SOS Citations de geopolitique -...

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Pascal Brouillet

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SOMMAIRE

Partie 1Concepts, défi nitions, doctrines . . . . . . . . . . . . . 5

Partie 2États et groupes de pays . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

Partie 3Acteurs et enjeux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

Partie 4Matières premières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

Partie 5Lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155

SOMMAIRESommaire


Concepts, défi nitions, doctrines

Partie 1


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Adage de Raleigh

Qui tient la mer tient le commerce du monde ;Qui tient le commerce du monde tient la richesse ;Qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même.

Sir Walter Raleigh, vers 1610

Choc des civilisations

Le processus est commencé qui doit s’achever soit par la confrontation des civilisations occi-dentale et orientale, campées l’une en face de l’autre comme des adversaires n’ayant rien en commun, soit au contraire par l’accueil des nouveaux éléments, les Chinois en particulier, comme des membres pouvant conserver leur individualité, ainsi qu’il est souhaitable, mais qui ont été profondément touchés par un contact intime et prolongé.

Alfred T. Mahan, The Problem of Asia and its Effects upon International Policies, 1900


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Il devrait être désormais clair que nous sommes confrontés à un état d’esprit et à un mouvement qui vont bien au-delà des problèmes, des poli-tiques et des gouvernements qui les incarnent. Ce n’est rien de moins qu’un choc des civilisa-tions – c’est la réaction irrationnelle peut-être, mais ancienne, d’un vieux rival contre notre héritage judéo-chrétien et ce que nous sommes aujourd’hui, et contre l’expansion de l’un et de l’autre. Il est d’une importance cruciale que de notre côté nous ne tombions pas dans une réac-tion tout aussi irrationnelle et tout aussi ancienne à l’égard de ce rival.

Bernard Lewis, « The roots of Muslim rage », Atlantic Monthly, n° 266, 1990

Le colonialisme a essayé de déformer toutes les traditions culturelles de l’islam. Je ne pense pas qu’il y ait un confl it entre les religions. Mais il y a un confl it entre les civilisations.

Abdelwahab Belwahl, Times, 15 juin 1992


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Une guerre mondiale impliquant les États phares des principales civilisations est tout à fait impro-bable, mais elle n’est pas impossible. Une telle guerre […] pourrait résulter de l’intensifi cation d’un confl it civilisationnel entre des groupes appartenant à des civilisations différentes, vrai-semblablement des musulmans d’un côté et des non-musulmans de l’autre.

Samuel Huntington, Le Choc des civilisations, 1996

La théorie de Huntington est essentielle-ment fi lle du djihad moderne ; elle n’est qu’un retournement conceptuel de la vision de l’ayatollah Khomeyni, qui croyait […] au confl it des civilisations.

Emmanuel Todd, Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain, 2002


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Pour que les civilisations s’opposent inéluc-tablement, comme le prétend par exemple Huntington, il faut qu’il y ait volonté de puis-sance et donc État. Or la civilisation, ou plutôt les civilisations ne sont pas fondées en puissance.

Aymeric Chauprade, Géopolitique. Constantes et changements dans l’histoire, 2007

La thèse de Samuel Huntington consiste à contester par avance aux autres la capacité de changer, pour ensuite conclure que l’établis-sement d’un cordon sanitaire entre « eux » et « nous » est la seule solution.

Jacques Lévy, L’Invention du monde, 2008

Je pense que dans sa quête d’un nouvel ennemi capable de recentrer la politique étrangère des États-Unis après la chute de l’Empire soviétique, Huntington a dangereusement confondu les notions de culture et de culture politique.

Dominique Moïsi, La Géopolitique de l’émotion, 2010


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Corollaire Roosevelt

L’injustice chronique ou l’impuissance qui résulte d’un relâchement général des règles de la société civilisée peut exiger, en fi n de compte, en Amérique ou ailleurs, l’intervention d’une nation civilisée et, dans l’hémisphère occidental, l’adhé-sion des États-Unis à la doctrine de Monroe peut forcer les États-Unis, même à contrecœur, dans des cas fl agrants d’injustice et d’impuissance, à exercer un pouvoir de police international.

Théodore Roosevelt, message au Congrès du 6 décembre 1904

Croissant intérieur et extérieur

À l’extérieur de la zone pivot, dans un grand croissant intérieur, se trouvent l’Allemagne, l’Au-triche, la Turquie, l’Inde et la Chine, et dans un croissant extérieur, la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud, l’Australie, les États-Unis, le Canada et le Japon.

Halford John Mackinder, Le Pivot géographique de l’histoire, 1904


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Cygne noir géopolitique

Je pense que nous allons avoir des cygnes noirs géopolitiques.

Jean-Marie Guéhenno, président de l’Institut de recherche international Crisis group, WEF Davos, 2015

Destinée manifeste

Notre Destinée Manifeste [consiste] à nous étendre sur tout le continent que nous a alloué la Providence pour le libre développement de nos millions d’habitants qui se multiplient chaque année.

John O’Sullivan, Democratic Rewiev, 1844

Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté.

Woodrow Wilson, discours devant le Congrès, 1919


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Au travers de l’aventure d’un gouvernement dans la liberté pour l’Amérique, nos buts pre-miers ont été de préserver la paix, de stimuler les progrès de la réalisation humaine et de faire grandir la liberté, la dignité et l’intégrité parmi les peuples et les nations. Ne pas s’efforcer d’en faire autant serait indigne d’un peuple libre et religieux. Tout manquement dû à l’arrogance, au manque de compréhension ou de promptitude au sacrifi ce nous infl igerait d’ailleurs un grave préjudice moral, ici comme à l’étranger.

Dwight D. Eisenhower, discours du 17 janvier 1961

Plus que n’importe quel peuple sur Terre, nous portons les fardeaux et acceptons les risques sans précédent – de par leur taille et leur durée – non pas pour nous seuls mais pour tous ceux qui souhaitent être libres.

John F. Kennedy, Foreign Policy, 1961


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Les peuples admettent que nous restons la seule nation indispensable, non pas seulement parce que nous sommes grands et puissants, mais aussi parce que nous avons cette idée qu’il y a certains principes universels, droits universels et normes internationales, qui doivent être res-pectés et que nous sommes peut-être la seule superpuissance dans l’histoire à chercher non seulement son propre intérêt personnel, mais aussi ce qui est bon pour le reste du monde. Et cela fait partie de notre pouvoir.

Barack Obama, déclaration du 16 février 2012

Doctrine Carter

Toute atteinte d’une force étrangère pour prendre le contrôle du Golfe persique sera consi-dérée comme une attaque sur les intérêts vitaux des États-Unis, dont la réponse pourra être militaire.

Jimmy Carter, discours du 23 janvier 1980


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Doctrine Eisenhower

Si les nations de cette région devaient perdre leur indépendance, si elles devaient être domi-nées par des forces étrangères hostiles à la liberté, cela serait une tragédie pour cette région et pour beaucoup d’autres nations libres dont la vie économique serait à la limite de l’étouffe-ment […].Puis il y a d’autres facteurs qui transcendent ces facteurs matériels. Le Moyen-Orient est le lieu de naissance de trois grandes religions – l’islam, la chrétienté et le judaïsme. La Mecque et Jérusalem sont plus que des lieux sur une carte. Ils symbolisent des religions qui enseignent que l’esprit est supérieur à la matière et que l’indi-vidu a une dignité et des droits dont aucun gou-vernement despotique ne peut légitimement le priver. Il serait intolérable que les lieux sacrés du Moyen-Orient soient sujets d’une règle qui glo-rifi e le matérialisme athée.

Dwight D. Eisenhower, 5 janvier 1957


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Doctrine Jdanov

Plus nous nous éloignons de la fi n de la guerre et plus nettement apparaissent les deux direc-tions principales de la politique internationale de l’après-guerre correspondant à la disposition en deux camps principaux des forces politiques qui opèrent sur l’arène mondiale : le camp impéria-liste et antidémocratique, le camp anti-impéria-liste et démocratique.Les États-Unis sont la principale force dirigeante du camp impérialiste. L’Angleterre et la France sont unies aux États-Unis […]. Le camp impé-rialiste est soutenu par les pays possesseurs de colonies, tels que la Belgique et la Hollande […] ainsi que par des pays dépendant politique-ment et économiquement des États-Unis, tels le Proche-Orient, l’Amérique du Sud, la Chine.Les forces anti-impérialistes et antifascistes forment l’autre camp. L’URSS et les pays de la démocratie nouvelle en sont le fondement […]. Le camp anti-impérialiste s’appuie dans tous les pays sur le mouvement ouvrier et démocratique, les partis communistes frères, sur les combat-tants des mouvements de libération nationaux dans les pays coloniaux […].Le but que se donnent les États-Unis est l’établis-sement de la domination mondiale de l’impéria-lisme américain. C’est aux partis communistes


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qu’incombe le rôle historique de se mettre à la tête de la résistance au plan américain d’asser-vissement de l’Europe.

Rapport de Jdanov, 22 septembre 1947

Doctrine Monroe

Nous avons toujours suivi avec curiosité et intérêt les événements qui ont lieu dans cette partie du globe avec laquelle nous avons tant de relations, et à laquelle nous devons notre origine. Les citoyens des États-Unis sont animés des sentiments les plus amicaux pour la liberté et du bonheur de leurs frères de l’autre côté de l’Atlantique. Nous ne nous sommes jamais mêlés des guerres des puissances européennes pour des affaires les concernant ; telle est notre poli-tique. Ce n’est que lorsqu’on attaque, ou qu’on menace sérieusement nos droits, que nous nous regardons comme offensés ou que nous faisons des préparatifs pour notre défense…La politique que nous avons adoptée à l’égard de l’Europe, dès le début des guerres qui ont si longtemps agité cette partie du globe, est tou-jours restée la même, elle consiste à ne jamais nous interposer dans les affaires intérieures d’au-cune des puissances de cette partie de la Terre ;


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à considérer le gouvernement de facto comme le gouvernement légitime à nos yeux ; à établir avec ce gouvernement des relations amicales, et à les conserver par une politique franche, ferme et courageuse, en admettant, en toutes circons-tances, les justes réclamations de toutes les puissances, mais en ne souffrant les injures d’au-cune. Il est impossible que les puissances alliées étendent leur système politique à une partie de ce continent, sans mettre en danger notre paix et notre bonheur ; et aucune d’entre elles ne peut croire que nos frères [d’Amérique] du Sud, s’ils le pouvaient, l’adopteraient de leur propre gré. Il nous serait donc également impossible de rester spectateur indifférent de cette intervention, sous quelque forme qu’elle eût lieu.

James Monroe, message au Congrès des États-Unis, 2 décembre 1823

J’ai toujours considéré comme fondamental pour les États-Unis de ne jamais prendre part aux que-relles européennes. Leurs intérêts politiques sont entièrement différents des nôtres. Leurs jalousies mutuelles, leur équilibre des puissances [forces], leurs alliances compliquées, leurs principes et formes de gouvernement, ils nous sont tous étrangers. Ce sont des nations condamnées à la


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guerre éternelle. Toutes leurs énergies sont dévo-lues à la destruction du travail, de la propriété et des vies de leurs peuples.

Thomas Jefferson à James Monroe, 1823

Doctrine Truman

Je crois que les États-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’as-servissement […]. Je crois que nous devons aider les peuples libres à forger leur destin […]. Je crois que notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et fi nancier. […] de maintenir la liberté des États du monde et à les protéger de l’avancée communiste.

Harry S. Truman, discours devant le Congrès des États-Unis, 12 mars 1947

Espace

L’espace peut être considéré tour à tour comme milieu, théâtre et enjeu de la politique étrangère.

Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, 1984


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On peut appeler logique géopolitique l’ensemble des processus qui ont l’existence et l’intégrité des territoires pour enjeu.

Marie-Françoise Durand, Jacques Lévy et Denis Retaillé, Le Monde. Espaces et systèmes, 1992

On peut donc reformuler la proposition aro-nienne et considérer l’espace successivement comme cadre, enjeu et théâtre. C’est en se fondant sur cette triple déclinaison que l’on peut poser les bases du champ d’investigation de la géographie politique qui considère l’es-pace comme cadre, de la géopolitique qui consi-dère l’espace comme enjeu et, par déduction, de la géostratégie qui envisage l’espace comme théâtre.

Stéphane Rosière, « Géographie politique, géopolitique et géostratégie : distinctions opé-ratoires », L’Information géographique, vol. LXV, n° 1, 2001


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Lorsque l’espace est envisagé en tant qu’enjeu, il devient l’objet de la géopolitique.

Stéphane Rosière, « Géographie politique, géo-politique et géostratégie : distinctions opéra-toires », L’Information géographique, vol. LXV, n° 1, 2001

Le territoire est parfois un enjeu pour lui-même, fût-il dépourvu de richesse. L’enjeu est alors symbolique, mais il réside souvent dans l’in-térêt que représente le territoire, soit en termes de richesses, soit en termes de sécurité. Ainsi peut-on défi nir des enjeux politiques (contrôle ou domination), symboliques, économiques (ressources naturelles, régions industrielles, pôles économiques), stratégiques […]. Lorsque l’es-pace est considéré comme « théâtre » (lieu de la confrontation de forces armées), il reste un enjeu, mais la rivalité, la confrontation entre les acteurs, se développe avec des moyens militaires (on peut aussi envisager une compétition et une lutte économiques, objet de la géoéconomie).



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Étude des rivalités de pouvoir sur les territoires

La géopolitique concerne l’État non plus en tant que levier de l’action gouvernementale, mais en tant que projet unilatéral d’expansion et de défense territoriale face à d’autres États. La géopolitique prend sa signifi cation historique comme le moment où la rationalité de la guerre défensive […] rejoint celle de la guerre offensive.


La géopolitique […] s’oppose de manière frontale à la politique, comme la conquête territoriale armée s’oppose à la circulation de la légitimité.


Il ne peut y avoir d’acteur géopolitique mondial, puisque le Monde n’a pas d’ennemi. En revanche, une politique mondiale est pensable.



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Frontière

[Ce qui] compte pour nous, ce n’est pas où passe la frontière, c’est que l’union des ouvriers de toutes les nations soit préservée pour la lutte contre la bourgeoisie de quelque nation que ce soit.

Vladimir Ilitch Oulianov Lénine, 1917

Il est clair en fait qu’il n’y a pas de bonne ni de mauvaise frontière et que l’Afrique ne peut pré-tendre, plus qu’un autre monde, à ces frontières justes et naturelles qui respecteraient un hypo-thétique partage ethnique venant des profon-deurs de l’histoire ou de la préhistoire.

Bertrand Badie, La Fin des territoires, 1995

Nous considérons donc les frontières non comme facteur de la géopolitique mais comme faisant partie intégrante du référentiel […]. Comme l’État dont elle est le bord, la frontière est placée au cœur de cet ouvrage […]. Nous la considérons comme une paroi d’équilibre


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– parfois bousculée puis percée – entre des orga-nismes différenciés et produisant des poussées inverses. Elle est une ligne de champ, résultante de forces, posée sur la géographie, et non une source politique, un facteur de puissance.


La défi nition de la frontière fut longtemps simple et admise de tous : limite du territoire sur lequel s’exerce la souveraineté nationale, institution établie par des décisions politiques et régie par des textes juridiques […]. Mais désormais il n’en va plus de même […]. Il est une défi nition qui pourrait englober la polysémie du terme : « Les frontières sont des discontinuités géopolitiques à fonction de marquage politique». Selon cette défi nition, toute rivalité de pouvoirs ayant en jeu du territoire peut se traduire par un marquage politique du ou des territoire(s) en ques-tion sans qu’il(s) soi(en)t pour ce faire obligatoire-ment institutionnalisé(s), la discontinuité pouvant être elle aussi plus ou moins visible et nette.

Béatrice Giblin et Frédérick Douzet, présen-tation du colloque « Des frontières indépas-sables ? », 2011


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La consolidation des zones frontalières est un souci perpétuel pour les puissances terrestres en expansion et c’est pourquoi les bolcheviks fi rent passer le réalisme avant la réalisation de l’Internationale.

Robert D. Kaplan, La Revanche de la géogra-phie, 2012

GéCoPolitique

[…] modèle simplifi é dénommé GéCoPolitique pour indiquer qu’il intègre à l’analyse géopo-litique traditionnelle – dont la pertinence et le pouvoir explicatifs persistent à l’heure de la globalisation – les facteurs et acteurs éccono-miques issus de cette globalisation […].Le modèle GCP introduit d’une part les acteurs qui tentent de modifi er à leur avantage les rap-ports de force et d’autre part les leviers de pouvoir qu’ils utilisent à cet effet.La globalisation – phénomène principale-ment économique et technologique – aurait fait émerger également des acteurs non-éta-tiques qui tentent de s’accaparer un pouvoir GéCoPolitique (utilisation d’un rapport de force à partir d’une base territoriale pour s’assurer


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des avantages voire une hégémonie dans les domaines politique et économique).

Chalom Schirman, « Les fi rmes : nouveaux acteurs de GéCoPolitique ? », L’Espace politique. Firmes, géopolitique et territoire, 2010

Géoéconomie

Il est vrai, bien sûr, que, sous quelque appella-tion que ce soit, « la géo-économie » a toujours été un aspect important de la vie internationale […]. À l’heure actuelle, cependant que la per-tinence des menaces militaires et des alliances militaires s’estompe, les priorités et modalités géo-économiques deviennent dominantes dans l’action des États.

Edward N. Luttwak, « From geopolitics to geo-economics. Logic of confl ict, grammar of com-merce », The National Interest, n° 20, été 1990

La géoéconomie analyse les stratégies d’ordre économique – notamment commerciales –, décidées par les États dans le cadre de politiques


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visant à protéger leur économie nationale ou certains pans bien identifi és de celle-ci, à aider leurs « entreprises nationales » à acquérir la maî-trise de technologies et/ou à conquérir certains segments du marché mondial relatifs à la pro-duction ou à la commercialisation d’un produit ou d’une gamme de produits sensibles, en ce que leur possession ou leur contrôle confère à son détenteur – État ou entreprise « nationale » – un élément de puissance et de rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel économique et social.

Pascal Lorot, « De la géopolitique à la géoéco-nomie », Géoéconomie, n° 1, mars 1997

La géoéconomie s’interroge sur les relations entre puissance et espace, mais un espace « virtuel » ou fl uidifi é au sens où ses limites bougent sans cesse, c’est-à-dire donc un espace affranchi des frontières territoriales et physiques caractéristiques de la géopolitique.

Pascal Lorot, « De la géopolitique à la géoéco-nomie », Géoéconomie, n° 1, mars 1997


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Géographie politique

Le but de la géographie politique est de montrer comment les organisations politiques sont ajustées aux conditions physiographiques et comment ces facteurs affectent les relations internationales.

André-Louis Sanguin, La Géographie politique, 1977

La géographie politique est une discipline qui essaie d’expliquer la formation et l’action des puissances politiques dans l’espace.

Fondation des études pour la défense nationale, cité par André-Louis Sanguin, Stratégiques, 1992

La géographie politique peut donc être considérée comme la description géographique du cadre poli-tique, à n’importe quelle échelle, ce cadre étant formé de territoires, de lignes et de pôles.



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Géopolitique

La géopolitique est la science de l’État comme organisme géographique ou comme entité dans l’espace : c’est-à-dire l’État comme pays, terri-toire, domaine ou, plus caractéristique, comme règne. Comme science politique, elle observe fermement l’unité étatique et veut contribuer à la compréhension de la nature de l’État.

Rudolf Kjellén, Les Grandes Puissances, 1905

La géopolitique démontre la dépendance de tous les développements politiques à la réalité du sol.

Karl Haushofer, Pourquoi la géopolitique, 1942

Le champ d’action particulier de la géopoli-tique est la politique étrangère de l’État. Par les méthodes d’analyse qui sont propres, elle sait utiliser les données de la géographie – celle-ci étant entendue dans son sens le plus large – pour décider d’un comportement politique permettant d’atteindre certains objectifs légitimes.

Nicholas J. Spykman, La Géographie de la paix, 1944


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Étude des relations qui existent entre la conduite d’une politique de puissance portée sur le plan international et le cadre géographique dans lequel elle s’exerce.

Pierre M. Gallois, Géopolitique. Les voies de la puissance, 1990

La géopolitique n’est pas qu’une méthode, elle est aussi une représentation et une pratique.

Michel Foucher, Fronts et frontières, 1991

On peut […] défi nir trois thèmes incontour-nables (mais pas nécessairement suffi sants) pour mener une analyse géopolitique : l’étude des dynamiques territoriales, celle des acteurs et celle des enjeux qui les motivent.



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L’analyse géopolitique inclut, au moins, la des-cription des dynamiques territoriales, des acteurs géopolitiques, de leurs représentations territo-riales et de leurs modes opératoires ainsi que des enjeux qui les motivent.


La géopolitique s’interroge sur les rapports entre l’espace (dans tous les sens du mot) et la poli-tique : en quoi les données spatiales affectent-elles le ou la politique ? Et aussi, pourquoi, comment le politique se sert-il de l’espace ?

Philippe Moreau Defarges, Introduction à la géopolitique, 2009

Géostratégie

Dans le domaine maritime, mais ce pourrait être étendu à d’autres domaines, par géopolitique, il faut entendre la détermination et la convergence des intérêts qui conditionnent les actions et le


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comportement extérieurs des nations, et il faut joindre à ces intérêts les obligations qu’elles ont assumées par ententes ou accords avec d’autres États. La géostratégie est alors l’ensemble des moyens mis en œuvre pour assurer la défense de ces intérêts et l’accomplissement de ces obligations.

André Vigarié, acta geographica, n° 121, premier trimestre 2000

Le terme de géostratégie est […] souvent compris comme analyse des rapports de force sur les « grands espaces » […]. Un problème géopo-litique devient géostratégique s’il y a confl it. Le niveau stratégique n’annulant jamais la dimension politique, fondamentale, on peut donc considérer la géostratégie comme un déve-loppement spécifi que de la géopolitique.



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Guerre

La guerre est un jeu de rois.

Érasme, Dulce bellum, entre 1508 et 1536

La guerre est une simple continuation de la poli-tique par d’autres moyens.

Carl von Clausewitz, De la guerre, 1832

J’ignore quelles seront les armes de la Troisième Guerre mondiale, mais je suis sûr que celles de la Quatrième Guerre mondiale seront des frondes et des cailloux.

Albert Einstein, date inconnue

La géographie, ça sert d’abord à faire la guerre.

Yves Lacoste, 1976


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La guerre contre la terreur ne sera pas gagnée par la défensive. Nous devons transporter le champ de bataille chez l’ennemi, déranger ses plans et affronter les pires menaces avant qu’elles émergent.

George W. Bush, discours à West Point, 1er juin 2002

Par ailleurs, d’un point de vue historique, le soldat européen s’est presque toujours battu pour sauver son pays des invasions étrangères, selon une représentation qui n’a plus cours et qui contribue à fragiliser encore sa position actuelle dans la société.À l’inverse, le soldat américain a historiquement combattu pour des intérêts et des idéaux, ce qui le met objectivement en meilleure conformité avec la situation stratégique actuelle.

Philippe Steininger, « Pour un outil militaire français à vocation résolument stratégique », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004


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Aujourd’hui bien des confl its trouvent leur origine dans la non-adéquation entre ces trois cartes : la carte des États, la carte des identités ethniques, la carte des religions.

Aymeric Chauprade, « Qu’est-ce que la géopoli-tique ? », clio.fr, septembre 2009

Comme l’avaient pressenti Spykman et Mahan, cette dernière [la Seconde Guerre mondiale] avait renforcé d’une part le Heartland conti-nental, presque entièrement aux mains des Russes, et la puissance maritime des États-Unis. Par conséquent, la destinée de l’Europe et de la Chine serait dorénavant affectée par l’expansion soviétique, tandis que le Moyen-Orient et l’Asie du Sud, zones marginales de l’Eurasie, subiraient la domination du pouvoir maritime et aérien américain. C’était la vérité géographique fonda-mentale de la Guerre froide, qui fut occultée par la propagande communiste de Moscou et par la rhétorique démocratique de Washington.



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Heartland ou région pivot

La région pivot de la politique mondiale n’est-elle pas cette même étendue de l’Eurasie qui est inaccessible aux navires, mais qui dans l’Anti-quité se trouvait ouverte aux cavaliers nomades, et qui aujourd’hui est sur le point d’être couverte par un réseau de chemins de fer ? Ici ont existé et existent toujours les conditions d’une mobilité de la puissance économique et militaire, mobi-lité source de potentialités.


Les combinaisons particulières de puissances entrant dans la balance importent peu ; mon argument est que d’un point de vue géogra-phique elles graviteront probablement autour de l’état pivot, qui sera toujours vraisemblablement étendu, mais avec une mobilité limitée, en com-paraison des puissances périphériques et insu-laires qui l’entourent.



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Médiation concertée

La médiation concertée est la seconde condi-tion de la paix : elle suppose que les États phares s’entendent pour contenir ou stopper des confl its frontaliers entre des États ou des groupes, relevant de leur propre sphère de civilisation.


Normes

Dans un monde globalisé, chacun a intérêt à ce que les normes reconnues à l’échelle mon-diale soient les plus proches de ses intérêts ou de sa vision puisqu’il devient diffi cile de se pro-téger par les moyens classiques. D’où l’impor-tance décisive des normes dans la régulation des affaires du monde.

Zaki Laïdi, La Norme sans la force, 2008


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L’Europe, souvent vue par les Européens comme un acteur faible et sans moyens, est en réalité perçue comme un acteur infl uent sur la scène mondiale, moins à travers la force de ses armes que celle de ses normes.


Pivot asiatique

Suscitée par l’Amérique […] l’idée pan pacifi que lutte avec l’idée de panasiatique pour la struc-ture sociale, l’ouverture et l’avenir culturel du marché mondial le plus riche en hommes : le marché chinois.

Karl Haushofer, Le Déplacement des forces poli-tiques mondiales depuis 1914 et les fronts inter-nationaux des « Pan-Idées ». Objectifs à long terme des grandes puissances, 1931


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Le déplacement du centre de gravité de la politique étrangère américaine vers le bassin Pacifi que pourrait bien s’avérer l’un des pro-blèmes cruciaux à venir.

Lawrence Eagleburger, « Les États-Unis entre l’Europe et le Pacifi que », conférence prononcée au John Davis Lodge International Center, 31 janvier 1983

La stratégie du « pivot » inclut une dimension économique et commerciale très marquée. Les États-Unis ont ainsi rejoint l’East Asia Summit et proposé, avec le Trans-Pacifi c Strategic Economic Partnership, la négociation d’un nouvel accord de libre-échange tarifaire à quelques pays de la zone. Cette dimension économique et com-merciale est un élément clé de la stratégie du « pivot », les États-Unis redoutant que l’ex-pansion de la sphère d’infl uence chinoise ne débouche sur une situation où les entreprises américaines verraient leurs conditions d’accès aux marchés, aux produits et aux ressources naturelles contraintes par des accords commer-ciaux dictés par Beijing. Autrement dit, et cela a toujours représenté une composante de la


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politique extérieure des États-Unis, les revendi-cations commerciales sont adossées à des avan-tages comparatifs, notamment dans le domaine de la puissance militaire.

Yves Boyer, « La stratégie de rééquilibrage des États-Unis vers l’Asie pacifi que et la Chine », Défense nationale, n° 760, mai 2013

Pivot géopolitique

Il arrive aussi qu’un pivot géopolitique fonc-tionne comme un bouclier défensif pour un État ou une région de première importance. Parfois, la simple existence d’un pivot géopolitique a des conséquences politiques et culturelles impor-tantes pour un État voisin, acteur géostratégique plus actif.

Zbigniew Brzezinski, Le Grand Échiquier. L’Amérique et le monde, 1997


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Puissance

La puissance à laquelle les Athéniens étaient parvenus et la crainte qu’ils inspiraient aux Lacédémoniens contraignirent ceux-ci à la guerre.

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse

Non, votre hostilité nous fait moins de tort que votre neutralité ; celle-ci est aux yeux de nos sujets une preuve de notre faiblesse ; celle-là une preuve de notre puissance […]. En vous rédui-sant à l’obéissance, non seulement nous com-manderons à un plus grand nombre de sujets, mais encore par votre soumission vous accroî-trez notre sûreté, d’autant mieux qu’on ne pourra pas dire qu’insulaires et moins puissants que d’autres, vous avez résisté victorieusement aux maîtres de la mer.

Thucydide, La Guerre du Péloponnèse, discours des Athéniens aux Méliens


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Une puissance maritime recherchera toujours de nouveaux points d’appui maritimes, comme l’Angleterre, avide d’îles et de ports, alors qu’une puissance continentale, la Russie, par exemple, ne cessera d’organiser ses hordes de cavaliers nomades en armées cosaques.

Friedrich Ratzel, Géopolitique, 1897

À l’âge prochain de la navigation aérienne, la puissance maritime ne pourra se déployer en Méditerranée et dans la Mer rouge qu’avec la permission de la puissance terrestre, car la puissance aérienne est principalement un pro-longement de la puissance terrestre, une nou-velle cavalerie amphibie.

Halford John Mackinder, Idéaux démocratiques et réalités. Une étude des politiques de recons-truction, 1919

Toute chance de faire triompher, au sein d’une relation sociale, sa propre volonté contre la résis-tance d’autrui.

Max Weber, Économie et société, 1922


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Le pape, combien de divisions ?

Staline répondant à Laval en 1935 ou à Churchill en 1945

[…] j’appelle puissance sur la scène internatio-nale la capacité d’une unité politique d’imposer sa volonté aux autres unités. En bref, la puis-sance n’est pas un absolu, mais une relation humaine.


La puissance du marché européen et le relève-ment considérable de ses normes constituent en réalité la première source de puissance de l’Europe.


Avant d’être une accumulation de moyens ou de forces, la puissance est donc volonté.

Pierre Buhler, La Puissance au XXIe siècle, 2011


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La redistribution de la puissance entre les États européens à la faveur de l’émergence du capita-lisme industriel est spectaculaire. Elle l’est davan-tage encore entre ce monde occidental, qui a franchi le seuil de la modernité, et le reste du monde.


Règle de l’abstention

[…] Pour éviter une guerre majeure entre civilisa-tions, il est nécessaire que les États phares s’abs-tiennent d’intervenir dans des confl its survenant dans des civilisations autres que la leur […]. Cette règle de l’abstention, en vertu de laquelle les États phares doivent s’abstenir de toute parti-cipation à des confl its concernant d’autres civili-sations, est la condition première de la paix dans un monde multipolaire et multicivilisationnel.



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Représentation territoriale

Une représentation territoriale est une concep-tion de l’espace et du cadre politique propre à un acteur. La représentation territoriale peut s’apparenter à une revendication territoriale, à une hiérarchisation des territoires distinguant un espace central […] et des périphéries moins importantes. Une représentation est aussi le choix d’un mode de gestion du territoire (centra-lisé ou fédéral par exemple…).


Rimland (régions marginales)

À l’est, au sud et à l’ouest de ce heart-land, se trouvent des régions marginales, organisées en un vaste croissant, accessible aux marins. En rapport avec leurs caractéristiques géogra-phiques [according to physical conformation], ces régions sont au nombre de quatre, et il n’est


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pas peu remarquable que, d’une manière géné-rale, elles correspondent respectivement aux sphères des quatre grandes religions : bouddhisme, brahmanisme, islam et christianisme.


Régions intermédiaires entre le Heartland et les mers riveraines.


Souveraineté

La notion même de « souveraineté nationale » est devenue une valeur relative pour la plupart des pays. En essence, ce qui était proposé était cette formule : plus la loyauté de tel ou tel régime en place envers le seul centre de pouvoir dans le monde est grande, plus grande sera sa légitimité.

Vladimir Poutine, discours, club Valdaï, octobre 2014


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Souveraineté limitée

Chaque parti communiste est libre d’appli-quer les principes du marxisme-léninisme et du socialisme dans son pays, mais il n’est pas libre de s’écarter de ces principes s’il entend rester un parti communiste […]. L’affaiblissement d’un maillon quelconque du système socialiste mondial affecte directement tous les pays socia-listes, et ils ne sauraient y rester indifférents.

Leonid Brejnev, Bratislava 1968, réunion du Pacte de Varsovie

Stratégie

Art de la dialectique des volontés employant la force pour résoudre leur confl it.

André Beaufre, Introduction à la stratégie, 1963

Convenons d’appeler stratégie la conduite d’en-semble des opérations militaires, convenons d’appeler diplomatie la conduite du commerce avec les autres unités politiques. Stratégie et diplomatie seront toutes deux subordonnées à


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la politique, c’est-à-dire à la conception que la collectivité ou ceux qui en sont responsables se font de « l’intérêt national ».


« Théorème » de Mackinder

Qui tient l’Europe orientale tient le Heartland,Qui tient le Heartland domine l’île mondiale,Qui domine l’île mondiale domine le monde.


« Théorème » de Spykman

Celui qui domine le Rimland domine l’Eurasie, celui qui domine l’Eurasie tient le destin du monde entre ses mains.



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Unipolarité

Cette période de domination unipolaire a démontré de manière convaincante que le fait d’avoir un seul centre de pouvoir ne rend pas les processus mondiaux plus faciles à gérer. Au contraire, ce type de construction instable a montré son incapacité à lutter contre les menaces réelles telles que les confl its régionaux, le terrorisme, le trafi c de drogue, le fanatisme religieux, le chauvinisme et le néonazisme. Dans le même temps, il a ouvert une large voie aux fi ertés nationales exacerbées, à la manipulation de l’opinion publique, ainsi qu’à la brutalisation et à l’oppression des faibles par les forts.Essentiellement, le monde unipolaire est tout simplement un moyen de justifi er la dictature sur les individus et les nations.

Vladimir Poutine, discours, club Valdaï, octobre 2014


États et groupes

de pays

Partie 2


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Afrique

Nombre d’intellectuels africains préfèrent passer sous silence les conséquences géopolitiques actuelles de la traite des esclaves et sous-estimer la gravité des antagonismes ethniques qui en résultent encore aujourd’hui.

Yves Lacoste, Hérodote, vol. IV, n° 111, 2003

Cette nouvelle guerre du Congo [1998] a été qualifi ée à juste titre de « première guerre conti-nentale africaine » car, bien plus que lors de l’avancée de l’AFDL, un grand nombre d’États y sont directement impliqués. Du côté de la rébellion : le Rwanda, l’Ouganda, et le Burundi, bien que celui-ci, empêtré dans ses diffi cultés internes, n’ait été qu’un acteur effacé. Du côté de Kinshasa : l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad en une coalition hétéroclite dans laquelle les militaires angolais et zimbabwéens ont tenu les premiers rôles.

Yves Lacoste, « L’Afrique centrale dans la tour-mente », Hérodote, vol. IV, n° 111, 2003


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La formule « Ce qui est bon pour Ford est bon pour l’Amérique » a été transcrite ainsi : « Ce qui est bon pour les pays occidentaux est bon pour l’Afrique. »

Étienne Le Roy, « Quels projets de société pour les Africains du XXIe siècle », Repenser les droits africains, 2004

Il est clair que, parmi les pays africains, la Chine privilégie ceux qui, de par leur puissance régio-nale ou du fait de leurs richesses en ressources naturelles, peuvent le plus contribuer à la montée de l’infl uence chinoise sur le « continent noir » ; dans le premier groupe, il faut citer tout d’abord l’Afrique du Sud, membre des BRICS depuis 2011, mais aussi le Nigeria, l’Égypte et l’Éthiopie ; dans le second, le Soudan (et désor-mais le Sud-Soudan), l’Angola, l’Algérie, la République démocratique du Congo (RDC) et le Niger.

Jean-Pierre Cabestan, « Les relations Chine-Afrique : nouvelles responsabilités et nouveaux défi s d’une puissance mondiale en devenir », Hérodote, vol. III, n° 150, 2015


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Allemagne

L’analyse de l’état des relations bilatérales ger-mano-polonaises et germano-tchèques depuis 1989 montre une inversion de la situation qui prévalait au début des années 90 au cours des-quelles les relations entre l’Allemagne et la Pologne semblaient évoluer vers une « normali-sation » rapide, tandis que les relations avec la République tchèque paraissent s’enliser dans les querelles concernant le passé.« De la réconciliation avec l’Allemagne à l’inté-gration européenne », tel était le leitmotiv des années quatre-vingt-dix. De l’intégration euro-péenne à la réconciliation avec l’Allemagne sera la devise de la décennie à venir.

Jacques Rupnik et Anne Bazin, « L’Allemagne et ses voisins de l’Est après l’élargissement », Diploweb, mai 2007


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Asie

Pourtant, l’antienne d’hier – « lorsque l’Amé-rique éternue, le monde entier attrape froid » – semble avoir cédé la place à un nouveau refrain : « Quand l’Amérique attrape une pneu-monie, la Chine et l’Inde ne font qu’éternuer. »


L’Asie de l’Est est donc vouée à devenir le théâtre d’un affrontement à long terme entre le pouvoir terrestre chinois et le pouvoir maritime des États-Unis, affrontement qui se cristallisera dans les prochaines années autour de Taïwan et de la péninsule coréenne.


Il suffi t de regarder une carte : le Kirghizstan, le Tadjikistan et le Kazakhstan bordent la province musulmane du Xinjiang. C’est une question de sécurité nationale pour la Chine. Cette coo-pération régionale est un outil essentiel dans la


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lutte antiterroriste pour Pékin […]. Ces dernières années, la Chine a cultivé une approche très prudente vis-à-vis de l’Asie centrale pour ne pas provoquer la jalousie de la Russie. Et le pouvoir chinois continuera à étendre son infl uence, en veillant à ne pas exercer de domination.

Shi Yinhong, professeur de relations internatio-nales à l’Université du peuple à Pékin, Le Figaro, 9 septembre 2013

En deux décennies et avec très peu d’avantages symboliques et matériels de départ, la Chine a réussi à projeter sur l’Asie centrale une identité qui la « sinise » : l’Asie centrale est aujourd’hui encore le sud de la Russie à bien des égards, mais également, de manière croissante, l’ouest de la Chine.

Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse, « Chine à tous les étages. L’impact du voisinage de la Chine sur les transformations spatiales et sociales centrasiatiques », Hérodote, vol. III, n° 150, 2015


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Caucase

L’observateur attentif des affaires du Caucase pourrait s’étonner de la rapidité avec laquelle la division de cette région, fin 1991, entre quatre des États successeurs de l’URSS, a influencé la vision que s’en font la majorité des politiques et des analystes. Pour une bonne partie des auteurs occidentaux, et c’est aussi le point de vue adopté par nombre de rapports offi ciels d’orga-nisations internationales, gouvernementales ou non, il y aurait désormais deux Caucase bien dis-tincts. Le « vrai » Caucase serait la partie méri-dionale de cette région, c’est-à-dire les trois États indépendants du Sud, Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie. Dans ce schéma, la Russie, bien qu’elle domine pratiquement tout le versant nord de la chaîne, est considérée comme un acteur exté-rieur, le plus souvent présenté comme une puis-sance malfaisante désireuse de reconquérir une marche stratégique perdue.

Jean Radvanyi, « Caucase : la marche turbulente de la Fédération de Russie », Hérodote, vol. III, 2010


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Chine

Laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera.

Attribué à Napoléon, 1816

Le péril jaune est plus dangereux encore pour la liberté mondiale que la Russie, parce qu’en plus de disposer d’un vaste territoire continental, la Chine a un littoral très étendu.


Le fait chinois couvre un espace universel com-prenant l’Empire du milieu, les trois grands océans et les cinq continents. La connais-sance des foyers d’émigration de la Chine est primordiale.

Claude Chancel et Éric-Charles Pielberg, Le Monde chinois dans le nouvel espace mondial, 1998


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Ce ne sont pas seulement l’identité (race et religion), son mouvement (colonisation), son orientation (terrestre plus que maritime) et ses besoins (la recherche de l’autosuffi sance) qui caractérisent la géopolitique chinoise. C’est aussi la perception de l’étranger organisé en cercles concentriques. Au Milieu du monde, il y a le cœur Han : la Chine. Autour, le premier cercle, les marches coloniales […]. Puis vient le deuxième cercle, celui des vassaux […]. Au-delà des vassaux, en Europe, dans les islams […], en Amérique, on est dans le cercle des Barbares.


En s’alliant, la Russie et la Chine pourraient contrôler le monde, mais il y a déjà des ten-sions entre ces deux pays dans l’Extrême-Orient russe. Moscou se méfi e des grandes quantités de migrants chinois qui s’installent dans la région, emportant dans leur sillage des compagnies forestières et minières.

David Blair, Daily Telegraph, 16 juillet 2009


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[…] La politique nord-coréenne de Pékin est déterminée par l’évaluation de ses propres inté-rêts ainsi que par l’évolution des rapports de force entre Pékin et Washington. La relation sino-américaine, de par son caractère profondément légitimant pour la Chine, constitue le principal déterminant de sa politique étrangère et c’est sans doute ce qui explique la très grande ambi-guïté souvent constatée de la politique de Pékin vis-à-vis de Pyongyang.

Barthélemy Courmont, « Le diffi cile défi nord-coréen de Washington », Revue internationale et stratégique, n° 81, 2011

La Chine est elle aussi en train de consolider ses frontières et de se tourner vers l’extérieur, mais contrairement aux États-Unis, elle n’adopte pas une approche missionnaire envers les affaires du monde : elle ne cherche pas à propager une idéologie ou un système de gouvernement ; elle ne se préoccupe pas du progrès moral de la poli-tique internationale.



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La Chine ne sort de ses frontières offi cielles qu’en vue de satisfaire son intérêt national le plus strict – sa survie et sa croissance économique –, et c’est pourquoi on peut dire d’elle qu’elle est la puissance réaliste par excellence.


La Chine développe des capacités de nui-sance asymétrique afi n de bloquer les accès et d’empêcher les États-Unis d’entrer en mer de Chine méridionale ainsi que dans les autres eaux côtières […]. La stratégie chinoise de refus d’accès ne vise donc pas uniquement à main-tenir les États-Unis à distance, mais elle participe également d’un plan très élaboré de conquête de Taïwan.


La Chine, qui devrait rayonner essentielle-ment à travers la marine, adoptera en principe le même comportement bienveillant que les grands empires maritimes historiques […] en se


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préoccupant en premier lieu de la liberté de circu-lation des biens de consommation et de la préser-vation d’un espace maritime pacifi que. Seulement elle ne dispose pas encore de la confi ance néces-saire pour adopter ce genre d’attitude. Elle pense la mer en termes de territoire, comme le ferait n’importe quelle puissance terrestre menacée, et elle essaye de s’étendre en cercles concentriques, à la façon suggérée par Spykman.


Ce lion qu’est la Chine s’est déjà réveillé, mais il s’agit d’un lion pacifi que, gentil et civilisé.

Xi Jinping, discours lors de sa visite en France, mars 2014

Chypre

Chypre est un énorme porte-avions qui s’est ancré dans la partie la plus stratégique de la Méditerranée orientale. Il met toute la Méditerranée orientale sous un contrôle mili-taire. Il est à un pas des côtes turques et à deux


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pas de la péninsule Arabique. Il est comme un gardien du canal de Suez.

Déclaration du ministre des Affaires étrangères turc, Hürriyet, 20 juillet 1980

Chypre est une île qui perce le milieu de la Turquie comme un poignard. Elle est extrême-ment vitale du point de vue de notre sécurité. Cette île ne devra donc pas être entre les mains de nos ennemis. L’existence des Turcs dans le nord de l’île est une garantie dans cette direction.

Turgut Özal, Premier ministre turc, 1983

Congo

La relation du Congo avec ses adversaires ou partenaires africains, et avec le monde, est donc toujours placée sous le signe de l’économie minière. Les enjeux de la guerre comme ceux de la paix en sont profondément affectés.

Roland Pourtier, « L’Afrique centrale dans la tourmente : les enjeux de la guerre et de la paix au Congo et alentour », Hérodote, vol. IV, n° 111, 2003


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Corée

La Corée du Nord est devenue l’État pivot de l’Asie de l’Est, et son effondrement affecterait le destin de toute la région pour les décennies à venir.


États-Unis

La véritable question n’est pas de savoir si le déclin des États-Unis est inéluctable, mais de savoir si la rapidité de ce déclin est inéluctable.

Paul Kennedy, Naissance et déclin des grandes puissances, 1987

Sur les grands problèmes stratégiques et inter-nationaux qui se posent aujourd’hui, les Américains sont des Martiens et les Européens des Vénusiens : rares sont les points sur lesquels ils s’entendent, et l’incompréhension entre eux ne fait que croître.

Robert D. Kaplan, La Puissance et la Faiblesse, 2003


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L’Amérique est la démocratie la plus puissante du monde ; à ce titre, elle doit venir en aide à ceux qui désirent établir des institutions libres. Mais promouvoir la démocratie est une politique et non une mission.

Madeleine Albright, L’Express, 28 août 2008

Les États-Unis doivent mieux user de leur smart power, en projetant une puissance sophistiquée et intelligente qui prenne en compte les points de vue d’autres acteurs internationaux.Madeleine Albright, L’Express, 28 août 2008

Eurasie

L’océan couvre les neuf douzièmes du globe ; un continent, l’île monde, en couvre deux dou-zièmes ; enfi n des îles plus modestes, dont l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, cou-vrent ensemble le douzième restant.



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Les caractéristiques de l’Eurasie, isolement et unité, n’ont pas seulement une signifi cation géo-graphique mais aussi une signifi cation historique conduisant à une historiosophie russe.

Petr Nikolajevič Savickij, La Russie. Un monde géographique à part, 1927

Le continentalisme eurasien est à bien des égards comparable au continentalisme améri-cain, mais il en diffère beaucoup par sa signifi ca-tion interne.

V. P. Nikitin, Notre continentalisme, 1929

Quiconque domine les steppes parviendra aisé-ment à réaliser l’unité politique de l’Eurasie.

Eurasisme. Essai d’explication systématique, 1992

L’économie de la Russie-Eurasie a pour fi nalité le développement d’un monde intra-continental spécifi que. Il existe un lien déterminant entre la mission économique et la mission politique


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[de l’État]. La première ne peut être menée à bien que dans le cadre d’un ordre politique équilibré, […] d’une Pax Rossica.

Petr Nikolajevič Savickij, Steppe et sédentarité. La Russie entre Europe et Asie. La tentation eura-siste, 1993

Il est vrai que la représentation géopolitique de l’Eurasie a toujours cours dans certains milieux conservateurs russes (Douguine) ou encore celle de « heartland » du monde actuel en reprenant la vieille représentation de Mackinder qui, bien que fausse, garde ses adeptes.

Béatrice Giblin, Hérodote, vol. III, n° 138, 2010

Sans doute parce que nous sommes dans une région pivot, voire dans le Rimland, un nouveau Grand Jeu se déploie entre Européens, Américains et Russes dans ces « Balkans eura-siens » [les États d’Asie centrale].

Michel Nazet, « La nouvelle route de la soie ou la résurrection d’un mythe », Diploweb, 21 avril 2014


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Europe – Union européenne

Convenons donc que l’état relatif des Puissances de l’Europe est proprement un état de guerre, et que tous les Traités partiels entre quelques-unes de ces puissances sont plutôt des trêves passa-gères que de véritables Paix.

Abbé de Saint-Pierre, Projet de paix perpétuelle, 1712

Un troisième lien, plus fort que les précédents, fut celui de la Religion, et l’on ne peut nier que ce ne soit surtout au Christianisme que l’Europe doit encore aujourd’hui l’espèce de société qui s’est perpétuée entre ses membres ; tellement que celui de ses membres qui n’a pas point adopté sur ce point le sentiment des autres est toujours demeuré comme étranger parmi eux.

Abbé de Saint-Pierre, Projet de paix perpétuelle, 1712

Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse


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individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne […]. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées […].Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colo-nisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infi nies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu !

Victor Hugo, discours au Congrès de la paix, 1849

L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire : un petit cap du continent asiatique ?

Paul Valéry, Variété 1, 1924


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La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indis-pensable au maintien des relations pacifi ques. En se faisant depuis plus de vingt ans le cham-pion d’une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L’Europe n’a pas été faite, nous avons eu la guerre.L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solida-rité de fait. Le rassemblement des nations euro-péennes exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée. L’action entreprise doit toucher au premier chef la France et l’Allemagne.

Robert Schuman, 9 mai 1950

Oui, c’est l’Europe, depuis l’Atlantique jusqu’à l’Oural, c’est l’Europe, c’est toute l’Europe, qui décidera du destin du monde.

Général de Gaulle, discours à Strasbourg, novembre 1959


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Cette solidarité, faudra-t-il qu’elle s’enferme dans une sorte de citadelle politique et économique ? Au contraire ! L’union des Six, une fois réalisée et, à plus forte raison, si elle venait à se com-pléter d’adhésions et d’associations européennes nouvelles, peut et doit être, vis-à-vis des États-Unis, un partenaire valable en tous domaines, je veux dire puissant et indépendant.

Général de Gaulle, conférence de presse, 1966

L’Europe ? Quel numéro de téléphone ?

Henry Kissinger, 1973

L’Europe est un berceau vide où il n’y a pas d’enfant.

Marie-France Garaud, Géopolitique, mars 1984


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Le paradigme civilisationnel permet donc de répondre de façon nette et convaincante à la question de savoir où fi nit l’Europe. Elle se termine là où fi nit la chrétienté occidentale et où commencent l’islam et l’orthodoxie.


L’européocentrisme est dangereux pour la santé morale des peuples puisqu’il suggère un com-plexe de non-achèvement, abaissant leurs propres valeurs.

Alexandre S. Panarin, L’Unité slavo-turque. La construction de l’étaticité russe, 1996

Le principe d’équilibre, « main invisible de la politique européenne ».

Josef Joffe, « Germany. The continuities from Frederick the Great to the Federal Republic », in A Century’s Journey. How the Great Powers Shape the Word, Robert A. Pastor (dir.), 1999


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Les nations européennes existent tellement en dépit de leurs institutions communes, de leur monnaie unique et de leurs coopérations tech-nologiques qu’il serait sans doute plus juste, et peut-être plus enthousiasmant, de parler de Nations unies d’Europe.

Emmanuel Todd, Après l’empire. Essai sur la décomposition du système américain, 2002

Après tout, nier la validité du nouvel idéalisme européen revient à mettre en question la viabi-lité du projet européen. Si les problèmes inter-nationaux ne peuvent en fait être résolus à l’européenne, cela ne signifi e-t-il pas que l’Eu-rope elle-même risque à terme de ne pas avoir de solution, avec toutes les affres que cela suppose ?

Robert Kagan, La Puissance et la Faiblesse, 2003

L’Europe et l’Amérique ne partagent plus la même vision du monde, même si certaines valeurs leur sont communes, depuis que la fi n de la Guerre froide a laissé Washington sans


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« compétiteur stratégique » et plus libre de porter son attention vers d’autres horizons straté-giques que ceux du rideau de fer.

Philippe Steininger, « Pour un outil militaire français à vocation résolument stratégique », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004

Ce qu’il faut à l’Europe, c’est moins une puis-sance militaire qu’une vision à la fois commune et globale de ses intérêts. La démarche norma-tive qui est la sienne peut y contribuer.


L’Europe ne peut pas être une grande puissance […]. L’Europe n’a pas d’autre choix que de s’as-sumer en tant que puissance normative.



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France

La France ne peut être la France sans la grandeur.

Charles de Gaulle, Mémoires de guerre. L’appel, 1954

« La France est le pays des droits de l’homme. » Le rabâchage de ce titre, autoproclamé, suscite d’abord le sourire puis, dans bien des capitales, l’agacement. C’est que, sur ce terrain, d’autres pays que la France ne sont pas toujours en reste, sans qu’il leur vienne à l’esprit de nous disputer la bannière dans laquelle nous nous drapons […].[…] ce jeu d’image électoraliste peut devenir une incommodité à l’égard de la politique à mener, parce que la France fi nit par devenir esclave de cette attitude. Il arrive que cette pose fi gée empêche les autorités de prendre des décisions pourtant souhaitables dans l’intérêt bien compris du pays. Enfi n, comme la France ne peut généra-lement pas mettre ses actes en conformité avec ce credo, son crédit international diminue d’autant.

Jacques Tiné, ambassadeur de France, cité par Pierre Verluise in « Quelle France dans le monde au XXIe siècle ? », Diploweb, mai 2001


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Inde

Toute invasion du Népal concernerait inévitable-ment la sécurité de l’Inde.

Jawaharlal Nehru, mars 1950

Nous sommes géographiquement situés de telle sorte que nous ne sommes pas entraînés dans des controverses avec cette fureur passionnée qu’y mettent d’autres pays. Cela ne tient pas au fait que nous sommes bons ou mauvais, c’est une question de géographie.

Jawaharlal Nehru, discours à Rajya Sabha, 12 décembre 1957

La nucléarisation de l’Inde et du Pakistan a fait du Cachemire la région la plus dangereuse du monde.

Bill Clinton, déclaration, 1998


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Qui peut blâmer l’Inde pour faire ce qu’elle a fait ? Ce pays est la plus grande démocratie mon-diale et la deuxième nation la plus peuplée de la planète. Mais au nord-est, il a une frontière avec une puissance nucléaire, la Chine, qui lui a infl igé une douloureuse défaite militaire en 1962 et au nord-ouest, avec le Pakistan, pays avec qui l’Inde a fait trois guerres et dont le programme nucléaire reçoit le soutien de la Chine […]. Ce qui est folie au plan économique peut se révéler être de l’or au plan politique.

The Independant, mai 1998

L’Inde est le pays qui décidera de l’issue du combat entre les États-Unis et la Chine. C’est pourquoi on peut dire, en réactualisant Mackinder, qu’elle est le véritable pivot de la géopolitique du XXIe siècle.



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Israël

La confi guration géographique et géopolitique d’Israël, au sortir de la guerre d’indépendance de 1948-1949, ne lui laisse guère le choix que de dominer les airs.

Frédéric Encel et François Thual, « Israël. Le salut par les airs », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004

Japon

Chaque Japonais ressent d’une manière si vivante les frontières de l’Empire qu’il éprouve tout mouvement dangereux dirigé contre elles […] comme une menace concernant sa propre peau et qu’il réagit en conséquence […]. Car le Japonais voit par exemple son Empire sous la forme d’un grand dragon qui traverse le grand océan et très tôt il apprend à l’école à le dessiner ainsi.

Karl Haushofer, De la géopolitique, 1931


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Commençons par la fi n en évoquant la ques-tion maintes fois posée depuis l’accroissement des tensions entre la Chine et le Japon à propos d’îles disputées : va-t-il y avoir une guerre entre les deux pays ?[…] Non, la Chine et le Japon ne se feront pas la guerre d’ici peu, à moins que le troisième larron en scène – les États-Unis d’Amérique – ne les y pousse.

Philippe Pelletier, « Le chien et l’éléphant. Le Japon au miroir de la Chine », Hérodote, vol. III, n° 150, 2013

Une historiographie, tant japonaise qu’occiden-tale […] a souvent analysé l’histoire du Japon, donc sa géohistoire et sa géopolitique, en se focalisant sur ce qui se déroulait à l’intérieur du Japon. Ce prisme relève d’un insularisme étroit car oublieux de la dimension archipélagique du pays […] et de sa position au large du conti-nent eurasiatique dont il est le Finistère civilisa-tionnel. Il ne permet pas de comprendre que la totalité des tournants géopolitiques majeurs


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du Japon s’explique par ce qui se passe sur le continent ou à partir de lui.


Les élites japonaises et chinoises ont une approche commune du monde : tout est politique.


La relation entre le Japon est la Chine est comme la relation entre la lèvre et les dents, ou entre une roue et la voiture.

Proverbe japonais cité par Philippe Pelletier, « Le chien et l’éléphant. Le Japon au miroir de la Chine », Hérodote, vol. III, n° 150, 2013


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Kazakhstan

Et si le Heartland de Mackinder n’était autre que le Kazakhstan ? Il regorge de ressources naturelles stratégiques et se situe en plein cœur de l’Eurasie […]. Mackinder croyait que le Heartland ne pouvait appartenir qu’à une grande puissance, mais il est désormais aux mains de ses habitants d’origine, même si la Chine et la Russie lorgnent sur ses ressources énergétiques.


Mexique

Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis.

Porfi rio Díaz, début du XXe siècle


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Nous ne voulons pas des Mexicains, que ce soit comme citoyens ou comme sujets. Tout ce que nous voulons, c’est une portion du territoire en leur possession, peu ou pas habité, dont la population diminuera ou se fondra avec nous.

Déclaration d’un sénateur du Michigan en 1850, cité par Sylvie Le Bars, « Mexique-États-Unis : coopération et rejet », Cercle de réfl exion uni-versitaire du lycée Chateaubriand de Rennes, 1997-1998

Moyen-Orient

Cher Lord Rothschild, J’ai le grand plaisir de vous adresser, de la part du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration suivante, en sympathie avec les aspirations juives sionistes ; cette décla-ration a été soumise au Cabinet et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envi-sage favorablement l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif, et il emploiera tous ses efforts pour faciliter la réali-sation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera fait qui porte atteinte aux droits


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civils et religieux des communautés non juives de Palestine ainsi qu’aux droits et aux statuts politiques dont les Juifs jouissent dans les autres pays.

Lord Arthur Balfour (1848-1930), ministre bri-tannique des Affaires étrangères, déclara-tion offi cielle du 2 novembre 1917, adressée à Lord Lionel Walter Rothschild (1868-1937), vice-président du Board of Jewish Deputies

Ce corpus de représentations biblistes améri-caines […] pèse indiscutablement de manière croissante sur la politique moyen-orientale américaine depuis au moins les années quatre-vingt, jusqu’à constituer une variable prioritaire dans les prises de décision au plus haut niveau. Néanmoins, il ne s’agit que d’une variable et non d’une constante […], autrement dit un élément à apprécier relativement à d’autres fac-teurs, plus pragmatiques.Il demeure que la seconde Intifada, en réalité la première guerre israélo-palestinienne, aura subi, quelle que soit son issue, les infl uences directes et sans précédent de représentations


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eschatologiques de type mystique et religieux entretenues depuis l’extérieur.

Frédéric Encel, « Guerre israélo-palestinienne : d’encombrants renforts religieux au service des belligérants », Hérodote, vol. III, n° 166, 2002

En éclipsant Ben Laden et Al-Qaida, Nasrallah a fait perdre à Bush son meilleur allié objectif, le meilleur faire-valoir pour sa guerre contre le ter-rorisme et le « fascisme islamique », car jamais le chef du Hezbollah n’a présenté sa lutte contre Israël comme un jihad contre les juifs et les chrétiens comme le fait un Ben Laden, son combat s’inscrivant dans une lutte de libération nationale.

Venus Khoury Ghata, « Nasrallah, plus fort que Bush, Olmert et… Ben Laden », Le Figaro, 10 août 2006

De l’incapacité des États de la région à se mesurer à l’État hébreu par des moyens symé-triques, et donc de la dissymétrie du rapport de


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forces conventionnelles, naissent les confron-tations asymétriques. L’instrumentalisation de groupes armés face à Israël, que ce soit dans les territoires palestiniens (Hamas, Djihad isla-mique, Brigades d’Al-Aqsa) ou au Liban par des puissances extérieures, est consubstantielle aux affrontements du Moyen-Orient. À défaut de pouvoir atteindre directement le cœur de l’État hébreu ou de réduire son potentiel militaire, il s’agit de peser sur le rapport de forces général.

William Leday, « Équilibres militaires et stra-tégiques au Moyen-Orient », Hérodote, vol. I, n° 124, 2007

Les États-Unis maintiennent aujourd’hui une forte présence militaire en Turquie, ce qui lui confère un rôle stratégique incontournable dans la région, porté par une vision politique défi nie par l’administration républicaine de George W. Bush – celle du Grand Moyen-Orient, région fan-tasmée où démocratie et économie de marché constitueraient l’horizon.

William Leday, « Équilibres militaires et stra-tégiques au Moyen-Orient », Hérodote, vol. I, n° 124, 2007


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Occident

L’Occident est la seule parmi les civilisations à avoir eu un impact important et parfois dévasta-teur sur toutes les autres.


Pakistan

Le futur de l’Afghanistan est inextricablement lié à celui de son voisin – le Pakistan. Depuis les quelque huit années écoulées depuis le 11 sep-tembre, Al-Qaida et ses alliés extrémistes ont tra-versé la frontière en direction des zones isolées des marges du Pakistan. Le leadership d’Al-Qaida – Oussama Ben Laden et Ayman al-Zawa-hiri – en fait très certainement partie. Ils ont transformé cette région montagneuse en sanc-tuaire pour s’y cacher, y former des terroristes, communiquer avec leurs partisans, comploter des attaques, et envoyer des combattants pour appuyer l’insurrection en Afghanistan. Pour le


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peuple américain, cette région frontalière est devenue le lieu le plus dangereux du monde.

Barack Obama, The White House. Remarks by the President on a New Strategy for Afghanistan and Pakistan, 27 mars 2009

La question identitaire, dans sa dimension eth-nique, s’inscrit dans la géopolitique régionale et dans la vision internationale du pouvoir pakis-tanais, dans un domaine où l’armée est aux commandes. Tout mouvement centrifuge est soupçonné – ou accusé – d’être activement soutenu par des puissances étrangères.

Jean-Luc Racine, « Le paradigme pakistanais », Hérodote, vol. IV, n° 139, 2010

On observe donc, encadrés par le paradigme d’ensemble, deux jeux emboîtés, conduits par les militaires et leurs services spéciaux. Le premier porte sur les relations avec les milices radicales pakistanaises ou afghanes […]. Le second jeu, qui peut aussi être perçu comme un double jeu, relève de la grande stratégie et implique donc, au premier chef, les États-Unis, mais aussi, plus discrètement, la Chine. Ce second jeu n’est que la forme contemporaine


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du « grand jeu » conduit à la fin du XIXe siècle par l’Empire britannique et l’Empire russe, et redéfini dans les années 1980 par l’empire sovié-tique et l’empire américain : il a pour terrain central l’Afghanistan, mais aussi, de plus en plus, le continuum afghano-pakistanais, l’AfPak. Cet emboîtement aboutit à un autre paradoxe : supposé être en première ligne dans la guerre contre le terrorisme, le Pakistan est aussi un des hauts lieux du circuit terroriste international…

Jean-Luc Racine, « Le paradigme pakistanais », Hérodote, vol. IV, n° 139, 2010

Pays émergents

Dans un proche avenir s’ajouteront […] au groupe des grandes puissances d’ancien style de nouveaux noyaux de grandes puissances venant d’abord du groupe des pays de mousson avec des peuples de vieille civilisation […], notam-ment les États qu’on appelle les États A-B-C, l’Argentine, la Brésil, Le Chili.

Karl Haushofer, Le Déplacement des forces poli-tiques mondiales depuis 1914 et les fronts inter-nationaux des « Pan-Idées ». Objectifs à long terme des grandes puissances, 1931


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Les pays émergents sont d’abord le produit du tournant libéral des années 1980, né de l’« ajus-tement structurel » (1985), qui deviendra le cœur du consensus de Washington…

Jérôme Sgard, « Qu’est-ce qu’un pays émer-gent ? », L’Enjeu mondial, 2008

La Russie est un petit des BRIC, par son poids démographique et économique. Entre la Russie et la Chine, il existe un décalage grandissant et aujourd’hui déjà très important […]. Aujourd’hui le rapport est de un à trois à l’avantage de la Chine. Ce qui signifi e que Moscou pourrait être le partenaire junior de la Chine […] alors que la Russie a conforté son partenariat avec la Chine pour s’affi rmer face aux États-Unis.

Anne de Tinguy, L’Enjeu mondial, 2008

Seule une représentation optimiste place la Russie dans le groupe des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), celui des puissances émergentes, association valorisante à laquelle tient la Russie – au mieux, ce serait une puissance réémer-gente. Mais elle est loin de connaître le même


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dynamisme économique que les trois autres et moins encore leur dynamisme démographique.


Régions, régionalisme

Les régions sont des entités géographiques et non politiques ou culturelles. Comme les Balkans ou le Moyen-Orient, elles peuvent être affectées par des confl its inter- et intra-civilisationnels.


Royaume-Uni

Nous allons libérer l’Europe, mais c’est parce que les Américains sont avec nous pour le faire. Car, sachez-le ! chaque fois qu’il nous faudra choisir entre l’Europe et le grand large, nous choisirons le grand large !

Churchill répondant à de Gaulle, 4 juin 1944


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Comme dans nombre de couples, il y en a toujours un qui aime plus que l’autre […]. En ce qui concerne le Royaume-Uni et les États-Unis, le premier est clairement celui qui aime le plus et ne le dissimule guère.

Jean-Sylvestre Mongrenier, « La politique de défense britannique et le special relationship anglo-américain. L’hypothétique rééquilibrage euro-atlantique », Hérodote, vol. II, n° 137, 2010

Si le système militaire britannique est en partie l’héritier d’une culture stratégique qui s’est formée au fil de l’histoire diplomatique et mili-taire de l’Angleterre […], l’importance que Londres accorde à la forte alliance bilatérale avec Washington et au rôle de l’OTAN dans les questions de défense […] est par contre en rupture avec le « splendide isolement » et la « Blue Water Strategy » de l’époque impériale.

Jean-Sylvestre Mongrenier, « La politique de défense britannique et le special relationship anglo-américain. L’hypothétique rééquilibrage euro-atlantique », Hérodote, vol. II, n° 137, 2010


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Turquie

La géopolitique de l’État turc moderne (isssu de la décomposition de l’État impérial ottoman) doit d’abord être pensée par rapport à la réalité du peuplement turcophone.


Ukraine

L’Ukraine est un État stratégique, dont le contrôle est fondamental pour les Russes d’un point de vue géographique. Bordée par la mer Noire au sud et par les ex-satellites à l’ouest, une Ukraine indépendante constitue un obstacle majeur aux avancées russes en Europe.


La porte de l’OTAN vous est ouverte mais il vau-drait mieux ne pas la pousser.

Joe Biden aux dirigeants ukrainiens, décembre 2014


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Kiev est la mère des villes russes […]. La Rus’ de Kiev ancienne est notre source commune et nous ne pouvons pas vivre l’un sans l’autre.

Vladimir Poutine, discours devant la Douma, mars 2014

URSS – Russie

Dans leur quête d’une ouverture sur la mer, [les Russes tenant du sea power] n’ont pas compris que l’océan ne se trouve pas devant nous mais derrière nous, qu’il n’est pas un océan maritime mais un océan continental.

Petr Nikolajevič Savickij, La Russie. Un monde géographique à part, 1927

Ce qui a succédé aux empires tsariste et com-muniste, c’est un bloc civilisationnel parallèle à beaucoup d’égards à celui de l’Occident en Europe. Au cœur, la Russie, équivalente à l’Alle-magne et à la France, est intimement liée à un cercle intérieur incluant les deux républiques orthodoxes salves prédominantes de Biélorussie


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et de Moldavie, le Kazakhstan, dont la popula-tion est russe à 40 %, et l’Arménie, historique-ment allié très proche de la Russie.


Saisir le vent chinois dans les voiles russes.

Vladimir Poutine, 2001

[…] Moscou ne cache pas qu’elle gère ses rela-tions économiques de manière politique, ce qui n’entre pas non plus dans les canons interna-tionaux. Les Russes savent suivre les règles des autres quand cela les arrange et garder les leurs quand ils le souhaitent. Ils sont donc perçus à l’Ouest comme des trublions et comme un danger.

Jérôme Guillet, L’Enjeu mondial, 2008


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La Russie a en effet une ambition de puissance, et même de grandeur dans la mesure où elle cherche à être reconnue comme un élément moteur de ce qu’elle appelle un ordre interna-tional plus « juste ». Son positionnement aux côtés des puissances émergentes […] joue là un grand rôle […]. Il est lié à l’analyse que Moscou fait de la scène internationale […] affaiblissement du rôle géopolitique des États-Unis, un repli durable de l’Union européenne sur elle-même, une redistribution des sources d’infl uence […], un déplacement du pouvoir vers de nouveaux acteurs, un poids accru du rôle des hydrocar-bures dans le monde.

Anne de Tinguy, L’Enjeu mondial, 2008

Avec l’Europe, ce ne sont pas des rivalités de puissance qui sont en jeu puisque, pour les Russes, l’Europe en tant que puissance n’existe pas. Elle est par contre un marché qu’il faut savoir développer.



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Comme l’affi rmait Alfred Mahan, les puissances terrestres ne se sentent jamais en sécurité : l’ab-sence de frontières maritimes immuables les place constamment dans un rapport de défi ance et d’agression avec leurs voisins. C’est surtout vrai pour la Russie, dont le territoire est majori-tairement plat et presque dépourvu de frontières naturelles.


La géographie nous rappelle ce qui fut souvent oublié, que la Russie est historiquement très pré-sente dans la dynamique des puissances en Asie de l’Est.


Malgré tous les avantages géographiques dont jouit la Russie, il y a peu de chances pour que l’histoire se répète, et la probabilité de voir res-surgir l’Empire russe en ce début de siècle est


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plutôt maigre, essentiellement à cause de la situation historique et géographique particulière de l’Asie centrale.[…] Si toutefois un nouvel empire russe devait émerger, il ne serait sans doute qu’une pâle réin-carnation des précédents, limité dans les États d’Asie centrale par l’infl uence grandissante de la Chine, de l’Inde et de l’Iran.


L’Étranger proche : celui-ci apparaît comme la zone d’intérêts vitaux par excellence de la Russie, une zone dont la cohésion paradoxale est matérialisée par les multiples points d’appui que le Kremlin entretient loin de ses frontières.

Laurent Chamontin, « Russie et “Étranger proche” : retour sur une année dramatique », Diploweb, 18 novembre 2014

Dans les cœurs et les esprits des gens, la Crimée a toujours été une partie inséparable de la Russie.



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La Crimée est notre héritage historique commun et un facteur très important pour la stabilité régionale. Et ce territoire stratégique devrait faire partie d’une souveraineté forte et stable, qui, aujourd’hui, ne peut être que russe.


En bref, nous avons toutes les raisons de sup-poser que l’infâme politique d’endiguement conduite aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles se poursuit aujourd’hui. Ils sont constamment en train d’es-sayer de nous confi ner dans un coin parce que nous avons une position indépendante, parce que nous la maintenons et parce que nous appe-lons les choses par leur nom et ne nous enga-geons pas dans l’hypocrisie.



Partie 3

Acteurs et enjeux


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Civilisation

Nous autres civilisations, nous savons désormais que nous sommes mortelles.

Paul Valéry, Variétés 1, 1924

Les civilisations se caractérisent par un haut degré d’intégration. Leurs parties se défi nissent par leurs relations aux autres et au tout. Si une civilisation est composée d’États, ceux-ci auront plus de relations les uns avec les autres qu’avec des États qui n’appartiennent pas à cette civi-lisation. Ils se battront plus entre eux et auront plus de relations diplomatiques. Ils seront plus interdépendants économiquement. Ils seront traversés par les mêmes courants esthétiques et philosophiques.

Matthew Melko, The Nature of Civilizations, 1969

C’est le groupement régulier, la fréquence de certains traits, l’ubiquité de ceux-ci dans une aire précise qui sont les premiers signes d’une cohé-rence culturelle. Si à cette cohérence dans l’es-pace s’ajoute une permanence dans le temps,


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j’appelle civilisation ou culture l’ensemble, le « total » du répertoire. Ce « total » est la forme de civilisation ainsi reconnue.

Fernand Braudel, Écrits sur l’histoire, 1984

Le sang, la langue, la religion, la manière de vivre : voilà ce que les Grecs avaient en commun et ce qui les distinguait des Perses et des autres non-Grecs. Mais, de tous les éléments objectifs qui défi nissent une civilisation, le plus important est en général la religion…


L’aire culturelle n’est pas une pure vue de l’es-prit ; elle relève de la géographie ; elle a un centre, son « noyau », ses frontières et ses marges. Elle est une réalité de longue durée, et sans doute faut-il, en géopolitique, la considérer comme un facteur agissant sur le temps long.



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Ce n’est donc pas un mondialisme chinois qui est en passe de mettre en échec le mondialisme américain ; mais une résistance civilisationnelle.


Commerce

L’effet naturel du commerce est de porter à la paix. Deux nations qui négocient ensemble se rendent réciproquement dépendantes : si l’une a intérêt d’acheter, l’autre a intérêt de vendre ; et toutes les unions sont fondées sur des besoins mutuels.

Montesquieu, De l’esprit des lois, 1748

Le commerce international travaille à trans-former la terre entière en un vaste organisme économique où peuples et pays ne sont plus qu’organes subordonnés. Combien de fl ux de commerce international ne se dirigent-ils pas déjà vers Londres ? Il faut toute l’énergie et la persévérance d’un peuple pour résister à ce


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mouvement centralisant et rester culturellement et politiquement indépendant.

Friedrich Ratzel, La Géographie politique, 1897

La politique des puissances commerciales [passe] par une dépréciation du sol, auquel elles préfèrent les biens mobiles, faciles à acquérir et à échanger.


Complexe militaro-industriel

Cette conjonction d’une immense institution militaire et d’une grande industrie de l’arme-ment est nouvelle dans l’expérience américaine. Son infl uence totale, économique, politique, spi-rituelle même, est ressentie dans chaque ville, dans chaque Parlement d’État, dans chaque bureau du Gouvernement fédéral. Nous recon-naissons le besoin impératif de ce développe-ment. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre labeur, nos ressources, nos gagne-pain… tous sont impliqués ; ainsi en va-t-il de la structure même de notre société.


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Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute infl uence injustifi ée, qu’elle ait ou non été sollicitée, exercée par le complexe militaro-industriel. Le risque potentiel d’une désastreuse ascension d’un pouvoir illégitime existe et persistera. Nous ne devons jamais laisser le poids de cette com-binaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques. Nous ne devrions jamais rien prendre pour argent comptant. Seule une communauté de citoyens prompts à la réaction et bien informés pourra imposer un véritable entrelacement de l’énorme machi-nerie industrielle et militaire de la défense avec nos méthodes et nos buts pacifi ques, de telle sorte que sécurité et liberté puissent prospérer ensemble.

Dwight D. Eisenhower, discours du 17 janvier 1961


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Diasporas

La géopolitique accorde une attention particu-lière à toutes les formes de dispersion, les dias-poras et les minorités (allogènes, allophones, ou allothrisques en particulier), qui génèrent des tensions spécifi ques.


Droits de l’Homme

Pour la première fois depuis que la Déclaration universelle a été adoptée en 1948, des pays qui n’ont pas été marqués profondément par les tra-ditions du judéo-christianisme et du droit naturel sont au premier rang. Cette situation sans précé-dent va défi nir la nouvelle politique internatio-nale des droits de l’homme. Elle va également multiplier les occasions de confl it.

Bilahari Kausikan, Asia’s Different Standard, 1993


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Le grand gagnant [de Vienne] fut clairement la Chine, du moins si on mesure la réussite au fait de dire aux autres ce qu’ils ne doivent pas faire. Pékin a gagné tout au long de la réunion simple-ment en jouant de son poids.

Richard Cohen, The Earth Times, 2 août 1993

Émotions

En géopolitique, la confi ance peut s’affi rmer par des accords entre États.


[…] la géopolitique n’est-elle pas justement affaire de rationalité, de données objectives, que sont frontières, ressources économiques, puis-sance militaire, calcul politique et intérêts ? […] Mêler les émotions à la géopolitique ne peut être qu’un exercice futile, voire dangereux…



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Le simple fait que la Chine se tourne à présent vers la mer démontre à quel point elle se sent confi ante et en sûreté.


Empire

Tout empire périra.

Jean-Baptiste Duroselle, 1981

L’empire ne s’appuie pas, cependant, sur la seule coercition, mais aussi sur un échange de presta-tions : la sécurité, dont la contrepartie est la sou-mission et le tribut.



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Il est rare que les empires naissent d’une volonté consciente. Il en va plutôt ainsi : à mesure que les États montent en puissance, leurs besoins s’accroissent.


Entreprise

Ce qui est bon pour l’Amérique est bon pour General Motors, et vice versa.

Charles Wilson, président-directeur général de l’entreprise, 1953

Au Congo, c’est la compagnie pétrolière Elf qui assure la trésorerie de l’État et paye ses dettes.

Béatrice Hibou, La Privatisation des États, 1999

L’augmentation de la capacité de Roissy appa-raît à la fois comme une condition sine qua non pour accueillir un trafi c aérien en croissance


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rapide, qui menace l’aéroport de saturation – et en cela ADP est dans la logique de sa mission d’établissement public – […] et comme le moyen d’augmenter l’activité de l’entreprise, son chiffre d’affaires et sa rentabilité (et en cela ADP est dans une logique d’entreprise du secteur concurrentiel). Autrement dit : accroître la capa-cité de l’aéroport, c’est à la fois résoudre un pro-blème pour le compte de l’État et s’emparer de parts de marché pour le compte de l’entreprise.

Philippe Subra, « Roissy et le troisième aéro-port : réalités économiques et manipulation géo-politique », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004

[…] ce sont les États qui, parfois en amont, parfois en aval, soit forcent les fi rmes à se plier à leurs impératifs GCP [GéCoPolitique], soit leur viennent en aide. Dans les deux cas de fi gure, ce sont les États qui agissent pour renforcer leur pouvoir GCP dans l’arène internationale et pour promouvoir les intérêts de leurs fi rmes. Le rapport de dépendance est des fi rmes aux États et non l’inverse.

Chalom Schirman, « Les fi rmes : nouveaux acteurs de GéCoPolitique ? », L’Espace politique. Firmes, géopolitique et territoire, 2010


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État

Tout État fait la politique de sa géographie.

Napoléon Bonaparte

Un peuple doit vivre sur le sol qu’il a reçu du sort, il doit y mourir, en subir la loi.


L’État est l’organisme vivant rassemblant un peuple sur un sol, le caractère de l’État se nour-rissant de ce peuple et de ce sol.


Le sol et non l’État, voilà ce qui doit retenir le géographe.

Lucien Febvre, La Terre et l’évolution humaine, 1922


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Les États les plus dangereux dans le système international sont les puissances continentales dotées de grandes armées.

John Mearsheimer, The Tragedy of Great Power Politics, 2001

Les acteurs en géopolitique sont tous ceux qui, dotés d’un projet, luttent et s’affrontent pour la domination ou le contrôle du territoire. Parmi eux, le plus classique est assurément l’État (qui est donc objet de la géographie politique et sujet de la géopolitique).


Quel autre cadre politique organisé, ayant capa-cité de puissance, lie-t-il l’homme au territoire plus que l’État ? L’État n’est-il pas la construction politique la plus légitimement dotée de l’exercice de la puissance et du monopole de la violence au service de la maîtrise d’un espace ? N’est-il pas la principale source de puissance dans le


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monde, le principal créateur de relations poli-tiques entre les sociétés humaines ?[…] d’une manière ou d’une autre, par lui, avec lui ou contre lui, tout tourne autour de l’État, tout y revient.


Un État enclavé est un État qui ne dispose d’au-cune façade maritime…Si un État est enclavé, alors l’enclavement est sa donnée géopolitique majeure, supérieure à toutes les autres.


Lorsqu’un peuple n’a d’autre facteur d’union que la géographie […] l’État est en proie à un malaise insoutenable ; il peut bien être stable, mais il ne sera jamais dynamique.



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État phare

[…] Les États phares des civilisations sont les sources de l’ordre au sein des civilisations et, par le biais de négociations avec les autres États phares, entre les civilisations […]. Un État phare peut exercer sa fonction ordonnatrice parce que les États membres le considèrent comme cultu-rellement proche.


Identité

[…] Le monde contemporain valorise beau-coup plus qu’à l’époque de Senghor les iden-tités locales qui ramènent les hommes à leurs « racines ». Face aux réalités compliquées d’une mondialisation accélérée, le réfl exe protection-niste culturel, que nous traduisons en France par « exception culturelle », est une donnée qui prend une importance nouvelle.

Béatrice Giblin, « Géopolitique de la langue française », Hérodote, vol. III, n° 126, 2007


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L’identité chinoise est à la fois ethnique et civili-sationnelle. Elle est ethnique parce que la Chine est d’abord le pays des Han, immense masse asiatique, fruit d’une dynamique d’unifi cation de multiples groupes ethnolinguistiques caractérisés chacun par la spécifi cité du dialecte oral utilisé d’une province à l’autre. Mais c’est une civilisa-tion parce que depuis deux mille ans, une langue écrite commune […], fondement de l’État, est l’expression fondamentale des constructions impériales chinoises qui se sont succédé.


Le deuxième déterminisme géographique […] est celui de l’identité ; deuxième, car ses traits déter-minants sont eux-mêmes en grande partie déter-minés par le milieu géographique. Le paysage façonne l’homme en quelque sorte, même si le propre de l’homme est de pouvoir échapper à la Nature, de s‘en affranchir.



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En Occident, le phénomène transnational de radicalisation est en grande partie fonction des individus et de l’environnement dans lequel ils vivent. Très différente de l’équation israélo-pales-tinienne, la transformation en terroriste d’un indi-vidu vivant en Occident n’est pas déclenchée par l’oppression, la souffrance, la vengeance ou le désespoir.C’est plutôt un phénomène qui se produit parce que l’individu cherche une identité et une cause, et malheureusement, les trouve souvent dans l’islam extrémiste.

Rapport « Radicalization in the West. The Homegrown Threat », The New York City Police Department, 2007

Aujourd’hui […] les quêtes identitaires ont rem-placé l’idéologie comme moteur de l’histoire…


[…] la mondialisation crée de l’insécurité et fait surgir la question de l’identité. Dans un monde sans frontières et en perpétuel changement, qui


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sommes-nous ? Qui suis-je ? L’identité est inti-mement liée à la confi ance, et celle-ci – ou son absence – s’exprime par les émotions, par l’es-poir, l’humiliation ou la peur.


À l’ère de la mondialisation, la relation à l’Autre est plus que jamais fondamentale.


Langue

Peu de leurs enfants dans le pays apprennent l’anglais ; ils importent beaucoup d’ouvrages d’Allemagne ; ils contrôlent six imprimeries […] ; ils ont un journal en allemand […] ; les panneaux de nos rues sont écrits en deux langues […] ; et je pense que, bientôt, ils seront également indis-pensables à l’Assemblée pour expliquer à la moitié des législateurs ce que dit l’autre moitié. En bref, à moins que l’on puisse rediriger le fl ot de leur arrivée vers d’autres colonies […] ils vont


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bientôt nous dominer par leur nombre, au point que nous ne pourrons plus assurer la survie de notre langue et que même notre gouvernement deviendra précaire.

Benjamin Franklin, lettre à Peter Collinson, 9 mai 1753, The Writings of Benjamin Franklin, Philadelphie, 1726-1757, http://teachingameri-canhistory.org

La mondialisation de l’anglais américain se fait aussi par le biais de toute une série de phéno-mènes culturels plus ou moins associés les uns aux autres : par le cinéma américain […] et surtout par la masse énorme des productions musicales qui sont diffusées jour et nuit par les stations de radio et de télévision du monde entier. Le rock est en anglais, qu’il soit chanté par des Français, des Japonais ou des Russes […]. Il contribue à la mode de tout ce qui est amé-ricain. Tout ceci a des conséquences géopoli-tiques et participe des rivalités de pouvoirs et d’infl uences au plan mondial et dans le cadre de tous les pays.

Yves Lacoste, Hérodote, vol. IV, n° 115, 2004


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La première diffi culté que l’on rencontre lorsque l’on veut analyser la « géopolitique de l’anglais » tient au fait qu’il n’existe pas véritablement de précédent au succès de la langue anglaise tel qu’il apparaît, à nos yeux, aujourd’hui.

Jean-Marie Le Breton, « Réfl exions anglophiles sur la géopolitique de l’anglais », Hérodote, vol. IV, n° 115, 2004

Ce qui a favorisé l’anglais, c’est le succès extra-ordinaire des peuples de langue anglaise au plan de l’économie et des rapports de puis-sance […]. L’Anglais, l’homme qui parle anglais, est en lui-même une réussite. Cet homme est sorti invaincu de ses confrontations avec l’Eu-rope continentale. La langue anglaise refl ète ses qualités.

Jean-Marie Le Breton, « Réfl exions anglophiles sur la géopolitique de l’anglais », Hérodote, vol. IV, n° 115, 2004


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Le refus jusqu’alors de l’Algérie, premier pays francophone après la France, de rejoindre la francophonie prouve bien […] qu’en faire partie ou pas relève plus de la géopolitique que de la culture. Mais le retour offi ciel de la langue fran-çaise dans l’enseignement en Algérie pourrait peut-être prochainement changer la donne, ce qui confi rmera un peu plus le rôle politique de la francophonie au détriment de son rôle culturel, la diffusion du français.

Béatrice Giblin, « Géopolitique de la langue française », Hérodote, vol. III, n° 126, 2007

Monnaie

Le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème.

John Connally, secrétaire d’État au Trésor répon-dant à une délégation européenne, 1971

Nation, nationalités

La glasnost et la perestroïka entraînaient l’appa-rition de très graves problèmes géopolitiques, celui des nationalités que l’on avait pensé réglé


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et qu’il s’agissait de problèmes géopolitiques qui relevaient de la géopolitique interne puisqu’ils s’inscrivent dans le cadre des frontières d’un même État, l’Union soviétique, mais ils sont aussi en train de devenir des problèmes de géopoli-tique externe, dans la mesure où se développent des aspirations plus ou moins sécessionnistes.

Yves Lacoste, Hérodote, n° 54-55, 1989

Une grande nation est capable de mener de front un combat de sécurité contre une menace transnationale et un combat de hiérarchie contre un rival étatique, l’affrontement de court terme pouvant même devenir l’instrument de la rivalité à long terme.


OMC (Organisation mondiale du commerce)

L’OMC prend clairement pour cible les fonc-tions régulatrices et redistributrices des pouvoirs publics et, si nécessaire, le contrôle démocra-tique là où il existe [et] vise in fi ne à substituer


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la souveraineté des marchés à la souveraineté et aux droits des peuples.

Raoul-Marc Jennar, Laurence Kalafatides, L’AGCS. Quand les États abdiquent face aux multinationales, 2007

La mise en place de formes de « gouvernance » (terme banalisé et pourtant loin d’être neutre qui évacue le « gouvernement ») est aussi le produit d’un retrait consenti de l’État et par lui stimulé. Ce « retrait de l’État » est mis en œuvre dans un certain nombre d’organisations internationales et particulièrement dans l’Organisation mon-diale du commerce (OMC) qui tend à établir la suprématie des entreprises dans un monde où la chose publique est déconsidérée et dévalo-risée. On a là une stratégie d’hégémonie orches-trée par une catégorie d’acteurs qui détient bien souvent les clefs du pouvoir étatique pour asseoir sa suprématie économique et vice versa.

Stéphane Rosière, « La place des fi rmes dans la tradition et l’actualité géopolitiques », L’Espace politique fi rmes. géopolitique et territoire, 2010


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OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord)

À mesure que disparaît la menace militaire de l’Est, les plans de l’OTAN sont de plus en plus dirigés contre les menaces potentielles qui viennent du Sud.


La non-acceptation par la Russie des plans de rapprochement des infrastructures militaires de l’Alliance de ses frontières va rester l’élé-ment déterminant des relations de la Russie avec l’OTAN de même que les tentatives de lui donner un rôle global, ce qui est en contradic-tion avec les standards de la loi internationale.La Russie est prête à développer ses relations avec l’alliance sur la base de l’égalité des droits et dans l’intérêt de favoriser la sécurité interna-tionale dans la région euro-atlantique, l’inten-sité et le contenu de ces relations dépendront de la volonté de l’alliance à prendre en compte


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les intérêts légitimes de la Russie dans la planifi -cation politico-militaire, dans le respect de la loi internationale.

Nouvelle doctrine de sécurité russe 2020, éla-borée à partir de 2004

Mais permettez-moi également de vous dire que nous ne sommes pas opposés à la coopération avec l’OTAN, parce que ce n’est certainement pas le cas. Malgré tous les processus internes à l’œuvre dans cette organisation, l’OTAN demeure une alliance militaire, et nous sommes contre le fait qu’une alliance militaire prenne ses quartiers dans notre arrière-cour ou dans notre territoire historique. Je ne peux tout simplement pas imaginer que nous allions rendre visite aux marins de l’OTAN à Sébastopol. Bien sûr, la plupart d’entre eux sont des gens merveilleux, mais il serait préférable que ce soit eux qui nous rendent visite et soient nos hôtes, plutôt que l’inverse.



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ONU (Organisation des Nations unies)

Il doit y avoir, non pas un équilibre des puis-sances, mais une communauté des puissances ; non pas des rivalités organisées, mais une paix commune organisée.

Woodrow Wilson, 22 janvier 1917, discours au Sénat

Si l’on prend en compte les civilisations, il est évident que le Japon, l’Inde devraient être membres permanents et que l’Afrique, l’Amé-rique latine et le monde musulman devraient avoir des sièges permanents, occupés par roule-ment par les États dominants de ces civilisations […]. Il serait également judicieux de renforcer la représentation britannique et française en la réu-nissant en un seul siège, celui de l’Union euro-péenne […]. Sept civilisations auraient ainsi chacune un siège permanent et l’Occident en aurait deux, une répartition conforme à celle de la population, de la richesse et de la puissance dans le monde.



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Les Nations unies ne représentent pas une alter-native à la puissance régionale, et cette der-nière devient responsable et légitime quand elle est exercée par des États phares liés aux autres membres de leur civilisation.


Ceux qui veulent résoudre nos problèmes aux Nations unies sont des hypocrites […]. Ceux qui affi rment être des dirigeants arabes et dont les pays sont membres de l’ONU sont des infi dèles.

Oussama Ben Laden, novembre 2001

La Charte des Nations unies est elle-même clivée en une première partie se situant dans la tradi-tion du droit international et affi rmant l’intangi-bilité des frontières et la souveraineté absolue des États, tandis que la seconde se fonde sur les droits de l’homme. Les deux éléments sont potentiellement contradictoires…



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Personne ne souhaite que l’Organisation des Nations unies subisse le sort de la Société des nations, qui s’est effondrée parce qu’il lui man-quait un véritable levier. Or, cela peut arriver si des pays infl uents contournent les Nations unies et entreprennent des actions militaires sans l’au-torisation du Conseil de sécurité.


Ne nous pressons pas de trouver une alternative à la « globalisation à l’occidentale », mais exploi-tons plutôt tout le potentiel des organisations internationales […].Ainsi, nous devons non pas sortir nous-mêmes des structures internationales, mais exiger que les États-Unis en soient exclus – pour sabotage évident et sans complexe.

Anatoli Wasserman, octobre 2014


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ONU, indépendance, interdépendance, bientôt coexistence pacifi que, autant d’expressions qui deviendront plus tard les notions clés du mouve-ment des non-alignés.

Christophe Jaffrelot (dir), L’Inde contemporaine de 1950 à nos jours, 2006

Partisan

Le partisan est le combattant des neuf dixièmes d’une stratégie qui ne laisse que le dernier dixième aux forces armées régulières.

Général Helmut Staedke, conférence du 17 octobre 1956

Peuple

On entend par « peuple » le terme générique désignant toutes les formes de groupes humains organisés et différenciés (ethnie, nation, classe, clan, tribu, caste, etc.).

Stéphane Rosière, « Géographie politique, géopo-litique et géostratégie : distinctions opératoires », L’Information géographique, vol. LXV, n° 1, 2001


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Cependant, les « peuples » sont rarement des acteurs conscients. Ils sont représentés par de multiples structures qui sont généralement les véritables acteurs et qui jouent un rôle fonda-mental dans la transmission des représentations territoriales. Ces structures sont de nature poli-tique (partis), socioculturelle (Églises, associa-tions), économique (entreprises, syndicats), médiatique (revues, journaux, radio, télévision), ou militaire (armées, guérillas, milices, etc.).


Population

Il n’est de richesses que d’hommes.

Jean Bodin

La démographie c’est la destinée.

Attribué à Auguste Comte


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Une bouche supplémentaire, c’est aussi deux bras de plus.

Mao Zedong au milieu des années 1960

Dans l’Antiquité et même plus généralement à travers les siècles avant les temps modernes, il n’existait pas de proportionnalité rigoureuse entre volume des populations et nombre de combattants. Les plus vastes empires ont pu être édifi és à partir d’une base étroite, qu’il s’agisse de celui de Rome, des Arabes ou des Mongols.


On ne peut considérer un pays comme très puis-sant parce que sa population est supérieure à celle de la plupart des autres pays, mais il reste vrai qu’aucun pays ne peut rester ou devenir une puissance de premier rang s’il ne fait pas partie des nations les plus peuplées de la terre.

Hans Morgenthau, Politics Among Nations. The Struggle for Power and Peace, 1985


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Si la démographie dicte le destin de l’histoire, les mouvements de population en sont le moteur.


La démographie est une des composantes majeures de ce que l’on appelait autrefois l’arith-métique politique. Elle est aussi une statistique morale car elle permet de mesurer le degré d’in-tégration ou de désintégration d’une société. Elle est la biologie des nations ; elle mesure le poten-tiel de croissance ou de décroissance, d’expan-sion ou de récession des groupes humains, des civilisations ou des religions.

Jean-Claude Chesnais, « Démographie et stra-tégie : le crépuscule de l’Occident », Défense nationale, n° 4, 1996

L’analyse de la situation de l’Afrique centrale et de ses perspectives ne serait pas complète sans la prise en considération de ce qui constitue certainement le facteur fondamental de dés-tabilisation de la région : la démographie […].


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Les équilibres populations/ressources sont menacés par l’accroissement vertigineux du nombre des hommes dans des espaces exigus.

Yves Lacoste, « L’Afrique centrale dans la tour-mente », Hérodote, vol. IV, n° 111, 2003

Religions

Les musulmans ne sont pas une minorité au sens où ce terme est communément connu et compris […]. Selon n’importe quelle défi nition d’une nation les musulmans sont une nation, et ils doivent avoir leurs patries, leur territoire, leur État. Nous souhaitons vivre en paix et en harmonie avec nos voisins, en tant que peuple libre et indépendant. Nous souhaitons que notre peuple développe au maximum notre vie spiri-tuelle, culturelle, économique, sociale et poli-tique, dans une direction que nous pensons être la meilleure et en accord avec notre propre idéal et selon le génie de notre peuple.

Muhammad Ali Jinnah, discours devant la Ligue musulmane, prononcé à Lahore, en 1940


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Les relations entre l’islam et le christianisme, orthodoxe comme occidental, ont toujours été agitées. Chacun a été l’autre de l’autre.


[…] que faut-il entendre par « géopolitique des religions » ? Il s’agit principalement de riva-lités territoriales entre des forces politiques qui se réclament de façon explicite ou implicite de représentations religieuses plus ou moins différentes.

Yves Lacoste, Hérodote, vol. III, n° 106, 2002

S’il est surtout question aujourd’hui des confl its géopolitiques entre le monde musulman et l’Occi-dent « judéo-chrétien » […] il est à noter que les rivalités religieuses se développent aussi en Afrique tropicale, au Nigeria, au Soudan, au fur et à mesure de l’expansion de l’islam. La population de cet ensemble géopolitique qui s’étend de l’Atlantique au Pacifi que est de plus en plus nombreuse – plus de 1 milliard de personnes –, et il recèle les plus riches gisements de pétrole de la planète. Aussi les champions du monde musulman ne craignent-ils


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pas pour l’avenir la confrontation avec l’Occident, notamment autour de la Méditerranée. Mais à l’Est, à propos du Cachemire, il va leur falloir envisager le risque d’une confrontation brutale avec 1 mil-liard d’Hindous.


Si l’on raisonne en termes géopolitiques, c’est-à-dire en prenant en compte les rivalités de pou-voirs sur des territoires, les confl its territoriaux entre des religions se manifestent d’abord sur les limites, les franges ou les fronts où elles sont en contact, c’est-à-dire à la périphérie de chacun des grands ensembles religieux.


L’Europe de l’Ouest, ce Clochemerle désen-chanté, nous voile le réenchantement en cours de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Orient. En dehors du petit cap de l’Asie, le nombre des catholiques et des protestants ne cesse d’augmenter.

Régis Debray, « Nos racines chrétiennes », Le Monde des religions, juillet-août 2006


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On pourrait décliner l’histoire politique du chiisme au XXe siècle dans tous les pays où il est présent, ce qui permettrait de constater qu’il n’y a pas d’unité de comportement géopolitique du chiisme et que le chiisme fonctionne dans le cadre des enveloppes nationales chaque fois d’une façon spécifi que. En ce sens, l’idée d’un arc chiite semble plutôt relever de l’anxiété col-lective et du mépris de la réalité que d’une réelle observation des faits. Mais il serait tout aussi erroné de penser que les dizaines de millions de chiites répartis entre la Méditerranée et le golfe du Bengale n’ont pas quelque part le sen-timent d’être au service du même idéal, celui de l’instauration rapide d’une société parfaite. L’eschatologie chiite constitue sa principale force géopolitique et, si l’on veut utiliser des termes polémiques, sa principale capacité détonique. Le chiisme duodécimain est un des derniers et des plus anciens messianismes du monde actuel.

François Thual, « Le croissant chiite : slogan, mythe ou réalité ? », Hérodote, vol. I, n° 124, 2007


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[…] Les mouvements intégristes passent les fron-tières sans aucune diffi culté, comme tous les dis-cours, qu’ils soient pacifi stes ou belliqueux.

Barthélemy Courmont et Darko Ribnikar, Les Guerres asymétriques, 2009

L’Église n’est plus dans Rome.

Jean-Luc Pouthier, Le Monde, 27 décembre 2014

L’Église d’Italie, aux premières loges géogra-phiques, et consciente d’une sorte de « destinée manifeste » au sein de la catholicité, n’a jamais tout à fait admis de voir son infl uence se res-treindre au sein de l’Église universelle.

Jean-Luc Pouthier, Le Monde, 27 décembre 2014

Terrorisme

Le lieu où se font la conversion et le recrute-ment est bien l’Europe, alors que l’Afghanistan a été le lieu de l’entraînement et de la répartition


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des tâches […]. Non seulement le passage par l’Europe est systématique, mais c’est le retour à l’islam lui-même qui se fait en Europe.

Olivier Roy, L’Islam mondialisé, 2002

Quand la situation est ainsi monopolisée par la puissance mondiale, quand on a affaire à cette formidable condensation de toutes les fonctions par la machinerie technocratique et la pensée unique, quelle autre voie y a-t-il qu’un trans-fert terroriste de situation ? C’est le système lui-même qui a créé les conditions objectives de cette rétorsion brutale. En ramassant pour lui toutes les cartes, il force l’autre à changer les règles du jeu […]. À un système dont l’excès de puissance même pose un défi insoluble, les terroristes répondent par un acte défi nitif dont l’échange lui aussi est impossible. Le terrorisme est l’acte qui restitue une singularité irréductible au cœur d’un système d’échange généralisé…

Alain Gresh et Dominique Vidal, Les Cent Clés du Proche-Orient, 2006


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Forme radicale de terrorisme pour lequel il n’y a pas d’innocent, le jihâd international pousse l’internationalisation de son action à une totale déterritorialisation.

Henry Laurens, « Le terrorisme comme person-nage historique », Terrorisme, 2010

Universités

Les universités sont ainsi par excellence les lieux où se croisent l’élaboration d’éléments clas-siques de domination et de celles, nouvelles, fondées sur la séduction et l’attraction, du soft power…

Sylvain Kahn, L’Invention du monde, 2008

Six pays se partagent l’essentiel du commerce international des services d’éducation : les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Australie et le Japon […]. On peut donc parler d’une géographie de l’attractivité et de la séduction.

Sylvain Kahn, L’Invention du monde, 2008


Partie 4

Matières premières


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Alimentation

Un pays qui ne peut pas se nourrir lui-même n’est pas un grand pays.

Charles de Gaulle, 1965

L’alimentation est une arme, c’est l’un de nos principaux instruments de négociation.

Earl Butz, secrétaire d’État à l’agriculture, 1975

L’arme alimentaire a donc bien pour but de per-mettre à celui qui la détient d’exercer une pres-sion politique sur les gouvernements des pays ayant besoin de nourriture afi n d’obtenir des concessions. Le parallèle avec l’arme du pétrole utilisée par les pays arabes afi n que les pays occi-dentaux fassent pression sur Israël au moment de la guerre du Yom Kipur est évident. Pourtant, rares sont les cas où l’arme alimentaire au sens plein a été utilisée effi cacement.

Michel Petit, Géostratégie. La place de l’alimen-tation dans les rapports internationaux, 2002


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On touche clairement là aux limites de l’arme alimentaire. Très rares sont les cas où le mono-pole sur une denrée est assez strict pour que son détenteur puisse en espérer une source d’avan-tage politique. Souvent, le coût politique pour celui qui essaie de s’en servir risque d’être plus élevé que pour celui qui est pris pour cible.

Michel Petit, Géostratégie. La place de l’alimen-tation dans les rapports internationaux, 2002

Dans ce nouvel espace mondial de confron-tations internationales, les questions liées à l’usage des territoires ont pris un relief nouveau. Les usages alimentaires des terres cultivables (food) sont désormais concurrencés par d’autres usages : l’alimentation animale (feed), les agro-carburants (fuel), la préservation de la biodi-versité (forest). Une problématique ancienne, celle de la concurrence entre cultures d’exporta-tion et cultures vivrières, qui fut un des thèmes récurrents de la littérature tiers-mondiste des années 1980, resurgit ainsi sous d’autres formes.

Sylvie Brunel, « La nouvelle question alimen-taire », Hérodote, vol. IV, n° 131, 2008


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Il faut également évoquer l’accaparement de terres. Nous avons assisté récemment dans certains pays à une politique consistant à acheter des surfaces arables dans les pays en développement.Cette évolution est notable, et pourtant ceci ne concerne que les achats par les gouverne-ments, la face la plus visible de l’iceberg, mais pas la face la plus importante. Car ces investis-sements à large échelle sont surtout attribuables à l’action de fonds d’investissement, d’acheteurs privés, qui spéculent sur la hausse des prix et qui ont parfois des projets agro-industriels, mais pas toujours, mais qui savent que la terre devient un enjeu stratégique pour l’avenir. Ils veulent s’as-surer contre le risque de marchés internationaux de plus en plus volatiles et imprévisibles.

Olivier De Schutter, « L’économie politique de la faim. Garantir le droit à l’alimentation dans un monde de ressources rares », Les leçons inaugu-rales du Groupe ESA, 2010

Cette ruée vers l’or vert et vers l’or bleu, vers les terres arables et vers l’eau douce, est un phé-nomène important qui ne concerne pas que la Chine mais beaucoup d’autres pays, qui com-prennent qu’à l’avenir leur sécurité alimentaire


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ne peut pas être l’otage de prix de plus en plus volatiles et sans doute en moyenne de plus en plus élevés des matières premières agricoles sur les marchés internationaux.

Olivier De Schutter, « L’économie politique de la faim. Garantir le droit à l’alimentation dans un monde de ressources rares », Les leçons inaugu-rales du Groupe ESA, 2010

Eau

Si les guerres de l’eau sont sans doute un mythe, le lien entre l’eau et la stabilité politique ne l’est certainement pas.

Aaron Wolf, « Confl ict and cooperation along international waterways », Water Policy, vol. II, n° 1, 1998

Contrairement à une idée reçue bien ancrée, ce n’est donc pas l’eau « naturelle » qui compte, mais la capacité des sociétés à fabriquer les espaces permettant d’accéder à l’eau potable.

René-Éric Dagorn, Sciences humaines, juin 2011


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Les ressources en eau sont, semble-t-il, au centre de tensions géopolitiques croissantes, et le Forum mondial de l’eau de l’Onu en a fait l’un de ses thèmes principaux de réfl exion.

René-Éric Dagorn, Sciences humaines, juin 2011

Sans verser dans un pessimisme excessif, force est de reconnaître que l’eau constitue un enjeu poli-tique dont la gestion comprend de multiples dimen-sions et dont la complexité ne se laisse pas réduire à des solutions technicistes et présentées comme défi nitives, tel le commerce de l’eau virtuelle.

Frédéric Lasserre, « Guerres de l’eau : inévi-tables ? », Diploweb, janvier 2014

Il est donc tentant de voir dans la question de la sécurité de l’approvisionnement en eau d’Israël un motif majeur du déclenchement de l’attaque de 1967 : Israël aurait, parmi d’autres facteurs, nourri comme objectif la sécurisation de ces zones stratégiques.



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Plutôt que cause unique et directe de guerres ou de confl its, l’eau peut être analysée comme un facteur de tension supplémentaire, dans le cadre de relations déjà dégradées, et qui catalyse la tentation du recours aux armes, jusqu’à présent dans des affrontements sur une échelle fort heu-reusement limitée.


L’eau n’est en elle-même ni un facteur de confl it, ni un facteur de paix : tout dépend du désir de coopération des États impliqués.


Ressources énergétiques

La décolonisation et la question du développe-ment mettent le pétrole au cœur des relations internationales.

Hervé L’Huillier, « Pétrole et relations internatio-nales depuis 1945 », Questions internationales, n° 2, 2003


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L’attention de la politique internationale à long terme va être focalisée par la maîtrise des sources d’énergie, en particulier le Proche-Orient, le plateau continental de la mer de Barents et, dans les autres régions de l’Arctique, dans le bassin de la mer Caspienne et en Asie centrale. Dans une perspective de moyen terme, les infl uences déstabilisatrices sur la situation internationale proviendront de confl its en Irak, en Afghanistan, au Proche et au Moyen-Orient, entre divers États d’Asie du Sud et d’Afrique et dans la péninsule coréenne.

Nouvelle doctrine de sécurité russe, 2004, § 11

Contrairement à une idée reçue, les pays afri-cains sont largement associés aux produits pétro-liers. Les condominiums d’exploitation sont constitués à chaque fois avec des compagnies nationales qui disposent de 50 à 60 % des parts.


Une relation énergétique stable avec la Russie est dans l’intérêt de l’Union européenne car les régions productrices d’hydrocarbures du


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Moyen-Orient et certaines régions de transit sont chroniquement instables […]. La Russie présente de nombreux avantages : elle est proche, elle est un fournisseur traditionnel fi able et elle est stable sur le plan intérieur.

Yann Richard, « Les stratégies de Gazprom : un problème géopolitique ? », Revue géographique de l’Est, vol. L, n° 1-2, 2010

Afi n de créer une forme de connivence avec les fi rmes énergétiques européennes, Gazprom et le Kremlin favorisent la création de consortiums et le développement de relations bilatérales pri-vilégiées avec certains pays membres de l’UE. Dans cette démarche, l’Allemagne est une cible privilégiée et est utilisée comme un cheval de Troie pour entrer dans le marché communau-taire. Et Gazprom commence à faire pareil avec la France et l’Italie. Tout cela se fait dans le cadre d’une diplomatie bilatérale qui court-circuite la Commission.



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Une lecture strictement géopolitique des rela-tions énergétiques entre l’Union européenne et la Russie est trop réductrice. Il n’est pas per-tinent non plus de dire que cette relation fonc-tionne sur un mode frontal et qu’elle prend uniquement la forme d’une opposition entre deux acteurs opposés par des intérêts toujours divergents voire antagonistes. De même, affi rmer que l’UE se met elle-même dans les rets de la pieuvre Gazprom est une outrance qui ne rend pas compte des faits.


Ressources minières

Le Katanga… ce scandale géologique !

Jules Cornet, géologue belge, 1892

Parmi les minéraux que l’on peut extraire ici, il faut noter l’or, l’argent, le cuivre, le plomb, le fer, l’alun, le soufre, le sel, le charbon, l’albâtre,


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l’asphalte, et diverses sortes de marbre. On trouve aussi presque partout du charbon de terre. Il faut aussi signaler le naphte en assez grande quantité […]. On peut dire sans exagérer qu’il y a beaucoup de ressources minières et, si des entrepreneurs hardis, disposant de capi-taux comme mise de fonds, se rendaient dans la région, ils pourraient tirer du sous-sol des richesses qui par leur quantité étonneraient le monde

Le consul russe Sokov, rapport adressé à Moscou au sujet du Turkestan Oriental, 1913

Les économies d’extraction constituent une véritable malédiction, comme le soulignent les confl its au Nigeria, en Afrique centrale, voire naguère en Angola. Les probabilités de confl its ouverts dans les pays produisant du pétrole, du gaz et des diamants ont fortement aug-menté entre le début des années 1970 et la fi n des années 1990, de même que le nombre de groupes rebelles levant des fonds via la contrebande.

Michael Ross, UCLA


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En vue de s’assurer les dernières réserves inex-ploitées du globe en cuivre, en fer, en or, en uranium et en pierres précieuses, elle [la Chine] a déjà commencé à creuser des mines au sud de Kaboul […]. Ainsi pendant que les États-Unis s’efforcent de venir à bout d’Al-Qaida et des Talibans, ce sont en réalité les Chinois qui pro-fi tent de la situation sur le plan géopolitique.


Contrairement à ce que leur nom laisse penser, ces terres ne sont pas « rares ». Elles sont même plutôt abondantes, dans des concentra-tions variées, dans toute l’écorce terrestre. En revanche, elles sont diffi ciles à extraire et à raf-fi ner. Leur extraction, très polluante, est essentiel-lement concentrée en Chine.

Les Échos, dossier « Terres rares », novembre 2012


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La Chine ne possède, selon l’USGS, que 50 % des réserves de terres rares dans le monde. Et avec une consommation effrénée, il semble bien que la Chine ait surexploité ses ressources.

Florent Détroit, Agora, novembre 2013


Partie 5

Lieux


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Canaux

Article premierLe Canal Maritime de Suez sera toujours libre et ouvert, en temps de guerre comme en temps de paix, à tout navire de commerce ou de guerre, sans distinction de pavillon.En conséquence, les Hautes Parties Contractantes conviennent de ne porter aucune atteinte au libre usage du Canal, en temps de guerre comme en temps de paix.Le Canal ne sera jamais assujetti à l’exercice du droit de blocus.

Convention de Constantinople du 29 octobre 1888, destinée à garantir la libre circulation sur le canal de Suez

L’analyse des trafi cs maritimes montre que l’on se trouve à l’un de ces rares endroits où l’on entend « battre le cœur de la circulation océa-nique mondiale » […]. Les enjeux sont de caractère éminemment international : dans la logique des tendances du monde contempo-rain, on pourrait concevoir un contrôle ou un accord également international pour garantir la fi abilité et la pérennité du fonctionnement du canal, ou bien, comme pour Suez, une gestion


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indépendante, strictement soumise au gouver-nement du territoire national. […] cette ques-tion s’en trouve compliquée, le fonctionnement du canal est en soi le point central ; mais la géo-graphie oblige à constater que se pose la ques-tion connexe des accès extérieurs par les détroits de l’arc antillais dont on a souvent pensé qu’ils étaient entre les mains de petits États trublions et incapables de les défendre en cas de crise grave.


Le contexte économique et politique autochtone autour du canal demeure frêle et reste dominé par des forces extérieures, dont certaines sont occultes (drogue, blanchiment d’argent…). Ces faits sont inégalement liés aux conditions nou-velles de la gestion du canal ; mais ils constituent un arrière-fond qu’on ne peut ignorer. La grande voie interocéanique, fondamentale pour le dérou-lement normal des échanges internationaux, est donc placée dans une région à bien des points de vue fragilisée ; cela oblige à interpréter sous un jour particulier l’autorité jusqu’alors débordante qu’y exercent les États-Unis.



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Panama : seule solution de continuité dans la chaîne continue de domination des océans par les fl ottes militaires des États-Unis.


En l’espace de quelques années, la situation maritime de Panama s’est considérablement ren-forcée. En privatisant ses ports avant le transfert de souveraineté, le pays a ouvert ses terminaux maritimes aux investissements étrangers par certains des plus puissants opérateurs de ter-minaux mondiaux. D’une entité politique exclu-sivement dominée par les États-Unis, Panama est devenu un centre de transport maritime inter-national avec les infrastructures les plus impor-tantes de la région pour manutentionner le trafi c conteneurisé.

Brian Slack et Robert Mccalla, « Le canal de Panama à un carrefour Géopolitique, réalités commerciales et environnement », Études inter-nationales, vol. XXXIV, 22 juin 2003


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[Le canal de Suez] bien que fondamental pour les échanges de pétrole entre le Moyen-Orient et l’Europe, perd aussi de l’importance puisque les principales sources de croissance de la demande en pétrole sont la Chine et l’Inde, et leurs impor-tations ne traversent aucun canal.

Ralph Leszczynski, directeur de la recherche chez le courtier Banchero Costa, L’Expansion–L’Express, 5 septembre 2014

Je vois moins de justifi cations économiques à l’expansion du canal de Suez qu’à celle de Panama […] la seule réelle restriction [du canal de Suez] est qu’un VLCC [les plus gros pétroliers] ne peut pas passer pleinement chargé.

James Frew, analyste au cabinet Maritime Strategies International, L’Expansion–L’Express, 5 septembre 2014

Actuellement, la plupart des importations de charbon, de minerai de fer et de pétrole vont en direction de la Chine, de l’Inde et du Japon


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et n’ont pas besoin d’emprunter les canaux car les principales sources en sont l’Australie, l’Indo-nésie, l’Afrique et le Moyen-Orient.

Ralph Leszczynski, directeur de la recherche chez le courtier Banchero Costa, L’Expansion–L’Express, 5 septembre 2014

Droit de la mer

La mer, aussi bien que l’air, est chose libre et commune à tous, et une nation particulière n’y peut prétendre à l’exclusion des autres, sans violer les droits de la nature et de l’usage public.

Elizabeth Ire, répondant à l’ambassadeur d’Es-pagne, fi n XVIe siècle

La mer est res omnium, le champ commun de la guerre aussi bien que du commerce.

Wheaton-Dana, tribunal britannique des prises, 23 novembre 1914


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Montego Bay n’est pas une garantie absolue de respect de la souveraineté. Les moyens navals restent les seuls garants effi caces d’un État sur des îlots inhabités, générateurs d’espaces mari-times hors de proportion avec leur superfi cie.

Ministère de la Défense, « Droits maritimes et défense », colloque, mars 1996

Espace aérien

Si l’effi cace de l’arme aérienne est désormais incontestable – aucune guerre classique n’a été gagnée depuis soixante ans en situation d’infé-riorité aérienne marquée – les partisans de l’« air power » maintiennent toutefois des prétentions exagérées quant à son caractère décisif dans tous les contextes confl ictuels et négligent de surcroît les leçons que de nombreux appareils militaires ont tirées des interventions occiden-tales successives depuis 1991.

Étienne de Durand, « Le renouveau de la puis-sance aérienne », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004


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Par nature, l’action aérienne est réversible – l’avion peut être rappelé – et maîtrisable, avec l’avènement des armes de précision. En ce sens, dans un contexte asymétrique, c’est-à-dire face à un adversaire inexistant dans la troisième dimen-sion, l’arme aérienne autorise le décideur poli-tique à « doser » l’engagement et à utiliser la campagne en cours comme un instrument dans le cadre d’une « négociation violente ».

Étienne de Durand, « Le renouveau de la puis-sance aérienne », Hérodote, vol. III, n° 114, 2004

La puissance spatiale représente aujourd’hui un avantage asymétrique décisif pour le gouver-nement américain, en particulier pour les orga-nismes militaires et de renseignement.

Peter B. Teets, Espace et sécurité nationale au XXIe siècle, 2006


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Espace virtuel

[…] Le but de la toile n’est pas l’insertion d’un musulman dans une community, un quartier ou une communauté locale. Il s’agit bien d’offrir un espace de substitution.

Olivier Roy, L’Islam mondialisé, 2002

Cet espace social présente […] la caractéris-tique d’inclure un nombre croissant d’acteurs. Stratégiquement, il ne peut être réduit à l’ac-teur traditionnel de la puissance qu’est l’État. Au contraire, le cyberespace inclut, pour la pre-mière fois de l’histoire, l’individu comme acteur stratégique. L’individu est extrêmement mobile, il peut s’associer temporairement ou durable-ment, nouer des coalitions de circonstance ou s’associer à des projets très structurés et obtenir des effets « réels », dans le cyberespace ou grâce à lui.

Olivier Kempf, « Stratégie du cyberespace », Diploweb, 13 février 2013


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L’avènement du cyberespace (lui aussi fait tech-nologique qui vient modifi er la grammaire de la guerre) provoque une nouvelle rupture stra-tégique. Puisqu’il est opaque, puisqu’il est non-létal, puisqu’on ne peut attribuer les actes à leurs auteurs, chacun peut « prendre l’initiative ».

Olivier Kempf, « Stratégie du cyberespace », Diploweb, 13 février 2013

Face à la supériorité militaire des États-Unis, le régime a choisi l’approche asymétrique, menant une offensive tous azimuts visant à exploiter toutes les ressources du cyberespace, dans une optique de modernisation de son armée […].Le maître mot est « informationisation », une conception stratégique de l’information qui se trouve désormais au cœur de tous les supports de l’expression de la puissance chinoise. La maî-trise de l’information est devenue prioritaire et indissociable de tous les autres domaines, aussi bien militaires que politiques ou économiques. Avoir la capacité de recueillir par de multiples sources, recouper, vérifi er l’information pour s’assurer de sa fi abilité, mais aussi de la mani-puler, la déformer, la transformer pour tromper ou faire douter l’adversaire, autant de techniques


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ancestrales qui avec l’interconnexion croissante des réseaux et la rapidité de circulation de l’in-formation prennent des proportions inédites. Les opérations sur les réseaux d’information et de communication sont désormais indissociables de tout confl it et de toute opération militaire.

Frédérick Douzet, « Chine : cyberstratégie, l’art de la guerre revisité », Diploweb, 12 septembre 2013

La Chine s’affi rme aussi au niveau international par son lobbying sur la gouvernance de l’In-ternet, sa tentative d’autonomisation du réseau, le renforcement de sa zone d’infl uence et ses démonstrations de force. Comme en Russie, le gouvernement considère son réseau comme un domaine de souveraineté qui doit relever de son contrôle, une position totalement à l’opposé des États-Unis qui défendent un Internet libre et ouvert, gouverné par un organe indépendant mais néanmoins sous tutelle du secrétariat du commerce américain.

Frédérick Douzet, « Chine : cyberstratégie, l’art de la guerre revisité », Diploweb, 12 septembre 2013


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Guerre navale

Une bonne marine ne provoque pas la guerre. C’est la plus sûre garantie de paix.

Théodore Roosevelt, 1913

La conquête de la maîtrise de la mer, l’acquisi-tion de la domination des communications mari-times, si offensives qu’elles soient au point de vue de la guerre navale, ne sont que des actes défensifs au regard de la guerre générale. Arrêtée à ce stade, l’action navale ne frappe pas l’adver-saire. Elle n’obtient aucune décision.

Amiral Raoul Castex, Théories stratégiques. 1929-1935

Les mers ne sont plus un champ de bataille en soi. Aujourd’hui elles sont un média.

Thimothy Shea, 1961


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Méditerranée

Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, la Méditerranée subit la plus grave fracture de son histoire. Cette fracture oppose défi nitivement le « Sud » au « Nord », celui-ci fi nissant par se pro-longer en fait jusqu’à la Grèce et à la Turquie. Et cette fracture transversale secoue le « Sud » et le fragmente à la façon d’un bouleversement géologique.

Bernard Kayser, « Géopolitique de la Méditerranée », L’Information géographique, n° 4, 2001

Océan Indien

La compétition entre l’Inde et la Chine suggère que l’océan Indien se situe là où les grandes batailles du XXIe siècle se joueront […]. Les États-Unis de leur côté joueront un rôle de puissance stabilisatrice dans cette région nouvellement complexe.

Robert D. Kaplan, « Center stage for the twenty-first century. Power plays in the Indian Ocean », Foreign Affairs, 2009


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Pour l’heure, l’Inde dispose d’une avance en termes de capacités maritimes, mais la Chine la rattrape rapidement. La Chine entend actuel-lement établir sa prééminence sur la mer Jaune, le détroit de Taïwan, la mer de Chine orientale, la mer de Chine méridionale. L’océan Indien ne vient qu’au second rang de ses priorités. Il est dans notre intérêt que la Chine reste préoccupée par son théâtre maritime prioritaire, celui qui la borde. Le maintien de forts déploiements mari-times américains sur le théâtre Asie-Pacifi que, la projection plus proactive et plus affi rmée des forces navales japonaises et l’expansion des capa-cités navales d’États riverains aussi importants que l’Indonésie, l’Australie et le Vietnam : tout cela peut aider à ralentir, si ce n’est à empêcher, la projection de la puissance navale chinoise dans l’océan Indien. Nous devons user de cette fenêtre d’opportunité pour renforcer nos capacités navales. Notre diplomatie régionale doit conforter cette approche en développant des relations plus étroites avec ces puissances « de contrepoids ». Cela implique un ensemble d’accords de sécu-rité avec ces États et la conduite avec eux de manœuvres navales régulières.

Sunil Khilnani, Nonalignment 2.0. A Foreign and Strategic Policy for India in the Twenty-First Century, 2012


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Autrefois zone du vide sécuritaire, l’océan Indien fait désormais partie de l’imaginaire géopolitique de Washington relatif à sa future compétition stratégique avec la Chine.

Jean-Loup Samaan, « L’océan Indien, labora-toire de la géographie militaire américaine », Hérodote, vol. II, n° 145, 2012

Plus généralement, l’ambition maritime chinoise est toute récente et résulte de ses immenses besoins énergétiques. À l’aune des données publiques, les capacités à sa disposition (appuis logistiques, bâtiments de projection de forces) ne devraient pas impliquer une redistribution de puissance dans l’océan Indien au cours des trois prochaines décennies.

Jean-Loup Samaan, « L’océan Indien, labora-toire de la géographie militaire américaine », Hérodote, vol. II, n° 145, 2012

Piraterie

Chronologiquement coincé entre le monde bipolaire et uni/multipolaire, géographiquement tassé entre Nord et Sud ou encore socialement


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logé entre mirage et miracle asiatiques, le pirate est d’abord réapparu dans l’histoire immédiate aux confi ns des mondes indien et chinois, au cœur du carrefour sumatranais des Riau, au sud du détroit de Malacca.

Éric Frécon, « La dimension terrestre des pirate-ries somaliennes et indonésiennes », Hérodote, vol. III, n° 134, 2009

Alors que les projecteurs se braquent sur les eaux territoriales et la haute mer, c’est à terre que se joue le devenir de la piraterie.


Dans la Corne de l’Afrique comme dans les détroits malais, les déçus ou victimes de la mon-dialisation ont décidé d’aller chercher en mer ce qui leur semblait dû. Le cadre géographique les y incitait, la donne économique les a convaincus.



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Pouvoir aérien

Sera maître du monde qui sera maître de l’air.

Clément Ader, début du XXe siècle

Pouvoir maritime (Sea power)

L’Empire de la mer est indubitablement l’empire du monde.

Alfred T. Mahan, The Problem of Asia and its Effects upon International Policies, 1900

Le pouvoir maritime convient essentiellement aux nations qui ne peuvent se permettre des pertes importantes dans les combats terrestres.



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Relais insulaire

L’île de Diego Garcia sera rendue à Maurice lorsqu’elle ne sera plus utile en tant que base […]. Il n’y a aucune limite dans le temps.

Margareth Thatcher à son homologue mauricien, 11 juillet 1980

D’un continent à l’autre la projection straté-gique est rarement directe. Il faut donc posséder les îles voisines du continent sur lequel on veut se projeter […]. La valeur stratégique d’une île proche d’un continent tient ensuite beaucoup plus à sa situation de promontoire vers le conti-nent qu’à son étendue ou à ses éventuelles res-sources propres.



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Route de la soie

Les États-Unis tentent de faire glisser l’or noir entre la Russie et l’Iran en construisant un système d’oléoducs dans le Caucase Sud. La Chine a sécurisé ses approvisionnements éner-gétiques en provenance du Turkménistan et du Kazakhstan. La Russie cherche à contrôler ou à contourner les infrastructures des régions de transit.

Philippe Rekacewicz, « Géopolitique des tubes en Asie centrale », Le Monde diplomatique, 17 novembre 2011

La nouvelle route de la soie, terrestre et mari-time, est néanmoins redevenue une réalité depuis au moins deux décennies en raison de l’intensifi cation du trafi c pétrolier entre le Moyen-Orient et la Chine et de l’intensifi cation des exportations chinoises vers cette région et vers l’Europe.On peut en lire le tracé dans les nouvelles lignes de tubes, de routes, de chemins de fer desser-vant l’Asie centrale. On peut la lire aussi dans la fréquentation de l’axe maritime qui relie le golfe d’Aden et le Golfe arabo-persique aux mers de Chine via le détroit de Malacca (près de 50 %


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du trafi c de conteneurs). On peut la lire encore dans la part croissante de la région Asie dans le commerce mondial.

Michel Nazet, « La nouvelle route de la soie ou la résurrection d’un mythe », Diploweb, 21 avril 2014

Théorème de Castex

L’infl uence de la puissance de mer dans les grandes crises de ce monde est fonction de la force aéroterrestre qu’elle est capable de déployer et l’infl uence de la puissance de terre se mesure aux mêmes moments à la force aéro-navale qu’elle peut jeter dans la balance.

Amiral Raoul Castex, Théories stratégiques. 1929-1935

Two Powers Naval Standard

Notre suprématie sur les mers peut, après tout, être mesurée par le nombre de bâtiments de combat que nous pouvons mettre en ligne […]. Je pense que je suis précis lorsque j’affi rme que notre établissement doit être à une échelle telle


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qu’il doit au fi nal être égal à la force de deux autres pays, quels qu’ils soient.

Lord George Hamilton, discours devant la Chambre des communes, 1889


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