vous êtes là ... et laissez-moi, jeunes officiers, vous citer cette phrase : « Jamais deux esprits ne se rencontrent sans de ce fait même créer une troisième force, invisible et intangible, qui doit être assimilée a un tiers esprit*. » « Qui est le tiers qui marche à côté de vous ? » Le tiers esprit est la lorsque deux esprits collaborent. Nous avons, Brion Gysin et moi, collaboré à ce manuel de techniques élémentaires de l’illusionnisme qui fait état d’une série de collaborations similaires. Commencez-vous à comprendre qu’il n’y a pas d’officier dans la pièce qui s’assombrit ? La « réalité » est apparente parce que vous vivez et que vous croyez. Ce que vous appelez « réalité » est un réseau de formules de contrainte... lignes associatives de mots et d’images présentant une piste préenregistrée de mots et d’images. Comment savez-vous que les événements « réels » prennent place la où vous êtes assis a l’heure actuelle ? Vous le lirez demain dans la venteuse Aurore du matin ... Trombe à : Primrose, Nebraska ... Tornade ��� morts ... Foule dans les rues de Bagdad se dressant de la machine à écrire ... Mr Martin sourit ... Le Maya du Matin ... réalité de papier ... corps photo ... Vous vous rappellerez, « Une Expérience avec le Time » par Dunne. Le docteur Dunne a découvert que quand il consignait par écrit ses rêves, le texte contenait beaucoup de références claires et précises aux prétendus événe-ments du futur. Toutefois, il découvrit que quand vous rêvez d’une catastrophe aérienne, d’un incendie, d’une tornade, vous ne rêvez pas de l’événement lui-même, mais d’un document journalistique sur l’événement pré-enregistré et pré-photogra-phié. Maintenant, l’image et le récit des événements dans le journal peuvent ne pas correspondre à l’événement « réel ». Vous vous rappelez du conflit russo-finnois cou-vert par le Club de la Presse à Helsinki ? Vous vous rappelez le faux armistice de Mr Hearst achevant la Première Guerre mondiale un jour plus tôt ?

William S. Burroughs & Brion Gysin

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¶ The Third Mind

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Maya ... Maya ... Illusion ... illusion ... Quoi qu’il en soit, il existe des techniques précises pour produire l’illusion, n’im-porte quel magicien de cabaret vous le dira. Quand l’audience voit le magicien sortir un lapin de sa veste truquée, lancer une corde indienne avec un fil de fer presque invisible, alors l’image et le bavardage des événements peuvent ne pas correspondre à l’événement « réel » ... À toujours besoin d’une patère pour l’accrocher ... un angle ... un truc ... vieux trucs de photographe et les trucs ne marchent pas toujours. (Mon professeur de jiu-jitsu disait souvent : « Si ton truc ne marche pas, il vaut mieux filer. » La vieille main morte a perdu son toucher, ce vieux bavardage ne distrait plus ... les os radioactifs et nus luisent a travers la lune de papier et les arbres de mousse-line. Je suis la pour vous montrer, jeunes officiers, quelques trucs que vous appelez « réalité » ... La première étape dans la recréation est de couper les vieilles lignes qui vous prennent la où vous êtes assis a l’heure actuelle ... fondu sur un porche blinde à Cambridge, Mass., 19�8 — année de l’ouragan �8, si ma mémoire est bonne : J’écris avec Kells Elvins la première apparition du docteur Benway, jouant la scène avec un couteau de cuisine ... (Preuve Donnée dans la Nuit ; page 127, « Nova Express ».) Le docteur Benway, médecin de bord, ajouta en état d’ébriété cinq centimètres à une incision de dix centimètres d’un coup de scalpel ... il y a du vent ici maintenant ... Il regardait quelque chose il y a longtemps de cela ... fondu sur 9, rue Git-le-Coeur, chambre �5 ; septembre 1959 ... J’étais à peine de retour d’un déjeuner avec les mem-bres de la police du Time, déposant un escroc, vieux et fatigues comme leurs homonymes : « Mr Burroughs, j’ai une intuition a votre sujet ... je vous vois quelques années auparavant dans Madison Avenue... $ �0 000 par an ... L’existence dans toute la richesse de sa diversité… Prenez une Old Gold. Regagnant la chambre �5, je trou-vai Brion Gysin tenant une paire de ciseaux, des bouts de journaux, Life, Time, étalés sur une table ; il me lut les Cut-Ups qui sont parus ultérieurement dans Minutes to Go. »

[m ] William S. Burroughs

Traduction : Gérard-Georges Lemaire

d’un autre côté il semble relativement probable que toute la guerre de Crimée n’était qu‘un canular journalistique monté de toutes pièces par la même brochette de reporters qui quelques années auparavant allaient

se vanter de couvrir tout le conflit russo-finnois depuis le Club de la Presse a Helsinki. Granger « Fin de course », correspondant de guerre vétéran des Mauvaises Nouvelles, déclara connement à

l’époque « j’avais jamais vu un champ de bataille et n’avais jamais voulu en voir Tu vois, c’est plus humain comme ça. C’est le vieux jeux de l‘armée mon garçon, un moment tu piges, un autre tu piges plus.

[f ] William S. Burroughs & Brion Gysin

La méthode cut-up de Brion GysinWilliam S. Burroughs

Lors d’une réunion surréaliste des années �0, Tristan Tzara, 1’homme de nulle part, proposa de composer un poème sur-le-champ en tirant des mots d’un chapeau. Une algarade s’ensuivit et le théâtre fut saccagé. André Breton expulsa Tristan Tzara du mouvement et étendit les cut-ups sur le divan freudien. Pendant l’été 1959, Brion Gysin, peintre et écrivain, découpa des articles de jour-naux en fragments et les redistribua au hasard. Minutes to Go résulta de cette expérience cut-up. Minutes to Go contient des cut-ups spontanés et inaltérés qui se révélèrent être une prose parfaitement cohérente et pleine de sens. La méthode cut-up amena les écrivains au collage qui a été utilisé par les pein-tres depuis cinquante ans. Il a été également utilisé pour la caméra et l’appareil photographique. En effet, toutes les prises de vues effectuées dans la rue soit par des caméras soit par des appareils photographiques sont à la merci de facteurs imprévisibles tels que les passants et les juxtapositions cut-ups. Et les photographes vous diront que leurs meilleures prises de vues sont souvent des accidents ... les écrivains vous diront la même chose. La meilleure écriture semble être produite presque par accident, mais, jusqu’à temps que la méthode cut-up ait été formulée (en réalité, toute écriture est constituée de cut-ups. je reviendrai sur ce point) – les écri-vains n’avaient pas la possibilité de reproduire le caractère fortuit de la spontanéité. On ne peut pas désirer la spontanéité. Mais on peut introduire le facteur spontané et imprévisible à l’aide d’une paire de ciseaux. La méthode est simple. Voici une des manières de procéder. Prenez une page. Cette page par exemple. Maintenant coupez-la en long et en large. Vous obtenez quatre fragments : 1 � � 4 ... un deux trois quatre. Maintenant réorganisez les fragments en plaçant le fragment quatre avec le fragment un, et le fragment deux avec le fragment trois. Et vous obtenez une nouvelle page. Parfois cela veut dire la même chose. Parfois quelque chose de totalement différent – (faire un cut-up de dis-cours politiques est un exercice des plus intéressants) – et, dans tous les cas, vous découvrirez que cela signifie quelque chose, et quelque chose de tout à fait déter-miné. Prenez n’importe quel poète ou prosateur que vous aimez. La prose ou les poèmes que vous avez lus maintes et maintes fois. Les mots ont perdu toute signifi-cation et toute existence au cours d’années de répétition. Maintenant prenez le poème et recopiez les passages choisis. Remplissez une page d’extraits. Maintenant découpez la page. Vous obtenez un nouveau poème. Autant de poèmes que vous vou-lez. Autant de poèmes de Shakespeare ou de Rimbaud que vous voulez. Tristan Tzara a dit : « La poésie est pour tous. » Et André Breton le traita de flic et l’expulsa du mouvement. Répétez : « La poésie est pour tous. » La poésie est un lieu public et vous êtes libres d’entièrement cut-upiser Rimbaud, et vous vous trouvez à la place de Rimbaud. Voici un poème cut-up de Rimbaud :

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D–6

¶ The Third Mind

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« Visite des souvenirs. Seulement votre danse et votre maison voix. Sur l’air sururbain des désertions improbables ... Tout harmoniques languit pour querelle. Les grands cieux sont ouverts. Candeur de vapeur et tente crachant sang rire et pénitence ivrogne. Promenade de vin parfum ouvre bouteille lente.Les grands cieux sont ouverts. Clairon suprême consumant des enfants chair en buée. »

Les cut-ups sont pour tous. N’importe qui peut faire des cut-ups. C’est une méthode expérimentale dans le sens où elle est une praxis. N’attendez plus pour écrire. Nul besoin d’en parler ou d’en discuter. Les philosophes grecs postulaient logiquement qu’un objet deux fois plus lourd qu’un autre tombe deux fois plus vite. Il ne leur vint pas à l’esprit de faire tomber les deux objets de la table et de voir comment ils tombent. Découpez les mots et voyez comment ils tombent. Shakespeare Rimbaud vivent dans leurs mots. Coupez les lignes-mots et vous entendrez leurs voix. Les cut-ups apparaissent souvent comme des messages codés avec une signifi-cation spéciale pour celui qui coupe. Table d’écoute ? Peut-être. Certainement une amélioration dans la fâcheuse habitude d’entrer en relation avec des poètes morts par l’entremise d’un médium. Rimbaud lui-même a annoncé qu’une poésie terrible-ment mauvaise le suivrait. Découpez les mots de Rimbaud et vous êtes assurés d’avoir au moins de la bonne poésie à défaut d’une présence personnelle. Toute écri-ture est en réalité constituée de cut-ups. Un collage de mots lus et rabâchés. Quoi d’autre ? L’utilisation de la paire de ciseaux rend le processus explicite et est sus-ceptible d’extension et de variation. La pure prose classique peut être composée de cut-ups préarrangés. Découper et réarranger une page de mots écrits introduit une nouvelle dimension dans l’écriture permettant à l’écrivain de placer les images dans une suite de variations cinématiques. Les images changent de signification sous la paire de ciseaux, les images olfactives se changent en visions sonores, la vue en son, et le son en synesthésie. C’est ce vers quoi tendait Rimbaud avec sa coloration des voyelles. Et son « dérangement systématique des sens ». Le lieu de l’hallucination mescalinienne : voir des couleurs, goûter des sons, sentir des formes. Les cut-ups peuvent être appliqués à d’autres domaines que celui de l’écriture. Le docteur Neumann dans sa Theory of Games and Economic Behavior introduit la méthode cut-up du facteur hasard dans le jeu et la stratégie militaire : postulez que le pire est arrivé et agissez en conséquence. Si votre stratégie est, jusqu’à un certain point, déterminée... par le facteur hasard, votre adversaire ne pourra en tirer aucun avantage de la connaissance de votre stratégie car il ne peut pas en prévoir l’évolu-tion. La méthode cut-up pourrait être avantageusement utilisée dans l’analyse des faits scientifiques. Combien de découvertes ont-elles été faites par accident ? On ne peut pas produire d’accidents à volonté. Les cut-ups pourraient ajouter une nouvelle dimension aux films. Entrecoupez des scènes de jeux avec un millier de scènes de jeux de tous les temps et de tous les pays. Coupez à l’envers. Coupez les rues du monde. Coupez et réarrangez le mot et l’image dans les films. Il n’y a aucune raison d’accepter un produit de seconde qualité quand vous pouvez avoir le meilleur. Et le meilleur est là pour tous. « La poésie est pour tous. »

[m ] William S. Burroughs

[f ]

L’écriture a cinquante ans de retard sur la peinture. Je me propose d’appliquer les techniques des peintres à l’écriture ; des choses aussi simples et immédiates que le collage ou le montage. Coupez à travers les pages de n’importe quel livre ou jour-nal... dans le sens de la longueur par exemple et mélangez les colonnes de texte. Remettez-les ensemble au hasard et lisez le message nouvellement constitué. Faites-le vous-même. Utilisez n’importe quel système qui se présente à vous. Prenez vos propres mots ou les mots qu’on appelle « les propres paroles » de quelqu’un d’autre mort ou vivant. Vous verrez bientôt que les mots n’appartiennent à personne. Les mots ont une vitalité bien à eux et vous et n’importe qui d’autre pourra les faire se précipiter dans l’action. Les poèmes permutés font tourner les mots tout seuls ; partant en échos quand se permutent les mots d’une phrase puissante pour faire des ondulations toujours en expansion de sens dont ils ne semblaient pas capables quand on les a frappés et ensuite collés dans cette phrase. Les poètes sont supposés libérer les mots – non pas les enchaîner dans des phra-ses. Qui a dit aux poètes qu’ils étaient supposés penser ? Les poètes sont faits pour chanter et pour faire chanter les mots. Les poètes n’ont pas de mots qu’ils possèdent. Les poètes ne possèdent pas leurs mots. Depuis quand les mots appartiennent-ils á quelqu’un ? « Vos propres paroles », en effet ! Et vous, qui êtes-vous ?

[m ] Brion Gysin

Extraits de The Third Mind (Œuvre croisée) de William S. Burroughs et Brion Gysin © Flammarion, 1976

Les cut-ups s’expliquent d’eux-mêmesBrion Gysin

William S. Burroughs & Brion Gysin

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D–8 [e ] ¶ The Third Mind

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Short history of a legendary book: The Third Mind by William S. Burroughs & Brion Gysin

Gérard-Georges Lemaire

William S. Burroughs arrived in Paris in January 1958 and took a room (no. ��) at a little hotel on the rue Gît-le-Cœur near the place Saint-Michel. That nameless hotel was before long nicknamed “Beat Hotel”. Allen Ginsberg, Peter Orlovsky and Gregory Corso were among the first American poets to stay there. It was here that Ginsberg and a few others helped Burroughs to produce the final version of The Naked Lunch, which was published by Olympia Press in Paris; the managing direc-tor of Olympia, Maurice Girodias, chose the French capital to escape American and British censorship. Burroughs again met up with Brion Gysin whom he had known in Tangiers. The two men soon embarked on literary experiments. Gysin had discovered ways of producing text which Burroughs referred to as ’the liter-ary methods of Lady Sutton Smith’: cut-up, fold-in and permutations. Burroughs was particularly enthusiastic about the first of these and long continued to use it in writing his novels and stories. Some of the hotel residents became involved in this venture, like Gregory Corso and Sinclair Beiles. Several small-scale minor works emerged from this strange, prolific manufacture of texts. Furthermore, Burroughs filled large exercise books with collages (the Scrapbooks), while Gysin developed the idea of his calligraphic grids. This sizeable mass of materials gave rise to the idea of a book which would be an anthology preserving most of the work carried out over these years of intensive research. The project was submitted to Richard Seaver who was the editorial director of Grove Press. He accepted it. When Burroughs and Gysin went to New York in 1965, the book named The Third Mind after a quotation from T. S. Eliot („Who is that third walking besides you?“) seemed to be turning out well: the authors were given proofs. But everything came to a sudden halt: the publisher abandoned the idea of producing this unduly expen-sive project. In 1974, I got to know Brion Gysin who was living at the Cité des Arts. While I was in Geneva preparing the Tangiers Colloquium with my friend, the photographer and publisher François Lagarde, Gysin gave me the set of proofs for The Third Mind and together, in consultation with Burroughs (whom I meet for the first time at the Colloquium), we established a new version acceptable to a French publisher such as Flammarion, where I had just created the ‘Connections’ collec-tion. Gysin gave this translation the title Œuvre croisée and it was printed in 1976 with a preface written by me. It was this same version that Viking brought out in the United States the following year, but they retained the original title. There were further editions of the volume in France and it was reissued in 1998 with a new cover and in the anthology I presented at Flammarion in �005, The Beat Generation. Perhaps some day soon a publisher, a museum or a foundation will have the heart to undertake a book that would match the dreams of the two writ-ers—two artists—that Burroughs and Gysin were …

[m ] Gérard-Georges Lemaire

William S. Burroughs & Brion Gysin

IntroductionsWilliam S. Burroughs

Not much time left on set ... ... officer sitting there in the attic room, late-afternoon shadows against his back. He is sitting at a desk on which we see a portable tape recorder, a portable type-writer, ledgers, photos and notes. A window shade drawn down serves as a screen for magic-lantern slides. The officer addresses an audience of any two cadets. It is enough. The voice is tired: on his face the last, almost invisible scars of war ... dim jerky faraway:“Why am I here? I am here because you are here ... and let me quote to you young officers this phrase: ‘No two minds ever come together without, thereby, creating a third, invisible, intangible force which may be likened to a third mind.’* Who is the third that walks beside you?” The third mind is there when two minds collaborate. Brion Gysin and I are col-laborating on this manual of elementary illusion techniques which traces a series of such collaborations. Operation Rewrite ... Maya ... Maya ... Illusion ... Illusion. Do you begin to see there is no officer there in the darkening room? “Reality” is apparent because you live and believe it. What you call “reality” is a complex network of necessity formulae...association lines of word and image presenting a prerecorded word and image track. How do you know “real” events are taking place right where you are sitting now? You will read it tomorrow in the windy morning “NEWS” ... Twister in: Primrose, Nebraska ... Tornado dead 223 ... Street crowds in Baghdad rising from the typewriter ... Mr Martin smiles ... The Morning Maya ... paper reality ... photo bod-ies ... You will recall Experiment with Time by Dunne. Dr Dunne found that when he wrote down his dreams the text contained many clear and precise references to so-called future events. However, he found that when you dream of an air crash, a fire, a tornado, you are not dreaming of the event itself but of the so-called future time when you will read about it in the news-papers. You are seeing not the event itself, but a newspaper picture of the event, prerecorded and prephotographed. Now, the picture and account of events in a newspaper may not correspond to the “actual” event. Remember the Russo-Finnish War covered from the Press Club in Helsinki? Remember Mr Hearst’s false armistice closing World War I a day early?

*A quote from Think and Grow Rich by Napoleon Hill, who says about his book that it contains a secret mentioned no fewer than a hundred times: “It has not been directly named,” he adds, “for it seems to work more successfully when it is merely uncovered and left in sight, where those who are ready, and searching for it, may pick it up.”

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D–10 [e ] ¶ The Third Mind

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Maya ... Maya ... Illusion ... Illusion ...

However, there are precise techniques for producing illusion, as any stage magician will tell you. When the audience sees the magician hauling a rabbit out of his gimmicked vest, throwing his Indian rope over an almost invisible wire, then the picture and pattern of events may not correspond to the “actual” event . . . Always need a peg to hang it on ... an angle. . . a gimmick ... old photographer tricks and tricks don’t always work. (My jujitsu instructor used to say: “If your trick no work, you better run.”)That old dead hand has lost its touch, that old patter no longer distracts ... the bare, radioactive bones shine through paper moon and muslin trees. I am here to show you young officers a few tricks that you call “reality” ...The first step in re-creation is to cut the old lines that hold you right where you are sitting now ... fade-out to a screened porch in Cambridge, Mass., 19�8—year of the ’�8 hurricane, if my memory serves: Kells Elvins and I are writing the first appear-ance of Dr Benway, acting out the scene with a kitchen knife ... (“Gave Proof Through the Night,” page 1�7, Nova Express.) Dr Benway, ship’s doctor, drunkenly added two inches to a four-inch incision with one stroke of his scalpel ... windy here now... He was looking at something a long time ago ... fade-out to #9 rue Git le Coeur, Paris, room #�5; September, 1959 ... I had just returned from a long lunch with the Time police, putting down a con, old and tired as their namesake: “Mr Burroughs, I have an intuition about you ... I see you a few years from now on Madison Avenue ... $�0,000 per year ... life in all its rich variety ... Have an Old Gold. Returning to room #�5, I found Brion Gysin holding a scissors, bits of news-paper, Life, Time, spread out on a table; he read me the cut-ups that later appeared in “Minutes to Go.”

[m ] William S. Burroughs

the other hand it now appears quite possible that the entire Crimean War was a journalistic hoax perpetrated by the same whisky klatch of reporters who some years previously were to

boast of covering the entire Russian-Finnish War from the Press Club in Helsinki. „End Run“ Granger, veteran war correspondent on The Bad News, stated flatly at the

time: „I have never seen a battlefield and I never intend to.“ You see, it‘s more humane that way. It‘s the old army game, kid, now you see it, now you don‘t.

William S. Burroughs & Brion Gysin

The Cut-up Method of Brion Gysin William S. Burroughs

At a surrealist rally in the 19�0s Tristan Tzara the man from nowhere proposed to create a poem on the spot by pulling words out of a hat. A riot ensued wrecked the theater. André Breton expelled Tristan Tzara from the movement and grounded the cut-ups on the Freudian couch. In the summer of 1959 Brion Gysin painter and writer cut newspaper articles into sections and rearranged the sections at random. “Minutes to Go” resulted from this initial cut-up experiment. “Minutes to Go” contains unedited unchanged cut-ups emerging as quite coherent and meaningful prose. The cut-up method brings to writers the collage, which has been used by paint-ers for fifty years. And used by the moving and still camera. In fact all street shots from movie or still cameras are by the unpredictable factors of passersby and jux-taposition cut-ups. And photographers will tell you that often their best shots are accidents ... writers will tell you the same. The best writing seems to be done almost by accident but writers until the cut-up method was made explicit—all writing is in fact cut-ups; I will return to this point—had no way to produce the accident of spontaneity. You cannot will spontaneity. But you can introduce the unpredictable spontaneous factor with a pair of scissors. The method is simple. Here is one way to do it. Take a page. Like this page. Now cut down the middle and across the middle. You have four sections: 1 � � 4 ... one two three four. Now rearrange the sections placing section four with section one and section two with section three. And you have a new page. Sometimes it says much the same thing. Sometimes something quite different-cutting up politi-cal speeches is an interesting exercise-in any case you will find that it says some-thing and something quite definite. Take any poet or writer you fancy. Here, say, or poems you have read over many times. The words have lost meaning and life through years of repetition. Now take the poem and type out selected passages. Fill a page with excerpts. Now cut the page. You have a new poem. As many poems as you like. As many Shakespeare Rimbaud poems as you like. Tristan Tzara said: “Poetry is for everyone.” And André Breton called him a cop and expelled him from the movement. Say it again: “Poetry is for everyone.” Poetry is a place and it is free to all cut up Rimbaud and you are in Rimbaud’s place. Here is a Rimbaud poem cut up.

“Visit of memories. Only your dance and your voice house. On the suburban air improbable desertions ... all harmonic pine for strife. “The great skies are open. Candor of vapor and tent spitting blood laugh and drunken penance. “Promenade of wine perfume opens slow bottle. “The great skies are open. Supreme bugle burning flesh children to mist.”

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D–1� [e ] ¶ The Third Mind

D–1�

Cut-ups are for everyone. Anybody can make cut-ups. It is experimental in the sense of being something to do. Right here write now. Not something to talk and argue about. Greek philosophers assumed logically that an object twice as heavy as another object would fall twice as fast. It did not occur to them to push the two objects off the table and see how they fall. Cut the words and see how they fall. Shakespeare Rimbaud live in their words. Cut the word lines and you will hear their voices. Cut-ups often come through as code messages with special meaning for the cutter. Table tapping? Perhaps. Certainly an improvement on the usual deplorable performance of contacted poets through a medium. Rimbaud announces himself, to be followed by some excruciatingly bad poetry. Cut Rimbaud’s words and you are assured of good poetry at least if not personal appearance. All writing is in fact cut-ups. A collage of words read heard overheard. What else? Use of scissors renders the process explicit and subject to extension and vari-ation. Clear classical prose can be composed entirely of rearranged cut-ups. Cutting and rear-ranging a page of written words introduces a new dimension into writing enabling the writer to turn images in cinematic variation. Images shift sense under the scissors smell images to sound sight to sound to kinesthetic. This is where Rimbaud was going with his color of vowels. And his “systematic derangement of the senses.” The place of mescaline hallucination: seeing colors tasting sounds smelling forms. The cut-ups can be applied to other fields than writing. Dr Neumann in his Theory of Games and Economic Behavior introduces the cut-up method of random action into game and military strategy: assume that the worst has happened and act accordingly. If your strategy is at some point determined ... by random factor your opponent will gain no advantage from knowing your strategy since he cannot pre-dict the move. The cut-up method could be used to advantage in processing scien-tific data. How many discoveries have been made by accident? We cannot produce accidents to order. The cut-ups could add new dimension to films. Cut gambling scene in with a thousand gambling scenes all times and places. Cut back. Cut streets of the world. Cut and rearrange the word and image in films. There is no reason to accept a second-rate product when you can have the best. And the best is there for all. “Poetry is for everyone.” [m ] William S. Burroughs

William S. Burroughs & Brion Gysin

Cut-Ups Self-ExplainedBrion Gysin

Writing is fifty years behind painting. I propose to apply the painters’ tech-niques to writing; things as simple and immediate as collage or montage. Cut right through the pages of any book or newsprint ... lengthwise, for example, and shuffle the columns of text. Put them together at hazard and read the newly constituted message. Do it for yourself. Use any system which suggests itself to you. Take your own words or the words said to be “the very own words” of anyone else living or dead. You’ll soon see that words don’t belong to anyone. Words have a vitality of their own and you or anybody can make them gush into action. The permutated poems set the words spinning off on their own; echoing out a; the words of a potent phrase are permutated into an expanding ripple of meanings which they did not seem to be capable of when they were struck and then stuck into that phrase. The poets are supposed to liberate the words—not to chain them in phrases. Who told poets they were supposed to think? Poets are meant to sing and to make words sing. Poets have no words “of their very own.” Writers don’t own their words. Since when do words belong to anybody. “Your very own words,” indeed! And who are you?

[m ] Brion Gysin

Excerpts from The Third Mind by William S. Burroughs & Brion Gysin Copyright William S. Burroughs & Brion Gysin, 1978

Reproduced with permission of The Wylie Angency (UK) Ltd.

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noise [ m Black noise ] [ m Harsh noise ]

noland, cady[f ] m *195�, vit à New York. L’œuvre de Cady

Noland apparaît comme une anthropologie sociale des états-Unis, de ses idéaux et des aspects les plus violents de sa réalité. En conservant une apparence objective, pseudo-scientifique, son art n’énonce pas de jugement moral mais s’attache à décrypter les signes de cette violence à travers la rhétorique de l’image médiatique et ses effets de pouvoir po-tentiel. Portraits d’anonymes ou de célébrités, plusieurs faits divers et historiques traver-sent ainsi son œuvre : Patty Hearst, héritière du magnat de la presse William Randolph Hearst enlevée en 1974, par un groupement révolutionnaire qu’elle rallie quelques années plus tard en participant à des attaques à main armée ; Lee Harvey Oswald ; Betty Ford ou encore le groupe de complices de Charles Manson. Ses sérigraphies d’images et de cou-verture de presse sur panneaux de bois ou de métal, rappellent formellement les pancartes des kiosques à journaux qui exhibent les unes de magazines. Cady Noland conçoit ainsi une sculpture abstraite, minimaliste, mais aussi lourdement chargée culturellement. [ m THe 

THird mind ][e ] m *195�, lives in New York. Cady Noland’s

work can be likened to a social anthropology of the United States, its ideals and the most violent aspects of its reality. Maintaining an objective and pseudo-scientific appearance, her art does not pronounce any moral judg-ment but attempts to decipher the signs of this violence through the rhetoric of the media image and the effects of its potential power. Portraits of anonymous figures or of celebri-ties and several news items and historical events run through her work: Patty Hearst, the heiress of the press magnate William Ran-dolph Hearst who was kidnapped in 1974 by a revolutionary faction which she joined a few years later, taking part in their armed attacks; Lee Harvey Oswald; Betty Ford or a group of Charles Manson’s accomplices. Presented here, her silk screens of images and magazine cov-ers on wood or metal panels recall in a formal way newspaper stands’ signs exhibiting such magazine covers. Cady Noland thus creates a minimalist and abstract sculpture laden with cultural meaning. [ m THe THird mind ]

m No Wave : DNA

m No Wave : Mars

m Cady noland, Lincoln Years, 1990

m Cady noland, William Randolph Hearst, sans date / undated

NolAND nol

the third mind de William s. burroughs & brion gysin/ the third mind by William s. burroughs & brion gysin

D–14

Page 137: Yodel Volume1

154 155placé sous la protection du Territoire Libre de Ely-Chatelaine (un projet de pays modèle monarchiste et libertaire). Suite à un schisme pacifiste, la Baronnie a reçu, le 1er avril 1995, le nouveau nom de Principauté de Nova Arcadia. La Nova Arcadia a pour ambition de rétablir la grâce, la civilité et l’honneur des ordres anciens dont elle est issue, sans l’oppression, la tyran-nie et les souffrances qui les caractérisaient. La Principauté existe en tant que « projet de pays modèle » et ne revendique pour le moment aucun territoire, tout en se réservant le droit de le faire. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A model country that was originally founded on April 1, 1994 as the Barony of Pendragonia, a “household government” under the aegis of the Free Territory of Ely-Chatelaine, a Monar-chist-Libertarian model country. Following a peaceful schism, on April 1, 1995, the Barony was re-established as the Principality of Nova Arcadia. Nova Arcadia exists to re-establish the grace, civility and honour of the older orders from which it came, without the oppression, tyranny and hardships it created. The Principal-ity exists as a “model country project” that presently makes no territorial claims, while reserving the right to do so. [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ]

nsk (l’état de)State of NSK [f ] m Acronyme de Neue Slowenische Kunst

(nouvel art slovène), collectif artistique fondé au début des années 1990 et micronation pos-sédant des ambassades à Sarajevo, à Berlin et à Moscou, ainsi que des ambassades temporaires dans tous les pays où expose le collectif. Parmi ses activités principales, celui-ci organise des performances, des happenings et des concerts. L’état délivre des passeports et imprime ses propres timbres. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ][e ] m An acronym for Neue Slowenische Kunst,

New Slovenian Art, an art collective founded in the early 1990’s and a micronation with embassies in Sarajevo, Berlin and Moscow, and temporary embassies wherever the group exhibits its work internationally. Chief activi-

ties of the collective also include performance happenings and concerts. Additionally, NSK has issued stamps and its own passports. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

nutopie

Nutopia[f ] m Nation conceptuelle fondée le 1er avril 1973

par Yoko Ono et John Lennon. La loi organique de la Nutopie s’inspirait des paroles d’une célèbre chanson de Lennon, Imagine. Dans la tradition de John Cage, proche collaborateur de Yoko Ono, l’hymne national nutopien (qui figure sur l’album Mind Games de John Lennon) consiste en quelques secondes de silence. Le drapeau nutopien est entièrement blanc. Le sceau officiel représente un phoque (en anglais, « sceau » et « phoque » se traduisent tous deux par un homonyme, seal). Enfin, une plaque por-tant l’inscription « AMBASSADE DE NUTOPIE » fut apposée à l’entrée du Dakota Building, où vivaient Yoko Ono et John Lennon à New York.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A conceptual nation founded on April Fools Day, 1973 by conceptual artist Yoko Ono, together with her husband and frequent col-laborator John Lennon. The informal Organic Law of Nutopia was framed around the lyrics put to Lennon’s Imagine. Perhaps following the influence of John Cage, a close associate of Ono’s, the Nutopian anthem (included on Lennon’s album Mind Games) consists of only a few seconds of silence. The flag of Nutopia is white. The official seal of Nutopia is a seal, the sea-mammal. A plaque engraved with the words “NUTOPIAN EMBASSY” was installed at Ono and Lennon’s home, the Dakota building in New York City. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

NutoPiE nut

noonan, david[m 2, fig. #21 ; 5, fig. #�1, #�2 ][f ] m *19�9, vit à Londres. Artiste d’origine

australienne, David Noonan produit des œuvres mêlant film, peinture, sérigraphie, photogra-phie, sculpture, installation et collage. Hiboux, ombres chinoises, marionnettes indonésiennes, cultes et contre-cultures inquiétants et déman-tibulés, nourrissent un univers qui s’inspire de mythologies folkloriques ainsi que d’un monde au caractère plus sinistre. Ses images ressemblent à des silhouettes, visibles seule-ment en partie, comme suspendues hors d’un temps, d’un lieu ou même d’une couleur pré-cise. L’ambiance est souvent sombre mais s’y révèle une sensibilité délicate et poétique qui utilise glissements et accidents de la mémoire. [ m daVid noonan (exPosiTion) ]

[e ] m *19�9, lives in London. An Australian artist based in London, David Noonan combines film, painting, silkscreen, photography, sculpture, installation, and collage. Owls, shadowplays, Indonesian puppets, cults and countercultures, each turned into deconstructed fragments, inform a universe that is inspired by folkloric mythologies as well as by a world with more sinister undertones. His images are like silhou-ettes, visible only in part and suspended out-side of a clearly identifiable time period, place, or colour. The atmosphere is often sombre, but maintains a delicate and poetic sensibility that makes use of the porous and accidental nature of memory to propose an engaging anonymity: how do we remember that which we only partly understand? [ m daVid noonan (exPosiTion) ]

nouveauX états-unis d’amérique (les)The New United States of America [f ] m Nation-modèle fondée en 2001, dans l’idée

que les états-Unis constituent une « expérience américaine », selon l’expression de Benjamin Franklin. Ce projet est né d’un constat : de toute évidence, les états-Unis se sont écartés des grands principes qu’ils s’étaient fixés au départ. Les Nouveaux états-Unis (NUSA) s’en-gagent à respecter les idéaux fondamentaux délaissés ou oubliés par tous ceux qui contri-buent à creuser le fossé séparant le peuple du pouvoir gouvernemental. Les NUSA constituent une organisation engagée, qui tire son unité de son intérêt fervent pour l’histoire ancienne des USA et pour le développement national proposé par ses concepteurs et tous ceux qui ont encore foi en son avenir. [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ]

[e ] m A concept-model nation that was founded in late 2001 on the idea that the United States is in fact an ‘American Experiment’, as Benjamin Franklin had identified it. The impetus of this project was born from the noticeable drift the US made from the high standards it originally set for itself. The New USA (NUSA) is commit-ted to the fundamental ideals that it believes have been lost or forgotten about by those who contribute to a widening divide between the government’s power and its people, and the government’s submission to corporate influ-ence and control. The NUSA is a concerned organization unified only by its commitment to the early history of the US and its advancement envisioned by its architects and those who had and continue to have a critical faith in its future. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

nouvelle utopie (la principauté de)Principality of New Utopia [f ] m Paradis fiscal en cours de construction dans

les Caraïbes, à environ 200 km de Grand Caï-man. Cette île artificielle offrira une économie vierge d’impôt à toute entreprise commerciale favorisant le développement de la banque, des services financiers, des assurances et du cour-tage. La Nouvelle Utopie fut d’abord la réalisa-tion d’un rêve d’entrepreneur – Howard Tutney, qui se fit appeler par la suite prince Lazare Long. La principauté, qui devrait atteindre une surface de 1.000 km2, sera construite par la Flotilla Company, société spécialisée dans la construction de maisons en béton coulé. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m An economic paradise being built in the Caribbean approximately 120 miles west of Grand Caymen. This manmade island offers a substantially tax free economy in connection with any commercial enterprise promoting the development of banking, financial services, insurance, and securities brokerage services. New Utopia began as an entrepreneurial dream by Howard Tutney who later changed his name to Prince Lazarus Long. The prince’s island could grow to be 400 square miles and will be built by Flotilla Company, which specializes in building houses out of floating concrete. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

nova arcadia (principauté de)The Principality of Nova Arcadia [f ] m Projet de pays modèle fondé le 1er avril

1994 sous le nom d’origine de Baronnie de Pendragonia, un « gouvernement domestique »

NooNANnoo

Page 138: Yodel Volume1

15� 157couverture d’un album des Beatles, Sergeant Pepper. Son imaginaire a inspiré, entre autres, certaines chansons de John Lennon et de David Bowie, preuve que l’ésotérisme a occupé une place importante au sein de la contre-culture et que Crowley y apparaissait comme le fondateur et l’incarnation même de l’occulte.

[ m Koester, Joachim ] [ m le maTin des 

maGiCiens ] [ m Palais / ] [ m spritisme ][e ] m A series of movements that mainly

developed in the 19th century. Among the historical figures of occultism on can mention the French Socialist and Kabbalist, Alphonse Louis Constant (1810–1857) better known as Eliphas Lévi, who in his book The History of Magic (1859), brought together several differ-ent strands of esoteric thought—in effect, in-venting occultism—and influenced artists like Arthur Rimbaud, J. K. Huysmans, André Breton and Erik Satie. Another is The Hermetic Order of the Golden Dawn, an early twentieth century esoteric society in London, and its renegade member, [ m aleister Crowley ] (1875–1947). Crowley’s portrait was included on the cover of The Beatles’s Sergeant Pepper album, and his imagery finds its way into the songs of John Lennon and David Bowie among others revealing Crowley’s position as a progenitor and avatar of the occult’s thriving within the counter-culture.

[ m Koester, Joachim ] [ m le maTin des 

maGiCiens ] [ m Palais / ] [ m spiritisme ]

operational theory research

institute (otri)[f ] m Think tank créé par l’armée israélienne en

199� afin que militaires, universitaires civils et experts en technologie travaillent à repenser ensemble, sur un plan tant théorique que pratique, les possibilités d’action tactiques et stratégiques de Tsahal dans la cadre du « conflit de basse intensité » moyen-oriental. Sous la direction du général de réserve Shimon Naveh, l’OTRI a ainsi pu enjoindre les officiers de Tsahal à lire les essais de Georges Bataille, Gregory Bateson, Gilles Deleuze ou encore Ber-nard Tschumi. Si des luttes d’influence internes à l’état-major israélien ont amené à sa ferme-ture au printemps 200�, l’échec des opérations lancées contre Gaza et le Liban l’été suivant, menées respectivement par Aviv Kochavi et Gal Hirsch, tous deux diplômés de l’Institut, a sem-blé sanctionner l’intellectualisme superflu et le manque d’efficacité pratique de son corps de doctrines. Shimon Naveh travaille néanmoins

aujourd’hui comme conseiller à l’expérimenta-tion opérationnelle « Expeditionary Warrior » (corps expéditionnaire) pour l’US Marine Corps Development Command. [ m essaimage ] [ m Géométrie inverse ] [ m Weizmann, eyal ]

[e ] m A think tank established by the Israeli army in 199� so that the military, civilian university staff and technological experts could work together to rethink, at both a theoretical and practical level, Tzahal’s tactical and strategic options for action in the context of “low inten-sity fighting” in the Middle East. With General (res.) Shimon Naveh at its head, the OTRI was thus able to call upon the officers of Tzahal to read the essays of Georges Bataille, Gregory Bateson, Gilles Deleuze or indeed Bernard Tschumi. While internal struggles for influ-ence within the Israeli general staff led to its closure in spring 200�, the failure of the opera-tions launched against Gaza and Lebanon that summer, led by Aviv Kochavi and Gal Hirsch respectively, both graduates of the Institute, seemed to confirm the superfluous intellectual-ism and lack of practical effectiveness of its set of doctrines. Nonetheless, Shimon Naveh is currently working as an adviser on “Expedition-ary Warrior” operational experimentation for the US Marine Corps Development Command. [ m essaimage ] [ m Géométrie inverse ]

[ m Weizman, eyal ]

orgone[f ] m Terme créé par le psychanalyste Wilhelm

Reich (1897 – 1957) pour désigner le support physique et chimique qu’il prêtait à l’énergie libidinale. [ m William s. Burroughs ] possédait une « cabine à orgone » censée augmenter l’énergie sexuelle et les capacités cérébrales.

  [ m leary, Timothy ][e ] m Term coined by the psychoanalyst Wilhelm

Reich (1897 – 1957) to designate the physical and chemical basis he attributed to libidinal energy. [ m William s. Burroughs ] owned an “or-gone accumulator,” thought to increase sexual energy and brain power. [ m leary, Timothy ]

ortega, Fernando[m 1, fig. #07 ][f ] m *1971, vit à Mexico. Fernando Ortega utilise

de multiples médiums allant de la vidéo à l’installation en passant par des interventions plus immatérielles et minimales. Jouant avec le tangible et l’intangible, l’artiste sollicite l’at-tention du spectateur par des biais détournés et parfois spectaculaires.

oRtEGA ort

oo’neill, amy[m 3, fig. #41 ][f ] m *1971, vit à Genève. Artiste américaine

vivant en Suisse, Amy O’Neill réinvestit divers aspects du folklore grâce à de nombreux objets ou situations qu’elle dévoile en jouant avec l’étrangeté de certains décors. Chaque œuvre mise en scène nous rappelle une action ou un élément qui fut autrefois réalité.

Elle a participé aux expositions The Return of the Creature (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz) et Bastard Kids of Drella, part 9 (Le Consortium, Dijon, 1999), organisées par [ m steven Parrino]. [ m BasTard CreaTUre]

[e ] m *1971, lives in Geneva. An American artist living in Switzerland, Amy O’Neill re-explores forgotten folklores by means of sculptures, drawings, and installations. Each workcum-stage set recreates a situation that once was a strange reality.

She took part in the exhibitions The Return of the Creature (Künstlerhaus Palais Thurn und Taxis, Bregenz) and Bastard Kids of Drella, part 9 (Le Consortium, Dijon, 1999), curated by [ m steven Parrino]. [ m BasTard CreaTUre]

occultismeOccultism[f ] m Ensemble de courants spirituels et

mystiques qui se développèrent principale-ment au XIXe siècle. Parmi les grandes figures historiques de l’occultisme, on peut citer Alphonse Louis Constant (1810–1875), socialiste et kabbaliste français mieux connu sous le nom d’Eliphas Lévi, qui, dans son Histoire de la magie (1859), met en relation divers courants de la pensée ésotérique ; cet ouvrage, qui invente de fait l’occultisme, influença des artistes comme Arthur Rimbaud, J. K. Huysmans, André Breton et Erik Satie. Une autre source vérifiable est l’Ordre Hermétique de l’Aube Dorée, société ésotérique fondée à Londres au début du XXe siècle, dont [ m aleis-ter Crowley ] (1875–1947) fut membre, puis apostat. Un portrait de Crowley figure sur la

o’NEillone

Page 139: Yodel Volume1

158 159

ppalais / (magaZine)[f ] m En résonance avec les expositions, événe-

ments, conférences et performances de la pro-grammation, le magazine trimestriel PAlAiS / parcourt l’univers artistique en expansion de la programmation du Palais de Tokyo. On y trouve ainsi des images tirées des expositions du Palais de Tokyo, des portfolios mais aussi des textes de critiques d’art ou de philosophes, écrivains, artistes et une carte blanche à un autre magazine.

Numéro 01 (automne-hiver 200�) : [ m zombies ], théorie des ondes, [ m occultisme ], [ m mike Ty-son ], skateboard, métaphysique, sculpture à la tronçonneuse, philosophie des gardiens de but, [ m Cinq milliards d’années ].

Numéro 02 (printemps 2007) : cybernétique, situationnisme, théorie de l’évolution, [ m physi-que quantique ], [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ]. Numéro 03 (été 2007) : minimalisme, bikers,

noise music, [ m piraterie ], comic books, tatouage, [ m la marqUe noire ].

Numéro 04 (automne 2007) : numéro spécial [ m THe THird mind ]conçu par [ m Ugo rondi-none].

[e ] m In conjunction with the exhibitions, events, lectures, and performances that make up the artistic program, the quarterly magazine. Every quarter, PAlAiS / outlines the expanded artistic universe of the new program and invites many contributions from diverse fields: it features images of the exhibitions presented at the Pal-ais de Tokyo, portfolios as well as texts by art critics or philosophers, writers, artists, etc. and a “carte blanche” given to another magazine.

Issue 01 (automne-hiver 200�): [ m zombies ], wave theory, [ m occultism ], [ m mike Tyson ], skateboards, metaphysics, chain-saw sculp-tures, philosophy of goalkeepers, FivE BillioN

YEARS [ m Cinq milliards d’années ]. Issue 02 (spring 2007): cybernetics, Situation-

ism, theory of evolution, quantum physics [ m physique quantique ], m—, NEwS FRom thE

uPSiDE-DowN [ m π, noUVelles dU monde ren-

Versé ]. Issue 03 (summer 2007): Minimalism, bikers,

noise music, piracy, comic books, tattoo art, [ m la marqUe noire ].

Issue 04 (fall 2007). Special issue [ m THe THird 

mind ] created by [ m Ugo rondinone].

paradoXe des jumeauXTwin Paradox [ m p. a-3 / see p. a-11 ]

PAlAiS pal

Fly Electrocutor (2003) se présente sous la for-me d’un piège à mouches électrique. À chaque électrocution d’insecte, l’espace de l’exposition [ m Une seConde Une année ] était plongé dans un black-out ponctuel.

[e ] m *1971, lives in Mexico City. Through video, photography, and installation, Fernando Ortega plays with the tangible and the intangible, catching and holding the viewer’s attention by indirect and occasionally spectacular means, and striking a balance between sensory experi-ence and immaterial interventions.

Fly Electrocutor (2003) consists of an electric flytrap. Each time a fly is electrocuted, power in the exhibition spaces of oNE SEcoND oNE

YEAR  [ m Une seConde Une année ] was cut for a brief black-out moment.

m Fernando ortega, Fly Electrocutor, 2003

oRtEGAort

Page 140: Yodel Volume1

1�0 1�1l’artiste réalise des collages à partir d’images trouvées dans la presse, travaux qui ne sont pas sans rappeler les excès graphiques du collectif français Bazooka. À partir de 1981, il se met à peindre des polyptiques qui confron-tent motifs “abstraits” et “figuratifs”, comme dans une série d’œuvres où des super-héros Marvel pulvérisent des motifs constructivis-tes. En fin de compte, Parrino n’a de cesse de renvoyer l’abstraction et la figuration dos à dos. Qu’il s’agisse de zombies ou de toiles crevées, il s’agit bien, dans un cas comme dans l’autre, de “non-site” de la culture, tel qu’aurait pu l’entendre [ m smithson ]. Il n’est pas question pour l’artiste d’en donner une image, mais de travailler sa matière même, de l’incarner. Ceci est parfaitement manifeste dans ses grandes toiles de la fin des années 1980, avec des œuvres comme Slow Rot (1988) – un tableau “peint” avec de l’huile de vidange –, ou Stockade (1989) qui prend la forme d’un pilori. Ce dialogue avec l’œuvre de Smithson occupera une place croissante au fil des années, comme en témoignent les œuvres plus récentes de l’ar-tiste nourries de science-fiction apocalyptique. Study For a Model of the Universe to Be Placed in the Forbidden Zone (2003) est une maquette pour un mégalithe que nous aurait laissé une civilisation perdue ou que laisseront des aliens à la fin des temps.

“La radicalité vient du contexte et pas néces-sairement de la forme, écrit Parrino. Les formes sont radicales dans la mémoire, en perpétuant ce qui fut radical autrefois par l’extension de leur histoire. L’avant-garde laisse un sillage et, mue par une force maniériste, elle poursuit son avance. Même dans la fuite, nous regardons par-dessus notre épaule et approchons l’art par intuition plutôt que par stratégie. Vu sous cet angle, l’art est plus culte que culture ”»

[ m Palais / ] [ m sTeVen Parrino réTrosPeCTiVe 

1981– 2004 ][e ] m 1958 – 2005. American artiste Steven Parrino

is considered by many as a model of a radical and uncomprimising artistic activit, one that disregards the notion of categories and slo places the collaborative process at its core. As [ m Fabrice stroun ] points out “For close to three decades, the work of Steven Parrino has represented a vital link to the suppos-edly obsolete idea of radicality. Back in the early eighties, when the word on the street pronounced painting dead, rather than join the flock of mourners, Parrino took a shot at necro-philia. In his hands, appropriationist strategies

became a kind of black ops technique, a means to convulsively incarnate the historical break-down of avant-garde narratives. Not to provide a critically laden image of ideological collapse at a distance, but to produce a raw, visual materialization of its effects. Neither nostalgic nor cynical, his ‘misshapen’ and gutted mono-chrome paintings, performance-based films, photo-collages and works on paper made with such loaded materials as engine enamel, blood and glitter, owe more to [ m Frank stella ]’s Black Paintings’ ‘what you see is what you see’ credo than to any post-pop tradition of cultural intervention. And just not any of Frank Stella’s Black Paintings, but specifically: Arbeit Macht Frei (1958) and Die Fahne Hoch (1959).

As far as Parrino was concerned, these works were not called ‘black’ for nothing. To Stella’a black one must also add the silver of [ m Wa-rhol ]’s disaster paintings (19�3). Just as in his ‘figurative’ drawings using motifs appropriated from biker, no-wave, punk rock, and comic book culture, Parrino’s ‘misshapen’ can-vasses—monochrome paintings wrenched from their stretchers before being stretched back, distorted, in a supremely frozen gesture—, suggest, in Robert Nickas’ words, ‘the crumpled body of a car after an accident (...) a clear sign of violence being served cold.’

For from the very beginning Parrino’s work has lain in the field of the image as much as in that of form—or even more so. While one of his first monochromes dating from 1977, Distorted Field, with its imperfectly executed brushwork, is suggestive of a formalist practice derived from radical painting, it also conjures up a blurred television screen. At the same time as continuing to subject monochrome surfaces to repeated outrages in the following years, the artist made collages from images found in newspapers and magazines, works that are in some ways reminiscent of the graphic excesses of the French collective Bazooka. From 1981, he started to paint polyptichs dealing with ‘abstract’ and ‘figurative’ motifs, as in a series of works where Marvel super-heroes demol-ish Constructivist motifs. In the final analysis Parrino is constantly veering between abstrac-tion and figuration without coming down on one side or the other. Whether he is dealing with zombies or broken canvases, what is at stake in both cases is a ‘non-site’ of culture, as [ m smithson ] might have understood it. For the artist it is not a question of offering a picture of the material, but of working with the

PARRiNo par

parrino, steven[m 3, fig. #32 – #37 ][f ] m 1958 –2005. L’artiste américain Steven Par-

rino constitue pour beaucoup le modèle d’une activité artistique sans concessions mêlée à un esprit d’ouverture enclin à mélanger les genres et à activer les collaborations les plus variées. Comme le souligne [ m Fabrice stroun ], « Durant près de trois décennies Steven Parrino a renoué un lien vital avec le principe prétendument dépassé de “radicalité”. Au début des années 1980, alors que la sentence publique procla-mait la mort de la peinture, plutôt que de se joindre aux funérailles, Parrino prit le parti de la nécrophilie. Entre ses mains, les techniques issues de l’appropriation se firent délictueu-ses, un moyen pour lui d’incarner de manière convulsive l’effondrement du récit des avant-gardes. Non pour projeter une image distancée de cet échec historique, mais pour produire une matérialisation visuelle brute de ses effets. Ni nostalgiques ni cyniques, ses peintures mo-nochromes froissées, ses films et performances, ses photocollages et travaux sur papier réalisés avec des matériaux aussi chargés de sens que peuvent l’être l’émail industriel, le sang ou les paillettes, procèdent plus des peintures noires de [ m Frank stella ] et de son credo “ce que vous voyez est ce que vous voyez” que de toute tra-dition post-pop distancée. Et encore, précisons, pas de n’importe quels tableaux noirs de Stella, mais plus spécifiquement de Arbeit Macht Frei (1958) et Die Fahne Hoch (1959). Aux yeux de Parrino, ces toiles n’étaient pas “noires” pour rien…

Au noir de Stella, il faut encore ajouter l’argent des tableaux de désastre de [ m Warhol ] (19�3). Tout comme les toiles monochromes frois-sées de l’artiste, qui évoquent la carrosserie d’une voiture après un accident, les dessins de Parrino s’appropriant des images issues de sous-cultures biker, no-wave et punk, de la bande dessinée ou de manchettes de tabloïds, sont autant de « signes évidents d’une violence servie à froid » (Robert Nickas).

Le travail de Parrino occupe en effet dès ses débuts le terrain de l’image, tout autant, voire même plus, que celui de la forme. Si un des premiers monochromes de 1977, Distorted Field, brossé de manière imparfaite, relève d’une pratique formaliste issue de la peinture radicale, cette œuvre évoque également l’écran brouillé d’un poste de télévision. Tout en conti-nuant dans les années suivantes à faire subir maints outrages aux surfaces monochromes,

m PAlAiS / #1

m PAlAiS / #2

m PAlAiS / #3

PARRiNopar

Page 141: Yodel Volume1

1�2 1�3alphabétique) : Fondation Luma, Fundación Al-mine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte, Hugo Boss ; médias (par ordre alphabétique) : Beaux Arts magazine, 20 minutes. Partenaires de [ m CHâTeaU de ToKyo ] : Natura-lia, Pro Natura, Fonds social européen.

Partenaires de [ m HÔTel eVerland ] (par ordre alphabétique) : Comité régional du tourisme Paris Ile-de-France, Hôtel Sezz, Pro Helvetia, Prosodie.

[e ] m Permanent sponsors of the Palais de Tokyo during Season 1 [ m saison 1 ] (by alpha-betical order): Audi, Climespace, Getty Images, Hitachi, ministère de la Culture et de la Com-munication (Délégation aux arts plastiques), Moroso, Tokyo Sandwich Market par Norac.

Sponsors of FivE BillioN YEARS [ m Cinq mil-

liards d’années ] (by alphabetical order): Champagne Pommery, Porter Novelli, The Boston Consulting Group; medias (by alphabeti-cal order): art press, L’Express, France Culture, 20 minutes.

Sponsors of m—, NEwS FRom thE uPSiDE-DowN [ m π, noUVelles dU monde renVersé ]: Cham-pagne Laurent-Perrier; medias (by alphabetical order): Le Journal des Arts, L’Œil.

Sponsors of [ m la marqUe noire ]: medias (by alphabetical order): Libération, Paris Première, Radio Nova.

Sponsors of [ m THe THird mind ] (by alphabeti-cal order): Fondation Luma, Fundación Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte, Hugo Boss; medias (by alphabetical order): Beaux Arts magazine, 20 minutes. Sponsors of [ m CHâTeaU de ToKyo ] : Naturalia, Pro Natura, Fonds social européen.

Sponsors of [ m HÔTel eVerland ] by alphabeti-cal order): Comité régional du tourisme Paris Ile-de-France, Hôtel Sezz, Pro Helvetia, Prosodie.

patria (le royaume intérieur de)The Inner Realm of Patria [f ] m L’histoire du Royaume Intérieur de Patria

remonte à 1972, date à laquelle Michael Booker, alors lycéen à Toronto, inventa un pays qu’il baptisa d’abord République de Castoria. Les noms de Castoria et de Patria étaient alors

utilisés indifféremment, mais le premier finit par tomber en désuétude en 1978 ; le nom de la capitale, Castoropolis, en conserve la trace. République libérale et laïque à l’origine, la Patria subit une révolution spirituelle à partir de 1989, avec la chute du Mur de Berlin et la fin de la Guerre froide. Depuis 1992, la Patria est une théocratie hindouiste qui favorise et propage l’enseignement du Sanatan Dharma, ou vérité éternelle. Le Royaume Intérieur de Patria ne possède aucun territoire : il s’agit d’un royaume « intérieur » qui, par la méditation, est accessible à chacun en tout lieu. La Patria n’a pas de chef d’état, mais elle est gouvernée par une assemblée de 333 représentants élus tous les quatre ans selon le système proportionnel. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m The recorded history of the Inner Realm of Patria began in 1972 when Michael Booker, then an eighth-grader at Toronto’s Forest Hill Junior High, invented the Republic of Castoria. This name was used interchangeably with “Patria” but fell out of favor by 1978, surviv-ing today only in the name of the capital city, Castoropolis. Once a liberal, secular republic, Patria underwent a profound and powerful spiritual transformation beginning in late 1989, sparked perhaps in part by the collapse of the Berlin Wall and the end of the Cold War. Since 1992, Patria has been a de facto Hindu theoc-racy, nurturing and propagating the teachings of Sanatan Dharma or eternal truth.

The Inner Realm of Patria does not possess any territory. Rather Patria is said to be an “Inner Realm” that exists through meditation for anyone, anywhere. Patria has no head of state, but is governed through a 333-seat legislature elected every four years in which parties are given seats based on proportional representa-tion. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

pavillon (le) [f ] m Le Pavillon est le laboratoire de création du

Palais de Tokyo à Paris, créé par Ange Leccia en 2001. Il accueille chaque année une dizaine de jeunes artistes et curateurs recrutés à l’is-sue d’un concours international parmi plus de 300 candidats. La durée du programme est de huit mois. Les projets de travail proposés aux résidents, expositions, publications, workshop en France ou à l’étranger sont placés sous la responsabilité d’un artiste ou critique invité qui en accompagne le déroulement. Le Pavillon est un lieu d’échanges entre les artistes du programme, le foyer d’une réflexion sur les

PAvilloN pav

material itself, incarnating it. This is perfectly obvious in his large canvases dating from the late 1980s, with works like Slow Rot (1988)—a picture ‘painted’ with drained-off motor oil—or Stockade (1989) which uses the shape of the stocks. This dialogue with the work of Smith-son would occupy an ever larger place over the years, as the artist’s most recent works inspired by apocalyptic science fiction demonstrate. Study For a Model of the Universe to Be Placed in the Forbidden Zone is a maquette for a megalith supposedly bequeathed to us by a lost civilisation, or which aliens will leave to us at the end of time.

Parrino writes, ‘Radicality comes from context and not necessarily form. The forms are radical in memory, by way of continuing the once radical, through extensions of its history. The avant-garde leaves a wake and, through mannerist force, continues forward. Even on the run, we sometime look over our shoul-ders, approaching art with intuition rather than strategy. Art of this kind is more cult than culture’.”[ m Palais / ] [ m sTeVen Parrino 

réTrosPeCTiVe 1981–2004 ]

m Steven Parrino

parsons, laurie[m 4, fig. #53 ][f ] m *1959, vit à Hoboken, New Jersey. Pendant

les années 1980, Laurie Parsons collectionne des objets qu’elle trouve lors de ses prome-nades dans des lieux urbains, industriels ou naturels, en particulier dans le New Jersey. Elle les rapporte dans son atelier, vit avec, et parfois en fait des œuvres d’art. Des bouts de bois, une pile de charbon, une veille valise… Elle commence ensuite à ramasser non pas un objet, mais toute une section de paysage pour créer des tas de détritus variés. Elle s’insère dans la structure du monde de l’art de manière souvent subversive : par exemple, en laissant une galerie vide ou en invitant toute la popula-tion d’une ville dans un musée, en invitant les

spectateurs à se servir dans une pile de billets de banque de 10 cm de haut, en demandant aux gardiens d’interpréter les œuvres pour les visiteurs, en faisant circuler des rumeurs, etc. Depuis une quinzaine d’années, Laurie Parsons, qui a choisi de se retirer du monde de l’art, s’est mise à l’écriture, travaille avec des orga-nisations qui aident les malades mentaux et ne dit plus à personne qu’elle était artiste. [ m THe 

THird mind ][e ] m *1959, lives in Hoboken, New Jersey. During

the 1980s Laurie Parsons collected objects she found on her walks in urban, industrial or natural places, especially in New Jersey. She brought them back to her studio, lived with them for a while, and sometimes turned them into works of art. Pieces of wood, a heap of coal, an old suitcase… She then started putting together not objects, but a whole section of landscapes to create piles of varied detritus. She often made her mark in the structure of the art world in a subversive manner: for example, by leaving a gallery empty, or living in a museum and inviting the entire popula-tion of a town in, inviting onlookers to help themselves to notes from a 10 cm-high pile of dollar bills, asking the attendants to interpret the works for visitors, spreading rumours, etc. About fifteen years ago Laurie Parsons chose to withdraw from the art world, started writing, has been working with organizations that help the mentally ill, and no longer tells anyone that she was an artist. [ m THe THird mind ]

partenairesSponsors [f ] m Partenaires permanents du Palais de

Tokyo pendant la [ m saison 1 ] (par ordre alphabétique) : Audi, Climespace, Getty Images, Hitachi, ministère de la Culture et de la Com-munication (Délégation aux arts plastiques), Moroso, Tokyo Sandwich Market par Norac.

Partenaires de [ m Cinq milliards d’années ] (par ordre alphabétique) : Champagne Pommery, Porter Novelli, The Boston Consulting Group ; médias (par ordre alphabétique) : art press, L’Express, France Culture, 20 minutes.

Partenaires de [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ] : Champagne Laurent-Perrier ; médias (par ordre alphabétique) : Le Journal des Arts, L’Œil.

Partenaires de [ m la marqUe noire ] : médias (par ordre alphabétique) : Libération, Radio Nova, Paris Première.

Partenaires de [ m THe THird mind ] (par ordre

PARSoNSpar

Page 142: Yodel Volume1

1�4 1�5

200� – 2007 team: Ange Leccia, director; Chris-tian Merlhiot, educational supervisor; Sumiko Oé-Gottini, general coordinator; Alix Dionot-Mo-rani, coordination officer; Romain Sein, artists’ assistant. [ m Pavillon, session 2006-2007  (les artistes du) ]

pavillon, session 2006-2007 (les artistes du)[m 6, fig. #94 ]The artists of the Pavillon, session 2006-2007[f ] m [ m modUle ] 07/0�/2007–17/0�/2007 &

21/0�/2007–01/07/2007. Versus. Les artistes du Pavillon, session 200� –2007, ont proposé, sous la direction d’Alain Declercq, artiste invité, une série de confrontations qui s’élaborent sous forme de dialogue, dans une volonté de dynamique collective et de regards croisés sur leur expérience commune. Deux sessions furent consacrées à la présentation des œuvres des artistes résidents. Il s’agissait d’une expérience à appréhender comme une série de réactions, de confrontations ou comme la possible construc-tion d’un espace de conflit. [e ] m [m modUle ] 07/0�/2007–17/0�/2007 & 21/0�/2007–01/07/2007. Versus. The Pavillon artists from the 200� –2007 session, under the leadership of Alain Declercq, a guest artist, staged a series of confrontations which took the form of a dialogue, wishing to generate a collec-tive dynamic and view their shared experience from different standpoints. Two sessions were devoted to the presentation of the works of the artists in residence. This was an experience that had to be apprehended as a series of reactions, confrontations or as the potential construction of an area of conflict.

m Avec/with Alex Cecchetti, Duvier Del Dago Fernandez, Mati Diop, Manu Laskar, Jaime Lutzo, Cova Macías, Denis Savary, Jean-Luc Vincent.

perret, mai-thu [m 3, fig. #40 ][f ] m *197�, vit à Genève. Mai-Thu Perret travaille

depuis 1999 sur un projet global appelé New Ponderosa , communauté utopique de femmes installées au Nouveau-Mexique. L’artiste conçoit chaque œuvre comme une partie de cette narra-tion, produit propre d’une fiction. Ses sculptures s’apparentent à un monument, une manière de figurer un principe abstrait et de le matérialiser dans une forme sensée. [ m BasTard CreaTUre ]

[ m new Ponderosa year Zero ][e ] m *197�, lives in Geneva. Since 1999 Mai-Thu

Perret has been working on an over-arch-ing project called New Ponderosa , a utopian community of women living in New Mexico. The artist conceives each work as part of that narrative, the actual product of a fiction. Her sculptures have affinities with a monument, a way of giving figural reality to an abstract principle and materialising it in a meaningful form. [ m BasTard CreaTUre ] [ m new Ponde-rosa year Zero ]

petitpateurPitterpasta[f ] m Personnage des contes Tok Tok. Oiseau

de la famille des moineaux vivant dans l’expo-sition [ m PosT PaTman ]. Il est caractérisé par son plumage ébouriffé et son régime alimen-taire composé exclusivement de flocons de pommes de terre et de nouilles crues. Recher-chant la tranquillité, il s’isole de son environne-ment dans des cocons de nouilles. Cette espèce a développé un mode de locomotion inédit, les « trimbaleurs ailés », leur permettant de voler sans effort un cocon à un autre.

[e ] m A character of the Tok Tok stories. Bird of the sparrow family living in the [ m PosT PaTman ] exhibition. It is characterized by its ruffled plumage and its diet consisting solely of potato flakes and raw noodles. Seeking tranquility, it cuts itself off from its sur-roundings in cocoons of noodles. This species has developed a novel means of locomotion, “winged trailers” that enable them to fly effort-lessly from one cocoon to another.

peyotlPeyote[f ] m Plante hallucinogène. Le peyotl, Echino-

cactus williamsi, qui a aussi porté le nom de Lophophora williamsi appartient à la famille des Cactacées. C’est un petit cactus dépourvu d’épines, à croissance très lente, d’une quin-zaine de centimètres de diamètre au maximum, haut d’une dizaine de centimètres, grossière-ment arrondi, grisâtre, dont la surface est dé-coupée, en quelques lobes côtelés, portant une touffe de poils. Il possède une longue racine en forme de carotte. Dans son habitat naturel, les fleurs apparaissent en avril. Une seule fleur, de couleur rose, jaune ou blanche, s’épanouit au centre du cactus et donne, après pollinisation, une baie rose.

Le peyotl, dont la région d’origine est le sud du Texas, et le plateau mexicain central, a élargi son aire de répartition au siècle dernier,

PEYotl pey

pratiques et les enjeux de l’art aujourd’hui. Dans le même temps, c’est un lieu d’inscription immédiate de leur pratique dans le champ de l’art. Enfin, si l’activité artistique repose en général sur l’affirmation d’une démarche individuelle, singulière et identifiable, le Pavillon favorise un questionnement collectif et l’élaboration d’une relation de travail entre les artistes du groupe.

De novembre 200� à juin 2007, le Pavillon a accueilli huit artistes : Alex Cecchetti (Italie), Duvier Del Dago Fernandez (Cuba), Mati Diop (France), Manu Laskar (France), Jaime Lutzo (états-Unis), Cova Macias (Espagne), Denis Savary (Suisse) et Jean-Luc Vincent (France). Dès novembre 200�, les artistes ont entamé un projet autour de l’idée de l’Inde, l’imaginaire attaché à ce sous-continent et les différentes projections mentales liées à cette culture. Conduit par Fabienne Fulchéri, commissaire d’expositions invitée, ce travail a donné lieu à la production de différents récits ou actions documentés en vidéos diffusés pendant le workshop en Inde, dans quelques villages de l’Himalaya comme à l’Alliance Française de Delhi. Au retour de ce voyage, les artistes ont présenté à l’Espace Vuitton une exposi-tion rassemblant différentes étapes de cette production indienne. Une nouvelle période de production, en collaboration avec le duo d’artis-tes brésiliens Angela Detanico et Rafael Lain a offert aux artistes la possibilité de réaliser une série d’affiches intitulée Face A – Face B, chacune conçue comme un espace d’exposition autonome que les artistes étaient invités à investir en questionnant la complémentarité ou la relation d’exclusion mutuelle entre recto et verso. Enfin, conduite par Alain Declercq et issue d’une volonté de dynamique collective et de collaboration entre les artistes, l’exposition Versus engageait un croisement des prati-ques autour d’une idée simple : l’opposition. Opposition comme un duel, une réaction, une confontation mais aussi comme une possibilité de construire une interface, un entre-deux.

équipe 200� – 2007 : Ange Leccia, directeur ; Christian Merlhiot, responsable pédagogique ; Sumiko Oé-Gottini, coordinatrice générale ; Alix Dionot-Morani, chargée de coordination ; Romain Sein, assistant des artistes.

[ m Pavillon, session 2006-2007  (les artistes du) ]

[e ] m The Pavillon is the Palais de Tokyo’s crea-tive laboratory in Paris. It has been created by Ange Leccia in 2001. Every year it wel-

comes ten or so young artists and curators in residence, recruited following an international competition involving over 300 candidates. The program lasts eight months. The work projects offered to the residents, exhibitions, publica-tions, workshops in France or abroad, are the overall responsibility of a guest artist or critic who monitors their progress. The Pavillon is a place where artists on the program can ex-change ideas, and the focus for thinking about the ways art is practiced and the issues involved in art today. At the same time, it is a place where their practical work gets an immediate airing in the art field. Finally, while artistic activity is generally based on the affirmation of an individual, unique and identifiable approach, the Pavillon promotes collective questioning and the development of a working relationship between the artists in the group.

From November 200� to June 2007, the Pavil-lon welcomed eight artists: Alex Cecchetti (Italy), Duvier Del Dago Fernandez (Cuba), Mati Diop (France), Manu Laskar (France), Jaime Lutzo (United States of America), Cova Macias (Spain), Denis Savary (Switzerland) and Jean-Luc Vincent (France). Starting in November 200�, the artists embarked on a project focusing on the idea of India, the imaginative associations attached to the subcontinent and the different casts of mind linked to that culture. Led by Fabienne Fulchéri, a guest exhibition curator, this work gave rise to the production of various stories or actions documented on videos shown during the workshop in India, both in some vil-lages in the Himalaya and at the Alliance Fran-çaise in Delhi. On their return from this journey the artists presented an exhibition bringing together various stages of this Indian output at the Espace Vuitton. A further period of produc-tion, in collaboration with Angela Detanico and Rafael Lain, a duo of Brazilian artists, provided the Pavillon artists with the chance to make a series of posters entitled Face A – Face B [Side A

– Side B], each conceived as an autonomous ex-hibition space which the artists were invited to occupy, questioning the complementarity or the relationship of mutual exclusion between recto and verso. Lastly the exhibition Versus, led by Alain Declercq and arising from a wish for collective dynamics and collaboration between the artists, involved a crossover of practices centered on a simple idea: opposition. Opposi-tion as a duel, a reaction, a confrontation, but also as an opportunity to construct an interface, an intervening space.

PAvilloNpav

Page 143: Yodel Volume1

1�� 1�7mescaline, sont particulièrement vénérés et recherchés.

Chez les Tarahoumarasse, qu’Antonin Artaud visita à 2 reprises en 193� et en 1943, les rites et l’utilisation du peyotl ressemblent à ceux des Huichols. Tout comme eux, ils chassent le peyotl, et l’échangent avec les Corasse contre un mouton ou une chèvre. Les Tarahoumarasse croient que les plantes ont une âme comme les hommes. Plusieurs cactus sont l’objet de leur dévotion :

– le Hicouri, houanamé, le « peyotl supérieur » – le Mulato (forme jeune) et le Rosapara (forme

adulte) correspondent au Mamillaria, micromé-risse

– le Sunami, Ariocarpusse, fissuratusse, – le Hicouri, ouharoura, sohériami ou « Peyotl

de grande autorité », qu’ils ne possèdent que rarement d’ailleurs. Le « Peyotl de grande auto-rité » ressemble au peyotl, mais n’a, en faite, jamais pû être identifié.

– Et enfin, l’ocoyome, exclusivement employé à des fins maléfiques.

Le peyotl contient une quinzaine d’alcaloïdes dont le principal est la mescaline. Il contient également quelques alcaloïdes ayant des effets sédatifs comme l’anhalonine, l’anhalonodine et la peyotline ou toxique comme la lophophorine.

La mescaline est responsable des effets halluci-nogènes du peyotl. [ m sPeeCH aCT #1 ] [ m Hallucinogènes (chimie des)]

[e ] m Hallucinogenic plant. The peyote, Echino-cactus williamsi, which has also been known as Lophophora williamsi, belongs to the Cactaceae family. It is a small very slow-growing spineless cactus, about 15 centimeters in diameter at most, and about 10 centimeters high, roughly rounded, grayish, with a surface that is divided into a few ribbed lobes, bearing a tuft of hairs. It has a long carrot-shaped root. In its natural habitat the flowers appear in April. A single flower, pink, yellow or white in color, blooms at the center of the cactus and after pollination it produces a pink berry.

Peyote which originates from southern Texas and the central Mexican plateau expanded its distribution area last century at the same time as its use spread to new populations, particularly in the United States. Obeying complex rules which vary from tribe to tribe, the consumption of peyote is associated with divinatory, therapeutic or religious practices. Today it is widespread in Mexico (among the Huichol, Tarahumara, Cora, etc.) and in the

United States (among the Comanche, Kiowa, Navarro, etc.) in about 50 different tribes.

To obtain the right to eat the cactus, the Indian tribes in the USA drew up a charter defining a new church the religion of which constitutes a sort of syncretism associating Christianity and the peyote. This church, the Native American Church of North America (NACNA), registered in 1918, today has the same status as other churches in the USA. Whereas it had some ten thousand members in 1920, it now claims to have 250,000. In spite of its classification as an internationally controlled drug, the religious use of the peyote in the context of the NACNA continued to be tolerated until 1990, the date when the Supreme Court of the United States did away with this special system.

The peyote has a bitter taste. The need to chew the bits for a long time sometimes causes nausea, or even vomiting. The effects begin to show up between one and three hours after it has been ingested. They reach their height in two to four hours, then gradually diminish dur-ing the following four hours. As pure mesca-line, peyote gives rise to rich visual hallucina-tions. It is also called “The plant that gives marveling eyes”, and during the consumption rituals humans are supposed to communicate with the gods. However, the extensive picking of the peyote means that it is a species threat-ened with extinction.

Among the Huichol Indians of the Sierra Madre, which lies several hundred kilometers from the areas where the cactus grows, the harvest gives rise to an annual pilgrimage at the end of the rainy season, the “hunt” for the peyote. Fresh slices are chewed during this “hunt”, and the remainder of the harvest is brought back to the tribe. The heads of peyote gathered are cut into slices and put out to dry. As they dry they as-sume the form of a button, the mescal buttons, consumed on the occasion of the important ceremonies in the social life of the tribe, to ask for rain or a cure. The oldest plants which are also the richest in mescaline are particularly venerated and sought after.

Among the Tarahumara whom Antonin Artaux visited twice in 193� and in 1943, the rites and the use of the peyote are similar to those of the Huichol. Just like them, they hunt for the peyote, and exchange it with the Cora in return for a sheep or a goat. The Tarahumara believe that the plants have a soul, like human beings. Several cactuses are the object of their devo-tion:   /…

PEYotl pey

en même temps que son utilisation, gagnait de nouvelles populations, notamment aux états-Unis. Obéissant à des règles complexes, variables de tribu à tribu, la consommation du peyotl est associée à des pratiques divinatoires, thérapeutiques ou religieuses. Elle est répandue aujourd’hui au Mexique (chez les Huichols, Tarahoumarasse, Corasse, etc.) et aux états-Unis (chez les Comanches, Kiowasse, Navaros, etc etc.) dans environ une cinquantaine de tribus différentes.

Pour obtenir le droit de consommer le cactus, les tribus indiennes des USA rédigèrent une charte définissant une nouvelle église dont la religion constitue une sorte de syncrétisme liant christianisme et peyotl. Cette église, la Native American Church of North America (NACNA) en-registrée en 1918, a aujourd’hui le même statut que les autres églises aux USA. Alors qu’elle comptait une dizaine de milliers de membres en 1920, elle en revendique aujourd’hui 250

000. Malgré sa qualification de stupéfiant placé sous contrôle international, l’usage religieux du peyotl dans le cadre de la NACNA est resté toléré jusqu’en 1990, date à laquelle la Cour suprême des états-Unis supprima ce régime spécial.

Le peyotl a un goût amer. La nécessité de mâ-cher longuement les morceaux provoque parfois des nausées, voire des vomissements. Les effets commencent à se manifester entre une et trois heures après l’ingestion. Ils atteignent un maxi-mum en deux à quatre heures, puis diminuent progressivement pendant les quatre heures suivantes. Comme la mescaline pure, le peyotl provoque de riches hallucinations visuelles. Il est aussi appelé « La plante qui fait les yeux émerveillés », et au cours des rituels de consom-mation, l’homme est supposé communiquer avec les dieux. Toutefois, le ramassage extensif du peyotl en fait une espèce menacée d’extinction.

Chez les Indiens Huichols de la Sierra Madré, située à plusieurs centaines de kilomètres des zones où pousse le cactus, la récolte donne lieu à un pèlerinage annuel à la fin de la saison des pluies, la « chasse » au peyotl. Des tranches fraîches sont mâchées lors de cette « chasse », et le reste de la récolte est ramené dans la tribu. Les têtes de peyotl récoltées sont découpées en tranches et mises à sécher. En séchant, elles prennent une forme de bouton, les mescal buttons, consommés à l’occasion des cérémonies importantes de la vie sociale de la tribu, pour demander la pluie ou une guérison. Les plants les plus âgés, qui sont aussi les plus riches en

m Mescaline : molécule 3D / 3D molecule

m Mescaline : structure chimique / chemical structure

m Peyotl / Peyote

PEYotlpey

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1�8 1�9

m Drapeau pirate du XVIIIe siècle / Pirate flag from the 18th century

piringer, joerg[f ] m *1974, vit à Vienne. Poète sonore, perfor-

meur et musicien, son travail est un alliage entre la poésie expérimentale (vocale, sonore et typographique) et la recherche informatique. Il crée ses propres logiciels lui permettant de générer en temps réel ses poèmes sonores et visuels en interaction constante. Le travail de Piringer se situe dans la lignée de la poésie expérimentale (depuis Dada et le Futurisme, en passant par Henri Chopin, François Dufrêne et [ m Brion Gysin ]), ainsi que dans celle de l’expérimentation musicale digitale (computer music, electronica, click n’ cuts minimaux et bruitistes). Joerg Piringer est également l’un des membres fondateurs du collectif Institute for Transacoustic Research, ainsi que du Vege-table Orchestra (musique électronique faite à partir de légumes). [ m les jeudis de THe THird 

mind ] [ m Giorno, John ] [ m noise ]

  [ m mUsiqUe PoUr PlanTes VerTes ][e ] m *1974, lives in Vienna. A sound poet,

performer and musician, his work is an al-loy between experimental (vocal, sound and typographical) poetry and IT research. He creates his own software programs enabling him to generate his sound and visual poems in constant interaction in real time. Piringer’s work lies in the tradition of experimental po-etry (from Dada and Futurism, by way of Henri Chopin, François Dufrêne and [ m Brion Gysin ]), as well as in that of digital musical experiment (computer music, electronica, minimal and noise click n’ cuts). Joerg Piringer is also one of the founding members of the Institute for Transacoustic Research collective, and of the

Vegetable Orchestra (electronic music made

Quantum physics ~~~

[e ] m Quantum physics which was elaborated in the first decades of the 20th century to describe and explain the behavior of matter at the atomic scale, which traditional physics proved inca-pable of accounting for, asks us to conceive of a strange universe, very far removed from our everyday points of reference. The reality this science is concerned with is nonetheless our reality, the space, matter and time it explores are those that surround us. This means that the conceptual tools it creates open up new views of the world.

Above all, quantum physics establishes the existence of parallel universes, based on the theoretical analysis of what escapes us at the microscopic scale. This invisible portion of reality, far huger and more complex than what we perceive, behaves in much the same way as the visible part, except that it is organized in an infinity of regroupings, like so many copies of the “visible” world. Thus, according to the physicist David Deutsch, “reality behaves as a multiverse, a huge entity which, on a large scale, has a structure corresponding to several copies of the universe as it is described by traditional physics, but which, on a smaller scale, is a single, unified system”.

If there can be several universes, and the same number of copies of beings and objects, on the other hand there is only one reality which “comprises” them all. Art could be one of those parallel universes: it shares objects and points in common with our everyday universe, shows up at its intersections, is sometimes invisible in it, and sometimes spectacular. It is not subject to exactly the same laws, but, just as the interac-tions determining the structure of matter have an impact at every scale, its effects have reper-cussions and bump into other layers of reality. Between the thing from the other world, the everyday world, and the work of art, everything is a question of density, interactions, forces and efforts, as often as not cerebral efforts, it is true, more than ones that are properly speaking physical.

~~~

PiRiNGER pir

Physique quantique~~~

[f ] m élaborée dans les premières décennies du XXe siècle pour décrire et expliquer le com-portement de la matière à l’échelle atomique, dont la physique classique s’avérait incapable de rendre compte, la physique quantique nous donne à concevoir un univers étrange, fort éloigné de nos repères quotidiens. La réalité dont cette science se préoccupe est pourtant bien la nôtre, l’espace, la matière et le temps qu’elle explore sont ceux qui nous environnent. Dès lors, les outils conceptuels qu’elle met en place ouvrent de nouvelles perspectives sur le monde.

Avant tout, la physique quantique établit l’existence d’univers parallèles, à partir de l’analyse théorique de ce qui nous échappe à l’échelle microscopique. Cette part invisible de la réalité, bien plus vaste et plus complexe que ce que nous percevons, se comporte à peu près de la même manière que la partie visible, si ce n’est qu’elle s’organise en une infinité de regroupements comme autant de copies du « monde visible ». Ainsi, selon le physicien David Deutsch, « la réalité se comporte comme un multivers, une entité énorme qui, à grande échelle, possède une structure correspondante à plusieurs copies de l’univers tel qu’il est décrit par la physique classique, mais qui, à plus petite échelle, est un système unique et unifié ».

S’il peut y avoir plusieurs univers, et autant de copies d’êtres et d’objets, il n’y a par contre qu’une réalité qui les « comprend » tous. L’art pourrait être l’un de ces univers parallèles : il partage des objets et des points communs avec notre univers quotidien, se manifeste à ses intersections, y est parfois invisible, parfois spectaculaire. Il n’est pas soumis exactement aux mêmes lois, mais, de même que les interac-tions déterminant la structure de la matière ont un impact à toutes les échelles, ses effets se répercutent et heurtent les autres couches du réel. Entre la chose de l’autre monde, le quotidien, et l’œuvre d’art, tout est affaire de densité, d’interactions, de forces et d’efforts, plus souvent cérébraux, il est vrai, qu’à propre-ment parler physiques.

~~~

– the Hicuri, the “superior peyote” – the Mulato (the young form) and the Rosapara

(the adult form) correspond to the Mammillaria micromeris

– the Sunami, Ariocarpus fissuratus, – the Hicuri, or “Peyote of great authority”

which they only seldom get hold of, moreover. The “Peyote of great authority” resembles the peyote, but has never in fact been able to be identified.

– and finally the ocoyome, exclusively used for malicious purposes.

Peyote contains about fifteen alkaloids, the main one being mescaline It also contains some alkaloids that have sedative effects like anhalonin, anhalonodine and peyotine or toxic ones like lophophorine. Mescaline is responsible for the hallucinogenic effects of peyote. [ m sPeeCH aCT #1 ] [ m Hallucinogens (chemistry of)]

physique quantiquequantum physics [ m voir encadré p.1�8  / see box p. 1�9 ] [ m voir p. a-3 / see p. a-11 ]

[ m deutsch, david ] [ m matière ]

pinot-galliZio[f ] m 1902–1964. Pharmacien et artiste italien.

[ m voir p. B-3 ][e ] m 1902–1964. An Italian pharmacist and artist.

[ m see p. B-9 ]

pirate [ m voir p. C-2 / see p. C-8 ]  

[ m Capitaine misson ] [ m Bellamy, samuel ]  [ m Teach, edward ] [ m William Kidd ]

  /…

PhYSiQuE QuANtiQuEphy

Page 145: Yodel Volume1

170 171music, and the elements it contains. And in this context the main stumbling block is the problem of the backward tape, [ m backward message ] or [ m backmasking ]. [ m les jeudis de 

π, noUVelles dU monde renVersé  ]

posadas, juan[f ] m 1912 – 1981. Trotskyste argentin, responsable

de la section latino-américaine de la Quatrième Internationale Socialiste. Il se sépara du Parti communiste dans les années 19�0 pour fonder la Quatrième Internationale Posadiste qui avait notamment pour projet d’accélérer la venue d’une troisième guerre mondiale et d’un affrontement nucléaire globalisé destiné à faire triompher le prolétariat sur le capitalisme. Les posadistes furent également des ufologues très actifs, considérant que si des extra-terrestres capables de rejoindre la terre existaient, ils ne pouvaient être que socialistes, compte tenu du niveau d’avancement économique que sup-posait l’acquisition de technologies spatiales d’aussi haut niveau. Aujourd’hui, le posadisme est encore vivant dans des groupes comme les Men in Red (M.I.R). [ m les jeudis de THe THird 

mind ] [ m anarchisme ] [ m mutants ][e ] m 1912 – 1981. An Argentinean Trotskyite re-

sponsible for the Latin-American section of the Fourth Socialist International. He parted com-pany with the Communist Party in the 19�0s to found the Fourth Posadist International which planned in particular to hasten the advent of a third world war and a globalized nuclear confrontation, intended to allow the proletariat to triumph over capitalism. The Posadists were also very active ufologists, thinking that if extra-terrestrials capable of reaching the earth existed, they would be bound to be social-ists, given the level of economic advancement presumed by the acquisition of such high-level space technologies. Posadism is still alive today in groups like the Men in Red (M.I.R). [ m les jeudis de THe THird mind ] [ m anarchisme ]  [ m mutants ]

positron[f ] m Physique. Le positron est, par définition, un

antiélectron. Leurs charges électriques valent toutes deux 1, mais, alors que celle de l’électron est négative, celle du positron est positive

– d’où son nom. Les deux particules ont cepen-dant la même masse et la même forme. S’il y a des électrons dans chaque atome de la matière qui nous environne, il n’y a en revanche aucun positron : lorsqu’il en apparaît un, il s’anni-

hile immédiatement avec un électron voisin, produisant un flash de radiation très énergé-tique, les « photons gamma ». En effet, lors de la rencontre d’un électron et d’un positron, la combinaison de leurs charges électriques est de zéro, mais leurs masses deviennent énergie. Suivant la fameuse équation d’[ m einstein ] E=2mc2 – où « E » est l’énergie, « m » la masse et « c » la vitesse de la lumière, la masse étant ici multipliée par 2 puisqu’il y a deux masses identiques, celles de l’électron et du positron

– l’énergie disponible correspond à l’énergie de deux fois la masse d’un électron. Cette quantité paraît a priori négligeable, l’électron et le positron étant minuscules, mais le « taux de change », soit la vitesse de la lumière élevée au carré, est considérable. À partir de l’énergie ainsi produite, d’autres particules peuvent se créer ainsi que de la lumière. Le phénomène du rayonnement gamma se produit naturellement, bien que rarement, lors de certaines désinté-grations radioactives. Il a trouvé un usage par-ticulier en médecine, avec le développement de la Tomographie à émission de Positrons (TEP) : il s’agit d’injecter une substance radioactive dans l’organisme d’un patient, substance dont la désintégration radioactive génère un posi-tron qui s’annihile avec un électron. L’observa-tion des rayons gamma qui en résultent permet de tracer le fluide injecté et ainsi de cartogra-phier de manière non invasive une zone comme le cerveau. [ m Christophe Galfard ] [ m Palais / ] [ m antimatière ] [ m dirac (équation de) ]

  [ m matière ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ] [ m neuropsychanalyse  ][e ] m Physics. The positron is, by definition, an

anti-electron. Their electric charges are both equivalent to 1, but the electron charge is negative whereas the positron has a positive one—whence its name. Both particles have the same mass and the same shape. There are electrons in every atom of the matter around us, on the other hand, there are no positron: when one appears, it is immediately annihi-lated with a nearby electron in a very energetic flash of radiation which is called a “gamma photon”. For when an electron is put in contact with a positron, the electric charge becomes zero, but their masses become energy. In ac-cordance with [ m einstein ]’s famous equation E=2mc2—where “E” stands for energy, “m” for mass and “c” for the speed of light, the mass being here multiplied by 2 since there are two identical masses, those of the electron and the positron—this available energy corresponds

PoSitRoN pos

using vegetables). [ m les jeudis de THe THird 

mind ] [ m Giorno, John ] [ m noise ] [ m mUsiqUe 

PoUr PlanTes VerTes ]

plastoque clink[f ] m Contes [ m Tok Tok ]. Toile de non-sens

enduite d’huile de fiction et de poudre de clink, perméable aux dynamiques de contamination, de couleurs variées, utilisée à Hollywood comme revêtement de peau pour stars ou parfois comme revêtement pour [ m jacuzzi ] (abréviation familière Clinko) : un (tapis de) Plastoque Clink recouvrait le fond de la baignoire de [ m mike Bouchet ] ; la charmante Gladys s’abîme sous son Clinko gondolé.

Une analyse chimique avancée de cette substance tant solide que fluide démontre un assez petit nombre de principes qui se trouvent presque tous dans chaque Clinko, quoique dans des proportions très différentes. Quelques bouts de rien, quelques sels, un peu de soufre, un peu de Clink, combinés d’un grand nombre de manières, produisent divers applications régionales du Plastoque Clink comme l’a prouvé un atelier Tok Tok consacré à la confection de lavabos pliables.

[e ] m [ m Tok Tok ] stories. A nonsense canvas painted with fictional oil and “clink” powder, permeable to the dynamics of contamination, in different colors, used in Hollywood as a skin covering for stars or sometimes as a cover for a [ m Jacuzzi ] (familiarly referred to as Clinko): a Plastoque Clink (mat) covered the bottom of [ m mike Bouchet ]’s bathtub; the delightful Gladys is going bad under her corrugated Clinko.

An advanced chemical analysis of this simulta-neously solid and fluid substance demonstrates quite a small number of principles that are al-most all found in each Clinko, although in very different proportions. A few scraps of noth-ing, a few salts, a little sulfur, a little Clink, combined in a great number of ways, produce various regional applications of the Plastoque Clink, as was proved by a Tok Tok workshop devoted to making folding washbasins.

poivey, patrick[f ] m Comédien et spécialiste du doublage. Voix

française de Bruce Willis et celle du [ m répon-deur ] du Palais de Tokyo.

[e ] m An actor and dubbing expert. French voice of Bruce Willis and the voice on the Palais de Tokyo answering machine [ m répondeur ].

m Bruce Willis & Patrick Poivey

pop music[f ] m Selon [ m Pacôme Thiellement ], toute l’his-

toire de la pop music est divisée entre une dimension exotérique, qui se mesure à la recon-naissance populaire, au succès public, et une dimension ésotérique, qui se confond avec l’his-toire des controverses sur le sens et la signifi-cation des disques ainsi que leur influence sur les auditeurs. L’acmé de ces controverses est symbolisée par la certitude qu’il y a quelque chose de caché dans les disques de pop music, et que ce qui est caché est soit fondamentale-ment néfaste pour l’auditeur et induira en lui des pratiques déviantes ; soit exemplaire de la nature artistique de la pop music, qui demande une participation active de l’auditeur. Ce qui présuppose donc une gnose de la pop music, un dispositif de connaissance lié à l’écoute de la musique populaire et des éléments qu’elle contient. Et dans ce cadre, la principale pierre d’achoppement est le problème de la backward tape, de la bande enregistrée qui révèle sa vraie signification lorsqu’on la passe à l’envers. Il faut cependant distinguer deux types de bac-kward tapes : celles qui produisent a posteriori un [ m backward message ] et celles qui sont les produits a priori d’un [ m backmasking ]. [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ]

[e ] m According to [ m Pacôme Thiellement ], the whole history of pop music is divided between an exoteric dimension (which is measured by popular recognition, public success) and an esoteric dimension which merges with the history of the controversies about the meaning and significance of records, and their influence on listeners. The height of these controversies is symbolized by the certainty that there is something hidden in pop music records; and that what is hidden is fundamentally harmful to the listener and will induce him or her to engage in deviant practices, i.e. illustrative of the artistic nature of pop music, which calls for active participation by the listener, therefore presupposes a gnosis of pop music, a knowl-edge mechanism linked to listening to popular

PlAStoQuE cliNkpla

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172 173 Biscuits pour chien, colle thermo-fusible / Dog

biscuits, hot glue ; Collection Nouveau Musée National de Monaco

Mur qui pèle, 1998 Farine de riz cuite, eau / Cooked rice flour, wa-

ter ; Collection Pierre Huber, Genève / Geneva Araignée, 2005 Fil de fer, coton, purée de légumes / Wire, cot-

ton, vegetables purée ; Courtesy Art : Concept, Paris

Tapis vivant, 2007 Carottes, colle, tees de golf / Carrots, glue, golf

tee’s ; Courtesy Art : Concept, Paris Fontaine de mousse, 2007 Poubelles, bain moussant, compresseur, tuyaux

/ Bins, foaming bath, compressor, pipes ; Courtesy Art : Concept, Paris

Sculptcure (par Jean-Luc Blanc), 2003-2007 Ecorces d’orange / Orange peels ;

Courtesy Art : Concept, Paris Peau de bête, 2007 Coton, crème dessert au caramel /Cotton, cara-

mel cream ; Courtesy Art : Concept, Paris Patman et les oiseaux, 200� DVD, 1h (en boucle) / DVD, 1h (loop) ;

Courtesy Art : Concept, Paris Canapé, 2007 Canapé, coton, crème dessert au chocolat /

Sofa, cotton, chocolate cream ; Courtesy Art : Concept, Paris

Buissons lentilles, 1997-2007 Coton, lentilles, sacs poubelles, eau /Cotton,

lentils, trash bags, water ; Courtesy Art : Concept, Paris

Kumbocha, 2007 Thé vert, kumbocha, eau, sucre, aquarium /

Green tea, kumbocha, water, sugar, aquarium ; Courtesy Art : Concept, Paris

Moineaux du Japon / Japanese sparrows

pourtissure (bataille de)Pourtissure (Battle of)[f ] m La bataille de Pourtissure débute le 1er

février 2007 au cours du vernissage de [ m PosT PaTman ] et s’achève le 3 février avec l’intervention des enfants de l’atelier Tok Tok. Pendant cette période, les Sculptcures de [ m michel Blazy ], des peaux d’agrumes pressées et empilées ne se décomposent guère ; bien au contraire, elles se multiplient et croissent à une allure inquiétante luttant violemment contre toute forme de décomposition. Postées sur les hauts plateaux blancs de la verrière elles préparent leur invasion du territoire « post pat-manien ». Mais le 3 février à 14h30 les « petits

tokés » dévoilent leurs intentions et à 1�h45 ils déjouent les plans de ces envahisseurs.

[e ] m The battle of Pourtissure [Rottingfood] started on 1 February 2007 during the official opening of [ m PosT PaTman ] and finished on 3 February with the intervention of the children from the Tok Tok workshop. During that period, [ m michel Blazy ]’s Sculptcures, piles of pressed citrus fruit skins, hardly rotted down at all; quite the opposite, they multiplied and grew at a worrying pace, violently fighting against any form of decomposition. Placed on the high white trays of the glass house, they prepared their invasion of “Post Patman” territory. But on 3 February at 2.30 pm the “little Tok Tok contingent” revealed their intentions and at 4.45 they foiled the invaders’ plans.

pradeau, Frédéric[m 6, fig. #93 ][f ] m *1970, vit à Paris. Frédéric Pradeau crée

régulièrement des dispositifs complexes dont le résultat est le plus souvent d’une grande simplicité, touchant même au banal. De la dis-tillerie de coca-cola à la fabrication de briques, son travail s’intéresse aux modes de production de notre quotidien au sein de la société de consommation.

[ m modUle ] hors-les-murs 05/10/2007

– 05/11/2007. Local technique est un dispositif résolument domestique. Sur le principe des vases communicants, un réseau de tuyaux en plastique transparent connecte plusieurs jerricans souples entre eux, permettant ainsi par pression de mélanger les contenus. Lessive, adoucissant, savon et autres produits de net-toyage sont à mélanger.

[e ] m *1970, lives in Paris. Frédéric Pradeau regularly creates complex devices that often look very simple and banal. From Coca-Cola distillery to bricks fabric, his work is interested by the means of production of our consumption society.

extra-muros [ m modUle ] 05/10/2007

– 05/11/2007. Local technique is a resolutely domestic device. On the principle of connected vessels, networks of transparent plastic pipes connect together several flexible jerry cans, and mix the contents by pressure. Detergent, fabric softener, soap and other cleaning prod-ucts are then to be mixed.

m Œuvre / Work Local technique, 2007

Courtesy de l’artiste / of the artiste & Palais de Tokyo (Paris)

PRADEAu pra

to the energy of two times the mass of an electron. That may not seem to be much at first sight, for the electron and the positron are minute, but the “rate of change”, the speed of light squared, is huge. Other particles and light can be created from that energy.

The phenomenon of the gamma photon occurs naturally, although seldom, in certain radioac-tive disintegrations. It is used in a peculiar way in medicine, as a technique called Positron Emission Tomography (PET) which consists in injecting a radioactive substance into a patient’s body. The radioactive disintegration of that substance generates a positron that is annihilated with a nearby electron: observa-tion of the resulting gamma photons reveals the fluid’s trajectory and helps map in an non invasive way a sensitive area such as the brain.

[ m Christophe Galfard ] [ m Palais / ] [ m antima-tière ] [ m dirac (équation de) ] [ m matière ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ] 

  [ m neuropsychanalyse  ]

post patman[m 2, fig. #15 – #19 ][f ] m Exposition personnelle de [ m michel Blazy ].

01/02/2007 – 0�/05/2007. Exposition pre-nant pour point de départ l’œuvre Patman 2 présentée dans [ m 5.000.000.000 d’années ]. Tout au long de ce projet, Michel Blazy a modifié et nourri régulièrement les œuvres, intervenant ainsi dans le processus même de l’exposition. Cette exposition s’appréhendait dans la durée, dans la mise en relation des différents moments, dans la lecture des liens entre les cycles successifs. Laboratoire perma-nent, le lieu prenait forme lentement, sous le contrôle permanent de l’artiste. L’observation des bouleversements, la participation des sens, la transformation des espaces, chacun de ces éléments était une étape essentielle au déchif-frage de l’ensemble, tel une suite d’instantanés d’une histoire sans fin.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ][e ] m Solo exhibition of [ m michel Blazy ].

01/02/2007 – 0�/05/2007. An exhibition whose starting point was the work Patman 2, which was on view in 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 d’années ]. Throughout this new project, Michel Blazy regularly altered and nourrished the works, thus intervening within the process of the exhibition itself. This exhibi-tion was experienced over time, by interrelat-ing different moments, and by reading the links between the successive cycles. A permanent

laboratory in which his experiments were installed, the place took shape slowly, under the constant supervision of the artist. Observation of the upheavals, participation by the senses, transformation of the spaces, each of these elements were a crucial stage in decoding the whole, like a succession of snapshots of a story with no end.

[ m π, noUVelles dU monde renVersé ]

m Liste des œuvres / List of works Peau de bête, 2004

Coton, crème dessert au chocolat / Cotton, chocolate cream ; Collection Nouveau Musée National de Monaco

Après la goutte, 1995 Coton / Cotton ; Collection Christian Zervudacki,

Nice Collection d’avocats, 1997-2007 Avocats / Avocados ; Courtesy Art : Concept,

Paris Sans titre, 1995-2007 Papier aluminium / Aluminum foil ; Courtesy Art

: Concept, Paris Ver dur, 2000 Croquettes pour chat, colle / Cat biscuits, glue ;

Courtesy Art : Concept, Paris Patman II, 200� Vermicelles de soja, colorant alimentaire / Soya

noodles, food dye ; Collection Guillaume Houzé, Paris

Chocopoules, 200� Fil de fer, coton, crème dessert au chocolat /

Wire, cotton, chocolate cream ; Courtesy Art : Concept, Paris

Chocopoule et les souris, 200� Fil de fer, coton, crème dessert au chocolat,

chaise, colle à papier peint / Wire, cotton, chocolate cream, chair, wheat pasting ; Courtesy Art : Concept, Paris

Cerveau pommes de terre, 200� Purée de pommes de terre, purée de betteraves,

sel, eau / Mashed potatoes, beetroot purée, salt, water ; Courtesy Art : Concept, Paris

Sans titre, 2007 Purée de carottes, flocons de pommes de terre,

eau, plastique / Carrot purée, potato flakes, water, plastic ; Courtesy Art : Concept, Paris

Boules de carottes, 1998 Coton, purée de carottes, matières plastiques /

Cotton, carrot purée, plastic ; Collection Agnès B., Paris

Champ de pommes de terre, 2002 Flocons de pommes de terre, eau / Potato flakes,

water ; Courtesy Art : Concept, Paris Ver dur, 2000

PoSt PAtmANpos

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174 175

Quotient schizophrénique~~~

[f ] m L’art contemporain pourrait être appar-enté à un film d’Alfred Hitchcock qui s’arrêterait au milieu de la projection. Au moment où le film est suspendu, on ne connaît pas la solution de l’énigme ; on peut certes accumuler les hypothèses, imaginer une multitude d’interprétations possibles, mais la représentation reste cassée, irrésolue. Alors que notre cerveau doit sans cesse se référer à des critères de choix clairs et à des solutions tranchées, l’art contemporain prend justement le parti inverse. En guise d’hygiène de l’esprit, il nous force à abandonner nos systèmes de croyance au profit de processus de connais-sance multiples, à laisser fonctionner nos connexions neuronales à l’état brut, bref, à accepter une forme de schizophrénie. L’esprit fracturé en deux, l’exposition devient un système d’activation directe des synapses, où ni l’œil ni le cerveau ne peuvent plus se fixer sur un point précis, accumulant, sans pouvoir s’arrêter, sensations et interprétations.

Ainsi, on poserait que toute œuvre d’art est dotée d’un quotient schizophrénique : son « intérêt », sa valeur a en effet bien peu à voir avec son esthétique, pas plus qu’avec la fixité et la permanence de sens qu’elle propose. Mais plus l’œuvre est capable de glissements et de renversements, plus son quotient schizo-phrénique est élevé, plus elle soulève alors de possibles, suscite de scénarios, et surtout, procure de plaisir. Une œuvre d’art pertinente est celle qui parvient à être une chose et une autre à la fois, relèvant de plusieurs systèmes en même temps et développant- cette capacité à glisser d’une interprétation à une autre, d’une sphère à une autre, pour tester sans cesse les capacités élastiques de la réalité.

~~~

  /…

Schizophrenic quotient~~~

[e ] m Contemporary art could be likened to an Alfred Hitchcock film which had stopped in the middle of being projected. At the point where the film is left hanging, we do not know the solution to the enigma; we can of course come up with many conjectures, imagine a multitude of possible interpretations, but the screening remains broken, unresolved. While our brain constantly has to refer to clear criteria of choice and cut-and-dried solutions, contemporary art takes the very opposite path. As a way of cleansing our minds, it forces us to abandon our belief systems in favor of multiple processes of knowledge, to let our neuronal connections function in their raw state, in short to accept a form of schizophrenia. With the mind broken in two, an exhibition becomes a system of direct activation of the synapses, where neither the eye nor the brain can any longer hone in on a precise point, but accumu-lates sensations and interpretations, without being able to stop.

Thus we would suggest that every work of art is endowed with a schizophrenic quotient: its “interest,” its value actually has very little to do with its esthetics, any more than with the fixity and permanence of meaning it offers. But the more capable of slides and turnarounds the work is, the higher its schizophrenic quotient, the more possibilities it then raises, the more scenarios it prompts, and above all the more pleasure it procures. A relevant work of art is one that succeeds in being one thing and another simultaneously: it comes under several systems at the same time, and develops that capacity to slide from one interpretation to another, from one sphere to another, in order constantly to test the elastic capacities of real-ity.

~~~

QuotiENt SchiZoPhRéNiQuE quo

quotient schiZophréniqueSchizophrenic quotient[f ] m [ m voir encadré p.175 ] [ m élasticité ]

[ m Fonction etc. ] [ m Vision-fenêtre ]

[e ] m [ m see box p. 175 ] [ m élasticité ]

[ m Fonction etc. ] [ m Vision-fenêtre ]

q

QuotiENt SchiZoPhRéNiQuEquo

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17� 177

Anderson en 193� le prix Nobel de physique, ces rayons se composent essentiellement de muons (μ±), particules interagissant peu avec la [ m matière ], mais particulièrement énergéti-ques. Ils sont le produit de l’impact provoqué par la rentrée dans l’atmosphère terrestre du rayonnement cosmique primaire constitué de protons provenant du Soleil et de l’espace intergalactique. Leur rencontre avec les atomes d’oxygène et d’azote de l’air provoque une cas-cade d’interactions, appelée gerbe atmosphéri-que ; dans ces chocs sont produits des protons et des neutrons secondaires, des pions et des kaons qui interagissent à leur tour fortement ou se désintègrent en muons, électrons et neu-trinos. Les muons interagissent très peu avec l’air et se désintègrent à leur tour en électron, neutrino et antineutrino. C’est la dilatation relativiste du temps selon la [ m relativité ] restreinte formulée par [ m einstein ] en 1905 qui nous permet de détecter au niveau du sol beaucoup des muons produits dans les gerbes cosmiques par l’impact des protons primaires dans l’atmosphère terrestre.

Les muons et les neutrinos cosmiques peuvent être détectés grâce à des expériences au sol ou souterraines : avant les années 1950 et la construction d’accélérateurs de particules puissants, l’observation des rayons cosmiques a ainsi été à la source des premières découvertes de particules et d’antiparticules non atomi-ques comme le positron, le muon, le pion et des « particules étranges » parmi lesquelles le lambda, dont les traces en V ne sont précédées d’aucune trace dans les plaques photographi-ques. [ m Jean-Pierre merlo ] précise : « Savoir que nous vivons traversés en permanence par toutes ces particules cosmiques peut faire reculer la crainte de la radioactivité née à juste raison des ravages des premières bombes nucléaires et plus récemment de l’accident de Tchernobyl. Un faible niveau de radioactivité comme celui des rayons cosmiques peut ainsi être apprécié comme inoffensif. »

[ m antimatière ] [ m détecteur de particules ]  [ m lHC ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ][e ] m Physics. The whole surface of the Earth is

permanently being hit by cosmic rays, at an average of 1 cosmic ray / cm2 / min. (reference flux at sea level). These rays, discovered in 1912 by the physicist Victor Franz Hess, who along with Carl Anderson was awarded the Nobel prize for physics in 193�, are mainly composed of muons (μ±), particularly energetic particles

m Représentation du développement d’une gerbe de rayons cosmiques dans l’atmosphère / Representation of the development of a cosmic rays shower in the atmosphere

m Werner reiterer, Breath, 200�

RAYoNS coSmiQuES ray

rray, charles[f ] m *1955, vit à Los Angeles. Subtilement

dérangeantes, les œuvres de Charles Ray font de la sculpture l’objet d’un incessant décalage. Que cela soit sous un jour minimaliste, ironi-que, voire tout à fait subversif, Charles Ray interroge les codes de la représentation et met à mal nos attendus perceptifs ou sociologiques. Par références plus ou moins directes, l’artiste est souvent au cœur de l’œuvre, comme par exemple dans Family Romance où les différents membres d’une famille sont représentés nus et de même taille… précisément celle de l’artiste. D’autres œuvres font plus directement réfé-rence à l’héritage minimaliste comme Ink Box (198�), un cube rempli d’encre noire.

Dans [ m 5.000.000.000 d’années ] a été présen-tée Rotating Circle (1988), un disque tourne à pleine vitesse jusqu’à devenir indiscernable.

[e ] m *1955, lives Los Angeles. Subtly disturbing, Charles Ray’s work turns sculpture into a con-stantly shifting category. In ways that can be minimal, ironic, or clearly subversive, the artist challenges systems of representation, percep-tion, and socio-cultural conventions. Often, the artist himself is at the centre of the work, as in Family Romance (1993), where all members of a family are represented nude and of equal height—the height of the artist. Other works reference minimalist iconography, such as Ink Box (198�), a hollow cube filled with black ink.

In the 5,000,000,000 YEARS [ m 5.000.000.000 

d’années ], Rotating Circle (1988) was present-ed. Built into a wall and flush to its surface, a disc spins so quickly that it seems immobile.

m Charles ray, Rotating Circle, 1988

rayons cosmiquesCosmic Rays[f ] m Physique. Toute la surface de la Terre

est en permanence frappée par des rayons cosmiques, à raison d’une moyenne de 1 rayon cosmique / cm2 / min (flux de référence au niveau de la mer). Découverts par le physicien Victor Franz Hess en 1912, qui reçut avec Carl

RAYray

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178 179[e ] m Created in 1971 by Robert Filliou. Rather

than a territorial micronation, the republic was a mental space in which citizens would develop what Filliou understood as one’s “genius” rath-er than one’s “talents.” In theory, the priority of knowledge in Filliou’s realm would be liberated from the domain of the knowledgeable, that is, technocracy and liberal universities. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

rondinone, ugo[f ] m *19�4, vit à New York. Minimalisme, ironie,

poésie douce amère et noirceur en demi-teinte traversent l’univers complexe d’Ugo Rondinone qui se déploie sous forme d’installations, de photographies, de peintures, de sculptures, de dessins ou de textes. échappant à toute caté-gorisation, son œuvre se poursuit sur le mode d’une tonalité paradoxale qui mêle couleurs vives et mélancolie, abstraction et narration éthérée, motifs pop et cynisme acidulé. Le ralentissement et le vide semblent être les forces motrices de son travail qui contourne par diverses stratégies plastiques tout effet d’accumulation. La figure du clown est par ailleurs une figure récurrente, alter ego de l’artiste en personnage désabusé et bedonnant. Ugo Rondinone a exposé ses œuvres dans les plus importantes institutions entre autres à New York, Los Angeles, Londres, Vienne, Zurich, Melbourne et Paris.

Ugo Rondinone eut carte blanche pour ima-giner l’exposition de son choix au Palais de Tokyo. [ m THe THird mind ]

[e ] m *19�4, lives in New York. Minimalism, irony, bitter-sweet poetry and halftone blackness run through the complex world of Ugo Rondinone which is displayed in the form of installations, photographs, paintings, sculptures, drawings or texts. Evading any categorization, his work dis-plays a paradoxical sense of tone which mixes bright colours and melancholy, abstraction and ethereal narration, Pop motifs and cynicism. Deceleration and emptiness seem to be the forces driving his work which uses various visual arts strategies to circumvent any cumu-lative effect. Moreover, the figure of the clown is a recurrent motif, the artist’s alter ego as a disillusioned, potbellied character. The places where Ugo Rondinone has exhibited include major institutions in New York, Los Angeles, London, Vienna, Zurich, Melbourn and Paris.

Ugo Rondinone had a carte blanche to concoct the exhibition of his choice at the Palais de Tokyo. [ m THe THird mind ]

RoNDiNoNE ron

that interact very little with matter [matière]. They are the product of the impact provoked by the entry into the earth’s atmosphere of the pri-mary cosmic radiation constituted by protons coming from the Sun and intergalactic space. Their encounter with the air’s oxygen and nitro-gen atoms provokes a cascade of interactions, called an atmospheric shower; in these impacts secondary protons and neutrons are produced, pions and kaons which in their turn interact powerfully, or disintegrate into muons, elec-trons and neutrinos. The muons interact very little with air and in their turn disintegrate into electrons, neutrinos and antineutrinos. It is the relativist dilation of time in accordance with the restricted relativity [ m relativité ] formulated by [ m einstein ] in 1905 that enables us to detect at ground level a lot of the muons produced in the cosmic showers by the impact of the primary protons on the earth’s atmosphere.

Cosmic muons and neutrinos can be detected thanks to experiments on or under the ground: prior to the 1950s and the construction of powerful particle accelerators, observation of cosmic rays thus lay behind the first discoveries of non-atomic particles and antiparticles such as the positron, muon and pion, and “strange” particles, including the lambda particle: its traces in “V” shape are preceded by no trace on the photographic plates. [ m Jean-Pierre merlo ]

says: “Knowing that we are living permanently penetrated by all these cosmic particles can help lessen our fear of radioactivity, justifiably inspired by the ravages caused by the first nuclear bombs and more recently the accident at Chernobyl. Thus a low level of radioactivity such as that from cosmic rays can be under-stood to be harmless.”

[ m antimatière ] [ m détecteur de particules ]  [ m lHC ] [ m les jeudis de π, noUVelles dU 

monde renVersé  ]

reiterer, Werner[f ] m *19�4, vit à Vienne. À la fois drôle et déran-

geant, l’univers de Werner Reiterer joue sur la consistance du réel. Dérive onirique, décalage impertinent et jeux de langage sont mis en scè-ne au travers d’objets détournés laissant flotter, non sans humour, de multiples interprétations.

Dans [ m Une seConde Une année ], Breath (200�) se présentait sous la forme d’une incita-tion écrite au mur (« Cry As Loud As You Can ») que le spectateur pouvait suivre à la lettre. S’il criait suffisamment fort, l’intensité de la lumière diminuait dans l’ensemble des espaces

d’exposition entraînant une respiration allant crescendo.

[e ] m *19�4, lives in Vienna. Both funny and dis-turbing, the world of Werner Reiterer involves dreamlike drifts, impertinent disconnects, and wordplays. His objects lead us towards unre-solved interpretations tainted with humour.

In oNE SEcoND oNE YEAR, BREAth  [ m Une se-

Conde Une année ], Breath (200�) consisted of a text on the wall reading “Cry As Loud As You Can,” and once a visitor shouted loudly enough, the lights of the exhibition space dimed and a breathing sound filled the space.

relativitéRelativity [ m voir p. a-3 / p. a-11 ]

répondeur (tapeZ 9)Answering machine (Press 9)[f ] m Le répondeur du Palais de Tokyo devient un

espace de création en accueillant chaque mois une nouvelle œuvre sonore. Dans le cadre de

[ m THe THird mind ], [ m John Giorno ], créateur de la poésie sonore sur répondeur avec Dial-A-Poem, inaugure cet espace en proposant Vajra Kisses (1972). +331 4723 54 01, puis tapez 9.

[e ] m The Palais de Tokyo’s answering machine becomes a creative space by hosting a new sound work every month. In the context of [ m THe THird mind ], [ m John Giorno ], the creator of sound poetry on answering machine with Dial-A-Poem, inaugurated that space by of-fering Vajra Kisses (1972). +331 4723 54 01, then press 9.

république géniale (la)The Genius Republic[f ] m Créée en 1971 par Robert Filliou. Plus qu’une

micronation, c’était un espace mental où les citoyens seraient à même de développer leur « génie » – et non simplement leur talent. En théorie, la primauté du savoir dans ce royaume serait libérée du domaine du connaissable, celui de la technocratie et de l’université. 

  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

REitERERrei

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180 181national plans to create a spiritual and artistic retreat. Government in the State of Sabotage, with 183 citizens and seven residents, has no officials. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

saison 1Season 1[m 1, fig. #01 – 6, fig. #95 ][f ] m De septembre 200� à décembre 2007. La

première saison de programmation du Palais de Tokyo constitue une réflexion menée sur des territoires aussi déroutants qu’hétérogènes, et cependant unis par une même idée : celle d’en finir avec la « [ m vision fenêtre ] » de l’art, qui considère les expositions et les œuvres comme des points fixes dans le temps et l’espace. Cha-que épisode de cette première saison intègre la notion d’une programmation pensée comme un curseur, et s’inscrit dans un scénario basé sur la multiplication des interprétations, le décloison-nement des catégories intellectuelles et esthéti-ques et le questionnement permanent des ponts entre l’art et notre réalité. D’un espace ouvert [ m Cinq milliards d’années ] à un espace in-time [ m THe THird mind ], d’une proposition d’un commissaire [ m marc-olivier Wahler ] aux visions d’un artiste [ m Ugo rondinone ], en passant par des artistes commissaires [ m Peter Coffin ] et [ m olivier mosset ], d’expositions collectives en expositions monographiques, la première saison se termine sur une exposition, où – comme lors du premier épisode – chaque œuvre s’inscrit dans un ensemble qui le dépasse et contribue ainsi à fonder une identité paradoxale, à la fois forte et insaisissable. Cette première saison aura ainsi vu le concept même d’exposition – et le Palais de Tokyo tout entier avec lui – glisser, muter, se métamorphoser et interroger sans relâche le « [ m quotient schizophrénique ] » de l’art.

[e ] m From September 200� to December 2007. The first season of programming at the Palais de Tokyo constitutes a train of thought exploring territories that are as disconcerting as they are heterogeneous, but are nonetheless united by one and the same idea: getting shot of the «window vision» [ m vision fenêtre ] of art, which regards exhibitions and works as fixed points in time and space. Each episode of this first season integrates the notion of programming conceived of as a cursor, and is set in a scenario based on the multiplication of interpretations, the decom-partmentalization of intellectual and aesthetic categories and the constant questioning of the bridges between art and our reality.

From an open space FivE BillioN YEARS [ m Cinq milliards d’années ] to a private space [ m THe THird mind ], from a proposal put forward by a curator [ m marc-olivier Wahler ] to the visions of an artist [ m Ugo rondinone ] by way of artist curators [ m Peter Coffin ] and [ m olivier mosset ], from collective exhibitions to solo exhibitions, the year ends with an ex-hibition where — as in the first episode — every work is inscribed in a whole that is greater than its parts, so contributing towards found-ing a paradoxical identity that is strong yet elusive. Thus this first season will have seen the very concept of the exhibition — and the entire Palais de Tokyo along with it — slipping, changing, metamorphosing and relentlessly questioning the “schizophrenic quotient” [ m quotient schizophrénique ] of art.

m satanicpornocultshop

m satanicpornocultshop au / at the Palais de Tokyo

satanicpornocultshop[f ] m Collectif à géométrie variable produisant

une musique atypique, mêlant electronica, hip-hop et psychédélisme, Satanicpornocultshop est aussi imprévisible que leur nom peut le laisser prévoir. « Satanicpornocutshop est plutôt une collection d’univers disparates et pas forcément toujours compatibles qui finissent par s’imbriquer d’une façon ou d’une autre. C’est un « groupe » très schizophrène », déclare Ugh, l’un de ses membres. Entre 1998 et 2000, le groupe, originaire d’Osaka, est un duo ; il enregistre sur son propre label NuNuLaxNulan trois albums, Nirvana or Lunch ? (1998), Belle

SAtANicPoRNocultShoP sat

s

sabotage (l’état de)The State of Sabotage[f ] m Projet dérivé d’un mouvement artistique

et d’un label musical du même nom basé à Vienne, en Autriche. En 2003, l’état de Sabo-tage déclara son indépendance au Sommet des micronations, à Helsinki. Son économie repose essentiellement sur le commerce de cadeaux-gags, comme le parfum CaSH qui restitue l’odeur d’un billet de 100 dollars fraîchement imprimé. Le saint patron de Sabotage n’est autre que H. R. Giger, un artiste suisse célèbre pour son imagerie aussi morbide que saugre-nue. Des artistes comme [ m roman signer ], Piero Manzoni, Hermann Nitsch, Jonathan Mee-se, Jannis Kounellis, Gilbert & George, Robert Morris, Dominique Gonzales-Foerster, Gerhard Merz et d’autres ont contribué à la culture qui unit l’état. En 2004, Sabotage acquit un terrain dans le Queensland, en Australie, près du parc national de Bald Rock – d’où le nom de sa capitale, Baldrockistan. Les projets de Sabotage s’inspirent d’une idéologie naturaliste et po-pulaire, et prévoient la création d’une retraite artistique et spirituelle. Le gouvernement de Sabotage, qui compte 183 citoyens dont sept ré-sidents, est dépourvu de représentants officiels. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m An offshoot project from an art organization and record label of the same name based in Vi-enna. In 2003, the State of Sabotage, declared its independence at the Amorph Summit of Mi-cronations in Helsinki, Finland. Its economy is made up principally of national products such as a cash perfume styled on a freshly minted $100 bill. Interestingly, the patron saint of Sabotage is H. R. Giger, the Swiss artist famous for his sombre and grotesque imagery. Other artists such as [ m roman signer ], Piero Man-zoni, Hermann Nitsch, Jonathan Meese, Jannis Kounellis, Gilbert & George, Robert Morris, Do-minique Gonzales-Foerster, Gerhard Merz, and others have contributed to the culture which unifies the state. In 2004, Sabotage purchased land in Queensland, Australia near Bald Rock National Park, from which its capital, Bald-rockistan, is derived Its ambition for territory springs from popular naturalist ideology and

SABotAGEsab

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182 183

m new order, Blue Monday, 1983 (pochette / sleeve : Peter Saville)

m Joy division, Unknown Pleasures, 1979 (pochette / sleeve : Peter Saville)

saville, peter[f ] m Gaphiste britannique. Peter Saville est

encore étudiant en graphisme à Manchester quand, inspiré par l’exemple de son ami Peter Garrett qui travaille déjà pour les Buzzcocks, il entre en contact avec Tony Wilson et conçoit ses premières affiches pour le club The Factory, où se produisent alors Joy Division, Cabaret Voltaire ou The Durutti Column. En 1978, il co-fonde avec Wilson et Alan Erasmus le label indépendant Factory Records, dont il crée l’identité visuelle et les pochettes de disque. Rompant avec l’expressivité punk, Saville met en place les codes visuels d’une new wave autrement impersonnelle et volontiers postmo-derne ; il privilégie le travail typographique, l’épure graphique, une symbolique minimale, cherchant à accompagner visuellement la musique plutôt que de mettre en vedette les musiciens eux-mêmes. La pochette du célèbre premier LP de Joy Division Unknown Pleasures (1979) ne porte qu’un mince dessin technique sur fond noir, celle du Return of the Durutti Column (1980) est en papier émeri ; a contrario, Saville emprunte à Fantin-Latour le bouquet qui orne l’album de New Order Power Corrup-tion and Lies (1983). La même année, il reprend

les découpes précises des enveloppes de floppy disks informatiques pour le design de la pochette du single Blue Monday, dont, selon la légende, les coûts de fabrication s’avèreront si élevés que Factory perdra de l’argent sur cha-cune de ses ventes… Collaborant avec d’autres labels et d’autres groupes – entre autres Roxy Music, Orchestral Manœuvres in the Dark, et plus tard Pulp, Suede ou Monaco – il fonde sa propre agence de graphisme, Peter Saville Associates ; dans les années 1990, il commence à travailler dans les domaines de la mode et de la communication, ses créations pour Factory Records s’imposant comme une des références incontournables d’une nouvelle génération de stylistes, de designers et d’artistes en général. Son travail a ainsi été présenté au Design Museum de Londres en 2003 et au Migros Museum de Zurich en 2005.

  [ m les jeudis de la marqUe noire ][e ] m British graphic designer. Peter Saville was

still a student of graphic design at Manchester when—inspired by the example of his friend Peter Garrett who was already working for the Buzzcocks—he contacted Tony Wilson and designed his first posters for The Factory, the club where Joy Division, Cabaret Voltaire or The Durutti Column were playing at the time. In 1978, together with Wilson and Alan Eras-mus he co-founded the independent label Fac-tory Records, creating its visual identity and designing the record sleeves. Breaking with punk expressiveness, Saville brought in the visual codes of a far more impersonal and de-liberately post-modern “new wave”; he favored typographic work, full-scale graphic working drawings, and minimal symbolism, trying to provide a visual accompaniment to the music rather than featuring the musicians themselves. The sleeve of the famous first LP by Joy Divi-sion Unknown Pleasures (1979) has only a slen-der technical drawing on a black background, that of Return of the Durutti Column (1980) is made of emery paper; by way of contrast, Sav-ille borrows the bouquet that adorns the album Power Corruption and Lies (1983) by New Order from Fantin-Latour. That same year he used precise cut-outs of the envelopes of computer floppy disks for the design of the sleeve of the single Blue Monday; legend has it that the pro-duction costs proved so high that Factory lost money on every one of its sales… Collaborating with other labels and other groups—includ-ing Roxy Music, Orchestral Manoeuvres in the Dark, and later on Pulp, Suede or Monaco—he

SAvillE sav

Excentrique (2000), Baltimore 72 (1999) – leur troisième album ayant la particularité d’être sorti avant le deuxième. Après le décès d’un de ses deux fondateurs, Satanicpornocults-hop s’étoffe progressivement jusqu’à compter aujourd’hui une demi-douzaine de membres. Il se fait connaître pour ses performances scé-niques grotesques et poétiques, et sort quatre nouveaux disques : Ugh Yoing (NuNuLaxNulan, 2002), Anorexia Gas Balloon (Sonore, 2004), Zap Meemees (Sonore, 2005) et enfin Orochi Under The Straight-Edge Leaves (Vivo, 2005). Revendiquant le [ m bricolage ] cher à Claude Lévi-Strauss comme méthode de création musicale et comme rapport à un monde déjà saturé de sons, de disques, de bruits et de signes, Satanicpornocultshop pratique l’art du [ m cut-up ], du remix iconoclaste et du mor-phing en reprenant et transformant tour à tour Duran Duran, Missy Elliott et Vashti Bunyan. Intellectuel et loufoque, adepte des déguise-ments surréalistes et d’un goût certain pour le happening, Satanicpornocultshop s’impose comme le digne héritier des Residents. [ m les jeudis de THe THird mind ]

[e ] m A collective with variable geometry produc-ing atypical music, mixing electronica, hip-hop and psychedelism, Satanicpornocultshop is as unpredictable as its name might lead us to pre-dict. “Satanicpornocultshop tends more to be a collection of not always necessarily compatible disparate universes which end by overlapping some way or other. It’s a very schizophrenic group,” says one its members, Ugh. Between 1998 and 2000, the group which comes from Osaka was a duo; they recorded three albums on their own label NuNuLaxNulan: Nirvana or Lunch? (1998), Belle Excentrique (2000), Baltimore 72 (1999)—their third album had the peculiarity of being issued before the second one. After the death of one of its two founders, Satanicpornocultshop gradually swelled until today it consists of some half dozen members. It became known for its grotesque and poetic stage performances, and issued four new records: Ugh Yoing (NuNuLaxNulan, 2002), Anorexia Gas Balloon (Sonore, 2004), Zap Mee-mees (Sonore, 2005) and finally Orochi Under The Straight-Edge Leaves (Vivo, 2005). Laying claim to the [ m bricolage ] beloved of Claude Lévi-Strauss as a method of musical creation and as a link to a world already saturated with sounds, records, noises and signs, Satanicpor-nocultshop practices the art of the [ m cut-up ], iconoclastic remix and morphing by taking and

transforming one after the other Duran Duran, Missy Elliott and Vashti Bunyan. Intellectual and zany, keen on surrealistic disguises and with a certain liking for happenings, Satan-icpornocultshop is establishing itself as a worthy heir to the Residents.

[ m les jeudis de THe THird mind ]

satanismeSatanism [ m ajemian, Jason & lucas ] [ m anger, Kenneth ]

[ m Backmasking ] [ m Backward messages ] [ m Backward tapes ] [ m Crowley, aleister ] [ m decrauzat, Philippe ] [ m Kirpikistan ] [ m occultisme ] [ m Violette, Banks ]

saunders, bryan leWis [f ] m *19�9, vit à Johnson City, Tennessee

(états-Unis). Poète et musicien, ses lectures-performances sont une résurgence hardcore du spoken word américain, se situant quelque part entre les figures respectives de [ m lydia lunch ], [ m John Giorno ] et Henri Rollins. Ses interventions vocales accompagnées de vidéos sont ce qu’il appelle des « Stand-Up Tragedy » : là où les comiques essaient de faire rire, Saun-ders tente au contraire d’émouvoir. Explorateur de la tragédie humaine, il passe le mal amé-ricain au scalpel en dévoilant ses aspects les plus cachés, cherchant à le montrer publique-ment et le rendre socialement acceptable.

  [ m les jeudis de THe THird mind ] [ m 1969 ][e ] m *19�9, lives in Johnson City, Tennessee

(United States). A poet and musician, his read-ings/performances are a hardcore resurgence of the American spoken word, lying somewhere between [ m lydia lunch ], [ m John Giorno ] and Henri Rollins. His vocal interventions accom-panied by videos are what he calls “Stand-Up Tragedy”: where comedians try to make people laugh, Saunders tries on the contrary to ap-peal to their emotions. An explorer of human tragedy, he puts the American sickness under the scalpel, unveiling its most hidden aspects, trying to show it publicly and make it socially acceptable. [ m les jeudis de THe THird mind ] [ m 1969 ]

SAtANiSmEsat

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184 185founded his own graphic design agency, Peter Saville Associates; in the 1990s he started working the fashion and communication fields, which his designs for Factory Records were accepted as one of the inescapable benchmarks by a new generation of stylists, designers and artists in general. Thus his work was exhibited at the Design Museum in London in 2003 and the Migros Museum in Zurich in 2005.

  [ m les jeudis de la marqUe noire ]

schnyder, jean-Frédéric[m 4, fig. #48 ][f ] m *1945, vit à Zoug, Suisse. Jouant des effets

de kitsch et faisant référence à l’histoire de l’art comme à diverses pratiques populaires, Jean-Frédéric Schnyder construit un univers où le quotidien est sans cesse perturbé avec un humour caustique. Ses œuvres sculpturales ou picturales appartiennent toujours à un contex-te social et historique dont elles perturbent les attentes de manière plus ou moins virtuose ou bricolée. Dans Wartesäle [Salles d’attente], une série de quatre-vingt-douze peintures, Jean-Frédéric Schnyder suspend toute temporalité. Dans le retrait des gares ferroviaires suisses, ces lieux de passage que sont les salles d’at-tente sont vidés de toute présence, comme une absence qui viendrait habiter le médium même de la peinture. [ m THe THird mind ]

[e ] m *1945, lives in Zoug, Switzerland. Playing with the effects of kitsch and referring to the history of art and various popular practices, Jean-Frédéric Schnyder constructs a universe in which the everyday is incessantly disturbed with a caustic humour. His sculptural and pictorial works always belong to a social and historical context, but disconcert our expecta-tions in a more or less virtuoso or improvised way. In Wartesäle [Waiting-rooms], a series of 92 paintings, Jean-Frédéric Schnyder suspends all temporality. Hidden away in Swiss railway stations, the places of transit that waiting-rooms represent are emptied of any presence, like an absence that might come and inhabit the medium of painting itself. [ m THe THird 

mind ]

sealand (principauté de)Principality of Sealand[f ] m Île artificielle de 5�0 km2 au large des côtes

de l’Essex. Cette plate-forme, qui faisait partie d’une véritable flotte de forteresses marines conçues par Guy Maunsell, fut démilitarisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En

octobre 19�5, Paddy Roy Bates et ses associés arrachèrent littéralement cette forteresse à des squatters afin d’y implanter une station de ra-dio émettant vers l’Angleterre. Le 2 septembre 19�7, les nouveaux occupants hissèrent leur propre drapeau pour déclarer la naissance du Sealand. La flotte britannique ayant vainement tenté de reprendre possession de la forteresse, la justice estima que l’île, située en-dehors des eaux territoriales britanniques, échappait au contrôle de la Grande-Bretagne. Le Sealand est une monarchie constitutionnelle, régie par le même droit que le Royaume-Uni. Il est principalement habité par la famille Bates et ses associés. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A 5�0 sqm artificial island seven miles off the coast of Essex. After WWII, part of a fleet of sea-forts designed by Guy Maunsell was decommissioned. In October of 19�5, Patty Roy Bates and his associates physically took control of the fort from squatters for the purpose of broadcasting radio to the mainland. On September 2, 19�7, they hoisted their own flag to declare the existence of Sealand. After the British Royal Navy unsuccessfully attempted to regain control of the fort, a judge ruled Sealand outside a 3 mile territorial limit of Great Brit-ain, and hence beyond its control. Sealand, like the UK, is a constitutional monarchy following similar law and is mainly populated by the Bates family and associates.  [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

second liFe[f ] m Créé en 2003 par la société californienne

Linden Lab, Second Life est un système de jeu en ligne qui constitue le monde virtuel le plus développé à ce jour, fort de plusieurs millions de « résidents ». Simulant le « réel » avec des pixels, Second Life propose simplement au joueur de mener l’existence virtuelle qu’il veut, sans règles préétablies, dans un monde qui reproduit assez précisément les conditions de vie que connaissent les habitants des pays industrialisés de l’ère du capitalisme tardif.

D’une certaine manière, Second Life relève d’un système déjà éprouvé, le « jeu en ligne massivement multijoueur » ou MMPOG (Massive Multi Player Online Game), jeu vidéo qui permet à plusieurs utilisateurs, moyennant un abonnement, de jouer ensemble, ou les uns contre les autres, par le biais d’Internet. Les MMPOG se présentent comme des mondes ouverts, aux potentialités infinies, où il est n’est pas uniquement question de remplir

SchNYDERsch

des missions et de vaincre des ennemis, mais aussi de rencontrer et de communiquer entre joueurs. Chaque participant apparaît ainsi dans l’univers virtuel sous les traits d’un personnage en trois dimensions, l’avatar, aux caractéris-tiques qui peuvent être définies, et dont le comportement « social » est pris en charge par le biais de fenêtres de dialogue ou de chat intégrés. Les déclinaisons online de jeux de rôle et de stratégie heroic fantasy comme World of Warcraft ou EverQuest ont très vite connu un fort succès grâce à l’interactivité du système, et à la représentation « réaliste » des mondes imaginaires qu’il permet. Par contraste, Second Life est avant tout une simulation de la vie de tous les jours, incitant ses résidents à envisager leurs activités dans le prolongement ou le dépassement de celle-ci, et non en termes de jeu de rôle au sens le plus fort du terme. Sur Second Life, on se fait des amis, on travaille, on consomme, on voyage, etc. Rien d’extraor-dinaire a priori, même s’il est possible d’avoir comme avatar un animal ( [ m Furries ]), un vampire, un esclave ou un enfant – cela n’oblige pas le joueur à un comportement spécifique. La plupart des résidents utilisent d’ailleurs Second Life comme un espace de sociabilité « normal », pour des rencontres qui peuvent trouver un prolongement dans la vie réelle. Le principal attrait de cette « seconde vie » est néanmoins de ne pas connaître toutes les limites de la première : la mort n’existe pas, la téléporta-tion et le vol sont des moyens de déplacement efficaces, et toutes les exubérances physiques et comportementales sont possibles – si tant est que l’on soit capable de les transcrire à l’aide d’un clavier et de scripts. Le succès rapide de Second Life s’explique ainsi par la simplicité de son interface et l’étendue des possibilités offertes à ses utilisateurs, d’autant qu’en choi-sissant de rendre publics ses codes sources, Linden Lab permet aux programmeurs de participer au développement du système et aux résidents de personnaliser leur environnement de jeu ; chacun peut alors concevoir de petits programmes informatiques pour dessiner des objets virtuels, construire des maisons et des îles, ou encore doter son avatar de nouvelles facultés. Les piètres informaticiens peuvent s’acheter de tels suppléments sur Second Life, en utilisant la devise qui y a cours, le Linden Dollar, convertible en dollar américain.

Les multiples convergences virtuel / réel mises en place dans Second Life sur un plan tant économique que social ou relationnel

m Jean-Frederic schnyder, Wartesäle, 1988-1990

m Second Life

secSEcoND liFE

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18�suscitent l’intérêt grandissant d’entreprises et d’institutions. Nombreuses sont celles qui y ont ouvert des succursales et organisé des évènements online : des marques y testent leurs produits (American Apparel, Toyota), des partis politiques y installent des permanences (l’inauguration de celui du Front National a même été l’occasion d’une émeute en ligne), certains pays y ont même une ambassade (les Maldives, la Suède). Sous cette impulsion, Se-cond Life a tendance à retrouver les fonctions d’un site web « classique », faisant office de relais entre un consommateur et un produit, de lieu de rencontre entre un public et un artiste, d’agence matrimoniale ou de site communau-taire. Sa différence réside alors seulement dans la convivialité d’une interface « vécue » : au lieu de cliquer sur un catalogue en ligne, l’internau-te résident de Second Life peut se rendre dans une échoppe virtuelle pour acheter l’article dont il a besoin dans le monde réel.

À l’opposé de l’exploration de cette « Nouvelle frontière » économique, la liberté d’action offerte par la sociabilité virtuelle commence à susciter réprobation et panique. Les mœurs « déviantes » de communautés en ligne ([ m Goréens ]) effraient comme si elles étaient bien réelles, l’accès de mineurs au site, mal-gré son interdiction aux moins de 18 ans, a provoqué des menaces de procès ; la possibi-lité qu’ont les utilisateurs de Second Life de s’enrichir grâce à leurs créations virtuelles paraît une aberration économique sans pré-cédent, d’autant que des hackers ont pu pour leur part vendre des contrefaçons tout aussi virtuelles de produits. Commence dès lors à se poser la question de la nécessité d’instaurer un véritable système de gouvernement dans Second Life – à l’heure actuelle, Linden Lab se contente de bannir du site les utilisateurs les plus problématiques, et très occasionnellement d’isoler les avatars indélicats dans une prison aux allures de vaste champ de blé…

Structuré par une suite de dédoublements et de redoublements du monde réel, Second Life oscille entre son décalque gentiment fantai-siste et son inversion fantasmatique, selon ses résidents et leurs désirs. Et s’il subsiste encore en ligne des traces de l’utopie new age d’une « seconde vie » autrement tolérante – l’interface de création des avatars les fait « naître » sur une île déserte, s’initier au langage avec un perroquet, avant de s’envoler vers les territoi-res du jeu lui-même – , le spectre cyberpunk d’un monde virtuel infiltrant et envahissant le

réel hante désormais les deux univers. [ m Kinoshita, Kaori & della negra, alain ]

  [ m évangélistes ] [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ] [ m micronation ][e ] m Second Life, which was created in 2003 by

the Californian company Linden Lab, is an on-line games system which constitutes the most highly developed virtual world so far, boasting several million “residents”. Simulating “reality” with pixels, Second Life simply offers players the option of leading the virtual existence of their choice, with no preset rules, in a world that fairly accurately reproduces the conditions of life familiar to the inhabitants of industrial-ized countries in the late capitalist era.

In a way Second Life is an offshoot of an already proven system, the MMPOG (Massive Multi Player Online Game), a video game en-abling several users who have paid a subscrip-tion to play together, one lot against another, via the Internet. MMPOGs present themselves as open worlds, with infinite possibilities, where it is not just a question of fulfilling missions and conquering enemies, but of players meeting and communicating among themselves as well. Ev-ery participant appears in the virtual universe with the features of a three-dimensional person, the avatar, with characteristics that can be defined, and its “social” behavior is controlled through integrated dialogue or chat windows. The online versions of role-play and “heroic fantasy” strategy games like World of Warcraft or EverQuest very quickly experienced a high level of success thanks to the interactivity of the system, and the “realistic” representation of imaginary worlds that system allows. By way of contrast, Second Life is first and foremost a simulation of everyday life, encouraging its res-idents to envisage their activities as extending it or going beyond it, and not in terms of role play in the strongest meaning of that term. On Second Life, you make friends, you work, you eat and drink, you travel, etc. On the face of it nothing extraordinary, even if it is possible to have an animal ( [ m Furries ]), a vampire, a slave or a child as your avatar—which does not oblige the player to behave in a specific way. More-over, the majority of the residents use Second Life as a “normal” sociable space, for meetings that may be extended into real life. The main attraction of this “second life” is nonetheless that it does not have all the limitations of first life: death does not exist, teletransportation and flight are effective means of travel, and every physical or behavioral exuberance is possible—

SEcoND liFEsec

#58 – #75

5châtEAu DE tokYo, hôtEl EvERlAND, mEDio DÌA – mEDiA NochE

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5 chÂteau de tokyo 5

# 58

#58 [ m Zilvinas Kempinas ] Flying Tape, 2006#59 [ m Joachim Koester ] One + One + One, 2005#60 [ m Amy Granat ] Chemical Scratch, 2006

# 59

# 60

chÂteau de tokyo

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5 chÂteau de tokyo 5chÂteau de tokyo

# 61, # 62 [ m David Noonan ] Owl, 2004 ; Field, 2005#63 [ m Fabien Giraud ] & [ m Raphaël Siboni ] Friendly Fire, 2006

# 61 # 63# 62

Page 156: Yodel Volume1

5 chÂteau de tokyo 5chÂteau de tokyo

#64 [ m Dewar & Gicquel ] Big Bertha, 2006 ; [ m Michel Blazy ] Sculptcure (par Jean-Luc Blanc), 2003 – 2007#65 [ m Renaud Auguste-Dormeuil ] Glorious #4a, 2004 ; Glorious #4b, 2004

# 64 # 65

Page 157: Yodel Volume1

[ m Lang / Baumann ] Vues de l’Hôtel Everland au Palais de Tokyo / Views of the Hotel Everland at the Palais de Tokyo

5

# 66

hôteL eVeRLaNd

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5 5

# 67, # 68, # 69 [ m Lang / Baumann ] Vues de l’Hôtel Everland au Palais de Tokyo / Views of the Hotel Everland at the Palais de Tokyo

hôteL eVeRLaNd

# 67 # 68

# 69

hôteL eVeRLaNd

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5 5

# 70 Entrée de l’exposition Medio dÌa – Media Noche / Entrance of the exhibition Medio dÌa – Media Noche (Centro Cultural Recoleta, Buenos Aires)

# 71 Fischli & Weiss Büsi, 2001 ; [ m Tatiana Trouvé ] Sans titre, 2007# 72 Fabrice Gygi Tribune, 1996

Medio dÌa – Media Noche Medio dÌa – Media Noche

# 70 # 71

# 72

Page 160: Yodel Volume1

5 5

# 73 Philippe Parreno AC/DC Snakes, 1995 ; Mathieu Mercier Sans titre, 2003–2007 ; John Armleder Sans titre, 1993 ; Lucio Fontana Concetto spaziale, 1951 ; [ m Philippe Decrauzat ] After DM Explosed, 2007# 74 Mathieu Mercier Bricomobile, 1998

Medio dÌa – Media Noche Medio dÌa – Media Noche

# 73 # 74

Page 161: Yodel Volume1

# 75 Bruno Peinado Vanity flight case , 2005

Medio dÌa – Media Noche

# 75

5 ModuLes

#76 – #95

6

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6 modules modules 6

# 76 [ m Ghost Rider ] A Day in Paris (Ghost Rider Goes Crazy in Europe), 2004

# 77 [ m Fabien Giraud ] Sans titre (Rodage), 2006# 78 [ m Raphaël Siboni ] Kant Tuning Club, bande annonce, 2006

# 76 # 77

# 78

Page 163: Yodel Volume1

6 modules modules 6

# 79 [ m Koki Tanaka ] Setting Up and Taking Down, 2007# 80 [ m Stéphane Vigny ] Clapiers tuning, 2005# 81 [ m Virginie Yassef ] Fantômes. Parachutes. Dragons. Projectiles, 2004

# 82 [ m Ulla von Brandenburg ] Around, 2005

# 80

# 82# 81# 79

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6 modules modules 6

# 83 [ m Jean-Marc Chapoulie ] TDF06, Chant I, 2006# 84 [ m Adriana Garcia Galan ] Programme de gouvernement, 2007# 85 [ m David Ancelin ] Avis de grand frais, 2006# 86 [ m &nbsp ] L’Iceberg, 2007

# 83 # 84 # 85

# 86

Page 165: Yodel Volume1

6 modules modules 6

# 87 [ m Bernadette Genée & Alain Le Borgne ] Couvre-chefs, 2002-2007# 88 [ m Lucas & Jason Ajemian ] From Beyond, 2006# 89 [ m Camille Henrot ] King Kong Addition, 2006

# 87 # 88 # 89

Page 166: Yodel Volume1

6 modules modules 6

# 90 [ m Lonnie van Brummelen & Siebren de Haan ] Fortified Nigerian Sugars, weakened by second rainy season and overseas transportation, 2006/2007 ; European Benchmark, 2006 /2007

# 91 [ m Lucas Lenglet ] Inaccessibilité et connecteurs hiérarchiques, 2007# 92 [ m Claire Fontaine ] Get Lost, 2007# 93 [ m Frédéric Pradeau ] Local technique, 2007

# 90

# 91

# 93# 92

Page 167: Yodel Volume1

187provided you are capable of conveying it with the help of a keyboard and scripts. The rapid success of Second Life can thus be explained by the simplicity of its interface and the range of possibilities it offers its users, especially as by opting to make its source codes public, Linden Lab enables programmers to participate in the development of the system and residents to personalize their playing environment; so everyone can devise little IT programs to de-sign virtual objects, build houses and islands, or even endow their avatar with new faculties. Those with poor IT skills can buy themselves such supplements on Second Life, by using the currency which is legal tender there, the Linden Dollar, which can be converted into US dollars.

The multiple virtual / real convergences set up in Second Life at both the economic and social or relational level are attracting the growing interest of businesses and institu-tions. A great many of them have opened online branches and organized online events: brands try out their products there (American Apparel, Toyota), political parties place headquarters on it (the opening of the National Front—French Far right political party—headquarters even prompted an online riot), some countries even have an embassy there (the Maldives, Sweden). Driven by that impetus, Second Life tends to revert to the functions of a “traditional” web-site, serving as a buffer between a consumer and a product, a meeting-place between an art-ist and his public, a marriage bureau or a com-munity site. So its difference lies solely in the user-friendliness of a “lived” interface: instead of clicking on an online catalogue, the surfer residing in Second Life can go to a virtual shop to buy the article he needs in the real world.

As against the exploration of this economic “New Frontier”, the freedom of action afforded by the virtual sociability is beginning to give rise to disapproval and panic. The “deviant” morals of online communities (Goreans [ m Goréens ]) frighten people as if they were quite real, and access to the site by minors, despite access being prohibited to under-18s, has led to threats of legal action; the possibility Second Life users have to enrich themselves by means of their virtual creations seems to be an unprecedented economic aberration, all the more so as hackers for their part have been able to sell counterfeits of such products that are just as virtual. So questions are beginning to be asked about the need to install a real

system of government in Second Life—currently Linden Lab is going no further than banishing the most problematic users from the site, and very occasionally isolating indiscreet avatars in a prison that looks like a huge wheat field.

Structured by a sequence of duplications and reduplications of the real world, Second Life os-cillates between its pleasantly fanciful transfer image and its phantasmal inversion, depending on its residents and their wishes. And while there are still traces of the New Age utopia of a far more tolerant “second life” surviving on line—the interface for creating avatars “gives birth” to them on a desert island, they are initi-ated to language with a parrot, before flying off towards the territories of the game itself—, the cyberpunk specter of a virtual world infiltrating and invading the real one now haunts both uni-verses. [ m Kinoshita, Kaori & della negra, alain ] [ m évangélistes ] [ m π, noUVelles dU monde 

renVersé ] [ m micronation ]

seconde une année (une)ONE SECOND ONE YEAR[m 1, fig. #07 – #09 ][f ] m Exposition 14/09/200� – 31/12/200�. Pré-

sentant des œuvres qui s’activent de manière totalement aléatoire, uNE SEcoNDE uNE ANNéE a proposé un rapport toujours en attente ou en accéléré avec des œuvres dont rien ne permet-tait de déterminer par avance le moment de leur activation. Jouant d’un effet de suspense et flirtant avec la frustration, uNE SEcoNDE

uNE ANNéE était une exposition en perpétuelle oscillation. Ainsi, certaines pièces devenaient « visibles » plusieurs fois par jour, certaines ne s’activant qu’une seule fois, comme par exemple la célèbre pièce d’[ m alighiero e Boetti ] : une boîte contenant une ampoule qui ne s’allume qu’une fois par an.

[ m Cinq milliards d’années ] [ m aléatoire ][e ] m Exhibition 14/09/200� – 31/12/200�. Fea-

turing works that are randomly activated, oNE

SEcoND oNE YEAR was an exhibition put on pause or in fast-forward. It was impossible to determine the exact moment any of the pieces might (or might not) take place. oNE SEcoND

oNE YEAR created an experience of suspense, and perhaps of frustration, endlessly moving back and forth between the two. Some pieces would become “visible” several times a day while others only once, such as the famous work by [ m alighiero e Boetti ], a box containing a light bulb that only lights up once a year.

[ m Cinq milliards d’années ] [ m aléatoire ]

secSEcoNDE uNE ANNéE (uNE)

# 94 [ m Pavillon, session 2006-2007 ]Versus, 2007# 95 [ m oscar Tuazon ]Where I lived, and what I lived for, 2007

6

# 94

# 94

moDulES

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188 189the processes of destruction and of cause-and-effect, the artist reinterprets scientific experimentation methods and drives logical challenges into a corner. In oNE SEcoND oNE

YEAR  [ m Une seConde Une année ], Signer contributed a suitcase that would mysteriously explode at some point.

smith, josh[f ] m *197�, vit à New York. Jeune peintre basé à

New York, Josh Smith n’a peint qu’une chose pendant plusieurs années : son nom. Produi-sant une énorme quantité de toiles, il multiplie cet indice et ce symbole de son individualité jusqu’à l’épuisement total. À travers l’accumu-lation, la photocopie « bâclée » et la peinture, son travail suggère que ni l’original ni la copie ne peuvent exister : le premier est noyé dans une économie post-fordiste de dispersion, le deuxième est compromis par la différence, l’erreur ou la main humaine. La distinction des deux est à l’horizon de son travail, qui ouvre de nouvelles possibilités pour la peinture, la question du « nouveau » et la position de l’artiste dans le réseau historique, économique et politique de l’art. [ m THe THird mind ]

[e ] m *197�, lives in New York. Josh Smith, a young painter based in New York, painted only one thing for several years: his name. Produc-ing an enormous quantity of pictures, he multiplied this indicator and symbol of his in-dividuality to the point of total exhaustion. By means of accumulation, “bad” photocopies and painting, his work suggests that neither the original nor the copy can exist: the former is drowned in a post-Fordist economy of disper-sion, the second is compromised by difference, error or human intervention. The distinction between the two is at the horizon of his work which opens up new possibilities for painting, the question of the “new” and the artist’s posi-tion in the historical, economic and political network of art. [ m THe THird mind ]

m robert smithson, Rundown, 1994 (film de / by Jane Crawford & Robert Fiore)

smithson, robert[f ] m 1938 – 1973. Robert Smithson est l’un des

chefs de file du Land Art. Replaçant l’œuvre à l’échelle du paysage et déjouant les contraintes institutionnelles, Robert Smithson produit des œuvres qui défient toute mesure et remettent en cause les moyens classiquement utilisés pour la définir (outils de production, lieu d’ex-position, etc.). L’exemple fameux de la Spirale Jetty (1970), immense jetée ayant nécessité l’excavation de plus de �000 tonnes de terre, transforme le paysage autant qu’elle subit les assauts de la nature. L’articulation de son travail autour de la distinction site/non site vient bouleverser le rapport de l’œuvre à son lieu autant que celui du spectateur à l’art.

Trois œuvres de Smithson furent présentées dans [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. Rundown (19�9), réalisé par Jane Crawford et Bob Fiori, documente l’œuvre « entropique » de Robert Smithson : une benne déverse une coulée d’as-phalte du haut d’une colline à Rome. Swamp (19�9), film réalisé en collaboration avec Nancy Holt, autre grande figure du Land Art et compagne de Robert Smithson, documente la marche dans un marais de Nancy Holt, guidée par la voix enregistrée de Robert Smithson et limitée dans sa vision au seul objectif de la caméra. Fut également présentée Mirror Vortex (19�4), une pièce sculpturale aux perspectives kaléidoscopiques.

[e ] m 1938 – 1973. Robert Smithson is one of the leading figures in Land Art. Relocating the work at the scale of landscape and discarding institutional constraints, Smithson produced works that defy measurement and challenge the means traditionally used to define the work of art (tools used to produce it, where it is exhibited, etc.). The famous example Spiral Jetty (1970), a huge jetty that required the excavation of more than �000 tons of earth, transforms the landscape just as it endures the assaults of nature. The structuring of his work around the distinction between site/non site overturns the relationship of the work to its location, as well as that of the spectator to art.

Three works by Smithson were presented in [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. Filmed by Jane Crawford and Bob Fiori, Rundown (19�9) docu-ments Smithson’s “entropic” work: a dumper truck pours a stream of asphalt from the top of a hill in Rome. Swamp (19�9) which was made in collaboration with Nancy Holt, another major figure in Land Art and Smithson’s partner in life follows the progress of Nancy Holt walking

SmithSoN smi

m Liste des œuvres / List of works [ m alighiero e Boetti ]  Lampada annuale, 19�� Courtesy 1000eventi, Milan [ m François Curlet ]  Œuf de voiture, 2003 Collection FRAC Languedoc-Roussillon,

Montpellier [ m lara Favaretto ]  Twistle, 2003 Courtesy Galleria Franco Noero, Turin [ m Graham Gussin ]  Fall (7200-1), 1997 Courtesy Lisson Gallery, Londres [ m leopold Kessler ]  Distributeur de boissons, 200� Courtesy de l’artiste / of the artist [ m Kristof Kintera ]  Revolution, 2005 Courtesy galerie Schleicher+Lange, Paris [ m Jonathan monk ]  Big Ben, 2002 Courtesy Lisson Gallery, Londres [ m Fernando ortega ]  Fly Electrocutor, 2003 Courtesy Kurimanzutto Gallery, Mexico City [ m Werner reiterer ]  Breath, 200� Courtesy galerie Hervé Loevenbruck, Paris &

galerie Ursula Krinzinger, Vienne / Vienna [ m roman signer ]  Valise, 200� Courtesy Art : Concept, Paris [ m Kris Vleeschouwer ]

Glassworks II, 200� Courtesy Annie Gentils Gallery,

Anvers / Antwerpen

siboni, raphaël[m 5, fig. #�3 ; 6, fig. #78 ][f ] m *1981, vit à Paris. Le travail de Raphaël

Siboni se détermine au carrefour de deux disciplines : la sculpture et la fiction. Raphaël Siboni élabore une pratique de la vidéo ques-tionnant les rapports que peuvent entretenir cinéma et arts plastiques. Son travail vidéo s’oriente vers le court-métrage de fiction et l’univers de la série B, tout en prolongeant sa démarche par la conception d’objets en amont des films.

  [ m modUle ] 02/11/200� – 23/11/200�. Kant Tuning Club. Une salle obscure, une voiture recouverte de plumes noires, une bande-an-nonce de film... Le Kant Tuning Club oscille entre installation sculpturale, décor cinéma-

tographique et tuning. D’un élément à l’autre, Raphaël Siboni joue avec des effets d’annonce, créant un univers irrésolu, suspendu à sa propre interrogation. Comment construire un objet sculptural de la même manière que l’on élabore un scénario ? Où commence la fiction

? Autant de questions ouvertes esquissées par l’artiste Raphaël Siboni sous la forme d’un film à venir.

[e ] m *1981, lives in Paris The work of Raphaël Siboni lies at the intersection of two disci-plines: sculpture and fiction. Raphaël Siboni develops the use of video in a way that ques-tions the links that can exist between cinema and the visual arts. His video work is slanted towards fictional short features and the world of low-budget movies, while he extends his working processes by designing objects that precede the films.

[ m modUle ] 02/11/200� – 23/11/200�. Kant Tuning Club. A dark room, a car covered with black feathers, a movie trailer... The Kant Tuning Club is a sculptural installation, a cinematic decor, and a customized car, all at once. With each of these elements, the artist Raphaël Siboni creates an unresolved universe by announcing only its own suspended self-interrogation. How to build a sculptural object in the same way one would write a script? Where does fiction begin? These are some of the open questions raised by Siboni’s sculpture and movie trailer.

m Œuvre / Work Kant Tuning Club, bande annonce, 200� DVCAM, 2 min. 30 sec. Courtesy de l’artiste / of the artist &

ENSBA (Paris)

signer, roman[m 1, fig. #07, #08 ][f ] m *1938, vit à Saint-Gall. Les Actions Sculptu-

res de Roman Signer sont autant d’interroga-tions esthétiques et d’actions expérimentales. Fasciné par les processus de destruction et la redistribution du rapport de cause à effet, l’ar-tiste réinterprète les méthodes d’expérimenta-tions scientifiques et fait de l’art un challenge logique qu’il pousse derrière ses retranche-ments. Dans [ m Une seConde Une année ], Roman Signer a présenté une valise destinée à exploser mystérieusement à un moment déter-miné à l’avance.

[e ] m *1938, lives in St. Gallen. Roman Signer’s Action-Sculptures are aesthetic investigations and experimental performances. Fascinated by

SiBoNisib

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190 191of life on planets other than Earth.

Spiritualism originated in the United States in the late 1840s, with the extraordinary public infatuation aroused by two young mediums, the sisters Margaret and Kate Fox, who entered into communication with the spirits on a haunted farm in New York state through a system of tapping. A spiritualist quasi-religion took off, through magazines, public meetings and revelations of mediumistic talents. The craze for table-turning soon crossed the Atlan-tic, and found one of its most fervent support-ers in Victor Hugo, in exile in Guernsey at the time. Initiated to spiritualism by Delphine de Girardin, he was overwhelmed by a séance in the course of which his dead daughter Léopol-dine seemed to make contact, on 11 September 1853; for more than a year Hugo together with his close friends and family would invoke the spirits of Chateaubriand, Napoleon or Dante, and he composed several drawings following their instructions, as well as the poem Ce que dit la bouche d’ombre.

A paradoxical secular religion in a century of revolutions, irrational thought marked by the black romanticism and ancient myths given new actuality by Gothic or fantastic literature, spiritualism was also influenced by late 18th-century scientific doctrines, which stressed the importance of the fluids and energies thought to bind the human body and spirit: Franz Anton Mesmer’s magnetism, Luigi Galvani’s theories of animal electricity. Spiritualism came up against the rise of positivism and scientific rationality, but did not lose its popularity with the fin de siècle attitude, especially as it then aroused the curiosity of clinicians, psychia-trists and psychologists: Jean-Martin Charcot was interested in people “possessed by the devil”, studied somnambulism and catalepsy, and rehabilitated hypnosis, which was soon afterwards taken up by Sigmund Freud.

[ m müller Catherine-élise ] [ m lournoy Théodo-re ] [ m nécromancie ] [ m indes à la Planète mars (des) ] [ m Kunz, emma ]

stella, Frank[m 3, fig. #39 ][f ] m *193�, vit à New York. Rejetant tout

expressionnisme lyrique, Frank Stella s’est attaché à concevoir la peinture abstraitement, c’est-à-dire, entre autres, en ré-articulant chacun de ses éléments constitutifs (la toile, le châssis, la couleur, le trait, etc.). Les Black Paintings (1958 – 19�5) anticipent l’art minimal,

les Irregular Polygon interrogent la forme de la toile, les Protractor Series insèrent la courbe et l’arabesque, les Eccentric Polygon flirtent avec le relief, etc. Aujourd’hui, le travail de Frank Stella se rapproche de la sculpture et de l’architecture.

Présenté dans [ m BeFore (PlUs oU moins) ], Mas o Menos (plus ou moins) (19�4) fait partie des Shaped Canvas (toiles mises en forme) réalisées par Frank Stella à partir du début des années 19�0. Ces œuvres se caractérisent par l’originalité de la forme de leurs châssis qui détermine l’orientation des motifs de l’espace pictural, des bandes colorées qui scandent la surface. Les bandes forment une série de zig-zags pris dans un mouvement déclinant, rappe-lant les courbes d’un diagramme géométrique.

[e ] m *193�, lives in New York. Totally rejecting lyrical expressionism, Frank Stella made every effort to conceive painting in abstract terms, i.e. among other things by restructuring each of its constituent elements (the canvas, stretcher, colour, line, etc.). The Black Paintings (1958 

– 19�5) anticipate minimal art, the Irregular Polygons question the shape of the canvas, the Protractor Series insert curves and arabesques, the Eccentric Polygons flirt with relief, etc. Stella’s work today is closer to sculpture and architecture.

Presented in [ m BeFore (PlUs oU moins) ], Mas o Menos (More or less) (19�4) belongs to the Shaped Canvas series from the early 19�0s. These works are characterised by the originality of the shape of their stretchers which determines the orientation of the motifs on the pictorial space, coloured bands that give rhythm to the surface. The bands form a series of zigzags shown in a falling movement, remi-niscent of the curves in a geometric diagram.

steven parrino rétrospective 1981– 2004STEVEN PARRINO RETROSPECTIVE 1981–2004[m 3, fig. #32 – #37 ][f ] m Exposition personnelle de [ m steven  

Parrino ]. 24/05/2007 – 2�/08/2007. Rétrospec-tive qui comportait près d’une centaine d’œu-vres réparties en trois espaces distincts. Tout d’abord, une sélection importante d’œuvres « figuratives » des années 1980 et du début des années 1990 mettait en exergue la fascination de Parrino pour la surface infiniment glamour, volontairement bête et méchante, de la contre-culture américaine. La partie centrale de la rétrospective s’inspirait des grandes exposi-tions de peintures réalisées par l’artiste tout

StEvEN PARRiNo RétRoSPEctivE 1981– 2004 ste

across a swamp, guided by Smithson’s recorded voice, seeing only what is in the camera’s viewfinder. In addition to those two films, was also featured Mirror Vortex (19�4), a sculptural piece that creates kaleidoscopic views.

speech act #1, le peyotl [f ] m Conférence-performance coécrite par Olivier

Babin et Wikipedia, dite en public et dans la pénombre par la voix française du logiciel de text-to-speech Speechissimo. [ m Hallucinogènes (chimie des) ] [ m Peyotl ]

[e ] m A lecture co-written by Olivier Babin and Wikipedia, spoken in public in semi-darkness by the French voice of the text-to-speech soft-ware Speechissimo. [ m Hallucinogènes (chimie des) ] [ m Peyotl ]

m Séance de spiritisme / Spiritualism session (Fritz lang, Doktor Mabuse der Spieler, 1922)

spiritisme Spiritualism [f ] m Science occulte [ m occultisme ] dont le prin-

cipe est de provoquer, par l’intermédiaire d’un médium, individu aux capacités parapsychi-ques particulières, la manifestation des esprits et de dialoguer avec eux à des fins souvent di-vinatoires, le spiritisme connaît son plein essor au milieu du XIXe siècle. Le terme est forgé par Allan Kardec, qui publie en 1857 Le Livre des esprits – contenant les principes de la doctrine spirite sur l’immortalité de l’âme, la nature des esprits et leurs rapports avec les hommes, les lois morales, la vie présente, la vie future et l’avenir de l’humanité, qui établit tout un corps de pensée spiritualiste, affirmant l’immortalité de l’esprit et sa réincarnation, l’existence d’une cause première à tout et d’une intelligence suprême, et la présence de la vie sur d’autres planètes que la Terre.

Le spiritisme trouve son origine aux états-Unis, à la fin des années 1840, avec l’extraordinaire engouement public suscité par deux jeunes médiums, les sœurs Margaret et Kate Fox, entrées en communication par un système de

coups frappés avec les esprits d’une ferme hantée de l’état de New York. Une quasi-reli-gion spiritualiste prend son essor, à travers revues, réunions publiques et révélations de talents médiumniques. L’enthousiasme pour les tables tournantes traverse bientôt l’Atlantique, et trouvera dans Victor Hugo, alors en exil à Guernesey, un de ses plus fervents adeptes. Initié à l’art spirite par Delphine de Girardin, il est bouleversé par une séance au cours de laquelle semble se manifester sa défunte fille Léopoldine, le 11 septembre 1853 ; pendant plus d’un an, Hugo invoquera, avec le cercle de ses proches, les esprits de Chateaubriand, Napoléon ou Dante, et composera sous leur dictée plu-sieurs dessins ainsi que le poème Ce que dit la bouche d’ombre.

Religion laïque paradoxale dans un siècle de révolutions, pensée irrationnelle marquée par le romantisme noir et les anciens mythes réactua-lisés par la littérature gothique et fantastique, le spiritisme tient aussi de doctrines scientifi-ques de la fin du XVIIIe siècle mettant l’accent sur l’importance des fluides et des énergies censées lier le corps et l’esprit humain : le ma-gnétisme de Franz Anton Mesmer, les théories de l’électricité animale de Luigi Galvani. Se heurtant à l’essor du positivisme et de la ratio-nalité scientifique, le spiritisme ne perd pas de sa popularité avec l’esprit fin de siècle, et ce d’autant qu’Il suscite désormais la curiosité des cliniciens, psychiatres et psychologues : Jean-Martin Charcot s’intéresse aux « démoniaques », étudie le somnambulisme et la catalepsie, réha-bilite l’hypnose à laquelle Sigmund Freud a bientôt recours. [ m müller Catherine-élise ] [ m lournoy Théodore ] [ m nécromancie ] [ m in-des à la Planète mars (des) ] [ m Kunz, emma ]

[e ] m An occult [ m occult isme] science based on the principle of conjuring up spirits through the agency of a medium, a person with special parapsychic powers, and carrying on a dialogue with them, often for divinatory purposes, spiritualism was at its height in the mid-19th century. The term was forged by Allan Kardec, who in 1857 published Le Livre des esprits—contenant les principes de la doctrine spirite sur l’immortalité de l’âme, la nature des esprits et leurs rapports avec les hommes, les lois morales, la vie présente, la vie future et l’avenir de l’humanité, which established a whole body of spiritualist thought, asserting the immortality and reincarnation of the spirit, the existence of a primary cause of everything and of a supreme intelligence, and the presence

SPEEch Act #1spe

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192 193the Parrino family, Gagosian Gallery, New York

[ m steven Parrino ] (avec / with [ m amy Granat ] & [ m larry 7 ] )

Necropolis (The Lucifer Crank) for Anger Collection Amy Granat [ m steven Parrino ] & [ m olivier mosset ]

1968 ; 1989 ; Collection Olivier Mosset, Dépôt Le Consortium, Dijon

stroun, Fabrice[f ] m Conservateur associé, Mamco, Genève,

Fabrice Stroun était le commissaire invité de l’exposition [ m sTeVen Parrrino reTrosPeC-

TiVe 1981– 2004 ].[e ] m An associate curator at Mamco, Geneva,

Fabrice Stroun was the guest curator of the exhibition [ m sTeVen Parrrino reTrosPeCTiVe 

1981– 2004 ].

strudel[f ] m Pâtisserie inventée à l’époque de l’Empire

des Habsbourg et typique de la cuisine autrichi-enne. [ m voir encadré p.193 ]

[e ] m A pastry originated in the Habsburg Empire and often associated with Austrian cuisine. [ m see box p. 193 ]

sturtevant[m 3, fig. #39 ][f ] m *1930, vit à Paris et New York. Ayant basé

sa pratique sur la reproduction fidèle d’œu-vres célèbres des quarante dernières années, Sturtevant interroge les rouages sensibles de l’originalité de l’œuvre d’art, de sa « répétition » industrielle, du savoir-faire et de son aura. Des œuvres d’[ m andy Warhol ], [ m marcel duchamp ], Joseph Beuys, [ m Frank stella ], Felix Gonza-lez-Torres, Anselm Kiefer, etc., sont refaites à l’identique, brouillant les attentes du visiteur et les schémas classiques d’attribution. Alors que des œuvres d’art sont reproduites sur des cartes postales, des tee-shirts ou des tasses, la démarche de Sturtevant est à la fois subversive et virtuose.

Le strudel de Madame Wahler~~~

[d] m

Zutaten : (Für 2 kleine Strudel) m Teig : 300 gr. Mehl

1 Prise Salz 8 Essl. lauwarmes Wasser 2 Essl. Essig 5 Essl. Öl 1 Ei

m Füllung: 2 kg Äpfel 100 gr. Rosinen 100 gr. gehackte Haselnüsse oder Mandeln 150 gr. Zucker 1 Essl. Zimt 100 gr. geschmolzene Butter 100 gr. Semmelbrösel Margarine zum Ausfetten Puderzucker

Zubereitung: m Mehl mit dem Salz vermischen. In die Mitte,

eine Mulde drücken. Wasser mit Öl, Essig und Ei verquirlen und hineingeben. Daraus einen geschmeidigen Teig kneten. 30 Minuten an einem warmen Platz ruhen lassen.

m In der Zwischenzeit, die Füllung bereiten: Äpfel schälen, vierteln, entkernen und in feine Scheibchen schneiden.

  Mit Rosinen, Haselnüssen oder Mandeln, Zucker und Zimt vermischen. Dann den Teig in zwei Teile teilen.

m Den 1. Teil auf einem Küchentuch ausrollen. Ränder vorsichtig anheben und über dem Hand-rücken dünn ausziehen. Mit etwas geschmol-zener Butter bestreichen und der Hälfte der Semmelbrösel bestreuen.

m Auf einer Seite mit der Hälfte der Füllung be-legen. An den Enden einschlagen. Den Strudel durch Anheben des Tuches von einem Rand her aufrollen. Andrücken.

Genauso den 2. Strudel bereiten.m Dann eine grosse rechteckige feuerfeste

Form (oder Blech) gut einfetten. Beide Strudel nebeneinander hineinlegen mit der restlicher geschmolzener Butter bestrei-chen. In der vorgeheizten Backröhre bei guter Hitze 35-45 Minuten backen. Mit Puderzucker bestreuen.

~~~

stuStuRtEvANt

au long de sa carrière, et réunissait nombre de ses toiles les plus emblématiques, tel que Slow Rot (1988), un tableau « peint » avec de l’huile de vidange, ou Stockade (1989), qui prend la forme d’un pilori. Enfin, était présenté un choix des dernières œuvres de Parrino, où s’installe un dialogue avec la figure de Smith-son, nourri de science fiction apocalyptique et de carnavalesque satanique. Commissaire in-vité : [ m Fabrice stroun ], Conservateur associé, Mamco, Genève [ m la marqUe noire ]

[e ] m Solo exhibition of [ m steven Parrino ]. 24/05/2007 – 2�/08/2007. A retrospective which gathered about one hundred works shown in three distinct spaces. First, a selec-tion of early painting and works on paper brought to the fore Parrino’s fascination with the “dumb” and glamorous surface of America’s counterculture. The central part of the retrospective took its cue from the large painting exhibitions that Parrino staged throughout his career. It includes many of the artist’s most emblematic works, such as Slow Rot (1988) a painting doused in motor oil and Stockade (1989) an abstract shaped canvas that mimics the structure of the eponymous public torture instrument. Finally, a selection of recent works highlighted Parrino’s dialogue with the figure of Smithson, and included models for yet unrealized large-scale sci-fi inspired earthworks such as Study for a model of the Universe to be placed in the Forbidden Zone (2003). Guest curator: [ m Fabrice stroun ], associate curator, Mamco, Geneva

[ m la marqUe noire ]

m Liste des œuvres / List of works Romulus & Remus, 2004 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Study for a Model of the Universe To Be

Placed in the Forbidden Zone, 2003 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Trashed Black Box II, 2003 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York The Self Mutilation Bootleg 2 (The Open

Grave) 1988-2003 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Cyclotron, 2002 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York 13 Shuttered Panels for Joe Ramone, 2001

Collection de la famille Parrino / collection of the Parrino family, Gagosian Gallery, New York

Caustic Pill, 2001 Collection Pangea, Genève / Geneva Skeletal Implosion, 2001 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Exit / Dark Matter, 1998 -1999 Collection Pangea, Genève / Geneva Goo Goo Muck (The Theory of Painting), 1984 Collection Pangea, Genève / Geneva Dancing on Graves, 1999 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Hell’s Gate Shifter, 1997 Collection MAMCO, Genève / Geneva Blob (Fuckheadbubblegum), 199� Collection Le Consortium, Dijon Repulsion Painting III, 1992 Collection Pierre Darier, Dépôt MAMCO,

Genève / Geneva Bent Painting, 1991 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Bazooka, 1990 Collection Olivier Mosset, Dépot Musée des

Beaux- Arts, La Chaux-de-Fond Lee Marvin / Marlon Brando, 1990 Collection Le Consortium, Dijon Sans titre, 1989 Collection particulière / private collection,

Dépôt MAMCO, Genève / Geneva Stockade: Existential Trap for Speed Freaks,

1988-1991 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Sans titre, ca. 1988 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Slow Rot, 1988 Collection Le Consortium, Dijon Crowbar, 1987 Collection Pierre Huber, Suisse / Switzerland Seduction, 1984 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York International Style, 1983 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York Disruption, 1981 Collection de la famille Parrino / collection of

the Parrino family, Gagosian Gallery, New York 3 Units Aluminium Death Shifter,

sans date / undated Collection de la famille Parrino / collection of

StEvEN PARRiNo RétRoSPEctivE 1981– 2004ste

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194 195

ttalossa (le royaume de)The Kingdom of Talossa[f ] m Créé le 2� décembre 1979 par Robert Ben

Madison. Ce collégien de treize ans originaire de Milwaukee, dans le Wisconsin, déclara que sa chambre était un état indépendant et souve-rain : le Royaume de Talossa. Il accéda au trône sous le nom de Roi Robert Ier. À partir de 1981, Talossa commença à accorder la citoyenneté à d’autres personnes. Des élections démocrati-ques furent alors mises en place et le pays de-vint une monarchie constitutionnelle en 1985. Après une période de crise entre 198� et 1988 au cours de laquelle le roi se trouva contesté, une nouvelle « constituzion » fut rédigée à la fin de l’année 1988. La Loi organique de 1997 fut approuvée et adoptée comme nouvelle constitution du pays par voie de référendum, ce qui a renforcé le caractère démocratique de Talossa. Depuis 1979, Madison n’a cessé de jouer un rôle déterminant, en tant que roi et dirigeant de divers partis politiques locaux. Toutefois, la loi organique empêche désormais le roi de détenir les principales fonctions du pouvoir politique à Talossa, et en 2003 ce dernier abandonna définitivement la législature afin de redevenir un monarque « constitution-nel » ordinaire. Les Talossiens résident aux états-Unis, au Canada, en Europe, en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique. [ m éTaTs (FaiTes-

le VoUs-même) ][e ] m On 2� December, 1979, Robert Ben Madison,

a 13-year old high school student in Milwau-kee, Wisconsin, declared his bedroom to be an independent sovereign state: the Kingdom of Talossa. He took the Throne as King Robert I. Beginning in 1981, he admitted other people into the kingdom as citizens. Democratic elec-tions began in 1981 and the country became a constitutional monarchy in 1985. After a period of crisis in 198�–1988 over who should be King, a new ‘Constituziun’ was written in late 1988. The 1997 Organic Law was approved as the country’s new constitution by a public referendum, which further developed the demo-cratic nature of Talossa. Since 1979, Madison has maintained a prominent role as King and as leader for various political parties. However, the Organic Law now prohibits the King from holding the chief offices of political power in Talossa, and in 2003 Madison left the legisla-ture permanently to be a “normal” constitu-tional monarch. Talossans live in the United States, Canada, Europe, South America, Asia, and Africa. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

tAloSSA tal

Parmi les œuvres reproduites par Sturtevant, figurent les Black Paintings de Frank Stella, œuvres présentées dans [ m BeFore (PlUs oU 

moins) ]. Sturtevant éclaire ainsi d’un jour nouveau le fameux : « What you see is what you see » de Frank Stella, prononcé en 19�4, en répétant le geste de l’artiste et faisant voler en éclat toute velléité de hiérarchie et de catégorisation.

[e ] m *1930, lives in Paris and New York. Having based her artistic practice on the faithful re-production of famous works from the last forty years, Sturtevant questions the mechanisms

behind the originality of works of art; its in-dustrial «repetition», the skill of its maker, and its aura. Works by [ m andy Warhol ], [ m marcel duchamp ], Joseph Beuys, [ m Frank stella ], Felix Gonzalez-Torres, Anselm Kiefer, etc., are remade identically, confusing the visitor’s expectations and the traditional framework of attribution. When works of art are reproduced on postcards, T-shirts or cups, Sturtevant’s ap-proach is both subversive and virtuous.

Among the works reproduced by Sturtevant, we find Frank Stella’s Black Paintings, works featured in [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. Sturtevant casts a new light on Frank Stella’s famous dictum: “What you see is what you see”, uttered in 19�4, by repeating the artist’s gesture and shattering any possibility for hier-archy and categorization.

StuRtEvANtstu

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19� 197Ces « morceaux de viande » répondent non seulement aux formes trop propres du minima-lisme et du Pop art, mais symbolisent aussi la révulsion de l’artiste à l’endroit de la guerre du Vietnam. [ m THe THird mind ]

[f ] m 1933 – 1988. By working in an extreme way with space and materials, Paul Thek became one of the pioneers of “installation” in the 1970s. His environments rejected the tradi-tional limits of art. Distancing himself from the calm and coldness of Minimalist or Conceptual artists, he turned towards the excessive and the brutal. Early on in his career, he created his “Meat Pieces” or Technological Reliquaries series, fragments of bodies in wax, enclosed in yellow transparent Plexiglas showcases. Not only do these “meat pieces” respond to the excessively clean forms of Minimalism and Pop Art, they also symbolise the artist’s revulsion over the Vietnam War. [ m THe THird mind ]

m Kenneth Anger & Alfred C. Kinsey à l’Abbaye de Thélème en 1955 / at the Abbey of Thelema in 1955

thélème (abbaye de)The Abbey of Thelema[f ] m Satanisme. Le 1er mars 1920, [ m aleister 

Crowley ] et un groupe de ses adeptes débar-quèrent à Cefalù, en Sicile, pour emménager dans une petite maison dans les faubourgs de

la ville. La maison, connue jusqu’alors sous le nom de villa Santa Barbara, fut rebaptisée Ab-baye de Thélème en référence à Rabelais, qui, dans les derniers chapitres de son Gargantua (1534), décrit une communauté idéale nommée Thélème, ayant pour devise « Fay ce que vouldras ». Quoique hédoniste et centrée autour de la magie selon Crowley – un mélange de kabbale et de yoga faisant une large place aux pratiques tantriques, à des rituels hétéro- et homosexuels ainsi qu’à l’usage de drogues pour accroître l’intensité des sensations –, la vie à l’Abbaye était, selon de nombreuses descrip-tions, plutôt morne. La maison n’avait ni le gaz, ni l’électricité, ni l’eau courante. Le manque d’hygiène était total ; l’été, l’air était saturé de mouches, de moustiques et de moucherons. Les journées y étaient plus ou moins pénibles selon l’humeur de Crowley, tour à tour dictateur bienveillant sous l’emprise des drogues et manipulateur pervers et répugnant. En outre, la formation à la magie était aussi incessante que rigoureuse. Les nouveaux venus passaient la nuit dans la « Chambre aux cauchemars », dont trois murs étaient ornés de grandes fresques représentant la terre, le ciel et l’enfer – notam-ment sous la forme de démons, de lutins et de scènes érotiques très crues. L’apprenti sorcier venait en ces lieux pour expérimenter

« le côté obscur de l’éden » grâce à un « procé-dé secret » (sans doute une puissante mixture à base de haschich et d’opium qu’administrait Crowley) qui donnait vie aux murs de la pièce. Cette épreuve avait pour fonction de confronter les adeptes à tous les fantômes susceptibles d’assaillir l’âme humaine, et de les mettre en présence de « l’abîme de l’horreur » afin de leur garantir la maîtrise de l’esprit. Cette approche annonce par bien des aspects celle qui fut pra-tiquée quarante-trois ans plus tard à Catalina, la communauté fondée par Timothy Leary dans un hôtel à l’abandon de Zihuatanejo, bourgade mexicaine assoupie au bord de l’océan : ses membres, solitairement assis au sommet d’une tour de guet, sur la plage, drogués au LSD, invoquant les forces de l’« irrationnel », s’effor-çaient alors de passer de l’autre côté.

On ne s’étonnera pas de ce que l’Abbaye de Thélème, avec son programme d’épreuves pénibles – nuits dans la « Chambre aux cau-chemars », invocations quotidiennes dans le temple, retraites « magiques » solitaires et épui-santes sur la falaise voisine, sans mentionner des conditions de vie spartiates –, n’ait jamais attiré qu’un groupe restreint de visiteurs et

thethélèmE

tanaka, koki[m 6, fig. #79 ][f ] m *1975, vit à Tokyo. Du papier toilette

flottant au vent du ventilateur, des pigeons picorant du caviar dans la rue, du Coca-Cola s’écoulant infiniment d’une canette, des chaussures tombant dans les escaliers les unes après les autres, etc. Les vidéos de Koki Tanaka explorent l’ordinaire et construisent des situa-tions à la fois burlesques et subversives. Jouant sur les lois de la physique, de la temporalité et de la performance, l’artiste tente de démulti-plier le potentiel des objets de notre quotidien. De 2005 à 200� , Koki Tanaka fut l’un des résidents du Pavillon, l’unité pédagogique du Palais de Tokyo.

  [ m modUle ] 01/03/2007 – 01/04/2007. Setting Up and Taking Down. Pour le Palais de Tokyo, Koki Tanaka a conçu un projet spécifique, ima-ginant l’entrée du module comme un trou par lequel on aurait lancé une boule de bowling. A la place des quilles, il a disposé des chaises, une poubelle, une étagère... autant d’éléments collectés au sein du Palais de Tokyo (réserves, bureaux, etc.) intégrés dans l’espace du module et renversés par la boule de bowling. Au milieu des ameublements, une vidéo retrace l’événe-ment initial, incluant dans l’œuvre la trace de son propre passé.

[e ] m *1975, lives in Tokyo. Toilet paper floating in the ventilator draft, pigeons pecking caviar on the street, Coca-Cola flowing endlessly from a can, shoes falling down staircases one pair after another, etc.: Koki Tanaka’s videos ex-plore ordinariness and construct situations that are burlesque and subversive at once. Playing with the laws of physics, the temporality and the performance, the artist tries to enhance the potential of objects encountered in our every-day lives. From 2005 to 200� he was one of the residents at [ m le Pavillon ], the study program attached to the Palais de Tokyo.

[ m modUle ] 01/03/2007 – 01/04/2007. Setting Up and Taking Down. Koki Tanaka designed a special project for the Palais de Tokyo, con-ceiving the entrance into the gallery as a hole through which someone has thrown a bowling ball. Where the bowling pins should be, he has arranged items he collected from within the Palais de Tokyo (storerooms, offices, etc.): chairs, a waste-paper basket, a set of shelves, among others. These elements are integrated into the gallery space and struck by the bowl-ing ball. In the midst of the pieces of furni-ture is a video that retraces the initial event,

thereby imbibing the work with the story of its own past.

m Œuvre / Work Setting Up and Taking Down, 2007

Courtesy de l’artiste / of the artist

m Edward Teach

teach, edWard[f ] m Pirate anglais du XVIIIe siècle plus connu

sous le nom de « Barbe noire ». [ m voir p. C-4 ] [e ] m English pirate from the 18th century better

known as “Black Beard”. [ m see p. C-8 ]

m Paul Thek, L-Column, 19�5-19��

thek, paul[m 4, fig. #52 ][f ] m 1933 – 1988. En travaillant de manière

extrême avec l’espace et la matière, Paul Thek devint dans les années 1970 un des pionniers de l’installation. Ses environnements refusaient les limites traditionnelles de l’art. S’éloignant du calme et du froid des artistes minimalistes ou conceptuels, il se tourna vers l’excessif et le brutal. Tôt dans sa carrière, il crée ses séries de « Meat Pieces » ou Reliquaires technolo-giques, fragments de corps en cire enfermés dans des boites en plexiglas jaune transparent.

tANAkAtan

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198 199walls came alive. The idea behind the ordeal was to contemplate every possible phantom that can assail the soul, to face the “Abyss of Horror,” and thereby gain mastery over the mind. This approach was strikingly similar to what was practiced 43 years later in Timothy Leary’s community, Catalina, founded in a va-cant hotel in the sleepy Mexican beach town of Zihuatanejo, where members would sit alone in a lifeguard tower on the beach, dosed on LSD, summoning the forces of the “irrational,” trying to break through to the other side.

With a curriculum of ordeals like nights spent in “The Room of Nightmares,” daily evocations in the Temple, and solitary and exhausting “magical” retreats on the nearby cliff, coupled with the Spartan living conditions, it is perhaps evident why the Abbey of Thelema never at-tracted more than a small group of visitors and benefactors. So much for free love, and “Do what you will.” Crowley was decidedly more lenient with his own sexual excesses than with others and there was a catch to the word “will.” It also didn’t help the cause of Thelema that a number of visitors left with a heroin habit as an unwanted souvenir. But in the end it was not the liberal use of drugs, the inherent contradictions in the teachings, or local preju-dice that eventually led to the demise of the Abbey—the Cefalù locals did tolerate the com-munity, though they were frequently shocked by the members’ preference for bathing nude. It was the tragic death of Raoul Loveday—from enteric fever, contracted by drinking water from a mountain spring in the Cefalù coun-tryside—and the ensuing storm in the British press against Crowley and the Abbey, which prompted headlines like “Orgies in Sicily,” that led Mussolini to order the community closed. The directive came as part of a crackdown to suppress breeding grounds for dissent. If not exactly politically dangerous, Crowley and the others were at best undesirable. On April 22, 1923, the Abbey came to an end. The Italian authorities carefully covered the frescos, the magic circle on the floor and other traces of the previous activities with a coat of whitewash.

According to experimental filmmaker [ m Kenneth anger ], the villa subsequently sat abandoned for more than 30 years. Maybe also forgotten—sleeping—until Anger in 1955 re-found the villa and obtained permission to remove the whitewash, which had “turned to stone.” Anger spent three months working on the walls and floors, gradually revealing “all

those hyper-psychedelic murals” in “The Room of Nightmares” and on doors and shutters, planning a photo shoot on location, in which the costume of the sorcerer in the dreamy film Children of Paradise (1945)—a blue velvet robe emblazoned with the word “ABRA”—would appear. Whether the shoot actually happened is unclear. Anger’s documentary, made during his stay, was lost by Hulton Television. What still circulates is a series of photographs of the restored Abbey. One of them depicts Anger in conversation with the sexologist Alfred C. Kinsey. On the back wall is Crowley’s portrait and on a door, one of the newly uncovered paintings, a mountainous landscape made in a fantasy-like style. Anger had met Kinsey when the doctor approached him to purchase a print of his first film Fireworks. While Anger was an ardent follower of Crowley’s magick, Kinsey thought that Crowley was “the most prominent fraud that ever lived.” Kinsey nevertheless saw Crowley as a brilliant homoerotic writer, and was interested in discovering more information about Crowley’s sex magick practices. More than likely it was Kinsey who funded Anger’s stay in Cefalù.

[ m Koester, Joachim ]  [ m Hallucinogènes ]  [ m occultisme ] [ m le maTin des maGiCiens ] [ m anger, Kenneth ] [ m Palais / ]

théorème de calvitieBaldness Theorem[f ] m Le « théorème de calvitie » stipule qu’un

trou noir est entièrement décrit par trois para-mètres : sa masse, sa charge électrique et son moment cinétique, et ce quel que soit son mode de formation et la nature de la matière qui a servi à le former. Le physicien américain John Archibald Wheeler a résumé le phénomène par la formule restée célèbre : Black holes have no hairs (« Un trou noir n’a pas de poils »). Une des conséquences de ce théorème est qu’il n’existe pas de possibilité de distinguer un trou noir fait de matière ordinaire d’un trou noir fait d’[ m antimatière ]. [ m Galfard, Christophe ]

théoRèmE DE cAlvitiE the

de bienfaiteurs. Tant pis pour l’amour libre et la devise « Fais ce que voudras ». Crowley se montrait décidément plus tolérant envers ses propres excès sexuels qu’envers ses hôtes – la devise de Rabelais, traduite en anglais – Do what thou wilt –, signifie à la fois « fais ce que tu veux » et « fais ce que tu as à faire ». La réputation de Thélème fut également ternie par le fait que bien des visiteurs en repartaient avec un souvenir déplaisant : l’accoutumance à l’héroïne. Mais, pour finir, ce ne sont ni les contradictions contenues dans les enseigne-ments, ni le recours fréquent à la drogue, ni le rejet de la population locale qui précipitèrent la chute de l’Abbaye. Les habitants de Cefalù toléraient en effet la communauté, même s’ils étaient souvent choqués par le fait que ses membres aimaient se baigner nus. Ce fut la mort tragique de Raoul Loveday (qui succomba à une fièvre typhoïde contractée en buvant de l’eau d’une source de montagne dans les environs de Cefalù) et la réaction consécutive de la presse britannique, qui s’en prit violem-ment à Crowley et à l’Abbaye avec des gros titres comme « Orgies en Sicile », qui incitèrent Mussolini à ordonner la fermeture de la com-munauté. Cette directive s’inscrivait dans une série de mesures répressives visant à éliminer toute contestation. S’ils ne représentaient pas à proprement parler une menace d’ordre poli-tique, Crowley et ses amis étaient cependant indésirables. L’Abbaye ferma ses portes le 22 avril 1923. Les autorités italiennes prirent soin de recouvrir à la chaux les fresques, le cercle magique tracé sur le sol et autres traces des activités passées de la communauté.

Selon [ m Kenneth anger ], réalisateur de films expérimentaux, la villa fut alors abandonnée pendant plus de trente ans, jusqu’à ce que le cinéaste, en 1955, retrouve les lieux et obtienne l’autorisation de retirer la couche de chaux qui s’était alors « pétrifiée ». Anger passa trois mois à restaurer les sols, les murs – révélant peu à peu toutes les « fresques hyper-psyché-déliques » dans la « Chambre aux cauchemars », sur les portes et les volets – dans l’intention de préparer une séance de photos où serait mise en scène une robe de velours bleu ornée des lettres « ABRA », qui avait servi de costume de mage dans le grand film onirique de Marcel Carné, Les Enfants du paradis (1945). On ignore si la séance prévue eut lieu ou non. Le docu-mentaire réalisé par Anger durant son séjour fut perdu par Hulton Television. Du voyage en Sicile ne subsiste qu’une série de photos de

l’Abbaye restaurée. L’une d’elles représente une conversation entre Anger et le sexologue Alfred C. Kinsey. Derrière eux, sur un mur, on aperçoit un portrait de Crowley, tandis qu’une porte fraîchement restaurée donne à voir un paysage montagneux peint dans un style fantastique. Les deux hommes s’étaient rencontrés pour la première fois quand le docteur Kinsey avait contacté Anger pour lui acheter un exemplaire de son premier film, Fireworks. Si Anger était un fervent adepte de la magie de Crowley, Kinsey voyait en lui « le plus grand escroc de tous les temps » – ce qui ne l’empêchait pas d’apprécier ses écrits érotiques homosexuels et de vouloir en savoir plus sur les pratiques sexuelles et magiques de Crowley. Il est plus que probable que le séjour d’Anger à Cefalù fut financé par Kinsey.

[ m Koester, Joachim] [ m Hallucinogènes ]  [ m occultsime ] [ m le maTin des maGiCiens ] [ m anger, Kenneth ] [ m Palais / ]

[e ] m Satanism. On March 1st, 1920, [ m aleister Crowley ] and a group of devotees, arrived at Cefalù, Sicily, and moved into a small house at the outskirts of town. The house, formerly called Villa Santa Barbara, was renamed The Abbey of Thelema, inspired by the French writer Rabelais, who in the concluding chap-ters of his book Gargantua (1534), describes an ideal community named “Thélème,” which had the governing maxim “Do what you will.” Though hedonistic, centered around Crowley’s own version of magick—Kabbalah and yoga, with a particular emphasis on tantric practices, hetero- and homosexual rituals, and the use of drugs to heighten intensity—life in the Abbey was often described as bleak. The house had neither gas nor electricity, and no plumbing. General conditions were unsanitary in the extreme, and in the summer the air was thick with flies, gnats and mosquitoes. With Crowley as a drugged, benevolent dictator at his best, and a gruesome, perverted manipulator at his worst, the days at the Abbey could be harsh. On top of that, the magical training was rigorous and unrelenting. Newcomers would spend the night in La Chambre des cauchemars—“The Room of Nightmares”—its principle features: three large walls painted in fresco, represent-ing earth, heaven and hell, depicting mostly demons, goblins and graphic sex scenes. Here, the new student of magick would experience “The nightside of Eden” primed by a “secret process”—probably a potent mixture of hashish and opium, administered by Crowley—as the

thélèmEthe

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200 201thiRD miND was constructed as a stroll through a brain in perpetual activity, going straight to the source of the artist’s references and dis-coveries. For the first time his gift for building systems of connections—an aptitude which has made Ugo Rondinone famous—was placed at the service of the works of other artists, not his own.

In homage to the book [ m The Third Mind ], Ugo Rondinone set out to cut up and remix the contemporary artistic landscape to allow a new meaning to emerge from it. thE thiRD miND, composed from the assembled works of thirty-one different artists, constituted a fully fledged work in its right, a new, spectral work created by a third mind, a third artist, the product of the meeting between Ugo Rondinone and his selec-tions.

m Liste des œuvres / List of works [ m ronald Bladen ]

Three Elements, 19�5 Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie,

Collection Marzona, Berlin Cathedral Evening, 1971 Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie,

Collection Marzona, Berlin [ m lee Bontecou ]

Sans titre, 1959-19�0 Collection Nordhein-Westfalen, Düsseldorf Sans titre, 19�� Collection Fonds National d’art Contemporain,

Ministère de la Culture et de la communication, Paris

[ m martin Boyce ]

When Now is Night (web), 1999 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich [ m Joe Brainard ]

Untitled (Tatoo), 1972 Collection John Brainard, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York Sans titre, Sans date / Undated Collection particulière / Private collection,

New York Untitled (Garden), 19�7 Collection Kenward Elmslie, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York Whipporwill, 1973 Collection John Richardson, New York, Courtesy

Tibor de Nagy Gallery, New York Untitled (Birch Trees), 1971 Collection particulière / Private collection, Cour-

tesy Tibor de Nagy Gallery, New York Pat, 1972 Collection Peter R. Stern, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York

m William s. Burroughs & Brion Gysin, The Third Mind, ca. 19�5

thithiRD miND (thE)

  [ m etats généraux du poil ] [ m Trous noirs ][e ] m The “baldness theorem” lays down that

a black hole is completely defined by three parameters: its mass, its electric charge and its kinetic momentum, and this is so however it was formed and whatever the nature of the matter that served to form it. The American physicist John Archibald Wheeler summed this phenomenon up in a formula that has remained famous: “Black holes have no hairs”. One of the consequences of this theorem is that there is no possibility of distinguishing a black hole made of ordinary matter from a black hole made of antimatter [ m antimatière ]. [ m Galfard, Christophe ] [ m etats généraux du poil ]  [ m Trous noirs ]

théorie des cordesString theory [ m voir p. a-4 / see p. a-12 ] [ m Veneziano,  

Gabriele ]

thiellement, pacôme[f ] m Responsable du fanzine de bande dessinée

Réciproquement de 1987 à 1991 et de la revue littéraire Spectre de 1998 à 2003, Pacôme Thiellement a collaboré à des magazines com-me Rock & Folk, Le Corps du Texte, Le Tigre, et les webzines fluctuat.net et www.larevue-desressources.org. Il a publié une monographie consacrée à l’auteur de bandes dessinées Mattt Konture (Mattt Konture, L’Association, Paris, 200�) et codirigé, avec Fabrice Petitjean et Adrian Smith, un recueil de travaux écrits et dessinés autour du légendaire névropathe Da-niel Paul Schreber, Schreber Président (Fage, Paris, 200�). Après Poppermost – considéra-tions sur la mort de Paul McCartney (Musica Falsa, 2002), livre dans lequel il revenait sur une théorie paranoïaque selon laquelle Paul McCartney serait mort depuis 19��, Paôme Thiellement a écrit un essai sur Frank Zappa intitulé Économie Eskimo – le rêve de Zappa (éditions M.F, 2005) ; il travaille actuellement avec l’Ensemble de Basse Normandie sur un spectacle consacré à l’œuvre de ce dernier. [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde  

renVersé ] [ m Backward tapes ] [ m Backward messages ] [ m Backmasking ]

[e ] m In charge of the fanzine Réciproquement from 1987 to 1991, and of the literary review Spectre from 1998 to 2003, Pacôme Thielle-ment collaborated on numerous magazines such Le Corps de Texte, Rock & Folk, Le Tigre and on the webzines fluctuat.net and www.

larevuedesressources.org. He has written an essay on Mattt Konture’s strip cartoons (Matt Konture, Paris: L’Association, 200�) and he was involved in coordinating a collection of written and graphic works focusing on Presi-dent Schreber, Schreber Président (Paris: Fage, 200�). He is the author of two essays devoted to pop music: Poppermost—considérations sur la mort de Paul McCartney (Musica Falsa, 2002) and Économie Eskimo—le rêve de Zappa (éditions M.F., 2005). Thiellement is currently working with l’Ensemble de Basse Normandie on a show project dedicated to the works of Frank Zappa. [ m les jeudis de π, noUVelles 

dU monde renVersé ] [ m Backward tapes ] [ m Backward messages ] [ m Backmasking ]

third mind (the) [m 4, fig. #45 – #47 ][f ] m Livre conçu par [ m William s. Burroughs ] et

[ m Brion Gysin  ] selon les métodes du [ m cut-up ], fold-in et permutation. [ m lemaire, Gérard-Georges ] [ m voir p. d-2 ]

[e ] m Book devised by [ m William s. Burroughs ] and [ m Brion Gysin ] following the methods of [ m cut-up ], fold-in and permutation. [ m le-maire, Gérard-Georges ] [ m see p. d-10 ]

third mind (the) (eXposition)[m 4, fig. #44 – #57 ][f ] m Exposition 27/09/2007 – 03/01/2008. IRM

des influences de [ m Ugo rondinone ], de ses inclinations et de ses obsessions, l’exposition thE thiRD miND se présentait comme une déambulation dans un cerveau en perpétuelle activité et plongeait à la source des références et des découvertes de l’artiste. Son talent à construire des systèmes de correspondances – une aptitude qui a fait la célébrité d’Ugo Rondinone – était mis pour la première fois au service non plus de ses propres travaux, mais des œuvres d’autres artistes.

En homage au livre [ m The Third Mind ], Ugo Rondinone procèdait à un découpage et à un remixage du paysage artistique contemporain pour en laisser jaillir un sens inédit. L’expo-sition thE thiRD miND, composée des œuvres rassemblées de trente et un artistes différents, constituait ainsi une œuvre à part entière, une œuvre nouvelle et spectrale, créé par un troisième esprit, un troisième artiste, fruit de la réunion d’Ugo Rondinone et de ses choix.

[e ] m Exhibition 27/09/2007 – 03/01/2008. An MRI scan of [ m Ugo rondinone ]’s influences, inclinations and obsessions, the exhibition thE

théoRiE DES coRDESthe

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202 203 Collection Gironcoli Museum, Herberstein,

Autriche / Austria [ m robert Gober ]

Right Angle Sink, 1984 Collection particulière / Private collection,

New York The Split Up Conflicted Sink, 1985 Collection Astrup Fearnley, Oslo [ m nancy Grossman ]

Brox, Sans date / Undated Collection Bruce & Roxanne Bethany, Courtesy

Michael Rosenfeld Gallery, New York Horn, 1973 -1974 Collection Halley K. Harrisburg & Michael

Rosenfeld, New York Arbus, 1971 Collection William Kelly Simpson, New York,

Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York Sans titre, ca. 19�8 Collection Sheila Yellin et Samuel L. Rosenfeld,

Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York Mary, 1971 Collection particulière / Private collection,

Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York Tilt, 1990 Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York Samu, 1970-1971 Collection particulière / Private collection,

New York Ghost, Sans date / Undated Collection Bruce et Roxanne Bethany, Courtesy

Michael Rosenfeld Gallery, New York C. Vuelo, 1990 Collection Peter Finder et Cynthia Rubin, Cour-

tesy Michael Rosenfeld Gallery, New York Sans Titre, 19�8 Collection Alvin E. Friedman-Kien et Ryo

Toyonaga, Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York

GKH, 1970 Collection Duane Wilder, Courtesy Michael

Rosenfeld, New York Sans titre, 1970-1971 Collection William Kelly Simpson, New York,

Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York H.U.F., 1980 Collection Halley K. Harrisburg et Michael

Rosenfeld, New York T.R., ca. 19�8 Collection Sheila Yellin et Samuel L. Rosenfeld,

Courtesy Michael Rosenfeld Gallery, New York [ m Hans Josephsohn ]

Sans titre, 1995-2001 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland

Sans titre, 2000 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland Sans titre, 2005 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland Sans titre, 1971 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland Sans titre, 200� Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland Sans titre (Ruth), 1970 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland Sans titre, 1970-1973 Collection Swiss Re, Courtesy Kesselhaus

Josephsohn Sans titre, 1999-2001 Courtesy Kesselhaus Josephsohn / Galerie Felix

Lehner, St. Gall, Suisse / Switzerland [ m Toba Khedoori ]

Untitled (Model),1998 Collection Hauser & Wirth, Suisse / Switzerland Untitled (Blocks), 2002 Collection Hauser & Wirth, Suisse / Switzerland [ m Karen Kilimnik ]

Swan Lake, 1992 Ringier Collection, Suisse / Switzerland [ m emma Kunz ]  Ensemble de 12 dessins Sans titre, sans date / Untitled, undated Courtesy Anton C. Meier, Centre Emma Kunz,

Würenlos, Suisse / Switzerland [ m andrew lord ]

Watching, 1998 Courtesy de l’artiste et Donald Young Gallery,

Chicago Biting, 1995-1998 Courtesy de l’artiste et Gladstone Gallery,

New York Smelling, 199�-1998 Courtesy de l’artiste et

Galerie Eva Presenhuber, Zurich Tasting, 199�-1998 Courtesy de l’artiste et

Galerie Eva Presenhuber, Zurich Listening, 199�-1998 Courtesy de l’artiste et

Galerie Eva Presenhuber, Zurich Swallowing, 1999-2007 Courtesy de l’artiste et Gladstone Gallery,

New York Breathing, 199�-1998 Courtesy de l’artiste et Donald Young Gallery,

thiRD miND (thE) thi

Untitled (Good n’ Fruity Madonna), 19�8 Collection Peter R. Stern, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York Untitled (Still Life), 19�8 Collection Kenward Elmslie, Courtesy Tibor

de Nagy Gallery, New York Cinzano, 1972 Courtesy Tibor de Nagy Gallery, New York Untitled (Garden), c. 19�7 Collection Kenward Elmslie, Courtesy Tibor

de Nagy Gallery, New York Madonna, 19�� Courtesy Tibor de Nagy Gallery, New York Untitled (Various Images), 1972 Collection John Brainard, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York Untitled (Flowers), 19�9 Collection John Giorno, New York, Courtesy

Tibor de Nagy Gallery, New York Untitled (Reclining Figure), 1981 Hudson Feature Inc., New York Untitled (Madonna), 19�� Collection Kenward Elmslie, Courtesy Tibor

de Nagy Gallery, New York Self-Portrait, 1971 Collection Peter R. Stern, Courtesy Tibor de

Nagy Gallery, New York Untitled (Madonna), 19�8 Collection John Giorno, New York, Courtesy

Tibor de Nagy Gallery, New York Untitled (Garden), 19�9 Collection particulière / Private collection,

Courtesy Tibor de Nagy Gallery, New York If Nancy Was a Boy, 1972 Collection Kenward Elmslie, Courtesy Tibor

de Nagy Gallery, New York Flowers, 19�9 Collection particulière / Private collection,

Courtesy Tibor de Nagy Gallery, New York [ m Williams s. Burroughs & Brion Gysin ]

The Third Mind, 197� Collection Musée d’Art Moderne de la Ville

de Paris The Third Mind, ca. 19�5 Collection Los Angeles County Museum ; Acquis

avec l’aide de la Hiro Yamagata Foundation [ m Valentin Carron ]

Après De Musset, 200� Collection particulière / Private collection, Zu-

rich, Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich Sans titre, 200� Collection Maja Hoffmann Sans titre, 200� Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich Fosbury Flop, 200�

Collection particulière / Private collection [ m Vija Celmins ]

Night Sky 11, 1995 Collection Fondation Cartier pour l’art contem-

porain, Paris [ m Bruce Conner ]

Blessing Angel, 1975 Collection Ann Hatch, San Francisco Starfinger Angel, 1975 Collection Centre Pompidou, Paris / Musée

national d’art moderne - Centre de création industrielle

Angel Light, 1975 Collection Shirley Ross Davis, San Francisco Kiss Angel, 1975 Courtesy Michael Kohn Gallery, Los Angeles [ m Verne dawson ]

Monday, 2005 Courtesy de l’artiste et Victoria Miro Gallery,

Londres / London Sunday, 2005 Collection John A. Smith et Vicky Hughes Thursday, 2005 Courtesy Gavin Brown’s Entreprise, New York Tuesday, 2005 Courtesy de l’artiste et Victoria Miro Gallery,

Londres / London Wednesday, 2005 Courtesy de l’artiste et Victoria Miro Gallery,

Londres / London Friday, 2005 Collection Nunzia et Vittorio Gaddi,

Lucca, Italie Saturday, 2005 Collection Maja Hoffmann [ m Jay de Feo ]  Hawk Moon n°1, 1983-1985 Collection Estate of Jay De Feo, New York Hawk Moon n°2, 1983-1985 Collection Estate of Jay De Feo, New York [ m Trisha donnelly ] Dark Wind, 2002 Courtesy de l’artiste / of the artist & Casey

Kaplan, New York [ m Urs Fischer ]

Madame Fisscher, 1999-2000 Collection Hauser & Wirth, Suisse / Switzerland [ m Bruno Gironcoli ]

Sans titre, 2003 Collection Gironcoli Museum, Herberstein,

Autriche / Austria Sans titre, 2001-2002 Collection Gironcoli Museum, Herberstein,

Autriche / Austria Sans titre, 2003

thiRD miND (thE)thi

Page 176: Yodel Volume1

204 205

Urine Drinker, 1994 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich Purple and No Face on Someone, 199� Collection Alberto Borasio, Valenza, Courtesy

Galerie Eva Presenhuber, Zurich Real Fur Hat, 1995 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich

thoenen, nik (re-p.org)[f ] m Graphiste. A étudié le design graphique à

l’école de design de Biel en Suisse, avant de fon-der re-p.org avec Maia Gusberti. re-p.org est un collectif pluridisciplinaire basé à Vienne, actif dans les champs de l’art et du design. Le col-lectif a conçu de nombreux livres et magazines, principalement pour des institutions culturelles, mais également dans le domaine des sciences et de l’architecture. Avec Mika Mischler, ils diri-gent par ailleurs la fonderie binnenland.ch et ont adapté le caractère typographique [ m Helvetica ] pour la nouvelle identité visuelle du Palais de Tokyo.

[e ] m A graphic designer. Studied Graphic Design at the College of Design in Biel, Switzerland, before founding re-p.org in 1999 together with Maia Gusberti. re-p.org is a multi-disciplinary art and design partnership based in Vienna. They have designed numerous books and maga-zines, primarily for cultural institutions, but as well in the fields of science and architecture. Together with Mika Mischler they operate the fontlabel binnenland.ch and adapted the type-face [ m Helvetica ] for the new Palais de Tokyo corporate design.

thrace (l’empire de)The Empire of Thrace[f ] m Fondé le 23 août 1992 et situé dans l’ac-

tuelle Bulgarie, à l’est des Balkans. L’Empire de Thrace tire son histoire nationale de l’histoire d’une région qui a connu de nombreux conflits territoriaux au cours des siècles. Deux langues y sont parlées – l’anglais et le bulgare –, et la langue officielle, le thrace, n’est utilisée que dans la correspondance avec les pays étran-gers. Cette micronation, qui regroupe environ 90 ressortissants – dont la plupart ont acquis leur nationalité en ligne –, est une monarchie

constitutionnelle disposant de forces armées (terre-air-mer) qui ont renoncé à toute forme de guerre en vertu de l’article III de la Constitu-tion du peuple thrace. Depuis l’abdication de l’empereur Ivan, le sort de la Thrace est entre les mains de la noblesse restante, du baron Robert von Lothringen (Premier ministre) et de la baronne Diane (ministre des Affaires étran-gères et de l’Immigration). [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ][e ] m Founded on August 23, 1992 and is situated

in modern Bulgaria in the eastern Balkan mountain range. The Empire of Thrace draws its national history from a localized regional history that concerns many rich geographic disputes and spans several epochs. Thracian is the official language and is used only in foreign correspondence—Bulgarian and English are spoken as the common language in the region. Although principally a micronation of online constituents numbering between 85 and 90 citizens, Thrace, as a constitutional monar-chy, has a three-part armed forces. However, according to Article III of its constitution and by consensus of its people, Thrace opposes all forms of war and officially renounces it. Now abdicated, former Emperor Ivan has left Thrace to the remaining nobility, Prime Minister Baron Robert von Lothringen and Foreign Affairs / Immigration Minister Baroness Diana. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

thurman, blair[m 3, fig. #42 ][f ] m *19�1, vit à New York. Le travail de Blair

Thurman investit l’iconographie populaire, la culture de masse et diverses situations de l’univers du circuit automobile selon des aspects spectaculaires, ludiques, topologiques, etc. Il se penche également sur les « créations » de l’homme, telles les routes, la voiture et la rue qui deviennent partie intégrante de la « na-ture ». Ces signes réinjectés dans le domaine pictural réactivent des pratiques traditionnel-les et historiques, du monochrome au shaped canvas en passant par le néon, les installations et la signalétique. [ m BasTard CreaTUre ]

[e ] m *19�1, lives in New York. Blair Thurman explores popular iconography, mass culture and various situations related to the automobile circuit, looking at its spectacular or topological aspects. He also turns his attention to man’s “creations”, such as roads, cars and streets, which become an integral part of “nature”. These signs re-injected into the pictorial field

thuRmAN thu

Chicago [ m sarah lucas ]

Car Park, 1997 Courtesy Sadie Coles HQ, Londres / London [ m Hugo markl ]

Brown Series, 2004 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich [ m Cady noland ]

Untitled (Patty Hearst), 1989 Collection Le Consortium, Dijon Lincoln Years, 1990 Collection particulière / Private collection,

Suisse / Switzerland Sans titre, 1989 Collection particulière / Private collection,

Suisse / Switzerland Booth - The Big Plunge, 1990 Collection S.M.A.K. (Stedelijk Museum vor

Actuele Kunst), Gand Spaghetti Cowboy, 1990 Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam Trashing Folgers, 1993-1994 Collection Frac Nord-Pas de Calais, Dunkerque Oozewald, 1989 Courtesy Museum of Contemporary Art

Antwerp (MuHKA), Anvers Betty Ford, Sans date / Undated Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam Eat yer fuckin face off!, Sans date / Undated Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam Untitled, 1994 Collection Ringier, Suisse / Switzerland Sans titre, 1989 Collection particulière / Private collection,

New York Sans titre, 1989 Collection particulière / Private collection,

New York William Randolph Hearst, Sans date / Undated Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam Manson Girls ‘Sit-In’ Cut-Out, 1993-1994 Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam SLA Group shot #3, 1990 Collection Museum Boijmans Van Beuningen,

Rotterdam [ m laurie Parsons ] Troubled, 1989 Collection Le Consortium, Dijon [ m Jean-frederic schnyder ]

Wartesäle, 1988-1990

Collection Friedrich Christian Flick, Berlin [ m Paul Thek ]

Sans titre, 19�5 Collection Fondazione Sandretto Re

Rebaudengo, Turin L-Column, 19�5-19�� Caldic Collectie, Rotterdam Sans titre, 19�� Collection [mac], Musée d’art contemporain

de Marseille [ m andy Warhol ] Screen Tests, 19�4-19�� Collection The Andy Warhol Museum, Pittsburg Contribution The Andy Warhol Foundation for

Visual Arts, Inc. [ m rebecca Warren ]

She-Valerie, 2003 Courtesy The Saatchi Gallery et Maureen Paley

Gallery, Londres / London She-Homage to R. Crumb, My Father, 2003 Courtesy The Saatchi Gallery et Maureen Paley

Gallery, Londres / London She-South Kent, 2003 Courtesy The Saatchi Gallery et Maureen Paley

Gallery, Londres / London She-N° 6, 2003 Courtesy The Saatchi Gallery et Maureen Paley

Gallery, Londres / London She-Sans titre, 2003 Courtesy The Saatchi Gallery et Maureen Paley

Gallery, Londres / London [ m sue Williams ]

Neglige, 1995 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich Sans titre, 1994 Collection particulière / Private collection Muzzle, World, 1995 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich $50.00, 1993 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich Shoes, 1994 Collection particulière / Private collection,

New York, Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich

Hello, 1994 Collection particulière / Private collection,

New York Sun Bathers, 1994 Collection particulière / Private collection,

Trento, Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich

3 Legged Stool #2, 1999 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich 2 Women at Work, 1994 Courtesy Galerie Eva Presenhuber, Zurich

thiRD miND (thE)thi

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20� 207

transnationale (la république)Transnational Republic [f ] m Micronation non-territoriale. Parce qu’el-

le a bien compris la nécessité d’une représen-tation internationale, la République Transna-tionale a pris pour modèle la société planétaire plutôt que l’entité nationale. Non territoriale, elle n’exclut aucune race et aucune nationalité

: chacun peut prétendre en devenir citoyen. Selon les termes de sa constitution, l’argent est considéré comme le quatrième pouvoir dans la structure de la République Transnationale, en plus des trois pouvoirs classiques que sont le judiciaire, l’exécutif et le législatif. Ce système économique particulier, appelé Payola, s’appuie sur des fonds européens. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

[e ] m A non-territorial micronation. Realizing the need for global representation, the Transna-tional Republic is a micronation that models itself not on the idea of a nation, but rather on a trans-global corporation state entity. It is non-territorial and does not exclude any race or nationality from citizenship. According to its constitution, legislation is overseen by an exec-utive decision-making committee and judicial branches of government. Its specific economic system is referred to as Payola and is backed by Euro reserve funds. Its primary goal is to marry globalization with democracy through economics. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même

tronçonneuse (concours internationalde sculpture à la)International Competition of Chainsaw Sculpture[f ] m Organisé le 13 septembre 200� au Palais

de Tokyo, à l’occasion du vernissage de [ m Cinq milliards d’années ]. Jury présidé par [ m Gianni motti ] et composé de Stéphane Demarthes, [ m daniel dewar ], [ m Grégory Gicquel ], Armelle Leturcq, Monsieur Meff, et Jean-François Stévenin. Palmarès : 1er prix Jiri Kovanic, République Tchèque ; 2 e prix Svein Tore Kleppen, Norvège ; 3 e prix Juri Ojaver, Estonie ; 4e prix ex aequo David Dauphin, France & Jozsef Toth, Hongrie. Autres concur-rents : Julien Colboc, France ; Juraf Cutek, Slovaquie ; Joël Fagny, Belgique ; Louis Lavoie, Canada ; Pascal Margot, Suisse ; Thierry Paquet,

trotRouvé

France ; Jacek Stochnialek, Pologne ; Markku Tuominen, Finlande.

[e ] m Organized at the Palais de Tokyo on 13 September 200� on the opening of FivE

BillioN YEARS [ m Cinq milliards d’années ]. Jury presided by [ m Gianni motti ] and composed of Stéphane Demarthes, [ m daniel dewar ], [ m Grégory Gicquel ], Armelle Leturcq, Mr. Meff, Jean-François Stévenin. Winners: 1st prize Jiri Kovanic, Czech Republic; 2nd prize Svein Tore Kleppen, Norway; 3rd prize Juri Ojaver, Estonia; 4th prize ex-aequo David Dauphin, France & Jozsef Toth, Hungary. Other competitors: Julien Colboc, France; Juraf Cutek, Slovakia; Joël Fagny, Belgium; Louis Lavoie, Canada; Pascal Margot, Switzerland; Thierry Paquet, France; Jacek Stochnialek, Poland; Markku Tuominen, Finland.

trouvé, tatiana[m 2, fig. #25 – #27 ; 5, fig. #71 ][f ] m *19�8, vit à Paris. La constitution d’un

espace qui soit propre au développement de phénomènes psychiques, à leur déploiement dans le temps, est au cœur du travail de Tatiana Trouvé, depuis la création du Bureau d’Activités Implicites en 1997 (B.A.I.). Le B.A.I. est composé de Modules et de Polders. Les pre-miers sont des lieux de travail et de concentra-tion dont on ne sait précisément si la fonction consiste à recenser ou à produire des pensées ou les traces de l’activité de l’artiste, comme si la genèse de l’œuvre en constituait également l’horizon. Les seconds sont des espaces en réduction, énigmatiques, parce que composés d’éléments faisant référence à des univers hétéroclites : leurs changements d’échelles s’ac-compagnent systématiquement de la redéfini-tion d’une logique d’espace portant l’empreinte d’une expérience rêvée. Tatiana Trouvé a reçu le prix Marcel Duchamp en 2007.

[ m doUBle Bind ][e ] m *19�8, lives in Paris. Constituting spaces

conducive to the development of psychologi-cal phenomena and their deployment in time has been central to the work of Tatiana Trouvé ever since she created the Bureau d’Activités Implicites (B.A.I.) [Office of Implicit Activities] in 1997. The B.A.I. is composed of Modules and Polders. The former are places of work and concentration: we do not quite know if their function is to identify or produce thoughts, or if they contain the traces of the artist’s activ-ity, as if the genesis of the work also consti-tuted its horizon. The latter are reduced-size

reactivate traditional and historical practices, from monochrome to the shaped canvas by way of neon, installations and signage. [ m BasTard 

CreaTUre ]

tok tok [f ] m Programme d’activités du Palais de Tokyo

pour les enfants de 3 à 10 ans. [ m Cracratré-nouille ] [ m mortadello Cox rider ] [ m Petit-pateur ] [ m Plastoque Clink ] [ m Pourtissure (Bataille de) ]

[e ] m The Palais de Tokyo’s program of activities for children between 3 and 10 years of age.

  [ m Cracratrénouille ] [ m mortadello Cox rider ]

  [ m Petitpateur ] [ m Plastoque Clink ]

  [ m Pourtissure (Bataille de) ]

tok tok etik [f ] m Programme éducatif du Palais de Tokyo à

destination des enfants du Pavillon de l’enfant et de l’adolescent du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (Paris).

[e ] m An educational program run by the Palais de Tokyo intended for the children of the Child and Adolescent Pavilion of the Pitié-Salpêtrière hospital group (Paris).

tokyo eat[f ] m Restaurant du Palais de Tokyo[e ] m Restaurant of the Palais de Tokyo

tokyoFeel [f ] m Programme d’activités du Palais de Tokyo

à destination des personnes en situation de handicap visuel et de tous ceux qui souhaitent découvrir l’art par d’autres sens.

[e ] m The Palais de Tokyo’s program of activities intended for visually impaired people and all those who wish to discover art through other senses.

tour de France [ m Vayer, antoine ] [ m dopage ] [ m Chapoulie, 

Jean-marc ] [ m les jeudis de Cinq milliards 

d’années ]

m Concours international de sculpture à la tronçonneuse / International competition of chainsaw sculpture

m Tatiana Trouvé, vue de l’exposition Double Bind / view of the exhibition Double Bind

tok toktok

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208 209space, a model.” The artist filled the space of the Module with a structure assembled entirely from the refuse of past exhibitions. This ‘reno-vation’ of the room was realized with discarded materials, the form determined by the contents of the Palais de Tokyo’s storage. Tuazon drawn attention to the exhibition space as a potential place to live, and simultaneously underscored the impossibility of realizing a living space as an exhibition.

m Tuning

tuning [ m Chopper ] [ m dewar daniel & Gicquel 

Grégory ] [ m raphaël siboni ] [ m stéphane Vigny ]

m Mike Tyson contre/vs. François Botha, Las Vegas, 1�/01/1999

tyson, mike[f ] m * 19�� à Brooklyn (Etats-Unis). Boxeur

professionnel afro-américain, le plus jeune champion du Monde des poids lourds à l’âge de 20 ans. [ m Furtivité ] [ m voir encadré p.208 ]

[e ] m * 19�� in Brooklyn (United States). Afro-American professional boxer, the youngest ever world heavyweight champion at the age of 20.[ m Furtivité ] [ m see box p. 209 ]

Mike Tyson~~~

[e ] m Direcltly he appeared in the ring and above all on the television screens that relayed his fights, Mike Tyson caused a sensation. A seem-ingly invulnerable boxer, his KOs seemed to come from somewhere else, his lightning blows defying his opponents’ capacity to react as well as the eyes of his supporters. So quick that he became furtive, so brutal that he became photogenic, Tyson was a fighter of the invisible. Even in slow motion there does not seem to be any intermedi-ate stage between the start of the attack and the fist that crashes into his adversary, flooring him like a dead weight. Neither the spectator nor the challenger saw the blow in its entirety, followed its trajectory, became aware of its duration.

A model of paradoxical visibility, a textbook example of an economy where the missing image results in the hyper-spectacularity of the event, Tyson is a monster. Moreover, between the dazzling nature of the sporting exploits and the omnipresence of the images, between the furtive and the iconic, the contradiction would turn out to be too powerful, and end up in a horror film. As the fights and the items of gossip went on, Tyson moved away from the modernist model of the invincible knight; crushing everything as he passed, guilty of rape, a cannibal tearing off the ear of the boxer who stood up to him, we see him determined to show the whole planet that he is not a human being. He finally slides over the surface of reality without being able either to pin it down, transfix it. Thus the fascination exerted by Mike Tyson comes from what he embodies, for better and for worse, this equally contradictory and effective combination of the furtive and the photogenic. Viewed like this, not only does he constitute an extraordinary phenomenon in the history of box-ing; he also offers a key to understanding a whole side of the art of today. Plunging their view-ers into uncertainty and schizophrenia, artists too are working at the frontiers of the visible. They operate in full view of everybody, but their “blows” remain beyond our grasp, in a ceaseless mobility that renders their actions both imper-ceptible and spectacular.

~~~

tystYSoN

Mike Tyson~~~

[f ] m Dès qu’il est apparu sur les rings et, surtout, sur les téléviseurs diffusant ses combats, Mike Tyson a fait sensation. Boxeur apparemment invulnérable, ses K.O. semblaient venir d’ailleurs, ses coups foudroyants défiant la capacité de réaction de ses opposants autant que celle de l’œil de ses fans. Si rapide qu’il devient furtif, si brutal qu’il devient photogé-nique, Tyson est un combattant de l’invisible. Même au ralenti, il ne semble pas y avoir d’étape intermédiaire entre l’amorce de l’attaque et le poing qui s’écrase sur l’adversaire, le jetant à terre comme un poids mort. Ni le spectateur, ni le challenger n’a vu le coup dans son ensemble, n’a perçu sa trajectoire, pris conscience de son temps.

Modèle de visibilité paradoxale, exemplaire d’une économie où l’image manquante débouche sur une hyper-spectacularité de l’événement, Tyson est un monstre. D’ailleurs, entre la fulgur-ance des exploits sportifs et l’omniprésence des images, entre le furtif et l’iconique, la contradic-tion va s’avérer trop forte et déboucher sur le film d’épouvante. Au fil des combats et des faits divers, Tyson s’éloigne du modèle moderniste du chevalier invincible ; écrasant tout sur son passage, coupable de viol, cannibale arrachant l’oreille du boxeur qui lui résiste, le voilà décidé à montrer à la planète entière qu’il n’est pas un humain. Il glisse finalement sur la surface du réel sans pouvoir ni le fixer, ni le transpercer. La fascination exercée par Mike Tyson vient ainsi de ce qu’il incarne, pour le meilleur et pour le pire, cette combinaison aussi contradic-toire qu’efficace de furtivité et de photogénie. À ce titre, il ne constitue pas seulement un phénomène extraordinaire dans l’histoire de la boxe ; il offre également une clé de lecture à un pan entier de l’art d’aujourd’hui. Plongeant leur spectateur dans l’incertitude et la schizophrénie, les artistes travaillent eux aussi aux frontières du visible. Ils opèrent à la vue de tous mais leurs « coups » restent hors de notre saisie, dans une mobilité incessante qui rend leurs actions à la fois imperceptibles et spectaculaires.

~~~

spaces, enigmatic because they are composed of elements referring to heterogeneous universes: their changes in scale are systematically accom-panied by the redefinition of a logic of space bearing all the marks of an oneiric experience. Tatiana Trouvé was the winner of the Marcel Duchamp prize in 2007.

[ m doUBle Bind ]

tuaZon, oscar[m 6, fig. #95 ][f ] m *1975, vit à Paris. À travers la réalisation

de sculptures, de photographies ou l’écriture, Oscar Tuazon explore l’architecture comme élément à habiter et non comme une pratique de design. Utilisant des matériaux recyclés ou trouvés, qu’il associe à un procédé de maquette architecturale à grande échelle, Oscar Tuazon travaille actuellement sur un projet de maison à Kodiak en Alaska.

  [ m modUle ] hors-les-murs  09/11/2007

– 02/12/2007. Where I lived, and what I lived for . Oscar Tuazon proposait une tentative d’aménagement : « Prenez un espace vide, investissez-le, faites comme si vous viviez là. Vivez-y. Utilisez tout ce qui est là. À chaque instant, insistez avec obstination sur l’économie de moyen ; n’utilisez que ce qui est disponible gratuitement. La charpente d’une maison, la suggestion minimum d’un espace de vie : une maquette. » L’artiste a occupé l’espace du Module en créant une structure faite de rebuts d’expositions passées. L’espace ont été « rénové

» à partir de matériaux abandonnés; comme une forme déterminée par le contenu des stockages du Palais de Tokyo. Il attirait l’attention sur l’espace d’exposition comme potentiel espace de vie et soulignait ainsi simultanément l’im-possibilité de créer un lieu de vie à exposer.

[e ] m *1975, lives in Paris. Through sculpture, photographs, and writing, Oscar Tuazon ex-plores architecture as a product of inhabitation rather than of design. Using recycled and found materials coupled with a process of architec-tural modelling in full scale, Oscar Tuazon is currently working on a house in Kodiak, Alaska.

extra-muros [ m modUle ] 09/11/2007

– 02/12/2007. Where I lived, and what I lived for . Oscar Tuazon occupied the place with an attempt of remodelling the space: “Take an empty space, move in, treat it like you live there. Live there. Use whatever’s there. Stub-bornly insist on a rigorous economy of means in every instance; only use it if it’s free. A shell of a house, the barest suggestion of a living   /…

tua tuAZoN

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210 211[e ] m To coincide with the exhibition at the

Château de Tokyo, the Centre international d’art et de paysage (CIAP) de l’île de Vassiv-ière and its director Chiara Parisi hosted the Palais de Tokyo’s first Summer School on 1 and 2 September 2007. The program for these two days of meetings bringing together art critics, artists, journalists, and exhibition and museum curators included: round tables and debates reviewing the major exhibitions of 2007 and of 2008, a visit of the Château and of the CIAP, a banquet round the fire in the courtyard of the château on the island, a wild evening with the Paris-Paris version “Vassivière-Vassivière”… Those joining us for this first session were: [ m renaud auguste-dormeuil ], Colette Barbier (Fondation Ricard), Frédéric Burgada (Cosmic Galerie), Yann Chevallier (Le Confort Moderne), Olivier Chupin (FRAC Poitou-Charentes), Flor-ence Derieux (école du Magasin), deValence (Alexandre Dimos et Gaël étienne), Marta Gili (Jeu de Paume), Patrice Joly (Zérodeux), Char-lotte Laubard (CAPC), Laurent Le Bon (Centre Pompidou), Emmanuelle Lequeux (Le Monde / Beaux-Arts magazine), Edouard Levé, Jean de Loisy (Centre Pompidou), Olivier Michelon (Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart), Yannick Miloux (FRAC Lim-ousin), Claudine Papillon, Naia Sore (le 104), Morgane Tschiember, élisabeth Wetterwald (école supérieur d’art de Clermont), the direc-tor of Centre d’art contemporain de Meymac, Chi Chi Menendez and François Audiffré (La Clique), Marco Dos Santos (Paris-Paris artistic director)… as well as a strong delegation from the Palais du Tokyo, headed by its director [ m marc-olivier Wahler ].

uniuNivERSité D’été

uunivers-blocBlock-universe [ m voir p. a-7 / see p. a-15 ]

m Université d’été du Palais de Tokyo / Palais de Tokyo summer school

université d’été Summer School[f ] m En marge du Château de Tokyo, le Centre in-

ternational d’art et de paysage (CIAP) de l’île de Vassivière et sa directrice Chiara Parisi ont ac-cueilli la première Université d’été du Palais de Tokyo les 1er et 2 septembre 2007. Au programme de ces deux jours de rencontres réunissant critiques d’art, artistes, journalistes, curateurs et conservateurs : tables rondes et débats pour un tour d’horizon des grandes expositions passées et à venir, visite du Château et du CIAP expo-sitions, banquet autour du feu dans la cour du château de l’île, soirée effrénée avec le Paris-Pa-ris version « Vassivière-Vassivière »… Furent du voyage pour cette première session : [ m renaud auguste-dormeuil ], Colette Barbier (Fondation Ricard), Frédéric Burgada (Cosmic Galerie), Yann Chevallier (Le Confort Moderne), Olivier Chupin (FRAC Poitou-Charentes), Florence Derieux (école du Magasin), deValence (Alexandre Dimos et Gaël étienne), Marta Gili (Jeu de Paume), Pa-trice Joly (Zérodeux), Charlotte Laubard (CAPC), Laurent Le Bon (Centre Pompidou), Emmanuelle Lequeux (Le Monde / Beaux-Arts magazine), Edouard Levé, Jean de Loisy (Centre Pompidou), Olivier Michelon (Musée départemental d’art contemporain de Rochechouart), Yannick Miloux (FRAC Limousin), Claudine Papillon, Naia Sore (le 104), Morgane Tschiember, élisabeth Wetterwald (école supérieur d’art de Clermont), la directrice du Centre d’art contemporain de Meymac, le Conseiller aux arts plastiques du Limousin, Chi Chi Menendez et François Audiffré (La Clique), Marco Dos Santos (directeur artistique du Paris-Paris)… ainsi qu’une forte délégation du Palais du Tokyo, son directeur [ m marc-olivier Wahler ] en tête.

uNivERS-Blocuni

Page 180: Yodel Volume1

212 213[e ] m Lonnie van Brummelen: *19�9, Siebren de

Haan: *19��, live in Amsterdam. The Dutch artistic duo Lonnie van Brummelen and Sie-bren de Haan use photography, writing, film and installations to explore political ques-tions, ranging from the status of the artist to the economic consequences experienced by a country joining the European Union. They also carry out curatorial work. The artists consistently raise political questions about the institutionalisation, particularly of art, thereby linking ethics and aesthetics.

[ m modUle ] 03/05/2007 – 03/0�/2007. For their ambitious project Monument en sucre [Monument of Sugar], the artists have travelled from Poland to Nigeria researching the cost of sugar in the world. Intrigued by the derisory price of European sugar outside Europe, they decided to reverse the flow of sugar by buying the European excess cheaply in Nigeria and shipping it back to Europe. The result of this expedition, Monument en sucre is shown with a 1� mm film, sculptures made of sugar and a publication that follow the whole process of making the works.

m Œuvres / works Fortified Nigerian Sugars, weakened by sec-

ond rainy season and overseas transportation, 200�/2007

144 morceaux de sucre / 144 sugar blocks Courtesy des artistes / of the artists European Benchmark, 200� /2007 1�0 morceaux de sucre / 1�0 sugar blocks Courtesy des artistes / of the artists Monument of Sugar, how to use artistic means

to elude trade barriers, 200� /2007 Film 1�mm / 1�mm movie, �3 min. Courtesy des artistes / of the artists

vayer, antoine[f ] m Professeur d’EPS à Laval, ancien entraîneur

de l’équipe Festina (1995 – 98), responsable d’Alternativ, cellule de recherche sur la perfor-mance, chroniqueur du Tour de France pour Libération. [ m les jeudis de Cinq milliards 

d’annees ] [ m dopage ] [ m Tour de France ][e ] m A post-secondary education teacher at

Laval, former trainer of the Festina team (1995

– 98), in charge of Alternativ, a research unit looking into performance, writes about the Tour de France for Libération. [ m les jeudis de Cinq milliards d’annees ] [ m dopage ]  [ m Tour de France ]

veneZiano, gabriele[f ] m Physicien italien. Co-inventeur de la

[ m théorie des cordes ], Gabriele Veneziano est actuellement professeur à la division de physi-que théorique du CERN depuis 197�. Membre de l’Accademia dei Lincei, de l’Accademia delle Scienze et de l’Académie des sciences avec le statut d’associé étranger. Il a obtenu le prix Po-meranchuk en 1999, le prix Dannie Heinemann de l’American Physical Society en 2004 et le prix Enrico Fermi de la Società Italiana di Fisica [Société italienne de physique]. Il est aussi le lauréat 200� de la prestigieuse Médaille Albert Einstein délivrée par la Société Albert Einstein et en 2007 de la Médaille Oskar Klein. [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ]  [ m Hauviller, Claude ] [ m merlo, Jean-Pierre ]

[e ] m An Italian physicist. The co-inventor of the string theory [ m théorie des cordes ], Gabriele Veneziano is currently a professor in the theo-retical physics division of CERN, where he has been since 197�. A member of the Accademia dei Lincei, the Accademia delle Scienze and the Académie des sciences, with the status of foreign associate. He was awarded the Pomeran-chuk Prize in 1999, the Dannie Heinemann Prize by the American Physical Society in 2004, and the Enrico Fermi Prize by the Società Italiana di Fisica [Italian Society of Physics]. He is also the 200� winner of the prestigious Albert Einstein Medal awarded by the Albert Einstein Society, and in 2007 won the Oskar Klein Medal. [ m les jeudis de Cinq milliards d’années ] [ m Hau-viller, Claude ] [ m merlo, Jean-Pierre ]

vie artiFicielleArtificial life[f ] m Formes de vie générées par des algorith-

mes. Le concept remonte à Alan Turing et aux premiers ordinateurs. [ m les jeudis ] [ m Claude lattaud ]

[e ] m Forms of life generated by algorithms. The concept goes back to Alan Turing and the first calculators.[ m les jeudis ] [ m Claude lattaud ]

vigny, stéphane[m 6, fig. #80 ][f ] m *1977, vit en Haute-Savoie. Avec une grande

maîtrise, Stéphane Vigny croise héritage mini-maliste, influence kitsch et objets populaires pour produire des œuvres anodines et subversi-ves. Bricoleurs du dimanche, esthètes de la déco cheap et clinquante ou adeptes de la custo-misation automobile semblent être les figures d’inspiration de l’artiste. Humour et gravité sont

vigviGNY

vvaldeZ, eliZabeth[f ] m Vit à New York. Pour créer ses toiles, Eliza-

beth Valdez utilise souvent la cire et la pein-ture sur tissu. Ce mélange de matériaux met en marche une oscillation entre le beau et le vulgaire en se référant à la fois à l’abstraction de formes expressionnistes et à la violence d’un sadomasochisme inquiétant.

Elizabeth Valdez a participé à l’exposition Leviathan Under Moon’s Influence (Champion Fine Arts, New York, 2004), organisée par [ m steven Parrino]. [ m BasTard CreaTUre]

[e ] m Lives in New York. To create her pictures, Elizabeth Valdez often uses wax and paint on fabric. This mixture of materials sets in motion an oscillation between the beautiful and the vulgar by referring both to the abstraction of Expressionist forms and the violence of a disturbing sadomasochism.

Elizabeth Valdez took part in the exhibition Leviathan Under Moon’s Influence (Champion Fine Arts, New York, 2004), curated by [ m steven Parrino]. [ m BasTard CreaTUre]

van brummelen, lonnie & de haan, siebren[m 6, fig. #90 ][f ] m Lonnie van Brummelen : *19�9, Siebren

de Haan : *19��, vivent à Amsterdam. Le duo d’artistes néerlandais Lonnie van Brummelen et Siebren de Haan s’intéresse par divers biais formels à des questions d’ordre politique, allant du statut de l’artiste aux conséquences économiques du ralliement d’un pays à l’Union européenne. Leurs travaux touchent aussi bien à la photographie, à l’écriture, au film qu’aux installations ; ils opèrent également un travail de commissaire d’exposition. Engagés, les ar-tistes se posent de manière récurrente la ques-tion de l’institutionnalisation, celle de l’art en particulier, reliant ainsi éthique et esthétique.

[ m modUle ] 03/05/2007 – 03/0�/2007. Pour le projet Monument en sucre , les artistes ont voyagé de la Pologne au Nigeria pour enquêter sur le coût du sucre dans le monde. Intrigués par le prix dérisoire du sucre européen en dehors de l’Europe, ils ont alors décidé de renverser les flux commerciaux en achetant à prix faible au Nigeria l’excédent européen de sucre pour l’importer de nouveau en Europe. Le résultat de cette véritable expédition est montré sous la forme d’un film 1� mm, de sculptures en sucre et d’une publication retraçant tout le processus de réalisation des œuvres.

val vAlDEZ

Page 181: Yodel Volume1

214 215Se référant souvent à la culture du death metal, il réactive divers récits de violence ou d’extrémisme. Ses installations investissent le côté sombre de la culture américaine dans un vocabulaire allant des grandes formes de l’art jusqu’à une sensibilité proche du gothique kitsch. [ m BasTard CreaTUre ]

[e ] m *1973, lives in New York. Banks Violette describes a complex social landscape to us through sculpture, drawing and mural painting. Often referring to the death-metal culture, he reactivates various stories of violence or extremism. His installations explore the dark side of American culture in a vocabulary rang-ing from the great forms of art to a sensibility close to kitsch Gothic. [ m BasTard CreaTUre ]

vision-FenêtreWindow vision[f ] m [ m voir encadré p.215 ] [ m art minimal ]

[ m Furtivité ] [ m mutants ]

[e ] m [ m see box p. 21� ] [ m Furtivité ]

m Kris Vleeschouwer, Glassworks II, 200�

vleeschouWer, kris[f ] m *1972, vit à Anvers et à Berlin. Bricoleur

astucieux et adepte de l’interactivité, le jeune artiste belge, Kris Vleeschouwer, invente des installations ludiques et souvent spectaculaires qui tentent régulièrement de piéger le spec-tateur. Manipulant, à l’aide d’ordinateurs, des objets de notre quotidien et parfois dans dif-férents lieux simultanément, l’artiste parvient à créer des situations incongrues et absurdes, des petits actes terroristes sans gravité.

Dans [ m Une seConde Une année ], a été présentée l’œuvre Glass Work 1, une étagère de type industrielle sur laquelle étaient posées plusieurs dizaines de bouteilles en verre. Plusieurs fois par jour, à intervalles irréguliers,

Vision-fenêtre~~~

[f ] m Pendant plusieurs siècles, l’appréhension d’une œuvre d’art, quelle qu’elle soit, était fonc-tion d’un ensemble de conditions spécifiques : composition, cadre puis accrochage étaient autant de paramètres clôturant l’expérience de l’œuvre et lui assignant un lieu précis. Cette « vision-fenêtre » imposait au spectateur de se concentrer sur des images considérées pour elles-mêmes, mais demeurant isolées les unes des autres ; manière de délimiter et de justifier réciproquement la place et l’« autonomie » de l’un et de l’autre.

Le XXe siècle a multiplié les coups de boutoir contre ce système de contraintes et de restric-tions. Décisif en la matière, l’art minimal, en proposant des objets volontairement insig-nifiants, les posait comme autant d’éléments transitifs permettant à la perception de glisser dans l’espace. Alors que l’accrochage pétersbour-geois demandait au visiteur de se concentrer tour à tour sur une série de cadres, l’art minimal fait déraper la « vision-fenêtre » ; l’artefact, le lieu, la lumière, et le visiteur lui-même sont désormais comme une globalité, fondant les uns avec les autres autant de relations, voire de conditions concomitantes. L’expérience de l’exposition devi-ent une dynamique du regard et de l’esprit, dans un espace à traverser et à activer sur un plan physique aussi bien qu’intellectuel et mental, voire pataphysique. La mise en glisse ne s’arrête pas là : les artistes décomposent leurs gestes et décadrent leurs pratiques, désormais mutantes et furtives, et la relation linéaire sur laquelle restait bloquée la vision-fenêtre est dépassée par l’éclatement des interprétations et l’infinité des univers possibles auxquels elles renvoient.

~~~

  /…

vlEESchouwER vle

les piliers de cette pratique de l’hybridation où les objets semblent appartenir à la classe des objets artistiquement modifiés (O.A.M.)

[ m modUle ] 07/12/200� – 03/01/2007. Pour son exposition Mécanique populaire, Stéphane Vigny a réuni un clapier à lapins, soumis à un « tuning » minimal, une perceuse électrique transformée en corde à sauter et une paire de baskets ravalée au rang de bibelot kitsch. Chaque œuvre est le produit d’une alliance contre nature, une sculpture à la fonctionnalité biaisée et à la dynamique paradoxale.

[e ] m *1977, lives in Haute-Savoie. Stéphane Vigny uses great virtuosity in intermingling the Minimalist heritage, the influence of kitsch and commonplace objects to produce works that are anodyne yet subversive. Sunday do-it-yourselfers, aesthetes of cheap and garish deco-ration or car customisation enthusiasts seem to be the figures who provide the artist with inspiration. Humour and seriousness are the pillars of this practice of hybridization where the objects seem to belong to the classification of the artistically modified objects (AMOs).

[ m modUle ] 07/12/200� – 03/01/2007. For his exhibition Mécanique populaire, Stéphane Vigny brought together a rabbit hutch, sub-jected to minimal “tuning”, an electric drill transformed into a skipping rope and a pair of trainers reduced to the status of a kitsch trin-ket. Each work is the product of an unnatural alliance, a sculpture with skewed functionality and paradoxical dynamics.

m Œuvre / Work Perceuse à sauter, 2004

Perceuse électrique, parpaings / Electric dril, parpens Collection de l’artiste / of the artist (vidéo présentée au Palais de Tokyo / video presented at the Palais de Tokyo)

Pré-alpin postmoderne, 200� Paire de baskets blanches de marque Inesis (pointure 42 + 2), bégonias roses (fleurs inter-changeables selon la saison) / White Inesis trainers (size 42 + 2), pink begonias (flowers can be changed according to season) Collection de l’artiste / of the artist

Clapiers tuning, 2005 Clapiers ciment, peinture, lapins fermiers (nom-bre indéterminé) / Concrete rabbit burrows, paint, rabbits 190 cm x 129 cm x 98 cm Collection de l’artiste / of the artist

vikesland (principauté de)Principality of Vikesland [f ] m Située sans la région du Manitoba au

Canada. Sa Majesté le prince Christophe I er, qui prétend descendre des seigneurs médié-vaux de France et de Louis Riel, le patriote canadien, règne sur le Vikesland. La famille royale compte mettre en place un système de gouvernement capable de s’affranchir un jour de la tutelle canadienne. Riche de 25 habitants, le Vikesland possède sa propre constitution – laquelle interdit tout conflit armé et s’engage à ne jamais imposer les citoyens. Cette dernière clause ne manque pas d’ironie quand on sait que les citoyens en question sont tenus de reverser au gouvernement tous leurs biens per-sonnels. L’avenir économique du pays repose presque exclusivement sur le commerce en ligne. Le roi, sa famille et ses sujets, quoique d’une exquise politesse, ont choisi pour devise « Liberté, égalité, Vigueur » afin de rendre hommage à l’esprit d’aventure des Vikings. Ils partagent la culture et les jours fériés de leur voisin canadien – mais ils jouissent de deux jours fériés supplémentaires : la commémo-ration de leur indépendance, en juillet, et un second Halloween. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ][e ] m Occupies two land areas in the province of

Manitoba, Canada. Vikesland is led by his Royal Majesty Prince Christopher I, who claims a bloodline tracing back to the French Seigneurs and controversial Canadian patriot Louis Reil. The Royal family hopes to establish a system of sustainable government in order to one day peacefully become independent from Canada. With a population of 25, Vikesland has its own constitution, including a bill renouncing war, and a vow to never tax its citizens. Ironically however, all citizens are required to transfer all of their personal property to the government of Vikesland. Future economic plans rely almost exclusively on internet business enterprises. The Royal family and residents have a motto of “Freedom, Equality and Strength,” honoring the adventure of the spirit of Vikings, though they are themselves very mild mannered. They share the same culture and western holidays as neighboring Canada, with the addition of two unique holidays: an Independence Day celebra-tion in July and a second Halloween. [ m éTaTs 

(FaiTes-le VoUs-même) ]

violette, banks[m 3, fig. #43 ][f ] m *1973, vit à New York. Banks Violette

décrit un paysage social complexe à travers la sculpture, le dessin et la peinture murale.

vikESlANDvik

Page 182: Yodel Volume1

21� 217une bouteille tombait de l’étagère et venait se briser sur le sol.

[e ] m *1972, lives in Anvers et à Berlin. A skilful and witty creator of interactions, the young Belgian artist Kris Vleeschouwer invents kinetic installations that can sometimes be spectacular but that consistently seek to trap their viewers. Using computers to manipulate and animate everyday objects, the artist cre-ates absurd and surprising encounters, small terrorist acts without consequence.

The work Glass Work 1 (200�), an industrial shelving unit containing dozens of glass bot-tles, was presented in oNE SEcoND oNE YEAR [ m Une seConde Une année ]. Several times a day, at irregular intervals, a bottle fell from the shelf and shattered on the ground.

von brandenburg, ulla[m 6, fig. #82 ][f ] m *1974, vit à Hambourg. Faisant fréquemment

appel au trompe l’œil, à l’illusion d’optique et au mystère, Ulla von Brandenburg développe une iconographie chorégraphique qui croise psychanalyse, condition sociale et parapsychol-ogie. Ses films mettent en scène des « tableaux vivants » où des groupes de plusieurs person-nes issues de contextes et d’origines variées font corps.

[ m modUle ] 0�/10/200� – 29/10/200�. Around est film muet en noir et blanc, qui joue de manière hypnotique sur les mouvements de freinage et de mutation d’individus placés de manière presque absurde dans un contexte industriel : une mécanique des corps anonymes se met en place avec une troublante régularité.

[e ] m *1974, lives in Hamburg. Ulla von Branden-burg often makes use of trompe l’oeil, optical illusions, and mystery, developing a choreo-graphic iconography that blends psychoanaly-sis, social conditions, and para-psychology. Her films feature “tableaux vivants” in which groups of people from a different contexts and backgrounds create ensembles.

[ m modUle ] 0�/10/200� – 29/10/200�. Around (2005) is a black and white film. In an indus-trial setting, the film proposes a slow but hypnotic mutation: a slowly moving camera scrutinizes a tableau vivant of anonymous bod-ies with alarming regularity.

m Œuvre / Work Around, 2005 Film super 1� mm, super 1� mm film,

2 min. 44 sec. Courtesy Art : Concept, Paris

Window vision~~~

[e ] m For several centuries the apprehension of a work of art, whatever it was, depended on a set of specific conditions: composition, frame, then hanging were all parameters enclosing the experience of the work and assigning it a particular place. That “window vision” forced the viewer to concentrate on images considered for themselves, but remaining isolated from one another; a way of defining the boundaries of the place and the “autonomy” of work and viewer, and justifying them towards one another.

The 20th century has increased the number of assaults on this system of constraints and restrictions. Minimal art, crucial where this is concerned, offered intentionally insignificant objects, and placed them like so many transi-tive elements allowing perception to slide into space. While the close “Petersburg” hanging required visitors to concentrate on a series of pictures in turn, minimal art sends the “window vision” into a skid; the artifact, the place, the light and the visitor now resemble a total entity, founding with one another an equal number of relationships, or even concomitant conditions. The experience of the exhibition becomes a dynamics of the gaze and the mind, in a space to be crossed and activated on a physical as well as an intellectual and mental level, a pataphysical one even. The slippage does not stop there: the artists decompose their gestures and unframe their practices, which are now mutating and furtive, and the linear relationship on which window vision remained locked is overtaken by the explosion of interpretations and the infinity of possible universes they may refer to.

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voN BRANDENBuRGvon

Page 183: Yodel Volume1

218 219

Warhol, andy[m 3, fig. #38 ; 4, fig. #44 ][f ] m 1928 – 1987. Icône de l’art contemporain,

Andy Warhol a intégré au cœur de sa pratique artistique les paradoxes de la société de consommation. Les processus de reproduction, de fétichisme et d’industrialisation alimentent les sérigraphies, les peintures et les films de l’artiste qui pousse à son paroxysme le rapport frontal du spectateur à la seule apparence. Entre 19�4 et 19��, il produit des centaines de Screen Tests, films de trois minutes où les visiteurs de la Factory, familiers, amis, artistes, sont invités à s’asseoir face à la caméra pen-dant la durée d’une bobine et filmés en gros plan : chacun, célèbre ou inconnu, devient à son tour star, élu et cadré par l’objectif de Warhol. Face à la caméra, ces personnages doivent res-ter immobiles, livrant à l’impuissance la mise en scène de leur hypothétique célébrité. Cette accumulation de personnalités transforme l’identité et la subjectivité en images anonymes et infinies, comme autant d’objets trouvés, véri-table matière brute d’une culture médiatisée. On y reconnaît, entre autres, Edi Sedgwick, Su-san Sontag, Nico, [ m John Giorno ], Jonas Mekas, Gérard Malanga, Jack Smith, [ m Paul Thek ], Lou Reed et [ m marcel duchamp ]. Les Screen Tests furent présentés dans [ m THe THird mind ]. Une série de Electrics Chairs a été présentée par ailleurs dans [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. Appartenant à l’ensemble plus large des Disaster Series, les sérigraphies Electric Chairs neutralisent cette image symbole de l’Amérique qu’est la chaise électrique au même titre que le Coca-Cola ou Marilyn Monroe.

[e ] m 1928 – 1987. A contemporary art icon, Andy Warhol made the paradoxes of the consumer society a central and integral part of his artistic practice. The processes of reproduc-tion, fetishism and industrialisation feed the screenprints, paintings and films of this artist who pushes the frontal relationship of the viewer to mere appearance to the ultimate. Pop Art under the aegis of Andy Warhol took a both glamorous and iconoclastic turn.

Between 19�4 and 19��, he produced hundreds of Screen Tests, three-minute films in which visitors to the Factory, family members, friends, artists, were invited to sit down in front of the camera for as long as the spool of film lasted, and were filmed motionless in close-up: each of them, whether famous or unknown, in turn became a star, chosen and framed by Warhol’s lens. In front of the camera, they are asked to

remain motionless, making the staging of their hypothetical fame powerless. This accumula-tion of personalities transforms identity and subjectivity into anonymous, endless images, like so many objets trouvés, the genuine raw material of a mediatized culture. Among those who can be recognized are Edi Sedgwick, Susan Sontag, Nico, [ m John Giorno ], Jonas Mekas, Gerald Melanga, Jack Smith, [ m Paul Thek ], Lou Reed and [ m marcel duchamp ]. The Screen Tests were presented in [ m THe THird mind ]. A series of Electric Chairs was also showing in [ m BeFore (PlUs oU moins) ]. The Electric Chairs silkscreens belong to the larger group, the Disaster Series, and neutralize the image of the electric chair, an American symbol in equal measure as Coca-Cola or Marilyn Monroe.

Warren, rebecca[m 4, fig. #5� ][f ] m *19�5, vit à Londres. Le travail de Re-

becca Warren déjoue les codes de la sculpture figurative en produisant des masses informes et vaguement anthropomorphes. Déroutant et déstructuré, son travail s’attache à contourner les clichés de la représentation en usant de la matière avec une énergie troublante. SHE, une série de femmes, de taille surdimensionnée, en argile crue, a été présentée dans  m THe THird 

mind ],.[e ] m *19�5, lives in London. Rebecca Warren’s

work outwits the codes of figurative sculpture by producing shapeless or vaguely anthropo-morphic masses. Disconcerting and decon-structed, her work sets out to circumvent the clichés of representation by consuming mate-rial with a disturbing energy. , SHE, a series of oversized women made of unfired clay was presented in [ m THe THird mind ].

m Weeds, saison 1 / season 1

Weeds [f ] m Série télévisée créée par Jenji Kohan,

produite par Brian Dannelly, diffusée sur le réseau Showtime aux états-Unis et sur Canal+

WeewEEDS

WWahler, marc-olivier[f ] m Directeur du Palais de Tokyo depuis 200�.

En 1994, il cofonde le CAN à Neuchâtel qu’il di-rige jusqu’en 2000. De 2000 à 2005, il prend la direction du SI (Swiss Institute – Contemporary Art) à New York. De 2000 à 2006, il a organisé plus de deux cents expositions. Critique d’art, il écrit régulièrement sur l’art contempo-rain, mais également sur [ m mike Tyson ], les [ m mutants ] ou les [ m Hells angels ]. Il est le spécialiste incontesté du [ m strudel ].

[e ] m Director of the Palais de Tokyo since 200�. In 1994, he co-founded the CAN in Neuchâtel which he ran until 2000. From 2000 to 2005, he took over as director of the SI (Swiss Insti-tute—Contemporary Art) in New York. He has organized more than 200 exhibitions over the past fifteen years. As an art critic, he writes regularly about contemporary art, but also about [ m mike Tyson ], [ m mutants ] or [ m Hell`s angels ]. He is an undisputed expert on [ m strudel ].

m andy Warhol, Screen Test: Lou Reed, 19��

m andy Warhol, Screen Test: Susan Sontag, 19�4

m andy Warhol, Screen Test: Marcel Duchamp, 19��

wAhlERWah

Page 184: Yodel Volume1

220 221Westarctican government that developed. After a religious experience in 2004, the Grand Duke abolished the interim government in a radical step, designed a new flag, declared The Duchy of Westarctica a Christian nation and dissolved the former nobility. The nation is now mostly Protestant, followed by Catholic followers and others according to its mission. Westarctica claims diplomatic acknowledgement from Taiwan, Latvia and the Sovereign Military Order of Malta. In February of 2005, Westarctica an-nexed New Zealand’s Balleny Islands. In 200�, Grand Duke Travis left the leadership of We-starctica to the former Marquis de Merovingi, now Grand Duke Philip I. [ m éTaTs (FaiTes-le 

VoUs-même) ]

m sue Williams, In Denial of the Shady Boner Motel, 1992

Williams, sue[f ] m *1954, vit à Brooklyn, New York. Sue

Williams utilise le corps humain comme outil pour ses dessins et ses peintures, le montrant de manière parcellaire et perturbatrice. Le rôle de l’homme et de la femme dans la société d’aujourd’hui, le féminisme, la sexualité : tels sont les thèmes à la racine de son travail. Une certaine violence sourd de ses œuvres, une « colère intime » comme elle le dit elle-même. Dans les œuvres présentées dans [ m THe THird 

mind ], des morceaux de corps indéfinis sont éparpillés ou mêlés en une chorégraphie à la fois érotique et macabre, agressive et satirique.

[e ] m *1954, lives and works in Brooklyn, New York. Sue Williams uses the human body as a tool for her drawing and painting, showing it in parts and in a disturbing way. Man’s and woman’s role in today’s society, feminism, and sexuality: such are the themes at the root of her work from which a certain violence surges, an “intimate anger,” as she herself puts it. In the works exhibited in the group show [ m THe THird 

mind ], indefinite body parts are scattered or in-cluded in a choreography that is simultaneously erotic and macabre, aggressive and satirical.

williAmS Wil

en France. Weeds raconte l’histoire de Nancy Botwin, mère célibataire vivant dans une ban-lieue respectable de Los Angeles, qui vend de la marijuana depuis la mort subite de son mari afin de subvenir aux besoins de sa famille.

  [ m Hallucinogènes ] [ m 1969 ][e ] m A television series created by Jenji Kohan,

produced by Brian Dannelly, distributed on the Showtime network in the United States and on Canal+ in France. Weeds tells the story of Nancy Botwin, a lone mother living in a re-spectable suburb of Los Angeles, who has been selling marijuana since the sudden death of her husband in order to provide for the needs of her family. [ m Hallucinogènes ] [ m 1969 ]

WeiZman, eyal[f ] m Directeur de l’unité d’architecture pros-

pective au Goldsmiths College (Université de Londres), Eyal Weizman s’est fait connaître en 2002 par une controverse déclenchée à l’occasion du projet d’exposition sur l’archi-tecture israélienne qu’il avait présenté, avec Rafi Segal, au Congrès de l’Union Internatio-nale des Architectes de Berlin. Censurée par les responsables israéliens, leur proposition d’analyse des usages de l’architecture comme arme dans le conflit israélo-palestinien fut finalement diffusée sous la forme d’un livre, A Civilian Occupation : The Politics of Israeli Architecture (Verso, 2003), et intégrée à l’ex-position itinérante Territories – Islands, Camps and Other States of Utopia (2003). Prolongeant sa réflexion géopolitique sur le Moyen-Orient en s’intéressant plus précisément aux nouvelles conceptualisations militaires de l’espace et du territoire, Eyal Weizman a récemment publié Hollow Land : Israel’s Architecture of Occupa-tion (Verso, 2007). [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde ren-

Versé  ] [ m essaimage ] [ m Géométrie inverse ] [ m operational Theory research institute ]

[e ] m Director of the Centre for Research Archi-tecture at Goldsmiths College, University of London, Eyal Weizman came to the attention of the public in 2002 through a controversy triggered on the occasion of the proposal for an exhibition devoted to Israeli architecture he had put forward, together with Rafi Segal, at the Conference of the International Union of Architects in Berlin. Censored by Israeli officials, their proposal to analyze the uses of architecture as a weapon in the Israeli-Pales-tinian conflict was finally disseminated in the form of a book, A Civilian Occupation: The

Politics of Israeli Architecture (Verso, 2003), and integrated into the traveling exhibition Territories—Islands, Camps and Other States of Utopia (2003). Extending his geopolitical think-ing about the Middle East and taking a more specific interest in the new military conceptu-alizations of space and territory, Eyal Weiz-man recently published Hollow Land: Israel’s Architecture of Occupation (Verso, 2007). [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ] [ m essaimage ] [ m Géométrie inverse ] [ m opera-tional Theory research institute ]

Westarctica (le grand duché de)The Grand Duchy of Westarctica [f ] m Région d’Antarctique comprise entre le Ross

Ice Shelf et les eaux territoriales argentino-bri-tanniques et néo-zélandaises. Profitant d’une faille dans le Traité de l’Antarctique – qui n’en-gageait pas les individus à ne pas annexer cette région – le grand-duc Travis adressa aux si-gnataires de ce traité (Russie, France, Norvège, Australie, Chili, états-Unis et Royaume Uni) une lettre par laquelle il revendiquait ce territoire. Aucun de ces pays ne songea à la contester. Du-chés et territoires furent mis en place à mesure que s’installait le gouvernement provisoire du Westarctica. Après une illumination religieuse survenue en 2004, le grand-duc abolit brusque-ment le gouvernement intérimaire, dessina un nouveau drapeau, déclara le duché de Westarc-tica « nation chrétienne » et révoqua l’ancienne noblesse. La nation est aujourd’hui essentiel-lement protestante, avec quelques adeptes de l’église catholique et une poignée d’autres confessions. Le Westarctica s’est efforcé d’obtenir la reconnaissance diplomatique de Taiwan, de la République de Latvie et de l’Ordre militaire souverain de Malte. En janvier 2005, le Westarctica annexa les îles Balleny, dans les eaux territoriales néo-zélandaises. En 200�, le grand-duc Travis céda le trône du Westarctica à l’ancien marquis de Merovingi, qui dirige aujourd’hui le pays sous le nom de grand-duc Philippe I er. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m A region in Antarctic bordered by the Argentine / British claim, New Zealand’s claim and the Ross Ice Shelf. Realizing a loophole, that individual claimants were not bound to the Antarctic Treaty, Grand Duke Travis issued an un-protested letter-of-claim to the treaty’s signatories: Russia, France, Norway, Australia, New Zealand, Argentina, Chile, the U.S. and the U.K. Dukedoms and territories were estab-lished as the formative operations of an interim

wEiZmANWei

Page 185: Yodel Volume1

222 223distortion that heightens the density of reality, without ever dramatising it. The artist also makes short videos, and likes documenting ordinary gestures captured unawares in public spaces, and recorded clandestinely.

[ m modUle ] 07/12/200� – 07/01/2007. Filmed in Beijing in China, Fantômes. Parachutes. Dragons. Projectiles consists of four short sequences that are autonomous, yet comple-mentary. Virginie Yassef has no aspirations to be exotic, drawing inspiration from her imme-diate surroundings to transform instants from life involving play, ritual and work into poetic micro narratives. With regard to her films, she speaks of phantom scripts, fragments of stories that she strings together.

m Œuvre / Work Fantômes. Parachutes. Dragons.

Projectiles, 2004

DVD, courtesy galerie GP & N Vallois, Paris

m Yodel / Yodeling

yodel Yodeling[f ] m Le yodel est une technique vocale qui per-

met à un chanteur de passer sans intermédiaire de sa voix de poitrine à sa voix de tête et vice-versa, de manière rapide et répétée, en prenant appui sur des coups de glotte. Il en résulte des vocalises où les aigus et les graves se succè-dent et se mêlent de manière aussi étourdissan-te que jouissive tant pour le musicien que pour son public. Typique de la musique folklorique alpine, du Tyrol à la Bavière en passant par la Suisse, cette technique se retrouve dans les chants traditionnels de nombreuses cultures, notamment dans les polyphonies pygmées, et a été mise à profit par la country music et le bluegrass texan. On peut compter au répertoire yodelisant du XXe siècle des chefs d’œuvre du blues, à commencer par le Standin’ On The Corner du grand maître américain du folk yodelé Jimmie Rodgers, accompagné par Louis et Lil Armstrong ; des classiques du music-hall, comme Le Coucou de ma Grand’Mère

d’Andreany ; des hits de la pop, comme Wind It Up de Gwen Stefani, titre inspiré de la comédie musicale montagnarde La Mélodie du bonheur ; les parodies frénétiques de grands airs d’opéra dans lesquelles s’illustre Mary Schneider, reine du yodel australien ; et surtout, le célèbre cri de Tarzan poussé par Johnny Weissmuller.

Selon [ m Jean-Pierre Guis ], l’intérêt du yodel va cependant bien au-delà de son aspect folklorique : le jeu de graves et d’aigus qui le caractérise induit un brouillage des identités sexuelles et des stéréotypes culturels associés aux sons et aux tessitures musicales. On asso-cie « spontanément » la voix grave au masculin, et, par contraste, la voix aiguë au féminin. Ces soi-disant oppositions sont pourtant des constructions sociales qui relèvent de la logi-que de genres analysée par Judith Butler. Le yodel masculin est alors à comprendre comme une critique de la pseudo-raison sexuelle en musique : « L’oscillation rapide, à la limite de la confusion, entre le registre grave et l’aigu dévirilise le mâle. Le voilà transformé en folle, en travelo d’opérette, avec tout le ridicule sou-vent associé à ce genre de mise en scène et de remise en question de la sexualité hétéronor-mée. C’est pour cela que le yodel fait souvent rire : comme va et vient rapide entre voix grave et voix aiguë, c’est à dire entre masculin et féminin, il induit une forme d’indifférencia-tion et d’ambiguïté sexuelle. Le yodel est une sorte de travestissement, dont le comique peut être éclairé en le rapportant au ridicule de l’adolescent qui mue, commençant une phrase dans un registre et la terminant avec sa voix de tête. Quand la voix déraille, sort des rails, ou délire, c’est aussi le signe d’une grande tension sexuelle. » souligne Jean-Pierre Guis.

Ainsi que Pascal Quignard a pu le noter dans son livre La Leçon de musique, la voix aiguë ne caractérise pas seulement la femme, mais aussi le petit garçon avant sa mue ; une voix que celui-ci perd en grandissant et qu’il n’aura de cesse de rechercher dans la musique. Jean-Pierre Guis voit dans le yodel un autre moyen pour l’homme de laisser remonter en lui sa voix d’enfant, en une jubilation innocente. Brouillant tous les codes, le yodel s’affirme comme une performance physique particuliè-rement forte : s’y mêlent d’ailleurs souvent des cris d’animaux, l’appel du coucou, le jappe-ment du coyote, le mugissement de la vache, révélant in fine la part joyeusement bestiale de l’être humain. [ m les jeudis de Cinq milliards 

d’années ]

YoDEl yod

yyan (la nation de)The Nation of Yan [f ] m Fondée par le philosophe brésilien, Yan

Pagh. La Nation de Yan est dépourvue de territoire, mais Pagh déclare à ce sujet : « Ma nation, c’est le monde entier… C’est là que j’habite. Tout comme vous, et lui, et elle. » Yan Pagh a conçu sa nation (Yan est une abrévia-tion de « Why a nation ? ») comme un lieu de vérité métaphysique, un lieu de liberté et de changement – à charge pour ses citoyens de créer leur propre philosophie et de fonder leur propre nation. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

[e ] m Founded by Brazilian philosopher Yan Pagh. Although the Nation of Yan has no physical territory, according to Pagh, “my country is the whole world, this is my nation… I live here, and so do you, and so does he, and so does she.” Yan Pagh designed the Nation of Yan (Yan is an abbreviation for “Why a Nation?”) to be a metaphysical place of truth, freedom and change—a free initiative for its citizens to use their own philosophy in order to initiate their own nation states. [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-

même) ]

yasseF, virginie[m 6, fig. #81 ][f ] m *1970, vit à Paris. Passant du micro au

macro avec humour et légèreté, Virginie Yassef manipule les échelles et met en scène notre quotidien. Ses objets usuels détournés jouent d’un effet de distorsion qui augmente, sans jamais le dramatiser, la densité du réel. L’artiste réalise également de courtes vidéos, s’attachant à documenter des gestes ordinaires surpris dans l’espace public et filmés à la sauvette.

[ m modUle ] 07/12/200� – 07/01/2007. Fantômes. Parachutes. Dragons. Projectiles a été tourné à Pékin en Chine et est composé de quatre courtes séquences à la fois autonomes et complémentaires. éloignée de tout désir d’exotisme, Virginie Yassef s’inspire de son environnement immédiat pour transformer en micro fictions poétiques des instants de vie entre le jeu, le rituel et le travail. Elle parle à propos de ses films de scénarios-fantômes, de fragments de récits qu’elle assemble entre eux.

[e ] m *1970, lives in Paris. Moving humor-ously and lightly from the micro to the macro, Virginie Yassef manipulates scale in present-ing our everyday life. Her misappropriated commonplace objects play with an effect of

YANyan

Page 186: Yodel Volume1

224 225avec davantage de nécessité et de profondeur émotionnelles que la dialectique et la logique, qui expliquent un concept par un autre. Comme dans les rêves, la métaphore invite à la conden-sation, à l’association libre et à la résonance collective. Elle cherche des significations au sein de sa sphère d’associations, à la façon d’un théâtre intime de l’esprit. La tâche de thE

thiRD miND est de nous permettre de sortir des sphères de la conscience humaine, de ses voix contrefaites et empruntées, vers un espace qui puisse abriter la nuit, – où, dans un éventail de solitudes, chaque voix puisse se faire l’écho de la nôtre. Dans ce temps et ce lieu, chacune est représentative de l’espèce humaine tout entière. Les images et les mots trouvent ou ne trouvent pas leurs véritables résonances ; la confusion des analogies et des contraires trouve ou ne trouve pas l’harmonie. »

[e ] m Insect. According to Ugo Rondinone, “The central metaphor of the exhibition [ m THe 

THird mind ] is that of an insect known as the clockbug. The legs of the clockbug have atrophied as it does not need to move around. It exists by consuming its own feces, a diet which is possible due to the insect’s slow rate of metabolism, allowing the nutrients in the feces to be replenished by bacterial action. The clockbug uses its antennae to rotate itself in a counter-clockwise direction, so that it persists in a cycle of ingestions and excretion. The clockbug provides a metaphorical mirror for one archetypical existential dilemma that we all must face : The oscillation between the boredom of satiation and the longing of unful-filled desires. However much of you may move around, as long as the motion is circular you haven’t really gone anywhere; the important thing is to maintain a tranquil inner core. To present an exhibition through a metaphor like the clockbug is a departure for which I have no clear language. The exhibition itself is the language, the image, the space and the silence, and its primary form is metaphorical. Metaphorical meaning will always outperform discursive attempts at existentialist mean-ing because of the implicit range inherent to metaphors. Metaphors simply speak more fully and with more emotional urgency and depth than dialectical mechanisms of rhetorical logic, where a concept is explained through the use of other concepts. As with dreams, the metaphor strives toward condensation, free-as-sociation and communal resonance. They seek meanings within their sphere of associations

as an intimate theatre of the mind. The task of the exhibition thE thiRD miND is to guide us through the spheres of human conscious-ness with all the contrived and cut-up voices towards a space that shelters the night. Where each voice, in a spectrum of solitudes, becomes an echo of our own. In this time and place, each is her/his own representative of all human kind. Images and words find or find not their true resonances, and the confusion of analogies and opposites find or find not harmony..

m YouTube

youtube battle [f ] m Bataille de clips sur le modèle des iPod

Battles organisée au Palais de Tokyo le 5 avril 2007. Participants : Constantin Drakis, Olivier Babin, Ned Baldessin, Nicolas Boone, Alexi Chazart, Alexis Cicciu, Agnès de Cayeux, Eleonore de Lardemelle, [ m alain della negra ], Liza Gabry, Séverine Guillionellie, Gondje Hen-driks, Thomas Jeames, Chris Moukarbel, Julien Tarride, Cheng Xiao-Xing et Yanning Wilmann. Vainqueur : Alain della Negra (en finale contre Olivier Babin). Le jury était constitué de : [ m Jean-marc Chapoulie ], Max Simbula, [ m Fabien Giraud ], Patrice Blouin. [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde renVersé  ]

[e ] m Video battle in the same format of iPods Battles organized at the Palais de Tokyo on 5 April 2007. Participants: Constantin Drakis, Olivier Babin, Ned Baldessin, Nicolas Boone, Alexi Chazart, Alexis Cicciu, Agnès de Cayeux, Eleonore de Lardemelle, [ m alain della negra ], Liza Gabry, Séverine Guillionellie, Gondje Hen-driks, Thomas Jeames, Chris Moukarbel, Julien Tarride, Cheng Xiao-Xing et Yanning Wilmann. Winner: Alain della Negra (final against Olivier Babin). Jury members: [ m Jean-marc Chapoulie ], Max Simbula, [ m Fabien Giraud ], Patrice Blouin. [ m les jeudis de π, noUVelles dU monde ren-

Versé  ]

YoutuBE BAttlE you

[e ] m Yodeling is a vocal technique which enables a singer to pass without a break from his chest voice to his head voice and vice versa, rapidly and repeatedly, using the support of glottal stops. This results in vocal exercises where the bass and treble notes follow and mingle in a way that is as stunning as it is brilliant, for the musician and his audience alike. This tech-nique which is typical of Alpine folkloric music, from Tyrol to Bavaria by way of Switzerland, is found in the traditional songs of many cultures, in particular in Pygmy polyphonic chants, and has been exploited by country music and Texan bluegrass. The list of examples of 20th-century yodeling includes masterpieces of the blues, starting with Standin’ On The Corner by Jimmie Rodgers, the great American master of yodeled folk, accompanied by Louis and Lil Armstrong; music-hall classics like Le Coucou de ma Grand’Mère by Andreany; pop hits like Wind It Up by Gwen Stefani, a title inspired by the musical The Sound of Music, with its mountain setting; the frenzied parodies of great tunes from opera which are the specialty of Mary Schneider, the queen of Australian yodeling; and above all the famous Tarzan whoop emit-ted by Johnny Weissmuller.

According to [ m Jean-Pierre Guis ], the interest of yodeling goes well beyond its folkloric as-pect, however: the interplay of bass and treble notes that characterize it leads to a blurring of the sexual identities and cultural stereotypes associated with sounds and musical tessitura. The bass voice is “spontaneously” associated with the male, and in contrast the treble voice with the female. However, these supposed op-positions are social constructs which have to do with the logic of genders analyzed by Judith Butler. So the male yodel should be understood as a criticism of sexual pseudo-reason in music: “The rapid oscillation, verging on confusion, between the bass and treble makes the male seem less manly. Here he is transformed into a madwoman, an operetta drag queen, with all the ridiculousness often associated with this kind of scenario and the requestioning of standard heterosexual sexuality. That is why yodeling often provokes laughter: as a rapid to and fro between a bass voice and a treble voice, i.e. between masculine and feminine, it induces a form of lack of differentiation and sexual ambiguity. Yodeling is a sort of disguise, the comic side of which can be eluci-dated it by relating it to the ridiculousness of the adolescent boy as his voice breaks, starting

a sentence in one register and finishing it with his head voice. When the voice goes off the rails, or raves, it is also the sign of great sexual tension,” Jean-Pierre Guis stresses.

As Pascal Quignard was able to note in his book La Leçon de musique, the treble voice is characteristic not just of women, but of little boys before their voices break; a voice the child loses as he grows up and will ceaselessly look for in music. Jean-Pierre Guis sees yodeling as another means for men to allow their child’s voice to arise again, in innocent jubilation. Blurring all the codes, yodeling asserts itself as a particularly powerful physical performance: moreover there are often animal calls mixed up in it, the sound of the cuckoo, the yelp of the coyote, the mooing of the cow, ultimately revealing the joyously bestial side of the hu-man being. [ m les jeudis de Cinq milliards 

d’années ]

youpketcha Clockbug[f ] m Insecte. D’après Ugo Rondinone, «L’insecte

connu sous le nom de youpketcha, ou insecte-montre, constitue la principale métaphore de l’exposition [ m THe THird mind ]. Les pattes du youpketcha se sont atrophiées, faute d’utilité. En effet, l’insecte survit en se nourrissant de ses propres excréments ; un régime rendu possible par la lenteur de son métabolisme, qui laisse le temps aux nutriments contenus dans ses excréments de s’enrichir de l’action des bactéries. Le youpketcha utilise ses anten-nes pour pivoter sur lui-même, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, si bien qu’il perdure en un cycle continu d’ingestions et d’excrétions. Le youpketcha présente un miroir métaphorique à l’un des dilemmes existentiels archétypaux, auquel chacun de nous doit se confronter : le tiraillement incessant entre la souffrance et l’ennui. Si grande soit la part de nous qui s’agite, notre déplacement reste nul, le mouvement demeure circulaire. L’essen-tiel est l’équilibre intérieur. Certes, partir du youpketcha pour décrire métaphoriquement l’exposition ne constitue peut-être pas une explication. Mais l’exposition elle-même est l’explication, le langage, l’image, l’espace et le silence, et sa forme première est la métaphore. De par la dimension implicite, inhérente à la métaphore, la signification métaphorique l’em-portera toujours sur les tentatives discursives d’atteindre le véritable sens. La métaphore parle tout simplement plus pleinement et

YouPkEtchAyou

Page 187: Yodel Volume1

22� 227toujours plus urgent de les fuir ou de lutter contre leur prolifération que de rechercher les responsables de leur apparition. La menace représentée par le zombie est dès lors aussi inexorable que paradoxale. Tandis que les plus célèbres morts-vivants étaient des êtres d’ex-ception venus de pays lointains – à commencer par le vampire, aristocrate d’un romantisme anachronique – le zombie est banal, sans volonté, sans émotions : prolétaire de l’horreur, il trouve sa force dans le nombre. Il appartient à notre quotidien, s’affirme comme notre sem-blable. Ainsi, à mesure que le fléau progresse, voisins, amis, parents deviennent à leur tour des monstres dont le visage décomposé et pourtant identifiable figure l’horreur de notre propre aliénation. Au lieu d’un simple memento mori, la leçon des zombies est celle d’émules de l’école de Francfort : rends-toi compte que tu ne vis pas. [ m Brooks, max ] [ m essaimage ]

[e ] m A zombie is a type of living dead creature that is particularly widespread at present, from genre cinema to the philosophy of the mind. The word itself comes from voodoo folklore, where it refers to a human being who has come under the control of a sorcerer who uses a form of poisoning or magic to keep him between life and death. The features of ghosts returning from beyond the tomb, ghouls that eat human flesh and legions of plague victims have come to be incorporated into the concept to form the current international model of the decomposing corpse moving slowly but implacably, devoid of understanding and will, except the will to track down every single person to the very last representative of the human species to gorge on them.

It was the series of horror films initiated by George A. Romero and James A. Russo with Night of the living dead (19�8) which established the canonical description of the zombie, as well as the corollary definition of the means of defending oneself from its at-tacks. According to the doxa, zombies are very sensitive to fire, head wounds, and of course decapitation; they are stupid, and do not know how to handle any tool other than handguns or knives; they are slow, and can easily by caught by speed. However, mythography attributes one problematic ability to the zombie, apart from the toughness that goes hand in hand with the insensitivity of his lifeless body: rather than killing his victims, the wounds he inflicts on them transform them into zombies in their turn.

Consequently, whether the return of the dead among the living is due to doubtful scientific experiments, the fall-out of the atomic bomb, the rediscovery of ancient spells or a curse by the gods, it is always a matter of greater urgency to run away from them or fight against their proliferation than to look for those responsible for their appearance. The threat represented by a zombie then becomes as inexorable as it is paradoxical. While the most famous living dead were exceptional creatures from far-off countries—starting with the [ m vampire ], an outdatedly romantic aris-tocrat—zombies are ordinary, devoid of will, devoid of emotions: the proletarians of horror, they find their strength in numbers. The zom-bie is part of our everyday life, turns out to be like us. Thus as the scourge progresses, neigh-bors, friends and relations in their turn become monsters whose decomposed yet identifiable faces portray the horror of our own alienation. Instead of being a simple memento mori, the lesson of the zombies is that of adherents of the Frankfurt school: realize that you are not alive. [ m Brooks, max ] [ m essaimage ]

m Zombie (George a. romero, Night of the Living Dead, 19�8)

 

m Zombie (edward d. Wood, Jr., Plan 9 from Outer Space, 195� – 195�)

ZomBiE Zom

ZZinZendorF, nicolaus ludWig (comte)[f ] m 1700 – 17�0. Piétiste dissident qui restaura

l’église de l’Unité des Frères Moraves fondée par Jan Hus au XVe siècle. Celle-ci se distingua assez vite par son étrange culte du sang qui conduisit le clergé luthérien à la mettre au ban et inspira les premiers livres de vampire. [ m la 

marqUe noire ][e ] m 1700 – 17�0. Count Zinzendorf was a dissi-

dent Pietist who revived the Church of Unity of the Moravian Brethren founded by John Huss in the 15th century. The church soon distinguished itself by its strange cult of blood which led the Lutheran clergy to proscribe it and inspired the first books about vampires. [ m la marqUe 

noire ]

Zombie[f ] m Type de mort-vivant particulièrement

répandu de nos jours, du cinéma de genre à la philosophie de l’esprit. Le mot même provient du folklore vaudou, où il désigne un humain passé sous le contrôle d’un sorcier qui le maintient, grâce à une forme d’empoisonne-ment ou d’envoûtement, entre la vie et la mort. Sont venus s’y agréger les traits des fantômes revenant d’outre-tombe, des goules dévoreuses de chair humaine et des légions de pestiférés pour former le modèle international actuel du cadavre en décomposition, aux mouvements lents mais implacables, dénué d’intelligence et de volonté, sinon celle de traquer jusqu’au dernier représentant de l’espèce humaine pour s’en repaître.

C’est la série de films d’horreur initiée par George A. Romero et James A. Russo avec La Nuit des morts-vivants (19�8) qui a mis en place la description canonique du zombie, ainsi que la définition corollaire des moyens de se défendre contre ses attaques. Selon la doxa, le zombie est très sensible au feu, aux blessures à la tête, et bien sûr à la décapitation ; stupide, il ne sait manier d’autre outil que des armes de poing ; lent, il peut facilement être pris de vitesse. La mythographie attribue cependant au zombie une faculté problématique, mis à part la résistance qui va de pair avec l’insensibilité de son corps sans vie : à défaut de tuer, les blessures qu’il inflige transforment à leur tour ses victimes en zombies.

Par conséquent, que le retour des morts parmi les vivants soit dû à de douteuses expérimenta-tions scientifiques, aux retombées de la bombe atomique, à la redécouverte de sortilèges antiques ou à une malédiction divine, il est

ZiNZENDoRFZin

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228

229

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tABlE DES mAtièRES / coNtENtS

231

10,5 – 5.000.000.000

accélération – Crowley, aleister 

fig. # 01 – fig. # 14  ciNQ milliARDS D’ANNéES / FivE BillioN YEARS

A-1 – A-16 Élie During. La relativité comme accéléra-teur de métaphysiques / Relativity as an Accelerator of Metaphysics

Curlet, François – Freedonia

fig. # 15 – fig. # 31 m—

, NouvEllES Du moNDE RENvERSE /

m—

, NEwS FRom thE uPSiDE-DowN B-1 – B-14 Laurent Jeanpierre. Pinot-Gallizio et la Caverne de l’antimatière / Pinot-Gallizio and The Cave of Antimatter

Frestonia – Joe Coleman (exPosiTion) 

Images 3, fig. # 32 – fig. # 43 lA mARQuE NoiRE

C-1 – C-10Razmig Keucheyan. Spectralité pirate / Pirate Spectrality

Josephsohn, Hans – mutants  

fig. # 44 – fig. # 57 thE thiRD miND

D-1 – D-14William S. Burroughs & Brion Gysin. The Third Mind (Introduction par / by Gérard-Georges Lemaire)

nadira – second life 

fig. # 58 – fig. # 75châtEAu DE tokYo. hôtEl EvERlAND.

mEDio DiÀ mEDiA NochE

fig. # 76 – fig. # 95 moDulES

second life – Zombie 

6 – 7 8 – 48

Images 1  

A

49 – 80

Images 2

B

81 – 114

Images 3

C

115 – 150

Images 4

D

151 – 184

Images 5

Images 6

184 – 226

# 5,000,000,000 Years [ m 5.000.000.000 d’années ]

a Acceleration [ m accélération ]

Anarchy [ m anarchie ]

Answering machine [ m répondeur ]

Antimatter [ m antimatière ]

Artificial life [ m Vie artificielle ]

Auction [ m enchères (vente aux) ]

B Block-universe [ m Univers-bloc ]

Bookstore [ m librairie ]

Boldness theorem [ m Théorème de calvitie ]

C Cave of Antimatter [ m Caverne de l’antimatière ]

Clockbug [ m youpketcha ]

Cosmic rays [ m rayons cosmiques ]

d DIY [ m Bricolage ]

Doping [ m dopage ]

Double bind [ m double contrainte ]

e Elasticity [ m élasticité ]

Evangelists [ m évangelistes ]

Events [ m événements ]

F Faction line [ m Barre de fraction ]

Five Billion Years [ m Cinq milliards d’années ]

Foreign Culture Institute [ m institut de culture étrangère ]

Foreign legion [ m légion étrangère ]

Friends of the Palais de Tokyo [ m amis du Palais de Tokyo ]

Function of an etc. [ m Fonction etc. ]

Furtivity [ m Furtivité ]

G Genius Republic [ m république Géniale ]

Georgia [ m Géorgie ]

Gnosis [ m Gnose ]

God [ m dieu ]

Goreans [ m Goréens ]

Grow Your Own [ m éTaTs (FaiTes-le VoUs-même) ]

H Hallucinogens [ m Hallucinogènes ]

Hanover [ m Hanovre ]

i   International competition of chainsaw sculpture [ m Tronçonneuse (concours interna-tional de sculpture à la) ]

Inverse geometry [ m Géométrie inverse ]

l  Libertarian thought [ m Pensée libertaire ]

Light cones [ m Cônes de lumière ]

Loop quantum gravity [ m Gravité quantique à boucles ]

m Matter [ m matière ]

Mediator’s Office [ m Bureau des médiateurs ]

Michelangelo [ m michel-ange ]

Minimal art [ m art minimal ]

Morning of the Magicians [ m maTin des maGiCiens ]

Music for Plants [ m mUsiqUes PoUr PlanTes VerTes ]

n Nadiria [ m nadirie ]

Necromancy [ m nécromancie ] Neuropsychanalysis [ m neuropsychanalyse ]

New United States of America[ m nouveaux états-Unis d’amérique ]

New Utopia [ m nouvelle Utopie ]

Nutopia [ m nutopie ]

o Occultism [ m occultisme ]

One Second One Year [ m Une seConde Une année ]

P Particle detectors [ m détecteurs de particules ]

Peyote [ m Peyotl ]

Pitterpasta [ m Petitpateur ]

q Quantum physics [ m Physique quantique ]

r Random [ m aléatoire ]

Relativity [ m relativité ]

s Satanism [ m satanisme ]

Schizophrenic quotient [ m quotient schizophrénique ] Season 1 [ m saison 1]

Space-time [ m espace-temps ]

Spiritualism [ m spiritisme ]

Sponsors [ m Partenaires ]

Staff [ m équipe ]

States-general for hair [ m états géneraux du poil ]

Stituationist International [ m internationale situationniste ]

String theory [ m Théorie des cordes ]

Summer school [ m Université d’été ]

Swarming [ m essaimage ]

T Ten Days, Ten Artists, Ten Videos [ m dix JoUrs, dix arTisTes, dix Vidéos ]

Thelema [ m Thélème ]

Thursdays at Five Billion Years[ m Jeudis de Cinq milliards d’années ]

Thursdays at La Marque Noire[ m Jeudis de la marqUe noire ]

Thursdays at m—, News from the Upside-Down [ m Jeudis de π, noUVelles dU monde  

renVersé ]

Thursdays at The Third Mind[ m Jeudis de THe THird mind ]

Transnational Republic[ m république Transnationale ]

Twin paradox[ m Paradoxe des jumeaux ]

U Upper Yafa [ m Haut yafa ]

y Yodeling [ m yodel ]

ENGliSh – FRENch iNDEx

230

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Cette publication bénéficie du soutien de l’Association des Amis du Palais de Tokyo.

Le Palais de Tokyo bénéficie du soutien du ministère de la Culture et de la Communication, Délégation aux arts plastiques.

233

directeur du Palais de Tokyo Marc-Olivier Wahlerdirecteur de l’action culturelle Mark Alizartresponsable des éditions   Frédéric GrossiConception graphique   re-p.org / binnenland.ch

Contributeurs Peter Coffin, Daniel Colson, élie During, Christophe Galfard, Claude Hauviller, Steven Holmes, Laurent Jeanpierre, Razmig Keucheyan, Joachim Koester, Olivier Lamm, Gérard-Georges Lemaire, Jean-Pierre Merlo, Fabrice Stroun, Pacôme Thiellement, Eyal Weizman, ainsi que Margherita Balzerani, Didier Barroso, Daria de Beauvais, Jean-Baptiste de Beauvais, Anthony Huberman, Akiko Miki, Tanguy Pelletier, Marc Sanchez, Claire Staebler, Claire Szulc, et la participation exceptionnelle de Benjamin Thorel.Traducteurs   Judith Hayward, Jeanine Herman, Patrick Hersant, Aude Tincelin

Crédits photos Didier Barroso (fig. #38, fig. #95) ; Marc Domage (fig. #01–#37, fig. #39–# �5, fig. #77–#80, fig. #85, fig. #94) ; Lang / Baumann (fig. #��–#�9) ; Adrian Rocha Novoa, Carolina Santos & Myriam Suetta (fig. #70–#75)

impression achevé d’imprimer en Union Européenne.

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13 avenue du Président WilsonF-7511� Parist/ +33 (0)1 47 23 54 01www.palaisdetokyo.com

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diffusion Géodifdistribution Sodis

Prix de vente 39 €isBn  978-2-915�39-8�-5dépôt légal  4e trimestre 2007

© 2007 – Palais de Tokyo, Paris © 2007 – Archibooks + sautereau éditeur, Paris © 2007 – ADAGP, Paris pour les œuvres de

Michel Blazy, Donald Judd, Frank Stella et Andy Warhol

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