Thèse emmanuel perisse finale - Paul Sabatier...
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TTHHÈÈSSEE
En vue de l'obtention du
DDOOCCTTOORRAATT DDEE LL’’UUNNIIVVEERRSSIITTÉÉ DDEE TTOOUULLOOUUSSEE
Délivré par l'Université Toulouse III - Paul Sabatier Discipline ou spécialité : Neurosciences
JURY
Pr. Jacques Haiech, Professeur des Universités (Rapporteur) Dr. Serge Birman, Directeur de Recherche (Rapporteur)
Dr.Yves Le Conte, Directeur de Recherche (Examinateur) Pr. Martin Giurfa, Professeur des Universités (Président du jury)
Dr. Valérie Raymond-Delpech, Maître de Conférence (Directrice de thèse) et Dr. Marc Moreau, Directeur de Recherche (Directeur de thèse)
Ecole doctorale : CLESCO
Unité de recherche : UMR5169 Directeur(s) de Thèse : Dr. Valérie Raymond-Delpech et Dr. Marc Moreau
Présentée et soutenue par Emmanuel Perisse Le 20 novembre 2009
Titre : Le calcium, un déclencheur moléculaire de la formation de la mémoire olfactive à long terme chez l’abeille : approches comportementale et transcriptomique.
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Avant-propos
« Le savant n’est pas l’homme qui fournit les vraies réponses, c’est celui qui pose les vraies
questions »
Claude Levi-Strauss (1908-2009)
Je souhaite remercier Valérie Raymond-Delpech, Marc Moreau, Jean-Christophe
Sandoz mais aussi Isabelle Néant et Catherine Leclerc pour m’avoir choisi et avoir cru en
moi pour travailler sur ce projet ambitieux et très intéressant financé grâce à la bourse du
président de l’université.
Je tiens à remercier le Professeur Martin Giurfa de m’avoir accepté au sein de son
laboratoire déjà en maîtrise, en Master 2 Recherche, puis enfin en thèse, et d’avoir
accepté de présider ce jury. Mais surtout, merci Martin pour l’influence scientifique que
vous avez eue sur moi : vos enseignements en Licence, en Maîtrise puis en Master 2
Recherche m’ont donné le goût de la cognition. Merci aussi pour votre aide pour la suite
de ma carrière scientifique.
Je tiens à remercier Jacques Haiech et Serge Birman pour avoir accepté d’être
rapporteurs de mon travail de thèse. Je remercie également Yves Le Conte pour avoir
accepté d’examiner ce travail de thèse.
Je remercie très tendrement Stéphanie pour tout ce qu’elle m’a apporté au quotidien
depuis ces 3 dernières années. Merci pour ton soutien, ton aide, ta gentillesse, ta
générosité et ton amour qui ont fait de moi aujourd’hui le docteur que je suis.
Je remercie très chaleureusement Valérie pour sa gentillesse et sa disponibilité, qui
m’ont permis d’avancer sur ce projet et d’évoluer dans mon travail scientifique. Je te
remercie pour toutes ces discussions (au travers du plexiglas) autour d’interrogations sur
les expériences qui ne marchent pas, ou sur les choix à entreprendre pour avancer sur ce
travail. Merci également d’avoir passé du temps en dehors de tes heures de travail pour
m’aider à travailler sur différents projets de thèse ou post-thèse.
Je veux exprimer toute ma gratitude et ma reconnaissance à Jean-Christophe pour
avoir dirigé mon stage de M2R et mon travail de recherche de thèse pendant ces 4
dernières années. Je te suis très reconnaissant de m’avoir fait partager tes connaissances,
ton savoir-faire et ton expérience. Tes qualités ont été selon moi déterminantes et à
l’origine de l’avancement rapide de mes travaux de recherche. Je te remercie pour tes
conseils, ta patience notamment pour t’avoir dérangé, de temps en temps le soir, 2
minutes et finalement resté 45 minutes pour des discussions scientifiques mémorables.
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Je souhaiterais mantenant passer du coté moléculaire de la science et remercier Marc
pour tout ce qu’il m’apporté, sur ces connaissances (scientifiques et autres..) qui m’ont
permis de grandir scientifiquement. Un grand merci à Isa pour m’avoir appris les secrets
de la biomol et pour ta disponibilité. Merci aussi à Catherine pour avoir suppléer Isa dans
cette lourde tâche. Merci aussi à tous les trois pour votre bonne humeur, votre
disponibilité, votre aide et vos conseils.
Je veux remercier tout particulièrement Jean-Marc avec qui tout à commener en
maîtrise. Tu m’as permis de découvrir le monde de la recherche en France mais aussi au
travers de voyage vers différents continents. Merci de m’avoir aidé et formé pour que je
puisse aujourd’hui, obtenir le statut de docteur. Je remercie également Jean-Marc d’avoir
partagé ma découverte de l’escalade, et oui, 7a en un an, c’est grâce à toi.
Un énorme merci à Benoît pour son amitié, son soutien et son aide depuis ces 4
dernières années. Merci pour ta bonne humeur au quotidien et pour ta générosité. Je ne
l’oublierai pas. Merci aussi de m’avoir fait découvrir la capoeira.
Un grand merci à Claire pour ses conseils précieux, pour m’avoir aidé pour ma thèse
et surtout pour la suite de ma carrière. Je te suis très reconnaissant.
Je ne peux pas oublier non plus les personnes qui m’ont aidé pour une partie des
expériences menées dans cette thèse : Kevin, Yuki, Lisa, Pascal, Lidwine, Laure, Quentin
et Fred.
Je veux finir remercier toutes les personnes qui ont partagé mon quotidien et que
j’apprécie vraiment beaucoup : Laure, Alex, Edith, Julien, Julie, Meike, Lionel, Théo,
Ambre, Audrey, Medhi, Abel, Geoffrey (même si t’es parti, on a partagé beaucoup de
choses depuis la première année de fac), Monique, Hélène, Isa, Gérard, Patrick,
Stéphane, Cathy, Bernard, Michel et Sandrine.
Je veux dédier cette thèse à ma famille qui m’a aidé, supporté et encouragé pendant
ces longues années. Merci pour tout ce que vous m’avez apporté.
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Publications et communications
Travaux de thèse publiés (revues internationales à comité de lecture):
Perisse E, Raymond-Delpech V, Neant I, Matsumoto Y, Leclerc C, Moreau M and Sandoz JC (2009)
Early calcium increase triggers the formation of the olfactory long-term memory in honeybees. BMC
Biol. 16;7(1):30.
Travaux de thèse en cours de publication :
Perisse E, Neant I, Sandoz JC, Moreau M, Leclerc C and Raymond-Delpech V. Calcium-regulated
gene expression involved in the olfactory long-term memory formation in honeybees.
Travaux de thèse présentés lors de congrès scientifiques nationaux ou internationaux:
Perisse E, Sandoz JC, Neant I, Leclerc C, Moreau M and Raymond-Delpech V. (Juin 2009) What can
we learn from honeybees? The role of calcium in long-term memory formation in honeybees: a new
model to study neurodegenerative diseases. ECS workshop: Annexin target and calcium binding
protein in pathology. Smolenice, Slovaquie.
Perisse E. (Juillet 2009). Long-term memory and plasticity in honeybee: structural and molecular
approaches. Invité par Scott Waddell, Departement de Neurobiologie, Université du Massachussets,
Worcester, USA.
Perisse E. (Mai 2008). Calcium and gene expression involved in the olfactory long-term memory in
the honeybee Apis mellifera. 9ème rencontre du Club de Neurobiologie des Invertébrés, Toulouse,
France.
Perisse E. (Mars 2008). Role of calcium in the olfactory long-term memory in the honeybee Apis
mellifera. Conférences Alpha-T, Toulouse, France.
Perisse E. (Septembre 2007).Calcium and gene expression involved in the olfactory long-term
memory in the honeybee Apis mellifera. Société Française des Insectes Sociaux, Toulouse, France.
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Table des matières
I. Introduction Générale........................................... 15
I.1. Partie I : la formation de la mémoire à long terme.......................... 15
I .1.1. La mémoire : un processus psycho-biologique complexe. ..........................15
a. Mémoire à court terme et mémoire à long terme : le mécanisme de consolidation mnésique.......................................................................................................................15 b. Le conditionnement classique comme modèle d’apprentissage pour l’étude des bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire à long terme ............17 c. Les modèles animaux utilisés pour l’étude des bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire à long terme......................................................................18
I.1.2. Les bases cellulaires et moléculaires sous-tendant la formation de la mémoire à long terme.....................................................................................................19
a. Les bases moléculaires de la formation de la mémoire à long terme...................20 b. Synthèse protéique et mémoire à long terme........................................................26 c. Mémoire à long terme et modifications de l’efficacité synaptique : le phénomène de potentialisation à long terme....................................................................................28 d. Mémoire à long terme et modifications de l’architecture synaptique ..................30
I.2. Partie II. Le calcium, un acteur clé des fonctions nerveuses........... 32
I .2.1. Le calcium et les fonctions neuronales..........................................................32
I.2.2. Quelles sont les sources de calcium ? ............................................................33
a. L’entrée de calcium extracellulaire ......................................................................33 • Les CCVD (canaux calciques voltage dépendants)..........................................33 • Les canaux calciques chimio-dépendant (CCCD) ou ROC (« receptor operated channel ») .................................................................................................................34 • Les canaux SOC, CRAC et SMOC ..................................................................35 • Les canaux TRP (« transient receptor potential ») ...........................................35
b. La libération de calcium à partir des stocks intracellulaires.................................38 • Le réticulum endoplasmique ............................................................................38
Les récepteurs à l’IP3 (IP3R).................................................................................39 Les récepteurs à la ryanodine (RyR) ....................................................................40
• Le réticulum endoplasmique et la génération de signaux calciques complexes 40 • Les mitochondries ............................................................................................41 • L’enveloppe nucléaire ......................................................................................42
I.2.3. Régulation de l’homéostasie calcique ...........................................................42
a. Les calcium-ATPases ...........................................................................................42
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b. Les échangeurs sodium/calcium (Na+/Ca2+).........................................................43 c. Le calcium, un acteur clé de la plasticité synaptique ...........................................43 d. Calcium et régulation de la transcription..............................................................44
• Le calcium régule l’activation de facteurs de transcription..............................44 • Les cibles de l’activation de facteurs de transcription par le calcium..............48
La transcription régulée par CREB ......................................................................48 La transcription régulée par NF-κB......................................................................49 La transcription régulée par NFAT ......................................................................49 La transcription régulée par DREAM ..................................................................50 La transcription régulée par SRF..........................................................................51
I.2.4. Le dialogue synapto-nucléaire par le calcium..............................................52
I.2.5. Calcium et formation de la mémoire à long terme......................................53
I.3. Partie III. L’abeille Apis mellifera, modèle neurobiologique des bases comportementales, cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire. ......................................................................................................... 55
I .3.1. Le conditionnement classique appétitif Pavlovien du réflexe d’extension du proboscis. ...................................................................................................................56
I.3.2. Les différentes phases de mémoire chez l’abeille ........................................57
I.3.3. Les bases neurales de la formation de la mémoire olfactive chez l’abeille.....60
a. Architecture du cerveau de l’abeille.....................................................................60 b. Traitement de l’information olfactive...................................................................61 c. Traitement de l’information gustative : la voie du renforcement lors du conditionnement du PER..............................................................................................64
I.3.4. Le cerveau de l’abeille, siège d’une plasticité associée à l’expérience ou à l’apprentissage ................................................................................................................65
I.3.5. Les bases moléculaires de la formation de la mémoire chez l’abeille. .......68
II. Objectifs des travaux de thèse.............................. 69
III. Matériels et Méthodes ........................................... 71
III.1. Partie 1 : Etudes comportementales............................................... 71
I II.1.1. Animaux ..........................................................................................................71
III.1.2. Conditionnement olfactif ...............................................................................72
a. Dispositif ..............................................................................................................72 b. Procédure expérimentale ......................................................................................73
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c. Test de rétention ...................................................................................................73 d. Odeurs utilisées pour le conditionnement ............................................................74
III.1.3. Agents pharmacologiques utilisés pour le comportement ..........................74
a. Modes d’injection des agents pharmacologiques .................................................74 b. Contrôle de l’inhibition de l’augmentation de la [Ca2+]i......................................75 c. Contrôle de l’augmentation de la [Ca2+]i .............................................................75 d. Inhibition de la synthèse protéique de novo.........................................................77 e. Préparation des solutions......................................................................................77 f. Composés possédants un groupement acétoxy-méthyl (AM) ..............................77
III.1.4. Photolyse du produit encagé..........................................................................77
a. Préparation des abeilles ........................................................................................77 b. Le dispositif ..........................................................................................................79 c. La photolyse .........................................................................................................79
III.1.5. Imagerie Calcique...........................................................................................80
a. Préparation des abeilles ........................................................................................80 b. Procédure d’enregistrement des signaux calciques ..............................................82 c. Analyse des données d’imagerie calcique............................................................84
III.1.6. Analyse statistique des données.....................................................................84
III.2. Partie 2 : Etude transcriptomique.................................................. 85
I II.2.1. Animaux et procédure expérimentale...........................................................85
III.2.2. Sélection des abeilles.......................................................................................87
III.2.3. Expérience utilisant les puces à ADN ...........................................................88
a. Extraction des ARN totaux...................................................................................89 b. Marquage des ARNm (ARN messagers)..............................................................90 c. Hybridation...........................................................................................................91 d. Scan des puces à ADN hybridées .........................................................................92 e. Analyse d’images des scans de puces à ADN ......................................................92 f. Analyse statistique des résultats de puces à ADN................................................93
III.2.4. Transcription inverse et réaction de polymérisation en chaîne (RT-PCR) quantitative .....................................................................................................................93
a. Sélection des gènes candidats...............................................................................93 b. Choix des gènes de références..............................................................................94 c. Choix des amorces................................................................................................94 d. Efficacité des couples d’amorces choisis .............................................................95 e. Quantification relative des gènes candidats..........................................................97 f. Analyses statistiques des résultats de RT-PCR quantitative ................................97
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IV. Résultats............................................................... 99
IV.1. Chapitre 1 : Rôle précoce du calcium dans la formation de la mémoire olfactive à long terme chez l’abeille. ............................................ 99
IV.1.1. Introduction ..................................................................................................100
IV.1.2. Résultats ........................................................................................................101
a. L’augmentation du niveau de calcium intracellulaire pendant l’apprentissage est nécessaire pour la formation de la mémoire olfactive à long terme...........................101 b. L’augmentation du niveau de calcium intracellulaire pendant l’apprentissage est suffisante pour la formation d’une mémoire olfactive à long terme dépendante de la synthèse protéique. .....................................................................................................106
IV.2. Chapitre 1 : points importants à retenir...................................... 117
IV.3. Chapitre 2 : Criblage des gènes dont l’expression est dépendante du calcium et impliqués dans la formation de la mémoire olfactive à long terme chez l’abeille. ..................................................................................... 119
IV.3.1. Introduction ..................................................................................................120
IV.3.2. Résultats ........................................................................................................120
a. Criblage transcriptomique ..................................................................................120 b. RT-PCR quantitative ..........................................................................................125
IV.4. Chapitre 2 : points importants à retenir...................................... 131
V. Discussion........................................................... 133
V.1. Le rôle du calcium dans les étapes précoces de la consolidation ..133
V.2. La spécificité de l’effet du calcium sur la mémoire à long terme..138
V.3. La spécificité de la mémoire à long terme formée......................... 138
V.4. Les sources de calcium impliquées dans la formation de la mémoire à long terme................................................................................................... 139
V.5. Consolidation................................................................................... 142
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V.6. Les gènes impliqués dans la formation de la mémoire à long terme ……………………………………………………………………….144
V.7. L’expression de gènes dépendant du calcium et impliqués dans la formation de la mémoire à long terme....................................................... 146
VI. Conclusions et perspectives ................................ 149
VII. Références .......................................................... 155
VIII. Liste des figures ................................................ 179
IX. Annexes .............................................................. 183
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Abbréviations
AC : adénylate cyclase
ADP-RT : ADP-ribosyl-tranferase
AM : acétoxy-méthyl
AMPA : α-amino-3-hydroxy-5-méthylisoazol-4-propionate
AMPc : adénosine monophosphate cyclique
ARCs : arachidonate-activated channels
ARNm: ARN messagers
Atf-1 : activating transcription factor-1
ATP : adénosine tri-phosphate
BAPTA-AM : 1,2 - bis - (o - Aminophenoxy) - ethane - N,N,N',N' - tetraacetic acid,
tetraacetoxymethyl ester
BDNF: brain-derived neurotrophic factor
BLAST : basic local alignment sequence tool
Ca2+: calcium
[Ca2+]i : concentration intracellulaire de calcium
Ca2+/CaM: Calcium/Calmoduline
CaBPs : calcium-binding protein
CaMKs : calmoduline-dependent protein kinases
CaV: canal d’ion calcium physiologiquement régulé par le voltage
CBP: CRE Binding Protein
CCAT : calcium channel-associated transcription
CCCD : canaux calciques chimio-dépendant
CICR : calcium-induce calcium release
CCVD : canaux calciques voltage dépendant
CIRB : calmoduline/IP3 binding domain
CRAC: calcium release-activated calcium
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CREB : cAMP responses element binding
Crem : cAMP response element modulator
DAG : diacylglycérol
DLT : dépression à long terme
DMSO : diméthylsulfoxyde
DREAM : downstream response element (DRE) antagonist modulator
ERK : extracellular-signal regulated kinases
GC : guanylate cyclase
HATs : histones acétyl-transférases
IEGs: immediatly early genes
IκB : inhibitory κB
IP3R : récepteur à l’inositol tri-phosphate
JNK/SAPK : jun N-terminal kinase/stress-activated protein kinase
KChIP3 : potassium-channel-interacting protein 3
l-ACT : lateral antenno-cerebral tract
m-ACT : medial antenno-cerebral tract
MAPK : mitogenes-activated protein kinases
mGluR : récepteurs métabotropiques au glutamate
MCT : mémoire court terme
MLT : mémoire à long terme
MMT : mémoire à moyen terme
NFAT : nuclear factor activated T-cells
NF-κB: nuclear factor-kappa B
NMDA : N-methyl-D-aspartate
NO : monoxyde d’azote
NOS: NO synthase
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NP-EGTA-AM :O-Nitrophényle-éthylèneglycol-bis(β-aminoéthyle)-N,N,N’,N’-
tétraacétoxyméthyle-ester
NS: non significatif
PBS : Phosphate Buffer Saline
PCMA : plasmic membrane calcium ATPases
PIP2 : phosphatidylinositol 4,5 biphosphate
PKA : protéine kinase A
PLC : phospholipase C
PLT : potentialisation à long terme
RC : Réponse Conditionnée
RCPG : récepteurs couplés aux protéines G
RE : réticulum endoplasmique
ROC: receptor operated channel
REB : cAMP responses element binding
REP : réflexe d’extension du proboscis
RNAsin : RiboLockTM RNase Inhibitor
RS : réponse spécifique
RyR : récepteurs à la ryanodine
SC : stimulus conditionnel
SERCA : sarco-endoplasmic reticulum calcium-ATPases
SI : stimulus inconditionnel
SMOCs: second messenger operated channels
SOCs : store operated channels
SRF : serum response factor
TCF : ternary complex factor
TRAP: Translating Ribosome Affinity Purification
TRP: transient receptor potential
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UV : rayonnement ultraviolet
VOC: voltage operated channel
VUM-mx1 : ventral unpaired median neuron of maxillary neuromere 1
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I. Introduction Générale
I.1. Partie I : la formation de la mémoire à long terme
I.1.1. La mémoire : un processus psycho-biologique complexe.
La mémoire peut être définie comme un processus nous permettant d’acquérir et de
conserver certaines informations sensorielles perçues, puis de les restituer ultérieurement.
Elle permet à l’individu de survivre en adaptant son comportement aux modifications de
l’environnement, et détient ainsi une valeur adaptative importante. L’une des plus
extraordinaires propriétés du cerveau réside dans sa plasticité liée à l’expérience. Les
études menées aussi bien sur les invertébrés que sur les vertébrés ont grandement
contribué à l’amélioration de la compréhension des mécanismes qui sous-tendent cette
plasticité cérébrale (Bailey et kandel, 1993 ; Kolb et Whishaw, 1998 ; Kandel, 2001 ;
Dubnau et al., 2003a). Depuis plusieurs siècles et au travers de différentes disciplines (de
la philosophie à la neurobiologie), la compréhension du fonctionnement de la mémoire
n’a de cesse de fasciner les chercheurs. Les principales avancées sont essentiellement
issues des travaux de neurobiologie combinant les approches comportementales venues
de la psychologie expérimentale avec les approches d’anatomie, d’électrophysiologie, de
pharmacologie, de biologie moléculaire, de biochimie et de génétique (Rudy, 2008).
L’ensemble des travaux relatifs à l’étude des mécanismes de la mémoire a conduit à la
mise en évidence de deux types de mémoires distinctes au niveau temporel, aussi bien
chez l’Homme que chez l’animal, qui sont la mémoire à court terme et la mémoire à long
terme.
Les deux objectifs majeurs de ce manuscrit de thèse sont de déchiffrer et de
comprendre, (1) quel pourrait être le déclencheur moléculaire de la formation de la
mémoire à long terme, et (2) comment pourrait être régulée, via ce déclencheur
moléculaire, l’expression de gènes requis pour la formation de cette mémoire.
a. Mémoire à court terme et mémoire à long terme : le mécanisme de
consolidation mnésique
Au début du vingtième siècle, les travaux d’Hermann Ebbinghaus ont permis de
mettre en évidence les deux principales caractéristiques du stockage mnésique. Il montra
que les souvenirs ont des durées de vie différentes et que le processus de répétition rend
les souvenirs plus durables (Ebbinghaus, 1913). En effet, certains souvenirs, de courtes
durées, sont retenus pendant quelques heures ; d’autres, de longue durée, peuvent
persister pendant des jours, des mois voire des années. Quelques années plus tard, les
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psychologues allemands Georg Müller et Alfons Pilzeckzer suggéraient que cette
mémoire, qui peut durer des jours voire des semaines, se consolide avec le temps, et ont
donc évoqué pour la première fois le processus de consolidation mnésique, qui
correspond à la période de stockage des informations à long terme (Müller et Pilzecker,
1900 ; Lechner et al., 1999). Pendant cette période, la mémoire est sensible aux
perturbations, mais une fois que le souvenir est consolidé, il apparaît alors robuste et
insensible aux interférences. Grâce à ces travaux, le philosophe et physiologiste William
James (1890) proposa une distinction qualitative pertinente entre la mémoire primaire
(mémoire à court terme) et la mémoire secondaire (mémoire à long terme). Il montra que
la mémoire à court terme dure quelques minutes et est essentiellement une extension du
moment présent. A l’inverse, la mémoire à long terme intervient dans la recherche du
passé. Cette distinction s’est avérée fondamentale pour la compréhension des processus
mnésiques.
Ainsi, on peut définir le processus de mémorisation en trois étapes clés (figure 1) : la
première est la phase d’acquisition, qui permet la détection et l’encodage de stimuli
informatifs pertinents. Elle relève de différentes modalités sensorielles, comme la vision,
l’audition, l’olfaction, etc. Ces informations sont ensuite assemblées et transformées, via
le processus d’encodage, en une représentation mentale interne cohérente. Ensuite vient
la phase de stockage ou de consolidation, permettant la conservation de ces informations
au sein du système nerveux central. La durée de cette phase est très variable, de l’ordre de
la seconde à toute une vie, et dépend du type d’apprentissage (expérience unique ou
répétée) et de l’impact émotionnel de l’information acquise. Enfin, la phase de rappel
correspond à la restitution différée de ces informations, permettant ainsi l’expression d’un
comportement modifié par une expérience antérieure.
A l’heure actuelle, on ne peut affirmer que les différents processus permettant la
formation d’une mémoire à long terme se déroulent de façon strictement séquentielle,
comme cela a été décrit dans le modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968). Il n’est pas exclu
que ces processus se déroulent de façon parallèle ou une combinaison « séquentielle-
parallèle » (figure 1). Même s’il existe des limites au modèle d’Atkinson et Shiffrin (Van
der Linden, 1995), ce modèle demeure toujours d’actualité et permet aujourd’hui encore
d’appréhender les différentes phases du processus de mémorisation, à savoir
l’acquisition, le stockage et le rappel. Une question cruciale demeure cependant encore en
suspens et concerne la nature et la séquence des mécanismes permettant la conservation
des informations perçues.
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Figure 1. Modèle des bases comportementales, cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire à
long terme. On peut noter la possibilité d’un traitement séquentiel et/ou parallèle de la formation de la mémoire à long
terme – par l’intermédiaire ou non de la formation de la mémoire à court terme. Les trois principales étapes de la
formation de la mémoire à long terme sont : l’acquisition, le stockage et le rappel de l’information. Chacune de ces
étapes est supportée par des événements cellulaires et moléculaires différents. La stabilisation à long terme d’une
information au sein du cerveau requiert l’étape de consolidation. Ainsi, l’information stockée et stabilisée devient
insensible à l’interférence.
b. Le conditionnement classique comme modèle d’apprentissage pour l’étude
des bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire à long
terme
La formation et le stockage à long terme d’une information nécessitent au
préalable un apprentissage. Il existe différents types d’apprentissages plus ou moins
complexes au cours desquels la quantité et la qualité des informations acquises sont
différentes. Avec l’essor des recherches en neurobiologie, les travaux pionniers
concernant l’étude des bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire ont
été entrepris de manière réductionniste, basés sur des modèles d’apprentissage simple
(apprentissage associatif, comme le conditionnement classique, et apprentissage non
associatif, comme l’habituation et la sensibilisation), et sur des animaux dont le système
nerveux était peu complexe comme celui de l’aplysie, une limace de mer (pour revue,
Kandel, 2001).
Le conditionnement associatif classique permet un apprentissage élémentaire simple,
robuste et précis, que l’on peut étudier sur différents modèles animaux, vertébrés ou
invertébrés. Au niveau comportemental, ce type de conditionnement a été mis en
évidence pour la première fois par Ivan Pavlov (1927), qui étudiait les réflexes digestifs
chez le chien. Ce conditionnement consiste en l’association de deux stimuli, un stimulus
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neutre qui devient conditionnel (SC) et un stimulus inconditionnel (SI) (figure 2). Le
stimulus neutre n’entraîne à lui seul aucune réponse comportementale de la part de
l’animal. En revanche, s’il est associé selon un appariement antérograde (le SC précède le
SI), le SC peut ensuite déclencher une réponse comportementale appelée réponse
conditionnée (RC).
Figure 2. Le conditionnement classique pavlovien. 1. Avant le conditionnement, la nourriture (le
stimulus inconditionnel) entraîne une réponse réflexe (réponse inconditionnée) de salivation du chien. 2. En
revanche, la présentation du son par le diapason (le stimulus neutre) ne déclenche aucune réponse de la part
de l’animal. 3. Pendant le conditionnement, on présente tout d’abord le son (devenant stimulus
conditionnel) qui va être rapidement associé à la présentation de la nourriture. Cette association entraîne
alors une réponse de salivation du chien, le chien apprenant l’appariement temporel entre ces deux stimuli.
4. Ainsi, après le conditionnement, et si le chien a bien appris l’association temporelle (le son précède
l’arrivée de nourriture), la présentation du stimulus conditionnel (le son du diapason) entraîne cette fois-ci
une réponse conditionnée du chien : il salive.
c. Les modèles animaux utilisés pour l’étude des bases cellulaires et
moléculaires de la formation de la mémoire à long terme
Pendant les années 50 et 60, de nombreux biologistes et psychologues considéraient
que l’apprentissage, et donc le comportement, était le seul domaine de la biologie pour
lequel l’utilisation d’animaux, tels les modèles invertébrés, n’avait que peu de chance
d’apporter des résultats concluants. Cependant, malgré le développement de nouvelles
techniques (comme la biologie moléculaire, l’électrophysiologie et la génétique), l’étude
des bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire au sein de système
nerveux aussi complexe que celui du mammifère, s’est révélée particulièrement difficile.
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Sachant que des formes élémentaires et non élémentaires d’apprentissage sont communes
à tout animal possédant un système nerveux (pour revue, Kandel, 2001), il doit exister, au
sein des mécanismes d’apprentissage, des caractéristiques cellulaire et moléculaire
communes et conservées entre les vertébrés et les invertébrés. Ainsi, Eric Kandel s’est
intéressé à l’aplysie Aplysia californica, pour entreprendre l’étude des bases cellulaires et
moléculaires de la formation de la mémoire. La relative simplicité du système nerveux de
ce modèle, par rapport à celui des mammifères, a permis à Kandel et ses collaborateurs
de faire des découvertes majeures sur l’identification des réseaux neuronaux et le rôle de
certaines molécules impliquées dans la formation de la mémoire (pour revue, Kandel,
2001). Le modèle de la drosophile a quant à lui été utilisé pour démontrer génétiquement
le rôle nécessaire et suffisant de certaines structures de son cerveau et de certaines
molécules dans les processus mnésiques (Davis, 2005 ; McGuire et al., 2005 ; Keene et
Waddell, 2007). Ce modèle présente cependant des inconvénients importants à
considérer, tels que la petite taille de son cerveau qui le rend difficile d’accès, ainsi que
les paradigmes comportementaux utilisés pour l’étude de la formation de la mémoire qui
ne sont pas réalisés de façon individuelle. Dans ce contexte, depuis une vingtaine
d’années, l’abeille domestique Apis mellifera s’est révélée être un modèle approprié pour
l’étude des bases comportementales, cellulaires et moléculaires de l’apprentissage et de la
mémoire (Menzel et Müller, 1996 ; Menzel, 2001 ; Giurfa, 2007). En effet, son cerveau
est facilement accessible et bien décrit au niveau anatomique. De plus, le génome de
l’abeille a été récemment séquencé (The Honeybee Genome Sequencing Consortium,
2006) et les paradigmes comportementaux utilisés pour étudier la formation de la
mémoire sont réalisés au niveau individuel (voir I.3 partieIII ).
I.1.2. Les bases cellulaires et moléculaires sous-tendant la formation de la mémoire à long terme
D’un point de vue neurobiologique, il est généralement admis que la formation et le
stockage à long terme des souvenirs s’accompagnent de modifications durables de
l’efficacité de la transmission synaptique et de l’architecture des réseaux neuronaux
activés au cours de l’apprentissage (pour revues, Bailey et Kandel, 1993 ; McGaugh,
2000 ; Kandel, 2001 ; Dudai, 2004 ; Lynch, 2004). Cette relation entre les processus
mnésiques et la plasticité des structures cérébrales est connue depuis la fin du XIXème
siècle grâce aux travaux de Ramon y Cajal (1894) et Camillo Golgi (1873). Ces auteurs
ont émis l’hypothèse selon laquelle l’apprentissage conduirait à des modifications
structurales des synapses permettant de stocker l’information. Ces travaux constituent les
fondements des neurosciences modernes et ont permis à Donald Hebb de formuler les
concepts élémentaires appelés aujourd’hui les « lois de Hebb » (Hebb, 1949). Selon lui,
l’activité neuronale pourrait induire un renforcement des connexions synaptiques pré-
-
20
existantes ainsi qu’une synaptogenèse. Jerzy Konorski (1948) proposa une hypothèse
complémentaire : la plasticité synaptique, induite par l’association de stimuli répétés,
pourrait transformer les connexions synaptiques potentielles en connexions synaptiques
fonctionnelles. Aujourd’hui, les théories de « Hebb-Konorski » constituent les
fondements essentiels de la plupart des modèles neurobiologiques de la mémoire.
Ces modifications synaptiques seraient donc le siège du stockage de l’information à
long terme et mettraient donc un certain temps à se mettre en place (Bailey et Kandel,
1993). En effet, les changements synaptiques à court terme mettent en jeu des
modifications de protéines pré-existantes conduisant à des modifications de connexions
synaptiques elles-aussi pré-existantes. La phase de mise en place de ces modifications est
assez courte, mais au cours de celle-ci, les connexions sont sensibles à l’interférence : on
parle alors de trace mnésique fragile. Cependant, afin qu’une information soit maintenue
à long terme et pour éviter que le souvenir s’efface, des changements synaptiques à long
terme semblent nécessaires. Ces changements impliquent l’expression de nouveaux
gènes, une synthèse protéique de novo, et la formation de nouvelles connexions. Ces
changements, qui nécessitent du temps, vont permettre de stabiliser les connexions d’un
réseau précis de neurones au sein duquel l’information va être stockée à long terme. La
trace mnésique sera donc stabilisée au sein de ce réseau de neurones (pour revue, Kandel,
2001 ; Laroche, 2006).
a. Les bases moléculaires de la formation de la mémoire à long terme
Dans les années 70, Kandel et ses collaborateurs ont étudié la formation de la
mémoire à court terme et à long terme au niveau comportemental, puis cellulaire et enfin
moléculaire. Ces études ont été réalisées sur un modèle simple, l’aplysie, en utlisant des
apprentissages simples tels que l’habituation, la sensibilisation ou le conditionnement
classique. Par la suite, les études sur la plasticité synaptique chez l’aplysie et chez le
mammifère, ainsi que des études génétiques chez la drosophile, ont permis de
nombreuses avancées sur le rôle des molécules impliquées dans la formation de la
mémoire. Nous essaierons dans cette partie d’en récapituler les caractéristiques
essentielles et les travaux majeurs qui ont permis d’arriver aujourd’hui au concept
suivant: la consolidation mnésique repose sur des modifications durables de la
connectique et de l’efficacité des synapses (plasticité neuronale à long terme). Les
modifications cellulaires sous-jacentes dépendent de régulations géniques, de
modifications post-traductionnelles et d’une néo-synthèse de protéines. Tout ceci serait
lié à l’activation de nombreuses molécules et de voies moléculaires, de façon conservée
chez différents modèles allant des vertébrés aux invertébrés (pour revues, Bailey et al.,
1996 ; Kandel, 2001 ; Wang et al., 2006 ; Hawkins et al., 2006 ; Izquierdo et al., 2006 ;
Keene et Waddell, 2007) (figure 3).
-
21
L’adénylate cyclase (AC)
Parmi ces molécules, la plus étudiée est l’adénylate cyclase (AC) associée à la voie
adénosine monophosphate cyclique - protéine kinase A (AMPc-PKA). En effet, elle est
l’une des premières voies de seconds messagers à avoir été étudiée par Kandel. Un grand
nombre de travaux chez différents modèles animaux, a montré l’importance des
molécules de cette voie dans la formation de la mémoire (Livigstone et al., 1984 ;
Schacher et al., 1988 ; Skoulakis et al., 1993 ; Mons et al., 1999 ; Müller, 2000 ; Sutton
et Carew, 2000 ; Schwärzel et Müller, 2006 ; Matsumoto et al., 2006 ; Michel et al.,
2008).
L’AC catalyse la conversion de l’adénosine tri-phosphate (ATP) en AMPc, un second
messager qui présente divers rôles régulateurs au sein du système nerveux, et qui est
nécessaire à l’activation de la PKA. L’activité de l’AC est dépendante du niveau de
calcium intracellulaire (Ferguson et Storm, 2004). L’AC est aussi un détecteur de
coïncidence capable d’intégrer des informations de deux sources indépendantes (figure
3) comme lors d’un apprentissage Pavlovien associant deux stimuli (Davis et al., 1995).
Chez les mammifères, il existe deux types d’adénylate cyclase fortement impliquées dans
des processus neuronaux complexes comme la formation de la mémoire à long terme,
l’AC1 et l’AC8 (pour revue, Ferguson et Storm, 2004). Cela est lié à son produit
d’activation, l’AMPc, qui active différentes molécules comme la PKA. La PKA est
composée de deux sous-unités, une régulatrice et une catalytique. L’AMPc produite par
l’activation de l’AC se fixe sur la sous-unité régulatrice de la PKA. La sous-unité
catalytique est alors libérée et transloquée dans le noyau afin de phosphoryler des
facteurs de transcription (Poser et Storm, 2001) (figure 3). Chez la drosophile et chez
l’aplysie, un rôle similaire a aussi été montré, indiquant une remarquable conservation de
ces processus au cours de l’évolution (pour revue, Bailey et al., 1996). En effet, des
mutants chez la drosophile comme rutabaga, dunce ou DCO, des souris Knock-out
(génétiquement modifié pour inactiver un gène), ou des animaux injectés avec des
inhibiteurs pharmacologiques, ont permis de montrer que des perturbations de l’AC ou de
la voie AMPc-PKA entraînent des déficits mnésiques importants (Tully et Quinn, 1985 ;
Zhao et al., 1995 ; Müller, 2000 ; Zars et al., 2000 ; Ferguson et Storm, 2004 ; Hawkins
et al., 2006 ; Michel et al, 2008). Enfin, l’activation de la voie AC-AMPc-PKA peut être
amplifiée par le complexe calcium/calmoduline qui va interagir avec l’AC (figure 3).
Les calmodulines Kinases (CaMK)
Une autre voie très étudiée est la voie des calmodulines kinases (calmoduline-
dependent protein kinases, CaMKs) avec notamment le rôle de la CaMKII (Mayford et
al., 1996 ; Micheau et Riedel, 1999 ; Irvine et al., 2006 ; Cammarota et al., 2008 ;
Tinsley et al., 2009). La CaMKII est une sérine/thréonine kinase très abondante au niveau
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22
post-synaptique (Kennedy et al., 1983). Cette enzyme, qui s’autophosphoryle grâce au
complexe calcium/Calmoduline (Ca2+/CaM) suite à une élévation de la concentration
intracellulaire de calcium [Ca2+]i, est capable, au moins in vitro, de décoder les
oscillations calciques intracellulaires par modifications de l’affinité de ses sites de
phosphorylations. Ces caractéristiques suggèrent que cette enzyme serait responsable de
l'amplification des signaux d’activation cellulaire (Dupont et Goldbeter, 1998 ; Dupont et
al., 2003 ; Cammarota et al., 2008). La CaMKII, activée suite à une augmentation de la
[Ca2+]i et une activation du complexe Ca2+/CaM, va pouvoir interagir avec certains
récepteurs glutamatergiques chez le rongeur (comme les récepteurs NMDA (N-methyl-D-
aspartate) et AMPA (α-amino-3-hydroxy-5-méthylisoazol-4-propionate)). Cette
interaction va permettre d’augmenter le flux ionique à travers ces canaux et ainsi
d’amplifier le signal calcique (Soderling, 1993 ; Derkach et al., 1999). La CaMKII peut
aussi être transloquée dans le noyau, après son activation, pour ensuite activer des
facteurs de transcription et permettre la synthèse de nouvelles protéines nécessaires à la
formation de la mémoire (figure 3) (Matthews et al., 1994 ; Greer et Greenberg, 2008).
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23
Figure 3. Représentation schématique des principales voies de signalisation impliquées dans la
formation de la mémoire. L’arrivée d’un potentiel d’action au niveau de la terminaison pré-synaptique (1)
entraîne l’entrée de calcium (Ca2+) qui permet l’exocytose de neurotransmetteurs qui vont activer des
récepteurs spécifiques au niveau de l’élément post-synaptique (3). Les récepteurs activés vont permettre
l’entrée de calcium et d’autres ions qui entraîneront la dépolarisation de la membrane post-synaptique et
l’ouverture de canaux dépendant du voltage menant à une plus grande entrée de calcium. Ce calcium va
activer différentes voies de signalisation moléculaire comme la voie des MAPK (Raf1-MEK, ERK), la voie
des CamKs (Calcium/Calmoduline (Ca2+/CaM), CaMKII), la voie adénosine monophosphate-protéine
kinase A (AMPc-PKA) par l’intermédiaire de l’activation de l’adénylate cyclase (AC), et la voie du
monoxyde d’azote (NO). Le NO formé sous l’action de la NO synthase (NOS) activée par la Ca2+/CaM,
diffuse dans l’élément pré-synaptique (1) active la guanylate cyclase (GC) et l’ADP-ribosyl-tranférase
(ADP-RT) entraînant une augmentation de l’exocytose des vésicules de neurotransmetteurs dans la fente
synaptique. Un neurone modulateur (2) va quant à lui activer, par libération de neurotransmetteurs, des
récepteurs couplés aux protéines G pour activer à son tour l’AC. Ces différentes voies de signalisation vont
activer des facteurs de transcription comme CREB (cAMP responses element binding) permettant
l’expression de gènes cibles. Le calcium peut aussi activer la transcription plus directement en agissant sur
l’activation de co-facteur transcriptionnel comme CBP (CRE binding protein). Cette activation est due à
une augmentation de la [Ca2+] nucléaire par l’intermédiaire d’une libération du calcium des stocks du
réticulum endoplasmique (RE) et/ou par un autre mécanisme encore mal connu. L’activation de CREB va
permettre la transcription de gènes cibles et la synthèse de nouvelles protéines requises pour la formation
de la mémoire à long terme.
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Les MAPK
La voie des MAPK (mitogenes-activated protein kinases) pourrait être impliquée dans
la formation de la mémoire chez les vertébrés (Atkins et al., 1998 ; Micheau et Riedel,
1999 ; Schafe et al., 1999 ; Sweatt, 2004 ; Cammarota et al., 2008) et les invertébrés
(Sharma et Carew, 2004 ; Feld et al., 2005 ; Moressis et al., 2009 ; Shobe et al., 2009).
La voie des MAPK est généralement activée par la liaison de ligands au niveau de divers
récepteurs (figure 3). L’activation de ces récepteurs conduit à l’activation de la protéine
ERK (extracellular-signal regulated kinases) qui va être transloquée dans le noyau pour
réguler l’expression de gènes cibles. Lors d’un apprentissage, ces gènes pourraient être
nécessaires aux modifications synaptiques permettant le stockage à long terme des
souvenirs, comme la stabilisation des épines dendritiques, la modulation de récepteurs
ioniques ou l’insertion de récepteurs à la membrane (pour revue, Sweatt, 2004).
Le monoxyde d’azote (NO)
Le monoxyde d’azote (nitric oxide, NO) est un gaz dont le rôle dans la formation de la
mémoire et de la plasticité synaptique a été montré chez de nombreux modèles animaux
(Garthwaite et Boulton 1995 ; Müller, 1996 ; Kendrick et al., 1997 ; Antonov et al.,
2007). Une entrée de calcium massive au niveau post-synaptique va permettre
l’activation de l’enzyme de synthèse du NO (la NO synthase, NOS) et par conséquent la
production du NO. Le NO est un gaz de très courte durée de vie (quelques secondes) qui
va pouvoir traverser la membrane plasmique et passer de l’élément post-synaptique à
l’élément pré-synaptique. A ce niveau, il va interagir avec la guanylate cyclase et l’ADP-
ribosyl-tranferase entraînant une augmentation de l’exocytose des vésicules de
neurotransmetteurs dans la fente synaptique (figure 3). Le signal sera donc potentialisé et
amplifié par le NO permettant une importante activation de l’élément post-synaptique, et
donc des voies de signalisations qui vont mener à la régulation de l’expression de gènes
et de la synthèse protéique (pour revue, Prast et Philippu, 2001).
Les cascades d’activation de protéines en chaînes citées précédemment peuvent durer
plusieurs dizaines de minutes ; elles constituent une première phase temporelle dans les
processus de conversion de la mémoire à court terme en mémoire à long terme. Le
stockage à long terme va nécessiter la régulation d’une nouvelle transcription et d’une
synthèse protéique par l’activation de facteurs de transcription. Cette deuxième phase
nécessitera quant à elle plusieurs heures au cours desquelles l’information se stabilisera
par diverses modifications synaptiques au sein d’un réseau de neurones.
CREB («cAMP responses element binding »)
Le facteur de transcription CREB possède un rôle charnière dans le passage d’une
mémoire à court terme vers une mémoire à long terme (pour revues, Bailey et al., 1996 ;
-
25
Silva et al., 1998 ; Perazzona et al., 2004 ; Alberini, 2009). La molécule CREB est
présente de façon constitutive dans tous les types cellulaires du cerveau (Carlezon et al.,
2005). Elle est activée par différents types de signaux extracellulaires, et est impliquée
dans un nombre important et varié de fonctions cellulaires (Carlezon et al., 2005).
Néanmoins, CREB est requis pour la transcription nécessaire à la formation de la
mémoire à long terme. Il peut être activé par les différentes molécules des différentes
voies citées précédemment (figure 3) (à l’exception du NO). Par exemple, la CaMKII et
la CaMKIV (non citée précédemment) activées par le calcium nucléaire et cytoplasmique
vont phosphoryler CREB et permettre la transcription de gènes cibles (Silva et al., 1998 ;
Alberini, 2009). CREB a donc un rôle central d’intégration des différents signaux
d’activation. Il peut donc y répondre en régulant la transcription de gènes cibles et, par
exemple, dans le cas de la formation de la mémoire à long terme, permettre la synthèse de
nouvelles protéines nécessaires à des modifications synaptiques fonctionnelles et
structurales. Suite à des mutations chez la drosophile comme dCREB2, de knock-out chez
le rongeur, ou suite à l’utilisation de divers inhibiteurs de CREB chez l’aplysie, la
mémoire à long terme est sévèrement perturbée (pour revues, Bailey et al., 1996 ; Silva et
al., 1998 ; Bozon et al., 2003 ; Perazzona et al., 2004 ; Alberini, 2009). De plus,
l’activation de la transcription dépendante de CREB mettrait en jeu l’activation d’un
CREB activateur et d’un CREB répresseur chez l’aplysie (Bailey et al., 1996 ; Alberini,
2009). Ce phénomène est encore soumis à discussion chez la drosophile (Perazzona et al.,
2004).
Les autres voies moléculaires
Il existe d’autres molécules, moins étudiées, mais pourtant impliquées dans la
formation de la mémoire à long terme : la calcineurine, une phosphatase calcium-
dépendante permet de réguler l’activation de certaines kinases (Mansuy et al., 1998 ;
Mansuy et Shenolikar, 2006), certaines molécules d’adhésion cellulaire nécessaires pour
le remodelage de l’architecture synaptique (Cheng et al., 2001 ; Bisaz et al., 2009), ou
encore divers types de récepteurs et canaux comme les récepteurs NMDA, les récepteurs
nicotiniques, les canaux calciques ou les récepteurs aux amines biogènes (Castellano et
al., 1997 ; Rampon et al., 2000 ; Shimizu et al., 2000 ; Woodside et al., 2004 ; Bitner et
al., 2007 ; Dacher et Gauthier, 2008 ; González-Burgos et Feria-Velasco, 2008 ; Seoane
et al., 2009).
Ces « molécules de la mémoire », dont l’activation est liée directement ou
indirectement au calcium, permettent l’expression de gènes cibles et donc la synthèse de
nouvelles protéines, une étape majeure et primordiale dans la formation de la mémoire à
long terme.
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26
b. Synthèse protéique et mémoire à long terme
L’une des plus importantes découvertes réalisée au cours du siècle dernier, sur les
bases cellulaires et moléculaires de la formation de la mémoire à long terme, concerne la
nécessité d’une synthèse de nouvelles protéines (pour revue, Davis et Squire, 1984). En
effet, contrairement à la mémoire à court terme, la formation de la mémoire à long terme
peut être altérée par des inhibiteurs de synthèse protéique, aussi bien chez les vertébrés
que les invertébrés (Stäubli et al., 1985 ; Tully et al., 1994 ; Freeman et al., 1995 ; Martin
et al., 1997 ; Meiri et Rosenblum, 1998 ; Menzel et al., 2001). Ce phénomène est donc
conservé au fil de l’évolution et pourrait être sous-tendu par des processus cellulaires et
moléculaires communs.
La synthèse protéique requise pour la formation de la mémoire à long terme
correspond non seulement à la traduction d’ARN messagers (ARNm) déjà présents au
sein du réseau de neurones qui stocke l’information, mais aussi à la transcription de
nouveaux gènes menant à la synthèse de nouvelles protéines.
La synthèse protéique correspondant à la traduction d’ARNm déjà présents dans le
réseau de neurones, se situe préférentiellement au sein des dendrites et des épines
dendritiques (supports anatomiques des connexions synaptiques). La majeure partie de
cette synthèse protéique a lieu localement au niveau des dendrites, où se trouvent les
composants majeurs de la machinerie traductionnelle, à savoir les ribosomes, les facteurs
de traduction et bien sûr les ARNm (Steward et Schuman, 2001 ; Bramham et Wells,
2007). De plus, des travaux récents ont montré que cette synthèse protéique locale est
nécessaire pour différentes formes de plasticité synaptique (Vickers et al., 2005), et pour
la stabilisation de nouvelles synapses créées à la suite d’un apprentissage (Miniaci et al.,
2008). Ainsi, cette synthèse protéique locale participerait aux modifications synaptiques
nécessaires au stockage à court et à long terme d’une information.
La synthèse protéique impliquant la transcription de nouveaux gènes, est composée de
deux vagues post-apprentissage, nécessaires pour la formation de la mémoire à long
terme (Freeman et al., 1995 ; Artinian et al., 2007 ; Izquierdo et al., 2006 ; Laroche,
2006). Des expériences principalement réalisées chez les vertébrés suggèrent qu’une
première vague se produit rapidement après l’apprentissage (jusqu’à 1 heure) et la
seconde entre 3 et 6 heures après l’apprentissage (Grecksch et Matthies, 1980 ; Freeman
et al., 1995; Bourtchuladze et al., 1998; Quevedo et al., 1999; Igaz et al., 2002 ; Igaz et
al., 2004 a, b ; Artinian et al., 2007). Ces vagues de synthèse protéique correspondent à la
transcription de gènes précoces ou « immediatly early genes » (IEGs) par l’activation de
facteurs de transcription comme CREB, suivie de la transcription de gènes tardifs (figure
4) (Izquierdo et al., 2006 ; Laroche, 2006). De plus, ces deux vagues de transcription
-
27
suivent les variations de la protéine CREB phosphorylée suite à un apprentissage (pour
revues, Izquierdo et al., 2006 ; Alberini, 2009).
Cette représentation du décours temporel de la synthèse protéique qui suit
l’apprentissage peut néanmoins varier en fonction des conditions d’apprentissage. En
effet, chez le rongeur, un apprentissage « faible », lors d’un seul essai de
conditionnement de peur, nécessiterait deux vagues de synthèse protéique alors qu’un
apprentissage « fort », lors de trois essais de conditionnement de peur, ne nécessiterait
que la première vague (Bourtchouladze et al., 1998).
Figure 4. Représentation schématique du décours temporel de l’expression des gènes après un
apprentissage. La première phase de transcription correspond à celle des gènes précoces (ou IEGs) avec un
pic d’expression environ 30 minutes après l’apprentissage. Cette transcription est suivie de celle des gènes
tardifs pendant une période beaucoup plus longue avec un pic d’expression entre 3 et 6 heures après
l’apprentissage.
La première étape de transcription qui suit l’apprentissage est celle des IEGs
(Morgan et Curran, 1989 a, b ; Clayton, 2000 ; Guzowski, 2002 ; Miyashita, 2008 ;
Alberini, 2009). Les IEGs codent pour des variétés différentes de protéines classées en
deux catégories principales:
Il existe des IEGs effecteurs qui participent à une grande variété de fonctions
cellulaires, telles que la croissance cellulaire (BDNF, Narp), la signalisation
intracellulaire (RheB, RGS-2, Homer 1a), des modifications synaptiques au niveau
structural (Arc, Homer 1a, Narp, TPA, BDNF), l’homéostasie synaptique (régulation du
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nombre de synapses) (Arc, Homer 1a) et le métabolisme (COX-2) (Guzowski, 2002 ;
Lanahan et Worley, 1998 ; Shepherd et al., 2006 ; Miyashita, 2007). Ces fonctions sont
compatibles avec des modifications synaptiques sous-jacentes à une plasticité synaptique
et à la formation de la mémoire (Dragunow, 1996). Par exemple, des inhibitions
pharmacologiques des protéines ou des inhibitions de l’expression de gènes, comme Arc,
BDNF ou homer1a entraînent des déficits mnésiques (Bekinschtein et al., 2007 ;
Miyashita, 2007 ; Lu et al., 2008 ; Inoue et al., 2009).
La deuxième catégorie d’IEGs est celle des gènes régulateurs de transcription comme
c-fos, c-jun (aussi nommé, AP-1), zif268 (aussi nommé, Egr-1, Krox24) et C/EBP
(Greenberg et al., 1986 ; Morgan et Curran, 1989 a, b ; Clayton, 2000 ; Guzowski, 2002 ;
Miyashita, 2007 ; Alberini, 2009). Ces gènes, comme leur nom l’indique, vont réguler la
transcription de gènes cibles dit tardifs, par un recrutement de la machinerie
transcriptionnelle, et sont clairement requis pour la formation de la mémoire à long terme
(pour revues, Guzowski, 2002 ; Miyashita, 2007 ; Alberini, 2009).
La seconde étape de transcription qui a lieu 3 à 6 heures après un apprentissage,
correspond à celle des gènes cibles tardifs. Ces gènes sont impliqués dans divers
mécanismes cellulaires permettant notamment les modifications synaptiques à long terme
et donc la stabilisation de la trace mnésique (pour revues, Clayton, 2000 ; Miyashita,
2007 ; Laroche, 2006). Par exemple, durant cette période, des kinases, des récepteurs ou
des enzymes sont exprimés dans l’hippocampe de rongeur après un conditionnement de
peur (pour revue, Izquierdo et al., 2006). Depuis quelques années, des chercheurs tentent
d’identifier et de comprendre le rôle des gènes impliqués dans la formation de la mémoire
à long terme (Dubnau et al., 2003b ; Igaz et al., 2004 b ; Izquierdo et al., 2006). Ces
études réalisées sur différents modèles animaux se révèlent très complexes et les résultats
ne permettent pas d’établir de conclusions claires.
La synthèse de protéines détiendrait ainsi un rôle clé dans le renforcement des
connexions synaptiques pré-existantes, ainsi que dans l’établissement de nouvelles
connexions fonctionnelles afin de stocker l’information à long terme au sein d’un réseau
spécifique de neurones. Ces deux principaux types de modifications synaptiques sont
présentés en détail dans les paragraphes suivants.
c. Mémoire à long terme et modifications de l’efficacité synaptique : le
phénomène de potentialisation à long terme
La formation de la mémoire repose sur des modifications de l’efficacité de la
transmission synaptique (ou force synaptique) permettant la stabilisation de la trace
mnésique à long terme. Le modèle cellulaire et moléculaire sur lequel reposeraient ces
modifications synaptiques fonctionnelles, est la potentialisation à long terme (PLT) (pour
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29
revue, Lynch 2004). C’est en 1973 que Bliss et Lømo ont démontré pour la première fois
que la répétition de stimulations à haute fréquence sur des tranches d’hippocampe de
lapin, entraînait une PLT dans les cellules granulaires du gyrus denté de l’hippocampe
(Bliss et Lømo, 1973). Les caractéristiques principales de la PLT majoritairement
étudiées in vitro (Bliss and Collingridge, 1993 ; Abraham et al., 1995), suggèrent que la
PLT serait impliquée dans la formation de certaines formes de mémoire (pour revues,
Martin et al., 2000 ; Kandel, 2001 ; Lynch, 2004 ; Hawkins et al., 2006 ; Reymann et
Frey, 2007 ; Neves et al., 2008).
La PLT et la formation de la mémoire présentent les trois caractéristiques communes
suivantes :
● La PLT a lieu dans certaines structures nécessaires à la formation de la mémoire
comme l’hippocampe chez le mammifère (pour revue, Lynch, 2004).
● La PLT et la mémoire présentent des décours temporels similaires. De la même
façon qu’il existe une mémoire à court terme, il existe une PLT précoce qui dure 2 à 3
heures. Ces deux processus sont indépendants de la synthèse protéique. Il existe
également une PLT tardive qui perdure des heures in vitro et des semaines in vivo
(Lynch, 2004). Cette PLT tardive, comme la mémoire à long terme, requièrent la
transcription de nouveaux gènes et la synthèse de nouvelles protéines pour être
maintenues (Krug et al., 1984 ; Nguyen et al., 1994 ; Mochida et al., 2001 ; Kandel,
2001 ; Lynch, 2004 ; Costa-Mattioli et al., 2009)
● La formation de la PLT tardive induite par l’activation des récepteurs NMDA,
comme la formation de la mémoire à long terme, nécessite l’activation de voies de
signalisation intracellulaire. Parmi ces voies de signalisation, on retrouve les voies
impliquant la PKA, la CaMKII, les MAPKs et le facteur de transcription CREB (Morris,
1989 ; Lynch, 2004 ; Reymann et Frey, 2007).
Aujourd’hui, le lien entre la consolidation mnésique et l’induction de la PLT n’a pas
encore été clairement démontré. Cependant, Whitlock et ses collaborateurs (2006) ont été
les premiers à montrer très récemment que l’apprentissage induit une PLT in vivo dans
l’hippocampe de rat.
Par ailleurs, il est important de noter que la PLT n’est pas le seul phénomène de
plasticité synaptique probablement lié à la formation de la mémoire. En effet, la
dépression à long terme (DLT), qui correspond à une diminution de l’efficacité de la
transmission synaptique, peut avoir un rôle important dans la formation de la mémoire à
long terme (Massey et Bashir, 2007). Cependant, peu de données sont disponibles sur ce
phénomène.
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30
Des modifications de l’efficacité synaptique qui se produisent très rapidement après
l’apprentissage (comme le phénomène de PLT) ne suffiraient pas à maintenir et à
stabiliser le réseau de neurones impliqués dans le stockage de l’information. Ainsi, des
modifications au niveau de la structure même des synapses vont aussi avoir lieu afin de
permettre, conjointement aux modifications synaptiques fonctionnelles, le stockage à
long terme de l’information.
d. Mémoire à long terme et modifications de l’architecture synaptique
Le stockage à long terme des souvenirs s’accompagne également de modifications de
l’architecture synaptique du réseau de neurones impliqués. Ces changements synaptiques
structuraux peuvent être regroupés en deux principales catégories : des modifications de
la structure de synapses pré-existantes et des variations du nombre de synapses. Ces
modifications de l’architecture des synapses des réseaux neuronaux, support du stockage
de l’information, sont dépendantes de la synthèse de nouvelles protéines (pour revues,
Bailey et Kandel, 1993 ; Bailey, 1999).
Des modifications synaptiques au niveau structural ont été observées suite à différents
types d’apprentissage, pour différents modèles vertébrés ou invertébrés. En effet, suite à
un apprentissage chez l’aplysie mais aussi chez le rongeur, des variations du nombre, de
la taille et/ou du type de synapse ont été observées (Black et al., 1990 ; Bailey et Chen,
1991 ; Geinisman et al., 2000 a, b ; Kleim et al., 2002 ; Bailey et al., 2004) ainsi que des
variations de la densité d’épines dendritiques, supports anatomiques des connexions
synaptiques (Moser et al., 1994 ; Knafo et al., 2001). De la même façon, il a été relevé
des variations de volume des structures nerveuses corrélées avec l’expérience, telles que
l’hippocampe des conducteurs de taxis londoniens (Maguire et al., 2000), ou encore le
lobe antennaire de l’abeille, premier centre de traitement de l’information olfactive, après
la mémorisation spécifique à long terme d’une odeur (Hourcade et al., 2009). Les
modifications structurales du réseau de neurones impliqués dans le stockage à long terme
de l’information, peuvent être parfois dues à l’intégration de nouveaux neurones, comme
c’est le cas dans l’hippocampe de souris adultes (Trouche et al., 2009).
En conclusion, ces travaux posent la question de l’existence d’un déclencheur de ces
voies de signalisations, qui serait à l’origine de la formation de la mémoire à long terme.
De nombreux efforts ont été investis pour identifier l’événement initial de la formation de
la mémoire à long terme, mais aujourd’hui, ces recherches restent sans réponses claires.
Ainsi, identifier ce déclencheur nous permettrait alors d’évaluer s’il joue un rôle
important dans la régulation de l’expression de gènes requis pour de possibles
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modifications structurales et fonctionnelles à long terme afin de stocker une information
au sein d’un réseau de neurones.
Dans cette thèse, nous avons émis l’hypothèse que le calcium pourrait jouer un tel
rôle. En effet, la majorité des « molécules de la mémoire » sont activées directement ou
indirectement par le calcium. Ainsi, le chapitre qui suit fait état des travaux relatant de la
nature de la régulation calcique intracellulaire ainsi que son rôle dans de nombreuses et
diverses fonctions neuronales qui nous ont amenés à émettre notre hypothèse.
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I.2. Partie II. Le calcium, un acteur clé des fonctions nerveuses
I.2.1. Le calcium et les fonctions neuronales
Le calcium, qui peut sembler être un messager ubiquitaire, régule les processus vitaux
de la cellule tout au long de la vie. La régulation des variations de la concentration
intracellulaire de calcium ([Ca2+]i) est réalisée de façon spatio-temporelle. Ce signal
calcique est médié par différents récepteurs impliquant diverses sources de calcium,
extracellulaire mais également intracellulaire, au sein des organites contenant les stocks
calciques. Pour assurer son homéostasie, le calcium interagit avec de nombreux éléments
de la cellule (« calcium toolkit ») (Berridge, 1998, 2003).
Le signal calcique joue un rôle important dans la régulation de nombreux processus
neuronaux. En effet, il est impliqué dans l’induction neurale (Moreau et Leclerc, 2004 ;
Moreau et al. 2008) dans le développement neuronal , comme la migration cellulaire au
niveau du système nerveux central (Komuro et Kumada, 2005), la croissance axonale
(Gomez et Spitzer, 1999), le développement des dendrites (Zou et Cline, 1999 ; Redmond
et Ghosh, 2005), la synaptogenèse (Lohmann et al., 2005), mais aussi l’apoptose (Szalai
et al., 1999) et la survie neuronale (Collins et al., 1991). Le calcium régule aussi la
libération de neurotransmetteurs et l’excitabilité de la membrane (Hille, 1978, 1992 ;
Sudhof, 2004 ; Neher et Sakaba, 2008). Il est aussi fortement impliqué dans la régulation
de l’expression de gènes (Greenberg et al., 1986 ; Alkon et al., 1998 ; Bito, 1998 ;
Carrasco et al., 2004 ; Batut et al., 2005) et dans la plasticité synaptique telle que la PLT
ou la DLT, modèles moléculaires sous-jacents à la formation de la mémoire (Bliss et
Collingridge, 1993 ; O’Mara et al., 1995 ; Lisman, 2001 ; Lynch, 2004 ; Raymond et
Redman, 2002, 2006). Enfin, un nombre important d’expériences comportementales a
révélé, par des études indirectes, l’implication du calcium dans la formation de la
mémoire (Ohnuki et Nomura, 1996 ; Quevedo et al., 1998 ; Balschun et al., 1999 ;
Blackwell et Alkon, 1999 ; Futatsugi et al., 1999 ; Kouzu et al., 2000 ; Rodrigues et al.,
2001 ; Salinska et al., 2001 ; Bauer et al., 2002 ; Woodside et al., 2004 ; Edwards et
Rickard, 2006 ; Baker et al., 2008, 2009 ; Seoane et al., 2009).
Afin d’étudier et de mieux appréhender le rôle du calcium dans les fonctions
nerveuses, et notamment dans la formation de la mémoire, il est indispensable de
comprendre au niveau cellulaire, sa distribution spatiale, son homéostasie, et à un niveau
plus intégré, son implication dans les processus de plasticité synaptique et dans les
processus mnésiques. En effet, ces informations permettent de comprendre l’effet
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d’agents pharmacologiques qui ciblent spécifiquement le calcium intracellulaire et qui
donc interagissent avec les différentes sources de calcium.
I.2.2. Quelles sont les sources de calcium ?
Le calcium (Ca2+) est présent dans les milieux intracellulaire et extracellulaire. Au
niveau intracellulaire, il est stocké dans différents organites comme le réticulum
endoplasmique, les mitochondries, l’enveloppe nucléaire, les lysosomes ou l’appareil de
Golgi. La concentration cytosolique de calcium libre au repos dans la plupart des
neurones est d’environ 100 nM. La concentration calcique au niveau du réticulum
endoplasmique est d’environ 2 mM (Clapham, 1995) et la concentration extracellulaire
est d’environ 1 mM (Simons, 1988).
Ainsi, le gradient électrochimique est donc en faveur d’une entrée de calcium
extracellulaire dans la cellule ou d’une libération des stocks calciques. La modulation de
la [Ca2+]i à partir de ces deux sources de calcium via divers canaux calciques est détaillée
dans les paragraphes suivants et résumée en figure 5.
a. L’entrée de calcium extracellulaire
Les neurones possèdent, au niveau de leur membrane plasmique, une grande diversité
de canaux qui permettent une entrée de calcium dans la cellule. En effet, lorsqu’un
neurone est activé, les canaux alors ouverts vont permettre l’entrée des ions calcium dans
la cellule selon leur gradient électrochimique. Ainsi, la quantité de calcium intracellulaire
va être modulée, la cellule va intégrer ce signal et y répondre par différents moyens,
comme la transcription de gènes cibles. Dans la plupart des neurones du système nerveux
central, il existe deux types principaux de canaux calciques : les canaux calciques
voltage-dépendants (CCVD) et les canaux calciques chimio-dépendants (CCCD). De
plus, il existe des canaux sensibles à la libération du calcium des stocks calciques internes
et à d’autres types de stimulations, développés dans les paragraphes suivants.
• Les CCVD (canaux calciques voltage dépendants)
Les CCVD, aussi appelés CaV ou VOC (voltage operated channels) sont régulés par
le potentiel de membrane (figure 5). Dans la plupart des neurones, les courants calciques
peuvent être attribués à différents types de CCVD appelés canaux de types L, N, P/Q, R
et T (Tsien et al., 1988 ; Hess, 1990 ; Tsien et al., 1991 ; McCleskey, 1994 ; Herlitze et
al., 2003 ; Catterall et al., 2005). En fonction de leurs caractéristiques
électrophysiologiques, pharmacologiques et moléculaires, il existe différents sous-types
de canaux (annexe 1) (Tsien et al., 1988 ; Hess, 1990 ; Tsien et al., 1991 ; McCleskey,
1994 ; Catterall et al., 2005 ; Lory et al., 2006).
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Les différents types de CCVD possèdent des fonctions distinctes au sein des neurones,
notamment du fait de leur localisation. Les canaux de type L (les CaV1), les canaux de
type N, P/Q et R (les CaV2) et les canaux de type T (les CaV3) sont localisés au niveau
dendritique et au niveau du corps cellulaire. De plus, les CaV2 sont localisés au niveau
pré-synaptique alors que les CaV1 sont localisés au niveau pré et post-synaptique. Les
canaux de type N et P/Q sont impliqués dans le contrôle de la libération des
neurotransmetteurs (Uchitel et al., 1992 ; Turner et al., 1992 ; Takahashi et Momiyama,
1993), alors que les CaV1 sont impliqués dans la modulation de la libération des
neurotransmetteurs et dans la signalisation calcique post-synaptique menant à la
transcription de gènes (West et al., 2001 ; Gomez-Ospina et al., 2006 ; Calin-Jageman et
Lee, 2008). En outre, il est intéressant de noter que les CaV1 et les CaV2 sont impliqués
dans les processus mnésiques et dans la plasticité synaptique (Dietrich et al., 2003 ;
Moosmang et al., 2005 ; McKinney et al., 2008 ; Takahashi et Niimi, 2009). Les CaV3
sont quant à eux impliqués dans le sommeil et l’épilepsie (Nelson et al., 2006 ; Lee et
Shin, 2007). Les CaV2 et les CaV3 sont également impliqués dans la douleur (Nelson et
al., 2006 ; Swayne et Bourinet, 2008).
Au niveau post-synaptique, l’activation des CaV est due à une dépolarisation
membranaire résultant de l’entrée de calcium au travers de récepteurs activés par la
fixation d’un ligand. Ces récepteurs sont des canaux chimio-dépendants.
• Les canaux calciques chimio-dépendant (CCCD) ou ROC (« receptor
operated channel »)
Au niveau des synapses, l’arrivée d’un potentiel d’action entraîne la libération, par
l’élément pré-synaptique, de neurotransmetteurs dans la fente synaptique. Ces
neurotransmetteurs se fixeront ensuite sur des récepteurs spécifiques au niveau post-
synaptique. Certains neurotransmetteurs sont capables d’entraîner une entrée de calcium
dans le neurone en activant le plus souvent des récepteurs appelés ROC, jouant le rôle de
canaux dont la perméabilité n’est pas sélective au calcium (figure 5). Par exemple, le
glutamate, principal neurotransmetteur excitateur chez les mammifères, peut activer les
récepteurs NMDA ou encore les récepteurs AMPA/kaïnate. Le récepteur NMDA est un
récepteur chimio-dépendant mais aussi voltage-dépendant. En effet, même s’il s’active
suite à la fixation du glutamate, il nécessite toutefois une dépolarisation membranaire
conjointe afin de lever le blocage d’un « bouchon » de magnésium et permettre l’entrée
de calcium et de sodium. Les récepteurs nicotiniques ou certains récepteurs purinergiques
peuvent aussi laisser entrer du calcium (Fischer et Krugel, 2007 ; Shen et Yakel, 2009).
Par ailleurs, les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) présents au niveau de la
membrane plasmique (figure 5) tels que les récepteurs métabotropiques, permettent
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indirectement l’augmentation du niveau de calcium intracellulaire (voir partie sur les
récepteurs à l’IP3).
• Les canaux SOC, CRAC et SMOC
Ces différents types de canaux ubiquitaires (figure 5), présents au niveau de cellules
excitables et non excitables (Parekh et Putney, 2005), permettent l’entrée capacitive de
calcium dans la cellule. Cette entrée de calcium correspond à un courant calcique
provenant du milieu extracellulaire après déplétion du pool de calcium du réticulum
endoplasmique. Leur activité est déclenchée par la « vidange » des stocks intracellulaires
de calcium, d’où le nom de SOCs (store operated channels). L’entrée de calcium via les
SOCs semble être impliquée dans la régulation de différents processus cellulaires, tels
que l’exocytose des vésicules, la régulation de l’activité enzymatique, les oscillations
calciques, l’apoptose, la transcription de gènes et le remplissage des stocks calciques
(pour revue, Parekh et Putney, 2005). Cependant, certaines de ces fonctions demeurent
encore spéculatives.
Un des SOCs les plus étudiés est le canal CRAC (calcium release-activated calcium)
qui est bien caractérisé au niveau électrophysiologique (pour revues, Parekh, 2007 ; Vig
et Kinet, 2007). Depuis la première description des SOCs (Putney, 1986), l’idée
prépondérante de leur fonctionnement est en faveur d’un couplage entre la membrane
plasmique et le réticulum endoplasmique par des interactions protéiques (Berridge, 1995 ;
Patterson et al., 1999). La fonction des protéines STIM et Orai, récemment découvertes,
conforte cette prédiction (Deng et al., 2009). STIM est une protéine présente au niveau de
la lumière du réticulum endoplasmique (Liou et al., 2005 ; Roos et al., 2005 ; Cahalan,
2009) et Orai, un canal calcique présent au niveau de la membrane plasmique (Prakriya et
al., 2006 ; Vig et al., 2006 ; Yeromin et al., 2006). Après une déplétion des stocks du
réticulum, STIM est transloqué à la membrane du réticulum endoplasmique au niveau de
jonctions proches de la membrane plasmique. A ce niveau, il va pouvoir activer Orai,
permettant ainsi l’entrée de calcium dans le cytoplasme (Cahalan, 2009 ; Deng et al.,
2009).
D’autres canaux membranaires proches de CRAC, les ARCs (arachidonate-activated
channels) ont été décrits comme permettant une entrée de calcium non capacitive
(Shuttleworth et al. 1996, 2004). Les ARCs font partie d’une autre classe de canaux
appelés SMOCs (second messenger operated channels).
• Les canaux TRP (« transient receptor potential »)
Il existe une grande variété de canaux TRP (figure 5, annexe 2) présents au sein de
divers types cellulaires, dont la plupart sont perméables au calcium et au sodium de façon
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non sélective mais avec des perméabilités différentes. Ils peuvent être activés par
différents stimuli intra ou extracellulaires. Par exemple, ils peuvent être activés par le
diacylglycérol (DAG), par le facteur de croissance BDNF, par la déplétion des stocks
calciques et par translocation du canal à la membrane plasmique, résultant de l’activation
d’un récepteur par un facteur de croissance de l’épiderme (Li et al., 1999 ; Putney, 2005 ;
Venkatachalam et Montell, 2007 ; Salido et al., 2008). Certains TRP pourraient
également être activés par la stimulation mécanique (Kiselyov et Patterson, 2009).
Depuis quelques années, un rapprochement a été fait entre des TRP et les canaux de
types SOCs et CRAC (Ambudkar et al., 2006, 2007 ; Parekh et Putney, 2005), ou bien
SMOC (Bolotina et Csutora, 2005). Il est désormais évident que la « vidange » des stocks
calciques intracellulaires est à l’origine de la modulation de nombreux TRP (Putney,
2005). Certains possèdent un motif CIRB (calmoduline/IP3 binding domain) (Tang et al.,
2001), des domaines de liaison aux protéines homer, qui interagissent notamment avec
les récepteurs IP3 et RyR présents au niveau du réticulum endoplasmique (Salanova et
al., 2002 ; Ward et al., 2004). Enfin, certains canaux TRP, les TRPC, pourraient être
activés par STIM suite à la déplétion des stocks du réticulum comme c’est le cas pour le
canal Orai (Cahalan, 2009).
Chez les mammifères, la localisation de l’expression des canaux TRPC1 et TRPC5
suggère un rôle de ces canaux dans la plasticité neuronale, l’apprentissage et la mémoire
(von Bohlen und Halbach et al., 2005).
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Figure 5. Schéma représentant la modulation de la [Ca2+]i par l’activation de différents types de
récepteurs présents au niveau de la membrane plasmique, de la membrane du réticulum
endoplasmique (RE) et au niveau de la mitochondrie. Les canaux calciques présents au niveau de la
membrane plasmique sont les canaux calciques voltage-dépendants (ou Voltage Operated Channel, VOC),
les SMOC (second messenger operated channel), les SOCs (store operated channel), Orai activé par
interaction avec STIM présent au niveau du RE, les canaux TRP (transient receptor potentiel) et les
ROC (receptor operated channel). Les canaux calciques présents au niveau du réticulum endoplasmique
sont les récepteurs à la ryanodine (RyR) et les récepteurs à l’inositol tri-phosphate (IP3R). Suite à
l’activation d’un récepteur couplé aux protéines G, la phospholipase C (PLC) va être activée à son tour par
une des protéines G. La PLC activée va transformer le phosphatidylinositol 4,5 biphosphate (PIP2) en IP3
et diacylglycérol (DAG). L’IP3 va se fixer sur les IP3R et ainsi permettre la sortie de calcium du réticulum.
De plus, ce calcium va à son tour activer les RyR et permettre une sortie plus importante de calcium,
phénomène appelé « calcium-induced calcium release » (CICR). L’augmentation de la [Ca2+]i par ces
différentes sources peut entraîner l’entrée de calcium dans le noyau et ainsi activer la transcription de
gènes. La régulation de l’homéostasie calcique peut se faire grâce aux calcium-ATPases présentes au
niveau de la membrane plasmique, les PCMA (plasmic membrane calcium ATPases), aux échangeurs
Na+/Ca2+ (Na+/Ca2+ exchanger, NCX) présents au niveau de la membrane plasmique, aux pompes SERCA
(sarco-endoplasmic reticulum calcium-ATPases) présentes au niveau de la membrane du réticulum
endoplasmique et aux uniports mitochondriaux, ainsi qu’aux échangeurs antiports mitochondriaux.
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b. La libération de calcium à partir des stocks intracellulaires
La membrane plasmique interagit donc avec le milieu extracellulaire par