REPUBLIQUE DE GUINEE - World Bank€¦  · Web viewlorsque des bâtiments habités sont...

111
REPUBLIQUE DE GUINEE *-*-*-*-*-*-*- MINISTERE DE L’AGRICULTURE *-*-*-*-*-*-*- Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole (PUAPA 2) *-*-*-*-*-*-*- Rapport final Par Dr. Euloge OGOUWALE Géographe et Expert en Evaluation et Sauvegarde Environnementale (+229) 97 12 98 00 Email : [email protected] CADRE DE POLITIQUE DE REINSTALLATION DES POPULATIONS (CPRP) DU PUAPA 2 RP1318

Transcript of REPUBLIQUE DE GUINEE - World Bank€¦  · Web viewlorsque des bâtiments habités sont...

REPUBLIQUE DE GUINEE

REPUBLIQUE DE GUINEE

*-*-*-*-*-*-*-

MINISTERE DE L’AGRICULTURE

*-*-*-*-*-*-*-

Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole (PUAPA 2)

*-*-*-*-*-*-*-

Rapport final

Par

Dr. Euloge OGOUWALE

Géographe et Expert en Evaluation et Sauvegarde Environnementale

(+229) 97 12 98 00 Email : [email protected]

Février 2012

SOMMAIRE

2Sommaire

3Liste des figures

3Liste des tableaux

3Liste des photos

4Sigles et acronymes

5Résumé exécutif

7Summary

9Introduction

111. Description du projet

122. Analyse de l’état initial des milieux récepteurs

313. Analyse des impacts socio-économique du projet

344. Cadre juridique et intitutionnel de la réinstallation

355. Rôles et responsabilités des autorites et structures impliquées dans la mise en œuvre du plan de réinstallation

376. Eligibilité

447. Processus de préparation, revue et approbation du Plan d’action de réinstallation (PAR)

478. Mesures de réinstallation

529. Modalités et méthodes de consultation des personnes affectées avec leur participation

5310. Système de gestion des plaintes

5411. Calendrier d’exécution du PAR

5512. Indication, assistance et dispositions à prévoir dans le PAR pour les groupes vulnérables

5613. Modalités institutionnelles pour la mise en œuvre du CPRP

5814. Mécanisme de suivi-évaluation

6015. Audit du processus de réinstallation

6016. Coûts et budget

6117. Synthèse des coûts du PAR

62Bibliographie

63Annexes

75Table des matières

LISTE DES FIGURES

12Figure 1: Régime pluviométrique de la Guinée maritime

15Figure 2: Régime pluviométrique de la Haute Guinée

18Figure 3: Répartition de la population dans les quatre (4) régions de la Guinée

19Figure 4: Croissance démographique par sexe en Guinée entre 1993 et 2008

19Figure 5: Données démographiques des quatre (4) régions du pays

24Figure 6: Taux de mortalité infanto-juvénile en 1999 et 2005 dans les régions du pays

26Figure 7: Situation épidémiologique en Guinée

26Figure 8: Taux d'accès à l'eau potable par préfecture

27Figure 9: Sources d’approvisionnement en eau dans les régions

27Figure 10: Principaux modes d’éclairage dans les ménages des milieux récepteurs du Projet

28Figure 11: Disparité d’accès et d’utilisation de l’électricité entre les lieux de résidence

46Figure 12 : CIE (Constat d’Impact Environnemental)

LISTE DES TABLEAUX

18Tableau 1: Localisation des préfectures d’intervention du Projet dans les régions

20Tableau 2 : Taux de croissance démographique par région de 1995 à 2007

40Tableau 3 : Typologie de quelques habitations recensées généralement

41Tableau 4 : Coûts de remplacement des arbres à vocation économique (arbres fruitiers)

42Tableau 5: Formes de compensation

43Tableau 6: Biens (habitations et infrastructures connexes) affectés par personne

43Tableau 7: Format pour la détermination du coût des arbres à vocation économique affectés

44Tableau 8 : Compensation par perte de revenu pour les activités formelles et informelles

47Tableau 9: Actions principales et les responsables

51Tableau 10 : Droits par catégories d’impacts

55Tableau 11 : Planning prévisionnel du plan de réinstallation

56Tableau 14 : Arrangements institutionnels de mise en œuvre - Charte des responsabilités

60Tableau 13: Coût d'intervention de la Préfecture et du CLR

LISTE DES PHOTOS

13Photo 1: Ecosystèmes de mangrove dans la Basse Guinée

SIGLES ET ACRONYMES

ANPROCA 

Agence Nationale de Promotion Rurale et du Conseil Agricole

AGIR

Appui à la Gestion Intégrée des Ressources

BGEEE

Bureau Guinéen des Études et Évaluation Environnementale

BM

Banque Mondiale

BSD

Bureau de Stratégie de Développement;

BTGR

Bureau Technique du Génie Rural

CAEM

Cabinet Africain d’Études et de Maîtrise d’œuvre

CIRA

Conseil Ingénierie et Recherche Appliquée

CNOPG

Confédération Nationale des Organisations Paysannes de Guinée

CRD

Communauté Rurale de Développement

CPRP

Cadre de Politique de Réinstallation des Populations

DAO

Dossier d’Appel d’Offres

DNA

Direction Nationale de l’Agriculture

DNEF

Direction Nationale des Eaux et Forêts

DNGR

Direction Nationale du Génie Rural

DNPN

Direction Nationale de la Protection de la Nature

DPE

Direction Préfectorale de l’Environnement

DNDIP 

Direction Nationale de la Dette et des Investissements Publics

DPESM

Division de la Protection de l’Environnement et de la Sécurité Minière

DPFMR

Déclaration de Politique Foncière en Milieu Rural

DSP

Direction de la Santé Publique

EDSG

Enquête Démographique et de Santé en Guinée

EIE

Études d’Impact sur l’Environnement

EIES

Études d’Impact Environnemental et Social

IRA

Infection Respiratoire Aiguë

MA

Ministère de l’Agriculture

MEDD

Ministère de l’Environnement et du Développement Durable

MEH

Ministère de l’Énergie et de l’Hydraulique

MMG

Ministère des Mines et de la Géologie

MPA

Ministère de la Pêche et de l’Aquaculture

MDDL

Ministère de la Décentralisation et du Développement Local

MEPA

Ministère de l’Élevage et de la Protection Animale

MEF 

Ministre de l’Économie et des Finances

MSHP

Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique

MST

Maladie Sexuellement Transmissible

OMS

Organisation Mondiale de la Santé

ONG

Organisation Non Gouvernementale

PAFN

Plan d’Action Forestier National

PNAE

Plan National d’Action Environnemental

PAP

Personnes Affectées par le Projet

PAR

Plan d’Action de Réinstallation

PGES

Plan de Gestion Environnementale et Sociale

RGPH

Recensement Général de la Population et de l’Habitation

SBDT

Société de Bauxite de Dabola-Tougué

SIDA

Syndrome d’Immuno Déficience Acquise

SRFR

Service des Ressources Foncières Rurales

SRP

Stratégie de Réduction de la Pauvreté

UICN

Union Internationale de la Conservation de la Nature

RÉSUMÉ EXECUTIF

Dans le cadre de la réponse à la crise alimentaire de 2007-2008, la Guinée a bénéficié d’un financement de la Banque Mondiale pour la mise en œuvre d’un Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole (PUAPA). La consommation d’une partie du financement du Projet, en phase 1, a permis au cours des campagnes 2009 et 2010 (i) l’approvisionnement de 23.825 producteurs en semences de riz (488 tonnes), en engrais (299 tonnes), en pesticides (2610 litres), et (ii) la réhabilitation d’ouvrages régulateurs des périmètres irrigués, notamment de Koba. C’est pour renforcer ces acquis que le second PUAPA a été initiée.

Le Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole de deuxième génération s’articule autour de plusieurs composantes à savoir :

Composante 1 : Réhabilitation et gestion des infrastructures d’irrigation dont l’objectif est d’accroître les superficies irriguées et de s’assurer de leur exploitation de manière optimale et durable.

Composante 2 : Développement et Valorisation de la Production Agricole Vivrière qui vise à améliorer l’accès des populations rurales aux facteurs de production et aux équipements de transformation leur permettant d’augmenter les rendements des productions alimentaires ciblées et d’accroitre la capacité de transformation desdites productions.

Composante 3 : Renforcement des Capacités et Gestion du Projet qui vise à améliorer la disponibilité et la qualité des services au profit des producteurs dans les zones cibles d’intervention du projet et la mise en place d’un système efficace et efficient de gestion, de suivi et d’évaluation du Projet.

A l’instar des Projets financés par la Banque Mondiale, le Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole devra satisfaire aux exigences des Politiques de Sauvegarde applicables (OP 4.01 Évaluation Environnementale, y compris la Participation du Public ; OP 4.09 Lutte antiparasitaire ; OP 4.12 Réinstallation Involontaire des populations et OP 7.50 Projets relatifs aux voies d’eau internationales). Ces documents de sauvegarde devront être diffusés dans le pays et au niveau de Infoshop de la Banque avant l’évaluation et l’approbation du Projet. Les exigences par rapport aux Politiques de Sauvegarde s’expliquent à cause des possibilités et des opportunités du PUAPA 2 de financer ou d’appuyer la réalisation des sous-composantes ayant des impacts environnementaux et sociaux négatifs.

Le CPRP est un instrument d'atténuation des effets de réinstallation. Il est utilisé chaque fois que la localisation et le contenu des projets ne sont pas connus avec précision et l'impact social sur la population du point de vue de déplacement de personnes, de pertes d’activités socioéconomiques et d'acquisition de terres n'est pas non plus connu avec précision. Le CPRP vise à clarifier les règles applicables en cas de réinstallation, d’organisation prévue et les critères applicables pour les différents sous-projets en précisant la procédure de compensation pour éviter l'appauvrissement des populations dont la perte, la ruine d’identité culturelle, d’autorité traditionnelle et des possibilités d’entraide pourraient remettre en cause leur stabilité ou leur bien-être social.

Dans ce contexte, la procédure de réinstallation involontaire n'est pas déclenchée simplement parce que des personnes sont affectées par un déplacement physique. Elle est mise en œuvre parce que l'activité envisagée nécessite l'acquisition de terres occupées ou exploitées par des personnes pour divers besoins ou activités (habitation, activités agricoles, pastorales, forestières, halieutiques, spirituelles, etc.). En cas de besoin, un Plan de Réinstallation sera préparé par l’unité de coordination du Projet. Ce plan sera approuvé par les collectivités locales, le comité de pilotage du PUAPA 2 et les instances nationales, et transmis à la Banque mondiale pour évaluation et approbation. Le CPRP présente les principes généraux qui serviront de guides à toutes les opérations de réinstallation dans le cadre de la mise en œuvre du PUAPA 2. Si un sous projet du PUAPA 2 exige une ou des opérations de réinstallation, l’unité de coordination du Projet initie un Plan d'Action de Réinstallation (PAR) en étroite collaboration avec les communautés et d’autres organes d’exécution.

L’unité de coordination du Projet veille à informer, à consulter et à donner l’opportunité à ce que les Personnes Affectées par le sous projet participent à toutes les étapes du processus de manière constructive. Les personnes qui sont touchées par la mesure de réinstallation doivent avoir à leur disposition un mécanisme clair et transparent de plaintes et de gestion des conflits éventuels : mécanismes locaux de résolution à l’amiable, de saisine des instances locales et de saisine de la justice en dernier recours (tableau 1).

Tableau 1 : Responsabilité des acteurs institutionnels

Acteurs institutionnels

Responsabilités

Ministère de l’Agriculture

Diffusion du CPRP

Mise en place d’un comité d’approbation au sein de l’unité de coordination du Projet

Supervision nationale de la réinstallation

Mobilisation du financement de la compensation due à la réinstallation

Coordination du PUAPA 2

Approbation et diffusion des PAR

Supervision du processus

Coordination du Projet

(coordonnateur du PUAPA 2)

Travail en étroite collaboration avec les communautés ou d’autres organes d’exécution

Désignation d’un Expert Social chargé de la coordination de la mise en œuvre des PAR

Recrutement de consultants/ONG/Bureau d’Etudes pour réaliser les études socioéconomiques, les PAR/PSR et le suivi/évaluation

Supervision des indemnisations des personnes affectées

Préparation du PAR

Diffusion du PAR

Evaluation du PAR

Collectivités locales

• Suivi et évaluation du PAR

• Diffusion des PAR

• Mise en œuvre du ¨PAR

Le suivi et l’évaluation seront effectués pour s’assurer que toutes les PAP sont indemnisées, déménagées et réinstallées dans le délai le plus court possible, et sans impact négatif, et ce, avant le démarrage des travaux. L'estimation du coût global de la réinstallation et de la compensation sera déterminée durant les études socioéconomiques dans le cadre de l’établissement des PAR. Les coûts d’appropriation du CPRP du PUAPA, et à incorporer dans son budget global, ont été estimés comme suit (tableau 2).

Tableau 2 : Récapitulatif des coûts

Coordination des activités

239 600 000 GNF

Réunions avec l’ANPROCA et divers imprévus

21 800 000 GNF

Réserve pour interventions non programmées

23 400 000 GNF

TOTAL

284 800 000 GNF soit 40 685,71 dollars US

Le coût de fonctionnement du Comité Local de Réinstallation dans la mise en œuvre du PAR ou du PSR sera estimé à 284 800 000 GNF soit 40 685,71 dollars US. Pour assurer la prise en compte effective du CPRP du PUAPA 2, il est recommandé que son budget soit inclus dans les différents manuels d’exécution du PUAPA 2.

SUMMARY

As part of the response to the 2007-2008 food crises, Guinea has been granted a fund from the World Bank in aim to implement an Emergency Project to Support Agricultural Productivity known as PUAPA. Consumption of part of the fund allocated to the Project in its first phase has helped during 2009 and 2010 campaigns (i) supply 23,825 farmers with rice seeds (488 tones), fertilizer (299 tones), Pesticides (2610 liters), and (ii) better the irrigation control facilities, including the one of Koba. In a context to strengthen these achievements, the second phase of PUAPA (PUAPA—phase 2) has been initiated.

The Emergency Project to Support Agricultural Productivity in its second phase is made up of several components including:

Component 1: Rehabilitation and management of irrigation facilities in order to increase their scope and ensure they are operating optimally and sustainably.

Component 2: Development and Exploitation of crop products in aim to better rural access to factors of production and processing equipments enabling them to increase targeted crops productivity rate and the capacity of processing the said crops.

Component 3: Capacity Building and Project Management in aim to assure an access to adequate quality of services to producers in the target areas and an establishment of an effective and efficient management system, and Project Monitoring and Evaluation.

Like the projects financed by the World Bank, the Emergency Project to Support Agricultural Productivity must meet the requirements relating to the applicable safeguard policies (OP 4.01 Environmental Assessment, including Public Participation; OP 4.09 Pest Management, OP 4.12 Involuntary Resettlement of Populations, and OP 7.50 Projects on International Waterways). These safeguards documents will be disclosed in-country and at Bank’s Info shop before evaluation and approval of the Project. Requirements relating to safeguard policies are necessary because of the possibilities and opportunities to finance or support the achievements of sub-components of the PUAPA_phase2 which have negative socio-environmental impacts.

The CPRP is an instrument for mitigating the effects of relocation. It is used whenever the target and scope of projects are not precisely known in the one hand and the social impacts on the population in terms of displacement, loss of socio-economic or cash income activities and land possession is not precisely known on the other hand. The CPRP is aiming to clarify the rules applicable (in case of relocation), organizational provision and criteria required for the different sub-projects by specifying the compensation procedure to prevent the impoverishment of populations due to the destruction or loss of cultural identity, traditional authorities and probably the loss of socio-mutual support could jeopardize their stability or social welfare.

In this context, the process of involuntary resettlement is not set out simply because people are affected by physical movement. It is implemented because the planned activity requires the acquisition of plot of land which are occupied or used by people for various activities or needs (housing, farming, grazing, forestry, fisheries, spiritual, etc...). If necessary, a Resettlement Plan will be set out by the Project Coordination Unit. This plan will be approved by local authorities, the steering committee of PUAPA_phase2 and Governmental institutions, and then forwarded to the World Bank for review and approval. The CPRP presents the general principles as guides to all resettlement operations as part of the implementation of PUAPA_phase2. If a project under the PUAPA_phase2 requires or one or several resettlement operations, the Project Coordination Unit has to set off a Resettlement Action Plan (RAP) in close collaboration with communities and other executive agencies.

The Project Coordination Unit ensures the information, consultation and provides opportunities so that People Affected by the sub-project can get involved in all stages of the process constructively. People who are affected by the relocation procedure must have at access to a rightful and transparent mechanism for complaint and potential conflicts management: local mechanisms for reaching amicable agreement, referring a case to the local jurisdiction and to the court of Justice as last resort (Table 1).

Table 1: Responsibility of institutional authorities

Institutional authorities

Responsibilities

Ministry for Agriculture

Diffusion of the CPRP

Setting up of a committee of approval within the unit of coordination of the Program

National supervision of the resettlement

Raise Funding of the compensation due to the resettlement

Coordination of the PUAP—phase 2)

Approval and issuing of the RAP

Process monitoring

Coordination of the Program

(coordinator of the PUAPA—phase 2)

Work in close cooperation with the communities or other executive bodies

Appointment of a Social Expert in charge of the coordination of the implementation of Resettlement Action Plan

Recruitment of consultants/NGO/Bureau of Studies to carry out the socio-economic impact analyses, the Resettlement Action Plan and the monitoring/evaluation

Supervision of the compensations of the persons affected

Setting up of Resettlement Action Plan

publication of Resettlement Action Plan

Evaluation of Resettlement Action Plan

Local communities

• Follow-up and evaluation of Resettlement Action Plan

• publication of Resettlement Action Plan

• Implementation of the Resettlement Action Plan

Follow-up and evaluation will be carried out to make sure that all the Persons Affected by the Project (PAP) are compensated, moved and reinstalled within the shortest possible time, and without negative impact, and this, before the work gets started. The total cost of the resettlement and the compensation plan will be estimated during the socio-economic impact analyses within the framework of the implementation of the RAP. The cost of appropriation of the CPRP of the PUAPA, and to be incorporated in its total budget, has been estimated as follows (table 2).

Table 2 : Recapitulative cost

Coordination of activities

 

GNF 239 600 000

Meetings with the ANPROCA and various unforeseen

GNF 21 800 000

Miscellaneous

GNF 23 400 000

TOTAL

GNF 284 800 000 or 40 685.71 US dollars

The operational budget of the Local Committee of Resettlement for the implementation of the PSR is estimated to GNF 284 800 000 (40 685.71 US dollars). To make sure that the CPRP of the PUAPA--phase 2 will effectively be taken into account, it is suggested to include its budget in the various implementation manual of the PUAPA--phase 2.

INTRODUCTION

Le prix du riz au niveau international n’a cessé de grimper depuis décembre 2006, créant des difficultés d’approvisionnement des marchés des pays en développement comme la Guinée et des capacités d’accès limitées pour les populations vivant pour la grande majorité, en insécurité alimentaire. Cette situation, ressentie à l’échelle mondiale, n’est pas sur le point de se résorber du fait d’une part, de l’accroissement des importations et d’autre part, des disponibilités en riz très limitées dans les pays exportateurs. Aussi, les cours internationaux du riz vont probablement connaître de nouvelles perturbations au cours des prochaines années.

Cette situation s’est empirée par la crise alimentaire de 2007-2008. Dans le cadre de la réponse à cette crise, la Guinée a bénéficié d’un financement de la Banque Mondiale pour la mise en œuvre d’un Projet d’Urgence d’Appui à la Productivité Agricole. La consommation d’une partie du financement du Projet, en phase 1, a permis au cours des campagnes 2009 et 2010 (i) l’approvisionnement de 23.825 producteurs en semences de riz (488 tonnes), en engrais (299 tonnes), en pesticides ( 2610 litres), et (ii) la réhabilitation d’un des ouvrages régulateurs du périmètre irrigué de Koba. Ces actions ont abouti à la mise en valeur de 8075 hectares de riz, à une amélioration du rendement de riz chez les paysans bénéficiaires qui est passé de 1,3 à 2,8 tonnes/ha, soit 138 % en Basse Guinée; de 1,5 à 2,4 tonnes/ha, soit 60 % en Haute Guinée et de 1,3 à 2,5, soit 92 % en Guinée Forestière.

Compte tenu de ce qui précède, le pays est dans un besoin urgent de prendre des mesures immédiates pour atténuer l'impact de la hausse des prix alimentaires sur les ménages les plus pauvres et donc de renforcer les capacités de production alimentaire. En outre les instruments développés par le Projet d’Urgence de la Productivité Agricole pour accélérer l’amélioration de la productivité du riz ont montré leur efficacité et les résultats obtenus sont très encourageants. Cela justifie d’amplifier ce Projet et de l’étendre à des filières autres que le riz. D’où le lancement du second PUAPA. Ce second PUAPA en plus du riz s’étend sur la valorisation des cultures du maïs, du manioc et de la volaille traditionnelle.

Compte tenu de ce qui précède, le pays est dans un besoin urgent de prendre des mesures immédiates pour atténuer l'impact de la hausse des prix alimentaires sur les ménages les plus pauvres, et donc de renforcer les capacités de production alimentaire. En outre, les instruments développés par le Projet d’Urgence de la Productivité Agricole pour accélérer l’amélioration de la productivité du riz ont montré leur efficacité et les résultats obtenus sont très encourageants. Cela justifie d’amplifier ce Projet et de l’étendre à des filières autres que le riz, d’où le lancement de la phase 2 du Projet. Cette deuxième phase en plus du riz s’étend sur la valorisation des cultures du maïs, du manioc et de la volaille traditionnelle.

Dans le cadre de la mise en ouvre de ce second projet , il n’est pas envisagé de transaction foncière, ni d’expropriation a priori. Mais, ces situations pourraient survenir d’une manière involontaire. C’est pour gérer cette éventuelle contrainte que l’élaboration d’un cadre de politique de réinstallation/relocalisation des populations (CPRP) qui seraient affectées par le Projet s’avère nécessaire.

De ce fait, cette étude identifie et évalue les impacts environnementaux et sociaux potentiels liées à la mise en œuvre du PUAPA 2 et propose un Cadre de Politique de Réinstallation des Populations (CPRP). Ce cadre expose les objectifs, principes et procédures qui régissent le régime de l’acquisition des terrains pour la mise en place d’infrastructures d’utilité publique. Le CPRP est un instrument d’atténuation des effets de réinstallation. Il vise à fournir les règles applicables en cas de réinstallation, à permettre l’identification des individus qui pourraient être affectés par l’exécution des activités des composantes des sous-Projets. Il indique avec précision la procédure de compensation prévue pour éviter la perte des ressources matérielles et culturelles des populations. Il prend en compte les exigences de la Politique de sauvegarde de la Banque Mondiale contenue dans le PO 4.12. Le CPRP inclut aussi l’analyse des conséquences économiques et sociales qui résultent de la mise en œuvre des composantes du sous-Projet pouvant entraîner le retrait des terres aux populations, la cessation temporaire des activités, etc.

Le CPRP est un document par le biais duquel le Gouvernement s’engage formellement à respecter selon les exigences et les procédures de l’OP/BP 4.12 les droits de compensation de toute personne ou entité potentiellement affectée par un Projet financé ou cofinancé par la Banque mondiale.

Pour mieux répondre aux objectifs définis dans les termes de référence de la présente étude, la recherche a privilégié une démarche méthodologique basée sur l’analyse des textes législatifs et réglementaires régissant la gestion foncière, les politiques environnementales et les politiques de recasement des populations en Guinée dans une approche comparative avec les politiques de la Banque Mondiale. Des rencontres ont eu lieu avec certains acteurs des Institutions nationales et locales concernées par le Projet, spécifiquement, les responsables du Ministère de l’Agriculture, du Ministère de l’Environnement, du Ministère de l’Economie et des Finances, les directions centrales et régionales, les collectivités locales (les chefs des quartiers, chefs des familles), certains groupes bénéficiaires du Projet et autres acteurs locaux.

Il s’agissait à travers ces échanges de compléter et de valider les données recueillies sur le terrain. Ceci a permis de mieux appréhender la réalité sociale, de collecter la documentation nationale et de recueillir les informations relatives aux impacts potentiels du Projet sur les personnes et les biens : contexte légal, réglementaire et institutionnel du déplacement des populations, mécanismes d’indemnisations prévus et mis en œuvre et méthodes d’évaluation des biens. Les visites de terrain ont également permis d’évaluer les enjeux du Projet en termes d’acquisition de terrain et d’identifier les propriétaires officiels des terrains des secteurs récepteurs.

La recherche a consisté à identifier et à impliquer dans tout le processus, toutes les parties prenantes à la mise en œuvre du Projet. C’est ainsi que tous les acteurs clés, appelés à jouer un rôle dans ce processus, ont été consultés et informés. Le présent rapport décrit les résultats de la mission de la recherche conformément à la structure et au contenu requis par la Politique Opérationnelle 4.12 de la Banque Mondiale, les termes de référence de l’étude et la méthodologie d’intervention.

1. DESCRIPTION DU PROJET

Les développements récents que connaît l’économie mondiale, notamment la flambée des prix des denrées alimentaires et des cours mondiaux du pétrole, couplée avec la crise financière internationale, constituent une réelle préoccupation pour le Gouvernement guinéen qui doit faire face à la diminution des disponibilités de riz sur le marche mondial, la hausse du cours mondial du riz (qui était de 600 $ US/tm en mars 2008) et la hausse continue du cours du baril de pétrole (qui est passe de 36 a 140 $ US entre 2006 et 2008). Cette tendance pourrait encore s’exacerber, si le dollar américain continue à s’affaiblir par rapport aux monnaies des principaux pays exportateurs.

C’est dans ce contexte que la Guinée a mis en œuvre plusieurs initiatives tendant à améliorer la production et la productivité du riz, principale denrée de base des populations locales en vue de limiter la dépendance vis-à-vis des importations. Ainsi, la production de riz s’est accrue de manière significative ces dernières années passant de 775.700 tonnes en 2000/2001 à 1.465.700 tonnes en 2008/2009. Cela a été possible grâce à un accroissement des superficies emblavées, des appuis soutenus à la filière (recherche vulgarisation, aménagements, routes, renforcements de capacités, etc.) et des prix incitatifs à la production et à la commercialisation.

Au regard de ce qui précède, le Gouvernement à travers l’initiative de la CARD, se fixe comme objectif la réduction des importations de 15 % en 2009. A l’horizon 2013, le taux de couverture des besoins nationaux en riz sera de 111 %, dégageant ainsi un surplus de 134 886 tonnes qui sera écoulé sur le marché sous-régional. Cette tendance devrait se maintenir avec un taux de satisfaction des besoins nationaux en riz de 109 %, avec un surplus de 153 993 tonnes.

Dans cette perspective, le Gouvernement de la Guinée a bénéficié d’un financement de la Banque Mondiale pour la mise en œuvre d’un Projet d’urgence d’Appui à la Productivité Agricole (PUAPA). Le PUAPA 1 a permis au cours des campagnes 2009 et 2010 l’approvisionnement de 23 825 producteurs en semences de riz (488 tonnes), en engrais (299 tonnes), en pesticides ( 2610 litres), et la réhabilitation d’un des ouvrages régulateurs du périmètre irrigué de Koba. Ces politiques ont permis de mettre en valeur plus de 8075 hectares de riz, ce qui a favorisé une amélioration du rendement de riz chez les paysans.

Cette amélioration au niveau du rendement du riz a incité le Gouvernement à élargir cette politique sur d’autres cultures (maïs, manioc et volaille traditionnelle), d’où le lancement du second PUAPA.

Mais ce Projet n’a pas prévu la réinstallation ou la relocalisation des populations occupant les zones réceptrices du Projet. C’est dans la perspective de la gestion de la survenance d’une telle situation que cette étude est initiée par le Ministère de l’Agriculture, en vue d’inventorier les impacts du Projet et de proposer un Cadre de Politique de Réinstallation des Populations (CPRP).

2. ANALYSE DE L’ETAT INITIAL DES MILIEUX RECEPTEURS2.1. Environnement physique

La République de Guinée est un pays côtier qui est situé au Sud-ouest de l’Afrique Occidentale, à mi-chemin entre l’Equateur et le Tropique du Cancer (7°30 et 12°30 de latitude nord et 7°30 et 15°10 de longitude ouest). Couvrant une superficie de 245.857 Km2, elle est limitée à l’ouest par l’Océan Atlantique, au sud par la Sierre Léone et le Liberia, à l’est par la Côte d’Ivoire et le Mali, et au nord par la Guinée Bissau, le Sénégal et le Mali.

Du point de vue géo-écologique, la Guinée est subdivisée en quatre (4) écorégions assez bien distinctes et intérieurement homogènes. Il s’agit de la Basse Guinée ou Guinée Maritime (Région côtière) ; de la Moyenne Guinée ; de la Haute Guinée ; et de la Guinée Forestière.

2.1.1. Localisation de la Basse Guinée et description de son environnement

La Basse Guinée ou Guinée Maritime constitue le bassin alluvionnaire des plaines côtières. Située dans la partie ouest du pays, elle est large de 152 Km et s’étale le long de l’océan atlantique sur 320 Km de côtes. Elle couvre près de 73 000 Km2. Cette bande littorale est découpée et pénétrée par la mer par d'importants estuaires.

Avec une pente douce régulière (0,06 %) jusqu’à l’isobathe des 50 m, elle comprend une bande côtière marécageuse derrière laquelle s’étend une plaine s’élevant lentement jusqu’au pied des collines du Fouta-Djalon. La côte guinéenne est caractérisée par la présence presque continue de formation mangrovienne, (à l’exclusion du Cap-Verga et de la presqu’île du Kaloum) entrecoupée par d’innombrables estuaires et bras de mer.

2.1.1.1. Climat

Le climat de la région côtière guinéenne est influencé par le courant alizé Nord, le courant Alizé Sud, le courant des Canaries et le contre courant Alizé. Le climat de la zone côtière guinéenne est la variante subguinéenne. La saison pluvieuse commence en mai et finit en novembre (figure 1).

Figure 1: Régime pluviométrique de la Guinée maritime

L’analyse de la figure 1 montre que le régime pluviométrique de la Guinée maritime est unimodal avec une pluviométrie annuelle qui oscille entre 1.500 et 2.000 mm. Au cours de l’année, soufflent alternativement l’harmattan et la mousson ; le premier est un vent sec de direction NE-SW et E-W ; il est chaud le jour et frais la nuit ; il contribue au dessèchement de la végétation et du sol. La mousson souffle d’Ouest en Est, du Sud/Ouest en Est et du Sud/Ouest en Nord/Est ; elle se fait sentir dès mars mais son influence ne devient prépondérante qu’en avril-mai. Toute l’année, la zone côtière est soumise à la brise marine qui peut pénétrer jusqu’à 2 kilomètres à l’intérieur des terres. Au début et à la fin de la saison pluvieuse, des vents violents caractéristiques des lignes de grains soufflent à près de 100 km/h causant parfois des dégâts importants sur leur passage.

2.1.1.2. Ecosystèmes et sols de la Basse Guinée

L’espace côtier est caractérisé dans l’ensemble par la présence de plages sablonneuses, de vastes étendues de plaines avec une végétation luxuriante de forêts de mangroves qui constituent des frayeurs, des écloseries et niches pour une gamme variée d’espèces de poissons, de crevettes, de mollusques, etc. Bien qu’ils ne constituent qu’une fraction de tout l’espace habitable par les espèces marines, les écosystèmes côtiers produisent près du tiers de toute la productivité biologique marine (biomasse vivante par les océans). Au plan économique, la zone côtière joue un rôle important dans le développement de la riziculture, l’approvisionnement en bois d’énergie et de service, etc.

Les écosystèmes côtiers s’étendent des estuaires, y compris la mangrove jusqu'à isobathe 20 m. Ils se subdivisent en :

· écosystème de mangrove comprenant les vasières ;

· écosystème estuarien comprenant l’estuaire du Kogon (Rio Componi), l’estuaire de Tinguilinta (Rio Nunez), l’estuaire de la Fatala (Rio Pongo), l‘estuaire du Konkouré (Baie de Sangaréah), l’estuaire de Bofon (Baie de Tabounsou) et l’estuaire de la Mélakoré ;

· écosystème de la proche bande côtière qui est la partie du plateau continental soumise à l’influence de la dynamique de la marée ;

· écosystème marin.

La mangrove est cette forêt amphibie qui s’étend sur tout le long de la façade atlantique guinéenne, avec une superficie de 4 379, 32 Km2 périodiquement inondée par le flux (photo 1).

Photo 1: Ecosystèmes de mangrove dans la Basse Guinée

Source : Cliché Ogouwalé, Septembre 2011

La mangrove s’étend assez loin dans les rivières (parfois jusqu'à 49 Km à l’intérieur des grands fleuves) ou l’action des marées est notoire et l’eau plus ou moins saumâtre (les embouchures).

La faune de mangrove est composée d’invertébrés (de gastéropodes, de bivalves, de crustacés). Quant aux poissons, ils sont représentés par l’espèce supralittorale.

Dans cet écosystème, les mollusques céphalopodes: pulpes (Octopodidae), les seiches (Sepidae) et des calmars (Loligimidae); les crustacés commercialisables (Penaeus notialis, penaeus keratum, parapenaeopsis atlantic, Palmurus regius), sont l’objet d’une pêche intensive et se retrouvent dans le groupe des espèces menacées.

Le milieu récepteur du PUAPA renferme des terrains caractérisés par une association de sols sur alluvions marines localisés sur l'ensemble du littoral, de sols ferralitiques divers et de sols squelettiques avec des affluents lithiques. On y distingue trois (3) types à savoir :

· les sols hydromorphes : les sols sur alluvions marins du littoral ont des degrés d'évolution plus ou moins avancés en fonction de l'ancienneté de leur mise en place et de la dynamique hydro-sédimentaire. Ils sont issus de l'ennoiement limono-argileux du littoral depuis la remontée eustatique du nouakchotien dont le maximum fut atteint il y a environ 5.000 ans ;

· les sols sulfatés acides : ces sols qui sont les plus répandus en Guinée, sont le résultat de l'oxydation de la pyrite (composé sulfaté issu de la réaction des sulfates contenus dans l'eau de mer par des bactéries réductrices) ;

· les sols non sulfatés acides : ces sols sont caractérisés par la faiblesse de la pyrite dans les profils.

2.1.2. Caractéristiques physiques de la Moyenne Guinée

2.1.2.1. Climat

L’ensemble des massifs tabulaires de la Moyenne Guinée montre un double gradient climatique, gradient latitudinal avec accentuation de la saison sèche (en intensité et en durée) et gradient ouest - est avec diminution des précipitations.

La température moyenne annuelle se situe entre 20,4 °C et 23,2 °C avec une moyenne mensuelle minima  variant de 18° à 21,7 °C et une moyenne mensuelle maxima  de 23,7 °C à 25,7 °C. Les deux minima absolus sont en décembre et en août. Le déficit de saturation moyenne annuelle est de 6 à 7 mm. La tension de la vapeur d’eau moyenne annuelle est de 10 à 15 mm.

2.1.2.2. Hydrographie

Sur le plan hydrographie, le Fouta Djallon est le principal château d’eau de l‘ouest africain. L’écoulement des eaux se partage en quatre directions :

· les fleuves du versant ouest qui s’écoulent directement vers la mer. Ils se subdivisent en deux bassins principaux ; au nord-ouest, celui de la Komba alimenté par la Ouességuélé, la Bantala et la Tominé et au sud-ouest, celui de la Konkouré, alimenté par la Kakrima, la Kokoulo la Fétoré et leurs affluents,

· les fleuves du versant est : Bassin du Sénégal alimenté par la Téné, la Dombélé, etc.

· les fleuves du versant nord : Bassin de la Gambie alimenté par la Dimma, la Oundou et la Liti, les fleuves du versant sud : formés par les bassins secondaires de la Kaba et la Kolenté.

2.1.2.3. Végétation et sols

Du point de vue végétation, la Moyenne Guinée est marquée par la présence de savanes boisées plus ou moins dégradées du fait du système d’exploitation agricole basée sur la coupe et le brûlis et de l’exploitation forestière. Les formations forestières qu’on observait il y a une vingtaine d’années aux abords des altitudes se sont alors fortement dégradées et sont remplacées aujourd’hui par une végétation de plus en plus claire, de petites broussailles et des graminées. Vers 800 mètres d’altitude, les savanes sont graduellement remplacées par une forêt dense montagnarde qui actuellement est aussi fortement en proie aux actions anthropiques. Elle a été remplacée par des broussailles et surtout par une prairie à graminées à faible rendement en biomasse. La forêt, là où elle existe encore est remarquable par la prédominance de la haute futaie de Koura (Parinari exelsa).

La savane arborée que l’on rencontre partout dans la région semble provenir de la forêt ancienne, dégradée ; les arbres sont hauts, très espacés et ont été sélectionnés en raison de leurs intérêts pour les populations. Certaines espèces résistantes plus ou moins protégées pour leur caractère commercial sot restées sur place comme c’est le cas des nérés ou du karité. La nécessité de préserver ces formations végétales a amené à protéger les forêts et on en dénombre aujourd’hui de nombreuses forêts classées surtout dans les préfectures de Mamou, de Mali, etc. surtout en raison de leur position d’abri naturel des cours d’eau de la région de Fouta.

Le facteur dominant de la pédogenèse actuelle du Fouta Djallon est la topographie, responsable de la nature colluviale des matériaux et de la mise en place des sols squelettiques : cuirasse ferralitique, bowés, affleurements de roches,… (Maignien, 1960, CCTA/FAMA 1961-62). En fonction de tous les facteurs de la pédogenèse, trois sous-classes de sol sont présentes en Moyenne Guinée : les sols ferralitiques, les sols hydromorphes et les sols squelettiques.

Dans le groupe de sols ferralitiques, on distingue les sols rouges qui sont des sols de profondeur importante, argileux à argilo-sableux, parfois très graveleux et des sols beiges ou jaunes ferralitiques, appelé en langue pular « N’Dantari »

La classification des sols hydromorphes repose sur l’intensité des processus d’engorgement qui les affecte ; cela permet de distinguer :

· le groupe de sol à engorgement total et permanent représenté par les bas-fonds ;

· le groupe de sols hydromorphes à engorgement temporaire de surface ou d’ensemble ; il comprend les sols de « Wendou » et certains sols alluvionnaires des bordures des cours d’eau ;

· le groupe de sols à engorgement temporaire de profondeur. Ce sont de véritables « Hollondé ».

La superficie totale des terres aménageable et aménagées est estimée à 55.000 hectares environ.

2.1.3. Caractéristiques physiques de la Haute Guinée

3.1.3.1. Climat

La Haute - Guinée jouit d’un climat tropical sec, qualifié de Sud - soudanien ou Soudano-guinéen. Ce climat est caractérisé par deux saisons (sèche et humide) pratiquement d’égale durée (figure 2).

Figure 2: Régime pluviométrique de la Haute Guinée

Pendant la saison sèche, la zone est soumise à l’influence d’une masse d’air tropical continental appelé harmattan (vent sec en provenance du Sahara). Par contre pendant la saison humide, la mousson est à l’origine de la pluviométrie dont la moyenne annuelle varie entre 1200 mm au Nord et 2000 mm au Sud. La saison des pluies dure entre 4 et 6 mois, avec une mauvaise répartition des pluies entre mai et octobre.

2.1.3.3. Hydrographie

Le fleuve Niger coule avec ses affluents et sous affluents sur une superficie de près de 100 000 km² du territoire guinéen couvrant pratiquement toute la région naturelle de la Haute-Guinée (Kankan, Faranah, Dabola, Kouroussa, Siguiri). Ces écoulements de surface se font à travers un réseau hydrographique relativement dense caractérisé, entre autres, par un débordement dans les lits majeurs en hivernage ; un tarissement parfois de certains cours d’eau en saison sèche ; une perturbation de la régularisation des rivières par les activités humaines (exploitation des forêts, mise en culture, feu de végétation, etc.).

2.1.3.4. Végétation et sols

Liée au climat, la végétation de la Haute Guinée présente un gradient nord-sud bien marqué. A la savane boisée claire au nord se différencie la savane arborée au sud.

D’une manière générale, la Haute Guinée se divise en trois grandes zones de végétation :

· la savane soudanienne à l’extrême nord. C’est une savane faiblement arborée de glacis sur des collines et plateaux cuirassés. On y rencontre parfois quelques rares cordons forestiers sur les rebords des cuirasses. Elle couvre les préfectures de Siguiri et le Nord de Mandiana ;

· la savane de type humide : occupant tout le centre avec quelques forêts dégradées d’altitude dans les préfectures de Dabola et Dinguiraye. Dans cette partie de la Haute Guinée, les inter-fleuves sont couverts de forêts denses sèches. Au sud, notamment dans les préfectures de Kérouané, à l’est de Faranah, au sud de Kankan et à l’ouest de Kouroussa, on retrouve une savane arborée et des forêts secondaires dans les zones de faible densité de population ;

· un mosaïque forêt-savane : c’est la zone de transition forêt-savane qui se trouve au contact des forêts soudano-guinéenne. Au nord de cette zone pré forestière on retrouve une savane boisée sur les collines et cuirassés fortement anthropisées.

Cette grande unité recouvre cependant des mosaïques de savanes arborées péri-forestières, quelques galeries de forêt sèche et humide, notamment sur le massif du Tanko dans la préfecture de Faranah.

Les sols de la Haute Guinée sont en général complexes avec une alternance de lithosols, luvisols, nitosols et acrisols et présentant par endroits des zones de latérite à horizons compacts. Une classification simplifiée des sols donne les types suivants :

· Sols de plaines d’inondation : formés sur des alluvions quaternaires (Brunet-Moet 1986), ils sont composés de limon et d’argile fins. Ils sont profonds, à pH acide, caractérisés par une carence en phosphore et en potassium.

· Sols de terrasse : se situant entre les plaines inondables et les plateaux lessivés.

· Sols de plateau : provenant de la dislocation d’une cuirasse latéritique ancienne dont subsistent encore quelques vestiges sur les parties hautes (buttes cuirassées). L’horizon de surface de ces sols est graillonnaires.

· Sols des hauts bassins : formés sur du grès, ce sont des sols ferralitiques à texture sablo-argileuse, mais fortement lessivés.

· Sols des massifs et monts : sols généralement cuirassés (bowés) rencontrés essentiellement dans la préfecture de Dinguiraye.

· Sols hydromorphes : caractéristiques des bas-fonds, ils se rencontrent dans les dépressions, notamment dans les vallées longeant la dorsale guinéenne.

2.1.4. Caractéristiques physiques de la Guinée forestière

2.1.4.1. Climat

Le climat de la Guinée Forestière est de type subéquatorial et se caractérise par une longue saison pluvieuse (7 à 8 mois). La pluviométrie annuelle moyenne varie de 1750 mm à 2500 mm en fonction de la latitude et de l’altitude. Suivant la courbe des isohyètes, on peut diviser la région en trois zones climatiques (une zone très pluvieuse humide : 2 000 mm à 2 500 mm, une zone moyennement pluvieuse : 1750 mm à 2 000 mm et une zone moins pluvieuse : 1 500 mm à 1 750 mm).

La température moyenne annuelle est de 24 °C. Les températures les plus basses au cours de l'année sont observées pendant les mois de décembre à février (18 °C – 20 °C) et les températures les plus élevées s'observent au mois de mars (22 °C – 26 °C). L'humidité est généralement forte toute l'année, la moyenne étant de 80 %. Les vents dominants sont la mousson en saison des pluies et l'harmattan en saison sèche.

2.1.4.2. Hydrographie

Le réseau hydrographique de la Guinée Forestière est très dense. Les principaux cours d'eau prennent leur source au niveau de la dorsale guinéenne. A partir de cette dorsale, il y a principalement deux sens d'écoulement des cours d’eau, l’un vers le sud et l’autre vers le nord pour alimenter les bassins versants de la Haute Guinée. Ces cours d'eau ont un régime plus ou moins régulier, grâce à une pluviométrie abondante et une bonne répartition des pluies sur l’année. Les principaux fleuves sont : le Diani, la Makona, le Bafing, la Lofa, le Niandan, la Cavally, la Beya et la Oulé. Tous ces cours d’eau sont caractérisés par un régime plus régulier que les autres régions (en raison de la courte saison sèche), par la fréquence des rapides et des chutes alternant avec des biefs à pente très faible ainsi que par une granulométrie particulière des alluvions essentiellement constituée de sable et rarement d’argile.

2.1.4.4. Végétation et sols

La Guinée Forestière est la région naturelle la plus boisée du pays avec des massifs de forêts ombrophiles humides (massifs du Ziama et de Diécké). Sur le plan du couvert végétal de la région, on distingue quatre grands ensembles floristiques : les forêts denses primaires, les forêts secondaires, les forêts mésophiles et les fourrés et jachères. A côté de ces quatre grands ensembles, il faut ajouter les flores des plaines, des bas-fonds et des périmètres reboisés. Les forêts classées qui témoignent le nom de cette région couvrent une superficie totale de 287. 913 hectares dont les plus grandes sont la forêt du Ziama (112.300 hectares) et la forêt de Diécké (64. 000 hectares). Les forêts classées en général constituent un habitat privilégié pour toutes les espèces animales (surtout les espèces vulnérables et menacées) par rapport aux milieux cultivés.

Sur le plan morpho-pédologique, on rencontre en Guinée Forestière, les types de sols suivants :

· les sols des sommets des hautes et basses collines ;

· les sols des bordures de bas-fonds ;

· les sols des plaines alluviales inondables ;

· les sols de bas-fonds.

Du point de vue de la classification, les sols des collines et des bordures de bas-fonds appartiennent en général à la classe des sols ferralitiques. Cette classe de sols ferralitiques correspond à l'ordre des oxisols dans la classification américaine des sols ou des ferrasols dans la classification de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). Parmi les sols de colline et de bordure de bas-fonds on rencontre également, en fonction du degré de ferralitisation et de l'importance du couvert végétal, les sols ferrugineux et les sols bruns forestiers. Les sols des plaines alluviales appartiennent à la classe des sols peu évolués et à la sous-classe des sols peu évolués d'apport.

2.2. Caractéristiques socio-économiques du milieu récepteur

2.2.1. Profil des collectivités dans le secteur récepteur

La Guinée comporte huit régions administratives (Boké, Faranah, Kankan, Kindia, Labé, Mamou, N’Zérékoré et Conakry) et 33 préfectures. On distingue quatre zones naturelles: Guinée Maritime, Moyenne Guinée, Haute Guinée et Guinée Forestière.

2.2.2. Préfectures sous l’emprise du Projet

La population guinéenne est répartie entre les quatre régions naturelles du pays de façon inégale (figure 3).

Figure 3: Répartition de la population dans les quatre (4) régions de la Guinée

La Haute Guinée occupe la grande partie du pays avec 39 % de la superficie totale. Elle est suivie de la Moyenne Guinée (26 %), de la Guinée Forestière (20 %) et de la Basse Guinée qui couvre les 15 % de la superficie. La Basse Guinée couvre 15 % de la surface totale (36 200 km2) et comprend une zone côtière marécageuse derrière laquelle s’étend une plaine s’élevant lentement jusqu’au pied des collines du Fouta Djallon. La Moyenne Guinée couvre 63 600 km2 soit les 26 % de la superficie du Pays et la Haute Guinée fait 96 700 km2, ce qui représente 39 % du territoire. C’est une région de savane, située entre 200 et 400 m d'altitude. La Guinée Forestière, pour sa part, couvre 49 500 km2 et correspond à 20 % de la superficie de la Guinée.

Le Projet intervient dans seize (16) préfectures répartirent dans les quatre régions naturelles du pays (tableau 1).

Tableau 1: Localisation des préfectures d’intervention du Projet dans les régions

Régions

Préfectures

Guinée maritime

Boffa, Forécariah, Boké et Kindia

Moyenne Guinée

Tougué, Mamou et Pita

Haute Guinée

Siguiri, Kouroussa, Kankan et Mandiana

Guinée Forestière

Beyla, Kissidougou, N’Zerekoré, Lola et Yomou

2.2.3. Population des régions

La population Guinéenne est jeune, relativement peu instruite (surtout dans le cas des chefs de ménage), principalement rurale, et engagée dans l’agriculture ou le secteur informel. La population est estimée en 2007 à 9,68 millions dont 51,9 % de femmes et 48,1 % d’hommes.

Une personne sur deux a moins de 16 ans et 4,5 % seulement des individus sont âgés de 65 ans ou plus. La population croît à un rythme rapide de 3,1 % par an. Le mode d’organisation sociale n’attribue pas souvent le statut de chef de ménages aux femmes. Ainsi, 85 % des personnes vivent dans des ménages dirigés par un homme.

Les femmes ne sont chefs de ménages que quand elles sont veuves, mariées à un polygame qui est déclaré chef d’un autre ménage, ou quand le conjoint est absent. Ces trois situations comptent pour la quasi-totalité des ménages dont le chef est féminin.

La croissance de la population en fonction des sexes en Guinée est présentée par la figure 4.

Figure 4: Croissance démographique par sexe en Guinée entre 1993 et 2008

L’examen de la figure 4 montre que la population guinéenne a crû de 6 047 779 en 1993 à 9 426 134 en 2008 soit un taux d’accroissement national de 3,5 %. Cette population est caractérisée par une dominance féminine qui représente 51,9 % contre 48,1 % en 2008.

D’une façon plus précise, la population guinéenne est répartie entre les quatre régions naturelles du pays de façon inégale, tel qu’on peut le constater à travers la figure 5 ; répartition inégale qui est remarquée entre les régions rurales et urbaines et qui traduit aussi une diversité culturelle et ethnique.

Figure 5: Données démographiques des quatre (4) régions du pays

La Basse Guinée est la région la plus peuplée et regroupe 32 % des populations dont 23 % de ruraux. La densité de population actuelle est estimée à 29 hab./km2.

La Moyenne Guinée regroupe 1,6 million d’habitants (27 %), dont 1,4 million de ruraux (88 %).

La Haute Guinée quant à elle, regroupe 1,2 million d’habitants (21 %), dont 0,89 million de ruraux (75 %).

La population de la Guinée Forestière s’élève à 1,1 million d’habitants (20 %) dont 0,97 million de ruraux (85 %). La croissance naturelle dans la région est renforcée par une forte migration issue de la Haute Guinée et un afflux considérable de réfugiés aussi bien de Sierra Leone que du Liberia. Sa densité de population actuelle est estimée à 22 hab/km2 (tableau 2).

Tableau 2 : Taux de croissance démographique par région de 1995 à 2007

Régions

Préfectures

Taux de croissance démographique

Basse Guinée

Boffa

2,3 %

Kindia

Forécariah,

Boké

Kouroussa

2,7 %

Moyenne Guinée

Tougué

Kankan

Mamou

Pita

Haute Guinée

Siguiri

2,9 %

Mandiana

Guinée Forestière

Beyla

3,1 %

Lola

Kissidougou

N’Zerekoré

Yomou

Le taux de croissance démographique entre 1995 et 2007 a varié d’une région à une autre. La région de Guinée Forestière est celle qui a enregistré un fort taux d’accroissement avec 3,1 %. En revanche, la région de la Basse Guinée a enregistré le plus faible taux croissance de sa population entre les deux années.

Somme toute, la population des quatre régions naturelles de Guinée est en constante augmentation depuis les années 1993.

2.2.4. Activités économiques des populations

Plusieurs activités économiques sont développées par les populations. Ces activités sont essentiellement dominées par l’agriculture. Le secteur agricole, avec l’élevage et la pêche, contribue pour environ 24 % à la formation du revenu national et absorbe 80 % des emplois. La majorité des agriculteurs vivent sur de petites exploitations individuelles de 2,5 ha en moyenne, par famille de 7 à 8 personnes. Entre 1992 et 1997, le PIB agricole a augmenté de 4,1 % par an. En 1998, il augmentait de 5,2 % et en 1999 de 5,5 %. Cette croissance est due aux productions vivrières et à l’élevage, et provient principalement de l’augmentation de la superficie cultivée. Les plus importantes productions vivrières sont : le riz, l’arachide, le manioc, le fonio et le maïs. Le riz est, par rapport à la superficie cultivée totale, la culture vivrière la plus importante dans toutes les régions, excepté en Moyenne Guinée où le fonio est dominant. L’élevage est pratiqué surtout en Moyenne Guinée et en Haute Guinée, et constitue 17 % du PIB agricole. Les bovins dominent, suivis des ovins, des caprins, de la volaille et des porcs.

2.3. GRANDES ZONES AGRO-ECOLOGIQUES ET LEURS CONTRAINTES LIEES A LA FERTILITE DES SOLS 2.3.1. Guinée Maritime

La Guinée Maritime comprend une zone côtière marécageuse, une plaine et des collines du Fouta-Djalon. La pluviométrie annuelle varie de 2000 à 4000 mm. L’écologie est complexe et fragile. Les terres cultivées s’étendent sur 217000 ha et la surface cultivée moyenne par habitant rural est de 0,24 ha.

Les contraintes liées à la fertilité des sols varient selon l’écosystème. Dans les mangroves basses à rhizophora, se présentent des problèmes d’acidité et d’intrusion des eaux de mer avec une forte charge en sel. Sur les versants gréseux, se manifestent des problèmes d’acidité des sols, de faible teneur en éléments fertilisants, de mauvaise gestion de l’eau et de feux de végétation. Quant aux bas-fonds larges et plats, ils se ressentent de la faible teneur en éléments fertilisants, de la mauvaise gestion de l’eau, de l’enherbement et de la toxicité ferreuse.

2.3.2. Moyenne Guinée

Dans la Moyenne Guinée, le massif du Fouta-Djalon en occupe la majeure partie. L’altitude varie de 600 à 1500 m, sauf au Nord-Ouest où se trouvent les plaines basses de Gaoual et Koundara. La pluviométrie varie de 2000 à 1250 mm par an. Les terres cultivées couvrent 200.000 ha. La densité rurale, de 25 hab./km2, est la plus forte du pays et la superficie moyenne cultivée par habitant est de 0,23 ha.

Dans l’écosystème de forêt semi-décidue situé dans la zone de contact entre le Fouta-Djalon et la Haute Guinée, les contraintes liées à la fertilité des sols sont : la faible teneur en éléments nutritifs, l’engorgement temporaire des sols, l’acidité des sols, le surpâturage, la collecte incomplète des déjections animales et l’existence de pentes. Dans l’écosystème forêt galerie, les contraintes sont : la faible fertilité chimique des sols, l’acidité, la toxicité aluminique et la faible maîtrise de l’eau dans les bas-fonds.

2.3.3. Haute Guinée

La Haute-Guinée, qui représente 39 % du territoire (96.700 km2), est une vaste savane peu élevée (200 à 400 m) traversée par les grandes plaines inondables du fleuve Niger et de ses affluents. Le climat est de type soudanien et est marqué par une saison sèche longue de 6 à 8 mois. La pluviométrie varie de 1300 à 1700 mm par an. Le peuplement, très ancien, s’est concentré le long des grands cours d’eau. Les terres cultivées s’étendent sur 328 000 ha ; la superficie moyenne cultivée par habitant rural est estimée à 0,35 ha, nettement supérieure aux autres régions. La densité rurale, qui avoisine 10 hab./km2, est bien inférieure à la moyenne nationale rurale (17 hab./km2).

Dans l’écosystème de savanes soudaniennes et de forêts sèches qui caractérise la Haute Guinée, la fertilité des sols subit les effets des phénomènes suivants : érosion hydrique, feux de végétation, acidité des sols, faible fertilité chimique, déficit en phosphore et enherbement.

Dans les petits bas-fonds et les plaines alluviales, les contraintes sont : le mauvais drainage, la toxicité ferreuse, la faible fertilité et l’enherbement.

2.3.4. Guinée Forestière

La Guinée Forestière est une région très arrosée, montagneuse à l’est et au sud où culmine le mont Nimba (1752 m). Le climat est de type subéquatorial avec une saison des pluies longue de 8 à 10 mois. Les précipitations annuelles varient de 1.700 mm au Nord à 2500 mm au sud. La forêt dense a diminué d’environ un tiers depuis la fin des années 1970. Les superficies boisées de la région, évaluées en 1988 à 120.000 ha de forêts denses, sont actuellement menacées par les cultivateurs traditionnels et par les plantations industrielles d’hévéa et de palmier à huile, ainsi que par l’afflux de réfugiés venant de pays voisins. Les terres cultivées couvrent 191000 ha, la superficie moyenne par habitant rural est voisine de 0,21 ha et la densité rurale de 19 hab./km2.

Dans la zone des plateaux de N’Zérékoré, Yomou, etc., où se cultivent le café, le palmier à huile et l’hévéa, se présentent des problèmes d’acidité des sols, de faible fertilité minérale et de minéralisation rapide de la matière organique. Dans les zones de N’Zérékoré, Beyla, Kissidougou, etc. où se cultivent le riz sur brûlis, l’hévéa, le palmier et le café, les contraintes sont : l’acidité des sols, la baisse rapide de la fertilité après la mise en culture et la déforestation. Dans les bas-fonds de toute la zone forestière, les contraintes sont : la submersion, la toxicité ferreuse et aluminique, la mauvaise décomposition de la matière organique et la faible fertilité.

2.4. Services d’appui a l’agriculture

- Le Ministère de l’Agriculture (MA) à travers le Bureau de Stratégie et de Devéloppement (BSD) et la Direction Nationale de L’Agriculture (DNA) définit la politique agricole et la met en œuvre.

- Les ONG : Le mouvement associatif s’est développé en Guinée. On compte 690 ONG nationales et 78 ONG étrangères. Dans le domaine de l’intensification agricole, les ONG ont un poids particulier ; c’est le cas de Sasakawa Global 2000 (SG 2000), qui a aidé les instances gouvernementales à promouvoir l’expérimentation appliquée, la production de semences et l’utilisation d’intrants. L’Association pour la promotion économique de Kindia (APEK), créée en 1991, tente de répondre à l’ensemble des problèmes qui se posent aux paysans organisés de cette région: vulgarisation en maraîchage, aménagement de bas-fonds, banques semencières, organisations paysannes; elle collabore avec le Programme spécial de sécurité alimentaire (PSSA).

- La profession agricole (groupements, unions, fédérations et Chambres d’agriculture) s’organise petit à petit avec l’appui du Gouvernement. On compte 3.800 coopératives et groupements en Guinée. Il existe une grande variété de groupements professionnels spécialisés dans les productions ou dans la représentation du milieu rural.

La Chambre nationale et les Chambres régionales d’agriculture, instituées par la loi 95/031 du 30/6/95, ont été officiellement mises en place à l’initiative de l’Etat dans le courant du 3ème trimestre 1997. Elles ne sont pas encore pleinement opérationnelles, mais sont appelées à jouer un rôle d’informateurs et de promoteurs du développement rural.

- Le secteur privé : L’engagement du secteur privé est resté faible malgré les efforts de l’Etat, et le développement rural est très dépendant de projets financés sur fonds extérieurs. Il y a cependant des entreprises privées qui occupent une place notable. C’est le cas de la Compagnie générale d’engrais et produits phytosanitaires COGEP, qui est le plus gros importateur d’engrais en Guinée (plus de 74 % du volume total importé chaque année). La Fédération nationale de l’agriculture et de l’élevage (FEPAE), entreprise privée installée à Conakry, est le 3ème plus gros importateur (6 % des parts du marché), derrière la DNA, gestionnaire du don japonais au titre du KR2 (9 % des importations totales).

Dans les circuits de distribution des engrais, les entreprises privées jouent aussi un rôle important. Le Comptoir Agricole de Kindia (CAK), société anonyme créée avec l’aval d’une ONG étrangère, distribue des engrais, des semences améliorées et des produits phytosanitaires. La Société de Production et de Commercialisation d’Intrants Agricoles (SPCIA) produit des semences améliorées, vend des engrais, des produits phytosanitaires, de l’outillage et de l’équipement agricole. D’autres entreprises comme El-Hadj Baldé, Karim Diakité et Bengaly Diawara opèrent sur le marché des engrais et des produits phytosanitaires. Huit entreprises privées ont formé en 1998 l’Association professionnelle des Producteurs, Importateurs et Distributeurs d’intrants agricoles de Guinée (APIDIA), parrainée par la Chambre d’agriculture et la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat.

2.5. ACCES A L'EDUCATION ET A L’ALPHABETISATION

Au plan national, le taux net de scolarisation (TNS) dans le primaire est passé de 57 % en 2002 à 62 % en 2008, et notamment de 52 % à 57 % pour les filles. Selon l’Enquête légère pour l’Evaluation de la Pauvreté (ELEP), ce taux était de 57,1 % au niveau national en 2007, contre 54,1 % en 2002. Les deux sources montrent que des progrès non négligeables ont été accomplis. Toutefois, depuis 2005, on observe une relative stagnation des indicateurs de performance dans ce secteur.

Les performances observées entre 2002 et 2008 s'expliquent, en grande partie, par l'accroissement de l'offre d'infrastructures scolaires qui demeure l'un des acquis majeurs du Projet d'ajustement du secteur de l'éducation (PASE), du Projet Education pour tous (EPT) et du Projet sectoriel de l’éducation (PSE) en cours d’exécution. Toutefois, cette hausse du taux net de solidarisation dissimule les disparités importantes entre les régions et milieux de résidence. En effet, l’ELEP montre un déséquilibre frappant entre le taux net de scolarisation en milieu urbain (81 %) et celui en milieu rural (48,5 %). Par ailleurs, 60 % des garçons étaient ou avaient été scolarisés dans le primaire, contre 54,1 % des filles (ces taux ont été respectueusement estimés à 59,4 % et 48,7 % dans le cadre de l’EIBEP 2002).

Il est important de souligner qu’en matière d’éducation, les résultats quantitatifs en termes de scolarisation sont importants, mais les progrès restent encore très limités en matière d’amélioration des apprentissages. Selon le Service de planification et de Statistiques Scolaires, la qualité de l’éducation est plus nuancée en raison de multiples facteurs, dont notamment : (i) le ratio élève/maître très élevé (surtout en zone urbaine, créant des situations de classes pléthoriques et rendant l’administration des enseignements et apprentissages inefficaces, (ii) le ratio livre/élève très faible, (iii) l’existence d’écoles à cycle incomplet occasionnant des abandons et des déperditions, (iv) l’existence des classes sans maître, (v) le taux d’absentéisme élevé des enseignants en zone rurale. En termes de progrès enregistrés en matière d’équité entre les sexes, l’écart entre garçons et filles, qui était de 10,7 points de pourcentage en 2002-2003, est descendu à 6 points de pourcentage en 2007.

La proportion d’écoliers ayant commencé la première année d’études primaires et terminé leur cycle est passée de 39 % en 2002 à 59 % en 2007 (49 % chez les filles), avant de baisser à 51 % en 2008 (42 % chez les filles). Les facteurs susmentionnés, qui ont eu un impact important sur la scolarisation, sont également à l’origine de ce faible taux d’achèvement du primaire. A ces facteurs s’ajoutent : (i) la faiblesse de la formation de base et de la formation pédagogique de nombreux enseignants (du primaire en particulier), (ii) la faiblesse du suivi et de l’assistance rapprochée des maîtres, (iii) l’abandon de l’école, bien que faiblement observé au primaire (3,6 %).

En ce qui concerne le taux d’alphabétisation des adultes, un écart important a été observé entre les hommes et les femmes, mais les indicateurs restent faibles. En effet, en 2003, le taux national enregistré était de 45,7 % chez les hommes, contre 14,1 % seulement chez les femmes (soit 28,3 % pour l’ensemble). Il en ressort que les hommes étaient 3,2 fois plus alphabétisés que les femmes. En 2005, cet indicateur a atteint 16,1 % chez les femmes, contre un taux réduit de 44,1 % chez les hommes. En 2007, des efforts fournis par le Gouvernement ont porté ce taux à 49,9 % chez les hommes, contre 21,5 % chez les femmes. De 2005 à 2007, environ 5,4 points ont été acquis en matière d’alphabétisation des femmes, contre 5,8 points chez les hommes. Au niveau régional, le taux d’alphabétisation des adultes est très variable ; avec un minimum, 6 % dans les préfectures de la Guinée Forestière et un maximum, 39,5 %, dans les préfectures de la Basse Guinée en 2007.

Au regard de ces taux d’accroissement de chacun des trois indicateurs au cours de ces dernières années et compte tenu de la persistance des causes évoquées ci-dessus, aucun d’eux ne pourra atteindre l’objectif fixé pour 2015, à moins que des efforts spéciaux soient apportés dans ce secteur.

Ces résultats quantitatifs cachent les difficultés liées au financement du secteur de l’Education. Les dépenses d’investissement (BND) sont faibles. La part de l’éducation dans le PIB n’a jamais dépassé les 3 % au cours de la décennie passée. En effet, de 2000 à 2010, la part du budget national consacrée aux dépenses de l’éducation n’a pas excédé 12 %. De 9,6 % en 2003, elle a continué à baisser pour atteindre 5,7 % en 2006. Toutefois, depuis 2007, le Gouvernement déploie de gros efforts, ce qui a permis d’atteindre le taux de 11,3 % en 2009.

2.6. MALNUTRITION ET MORTALITE

En Guinée, le taux de mortalité infanto-juvénile a baissé passant de 177 ‰ en 1999 à 163 ‰ en 2005, soit une réduction de 14 points de pourcentage en sept (7) ans. Cette tendance s’est maintenue et ce taux est d’environ 142 ‰ en 2010. L’analyse en termes de milieu de résidence, fait ressortir qu’en 2005, la mortalité infanto-juvénile est plus élevée en milieu rural (204 ‰) qu’en milieu urbain (133 ‰). Les garçons sont plus touchés (200 ‰) que les filles (174 ‰). En plus, les enfants issus des ménages les plus pauvres sont deux fois plus touchés (217 ‰) que ceux issus des ménages pour lesquels le taux reste encore très élevé.

Cependant, on note une disparité dans l’importance du taux de mortalité infanto-juvénile dans les quatre régions du pays (figure 6).

Figure 6 : Taux de mortalité infanto-juvénile en 1999 et 2005 dans les régions du pays

La Guinée Forestière (215 ‰) et la Haute Guinée (199 ‰) ont enregistré une baisse sensible de la mortalité des enfants de moins de cinq ans entre 1999 et 2005, tandis que la Basse Guinée et la Moyenne Guinée ont connu une augmentation du taux de mortalité infanto-juvénile de 3,4 % et 0,4 % respectivement.

S’agissant de la mortalité infantile, elle a enregistré un ralentissement très marqué au niveau national entre 1999 et 2005, en passant de 98 ‰ à 91 ‰ au cours de cette période, soit une baisse en moyenne d’un décès sur mille naissance environ. La mortalité infantile s’est située à environ 85 ‰ en 2010.

Les résultats enregistrés par le Projet Elargi de Vaccination (PEV) montrent que depuis 2002, la couverture vaccinale contre les principales maladies cibles s’est améliorée avec des taux se situant à des niveaux supérieurs à la moyenne. Cette amélioration a été obtenue grâce à la disponibilité des vaccins, à l’engagement des agents de santé, à l’acceptation des populations de se faire vacciner, à l’intégration des services curatifs et préventifs, au renforcement de la supervision et à l’appui des partenaires au développement. En effet, la couverture vaccinale au DTC3 a été toujours au dessus de la barre de 80 % malgré des contreperformances notées ces dernières années, en passant de 88 % en 2006 à 87 % en 2007 et à 84 % en 2008. La campagne de « supplémentation » en vitamine A, a couvert 64 % de la cible. Ainsi, 97,3 % des enfants de 6 à 59 mois ont reçu 2 doses de vitamine A aux mois de juillet et décembre 2008 et 95,8 % des enfants de 12 à 59 mois ont reçu les 2 doses de déparasitant durant la même période. Cinquante pourcent (50%) des femmes en post-partum ont reçu une dose de vitamine A.

En Guinée, la mortalité maternelle très élevée (980 pour 100 000 naissances vivantes) est liée à la faible proportion d’accouchements assistés qui est passée de 35 % en 1999 à 38,0 % en 2005, soit une augmentation de 3 points de pourcentage sur la période. En dépit de cette hausse, l’objectif visé de 95 % à l’horizon 2010 n’est pas de loin d’être atteint. La forte disparité en faveur de la zone urbaine (seulement un peu plus de 20 % en zone rurale) contribue à la non atteinte des objectifs visés.

Le taux de consultations prénatales s’est fortement amélioré passant de 82,1 % à 88,2 % sur la période 2005 - 2007. Ce résultat est le fruit des campagnes de sensibilisation et de nombreux appuis techniques apportés au secteur de la santé ces 10 dernières années. Il est important de rappeler que l’objectif visé par le Gouvernement en matière de consultations prénatales était de 85 % en 2002. Le Gouvernement vient de prendre des mesures pour rendre les accouchements, les consultations prénatales et les césariennes gratuits, ceci dans le souci d’améliorer l’accès des femmes aux soins et particulièrement celles vivant dans les zones rurales.

Les résultats de l’Enquête Nationale sur l’Etat Nutritionnel et le Suivi des principaux Indicateurs de survie de l’Enfant de 2008 (UNICEF-PAM) montrent que 40 % des enfants guinéens de moins de 5 ans souffrent de malnutrition chronique (norme WHO). Parmi eux, 20,7 % sont atteints de malnutrition chronique sévère. Par rapport à l’EDS de 2005 (norme NCHS/CDC/OMS), la malnutrition chronique s’est accrue de 1,4 point de pourcentage, passant de 34,8 % à 36,2 %. Il en est de même de la malnutrition chronique sévère qui est passée de 15,3 % à 17,4 %, soit 2,1 points en pourcentage sur la période 2005-2008. C’est la conséquence de la dégradation de la situation socio-économique et de l’environnement dans lequel vivent les ménages, notamment la pénurie d’eau potable et la dégradation des conditions d’hygiène. Cette situation est également le reflet de l’augmentation graduelle des prix des denrées alimentaires.

En ce qui concerne l’émaciation modérée, elle touche 8,3 % des enfants guinéens de moins de 5 ans dont 2,8 % sont sous la forme sévère (norme WHO). Quant à la prévalence de l’insuffisance pondérale, elle concerne près de 21 % des enfants Guinéens âgés de moins de 5 ans (norme WHO). Parmi eux, 6,7 % sont atteints d’insuffisance pondérale sévère. La comparaison avec les résultats de l’EDS de 2005 en utilisant la population de référence NCHS/CDC/OMS révèle que la prévalence d’insuffisance pondérale modérée est demeurée presque stable sur la période 2005-2008, passant de 25,8 % en 2005 à 26,1 en 2008. Il en est de même de la forme sévère qui est passée de 7,1 % en 2005 à 7,3 % en 2008. Certes, la plupart des indicateurs semblent évoluer dans le bon sens et le Ministère de la Santé et de L’Hygiène Publique vient d’entreprendre une évaluation du Plan National de Développement de la Santé (PNDS) pour pouvoir reformuler sa politique et préparer un nouveau plan qui prendrait en compte l’évolution de la pauvreté.

Aussi, faut-il le signaler, l’évolution des indicateurs est fragilisée par les contraintes sanitaires (figure 7).

56%

1%

21%

21%

1%

Paludisme

Malnutrition

IRA

AGI

MST

Figure 7: Situation épidémiologique en Guinée

La figure 7 permet de réaliser que le paludisme, les Infections Respiratoires Aiguës (IRA) et les Affections Gastro-Intestinales (AGI) sont les affections majeures qui fragilisent l’état de santé des populations guinéennes.

2.7. ACCES A L’EAU POTABLE

L’approvisionnement des populations en eau potable a été l’une des priorités du Gouvernement au cours de ces cinq dernières années. Dans le cadre de l’évaluation des actions menées dans ce domaine, les statistiques révèlent que 62 % des Guinéens avaient accès à une eau potable en 2002. En 2007, ce taux a atteint 73,8 % dans l’ensemble du pays, soit une hausse de 11,6 points de pourcentage entre 2002 et 2007 et un taux de 2,4 % par an environ avec des proportions variant de 94,1 % à Conakry à 85,6 % dans les autres centres urbains et 52,8 % en milieu rural. C’est à ce rythme que le taux d’accès a atteint 81,0 % en 2010. Cette progression est beaucoup plus accentuée en milieu rural qu’en milieu urbain. La figure 8 présente le taux d’accès à l’eau potable des populations des préfectures réceptrices.

Figure 8 : Taux d'accès à l'eau potable par préfecture

L’examen de la figure 8 montre que Yomou a un taux d’accès de 73 % environ alors que N’Zerekoré et Kissidougou ont les taux d’accès les plus élevés, avec une moyenne de 76,1 % et 75,1 % respectivement. Les autres régions à part Mamou (45,4%) et Pita (47,2 %), ont des taux variant entre 52 % et 60 %.

Ces progrès résultent des investissements réalisés en matière de forages d’une part et d’autre part des Projets d’urgence entrepris pour améliorer l’adduction d’eau potable à dans les villes de l’intérieur du pays. Le Service National d’Aménagement des Points d’Eau (SNAPE) a réalisé 728 points d’eau modernes en 2007 et 679 en 2008. Ceci lui a permis de se rapprocher de l’objectif de 15 000 PEM à l’horizon 2010 fixé au démarrage du projet en 1978. A ce jour, le cumul de Points d’eau réalisés est de 14 792, soit un taux de réalisation de 98,6 %.

En dépit de ces performances, le secteur reste confronté aux problèmes suivants : capacité de production et de traitement de l’eau limitées par rapport à la demande, faible extension du réseau de distribution, perte technique et fraude commerciale élevées, indisponibilité des capacités installées pour faute de maintenance ou de combustible et cadres institutionnel et juridique du secteur inadaptés. C’est ce qui justifie les résultats issus des enquêtes de terrain (figure 9).

Figure 9: Sources d’approvisionnement en eau dans les régions

Pour l’ensemble des quatre (4) régions, la borne fontaine constitue la source d’approvisionnement en eau la plus utilisée (29,0 %). Les pompes villageoises et l’eau courante sont utilisées par 20 % des populations. Seize pour cent (16 %) de la population des quatre (4) régions continuent de s’approvisionner dans les rivières et marigots. L’alimentation en eau potable apparaît comme l’un des problèmes critiques auxquels une bonne frange des populations est quotidiennement confrontée. La plupart de celles-ci consomment encore les eaux de surface souvent sommairement traitées.

Accès aux services énergétiques

Pour l’éclairage des différentes habitations, c’est le pétrole lampant qui est la principale source d’énergie utilisée (figure 10).

26%

19%

55%

Pétrole

Electricité

Autres

Figure 10: Principaux modes d’éclairage dans les ménages des milieux récepteurs du Projet

Le pétrole lampant utilisé dans la lampe tempête constitue la principale source d’éclairage pour 55 % des ménages selon les enquêtes de terrain. Il est suivi de l’électricité (26 %).

En milieu rural des régions parcourues, l’utilisation de cette source a atteint une proportion de 60 %. En milieu urbain pauvre, la proportion de ménages s’éclairant à la lampe tempête atteint 35 %. Selon le lieu de résidence, la lampe tempête est utilisée par plus de 50 % des ménages dans toutes les régions. Cette situation est la conséquence directe de la faible consommation d’énergie dans le pays et la faiblesse du réseau électrifié.

En effet, selon l’ELEP (2007), l’électricité n’est consommée que par 18,1 % des ménages en Guinée. En plus de cette faiblesse notoire, s’ajoute une nette disparité entre les lieux de résidence (figure 11).

Figure 11: Disparité d’accès et d’utilisation de l’électricité entre les lieux de résidence

De l’examen de la figure 11, il est à noter que si en milieu urbain 68,9 % des ménages ont accès à l’électricité, seulement 62,4 % l’utilisent, tandis qu’en milieu rural, on a 2 % de taux d’accès contre 0,9 % d’utilisation. En milieu urbain pauvre on a 54,3 % d’accès contre 48,8 % d’utilisation alors qu’en milieu rural pauvre, il y a 1,5 % d’accès à l’électricité contre 0,5 % d’utilisation.

Entre les différentes régions administratives, on note également des disparités énormes : à N’zérékoré Boké, le taux d’accès à l’électricité est de 1,5 % contre 0,1 % d’utilisation. Ces taux sont respectivement à Mamou de 2,3 % et 1,1 %; à Mandiana 0,1 % et 0 % ; à Kindia, 17,2 % et 10,2 % tandis qu’à Conakry, on a 94,7 % et 89,1% d’utilisation. Cette faible utilisation de l’énergie électrique s’explique par le grand déficit d’investissement sur tous les segments du secteur. Les principales difficultés sont : l’insuffisance des capacités de production et de transport HT/MT par rapport à la demande en forte croissance (6 à 8 % par an), l’indisponibilité des capacités de production installées par manque de maintenance et de combustible, le niveau élevé des pertes techniques et commerciales sur le réseau, la faible extension du réseau de distribution et cadres institutionnel et juridique inadaptés.

L’utilisation du bois et du charbon de bois pour faire la cuisine est importante dans les ménages enquêtés. Le bois est utilisé par 81,3 % des ménages pour faire la cuisine. En milieu rural, cette proportion atteint 97,4 % et en milieu urbain pauvre, on a un ratio de 43 %. De plus, près de 99 % des ménages ruraux utilisent le tandem (bois et charbon) contre 97 % en milieu urbain. Les proportions élevées de ménages utilisant ces deux sources d’énergie constituent une préoccupation majeure pour la protection de l’environnement.

Accès à un habitat décent et à l’assainissement

Le secteur de l’habitat est un secteur transversal ayant un impact sur tous les autres secteurs de la vie économique et sociale du pays. Cette transversalité renvoie à la multiplicité des acteurs, à la complexité des problèmes et à des enjeux multiples.

La croissance galopante de la population et l’urbanisation accélérée en Guinée, s’accompagnent d’un accroissement des besoins en équipements sociaux de base et en infrastructures. Selon l’ELEP 2007, les ménages consacrent 5,8 % de leurs dépenses en logement, eau et énergie. Les initiatives diverses de l’Etat s’additionnant aux interventions de nombreux autres acteurs ont été déployées pour tenter de satisfaire ces besoins. Cependant, les tendances lourdes et les contraintes ci-après continuent de caractériser le secteur de l’habitat et de l’assainissement.

Sur le plan du développement spatial et de la gestion foncière, il existe un développement déséquilibré de l’armature urbaine. La forte concentration de la population et des activités socio économiques dans les villes est de nature à induire une dégradation de la qualité de vie des populations et des écosystèmes naturels. En matière de gestion foncière les contraintes sont l’insécurité foncière et le développement des conflits fonciers du fait des lotissements sauvages qui se développent en dehors des règles foncières et domaniales édictées par la loi.

En ce qui concerne l’offre en logements neufs, la production est entravée par : (i) l’absence d’un dispositif adapté de financement ; (ii) l’inexistence d’une banque dédiée à l’habitat (social) et le manque de lignes de crédit spécifiques à l‘immobilier dans les filières bancaires et financières classiques ; (iii) le faible encadrement favorise un système d’auto-construction avec un impact, notamment sur la production de l’habitat rural qui concerne pourtant plus de 70 % de la population du pays ; (iv) le niveau de pauvreté qui empêche une proportion importante de la population guinéenne d’accéder au logement à cause des coûts de production élevés.

En ce qui concerne l’habitat existant, il est précaire à plus de 80 % et est constitué de zones d’habitats spontanés manquant de tout en termes d’infrastructures. Ces zones polarisent des micro-activités économiques censées aider la majorité des populations pauvres. L’amélioration de ce type d’habitat devrait passer par des opérations de restructuration-régularisation-remembrement. En conséquence, les matériaux de construction des logements et le nombre de personnes occupant une pièce sont les principaux indicateurs de détection des taudis et du surpeuplement des logements en milieu urbain.

En 2007, les logements couverts de tôles ondulées, de tuiles/ardoises ou de béton/ciment représentaient 67,9 % au niveau national, contre 31,9 % de logements couverts de chaume ou de paille. En milieu urbain, la quasi-totalité des logements sont couverts de tôle métallique, soit 90 %. En milieu rural, par contre, les habitations couvertes de chaume ou de paille représentent 42 %. Par rapport au matériau du sol des logements, la proportion des habitations dont le sol est recouvert de terre a été évaluée à 48,8 % au niveau national et 11,8 % en milieu urbain en 2003. En 2005, ce taux a atteint 56 % dans l’ensemble du pays, et a reculé à 9,3 % en milieu urbain. Les évaluations de 2007 ont chiffré ce taux à 53 % pour l’ensemble du pays et à 17 % pour le milieu urbain.

En ce qui concerne la densité d’occupation des logements (nombre de personnes par pièce), des enquêtes de terrain, le niveau est de 2,6 dans les centres urbains des régions réceptrices contre 2,4 dans les milieux ruraux.

Sur le plan de l’assainissement, l’accès aux services sanitaires de base constitue un défi majeur des centres urbains. L’analyse se concentre essentiellement sur l’accès aux toilettes améliorées et le mode d’évacuation des eaux usées et des ordures ménagères.

En 2007, 31,3 % des ménages disposaient de toilettes adéquates (chasse d’eau, latrines couvertes ou latrines ventilées améliorées), contre 25,4 % en 2002, soit une augmentation annuelle de 1,2 %.

Des résultats des enquêtes, les ménages disposant de toilettes avec chasse d’eau sont rares (moins de 2 %). A peine 2 % des ménages enquêtés ont accès à un réseau d’égouts et ces ménages sont rencontrés dans les centres villes. Au total, environ 28 % ne disposent pas de toilettes. Seulement, 35 % des ménages ont des toilettes adéquates.

S’agissant de la gestion des eaux usées, plus de 92 % des ménages dans les régions ruraux font recours à la rue ou à la nature. En milieu urbain, ce taux est de 78 %.

Pour la gestion des ordures ménagères, 87 % des ménages jettent leurs ordures dans la nature. Cette proportion atteint 55 % en milieu urbain des régions réceptrices. Par contre, la proportion des ménages qui ont recours au ramassage privé ou aux poubelles publiques est de 11 %. Pour la prestation de ramassage des ordures, environ 13 % des ménages enquêtés en bénéficient ou utilisent une poubelle publique (enregistrés surtout dans les centres urbains).

Néanmoins, l