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Direction de la communication Tél. : 05 59 46 60 40 Courriel : [email protected] Le 10 septembre 2015 DOSSIER DE PRESSE ROLAND BARTHES À BAYONNE 1915-2015 « IL N’EST PAYS QUE DE L’ENFANCE » BAYONNE REND HOMMAGE A ROLAND BARTHES : Une série d’événements proposés du 15 au 27 septembre 2015 Avec les interventions d’Agnès Jaoui, Florence Delay, Francis Marmande, Marie Darrieussecq, Michel Portal, Bernard Marcadé, Pascal Convert… À l’occasion du centenaire de la naissance de Roland Barthes (1915-1980), la Ville de Bayonne, La Petite Escalère-Jardin de sculptures et l’Université de Pau et des Pays de l’Adour s’associent pour proposer une série d’évènements, du 15 au 27 septembre, en hommage au grand intellectuel, essayiste et critique du vingtième siècle que fut Roland Barthes. Ayant passé une partie de son enfance à Bayonne, enterré à Urt, Roland Barthes est une figure du Sud Ouest et l’œuvre de cet intellectuel brillant, qui fut aussi un écrivain de la nostalgie, des odeurs, et des rêveries utopiques autour du souvenir est fortement imprégnée par son enfance et sa jeunesse au Pays Basque. Bayonne, qui ouvre le célèbre livre autobiographique "Roland Barthes par Roland Barthes", se devait de lui consacrer un hommage alternant rencontres, expositions, débats publics et projections cinématographiques. La Ville de Bayonne a décidé de renommer le mail Chaho-Pelletier, qui devient « L’esplanade Roland Barthes (1915 - 1980), écrivain et Sémiologue ». L’inauguration aura lieu le 22 septembre. La Ville organise, sous la direction de Pierre Vilar, en association avec La Petite Escalère, un colloque, Le Goût de Roland Barthes qui réunira tables-rondes et dialogues publics à Bayonne et le long de l’Adour entre le 25 et le 27 septembre 2015, sous les présidences de Florence Delay, Francis Marmande, Marie Darrieussecq et Bernard Marcadé.

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Direction de la communication Tél. : 05 59 46 60 40 Courriel : [email protected] Le 10 septembre 2015

DDOOSSSSIIEERR DDEE PPRREESSSSEE

ROLAND BARTHES À BAYONNE 1915-2015

« IL N’EST PAYS QUE DE L’ENFANCE »

BAYONNE REND HOMMAGE A ROLAND BARTHES : Une série d’événements proposés du 15 au 27 septembre 2015

Avec les interventions d’Agnès Jaoui, Florence Delay, Francis Marmande, Marie Darrieussecq, Michel Portal, Bernard Marcadé, Pascal Convert…

À l’occasion du centenaire de la naissance de Roland Barthes (1915-1980), la Ville de Bayonne, La Petite Escalère-Jardin de sculptures et l’Université de Pau et des Pays de l’Adour s’associent pour proposer une série d’évènements, du 15 au 27 septembre, en hommage au grand intellectuel, essayiste et critique du vingtième siècle que fut Roland Barthes.

Ayant passé une partie de son enfance à Bayonne, enterré à Urt, Roland Barthes est une figure du Sud Ouest et l’œuvre de cet intellectuel brillant, qui fut aussi un écrivain de la nostalgie, des odeurs, et des rêveries utopiques autour du souvenir est fortement imprégnée par son enfance et sa jeunesse au Pays Basque. Bayonne, qui ouvre le célèbre livre autobiographique "Roland Barthes par Roland Barthes", se devait de lui consacrer un hommage alternant rencontres, expositions, débats publics et projections cinématographiques. La Ville de Bayonne a décidé de renommer le mail Chaho-Pelletier, qui devient « L’esplanade Roland Barthes (1915 - 1980), écrivain et Sémiologue ». L’inauguration aura lieu le 22 septembre. La Ville organise, sous la direction de Pierre Vilar, en association avec La Petite Escalère, un colloque, Le Goût de Roland Barthes qui réunira tables-rondes et dialogues publics à Bayonne et le long de l’Adour entre le 25 et le 27 septembre 2015, sous les présidences de Florence Delay, Francis Marmande, Marie Darrieussecq et Bernard Marcadé.

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Deux spectacles y seront associés le samedi 26 : « Agnès Jaoui lit Roland Barthes » au Théâtre de Bayonne, et le dimanche 27 au soir : « Michel Portal en dialogue-improvisation avec Francis Marmande », à La Petite Escalère, La Machine à Lire. Dès le 15 septembre, une série d’événements est proposée dans la ville, en collaboration avec les différentes institutions. Le musée Bonnat-Helleu ouvrira exceptionnellement ses portes, sur réservation, pour un dialogue avec Stéphane Guégan, conservateur au Musée d’Orsay, à propos de Roland Barthes, le goût du XIXème siècle et de la peinture. Une rencontre avec l’artiste Pascal Convert sera organisée à la médiathèque, pour présenter l’ouvrage de Didier Arnaudet Pascal Convert, Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest, aux éditions Confluences. A l’automne, La Petite Escalère accueillera une résidence de création autour de Roland Barthes. L’ambition de ces célébrations est de proposer à un large public une rencontre avec un intellectuel brillant qui fut aussi un écrivain de la nostalgie, des odeurs, et des rêveries utopiques autour du souvenir. Dans cette œuvre, en effet, l’enfance, la jeunesse et Bayonne ont joué un rôle déterminant, et la dimension théorique de ces écrits ne peut pas être abordée sans prendre en compte sous ses diverses formes le goût de Roland Barthes et son horizon bordé par l’Adour.

Cette commémoration s’inscrit aussi dans le programme coordonné par le Frac Aquitaine* et dans les célébrations nationales proposées autour de la figure de l’écrivain en 2015.

Suivez la programmation du Frac Aquitaine sur Facebook : « Centenaire de Roland Barthes en Aquitaine », et sur le site dédié : http://www.roland-barthes.org. Contact presse Frac Aquitaine : [email protected]

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LE PROGRAMME

LES LIEUX RETENUS : Place de la Liberté ; médiathèque centre-ville ; musée Bonnat-Helleu, musée des beaux-arts de Bayonne, Bibliothèque universitaire Florence Delay, Campus de la Nive ; cinémas L’Autre Cinéma et L’Atalante ; Théâtre de Bayonne ; Hôtel de Ville et La Petite Escalère-Jardin de sculptures.

du 13 au 27 septembre EXPOSITION « Il n’est pays que de l’enfance » Place de la Liberté Une plongée dans l’univers personnel et littéraire de Roland Barthes à travers une présentation inédite alliant images bayonnaises du début du XXème siècle et extraits d’œuvres. Renseignements : bayonne.fr / Direction de la Culture et du Patrimoine, 05 59 46 61 59 du 12 septembre au 3 octobre EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE « Barthes, toujours vivant ! » Médiathèque centre-ville En lien avec la Biennale de l'École d'Art de l'agglomération Côte basque - Adour, carte blanche est donnée aux élèves photographes de l'école. Ces jeunes artistes ancrés dans le XXIème siècle se confrontent aux mots de Barthes, toujours d'actualité. « L’image fige une infinité de possibles ; la parole fixe un seul certain. » Des ouvrages rares, exemplaires originaux, lettres, dédicaces issus des collections de la médiathèque complètent cette exposition inscrite au programme des célébrations Roland Barthes, "Il n'est pays que de l'enfance". Entrée libre et gratuite aux heures d'ouverture Renseignements : mediatheque.bayonne.fr / 05 59 59 17 13 mardi 15 septembre à 18h30 SOIRÉE D’OUVERTURE Roland Barthes à Bayonne Médiathèque centre-ville

- 18h30 : Vernissage de l’exposition « Barthes, toujours vivant ! ».

- 19h30 : « La forme d’une ville », conférence de Pierre Vilar, Maître de conférences à l’UPPA Bayonne.

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La ville de Bayonne, sa configuration et la juste distance qui convient pour faire sens (et regarder ailleurs) apparaissent comme une préoccupation constante de l’écriture personnelle et critique de Barthes. Entrée libre Renseignements : mediatheque.bayonne.fr / 05 59 59 17 13 du 17 septembre au 12 novembre EXPOSITION « Ouvrir l'œil et les livres : à travers La Chambre claire, les photographes de Roland Barthes ». Bibliothèque universitaire Florence Delay, Campus de la Nive Découvrir dans une trentaine de livres les photographes et les photographies à partir desquels Roland Barthes construit dans La Chambre claire sa vision critique de l'image photographique. Faire dialoguer les images proposées avec le texte de Roland Barthes. Les étudiants de l'université sont invités, durant le temps de l'exposition, à proposer une ou des photographies réalisées en résonance avec le texte de Roland Barthes ou avec le travail d'un photographe exposé. Ces photographies des étudiants seront exposées dans le tunnel. qui devra être tapissé de photos originales d’ici au 12 novembre 2015. Entrée libre aux horaires d'ouverture de la BU bibliotheques.univ-pau.fr Renseignements : [email protected] / 05 59 57 41 40 mardi 22 septembre .17h INAUGURATION DE L’ESPLANADE ROLAND BARTHES Le mail Chaho-Pelletier devient « L’esplanade Roland Barthes (1915 - 1980), écrivain et Sémiologue ». .20h30 CINÉMA Roland Barthes et le cinéma Carte blanche à Francis Marmande Cinéma L’Autre Cinéma Un second souffle France - 95 min - 1978 - Réalisé par Gérard Blain, Avec Robert Stack, Anicée Alvina, Sophie Desmarets, Mareike Carrière, Frédéric Meisner, César Chauveau, Annie Kovacs. François Davis, un quinquagénaire, a quitté sa femme et son enfant pour vivre avec Catherine, de 30 ans sa cadette. Plusieurs événements tragiques vont pousser François à se remettre en question...

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Projection suivie d’une rencontre autour de Roland Barthes et le cinéma. Roland Barthes a salué dans le cinéma de Gérard Blain « un art à la fois franc et elliptique, retors (puisqu’il ne dit rien) et sensible, puisqu’il met en scène un désir : œuvre finalement énigmatique, hors de toutes les avant-gardes et qui, pourtant, en réunit tranquillement, sans le dire jamais, toutes les virtuosités. » Renseignements : atalante-cinema.org / 05 59 55 76 63 jeudi 24 septembre à 19h CINÉMA « La grande lumière du Sud-Ouest » Cinéma L’Atalante

• 19h : Rencontre avec Pascal Convert et Didier Arnaudet, à l’occasion de la parution de l’ouvrage de Didier Arnaudet, Pascal Convert, Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest aux éditions Confluences. Le texte de Roland Barthes, publié en 1977 dans le journal L’Humanité, « La lumière du Sud-Ouest », donne son titre à cet essai sur la trajectoire de l’artiste Pascal Convert, qui s’accompagne d’un grand nombre d’images.

• 20h30 : Projection de Barthes, suivie d’une rencontre avec les

réalisateurs. (France, 50 min, 2015)

Un film de Bernard Marcadé, Vincent Gérard, Cédric Laty et Camille Zéhenne. Production, Lamplighter Films. Coproduction, La Petite Escalère et La Machine à Lire. Avec le soutien d’agnès b.

Renseignements : atalante-cinema.org / 05 59 55 76 63 vendredi 25 septembre à 18h CONFÉRENCE-DÉBAT « Roland Barthes face au XIXe siècle : amours et détestations » Patio du musée Bonnat-Helleu, musée des beaux-arts de Bayonne Dialogue avec Stéphane Guégan, conservateur au musée d’Orsay, Sophie Harent, directeur du musée Bonnat-Helleu, et Pierre Vilar, maître de conférences à l’UPPA-Bayonne. Le XIXe siècle a exercé sur Roland Barthes une influence importante, même si elle fut parfois diffuse et en partie inavouée. Les trois intervenants évoqueront ce rapport ambivalent de l’écrivain avec l’art et la littérature du XIXe siècle, entre fascination, plaisir et rejet. Le musée Bonnat-Helleu et ses collections, la lecture barthésienne de Michelet, Balzac ou Flaubert, permettront d’interroger l’esthétique contemporaine de Roland Barthes. Sur réservation préalable (jauge limitée à 100 personnes) : 05 59 46 63 60 ou [email protected] mbh.bayonne.fr https://fr-fr.facebook.com/mbh.bayonne

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samedi 26 et dimanche 27 septembre

RENCONTRES « LE GOÛT DE ROLAND BARTHES »

Entrée libre et gratuite Tables-rondes, lectures et dialogues publics à Bayonne et le long de l’Adour. Sous les présidences de Florence Delay, Francis Marmande, Marie Darrieussecq et Bernard Marcadé. Direction et coordination Pierre Vilar, Maître de conférences à l’UPPA-Bayonne, en association avec La Petite Escalère. Par ses écrits qui parcourent trente-cinq ans d’écriture, la diversité de ses objets d’étude, par la subtilité de ses analyses et l’exigence continue de son écriture, Roland Barthes nous est toujours présent, nous reconnaissons dans son œuvre aujourd’hui une interrogation inquiète, jamais systématique, de ce qui fait notre rapport au monde des signes, aux signes du monde, ce qui forme le goût de vivre et de penser. Le goût nous servira de fil conducteur pour une présentation de cette œuvre, à destination du grand public. Écrivains, critiques, témoins viendront à Bayonne rendre compte du goût qu’ils ont de Roland Barthes, et du goût que lui-même avait de multiples objets. samedi 26/09 . 10h-12h30 « Le Goût de Roland Barthes » Théâtre de Bayonne Présidence : Florence Delay, de l’Académie française, écrivain, universitaire Intervenants :

• Eric Marty, écrivain, universitaire, éditeur des Œuvres complètes de Roland Barthes • Thomas Clerc, écrivain, universitaire • Claude Coste, universitaire

. 14h30-17h « Le Goût de Roland Barthes » Théâtre de Bayonne Présidence : Francis Marmande, écrivain, universitaire, chroniqueur au journal Le Monde Intervenants :

• Tiphaine Samoyault, écrivain, critique, universitaire • Christophe Bident, écrivain, critique, universitaire • Colette Fellous, écrivain, critique, éditrice, productrice à France Culture

. 18h Rencontre-signature avec les écrivains présents Médiathèque centre-ville À l’occasion du colloque « Le Goût de Roland Barthes », les écrivains et critiques présents feront une lecture de leurs pages préférées de Roland Barthes et rencontreront leur public et autour d’une signature de leurs ouvrages. En partenariat avec la librairie Elkar. Rencontre présentée par Pierre Vilar.

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Avec Florence Delay, Marie Darrieussecq, Francis Marmande, Bernard Marcadé, ainsi que Christophe Bident, Thomas Clerc, Claude Coste, Colette Fellous, Marie Gil, Jacques Lecarme, Eric Marty, Tiphaine Samoyault… . 20h30 Spectacle « Agnès Jaoui lit Roland Barthes » Théâtre de Bayonne Une lecture mise en scène et animée par Pierre Vilar, maître de conférences en Littérature française des XIXème et XXème siècle et Histoire de l’art, UPPA Bayonne. Tarif unique : 10 € Réservations et renseignements : scenenationale.fr / 05 59 55 85 05. dimanche 27/09 . 10h-12h30 « Roland Barthes et le goût du Sud Ouest » Grand Salon de l’Hôtel de Ville Présidence : Marie Darrieussecq, écrivain Intervenants :

• Michel Salzedo, frère de Roland Barthes, universitaire • Marie Gil, écrivain, critique • Francis Marmande, écrivain, universitaire, chroniqueur au journal Le Monde • Jacques Lecarme, critique, universitaire

.A partir de 14h30 La Petite Escalère Le jardin de sculptures privé de La Petite Escalère, situé sur les bords de l’Adour, ouvre ses portes et sa collection pour une après-midi autour de Roland Barthes. Réservation préalable dans la limite des places disponibles : [email protected] / 09 51 63 77 56 / lpe-jardin.org .16h-18h30 « Roland Barthes et les arts » Présidence : Bernard Marcadé, critique d’art, commissaire d'exposition Intervenants :

• Anne Bonnin, critique d’art, commissaire d’expositions, résidente à La Petite Escalère à l’automne 2015

• Camille Zéhenne, chercheur, artiste plasticienne • Pascal Convert, artiste plasticien • Jérémie Bennequin, artiste plasticien, résident à La Petite Escalère à l’automne 2015.

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. 20h-21h « Être musicien ». Dialogue-improvisation entre le compositeur et musicien Michel Portal et l’écrivain Francis Marmande. Réservations obligatoires et renseignements : [email protected] / 09 51 63 77 56. lpe–jardin.org

Vente des œuvres de Roland Barthes et des ouvrages des intervenants

par la Librairie Elkar à l’occasion des différentes tables-rondes 14 et 15 novembre Roland Barthes et Urt Commémorations proposées par la Ville d’Urt Roland Barthes est né le 12 novembre 1915. Familier des longs séjours à Urt dans sa maison de vacances et de travail, à laquelle il était particulièrement attaché, il repose au cimetière d’Urt, aux côtés de sa mère Henriette Barthes. À l’occasion de son centenaire, la municipalité d’Urt propose deux jours de rencontre et de célébrations, les 14 et 15 novembre : exposition inédite à la mairie d’Urt, itinéraires - spectacles proposés par Beñat Achiary dans les maisons de la ville, conférence d’Eric Marty, écrivain et critique, ami de Roland Barthes et éditeur de ses œuvres complètes, en présence de Michel Salzedo.

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LES INTERVENANTS Christophe Bident, Anne Bonnin, Thomas Clerc, Pascal Convert, Claude Coste, Marie Darrieussecq, Florence Delay, Colette Fellous, Marie Gil, Jacques Lecarme, Bernard Marcadé, Francis Marmande, Eric Marty, Magali Nachtergael, Michel Salzedo, Tiphaine Samoyault, Pierre Vilar.

Christophe Bident : Professeur des Universités, Université de Picardie, auteur notamment de Le Geste théâtral de Roland Barthes, Paris, Hermann, 2012. Anne Bonnin : Critique d’art, Commissaire d’expositions, Directrice de la Biennale de Rennes, en résidence à Kyoto en 2014 sur un projet Roland Barthes – L’empire des signes. Thomas Clerc : Maitre de Conférences à l’Université Paris-Ouest, écrivain (L’homme qui tua Roland Barthes, Paris, Gallimard, 2010) et essayiste (Intérieur, Paris, Gallimard, 2013), performeur et chroniqueur (France Culture). Pascal Convert, Plasticien. Claude Coste : Professeur des Universités, Université de Grenoble, auteur notamment de Bêtise de Barthes, Paris, Klincksieck, 2011, de l’anthologie Roland Barthes, Paris, Points/Seuil, 2010, éditeur des cours de Roland Barthes, animateur du séminaire Roland Barthes. Marie Darrieussecq : Ecrivain, psychanalyste, traductrice, universitaire (membre du Conseil Stratégique de la Recherche, Ministère de la Recherche). Florence Delay : Professeur émérite des Universités, Université de la Sorbonne nouvelle, écrivain, de l’Académie Française, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite, commandeur des Arts et des Lettres. Colette Fellous : Ecrivain (notamment sur Roland Barthes La préparation de la vie, Paris, Gallimard, 2014), productrice à France Culture de l’émission Carnets Nomades, éditrice au Mercure de France Marie Gil : Critique (Roland Barthes, au lieu de la vie, Paris, Flammarion, 2012), essayiste, chercheur, directrice de programme au Collège international de philosophie.

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Jacques Lecarme : Professeur émérite des Universités, Université de la Sorbonne nouvelle, critique. Eric Marty : Professeur des Universités, Université Sorbonne Paris Cités – Denis Diderot, membre de l’Institut Universitaire de France, éditeur des Œuvres Complètes de Roland Barthes au Seuil, écrivain et critique (notamment Roland Barthes Le métier d’écrire, Paris, Seuil, 2006 et Roland Barthes, La littérature et le droit à la mort, Paris, Seuil, 2010), commissaire de l’exposition Barthes à la BNF. Francis Marmande : Professeur émérite des Universités, Université Sorbonne Paris Cités – Denis Diderot, critique littéraire, musical et tauromachique au Monde, essayiste, écrivain. Magali Nachtergael : Maître de Conférences à l’Université Paris 13 Nord Sorbonne Paris Cité, critique d’art, commissaire d’expositions. Michel Salzedo, demi-frère de Roland Barthes. Tiphaine Samoyault : Professeur des Universités, Université de la Sorbonne nouvelle, critique, essayiste (Roland Barthes, biographie, Paris, Seuil, 2015), écrivain.

UPPA – UFR BAYONNE Pierre Vilar 06 42 74 62 71 [email protected] www.univ-pau.fr LA PETITE ESCALÈRE / Jardin de sculptures 09 51 63 77 56 [email protected] lpe-jardin.org VILLE DE BAYONNE / Direction de la Culture et du Patrimoine 05 59 46 61 59 [email protected] bayonne.fr

Plus d’informations : Relations presse de la Ville de Bayonne

[email protected] - 05 59 46 63 01

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À l’occasion des célébrations du centenaire de l’écrivain (1915-1980), la Ville de Bayonne s’associe à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et au jardin de sculptures La Petite Escalère, pour proposer une série d’évènements destinés à célébrer ce grand intellectuel, essayiste et critique du XXe siècle que fut Roland Barthes.

Né à Cherbourg, l’écrivain a toujours tenu Bayonne et Urt pour « son pays », pays d’enfance et d’adolescence qu’il ne quittera guère entre 1916 et 1924, puis séjour de vacances jusqu’à ses derniers jours. Son hommage à la ville de Bayonne ouvre le célèbre livre autobiographique Roland Barthes par Roland Barthes : « Bayonne, Bayonne, ville parfaite : fluviale, aérée d’entours sonores (Mousserolles, Marracq, Lachepaillet, Beyris), et cependant ville enfermée, ville romanesque ».

Avec cette commémoration, la Ville et ses partenaires souhaitent proposer à un large public une rencontre avec un intellectuel brillant qui fut aussi un écrivain de la nostalgie, des odeurs, et des rêveries utopiques autour du souvenir. Dans cette œuvre, l’enfance, la jeunesse et Bayonne ont joué un rôle déterminant, et la dimension théorique de ces écrits ne peut pas être abordée sans prendre en compte sous ses diverses formes le goût de Roland Barthes et son horizon bordé par l’Adour.

Plongez dans l’univers personnel et littéraire de Roland Barthes à travers cette exposition inédite alliant images bayonnaises du début de XXe siècle et extraits d’œuvres.

Roland Barthes

à Bayonne

© Ferdinando Scianna, Paris 1977

ConCeption pierre Vilar - Uppa // DireCtion De la CUltUre et DU patrimoine - Ville De Bayonne

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« Une vie : études, maladies, nomi nations. Et le reste ? Les rencontres, les amitiés, les amours, les voyages, les lectures, les plaisirs, les peurs, les croyances, les jouissances, les bonheurs, les indignations, les détresses : en un mot : les reten-tissements ? – Dans le texte – mais non dans l’œuvre. »

Roland Barthes par Roland Barthes, éditions du Seuil, 1975.

12 nov. 1915 : né à Cherbourg, de Louis Barthes, enseigne de vaisseau, et de Henriette Binger.

26 oct. 1916 : mort de Louis Barthes, dans un combat naval, en mer du Nord.

1916-1924 : enfance à Bayonne. Petites classes au lycée de cette ville.

1924 : installation à Paris, rue Mazarine et rue Jacques-Callot. Dès lors, toutes les vacances scolaires à Bayonne, chez les grands-parents Barthes.

1924-1930 : scolarité aux lycées Montaigne et Louis-le-Grand à Paris.

10 mai 1934 : hémoptysie. Lésion du poumon gauche.

1934-1935 : en cure libre dans les Pyrénées, à Bedous, dans la vallée d’Aspe.

1935-1939 : Sorbonne, licence de lettres classiques. Fondation du Groupe de théâtre antique.

1963 Sur Racine, Éd. du Seuil, « Pierres vives ».

1964 Essais critiques au Seuil dans la collection de la revue «Tel Quel». La Tour Eiffel avec des photographies d’André Martin, chez Delpire.Séminaire sur la rhétorique.

1965 Publication de Éléments de sémiologie (Seuil), réédition en poche du Degré zéro de l’écriture.

1966 Polémique avec Raymond Picard à propos de son « Sur Racine : critique et vérité » (Seuil).Premier séjour au Japon du 2 mai au 2 juin.Prend part à la fondation de La Quinzaine littéraire par Maurice Nadeau.

1967 Système de la mode (Seuil).Deuxième séjour au Japon du 5 mars au 5 avril.

1968 Troisième séjour au Japon (du 18 décembre 1967 au 10 janvier 1968).Séminaire sur Sarrasine de Balzac.

1969 Maroc à la rentrée de septembre, enseigne à l’université de Rabat, pendant un an.

1970 S/Z (Seuil), sur Balzac, et L’Empire des signes chez Skira, sur le Japon.

1971 Sade, Fourier et Loyola (Seuil).

1973 Le Plaisir du texte (Seuil). Achat d’une machine à écrire électrique.

par lui-même

Barthes

par ses livres1937 : exempté du service militaire. Lecteur pendant l’été à Debreczen (Hongrie).

1938 : voyage en Grèce avec le Groupe de théâtre antique.

1939-1940 : professeur de 4e et 3e (délégué rectoral) au nouveau lycée de Biarritz.

octobre 1941 : rechute de tuberculose pulmonaire.

1942 : premier séjour au Sanatorium des Étudiants, à Saint-Hilaire-Du-Touvet, dans l’Isère.

1943-1945 : rechute au poumon droit et second séjour au Sanatorium des Étudiants. Cure de silence, cure de déclive, etc. En sana, quelques mois de P.C.B., dans l’intention de faire de la médecine psychiatrique. Pendant la cure, rechute.

1946-1947 : en convalescence à Paris.

1948-1949 : aide-bibliothécaire, puis professeur à l’Institut français de Bucarest et lecteur à l’université de cette ville.

1949-1950 : Lecteur à l’université d’Alexandrie (Égypte).

1952-1954 : stagiaire de recherches au C.N.R.S. (lexicologie). Le Degré zéro de l’écriture, Paris, Éd. du Seuil, « Pierres vives », 1953. Michelet par lui-même, Paris, Éd. du Seuil, « Écrivains de toujours », 1954.

1955-1959 : Attaché de recherches au C.N.R.S. (sociologie). Mythologies, Paris, Éd. du Seuil, « Pierres vives », 1957.

1960-1962 : Chef de travaux à la VIe section de l’École pratique des Hautes Études, Sciences économiques et sociales.

1962 : Directeur d’études à l’École pratique des Hautes Études (« Sociologie des signes, symboles et représentations »).

1974 L’Arc, n° spécial Barthes. En Chine du 11 avril au 4 mai, avec Philippe Sollers, Julia Kristeva, François Wahl.

1975 Roland Barthes par Roland Barthes (Seuil). Séminaire sur « le discours amoureux ».

1976 Professeur au Collège de France, chaire de « sémiologie littéraire ».

1977 Fragments d’un discours amoureux (Seuil).

7 janvier 1977 : leçon inaugurale au Collège de France, publiée en 1978 sous le titre Leçon (Seuil).

Cours : « Comment vivre ensemble : simulations romanesques de quelques espaces quotidiens. »

En juin colloque Prétexte : Roland Barthes, sous la direction d’Antoine Compagnon.

Mort de sa mère le 25 octobre 1977.

1978 19 octobre, conférence au Collège de France

« Longtemps je me suis couché de bonne heure » et cours sur « Le Neutre ». Chroniques pour Le Nouvel Observateur.

1979 Sollers écrivain (Seuil). Cours sur « La préparation du roman ».

1980 La Chambre claire : note sur la photographie (Gallimard-Seuil).

25 février 1980 : accident devant le Collège de France, renversé par une camionnette il est hospitalisé, et meurt le 26 mars.

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Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest, noble et subtile tout à la fois; jamais grise, jamais basse (même lorsque le soleil ne luit pas), c’est une lumière-espace, définie moins par les couleurs dont elle affecte les choses (comme dans l’autre Midi) que par la qualité éminemment habitable qu’elle donne à la terre. Je ne trouve pas d’autre moyen que de dire : c’est une lumière lumineuse. Il faut la voir, cette lumière (je dirais presque : l’entendre, tant elle est musicale), à l’automne, qui est la saison souveraine de ce pays; liquide, rayonnante, déchirante puisque c’est la dernière belle lumière de l’année, illuminant chaque chose dans sa différence (le Sud-Ouest est le pays des microclimats), elle préserve ce pays de toute vulgarité, de toute grégarité, le rend impropre au tourisme facile et révèle son aristocratie profonde (ce n’est pas une question de classe mais de caractère). À dire cela d’une façon aussi élogieuse, sans doute un scrupule me prend : n’y a-t-il jamais de moments ingrats, dans ce temps du Sud-Ouest ? Certes, mais pour moi, ce ne sont pas les moments de pluie ou d’orage (pourtant fréquents); ce ne sont même pas les moments où le ciel est gris; les accidents de la lumière, ici, me semble-t-il, n’engendrent aucun spleen; ils n’affectent pas l’« âme », mais seulement le corps, parfois empoissé d’humidité, saoulé de chlorophylle, ou alangui, exténué par le vent d’Espagne qui fait les Pyrénées toutes proches et violettes : sentiment ambigu, dont la fatigue a finalement quelque chose de délicieux, comme il arrive chaque fois que c’est mon corps (et non mon regard) qui est troublé.

« La Lumière du Sud-Ouest » (1977), Incidents, éditions du Seuil, 2002.

la grande lumière du Sud-Ouest…

© Ville de Bayonne

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“1916-1924Veuve, ma mère se retire à Bayonne, ville où habitent mes grands-parents Barthes (mon grand-père, ma grand-mère et ma tante Alice, professeur de piano) ; ils ont une maison qu’ils louent depuis longtemps dans un grand jardin, aux Allées Paulmy, au coin du chemin des Arènes. Avec ma mère nous habitons à Marracq, quartier encore assez campagne de Bayonne. Nous allons tous les dimanches déjeuner chez mes grands-parents : le soir on rentre en tramway, on dîne tous les deux auprès d’un feu de bois, de bouillon et de pain grillé; une jeune Basquaise, Marie Latxague, s’occupe de moi. Je joue avec les petits-bourgeois du quartier, Jean et Linette de Lignerolles, les enfants Rime, Julien Garance, Jacques Brisoux ; déguisés, on arpente la petite campagne de Marracq. J’ai un tricycle. Il y a de beaux soirs d’été. Au temple protestant de Bayonne, à Noël, ça sent la bougie et la mandarine ; on chante Mon beau sapin; l’harmonium est tenu par la sœur de mon parrain, Joseph Nogaret ; de temps en temps il me donne un sac de noix et une pièce de 5 Fr.Je vais à l’école maternelle de Marracq puis au lycée de Bayonne, tout proche ; d’abord en 10ème, avec Mme Lafont ; elle porte tailleur, chemisier et renard ; elle vous récompense d’un bonbon qui a le goût et la forme d’une framboise ; elle est très aimée. En 9ème, le professeur est M. Arouet; il a une voix rauque, un peu avinée ; en fin d’année, on fait parfois classe dans le parc du lycée, attenant à l’ancien château de Marracq où Napoléon eut je ne sais quelle entrevue avec je ne sais quel roi d’Espagne. Chaque année, ma mère va passer un mois à Paris et je l’accompagne ; on part le soir, en landau de chez Darrigrand jusqu’à la gare de Bayonne, après avoir joué au Nain jaune pour attendre l’heure du train…

Fiche préparatoire, Le Lexique de l’auteur, éditions du Seuil, 2010.

À Bayonne

Maison grand-paternelle, à Bayonne, allées Paulmy.© Roland BaRthes paR Roland BaRthes, éditions du seuil, 1975

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Autrefois un tramway blanc faisait le service de Bayonne à Biarritz ; l’été, on y attelait un wagon tout ouvert, sans coupé : la baladeuse. Grande joie, tout le monde voulait y monter : le long d’un paysage peu chargé, on jouissait à la fois du panorama, du mouvement, de l’air. Aujourd’hui, ni la baladeuse ni le tramway ne sont plus, et le voyage de Biarritz est une corvée. Ceci n’est pas pour embellir mythiquement le passé, ni pour dire le regret d’une jeunesse perdue, en feignant de regretter un tramway. Ceci est pour dire que l’art de vivre n’a pas d’histoire : il n’évolue pas : le plaisir qui tombe, tombe à jamais, insubstituable. D’autres plaisirs viennent, qui ne remplacent rien. Pas de progrès dans les plaisirs, rien que des mutations.

Roland Barthes par Roland Barthes,

éditions du Seuil, 1975.

La Baladeuse

Le Tram de la Côte Basque de 1913 à 1927.© collection de caRtes postales chRistian pRieuR

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Les villes quadrangulaires, réticulaires (Los Angeles, par exemple) produisent, dit-on, un malaise profond ; elles blessent en nous un sentiment cénesthésique de la ville, qui exige que tout espace urbain ait un centre où aller, d’où revenir, un lieu complet dont rêver et par rapport à quoi se diriger ou se retirer, en un mot s’inventer. Pour de multiples raisons (historiques, économiques, religieuses, militaires), l’Occident n’a que trop bien compris cette loi : toutes ses villes sont concentriques; mais aussi, conformément au mouvement même de la métaphysique occidentale, pour laquelle tout centre est le lieu de la vérité, le centre de nos villes est toujours plein: lieu marqué, c’est en lui que se rassemblent et se condensent les valeurs de la civilisation : la spiritualité (avec les églises), le pouvoir (avec les bureaux), l’argent (avec les banques), la marchandise (avec les grands magasins), la parole (avec les agoras : cafés et promenades): aller dans le centre, c’est rencontrer la « vérité » sociale, c’est participer à la plénitude superbe de la « réalité ».

L’Empire des signes (1970), éditions du Seuil, 2002.

Centre- ville

Les cinq Cantons et la Banque Salzedo.© collection de caRtes postales chRistian pRieuR.

Centre-ville de Bayonne. © Ville de Bayonne.

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“Je considère que « mon pays »

est le Sud-Ouest : c’est le pays

de ma famille paternelle, le

pays de mon enfance et de mes

vacances d’adolescent (j’y

retourne encore souvent,

sans y avoir cependant ni

parents ni amis). Bayonne,

où habitaient mes grands-

parents paternels, est une

ville qui a eu dans mon passé

un rôle proustien-balzacien

aussi, car c’est là que j’ai

entendu discourir, à longueur

de visites, une certaine bour-

geoisie provinciale, écoute

qui m’a très tôt distrait,

plus qu’elle ne m’a oppressé.

Entretien de 1971,

« Archives du XXe siècle »,

O.C., III, p. 1024.

Mon pays est le Sud-Ouest

Bayonne, rue Port-Neuf. © ROLAND BARTHES PAR ROLAND BARTHES, ÉDITIONS DU SEUIL, 1975

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“ “

”Louis Barthes, père de Roland Barthes vers 1910.

CATALOGUE RB/RB, SEUIL-CENTRE POMPIDOU, 2002

Roland Barthes enfant.CATALOGUE RB/RB, SEUIL-CENTRE POMPIDOU, 2002

A Bayonne, à cause des grands

arbres du jardin, beaucoup de

moustiques; il y avait des

tulles aux fenêtres (au reste

troués). On faisait brûler

de petits cônes odoriférants

appelés Phidibus. Puis ce fut

le début du Fly-Tox, vaporisé

par une pompe grinçante,

presque toujours vide.

Au goûter, du lait froid,

sucré. Il y avait au fond du

vieux bol blanc un défaut de

faïence; on ne savait si la

cuiller, en tournant, touchait

ce défaut ou une plaque du

sucre mal fondu ou mal lavé.

Retour en tramway, le dimanche

soir, de chez les grands-

parents. On dînait dans la

chambre, au coin du feu, de

bouillon et de pain grillé.

Dans les soirs d’été, quand

le jour n’en finit pas, les

mères se promenaient sur de

petites routes, les enfants

voletaient autour, c’était la

fête.

« Anamnèses »,

Roland Barthes par

Roland Barthes,

éditions du Seuil, 1975.

Au goûter

Henriette Barthes, mère de Roland Barthes vers 1910.© CATALOGUE RB/RB, SEUIL-CENTRE POMPIDOU, 2002

Atrabilaire, M. Dupouey,

professeur de Première, ne

répondait jamais lui-même

à une question qu’il avait

posée ; il attendait parfois

une heure en silence que

quelqu’un trouvât la réponse;

ou bien il envoyait l’élève

se promener dans le lycée.

L’été, le matin, à neuf

heures, deux petits garçons

m’attendaient dans une maison

basse et modeste du quartier

Beyris ; il fallait leur

faire faire leurs devoirs de

vacances. M’attendait aussi

sur un papier journal, préparé

par une grand-mère menue,

un gobelet de café au lait

très pâle et très sucré, qui

m’écœurait.

J’appelle anamnèse l’action

— mélange de jouissance et

d’effort — que mène le sujet

pour retrouver, sans l’agrandir

ni le faire vibrer, une ténuité

du souvenir…

« Anamnèses »,

Roland Barthes par

Roland Barthes,

éditions du Seuil, 1975.

Page 19: Roland Barthes à Bayonne (pdf, 12 Mo)

Assis à califourchon sur une

chaise, au coin du chemin des

Arènes, le colonel Poymiro,

énorme, violacé, veinulé,

moustachu et myope, de parole

embarrassée, regardait passer

et repasser la foule de la

corrida. Quel supplice, quelle

peur quand il l’embrassait !

Son parrain, Joseph Nogaret,

lui offrait de temps en temps

un sac de noix et une pièce

de cinq francs.

Mme Lafont, maîtresse des

divisions enfantines au lycée

de Bayonne, portait tailleur,

chemisier et renard; en récom-

pense d’une bonne réponse,

elle donnait un bonbon en forme

et au goût de framboise.

Un landau attelé de deux

chevaux, commandé chez

Darrigrand, rue Thiers,

venait chercher les voyageurs

une fois par an à la maison

pour nous conduire à la gare

de Bayonne, au train du soir

pour Paris. En l’attendant,

on jouait au Nain jaune.

« Anamnèses »,

Roland Barthes par

Roland Barthes,

éditions du Seuil, 1975.

Bayonne, l’extérieur des Arènes un jour de courses. © COLLECTION DE CARTES POSTALES CHRISTIAN PRIEUR

Darrigrand © COLLECTION DE CARTES POSTALES

CHRISTIAN PRIEUR

Chemin des Arènes

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“J’ai travaillé le piano quand j’étais enfant. La sœur de mon père, qui habitait Bayonne, était professeur de piano. J’ai donc vécu dans une atmosphère de musique. Mais depuis je n’ai pas travaillé, je n’ai aucune technique, aucune vélocité. Simplement, j’ai été habitué très tôt à déchiffrer, dans la mesure de mes doigts. Donc je sais déchiffrer, mais je ne sais pas jouer. Ce qui va bien d’ailleurs avec l’activité d’amateur. A travers des tempi trop lents, des fausses notes, j’accède quand même à la matérialité du texte musical, parce que cela passe dans mes doigts. Toute la sensualité qu’il y a dans la musique n’est pas purement auditive, mais aussi musculaire.L’amateur n’est pas le consommateur. Le contact entre le corps de l’amateur et l’art est très étroit, présent. C’est ce qu’il y a de beau et c’est là qu’est l’avenir. Mais là, on débouche sur un problème de civilisation. Le développement technique, le développement de la culture de masse accentuent terriblement le divorce entre les exécutants et les consommateurs. Nous sommes une société de consommation, si j’ose dire, en jouant sur le stéréotype, et pas du tout une société d’amateurs.

« Vingt mot-clés pour Roland Barthes », OC IV, p. 861, éditions du Seuil, 2002.

Une atmosphère de musique

Barthes au piano, vers 1930. © Roland BaRthes paR Roland BaRthes, editions du seuil, 1975

Barthes au piano, 1978. © sygma-CoRBis

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”Avec sa tante Alice, qui lui apprit le piano, à Bayonne vers 1924.

© Roland BaRthes paR Roland BaRthes, éditions du seuil, 1975

Au piano, le « doigté » ne désigne nullement une valeur d’élégance et de délicatesse (ce qui, alors, se dit : « toucher »), mais seulement une façon de numéroter les doigts qui ont à jouer telle ou telle note ; le doigté établit d’une façon réfléchie ce qui va devenir un automatisme : c’est en somme le programme d’une machine, une inscription animale. Or, si je joue mal – outre l’absence de vélocité, qui est un pur problème musculaire –, c’est parce que je ne tiens jamais le doigté écrit : j’improvise à chaque jeu, tant bien que mal, la place de mes doigts, et dès lors, je ne peux jamais rien jouer sans faute. La raison en est évidemment que je veux une jouissance sonore immédiate et refuse l’ennui du dressage, car le dressage empêche la jouissance – il est vrai, dit-on, en vue d’une jouissance ultérieure plus grande (tels les dieux à Orphée, on dit au pianiste : ne vous retournez pas prématurément sur les effets de votre jeu). Le morceau, dans la perfection sonore qu’on lui imagine sans jamais l’atteindre réellement, agit alors comme un bout de fantasme : je me soumets joyeusement au mot d’ordre du fantasme : « Immédiatement! », fût-ce au prix d’une perte considérable de réalité.

Roland Barthes par Roland Barthes,éditions du Seuil, 1975.

Au piano le doigté…

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“”

Poésie de Charles d’Orléans.Adolescent, je composais de la musique (imitée de Fauré ou de Ravel) pour le plaisir essentiel de la copie : je jouissais de produire une graphie nouvelle et de prendre ainsi à mes propres yeux (car nul ne voyait ou n’écoutait ces compositions) le rôle d’un amateur universel, apte à toutes les écritures.

Le lexique de l’auteur,éditions du Seuil, 2010.

« Avant la peinture, la musique », une partition de Roland Barthes 1939.

©Roland BaRthes paR Roland BaRthes, éditions du seuil, 1975.

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“Chez Proust, trois sens sur cinq conduisent le souvenir. Mais pour moi, mise à part la voix, moins sonore au fond que, par son grain, parfumée, le souvenir, le désir, la mort, le retour impossible, ne sont pas de ce côté-là ; mon corps ne marche pas dans l’histoire de la madeleine, des pavés et des serviettes de Balbec. De ce qui ne reviendra plus, c’est l’odeur qui me revient. Ainsi de l’odeur de mon enfance bayonnaise : tel le monde encerclé par le mandala, tout Bayonne est ramassé dans une odeur composée, celle du Petit-Bayonne (quartier entre la Nive et l’Adour) : la corde travaillée par les sandaliers, l’épicerie obscure, la cire des vieux bois, les cages d’escalier sans air, le noir des vieilles Basquaises, noires jusqu’à la cupule d’étoffe qui tenait leur chignon, l’huile espagnole, l’humidité des artisanats et des petits commerces (relieurs, quincaillers), la poussière de papier de la bibliothèque municipale (où j’appris la sexualité dans Suétone et Martial), la colle des pianos en réparation chez Bossière, quelque effluve de chocolat, produit de la ville, tout cela consistant, historique, provincial et méridional. (Dictée.) (Je me rappelle avec folie les odeurs : c’est que je vieillis.)

Roland Barthes par Roland Barthes, éditions du Seuil, 1975.

Ma vie pour une odeur

L’odeur des métiers autour des halles. © ColleCtion Christian Prieur

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Dans la maison des Barthes, à Bayonne, chaque pièce avait son odeur, retrouvée, hors du temps, de séjour en séjour. La chambre d’ami (où je dormais souvent) sentait, je ne sais pourquoi, le caoutchouc et le dentifrice ; au rez-de-chaussée, la chambre de la bonne (Marianne ou Gracieuse) était une ancienne souillarde qui avait l’odeur du salpêtre et du moisi. Tout le premier étage sentait l’alcool à brûler, dont on se servait l’après-midi pour chauffer l’eau du thé. Dans le salon du bas, il y avait deux pianos, l’un, commun, loué chez Limonaire (je dis ce nom parce qu’il m’a toujours enchanté), l’autre, noble, dont on ne

jouait que dans de très grandes occasions ; c’était un Érard à queue ; il était si sacré qu’on ne me permettait pas d’y jouer (c’était d’ailleurs une opération décourageante que d’ôter tous les vases et bibelots qui, selon une manie bourgeoise universelle, en encombraient le dessus), comme si (autre préjugé bourgeois concernant l’usage rare des choses de prix) jouer sur un piano pouvait l’abîmer ; le résultat de cette consécration était un son dur, des touches raides : tout le salon avait l’odeur de ce piano à queue (comment décrire une odeur — et singulièrement une odeur de piano ? Comment décrire le temps ? Tout ceci est proustien, ne peut plus être dit).

Le lexique de l’auteur, éditions du Seuil, 2010.

Quelque effluve de chocolat…

Courrier de F. Limonaire, 1895.© ColleCtion Christian Prieur

La Maison Lanne à Bayonne.© roland Barthes Par roland Barthes, éditions du seuil, 1975

Y aurait-il, virtuelle, une Société des Amis du Bois ? La maison de son enfance (à Bayonne) était pleine de vieux meubles, dont le bois sentait l’encaustique, le renfermé et même l’alcool à brûler dont on se servait à cinq heures pour faire le thé (immuable) : c’était l’odeur Barthes, qu’il retrouve parfois avec stupéfaction (car comment l’expliquer ?) dans sa propre chambre d’aujourd’hui (y aurait-il une odeur de la gens, du corps génétique, comme on dit qu’il y a une odeur de certaines races ?). Le bois sent l’Histoire : le bois est périssable; ou bien on le brûle, ou bien il s’effrite, tombe en humus. Aversion pour les matières qui ne peuvent pas devenir des déchets. (Ceci pourra servir de dictée.)

Le lexique de l’auteur, éditions du Seuil, 2010.

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« encore des odeurs ».© revue Génésis

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“Pendant les vacances, je me lève à sept heures, je descends, j’ouvre la maison, je me fais du thé, je hache du pain pour les oiseaux qui attendent dans le jardin, je me lave, j’époussette ma table de travail, j’en vide les cendriers, je coupe une rose, j’écoute les informations de sept heures et demie. A huit heures, ma mère descend à son tour ; je déjeune avec elle de deux œufs à la coque, d’un rond de pain grillé et de café noir sans sucre ; à huit heures et quart, je vais chercher le Sud-Ouest au village ; je dis à Mme C. : il fait beau, il fait gris, etc ; et puis je commence à travailler. A neuf heures et demie, le facteur passe (il fait lourd ce matin, quelle belle journée, etc), et, un peu plus tard, dans sa camionnette pleine de pains, la fille de la boulangère (elle a fait des études, il n’y a pas lieu de parler du temps) ; à dix heures et demie pile, je me fais du café noir, je fume mon premier cigare de la journée. À une heure, nous déjeunons ; je fais la sieste de une heure et demie à deux heures et demie. Vient alors le moment où je flotte : guère envie de travailler ; parfois je fais un peu de peinture, ou je vais chercher de l’aspirine chez la pharmacienne, ou je brûle des papiers dans le fond du jardin, ou je me fais un pupitre, un casier, une boîte à fiches ; viennent ainsi quatre heures et de nouveau je travaille ; à cinq heures et quart, c’est le thé ; vers sept heures, j’arrête mon travail ; j’arrose le jardin (s’il fait beau) et je fais du piano. Après le dîner, télévision : si elle est ce soir-là trop bête, je retourne à ma table, j’écoute de la musique en faisant des fiches. Je me couche à dix heures et lis à la suite un peu de deux livres : d’une part un ouvrage de langue bien littéraire (les Confidences de Lamartine, le Journal des Goncourt, etc.), et d’autre part un roman policier (plutôt ancien), ou un roman anglais (démodé), ou du Zola.

Roland Barthes par Roland Barthes, éditions du Seuil, 1975.

Le délice de ces matinées

La maison Carboue à Urt en 1968.© Roland BaRthes paR Roland BaRthes, éditions du seuil, 1975.

La Maison d’Urt de nos jours.© dR

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“ Je n’aime pas : les loulous blancs, les femmes en pantalon, les géraniums, les fraises, le clavecin, Miró, les tautologies, les dessins animés, Arthur Rubinstein, les villas, les après-midis, Satie, Bartok, Vivaldi, téléphoner, les chœurs d’enfants, les concertos de Chopin, les bransles de Bourgogne, les danceries de la Renaissance, l’orgue, M.-A. Charpentier, ses trompettes et ses timbales, le politico-sexuel, les scènes, les initiatives, la fidélité, la spontanéité, les soirées avec des gens que je ne connais pas, etc.

J’aime, je n’aime pas : cela n’a aucune importance pour personne ; cela, apparemment, n’a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n’est pas le même que le vôtre.Ainsi, dans cette écume anarchique des goûts et des dégoûts, sorte de hachurage distrait, se dessine peu à peu la figure d’une énigme corporelle, appelant complicité ou irritation. Ici commence l’intimidation du corps, qui oblige l’autre à me supporter libéralement, à rester silencieux et courtois devant des jouissances ou des refus qu’il ne partage pas.(Une mouche m’agace, je la tue : on tue ce qui vous agace. Si je n’avais pas tué la mouche, c’eût été par pur libéralisme : je suis libéral pour ne pas être un assassin.)

Roland Barthes par Roland Barthes,

éditions du Seuil, 1975.

J’aime :la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d’amandes, l’odeur du foin coupé (j’aimerais qu’un « nez » fabriquât un tel parfum), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesu-rées, les poires, les pêches blanches ou de vigne, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le médoc, le bouzy, avoir la monnaie, Bouvard et Pécuchet, marcher en sandales le soir sur de petites routes du Sud-Ouest, le coude de l’Adour vu de la maison du docteur L., les Marx Brothers, le serrano à sept heures du matin en sortant de Salamanque, etc.

J’aime, je n’aime pas

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“”Barthes en 1974.

© CaRla CeRati, Milan

Je-t-aime est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules. D’une certaine manière — paradoxe exorbitant du langage —, dire je-t-aime, c’est faire comme s’il n’y avait aucun théâtre de la parole, et ce mot est toujours vrai…Fragments d’un discours amoureux,

éditions du Seuil, 1977.

Discoursamoureux

Page 29: Roland Barthes à Bayonne (pdf, 12 Mo)

“Quand on dit que la photo est un langage, c’est faux et c’est vrai. C’est faux, au sens littéral, parce que l’image photographique étant la reproduction analogique de la réalité, elle ne comporte aucune particule discontinue qu’on pourrait appeler signe : littéralement, dans une photo, il n’y a aucun équivalent du mot ou de la lettre. Mais c’est vrai dans la mesure où la composition, le style d’une photo fonctionnent comme un message second qui renseigne sur la réalité et sur le photographe : c’est ce qu’on appelle la connotation, qui est du langage; or les photos connotent toujours quelque chose de différent de ce qu’elles montrent au plan de la dénotation : c’est paradoxalement par le style, et par le style seul, que la photo est du langage.

« Sur la photographie », Le photographe,

OC V, Seuil, 2002.

La vie des signes et la photographie

Conférence 1973. © J. Haillot, l’ExprEss

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“Est-ce que tout cela veut dire que je vais écrire un roman ? Je n’en sais rien. Je ne sais s’il sera possible d’appeler encore « roman » l’œuvre que je désire et dont j’attends qu’elle rompe avec la nature uniformément intellectuelle de mes écrits passés (même si bien des éléments romanesques en altèrent la rigueur). Ce Roman utopique, il m’importe de faire comme si je devais l’écrire. Et je retrouve ici, pour finir, la méthode. Je me mets en effet dans la position de celui qui fait quelque chose, et non plus de celui qui parle sur quelque chose : je n’étudie pas un produit, j’endosse une production ; j’abolis le discours sur le discours ; le monde ne vient plus à moi sous la forme d’un objet, mais sous celle d’une écriture, c’est-à-dire d’une pratique : je passe à un autre type de savoir (celui de l’Amateur) et c’est en cela que je suis méthodique. « Comme si » : cette formule n’est-elle pas l’expression même d’une démarche scientifique, comme on le voit en mathématiques ? Je fais une hypothèse et j’explore...

Conférence du 19 octobre 1978, Collège de France, OC V, éditions du Seuil, 2002.

Le roman d’un amateur

Roland Barthes dans son bureau, avril 1977. © JEan-paul CHaussE, sipa

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Je crois que l’automobile est aujourd’hui l’équivalent assez exact des grandes cathédrales gothiques : je veux dire une grande création d’époque, conçue passionnément par des artistes inconnus, consommée dans son image, sinon dans son usage, par un peuple entier qui approprie en elle un objet parfaitement magique.La nouvelle Citroën tombe manifestement du ciel dans la mesure où elle se présente d’abord comme un objet superlatif. Il ne faut pas oublier que l’objet est le meilleur messager de la surnature : il y a facilement dans l’objet, à la fois une perfection et une absence d’origine, une clôture et une brillance, une transformation de la vie en matière (la matière est bien plus magique que la vie), et pour tout dire un silence qui appartient à l’ordre du merveilleux. La « Déesse » a tous les caractères (du moins le public commence-t-il par les lui prêter unanimement) d’un de ces objets descendus d’un autre univers, qui ont alimenté la néomanie du XVIIIe siècle et celle de notre science-fiction : la Déesse est d’abord un nouveau Nautilus.

Mythologies (décembre 1955, Les Lettres nouvelles), OCI, éditions du Seuil, 2002.

La DS de 1955.

Automobile etcathédrale gothique