Silva Tarouca, L'idée d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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Revue no-scolastique dephilosophie
L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas d'AquinComte Amde de Silva Tarouca
Citer ce document Cite this document :
de Silva Tarouca Amde. L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas d'Aquin. In: Revue no-scolastique de
philosophie. 40anne, Deuxime srie, n55, 1937. pp. 341-384.
doi : 10.3406/phlou.1937.3042
http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1937_num_40_55_3042
Document gnr le 16/10/2015
http://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1937_num_40_55_3042http://www.persee.fr/author/auteur_phlou_692http://dx.doi.org/10.3406/phlou.1937.3042http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1937_num_40_55_3042http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1937_num_40_55_3042http://dx.doi.org/10.3406/phlou.1937.3042http://www.persee.fr/author/auteur_phlou_692http://www.persee.fr/doc/phlou_0776-555x_1937_num_40_55_3042http://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/collection/phlouhttp://www.persee.fr/ -
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L ide
d ordre dans la philosophie
de
saint Thomas d Aquin
Introduction.
Saint Thomas
n'a
jamais affich l'ambition d'tre
appel
philosophe. Il
se dclare thologien,
fervent
de
la
doctrina catholica (1).
Des
proccupations thologiques,
apologtiques
ou pastorales, selon
les cas, sont le motif dernier de ses
efforts,
mme
dans
le
domaine
philosophique.
Du point
de vue
de la
psychologie
du
matre, aucun
historien ne
contestera cette
thse.
Mais il
en va autrement
de
la
signification logique
ou doctrinale de son uvre.
Sans doute,
par
ses
intentions les
plus
foncires et les
plus
vitales, saint Thomas
se
comporte partout en
contemplateur de
la
Vrit divine, mme
lorsqu il
descend
la
sphre des
plus minutieux
et
des
plus
humb le s
dtails
de
ce
monde
sensible.
Mais son
uvre littraire
contient une foule de considrations purement philosophiques. C'est
le cas galement des
ouvrages qui
sont expressment thologiques.
Personne ne songe le
contester.
Mieux
que
cela, ces
penses
philosophiques
ne
sont
point
des
rflexions
pisodiques, parses
et
sans lien
; elles
forment
un vrai systme
philosophique
explicitement
organis.
De
nombreux textes montrent que saint Thomas
a
eu au
moins
le
dessein
de
distinguer
rigoureusement
entre
la
science
rvle
et
la science rationnelle . Dans quelle
mesure
il y
a
russi, ce n'est
pas
l'historien
comme
tel
en
juger
, mais
cela relve dune
Cf. A.-D.
Sertillanges, Mlanges
thomistes,
1923,
p. 175.
Cf. titre d'exemples
:
la premire
question
de la Somme thologique ;
5. c.
G., I, 2-8; /a
//, 17,
6; //a //
-
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342 Amde
de Silva
Tarouca
interprtation analytique et logique de
la
doctrine elle-mme. La
prsente
tude
se
place
exclusivement
ce point
de vue. Nous
voudrions
montrer que
saint Thomas
nous
a transmis un vrai
systme de philosophie
organis
autour
d'un
principe
central,
savoir
l'ide
de
l'ordre
thocentrique.
1 .
Les quatre sens
du
mot ordo
,,
chez
saint Thomas.
La
notion de l'ordre
est assez
complexe
pour justifier
une
premire question
:
Dans quel sens
prcis
faut-il entendre le
mot
ordre
? Dans les textes
de saint
Thomas
nous
rencontrons en
effet le mme
mot ordre
dans
quatre
acceptions philosophiques
diffrentes.
Ordo
dsigne
chez
saint
Thomas
un
phnomne,
une ralit transcendentale, une prcision modale et
un principe
pratique.
1 . Le
phnomne de
l'ordre. Pour
saint
Thomas, il
est un
ordre
qu'on constate et qui ds lors peut
figurer
soit comme point de
dpart
empirique
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344 .
Amde
de
Silva
Tarouca
La mtaphysique a pour objet matriel
l'tre
en
tant
qu'tre
et pour objet formel la connaissance
ex
causis
ultimis
,
c'est-
-dire les causes mmes de
l'tre.
Sapientia mundana, quae dici-
tur philosophia,
quae
considrt
causas
inferiores,
scil.
causas
cau-
satas,
et
secundum eas judicat
et
divina quae
dicitur
theologia,
quae considrt
superiores,
id est divinas,
secundum quas judicat
(de Pot., 1, 4). Mais il y a
duplex
veritas
divinorum
(S.
c.
G.,
1,
9), la
thologie
rvle et la
thologie naturelle,
qui
juge par
la
seule
lumire
rationnelle.
Cette
thologie
naturelle est la
mtaphysique proprement dite.
Saint
Thomas l'appelle
philosophia
prima
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L'ide
d'ordre dans
la
philosophie de saint Thomas
345
II
ne s'agit videmment pas d'une relation rciproque entre
la
crature et
le
Crateur, mais
d'une relation
strictement
unilatrale
(Ia, 6, 2, 1). Le
Crateur,
perfection absolue, ne peut pas tre en
relation
d'ordre
avec
ses
cratures.
Cela
supposerait
une
nouvelle
unit
commune
et
superpose entre
Dieu et
la crature. Pour autant
l'ordre
thocentrique
est un ordre essentiel. La relation
de
l'tre
cr, qui
est
la relation
de
la
crature
au
Crateur,
est, videmment,
une relation
essentielle. La
relation de
la
crature
au Crateur dit,
en
effet,
relation d'origine
(15>
et de fin ontologiques. L'ordre
thocentrique
est
donc un
ordre
ontologique.
Enfin
l'ordre
thocentrique
transcendant
est, par cela
mme, un ordre transcendental. Les
transcendentalia
sont,
comme l'on
sait,
les proprits
ncessaires de
l'tre, qui suivent
immdiatement l'tre
en
tant
que
tel,
sans
lesquelles
un
tre
ne
peut exister
dans le
concret
:
tout
ce qui existe est, en
tant
qu'tre,
un,
vrai
et
bon. L ordre thocentrique
est
donc
transcendental dans
ce sens, qu'il a pour principe l'unit, la
vrit
et la
bont
absolues.
Ds lors il est
transcendantal
d'une double manire : 1 il
est
l'unit
de l'unit, de
la vrit
et de
la
bont, l'
ordre
des trans-
cendentalia (cfr de
Ver., 21, 3) ; 2 il est,
par consquent,
ordre
d'units, de similitudes
et
de
perfections
gradues. Le phnomne
de
la
convenance rciproque est donc convenance l'unit,
la
vrit,
la
perfection
propre
de
chaque
partie.
3. L'ordre comme
prcision
modale. On a dj dit
que
l'ordre
du
cosmos
est, au fond, une hirarchie, c'est--dire une unit
ordonne d'ordres
divers,
une relation d'unit entre des relations
diverses. Il faut tenir compte
de
ce fait pour comprendre la
signification
exacte dans
laquelle saint Thomas emploie, si
frquemment,
le
mot
ordo
en
parlant
des modes
divers de
l'tre. Il
distingue notamment
l'
ordre
final
de
l'
ordre
causal, l'
ordre
rel de l'
ordre
intentionnel, l a
ordre
rationnel de 1*
ordre
concret), et parfois au
sens mtaphysique,
que
nous
aurons toujours en vue
dans
cette tude. Exemple : Transcendit virtutem (scil. essendi) propriae
formae
(de Ver., 27, 4).
(ls)
Ordo
originis
(/a,
41, 1). Quae diversa sunt in
unum
ordinem
non
convenirent, nisi
ab aliquo
uno ordinarentur
(/a,
11, 3).
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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346 mde de Silva Tarouca
surnaturel. Ici le
mot ordo ne
dit
pas
une ralit mtaphysique,
ni une
simple
convenance rciproque et phnomnale, mais une
certaine unit dans
la
diversit des modes de
l'tre
(17>.
Nous
reviendrons plus
tard
sur
l'norme
importance
de
cette
distinction des modalits au sein de l'unit.
4. L'ordre comme principe pratique de l'activit
proprement
humaine. Dans
ce
quatrime
sens,
saint Thomas
parle,
par
exemple, de 1*
ordo rationis
(Ia,
6,3)
et il applique
trs
souvent l'axiome
aristotlicien
:
Proprium est rationis
ordinare
(//a
//ae,
83, 1) .
Cet
axiome
aussi
revt des significations diverses.
Du point
de vue
psychologique d'abord, il s'agit du
simple
fait, que
voluntas
fertur
in
suum
objectum consequenter
ad appre-
hensionem
rationis
.
Puisque
donc
ratio ordinat
ad
alterum
(//a
//ae, 58, 4, 2), le
ordinare
ou
ordo
rationis
vise
le
phnomne psychologique
de l'imperium.
Ordinare
est
pris,
dans ce
sens,
comme
quivalent
de
imperare
(cf. //a
//ae,
45,
5 ;
/a
//a6,
72, 4; 87, 1)
Le lger glissement
de sens que le Pre Peghaire
(p. 166,
note
2;
cit note 6) signale, n'a
donc lieu
que lorsque l'axiome
d'Aristote
rationis
est
ordinare ne
dsigne plus
le imperium
(cf.
7a
77ae,
17, 1), mais une relation
d'ordre,
le droit
d'ordonner.
Voir encore : Ordo
pertinet ad rationem sicut ad
ordinantem sed, ad vim appetitivam pertinet sicut ad ordinatam (77a
77ae,
26,
1.
3).
-
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L'ide
d ordre
dans la philosophie
de
saint Thomas
347
nat
(in Trin., 2, 2,
1).
Sapientia... considrt altissimas causas...
unde
convenienter
judicat et ordinal de omnibus
(/a //a6, 57,
2)
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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348 Amde de Silva Tarouca
poser. Ces trois voies donnent
de
prime abord
l'impression de
recourir au principe de
finalit.
En
ce qui
concerne
la
seconde
voie
ex ordine causarum
,
Thomas ne
pense
pas ici
un ordre
au sens
strict
du
mot. Il
ne s
agit
pas encore
de
la
hirarchie
dispose
et chelonne des
causes finales
in via descensus
,
mais de
la
chane des causes
efficientes qui nous
conduit
in
via ascensus
de
causes en causes
jusqu'aux causes
premires.
Dans l'exercice
de sa causalit,
chaque
cause
pend
, pour
ainsi
dire ,
mais aussi
pour
la
suite des causes en tant
que causes.
Dans
la
quatrime
voie
on part
ex
gradibus perfectionis
.
La
mineure
de l'argument
dit : Magis et minus
dicuntur de diver-
sis,
secundum quod appropinquant diversimode
ad
aliquid quod
maxime
est
. Ici encore, le seul principe
de
la
causalit efficiente
est
en jeu :
Cum igitur Deus sit primum movens,
et
omnia
alia
moveat in suas
perfectiones, necesse
est omnes
perfectiones rerum
in ipso praeexistere superabundanter
(/a,
4, 2). Le principe de
causalit
efficiente
se
fait
pleinement
valoir, puisqu'il
s'agit
ici
des
transcendentalia
,
c'est--dire des perfections qui suivent
immdiatement l'tre en tant que
tel
et
qui, ds
lors, ne contiennent
par
dfinition aucun mlange d'imperfection :
Sicut
sunt
omnia in
quorum definitione
non
clauditur
defectus, nee
dependent a materia
secundum
esse, ut ens,
bonum
et alia
hujusmodi
(De
Ver., 2,
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
10/45
L'ide d ordre dans
la
philosophie de
saint
Thomas 349
Puisqu'il y a des
degrs de
perfections, une
plnitude de
perfection
sans
degr doit
exister. Les degrs de
perfections sont
(comme
perfections et
comme degrs) de
l'tre, des
degrs de
participation
Y
tre.
Voil, en
quelques
mots, l'argument
de
la 4e voie.
C'est ici
qu'est
pos
le
fondement d'une
mtaphysique,
qui
unira
la
pense de Platon celle d'Aristote en un seul concept de l'ordre :
tous les degrs
d'unit,
de vrit
et
de bont
qui
se ralisent
en
la
magnifique hirarchie des
tres
crs sont les effets
d'une Cause
premire, qui, en
vertu
de
la
plnitude de sa
perfectio essendi
,
ne
peut
pas crer sans Sagesse et
sans Bont, c'est--dire
sans
instaurer un ordre entre les
diverses
participations sa propre
unit,
sa
propre vrit et
sa
propre bont.
La cinquime
voie
ex gubernatione mundi
(26), ne conclut
pas
seulement
un
ordonnateur
d'intelligence, de
sagesse
et
de
force suprmes, mais, non
moins
directement que
les
autres
voies,
un
Etre d'une
ralit
et
d'une
perfection
absolues. Ce qu'il y a
d'tre dans
les phnomnes d ordre ou de
convenance
rciproque,
exige une explication ontologique comme tout autre tre
quo-
cumque modo
ralis. Ce qu'il
y
a d'unit
et
de vrit
dans la
convenance rciproque ,
de bont
et d'efficacit dans la tendance
naturelle et
efficace des choses
leur propre perfection doit avoir
une
Cause
premire et transcendante.
Tanto se extendit
ordinatio
effectuum in
finem,
quantum
se extendit causalitas
primi
agentis
(/a, 22,
2). La
finalit
apparente de l'ordre
doit
trouver une
explication
causale avant
qu'une explication tlologique puisse
tre
propose et soit
vraiment clairante.
Primo oportet cognoscere
originem alicujus ab aliquo, ex motu
(/a. 41,
1).
C'est ce que
saint
Thomas fait dans la 5e voie. Ici il montre
que la finalit dans
les choses naturelles leur
est, en dernire
analyse,
extrinsque.
Elle
requiert donc une explication causale avant
de
supporter
une explication finale.
C'est ainsi qu'il faut comprendre l'argument de
sagitta
a
(26)
Ad
gubernationis
autem
rationem tria pertinent : quorum primum est
distinctio eorum quae agenda sunt... secundum
autem
est praebere facultatem
ad
implendum...
; tertium
autem
est
ordinare qualiter
ea quae praecepta, vel
definita
sunt,
impleri possunt, ut
aliqui
exequantur
(7a,
108, 6). Ce
qui
rpond
prcisment comme l'on verra aux trois caractristiques essentielles de
l'ordre du
cosmos : formes
graduellement
varies, inclinations
naturelles et
proportionnes aux fins des formes, forces naturelles
adaptes
l'excution de ces
fins.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
11/45
350
Amde de Silva Tarouca
sagittante
de
la 5e
voie.
Dj
l'exemple
choisi
montre qu'il
ne
s'agit pas d'un
argument
par la finalit au
sens
propre du mot.
Faire
mouche
est
totalement extrinsque la
flche
en
tant que flche ;
comme de
faire une
incision
juste et rpondant
l'ide du
charpentier
est
totalement extrinsque
la
scie
.
Omne...
quod
naturaliter in
alterum
tendit,
oportet
quod
hoc
habeat ex aliquo
dirigente ipsum
in
finem
(De Ver., 2, 3). Ces quelques mots
contiennent
tout l'argument
de
la 5e voie.
Dans
cet
argument on peut considrer l'exigence
de
la
finalit
ou celle de
la
causalit. Ainsi les axiomes de
causalit
de saint
Thomas
contiennent
pour la plupart
aussi un lment de
finalit.
Dira-t-on qu'il y a
l
une confusion d'ordres ? Pas ncessairement.
Tout
en
concdant
que
l'explication du principe de causalit chez
saint
Thomas
ne
rpond
pas
nos
exigences
mthodologiques
actuelles, il faut cependant signaler
que
cette souplesse
bilatrale
(causale et finale)
de
la pense
thomiste rpond
mieux au rel qu'une
exclusivit unilatrale
(seulement
causale) qui devient artificielle
ds
qu'elle
veut tre
plus
qu'une
mthode
scientifique
ou
un
postulat mthodologique. Toutes les distinctions mthodiques et
systmatiques, videmment ncessaires, ne peuvent pas nous faire
oublier qu'en
dernire
analyse
les deux aspects
de
l'existence cre
forment
ensemble
la
ralit. L'ordre de
convenance
rciproque
est
un fait parmi
les
autres : Vidimus... omnia...
in
unum ordinem
concurrere
(de Pot., 3, 6). C'est, pour ainsi
dire, la
gubernatio
comme
phnomne (/a,
2, 3 et 103, 5
;
S. c. G., I,
13). Or, toute
multiplicit
unifie
suppose une cause
unifiante. Bref, mme
l'argument
ex gubernatione
est
une
induction
par
la
causalit avant
d'tre une dduction par
la finalit (28).
Cf. S.
c.
G., 2, 29, 30;
de
Pot, 3, 6, et
de Ver.,
27,
4 : quae
transcen-
dit
virtutem propriae
formae
(de
la
scie)...
facere
rectam incisionem,
et conve-
nientem
formae
artis
.
Mme ide
:
Procedere... a scriptore convenit non libro
in
quantum
est
liber,
sed
in
quantum
est artificiatum
;
sic
enim
et
domus
est
ab
artifice,
et cultellus
a
fabro (de Ver., 7, 2). Scamnum
non
dicitur effectus
serrae sed carpentarii
(de
Ver.,
12,
8,
5).
(28)
Je
n'ai pu
trouver
qu'un
seul texte qui
contredirait systmatiquement
l'interprtation propose
ici
: 7a, 11,
3. Saint Thomas donne comme troisime
raison pour l'Unit de Dieu
l'unit
de l'ordre dans l'univers. Dans
7a,
47, 3,
il
procde inversement.
Dans
le
premier cas il y
a
induction causale (qui
conclut de l'effet de
l'unit
la cause, l'Unit absolue) et dans le
second cas
dduction mtaphysiquement
ncessaire de
la cause
(antrieurement
prouve
comme existante) l'effet.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
12/45
L'ide d ordre dans
la
philosophie de
saint
Thomas 351
3. La premire
dduction
: le principe de l'ordre thocentrique.
Dans les
quinque viae
, saint
Thomas a considr
successivement les phnomnes
du
monde naturel
dans
quelques-uns de
leurs reprsentants
typiques.
Les compltant l'un par l'autre, il
leur a
appliqu
le principe de causalit
efficiente, pour arriver dans
chaque voie
la
mme
conclusion : il existe une cause
premire,
premier
moteur, cause efficiente, tre ncessaire, parfait,
intelligent
et
ordonnateur
suprme, que
nous
nommons Dieu. Ces
attributs du Principe absolu ne
relvent
donc pas
d'une
dduction
mtaphysique
ultrieure. Ils ne sont
ontologiquement
que
les expressions
diverses
d'une
seule et
mme
affirmation : Necesse
est
dicere
omne
quod
quocumque modo
est,
a
Deo
esse
.
La premire thse qui sera
dduite de
cette
ide
de
la
dpendance totale des cratures
l'gard
du Crateur
sera,
chez
saint
Thomas, l'ide
de Yordre thocentrique dont
l'importance est
ce
point centrale chez lui qu'on peut bien
la
donner pour le principe
de
son systme mtaphysique.
Il est clair
que l a
ordre
thocentrique
ne dit rien d'autre
que
l'unit des
relations
de
dpendance
essentielle des cratures
l'gard du
Crateur. Cette
dduction se fait
sans
qu'il soit
fait
appel un
nouveau principe.
Si
la
Cause
premire existe,
tout
ce
qui est doit dpendre d'elle
sous
fous rapports : quocumque modo
est.
En
vertu
du principe de causalit, il
existe
donc un
ordre
universel et essentiel
entre les cratures, l'ordre
thocentrique.
Tout
ordre est
une unit de
relations.
L'ordre universel
et
essentiel est
l'unit
des relations universelles et
essentielles.
Ces
relations sont celles
de
la
crature en tant
que telle,
relations
unilatrales d ailleurs, comme nous l'avons not plus haut
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
13/45
352 Amde de
Silva
Tarouca
Le cosmos est donc un ordre
thocentrique.
La crature est
tre cr
;
elle
est donc, en tant que crature,
un
mouvement
ontologique, un
devenir
vers une
fin.
D'o il rsulte que
l'ordre de
la
crature
Dieu est
double
:
Duplex
ordo considerari
potest
inter
creaturam
et
Deum.
Unus
quidem secundum
quod
creaturae
causantur a Deo, et dependent ab ipso sicut a
principio
sui esse...
Alius
autem
ordo est,
secundum quod
res reducuntur
in Deum
sicut in
finem
(///a, 6, 1, 1).
In rebus
potest
considerari duplex
ordo : unus
secundum quod
egrediuntur
a
principio ;
alius
secundum
quod
ordinantur ad
finem
(De Ver.f
5,
1,
9).
C'est cette unit mtaphysique
et
relle d'origine
et
de fin qui
constitue l'unit de l'ordre
thocentrique.
Remarquez
que
jusqu'ici
nous n'avons
fait
appel
qu'au
principe de
la
Cause premire. La
thse
que Dieu
est
la
fin
ultime
et
extrinsque de
la crature, en
tant que
crature, peut
et
doit tre dduite immdiatement
et
cela
sans
faire
appel
au principe
de
finalit du seul fait
de
l'
existence
de
cette
Cause
premire, laquelle est
prouve
inductivement
l'aide
du
principe de
causalit. L'intervention
du principe de
finalit n'est pas
requise
puisqu'il ne s'agit pas encore
de
l' ordre
final, du
cur
et
du
quomodo
,
des intentions
de
Dieu dans
ses
oeuvres, mais
toujours de
l' ordre
causal
des existences, du
quid
,
de
la
question
de
fait qui induit l'existence
d'une
Cause
premire
partir
de l'existence des
tres
donns. Qui parle d'ordre,
parle de
fin.
L'ordre
est
la
convenance
des
moyens, en
tant
que
moyens.
Il marque
aussi une
finalit interne,
mais jusqu'ici nous
n'avons tabli
que
l'existence
d'une
fin extrinsque et ontologique
des cratures en
tant
que telles. Celle-ci se dduit du seul principe
de causalit
: necesse est
dicere
omne
quod quocumque
modo
est, a
Deo
esse ,
sans
l'intervention du principe
de
finalit :
omne
agens agit propter
finem
(S.
c. G., 3, 2).
4.
La
seconde
dduction
:
l'ordre
des
moyens.
Elle suit immdiatement et
ncessairement
du
principe de
l'ordre
thocentrique qui est l'unit ontologique
de
l'origine et
de
la
fin
extrinsque
ou transcendante.
Il
s'agit maintenant de l'unit
des
moyens
qui est la
fin
intrinsque
ou immanente
du
cosmos, le
bonum
ordinis
. Du point de vue transcendental (ou
mtaphysique proprement dit),
le
bonum
ordinis
n'est que
l'unit
des
moyens
la
fin extrinsque. Mais, du point de vue immanent
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
14/45
L'ide
d'ordre
dans la
philosophie de
saint Thomas 353
(philosophique ou
mtaphysique
dans le sens moderne), le
bonum ordinis
est la
fin propre et
intrinsque,
valeur suprme
de
l'univers (31).
Dans
ce
paragraphe
nous
devons
nous
occuper
du
fondement
mtaphysique
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
15/45
354
Amde de Silva
Tarouca
De mme
que la
bont
(ou valeur) du
bonum
ordinis
est
dduite
de la Bont
divine,
de
mme l'ordre
formel
(unit
dispose
des moyens) est dduit
de
la Sagesse
divine,
que l'on
a
dmontre
partir
du
phnomne
de
la
convenance
rciproque
ou
de
la
gu-
bernatio
(5a, via) en vertu du
mme principe de causalit
(33).
Saint
Thomas dira maintenant, dans l'ordre inverse :
Ea quae
ex
divina
sapientia procedunt, oportet esse ordinata
(/a //ae, 102,
1).
Dieu
est,
par essence,
Sagesse
suprme.
Donc, puisqu'il est
Unit
suprme
et absolue, II ne peut pas
crer,
pour ainsi dire,
sans
Soi-
mme
ou, en
d'autres
mots,
sans
Sagesse (Cf. C.
c. G.,
2, 24, 25).
Or, il
appartient essentiellement
la sagesse, perfection d'un tre
rationnel, de
juger de 1 tre.
Ce
jugement
est
l'opration spcu-
lativo-pratique de l'
ordinare et
cela
secundum
causas altis-
simas
(34). C'est
le
fait
de
l'Art divin que
de
ordinare
selon
l'intelligence de sa
propre Essence, a
Genus autem subjectum
divinae artis est ens
(S. c.
G.,
2, 26), l'tre en
tant
que tel. Par
l'unit absolue de
l'Essence
divine,
Dieu est
Cause premire
de
l'tre.
Il
cre par son Intellect, qui est
la
Cause premire des
cratures
(35), il
cre par sa
Sagesse.
Donc
: Deus res
in esse
pro-
duxit eas ordinando. Deus per suam sapientiam
(36>,
res in esse
produxit
(S.
c. G., 2,
24, 29).
Il est
donc vrai de
dire :
Ea quae ex
divina
sapientia
procedunt
oportet
esse
ordinata
(/a //ae,
102, 1),
ou bien
:
Quae-
cumque
autem
sunt
a
Deo
habent
ordinem ad
invicem
(/a,
47, 3).
Mais,
ce
oportet
,
cette ncessit
mtaphysique
se rapporte
Dieu, non l'ordre concret de l'univers.
Si
aliter
se haberet
ordo
rerum,
contradictio non implicaretur
(S. c. G., 2, 23). L ordre des
cratures
ad invicem
ne
leur est
donc pas d mtaphysiquement
en
tant
qu'elles sont
dans leur tre
propre
et
particip,
mais
en
tant
qu'elles sont cratures de Dieu.
Il
ne leur
est
pas d un
cer-
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
16/45
L'ide
d ordre dans
la
philosophie de saint Thomas 355
tain ordre,
comme il
ne leur est pas
d d'exister. Mais, si Dieu a
voulu
crer ce qui
dpend
de sa seule
et
simple Volont
(/a,
23,
5,
3)
il
est
mtaphysiquement ncessaire
et
mtaphysiquement
d
aux cratures,
qu'elles
puissent
atteindre
leurs
perfections
propres, qu'elles
soient
ordonnes
.
Du point de vue mtaphysique
il
est
absolument ncessaire
que
tout tre qui vient
de
Dieu soit
ordonn, mais
sub conditione
simplicis
divinae Voluntatis
.
Or
tout tre vient
de
Dieu. Donc il existe un ordre
ad invicem
entre les cratures
:
Necesse est... serram esse ferream, si
debeat
esse serra, et si debeat esse eius finis, quod
est
opus
eius
(In
Phys.,
2, 15).
Entendons-nous bien.
Il
ne s'agit
pas
d'une tentative
futile
de
vouloir
comprendre
l'essence
divine. Saint
Thomas
ne
veut
pas
dduire
de
l'essence divine la fin particulire
de
tel et tel
tre
concret
ou
la
ncessit de tel
ordre cr. Il constate seulement ce
qui est
essentiellement ncessaire
aux cratures par
le
seul fait
de
Y
existence divine. L'ordre
ad invicem
est
d
aux cratures
en vertu
de
leur dpendance
de
Dieu
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
17/45
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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L'ide
d ordre
dans la
philosophie de saint Thomas 357
trique : 1
la
preuve de l'existence de Dieu ; 2
la
dduction
immdiate de l'unit d'origine
et de
fin
; 3 la
dduction mdiate de
l'unit d ordre
entre
les moyens.
L'application
philosophique de
ce
principe d ordre se fera
dsormais
au moyen du principe
de
finalit.
5.
Le
principe de
finalit.
La mtaphysique de
l'ordre
thocentrique
ne constitue pas
encore, en elle-mme, cette connaissance propre, scientifique et
d'importance
pratique, laquelle tend le
vrai
philosophe
qui ne
perd
de vue ni le
rel concret,
ni sa
responsabilit envers
l'humanit.
Pour
arriver
une
pareille
connaissance
il
doit
introduire
un principe nouveau. La recherche inductive, qui applique
aux
donnes sensibles le principe
de
la
causalit
efficiente, n'y
suffira plus. Saint Thomas en
donne
la raison :
Effectus
sunt
in
causa in
potentia activa
;
sicut
domus
est
in mente artificis in
potentia activa...
unde per
ligna et lapides non
cognoscitur domus,
sicut
cognoscitur
per
formam
suam,
quae
est
in
artifice
{de
Ver.,
2, 4,
7).
La
forme
n'est donc autre
chose que
l'ide
quam
aliquid
imitatur ex intentione agentis qui
dtermint
sibi
finem
(de Ver.,
3,
1).
Dans la
forme on
reconnat
l'ide d'une
chose, c'est--dire
l'intention
sous-jacente,
la place et la fonction d ordre
de
cette
chose, bref, sa fin
intrinsque
et naturelle le
bonum
ordinis .
Ex diversitate
formarum
sumitur ratio
ordinis
rerum
(S. c.
G.,
3, 97).
La recherche des formes (par l'analyse,
la
comparaison
et la
classification) n'est pas le privilge de
la
philosophie. La
morphologie et
l esthtique,
par
exemple, s'en occupent aussi. Mais seule
la
philosophie se demande pourquoi
la
recherche des formes peut
tre poursuivie avec succs. Toutes
les sciences
appliquent
constamment
sans
y rflchir
l'axiome
d ordre
:
Ea
quae
sunt
ad
formam, oportet esse aliqualiter fini proportionata
(Virt. com.,
10). Seule la
philosophie,
qui
s'occupe de
l'tre en tant
qu'tre,
donne
la
raison :
la
proportion vient de
la
proportionnalit,
l'apparence
de
finalit vient comme l'effet
de
sa
cause
de
l'intention que suit
l'Intellect
incr
en imposant
l'tre
cr sa fin
naturelle
et
ds lors sa fin propre ou
proportionne.
Le medium
cognitionis
quo
pour
la connaissance du
quod
(de
l'ordre
thocentrique)
est
donc
la proportion ou similitude natu-
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
19/45
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
20/45
L'ide
d ordre
dans la philosophie
de
saint Thomas
359
de l'ordre
mtaphysique
au
rel
concret.
L'essentiel
de tout
ordre
est
l'unit
des relations au
principe
commun. Mais en Dieu il
n'y
a
pas
d ordre au sens
strict du mot.
L'ordre
est dans
les
cratures.
Il
prsuppose
le
mouvement
vers
l'unit,
le
devenir ordonn.
L'ordre
est
donc un devenir
pour
la
,fin
de
l'ordre,
cause
du principe d'unit,
fin
de raliser cette
unit.
C'est
ce
qu'exprime exactement le concept
de
finalit
Finis
est cujus causa
(in Met,
8, 4,
n
1737; 2, 4, 316).
C8) Cf. sur le primus motus naturalis : /a //ae, 10, 1 ; 94,
2;
/a, 82, et 2 ;
de Ver., 22,
5
et 6. La doctrine du
premier
mouvement naturel est
"dduite
par le
principe
de finalit de la thse de l'ordre. Unumquodque naturaliter
suo modo
esse desiderat
(/a, 75,
6).
Hoc
modo competit
fieri,
sicut ei
com-
petit
esse (/a, 90, 2).
a
Unumquodque agens agit secundum modum suae
naturae (Q. Q., 3,7).
Cette doctrine
est d'importance
capitale. Elle
vite le
regressus
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
21/45
360 Amde de
Silva Tarouca
Cette
rponse
est trs importante pour la comprhension
de
la doctrine
de
saint
Thomas.
Elle
implique
deux
constatations
:
I . La causalit finale est une vraie causalit d'influence
ontologique
et
motrice.
Elle
dit
action pour
une
fin
. 2.
Mais
il n'est
pas
ncessaire que
le
pour
,
l'intention
de
la
fin
soit
per
modum
intellectus dans le
sujet
qui excute le mouvement vers
la
,fin. Le principe de
finalit
exige
que
tout
ce qui
devient soit
un mouvement d'
excution
de
la fin ; il suffit que cette fin soit
intentionnellement voulue par celui
qui donne
ou branle le
mouvement. On ne peut donc parler
de
finalit
que si la
ralisation de
la
fin, c'est--dire le mouvement vers les
moyens
pour la
fin, est intentionnellement voulue soit par
le mme
sujet
psychologique,
soit
par un moteur extrinsque (47).
Dans
le
finalisme
de
saint
Thomas
il
n'y
a
donc
pas
d'anthropomorphisme.
L'anthropomorphisme
consiste
juger
le mode
d'action du suprieur par le mode de l'infrieur. C'est ce
que
faisaient
certains penseurs que saint Thomas critique (Sph. cr.,
5
;
//a
//ae,
188,
5). Chez saint Thomas, au contraire, la finalit
psychologique
est explique
par
la finalit
ontologique
(48) et celle-ci
par
la
causalit
divine.
Pour pouvoir parler
de
finalit
proprement
dite,
trois
lments
doivent
donc tre
raliss
: 1 . un
bien comme
fin,
2. une
intention
(49) et
3.
une
excution de
cette
fin
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
22/45
L'ide
d'ordre
dans la
philosophie de
saint Thomas 361
tion
de
finalit
cre,
mais
de
finalit absolue.
En
Dieu seulement
les
trois lments de
la
.finalit concident dans le mme
sujet et
sous le mme
rapport.
Primum... agens propter
finem oportet
esse
agens
per
intellectum
et
voluntatem
(5. c.
G.,
2,
23).
Voici, enfin, le
principe
de
finalit
:
Omne agens
agit
propter
finem
(5.
c.
G.,
3,
2;
l\ 44,
4; /a
//ae, 1,1,
1)(51). Dans quel sens
ce principe
est-il un
principe
nouveau ? Comment se distingue-t-il
du principe
de causalit
efficiente ? Le principe
de
finalit descend
de
la cause
l'effet, tandis que le
principe
de causalit remonte
de l'effet
la
cause. Lorsque le principe de causalit sert de
mineure, nous
parlons
de
dmonstration inductive. Par
contre le
procd
est dductif l
o le
principe
de
finalit
ligure comme
terme
moyen
de
la dmonstration.
Les deux
mthodes
rpondent aux deux
voies
(viae) et les
deux voies aux
deux ordres
rels
dans
le devenir de toute
crature
: l'ordre
de
la
causalit
et l'ordre
de
la finalit. Les deux
ordres ne se distinguent pas en
ce que l'ordre
de
la finalit
ne
serait pas, lui aussi, un ordre de causation. Ils se distinguent
uniquement par le mode de
la
causation qu'ils expriment
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
23/45
362
Amde de Silva Tarouca
tinen
:
par
la
fin nous reconnaissons
les ides
de Dieu dans les
formes naturelles ou les
vestiges
de ses
intentions (o4).
Enfin
un
motif
personnel, propre au Philosophe
de
l'Ordre (oo). Dans l'ordre,
causalit
et
finalit
s'unissent,
comme
dans
la
philosophie
thomiste
l'aristotlisme et l'augustinisme se donnent la main.
Le concept de l'ordre est, au
fond,
un concept largi de
finalit. Le
principe de
finalit dit : Omne agens agit propter
finem.
Le principe d ordre y ajoute : Omnia agentia
I .
differunt inter
se,
2. agunt propter ftnem
communem
et 3.
per
media gradatim dis-
posita.
De plus, le principe d ordre ne dpasse pas
seulement
le
principe
de
finalit, mais
aussi le
principe
de causalit
et il les unit
en les dpassant
:
comme principe,
l'ordre
est l'unit
de
l'origine
et
de
la
fin, l unit
de la
causalit
efficiente et
de
la
causalit
finale dans un
Principe
absolu.
6. L'application du principe d'ordre.
a)
L'ordre
universel du
monde,
cette
fin thocentrique
du
cosmos,
par laquelle Dieu lui-mme
est
dsir
et imit,
n'est pas
purement
extrinsque
aux
cratures
ni comme fin
dsire,
ni comme fin
ralise.
Il
y
a
dans
le
cosmos,
observe
saint
Thomas,
un
dsir
naturel
et
une force naturelle du
bonum ordinis . Ds lors saint
Thomas
pourra
dire :
Est
autem
ipse ordo rerum talis sectindum
se, quod Deus
est propter
seipsum cognoscibilis
et diligibilis (//a
//ae, 27,
4). Ainsi nous nous
trouvons en
pleine philosophie de
l'ordre.
Et
nous
retournons au
plan
des ralits concrtes pour y
vrifier, l'aide du
principe
de
finalit, la
grande
thse mtaphy-
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
24/45
L'ide
d ordre
dans la
philosophie de saint Thomas 363
sique
de l'ordre thocentrique.
Le procd sera un procd, pour
ainsi dire, phnomnologique
(56>.
En raison
du
principe de
finalit (qui
est
comme principe
mtaphysique
un principe
d'ordre, puisqu'il remonte
la Fin ultime,
la Sagesse
de
l'Ordonnateur),
saint
Thomas
dduira
de
l'opration
la
facult,
de la
facult
la forme naturelle,
de
la forme naturelle la
fin naturelle.
Il dduira
de
l'acte effectu l'inclination naturelle,
de celle-ci
la
nature et
de
la nature la fin naturelle. Le procd sera donc
le
suivant : du phnomne de l'ordre
(au
sens
1.)
on dduit le
principe
de l'ordre
(au
sens
2.),
par l'intermdiaire de l'existence de
Dieu
pralablement
prouve. Du
principe de l'ordre se dduit
l'ensemble des ordres phnomnologiques. De ceux-ci
enfin
se
dduisent
les
rgles
(ou normes) de l'activit humaine, scientifique
et
morale.
Le
ordinare
de
nos
actions
(au
sens
4.)
suit
donc
le
ordinari
de notre intellect (au sens 3.).
Ainsi
la sagesse
de saint Thomas reprsente une unit
naturelle
dont le principe
est
l'ordre
:
Fines autem morales accidunt
rei naturali
; et e
converso
ratio
naturalis finis accidit morali
(7a
//ae, 1, 3, 3).
Mme
ralisme dans
la
thorie des sciences
: Ordo
autem
principalius
invenitur
in ipsis rebus
et
ex eis
derivatur ad
cognitionem nostram
(//a
H**, 26,
1, 2). Par cette double
obissance
l'ordre
rel, obissance scientifique et
morale,
la nature
humaine ralise
l' ultima perfectio ad quam anima
potest perve-
nire
secundum
philosophos... ut
in
ea
describatur
totus ordo uni-
versi et causarum ejus
(de
Ver.,
2, 2).
Mais saint Thomas ne
se
contentera pas
de
ce describatur. Il dira
de plus
continuatur
,
dpassant
ainsi
Aristote dans
sa morale
et
sa
sagesse
naturelles.
Parce que l'Ordonnateur existe, les tres crs sont
destins
naturellement tre considrs
dans la
perspective de l'ordre,
nata
sunt
seorsum
ab
eo considerari
(S. c. G., I,
58).
Nata
sunt
facere de se
veram apprehensionem
in
intellectu
humano
(de Ver.,
1,
8). L'ordre
est compos
de
facults
proportionnes
leurs
propres
objets,
de causes
propres ou
proportionnes
leurs
effets
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
25/45
364
Amde de Silva Tarouca
d'ordre)
monter, descendre et remonter les marches naturelles, qui
forment la
pyramide gigantesque du
bonum
ordinis .
Saint
Thomas est
un raliste de l'ordre. Les effets
et
les
causes,
les
oprations, les facults et les objets, les inclinations, les forces et les
fins
naturelles
sont
vraiment
et
cela
dans
le
sens ontologique
du mot
ordonnes
ad
invicem
et
leurs effets
propres
,
comme leurs devoirs
et
droits
propres, qui leur sont
dus,
en
tant
que la perfection
de
leurs natures leur est due.
C'est ici en
effet que
repose, nous l'avons dj
dit,
toute
la
force
dmonstrative de ces dductions. En
vertu du
principe de
finalit, du
omne agens agit propter
finem
qui est
prmisse de
ces dductions,
saint Thomas
peut juger de tout
ex ordine
sa fin naturelle. Je dis
:
de tout, parce
que
mme les choses
naturelles,
qui
ne
connaissent
pas
leurs
fins
en
tant
que
fins,
ont
une
fin qui leur est donne par une
Intelligence
transcendante (cf.
de
Ver., 5, 2), mais qui leur
est
immanente, en tant qu'elle rpond
leurs essences et forces naturelles.
Virtutes activae
in
natura...
quae ab
arte
divina producuntur,
et
manet in eis ordo
et directio
intellectus
divini,
sicut
in
re arti,ficiata
manet
directio
artificis
(//.
D., 18,
1, 2,
1).
Au
nom du principe ontologique de
finalit
et
de son
driv, le principe
de l'ordre
des moyens,
l'inclination
naturelle ne peut pas tre radicalement fausse
et futile, la
force
naturelle allant vers
son
objet
propre
ne
peut
pas
errer
radicalement. Bref,
la convenance rciproque
de fait rpond
un ordre
de
droit, a
quia Deus,
qui
est
institutor
naturae,
non subtrahit
rebus
id
quod
est proprium naturis
earum
(S. c. G., 2, 55).
Sans cette
dpendance
mtaphysique
de
Dieu, ce serait
assurment un
cercle vicieux
que
de
dire : la nature, c'est--dire
l'essence propre laquelle
l'tre est
destin,
doit
tre accomplie
dans
sa
perfection
ultime,
donc
les inclinations
et
les
forces
de
la
nature
ne peuvent pas tre vaines. Ce
doit
de
finalit et
d ordre
ne
prend
sa signification mtaphysique
et
son seul sens
scientifiquement dmontrable
que
lorsqu'il
est traduit
dans
la
langue
ontologique
de
la
thologie naturelle
:
Capacitas...
secundum
or-
dinem
potentiae
naturalis,
quae a
Deo
semper
impletur,
qui
dat
unicuique rei secundum suam capacitatem naturalem
(///a, 1, 3, 3).
Debitum enim est unicuique rei naturali ut habeat ea
quae
exigit
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
26/45
L'ide
d'ordre
dans la
philosophie de
saint Thomas 365
sua natura... Hoc autem debitum ex divina sapientia
dependet :
in
quantum
scilicet res naturalis dbet esse
talis
quod
imitetur
pro-
priam
ideam quae
est
in mente
divina
(de Ver., 23, 6, 3).
Contemplons maintenant
l'univers naturel
du point de vue
phnomnologique
de
l'ordre. Les trois
caractristiques
du
phnomne,
diversit gradue, convenance rciproque
et effectivit,
rapparaissent alors comme diversit gradue des formes
naturelles,
unit
des inclinations naturelles et
unit
des forces
naturelles
:
Ex
diversitate formarum sumitur ratio
ordinis
(5.
c.
G.,
3,
97).
Ordo duo
requirit,
scilicet ordinatam distinctionem et com-
municantiam distinctorum ad totum
(in Met.,
12, 12,
n
2637),
bref,
unit entre
diversits.
La
communicantia
ad totum est
constate
phnomnologiquement
dans
l'unit
des inclinations naturelles et
dans
l'unit
des
forces
naturelles.
b) Nous avons parl de
la diversit
des formes. Portons
notre
attention au phnomne des
inclinations
naturelles.
Omne quod
agit, non
agit nisi
intendendo aliquid . Dans les
tres
qui, n'tant
pas
dous
de
connaissance immatrielle, sont inaptes saisir
la
ratio
finis
, cette intention
nihil
aliud
est,
quam
habere naturalem in-
clinationem ad aliquid
(de
Princ.
Nat., opusc. 2, Mandonnet,
pp. 1 1 sq.). L'inclination naturelle
est
identique aux concepts de
dsir, 'd'amour,
de dilection naturelle,
sine
qua,
ad minus,
quid-
quid
fit,
maie
t
(de
Ver.,
23,
7,
8).
A quoi tend donc
cette inclination
naturelle ?
En quel objet
formel
trouve-t-elle le principe de son
unit ? Toute inclination
naturelle tend, de soi, l'tre
et
l'tre mesur par l'ordre.
En raison de
leur
contingence les cratures tendent videmment
au
non-tre,
in
nihilum tendunt (S.
c. G., 2, 30).
Mais en
raison de
leur
origine en Dieu elles
ont, pourtant, et
cela
essentie l lement, un
naturale desiderium essendi
(S.
c. G., 2,
55).
L'inclination naturelle l'tre (59), l'opration et la perfection pro-
(s9>
Resistunt
anihilari
(7a, 103, 3;
5. c.
G.,
1,
42),
intendit perpetuum
esse quantum potest
(/a
II3*, 85, 6).
C'est
le phnomne primaire de
l inclination,
apptit ou amour
naturel.
Cf.
Za IIs*, 26, 1 et
2;
28,
2;
Z/a II3*, 26,
3; /*,
19,
I;
60,
I ;
5. c. G., 2, 55; de Car., 9. L'amour naturel est le principium
motus (/a Z/8*, 26, 2 ; 28, 6) parce
que
id
quod
est
naturale,
in unoquoque
est potissimum
(7a
77ae,
31, 6).
C'est
un
habitus
naturel,
appetitus
for-
mae
(de
Pot., 4, I, 2), qui,
dans l'homme, se
rvle
aussi
comme dsir naturel
ad sciendum omnia quae pertinent ad perfectionem intellectus (Za, 12, 8, 4),
un dsir
naturel
de connatre le
causes.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
27/45
366
mde de
Sila Tarouca
prs
explique
l'aspect dynamique
de
l'univers.
Omne agens,
quodcumque sit, agit quamcumque actionem ex aliquo
amore
(/a
ir, 28,
6).
On comprend ds
lors
pourquoi le mouvement naturel de
l'univers
est
pour ainsi
dire
irrpressible,
presque
explosif.
Ap-
petitus naturalis
statim
procedit
in actum
(S.
c. G.,
2, 83),
s'il
n'est
pas
contrari. Les
tres
naturels
quasi
propria
sponte
(/a,
103,
8),
quodammodo
ipsa
vadunt
(de Ver., 22,
I).
Omne intendit
exire
in
actum
suum
(S.
c.
G., 3, 48). Tout tre
a un apptit naturel de se manifester,
d'agir
sa propre opration
(/a
II , 27, 3; S.
c. G.,
4, 19)(60).
Mais cette
tendance
l'panouissement naturel ne va pas
l'infini, dans le sens ngatif
et imprcis
du
mot,
bien qu'elle
aille
ontologiquement
l'Infini
absolu,
positif
et
rel (61>.
L'univers n'est pas un
chaos,
mais un ordre. Ds lors toutes
ces
tendances
naturelles,
dynamiques
ou
vitales
comme on
les appelle aujourd'hui sont des
tendances dtermines.
Na-
tura
determinatis mediis procedit ad suos efectus
(/a,
71,
I,
1).
Dans un
ordre
tout
est
ordonn.
Cum actio sequatur
naturam rei,
quorumcumque
naturae
sunt ordinatae, oportet
quod etiam actiones
subinvicem ordinentur, sicut patet ( )
in rebus
corporalibus
(/a,
109, 2;
cf.
S. c. G., 3, 97). Comme les
actes
sont mesurs
ou
proportionns, les
inclinations
qui y
tendent sont mesures
leur
tour(62).
Ad
supereminentiam... divinae
bonitatis
pertinet quod
esse,
et
bene esse ordine
quodam distribuit
(S.
c. G.,
3, 95).
L'amour
naturel
est donc proportionn
son objet
(Virt. corn.,
10;
de
Hebd., 2).
Super
communicatione bonorum naturalium
nobis a
Deo
facta fundatur amor
naturalis,
quo
non
solum homo
in sua integritate
naturae super omnia
diligit Deum, et
plus
quam
seipsum, sed
etiam
quaelibet creatura suo
modo,
id est, vel intel-
lectuali,
vel rationali
(63>,
vel
animali,
vel
saltern naturali amore
(//a
//", 26, 3).
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
28/45
L'ide d ordre dans la
philosophie de
saint Thomas
367
Le
simple
fait
d'exprience que
omnem cognitionem
sequitur
appetitiva
operatio
(de
Un.
fidei, 4, pour ne relever qu'un texte
pris
au hasard) trouve
dans la
doctrine de l'inclination naturelle
son
fondement mtaphysique. Mais la doctrine
de l'inclination
naturelle se ramifie
jusque
dans des domaines apparemment
trs
lointains. Un
exemple.
Consensus in
prima
principia... causatur...
ex similitudine
naturae
(64), ex qua
omnes in idem
inclinamur; sicut
omnes
oves consentiunt
in hoc
quod existimant
lupum
inimicum
(Spir.
cr.,
9, 14). La preuve mtaphysique de
la
certitude des
premiers principes
se
fait donc,
sans ptition de
principe,
par
l argument ontologique et final
de
l'ordre. Il revient au
mme de dire
que cette certitude
vient uniquement de
notre
participation
la
lumire de
la
raison
divinitus interius indita
{de Ver.,
11,
1, 13)
et
de
dire
que
consequitur
providentiam
divinam
et
dispositio-
nem . Ex
hoc enim quod res productae
sunt
in tali natura, in
qua
habent
esse
terminatum,
sunt distinctae
a suis
negationibus :
ex qua distinctione sequitur quod
affirmatio et
negatio
non sunt
simul
vera
; et ex
hoc
principio est ncessitas
in
omnibus
aliis
prin-
cipiis
(de Ver., 5, 2,
7).
Au troisime phnomne
de l'ordre,
l'effet qui
se produit
toujours, ou au moins
sicut in pluribus
(/a,
23, 7, 3),
rpond
sur le plan
phnomnologique on
l'a
dj dit la
notion de
la
force
naturelle.
La
virtus
naturalis
(qu'on
se
gardera
de
confondre avec
la vertu morale,
habitus propre aux
tres
intellectuels)
joue
un
trs
grand
rle dans la phnomnologie
de l'ordre
chez
saint
Thomas.
Natura... causae non cognoscitur per
erfec-
tum, nisi
in
quantum per
ipsum cognoscitur virtus
ejus,
quae natu-
ram
consequitur
(5.
c. G.,
3,
69). Les
virtutes naturales
expliquent
les
phnomnes
de
changement
perus par les
sens
(In
Met., 2, 3, n 307). De
l
l'importance
phnomnologique
des
virtutes
naturales
: Virtus
vero naturam
rei
demonstrat
(S.
c.
G.,
2, ]). Virtus
naturae
est signum
completionis naturae
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
29/45
368 Amde de Silva Tarouca
(in
Phys., 7, 6). L'importance de
ce terme
virtus
consiste
en
ce que
les
virtutes activae
in
natura
(// Sent.,
d. 18, 1,2, 1; cf. /%
23,
I ;
105, 5 ;
de
Ver., 22,
2)
constituent le vrai point
de
contact
du
philosophe
avec le phnomne. La
virtus
naturalis est
plus
active que
la puissance, qui
ne se
manifeste pas
immdiatement,
et
elle
est
plus intime
la
nature mme de
la forme que l'acte
extrieur.
Id per quod aliquid
est
in potentia, omnino videtur
esse intrinsecum rei
[de An., 5). Le concept
de
la
force
naturelle
tient
donc le milieu entre
la
puissance
et
l'acte, en tant
qu'elle
est
comprise
communiter
secundum quod
est media inter
essentiam
et
operationem
(/a, 108, 5).
La
virtus naturalis
semble
dsigner
ce concept moyen
entre
la
puissance pure
et l'acte
accompli par
lequel
les
philosophes
cherchent toujours
fixer
le
dynamisme
du
devenir rel.
La
virtus
naturalis
est,
en
effet,
une
notion
de ncessit philosophique ou
virtus essendi
{5.
c. G.,
\, 28). Ce n'est pas
l'acte
premier ni
l'acte
second, mais
la
force
ontologique
de
l'acte second,
considr
comme effet. Par la
vir-
tus
la
cause naturelle meut
et
par la
virtus
de la
cause
l effet prexiste
en
elle
(69).
Les
tres ne
sont
pas
relis
la
Cause
premire seulement
par une
chane de
causes secondes, qui
transmettent
une
virtus
,
qu'elles
ne
possdent
pas.
En
tant
qu'tres
ils sont
relis
immdiatement la
Cause
premire, qui donne chaque tre sa
vir-
tus essendi
.
La
force
naturelle
est
l'effet immdiat de
Dieu
qui
est la cause
de
l'tre, causa
ipsius esse
et
qui, ds
lors,
intime operatur
(/a,
105,
5). Dieu
tient
les tres dans leur
tre.
Puisqu'il n'y a rien
de plus
intime
aux tres
que
leur
tre, puisque
cet tre ne peut pas tre donn par une crature, qui ne le
possde pas, l'action cratrice continue ou, plutt, non suspendue (70)
de
la
Cause premire
est la cause immdiate,
intime
et
seule
suffisante
de
la
virtus
naturalis (71).
<
Cf. J.
SAUTER,
Baader und
Kant, Jena, 1928,
p. 295.
(67>
Le Pre
PEGHAIRE
(op.
cit., p. 79)
dfinit
l'nergie comme l'acte
premier d'un corps physique vivant
.
Cf.
Marchal,
op. cit.,
p.
459.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
30/45
L'ide
d ordre dans
la
philosophie de
saint
Thomas 369
7.
L'anthropologie de l'ordre.
Nous
ne
pouvons
pas
songer
dvelopper
ici
la
doctrine
complte de
saint Thomas
pour
montrer
les points varis
et multiples,
o l'argument
ex ordine
joue
un role
dcisif.
Bornons-nous
la
doctrine de l'homme, l'anthropologie
dans
le sens le plus
large du
mot.
(
L'homme tient
le
milieu entre
les animaux
et
les
esprits
purs
,
selon sa nature (
cum
sit
constitutus
ex spirituali et corpo-
rali
natura
,
5. c. G.,
4,
55)
et
selon son opration naturelle.
( Intellectus noster est
mdius
inter
substantias
intelligibiles et res
corporales...
et
hoc
ideo
quia
per
intellectum
attingit
ad
substantias intelligibiles ;
in quantum
vero est actus corporis, attingit
res
corporales , IV Sent., d. 50, 1, 1). L'homme se trouve donc
in
confinio
ou
in
medio
(72)
entre les animaux et les
esprits purs.
Cette place
moyenne
dans l'ordre
de l'univers
est
naturelle
l'homme.
Il
lui
est
naturel de dominer les essences corporelles
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
31/45
370
Amde de Silva
Tarouca
donc pas dans l'ide
d'une
perfection pure
(77), mais dans l'Etre
de
la Perfection absolue :
Totum universum cum singulis
suis
partibus
ordinatur in
Deum sicut
in
finem,
inquantum in eis
per
quamdam
imitationem
divina
bonitas repraesentatur
(/a,
65,
2).
La reprsentation
de
la
Perfection divine est,
nous
le savons
dj, la
fin ultime
et
extrinsque du cosmos
ad gloriam
Dei
et
sa
fin
ultime
et
intrinsque
propter perfectionem totius (/a, 47,
2, 3). Lorsqu'on dira, par exemple, que l homme, par son me
spirituelle, reprsente
mieux
.
Voir note 25.
Toujours selon l'analogie de proportionnalit. Cf. 7a, 23, 5,
3;
Comp.
Theol,
102.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
32/45
L'ide
d ordre dans
la
philosophie de saint Thomas
371
La perfection de l'homme ne s'arrte
mme
pas ( non sistit )
au
plan
des esprits
purs
; par la connaissance et l'amour
intellectuels
elle peut atteindre
jusqu'au
Principe premier de
la
hirarchie des
tres
(/\
65, 2
;
/a
//",
2,
8,
I ;
de
An.,
7,
11).
L'homme est donc meilleur que
l'univers
;
mais,
d'autre
part,
l'univers
est
meilleur
que
l'homme.
Universum
est perfectius
in
bonitate
quam intellectualis creatura,
extensive
et diffusive ; sed
intensive
et
collective similitudo divinae perfectionis
magis inve-
nitur
in intellectuali
creatura,
quae es capax
summi
boni
(/a, 93,
2, 3 ; cf.
S.
c. G.,
3, 130). Il est vrai que
le
capax
dans
son
sens
raliste ne
relve plus de
la
philosophie,
mais
de
la
thologie
releve
(81).
Pourtant ce
sens-l
n'est pas ncessaire la
validit
de
l'argument. Si
on comprend
le
intensive
et
collective
au sens aristotlicien du
quodammodo omnia , cela
suffit
et doit
suffire
la
justification philosophique de
la
thse :
Deus
vult
hominem
habere rationem ad hoc, quod homo sit ;
vult
autem hominem
esse ad hoc quod completio universi sit ;
vult autem
bonum universi esse,
quia
decet bonitatem ipsius
(5. c. G.,
1,
86).
Un corollaire pratique : l anthropologie tire de
la
philosophie
naturelle du
bonum ordinis
donne un sens ultime
et
intrinsque
la vie humaine,
en vitant l'gosme
spirituel
des
sages
anciens
aussi
bien
que
le
collectivisme
aveugle d'un
naturalisme
brutal.
Selon
la doctrine
de
l'ordre,
le
quodammodo
omnia
, pouss
toujours en
avant par le
progrs
naturel, n'est ni le
privilge de
quelques savants,
ni le rsultat
d'une
ascse inhumaine,
qui
serait
force
de
fuir les
biens naturels pour atteindre aux biens
spirituels
. L'homme est
le
centre
de l'univers
et avec
ses
sens et
avec son intellect, par son corps
et
par son me
(cf. /a, 80, 1 ;
91, 3). Le corps et
l'action
corporelle sont
de
vrais biens en
tant
qu'ils
relvent
de l'tre.
Esse... inquantum hujusmodi bonum est;
nihil
enim agit
inquantum
malum
est
(Je
Pot.,
3,
6)
(82).
C'est
(81> Les
arguments pris, mme indirectement, de la
thologie rvle
(comme
par
exemple celui de
/a II, 5, 5,
2
et 109, 5,
3) ne
touchent
donc
pas
la
valeur dmonstrative de la thse. 11 est bien certain
que
saint Thomas
a
contrl ses conclusions d'aprs la
doctrine
catholique ; mais
sa
philosophie, en tant
que
telle,
reste
autonome et rationnelle
dans
ses principes, ses
mthodes
et ses
arguments. Cf. A.-D. SeRTILLANGES,
Dieu,
d.
Revue
des Jeunes,
tome
I, p. 329.
(82> Cf. /
Sent, d. 8, 5, 2; // Sent., d. 3, I,
1, I ;
5. c. G.,
1,
70 et 28
:
Unumquodque in
se
consideratum nobile
est.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
33/45
372 Amde de
Silva
Tarouca
cette doctrine
de l'ordre
qui assure
le
frappant
quilibre de
l'anthropologie de saint Thomas
(83).
Nous
connaissons
maintenant
la place que
l'homme
occupe
dans la hirarchie des tres. Saint Thomas fait usage
de
la
formule
classique du
Pseudo-Denys
:
Inferior natura in suo
summo
attingit ad
aliquid
infimum
superioris naturae
(de Ver.,
15, 1).
Ou, plus
explicitement
:
Naturae
enim ordinatae ad
invicem
sic
se habent
sicut
corpora contiguata, quorum inferius in sui supremo
tangit
superius in sui infimo
;
unde
et inferior
natura
attingit
sui
supremo
ad
aliquid quod
est proprium
superioris naturae, imper-
fecte
illud
participans
{de Ver.,
16, 1).
Mais
les expressions
dont
se
sert
saint
Thomas
:
secundum
regulam Dionysii
(de Ver.,
14,
1,
9)
ou
et
hoc modo
exponit
Dionysius
(/a, 9, 1,2) ne
doivent
pas nous faire croire que saint
Thomas a suivi
servilement
le Pseudo-Denys.
Il
a transpos cette
doctrine
platonicienne dans le cadre aristotlicien de sa
doctrine
personnelle.
Les
fins
particulires
et
intrinsques des
tres
naturels
ne
sont
pas
seulement
statiquement embotes
,
leur solidarit
ne
se
borne
pas aux relations extrinsques d'agent et
de
patient
(84>.
O
il y
a
relation
de fait,
il doit y avoir relation
de
droit. La
causalit
externe
n'explique,
en
tant
que
telle,
ni
la
structure intime
du
monde, ni
la
causalit
interne
de
1*
inhrence intrinsque
(85).
Saint Thomas accepte aussi la notion du
prius et posterius
(86)
qui gt au fond des concepts de rang, d'ordre
et
de hirarchie.
Enfin, saint Thomas accepte
aussi l'ide
que la mesure
des
degrs de l'tre
dans
l'ordre se prend selon le
magis
et minus
de
la similitude (ou
de
la
dissimilitude) au
regard
de
la
perfection
absolue
(87). Mais
saint
Thomas
corrige le
Pseudo-Denys en deux
(8>>
A titre d'exemples
:
5f>ir.
cr.,
7;
de
An., 10
et
ad
1,
2;
ibid.,
1,
7;
2,
II ;
9, 3 et 6; /\ 75, 6; 77, 1
;
84, 4; 85, 7; 89, 1
;
/ //, 17, 4; S. c. G., 2, 84.
Marchal,
op.
cit., p. 136.
Cf.
C.
PlAT,
L'intellect actif, Paris.
1890,
pp. 41, 82,
166.
Prius et posterius dicitur secundum relationem ad aliquod principium.
Ordo autem includit in
se
aliquem
modum
prioris
et
posterioris.
Unde oportet
quod ubicumque est aliquod principium,
sit
etiam aliquis ordo (//a 7/ae, 26, 2).
Le texte
cit
expose, en quelques mots, le procd scientifique de l'ordre
phnomnal l'ordre noumnal et le retour l'ordre phnomnologique.
Cf. VAN LEEUWEN, op. cit., pp. 311,
470
et passim. Il s'agit de l'c excs-
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
34/45
L'ide
d ordre dans la
philosophie de
saint Thomas
373
points capitaux, dont le second
est la
consquence du
premier.
I. Il limite la
causalit
du attingere et du
participare
l'ordre
de
la finalit.
2.
Il
pure le concept des
spiritus intelligi-
biles
de
tout
idalisme
platonicien,
comme
il
les
a
purifis
aussi
du
monisme
cosmique d'Aristote.
Quelle est la
porte ontologique
du
concept de
la hirarchie
des participations ?
C'est
la
question
dcisive. Ecoutons
saint
Thomas.
In rebus ordinatis tripliciter aliquid esse
contingit,
scilicet
per
proprietatem,
per excessum
et
per participationem
(/a,
108,
5),
ce qui
signifie
par substance ou par
accident
propre, c'est--dire
raison d'une
unit substantielle
; par
inclinaison
naturelle,
c'est-
-dire raison
d'une causalit
finale ; ou enfin par vertu naturelle,
c'est--dire
par une causalit
efficiente. Le premier terme, saint
Thomas
doit
l'exclure sous
peine
de panthisme
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
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374
Amde
de Silva Tarouca
tingue pas
les
ordres
modaux.
Sicut dicitur
principium multipli-
citer...
ita
etiam dicitur ordo
(/a,
42, 3). Il faut
distinguer l'ordre
des relations entre les cratures
et
l'ordre qui relie les cratures
au
Crateur.
Quando
sunt
multae
causae
agentes ordinatae, pos-
sunt
dupliciter considerari
secundum
quod
est
duo invenire in
agente, scilicet ipsum agens quod exercet actionem (ordre des
moyens),
et virtutem
ipsius,
quae est principium
actionis in
ipso .
Dans cet ordre-ci le
prius et
posterius
cesse pour tre
remplac,
ds qu'il s'agit de
la
Cause
premire,
par le
immediate
et
absolute
(/ Sent, d.
12,
1, 3, 4 ; cf. ibid., 37, 1, 1, 4).
Saint Thomas ne nie
donc
nullement
toute causalit des
tres
plus
parfaits
sur les
tres
moins parfaits,
ce
qui constitue
la
raison
formelle
du concept
pseudo-denysien de
la hirarchie
(91>. Mais il
voit
dans
le
fait
que
le
devenir
des
tres
naturels
procde
per
media ,
un
nouveau tmoignage
de
la primaut
de l'activit
cratrice . Saint Thomas exclut, non
de
la hirarchie, en tant
qu'tre,
mais
bien de
la
disposition hirarchique,
en tant que
relation
rciproque, la relation transcendante et
immdiate de
la
crature
au
Crateur.
Dans l'ordre de
la finalit,
seules les
actions des facults
immatrielles sont exclues
de
la hirarchie des
moyens
:
Cum
secundum
ordinem agentium
sive
moventium
sit ordo .finium, necesse
est
quod
ad
ultimum
finem
convertatur
homo
per motionem
primi
moventis, ad
finem
autem
proximum per
motionem alicujus
infe-
riorum moventium
{/a
//ae,
109,
6). Dans
l'ordre de
la
causalit, cependant,
toutes
les actions
effectives
de l'tre, en
tant
qu'tre, sont exclues de
l'enchanement hirarchique
des causes
secondaires ou
intermdiaires
:
Duplex ordo
considerari
potest
inter creaturam et Deum.
Unus
quidem
secundum
quod
creaturae
causantur a Deo,
et
dependent ab ipso sicut a principio sui esse
:
("'
In
omnibus
naturis ordinat9 invenitur
quod
ad
perfectionem
naturae
inferioris duo
concurrunt
:
unum quidem
quod est secundum proprium
motum
(ce
qui garantit,
d'un seul coup, et la diversit des
tres
et la Causalit
immdiate de Dieu) ; aliud
autem
quod est secundum
motum
superioris naturae
(//a //ae^ 2,
3).
Imperfecta a
perfectis
sumunt originem
(S. c. G., 2, 15),
quod est maximum in unoquoque gnre, est causa aliorum quae sunt in illo
gnre
(ibid.,
1,
39).
Cf. aussi
de
Ver.,
22, 5;
/a,
79, 4; /a
//ae,
93, 2; de Spe,
3.
(92)
Cf.
Spir. cr., 10, 16; /a, 103,
6.
Ainsi est sauve la causalit
seconde,
et
le disme conjur (5. c.
G., 3,
77); descendit ad
minima (/a, 8,
1,
3; 22,
2 et 3; 5. c. G., 3, 75, 76).
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
36/45
L'ide d ordre dans
la
philosophie de saint Thomas 375
et sic propter infinitatem suae virtutis
Deus immediate
attingit
quam-
libet rem, causando
et conservando
: et ad
hoc
pertinet quod
Deus
immediate
est
in omnibus
per
essentiam, praesentiam et potentiam.
Alius
autem ordo
est,
secundum
quod
res
reducuntur
in
Deum
sicut
in
finem : et
quantum
ad
hoc
invenitur medium inter creaturam et
Deum
(///% 6, I, 1)(93).
Saint Thomas vite donc,
dans
son concept
de
la hirarchie,
le panthisme de l'unit
substantielle entre
les
tres divers, Yida-
lisme
platonicien,
selon lequel une ide pure
doit intervenir
pour mettre le monde extramental en contact avec l'intellect
humain, et
le
panenthisme, qui
imagine
que la
Virtus
divina
elle-mme (94) doit
suivre les oppositions
et
les
synthses
successives
de
la
hirarchie. Ainsi la
conception
thocentrique
de
l'univers,
fonde dans
la
doctrine de
l'ordre
de saint Thomas,
corrige
et synthtise les trois formes
typiques de l'unit
anthropocentrique que
connat l'histoire de la philosophie : Dmocrite, Py-
thagore et Heraclite
pour
l'antiquit, Siger
de Brabant, le
Pseudo-
Denys
et
Averros au temps
de
saint Thomas, Spinoza,
Kant
et
Hegel dans le
lointain
avenir.
Au
concept de
la
hirarchie, ainsi dtermin,
doit
s accommoder le concept philosophique
que
saint Thomas
a conu
des
esprits purs.
L'anglologie
philosophique
de
saint
Thomas
prend
racine dans la tradition
aristotlicienne
et platonicienne, mais elle
corrige,
dpasse et
unit
les
deux
courants de cette tradition par
la
doctrine
de
l'ordre.
Par les
consquences que
sa
thorie
philosophique de l'ordre
a
entranes dans l'anglologie, saint Thomas n'a
pas
hsit se
mettre en opposition
avec
des
coles
thologiques influentes de
son temps .
C'est par des considrations
strictement
philosophiques que
saint Thomas rfute, dans l'opuscule
de
Substantiis
separatis,
d-
< >
Cf.
de Ver., 5,
1, 9.
-
7/25/2019 Silva Tarouca, L'ide d'ordre dans la philosophie de saint Thomas
37/45
376 Amde
de Silva Tarouca
die son
cher confrre Reginald
de Piperno,
des opinions
courantes
sur
les
esprits purs.
C'est encore par des raisons
purement
philosophiques qu'il
dduit
cette
tonnante
psychologie
des
anges
(voir
avant
tout
/a,
54-60) dont
l'importance
pour
l'anthropologie
a
t trop mconnue.
Enfin
ce sont
de
nouveau des considrations purement
rationnelles qui
amnent le Philosophe de l Ordre
incorporer
la
science rationnelle le concept d'esprits purs, non, certes, comme
un fait connu empiriquement, mais comme une possibilit
logiquement exige par le principe
de
l'ordre :
Talis
enim
videtur
esse
universi
perfectio, ut non
desit ei aliqua natura
quam possi-
bilis
est
esse
(Spir. cr., 5, 8 ;
Subst.
sep., 10 ; Comp. theol.,
77,
78).
L'ide
d'esprits
purs
se recommandait
saint
Thomas
sous
les trois aspects qui caractrisent
l'ordre
: diversit gradue,
inclination
une perfection suprieure
et
causalit par causes
moyennes. (Voir
les
indications dans
/// Sent.,
d.
1, 1, 2, 2
;
S.
c. G.,
2, 46 ; 3, 80 ;
de Caus.,
30 ;
de
Ver., 8, 15 ; /\ 84, 3, 1 ;
115, 6, 1,
et /a, 108).
Ajoutons cela le double
parallle qui
s'imposait un
esprit
mdival : corps clestes-anges ; corps
terrestres-
mes
humaines
(96). Ce
paralllisme reprsente
srement
plus qu'une
manuductio
si on le considre
la
lumire de ce texte :
Cum
actio sequatur motum
rei,
quorumcumque naturae
sunt
ordinatae,
oportet
quod
etiam
actiones subinvicem
ordinentuv))
(/a,
109,
2;
cf.
S. c. G., 3,
97).
Cette
doctrine
sur
la
place
que
l'homme
occupe
dans
la
hirarchie de l'univers
fournit notamment
saint
Thomas
le
fondement de sa morale
et
le
fondement
de sa mthodologie
scientif ique .
Anima humana a
est
in confinio corporalium
et
separatarum
substantiarum constituta {de An., 1).