SIMULATION ET EVALUATION D’OPTIONS DE … · Evaluation et simulation des coûts des options de...
Transcript of SIMULATION ET EVALUATION D’OPTIONS DE … · Evaluation et simulation des coûts des options de...
SIMULATION ET EVALUATION D’OPTIONS DE
PROTECTION SOCIALE A MADAGASCAR A PARTIR
DE L’OUTIL « SP_COSTING_TOOL » DE L’UNICEF
ET DU BIT
Rapport final
RANDRIANKOLONA Patrick Léon
Juillet 2011
Sommaire
Résumé exécutif ......................................................................................................................... 1
Liste des acronymes ................................................................................................................... 4
Liste des tableaux ....................................................................................................................... 4
Liste des figures ......................................................................................................................... 5
Liste des encadrés ....................................................................................................................... 5
I. Introduction ......................................................................................................................... 6
II. Contexte malgache sur la pauvreté et la pauvreté extrême ................................................. 7
III. Objectif et méthodologie adoptée ................................................................................. 10
a) Objectif de l’étude ......................................................................................................... 10
b) Démarche méthodologique............................................................................................ 10
c) Méthode d’analyse ........................................................................................................ 11
d) Outil SP_costing_tool ................................................................................................... 11
IV. Choix du ciblage de protection sociale : le cas de Madagascar .................................... 13
a) Objectif et problèmes relatifs au ciblage ....................................................................... 13
b) Revue de la littérature sur les procédés de ciblage ........................................................ 13
c) Procédé adapté pour Madagascar : ciblage catégorique et géographique ..................... 15
V. Identification des cibles : application du ciblage catégorique et géographique pour
atteindre les plus vulnérables ............................................................................................ 15
a) Qui sont les plus vulnérables à cibler ? ......................................................................... 15
b) Identification des catégories d’individus à cibler .......................................................... 16
o Démarche de sélection des catégories ....................................................................... 16
o Revue de la littérature : les catégories initialement identifiées ................................. 17
o Application du critère « poids du groupe » ............................................................... 18
o Application du critère « minimum d’intersection » ................................................... 20
o Combinaison des deux critères : les catégories retenues ........................................... 22
c) Ciblage géographique .................................................................................................... 22
d) Récapitulation : quelques options de protection sociale proposées pour le cas de
Madagascar .................................................................................................................... 24
VI. Evaluation et simulation des coûts des options de protection sociale à Madagascar :
quelques résultats clés. .................................................................................................. 24
a) Principe de la simulation ............................................................................................... 24
b) Quelques indicateurs sur l’importance macroéconomique des protections sociales à
Madagascar .................................................................................................................... 26
c) Les résultats de la simulation : extension des zones de couverture .............................. 27
d) Les résultats de la simulation : extension du montant du transfert ............................... 31
e) Les résultats de la simulation : analyse dynamique ...................................................... 32
VII. Recommandations et pistes d’actions ........................................................................... 34
a) Coordination des activités de protection sociale ........................................................... 34
b) Plan de suivi et d’indicateurs des activités de protection sociale .................................. 35
VIII. Conclusion ..................................................................................................................... 37
Références bibliographiques .................................................................................................... 38
Annexe ..................................................................................................................................... 39
1
Résumé exécutif
Il est à rappeler que le contexte socio économique malgache est actuellement dominé par un
niveau de pauvreté et de vulnérabilité élevé. Ce constat est valable si l’on se focalise même au
niveau de la pauvreté extrême. L’incidence de la pauvreté est de 76,5% en 2010 contre 68,5%
en 2005. L’incidence de la pauvreté extrême (correspondant à 25% du seuil de pauvreté
globale) est évaluée à 7,1% pour l’ensemble. D’autre part, il faut remarquer que le phénomène
de la pauvreté varie aussi suivant les catégories de personnes. Chez les enfants de moins de 18
ans vivant en milieu rural à titre d’exemple, l’incidence de la pauvreté atteint jusqu’à 86,6%.
Le taux de pauvreté extrême peut atteindre jusqu’à 15% chez les enfants de 5 à 14 ans
déscolarisés et 12% chez les adultes analphabètes et chez les ménages de sept personnes et
plus. Cet état de fait actuel de la pauvreté peut être dû à des conditions structurelles mêmes de
l’économie malgache. On peut dire aussi que les mauvaises conjonctures liées aux différentes
crises socio politiques qui se sont succédées peuvent aussi être en amont de cet état de fait.
Par ailleurs, il faut mentionner aussi que tous les ans, les ménages malgaches font face à des
différents chocs relatif à divers domaine notamment environnemental, santé, sécurité,
économique et sociopolitique. En tout cas, à l’heure actuelle, la réorientation des activités de
protection sociale est plus que prioritaire pour réduire ou atténuer la vulnérabilité accrue des
ménages malgaches.
La présente étude a pour objectif l’identification et la présentation de quelques options de
protection sociale adaptées et efficaces à travers des exercices de simulations pour le cas de
Madagascar. Comme les autres recherches sur la pauvreté et la vulnérabilité ainsi que sur les
défis opérationnels de la protection sociale, le but est d’identifier des pistes d’actions mieux
ciblées pour améliorer la situation actuelle de la population en se basant sur des simulations
d’évaluation de coût des interventions en protection sociale par rapport aux impacts attendus,
comparativement aux bénéficiaires cibles qui sont visés par ces interventions.
En termes de méthodologie, l’étude est réalisée en deux étapes. Dans un premier temps, il est
question de procéder d’abord au choix du ciblage à adopter et, ensuite, à l’identification des
cibles les plus prioritaires afin de pouvoir identifier les options de protection sociale adaptées
au cas de Madagascar actuellement. A ce premier niveau déjà, on ne prend en compte que les
cibles qui permettent d’atteindre le maximum des populations les plus vulnérables. Dans un
second temps, il s’agit de procéder aux exercices de simulation d’évaluation d’impacts
potentiels sur la pauvreté et l’inégalité et des coûts ainsi que de la confrontation de ces deux
concepts. Les simulations sont conduites suivant quatre axes. Premièrement, on compare les
interventions au niveau de chaque groupe cible. Deuxièmement, les simulations sont faites
suivant l’extension des zones d’intervention. Troisièmement, l’extension du montant des
transferts est aussi explorée. Enfin, l’aspect dynamique des interventions est aussi abordé.
En matière de procédé de ciblage, il s’avère que l’adoption d’un ciblage catégorique et
géographique est la plus optimale et adaptée pour Madagascar. En effet, la situation de la
pauvreté au niveau du pays suggère plus l’utilisation de ce procédé de ciblage en matière de
protection sociale. La hausse de l’incidence de la pauvreté (76,5%) constitue une contrainte
majeure comparée aux ressources limitées. Ainsi, tout programme se voulant être efficace doit
cibler une catégorie d’individus qui sont les plus vulnérables même parmi les pauvres. De
plus, il faut constater que le phénomène de la pauvreté affiche des différences significatives
selon la localisation des ménages (le ratio de pauvreté de 54,2% en milieu urbain contre
82,2% en milieu rural). Enfin, l’incidence de la pauvreté semble être fortement corrélée avec
certaines caractéristiques des ménages ou de l’individu. Juste à titre d’exemple, on peut citer
2
la taille du ménage, le genre du chef de ménage, le nombre d’enfants de moins de cinq ans
dans le ménage, etc. Par exemple, chez les ménages avec plus de trois enfants de bas âge, le
taux de pauvreté atteint plus de 96% s’il se situe aux alentours de 63% pour les ménages
n’ayant aucun enfant de moins de cinq ans.
Pour l’identification des cibles et des localisations géographiques en application du ciblage
géographique et catégorique, il importe de mentionner en premier lieu que les populations les
plus vulnérables considérés comme base du ciblage sont les individus extrêmement pauvres
(ceux qui sont en dessous du 25% du seuil de pauvreté globale). L’identification des
catégories d’individus qui permettent d’atteindre le maximum de cible, le processus
commence d’abord par une analyse documentaire des études analytiques sur la pauvreté et la
vulnérabilité à Madagascar afin de recenser les caractéristiques d’individu, les plus corrélées à
la pauvreté extrême. Un critère de poids en termes de nombre de cibles potentiels et un critère
de minimum d’intersection (on élimine les caractéristiques qui se chevauchent) sont par la
suite appliqués pour ne retenir que les catégories d’individus qui sont les plus prioritaires et
les plus optimales. La méthode utilisée est une simple analyse descriptive des données de
l’EPM 2010. Il en est de même pour le ciblage géographique.
Après mise en œuvre du processus d’identification, les catégories d’individu finalement
retenues pour bénéficier les interventions futures afin de cibler le maximum de population la
plus vulnérable sont :
1. Les ménages de 7 personnes et plus
2. Les enfants de 0 à 4 ans
3. Les individus de plus de 15 ans analphabètes
4. Les personnes handicapées
5. Les femmes enceintes ou allaitantes
Pour le ciblage géographique, les zones les plus vulnérables et les plus prioritaires sont
constituées par les zones rurales de Matsiatra Ambony, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana,
Atsinanana, Analanjirofo, Atsimo Andrefana, Androy et d’Anosy avec la zone urbaine d’Androy.
Dans le cadre de cette, les options de protection sociale proposée sont constituées par des
transferts en espèce de type universel pour chacun de ces catégories identifiées plus haut. Le
niveau du transfert est initialement fixé à 10 000 Ariary par la suite de l’examen du montant
du gap de pauvreté extrême par pauvre. Ces options feront l’objet des exercices de
simulations.
Pour les exercices de simulation, ils sont réalisés à partir de l’outil de macro-simulation
SP_costing_tool sur les données de Madagascar et aussi à partir d’un programme simple de
micro-simulation sur les données de l’EPM 2010. Les simulations sont réalisées en deux
phases ; la phase statique mais avec des détails d’informations allant jusqu’aux impacts des
interventions sur la pauvreté et l’inégalité, et la phase dynamique sur une période plus longue
mais restreinte aux informations macro économiques sur les coûts des interventions.
Pour la phase statique, l’exercice de simulation est fixé pour l’année 2011. A travers la
simulation, les interventions au niveau de chaque catégorie sont évaluées et comparées. Par la
suite, une extension de la zone de couverture est suivie à travers les simulations. Enfin,
l’accroissement du montant des transferts est aussi évalué avec les exercices de simulations.
3
Pour la comparaison des interventions au niveau des cinq groupes d’individus suivant leur
efficacité (comparaison des coûts par rapports aux impacts attendus), les cinq groupes peuvent
être ordonnés comme le suivant par ordre décroissant d’efficacité des interventions :
1. Individus des Ménages de plus de 7 personnes
2. Femmes enceintes ou allaitantes
3. Individus de plus de 15 ans analphabètes/sans instruction
4. Enfants de moins de 5 ans
5. Personnes handicapées
Pour l’extension des zones de couverture, les zones simulées sont les suivantes :
Zone 1. les zones rurales de Matsiatra Ambony, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana,
Atsinanana, Analanjirofo, Atsimo Andrefana, Androy et d’Anosy avec la zone urbaine
d’Androy.
Zone 2. les zones rurales des 22 régions avec la zone urbaine d’Androy.
Zone 3. le territoire national.
Et à l’issu des exercices de simulation, il s’avère que la zone où les interventions sont les plus
optimales et les plus efficaces, reste la zone 1.
Pour l’accroissement des transferts, le montant initial de 10 000 Ariary est tiré
progressivement vers le haut pour atteindre 40 000 Ariary en passant par 20 000 Ariary et
30 000 Ariary. Et à l’issu des exercices de simulation, il s’avère que le niveau de transfert le
plus réaliste du point de vue soutenabilité des dépenses de protection sociale se situe entre
20 000 Ariary et 30 000 Ariary.
Pour l’analyse dynamique, d’ici 2030, il faudrait multiplier jusqu’à 5 fois le niveau actuel des
transferts si l’on veut garder fixe la valeur actuelle des transferts et donc de leurs impacts
attendus. Par contre, si l’on adopte le principe de la soutenabilité qui dit que peut garder fixe
plutôt le pourcentage des dépenses par rapport au PIB annuel, dans ce cas, on peut accroître le
niveau de transfert jusqu’à huit fois de son niveau actuel vers 2030. Les impacts attendus
seront alors plus importants dans ce cas.
Enfin, pour la mise en œuvre pratique des options de protection sociale identifiée, la présente
étude recommande l’adoption d’une stratégie commune de protection sociale qui prend en
compte les détails apportés par l’étude dans le mécanisme de coordination. Ce mécanisme de
coordination doit comporter aussi un système de suivi évaluation intégré du secteur de la
protection sociale avec les indicateurs nécessaires à suivre.
4
Liste des acronymes
ACP : Analyse en Composante Principale
BIT : Bureau International du travail
EPM : Enquête Périodique auprès des Ménages
FGT : Foster Greer et Thorbek
HIMO : Haute Intensité de Main d'Œuvre
INSTAT : Institut National de la Statistique
ONG : Organisation Non Gouvernementale
SNISE : Système National Intégré de Suivi Evaluation
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
Liste des tableaux
Tableau 1 : Taux d’incidence de la pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans en 2010
selon les catégories d’enfants (en %). ................................................................. 7
Tableau 2 : Taux d’incidence de la pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans en 2010
selon les régions (en %). ..................................................................................... 8
Tableau 3 : Situation de pauvreté extrême et poids des certains groupes vulnérables dans la
population totale en 2010 (en %). ..................................................................... 10
Tableau 4 : Situation de pauvreté extrême et poids des groupes dans la population totale en
termes de nombre d’individus en 2010 (en millier) .......................................... 18
Tableau 5 : Situation de pauvreté extrême et poids des groupes dans la population totale en
termes de nombre d’individus en 2010 ordonnée selon le nombre des pauvres
extrêmes (en millier) ......................................................................................... 19
Tableau 6 : Matrice des corrélations de variables incluses dans l’ACP ............................... 20
Tableau 7 : Corrélations des variables actives avec les facteurs principaux issus de l’ACP 21
Tableau 8 : Taux de pauvreté extrême selon la région et le milieu (en %) .......................... 22
Tableau 9 : Estimation du nombre des individus extrêmement pauvres selon la région et le
milieu (en millier) ............................................................................................. 23
Tableau 10 : Les dépenses de protection sociale avant et après la crise incluses dans le
budget de ........................................................................................................... 26
Tableau 11 : Les dépenses de protection sociale à Madagascar (Ariary courant). ................ 27
Tableau 12 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 1 (en%) ............. 28
Tableau 13 : Présentation de la couverture des interventions selon les zones (en%) ............ 29
Tableau 14 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 1 (variation en point de % pour
la pauvreté et l’écart de pauvreté) ..................................................................... 30
Tableau 15 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions selon les zones (variation en point de %
pour la pauvreté et l’écart de pauvreté) ............................................................ 31
Tableau 16 : Impacts, coût, efficacité et poids macroéconomique des interventions dans la
Zone 1 selon un certain montant de transfert (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté). ........................................................................ 32
Tableau 17 : Ratio et intensité de pauvreté selon le milieu par Région ................................. 39
Tableau 18 : Ratio de pauvreté selon le genre du chef de ménage et la taille du ménage ..... 39
Tableau 19 : Ratio de pauvreté selon le genre du Chef de Ménage et le nombre d’enfants âgé
de moins de 5 ans dans le ménage ..................................................................... 40
Tableau 20 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 2 (en%) .............. 40
Tableau 21 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 3 (en%) .............. 40
5
Tableau 22 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 2 (variation en point de % pour
la pauvreté et l’écart de pauvreté) ..................................................................... 41
Tableau 23 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 3 (variation en point de % pour
la pauvreté et l’écart de pauvreté) ..................................................................... 41
Liste des figures
Figure 1 : La page d’accueil du SP_costing_tool .................................................................. 12
Figure 2 : Le module « macroéconomie » du SP_costing_tool ............................................ 13
Figure 3 : Démarche de sélection des catégories .................................................................. 17
Figure 4 : Projection des transferts suivant le coût de la vie et suivant un % fixe du PIB
entre 2011 et 2030................................................................................................ 33
Liste des encadrés
Encadré 1 : Extrême pauvreté .................................................................................................... 9
Encadré 2 : Ecart et gap de pauvreté ........................................................................................ 26
Encadré 3 : Les erreurs de couverture lors d’un ciblage .......................................................... 28
6
I. Introduction
La population malgache fait face à un grand nombre de risques et des chocs associés, qui
peuvent nuire à leur existence. De plus, le taux de pauvreté, déjà élevé en 2005 (69% au
niveau national), s’est détérioré et évolue à76,5% en 2010. Cela implique que la majorité de la
population est très vulnérable car n’importe quel choc pourrait épuiser leurs maigres avoirs et
de les balancer dans la misère.
Jusque là, un certain nombre d'initiatives de protection sociale ont été mises en œuvre au fil
des années, financé par le Gouvernement, les donateurs ou la société civile y compris les
ONG. Bien que ces activités aient un certain impact dans la réduction des risques, ces
initiatives ont souffert de l'absence d'une stratégie globale de la protection sociale. Les
activités ont manqué de coordination, sont restés fragmentés, sont restés très dépendants des
sources extérieures de financement et ont une capacité limitée. En conséquence, ils ont eu des
résultats mitigés dans la protection de la population.
Les impacts de la crise de 2009 au niveau des ménages se font sentir sur la perte importante
d’emplois de la population masculine et surtout féminine, la vulnérabilité accrue des ménages
dirigés par les femmes ainsi que les jeunes déscolarisés mais qui ne sont pas intégrés sur le
marché de travail, faute d’expériences et de compétence suffisante. L’insécurité a augmenté.
Un certain nombre de cyclones a également frappé le pays. Simultanément, le gouvernement a
réduit les dépenses publiques, y compris les dépenses dans les secteurs sociaux.
La présente étude basée sur des exercices de simulation de coûts et d’impacts, est motivée par
l’appui en termes d’analyse pour les parties prenantes du secteur de la protection sociale qui
sont en train de revoir leurs interventions afin de réduire la vulnérabilité accrue de la
population notamment celles qui sont le plus dans la nécessité. Comme les autres recherches
sur la pauvreté et la vulnérabilité ainsi que sur les défis opérationnels de la protection sociale
menées dans ce cadre, le but est d’identifier des pistes d’actions mieux ciblées pour améliorer
la situation de la population en se basant sur des simulations d’évaluation de coût des
interventions en protection sociale par rapport aux impacts attendus, comparativement aux
bénéficiaires cibles qui sont visés par ces interventions.
Elle s’articule autour de six principales sections à la section introductive et celle qui conclue.
La section II reprend et approfondit le contexte malgache concernant la pauvreté et la
vulnérabilité. La section III expose les objectifs de l’étude et la méthodologie adoptée pour sa
mise en œuvre. La section IV attaque les problèmes de choix de ciblage tandis que la section
V se focalise sur l’identification des cibles en appliquant certain procédé de ciblage. La
section VI aborde les exercices de simulations proprement dits tandis que la section VII
expose les recommandations et pistes d’action que l’on peut identifier dans le cadre de
l’étude.
7
II. Contexte malgache sur la pauvreté et la pauvreté extrême
Dans cette section, il s’agit de présenter les éléments cruciaux qui composent le contexte
malgache sur la pauvreté et la vulnérabilité pour justifier l’importance et la nécessité des
interventions en matière de protection sociale.
Premièrement, il faut constater que le contexte socio économique malgache est, depuis
plusieurs années, dominé par une situation de hausse de la pauvreté. En fait, la pauvreté est
structurellement élevée à Madagascar. Depuis 1993, la première année où une évaluation
objective de la pauvreté nationale a pu être menée à partir de la première Enquête Périodique
auprès des Ménages (EPM), le taux de pauvreté au niveau national a été toujours au dessus
68%. Cela s’est traduit par l’accroissement du nombre des individus pauvres et vulnérables au
fil des années. Cette hausse structurelle de la pauvreté semble être liée aux faibles
performances structurelles mêmes de l’économie.
Mais en plus des conditions structurelles, certaines mauvaises conjonctures ont certainement
accéléré le phénomène de la hausse de la pauvreté à Madagascar. Les situations de mauvaises
conjonctures notamment nationales les plus ardues sont celles liées aux différentes crises
politiques et socio économiques successives qui sont apparues au fil des années. Parmi ces
différentes crises, on peut citer en particulier celle de l’année 2002 et même celle la plus
récente c'est-à-dire celle de l’année 2009. Il est à rappeler que ces situations de crise
s’accompagne toujours d’une croissance économique négative et donc de l’accroissement de
la pauvreté.
D’autre part, la vulnérabilité des ménages malgaches ne peut que s’accroître du fait de
l’exposition de ces mêmes ménages à des nombreux et différents types de chocs et risques.
Ces chocs et risques touchent plusieurs domaines notamment l’environnement, la santé, la
sécurité, l’économique et la sociopolitique. On cite en particulier les chocs environnementaux
qui sont liés aux différentes conditions climatiques et les cataclysmes naturels (cyclone,
inondation, sécheresse, etc.). Ces chocs sont parfois cycliques et peuvent être différents selon
les régions de la grande île. Les ménages qui subissent un ou des chocs à un moment donné
risquent de tomber dans la trappe à pauvreté ou risque de s’enfoncer encore plus dans la
pauvreté.
Ces différents aspects de l’environnement socioéconomique des ménages malgaches ont fait
que jusqu’à actuellement la pauvreté et la vulnérabilité reste à niveau élevé. Lors de l’EPM
2010, l’incidence au niveau national de la pauvreté a atteint 76,5% si taux a été de 68,5% en
2005.
Tableau 1 : Taux d’incidence de la pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans en 2010
selon les catégories d’enfants (en %).
Catégorie d'enfants Urbain Rural Ensemble
Moins de 5 ans 64,2 88,8 84,5
5 à 10 ans 64,5 87,7 83,5
11 à 14 ans 58,0 84,4 79,4
15 à 17 ans 54,7 81,0 75,4
Ensemble 61,7 86,6 82,0 Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
8
Il faut noter que la situation de pauvreté diffère selon la catégorie de population que l’on
prend en compte. Pour les cas des enfants de moins de 18 ans, actuellement, on constate que
le phénomène de pauvreté est encore plus profond chez cette catégorie de population. En
effet, ces les enfants de moins de 18 ans, le taux de pauvreté atteint 82,0% en 2010 soit
largement plus élevé que le taux de pauvreté national de 76,5% de 2010. En fait, la tendance
est que le taux de pauvreté des enfants est plus élevé chez les enfants de bas âge et aussi chez
les enfants résidents en milieu rural.
Tableau 2 : Taux d’incidence de la pauvreté chez les enfants de moins de 18 ans en 2010
selon les régions (en %).
Région Urbain Rural Ensemble
Analamanga 53,5 70,4 63,6
Vakinankaratra 67,8 84,2 81,2
Itasy 79,8 85,7 85,1
Bongolava 59,8 83,9 80,7
Matsiatra Ambony 61,9 94,2 89,1
Amoron'i Mania 65,2 91,9 89,1
Vatovavy Fitovinany 75,5 94,0 91,6
Ihorombe 76,3 87,4 85,3
Atsimo Atsinanana 67,4 98,4 96,0
Atsinanana 67,5 91,3 86,2
Analanjirofo 65,3 91,9 87,5
Alaotra Mangoro 55,3 78,6 74,9
Boeny 52,5 76,5 70,0
Sofia 59,1 78,6 76,5
Betsiboka 71,5 87,6 85,6
Melaky 65,2 89,5 84,5
Atsimo Andrefana 72,0 92,1 87,5
Androy 95,3 95,2 95,2
Anosy 62,5 90,4 87,2
Menabe 42,7 75,6 68,0
DIANA 37,3 78,9 63,5
SAVA 45,7 83,1 79,9
Ensemble 61,7 86,6 82,0 Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
Sur le plan géographique, il faut noter aussi que la pauvreté des enfants de moins de 18 ans
varie énormément selon les régions. Ainsi, au niveau du milieu rural des régions telles que
Matsiatra Ambony, Amorin’i Mania, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana, Analanjirofo,
Atsimo Andrefana, Androy et Anosy, la pauvreté des enfants s’affichent être relativement
plus importante par rapport aux autres régions. L’incidence de la pauvreté pour ces milieux
géographiques atteint plus de 90%. Mais, il faut constater aussi que même en milieu urbain, le
taux de pauvreté des enfants atteint plus de 95% dans la région d’Androy.
9
Jusqu’ici, seule la pauvreté globale a été analysée et exposée, si on aborde le thème sur la
pauvreté extrême, d’autres constats peuvent être dégagés pour caractériser le contexte du pays
en matière de pauvreté et de vulnérabilité.
Dans la lecture du tableau 3 ci-dessous, « Pauvreté 1 » correspond au pourcentage d’individus
se trouvant en dessous du 25% du seuil de pauvreté globale. Il s’agit de l’indicateur de
l’extrême pauvreté adopté dans ce rapport. « Pauvreté 2 » correspond quand à elle, au
pourcentage d’individus se situant entre le 25% et le 50% du seuil de pauvreté globale.
« Pauvreté 3 » renseigne sur ceux qui se trouvent entre 50% et 75% du seuil globale tandis
que « Pauvreté 4 » indique l’importance relative des individus se trouvant entre 75% et 100%
du seuil. Enfin, la pauvreté pour l’ensemble n’est autre que la pauvreté globale, c'est-à-dire le
pourcentage de ceux qui sont en dessous du seuil de pauvreté globale de 468 800 ariary/an.
Il ressort du tableau 3 que le taux de pauvreté extrême est 7,1% pour au niveau national. Ce
qui correspond à quelques 1 400 000 malgaches. Et si l’on considère le seuil relatif à 50% du
seuil global, le taux de pauvreté est de 34,3% de l’ensemble de la population. D’autre part, le
taux de pauvreté extrême varie aussi suivant les catégories d’individus considérées. Ainsi, à
titre d’exemple, on peut constater que le taux de pauvreté extrême est nettement plus élevé au
Encadré 1 : Extrême pauvreté
La pauvreté est mesurée ici à partir d’un indicateur objective notamment le niveau de consommation
par tête. Sont pauvres, les individus qui ont un niveau de consommation individuel en dessous du
seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est ici calculé pour inclure le minimum de consommation
nécessaire concernant deux aspects : l’alimentaire et le non alimentaire. Parmi les pauvres, il faut
préciser que le niveau de consommation par tête varie aussi de façon considérable selon le contexte
du pays. Ainsi, on peut encore faire des catégorisations au sein de la population des pauvres.
L’extrême pauvreté fait partie de cette catégorisation possible. Il s’agit d’un terme utilisé pour
désigner la situation des individus les plus pauvres parmi les pauvres eux-mêmes. Bien évidemment,
pour le calcul de l’incidence de l’extrême pauvreté, on utilise un autre seuil qui en dessous du seuil
initial de pauvreté. Dans certaines études sur Madagascar, le seuil de pauvreté extrême représente
70% du seuil global. Par contre dans certaines études, ce pourcentage est de 20%. Dans le cadre de
cette étude, la pauvreté extrême est capturée par un seuil représentant 25% du seuil global. Le
schéma qui suit récapitule la situation de la pauvreté globale et de la pauvreté extrême suivant leur
seuil respectif.
10
niveau des catégories d’individus tels que les enfants de 5 à 14 ans déscolarisés avec un taux
de 15,0%, les individus analphabètes ou sans instruction avec un taux de 12,4% et les familles
de plus sept personnes avec un taux de 12,4% également.
Tableau 3 : Situation de pauvreté extrême et poids des certains groupes vulnérables
dans la population totale en 2010 (en %).
Groupe d'individus Pauvreté 1 Pauvreté 2 Pauvreté 3 Pauvreté 4 Pauvreté
Ensemble
Poids dans
Population
Personnes âgées (65 ans et +) 6,5 18,6 22,2 17,4 64,7 2,4
Enfants de 0 à 4 ans 9,0 32,8 28,3 14,4 84,5 17,0
Enfants de 5 à 14 ans 8,5 31,2 27,4 14,9 82,1 29,7
Enfants de 5 à 14 ans déscolarisés 15,0 37,8 26,9 11,0 90,6 9,3
Jeunes de 18 à 24 ans déscolarisés et
sans travail 6,9 25,3 28,3 15,9 76,4 9,7
Adultes (25 à 64 ans) chômeurs 6,4 14,8 17,7 18,1 57,0 1,6
Femmes chefs de ménages 7,5 27,4 20,3 14,6 69,8 2,4
Femmes enceintes ou allaitantes* 9,5 31,9 29,4 13,9 84,7 4,8
Individus de 15 ans et + Analphabètes 12,4 33,3 27,1 13,3 86,0 10,9
Familles de 7 personnes et plus 12,4 38,3 26,7 11,8 89,2 37,5
Ensemble Madagascar 7,1 27,2 26,6 15,6 76,5 100,0
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
* Approximation à partir de la situation des enfants de moins de 1 an pour la structure de pauvreté et des données actualisées
de l’EPM 2005 pour le poids dans la population totale.
En résumé, les différents contextes exposés jusqu’ici montrent clairement le niveau élevé du
phénomène de la pauvreté et aussi de celui de l’extrême pauvreté. En plus, ces phénomènes
semblent être plus prononcés pour certaines catégories de personnes et pour certaines régions
de la grande île. Tout cela justifie, en fait, la nécessité d’un bon ciblage et d’intervention pour
appuyer les plus vulnérables parmi les populations pauvres.
III. Objectif et méthodologie adoptée
a) Objectif de l’étude
Au vu des contextes exposés dans les sections précédentes, l’objectif de la présente étude
consiste en l’identification et la présentation de quelques options de protection sociale
adaptées et efficaces à travers des exercices de simulations pour le cas de Madagascar.
En fait, les simulations effectuées touchent aussi bien les impacts potentiels des interventions
dans la réduction de la pauvreté et de l’inégalité que les coûts des interventions elles mêmes.
Ainsi, l’analyse des simulations se repose aussi sur des critères « coût-efficacité ».
b) Démarche méthodologique
La démarche méthodologique adoptée par l’étude se résume à travers deux étapes bien
distinctes :
Etape 1. Ciblage et identification
Etape 2. Evaluation et simulation
11
La première étape consiste en l’identification et du ciblage des groupes d’individus les plus
vulnérables à appuyer. Et il s’agit aussi de l’identification des types de protection sociale le
plus adaptés et les plus prioritaires à mettre en œuvre.
La seconde étape consiste à faire des évaluations à travers des exercices de simulations pour
confirmer, parmi les options de protection sociale identifiées dans la première étape, celles qui
seront les plus efficaces. Les évaluations et les simulations vont se reposer sur des critères de
couverture, d’impacts potentiels en matière de pauvreté et d’inégalité, de coût et enfin,
d’efficacité (comparaison impacts et coûts).
c) Méthode d’analyse
Pour chacune des étapes de la démarche méthodologique, des méthodes d’analyse propres
sont utilisées :
Etape 1 : pour cette première étape de l’analyse, une revue documentaire est utilisée surtout
pour l’identification des catégories des cibles. Les documents exploités sont ceux analysant de
façon approfondie et détaillée le problème de la pauvreté et de la vulnérabilité à Madagascar.
Ces documents peuvent servir à sortir les types et les groupes d’individus les plus vulnérables
à Madagascar. Ensuite, la revue documentaire sera complétée par des exploitations suivant
une analyse descriptive des données de l’EPM 2010 pour achever la première étape sur
l’identification des cibles et les options de protection sociale les plus adaptées et les plus
prioritaires.
Etape 2 : pour la réalisation des exercices de simulation, deux outils sont utilisés. Il s’agit du
PS_costing_tool pour traiter tous les aspects macro économiques des simulations. Et un
simple programme de micro simulation pour les aspects plus micro économiques et au niveau
des ménages mêmes. Les macro-simulations concernent surtout l’évaluation des coûts et de
couverture. Par contre, les micro-simulations touchent les impacts potentiels sur la réduction
de la pauvreté et de l’inégalité. Elles utilisent les données de l’EPM 2010.
d) Outil SP_costing_tool
L’outil SP_costing_tool est un outil d’évaluation et de simulation des coûts des options de
politique sociale. Cet outil permet d’examiner la soutenabilité de l’accroissement de l’ampleur
et de l’extension de la couverture des interventions de protection sociale en fournissant des
chiffres concrets sur une période allant jusqu’à 20 ans.
En fait, le modèle à la base du SP_costing_tool est un modèle de projection basé sur quatre
types de projection : la projection démographique, la projection macroéconomique, la
projection du marché du travail et la projection des finances publiques. Et la macro-simulation
des options de protection sociale se fait à cheval et en interaction sur ces quatre types de
projection.
De ce fait, d’une part, le modèle a été alimenté en données et informations de type macro
économique et démographique d’au moins celles des dix dernières années. D’autre part, des
hypothèses de projection sont aussi introduites au niveau du modèle pour orienter les
projections à faire. Une fois que les données, informations et hypothèses de projection
introduites au niveau du modèle, ce dernier offre aux utilisateurs un module spécifique sur les
paramétrages des interventions de protection sociale qu’ils veulent simuler ou évaluer. Après
12
calcul automatique, le modèle retourne toutes les informations utiles et cruciales sur les
interventions de protection sociale introduites et paramétrées au début de l’opération de
simulation. Ces informations ou résultats concernent les couvertures, l’évolution des transferts
par bénéficiaires, les coûts totaux des interventions, le poids macroéconomiques des
interventions, etc. Par ailleurs, le modèle de simulation renseigne aussi sur les impacts
macroéconomiques des interventions en matière de réduction du gap de pauvreté au niveau
national suivant le paramétrage que l’utilisateur a effectué sur cet aspect.
En ce qui concerne le secteur de la protection sociale, le modèle incorpore déjà en son sein,
les différentes mesures de protection sociale suivantes :
Pension des personnes âgées (suivant une logique d’allocation universelle c'est-à-dire
concernant toutes les personnes âgées).
Allocation familiale par enfant (allocation universelle aussi).
Allocation d’incapacité pour les personnes handicapées.
Allocation spéciale pour les orphelins.
Bourse d’étude (tous niveaux concernés).
Allocation forfaitaire par naissance vivante.
Allocation d’insertion sur le marché du travail pour les jeunes.
Indemnité de chômage.
Enfin, les deux figures ci-dessous montrent un aperçu sur la page d’accueil et le module
macroéconomique du modèle du SP_costing_tool.
Figure 1 : La page d’accueil du SP_costing_tool
13
Figure 2 : Le module « macroéconomie » du SP_costing_tool
IV. Choix du ciblage de protection sociale : le cas de Madagascar
a) Objectif et problèmes relatifs au ciblage
Le principal objectif des interventions de protection sociale discutées dans ce rapport,
notamment le cas du transfert en espèce, consiste à aider les populations les plus vulnérables.
Ainsi, en plus de la conception de l’option de protection sociale elle-même, il est
indispensable de déterminer sur le plan opérationnel, le mécanisme par lequel les populations
les plus vulnérables seront identifiées et aidées parmi l’ensemble de la population. Il s’agit de
la question de ciblage en protection sociale. Le ciblage désigne la façon dont les individus qui
feront l’objet de la protection sociale c'est-à-dire les bénéficiaires, seront ciblés ou identifiés
sur le terrain. Le fait à faire attention concernant le ciblage est que celui-ci pose deux types de
problématique en matière de protection sociale. Premièrement, le ciblage comporte des coûts
et certain procédé de ciblage peut être plus coûteux que d’autres suivant le contexte. Ainsi, le
ciblage adopté a des impacts sur l’efficience d’un programme de protection sociale.
Deuxièmement, en matière de protection sociale, l’idéal est que les prestations ou les
transferts sociaux arrivent à leurs destinations c'est-à-dire les bénéficiaires déjà prescrits avant
la mise en œuvre même du programme. Or, selon le ciblage adopté, d’une part, certains
bénéficiaires peuvent ne pas être touchés par les transferts sociaux. Dans ce cas, la littérature
par alors d’erreur d’exclusion. D’autre part, certains individus qui ne font pas partie des
bénéficiaires peuvent être atteints par les prestations. Dans ce deuxième cas, on parle plutôt
d’erreur d’inclusion.
b) Revue de la littérature sur les procédés de ciblage
14
A travers la littérature, on recense trois principaux procédés de ciblage en protection sociale1.
Il s’agit de :
- Ciblage basé sur le niveau du revenu ou l’approximation du niveau du revenu
- Ciblage communautaire
- Ciblage catégorique et géographique
En matière de réduction de la pauvreté et des inégalités, le ciblage basé sur le niveau du
revenu est le plus précis pour identifier les plus vulnérables parmi l’ensemble de la
population. En effet, ce procédé est fondé sur l’évaluation du niveau de revenu de chaque
ménage ou de chaque individu pour pouvoir déterminer s’il doit faire partie de la cible du
programme de protection sociale. Ainsi, ce procédé permet de réduire à un niveau négligeable
l’erreur d’inclusion en écartant les non vulnérables du programme. Toutefois, ce procédé est
administrativement lourd et couteux. Et c’est dans ce contexte qu’un procédé plus souple a été
crée. Il s’agit de l’approximation ou du contrôle indirect du niveau de revenu à travers des
caractéristiques observables du ménage ou de l’individu mais qui sont corrélées avec le
niveau de revenu comme l’âge, le sexe, la taille du ménage, etc. A partir de ses
caractéristiques, une note est attribuée à chaque individu pour pouvoir déterminer s’il sera
retenu par le programme ou non. Le niveau de précision du contrôle indirect du revenu est une
fonction croissante du nombre de caractéristiques qui rentrent dans le calcul de la notation.
Toutefois, le coût d’administration du procédé augmente aussi avec le nombre de
caractéristiques prises en compte.
Le ciblage communautaire consiste à conférer à une autorité locale ou à comité local au
niveau d’une communauté, l’habilité à prendre une décision concernant les personnes qui
devraient bénéficier d’un programme de protection sociale. Ce procédé peut induire un niveau
de précision élevé notamment dans le ciblage des plus démunis dû fait que les personnes
membres du comité local connaissent le mieux les caractéristiques et les conditions de leur
communauté. Toutefois, d’un coté, la concentration du pouvoir d’attribution de prestation au
niveau du comité local peut induire à des tendances de discrimination en renforçant les
inégalités existantes. De l’autre coté, les bénéficiaires potentiels peuvent être moins incités à
participer au programme. Le fait d’être désignés par sa communauté comme étant le plus
pauvre peut créer une sorte de frustration de la part du bénéficiaire potentiel. En plus, étant
donné que chaque communauté possède ses caractéristiques propres, la mise en œuvre du
procédé de ciblage communautaire au niveau national s’avère très difficile.
Le ciblage catégorique et géographique repose sur l’identification des cibles potentielles à
travers une caractéristique du ménage ou de l’individu qui est corrélée avec l’incidence de la
pauvreté. Les caractéristiques considérées doivent être observables. Il s’agit par exemple de
l’âge, du sexe, etc. L’important est qu’il s’agit de caractéristique qui discrimine les pauvres
des non pauvres. Dans ce type de procédé, la localisation géographique est souvent croisée
avec les caractéristiques individuelles d’identification. Parmi les procédés ci-dessus, le
ciblage catégorique est le moins précis. En plus, le fait de considérer la localisation
géographique signifie la priorisation de certaines zones au détriment de certaines autres zones
qui peuvent abriter aussi des cibles potentielles du programme. Toutefois, le ciblage par
1 Voir Coady, Grosh et Hoddinot, 2004, cités par Pascale Schnitzer, 2011, dans « Design options and potential
impacts of a cash transfert program in Sénégal : simulation results ».
15
catégorie et par zone géographique est administrativement simple à mettre en œuvre et est de
moindre coût.
c) Procédé adapté pour Madagascar : ciblage catégorique et géographique
En ce qui concerne le cas de Madagascar, la situation de la pauvreté au niveau du pays
suggère plus l’utilisation du procédé de ciblage catégorique et géographique en matière de
protection sociale. En effet, premièrement, l’incidence de la pauvreté est nettement élevée à
Madagascar. Selon les résultats de l’EPM 20102, le ratio de pauvreté est estimé à 76,5%. Ce
qui correspond à environ 15 400 000 individus pauvres à travers toute l’île. Contrainte par les
ressources limitées, tout programme se voulant être efficace doit cibler une catégorie
d’individus qui sont les plus vulnérables même parmi les pauvres. Deuxièmement, le
phénomène de la pauvreté affiche des différences significatives selon la localisation des
ménages. Selon le milieu de résidence, le ratio de pauvreté est de 54,2% en milieu urbain
contre 82,2% en milieu rural. Selon les régions, certaines régions comme DIANA et
Analamanga affichent une incidence de la pauvreté relativement moins élevée d’un peu plus
de 54%. Par contre, dans des régions telles que Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana et
Androy, l’incidence de la pauvreté se situe à un niveau supérieur à 90%. Enfin, l’incidence de
la pauvreté semble être fortement corrélée avec certaines caractéristiques des ménages ou de
l’individu. Juste à titre d’exemple, on peut citer la taille du ménage, le genre du chef de
ménage, le nombre d’enfants de moins de cinq ans dans le ménage, etc. Selon la taille des
ménages, le ratio de pauvreté passe de 21% chez les ménages « singleton » à plus de 92%
chez les ménages de plus de dix personnes. A taille de ménage égale, les ménages dirigés par
les femmes sont plus pauvres par rapport à ceux dirigés par les hommes. Enfin, chez les
ménages avec plus de trois enfants de bas âge, le taux de pauvreté atteint plus de 96% s’il se
situe aux alentours de 63% pour les ménages n’ayant aucun enfant de moins de cinq ans.
V. Identification des cibles : application du ciblage catégorique et géographique
pour atteindre les plus vulnérables
Pour la suite de l’analyse, le ciblage adopté est celui du procédé catégorique et géographique.
Ainsi, l’objectif de cette sous section du rapport est de recenser toutes les caractéristiques de
ménage ou de l’individu observables directement qui ont des liens forts avec le phénomène de
pauvreté dans le cas de Madagascar à travers une revue documentaire sur les études
analytiques déjà effectuées dans ce sens. Il s’agit, par la suite, de les traiter afin de n’en retenir
que quelques unes les plus pertinentes qui serviront de base à la formulation des options de
protection sociale les mieux adaptées à Madagascar.
a) Qui sont les plus vulnérables à cibler ?
Toutefois, avant d’aborder l’analyse des caractéristiques déterminantes de la pauvreté à
Madagascar, il convient d’abord de se concentrer sur les impacts de la taille potentielle des
cibles de protection sociale à mettre en œuvre. Comme il a déjà été annoncé plus haut,
l’incidence de la pauvreté à Madagascar est très élevée. Avec un taux de 76,5% de la 2 Voir les tableaux présentés en annexe pour les détails sur les résultats statistiques discutés dans ce
paragraphe.
16
population, la pauvreté touche environ 15 400 000 individus. Si l’on considère le cas de la
vulnérabilité à la pauvreté (le fait d’avoir plus de chance de rester ou de tomber dans la
pauvreté à l’avenir), l’incidence est encore plus élevé avec un taux de 81,2% de la population.
Dans ces cas, prendre les pauvres ou les vulnérables à la pauvreté en général comme cible des
interventions de protection sociale présenterai certainement des coûts exorbitants et irréalistes.
Ainsi, dans un souci de rendre plus efficace les interventions futures, il est indispensable de
considérer plutôt une sous catégorie des pauvres notamment les plus vulnérables parmi les
pauvres eux-mêmes comme cible principale des programmes. Dans ce rapport, nous
considérons les individus extrêmement pauvres comme les individus les plus vulnérables et
les plus nécessiteux mêmes parmi les pauvres pour être les cibles des interventions de
protection sociale. Mais, même le concept de pauvreté extrême peut être vu de façon
différente par les analystes. En effet, au niveau de certaines études, le taux de pauvreté
extrême représente environ 70% du seuil de pauvreté globale tandis que d’autres proposent un
seuil de pauvreté extrême plus bas ne représentant que 20% du seuil global de pauvreté. Si
l’on considère le cas du 70% du seuil de pauvreté globale, l’incidence de la pauvreté extrême
est de 56,5%. Ce qui revient à considérer encore plus de la moitié de la population malagasy
actuellement soit plus de 10 000 000 d’individus. Ce qui représentera une fois de plus, des
coûts énormes en matière de protection sociale. Par souci de simplification et
d’opérationnalité, nous proposons dans ce rapport, le quart (25%) du seuil de pauvreté globale
comme seuil de pauvreté extrême. L’analyse des caractéristiques est alors faite sur cette base.
Toutefois, au niveau de l’évaluation des protections sociales, le cas du 50% du seuil global est
aussi abordé pour voir les éventuels effets de l’extension de la taille de la cible.
b) Identification des catégories d’individus à cibler
o Démarche de sélection des catégories
La démarche de sélection des catégories d’individus à cibler dans le cadre des interventions
de protection sociale futures est réalisée suivant quatre étapes :
Etape 1 : Analyse documentaire pour l’identification et le recensement des
caractéristiques d’individu ou de ménage qui sont les plus corrélés à la
pauvreté et à la vulnérabilité. Les documents exploités sont des documents
techniques ayant fait des analyses approfondies sur ces aspects. Toutefois, il
faut noter que les caractéristiques recensées seront certainement plus
nombreuses. Il est donc question par la suite d’en éliminer certaines pour ne
retenir que les caractéristiques qui permettent d’atteindre le maximum des plus
vulnérables et des plus nécessiteux.
Etape 2 : Application du critère « poids du groupe » pour éliminer certaines catégories. Il
s’agit en fait de ne retenir les catégories de personnes qui permettent
17
d’atteindre un nombre plus conséquent de pauvres extrêmes par souci
d’efficacité future des interventions. Dans ce document, le seuil utilisé est de
l’existence dans la catégorie d’au moins 100 000 pauvres extrêmes.
Etape 3 : Application du critère « minimum d’intersection ». En fait, il s’agit d’éliminer
les caractéristiques qui se chevauchent ou les caractéristiques qui sont déjà
incluses dans d’autres caractéristiques. L’objectif reste de la démarche reste
l’atteinte de maximum de personnes les plus vulnérables à travers un nombre
réduit de catégories à considérer. Cette étape se fait en parallèle avec l’étape
précédente.
Etape 4 : La dernière étape consiste en la confrontation des résultats de l’étape 2 et 3
pour avoir les catégories de personnes à retenir au final.
Le schéma qui suit récapitule la démarche de sélection des catégories à retenir.
Figure 3 : Démarche de sélection des catégories
o Revue de la littérature : les catégories initialement identifiées
Pour l’identification des caractéristiques ayant le plus d’impacts sur le phénomène de la
pauvreté, trois documents ont été exploités. Il s’agit du rapport principal de l’EPM 2010, du
document de référence sur la pauvreté, vulnérabilité et sources de risques mise à jour à partir
des données de l’EPM 2010 et du document sur l’évaluation de la vulnérabilité du groupe de
travail sur le suivi de la vulnérabilité à Madagascar mise à jour à partir des données de l’EPM
20103. Ces documents ayant une vocation plus analytique se fondent sur des techniques plus
formalisées comme l’économétrie dans la démarche de la détection des facteurs déterminants
de la pauvreté et de la vulnérabilité à Madagascar. Ainsi, à la suite de l’analyse documentaire,
les caractéristiques plus ou moins classiques suivantes ont été recensées êtres parmi les plus
pertinentes en matière de pauvreté et de vulnérabilité :
1. Personnes âgées (65 ans et +)
3 Tous ces documents sont de l’Institut National de la Statistique. Toutefois, ils sont encore au stade de version
provisoire au moment de la rédaction du présent rapport.
18
2. Enfants de 0 à 4 ans
3. Enfants de 5 à 14 ans
4. Enfants de 5 à 14 ans déscolarisés
5. Enfants 0 à 17 ans Orphelins
6. Personnes handicapées
7. Jeunes de 18 à 24 ans déscolarisés et sans travail
8. Adultes (25 à 64 ans) chômeurs ou sous employés
9. Femmes chefs de ménages
10. Femmes enceintes ou allaitantes
11. Individus de 15 ans et + Analphabètes
12. Familles de 7 personnes et plus
Pour la suite de l’analyse, il s’agit de déterminer les quelques critères les plus pertinents parmi
ces 12 critères initialement énoncés en les confrontant avec l’incidence de la pauvreté extrême
déjà évoquée plus haut. La méthode utilisée est descriptive. Elle est basée sur la réduction de
l’erreur d’exclusion en choisissant les critères qui couvrent le plus de cible en termes de
nombre d’individu. Les données utilisées sont celles de l’EPM 2010.
o Application du critère « poids du groupe »
La situation de pauvreté extrême varie suivant le groupe de vulnérables décrites par chacune
des douze caractéristiques ci-dessus. Et l’objectif de ciblage oblige à adopter des critères
visibles pour l’identification des groupes vulnérables. L’exploitation des données de l’EPM
2010 donne les résultats sommaires suivants en matière de situation d’extrême pauvreté si
l’on considère les différentes caractéristiques identifiées ci-dessus.
Dans la lecture des tableaux ci-dessous, « Pauvreté 1 » correspond aux individus se trouvant
en dessous du 25% du seuil de pauvreté globale. « Pauvreté 2 » correspond quand à elle, aux
individus se situant entre le 25% et le 50% du seuil de pauvreté globale. « Pauvreté 3 »
renseigne sur ceux qui se trouvent entre 50% et 75% du seuil globale tandis que « Pauvreté
4 » indique l’importance relative des individus se trouvant entre 75% et 100% du seuil. Enfin,
la pauvreté pour l’ensemble n’est autre que la pauvreté globale, c'est-à-dire ceux qui sont en
dessous du seuil de pauvreté globale de 468 800 ariary/an.
Il ressort du tableau 3 vu au niveau de la section sur les contextes, que le taux de pauvreté
extrême est nettement plus élevé au niveau des catégories d’individus tels que les enfants de 5
à 14 ans déscolarisés avec un taux de 15,0%, les individus analphabètes ou sans instruction
avec un taux de 12,4% et les familles de plus sept personnes avec un taux de 12,4%
également. Toutefois, étant donné que chaque catégorie possède un poids propre plus ou
moins important dans la population totale, l’examen du seul taux de pauvreté extrême peut
induire à l’erreur. Il faut constater plutôt les nombres des individus extrêmement pauvres dans
chaque catégorie d’individus. Ainsi, si l’on remplace les ratios en pourcentage par
l’estimation du nombre des individus de chaque catégorie pour l’année 2010 dans ce tableau
3, on obtient les résultats suivants.
Tableau 4 : Situation de pauvreté extrême et poids des groupes dans la population totale
en termes de nombre d’individus en 2010 (en millier)
Groupe d'individus Pauvreté 1 Pauvreté 2 Pauvreté 3 Pauvreté 4 Pauvreté
Ensemble
Poids dans
Population
Personnes âgées (65 ans et +) 31 89 106 83 309 478
19
Enfants de 0 à 4 ans 309 1 122 968 494 2 892 3 423
Enfants de 5 à 14 ans 509 1 869 1 643 891 4 912 5 985
Enfants de 5 à 14 ans déscolarisés 282 711 506 207 1 706 1 883
Enfants 0 à 17 ans Orphelins 64 - - - 64 64
Personnes handicapées 234 - - - 234 234
Jeunes de 18 à 24 ans déscolarisés et
sans travail 135 497 555 312 1 499 1 961
Adultes (25 à 64 ans) chômeurs 21 48 58 59 186 326
Femmes chefs de ménages 37 135 100 72 344 492
Femmes enceintes ou allaitantes 92 308 284 134 819 967
Individus de 15 ans et + Analphabètes 273 733 596 292 1 895 2 204
Familles de 7 personnes et plus 939 2 890 2 013 890 6 731 7 547
Ensemble Madagascar 1 433 5 485 5 350 3 141 15 409 20 142
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
Le nombre des individus extrêmement pauvres est estimé à plus de 1 400 000 personnes se
répartissant dans toute l’île. Ce nombre est particulièrement important au niveau des
catégories « Enfants de moins de cinq ans », « Enfants de 5 à 14 ans » et les familles de plus
de sept personnes. Pour l’identification des catégories d’individus les plus importants et donc
à retenir, on ordonne l’ensemble des groupes selon l’ordre décroissant du nombre d’individus
extrêmement pauvres qu’ils contiennent selon les estimations. Les choix d’intervention en
protection sociale doivent se faire sur les groupes qui permettent d’atteindre le maximum de
pauvres extrêmes étant donné que l’on se contente de l’identification des cibles à partir des
critères visibles c'est-à-dire le ciblage catégorique. Les résultats sont les suivants :
Tableau 5 : Situation de pauvreté extrême et poids des groupes dans la population totale
en termes de nombre d’individus en 2010 ordonnée selon le nombre des pauvres
extrêmes (en millier)
Groupe d'individus Pauvreté 1 Pauvreté 2 Pauvreté 3 Pauvreté 4 Pauvreté
Ensemble
Poids dans
Population
Familles de 7 personnes et plus 939 2 890 2 013 890 6 731 7 547
Enfants de 5 à 14 ans 509 1 869 1 643 891 4 912 5 985
Enfants de 0 à 4 ans 309 1 122 968 494 2 892 3 423
Enfants de 5 à 14 ans déscolarisés 282 711 506 207 1 706 1 883
Individus de 15 ans et + analphabètes 273 733 596 292 1 895 2 204
Personnes handicapées 234 - - - 234 234
Jeunes de 18 à 24 ans déscolarisés et
sans travail 135 497 555 312 1 499 1 961
Femmes enceintes ou allaitantes 92 308 284 134 819 967
Enfants 0 à 17 ans Orphelins 64 - - - 64 64
Femmes chefs de ménages 37 135 100 72 344 492
Personnes âgées (65 ans et +) 31 89 106 83 309 478
20
Adultes (25 à 64 ans) chômeurs 21 48 58 59 186 326
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
Dans un souci d’un bon rapport efficacité/coût, nous proposons un seuil de 100 000 personnes
vulnérables par groupe pour le critère de sélection, l’ordre de priorité étant au niveau des
groupes avec plus de vulnérables. Ainsi, en choisissant un seuil de 100 000 individus pour la
sélection des catégories à retenir suivant le nombre d’individus vulnérables, le tableau ci-
dessus suggère de considérer les caractéristiques suivantes pour la mise en œuvre des
programmes de protection sociale étant donné que le groupe des 5 à 14 ans déscolarisés sont
de toute évidence inclus dans le groupe des 5 à 14 ans :
1. Familles de 7 personnes et plus
2. Enfants de 5 à 14 ans
3. Enfants de 0 à 4 ans
4. Individus de 15 ans et + analphabètes
5. Personnes handicapées
6. Jeunes de 18 à 24 ans déscolarisés et sans travail
7. Femmes enceintes ou allaitantes
Il y a lieu de retenir donc sept catégories à l’issu de l’application du critère « poids du
groupe » en termes de nombre de population vulnérables.
o Application du critère « minimum d’intersection »
Toutefois, en plus de l’importance en nombre d’individus extrêmement pauvre dans chaque
groupe, le choix des catégories à retenir doit se faire aussi sur des caractéristiques qui
présentent moins d’intersection ou de chevauchement pour cibler le maximum d’individus. En
effet, les critères qui se chevauchent peuvent impliquer des doubles comptes et donc une
limitation du nombre réel des cibles. Dans ce cadre, nous réalisons une Analyse en
Composante Principale (ACP) pour détecter les caractéristiques qui s’associent fortement au
vu de la structure de répartition des populations les plus vulnérables. Les caractères qui sont
fortement corrélés peuvent être laissés pour n’en retenir qu’un représentant. Et de cette
manière, on ne retient que les caractères qui présentent moins d’intersection en termes de
population les plus vulnérables.
Etant donné que l’ACP est utilisée juste sur le coté « variable » sans aborder le coté
« individu », nous présentons ici deux tableaux issus de la mise en œuvre de cette ACP. Il
s’agit du tableau de la matrice corrélation deux à deux de l’ensemble des variables et le
tableau des corrélations de chaque variable avec les principaux facteurs de l’ACP. Il faut noter
que certaines variables n’ont pas été incluse dans l’analyse soit parce qu’elles sont déjà prises
en compte par d’autres soit parce que les données existantes et utilisées ne les permettent pas.
Au final, huit variables ont été incluses dans l’ACP et les résultats sont les suivants :
Tableau 6 : Matrice des corrélations de variables incluses dans l’ACP
Enfants
0 à 4
ans
Enfants
5 à 14
ans
18 à 24 ans
déscolarisés
et sans
travail
65
ans
et
plus
Femmes
Chefs de
ménage
Adultes
chômeurs
Individus
analphabètes
Familles
de 7
membres
ou plus
Enfants 0 à 4
ans 1,00
Enfants 5 à 14 0,09 1,00
21
ans
18 à 24 ans
déscolarisés et
sans travail
-0,03 -0,06 1,00
65 ans et plus -0,15 -0,05 -0,01 1,00
Femmes
Chefs de
ménage
-0,06 -0,04 -0,09 -0,10 1,00
Adultes
chômeurs -0,08 0,05 0,18 -0,02 -0,02 1,00
Individus
analphabètes 0,04 0,03 0,22 0,17 -0,15 0,17 1,00
Familles de 7
membres ou
plus
0,35 0,64 0,20 0,02 -0,21 0,12 0,20 1,00
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
A travers le tableau des corrélations deux à deux des variables, on peut dégager un constat
important. Il s’agit de la liaison qui existe entre la catégorie « enfants de 5 à 14 ans » et la
catégorie « ménages de plus de sept personnes ». Pour ces deux catégories, le coefficient de
corrélation est de 0,64 soit largement supérieur à 0,5. Ce premier constat nous permet déjà
d’affirmer que généralement ces deux catégories représentent à peu près les mêmes
populations vulnérables. En fait, comme il est présenté au niveau des tableaux plus haut, les
populations vulnérables de la catégorie « enfants de 5 à 14 ans » semblent être incluses dans
celles de la catégorie des ménages de sept personnes ou plus. Ce résultat suggère donc plutôt
de choisir la catégorie des ménages de sept personnes ou plus comme cible. A part cela, une
corrélation semble s’observer aussi entre la catégorie des ménages de plus de sept personnes
et la catégorie « enfants de moins de cinq ans ». Mais cette corrélation est faible avec
seulement 0,35 comme coefficient (largement inférieur à 0,5). En plus pour les tous les autres
cas restants, le niveau de corrélation est généralement faible.
Tableau 7 : Corrélations des variables actives avec les facteurs principaux issus de
l’ACP
Libellé de la variable Axe 1 Axe 2 Axe 3 Axe 4 Axe 5
Enfants 0 à 4 ans 0,41 -0,43 -0,05 -0,59 -0,34
Enfants 5 à 14 ans 0,68 -0,40 0,09 0,50 0,08
18 à 24 ans déscolarisés et sans
travail 0,32 0,52 -0,42 -0,23 0,00
65 ans et plus 0,03 0,46 0,69 0,24 -0,26
Femmes Chefs de ménage -0,37 -0,25 -0,38 0,40 -0,68
Adultes chômeurs 0,26 0,42 -0,53 0,34 0,14
Individus analphabètes 0,42 0,56 0,08 -0,13 -0,41
Familles de 7 membres ou plus 0,90 -0,19 0,04 0,10 -0,03
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
L’examen des corrélations avec les facteurs confirme le premier résultat sur la catégorie des
enfants de 5 à 14 ans et les ménages de plus de sept personnes. En effet, le premier facteur est
plutôt celui des ménages de sept personnes ou plus (corrélation de 0,9 avec l’axe 1). Or la
catégorie des enfants de 5 à 14 ans est aussi fortement corrélée avec le premier facteur (une
corrélation de 0,68). Mais en plus de cela, une autre variable peut être retirée de la liste de
22
sélection aussi. Il s’agit de la catégorie des 18 à 24 ans déscolarisés et sans travail. Cette
catégorie s’affiche être plus en corrélation positive avec les individus analphabètes ou sans
instruction. Ce résultat est visible au niveau du deuxième facteur. Au niveau de ce deuxième
facteur, la corrélation respective des ces deux variables est de 0,52 et 0,56.
o Combinaison des deux critères : les catégories retenues
Ainsi, en combinant le critère de taille de population vulnérable et le critère de corrélation ou
chevauchement, les catégories à retenir pour les programmes de protection sociale pour le cas
de Madagascar suivant les hypothèses adoptées dans ce rapport sont finalement au nombre de
cinq, à savoir :
6. Les ménages de 7 personnes et plus
7. Les enfants de 0 à 4 ans
8. Les individus de plus de 15 ans analphabètes
9. Les personnes handicapées
10. Les femmes enceintes ou allaitantes
c) Ciblage géographique
D’autre part, les populations vulnérables sont réparties au niveau des différentes régions de la
grande île. Mais, étant donné que le phénomène de pauvreté est aussi fortement corrélé avec
la localisation des ménages à Madagascar, il est aussi indispensable de faire une analyse de
l’incidence de la pauvreté extrême par région et milieu pour pouvoir donner une ordre de
priorité au niveau des différentes localisations des ménages et achever le ciblage
géographique. A partir des données de l’EPM 2010, il est possible de faire l’analyse au niveau
région et milieu. Toutefois, en dessous de ce niveau géographique, les données ne permettent
plus de faire des analyses. L’incidence de la pauvreté extrême à Madagascar selon les régions
et les milieux est consignée dans le tableau qui suit.
Tableau 8 : Taux de pauvreté extrême selon la région et le milieu (en %)
Région Urbain Rural Ensemble
Analamanga 0,00 2,07 1,22
Vakinankaratra 0,00 1,39 1,10
Itasy 2,27 0,00 0,22
Bongolava 0,00 0,35 0,30
Matsiatra Ambony 0,39 10,96 9,05
Amoron'i Mania 0,00 1,93 1,72
Vatovavy Fitovinany 4,76 9,81 9,16
Ihorombe 3,79 3,90 3,88
Atsimo Atsinanana 2,67 15,02 13,94
Atsinanana 4,41 14,58 12,22
Analanjirofo 3,08 9,51 8,29
Alaotra Mangoro 1,41 2,24 2,11
Boeny 0,99 3,71 2,90
Sofia 0,00 2,35 2,09
Betsiboka 0,00 3,87 3,35
Melaky 0,00 1,25 0,98
23
Atsimo Andrefana 6,58 23,58 19,41
Androy 44,02 38,89 39,76
Anosy 4,29 9,47 8,82
Menabe 1,01 2,90 2,44
DIANA 0,00 4,28 2,59
SAVA 0,00 3,32 3,00
Ensemble 3,03 8,15 7,11 Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
Il apparaît que l’incidence de la pauvreté extrême varie significativement selon la localisation
des ménages. Le taux d’incidence maximale est de 44% observée au niveau du milieu urbain
de l’Androy. Tandis que le chiffre affiché sur ce tableau comme minimum est de 0%. Il
convient de noter que ce chiffre indique tout simplement une incidence non statistiquement
significative mais pas forcément égale à zéro. En général, les localisations qui se démarquent
du reste sont celles qui ont une incidence proche ou supérieure à 10%. Il s’agit du milieu rural
des régions Matsiatra Ambony, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana, Atsinanana, Analanjirofo,
Atsimo Andrefana, Androy et Anosy. Pour le cas du milieu urbain, le seul cas qui se démarque est
celui du milieu urbain de l’Androy. Mais, la plus grande priorité doit être portée particulièrement sur
les régions Atsimo Atsinanana, Atsinanana, Atsimo Andrefana et Androy selon le taux d’incidence de
la pauvreté extrême.
Tableau 9 : Estimation du nombre des individus extrêmement pauvres selon la région et
le milieu (en millier)
Région Urbain Rural Ensemble
Analamanga - 28,4 28,4
Vakinankaratra - 18,5 18,5
Itasy 1,6 - 1,6
Bongolava - 1,3 1,3
Matsiatra Ambony 0,9 109,0 109,8
Amoron'i Mania - 11,7 11,7
Vatovavy Fitovinany 8,6 118,9 127,4
Ihorombe 1,7 7,5 9,2
Atsimo Atsinanana 2,1 122,2 124,3
Atsinanana 12,4 135,6 147,9
Analanjirofo 5,4 71,7 77,2
Alaotra Mangoro 2,1 17,4 19,5
Boeny 2,0 17,7 19,7
Sofia - 23,7 23,7
Betsiboka - 12,7 12,7
Melaky - 2,7 2,7
24
Atsimo Andrefana 21,6 237,5 259,1
Androy 60,8 261,9 322,8
Anosy 3,3 51,1 54,5
Menabe 1,5 13,3 14,9
DIANA - 14,5 14,5
SAVA - 33,8 33,8
Ensemble 124,0 1 311,1 1 435,1
Source : nos propres calculs sur les données de l’EPM 2010
Etant donné que le nombre de la population totale varie selon la région, il est indispensable
d’analyser l’extrême pauvreté en niveau en parallèle avec le ratio de l’incidence qui est plutôt
une structure. Toutefois, après lecture des résultats, les résultats issus de l’analyse des
incidences sont généralement confirmés par les estimations des nombres des vulnérables. Les
localisations avec plus de 10% d’incidence, présentent en général des nombres de vulnérables
supérieurs à 100 000 personnes. Enfin, il est indispensable de noter une fois de plus que la
plus grande priorité doit être portée particulièrement sur les régions Atsimo Atsinanana, Atsinanana,
Atsimo Andrefana et Androy notamment en milieu rural.
d) Récapitulation : quelques options de protection sociale proposées pour le cas de
Madagascar
L’objectif étant d’aider les populations les plus vulnérables, à l’issue des analyses faites
jusqu’ici, ce rapport propose les options de protection sociale suivante qui s’avèrent être les
priorités pour le cas de Madagascar. Il s’agit d’un simple transfert en espèce de type universel
suivant un ciblage catégorique sur les groupes d’individus suivants :
1. Les ménages de 7 personnes et plus
2. Les enfants de 0 à 4 ans
3. Les individus de plus de 15 ans analphabètes/sans instruction
4. Les personnes handicapées
5. Les femmes enceintes ou allaitantes
Ces cinq options sont évaluées à travers l’outil PS_costing_tool sur le plan coût. Toutefois,
dans le but faire une analyse coût-efficacité, les impacts potentiels de ces options de
protection sociale sont aussi évalués. Même si l’identification de ces critères a été basée sur
l’incidence de la pauvreté extrême (avec un seuil de 25% du seuil de pauvreté globale). Le cas
de l’extension des cibles pour tenir compte des individus en dessous du 50% du seuil de
pauvreté globale est aussi évalué à partir de l’outil afin de voir justement les éventuels effets
de l’extension des cibles. Pour ce qui est du montant du transfert en espèce, celui-ci relève
plus du paramètre de simulation d’évaluations de coûts compte tenu de l’efficacité.
VI. Evaluation et simulation des coûts des options de protection sociale à
Madagascar : quelques résultats clés.
a) Principe de la simulation
La simulation présentée dans cette section consiste à évaluer la couverture, les coûts, les
impacts, l’efficacité et la soutenabilité des interventions dans le cadre des options de
protection sociale identifiées dans la section précédente. L’efficacité des interventions découle
de la comparaison des impacts par rapport aux coûts. Par contre, la soutenabilité est appréciée
25
à partir de l’importance macroéconomique des dépenses de protection sociale dans le cadre de
la mise en œuvre des options.
La simulation est conduite suivant quatre axes. Dans un cadre statique, il s’agit de la
comparaison des interventions pour chaque groupe cible, de l’extension des couvertures
géographiques et de l’extension du montant du transfert. Enfin, la simulation est pratiquée
pour faire une analyse dynamique de la projection du montant du transfert et des coûts des
interventions.
Sur le plan couverture, il est question d’analyser les effets de l’extension de la couverture
géographique des interventions. Sur ce point, trois types de zone géographique sont étudiés
suivant les résultats de l’analyse du ciblage géographique. Les trois zones simulées sont les
suivantes :
Zone 1 : les zones rurales de Matsiatra Ambony, Vatovavy Fitovinany, Atsimo Atsinanana,
Atsinanana, Analanjirofo, Atsimo Andrefana, Androy et d’Anosy avec la zone urbaine d’Androy.
Zone 2 : les zones rurales des 22 régions avec la zone urbaine d’Androy.
Zone 3 : le territoire national.
L’année d’exercice de simulation est l’année 2011. Le choix de cette année d’exercice est
fondé sur un souci de simplification des démarches. En effet, les données disponibles
notamment concernant les données de niveau de détail « ménage » sont disponibles pour
2010. Ainsi, l’année 2011 est choisie pour ne pas alourdir les procédés de projection des
données vers l’année d’exercice. Plus l’année d’exercice est éloignée de l’année de base, plus
les procédés de projection sont lourds et plus les projections sont entachées d’erreur.
En ce qui concerne le montant simulé du transfert, l’idée du montant part de la notion de gap
de pauvreté. A partir des simulations des données de l’EPM 2010, pour l’année 2011, l’écart
de pauvreté extrême est évalué à 24,8%. Et le gap de pauvreté associé à cela est évalué à un
peu plus de 50 milliards d’Ariary. Ce qui donne un gap par pauvres extrêmes d’environ
30 000 Ar par individu pauvre. A partir de ce constat, le montant du transfert simulé dans cet
exercice est de 10 000 Ar par individu cible. Toutefois, au court de l’exercice de simulation,
on fait progresser le montant du transfert jusqu’à 40 000 Ar par individu cible. Ce qui
constitue le deuxième axe de conduite de la simulation.
26
b) Quelques indicateurs sur l’importance macroéconomique des protections sociales à
Madagascar
La soutenabilité des dépenses en protection sociale à travers le poids économique de ses coûts
peut être appréciée à partir des historiques des capacités du pays en matière de dépenses de
protection sociale de par le passé. Tel est l’objet de cette sous section. Il s’agit d’analyser le
montant des dépenses passées en protection sociale et d’en observer le poids en ce qui
concerne le cas de Madagascar.
Tableau 10 : Les dépenses de protection sociale avant et après la crise incluses dans le
budget de
Encadré 2 : Ecart et gap de pauvreté
L’écart de pauvreté désigne l’écart moyen entre le niveau de consommation des pauvres et le seuil
de pauvreté. Il est en fait exprimé en pourcentage du seuil de pauvreté lui-même. Par rapport à
l’indicateur de pauvreté de la famille des indicateurs FGT (Foster, Greer et Thorbeck), l’écart de
pauvreté est similaire à l’indicateur de pauvreté FGT correspondant au paramètre « 1 » (dite souvent
P1) si l’incidence de pauvreté correspond au paramètre « 0 » (ou P0). Toutefois, l’indicateur P1 se
calcul sur l’ensemble de la population tandis que l’écart de pauvreté se calcule seulement au niveau
des pauvres c'est-à-dire au niveau des individus qui sont en dessous du seuil de pauvreté considéré.
Le gap de pauvreté, quant à lui, correspond au montant total nécessaire que les pauvres ont besoin
pour atteindre le seuil de pauvreté. Le gap correspond au montant total qu’il faut distribuer à tous les
pauvres pour que chacun d’eux atteigne un niveau de consommation égal au seuil de pauvreté. En
fait, le gap moyen par pauvre correspond à l’écart de pauvreté exprimé en montant ou en niveau.
Pour un seuil de pauvreté quelconque S, le schéma ci-dessous illustre le concept d’écart de pauvreté
et le gap de pauvreté.
27
EXERCICE
Montant
(Ariary courant)
Budget de l’Etat
Montant4
(Ariary courant)
(Loi de finance initiale)
Poids des dépenses de
protection sociale % budget
de l’Etat
(a) (b) (a/b)
2007 183 228 704 749 2 579 162 705 000 7,1%
2008 268 592 739 685 3 053 863 082 000 8,8%
2009 223 205 987 487 3 630 263 000 000 6,1%
2010 136 021 895 796 3 096 422 788 000 4,4% Source : Ravelosoa, 2011, Revue des programmes de protection sociale à Madagascar.
Entre 2007 et 2010, les dépenses publiques en protection sociale ont varié entre 270 milliard
d’Ariary et 136 milliard d’Ariary pour un budget de l’Etat variant cette fois entre 2 580
milliard d’Ariary et 3 630 milliard d’Ariary au cours de la même période. Ce qui donne alors
un rapport « dépenses en protection sociale »/budget total contenu entre 4,4% et 8,8%. Cela
donne ainsi une idée du poids des dépenses en protection sociale dans le budget de l’Etat et
donc de la capacité de l’Etat en matière de protection sociale.
Tableau 11 : Les dépenses de protection sociale à Madagascar (Ariary courant).
EXERCICE
Dépenses incluses dans le
budget de l’Etat
(financement interne et
externe)
Dépenses de
protection sociale
des ONG
Montant total Poids des
ONG
(a) (b) (a+b) (b)/(a+b)
2007 183 228 704 749 13 285 425 567 196 514 130 316 6,8%
2008 268 592 739 685 13 651 409 313 282 244 148 998 4,8%
2009 223 205 987 487 14 007 712 128 237 213 699 615 5,9%
2010 136 021 895 796 10 760 919 739 146 782 815 535 7,3% Source : Ravelosoa, 2011, Revue des programmes de protection sociale à Madagascar.
En plus, il est utile de remarquer qu’actuellement, la majorité des dépenses de protection
sociale à Madagascar reste le fait de l’administration publique et de ses démembrements. Les
dépenses issues du secteur privé notamment des différentes ONG et organismes ne
représentent qu’aux alentours de 7% du total des dépenses en protection sociale. Le critère qui
est le plus pertinent pour l’évaluation de la faisabilité d’un montant de dépenses de protection
sociale reste le budget de l’Etat.
c) Les résultats de la simulation : extension des zones de couverture
Dans cette sous section, la simulation est faite suivant le paramétrage suivant : le montant du
transfert est fixé à 10 000 Ariary par individu cible. Par contre, la couverture géographique est
progressivement élargie suivant les types de zone ; Zone 1, Zone 2 et Zone 3. Les résultats de
la simulation sont détaillés selon chaque option de protection sociale. Les résultats sont les
suivants.
4 Montant hors intérêts de la dette.
28
Tableau 12 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 1 (en%)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants
-5 ans
+15 ans
analphabètes/sans
instruction
Personnes
handicapées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Zones d’intervention
Bénéficiaires/Population 43,3 18,0 21,6 1,2 4,5 68,7
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 36,3 78,6 73,7 93,5 94,4 15,1
Pauvreté extrême : Err. d’inclusion 72,3 77,6 77,0 - 76,7 76,7
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 47,1 80,2 76,7 98,0 95,0 23,0
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’inclusion 26,2 33,5 34,9 - 33,5 32,4
Niveau national
Bénéficiaires/Population 16,5 6,8 8,2 0,5 1,7 26,1
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 49,0 82,9 78,9 94,8 95,5 32,0
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 69,4 88,5 86,5 98,8 97,1 55,4
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
La mise en œuvre simultanément des 5 options de protection sociale au niveau de la zone 1
est de loin très intéressante du point de vue couverture. En effet, pour ses interventions,
l’erreur d’exclusion est de 32,0% au niveau national si l’on considère le cas de l’extrême
pauvreté. Même pour le cas de la pauvreté liée au 50% du seuil global, l’erreur d’exclusion
est de 55,4%. Et cela, pour des bénéficiaires qui ne représentent que 26,1% de la population
totale. Ceci affirme donc la concentration significative des pauvres dans la zone 1. Si l’on ne
Encadré 3 : Les erreurs de couverture lors d’un ciblage
Un ciblage quelconque peut comporter deux types d’erreurs ; l’erreur d’exclusion et l’erreur
d’inclusion. L’erreur d’exclusion désigne la part de la population cible qui n’a pas été atteint par les
interventions c'est-à-dire la part de la population cible qui ne fait pas partie des bénéficiaires.
L’erreur d’inclusion plutôt l’importance parmi les bénéficiaires des individus ne faisant pas partie de
la population cible. Le schéma et les indications qui suivent, illustrent le concept de population cible,
de bénéficiaire, d’erreur d’exclusion et d’erreur d’inclusion pour un ciblage quelconque.
Reste de la population : (B)
Cible : (A)
Bénéficiaires : (C)
(D) (E)
Les quelques points à retenir sont les suivants :
La population totale est égale à A+B
Le poids des bénéficiaires dans la population totale est donné par l’expression C/(A+B)
L’erreur d’exclusion est donnée par l’expression (A-D)/A
L’erreur d’inclusion est donnée par l’expression E/C
29
considère que la zone d’intervention, les interventions sont plus précises. L’erreur d’exclusion
est de 15% seulement pour la pauvreté extrême et 23% pour la pauvreté de type 50% du seuil.
D’autre part, il faut constater que les interventions peuvent aussi avoir des effets non
négligeables sur la pauvreté globale car les erreurs d’inclusion des programmes varient entre
72% et 78%. Toutefois, parmi les cinq options, celle qui est la plus efficace du point de vue
couverture est l’option sur les ménages de plus de sept personnes que ce soit pour le cas de la
pauvreté extrême ou pour le cas de la pauvreté de type 50% du seuil. La précision de cette
option est dans la plupart des cas le double de celle de chacune des autres options.
Les informations détaillées par type d’intervention pour les zones 2 et 3 sont disponibles mais
ces données ont été plutôt mises en annexe du document. En effet, selon les types
d’intervention (selon le groupe), les constats observés au niveau de la zone 1 sont aussi
valables au niveau des autres zones. D’autre part, il importe aussi d’apporter une analyse
comparative simultanée des trois zones simulées dans le cadre de l’étude. Le tableau qui suit,
permet de faire cette analyse comparative des couvertures au niveau des trois zones
d’interventions.
Tableau 13 : Présentation de la couverture des interventions selon les zones (en%) Zone Zone 1 Zone 2 Zone 3
Au niveau de la zone d’intervention
Bénéficiaires/Population 68,7 62,4 59,6
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 15,1 15,0 14,7
Pauvreté extrême : Err. d’inclusion 76,7 85,8 87,2
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 23,0 23,6 23,7
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’inclusion 32,4 45,4 49,2
Niveau national
Bénéficiaires/Population 26,1 50,2 -
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 32,0 20,4 -
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 55,4 30,9 -
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
Si l’on considère le poids des bénéficiaires, au niveau des zones d’intervention, le poids des
bénéficiaires est relativement plus important pour la zone 1. Cet indicateur est de 68,7% pour
la zone 1 contre 62,4% et 59,6% respectivement pour la zone 2 et la zone 3. Cela signifie
simplement qu’au niveau de la zone 1, une part plus importante des populations locales vont
bénéficier des interventions. Si l’on considère, cette fois, le poids des bénéficiaires mais par
rapport à la population nationale, ce poids n’est que de 26,1% pour la zone 1 alors qu’il atteint
59,6% de la population nationale pour la zone 3. Ce qui s’avère irréaliste si l’on raisonne en
termes d’intervention future. Ainsi, du point de vu couverture, il s’avère que les interventions
les plus réalistes s’orientent plus vers la zone 1 et à la limite vers la zone 2. D’autre part, si
l’on examine l’erreur d’exclusion au niveau des zones, certes, celle-ci démunie d’une zone à
une autre en défaveur de la première zone, mais il faut constater que la différence des erreurs
est moins importante. Si l’erreur d’exclusion est de 15,1% au niveau de la zone 1, elle est de
14,7% au niveau de la zone 3, soit une différence de 0,8 point de pourcentage seulement. Ce
qui ne permet pas de mettre en cause le choix de la zone 1 comme zone la plus réaliste
jusqu’ici. D’autant plus que si l’on considère, enfin, l’erreur d’inclusion, cet indicateur est de
loin à son niveau le plus bas au niveau de la zone 1. L’erreur d’inclusion est de 76,7% pour la
zone 1 si elle est de 85,8% et 87,2% respectivement pour la zone 2 et la zone 3. En résumé,
l’analyse comparative des couvertures et des erreurs de couverture oriente le choix plutôt vers
la zone 1 vis-à-vis des deux autres zones simulées.
30
Tableau 14 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 1 (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants -5
ans
+15 ans
analphab-
ètes/sans
instruc
-tion
Personnes
handica
-pées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Variation pauvreté extrême -2,9 -1,5 -2,0 0,0 -1,9 -1,2
Variation pauvreté sur 50% du seuil -1,1 -0,6 -0,8 0,0 -0,7 -0,6
Variation Ecart pauvreté extrême -3,8 -3,6 -3,6 -1,1 -3,1 -3,3
Variation Indice de GINI -0,012 -0,008 -0,010 -0,001 -0,009 -0,006
Réduction du gap en % 33,5 27,5 27,3 6,6 28,4 26,8
Efficacité* 0,33 0,21 0,22 0,02 0,25 0,20
Coût total en million Ar 37 467,2 15 589,9 18 661,4 1 058,5 3 899,1 76 676,0
% Recettes Publiques 1,35 0,56 0,67 0,04 0,14 2,76
% Dépenses Publiques 1,18 0,49 0,59 0,03 0,12 2,42
% PIB 0,19 0,08 0,09 0,01 0,02 0,38
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
* Efficacité : Réduction du gap en valeur / Coût total en valeur.
Comme le cas de l’analyse des couvertures, nous présentons ici les informations détaillées par
type d’intervention seulement pour la zone 1. Pour les autres zones, les données sont
présentées en annexe. En fait comme le cas des couvertures, l’analyse des impacts sur la
pauvreté et l’inégalité et des coûts montrent que le type d’intervention les plus efficaces par
rapport aux autres types, reste celles qui sont menées auprès du groupe des ménages de plus
de sept personnes. Pour ces groupes, la réduction attendue de la pauvreté extrême est de -2,9
point contre -1,2 point pour l’ensemble des interventions. Pour la réduction de l’écart de
pauvreté extrême, elle est de -3,8 points contre -3,3 points pour l’ensemble des interventions.
La réduction attendue du gap de pauvreté extrême est de 33,5% contre 26,8% pour l’ensemble
des interventions. Il faut constater quand même que les interventions au niveau du groupe des
ménages de sept personnes ou plus sont les plus coûteuses. Mais, après comparaison des
impacts attendus et des coûts, ce type d’intervention reste la plus efficace. Pour ce type
d’intervention, l’efficacité est la réduction du gap de 0,33 Ariary pour chaque montant d’1
Ariary investi. En fait, suivant l’ordre décroissant d’efficacité des interventions, on peut
ordonner les options d’interventions selon les groupes cibles comme le suivant :
1. Ménages de plus de 7 personnes
2. Femmes enceintes ou allaitantes
3. Individus de plus de 15 ans analphabètes/sans instruction
4. Enfants de moins de 5 ans
5. Personnes handicapées
Enfin, il faut noter que ces constats sont valables pour le cas des zones 2 et 3.
L’analyse comparative des zones du point de vu impacts et coûts des interventions oriente une
fois encore le choix vers la zone 1 comme zone d’intervention plus appropriée. En effet, il
faut constater que tous les indicateurs d’impact s’améliorent en fonction de l’extension des
zones de couvertures des interventions. Ainsi, tous les indicateurs d’impacts sur la pauvreté et
l’inégalité augmentent si l’on passe de la zone 1 (la plus réduite) vers la zone 3 (la plus vaste).
31
Si l’on prend à titre d’exemple la réduction attendue de l’extrême pauvreté, elle est de -1,7
points pour la zone 3 contre -1,2 points pour la zone 1. Pour le cas de a réduction attendue du
gap de pauvreté extrême, elle de 32,4% pour la zone 3 contre 26,8% pour la zone 1.
Toutefois, il importe de faire ressortir aussi le fait que les coûts des interventions augmentent
aussi de façon remarquable en fonction de l’extension des zones de couverture. Ainsi, les
coûts peuvent passer d’environ 77 milliards d’Ariary pour la zone 1 à environ 172 milliards
d’Ariary pour la zone 3. Ainsi, si l’on fait la comparaison coûts et impacts, il s’avère que les
interventions les plus efficaces restent celles correspondantes à la zone 1. L’indicateur
d’efficacité est de 0,20 pour la zone 1 contre respectivement 0,12 et 0,11 pour la zone 2 et la
zone 3. Il s’avère donc que les impacts s’améliorent en fonction de l’extension de la
couverture mais les coûts peuvent augmenter encore plus vite suivant cette même extension.
Tableau 15 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions selon les zones (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté)
Zone Zone 1 Zone 2 Zone 3
Variation pauvreté extrême -1,2 -1,5 -1,7
Variation pauvreté sur 50% du seuil -0,6 -1,5 -1,8
Variation Ecart pauvreté extrême -3,3 -3,6 -3,3
Variation Indice de GINI -0,006 -0,009 -0,01
Réduction du gap en % 26,8 31,1 32,4
Efficacité* 0,20 0,12 0,11
Coût total en million Ar 76 676,0 145 336,8 171 804,0
% Recettes Publiques 2,76 5,23 6,18
% Dépenses Publiques 2,42 4,59 5,42
% PIB 0,38 0,73 0,86
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
* Efficacité : Réduction du gap en valeur / Coût total en valeur.
d) Les résultats de la simulation : extension du montant du transfert
Jusqu’ici l’analyse a été surtout faite au niveau des types d’intervention (selon le groupe) et au
niveau de l’extension de la zone de couverture. Il est ressorti de ces analyses l’orientation des
choix vers la première zone proposée (zone 1) comme zone d’intervention la plus optimale.
Mais, il est utile de rappeler que le montant du transfert social a été fixé à 10 000 Ariary lors
de ces analyses. Dans cette section, il est question d’analyser les impacts des éventuels
accroissements de ce montant sur le plan efficacité et sur le plan de la soutenabilité des
dépenses futures des interventions. Le but de la simulation est de proposer certain montant qui
réponde aux questions d’efficacité et de soutenabilité.
Dans le cadre de cette exercice de simulation, le montant du transfert est progressivement
ramené jusqu’à 40 000 Ariary en passant par des montants intermédiaires de 20 000 Ariary et
30 000 Ariary. Il faut rappeler que le choix de ces montants a été guidé par le fait que le gap
moyen par pauvre extrême a été d’environ 30 000 Ariary selon les données de l’EPM 2010.
Pour cette fois donc, la zone de couverture est fixée à la zone 1 et on fait varier
progressivement le montant du transfert.
En fait, le constat qui se dégage des données issues de la simulation pour l’accroissement du
montant est assez similaire à celui observé lors de l’extension des zones de couverture. En
32
effet, l’accroissement du montant du transfert s’accompagne toujours de l’amélioration de
tous les indicateurs d’impacts sur la pauvreté et l’inégalité. Si l’on examine en particulier le
cas de la réduction du gap de pauvreté extrême, la réduction attendue peut atteindre jusqu’à
67,3% pour le montant de 40 000 Ariary de transfert. Par contre, les coûts des interventions
augmentent aussi de façon très rapide avec le montant du transfert de sorte que si l’on
examine l’efficacité des interventions, celles qui restent les plus efficaces sont celles liées au
montant initial de 10 000 Ariary. Cependant, ce qui est prioriser dans le cadre de cette analyse
est plutôt le critère de soutenabilité puisqu’un montant plus élevé du transfert conduit à des
impacts potentiels plus meilleurs. Pour la détermination de cette soutenabilité, il est question
ici de prendre comme seuil l’historique du poids des dépenses en protection sociale par
rapport aux finances publiques telle qu’il est déjà analysée plus haut. Ainsi, il s’avère que les
dépenses de protection sociale à Madagascar se situent entre 5% et 8% du budget de l’Etat.
Dans le cadre de cette analyse, un coût d’intervention répondant à ces critères est considéré
comme soutenable car il n’exigera aucun autre effort financier supplémentaire à l’Etat suivant
les historiques de ces capacités à financer des dépenses de protection sociale. Par conséquent,
il s’avère que les montants du transfert social soutenables suivant ces critères sont ceux qui se
situent entre 20 000 Ariary et 30 000 Ariary. Ce qui correspond à des coûts d’intervention
variant entre 150 milliards d’Ariary et 230 milliards d’Ariary.
Tableau 16 : Impacts, coût, efficacité et poids macroéconomique des interventions dans
la Zone 1 selon un certain montant de transfert (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté).
Montant du transfert Cas 1
10 000 Ar
Cas 2
20 000 Ar
Cas 3
30 000 Ar
Cas 4
40 000 Ar
Variation pauvreté extrême -1,2 -2,7 -3,5 -4,1
Variation pauvreté sur 50% du seuil -0,6 -1,6 -2,6 -3,8
Variation Ecart pauvreté extrême -3,3 -4,0 -5,6 -7,5
Variation Indice de GINI -0,006 -0,012 -0,018 -0,023
Réduction du gap en % 26,8 45,5 57,7 67,3
Efficacité* 0,20 0,17 0,14 0,12
Coût total en million Ar 76 676,0 153 351,9 230 027,9 306 703,8
% Recettes Publiques 2,76 5,52 8,27 11,03
% Dépenses Publiques 2,42 4,84 7,26 9,68
% PIB 0,38 0,77 1,15 1,53
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
* Efficacité : Réduction du gap en valeur / Coût total en valeur.
e) Les résultats de la simulation : analyse dynamique
Dans cette section, l’analyse est portée sur l’évolution jusqu’en 2030 du montant du transfert
nécessaire pour soutenir les activités actuelles de protection sociale. La projection du montant
des transferts doit être intégrée dans la projection démographique et macroéconomique. Dans
un souci de simplifier l’exercice de simulation, le montant initialement simulé est le montant
de transfert de 10 000 Ariary comme le cas de la simulation de l’extension des zones de
couvertures.
La première étape de la simulation des interventions de protection sociale sur longue période
est conduite suivant le fait qu’au minimum les montants des transferts au fil des années
33
doivent conserver leur valeur actuelle pour pouvoir espérer avoir au moins les mêmes impacts
que les interventions actuelles. Ainsi, dans ce cas précis, les coûts des interventions doivent
tenir compte des projections démographiques mais aussi des évolutions futures des indices du
coût de la vie. Dans le cadre du présent exercice de simulation, si le montant actuel du
transfert est de 10 000 Ariary, ce même montant doit être porté jusqu’à environ 22 000 Ariary
en 2020 et même jusqu’à environ 50 000 Ariary en 2030 pour pouvoir conserver sa valeur
actuelle équivalente à 10 000 Ariary. Ces montants de transfert correspondent à des coûts de
protection sociale qui peuvent aller jusqu’à 475 milliards d’Ariary en 2020 et jusqu’à 1 350
milliards d’Ariary en 2030 pour espérer atteindre les mêmes objectifs d’impacts actuels sur
les populations cibles. Toutefois, si l’on examine le poids macroéconomiques des
interventions suivant l’indexation du transfert au coût de la vie, on constate que ce poids
macroéconomique diminue au fil des années. A ce titre, on peut citer la réduction du poids des
interventions par rapport au budget de l’Etat qui passe de 5,4% en 2011 à un peu plus de 3%
en 2030. Cela est principalement dû au fait que la croissance économique est exprimée en
termes réel et donc les agrégats macroéconomiques évoluent avec des accroissements parfois
supérieur à ceux exigés par l’évolution du coût de la vie.
Figure 4 : Projection des transferts suivant le coût de la vie et suivant un % fixe du PIB
entre 2011 et 2030
0
1
2
3
4
5
6
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 2024 2025 2026 2027 2028 2029 2030
%1000 Ar
Transfert indexé coût de la vie Transfert selon % fixe du PIB % PIB indexation coût de la vie
% Budget indexation coût de la vie % PIB fixé
Source : Simulation à partir du SP_costing_tool sur les données de Madagascar
Ainsi, si l’on dépasse les contraintes du coût de la vie et qu’on adopte plutôt le critère de la
soutenabilité, on peut mener les simulations, cette fois, en gardant fixe le poids
macroéconomiques des interventions sur la base des poids actuels de ces mêmes
interventions. On fait l’hypothèse que ce sont les poids actuels qui reflètent la situation
soutenable des dépenses d’interventions. Dans ce cas alors, le montant du transfert peut être
ramené jusqu’à 26 000 Ariary en 2020 et jusqu’à 80 000 Ariary en 2030. Ceci impliquera des
dépenses de protection sociale évaluées à 560 milliards d’Ariary en 2020 et à 2 175 milliards
d’Ariary en 2030.
Toutefois, la limite de ces analyses dynamiques réside dans le fait que les effets cumulés dans
le futur des interventions actuelles peuvent ne pas être nuls. Donc, les besoins réels en
protection sociale peuvent diminuer au cours du temps selon l’ampleur et les impacts des
34
interventions actuelles. Or cela n’est pas prix en compte dans le modèle utilisé pour cette
simulation
VII. Recommandations et pistes d’actions
Dans cette section, il est question d’apporter quelques éléments de réflexion sur quelques
recommandations et pistes d’actions que l’on peut évoquer à la suite des analyses faites dans
le cadre de l’étude. Les recommandations doivent porter sur les conditions pratiques qui
doivent accompagner les options de protection sociale identifiées dans le cadre de l’étude. En
fait, ces recommandations portent sur deux points distincts : la nécessité de coordination des
activités de protection sociale et le plan de suivi de ces activités pour en assurer l’efficacité
continue.
a) Coordination des activités de protection sociale
Les caractéristiques des activités de protection sociale à Madagascar jusqu’à l’heure actuelle
sont l’éparpillement et la non coordination des ces activités. Les conséquences de ces états de
fait sont que l’efficacité et les impacts réels des activités de protection sociale menées ne sont
pas assurés. Ainsi, la première recommandation naturelle à émettre en matière de protection
sociale à Madagascar est la coordination des activités pour concentrer les interventions et
assurer des impacts optimaux par toutes les parties prenantes et acteurs du secteur de la
protection sociale. La première étape consiste bien évidement en l’élaboration et l’application
d’une stratégie commune de protection sociale. Mais au-delà de cet aspect plus général, la
présente étude apporte trois points plus pratiques dans le cadre des possibles aspects de
coordination des activités de protection sociale à Madagascar.
Premièrement, il a été vu que les groupes vulnérables peuvent être appréhendés de façon plus
optimale à travers les cinq groupes d’individus suivants :
1. Individus des Ménages de plus de 7 personnes
2. Femmes enceintes ou allaitantes
3. Individus de plus de 15 ans analphabètes/sans instruction
4. Enfants de moins de 5 ans
5. Personnes handicapées
De façon à assurer les impacts maximums, chaque partie prenante ou acteur peut choisir
d’intervenir pour un de ces groupes et la coordination consiste à assurer que les interventions
soient équilibrées vis-à-vis de ces groupes.
Deuxièmement, il a été vu aussi que les zones les plus vulnérables où les interventions sont
optimales, sont constituées par les zones rurales de Matsiatra Ambony, Vatovavy Fitovinany,
Atsimo Atsinanana, Atsinanana, Analanjirofo, Atsimo Andrefana, Androy et d’Anosy avec la zone
urbaine d’Androy. Et comme le cas des groupes cibles, chaque partie prenante ou acteur peut
choisir d’intervenir au niveau d’une sous zone bien définie et la coordination consiste à
assurer que les interventions soient équilibrées à travers les zones.
Enfin, concernant le montant des transferts, des activités de plaidoirie commune peuvent être
menées pour rassembler des fonds afin d’accroître le montant des transferts de façon accroître
ainsi les impacts attendus.
35
Toutefois, il faut préciser qu’aussi simples qu’elles soient, il ne sera pas aisé de mettre en
pratique ces recommandations car la protection sociale est multi sectorielle et elle se
caractérise par la pluralité des acteurs et institutions concernés. Ainsi, la première activité de
coordination à faire doit toucher l’approche institutionnelle. La réussite de la coordination
dépendra de cette approche institutionnelle et aussi de la volonté des institutions à coopérer.
b) Plan de suivi et d’indicateurs des activités de protection sociale
L’une des conséquences de la non coordination et de l’éparpillement des activités de
protection sociale menées jusqu’à actuellement à Madagascar est qu’il est très difficile voire
même impossible d’évaluer les impacts et l’efficacité des interventions faites. En fait, il a déjà
été évoqué plus haut qu’une stratégie commune de protection sociale est impérative à la
recherche de coordination des activités pour des meilleurs impacts attendus. Le plan de suivi-
évaluation des activités et les indicateurs à suivre doivent faire partie intégrante de la stratégie
commune de protection sociale.
Le plan de suivi-évaluation et les indicateurs y afférant doit être cohérent avec le système
d’informations national de suivi-évaluation des éventuels programmes de développement du
gouvernement. On peut parler de l’actuel SNISE (Système National Intégré de Suivi-
Evaluation).
Mais pour la protection sociale en particulier, le plan de suivi-évaluation doit incorporer les
indicateurs suivants (liste non exhaustive) :
le taux de pauvreté global et le taux de pauvreté extrême
la mortalité infantile
la vaccination
les taux de scolarisation (du préscolaire au supérieur)
l’alphabétisation des adultes
la prévalence contraceptive
le taux de fécondité
pourcentage d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition
pourcentage de ménages souffrant d’insécurité alimentaire
pourcentage de nouveaux alphabétisés ayant suivi une formation complémentaire
nombre d’adolescents alphabétisés
pourcentage des familles avec plus de 3 indicateurs de pauvreté
taux de scolarisation des plus pauvres
taux d’accès des plus pauvres aux services de santé
pourcentage des jeunes et des enfants sans actes de naissance
le taux de travail des enfants
la participation de la main-d’œuvre féminine
le nombre de personnes profitant du fonds d’équité pour la santé
le taux de couverture de différents mécanismes d’assurance
le taux de couverture des programmes HIMO
le pourcentage des ménages pauvres ayant accès à la microfinance
etc.
Pour le mécanisme de suivi-évaluation, il est clair que chaque programme, projet ou
composante d’activités de protection sociale peut définir ses propres indicateurs et son
36
mécanisme de suivi-évaluation mais le cadre institutionnel qui accompagne la stratégie
commune de protection sociale procéder à l’intégration de l’ensemble. Cette intégration
consiste tout simplement en l’identification des informations élémentaires qui servent à
calculer les indicateurs d’ensemble et auxquelles chaque programme ou composante doit
contribuer même à travers son système de rapportage classique.
37
VIII. Conclusion
En guise de conclusion, il est utile de rappeler que l’objectif de la présente étude consiste en
l’identification et la présentation de quelques options de protection sociale adaptées et
efficaces à travers des exercices de simulations pour le cas de Madagascar. Ainsi, dans ce
cadre, il est proposé à la suite des analyses faites une protection sociale à travers un transfert
de type universel suivant un ciblage catégorique et géographique pour atteindre les
populations les plus vulnérables.
Dans le cadre de l’application du ciblage, les groupes de personnes identifiés sont au nombre
de cinq à savoir :
6. Individus des Ménages de plus de 7 personnes
7. Femmes enceintes ou allaitantes
8. Individus de plus de 15 ans analphabètes/sans instruction
9. Enfants de moins de 5 ans
10. Personnes handicapées
Et à la suite des simulations réalisées, les zones géographiques prioritaires en termes
d’intervention sont constituées par les zones rurales de Matsiatra Ambony, Vatovavy
Fitovinany, Atsimo Atsinanana, Atsinanana, Analanjirofo, Atsimo Andrefana, Androy et
d’Anosy avec la zone urbaine d’Androy.
Pour ce qui est du montant des transferts, le montant le plus réaliste se situe entre 20 000
Ariary et 30 000 Ariary suivant le critère de soutenabilité des dépenses de protection sociale.
L’étude recommande aussi d’utiliser ces acquis dans le cadre de la coordination des activités
de protection sociale.
Toutefois, il est nécessaire de mentionner que les limites de la présente étude résident à trois
niveaux. Premièrement, les zones d’étude se situent au niveau « Région » et « milieu ». Or le
niveau « Région » et « milieu » reste encore trop vaste. Des informations plus précises
auraient pu être obtenues au niveau « District » ou même au niveau « commune ».
Deuxièmement, le modèle utilisé ne prend pas en compte non plus les éventuels effets
cumulés des interventions actuelles dans le futur. Enfin, le dernier point est plus vaste. Les
cibles ont été restreintes aux populations les plus vulnérables dans cette étude. Mais pour
l’éradication de la pauvreté dans son ensemble, un effort considérable en termes de
redistribution reste encore à faire. En effet, selon EPM 2010, pour atteindre une incidence de
pauvreté de moins de 5% en 2035, il faut une croissance annuelle de la consommation des
pauvres de 10% en volume, soit un taux de croissance économique annuelle d’environ 15%
jusqu’à cet horizon. Ainsi, au-delà d’une stratégie commune de protection sociale, des
stratégies d’intervention intégrées plus larges s’imposent pour parvenir à bout du phénomène
de pauvreté au fil du temps
38
Références bibliographiques
1. Andrianjaka et Milazzo, 2008, Travaux publics à haute intensité de main d’œuvre
(HIMO) pour la protection sociale à Madagascar ; Problèmes et options de politique,
World bank Africa Region Working Papers Series No. 117.
2. Institut National de la Statistique, 2011, Madagascar : Evaluation de la protection sociale
et défis opérationnels Ŕ Document de référence : Pauvreté, Vulnérabilité et Sources de
Risques, à paraître.
3. Institut National de la Statistique, 2011, Policy Brief de l’EPM 2010.
4. Ravelosoa, 2011, Revue des programmes de protection sociale à Madagascar, à paraître.
5. République de Madagascar, 2007, Stratégie nationale de gestion des risques et de
protection sociale.
39
Annexe
Quelques tableaux supplémentaires
Tableau 17 : Ratio et intensité de pauvreté selon le milieu par Région
Unité : %
Ratio de pauvreté Intensité de pauvreté
Région Urbain Rural Ensemble Urbain Rural Ensemble
Analamanga 44,2 61,7 54,5 14,2 21,0 18,2
Vakinankaratra 59,5 80,1 75,8 20,4 31,9 29,5
Itasy 73,0 80,6 79,9 31,3 31,3 31,3
Bongolava 55,2 80,1 76,8 18,3 30,7 29,0
Matsiatra Ambony 55,5 91,1 84,7 21,7 48,1 43,3
Amoron'i Mania 61,0 88,2 85,2 20,4 39,7 37,6
Vatovavy Fitovinany 71,1 92,8 90,0 35,4 48,1 46,4
Ihorombe 72,0 82,6 80,7 35,5 36,9 36,6
Atsimo Atsinanana 63,1 97,5 94,5 25,7 53,7 51,2
Atsinanana 60,2 88,7 82,1 25,1 46,0 41,2
Analanjirofo 59,4 89,1 83,5 25,6 45,7 41,9
Alaotra Mangoro 47,5 72,2 68,2 17,6 26,4 25,0
Boeny 45,2 69,9 62,6 14,9 27,4 23,7
Sofia 52,8 73,8 71,5 17,3 27,2 26,1
Betsiboka 66,4 84,7 82,2 21,3 39,1 36,7
Melaky 60,5 85,8 80,2 20,4 38,0 34,1
Atsimo Andrefana 65,9 87,4 82,1 28,8 48,0 43,3
Androy 94,4 94,3 94,4 63,8 60,3 60,9
Anosy 55,1 87,6 83,5 24,2 46,5 43,7
Menabe 38,9 72,5 64,2 14,1 28,0 24,6
DIANA 31,7 69,2 54,4 7,7 29,3 20,8
SAVA 38,9 78,7 74,9 13,5 35,2 33,1
Ensemble 54,2 82,2 76,5 21,3 38,3 34,9
Source: INSTAT/DSM/EPM 2010
Tableau 18 : Ratio de pauvreté selon le genre du chef de ménage et la taille du ménage
Unité: %
Taille moyenne des ménages Masculin Féminin Ensemble
Singleton 14,4 27,8 21,2
[2 ; 3] 50,2 61,1 53,3
[4 ; 5] 68,4 83,1 70,8
[6 ; 9] 86,0 88,2 86,2
10 individus et plus 92,8 94,4 92,9
Ensemble 76,4 77,3 76,5
Source: INSTAT/DSM/EPM 2010
40
Tableau 19 : Ratio de pauvreté selon le genre du Chef de Ménage et le nombre
d’enfants âgé de moins de 5 ans dans le ménage
Unité: %
Nombre d'enfants Masculin Féminin Ensemble
Aucun enfant en bas âge 62,6 65,4 63,1
1 ou 2 81,7 87,1 82,4
3 ou 4 96,8 96,2 96,8
5 enfants et plus 84,0 100,0 87,0
Ensemble 76,4 77,3 76,5
Source: INSTAT/DSM/EPM 2010
Tableau 20 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 2 (en%)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants
-5 ans
+15 ans
analphabètes/sans
instruction
Personnes
handicapées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Zones d’intervention
Bénéficiaires/Population 39,1 17,6 16,9 1,1 4,6 62,4
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 35,8 78,7 74,8 89,2 94,4 15,0
Pauvreté extrême : Err. d’inclusion 82,9 87,4 84,5 - 87,2 85,8
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 46,5 79,3 79,6 97,5 94,8 23,6
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’inclusion 39,0 47,6 46,2 - 49,0 45,4
Niveau national
Bénéficiaires/Population 31,5 14,2 13,6 0,9 3,7 50,2
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 39,9 80,0 76,4 89,9 94,8 20,4
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 51,6 81,3 81,5 97,7 95,3 30,9
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
Tableau 21 : Présentation de la couverture des interventions pour la Zone 3 (en%)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants
-5 ans
+15 ans
analphabètes/sans
instruction
Personnes
handicapées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Zones d’intervention
Bénéficiaires/Population 37,5 17,0 15,4 1,2 4,4 59,6
Pauvreté extrême : Err. d’exclusion 35,1 78,7 74,9 87,0 94,4 14,7
Pauvreté extrême : Err. d’inclusion 84,5 88,8 85,4 - 88,6 87,2
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’exclusion 46,2 79,5 80,0 97,1 94,8 23,7
Pauvreté sur 50% seuil : Err. d’inclusion 43,1 52,1 48,6 - 52,9 49,2
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
41
Tableau 22 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 2 (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants -5
ans
+15 ans
analphab-
ètes/sans
instruc
-tion
Personnes
handica
-pées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Variation pauvreté extrême -3,4 -1,9 -2,4 0,0 -2,2 -1,5
Variation pauvreté sur 50% du seuil -2,7 -2,0 -1,9 0,0 -2,0 -1,5
Variation Ecart pauvreté extrême -4,4 -4,0 -3,7 -1,3 -3,6 -3,6
Variation Indice de GINI -0,016 -0,012 -0,012 -0,002 -0,013 -0,009
Réduction du gap 1 en % 38,5 32,3 30,4 7,8 32,5 31,1
Efficacité* 0,20 0,12 0,15 0,01 0,13 0,12
Coût total en million Ar 71 628,6 32 256,8 31 016,2 2 062,7 8 372,5 145 336,8
% Recettes Publiques 2,58 1,16 1,12 0,07 0,30 5,23
% Dépenses Publiques 2,26 1,02 0,98 0,07 0,26 4,59
% PIB 0,36 0,16 0,16 0,01 0,04 0,73
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
* Efficacité : Réduction du gap en valeur / Coût total en valeur.
Tableau 23 : Impacts sur la pauvreté et l’inégalité, le coût, l’efficacité et le poids
macroéconomique des interventions dans Zone 3 (variation en point de % pour la
pauvreté et l’écart de pauvreté)
Groupe
Ménages
+7
personnes
Enfants -5
ans
+15 ans
analphab-
ètes/sans
instruc
-tion
Personnes
handica
-pées
Femmes
enceintes
ou
allaitantes
Ensemble
Variation pauvreté extrême -3,9 -2,2 -2,7 0,0 -2,5 -1,7
Variation pauvreté sur 50% du seuil -3,2 -2,3 -2,2 -0,1 -2,5 -1,8
Variation Ecart pauvreté extrême -4,0 -3,6 -3,6 -1,4 -3,0 -3,3
Variation Indice de GINI -0,017 -0,012 -0,013 -0,002 -0,013 -0,010
Réduction du gap 1 en % 40,3 33,8 32,1 8,4 33,4 32,4
Efficacité* 0,17 0,11 0,14 0,01 0,11 0,11
Coût total en million Ar 85 316,8 38 698,2 35 081,4 2 657,6 10 050,1 171 804,0
% Recettes Publiques 3,07 1,39 1,26 0,10 0,36 6,18
% Dépenses Publiques 2,69 1,22 1,11 0,08 0,32 5,42
% PIB 0,43 0,19 0,18 0,01 0,05 0,86
Source : Simulation à partir des données de l’EPM 2010
* Efficacité : Réduction du gap en valeur / Coût total en valeur.