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Universiteacute drsquoOran 2 Faculteacute des Sciences Economiques Commerciales et des Sciences de
Gestion
THESE
Pour lrsquoobtention du diplocircme de Doctorat en Sciences En Sciences Commerciales
Lrsquoimpact du capital social entrepreneurial sur la performance
Des PME en Algeacuterie
Preacutesenteacutee et soutenue publiquement par
Mr LASSAS Ahmed
Devant le jury composeacute de Mr BENBAYER Habib Professeur Universiteacute drsquoOran 2 Preacutesident
Mr BOUYACOUB Ahmed Professeur Universiteacute drsquoOran 2 Rapporteur
Mr ABEDOU Abderrahmane Directeur de recherche CREAD Alger Examinateur
Mr ATTOU Mohammed Professeur Universiteacute de Sidi Bel Abbeacutes Examinateur
Mr BENCHIKH Houari Maicirctre de confeacuterences -A- Universiteacute drsquoOran 2 Examinateur
Mr TCHIKOU Fawzi Maitre de confeacuterences -A- Universiteacute de Mascara Examinateur
Anneacutee 2017-2018
2
Deacutedicaces A la meacutemoire de mon pegravere Mustapha
A ma megravere Algia
Ma femme Amal mes filles khouloud et manale
Ma sœur Hinda
Mon fregravere Rachid
3
Remerciements
Tout drsquoabord je remercie le bon dieu de mrsquoavoir donneacute la volonteacute neacutecessaire qui a meneacute mon
travail agrave terme
La reacutealisation de ce travail a eacuteteacute possible gracircce au concours de plusieurs personnes agrave qui je
voudrais teacutemoigner toute ma reconnaissance
Je voudrais tout drsquoabord adresser toute ma gratitude agrave mon directeur de thegravese Monsieur
laquo BOUYACOUB Ahmed raquo pour sa patience sa disponibiliteacute et surtout ses preacutecieux conseils qui ont
contribueacute agrave alimenter ma reacuteflexion
Je tiens eacutegalement agrave remercier monsieur laquo ABEDOU Abderrahmane raquo du CREAD pour son
aide
Je voudrais adresser mes remerciements envers mes amis et collegravegues qui mrsquoont apporteacute leur soutient tout
au long de la reacutealisation de ce travail
Et enfin jrsquoexprime toute ma reconnaissance aux membres du jury pour avoir pris la peine
drsquoeacutevaluer mon travail
4
Lrsquoobjet de cette thegravese a eacuteteacute deacutefini drsquoune maniegravere progressive Au deacutebut nous voulions
nous inteacuteresser agrave la performance des Petites et Moyennes Entreprises en Algeacuterie Lrsquohypothegravese de
deacutepart eacutetait que les caracteacuteristiques du reacuteseau social des proprieacutetaires-dirigeants deacuteterminent les
types et les niveaux de croissance des entreprises consideacutereacutee comme une forme de la
performance Cependant trois circonstances ont consolideacute lrsquoideacutee drsquoorienter notre recherche vers
le processus entrepreneurial qui en premiegravere approche renvoi aux diffeacuterentes eacutetapes de la
creacuteation drsquoune entreprise
1 La participation dans trois ateliers doctoraux1 organiseacutes agrave lrsquooccasion drsquoun agrave projet
de recherche portant sur les modes drsquoeacutemergence et de deacuteveloppement des PME dans les pays du
Maghreb La preacutesentation de notre sujet de thegravese dans ces ateliers eacutetait une opportuniteacute pour
saisir la litteacuterature theacuteorique sur le sujet mais aussi pour se rendre compte des eacutecueils
meacutethodologiques inheacuterents agrave lrsquoarticulation projeteacutee entre le reacuteseau social et la performance Ces
eacutecueils peuvent concerner lrsquoopeacuterationnalisation des concepts et la mesure empirique de la
performance des PME notamment lorsqursquoil srsquoagit drsquoune eacuteventuelle enquecircte de terrain
2 Une contribution dans un projet de recherche qui devait eacutetudier les caracteacuteristiques
deacutemographiques et de fonctionnement des PME dans la wilaya drsquoOran2 Les reacutesultats tireacutes de
lrsquoanalyse tregraves deacutetailleacutee des mouvements de creacuteation et de disparition de ces entreprises et drsquoune
enquecircte sur le fonctionnement de 219 PME3 ont mis en relief de grandes faiblesses non
seulement en matiegravere de gestion mais aussi en termes de niveau de creacuteation Cela a susciteacute en
nous un inteacuterecirct sur les conditions dans lesquels lrsquoeacutemergence des PME se fait
3 Enfin lrsquoaccegraves aux donneacutees des enquecirctes reacutealiseacutees par le groupe international GEM4
constitue une eacutetape deacutecisive pour la construction de notre objet de recherche Ces donneacutees
concernent les caracteacuteristiques les comportements et le reacuteseau social des individus qui se
trouvent dans diffeacuterentes eacutetapes de la creacuteation drsquoentreprise (intention creacuteation et survie) Il
srsquoagit pour nous drsquoun mateacuteriel empirique propice agrave un objet de recherche qui met en articulation
le contexte relationnel des entrepreneurs et le processus entrepreneurial
Pour eacuteclaircir davantage notre propos cette introduction abordera dans un premier
temps les constats empiriques esquisseacutes ci-dessus Ces constats permettront de mettre en relief
notre probleacutematique du point de vue du contexte Algeacuterien Ensuite nous interrogeons ces faits
1 Ateliers organiseacutes en 20062007 et 2009 dans le cadre drsquoun programme FSP- Maghreb (fond de solidariteacute prioritaire) 2 Programme national de recherche PNR Sous la direction de BOUYACOUB A (2011-2013) laquo les principales caracteacuteristiques des PME de la wilaya drsquoOran raquo 3 Le projet a consisteacute aussi agrave questionner des chefs drsquoentreprises sur la gestion la performance et les contraintes de fonctionnement de leurs entreprises 4 Les enquecirctes de 2009 20112012 et 2013 GEM Global Entrepreneurship Monitor nous utiliserons quelques reacutesultats dans cette introduction mais nous reviendrons en deacutetail sur les aspects meacutethodologiques et le contenu de ces donneacutees dans le
troisiegraveme chapitre
5
empiriques par rapport agrave la litteacuterature theacuteorique relative au domaine de lrsquoentrepreneuriat ce qui
nous permettra de justifier la probleacutematique et les hypothegraveses de recherche Enfin nous
mettrons en relief le plan geacuteneacuteral de la thegravese
I- CONSTATS SUR LrsquoENTREPRENEURIAT EN ALGERIE
Drsquoentreacute de jeux lrsquoentrepreneuriat est un fait difficile agrave mesurer Le caractegravere
heacuteteacuterogegravene et multidimensionnel de ce pheacutenomegravene implique une impossibiliteacute de construire un
indicateur unique pouvant inteacutegrer toutes les dimensions qursquoil enferme5 Habituellement les
modaliteacutes de mesure utiliseacutees dans la recherche acadeacutemique ou par les enquecirctes officielles sont
de deux types (fig1) Le premier mesure le niveau de lrsquoentrepreneuriat latent qui reflegravete la
proportion des individus qui preacutesentent une forte probabiliteacute de preacutefeacuterence pour le travail
indeacutependant plutocirct que le travail salarieacute6 Le second appreacutehende le niveau reacuteel de ce pheacutenomegravene
en se basant soit sur le recensement systeacutematique de lrsquoauto emploi de la creacuteation de nouvelles
drsquoentreprises et du nombre drsquoentreprises innovatrices soit sur les deacuteclarations des individus
srsquoils sont en situation drsquoentrepreneuriat ou non7
Figure 1 les principaux indicateurs de mesure de lrsquoentrepreneuriat
Source Auteur
5 JULIENPA amp CADIEUXL L a mesure de lrsquoentrepreneuriat rapport drsquoeacutetude institut de la statistique du Queacutebec 2010 89 pages p66 6 GRILO I THURIKR Latent and Actual Entrepreneurship in Europe and the US Some Recent Developments International Entrepreneurship and Management Journal Ndeg1 2005 pp 441ndash459 p 442 7 IVERSENJ JOslashRGENSENR MALCHOW-MOslashLLERN Defining and measuring entrepreneurship Foundations and Trends
in Entrepreneurship 2008 Vol 4 Ndeg 1pp 1-63p17
Auto emploi
Creacuteation disparition drsquoentreprise
Innovation RampD
Intention entrepreneuriale
Preacutefeacuterence pour lrsquoauto emploi
Niveau de
lrsquoentrepreneuriat
Entrepreneuriat
Latent
Entrepreneuriat
Reacuteel
Recenseacute
Individus deacuteclarent ecirctre entrepreneur Deacuteclareacute
6
Toutes ces modaliteacutes bien que chacune repose sur une conception particuliegravere de
lrsquoentrepreneuriat cherchent en deacutefinitive agrave quantifier ce pheacutenomegravene pour pouvoir suivre son
mouvement dans le temps et son rocircle dans la performance eacuteconomique drsquoun pays drsquoune reacutegion
ou drsquoun territoire
A travers lrsquoexamen des donneacutees nationales et internationales disponibles nous
cherchons tout drsquoabord agrave mettre en relief lrsquoeacutecart entre le niveau potentiel qui quantifie ceux qui
veulent devenir entrepreneurs et le niveau reacuteel de lrsquoentrepreneuriat qui reflegravete le volume de
ceux qursquoils le sont reacuteellement Cet eacutecart constitue une caracteacuteristique importante des pays qui
trouvent des difficulteacutes agrave se reacuteformer et agrave reacuteussir leur transition vers le deacuteveloppement
Ce constat nous conduit par la suite agrave nous inteacuteresser au contexte Algeacuterien qui pour
plusieurs auteurs nrsquoest pas favorable agrave lrsquoeacutemergence des laquo entrepreneurs raquo8 La faiblesse des
institutions formelles (comme le financement bancaire la reacutegulation) rendent les institutions
informelles et notamment les reacuteseaux personnels deacuteterminants dans la creacuteation de nouvelles
entreprises Ce double constat devra ecirctre interrogeacute sur le plan theacuteorique pour preacuteciser
davantage lrsquoobjet de cette recherche
1 Entrepreneuriat latent ou le potentiel drsquoentrepreneurs
Sur le plan empirique lrsquoentrepreneuriat latent est le nombre de personnes qui souhaitent
devenir indeacutependant ou employeurs (auto-emploi) ou qui se preacuteparent agrave le devenir9 Lrsquointention
qui est sous jacente agrave cette preacutefeacuterence peut devenir sous certaines circonstances une conviction
de lrsquoindividu pouvant agrave terme deacuteboucher sur la creacuteation drsquoune activiteacute eacuteconomique10 avec toutes
les conseacutequences sociales possibles comme la creacuteation drsquoemploi et de nouvelles opportuniteacutes de
production11En Algeacuterie il nrsquoexiste pas encore drsquoenquecirctes systeacutematiques permettant de les
quantifier bien que cet indicateur constitue un paramegravetre pertinent de preacutediction des futurs
entrepreneurs12 Les seules donneacutees disponibles sont celles du groupe GEM
Le niveau de lrsquoentrepreneuriat est deacutetermineacute par le nombre de personnes qui ont reacutepondu
positivement lorsqursquoil leur a eacuteteacute demandeacute si oui ou non ils preacutevoient seuls dans les trois
prochaines anneacutees ou avec drsquoautres de creacuteer une activiteacute eacuteconomique y compris dans le cadre
drsquoun auto emploi
8 BOUYACOUB quel deacuteveloppement eacuteconomique depuis 50 ans LHarmattan | Confluences Meacutediterraneacutee 20122 - Ndeg81pp 83-102p99 9 MASUDA T The Determinants of Latent Entrepreneurship in Japan Small Business Economics Ndeg 26 2006 pp 227- 240p227 10 THOMPSON E R Individual Entrepreneurial Intent Construct Clarification and Development of an Internationally Reliable Metric Entrepreneurship Theory and Practice Vol 33 Ndeg 3 2009pp 669ndash694 p 676 11 MASUDA T idem p227 12 KRUEGER N F Jr amp BRAZEAL D V Entrepreneurial Potential and Potential Entrepreneurs Entrepreneurship Theory and
Practice Ndeg 18 1994 pp 91-104 p 91
7
Selon les enquecirctes reacutealiseacutees entre 2009 agrave 2013 leur nombre est supeacuterieur agrave 20 (Tableau1)
En 2011 le niveau enregistreacute est parmi les plus eacuteleveacute au monde qui classe lrsquoAlgeacuterie en
deuxiegraveme position apregraves le Chili (46) En 2013 le niveau est bien supeacuterieur agrave celui des pays
de lrsquoUnion Europeacuteenne (135) et deacutepasse de loin la moyenne mondiale qui est de 23513
Tableau 1 Niveau drsquoentrepreneuriat latent en Algeacuterie
Anneacutees 2009 2011 2012 2013
Entrepreneuriat latent
En de la population adulte
(18 - 64 ans))
261
439
2143
366
Source Lest rapports GEM de 2009 2011 2012 et de 2013
Le niveau relativement eacuteleveacute de lrsquoentrepreneuriat latent peut paraitre un signe positif de
lrsquoesprit entrepreneurial mais si lrsquoon tient compte du niveau de deacuteveloppement du pays le
constat doit ecirctre relativiseacute Sur le long terme il ressort selon les mecircmes enquecirctes que les
niveaux drsquointention les plus eacuteleveacute sont enregistreacutes dans les pays dont le deacuteveloppement est tireacute
principalement des revenues drsquoune ressource naturelle14 Dans ces eacuteconomies les facteurs
comme la formation le financement le marcheacute de travail ne favorise pas le deacuteveloppement de
lrsquoactiviteacute eacuteconomique susceptible drsquoameacuteliorer la position du pays dans le champ de la
compeacutetitiviteacute internationale Par contre les niveaux drsquointention les plus faibles sont enregistreacutes
dans les pays les plus avanceacutes
Lrsquoautre caracteacuteristique qui nous inteacuteresse plus particuliegraverement est lrsquoeacutecart persistant entre le
niveau de lrsquoentrepreneuriat potentiel et lrsquoentrepreneuriat reacuteel15 Cet eacutecart reflet le nombre de
personnes qui affichent une anticipation pour lrsquoentrepreneuriat mais qui nrsquoont pas passeacute agrave lrsquoacte
drsquoentreprendre comme crsquoest le cas en 2011 ougrave cet eacutecart srsquoeacutelegraveve agrave 34
Tableau 2 Ecart entre Entrepreneuriat latent et entrepreneuriat reacuteel selon les donneacutees GEM
2009 2011 2012 2013
Entrepreneuriat Latent 261 439 2143 366
Entrepreneuriat Reacuteel 167 97 8 49
Ecart 94 342 1343 317
Source calculeacute par lrsquoauteur sur la base des donneacutees de GEM de 2009 2011 2012 et de 2013
13 Rapport de GEM de 2013 httpwwwgemconsortiumorgreport 14Le niveau de deacuteveloppement des pays est deacutetermineacute par lrsquoindicateur de compeacutetitiviteacute global Global Competitiveness Index (GCI calculeacute par le Forum Economique Mondial voir agrave ce titre SCHWAB K World Economic Forum The Global Competitiveness Report2013ndash2014Full Data Edition 15Lrsquoentrepreneuriat reacuteel selon les enquecirctes de GEM est calculeacute selon lrsquoindicateur Total Early Stage Entrepreneurial Activity (TEA) cet indicateur mesure le nombre de personnes qui deacuteclarent ecirctre en plein creacuteation drsquoune entreprise ou qui gegraverent une
entreprise de moins de trois anneacutees drsquoexistence Nous reviendrons sur cet indicateur dans le troisiegraveme chapitre
8
Lorsqursquoon compare ce reacutesultat avec le niveau mondial il devient claire que cet eacutecart est
probleacutematique car comme le montre le tableau 3 il semble que cet eacutecart est lieacute au niveau de
performance de lrsquoeacuteconomie Il ressort en effet que plus lrsquoeacuteconomie se deacuteveloppe plus lrsquoeacutecart se
reacuteduit Les donneacutees de 2013 reacutevegravelent pour les pays les moins avanceacutees un lrsquoeacutecart moyen de
229 Ce qui repreacutesente le nombre moyen de personnes qui ne se sont pas engageacutes dans un
processus entrepreneurial alors qursquoils avaient une preacutefeacuterence reacuteelles de le faire La mecircme anneacutee
cet eacutecart est agrave peine 3 dans les pays les plus deacuteveloppeacutes (tableau 3)
Tableau 3 Entrepreneuriat latent selon stade de deacuteveloppement des eacuteconomies
2009 2011 2012 2013
Latent Reacuteel Ecart Latent Reacuteel Ecart Latent Reacuteel Ecart Latent Reacuteel Ecart
Economie fondeacutee sur les
ressources 28 177 103 26 134 126 48 24 24 44 211 229
Eacuteconomie fondeacutee sur
lrsquoefficience 21 112 98 25 111 139 26 13 13 25 144 106
Economie fondeacutee sur
lrsquoinnovation 9 63 27 10 69 31 11 7 4 11 79 31
Source calcul selon les rapports GEM de 2009 20112012 et 2013
Pour mieux cerner la probleacutematique de cet eacutecart les deacuteveloppements qui suivent interrogent les
donneacutees qui mesurent le niveau reacuteel de lrsquoentrepreneuriat
2 Entrepreneuriat reacuteel
Lrsquoentrepreneuriat reacuteel reflegravete le nombre de personnes qui au moment de lrsquoobservation sont
consideacutereacutes comme occupants la fonction drsquoentrepreneur Nous retenons compte tenu des
donneacutees disponibles lrsquoauto emploi la creacuteation de nouvelles entreprises et le niveau de lrsquoactiviteacute
drsquoinnovation dans les entreprises
21 LrsquoAuto emploi une faiblesse qualitative des entrepreneurs
Sur le plan empirique16 lrsquoauto emploi est une forme drsquooccupation ougrave des individus qui
peuvent ecirctre seuls (indeacutependants) ou faisant travailler drsquoautres personnes (employeurs) se
mettent agrave leur propre compte Le revenu de ces derniers deacutepend directement du profit obtenu
de lrsquooffre drsquoun bien ou drsquoun service17 Certes cette forme drsquooccupation nrsquoest pas le synonyme
de lrsquoentrepreneuriat18 car les personnes en auto emploi ne peuvent pas ecirctre consideacutereacutees tous
comme des entrepreneurs Par contre leur nombre peut dans certaine mesure indiquer lrsquooffre
16 Nous ne discutons pas ici les formes et les deacuteterminants de lrsquoauto emploi mais il srsquoagit de reacuteveacuteler quelques tendances qui permettraient de saisir davantage lrsquoeacutecart entre le niveau potentiel et le niveau reacuteel de lrsquoentrepreneuriat 17 Deacutefinition issue des classifications de lrsquoemploi du bureau international du travail (BIT) et de lrsquoOCDE citeacute par STARTIENE G et al concept of self-employment economic and management Ndeg152010pp262-274p264 18 BLANCHFLOWER D G What Makes an Entrepreneur Journal of Labor Economics 1998 Vol 16Ndeg1 pp 26-60p27
9
drsquoentrepreneurs dans la socieacuteteacute19 et par conseacutequence il constitue la premiegravere mesure
approximative de lrsquoentrepreneuriat En effet Les personnes en auto emploi peuvent ecirctre des
entrepreneurs dans la mesure ougrave ils espegraverent tirer de leur activiteacute un revenu incertain par
deacutefinition qui soit supeacuterieur agrave la reacutemuneacuteration drsquoun travail salarial qui est certain20 ou lorsqursquoils
sont engageacutes dans un processus drsquoinnovation ou geacuterant une activiteacute qui exploite une innovation
ou bien lorsque lrsquoactiviteacute qursquoils ont mis en place reacutesulte de lrsquoidentification et de lrsquoexploitation
drsquoune opportuniteacute de marcheacute et enfin lorsque lrsquoactiviteacute eacuteconomique creacuteeacutee se deacuteroule dans une
nouvelle organisation21
Par rapport au contexte Algeacuterien plusieurs auteurs ont montreacute que depuis le deacutebut des
anneacutees 1980 le pheacutenomegravene de lrsquoauto emploi sous ses diffeacuterentes formes commenccedilait agrave
concurrencer le statut de salariat et agrave devenir une nouvelle valeur dans la socieacuteteacute22 Certains
auteurs parlent mecircme de lrsquoeffondrement du salariat23 En terme relatif le niveau de lrsquoauto
emploi sur le long terme semble confirmer cette tendance Entre 1992 et 2014 la part des auto-
employeacutes parmi les occupeacutes a gagneacute presque huit points en terme de volume global Cette
eacutevolution est plus importante compareacutee aux salarieacutes qui toute en restant dominant dans lrsquoemploi
structureacute en perdent quatre point (Tableau 4)
Tableau 4 Emploi salarieacute et lrsquoauto emploi en pourcentage de la population occupeacutee
Emploi en de la population occupeacutee 1992 2004 2014
Employeurs et indeacutependants 20 3170 2745
Salarieacutes 747 6010 7093
Permanents 58 3722 3555
Non permanents 167 2288 35 38
Aides familiaux 53 820 16
Total 100 100 100
Source BOUYACOUB A Emploi et croissance en Algeacuterie de 1990-2003 la question de lrsquoemploi au Maghreb central volume 3 CREAD 240 pages pp128-141 enquecircte emploi et chocircmage 2004 enquecircte emploi aupregraves des meacutenages 2014 ONS p39
Cependant le mouvement enregistreacute sur les dix derniegraveres anneacutees reacutevegravele une tendance
baissiegravere du niveau de lrsquoauto emploi En terme absolu le nombre des indeacutependants et des
employeurs a eacuteteacute multiplieacute par 116 entre 2004 et 2014 alors que le nombre de salarieacutes a eacuteteacute
multiplieacute par 12824 En deacutepit de cette tendance agrave la baisse le volume des auto-employeacutes reste
19 IVERSENJ JOslashRGENSENR MALCHOW-MOslashLLERN Op ct p 22 et 23 drsquoautres approches existent et seront discuteacutees en deacutetaille dans le premier chapitre 20 HAMILTON RT HARPER DA The Entrepreneur in Theory and Practice Journal of Economic Studies Vol 21 No 6 1994 pp 3-18p 8 21 Ces quatre consideacuterations renvoient respectivement aux deacutefinitions de lrsquoentrepreneur de FKNIGHT (1942) SCHUMPETER J (1949) KRIZNERI(1973) et GARTNERW(1985) de lrsquoentrepreneur Ces approches seront discuteacutees dans le premier chapitre 22 BERNARD C En Algeacuterie une nouvelle valeur lauto-emploi In Tiers-Monde tome 29 Ndeg114 1988 pp 295-318 p 316 23 BOUYACOUB A Emploi et croissance en Algeacuterie 1990-2003 CREAD 2003 in la question de lrsquoemploi au Maghreb central volume 3 CREAD 240 pages pp128-141p132 24 Calculeacute selon les donneacutees reacutetrospectives publieacutees dans Activiteacute emploi amp chocircmage au 4egraveme trimestre ONS 2013p12
10
relativement important si lrsquoon precircte agrave une comparaison internationale sommaire Il est bien
supeacuterieur agrave la moyenne mondiale enregistreacutee en 2013 (144)25 Il deacutepasse aussi le niveau
moyen des pays de lrsquoUnion europeacuteenne (1433) et repreacutesente deux fois le niveau enregistreacute en
France en 201326
Dans la litteacuterature empirique le deacutebat sur les deacuteterminants de lrsquoauto emploi dans les pays
les moins deacuteveloppeacutes srsquoest focaliseacute sur la question controverseacutee si cette occupation est le
reacutesultat drsquoun choix ou drsquoune neacutecessiteacute27 Cette question est centrale puisque le niveau de chacune
des situations a un impact sur la croissance la creacuteation drsquoemploi et le deacuteveloppent drsquoune maniegravere
geacuteneacuteral Certaines eacutetudes ont montreacute un lien neacutegatif entre le chocircmage et le travail indeacutependant28
Cette relation caracteacuterise selon les tenants de cette hypothegravese les eacuteconomies qui
enregistrent une croissance soutenue et une relative faiblesse du taux de chocircmage ougrave les
individus sont attitreacutes par de nouvelles opportuniteacutes de marcheacute Ce contexte exerce ainsi un effet
entrepreneurial (entrepreneurial effect) sur le choix drsquooccupation dans la mesure ougrave il peut attirer
de nouveaux entrepreneurs29 Mais drsquoautres recherches avaient conclus autrement
La faiblesse des possibiliteacutes de travail dans les pays enregistrant des taux de chocircmage eacuteleveacute
pousse les individus agrave se mettre agrave leur propre compte30 et exerce sur le long terme un effet de
refuge (refugee effect) sur le choix drsquooccupation des individus Lorsqursquoon croise les donneacutees du
chocircmage et de la part des autos employeacutes il semble que lrsquoindeacutependance professionnelle est un
choix qui ne subi pas la pression du chocircmage Le graphique ci dessous montre que le taux de
chocircmage passe de 15 3 en 2005 agrave 106 en 2014 au moment ou le nombre des autos
employeacutees compareacutes agrave la population occupeacutee augment de 445 point en termes de valeur
relative
25 GINDLINGTH amp NEWHOUSED self-employment in the developing world world Development report world bank 2013 36 page 16 httpsiteresourcesworldbankorg 26 Donneacutees Eurostat de 2013 disponibles sut le site httpeceuropaeueurostatfrdatadatabase 27 PIETROBELLIC et al an empirical study of determinants of self employment in develoing countriesjoural of international development Ndeg 16 2004 pp803-820p803 28 BLANCHFLOWER D G Self-employment in OECD countries Labor Economics Ndeg 72000 pp 471ndash505p 477 29THURIK A R CARREE M A VAN STEL A AUDRETSCH D B Does Self-Employment Reduce Unemployment Journal of Business Venturing Vol23 Ndeg 6 2008 pp673-686p683 30 THURIK A R CARREE M A VAN STEL A AUDRETSCH D B Idem p683
11
Graphique 1 Taux de chocircmage et auto emploi entre 2005-2014
Sources Auto emploi en de la population occupeacutee selon les donneacutees de lrsquoONS Activiteacute emploi amp chocircmage au 4egraveme trimestre ONS 2014
Contrairement agrave ce qui a eacuteteacute constateacute pour certains pays ougrave lrsquoauto emploi reacutesulte
principalement des effets de la crise eacuteconomique sur lrsquoemploi La figure suivante montre pour le
cas de lrsquounion europeacuteenne une augmentation importante du taux de chocircmage depuis 2008 Cette
augmentation est accompagneacutee drsquoune diminution du volume des auto-employeacutes
Graphique 2 Taux de chocircmage et auto emploi dans lrsquoUnion Europeacuteenne entre 2007 et 2014
Source donneacutees Eurostat Union Europeacuteenne (28 pays) de 2007 2014 httpeceuropaeueurostatfrdatadatabase
De ce fait lrsquoengagement dans la voie de lrsquoauto emploi et potentiellement dans lrsquoentrepreneuriat
peut reacutesulter soit drsquoune neacutecessiteacute pour les individus parce que qursquoil nrsquoy a pas drsquoautre alternative
ou drsquoun choix deacutelibeacutereacute qui reflegravete un engagement volontaire Les enquecirctes annuelles de GEM
mesurent la proportion de chacune des situations en diffeacuterenciant des entrepreneurs par
laquoneacutecessiteacuteraquo et des entrepreneurs par laquo opportuniteacute raquo31 Les reacutesultats de GEM reacutevegravelent pour le cas
de lrsquoAlgeacuterie une relative preacutedominance de la deuxiegraveme situation
31 Par Neacutecessiteacute En pourcentage de la population adulte ( 18-64ans) srsquoengageant dans lrsquoentrepreneuriat en lrsquoabsence drsquoune autre alternative Par Opportuniteacute En pourcentage de la population adulte (18-64ans) srsquoengageant dans lrsquoentrepreneuriat pour
exploiter une opportuniteacute dans le marcheacute
2300
2745
153
106
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
-
500
1000
1500
2000
2500
3000
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
auto emploi Taux de chocircmage
0
2
4
6
8
10
12
128
13
132
134
136
138
14
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
auto taux de chomage
12
22 Auto emploi un choix volontaire plutocirct qursquoune neacutecessiteacute
Les recherches empiriques les plus soigneacutees constatent un lien direct entre le niveau de
deacuteveloppement du pays et le rapport entre lrsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute et lrsquoentrepreneuriat de
neacutecessiteacute32 Dans les pays dont la performance est tireacutee par lrsquoinnovation une grande partie des
entrepreneurs sont guideacutes par les opportuniteacutes dans le marcheacute33 Comme le montre le tableau 5
ils repreacutesentent presque trois fois le nombre drsquoentrepreneurs qui considegraverent leur occupation
comme la seule alternative possible En Algeacuterie les chiffres indiquent une instabiliteacute des
reacutesultats mais par rapport aux donneacutees les plus reacutecentes ce rapport est de 29 (2013) cest-agrave-dire
le nombre drsquoentrepreneur y compris les autos employeacutes qui sont motiveacutes par des opportuniteacutes
repreacutesentent presque trois fois ceux qui se considegraverent obligeacutes de travailler pour leur propre
compte La valeur de ce rapport est eacutetonnamment identique agrave celle des pays deacuteveloppeacutes
Tableau 5 Les motivations entrepreneuriales en Algeacuterie et dans le monde
Ratio entrepreneuriat drsquoopporttuniteacute entrepreneuriat de neacutecessiteacute34 2009 2011 2012 2013
Algeacuterie 28 157 156 29
Economie baseacute sur les resources 144 103 12 151
Economie baseacutee sur lrsquoefficience 128 15 164 145
Economie baseacutee sur lrsquoinnovation 329 317 283 293
Source les rapports de GEM 2009201120122013
23 La faiblesse qualitative de lrsquoauto emploi
En termes de volume lrsquoauto emploi reacutevegravele lrsquoimportance quantitative des personnes qui
se lancent dans des activiteacutes eacuteconomiques indeacutependantes offrant ainsi une image du potentiel
drsquoentrepreneurs qui peuvent eacutemerger dans une eacuteconomie Cette importance relative ne doit pas
cacher des faiblesses importantes les caracteacuteristiques socio deacutemographiques de ceux qui ont
choisi ce type drsquooccupation la faible preacutesence des employeurs qui sont les plus susceptibles
drsquoecirctres consideacutereacutes comme des entrepreneurs et le poids de lrsquoinformel
Faible qualification du capital humain
Les donneacutees socio deacutemographiques de 201435 montrent qursquoils sont en majoriteacute des hommes
(848 ) plus des deux tiers (755) ont un niveau drsquoeacuteducation infeacuterieur au moyen (8anneacutees
de scolarisation) Ils sont uniquement 59 qui possegravedent un niveau universitaire Ils sont
32ZOLTANA How Is Entrepreneurship Good for Economic Growth in Innovations Technology Governance Globalization
2006 vol 1 issue 1 97-107p 102 qui constate un lien significatif et positif entre ce rapport et le PIB par tegravete dans u eacutechantillon de 32 pays 33 ARDAGNA S et LUSARDI A explaining international differences in entrepreneurship the role of individual characteristics
and regulatory constraints NBER working paper series wp 14012 2008 pp1-48p 38 34 Le rapport calcul le nombre drsquoentrepreneurs poursuivant une opportuniteacute sur le nombre drsquoentrepreneurs par neacutecessiteacute 35 Enquecircte aupregraves des meacutenages ONS 2014271 pages
13
geacuteneacuteralement actifs dans des activiteacutes de commerce et de services (428) Ils sont faiblement
preacutesents dans les activiteacutes industrielles (139) Presque les deux tiers (6246) sont installeacutes
dans le milieu urbain Lrsquoactiviteacute qursquoils gegraverent est geacuteneacuteralement de tregraves petite taille Plus de 914
de ces entiteacutes ont moins de quatre salarieacutes et agrave peine 1 emploient plus de 50 salarieacutes La
faible preacutesence des entreprises de taille moyenne et grande est due selon certains auteurs agrave la
faiblesse du niveau de qualification des indeacutependants et des employeurs36
Faible preacutesence des employeurs
Les employeurs qui sont les plus susceptibles drsquooccuper la fonction drsquoentrepreneurs37 sont
une autre faiblesse de lrsquoauto emploi Par rapport au total des emplois la part des employeurs
diminue avec le temps Ils repreacutesentent selon les estimations du BIT agrave 403 en 2014 contre
789 en 2000 (Graphique 3) Lorsqursquoon compare le volume des employeurs par rapport au total
de lrsquoauto emploi il ressort que lorsque les individus choisissent la voie de lrsquoindeacutependance ils
sont de moins en moins tenteacutes de creacuteer des activiteacutes avec les autres Comme le montre le
graphique 3 En 2014 ils repreacutesentent seulement 1389 alors qursquoils eacutetaient 2715 en 2000
Graphique 3 Evolution employeurs rapport agrave lrsquoauto emploi et la population occupeacutee entre 2000
et 2014
Source donneacutees du BIT
Du point de vue de lrsquoauto emploi le niveau de lrsquoentrepreneuriat reacuteel est faible La croissance
du volume est importante mais au delagrave lrsquoaspect quantitatif la faiblesse du nombre drsquoemployeurs
du niveau de qualification des auto-employeacutes et le poids de lrsquoinformel dans ce type
drsquooccupation38 reacutevegravelent une faiblesse qualitative de entrepreneuriat On pourrait aussi conclure
sur cet aspect par le croisement des donneacutees du PIB comme un indice de performance
36 LASSASSIM HAMMOUDANN capital humain et Strat de reacutesidence des employeurs quel impact sur la croissance de la taille de son Enterprise les cahiers du MECAS Volume 4 Ndeg 1 pp197-213p 205 37 STARTIENE G et al op ct p 265 38 En 2014 lrsquoemploi informel repreacutesente 377 de la main drsquoœuvre totale non agricole 406 de lrsquoemploi masculin
et 242 de la main drsquoœuvre feacuteminine
2715
1389
0
2
4
6
8
10
0
5
10
15
20
25
30
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
employeur( de lauto emploi) employeur ( population occupeacutee)
14
eacuteconomique et la part des employeurs comme indice de lrsquoentrepreneuriat reacuteel Le graphique 4
montre que lrsquoeacutevolution du le PIB par tecircte nrsquoest pas sensible agrave lrsquoeacutevolution de ce type
drsquoentrepreneuriat En effet sur la peacuteriode de 1991 agrave 2014 le PIB a eacuteteacute multiplieacute par 31739 alors
que le volume globale des employeurs40 dans touts les branches drsquoactiviteacute a eacuteteacute multiplieacute par
11741
Graphique 4 PIB par tecircte et employeur en de la population active entre 1991 et 2014
Source auteur selon les donneacutees de la banque mondiale et du BIT
Par ailleurs la dynamique de lrsquoauto emploi comme le suggegraverent plusieurs eacutetudes empiriques
est lieacutee agrave la dynamique des entreprises42 On se poserait degraves lors la question sur la nature de
lrsquoeacutevolution de ce type drsquoentiteacutes En effet lorsqursquoon parle drsquoindeacutependants ou drsquoemployeurs on
revient agrave parler des proprieacutetaires dirigeants et en on peut parler de proprieacutetaires dirigeants sans
parler des PME La creacuteation des petites et moyennes entreprises et lrsquoentrepreneuriat sont certes
lieacutes mais ne sont pas des concepts synonymes43 car lrsquoeacutemergence de ce type drsquoentreprises est
une manifestation mais pas la seule des pheacutenomegravenes entrepreneuriaux44 Cependant lrsquoexamen
de leur dynamique dans le temps permet de rendre compte du volume des personnes qui ont
traverseacute le processus depuis lrsquointention qui est une phase de deacutesirabiliteacute agrave la reacutealisation qui est
une phase de faisabiliteacute45 Cette derniegravere est geacuteneacuteralement quantifieacutee par le recensement
systeacutematique de lrsquoenregistrement leacutegal des entreprises Cet enregistrement se fait dans pour le
39 Donneacutees de la banque mondiale sur le site httpsdonneesbanquemondialeorg 40 En de la population active 41 Bureau international du travail sur le site httpwwwiloorgglobalstatistics-and-databases 42 FAGGIOGSILVA O self employment and entrepreneurship in urban and rural labour market Journal of urban economicndeg842014 pp67-85p 43 THURIKR WENNEKERSS Entrepreneurship small business and economic growth Journal of Small Business and Enterprise Development 2004 pp140-149p140 44 VERSTRAETT SAPORTAB creacuteation drsquoentreprise et entrepreneuriat les eacuteditions de lrsquoADREG 2006517 pages p11 45 idem p 32
000
100000
200000
300000
400000
500000
600000
000
100
200
300
400
500
600
employeurs PIB par tecircte
15
cas de lrsquoAlgeacuterie dans le Registre National du Registre du commerce (CNRC) Il srsquoagit dans le
deacuteveloppement qui suit de prendre lrsquoexemple des socieacuteteacutes priveacutees et en particulier les entiteacutes de
production organiseacutees sous forme de personnes morales et qui font partie drsquoun vaste tissu de
petites et moyennes entreprises ( PME)
24 Dynamique entrepreneuriale des socieacuteteacutes priveacutees
En termes drsquoeacutevolution le veacuteritable mouvement des PME a commenceacute avec les reacuteformes de
1989 et plus particuliegraverement apregraves lrsquoavegravenement du code des investissements de 199446 Il srsquoagit
de deux eacuteveacutenements qui marquent le deacutebut du processus de transition vers lrsquoeacuteconomie de
marcheacute Ces entreprises ont reccedilu une attention particuliegravere de la part des pouvoir publics Une
deacutefinition institutionnaliseacutee a vue le jour en 200147 Toute un ministegravere existe pour deacutefinir les
strateacutegies de deacuteveloppement des PME et pour faire le suivie statistique de leur eacutevolution48 et il
existe aujourdrsquohui six agences publiques lieacutees agrave la creacuteation de PME49
Nous utilisons dans ce titre les donneacutees relatives aux socieacuteteacutes crsquoest agrave dire agrave dire des
entreprises organiseacutees sous forme de personne morale Lrsquoeacutevolution du nombre de socieacuteteacutes reflegravete
le dynamisme des entrepreneurs cest-agrave-dire ceux qui ont choisi une forme juridique qui
implique la diffeacuterenciation du patrimoine du proprieacutetaire de celui de lrsquoentreprise mais aussi une
seacuteparation des fonctions de gestion et de proprieacuteteacute
Les jeux de creacuteation et de disparition des socieacuteteacutes Sur la peacuteriode de 2003 agrave 2014 le
volume de ces entreprises a eacuteteacute multiplieacute par 244 alors que le tissu eacuteconomique dans son
ensemble (avec les entreprises personnes physiques) a eacuteteacute multiplieacute par 212 En terme relatif la
part des socieacuteteacutes dans le tissu eacuteconomique enregistre aussi une augmentation sur cette peacuteriode
En 2014 les socieacuteteacutes repreacutesentent presque 115 du tissu eacuteconomique contre 8 en 2004 et
42 en 197750 Lorsqursquoon rapporte le volume de PME au nombre drsquohabitant cette eacutevolution
devra ecirctres relativiseacutee Comme le montre le tableau 6 il existerait en 2014 seulement cinq
entreprise pour 1000 habitant agrave peine deux entreprise de plus par rapport agrave lrsquoanneacutee 2003 Cette
densiteacute parait encore plus faible par rapport agrave la moyenne mondiale qui se situe autour de 3218
socieacuteteacutes par mille habitants51
46BOUYACOUBA Les PME en Algeacuterie quelle reacutealiteacute in Entrepreneurs et PME Approche algeacutero-franccedilaise LrsquoHarmattan 2004 280 pages p 75 47 La loi dorientation sur la promotion de la petite et moyenne entreprise (PME) de 2001 48 Anciennement appeleacute ministegravere de la PME en 1999 depuis 2008 est appeleacute ministegravere de lrsquoindustrie de la PME et de la
promotion de lrsquoinvestissement 49 ANSEJ (1997) ANDI (2001) CNAC (2004) ANGEM (2004) FGAR (2004) CGCIpme (2012) 50 BOUYACOUBA op ct p 89 51 Il srsquoagit des socieacuteteacutes agrave Responsabiliteacute Limiteacutee (SARL) dont les donneacutees sont tireacutes du MSME Country Indicators 2014
International Finance Corporation (IFC) banque mondiale p11
16
Tableau 6 Volume et densiteacute des socieacuteteacutes entre 2004 et 2014
Socieacuteteacutes 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Volume global 79289 91115 102192 109947 118112 130006 142579 151343 159991 170178 180879 193574
En du tissu
eacuteconomique 888 965 986 979 983 1009 1021 1036 1016 1021 1145 1148
Densiteacute Par 1000
habitant 245 278 307 325 344 373 402 419 435 453 472 495
Source calculs de lrsquoauteur sur la base des donneacutees du CNRC et des donneacutees sur la population Banque Mondiale
Le volume des socieacuteteacutes tout comme leur densiteacute est lieacute au jeu de creacuteation et de disparition
des entreprises52 Les donneacutees du CNRC de 2004 agrave 2014 montrent une baisse des niveaux de
creacuteations et une hausse reacuteguliegravere des fermetures drsquoentreprises Sur cette peacuteriode le nombre de
creacuteations nouvelles a eacuteteacute multiplieacute par 171 alors que le nombre de disparitions a eacuteteacute multiplieacute
par 356 En terme relatif les disparitions ont concerneacutes 3 du nombre global drsquoentreprise
existantes en 2003 Dix anneacutees plus tard le nombre drsquoentreprises qui quittent le marcheacute srsquoeacutelegraveve agrave
4 (graphique 5)
Graphique 5 Taux de creacuteation et de disparition des socieacuteteacutes entre 2003 et 2014
Source auteur selon les donneacutees du CNRC
La mortaliteacute des entreprises repreacutesente un pheacutenomegravene naturel et marquant de la vie eacuteconomique
des pays mais son rythme et son ampleur sur le long terme risque drsquoecirctre preacutejudiciable au
renouvellement du tissu eacuteconomique Le graphique 6 indique que le renouvellement53 du stock
de socieacuteteacute entre 2003 et 2014 a perdu 3 point En 2003 il y avait 5 entreprises qui remplacent
une entreprise qui disparait alors qursquoen 2014 il y a seulement 2 entreprises qui compense une
disparition Le renouvellement du tissu eacuteconomique se trouve ainsi fragiliseacute par cette non
compensation des disparitions Lrsquoeacutemergence de nouveaux entrepreneurs dans la sphegravere des
socieacuteteacutes est certes meilleure que celle des entreprises individuelles comme le montre le
graphique 6 mais pour les deux cas la tendance est agrave la baisse En 2014 une entreprise disparait
sur deux creacuteeacutees Alors que les disparitions concernaient une entreprise sur cinq
52 Les disparitions sont mesureacutees la radiation du registre de commerce qui met fin agrave lrsquoexistence leacutegale de lrsquoentreprise 53 Le taux de renouvellement est calculeacute pour une anneacutee N par le rapport des creacuteations drsquoentreprises sur les disparitions
enregistreacutees la mecircme anneacutee (N)
1686
1168
309424
0
5
10
15
20
25
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
taux de creacuteation taux de disparition
17
Graphique 6 taux de renouvegravelement du tissu eacuteconomique entre 2003 et 2014
Source eacutelaboreacute par lrsquoauteur selon les donneacutees du CNRC
25 Dynamiques entrepreneuriale dans le secteur industriel
Ce constat concerne la dynamique des socieacuteteacutes tout secteur confondu mais lorsqursquo on
examine cette dynamique du point de vue des secteurs eacuteconomiques il ressort que lrsquoindustrie
deacuteterminante pour le deacuteveloppement eacuteconomique nrsquoeacutechappe pas agrave cette reacutealiteacute En termes
drsquoeacutevolution quantitative la dynamique de lrsquoindustrie manufacturiegravere et du BTP est la plus faible
comparaison faite avec le commerce et les services Le nombre de socieacuteteacutes dans lrsquoindustrie
manufacturiegravere et le BTP a eacuteteacute multiplieacute 234 alors que le secteur le Commerce et les services
enregistre respective des niveaux de croissance de 313 et 289 Le graphique 7 montre qursquoil y a
de moins en moins drsquoentrepreneurs qui sont attireacutes par lrsquoactiviteacute industrielle54 comparaison faite
avec le secteur du commerce et des services
Graphique 7 creacuteation et disparition dans le secteur de lrsquoindustrie et du BTP entre 2003 et 2014
Source les donneacutees du CNRC
La conseacutequence la plus visible de cette dynamique est la modification de lrsquohieacuterarchie des
secteurs comme le montre le graphique 8 Le poids de ce secteur dans le parc des socieacuteteacutes a
fortement baisseacute Il repreacutesente en 2014 2996 du volume global perdant ainsi presque cinq
point par rapport agrave lrsquoanneacutee 2002 ougrave il srsquoeacutelegraveve agrave 3556
54 Exception faite du secteur agro-alimentaire qui enregistre une croissance du nombre drsquoentreprise
000
100
200
300
400
0
1
2
3
4
5
6
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
socieacuteteacutes personnes physiques
0
5
10
15
20
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
taux de creacuteation taux de disparition
18
Graphique 8 Hieacuterarchie des secteurs eacuteconomiques entre 2002-2014
Source donneacutees du CNRC
26 La dynamique entrepreneuriale et territoire
Un autre fait meacuterite drsquoecirctre souligneacute concerne cette fois-ci la distribution des nouvelles
creacuteations dans le territoire A ce titre BOUYACOUB A55 avait conclus dans une eacutetude qui a
porteacute sur le lien entre le capital humain et lrsquoentrepreneuriat sur une correacutelation significative entre
le stock drsquoentreprise56 existant dans chaque wilayate et le niveau de creacuteation de nouvelles
entreprises Les wilayates qui abritent le nombre le plus eacuteleveacute drsquoentreprises attirent le plus de
nouvelles entreprises Les donneacutees sur le mouvement deacutemographique de socieacuteteacutes de 2014
semblent confirmer cette hypothegravese Le tableau 7 classe selon les donneacutees de 2005 et 2014 les
dix premiegraveres wilayates les plus dynamiques en termes drsquoeacutemergence de nouvelles entreprises Il
ressort en effet que les wilayates les plus peupleacutees en socieacuteteacutes sont celles qui ont enregistreacute le
plus drsquoentreacutees de nouveaux drsquoentrepreneur
Tableau7 Les dix premiegravere wilayates en terme de creacuteation de nouvelles PME
wilayates Stock deacutebut 2005 creacuteation 2005 wilayates Stock deacutebut 2014 Creacuteation 2014
Alger 23311 4988 Alger 62538 5293
Oran 5337 1016 Oran 13784 1769
Constantine 3572 679 Seacutetif 8395 1094
Seacutetif 3366 748 Constantine 8022 768
Tizi Ouzou 3070 441 Blida 6704 794
Blida 2704 570 Bejaia 5690 713
Chlef 2663 575 Tizi Ouzou 5607 667
Bejaia 2499 400 Boumerdes 4872 674
Ouargla 1975 301 Annaba 4327 460
Boumerdes 1917 377 Ouargla 4321 506
Source calculs de lrsquoauteur selon les donneacutees du CNRC de 2005 et 2014
Ce constat est fondamental dans la mesure ougrave crsquoest des entrepreneurs deacutejagrave eacutetablis qui sont
susceptibles drsquoattirer de nouveaux entrepreneurs Autrement exprimeacute il est possible de croire
abstraction faites des autres facteurs drsquoattractiviteacute que les personnes qui possegravedent dans leur
entourage des entrepreneurs deacutejagrave eacutetablis peuvent ecirctre plus exposeacutees au choix de lrsquoentrepreneuriat
55BOUYACOUBA Entrepreneuriat territoire et capital humain in colloque creacuteation drsquoentreprise et territoires Tamanrasset
deacutecembre 2006 p 8 56 Il srsquoagissait des donneacutees sur la PME du ministegravere de la Pme et de lrsquoartisanat de lrsquoeacutepoque
3556
3388
3056
2996
382
3184
0 10 20 30 40 50
industrie en
commerces en
services en
2014 2002
19
Les meacutecanismes drsquoattractiviteacute peuvent ecirctre divers Le graphique 11 nous donne la distribution
spatiale (wilaya) du stock drsquoentreprise existant au deacutebut de lrsquoanneacutee 2014 et les creacuteations
enregistreacutees la mecircme anneacutee
Les deux graphiques se juxtaposent montrant que les nouvelles entreprises nrsquoeacutemergent
pas nrsquoimporte ougrave et vraisemblablement nrsquoimporte comment En deacutefinitive cela laisse supposer
que la dynamique entrepreneuriale nrsquoest pas un fait ex nihilo mais qui semble par contre lieacutes agrave
lrsquoexistence drsquoanteacuteceacutedents qui preacuteceacutedent le deacuteclenchement et la creacuteation effective des entreprises
Graphique 9 Stocks de socieacuteteacute et creacuteation par wilaya en 2014
Source eacutelaboreacute par lrsquoauteur selon les donneacutees du CNRC de 2014
Les donneacutees qui ont eacuteteacute exposeacute indiquent seulement le niveau de lrsquoentrepreneuriat du point
de la creacuteation de nouvelle entreprise Il faudrait compleacuteter lrsquoimage en exposant quelques constats
sur le niveau de lrsquoactiviteacute drsquoinnovation dans ces entreprises Le concept drsquoinnovation a eacuteteacute lieacute agrave
lrsquoentrepreneuriat pour la premiegravere fois par SCHUMPETERJ(1934) Pour lui lrsquoentrepreneur est
un agent dont la fonction est drsquointroduire de nouveaux produits ou de nouvelles combinaisons
productives Lrsquoimportance de ce processus dans lrsquoeacuteconomie reacuteside dans la creacuteation de nouvelles
valeurs dans le marcheacute lrsquoameacutelioration de la productiviteacute et le reacuteeacutequilibrage du marcheacute57 Sur le
plan empirique la mesure de la dynamique drsquoinnovation est faite par plusieurs modaliteacutes
nombre de brevets drsquoinvention exploiteacutes dans lrsquoindustrie les deacutepenses en recherche et
deacuteveloppement par tecircte PIB le nombre drsquoentreprises innovatrices etc Que disent agrave ce titre les
donneacutees disponibles
57 DRAGHICI A ALBULESCU CT Does the entrepreneurial activity enhance the national innovative capacity Social and
Behavioral Sciences Ndeg124 2014pp 388ndash396p 388
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
0
10000
20000
30000
40000
50000
60000
70000
Ad
rar
Ch
lef
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ou
chen
t
Gh
ardai
a
Rel
izan
e
Stock2013 creation 2014
20
27 Entrepreneuriat et dynamique drsquoinnovation en Algeacuterie
Parmi les indicateurs calculeacutes agrave lrsquoeacutechelle international le Global Innovation Indexe (GII)
deacutetermine un indicateur composite qui integravegre agrave la fois les facteurs qui ameacuteliorent lrsquoactiviteacute
drsquoinnovation (ressources humaines les institutions les infrastructures le financement) et les
reacutesultats des innovations dans la socieacuteteacute (deacuteveloppement et diffusion des connaissances creacuteation
de nouveaux produit et services)58 Le classement geacuteneacuteral de 2014 place lrsquoAlgeacuterie agrave la 133iegraveme
parmi les 142 pays eacutetudieacutes Ce classement prend en compte la capaciteacute drsquoinnovation du pays et
les reacutesultats lrsquoinnovation dans lrsquoeacuteconomie Par rapport agrave ce dernier critegravere lrsquoAlgeacuterie ne reacutealise
pas de grandes performances En termes de classement la position du pays nrsquoa pas quitteacute le
groupe des trente derniers pays comme le montre le tableau 8
Tableau 8 Classement de lrsquoAlgeacuterie selon le GII entre 2010 et 2014
Indicateur Dinnovation 2009 2011 2012 2013 2014
Classement geacuteneacuteral 108 121 124 138 133
Classement selon les reacutesultats de lrsquoinnovation 118 123 136 140 123
Score (0-100) 175 9 117 116 206
Entrepreneuriat Drsquoopportuniteacute 51 60 47 623
Source donneacutee de Global innovation index GII score de 0 agrave 5 en pourcentage du total des entrepreneurs
(TEA) selon les enquecirctes GEM
La faiblesse du niveau drsquoinnovation et ses applications dans le monde industriel est en
contradiction total avec les niveaux de lrsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute deacutefinie comme la part des
entrepreneurs dont la motivation principale est lrsquoexploitation drsquoune occasion drsquoaffaires En
2013 le volume de ces entrepreneurs est estimeacute agrave 623 du total des entrepreneurs alors que la
mecircme anneacutee le classement de lrsquoAlgeacuterie en terme drsquoutilisation des innovations enregistre un recul
de 4 point (140iegraveme sur 142 pays) Ce constat semble contredire les conclusions de certaines
eacutetudes qui ont eacutetabli un lien direct entre lrsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute et lrsquoinnovation En
utilisant les mecircmes types de donneacutees DRAGHICI Aet ALBULESCUCT 59 conclus que les
pays qui enregistrent les taux drsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute les plus eacuteleveacutes sont les plus doteacutes
en capaciteacute drsquoinnovation et drsquoentrepreneurs innovants car une grande partie de ces opportuniteacutes
sont en fait des possibiliteacutes drsquointroduire de nouvelles combinaisons productives
Les donneacutees de GEM de 2009 agrave 2013 confirment la faiblesse des entrepreneurs
innovants Parmi les individus qui sont en plein processus de creacuteation drsquoentreprise ils sont
58 The Global Innovation Index 2013 The Local Dynamics of Innovation Cornell University INSEAD and WIPO 2013417 pages p40 59 DRAGHICI A ALBULESCU CT op ct p 395
21
seulement 1140 qui considegraverent selon leur clients qursquoils ont introduit une nouvelle
combinaison productive (nouveaux produits technologie source drsquoapprovisionnement etc) en
2013
Tableau 9 Entrepreneurs innovants de 2009 agrave 2013 selon les donneacutees GEM
2009 2011 2012 2013
Entrepreneurs innovants 237 211 204 114
Source selon les donneacutees de GEM
Le graphique 10 montre bien la faible performance de lrsquoAlgeacuterie compareacute par rapport agrave un
certaine nombre de pays En Afrique du sud par exemple ils sont presque 46 parmi les
nouveaux entrepreneurs qui deacuteclarent avoir introduit un bien ou un service consideacutereacute comme
original par les consommateurs Leurs nombre repreacutesentent ainsi plus de 4 fois celui enregistreacute
en Algeacuterie
Graphique 10 La part des entrepreneurs innovants en Algeacuterie et dans le monde en 2013
Source eacutelaboreacute par lrsquoauteur selon les donneacutees GEM de 2013
Sur le long terme le volume des entrepreneurs innovants est fortement lieacute au niveau de
deacuteveloppement des pays Comme le montrent les donneacutees du tableau 10 La transition drsquoun
niveau de deacuteveloppent vers un niveau supeacuterieur semble exiger un niveau plus important de
lrsquoentrepreneuriat fondeacute sur les activiteacutes drsquoinnovation Dans les pays les plus avanceacutes la part des
entrepreneurs qui se considegraverent comment innovateurs repreacutesente 264 du total des creacuteateurs
drsquoentreprise contre 16 dans les pays dont le deacuteveloppement deacutepend des revenus drsquoune
ressource naturelle
Tableau 10 Entrepreneurs innovants selon les niveaux de deacuteveloppement des pays
Niveau de deacuteveloppement des pays Entrepreneurs innovants
Algeacuterie 1140
Economie baseacutes sur les revenus drsquoune ressource naturelle 162
Economie en transition vers niveau 3 189
Economie baseacute sur lrsquoefficience 270
Economie en transition vers niveau 5 271
Economie baseacutee sur lrsquoinnovation 264
Source donneacutees de lrsquoenquecircte de GEM de 2013 en du total des entrepreneurs
1140
4560
000500
100015002000250030003500400045005000
22
3 CONSTAT PARTIELS SUR LrsquoENTREPRENEURIAT EN ALGERIE
Les constats faits jusqursquoagrave ce niveau ont mis en relief un eacutecart quantitatif important entre les
individus qui deacutesirent devenir entrepreneurs et ceux que lrsquoon pourrait consideacuterer comme des
entrepreneurs reacuteels Lrsquoexamen de la dynamique de lrsquoauto emploi la creacuteation de socieacuteteacutes et
lrsquoinnovation ont permis de constater une faiblesse qualitative de lrsquoentrepreneuriat en Algeacuterie
Cela conduit naturellement agrave srsquointerroger sur les causes possibles partant de lrsquohypothegravese que ce
niveau nrsquoest pas un niveau drsquoeacutequilibre cest-agrave-dire u niveau qui soit en adeacutequation par rapport
agrave la demande sociale qui peut ecirctre nourrie par diffeacuterents acteurs lrsquoeacutetat la population les
collectiviteacutes territoriales et les grandes entreprises60 A ce titre deux seacuteries de facteurs peuvent
avoir une influence sur lrsquoapparition drsquoentrepreneurs des facteurs Endogegravenes incorporeacutes dans
lrsquoindividu comme lrsquoacircge lrsquoeacuteducation lrsquoexpeacuterience lrsquoaversion pour le risque et des facteurs dits
Exogegravenes qui renvoient au contexte sous ces diffeacuterentes formes la culture les normes sociales
et les institutions Pour une grande majoriteacute de speacutecialistes ce dernier type constitue une des
sources de blocage agrave lrsquoactiviteacute entrepreneuriale an Algeacuterie61
II- LE CONTEXTE DE LrsquoENTREPRENEURIAT EN ALGERIE
Du point de vue global le contexte renvoie aux institutions existantes dans lrsquoeacuteconomie
Depuis long temps les eacuteconomistes ont poseacute lrsquohypothegravese de la deacutependance de la croissance et
du deacuteveloppement eacuteconomique de maniegravere geacuteneacuterale envers la qualiteacute des institutions et des
arrangements institutionnels utiliseacutees par les acteurs62 Empiriquement elles se traduisentt par les
regravegles formelles et informelles qui ont pour fonction de reacuteduire lrsquoincertitude et de creacuteer un ordre
dans les interactions eacuteconomiques politiques et sociales63 A travers quelques exemples nous
tenterions de mettre en exergue les faiblesses du point de vue des institutions formelles dans le
but drsquointroduire le capital social entrepreneurial comme une cateacutegorie drsquoinstitution dont les
caracteacuteristiques et surtout lrsquoimpact sur lrsquoentrepreneuriat est une conseacutequence de la faiblesse des
institutions formelles Nous donnerons dans ce qui suit lrsquoexemple de la reacutegulation (les
60 GRIOI THURIKR determinants of entrepreneurship in Europe discussion papers on entrepreneurship growth and public policy23apges p6 61 BOUYACOUB A croissance eacuteconomique atouts et blocage drsquoun veacuteritable deacuteveloppement eacuteconomique de lrsquoAlgeacuterie contemporaine in site web wwwcdesoranorg Nous donnerons quelques exemples qui serviront plus tard dans la construction de lrsquoobjet de cette thegravese 62 MEacuteNARD C Lrsquoapproche neacuteo-institutionnelle des concepts une meacutethode des reacutesultats Cahiers drsquoeacuteconomie politique LrsquoHarmattan Ndeg 44 2003 pp 103- 118p 105 63 NORTH D C Institutions The Journal of Economic Perspectives Vol5 No 1 1991 pp 97-112p 97
23
proceacutedures administratives lieacutees agrave la creacuteation drsquoentreprise) lrsquoaccegraves aux financements et aux
ressources informationnelles
1 Les instituions formelles comme un contexte peut propice agrave lrsquoEntrepreneuriat
Le contexte institutionnel est formeacute drsquoun ensemble drsquoinfrastructures drsquoactiviteacutes et de services
qui ont pour but a) drsquoassister lrsquoentrepreneur dans les diffeacuterentes taches qursquoil doit accomplir pour
creacuteer et deacutevelopper son entreprise b) procurer les ressources physiques et financiegraveres c) des
informations d) des connaissances64
11 le cadre reacuteglementaire lieacutee agrave la creacuteation drsquoentreprise
A ce titre les donneacutees internationales (banque mondiale centres speacutecialiseacutes) ont montreacute la
faiblesse de ce contexte et de son inadeacutequation en Algeacuterie65 Nous prenons lrsquoexemple de la
qualiteacute du systegraveme formel de reacutegulation (proceacutedures administratives) lieacute agrave la creacuteation drsquoentreprise
(de type SARL) en Algeacuterie Les eacutetudes de Doing Business offrent chaque anneacutee un aperccedilu sur
la qualiteacute de ce systegraveme dans en moyenne 183 pays Les donneacutees reacutevegravelent que pour creacuteer une
entreprise de type SARL il faudrait accomplir quatorze (14) proceacutedures qui prendrait en
moyenne 25 jours et il faudrait payer au moins lrsquoeacutequivalent de 121 du revenue par tecircte
drsquohabitant Faire la mecircme chose en Italie neacutecessiterait six (06) proceacutedures pour une dureacutee
moyenne 6 jours66 Contrairement agrave un entrepreneur agrave Singapour (classeacute 1ier en 2012) qui peut
creacuteer une entreprise en trois jours en passant par trois proceacutedures et en payant lrsquoeacutequivalent de
07 du revenu par tecircte Avec de telles conditions lrsquoAlgeacuterie est classeacutee 153iegraveme en 2014 avec
un net recul par rapport agrave 2007 ougrave le pays eacutetait classeacute 116 sur 183 pays Le graphique 11
compare les performances de lrsquoAlgeacuterie en matiegravere de climat des affaire 67 avec les pays du
MENA et la Turquie
Graphique 11 Classement de lrsquoAlgeacuterie en 2014 selon les indicateurs de Doing Business
64 TAN TM TAN W L et YOUNG J E Entrepreneurial Infrastructure in Singapore Developing a Model and Mapping Participation (2000) Journal of Entrepreneurship Vol 9Ndeg 1 Research Collection Lee Kong Chian School Of Business2000pp1-31 p 4
65 BOUYACOUB A Croissance eacuteconomique et deacuteveloppement 1962-2012 quel bilan Insanyat Ndeg 58 pp91-113 66 Comparing regulation for domestic firms in 183 economies doing doing business 2012 The World Bank 212 page p 78 67 Crsquoest le terme utiliseacute par la banque mondiale pour deacutesigner le contexte de la creacuteation drsquoentreprise
0
50
100
150
200creacuteation
obtention de permis
de construire
racordement
electriciteacute
enregistrement
proprieacuteteacute
obtention de precirct
protection
investisseur
paiement des taxes
commerce
intenational
renforcement des
contrats
resolution des
conflits
aleacuterie 2014
MENA2014
turquie
Source Rapport doing
business Algeacuterie de 2012
24
Lorsqursquoon examine de preacutet ce classement le premier paradoxe qui apparait est celui la
faiblesse du coucirct de creacuteation68 drsquoentreprise (tableau 11) Ce coucirct est lrsquoeacutequivalent de 129 du
revenu par tecircte drsquohabitant en 2011 proche de celui enregistreacute par la Turquie qui affiche un taux
de 112 Il est encors plus faible que celui de lrsquoItalie dont le taux srsquoeacutelegraveve agrave 158 Sur cette
peacuteriode les frais lieacutes agrave lrsquoeacutetabliseemnt de lrsquoentrepise dinimuent consideacuterablement alors que la
faciliteacute globale lrsquoentrepreneuriat ne srsquoameacuteliorent pas
Tableau 11 Coucirct pour deacutemarrer une activiteacute economique en Algeacuterie 2004-2013
2004 2012 2014
Algeacuterie 163 121 124
Maroc 266 157 95
Turquie 368 112 127
Espagne 168 47 47
France 30 09 09
Source eacutevalueacute par rapport au revenu par tete drsquoahabitant doing business banque mondiale de 20042012 et 2014
Ce type de donneacutees montre que les deacutepenses qui doivent eacutetres acquiter par lrsquoentrepreneur
ne sont pas le veacuteritable blocage du processu drsquoemergence drsquoentreprise mais crsquoest plutocirct le
chemin agrave pacourir pour y parvenir A ce titre le premier obstacl geacuteneacuteralement indiqueacute par les
chercheurs revoie aux difficulteacutes de financement de lrsquoactiviteacute aussi biendans laohase de
deacutemarrage au dans la phase de deacuteveloppent
12 LrsquoAccegraves au financement bancaire
Plusieurs recherches ont montreacute que la disponibiliteacute du financement formel (hors celui
apporteacutees par lrsquoenrepreneurs) est un deacuteterminant important du niveau drsquoactiviteacute entrepreneuriale
dans un pays 69 Dans les pays les plus avanceacutes lrsquoobtention des creacutedits bancaires ne constituent
pas une veacuteritable contrainte pour la creacuteation et le deacutevelopment des petites structures de
productionOr la reacutealieacute en Algeacuterie est paradoxale par rapport agrave ce point Selon le dernier
recensement eacuteconomique (2011) seulement 221 des entrepreneurs employant entre 50 et 249
salarieacutes deacuteclarent recourir aux emprunts bancaires Plus de 83 des chefs drsquoentreprises tout
secteur confondu deacuteclarent srsquoautofinancer70 Le niveau eacuteleveacute de lrsquoauto financement semble se
conjugueacute avec les faibles niveaux du financement bancaire du secteur priveacute Les donneacutees sur le
financement de lrsquoeacuteconomie indiquent une faiblesse tregraves importante du volume des creacutedits
destineacutes au secteur priveacute Seulement 1854 de la richesse creacutee dans le pays est alloueacutee au
68 Ce coucirct inclus tout les frais lies agrave lrsquoobtention des services publics ou priveacutes neacutecessaires agrave la creacuteation leacutegale de lrsquoentreprise 69 MINNITI M Entrepreneurship and network externalities Journal of Economic Behavior amp Organization Vol 57 (2005) pp 1ndash27 p 3 70 Reacutesultat deacutefinitifs du recensement eacuteconomique ONS 2012 p 27
25
secteur priveacute ( graphique12) alors que ce secteur produit 854 71 de la valeur ajouteacutee (hors
hydrocarbures) La tunisie par exemple a consacreacute en 2012 plus de 76 de son PIB au
financement des entreprises priveacutees
Graphique 12 Evolution des creacutedits alloueacutes au secteur priveacute en Algeacuterie et tunise
Source donneacutees de la banque mondiale Algeacuterie et tunisie
Cette faiblesse qui parait paradoxale par rapport aux sur liquiditeacutes deacutetenues par les banques
publiques72 La faiblesse du reacuteseau bancaire et le niveau de transparence73 constituent pour
plsuieurs auteurs les raisons objectives pouvant expliquer la faiblesse des emprunts destineacutes aux
entreprises En effet le financement nrsquoest pas seulement une transaction marchande Il deacutepend
aussi des interactions sociales entres les diffeacuterentes intervenants Ce type de relations ameacuteliorent
la visibiliteacute des deux parties quant aux conditions et aux consquences du financement Ce
manque de visibiliteacute soulegraveve un autre type diffculteacute le manque de ressources informationnelles
13 Accegraves agrave lrsquoinformation et aux connaissances
Lrsquoeacutemergence drsquoune entreprise peut eacutetre vue gracircce agrave lrsquoacuisition de lrsquoinformation comme
un processus drsquoapprentissage qui est neacutecessaire pour surmonter les limites intrinseacuteques agrave la
nouveauteacute de cette entreprise dans le marcheacute74 Les nouveaux entrepreneurs doivent non
seulement connaitre les reacutegles admnistraives lieacutees agrave la creacuteation de leur entreprise mais aussi
acceacuteder aux diverses connaissances sucsceptibles drsquoameacuteliorer les chances de reacuteussite apregraves la
creacuteation75
71 Les comptes eacuteconomiques de 2000 agrave 2014 Ndeg 7092015 office national des statistiques p 27 72 BOUYACOUB A Le rationnement drastique du creacutedit au secteur priveacute en Algeacuterie pourquoi EL WATAN 22102012 73 BOUYACOUB A idem 74 JENSSEN JI et KOENIG H F The Effect of Social Networks on Resource Access and Business Start-ups European Planning Studies Vol 10 Ndeg8 2002pp1039-1046 75 ESTRIN S KOROSTELEVA J MICKIEWICZT Which institutions encourage entrepreneurial growth aspirations Journal
of Business Venturing Ndeg 282013pp564ndash580p 564
1854
7451
-
2000
4000
6000
8000
10000Algeacuterie Tunisie Turquie Maroc
26
Les sources drsquoinformations sont diverses administration publique experts bureaux
drsquoeacutetudesetc A ce titre le nombre de professionnl de la comptabiliteacute ( experts comptables
commissaires aux comptes et comptables agreacuteeacutes) srsquoeacutelegraveve en 2014 agrave 3421 Compareacute au volume
des entreprises succeptibles de former la demande de service notamment en consiassances ce
nombre est tregraves faible Comme le montre le tableau 12 la densiteacute de ces professionnels srsquoeacuteleacuteve agrave
5 pour 1000 entreprise en France cette densiteacute est de 18 professionnel pour 1000 entreprise
Tableau 12 Le nombre des Profesionnels de la comptabiliteacute en Algeacuterie et en France
Algegraverie (1) France (2)
Expert comptable 233 37500
Commissaire aux comptes 1708 19134
Comptables agreacutees 1480 -
Total PME 496989 (3) 3138000(4)
Sources (1) Rapport moral et financier de 2014 chambre nationale des commissaires aux comptes (2) la compagnie
nationale des commissaires aux comptes et de lrsquoordre des experts comptable (3) PME priveacutees selon les donneacutees de 2014 du
ministegravere de lindustrie de la PME et de la promotion de lrsquoinvestissement (4)PME et micro entreprises donneacutees de lrsquoINSEE de 2014
Dans le domaine de lrsquoexpertise technique le nombre drsquoexperts aggreacuteeacutes dans tout le
teacuterritoire srsquoeacuteleacuteve agrave peine agrave 11276 Dans le domaine du conseil en gestion ( marketing
ressources humaines TIC) le nombre des cabinets speacutecialieacutes aggreacuteeacutes est de 13877 Ces chiffres
refletent une faiblesse des infrastructure et des services capables de fournire des conaissances et
des informations pour les entrepreneurs eacutetablis ou pour ceux qui veulent le devenir
Ce type drsquoinfrastructure et la formation dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat sont
importantes pour lrsquoentrepreneuriat dans la mesure ougrave elle forment la dimension cognitive lieacutee agrave
lrsquoacte entreprenreneurial Dans une reacutescente eacutetude qui portait sur 14 pays eacutemergeants CLERCK
et al ont montreacute un lien eacutetroit entre le niveau de connaissances des individus sur les
opportuniteacutes eacuteconomiques les techniques de gestion des entreprises et les modaliteacutes drsquoaccegraves aux
ressources critiques pour se lancer dans la creacuteation drsquoentrerpises et le niveau de lrsquoactiviteacute
entrepreneuriale78
Les eacuteleacutements empiriques que nous venant drsquoeacutevoquer deacutecrivent les condition dans
lesquelle les individus se lancent dans lrsquoentrepreneuriat en Algeacuterie La question qui srsquoimpose
est de savoir comment ces derniers reacuteagissent pour faire face agrave ces contraintes quel type de
76 Liste des experts en eacutetudes geacuteologiques et miniegraveres agreacuteeacutes ministegravere de la PME Catalogue des bureaux drsquoeacutetudes et de consulting ministegravere de la PME 77 Catalogue des bureaux drsquoeacutetudes et de consulting ministegravere de la PME
78 DE CLERCQ D DANIS W DAKHLIM The moderating effect of institutional context on the relationship between associational activity and new business activity in emerging economies International Business ReviewNdeg19 2010pp 85ndash101p
95
27
meacutecanisme utisilsent-ils pour acqueacuterir les ressources deacutetecter les opportuniteacutesreacuteduire les
incertitudes Les eacutetudes empiriques les plus eacutelaboreacutees semblent aboutir agrave lrsquoide que se sont les
institutions informelles qui devienent le meacutecismes preacutepodeacuterant dans lrsquoactiviteacute eacuteconomques
2 Les conseacutequences de la faiblesse des institutions formelles
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat ces instituiins lorsursquoelles sont faibles geacuteneacuterent des effets
contre productifs pour lrsquoinvestissment drsquoune maniegravere geacuteneacuterales et pour lrsquoentrepreneuriat de
maniegravere particuliegravere Les recherches enmpiriques disponilbes les plus soigneacutees consideacuterent que
les institutions infomelles notamment les relations personnelles deviennent deacuteterminantes dans
le processus entrepreneurial est de sa reacuteussite Ce qui par conseacutequence deacuteterminent le niveau
quantitatif et qualitif de lrsquoentrepreneuriat dans une eacuteconomie
21 Lrsquoimportance relative des institutions informelles
La deuxiegraveme consquence de la faiblesse des institutions formelles est lrsquoapparition des relations
informelles comme deacutetrminantes dans lrsquoengagement des individus dans lrsquoentrepreneuriat Une
litteacuterature empirique abondnate postulent que les comportements et les attitudes des
entrepreneurs ou ceux qui preacutevoientt de le devenir reflegravetent les limites des opportuniteacutes
qursquooffrent les institutions preacutevalant dans lrsquoeacuteconomie 79 Crsquoest en ces termes que ARDAGNA S et
LUSARDI A concluent une analyse empirique sur le role ds institutions dans la creacuteation
drsquoentreprise Regulation has the greatest impact on the effects of social networks business
skills attitudes toward risk and working status Specifi -cally regulation attenuates the effect
of social networks business skills and working status on entrepreneurship while it strengthens
the impact of attitudes toward risk80
Dans une eacutetude qui a porteacute sur un groupe drsquoentrepreneurs de France de Russie de chine et
des Etats unies HIT MA et al ont montreacute que le densiteacute du reacuteseau social des entrepreneurs
devient deacuteterminant dans la croissances des nouvelles entreprises lorsque les regravegles formelle
deviennent inneacutefiscientes81 Ce constat semble aussi ecirctre une caracteacuterisqtue fondamentale des
eacuteconomies en plein transition En effet Les travaux empiriques qui ont eacutetudieacute lrsquoentrepreneuriat
dans les pays en transition aboutissent en grand majoriteacute agrave ce reacutesultat Le niveau bas de leur
activiteacute entrepreneuriale compareacute aux pays deacuteveloppeacutes srsquoexplique en grande partie par
lrsquoinadeacutequation de leurs institutions formelles et une importance aveacutereacutee des relation informelles
79 ESTRIN S KOROSTELEVA J MICKIEWICZT opct p 564 80 ARDAGNA S et LUSARDI A Chapter I Explaining International Differences in Entrepreneurship The Role of Individual Characteristics and Regulatory Constraints in international differences in entrepreneurship in National Bureau of Economic
research2010 pp 17-62 p20 81 HITTMA et al Institutionalism polycentricism entrepreneurrsquos social network and new venture growth academy of
management journal Vol 56 Ndeg4 2013 pp1024-1049 p1040
28
pour la creacuteation de nouvelles entreprises82 AIDIS R et al83 ont montreacute pour le cas de la
Russie que Russia is characterized by an intrusive and hostile business environment in which
contacts with both other existing businesses and state administration play a decisive role in
networking
Le deacuteveloppment des reacuteseaux fermeacutes constitue la deuxiegraveme conseacutequence de la faiblesse des
institutions Une grande partie de ces reacuteseaux sont mobiliseacutes non pas pour des activiteacutes
productives comme lrsquoinnovation mais pour des activiteacutes improductives cherchant agrave capturer
une rente et des activiteacutes destructives comme le crime Much of the networking activity is not in
the efficiencyreal productivity-enhancing sphere but in the form of unproductive activities in the
lsquocontrolrsquo sphererdquo84 avaient conclu ces auteurs
Pour plusieurs observateurs lorsque lrsquoentrepreneur nrsquooccupe pas une place centrale dans
lrsquoeacuteconomie agrave cause notamment drsquoun contexte institutionnel deacutefavorable le processus de
transition eacuteconomique ne sera pas acheveacute La transition nrsquoest pas seulement lrsquoaffaire du
gouvernement qui met en œuvre certaines politiques et met en place des regravegles formelles mais
aussi drsquoentrepreneurs qui de par la creacuteation drsquoactiviteacutes productives de respect des contrats
creacuteent de nouvelles regravegles dans le marcheacute85 Le reacuteseau fermeacute renvoie aussi agrave la place de la
famille dans les activiteacutes eacuteconomiques Plusieurs eacutetudes ont montreacute que la deacutependance des
activiteacutes eacuteconomiques aux cercles familiaux ne produit pas un effet positif sur le
deacuteveloppement86
IIILES PREMIERES INETRROGATIONS
Les constats que nous avions pus faire sur le niveau de lrsquoentrepreneuriat en Algeacuterie
interpellent en ce qui nous concerne deux type drsquointerrogation La premiegravere qui nous
semble importante est drsquoordre meacutethodologique Nous pensons que lrsquoanalyse de
lrsquoentrepreneuriat par des approximations comme la deacutemographie des drsquoentreprise lrsquoauto
emploi ou lrsquoinnovation appreacutehendent ce pheacutenomegravene comme une photographie instantaneacutee
drsquoun eacuteveacutenement et suppose une homogeacuteneacuteiteacute du pheacutenomegravene tant du point de vue du reacutesultat
82 ESTRIN S MICKIEWICZ Entrepreneurship in Transition Economies The Role of Institutions and Generational Change in
The Dynamics of Entrepreneurship Evidence from Global Entrepreneurship Monitor Data oxford university press 2011 321 page p192 83AIDIS R ESTRIN S MICKIEWICZ T Institutions and Entrepreneurship Development in Russia A Comparative Perspective Journal of Business Venturing 2008Vol 23 pp 656ndash672 p669 84AIDIS R ESTRIN S MICKIEWICZ T idem p 670 85 MCMILLAN J et WOODRUFF C The Central Role of Entrepreneurs in Transition Economies Journal of Economic Perspectives Vol 16 Ndeg 3 2002 pp 153-170p 168 86 SABATINI F The Role of Social Capital in Economic Development Investigating the Causal Nexus through Structural
Equations Models 2001 httppapersssrncomsol3paperscfmabstract_id=901361 consulteacute le 01 122013
29
que la forme du processus87 Il y a un risque de passer agrave coteacute de certains eacuteleacutements qui
permettent de mieux comprendre son deacuteclenchement son deacuteroulement dans le temps sa
reacuteussite ou bien son eacutechec En effet les donneacutees sur lrsquoauto emploi les niveaux drsquointention
entrepreneuriale et la dynamique es creacuteations des entreprises ont reacuteveacuteleacute qursquoil y un eacutecart
entre le niveau potentiel et le niveau reacuteel de lrsquoentrepreneuriat Cet eacutecart qui est certes
naturel car comme le notait HERNANDEZEM laquo les individus nrsquoaffichent pas tous une
intention drsquoentreprendre ceux qui le font nrsquoarrivent tous agrave creacuteer une entreprise et parmi
ceux qui ont creacuteeacute une entreprise ne reacuteussissent pas tous agrave persister sur le marcheacute raquo88 Mais
lorsqursquoon raisonne sur le plan individuel le passage agrave lrsquoacte constitue un espace de
probleacutematisation aussi bien pour lrsquoentrepreneur degraves lors qursquoil est fait de contraintes de
limitation des possibleset drsquoimposition de lignes de conduites par rapport agrave un champ des
possibles89 mais aussi pour celui qursquoil lrsquoobserve (le chercheur) Lrsquoentrepreneuriat est
fondamentalement un pheacutenomegravene baseacute sur lrsquoaction90 ougrave la connaissance des comportements
et des attitudes de ceux qui y participent deviennent des objets importants pour la
compreacutehension de ce pheacutenomegravene
2 La deuxiegraveme implication reflegravete lrsquoimportance du contexte pour ce type
drsquoactiviteacute Depuis les travaux de BAUMOLW91 il est devenu admi que la contribution
productive de lrsquoentrepreneuriat agrave lrsquoactiviteacute eacuteconomique deacutepend du cadre institutionnel cest-
agrave-dire les regravegles du jeu dans lequel opeacuterent les entrepreneurs et eacutevoluent Les constats faits
sur les contraintes administratives drsquoaccegraves financement et aux ressources informationnelles
ont souligneacute la faiblesse de lrsquoenvironnement entrepreneurial en Algeacuterie Cette situation nous
conduisent agrave srsquointerroger sur les meacutecanismes alteacuterenatifs dont font usage les personnes qui
qui srsquoengagent et reacuteussissent dans lrsquoentrepreneuriat Nous nous interressons en particulier
au reacuteseau social des entrepreneurs
Cette articlutaion entre les activiteacutes des entrepreneurs et leur reacuteseau social srsquoinscrit dans un
segment du domaine de lrsquoentrepreneuriat qui porte sur ce qui est appeleacute le capital social
87 Creacuteation drsquoentreprise contributions Eacutepisteacutemologiques et modeacutelisation Thegravese pour le doctorat egraves Sciences de Gestion Universiteacute Pierre Mendegraves France (Grenoble II) Ecole Supeacuterieure des Affaires soutenu en 1993430 page p 110 88 Expression emprunteacutee agrave HERNANDEZ E M Entrepreneuriat comme processus Revue internationale PME vol 8 Ndeg 1 1995 p107-119 p 115 89 SCHMITT C Les situations entrepreneuriales proposition drsquoune nouvelle grille drsquoanalyse pour aborder le pheacutenomegravene entrepreneurial Revue Economique et Sociale Ndeg 3 2009 pp11-4p 17 90 MOROZPW et HINDLEK Entrepreneurship as a process toward harmonizing multiple perspectives Entrepreneurship Theory and Practice Vol 36Ndeg 42011pp781ndash818p 785 91 How the entrepreneur acts at a given time and place depends heavily on the rules of the game- the reward structure in the economy-that happen to prevail in BAUMOL WJ Entrepreneurship Productive Unproductive and Destructive Journal of
Political Economy 1990 vol 98 Ndeg 5pp 893-921p 894
30
entrepreneurial Ce dernier a fait lrsquoobjet drsquoun riche deacutebat theacuteorique et une littarature empirique
abondante notamment sur les beacuteneacutefices que peuvent tirer les entrepreneurs de leur possession de
ce type de capital Le titre suivant a pour objectif drsquoidentifier lrsquoobjet de cette theacutese en deacutelimtant
le champs theacuteorique et conceptuel dans lequel nous comptant articuler le capital social et le fait
entrepreneurial
Bien que la recherche sur ces deux pheacutenomegravenes srsquoest eacutenormeacutement deacuteveloppeacutee depuis une
trentaines drsquoanneacutees92 le constats fait aujourdrsquohui est que les probleacutematiques du capital social
dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat sont envisgeables selon diffeacuterent niveau drsquoanalyse
(individuel organisationnel national ) et des construction theacuteorique et meacutethodologiques tregraves
heacuteteacutegogegravenes93 Drsquoune part lrsquoabsence sur le plan theacuteorique drsquoune grille de lecture deacutefinitive
permettant de deacutefinir avec preacutecision les termes de cette relation et de faciliter la recherche
empirique et la nature des mateacuteriaux empiriques dont nous diposons ( des donneacutees secondaires)
implique la neacutecessiteacute drsquoopeacuterer des choix que nous tenterons drsquoexpliciter Par conseacutequence ce
titre envisage la fomalisation de lrsquoobjet de cette receherche Il srsquoagit de preacuteciser le champs
scientifique dans lequel il srsquoinscrit les concepts qui permettent une formulation opeacuteratoire sur le
lien entre le capital social et le fait entrepreneurial et les reacutesultats des receherches essentielles
sur le sujet94 Les choix qui seront fait ont des implications sur le plan meacutethodologique et
eacutepisteacutemologique de ce travail Ces deux eacutelements seront aussi clarifieacutes dans le reste de cette
introduction
IV- CONTEXTE THEORIQUE Lrsquoentrepreneuriat comme un processus encastreacute
Lrsquoentreprenruiatst est un domaine de recherche qui se structure autour de trois questions
fondamentales95 La premiegravere srsquointerresse agrave lrsquoimpact des activiteacutes de lrsquoentrepreneur dans
lrsquoeacuteconomie et dans la socieacuteteacute drsquoune maniegravere geacuteneacuterale Les travaux tentent de reacutepondre agrave la
question Qursquoest ce qui se passe dans lrsquoeacuteconomie lorsque des entreprureurs aggissent La
deuxiegraveme travailleacutee dans le champs de la psychologie et de la sociologie vise la conaissance des
traits particuliers des entrepreneurs et tente de saisir les difeacuterences qui les distinguent du reste de
la population Il srsquoagit de reacutepondre agrave des questions comme laquo Qui devient entreprereur et
pourquoi certain individus et pas drsquoautres arrivent agrave deacutecouvrir et agrave exploiter des opportuniteacutes de
92 Pa rapport agrave lrsquoarticle de ALDRICHEH et ZIMMER C Entrepreneurship through social network publieacute en 1986 consideacutereacute comme le travail qui reacuteveacutela sur le plan theacuteorique lrsquoimportance du contexte relationnel dans le lrsquoentrepreneuriat 93 GEINDRE S DUSSUC B Capital social theacuteorie des reacuteseaux sociaux et recherche en PME une revue de la litteacuterature actes du CFEPME 2012 pp 1-19 p1 94 AKTOUFO Meacutethodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations Une introduction agrave la deacutemarche
classique et une critique Les Presses de lUniversiteacute du Queacutebec 1987 213 pages p44 95 STEVENSONHH JARILLOJC A paradigme of entrepreneurship an entrepreneurial management strategic management
journal VOL 11 special issue corporate management 1990 pp17-27 p18
31
marcheacute raquo96 La troisiegraveme question se focalise sur le Comment cest-agrave-dire en premiegravere
approche sur les diffeacuterents comportements et eacuteveacutenements qui conduisent agrave la creacuteation de
nouvelle entreprise97 Une grande partie des recherches sur cette question est travailleacutee dans le
champs des sciences de gestion98 Ces probleacutematiques de recherches sont abordeacutees selon des
niveaux drsquoanalyse qui se reacutefeacuterent agrave une hieacuterarchie drsquoaggreacutegation allant du niveau Micro qui
srsquointeresse agrave lrsquoindividus ou agrave lrsquoentreprise comme uniteacute drsquoobservation au niveau Macro qui se
focalise sur ce pheacutenomegravene du point de vue drsquoune reacutegion ou drsquoune nation99 Entre ces deux
cateacutegories il existe aussi des recheches portant sur des seteurs eacuteconomiques ( niveau Meso)
Ce travail de thegravese comme le montre le scheacutema suivant vise la compreacutehension du comment de
lrsquoactiviteacute entrepreneuriale et porte son attention sur le niveau individuel
Figure2 Premiegravere limitation de lrsquoobject de recherche
Les questions de recherches hieacuterarechie de lrsquoaggreacutegation
Source Auteur
Il srsquoagit agrave preacutesent de preacuteciser ce que nous envisageons drsquoeacutetudier dans cette question
geacuteneacuterique du laquo comment raquo Lorsqursquoon parcours la litteacuterature relative agrave lrsquoentrepreneuiat on ne
peut manquer de constater lrsquousage freacutequent du concept de processus entrepreneuial par ce
qursquo En se focalisant sur les actes et les activiteacutes de lrsquoentrepreneurs ce concept aide la
receherche notamment agrave viseacute empirique agrave reacutepondre agrave la question du comment raquo100 Notre
travail de thegravese est ancreacute dans cette perspective Cependantce concept est une jonction entre les
termes de processus et celui de lrsquoentrepreneuriat cest-agrave-dire que le sens final qui sera donneacutee agrave
lrsquoentrepreneuriat est eacutetroitement lieacute agrave lrsquoacception qui sera aattribueacutee au termes de processus
96 BARON R A MARKMAN G D Beyond social capital the role of entrepreneursrsquo social competence in their financial
success Journal of Business Venturing Ndeg182003pp41-60p 42 97 LIAOJ WELSCH H Roles of Social Capital in Venture Creation Key Dimensions and Research Implications Journal of Small Business Management vol 45Ndeg42005 pp 345-362p348 98 FAYOLLE A Agrave la recherche du cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol17 Ndeg 1 2004 pp101-121p 105 99 DAVIDSSON Pet WIKLUND J Levels of analysis in entrepreneurship research Current research practice and suggestions for the future Entrepreneurship Theory amp Practice Vol25Ndeg4 2001pp 81-100p 84 100 FAYOLLEA entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process Cambridge University
press 2007 247 pagep122
1 Qui caracteacuteristiques deacutemographiques trait de personnaliteacute Motivations
- 2 Comment les entrepreneurs agissent
3 Quoi lrsquoimpact de lrsquoentrepreneuriat sur la
croissance lrsquoinnovation la creacuteation de
lrsquoemploihellip 3 Point de vue macro Agreacutegation des
observations au niveau national reacutegional
1 Point de vue micro Lrsquoindividu entreprise
Champs de
Lrsquoobjet de
recherche
2 Point de vue Meacuteso secteur eacuteconomique
32
A ce titre le procesus a fait lrsquoobjet de deacutefinitions diffeacuterentes et parfois dychotomiques ougrave
chacune a des implications sur la recherche notamment dans lrsquoobservation empirique du
pheacutenomegravene qui lui est rattacheacute en lrsquooccurence ici agrave lrsquoentrepreneuriat Crsquoest pourquoi nous
pensons qursquoil faudrait degraves le deacutebut expliciter notre choix de deacutefinition et le positionnement
eacutepisteacutemolgique et meacutethodologique pour le reste de cete thegravese
1 Le concept de processus
Il faudrait souligner que le domaine de lrsquoentrepreneuriat emprunte cette notion aux sciences
du management notamment de sa branche relative aux theacuteories des organisations et plus
preacuteciseacutement du champ du comportement organisationnel laquo organizational behavior raquoet de la
strateacutegie des entreprises101 En faisant la synthegravese theacuteorique de ce concept ALDRICH H102
considegravere qursquoil existe deux visions distinctes qui sont utiliseacutees dans les eacutetudes portant sur les
processus organisationnels et entrepreneuriaux Une approche fondeacutee sur les reacutesultats (Outcomes
based studies) et une approche fondeacutes sur les eacuteveacutenements (events based studiens)103
11 Processus Comme Seacutequence de Reacutesultats
Selon cette conception lrsquoanalyse du processus revient agrave examiner le degreacute par lequel une seacuterie
de variables indeacutependantes expliquent statiquement la variation de certains reacutesultats (variables
deacutependantes) Il y a un processus lorsque les proprieacuteteacutes des variables indeacutependantes qui
constituent en quelques sortes des eacuteveacutenements induisent une variance des proprieacuteteacutes du reacutesultat
Le processus serait alors une liste seacutequentielle de reacutesultat deacutetermineacute par une seacuterie
drsquoeacuteveacutenements104
Lrsquoeacuteveacutenement est deacutefini ici comme un reacutesultat speacutecifique et temporel reacutesultants des
actions drsquoun acteur que lrsquoacteur lui-mecircme aperccedilois et considegravere comme influent105 Lrsquoadoption
de cette approche a donneacute une seacuterie de deacutefinitions empiriques du processus On pourrait citer agrave
ce titre la proposition de LORINOPet TARONDEAUJ-C pour deacutefinir le processus
strateacutegiques en management Selon ses auteurs est un ensemble drsquoactiviteacutes organiseacutees en
reacuteseau de maniegravere seacutequentielle ou parallegravele combinant et mettant en œuvre de multiples
ressources des capaciteacutes et des compeacutetences pour produire un reacutesultat ou output ayant de la
valeur pour un client externe 106
101HERNANDEZEM le processus entrepreneurial vers un modegravele strateacutegique de lrsquoentrepreneuriat lrsquoHarmattan 1999256
pages p55 102 Citeacute par VAN DE VENAH et ENGLEMANRM Event ndash and outcome-driven explanations of entrepreneurship journal of business venturing Ndeg 19 2004 pp343-358 p 344 103 Nous aborderons cette conception du processus dans le premier chapitre toute en explicitons ce qui la diffeacutere de la premiegravere 104 VAN DE VENAH Suggestions for Studying Strategy Process A Research Note Strategic Management Journal Vol 13 Special Issue pp 169-188p 170 105 HEDAAL et TOumlRNROOS J-Aring Understanding Event-based Business Networks Time amp Society Vol 17 Ndeg 23 2008 pp 319ndash348 p324 106 LORINO Pet TARONDEAU JC De la strateacutegie aux processus strateacutegiques revue franccedilaise de gestion Ndeg 160 2006 pp
33
Cette deacutefinition fait apparaitre laquo la creacuteation de valeur raquo comme le reacutesultat qui se trouve au cœur
du processus Les variables explicatives qui deacuteterminent son occurrence seraient les ressources
les compeacutetences lrsquoorganisation etc ces variables sont elle mecircme de entiteacutes complexes car
pouvant ecirctres deacutetermineacutees par drsquoautres variables
12 La conception du processus dans cette thegravese
Nous inscrivons ce travail de thegravese dans une vision positiviste La raison principale est que les
donneacutees empiriques de cette thegravese proviennent drsquoun un mateacuteriel secondaire107 qui est limiteacute agrave
certains aspects propres aux objectifs et agrave la deacutemarche du chercheur qui les a eacutelaboreacute Nous
avions eus lrsquoopportuniteacute drsquoacceacuteder agrave la base de donneacutees GEM 108 qui comporte les reacutesultats de
quatre anneacutees enquecirctes sur diffeacuterents aspect de lrsquoentrepreneuriat Ces reacutesultats sont codifieacutes et se
preacutesentent sous forme de variables dont les items et les eacutechelles sont preacutedeacutefinis En plus les
personnes interrogeacutees pendant ces quatre anneacutees ne sont pas les mecircmes109 Il ne pourrait srsquoagir
donc drsquoune eacutetude longitudinale qui conviendrait beaucoup plus agrave une analyse eacuteveacutenementielle du
processus entrepreneurial dont lrsquointerpreacutetativisme ou le constructivisme serait les positions
eacutepisteacutemologiques les plus adapteacutes La figure suivante complegravete la deacutefinition de lrsquoobjet de cette
recherche
307- 328 p 318 107 Dans le sens ougrave elles sont eacutetablies par drsquoautre chercheurs et agrave des fins autres que celles de la preacutesente recherche 108 Global Entrepreneurship Monitor nous reviendrons en deacutetaille sur la nature de ces donneacutees et leur signification 109 Il srsquoagit en effet drsquoune enquecircte en coupe transversale les personnes sont interrogeacutees agrave un moment preacutecis il y a certes une possibiliteacute de creacuteer un pseudo panel selon par exemple des cohorte drsquoacircge mais nous souhaitons garder ces donneacutees telle
quelles se preacutesentent
34
figure 3 Limitation eacutepisteacutemologique de lrsquoobjet de recherche
Source Auteur
2 Deacutefinition du processus entrepreneurial
En srsquoinscrivant dans une vision positiviste les eacuteleacutements constituant lrsquoobjet de la recherche
et leurs relations ne sont pas construits mais deacutefinies par rapport agrave des theacuteories existantes et
consideacutereacutees comme eacutetablies dans le champ auquel appartient cet objet Or dans le domaine de
lrsquoentrepreneuriat tous les auteurs ont montreacute que ce domaine nrsquoest pas dans un stade de maturiteacute
suffisante pour pouvoir tirer une deacutefinition unique du pheacutenomegravene lui-mecircme encore moins les
anteacuteceacutedents qui le deacuteterminent Les travaux de synthegraveses les plus reacutecents ont montreacute que ce
domaine est au stade preacute-paradigmatique comme lrsquoindique BUSENITZ LW et al en analysant
lrsquoeacutetat de la litteacuterature en 2003 hellipprogress toward coherence in paradigm development in
entrepreneurship research has been limited No powerful unifying paradigm exists nor do
multiple coherent points of view Entrepreneurship110 Il nrsquoexiste pas en effet selon
VERSTARETT et FAYOLLA un seul mais des paradigmes cest-agrave-dire des constructions
110 BUSENITZ LW et al Entrepreneurship Research in Emergence Past Trends and Future Directions Journal of
Management 2003 Vol 29 Ndeg3pp 285ndash308p 287
- 2 Comment les entrepreneurs
agissent
Point de vue micro
Lrsquoobjet de
notre
recherche
Comment agrave lrsquoeacutechelle individuelle lrsquoentrepreneuriat est reacutealiteacute
PROCESSUS
Seacutequence de reacutesultats deacutetermineacutee par des anteacuteceacutedents
Processus baseacutee sur Reacutesultats
Seacutequence drsquoeacuteveacutenements eacutemergents et deacuteterminants des reacutesultats
Processus baseacutee sur eacuteveacutenements
Processus comme reacutealiteacute indeacutependante
de celui qui lrsquoobserve
Position positiviste
Processus comme reacutealiteacute deacutependante de celui qui lrsquoobserve
Position interpreacutetativisme
constructiviste
35
theacuteoriques (des paradigmes) faisant lrsquoobjet drsquoune adheacutesion drsquoune partie suffisamment
significative des chercheurs qui au sein de la communauteacute ainsi constitueacutee partagent le point
de vue proposeacute par le paradigme111 Ces paradigmes constituent pour nous les connaissances
preacuteexistantes pour lrsquoanalyse du processus entrepreneurial et ses anteacuteceacutedents Comment peut ont
donc deacutefinir le processus entrepreneurial que nous avions consideacutereacute comme une seacutequence de
formation de reacutesultats deacutetermineacutes
21 Lrsquoentrepreneuriat comme un processus drsquoeacutetapes
Les travaux adoptant une approche par les reacutesultats ont produit des deacutefinitions consideacutereacutees
comme geacuteneacuteriques Ces derniegraveres appreacutehendent lrsquoentrepreneuriat comme un processus
entrepreneurial comporte des reacutesultats qursquoon retrouve toujours par ce qursquoils sont deacutetermineacutes par
des facteurs dont on a deacutemontreacute- statistiquement lrsquoexistence La deacutefinition proposeacutee par
BYGRAVEWD et HOFFERCW srsquoinscrit dans ce type de raisonnement Ces deux auteurs
mette en relief dans la deacutefinition suivante deux reacutesultats geacuteneacuteriques la perception drsquoune
opportuniteacute et la creacuteation drsquoune organisation pour lrsquoexploiter The Entrepreneurial Process
involves all the functions activities and actions associated with the perceiving of opportunities
and the creation of organizations to pursue them112 Ces deux reacutesultats sont lieacutes agrave deux sortes
de facteurs que les auteurs considegraverent comme eacutetablis dans les travaux anteacuterieurs agrave savoir
les capaciteacutes individuelles et le contexte qui favorisent ou contraignent le passage de la
perception agrave la reacuteussite de la creacuteation de lrsquoorganisation Crsquoest dans ce type de deacutefinition que
nous inscrivons ce travail de recherche
Par contre une approche baseacutee sur les eacuteveacutenements ne nie pas lrsquoexistence des reacutesultats
geacuteneacuteriques mais considegravere que le processus entrepreneurial comporte aussi des activiteacutes et des
eacuteveacutenements qui sont speacutecifiques que seul ce processus comporte A titre illustratif la deacutefinition
de BRUYATC et JULIENP-A du processus entrepreneurial met en relief dans une approche
dialogique lrsquoentrepreneur et la creacuteation de nouvelle valeur comme les fondements du processus
entrepreneurial Mais ces auteurs ajoutent que cette creacuteation de valeur doit entrainer des
changements profonds dans le veacutecu de lrsquoentrepreneur The entrepreneur is the individual
responsible for the process of creating new value (an innovation andor a new organization)mdashin
other words the individual without whom the new value would not be createdhelliphelliphelliphellipIt vests
the individuals who to a large extent defines himself or herself in relation to it It occupies a
111 VERTSTRAETT et FAYOLLEA Paradigmes et Entrepreneuriat Revue de lrsquoEntrepreneuriat Vol 4 Ndeg12005 pp33-52p 33 112 BYGRAVEWD et HOFFERCW theorizing about entrepreneurship Entrepreneurship Theory and Practice
Vol16Ndeg2pp 13-22p 14
36
large part of the individualrsquos life 113 Ce changement est un eacuteveacutenement speacutecifique qui arrive
seulement dans le processus qualifieacute drsquoentrepreneurial et non pas drsquoautres Il nous faut agrave preacutesent
identifier les reacutesultats du processus entrepreneurial
22 Les eacutetapes dans le processus entrepreneurial
De faccedilon empirique nous deacutefinissons le processus entrepreneurial comme une seacutequence de
formation de quatre reacutesultats essentiels Nous nous inspirons de la description proposeacutee par
FAYOLLEA pour qui la dynamique du processus entrepreneurial se structure autour de trois
phase deacuteclenchement (triggering) lrsquoengagement (commitment) et la survie deacuteveloppement
(survivaldevelopment) 114 Nous consideacuterons de notre part que lrsquoeacutemergence de lrsquoentreprise
constitue aussi un jalon important de ce processus En deacutefinitive le processus tel que nous
lrsquoenvisageons dans cette recherche sera deacutefini comme le suivant
- Le premier reacutesultat correspond agrave une phase ougrave lrsquoindividu est consideacutereacute comme
entrepreneur potentiel Il preacutesente certaines caracteacuteristiques de comportements drsquoattitudes et de
perception qui sont favorables agrave un eacuteventuel engagement FAYOLLEA en citant SHAPERO et
SOKOL (1982) preacutefegravere lrsquoappeleacute la propension entrepreneuriale qursquoil deacutefinit comme la
disposition significative drsquoun individu agrave agir115 Mais ce potentiel cette disposition restent
latente dans le sens ougrave il ne srsquoengage pas reacuteellement dans lrsquoexploitation de lrsquoopportuniteacute
eacuteconomique KRUEGGER reacutesume cette eacutetape de la maniegravere suivante Potential entrepreneurs
need not have any salient intentions toward starting a business their potential is latent and is
causally and temporally prior to intentions116
- Le deuxiegraveme reacutesultat se reacutefegravere agrave une eacutetape ougrave deux dimensions entrent en jeux
lrsquointention et lrsquoengagement dans lrsquoentrepreneuriat Lrsquointention est deacutefinie ici comme un eacutetat
cognitif preacuteceacutedant immeacutediatement lrsquoexeacutecution drsquoun comportement117 Lrsquoindividu dans cette
situations preacutesente certaines attitudes qui montrent qursquoil y des objectifs et des finaliteacutes mais
aussi que ses actions son deacutesirables et faisables118 La conjonction par ailleurs de lrsquointention et
lrsquoengagement est neacutecessaire par ce qursquoil est difficile drsquoimaginer une intention totalement formeacutee
et reacuteelle sans des actes significatifs119 comme la recherche drsquoinformation sur le projet le
rassemblement des ressources la recherches de conseils etc sinon lrsquoindividu reste dans le stade
113 BRUYATC et JULIENP-A Defining the field of research in entrepreneurship Journal of Business Venturing Ndeg 16
2000pp165ndash180p 169 114FAYOLLEA entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process p162-163 115FAYOLLEA idem p 167 116 KRUEGER N F Jr et BRAZEAL D V Entrepreneurial Potential And Potential Entrepreneurs Entrepreneurship Theory and Practice vol 18 Ndeg3 pp91-104 p 91 117 KRUEGERN F Jr et DAYM Chapter 3 Looking Forward Looking Backward From Entrepreneurial Cognition to Neuro-entrepreneurship in Handbook of Entrepreneurship Research Springer Science Business Media2010 678p 325 118 KRUEGERN F Jr et DAYM idem p325 119 FAYOLLEA p 167
37
lrsquoentrepreneuriat potentiel Des travaux reacutecents ont conceptualiseacute cette eacutetape sous lrsquoappellation
drsquoentrepreneuriat naissant (nascent entrepreneur) Empiriquement ce dernier est deacutefini comme
un individu qui entreprend des actions pour deacutemarrer une entreprise dont il projette drsquoecirctre le
proprieacutetaire ou coproprieacutetaire Il est naissant par ce que lrsquoentreprise nrsquoa pas encore deacutegager des
liquiditeacutes suffisantes pour obtenu un revenu120 Ces actions doivent donc conduire agrave un autre
reacutesultat celui de lrsquoeacutemergence de lrsquoentreprise
- Le troisiegraveme reacutesultat marque ainsi une eacutetape de lrsquoachegravevement du processus
drsquoorganisation au sens anglosaxon organizing Lrsquoorgansiation ici nrsquoest pas seulement lrsquoentiteacute
dans laquel lrsquoactiviteacute eacuteconomique va se deacuterouler(ex entreprise) mais tout le processu qui
permettra pour reprendre lrsquoexpression de GARTNERW agrave cette entiteacute de se faire connaitre
Lrsquoentrepreneuriat de ce point de vue constitue un processus impulseacute par un individus qui
permettra la manifestation ou lrsquoeacutemergence drsquoune nouvelle organisation Lrsquoeacutemergence est le
reacutesultat de lrsquointeraction de quatres dimensions fondamentales deux processuelles lrsquointention et
lrsquoeacutechange et deux structurelles les ressources et les limites121 Lrsquointentionnaliteacute tout comme la
collection des ressoyrecs qui ont commenceacute deacuteja dans la deuxiegraveme eacutetapes Mais ce qui
carcatreacuteise le plus cette phase est la formation de la frontiegravere et lrsquoeacutechange aussi bien interne
drsquoextreme La frontiegravere marque par ailleurs la seacuteparation entre lrsquoorgansiation et son
environnement Dans la pratique cette frontiegravere correspond par exemple agrave lrsquoinscription dans le
regitre de commerce qui marque lrsquoexistence leacutegale de lrsquoorgansiation122 Lrsquoeacutechange se manifeste
par les transaction entreprises par lrsquoorgansiation soit en interne soit avec les composants de sont
environnement (le marcheacute par exemple) Cet eacutechange traduit que lrsquoexploitation de lrsquoopportuniteacute
eacuteconomique est effective
Pour plusieurs auteurs lrsquoeacutemergence de lrsquoorgansiation ne constitue pas le reacutesultat final du
processus entrepreneurial la pereniteacute de lrsquoentreprise nouvelles est consideacutereacutee comme lrsquoeacutetape
ultime du processu entrepreneurial123 pour cette recheche cette eacutetapes marque le qutriegraveme
reacutesultat la survie deacuteveloppment
- Le quatriegraveme reacutesultat est la survie deacuteveloppment de lrsquoentreprise la reacuteussite du
processus entrepreneurial a fait lrsquoobjet drsquoun long deacutebat qui se reacutesume dans lrsquointerrogation
suivante faudrait-il limiter cette reacuteussite agrave lrsquoeacutemergence de lrsquoentreprise ou bien consideacuterer que
lrsquoentrepreneuriat nrsquoexiste que lorsque lrsquoentreprise arrive a persister dans le marcheacute En effet
120 REYNOLDS PD et al The Prevalence of Nascent Entrepreneurs in the United States Evidence from the Panel Study of Entrepreneurial Dynamics Small Business EconomicsNdeg23 2004pp263ndash284p265 121 HERNANDEZ EM lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle Revue franccedilaise de gestion Ndeg1852008 pp89-105 p92 122 HERNANDEZ EM idem p92 123 FAYOLLE A op ct p198
38
lrsquoemergence de lrsquoorgansiation au sens que nous lui avons donner ne garantie pas la peacutereacuteniteacute de
lrsquoorgansiation nouvellement creacutee Cette perenniteacute est selon les tenon de ce paradigme tributaire
drsquoune valeur apporteacutee au marcheacute Cette valeur peut eacutetre deacutefinit comme le jugement porteacute par
la socieacuteteacute (notamment le marcheacute et les clients potentiels) sur lrsquoutiliteacute des prestations offertes par
lrsquoentreprise comme reacuteponse agrave des besoins Ce jugement se concreacutetise par des prix de vente des
quantiteacutes vendues des parts de marcheacute des revenus une image de qualiteacute une reacuteputation etc
124 La creacuteation de cette valeur pour plusieurs auteurs nrsquoest pas suffisante Lrsquoentretien de cette
valeur devient un eacuteveacutenement important du processus entrepreneurial Comme le notait
DETIENNE DAWN R central part of the new venture value creation efforts hinges on the
ability to harvest that value at some point(s) in the futurerdquo 125 Or lrsquoentretien de cette valeur se
heurte agrave ce que COLEMAN S J appel les limites de la nouveauteacute (the liability of the newest)
qui traduisent les risques et les difficulteacutes inheacuterentes agrave la nouvelle entreprise126 Pour notre part
la survie deacutevelopmment de lrsquoentrrpise existe lorsque lrsquoentreprise a deacutepasseacute le stade lrsquoemergence
Le scheacutema suivant reacutesume les reacutesultats dans le procsus entrepreneurial el que nous
envisageons pour cette thegravese
Figure4 le contenu du processus entrepreneurial
Reacutesultat 1 Reacutesultat2 Reacutesutat3 Reacutesultat 4
Source auteur
En Consideacuterant lrsquoentrepreneuriat comme une seacutequence drsquoeacutetapes nous devons
impeacuterativement expliciter le statut du temps dans cette conception
23 Dimension temporel dans le processus entrepreneurial
Il faudrait souligner que le processus entrepreneurial revecirct dans cette repreacutesentation une
dimension temporelle Le deacuteroulement des ces eacutetapes peut ecirctre envisageacute selon deux logiques
diffeacuterentes une logique diachronique qui aborde les reacutesultats comme des eacutetapes partielles drsquoun
processus drsquoeacutevolution plus long127 ou bien dans une logique synchronique comme un ensemble
124 LORINO P laquo Le deacuteploiement de la valeur par les processus raquo Revue franccedilaise de gestion ndeg 104 1995 pp 55-71 p 60 125 DETIENNE DAWN R Entrepreneurial exit as a critical component of the entrepreneurial process Theoretical development Journal of Business Venturing Ndeg25 2010 pp 203-215p 205 126 COLEMAN S The Liability of Newness and Small Firm Access to Debt Capital Is There a Link The Journal of Entrepreneurial Finance Vol 9 Ndeg 2 2004pp 37-59 p 38 127 LECONTE P Le processus de structuration des techniques de gestion preacutevisionnelle des ressources humaines application a la construction drsquoun reacutefeacuterentiel meacutetiers dans un reacuteseau drsquoorganisations complexes Doctorat de Sciences de Gestion sous la
direction de PIGANIOL-JACQUET C Universiteacute Franccedilois Rabelais ndash Tours 1998 519 pages p 181
Entrepreneurs
Potentiels
Surviedeacuteveloppement Emergence de
lrsquoentreprise Intention
engagement
PROCESSUS ENTREPRENEURIAL
39
de reacutesultat acheveacute Lrsquoobservation des ces deux dynamique ne se fait pas de la mecircme maniegravere
Dans la premiegravere cateacutegorie il nrsquoy a pas de rupture entre les eacutetapes comme srsquoil y avait des flux
continu de reacutesultats ougrave lrsquoachegravevement drsquoun reacutesultat produit lrsquoarriveacute du reacutesultat suivant Alors que
dans le second cas le processus deacutesigne lrsquoagencement des reacutesultats formels (intention
eacutemergence survie) et des variables senseacutees les expliquer
Le second cas est adapteacute agrave notre deacutefinition du processus entrepreneurial car les donneacutees que
nous disposons permettent pour un eacutechantillon unique drsquoobserver des individus qui sont
preacutesents de maniegravere concomitante dans lrsquoune des quatre phases128 que nous avions citeacute
entrepreneuriat latent intention eacutemergence et survie deacuteveloppement Il ne srsquoagit pas en effet
drsquoun mecircme groupe drsquoindividus qui a eacuteteacute observeacute selon une proceacutedure longitudinale
Il est possible agrave preacutesente apregraves avoir deacutefinis le processus entrepreneurial de mettre en relief
dans les paragraphes qui suivent la probleacutematique de recherche
V- LA DEFINITION DE LrsquoOBJET DE RECHERCHE
Le point de deacutepart de notre questionnement se situe au niveau des deacuteterminants du fait
entrepreneurial Dans ce registre la diversiteacute des deacutefinitions et des mesures appliqueacutees au
pheacutenomegravene lui-mecircme a entraineacute un vaste eacuteventail de theacuteorie et drsquoexplication sur les origines
et les deacuteterminants de lrsquoentrepreneuriat129 Comment se structure la recherche sur ces facteurs
1 Les deacuteterminants de lrsquoentrepreneuriat
Lrsquoeacutetude de ces facteurs ne peut pas ecirctre confineacutee tout drsquoabord agrave une seule discipline Les
eacuteconomistes les sociologues les psychologues ont tous inclus dans la recherche la
probleacutematique de lrsquoexplication du deacuteclenchement et de la reacuteussite du processus
entrepreneurial130 En plus de la diversiteacute des ancrages disciplinaires ces deacuteterminants ont eacuteteacute
eacutetudieacute selon diffeacuterents niveaux drsquoanalyse macro meacuteso et micro de lrsquoentrepreneuriat La
perspective macro tente drsquoexpliquer le niveau de lrsquoentrepreneuriat par des facteurs qui ne sont
pas sous le controcircle des entrepreneurs comme le niveau de la technologie les conditions
eacuteconomiques la culture ambiante dans la socieacuteteacute et les institutions131 Ces facteurs influencent
la demande pour lrsquoentrepreneuriat agrave travers la creacuteation de nouvelles opportuniteacutes disponibles
pour de nouveaux entrepreneurs132
128 Nous utilisons les termes phase eacutetapes reacutesultats dans le processus pour deacutesigner la mecircme entiteacute 129 GRILO Iet IRIGOYEN J-M Entrepreneurship in the EU To wish and not to be Small Business Economics Ndeg 262006 pp 305ndash318p 306 130 GRILOI et THURIK determinants of entrepreneurship in Europe ERIM Report Series Research in Management2004pp 1-23p 3 131 WENNEKERS UHLANER LM THURIKR Entrepreneurship and its Conditions a Macro perspective International Journal of Entrepreneurship EducationVol1Ndeg1pp 25-65p 35 132 ARNIUSP MINNITIM Perceptual Variables and Nascent Entrepreneurship Small Business Economics Ndeg 242005
pp233-247p 236
40
Les eacutetudes effectueacutees au niveau meacuteso de lrsquoentrepreneuriat prennent le secteur drsquoactiviteacute
comme uniteacute drsquoanalyse et se focalisent sur les facteurs comme les opportuniteacutes de profits
drsquoentreacutee et de sortie dans un secteur particulier133 Les eacutetudes au niveau micro ont lrsquoindividu ou
lrsquoentreprise comme objet drsquoanalyse et srsquointeacuteresse aux anteacuteceacutedents expliquant la preacutesence des
individus dans le processus entrepreneurial Globalement cette approche met lrsquoaccent sur les
facteurs qui sont speacutecifiques agrave la capaciteacute de lrsquoentrepreneur et qui sont plus ou moins sous son
controcircle Les premiegraveres tentatives de reacuteponses agrave cette question ont eacuteteacute apporteacute par lrsquoeacutecole des
traits de personnaliteacute Cette eacutecole considegravere que ceux qui se lancent dans lrsquoentrepreneuriat ont
des caracteacuteristiques psychologiques propres qui les diffeacuterencient des autres (acircge motivation
aversion pour le risquehellip) Mais comme le notait FILLION J-J A ce jour on nrsquoa pas encore
eacutetabli un profil psychologique scientifique absolu de lrsquoentrepreneur134 par ce que les eacutetudes ont
abouti agrave des reacutesultats variables et parfois contradictoires Les limites de cette eacutecole tiennent au
fait que pour expliquer le pheacutenomegravene de lrsquoentrepreneuriat seul lrsquoentrepreneur compte Reacuteduire
lrsquoentrepreneuriat agrave lrsquoindividu revoie essentiellement agrave deux caracteacuteristiques principales de
lrsquoentrepreneur lrsquouniciteacute qui postule que ceux qui se lancent dans les affaires et reacuteussissent sont
unique lrsquoisolement qui postule que lrsquoentrepreneur ne doit sa reacuteussite qursquoagrave lui-mecircme135
Dans les deux cas de figures lrsquoentrepreneur est consideacutereacute comme un individu isoleacute
rationnel et autonome et non pas comme une personne encastreacutee dans un reacuteseau social136
Lrsquointroduction du reacuteseau social dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat constitue donc une
reacuteponse alternative par rapport agrave lrsquoapproche par les traits car elle permet drsquointroduire lrsquoaspect
contextuel dans lrsquoexplication du processus entrepreneurial A lrsquoeacutechelle individuelle ce context
est tout les eacutelements mateacuterielles ou immateacuteriel avec lequel lrsquoentrepreneur interagit pour reacuteussir le
passage de lrsquointention vers la creacuteation de la valeur137 Ces variables peuvent correspondre agrave des
acteurs des normes des eacutevenements
Tout ces eacuteleacutements forment une structure agrave partir de laquelle lrsquoentrepreneur peut en deacutegager un
capital Ce capital peut prendre plusieur formes BURT R distingue trois types de capital un
capital financier (eacutepargne ligne de creacuteditsetc) un capital humain (qualification santeacute
compeacutetenceexpeacuterience etc) et un capital social qui revoie au relation avec drsquoautres acteurs138
133 GRILOI et THURIK idem p4 134 FILION L- J Le champ de lentrepreneuriat historique eacutevolution tendances Revue internationale PME vol 10 Ndeg 2 1997 pp 129-172 p 138 135 SCHMITT C (Sous la direction de) Regards sur lrsquoeacutevolution des pratiques entrepreneuriales Presse de lrsquouniversiteacute du Queacutebec2008 299 pages p17 136 KLYVER K amp HINDLE K The Role Of Social Networks At Different Stages Of Business Formation Small Business Research 15 1 2007 p 22 137 VERSTRAET T entrepreneuriat modeacutelisation du pheacutenomegravene revue de lrsquoentrepreneuriat Vol 1 Ndeg1 2001pp 5-24 138 BURT R S The Social Structure of Competition Harvard University Press 1995 313 page p 57
41
Crsquoest agrave partir de ce dernier point que nous voudrions deacutebuter la reacuteflexion sur la question de
recherche La notion de capital social nrsquoest pas le produit du domaine de lrsquoentrepreneuriat
Lrsquoappropriation des chercheurs de ce concept nrsquoavait pas produit une stabiliteacute des acceptions et
des meacutethodologies de recherche lieacutees agrave son rocircle dans le pheacutenomegravene entrepreneurial Crsquoest
pourquoi dans les paragraphes qui suivent nous voudrions jeter le premier cadrage de notre objet
de recherche qui neacutecessite au preacutealable la deacutelimitaion du concept lui-mecircme
2 Deacutefinition du capital social pour cette thegravese
Depuis le deacutebut des anneacutees 1990 une attention grandissante selon diffeacuterentes point de vue est
porteacutee agrave lrsquoinfluence des ressources de nature sociales sur lrsquoactiviteacute eacuteconomique Ces ressources
revecirctent des formes diverses Il peut srsquoagir de la confiance et de la reacuteciprociteacute qui permettent de
promouvoir la coopeacuteration entre les individus et la reacuteduction des coucircts de transaction139 Elles
sont aussi les institutions formelles qui garantissent les droits de proprieacuteteacute et le fonctionnement
libre du marcheacute140 Les relations sociales et lrsquoengagement civique dans la vie associative sont
une autre cateacutegorie de ressources sociales qui favorisent la performance eacuteconomique141 Les
ressources sociales sont aussi les regravegles informelles dont la fonction principale est la creacuteation
drsquoun ordre et la reacuteduction de lrsquoincertitude dans ce jeu eacuteconomique142 Ces ressources sociales
bien que approcheacutees diffeacuterentient deacutecoulant des relations maintenues par des individus des
groupes ou des organisations sont habituellement identifieacutees par le concept de capital social La
notion de capital social est apparu avec les sociologues BOURDIEUP (1980) COLEMANJ
(1998) BURTR(1992) et le politologue PUTNAMR (1994) LrsquoHypothegravese centrale sous
jacente agrave la majoriteacute de ces travaux est que les reacuteseaux de relations sont des ressources qui ont
une valeur pour la conduite des activiteacutes sociales et eacuteconomiques et qursquoils sont agrave la fois la
source et le reacutesultat de la reacuteussite de ces activiteacutes143 Cette hypothegravese envisage le rocircle du capital
social aussi bien du point de vue individuel organisationnel que socieacutetal Nous nous focalisons
a priori sur une acception individuelle de ce concept
3 Le capital social dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat les travaux que nous venons de citer ont attireacute
lrsquoattention sur lrsquoexistence drsquoune autre forme de capital aussi importante que le capital
eacuteconomique (eacutepargne ligne de creacutedit) et le capital humain (expeacuterience qualification santeacute
139 FYKUYAMAF social capital civil society and development third world quarterlyvol222001pp7-20p7 140 BARRO R laquoDemocracy and growthraquo Journal of economic growth Ndeg 11996 pp1-27p 17 141 KNACK S et KEEFER P Does Social Capital Have An Economic Payoff A Cross-Country Investigation The Quarterly Journal of Economics Vol 112 Ndeg 4 1997) pp 1251-1288 p1251 142 North DC Institutions Journal of Economic Perspectives- Volume 5 Number 1-Winter 1991-Pages 97-112p 97 143 NAHAPIET J amp GHOSHAL S Social capital intellectual capital and organizational advantage Academy of Management
Review Vol 23 Ndeg2 1998pp 242-266 p 243
42
compeacutetences)144 Cependant srsquoil existe une proposition unificatrice par rapport aux
conseacutequences de ce capital les deacutefinitions nrsquoont pas fait lrsquoobjet drsquoune unanimiteacute chez les
auteurs Pour notre travail de thegravese ce concept sera deacutefini selon la conception de NAHAPIETJ
et GHOSHAL S Ces auteurs deacutefinissent sous une approche individuelle la somme des
ressources actuelles ou potentielles encastreacutees dans disponibles et deacuteriveacutees du reacuteseau de
relations posseacutedeacute par un individu ou une uniteacute sociale145 Ce que lrsquoon pourrait retenir de cette
deacutefinition crsquoest bien la position centrale qursquooccupe le reacuteseau social dans le capital social
a Les dimensions du capital social
Selon les mecircmes auteurs le capital social revecirct de trois dimensions structurelle relationnelle
et cognitive La dimension structurelle fait reacutefeacuterence aux proprieacuteteacutes des relations sociales et
des reacuteseaux qui naissent de ces relations aux travers desquels transitent les ressources et les
beacuteneacutefices de maniegravere geacuteneacuterale146 La dimension cognitive du capital social enferme les
repreacutesentations les normes et les systegravemes de croyance que partage lrsquoindividu avec les autres147
La dimension relationnelle se reacutefegravere agrave la qualiteacute des relations interpersonnelles cette qualiteacute est
appreacutehendeacutee par le niveau de confiance et de reacuteciprociteacute existant entre les membres du reacuteseau
social Ces trois dimensions ont deux points en commun 1) Elles constituent des
caracteacuteristiques de la structure sociale 2) elles facilitent les actions des individus dans cette
structure148
Les auteurs dans le domaine de l lsquoentrepreneuriat srsquoaccordent agrave ce titre que sur le plan
individuel le capital social peut ecirctre mieux eacutetudieacute par une focalisation sur les caracteacuteristiques du
reacuteseau social des entrepreneurs149 Crsquoest ce que nous envisageons dans cette recherche Notre
attention portera ainsi sur les caracteacuteristiques structurelles du capital social et leurs
conseacutequences agrave lrsquoeacutechelle individuelle puisque lrsquoobjet drsquoobservation empirique sera
lrsquoentrepreneur en situation drsquoentrepreneuriat De ce point de vue la litteacuterature srsquoaccord sur deux
type du capital social Le scheacutema suivant reacutesume le point de vue qui sera consideacutereacute pour le
capital social
144 BURTR chapter 2 the social structure of competition in network and organization 145 Traduit par nous du propos original Sum of the actual and potential resources embedded available throught and derived
from the network of relationship possessed by an individual or social unit in NAHAPIET J amp GHOSHAL S Social capital intellectual capital and the organizational advantage Academy of Management Review vol23Ndeg2 1998pp242-266p 243 146 NAHAPIET J amp GHOSHAL S op ctp 244 147 147 NAHAPIET J amp GHOSHAL S op ct p 244 148 COLEMAN J S Social Capital in the Creation of Human Capital The American Journal of Sociology Vol 94 Supplement Organizations and Institutions Sociological and Economic Approaches to the Analysis of Social Structure 1988 pp S95-S120p S101 149 HOANG H amp ANTONCIC B Network-based research in entrepreneurship A critical review Journal of Business
Venturing Ndeg 18 2003 pp 165-187 p167
43
Figure 5 Conception et dimensions clefs capital social
Source auteur
La structure du reacuteseau social renvoie au scheacutema qui se forme de lrsquoensemble des liens
directs ou indirects existants entres les acteurs150 La proposition centrale est que les diffeacuterentes
positions des acteurs dans cette structure a un impact important sur le flux des ressources et sur
la reacutealisation des reacutesultats dans le processus entrepreneurial151 Mais cette influence a eacuteteacute
envisageacutee selon diffeacuterentes approches dont il convient drsquoen preacuteciser leurs contenus
b Reacuteseau social et processus entrepreneurial les approches dominantes
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat lrsquoanalyse du reacuteseau de lrsquoentrepreneur srsquoest fait
selon deux consideacuterations152 La premiegravere parte de lrsquohypothegravese que ce sont les caracteacuteristiques
reacuteseaux sociaux qui influencent les activiteacutes de lrsquoentrepreneur et devient par lagrave une variable
explicative Pour la deuxiegraveme hypothegravese le reacuteseau social devient un pheacutenomegravene agrave expliquer et
suggegravere que crsquoest la progression dans le processus de creacuteation de lrsquoentreprise et les diffeacuterents
eacuteveacutenements sous jacents qui influencent les caracteacuteristiques et les modifications du reacuteseau
social de lrsquoentrepreneur153 Cette dynamique du reacuteseau social est inscrite dans ce qui appeleacute le
reacuteseautage qui est vue comme un comportement de lrsquoentrepreneur qui implique des activiteacutes
drsquoeacutetablissent et de gestion des relations personnelles154 Dans cette cateacutegorie certain auteurs
150 HOANG H amp ANTONCIC B idem p 170 151 HOANG H amp ANTONCIC B op ct p 171 152 HOANG H amp ANTONCIC B Network-based research in entrepreneurship A critical review Journal of Business
Venturing Ndeg 18 2003 pp 165-187 p173 153 HOANG H amp ANTONCIC B p175 154 JOHANNISSON B Business formation- a network approach scandinavian journal of managment Vol 4 Ndeg 3 et 41988 pp
83- 99 p 83
Le capital social
Individuel Organisationnel Socieacutetal
Dimension
Cognitive
Dimension
relationnelle
Dimension
Structurelle
44
comme BRUumlDERL J amp PREISENDOumlRFER P distinguent entre le reacuteseau social expliquant agrave
lrsquoeacutetape de la naissance de lrsquoentreprise et u autre qui change de caracteacuteristique et expliquant la
reacuteussite et le deacuteveloppement de lrsquoentreprise leur propos reacutesument cette distinction The
ldquonetwork approach to entrepreneurshiprdquo is a prominent theoretical perspective within the
literature on entrepreneurship This literature assumes that network resources networking
activities and dnetwork support are heavily used to establish new firms (network founding
hypothesis) Further those entrepreneurs who can refer to a broad and diverse social network
and who receive much support from their network are more successful (network success
hypothesis)155
Nous consideacuterons pour notre part que la structure du reacuteseau social des entrepreneurs
comme une variable (un anteacuteceacutedent) explicative de lrsquoarriveacute des reacutesultats formant le processus
entrepreneurial Car nous ne comptons pas eacutetudier les changements de la morphologie de ce
reacuteseau agrave partir du moment ougrave nous retenu un seul type de lien social Crsquoest pourquoi nous
posons la question sur le type de relation qui est la plus favorable pour lrsquoentrepreneur
c Quel reacuteseau est le plus profitable pour lrsquoentrepreneur
Le reacuteseau social preacutesente un certain nombre de caracteacuteristiques qui impactent diffeacuteremment
le processus entrepreneurial la premiegravere est la La force des liens theacuteoriseacutee par
GRONOWETTER M ce dernier explique comment des liens forts et des liens faibles nrsquoont pas
le mecircme impact en termes drsquoaccegraves aux informations aux nouvelles connaissances etc Selon
GRANOWETTER M les liens peuvent revecirctir une double nature Ils sont faibles (weaks ties )
lorsque les liens renvoient agrave des connaissances vagues et lointaines Lorsque le reacuteseau social est
domineacute par ce type de liens il forme un capital social passerelle (Bridging social capital) Dans
ce type de capital la recherche srsquointeacuteresse agrave lrsquoindividu comme point focal et eacutetudie comment
lrsquoentrepreneur fait usage de ses liens
Ils sont consideacutereacutes comme des liens forts (strongs ties) lorsqursquoils concernent des
connaissances proches et intimes (famille amis) dont les beacuteneacutefices sont limiteacutes aux membres du
reacuteseau Ce type de capital est geacuteneacutereacute au sein drsquoun groupe ou drsquoune communauteacute composeacute
drsquoindividu homogegravene qui constitue drsquoailleurs lrsquoobjet principal drsquoobservation Parmi les critegraveres
qui diffeacuterencient ces deux type de liens le temps consacreacute agrave la relation lrsquointensiteacute eacutemotionnelle
lrsquointimiteacute et le niveau de reacuteciprociteacute des services dans les relations156
155 BRUumlDERL J amp PREISENDOumlRFER P Network Support and the Success of Newly Founded Businesses Small Business Economics Ndeg10 1998 pp 213ndash225 p 213
156 GRANOWETTER M the strenght of weaks tiesAmerican journal of sociology vol 78 Ndeg6 1973 pp 1360-1380p 1361
45
Crsquoest dans le premier type de structure qui nous inteacuteresse particuliegraverement Nous
consideacuterons comme BURTR que les liens faibles sont des contacts non redondants et riches en
ressources informationnelles crsquoest agrave dire favorable agrave laccegraves la synchronisation de connaissances
de diffeacuterentes natures et aux nouvelles opportuniteacutes157 Dans ce contexte il nrsquoya pas de doute
sur lrsquoimpact des relations informelles comme la connaissance drsquoun entrepreneur qui a reacuteussi
ou la participation dans le financement drsquoautres entreprise (business Angel) Ces derniegraveres
peuvent ecirctre plus efficientes que les relations formelles pour faciliter la creacuteation de nouvelle
entreprise
4 la question principale de la recherche
Lrsquoentrepreneuriat est un processus drsquoeacutetapes et non pas un fait spontaneacutee depuis lrsquointention
jusquagrave les premiegravere anneacutees drsquoexistence de lrsquoentreprise lrsquoentrepreneur nrsquoest pas isoleacute comme
un agent rationnel et autonome mais un individu encastreacute dans une structure sociale qui de par
ce qursquoelle contient comme ressources et la possibiliteacute quelle offre de les atteindre favorise le
passage drsquoun entrepreneuriat potentiel agrave un entrepreneuriat reacuteel Le terme laquo favorise raquo signifie
que le fait de posseacuteder un type particulier de relation sociale plus ou moins durable aura pour
effet drsquoaugmenter les chances drsquoatteindre ou de faire partie des eacutetapes du processus
entrepreneurial Seulement notre interrogation principale ne concerne pas si oui ou non cet
impact existe
Nous croyons qursquoune large litteacuterature empirique a explicitement deacutemontreacute ce lien158
mais il srsquoagit drsquoexplorer le comment de cet impact qui reste un sujet inacheveacute dans la
litteacuterature Crsquoest dans ce terrain que nous voudrions mener cette recherche La question centrale
interroge donc le lien entre le reacuteseau social des entrepreneurs et le fait entrepreneurial dans le
contexte Algeacuterien
Notre question de recherche peut se formuler comme suit comment le capital social
individuel deacutefinie par sa dimension structurelle influence la participation dans les
diffeacuterentes eacutetapes du processus entrepreneurial
157 BURTR Le capital social les trous structuraux et lentrepreneur Revue franccedilaise de sociologie Vol36 Ndeg41995 pp 599-628p 602
158 DE CAROLIS D M et SAPARITO P Social Capital Cognition and Entrepreneurial Opportunities A Theoretical
Framework Entrepreneurship Theory and PracticeVol13Ndeg1 2006pp 41-56p 42
46
5 Lrsquohypothegravese de recherche
Lrsquohypothegravese sous jacent agrave lrsquoobjet de cette thegravese peut ecirctre exprimeacutee en ces termes Les chances
pour qursquoun individu participe dans les diffeacuterentes phases du processus entrepreneurial cest-agrave-
dire affichant une intention reacuteelle arrivant agrave faire eacutemerger une entreprise et reacuteussissant dans le
marcheacute est augmenteacute par la nature des liens que possegravede cet individu Puisque la question
porte sur le comment nous ajoutons que ce lien nrsquoest pas direct mais il existe des variables
intermeacutediaires qui assurent lrsquoarticulation entre le capital social individuel et le processus
entrepreneurial Nous pensons que ces variables peuvent concerner le niveau des compeacutetences
individuel lrsquoaversion pour le risque et la vigilance aux opportuniteacutes eacuteconomiques exprimeacutee
autrement le reacuteseau social favorise lrsquoengagement et la reacuteussite dans lrsquoentrepreneuriat agrave travers
ses effets positifs sur ces trois variables perceptuelles Nous nous focalisons sur deux
composantes du capital social lieacute agrave lrsquoentrepreneuriat 1) la connaissance drsquoun entrepreneur cest-
agrave-dire posseacuteder un lien avec des individus ayant reacuteussi le processus entrepreneurial 2) ecirctre
personnellement engageacute avec drsquoautre entrepreneurs par des financements informels ce dernier
cest-agrave-dire ecirctre une personne qui a fourni un capital pour le deacutemarrage drsquoautre entreprise159
Avant drsquoexpliciter le rocircle de ce type de relations nous preacutesentons dans ce scheacutema le
raisonnement qui a permis de formuler notre hypothegravese de recherche
Figure 6 Lien capital social et processus entrepreneurial et perception individuelle
a La perception du risque entrepreneurial
Depuis longtemps lrsquoentrepreneuriat est associeacute agrave la notion de risque Deacutecider si une ideacutee peut
devenir une opportuniteacute drsquoaffaires neacutecessite un jugement qui est fait dans des conditions
159 DE CLERCQ D ARENIUS P op ct p 351
Processus entrepreneurial
Capital social Connaitre un entrepreneur amp financer drsquoautres entrepreneurs
Perception du
risque
Capital humain speacutecifique
Vigilance
entrepreneuriale
Les perceptions individuelles
intermeacutediaires
Source auteur
47
drsquoincertitude et de complexiteacute Le risque qui est eacutetroitement lieacute agrave cette incertitude est la
probabiliteacute que lrsquoentrepreneur sera capable ou non de transformer cette ideacutee en une entreprise
viable160 Lrsquoincertitude est principalement due agrave lrsquoabsence drsquoinformation pour une telle
deacutecision161 Par ailleurs le risque nrsquoest pas preacutesent seulement dans les phases amont de la
naissance de lrsquoentreprise les petites entreprises eacutemergentes ont aussi un risque drsquoeacutechouer car
elles souffrent drsquoun double handicap de nouveauteacute et de petitesse Ce handicap reacuteduit la capaciteacute
de la nouvelle entreprise agrave survivre lorsqursquoelle se trouve en compeacutetition avec des entreprises
deacutejagrave eacutetablies162 De ce fait le risque nrsquoest pas seulement une probabiliteacute drsquoeacutechec mais une
perception drsquoeacutechec qui constitue un anteacuteceacutedent important qui affecte lrsquoengagement et la reacuteussite
dans lrsquoentrepreneuriat163 A partir du moment ougrave cette perception est importante et que
lrsquoindividu est limiteacute dans sa capaciteacute agrave absorber les informations et de deacuteterminer les
conseacutequences de leur deacutecisions ils auront besoins drsquoeacutetablir des contacts externes pour obtenir
ces informations164 Le capital social agrave travers notamment sa composante structurelle peut ecirctre
particuliegraverement important pour limiter lrsquoaversion au risque
b Le capital humain une approche en terme de compeacutetences entrepreneuriales
Le capital humain deacutefini comme le niveau de qualification et des capaciteacutes peut ecirctre une
source importante de performance pour lrsquoindividu les organisations et pour la socieacuteteacute165 Le
capital humain peut ecirctre deacuteveloppeacute par des investissements en formation formelle et par
lrsquoexpeacuterience professionnelle Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat les reacutesultats des eacutetudes
empiriques ne permettent pas toujours drsquoeacutetablir un lien deacutefinitif entre le capital humain et la
reacuteussite des entrepreneurs Le premier est plus lieacute agrave lrsquoeacuteducation et llsquoexpeacuterience de lrsquoindividu
En termes de son impact sur lrsquoactiviteacute entrepreneurial les eacutetudes se sont focaliseacutees beaucoup
plus sur la performance de la nouvelle entreprise que sur les chances de creacuteation drsquoune nouvelle
entreprise NEIRAIet al ont trouveacute par exemple que ce lien est significatif seulement pour les
entrepreneurs qui sont devenus proprieacutetaires drsquoentreprises ayant deacutepasseacute le stade de lrsquoeacutemergence
Ce lien est trouveacute comme non significatif pour les phases de deacutecision et drsquoengagement dans
lrsquoentrepreneuriat166 Comme lrsquoindiquent DE CLERCQD et ARENIUS P la recherche devra
160 TAT KEH H et al Opportunity Evaluation under Risky Conditions The Cognitive Processes of Entrepreneurs Entrepreneurship Theory and Practice 2002 pp 125-148p 126 161 DE CLERCQ D et ARENIUS PThe Role of Knowledge in Business Start-Up Activity International Small Business Journal Vol 24Ndeg42006pp 339ndash358p342 162 SMIDA A et KHELIL N Repenser lrsquoeacutechec entrepreneurial des petites entreprises eacutemergentes proposition drsquoune typologie srsquoappuyant sur une approche inteacutegrative Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 23 Ndeg 2 2010 pp65-106p 73 163 TAT KEH H et al op cet p 126 164 DE CLERCQ D et ARENIUS P idemp 342 165 DE CLERCQ D et ARENIUS P idem p 362 166 NEIRAI et al Social and human capital as determining factors of entrepreneurship in the Spanish Regions
48
diffeacuterencier entre le capital humain geacuteneacuterale qui peut ecirctre eacutetudieacutee dans toutes les phase
entrepreneuriales et un capital humain speacutecifiques qui est beaucoup plus lieacute aux phases qui se
trouvent en amont de ce processus Nous nous inteacuteressons dans cette recherche agrave ce type de
capital humain Il est dit speacutecifique par ce qursquoil identifie les capaciteacutes et les connaissances de
lrsquoindividu dans un contexte particulier celui de lrsquoengagement et de lrsquoeacutemergence de la nouvelle
entreprise comme le notait JANSSEN F et al 167chaque individu entre dans le processus
entrepreneurial avec un stock de connaissances subjectif qui est conditionneacute par son expeacuterience
preacutealable et ses contacts anteacuterieursPour faire reacutefeacuterence agrave ce stock de connaissances
entrepreneuriales Harvey et Evans (1995) proposent le concept de laquodegreacute de preacuteparation
entrepreneuriale raquo qui fait allusion aux habiliteacutes et aux capaciteacutes apporteacutees par lrsquoentrepreneur
au processus entrepreneurial168
Ces connaissances peuvent ecirctre obtenue par le fait que lrsquoindividu srsquoexpose agrave autre expeacuterience
notamment de ceux qui ont reacuteussi a creacuteation drsquoentreprise Acceacuteder agrave des connaissances aupregraves
drsquoautres entrepreneur peut fournir au futur entrepreneur des compeacutetences utiles et des
connaissances qui peuvent reacuteduire les ambiguumliteacutes inheacuterentes agrave un environnement incertain 169
c Opportuniteacute et vigilance entrepreneuriale
La question de lrsquoopportuniteacute a eacuteteacute neacutegligeacute au dapart par ce que pour les eacuteconomistes le
marcheacute fournissait toujours les information pour les signaler et les entrepreneur pour les saisir et
les exploiter le temps voulu plus tards avec lrsquoeacutecole des traits les psychologues ont tentaint de
deacuteterminer la diffeacuterence entre ceux qui arrivent agrave dettecter et agrave exploiter ces opportuniteacutes de
ceux qui nrsquoarrivent pas agrave le faire par la suite les socio-eacuteconomistes ont montreacute que si les
opportuniteacutes eacutetaient souvent laquo dans lrsquoair raquo comme lrsquoexpliquait Marshall en 1890 elles avaient
besoin des reacuteseaux pour ecirctre mieux saisies selon Kirzner ou creacuteeacutees selon Schumpeter et surtout
pour trouver les ressources neacutecessaires afin de les appliquer170 Lrsquoopportuniteacute eacuteconomique est
la possibiliteacute pour un individu seul ou avec les autres de combiner des ressources pour
introduire dans le marcheacute un bien ou un service dont la valeur lui permet de tirer un profit171
Pour certains checheurs srsquosincrivant dans la tradition autrichienne de KIRZNERI lrsquoopportuniteacute
constitue un pheacutenomegravene objectif qui existe dans le marcheacute indeacutependamment des individus que
seuls qui sont vigilants et diposant drsquoinformation peuvent la detecter et la transformer en une
167 JANSSEN F et al in JANSSEN F( sous la direction de ) Entreprendre une introduction agrave lrsquoentrepreneuriat De BOECK
1iegravere eacutedition 2014pp 53
169 Johannisson B lsquoThe Dynamics of Entrepreneurial Networksrsquo 1996 in Frontiers of Entrepreneurship Research 170 JULIENPA opportuniteacute information e temps Revue de lrsquoEntrepreneuriat vol 9 Ndeg1 2010pp24-42p 24 171 LEWIN P Entrepreneurial opportunity as the potential to create value the Review of Austrian Economics Vol 28 Ndeg 1
2013pp 1-15 p 1
49
activiteacute eacuteconomique La vigilance comme lrsquoindique CHABAUD ET est cette compeacutetence
deacuteveloppeacutee au plus haut point chez lrsquoentrepreneur et qui plus que les autres lui permet de
savoir ougrave se trouve lrsquoinformation pertinente pour deacutecouvrir des opportuniteacutes de marcheacute172
cette deacutefinition implique que drsquoune part la deacutecouverte de lrsquoopportuniteacute de marcheacute par
lrsquoentrepreneur est un processus et non pas une illumination soudaine et drsquoautre part ce
processus a lrsquoinformation comme objet principal Comme le notait JULIENPA P La
recherche et la transformation de lrsquoinformation sont un processus collectif passant par le
reacuteseautage et par des capaciteacutes particuliegraveres de lrsquoorganisation agrave capter et agrave transformer celle-ci en
opportuniteacute173 De la apparait la neacutecessiteacute de prendre en consideacuteration les connaissances
externes deacutetenues par drsquoautres individus dans le reacuteseau des entrepreneurs174 Dans le secteur
de la technologie SINGH et al et al ont montreacute pour un eacutechantillon de 1402 entrepreneurs
qursquoun reacuteseau large domineacute par des lien externes au cercle familiale eacutetaient positivement lieacute agrave
lrsquoidentification de nouvelles ideacutees et la reconnaissance de nouvelle opportuniteacutes175
Nous pensons agrave ce titre que la preacutesence drsquoun entrepreneur dans le reacuteseau social des individus
touts comme le fait drsquoecirctre des business Angel constitue deux types de lien favorable agrave la
deacutetection des opportuniteacutes eacuteconomiques
Nous supposons que la possession de ce type de relation impacte positivement le niveau
des connaissances et des capaciteacutes individuelles les aide agrave percevoir de nouvelle opportuniteacute et
en enfin agrave reacuteduire leur perception sur les possibiliteacutes drsquoeacutechec Ce raisonnement nous permet de
formuler une possibiliteacute drsquoexplication de la relation entre le capital social et le fait
entrepreneurial au niveau individuel
En effet nous pensons que lrsquohypothegravese centrale qui va guider ce travail de thegravese est que le
capital social favorise la participation dans lrsquoentrepreneuriat agrave travers son influence sur les
perceptions individuelle vigilance entrepreneuriale compeacutetences speacutecifiques et perception
du risque
De ce fait ce travail de la thegravese srsquoinscrit dans une deacutemarche neacutecessairement positiviste
en termes de posture eacutepisteacutemologique et dans une deacutemarche hypotheacutetico deacuteductive Les
concepts que nous utilisons pour appreacutehender le pheacutenomegravene agrave expliquer (processus
entrepreneurial) les anteacuteceacutedents censeacutes lrsquoexpliquer (capital social et la perception individuelle)
172 CHABAUD D et NGIJOL J La contribution de la theacuteorie des reacuteseaux sociaux agrave la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute raquo Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 18 Ndeg 1 2005 pp29-46p 173 JULIENPA idem p25 174 RAMOS-RODRIacuteGUEZA ndashR et al What you know or who you know The role of intellectual and social capital in opportunity recognition International Small Business Journal Vol 28 Ndeg6pp566ndash582p 577 175 SINGH RP et al Opportunity recognition through social network characteristics of entrepreneurs In Frontiers of
Entrepreneurship Research Wellesley MA Babson College2006pp 228ndash241p236
50
sont deacuteduits drsquoune litteacuterature preacuteexistante nous ne comptons pas reconstruire cette reacutealiteacute par les
interpreacutetations des acteurs
6 Les objectifs de la recherche
Ce travail de thegravese consistera agrave faire une revue de la litteacuterature dan le domaine de
lrsquoentrepreneuriat agrave concevoir un modegravele conceptuelle pour le texte de lrsquohypothegravese et agrave une
illustration empirique pour reacutepondre agrave la question centrale Ces activiteacutes auront dont des
objectifs qui peuvent ecirctre reacutesumeacute de la maniegravere suivante
Objectif 1 connaitre les principales caracteacuteristiques du processus entrepreneurial en
identifiant les attitudes des entrepreneurs dans la phase drsquointention drsquoeacutemergence et de
persistance de lrsquoentreprise
Objectif 2 identifier lrsquoimportance relative de la vigilance des entrepreneurs appreacutehendeacute comme
la reconnaissance des opportuniteacutes dans le marcheacute
Objectif 3 identifier les caracteacuteristiques du reacuteseau social des entrepreneurs en terme de structure
mais aussi les changements de ce reacuteseau tout au long du processus entrepreneurial
Objectif 4 connaitre lrsquoutiliteacute des meacutethodes de reacutegression logistique dans la compreacutehension de la
relation entre reacuteseau de lrsquoentrepreneur variables perceptuelles et processus
entrepreneurial
IV- Plan de la thegravese
Cette thegravese se structure autour de quatre chapitres Le premier chapitre a pour objet le
processus entrepreneurial Nous mettrons en relief dans une premiegravere section le deacuteveloppement
de la recherche sur le pheacutenomegravene entrepreneurial Le but est de montrer comme lrsquoapproche
processuelle de lrsquoentrepreneuriat a eacutemergeacute et en quoi elle est pertinente Eacutetant au cœur du
pheacutenomegravene la notion de processus sera discuteacutee dans la seconde section Cette section devra
deacuteboucher sur une deacutefinition largement admise qui consideacutereacute lrsquoentrepreneuriat comme un
processus drsquoexploration de deacutecouverte et drsquoexploitation des opportuniteacutes eacuteconomiques Ce
processus nrsquoest pas un fait ponctuel mais structureacute autour drsquoun certain nombre drsquoeacutetapes Nous
terminerons la deuxiegraveme section par la preacutesentation des principales eacutetapes qui forment ce
processus agrave savoir la phase de lrsquoentrepreneurial potentiel du deacuteclenchement du processus de
lrsquoeacutemergence de lrsquoentreprise et la survie de la nouvelle entreprise La troisiegraveme section sera
consacreacutee aux variables perceptuelles qui seront consideacutereacutees comme deacuteterminantes pour la
participation des individus dans le processus entrepreneurial Nous retenons la vigilance aux
opportuniteacutes entrepreneuriales le capital humain speacutecifique et la perception du risque
51
Le deuxiegraveme chapitre portera principalement sur le capital social des entrepreneur Etant
une notion tregraves controverseacutee du point de vue conceptuel nous discuterons dans la premiegravere
section la genegravese de ce concept dans le champ dans les diffeacuterents champs disciplinaires les
principales approches qui permettent de le deacutefinir Nous nous inteacuteressons particuliegraverement agrave son
acception dans le domaine du management Dans la perspective manageacuteriale le capital social
revecirct de trois dimensions essentielles une dimension structurelle relationnelle et cognitive Notre
travail de thegravese srsquoinscrit dans une approche structurelle et deacutefini le capital social du point de vue
des ressources accessibles par lrsquointermeacutediaire du reacuteseau social des entrepreneurs la deuxiegraveme
section sera consacreacute par conseacutequence agrave la notion de reacuteseau social Il est question dans cette
section de montre les caracteacuteristiques fondamentales drsquoun reacuteseau et lrsquoimportance prise de la
notion de reacuteseau passerelle ( bridging social network) dans le domaine de l entrepreneuriat la
troisiegraveme section est une synthegravese qui cherche agrave identifier les meacutecanismes par lesquels le reacuteseau
social influence la participation entrepreneuriale Cette section devra deacuteboucher sur le cadre
conceptuelle qui guide la recherche empirique
Les deux derniers chapitres seront consacreacutes agrave une illustration empirique Dans le
troisiegraveme chapitre nous preacutesenterons dans la premiegravere section le mateacuteriel empirique sui sera
utiliseacute Il srsquoagit principalement des donneacutees tireacutees des enquecirctes annuelles du groupe GEM Crsquoest
pourquoi dans cette section nous preacutesenterons ce groupe pour mettre en relief la nature des
donneacutees qursquoil publie annuellement et les variables identifiant le processus entrepreneurial La
seconde section preacutesente une analyse descriptive du capital social des entrepreneurs dans la
troisiegraveme section nous nous inteacuteressons aux variables perceptuelles
Le quatriegraveme chapitre aura pour objet le test de notre hypothegravese Nous utilisons pour
cette fin la meacutethode de la reacutegression logique Ainsi nous proposons de deacutefinir cette meacutethode du
point de vue du processus de son fonctionnement des variables qui seront utiliseacutees et de
lrsquointerpreacutetation des reacutesultats La deuxiegraveme section examine le lien entre le capital social et la
participation entrepreneurial il srsquoagit de veacuterifier si la possession de connaissance avec drsquoautre
entrepreneur et la participation dans le financement drsquoautre entreprise ont pour effet
drsquoaugmenter les chances pour qursquoun individu soit preacutesent dans les diffeacuterentes eacutetapes du
processus entrepreneurial la derniegravere section constitue le moment ou sera veacuterifieacute si les
variablesperceptuelle jouent reacuteellement un rocircle drsquointermeacutediaire entre le capital social et le
processus entrepreneurial
52
CHAPITRE I
Entrepreneur et entrepreneuriat Une approche processuelle
53
Introduction
En lrsquoabsence drsquoune deacutefinition consensuelle sur lrsquoentrepreneuriat176 il est de la responsabiliteacute
du chercheur de deacuteclarer le plus clairement possible le sens qui sera donneacute agrave ce pheacutenomegravene et
drsquoen preacuteciser par conseacutequence la population qui sera eacutetudieacutee177 Cette tache sera lrsquoobjet de ce
chapitre Pour arriver agrave un choix de deacutefinition il semble neacutecessaire dans une premiegravere eacutetape de
porter un regard sur les probleacutematiques les plus importantes qui ont animeacute depuis une trentaine
drsquoanneacutee la recherche acadeacutemique La revues des travaux de synthegravese montrera que la recherche
srsquointeacuteresse agrave trois objets qui se reacutesument dans les interrogations suivantes Qui devient
lrsquoentrepreneur et pourquoi Quelles sont les reacutesultats de ses actes dans la socieacuteteacute et Comment ils
actent178 Ce dernier type de questionnement qui nous inteacuteresse particuliegraverement srsquoinscrit dans
ce qui appeleacute aujourdrsquohui le processus entrepreneurial Lrsquoobjet de la premiegravere section est montreacute
comment la recherche srsquoest orienteacutee vers cette approche
Etant une notion emprunteacutee aux sciences de gestion il est neacutecessaire de revenir sur les
aspects les plus importants du concept de processus et notamment les implications possibles
pour lrsquoeacutetude du pheacutenomegravene entrepreneurial Ensuite lorsqursquoon parcoure la litteacuterature on ne peut
manquer de constater lrsquoabsence drsquoun consensus sur les facteurs de deacuteclenchement sur le
contenu et les reacutesultats de ce processus au plan individuel Par contre il existe des constructions
theacuteoriques des modegraveles et des concepts polariseacute autour de autour de quatre paradigmes agrave savoir
le paradigme de lrsquoopportuniteacute drsquoaffaires de lrsquoeacutemergence organisationnelle de la creacuteation de
valeur et de lrsquoinnovation Lrsquoobjet de la seconde section est drsquoarriver une deacutefinition du processus
entrepreneurial tel que nous lrsquoenvisagerons pour le reste de cette thegravese
Par ailleurs lrsquoexamen des travaux reacutecents montre que la majeure partie des contributions
theacuteoriques adoptant ce type drsquoapproche considegravere que lrsquoentrepreneuriat est un processus
contingent179 La recherche integravegre en effet cette dimension pour identifier les facteurs de
lrsquoenvironnement qui peuvent ecirctres hostiles ou bien favorables agrave lrsquoentrepreneur La troisiegraveme
section examinera par conseacutequence les contributions theacuteoriques qui ont permis drsquoeacuteclaircir les
facteurs qui agissent sur le deacuteclenchement le deacuteroulement et la reacuteussite du processus
entrepreneurial Cette section srsquoachegravevera par lrsquointroduction de la notion de capital social qui se
176 VERSTRAETT lrsquoentrepreneuriat lrsquoharmattan 1999205 pages p7 177WILLIAMBD et HOFERCW theorizing about entrepreneurship Entrepreneurship Theory and Practice Vol 161991pp3-22p 13 et14 178 FAYOLLA Agrave la recherche du cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 17 Ndeg 1 2004 pp 101-121 p105 179HERNANDEZ EacuteM Lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle Revue franccedilaise de gestion Ndeg185
2008pp 89-105p92
54
trouve au cœur de la dynamique des interactions entre entrepreneurs et son environnement180 Le
scheacutema suivant reacutesume le plan de ce chapitre
Figure7 Plan du premier chapitre
180PLOCINICZAKS la construction sociale du marcheacute des tregraves petites entreprises Des reacuteseaux sociaux au capital social local des entrepreneurs lrsquoexemple de larrondissement lensois Revue drsquoeacuteconomie Reacutegionale amp Urbaine Ndeg 3 2003 pp 441-476p 443
Chapitre I Entrepreneur et entrepreneuriat
Une approche processuelle
Section I
Llsquoapproche processuelle dans le
domaine de la recherche en
entrepreneuriat
Section II
Le processus entrepreneurial
les paradigmes dominants
Section III
Processus entrepreneurial et contexte
Objectif
- Eacutevolution de la recherche sur le
pheacutenomegravene
-Les questions fondamentales de
recherches
- Emergence et deacuteveloppements
reacutecents de lrsquoapproche par les
processus
Objectif
- Le processus en management les
principales dimensions Le temps le
contexte lrsquoindividu les activiteacutes
- Les implications dans le champ de
lrsquoentrepreneuriat
-Ce qui se passe dans le processus
entrepreneurial les principaux
paradigmes
Objectif
-Facteurs endogegravenes dans processus
entrepreneurial
-Facteurs exogegravenes dans processus
entrepreneurial Le capital social
55
Section1 la recherche en entrepreneuriat
Lrsquoentrepreneuriat deacutesigne un pheacutenomegravene social et eacuteconomique un domaine de recherche et
un sujet acadeacutemique drsquoenseignement181 Les enseignements deacutecoulent de la pratique drsquoindividus
entreprenant que le chercheur vise agrave connaicirctre en comprenant leurs penseacutees les actions et le
contexte de ces derniegraveres pour ensuite deacutecliner en exercice peacutedagogique les connaissances
apporteacutees182 Crsquoest lrsquoactiviteacute de recherche qui nous inteacuteresse dans cette eacutetape
A ce titre lrsquoentrepreneuriat a fait lrsquoobjet drsquoune diversiteacute des regards disciplinaires et les
chercheurs ont produit un volume impressionnant de travaux portant sur de multiples sujets
qui malheureusement ne permettent pas de deacutefinir avec preacutecision les frontiegraveres de ce domaine183
pour pouvoir positionner avec aisance son propre travail de recherche Quels serait degraves lors le
type de travaux que nous devrions exploiter pour comprendre la structure de ce domaine qui agrave
en croire SHANES reste au stade embryonnaire184
Selon BECHARJP les travaux lieacutes agrave ce pheacutenomegravene ont produit des connaissances qui
peuvent ecirctres appreacutehendeacute selon trois niveaux185 Le niveau Praxeacuteologique qui est un ensemble de
connaissances issues essentiellement de lrsquoobservation des entrepreneurs cherchant en finaliteacute la
prescription des normes ou des limites pour la conduite de ces derniers dans des situations de
creacuteation drsquoentreprise ou drsquoinnovation186 Le niveau disciplinaires enferme les connaissances
theacuteoriques et pratiques drsquoune ou de plusieurs sciences comme lrsquoeacuteconomie la psychologie la
sociologie lrsquoanthropologie etc Ces connaissances sont construites dans le but de comprendre
et ou de preacutedire lrsquoentrepreneuriat selon les preacutemisses de chaque discipline et des meacutethodologies
scientifiques qui leur sont propres Le niveau Eacutepisteacutemologique combine les contributions de
plusieurs disciplines dont le but serait de deacutefinir modeacuteliser classer et eacutevaluer les connaissances
du domaine de lrsquoentrepreneuriat vu dans sa globaliteacute Ce dernier type de connaissances offre
ainsi la possibiliteacute de comprendre lrsquoeacutevolution de ce domaines dans le temps repeacuterer les
contributions les plus importantes notamment dans la discipline drsquoappartenance du chercheur
Crsquoest ce dernier type de connaissances que nous exploitons pour arriver agrave notre objectif
de compreacutehension de la structure du domaine de lrsquoentrepreneuriat Avant drsquoexplorer la
181 FAYOLLA Entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process Cambridge university press 2007 247page p v 182 VERSTRAET A theacuteorisation dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat et ses frontiegraveres dans le contexte scientifique franccedilais Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 21 ndeg 2 2008 p 169-190 p 170 183 BRUYATC et JULIEN PA defining the field of research in entrepreneurship Journal of Business VenturingNdeg162000pp 165ndash180p165 184 SHANES Reflections on the 2010 AMR decade award delivering on the promise of entrepreneurship as a field of research Academy of Management Review Vol 37 Ndeg12012pp 10-20p10 185 BECHARDJP understanding the field of entrepreneurship a synthesis of most often quoted contributions Working papers Ndeg041997HECpp1-15p2 186 Ce qui donne tout l es ouvrage sous forme de guide pratique pour les nouveaux entrepreneurs
56
production scientifique sur lrsquoentrepreneuriat nous deacutefinissons tout drsquoabord ce qursquoest un domaine
de recherche dans les sciences sociales
1 qursquoest ce qursquoun domaine de recherche en sciences sociales
Un domaine de recherche est deacutefini comme lrsquoensemble des eacutetudes systeacutematiques qui
srsquoappuient sur la collection de donneacutees originales (qualitatives ou quantitatives) lieacutees agrave un objet
reacuteel187 Un objet est consideacutereacute ici comme un eacuteleacutement sur le quel on voudrait gracircce au travail
intellectuel apporter une connaissance188 Un champ de recherche est lrsquoensemble des objets
eacutetudieacutes par une communauteacute de chercheurs regroupeacutes pour eacutelaborer des connaissances savantes
visant soit une compreacutehension empirique soit la formalisation de connaissances theacuteoriques agrave
propos de ces objets Lrsquoaccumulation des travaux qui cristallisent le champ est consacreacute dans
des revues ou bien dans des theacutematiques au sein de revues et de manifestation scientifiques plus
ou moins reacuteguliegraveres Le domaine de lrsquoentrepreneuriat existerait parce lorsqursquoil y a une
communauteacute scientifique qui srsquoefforce drsquoanalyser des objets qui sont lieacutes agrave ce pheacutenomegravene mais
qui appartiennent agrave drsquoautres champs de recherche sans forcement inclure tout le champ189
Un Exemple pour illustrer le lien entre objet champ et domaine de recherche
Lrsquointention des individus de devenir entrepreneurs constitue une dimension reconnue
comme importante du pheacutenomegravene entrepreneurial (nous lrsquoaborderons plus loin) Or lrsquointention
est un objet travailleacute dans le champ de la psychologie190 notamment pour tout individu en
situation de passage agrave lrsquoaction Lrsquousage des diffeacuterentes connaissances proposeacutees dans ce champ
ont donneacute naissance agrave plusieurs modegraveles de lrsquointention entrepreneuriale La theacuteorie du
comportement planifieacute drsquoAJZEN I (1991) la theacuteorie de lrsquoauto efficaciteacute et de lrsquoapprentissage
social dans le choix de carriegravere drsquoABANDURA (1977) sont des exemples qui peuvent ecirctre citeacutes
agrave ce titre191 Lrsquointention est aussi un objet de recherche pour le marketing (lrsquointention drsquoachat des
consommateurs)192 Lrsquoopportuniteacute constitue aussi comme nous le verrons plus loin un objet
fondamental dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat mais eacutegalement dans le champ de lrsquoeacuteconomie
et crsquoest dans ce champ quelle a eacuteteacute mis en eacutevidence notamment agrave travers lrsquoanalyse de lrsquoefficience
des marcheacutes Le domaine de la strateacutegie accorde aussi une importance agrave la notion drsquoopportuniteacute
Le modegravele de SWOT place en effet la deacutetection des opportuniteacutes comme une des finaliteacutes du
187 EDMONDSON AC et MCMANUS S E methodological fit in management field research Academy of Management
Review2007 Vol 32 No 4pp 1155ndash1179p1155 188 VERSTRAETT idem p 176 189 Nous ne discutons pas de maniegravere approfondi lrsquoautonomie de ce domaine cest-agrave-dire sa capaciteacute a produire ses propres
concepts meacutethodologies par rapport aux autres champs dont ils neacutecessairement connecteacutes 190FAYOLLE A Entrepreneurship and New Value Creation The Dynamic of the Entrepreneurial Process Cambridge University Press 2007247 pages p 63 191 FAYOLLE A idem p63 192 VERSTRAET A idem p177
57
diagnostic de lrsquoenvironnement La vision strateacutegique des creacuteateur drsquoentreprise constitue dans une
approche processuel de lrsquoentrepreneuriat un des objets drsquoanalyse qursquoon le retrouve aussi dans le
champ du management strateacutegique notamment dans lrsquoanalyse du processus de formulation de la
strateacutegie chez les managers193 Certain comme PATURELR et LEVY-TADJINET avancent agrave
juste titre que lrsquoentrepreneuriat nrsquoest qursquoune branche de lrsquoanalyse strateacutegique appliqueacutee non pas
agrave une organisation existante mais en voie de lrsquoecirctre194 Ces drsquoexemples montrent que le domaine
de lrsquoentrepreneuriat srsquoest formeacute garce agrave un processus de regroupement des objets appartenant agrave
drsquoautres champs pour apporter des connaissances dont nous explorons dans le titre suivant leur
contenu
2 structure du domaine de lrsquoentrepreneuriat
Les auteurs ayant fait lrsquoexercice de synthegravese et drsquoeacutevaluation de connaissances ont proposeacute
des grilles de lecture diffeacuterentes pour restituer la structure du domaine de lrsquoentrepreneuriat Cette
diversiteacute est le reacutesultat de plusieurs consideacuterations Tout drsquoabord il y a la diversiteacute des ancrages
disciplinaires ougrave chaque auteur tende drsquoapporter des connaissances selon les preacutemisses de sa
discipline drsquoappartenance impose parfois au moment de la synthegravese de deacutecomposer les
connaissances selon les disciplines195 Le contexte temporel de la synthegravese (quand elle a eacuteteacute
faite) et le type de mateacuteriaux ayant fait lrsquoobjet de lecture (Travaux agrave vocation theacuteorique
meacutethodologique ou empirique) conditionnent les reacutesultats de lrsquoeacutevaluation et probablement sa
pertinence Le troisiegraveme facteur qui nrsquoest pas le moindre renvoi agrave la langue de reacutedaction des
travaux eacutevalueacutes Geacuteneacuteralement les auteurs mobilisent des contributions reacutedigeacutees dans leur
langue respective et ignorent parfois de maniegravere intentionnelle196 ceux reacutealiseacutes dans drsquoautres
langues Une grande partie des synthegraveses faites en langue anglaise se fonde sur lrsquoanalyse des
papiers publieacutes dans des revues les plus coteacute en management ou en entrepreneuriat mais qui sont
reacutedigeacutees dans cette langue Par conseacutequence Il faudrait donc une clef de lecture pour cerner au
moins les approches dominantes notamment dans le champ des sciences de gestion Nous avions
choisi pour donner des exemples des travaux reacutedigeacutes dans les deux langues anglais et franccedilais
et effectueacutes dans des dates diffeacuterentes Cela nous permettra agrave notre sens drsquoeacutelargir le champ de
lrsquoobservation et de cerner en mecircme temps lrsquoeacutevolution qualitatives de ce domaine Ce nrsquoest que
193 VERSTREATT Entrepreneuriat lrsquoHarmattan 1999203 pages p39 194 LEVY-TADJINET et PATURELR Entrepreneuriat et Management Strateacutegique ougrave le recircve drsquoIcare AIMS 2009- Grenoble pp1-18p 5 195 JEAN-LUC GUYOT ET JEAN VANDEWATTYNE laquo Chapitre 1 Le champ de lentrepreneuriat pluraliteacute des approches et richesses du champ danalyse raquo in Jean-Luc Guyot et al Les logiques daction entrepreneuriale De Boeck Supeacuterieur laquo Eacuteconomie Socieacuteteacute Reacutegion raquo 2008 p 15-40p 40 196 PATURELR grandeur et servitude de lrsquoentrepreneuriat Revue internationale de psychosociologie Vol XIIINdeg 312007|
pages 27 agrave 43
58
reacutecemment que des travaux anglophones commencent agrave inteacutegrer dans leur eacutevaluation certaines
recherches francophones notamment avec les travaux de JULIEN P A et BRUYATC 197
22 Les grilles de lecture possibles du domaine de lrsquoentrepreneuriat
Par grille de lecture nous entendons les eacuteleacutements qui permettent de comprendre comment les
connaissances sont-elles organiseacutees dans un domaine aussi diversifieacute et fragmenteacute agrave lrsquoimage de
la pratique elle-mecircme198 Ces eacuteleacutements peuvent ecirctres la chronologie des travaux consideacutereacutes
comme les plus influents les disciplines intervenant dans la recherche etc LOWMB et
MCMILLNANIC sont parmi les premiers qui ont fait cette tentative de synthegravese de la
recherche Ils considegraverent que lrsquoobservation de la production scientifique sur lrsquoentrepreneuriat
peut se faire selon les objectifs de la recherche les theacuteories mobiliseacutees les niveaux drsquoanalyse
les objets observeacutes et les meacutethodologies utiliseacutees dans la recherche199 Crsquoest gracircce agrave ces eacuteleacutements
que lrsquoon pourrait suivre dans le temps lrsquoeacutevolution positive et les limites des connaissances dans
ce domaine VERSTARETT et FAYOLLEA considegraverent qursquoagrave deacutefaut de lrsquoexistence drsquoune
approche feacutedeacuteratrice des connaissances et de la communauteacute qui le compose le domaine de
lrsquoentrepreneuriat est formeacute drsquoun ensemble de paradigmes cest-agrave-dire un ensemble de
construction theacuteorique (concept modegravele theacuteorie) faisant lrsquoobjet drsquoune adheacutesion drsquoune partie
suffisamment significative des chercheurs qui au sein de la communauteacute ainsi constitueacutee
partagent le point de vue proposeacute par le paradigme200 Selon ces auteurs il existerait quatre
paradigmes le paradigme de lrsquoopportuniteacute drsquoaffaires de la creacuteation de valeur de lrsquoeacutemergence
organisationnelle et de lrsquoinnovation201 Drsquoautres auteurs ont montreacute lrsquoaspect que la recherche en
entrepreneuriat est organiseacutee selon les filiations intellectuelles des et entre les auteurs Il
existerait selon CORNELIUS B et al202 pour les travaux anglophones et KIZABA G203et pour
les travaux en langue franccedilaise un aspect cognitif de la recherche au niveau de la
probleacutematisation des meacutethodologies et des niveaux drsquoanalyse Certain auteurs sont influenceacutes
par drsquoautres ce qui permet agrave une approche de se deacutevelopper et de se maintenir ou bien de
disparaitre avec le temps De lagrave deacutecoule un scheacutema implicite drsquoorganisation des objets de
recherche et des connaissances qui est deacuteriveacute drsquoun scheacutema drsquoinfluence des auteurs reconnus et
197 Pour leur proposition de redeacutefinir lrsquoobjet scientifique de la recherche en entrepreneuriat dans lrsquoarticle de BUSENITZ L W et al Entrepreneurship research in emergence past trends and future directions Journal of Management Vol 29 Ndeg32003 pp 285ndash308 198 BECHARDJP op ctp1 199 LOW MURRAY B et MACMILLANIC Entrepreneurship Past Research and Future Challenges journal of management Vol 14Ndeg21988pp139-158140 200 VERSTRAETT et FAYOLLEA paradigme et entrepreneuriat Revue de lrsquoEntrepreneuriat Vol 4 Ndeg12005 pp 33- 52 p33 201 Voir notamment le scheacutema de repreacutesentation des ces quatre paradigme et de leur lien VERSTRAETT et FAYOLLEA idem p 44 202 CORNELIUS B LANDSTROM H et PERSONO Entrepreneurial Studies The Dynamic research Front of a Developing Social Science Entrepreneurship Theory And Practice Vol30Ndeg3 2006 pp375-398 203KIZABAG Revue scientifique et 10 ans de recherche Francophone en entrepreneuriat Innovations Ndeg 24 2006 pp 231-
258
59
identifieacutes geacuteneacuteralement par le nombre de citations et des Co-citation dans les travaux de
recherche Enfin STEVENSONHH et JARILLO C204 considegraverent que fondamentalement et
au delagrave des clivages disciplinaires le domaine de lrsquoentrepreneuriat est organiseacute selon trois
questions principales de recherche Qui devient entrepreneur et pourquoi Qursquoest ce qui se
passe dans lrsquoeacuteconomie lorsque lrsquoentrepreneur agit et Comment il agit 205 Le tableau suivant
reacutesume les grilles de lecture et met en exergue les critegraveres qui selon les auteurs permettent de
capturer la structuration du domaine mais aussi les constats faits sur ces eacuteleacutements
204 STEVENSONHH et JARILLOC A paradigme of entrepreneurship entrepreneurial management strategic management Journal Vol 11 Special issue Corporate Entrepreneurship 1990pp 17-27p18 205 Traduction du text original what happens when entrepreneurs act why they act and how they act
60
Tableau 13 Lrsquoanalyse de la recherche en entrepreneuriat selon quelques auteurs de reacutefeacuterences
Auteurs et anneacutees de
publication Eleacutements analyseacutes
La langue et le Nombre des
reacutefeacuterences utiliseacutees Reacutesultats lrsquoeacutetat de la recherche par rapport aux eacuteleacutements analyseacutes
LOW MB ET MACMILLAN I M
(1988)
-les objectifs de la recherche -Les niveaux drsquoanalyse
-Les objets analyseacutes -Les theacuteories mobiliseacutees
-La meacutethodologie
Anglais 94
- Jusqursquoau deacutebut des anneacutees1980 la Recherche est principalement agrave caractegravere empirique
- Besoin de travaux theacuteoriques pour lrsquoexplication et la preacutediction du pheacutenomegravene - Proposition drsquoun objectif unificateur de la recherche celui drsquo expliquer et faciliter le
rocircle de la nouvelle entreprise dans la croissance eacuteconomique 206
-Inteacuterecirct grandissant de la recherche vers le processus entrepreneurial et son contexte
STEVENSONHH ET JARILLOC
(1991)
Toutes les recherche srsquointerrogent soit sur le
-Qui (lrsquoentrepreneur)
-Quoi (son impact sur lrsquoeacuteconomie (systegraveme productif)
-Comment (ses activiteacutes)
Anglais 85
- lrsquoentrepreneuriat en groupe est aussi important que lrsquoentrepreneuriat individuel -Lrsquoopportuniteacute doit devenir le noyau dur de la recherche sur le comment de
lrsquoentrepreneuriat
-Trois aspects sont importants pour les recherches futures1) la deacutetection2) lrsquoexploitation de lrsquoopportuniteacute 3)la croyance en la reacuteussite
La compeacutetence collective est un facteur de reacuteussite important FAYOLLEA
2004 Un axiome pouvant unifier la recherche Franccedilais+anglais
57 Lrsquoeacuteleacutement central de la recherche est la dialogie individus- creacuteation de valeurs
VERTSRAETT ET FAYOLLEA
2006)
Construction theacuteorique sur lesquelles il y suffisamment de consensus (les
paradigmes
Franccedilais+anglais 80
-sous une approche processuelle il y a quatre paradigmes structurent la recherche Le processus de deacutecouverte et drsquoexploitation drsquoopportuniteacute processus drsquoeacutemergence
drsquoune nouvelle organisation processus drsquoinnovation et Processus de creacuteation de valeur
CORNELIUS B LANDSTROumlM H
PERSSON O
(2010)
-Aspect cognitif de la connaissance Qui influence Qui dans la recherche
-Les auteurs influents et les filiation existantes dans les peacuteriodes (1986-
1990) (1993-1997)(2000-2004) -Les outsiders207 dans la recherche (-Stabilisation des thegravemes de recherche
Anglais
38
- Depuis le deacutebut de anneacutees 2000 il y moins drsquooutsiders qursquoil a 20 ans Preuve qursquoil y a une constitution drsquoune communauteacute plus ou moins unifieacutee
-Complexiteacute croissante de la recherche rendant la lsquoentrepreneuriat un domaine envahit par agrave drsquoautre discipline finance deacuteveloppement reacutegional)
-Lrsquoopportuniteacute est un feacutedeacuterateur possible des recherches dont SCOTT SHANE (deacutefenseur de cette approche) en est lrsquoauteur le plus citeacute sur les peacuteriodes 1986-2004
Source auteur
206 Notre traduction we appeal to researchers to link the specific purpose of their study to the more fundamental purpose we have proposed to explain and facilitate the role of new enterprise
in furthering economic progress LOW MB Et MACMILLAN IM op ct p 156 207 Les outsiders sont des auteurs qui sont citeacutes par les chercheurs en entrepreneuriat mais qui eux ne citent pas ses chercheurs lrsquoexemple MINTZBERGH dont les travaux sur le rocircle du manager ont beaucoup inteacuteresseacute la recherche sur les activiteacutes de lrsquoentrepreneur
61
En plus de ces cinq reacutefeacuterences nous utilisons drsquoautres travaux (tableau annexe) pour mieux
cerner les eacuteleacutements suivant Lrsquoeacutemergence de ce domaine les theacuteories dominantes les objets la
meacutethodologie et les niveaux drsquoanalyse qui ont marqueacute la recherche
23 Lrsquoeacutemergence de lrsquoentrepreneuriat comme domaine de recherche
Nous utilisons avec preacutecaution le terme laquo eacutemergence raquo par ce que le lecteur pourrait entendre
qursquoapregraves cette eacutemergence le domaine sera aujourdrsquohui en une phase de maturiteacute ou drsquoune
construction acheveacutee alors qursquoon parcourant les travaux les plus influents les auteurs
considegraverent que ce domaine reste au stade la gestation ou comme preacutefegraverent certains au stade
pregraves paradigmatique Ainsi le sens que nous donnons fait reacutefeacuterence au deacutebut de la formation de
la communauteacute scientifique qui consacre agrave titre exclusif ses recherches agrave ce pheacutenomegravene
Il est difficile de deacuteterminer avec preacutecision la naissance de ce domaine mais plusieurs
auteurs considegraverent que le domaine de lrsquoentrepreneuriat tel qursquoil existe aujourdrsquohui avec ses
revues ses confeacuterences acadeacutemiques et ses theacuteories est relativement jeune208 Par la naissance il
faudrait entendre le processus par lequel un domaine commence a gagneacute de la leacutegitimiteacute aupregraves
drsquoautres disciplines ou drsquoautres domaines de recherche et jusqursquoagrave quel point la recherche produit
des connaissances utiles et substantiellement cautionneacutees par des acteurs externes agrave sa
communauteacute209 La majeure partie des auteurs considegraverent que ce domaine a commenceacute agrave
apparaitre dans les anneacutees 1980 Mais la base historique et les premiegraveres tentatives de
theacuteorisation du pheacutenomegravene viennent des sciences eacuteconomiques210en effet VECIANA JM
considegravere en effet que ce domaine de recherche srsquoest deacuteveloppeacute en quatre principales eacutetapes
dont la premiegravere revient aux eacuteconomistes La deuxiegraveme eacutetape regroupe les travaux sur
lrsquoentrepreneuriat dans une perspective historique (deacutebut du XXe siegravecle la troisiegraveme eacutetape
(1949-1979) a vue le lancement des programmes de recherches dans le domaine du
management sur lrsquoentrepreneuriat et les petites et moyennes entreprises (PME) la quatriegraveme
eacutetape (depuis 1979) a vue la consolidation et lrsquoexplosion des recherches sur lrsquoentrepreneuriat
comme objet de recherche211
208 BECHARD JP Comprendre le champ de lentrepreneurship Cahier de recherche Ndeg 96-01-01 1996 Eacutecole des Hautes Eacutetudes Commerciales (HEC) Montreacuteal PP 1-46 p 34 209 BUSENITZ LW WEST GP SHEPHERD DEAN NELSONT CHANDLERG N et ZACHARAKIS R Entrepreneurship Research in Emergence Past Trends and Future Directions Journal of Management Vol 29 Ndeg3 2003pp
285ndash308p286 210 FAYOLLE A A la recherche du Cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine raquo Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 17 ndeg 1 2004 pp101-121p106 211 RIBEIRO Aacute CD Entrepreneurship Concepts Theory and Perspective Salvador Roig (Eds) 2007 348 pages p24
62
3 Lrsquoorigine du domaine avec les eacuteconomistes
Lrsquoeacuteconomie comme champs scientifique entretient une relation complexe avec lrsquoentrepreneur212
drsquoun coteacute son rocircle est reconnu dans la sphegravere eacuteconomique mais ses activiteacutes ne sont pas
inteacutegreacutees dans les scheacutemas drsquoexplication du fonctionnement de lrsquoeacuteconomie notamment dans le
raisonnement classique puis dans le paradigme neacuteo classique BAUMOL W considegravere que
lrsquoentrepreneur est le spectre qui hante les modegraveles eacuteconomiques CASSONM parle de lacune
dans la theacuteorie eacuteconomique Cependant il existe des travaux drsquoeacuteconomistes sur lrsquoentrepreneur
mais qui sont resteacutes agrave la marge de ces deux grands courants qui ont structureacute la penseacutee
eacuteconomique Ces travaux adoptent dans leur majoriteacute un point de vue fonctionnel de
lrsquoentrepreneur Ce dernier a des fonctions dans la production et la creacuteation de richesses213
Lrsquoexamen de la litteacuterature eacuteconomique montre que quatre fonctions ont eacuteteacute attribueacute agrave
lrsquoentrepreneur214 la prise de risque
31 La fonction lieacutee agrave lrsquoincertain
Incontestablement crsquoest CANTILLONR dans son livre Essai Sur La Nature Du Commerce En
Geacuteneacuteral (1755) qui est le premier agrave avoir introduit le terme entrepreneur avec un sens
eacuteconomique preacutecis et il est le premier qui a rendu visible la fonction entrepreneuriale dans le
systegraveme eacuteconomique215 Pour cet auteur il existe dans une eacuteconomie deux cateacutegories de gens des
proprieacutetaires et des fermiers qui vivent de rentes cest-agrave-dire des reacutemuneacuterations sans incertitude
et les entrepreneurs agrave gage incertain 216 Selon cet auteur lrsquoentrepreneur fait parti de la classe
de ceux qui vivent dans lrsquoincertitude Partant de cette distinction lrsquoauteur deacutefinit lrsquoentrepreneur
comme laquo toute personne qui prend le risque de mener une affaire commerciale agrave son propre
compte dans un but de profit Il opegravere dans le risque par ce qursquoil achegravete agrave des prix certain mais
vend agrave des prix incertains Cependant CANTILLON ne preacutecise pas la notion de risque il
faudrait attendre KNIGHTF (1921) dans son livre Risque Incertitude et Profits pour formaliser
la distinction devenue canonique217 entre lrsquoincertitude et le risque Pour cet auteur une
situation de risque implique la possibiliteacute drsquoeffectuer un calcul de probabiliteacute connue tandis que
la notion drsquoincertitude qui englobe celle de risque renvoie eacutegalement agrave des eacuteveacutenements non
preacutevisibles dont la distribution des probabiliteacutes est inconnue Lrsquoentrepreneur dans cette
212 BRECHET J-P et PROUTEAU L A la recherche de lentrepreneur au-delagrave du modegravele du choix rationnel une figure de lagir
projectif Revue franccedilaise de socio-eacuteconomie Ndeg6 2010 pp109-130 p11 213 Nous verrons dans cette section que ces fonctions ont eacuteteacute inteacutegreacute dans les approche processuelle de lrsquoentrepreneuriat Lrsquoentrepreneur exerce ces fonctions dans le cadre drsquoun processus 214 LANSDSTROM H Pioneer in entrepreneurship and small business research Springer Science 2005 380 page p 14 215 VAN PRAAG C M Some classic views on entrepreneurship DE ECONOMIST 147 Ndeg 3 1999pp 311ndash335 p313 216 CANTILLONR Essai sur la nature du commerce en geacuteneacuteral traduit par Steacutephane Couvreur institut COPPET paris
201194 page p 16 217 COMPAGNOLO G et VIVELC Figure de lrsquoentrepreneur laquo introduction raquo Revenue de Philosophie Economique Vol 15
Ndeg12014pp3-16p5
63
perceptive serait lrsquoindividu qui se lance dans la creacuteation drsquoentreprise tout en connaissant les
risques possibles Le lien entre risque et entrepreneuriat est un des eacuteleacutements fondamentaux des
travaux des eacuteconomistes sur lrsquoentrepreneuriat et a donneacute lieu agrave de nombreux deacuteveloppements
aussi bien theacuteoriques qursquoempiriques contemporaines comme on pourrait le constater dans la
deacutefinition suivante de lrsquoentrepreneur Est alors un entrepreneur lrsquoindividu qui compte tenu de
ses jugements accepterait drsquoassumer lrsquoincertitude lieacutee agrave la production de biens et services Les
profits attendus viendraient en reacutemuneacuteration de cette activiteacute218
32 Entrepreneur fonction de coordination des ressources
Dans cette approche il revient agrave SAYJB va preacuteciser le rocircle de lrsquoentrepreneur Cette fois ci en
introduisant sa fonction organisatrice de ressources tout en placcedilant cette fonction dans un
contexte drsquoincertitude et de risque comme dans la tradition CANTILLON- KNIGHT219 Ce
risque est geacuteneacutereacute par la nouveauteacute qursquoil introduit alors que celui auxquels srsquoexpose
lrsquoentrepreneur de Cantillon sont lieacutes aux aleacuteas du marcheacute Pour cet auteur lrsquoentrepreneur deacuteplace
les ressources eacuteconomiques drsquoun niveau de productiviteacute et de rendement donneacute vers un niveau
supeacuterieur220 En deacutefinitive lrsquoentrepreneur de SAY JB est laquoEntrepreneurs dindustrie Ils
concourent agrave la production en appliquant les connaissances acquises le service des capitaux et
celui des agents naturels agrave la confection des produits auxquels les hommes attachent une
valeur raquo221 Lez connaissances (savants et des ouvriers) et les capitaux sont acquises sur un
marcheacute moyennant une reacutemuneacuteration certaine pour ceux qui la possegravedent Une fois acquises ces
ressources vont ecirctre utiliseacutees par un administrateur (gestionnaire) pour la creacuteation de biens et de
services dont le profit qui reacutegulent de leur eacutechange sur un marcheacute est incertain Cette
configuration des transactions confegravere agrave lrsquoentrepreneur une position drsquointermeacutediaire entre le
marcheacute et le gestionnaire de la production de lagrave deacutecoulent cette fonction de coordination de
ressources Le reacutesultat de cette fonction est lrsquoobtention drsquoun profit que SAY J B qualifie de pur
ce dernier reacutesulte de la diffeacuterence entre les profits initialement incertain et les reacutemuneacuterations
certaines payeacutees aux deacutetenteurs de ressources
33 fonction de lrsquoentrepreneur lieacutee agrave lrsquoinnovation
Bien entendu SAY ne preacutecise pas si cette coordination srsquoinscrit dans une entreprise deacutejagrave en
activiteacute ou qursquoelle relegraveve de lrsquoorganisation drsquoune nouvelle entreprise Il revient agrave
218 DEJARDIN M Entrepreneuriat et croissance une conjonction eacutevidemment favorable Reflets et perspectives de la vie eacuteconomique Tome 34 2000 Ndeg4 pp 19-31 p 23 219 STEINER P La theacuteorie de lrsquoentrepreneur chez Jean-Baptiste Say et la tradition Cantillon-Knight LActualiteacute eacuteconomique vol 73 ndeg 4 1997 p 611-627p 620 220 Citeacute par DRUCKERP innovation and entrepreneurship Practice and principales HarperampRow Publishers Inc1985 277 page p16 221 Citeacute par STEINER P p 613
64
SCHUMPETERJ de faire cette distinction Crsquoest uniquement dans le second cas que la
coordination des facteurs peut ecirctre consideacutereacutee comme proceacutedant de lrsquoentrepreneuriat En Effet
SCHUMPETERJ notait Lrsquoeacutevolution caracteacuteriseacutee quant au fond deacutecoule donc de lexeacutecution
dune combinaison nouvelle Ce concept englobe cinq cas
1deg la fabrication dun bien nouveau
2deg lintroduction dune meacutethode de production nouvelle
3deg louverture dun deacuteboucheacute nouveau
4deg la conquecircte dune source nouvelle de matiegravere premiegravere
5deg la reacutealisation dune nouvelle organisation (par exemple leacutetablissement dune situation de
monopole) La reacutealisation de cette combinaison nouvelle est la caracteacuteristique de l laquoentreprise raquo
au sens ougrave J Schumpeter emploie ce mot et la fonction propre de lrsquoentrepreneur222
34 Entrepreneur doteacute drsquoune fonction drsquoarbitrage
Lrsquoanalyse de la fonction drsquoarbitrage a vue le jour avec CANTILLON mais sa formalisation
contemporaine revient agrave KIRZNER I (1973) Cet auteur met en relief le rocircle de lrsquoentrepreneur
dans le marcheacute par rapport agrave un concept devenu fondamental dans le champ de lrsquoentrepreneuriat
agrave savoir lrsquoopportuniteacute Pour cet auteur les informations dont disposent les agents sur les
conditions du marcheacute (comme le prix le niveau de la demande etchellip) sont partielles et leurs
anticipations peuvent ecirctre erroneacutees Par conseacutequent ils prennent leur deacutecision avec une certaine
ignorance des opportuniteacutes qui de ce fait restent inexploiteacutees Mais le marcheacute est un lieu
drsquoapprentissage drsquoaccumulation des informations additionnelles qui vont conduire les agents agrave
modifier leurs plans drsquooffre et de demande Crsquoest cette dynamique drsquoapparition des opportuniteacutes
et de correction de lrsquoignorance initiale des agents qui est au fondement drsquoun processus de
marcheacute intrinsegravequement concurrentiel223 De ce fait les inefficiences des marcheacutes offrent aux
individus qui les repegraverent et qui les exploitent des opportuniteacutes de profit Dans le modegravele de
KIRZNER (1997) les opportuniteacutes entrepreneuriales traduisent eacutegalement des situations de
deacuteseacutequilibre224 Par exemple si laquolsquoquelque chosersquo est vendu agrave des prix diffeacuterents sur deux
marcheacutes du fait drsquoune communication imparfaite entre les deux marcheacutes raquo (ibid p 67) une
occasion de profit apparaicirctra dont se saisira lrsquoentrepreneur qui aura su faire preuve de la
vigilance (alertness) requise pour deacuteceler lrsquoarbitrage agrave opeacuterer Lrsquoentrepreneur est donc celui qui
222 Joseph SCHUMPETER Theacuteorie de lrsquoeacutevolution Economique Recherches sur le profit le creacutedit lrsquointeacuterecirct et le cycle de la conjoncture introduction Queacutebec 2002148 pages p59 httpwwwuqacuquebeccazone30Classiques des sciences socialesindexhtml 223 KIRZNER I Concurrence et esprit drsquoentreprise Economica traduction franccedilaise de Competition and entrepreneurship The University of Chicago Press 1973p 9 224 CHABAUD Didier et MESSEGHEM Karim LE PARADIGME DE LOPPORTUNITEacute Des fondements agrave la refondation Revue franccedilaise de gestion 20107 ndeg 206 | pages pp93-112 p 95 224 KARRI R et GOEL S Demand and supply side perspective of entrepreneurial action in emerging economies Paper
presented at Conference on Entrepreneurship in Emerging Regions 2006 Hyderabad Indiapp1-32p8
65
gracircce agrave la vigilance dont il fait preuve sait deacutecouvrir les opportuniteacutes de profit contribuant ainsi
agrave reacuteduire lrsquoignorance des agents Cette fonction fondeacutee sur le concept de lrsquoopportuniteacute va
alimenter une litteacuterature abondante aussi bien dans le champ de lrsquoeacuteconomie que celui du
management Nous reviendrons en deacutetaille sur cette approche lorsque il srsquoagit de discuter les
principales dimensions du processus entrepreneurial
35 Analyse eacuteconomique moderne de la fonction de lrsquoentrepreneuriat
Il faudrait souligner que lrsquoentrepreneur tout comme lrsquoentrepreneuriat sont resteacutes absent dans
lrsquoanalyse eacuteconomique depuis les travaux des eacuteconomistes citeacutes pour des raison Il faudrait
attendre Lrsquoanalyse eacuteconomique ne srsquoest pas limiteacutee agrave la compreacutehension du rocircle de lrsquoentrepreneur
dans les processus eacuteconomiques Les diffeacuterences constateacutes entres les pays en matiegraveres de niveau
drsquooccurrence de ce pheacutenomegravene a alimenteacute une importante litteacuterature theacuteorise et empirique sur
les deacuteterminants endogegravenes et exogegravenes des comportements des entrepreneurs et des niveaux de
creacuteation de nouvelles activiteacute eacuteconomiques Les fondements de ce deacutebat se situent autour de
deux visions fondamentales la demande et lrsquooffre drsquoentrepreneurs
Du point de vue de la demande il existerait dans chaque eacuteconomies des entrepreneurs
potentiels qui lorsqursquoils perccediloivent des signaux favorables venus de lrsquoexteacuterieur (facteurs
exogegravenes agrave entrepreneur) ferons un jugement positif et ferons le pas pour devenir des
entrepreneurs reacuteels BAUMAOLW225 suggegravere que ces signaux peuvent ecirctres les incitations
institutionnelles existantes qui reacutecompensent la creacuteativiteacute et la prise de risque Pour cet auteur
existerais deux type drsquoincitation soit celles qui fait multiplier les entrepreneurs improductifs
profitant de lrsquoeacutevolution quantitative de la demande dans le marcheacute (capture de rente) soit la
multiplication des entrepreneurs productif qui introduisent des innovations qui est la seul voie
agrave une veacuteritable croissance agrave long terme Le niveau de la demande drsquoentrepreneur est deacutetermineacute
aussi de ce point de vue par le niveau de la demande des entreprises deacutejagrave en activiteacute Plus il
existerait des besoins en nouveaux produits nouveaux services et de nouvelles technologies
plus il existerait drsquoentrepreneurs potentiels226
Du point de vue de lrsquooffre Les recherches tentent dlsquoidentifier les aspects endogegravenes agrave
lrsquoentrepreneur qui se reacutesume dans leur caracteacuteristiques deacutemographiques leurs connaissances
les compeacutetences deacuteveloppeacutees dans drsquoautres emplois les relations personnelles Ces diffeacuterentes
ressources comme le font souligner KARRIR et GOEL S sont utiliseacutees pour creacuteer drsquoautres
225 Cite par ROCHA VC The Entrepreneur in Economic Theory From an Invisible Man Toward a New Research Field Ndeg 459 2012 School of Economics and Management University of Portopp1-35p9 226 HUNT R Demand-Side Drivers of Entrepreneurial ActivityA Cliometric Reassessment Using Socially Embedded Historical
Artifacts
66
ressources requises pour geacuterer lrsquoincertitude lieacutee notamment agrave la deacutecouverte la creacuteation et agrave
llsquoexploitation drsquoune opportuniteacute eacuteconomique227
BAUMOLW dans un livre reacutecent nous montre que ces deux visions ne srsquoexcluent pas
mutuellement puisque comme le notait cet auteur Societal and institutional structures that
nurture support and encourage entrepreneurial behaviors may help influence (or offset) culture
and traditions and may prove as important as personal characteristics in catalyzing
entrepreneurship 228 On pourrait comprendre de ces propos que la nature des motivations
des attitudes et des comportements des entrepreneurs ne se modifient pas au cours du temps
autrement dit toute socieacuteteacute comporte toujours une fraction entrepreneur potentiels (offre
drsquoentrepreneurs) ce qui est par contre le plus important ce serait les regravegles de jeux de qualiteacute
comme les institutions politiques et leacutegales (demandes)qui deacuteterminerait la nature de leur
contribution dans lrsquoeacuteconomie229 Lrsquoapport des eacuteconomistes dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
reste fondamental et qui a servie de base de recherche en fournissant des concepts qui restent
drsquoactualiteacute agrave savoir lrsquoopportuniteacute le risque et lrsquoinnovation Mais avec le deacuteveloppement du
modegravele neacuteoclassique qui suppose que pour lrsquoeacutequilibre dans lrsquoeacuteconomie nul besoin drsquoun
entrepreneur En plus dans la reacutealiteacute empirique les anneacutees drsquoapregraves guerre ont connue le
deacuteveloppement des grandes entreprises jusqursquoagrave la fin des anneacutees 1970 Ce derniegraveres ont
contredis les conclusions de SCHUMPETERJ sur le rocircle que devait avoir lrsquoentrepreneur dans
lrsquoeacuteconomique notamment avec sa fonction creacuteatrice de valeur Cette fonction est le fait dans
cette peacuteriode de la grande entreprise Cependant apregraves le constat fait par certain chercheur sur
lrsquoimportance empirique de petites structures dans la production la creacuteation de nouveau emploi
et dans lrsquoinnovation a attireacute lrsquoattention des chercheurs sur lrsquoimportance des entreprises de petite
dimension et du processus qui les fit naitre
Ce qui fait que pour plusieurs auteurs la recherche en entrepreneuriat a vue le jour dans le
champ de la petite et moyenne entreprise comme lrsquoexplique le titre suivant
4 Le domaine une naissance dans la sphegravere de la PME
Un certain consensus existe pour considegravere que le champs drsquoexploration de lrsquoentrepreneuriat a
deacutebuteacute principalement dans la sphegravere de la petite et moyenne entreprise (PME ) dans la fin des
anneacutees soixante dix et le deacutebut des anneacutees 1980 Il y a une raison de ce regain drsquointeacuterecirct aussi
bien de la part des eacuteconomistes que des autres disciplines de sciences sociales que
227 KARRI R et GOEL S idem p8 228 BAUMOLWthe microtheory of innovative entrepreneurship princton university press 2010 246 pages p 229 CAPRONH Introduction agrave leacuteconomie de lentrepreneuriat in Entrepreneuriat et creacuteation dentreprises De Boeck
Supeacuterieur eacuteconomie socieacuteteacute reacutegion 2009 pp11-33p 19
67
BOUTILLIER S ET UZUNIDIS D les reacutesume dans ces propos En cette peacuteriode de crise
eacuteconomique prolongeacutee ougrave lincertitude est grande le retour du paradigme de lentrepreneur
semble ecirctre la contrepartie de leacutechec de la grande entreprise et de ses managers qui a priori ne
sont pas adapteacutes agrave la situation eacuteconomique daujourdhuiLentrepreneur se reacutesume agrave lagent
eacuteconomique qui prend des deacutecisions strateacutegiques dans un environnement eacuteconomique
incertain230
5 Les programmes de recherche en entrepreneuriat
En effet les premiers programmes de recherches deacutedieacutes agrave tire exclusif agrave lrsquoentrepreneuriat ont
deacutebuteacute vers la fin des anneacutees 1980231 CORNELIUS B et al considegraverent que qursquoagrave cette peacuteriode
les circonstances comme la crise peacutetroliegraveres des anneacutees 1970 le progregraves technique
lrsquoaccroissement de lrsquointernationalisation des eacuteconomies les changements politiques orienteacutes
vers lrsquoideacuteologie de lrsquoeacuteconomie de marcheacute ont geacuteneacutereacute un niveau important drsquoincertitude et de
deacuteseacutequilibre Ces changement ont provoqueacute une demande de plus en lus manifeste pour
lrsquoinnovation et lrsquoentrepreneuriat232 Mais en deacutepit de ce contexte production scientifique dans
cette peacuteriode reste relativement faible A partir du deacutebut des anneacutees 1990 que la production
scientifique a commenceacute agrave prendre de lrsquoampleur MEYER et al constatent dans une analyse
bibliomeacutetrique des travaux publieacutes entre 1990 et 2009233 dans les deux langues que
lrsquoentrepreneuriat paraicirct au deacutebut des anneacutees 1990 comme un domaine faiblement preacutesent dans les
publications scientifiques Comme le montre le graphique suivant le rythme de publication est
tregraves faible seulement 100 papiers sont publieacutes En 2009 le nombre de publication atteint 620
ce qui preacutesente 6 fois le volume des travaux publieacute en deacutebut de peacuteriode (1991) En termes de
volume globale de publication le nombre de publications existantes en 2009 est encore
impressionnant(5000) Il repreacutesente 25 fois ce qui existait en deacutebut 2000 le taux de croissance
moyen est de 121234
230 Cite par CORNUAU F QUI SONT LES ENTREPRENEURS EN FRANCE Et comment eacuteconomistes et statisticiens se repreacutesentent-ils ces personnes Revue internationale de psychosociologie Vol XIVNdeg322008pp181-205p185 231 VECIANA JM Entrepreneurship as a Scientific Research Programm in Entrepreneurship Concepts Theory and Perspective Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2007 pp 23-71 p 27 232 CORNELIUS B LANDSTROM Hop ct p 375 233 Selon la base de donneacutees de Thomson et Reuters pour ecirctre consideacutereacutes comme des publications du domaine ces travaux sont
choisis lorsque le titre comprend le mot lsquoentreprenrsquo (pour capter les travaux comprenant soit entrepreneur ou entrepreneurship
dan le titre) ou new venture (nouvelle entreprise 234 MEYER M LIBAERS D THIJS B GLAumlNZEL W Origin and emergence of entrepreneurship as a research field
Scientometrics vol 98 Ndeg1vanvier 2014 pp 473-485p476
68
Graphique 13 Evolution du nombre de publication dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
entre 1991 et 2009
Source MEYER M LIBAERS D THIJS B GLAumlNZEL W p375
Les auteurs constatent une tregraves forte dominance des travaux anglo-saxons comme le montre le
tableau suivant Les travaux publieacutes aux Etats-Unis et au Royaume-Unis repreacutesente 69 du total
comptabiliseacute dans la peacuteriode 1993 -2002 et 62 dans la peacuteriode 2003-2007
Tableau 14 Nombre de publication par pays dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat 1993-
2007
Source MEYER M LIBAERS D THIJS B GLAumlNZEL W p376
La communauteacute scientifique francophone dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat a eacutemergeacute avec
la creacuteation de lrsquoAssociation internationale de recherche en PME laquo AIRPME raquo en 1998 qui
organise chaque anneacutee le congregraves international francophone en PME (CIPME)235 Avec
lrsquoaccroissement de la recherche centreacutee sur lrsquoentrepreneur la creacuteation et la reprise drsquoentreprise le
congregraves changea drsquoappellation et devient en 2002 le Congregraves International Francophone en
235 VERTARETT op ct 173
69
Entrepreneuriat et PME (CIFEPME) En 1978 il nrsquoy avait pas de revues speacutecialiseacutees dans ce
domaine236 Les premiers programmes de recherches deacutedieacutes agrave tire exclusif agrave lrsquoentrepreneuriat
ont deacutebuteacute vers la fin des anneacutees 1980237 En France la premiegravere acadeacutemie de lrsquoentrepreneuriat
devant organiser les connaissances scientifique issues de la recherche et le mateacuteriel peacutedagogique
pour lrsquoenseignement naissait en 1998238 Il semble que le deacuteveloppement des travaux de
recherche dans le monde francophone suit relativement la mecircme trajectoire pas sur le plan
quantitatif mais sur le plan de la croissance des publications Crsquoest ce que constate KIZABA G
en analysant la production scientifique deacutedieacutee agrave lrsquoentrepreneuriat de six revues francophones
entre1995 et 2005239 Ce qui tait publieacute en 2005 repreacutesente neuf fois le nombre drsquoarticle publieacute
en 1995 Cette ressemblance de trajectoire avec la communauteacute anglophone nrsquoest pas fortuite
lrsquoanalyse des reacutefeacuterences bibliographiques des papiers reacutedigeacutes en franccedilais laisse penser que crsquoest
le deacuteveloppement de la recherche en anglais qui a entraineacute un deacuteveloppement des travaux dans la
langue franccedilaise La matrice drsquoassociation des reacutefeacuterences
Cette comparaison ne permet pas certes de rendre compte le deacuteveloppement du domaine dans
ses deacutetail mais sur le plan temporel elle reacutevegravele que le deacutebut des anneacutees 1990 eacutetait une peacuteriode
cruciale marquant la naissance de ce domaine de recherche
6 Le domaine de la recherche selon les disciplines dominantes
Aujourdrsquohui une grande partie des recherches en entrepreneuriat appartiennent aux sciences de
gestion Selon VECIENNA JM (2008) plus de 588 des articles anglophones publieacutes entre
1987-1991 relegraveve de ce champ disciplinaire contre seulement 73 de lrsquoeacuteconomie240 De
mecircme en France une recension des thegraveses soutenues entre 2004 et 2007 fait ressortir une
domination des approches gestionnaires (617) contre 149 en eacuteconomie241 Cette tendance
semble srsquoaffirmeacute avec le temps Entre 2008 et 2009 les sciences de gestion constituent la
discipline dominante et les thegraveses portant sur lrsquoentrepreneuriat repreacutesentent 76 contre 11
relevant du champ de lrsquoeacuteconomie242 Lrsquoengouement apparent des sciences de gestion sur les
sujets de lrsquoentrepreneuriat ne doit pas cacher le fait que la base historique et les premiegraveres
236 CACHONC entrepreneur Entrepreneurs pourquoi Comment Quoi Revue du Nouvel-Ontario numeacutero 113-141991 pp13-52p14 237 VECIANA JM Entrepreneurship as a Scientific Research Programm in Entrepreneurship Concepts Theory and Perspective Springer-Verlag Berlin Heidelberg 2007 pp 23-71 p 27
238 VERSTRAET T op ct p 174 239 Se sont les revues suivantes Revue internationale de PME(RIPME) Revue de lrsquoentrepreneuriat Revue de Sciences de Gestion LrsquoExpansion managementreview Revue Franccedilaise de Gestion Gestion 2000 240 Joseacute Mariacutea Veciana amp David Urbano The institutional approach to entrepreneurship research Introduction International Entrepreneurship Management Journal 2008) 4pp365ndash379 p 366 241 MESSEGHEM Ket VERSTRAETET La recherche en entrepreneuriat eacutetat des thegraveses soutenues entre 2004 et 2007 note de recherche Revue de lrsquoEntrepreneuriat vol 8 ndeg1 2009 pp 91-105 p96 242 fayolle amp messeghem la recherche en entrepreneuriat entre 2008 et 2009 De Boeck Supeacuterieur | Revue de lEntrepreneuriat
20111 - Vol 10 pp 53- 72 p 61
70
tentatives de theacuteorisation du pheacutenomegravene viennent des sciences eacuteconomiques243 VECIANA
JM244 considegravere que ce domaine de recherche srsquoest deacuteveloppeacute en quatre principales eacutetapes dont
la premiegravere revient aux eacuteconomistes La deuxiegraveme eacutetape regroupe les travaux sur
lrsquoentrepreneuriat dans une perspective historique (deacutebut du XXe siegravecle la troisiegraveme eacutetape (1949-
1979) a vue le lancement des programmes de recherches dans le domaine du management sur
lrsquoentrepreneuriat et les petites et moyennes entreprises (PME) la quatriegraveme eacutetape ( depuis 1979)
a vue la consolidation et lrsquoexplosion des recherches sur lrsquoentrepreneuriat comme objet de
recherche
7 Le domaine de lrsquoentrepreneuriat selon lrsquoobjet de la recherche
Le tableau suivant nous donne selon la conception de FAYOLLA les questions
fondamentales autour des quelles la recherche srsquoorganise
Tableau 15 Organisation de la recherche dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
Question principales Quoi Qui pourquoi Comment
Type drsquoapproche Approche fonctionnelle Approche sur les individus Approche sur les processus
Echelle du temps 200 derniegraveres anneacutees Depuis le deacutebut des anneacutees
1950
Depuis le deacutebut des anneacutees
1990
Domaine scientifique
principale
Economie Psychologie sociologie
psychologie cognitive
anthropologie sociale
Sciences de gestion
Sciences de lrsquoaction
Theacuteories des organisations
Objet de lrsquoeacutetude
Fonction de
lrsquoentrepreneur
Caracteacuteristiques
personnelles traits des
individus entrepreneurs et
entrepreneurs potentiels
Processus de creacuteation
Drsquoune nouvelle activiteacute
Drsquoune nouvelle entreprise
Hypothegravese de base
Lrsquoentrepreneur joue ne
joue pas un rocircle
important dans la
croissance eacuteconomique
Les entrepreneurs sont
diffeacuterente des non
entrepreneurs
Les processus
entrepreneuriaux sont
diffeacuterente les uns des autres
Source FAYOLLEA al recherche du cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine 2004p105
8 Lrsquoeacutemergence de lrsquoapproche par les processus
Presque tous les auteurs qui ont analyseacute lrsquoeacutevolution de la recherche sur lrsquoentrepreneuriat
admettent que lrsquoapproche processuelle a eacutemergeacute pour combler les insuffisances de lrsquoapproche
par les traits qui restait dominante jusqursquoagrave la fin des anneacutees 1970 Deux articles de
GARTNERW allaient marquer la rupture avec cette approche Le premier publieacute en 1985 sous
le titre A conceptual framework for describing the phenomenone of new venture creation
243 FAYOLLE A op ct p106
244 RIBEIRO Aacute CD Entrepreneurship Concepts Theory and Perspective Salvador Roig (Eds) 2007 348 pages p24
71
et le second publieacute quatre anneacutees plus tard who is the entrepreneur Is the wrong
question 245 dans ce dernier lrsquoauteur portait principalement ses citriques sur le travail de
CARLANDJW et al publieacute en 1984 dont lrsquoobjet portait sur une synthegravese des travaux sur la
diffeacuterenciation conceptuelle entre les entrepreneurs et les non entrepreneurs246 Cette synthegravese
deacutefendait lrsquoideacutee qursquoil existe une diffeacuterence prouveacutee empiriquement entre les entrepreneurs et le
reste de la population notamment en termes de caracteacuteristique psychologiques Ce qui permettra
agrave ces auteurs cde conclurent que crsquoest la connaissance des traits speacutecifiques de lrsquoentrepreneur
qui permettront de deacutefinir le pheacutenomegravene de lrsquoentrepreneuriat247 Or les insuffisances du point
de vue meacutethodologique des recherches sont le point de deacutepart drsquoune remise en cause
fondamentale de cette approche Comme le soulignait GARTNERW dans leur majoriteacutes les
recherches adoptent une deacutefinition restrictive de lrsquoentrepreneur et integravegrent par conseacutequence
plusieurs type drsquoindividus dans leurs eacutechantillons responsable des ventes managers
proprieacutetaires et activant dans des domaines eacuteconomiques diversifieacutees De ce fait il est
impossible drsquoeacutetablir le profil type de lrsquoentrepreneur et de les diffeacuterencier du reste de la
population par ce qursquo il existe des diffeacuterences importantes entre les entrepreneurs agrave tel point
que parfois la dispersion est plus faible lorsque lrsquoon compare des entrepreneurs agrave des non-
entrepreneurs que lorsque lrsquoon compare des entrepreneurs entre eux248 STEVENSON ET
JARILLO considegraverent qursquoil est extrecircmement difficile drsquoeacutetablir des causaliteacutes entre quelques
traits psychologiques ou sociologiques avec un comportement aussi complexe que celui de
lrsquoentrepreneuriat249 Ce changement dans lrsquoobjet de la recherche donna plus drsquoimportance agrave
lrsquoanalyse des actes des entrepreneurs et agrave leurs comportements Drsquoautres auteurs ont aussi plaideacute
pour cette nouvelle perspective BYGRAVEWD et HOFFERCW publiaient en 1991 un
article intituleacute the theorizing about entrepreneurship250 qui suggegravere agrave juste titre de suivre le
deacuteveloppement du domaine du management strateacutegique qui lui aussi avait agrave lrsquoorigine le rocircle et la
les fonctions des managers comme objet de recherche mais la publication en 1962 des travaux
de CHANDLERA et de ANDREWSK en 1971251ont reacuteorienteacute la recherche vers les processus
strateacutegiques dans les organisations Les travaux drsquoANSOFFI et al (1974) et drsquoANSOFF I
(1979) sur la planification strateacutegique sont les meilleurs exemples pour repeacuterer cette nouvelle
direction de la recherche De la mecircme maniegravere la recherche en entrepreneuriat devrait changer
245 Meilleur article de la revue ENTREPRENRUSHIP THEORY AND PRACTICE pour lrsquoanneacutee 1988 246 Differentiating entrepreneurs from small business owners A conceptualization Academy of Management Review1984 247 GARTNERW who is the entrepreneur Is the wrong question Entrepreneurship theory and practice 1988 Vol 13Ndeg4pp
47-68p59 248 FAYOLLE A A la recherche du Cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine p106
249 STEVENSONHH et JARILLOC op ctp 20 250 BYGRAVEW Theorizing about entrepreneurship Entrepreneurship theory and practice Vol 16 Ndeg 2 pp13-22 P 14 251 Respectivement Strategy and structure et The concept of corporate strategy
72
drsquoobjet drsquoobservation et de theacuteorisation en se focalisant davantage sur le processus
entrepreneurial en suivant ces probleacutematiques qui doivent guider la recherche sur le processus
entrepreneurial 252
- Quels sont les eacuteleacutements qui rentrent en jeux en matiegravere de deacutetection des opportuniteacutes et
de leur exploitation efficiente
- Quels sont les taches clefs dans la creacuteation reacuteussie drsquoune nouvelle organisation
- Quelque sont les diffeacuterences entre ces taches et celles des managers des entreprise deacutejagrave
eacutetablies
- Quel la contribution qursquoon pourrait qualifier drsquounique de lrsquoentrepreneur dans ce processus
Lrsquoimportance prise par cette nouvelle direction de la recherche fait dire agrave STEVENSON et
JARILLO que le domaine de lrsquoentrepreneuriat se structure autour de trois question
fondamentales les plus anciennes sont axeacutees sur lrsquoentrepreneurs ( qui) et les reacutesultats de ses
actes ( quoi) et la plus reacutecente serait drsquointerroger le comme qui revient agrave srsquointerroger sur le
processus par lequel ce pheacutenomegravene devient une reacutealiteacute
Dans la mecircme peacuteriode SHANE et VENKATARAMAN publieacute en 1988 un article formalisant
leur approche de la recherche baseacutee sur lrsquoopportuniteacute Ils consideacuterer lrsquoentrepreneuriat comme un
domaine qui devait srsquointeacuteresser au processus drsquoexploration de deacutecouverte et drsquoexploitation des
opportuniteacutes drsquointroduire de nouveaux produits et de services Lagrave encore on remarque tregraves bien
que crsquoest une autre maniegravere de deacuteplacer la recherche vers les faits et les eacuteveacutenements que
comporte lrsquoacte drsquoentreprendre
252 STEVENSONHH et JARILLOC op ct p 16
73
Section 2 deacutefinition theacuteorique un approche empirique le processus entrepreneurial
Nous pensons qursquoil est avantageux pour cette recherche de preacuteciser le sens du concept de
processus par ce qursquoil directement lieacute agrave notre objet laquo lrsquoentrepreneuriat raquo A ce titre il y a trois
eacuteleacutements qui meacuteritent drsquoecirctres discuter La deacutefinition du concept dans les sciences de
lrsquoorganisation puisque crsquoest dans ce champs que se concept a eacuteteacute mie en exergue et a reccedilu le
plus drsquoattention Ensuite lrsquousage qui a eacuteteacute fait de ce concept nrsquoest pas unique il existe au mois
trois acceptions qui renvoient agrave des deacutefinitions et des meacutethodologies de recherche diffeacuterentes
dont il faudrait connaitre Puisqursquoil srsquoagit enfin de faire un choix pour lrsquoapplication de ce
concept dans cette recherche nous tenterons dans un dernier point de justifier une deacutefinition et
ses implications meacutethodologiques pour le reste de ce travail
1 Le processus du point de vue seacutemantique
Il nrsquoest pas superflu de revenir sur la deacutefinition officielle dans La litteacuterature geacuteneacuterale qui
donne le sens commun du mot processus Dans la deacutefinition du dictionnaire Hachette le
processus est laquo deacuteveloppement temporel de pheacutenomegravenes marquant chacun une eacutetape raquo dans le
dictionnaire Larousse253 les deacutefinitions sont 1) Enchaicircnement ordonneacute de faits ou de
pheacutenomegravenes reacutepondant agrave un certain scheacutema et aboutissant agrave quelque chose 2) Suite continue
dopeacuterations dactions constituant la maniegravere de faire de fabriquer quelque chose 3) Maniegravere
que quelquun un groupe a de se comporter en vue dun reacutesultat particulier reacutepondant agrave un
scheacutema preacutecis Dans sa deacutefinition anglophone the Merriam-Webster se focalise sur la notion de
changement et deacutefini le processus comme laquo un pheacutenomegravene naturel marqueacute par des changements
graduels qui aboutissent agrave des reacutesultats particuliers254 raquo Dans le dictionnaire Shorter Oxford
Dictionary La deacutefinition met lrsquoaccent sur les objectifs et le processus serait laquo une seacuterie drsquoactions
ou drsquoopeacuterations dirigeacutee vers lrsquoatteinte drsquoun certain objectif raquo255 Avec ces deux deacutefinitions nous
avons une ideacutee preacuteliminaire de ce que pourrait ecirctre le processus Dans litteacuterature scientifique
notamment en management le sens nrsquoest pas totalement diffeacuterent Il revient agrave VAN DE
VENAH de formaliser une deacutefinition de ce concept dans ce domaine256
2 Processus Signification dans les sciences de management
Crsquoest au deacutebut des anneacutees 1990 que le terme de processus a eacuteteacute introduit dans le champ du
management257 Tout drsquoabord dans le domaine de la strateacutegie lorsque les chercheurs
commenccedilaient agrave srsquointeacuteresser aux activiteacutes des managers notamment dans les reacuteflexions portant
253 Larousse httpwwwlaroussefrdictionnairesfrancaisprocessus64066 consulteacute le 20102015 254 Notre traduction A natural phenomenon marked by gradual changes that lead toward a particular result 255 Notre traduction A series of actions or operations directed to some end 256 PETIGREW AM op ct p 338 257 FAYOLLEA Ala recherche du cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine op ct p 105
74
sur le processus de planification strateacutegique avec ANSOFFI et dans le champ de la theacuteorie des
organisations avec lrsquoapproche eacutevolutionniste deacuteveloppeacutee par ALDRICHH sur des sujets comme
le changement organisationnel258
Il revient agrave VAN DE VEN drsquoavoir fait la premiegravere tentative de formalisation du concept Cet
auteur propose dans un article publieacute en 1992 et qui est devenu une reacutefeacuterence de deacutefinir le
processus selon trois approches qui montre par la suite qursquoelles sont certes utiles mais qui sont
fondamentalement diffeacuterentes Le processus selon cet auteur est 1) une logique drsquoexplication
drsquoun pheacutenomegravene dans le cadre de la theacuteorie de la variance 2) un cateacutegorie de concept qui se
reacutefegravere agrave des actions individuelles ou organisationnelles 3) une seacutequence drsquoeacuteveacutenements qui
deacutecrivent comment les changements interviennent dans une entiteacute notamment dans une
organisation259
21 Le processus comme une logique drsquoexplication drsquoun pheacutenomegravene
Dans cette optique le processus est lieacute agrave des pheacutenomegravenes qui peuvent ecirctre repreacutesenteacutes par un
modegravele Input- processus ndashoutput Le processus serait alors lrsquoexplication de la relation causale
entre les inputs consideacutereacutes comme des variables indeacutependantes et des inputs consideacutereacutes comme
de variables deacutependantes260 Les inputs touts comme les outputs sont des entiteacutes fixes qui ont
des proprieacuteteacutes Ces proprieacuteteacute ont des valeurs Il existe un processus degraves lors que la relation
causale en question est valideacutee statiquement cest-agrave-dire les variations des valeurs des inputs
entrainent dans le temps une variation des valeurs des reacutesultats On dit alors qursquoil y a une
variance des reacutesultats due agrave la variance de inputs drsquoougrave son appellation laquo processus comme
explication dans la theacuteorie de la variance raquo Le scheacutema suivant met en relief un exemple de
processus appreacutehendeacute dans cette vision
Figure 8 le processus comme moyen drsquoexplication drsquoun pheacutenomegravene
Source auteur processus
Dans une telle conception le processus nrsquoest pas observeacute dans lrsquoaction Le lien entre la
taille de lrsquoentreprise et le niveau de formalisation de la structure nrsquoest pas un lien historique crsquoest
agrave dire observeacute reacuteguliegraverement mais un constat fait sur une relation statique entre deux entiteacutes la
258 VAN DE VEN A H et ENGLEMAN MR op ct p 343 259 VAN D VEN AH op ct p 169 260 VAN D VEN AH 1992 idem p 170
La taille de lrsquoentreprise Inputs
Variable indeacutependante
Formalisation de la structure
Outputs
Variable deacutependante Relation causale
75
formalisation de la structure et la taille de lrsquoentreprise Cette derniegravere peut ecirctre mesureacutee par
exemple par des proprieacuteteacutes comme la croissance de lrsquoeffectif par exemple Lorsque les
changements de ces proprieacuteteacutes induisent des variations dans le pheacutenomegravene attendu en
lrsquooccurrence la formalisation il y a un processus
Apregraves la publication de cet article plusieurs auteurs dans le champ des theacuteories des
organisations inteacuteresseacutes par de pheacutenomegravene comme lrsquoeacutemergence organisationnelle la croissance
drsquoentreprises la naissance des industries ont preacuteciseacute le sens du concept sous cette approche en
lui donnant une assise theacuteorique ALDRICHH et al qui sont les plus connu dans ce domaine ont
deacutefinit le processus comme des seacutequences de reacutesultats ( (Outcome based process) Le processus
se forme sur la base de la connaissance agrave posteacuteriori des reacutesultats Ces reacutesultats sont deacutetermineacutes
agrave travers les relations causales qursquoil entretiennent avec des eacuteveacutenements connus et identifieacutes261
Cette deacutefinition met en relief le fait que les eacuteveacutenements sont donneacutes par hypothegravese et non pas
deacutecouverts par lrsquoobservation du processus dans la reacutealiteacute Le scheacutema suivant met en relief le
principe de lrsquoapproche baseacutee sur les reacutesultats
Figure 9 le processus selon lrsquoapproche fondeacutee sur les reacutesultats
Variable indeacutependantes variable deacutependantes
Source VAN DE VEN HA et ENGLEMANRM page 344
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat la majeure partie des recherches agrave vocation
theacuteoriques ou empiriques adoptent ce type de raisonnement Comme lrsquoont deacutejagrave montreacute
CHANDLER et LYON dans lrsquoexamen de 291 articles publieacutes entre 1989 et 1999 dans les revues
acadeacutemique les plus coteacutees Ces auteurs trouvent que plus de 80 des travaux srsquoinscrivent dans
cette approche du processus On pourrait illustrer ce principe par lrsquoexemple drsquoune eacutetude publieacutee
en 2008 portant sur les deacuteterminants de lrsquointention entrepreneuriale
Exemple drsquoune recherche empirique sur un processus baseacute sur les reacutesultats
Dans une eacutetude qui srsquointerrogeait sur le processus qui preacuteside agrave la formation de lrsquointention
entrepreneuriale chez 1225 eacutetudiants Danois en management GELDEREN M V et al262 ont
261 ALDRICH H E Who Wants to Be an Evolutionary Theorist op ct p 118 262 GELDEREN M V et al Explaining entrepreneurial intentions by means of the theory of planned behavior Career
Development International vol 13 Ndeg 6 2008pp 538-559
Eveacutenement b
Eveacutenement a
Eveacutenement 3
Reacutesultat
Eveacutenement 2
Eveacutenement1
76
proposeacute lrsquohypothegravese deacuteduite du modegravele SHAPEROA263 suggeacuterant que certains
anteacuteceacutedents comme 1) lrsquoattitude envers lrsquoauto emploi (comment lrsquoindividu perccedilois le fait de
travailler son propres compte 2) le controcircler perccedilu de ses comportements cest-agrave-dire la
perception qursquoa lrsquoindividu drsquoune relation entre ses actions et le reacutesultats souhaiteacutes) et 3) les
normes subjectives exprimant la creacutedibiliteacute de lrsquoauto emploi vues par les aux autres comme les
membres de la famille les amis264 Ces deux eacuteveacutenements pouvaient expliquer lrsquoexistence ou
non de lrsquointention chez les sujets interrogeacutes Ces trois variables sont construites par un certain
nombre drsquoitems Lrsquoanalyse statistique (reacutegression logistique) a montreacute que lrsquointention
drsquoentreprendre se forme avec un processus qui fait intervenir deux sortes drsquoeacuteveacutenements a) la
recherche de la seacutecuriteacute financiegravere comme manifestation deacuteterminante drsquoune attitude favorable
agrave lrsquoauto emploi b) une perception positive de ses propres capaciteacutes de gestion et drsquoorganisation
drsquoune entreprise Cette perception qui est une forme controcircle perccedilu est deacutetermineacutee par la
vigilance quand agrave lrsquoexistence de certaine opportuniteacute drsquoaffaires Cette eacutetude montre ainsi qursquoil y
a un processus ougrave lrsquointention en est les reacutesultats les attitudes et les capaciteacutes de gestion sont les
eacuteveacutenements qui deacuteterminent lrsquooccurrence de ce reacutesultat On pourrait transposer cet exemple par
rapport au scheacutema preacuteceacutedent de la maniegravere suivante
Figure 10 le processus de formation de lrsquointention entrepreneuriale
Source GELDEREN M V et al p549
Remarque
Dans ce cas preacutecis le chercheur reste neutre par rapport agrave sont objet et entame lrsquoanalyser du
terrain avec des ideacutees preacuteexistantes crsquoest agrave dire avec un scheacutema drsquoexplication figeacute et non pas qui
reste agrave construire pour atteindre la reacutealiteacute Les reacutesultats et leurs causes sont supposeacute existants
avant que la recherche ne soit entameacutee Crsquoest le terrain qui montrera la validiteacute de ce scheacutema
263 Dans SHAPERO A (1975) Who Starts New Businesses The Displaced Uncomfortable Entrepreneur Nous reviendrons en deacutetaille sur ce modegravele dans la deuxiegraveme section de ce chapitre 264 ELFVING J BRAumlNNBACK M CARSRUDA Chapter2 Toward A Contextual Model of Entrepreneurial Intentions in Understanding the entrepreneurial mind 2009 Springer New York pp23-33 p25
Causaliteacute Seacutecuriteacute
financiegravere
Intention entrepreneuriale
Normes subjectives
Attitudes
Reacutesultat
(outcome)
PROCESSUS
Perception de controcircle
du comportement
Perception
drsquoopportuniteacutes eacuteconomique
Causaliteacute
Causaliteacute
Causaliteacute
77
22 Le processus comme cateacutegorie de concept deacutecrivant des activiteacutes humaines ou
organisationnelles
Le second sens tregraves utiliseacute en mangement se reacutefegravere agrave une cateacutegorie de concept qui deacutecrive des
actions individuelles ou organisationnelles comme par exemple la prise de deacutecision ou la
formation de la strateacutegie Le fait que ce deux pheacutenomegravene se deacutecline dans la reacutealiteacute sous forme
seacutequentielle que la maniegravere la plus adapteacutee de les deacutecrire serait de leurs attribueacute le concept de
processus265 Lrsquousage du terme processus est fait pour les diffeacuterencier avec drsquoautre cateacutegorie de
concept qui non pas cette caracteacuteristique comme lrsquoenvironnement la structure la
performance266
23 Le processus comme une seacutequence drsquoeacuteveacutenement
Pour VAN DE VEN le processus est une seacutequence drsquoeacuteveacutenements ou drsquoactiviteacutes qui permettent
de deacutecrire comment les choses changent dans le temps267 ALDRICHH et al mettent cette
approche an event based process268 Par rapport agrave la premiegravere conception du processus la
question eacutetait de savoir pourquoi un tel reacutesultat devient une reacutealiteacute alors que dans la troisiegraveme
conception il srsquoagit de srsquointerroger du laquo comment raquo que le changement devient reacutealiteacute Drsquoun
autre coteacute les eacuteveacutenements ougrave les activiteacutes produisent des changements qui sont continues et
increacutementaux dont on peut observer des variations entre le passage drsquoun eacutetat agrave un autre269 Le
scheacutema suivant montre par exemple un processus ougrave lrsquoeacuteveacutenement 1 porduit des reacutesultats
difeacuterentes (12 3) dont un seul (2) est lieacute agrave des reacutesultats qui se produiront ulteacuterieurement ( Xet
Y )Ces deniers forment eux mecircme un eacutevenement nouveau qui aura des conseacutequences
utlteacuterieures
Figure 11 Le procesus fondeacute sur une approche en terme drsquoevenements
Source VAN DE VEN HA et ENGLEMANRM page 344270
Pour illustrer cette logique de deacutefinition lrsquoexemple suivant met en relief cette approche
lorsqursquoelle est utiliseacutee dans une recherche laquo acadeacutemique raquo du processus de deacuteclenchement de la
creacuteation drsquoentreprise
265 WACHEUXF meacutethodes qualitatives et recherche en gestion collection Gestion Economica 1996290 pages p74 266 VAN D VEN AH 1992 idem p 170 267 VAN D VEN AH 1992idemp 170 268 ALDRICH H E Who Wants to Be an Evolutionary Theorist op ct p 119 269 WACHEUXF op ct p76 270 Traduit par nous mecircme selon la version originale
Eveacutenements 1
Reacutesultat 3
Reacutesultat X Reacutesultat 2
Reacutesultat 1
Reacutesultat Y
Eveacutenement 2
78
Exemple drsquoune recherche empirique sur un processus baseacute sur les eacuteveacutenements
Dans un travail de thegravese271 qui srsquointerrogeait sur le processus qui conduit au
deacuteclenchement272 de la creacuteation ou drsquoune reprise drsquoentreprise DEGEORGE J-M a proceacutedeacute agrave la
re-description de la trajectoire de carriegravere de huit ingeacutenieurs franccedilais entre 2004 et 2006 Tout
ces ingeacutenieurs eacutetaient des salarieacutes en 1994 et sont devenus des proprieacutetaires de PME au cours de
cette peacuteriode La question eacutetait de savoir quels sont les eacutevegravenements qui ont marqueacute leurs
parcours avant leur engagement dans lrsquoentrepreneuriat La reconstitution de leurs parcours fait
ressortir trois types de trajectoires qui conduisent agrave trois types de deacuteclenchement du processus
entrepreneurial Soit un deacuteclenchement intentionnel deacutelibeacutereacute Dans ce cas qursquoil existe une
opportuniteacute ou pas lrsquoindividu srsquoengage dans la creacuteation drsquoentreprise drsquoune maniegravere planifieacutee et la
deacutecision est anticipeacutee Dans le second cas ougrave il srsquoagit drsquoun deacuteclenchement subi Lrsquointention
nrsquoexiste pas mais lrsquoarriveacutee drsquoun eacuteveacutenement neacutegatif comme le licenciement pour certains
produit une intention impulseacutee par le besoin drsquoautonomie qui tregraves rapidement se traduit par un
deacuteclenchement de la creacuteation drsquoentreprise Le troisiegraveme cas il existe une intention mais celle ne
se converti en action que lorsque un eacuteveacutenement positif intervient comme lrsquoapparition drsquoune
opportuniteacute eacuteconomique
Remarque
Il faudrait souligner au delagrave du reacutesultat que le chercheur (le sujet) dans cette eacutetude interpregravete
ces eacuteveacutenements et leurs conseacutequences selon lrsquoexpeacuterience des personnes observeacutes Il ressort ainsi
que le chercheur nrsquoest pas neutre par rapport agrave lrsquoobjet qursquoil eacutetudie puisque la constitution de la
reacutealiteacute du processus se fait avec la contribution des personnes interrogeacutees
Cette conception du processus a eacuteteacute theacuteoriseacute dans le champ des theacuteories des
organisations notamment de la branche qui srsquointeacuteresse agrave lrsquoeacutevolution organisationnelle sous
lrsquoappellation de laquoevent based process raquo Le meilleur exemple qursquoon peut donner pour illustrer
les fondements drsquoune telle approche serait donneacute par VAN DE VEN sur le processus
drsquoinnovation dans les organisations Cet auteur deacutefinie ce processus comme innovation
processrsquo is presented as lsquothe invention and implementation of new ideas developed by
individuals who are engaged in transactions with others for a certain period of time within an
institutional context and who evaluate the results of their efforts and act accordinglyrsquo273 Cette
deacutefinition montre bien les eacuteveacutenements dans le processus lrsquoeacutemergence drsquoune ideacutee ( idea)
engagement dans des transaction ( transactions) et la reacutealisation drsquoun reacutesultat Ces eacuteveacutenements
271DEGEORGE J ndashM Le deacuteclenchement du processus de creacuteation ou de reprise drsquoentreprise cas des ingeacutenieurs franccedilais thegravese en sciences de gestion soutenue en 2007 Universiteacute Jean Moulin Lyon III Sous la direction de FAYOLLE A 432 pages 272 Consideacutereacute par lrsquoauteur comme le passage intention -action concregravetes en vue de creacuteer ou de reprendre une entreprise p105 273 VAN DE VEN A H and POOLE M S Methods for studying innovation development in the Minnesota innovation
research program Organization Science 1990 313ndash335p 325
79
srsquoidentifient par rapport agrave un contexte (individuals institutional) Cet exemple montre bien
lrsquoimportance du temps dans une telle conception du processus Ce dernier serait une chronologie
drsquoeacuteveacutenements qui deacutecrivent comment une ideacutee innovante srsquoimplante et devient une reacutealiteacute274
Cette chronologie intervient selon le type de progressions des eacuteveacutenements une progression
unitaire parallegravele lorsque les eacuteveacutenements suivent une chronologie lineacuteaire ougrave un eacuteveacutenement
contribue agrave lrsquoeacutemergence drsquoautres eacuteveacutenements et dans le cas contraire une progression multiples
Le scheacutema suivant montre ces deux types de processus
Figure 12 Progressions unitaires et multiples dans un processus drsquoeacuteveacutenement
Sources VAN DE VENAH 1992 p 173
Les deux deacutefinitions du processus ave leur illustration respectives montrent deux conception
et de deacutemarches drsquoobservation du processus dont il est utile pour nous de comprendre leurs
diffeacuterences afin drsquoopeacuterer un choix qi sera justifier
24 La diffeacuterence conceptuelle entre les trois approches du processus
Pour mettre relief la diffeacuterence entre lrsquoapproche baseacutee sur les reacutesultats et lrsquoapproche baseacutee sur
les eacutevegravenements nous faisons reacutefeacuterence agrave POOLE MS et al qui les ont syntheacutetiseacute dans le tableau
suivant275
274 FAYOLLEA Entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process p 120 275 POOLE MS et al Organizational Change and Innovation Process Cite par VAN DE VEN Event- and outcome-driven
explanations of entrepreneurship op ctp 348
80
Tableau16 Diffeacuterence entre processus baseacute sur le reacutesultats et processus baseacute sur les
eacuteveacutenements
Processus comme seacutequence de reacutesultats Processus comme seacutequence drsquoeacuteveacutenements
-Les entiteacutes dans le processus (les reacutesultats) sont fixes avec
des valeurs qui changent dans le temps -Lrsquoexplication est baseacute sur des causaliteacutes suffisantes (degraves qursquoil y a signification statistique) -la geacuteneacuteralisation deacutepend de lrsquouniformiteacute des causaliteacutes dans des contextes diffeacuterentes
-Lrsquoordre des variables indeacutependantes dans le temps est immateacuteriel -Les valeurs des entiteacutes ont un sens unique dans le temps
-Les entiteacutes peuvent changer dans le temps Ex de lrsquoideacutee qui est
une entiteacute qui change et devient reacutealiteacute eacuteconomique selon les eacutevegravenements de sa transformation - lrsquoexplication est baseacutee sur des casualiteacutes neacutecessaires (reacuteel) -la geacuteneacuteralisation deacutepend de lrsquoadaptabiliteacute des causaliteacutes dans des cas diffeacuterentes (capaciteacute du chercheur agrave construire un processus selon de eacuteveacutenements geacuteneacuteriques)
-lrsquoordre (dans le temps) des variables indeacutependantes est critique -les valeurs des entiteacutes peuvent changer de sens dans le temps
Source POOLE MS et al 2000 p348
Nous venons de deacutefinir et drsquoillustrer deux approches du processus qui lorsqursquoelles sont
compareacutees lrsquoune avec lrsquoautre preacutesentent un caractegravere dichotomique276 notamment au moment de
leur opeacuterationnalisation dans une recherche empirique La diffeacuterence principale est que ces deux
visions ne partagent pas la mecircme ontologie du processus cest-agrave-dire la maniegravere dont le
chercheur concevra la reacutealiteacute ou le pheacutenomegravene eacutetudieacute277 La conseacutequence directe drsquoune telle
divergence est drsquoordre eacutepisteacutemologique et bien entendu avec corollaire meacutethodologique que le
chercheur aura agrave adopter pour lrsquoanalyse de cette reacutealiteacute278 Crsquoest pour cette raison que nous
explicitons mecircme briegravevement ce point de divergences afin de mieux comprendre notre position
finale par rapport agrave la deacutefinition du processus et du cadre eacutepisteacutemologique dans lequel cette thegravese
srsquoinscrit
a Ontologie du processus dans le paradigme positiviste
Appreacutehender le processus comme une seacutequences de reacutesultats deacutetermineacutes par des causes
anteacuterieurs suppose que cette reacutealiteacute a une existence propre et peut ecirctre consideacutereacutee comme
objective unique connaissable et le chercheur sera capable non seulement de lrsquoeacutetudier et de le
cerner mais aussi de le connaicirctre en toute neutraliteacute puisque ce reacuteel est indeacutependant de lui279
De ce point de vue Lrsquoacteur ses comportements dans le processus les reacutesultats de ses
comportements et les interactions entre ces trois variables existent indeacutependamment de celui qui
276 Nous ne discutons pas le deacutebat actuel sur les possibiliteacutes drsquointeacutegrer ces deux approches et de deacutepasser cette divergence les tenant de cette ideacutee considegraverent que la meilleur maniegravere de theacuteoriser ce qui se passe dans un processus et lrsquoentrepreneuriat en est un est de deacutetecter ce qui est eacuteveacutenement eacutemergeant et ce qui est reacutesultats deacutetermineacute et dans le processus qui ne peut se faire que dans le cadre une approche inteacutegratives Plusieurs thegraveses reacutecentes sont eacutelaboreacutees dans ce sens 277 GAUTIERB (sous la direction de) Recherche sociale de la probleacutematique au collecte de donneacutees Presse de lrsquouniversiteacute du Queacutebec 2009 767 pages p 544 278 VAN DE VENAH et ENGLEMANRM op ct p 357 279 GAVARD-PERRET M-L et al Meacutethodologie de la rechercheacute en sciences de gestion reacuteussir son meacutemoire ou sa thegravese
Pearson eacutedition 2012 415 pages p 26
81
les observe (le chercheur)280 Crsquoest le cas du premier exemple ou le chercheur impose agrave son
objet sa vison de la reacutealiteacute (les eacuteveacutenements les reacutesultats leur relation supposeacute comme
deacuteterministes) Cette maniegravere de concevoir la reacutealiteacute est inscrite dans le paradigme
eacutepisteacutemologique positiviste
b Ontologie du processus dans le paradigme de lrsquointerpreacutetativisme constructivisme
La deuxiegraveme conception vise lrsquoacteur comme faisant partie du pheacutenomegravene eacutetudieacute Le
chercheur considegravere que la reacutealiteacute ne peut ecirctre objectivement cerneacutee mais seulement construite
ou interpreacuteteacutee en eacutecoutant et en analysant ce que les personnes ont agrave dire De ce point de vue la
reacutealiteacute du processus est produite par le chercheur (le sujet) avec son objet et contrairement agrave la
premiegravere vision les connaissances deacuteveloppeacutees sur le processus ne visent pas agrave deacutecrire comment
le reacuteel peut fonctionner mais agrave deacutevelopper de lrsquointelligibiliteacute dans les flux drsquoexpeacuteriences
humaines281 susceptible de reacuteveacuteler les eacuteveacutenements qui marquent et deacutecrivent les changements
drsquoun fait reacuteel Cette maniegravere de concevoir la reacutealiteacute srsquoinscrit dans le paradigme eacutepisteacutemologique
dit constructiviste ou interpreacutetativiste Bien que qursquoil existe des points de divergences entre
les deux notamment sur le plan meacutethodologique ces deux paradigmes partagent la mecircme vision
sur la nature de la reacutealiteacute celle de la deacutependance entre le sujet et lrsquoobjet de la recherche Le
tableau suivant met en relief le statut du reacuteel dans ces trois paradigmes eacutepisteacutemologiques282
Tableau 17 Ontologie et positionnement eacutepisteacutemologique
Les
paradigmes
Le statut de la
reacutealiteacute
Le positivisme
Lrsquointerpreacutetativisme
Constructivismes
La nature de la
laquo reacutealiteacute raquo
1 Indeacutependance du sujet (le projet de
formation de la connaissance) et de lrsquoobjet
comme eacutetant lrsquoentiteacute theacuteorique eacutetudieacutee dans ce
projet) (croissance de lrsquoentreprise pas exemple)
2 Hypothegravese deacuteterministes lrsquoobjet de la
connaissance est reacutegi par des regravegles et lois stables
et geacuteneacuteralisables qursquoil convient drsquoobserver
deacutecrire expliquer283
3 Le monde est fait de neacutecessiteacute les effets ont
neacutecessairement des cause
-Deacutependance du sujet et de lrsquoobjet
-Hypothegravese intentionnaliste Qui suppose la
nature intentionnelle et finaliseacutee de
lrsquoactiviteacute humaine
-le monde est fait d possibiliteacutes
Le chemin de
la connaissance
Statut privileacutegieacute de lrsquoexplication Statut privileacutegieacute de
la compreacutehension
Statut privileacutegieacute de
la construction
Source auteur selon THIETARTRA meacutethodes de recherche en management eacutedition 2014 p14 et 15
280 GAUTIERB idem p 544 281 GAVARD-PERRET M-L et al idem p 36 282 THIETART RAet al Meacutethodes de rechercheacute en management DUNOD 2003 p 114 et 15 283 THIETARTRA meacutethodes de recherche en management DUNOD 2014 p 22
82
3 Le processus dans notre travail de thegravese
Notre objet de recherche se construit autours drsquoune perspective positiviste Il consiste agrave une
interrogation objective des faits Lrsquoobjectif est de deacutecouvrir la structure de la reacutealiteacute Cette
structure sera consideacutereacute comme deacutetermineacute pas un certain nombre drsquoanteacuteceacutedent (des variables
indeacutependantes) issues drsquoune litteacuterature preacuteexistante Les raisons de ce choix ont eacuteteacute expliciteacute
dans lrsquointroduction de ce travail de thegravese qui en reacutesumeacute sont lieacutee au mateacuteriel empirique dont
nous disposons
Partant de cette position il convient agrave preacutesent de deacutefinir lrsquoentrepreneuriat du point de vue drsquoune
approche qui considegravere ce pheacutenomegravene comme un processus deacute formation drsquoun certain nombre d
reacutesultat Mais avant drsquoentamer cette eacutetape regardons de pregraves les circonstances de lrsquointroduction
de ce concept (processus) dans la recherche en entrepreneuriat
4 Le concept de processus dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
Comme nous lrsquoavons deacutejagrave souligneacute une lecture chronologique des travaux publieacutes dans le
domaine de lrsquoentrepreneuriat ces trente derniegraveres anneacutees montre que le concept de processus a
eacuteteacute utiliseacute dans trois contextes diffeacuterents Au deacutebut des anneacutees 1990 dans cette peacuteriode la
recherche eacutetait centreacutee sur les traits de personnaliteacute et les caracteacuteristiques des entrepreneurs
Comme une alternative possible a ce type de recherche le concept de processus permis de ce
focaliser sur les actes et les activiteacutes des entrepreneurs prenant en compte par ce changement
drsquoobjet la question du comment de lrsquoentrepreneuriat Si lrsquoon devant dater lrsquointroduction de ce
concept dans la recherche crsquoest bien avec les travaux de SHAPEROA et SOKOLL (1982)
Ces derniers sont les premiers qui ont attireacute lrsquoattention des chercheurs sur lrsquoimportance de
lrsquooptique processuelle du pheacutenomegravene entrepreneurial Ils tentent de modeacuteliser le deacuteclenchement
dun eacuteveacutenement entrepreneurial notamment la formation de lrsquointention entrepreneuriale en le
liant avec des facteurs situationnels et individuels Tout eacuteveacutenement entrepreneurial font-ils
souligner est la fin dun processus et le deacutebut dun autre284
Lrsquoautre auteur dont la contribution est devenue une reacutefeacuterence est GARTNER W285 Cet
auteur dans un article publieacute en 1985 est le premier agrave avoir justifieacute le besoin de mener des
recherches sur le processus entrepreneurial car selon lrsquoauteur crsquoest la voie la plus efficace de
theacuteoriser les actes de lrsquoentrepreneur notamment lorsqursquoil srsquoagit de la creacuteation drsquoune nouvelle
entreprise Ces travaux ont donneacute par la suite une expansion de la litteacuterature dans les deux
langues de conceptualisation et de modeacutelisation qui continu jusquagrave nos jours286 KIZABAG
284 HERNANDEZEM le processus entrepreneurial vers un modegravele strateacutegique de lrsquoentrepreneuriat p 35 285 who is an entrepreneur is the wrong question qui est lrsquoentrepreneur Est une fausse question 286 FAYOLLEA Entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process p 122
83
trouve par exemple dans une revue de la litteacuterature francophone publieacutee287 entre 1995 et 2005
dans les revues de gestion et en entrepreneuriat que les travaux deacutedieacutes au processus
entrepreneurial repreacutesentent 25 du total des articles288et crsquoest le type de travaux qui connait une
croissance reacuteguliegravere en matiegravere du niveau de production scientifique
Cette lecture nous permet donc de croire que lrsquoanalyse fondeacutee sur la notion de processus
est favorable agrave la compreacutehension de ce pheacutenomegravene du point de vue empirique Il convient agrave
preacutesent de preacutesenter les deacutefinitions theacuteoriques qui ont eacuteteacute proposeacute dans la litteacuterature Il nrsquoest pas
eacutetonnant agrave ce titre de constater leur diversiteacute Le titre qui suit tente de resituer celles qui peuvent
ecirctres utiles pour expliciter les composantes les comportements et les reacutesultats attendus dans le
processus entrepreneurial
41 Le processus entrepreneurial absence de cadre theacuteorique unificateur
La maniegravere de deacutefinir le processus entrepreneurial a accompagneacute le deacuteveloppement theacuteorique
toujours en construction sur lrsquoentrepreneuriat On pourrait constater aussi que touts les modegraveles
srsquoappuient sur une approche descriptive et comportementale en les inteacutegrant dans une optique
temporelle (les eacutetapes) et complexe (deacuteterminisme endogegravenes et exogegravenes des comportements)
Les titres qui suivent tentent de preacutesenter les approches non pas par leur ordre drsquoapparition mais
sur la base de leur contenu Sur ce point nous pensons que ces approches sont significative et
syntheacutetiques car comportant des variantes assez repreacutesentative du pheacutenomegravene de
lrsquoentrepreneuriat
42 Le processus entrepreneurial une approche dialogique individu- creacuteation de valeur
Une approche dialogique repose sur le principe proposeacute par MORINE selon lequel une ou
plusieurs logiques sont lieacutees en une uniteacute sans que la qualiteacute de la dualiteacute se perde dans lrsquouniteacute289
Les deux logiques dont il srsquoagit ici sont lrsquoindividu et la creacuteation de valeur Dans cette optique
BRUYATC propose une contribution eacutepisteacutemologique de ce que doit ecirctre la recherche sur
lrsquoentrepreneuriat Pour cet auteur laquo Lrsquoobjet scientifique eacutetudieacute dans le champ de
lrsquoentrepreneurship est la dialogique individucreacuteation de valeur raquo290 Lrsquoobjet dans le contexte de
la creacuteation de lrsquoentreprise devient ainsi une sorte de dialogie qui srsquoexprime de la maniegravere
suivante laquo Lrsquoindividu est une condition neacutecessaire pour la creacuteation de valeur il en deacutetermine
les modaliteacutes de production lrsquoampleurhellipIl en est lrsquoacteur principal
Le support de la creacuteation de valeur une entreprise par exemple est la laquo chose raquo de lrsquoindividu
nous avons
287 125 articles au total ont eacuteteacute examineacutes 288 KIZABAG op ct p 237 289 Citeacute par VERSTRATT et FAYOLLEA paradigme et entrepreneuriat op ct p 39 290 BRUYATC creacuteation drsquoentreprise contributions eacutepisteacutemologiques et modeacutelisation p57
84
INDIVIDU mdashmdashgt CREATION DE VALEUR
La creacuteation de valeur par lrsquointermeacutediaire de son support investit lrsquoindividu qui se deacutefinit pour
une large part par rapport agrave lui Elle occupe une place preacutepondeacuterante dans sa vie (son activiteacute
ses buts ses moyens son statut socialhellip) elle est susceptible de modifier ses caracteacuteristiques
(savoir-faire valeurs attitudes) nous avons CREATION DE VALEUR -gt INDIVIDU raquo291
Dans cette approche la notion de valeur meacuterite drsquoecirctre expliciteacute car se trouvant au cœur de
cette dialogique
La notion de valeur sur le plan seacutemantique
Le sens donneacute dans la litteacuterature geacuteneacuterale au mot valeur se reacutesume comme suit Dans le
Dictionnaire Larousse La valeur est un prix selon lequel un objet peut ecirctre eacutechangeacute vendu et
en particulier son prix en argent292 ou bien lrsquoanalyse drsquoun produit mettant en relation ses
fonctions et son coucirct pour en deacuteterminer la valeur
La valeur peut aussi ecirctre lieacutee agrave la Richesse qualiteacute de ce qui est preacutecieux magnificence
ressources naturelles drsquoun pays drsquoune reacutegion exploiteacutees ou non produits de lrsquoactiviteacute
eacuteconomique drsquoune collectiviteacute
Dans la litteacuterature scientifique BRUYATC et JULIEN P-A considegraverent que la notion de
valeur peut ecirctre deacutefinie selon son acception dans la theacuteorie neacuteoclassique pour qui la valeur ne
srsquoexprime qursquoagrave travers les eacutechanges entre les agents par lrsquointermeacutediaire des prix eacutetablis dans le
marcheacute La valeur comme reacutesultat crucial de lrsquoentrepreneuriat doit ecirctre par conseacutequence lieacute au
marcheacute293 Ainsi vu lrsquoentrepreneuriat se reacuteduit au secteur marchand (le secteur priveacute et par
extension les organisations agrave but non lucratif et les coopeacuteratives actives dans ce secteur) auquel
il nrsquoest pas deacuteraisonnable drsquoajouter les activiteacutes du secteur public comprenant des transactions
telles que la vente de produits et de services294 La valeur creacutee peut ecirctre plus ou moins
nouvelles pour lrsquoentrepreneur mais aussi pour ceux auxquelles elle est destineacutee La matrice
proposeacutee (figure ci-dessous) par BRUYATC permet de situer les diffeacuterentes possibiliteacutes sur le
caractegravere nouveau ou non de la valeur
291 VERSTRATT et FAYOLLEA paradigme et entrepreneuriat op ct p 40 292 httpwwwlaroussefrdictionnairesfrancaisvaleur80972 293 BRUYATC et JULIENP-A op ct p 170 294 VERTRAETT et FAYOLLEA op ct p40
85
Figure13 La valeur dans le processus entrepreneurial selon BRUYATC et JULIENPA
2000
Source BRUYATC et JULIENP-A 2000 p 174
Cette matrice comporte deux axes ougrave apparaissent deux extreacutemiteacutes drsquoun continuum Sur
lrsquoaxe horizontal apparait le niveau de changement que va induire la valeur creacuteeacutee sur
lrsquoenvironnement ce changement peut ecirctre faible ou eacuteleveacute Ces deux extreacutemiteacute indiquent le par
conseacutequence caractegravere nouveau ou non de la valeur qursquoapporte un entrepreneur au marcheacute (aux
partie prenante) Dans lrsquoaxe vertical se trouvent le niveau de changement induit par cette valeur
pour lrsquoindividu
Ainsi quatre situations apparaissent dans ce diagramme qui renvoie agrave des eacuteleacutements ougrave il y
a un consensus et des eacuteleacutements qui continuent agrave faire deacutebat Ces quatre situations peuvent ecirctre
expliciteacutees de la maniegravere suivante295
a Entrepreneuriat de reproduction (entrepreneurial reproduction) dans cette zone il
nrsquoy a pas ou peu de valeur nouvelle donc pas drsquoinnovation Les changements pour lrsquoindividu
sont faibles crsquoest le cas par exemple des creacuteations classiques de petites entreprises Qui proposent
des produits standardiseacutes Lrsquoentrepreneur cherche une indeacutependance agrave travers cette activiteacute
dont il maitrise le fonctionnement
b Entrepreneuriat drsquoimitation (entrepreneurial imitation) lagrave aussi il nrsquoy pas de valeur
nouvelle significative mais lrsquoentrepreneur doit faire des changements importants dans son savoir
faire (know how) de son reacuteseau social Le processus entrepreneurial dans ce cas est risqueacute
Eacutevoluant dans lrsquoincertitude Le processus drsquoapprentissage est long et les erreurs sont coucircteuses
Lrsquoentrepreneur doit apprendre srsquoil veut que son activiteacute survie Par exemple lorsque lrsquoindividu
est habitueacute agrave un type particulier de confort social (ayant passeacute une carriegravere de dirigeant de
295 BRUYATC et JULIENP-A op ct p 174-175
86
grande drsquoentreprise) change de style de vie et se lance dans la creacuteation drsquoune entreprise dont le
produit est standardiseacute Ici la valeur nrsquoest pas nouvelle mais crsquost le changement qui est nouveau
Le fait de srsquointroduire dans un marcheacute avec tout les probleacutematiques cognitives que cela implique
creacutee de lrsquoincertitude et un grand besoin drsquoapprentissage
c Entrepreneuriat de valorisation (entrepreneurial valorization) ca peut ecirctre le cas drsquoun
ingeacutenieur qui vient de deacutevelopper un projet innovant dans une grande entreprise et peut de
temps apregraves srsquoengage agrave le deacutevelopper dans le cadre de sa propre entreprise Cette entreprise
eacutemerge avec un entrepreneur connaissant bien son domaine avec de bonnes perspectives de
croissance
d entrepreneuriat drsquoaventure (entrepreneurial venture) cette zone reflegravete un cas
extrecircme de cette dialogique Comme le notait BRUYATC Pour le creacuteateur il doit sagir dun
projet ayant les caracteacuteristiques suivantes 296
- la nouveauteacute le fait que le creacuteateur entreprenne pour la premiegravere fois une telle aventure
ou pour le moins que son expeacuterience de la creacuteation dentreprise ne soit pas directement
transposable (certains meacutetiers essentiellement dans le domaine du commerce et de lartisanat
favorisent les creacuteations agrave reacutepeacutetition qui pourraient ecirctre assimileacutees pour lentrepreneur agrave des
Strateacutegies de croissance)
- la faible reacuteversibiliteacute le creacuteateur sinvestit totalement dans son projet la creacuteation de son
entreprise doit ecirctre un veacuteritable choix de vie cela exclut les creacuteations qui sont le moyen pour
un salarieacute dexercer une activiteacute compleacutementaire marginale
- enfin le creacuteateur ne doit pas ecirctre deacutejagrave agrave la tecircte dune entreprise La nouvelle creacuteation qui peut
ecirctre totalement indeacutependante juridiquement pourrait alors ecirctre consideacutereacutee comme une
diversification
Ce type de processus correspond en effet agrave une creacuteation drsquoune nouvelle valeur de la part
de lrsquoindividu et inversement cette nouvelle valeur entraine des changements profonds dans la vie
de ce dernier et cela au moi pour trois raisons
a Le reacutesultat du processus devient moins preacutedictible par ce que deacutependant de la
capaciteacute de lrsquoindividu agrave modifier son savoir faire et son reacuteseau de relations et de la rapiditeacute par
lequel lrsquoinnovation prendra place dans lrsquoenvironnement (creacuteation de la valeur)
b la capaciteacute drsquointroduire cette opportuniteacute dans le bon moment devient ainsi un
facteur important de reacuteussite
c le processus et le temps deviennent des eacuteleacutements cruciaux pour comprendre le
risque inheacuterent au projet de lrsquoentreprise
296 BRUYATC creacuteation drsquoentreprise contributions eacutepisteacutemologiques et modeacutelisation op ct p 168
87
La deacutefinition de BRYAUTC (1993) et de BRUYATC et JULIENP-A (2000)
fournissent un cadre geacuteneacuterale dans le quel plusieurs possibiliteacutes de conceptualisation peuvent
ecirctre mise en eacutevidence Mais un eacuteleacutement semble ecirctre le noyau dur de cette deacutefinition la place de
lrsquoindividu dans le processus Ces auteurs rejoignent les reacuteflexions de BYGRAVEW et HOFFER
CW sur ce point en consideacuterant que lentrepreneuriat ne peut ecirctre deacutefini quen faisant dabord
reacutefeacuterence agrave lentrepreneur297Cela ne suppose pas seulement une recherche systeacutematique des
traits particuliers de ce dernier mais une deacutefinition claire des faits et des actes qui fondent la
fonction de lrsquoentrepreneur La contribution de ces auteurs meacuteritent drsquoecirctre souligneacute car Comme
le notaient PATURELR et TADJINE leur conception du processus entrepreneurial integravegre
deux aspects devenus fondamentaux dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat lrsquoopportuniteacute
eacuteconomique et la creacuteation drsquoentreprise298Crsquoest pourquoi dans le titre suivant nous preacutesenterons
leur reacuteflexion qui a eacuteteacute formaliseacutee dans un modegravele devenus tregraves repreacutesentatif de ce que doit ecirctre
la recherche sur le processus entrepreneurial
5 Le processus entrepreneurial le modegravele de BYGRAVEW et HOFFER CW
Lorsqursquoon fait une lecture des travaux de ces auteurs depuis leur premier article (1992) il
ressort que leur reacuteflexion est agrave consideacuterer comme une recherche de rupture avec lrsquoapproche par
les traits de personnaliteacute Ces auteurs proposent au travers des questions de monter la diffeacuterence
entre une approche baseacutee sue lrsquoentrepreneur et une approche centreacutee sur le processus Le tableau
suivant preacutesente les type de questions auxquelles la recherche srsquoefforce de reacutepondre dans les
deux approches
Tableau18 Les questions de recherche qui fondent les deux approches en entrepreneuriat
Centreacutees sur lentrepreneur Centreacutees sur le processus entrepreneurial
Qui devient entrepreneur Quest-ce qui permet de percevoir les opportuniteacutes
dune maniegravere efficace et performante
Pourquoi devient-on entrepreneur Quelles sont les tacircches cleacutes pour creacuteer avec succegraves de nouvelles organisations
Quelles sont les caracteacuteristiques des entrepreneurs
qui reacuteussissent
Dans quelle mesure ces tacircches sont-elles diffeacuterentes
de celles mises en œuvre pour diriger avec succegraves
Quelles sont les caracteacuteristiques des entrepreneurs
qui eacutechouent
Quelles sont les contributions speacutecifiques de
lentrepreneur agrave ce processus
Source BYGRAVEW et HOFFER CW Theorizing about entrepreneurship p16
Selon ces auteurs la reacuteorientation vers des probleacutematiques axeacutees sur le processus permet de
sortir du fondamentalisme imposeacute par lrsquoapproche par les traits299 Les chercheur sur les traits qui
297 BYGRAVEWD et HOFFERCW op ct p17 298 PATUREL R et LEVY-TADJINET de la validiteacute scientifique des modeacutelisations en entrepreneuriat LrsquoHarmattan laquo Marcheacute et organisations raquo Ndeg 6 2008 pp 15 -29 p 25 299HERNANDEZ EacutendashM Lentrepreneuriat comme processus Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et
moyenne entreprise 8 ndeg 1 1995 p 107-119 p 109
88
distinct lrsquoentrepreneur du reste de la population ont suivi le mecircme cheminement que lrsquoensemble
des chercheurs en sciences de gestion Mais ils ont deacuteveloppeacute une conception tregraves unitaire du
concept abordeacutee selon une logique unique Il srsquoagit de distinguer les caracteacuteristiques permanentes
du succegraves la bonne faccedilon de proceacuteder il srsquoagit comme du one best way en gestion du one best
man en entrepreneuriat La recherche du profil du creacuteateur qui reacuteussit est caracteacuteristique de cette
deacutemarche300
En plus BYGRAVE et HOFFER considegraverent que la recherche en entrepreneuriat devait
suivre le deacuteveloppent qursquoa connue le domaine du management au deacutebut des anneacutees 1980 lorsque
ce dernier a changeacute drsquoobjet de recherche allant de la fonction des managers vers les processus
strateacutegiques dans les organisations301 La recherche dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat doit
selon ces auteurs prendre lrsquoentrepreneur comme objet de rechercher non pas pour identifier ces
caracteacuteristiques individuelles mais pour cerner cette fois-ci ce qursquoil fait cest-agrave-dire ses actes La
figure suivante montre lrsquoanalogie faite avec le rocircle des mangers pour analyser le rocircle de
lrsquoentrepreneur302
Figure 14 Lrsquoanalyse des processus comme objet drsquoanalyse dans le management et
lrsquoentrepreneuriat
Source BYGRAVEW D amp HOFER CW 1991 theorizing about entrepreneurship p 15 et 16
Sur la base du deacuteveloppement de la litteacuterature sur la notion de processus en gestion et sur les
activiteacutes des entrepreneurs ces auteurs deacutefissent le processus entrepreneurial comme lrsquoensemble
des fonctions des activiteacutes et des actions qui sont lieacutes agrave la perceptions des opportuniteacutes et la
300HERNANDEZ EacutendashM Lentrepreneuriat comme processus p 108 301 BYGRAVEW D amp HOFER CWop ct p 14 302 BYGRAVEW D amp HOFER CW 1991 theorizing about entrepreneurship entrepreneurship theory and practice 1991 Ndeg16
VOL 2pp 13 t 22 p 13 et 14
89
creacuteation drsquoune organisation pour exploiter ces opportuniteacutes303 En vertu de cette deacutefinition
lrsquoentrepreneur nrsquoest pas seulement un personnage doteacute de caracteacuteristiques speacutecifiques mais un
individu qui perccediloit une opportuniteacute et creacutee une organisation pour lrsquoexploiter304 Le reacutesultat final
sur qui doit se focaliser la recherche est lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial (entrepreneurial event) qui
se manifeste dans la creacuteation drsquoune organisation
51Ce qui doit ecirctre eacutetudieacute dans le processus entrepreneurial
Partant de cette deacutefinition ces auteurs proposent neuf aspects qui sont les eacuteleacutements constituant
drsquoune conceptualisation du pheacutenomegravene305 Le processus entrepreneurial est
- un acte initieacute par une volonteacute humaine
- intervient au niveau individuel (entreprise)
- un pheacutenomegravene qui implique des changements pour lrsquoindividu
- un pheacutenomegravene qui implique une discontinuiteacute
- un processus holistique
- un processus unique
- implique une varieacuteteacute drsquoanteacuteceacutedents
- processus qui geacutenegravere des reacutesultats tregraves sensibles aux conditions initiales de ces
anteacuteceacutedents
52 Le processus entrepreneurial dans une logique deacuteterministe
Selon cette acception BYGRAVEW dans un article plus reacutecent deacutefini le processus
entrepreneurial tout en restant rattacheacute agrave la deacutefinition proposeacute en 1992 avec HOFFERSCW
comme un ensemble drsquoeacutetapes et drsquoeacuteveacutenement qui se succegravedent Ces eacutetapes sont lrsquoideacutee ou la
conception de lrsquoactiviteacute projeteacutee (conception of the business) lrsquoengagement dans le processus
(triggering opeacuterations) et lrsquoimplantation et la croissance de cette activiteacute (impleacutementation and
growth) BYGRAVEW formalise cette deacutefinition en mettant en relief de facteurs critiques
(anteacuteceacutedents) qui dirigent le deacuteveloppement de lrsquoactiviteacute de lrsquoentrepreneur selon les diffeacuterentes
eacutetapes selon cet auteur as with most human behavior entrepreneurial traits are shaped by
personal attributes and environment306 Le scheacutema suivant reacutesume les principaux reacutesultats qui
interviennet dans un processus entrepreneurial307
303 Involves all the function activities and actions associated with perceiving opportunities and the creation of organization to pursue theme 304 An entrepreneur is someone who perceive an opportunity and creates an organization to pursue it 305 HOFER CW et BYGRAVE WD Researching Entrepreneurship entrepreneurship theory and practice vol 161992 p 91-100p 93 306 BYGRAVE W D The entrepreneurial process In W D Bygrave amp A Zacharakis (Eds) The portable MBA in entrepreneurship 2004 490 pages pp 1-27 p 5 307
90
Tableau 19 Le processus entrepreneurial le modegravele de BYGRAVE WD 2004
Source BYGRAVE W D The entrepreneurial process 2004p 3
Dans ce modegravele il est clair que le point focal reste lrsquoindividu dont la fonction principale est la
participation dans les diffeacuterents reacutesultats attendus du processus entrepreneurial CARTON RB
HOFER CW MEEKS MD reacutesume bien cette ideacutee BYGRAVE amp HOFER (1991) proposed that the
focus of the field of entrepreneurship change from the focus on the characteristics of the
entrepreneur to the characteristics of the entrepreneurial process By focusing on the process
entrepreneurs are identified by their participation in the process308 Nous souhaitons rester dans
cette conception du processus entrepreneuriale Partant de cette position nous envisageons dans
le titre qui suit drsquoexpliciter le sens empirique du processus entrepreneurial il srsquoagit en effet de
deacutecliner ce processus en un certain nombre drsquoeacutetapes Mais lagrave aussi on pourrait facilement
constater lrsquoinstabiliteacute des conceptions des chercheurs sur les eacutetapes critiques qui structurent ce
processus
6 Le processus entrepreneurial une approche empirique
Le processus entrepreneurial a eacuteteacute deacutefini dans le cadre de lrsquoapproche baseacutee sur les reacutesultats
dont il faudrait agrave preacutesent les identifier Ces reacutesultat permette de concevoir comment se deacutecline
empiriquement le processus entrepreneurial Lrsquoexamen de la litteacuterature permet de retenir quatre
qui ont fait une relative unanimiteacute chez les chercheurs la propension entrepreneuriale le
deacuteclenchement du processus entrepreneurial lrsquoeacutemergence organisationnelle et la survie ou le
308 CARTON RB HOFER CW MEEKS MD the entrepreneur and entrepreneurship operational definitions of their role in
society p 2
91
deacuteveloppement de lrsquoentreprise creacutee Le scheacutema suivant met en relief les eacutetapes du processus
entreprenariat que nous envisageons de deacutevelopper
Figure 15 Les principales eacutetapes le processus entrepreneurial
Source auteur
61 La propension entrepreneuriale
Sur le plan seacutemantique le mot propension signifie un penchant une inclination agrave faire quelque
chose309 La deacutefinition appliqueacutee au pheacutenomegravene de lrsquoentrepreneuriat ne srsquoeacuteloigne pas de ce sens
FAYOLLEA considegravere que la propension entrepreneuriale est inclination un penchant agrave
srsquoengager dans une deacutemarche entrepreneuriale310Pour LEARNEDKE la propension
entrepreneuriale correspondrait agrave une eacutetape ougrave la combinaison de certaines caracteacuteristiques
psychologiques (motivation attitude) et drsquoune expeacuterience professionnelles augmentent les
probabiliteacutes pour qursquoune personne affiche une intention et srsquoengage dans la voie de
lrsquoentrepreneuriat311 Pour un auteur comme TOUNESA la propension dans le domaine de
lrsquoentrepreneuriat est une phase de sensibilisation agrave la creacuteation drsquoune entreprise312 Autrement dit
elle correspond agrave un moment ougrave lrsquoindividu gracircce notamment agrave certain anteacuteceacutedents devient
sensible agrave un projet personnel drsquoentreprise Cet auteur propose dans un scheacutema la position de
cette eacutetape dans le processus entrepreneurial ou ce dernier se deacutecline en quatre phases
propension intention deacutecision et acte drsquoentreprendre
309 Dictionnaire Larousse 310 FAYOLLEA FAYOLLE A (2000) Des propositions eacutepisteacutemologiques et meacutethodologiques pour repositionner les recherches en entrepreneuriat Actes de la journeacutee de lIRG Universiteacute Paris XII Episteacutemologie et meacutethodes en Sciences de Gestion pp 401-420p 411 311 LEARNED KE What happened before the organization A model of organization formation Entrepreneurship Theory and Practice vol 17 Ndeg 1 pp 39-48p40 312 TOUNESA Lrsquointention entrepreneuriale theacuteories et modegraveles p 3
(II)
Deacuteclenchement de
llsquoacte drsquoentreprendre
(III)
Emergence de
llsquoentreprise
(IV)
Survie
deacuteveloppement
(I) Propension
Entrepreneuriale
Composants du processus entrepreneurial
92
Figure16 Phases la propension agrave lrsquoentrepreneuriat dans le processus entrepreneurial
selon TOUNESA
Source TOUNESA Lrsquointention entrepreneuriale theacuteories et modegraveles p 3
62 La propension comme une phase distincte de lrsquointention
Globalement on pourrait consideacuterer que la phase de propension entrepreneuriale comme une
phase ougrave son preacutesent des entrepreneurs potentiels dont leur intention est latent Le scheacutema
preacuteceacutedent met en relief le fait que la propension est une eacutetape qui est distincte de lrsquointention et
cela pour au moins deux raisons essentielles Drsquoun coteacute la phase de sensibilisation agrave la creacuteation
drsquoentreprise il nrsquoy a pas encore un projet clair mais seulement une possibiliteacute de se lancer dans
un projet Drsquoun autre coteacute il nrsquoy a pas eacutegalement un processus de recherche drsquoinformations pour
deacutebuter une reacuteflexion seacuterieuse su ce peut ecirctre lrsquoactiviteacute dans le future Ce processus comme le
montre ce scheacutema commence dans la phase drsquointention ougrave lrsquoindividu commence agrave structurer son
projet Par conseacutequence la propension peut se transformer en intention par lexistence dun
projet daffaire plus ou moins formaliseacute et lengagement personnel dans le processus de
creacuteation dentreprise313 De ce fait on pourrait deacuteduire que parmi les entrepreneurs potentiels
peut sortir des entrepreneurs preacutesentent une intention si des situations de deacuteplacement
favorables ou deacutefavorables se preacutesentent Crsquoest pourquoi dans lrsquoanalyse eacuteconomique de cette
phase les auteurs considegraverent la phase de la propension entrepreneurial commun facteur de
preacutediction de lrsquoengagent reacuteel dans lrsquoentrepreneuriat
63 Importance empirique de la phase de propension
BLANCHFLOWER DGet al sont les auteurs qui ont mis en eacutevidence lrsquoimportance de cette
phase dans un article publieacute en 2001 Tout drsquoabord ces auteurs mesurent empiriquement le
volume de ces entrepreneurs dans un pays donneacute par des enquecirctes qualitatives (ISSP
313 TOUNESA Lrsquointention entrepreneuriale theacuteories et modegraveles p 4
Composante du processus
Mise en œuvre
Propension entrepreneuriale
Intention entrepreneuriale
Deacutecision Drsquoentreprendre
Acte drsquoentreprendre
Existence drsquoune ideacutee ou drsquoun projet
plus ou moins formaliseacute
- Recherches des informations et
conseils
Sensibilisation perception de la
creacuteation drsquoentreprise comme futur possible
- Formalisation du projet
opportuniteacute valideacutee par un plan
drsquoaffaire - Mobilisation des
ressources financiegraveres et
logistiques
- Deacutemarrage
physique de lactiviteacute
- Reacutealisation des premiers produits
ou services
PROCESSUS DE CREATION DrsquoENTREPRISE
93
International Social Survey Programme) Dans le questionnaire utiliseacute la question qui permet
de deacuteterminer la preacutesence des individus dans cette phase est la suivante Suppose you were
working and could choose between dierent kinds of jobs Which would you prefer1) being an
employee being self-employed314 Sur la base de lrsquoestimation des entrepreneurs latent et du
nombrer reacuteel des auto employeacutes dans23 pays de lrsquoOCDE entre 1997 et 1998 les auteurs
concluent qursquoil existe une correacutelation positive Dans les pays preacutesentant un haut niveau
drsquoentrepreneurs potentiels est les pays qui affiche un taux eacuteleveacute de personnes qui travaillent pour
leur propre compte (indeacutependant ou employeurs Pour qui l y est cette relation positive s les
auteurs mettent en relief lrsquoimportante de lrsquoacircge est de lrsquoaccegraves au ressources financiegraveres comme
facteur qui agissent comme des contextes favorable agrave ce passage entre lrsquoentrepreneuriat
potentiel et le reacuteel315 En 2005 le mecircme constat est fait par GRILO I et THURIK R dans lrsquoanalyse des
variables affectant lrsquoentrepreneuriat latent et lrsquoentrepreneuriat reacuteel Le premier est mesureacute par
lap probabiliteacute qursquoun individu de deacuteclarer une preacutefeacuterence pour lrsquoauto emploi parmi toutes les
cateacutegories de lrsquoemploi316 Ces auteurs trouvent dans la comparaison des donneacutees des 15 pays
europeacuteen et des Etat Unies que la phase de lrsquoentrepreneuriat latent est importante car elle
deacutetermine toute chose eacutegale par ailleurs le niveau des personnes qi se lancent dans la creacuteation de
leur propres entreprise Elle met eacutegalement agrave nue la faiblesse des systegravemes les drsquoincitation de
types administratives et financiegraveres contexte dans les eacuteconomies317
7 Le deacuteclenchement du processus entrepreneurial
Ce titre discute lrsquoeacutetape que nous consideacutererons comme le deuxiegraveme reacutesultat auquel le processus
entrepreneurial devra aboutir le deacuteclenchement du processus entrepreneurial Lrsquohypothegravese
derniegravere lrsquoexistence de cette eacutetape dans le processus entrepreneurial se reacutesume dans les propos de
GARTNERW
Starting a new business is an intentional activity that involves ongoing effort in order to attain
the desired consequence318 il ressort de ces propos qursquoil une double comosante de ce
deacuteclenchement une intention ( intentional activity) qui est accompagneacute par des actions concregravetes
(ongoing effort) de la par de lrsquoentrepreneur La litteacuterature a preacuteposeacute plusieurs modegraveles dont
nous chercherons agrave preacutesenter ceux qui sont les plus connus Il existe plusieurs modegravele par ce
314 BLANCHFLOWER DGet al Latent entrepreneurship across nations European Economic Review Ndeg 452001pp 680-691p 681 315 BLANCHFLOWER DGet al idemp 683 316 GRILO I et THURIK R Latent and Actual Entrepreneurship in Europe and the US Some Recent Developments International Entrepreneurship and Management Journal 1 2005pp 441ndash459 p 442 317 GRILO I et THURIK R idemp 455 318 GARTNERWB A conceptual framework for describing the phenomenon of new venture the academic of management
review Vol10 Ndeg4 1985pp 696-706p 700
94
cette eacutetapes comme le fait souligner BRUYTAC est complexe pour celui qui en est lrsquoacteur est
difficile agrave conceptualiser pour lrsquoobservateur et cela au moins pour cinq raisons 319
1 heacuteteacuterogegravene dans la mesure ougrave il nrsquoy a pas de faccedilon unique de le deacuteclencher il est peut
ecirctre deacuteclencheacute drsquoune maniegravere consciente (planifieacutee) ou inconsciente (non preacutevue)
2 Correspondant agrave des logique diffeacuterentes le fat de deacuteclencher le processus peut suivre
une logique de rupture pour lrsquoindividu (incident innovation ) ou dans une logique
discontinu (reprise drsquoune entreprise existante)
3 Aux limites flous quand le deacuteclenchement comment et quant il se termine
4 Epheacutemegravere le deacuteclenchement dure un certain temps donc neacutecessairement il y des
anteacuteceacutedents qui le produise la difficulteacute est de les repeacuterer
5 Difficile de le repeacuterer dans le temps cette dureacute est plus au moins court lorsque le
deacuteclenchement est du agrave des facteurs externes ou bien longue
Les caracteacuteristiques que nous venons de citer montrent qursquoil ya plusieurs dimension de cette
eacutetapes agrave expliciter Mais pour deacutebuter la discussion de cette eacutetape prenons comme point de
deacutepart la deacutefinition de BRUYATC le processus est deacuteclencheacute agrave partir du moment ougrave lrsquoindividu
envisage seacuterieusement de creacuteer il consacre du temps et des moyens agrave sa recherche EMINS
preacutecise que le deacuteclenchement est une eacutetape de transition une rupture qui permet agrave lrsquoindividu de
sortir drsquoune eacutetape ougrave il est potentiellement entrepreneur vers une eacutetape ou il commence agrave
devenir un entrepreneur reacuteel320 A priori dans cette deacutefinition il y a une preacutecision importante
dans la mesure ougrave certains chercheurs comme SHOOK CL et al considegraverent que le
deacuteclenchement est effectif degraves lrsquoapparition de lrsquointention321 Crsquoest pour quoi il faudrait agrave
preacutesent preacuteciser la notion drsquointention entrepreneuriale
71 Lrsquointention entrepreneuriale les modegraveles theacuteoriques et signification empirique
Sur le plan seacutemantique lrsquointention deacutesigne Le dictionnaire Le Robert deacutefinit lintention
comme le fait de se proposer un certain but322 Elle est caracteacuteriseacutee par la deacutetermination la
reacutesolution et la volonteacute Sur le plan eacutepisteacutemologique TOUNESA souligne que lrsquointention
vient du verbe latin laquo intendereraquo qui signifie laquo tendre vers raquo Elle est la volonteacute tendue vers un
319 BRUYATC Creacuteation drsquoentreprise contributions eacutepisteacutemologiques et modeacutelisation Thegravese pour le doctorat egraves Sciences de Gestion Universiteacute Pierre Mendegraves France (Grenoble II ) 1993 429 pages pp p301-303 320 EMIN S (2003) Lintention de creacuteer une entreprise des chercheurs publics Le cas franccedilais Thegravese pour le doctorat de Sciences de Gestion Universiteacute Pierre Mendes France (Grenoble) Novembre 2003 453 p205 321 SHOOK CL PRIEM RL McGEE JE Venture creation and the enterprising individual A review and synthesis Journal of Management Vol29Ndeg3 2003pp 379-399p 381 322 Le dictionnaire Le Robert une intention deacutelibeacutereacutee dans le mecircme dictionnaire est Dans lintention deacutelibeacutereacutee il y a
deacutetermination reacutesolution volonteacute
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certain but323 A BOYER deacutefinit lintention comme une pro-attitude qui manifeste une
tendance positive de lagent vers un eacutetat du monde viseacute324 Selon D GAUTHIER lintention est
synonyme du succegraves dune deacutelibeacuteration concernant une action agrave venir325
Avec ces deacutefinitions on pourrait remarquer que lrsquointention est un stade ougrave il nrsquoy a pas drsquoaction
mais plutocirct une repreacutesentation cognitive de lrsquoindividu sur un eacuteveacutenement ou un comportement agrave
venir326 Comme le souligne EMINS la theacuteorie postule en effet que lrsquointention de quelqursquoun
de se comporter drsquoune certaine faccedilon est un deacuteterminant immeacutediat de lrsquoaction Le terme
immeacutediat suppose donc que sur le plan temporel il y une eacutetape impliquant une possibiliteacute de
lrsquoaction ou de lrsquoinaction qui dans notre contexte une possibiliteacute drsquoaller vers lrsquoengagement ou
vers lrsquoabondant de la creacuteation de lrsquoentreprise Le scheacutema suivant suggeacuterer par LEARNED327
permet de positionner au moins provisoirement cette eacutetape dans le processus entrepreneurial
Figure17 Intention dans le processus entrepreneurial selon LEARNEDKE
Source LEARNED KE (1992) what happen before the organization A model of organization formationp41
Ce modegravele ajoute un autre niveau difficulteacute pour la compreacutehension de lrsquointention
entrepreneuriale Cette derniegravere apparait dans le raisonnement de cet auteur comme
neacutecessairement preacuteceacutedeacutee par un anteacuteceacutedent la propension qui est deacutetermineacute par les
caracteacuteristiques personnelles et de la situation de lrsquoindividu Cela impose que lrsquoon srsquointeacuteresse de
preacutes agrave cette situation cognitive de lrsquoindividu qui preacuteceacutedent la formation de lrsquointention
entrepreneuriale Pour cela nous faisons reacutefeacuterence au le modegravele de SHAPEROA qui explicite
323 TOUNESA Lrsquointention entrepreneuriale des eacutetudiants le cas franccedilais La Revue des Sciences de Gestion Direction et
Gestion Ndeg 219 mdash Organisation 2006 pp57-65p 58 324 BOYER A Le partage de lintention in J-P DUPUY P LIVET (sous la direction de) Les limites de la rationaliteacute rationaliteacute eacutethique et cognition Tome 1 Editions La deacutecouverte 1997 p267-275p 269 325 GAUTHIER D Intention et deacutelibeacuteration in J-P DUPUY P LIVET (sous la direction de) Les limites de la rationaliteacute rationaliteacute eacutethique et cognition Tome 1 Editions La deacutecouverte 1997 p59-75p 60 326 EMINS les facteurs deacuteclenchant la creacuteation drsquoentreprise par les chercheurs publics applications des modegraveles drsquointention revue de lrsquoentrepreneuriat Vol 3 Ndeg 1 2004 pp 1-20p 3 327 LEARNED KE (1992) What happen before the organisation A model of organisation formation Entrepreneurship Theory
and Practice 17(1) 39-48p 41
96
davantage ces variables situationnelles en les mettant au cœur de sa theacuteorie de lrsquoeacuteveacutenement
entrepreneurial328
72 Le modegravele de lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial de SHAPERO A
Il srsquoagit du modegravele drsquoentrepreneuriat le plus connus il a eacuteteacute formaliseacute en 1975 par SHAPIROA
puis compleacuteteacute et enrichi par et SHAPEROA SOKOL L en 1982 Son eacutelaboration est baseacutee sur
le postulat selon lequel lrsquoaccroissement du taux de creacuteation drsquoentreprise est ducirc agrave des facteurs
culturels et sociaux Partant de ce postulat ces auteurs srsquointerrogeaient sur les type de ces
facteurs qui agissent sur les comportements individuels notamment en matiegravere de creacuteation
drsquoentreprise Pour ces auteurs lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial qui peut ecirctre la creacuteation lrsquoachat ou
la reprise drsquoune entreprise est lrsquoobjet principal de recherche et non pas lrsquoindividu Ils
considegraverent que crsquoest un pheacutenomegravene tellement complexe et multidimensionnel que seules les
caracteacuteristiques psychologiques ne suffisent pas pour le comprendre Crsquoest un eacuteveacutenement qui
reacutesultat drsquoun processus dynamique ougrave interagissent des variables de lrsquoindividu et des variables
socio culturelles 329 Le scheacutema suivant reacutesume la conception de ces auteurs
Figure18 Les deacuteterminants de lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial dans le modegravele de
SHAPEROA SOKOL L
Source adapteacute HERNANDEZE M le processus entrepreneurial vers u modegravele strateacutegique de
lrsquoentrepreneuriat p 35
328 ELFVINGJ et al Chapter 2 Toward A Contextual Model of Entrepreneurial Intentions in Understanding the Entrepreneurial Mind Springer Science+Business Media2009375 pages p 24 329 ELFVINGJ et al idem p24
Variables psychologiques Disposition lrsquoaction Motivation Attitudes
Variables de situation Situation neacutegative Ex Licenciement Situation positive Ex opportuniteacute
Variables eacuteconomiques
Faisabiliteacute accessibiliteacute aux ressources
Main drsquoœuvre Technologie creacutedits
Variables sociologiques Creacutedibiliteacute de lrsquoactes groupe de reacutefeacuterence Milieu familiale
Eveacutenement entrepreneurial
-creacuteation
- reprise
-Achat drsquoentreprise
ENTREPRENEUR
POTENTIEL Avec certaine caracteacuteristique
favorables expeacuterience eacuteducation
97
Selon ce modegravele lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial devient une variable deacutependante et les
variables psychologiques eacuteconomiques de situation sont des variables indeacutependantes
a Les variables indeacutependantes dans le modegravele
Elles sont consideacutereacutees comme indeacutependantes dans la mesure que le modegravele preacutevoit par hypothegravese
que leur variation induit statistiquement (correacutelation) une variation en matiegravere drsquointensiteacute de la
variable deacutependante qui traduit la propension agrave lrsquoacte (entrepreneur potentiel) Le modegravele est
consideacutereacute par plusieurs auteurs comme important par ce qursquoil arrive agrave preacutedire une part
importante de lrsquoeacuteveacutenement entrepreneurial Les calculs fait par SHAPERO et sokol dans le cadre
de l lsquoeacutetude empirique qui accompagne leur travail de recherche avait produit un coefficient R2
ajusteacute de 42 crsquoest agrave dire que plus de 42 de la variation de la propension afficheacutee par les
individus est le fait des variable explicative retenues dans le modegravele330 Il est inteacuteressant don de
comprendre ces variables explicatives
Les variables de situation ou appeleacutees aussi les variables preacutecipitant lrsquoacte entrepreneurial331
Elles peuvent revecirctir deux aspects des situations ressenties comme neacutegatives par
lrsquoentrepreneur et qualifieacutes de facteurs qui poussent ( PUSH FACTOR) ce dernier agrave se mettre agrave
son propre compte et eacuteventuellement agrave la creacuteation drsquoune entreprise Il existe agrave lrsquoopposeacute des
situations ressenties comme positives par lrsquoindividu et qualifieacutees de facteurs qui tirent ( PULL
FACTOR) ce dernier vers lrsquoentrepreneuriat
-Les situations neacutegatives elles peuvent ecirctre lieacutees agrave lrsquoemploi comme par exemple
un licenciement une difficulteacute de trouver un emploi apregraves des eacutetudes lrsquoinsatisfaction dans le
travail du point de vue revenu ou de relations de travail Toutes ces situations peuvent ecirctre des
variables favorables agrave la formation de lrsquointention entrepreneuriale
- Les situations positives en eacutevoquant ce type de situation HERNANDEZE M
donne les exemples suivants quels sont donc ces facteurs positifs qui peuvent ecirctres des
catalyseurs sur le creacuteateur potentiel et lrsquoamener agrave agir Ce la peut ecirctre la deacutecouverte drsquoun
nouveau produit ou celle drsquoun nouveau marcheacute pour un produit existant la rencontre drsquoun
partenaire drsquoun futur associeacute drsquoune possibiliteacute de financement ou la rencontre drsquoun futur gros
client 332 En deacutefinitif ces facteur paraissent donc comme de nouvelles opportuniteacutes qui
srsquooffrent agrave lrsquoindividu
Ces deux type de facteurs comme le souligne HERNANDEZEM ne srsquoexcluent pas
mutuellement ils peuvent intervenir en mecircme temps et se renforcer pour produire u climat
330 Cite par VAN GELDEREN M Explaining entrepreneurial intentions by means of the theory of planned behavior Career Development International Vol 13 Ndeg 6 2008 pp538-559p 541 331 EMINS op ct p 3 332 HERNANDEZEM le processus entrepreneurial vers un modegravele strateacutegique de lrsquoentrepreneuriat p 37
98
favorable agrave une intention reacuteelle chez le futur entrepreneur par exemple comme le note cet
auteur Une insatisfaction dans le travail qui coiumlncide agrave avec la deacutecouverte drsquoune possibiliteacute de
financement de la nouvelle activiteacute peuvent se renforcer et amener entrepreneur potentiel agrave
deacutecider de srsquoengager dans la voie de lrsquoentrepreneuriat 333
Ces deux types de situations avaient eacuteteacute repris dans plusieurs modegraveles de recherche
empirique sur lrsquoentrepreneuriat Le modegravele le plus connu est celui du groupe GEM EN
cherchant agrave comparer l4activit2 entrepreneurial au niveau international les enquecirctes effectueacutees
chaque anneacutee integravegrent en effet ces deux type de situation en identifiant ceux qui srsquoengagent a
cause drsquoun sentiment de neacutecessiteacute et ceux qui cherche agrave devenir des entrepreneurs par ce qursquoil
eacutetait possible pour eux de deacutecouvrir de novelles opportuniteacute334 Ces deux type drsquoentrepreneurs
ne sont pas identiques et la diffeacuterence agrave long terme constateacute entre les pays en matiegravere drsquoimpact
de lrsquoentrepreneuriat sur le deacuteveloppement eacuteconomique est du agrave la preacutedominance de lrsquoune des
deux situations335
Les variables sociologiques la creacutedibiliteacute lrsquoacte
Lrsquohypothegravese derriegravere ce type d e variable est que pour que lrsquoindividu arrive agrave deacutevelopper une
intention reacuteelle drsquoagir dans la creacuteation drsquoentreprise il faudrait pour ce dernier qursquoil arrive agrave
deacutevelopper un sentiment de creacutedibiliteacute de son acte cest-agrave-dire drsquoecirctre capable de srsquoimaginer dans
le rocircle drsquoentrepreneur336 Lrsquoatteinte de ce niveau de croyance est impulseacute par plusieurs
circonstances 1) La preacutesence drsquoimages drsquoimitation et drsquoune culture entrepreneuriale
favorable au passage lrsquoacte compareacute bien sur au reste de la population Ces deux variables
peuvent ecirctre le fait de la famille qui comporte parmi ses membres des entrepreneurs ayant
reacuteussi dans le domaine de lrsquoentreprise (pegravere) La raison derriegravere cette influence se trouve dans
lrsquoexplication donneacutee par GERGENK-J et alii qui considegraverent en effet que La perception
sociale est eacutegalement influenceacutee par le contexte dans lequel on observe les actions dautrui Les
individus affichent une intention pour lrsquoentrepreneuriat par ce qursquoils cherchent agrave imiter qui
sont deacutejagrave engageacutes malgreacute lambiguiumlteacute de la situation Cette relation entre lrsquoimitation et
lrsquoengagement constitue un de s rare point sur lequel les chercheurs en entrepreneuriat 337 sont
unanime sur sa pertinence338 SHAPEROA et SOKOLL remarquaient dans leur eacutetude
empirique qui illustre leur modegravele que plus de la moitieacute des creacuteateurs drsquoentreprise ameacutericains
333 HERNANDEZEMop ct p37 334 REYNOLDS P et al Global Entrepreneurship Monitor Data Collection Design and Implementation 1998ndash2003 Small Business EconomicsNdeg242005pp 205ndash231p 216 335 AacuteCS ZJ et al Global Entrepreneurship amp Development index2014249 pages p43 336 GERGENK-J et alii Psychologie sociale Editions Etudes Vivantes Quebec 1992 551 pagesp 239 337 Dans sa thegravese sur lrsquointention entrepreneurial TOUNESA (Universiteacute de ROUEN 1993) cite dans la page 194 une seacutelection de travaux ayant montreacute empiriquement lrsquoinfluence de la famille dans lrsquoengagement entrepreneurial 338 HERNANDERE-M le processus entrepreneurial vers un modegravele strateacutegique d e lrsquoentrepreneuriat op ct p37
99
interrogeacutes ont un parent ou un membre de la famille dans le domaine des affaires339 Ce reacutesultat
confirme des constats fait bien avant notamment sur la peacuteriode de lrsquoindustrialisation de
lrsquoEurope et des Etats Unies Crsquoest ce qui ressort de lrsquoeacutetude de KAELBLE H qui mettait en
eacutevidence le fait que les entrepreneurs franccedilais allemands et ameacutericains sont issues pour plus de
la moitieacute de familles drsquoaffaires340
En plus du la preacutesence des modegraveles dans lrsquoentourage proche ou lointain des entrepreneurs
potentiels 2) le milieu social large constitue aussi un espace ou lrsquoindividu peut deacutevelopper une
certaine propension agrave lrsquoentrepreneuriat Lrsquoeacutetude de WEBERM constitue agrave ce titre une preuve
que le milieu notamment agrave travers composante religieuse est important et qui aurait mecircme
favoriseacute le deacuteveloppement de lrsquoesprit capitaliste341
Bien que ces variable sont des anteacuteceacutedents important mais reste insuffisante car il faudrait
aussi pour lrsquoacteur la croyance en la faisabiliteacute de lrsquoacte et la preacutesence de certain circonstance
eacuteconomique pour pouvoir aller vers lrsquoengagement entrepreneurial
Les variables eacuteconomiques
Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les variables eacuteconomiques ont trait aux ressources qui peuvent
ecirctres sous le controcircle de lrsquoentrepreneur ou qui sont potentiellement accessibles Parmi les
ressources lrsquoaccent est surtouts mis sur le capital342 Comme le souligne COOPERAC et al sur
ce point il existe une relative unanimiteacute chez les chercheurs quant agrave la faible dotation initiale
des entrepreneurs potentiels de ce type de ressources et les conseacutequences de cette contraintes
qui peut ecirctre un facteur de renoncement agrave lrsquoengagement dans lrsquoentrepreneuriat mais aussi agrave
lrsquoeacutechec d lrsquoentreprise apregraves a creacuteation 343
Ce que lrsquoon pourrait deacuteduire de ce modegravele est qursquoil existe une diffeacuterence conceptuelle
entre lrsquointention et lrsquoengagement entrepreneurial On pourrait joindre sur ce point lrsquoideacutee de
HENANDER EM qui indique que ce nrsquoest touts les individus qui peuvent avoir le potentiel de
creacuteer une organisation344 il faudrait selon ce modegravele le lrsquoimbrication de certaines dispositions
cognitives pour lrsquoecirctre la creacutedibiliteacute de lrsquoacte des situations de preacutecipitation et des ressources
potentiels
339 SHAPEROA et SOKOLL op ct p 77 340 Cite par TOUNEacuteSA op ct p 194 341 HERNANDEZE-M op ct P 39 342 HERNANDEZEM op ct p39 343 COOPER AC GIMENO-CACSON FJ et WOO CY laquo Initial human and financial capital as predictors of new venture performance raquo Journal of Business Venturing vol 9 no 51994 p 371-395 P383 344 HERNANDEZ Eacute ndashM Lentrepreneuriat comme processus raquo Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et
moyenne entreprise Vol 8 Ndeg 1 1995 p 107-119p 115
100
Pour expliciter davantage ces propos les reacuteflexions de KRUEGGER qui emprunte au
modegravele de SHAPERO et SOKOL son hypothegravese de base introduit drsquoautres variables qui seront
reprises par toutes les recherches actuelles sur les phases amont du processus entrepreneurial
73 Le model de KRUEGER NF et CARSRUD AL (1993)
Ce modegravele repose sur une hypothegravese theacuteorique deacuteveloppeacutee en psychologie social qui stipule
que lrsquointention est le seul preacutedicateur du comportement entrepreneurial345 KRUEGER et
CARSRUD ont appliqueacute la Theacuteorie du Comportement Planifieacute (planned bahavioral theory) au
champ de lrsquoentrepreneuriat Ces auteurs ont adapteacute le modegravele drsquoAJZENrsquoSI 346 sur le
comportement planifieacute en le rendant plus compatible avec drsquoautres modegraveles theacuteoriques et
particuliegraverement celui de SHAPERO et SOKOL Le modegravele final qursquoils proposent combine
les deux notions qui sont les plus important pour expliquer le deacuteclenchement du comportement
entrepreneurial laquo lrsquointention laquo issu du de la theacuteorie du comportement planifieacute et du concept de
deacuteplacement issu de la theacuteorie de SHAumlPERO347 Nous pensons que ce modegravele permet de
distinguer de maniegravere explicite la phase de lrsquoentrepreneuriat potentiel (propension
entrepreneuriale) et la phase de lrsquointention Selon ces auteurs la modeacutelisation de cette intention
met en articulation deux types drsquoanteacuteceacutedents la perception de la deacutesirabiliteacute et de la faisabiliteacute
du comportement entrepreneurial348 Comme le montre le scheacutema suivant ces deux facteur sont
eux mecircme le reacutesultat drsquoune double perception respectivement une perception des normes
sociales et de la capaciteacute propres agrave controcircler le comportement de sois mecircme Ces deux facteurs
lorsqursquoils sont preacutesents chez lrsquoindividu lui permettent de deacutevelopper une certaine creacutedibiliteacute sur
ce qursquoil peut entamer dans le futur comme activiteacutes lieacutees agrave la creacuteation drsquoentreprise
En fin lorsque des eacuteveacutenements positifs interviennent comme la perception drsquoune opportuniteacute ou
un eacuteveacutenement neacutegatif comme par exemple la perte drsquoun emploi cette propension se deacuteveloppe t
en une intention entrepreneuriale
345 KRUEGER NF REILLY MD CARSRUD AL Competing models of entrepreneurial intentions Journal of Business Venturing vol 15 2000 p 411-432p 346 AJZEN I the theory of planned behavior organizational behavior and human decision processes Ndeg 501991pp 179-211 347 FAYOLLE A 348 KRUEGER JR NF et BRAZEAL D Entrepreneurial Potential amp Potential Entrepreneurs Entrepreneurship Theory and Practice Vol18Ndeg 31994 pp 91-104p 100
101
Figure 19 Le modegravele de lrsquointention entrepreneuriale de KRUEGERNF et
CARSRUDAL
Source J ELFVING ET AL p 24
8 lrsquoentrepreneuriat comme Emergence organisationnelle
On doit GARTNER WB drsquoavoir formaliseacute le concept de lrsquoeacutemergence organisationnelle349 Cet
auteur suggeacuterait dans un article publieacute en 1988 drsquoimiter le travail de MITZBERGH sur le
comportement des managers pour pouvoir conceptualiser le travail des entrepreneurs On
pourrait lire dans cet article ldquoI believe that research on entrepreneurial behaviors must be
based on field work similar to Mintzbergrsquos study of managerial work Researchers must observe
entrepreneurs in the process of creating organizationsrdquo350 Dans un autre article publieacute en 1993
il precise lrsquoobjet sur lequel doit travailler les chercheurs en entrepreneuriat My answer to those
individuals who ask met ldquoAm I an entrepreneurrdquo is ldquoIf you are starting an organization you
are an entrepreneur if you are not starting one then yoursquore notrdquo Who we are is what we do 351
Lrsquoeacutemergence organisationnelle comporte le terme organisation mais il faudrait preacuteciser que les
auteurs ayant adopteacute lrsquoapproche de GARTNERWB nrsquoentendent par eacutetudier lrsquoorganisation
comme une entiteacute ou comme une structure mais comme le processus qui conduit agrave lrsquoexistence de
cette derniegravere La litteacuterature anglo-saxonne preacutefegravere utiliser le terme organizing pour deacutecrire ce
processus352 Crsquoest pourquoi une grande partie des travaux sur ce concept son issue de la theacuteorie
des organisations crsquoset drsquoailleurs ce qui constitue une limite de cette approche parce que Les
chercheurs qui srsquoinscrivent dans ce courant srsquointeacuteressent tout autant sinon plus agrave la creacuteation
drsquoorganisation sous-ensemble de la theacuteorie des organisations qursquoagrave lrsquoentrepreneuriat 353 Mais
349 Citeacute par HERNANDEZEM Lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle op ct p 90 350 GARTNER WB Who is an entrepreneur is the wrong question entrepreneurship theory and practice Vol 13 issue 41988 pp 47-68p 63 351 GARTNER WB Words lead to deeds towards an organizational emergency vocabulary Journal of Business Venturing Ndeg8 1993pp231-239238 352 HERNANDEZEM Lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle op ct p90 353 FAYOLLE A Agrave la recherche du cœur de lrsquoentrepreneuriat vers une nouvelle vision du domaine oc ct p 107
Deacutesirabiliteacute de lrsquoacte
Perception des normes sociales
Faisabiliteacute de lrsquoacte Perception de la capaciteacute a
entreprendre
Reacutesu
ltat com
portem
ent
entrep
reneu
rial
Intention
Entrepreneuriale
Deacuteplacement Eveacutenements positifs
Ou neacutegatif
Creacutedibiliteacute
de lrsquoacte
Propension
entrepreneuriale
102
cela nrsquoempecircche pas de consideacuterer les avanceacutes theacuteoriques et conceptuelles qursquoont permis cette
approche Plusieurs analyses empiriques adoptent lrsquoeacutemergence organisationnelle soit comme une
eacutetape cruciale de lrsquoentrepreneuriat soit comme le reacutesultat final auquel doit aboutir ce processus
Le terme laquo eacutemergence raquo apparait dans ce paradigme comme fondamental Il faudrait par
conseacutequence comprendre le sens
81 Le terme laquo eacutemergence raquo
Selon le dictionnaire Larousse lrsquoeacutemergence est lrsquoapparition plus ou moins soudaine drsquoune ideacutee
drsquoun fait social politique ou eacuteconomique Dans la litteacuterature scientifique lrsquoeacutemergence selon
LICHTENSTEINB est deacutefinie selon quatre proprieacuteteacutes354
1 Lrsquoeacutemergence est un processus qui geacutenegravere un reacutesultat appeleacute laquo lrsquoeacutemergeant raquo
2 Lrsquoeacutemergence est deacuteclenche par lrsquoaction et orienteacute par une intention
3 Lrsquoeacutemergence accroit la capaciteacute du systegraveme
4 Lrsquoeacutemergence apparait dans la pratique selon un certain nombre de cycle chaque cycle a
un une logique interne
De cette deacutefinition on pourrait remarquer qursquoil y a une diffeacuterence entre lrsquoeacutemergence et
lrsquoeacutemergent Ce dernier selon le mecircme auteur est lrsquoexpression tangible de ce qui en cour de
creacuteation drsquoapparition crsquoest le reacutesultat de lrsquoeacutemergence comme le montre les exemple suivants
The outcome of emergence is emergent ordermdashan emergent An emergent is the tangible
expression of whatrsquos been created whether an organization a new systeminnovation a
collaboration or shared value it is a new social agent Examples of emergents include teams
projects innovations ventures organizations355
Pour saisir les implications du mot eacutemergence lorsqursquoil est articleacute agrave lrsquoorganisation il
faudrait deacutefinir le concept drsquoorganisation qui dans ce cas peut deacutesigner agrave la fois la structure
cest-agrave-dire lrsquoeacutemergent selon la conception preacuteceacutedente ou le processus qui creacutee cette structure
(le processus de lrsquoeacutemergence)
82 Le concept drsquoorganisation
Lrsquoorganisation est peut ecirctre la tache la plus difficile qui srsquoest imposeacute aux chercheurs qui tentent
drsquoidentifier les proprieacuteteacutes des organisations eacutemergentes356 Pour deacutebuter ce titre noue retenons la
deacutefinition donneacutee par BOURRICAUD F dans lrsquoEncyclopeacutedie de gestion Cet auteur deacutefinie une
organisation comme on peut deacutefinir une organisation comme la forme sociale qui par
lrsquoapplication drsquoune regravegle et sous lrsquoautoriteacute de leaders assure la coopeacuteration des individus agrave une
354 LICHTENSTEIN B Emergence and Emergents in Entrepreneurship Complexity Science Insights into New Venture Invited Paper for Special Issue of Entrepreneurship Research JournalCreation pp 1-8p 2 355 Idem p 2 356 KATZ JA GARTNERWB Properties Of Emerging Organizations The Academy of Management Review Vol 13Ndeg
81988pp429-441p 430
103
œuvre commune dont elle deacutetermine la mise en œuvre et reacutepartit les fruits357 En plus de regravegles
de fonctionnement et de la coopeacuteration dan son analyse des organisations formelles
LIVIANYF ajoute drsquoautre caracteacuteristiques qui se reacutesument comma suit
-Lrsquoexistence drsquoune division des taches
-Lrsquoexistence drsquoune hieacuterarchie
-Lrsquoexistence drsquoune certaine stabiliteacute
Toutes les caracteacuteristiques donneacutees dans ce deux deacutefinitions sont applicables agrave une
organisation qui existe deacutejagrave et ne tiennent pas en compte des organisations en voie de lrsquoecirctre Les
chercheurs srsquoefforccedilaient donc agrave identifier les proprieacuteteacutes qui permettent de caracteacuteriser une
organisation complegravete dans le sens qursquoelle a termineacute son processus qui donne son existence
Dans son ouvrage laquo Organizational systematics raquo MCKELVEY B considegravere une organisation
comme Une organisation est un systegraveme drsquoactiviteacute finaliseacute (se maintenant dans ses limites)
contenant des ratios de ressources entreacutees-sorties permettant de survivre dans des
environnements imposant des contraintes particuliegraveres 358 Crsquoest cette deacutefinition qui sera
adopteacutee par KATZ e GARTNER pour theacuteoriser le concept de lrsquoeacutemergence organisationnelle
dans un article devenu un reacutefeacuterence pour les adeptes de ce paradigme
83 La notion drsquoorganisation eacutemergente
La deacutefinition preacuteceacutedente permet drsquoidentifier quatre caracteacuteristiques fondamentales de
lrsquoorganisation deux sont structurelles les limites et les ressources et deux qui sont de nature
processuelle lrsquointention et lrsquoeacutechange
a Les caracteacuteristiques structurelles de lrsquoorganisation
Les ressources correspondent aux eacuteleacutements qui vont donner naissance agrave lrsquoorganisation il peut
srsquoagir de ressources mateacuterielles humaines en capital On pourrait ajouter compte tenu des
deacuteveloppements de la theacuteorie baseacutee sur les ressources drsquoautres eacuteleacutements intangibles qui procurent
agrave une compeacutetence distinctive agrave lrsquoorganisation comme les connaissances par exemple
Les limites On pourrait parler aussi de frontiegravere de lrsquoorganisation ces frontiegraveres qui sont les
plus difficiles agrave identifier compte tenu de leur caractegravere abstrait sont tous les eacuteleacutements qui
permettent de seacuteparer lrsquoorganisation de son environnement Elles peuvent aussi consister agrave
seacuteparer lrsquoindividu creacuteateur de lrsquoorganisation creacuteeacutee Dans la pratique ces frontiegraveres peuvent par
exemple correspondre aux eacuteleacutements qui marquent lrsquoexistence formelle de llsquoorganisation comme
357 Citeacute par HERNANDEZEM Lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle op ct p 91 358 Citeacute par HERNANDEZEM Lrsquoentrepreneuriat comme processus deacutemergence organisationnelle op ct p 92
104
crsquoest le cas de lrsquoenregistrement leacutegale drsquoune entreprise aupregraves de lrsquoadministration publique (le
registre de commerce par un identifiant fiscal etc)
b Les caracteacuteristiques processuelles
Lrsquointention elle reflegravete lrsquoexistence et la croyance en un certain nombre drsquoobjectifs pour celui
qui impulse la creacuteation de cette organisation Nous avions vus preacuteceacutedemment que cette intention
est deacutetermineacutee par un certain nombre drsquoanteacuteceacutedents endogegravenes et exogegravenes
Lrsquoeacutechange cette proprieacuteteacute constitue un eacuteleacutement neacutecessaire pour consideacuterer que le processus
drsquoeacutemergence est arriveacute agrave un reacutesultat reconnu par lrsquoenvironnement ou par les parties prenantes
qui sont inteacuteresseacutes par le fonctionnement de lrsquoorganisation Ces eacutechanges peut ecirctre internes
lorsqursquoil est effectueacute au sin de lrsquoorganisation ou externes avec lrsquoenvironnement Parfois cet
eacutechange nrsquoest pas neacutecessairement efficient au deacutebut comme le font remarquer KATZJA et
GARTNER WB Lrsquoorganisation peut fonctionner agrave perte cest-agrave-dire que la reacutecupeacuteration de
charges de structure et de fonctionnement nrsquoest pas une prioriteacute pour lrsquoentreprise en contrepartie
drsquoune peacuteneacutetration et un maintien dans un marcheacute donneacutee359 Le scheacutema suivant reacutesume la
conception de lrsquoorganisation eacutemergente selon GARTNER WB360
Figure20 Lrsquoeacutemergence organisationnelle selon KATZJA et GARTNER WB
Source auteur selon lrsquoarticle de GARTNER WB A Conceptual Framework for Describing the Phenomenon
of New Venture Creation
359 KATZ JA GARTNERWB op ct p432 360 GARTNERWB A Conceptual Framework for Describing the Phenomenon of New Venture Creation The Academy of
Management Review Vol 10 Ndeg 41985 pp 696-706p 702
INDIVIDU Creacuteateur
initiateur
Processus drsquoeacutemergence
Affiche Intention
Collecte
Ressources
Eacutetablie
Frontiegravere Fait
Echanges
Caracteacuteristiques individuelle Prise de risque
Motivations
Expeacuterience
Origine de parents
Environnement Accegraves aux ressources
Barriegravere agrave lrsquoentreacutee
la reacuteglementation
ORGANISATION
Lrsquoeacuteleacutement
eacutemergent
105
Depuis la publication des travaux de ces deux auteurs de nombreuses recherches dans le
domaine de lrsquoentrepreneuriat ont fait lrsquoobjet de publications scientifiques Ces recherches ont
formeacute ce qui est appeleacute aujourdrsquohui le paradigme de la creacuteation drsquoune organisation361 Dans cette
optique eacutetudier lrsquoentrepreneuriat revient agrave eacutetudier la naissance de nouvelles organisations
autrement dit les activiteacutes permettant agrave quelqursquoun de creacuteer une nouvelle entiteacute plutocirct que celles
lieacutees au deacuteveloppement agrave la maintenance ou au changement d rsquouniteacutes existantes362 Ces
recherches srsquoancrent dans des perspectives disciplinaires et theacuteoriques plurielles come la
sociologie la psychologie le management etc Si ces recherches sont unanimes sur le fait en
question laquo lrsquoeacutemergence raquo elles nrsquoadoptent par les mecircmes visions lorsqursquoil srsquoagit drsquoutiliser le
terme de processus drsquoeacutemergence
84 Lrsquoentrepreneuriat come un processus drsquoeacutemergence organisationnelle
Le processus drsquoeacutemergence organisationnel dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat peut ecirctre deacutefini
selon qursquoon le considegravere comme un flux drsquoeacuteveacutenement conduisant agrave lrsquoexistence drsquoune entiteacute Ou
un sembles de reacutesultats deacutetermineacute comme par exemple la formation drsquoune intention
lrsquoacquisition des ressources les premiers eacutechange avec le marcheacute qui sont des eacutetapes isolables
par lrsquoobservation est deacutetermineacute par des facteurs internes et externe Nous consideacuterons pour notre
part que cette eacutemergence est un reacutesultat qui marqueacute une eacutetape parmi drsquoautres du processus
entrepreneurial Cette eacutetapes est deacutefini comme un processus laquo initieacute par un acte de volonteacute
humaine il implique un changement drsquoeacutetat une discontinuiteacute il est holistique et unique il
implique de nombreuses variables anteacuteceacutedentes il engendre des reacutesultats extrecircmement sensibles
aux conditions initiales de ces variables raquo
85 Identification empirique de lrsquoeacutemergence organisationnelle
Pour lrsquoidentification empirique de cette phase CAPIEZ A et HERNANDEZ Eacute ndashM proposent que
Lrsquoeacutemergence corresponde essentiellement agrave la phase de finalisation Lrsquoentreprise en fin de
deacutemarrage cherche agrave affirmer son pouvoir de marcheacute La dureacutee du deacutemarrage est tregraves variable
et peut aller jusqursquoagrave trois ou quatre ans363 Plusieurs auteurs observent que nombre de jeunes
entreprises ne reacutealisent pas une croissance importante durant leurs quatre premiegraveres anneacutees
drsquoexistence et Woo et al (1990) montrent que beaucoup de jeunes entreprises changent de
gammes de produits de meacutethodes de production et de commercialisation pendant les trois
premiegraveres anneacutees Crsquoest pourquoi nous nous inteacuteresserons dans cette recherche agrave des entreprises
361 VERSTRAETT et FAYOLLEA paradigmes et entrepreneuriat op ct p 36 362 HERNANDEZEM Lentrepreneuriat comme processus op ct p 114 363 CAPIEZ A et HERNANDEZ Eacute ndashM Vers un modegravele deacutemergence de la petite entreprise raquo Revue internationale PME
eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 11 Ndeg 4 1998 pp 11-43 P 14
106
dont lrsquoacircge est compris entre un et trois ans et dont on peut penser qursquoelles soient en plein
processus drsquoeacutemergence ou qursquoelle viennent de lrsquoachever
Cependant lrsquoeacutemergence pour plusieurs chercheurs ne marque pas la fin du processus
entrepreneurial car nrsquoeacutetant pas une assurance quand agrave la survie de lrsquoentreprise Le
deacuteveloppement la croissance et la creacuteation de valeur drsquoune maniegravere geacuteneacuterale constitue une
autre eacutetape un autre reacutesultat qui doit ecirctres pris en compte dans une approche processuelle de
lrsquoentrepreneuriat
9 Lrsquoeacutetape de survie de la nouvelle entreprise
Depuis long temps la recherche en entrepreneuriat srsquointeacuteresse agrave la question des deacuteterminants de
la performance des nouvelles entreprises Les deacuteterminants de cette performance constituent le
thegraveme central La litteacuterature aborde ce sujet selon diffeacuterents niveaux drsquoanalyse Du point de
vue macro eacuteconomique on retrouve dans cette cateacutegorie de recherches des travaux sur les causes
de la mortaliteacute des entreprises les deacuteterminant macroeacuteconomiques de la peacuterenniteacute des
entreprises mais aussi des recherches sur lrsquoimpact des ces nouvelles entreprises sur la creacuteation
de nouveaux emplois lrsquoinnovation et la production de maniegravere geacuteneacuterale A lrsquoeacutechelle individuelle
les reacuteponses sur les facteurs pouvant expliquer la survie ou lrsquoeacutechec de ces entreprises demeurent
insuffisants et incomplegravetes364 il semble par contre que crsquoes la faiblesse structurelle des
nouvelles entreprises qui constitue lrsquoarriegravere plan dans lequel des probleacutematique geacuteneacuteriques se
sont constitueacutees ces ce qui fait la diffeacuterence avec des analyses sur la grande entreprise ou les
entreprises qui ont plusieurs anneacutees drsquoexistence
91 La faiblesse de la nouveauteacute the liabilities of newness
En effet dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat un certain consensus srsquoest eacutetablie pour consideacuterer
que la performance ou lrsquoeacutechec de la nouvelle entreprise est la reacutesultante directe de la faiblesse
inheacuterente agrave la nouveauteacute de lrsquoentreprise (the labiliteacute of the newness) 365 Crsquoest STINCHCOMBE
A qui est le premier a avoir poser lrsquohypothegravese de la faiblesse de la nouveauteacute366 Ce
pheacutenomegravene existe parce que apregraves le deacutemarrage (Nous lrsquoavions appeleacute preacuteceacutedemment
lrsquoeacutemergence) lrsquoentreprise fait face agrave des difficulteacutes particuliegraveres et agrave un grand risque drsquoeacutechec
durant les premiegraveres anneacutees de son cycle de vie367
364 BORGES C FILION L- J et SIMARDG Processus de creacuteation de nouvelles entreprises temps difficulteacutes changements et performance Cahier de recherche ndeg 2008-06 les Actes du 9e CIFEPME Congregraves International Francophone en Entrepreneuriat et PME Louvain Belgique 28-31 octobre 2008 pp1-22p1 365 COLEMAN S The ldquoLiability of Newnessrdquo and Small Firm Access to Debt Capital Is There a Link Journal of Entrepreneurial Finance Vol 9 Issue 2 2004 pp38-59p p38 366 CAFFERATA R ABATECOLA G POGGESI S Revisiting Stinchcombersquos lsquoliability of newnessrsquo A systematic literature
reviewInternational Journal of Globalisation and Small Business 3(4) 374-392p 376 367 COLEMAN S idemp 38
107
Ce risque apparait lus explicite lorsque on le compare avec celui qui existe dans une
organisation eacutetablie CAFFERATA R et al reacutesument la diffeacuterance entre les risques encourus
par les nouvelles entreprises et les entreprises deacutejagrave eacutetablies368 A seminal explanation of the
lsquostruggle for survivalrsquo between newborn organizations and older ones is provided by Arthur
Stinchcombe (1965) Quoting his words
[a) New organizations especially new types of organizations generally involve new roles which
have to be learned hellip
b) The process of inventing new roles the determination of their mutual relations and of
structuring the field of rewards and sanctions so as to get the maximum performance have high
costs in time worry conflict and temporary inefficiency hellip
c) New organizations must rely heavily on social relations among strangers This means that
relations of trust are much more precarious in new than old organizations hellip
d) One of the main resources of old organizations is a set of stable ties to those who use
organizational services
Il ressort de ces propos que la faiblesse de la nouveauteacute peut ecirctre comprise du point de vue
de la stabiliteacute Une organisation eacutetablie est plus stable par ce que les rocircles et les responsabiliteacutes
sont preacutedeacutefinies par contre dans une nouvelle entreprise ces rocircle sont en cours drsquoeacutemergence dont
il faudrait les apprendre
92 Facteurs lieacutes agrave la performance des nouvelles entreprises
Certains chercheurs deacutefinissent trois cateacutegories geacuteneacuteriques de facteurs de succegraves des entreprises
nouvelles lrsquoentrepreneur lrsquoentreprise et lrsquoenvironnement eacuteconomique369 Drsquoautres chercheurs
comme SAMMUT S apregraves examen de la litteacuterature empirique retiennent cinq facteurs qui
peuvent preacutedire le suceacutees drsquoune entreprise nouvelle lrsquoentrepreneur les ressources financiegraveres
lrsquoenvironnement lrsquoorganisation lrsquoactiviteacute370 Ces cateacutegories permettent de distinguer de faccedilon
significative les entreprises qui reacuteussissent de celles qui eacutechouent Cependant lrsquoexplication des
diffeacuterences de performance reste une tacircche difficile parce que ces trois cateacutegories sont
interdeacutependantes la performance drsquoune entreprise est le reacutesultat de combinaisons varieacutees de
facteurs individuels organisationnels et environnementaux Lorsque ces facteurs sont deacuteclineacutes
en un ensemble de variables pour produire des modegraveles preacutedictifs de la survie de la croissance
et de la performance les reacutesultats de ces recherches demeurent heacuteteacuterogegravenes et contradictoires
368 CAFFERATA R ABATECOLA G POGGESI S op ct p 376 369 LASCH F LE ROY F YAMI S les deacuteterminants de la survie et de la croissance des start-up TIC Revue franccedilaise de gestion Ndeg 1552005 pp37-56p 38 370 SAMMUT S Processus de deacutemarrage en petite entreprise systegraveme de gestion et sceacutenarios Revue de lrsquoEntrepreneuriat
Vol 1 2001 pp 61-76p 68
108
93 Le rocircle de lrsquoenvironnement et justification du concept de survie
On pourrait souligne ici que le rocircle de lrsquoenvironnement dans la performance de
lrsquoentreprise peut ecirctre consideacutereacute dan le cadre de la theacuteorie de la contingence En effet cette
theacuteorie a mis en eacutevidence garce agrave des deacutemonstrations empiriques lrsquoimportance de lrsquoadeacutequation
qui doit exister entre une entreprise et son environnement pour assurer son deacuteveloppement et sa
peacuterenniteacute BURNS et STALKER (1961) ont identifieacute des formes drsquoorganisation (meacutecanique
organique) adapteacutees agrave divers types drsquoenvironnements (stable dynamique) alors que
LAWRENCE et LORSCH (1967) ont mis en eacutevidence que la congruence entre la structure
interne de lrsquoentreprise et les contraintes de lrsquoenvironnement eacutetait source de performance
organisationnelle371
Les theacuteories qui considegraverent le contexte comme le deacuteterminant majeur de la
performance des nouvelles entreprises adhegraverent agrave la perspective de la deacutependance de lrsquoentreprise
aux variables environnementales Lrsquoeacutecologie des populations des organisations (EPO) qui
constitue un autre courant de penseacute issue de la theacuteorie des organisations qui srsquoest inteacuteresser agrave la
naissance et agrave la mortaliteacute des organisations Lrsquoobjet principal de ce courant est lrsquoanalyse des
deacuteterminants drsquoeacutechec des entreprises Pour expliquer les diffeacuterences entre les entreprises qui
eacutechouent et celles qui reacuteussirent ce courant agrave forte orientation deacuteterministe nrsquoaccorde pas une
place agrave lrsquoindividu qui est consideacutereacute comme un spectateur372 Dans cette perspective ce sont les
contraintes eacutemanant de lrsquoenvironnement qui expliquent pourquoi certaines nouvelles entreprises
disparaissent et drsquoautres non Mecircme si le fondateur possegravede les compeacutetences essentielles agrave la
reacuteussite il nrsquoarrive pas agrave faire survivre son entreprise si le contexte est deacutefavorable Il y une sorte
de seacutelection que fait le contexte pour ne laisser que les entreprises qui possegravedent certaine
capaciteacute drsquoadaptation de leur fonctionnement interne Crsquoest pour quoi plusieurs auteurs ont
chercheacute agrave identifier de nouvelles mesures de la performance des nouvelles entreprises pour se
deacutetacher des mesures traditionnelles qui srsquoappliquent plutocirct agrave des entreprises de grande
dimension
En effet pour mesurer lrsquoincidence du contexte sur la reacuteussite entrepreneuriale
LITTUNEN STORHAMMAR ET NENONEN avancent que la persistance de lrsquoactiviteacute dans le
marcheacute et la survie de lrsquoentreprise constitue le meilleur indicateur de succegraves373 Bien entendu il y
a diffeacuterentes deacutefinitions du suceacutees mai ces auteurs suggegraverent de faire un rapprochement entre la
conception de la reacuteussite agrave la survie de lrsquoentreprise La raison est que les anneacutees qui suivent la
371 HERNANDEZ Eacute ndashM Lentrepreneuriat comme processus op ct p 109 372 SMIDA A ET KHELIL N Repenser lrsquoeacutechec entrepreneurial des petites entreprises eacutemergentes proposition drsquoune typologie srsquoappuyant sur une approche inteacutegrative raquo Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 23 Ndeg 2 2010 p65-106 p 71 373 Citeacute par SMIDA A ET KHELIL N idem p 76
109
creacuteation sont critiques pour la stabilisation de lrsquoactiviteacute entrepreneuriale et qursquoon ne peut parler
de reacuteussite que lorsque la nouvelle entreprise arrive agrave se maintenir gracircce notamment la
stabilisation de lrsquoactiviteacute entrepreneuriale Malgreacute les contributions majeures des approches
centreacutees sur la preacutedominance du contexte entrepreneurial en particulier le courant de lrsquoEcologie
des populations des organisations la plupart des eacutecologistes nrsquoont pu trouver les raisons pour
lesquelles les entreprises qui ont commenceacute leurs activiteacutes au mecircme moment et dans des
environnements relativement identiques atteignent des niveaux de performance diffeacuterents La
theacuteorie baseacutee sur les ressources est utiliseacute agrave ce titre pour apporter de nouveaux eacuteleacutements de
reacuteponses
94 Approches centreacutees sur la primauteacute des ressources
La reacutefeacuterence incontournable de la theacuteorie des ressources (Resource-Based Theory) est sans aucun
doute PENROSEE qui a deacutefini le concept de services des ressources Les inputs du systegraveme de
production ne sont pas les ressources elles-mecircmes mais les services qursquoelles apportent 374 Pour
expliquer la performance des nouvelles entreprises lrsquoapproche fondeacutee sur les ressources pose
comme hypothegravese le lien entre les moyens internes deacutetenue en fonction des contraintes
externes et la performance des entreprises Cette approche se fonde lrsquoideacutee que la performance
deacutepend largement des ressources dont dispose et que controcircle lrsquoentreprise et qui possegravedent
certaines caracteacuteristiques particuliegraveres valeur rareteacute inimitabiliteacute et non-substituabiliteacute La
nature de ces services deacutepend de la maniegravere de les exploiter de les combineacutees qui relegraveve
incontestablement des connaissances et de compeacutetences posseacutedeacutees par lrsquoentrepreneur Les deux
types de ressources (mateacuterielles et humaines) combineacutees creacuteent ainsi par interaction des
opportuniteacutes productives uniques subjectives et speacutecifiques agrave chaque entreprise La croissance se
trouve ainsi motiveacutee par la recherche drsquoopportuniteacutes drsquoutilisation des ressources (les services
potentiellement productifs des ressources mateacuterielles) deacutefinissent lrsquoeacuteventail et la direction de la
recherche de nouvelles connaissances et de nouvelles ressources375 A travers la notion de
compeacutetences apparait le rocircle important de lrsquoentrepreneur mais ce rocircle a eacuteteacute envisageacute dans
plusieurs perspectives La plus anciennes est inscrite dans ce qui est appeleacute lrsquoeacutecole des traits de
personnaliteacute (the traits approach) consideacuterant que la reacuteussite est exclusivement lieacutee agrave un
individu speacutecifique deacutetenant des qualiteacutes uniques Mais cette eacutecole critiqueacutee agrave cause notamment
de son excegraves de fondamentalisme the best one man376 Pour deacutepasser ces limites cette approche
374 PREVOT F et al Perspectives Fondeacutees Sur Les Ressources Revue franccedilaise de gestion ndeg 2042010 pp 87-103 p 3 375 Idem p8 376 HERNANDEZ Eacute ndashM Lentrepreneuriat comme processus op ct p 108
110
integravegre aujourdrsquohui la dimension de lrsquoapprentissage de lrsquoindividu comme un eacuteleacutement crucial de
la performance de la nouvelle entreprise
95 Lrsquoapprentissage comme le lien entre le rocircle de lrsquoindividu et la survie de lrsquoentreprise
Apregraves lrsquoeacutemergence lrsquoentrepreneur peut ecirctre consideacutereacute comme une variable
deacuteterminante dans la performance de lrsquoentreprise agrave travers certain trait de personnaliteacute comme la
creacuteativiteacute la perseacuteveacuterance le dynamisme et lrsquoinitiative Mais comme le fait remarquer
FAYOLLEA ces derniegraveres ne sont pas suffisantes377 Cet auteur considegravere que crsquoest
lrsquoapprentissage qui devient la cleacute de reacuteussite de la nouvelle entreprise Cet apprentissage est
important pour la raison suivante Les probabiliteacutes de survie de la nouvelle entreprise se trouve
dans cette perspective lieacutee agrave ce que BRUYATC appelle la configuration strateacutegique
instantaneacutee perccedilue (CSIP378) Crsquoest parce que lrsquoentrepreneur comme acteur strateacutegique
srsquoinformera deacutecidera agira agrave lrsquoaide de son intelligence strateacutegique ou de son style cognitif en
fonction des perceptions qursquoil de lui-mecircme et de sont environnement 379 Comme le souligne
PATURELR la performance de lrsquoentreprise a de forte chance de se reacutealiser lorsque cet
entrepreneur arrive agrave atteindre la convergence entre les aspirations du creacuteateur (E1) les
compeacutetences et ressources inteacutegreacutees agrave lrsquoentreprise (E2) et les possibiliteacutes de lrsquoenvironnement
(E3) 380 Par ailleurs sur la base de ces trois conditions PATURELR leur associe trois niveaux
de mesure de la performance entrepreneuriale agrave savoir lrsquoefficaciteacute (F1) qui consiste agrave
approcher les objectifs reacutealiseacutes des objectifs initialement fixeacutes lrsquoefficience (F2) qui srsquointeacuteresse
agrave la maniegravere dont les ressources et compeacutetences sont utiliseacutees pour reacutealiser les objectifs de
lrsquoentreprise lrsquoeffectiviteacute (F3) qui se concentre sur le degreacute de satisfaction des parties prenantes
de lrsquoentreprise
Atteindre ces trois exigences suppose qursquoil y a une capaciteacute initiale de lrsquoentrepreneur et
une capaciteacute qui se deacuteveloppe dans le temps agrave travers notamment les expeacuteriences et
lrsquoacquisition de nouvelles connaissances Crsquoest en ces termes que POLITISD va lier
lrsquoapprentissage agrave la survie des nouvelles entreprises comparing the relative difference between
entrepreneursrsquo ldquototal stockrdquo of experiences at a given point of time and researchers have then
related this stock of experiences to variations in new venture performance381 Lrsquoapprentissage
dans un contexte entrepreneurial est deacutefini comme une capaciteacute de lrsquoentrepreneur agrave transformer
377 FAYOLLEA entrepreneurship and new value creation the dynamic of entrepreneurial process op ct p198 378 BRUYATCCreacuteer ou ne pas creacuteer une modeacutelisation du processus drsquoengagement dans un projet de creacuteation drsquoentreprise Revue de lrsquoentrepreneuriat Vol 1 Ndeg 1 2001pp 25-42 p 26 379 Idem p 26 380 SMIDA A ET KHELIL N op ctp 71 381POLITISD The Process of Entrepreneurial Learning A Conceptual Framework Entrepreneurship Theory and PracticeVol 18Ndeg2 2005 399-424p 400
111
des informations des expeacuteriences de lrsquoentrepreneur lui-mecircme et celles des autres en un
ensemble de connaissances utiles afin de preacuteserver le systegraveme la preacuteservation du systegraveme passe
neacutecessairement par le maintien drsquoune coheacuterence interne ( les repreacutesentation qursquoil a vis-agrave-vis des
opportuniteacute et des ressources de compeacutetences dont il dispose) et une coheacuterence externe ( vis-agrave-
vis des attentes parties prenantes) Lrsquoincoheacuterence peut en effet engendreacute des coucircts et une perte
de creacutedibiliteacute de son projet vis-agrave-vis des entiteacutes avec lesquelles lrsquoentreprise fait des eacutechanges382
Cette section nous a permis de se rendre compte de lrsquoimportance accordeacutee dans la
litteacuterature agrave des notions comme connaissances compeacutetences apprentissage Elles ne sont pas
seulement un stock drsquoinformations ou drsquoexpeacuteriences deacutetenus par lrsquoindividu mais des
ressources actionnables dans les diffeacuterentes eacutetapes du processus entrepreneurial Nous
consideacuterons dans la section suivante que ces connaissances permettent de former trois
perceptions fondamentales la creacuteation drsquoune entreprise la reconnaissance des opportuniteacutes
eacuteconomiques la formation drsquoun capital humain speacutecifique et la perception du risque drsquoeacutechec
de la nouvelle entreprise
382 FAYOLLEA op ct p 198
112
Section 3 Perception individuelle et participation dans le processus entrepreneurial
Nous souhaitons dans cette section examiner trois concepts qui nous semblent lieacutes agrave des
anteacuteceacutedents de la participation des individus dans le processus entrepreneurial la vigilance les
compeacutetences et lrsquoeacutechec sur le plan theacuteorique ces trois variables concernent respectivement
lrsquoopportuniteacute eacuteconomique le capital humain et le risque Nous avions ajouteacute lrsquoadjectif
laquoentrepreneurialraquo pour deacutesigner le fait que ces variables sont lieacutees agrave lrsquoentrepreneur nous pouvons
les consideacuterer donc comme des facteurs endogegravenes383 Le scheacutema suivant montre ces trois
anteacuteceacutedents et les concepts qui leur sont associeacutes
Figure21 Les variables perceptuelles dans le processus entrepreneurial
Source auteur
1 Opportuniteacute vigilance et entrepreneuriat
Nous avions deacutefinie preacuteceacutedemment le processus entrepreneurial comme un ensemble drsquoactiviteacutes
de fonctions qui sont lieacutees agrave la perception drsquoune opportuniteacute et la creacuteation drsquoune organisation
pour lrsquoexploiter (section2 chapitre I) Sur le plan empirique ce processus se deacutecline par un
certain nombre de reacutesultats qui sont le deacuteclenchement du processus lrsquoeacutemergence
organisationnelle et la survie deacuteveloppement de la nouvelle entreprise Eacutevoquer le concept
drsquoopportuniteacute clsquoest consideacuterer ce pheacutenomegravene comme un fait qui peut ecirctre favorable agrave la
reacutealisation de ces reacutesultats
Drsquoentreacutee de jeu le terme drsquoopportuniteacute nrsquoest pas propre au domaine de lrsquoentrepreneuriat puisque
cette opportuniteacute peut ecirctre valoriseacutee aussi bien dans une entreprise existante lorsqursquoelle utilise
notamment une deacutemarche classique de diagnostique strateacutegique en terme de menace et
drsquoopportuniteacute384 que dans le cadre de la creacuteation drsquoune nouvelle entreprise385 Les travaux agrave
vocation theacuteorique se sont inteacuteresseacutes agrave ce concept selon des probleacutematiques diffeacuterentes Sur la
383 Endogegravene qui prend naissance agrave linteacuterieur du corps qui est ducirc agrave une cause interne (Dictionnaire laquo Le Petit Robert raquo 2005) 384 VERSTREAT T et SAPORTAB creacuteation drsquoentreprise et entrepreneuriat les eacutedition de lrsquoADREG 2006 518 pagesp 94 385 DE CAROLIS DM PATRICKS Social Capital Cognition and Entrepreneurial Opportunities A Theoretical Framework
Entrepreneurship Theory and Practice Vol 30 Ndeg 12006 pp41-56p1
La Vigilance Entrepreneuriale Compeacutetences entrepreneurial
Echec entrepreneurial
Risque entrepreneurial
Capital humain
Opportuniteacute Economiques
113
plan individuel puisqursquoil constitue lrsquoarriegravere plan de cette recherche les auteurs ont interrogeacute le
rocircle de lrsquoindividu dans la perception de ces opportuniteacutes et pose la question pourquoi certains
arrivent agrave tirer deacutecouvrir et agrave profit des opportuniteacutes drsquoaffaires alors que drsquoautres ne le font pas
Drsquoautres recherches se sont interrogeacutees si les opportuniteacutes son indeacutependantes des individus ou au
contraire sont construites dans le temps gracircces aux interactions avec lrsquoenvironnement et certaines
capaciteacutes individuelles386 Nous pensons qursquoil est important de srsquoarrecircter sur ce concept en
identifiant sa signification son introduction dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat et les
diffeacuterentes conceptions que font les auteurs sur les facteurs deacuteterminants puisque comme nous le
montrerons lrsquoaccegraves agrave ses lrsquoopportuniteacute constitue un eacuteveacutenement qui est deacutetermineacute
11 Le concept drsquoopportuniteacute
Sur le plan seacutemantique le mot opportuniteacute deacutesigne selon le dictionnaire Larousse la qualiteacute de
ce qui est opportun occasion favorable Le mot opportun signifie qui convient au temps aux
lieux aux circonstances qui survient agrave propos387 Pour lier cette opportuniteacute aux activiteacutes
eacuteconomiques les auteurs parfois preacutefegraverent utiliser le terme affaires qui se deacutefini comme
lrsquoensemble des activiteacutes financiegraveres commerciales industrielles milieu ougrave elles se pratiquent
(ex elles est dans les affaires) Relation suite drsquoopeacuterations financiegraveres commerciales (ex
traiter une affaire)La deacutefinition Anglo-Saxonne de ce mot met en relief que lrsquoopportuniteacute est
tout ce qui peut ecirctre favorable agrave ce qursquoune finaliteacute sont atteinte dans un moment opportun En
effect The Oxford English Dictionary defines opportunity as lsquolsquoA time juncture or condition of
things favorable to an end or purpose or admitting of something being done or affected Si les
deacutefinitions officielles semblent relativement explicites ce nrsquoest pas le cas pour les acceptions
dans la litteacuterature scientifiques notamment dans les sciences eacuteconomiques en management et en
entrepreneuriat Il faudrait souligner agrave ce titre que la question des opportuniteacutes eacutetait longtemps
neacutegligeacutee puisque selon les eacuteconomistes le marcheacute semblait toujours lagrave pour les signaler et les
entrepreneurs pour les saisir et les appliquer le temps venu388 Pour introduire la notion
drsquoopportuniteacute il fallait rompre avec cette vision est poser une autre hypothegravese qui mettra
lrsquoentrepreneur au cœur des processus du marcheacute qui enferment neacutecessairement des
imperfections que lrsquoon pourrait identifieacute comme des besoins mal deacutefinis ou des ressources et des
capaciteacutes sous-employeacutes que ARDICHVILI A et al les reacutesument en ces termes In its most
386 DE CAROLIS DM PATRICKSidem p1 387 Citeacute par VERSTARETT et FAYOLLEA paradigme et opportuniteacute op ct p 34
388 JULIENPA opportuniteacutes information et temps Revue de lrsquoEntrepreneuriat Vol 9Ndeg1 2010 pp29-49p
114
elemental form what may later be called an lsquolsquoopportunityrsquorsquo may appear as an lsquolsquoimprecisely-
defined market need or un- or under-employed resources or capabilities389
12 Le concept drsquoopportuniteacute quelques deacutefinitions
Lorsqursquoon parcourt les travaux consacreacutes exclusivement agrave lrsquoeacutetat des connaissances sur ce
concept on pourrait constater la diversiteacute des deacutefinitions et celles-ci ont entraineacute des faiblesses
drsquoopeacuterationnalisation390HANSEN et al D J recense plus 13 deacutefinitions eacutemanant des auteurs
appartenant agrave diverses disciplines eacuteconomie psychologies sociologie management et
marketing Ces auteurs aboutissent au constat que la diversiteacute des deacutefinitions reacutesulte
principalement de la nature composite du concept ougrave chaque deacutefinition aborde un aspect de
cette reacutealiteacute
Par exemple HERNANDEZEM considegravere que lrsquoopportuniteacute est fondamentalement Une
ideacutee drsquoaffaires souvent mineure (une adaptation drsquoun produit pour une clientegravele particuliegravere
une leacutegegravere transformation drsquoeacutequipement pour ameacuteliorer le produit ou en diminuer le coucirct une
faccedilon quelque peu nouvelle drsquoatteindre cette clientegravele mais aussi la creacuteation drsquoune nouvelle
entreprise une exportation nouvelle etc 391 Cette deacutefinition met en relief la neacutecessiteacute drsquoarticuler
lrsquoideacutee drsquoune affaire et les diffeacuterentes maniegraveres de son application dans la reacutealiteacute Drsquoautre auteurs
comme HERNANDEZEM introduit la notion de ressources pour consideacuterer lrsquoopportuniteacute
comme un lien entre lrsquoindividu et les ressources et qursquoil srsquoagit preacuteciseacutement drsquoune croyance sur
lrsquoexistence des ressources392 La deacutefinition de SHANES un auteur parmi les plus influents
dans ce domaine considegravere que le rocircle de lrsquoentrepreneur est de deacutecouvrir des opportuniteacutes
deacutefinies comme The entrepreneurrsquos task is to discover and exploit opportunities defined most
simply as situations in which products or services can be sold at greater than their cost of
production393 Sur la base de lrsquoobservation concregravetes de ce pheacutenomegravene certains auteurs
introduisent la dimension praxeacuteologique lieacutee agrave lrsquoopportuniteacute en identifiant les actions des
entrepreneurs comme fondamentales pour son existence dans la reacutealiteacute Par exemple
SARASVATHY1 S D et al deacutefinissent lrsquoopportuniteacute selon les propos suivants An
entrepreneurial opportunity therefore consists of a set of ideas beliefs and actions that enable
389 ARDICHVILI A et al A theory of entrepreneurial opportunity identification and development Journal of Business Venturing 18 (2003) 105ndash123p 108 390 HANSEN D J et al composite definitions of entrepreneurial opportunity and their operationalizations toward a typology chapter xvii opportunity recognition frontiers of entrepreneurship research Vol 29 Ndeg 172009pp1-15p 391 JULIENP-A opportuniteacutes et capaciteacutes informationnelles Congregraves international francophone en entrepreneuriat et PME Louvain-la-Neuve Belgique 29-31 octobre 2008pp1-14p 1 392 HERNANDEZ E ndashM Lrsquoentrepreneuriat approche theacuteorique1999 p 393 Citeacute par SHORTJC et al The Concept of ldquoOpportunityrdquo in Entrepreneurship Research Past Accomplishments and Future
Challenges Journal of Management Vol 36 Ndeg 1 2010 pp 40-65 p 54
115
the creation of future goods and services in the absence of current markets for them394 HSIEH
C et al deacutefinissent lrsquoopportuniteacute en lrsquoarticulant avec la notion de la valeur des produits ou des
services apporteacutes au marcheacute Lrsquoopportuniteacute devient ainsi as situations in which products or
services can be sold at greater than their cost of production395
Les deacutefinitions que nous venons drsquoeacutevoquer semblent ne pas srsquoaccorder sur une formulation qui
enfermerait toutes les reacutealiteacutes auquel renvoie le concept drsquoopportuniteacute Il existe en effet des
diffeacuterences en terme drsquoobjet qui entre en jeu nouveau produit valeur apporteacutee au marcheacute le
processus par lequel elle devient une reacutealiteacuteetc En deacutepit de la diversiteacute de ces objets les
deacutefinitions ont deux aspects en commun le marcheacute ougrave ce pheacutenomegravene existe ou va exister
lrsquoentrepreneur qui a rocircle fondamentale par rapport ce pheacutenomegravene Crsquoest pourquoi nous tenterons
dans les titres qui suivent drsquoexaminer les sources de lrsquoopportuniteacute et la fonction de lrsquoentrepreneur
qui pour certains chercheurs est deacutefini principalement par rapport agrave ce concept Drsquoembleacute il nrsquo ya
pas un accord ni si sur les sources de lrsquoopportuniteacute ni sur le rocircle de lrsquoentrepreneur Pour
expliciter nos propos les titres suivants seront consacreacutes agrave ces deux aspect qui devrons aboutir agrave
faire apparaitre le rocircle crucial de lrsquoinformation les connaissances et de lrsquoapprentissage dans le
processus drsquoexistence de lrsquoopportuniteacute entrepreneurial
2 Les sources de lrsquoopportuniteacute
Pour eacuteclairer les termes du deacutebat sur les sources d lrsquoopportuniteacute posons tout drsquoabords le
problegraveme que HERNANDEZEM le reacutesume de la maniegravere suivante pour certain chercheurs
les opportuniteacutes ont une existence objective drsquoautres consiegraverent que Mecircme si la reconnaissance
des opportuniteacutes entrepreneuriales relegraveve drsquoun processus subjectif les opportuniteacutes elles-mecircmes
sont des entiteacutes objectives qui ne sont pas perccedilues par tout le monde au mecircme moment raquo396
Drsquoautre comme FAYOLLEA considegravere lrsquoopportuniteacute comme une reacutealiteacute subjective cet auteur
indique que Nous pensons pour notre part que la possibiliteacute entrepreneuriale se construit au
cours du processus de creacuteation de lrsquoactiviteacute et non pas qursquoelle est le point de deacutepart eacuteleacutement laquo
objectif raquo qursquoil faut deacutecouvrir de ce processus397
21 Lrsquoopportuniteacute une reacutealiteacute objective
Les tenants de cette approche deacutesignent freacutequemment SHANES et VENKATARAMANS
comme les premiers agrave introduire le concept drsquoopportuniteacute dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
et qui contribuaient agrave une construction theacuteorique reconnue aujourdrsquohui comme un paradigme
394 SARASVATHY1 S D et al Three Views of Entrepreneurial Opportunity in ZJ Acs and DB Audretsch (eds) Handbook of Entrepreneurship Research 2003 Kluwer L aw International pp141ndash160 p 142 395 HSIEH C NICKERSON J A et ZENGER TR Opportunity Discovery Problem Solving and a Theory of the Entrepreneurial Firm Journal of Management Studies Vol 44 Ndeg 7 2007pp 1256-1277p 1256 396 SHANE S et S VENKATARAMAN (2000) laquo The promise of entrepreneurship as a field of research raquo Academy of Management Review vol 25 no 1 p 217-226 397 FAYOLLE A a l recherche du Cœur de lrsquoentrepreneuriat op ct p108
116
dominant dans la recherche398 En effet deux articles le premier de VENKATARAMANS en
1997 et le second de SHANES et VENKATARAMANS publieacute 2000 ont particuliegraverement
marqueacute la communauteacute scientifique MEYER M et al ont recense plus de 1200 citations de ce
dernier article dans 712 articles (indexeacutes dans Thomson Reuters et web sciences) publieacutes entre
1997 et 2009399 Ces auteurs proposent de reacuteorganiser le domaine de lrsquoentrepreneuriat qui le
deacutefinissent comme lrsquoanalyse acadeacutemique de la faccedilon dont sont deacutecouvertes creacuteeacutees et
exploiteacutees les opportuniteacutes de mettre sur le marcheacute de nouveaux biens et services par qui et
avec quelles conseacutequences400 Dans cette deacutefinition il y le mot deacutecouverte qui annonce deacutejagrave
lrsquoopportuniteacutersquo a une existence objective Les auteurs et la communauteacute scientifiques qui partage
ce paradigme se reacutefeacuterent aux contributions theacuteoriques de lrsquoeacutecole autrichienne qui est la
premiegravere agrave avoir introduit le concept drsquoopportuniteacute dans le champ des sciences eacuteconomiques
Des auteurs comme Hayek Mises Kirzner Schumpeter sont les plus repreacutesentatifs de cette
eacutecole citeacutes de faccedilon appuyeacutee401 CHABAUD D et MESSEGHEM K reacutesume les visons de ces
auteurs de maniegravere suivante pour Mises (1986 p 23) le deacutecideur se trompe souvent dans le
choix et lrsquoapplication des moyens Pour Kirzner les erreurs sont agrave lrsquoorigine du deacuteseacutequilibre et
creacuteent des opportuniteacutes pour ceux qui les repegraverent On est ainsi eacuteloigneacute du modegravele drsquoun homo
oeconomicus omniscient Hayek (1945) souligne que lrsquoinformation est disperseacutee dans la socieacuteteacute
ce qui sera une source drsquoopportuniteacutes402 Ces auteurs introduisent don le concept drsquoopportuniteacute
mais SHANES ET VENKATARAMANS ont ajouteacute lrsquoadjectif laquo entrepreneuriale raquo pour la
distinguer des autres formes drsquoopportuniteacute Crsquoest cette distinction qui fait apparaitre la nature
objective de lrsquoopportuniteacute
22 Ancrage theacuteorique du concept drsquoopportuniteacute
Dans un marcheacute imparfait il existe deux type drsquoopportuniteacutes qui srsquooffrent aux acteurs des
opportuniteacutes de profit et des opportuniteacutes entrepreneuriales Les premiegraveres peuvent ecirctre geacuteneacuterer
par une optimisation des ressources dans une relation fins (reacutesultats ventes croissance) et
moyens (organisation eacutequipement approvisionnements reacuteseau de distribution etc) deacutejagrave
existante Lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale au contraire constitue une remise en cause de cette
relation En effet les deacutecisions entrepreneuriales induisent la creacuteation ou lrsquoidentification de
nouvelles relations entre moyens et fins preacuteceacutedemment non deacutetecteacutees ou non utiliseacutees par les
398 VERSTRAETT FAYOLLEA paradigme et opportuniteacute op ct p 34 399 MEYER M et al op ct p 13 400 deacutefinition originale Thus entrepreneurship as a scholarly field seeks to understand how opportunities to bring into existence future gooh and services are discovered created and exploited by whom and with what consequences in VENKATARAMANS the distinctive domain of entrepreneurship research Advances in Entrepreneurship Firm Emergence and Growth Vol 31997 pp 119-138p120 401 CHABAUD D et MESSEGHEM KLe paradigme de lrsquoopportuniteacute Des fondements agrave la refondation Revue franccedilaise de gestion Ndeg 206 2010pp93-112p 95 402 CHABAUD D et MESSEGHEM Kop ct p 96
117
acteurs du marcheacute 403 Cette possibiliteacute de redeacutefinir les termes de lrsquoeacutechange sont consideacutereacutees
comme porteur drsquoune nouvelle valeur De lagrave apparait la diffeacuterence entre des deacutecisions
drsquooptimisation qui sont des deacutecisions de satisfaction dans lesquelles les finaliteacutes que srsquoefforce
drsquoatteindre lrsquoacteur ainsi que les moyens qursquoil envisage drsquoemployer sont preacuteexistantes alors que
les deacutecisions entrepreneuriales sont des deacutecisions creacuteatives Crsquoest en ces termes que
ECKHARDT J T et SHANE S eacutevoquent la diffeacuterence entre ces deux types de decision In
addition unlike optimizing or satisficing decisions in which the ends that the decision maker is
trying to achieve and the means that the decision maker will employ are given entrepreneurial
decisions are creative decisions That is the entrepreneur constructs the means the ends or
both404 Le scheacutema suivant montre provisoirement les deux conceptions de lrsquoopportuniteacute de
profit
3 Approche reacutealiste de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale ou la vigilance des entrepreneurs
La perspective reacutealiste trouve ses racines dans le positivisme classique de Auguste COMPTE
qui stipule que toute theacuteorie qui nlsquoest pas fondeacutee sur des faits observable est une theacuteorie vide de
sens405 Le courant positiviste revendique en effet que le but de toute theacuteorie est la preacutediction
drsquoun pheacutenomegravene sur la base de son observation Dans cette posture eacutepisteacutemologique les objets
non observables comme le processus les eacuteveacutenements se voient attribueacute les mecircme proprieacuteteacutes que
les objets observables ce qui veut dire que les objets non observables existent objectivement et
indeacutependamment de lrsquoesprit qui veut les connaitre406 En substance il y a un monde reacuteel
existant indeacutependamment des tentatives de compreacutehension de lrsquoesprit Cette tradition reacutealiste est
tregraves preacutesente dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat Nous lrsquoavions souligneacute dans la premiegravere
section de ce chapitre lorsque nous eacutevoquions le processus entrepreneurial ougrave certain objets
comme lrsquointention lrsquoeacutemergence ont une existence objective parce que deacutetermineacutes par des
anteacuteceacutedents deacutetacheacutee de lrsquoobservateur Lagrave aussi sur la notion drsquoopportuniteacute la posture
positiviste est tregraves influente dans la recherche Geacuteneacuteralement ce type de raisonnement est placeacute
soue le thegraveme de laquo deacutecouverte drsquoopportuniteacute raquo Cette approche comme nous lrsquoavion montreacute dans
le titre preacuteceacutedents est construite sur la base des travaux de lrsquoeacutecole Autrichienne407 qui se diffegravere
403 CHABAUD D et MESSEGHEMK op ct p 95 404 ECKHARDT J T ET SHANE S A ldquoOpportunities and Entrepreneurshiprdquo Journal of Management Vol 29 Ndeg 3 2003 p 333-349p 336 405 ALVAREZ S A BARNEY JB and YOUNG SL Chapter 2Debates in Entrepreneurship Opportunity Formation and Implications for the Field of Entrepreneurship in Handbook of Entrepreneurship Research ZJ Acs DB Audretsch (eds) 2010pp23-45p24 406 ALVAREZ S A BARNEY JB and YOUNG SLidem p 25 407 Lrsquoapparition de lrsquoeacutecole autrichienne srsquoest faite pour deacutepasser les limites de lrsquoanalyse neacuteo-classique ce deacutepassement pouvait se faire par deux hypothegraveses La premiegravere consiste agrave raffiner les modegraveles neacuteo-classiques eux-mecircmes pour tenter drsquointeacutegrer les points sur lesquelles il y a des faiblesses au sein du paradigme comme lrsquoimperfection de lrsquoinformation asymeacutetries diffeacuterenciation des
produits La seconde est drsquoaccepter drsquoune maniegravere fondamentale qursquoil y a des aspects du marcheacute qui ne peuvent ecirctre pris en
118
de la tradition neacuteoclassique en assumant lrsquohypothegravese de lrsquoimperfection de lrsquoinformation dans le
marcheacute
31 La deacutecouverte de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale selon HAYEKFA
Lrsquoorigine de cette hypothegravese renvoie aux travaux de HAYEK FA qui considegravere que le
problegraveme central de lrsquoeacuteconomie nrsquoest pas exprimable en terme drsquoallocation des ressources mai
de dispersion de connaissances et drsquoutilisation de llsquoinformations par les agents eacuteconomiques408
lrsquoopportuniteacute existe naturellement du fait de la divergence des prix Ces diffeacuterences de dotations
en information trouvent leur reflet dans les diffeacuterentiels de prix409 Contrairement au postulat
neacuteoclassique sur lrsquoeacutequilibre qui signifierait qursquoil nrsquoy aurait plus de poches drsquoignorance au sein
du marcheacute et donc plus drsquoaction entrepreneuriale possible Il nrsquoy aurait plus non plus de
concurrence410 De ce fait pour HAYEKFA ces divergences de prix sont la reacutesultante de la
dispersions des informations qui sont perccedilues par un agent doteacute de connaissances speacutecifiques et
subjectives sur le fonctionnement du marcheacute qui peut eacuteventuellement agir en proceacutedant agrave des
arbitrages dans lrsquoallocation des ressources pour proposer une nouvelle alternative plus
valorisante de ces ressources411
32 La deacutecouverte de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale ou la notion de vigilance chez
KIRZNERI
Mais dans les travaux de HAYEKFA il nrsquoest pas encore question drsquoopportuniteacute
entrepreneuriale ni drsquoentrepreneur il revient a KIRZNRI en 1973 drsquoeacutetablir dans le
prolongement des travaux de Von mise et HAYEK theacuteoriquement le rocircle de lrsquoentrepreneur en
se basant sur lrsquoasymeacutetrie des croyances des agents dans le marcheacute Pour Kizner lopportuniteacute
provient drsquoune connaissance particuliegravere e localiseacutee dans le temps et lrsquoespace sur les conditio du
macirccheacute qui eacutetait jusqursquoalors mal connue
Dans ce raisonnement les opportuniteacutes sont agrave prendre agrave capturer seulement par ceux qui
possegravedent les qualiteacutes neacutecessaires pour agrave la fois les deacutecouvrir et les exploiter Dans ce processus
il y a un eacuteveacutenement important Le deacutecouvert appeleacute chez les anglo-saxons laquo entrepreneurial
discovery raquo Pour ECKHARDT JT et SHANE SAla deacutecouverte entrepreneuriale est la
perception de nouvelles combinaisons moyens- fins qui peut srsquoeacutetablir garce agrave des informations
compte par lrsquoexpression de lrsquoeacutequilibre neacuteo-classique qui considegravere les comportements des agents et des firmes lorsque le marcheacute est agrave lrsquoeacutequilibre Crsquoest dans ce second postulat que lrsquoeacuteconomie autrichienne srsquoest fondeacutee elle srsquoattache agrave deacuteterminer comment
le marcheacute pourrait parvenir agrave cette situation drsquoeacutequilibre Son domaine de preacutedilection est alors le marcheacute hors de lrsquoeacutequilibre 408 Citeacute par SILBERZAHNP la deacutetermination ar la firme entrepreneuriale de ses produits- marcheacutes un modegravele socio cognitif ECOLE POLYTECHNIQUE paris TEC 2009 229 page p81 409TARDIEU L La fonction entrepreneuriale dans la firme Revue drsquoeacuteconomie industrielle vol 109 1er trimestre 2005 Pp 119-137 p 121 410 IKEDA S Lanalyse du processus de marcheacute dans lorganisation industrielle Kirzner la contestabiliteacute et Demsetz Journal de Economistes Et des Etudes HumainesVol2 Ndeg 4 1991 pp479-498 p 480 411 ALVAREZ S A BARNEY JB and YOUNG SL op ct p 25
119
non incorporeacutees ou partiellement neacutegligeacutees par les prix Cette nouvelle combinaison a un
potentiel drsquoecirctre incorporeacutee dans les prix et de ce fait elle peut guider une deacutecision sur une
allocation plus efficiente des ressources la deacutecouverte de ces opportuniteacute se reacutealise drsquoune
maniegravere spontaneacutee mais gracircce agrave une certaine qualiteacute se trouvant chez lrsquoentrepreneur la vigilance
entrepreneuriale Comme lrsquoindiquait KIRZNERI What accounts for a systematic tendency
toward that succession of wholesome surprises which must constitute the equilibrative process
is not any implausible series of happy accidents but rather the natural alertness412cette
vigilance est une capaciteacute de deacutecouvrir les erreurs des autres entrepreneurs cest-agrave-dire The
daring alert entrepreneur discovers these earlier errors buys where prices are too low and
sells where prices are too high In this way low prices are nudged higher high prices are
nudged lower price discrep- ancies are narrowed in the equilibrative direction Shortages are
filled surpluses are whittled away quantity gaps tend to be eliminated in the equilibrative direc-
tion413 Crsquoest ainsi que KIRZNERI attribut gracircces au concept de vigilance le rocircle de
lrsquoentrepreneur comme un agent dont la fonction est de reacuteeacutequilibrer le marcheacute
4 La vigilance entrepreneuriale dans les eacutetudes empiriques
Lrsquoimportance prise par le concept de vigilance et ses implications dans la recherche sur la
croissance eacuteconomique ont pousseacute plusieurs chercheurs agrave diffeacuterencier par exemple entre les
entrepreneurs qui sont motiveacutes dans leurs activiteacutes par recherche de nouvelles opportuniteacutes de
ceux qui srsquoengagent dans la creacuteation drsquoentreprise comme un dernier recours faut de trouver une
alternative satisfaisantes414Le groupe international GEM integravegre en effet dans la mesure de
lrsquoactiviteacute entrepreneuriale dans les pays cette distinction en identifiant un niveau
drsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute (TEA opportuny driven entrepreneurship) et un niveau
drsquoentrepreneuriat de neacutecessiteacute ( necessity driven entrepreneurship) 415 A ce titre il y a une
hypothegravese que la dominance dans un pays de tel ou tel type drsquoentrepreneurs a un impact
consideacuterable sur le niveau de croissance et de deacuteveloppement Si lsquoimportance de la notion
drsquoopportuniteacute st eacutetablie dans les travaux theacuteoriques elle demeure un sujet deacutelicat lorsqursquoil
srsquoagit de sa mesure
412 KIRZNERMI Entrepreneurial Discovery and the Competitive Market Process An Austrian Approach Journal of Economic Literature Vol XXXV1997 pp 60-85 p72 413 KIRZNERMI idem p 70 414 VERSTRAETT et SAPORTAB Creacuteation drsquoentreprise e entrepreneuriat op ct p 66 415 VERSTRAETT et SAPORTAB Creacuteation drsquoentreprise e entrepreneuriat op ct p 67
120
41 la mesure de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale
La mesure de lrsquoopportuniteacute aussi bien agrave lrsquoeacutechelle macro eacuteconomique qursquoagrave une eacutechelle
individuelle s4est 2normement d2veloppent dans le temps416 Certaine chercheurs utilisent par
exemple la deacuteregraveglementation dans certain secteur industrielle comme un approximation du
niveau des opportuniteacutes qui peuvent eacutemerger dans le future Le niveau de lrsquoinnovation
technologique constitue un autre indicateur de lrsquoexistence de nouvelle opportuniteacute de creacuteation de
valeur dans lrsquoeacuteconomie 417
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat et agrave lrsquoeacutechelle individuelle les mesures les plus utiliseacutes sont
drsquoordre perceptuel il ne srsquoagit pas de quantifier le niveau des opportuniteacute mais de mesurer la
perception des individus quant agrave leur existence dans le marcheacute Par exemple ZAHRASA
considegravere la capaciteacute deacuteclareacutee des individus agrave deacutetecter la valeur de nouvelles informations agrave
apprendre et agrave appliquer ces informations dans des finaliteacutes commerciales constitue un indicateur
fondamental pour la mesure de la vigilance entrepreneuriale418 Dans ses travaux sur
lrsquoapprentissage dans le processus entrepreneurial BARRONRA suggegravere que la perception de
lrsquoopportuniteacute est un pheacutenomegravene composite qui peut inteacutegrer deux dimensions importantes This
scale was designed to measure both the ability to recognize opportunities (eg ldquoI can recognize
new venture opportunities in industries where I have no personal experiencerdquo) and alertness to
opportunities (eg ldquoI have a special alertness or sensitivity toward new venture
opportunitiesrdquo)419
Ce type drsquoapproche ne mesure pas lrsquoopportuniteacute comme un objet existant et quantifiable mais
comme une possibiliteacute de profit qui peut ecirctre perccedilus ou non par les individus Cette perception
comme le soulignait KIRZNER I est une caracteacuteristique fondamentale du comportement
entrepreneurial car elle fait la diffeacuterence entre des entrepreneurs et des non entrepreneur
42 La vigilance de lrsquoentrepreneur comme une dimension de la compeacutetence
entrepreneuriale
Pour pouvoir srsquoengager dans le processus entrepreneurial et deacutecouvrir et ou eacutevaluer une
opportuniteacute entrepreneuriale lrsquoindividu devrait posseacutedeacute une vigilance entrepreneuriale preacutecoce
lui permettant de percevoir positivement les opportuniteacutes existantes dans le marcheacute Cette
capaciteacute de deacutetection des signaux eacutemis par lrsquoenvironnement se traduit par des aptitudes de
perception des opportuniteacutes L-G GIORDANI (2004 p 6) suggegravere agrave ce titre que le processus
416 SHORT JC et al The Concept of ldquoOpportunityrdquo in Entrepreneurship Research Past Accomplishments and Future Challenges Journal of Management Vol 36 Ndeg 1 2010 pp 40-65p 53 417 SHORT JC et al en citant lrsquoindicateur deacuteveloppeacute par ZAHRA S A dans son article ZAHRA S A 1996 Governance ownership and corporate entrepreneurship The idem p 53 418 Cite par POLITIS D The Process of Entrepreneurial Learning A Conceptual Framework entrepreneurship theory and practice Volume 29 issue 4 2005 pp 399-424p 404 419 SHORT JC et al op ct p53
121
entrepreneurial laquo deacutebute au point de rencontre et drsquoarticulation entre lrsquointention de creacuteer une
entreprise et des opportuniteacutes de lrsquoenvironnement raquo Crsquoest lrsquoadeacutequation entre aptitudes affectives
et habileteacutes perceptives qui preacutedisposent donc lrsquoindividu agrave srsquoengager dans un processus cognitif
de recherche et de traitement de lrsquoinformation Comme le notaient fayolle et al laquo Afin de trier
les informations qui sont utiles agrave lrsquoeacuteclairage des facteurs preacutealables agrave la reacuteussite du projet
lrsquoentrepreneur a besoin de compeacutetences en matiegravere de maicirctrise de lrsquoinformation qui lui
permettent de rechercher collecter classer et exploiter les informations qui servent de base agrave
une bonne gestion de lrsquoacte entrepreneurial raquo420
5 Le rocircle de la connaissance dans la vigilance entrepreneuriale
Si dans la perspective reacutealiste la notion drsquoopportuniteacute la vigilance de lrsquoentrepreneur est
fondamentale quel serait degraves lors les facteurs qui peuvent ameacuteliorer cette vigilance la
litteacuterature met lrsquoaccent sur a ce titre sur le rocircle deacuteterminant des processus drsquoacquisition de
lrsquoinformation ce processus est deacutefini dans ce qui est appeleacute la reconnaissance de lrsquoopportuniteacute
les anglo-saxons appellent ce processus laquo opportunity recognition raquo Cette derniegravere est deacutefinie
selon LUMPKIN HILLS AND SCHRADER comme opportunity recognition as ldquoperceiving
a possibility to create new businesses or significantly improving the position of an existing
businessrdquo which results in new profit potential421 Cependnat cette reconnaissance se deacutecline
dans la reacutealiteacute selon deux cas possibles Dans le premier cas il srsquoagit drsquoune opportuniteacute
rencontreacutee par lrsquoindividu drsquoune maniegravere laquo soudaine raquo comme par exemple la deacutetection drsquoun
besoin dans le marcheacute la rencontre drsquou client drsquoun fournisseur etc Elle constitue une
expeacuterience que certain auteurs lrsquoappelle comme une apparition laquo EUREKA raquo de lrsquoopportuniteacute
qui deacutecris le moment initial de la reconnaissance d e lrsquoopportuniteacute HILLGE la considegravere
comme the specific eureka experiences when suddenly an idea crystallises typically it is the
initial idea which is described as the moment of opportunity recognition422 Cet eacuteveacutenement
deacutebute par exemple avec la mise en relation possible drsquou produit et ou un service avec une
cible commerciale tout en sachant que cette mise en relation put ecirctre incomplegravete423
Drsquoautre recherche ne srsquoarrecirctent pas agrave ce moment laquo Eureka raquo mais considegraverent que
lrsquoopportuniteacute suit un autre processus qui deacutecrit lrsquoeacutevolution de lrsquoideacutee initiale jusqursquoa sa
formalisation dans un plan drsquoaffaires cest-agrave-dire dans un scheacutema identifiant le marcheacute le
420 Compeacutetence entreoruilee 421 Citeacute par GIBBS S R Exploring the Influence of Task-Specific Self-Efficacy on Opportunity Recognition Perceptions and Behaviors Frontiers of Entrepreneurship Research Vol 29issue 6 2009pp1-15p 1 422 HILLS GE 1995 Opportunity Recognition by Successful Entrepreneurs A Pilot Study in Bygrave WD et al (ed) Frontiers of Entrepreneurship Research Babson Park Mass Babson Collegepp216-227p220 423 CHABAUDD et NGIJOLJQuels reacuteseaux sociaux dans la formation de lrsquoopportuniteacute drsquoaffaires Revue franccedilaise de gestion
Ndeg 206 2010 pp 130-147p 131
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produits et les ressources qui seront exploiteacutees pour la nouvelle activiteacute424 Le scheacutema suivant
qui est proposeacute par DE KONING AJ ET MUZYKA DF reacutesume la diffeacuterence entre ces deux
conceptions de la reconnaissance de lrsquoopportuniteacute425
Figure22 Les deux possibiliteacutes de la reconnaissance de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale
Source DE KONING AJ et MUZYKA DF p3
HILLSGE et al proposent agrave ce titre une description de ce processus en identifiant trois phases
importantes que le tableau suivant reacutesume
Tableau20 Les phases de lrsquoeacutevolution de la reconnaissance de lrsquoopportuniteacute
entrepreneuriale
Etapes du processus de deacuteveloppement de
lrsquoopportuniteacute
Action correspondantes dans un processus individuel
Preacuteparation
Inventaire et analyse des connaissances et des expeacuteriences cumuleacutees
Insight
Identification de lrsquoopportuniteacute qui peut survenir soit comme un
Eureka par lrsquointeraction avec un reacuteseau social ou comme une
forme de reacutesolution drsquoun problegraveme comment satisfaire une
demande dans un marcheacute comportant de besoins non encore
satisfaits
Incubation
Consideacuteration des diffeacuterentes options et possibiliteacutes moment ou lrsquoindividu reacutefleacutechie sur un problegraveme drsquoune maniegravere consciente
Source TREMBLEY M et CARRIER p 80
Ce processus est fait drsquoactiviteacute cognitive intense de filtrage de lrsquoinformation et drsquoameacutelioration d
e lrsquoideacutee initiale pour eacuteliminer ce qui est impossible de faire et laisser ce qui est pertinent agrave
reacutealiser
424 BHAVE MP 1994 A Process Model of Entrepreneurial Venture Creation Journal of Business Venturing 9 223-242p 239 425DE KONING AJ et MUZYKA DF Conceptualizing Opportunity Recognition as a Socio-Cognitive Process SSE EFI working papers series in business administration Ndeg131999pp 1-27p 3
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Les concepts de vigilance (alertenness) et de reconnaissance ( opportunity recognitionn)
mettent en relief une dimension cognitive importante dans le processus de deacutecouverte et de
reconnaissance de lrsquoopportuniteacute entrepreneuriale Certains auteurs considegraverent cette vigilance
comme une sorte de compeacutetences qui fait la diffeacuterence ecirctre les entrepreneurs des non
entrepreneurs En effet la compeacutetence entrepreneuriale ne se limite pas agrave cette eacutetape ougrave
lrsquoopportuniteacute est deacutecouverte drsquoautres compeacutetences sont neacutecessaires pour assurer ce que appeleacute
les eacutetapes physiques du processus entrepreneurial qui se deacutecline dans les activiteacutes de collection
de ressources des transactions internes et externes ave le marcheacuteetc Crsquoest pourquoi nous
consideacuterons qursquoun autre anteacuteceacutedent entrera en jeux dans la reacutealisation des diffeacuterents reacutesultats
dans le processus entrepreneurial notamment dans les phases drsquoengagement drsquoeacutemergence de la
nouvelle entreprise et de survie Nous les consideacuterons comme de compeacutetences speacutecifiques en
lrsquooccurrence les compeacutetences speacutecifiques de lrsquoentrepreneur que nous mettant sous le thegraveme
geacuteneacuterique de capital humain de lrsquoentrepreneur
6 Capital humain et processus entrepreneurial
Le but de ce titre est drsquoexpliciter lrsquoarticulation que nous envisageons entre le concept de capital
humain et la participation dans le processus entrepreneurial Cette jonction nrsquoest pas toujours
aiseacutee agrave formaliser tant que les deux concepts nrsquoont pas une deacutefinition preacutecise pouvant faciliter
leur opeacuterationnalisation dans une recherche empirique Pour le processus entrepreneurial la
deacutefinition et le cadrage theacuteorique a eacuteteacute fait dans les deux premiegravere sections Il reste agrave preacutesent
de preacuteciser ce que nous entendons par capital humain notamment lorsque celui ci est appliquer
dans le domaine de l lsquoentrepreneuriat dans un premier titre nous preacutesenterons ce qui est
appeleacute la theacuteorie du capital humain puisque crsquoest dans ce domaine de connaissance qursquoest neacute et
srsquoest deacuteveloppeacute le concept dans le second titre il sera question de voir comment du point de
vue theacuteorique la recherche en entrepreneuriat a inteacutegreacute le capital humain pour apporter un
certain nombre de reacuteponse agrave des probleacutematiques comme le deacuteclenchement du processus
entrepreneurial la creacuteation de nouvelles entreprise et lrsquoinnovation etc dans le dernier titre nous
voulons comprendre les meacutecanisme par lesquels le capital humain influence la preacutesence des
individus dans processus entrepreneurial et particuliegraverement dans les eacutetapes que nous avions
identifier preacuteceacutedemment
61 La theacuteorie du capital humain
Le concept de capital humain formuleacute pour la premiegravere fois en 1961 par lrsquoeacuteconomiste du
deacuteveloppement Theodore SCHULTZ a eacuteteacute systeacutematiseacute par Gary BECKER en 1964 qui obtint
124
pour cela le Prix Nobel drsquoeacuteconomie en 1992426 Ce concept a eacuteteacute formaliseacute dans le cadre drsquoune
theacuteorie qui porte drsquoailleurs son nom laquo la theacuteorie du capital humain raquo A lrsquoorigine cette theacuteorie
consiste agrave imputer les diffeacuterences des salaires des employeacutes agrave des diffeacuterences dans la productiviteacute
des salarieacutes Cette diffeacuterence est elle-mecircme la reacutesultante de la diffeacuterence du capital humain
accumuleacute par les individus agrave travers lrsquoinvestissement qursquoil fond en capital humain427 MINCER
explicite cette relation entre le salaire et le capital humain comme suit Les salaires sont
proportionnels la dimension du capital humain De ce fait les diffeacuterences de salaires entre les
salarieacutes sont dues principalement agrave des diffeacuterences dans la dimension des stocks en capital
humain et non un taux de salaire diffeacuterent par uniteacute de stock de capital humain428 Cette
hypothegravese met en relief le rocircle fondamental de lrsquoinvestissement individuel comme un processus
de formation du capital humain Cette relation captal humain productiviteacute salaires a eacuteteacute approche
selon trois niveau drsquoanalyse un niveau micro ou lrsquoindividu est lrsquoobjet drsquoobservation le niveau
organisationnel ou crsquoest geacuteneacuteralement lrsquoentreprise qui devient lrsquouniteacute drsquoanalyse et le niveau
agreacutegeacute ougrave le capital humain est envisageacute dans une perceptive macro eacuteconomique
a Le capital humain A lrsquoeacutechelle individuelle
Dans cette perspective BECKER G de lrsquoarbitrage que fond les individus entre les beacuteneacutefices
attendus des anneacutees drsquoeacuteducation et les coucircts que cette eacuteducation impliquent Cs coucircts peuvent
ecirctres lieacutes au financement de la formation mais aussi agrave lrsquoopportuniteacute drsquoavoir renonceacute agrave un travail
reacutemuneacutera et se consacrer agrave la formation429 Les beacuteneacutefices en question sont le suppleacutement de
reacutemuneacuteration que lrsquoindividu peu obtenir sur le marcheacute de travail tout au long de son existence
dans la vie professionnelle430 Ainsi en investissant dans les eacutetudes et la formation les
individus augmentent leur laquo capital humain raquo en lrsquooccurrence leurs aptitudes et connaissances
ce qui leur permet drsquooccuper des emplois plus reacutemuneacuterateurs431 En reacutesumeacute cette theacuteorie
postule que les individus qui disposent drsquoun stock de capital humain quantitativement et
qualitativement supeacuterieurs aux autres parviennent agrave de meilleurs reacutesultats432
426 VIGNOLLES B le capital humain du concept aux theacuteories in Regards croiseacutes sur leacuteconomie Ndeg 12 2012pp pages 37-41 p 37 427 POULAIN EacuteLe capital humain dune conception substantielle agrave un modegravele repreacutesentationnel Revue eacuteconomique vol 52
Ndeg1 2001 pp 91-116 p92 428 Cite par POULAIN Eacute idem p92 429 Citeacute par VIGNOLLES Le capital humain du concept aux theacuteories La Deacutecouverte | laquo Regards croiseacutes sur leacuteconomie raquo Ndeg 12 2012 pp37- 41p 38 430 GUILLARD A ROUSSEL JLe capital humain en gestion des ressources humaines Eacuteclairages sur le succegraves dun concept laquo Management amp Avenir raquo Ndeg 3 2010 pp160-181p 161 431 GUILLARD A ROUSSEL J idem p161 432 BECKERG cite par HIKKEROVA L et al Caracteacuteristiques des entrepreneurs et conception de leurs business plans le cas
des primeacutes au concours du reacuteseau entreprendre paris laquo Gestion 2000 raquo Vol 292012pp15-30 16
125
b Le capital humain agrave lrsquoeacutechelle organisationnelle
Dans ce type de consideacuteration crsquoest la somme des compeacutetences individuelle qui forment le
capital humain Dans le domaine de la strateacutegie par exemple la theacuteorie baseacutee sur les ressources
(resources based view) postule que les entreprises ont un avantage compeacutetitif si elles sont
capables de creacuteer plus de valeur eacuteconomique que ses concurrents dans un marcheacute donneacute Le
capital humain devient ainsi une variable explicative de cet avantage compeacutetitive si cette valeur
est attribuable agrave lrsquoaccegraves de lrsquoentreprise et agrave lrsquoutilisation des connaissances (inimitables et rares)
des talents et des capaciteacutes de ses employeacutes433
c Capital humain agrave lrsquoeacutechelle macro
Il srsquoagit ici du niveau privileacutegieacute par les eacuteconomistes qui cherchent agrave identifier lrsquoimpact du stock
du capital humain dans une eacuteconomie donneacutee le capital humain est ainsi perccedilu comme un
facteur endogegravene de la croissance et du deacuteveloppement de maniegravere geacuteneacuterale agrave travers notamment
lrsquoinfluence des niveaux drsquoeacuteducation sur la productiviteacute drsquoune eacuteconomie434 Cette hypothegravese a
est le fondement du discoure normatif qui postule que les diffeacuterences de capital humain entre les
pays permettent drsquoexpliquer une grande partie de leurs eacutecarts en termes de croissance
eacuteconomique435
En ce qui nous concerne nous nous inscrivant dans une approche individuelle degraves lors que le
pheacutenomegravene auquel est associeacute le capital humain a eacuteteacute appreacutehendeacute au niveau de lrsquoindividu il
srsquoagit en effet de comprendre le rocircle du capital humain dans le processus entrepreneurial
consideacutereacute principale comme un fait qui se situe drsquoabord au niveau individuel
Si agrave priori le capital humain apparait comme un concept simple son usage empirique est par
contre tregraves complexe Cette complexiteacute entraine souvent des une heacutesitation des chercheurs au
niveau de sa conceptualisation mais aussi au niveau de sa mesure
62 La mesure du capital humain
Crsquoest en ces termes que STIEGLITZ reacutesume ces difficulteacutes les meacutethodologies actuelles de
mesure du capital humain restent souvent inopeacuterantes en raison de leurs difficulteacutes
agrave traiter la dialectique entre synthegravese et analyse Soit drsquoun cocircteacute elles sont trop syntheacutetiques
Centreacutees sur un indicateur le plus souvent financier et ne parviennent pas agrave saisir toute la
complexiteacute de ce concept comme les tentatives de comptabilisation du capital humain Soit de
lrsquoautre elles proposent une pluraliteacute drsquoindicateurs qui permettent drsquoapprocher le capital
433COFF R AND KRYSCYNSKI D Drilling for Micro-Foundations of Human Capital Based Competitive Advantages Journal of Management Vol 37 Ndeg5 2011pp1429-1443p 4 434 GUILLARD A ROUSSEL J op ct p5 435 VIGNOLLES B op ct p5
126
humain comme le Balance Scorecard (BSC) de Kaplan et Norton (1996) mais elles manquent
alors de synthegravese pour le mesurer clairement436
En effet les chercheurs ont utiliseacute une panoplie drsquoindicateur Ces indicateurs distinguent deux
conceptions diffeacuterentes du capital humain Ce dernier peut ecirctre deacutefini par rapport aux inputs
qui permettent sa constitution en tant que stock Les indicateurs usiteacutes agrave ce titre sont les anneacutees
de scolariteacute les deacutepenses en eacuteducation s ou lrsquoexpeacuterience professionnelle Utilise le terme
laquo human capital input raquo pour deacutesigner ce premier sens La deuxiegraveme approche consiste agrave le
consideacuterer du point de vue des reacutesultats que procurent ces investissements notamment en
matiegravere drsquoaccumulation de connaissances de deacuteveloppement des habiliteacutes et des compeacutetences
de maniegravere geacuteneacuterale Approcheacutee de cette maniegravere FLORINJ et SCHULTZW 437 preacutecisent
davantage la deacutefinition et considegraverent qursquoil y a un capital humain geacuteneacuteral et un capital
humain speacutecifique Le capital humain geacuteneacuteral procure est formeacute de connaissances et des talents
qui peuvent ecirctres appliqueacutes agrave un eacuteventail large drsquoactiviteacute qui ne sont pas neacutecessairement lieacutees
agrave un domaine professionnel particulier Par contre un capital humain speacutecifique relegraveve des
capaciteacutes dont lrsquousage se fait dans des contextes particuliers comme par exemple des
connaissances lieacutees agrave un domaine industriel particulier438 Dans notre contexte le capital humain
sera consideacutereacute comme des connaissances et des alibiliteacutes speacutecifiques et dont lrsquoapplication est
particuliegravere agrave la creacuteation de nouvelle entreprise
Drsquoautre auteur explique davantage le rocircle de capital humain speacutecifique en distinguant les
diffeacuterents types de connaissances et des capaciteacutes qursquoil enferme des connaissances tacites
(capital humain speacutecifique) et des connaissances explicites (capital humain geacuteneacuteral) On pourrait
comprendre cette distinction dans les Propos DAVIDSSONP et HONIG B Previous
knowledge plays a critical role in intellectual performance It assists in the integration and
accumulation of new knowledge as well as integrating and adapting to new situations (Weick
1996) Knowledge may be defined as being either tacit or explicit (Polyanyi 1967) Tacit
knowledge refers to ldquoknowhowrdquo the often non-codified components of activity ldquoKnow-whatrdquo
consists of the explicit type of information normally conveyed in procedures processes formal
written documents and educational institutions Solving complex problems and making
436 STIGLISTZ STIGLITZ JE AMARTYA S FITOUSSI J-P Rapport de la Commission sur la mesure des performances eacuteconomiques et du progregraves social 2013324 pages p 30 p 30 httpwwwladocumentationfrancaisefrvarstoragerapports-publics094000427pdf consulteacute le 11-03-2015 437 Cite par DE CLERQ D and ARENIUS P Effects of Human Capital and Social Capital on Entrepreneurial Activity (2003) Babson College Babson Kauffman Entrepreneurship Research Conference (BKERC) 2002-2006 pp 157-17p 158 438 DE CLERQ D and ARENIUS P op ct p 159
127
entrepreneurial decisions utilizes an interaction of both tacit and explicit knowledge as well as
social structures and belief systems439
63 Le capital humain comme connaissances conduisant agrave des capaciteacutes
Ce type drsquoapproche appreacutehende QUI la formation du capital humain La seconde conception
repose sur le reacutesultat que produisent ces investissements sur le deacuteveloppement des compeacutetences
et des talents de lrsquoindividu On retrouve cette approche dans la deacutefinition de STIGLITZ J
lrsquoensemble des compeacutetences et de Lrsquoexpeacuterience accumuleacutees qui ont pour effet de rendre les
salarieacutes plus productifs raquo440 Dans la mecircme perspective DAVISSONP et HONIHB deacutefinissent
le capital humain comme les connaissances drsquoune maniegravere geacuteneacuterale qui procurent agrave lrsquoindividu la
possibiliteacute drsquoaccroitre ses capaciteacutes cognitives lui permettant drsquoecirctre plus productif441 Cette
deacutefinition est certes utile mais pose un autre niveau de difficulteacute pour la recherche en
entrepreneuriat qursquoest entend par connaissance
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat lrsquohypothegravese de la theacuteorie du capital humain serait de
consideacuterer les personnes doteacutees de connaissances et drsquoexpeacuterience peuvent ecirctre les plus aptes agrave
deacutecouvrir et drsquoexploiter avec succegraves les opportuniteacutes qui peuvent existeacutees dans le marcheacute442
Mais les difficulteacutes en termes de conceptualisation et de mesure du capital humain se reacutepercutent
sur les recherches empiriques lorsqursquoil srsquoagit de lrsquoappliquer agrave un processus eacuteconomique aussi
complexe que lrsquoentrepreneuriat Dans cette probleacutematique les chercheurs adopte geacuteneacuteralement le
concept drsquoauto efficaciteacute ( sel efficacy) pour deacutefinir ces compeacutetences mais aussi pour les
mesurer dans des recherche empirique notamment lorsqursquoelles consideacutereacutees comme une variable
explicative du deacuteclenchement ou de la reacuteussite du processus entrepreneurial
64 Le compeacutetences entrepreneuriales dans le cadre du concept drsquoauto efficaciteacute
Le capital humain entrepreneurial dans cette perspective Est de nature deacuteclarative Crsquoest-agrave-dire
deacutefinis selon les croyances de lrsquoentrepreneur sur ses capaciteacutes agrave organiser et agrave exeacutecuter un
certain nombre drsquoactions requises pour produire les reacutesultats attendus443 Lrsquohypothegravese sous
jacente agrave ce concept est que les individus qui croient pouvoir exeacutecuter des taches speacutecifiques
ne sont pas seulement les aptes a srsquoengager dans le processus entrepreneurial mais aussi agrave
439 DAVIDSSONP et HONIG B op ct p 303 440 STIGLITZ J E LAFAY J-D Walsh C E Principes drsquoeacuteconomie moderne De Boeck Supeacuterieur 2007 4iegraveme eacutedition 925 page p 210 441 DAVIDSSON P and HONIG B idem p309 442 DAVIDSSON PER AND HONIG BENSON The role of social and human capital among nascent entrepreneurs Journal of Business Venturing 18(3) (2003)pp 301-331 p 309 443 BANDURA A LOCKE EA Negative Self-Efficacy and Goal Effects Revisited Journal of Applied Psychology Vol
88 Ndeg 1 2003 pp 87ndash99 p 87
128
afficher des comportements favorables agrave la persistance dans le marcheacute et agrave la reacuteussite dans
lrsquoentreprise444 Ces taches sont dite speacutecifique agrave cause de lrsquoincertitude qui leur caracteacuterisent par
rapport aux reacutesultats auxquelles elles peuvent aboutir comme le soulignait If the economic
value associated with a new market opportunity is uncertain then it is difficult to know for sure
which resources should be assembled and coordinated how resource assembly and coordination
decisions should be made and what the residual profits from exploiting such an opportunity
might be445 On pourrait citer par exemple l rsquointroduction drsquoun nouveau produit acquisition
des ressources financiegraveres Crsquoest dans ce contexte que la croyance en ses propres capaciteacutes
devient une variable importante pour le comportement entrepreneurial
Plusieurs recherches empiriques ont montreacute lrsquoimportance de ce type drsquoattitude dans les
diffeacuterentes eacutetapes du processus entrepreneurial Dans une recherche portant sur le rocircle des
connaissances dans lrsquoactiviteacute entrepreneuriale DE CLERCK et ARNIEUS ont montreacute que
Lrsquoeffet de lrsquoauto efficaciteacute sur les comportements individuels est aussi lieacute agrave lrsquoimportance
de lrsquoapprentissage dans lrsquoameacutelioration de la perception positive de ses propres capaciteacutes agrave
reacutealiser avec efficaciteacute des taches particuliegraveres Cet apprentissage peut ecirctre le reacutesultat de leur
connaissances existantes ( formation expeacuteriences ) mais le reacutesultat de leur contact avec drsquoautre
personnes qui peuvent leur procure des connaissances utiles aussi plus preacuteciseacutement garce agrave cette
auto efficaciteacute les individus peuvent non seulement afficher un penchant pour lrsquoentrepreneuriat
mais aussi ecirctre capable de fournir davantage drsquoeffort une fois qursquoil sont en plein processus
entrepreneurial446
Crsquoest dans cette perspective que nous inteacutegrant le deuxiegraveme anteacuteceacutedent lieacute agrave lrsquoactiviteacute
entrepreneuriale La croyance en ses propres capaciteacutes sera consideacutereacute en effet comme un
indicateur de la compeacutetence entrepreneuriale ou de ce que nous avions appeleacute le capital humain
speacutecifique
444 Idemp 93 445 ALVAREZ SA BARNEY JB How Do Entrepreneurs Organize Firms Under Conditions of Uncertainty Journal of Management Ndeg 312005 776-793p 777 446 DE CLERCQ D ARENIUS P op ct p 341
129
7 La perception du risque entrepreneurial
Depuis long temps la notion de risque et drsquoincertitude ont eacuteteacute associeacutee agrave lrsquoentrepreneur et agrave
lrsquoentrepreneuriat447 Le risque et deacutefini par rapport agrave la notion de lrsquoincertitude Le risque est
une incertitude mesurable cest-agrave-dire probabilisable de maniegravere objective au moyen de
statistiques448 Par contre elle peut ecirctre radical lorsqursquoelle concerne des pheacutenomegravenes si unique ndash
nrsquoayant pas fait lrsquoobjet drsquoaucune reacutepeacutetition qursquoon ne pourrait lui attribuera une probabiliteacute car
ces dernier repose fondamentalement sur les freacutequences par lesquels ce pheacutenomegravene est intervenu
dans le passeacute
Par rapport agrave ces deux acception de lrsquoincertitude lrsquoentrepreneur eacutetait consideacutereacute comme une
personne qui envisageacute drsquoagir en fonction des situations futurs ou incertaines Sa reacuteussite ou
son eacutechec deacutependent de lrsquoexactitude de s preacutevision drsquoeacuteveacutenements incertains449 Lrsquoexactitude
de sa preacutevision drsquoeacuteveacutenements incertains Cette incertitude revecirct donc drsquoune existence objective
lieacutees agrave des eacuteveacutenements qui peuvent intervenir indeacutependamment de celui qui les subie Cette
incertitude peut ecirctre vue aussi du point de vue eacutepisteacutemique450 cest-agrave-dire quelle caracteacuterise la
maniegravere dont les individus appreacutehendent lrsquoenvironnement et non lrsquoenvironnement lui-mecircme Il
srsquoagit donc drsquoun risque qui est qualifieacute de perceptuel
71 Le risque en entrepreneuriat une question de perception
Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale la perception du risque a eacuteteacute conceptualiseacutee comme une eacutevaluation du
risque par le deacutecideur ou lrsquoacteur dans une situation donneacutee451 Dans le domaine de
lrsquoentrepreneuriat lrsquohypothegravese du risque postule que la perception du risque est consideacutereacutee
comme eacutetant neacutegativement associeacutee avec le comportement entrepreneurial les deacutecisions risqueacutee
et lrsquoacte de creacuteation drsquoentreprise Nous nous inteacuteressons particuliegravere agrave la deuxiegraveme acception du
concept de risque Nous lrsquoenvisageons en effet comme une sorte de repreacutesentation qursquoont les
individus sur leur projet drsquoentreprise Il este agrave deacutefinir cette repreacutesentations et ses deacuteterminants
Bien entendu la perception du risque doit ecirctre diffeacuterencieacutee de la propension au risque Cette
derniegravere se deacutefinie comme la volonteacute agrave prendre des risques qui constitue un trait de personnaliteacute
des individus Mais comme le fait remarqueacute FAYOLLE A et al Pendant une longue peacuteriode
les chercheurs en entrepreneuriat ont soutenu lrsquoideacutee que creacuteer une entreprise est un
comportement risqueacute et ils ont essayeacute de deacutemontrer que la volonteacute agrave prendre des risques ndash ou la
propension au risque ndash eacutetait le trait de personnaliteacute qui discriminait les entrepreneurs des non-
447 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J une nouvelle approche du risque en creacuteation dentreprise Revue franccedilaise de
gestion raquo Ndeg 185 2008 pp 141-159 144 448 Ref 8p 70 449 MISES L V Lrsquoaction humaine-Traiteacute drsquoeacuteconomie Editions Institut Coppet 2011 1038 pages p339 450 Ref 8p 70 451 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J idem p 142
130
entrepreneurs Cette approche baseacutee sur les traits de personnaliteacute a produit des reacutesultats
mitigeacutes et en deacutefinitive la propension au risque est apparue comme nrsquoeacutetant pas une
caracteacuteristique pertinente pour distinguer les entrepreneurs des non-entrepreneurs452 crsquoest agrave
cause de la faiblesse de ces reacutesultats mitigeacutes que les chercheurs se sont tourner vers les theacuteories
de la cognition qui paraissent les mieux adapteacutees pour appreacutehender la perception du risque
entrepreneurial et son lien avec la reacuteussite des entrepreneurs La question qui se pose agrave preacutesent
est comprendre les types de risque qui peuvent exister dans lrsquoactiviteacute entrepreneuriale
72 Les modegraveles du risque entrepreneurial
Une conceptualisation originale du risque entrepreneurial a eacuteteacute proposeacutee par DICKSON P R
et GIGLIERANO JJ ces auteurs considegraverent que le risque entrepreneurial a deux composantes
le risque drsquoeacutechec et le risque drsquoopportuniteacute453
Le risque drsquoeacutechec est deacutefini comme les chances perccedilus par lrsquoentrepreneur que la nouvelle
entreprise eacutechoue dans la reacutealisation des ventes satisfaisantes un profit ou un objectif de retour
sur investissement454 Le scheacutema suivant montre agrave travers lrsquoindicateur ce dernier le type de
risque que perccediloivent les entrepreneurs crsquoes lorsque les profits attendus sont perccedilu comme eacutetant
eacuteloigneacutes du minimum que peut geacuteneacuterer lrsquoactiviteacute qursquoil creacutee
Figure 23 Risque drsquoeacutechec dans le modegravele de DICKSON P R et GIGLIERANO JJ 1986
Source DICKSON P R et GIGLIERANO JJ Missing the Boat and Sinking the Boat A Conceptual Model of Entrepreneurial Risk p62
452 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J op ct p 143 453 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J op ct p 146 454 DICKSON P R et GIGLIERANO JJ Missing the Boat and Sinking the Boat A Conceptual Model of Entrepreneurial
Risk Journal of Marketing vol 50 Ndeg 3 1986 p 58-70p 61
Risque
drsquoeacutechec
131
Cette perception est lieacutee au fait que lrsquoentrepreneur prend des deacutecisions pour tenter de
reacutealiser des reacutesultats satisfaisants compte tenu des limites en matiegravere drsquoinformations
La deuxiegraveme composante du risque est les possibiliteacutes de perdre une opportuniteacute attractives
pouvant exister dans le marcheacute Dans les deux cas de figure lrsquoentrepreneur planifie des actions
mais cette planification nrsquoa pas les mecircmes effets su la creacuteation et la peacuterenniteacute de lrsquoentreprise
selon que lrsquoon se trouve dans la premiegravere ou la seconde conception du risque Comme le
souligner VENKATARAMANS dans un article voulant formaliser des principes en matiegravere de
creacuteation drsquoentreprise Une focalisation exageacutereacutee vers lrsquoanalyse(le calcul) alimenteacutee par la peur
de lrsquoeacutechec augmente les chances de succegraves drsquoune nouvelle entreprise mais diminue a probabiliteacute
de la creacuteer effectivement Alors qursquoun biais vers lrsquoaction habituellement motiveacute par la peur de
manquer une bonne opportuniteacute laquo augmente la probabiliteacute de creacuteer une nouvelle entreprise mais
diminue les probabiliteacutes de succegraves raquo455 Le premier type de perception reflegravete ainsi le risque
consideacutereacute comme une menace ( eacutechec ) alors que la seconde une perception du risque en tant
quersquo opportuniteacute Cette typologie commence agrave inteacuteresser plusieurs recherche empirique voulant
comprendre le rocircle de ces perception aussi bien dans les phases amont du processus
entrepreneurial que dans les phases de croissance et de deacuteveloppent es des nouvelle entreprises
Par exemple FAYOLLE et al ont eacutetudieacute u eacutechantillon composeacute de Trois cent neuf eacutetudiants
engageacutes dans des cours de management dans cinq universiteacutes ameacutericaines Leu modegravele
conceptuelle consistait agrave reacutepondes agrave la question quel est le type de perceptions qui deacutetermine
lrsquointention entrepreneurial chez ces eacutetudiant le reacutesultat qui deacutecoulent drsquoune analyse statistique
tregraves soigneacutee montre que agrave la fois les perceptions du risque comme menace et du risque
comme opportuniteacute influencent significativement lrsquointention entrepreneuriale mais dans des
voies opposeacutees les perceptions du risque comme opportuniteacute tendent agrave augmenter lrsquointention
entrepreneuriale alors que les perceptions du risque comme menace tendent agrave la diminuer456
Partant de ces deux types de perception nous retenons la premiegravere cateacutegorie cest-agrave-dire
la peur de lrsquoeacutechec comme une variable indicative du risque perccedilus par les entrepreneurs Ce
choix est motiveacute par la preacutesence de donneacutees suffisantes dans notre mateacuteriel empirique
455 Ten Principles of Entrepreneurial Creation citeacute pat FAYOLLEA BARBOSA S D KICKUL J op ct p146 456 FAYOLLEA BARBOSA S D KICKUL J op ct p 154
132
Conclusion
La premiegravere conclusion qui meacuterite drsquoecirctre souligner met en relief la nature complexe du
pheacutenomegravene entrepreneurial Cette complexiteacute se reacutepercute dans le monde la recherche Une
seule discipline ne pourrait rendre compte de toutes les dimensions que ce pheacutenomegravene
enferme Le reacutesultat qui apparait pour tout chercheur qui entame une recherche empirique dans
la fin des anneacutees 2000 est lrsquoexistence drsquoun univers de connaissance complexe car produit par
une diversiteacute des niveaux drsquoanalyse des theacuteories et des meacutethodologies de recherche
Lrsquoexamen de la litteacuterature a montreacute que le domaine de lrsquoentrepreneuriat srsquoorganise autour de
trois objets de probleacutematisation lrsquoentrepreneur ses actes et son rocircle dans lrsquoeacuteconomie La
compreacutehension de la structure de la recherche telle quelle se preacutesente aujourdrsquohui nous a
permis de prendre position tout drsquoabord dans la deacutefinition du pheacutenomegravene Lrsquoapproche par le
processus nous semble inteacuteressantes de par ce quelle permet drsquointeacutegrer comme dimension
neacutecessaire agrave lrsquoexplication pheacutenomegravene au niveau individuel
Retenir une approche baseacutee sur le concept de processus ne limite pas les difficulteacutes de
deacutefinir ce qui doit ecirctre retenu ou pas dans le renvoie agrave des logiques de conceptualisation et
drsquoobservation qui implique de faire des choix pour le chercheur (un processus comme une
seacutequence de reacutesultats et un processus comme succession drsquoeacuteveacutenements) Nous avions voulus
dans la seconde section justifier notre chois deacutefinitifs qui a consister agrave consideacuterer
lrsquoentrepreneuriat du point de vue individuel comme un pheacutenomegravene qui se structure autour de
quatre eacutetapes (reacutesultats) depuis que lrsquoentrepreneur est agrave lrsquoeacutetat potentiel jusquau moment ougrave il
dirige une entreprise qui a deacutepasseacute le stade de lrsquoeacutemergence
A lrsquointeacuterieur de ce processus une litteacuterature importante srsquoest deacuteveloppeacute atour de la question
des anteacuteceacutedents qui peuvent expliquer la preacutesence de lrsquoindividu dans chacune de ces eacutetapes La
troisiegraveme section a permis de souligner que lrsquoapproche cognitive les perceptions individuelles
et les structures de connaissance deviennent des variables plus pertinentes en vue drsquoexpliquer la
prise de deacutecision entrepreneuriale et la reacuteussite de lrsquoentrepreneur Trois types de perception ont
attireacute particuliegraverement notre attention la vigilance de lrsquoentrepreneure sur lrsquoexistence de nouvelles
opportuniteacutes eacuteconomiques la perception des compeacutetences individuelles et de lrsquoeacutechec
entrepreneurial comme une forme de perception du risque
Cependant ces trois cateacutegorie de perception ne sont pas neutres par rapport au contexte de
lrsquoentrepreneur ce qui nous inteacuteresse particuliegravere dans ce contexte crsquoest bien le reacuteseau social de
lrsquoentrepreneur Comme le notaient LOW M B and MACMILLAN IC networks are an
important aspect of the context and process of entrepreneurship Subsequent studies have found
that networking allows entrepreneurs to enlarge their knowledge of opportunities to gain
133
access to critical resources and to deal with business obstacles Domaine de lrsquoentrepreneuriat
les recherches sur le lien entre le contexte relationnel et le processus entrepreneurial est
geacuteneacuteralement envisageacutees 457dans le cadre du concept de capital social Ce dernier fera lrsquoobjet de
deuxiegraveme chapitre
457 LOW M B and MACMILLAN IC op ctp 105
134
CHAPITRE II
Capital social et processus entrepreneuriale une approche par
le reacuteseau social
135
Introduction
Deacutemarrer et reacuteussir la creacuteation drsquoune entreprise requiert lrsquoaccumulation drsquoune varieacuteteacute de
ressources Le chapitre preacuteceacutedents a mis en relief comment lrsquoinformation les connaissances et
les compeacutetences individuelles sont cruciales pour lrsquoengagement et la reacuteussite dans le processus
entrepreneurial Ces variables peuvent ecirctres incorporeacutes dans lrsquoindividu agrave travers lrsquoeacuteducation la
formation mais aussi agrave travers les relations avec les autres Lorsque ces relations produisent des
effets positifs pour lrsquoentrepreneur forment ce qui est appeleacute le capital social entrepreneurial
Ce chapitre aura par conseacutequence comme principal objet une articulation entre le capita social
et le fait entrepreneurial Cette articulation nrsquoest pas facile agrave formaliser notamment dans le cadre
drsquoun modegravele conceptuel La diversiteacute des approches appliqueacutees agrave ce concept et des reacutesultats des
recherches empiriques neacutecessite drsquoopeacuterer des choix dans la deacutefinition du concept lui-mecircme et de
son rocircle dans le processus entrepreneurial
Dans la premiegravere section un premier titre sera consacreacute agrave la revue de la litteacuterature
consacreacutee au capital social ce qui permettra de preacutesenter les fondements de ce concept et les
approches qui font lrsquoobjet drsquoune unanimiteacute chez les chercheurs Ce titre fera apparaitre deux
conceptions diffeacuterentes du capital social la premiegravere diffeacuterencie le niveau individuel (un capital
posseacutedeacute et dont les beacuteneacutefices sont individuels et collectif (un bien public) de ce type de capital
la seconde diffeacuterencie le contenu du capital social (ce qursquoil est) de sa fonction (ce qursquoil fait) Le
deuxiegraveme titre srsquointeacuteresse agrave lrsquousage qui a eacuteteacute fait de ce concept dans le domaine de
lrsquoentrepreneuriat En deacutepit de lrsquoexistence drsquoune hypothegravese commune qui suppose que le capital
social a un effet sur les chances de creacuteation et de deacuteveloppement des nouvelles entreprise Les
chercheurs appartenant agrave plusieurs disciplines nrsquoont pas envisageaient de la mecircme maniegravere le
rocircle de ce type de ressources dans lrsquoexplication du pheacutenomegravene entrepreneurial A ce titre
approche deacuteveloppeacutee par NAHAPIETJ et GHOSHALS qui nous inteacuteresse particuliegraverement
met en relief trois dimensions du capital social qui ont un impact sur le deacuteveloppent des
connaissances et des compeacutetences individuelle Une dimension cognitive et relationnelle et
structurelle du capital social Crsquoest cette derniegravere qui sera privileacutegieacutee Elle concerne les
caracteacuteristiques et les fonctions du reacuteseau social de lrsquoentrepreneur
Dans la seconde section il sera question drsquoexpliciter la notion de reacuteseau social et surtout
ses caracteacuteristiques qui ont eacuteteacute consideacutereacute les plus importantes dans le processus entrepreneurial
La troisiegraveme section entame le thegraveme qui se trouve au cœur de notre recherche le
meacutecanisme par lequel le reacuteseau social influence la participation des individus dans les
diffeacuterentes phases du processus entrepreneurial Il est question en effet de montrer comment la
136
litteacuterature a conceptualiser son rocircle dans la reconnaissance des opportuniteacutes eacuteconomiques le
deacuteveloppement de des compeacutetences individuelles et enfin sa relation avec la perception du risque
entrepreneurial
137
Section 1 Origines et dimensions principales du concept de capitale social
Le capital social deacutecrit certaines circonstances ougrave un individu peut utiliser sa
participation dans des groupes ou des reacuteseaux pour seacutecuriser des beacuteneacutefices458 Cette deacutefinition
nrsquoest pas tout agrave fait celle que nous adopterons pour cette thegravese mais elle semble suffisamment
geacuteneacuterique pour deacutebuter la discussion sur ce concept Trois eacuteleacutements apparaissent pour le moment
importants dans cette deacutefinition les reacuteseaux la participation et les beacuteneacutefices Pour preacuteciser
drsquoavantage cette deacutefinition il va falloir reacutepondre agrave un certain nombre drsquointerrogation De quel
type de beacuteneacutefices il srsquoagit quels types de relations permettent drsquoacceacuteder agrave ses beacuteneacutefices et
surtout dans quelle mesure cette articulation entre le reacuteseau social et les beacuteneacutefices produit une
ressource essentielle jusqursquoau point de la placeacute sous le vocable de capital
Le but de cette section est une tentative de reacuteponse agrave cet ensemble de questions Cette
tentative reste risqueacute car les probleacutematiques envisageables agrave partir du capital social sont
nombreuses et diverses et reposes sur de construction theacuteoriques et meacutethodologies tregraves
heacuteteacuterogegravenes459 Nous commencerons tout drsquoabord par la preacutesentation de lrsquoorigine du concept
Lrsquoexamen des travaux de synthegravese sur le capital social et de ses usages dans les diffeacuterentes
disciplines permet drsquoidentifier trois auteurs fondateurs Pierre BOURDIEU James COLEMAN
et Robert PUTNAM La premiegravere partie de cette section examine les apports de ces auteurs en
mettant lrsquoaccent sur les aspects fondamentaux de leurs apports La deuxiegraveme partie met en relief
lrsquointroduction du capital social dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat Les chercheurs dans ce
domaine ont fait usage de ce concept pour interroger diffeacuterents aspect du processus
entrepreneurial dont il faudrait connaitre (II)
1 Origine du capital social les auteurs de reacutefeacuterence
Robert Putnam rapport que crsquoest HANNIFAN L J (1916) qui fus le premier agrave voir
utiliser le concept de capital social Cet auteur nrsquoeacutetant pas un theacuteoricien mais un eacuteducateur
eacutevoque ce concept pour montrer lrsquoimportance de lrsquoimplication et la participation dans la
communauteacute pour la reacuteussite scolaire des enfants La justification reacuteside dans le fait que
lrsquoindividu est socialement impuissant lorsqursquoil est seul En entrant en contact avec les autres il
accumule un capital social ce qui permet de satisfaire ses besoins sociaux En contre partie
crsquoest toute la communauteacute qui beacuteneacuteficie de la coopeacuteration des participants qui en reacutesulte460
458 SOBELJ Can we trust social capital Journal of economic literature vol XL 2002 pp139-154 p154 459GEINDRES et DUSSUC B Capital social et rechercheacute en PME Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise vol 28 ndeg 1 2015 p27-55 460 PUTNAMRD Bowling alone the collapse and the revival of American community Simon and Schuster New
York2001547 pages p19
138
HNIFAN deacutefini le capital social comme une substance tangible comme la bonne volonteacute
lrsquoamitieacute la sympathie et les rapports sociaux entre les individus et les familles qui sont
essentielles dans la vie quotidienne et la coheacutesion sociale461 reacutesultante En restant dans le
champ de la vie communautaire Jane JACOBS (1961) utilisa aussi le concept de capital
social dans son livre The Death and Life of Great American paru en 1961462 Cet auteur met
en exergue lrsquoeffet des normes de reacuteciprociteacute et les reacuteseaux de relations sur le bien ecirctre de
la communauteacute dont il prend la citeacute de New York comme objet drsquoobservation 463 (propreteacute
drsquoabsence de crime et drsquoautres qualiteacutes de la vie en commun) Cet effet pour JACOBS est plus
important que les institutions formelles comme les lois et la police Mais cet auteur bien
qursquoeacutetant une acadeacutemicienne eacutetait beaucoup plus preacuteoccupeacutee par la deacutefinition de lrsquoeffet
empirique de ce capital que de sa formalisation theacuteorique464 Il revient au sociologue
BOURDIEUP de proposer la premiegravere analyse systeacutematique du capital social465 Il publia en
1981 une note provisoire consacreacutee agrave la deacutefinition de ce concept dont les possibiliteacutes offerte
par sa penseacutee lrsquoont rendu incontournable dans lrsquoeacutetude du capital social466 Les travaux de
NAHAPIET J et GHOSHALS en 1998 dans lequel ils interrogent le rocircle du capital social
dont la deacutefinition est en partie emprunteacutee agrave BOURDIEUP dans a creacuteation du capital culturel
Lrsquoutilisation donc de lrsquoapproche de BOURDIEUP dans le management teacutemoigne du rocircle de
BOURDIEU dans le deacuteveloppement theacuteorique du concept467
2 Le capital social selon lrsquoapproche de BOURDIEUP
Lrsquointeacuterecirct principal de Bourdieu en faisant usage du capital social est drsquoeacutebaucher une theacuteorie
geacuteneacuterale de la reproduction sociale 468 BOURDIEUP exprime en ces termes son objectif
pour revenir au capital social construire ce concept cest produire le moyen danalyser la
logique selon laquelle cette espegravece particuliegravere de capital est accumuleacutee transmise reproduite
le moyen de comprendre comment elle se transforme en capital eacuteconomique [hellip] le moyen de
saisir la fonction dinstitutions comme les clubs ou tout simplement la famille lieu principal de
461 Selon la deacutefinition originale dans the rural school community center in The Annals of the American Academy of Political and Social Science Vol 6 1916) pp 130-138p130 462 WESTLUNDH amp BOLTONR local social capital and entrepreneurship small business economic Ndeg21 2003 pp77-13p77 463 RICHARD H P the destruction of social capital through law university of pennsylvania law review vol 144 no 5 may 1996 464 Le Terme de capital social est utiliseacute une seuleacute fois dans son livre laquo Underlining any float of population must be continuity of people who have forged neighborhood networks These networks are the cityrsquos irreplaceable social capital p138 465 PORTES A (1998) Social Capital its Origins and Applications in Modem Sociology AnnuRev Socio Vol 24 pp 1-24p2 466 PATUREL R RICHOMME-HUET Katia DE FREYMAN J Du capital social au management relationnel agrave la XIVegraveme confeacuterence Internationale de Management strateacutegique Angers httpwwwstrategie-aimscom 467 Social Capital Intellectual Capital and the Organizational Advantage The Academy of Management Review 1998Nous reviendrons sur ces auteurs dans le deuxiegraveme titre de cette section 468 CASTIGLIONE D VAN DETH J W WOLLEB G social capitalrsquos fortune an introduction in the handbook of
social capital Oxford University Press 2008 707 page p 3
139
laccumulation et de ta transmission de cette espegravece de capital 469 De ce fait le capital social est
envisageacute comme un processus de la dynamique du champ social qui est un espace
hieacuterarchiseacute par les positions des individus et des groupes Ces individus et ces groupes
mobilisent en effet selon ses analyses trois types de ressources pour accroicirctre ou conserver
leur position agrave lrsquointeacuterieur de la hieacuterarchie sociale et beacuteneacuteficier de privilegraveges mateacuteriels et
symboliques qui y sont attacheacutes le capital eacuteconomique le capital culturel et le capital social470
21 Le capital eacuteconomique un groupe social est drsquoabord identifieacute par rapport agrave ce qursquoil
possegravede comme richesse mateacuterielle ou financiegravere Bourdieu utilise pour la mesure de ce capital
la possession drsquoaction (valeur mobiliegravere)471 Le niveau de capital eacuteconomique peut distinguer
une classe sociale par rapport agrave une autre dans le sens ougrave il constitue une condition pour qrsquo un
individu sort drsquoune classe infeacuterieur (les ouvriers) pour faire partie drsquoune classe supeacuterieur de la
hieacuterarchie sociale Il devient ainsi un signe drsquoappartenance et de position sociale etc
22 Le capital culturel pour que les proprieacuteteacutes de la classe sociale se reproduisent il ne
sufi pas de transmettre agrave ces membres que le capital eacuteconomique par la vois de lrsquoheacuteritage
par exemple il faudrait transmettre aussi une compeacutetences des codes culturels et les autres
signaux qui identifient cette classe Comme lrsquoexplique bien ADDI L Pour ecirctre un bourgeois
au sens plein du terme il faut certes avoir des capitaux moneacutetaires geacuteneacuterant des revenus
importants mais aussi un capital culturel (habitus de classe) acquis degraves la tendre enfance pour
apprendre agrave ecirctre membre du groupe social et que renforce le capital scolaire pour donner les
moyens de le reproduire Le tout est de maicirctriser les codes culturels qui donnent la compeacutetence
et qui forment le regard estheacutetique pour ne pas fonder la domination sur la seule possession de
largent et la violence physique472
Ce capital peut ecirctre formeacute soit des compeacutetences incorporeacutees dans la personne et acquises
par lrsquoeacuteducation dont le diplocircme et les titres sont les meilleurs signaux drsquoexistence soit des
moyens mateacuteriels lieacutes au monde lrsquoart de la culture Certain eacutelegraveve reacuteussissent dans le processus
scolaire par ce que non seulement doteacute drsquoune intelligence incorporeacutee biologiquement dans leur
corps mais par ce que dans leur famille ils pouvaient disposer de ressources mateacuterielles
permettant la reacuteussite dans les eacutetudes Ce capital lorsqursquoil est reconnu chez les autres peut se
convertir en capital eacuteconomiques de par la valeur laquo moneacutetaire raquo qui est attribueacutee agrave cette
469 Pierre BOURDIEU Question de sociologie les eacutedition de minuit 2002 277 pages p 56 470 MEDA D le capital social un point de vue critique lrsquoeacuteconomie politique Ndeg14 2002 pp 36-47 p 36 471 BOURDIEUP Questions de sociologie les eacuteditions de minuits277 page p54 472 ADDI L Pierre Bourdieu revisiteacutee La notion de capital social in Lanthropologie du Maghreb Lecture de Bourdieu Geertz
Gellner et Berque Awal IbisPress Paris 2004pp141-153 p
140
compeacutetence Mais Bourdieu reconnait lui la difficulteacute drsquoexpliciter theacuteorique et empiriquement
le mode de cette reconversion 473
Les types de capitaux preacutesenteacutes sommairement neacutecessitent un meacutecanisme drsquoaccegraves
drsquoaccumulation pour qursquoils produisent lrsquoeffet escompteacute pour lrsquoindividu agrave savoir lrsquoameacutelioration
de sa position dan la compeacutetition sociale Ce meacutecanisme est le capital social
23 Deacutefinition du capital social chez BOURDIEUP
Le capital social deacutesigne pour BOURDIEU lrsquoensemble des ressources actuelles ou
potentielles qui sont lieacutees agrave la possession drsquoun reacuteseau durable de relations plus ou moins
institutionnaliseacutees dinterconnaissance et dinter reconnaissance ou en dautres termes agrave
lappartenance agrave un groupe comme ensemble dagents [hellip] unis par des liaisons permanentes et
utiles 474 Cette deacutefinition pose en quelque sort une condition pour consideacuterer les relations
comme un capital Non seulement il doit exister une relation mais ces relation doivent ecirctres
profitable crsquoest agrave dire porteuses ou potentiellement porteuses de ressources (mateacuterielles
financiegraveres symbolique ou culturelles) Cette profitabiliteacute des liens donne au capital social une
valeur lieacutee agrave la preacutesence de ressources reacuteticulaires utiles ou potentiellement utiles pour
lrsquoindividu475 Cette valeur eacuteclaire les modaliteacutes drsquoappreacuteciation du capital social degraves lors qursquoil est
possible drsquoestimer le volume du capital social que possegravede un agent particulier gracircce agrave
lrsquoobservation de leacutetendue du reacuteseau des liaisons quil peut effectivement mobiliser et du volume
du capital (eacuteconomique culturel ou symbolique) posseacutedeacute en propre par les agent avec qui il est n
relation Par ailleurs la valeur de ce capital change avec le temps agrave mesure que lrsquoeacutetendu de ce
reacuteseau change En effet dans lrsquoarticle qursquoil consacre au capital social BOURDIEU insiste aussi
sur le caractegravere dynamique de ce capital car Lrsquoexistence drsquoun reacuteseau de liaisons nrsquoest pas un
donneacute naturel [hellip] constitueacute une fois pour toutes mais le produit du travail drsquoinstauration et
drsquoentretien qui est neacutecessaire pour produire et reproduire des liaisons durables et utiles propres
agrave procurer des profits mateacuteriels ou symboliques476 Les agents pour maintenir et ameacuteliorer leur
position doivent fournir des efforts dans entendu dans le sens drsquoun investissement afin
drsquoactualiser le potentiel de ressources preacutesent dans leur reacuteseau relationnel477 Une autre
caracteacuteristique est releveacutee par Bourdieu qui a trait agrave la convertibiliteacute du capital social en drsquoautres
formes de capital Comme lrsquoillustre SIRVENN si un parent ou un ami vous demande de
lrsquoargent et que vous consentez agrave lrsquoaider il transforme son capital social en capital eacuteconomique
473 Idemp 57 474BOURDIEUP le capital social note provisoire in Actes de la recherche en sciences sociales 1980 Volume 31 Numeacutero1 pp 2-3 475 LEVESQUE M et WHITE D Le concept de capital social et ses usages Lien social et Politiques ndeg 41 1999 p 23-33p28 476 Idem p2 477 LVESQUEM et WHITEDibid p28
141
(dans sa forme la plus liquide De mecircme si cet ami ou parent en eacutechange vous permet
drsquoacceacuteder agrave un contrat de qualification dans son entreprise vous transformez votre capital
social en capital humain478 La convertibiliteacute du capital social qui srsquoopegravere dans le groupe ou
dans la classe sociale produit des sentiments drsquoobligation et de reacuteciprociteacute qui constituent le
fondement de la solidariteacute qui rend cette convertibiliteacute possible
Ce qursquoon pourrait retenir de lrsquoapproche de Bourdieu est que Le capital social est
principalement un actif individuel dans son utilisation et intentionnel dans sa formation dans
la mesure ougrave il implique des activiteacutes de maintien et drsquoamplification des liens pour assurer la
fonction de laquo multiplicateur raquo du capital social des autres type de capitaux Drsquoautres auteurs ont
tenteacute de consolider la construction theacuteorique du concept mais dans des perspectives plus
collective
3 Le capital social comme un actif collectif lrsquoapproche de COLEMAN James
Crsquoest dans un sens leacutegegraverement479 diffeacuterent que COLEMAN James deacuteveloppe dans la fin des
anneacutees 1980 sa conception du capital social A travers un article publieacute en 1988 laquo social capital
in the creation of human capital raquo cet auteur introduit dans lrsquoagenda de la recherche dans
diffeacuterentes disciplines comme la sociologie lrsquoeacuteconomie et lrsquoanthropologie la neacutecessiteacute de
porter un nouveau regard sur ce pheacutenomegravene La nouveauteacute avec COLEMANJ crsquoest la mise en
relief de la dimension collective du capital social Ce dernier nrsquoest plus un bien individuel
comme on lrsquoa vue avec BOURDIEUP mais un actif qui sous certaines conditions peut produire
des beacuteneacutefices eacuteconomiques et non eacuteconomiques agrave lrsquoeacutechelle drsquoune socieacuteteacute480 Pour arriver agrave une
deacutefinition du capital social cet auteur srsquoest servi du capital social comme drsquoun instrument
permettant de transcender lrsquoanalyse micro et macro en placcedilant lrsquoacteur et sa capaciteacute agrave faire
des choix dans sa deacutefinition Selon lui les individus font des choix en eacutetant guideacutes par leur
propre inteacuterecirct De ces choix reacutesultent des actions et des relations entre les individus qui
conduisent agrave la construction de relations durables qui font agrave la fois office de structures sociales
et de ressources pour lrsquoindividu Il introduit alors la notion de reacuteciprociteacute qui conduit vers le
capital social481
478 SIRVENN capital social et deacuteveloppement quelques eacuteleacutements drsquoanalyse document de travail Ndeg 57 2001 Centre drsquorsquoeacuteconomiie du deacuteveloppement Universiteacute MontesquieumdashBordeaux pp 1-30p7 wwwgedu-bordeaux4frceddt57pdf 479 Avec BOURDIEUP Colemanj partage la mecircme vision sur lrsquoaspect individuel 480 COLEMANJ social capital in the creation of human capital The American Journal of Sociology Vol 94 Supplement Organizations and Institutions Sociological and Economic Approaches to the Analysis of Social Structure 1988 pp S95-S120 P S 100 481 DESCHENAUX F et LAFLAMME C laquo Reacuteseau social et capital social une distinction conceptuelle neacutecessaire illustreacutee agrave lrsquoaide drsquoune enquecircte sur lrsquoinsertion professionnelle de jeunes Queacutebeacutecois raquo SociologieS [En ligne] Theacuteories et recherches mis en
ligne le 02 juin 2009 httpjournalsopeneditionorgsociologies2902 consulteacute le 12092013 pp1-16p3
142
Cet auteur commence sa reacuteflexion en citant les travaux qui ont mis en exergue le rocircle de
certaines proprieacuteteacute du systegraveme social comme les relations personnelles les normes dans lrsquoactiviteacute
eacuteconomique puisque crsquoest dans ce champs que leur impact est le plus visible Il commence avec
le courant de la nouvelle eacuteconomie institutionnelle et particuliegraverement les travaux de
WILIAMSONO sur le rocircle des institutions (la firme le marcheacute) dans lrsquoorganisation de
lrsquoactiviteacute eacuteconomique Il srsquoappui eacutegalement sur les contributions de BEN-PORATHY qui a mis
en relief dan sa theacuteorie F-connections la fonction que pouvait remplir des relations de types
familiales et amicales dans le systegraveme drsquoeacutechange Les contributions de GRANOWETTERM sur
le concept de lrsquoencastrement (embeddedness) qui constituent pour COLEMAN un autre
argument pour justifier lrsquoimportance de lrsquoeacutetude de la fonction de lrsquoorganisation sociale dans les
activiteacutes humaines
31 Le capital social selon lrsquoapproche de COLEMANJ
Cet auteur deacutefini le capital social de la maniegravere suivante le capital social est deacutefinie par sa
fonction il nrsquoest pas seulement une seule entiteacute mais une varieacuteteacute drsquoentiteacutes qui ont deux
caracteacuteristiques communes elles relegravevent toute de la structure sociale et facilitent certaines
actions des acteurs ndash personnes ou une communauteacute- qui participent dans cette structure
Comme drsquoautres formes de capital notamment l capital physique le capital social est productif
dan le sens ougrave il permet aux personnes drsquoatteindre certain buts ougrave il nrsquoest pas possibles de les
atteindre en lrsquoabsence de ce capital482 Mais cette analogie que fait lrsquoauteur avec le capital
physique nrsquoest pas tout agrave fait complegravete Comme le soulignait PONTHIEUXS le capital social
srsquoil ressemble (en tout cas selon Coleman) aux autres laquo capitaux raquo srsquoen diffeacuterencie en mecircme
temps par son mode de formation laquo Unlike other forms of capital social capital inheres in the
structure of relations between persons and among persons raquo Crsquoest effectivement une diffeacuterence
importante par rapport agrave la notion de capital physique ou de capital humain avec lesquels
Coleman veut eacutetablir lrsquoanalogie car lrsquoapproche eacuteconomique usuelle du capital nrsquoen fait pas une
chose inheacuterente agrave un environnement mais une chose reacutesultant de la deacutecision de renoncer au
preacutesent dans le but preacutecis drsquoobtenir un beacuteneacutefice dans le futur Or chez Coleman le capital social
ne reacutesulte pas drsquoune telle deacutecision laquo most forms of social capital are created or destroyed as by-
products of other activities raquo (p S118) le capital social nrsquoest donc pas produit crsquoest plutocirct qursquoil
se produit agrave lrsquooccasion drsquoautres activiteacutes Au sens eacuteconomique il srsquoagit donc non drsquoun capital
mais drsquoune externaliteacute Et le fait que cette externaliteacute en facilitant les actions des individus
puisse avoir des effets beacuteneacutefiques nrsquoen fait pas pour autant un capital483
482 COLEMANJ op ct p S98 483 PONTHIEUXS op ct p 4
143
Mais en substance i existe eux eacuteleacutements semble se deacutegager de cette deacutefinition tout drsquoabor le
capital social a une valeur degraves lors qursquoil produit des effets positif pour ceux qui sont impliquer
dans la structure sociale Par structure sociale il faudrait comprendre tous les eacuteleacutements comme
le reacuteseau social les normes sociales set les valeurs qui organisent et contraignent lrsquoaction des
individus Le second eacuteleacutement est que les beacuteneacutefices peuvent ecirctre obtenus par lrsquoindividu qui est
dans le reacuteseau social que de individus qui ne s le sont pas agrave travers notamment Pour
COLEMANJ le capital social revecirct de trois formes fondamentales484
a Des obligations et des attentes agrave la fois d u degreacute de confiance qursquoaccorde les
individus agrave leur environnement social
A ce titre Coleman cite lrsquoexemple suivant pour justifier cette firme capital social 485 Si A fait
quelques chose (un servie) pour B et fait confiance agrave ce dernier pour que dan le future ce
services sera en cas de besoins rendu Cette relation eacutetabli des attentes de A envers B et en
mecircme temps une obligation ressenti par B pour rendre le service Cette obligation peut ecirctre
repreacutesenteacutee comme une sorte de dette (creacutedit slip) Si A accumule une multitude de ces creacutedits
avec les personnes dont il est en relations agrave ce moment on pourrait faire une analogie direct avec
le capita financier (utilisation de ressources financiegraveres pour geacuteneacuterer et accumuler un capital
argent) Cette accumulation repose fondamentalement sur la confiance en lrsquoabsence de laquelle
ces relations ne peuvent produire lrsquoeffet escompteacute
b La capaciteacute de circulation de lrsquoinformation au sein de la structure sociale
c Les normes qui reacutegissent els comportements individuels et les sanctions qui les
accompagnent pour leur respect et leur reproduction
32 Capital social comme un bien priveacute mais extensible agrave la communauteacute
On pourrait deacuteduire de ces trois formes la nature individuelle du capital social et
lrsquoimportance de la confiance dans la formation de ce type de capital Crsquoest drsquoailleurs cette
condition que COLEMANP deacutesigne les reacuteseaux fermeacutes et denses comme les plus porteurs de
capital social En effet James Coleman (1988) avance ainsi que la laquo fermeture raquo relationnelle
est favorable agrave lrsquoeacutelaboration des normes et agrave la creacuteation drsquoun fort degreacute de confiance
interpersonnelle Mais cela nrsquoempecircche pas J Coleman de souligner son caractegravere drsquoexternaliteacute
de lrsquoaction individuelle les individus creacuteent du capital social sans le vouloir et beacuteneacuteficient drsquoun
capital qursquoils nrsquoont pas creacuteeacute486hellip
484 COLEMANJ op ct p S98 485 COLEMANJ op ct p S 102 486 PERRET B 17 De la valeur des structures sociales capital ou patrimoine in Antoine bevort et al le capital social la deacutecouverte | laquo recherchesMauss raquo 2006 pp 293-314 p 296
144
Les travaux sur la capital social qui se sont succeacuteder apregraves COLEMANJ ont connu une
autre direction notamment la recherche de la transition de lrsquoapproche individuelle vers une
conception macro social qui pourrait conceptualiser son rocircle agrave lrsquoeacutechelle drsquoune socieacuteteacute Cette
conception devenait possible aves les travaux de PUTNAMR
4 le capital social selon lrsquoapproche de PUTNAMR
A lrsquoorigine PUTNAMR applique une conception collective du capital social et joint
ainsi COLEMANJ dans lrsquoideacutee des externaliteacutes positives qui peuvent intervenir dans une
structure sociale Mais il se trouve qursquoavec PUTNAMR cette dimension publique (par
opposition agrave priveacutee crsquoest-agrave-dire individuelle) du capital social est encore accentueacutee
La deacutefinition qursquoapporte PUTNAM P du concept de capital social est essentiellement fondeacutee
sur les reacutesultats de plusieurs recherches empiriques La premiegravere engageacutee dans les anneacutees 1970
et dont les reacutesultats sont publieacutees dans un livre laquo Making democracy work raquo (1993) srsquointeacuteressait
aux performances institutionnelles des 20 reacutegions administratives italiennes De la comparaison
de ces reacutegions se deacutegage un bilan sans ambiguiumlteacute il y a des reacutegions -plutocirct au Nord- ougrave les
gouvernement locaux sont stables fiables reacuteactifs et efficaces pour la plus grande satisfaction
de leurs administreacutes Et il y a des reacutegions -plutocirct au Sud- ougrave crsquoest tout le contraire Et cette
diffeacuterence ne srsquoexplique ni par des diffeacuterences de richesse de tendance politique de
deacutemographie ou de geacuteographie487 Pour PUTNAM cette diffeacuterences est du au stock de capital
social existent dans les deux reacutegions Les reacutegions qui jouissaient drsquoune tradition drsquoengagement
collectif srsquoeacutetait enrichi davantage nous avions deacutecouvert agrave notre grand eacutetonnement que ce
pheacutenomegravene de connectiviteacute civile eacutetait un eacuteleacutement cleacute pour expliquer le meilleur rendement de
certaines institutions mais aussi au moins partiellement des niveaux diffeacuterencieacutes de bien ecirctre
eacuteconomique488 Aux Eacutetats-Unis Robert PUTNAM consacre un ouvrage laquo Bowling Alone
Americarsquos declining social capital raquo en 1995 Ce livre consacreacute agrave la baisse du capital social
(diminution intergeacuteneacuterationnelle de la participation civique des ameacutericains) agrave partir des anneacutees
1950 agrave ses causes possibles agrave ses conseacutequences et aux remegravedes que lrsquoon peut y apporter le
point de deacutepart de la carriegravere du capital social et lrsquoarticle auquel se reacutefegravere presque toute la
litteacuterature des cinq anneacutees qui suivront489
Sur la base de ses recherches empiriques PUTNAMP deacutefinie le capital social comme
les aspects de la vie collective qui rendent la communauteacute plus productive soit la participation
487
PONTHIEUXS Le concept de capital social analyse critique Insee - Division laquo Conditions de vie des meacutenages raquo
Contribution au 10egraveme Colloque de lrsquoACN Paris 21-23 janvier 2004 pp1-25p 6 488 PUTNAM RD Le deacuteclin du capital social aux Eacutetats-Unis Lien social et Politiques Ndeg 41 1999 pp 13-22 p14 489 PONTHIEUXS idem p 6
145
la confiance et la reacuteciprociteacute490 Ces caracteacuteristiques de lrsquoorganisation sociale comme facilitent
la coordination et la coopeacuteration pour un beacuteneacutefice mutuel491 Pour PUTANMP le reacuteseau social
sont certes le reacutecipient dans le quel se produit le capital social mais ils sont insuffisants il
faudrait u certain niveau de confiance qui fait produire les effets positifs des relations sociales
ADLER PAULS KWON S ndashW reacutesument bien cette condition Putnams (1993) assertion that
the sources of social capital lie not only in networks but also in norms and trust Leana and Van
Buren tap the same intuition in arguing that the sources of organizational social capital lie in
trust and associability-the willingness and ability of individuals to define collective goals that
are then enacted collectively492
Avec ces trois auteurs Nous venons de voir deux dimensions qui revoient respectivement
agrave une conception individuelle et collective du capital social et ougrave le reacuteseau social apparait comme
le concept noyaux dure autour duquel gravites les autres aspects de lrsquoorganisation sociale comme
les normes la confiance qui font fonctionner ce reacuteseau social pour produire un effets positifs pour
lrsquoindividu et la communauteacute Certains auteurs toute en reconnaissante la diversiteacute de ces
approches ont tenteacute a drsquoapporter des deacutefinitions que lrsquoon pourrait qualifier drsquointeacutegratrices
pouvant reacuteconcilier pleurs facettes de ce concept Parmi les auteurs inteacutegrateurs NAHAPIETJ et
GOSHALS sont particuliegraverement reconnue En deacutepit du fait que ce concept a commenceacute avec
les sociologues ces auteurs illustrent parfaitement lrsquoadeacutequation et la porteacutee de ce concept avec
lrsquoeacutetude drsquoun grand nombre de pheacutenomegravenes sociaux ne relevant pas exclusivement drsquoune
interpreacutetation sociologique 493 Comme le soulignait PAURELR laquo Nahapiet et Ghoshal se
sont atteleacutes avec grand meacuterite agrave ce deacutefi transcommunautaire dans un article paru dans
lrsquoAcademy of Management Review publieacute en 1998 dans lequel ils interrogent le rocircle du capital
social dans la creacuteation de capital intellectuel ces auteurs propose donc une deacutefinition relevant
du champ du management qui est parmi les usiteacutes da les recherche actuelles
490 PUTNAM RD idem p14 491 Citeacute par ADLER PAULS KWON S ndashW Social Capital Prospects for A New Concept Academy oi Management Bevievi
2002 Vol 27 Ndeg 1 2002pp17-40 p21 492 ADLER PAULS KWON S ndashW p 25 493 NAHAPIETJ et GOSHALS P 243
146
5 Le capital social en management la vision inteacutegratrice de NAHAPIETJ et
GOSHALS
La deacutefinition que proposent ces auteurs est la suivante le capital social deacutesigne la
somme des ressources actuelles et potentielles encastreacutees au sein du reacuteseau de relations posseacutedeacute
par un individu ou un groupe social disponible agrave travers lui et retireacutee de ce reacuteseau raquo Cette
vision deacutepasse donc la stricte approche individuelle ou collective du capital social et par
ailleurs laquo comprend agrave la fois le reacuteseau et les actifs qui peuvent en ecirctre retireacutes raquo Les auteurs
insistent donc autant sur la ressource qui peut ecirctre obtenue par le biais de la structure que sur la
structure elle-mecircme celle-ci eacutetant en soi une ressource494
Consideacutereacutees comme des ressources que veacutehicules les reacuteseaux relationnels le capital
social revecirct selon ces auteurs trois attribues interdeacutependants une dimension structurelle
cognitive et relationnelle
51 Les dimensions fondamentales du capital social
Le scheacutema suivant montre lrsquoarticulation que projettent ces auteurs entre ces trois dimension du
capital social toute en les consideacuterant comme des variables explicatives dans la creacuteation du
capital intellectuel dans une organisation Cette relation de causaliteacute entre le capital social et
capital intellectuelle se fonde su lrsquohypothegravese que la formation et lrsquoeacutechange des connaissances est
un processus social complexe et qursquoune grande parties des connaissances qui ont une valeur (de
par leur impact sur lrsquoatteinte des objectifs individuels ou organisationnels) sont
fondamentalement encastreacute dans une structure social495 Ce capital constitue pour ces auteurs
la somme des connaissances et des capaciteacutes drsquoaccumuler des connaissances drsquoune entiteacute
comme un individu (professionals practices) une organisation ou une communauteacute Cette
deacutefinition rejoint la deacutefinition du capital humain qui concerne lrsquoacquisition des connaissances
des talents et des capaciteacutes qui permettent agrave un individu drsquoagir efficacement496
494 GEINDRE S DUSSUC B op ctp 31 495 NAHAPIETJ et GOSHALS op ct p 250 496 NAHAPIETJ et GOSHALS op ct p 245
147
Figure24 Les trois dimensions du capital social selon NAHAPIETJ et GOSHALS 1998
Source NAHAPIETJ et GOSHALS Social capital intellectual capital and organizational advantage p 251
a La dimension structurelle du capital social
La dimension structurelle vise agrave capturer la structure du reacuteseau de relations entres les acteurs
Selon NAHAPIET et GOSHAL la dimension structurelle se compose de paliers facettes dont
les principales se rattache agrave identifier la preacutesence ou lrsquoabsence de lien entre les acteurs
lrsquoappropriation de ces liens et la configuration de reacuteseau proprement dit agrave travers notamment
des proprieacuteteacutes comme la densiteacute la taille la hieacuterarchie des liens compose nt le reacuteseau497
Cette dimension est importante dans la mesure ougrave cette structure agit avant et pendant le
processus drsquoaction des individus Elle deacutefinit les conditions de transfert des informations498 la
qualiteacute et la quantiteacute des informations qui transitent et peut ecirctre accessible dans ce reacuteseau et par
497 PATUREL R RICHOMME-HUET Katia DE FREYMAN J op ct p 7 498 COLEMANJ op ct p S98
148
ces deux influences la structure agit comme le soulignait BOLINO et al sur lrsquoorientation des
actions de lrsquoindividu dans un sens conformes aux inteacuterecircts de chaque participant dans le cette
structure499
b La dimension cognitive du capital social
Cette dimension revoit aux ressources fournissant une repreacutesentation partageacutee et un systegraveme de
repreacutesentations entre les acteurs Cela peut ecirctre un langage partageacute des codes des histoires ou
expeacuteriences communes500 Ce partage de repreacutesentation facilite agrave lrsquoaccegraves agrave des individus et
indirectement aux ressources s laquo connaissances raquo et informationnelle qursquoils possegravedent chose qui
serait difficile de faire si les code de conduite et les langages sont diffeacuterents 501 En effet comme
le fait soulignait MOSCOVICIS les repreacutesentations sociales permettent aux individus de
srsquoapproprier de nouvelles ideacutees et de nouvelles connaissances ideacutees et en plus de cette fonction
instrumentale elles jouent aussi le rocircle de creacuteation de nouveaux liens et aident les gens agrave
communiquer agrave se diriger dans leur environnement et agrave agir502 De ce fait les repreacutesentations
sont des anteacuteceacutedents qui engendrent des attitudes des opinions et des comportements qui
conditionnent le processus drsquoaction des individus pour plus drsquoefficience et drsquoefficaciteacute503
c La dimension relationnelle du capital social
Cette dimension concernent la qualiteacute des relatons que les acteurs ont deacuteveloppeacute entre a eux
Selon les mecircmes auteurs cette dimension se caracteacuterise selon le niveau de confiance de
perceptions drsquoobligations partageacutees et lrsquoidentiteacute commune Lorsqursquoon parcourt les recherches
empiriques on ne peut manquer de constater la forte association que font les chercheurs entre
capital social et la confiance comme une composante importante Certain auteurs comme
FUKUYAMAF (1995) font dailleurs de la confiance le fondement du capital social504
Aussi les eacuteconomistes par exemples se sont inteacuteresseacutes agrave la notion de confiance aux normes
dont lrsquoessence est lucidement reacutesumeacutee par DASGUPTA (1999) Dans une telle aventure les
eacuteconomistes considegraverent que la confiance et les normes sont geacuteneacutereacutees de faccedilon endogegravene agrave
499 BOLINO MC TURNLEY WH amp BLOODGOOD JM laquo Citizenship behaviour and the creation of social capital in organizations raquo Academy of Management Review Vol 27 Ndeg4 2002pp 505-522p 515 500ARREGLE JL VERY P amp RAYTCHEVA S (2000) ndash laquoCapital Social et avantages des firmes familiales proposition drsquoun modegravele inteacutegrateur raquo Actes de la IXegraveme Confeacuterence de lrsquoAssociation Internationale de Management Strateacutegique Montpellier 24 25 et 26 mai p10 501 NAHAPIETJ et GOSHALS op ct p 254 502 Citeacute par PATUREL R RICHOMME-HUET Katia DE FREYMAN J op ct p 8 503 PATUREL R RICHOMME-HUET Katia DE FREYMAN J op ct p 8 504 CALLOIS J ndashM Capital social et deacuteveloppement eacuteconomique local Pour une application aux espaces ruraux franccedilais Revue drsquoEacuteconomie Reacutegionale amp Urbaine raquoNdeg 42004 pp 551 ndash 577p 556
149
travers des transactions eacuteconomiques reacutepeacuteteacutees (par exemple KANDORI 1992 GREIF 1994)
Ils repreacutesentent des modegraveles drsquoeacutequilibre du comportement eacuteconomique des agents rationnels505
Drsquoune maniegravere geacuteneacuterale FUKUYAMAF deacutefinie la confiance comme les attentes qui se
constituent agrave lrsquointeacuterieur drsquoune communauteacute reacutegie par un comportement reacutegulier honnecircte et
coopeacuteratif fondeacute sur des normes habituellement partageacutees de la part des autres membres de
cette communauteacute506 Au niveau individuel la confiance constitue une anticipation sur le fait
que les attentes des partenaires ne seront pas deacuteccedilues Crsquoest une probabiliteacute que lrsquoun nrsquoabusera
pas de lrsquoautre et qursquoil entreprendra les actions deacutesirables pour la relation507 Les sources de la
confiance sont tout ce qui peut retreindre les comportements opportuniteacutes des partenaires La
seconde conception suggegravere que la confiance est une croyance vis-agrave-vis drsquoautrui Avoir
confiance en quelqursquoun crsquoest croire qursquoil peut et veut agir de faccedilon positive Cette croyance
repose sur un argument technique qui lie la confiance aux compeacutetences et agrave la creacutedibiliteacute des
partenaires agrave reacutealiser la tacircche mas aussi sur lrsquohonnecircteteacute et la bonne volonteacute des partenaires
Dans le domaine de la gestion la confiance nrsquoest pas toujours un signe ou un facteur qui
nrsquoentraine pas neacutecessairement une performance aussi bien individuelle qursquoorganisationnelle
Parmi les eacutetudes qui sont les plus citeacute agrave ce titre les travaux de UZZIB ont clairement montreacute les
imites de la cofinance en contexte de gestion Cet auteurs a eacutetudieacute les relations entre des
producteurs de vecirctements et leurs sous-traitants dans un quartier ceacutelegravebre de confection agrave new
York aux au Etat Unies Le but de cette recherche est de montrer srsquoil existe une diffeacuterence entre
les relations marchandes (avec les sous traitants) qui sont impersonnelles et ne neacutecessitent
pas un degreacute eacuteleveacute de confiances et des relations encastreacutees qui de par leur caractegravere reacutepeacutetitif
favorisent la confiance Les reacutesultats de lrsquoenquecircte permettent agrave lrsquoauteur de conclure que les
relations de confiances ne sont pas toujours les plus efficients Les entreprises qui arrivent agrave
creacuteer un mixte de relation marchandes et de confiance sont les plus performantes Par contre les
entreprises ougrave les relations avec les sous-traitants sont fondeacutees exclusivement sur la confiance
mutuelle sont les moins performantes dans la mesure ces relations ne favorisent pas une
adaptation de lrsquoentreprise dans des situations instables et contraignantes elles sont par contre
efficaces dans des situations stables et routiniegraveres508 Comme le soulignait GRANOWETTER
ces liens enferment les firmes dans ces relations et peuvent inhiber les capaciteacutes drsquoadaptation
helliphelliphellip Ainsi il existe une forme drsquoeacutequilibre optimal entre les diffeacuterents types de liens et les
505 AOKI M le capital social laquo individuel raquo les reacuteseaux laquo sociaux raquo et leurs liens avec le jeu eacuteconomique Revue deacuteconomie du deacuteveloppement Vol 24Ndeg 42010pp97 ndash 119p 99 506 Citeacute par PATUREL R RICHOMME-HUET Katia DE FREYMAN J op ct p 8 et 9 507 DONADAC NOGATCHEWSKYG La confiance dans les relations interentreprises Une revue des recherches quantitatives Revue franccedilaise de gestion Ndeg 1752007 pp111-124 p112 508 UZZIB The sources and consequence of embeddedness on economic performance of organization American sociological
review Vol 61 issue 4 1996 pp674- 698p 693
150
firmes qui atteignent cet eacutequilibre ont une probabiliteacute plus importante de survie dans des
conditions de marcheacute Changeantes509
Cette confiance a des reacutepercutions diffeacuterentes sur les comportements des individus mais ce
qui inteacuteresse le plus NAHAPIETJ et GOSHALS crsquoest le lien entre lrsquoexistence de cette
confiance et le deacuteveloppement des connaissances et des capaciteacutes individuelles de les obtenir
Lrsquoapproche deacuteveloppeacutee de ces auteurs eacuteclaires de maniegravere significative ce qui doit ecirctre
examineacute dans le capital social notamment lorsqursquoil srsquoagit drsquoune recherche empirique Toutes les
dimensions que nous venons de citer sont inter relieacutees est srsquoinfluencent mutuellement mais la
dimension structurelle est la plus fondamentale car les aspects cognitifs et relationnelle agissent
et fonctionnent gracircce et dans la structure du capital social Les normes de comportement les
valeurs se partages agrave travers les liens interpersonnels la connaissance produit ses effets positifs
gracircce au scheacutema de relations qui se creacuteer entre les personnes En drsquoautres termes la chose la
plus importante est les relations qui lient les personnes qui leur permettent drsquointeragir et de creacuteer
un capital social cest-agrave-dire la possibiliteacute drsquoextraire les ressources pour atteindre leur
objectif510 Crsquoest pourquoi la dimension qui nous inteacuteresse particuliegraverement est la composante
structurelle du capital social qui renvoie aux caracteacuteristiques et aux effets du reacuteseau social dans
les activiteacutes des individus
Lrsquoobjet de la section suivante sera drsquoexaminer le concept de reacuteseau social et son usage
dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat
509 GRANOVETTER M lrsquoinfluence de la structure sociale sur les activiteacutes eacuteconomiques Sociologies pratiques Ndeg 132006 pp9-36p 26 510 NAHAPIETJ et GOSHALS op ct p 260
151
Section 2 le reacuteseau social individuel eacuteleacutements de deacutefinition et de description
Le reacuteseau social est un concept qui a eacuteteacute deacuteveloppeacute dans la sociologie Lrsquousage qui y est fait
dans cette discipline se reacutesume dans le postulat selon lequel la position dans une structure
sociale influence les attitudes les comportements et les reacutesultats qursquoun acteur obtient ou peut
obtenir agrave travers lrsquooccupation de cette postions511 Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat la
recherche principalement empirique a montreacute que ce nrsquoest pas tout les reacuteseaux qui peuvent
ecirctre favorable agrave lrsquoindividu notamment lorsqursquoil srsquoagit dans lrsquoengagement et la reacuteussite du
processus entrepreneurial Lrsquoutilisation freacutequente du terme reacuteseau dans le champ social et en
particulier dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat nous oblige agrave preacuteciser le sens de ce terme
Degraves lors on pourrait srsquointerrogeait sur ce qursquoest ce qursquoun reacuteseau social quelles sont les
caracteacuteristiques qui sont importantes Crsquoest des questions essentielles pour comprendre son
influence sur les activiteacutes drsquoun individu Les reacuteponses agrave ces questions feront lrsquoobjet de cette
section
1 Deacutefinition du reacuteseau social
Dans le terme reacuteseau social il y a le mot reacuteseau qui signifie selon la deacutefinition officielle un
Ensemble organiseacute dont les eacuteleacutements deacutependant dun centre sont reacutepartis en divers points512
Dans les dictionnaires anglophones le reacuteseau deacutesigne A usually informally
interconnected group or association of persons An interconnected or interrelated
chain group or system513 ou bien A group of people who exchange information and
contacts for professional or social purposes514
Lorsqursquoon ajoute lrsquoadjectif ldquosocialrdquo le reacuteseau se deacutefinie comme un ensemble drsquoindividus unis
par des relations sociales freacutequentes qui les constitue en communauteacute515 Vue de cet angle le
reacuteseau social est une sous cateacutegorie de reacuteseaux dans lesquels les individus sont unis par des liens
sociaux La deacutefinition donneacutee par ZUCKERMANEW ajoute que le reacuteseau nrsquoest pas composeacute
seulement drsquoindividus mais drsquoautres entiteacutes peuvent etres prises en consideacuteration Pour cet
auteur le reacuteseau social est un ensemble de nœuds ( nodes ) et les scheacutema de relation existantes
entre ces nœuds 516 Dans le domaine de lrsquoeacuteconomie comme dans le management les auteurs
511 STUARTTE0 SERENSONO Chapter10 Social network and entrepreneurship dans The handbook of entrepreneurship p 211-228p 211 512 Larouss httpwwwlaroussefrdictionnairesfrancaisrC3A9seau68585 513 httpswwwmerriam-webstercomdictionarynetwork 514 httpsenoxforddictionariescomdefinitionnetwork 515 Ferrary p 163 516 ZUCKERMANEW On networks and markets bey rauch ans casella eds journal of economic literature Vol XLI 2003 pp
545-565p 546
152
retiennent geacuteneacuteralement deux type de nœud Ce dernier peut concerner un humain ou une
collectiviteacute drsquohumain en drsquoautres termes ils peuvent ecirctre des personnes ou une organisation
une entreprise par exemple517 Drsquoautre types de nœuds peuvent aussi ecirctres prises en
consideacuteration un pays une industrie une innovation etc518
Le scheacutema suivant donne une repreacutesentation simplifieacutee e ce qursquoest un reacuteseau
Figure 25 Preacutesentation simplifieacute drsquoun reacuteseau social
Source auteur
Pour comprendre les conseacutequences du reacuteseau social cest-agrave-dire les influences que peut avoir
lrsquooccupation drsquoune position dans le scheacutema de relations notamment sur la performance pour
ceux qui y participent il faudrait au preacutealable cerner lrsquoobjet qui est observeacute dans ce dans
lrsquoanalyse A ce titre la majoriteacute des recherches empiriques adopte une approche qui repose sur
deux consideacuterations meacutethodologiques La premiegravere est que dans lrsquoanalyse il nrsquoexiste aucun
moyen de savoir par avance comment les scheacutemas de relation sont constitueacutes cest-agrave-dire
comment se font les combinaisons de relation Elle tente de trouver des reacutegulariteacutes de
comportement et les relations (entre personnes) qui preacutesentent ces reacutegulariteacutes En drsquoautres
termes il srsquoagit drsquoanalyser les relations gracircce agrave quoi il est possible de deacutegager un type de lien
qui soit pertinent a posteacuteriori et comprendre ainsi comment ce lien produit des effets positifs ou
bien neacutegatifs sur les comportements individuels519 La seconde consideacuteration porte sur lrsquoobjet
qui est observeacute dans le reacuteseau Les analyses se sont baseacutees en majoriteacute sur une approche
eacutegocentrique du reacuteseau social520 qui consiste agrave consideacuterer lrsquoensemble des relations qui
entourent un nœud particulier une personne une entiteacute etc Selon cette approche les relations
qui sont prise en compte sont de type dyadiques cest-agrave-dire qui lient deux personnes une
517 ZUCKERMANEW op ct p 546 518 ZUCKERMANEW op ct p 547 519 DEGENNEA FORSEM les reacuteseaux sociaux une analyse structural en sociologie ARMAND COLIN Eds 1994288 pages p7 520 STUARTTE0 SERENSONO op ct p 213
Nœud
Nœud -Personnes -Organisation
lien
Nœud Scheacutema qui nait
des nœuds et leurs relations
153
personne avec une organisation ou entre deux organisations521 Crsquoest cette position que nous
adopterons dans le reste de cette section Ce qui nous inteacuteresse le plus ce sont les caracteacuteristiques
du reacuteseau de lrsquoindividu consideacutereacute comme objet principal drsquoobservation
2 Caracteacuteristiques drsquoun reacuteseau social
Plusieurs eacuteleacutements peuvent ecirctre utiliseacutes pour caracteacuteriser un reacuteseau social individuel
nous mettons lrsquoaccent sur le contenue eacuteconomique ou social des relations la forces des liens
et la redondance dans le reacuteseau social
21 reacuteseau social et reacuteseau eacuteconomique
Le lien entre le reacuteseau social et le reacuteseau eacuteconomique a eacuteteacute envisageacute dans la sociologie ndash
eacuteconomique qui postule le rocircle des reacuteseaux sociaux dans la coordination marchande des
agents Les liens sociaux interviennent dans la circulation de lrsquoinformation et leur densiteacute
favorise lrsquoeacutemergence de normes sociales qui contribuent agrave la reacutegulation des eacutechanges
eacuteconomiques522 La question qui se pose est de savoir comment diffeacuterencier les liens qui sont
directement impliqueacutes dans lrsquoeacutechange eacuteconomique et les liens qui sont indeacutependants de cet
eacutechange et de quelle maniegravere ces deux types de liens peuvent coexister En drsquoautres termes
comme diffeacuterencier un reacuteseau social drsquoun reacuteseau socioeacuteconomique
FERRARYM et PESQUEUXY ont eacutelaboreacute une matrice qui integravegre deux paramegravetres essentiels
pour rendre compte de la diffeacuterence entre un reacuteseau social pur et un reacuteseau eacuteconomique le
niveau se socialisation psychologique et la socialisation eacuteconomiques
Figure 26 Reacuteseau social et reacuteseau eacuteconomique selon la nature de la socialisation
Lrsquoeacutechange nrsquoest pas socialiseacute il existe
une indiffeacuterence total au partenaire
Ex achat de journal achat sur internet
achat de matiegravere premiegravere
marcheacute
Lrsquoeacutechange est psycho-sociologiquement
socialiseacute mais indiffeacuterence eacuteconomique
total au partenaire
Ex parent amis associations
Reacuteseau social
Lrsquoeacutechange est eacuteconomiquement
socialiseacute mais indiffeacuterence
psychosociale au partenaire
Ex meacutedecin coiffeur avocat
Reacuteseau eacuteconomique
Lrsquoeacutechange est eacuteconomiquement et psycho-
sociologiquement socialiseacute
Ex les membres drsquoune famille ou des
amis geacuterant la mecircme entreprise un ami
banquier qui fait un precirct
Reacuteseau socio eacuteconomique
Source FERRARYM PESQEUXY lrsquoorganisation en reacuteseau mythes et reacutealiteacutes p161
521 DEGENNEA FORSEM op ct p 7 522 FERRARY M Dynamique des reacuteseaux sociaux et strateacutegies drsquoencastrement social Revue deacuteconomie industrielle Ndeg129-
130 1er et 2egraveme trimestres 2010 pp171-202 p171
Socialisation psychosociologique
- +
Socialisation
Economique
+
-
154
Apregraves avoir exposeacute ce qui peut diffeacuterencier les deux type de reacuteseaux il faudrait examiner de
plus pregraves ce qui se passe dans un reacuteseau eacuteconomique et identifie les proprieacuteteacute fondamentales
Pour FERRAYM et PESQUEUXY il existe trois critegraveres pour qursquoun reacuteseau eacuteconomique se
forme lrsquointerdeacutependance des agents la proximiteacute geacuteographique et la temporaliteacute des relations
sociales
a lrsquointerdeacutependance des agents
Pour que les individus eacutechangent il faut qursquoils perccediloivent un inteacuterecirct une utiliteacute agrave eacutechanger Cet
inteacuterecirct se manifeste dans le fait que chaque individu deacutetient une ressources qursquoil est precirct eacute
eacutechanger et que les autres souhaitent acqueacuterir De ce fait la premiegravere condition drsquoexistence du
reacuteseau eacuteconomique est la compleacutementariteacute de ressources deacutetenues par ses membres
interdeacutependants523 Lrsquoexemple que lrsquoon pourrait citer est celui des financements informels qui
se pratiquent dans le cadre des business Angel Ces derniers sont deacutefinis comme des
investissements effectueacutes par un individu dans une entreprise creacuteeacutee et posseacutedeacutee par les autres524
MASONCM les deacutefinit aussi comme une personne qui a une grande valeur pour les autres par
le fait qursquoil investit ses propres ressources financiegraveres drsquoune activiteacute eacuteconomique ou une
entreprise et dont il nlsquoa aucun lien familial ave les proprieacutetaires et qui apregraves avoir fait cet
investissement devient actif dans la gestion de lrsquoentreprise comme eacutetant par exemple un
conseiller ou un membre proche de la direction 525rdquo
De ce fait les agents eacuteconomiques se constituent en reacuteseaux eacuteconomiques pour optimiser leurs
ressources individuelles et dans ce cas nrsquoest admis dans le reacuteseau qursquoun deacutetenteur drsquoune
ressource526
Le cas qui est geacuteneacuteralement citeacute ici est les reacuteseaux informels qui se cristallisent dans la
Silicone Valley entre des individus deacutetenant des ressources et des compeacutetences dans diffeacuterents
domaines (avocats comptables conseillers) les banquiers les business Angel le capital risque
etc Chacun deacutetient une ressource qui a une valeur pour les autres notamment lorsqursquoils se
reacuteunissent agrave lrsquooccasion srsquoagit drsquoun projet drsquoentreprise
Cet exemple comme le suggegravere certains eacuteconomistes montre que le reacuteseau eacuteconomique peut
ecirctre repreacutesenteacute comme un graphe dans lequel des nœuds (individu organisation ) sont lieacutes par
des connexion non dirigeacutees crsquoest a dire que les flux de ressources et drsquoinfirmation interviennent
523 FERRARYM PESQEUXY lrsquoorganisation en reacuteseau mythes et reacutealiteacutes 2004 PUF 294 pages pp 153 524 70 p 460 525 Notre traduction selon la deacutefinition de MASONCM Public policy support for the informal venture capital market in Europe a critical review International Small Business Journal vol 27 2009 issue 5p 536-556 A high net worth individual acting alone or in a formal or informal syndicate who invests his or her own money directly in an unquoted business in which there is no family connection and who after making the investment generally takes an active involvement in the business for example as an advisor or member of the board of directorsrdquo 526 FERRARYM PESQEUXY opct p153
155
dans les deux sens de lrsquoindividu ( du nœud ) et vers( lrsquoindividus) Le fait qursquoelles sont non
dirigeacutees suppose qursquoelle enferme une potentialiteacute en matiegravere de reacuteciprociteacute dans lrsquoeacutechange
Cette derniegravere ne peut donc eacutemerger que lorsque les individus acceptent drsquoy faire partie527
b la temporaliteacute de la relation drsquoeacutechange dans le reacuteseau eacuteconomique
Lrsquoinscription de la relation drsquoeacutechange dans la temporaliteacute deacutesigne le fait que les interactions se
font selon une logique de jeux agrave coups reacutepeacuteteacutes entre les mecircmes agents et non dan une
transaction unique telle que la postule la theacuteorie micro eacuteconomie neacuteoclassique La permanence
de la relation permet de reacuteduire les coucircts lieacutes agrave lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation car elle permet comme le
soulignaient FERRARYM et PESQEUXY lrsquoapprentissage social mutuel des acteurs528 Cet
apprentissage augmente les capaciteacutes des individus agrave anticiper et agrave deacutetecter les comportements
fiables eacutemanant des autres et donc de reacuteduire lrsquoaleacutea moral lors de lrsquoeacutechange Cette anticipation
fait que plus lrsquoagent acceptera de fournir les informations au cours de la relation plus pourra
beacuteneacuteficier en retour agrave de nouvelles opportuniteacutes des informations et des ressources favorables
agrave atteinte de ses objectifs Il existe ainsi une sorte drsquoeacuteconomie dans les moyens de controcircle des
comportements des autres gracircce agrave lrsquoapprentissage social
c La proximiteacute geacuteographique des agents dans le reacuteseau eacuteconomique
Le titre preacuteceacutedant a expliciteacute lrsquoorganisation du reacuteseau eacuteconomique dan le temps le reacuteseau
eacuteconomique srsquoorganise aussi dans lrsquoespace drsquoougrave le terme laquo geacuteographiqueraquo En terme simple
La Proximiteacute Geacuteographique est avant tout une affaire de distance Dans son acception la plus
simple il srsquoagit du nombre de megravetres ou de kilomegravetres qui seacuteparent deux entiteacutes La Proximiteacute
Geacuteographique est neutre dans son essence529 Ce sont les activiteacutes et les perceptions humaines
qui vont conditionner lrsquoimpact positif ou neacutegatif et lui confeacuterer ainsi une certaine utiliteacute
Crsquoest la maniegravere dont srsquoen emparent les acteurs qui est importante Ainsi le fait que deux
entreprises se trouvent localiseacutees agrave une faible distance peut ecirctre ou non source drsquointeractions
ces deux entiteacutes peuvent aussi bien rester indiffeacuterentes qursquoentrer en contact et lrsquoon parle alors de
mobilisation des potentialiteacutes de la Proximiteacute Geacuteographique Mais cette mobilisation peut
conduire agrave des reacutesultats diffeacuterents selon les actions entreprises530
De ce fait la proximiteacute geacuteographique deacutesigne le rapprochement dans lrsquoespace physique des
agents qui sen lieacutes dans un reacuteseau eacuteconomique Ce rapprochement favorise la qualiteacute des
relations interpersonnelles puisque il reacuteduit certain coucircts lieacutes agrave lrsquoeacutechange de lrsquoinformation au
527 JACKSONMO WATTS A The Evolution of Social and Economic Networks Journal of Economic Theory Ndeg106200 pp 265ndash295 p266 528 FERRARYM PESQEUXY opct p156 529 TORRE A Jalons pour une analyse dynamique des proximiteacutes Revue drsquoEacuteconomie Reacutegionale amp Urbaine Ndeg 32010 pp409 - 437p 413 530 Idem p 414
156
controcircle lorsque par exemple un fournisseur est installeacute dans la mecircme zone geacuteographique
qursquoun client il a la possibiliteacute de visiter ce dernier drsquoavoir les nouvelles au sen s de feed back
sur la qualiteacute de son produit et drsquoun autre coteacute le client aura la possibiliteacute de visiter son
fournisseur drsquoecirctre en mesure drsquoeacutevaluer le seacuterieux les meacutethodes de travail et la qualiteacute de la
gestion chez le fournisseur Ces capaciteacutes seront relativement difficiles agrave reacutealiser dans le cas
de lrsquoeacuteloignement geacuteographique entre ces deux cocontractants
Cependant la proximiteacute geacuteographique nrsquoest qursquoune dimension de la proximiteacute car selon cette
proximiteacute peut concerner drsquoautres dimensions que le seul aspect physique GROSSETTI M et
BOUBA-OLGAO par exemple distingue agrave travers une revue de la litteacuterature sur la notion de
proximiteacute deux types qursquoils appellent la proximiteacute de ressources et la proximiteacute de coordination
- La proximiteacute de ressources
Les ressources pour lrsquoindividu sont certes utiles lorsqursquoelles sont mobiliseacutees activement
mais aussi elles constituent une contrainte par les limitations qursquoelles donnent agrave son action Elle
est aussi un enjeu puisqursquoelle fait lrsquoobjet de recherches drsquoappropriation par les acteurs531
Geacuteneacuteralement on distingue deux types de ressources lorsqursquoelles sont abordeacutees dans le cadre des
reacuteseaux eacuteconomiques de production les ressources mateacuterielles et les ressources cognitives
Proximiteacute mateacuterielle les individus sont semblables ou compleacutementaires sous le rapport des
ressources dont ils disposent (patrimoines revenus diplocircmes statuts sociaux etc) Mecircme si
elle a eacuteteacute conccedilue par opposition agrave la proximiteacute dans lrsquoespace (il y a des liens entre les deux types
de proximiteacute qui se retrouvent dans les contrastes socio-spatiaux Exemple de compleacutementariteacute
les riches habitants des reacutesidences fermeacutees de Rio de Janeiro et leurs serviteurs qui reacutesident agrave
proximiteacute
Figure 27 Proximiteacute spatiale et proximiteacute de ressources
Source BOUBA-OLGAO GROSSETTI M Socio-eacuteconomie de proximiteacute p 9
531 BOUBA-OLGAO GROSSETTI M Socio-eacuteconomie de proximiteacute Revue drsquoEacuteconomie Reacutegionale amp Urbaine Ndeg
32008pp311-328p 7
157
Proximiteacute cognitive elle renvoie agrave lrsquoideacutee que dans un reacuteseau eacuteconomique les individus
enferment en eux certaines variables comme la langue les valeurs les normes des routines
des conventions ou drsquoune maniegravere syntheacutetique toutes choses que lrsquoon peut rassembler sous le
terme de laquo ressources cognitives raquo Ces ressource ont la principale fonction drsquoorienter les
comportements de lrsquointeacuterieur Certain individus possegravedent les mecircmes ressources cognitives il
existe donc une similariteacute dans leur preacutesence dans le reacuteseau mais aussi elles peuvent ecirctre
distribueacutees drsquoune maniegravere heacuteteacuterogegravene assurant ainsi une fonction de compleacutementariteacute Cette
proximiteacute concerne donc ce qui se passe dans la tecircte des acteurs et qui se concreacutetisent dans la
reacutealiteacute par des actions et des discours La proximiteacute cognitive nrsquoest pas neutre par rapport agrave une
proximiteacute spatiale dans la mesure elles peuvent mecircme se conjuguer crsquoest le cas par exemple
dans les districts industriels ou les milieux innovateurs Le fait que lrsquoon soit proche en termes
cognitifs facilitera ndash argument souvent repris dans la litteacuterature ndash la circulation des
connaissances532
- La proximiteacute de coordination
la coordination des activiteacutes eacuteconomique dans un reacuteseau eacuteconomique peut relever soit de
lrsquoentreprise consideacutereacutee comme une organisation centraliseacutee et reacuteguleacutee par lrsquoautoriteacute) du marcheacute
qui regroupes les agents ayant des ressources de meacutediation deacutecentraliseacute dont la reacutegulation se fait
pas les prix ou drsquoune forme hybride qui est la coopeacuteration qui constitue un dispositif de
meacutediation deacutecentraliseacute reacuteguleacute par le plan533 Avec comme eacuteleacutements de diffeacuterenciation essentiels
le caractegravere centraliseacute ou deacutecentraliseacute de la deacutecision drsquoune part et lrsquoeacutepaisseur institutionnelle
drsquoautre part lrsquoeacutepaisseur institutionnelle du marcheacute est faible celle de la coopeacuteration est plus
importante534
22 La force des liens dans un reacuteseau social
La force des liens qui unissent les individus dans un reacuteseau est un concept deacuteveloppeacute par
GRANOWETTERM dans le but des anneacutees 1970 Cet auteur cherchait agrave articuler les
interactions microsociales et les pheacutenomegravenes macro sociaux Au cœur de son analyse se trouve
la distinction ecirctre les liens faibles et liens forts La force des liens est le reacutesultat drsquoune
combinaison de la quantiteacute de temps de lrsquointensiteacute eacutemotionnelle de lrsquointimiteacute (confiance
mutuelle) et des services reacuteciproques qui caracteacuterisent ce lien535 En fonction de lrsquointensiteacute de ses
paramegravetres le lien sera qualifieacute de fort faible ou absent En faisant cette distinction lrsquoauteur
532 BOUBA-OLGAO GROSSETTI M p 8 533 BOUBA-OLGAO GROSSETTI M p 10 534 BOUBA-OLGAO GROSSETTI M p 11 535 GRANOWETTERM The strenght of weak ties Amaerican journal of sociologie Vol 78Ndeg 6 1973 pp 1360+1380p 1368
158
tentait drsquoidentifier lrsquoefficaciteacute relative de chaque type de lien notamment dans la sphegravere
eacuteconomique Dans u article fondateur intituleacute la forces des liens faibles GRANOWETTER
M deacutemontre agrave travers une enquecircte sur les processus drsquoobtention drsquoun emploi que les liens
faibles sont les plus efficaces pour obtenir un emploi le plus satisfaisant pour les travailleurs
Lrsquoauteur justifie cette hypothegravese de la maniegravere suivante la plupart des marcheacutes reacuteels
du travail les reacuteseaux sociaux jouent un rocircle central Les employeurs et les travailleurs
potentiels preacutefegraverent apprendre les uns des autres agrave travers des sources drsquoinformation
personnelles dans lesquelles ils ont confiance Il y a davantage drsquoinformations qui circulent
entre les individus agrave travers des liens faibles qursquoagrave travers des liens forts Parce que nos amis
proches tendent agrave ecirctre dans les mecircmes cercles sociaux que nous alors les informations qursquoils
reccediloivent correspondent freacutequemment avec celles que nous connaissons deacutejagrave Et cela en deacutepit du
fait que les relation forte (amis famille ) sont motiveacutes agrave fournir des informations mais comme
le souligner GRANOWETTERM la structure sociale peut ecirctre plus deacuteterminante que la
motivation Cela est lrsquoun des aspects de ce que jrsquoai appeleacute laquo la force des liens faibles536 De ce
fait les relation faibles jouent un rocircle de liaison entre des reacuteseaux qui ne sont pas connecteacutes
Ce pheacutenomegravene se produit en partie parce que nos relations nous sont typiquement moins
semblables que nos amis proches et en partie parce qursquoils passent moins de temps avec nous
Comme ils appartiennent agrave des cercles diffeacuterents des nocirctres ils nous connectent agrave un monde plus
large537
23 Les liens faibles comme un pont pour acceacuteder agrave drsquoautres reacuteseaux
Lrsquoillustration suivant permet de comprendre le rocircle des liens faibles dans la mise en relation du
groupe qui ne sont pas homogegravenes du point de vue de leur contenu contenue Supposant que des
liens forts unissent A et B drsquoune part et A et C drsquoautre part Il y a une forte chance que B et C se
connaissent La force de ces liens rendent ainsi le groupe coheacuterent et homogegravene car ses membre
partagent les mecircmes habitudes Le scheacutema suivant montre le reacuteseau qui peut naitre de ce type
lien
Figure 28 Un reacuteseau de liens forts
Source auteur selon lrsquoexemple donneacute par DEGENNEA FORSEM p 129
536 GRANOVETTER M lrsquoinfluence de la structure sociale sur les activiteacutes eacuteconomiques p 14 537 GRANOVETTER M lrsquoinfluence de la structure sociale sur les activiteacutes eacuteconomiques p 14
A
B C
159
Supposant maintenant qursquoil y a deux x groupes du mecircme genre que le premier mais cette fois ci
ils sont lieacutes par un lien faible comme le montre le scheacutema al suivant ce liens ( 1-B) assure le
rocircle drsquoun PONT entre deux groupes qui peuvent ne pas ecirctre homogegravenes donc potentiellement
porteur de nouvelle ideacutees information opportuniteacute etc
Figure 29 Le lien faible comme un pont entre plusieurs reacuteseaux
Source auteur selon lrsquoexemple donneacute par DEGENNEA FORSEM p 129
Lrsquoefficaciteacute de la relation ( 1-B) est drsquo offrir la passibiliteacute aux individus se trouvant dans lrsquoun
des deux reacuteseau drsquoatteindre lrsquoautre reacuteseau Ceci est plus vrai lorsque les deux groupes sont de
grande taille Le lien faible perme drsquoeacuteconomiser les efforts La deuxiegraveme fonction qui est capital
est que ce pont assure une liaison informationnelle entre les deux groupes drsquoougrave lrsquoimportance des
liens faibles
Cet argument a des implications au niveau macro-social Si tous les liens forts drsquoune mecircme
personne se connaissent alors ils forment un groupe tregraves soudeacutee Les individus sont alors
connecteacutes aux autres groupes par lrsquointermeacutediaire de leurs liens faibles plutocirct qursquoagrave travers leurs
Liens forts Cela implique que les liens faibles deacuteterminent lrsquoeacutetendue de la diffusion de
lrsquoinformation dans des structures sociales de grandes tailles En prenant lrsquohypothegravese de
lrsquoefficaciteacute des liens faibles BURT Ronald deacuteveloppa une autre theacuteorie qui donna avec des
eacutetudes empiriques un autre creacutedit aux conclusions de GRANOWETTERC
3 Les trous structuraux dans le reacuteseau social
Cette notion de trou structural a eacuteteacute deacuteveloppeacutee par BURT Ronald qui en 1992 publia un
ouvrage qursquoil consacre agrave cette notion the structural holes the social structure of competition
Le point de deacutepart pour cet auteur se situe dans lrsquoargument selon le quel si le capital social
est lrsquoensemble des ressources qui peuvent ecirctre accessible gracircce agrave la possession drsquoun reacuteseau
social ce denier doit comporter certaines caracteacuteristiques qui favorisent cette accessibiliteacute
Autrement dit certaines proprieacuteteacutes doivent ter preacutesentes dans le reacuteseau social qui produise un
capital social538 Cette proprieacuteteacute la reacutesume cet auteur dans la notion de trou structural Deacutejagrave avec
lrsquoadjectif laquo structural raquo signifie qursquoil srsquoagit drsquoune proprieacuteteacute de la structure du reacuteseau social
538 LINN BURTR Social capital theory and research Walter de Gruyter Inc2001 333 pagesp31
A
B C
2
3 1
Lien faible
160
cest-agrave-dire du scheacutema globale des relations qui unissent les individus Pour faire une
deacutemonstration scientifique de cette hypothegravese lrsquoauteur choisi la performance des managers
(ceux qui se trouvent dans le sommet de lrsquoorganisation selon ses propos) qui est lieacute agrave la nature
de leur reacuteseau social Compleacutementaires539
Pour BURTR les reacuteseaux denses ont toutes les chances de transmettre des informations
redondantes et plutocirct banales Ce sont au contraire les liens faibles non redondants qui
apportent le plus dinformation La creacuteation et lentretien de liens sociaux eacutetant coucircteux un
reacuteseau personnel ideacuteal du point de vue de laccegraves agrave des informations comprendra donc plutocirct des
liens tregraves diversifieacutes non connecteacutes entre eux donnant accegraves agrave de nouvelles informations
dinformation deacutepart de cette theacuteorie est lrsquohypothegravese selon laquelle la performance des individus
( il prend lrsquoexemple des manager drsquoentreprise) est lieacute
31 Deacutefinition drsquoun trou structural
Pour expliciter cette notion nous empruntons lrsquoexemple illustratif de DEGENNEA et
FORSEM qui nous semble assez claire Si un individu a besoin drsquoun certains nombre
drsquoinformation pour atteindre un certain nombre de but et ces informations sont deacutetenues par
certains membres de son reacuteseau Pour les acqueacuterir il devra investir au moins en temps dans
certaines relations le cout drsquoacquisition n nrsquoest pas nul la structure du reacuteseau qursquoil possegravede va
entrainer don des rendement (valeur information sur le cout de lrsquoinformation) sensiblement
diffeacuterents540 Pour illustre cette diffeacuterence donnant lrsquoexemple de deux ego crsquoest a dir deux
individu qui possegravedent les deux reacuteseaux suivant
Figure30 Les trous structuraux dans le reacuteseau social
Reacuteseau 1 Reacuteseau 2
Source auteur selon lrsquoexemple donneacute par DEGENNEA FORSEM p138
539 CALLOIS J ndashM Capital social et deacuteveloppement eacuteconomique local Pour une application aux espaces ruraux franccedilais Revue drsquoeacuteconomie Reacutegionale amp Urbaine Ndeg4 2004pp 551-577p 555 540 DEGENNEA FORSEM opct p 137
A
C
B
Ego
A
C
B
Ego
161
Dans le reacuteseau1 il nrsquoy a aucune relation entre A B et C Dans le second reacuteseau tous les contacts
drsquoego sont lieacutes entre eux Cependant dans ce reacuteseau la relation avec A eacutetant donneacutee les
relations avec B et C sont redondantes par ce que pour que lrsquoeacutego joint B ou C il peut tout aussi
utiliser le chemin ego-A-C ou ego-A-B agrave partir du moment ougrave ils se connaissent tous (B et C)
tous Il existe donc entre B et C un trou structural En plus dans ce reacuteseau il y de grandes
chances pour ego drsquoacceacuteder agrave des informations nouvelles posseacutedeacutees par les trois composantes B
C et A dans la mesure ougrave ils ne se connaissent pas Dans le reacuteseau1 il nrsquoy pas de contact
redondant puisque pour joindre un de ses contact lrsquoego ne peut utiliser que la relation qui le lie
avec la personne qursquoil veut joindre
Deux contacts sont redondants lorsquils procurent les mecircmes beacuteneacutefices en information Les
trous structuraux sont les vides entre contacts non redondants Selon cet auteur le trou est un
tampon tel un isolant dans un circuit eacutelectrique Deux contacts seacutepareacutes par un trou procurent
des beacuteneacutefices de reacuteseau qui se cumulent plus quils ne se reacutepegravetent541
32 Lrsquoimpact des trous structuraux sue la performance individuelle
Le problegraveme des trous structuraux se pose se pose au niveau de la qualiteacute et la circulation de
lrsquoinformation Comme le soulignait BURT R en eacutevoquant la performance des managers Ces
derniers dans leurs taches quotidiennes expriment de grand besoins en informations Ceci est
surtout le cas dans les organisations contemporaines qui seacuteloignent du modegravele bureaucratique
en reacuteduisant le nombre de niveaux de controcircle formel et en les remplaccedilants par un controcircle
informel neacutegocieacute Ce changement signifie que les directeurs ne peuvent plus sappuyer autant
quauparavant sur des instructions venues den haut Ils sont plus que jamais les auteurs de leur
propre travail dans des entreprises qui doivent ecirctre capables danticiper et de sadapter agrave des
changements de marcheacute et de besoins en production
Ces managers espegraverent donc tirer des beacuteneacutefices informationnels agrave travers leurs relations
Les beacuteneacutefices en information concernent laccegraves la synchronisation et les renvois dopportuniteacutes
Le reacuteseau filtre dirige concentre et leacutegitime linformation reccedilue Les renvois dopportuniteacutes
permettent aux inteacuterecircts du directeur decirctre repreacutesenteacutes de maniegravere positive au bon moment et au
bon endroit
541 BURTRLe capital social les trous structuraux et lentrepreneur Revue franccedilaise de sociologie Vol 36Ndeg 41995 pp 599-
628p 602
162
Lrsquoauteur conclu que les reacuteseaux domineacutes qui possegravedent cette caracteacuteristique des trous
structuraux est le plus efficient Cet auteur considegravere que la coheacutesion qui caracteacuterise les
reacuteseaux domineacutes par les liens forts (famille groupe drsquoamis) est un indicateur de redondance des
contacts fortement connecteacutes les uns aux autres apportent vraisemblablement les mecircmes
informations procurant ainsi les mecircmes beacuteneacutefices Leacutequivalence structurale est un autre
indicateur des contacts qui indeacutependamment des relations quils ont entre eux relient le
directeur aux mecircmes tierces parties ont les mecircmes sources dinformation et procurent les mecircmes
beacuteneacutefices542
32 Trous structuraux et efficaciteacute individuelle un lien non lineacuteaire
Certains auteurs comme DEGENNEA et FORSEM relativisent les reacutesultats de BURTR et
considegraverent que lrsquoefficaciteacute drsquoun reacuteseau que lrsquoon pourrait approcher par exemple par le
rendement qursquoil procure en matiegravere drsquoobtention de lrsquoinformation nrsquoest pas lineacuteaire Crsquoest-agrave-dire
que cette efficaciteacute nrsquoest pas fonction de lrsquoaugmentation du nombre de trous structuraux ou la
diminution des contacts redondants La raison est que parfois le reacuteseau a besoins de produire de
la redondance de lrsquoinformation pour qursquoelle ne perde pas de sa valeur Elle se reacutepegravete chez les
individus et se conserve pour ne pas se deacuteteacuterioreacute a cause notamment des bruit qui affectent
cette information543 Ces auteurs considegraverent en effet que lrsquoefficaciteacute consiste moins agrave
maximiser les trous structuraux qursquoagrave trouver un eacutequilibre entre nombres de relations redondantes
et non redondantes544
De ce qui preacuteceacutedent nous avions tenteacute de preacutesenter trois caracteacuteristiques du reacuteseau social et leur
importance dans la conduite des activiteacutes des individus les trous structuraux les liens faibles l et
la preacutesence dans un reacuteseau eacuteconomique Il est question agrave preacutesent de discuter lrsquousage qui a eacuteteacute
fait de la notion de reacuteseau dans le domaine d e lrsquoentrepreneuriat
4 Processus entrepreneurial et reacuteseau social de lrsquoentrepreneur
Le processus entrepreneurial est un pheacutenomegravene complexe et multidimensionnel Les premiegraveres
recherches dans ce domaine ont commenceacute avec lrsquoeacutecole des traits de personnaliteacute les travaux se
sont inteacuteresseacutes aux caracteacuteristiques psychologiques de lrsquoentrepreneur La faiblesse des reacutesultats
en termes de deacutefinition drsquoun profil type des entrepreneurs a provoqueacute lrsquoeacutemergence de nouvelles
questions de recherches qui tentent depuis de deacutepasser la vision appliqueacutee agrave lrsquoentrepreneur
542 BURTR Le capital social les trous structuraux et lentrepreneur Revue franccedilaise de sociologie Vol 36Ndeg 41995 pp 599-628p 602 543 DEGENNEA FORSEM op ct p 139 544 DEGENNEA FORSEM op ct p 140
163
comme un individu isoleacute et agrave lrsquoentrepreneuriat comme pheacutenomegravene isoleacute de son contexte Cela a
conduit les chercheurs agrave examiner les causes et les conseacutequences de lrsquoencastrement social dans
le processus entrepreneurial545
Les premiegraveres recherches qui ont introduit la notion de reacuteseau social dans le domaine de
lrsquoentrepreneuriat sont BIRLEY S dans un article publieacute en 1985 laquo the rocircle of social network
in the entrepreneurial process raquo et ALDRICHH et ZIMMERH dont lrsquoarticle publieacute en 1986
laquo Entrepreneurship through social network raquo devient une reacutefeacuterence pour de nombreux travaux
de recherche qui sont venus par la suite En effet depuis ses publications le reacuteseau social est de
venu un instrument dans lrsquoanalyse de la creacuteation et le deacuteveloppement de nouvelles entreprises
41 La position du reacuteseau social dans la recherche
Dans une revue de la litteacuterature parmi les plus deacutetailles HOANGH ANTONCIC B ont
retenu lrsquoexistence de deux types de recherche sur le reacuteseau social de lrsquoentrepreneur La
premiegravere considegravere le reacuteseau social comme une variable indeacutependante Ces recherches tente d
comprendre comment drsquoanalyser lrsquoinfluence le processus entrepreneurial et ses reacutesultats La
deuxiegraveme type de recherches considegravere le reacuteseau social comme une variable deacutependante Le
chercheurs examinent lrsquoinfluence du processus entrepreneurial sur la dynamique d u reacuteseau
social des entrepreneurs546
411 Le reacuteseau social comme une variable indeacutependante
Le pheacutenomegravene agrave expliquer dans ce genre de recherche est le processus entrepreneurial
appreacutehendeacute comme un reacutesultat comme la creacuteation drsquoune entreprise lrsquoinnovation ou de maniegravere
geacuteneacuterale lrsquoexploitation effective drsquoune opportuniteacute de marcheacute Lrsquohypothegravese centrale qui guide la
majoriteacute des travaux est que la position de lrsquoindividu dans une structure social (un reacuteseau de
relation) a des conseacutequences sur ces reacutesultats547 lrsquoentrepreneur peut en theacuteorie atteindre un
certain nombre de ressources comme lrsquoinformation des opportuniteacutes et des ressources Ces
ressources sont externes incorporeacute dans les relations et que les entrepreneurs ne controcirclent
pas548 Globalement les recherches ne distinguent pas entre le reacuteseau de lrsquoentrepreneur du
reacuteseau d lrsquoentreprise
Les recherches ont utiliseacute une varieacuteteacute de mesure de la structure du reacuteseau social en relation avec
le processus entrepreneurial HOANGH ANTONCIC B remarquaient lrsquoexistence de trois
545 HOANGH ANTONCIC B Network-based research in entrepreneurship A critical review Journal of Business Venturing Ndeg18 2003 pp165ndash187p 167 546 Idem p 167 547 JACK S ROSEM Tracing the Historical Foundations of Social Networks in Entrepreneurship Research conference paper ISBE 2009 pp1-14p 4 548 JARILLO JC lsquoEntrepreneurship and growth the strategic use of external resourcesrsquo Journal of Business Venturingvol 4
Ndeg21989 pp 133-147p 137
164
grands type d e mesure qui peuvent ecirctre identifieacutees la taille du reacuteseau social mesureacute la par le
nombre d e liens directs posseacutedeacute par lrsquoentrepreneur consideacutereacute comme lrsquoacteur focal Selon ce
type de mesure le volume global des ressources que peut obtenir lrsquoindividu suggeacutereacute par
hypothegravese comme correacutelativement lieacute agrave la taille du reacuteseau social Lrsquousage de la taille du reacuteseau
appreacutehende donc lrsquoeacutetendu des ressources qui peuvent ecirctre accessible au niveau individuel
La force des relations (lien faible liens forts) constitue aussi une maniegravere de mesurer les
caracteacuteristiques structurelles du reacuteseau social mais cette fois ci pour cerner la diversiteacute des
ressources De faccedilon compleacutementaire a la force des liens les trous structuraux qui constituent
un meacutecanisme pour acceacuteder a un reacuteseau plus large que le reacuteseau domestique ( priveacute) qui peut ter
moins doteacute en nouvelle information et en nouvelle opportuniteacutes
412 Les caracteacuteristiques structurelles du reacuteseau social dans cette thegravese
Deux caracteacuteristiques seront retenues comme identifiant la structure du reacuteseau social de
lrsquoentrepreneur la possession drsquoun lien faible et la preacutesence la preacutesence dans un reacuteseau socio
eacuteconomique Le premier type de lien va concerner la connaissance drsquoun entrepreneur eacutetabli
Autrement nous consideacuterons que le fait de connaitre un entrepreneur actif dans le marcheacute
constitue une relation dyadique qui rempli les conditions drsquoun lien faible telle que nous lrsquoavions
preacutesenteacute dans les titres preacuteceacutedents (les paramegravetres de GRANOWETTREM identifiant la force
des liens) Pour la seconde caracteacuteristique il srsquoagit de la participation dans le financement drsquoun
autre entrepreneur Ces deux types de liens sont sur le plan empirique des liens pouvant ecirctre
utiles pour reacuteussite et la preacutesence dans le processus entrepreneurial
a Connaitre un autre entrepreneur
Il est plausible de consideacuterer que ce type de relation comme un lien faible il est diffeacuterent drsquoune
connaissance de types familiale ( les parent les amis ) mais aussi comme un contact pouvant
permettre drsquoacer agrave drsquoautre reacuteseaux ( un pont ) porteurs de ressources diversifieacutees ( fournisseur
client etc) Dans la litteacuterature theacuteorique relative au reacuteseau social entrepreneruial ce type de
lien est consideacutereacute aussi comme un modegravele de rocircle (a role model)549 Ce dernier est deacutefini par
SHAPIRO et al comme role model is a common reference to individuals who set examples to
beemulated by others and who may stimulate or inspire other individuals to make certain
(career) decisions and achieve certain goals550 En terme simple un modegravele de rocircle est une
personne qui de par ses caracteacuteristiques personnelle (ex reacuteussite professionnelle) ses activiteacutes
549 Dans les dictionnaires le modele de role est deacutefinie comme A role model is someone who other individuals aspire to be like
either in the present or in the future A role model may be someone who you know and interact with on a regular basis or may be someone who youve never met such as a celebrity httpwwwbusinessdictionarycomdefinitionrole-modelhtml 550 Citeacute par BOSMA N et al Entrepreneurship and Role Models Journal of Economic Psychology Vol 33 Ndeg 2 2012pp
165
peut ecirctre consideacutereacute comme un exemple agrave imiter La preacutesence de ce type de lien dans le reacuteseau
individuelle peut ecirctre favorable agrave lrsquoaction des entrepreneurs agrave leur perception des risques des
opportuniteacutes et agrave lrsquoexposition agrave de nouvelles connaissances Crsquoest en ces termes que WEBER
EU MILLIMAN RA reacutesument lrsquoimportance de ce type de relation The positive impact of
knowing an entrepreneur might be explained by the fact that role models and being part of
networks reduce ambiguity and provide information for new entrepreneurs551 Sur le plan
empirique plusieurs recherches ont mis en exergue lrsquoimpact de ce type de lien sur lrsquoactiviteacute
entrepreneuriale notamment au niveau agreacutegeacute Parmi les eacutetudes les plus significatives
BOSMAN et MINITIM ont montraient dans lrsquoanalyse des donneacutees internationales de GEM (
2002) Ces auteurs concluent que ce type de relation constitue une dimension importante du
capital social de lrsquoentrepreneur Clearly knowing other entrepreneurs is not only a perceptual
variable In addition to its contribution to the subjective perception that an individual forms
about entrepreneurship it may be also considered as an indicator of social capital In the
context of this paper howeverthe latter is captured in the third group of variables552
b La preacutesence dans un reacuteseau informel de financement
La participation dans le financement drsquoune autre entreprise suppose que lrsquoindividu soit preacutesent
dans u reacuteseau de socio eacuteconomique tel que deacutefini preacuteceacutedemment La raison est que la deacutecision
de financer les autres est une deacutecision drsquoinvestissement qui selon ces auteurs doit remplir trois
condition pour la consideacuterer comme telle 1) the entrepreneursownership of the idea 2) real
risk in the decision process and 3) the potential for the development of a long-termrelationship
between the parties553 Crsquoest dans cette troisiegraveme condition qursquoapparait la possibiliteacute pour
lrsquoinvestisseur drsquoacceacuteder agrave des reacuteseaux de relations plus ou moins durables et qui peuvent ecirctre
beacuteneacutefiques lorsqursquoil srsquoagit de creacuteer sa propre entreprise Ces beacuteneacutefices peuvent concerner des
connaissances la perception de nouvelles opportuniteacutes eacuteconomiques554 Le scheacutema suivant
reacutesume la nature du reacuteseau social que nous envisageons drsquoanalyse dans cette recherche
551WEBER EU MILLIMAN RA Perceived Risk Attitudes Relating Risk Perception to Risky Choice MANAGEMENT SCIENCEVol 43 No 2 February 1997 pp133-144p 140 552 ARENIUS P MINNITI M Perceptual Variables and Nascent Entrepreneurship Small Business Economics Small Business Economics Ndeg 242005 pp233-247p 245 553 MAXWELL AL et al Business Angel Early Stage Decision Making Journal of Business Venturing Ndeg26 201 pp 212ndash225 p 217
554 Idem p 222
166
Figure 31 Le reacuteseau social de lrsquoentrepreneur dans cette thegravese
Source auteur
A travers ce scheacutema nous venons de preacutesenter la premier composante de note hypothegravese de
recherche qui consiste agrave consideacuterer que la possession drsquoune relation avec un autre entrepreneur
et la contribution dans le financement drsquoautres entreprise ont un lien positif avec la preacutesence
dans les diffeacuterentes eacutetapes du processus entrepreneurial Il reste agrave preacutesent lrsquoidentification des
variables perceptuelles qui sont consideacutereacutees comme jouant un rocircle drsquointermeacutediaire entre le
reacuteseau social et le processus entrepreneurial La section qui suit tente drsquoexpliciter le rocircle de
reacuteseau social dans le deacuteveloppement de la vigilance aux opportuniteacutes de marcheacute des
compeacutetences entrepreneuriales et de la perception du risque entrepreneurial
Capital social individuel
Dimension structurelle Dimension cognitive
Dimension relationnelle
Liens faibles reacuteseau socio eacuteconomique Les trous structuraux
Connaitre un
entrepreneur
Etre un business
Angel
La preacutesence dans les diffeacuterentes eacutetapes du processus
Entrepreneur potentiel - intention - eacutemergence - survie
167
Section 3 Reacuteseau social individuel et variables perceptuelles
Cette section a pour but drsquoexpliciter le lien entre le reacuteseau social et les trois variables
perceptuelles la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute les compeacutetences entrepreneuriales
et la perception du risque drsquoeacutechec La litteacuterature qui sera examineacutee reacutesulte des recherches
theacuteoriques et empiriques faites principalement dans trois plusieurs disciplines entrepreneuriat
sociologie et management strateacutegique555 A lrsquoorigine une grande partie de ces recherches
mobilisent la theacuteorie des reacuteseaux sociaux pour examiner la question de la mobilisation du
reacuteseau social pour acceacuteder agrave des ressources Crsquoest par rapport agrave cette question que sera deacuteveloppeacute
le rocircle de meacutediation des variables perceptuelles
1 Le rocircle du reacuteseau social dans la reconnaissance des opportuniteacutes eacuteconomiques
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat les travaux de recherche qui lieacute le reacuteseau social aux
opportuniteacutes entrepreneuriales parte nt qursquoune question geacuteneacuterique qui se reacutesume comme le
suivant comment lrsquoentrepreneur fait-il pour reconnaitre une opportuniteacute de marcheacute lui
paraissant attractive au point de lrsquoinciter agrave creacuteer une entreprise 556 Cette question srsquointerroge
en fait sur le processus de reconnaissance des opportuniteacutes (opportunity recognition) Crsquoest une
question fondamentale agrave partir du moment ougrave cette activiteacute ne peut se limiter agrave la creacuteation drsquoune
entreprise comme eacutetant un fait deacuteclenchant le processus entrepreneurial SINGH RP et al
considegraverent que la poursuite des occasions de profit accompagne lrsquoentreprise tout a long de son
cycle de vie 557
Nous avions vu dans le chapitre preacuteceacutedent que cette reconnaissance est une capaciteacute de
lrsquoentrepreneur compareacutes au laquo non entrepreneurs raquo qui se manifeste par une vigilance au besoin
du marcheacute agrave la possibiliteacute de trouver un usage alternatif et plus valorisable des ressources
KIRZNERI utilise le terme de vigilance pour conceptualiser cette capaciteacute Selon cet auteur la
vigilance est une sorte de compeacutetences qui permet agrave lrsquoentrepreneur chercher et de localiser les
informations pertinentes sur les opportuniteacutes possibles plutocirct de le fait de disposer drsquoinformation
substantielles sur le marcheacutes558 De ce fait la reconnaissance des opportuniteacutes nrsquoest pas un fait
soudain ougrave lrsquoentrepreneur rencontre soudainement une possibiliteacute de gains que les autre ne la
vois pas mais un processus fait drsquoactiviteacute de recherche et drsquoeacutevaluation des informations sur le
555 HOANG H amp ANTONCIC Bop ct p167 556 CHABAUD D NGIJOLJ La contribution de la theacuteorie des reacuteseaux sociaux agrave la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute raquo Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de la petite et moyenne entreprise Vol18 Ndeg1 2005 pp 29-46p 31 557 SINGHRP et al opportunity recognition thought social network characteristics of entrepreneurs Frontiers of Entrepreneurship Research Babson Park US Babson College 1999 pp228-241p 241 558 Citeacute par 1p 32
168
fonctionnement du marcheacute (prix fournisseurs clients etc) Crsquoest dans ce processus de recherche
de lrsquoinformation qursquoapparait le rocircle du reacuteseau social
11 Le rocircle reacuteseau social comme la reacutesultante de la rationaliteacute limiteacutee des entrepreneurs
Le problegraveme fondamental de la reconnaissance drsquoopportuniteacute de marcheacute est que lrsquoentrepreneur
ne sait pas agrave priori la nature de lrsquoinformation agrave chercher Si tel eacutetait le cas il ne serait pas
probablement seul agrave pouvoir le faire et le marcheacute aurait deacutejagrave reacutealiseacute lrsquoarbitrage En effet
comme le notaient BRITTAIN JW et FREEMANJH559 lrsquoaccegraves agrave lrsquoinformation nrsquoest pas
uniforme entre les individus seul qui se trouvent doteacute de certaine capaciteacutes et agrave se localiser
dans une position favorable dans un reacuteseau social son capables de reconnaitre et de tirer un
avantage des opportuniteacutes de marcheacute drsquoougrave la question fondamentale suivante comment peut-
on ecirctre agrave la recherche drsquoun objet non clairement deacutefini et dont lrsquoexistence mecircme pose problegraveme
Dans ce sens la proceacutedure de recherche ne peut pas reposer sur la rationaliteacute eacuteconomique
traditionnelle qui effectue un calcul coucirct-beacuteneacutefice en comparant les coucircts lieacutes agrave la recherche
drsquoinformation aux gains attendus par lrsquoobtention drsquoune information plus preacutecise Ce calcul est
quasiment impossible agrave faire agrave cause notamment de lrsquoimperfection de lrsquoinformation et la
capaciteacute cognitive limiteacutees des individus Comme lrsquoindiquent SINGH RP et al No person has
perfect information with which to make choices and decisions individuals experience ldquobounded
rationalityrdquo because they are limited in their ability to process and store information (Simon
1976) An entrepreneurrsquos social network can help expand the boundaries of rationality by
offering access to knowledge and information not possessed by the individual entrepreneur thus
exposing the entrepreneur to new venture ideas and opportunities 560
Parmi les eacutetudes empiriques qui ont mis en relief lrsquoimportance du reacuteseau social dans
lrsquoidentification des opportuniteacutes de marcheacute les travaux de KAICH et GILAD (1991) ont permit
drsquoopeacuterationnaliser le concept de vigilance en identifiant les activiteacutes concregravetes qui contribue agrave la
formation de cette vigilance Dans cette eacutetude ougrave 51 entrepreneurs fondateurs drsquoentreprise et 36
managers de grandes firmes ont eacuteteacute interrogeacutes ces auteurs arrivent agrave la conclusion que la
vigilance entrepreneuriale est fortement correacuteleacutee agrave des actions de types561
ndash la part de temps libre consacreacute agrave la reacuteflexion individuelle en vue drsquoameacuteliorer la marche des
affaires
ndash la quantiteacute et la varieacuteteacute des lectures solitaires qursquoelles concernent ou non Les affaires
ndash la propension agrave orienter les conversations de soireacutee sur des sujets ayant trait aux affaires
559 Citeacute par SINGHRP et al p 228 560 SINGHRP et al op ct p 229 561 CHABAUD D NGIJOLJ op ct p 33 et34
169
ndash la faculteacute de nouer des contacts potentiellement utiles en toutes circonstances (notamment en
engageant la conversation avec des eacutetrangers rencontreacutes lors des deacuteplacements professionnels
dans les trains ou encore les avions)
Comparer aux cadres ces auteurs considegraverent que les entrepreneurs srsquoexposent beaucoup plus
agrave des informations venant de sources tregraves diversifieacutes Cette diffeacuterence se situe notamment dans
la capaciteacute agrave eacutelaborer une repreacutesentation de laction comme reacuteponse agrave un problegraveme qui (ou quil)
se pose
Lentrepreneur confronteacute agrave une incertitude est limiteacute au niveau de la construction de la
repreacutesentation Celle-ci relegraveve davantage dune forme de vision et dintuition La surprise
potentielle est donc dautant plus grande que la vision entrepreneuriale est intuitive et neacutecessite
donc une reacuteduction de leacutecart de connaissances En ce sens la rationaliteacute de lentrepreneur est
surtout proceacutedurale562
12 Structure du reacuteseau social et la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute
Le titre suggegravere deacutejagrave que le reacuteseau social a des proprieacuteteacutes qui nrsquoagissent diffeacuteremment sur les
capaciteacutes des individus agrave collecter et agrave eacutevaluer les infirmations sur les opportuniteacutes
eacuteconomiques Nous avions vus en effet dans la section preacuteceacutedente les travaux sur les certaines
caracteacuteristiques structurelles du reacuteseau social notamment la force des liens faibles et les trous
structuraux deacuteveloppeacutes respectivement pat GRANOWETTERM et BURTR Crsquoest
principalement ces deux types de liens qui ont eacuteteacute le plus utiliseacutes dans la recherche sur les
processus de reconnaissance des opportuniteacutes
a la force des liens faibles dans la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute
Il pourrait srsquoagir de voir dans quelle mesure les laquo liens faibles raquo contribuent agrave la recherche
drsquoopportuniteacute GRANOWETERM dans un travail empirique563 qui eacuteteacute agrave lrsquoorigine de sa thegravese
de lrsquoencastrement social des activiteacutes eacuteconomique drsquoemploi montrait comment la recherche
drsquoemploi est faciliteacutee par le fait drsquoavoir des laquorelations raquo des contacts avec des personnes qui
sont dans des reacuteseaux connexes des reacuteseaux habituels Ce type de lien donne accegraves agrave des emplois
emploi plutocirct mieux reacutemuneacutereacute plus satisfaisant que la moyenne et dans lesquels ceux-ci ont
plus tendance agrave rester564
562 FREDERIC C et al Dualiteacute cognitive et organisationnelle de lentreprise le rocircle diffeacuterencieacute du manager et de
lentrepreneur In Revue deacuteconomie industrielle vol 95 2e trimestre 2001 pp 9-22p 17 563 GRANOVETTER M The Strength of Weak Ties raquo American Journal of Sociology Ndeg 78 1973 pp 1360-1380 564 STEINER P Le marcheacute selon la sociologie eacuteconomique Revue europeacuteenne des sciences sociales Tome XLIII 2005 Ndeg 132
pp 31-64
170
Crsquoest parce que les liens faibles permettent drsquoacceacuteder agrave des informations (ici sur des offres
drsquoemplois) posseacutedeacutees dans des reacuteseaux connexes des reacuteseaux habituels des individus Au
contraire des personnes qui eacutevoluent au sein de reacuteseaux relationnels fractionneacutes nrsquoentretenant
pas de liens faibles connecteacutes principalement agrave des liens forts ne parviendront que
difficilement agrave acceacuteder agrave de nouveaux emplois La diffusion de lrsquoinformation mais aussi lrsquoaction
collective seront ainsi influenceacutees par la structure des reacuteseaux la densiteacute des liens et le
cloisonnement entre les reacuteseaux sociaux La recherche sur les opportuniteacutes en entrepreneuriat a
introduit cette hypothegravese pour conceptualiser et eacutevaluer la dualiteacute en termes drsquoinfluence entre
les liens forts et des liens faibles sur la reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute Plusieurs
recherches ont montreacute la supeacuterioriteacute des relations faibles en termes drsquoimpact sur la deacutecouverte
des occasions drsquoaffaires Par ce que les nouvelles informations sont un ingreacutedient crucial pour
lrsquohabiliteacute agrave reconnaitre une opportuniteacute les liens faibles sont plus avantageux que les liens forts
car elles exposent la personne qui les possegravede agrave une varieacuteteacute de donneacutees drsquoexpeacuteriences en tout
les cas beaucoup plus que les reacuteseaux fermeacutes et domineacutes par les liens forts565
Dans une recherche empirique parmi les plus citeacutees SINGH et al ont montreacute dans une enquecircte
interrogeant 308 fondateurs drsquoentreprise de consulting en haute technologie (1994) que les
individus posseacutedant des reacuteseau de grande taille et un nombre eacuteleveacute de liens faible sont ceux
qui arrivent agrave deacutecouvrir de nouvelle ideacutees pour la creacuteation drsquoune entreprise566 Mais il semble
selon des recherches reacutecentes que lrsquoimportance des liens faibles doit ecirctre relativiseacutee en fonction
du contexte culturel Le rocircle des connaissances lointaines et exteacuterieures au cercle familial
deacutepend de la nature individualiste ou collectiviste des cultures Dans leur recherches qui a
compareacute le rocircle du reacuteseau social dans lrsquoidentification des opportuniteacutes au Etats Unies et au
Taiumlwan567 MA R et al ont montreacute que les liens faibles sont neacutegativement correacuteleacutes agrave
lrsquoidentification des opportuniteacutes dans les socieacuteteacutes ou la loyauteacute au groupe prime sur les
comportements individualistes 568
b Les trous structuraux dans le reacuteseau social
BURT R tout en adheacuterant agrave la thegravese de la force des liens faibles permet va preacuteciser
lrsquoanalyse en introduisant le concept de laquo trou structurel raquo (structural hole) Lrsquoentrepreneur est
deacutefini comme situeacute agrave lrsquointersection de trous structuraux crsquoest-agrave-dire de reacuteseaux de contacts non
redondants Dans ce cas lrsquoindividu est laquo capable drsquoajouter de la valeur en faisant lrsquointermeacutediaire
565 MA R et al Social networks and opportunity recognition a cultural comparison between taiwan and the united states Strategic Management JournalNdeg 32 2011 pp1183-1205p 1184 566 SINGHRP et al op ct p 236 567 Respectivement 128 et 133 entrepreneurs dans le secteur de lrsquoindustrie ont eacuteteacute interrogeacute 568 MA R et al idem 1198
171
entre les diffeacuterents reacuteseaux raquo569 laquo en construisant des ponts entre les trous structuraux Degraves lors
deux aspects sont
agrave souligner
ndash drsquoune part laquo les individus qui vivent agrave une intersection de mondes sociaux ont plus de chances
drsquoavoir de bonnes ideacutees Dans la logique de BURTR en eacutetant en contact avec des reacuteseaux
distincts lrsquoindividu est confronteacute agrave des faccedilons de voir diffeacuterentes il a connaissance des manques
des divers reacuteseaux ce qui lui permet drsquoecirctre en position ideacuteale pour innover ndash drsquoautre part cette
innovation est valorisable car lrsquoentrepreneur par sa position perccediloit avant les autres lrsquointeacuterecirct
drsquoune intermeacutediation Dans la vision de BURTR cette position permet agrave lrsquoentrepreneur de
retirer de la valeur de son rocircle drsquointermeacutediaire qursquoil srsquoagisse de beacuteneacutefices informationnels (accegraves
agrave une information non perccedilue par les membres des reacuteseaux perception de sa valeur) et des
beacuteneacutefices lieacutes agrave un meilleur controcircle de lrsquoinformation
Bien que nous avions deacutejagrave expliqueacute la notion de trou structurel mais lrsquoillustration suivante
permet de comprendre davantage le rocircle de cette caracteacuteristique en matiegravere drsquoaccegraves aux nouvelles
opportuniteacutes eacuteconomiques570 Le scheacutema suivant montre la position drsquointermeacutediaire drsquoun
entrepreneur entre plusieurs reacuteseaux Lrsquoentrepreneur est repreacutesenteacute par la lettre A il peut ecirctre
connecteacute agrave plusieurs reacuteseau en mecircme temps en lrsquooccurrence le reacuteseau II et III Par ce que les
membres du reacuteseau I (les relations posseacutedeacutees par A et les membres du reacuteseau II ne se
connaissent pas A devient un intermeacutediaire entre les deux reacuteseaux De ce fait les liens A-B et
A-C sont des relations passerelle (bridges ties) Il est eacutevident de croire que ces deux types de
relation permettent agrave A drsquoobtenir de nouvelles information cest-agrave-dire des informations non
redondantes qui ne sont pas disponibles dans sont reacuteseau drsquoappartenance (I) Par ce que ce
dernier est tregraves dense dans la mesure ougrave il les membres son fortement connecteacutes il y a donc
de forte chance que les mecircmes informations circulent dans ce reacuteseau
569 BURTR les trous structuraux de lrsquoentrepreneur p 604 570 MA R et al idem p1188
172
Figure32 Le trou structurel et position de lrsquoentrepreneur dans un reacuteseau social
Source MA R et al Social networks and opportunity recognition a cultural comparison between taiwan and the
united statesp 1188
Ainsi le concept de trou structurel de BURTR mais aussi celui de liens faibles de
GRANOVETTER paraissent stimulants dans la mesure ougrave ils introduisent explicitement lrsquoideacutee
drsquoaccegraves agrave des reacuteseaux non redondants et donc agrave des informations distinctes A ce titre DE
CLERCQD DANISW et DAKHLIM ont consideacutereacute que la connaissance drsquoun entrepreneur
actif dans le marcheacute et la participation dans le financement drsquoautre entreprise constituent des
relations qui peuvent ecirctre consideacutereacutes comme des liens faibles avec lesquels les entrepreneurs
potentiels peuvent se positionner comme des passerelles avec des reacuteseau plus riche en
informations et en nouvelles opportuniteacutes eacuteconomiques lrsquoeacutetude empirique qui a servie de
deacutemonstration agrave cette hypothegravese a conclu sur le rocircle positif de ces deux type de relation dans la
reconnaissance des opportuniteacute est indiscutable571
La reconnaissance drsquoune opportuniteacute ne se limite pas agrave sa phase de deacutecouverte il reste agrave
lrsquoentrepreneur
13 le reacuteseau social dans lrsquoeacutevaluation de lrsquoopportuniteacute eacuteconomique
Pour diffeacuterente raisons cette phase drsquoeacutevaluation est deacutelicate Lrsquoentrepreneur potentiel a besoin
drsquoacceacuteder agrave des relations bien informeacutees agrave des avis compleacutementaires du sien tout en eacutevitant de
divulguer des informations critiques sur son projet agrave des individus pouvant devenir ses
571 CLERCQD DANISW et DAKHLIM op ct p 351
173
concurrents Selon CHABAUD D NGIJOLJ trois source drsquoinformations peuvent ecirctres
utiliseacutees agrave ce titre572
- drsquoune part lrsquoentrepreneur peut srsquoappuyer sur ses liens forts La confiance mise dans la
famille et les proches permet en effet de srsquoadresser agrave eux en limitant des problegravemes
drsquoopportunisme On conccediloit alors la faciliteacute du dialogue entre lrsquoentrepreneur et son
interlocuteur mais aussi les limitations (problegraveme de la proximiteacute cognitive au sein drsquoun
reacuteseau dense et problegravemes de compeacutetence des acteurs approcheacutes)
- drsquoautre part lrsquoentrepreneur peut srsquoappuyer sur des liens faibles Il peut mobiliser des
relations acquises notamment dans son expeacuterience (professionnelle ou autre) passeacutee afin
de soumettre agrave la critique son projet devant des interlocuteurs qui possegravedent des
connaissances et des positions compleacutementaires aux siennes
- enfin lrsquoentrepreneur peut srsquoadresser agrave des professionnels Malgreacute le coucirct possible de ces
deacutemarches qui est agrave souligner et peut en reacuteduire lrsquointeacuterecirct
2 Reacuteseau social et compeacutetences entrepreneuriales
La reconnaissance des opportuniteacutes de marcheacute est une forme de compeacutetence puisque elle
neacutecessite une certaine capaciteacute agrave collecter eacutevaluer des informations sur le fonctionnement du
marcheacute et des possibiliteacutes de gains qui peuvent exister Cette capaciteacute drsquoeacutecoute drsquoobservation et
de saisie des signaux venant de lrsquoenvironnement se traduit par des aptitudes de perception des
opportuniteacutes GIORDANI L-G Suggegravere que le processus entrepreneurial laquo deacutebute au point de
rencontre et drsquoarticulation entre lrsquointention de creacuteer une entreprise et des opportuniteacutes de
lrsquoenvironnement raquo573 Crsquoest le laquo fit raquo ou la congruence entre aptitudes affectives et habileteacutes
perceptives qui preacutedisposent donc lrsquoindividu agrave srsquoengager dans un processus cognitif de
recherche et de traitement de lrsquoinformation574
Par ailleurs drsquoautres capaciteacutes sont neacutecessaires pour la creacuteation et le deacuteveloppement de
lrsquoentreprise qui sera la structure dans laquelle cette opportuniteacute va ecirctre exploiteacutee Cette forme
particuliegravere de capaciteacute et placeacutee souvent sous le vocable de capital humain speacutecifiques ou drsquoauto
efficaciteacute ( self efficacy) qui revoient agrave certain talents connaissances et compeacutetences utiliseacutes
pour la reacutealisation de certain taches speacutecifiques ou du moins une croyance de pouvoir les
posseacuteder La deacutefinition de DAVIDSSON met la notion drsquoinformation au centre des compeacutetences
entrepreneuriales comportement intentionnel informeacute drsquoun individu ou drsquoune eacutequipe srsquoappuyant
572 CHABAUD D NGIJOLJ op ct p40 et 41 573 Citeacute par OMRANE Aet al laquo Les compeacutetences entrepreneuriales et le processus entrepreneurial une approche dynamique
raquo La Revue des Sciences de Gestion Ndeg 5 2011 pp91-100p 95 574 OMRANE Aet al idem p95
174
sur un eacuteventail donneacute de ressources et sur une volonteacute explicite de les utiliser et qui a pour
reacutesultat final le succegraves drsquoune initiative entrepreneuriale
A ce titre ka theacuteorie du capital social assume lrsquoideacutee que le reacuteseau social constitue une source
preacutecieuse de beacuteneacutefices informationnels deacutefinis comme la diffeacuterence entre la valeur des
informations et le coucirct qui eacutetait neacutecessaire pour les obtenir575 Comme lrsquoindiquait COELMAN J
Who you know affect what you know576 Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat les
recherches oint monter un lien theacuteorique entre la configuration du reacuteseau social cest-agrave-dire de la
structure des relations (liens faibles liens forts les trous structurel la densiteacute) et les processus
drsquoacquisition des connaissances externe Des relations sont particuliegraverement identifieacutees comme
pouvant exercer un impact direct sur le deacuteveloppement des compeacutetences entrepreneuriales les
connaissances dlsquoun exemple qui a reacuteussi dans la creacuteation de lrsquoentreprise et la preacutesence dan un
reacuteseau socio eacuteconomique notamment agrave travers une activiteacute de financement informel
21 capital humain speacutecifique de lrsquoentrepreneur et la preacutesence drsquoun modegravele de rocircle
Le modegravele de rocircle est une personnes qui lorsqursquoelle est preacutesent dans le reacuteseau social des future
entrepreneur peut affecter ses attitudes ses comportements et ses compeacutetences Il existe deux
point de vue qui srsquoopposent sur le lien entre la possession drsquoune relation avec un modegravele de rocircle
(ex un entrepreneur actif dans le marcheacute) et le deacuteveloppement du capital humain de
lrsquoentrepreneur577 le premier considegravere la preacutesences du modegravele de rocircle est plus importante chez
les individus disposant drsquoun capital humain eacuteleveacute (formation supeacuterieurs expeacuterience) Cette forte
preacutesence est baseacutee sur la notion de capaciteacute drsquoabsorption En effet la capaciteacute agrave assimiler et
drsquoappliquer les informations obtenues gracircce agrave une relation avec un modegravele de rocircle pour des
finaliteacutes commerciales578 requiert un certain niveau de connaissances qualifications En drsquoautre
terme les personnes ayant des objectifs ambitieux pour leur entreprise peuvent exprimer des
besoins importants de connaissance des entrepreneurs qui ont reacuteussi dans le domaine e
lrsquoentrepreneuriat579
Le deuxiegraveme point de vue suppose que le capital humain de lrsquoentrepreneur peut se substituer aux
connaissances qui peuvent eacuteventuellement ecirctre obtenues drsquoun entrepreneur deacutejagrave eacutetabli dans le
marcheacute des individus hautement qualifieacutes peuvent ne pas exprimer un grand besoin de connaitre
drsquoautres entrepreneurs pour srsquoinspirer de leur expeacuterience ou pour deacutevelopper une croyance
personnelle en leurs propres compeacutetentes Comme le soulignaient DAVIDSSONP et HONIG
575 NAHAPIET J amp GHOSHAL S p 252 576 Cite par NAHAPIET J amp GHOSHAL S p 252 577 BOSMA N et al Entrepreneurship and Role Models Discussion Paper No 11-0613Tinbergen Institute 2011 Tinbergen Institute Amsterdam and Rotterdam pp1-258p 6 578 COHENWM LEVINTHALDA Absorptive capacity A new perspective on learning and innovation Administrative science quarterly Ndeg 351990pp 128-152p128 579 Idemp 6
175
B General and entrepreneurship specific human capital can besubstituted by role models eg to
enhance the ability to solve problems during the start-up process theawareness of lucrative
business opportunities and self-confidence580
22 reacuteseau socio eacuteconomique et deacuteveloppement des compeacutetences entrepreneuriales
lrsquoideacutee derriegravere cette relation est que la participation dans un reacuteseau drsquoeacutechange eacuteconomiques ( Ex
le financement drsquoautre entreprise dans le cadre drsquoun business angel) est un contexte qui permet
agrave des future entrepreneurs ou des entrepreneurs eacutetablis participants dans ce reacuteseau de
srsquoexposer agrave une varieacuteteacute de connaissances des compeacutetences externes qui lorsqursquoelles sont
assimileacutees et utiliseacutees agrave des fin commerciales peuvent devenir une compeacutetences entrepreneuriale
le premier rocircle de ce type de reacuteseau est lrsquoameacutelioration des capaciteacutes drsquoapprentissage Comme le
souligner FERARY Le premier tour drsquoinvestissement peut ecirctre consideacutereacute comme un dispositif
contractuel drsquoapprentissage collaboratif permettant agrave un investisseur de creacuteer un lien social fort
avec le creacuteateur drsquoentreprise afin drsquoobtenir les informations neacutecessaires agrave la reacuteduction de
lrsquoincertain581
Il est plausible de consideacuterer que ces deux type drsquoexpeacuterience ecirctre en contact avec un
entrepreneur ou actif dans un reacuteseau de financement informel comme des liens favorables agrave
lrsquoeacutemergence de nouvelles compeacutetences pour lrsquoentrepreneur et que ces compeacutetences jouent un
rocircle de meacutediateur entre ces liens avec la participation dans un processus entrepreneurial nous
pouvons reacutesumer ce constat dans le scheacutema suivant
Figure33 Reacuteseau social compeacutetences et participation entrepreneuriale
Source auteur
580 DAVIDSSONP et HONIG Bp 317 581 FERRARY M apprentissage collaboratif et reacuteseaux dinvestisseurs en capital-risque Revue franccedilaise de gestion
Ndeg1632006pp 171-181p 4 no 163 | pages 171 agrave 181p173
Modegravele de rocircle
Contact avec un entrepreneur
Participation dan su reacuteseau socio
eacuteconomique
Compeacutetences
entrepreneuriales Participation
dans le
processus
Entrepreneurial
176
3 Reacuteseau social et perception du risque entrepreneurial
Nous avions vu que le concept de risque peut ecirctre deacutefinie selon deux approches diffeacuterentes
Une approche objective ougrave le risque comme qui se reacutefegravere agrave lrsquoontologie du danger comme reacuteel
et mateacuteriel582 En entrepreneuriat le risque dans cette approche est intrinsegravequement lieacute agrave la
creacuteation agrave lrsquoeacutemergence et au changement qui sont les proprieacuteteacutes fondamentales du processus
entrepreneurial583 Dans ce sens il existe par ce qursquoil y a neacutecessairement des informations qui
eacutechappent agrave lrsquoentrepreneur et qui deacuteterminent le niveau de lrsquoincertitude dans ces activiteacutes
Lrsquoimportance de cette approche a diminueacute au profit drsquoune acception qui met lrsquoaccent sur
lrsquoexistence subjective de ce risque qui se manifeste dans des perceptions deacutependantes du
systegraveme de repreacutesentation de lrsquoindividu et de la situation Le risque devient la perception drsquoune
situation crsquoest-agrave-dire la repreacutesentation que srsquoen fait lrsquoindividu une perception influenceacutee par des
strateacutegies mentales ou biais cognitifs outils de lrsquointuition humaine584
Cette perception peut concerner une menace (risque drsquoeacutechec) ou une opportuniteacute (risque de
manquer une opportuniteacute) La question qui se pose agrave preacutesent est comment articuler la notion le
reacuteseau social avec cette probleacutematique en drsquoautre terme pourquoi et comment les relations
personnelles peuvent ecirctre lieacutees dans le sens positif ou neacutegatif agrave cette perception du risque
31 La perception du risque entrepreneurial la probleacutematique de la mesure
Les reacutesultats empiriques sur lrsquoimportance de la perception du risque dans le contexte
entrepreneurial nrsquoont pas abouti agrave des concluions deacutefinitives sur le lien entre cette perception et
lrsquoengagement ou la reacuteussite de la creacuteation drsquoune nouvelle entreprise encore moins dans
lrsquoidentification de la diffeacuterence entre les entrepreneurs et les non entrepreneurs585 FAYOLLA
al considegraverent que les raisons tiennent au fait du caractegravere unidimensionnel des modaliteacutes de
mesure de cette perception Alors que des recherches reacutecentes admettent lrsquoexistence de
plusieurs dimensions qui reflegravetent le risque dans els activiteacutes entrepreneuriales le tableau
suivant SMIDA AET KHELIL N mettent en relief trois types de risque deacuteche
582 LUPTOND risk and social cultural theory new directions and perspectives Routledge London UK1999190 pages p 16 583 3 HERNANDEZ E ndashM SARROUY-WATKINS N des concepts de risque et drsquoopportuniteacute dans le champ de lrsquoentrepreneuriat p 8 584 Idem p 8 585 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J une nouvelle approche du risque en creacuteation dentreprise Revue franccedilaise de
gestion Ndeg 52008 pp 1411 agrave 159 p 145
177
Tableau21 Les trois dimensions de lrsquoeacutechec et les fondements theacuteoriques associeacutes
Fondements
theacuteoriques
Theacuteorie drsquoeacutecologie
des populations des
organisations
Approche fondeacutee
sur les ressources
Theacuteorie de la
laquo bregraveche aspirations
reacutealisationsraquo
Conception
de lrsquoeacutechec
Discontinuiteacute Entrepreneuriale (lrsquoentreprise eacutemergente nrsquoarrive pas agrave survivre au-delagrave
drsquoune peacuteriode de 3 ans sous le leadership de son fondateur)
Deacutefaillance eacuteconomique Destruction de ressources (inefficience
non-geacuteneacuteration drsquoune rente suffisante pour maintenir un avantage concurrentiel)
Insatisfaction de lrsquoentrepreneur (non-concreacutetisation de ses aspirations et attentes initiales)
Deacuteterminant
drsquoeacutechec
Facteurs environnementaux inheacuterents au contexte de creacuteation
Carences en ressources Peacutenurie des moyens internes
Manque
de motivation et de deacutetermination agrave la reacuteussite
Soure SMIDA AET KHELIL N Repenser lrsquoeacutechec entrepreneurial des petites entreprises eacutemergentes proposition
drsquoune typologie srsquoappuyant sur une approche inteacutegrative 2010p 80
La majoriteacute des chercheurs utilisent les indicateurs financiers (faillite dettes insolvabiliteacute) pour
capter les dangers auxquels les entrepreneurs ou futurs entrepreneurs pensent avoir comme
menace586 Crsquoest ce qui explique pour quoi il est freacutequent de trouver une relation neacutegative entre
ces perceptions et lrsquointention ou lrsquoengagement dans la creacuteation drsquoentreprise587 En consideacuterant
le risque uniquement du point de vue eacuteconomique peut conduire agrave ignorer des dimensions
subjectives importantes
Les reacutesultats sont instables agrave cause aussi de lrsquoabsence dans les analyses de la dimension
situationnelle de lrsquoentrepreneur cest-agrave-dire que les recherches nrsquoenvisagent pas le lien entre
cette perception et le contexte social culturel ou eacuteconomique des entrepreneurs KOGAN ET
WALLACH(1967) dans leur synthegravese des diffeacuterents deacuteterminants de la prise de risque ont
confirmeacute ce postulat en accordant une emphase particuliegravere aux facteurs situationnels588
Crsquoest le constat fait par MILLER K D en analysant la litteacuterature empirique sur la notion
risque en entrepreneuriat Cet auteur considegravere qursquoil faudrait deacutepasser la perspective
individualiste qui examine lrsquoentrepreneur beaucoup plus comme un individu isoleacute plutocirct qursquoun
acteur encastreacute dans contexte social589 Crsquoest dans ce contexte que des recherches reacutecentes
introduisent le reacuteseau social dans lrsquoexplication des niveaux de perceptions individuelles au risque
entrepreneurial
586 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J 5 idem p 145 587 FAYOLLE A BARBOSA S D KICKUL J ibid p 154 588 KOGAN N et WALLACH MA laquo The roles of information discussion and consensus in group risk taking raquoVol 1issue 1 1965 pp1-19 p10 589 MILLER KD risk and rationality in entrepreneurial processes Strategic Entrepreneurship Journal Vol1 2007pp 57-74 p
70
178
32 Perception du risque lieacute au deacuteficit informationnel
La premier raison tien au fait que la perception du risque est un jugement que font les individus
sur des situations futurs Ce jugement st souvent fait de maniegravere heuristique crsquoest dire selon
une regravegle de deacutecision qui cherche a fournir rapidement des solutions reacutealisables pas
neacutecessairement exactes ou optimales Pour se faire ils doivent lier le danger en question agrave des
eacuteveacutenements passeacutes qursquoils ont veacutecu entendu ou observeacute590 Comme le fait remarquer
SLOVICP cette situation se heurt agrave un problegraveme fondamental la disponibiliteacute de ces
eacuteveacutenements pour lrsquoindividu (the problegraveme of availability in risk perception) Le jugement sera
plus facile pour un individu lorsque le danger en question peut ecirctre appreacutehendeacute agrave travers des
eacuteveacutenements du passeacute identifiables et qui ont un caractegravere reacutepeacutetitif Par contre la situation serait
plus ambigueuml pour lrsquoindividu Lorsque ces eacuteveacutenements sont rares en terme drsquooccurrence ou
inexistants591 Cette situation correspond aux activiteacutes nouvelles que lrsquoindividu entend reacutealiser
Le rocircle des connaissances individuelles et de lrsquoinformation ou de lrsquoexpeacuterience de autres
deviennent ainsi importante dans la perception du risque Or ces informations et ces
connaissances sont posseacutedeacute par drsquoautres individus drsquoougrave le rocircle du reacuteseau social et de lrsquoactiviteacute de
reacuteseautage
33 Type de lien et perception du risque en entrepreneuriat
Les personnes qui sont encastreacutees dans un reacuteseau social qui comporte un entrepreneur ou des
futurs entrepreneurs peuvent deacutevelopper des perceptions positives du risque entrepreneurial
La raison est qursquoils observent des personnes appartenant au mecircme reacuteseau qui ont reacuteussie la
creacuteation drsquoune entreprise Le reacuteseau social peut avoir donc un impact direct sur la perception
du risque drsquoeacutechec et indirectement cette perception peut ecirctre favorable agrave un comportement
entrepreneurial
Dans le sillage de cette hypothegravese MINITIM considegravere que lrsquoimpact positif de la connaissance
drsquoautre entrepreneurs sur la le deacuteveloppent chez lrsquoindividu drsquoun comportement entrepreneurial
est expliqueacute par le fait drsquoune par cette relation es un canal par lequel transitent des informations
de valeur par exemple sur le marcheacute la technologie les proceacutedures de creacuteation etc Drsquoautre
part les entrepreneurs qui nt reacuteussie dans le parcoure peuvent ecirctre consideacutereacutes pour celui qui les
connaisse comme des modegraveles de rocircle (role model) crsquoest a dires des exemples de reacuteussite que
590 SLOVIC P FISCHHOFF B LICHTENSTEIN S facts and fears understanding perceived risk R C Schwing amp W A Albers Jr (Eds) Societal Risk Assessment How safe is safe enough New York Plenum Press 1980 Pp181-214p 183 591 idem p 183
179
lrsquoon pourrait imiter Cela permet de reacuteduire les ambiguumliteacutes et de fournir des informations de
valeur au futur entrepreneur592
Cet auteur dans un articla publieacute en 2004 analysa le rocircle des variables perceptuelles parmi
lesquelles la perception du risque Cette eacutetude qui a utiliseacute les donneacutees de GEM de 2002 a
concerneacute un eacutechantillon de 51721 individus La perception du risque a eacuteteacute mesureacute par une
question qui consister agrave savoir si la peur de lrsquoeacutechec peut ecirctre pour eux un frein pour
lrsquoengagement dans la creacuteation drsquoune entreprise ou drsquoune activiteacute eacuteconomique Drsquoun autre coteacute
le reacuteseau social a eacuteteacute appreacutehendeacute par une question qui consister agrave savoir si la personne interrogeacute
connaissait personnellement un entrepreneur actif dans le marcheacute Les reacutesultats de la reacutegression
logistique ont permis agrave lrsquoauteur de constater sur un lien significatif entre le reacuteseau social la
perception du risque la preacutesence dans lrsquoactiviteacute entrepreneuriale Cet auteur conclu que le fait
drsquoecirctre exposeacute agrave lrsquoexpeacuterience dlsquoautre entrepreneurs permet drsquoavoir un impact positif sur la
reacuteduction de lrsquoambiguumliteacute qui caracteacuterise lrsquoactiviteacute entrepreneuriale Avec ces reacutesultats
lrsquoambiguumliteacute est une autre dimension de lrsquoincertitude qui est mise en relief
34 Aversion au risque et aversion agrave lrsquoambiguumliteacute dans le processus entrepreneurial
Dan un autre article publieacute en 2005 MINITIM propose une contribution theacuteorique sur le rocircle
du reacuteseau social dans la distribution geacuteographique de lrsquoentrepreneuriat et plus preacuteciseacutement de
la concentration des entrepreneurs dans lrsquoespace Cet auteur considegravere que la connaissance
drsquoautres entrepreneurs est un facteur essentiel dans la reacuteduction de lrsquoambiguumliteacute pour les
entrepreneurs potentiels car lrsquoaversion agrave lrsquoambiguumliteacute qui se deacutefini comme lrsquoincompreacutehension des
situations lieacute agrave la creacuteation drsquoune entreprise peut ecirctre un handicape majeur pour le comportement
entrepreneurial Cet auteur deacutefini ce concept en le comparant avec lrsquoaversion au risque de la
maniegravere suivante In addition to uncertainty however an entrepreneur may face also ambiguity
When ambiguity exists information about one or more of the conditions of the environment is
fuzzy and agents cannot be assumed to know the necessary decision-making model (March and
Olsen) Thus the entrepreneurrsquos problem is not that she lacks information but that because of
ambiguity she does not know the true structure of the situation Of course this means that
rationality is bounded although the only constraint on the entrepreneurrsquos information
processing ability may be the existence of ambiguity Notice that ambiguity aversion is not risk
aversion risk aversion is the curvature of a well-defined utility function that exists in principle
592 ARENIUS P MINNITI M op ct p 239
180
even when the agent faces no risk or uncertainty Ambiguity aversion on the other hand exists
only when the agent has an incomplete model of the structure of the situation593
35 Reacuteseau social effet en termes drsquoexternaliteacute
Pour cet auteur la reacuteduction de lrsquoambiguumliteacute est directement lieacute agrave la nature du reacuteseau social
et notamment agrave la preacutesence drsquoun entrepreneur dans ce reacuteseau de lrsquoentrepreneur Ce lien est
envisageacute agrave travers ce qursquoelle appel les externaliteacutes positives du reacuteseau social (network
externalities) Ces derniegraveres sont justifieacutees par le postulat largement reconnu en sociologie
eacuteconomique qui considegravere que lrsquoactiviteacute eacuteconomique ne peut pendre place dans un vide mais
elle est encastreacutee dans un reacuteseau de relations social Cet auteur suggegravere que la connaissance
drsquoun entrepreneur actif dans le marcheacute reacuteduit lrsquoambiguumliteacute et permet agrave lrsquoentrepreneur de se
concentrer sur ses activiteacutes Cette influence peut ecirctre modeacuteliseacutee en tant qursquoune forme
drsquoexternaliteacute du reacuteseau social cette externaliteacute est lrsquoexistence de beacuteneacutefices de formes diffeacuterentes
qui srsquoobtiennent par le fait drsquoecirctre exposeacute agrave un drsquoautre entrepreneurs as a network externality in
which entrepreneurship is assumed to exhibit increasing returns with respect to adoption The
externality under consideration is a non-pecuniary externality but it does not operate through
changes in the returns to investment in human capital or in technology adoption as typical in
recent literature We may call it a perceptual externality In high entrepreneurship areas the
large concentration of entrepreneurship promotes its choice as a viable source of income
Crsquoest par ce meacutecanisme que srsquoopegravere la concentration geacuteographique de lrsquoentrepreneuriat dans
la mesure que crsquoest des entrepreneurs qui attirent de nouveaux entrepreneurs Cette attractiviteacute
ne se fait pas seulement par des meacutecanismes financiers (financement par exemple) mais aussi
comme lrsquoindique cet auteur le transfert de certaines ressources immateacuterielles comme les
connaissances et les expeacuteriences induisant des changements des attitudes et des comportements
pour celui qui srsquoexpose agrave des relations avec des entrepreneurs eacutetablis De ce fait il existe ici une
hypothegravese inteacuteressante agrave explore qui suggegravere que la connaissance drsquoun entrepreneur ou la
preacutesence dans un reacuteseau socio eacuteconomique influence la participation des individus dans le
processus entrepreneurial car devenant moins frileux du risque drsquoeacutechec ou maitrisant mieux la
situation (reacuteduction de lrsquoambiguumliteacute) en agissant sur la perception du risque drsquoeacutechec
Le scheacutema suivant reacutesume une lrsquoarticulation entre le contexte relationnel et la perception du
risque entrepreneurial
593 MINNITIM Entrepreneurship and network externalities Journal of Economic Behavior amp Organization Vol 57 2005 pp 1ndash27 p 4
181
Figure 34 Perception du risque entrepreneurial et reacuteseau social
Source auteur
Risque en entrepreneuriat
Risque comme reacuteel et mateacuteriel
Existence objective
Risque comme perception
Existence subjective
Risque comme menace
Risque drsquoeacutechec
Risque comme opportuniteacute
Risque de manquer une
opportuniteacute
Manque
drsquoinformation
Ambiguumliteacute
des
situations
Reacuteseau social connaissance drsquoun entrepreneur et
insertion dans un reacuteseau socio eacuteconomique
Perception du risque
drsquoeacutechec
Participation dans le
processus
entrepreneurial
182
Conclusion
Dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat la recherche sur le reacuteseau social a eacuteteacute envisageacutee par
rapport agrave son importance dans lrsquoacquisition des ressources pour le deacuteclenchement et la
reacuteussite du processus entrepreneurial Les travaux portent sur le contenu du reacuteseau social (type
de ressources qursquoil peut fournir) la gouvernance dans le reacuteseau social (comment sont
coordonneacutes les reacuteseaux relationnels et les flux de ressources) et les proprieacuteteacutes de la structure
du reacuteseau social de lrsquoentrepreneur594 Ces ressources peuvent ecirctre de nature mateacuterielle comme
le capital ou la technologie et immateacuterielle Notre recherche srsquointeacuteresse particuliegraverement aux
beacuteneacutefices informationnels et cognitifs du reacuteseau social pour les entrepreneurs reacuteels ou potentiels
Ce chapitre a permis en effet de comprendre de quelle maniegravere le reacuteseau social influence la
participation dans le processus entrepreneurial crsquoest agrave travers son impact sur les capaciteacutes de
deacutetection des opportuniteacutes de marcheacute le deacuteveloppement des compeacutetences et la perception du
risque entrepreneurial Un facteur en commun semble les unir toutes lrsquoinformation le reacuteseau
social devient donc le contexte plus ou moins favorable agrave lrsquoaccegraves agrave des informions de valeurs
de connaissance susceptibles drsquoameacuteliorer les capaciteacutes des entrepreneurs en matiegravere de
reconnaissance des occasions drsquoaffaires drsquoameacuteliorer son auto efficaciteacute (ses croyances en ses
propres compeacutetences) et la perception des menaces qui peuvent alteacuterer la reacuteussite de son projet
De ce fait ce chapitre termine lrsquoexplication de notre hypothegravese de recherche eacutenonceacutee dans
lrsquointroduction de cette thegravese Nous avion soumis agrave la reacuteflexion lrsquohypothegravese qursquoentre le reacuteseau
social individuel et la preacutesence dans les diffeacuterentes eacutetapes de la creacuteation drsquoune entreprise il
existe des variables meacutediatrices que nous avions appeleacute les variables perceptuelles
Une variable meacutediatrice ou appeleacutee aussi variable modulatrice deacutecrit un processus agrave travers
lequel la variable indeacutependante est susceptible drsquoinfluencer la variable deacutependante Dans ce
cas la variable indeacutependante est agrave lrsquoorigine du deacuteclenchement de lrsquoaction drsquoun meacutediateur ou de
son intensiteacute qui lui mecircme influence la reacuteponse (variable deacutependante)595 De ce fait leffet de la
variable indeacutependante sur la variable deacutependante est diffeacuterent selon les niveaux de la variable
modulatrice596 Les variables meacutediatrices expliquent ainsi comment ou pourquoi les variables
indeacutependantes apparaissent Le scheacutema suivant reacutesume le role des variablesmeacutediatrices
594 HOANG H amp ANTONCIC B op ct p45 595 RASCLE N IRACHABAL S meacutediateurs et modeacuterateurs implications theacuteoriques et meacutethodologiques dans le domaine du stress et de la psychologie de la santeacute Presses Universitaires de France | laquo Le travail humain raquo Vol 64Ndeg22001pp 97- 118 p99 596 BRAUER M Lidentification des processus meacutediateurs dans a recherche en psychologie Lanneacutee psychologique 2000 vol
100 Ndeg4 pp 661-681p 663
183
Figure35 Effet meacutediateur drsquoune variable
Source RASCLE N IRACHABAL S
Par rapport agrave ce scheacutema nous pouvons transposer le rocircle des variables perceptuelles envisageacute
dans cette recherche Dans la figure suivante nous donnons lrsquoexemple valable pour le reste des
variables de la perception des opportuniteacutes de marcheacute on pourrait interpreacuteter ce scheacutema comme
le suivant lrsquoideacutee de lrsquoencastrement des activiteacute eacuteconomique dans la structure sociale stipule que
le reacuteseau social a une influence sur la formation de lrsquointention entrepreneuriale mais cette
influence ne peut ecirctre direct il existe un pheacutenomegravene intermeacutediaire qui agrave la fois subi lrsquoinfluence
du reacuteseau social notamment de la structure des liens et influence lui-mecircme le reacutesultat final
attendu drsquoun comportement en lrsquooccurrence ici lrsquointention drsquoentreprendre Cela consiste agrave dire
que la connaissance drsquoun entrepreneur la participation dans un reacuteseau socio eacuteconomique ( agrave
travers le financement informel) font exposer lrsquoindividu agrave un vivier drsquoinformations de
connaissances et drsquoexpeacuteriences qui peut contenir des indicateurs drsquoune opportuniteacute drsquoune
possibiliteacute de gains futures Lorsque cette opportuniteacute est deacutetecteacutee eacutevalueacutee et devient
suffisamment attractive donc elle revient laquo reconnue raquo elle peut ecirctre favorable agrave la prise de
deacutecision de srsquoengager dans la creacuteation drsquoune entreprise
Figure36 La perception des opportuniteacutes de marcheacute comme variable meacutediatrice entre
reacuteseau social est intention entrepreneuriale
Source auteur
Intention
entrepreneuriale
Reconnaissanc
e
des
opportuniteacutes
de marcheacute
Varaible meacutediatrice
Variable
meacutediateur
Variable
indeacutependante Variable
Deacutependante
Reacuteseau social
- Connaissance drsquoun
entrepreneur
- Financement dune entreprise
(business Angel )
Variable deacutependante Variable indeacutependante
184
Ce modegravele simplifieacute sera tester dans les deux chapitres suivants il srsquoagit drsquointerroger le rocircle du
reacuteseau social des entrepreneurs en Algeacuterie et comme ce reacuteseau produit des effets positifs sur la
participation entrepreneuriale
185
Chapitre III
Preacutesentation des donneacutees et de la meacutethodologie de recherche
186
Introduction
Nous lrsquoavions souligneacute dans lrsquointroduction e cette thegravese quel e mateacuteriel empirique
provient de donneacutees secondaires eacutelaboreacutees par le groupe Global Entrepreneurship Monitor
GEM) Ces donneacutees sont le reacutesultat des enquecirctes qualitatives effectueacutees entre 2009 et 2012
dont le principal objectif et la mesure de lrsquoactiviteacute entrepreneuriale dans plusieurs pays et
lrsquoidentification des facteurs qui peuvent expliquer les diffeacuterences agrave lrsquoeacutechelle internationale Crsquoest
pourquoi nous croyons qursquoil est utile de preacutesenter lrsquoaspect conceptuel et meacutethodologique du
modegravele empirique qui est cadrent ces enquecirctes La premiegravere section sera par conseacutequence
consacreacutee agrave lrsquoidentification des principaux concepts et leurs relations qui sont agrave la source de la
deacutetermination des variables lieacutees au processus entrepreneuriale du capital social et de la
perception individuelle
Cette section fera aussi la preacutesentation des variables qui correspondent agrave notre objet
central de recherche agrave savoir la participation dans le processus entrepreneurial Cette
preacutesentation est accompagneacutee par les reacutesultats preacuteliminaires sur le nombre des entrepreneurs
potentiels des entrepreneurs en phase drsquoengagement drsquoeacutemergence et qui gegraverent des entreprises
en phase de survie Puisque cette participation est consideacutereacutee comme lieacutes au capital social et
aux variables perceptuelles nous clocircturerons cette section par la preacutesentation de la
meacutethodologie qui sera utiliseacutee dans lrsquoanalyse descriptive des dites variables qui se fera
respectivement dans la deuxiegraveme et la troisiegraveme section
En effet la deuxiegraveme section sera consacreacutee au capital social des entrepreneurs Dans une
premiegravere eacutetape nous expliciterons les variables qui seront utiliseacutees pour identifier ce capital
Ensuite nous entamerons une analyse descriptive des dites variables en relation avec le
processus entrepreneurial il ne srsquoagit pas ici drsquoune analyse explicative Il est question en effet
de voir si nous avions raison compte tenu des donneacutees empiriques de poser lrsquohypothegravese de
lrsquoexistence de la relation entre la participation entrepreneurial et le fait de connaitre un
entrepreneur et de participer dans le financement drsquoautres entreprise
La troisiegraveme section restitue les reacutesultats de lrsquoanalyse descriptive des variables
perceptuelle la vigilance entrepreneuriale les compeacutetences et la perception du risque
entrepreneurial Il srsquoagit aussi de montrer si lrsquohypothegravese de leur relation est veacuterifiable
Pour les variables perceptuelles tout comme pour celles du le capital social il ne srsquoagit pas agrave ce
stade de veacuterifier lrsquoimpacte de ces deux types de variables sur lrsquoentrepreneuriat nous laisserons
187
cette deacutemonstration au troisiegraveme chapitre Le scheacutema suivant reacutesume les principales eacutetapes de ce
chapitre
Figure 37 Structure du chapitre III
Chapitre I Donneacutees de la recherche et meacutethodologie de lrsquoanalyse
descriptive
Section1 le processus entrepreneurial selon le Global Entrepreneurship
Monitoring (GEM)
Section 2 capital social et processus
entrepreneurial Analyse descriptive
Section 3 Profiles et perception
des entrepreneurs une analyse
descriptive
188
Section I le processus entrepreneurial selon le Global Entrepreneurship Monitoring
(GEM)
Lrsquoillustration empirique de cette thegravese utilise des donneacutees qui nrsquoont pas eacuteteacute eacutelaboreacute par le
chercheur Ces donneacutees sont issues des enquecirctes effectueacutees par un organisme international
appeleacute GEM Les eacutetudes faites par cet organisme adoptent une approche conceptuelle de
lrsquoentrepreneuriat et une meacutethodologie qui ont un impact important sur le type et le contenu des
donneacutees qursquoil publie chaque anneacutee Il est important donc drsquoargumenter la pertinence des
donneacutees relatives au concept de processus entrepreneurial et celui du capital social Cette
section sera consacreacutee agrave une preacutesentation geacuteneacuterale de cet organisme (I) agrave la compreacutehension du
cadre conceptuel et meacutethodologique (II) et agrave la preacutesentation des variables qui seront utiliseacutees
dans lrsquoanalyse empirique (III)
1 preacutesentation geacuteneacuterale du groupe GEM
Le Global entrepreneurship Monitor597 est neacute en 1997598 drsquoun programme de recherche
conduit conjointement par la London Business School au Royaume Unie et le Babson College599
aux Etats Unis La mise en œuvre de ce programme intervient dans un contexte marqueacute par un
inteacuterecirct grandissant des chercheurs pour le pheacutenomegravene entrepreneurial La connaissance de ses
deacuteterminants et ses conseacutequences dans la socieacuteteacute deviennent une preacuteoccupation importante de la
recherche Seulement une grande partie de ces recherches sont faites dans les pays deacuteveloppeacutes
comme les Etats Unies lrsquoEurope de lrsquoouest et les pays scandinaves600 Pour comprendre ces
deacuteterminants et ses conseacutequences il fallait proceacuteder agrave des analyses transnationales pour veacuterifier
si les diffeacuterentes hypothegraveses se valident dans drsquoautres contextes Mais le manque de donneacutees
internationales comparables est reconnu agrave ce titre comme un eacutecueil seacuterieux601 Par exemple
lrsquoimpact de lrsquoenvironnement institutionnel ou du contexte culturel sur la quantiteacute et la qualiteacute de
la creacuteation drsquoentreprises ne pouvait se faire sans un mateacuteriel empirique homogegravene602 tant les
deacutefinitions et les modaliteacutes de mesure de lrsquoentrepreneuriat et de la creacuteation drsquoentreprise se font
selon des cadres conceptuels et opeacuteratoires diffeacuterents Crsquoest dans ce contexte que le Global
597 LrsquoAcronyme original eacutetait GOEI global opportunity and entrepreneurship index nous utilisons pour le reste du document lrsquoabreacuteviation GEM lorsque global entrepreneurship monitor est eacutevoqueacute 598 ALVAREZC amp URBANO D amp AMOROS J E GEM research achievements and challenges Small Bus Econ 2014pp
445-465p 445 599 Le sponsor du programme qui est un organisme Ameacutericain de formation et de recherche en entrepreneuriat 600 THOMAS A amp MUELLER S L A case of comparative entrepreneurship assessing the relevance of culture journal of international business studies Vol 31 Ndeg 2 2000 pp287-301 p 288 601 BOSMA N The Global Entrepreneurship Monitor (GEM) and Its Impact on Entrepreneurship Research GEM Working Papers Series Ndeg 12-01 2012 pp1-85p 1publieacute dans International Journal of Entrepreneurial Venturing Vol 5 Ndeg2 2013 602 BERGMANN H amp MUELLERS amp SCHRETTLET The Use of Global Entrepreneurship Monitor Data in Academic Research A Critical Inventory and Future Potentials International Journal of Entrepreneurial Venturing 2014 vol 6Ndeg 3pp
242-276 p245
189
Entrepreneurship Monitoring fus creacuteeacute Le dispositif meacutethodologique et conceptuel qui guide les
diffeacuterentes enquecirctes est inspireacute drsquoun autre projet sur lrsquoentrepreneuriat appeleacute Panel Study Of
Entrepreneurial Dynamics (PSED) qui a eacuteteacute creacutee et dirigeacute par PAUL REYNOLD en 1990603 Les
enquecirctes du PSED concernaient principalement les Etats Unies et quelques pays Pour eacutelargir
le champ des investigations et collecter systeacutematiquement des donneacutees internationales
comparables PAUL REYNOLD WILIAM BYGRAVE et MICHAEL HAY ont mis en place
le projet GEM dont les objectifs sont reacutesumeacutes dans le titre qui suit
11 Les objectifs des eacutetudes GEM
Depuis sa creacuteation le projet GEM visait Lrsquoeacutevaluation des diffeacuterences des niveaux
drsquoactiviteacute entrepreneuriale entre les pays Lrsquoexploration des facteurs qui deacuteterminent le niveau
de lrsquoactiviteacute entrepreneuriale dans chaque pays et Lrsquoidentification des politiques
gouvernementales qui permettent de promouvoir lrsquoactiviteacute entrepreneuriale604
La premiegravere enquecircte est effectueacutee en 1999 et qui a concerneacute dix pays les pays du G7 le
Danemark la Finlande et Israeumll605 Avec le temps le nombre de pays participants a augmenteacute
pour atteindre 67 en 2013606 La croissance du nombre de pays est accompagneacutee par une
croissance importante du volume des populations enquecircteacutees Entre 2002 et 2013 ce nombre a eacuteteacute
multiplieacute par 25 ce qui donne un total cumuleacute de presque 1300000 personne interrogeacutee Le
tableau suivant montre lrsquoeacutevolution du volume de la population participant annuellement aux
acquecirctes de GEM607
Tableau 22 taille de lrsquoeacutechantillon global sur la peacuteriode 2001-2011
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2013
Population
enquecircteacutee 66 602 115 77 96 712 145 189 117 833 171 631 155 183 134 990 183 074 176 699 164 842
197000
GEM 2013 global report
12 Les donneacutees GEM et leur usage dans la recherche acadeacutemique
603 ACS ZJ amp AUDRETSCH DBInternational Handbook Series on Entrepreneurship An Interdisciplinary Survey and Introduction Vol 5 Springer Science+Business Media 2010676 page p 3 604 AMOROS JEamp BOSMAN amp LEVIE J Ten years of Global Entrepreneurship Monitor accomplishments and prospects International Journal of Entrepreneurial Venturing Vol 5 Ndeg2 2013 pp 120-152 p120 605 REYNOLDSP D et al Global Entrepreneurship Monitor 2001 Summary Report 2001 London Business School and Babson College152 page p xi 606 GEM 2013 global report 607 BOSMA N et al GEM Manual A report on the design data and quality control of the Global Entrepreneurship Monitor
2012 95 pages p 52 et 53
190
Chaque anneacutee GEM publie un rapport global comportant les principaux reacutesultats enquecirctes
sur lrsquoactiviteacute entrepreneuriale au niveau mondial et un rapport individuel pour chaque pays En
plus de ces rapports le groupe met agrave la disposition des utilisateurs les donneacutees annuelles
confectionneacutees dans le logiciel SPSS608 Les mateacuteriaux empiriques accumuleacutes ont permis
drsquoalimenter en donneacutees des eacutetudes effectueacutees par drsquoautres institutions internationales agrave lrsquoinstar
de la Banque Mondiale (WB) de lrsquoOCDE et le Forum Economique Mondiale (WEF)
Dans le domaine de la recherche acadeacutemique le nombre de travaux exploitant les donneacutees
de GEM ne cessent de croitre URBANOD et al recensent 106 articles publieacutes dans des revues
speacutecialiseacutees et classeacutees entre 2000 et 2012609 Ces articles sont travailleacutes dans diffeacuterentes
disciplines eacuteconomie sociologie management et en entrepreneuriat La leacutegitimiteacute de ces
donneacutees a contribueacute dans lrsquoobtention du concepteur du projet (REYNOLD P D)610 du premier
prix de laquo international Award for entrepreneurship and Small business researche raquo en 2004
Ce prix reacutecompense lrsquoeffort de la personne mais aussi lrsquointroduction par GEM de
nouveau concepts utiles agrave la recherche comme lrsquoentrepreneuriat naissant (Nascent
Entrepreneurship) entreprise en gestation (Firme In Gestation) et des comparaisons
internationales sur la preacutevalence de lrsquoactiviteacute entrepreneurial Tous ces nouveaux concepts ont
permis de mieux comprendre les diffeacuterences internationales en matiegravere drsquoentrepreneuriat et le
lien complexe entre lrsquoentrepreneuriat et la croissance eacuteconomique611 Bien entendu il existe
drsquoautres initiatives qui reacutealisent des eacutetudes systeacutematiques sur lrsquoentrepreneuriat agrave lrsquoeacutechelle
internationale Les organismes comme lrsquoOCDE612 la Banque mondiale ou EUROSTAT font le
recensement annuel de lrsquoeacutetat de lrsquoentrepreneuriat dans un certain nombre de pays Cependant
plusieurs eacuteleacutements diffeacuterencient les travaux de ces organismes par rapport agrave ceux de GEM Le
titre suivant met en relief ces diffeacuterences
13 Comparaison des enquecirctes de GEM avec drsquoautres organismes
Les enquecirctes reacutealiseacutees par les organismes que nous venons de citer partagent le mecircme
objectif celui de produire des donneacutees sur les niveaux de lrsquoentrepreneuriat dans les pays et drsquoen
expliquer les dispariteacutes existantes Seulement les modaliteacutes de mesure de lrsquoentrepreneuriat et la
deacutefinition de la population interrogeacutee se font selon des approches diffeacuterentes (tableau12)
Sans verser dans une analyse comparative des diffeacuterentes sources de donneacutees la deacutemarche
de GEM semble pour plusieurs auteurs preacutesenter un certain nombre drsquoavantages pour la
608 Lorsque Lrsquoenquecircte est effectueacute en anneacutee N les reacutesultats sous SPSS ne sont publieacutes que dans le cours de lrsquoanneacutee N+3 609 AMOROacuteSJE amp BOSMA N GEM GLOBAL REPORT 2013103 page 610 Coordinateur des enquecirctes de 1999agrave 2003 611 DAVIDSSON Pamp REYNOLDS P entrepreneurship research innovator coordinator and disseminator small business economics VOL 24 Ndeg 4 2005 pp351-358 p 351 612 Organisation de Coopeacuteration et de Deacuteveloppement Eacuteconomiques
191
recherche acadeacutemique Drsquoun coteacute il y a lrsquoaspect de la permanence des enquecirctes ce qui permet
de produire des donneacutees systeacutematiques sur lrsquoeacutevolution de lrsquoentrepreneuriat et le contexte dans
lequel il se deacuteveloppe Drsquoun autre coteacute Lorsqursquoon regarder les questionnaires utiliseacutes par GME
dans les diffeacuterentes enquecirctes on pourrait constater que celles-ci ne srsquointeacuteressent pas seulement agrave
lrsquoeacutemergence de nouvelles entreprises (des entrepreneur eacutemergeants) qui constitue certes
lrsquoindicateur principal mais aussi aux contextes et comportements individuels dans la phase
amont de cette eacutemergence613 qui correspond agrave une eacutetape ougrave des intentions drsquoentrepreneuriat
sont exprimeacutes (futurs entrepreneurs)614
Tableau 23 les principaux organismes qui reacutealisent des eacutetudes systeacutematiques sur
lrsquoentrepreneuriat agrave lrsquoeacutechelle internationale
Eleacutements de comparaison
GEM OCDE Kaufman entrepreneurship indicators index
World bank entrepreneurship survey
Euro barometers entrepreneurship
Pays concerneacutes 87 pays en 2013 OCED et pays candidats 112 pays lrsquounion europeacuteenne
Freacutequence des
eacutetudes
Annuelle depuis 1999
Annuelle depuis 2005
Annuelle depuis 2004
2001-2003200420072009
Les eacutetudes se
concentrent sur
Tout adulte en processus de creacuteation drsquoentreprise
employeurs dans le secteur formel
socieacuteteacutes agrave responsabiliteacute limiteacutee (SARL) dans le secteur formel
Motivations attitudes envers lrsquoentrepreneuriat et les obstacles
Definition de
lrsquoentrepreneuriat
Attention particuliegravere sur le Processus de creacuteation drsquoentreprises y compris par des employeacutes (depuis 2011)
Attention particuliegravere sur les
eacuteveacutenements du processus entrepreneurial
Les eacuteveacutenements du processus entrepreneurial
mixte processus de creacuteation drsquoentreprise
(entrepreneuriat latent ) et auto-emploi
Phases eacutetudieacutees
Intention eacutemergence jeune entreprise et
entreprise eacutetablies
Creacuteation disparition et survies
Creacuteation leacutegale drsquoentreprises
Pregraves-creacuteation eacutetablissement de lrsquoentreprise et fermeture
Sources de
donneacutees
Questionnaires destineacutes agrave -au moins
-2000 adultes par pays et un questionnaire destineacutes agrave des experts par pays
Base de donneacutees nationales sur les Enregistrements des entreprises et donneacutees externes
Institution statistiques nationales enregistrement des entreprises chambre
de commerce
Questionnaire un eacutechantillon de 500 agrave 1000 personnes acircgeacutees de plus de 15 ans
Tableau 23 Suite
613BOSMA N et al Global Entrepreneurship Monitor 2008 Exeacutecutive Report GERA2009 pp 1-64p12 614 Nous reviendrons en deacutetail sur ces eacutetapes lorsqursquoil srsquoagit de deacutefinir les variables identifiants le processus entrepreneurial
192
Eleacutements de comparaison
GEM OCDE Kaufman entrepreneurship indicators index
World bank entrepreneurship
survey
Euro barometers entrepreneurship
Objectifs
- Diffeacuterence de comportement
entrepreneurial entre pays - Facteurs deacuteterminant les niveaux drsquoentrepreneuriat - Implication sur les politiques
gouvernementales
Construire des statistiques sur lrsquoentrepreneuriat et ses deacuteterminants dans les pays de lrsquoOCDE
dynamique des entreprises priveacutees dans le monde et creacuteation des bases de donneacutees pour comparaison entre
pays heacuteteacuterogegravenes sur le plan des systegravemes reacuteglementaire eacuteconomiques et politiques
-Mesure lrsquoesprit
entrepreneurial et les obstacles de lrsquoauto-emploi et lrsquoentrepreneuriat -deacuteveloppement des nouvelles politiques pour lrsquounion europeacuteenne
Sources de
donneacutees
Questionnaires
destineacutes agrave -au
moins -2000
adultes par pays et
un questionnaire
destineacutes agrave des
experts par pays
Base de donneacutees nationales sur les
Enregistrements des entreprises et
donneacutees externes
Institution
statistiques
nationales
enregistrement
des entreprises
chambre de
commerce
Questionnaire un
eacutechantillon de 500 agrave
1000 personnes
acircgeacutees de plus de 15
ans
Objectifs
- Diffeacuterence de
comportement
entrepreneurial
entre pays - Facteurs
deacuteterminant les
niveaux
drsquoentrepreneuriat
- Implication sur
les politiques
gouvernementales
Construire des statistiques sur
lrsquoentrepreneuriat et ses
deacuteterminants dans les pays de
lrsquoOCDE
dynamique des
entreprises
priveacutees dans le
monde et creacuteation
des bases de donneacutees pour
comparaison entre
pays heacuteteacuterogegravenes
sur le plan des
systegravemes
reacuteglementaire
eacuteconomiques et
politiques
-Mesure lrsquoesprit
entrepreneurial et les
obstacles de lrsquoauto-emploi et
lrsquoentrepreneuriat
-deacuteveloppement des
nouvelles politiques
pour lrsquounion
europeacuteenne
Source traduction de lrsquoauteur sur la base du tableau comparatif des sources de donneacutee sur lrsquoentrepreneuriat eacutelaboreacute
dans le rapport GEM de 2013 p17
Certain pays ne participent pas de maniegravere reacuteguliegravere Une seule participation est enregistreacutee pour lrsquoAlgeacuterie (2007)
Entrepreneuriat latent est la partie de la population active qui se deacuteclare favorable agrave lrsquoauto emploi ou agrave la creacuteation
drsquoentreprise comme choix de carriegraveres 615
14 La mesure formelle de lrsquoentrepreneuriat selon le groupe GEM
Les enquecirctes GEM visent beaucoup agrave estimer le nombre de drsquoentrepreneurs que le nombre
drsquoentreprises creacutee En effet comme lrsquoindique REYNOLDP GEM Defines people who are
entrepreneurially active as adults in the process of setting up a business they will (partly) own
and or currently owning and managing an operating young businessraquo616 Selon cette deacutefinition
les entrepreneurs sont des individus qui sont activement impliqueacutes dans la creacuteation drsquoune
615 GRILO I amp IRIGOYEN JM Entrepreneurship in the EU To wish and not to be Small Business Economics Ndeg 262006pp305-318p 307 616 REYNOLDP et al Global Entrepreneurship Monitor Data Collection Design and Implementation 1998ndash2003 Small
Business Economics (2005) 24 205ndash231 p 209
193
entreprise ou bien qursquoils sont des proprieacutetaires et gestionnaires drsquoune jeune entreprise617
Le nombre de personnes interrogeacutees qui cadrent avec cette deacutefinition permet de calculer
lrsquoindicateur de lrsquoactiviteacute entrepreneuriale dans un pays Cet indicateur est appeleacute Total Early
Stage Entrepreneurial Activity (TEA) Il faudrait souligner que cet indicateur nrsquoa pas pour
fonction de mesurer un fait aveacutereacute en lrsquooccurrence lrsquoentrepreneuriat mais de reacuteveacuteler le niveau
des intentions (lrsquoengagement reacuteel dans le processus) et des reacutealisations (creacuteation drsquoentreprises)
Cette deacutefinition nous parait moins restrictive car elle srsquointeacuteresse agrave deux moments important du
processus entrepreneurial lorsqursquoil deacutemarre et lorsqursquoil srsquoachegraveve
15 Des deacutefinitions diffeacuterentes produisent des donneacutees diffeacuterentes
De ce fait la deacutefinition empirique de GEM considegravere la creacuteation comme un eacutepisode du
processus entrepreneurial Avant cette creacuteation il y a une eacutetape drsquointention qui est difficilement
repeacuterable dans les statistiques classique mais qui peut ecirctre deacuteterminantes pour la quantiteacute et la
qualiteacute de lrsquoentrepreneuriat dans un pays En effet les autres programmes de recherche comme
par exemple le WBGES 618 tiennent geacuteneacuteralement compte que de la creacuteation formelle
drsquoentreprises comme indicateur de lrsquoentrepreneuriat619 Dans ce cas lrsquoentrepreneuriat existe
lorsque lrsquoenregistrement leacutegal de lrsquoentreprise est fait Il nrsquoest pas eacutetonnant donc de constater un
eacutecart entre le niveau de lrsquoentrepreneuriat tel que mesureacute par GEM et celui de la banque
mondiale En effet sur la peacuteriode 2000-2005 les diffeacuterences entre le niveau drsquoentrepreneuriat
calculeacute par GEM et celui de la banque mondiale est important Dans les pays deacuteveloppeacutes le
niveau de la creacuteation drsquoentreprises est bien supeacuterieur au niveau de la TEA Dans les pays en
voie de deacuteveloppement les niveaux drsquointention et drsquoengagement dans la creacuteation est bien
supeacuterieur au niveau de creacuteation leacutegale drsquoentreprise620 Le tableau suivant compare les niveaux
moyens de lrsquoentrepreneuriat de GEM et celui de la banque mondiale sur les trois anneacutees
20032004 et 2005 Cette comparaison est faite entre certain pays deacuteveloppeacutes et en
deacuteveloppement
617 Nous preacutesenterons dans la description des variables les critegraveres retenus par GEM pour consideacuterer les personnes interrogeacutees comme participants dans ces deux situations 618La banque mondiale agrave ce titre srsquointeacuteresse agrave la socieacuteteacute agrave responsabiliteacute limiteacutee (SARL) comme lrsquoobjet drsquoobservation World bank group entrepreneurship survey httpwwwenterprisesurveysorg 619 BOSMA N et al GEM manual a report on the design data and quality control of the global entrepreneurship monitor GEM 2012 95 pages p 15 620 ACS Z J DESAI S KLAPPER L F A Comparison of GEM and the World Bank Group Entrepreneurship Data The World Bank200829pp1
194
Tableau 24 comparaison de lrsquoactiviteacute entrepreneurial de GEM et de la banque
mondiale 20032004 et 2005
PAYS GEM (TEA) banque mondiale Y-F N-F
Nascent (N) Young (Y) Formal (F)
Belgique 264 125 483 -358 -219
Canada 588 366 635 -269 -047
Danemark 268 286 604 -318 -336
Finlande 329 226 324 -098 005
Hong Kong 161 158 1029 -871 -868
Italie 249 190 437 -247 -187
Japon 096 121 302 -181 -206
Jordanie 1038 826 294 532 744
Peacuterou 3136 1293 305 988 1600
Uganda 1601 1802 066 1300 1535
Royaume Uni 341 307 501 -194 -160
Source ACS Z J DESAI S KLAPPER LF A Comparison of GEM and the World Bank Group
Entrepreneurship Data
TEA lrsquoactiviteacute entrepreneuriale globale dans un pays est la somme nascent et young Nascent Nombre
drsquoindividu reacuteellement engageacutees dans lrsquoentrepreneuriat Young nouvelles entreprises Formal Nombre drsquoenregistrements drsquoentreprise Y-F Diffeacuterence entre Nascent et Formal N-F Diffeacuterence entre Nascent et
Formal
La diffeacuterence entre niveau drsquoentrepreneurs et niveau de creacuteation est presque naturelle dans la
mesure ougrave le premier observe un comportement et des attitudes alors que le second cherche agrave
mesurer le reacutesultat reacuteel de ces comportements Crsquoest la qursquoapparait toute la diffeacuterence entre les
deux type drsquoapproches GEM identifie les entrepreneurs nrsquoont pas lorsque lrsquoexistence leacutegale de
lrsquoentreprise est constateacutee mais lorsque lrsquoindividu interrogeacute deacuteclare ecirctre en plein processus de
creacuteation ou qui vient de creacuteer une entreprise De ce fait le niveau drsquoentrepreneuriat dans chaque
pays est un niveau deacuteclaratif et perceptuel A ce titre les donneacutees de GEM sur une longue
peacuteriode montrent une importante dispariteacute entre les pays en matiegravere drsquoactiviteacute entrepreneuriale
Cette dispariteacute peut ecirctre expliqueacutee selon lrsquohypothegravese de GME par la diffeacuterence des attitudes et
des motivations des individus quant agrave la creacuteation drsquoentreprises Ces comportements ne sont pas
neutres selon une autre hypothegravese par rapport agrave lrsquoenvironnement social eacuteconomique et culturel
Les interactions entre ces environnements et le comportement entrepreneurial des individus
sont conceptualiseacutees dans un modegravele Ce dernier repose sur un fondement theacuteorique dont il
faudrait mettre en exergue car les causaliteacutes environnement-entrepreneuriat-croissance
eacuteconomique mises en perspective dans ce modegravele deacuteterminent la nature de donneacutees produite par
les enquecirctes reacutealiseacutees
195
16 Le modegravele conceptuel dans la recherche empirique
Avant de discuter la structure du modegravele de GEM il est neacutecessaire de cerner la
signification et lrsquoutiliteacute drsquoun modegravele dans la recherche Le but est de cerner lrsquoinfluence du
modegravele de GEM sur la nature des donneacutees
Un modegravele est une repreacutesentation figureacutee dune reacutealiteacute621destineacutee agrave en faciliter la
compreacutehension et lrsquoexplication622 Cette repreacutesentation peut concerner des eacuteveacutenements ou bien
des objets qui peuvent ecirctres reacuteels ou artificiels623 Cette repreacutesentation se fait gracircce agrave une
construction symbolique et logique drsquoune situation relativement simple eacutelaboreacutee mentalement et
doteacutee des mecircmes proprieacuteteacutes structurelles que le systegraveme factuel original624 Cette construction
symbolique met en relief les relations qui unissent plusieurs ensembles de donneacutees lieacutees agrave la
reacutealiteacute eacutetudieacutee Le modegravele dans la pratique de la recherche peut revecirctir deux caracteacuteristiques
principales son rapport au reacuteel et son usage dans la pratique de la recherche
a Le rapport du modegravele au reacuteel
Par rapport agrave la question du rapport agrave la reacutealiteacute un modegravele peut ecirctre abstrait dans le cas ougrave la
repreacutesentation du reacuteel qursquoil compte formaliser est indeacutependante de tout contexte spatio-temporel
A lrsquoopposeacute un modegravele peut ecirctre formaliseacute pour qursquoil ne srsquoapplique qursquoagrave des donneacutees empiriques
temporellement dateacutees et spatialement situeacutees sans viser agrave une porteacutee plus geacuteneacuterale
Geacuteneacuteralement un modegravele est deacuteveloppeacute dans le prolongement drsquoune theacuteorie dont il est en fait
une projection Parce qursquoil fait reacutefeacuterence agrave une gamme plus limiteacutee de situations que la theacuteorie
dont il est issu
Le modegravele est habituellement drsquoapplication plus reacuteduite Comme le notait HOTIER H le
modegravele apparaicirct comme une partie concregravete de la theacuteorie qui est directement en rapport avec
un ensemble de comportements Une theacuteorie devient un modegravele agrave propos drsquoun pheacutenomegravene
particulier lorsque ses concepts et son point de vue speacutecifique sur les faits observeacutes ou les
reacutesultats drsquoexpeacuteriences enrichissent la compreacutehension de ce pheacutenomegravene en rendant possible une
analyse plus approfondie de ce dernier et une interpreacutetation plus rationnelle et coheacuterente de ses
caracteacuteristiques essentielles 625
621 AKTOUF O meacutethodologies des sciences sociales et approches qualitatives des organisations Une introduction agrave la deacutemarche classique et une critique Montreacuteal Les Presses de lUniversiteacute du Queacutebec 1987 213 pp p 25 622 LOUBET J-L amp BAYLE D Initiation aux meacutethodes des sciences sociales Paris LrsquoHarmattan 2000 272 pages p 343 623 BANKS CM chapter 1 What Is Modeling and Simulation Chapitre1 in Principles of Modeling and Simulation A Multidisciplinary Approach 2009 jhon wiley amp son USA259 pages p5 624 LOUBET JL amp BAYLED idem p34 625 HOTIER H laquo La communication modeacuteliseacutee Une introduction aux concepts aux modegraveles et aux theacuteories p 8 in WILLETT G (sous la direction de) Communication et organisation les relatioagravens publques face agrave la theacuteorie Eacuteditions du Renouveau
Peacutedagogique Ottawa Ndeg 41993
196
b Lrsquousage du modegravele dans la recherche
Par rapport agrave la question de son utiliteacute dans la recherche le modegravele peut avoir trois types
drsquousages un usage normatif descriptif ou explicatif Un modegravele est dit normatif srsquoil a pour
fonction drsquoaboutir agrave des preacuteconisations de ce qursquoil convient de faire et de ne pas faire Un
modegravele est dit descriptif lorsqursquoil permet de reacuteduire un ensemble complexe de donneacutees agrave un petit
nombre de variables ou lorsqursquoil met en lumiegravere une reacutegulariteacute statistique Enfin un modegravele est
dit explicatif quand il apporte des eacuteleacutements de compreacutehension drsquoun pheacutenomegravene social626
17 Description du modegravele de GEM
Compte tenue de la deacutefinition de la notion de modegravele et de ses usages nous pensons que
le modegravele conceptuel de GEM vise agrave mettre en place un dispositif drsquoune part empirique car
conccedilu agrave lrsquoorigine pour une finaliteacute de mesure du fait entrepreneurial et explicatif drsquoautre part
puisque lrsquointerpreacutetation des reacutesultats vise agrave mieux comprendre le rapport qursquoil y a entre lrsquoactiviteacute
entrepreneuriale et la performance eacuteconomique compte tenue de certaines variables de contexte
Par contre les eacutetudes de GEM ont depuis le deacutebut et restent encore guideacutees par lrsquoobjectifs de la
description empirique de cet impact et ne visent pas agrave tester aucun concept theacuteorique
particulier627
a Description du modegravele conceptuel de GEM
Le modegravele de GEM a eacuteteacute mis en exergue pour la premiegravere fois dans le rapport de 1999628
Lorsqursquoon consulte les rapports les plus reacutecents nous constatons que ce dernier nrsquoa pas subi de
reacuteameacutenagement substantiel aussi bien sur le plan des hypothegraveses que des concepts qui le
composent En termes drsquohypothegravese le modegravele propose une relation entre la croissance
eacuteconomique consideacutereacutee comme la variable fondamentale agrave expliquer629 (variable deacutependante) et
la dynamique des entreprises630 Cette dynamique concerne deux processus fondamentaux
(figure 1) Le premier concerne les entreprises deacutejagrave eacutetablies quelles soient de grandes
entreprises (large firm) ou des PME Le second processus concerne la dynamique
entrepreneuriale qui se manifeste principalement dans la creacuteation de nouvelles entreprises mais
qui peut aussi srsquoeacutetendre aux pheacutenomegravenes de disparition drsquoexpansion ou de contraction de ces
entreprises Ces activiteacutes peuvent ecirctre le fait drsquoentrepreneurs qualifieacutes de nouveaux (sans
occupation) ou bien des individus occupeacutes dans des entreprises existantes
626 FREDERIC R Le concept de modegravele Cahiers du Lise Ndeg1 2010 p7 627 MUELLER S amp SCHRETTLE T idem p 3 628 REYNOLDS P D M HAY amp CAMPS Global Entrepreneurship Monitor 1999 Executive Report199949 page p 10 et 11 629 REYNOLDS P et al Global Entrepreneurship Monitor Data Collection Design and Implementation 1998ndash2003 Small Business EconomicsNdeg 242005pp 205-231p 206 630 LEVIE JD amp ERKKO Autio A theoretical grounding and test of the GEM model Small Business Economics Vol 31Ndeg3
2008 pp 235-263p 235
197
Figure 38 Dynamique des entreprises et croissance eacuteconomique comme lien fondamentale
du modegravele GEM
Source eacutelaboreacute selon REYNOLDS P D M HAY amp CAMPS Global Entrepreneurship Monitor 1999
Le modegravele de GEM considegravere que ces deux processus sont la reacutesultante des caracteacuteristiques
de lrsquoenvironnement social politique et culturel de chaque pays En effet la dynamique des
entreprise eacutetablies quelles soient grandes ou petites est affecteacute par un environnement national
geacuteneacuteral laquo national Framework condition raquo Ce dernier renvoi agrave la qualiteacute des institutions des
infrastructures de base du niveau du capital humain des niveaux de deacuteveloppement
technologique etc La dynamique entrepreneuriale par ailleurs est tributaire de des attitudes des
capaciteacutes et des motivations des personnes dans leur engagement dans le processus
entrepreneurial (figure 3)
Figure 39 Le niveau de lrsquoentrepreneuriat est lieacute aux capaciteacutes aux attitudes et aux
motivations des individus
Source Global Entrepreneurship Monitor 1999 Executive Report 1999
Ces comportements subissent les influences drsquoun certain nombre de facteurs que le
modegravele GEM met sous lrsquoappellation entrepreneurial framworke condition Ce dernier
Croissance
eacuteconomique (PIB et emploi)
Processus II
Dynamique entrepreneuriale
Creacuteation croissance
disparition et contraction
Croissance eacuteconomique
(PIB et emploi)
Processus I Performance des entreprises existantes
(Grandes entreprises et PME)
Processus II Dynamique entrepreneuriale
Creacuteation de nouvelles entreprises
Attitudes - perception et capaciteacute de saisies des
opportuniteacutes -peurs de lrsquoeacutechec
-Statut de lrsquoentrepreneuriat dans la socieacuteteacute
Capaciteacute drsquoentreprendre - Compeacutetences
- Motivation
Ambitions -Croissance -Innovation
-Creacuteation de valeurs sociales
198
regroupe par exemple les faciliteacutes drsquoaccegraves au financement les politiques gouvernementales pour
les nouvelles entreprises les normes sociales et culturelles631 etc Nous reviendrons en deacutetail sur
ces facteurs lorsqursquoil srsquoagit de deacutefinir les variables de cette recherche
Pour donner une image globale du modegravele de GEM le scheacutema ci-dessous reacutecapitule le
lien entre la croissance eacuteconomique la dynamiques de s entreprise et leurs les environnements
qui influencent sur cette dynamique Nous avions ajouteacute le sigle de ENV 1 et ENV2 pour
distinguer lrsquoenvironnement qui affect les entreprises eacutetablies de celui qui est lieacute agrave
lrsquoentrepreneuriat
Figure 40 Repreacutesentation scheacutematique du modegravele GEM
Source Scheacutema traduite par nous selon la version originale drsquoACS et al 2005 p14632
Tous les encadreacutes en gris sont les champs concerneacutes par les eacutetudes de GEM Le titre qui
suit preacutesente les types de donneacutees et leurs sources principales
b Types et sources de donneacutees de GEM
Il existe trois types de donneacutees Le premier concerne lrsquoenvironnement lieacute agrave
lrsquoentrepreneuriat que nous avions placeacute dans le scheacutema 2 sous le sigle ENV2 Les caracteacuteristiques
631 REYNOLDP et al 2005 op ct p 632 ACS ZJ ARENIUS P Hay M amp MINNITI M 2004 GEM executive report 2005 52 pages 2005 p14
Attitudes - perception et capaciteacute de saisies des opportuniteacutes -peurs de lrsquoeacutechec -Statut de lrsquoentrepreneuriat dans la socieacuteteacute
Capaciteacute drsquoentreprendre - Compeacutetences - Motivation
ENV 1
Contexte culturel politique et social
Exigence de base -Institutions -Infrastructures -Stabiliteacute macro eacuteconomique -Santeacute et formation de base
Facteur drsquoaccroissement et lrsquoefficaciteacute -Formation universitaire et professionnelle - Efficaciteacute des marcheacutes des marques - Sophistication des marcheacutes financiers - Disponibiliteacute technologique - Taille du marcheacute
Innovation et entrepreneuriat - Financement entrepreneurial - Politique gouvernementales - Programme gouvernementale pour lrsquoentrepreneuriat - formation entrepreneuriale - Transfert RampD - Infrastructures leacutegales et commerciales pour lrsquoentrepreneuriat - Ouverture du marcheacute inteacuterieur -Infrastructure physique pour lrsquoentrepreneuriat - Normes sociales et culturelles
Entreprises eacutetablies - Grandes entreprises - micro entreprises et PME
Entrepreneuriat
Croissance eacuteconomique PIB Emploi
ENV2
Dynamique eacuteconomique -Restructuration -Fermeture
-Creacuteation et fermeture -Expansion
Ambitions -Croissance -Innovation -Creacuteation de valeurs sociales
199
de cet environnement sont identifieacute gracircce agrave une seacuterie drsquointerview drsquoexperts nationaux
seacutelectionneacutes selon leur savoir faire et reacuteputation quant aux conditions cadres pour entreprendre
dans leur pays respectifs633 Ces experts (en moyenne 35 par pays) peuvent ecirctres des chercheurs
banquiers consultants fonctionnaires ou des responsables drsquoassociations Cette enquecircte est
appeleacutee national experts Survey Le deuxiegraveme type de donneacutees concerne la participation des
individus dans les diffeacuterentes phases de creacuteation drsquoentreprises ainsi que leurs comportements
(attitudes capaciteacute et ambitions) vis-agrave-vis de lrsquoentrepreneuriat Ces donneacutees sont obtenues gracircce
agrave une enquecircte aupregraves drsquoun eacutechantillon repreacutesentatif de la population adulte acircgeacutee de 18 agrave 64 ans
dans chacun des pays associeacutes au projet GEM Cette enquecircte est appeleacutee Adult Population
survey (APS)634 Chaque anneacutees le projet interroge par teacuteleacutephone ou par entretien face agrave face
au moins 2000 personne adulte dans chaque pays De 2001 agrave 2010 quatre vingt quatre pays ont
participeacute aux enquecirctes annuelles et un total de 1363683 individus ont eacuteteacute interrogeacutees sur cette
peacuteriode635 Le troisiegraveme type est un ensemble de donneacutees standardiseacutees qui concernent
certain aspect de lrsquoenvironnement national (ENV1) et les niveaux de deacuteveloppement de chaque
pays (PIB emploi etc) Une grande partie de ces donneacutees proviennent des bases statistiques des
Nations Unies de la banque mondiale et de lrsquo FMI Le scheacutema suivant reacutesume le contenu du
modegravele de GEM et les sources de donneacutees utiliseacutees
Figure Ndeg 41 Les sources de donneacutees dans le modegravele de GEM
Source GEM manual A report on the design data and quality control
of the Global Entrepreneurship Monitor (2012)
633 TORRESO amp EMINET A Global Entrepreneurship Monitor Rapport 2003-2004 sur lrsquoentrepreneuriat en france et dans le monde 200544pagesp 12 634 Nous utiliserons lrsquoabreacuteviation APS dans le reste du document 635 Rapport GEM de 2011 publieacute en 2012240 pages p 8
Les Attitudes
Les Capaciteacutes
Les Ambitions
Niveau drsquoactiviteacute entrepreneuriale
Mesureacute par le nombre de
personnes qui
1 Ont une Intention drsquoentreprendre
2 Sont en plein creacuteation
3 Sont proprieacutetaire de jeune
entreprise
4 proprieacutetaire drsquoentreprise qui
persiste
5 Proprieacutetaire qui ont ou qui veulent
cesser
6 Des non entrepreneurs
Environnement lieacute agrave Lrsquoentrepreneuriat
National experts Survey NES
Comportement entrepreneurial ou non
Adult population survey APS
Adult population survey APS
200
Il faudrait signaler qursquoen 2011 les concepteurs du projet ont reacuteviseacute le modegravele Cette
reacutevision est fondeacutee lrsquohypothegravese que la contribution des entrepreneurs dans lrsquoeacuteconomie varie
selon le niveau de deacuteveloppement eacuteconomique Le modegravele introduit de nouvelles variables636
qui inspireacutees des travaux de PORTERM indiquerait si le pays est dans un stade ougrave sont
deacuteveloppement est fondeacute sur un facteur ou une ressources laquo factor- driven - economy raquo ougrave un
pays ougrave le niveau de performance est fondeacutee sur lrsquoutilisation efficiente des ressources
(efficiency-driven-economyraquo ougrave un pays dont le deacutevloppment est tireacute par lrsquoinnovation
laquo innovation driven economy raquo cest-agrave-dire qui a deacutepasse les deux premiers niveaux
En terme de meacutethodologie la deacutemarche de GEM preacutesente les avantages suivants (1)
les reacutesultats sont baseacutes sur un eacutechantillon repreacutesentatif de la population dans les pays
participants (2) il existe une meacutethodologie standardiseacutee de collecte de donneacutees dans les pays
participants agrave lrsquoeacutetude et (3) lrsquoapproche est quasiment en temps reacuteel car les donneacutees collecteacutees
sont analyseacutees et communiqueacutees durant la mecircme anneacutee637
c Homogeacuteneacuteisation des donneacutees GEM
Lrsquohomogeacuteneacuteisation des donneacutees GEM est obtenue par deux meacutecanismes Premiegraverement
les enquecirctes sont reacutealiseacutees sur la base drsquoun protocole drsquoenquecircte uniforme638 pour tout les pays
qui y participent En effet pour assurer la comparabiliteacute internationale des reacutesultats le groupe
GEM collecte les donneacutees empiriques primaires selon une meacutethode standardiseacutee Cette
standardisation fait que pour tout les pays les individus sont interrogeacutes selon le mecircme modegravele
de questionnaire et de selon le mecircme guide drsquoentretien Cette uniformisation permet de
mesurer de maniegravere systeacutematique lrsquoactiviteacute entrepreneuriale par pays en identifiant parmi la
population interrogeacutee les entrepreneurs des non entrepreneurs
Pratiquement lrsquointerrogation des individus se fait par des questions fermeacutees ou par des
questions agrave reacuteponses preacutedeacutefinies Quelques exceptions sont donneacutees agrave certaine questions ougrave les
reacuteponses sont ouvertes comme crsquoest le cas par exemple de la nature de lrsquoactiviteacute envisageacutee par
les futurs entrepreneurs ou bien les montants reccedilus pour deacutemarrer lrsquoactiviteacute639 Les concepteurs
du questionnaire cherchaient agrave travers cette meacutethode agrave reacuteduire les erreurs de traduction et les
biais culturel Le questionnaire est en effet reacutedigeacute en anglais et afin de reacuteduire les mauvaises
636 Ces variables sont indiqueacutees dans la figure qui repreacutesente le modegravele reacuteviseacute Elles traduisent les Exigences de base et les Facteur drsquoaccroissement et lrsquoefficaciteacute et les facteur facilitant lrsquoinnovation 637 VOLERY et al (2007) citeacute par NLEMVO F et al Le dynamismes entrepreneurial des reacutegions proposition drsquoun cadre conceptuel revue canadienne des sciences reacutegionales Vol 34 Ndeg2 et 3 pp47-59 p 53 638 LEVIE Jonathan et al Global entrepreneurship and institutions an introduction Small Bus Econ2014 Ndeg 42pp437ndash444p438 639 Rapport GEM 2013 240 page p 213
201
interpreacutetations les questions devaient ecirctres courtes et compreacutehensibles640 Par ce que le fait
drsquoinclure des items trop long peut reacuteduire le taux de reacuteponse et augmenter le volume des non
reacuteponses Cette meacutethode a permis drsquoaugmenter le nombre de participants dans lrsquoenquecircte et le
nombre de pays de 10 en 1999 agrave 59 en 2010641 Le deuxiegraveme meacutecanisme est lrsquouniformisation
des meacutethodologies de traitement des Donneacutee Le traitement des reacutesultats des lrsquoenquecirctes se font
au niveau central et selon les mecircmes proceacutedeacute statistiques En effet les diffeacuterents indicateurs de
lrsquoentrepreneuriat les indicateurs situationnelles et personnelles des individus sont calculeacutes de
maniegravere standardiseacutee Ainsi lrsquouniformatisation des protocoles drsquoenquecircte et des processus de
traitement des donneacutees produisent des donneacutees homogegravenes permettant de faires des
comparaisons entre les pays
d Coheacuterence au cadrage conceptuel de la thegravese
Nous entendons par coheacuterence le fait que les hypothegraveses de notre travail de thegravese
neacutecessitent que soit disponible certaine variables pour constituer la contrepartie empirique des
concepts avec lesquels ces hypothegraveses sont formuleacutees Globalement ces hypothegraveses interpellent
trois concepts importants le processus entrepreneurial le reacuteseau entrepreneurial et les attitudes
et aptitudes des entrepreneurs que nous avion placeacute sous la dimension cognitive du capital
social
Drsquoun autre coteacute la deacutefinition de lrsquoentrepreneuriat retenu par les concepteurs de ces
eacutetudes repose sur une approche processuelle Ce qui implique lrsquoidentification drsquoun certain
nombre drsquoeacutetapes et drsquoactiviteacutes interdeacutependante aboutissant agrave la creacuteation de valeur par
lrsquoentrepreneur Les donneacutees GEM permettent de disposer des variables sur le nombre de
personnes qui sont impliqueacutees dans ce processus (entrepreneurs ou futurs entrepreneurs) tout
comme ceux qui ne le sont pas (non entrepreneurs) Drsquoun autre coteacute des variables qui sont lieacutees
agrave leur attitudes aptitudes contexte relationnelles censeacutees expliquer le contexte ce fait Nous
nrsquoaurons pas ainsi dire agrave calculer nous mecircme ces donneacutees car elles sont deacutejagrave confectionneacutees
sous un programme SPSS
Cette enquecircte est la source principale de donneacutees qui seront utiliseacute dans notre recherche
Les enquecirctes qui ont concerneacute lrsquoAlgeacuterie ont eacuteteacute reacutealiseacute en 2009 2011 et en 2012 et 2013 Le
titre qui sui identifie les principales variables de notre recherche
640 BERGMANNHamp MUELLER Samp SCHRETTLE TS The Use of Global Entrepreneurship Monitor Data in Academic Research A Critical Inventory and Future Potentials In Int J Entrepreneurial Venturing forth coming2013p 7 641 Idem p 8
202
2 Les enquecirctes GEM pour lrsquoAlgeacuterie Quelques indications sur les modaliteacutes opeacuteratoires
Pour le cas de lrsquoAlgeacuterie les enquecirctes ont eacuteteacute reacutealiseacute en 2009 2011 2012 et en 2013 Les trois
derniegraveres eacutetaient piloteacutees par le centre de Recherche en Economie Appliqueacute au Deacuteveloppement
(CEREAD) Ce dernier assure tout le processus drsquoadministration et de recueil des questionnaires
au niveau de tout le territoire national Lrsquoenquecircte srsquoadresse agrave la population adulte qui reacuteside
dans le pays et qui est acircgeacutee entre 18 et 64 ans Le recensement Geacuteneacuteral de la population et de
lrsquohabitat (RGPH) de 2008 a eacuteteacute retenu comme base de reacutefeacuterence pour assurer la repreacutesentativiteacute
de lrsquoeacutechantillon
21 Lrsquoeacutechantillon observeacute dans la preacutesente recherche
Les donneacutees concernant lrsquoAlgeacuterie sont disponibles sur le site de GEM642 Toutes les variables
qui concerne lrsquoactiviteacute entrepreneurial les caracteacuteristiques individuelles les attitudes et le
perception sont consolideacute dans une base de donneacutees appeleacute Adulte Population Survey (APS)
En utilisant la proceacutedure SPSS de fusion de fichiers Nous avions regroupeacute les donneacutes des
quatre anneacutees en une seul base appeleacutee APS I lrsquoeacutechantillon global qui en reacutesulte est de 12922
personne interrogeacutees
Tableau 25 Eacutechantillon de lrsquoeacutetude de 2009 agrave2013
APS 2009 APS 2011 APS 2012 APS 2013 Total APS I
Echantillon 2000 3427 4995 2500 12922
Source auteur les bases de donneacutees APS de 2009 agrave 2013
Cependant nous allons proceacuteder dans le quatriegraveme chapitre agrave des reacutegressions logistique qui
neacutecessitent la suppression de valeurs manquantes Lrsquoexemple suivant met en relief comment ces
valeurs apparaissent dans les variable et comme nous les avions supprimeacute
La variable KNOWENT Cette variable est construite sur la base des reacuteponses donneacutees sur la
question laquo est vous connaissez personnellement un entrepreneur qui a creacuteeacute une entreprise depuis
les deux derniegravere anneacutees 643 Les modaliteacutes de cette variable sont
0 lorsque la reacuteponse est non
1 lorsque la reacuteponse est oui
-2 refus de reacuteponse
-1 non reacuteponse
Les valeurs manquantes sont les non reacuteponses et les refus de reacuteponses
Nous voulons ainsi garder que les personnes qui ont reacutepondus soit par un oui ou un non cest-agrave-
dire nous voudrions que la variable KNOWENT garde uniquement les valeurs laquo o raquo ou laquo 1 raquo
642 Gem corostium 643 Do you know someone personally who started a business in the past 2 years
203
Pour ce fait nous utilisons la proceacutedure SPSS de seacutelection des observations Avec cette technique
seules les observations (les reacutepondants) pour un oui ou un non sont gardeacute le reste est supprimeacute
Lrsquoimpact direct est la reacuteduction de la taille de lrsquoeacutechantillon aussi bien pour cette variable que
pour le reste des variables dont ont pratiqueacute le nettoyage de valeurs manquantes
Apregraves avoir reacutepeacuteter lrsquoopeacuteration pour toute les variables qui nous inteacuteressent dans la reacutegression
logistique nous obtenons une deuxiegraveme base de donneacutees qui sera appeleacutee APSII Crsquoest cette
base de donneacutees qui sera exploiteacutee pour le reste de ce travail empirique Cette base contient 4557
observations cest-agrave-dire que nous avions perdu presque 60 de lrsquoeacutechantillon initial agrave cause de
la suppression des valeurs manquantes Cependant cette opeacuteration comme nous le montrerons
plus tard nrsquoa pas trop modifier la structure de reacuteponses A chaque fois que nous analyserons une
variable nous ferons la comparaison de sa valeur dans les deux bases de donneacutees Le scheacutema
suivant reacutesume le processus de construction de la base de donneacutees finale APS II
Figure42 Processus de suppression des valeurs manquantes et constitution de la base
APSII
Source auteur
A preacutesent nous examinons les variables qui ont eacuteteacute utiliseacute pour la description du processus
entrepreneurial
APS 2009 2000 observations
APS 2011 3427 observations
APS 2012 4995 observations
APS 2013 2000 observations
APS I 12922 observations
Fusion Des Fichier Sous SPSS
APS II 4557 observations
Seacutelection des reacuteponses valide et Suppression Des Valeurs Manquantes
204
3 Les variables lieacutees au processus entrepreneurial
Dans les titres qui suivent nous nous inteacuteressons particuliegraverement aux variables qui ont eacuteteacute
retenue pour identifier les personnes qui participent dans le processus entrepreneurial Les autres
variables lieacutees au capital social et des caracteacuteristiques socio deacutemographiques et les variables
perceptuelles seront deacutecrites dans la deuxiegraveme et la troisiegraveme section de ce chapitre
Le processus entrepreneurial a eacuteteacute deacutefini comme un processus drsquoeacutetape dans lesquelles des
individus perccediloivent des opportuniteacutes organisent des ressources pour transformer cette
opportuniteacute en une activiteacute eacuteconomiques Cette activiteacute persiste dans le marcheacute pour consideacuterer
que ce processus a reacuteussi Les phases sous jacentes agrave cette deacutefinition sont lrsquointention
lrsquoeacutemergence et la survie Le problegraveme qui surgie en adoptant cette deacutemarche est de pouvoir les
identifier avec les donneacutees de GEM Nous avions soulignons au deacutebut de cette section que les
donneacutees relatives au processus entrepreneurial sont de nature perceptuelles dans le sens ougrave elles
sont confectionneacutees selon les deacuteclarations de personnes De ce fait la preacutecisons dans
lrsquoidentification de ces trois phase devient une eacutetape importante et deacutelicate en mecircme temps Le
but des titres qui suivent est de mettre en relief le choix que nous avions opeacuterer pour identifier
les variables qui traduisent avec preacutecision les phases entrepreneuriales
31 La phase drsquoentrepreneuriat latent ou potentiel
Cette phase regroupe les personnes qui au moment de lrsquoenquecircte envisagent dans le futur
la creacuteation drsquoune activiteacute eacuteconomique La question qui leur a eacuteteacute poseacute est la suivante Est ce que
vous envisagez seul ou avec un autre dans les trois prochaines anneacutees de deacutemarrer une
nouvelle entreprise y compris dans le cadre drsquoun auto emploi ou de vente drsquoun bien644
Les reacuteponses obtenues permettent de calculer une variable appeleacute LATENT (dans la
base de donneacutees de GEM elle placeacutee sous la variable futur start up) Cette variable est
dichotomique Elle est codeacutee laquo 0 raquo lorsque la reacuteponse est neacutegative et laquo 1 raquo lorsque la reacuteponse
positive Nous pensons que les reacuteponses positives agrave cette question ne peuvent refleacuteter une
phase drsquointention Car lrsquointention doit ecirctre accompagneacutee drsquoun certain nombre drsquoaction de la part
de celui qursquoil affiche Des actions comme la recherche drsquoinformation lrsquoobtention de conseils de
reacuteassemblage de ressources drsquoeacutelaboration drsquoun plan drsquoaffaires des deacutemarches de creacutedit crsquoest-agrave-
dire des activiteacutes indiqueraient que lrsquoindividu a des objectifs drsquoexploitation drsquoune opportuniteacute
une certaine deacutesirabiliteacute de la carriegravere drsquoentrepreneurs est perccediloive une faisabiliteacute de leur projet
644 Dans le questionnaire la formulation drsquoorigine est Are you alone or with others expecting to start a new business including
any type of self-employment or selling goods within the next three years
205
Crsquoest pourquoi certain auteur considegraverent ces personnes comme des entrepreneurs
potentiels BRIXYU et al 645 utilise le concept drsquoentrepreneuriat latent pour deacutesigner les
personnes qui affichent une intention mais sans que ca soit accompagneacutee par des actions
tangibles Dans cette recherche nous nous inscrivons dans cette deacutemarche pour consideacuterer la
variable FUTSUP comme la contrepartie empirique de lrsquoentrepreneuriat potentiel
32 La phase drsquointention
Dans la base originale la variable qui identifie les personnes dans cette phase est appeleacutee dans
SUBOAN646 ( start-up effort owner no wages yet) Elle est calculeacutee selon un proceacutedeacute qui
permet de filtrer parmi les personnes interrogeacute ceux qui 1) sont en cours de creacuteation 2) ayant
entrepris des actions reacuteelles pour cette creacuteation 3) sont proprieacutetaire ou coproprieacutetaire drsquoune
entreprise nouvelle 4) nrsquoayant pas encore reccedilu de salaire ou de revenu de lrsquoactiviteacute creacutee Cette
deacutefinition composite suggegravere que lrsquointention est acheveacutee car elle a deacuteclencheacute des actions mais le
reacutesultat de ces actions nrsquoa pas encore donneacute lieur agrave une entreprise opeacuterationnelle Lrsquoexistence de
revue cest-agrave-dire le reacutesultat des transactions de lrsquoentreprise avec les autres (clients fournisseur
lrsquoadministration fiscale) semble indiquer que lrsquoeacutechange nrsquoa pas eu lieu Cet eacutechange selon
lrsquoapproche de GARTNERW est une condition importante pour consideacuterer que lrsquoentreprise a
eacutemergeacute et connu sur le marcheacute Le scheacutema suivant permet drsquoexpliciter le deacuteroulement du calcul
de cette variable
645 BRIXY U STERNBERG R amp STUumlBER H The Selectiveness of the Entrepreneurial Process Journal of Small Business Management vol 50 Ndeg 1 2012 pp 105-13p108 646 Nous lui donnons une autre appellation dans le reste du travail INTENT
206
Figure 43 Processus de deacutetermination de la variable INTENT
1iegravere eacutetapes deacuteterminer les personnes qui sont en cours de creacuteation
2iegraveme eacutetape parmi les personnes de la premiegravere eacutetape deacuteterminer ceux qui ont entrepris des
actions pour la creacuteation comme
3iegraveme eacutetape deacuteterminer parmi les personnes de la deuxiegraveme eacutetapes ceux qui au moment de
lrsquoenquecircte sont proprieacutetaires ou en Coproprieacuteteacute
4iegraveme deacuteterminer parmi les personne de la troisiegraveme eacutetape si elles sont recccedils un salaire ou
un revenu
Source eacutelaboreacute par lrsquoauteur sur la base du manuel explicatif de GEM A report on the design data and quality
control of the Global Entrepreneurship Monitor2012 95 page
Q1 Seul En cours de creacuteation drsquoentreprise Q2 Avec un sponsor
Si Oui Si Oui
Q3 Actif dans la creacuteation dans les douze dernier mois
Q5 Reccedilu un revenu de cette entreprise dans les 3 derniers mois
Non
Si Oui
INTENT
Des Entrepreneurs en phase drsquointention
Questions
Questions
Questions
Oui
Questions
Q4 Proprieacutetaire ou en association
207
La variable INTENT est dichotomique lorsque la personne interrogeacutee est dans cette phase cette
variable est codeacutee laquo 1 raquo elle est codeacute laquo 0 raquo dans le cas contraire
33 La phase drsquoeacutemergence
Lrsquoeacutemergence est une eacutetape du processus entrepreneurial ougrave quatre composantes se
mettent en place Lrsquoexistence drsquoune intention qui reflegravete les objectifs de lrsquoentrepreneur la
collecte et lrsquoutilisation de ressources (financiegraveres mateacuterielles humaines) La deacutefinition des
frontiegravere de lrsquoorganisation (geacuteneacuteralement lrsquoenregistrement leacutegale) et lrsquoeacutechange aussi bien dans
lrsquoorganisation qursquoavec lrsquoenvironnement (ventes achat) Lrsquooccurrence de ces quartes proprieacuteteacutes
nrsquointervient pas drsquoune maniegravere lineacuteaire Il ne faudrait pas attendre la fin de lrsquointention pour
commencer la collecte de ressources puis la leacutegalisation de lrsquoentreprise Ces proprieacuteteacutes
permettent par contre drsquoidentifier la fin de lrsquoeacutetape drsquointention et le deacutebut de la creacuteation drsquoune
entreprise autrement dit drsquoidentifier le moment ou lrsquoentrepreneur a fini le moment de
lrsquoengagement pour entrer dans le moment de faire connaitre lrsquoentreprise aux autres647 Dans la
recherche empirique lrsquoidentification de cette eacutetape est un processus deacutelicat En effet les
entreprises signalent leur eacutemergence de diffeacuterente maniegraveres Il srsquoagit par conseacutequence de choisir
des modes drsquoobservation (des items drsquoun questionnaire par exemple) agrave utiliser pour connaitre
avec preacutecision cette eacutemergence A ce titre il nrsquoexiste pas une meacutethode universelle pour parvenir
agrave identifier cette phase Dans le programme de recherche PSED dont srsquoest fortement inspireacute le
projet GEM les chercheurs utilisent trois item pour diffeacuterencier les entrepreneurs en situation
drsquoengagement dans le processus entrepreneurial (sart up active) de nouvelles entreprises (new
firme) ou de deacutesengagement (quite) La situation de nouvelle entreprise correspond selon
REYNOLDS P et MILLER S agrave lrsquoeacutetape de lrsquoeacutemergence Par rapport agrave la situation
drsquoengagement les items utiliseacutes nrsquointroduisent pas le revenue par ce que agrave ce stade lrsquoentreprise
nrsquoest pas encore consideacutereacutee comme une organisation complegravete qui fait des eacutechanges Les
variables qui permettent drsquoidentifier cette phase se limitent aux efforts des individus dans la
creacuteation et la perception de la creacuteation comme le but le plus important durant els douze derniers
mois648 Le tableau suivant montre la diffeacuterence des modes drsquoobservation de la phase
drsquoengagement et la phase drsquoEmeacuterence
647 ACSZ amp AUDRETSCH DB Handbook of entrepreneurship research ACSZ amp AUDRETSCH DB Editor 2010 678 pages p107 648 Idem p106
208
Tableau 26 les item utiliseacutes dans e programme PSED pour identifier les phases
drsquoeacutemergence et de preacutes eacutemergence
Phase drsquoengagement ( start up active) Phase drsquoeacutemergence (new firme)
(1) consacrer plus de 160heurs agrave la creacuteation
drsquoentreprise Durant les 12 derniers mois
(2) consacrer 80heurs ou plus pour la creacuteation durant
les 6 prochains mois
(3) La creacuteation sera la preacuteoccupation principale pour
les 12 prochain mois
(1) Est-ce lrsquoentreprise a deacutegager des revenus (income)
pendants au moins six mois au cour de lrsquoanneacutees
(2) Est-ce que les revenus de lrsquoentreprise couvrent les
deacutepenses
(3) Est-ce le revenu ou le salaire de lrsquoentrepreneur est
inclus dans les deacutepenses
Source Handbook of entrepreneurship research ACSZ amp AUDRETSCH DB Editor 2010 678 pages p106
A partir drsquoun eacutechantillon de 118 entreprises de creacuteation reacutecentes HERNANDEZEM
cherchait agrave recenser les caracteacuteristiques les plus significatives qui permettent drsquoidentifier la
phase drsquoeacutemergence Sur ces 118 entreprise il y avait 38 entreprise que lrsquoauteur a consideacutereacute
comme incertaines soit par manque de moyens au deacutemarrage ou qursquoelles nrsquoont pas sus eacutevolueacute
leur projet649 Le reste cest-agrave-dire 80 entreprise sont soit en situation de maintient gracircce au
deacutepassement de la taille critique (possibiliteacute drsquoabsorption des coucircts fixes ou bien en situation de
reacuteussite laquo croisiegravere raquo par ce que reacutealisant de meilleurs performances que les preacuteceacutedentes Et en
fin 10 entreprises qui sont consideacutereacutees en situation de reacuteussites laquo deacuteveloppement raquo car
exploitant de nouvelle innovation et les meilleurs occasions drsquoaffaires Lrsquoeacutemergence pour cet
auteur intervient lorsque lrsquoentreprise nrsquoest pas incertaine et ne cour pas vers son eacutechec apregraves le
deacutemarrage et en mecircme temps commence agrave se position dans lrsquoune des trois situations citeacutees Le
scheacutema suivant reacutesume les caracteacuteristiques de lrsquoentreprise eacutemergente Ces trois situations
commencent agrave ecirctre observeacutees
Figure 44 La phase drsquoeacutemergence dans le processus entrepreneurial
Source HERNANDEZEM vers un modegravele drsquoeacutemergence de la petite entreprise p37
649 HERNANDEZEM vers un modegravele drsquoeacutemergence de la petite entreprise Revue internationale PME eacuteconomie et gestion de
la petite et moyenne entreprise vol 11 ndeg 4 1998 pp11-43p 37
Deacutemarrage Emergence
Deacutepassement de la taille critique
Taille plus important et meilleurs performances
Capaciteacute drsquoinnovation et drsquoexploitation des
occasions drsquoaffaires Echec
laquo Maintient raquo
laquo Valeur sure raquo
laquo Deacuteveloppement raquo
Manque de moyens et projet inacheveacute
209
Dans une eacutetude longitudinale qui a observeacute entre 1998 et 2003 715 nouveaux entrepreneurs
BRUSHCG cherchaient agrave identifier les caracteacuteristiques les plus significatives des entreprises
eacutemergentes et leur impact sur la probabiliteacute de leur survie650 En se basant sur les quatre
proprieacuteteacutes agrave savoir lrsquointentionnaliteacute les ressources la frontiegravere et lrsquoeacutechange le but est de
deacuteterminer quant peut-on consideacuterer que lrsquoentrepreneur a fini lrsquoorganisation de la creacuteation et a
commencer lrsquoentre dans la phase de poste creacuteation Le tableau suivant donne quelque exemple
sur les items utiliseacutes pour mesurer chacune de ces caracteacuteristiques Bien entendu agrave ce stade nous
nous nrsquointeacuteressons pas aux reacutesultats de lrsquoeacutetude mais aux choix de ces auteurs en matiegravere de mode
drsquoobservation de lrsquoeacutemergence de lrsquoentreprise
Tableau27 Quelque caracteacuteristiques structurelles et processuelles dans la phase
drsquoeacutemergence
Caracteacuteristiques de lrsquoeacutemergence des entreprises Items
Intentionnaliteacute
(1) Preacuteparer un business plan
(2) Identifier une opportuniteacute
(3) Acquiert un lieu drsquoexercice de lrsquoactiviteacute
(4) Commencer a travailler agrave plein temps dans lrsquoactiviteacute
Ressources
(1) Achat de matiegravere premiegravere
(2) Epargne de lrsquoargent (3) Demande de creacutedits
(4) Achet drsquoeacutequipement
frontiegraveres
(1) Ouvrir un compte bancaire
(2) Demande de ligne teacuteleacutephonique
(3) Enregistrement fiscal
Lrsquoeacutechange
(1) Reacutealiser des ventes
(2) Paiement de salaires
(3) Lancer des activiteacutes marketing
(4) Revenu individuel obtenu
(5) Paiement des impocircts et seacutecuriteacute social
Source BRUSHCG MANOLOVATS EDELMANLF Properties of emerging organizations An empirical
test Journal of Business Venturing Ndeg23(2008 547ndash566p555
Ces auteurs ont mis en relief le lien entre la lenteur de lrsquoeacutemergence avec la probabiliteacute de
deacuteveloppement de lrsquoentreprise Plus les entrepreneurs sont long en terme de collecte de
ressources de reacutealisation des ventes drsquoeacutetablissement des proceacutedures leacutegale et reacutealisation de
profit plus la phase drsquoorganisation de la creacuteation (organizing) srsquoallonge mettant agrave risque la
survie de lrsquoentreprise651 Avec ces exemples nous constatons que lrsquoeacutemergence nrsquoest pas une
eacutetape ougrave lrsquoon doit srsquoattendre agrave observer une performance de lrsquoentreprise Peut ecirctre crsquoest une
performance pour lrsquoentrepreneur dans la mesure que ougrave lrsquoentreprise existe du point de vue leacutegale
et elle est relativement connues de la part des parties prenantes Mais elle correspond en fait agrave une
650 BRUSHCG MANOLOVATS EDELMANLF Properties of emerging organizations An empirical test Journal of Business Venturing Ndeg23(2008 547ndash566p 548 651 Idem p 563
210
phase ougrave lrsquoentreprise quitte sans eacutechec lrsquoeacutetape du deacutemarrage Nous consideacuterons de lrsquoeacutechange
avec lrsquoenvironnement peut constituer un bon indicateur de ce qui se passe dans cette phase
lrsquoobtention des revenus ou de salaire pour lrsquoentrepreneur peut refleacuteter le fait que lrsquoentreprise a
commencer les transactions avec des clients est que le fruit de ces transactions couvres les
deacutepenses de lrsquoentreprise
La phase drsquoeacutemergence la deacutefinition selon les donneacutees de GEM
Le nombre de personnes participants dans la phase drsquoeacutemergence est calculeacute dans une variable
appeleacute BABYBUSO (baby business owner) Cette variable est calculeacutee par une seacuterie de
questions dont le but est de filtrer parmi les personnes interrogeacutees ceux qui sont des
proprieacutetaires (ou coproprieacutetaires) et gestionnaires drsquoentreprises dont le premier revenu qursquoils ont
obtenu date de moins de 42 mois par rapport au moment de lrsquoenquecircte ( mais pas moins de 3
mois) Le scheacutema suivant reacutesume le processus de calcul en prenant lrsquoexemple drsquoune enquecircte
reacutealiseacute en 2011
Figure 45 Le calcul de la variable EMERGENCE
Source adapteacute par lrsquoauteur de GEM Manualp 15
Dans le reste de notre la variable qui deacutesigne cette phase sera appeleacutee laquo EMERGE raquo Cette
variable est dichotomique Elle deacutesigne des entrepreneurs dans la phase drsquoeacutemergence
lorsqursquoelle est codeacutee laquo 1 raquo et des non entrepreneurs lorsqursquoelle est codeacutee laquo 0 raquo le scheacutema
suivant reacutesume le processus de creacuteation de cette variable
Est-ce que vous ecirctes Actuellement proprieacutetaire gestionnaire drsquoune entreprise
Est-ce vous ecirctes proprieacutetaire ou coproprieacutetaire
Oui
Oui
Aucun revenu nrsquoest encore reccedilu
Entre 2008-2011
Avant 2008
Quel est la premiegravere anneacutee ougrave vous aviez reccedilus des revenu ou un salaire
Entrepreneur en eacutemergence
Entrepreneur en phase de post eacutemergence
211
34 La phase de survie deacuteveloppement
Dans le scheacutema preacuteceacutedant les proprieacutetaires dont le premier salaire remonte agrave plus de trois ans et
demi (par rapport agrave lrsquoanneacutee de lrsquoenquecircte) seront consideacutereacutes comme participants dans la phase de
poste eacutemergence Nous pensons que le fait de recevoir un revue ou un salaire issus de lrsquoactiviteacute
de lrsquoentreprise depuis plus de 35 anneacutee reflegravete que lrsquoentreprise arrivent agrave se maintenir dans le
marcheacute La variable qui identifie cette phase sera appeleacute SURVIE Cette variable est
dichotomique Elle sera codeacutee 0 lrsquoorque et elle sera codeacutee laquo 1 raquo pour deacutesigner des proprieacutetaires
drsquoentreprises de ayant plus de trois anneacutees et demi drsquoexistence Le tableau suivant reacutesume nos
variables sur le processus entrepreneurial
Tableau 28 Les variables du processus entrepreneurial
Les Phases du processus entrepreneurial Nom de la variable Modaliteacutes de la variable
entrepreneuriat latent LATENT 0=non 1=oui
la phase drsquointention INTENT 0=non 1=oui
la phase drsquoeacutemergence EMERGE 0=non 1=oui
la phase de poste eacutemergence SURVIE 0=non 1=oui
Source auteur
4 Reacutesultats sur la participation entrepreneuriale
Nous avions consideacutereacute dans le premier chapitre que le processus entrepreneurial
distingue sur le plan empirique deux grande eacutetapes la description fera par rapport agrave chacune de
ces eacutetapes puis par rapport agrave une participation global qui prend en compte lrsquoensemble des
individus qui sont preacutesents dans ces eacutetapes
41 Une description selon les eacutetapes du processus entrepreneurial
La premiegravere concerne les personnes qui non rien entrepris comme action visant la
creacuteation drsquoune entreprise mais qui souhaitent le faire dans lrsquoavenir Ils sont eacutevalueacutes par l variable
POTENT traduit la contrepartie de lrsquoentrepreneuriat potentiel La deuxiegraveme cateacutegorie concerne
des personnes qui sont actifs dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat ils sont soit des individus qui
preacutesentent une intention reacuteelle de se lancer dans lrsquoentrepreneuriat (INTENT) soit ils ont acheveacute
la creacuteation et dont lrsquoentiteacute creacutee est opeacuterationnelle (EMEREG) soit des proprieacutetaires-
gestionnaires drsquoune entreprise qui a deacutepasseacute le stade de lrsquoeacutemergence (SURVI)
Sur la peacuteriode 2009-2013 ils sont presque 29 des adultes que lrsquoon pourrait consideacuterer comme
eacutetant potentiellement entrepreneurs En termes relatif leur a augmenteacute de 66 point agrave cause de la
seacutelection des reacuteponses valides et la suppression des reacuteponses manquantes Dans les autres
212
phases les eacutecarts figurant dans la derniegravere colonne nrsquoindiquent pas une alteacuteration des donneacutees
par le processus de nettoyage des non reacuteponses
Tableau 29Les participants dans chacune des eacutetapes du processus entrepreneurial
APS I (1) APS II (2) (1)-(2)
POTENT Oui () 2898 3564 -666
INTENT Oui () 419 430 -011
EMERGE Oui () 513 614 -101
SURVI Oui () 404 579 -175
Source auteur selon les donneacutees de lrsquoenquecircte
Sur la peacuteriode 2009-2013 ils sont presque 3564 des adultes que lrsquoon pourrait
consideacuterer comme eacutetant potentiellement entrepreneurs En termes relatif leur nombre a
augmenteacute de 66 point agrave cause de la suppression des reacuteponses manquantes Dans les autres
phases les eacutecarts figurant dans la derniegravere colonne nrsquoont pas deacutepasseacute les 2 point ce qui implique
qursquoil nrsquoy a pas eux une alteacuteration des structures de reacuteponses par le processus de nettoyage des
non reacuteponses Crsquoest le niveau des entrepreneurs potentiels qui contribue le plus dans le taux de
global de participation Ainsi nous comprenons mieux maintenant pourquoi ce taux est si
eacuteleveacute
En quatre anneacutees ils sont en moyenne 43 de la population adulte qui ont deacutecideacute de se
lancer dans la creacuteation drsquoentreprise et entreprennent des actions concregravetes dans cet objectif les
personnes qui ont reacuteussi lrsquoeacutemergence srsquoeacutelegravevent agrave 614 et ceux ougrave lrsquoentreprise agrave deacutepasser le
stade de la naissance srsquoeacutelegraveve agrave 57 Il ne ssrsquoagit pas ici de donneacutees drsquoune enquecircte
longitudinale car ce nrsquoest pas les mecircmes personnes qi sont interrogeacutees chaque nous ne pouvons
donc pas dire que parmi les entrepreneurs potentiel seule 579 reacuteussissent le processus
entrepreneurial et reste sur le marcheacute Mais les chiffres que nous obtenons montre bien lrsquoeacutecart
important entre ceux qui envisagent la creacuteation drsquoentreprise et ceux qui le deviennent reacuteellement
des entrepreneurs Le rapport est de lrsquoordre de 615
42 La participation globale dans lrsquoentrepreneuriat
Par participation globale nous entendons la somme des personnes qui sont preacutesents dans les
quatre phases du processus entrepreneurial Ces derniers sont identifieacutes dans une variable que
nous avions creacuteeacute nous mecircme et sera appeler PARTICP Pour obtenir cette variable nous avions
utiliseacute la proceacutedure de calcul de nouvelle variable Cette variable est dichotomique et
comprend deux modaliteacutes
213
- La premiegravere est 0 calculeacutee par la somme de POTENT=0+ INTENT=0+ EMERGE=0+
SURVI=0
- La deuxiegraveme est 1= calculeacutee par la somme de POTENT=1+ INTENT=1+ EMERGE=1+
SURVI=1
En deacutefinitive ces deux positions distinguent respectivement les entrepreneurs des non
entrepreneurs
Les titres qui suivent sont consacreacutes agrave la description des dites variables Cette description se
fera par rapport agrave notre eacutechantillon global qui reacutesulte du nettoyage des valeurs manquantes Le
tableau suivant restitue les
Tableau 30 La participation dans le processus entrepreneurial Avant et apregraves la
suppression des valeurs manquantes
Variables 2009 2011 2012 2013 2009-2013
PARTICP1 APSII (1) 3765 4432 2929 4028 367
Effectif 2000 3427 4995 2500 12922
PARTICP APS I (2) 4683 5120 3702 5042 4437
Effectif 504 1336 1999 718 4557
diffeacuterence en point de (1) - (2) -918 -687 -773 -1014 667
Source auteur
Lorsqursquoon observe la derniegravere colonne 36 7 des personnes interrogeacutees sont dans le
processus entrepreneurial Lrsquoeacutecart par rapport agrave leur nombre dans la base originale (APS I) est
de 667 point de pourcentage La derniegravere ligne du tableau preacutesente la diffeacuterence entre le total
des participants dans les deux bases de donneacutees mais deacuteclineacutees selon les anneacutees de lrsquoenquecircte
Cet eacutecart oscille entre 6 et 10
Ces diffeacuterences modifient certes la part relative des entrepreneurs ou et des futures
entrepreneurs mais ne change pas le sens de la variation drsquoune anneacutee agrave une autre Comme le
montre le graphique suivant Les deux graphiques se juxtaposent pour montrer que les valeurs
avant et apregraves la suppression nrsquoa pas drsquoimpact sur la tendance du taux de participation dans
lrsquoentrepreneuriat Les niveaux sont compris entre valeur minimal de 37 enregistreacutee en 2012 et
un maximum de 51 en 2011 On pourrait deacuteduire que le nombre sauf pour lrsquoanneacutee 2012 est
resteacute relativement stable durant cette peacuteriode
214
Graphique 14 Niveau de participation dans lrsquoentrepreneuriat entre 2009 et 2013 dans les
bases de donneacutees APS I et APS II
Source auteur selon les donneacutees des enquecirctes apregraves traitements
43 Participation entrepreneurial une comparaison internationale
Ce nombre est tregraves eacuteleveacute si on le compare avec la moyenne mondiale enregistreacutee sur la
mecircme peacuteriode En effet agrave lrsquoeacutechelle mondiale ils sont 39 de la population adultes qui
participe dans le processus entrepreneurial contre 60 qui ne sont dans aucune des eacutetapes de
lrsquoentrepreneuriat (tableau)
Tableau 31 Niveau de participation dans le processus entrepreneurial dans le monde
entre 2011 et 2013
Effectifs
PARTICP
Non 230068 603
Oui 151509 397
Total 381577 1000
Source auteur selon les donneacutees des enquecirctes GEM 2011 agrave 2013
Bien entendu quand on examine de pregraves la variation du niveau de participation selon les
caracteacuteristiques des pays notamment en terme de niveau de deacuteveloppement il existe une tregraves
forte dispariteacute qui se reacutesume en une relation apparemment neacutegative entre le niveau de
performance du pays et le niveau de drsquoengagement des individus dans les participation eacutetapes
le processus entrepreneurial Le graphique suivant preacutesente les pourcentages reacutesultants de
croisement de la variable PARTICP avec la variable qui classe les pays selon le niveau de
compeacutetitiviteacute tel que mesureacute sur la mecircme peacuteriode par le Global Competitive Index
4683 51203702
5042
3765
4552
2937
4300
000
2000
4000
6000
2009 2011 2012 2013
PARTICP1 PARTICP
215
Graphique15 Participation en entrepreneuriat selon les niveaux de compeacutetitiviteacute dans le
monde 2011 agrave 2013
Source auteur selon els donneacutees GEM APS de 2011 agrave 2013
Ce graphique donne lrsquoapparence que les individus depuis qursquoils commencent agrave projeter
une carriegravere entrepreneuriale jusqursquoagrave ce qursquoils deviennent reacuteellement des entrepreneurs est lieacute
au stade de deacuteveloppement dans lequel se trouve le pays Cela laisse penser au fait que dans les
pays les plus avanceacutes ce nrsquoest pas tant les entrepreneurs qui ne sont pas nombreux mais plutocirct
les entrepreneurs productifs qui sont proportionnellement plus eacuteleveacutes que les entrepreneurs qui
se lancent dans lrsquoentrepreneuriat par ce qursquoils nrsquoy a pas drsquoautres alternatives en matiegravere drsquoemploi
44 Participation entrepreneuriale selon les motivations des entrepreneurs
De ce fait la diffeacuterence est de nature qualitative A titre drsquoexemple nous comparons le
niveau participation dont le motif principal est la recherche drsquoopportuniteacute avec le niveau
reacutesultant de la neacutecessiteacute que ressentent les individus pour creacuteer leur propre revenu Ces deux
types drsquoentrepreneuriat sont mesureacutes par la suite selon le stade de deacuteveloppement du pays Cette
participation prend en compte la preacutesence dans la phase intention et eacutemergence que le projet
GEM appelle TEA (Total early Stage Entreprenurial Activity ) Ainsi pour chaque niveau de
participation appeleacute laquo drsquoopportuniteacute raquo et une participation de laquo neacutecessiteacute raquo Le graphique
suivant montre les reacutesultats de nos calcules
Lorsque nous prenons pour observation les deux extreacutemiteacutes du processus de
deacuteveloppement agrave savoir le stade laquo facteur raquo et laquo innovation raquo le graphique montre clairement
que les proportions drsquoentrepreneuriat drsquoopportuniteacute et de neacutecessiteacute srsquoinversent complegravetement
Dans les pays ougrave la compeacutetitiviteacute est fondeacutee sur lrsquoexploitation drsquoun facteur comme par
exemple une ressource naturelle le volume des entrepreneurs par neacutecessiteacute repreacutesente 137 fois
ceux qui poursuivent des occasion drsquoaffaires dans le marcheacute et inversement dan les pays
deacuteveloppeacutes les entrepreneurs qui creacuteer des entreprises des opportuniteacutes repreacutesentent en terme
relatif 15fois les personnes qui trouvent en la creacuteation drsquoentreprise leurs seul alternative en
623541 488
425
239
0
100
200
300
400
500
600
700
facteur transition vers
efficience
efficience transition vers
inniovation
innovation
PARTICPhellip
216
terme demploi et de revenus Entre les deux extreacutemiteacutes il existe un continuum dans lequel
srsquoopegravere la transformation e lrsquoeacuteconomie et en mecircme temps lrsquoinversement des proportions TEA
drsquoopportuniteacute et TEA de neacutecessiteacute
Graphique 16 Niveau de participation dans les phases drsquointention et drsquoeacutemergence selon les
raisons de lrsquoentrepreneuriat
Source auteur selon les donneacutees des enquecirctes GEM DE 2011agrave 2013
Ce travail de thegravese nrsquoa pas pour objectif drsquoexplorer cette hypothegravese mais la
connaissance des raisons qui expliquent ces dispariteacutes entre les pays nous permettent de position
les reacutesultats que nous avions obtenus de notre eacutechantillon Il parait si lrsquoon prend lrsquoanneacutee ougrave les
donneacutees plus reacutecente concernant lrsquoAlgeacuterie (2013) comme reacutefeacuterence on peut remarquer que le
taux enregistreacute en Algeacuterie est presque celui des pays qui sont en voie de transition vers une
eacuteconomie plus efficiente notamment en terme de productiviteacute des facteurs de production et du
climat geacuteneacuteral de lrsquoinvestissement
Apregraves avoir preacutesenteacute les variables identifiant le processus entrepreneurial nous envisageons
dans la section qui suit la description de variables qui portent sur le capital social des
entrepreneurs
Cette description vise agrave cerner les le comportement des ces variables lorsqursquoont les croise avec
la participation dans les diffeacuterences eacutetapes du processus entrepreneurial Il srsquoagit en fait de
voir si le capital social est en relation signification avec le fait drsquoecirctres preacutesent dans les phases
drsquoentrepreneuriat potentiel drsquointention drsquoEmergence et de survie
Cependant pour reacutealiser ces croisements il faudrait tout drsquoabord expliciter lrsquoaspect
meacutethodologique de cette description Cette eacutetapes est important par ce que la meacutethodologie lieacutee
1569746
2384
2933
2368216
94
241
292
157
000
500
1000
1500
2000
2500
3000
3500
facteur transition vers
efficience
efficience transition vers
inniovation
innovation
TEA opportuniteacute TEA neacutecessiteacute
217
agrave la description des dites variables sera aussi adopteacute pour les variables perceptuelles (vigilance
compeacutetences entrepreneuriales et la perception du risque et les variables socio deacutemographiques
5 Meacutethodologie de lrsquoanalyse descriptive des variables socio deacutemographiques perceptuelle
et du capital social
Pour rappel la principale hypothegravese qui guide ce travail empirique se reacutesume de la
maniegravere suivante la participation dans le processus entrepreneurial est positivement lieacutee agrave la
possession drsquoun capital social laquo passerelle raquo Parce ce que dernier influence positivement la
perception du risque entrepreneurial la vigilance aux opportuniteacutes eacuteconomiques et la possession
des compeacutetences entrepreneuriales Donc implicitement nous croyons que la connaissance
drsquoautre entrepreneurs et la participation active dans des relations eacuteconomiques eacutetant les deux
composantes du capital social devra diffeacuterencier ceux qui participent dans le processus
entrepreneurial de ceux qui ne participent pas
Poser de cette faccedilons trois type de relation sont envisageacutees dans cette hypothegravese
1 relation entre le capital social et la participation dans le processus entrepreneurial
2 La relation entre la perception et la participation
3 La relation entre le capital social et la participation compte tenu de son influence sur
la perception individuelle Ces trois types de relation agrave eacutetudier suggegraverent que les perceptions
qursquoont les individus sur les trois facteurs citeacutes jouent un rocircle de meacutediateur entre le capital
social et la participation dans lrsquoentrepreneuriat la figure suivante scheacutematise lrsquohypothegravese
principale de recherche
Figure 46 Hypothegravese de recherche liant le capital social au processus entrepreneurial
Source auteur
Capital social Processus
entrepreneurial
Les Perceptions individuelles
Risque entrepreneurial
Opportuniteacutes entrepreneuriales
Compeacutetences entrepreneuriales
218
Cette section devra donc expliciter les eacutetapes de la recherche empirique Sur la base du
modegravele conceptuel eacutelaboreacute dans lrsquointroduction geacuteneacuterale lrsquoillustration empirique se fera en deux
moments 1) Une phase descriptive des principales variables de recherche 2) Une phase de
validation de lrsquohypothegravese
51 Meacutethodologie pour une analyse descriptive
Cette eacutetape est neacutecessaire dans la mesure ougrave elle permettra de mesurer les valeurs de nos
variables de recherche aussi bien pour lrsquoeacutechantillon global que pour ceux qui participent dans le
processus entrepreneurial Ces variables sont la contre partie empirique des concepts retenus
dans cette recherche Par exemple la variable KNOWENT met en relief la possession ou non
drsquoune relation social avec un entrepreneur Drsquoautre part nous voudrions saisir lrsquoopportuniteacute de
la disponibiliteacute des donneacutees qui ont concerneacute un eacutechantillon relativement large Ce genre de
mateacuteriaux nrsquoest pas toujours disponible pour le cas de lrsquoAlgeacuterie En plus il y a la possibiliteacute de
comparer ces variables avec des contextes drsquoautres pays
511 Description univarieacute
La description concernera quatre cateacutegories de variables
a les variables socio deacutemographiques acircge sexe occupations helliphellip
b les variables du processus entrepreneurial intention eacutemergence survie
c les variables perceptuelles peur de lrsquoeacutechec la vigilance aux opportuniteacutes et le capital
humain speacutecifique
d les variables de capital social connaitre un entrepreneur et participation dans le
financement drsquoautres entrepreneur
Il srsquoagit dans la premiegravere eacutetape drsquoune description uni varieacutee Cette derniegravere consiste en la laquo
La description drsquoune variable qualitative consiste agrave preacutesenter les effectifs crsquoest-agrave-dire le nombre
drsquoindividus de lrsquoeacutechantillon pour chaque modaliteacute de la variable et les freacutequences crsquoest-agrave-dire
la proportion des reacuteponses associeacutees agrave chaque modaliteacute de la variable eacutetudieacutee raquo652
Lrsquoensemble de ces variables seront deacutecrites par leurs freacutequences valides car la suppression
des variables manquantes nous permettra drsquoobserver des pourcentages et des effectifs compareacutes
agrave un total de reacuteponses valides
Il faudrait souligner par ailleurs que la description uni varieacutee des variables lieacutees aux
caracteacuteristiques socio deacutemographique perceptuelles du capital social seront deacutecrites dans un
premier temps par rapport agrave leur valeurs dans lrsquoeacutechantillon global qui ne distinguent pas les
652 CARRICANO M POUJOLF BERTRANDIAS L chapitre 2 Deacutecrire les donneacutees in Analyse de donneacutees avec SPSS
Pearson France ndash 2e eacuted2010 p 32
219
entrepreneurs des non entrepreneurs dans la seconde eacutetapes il srsquoagit de cerner ces variables
mais cette fois en comparant leur valeur pour les individus participants dans les phases
entrepreneuriat ( latent intention eacutemergence et survie) Cette deuxiegraveme eacutetapes neacutecessite
de proceacuteder agrave des croisements entre deux variables
En effet Lrsquoexamen de variables uniques est une premiegravere lecture neacutecessaire des reacutesultats
mais elle ne preacutesente pas de veacuteritable inteacuterecirct en termes drsquoanalyse Les descriptions faites sur les
variables soulegravevent toute une seacuterie de questions sur leurs relations qui devront ecirctre mises en
lumiegravere en les rapprochant deux agrave deux dans des analyses bivarieacutees Les tris croiseacutes par
exemple permettent drsquoexaminer les relations entre deux ou plusieurs variables
512 Analyse bi varieacutee
Le deuxiegraveme meacutecanisme utiliseacute dans la description est le croisement de variable ces croisement
seront controcircleacutes pour en saisir le sens par des test de KHE DEUX Les tableaux croiseacutes agrave deux
ou plusieurs modaliteacutes procegravedent agrave mesures drsquoassociation qui permettent de deacutemontrer la
signification statistique drsquoune association observeacutee entre les variables dans la proceacutedure SPSS
crsquoest geacuteneacuteralement les tris croiseacutes qui sont utiliseacutes Ces derniers ont pour objet de rassembler
dans un tableau unique les distributions de freacutequences ou drsquoeffectifs de deux ou plusieurs
variables Ce premier outil drsquoanalyse des relations entre deux variables ou relations bivarieacutees
permet de reacutepondre agrave des questions qui se posent degraves lrsquoorigine de lrsquoeacutetude (par exemple Les
hommes sont il plus preacutesent que les femme dans le processus entrepreneurial laquo la perception
des opportuniteacute est elle lieacutee agrave la preacutesence dans telle ou telles eacutetape de lrsquoentrepreneuriat
De ce fait ces croisements permettre de mettre en lumiegravere des relations dont on croie en
leur existence agrave lrsquoissue des traitements reacutealiseacutes variable par variable Le principe du tableau
croiseacute est de proposer une ventilation des freacutequences de reacuteponse par variable et par modaliteacute
Dans ce type de description il existe deux sorte de relations agrave eacutetudier Ces relations peuvent
ecirctre symeacutetriques ndash lrsquoanalyse cherche agrave mesurer la liaison entre les deux variables et agrave en tester la
signification ndash ou dissymeacutetriques ndash lrsquoanalyse cherche agrave expliquer les variations drsquoune variable
deacutependante par les variations drsquoune variable indeacutependante653 A ce stade de lrsquoanalyse crsquoest
plutocirct la premiegravere optique qui est envisageacute puisque la description cherche agrave connaitre srsquoil existe
des relations drsquoassociation et nrsquoont pas de causaliteacute en les variables eacutetudieacutees
653 EVRARD Y PRAS B ROUX E DESMET P Market Fondements et meacutethodes des recherches en marketing Dunod
Paris 2009251 page p 221
220
a Tests et mesures drsquoassociation de deux variables qualitatives
Les tris croiseacutes ne permettent pas de deacutemontrer lrsquoexistence drsquoune association de deux
du point de vue statistique Pour mesurer veacuteritablement la relation entre les variables il est
neacutecessaire de mettre en place des tests de signification statistique de lrsquoassociation Le test le plus
tregraves simple est celui du khi-deux car drsquoune maniegravere geacuteneacuterale les variables que nous utilisons
sont de natures qualitatives et dichotomiques
a1 Existence drsquoune association significative drsquoindeacutependance le test du khi-deux Le test du
khi-deux (χ2) est couramment utiliseacute Il cherche agrave tester si deux variables qualitatives (nominales
ou ordinales) sont significativement associeacutees En reacutealiteacute crsquoest lrsquoindeacutependance des variables
qualitatives preacutesenteacutees dans un tableau croiseacute qui est testeacutee On cherche agrave veacuterifier si
lrsquoassociation des deux variables est suffisamment forte pour que lrsquohypothegravese de leur
indeacutependance puisse ecirctre rejeteacutee Le principe est de comparer la distribution observeacutee (Oij)
crsquoest-agrave-dire les effectifs que lrsquoon peut lire dans le tableau croiseacute agrave une distribution theacuteorique
(Tij) qui correspond agrave lrsquohypothegravese selon laquelle les deux variables sont indeacutependantes654
Normalement si les variables eacutetaient indeacutependantes lrsquoeffectif observeacute ne devrait deacutependre que
des effectifs marginaux crsquoest-agrave-dire de lrsquoeffectif total de chaque modaliteacute Imaginons que lrsquoon
cherche agrave savoir si la possession drsquoune carte de fideacuteliteacute et le sexe sont associeacutes Lrsquoeffectif
theacuteorique des possesseurs drsquoune carte de fideacuteliteacute femme est eacutegal au nombre de possesseurs drsquoune
carte de fideacuteliteacute multiplieacute par le nombre de femmes diviseacute par lrsquoeffectif total de lrsquoeacutechantillon
Le χ2 observeacute sur lrsquoeacutechantillon se calcule de la maniegravere suivante
l c (Oij-Tij) 2
X2=sum sum
I=1 j=1 Tij
ougrave
i = numeacutero de la ligne
j = numeacutero de la colonne
l = nombre de lignes crsquoest-agrave-dire le nombre de modaliteacutes de la variable preacutesenteacutee en lignes
c = nombre de colonnes crsquoest-agrave-dire le nombre de modaliteacutes de la variable preacutesenteacutee en
colonnes
Dans le tableau suivant nous donnons lrsquoexemple de croisements entre la variable
INTENT qui deacutetermine les personnes qui sont ou non dans la phase drsquointention et la variables
654 CARRICANO M POUJOLF BERTRANDIAS L op ct p40
221
KNWENT qui donne les reacuteponses des individus sur la question srsquoils connaissent
personnellement un entrepreneur eacutetabli Les deux variables sont qualitatives et nominales
Pour reacutealiser ce croisement il faudrait mettre la variable que lrsquoon cherche agrave expliquer
dans les lignes et la variable qursquoont croie par hypothegravese qursquoelle est deacuteterminante en colonne
Tableau 32 Exemple de tableau croiseacute
Tableau croiseacute Q3A Are you alone or with others expecting to start a new business including any type of
self-employment within the next three years Qi1 Do you know someone personally who started a business
in the past 2 years
KNOWENT
Total NON OUI
INTENT
NON Effectif 1307 1626 2933
446 554 1000
OUI Effectif 580 1044 1624
357 643 1000
Total Effectif 1887 2670 4557
414 586 1000
Source auteur selon les donneacutees APS II
Il reste agrave preacutesent de veacuterifier si lrsquohypothegravese nulle cest-agrave-dire que la preacutesence dans la phase
drsquointention nrsquoest pas deacutependante de la connaissance ou non drsquoun entrepreneur (H0) le contraire
donnera lrsquohypothegravese vrai qui atteste la deacutependance des deux variables (H1)
a2 Test de la relation drsquoassociation
La loi du khi-deux suit une distribution asymeacutetrique dont la forme deacutepend du nombre
de degreacutes de liberteacute n
On rejettera lrsquohypothegravese nulle drsquoindeacutependance entre les variables si le χ2 calculeacute est supeacuterieur agrave
la valeur de reacutefeacuterence du χ2 se trouvant dans la table de khi-deux pour n degreacutes de liberteacute (en
lignes dans la table) et pour un α (niveau de risque de se tromper en rejetant lrsquohypo- thegravese nulle
donneacute en colonnes fixeacute geacuteneacuteralement agrave 5 Les logiciels statistiques dont SPSS donnent une
signification ou p-value srsquointerpreacutetant comme le niveau risque de se tromper en rejetant H0
Ainsi si elle est infeacuterieure agrave 5 on rejette lrsquohypothegravese drsquoindeacutependance entre les deux variables
qui sont alors significativement associeacutees
Voici par exemple les reacutesultats du test du khi deux pour lrsquoexemple preacuteceacutedent
222
Tableau 33 Croisement entre la variable KNOWENT et la variable INTENT
Tests du Khi-deux
Valeur ddl
Signification
asymptotique
(bilateacuterale)
Signification
exacte
(bilateacuterale)
Signification
exacte
(unilateacuterale)
Khi-deux de Pearson 33724a 1 000
Correction pour la continuiteacuteb 33361 1 000
Rapport de vraisemblance 33993 1 000
Test exact de Fisher 000 000
Association lineacuteaire par lineacuteaire 33717 1 000
Nombre dobservations valides 4557
a 0 cellules (0) ont un effectif theacuteorique infeacuterieur agrave 5 Leffectif theacuteorique minimum est de 67248
b Calculeacute uniquement pour un tableau 2x2
Source croisent effectueacute dans la base de donneacutees APS II
Pour commenter les reacutesultats nous ferons reacutefeacuterence agrave la premiegravere ligne qui indique
drsquoune part la signification la relation (Signification asymptotique (bilateacuterale) celle-ci reflegravete
lrsquoerreur de se tromper et de prendre le risque de conclure agrave une acceptation de lrsquohypothegravese nulle
(H0) pour accepter lrsquohypothegravese vraie ( H1) cette valeur doit ecirctre infeacuterieure agrave 005 drsquoautre part
agrave la valeur du khi deux de Pearson qui doit ecirctre maximale crsquoest le cas de cet exemple ou le
niveau de signification est satisfaisant ( 0000) Et la valeur du khi deux et relativement eacuteleveacute ce
qui permet de conclure que ces deux variables ne sont pat indeacutependantes et la distribution des
reacuteponses nrsquoest pas due au hasard
b lrsquoutiliteacute de lrsquoanalyse bi varieacutee
Lrsquoutiliteacute de ces croisement est double il srsquoagit en premier dieu de preacuteparer le terrain pour la
reacutegression logistique et drsquoavoir un premier aperccedilu sur les relations drsquoassociation entre le capital
social et la participation dans le processus entrepreneurial mais aussi de cerner la nature de
cerner nature de la relation entre les variables perceptuelles et leur rocircle drsquo intermeacutediation entre le
capital social et lrsquoengagement dans lrsquoentrepreneuriat
223
Section 2 capital social et processus entrepreneurial Analyse descriptive
Le capital social a eacuteteacute deacutefini comme la somme des ressources deacutecoulant de la possession
drsquoun reacuteseau de relation plus ou moins institutionnaliseacutees Les trois dimensions qui produisent les
beacuteneacutefices pour celui qui le possegravede agrave savoir la dimension structurelle relationnelle et cognitive
ne peuvent ecirctre fonctionnelles qursquoa travers un reacuteseau social Globalement ce reacuteseau social est
une combinaison de deux types de relation fortes de type familial amical ou communautaire
qui produit un capital social ciment dont les beacuteneacutefices profitent drsquoabord aux membres de ce
reacuteseau des relations faibles marqueacutees par de trous structuraux qui forment un capital social
passerelle cest-agrave-dire des liens qui peuvent permettre drsquoacceacuteder agrave de nouvelles opportuniteacutes
de nouvelles connaissances et agrave drsquoautre reacuteseaux de relation Ces liens faibles peuvent ecirctres des
banquiers des avocats de connaissances lointaines Nous avions degraves le deacutepart pris comme
hypothegravese et comme objet drsquoobservation ce deuxiegraveme type de relation agrave travers lrsquoexemple de la
connaissance drsquoautres entrepreneurs et la participation active dans le monde de lrsquoentrepreneuriat
1 les variables identifiants le capital social de lrsquoentrepreneur
Les deux composantes du capital social sont appreacutehendeacutees par deux variables La premiegravere est
appeleacutee KNOWENT indiquant si oui ou non la personne interrogeacutees connaissait
personnellement un entrepreneur et la deuxiegraveme appeleacutee BUSANG qui indique si la personne a
participeacute dans le financement drsquoune activiteacute eacuteconomique lanceacutee par une drsquoautre individus Dans
cette section il srsquoagit drsquoune description de ces deux variables Cette description se fera dans un
premier temps par rapport agrave lrsquoensembles des personnes intervieweacutes qursquoils soit entrepreneurs ou
non (eacutechantillon global) puis dans une deuxiegraveme eacutetapes par rapport aux individus qui
participent dans les diffeacuterentes phases du processus entrepreneurial cest-agrave-dire qursquoils soient
dans une situation drsquoentrepreneur potentiel ou en intention de le devenir ou bien dans une phase
ou leur entreprise a eacutemergeacute ( eacutemergence et en fin dans la phase ou lrsquoentreprise se deacuteveloppe
Les trois figures ci dessous montrent le processus statique de la description de la relation
entre la variable KNOIWENT et les variables identifiant les participants dans le processus
entrepreneurial La mecircme proceacutedure statistique sera utiliseacutee pour la variable BUSANG
224
Figure 47 Processus de lrsquoanalyse descriptive
Etape 1 la variable Knowent dans lrsquoeacutechantillon global N=4557
Etape2 la variable Knowent pour les individus participant dans le processus entrepreneurial
POTENT variable qualitative dichotomique Non 0 Oui 1
Echantillon global = individus participant + non participants dans le processus entrepreneurial +
Tri a plat Effectif et pourcentage
par modaliteacute
KNOWENT Do you know someone
personally who started a business in the
past 2 years
Variable dichotomique
Non =0Oui=1
POTENT variable qualitative dichotomique Non 0 Oui 1
Tableau croiseacute 2x2
Effectif et par modaliteacute
INTENT variable qualitative dichotomique Non 0 Oui 1
EMERGE variable qualitative dichotomique Non 0 Oui 1
SURVIE variable qualitative dichotomique Non 0 Oui 1
Tableau croiseacute 2x2
Effectif et par modaliteacute
Tableau croiseacute 2x2
Effectif et par modaliteacute
Tableau croiseacute 2x2
Effectif et par modaliteacute
225
Etapes 3 preacutesence ou absence de relation la variable KNOWENT les variables POTENT
INTENT EMERGE et SURVIE
Source auteur
Dans la troisiegraveme eacutetape nous utilisons le tri croiseacute qui permet drsquoopeacuterer le test de khi
deux Comme dans les croisements preacuteceacutedents deux paramegravetres nous inteacuteressent
particuliegraverement dans ce test Il srsquoagit de la valeur du Che-2 et le degreacute de signification (p) qui lui
est associeacute et la valeur de la statique Phi La premiegravere permet de veacuterifier si la participation ou
non dans le processus entrepreneurial est significativement deacutependante de la possession drsquoune
relation avec un entrepreneur si cest le cas nous devons trouver une valeur de Che-2
importante accompagneacute dun valeur de p tregraves faible ( (qui traduit la faiblesse du risque de se
tromper en consideacuterant quil ny a pas de relation dindeacutependance qursquoil nrsquoa a pas de relation entre
ces variables enfin nous devons aussi ecirctre vigilant quant agrave la valeur de Phi qui permet de
mesurer lintensiteacute de cette relation
2 Le capital social dans lrsquoeacutechantillon global
Pour assurer la clarteacute de la repreacutesentation des reacutesultats nous ferons la description des variables
KNOWENT et BUSANG drsquoune maniegravere seacutepareacutee Une synthegravese se fera lorsqursquoon aura termineacute
lrsquoanalyse descriptive de ces deux variables
21 La description de la variable KNOWENT
Ils sont 586 qui deacuteclarent connaitre personnellement un entrepreneur ces deux derniegraveres
anneacutees Ce pourcentage est agrave consideacuterer comme la moyenne de quatre anneacutees drsquoobservation
KNOENT
POTENT
INTENT
SURVIE
EMERGE
Reacutesultat du test -Valeur de phi -Valeur de p (probabiliteacute de connaitre une erreur si on admet qursquoil n y a pas de relation
-Valeur de CHE DEUX de Pearson -Valeur de p Valeur de phi
Valeur de CHE DEUX de Pearson -Valeur de p Valeur de phi
Valeur de CHE DEUX de Pearson -Valeur de p Valeur de phi
226
Lorsqursquoon deacutecrit cette variable pour chaque anneacutee il est inteacuteressant de constater une relative
stabiliteacute des reacuteponses donneacutees par les personnes interrogeacutees Comme la montre le tableau 31
plus de la moitieacute des personnes sont connecteacutes agrave des entrepreneurs dans les quatre anneacutees
Ce tableau montre aussi que le processus drsquoeacutelimination des valeurs manquantes qui a donneacutees la
base de donneacutees finale (APS II) nrsquoa pas eu un grand effet sur la distribution des reacuteponses Les
diffeacuterences entre les deux bases de donneacutees en terme reacuteponses positives ne deacutepassent pas pour
les quatre anneacutees les 5
Tableau34 Les valeurs de KNOWENT avant et apregraves la suppression des valeurs
manquantes
Anneacutees KNOWENT APS II (1) APS I (2) (1)-(2)
2009 Non 387 369
Oui 613 631 -18
2011 Non 486 509
Oui 514 491 +23
2012 Non 365 404
Oui 635 596 +39
2013 Non 436 474
Oui 564 526 +38
Sources auteur donneacutees de lrsquoenquecircte
Le nombre relativement important des reacuteponses positive incite agrave srsquointerrogeacutes sur le profil
des personnes interrogeacutees Crsquoest pourquoi dans le tableau suivant nous preacutesenterons une
comparaison entre deux groupes de personne faisant les deux parties de notre eacutechantillon
global Le premier groupe comporte les personnes pour lesquelles la variable KNOWENT prend
la valeur laquo 1 raquo le deuxiegraveme groupe est constitueacute des personne qui correspond agrave la valeur laquo 03 raquo
de la mecircme variable
La comparaison reacutevegravele des reacutesultats inteacuteressants La majoriteacute des personnes qui compte parmi
leurs connaissances un entrepreneur actif sont des hommes acircgeacutes en moyenne de 35ans
Lorsqursquoon observe leur niveau drsquoeacuteducation 62 ont un niveau secondaires et plus contre 52
pour ceux qui ne possegravedent pas ce genre de relation Lrsquooccupation semble aussi ecirctre un facteur
qui diffeacuterencie les deux groupes En effet les personnes occupeacute soit en tant que salarieacutes ou pour
leur propres compte sembles les plus susceptibles drsquoecirctre connecteacutees agrave des entrepreneurs alors
que les personnes inoccupeacutees comme les retraiteacutes les eacutetudiants ou les sans emplois sont les
moins exposeacute agrave ce type de liens En termes de niveaux de revenus ceux qui ont reacutepondus par un
oui sont relativement plu aiseacutes que ceux qui ont reacutepondu par un non Le pourcentage de la
derniegravere ligne du tableau montre en effet que presque 40 des personne posseacutedant des liens avec
des entrepreneurs sont dans la tranche supeacuterieure de revenu Alors que dans le second groupe
227
Tableaux35 Les profils selon la possession ou non drsquolien avec un entrepreneur
Groupe1 KNOWENT=1 Groupe2 KNOWENT=0 Total
Age (moyenne) 3521 3747
Genre
Femme 413 518 100
Homme 587 482 100
Education
100
Niveau Primaire Et Moins 123 210 100
Niveau Moyen 257 260 100
Niveau Secondaire Et Plus Non
Universitaire 336 322 100
Niveau Universitaire 284 208 100
Statut professionnel
100
Travail A Temps Plein Temps Partiel
384 334 100
Auto Employeacute 132 137 100
RetraiteacutesEtudiants A Domicile 355 309 100
Sans Emploi Et Autres 129 219 100
Niveau de revenu
100
Faible 293 359 100
Moyen 311 314 100
Eleveacute 396 327 100
Source auteur selon les donneacutees de lrsquoenquecircte
Bien que les donneacutees concernent une courte peacuteriode la stabiliteacute des reacuteponses reflegravete agrave
notre sens une forme drsquoinstitutionnalisation de ce type de relation Cette institutionnalisation est
entendu au sens de la reacutepeacutetitiviteacute de cette interaction dans le temps et de son usage strateacutegique
par lrsquoagent qui la possegravede gracircce notamment aux beacuteneacutefices quelle geacutenegravere et qui permette de
lrsquoentretenir Il est clair cependant qursquoagrave ce stade de lrsquoanalyse nous ne pouvons pas se prononcer
sur cette hypothegravese Nous laisserons agrave la section suivante drsquoen deacutemonter lrsquoimpact sur
lrsquoentrepreneuriat Autre que la relative stabiliteacute des reacuteponses dans le temps le nombre
relativement eacuteleveacute des reacuteponses positives neacutecessite drsquoecirctre commenteacute et relativiseacute Il est
inteacuteressant agrave ce titre de comparer les donneacutees de lrsquoAlgeacuterie avec drsquoautres pays
22 La variable KNOWENT une Comparaison avec drsquoautre pays
Lorsqursquoon calcule les freacutequences de la variable KNOWENT pour chaque pays nous constatons
que lrsquoAlgeacuterie enregistre le taux de reacuteponses positives (ceux qui reacutepondent par un oui) parmi les
plus eacuteleveacutes au monde LrsquoAlgeacuterie est classeacutee 3iegraveme en 2009 5iegraveme en 2011 7iegraveme en 2012 et 12iegraveme
en 2013655 Le rang diminue drsquoune anneacutee agrave une autre agrave cause de lrsquoaugmentation du nombre de
pays dans le projet
655 Respectivement sur 545369 et 67 pays
228
En outre les donneacutees de GEM permettent de calculer pour chaque anneacutee la moyenne de la
variable KNOWENT pour lrsquoensemble des pays participants dans le projet La moyenne en
Algeacuterie deacutepasse pour les quatre anneacutees la moyenne mondiale Le tableau 32 montre sur la
peacuteriode de 2000 agrave 2013 que cette moyenne nrsquoa pas deacutepasseacute les quarante pourcents agrave lrsquoexception
de lrsquoanneacutee 2008 La valeur minimale est de 322 (2002) et la valeur maximale de 426
(2008) Par ailleurs il est inteacuteressant de constater une certaine stabiliteacute de cette moyenne
Malgreacute le fait que des individus diffeacuterents sont intervieweacutes et des pays nouveaux participent dans
le projet les reacuteponses qursquoils donnent par rapport agrave leur possession de ce type particulier de
relation reste relativement constante drsquoune anneacutee agrave une autre
Tableau36 Moyenne mondiale sur la peacuteriode 2009-2013
KNOWENT 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Non 642 664 678 622 612 611 625 619
Oui 358 336 322 378 388 389 375 381
Total 855995 65599 113655 62595 109147 74158 129266 116367
2008 2009 2010 2011 2012 2013
574 615 6002 659 632 635
426 385 3997 341 368 365
102615 129543 173102 160767 196154 241814
Source auteur selon les donneacutees APS GEM de 2001 agrave 2013
Il srsquoagit du total des reacuteponses valides par rapport agrave lrsquoeacutechantillon global
Mais lorsqursquoon deacutecline cette variable par pays nous constatons une tregraves forte dispariteacute
des reacutesultats En 2013 par exemple la moyenne est de 365 et la part des personnes qui
connaissent des entrepreneurs actifs varie entre une valeur minimale de 18 enregistreacutee au
Japon et une valeur maximale de 80 au Nigeacuteria Par conseacutequence il serait leacutegitime de
srsquointerroger si la moyenne enregistreacutee en Algeacuterie est lieacutee agrave un facteur deacuteterminant qui pourrait
expliquer cette forte preacutesence des entrepreneurs dans le reacuteseau individuel de notre eacutechantillon
23 La variable KNOWENT varie avec le niveau de deacuteveloppement du pays
Eacutetant donneacute que cette variable reflegravete un type particulier de relation social il faudrait des
eacutechantillons beaucoup plus larges et une observation de la variabiliteacute sur le long terme pour
pouvoir en deacuteterminer les facteurs qui peuvent agir sur le niveau de ce type de lien Par
exemple Cette variabiliteacute srsquoobserve selon le niveau de deacuteveloppement du pays ARDAGNA
S LUSARDI A ont montreacute que la variable KNOWENT diffegravere selon le niveau de revenu par
229
tegravete drsquohabitant656 En effet par rapport agrave lrsquoenquecircte de 2001 ils sont seulement 18 des
individus dans les pays pauvres qui deacuteclarent ecirctre en contact avec un entrepreneur657 Dans les
pays agrave haut revenu ils sont 3546 Dans les pays se trouvant dans la tranche supeacuterieure et
infeacuterieure du niveau moyen de revenu ils sont respectivement 444 et 35 posseacutedant une
relation avec un entrepreneur actif Ces chiffres montrent certes une relative diffeacuterence entre les
pays mais il faudrait prendre ce constat avec preacutecaution Ces auteurs calculent la valeur
moyenne de la variable KNOWENT pour les pays pauvre en 2001 et 2002 pour un seul pays
lrsquoinde Mais lorsqursquoon calcule cette variable par rapport aux donneacutees de 2013 les reacutesultats
changent complegravetement En effet les niveaux les plus eacuteleveacute sont observeacutes plutocirct dans les pays
pauvres Le tableau suivant preacutesente les valeurs moyennes de la variable KNOWENT en
fonction des cateacutegories de revenus des pays 658
Tableau 37 La variable KNOWENT selon le niveau de revenu par tecircte en 2013
KNOWENT
Faible
revenue
Tranche infeacuterieur
du revenue
intermeacutediaire
Tranche supeacuterieure
du revenue
intermeacutediaire
Revenu
intermeacutediaire
Revenue
eacuteleveacute
Oui en 7246 5617 3785 4104 2990
Ecart-type 045 0490 0480 049 0450
Total 4597 18377 87158 105535 111246
Source calcul de lrsquoauteur selon les donneacutees de lrsquoenquecircte GEM de 2013 et le classement des pays selon les
cateacutegories de revenus de la banque mondiale tireacutees du rapport laquo world development indicators 2013 International
Bank for Reconstruction and Development The World Bank 145 pages pp 20-25
Ce tableau montre bien la diffeacuterence de lrsquoimportance relative de la connaisse drsquoun
entrepreneur entre les cateacutegories de revenu Les moyennes les plus eacuteleveacutees sont enregistreacutees
dans les ays pauvres et la moyenne la plus faible est enregistreacutee dans les pays les plus riches
LrsquoAlgeacuterie avec un revenu par tecircte de 8310$ se place dans la tranche supeacuterieure des revenus
moyens la valeur de la variable Knowent enregistreacutee cette anneacutee est bien supeacuterieure agrave la
moyenne des pays de sa cateacutegorie qui se situe agrave 41 Ces reacutesultats semblent indiquer que la
possession des individus dun lien avec des entrepreneurs nrsquoest pas neutre par rapport au contexte
eacuteconomique du pays
656 ARDAGNA S LUSARDI A explaining international differences in entrepreneurship the role of individual characteristics and regulatory constraints NBER working papers 2008 pp1-52 p 40 httpwwwnberorgpapersw14012 657 Il srsquoagit du classement de la banque mondiale de 2005 Les groupes sont faible revenue 875$ ou moins Revenu intermeacutediaire de la tranche infeacuterieur 876-3465$ Revenu intermeacutediaire de la tranche supeacuterieur 3466-10725$ revenu eacuteleveacute 10726$ et plus 658 Il srsquoagit du classement de la banque mondiale de 2005 les pays agrave faible revenu lorsque Les groupes sont faible revenue 1025$ ou moins Revenu intermeacutediaire de la tranche infeacuterieur 1026-4036 $ Revenu intermeacutediaire de la tranche supeacuterieur 4037-
12475$ revenu eacuteleveacute 12476$ et plus
230
Crsquoest dans ce sens quont pourrait aussi observer la variable KNOWENT par rapport au
niveau de deacuteveloppement des pays A ce titre les donneacutees annuelles de GEM fournissent la
possibiliteacute drsquoexaminer cette variable selon les niveaux de compeacutetitiviteacute Ce denier est fourni par
The Global Competitiveness Index du Forum Economique Mondiale La compeacutetitiviteacute est
deacutefinie selon cet organisme comme lrsquoensemble des institutions des politiques gouvernementales
et des facteurs qui deacuteterminent le niveau de productiviteacute dans un pays et forment son potentiel de
croissance659 Il existe douze facteurs pouvant deacuteterminer cette compeacutetitiviteacute Le tableau suivant
preacutesente ces facteurs et donne quelque exemple drsquoindicateur de mesure
Tableau 38 Facteurs de compeacutetitiviteacute selon Le Global Competitiveness index
Facteurs De Competitivite (12) Quelques Indicateurs
1 Institutions Droit de proprieacuteteacute indeacutependance judicaire corruption
2 Infrastructure Reacuteseau routier transport teacuteleacutecommunication
3 Environnement Macroeacuteconomique Inflation Taux dinteacuterecirct Deacuteficit Budgeacutetaire
4 Santeacute Et Education Primaire Mortaliteacute infantile taux de scolarisation primaire
1 Enseignement Supeacuterieur Et
Formation Formation Continue Accegraves Internet Taux dinscription Universitaire
2 Efficience De Marcheacute De Biens Intensiteacute De La Concurrence Locale Proceacutedure Pour Creacuteation drsquoentreprise
Barriegravere A lexportation
3 Efficience Du Marcheacute De Travail Pratique de recrutement attractiviteacute des talents participation feacuteminine dans
la population active
4 Deacuteveloppement Du Marcheacute
Financier Faciliteacute accegraves au creacutedit capital risque
5 Preacuteparation A La Technologie Accegraves aux nouvelles technologies tic
6 Taille Du Marcheacute Taille marcheacute local et international
7 Sophistication Du Commerce Pratiques marketing qualiteacute des fournisseurs locaux
8 Innovation Deacutepenses en rampd accegraves aux chercheurs brevet protection proprieacuteteacute
intellectuelle
Source The Global Competitiveness Report 2013ndash2014 Full Data Edition 2013 by the World Economic Forum
551pages p 322-323
Selon lrsquoestimation de ces facteurs les pays seront classeacutes dans trois cateacutegories Qui
traduisent le stade de deacuteveloppement dans lequel il se trouve La premiegravere regroupe les pays
qui enregistrent les valeurs les plus faible de ces critegraveres et seront consideacutereacutes comme en premiegravere
phase de deacuteveloppement Geacuteneacuteralement se sont les pays dont la performance est tireacutee par
lexploitation dune ressource naturelle une main drsquoœuvre bon marcheacute (factor driven economy)
Lorsque le cadre institutionnel les capaciteacute en termes drsquoinfrastructure la qualiteacute lrsquoeacuteducation
ameacuteliorent le niveau de productiviteacute le pays est inscrit dans la deuxiegraveme phase de
deacuteveloppement (efficiency driver economy) et enfin lorsque lrsquoinnovation et lrsquoameacutelioration des
conditions de production deacuteterminent la productiviteacute globale du pays ce dernier est placeacute dans la
659 The Global Competitiveness Report 2013ndash2014 Full Data Edition 2013 by the World Economic Forum 551pagesp4
231
troisiegraveme phase de deacuteveloppement (innovation driven economy) Avant 2013 tous les
indicateurs citeacutes plus haut placcedilaient lrsquoAlgeacuterie dans la phase premiegravere de deacuteveloppement Mais
apregraves cette date lrsquoAlgeacuterie est consideacutereacutee en 2013 comme un pays en transition vers la seconde
phase de deacuteveloppement
Lorsqursquoon calcul la moyenne de la variable KNOWENT selon les trois phases de
deacuteveloppement nous constatons que le pourcentage des reacuteponses positives diminue agrave mesure
que lrsquoon passe drsquoune phase agrave lrsquoautre En 2013 ils sont 5558 dans les pays les mois compeacutetitifs
qui deacuteclarent connaitre un entrepreneur alors que dans les pays les plus avanceacutes ils sont
seulement 284 (Tableau35) Ce constat reste stable sur les trois derniegraveres anneacutees ce qui
semble joindre drsquoune part le reacutesultat preacuteceacutedant qui montre une certaine relation avec le niveau de
revenu et drsquoautre part conforte lrsquohypothegravese que la distribution des reacuteponses de la variable
KNOWENT est quelque part lieacutee agrave lrsquoambiance eacuteconomique qui caracteacuterise les diffeacuterents pays
Graphique 17 La variable KNOWENT selon le stade de deacuteveloppement et de compeacutetitiviteacute
Source calculs de lrsquoauteur selon les donneacutees APS de 201120121 et 2013
Sur la peacuteriode 2011-2013 lrsquoAlgeacuterie selon le Global Competitveness Index est placeacutee dans les
pays en transition vers la phase 2 de deacuteveloppement Les moyennes de la variable KNOWENT
qui concerne lrsquoAlgeacuterie sur cette peacuteriode sont bien supeacuterieures agrave celles enregistreacutees dans les pays
de sa cateacutegorie
24 Connaitre un entrepreneur dans les pays du MENA
Pour comparer avec des pays appartenant agrave la mecircme reacutegion geacuteographique le calcul de la
variable KNOWENT pour les pays arabes de la reacutegion du MENA montre que le pourcentage des
reacuteponses positives le plus eacuteleveacute est enregistreacute en Algeacuterie Comme le montre le tableau suivant la
Tunisie et la Syrie enregistrent le taux le plus faible
4688
5356 5558
4460
50464647
3684 3624 38093419 3431
3650
2910 2990 2841
000
1000
2000
3000
4000
5000
6000
2011 2012 2013
phase 1 Economies fondeacutees sur un facteur transition vers phase 2phase 2 Economies fondeacutees sur lrsquoefficience transition vers phase3
232
Tableau39 Connaitre un entrepreneur dans les pays du MENA en 2009
KNOWENT (oui) 2009 2011 2012 2013
Algeacuterie (1) 6307 491 596 526
Iran (2) 5008 36 413 433
Maroc (3) 4971
Liban (4) 4900
Cisjordanie et bande de gaza (5) 4874 - 4054 -
Emirats arabes unis (6) 4863 3297 - -
Jordanie (7) 4786
Arabie saoudite (8) 4412
Yeacutemen (9) 4093
Tunisie (10) 3689 - 3539 -
Syrie (11) 3375
Egypte
413 -
Libie - - 27
Source APS GEM 2009 20112012 les pourcentages sont calculeacutes sur la base des les reacuteponses valides
Par comparaison agrave la moyenne mondiale mais aussi par rapport au stade de
deacuteveloppement des pays Il ressort ainsi que le niveau enregistreacute en Algeacuterie est particuliegraverement
eacuteleveacute La question qui se pose agrave preacutesent est de savoir comment cette variable va se comporter
par rapport agrave la participation des individus ou non dans le processus entrepreneurial
3 Connaitre un entrepreneur et la participation dans le processus entrepreneurial
On peut remarquer lrsquoeacutecart marquant entre ceux qui connaissent des entrepreneurs et participent
dans le processus entrepreneurial (5112) et ceux qui connaissent aussi des entrepreneurs mais
qui ne srsquoimpliquent dans lrsquoactiviteacute de creacuteation ou de deacuteveloppement drsquoune entreprise (3482)
Le rapport entre les deux groupes respectifs est de lrsquoordre de 146 Cela suggegravere qursquoil y une
relation associant le fait drsquoavoir un entrepreneur dans son reacuteseau social et la participation dans
les diffeacuterentes eacutetapes de creacuteation et de deacuteveloppement des jeune entreprise
Tableau 40 La variable KNOWENT pour tout les participants dans qui suppose lle
processus entrepreneurial
KNOWENT Total
Non oui
PARTICP non Effectif 1230 1305 2535
6518 4888 5563
oui Effectif 657 1365 2022
3482 5112 4437
Total Effectif 1887 2670 4557
10000 10000 10000
Source auteur reacutesultats du tri croiseacute sous SPSS
233
Les reacutesultats du test de khi deux confirme lrsquoexistence de cette relation sur le plan
statistique La valeur de khi deux figurant dans le tableau suivant est tregraves importantes (11902)
avec un niveau de risque drsquoerreur tregraves faible Cependant la valeur de V de Cramer montre que
a lrsquointensiteacute de la relation es faible Ce qui va ecirctre confirmeacute lorsqursquoon proceacutedera agrave la reacutegression
logistiques
Tableau 41 Reacutesultat des tests de chi deux
Valeur Signification asymptotique (bilateacuterale)
Khi-deux de Pearson 119102 000
Phi 0162 000
V de Cramer 0162 000
Source reacutesultats du tri croiseacute sous SPSS
31Connaitre un entrepreneur dans les diffeacuterentes eacutetapes du processus entrepreneurial
Le tableau suivant donne les reacutesultats des croisements entre la variables KNOWENT et
les variables POTENT INTENT EMERGE SURVI qui respectivement identifie les personnes
en situation drsquoentrepreneuriat potentiel drsquointention drsquoentreprendre drsquoeacutemergence de lrsquoentreprise
et de survie Ils sont 1624 qui son consideacutereacute comme potentiellement entrepreneurs 196 qui ont
entrepris certaines actions qui traduisent leur intention reacuteelle drsquoentreprendre 280 que lrsquoon
pourrait consideacuterer comme des entrepreneurs eacutemergeant et enfin 264 gegraverent une entreprise qui
cherchent agrave se maintenir sur le marcheacute Par rapport agrave ces entrepreneurs ou futurs entrepreneurs
le tableau 36 restitue les freacutequences de la variable KNOWENT qui permet de constater srsquoil
existe une diffeacuterence entre ceux qui possegravedent une relation avec un entrepreneur et ceux qui ne
la possegravede pas
Tableau 42 reacuteseau social des entrepreneurs et des non entrepreneurs
KNOWENT
Variables du processus entrepreneurial Non Oui Total Ouinon
POTENT 36 64 1624 178
INTENT 23 77 196 335
EMERGE 16 84 280 525
SURVIE 27 73 264 27
Source auteur selon les donneacutees de lrsquoenquecircte
Si nous observons la colonne des reacuteponses positives nous constatons drsquoabord que le
pourcentage les plus eacuteleveacute est constateacutes dans la phase ougrave les lrsquoentreprise vient drsquoeacutemerger crsquoest agrave
dire que lrsquoentreprise devient un objet reacuteelle et actif sur le marcheacute et reacutealise des recettes qui
234
permettent au proprieacutetaire ou le dirigeant de recevoir un revenu Le taux le plus faible (64)
est constateacute dans la phase de lrsquoentrepreneuriat potentiel ougrave rien nest encore entrepris
Cependant la comparaison simultaneacutee entre les quatre phases permet de voir que plus les
individus srsquoimpliquent dans le processus plus la mobilisation de ce type de relation ne
srsquoaccentue La derniegravere colonne reacutevegravele en effet que dans la phase deacutemergence le taux de
reacuteponses positives repreacutesente cinq fois celui des reacuteponses neacutegatives Alors que ce ratio eacutetait de
(178 ) dans la phase de lrsquoentrepreneuriat potentiel Mais loque lrsquoentreprise deacutepasse ce stade
drsquoeacutemergence et peacutenegravetre dans une eacutetape de maintien sur le marcheacute ce ration diminue (27) Il est
fort possible que dans la phase de survie drsquoautre type de relation deviennent plus pertinentes et
plus utiles que les entrepreneurs eacutetablis comme les fournisseurs les clients les banquiers
Ce qui doit drsquoecirctre souligneacute ici est la faiblesse que lrsquoon pourrait constater dans les
phases amont laquo entrepreneuriat potentiel et la phase aval de lrsquoentrepreneuriat ougrave lrsquoentreprise a
deacutepasseacute le stade de lrsquoeacutemergence et lutte pour sa survie Dans ces deux eacutetapes ceux qui ont
reacutepondu par un oui sont respectivement 17 et 27 fois plus nombreux que ceux qui ont reacutepondu
par un non Pour veacuterifier si ce reacutesultat est le fait seulement des donneacutees de lrsquoAlgeacuterie ou pouvant
ecirctre constateacute mecircme en observant les donneacutees drsquoautres pays nous suggeacuterons dans le titre suivant
de voir comment la variable KNOWENT va se comporter lorsque des entrepreneurs drsquoautre pays
sont interrogeacutes
32 Utilisation de la relation avec des entrepreneurs dans drsquoautre pays
Les reacutesultats preacuteceacutedant meacuteritent en effet drsquoecirctre compareacutes avec drsquoautre pays En utilisant les
mecircmes variables le graphique suivant preacutesente les pourcentages des reacuteponses positives des
participants dans le processus entrepreneurial lorsqursquoils eacutetaient interrogeacutes sur la connaissance
drsquoun entrepreneur 2013660
Graphique 18 Knowent dans le processus entrepreneurial comparaison en Algeacuterie et dans
LrsquoEacutechantillon global de 2013
Source calcul de lrsquoauteur
660 Pour faire cette comparaison nous utilisons les donneacutees comportant les valeurs manquantes aussi bien pour lrsquoeacutechantillon de
lrsquoAlgeacuterie ou de lrsquoeacutechantillon global de 2013
5041
7193
8710
6716
51766214
6750
5210
000
2000
4000
6000
8000
10000
POTENT INTENT EMERGE SURVIE
ALGERIE
APS2013
235
Le graphique montre tout drsquoabord que les pourcentages enregistreacutes en Algeacuterie sont supeacuterieurs
agrave la moyenne mondiale dans chaque phase Pour lrsquoeacutechantillon enquecircteacute en Algeacuterie ou pour le
groupe de pays le graphique montre une grande similitude du comportement de la variable d
KNOWENT La distribution des reacuteponses forment une courbe en grand U inverseacute Les
pourcentages les plus faibles correspondent aux personnes qui affichent une preacutefeacuterence pour
lrsquoauto emploi et la creacuteation drsquoentreprise mais agrave mesure que la deacutecision est prise et lrsquoengagement
devient reacuteel la connaissance des entrepreneurs devient plus preacutesentes dans le contexte des
personnes interrogeacutees Apregraves leacutemergence de lrsquoentreprise la connaissance ne semble pas
repreacutesenter la mecircme importance pour les personnes interrogeacutees Ils sont seulement 52 qui
deacuteclarent connaitre un entrepreneur
Pour srsquoassurer davantage de la validiteacute de ce reacutesultat qui nous semble important nous
tenterons dans ce qui suit de voir ce constat se veacuterifie lorsqursquoon raisonne en terme de niveau de
deacuteveloppement du pays nous preacutesenterons dans le titre suivant les reacutesultat de croisement de la
variable KNOWENT avec les quatre variables du processus entrepreneurial mais en faisant la
distinction entre les trois phase de deacuteveloppement citeacutees plus haut
Graphique 19 KNOWENT dans le processus entrepreneurial selon les cinq phases du
deacuteveloppement
2011 2012 2013
Eacuteconomie fondeacutee sur un facteur Transition vers phase defficience Economie fondeacutee sur
lefficience
Transition vers innovation Economie fondeacutee sur linnovation
Source auteur selon les donneacutees APS de 20112012 et 2013
Toutes les lignes sont sous forme drsquoun grand U inverseacute ce qui montre que la nature du lien
entre la variable KNOWENT et le processus entrepreneurial constateacute preacuteceacutedemment reste
valable lorsque introduit le critegravere de niveau de deacuteveloppement dans lrsquoanalyse Mais ce qui
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
72
78
7873
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
70
7975
69
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
236
inteacuteressant de voir est la ligne correspondant au pays se trouvant dans le premier stade de
deacuteveloppement dont la compeacutetitiviteacute est fondeacute sur un facteur Sur cette peacuteriode il semble que
la connaissance drsquoun entrepreneur est beaucoup plus marqueacutee dans les phases drsquoengagement
dans la creacuteation drsquoentreprise (phase intention) mais apregraves cette phase nous remarquons que le
pourcentage diminue Contrairement aux autres stades de deacuteveloppement la diminution des
pourcentages commence apregraves la phase drsquoeacutemergence comme si lrsquoentrepreneur est contacteacute
principalement dans la phase de montage du projet ou bien ceux qui ont reacuteussies sont consideacutereacutes
comme un modegravele que lrsquoon pourrait imiter (the role model)
A ce titre plusieurs recherches empirique ont constateacute le me pheacutenomegravene SHIROKOVAG661 a
analyseacute la dynamique du reacuteseau social dans les phases de naissance662 (birth) et de survie
(survival) des nouvelles entreprises en Russie sur la peacuteriode 2006-2008 En utilisant la variable
de KNOWENT comme indicateur du niveau de reacuteseautage des entrepreneurs la phase de
naissance est la plus mobilisatrice de la relation avec de entrepreneurs aucune relation
statistique nrsquoa eacuteteacute trouveacutee dans la phase de survie Les deux graphiques ci dessous montre le
comportement diffeacuterencieacute de la variable KNOWENT dans la phase de naissance de lrsquoentrepris et
dan la phase de survie La ligne en gras montre la moyenne de la variable KNOWENT alors que
les lignes numeacuteroteacutee de 1 agrave 3 sont les valeurs de la variable KNOWENT pour 20062007 et
2008 Le graphique agrave gauche (KNWOENT TEA) montre bien que la naissance de lrsquoentreprise
est deacutependante du nombre de reacuteponse positive de KNOWENT alors que dans le graphique de
droite la variation de la variable de survie est neutre par rapport agrave la variation de la variable
KNOWENT
661 SHIROKOVAG Comparison of Social Network Influence on Birth and Survival Stages of Entrepreneurial firm Evidence from GEM Data 2009 662 Cet auteur utilise la variable TEA pour identifier la phase de naissance de lrsquoentreprise par rapport agrave notre conception du
processus entrepreneurial elle correspond agrave la somme des personnes en phase drsquointention et drsquoeacutemergence
237
Graphique 20 Relation entre la variable TEA et survie AVEC LA VAIAL KNOWENT
Russie 2006-2008
Source SHIROKOVAG Comparison of Social Network Influence on Birth and Survival Stages of Entrepreneurial
firm Evidence from GEM Data 2009p 16
Les reacutesultats obtenus de lrsquoanalyse des donneacutees de lrsquoAlgeacuterie et la comparaison avec des
donneacutees internationales reacutevegravelent que la relation entre le reacuteseau social et la participation dans le
processus entrepreneurial ne peut ecirctres du au hasard Crsquoest pourquoi dans le titre suivant nous
permettrons en relief les reacutesultats du test de chi deux qui va nous permettre se de se prononcer
que la relation statistique entre la variable de KNOWENT et les variable POTENT INTENT
EMERGE et SURVIE
Tableau 43 Reacutesultat du test de Che-2
Processus
entrepreneurial
Khi-deux de
Pearson
Signification
asymptotique
(bilateacuterale)
La statistique
Phi
Signification
approximeacutee
POTENT 33724 0000 0086 0000
INTENT 28734 0000 0079 0000
EMERGE 78940 0000 0132 0000
SURVIE 24335 0000 0073 0000
Source auteur selon les donneacutees GEM
Pour les quatre croisements reacutealiseacutes les valeurs du Che-2 sont relativement implorantes
Pour rappel ces valeurs indiquent lrsquoexistence drsquoun eacutecart important entre une hypothegravese nulle qui
postule lrsquoindeacutependance des variables et lrsquohypothegravese vraie qui indique leur deacutependance et drsquoautre
part Par ailleurs les niveaux de signification qui en reacutesultaient sont tregraves faibles (plt0005) Ce
qui reacutevegravele que cette deacutependance est statistiquement significative et lrsquohypothegravese selon laquelle la
participation dans le processus entrepreneurial est indeacutependante de la possession drsquoune relation
238
avec un entrepreneur doit ecirctre rejeteacute Les valeurs de la statistique Phi reacutevegravelent par contre une
intensiteacute faible toute en restant significative (plt005) de cette relation Pour les autres relations
eacutetudieacutees elle nrsquoa pas deacutepasseacute les 02 Cette faiblesse est peut ecirctre normale agrave partir du moment ougrave
il pourrait y avoir drsquoautre variables qui non pas eacuteteacute consideacutereacutees dans cette recherche La valeur
de Phi dans la phase drsquoeacutemergence est la plus eacuteleveacute parmi les quartes phases eacutetudieacutees ce qui
montre que cette eacutetape est plus mobilisatrice de ce genre de relation La phase de survie
enregistre par contre la valeur de Phi la plus faible Cela tait attendu puisque dans la description
de la variable KNOWENT dans cette phase les pourcentages des reacuteponses positive eacutetaient les
plus faible dans cette eacutetapes que ce soit dans notre eacutechantillon que dans les eacutechantillons chois
pour la comparaison internationale
4 la contribution dans le financement drsquoautres entreprises
Pour cerner cette dimension du capital social nous utilisons une seule variable BUSANG
Seules les reacuteponses valides ont eacuteteacute retenues pour lrsquoexploitation de cette variable notamment dans
la reacutegression logistique qui se fera dans la troisiegraveme section Apregraves la suppression des valeurs
manquantes lrsquoeacutechantillon interrogeacute passe de 12591 (APSI) agrave 4557 individus ( APS II) soit une
diminution de 63 La diffeacuterence entre les freacutequences relatives de cette variable dans les deux
bases de donneacutees nrsquoa pas trop modifieacute la structure des reacuteponses Dans la base originale ils sont
96 des personnes interrogeacutees qui deacuteclarent avoir participeacute dans le financement drsquoautres
entreprises Leur nombre augmente leacutegegraverement pour passer agrave 111 dans la seconde base de
donneacutees soit une diffeacuterence de 15 point de pourcentage
Tableau 44 comparaison de la variable BUSANG avant et apregraves la suppression des
valeurs manquantes
APS II APS I
Effectifs (2) Effectifs (1) (1) -(2)
Non 4050 889 11282 896 -07
Oui 507 111 1215 96 15
Total 4557 1000 12591
100
0
Sources auteur donneacutees de lrsquoenquecircte
Ce pourcentage repreacutesente la moyenne de 2009 agrave 2011 Lorsqursquoon deacutecline cette variable
par anneacutees drsquoenquecircte la diffeacuterence des reacuteponses positives nrsquoa pas enregistreacute des diffeacuterences
importantes sauf pour lrsquoanneacutee 2009 et 2011 ougrave elle excegravede 2 Sur les quartes anneacutees la part
des reacuteponses positives reste relativement stable exception faite pour lrsquoanneacutee 2011 ougrave leur
nombre est le plus eacuteleveacute (155) ce qui est aussi le cas avant la suppression des valeurs
239
manquantes (1316) Le constat que lrsquoon pourrait tireacutes de ces reacutesultats est qursquoune partie non
neacutegligeable drsquoindividus qui sont actifs dans le monde de lrsquoentrepreneuriat non seulement par la
creacuteation de leur propre entreprise mais par la contribution dans lrsquoeacutemergence drsquoautres entreprises
Tableau 45 La variable BUSANG dans les quatre anneacutees drsquoenquecircte
Anneacutees
APS II APS I (2) ndash (1)
Effectifs (2) Total Effectifs (1) Total
2009 Non 456 9048
504 1811 9359
1935
Oui 48 952 124 641 311
2011 Non 1129 8451
1336 2705 8557
3161
Oui 207 1549 416 1316 233
2012 Non 1816 9085
1999 4553 9115
4995
Oui 183 915 430 861 054
2013 Non 649 9039
718 2213 8852
2500
Oui 69 961 245 980 -019
Sources auteur donneacutees de lrsquoenquecircte
41 Financement informel selon une comparaison internationale
La comparaison avec la moyenne mondiale calculeacutee sur la peacuteriode 2000 agrave 2013 montre
que les pourcentages enregistreacutes en Algeacuterie sont relativement importants et reacutevegravelent limportance
de lrsquoinformel dans lactiviteacute entrepreneuriale Mais au delagrave de lrsquoactiviteacute informelle la forte
implication des individus dans lrsquoinvestissement reacutealiseacutes par les autres reacutevegravele aussi le
deacuteveloppement des investisseurs providentiels (business Angel)
Tableau 46la variable BUSANG la moyenne mondiale entre 2000 et 2013
BUSANG 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013
Non 971 974 974 973 973 972 972 967 962 969 94 947 943 936
Oui 29 26 26 27 27 28 28 33 38 31 6 53 57 64
Total 46366 66267 115343 96497 142888 117465 170969 154691 134428 182580 176091 161569 197623 243679
Source calcul de lrsquoauteur selon les diffeacuterentes bases de donneacutees APS de GEM de 2000 agrave 2013
Les moyennes enregistreacutees pendant la peacuteriode ougrave lrsquoAlgeacuterie a participeacute dans le projet
GEM sont plus eacuteleveacutees que les moyennes mondiales dont la valeur maximale est observeacutee en
2013 Cependant les enquecirctes effectueacutees en Algeacuterie se sont deacuterouleacutees apregraves lrsquoeacuteveacutenement de la
crise financiegravere de 2008 Cette crise pour plusieurs recherches empirique a engendreacute un fort
durcissement des conditions de creacutedits destineacutes aux PME et agrave la creacuteation drsquoentreprises cela en
deacutepit des politiques drsquoassouplissement moneacutetaire663
663Lrsquoimpact de la crise mondiale sur le financement des PME et de lrsquoentrepreneuriat et les reacuteponses en termes drsquoaction des
pouvoirs publics Centre pour lrsquoentrepreneuriat les PME et le deacuteveloppement local OCDE 200982 page p25
240
Dans ce contexte le financement par les intermeacutediaires financiers comme le capital-
risque664 pourtant tregraves actifs dans lrsquoactiviteacute entrepreneuriale est devenus plus oneacutereux agrave cause
des coucircts de transaction665 (coucirct de lrsquoexpertise de lrsquoassurance) car opeacuterant dans un
environnement devenu moins profitable Ces deux causes combineacutees ont dessineacute un contexte
favorable au deacuteveloppement des financements informel
Les reacutesultats enregistreacutes en Algeacuterie ne peuvent pas ecirctres consideacutereacutes comme une reacuteaction
directe agrave la crise financiegravere par ce que drsquoune part il faudrait une seacuterie logue pour pouvoir
observer un changement eacuteventuel des comportements et drsquoautre part la probleacutematique de
financement du secteur priveacute a eacuteteacute toujours eacutevoqueacute pour justifier la faiblesse de la dynamique
entrepreneuriale et cela mecircme dans lrsquoaisance financiegravere des derniegraveres anneacutees666 Ainsi nous ne
placcedilons pas la variable BUSANG dans ce deacutebat Le fait qursquoil ya des individus qui acceptent de
financer drsquoautre projet drsquoinvestissement reflegravete dans certaine mesure le niveau dencastrement
dans des reacuteseaux relationnels qui selon notre hypothegravese produisent des avantages pour celui qui
y participe notamment dans la creacuteation de sa propre entreprise Nous le consideacuterant ainsi comme
une dimension du capital social individuel
Cependant dans ce stade de la description les reacutesultats trouveacutes pour cette variable neacutecessitent
une lecture comparative avec drsquoautres eacuteconomies et drsquoautre socieacuteteacute Le but est drsquoarriver agrave
relativiser les chiffres En effet la recherche empirique abonde de travaux sur les facteurs qui
agissement sur ce type de comportement Le niveau de revenu des personnes constituent agrave ce
titre une des principales hypothegraveses
42 Investissement informels et niveau de revenu individuel
Plus le revenu augmentent plus il y a de forte de chance quun individu pensent agrave la
contribution dans le financement des autres Dans lrsquoanalyse des reacuteponses de 5960 investisseurs
informels entre 2001 et 2003 SZERBLS et al montrent dans une reacutegression multinomiale un
lien positif entre le niveau de revenu et des activiteacutes entrepreneuriales lanceacutees par drsquoautres
individus Seulement cette relation diffegravere en termes drsquointensiteacute selon le type drsquoinvestisseurs
informels667 Ces auteurs considegraverent lrsquoexistence de quatre types qui nrsquoont pas le mecircme
comportement lorsqursquoil srsquoagit de financer ou non la creacuteation drsquoentreprise
1) des investisseurs non expeacuterimenteacutes et financcedilant des membres de la famille
664 KETTANI G VILLEMEUR A Le capital-risque un financement efficace de linnovation sur le long terme Revue deacuteconomie financiegravereNdeg108 2012 pp 91-104p 93 665 MASONCM T HARRISONR Business angel investment activity in the financial crisis UK evidence and policy implications Environment and Planning C Government and Policy Ndeg 11 2014pp 666Voir a titre le travail deacutejagrave citeacute dans lrsquointroduction de BOUYACOUBA le rationnement drastique du creacutedit au secteur priveacute en Algeacuterie pourquoi 667 SZERB LS et al Seeding New Ventures ndash Green Thumbs and Fertile Fields Individual and Environmental Drivers of
Informal Investment Venture Capital Vol 9 No 4pp 257 ndash 284 p 275
241
2) des investisseurs non expeacuterimenteacutes et financcedilant des eacutetrangers au cercle familial
3) des investisseurs expriment dans la gestion mais financcedilant des membres de la famille
4) des investisseurs expeacuterimenteacutes mais financcedilant des individus eacutetrangers au cercle familiales
Seuls les trois derniers cas le niveau de revenu un impact significatif et positif dans la
deacutecision de financer les autres En utilisant le mecircme proceacutedeacute statistique MAULA M et al ne
trouvent dans le contexte de la Finlande entre2000 et 2002 aucune relation significative entre le
revenu et le fait de devenir un investisseur informels668
Par rapport agrave notre eacutechantillon de lrsquoeacutetude l croisement entre la variable (BUSNAG) et la
variable INCOM donne les reacutesultats suivants
Tableau 47 Le niveau de revenu des investisseurs informels entre 2009 et 2013
INCOM
Total Faible Moyen Eleveacute
BUSAN
G
Non Effectif 1347 1296 1407 4050
922 911 841 889
Oui
Effectif 114 126 267 507
(78) (89) (159
) 111
Total Effectif 1461 1422 1674 4557
1000 1000 1000 1000
Source calcul de lrsquoauteur selon les donneacutees de lrsquoenquecircte
Ils sont presque 16 parmi les personnes se trouvant dans la tranche supeacuterieure des
revenus qui ont contribueacute dans le financement des autres Leur volume repreacutesente ainsi deux fois
ceux qui investissent leurs capitaux mais se trouvant ans des tranche infeacuterieur de revenu Cette
lecture suppose donc un lien positif entre le revenu dont dispose la personne et sont offre de
capitaux dans le domaine de lrsquoentrepreneuriat Agrave ce stade nous ne voulons pas en veacuterifier cette
relation la matrice des correacutelations qui sera deacuteveloppeacute dans la seconde section devra mettre en
relief la nature du lien entre ces deux variables
Si la participation dans le financement des autres semble lieacute au revenu agrave lrsquoeacutechelle individuel
serait-il le cas lorsqursquo on raisonne agrave lrsquoeacutechelle macroeacuteconomique autrement dit est ce dans les
pays les riches produisent plus drsquoinvestisseur de ce genre par rapport au pays les plus pauvres Le
titre suivant restitue les reacutesultats du croisement entre les tranches de revenus par tecircte et les
effectifs des variables BUSEANG
668 MAULA M et al What Drives Micro-Angel Investments Small Business Economics Ndeg 252005pp459ndash475p 469
242
43 Comparaison selon le niveau de deacuteveloppement des pays
Le tableau ci-dessous montre une relation neacutegative entre le niveau de revenu et le nombre
drsquoindividus participant dans le financement informel des activiteacutes entrepreneuriales Ils sont en
effet 204 dans les ays agrave faible revenu alors que dans les pays les pus riches leur nombre est
de 45 Les pourcentages calculeacutes pour le cas de lrsquoAlgeacuterie sont coheacuterents avec ceux enregistreacutes
dans les pays agrave revenu intermeacutediaire
Tableau 48 La variable BUSANG selon le revenu par tecircte drsquohabitant en 2013
BUSANG Faible
revenue
Tranche infeacuterieur
du revenu
intermeacutediaire
Tranche supeacuterieure
du revenue
intermeacutediaire Revenu
intermeacutediaire
Revenue
eacuteleveacute
Oui en 204 89 79 81 45
Ecart-
type 403 284 270 273 207
Total 4607 18422 88028 106450 112113
Source calcul de lrsquoauteur selon les donneacutees de APS GEM 2011 2012 et 2013
Le mecircme constat peut ecirctre fait lorsqursquoon deacutecline la variable BUSANG en fonction du
niveau de compeacutetitiviteacute tel que deacutefini par Le forum eacuteconomique mondiale En effet le graphique
suivant donne le pourcentage des reacuteponses positives selon que le pays est au stade de
deacuteveloppement baseacute sur un facteur sur lrsquoefficience ou sur lrsquoinnovation Lrsquoimportance
quantitative des investisseurs providentiels semble ecirctre un trait distinctif entre les diffeacuterents
pays La par des personnes dans les pays les moins avanceacutes (eacuteconomie baseacutee sur un facteur) qui
deacuteclarent avoir octroyeacute des fonds agrave drsquoautres entrepreneurs est 3 fois supeacuterieure de ce qui est
enregistreacute dans les pays les plus deacuteveloppeacutes (eacuteconomie baseacutes innovation) en 2013 et de 27 fois
en 2012 Les reacutesultats de la variable BUSANG preacutesents dans le tableau sont coheacuterents avec ce
qui est observeacute dans les pays qui srsquoefforcent de transiter vers un stade de deacuteveloppement
supeacuterieur
Graphique 21 La variable BUSANG selon le stade de deacuteveloppement de 200112012 et
2013
688
1034
1254
607
959 877
499608
468625
525
888
406 379 366
000
500
1000
1500
2011 2012 2013
phase 1 Economies fondeacutees sur un facteur transition vers phase 2
phase 2 Economies fondeacutees sur lrsquoefficience transition vers phase3
phase 3 Economies fondeacutees sur lrsquoinnovation
243
Source auteur selon les donneacutees APS de GEM 2011 2012 et 2013
44 Destination des financements informels
La diffeacuterence numeacuterique entre du nombre des personne qui srsquoimpliquent dans le
financement des autres cache en fait une diffeacuterence en terme de qualiteacute des relations aux quelles
sont destineacutes ces fonds cest-agrave-dire les individus ont des preacutefeacuterences sur la personne qui peut
beacuteneacuteficier de leur aide ou de leur investissement De ce fait il est neacutecessaire agrave preacutesent de voir agrave
qui sont destineacute ces fonds Dans le questionnaire utiliseacutes par les enquecircteurs de GEM il a eacuteteacute
preacutevus une question669 qui demande aux personnes interrogeacutees drsquoindiquer selon un six
possibiliteacutes la nature de la relation qui a beacuteneacuteficier des fonds octroyeacutes par ces investisseurs
Les reacuteponses sont organiseacutees dans une variable cateacutegorielle appeleacutee laquo BAREL raquo Bien
entendu cette question est destineacutee seulement aux personnes qui ont reacutepondu positivement
lorsqursquoon leur a demandeacute si oui on non ils ont fournis des ressources financiegravere agrave drsquoautre
entrepreneurs autrement lorsque la variable BUSANG prend la valeur de 1 Nous preacutesenterons
les reacutesultats pour le cas de lrsquoAlgeacuterie ensuite nous ferons le point sur ce qui est observeacute dans le
reste du monde selon les critegraveres de deacuteveloppement que nous avions retenu preacuteceacutedemment
Le tableau suivant donne les freacutequences et les pourcentages pour lrsquoeacutechantillon global et
qui regroupe la population interrogeacutee entre 2009 et 2013 Aussi nous preacutesenterons dans ce
tableau les reacutesultats des tris agrave plat de la variable BAREL pour chaque anneacutee
Tableau 49 Destination de financement informel en Algeacuterie entre 2009 et 2013
Type de relation en Echantillon global 2009 2011 2012 2013
Famille proche 492 37 48 51 53
Autre membre de la famille 132 17 11 14 16
Collegravegue de travail 69 17 8 5 4
Amis ou voisin 291 26 30 29 26
Une personne eacutetrangegravere avec une ideacutee drsquoaffaires 15 3 3 1 0
Total (effectif) 461 35 191 167 68
Source auteur selon les donneacutees APS
Le volume global des drsquoindividu que lrsquoon pourrait qualifier drsquoinvestisseurs informels
srsquoeacutelegraveve agrave 461 entre 2009 et 2013 ce qui repreacutesente 10 du total interrogeacute La distribution des
reacuteponses montre que deux type de relation beacuteneacuteficient le plus de ce mode de financement le
cercle familial et les amis ou les voisins Crsquoest les liens forts qui captent le plus les fonds
destineacutes agrave lrsquoinvestissement ils repreacutesentent 624 des relations indiqueacutees Les liens faibles de
669La formule originale eacutetait ldquoWhat was your relationship with the person that received your most recent personal investmentrdquo
244
type amicales ou des personnes eacutetrangegraveres mais disposant drsquoune ideacutee de projet eacuteconomique ou
bien des collegravegues de travail repreacutesentent presque 40 des relations indiqueacutes Cela nous montre
qursquoil y un double encastrement des individus actifs dans lrsquoentrepreneuriat un encastrement dans
le reacuteseau familial et un deuxiegraveme qui ne semble pas neacutegligeable dans des reacuteseaux eacutetranger agrave la
famille
Cependant le tableau met en relief un penchant plus marqueacute vers le premier type et une
contraction pour le second En effet entre 2009 et 2013 le nombre de personnes qui deacuteclarent
avoir financeacute un projet lanceacute par un membre du cercle familial passe de 37 agrave 53 alors que le
financement des activiteacutes lanceacutees par des personne se trouvant en dehors de la famille par
exemple par un individu ayant une bonne ideacutee drsquoaffaires est quasiment nul en 2013 alors qursquoil
repreacutesentait 3 en 2009
Les fonds se dirigent davantage vers le circuit familial Ce constat nrsquoest pas nouveau
plusieurs auteurs et des enquecirctes nationales lrsquoon montreacute670 En plus de lrsquoimportance de ces
apparentes de ces relations les capitaux qui transitent par leur biais sont tregraves importantes Les
bases de donneacutees APS contient une variable indicative des montants que les individus ont
octroyeacute pour le financement des autres Le tableau suivant croise ces montants671 avec le type de
relations auxquelles ils sont s destineacutes
Tableau 50 Les montants investis par type de relation selon les donneacutees GEM de 2009 agrave
2013 en DA
2000-1000000 1100000-20000000 20000000-800000000 total effectif
Famille proche 3409 500 295 4205 218
Autre membre de la famille 886 159 159 1205 59
Collegravegue de travail 386 159 045 591 31
Amis ou voisin 1841 409 114 2364 127
Une personne eacutetranger ave une
ideacutee 068 023 000 091 5
Source calculs de lrsquoauteur selon les donneacutees APS de 2013
Lorsqursquoon lit la colonne qui correspond agrave la derniegravere tranche (20000000-800000000) ils
sont presque 3 qui deacuteclarent avoir contribueacute financiegraverement dans un projet lanceacute par un
membre de la famille proche (eacutepouse deacuteceacutedant) et sont presque 2 agrave un autre membre de la
famille Crsquoest donc des sommes importantes qui totalisent 3625768 millier de DA Cette somme
repreacutesente 374 fois ce qui a eacuteteacute investi dans des relations non familiales (967125milliers de
670 BOUTCOUBA Les nouveaux entrepreneurs en Algeacuterie en peacuteriode de transition la dimension transnationale CREAD Alger Cahiers du CREAD Ndeg40 2egraveme trimestre 1997 pages 105-119 p117 671 Les montants sont regroupeacutes en tranche par nous mecircme mais la variable telle qursquoapparait dans la base de donneacutees comprend
78 niveaux de 2000DA agrave 800000000 DA
245
DA) Cette somme repreacutesente la creacuteation de 4864 emploi dans le secteur des services sous le
reacutegime de LrsquoANSEJ672
Tableau 51 Montant global approximatif octroyeacute au membre dans le reacuteseau familial
Montant
Milliers de
DA
Famille
proche
Autre
membre de la
famille
Montant
global
Milliers de
DA
Collegravegue
de travail
Amis ou
voisin
Une
personne
eacutetranger
ave une
ideacutee
Montant
global
Milliers de
DA
200000 1 0 2 0 0 1 2000
300000 1 0 3 0 0 0 0
400000 1 1 800000 0 0 0 0
500000 0 0 0 1 0 0 500000000
800000 0 1 800000 0 0 0 0
Total effectif 218 59 3625768 31 127 5 967125
Source auteur selon les donneacutees de GEM de 2009 0 2013
Lorsqursquoon deacutecline la variable BAREL en fonction du stade de deacuteveloppement des pays
on peut remarquer que la structure des reacuteponses change drsquoun stade agrave lrsquoautre Le tableau preacutesente
le croisement entre la variables BAREL selon le stade de deacuteveloppement auxquels appartiennent
les reacutepondants Dans les pays agrave faible compeacutetitiviteacute la famille est deacutesigneacutee agrave 71 comme
beacuteneacuteficiaires des financements informels alors que dans les pays les plus avanceacutes toute en
restant dominante elle reccediloit 53 Par contre dans les pays dont la compeacutetitiviteacute est fondeacutee sur
lrsquoinnovation les personnes posseacutedant de bonnes ideacutees drsquoaffaires sont plus favoriseacutees (8) que
ceux qui se trouvent dans les pays les moins avanceacutes (1) puisqursquo ils reccediloivent des
financements informels
Tableau 52 La variable BAREL selon le niveau de compeacutetitiviteacute des reacutepondants en 2013
Type de relation
eacuteconomie
fondeacutee sur
un facteur
transition
vers phase
defficience
eacuteconomie
fondeacutee sur
lefficience
transition
vers
innovation
eacuteconomie
fondeacutee sur
linnovation
Famille proche 53 48 48 40 46
Autre membre de la famille 18 13 15 13 7
Collegravegue de travail 2 8 5 8 6
Amis ou voisin 24 27 29 34 29
Une personne eacutetranger ave une ideacutee 1 3 3 3 8
Autre 1 1 1 2 3
total 100 100 100 100 100
Source auteurs selon les donneacutees de 2013
Lrsquoautre constat qui se deacutegage de ce tableau est le lien entre le niveau de compeacutetitiviteacute et
lrsquoimportance relative de chaque type de relation Il semble que plus lrsquoeacuteconomie se dirige vers
lrsquoameacutelioration de sa performance plus le financement se dirigent en dehors du cercle familiale
Le graphique ci dessous montre la diffeacuterence entre la destination familiale (proche et autres
membres de la famille) et non familiale (collegravegue ami et voisin des eacutetranger avec de bonne
672 ABEDOUA BOUYACOUBA KHERBACHI H op ct p100
246
ideacutees drsquoaffaires des fond que les personnes interrogeacute deacuteclarent octroyer Le reacuteseau domineacute par
des liens de nature amicale professionnelle et eacuteconomique est presque 15 fois supeacuterieur dans les
pays deacuteveloppeacute que dans les pays agrave faible deacuteveloppement Dans cette derniegravere cateacutegorie les
relations familiales absorbent 71 des financements informels contre 53 dans les pays les plus
compeacutetitifs
Graphique 22 Relation entre le niveau de deacuteveloppement et destination des fonds
drsquoinvestissements en 2013
Source auteur selon les donneacutees APS de GEM
Cette configuration des reacuteponses est lieacutee agrave plusieurs facteurs Dans lrsquoanalyse des donneacutees de
GEM de 2009-2011 SCHOTT T CHERAGHI ont proposeacute puis veacuterifier lrsquohypothegravese que les
relations priveacutees (familiales) sont dominante dans les pays dont la culture est domineacutee par les
valeurs rationnelles culture traditionnel et agrave faible niveau de confiance geacuteneacuteraliseacutee673
Inversement les relations non familiales sont beaucoup plus mobiliseacutees dans de socieacuteteacute domineacutees
par les valeurs laiumlques et de rationaliteacute Nous nous attardons sur cet aspect parc que les reacutesultats
de ces auteurs et drsquoautre sont inteacuteressantes pour deux raison essentielles drsquoune part lrsquoimportance
numeacuterique des personne impliqueacutees dans le financement des autres ( variables BUSANG) et la
destination de ces financements (variable BAREL) en Algeacuterie nous incite agrave deacutecouvrir en quoi
ces deux pheacutenomegravene sont lieacutes Noues preacutesentons succinctement dans le titre qui suit les reacutesultats
de ces auteurs toute en introduisant les donneacutees sur lrsquoAlgeacuterie pour que la comparaison soit
pertinente
5 Structure du reacuteseau social et les caracteacuteristiques culturelles de la socieacuteteacute
Le projet GEM a inteacutegreacute en 2009 jusqursquoagrave 2013 de nouvelles questions qui avaient pour
but drsquoidentifier les caracteacuteristiques du reacuteseau social des entrepreneurs674 Il a eacuteteacute demandeacute agrave ces
derniers drsquoindiquer la personne parmi vingt relations possibles qui lui a fourni des conseils
673 SCHOTT T CHERAGHI M Entrepreneurs Networks Size Diversity and Composition Shaped by Cultures of Rationality and Trust in 2012 IEEEACM International Conference on Advances in Social Networks Analysis and Mining 2012 IEEE pp220-226p 223 674 Sont deacutetermineacute par l variable TEA que nous avions preacuteceacutedemment expliqueacute qui est l somme des personne en phase
drsquointention et drsquoeacutemergence
7153
6179
62215298 5373
2717
3732 36344542 4312
000
2000
4000
6000
8000
1 2 3 4 5
reacuteseau familial reacuteseau non familial
247
relatifs agrave leur projet eacutepouse parents collegravegue de travail banquier comptable etc Ces relations
sont ensuite regroupeacutees en six types appel appeleacutees des sphegraveres agrave savoir Sphegravere priveacute de travail
Professionnel Commercial et international (tableau 40) Les reacuteponses obtenues permettent de
calculer la moyenne dans chaque sphegravere Cette moyenne qui est appeleacute aussi la preacuteeacuteminence
des sphegraveres est deacutetermineacutes pour chaque pays Ensuite les auteurs croisent ces moyennes avec
les indicateurs portant sur le type de culture et du niveau de confiance dans chaque pays il a
eacuteteacute possible de deacuteterminer le niveau de domination de chacune de ces sphegraveres par rapport au type
de socieacuteteacute La meacutethode utiliseacutee eacutetait lrsquoanalyse par les clusters qui permet regroupe des pays
selon des caracteacuteristiques communes
Tableau 53 Les sphegraveres dans le reacuteseau social des entrepreneurs
Sphegraveres Les questions
Sphegravere priveacutee Epouse parents drsquoautres membres de la famille amis
Sphegravere de travail collegravegues de travail patron actuel drsquoune personne qui creacutee une entreprise expeacuterimenteacute
dans la gestion des entreprises
Sphegravere
professionnelle
chercheur ou un inventeur investisseur possible drsquoune banque avocat comptable
conseiller public
Sphegravere de marcheacute entreprise avec qui vous collaborez concurrente fournisseur consommateur
Sphegravere internationale personne se trouvant agrave lrsquoeacutetranger personne venant de lrsquoeacutetranger
Source APS GEM de 20092011
Chaque socieacuteteacute est identifieacutee par rapport agrave deux dimensions traditionnel versus
rationnelle ou bien dans un stade de survie versus deacutemancipations Ces auteurs ont ainsi croiseacute
les donneacutees de GEM sur le reacuteseau social des entrepreneurs en identifiant la dominance de
chaque sphegravere et les donneacutees de WWV pour identifier le type de culture auquel appartient
chaque pays Le tableau suivant resitue les reacutesultats de ces croisements675
Tableau 54 Critegraveres de deacutetermination des types de cultures selon le World Value Survey
Source INGLEHART R World Values Survey values change the world p6
675 INGLEHART R World Values Survey values change the world World Value Survey2008 16 pagesp6
Socieacuteteacute domineacute par des valeurs Traditionnelles
versus SeacuteculaireRational
Socieacuteteacute domineacutee par des valeurs de survie versus des
valeurs drsquoeacutemancipation
Le statut du dieu dans la vie Prioriteacute de la seacutecuriteacute physique et eacuteconomique sur la
liberteacute drsquoexpression et de la qualiteacute de la vie
Lrsquoobeacuteissance au parent et agrave la religion est plus
importante que lrsquoautonomie des enfants niveau de la joie (happiness)
LrsquoAVG nrsquoest jamais justifiable Homosexualiteacute nest jamais justifiable
Le sens de la fierteacute nationale Le recours aux peacutetitions pour srsquoexprimer
Favorable agrave plus de respect en vers lrsquoautoriteacute publique
(
Il faudrait ecirctre vigilant en matiegravere de confiance agrave accorder
aux autres (trust)
248
Le tableau suivant resitue les coefficients standardiseacutes qui mesurent lrsquointensiteacute des
relations entre le type de culture et la structure du reacuteseau social des entrepreneurs montre
clairement que plus le niveau de confiance et de rationalisme sont eacuteleveacutes dans la socieacuteteacute plus la
sphegravere priveacutee devient moins dominante dans le reacuteseau de lrsquoentrepreneur Dans les autres
sphegraveres le signe du coefficient est positif (et significatif) ce qui indique un impact positif sur le
dominance des sphegraveres non familiales Les auteurs ne trouvent pas de relation significative
entre le niveau de rationalisme et de confiance sur la preacuteeacuteminence de la sphegravere internationale
contrairement aux autres sphegraveres ougrave les liens statistique sont significatifs676
Tableau 55influence du rationalisme et de la confiance sur la structure du reacuteseau social
des entrepreneurs
priveacute travail professionnelle marcheacute International
rationalisme -024 012 020 013 004
confiance -014 006 009 010 003
Source SCHOTT T CHERAGHI M p 224 et225
les coefficients standardiseacutes du modegravele lineacuteaire hieacuterarchique
Lrsquohypothegravese deacuteveloppeacutee par ces auteurs constitue une lecture parmi drsquoautres pour
expliquer la diversiteacute des traits culturels des socieacuteteacutes impliqueacutees dans les activiteacutes eacuteconomiques
Lrsquoimage qui se dessine des trois croisements que nous venons de drsquoopeacuterer montrent que le le
financement informel come une facette du capital social est un comportement qui ne se
manifeste pas de la mecircme maniegravere dans les pays Il reste agrave savoir si ce comportement a une
relation avec le pheacutenomegravene central que nous analysons a savoir la participation dans le processus
entrepreneurial
6 Financement informel et la participation dans lrsquoentrepreneuriat
La Variable BUSANG qui traduit lrsquoimplication dans financement de la creacuteation drsquoautre
entreprise semble aussi lieacutee agrave la participation des le processus entrepreneurial Le tableau ci-
dessous montre parmi tous les individus qui sont actifs dans le financement informel il y
presque 655 individus qui participent dans le processus entrepreneurial avec ce pourcentage
ils repreacutesentent 16 fois ceux qui sont dans e processus entrepreneurial mais sans participation
dans le financement informel
676 SCHOTT T CHERAGHI M idem p 225
249
Tableau 56 La variable BUSANG pour tous les participants dans le processus
entrepreneurial
BUSANG
Total non oui
PARTICP
non Effectif 2370 165 2535
5852 3254 5563
oui Effectif 1680 342 2022
4148 6746 4437
Total Effectif 4050 4050 507
8887 10000 10000
Source reacutesultats du tri croiseacute sous SPSS
Lorsqursquoon compare ces reacutesultats avec la moyenne mondiale on srsquoaperccediloit qursquoen Algeacuterie le
niveau drsquoimplication des individus dans le financement informel est presque identique avec
celui du reste du monde
Tableau 57 Participation dans lrsquoentrepreneuriat et dans le financement informel dans le
monde entre 2009 et 2013
BUSANG
BUSANG non non
PARTICP
non Effectif 222173 7895 230068
6214 3285 6029
oui Effectif 135370 16139 151509
3786 6715 3971
Total
Effectif 357543 24034 381577
100 100 100
Source calcul drsquoauteur selon les donneacutees APS de 2009 agrave 2013 Calcul par la somme des individus en phase
POTENT INTENT EMERGE et SURVI pour un eacutechantillon regroupeacute de 2009 0 2013
On voit donc lrsquoexistence drsquoune relation possible entre ces deux pheacutenomegravenes En effet le test de
khi deux reacutevegravele dans le tableau qui suit une forte signification de cette relation ( Sig lt005) de
ce fait le risque de se tromper en consideacuterant la participation comme eacutetant non lieacutee au fait de
contribuer dans le financement des autres est minime Seulement la valeur De V de Cramer est
relativement faible (0164)
Tableau 58 Reacutesultat des test de chi deux
Valeur Signification asymptotique (bilateacuterale)
Khi-deux de
Pearson 123159 0000
Phi 0164 0000
V de Cramer 0164 0000
Source reacutesultats du tri croiseacute sous SPSS
250
61 Financement informel et la participation dans lrsquoentrepreneuriat
Il est question dans ce titre drsquoexaminer les comportements de la variable BUSANG selon que les
individus interrogeacutes sont en phase drsquoentrepreneuriat potentiel drsquointention drsquoeacutemergence et de
survie Le tableau suivant preacutesente les reacutesultats des tris croiseacutes entre la variable BUSANG et
les variables traduisant les quatre phases citeacutees et en mecircme temps les reacutesultats des tests de khi
sui leurs sont associeacutes
Tableau 59 Relation entre la participation dans le financement des autres et la preacutesence
dans le processus entrepreneurial
BUSANG Total Khi-deux de Pearson Sig Vde Cramer Sig
Non Oui
POTENT Oui 3319 5523 1624 95440 0000 0145 0000
INTENT Oui 402 651 196 6756 00089 0039 0009
EMERGE Oui 548 1144 280 27739 0000 0078 00000
SURVUI Oui 501 1203 264 40677 0000 0094 0000
Source reacutesulta de tris croiseacutes et test khi deux sous SPSS
En terme drsquoactiviteacute dans un reacuteseau informel de financement le tableau 5 met en relief une
diffeacuterence importante entre ceux qui souhaitent devenir entrepreneurs (POTENT) et ceux qui
sont reacuteellement impliqueacutes dans le processus entrepreneurial (INTENT EMERGE et SURVIE)
Les premiers sont les plus nombreux en terme de volume (280) et en termes relatifs (5523)
par rapport aux seconds qui sont moins nombreux Cependant lorsqursquoon lie la colonne des
reacuteponses positives de la variable BUSANG on peut remarquer qursquoune fois engageacutes dans le
processus entrepreneurial leurs pars relatives augmente elle passe de 651 agrave presque le double
( 1203) Cela rejoint ce que nous avions discuteacute lorsqursquoon a observeacute le lien entre les revenus
individuels et lrsquoengagement dans le financement des autres entrepreneurs Bien entendu en
lrsquoabsence de donneacutees preacutecises sur les gains geacuteneacutereacutes par la nouvelle entreprise on ne peut que
speacuteculer sur cette eacuteventuelle explication Mais ce qui parait important agrave tirer de ce tableau est que
le comportement des individus en termes de financement des autres est diffeacuterent drsquoune eacutetape agrave
une autre
62 Financement informel une comparaison en terme de niveau de compeacutetitiviteacute des pays
Le tableau ci-dessus reacutesume les reacutesultats de la mecircme variable deacuteclineacutee selon le niveau de
compeacutetitiviteacute des pays On peut remarquer lrsquoeacutecart existant entre la premiegravere et la derniegravere
phase Dans les pays dont la performance et fondeacutee sur lrsquoexploitation drsquoun facteur ils sont les
plus nombreux agrave srsquoimpliquer dans le financement informel et dans lrsquoentrepreneuriat Lorsqursquoils
commencent agrave penser agrave lrsquoentrepreneuriat (POTENT) Ils sont en effet presque 65 agrave avoir
financeacute drsquoautre entreprise contrairement dans les pays a forte compeacutetitiviteacute ougrave leur nombre dne
deacutepasse pas les 30