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Fonds des Nations Unies pour l’Enfance Centre de recherche Innocenti Florence - Italie UNICEF Insight Innocenti Gerison Lansdown PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

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Fonds des Nations Unies pour l’EnfanceCentre de recherche InnocentiFlorence - Italie

U N I C E F

I n s i g h t I n n o c e n t i

Gerison Lansdown

PROMOUVOIR

LA PARTICIPATION

DES ENFANTS

AU PROCESSUS

DECISIONNEL

DEMOCRATIQUE

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UNICEFInnocenti Insight

PROMOUVOIRLA PARTICIPATION

DES ENFANTSAU PROCESSUS DECISIONNEL

DEMOCRATIQUEGerison Lansdown

Fonds des Nations Unies pour l’EnfanceCentre de recherche InnocentiFlorence - Italie

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REMERCIEMENTS

Je souhaite exprimer ma reconnaissance à Bill Bell de Save the Children, Royaume-Uni, pour m’avoirfourni des exemples de participation, et à Roger Hart, Carolyne Willow, Keiko Watanabe et Susan Foun-tain pour leurs précieux commentaires.

A Rosa, une jeune personne extraordinaire et très aimée.

Cuverture, projet graphique : Miller, Craig & Cocking, Oxfordshire - Royaume-UniMise en page et photocomposition : Bernard & Co, Sienne - ItalieImprimé par : Arti Grafiche Ticci, Sienne - Italie

ISBN 88-85401-74-0

July 2001

Photo de couverture : Afrique du Sud, Journée du Commonwealth des enfants, Durban © Giacomo Pirozzi; Panos Pictures, Londres

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LE CENTRE DE RECHERCHE INNOCENTIDE L’UNICEF

Le Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF, situé à Flo-rence, en Italie, a été créé en 1988 pour renforcer le potentiel derecherche du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)et soutenir son engagement en faveur des enfants du mondeentier. Le Centre (connu officiellement sous le nom de Centreinternational pour le développement de l’enfant) contribue àdéterminer et à approfondir les domaines d’activité de l’UNICEFprésents et à venir. Ses principaux objectifs consistent à améliorerla compréhension internationale des questions liées aux droits desenfants ainsi que les politiques économiques et sociales à cetégard. Par son travail de recherche et de mise en valeur du poten-tiel le Centre contribue à faciliter la pleine application de laConvention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant tantdans les pays industrialisés que dans les pays en développement.

Les publications du Centre entendent contribuer à un débatglobal sur des questions relatives aux droits des enfants et com-prennent un vaste éventail d’opinions. Le Centre peut donc pro-duire des publications qui ne reflètent pas nécessairement lespolitiques ou les approches de l’UNICEF sur certains thèmes.Les opinions exprimées sont celles des auteurs et sont publiéespar le Centre afin de stimuler et de faire avancer le dialogue surles droits des enfants.

Le Centre collabore avec l’Istituto degli Innocenti, son institu-tion d’accueil à Florence, dans des domaines de travail spéci-fiques. Il est financé essentiellement par le gouvernement italien,tandis que certains projets particuliers bénéficient également desubventions de la part d’autres gouvernements, d’institutionsinternationales et de sources privées, y compris des comitésnationaux de l’UNICEF. En 1999/2000 le Centre a reçu des fondsdes gouvernements du Canada, de la Finlande, de la Norvège, dela Suède, et du Royaume-Uni, ainsi que de la Banque mondialeet des comités nationaux de l’UNICEF d’Australie, d’Allemagne,d’Italie et d’Espagne.

Les opinions exprimées dans cette publication sont cellesde l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les politiquesou les points de vue de l’UNICEF.

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Table des matieresINTRODUCTION v

1. L’IMPORTANCE DE LA PARTICIPATION 11.1 Le contexte 11.2 Que dit exactement l’article 12 ? 11.3 Quand les adultes ne savent pas écouter les enfants 31.4 L’importance d’écouter les enfants 41.5 Les arguments fréquemment avancés pour s’opposer à la participation des enfants 8

2. LA PRATIQUE DE LA PARTICIPATION 92.1 Les potentialités de participation des enfants 92.2 Les principes de la participation démocratique 92.3 Instructions pratiques pour promouvoir une participation efficace 102.4 Exemples pratiques de participation des enfants 16

3. LA PARTICIPATION DES ENFANTS AUX CONFERENCES 313.1 Les questions à aborder 313.2 Exemples récents de conférences auxquelles ont participé des enfants 39

Matériel de référence supplémentaire 47

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INTRODUCTION

Depuis l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE) la ‘participation de l’enfant’ a faitl’objet d’un flot croissant d’initiatives allant des recherches et publications aux conférences et projets concrets. Aucours des dix dernières années les activités ont progressé du niveau local au niveau international, dans descontextes extrêmement variés, associant des enfants de tous âges, dans des pays du monde entier, et à partir detoutes les situations sociales et économiques imaginables. Les administrations nationales et locales, les institu-tions des Nations Unies, les ONG internationales et nationales, les associations et les écoles ont commencé àexplorer ce que nous entendons par consultation, participation, partenariat et autonomisation.

Cela relève encore grandement, bien sûr, du stade expérimental. Différentes pratiques ont été introduites,différentes définitions de la participation sont à l’étude, différents niveaux de pouvoir sont partagés. Des débatspassionnés ont lieu sur le degré adéquat de priorité à accorder à la participation dans une perspective tant pratiqueque de droits humains, ainsi que sur la question de savoir si la participation est une fin en soi, un moyen de réa-liser la promotion et la protection des droits humains, ou l’un et l’autre. ‘Expérimental’ signifie que parfois, inévi-tablement, on se trompera de parcours et on commettra des erreurs. ‘Expérimental’ sous-entend aussi, toutefois,qu’un effort conscient et constant doit être fait pour analyser les processus et les résultats et tirer parti des erreurscommises.

Ecouter les enfants et prendre en considération ce qu’ils ont à dire n’a guère marqué les relations interper-sonnelles ou l’organisation sociétale. L’idée de participation lancée dans la CDE requiert d’ importants - et danscertains cas profonds – changements des comportements culturels à l’égard des enfants. Même des adultes tota-lement favorables au principe de permettre aux enfants d’exprimer leurs points de vue peuvent se trouver mal àl’aise face aux modes, aux instruments et aux implications liés à la mise en pratique de ce principe. En fait, lesenfants eux-mêmes ressentent fréquemment des sentiments de gêne semblables.

Cette publication a été réalisée dans le contexte de cet environnement changeant et mouvementé. Elle pré-conise que l’on s’engage à respecter le droit des enfants à être écoutés et insiste sur la nécessité de consolider lespratiques existantes et d’en tirer des leçons. Elle s’appuie en grande partie sur les travaux de recherche et deréflexion dèjà publiés dans ce domaine ainsi que sur une vaste gamme d’initiatives internationales. Elle souhaitefournir ainsi des directives pratiques à partir des enseignements tirés à ce jour de la collaboration avec les enfantsconsidérés en tant que partenaires. Elle ne prétend absolument pas être une bible, mais entend simplementcontribuer à développer des instruments au service de ceux qui considèrent le droit des enfants à être écoutéscomme un moyen de promouvoir et de protéger leurs autres droits.

Gerison LansdownExpert-conseil pour les droits de l’enfant

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TOWARDS A PEACEBUILDING EDUCATION FOR CHILDREN v

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1.1 LE CONTEXTEDe puis de nombreuses années il est largement

reconnu, en principe, que les enfants ont droit auplein exercice de leurs droits sociaux et écono-miques : à l’éducation, aux soins sanitaires, à unniveau de vie leur permettant de se développercomme il se doit, au jeu. De même, le précepteselon lequel l’enfance est une période qui requiertune protection spéciale – contre les abus, la négli-gence et l’exploitation – n’est pas nouveau. Alorsque pour des millions d’enfants ces droits sont vio-lés de manière flagrante, la plupart des sociétésdans le monde s’accordent amplement sur l’impor-tance d’œuvrer pour que cela change. La Conven-tion des Nations Unies relative aux droits de l’en-fant, qui pour la première fois dans l’histoire dudroit international reconnaît formellement et expli-citement ces droits aux enfants, apporte aussi unedimension supplémentaire au statut des enfants enreconnaissant que ceux-ci sont des sujets de droitset non de simples bénéficiaires de la protection desadultes, et que ces droits réclament légitimementque les enfants eux-mêmes soient entendus.

La reconnaissance des enfants en tant quesujets de droits est exprimée, explicitement ouimplicitement, dans plusieurs articles de laConvention :Article 5 : il incombe aux parents d’orienter et deconseiller l’enfant d’une manière qui correspondeau développement de ses capacités.Article 9 : l’enfant ne doit pas être séparé de safamille sans avoir le droit d’exposer son proprepoint de vue.Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et prisen considération.Article 13 : l’enfant a droit à la liberté d’expression.Article 14 : l’enfant a droit à la liberté de conscien-ce, de pensée et de religion.Article 15 : l’enfant a droit à la liberté d’association.Article 16 : l’enfant a droit à la protection de sa vieprivée.Article 17 : l’enfant a droit à l’information.

Article 29 : l’enfant a droit à une éducation qui luiinculque le respect des droits de l’homme et de ladémocratie.

L’article 12, qui insiste sur la ‘visibilité’ de l’en-fant dans son propre droit, est fondamental. Sonapplication, parallèlement à celle des autres droitscivils, implique de reconsidérer de façon profondeet radicale le statut des enfants dans la plupart dessociétés ainsi que la nature des rapportsadulte/enfant. Il demande que nous commencions àécouter ce que disent les enfants et à les prendre ausérieux. Il demande que nous reconnaissions lavaleur de leur expérience, de leurs opinions et deleurs soucis spécifiques. Il demande également quenous nous interrogions sur la nature des responsabi-lités des adultes à l’égard des enfants. Reconnaîtreque les enfants ont des droits ne signifie pas que lesadultes n’aient plus de responsabilités envers eux.Au contraire, les enfants ne peuvent ni ne doiventêtre laissés seuls dans la lutte indispensable pourobtenir le respect de leurs droits. Ce qui est sous-entendu dans la Convention et dans sa philosophiede respect de la dignité des enfants, est que lesadultes doivent apprendre à collaborer plus étroite-ment avec les enfants pour les aider à construireleur existence, à élaborer des stratégies de change-ment, et à exercer leurs droits.

1.2 QUE DIT EXACTEMENT L’ARTICLE 12 ?

1. Les Etats parties garantissent à l’enfant qui estcapable de discernement le droit d’exprimer librement sonopinion sur toute question l’intéressant, les opinions del’enfant étant dûment prises en considération eu égard àson âge et à son degré de maturité.2. A cette fin, on donnera notamment à l’enfant la possi-bilité d’être entendu dans toute procédure judiciaire ouadministrative l’intéressant, soit directement, soit parl’intermédiaire d’un représentant ou d’une organisationapproprié, de façon compatible avec les règles de procé-dure de la législation nationale.

1. L’IMPORTANCE DE LA PARTICIPATION

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au sein de la famille, de l’école, des communautéslocales, et au niveau politique national. Il s’ap-plique à la fois aux questions concernant les enfantspris individuellement, comme le fait de décider deleur domicile à la suite du divorce des parents, etaux questions concernant l’ensemble des enfants,comme la législation établissant l’âge minimumpour le travail à temps plein. Il est important dereconnaître que de nombreux domaines des poli-tiques publiques et de la législation ont un impactsur la vie des enfants ; les transports, le logement, lamacroécomonie, l’environnement, ainsi que l’édu-cation, l’aide à l’enfance et la santé publique onttous des conséquences pour les enfants.

1.2.4 Le droit d’être pris au sérieuxIl ne suffit pas de reconnaître aux enfants le

droit d’être écouté. Il est également important deprendre en considération ce qu’ils ont à dire. L’ar-ticle 12 insiste sur le fait que les opinions de l’en-fant soient prises en considération et pèsent sur lesdécisions le concernant. Evidemment, cela ne veutpas dire que l’on doive acquiescer à tout ce que ditl’enfant, mais simplement qu’on accorde à son opi-nion une juste considération.

1.2.5 Eu égard à leur âge et à leur degré de maturité

La considération que l’on doit accorder aux opi-nions des enfants doit refléter leur niveau de com-préhension des questions abordées. Cela ne signifiepas que l’opinion des jeunes enfants aura automati-quement moins de poids. Il y a de nombreusesquestions que les très jeunes enfants sont capablesde comprendre et sur lesquelles ils peuvent donnerdes avis sensés. Les capacités ne se développentpas uniformément selon de rigides étapes évolu-tives. Le contexte social, la nature de la décision, levécu de l’enfant, et le degré d’assistance desadultes sont autant d’éléments qui influencent lacapacité des enfants à comprendre les questions lesconcernant.

Il est important d’avoir les idées claires sur ceque l’article 12 dit et sur ce qu’il ne dit pas. Il nedonne pas aux enfants le droit à l’autonomie. Il nedonne pas aux enfants le droit de contrôle sur toutesles décisions sans tenir compte de leurs implicationstant pour eux-mêmes que pour les autres. Il nedonne pas aux enfants le droit de fouler aux piedsles droits de leurs parents. Toutefois, il s’opposeeffectivement de façon radicale et profonde auxcomportements traditionnels selon lesquels lesenfants devraient être vus et non entendus.

1.2.1. Tous les enfants sont capablesd’exprimer une opinion

Il n’y a pas de limite d’âge inférieure imposée àl’exercice du droit de participation. Celui-ci estdonc étendu à tout enfant ayant une opinion surune question l’intéressant. Les très jeunes enfantsainsi que certains enfants handicapés peuvent avoirdes difficultés à formuler leurs opinions par le biaisdu langage mais peuvent être encouragés à s’expri-mer à travers le dessin, la poésie, le jeu, l’écriture,les ordinateurs, ou par signes.

1.2.2 Le droit d’exprimer librementleurs opinions

Si l’on veut que les enfants soient capablesd’exprimer leurs opinions, il faut que les adultesleur fournissent la possibilité de le faire. Autrementdit, l’article 12 impose l’obligation aux adultes, enleur qualité de parents, de spécialistes et de poli-tiques, de garantir que les enfants soient mis enmesure de donner leur avis sur tous les sujetsappropriés et encouragés en ce sens. Cela ne signi-fie pas, bien sûr, que l’on doive demander leur avisaux enfants s’ils ne sont pas disposés ou intéressésà le faire.

1.2.3 Le droit d’être entendu sur toutequestion les intéressant

Le droit d’être entendu s’étend à toutes lesactions et décisions concernant la vie des enfants,

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Les implications de l’article 12L’article 12 est un article de fond, octroyant aux

enfants le droit d’avoir un rôle actif dans leur propreexistence et de participer aux décisions les concernant.Mais, comme pour les adultes, la participation démo-cratique n’est pas une fin en soi. C’est un moyen pourobtenir justice, pour influencer les résultats et pour

dénoncer les abus de pouvoir. Autrement dit, c’estaussi un droit procédural qui permet aux enfants des’opposer aux violations ou à la méconnaissance deleurs droits et d’entreprendre des actions pour pro-mouvoir et protéger ces droits. Il permet aux enfants decontribuer à faire respecter leurs intérêts supérieurs.

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1.3 QUAND LES ADULTES NE SAVENT PAS ECOUTERLES ENFANTS

Il existe un ensemble impressionnant depreuves montrant comment les comportementsdominants, basés sur l’idée que les adultes saventmieux et agiront dans l’intérêt de l’enfant, n’ont pasrépondu à l’attente de nombreux enfants. Cetéchec a souvent été dû à un refus d’écouter direc-tement la voix des enfants. De quelle façon celas’est-il produit ?

1.3.1 Les adultes peuvent abuser de leur pouvoir sur les enfants

Les adultes en position de force par rapport auxenfants peuvent jouer et abuser de leur pouvoir audétriment du bien-être de l’enfant. Les exemples nemanquent pas. Il est maintenant solidement établique dans tous les pays du monde des enfants subis-sent des violences physiques et sexuelles au sein deleurs propres familles1. Par ailleurs, au cours desannées 1980 et 1990, il fut dénoncé à grande échelleà quel point les enfants placés en établissementsétaient victimes d’abus systématiques de la part desadultes mêmes chargés de veiller à leur bien-être.Les exemples les plus célèbres et les plus médiatisésvenaient de certains pays de l’Europe de l’Est, maisdes enfants ont enduré des situations semblablesdans des pays plus riches comme le Royaume-Uni etla république d’Irlande.

1.3.2 Les adultes n’agissent pas toujours dans l’intérêtsupérieur de l’enfant

Des actions nuisibles au bien-être des enfantsne se produisent pas uniquement lorsque lesadultes exploitent ou négligent délibérément lesenfants. Au cours du 20ème siècle, des adultes assu-mant des responsabilités à l’égard des enfants dans

l’ensemble de la sphère professionnelle ont été à labase de décisions inappropriées, voire carrémentnuisibles aux enfants, tout en prétendant agir dansleur intérêt. La caractéristique de telles actions estl’omission constante de consulter ou de faire parti-ciper les enfants eux-mêmes. Il n’est pas nécessaired’aller chercher des preuves bien loin : l’évacuationdes enfants pendant la Seconde Guerre Mondiale,le placement des enfants dans de vastes établisse-ments inhospitaliers où ils souffrent sur le planémotionnel et psychologique, la pratique dans cer-tains pays, à la suite d’un divorce, de confier auto-matiquement la garde des enfants ou au père ou àla mère sans tenir compte du contexte, l’échec de lamise en place de services d’éducation pour lesenfants handicapés, les tentatives de retirer lesenfants de la rue pour les mettre en établissement,etc… On reconnaît maintenant de plus en plus queces pratiques ont fait aux enfants plus de mal quede bien, mais toutes ont été - et dans de nombreuxcas sont encore - justifiées par les adultes tandis queles enfants eux-mêmes n’ont pas été entendus.

1.3.3 Les droits des parents passentavant ceux des enfants

Les politiques publiques font souvent passerles droits et les intérêts des parents avant ceux desenfants, même lorsque cela comporte des consé-quences préjudiciables au bien-être des enfants. Etbien entendu les parents, en tant qu’adultes et

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1 Voir, par exemple, les commissions d’enquête sur lesviolences, Etats-Unis, Royaume-Uni, Australie2 The Pindown Experience and the Protection of Children : TheReport of the Staffordshire Child Care Enquiry, Levy A. etKahan B. Staffordshire County Council, 1991 et The Lei-cestershire Inquiry 1992, Kirkwood A. (Conseil du comté deLeicester, 1993); Lost in Care, the Tribunal of Inquiry intoabuse of children in care in Clywd and Gwynedd, SirRonald Waterhouse, DH/Welsh Office 2000

Refuser la parole aux enfants favorise l’impunité des auteurs de violencesAu Royaume-Uni plusieurs enquêtes publiques

effectuées dans les années 80 et 90 ont constaté lapratique étendue et systématique de violences phy-siques et sexuelles exercées par le personnel dans desétablissements d’enfants pendant de nombreusesannées, au sein d’une atmosphère de connivence,d’incurie, d’indifférence et de silence de la part desadultes. L’une des leçons les plus importantes à entirer est que ces violences ont pu se poursuivre du fait

qu’il était dénié aux enfants tout droit de s’opposer àce qui leur arrivait2. On ne croyait pas à ce qu’ilsracontaient et on leur refusait l’accès à toute filièresusceptible de les aider à formuler leurs problèmes. Enfait, ceux qui osaient se plaindre étaient exposés àd’ultérieures violences. Autrement dit, les adultesimpliqués pouvaient nuire en toute impunité aux inté-rêts des enfants car ceux-ci n’avaient pas droit à laparole.

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des villes et des cités conçues en pensant auxenfants, on juge souvent leur présence indésirabledans les rues et dans les magasins, surtout lorsqu’ilssont en groupe. Les espaces publics sont considéréscomme la ‘propriété’ des adultes et l’apparition desjeunes dans ces espaces est perçue comme uneintrusion.

1.4 L’IMPORTANCE D’ECOUTERLES ENFANTS

1.4.1 Cela mène à de meilleuresdécisions

Les enfants possèdent une somme exclusived’expériences et de connaissances à partir delaquelle ils forment leurs opinions et leurs idées.Dans trop de pays, toutefois, on néglige ou on refu-se même de reconnaître la légitimité de leur contri-bution au processus décisionnel. Une grande partiede la politique gouvernementale a une influencedirecte ou indirecte sur la vie des enfants mais ellen’en est pas moins le plus souvent conçue et appli-quée sans qu’on sache quels seront ses effets sur lavie quotidienne des enfants et leur bien-être pré-sent et futur. La plupart des pays du monde s’em-ploient à améliorer les possibilités et les conditionsd’éducation des enfants. Très peu d’entre euxcependant prennent la moindre mesure pourentendre de la bouche des enfants eux-mêmes ceque donnent les méthodes d’enseignement, si leprogramme est pertinent, quels éléments influen-cent les taux d’abandon scolaire et l’absentéisme,

électeurs, ont plus de possibilités d’influencer lesgouvernements et d’y avoir accès que les enfants.Par exemple, les châtiments corporels envers lesenfants persistent dans de nombreux pays dumonde bien que le Comité pour les droits de l’en-fant ait clairement établi que cela constitue une vio-lation de l’article 19 de la Convention relative auxdroits de l’enfant, le droit d’être protégé contretoute forme de violence. Les parents défendentcette pratique au nom de la nécessité d’une disci-pline efficace. Il a cependant été clairementdémontré que les châtiments corporels envers lesenfants ne représentent pas une forme de discipli-ne efficace, qu’ils sont le plus souvent néfastes, etque c’est une forme de punition qui peut facile-ment dégénérer3. Il est rare qu’on demande auxenfants leur opinion sur la pratique des châtimentscorporels.

1.3.4 Les politiques publiquesméconnaissent souvent l’intérêt des enfants

Les politiques négligent souvent les intérêtsdes enfants au profit de groupes d’intérêt plus puis-sants. Ce n’est pas que l’on méconnaisse systémati-quement le sort des enfants, mais plutôt que ni leurvoix ni l’influence des politiques publiques sur leurvie ne sont perçues lors des forums décisionnels etne constituent de ce fait jamais un des thèmesmajeurs de l’actualité politique.

Dans très peu de pays du monde - l’Afrique duSud, la Norvège et la Suède étant au nombre desrares exceptions – existe la moindre analyse réelle

des dépenses publiques pour établir si la proportiondévolue aux enfants et à leur bien-être reflète soitleur degré de besoin soit leur représentation au seinde la communauté.

Dans de nombreuses villes partout dans lemonde, la sphère publique manifeste une intolé-rance croissante à l’égard des enfants. Loin de créer

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Les enfants ont une opinion différente de celle des adultes sur la nature des châtiments corporels

En 1998 un exercice de consultation effectué enAngleterre avec 70 enfants âgés de 5 à 7 ans a fournides indices éloquents de l’humiliation, de la souffran-ce et du sentiment de rejet éprouvés par les enfantslorsque leurs parents les battaient. Interrogés sur ceque représentaient pour eux une ‘fessée’, ils ont tousrépondu des ‘coups’. Leurs commentaires sur les sen-sations éprouvées comprenaient des expressions du

genre « c’est comme si quelqu’un vous tapait avec unmarteau », « c’est comme si on vous cassait les os »,« c’est comme si on saignait » ou « ça fait mal, c’estcruel et ça fait souffrir ». Leurs récits sont en nettecontradiction avec l’opinion largement diffusée par denombreux parents selon laquelle ce genre de châti-ment est administré avec amour, ne produit pas desouffrance réelle et n’est appliqué qu’en dernier lieu4.

3 Hitting People is Wrong – and Children are People Too, EpochWorldwide/Radda Barnen, Londres, Strauss M.A.; Beatingthe Devil out of Them: Corporal Punishment in American Fami-lies, 1994, Lexington Books, New York; Summary Report ofthe AMA Commission on Violence and Youth, 1993, AmericanPsychological Association, Washington DC4 It Hurts You Inside, Willow and Hyder, National Chil-dren’s Bureau/Save the Children, 1998

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comment améliorer le taux de fréquentation, cequ’il faut faire pour promouvoir l’intégration desfilles, ou comment valoriser la bonne conduite etinstaurer une discipline efficace. Les faits démon-trent que les écoles collaborant avec les enfants au

sein de structures plus démocratiques tendent àêtre plus harmonieuses et bénéficient demeilleures relations personnel/élèves ainsi qued’un contexte d’apprentissage plus efficace 7. Desenfants qui se sentent valorisés, qui comprennentqu’il existe des systèmes pour combattre les injus-tices et qui sont consultés sur le développementdes politiques scolaires, sont bien plus susceptiblesde respecter l’environnement scolaire. Si l’on veutendiguer le taux d’abandon dévastateur des élèvesdans de nombreux pays du monde, les écoles doi-vent devenir des lieux où les enfants ont envied’aller, où l’on respecte leurs préoccupations. Pourqu’ils fassent l’expérience qu’en quelque sortel’école leur appartient et qu’ils se sentent engagéset responsables à son égard, ils doivent avoir la pos-sibilité de donner leur avis sur les décisions, lespolitiques et les structures scolaires qui les concer-nent quotidiennement.

Dans de nombreuses sociétés, on constate queles enfants sont de plus en plus exposés à des dan-gers dans leur environnement local ; la crainte de latraite d’enfants, des drogues, de la violence et desabus sexuels a conduit à imposer des contrôlescroissants à leur liberté et à leur mobilité. Cepen-dant leur propre expérience est rarement prise en

considération ou utilisée pour élaborer des straté-gies de lutte contre ces problèmes. Il en résulte queleurs possibilités de jeu, d’amitié, d’indépendancegrandissante et d’exploration sont niées au nom deleur protection.

Les campagnes nationales et internationalespour mettre fin au travail des enfants ont souventéchoué à s’attaquer à la réalité de la vie desenfants travailleurs. En omettant de consulter lesenfants et leurs familles, ces campagnes ont par-fois abouti à une ultérieure détérioration de lasituation des enfants. Si nous voulons prendre lesmeilleures décisions possibles, nous avons besoindes meilleures informations disponibles. Il estessentiel, pour développer des politiquespubliques efficaces, de consulter les enfants et des’appuyer sur leur façon de voir, sur leur savoir etsur leurs idées. De plus les enfants sont souventmoins cyniques, plus optimistes et plus souplesdans leur attitude à l’égard de l’avenir et deschangements.

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5 Children, Economics and the EU – Towards Child FriendlyPolicies, Radda Barnen, pour le compte du ICSA, Stock-holm, 20006 Stepney and Wapping Community Child Health Pro-ject, Stepney Community Nursing Development Unit,programme de recherche et de développement 1993-957 Voir par exemple The Euridem Project, Davies andKirkpatrick, Children’s Rights Alliance for England,Londres, 2000

Il est prouvé que les intérêts des enfants sont méconnusLes enfants n’ont guère été pris en considération

lors de l’établissement des programmes d’alignementstructurel des années 80, malgré les effets catastro-phiques de la réduction des investissements dans lesecteur social, et la privatisation des services d’éduca-tion et de santé qui les ont accompagnés. Dans de

nombreux pays de l’Union européenne – par exempleen Belgique, au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni – les enfants ont souffert de lapauvreté de façon disproportionnée dans les années80 et 90 du fait de politiques économiques qui ontméconnu leurs besoins5.

Les enfants ont des façons de voir différentes de celles des adultesUn exemple intéressant du contraste entre les

idées des adultes et la réalité de la vie des enfantsa été mis en lumière par un projet entrepris avecdes enfants de 4 à 5 ans dans un quartier pauvre deLondres au Royaume-Uni en 19936. On demandaaux enfants de réaliser une peinture murale de leurenvironnement tel qu’il était et tel qu’ils aimeraientle voir. Les chercheurs constatèrent que les enfants

n’étaient pas d’accord avec la décision de l’admi-nistration locale de faire pousser du gazon (généra-lement considéré comme le revêtement le plusapproprié) sur les terrains de jeu. Les enfants vou-laient plutôt des sols de béton car l’herbe les empê-chait de distinguer le verre brisé, les excrémentsdes chiens, et les seringues abandonnées par lesdrogués.

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pour qu’ils comprennent que les institutions sonten fait les instruments de la démocratie, et que ladémocratie ne se réduit pas à élire un gouverne-ment national.

Il est largement établi que les jeunes sont deplus en plus insatisfaits du processus politique offi-ciel dans de nombreux pays d’Europe ainsi qu’enAmérique du Nord, où les taux d’inscription auxregistres électoraux ainsi que les taux de voteeffectif sont bas en ce qui les concerne9. Promou-voir la participation des jeunes leur permettrait des’informer et de comprendre les processus poli-tiques et renforcerait leur intérêt et leur respect dela démocratie. Il est d’ailleurs établi que les enfantsvoudraient indiscutablement avoir davantage leurmot à dire sur ce qui les concerne. Le cynisme etl’absence d’engagement actif dans les structurespolitiques existantes ne sont pas forcément syno-nymes d’un manque d’intérêt envers les questionspolitiques.

De nombreux enfants dans de nombreux paysdu monde ont l’impression que leur avis ne comptepas, qu’ils n’ont aucune influence et que la démo-cratie ne fonctionne pas pour eux. Sur le plan for-mel, la plupart des enfants ne peuvent pas voteravant 18 ans et sont ainsi privés d’exercer lemoindre rôle dans les institutions démocratiquesreprésentatives officielles. La Bosnie-Herzégovine,le Brésil, la Croatie, Cuba, l’Iran, le Nicaragua, lesPhilippines, la Serbie, le Monténégro et la Slovéniesont les seuls pays à avoir ramené le droit de voteau-dessous de 18 ans.

Toutefois la démocratie peut être entendueen termes beaucoup plus vastes que la participa-tion à la société civile. De nombreux groupes tra-

1.4.2 Cela renforce le respect et lacompréhension de la démocratie

Tant dans les démocraties de longue date quedans les nouvelles, les enfants ont besoin de fairel’expérience des implications des mécanismes duprocessus décisionnel démocratique. Dans les paysconfrontés à des tensions et des conflits intérieursqui menacent la démocratie, ce genre d’expériencerevêt une signification encore plus grande. Lesenfants doivent avoir la possibilité d’apprendre ceque sont leurs droits et leurs devoirs, de quellefaçon leur liberté est limitée par les droits et laliberté des autres et comment leurs actions peu-vent avoir des répercussions sur les droits desautres. Ils doivent avoir la possibilité de participerau processus décisionnel démocratique au sein del’école et de la communauté locale, et apprendre àse conformer aux décisions qui s’ensuivent. Cen’est qu’en faisant l’expérience du respect accordéà leurs propres opinions et en découvrant l’impor-tance du respect dû à celles des autres que lesenfants acquerront la capacité et la volonté d’écou-ter les autres et de commencer ainsi à comprendreles procédés et la valeur de la démocratie. C’est enapprenant à discuter et à exprimer leurs points devue, ainsi qu’en constatant que leurs opinions sontprises en considération, que les enfants acquerrontles connaissances et les compétences nécessairespour développer leur réflexion et exercer leur juge-ment face aux multiples questions auxquelles ilsseront confrontés d’ici l’âge adulte. Il est regret-table que lorsque la démocratie est étudiée à l’éco-le, cela se traduise souvent par des activités desimulation, par exemple en imitant des électionsofficielles ou des opérations des Nations Unies,sans que soit faite la moindre référence à l’exercicearbitraire quotidien du pouvoir à l’école. Ce qu’ilfaut, c’est développer le processus de participationdes enfants dans tous les cadres institutionnels

6 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Le manque d’écoute peut produire des décisions erronéesAu Bangladesh des enfants licenciés par des

usines de confection à la suite d’une campagne menéepar les Américains pour mettre fin au travail desenfants de moins de 15 ans dans cette branche de l’in-dustrie, se retrouvèrent contraints de prendre desemplois moins appropriés et plus dangereux que lesprécédents8. De même, de nombreuses initiativesvisant à retirer les enfants de la rue et à les placer dansdes établissements publics où ils sont logés et édu-qués, ont échoué pour avoir omis de demander l’avis

des enfants eux-mêmes. Les programmes qui se sontrévélés efficaces sont ceux qui cherchent à renforcerles capacités des enfants en travaillant avec eux, defaçon que leur expérience spécifique alimente ledéveloppement d’interventions et de services appro-priés. Par exemple le Bangladesh met actuellement aupoint des programmes de formation professionnellepour les enfants, à travers des ateliers associant desgroupes d’enfants appartenant à toutes les catégoriesd’emploi.

8 In Children’s Words, UNICEF Bangladesh, 19979 Voir par exemple ‘General Election: First Time Voters’,MORI, 1997 et Freedom’s Children, Wilkinson et Mulgan,Demos, Londres, 1995

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ditionnellement désavantagés - par exemple lesfemmes et les handicapés – ont engagé un dia-logue croissant avec les politiciens au niveau localet national pour obtenir une plus grande recon-naissance de leurs problèmes. Les instruments dela démocratie parlementaire se sont révélés insuf-fisants à refléter leurs intérêts. N’ayant même pasaccès aux processus démocratiques officiels, lesenfants ont une demande encore plus forte de par-ticipation politique comparable. L’exclusion duprocessus de participation frappe les enfants d’unedouble discrimination. Elle représente un déni deleur droit fondamental à être écoutés et pris enconsidération dans le cadre de décisions lesconcernant sur le plan de la législation, de la poli-tique, de l’affectation des ressources, tel qu’établidans l’article 12 de la CDE. Cette exclusion abou-tit à nier aux enfants le droit d’influencer l’exerci-ce d’autres droits.

1.4.3 Cela protège mieux les enfants Nous ne découvrons véritablement nos droits

et n’y croyons vraiment qu’en les exerçant. Avoirvoix au chapitre en ce qui concerne les propresdroits est donc essentiel à leur réalisation. Certainsont avancé que l’octroi de droits aux enfants lesprive de la protection des adultes, que si leurs opi-nions sont prises en considération, ils prendront desdécisions et entreprendront des actions qui leursferont courir des risques. C’est là se méprendre surla nature des droits énoncés dans la CDE. Commeil a été dit plus haut, la Convention ne donne pasaux enfants les pleins droits des adultes, mais ledroit d’être entendus et d’exercer progressivementune responsabilité décisionnelle croissante en fonc-

tion de l’évolution de leurs capacités. Si les enfantssont encouragés à exprimer leurs préoccupations etont la possibilité de donner leur avis, ils seront bienmieux protégés. Le silence qui a entouré les vio-

lences sexuelles subies par les enfants au sein de lafamille, par exemple, n’a servi qu’à protéger l’au-teur des violences. Lorsqu’on reconnaît à l’enfantle droit de se révolter contre une situation et qu’onlui donne les moyens de le faire, il lui est beaucoupplus facile de dénoncer abus et violences. Lesenfants encouragés à parler sont mis en mesure des’opposer à la violation de leurs droits et ne dépen-dent pas uniquement de la protection des adultes.En outre les adultes ne peuvent agir pour protégerles enfants que s’ils savent ce qui se passe dans lavie de ceux-ci, et seuls les enfants peuvent les eninformer. On ne peut s’attaquer avec efficacité à laviolence exercée contre les enfants dans les pri-sons, aux abus perpétrés dans les foyers de place-ment, au racisme dans les écoles ou à la représen-tation tendancieuse des enfants dans les médias,que si les enfants peuvent raconter leur histoire àdes personnes habilitées à prendre des mesuresappropriées.

1.4.4 Il s’agit d’un droit humainfondamental

Toutes les personnes ont le droit d’exprimerleur opinion sur toute décision concernant directe-ment leur existence, et les enfants aussi sont despersonnes. Qu’il s’agisse d’une décision individuel-le sur le domicile de l’enfant à la suite du divorcedes parents ou de questions plus générales commeles règles imposées à l’école, l’âge minimum légalpour le travail à plein temps, ou la représentationdes enfants dans les médias, les enfants ont le droitd’exprimer leurs préoccupations, de participer audéveloppement des politiques et d’être pris enconsidération.

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Les enfants sont intéressés à participerUne enquête a été menée en Autriche en 1997

auprès de 800 jeunes de 13 à 17 ans pour savoir s’ilsétaient intéressés à une information et à une participa-tion politiques. 93% souhaitaient être informés de toutnouveau projet dans leur municipalité et 65% souhai-taient des heures de consultation pour les jeunes avecles représentants politiques10. Les résultats révélaientque la plupart désiraient une majeure participation.

L’opinion partagée par beaucoup de jeunes est

résumée par le commentaire d’un des participants àun débat avec des jeunes, dirigé par Euronet, uneorganisation européenne de droits des enfants, poursonder leurs opinions sur la discrimination à l’égarddes enfants : « Il y a un tas de gens qui veulent don-ner leur avis mais ou ils n’en savent pas assez sur lafaçon de s’y prendre ou ils ont effectivement la paro-le mais personne n’en tient compte, ce qui fait qu’ilsne diront plus rien »11.

10 ‘Jugendliche reden mit’, rapport non publié, Riepl etRiegler, Graz: Kommunale Beratungsstelle für Kinderund Jugendinitiativen, 199711 Challenging Discrimination against Children, G. Lans-down, Euronet, Bruxelles, 2000

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1.5.3 Donner aux enfants le droit d’être entendus les privera de leur enfance

L’article 12 n’impose pas aux enfants l’obliga-tion de participer, mais leur fournit simplement ledroit de le faire. C’est d’ailleurs une conceptionédulcorée de l’enfance que d’imaginer que lesenfants ne prennent pas de décisions et n’assumentpas de responsabilités de très bonne heure. Mêmede jeunes enfants dans un milieu très protégé peu-vent être appelés à prendre des décisions dans ledomaine de l’amitié, être impliqués dans un divor-ce et devoir se démener entre des parents en guer-re, ou simplement devoir décider à quels jeux joueret établir des règles.

1.5.4 Cela entraînera un manque de respect envers les parents

Ecouter les enfants signifie les respecter et lesaider à prendre conscience de l’importance de res-pecter les autres. Cela ne signifie pas leur ensei-gner à ignorer leurs parents. En fait l’article 29 dela Convention énonce clairement qu’un des butsde l’éducation est d’inculquer aux enfants le res-pect de leurs parents. Ecouter aide à résoudre lesconflits, à trouver des solutions et à promouvoir lacompréhension, ce qui ne peut qu’être bénéfiqueà la vie de famille. Ecouter les enfants est un sym-bole positif d’amour et de respect. Certainsparents peuvent avoir des difficultés à respecter ledroit des enfants à participer lorsqu’ils sontconscients de n’avoir eux-mêmes jamais été res-pectés en tant que sujets de droits. Cela n’im-plique pas qu’il faille renoncer à encourager lesenfants à participer, mais il faut le faire avec déli-catesse. Il ne faut pas amener les enfants à croirequ’ils sont les seuls à avoir voix au chapitre ;chaque fois que c’est possible, la famille doit êtreassociée au processus.

1.5 LES ARGUMENTS FREQUEMMENT AVANCESPOUR S’OPPOSER A LAPARTICIPATION DES ENFANTS

1.5.1 Les enfants sont dépourvus des capacités ou de l’expérience nécessaires

Les enfants, comme les adultes, possèdent desniveaux de capacités différents au cours desdiverses phases de l’existence. Même les petitsenfants peuvent dire ce qu’ils aiment ou n’aimentpas à l’école et pourquoi, avoir des idées pourrendre les leçons plus intéressantes, ou proposerleur aide à d’autres enfants. Si on leur fournit l’as-sistance appropriée, l’information adéquate et lapossibilité de s’exprimer de façons qui leurconviennent - dessin, poésie, théâtre, photographie,ainsi qu’à travers les classiques débats, interviewset travaux collectifs – tous les enfants peuvent par-ticiper à des questions importantes pour eux. Enfait on peut envisager la participation des bébés etdes tout jeunes enfants à des degrés divers en fonc-tion de notre attitude envers leur développement.Créer un environnement qui favorise les possibili-tés d’exploration et d’autonomie de l’enfant est unefaçon de répondre à l’esprit de la CDE.

1.5.2 Les enfants doivent fairel’apprentissage de la responsabilitéavant de se voir accorder des droits

Une des façons les plus efficaces d’inciter lesenfants à accepter la responsabilité est d’abord derespecter leurs droits. Si on leur donne la possibili-té d’échanger leurs idées au sein d’un groupe etque ces idées soient prises en considération, ilsapprendront que les autres aussi ont le droit d’êtreentendus et que ce droit doit être respecté.

8 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Pourquoi les enfants veulent être associés aux questions qui les concernent● Cela leur fournit de nouvelles compétences● Cela renforce leur estime de soi● Cela les aide à lutter contre le sens d’impuissance

souvent associé à l’enfance● Cela leur permet de s’attaquer aux violations et à la

méconnaissance de leurs droits● Ils ont beaucoup de choses à dire● Ils pensent que les adultes se trompent souvent● Ils considèrent que leur contribution pourrait mener

à de meilleures décisions

● Ils considèrent qu’il est juste de les écouter lorsqu’ils’agit de leur vie

● Ils veulent contribuer à un monde meilleur● Cela peut être amusant● Cela donne la possibilité de rencontrer d’autres

enfants de milieux et d’âges différents possédantune expérience diverse

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2.1 LES POTENTIALITES DE PARTICIPATION DES ENFANTSL’entrée en vigueur de la Convention relative

aux droits de l’enfant en 1990 a donné lieu à ungrand nombre de débats et de mesures concrètesvisant à appliquer le principe énoncé à l’article 12selon lequel les enfants ont le droit d’être écoutéset pris en considération. L’expérience a prouvé queles enfants peuvent participer avec succès:● A la recherche ; ● Au contrôle de leur santé et à des décisions à cet

égard ;● A la gestion de leurs institutions, par exemple les

écoles ;● A l’évaluation des services pour la jeunesse ;● A la représentation de leurs pairs ;● A la défense d’une cause ;● A la conception, à la gestion, au suivi et à l’éva-

luation d’un projet ;● Aux campagnes et aux actions de soutien ;● A des activités d’analyse et d’élaboration des

politiques ;● A la publicité et à l’utilisation des médias ;● A des conférences.

On peut mettre les enfants à contribution danstout cadre institutionnel avec lequel ils sont encontact : l’école, les maisons d’accueil, les systèmesjuridiques pour la jeunesse, les médias, les orga-nismes d’aide à l’enfance, les services pour la jeu-nesse, les lieux de travail, les services sanitaires, lesadministrations locales et nationales. Ils sontcapables de participer à tous les niveaux, de lafamille à la communauté locale et à la scène inter-nationale. Cependant si on veut que leur participa-tion ait un sens, il est impératif que leur engage-ment soit lié directement à leur expériencepersonnelle et soit vécu par les enfants eux-mêmescomme un domaine d’intérêt primordial.

Il ressort de l’expérience engrangée au coursdes dix dernières années une richesse d’informa-

tions et de capacités qui peut être partagée et déve-loppée pour promouvoir une plus efficace contribu-tion démocratique des enfants. Il n’y a ni stratégiespréétablies, ni modèles idéaux ou universels. Laméthode utilisée dépendra de la question, du pro-jet ou de l’activité, que le processus soit local, régio-nal, national ou international. Cela dépendra égale-ment de l’objectif du processus.

2.2 LES PRINCIPES DE LA PARTICIPATIONDEMOCRATIQUEUn certain nombre de principes essentiels doi-

vent être à la base de toute activité visant à pro-mouvoir la participation démocratique des enfants.

2.2.1 Les enfants doivent comprendrede quoi relève le projet ou leprocessus, à quoi il sert, et leurrôle dans son déroulement

Mettre les enfants à contribution pour pro-mouvoir un programme d’adultes est dans lemeilleur des cas figuratif et dans le pire des casracoleur. Les manifestations où l’on voit desenfants brandir des banderoles couvertes de slo-gans à la rédaction desquels ils n’ont nullementpris part, ou les conférences où ils font acte de pré-sence sans comprendre le programme dans sonensemble, ne sont pas conformes au principe departicipation. De même, les enfants qui n’ont pasreçu l’information adéquate ne peuvent faire deschoix en connaissance de cause ou exprimer desopinions raisonnées. L’information doit être four-nie aux enfants sous des formes accessibles etappropriées à leur âge.

2.2.2 Les rapports de pouvoir et les structures décisionnellesdoivent être transparents

Il est important que les enfants comprennent

2. LA PRATIQUE DE LA PARTICIPATION

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faut établir des règles de base négociées et conve-nues entre les adultes et les enfants. Les adultesdoivent parfois imposer certaines limites du fait deleurs responsabilités à l’égard du projet. Ces limitesdoivent toutefois être claires et explicites dès ledébut. S’il s’avère nécessaire de renégocier lesrègles de base au cours du projet, cela doit avoir lieudémocratiquement avec la participation desenfants.

2.2.6 La participation doit êtrevolontaire et les enfants doivent être autorisés à se retirer à n’importe quel stade

On ne peut pas exiger des enfants qu’ils pren-nent part à un projet pour faire de la figuration.Par exemple retirer des enfants de l’école pourassister à une conférence sans leur accord ou leurengagement actif n’est pas les faire participer,même s’ils collaborent une fois sur place. De plusles enfants doivent être autorisés à se retirer àn’importe quel stade.

2.2.7 Les enfants ont droit à ce queleurs opinions et leur expériencesoient respectées

Tous les projets doivent être basés sur la recon-naissance que la participation des enfants est undroit humain fondamental. L’invitation à participern’est pas un cadeau de la part d’adultes compré-hensifs et ne doit jamais être proposée ou retiréecomme une récompense ou une punition.

2.3 INSTRUCTIONS PRATIQUES POUR PROMOUVOIR UNEPARTICIPATION EFFICACEIl n’y a pas de schémas pour établir une

consultation et une participation efficaces avec lesenfants. En fait, l’existence de tel schémas prive-rait les enfants de la possibilité de prendre part àla conception et au développement des projets. Ilfaut pour chaque projet élaborer une méthodolo-gie particulière adaptée aux objectifs. Néan-moins, on a pu tirer plusieurs leçons pratiques desnombreuses initiatives qui ont eu lieu dans lemonde pour promouvoir la participation desenfants. Ces leçons s’appliquent à toutes les ten-tatives pour faire participer les enfants : desconférences aux projets d’autonomisation, desexercices de consultation à la démocratisation dela vie scolaire.

dès le début quelles décisions peuvent être priseset par qui. S’ils découvrent, après qu’un projet a étélancé, qu’ils ne possèdent pas le pouvoir qu’ils pen-saient avoir, il se peut qu’ils deviennent amers etcyniques à l’égard du processus.

2.2.3 Les enfants devraient êtreassociés à l’initiative au premierstade possible

Si on les intègre à la dernière minute, ils sontprivés de toute possibilité de modeler ou d’influen-cer le processus ou les résultats. Leur présence aurapeu d’effet sur le projet dans son ensemble. L’ex-périence montre que les enfants peuvent avoir desidées fortes et créatives sur le développement d’unprojet si celui-ci les intéresse. Il n’est pas toujourspossible d’intégrer les enfants dès le début, maisplus tôt cela a lieu, plus il y a de chances que le pro-jet suscite chez eux un engagement et une contri-bution authentiques.

2.2.4 Tous les enfants doivent êtretraités avec le même respectindépendamment de leur âge, de leur situation, de leur appartenance ethnique, de leurs capacités ou autres facteurs

La participation de tous les enfants doit avoirla même valeur, même si des enfants d’âges et decapacités diverses nécessiteront des niveaux d’as-sistance différents et contribueront de différentesfaçons. De plus il est important de s’assurer quetous les enfants concernés par une initiative soientmis en mesure de participer et ne soient pas exclusdu fait de leur ‘invisibilité’ au sein des communau-tés locales ; par exemple une initiative axée surl’amélioration de l’environnement local doit inclu-re les enfants handicapés, les filles, les petitsenfants, les enfants appartenant à des minoritésethniques, etc… Il faut également éviter de seconcentrer sur des activités ou des projets concer-nant les groupes d’enfants les plus visibles. Onmène, par exemple, de nombreuses actions avecles enfants vivant et travaillant dans la rue, mais onagit très peu pour l’autonomisation des enfants enétablissement.

2.2.5 Les règles de base doivent êtreétablies avec tous les enfants dès le début

Pour tous les projets associant des enfants il

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2.3.1 Soyez disposés à écouter les priorités des enfants

Le préjugé selon lequel les avis et les raison-nements des adultes sont plus sensés, pertinentset appropriés que ceux des enfants, est profondé-ment enraciné dans la culture de la plupart dessociétés. Si l’on veut respecter la contribution acti-ve des enfants aux décisions concernant leur exis-tence, il est nécessaire de reconnaître l’importan-ce de combattre ce préjugé. Les enfants ont leursopinions personnelles sur l’importance de tel pro-jet ou telle activité, sur la violation de tel ou teldroit, et ces opinions peuvent très bien ne pas cor-respondre aux priorités des adultes. Et les enfantsne manifesteront pas un intérêt soutenu pour desprojets qui semblent sans rapport avec leur viequotidienne. Vous pouvez, par exemple, considé-rer la lutte contre la drogue comme une priorité,mais si la préoccupation majeure des enfantsconcerne la façon dont ils sont traités à l’école, ilss’engageront sûrement plus volontiers pour unprogramme visant l’ouverture d’un dialogue avecles professeurs, l’instauration de structures démo-cratiques ou la suppression des châtiments corpo-

rels. Vous ne devez pas non plus oublier que denombreuses questions traditionnellement consi-dérées comme du ressort des adultes - logement,transport, assistance sanitaire – concernent aussiles enfants et qu’ils peuvent souhaiter être consul-tés à cet égard.

Il faut que les adultes soient prêts à écouter ceque disent réellement les enfants, à s’engager tota-lement et à agir en ce sens. Les enfants et les ado-lescents peuvent s’exprimer différemment desadultes mais cela n’enlève rien à la valeur du conte-nu de leurs propos. Evidemment il n’est pas tou-jours possible de donner aux enfants ce qu’ilsdemandent. Mais ils l’accepteront s’ils sententqu’on les traite avec respect, s’ils comprennentcomment s’élaborent les décisions, et si ce qu’ilsont dit a été pris en considération.

2.3.2 Ayez des objectifs clairsIl est essentiel que vos objectifs soient clairs.

Vous devez vous demander pourquoi vous entre-prenez un projet et ce que vous espérez réaliser.Est-ce dans le but d’obtenir une meilleure infor-mation pour la réalisation d’un service ou d’une

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Caractérisques d’une participation efficace et authentiqueLE PROJET

● La question a un rapport réel avec les enfants eux-mêmes● Capacité de faire la différence – lorsque c’est possible obtenir un changement à long terme ou institutionnel● Liens avec l’expérience quotidienne directe des enfants● Aménagement du temps et des ressources appropriés● Expectatives réalistes des enfants● Cibles et objectifs clairs convenus avec les enfants● Ls question concerne la promotion ou la protection du droit des enfants

VALEURS

● Honnêteté de la part des adultes en ce qui concerne le projet et le processus● Possibilités de participation égales pour tous les groupes d’enfants intéressés● Respect égal pour les enfants de tous âges, capacités, appartenances ethniques, milieux sociaux● L’information est partagée avec les enfants pour leur permettre de faire des choix véritables● L’opinion des enfants est prise en considération● Les enfants participent de leur propre volonté● Les décisions sont prises en commun

MÉTHODOLOGIE

● Clarté de l’objectif● Lieux de réunions, langage et structures appropriés aux enfants● Associer les enfants dès le premier stade possible● Formation dispensée aux enfants pour les aider à acquérir les compétences nécessaires● Méthodes de participation établies en collaboration avec les enfants● Assistance de la part des adultes lorsque c’est nécessaire● Stratégies de durabilité

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l’obtenir à travers un projet de recherche clas-sique axé sur les jeunes. Cependant, si votreobjectif est de fournir aux jeunes des instrumentspour lutter contre les violations de leurs droits,vous devrez les aider à prendre conscience de cesdroits, leur donner les moyens d’exprimer dequelle façon ceux-ci sont bafoués, et élaborer desstratégies pour promouvoir le respect de cesdroits ainsi que des systèmes permettant auxjeunes de défendre leur propre cause et celle deleurs pairs.

2.3.3 Fixez clairement les limites de l’activité proposée

Les enfants invités à participer à une initiativeou à un programme doivent être informés dès ledébut de ce que sera leur rôle, des éventuelles déci-sions de leur ressort, et de ce qu’il est possible denégocier. Il est nécessaire d’aborder :● Les structures décisionnelles. Il faut que soit

clairement établi si l’initiative implique un pro-cessus de consultation, de participation, d’auto-nomisation ou d’auto-plaidoyer. Dans de nom-breuses situations tout le pouvoir décisionnelest dans les mains des adultes. Il faut le dire auxenfants dès le départ pour éviter une rapidedésillusion de leur part. Dans les écoles, parexemple, toutes les propositions de dépensesfaites par un conseil de classe doivent-elles êtresanctionnées par l’administration ou le direc-teur ? Les enfants auront-ils un budget qu’ilsdirigeront ? Il faut aussi ménager la possibilitéde renégocier les structures au fur et à mesureque les enfants acquièrent plus d’assurance etde compétences.

● La possibilité de changement. Il ne sert pas àgrand chose de consulter les enfants sur desdécisions ou propositions qu’ils ne peuvent nul-lement influencer. Si une administration localen’a pas d’argent pour financer de nouveaux ser-vices pour les enfants, il n’y a guère de raisons

politique ? Est-ce pour aider des enfants indivi-duels à acquérir certaines capacités ? Est-ce pourpromouvoir une culture de respect des enfants ?Est-ce pour renforcer chez les enfants la compré-hension du processus décisionnel démocratiqueet l’aptitude à le mettre en pratique ? Lesréponses à ces questions vous aideront à définirvotre méthodologie et votre approche. Parexemple :● Si vous désirez l’avis des enfants sur les priorités

de dépenses pour des installations récréativeslocales, une seule brève consultation suffira.Cependant si vous voulez faire participer lesenfants à la conception, au développement et ausuivi des aires de jeux à plus longue échéance,vous devrez travailler avec eux pour élaborer desstructures permettant leur participation durableet l’incorporation de leurs opinions aux processusdécisionnels.

● Si vous voulez connaître les causes du tauxélevé d’abandon scolaire des filles, vous pou-vez établir un projet de recherche à courtterme pour découvrir leurs raisons et leursexpériences. Cependant, si vous voulez mettreau point des programmes pour réduire l’aban-don scolaire et améliorer la qualité du vécuéducationnel des enfants, vous devrez intro-duire des mécanismes pour associer lesenfants eux-mêmes au développement de lavie scolaire. Cela demandera des systèmesdécisionnels plus démocratiques, l’engage-ment de prendre les enfants au sérieux et lavolonté d’agir en fonction de leurs sugges-tions. Il s’agit d’un engagement à long termenécessitant d’importants changements destructure et d’organisation ainsi qu’un dépla-cement dans l’équilibre des forces au sein dusystème d’éducation.

● Si vous voulez l’opinion des enfants sur la façondont la police les traite dans la rue, vous pouvez

12 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Leçons-clés● Soyez diposés à écouter les priorités des enfants● Ayez des objectifs clairs● Fixez des limites précises à l’activité proposée● Faites les recherches nécessaires● Soyez disposés à consulter les enfants sur les

méthodes de participation● Souvenez-vous que les enfants ne constituent pas

un groupe homogène● Prévoyez de ménager le temps nécessaire

● Procurez-vous les ressources nécessaires● Souvenez-vous qu’il est important de travailler avec

les adultes autant qu’avec les enfants● Attendez-vous à être contestés● Ne sous-estimez pas les enfants● Déterminez des indicateurs ou des objectifs de par-

ticipation efficace en collaboration avec les enfants● Attendez-vous à faire des erreurs et à vous tromper

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de demander aux enfants ce qu’ils aimeraient.Si les responsables politiques ne sont pas dispo-sés à prendre au sérieux l’opinion des enfants,c’est du temps perdu que de susciter l’expecta-tive des enfants en les invitant à participer, saufsi l’on travaille également sur la façon de s’atta-quer à la position de ces responsables poli-tiques. S’il existe un risque que surgissent desobstacles susceptibles d’empêcher la réalisationdes objectifs, les enfants doivent en être préve-nus. Il n’est pas dit que les enfants doivent tou-jours réussir mais ils doivent être en mesure decomprendre les raisons d’un échec de façon àne pas le mettre sur le compte de leur ineffica-cité personnelle.

● La durée. Les enfants doivent être informés dutemps nécessaire probable pour obtenir un chan-gement. S’ils sont engagés dans une campagnede réforme juridique, par exemple, visant la sup-pression des châtiments corporels ou l’applica-tion du droit à l’éducation pour les enfants handi-capés, il est probable que le travail devra sepoursuivre de façon soutenue pour une trèslongue période. S’ils s’emploient à mettre enplace un conseil démocratique à l’école, bien quecela puisse demander du temps, ils seront alorsactivement engagés tout au long du projet et ilfaut souhaiter qu’ils voient des changements seproduire à chaque stade du processus. Il se peutaussi, s’ils ont participé à une unique consultationsur une initiative locale, qu’une longue périodes’écoule entre la consultation elle-même et toutrésultat éventuel. Dans ce cas il est important deprévenir les enfants et de les tenir régulièrementinformés.

● Les intérêts en compétition. Les propositionsdes enfants pour l’action ou le changement seheurteront souvent à des intérêts en compétition.Cela fait partie du processus de participation deles aider à rassembler les arguments nécessairespour présenter leur requête et affronter les opi-nions adverses. Cependant il faut aussi leur faireprendre conscience que dans un contexte démo-cratique d’autres opinions peuvent être légitimeset que d’autres catégories de personnes ont aussile droit d’être entendues.

2.3.4 Faites les recherches nécessairesUne fois que vous avez décidé ce que vous

espérez réaliser, vous devez effectuer un travail debase pour élaborer l’approche la plus efficace etappropriée. Vous devez par exemple :● Rechercher les autres initiatives pertinentes

développées dans ce domaine et envisager une

éventuelle collaboration ou en tirer certainsenseignements.

● Réfléchir sur les différentes communautés d’en-fants qui doivent participer. Par exemple, sivous voulez élaborer des structures à long termepour permettre aux enfants d’influencer lespolitiques locales, vous devrez faire en sorted’associer le plus grand nombre possible d’en-fants de la communauté locale. Cela peutconcerner des enfants de différents groupes eth-niques, des enfants qui parlent des languesminoritaires, des enfants handicapés, desenfants d’âges divers, des enfants réfugiés etdes enfants socialement exclus. Si, par contre,votre objectif est de favoriser l’accès à l’éduca-tion des filles employées aux travaux domes-tiques, votre tâche sera de trouver le plus grandnombre possible de celles-ci qui sont par défini-tion isolées et peu visibles. Ce mode de déter-mination des participants devra être revu par lesenfants une fois qu’ils auront établi le projet surla base des principes d’inclusion.

● Etablir un petit groupe de direction formé dequelques enfants pour vous aider à poser lesbonnes questions, à établir votre méthodologie, àétudier les modèles de participation efficaces.

● Demander l’avis des autres membres de votreorganisation sur la proposition et essayer d’obte-nir leur appui.

2.3.5 Soyez disposés à consulter les enfants sur les méthodes de participation

Les enfants eux-mêmes auront leurs idées surla mise en place de méthodes de participation effi-caces qui sont susceptibles de différer des proces-sus ou des forums conçus pour les adultes. Il fautleur reconnaître les compétences dues au fait mêmequ’ils sont jeunes et qu’ils savent ce qui fonctionnepour eux. Vous devez considérer que :● Les enfants ont de nombreux moyens d’exprimer

leurs opinions et leurs expériences, à travers lethéâtre, la poésie, le dessin, les jeux de rôle, laphotographie et Internet. Ces alternatives à lacommunication verbale directe sont tout aussivalables et peuvent illustrer avec force la vie desenfants, leurs problèmes et leurs stratégies dechangement. Il est important de s’informerauprès des enfants en personne sur la façon dontils souhaitent s’exprimer.

● Les enfants sauront quels forums sont suscep-tibles d’être couronnées de succès et ce qui nemarchera pas. Par exemple les interminablesréunions caractéristiques des adultes n’ont guère

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Page 20: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

mais il faut également les inclure dans les activi-tés de promotion d’écoles amies des enfants.Diviser les enfants en groupes conduit inévitable-ment à mettre l’accent sur la différence plutôt quesur les points communs.

Des enfants d’âges et de talents divers peuventcollaborer de façon efficace mais il peut être néces-saire de leur apporter différents niveaux d’assistan-ce et d’utiliser des méthodes de travail et d’expres-sion variées pour leur permettre à tous de participerau maximum. En outre, tous les projets comporte-ront un certain nombre de rôles différents attribuésaux enfants en fonction de leurs aptitudes, de leursintérêts et de leurs capacités, et chacun de ces rôlesdevra bénéficier de la même attention et de lamême importance.

2.3.7 Prévoyez de ménager le temps nécessaire

Faire participer les enfants prend du temps. Iln’existe pas de raccourcis pour obtenir une parti-cipation efficace. Si vous voulez faire les chosescomme il faut, il est fondamental de vous assurerd’avoir établi la planification et la préparationnécessaires. Vous pouvez avoir besoin de tempspour :● Entreprendre des recherches initiales avec les

enfants eux-mêmes pour décider de l’organisa-tion le projet ;

● Nommer parmi les enfants un groupe-conseilou un groupe-programme pour travailler sur leprojet ;

● Former les enfants à présider une réunion, àprendre des décisions, à tenir des registres, àinterviewer des collaborateurs éventuels, à fairedes recherches, à traiter avec les médias ;

● Faire en sorte que les enfants soient tenus aucourant de tout ce qui se passe ;

● Accorder aux enfants des délais suffisants pour sepréparer à participer aux réunions et aux confé-rences ; ils ne doivent jamais se trouver dans dessituations auxquelles ils n’ont pas été adéquate-ment préparés ;

● Evaluer les progrès et prendre acte de ce quifonctionne et de ce qui doit être revu.

Il faut également êre conscient du fait que lesenfants sont très occupés. De nombreux partici-pants potentiels sont probablement des élèves àplein temps, beaucoup doivent sûrement remplirdes tâches dans leur foyer ou sur le marché du tra-vail officiel ou non. Les enfants ont aussi une viesociale et le droit de jouer et d’avoir des loisirs. Laparticipation aux projets devra absolument êtreadaptée en fonction de ces autres emplois du temps

de chance de plaire aux enfants, sans parler desplus jeunes d’entre eux. Les consultations tenuesà l’école peuvent être influencées de façon néga-tive par la nature hiérarchique du milieu scolaire.Les conférences où interviennent un nombreinfini d’orateurs ont probablement un côté troppassif pour susciter l’intérêt et l’engagement desenfants. Vous devez demander aux enfants eux-mêmes où ils souhaitent tenir les réunions et sousquelle forme.

● Les enfants sont habitués au langage, à la cultureet aux préoccupations de la jeunesse, facteursessentiels pour créer un environnement danslequel ils se sentent à l’aise, détendus et en sécu-rité. Par exemple, les réunions tenues dans uncadre solennel peuvent rassurer les enfants sur lefait qu’on les prend au sérieux mais peuvent éga-lement les intimider. Les enfants préfèrent par-fois des réunions uniquement entre eux de façonà prendre progressivement de l’assurance et àdévelopper leurs idées.

2.3.6 Souvenez-vous que les enfants neforment pas un groupe homogène

Les enfants, comme les adultes, ne constituentpas un groupe homogène. Leurs idées reflèterontassurément un éventail de préoccupations et d’opi-nions aussi variées que celles exprimées par lesadultes, mais elles fourniront une perspective diffé-rente. Certains projets seront axés à juste titre surtel ou tel groupe d’enfants particulièrement expo-sés à la violation de leurs droits, par exemple desenfants réfugiés ou demandeurs d’asile. D’autresseront des initiatives d’ensemble associant parexemple tous les enfants d’une certaine école oud’une certaine communauté. Ce qui compte estque tous les enfants légitimement concernés par unprojet soient encouragés à participer et mis enmesure de le faire, et que les enfants plus faibles ouplus isolés ne soient pas marginalisés. Il existe eneffet le danger que seuls participent les enfantsdoués, capables de s’exprimer, de familles aisées,qui, bien qu’ils apportent une contribution valable,ne reflètent pas l’ampleur de l’expérience de tousles enfants.

Il est également important de se rendrecompte que de nombreuses questions sont com-munes à tous les enfants et qu’il n’est pas toujoursapproprié de se concentrer sur les enfants entermes de ‘problèmes’. Il peut être très utile parexemple d’entreprendre une tâche précise avecdes enfants handicapés pour leur permettre decommuniquer leur expérience des obstacles à leurparticipation active dans la vie de tous les jours,

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Page 21: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

des enfants, et établie en tenant compte des limitesà leur disponibilté. Les enfants eux-mêmes, évi-demment, auront leurs idées sur les meilleursmoments pour se réunir.

2.3.8 Procurez-vous les ressourcesnécessaires

Le travail de consultation recquerra l’engage-ment de certaines dépenses. Vous devez établir unbudget dès le commencement du projet et essayerde vous assurer les fonds nécessaires à son aboutis-sement. Certaines dépenses peuvent être réduitesen utilisant les ressources de votre propre organisa-tion. Les coûts varieront évidemment en fonctionde la nature de l’initiative, de sa durée, de son éten-due géographique et du nombre d’enfants associés.Par exemple :● Les enfants peuvent avoir besoin d’allocations

de transport. Cela sera particulièrement impor-tant pour des projets nationaux ou régionauxdans le cadre desquels les enfants peuvent êtreappelés à faire de longs voyages. Mais mêmepour des initiatives locales les enfants peuventdevoir utiliser les transports publics, ce quicomporte des frais qui doivent être couverts. Ilfaut aussi se souvenir que les enfants aurontgénéralement besoin qu’on leur avance l’argentcar ils n’ont guère ou pas du tout de revenuspersonnels.

● Il est possible de devoir louer des salles deréunion pour toute la durée du projet.

● Il faut affecter au projet un certain nombred’heures de travail du personnel.

● Vous pouvez avoir des frais de matériel debureau, d’affranchissement, de téléphone. Il sepeut que le projet nécessite son propre papier àen-tête, son propre site Internet et sa propreadresse e-mail. S’il faut recruter beaucoup d’en-fants, il peut aussi y avoir d’importants frais depublipostage.

● Des spécialistes peuvent être requis pour formerles enfants.

● Vous pouvez envisager de verser une allocation àcertains enfants qui prennent part à une confé-rence ou à un projet de recherche.

2.3.9 Souvenez-vous qu’il est importantde travailler avec les adultesautant qu’avec les enfants

Les stratégies visant à donner la parole auxenfants ne fonctionnent que s’il y a des adultesdisposés à les écouter. Le concept d’écouter lesenfants et de les prendre en considération fait

encore l’objet de fortes résistances ; l’idée que lesadultes n’ont rien à apprendre des enfants estencore solidement ancrée. Vous devez consacrerdu temps à travailler avec les adultes détenteursde pouvoir, par exemple les directeurs d’écoles, lapolice, les responsables politiques locaux, afin deles convaincre des avantages d’un rapport plusouvert et plus démocratique avec les enfants etles jeunes.

2.3.10 Attendez-vous à être contestésUne fois associés à une activité, les enfants

auront leurs idées sur la façon dont elle peut ou doitévoluer. Ces idées peuvent différer considérable-ment de votre conception première. Vous devezêtre ouverts aux suggestions des enfants et disposésà discuter des possibilités de changements d’orien-tation, d’objectifs ou de calendrier du projet. Déve-lopper des structures propres à la discussion et éla-borer des solutions coopératives avec les enfantssont des éléments importants du processus de par-ticipation et de démocratie.

2.3.11 Ne sous-estimez pas les enfantsDu fait que les enfants sont rarement enten-

dus dans des cercles d’adultes, on a parfois ten-dance, lorsqu’en fait ils participent, à valoriserexagérément leur contribution. Cela relève dupaternalisme. Certains sont aussi d’avis que,lorsque des enfants participent à un forumd’adultes, il n’est pas acceptable de les contredi-re ou d’être en désaccord avec eux. Il est évi-demment légitime de manifester un éventueldésaccord tant qu’on le fait avec respect et nonsimplement pour se débarrasser des enfants et deleur droit à leur parole. Traiter les enfants avecdes égards excessifs est aussi négatif que de lesignorer. Cela peut conduire à sous-estimer leurscapacités, à attendre trop peu de leur contribu-tion, et à diminuer les bénéfices potentiels deleur engagement. Par contre les enfants doiventêtre autorisés à participer en tant que tels (lescontraindre à se comporter en ‘mini-adultes’ n’estni souhaitable ni approprié), ils sont tout à faitcapables d’apporter une contribution éclairée etanalytique, et doivent être reconnus à leur justevaleur.

2.3.12 Déterminez des indicateurs ou des objectifs de participationefficace en collaboration avec les enfants

Il est important lorsque vous organisez un

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2.4. EXEMPLES PRATIQUES DE PARTICIPATION DES ENFANTS

Les approches constructives de participationdes enfants peuvent, de façon générale, être regrou-pées en trois catégories, encore qu’elles soient loinde s’exclure mutuellement et que leurs limitessoient rarement nettes. Nous les présentons iciprincipalement pour aider à conceptualiser le typede travail décrit :● Processus consultatif : les adultes commencent

à recueillir auprès des enfants des informationspour améliorer la législation, les politiques ou lesservices ;

● Initiatives de participation : leur but est derenforcer les processus démocratiques, de créerpour les enfants des possibilités de com-prendre et d’appliquer les principes démocra-tiques, ou d’associer les enfants au développe-ment de services et de politiques lesconcernant ;

● Promotion de l’auto-plaidoyer : le but est depermettre aux enfants de définir et de réaliserleurs propres objectifs et initiatives.

Projets et initiatives peuvent aussi passer d’unecatégorie à une autre à mesure qu’ils évoluent, etque les enfants, et même les adultes, acquièrent del’assurance.

2.4.1. Processus consultatifsLa consultation est un processus à travers

lequel les adultes, à partir des expériences desenfants, de leurs opinions et de leurs préoccupa-tions, cherchent à découvrir comment la législa-tion, les politiques et les services peuvent êtremieux définis. En général, les processus deconsultation possèdent les caractéristiques sui-vantes :● Ils sont mis en place par les adultes ;● Ils sont dirigés et administrés par les adultes ;● Les enfants n’ont aucun contrôle sur les résul-

tats ;● Les enfants peuvent avoir la possibilité de s’orga-

niser entre eux, d’acquérir capacités et assurance,et de contribuer à exercer une influence sur lesrésultats.

En d’autres termes, il s’agit d’un processus quine comporte aucune transformation structurelledes relations entre les adultes et les enfants.L’équilibre des forces reste inchangé. Ce quiprime dans le processus de consultation est qu’ilamène les adultes en position de pouvoir à recon-

projet, un programme de recherche ou uneconférence, de fixer clairement les objectifs oules cibles que vous espérez atteindre. Ceux-cidoivent être établis avec les enfants qui partici-pent, sur la base de leurs aspirations et de leursexpectatives. Ils peuvent être quantitatifs :nombre d’enfants recrutés, nombre de réunionsorganisées, nombre d’enfants associés au projetrecevant actuellement une éducation de base,etc… Ils peuvent aussi se rapporter à des mani-festations publiques de changement : des écolesqui introduisent des structures démocratiques,des responsables locaux qui acceptent de suivreles recommandations des enfants, l’améliorationdes conditions de vie des enfants travailleurs, lareprésentation plus positive des enfants dans lesmédias, etc… Ou encore ils peuvent se rapporterà la qualité du vécu des enfants : l’accroissementde l’estime de soi et de la confiance en soi, lavaleur des relations interpersonnelles, l’efficacitédu processus décisionnel démocratique dans lecadre du projet, etc… Ces derniers objectifs sontévidemment plus difficiles à évaluer. L’établisse-ment de buts et le contrôle régulier des progrèsfourniront l’occasion de réfléchir et de discuterdes aspects positifs et négatifs de l’activité encours, ainsi que d’élaborer de futurs plans. Vouspouvez aussi établir en collaboration avec lesenfants un processus de suivi du projet ou duprogramme.

2.3.13 Attendez-vous à faire des erreurs et à vous tromper

La pratique de faire partiper des enfants estencore relativement récente. La plupart des indi-vidus et des organisations oeuvrant dans ce domai-ne en sont encore à explorer et à tester ce qui fonc-tionne. Il est inévitable de faire des erreurs detemps à autre, d’oublier des étapes fondamen-tales, de sous-estimer le temps nécessaire, de nepas faire participer les enfants qu’il aurait fallu…Il faut alors se dire qu’il s’agit d’un tournant dansl’apprentissage, et que c’est en forgeant qu’ondevient forgeron. Les organisations partagenttoutes la crainte de faire de la figuration. Cepen-dant si vous suivez les principes et les pratiques debase esquissés ci-dessus, cela vous aidera à établirle juste cadre. Et si vous vous trompez vous tirerezles leçons de vos erreurs et vous ferez mieux la foissuivante. Les enfants ne manqueront pas de vousle faire savoir !

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Page 23: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

naître la valeur de l’expérience spécifique desenfants, qui peut très bien se distinguer de celledes adultes, et dont on doit tenir compte dans lesprocessus décisionnels. Ses limites n’invalidentdonc pas le processus. Il existe, par exemple, dessituations légitimes où les politiciens démocrati-quement élus au niveau local ou national consul-tent les enfants pour améliorer les services, pourconnaître le degré d’efficacité des politiques etpour déterminer les implications de la législation.

Ils restent responsables des décisions dans ces sec-teurs et ne peuvent en déléguer la responsabilité.Ils sont cependant davantage responsables si, cefaisant, ils parviennent à refléter les préoccupa-tions réelles de ceux sur qui leurs décisions ont unimpact – en l’occurrence les enfants.

Des processus de consultation peuvent êtremis en place à tous les niveaux, des petits projetscommunautaires aux manifestations internatio-nales. Ils peuvent se présenter comme des initia-

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Problèmes fréquentsLes enfants ne sont pas représentatifs

Quand des enfants prennent la parole sur unequestion, lors d’une conférence ou lorsqu’ilss’adressent à leur gouvernement national ou local,on leur reproche souvent de ne pas être représenta-tifs. Les enfants peuvent rarement être absolumentreprésentatifs mais cela n’enlève rien à leur contri-bution, du moment qu’ils ne prétendent pas parlerau nom de tous les enfants. Leurs opinions person-nelles peuvent se baser sur l’expérience de la viola-tion de certains droits au sein de leur communauté,sur des recherches entreprises en groupe, sur un tra-vail effectué dans le cadre du projet auquel ils par-ticipent, etc… Toutes ces expériences légitimentleurs propos, certainement autant que ceux denombreux adultes qui représentent leur gouverne-ment. Cependant il est important, pour sensibiliserl’opinion aux problèmes des enfants et pour fournirà ceux-ci la possibilité de participer à des actionsde promotion et de protection de leurs droits, quel’on entende leurs voix à partir d’expériences et deperspectives diverses. L’un des problèmes dans cedomaine est que beaucoup d’adultes traitent lesenfants comme s’ils étaient représentatifs et cettefaçon de voir est parfois partagée par les enfantseux-mêmes.

Certains enfants deviennent des porte-parole ‘professionnels’

Le danger existe que certains enfants devien-nent pratiquement des porte-parole et des représen-tants ‘professionnels’ de leur organisation et qu’ilspassent ainsi le plus clair de leur temps sur la scènepublique loin des racines qui alimentent et légiti-ment leur contribution. Donner la parole auxenfants revêt un sens particulier du fait qu’ils par-lent à partir d’expériences directes et continues. Ilest important que cela ne se perde pas. Dans cetesprit certaines organisations ont établi une structu-re non-hiérarchique ou encouragé les enfants à

créer de nombreux rôles au sein de leur groupe. Parexemple au Royaume-Uni, Article 12, une organi-sation dirigée par des enfants, a un vaste comitédirecteur dont chaque membre peut représenterl’organisation, ainsi que d’ailleurs tout adhérent. Laprésidence est assumée à tour de rôle et l’organi-sation essaie logiquement de donner la possibilitéaux enfants de tous âges de participer à des mani-festations publiques.

Il est difficile de poursuivre les initiatives à mesure que les enfants grandissent

Les projets et les organisations associant desenfants sont condamnés, de par leur nature même,à des ‘hémorragies’ continues à mesure que lesenfants grandissent. Il est donc important d’intégrerla possibilité d’associer de nouveaux enfants et defaciliter la transmission des compétences desenfants plus âgés aux plus jeunes. Quelques orga-nisations ont développé le concept de jeunesconseillers, ce qui permet à certains de continuer àsoutenir le projet une fois qu’ils ont atteint la limi-te d’âge.

Les enfants peuvent être manipulés par les pro-grammes des adultes

Le danger existe que les adultes utilisent lesenfants pour promouvoir leurs propres programmespolitiques. Il est donc important que les manifesta-tions et les initiatives établissent des principes etdes règles de base précis sur la façon dont les déci-sions sont prises et par qui, et sur les relations res-pectives entre les adultes et les enfants. En général,bien qu’il arrive que les enfants soient utilisés parles adultes, il est davantage probable qu’à mesurequ’ils acquièrent de l’assurance et des compétencesdu fait de leur participation, ils tiennent de plus enplus à définir leurs propres programmes et s’oppo-sent aux tentatives des adultes de les détourner deleurs priorités établies.

Page 24: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

furent élaborées et produites par les enfants avecle soutien et l’aide des adultes. Le projet adémontré que des enfants de différents pays etde cultures diverses, sans langue commune,étaient capables de collaborer et d’œuvrer defaçon efficace à un but commun. Les résultats dela consultation ont révélé, en outre, une grandelogique dans leurs préoccupations concernant lesdroits de l’enfant à l’égard de la démocratie, de lacitoyenneté, de la violence et de l’éducation.

Le Parlement des enfants en Slovénie13

Lorsque la démocratie parlementaire fut intro-duite en Slovénie en 1990, un Parlement desenfants fut également institué. Chaque année, dansles écoles, on présente aux enfants un sujet choisiqu’ils ont la possibilité d’étudier en profondeur.Plus de 100 jeunes âgés de 13 à 15 ans sont élusdans leurs écoles afin de se réunir au Parlement slo-vène et de discuter du sujet en question. A la fin dela session, ils choisissent le sujet de l’année suivan-te. Le sujet de la première année était ‘Un envi-ronnement sûr et sain’. Cependant, lors du secondParlement, la situation avait changé de façon dra-matique. La guerre avait éclaté en Slovénie, enCroatie et enfin en Bosnie. Les jeunes utilisèrent leParlement pour exprimer leurs préoccupations pourl’avenir et se plaindre de l’incapacité des politiciensà mettre en place un gouvernement efficace. Ilsexprimèrent leur colère, leur angoisse, et leur senti-ment d’avoir été trahis : la guerre, le manque deprotection, l’incapacité de l’école à fournir une édu-cation appropriée. Les politiciens les écoutèrent etprésentèrent au Parlement un rapport périodiquefondé sur les recommandations du parlement pré-cédent, lequel, bien qu’il n’ait contenu que peu deréalisations concrètes, démontra aux enfants queleurs préoccupations étaient prises au sérieux. Letroisième parlement axa ses débats sur la créationd’écoles pensées en fonction des enfants. Contrai-rement aux années précédentes, il s’employa à sug-gérer des améliorations concrètes plutôt qu’àémettre des critiques. En 1993, le sujet fut l’amitiésans violence – une reconnaissance du besoin desenfants d’assumer la responsabilité de leur proprecomportement, tout en acceptant que le mondeadulte s’attaque à l’abus de drogues, à la violenceliée à l’alcool, au pouvoir des adultes d’abuser desenfants, à la violence dans les médias et à l’existen-ce de la guerre.

tives ponctuelles, ou s’inscrire dans un programmecontinu ou dans des structures permanentes ou àlong terme. Les initiatives ponctuelles visent àobtenir des informations de la part des enfants surune question ou un événement particulier. Il s’agitd’une brève participation dans la mesure où lesenfants se contentent de faire part de leurs expé-riences et de leurs opinions aux adultes respon-sables du processus. Des activités plus durablespeuvent permettre d’associer davantage lesenfants à la planification du projet. Les enfantspeuvent avoir davantage d’influence sur lesméthodologies employées, sur les questions à trai-ter ainsi que sur l’interprétaion et l’utilisation desrésultats. Il y a aussi de nombreux exemples destructures de consultation créées par des gouver-nements locaux, régionaux ou nationaux, sur desbases permanentes ou à long terme, pour assurer lacontribution régulière des enfants et des jeunes audéveloppement de la législation et des politiquesproposées, ainsi que pour obtenir leur avis surcelles qui existent déjà.

Exemples de processus consultatifsEuronet, consultation sur la discrimination et l’exclusion sociale des enfants, Bruxelles, 200012

Euronet, un réseau européen qui s’occupedes droits des enfants, a voulu savoir si lesenfants se sentaient discriminés en tant qu’en-fants, quel impact cela avait sur leur vie et s’ilsdésiraient obtenir davantage de possibilités departiciper aux décisions politiques aux niveauxnational et européen. Euronet a organisé uneconsultation dans cinq pays à travers des discus-sions de groupe, des questionnaires, des inter-views menées par les enfants eux-mêmes, desséminaires nationaux, et a conclu par une ren-contre de représentants des jeunes des cinq paysparticipants. Le but était de produire unensemble de recommandations à présenter auxinstitutions de l’Union européenne. Les résultatsont ensuite été présentés par les enfants eux-mêmes lors d’un séminaire organisé au Parlementeuropéen.

Commentaire – Les enfants, choisis enfonction de leur appartenance à Euronet auniveau national, ont ensuite consulté une largetranche d’enfants de leurs pays d’origine. Bienque cette initiative ait été conçue par des adultes,le groupe central d’enfants, une fois établi, a jouéun rôle significatif dans la planification et ledéveloppement du projet. Les recommandationsfinales, fondées sur le processus de consultation,

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12 Programme 2000 pour les enfants et les jeunes enEurope, Euronet, Bruxelles, 200013 Monitoring Children’s Rights, ed. E. Verhellen, DCI/Mar-tinus Nijhoff, 1996

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Commentaire – Le facteur décisif garantis-sant que ce Parlement n’était pas seulement sym-bolique, fut la disponibilité des politiciens à écou-ter les enfants, à prendre en considération leurspropositions et leurs problèmes, et à agir quandcela était possible. En outre, le processus démon-tra que les enfants étaient capables de développerleur propre sens de responsabilité démocratiquequand ils se rendaient compte qu’on les prenaitau sérieux.

Le Parlement des enfants au Zimbabwe14

L’Organisation de l’unité africaine (OUA) adécrété annuellement une ‘Journée de l’enfantafricain’. Au Zimbabwe, le président a décidé decélébrer l’événement en instaurant chaque annéeun Parlement des enfants dont le thème est choi-si par l’OUA. Les membres potentiels du Parle-ment des enfants sont choisis dans les écoles etconcourent, par le biais de discours écrits oupublics, pour représenter leurs électeurs à la ses-sion parlementaire. Les délégués proviennent tantde l’école primaire que secondaire et sont éluspour un an. Le Parlement siège un jour, une autrejournée étant consacrée aux répétitions. Lesjeunes parlementaires ont deux minutes chacunpour parler du thème choisi. Les ministres adultesécoutent et répondent aux contributions desenfants parlementaires, après quoi les enfants ren-trent chez eux.

Commentaire – Bien que la possibilité, pourles enfants, de soumettre directement leurs préoc-cupations au gouvernement constitue un pas impor-tant, la capacité de cette initiative de permettre auxenfants d’apporter une contribution significative auprogramme politique est limitée par un nombre defacteurs que les enfants parlementaires ont eux-mêmes définis:● Les critères de sélection ne sont pas clairs et, en

pratique, le leadership, les bonnes performancesacadémiques et la compétence en anglais déter-minent le choix des enfants, garçons et filles. Il ya donc une sous-représentation des enfants nonscolarisés.

● Les jeunes parlementaires n’ont aucune possibi-lité de se réunir pour échanger leurs idées avantla session, laquelle tend à être perçue comme unecompétition, ce qui conduit à une réserve dansl’échange d’informations.

● Les enfants ne reçoivent aucune formation surleur rôle de parlementaire.

● Il n’y a aucun programme de financement pour laparticipation au Parlement, ce qui diminuesérieusement les possibilités des enfants d’entre-

prendre toute activité en rapport avec leur rôle deparlementaire ;

● Il n’y a aucun suivi du Parlement lui-même, cequi laisse les enfants parlementaires sans rôle niactivité. Les opinions présentées au Parlementrestent sans suite, et les enfants parlementairesne peuvent pas jouer de rôle continu au servicedes droits des enfants. Les enfants ne reçoiventpas le soutien d’adultes influents qui pourraientles aider à remplir plus efficacement leur rôled’enfant parlementaire.

● On ne tient aucun registre systématique duParlement des enfants, annulant ainsi toutepossibilité d’une réponse sérieuse de la partdes adultes aux préoccupations exprimées parles enfants. Le nom des enfants parlemen-taires, passés ou présents, n’est pas non plusconservé.

Consultation multimédia avec des enfants et des jeunes gens handicapés, Royaume-Uni, 200015

L’ONG Children’s Society s’est livrée à desconsultations auprès d’enfants et de jeunes genshandicapés afin de connaître leurs opinions et leursexpériences quant à l’assistance qu’ils reçoivent,dans le cadre d’un programme local pour mettre enplace des services à leur intention. Six équipes ontparticipé à l’opération, toutes compétentes en cedomaine, comprenant un total de 200 enfants etjeunes gens. La consultation a surtout recherchél’opinion de ceux qui avaient une expérience desprogrammes en rapport avec la transition à l’âgeadulte, le jeu et le loisir, le placement résidentielainsi qu’avec les processus d’évaluation et de révi-sion. La consultation incluait des enfants ayant unhandicap physique, des déficiences sensorielles etdes difficultés d’apprentissage.

Le processus de consultation différait de laforme traditionnelle par l’utilisation de l’approchemultimédia. Théâtre, chant, dessin, animation,récits et journaux intimes vidéo ne sont quequelques exemples des méthodes utilisées pourrecueillir l’opinion des enfants et des jeunes aux-quels cette approche permit de communiquer leursexpériences et leurs opinions à travers l’instrumentde leur choix.

Plusieurs jeunes participant à la consultationfurent formés et payés en tant que chercheurs.Leur tâche était de travailler avec des groupes d’en-

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14 Our Right to be Heard: Voices from Child Parlementariansin Zimbabwe, Save the Children, Londres, 200015 Détails tirés de la correspondance adressée à l’auteurpar le directeur de projet

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L’Hôpital pour enfants de Derby, RU, 199217

Lorsqu’on décida de construire un nouvelhôpital pédiatrique, 130 enfants furent invités àparticiper à des débats et à des ateliers pour défi-nir ce qu’ils attendaient de l’hôpital. Ils furentsélectionnés dans des écoles primaires et secon-daires locales, et on leur demanda ce qu’ilsaimaient et n’aimaient pas dans le fait d’aller àl’hôpital et ce qui pourrait être amélioré. Laconsultation commença avant que les architectesn’entreprennent les travaux. La collaborationavec les enfants donna des idées aux respon-sables du projet non seulement sur le type deconstruction et d’environnement que les enfantsvoulaient, mais aussi sur la façon dont ils dési-raient que l’hôpital fonctionne. Les architectestrouvèrent le processus instructif et créatif. Lesenfants suggérèrent entre autres des améliora-tions pour les aires de jeux, et des comptoirs deréception plus bas où ils puissent s’enregistrereux-mêmes.

Commentaire – Cette initiative constituaitune sincère tentative d’associer les enfants avantde prendre toute décision à propos de l’hôpital. Ily avait donc de réelles possibilités d’intégrer lessuggestions des enfants. Il était clair dès le débutque le rôle des enfants était de livrer leursréflexions et leurs idées, mais que toutes les déci-sions finales reviendraient à l’autorité sanitaireresponsable de l’hôpital.

2.4.2 Initiatives de participationLes initiatives de participation offrent habituel-

lement de plus grandes possibilités d’associer acti-vement les enfants à des projets, des recherche oudes services.

Les initiatives de participation se caractérisentpar les éléments suivants :● Elles sont lancées par des adultes ;● Elles impliquent la collaboration avec les

enfants ;● Elles impliquent la création de structures par le

biais desquelles les enfants peuvent contester ouinfluencer les résultats ;

● Elles impliquent habituellement que les enfantsagissent avec une certaine autonomie une fois leprojet lancé.

En d’autres termes, bien que le travail soitentrepris par des adultes, il implique le partenariat

fants et de jeunes et de les aider à exposer leurspoints de vue dans une présentation multimédiaenregistrée sur CD-ROM. Les résultats de laconsultation devaient être présentés dans une sériede disques audionumériques en février 2001.

Commentaire – Ce projet souligne l’impor-tance d’offrir aux enfants des méthodes créativeset variées pour faire connaître leurs idées et leursexpériences, en particulier pour ceux qui éprou-vent des difficultés face à des approches plusconventionnelles. Certains enfants, par exemple,confiés à l’assistance publique locale, voulaientparticiper aux réunions régulières mises en placepour évaluer les progrès, mais n’osaient pas par-ticiper à une rencontre d’adultes professionnels.Ils furent cependant capables d’exprimer leursopinions, lorsqu’on leur offrit la possibilité de pro-duire une présentation en utilisant une vidéo ouune PowerPoint.

Le projet a également démontré que les enfantshandicapés, comme tous les autres enfants, sontcapables de faire des recherches lorsqu’ils sont for-més et assités de façon adéquate, et qu’ils avaientacquis au cours du procédé une grande assurance,l’estime de soi ainsi qu’un sens de réalisation.

Les Conseils des jeunes, France16

Les Conseils de jeunes existent en Francedepuis les années 1970, et sont actuellement plu-sieurs centaines. Leur rôle est de formuler lespréoccupations des enfants et des jeunes rela-tives à leurs communautés locales. En 1991 futfondée l’Association nationale des conseils muni-cipaux d’enfants et de jeunes. Sa première ren-contre annuelle rassembla quelque 700 jeunes et400 adultes et aux rencontres successives assistè-rent des ministres du gouvernement. Les réalisa-tions des Conseils de la jeunesse ont été impor-tantes et incluent la création de rampes deskate-board, d’ espaces pour les enfants handica-pés, d’une bibliothèque de B.D., de moyens detransports améliorés, d’activités sociales, de plansdes villes en braille et de vidéos exposant les pré-occupations des enfants et des jeunes relatives àleurs villes.

Commentaire – Tant le nombre de Conseilsde jeunes que leur continuité démontrent lesérieux avec lequel on considère ces organismesen France. Un élément important de leur enver-gure et de leur efficacité réside dans l’engage-ment politique à leur égard aux niveaux nationalet local. Ils sont généralement vus comme desmoyens efficaces d’intégrer les jeunes dans leurscommunautés locales.

20 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

16 Hear ! Hear ! C. Willow, Local Government Informa-tion Unit, Londres, 199717 Ibid.

Page 27: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

avec les enfants et nécessite un certain partage dupouvoir entre les adultes et les enfants, de mêmequ’une nouvelle négociation de leurs relations tra-ditionnelles. Des projets qui sont au départ desexercices consultatifs se transforment souvent enprojets participatifs à mesure que les adultes et lesenfants découvrent de nouvelles façons de travaillerensemble. Cette évolution permet aux enfants d’in-tervenir directement sur les projets, de les façonneret de les documenter. De pareilles initiativesincluent, par exemple :● Des projets participatifs visant à associer les

enfants comme partenaires. Ces projets peu-vent aborder des aspects importants de la vie desenfants concernant leur expérience de certainesdifficultés, la violation de leurs droits, le désir deréaliser certains changements. Ils peuvent égale-ment mettre l’accent sur l’amélioration ou ledéveloppement de nouveaux services.

● Des recherches associant les enfants commechercheurs. Ces projets permettent aux enfantsde définir le programme de recherche et d’en-quêter sur la vie de leurs pairs.

● Les écoles démocratiques. De nombreusesécoles dans de nombreux pays continuent àfonctionner selon des critères autoritaires etantidémocratiques. Les enfants indiquentconstamment la façon dont ils sont traités dansles écoles comme un élément fondamental depréoccupation. Des stratégies pour mettre enplace des écoles pensées en fonction desenfants, où ils soient considérés comme des par-tenaires et pas seulement comme les destina-taires passifs du savoir des adultes, sont essen-tielles au développement d’une éducation plusefficace et respectueuse.

Fournir aux enfants la possibilité d’une organi-sation commune leur donne davantage de force,l’accès à plus d’information, et les dote d’une plusgrande assurance. Ils sont alors mieux armés pourmettre en lumière les violations ou le non respectde leurs droits, pour interpeller les autorités com-pétentes pour qu’elles agissent quand cela estnécessaire, et s’emploient de façon plus efficace à laprotection de leurs droits.

Exemple de projets participatifsLe projet D’enfant à enfant, Nicaragua18

Des ateliers annuels sont organisés au Nica-ragua par le Centro de Informacion y Servicios deAsesoria en Salud pour permettre aux enfants dedifférentes régions de se rencontrer et deconfronter les expériences relatives à leurs pro-

jets locaux D’enfant à enfant. Les enfants deManagua ont indiqué le chômage, les problèmeséconomiques, le manque d’écoles adéquates à unprix abordable, le manque d’un centre de santé,le manque d’organisation au sein de la commu-nauté, l’insalubrité des canalisations, les sourcesd’eau polluées et les rues encombrées de déchetscomme autant d’éléments de préoccupation. Ilsont décidé d’établir un ordre de priorité et sontarrivés à la conclusion que le manque d’organisa-tion communautaire était au cœur de tous les pro-blèmes. Ils ont donc décidé de s’organiser entreeux pour commencer par enlever les ordures dansles rues.

Commentaire – Ces enfants ont démontréleur capacité d’affronter la réalité de la vie quoti-dienne à plusieurs niveaux. Ils ont d’abord étécapables de définir plusieurs facteurs ayant unimpact négatif sur leur vie, puis d’analyser le rap-port entre ces facteurs et le concept de cause etd’effet. Enfin, ils ont prouvé leur capacité et leurvolonté de traduire cette analyse par une actionpratique afin d’améliorer leur environnementlocal. Il est impressionnant de constater à quelpoint ces enfants se sont sentis responsablesd’apporter un changement à leur existence.

Participation d’enfants à des projets pour jeunes marginaux, Jamaïque19

Save the Children développe depuis plusieursannées des projets pour jeunes marginaux sousforme d’une approche non-institutionnelle pourréintégrer dans la société des enfants des rues etdes enfants travailleurs. Ces projets se sont consi-dérablement transformés au cours du temps.● Au départ, les activités du programme visaient à

donner aux enfants l’occasion de choisir cellesqui les intéressaient. Les enfants ne contri-buaient pas au contenu ou à la gamme des acti-vités disponibles. Le projet était perçu commeun service social auquel ils pouvaient s’adresser,mais envers lequel ils n’avaient aucune respon-sabilité ou engagement.

● Dans un deuxième temps, il fut permis auxenfants de donner leurs opinions sur les activi-tés, bien que le personnel ne s’engageât nulle-ment à agir en conséquence. Les paramètres sebornaient à des questions comme les préfé-

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18 Children’s Participation: The Theory and Practice of Invol-ving Young Citizens in Community Development and Environ-mental Care, R. Hart, UNICEF, New York, 199719 Stepping Forward: Children and Young People’s Participa-tion in the Development Process, ed. V. Johnson et al., Inter-mediate Technology Publications, London, 1998

Page 28: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

ou violés. Le projet organise des ateliers où desgroupes d’enfants sont invités à exprimer leursopinions de façon non conventionnelle et nonmenaçante. En 1999/2000, deux ateliers se sonttenus à Manille afin de fournir aux enfants desconnaissances de base en matière de radiodiffu-sion, y compris l’écriture de scénarios, lesannonces, les techniques d’interview et de repor-tage sur le terrain. Dans le cadre d’un des ate-liers, les enfants ont élaboré une émission deradio sur et pour les enfants, qui fut développéepar la suite et qui est encore diffusée aujourd’hui.Des ateliers semblables se sont tenus dans troisprovinces où les jeunes participants ont aussitransmis leurs propres programmes radiopho-niques. Dans le cadre d’une autre initiative on aenseigné à 72 enfants des rues les rudiments dela photographie à travers laquelle ils ont ensuitepu s’exprimer. Leurs clichés furent exposés auSénat philippin lors du dixième anniversaire dela Convention relative aux droits de l’enfant endécembre 1999.

Commentaire – Cette initiative est menéepar des adultes, mais explore des approches axéessur les enfants afin de les encourager à formuler età partager leurs expériences. En offrant auxenfants la possibilité d’acquérir de nouvellescapacités, on leur permet de commencer à déve-lopper leurs propres initiatives et activités.

Le Projet des filles, Pakistan21

Le Projet des filles a été conçu pour per-mettre aux filles et aux femmes d’améliorer leurstatut social en sensibilisant les familles et lescommunautés à leur situation et à ses implicationspour le bien-être et le développement de tous.D’ici la fin de 2001, le Projet espère toucher 500localités et 25.000 filles dans des zones urbainespauvres et des zones rurales. La méthode utiliséeconsiste d’abord à solliciter les communautéslocales, en associant hommes et femmes à un pro-cessus d’évaluation et d’analyse de la situationdes femmes, des enfants et des filles. La commu-nauté doit alors se mettre d’accord pour commen-cer le projet au niveau local, condition indispen-sable pour poursuivre. La communautésélectionne ensuite 50 filles pour participer àl’initiative. Après un processus initial d’orienta-tion, on demande aux filles leur avis sur la façondont doit se dérouler la prochaine étape de for-

rences en matière d’activités récréatives. Mal-gré ses limites, ce changement eut un impactsignificatif. Le personnel prit conscience queles enfants pouvaient participer plus activementà la conception et à la mise en œuvre et fut obli-gé de vérifier leurs hypothèses et leurs plans.Cela amena également certains adultes à se sen-tir menacés dans leur autorité, en particulier lesparents qui collaboraient bénévolement au pro-gramme. On organisa donc pour les adultes desateliers sur les droits des enfants afin de dimi-nuer leur résistance à écouter des enfants.

● A l’étape suivante, le personnel commença àdemander aux enfants leur avis et leur aidepour la programmation. Le groupe de directionparents/personnel déjà existant inclut dès lorsdes enfants choisis par leur pairs. Ces jeunesreprésentants se réunirent également avecleurs pairs hors de la présence d’adultes. Mal-gré les difficultés initiales – rencontres irrégu-lières et incapacité de maintenir l’ordre – lesenfants commencèrent à prendre de l’assuranceet à entreprendre et à poursuivre de nouveauxprojets.

● A la suite de ces développements, un Club dedéfense de l’environnement fut créé. Contrôlésau départ par des adultes, les enfants partagè-rent graduellement les responsabilités, démon-trant de plus en plus d’aptitudes à diriger.

Commentaire – Ce projet témoigne defaçon intéressante de la capacité d’évolutiond’une initiative lorsque les adultes et les enfantsse font réciproquement confiance. Il indiqueaussi que la prise en charge des projets par lesenfants leur permet d’acquérir des connaissanceset de l’assurance. L’un des points importants futl’émergence du leadership des filles malgré unplus grand nombre de garçons. Les filles fontpreuve de plus d’intérêt et d’engagement enversla participation, probablement du fait que leurvie est davantage structurée et dirigée que celledes garçons. Le programme cherche donc desfaçons d’augmenter la motivation et l’engage-ment des garçons.

Les voix des enfants philippins20

Ce projet de l’UNICEF vise à augmenter laconscience et le sens de leurs droits et de leursresponsabilités chez des enfants désavantagés de7 à 17 ans. A l’aide de photos, d’illustrations, derécits et d’instruments médiatiques, les enfantsont pu communiquer avec des adultes et d’autresenfants sur leur idée des droits et des responsa-bilités, et sur la façon dont ces droits sont exercés

22 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

20 Détails tirés de la correspondance adressée à l’auteurpar l’UNICEF21 Ibid.

Page 29: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

mation. On leur fait prendre conscience de l’éga-lité des droits des filles et des femmes, et on leuroffre la possibilité d’acquérir des connaissances etdes compétences par exemple en matière desanté, de leadership, de premiers secours, ou deproduction de revenus . La formation inclut desjeux de rôle, le dessin, et des activités qui encou-ragent la programmation en commun et le travailen équipe. Il résulte du projet que les filles fontpreuve d’assurance pour servir de modèles, ce quicommence à avoir des répercussions positives surleur statut et celui des femmes au sein des com-munautés.

Commentaire – Le point fondamental de ceprojet est la reconnaissance de la nécessité de tra-vailler avec, plutôt que contre, les communautéslocales. La recherche de la collaboration et de laparticipation des hommes et des femmes fournitau projet une légitimité qui renforce la possibilitéde pleine participation des filles. Bien que laméthodologie confirme le pouvoir des adultespour déterminer la participation des filles, l’ob-jectif à long terme est de créer un changementculturel qui permette aux filles d’obtenir plusd’indépendance, et plus d’assurance pour s’expri-mer et faire valoir l’égalité de leurs droits.

Il est intéressant de noter que les filles elles-mêmes ont relevé la nécessité de mettre en placedes projets semblables pour les garçons. Le faitde ne travailler qu’avec des filles créait une situa-tion de déséquilibre : à mesure qu’elles acqué-raient plus d’assurance et d’estime de soi, lesfilles commencèrent à constater une différencecroissante entre elles et les garçons. Elles furentd’avis que les garçons devaient pouvoir participerà des activités enrichissantes qui les aideraient àviser des buts positifs, ce qui amena l’élaborationdu projet suivant (voir ci-dessous).

Les Frères adhèrent à Meena, Pakistan22

Le but de ce projet est d’encourager les scoutsà agir pour la promotion et la protection des droitsdes enfants à la santé et des droits des filles àl’éducation. Les scouts reçoivent d’abord une for-mation sur des questions relatives aux droits, sur lacommunication interpersonnelle et la collecte dedonnées, à l’aide de méthodes participatives etinteractives, et de l’utilisation du matériel Meena- un ensemble multimédia produit par l’UNICEFet ses partenaires pour promouvoir les droits desfilles. Chacun garçon collecte ensuite auprès de 10familles du voisinage des données sur la santé,l’assainissement, et la situation scolaire desenfants. En retour, ils fournissent à chaque ména-

ge des informations sur la nécessité de vacciner lesenfants de moins d’un an, sur l’hygiène, sur laconstruction de latrines domestiques, et exhortentles parents à envoyer leurs filles à l’école. Ils sui-vent ensuite les progrès dans chaque famille dusecteur. Le projet est mené dans une province. Siles résultats sont concluants, on espère que par lasuite 10.000 scouts interviendront auprès de 100.000 ménages et convaincront plus de 500.000 per-sonnes de leurs communautés à encourager l’édu-cation des filles.

Commentaire – Ce projet est inhabituel dansla mesure où il implique une sensibilisation auxdroits des enfants mais n’est pas conçu pour aiderles garçons qui participent à utiliser ces connais-sances pour promouvoir et protéger leurs propresdroits. Il les encourage plutôt à promouvoir et àprotéger les droits des autres, par exemple desbébés et des filles. Ce faisant, il enseigne la res-ponsabilité sociale et le fait que chacun a un rôle àjouer dans la création d’une société où les droits detous soient respectés.

Exemples de recherche avec les enfantsDe nombreux projets ont été entrepris qui

emploient les enfants comme chercheurs pour défi-nir et étudier les expériences des enfants.

Justice pour les enfants, Bangladesh23

En 1999, Save the Children RU a lancé un pro-jet de recherche pour étudier les abus envers lesenfants enfermés dans les prisons et les établisse-ments publics au Bangladesh. On décida d’em-ployer comme chercheurs les enfants eux-mêmespour leur permettre de formuler les problèmes etles éventuelles solutions avec leurs mots à eux. 14enfants des rues furent sollicités pour mener desconsultations entre eux, auprès d’autres enfantset auprès d’ONG pour une période de deux ans,à la fin de laquelle il fut décidé de faire une vidéocentrée sur l’expérience de trois enfants du grou-pe pour diffuser leurs conclusions et leurs opi-nions générales.

En septembre 2000, Save the Children organisaun atelier avec des ONG, des institutions gouver-nementales, des institutions donatrices, lesmédias et des militants individuels, pour exami-ner les résultats et développer une coordinationplus systématique des activités afin de promou-

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22 Ibid.23 ‘Justice for Children’ ; compte rendu du débat sur laviolence de l’Etat contre les enfants, avec 120 enfants,tenu le 6 septembre 2000 à Dhaka au Bangladesh, Savethe Children RU, 2000

Page 30: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

tion des aptitudes des enfants. Les enfants partici-pèrent avec enthousiasme, leur engagement effica-ce ouvrit de nouveaux horizons sur la vie desenfants travailleurs, et démontra aux adultes queles enfants ont un important bagage d’expérienceset d’opinions qui apporte une contribution diffé-rente de la leur.

Commentaire – L’association des enfants à ceprojet se limita à la collecte de données. Ils ne par-ticipèrent pas au développement du plan derecherche, à l’analyse des données ou à la présenta-tion des résultats. En d’autres termes, leur rôle futlimité par les adultes à un ensemble de tâches pré-déterminées. Les responsables du projet eux-mêmes conclurent que l’initiative n’avait pas sudévelopper et promouvoir les capacités et l’ingénio-sité des enfants et qu’à l’avenir les enfantsdevraient participer plus activement au développe-ment et à la révision des plans de recherche.

A l’écoute de la voix des jeunes - Vientiane.République démocratique populaire lao,199825

La municipalité de Vientiane, avec Save theChildren, a entrepris un projet de recherche partici-pative pour recuillir l’opinion des jeunes, formercertain d’entre eux au leadership, élaborer unmodèle de participation des enfants et, sur la basedes résultats obtenus, définir des réponses etmettre en place des services pour les jeunes. Uncomité de travail des départements intéressés futmis sur pied, qui détermina six thèmes derecherche et établit des projets de travail pourdébattre de ces thèmes. Le comité décida ensuiteque des jeunes devaient participer au choix desthèmes et invita quatre jeunes à le rejoindre et àdonner leurs avis. Le matériel de formation fut revuen conséquence. La recherche fut menée par desjeunes préparés, choisis selon des critères bien défi-nis : être âgé de 18 à 25 ans, de niveau d’écolesecondaire, ni riche ni pauvre, sociable et assuré.

La recherche fut menée avec des enfants de13 à 15 ans et de 16 à 18 ans, selon qu’ils étaientintégrés ou non au système scolaire. Chaquegroupe se réunit six fois pour discuter des sujetschoisis. En tout, 280 groupes de discussions seréunirent, auxquels participèrent 384 enfants.Les données furent rassemblées au moyen d’en-registrements au magnétophone (avec l’accorddes enfants), de notes, de formulaires complétés,

voir la justice pour les enfants dans ce secteur.Les enfants qui avaient travaillé comme cher-cheurs suggérèrent qu’on organise un atelier sem-blable pour les enfants. Ainsi 120 jeunes de 10 à18 ans issus de différents contextes sociaux furentinvités à une réunion consultative sur la ‘Violenced’Etat contre les enfants’. Les participants com-prenaient des enfants vivant et/ou travaillant dansla rue, des enfants handicapés, des enfants destaudis, ainsi que d’autres appartenant à desmilieux plus favorisés. Leurs discussions produi-sirent un certain nombre de recommandationsadressées aux autorités carcérales, aux tribunaux,aux ONG, aux médias, aux politiciens et auxenfants eux-mêmes. Ils voulurent communiquerces recommandations à d’autres organisationsintéressées et les envoyer au Comité pour lesdroits de l’enfant. Ils demandèrent égalementune réunion de suivi pour élaborer une stratégieau service de leurs recommandations.

Commentaire – Il y a de nombreux avan-tages à faire participer les enfants à la recherche.Cela leur permet de déterminer le programme derecherche à partir de leur propre expérience . Lesenfants, en outre, sont souvent plus disposés à seconfier à d’autres enfants. Le processus offre éga-lement aux enfants la possibilité d’acquérir desconnaissances et de l’assurance. Il est cependantimportant que les enfants reçoivent formation etassistance, et qu’un cadre éthique clair soit établi,qui aborde des questions telles que la naturebénévole de la participation à la recherche et lanécessité de respecter la confidentialité.

Ce projet démontre la capacité des enfantsde prendre des responsabilités lorsqu’on les trai-te avec respect et qu’on les aide à acquérir lacompétence nécessaire. Après avoir eu la possibi-lité de mener la recherche, ils ont pris l’initiatived’utiliser les résultats pour développer une stra-tégie d’action. Ils ont également eu l’idée d’orga-niser l’atelier d’enfants qui a abouti à des recom-mandations détaillées et à un programmed’action.

Recherche participative sur le travail des enfants au Vietnam24

Ce programme de recherche fut mené en 1997pour en savoir plus sur l’étendue et la nature du tra-vail des enfants. Il associa des enfants à un proces-sus de collecte de données à travers diversesméthodes comprenant des interviews et discussionspartiellement structurées, l’établissement de gra-phiques, le listage, l’assignation de points et la pho-tographie. Les méthodes furent établies en fonc-

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24 Voir note 1925 Listening to the Voice of Young People, municipalité de LaoVientiane/Save the Children, Vientiane, 2000

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de dessins et d’autres matériaux produits au coursdu processus. Les chercheurs se rencontraientchaque semaine pour confronter les problèmes etles informations. Les données furent analysées etun rapport fut rédigé. Le but à long terme du pro-jet était de déterminer les questions particulière-ment importantes pour les enfants, et de dévelop-per des initiatives pour y répondre. Lapréparation à la vie active et la lutte contre leVIH/SIDA apparurent comme des priorités, et lesjeunes chercheurs élaborent actuellement un pro-jet à cet égard.

Commentaire – L’un des points forts de ceprojet fut l’engagement pris dès le début d’agir àpartir des résultats de la recherche et d’utiliser lescompétences acquises par les chercheurs pourdévelopper des initiatives ultérieures. Cela donnaun but à la recherche et un sens à la participationdes enfants. La décision d’associer des jeunes auprocessus de définition des thèmes à étudier consti-tua une mesure positive. Les priorités des adultesne sont pas forcément celles des enfants et desjeunes, et la recherche devait porter sur des ques-tions importantes pour ces derniers.

Il est important dans un tel projet que les résul-tats soient communiqués aux enfants, qu’ils aient lapossibilité de voir le rapport et la façon dont leurscontributions ont été consignées. L’idéal seraitqu’ils puissent faire leurs commentaires en cours derédaction, bien que cela soit peu réaliste, lorsque detrès nombreux enfants sont concernés, pour unequestion de temps et de coût. Le rapport derecherche ne dit pas clairement si les enfants ontété informés des résultats.

Exemples d’écoles démocratiquesL’Ecole Hojas Anchas, Colombie26

En Colombie, le programme Nouvelle école aété développé en réponse aux difficultés de nom-breux enfants pauvres des zones rurales pouraffronter les exigences contradictoires de l’éduca-tion et du travail agricole. Il a introduit un pro-gramme flexible avec des classes d’âge mixte per-mettant aux enfants d’apprendre individuellementet en groupe avec l’assistance de l’enseignant Cesécoles ont également établi des structures permet-tant aux enfants de fonctionner comme une com-munauté démocratique coordonnée. Du fait quecette approche innovatrice sollicite les enseignantsde façon radicalement différente, ceux-ci ontbénéficié de rencontres hebdomadaires d’ensei-gnant à enseignant entre les écoles de chaque dis-trict, ce qui leur a permis de s’entraider pour gérerle changement.

Pour l’école Hojas Anchas associer lesenfants à la protection de l’environnement localfait partie intégrante du rôle de l’école en tantque centre communautaire d’apprentissagedémocratique. L’école a par exemple développéun projet de conservation de la forêt dans lecadre duquel les enfants luttent contre l’érosionde la montagne en plantant des arbres régionaux.Bien qu’au départ l’idée ait certainement été lan-cée par les enseignants, les élèves se sententmaintenant complètement responsables de l’ini-tiative. Une des difficultés de ce projet est poureux d’éduquer les villageois aux problèmes liés àl’utilisation du bois de chauffage et de commer-ce. Les enfants recueillent les graines des arbresexistants et les apportent à l’école pour créeravec l’aide des adultes une pépinière qui per-mettera de reboiser les montagnes avec desespèces régionales. Dans le cadre de cette initia-tive, plusieurs enfants ont assisté aux réunionsdes administrations locales.

Commentaire – Le projet a apporté plu-sieurs éléments positifs dans la vie des enfantsparticipants qui apprennent par la pratique àconnaître leur environnement local et à le proté-ger. Ils développent des aptitudes à la participa-tion démocratique en confrontant leurs idées eten cherchant à convaincre les adultes. Ils assu-ment la responsabilité du processus aussi bienque des résultats du projet. En outre, tant pourcette initiative que pour l’ensemble des pro-grammes de soutien aux professeurs du projetNouvelle école, on constate que les adultes doi-vent apprendre tout comme les enfants, si onveut que la démocratie participative incluant lesenfants porte ses fruits.

Highfield School, RU27

Highfield est une école élémentaire (7 – 11ans) située dans une zone particulièrement défavo-risée de l’Angleterre. Elle se caractérisait par untaux élevé de violence, de brimades, et d’abandonet d’absentéisme scolaires. Au début des années 90,une nouvelle directrice prit la décision de sollicitertoute la communauté scolaire pour faire de l’écoleun lieu sûr et efficace sur le plan de l’éducation.Dans ce but, elle interrogea tous les enfants, ainsique les enseignants et le personnel administratif sur

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26 Voir note 1827 ‘Changing our Behaviour: Promoting Positive Beha-viour by the Staff and Pupils of Highfield Junior School’,P. Alderson, Highfield Junior School/Insitute of Educa-tion, Londres, 1997

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conseillers, auxiliaires, administrateurs et rassem-bleurs de fonds.

Exemples d’auto-plaidoyer Programme des enfants travailleurs,Equateur28

Ce Programme recouvre une organisationnationale qui a promu la participation des enfantstravailleurs dans le cadre d’un vaste un projetenvironnemental. Le personnel travaille avec desenfants dans des ‘espaces alternatifs’ dans tout lepays, créés pour donner aux enfants des zonesurbaines défavorisées la possibilité d’apprendre àdéfendre leurs droits. En 1993, la conférenceannuelle du Programme a décidé de se concentrerdésormais sur la question de l’environnement.Avec un réseau d’écologistes nationaux, le Pro-gramme a formé des unités de quatre ou cinq ado-lescents qui, à leur tour, ont travaillé avec pasmoins de 80 enfants plus jeunes. Ils ont crééensemble des cartes écologiques de leur environ-nement personnel, déterminant les problèmesqu’ils désiraient aborder et les stratégies pour yparvenir. Ils ont été formés à travailler avec lesmédias, cherchant à attirer l’attention du publicsur le devoir des adultes de créer un environne-ment plus sain et plus viable.

Commentaire – Ce programme a permisd’établir des projets qui ont touché un total de70.000 enfants dans 21 provinces, en formant desenfants plus âgés à travailler avec des plus jeunes.La participation de conseillers écologistes dès letout premier stade a conduit les enfants à entre-prendre des initiatives réalisables, et la formationdispensée pour traiter avec les médias leur adonné les moyens de promouvoir et de diffuserleurs idées. Certains projets étaient provocateursdans la mesure où les enfants condamnaient lesresponsables de la dégradation de l’environne-ment. Il se peut qu’à plus long terme uneapproche fondée sur le dialogue visant à rallier lacommunauté adulte aux perceptions et aux préoc-cupations des enfants représente une stratégieplus efficace de changement durable.

Article 12, RU29

En 1995, des jeunes du conseil d’administra-tion de l’ONG Children’s Rights Development Unit(CRDU), ont organisé une conférence avec 60

les changements à apporter. Les résultats de cetteconsultation furent :● La création d’un conseil scolaire au sein duquel

les enfants exercent un pouvoir véritable. Leconseil scolaire participe, par exemple, à l’élabo-ration de toutes les politiques scolaires et aurecrutement du personnel ;

● La création d’une boîte à brimades où les enfantspeuvent, de façon confidentielle, signaler les bri-mades qu’ils ont subies ;

● La nomination d’‘anges gardiens’, des enfantsqui se portent volontaires pour se lier d’amitiéavec des camarades esseulés, victimes de bri-mades ou, simplement, ayant besoin d’aide ;

● Des enfants médiateurs qui aident les autres àrésoudre les conflits dans la cour de récréation.

A la suite de ces changements l’école devinttrès populaire, les enfants furent plus heureux,obtinrent de meilleurs résultats scolaires et acqui-rent de grandes compétences en matière de négo-ciation, de processus décisionnel démocratique etde responsabilité sociale.

Commentaire – De très jeunes enfants sontcapables d’accepter des niveaux considérables deresponsabilité lorsqu’on leur fait confiance etqu’on les aide. Il ressort de cette expérience queles enfants peuvent agir pour leur protection etcelle des autres quand leurs droits sont respectés.La formation et l’encouragement dispensés pourétablir le système de médiation des enfants leur apermis de s’entraider sans avoir recours auxadultes, bien que ceux-ci fussent présents en casde besoin. En respectant les droits des enfants, ilsont pu saisir l’importance de respecter les droitsdes autres et prendre la responsabilité de garantirce respect.

2.4.3 Promotion de l’auto-plaidoyerL’auto-plaidoyer est un processus qui permet

aux enfants d’agir pour affronter des problèmesqu’ils considèrent comme importants. Ses caracté-ristiques sont les suivantes :● Les problèmes sont définis par les enfants eux-

mêmes ;● Le rôle des adultes est d’aider, non de diriger ;● Le processus est contrôlé par les enfants.

Le processus naît de la décision de permettreaux enfants de définir leur situation et de déve-lopper des stratégies de changement. Il exige desadultes de reconnaître clairement qu’ils doiventcéder une partie de leur pouvoir de contrôle sur leprocessus et les résultats au profit de la collabora-tion avec les enfants. Il implique cependant unrôle permanent des adultes en tant que

26 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

28 Voir note 1829 Voir ‘Respect: a Report into how well Article 12 of theUNCRC is put into practice across the UK’, Article 12,Londres, 1999

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enfants et jeunes pour décider s’il fallait créer uneorganisation nationale dirigée par et pour des per-sonnes de moins de 18 ans pour promouvoir leurdroit à être entendus. Les participants, issus decontextes sociaux, économiques et ethniques desplus variés, décidèrent qu’ils voulaient effective-ment une telle organisation et le CRDU accepta desoutenir le processus et d’offrir son assistance pourl’administration, la collecte de fonds, la publicité etle recrutement. Les jeunes établirent un groupe dedirection formé de 25 d’entre eux, qui recueillitdes fonds pour engager un auxiliaire adulte chargéde l’administration courante. Cependant toutes lesdécisions et les activités reviennent aux enfantseux-mêmes. L’organisation, nommée Article 12,compte maintenant plus de 400 membres. Ellelutte pour plus de démocratie dans les écoles,l’abaissement de l’âge du droit de vote et la sup-pression des châtiments corporels. Ses membresinterviennent à des conférences, s’adressent auxmédias, dirigent des séminaires, rencontrent despoliticiens, et apportent leur concours techniqueaux groupes de travail d’autres ONG. En 1998,l’association a entrepris de consulter les enfants surla mesure dans laquelle leur droit à être écoutésétait respecté. Le rapport de consultation a été sou-mis au Comité pour les droits de l’enfant, lequel entiendra compte lors de l’examen de l’application dela Convention relative aux droits de l’enfant par legouvernement du Royaume-Uni.

Commentaire – Les enfants ont reconnu dèsle départ qu’il ne leur serait pas possible, étant àl’école à temps complet, de s’occuper de la per-manence de l’organisation et qu’ils auraientbesoin du concours d’un adulte. Ils ont défini lesdomaines qui nécessitaient les compétences et lesavoir d’un adulte. Ils ont cependant perçu le dan-ger d’engager un adulte qui deviendrait ‘l’admi-nistrateur’ effectif de l’organisation. Ils ont affron-té la situation en rédigeant une constitution trèsprécise déterminant la façon dont les décisionsdevaient être prises et décrivant les strictes limitesdu rôle de l’auxiliaire adulte. Au-dessus de 18 ansnul ne peut prendre de décisionspolitiques au seinde l’organisation.

Il n’y a pas d’âge limite inférieur pour fairepartie d’Article 12 et des enfants de 9 ans ontmême été admis au comité de direction. Le travailde l’association a démontré que des enfants d’âgesdifférents peuvent collaborer de façon efficace.

Bien qu’Article 12 fonctionne avec succèsdepuis un certain nombre d’années, il est toujoursextrêmement difficile de collecter des fonds en safaveur. Les adultes ont beaucoup de mal à accep-

ter l’idée que des enfants puissent administrerleur propre organisation, malgré la preuve ducontraire, et les enfants doivent se battre contreles préjugés obstinés des bailleurs de fonds.

Le programme Papillons pour les enfants des rues et les enfants travailleurs30

Le programme Papillons touche environ 800enfants qui vivent et travaillent dans les rues deNew Delhi, leur enseignant à se protéger et à deve-nir des citoyens respectés et productifs. Sonapproche s’appuie sur la mise en place d’une équiped’éducateurs spécialisés qui établissent des relationsde confiance avec les enfants et les associe àdiverses activités comme l’éducation informelle, lessystèmes d’épargne, des programmes de loisirs et desanté, dans différents points de contact. Les enfantsparticipent à la planification de la plupart des activi-tés dans le cadre d’un conseil des enfants qui seréunit chaque mois, où des représentants exposentles problèmes soulevés par les enfants de chaquepoint de contact. Ces rencontres permettent auxenfants de discuter et de partager l’information,d’analyser différents événements sociaux et poli-tiques et de travailler en vue d’une action collective.Ils discutent par exemple des drogues, du harcèle-ment policier, des salaires non payés, de la nécessitéd’emplois meilleurs ou du problème des jeux dehasard. Le conseil dirige le programme et donne auxenfants l’occasion d’apprendre les principes de ladémocratie. Un certain nombre d’initiativesconcrètes ont vu le jour, comme un syndicat desenfants travailleurs, une société de prêts, et la Voixdes enfants travailleurs. Le conseil leur a aussi per-mis d’entreprendre une action légale en cas de vio-lation de leurs droits. Les enfants non seulementplanifient la plupart des activités mais y contribuentaussi matériellement. L’obligation de contribueraugmente leur sentiment de responsabilité et d’en-gagement envers la réussite du programme.

Commentaire – L’établissement de relationsfondées sur le respect est un élément essentiel dusuccès de ce programme, tout comme la possibilitépour les enfants de tenir leurs propres réunionspour définir leurs problèmes. L’initiative démontrenon seulement que les enfants sont capables departiciper et de contribuer au développement et à lagestion des programmes, mais que les programmessont plus efficaces lorsque les enfants y participentdirectement.

Il est tout aussi important de reconnaître que

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30 Détails tirés de la correspondance adressée par unmembre du projet à l’auteur

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refléter aussi le mélange ethnique des commu-nautés locales - bien que les groupes minoritairesaient moins de chances de participer aux struc-tures exécutives - et comptent des enfants nonscolarisés. Toutefois, les enfants handicapés sontfortement sous-représentés, ce qui est préoccu-pant car ces enfants sont déjà isolés au sein deleurs communautés et les clubs pourraient leuroffrir une occasion unique de lutter contre la dis-crimination profonde qu’ils subissent. ● Auto-détermination des enfants

Plusieurs clubs, fondés par des adultes, ont peuà peu été pris en main par les enfants eux-mêmes.De façon générale, les adultes jouent maintenantun rôle consultatif, bien que quelques clubs soientencore sous l’influence d’adultes dominateurs.Cependant, ce sont les membres des comités exé-cutifs, plutôt que l’ensemble des adhérents, quitendent à déterminer le fonctionnement du club.De plus, les structures institutionelles ont tendanceà reproduire celles des associations d’adultes plutôtque de permettre à de nouvelles formes d’organisa-tion et de démocratie de se développer sous l’im-pulsion des enfants.● Les résultats

Les clubs offrent des occasions privilégiéespour l’épanouissement des enfants, leur donnantdes capacités et une expérience qu’ils ne reçoiventpas dans d’autres contextes. Les enfants acquièrentde l’assurance, font l’apprentissage du processusdécisionnel démocratique, de la planification et del’organisation, s’intéressent au développement dela communauté, à l’exercice et à la violation desdroits humains. Une des possibilités les plus appré-ciées par les enfants est celle de nouer des contactsavec leurs pairs. Les clubs auront probablement uneffet positif à long terme en encourageant un espritde collaboration et de participation au processusdécisionnel au niveau de la communauté. A traversles programmes d’apprentissage des clubs, lesenfants acquièrent également des notions de santé,d’écologie et d’hygiène.● L’attitude des adultes

La majorité des parents pensent que les clubsont une influence positive sur les études des enfants,leur développement et leur confiance en soi. Cer-tains apprécient aussi les possibilités de jeu fourniesaux enfants. De nombreux parents soutiennent acti-vement les clubs en aidant à la programmation des

les adultes doivent être disposés à céder une frac-tion de leur pouvoir et à partager les décisions avecles enfants. En effet, le plus grand obstacle ren-contré par les enfants est l’attitude négative denombreux adultes : employeurs, fonctionnaires etbueaucrates qui pensent en savoir plus et necroient pas aux capacités de participation desenfants, ainsi que la police et la société en généralqui considèrent les enfants comme des voleurs etnon comme des personnes qui luttent pour sur-vivre. De même les parents des enfants qui habi-tent à la maison hésitent souvent à leur permettrede participer aux programmes. Le programmePapillons souligne la nécessité d’éduquer lesadultes, de leur faire prendre conscience de l’im-portance de respecter les droits des enfants etd’accepter la participation active des enfants àl’exercice de ces droits.

Clubs d’enfants, Népal31

Les Clubs d’enfants, organisés dans une largemesure par les enfants eux-mêmes, se sont déve-loppés, ces dix dernières années, comme une nou-velle sorte d’organisation. Ils sont nés principale-ment de la volonté des ONG et des institutions dedéveloppement travaillant avec les enfants deremplir les obligations de la CDE concernant laparticipation. Il y a maintenant des centaines deces clubs au Népal. Beaucoup ont vu le jour à par-tir de programmes de formation D’enfant à enfantdans les villages, d’autres ont été établis à lademande des enfants, d’autres encore ont étécréés à la suite de l’émission radiophonique pourenfants Hatemalo. Les membres de ces clubs ontpour la plupart de 8 à 16 ans, au maximum 18 ansdans certains cas.

Ils se réunissent en général une ou deux foispar mois pour prendre part à diverses activitéscomme la danse, le chant, le théâtre, des tâchespour le développement de la communauté, la lec-ture, l’écriture, des débats, des jeux et des loisirs,ainsi que la sensibilisation aux droits de l’enfant.Ils ont en général des structures organisation-nelles semblables à celle des organisationsd’adultes, au sein desquelles ils assument toutesles responsabilités.

Commentaire – Une recherche menée parSave the Children Norvège et Save the Children USAsur les quelque 130 clubs qu’il ont créés, a abouti àplusieurs observations intéressantes :● L’inclusion

La composition ‘garçons-filles’ des clubs estbien équilibrée par rapport à d’autres contextesinstitutionnels. En général les clubs semblent

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31 ‘The Children’s Clubs of Nepal : A Democratic Expe-riment’, compte rendu et recommandations d’une étudemenée pour aider les Children’s Clubs par Save the Chil-dren Norvège et Save the Children USA, 1999

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manifestations, en apportant une aide financière, enpartageant idées et expérience, en établissant desliens avec d’autres institutions du village.● Recommandations des enfants pour l’avenir

La plupart des enfants signalent la nécessitéd’une aide et d’une stabilité financières accrues.Plusieurs clubs par exemple n’ont pas les moyensd’avoir leur propre local. Les enfants expriment

aussi le besoin d’une plus grande variété d’activi-tés, d’une participation plus éclairée desmembres, d’une améliorations des relations detravail et d’un sentiment commun d’appartenan-ce. Ils aimeraient aussi que les communautéslocales prennent davantage en considérationl’existence des clubs et que les adultes aient uneattitude plus positive à leur égard.

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Une des stratégies de participation des enfantsles plus fréquentes, les plus visibles et sûrement lesplus controversées ces dernières années, est leurintervention lors des conférences. Si les principes etles leçons pratiques exposés ci-dessus s’appliquentaussi bien aux conférences qu’aux autres formes departicipation des enfants, les conférences suscitentnéanmoins plusieurs questions et problèmes sup-plémentaires qui méritent une attention particuliè-re. Elles peuvent avoir lieu au niveau local, com-munautaire, régional, national et international. Bienque la logistique, le temps et les coûts impliquésvarient manifestement selon la dimension de l’évé-nement, les questions à aborder sont généralementles mêmes.

3.1 LES QUESTIONS A ABORDER● Pourquoi faire participer des enfants à une confé-

rence ?● Quel est le rôle des enfants dans la conférence ?● Les enfants seront-ils invités lors de la planifica-

tion de la conférence ?● Quels enfants seront invités à participer à la

conférence et selon quels critères ?● A quel stade les enfants seront-ils intégrés ?● Comment les enfants seront-ils préparés à la par-

ticipation ?● Quel est le rôle des adultes dans la conférence ?● Où aura lieu la conférence ?● Quels résultats attend-on de la conférence ?

3.1.1 Pourquoi faire participer des enfants à une conférence ?

Il est essentiel de réfléchir sérieusement auxraisons d’organiser une conférence à laquelle par-ticipent des enfants. Les conférences demandentbeaucoup de temps, de ressources et de prépara-tion. Elles arrachent les enfants à leur contextequotidien pour les transporter dans un cadreinconnu. Il faut donc être certain que la participa-

tion des enfants est le moyen le plus efficace defaire progresser leurs objectifs et les vôtres, etqu’elle produira de réels bénéfices. Il faut déter-miner si leur participation est une fin en soi ou unmoyen d’atteindre des buts à long terme. Lesenfants ne doivent jamais être invités unique-ment parce que les organisateurs croient devoir lefaire ou trouvent cela ‘sympa’. Par exemple, lebut est-il de :● faire bénéficier les adultes de la connaissance et

de l’expérience des enfants ?● fournir aux enfants une occasion de se rencontrer

pour partager des idées et des réflexions au pro-fit de leurs organisations et institutions ?

● lancer un nouveau projet, un nouveau program-me ou une nouvelle campagne ?

● donner aux enfants la possibilité d’acquérir descapacités en matière d’organisation, de processusdécisionnel démocratique, etc… ?

● permettre aux enfants de commencer à exercerune influence sur les politiciens, les décideurs etles professionnels ?

● démontrer aux adultes que les enfants peuventapporter une précieuse et utile contribution ?

Une fois les buts de la conférence clairementétablis, il sera plus facile de planifier le programmeet le mode de participation des enfants.

3.1.2 Quel est le rôle des enfants dansla conférence ?

Il faut être clair et ouvert dès le départ sur lerôle des enfants dans la conférence. Comme pourtout autre projet, cela peut aller d’une simpleconsultation sur leurs opinions au partage des res-ponsabilités relatives à la manifestation .

Par exemple, l’événement est-il :● une conférence d’adultes où les enfants sont invi-

tés à faire un exposé ?● une conférence organisée par des adultes où des

enfants sont invités comme orateurs et délégués ?● une conférence organisée par des adultes en col-

laboration avec des enfants ?

3. LA PARTICIPATION DES ENFANTS AUX CONFERENCES

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● la conférence et/ou les ateliers seront-ils présidéspar les enfants ?

● combien de temps sera consacré à des pausespour garantir l’intérêt continu des enfants ?

● quelles distractions seront offertes ?

3.1.4 Quels enfants seront invités à participer à la conférence et selon quels critères ?

La légitimité de la participation des enfantspeut provenir d’un certain nombre facteurs :● Certains enfants peuvent représenter une organi-

sation dans laquelle ils militent. Leur compéten-ce potentielle provient de la connaissance du tra-vail de l’organisation et de l’expérience departicipation à celle-ci. En d’autres termes, ilspossèdent des capacités en ce qui concerne et lecontenu organisationnel et le processus.

● Certains enfants ont un vécu particulier qui leurpermet d’apporter une contribution unique authème de la conférence. Par exemple les parolesd’un enfant soldat, d’un enfant réfugié ou d’unenfant handicapé privés du droit à l’éducation,qui parlent à la première personne des effets dela discrimination, de la législation inappropriéeou guère appliquée, et de l’inaction des gouver-nements, peuvent être plus efficaces que n’im-porte quel discours d’adulte. La connaissance deces enfants découle de leur expérience person-nelle directe.

● Certains enfants peuvent être les représentantsélus de leurs écoles, d’associations de jeunes,de clubs ou d’ONG. Ils ont démontré leurengagement et leur intérêt envers la participa-tion en s’étant portés candidats, et gagné laconfiance de leurs pairs qui les reconnaissentcomme représentants effectifs. La sélectiond’enfants par des adultes ne confère pas lamême légitimité.

Il est important de ne pas imposer aux enfantsdes critères de légitimité que l’on n’exige pas desadultes. La plupart des orateurs adultes présententle plus souvent leurs propres travaux, opinions ouexpérience. On ne doit pas en demander davantageaux enfants. On doit cependant les encourager àêtre critiques envers leurs représentants, de façon àce que leurs choix ne soient pas trop pilotés par lesadultes. Le danger existe que les adultes sélection-nent des enfants ‘commodes’, sociables et s’expri-mant avec facilité, ce qui peut conduire à la ‘pro-fessionnalisation’ d’enfants orateurs qui répondentà un programme d’adultes et finissent par ne plusparler au nom des enfants eux-mêmes.

● une conférence organisée par et pour les enfantsavec l’aide des adultes ?

Chacune de ces options impliquera différentsniveaux de contribution de la part des enfants etnécessitera leur participation à des étapes diversesdu processus. Dans le cadre d’une conférence prin-cipalement pour les enfants ou d’une manifesta-tion impliquant des enfants et des adultes, lesenfants exerceront bien sûr des fonctions de délé-gués à part entière. Ils peuvent être associés à laplanification, aux discours, à des ateliers, à la rédac-tion de rapports de conférence (voir la section sui-vante). Toutefois, si la manifestation est principa-lement pour des adultes avec une contribution dela part des enfants, leur apport sera bien plus cir-conscrit. Quand les enfants font des exposés, il estimportant qu’ils soient correctement informés àl’avance des objectifs de la conférence, de l’âge etde la constitution de l’auditoire, ainsi que de ceque l’on attend d’eux.

3.1.3 Les enfants seront-ils invités lors de la planification de la conférence ?

Les conférences les plus efficaces sont souventcelles qui intègrent les enfants dès le début de sortequ’ils participent à la définition des objectifs, de laforme, du contenu, et des résultats espérés. Il fautconsidérer les questions suivantes : ● les enfants participeront-ils au processus de pla-

nification ?● à quel stade seront-ils invités à participer à la pla-

nification et à la conception de la manifestation ?● quel statut auront-ils ? Leurs opinions prévau-

dront-elles ? Y aura-t-il un partenariat égal entreles adultes et les enfants ? Consultera-t-on lesenfants en laissant la responsabilité des décisionsaux adultes ?

● a-t-on laissé assez de temps aux enfants pour leurpermettre de participer efficacement ?

Parmi les aspects de la planification qu’il fautaborder, et sur lesquels les enfants seront à mêmed’apporter une contribution valable, il faut considé-rer les questions suivantes :● la conférence suivra-t-elle le modèle adulte tradi-

tionnel : séances plénières, ateliers et rétroinfor-mation ?

● des formes alternatives de présentation seront-elles explorées : théâtre, poésie, jeux de rôle, ses-sions interactives, jeux, expositions artistiques ?

● les enfants seront-ils pleinement intégrés auxadultes, ou bien y aura-t-il des sessions parallèlesoù ils pourront discuter séparément ?

32 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

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3.1.5 A quel stade les enfants seront-ilsintégrés ?

Groupe de planificationSi on veut que les enfants participent à la pla-

nification d’une conférence, il faut décider quiinviter. Si la conférence concerne l’école, on peutdemander des délégués par le biais du conseil sco-laire, ou demander aux enfants de chaque annéede nommer des représentants. Si la conférenceporte sur un groupe particulier d’enfants, par

exemple les enfants dans les établissementspublics, on peut demander aux ONG qui tra-vaillent dans ce domaine d’indiquer des enfantssusceptibles d’être intéressés. S’il s’agit d’uneconférence nationale ou internationale, il peut êtrenécessaire de réunir des ONG pour mettre aupoint un processus de recrutement des partici-pants à la planification. Bien sûr, cela demande dutemps et il faut s’y prendre longtemps à l’avancepour que ce soit fructueux.

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Lorsque les enfants prennent la parole à une conférenceLes enfants doivent clairement comprendre ce

qu’on leur demande de faire et pourquoi, parexemple:

Raconter des ‘histoires vécues’. Une histoirepersonnelle peut exprimer avec force l’expériencedes enfants et leur impuissance et leur vulnérabilitéface à la violation et à la méconnaissance de leursdroits, et peut ainsi constituer un moyen efficacepour pousser les adultes à agir. Mais on doit en useravec précaution. Il est important de réfléchir sur lesconséquences pour l’enfant de raconter en publicdes faits extrêmement poignants, douloureux et per-sonnels, de se demander si l’enfant est adéquatementpréparé à la couverture médiatique et à la perte de laprotection de sa vie privée qui s’ensuivront et s’il y aun risque que l’événement verse dans le voyeurismesans réellement servir à illustrer de plus amples ques-tions et à élaborer des propositions politiques ou desprojets de campagne. Une alternative est que lesenfants rassemblent des exemples de violation deleurs droits et les présentent au nom des nombreuxenfants de leur communauté atteints par ces viola-tions pour illustrer leur histoire. Cela revient à appor-ter des témoignages et ne relève pas de problèmes dereprésentativité.

Commenter leurs expériences dans le domaineconcerné. Par exemple, dans une conférence éduca-tionnelle, on peut demander aux filles de décrire l’in-fluence des structures existantes, des programmes,des styles d’enseignement, du comportement desprofesseurs, etc… sur leur vécu éducatif. Cela peutpermettre aux adultes de comprendre bien deschoses. Les enfants auront des jugements, des per-ceptions et des opinions spécifiques sur leur expé-rience d’élèves et fourniront ainsi, dans la mesure oùils sont adéquatement préparés et assistés, une indé-niable ‘valeur ajoutée’ à un programme, sans cela,caractéristique des adultes.

Décrire les activités de leur organisation oude leur projet. Il est nécessaire d’échanger desidées sur la participation des enfants et ces dernierspeuvent plaider de façon extrêmement efficacepour le compte de leur organisation ou de leur pro-jet. L’important est que l’information qu’on deman-de aux enfants soit en rapport avec le thème de laconférence et adaptée au public particulier decelle-ci. Par exemple, si dans le public certainsenfants sont associés à des projets analogues, ilsdoivent avoir la possibilité de parler de leurspropres expériences. Si le public est composéd’exécutants adultes, l’accent peut être mis sur lesquestions pratiques opérationnelles : direction etgestion du projet, formes de processus décisionneldémocratique adoptées. Si le public est formé decadres supérieurs et de décideurs politiques, il vautpeut-être mieux souligner les objectifs et l’issue duprojet. Les enfants, comme les adultes, ont besoind’une préparation adéquate pour pouvoir présenterles choses avec efficacité.

Indiquer leurs requêtes de changement. Anouveau il est important que les enfants tiennentcompte du public auquel ils s’adressent. Il ne sertpas à grand chose que des enfants se lèvent pourdemander le droit d’être entendus si le principe dereconnaissance a déjà été reconnu, et si les adultesattendent en fait des idées de la part des enfants surla façon de réaliser cet objectif. Il est égalementimportant que la requête d’être entendus ait un lienavec ce que les enfants ont à dire. Le droit d’êtreentendus n’est pas simplement une fin en soi. C’estun moyen d’exercer d’autres droits. Les enfants doi-vent être encouragés à utiliser le droit d’être enten-dus pour formuler leurs demandes spécifiques dechangement : des écoles plus démocratiques, unemeilleure protection dans la rue, la suppression detous les châtiments corporels, etc…

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3.1.6 Comment les enfants seront-ilspréparés à la participation ?

Il est hors de question que des enfants parti-cipent à des conférences auxquelles ils n’ont paseu la possibilité de se préparer. On ne doit pasnon plus les contraindre à participer. S’ils partici-pent contre leur gré ou sans préparation, leurcontribution en souffrira et ils ne tireront guère deprofit de la manifestation. Il est possible d’aiderles enfants en :● leur fournissant par avance des informations sur

la conférence, le cas échéant sous des formesaccessibles aux jeunes enfants ;

● les informant sur les droits et sur la participationdes enfants ;

● organisant des ateliers pour les aider à développerleurs idées et donner la priorité aux problèmesqu’ils veulent soulever ;

● les aidant à faire des exposés ;● s’assurant qu’ils comprennent le but de la confé-

rence et les résultats envisageables ; il est impor-tant que les enfants aient des attentes réalistesafin de n’être pas déçus par le processus ;

● faisant en sorte qu’ils arrivent à la conférence enavance afin de rencontrer les autres enfants, deconfronter leurs idées et de planifier leurscontributions. Si la conférence dure plusieursjours et que les enfants proviennent de pays dif-férents, il peut être utile, dans la mesure du pos-sible, de disposer de quelques jours de prépara-tion ; cela renforcera l’assurance des enfantsainsi que leur capacité de participer de façonefficace.

3.1.7 Quel est le rôle des adultes dans laconférence ?

Dans les conférences auxquelles participentdes enfants, il faut réfléchir attentivement au rôledes adultes dans la planification et dans la manifes-tation proprement dite.

Les relations des adultes avec les enfantsIl est important d’établir le plus tôt possible les

bases des relations entre enfants et adultes, si l’onveut éviter la confusion, la rancoeur et les conflits.Il faut : ● fixer clairement les limites entre les décisions

sur lesquelles les enfants ont leur mot à dire etcelles qui restent du domaine des adultes. Parexemple, si à l’origine la conférence devait por-ter sur un seul thème et que les enfants considè-rent que cela devrait être changé, acceptera-t-onde le faire ? Si la conférence devait réunir sur unpied d’égalité les adultes et les enfants, et que

Les orateursLorsqu’il est prévu que des enfants fassent des

exposés, il faut réfléchir sérieusement à la questionde savoir quels enfants inviter et pourquoi. Il estimportant que la légitimité de ces enfants soitreconnue tant par les adultes que par les autresenfants participant à la conférence, mais aussi parles enfants au nom desquels ils parlent. Evidem-ment c’est plus difficile pour les enfants que pourles adultes car ils ont généralement peu d’expérien-ce de participation à des organisations démocra-tiques, et ne peuvent non plus baser leur légitimitésur leur expérience et leur statut professionnels. Cequi importe est que les enfants ne soient pas triéssur le volet par les adultes.

Si la conférence porte sur un domaine spéci-fique, il y aura certainement des candidats qu’ilsera évident d’inviter à prendre la parole. Si l’onorganise par exemple une conférence sur lesenfants des rues, on demandera naturellement auxorganisations concernées de nommer un orateur.Si, toutefois, la conférence porte sur un thème plusgénéral, par exemple comment faire pour que lesenfants fassent entendre leur voix au gouverne-ment, on pourra réunir plusieurs ONG intéresséespour développer une stratégie de nomination desorateurs.

DéléguésIl n’est pas facile de garantir que tous les

enfants légitimement intéressés à une conférenceaient la possibilité d’y assister. Les enfants ne sontpas membres de corps professionnels, n’apparais-sent pas sur des listes d’adresses et ne travaillentpas au sein de ministères, d’ONG ou d’organismespublics ! Ces organismes peuvent cependant servirpour atteindre les enfants.

Il faut penser aux enfants susceptibles d’êtreintéressés et réféchir ensuite à la façon de lescontacter. Certaines possibilités sont fournies parles écoles, Internet, les ONG, les médias, les maga-zines ou les municipalités. Si la conférence doitfaire entendre la voix de plusieurs catégories d’en-fants, il est impératif de garantir la visibilité desdiverses expériences dans des contextes divers.Des enfants valides ne seront pas à même de trans-mettre l’expérience d’enfants handicapés. Lesenfants scolarisés ne savent pas grand chose de lavie des enfants des rues. Les priorités des groupesethniques minoritaires ou indigènes sont probable-ment différentes de celles des populations majori-taires. Il faut aussi considérer la tranche d’âge desenfants à inviter.

34 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Page 40: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

les enfants désirent que les adultes ne soient quedes auxiliaires, cela pourra-t-il être accepté ? Siles enfants considèrent qu’une conférence rési-dentielle obtiendrait de meilleurs résultatsqu’une rencontre d’une journée, pourra-t-on endiscuter ?

● développer un code des pratiques et des règlesfondamentales de la participation des adultestant pendant la planification que pendant lamanifestation. Cela devra être élaboré enconsultation avec les enfants concernés àchaque stade ;

● fournir aux auxiliaires adultes des informationssur les droits de l’enfant et des directives sur leurrôle ;

● déterminer si les adultes ont un rôle de partici-pants ou d’assistants. Les adultes ont-ils le droitde vote ? Peuvent-ils participer à part égale auxdiscussions, ou ne sont-ils là que pour fournir uneaide administrative, des informations et desconseils ?

L’aide des adultesL’expérience de nombreuses conférences inter-

nationales dans le monde entier indique qu’il estvital pour les enfants qui participent de recevoirl’assistance adéquate et appropriée des adultes sil’on veut obtenir le maximum de bénéfices de laparticipation. Il faut par exemple prendre en consi-dération :● la proportion adultes/enfants. Quand les partici-

pants sont de jeunes enfants, on conseille unadulte pour chaque enfant ;

● les besoins affectifs et physiques des enfantsdont certains sont peut-être pour la première foisloin de chez eux ;

● l’existence de procédures adéquates de protec-tion des enfants. Cela signifie s’assurer de la miseen place de systèmes justes pour venir en aide àtout enfant qui aurait été traité de façon inappro-priée par un adulte ou un autre enfant, ainsi quede l’existence de règles précises sur la confiden-tialité et le tutorat, la sécurité du transport à l’al-ler comme au retour, et la nécessité d’un héber-gement sûr et garanti.

● le nombre d’interprètes nécessaires de façon à ceque les enfants ne soient pas exclus pour des rai-sons linguistiques ;

● la nécessité de fournir aux adultes des directivesprécises sur leur rôle envers les enfants ;

● l’accès des enfants à l’information, aux conseils età un soutien en cas de besoin ;

● la nécessité de fournir encouragements et assis-tance, ainsi que de ménager des possibilités derépéter aux enfants qui préparent des exposés ;

● la possibilité d’un debriefing après l’exposé desenfants ou à la fin de la manifestation ;

● les risques éventuels encourus par les enfants quidénoncent des violations de leurs droits. Lesadultes doivent être attentifs aux situations derisque et capables d’aider les enfants à trouver unéquilibre entre leur désir et leur droit de parler etles réalités pratiques qu’ils devront peut-êtreaffronter à leur retour chez eux ;

● l’accès des enfants aux médias. Les enfantspeuvent vouloir saisir l’occasion d’exprimerleurs opinions aux médias, mais doivent aussicomprendre les implications liées au fait des’adresser à un vaste public. On doit aussi lesaider à prendre conscience de ce qu’ils ont ledroit de refuser de donner des interviews, oude répondre à certaines questions spécifiquesau cours d’une interview. Une formation prépa-ratoire sur le travail avec les médias peut êtretrès utile.

Les adultes en tant qu’organisateursL’une des difficultés rencontrées par les

enfants dans une conférence organisée par lesadultes est que la culture, le langage et le contenudu processus leur semblent souvent intimidants etinaccessibles. Pour garantir la participation optima-le des enfants, il faut penser à :● préparer les orateurs au fait que des enfants par-

ticiperont à la conférence et qu’il faut en tenircompte dans les discours et les exposés ;

● éviter d’utiliser jargon, sigles et ‘langage codé’ ;● ménager des pauses régulières ;● introduire comme règle de base que les enfants

peuvent poser des questions à n’importe quelmoment s’ils ne comprennent pas ce qui est dit :

● garantir que les enfants soient présentés correc-tement ;

● traiter les enfants comme des partenaires égauxdans le cadre de la manifestation, et non aveccondescendance ou comme s’ils avaient un statutséparé ou différent.

3.1.8 Où aura lieu la conférence ?Il faut penser au siège de la conférence et se

demander s’il conviendra aux enfants. Parexemple, dans un lieu prestigieux les enfantsauront-ils l’impression d’être pris en considérationou seront-ils seulement intimidés ? D’autre part,dans une école ou un foyer récréatif en mauvaisétat, penseront-ils qu’on leur offre moins qu’onoffrirait aux adultes ou au contraire se sentiront-ilsà l’aise ? Les enfants eux-mêmes pourront donnerleur avis à ce propos.

Il faut aussi considérer les questions suivantes :

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3.1.9 Quels résultats attend-on de la conférence ?

Il faut préciser dès le début les résultats visés,le nombre d’adultes auxiliaires permanents, et cequi peut être raisonnablement obtenu. Il arrivetrop souvent que les enfants aient la possibilité departiciper à une manifestation qui stimule leursénergies et leurs espérances, développe leurscapacités et leur assurance et leur permette d’ex-primer leurs préoccupations, et se retrouvent à lafin sans la moindre activité de suivi. Si les enfantsont participé avec profit à une manifestation, ilsdoivent pouvoir inscrire toutes les résolutions, lesidées, les expériences et les propositions de la

● les locaux sont-ils accessibles aux personnes han-dicapées ?

● en ce qui concerne les buffets, a-t-on tenu comp-te des préférences des enfants et des exigencesdiététiques des différents groupes culturels etreligieux ?

● a-t-on pensé aux loisirs des enfants, en particulierdans le cadre d’une conférence résidentielle ?

● les organisateurs et les administrateurs du siègeont-ils été avertis que des enfants participeraientà la conférence ?

● l’hébergement a-t-il été organisé de manière à ceque les auxiliaires et les accompagnateurs adultespuissent être logés près des enfants avec lesquelsils sont venus ?

36 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Organisation de conférences pour les adultes

TYPE DE MANIFESTATION

Avec des enfants invités à participer.Par exemple :● Session spéciale de l’assemblée générale des Nations unies consacrée aux enfants, New York, 2001● Réunion commémorative du dixième anniversaire de la CDE, Genève, 1999● Conférence internationale de Winnipeg sur les enfants touchés par la guerre, 2000

LE RÔLE DES ENFANTS ET CELUI DES ADULTES

Les enfants n’auront pas été associés à l’élaboration ou à l’organisation de la conférence. Ils participent en tantqu’orateurs et délégués. On peut leur demander :● de raconter des ‘histoires vécues’ ;● de décrire les activités de leur organisation ;● de commenter l’expérience des enfants dans le domaine concerné ;● d’indiquer leurs requêtes de changement.Les adultes seront totalement responsables de la manifestation à tous les stades. En particulier ils doivent s’assurerque, dans un cadre conçu à la fois par et pour des adultes, tout soit mis en oeuvre pour garantir aux enfants l’as-sistance appropriée, pour faire en sorte qu’ils se sentent les bienvenus et soient traités avec respect par les partici-pants adultes.

QUESTIONS À ABORDER

● Les enfants ont-ils été informés du but de la conférence ? Savent-ils pourquoi elle a lieu, de quelle façon s’y rap-porte leur contribution et la raison de cette contribution ?

● De quelle façon ont-ils été préparés à participer ? A-t-on envisagé que les enfants peuvent souhaiter une autreforme d’intervention qu’un discours pur et simple ? Les a-t-on prévenus qu’ils devront peut-être répondre à desquestions ?

● Leur sera-t-il permis de prendre part à tous les débats ou leur a-t-on réservé un créneau particulier ? Prennent-ilspart à une session parallèle ? Ont-ils eu le choix à cet égard ?

● Auront-ils la possibilité de faire des recommandations ? Celles-ci seront-elles prises en considération ?● Auront-ils quelque regard sur les activités de suivi après la conférence ?● Pourquoi a-t-on invité précisément ces enfants-là, qui représentent-ils et quelles compétences possèdent-ils ?● A-t-on pensé à la façon de présenter les enfants, leur a-t-on demandé un CV comme aux autres orateurs ?

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conférence dans leur vie quotidienne. Il est impor-tant de penser à aider les enfants pour d’éven-tuelles actions inspirées par la conférence. Parexemple :● demandera-t-on aux enfants leurs impressions

pour évaluer le processus et la manifestation envue de futures activités ?

● les enfants peuvent manifester le désir de pro-duire un rapport de conférence ;

● ils peuvent avoir besoin d’informer leur groupede référence - ONG, école ou club – de ce quis’est déroulé ;

● l’idée peut avoir germé de créer un réseau localqui fasse pression sur les autorités locales afinqu’elles prennent leurs opinions, sur l’environne-ment par exemple, plus au sérieux ;

● ils peuvent vouloir établir des conseils scolairesdans leurs écoles ;

● ils peuvent vouloir développer un site Web defaçon à communiquer avec un plus grand nombred’enfants ;

● ils peuvent vouloir lancer une campagne, parexemple, pour protester contre la violence enversles enfants ;

● ils peuvent vouloir promouvoir des changementslégislatifs qui protègent mieux les droits de l’en-fant ;

● ils peuvent vouloir établir un groupe local pourassister les enfants se trouvant dans les mêmesconditions qu’eux.

Souvenez-vous que les événements spéciaux ou adhoc ne peuvent ni ne doivent remplacer le travail de par-ticipation avec les enfants dans leurs propres communau-tés locales.

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Organisation de conférences à la fois pour les adultes et les enfants

TYPE DE MANIFESTATION

Conférences organisées conjointement pour les adultes et les enfants en vue d’échanger des pensées et des idéespour engager une action sur un problème donné.Par exemple :● Comprendre avec les enfants : faire face aux inondations au Bangladesh, 1996● Des jeunes s’expriment sur le VIH/SIDA, New Delhi, 1998

LE RÔLE DES ENFANTS ET CELUI DES ADULTES

Les enfants peuvent participer en tant qu’orateurs, directeurs d’ateliers et délégués. Ils peuvent également être asso-ciés au processus de planification.Les adultes seront associés à tous les stades de la manifestation. La mesure dans laquelle ils partagent ou délèguentle pouvoir sur le processus décisionnel avec les enfants doit être négociée dès le début.

LES QUESTIONS À ABORDER

● Les enfants ont-ils été associés aux délibérations initiales en amont de la conférence ? ● Si oui, quels enfants ont été invités au processus de planification et pourquoi ?● Quel est le niveau de partage de l’autorité entre les adultes et les enfants ?● Cela a-t-il été explicitement établi dès le départ ? De quelle façon ?● Quels enfants ont été invités à assister à la conférence ? Ont-ils été recrutés à travers des ONG, des écoles, des

réseaux d’enfants ?● Les enfants ont-ils été dûment informés avant d’assister à la conférence ? A-t-on tenu compte des éventuels dif-

férents niveaux de savoir et de compréhension entre les adultes et les enfants ?● Les documents relatifs à la conférence ont-ils été produits sous une forme qui convienne aux enfants ?● Les orateurs adultes ont-il été adéquatement préparés à la réalité d’un public composé d’enfants autant que

d’adultes ?● Les enfants et les adultes resteront-ils ensemble tout au long de la manifestation ou les enfants auront-ils la pos-

sibilité de se réunir séparément des adultes pour échanger leurs réflexions ?● La participation des enfants à la manifestation est-elle volontaire ? Ou sont-ils simplement ‘envoyés’ par leur

école, leur organisation ou leur institution ?

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38 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Organisation de conférences avec et pour les enfants

TYPE DE MANIFESTATION

Conférence organisée avec et pour les enfants, avec l’assistance d’adultes.Par exemple :● Congrès des jeunes du millénaire, Hawaï, 1999● Sommet des enfants du Commonwealth, Durban, 1999● Forum avec les enfants qui travaillent, Oslo, 1997● Conférence sur la citoyenneté des enfants et l’environnement, Karakalpakstan, 1999

LE RÔLE DES ENFANTS ET CELUI DES ADULTES

Les enfants devraient être associés, lors de telles manifestations, dès le premier stade possible jusqu’à la fin et à laproduction de tout rapport relatif à la conférence. En fait il se peut fort bien que l’initiative de la manifestation soitlancée par les enfants eux-mêmes.● Ils peuvent participer à :● La définition des buts et des objectifs ;● La détermination de la structure de la manifestation ;● La programmation des contributions spécifiques ;● L’invitation des orateurs ;● La présidence et la présentation ;● La gestion d’ateliers ;● L’évaluation ;● La rédaction du rapport de conférence.

Le rôle des adultes serait d’apporter l’assistance demandée par les enfants en matière de connaissances et d’ins-truments, par exemple : ● Fournir l’information nécessaire ;● Aider à affronter les problèmes et les difficultés qui peuvent surgir ;● Informer sur les questions de protection et de sécurité des enfants, en particulier si la conférence est résiden-

tielle ;● Informer sur les lieux de réunion, les matières administratives et organisationnelles ;● Aider en ce qui concerne le financement et la gestion des finances ;● Aider en ce qui concerne la couverture médiatique et les communiqués de presse,● Aider en ce qui concerne la divulgation des éventuels résultats de la conférence.

LES QUESTIONS À ABORDER

● A-t-on établi dès le départ des règles de base garantissant que les adultes devraient se borner à assister lesenfants ? Les auxiliaires adultes ont-ils bénéficié d’une formation en ce sens ? Quels efforts ont été faits pourgarantir que des groupes d’enfants plus marginalisés soient invités à assister à la conférence ? Par exemple, desenfants handicapés ont-ils été invités, a-t-on pensé à ménager un lieu approprié ? La conférence sera-t-elleaccessible à des enfants de différentes premières langues ? Tous les groupes ethniques concernés ont-ils été invi-tés ? Les enfants exclus – non scolarisés, vivant dans la rue ou dans des établissements – ont-ils été invités ?

● A-t-on invité des enfants d’âges divers ? A-t-on réfléchi à la question de savoir s’ils devraient être groupés en fonc-tion de l’âge, des domaines d’intérêt, ou de la formation d’ateliers de tous âges ?

● A-t-on pensé au cadre, aux distractions, aux différences culturelles entre les participants ?● Les enfants disposeront-ils d’une assistance suffisante de la part des adultes et leur rôle est-il clairement défini

depuis le début ?● Quelle programmation a été établie pour garantir le suivi des résultats de la conférence, et contrôler entre autres

la capacité des enfants à faire bénéficier de leur expérience de participant des projets ou des activités au sein deleur communauté ?

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3.2 EXEMPLES RECENTS DE CONFERENCESAUXQUELLES ONTPARTICIPE DES ENFANTS

3.2.1 Conférences d’adultes auxquellesont été invités des enfants

Conférence internationale de Winnipeg surles enfants touchés par la guerre, 200032

Le but était de démontrer les capacités desjeunes de contribuer à une rencontre internationa-le de haut niveau et de les faire participer à desdébats les concernant, pour prouver aux hautsfonctionnaires qu’ils apportaient une contributionsérieuse et appréciable aux politiques et aux pro-grammes, ainsi que d’aider les jeunes à dévelop-per leurs aptitudes.

Une équipe d’éducateurs fut consultée pourl’établissement du programme général pour lesjeunes. Un programme d’été de consultations etd’ateliers se déroula au Canada ainsi que dans despays touchés par la guerre. 50 jeunes, 25 en prove-nance du Canada et 25 en provenance de pays tou-chés par la guerre, furent invités comme délégués,sélectionnés à partir d’un programme financé parle gouvernement et d’un processus ouvert denomination. Ils furent choisis en fonction de leurengagement antérieur, de leur connaissance duproblème, de leur capacité de passer de l’expé-rience personnelle à une analyse plus globale, etde leur degré d’assurance. Ils furent invités à arri-ver trois jours avant le début de la conférence prin-cipale afin de participer à une conférence dejeunes, ce qui leur permit de faire connaissance,de confronter leurs expériences et de définir despriorités communes. Cette rencontre fut inaugu-rée par des ministres gouvernementaux et fit l’ob-jet d’un intérêt considérable de la part des médiaset des gouvernements. A la fin des trois jours, lesjeunes participèrent à la conférence internationa-le, où ils présentèrent leurs déclarations, donnè-rent des conférences de presse, prirent part auxdiscours d’ouverture et de clôture, et intervinrentdans des ateliers en tant qu’orateurs et présidents.En d’autres mots, ils participèrent en tant quedélégués de plein exercice.

Commentaire – Il s’agissait d’une conférencepour les adultes à laquelle les jeunes avaient étéinvités à participer. La planification et la prépara-tion étaient essentielles au succès de la conféren-ce. Les jeunes ont eu le temps de se rencontrer àl’avance, ont été bien préparés sur les questions àaborder à la conférence et ont pu acquérir de l’as-

surance en passant du temps ensemble pourconfronter leurs idées et leurs réflexions. L’impor-tant est aussi qu’ils aient réellement participé à laconférence, et qu’on ne leur ait pas offert seule-ment une occasion symbolique de présenter leursdéclarations. On compte parmi les résultats posi-tifs la formation d’un groupe de jeunes qui conti-nue à travailler sur la question et intègre d’autresjeunes, le développement d’un modèle innova-teur de participation des jeunes, et l’enthousiasmeet l’engagement des officiels et des ministres.

Quelques-uns des enseignements supplé-mentaires incluent : ● La nécessité de planifier soigneusement la cou-

verture médiatique pour éviter une attentionindésirable, nuisible ou envahissante, et aider lesjeunes à faire passer leur message comme ils l’en-tendent ;

● L’importance d’un nombre adéquat d’auxiliairesqui aident les jeunes à définir les problèmes et àpréparer leurs exposés ;

● Le besoin pour les jeunes d’avoir accès auxmêmes documents de base et matériels de prépa-ration que les adultes. Les plus jeunes peuventavoir besoin d’aide supplémentaire pour déchif-frer ces documents ;

● Le besoin de mesures de sécurité assurant la pro-tection des jeunes sans leur imposer des règles etdes limites tyranniques ;

● Le risque de l’impact que peut avoir sur lesenfants le fait de répéter trop souvent des his-toires personnelles pénibles à des auditoires dif-férents.

Convention relative aux droits de l’enfant,Dixième rencontre commémorative, Genève 199933

En octobre 1999, le Haut-Commissariat auxdroits de l’homme et le Comité pour les droits del’enfant ont tenu une rencontre de deux jours pourexaminer les réalisations de la CDE et ses tâchesfutures. L’UNICEF a souhaité inclure dans laconférence un groupe de travail sur la participationdes enfants ainsi que la participation active d’en-fants et de jeunes gens. Le processus de sélectiondes jeunes participants a été mené par l’UNICEFpar le biais de l’initiative ‘Que pensez-vous ?’conçue pour inciter les enfants au niveau national à

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32 Détails tirés de la correspondance d’un des organisa-teurs de la conférence33 ‘Children Speak out : A report from the Convention onthe Rights of the Child 10th Anniversary Commemortai-ve Meeting, 29 Sept-2 Oct, 1999’, Bureau régional del’UNICEF pour l’Europe, 1999

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exclusivement réservée aux adultes, et retirer denombreux enseignements de la confrontation deleurs expériences et de leurs projets souvent trèsdifférents. Il est particulièrement important queleur présence ait provoqué de nombreuses discus-sions parmi les adultes sur le caractère de la partici-pation des enfants.

Les principaux enseignements tirés de ce pro-cessus soulignent la nécessité :● de temps de préparation adéquats ;● d’idées réalistes du côté des enfants sur les résul-

tats qu’ils attendent de leur participation ;● de clarté en ce qui concerne les ‘qualifications’

des enfants pour participer - certains déléguésadultes ont critiqué le manque de légitimité desenfants en tant que représentants. Cependanttous les enfants militaient dans des associationsdans leurs pays d’origine et n’étaient ni plus nimoins représentatifs que les adultes présents à laconférence. Cette information aurait dû êtrecommuniquée à tous les participants ;

● de s’engager à accepter ce que disent les enfants– leurs opinions auraient dû figurer dans lesrecommandations, ne fût-ce que pour signalerqu’elles n’avaient pas fait l’unanimité. Ainsi unenfant demanda-t-il : « Pourquoi nous avez-vousinvités, si c’est pour ne pas écouter ce que nous avons àdire ? »

● d’utiliser un langage accessible aux enfants – lejargon formaliste et bureaucratique de l’ONU esttrès discriminant pour ceux qui ne le pratiquentpas ;

● de respecter les enfants et de les traiter sur unpied d’égalité : la présidente s’attendait à ce queles enfants réagissent aussitôt aux exposés desadultes, alors que cela ne fut requis d’aucun adul-te. Cela embarrassa les enfants et sembla leurconférer un statut différent de celui des adultesprésents.

3.2.2 Conférences organisées à la foispour les adultes et les enfants

Comprendre avec les enfants: faire face auxinondations au Bangladesh, 199634

Un atelier participatif a été organisé dans lecadre d’un projet rural au Bangladesh afin de per-mettre aux enfants et aux adultes d’étudierensemble l’impact de l’érosion des rives et desinondations sur leur vie quotidienne. L’atelier ainvité deux représentants de chacune des cinqONG locales qui avaient assisté les sinistrés et 7

développer des stratégies plus efficaces pour la pro-motion du respect de leurs droits. 7 pays ont accep-té de participer (Albanie, Belgique, Mali, Mexique,Pays-Bas, Philippines et Royaume-Uni), chacunenvoyant deux enfants et un auxiliaire adulte. Lesenfants étaient âgés de 11 à 17 ans. Avant de venirà Genève, les jeunes ont reçu une version adaptéeà leur âge des documents préparatoires et ont étépriés de rédiger une lettre dans laquelle ils se pré-sentaient ainsi que leurs projets. Ils ont été invitésà Genève un jour avant la rencontre officielle pourpréparer leurs exposés, faire connaissance, et ensavoir plus sur la rencontre et sur ce qu’on pouvaiten attendre.

Les enfants participèrent à la séance d’ouvertu-re au cours de laquelle le président de l’assembléeinterrompit souvent la succession des orateurs (dehauts fonctionnaires des agences principales del’ONU) pour demander aux enfants s’ils avaient descommentaires ou des questions à formuler. Laconférence se scinda ensuite en trois sessions paral-lèles, à chacune desquelles participèrent desenfants. Le deuxième jour, les enfants intervinrentavec trois exposés sur l’importance de la collabora-tion entre les adultes et les enfants, sur desexemples tirés de leurs programmes de promotionde participation des enfants, et sur la difficultéd’amener les adultes à prendre le temps d’écouterles enfants. Ils plaçaient au centre de leurs proposi-tions la nécessité d’une représentation directe desenfants sur la scène internationale, si possible par lacréation d’un Parlement mondial des enfants, cequi suscita de considérables dissensions parmi lesadultes.

Chaque session parallèle fut priée de formulerdes recommandations qui seraient présentées à laséance de clôture. Lorsqu’on en arriva à la lecturedes recommandations de la session au sein delaquelle les enfants avaient fait leurs exposés, ceux-ci exprimèrent leur profonde déception : leurs pro-positions avaient été ignorées et les termes et lelangage employés étaient difficiles à suivre. La pré-sidente de l’assemblée, Mary Robinson, haut-com-missaire aux droits de l’homme, répondit de façonpositive à leurs préoccupations, soulignant quel’ONU n’en était qu’à ses premiers pas en matièred’écoute des enfants et avait encore beaucoup àapprendre pour rendre la participation des enfantsplus efficace.

Commentaire – Les enfants ont été invités àune manifestation pour des adultes, mais on s’estefforcé de les préparer, de leur permettre de parti-ciper pleinement et de s’entraider. Il est positif qu’ils aient pu participer à une conférence en principe

40 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

34 Voir note 19

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enfants ont été choisis parmi des familles pauvrestouchées par les inondations. L’atelier de 3 joursvisait à trouver des moyens d’affronter le problème.Bien que les enfants aient été informés à l’avancedes objectifs de l’atelier, aucun d’entre eux, à l’arri-vée, ne fut capable d’expliquer clairement les rai-sons de sa présence. Les méthodes utilisées durantl’atelier comprenaient des cours, des discussions degroupe et des exposés. Les enfants furent admisaux cours, mais les trouvèrent difficiles à suivre. Ilsne furent pas mêlés aux adultes lors des travaux degroupe et eurent tout d’abord du mal à participer,en particulier les filles. Cependant ils acquirentprogressivement de l’assurance et furent capablesd’exprimer leurs opinions et d’apporter une pré-cieuse contribution aux exposés.

Commentaire – Cette expérience met en évi-dence deux problèmes importants :● Premièrement, les enfants ne peuvent être asso-

ciés à des manifestations pour adultes sans prépa-ration et assistance sérieuses. Les méthodes utili-sées doivent comprendre des approches quiéveillent l’intérêt des enfants, les horaires doi-vent refléter les périodes de concentration desenfants, et les informations doivent être fourniesde façon compréhensible pour les enfants.

● Deuxièmement, une fois que ces enseignementssont établis, les enfants peuvent apporter unecontribution originale aux discussions. Dans cecas, les questions évoquées par les enfantsétaient fort éloignées des réflexions de nombreuxadultes. Par exemple ils soulevèrent des pro-blèmes liés à l’interruption de la scolarité, aumanque de terre ferme pour jouer, aux longuesmarches pour aller chercher de l’eau potable, à lapeur des serpents, au cycle menstruel et à l’ac-couchement. En d’autres mots, ils ajoutèrent audébat des dimensions nouvelles et différentesqui, sans leur intervention directe, auraient étéignorées voire invisibles.

Des jeunes s’expriment sur le VIH/SIDA,New Delhi, 199835

L’atelier de quatre jours a réuni de jeunes mili-tants et journalistes de la scène du VIH/SIDA de 17pays, ainsi que des professionnels des médias, pourles encourager à confronter leurs expériences etleurs connaissances, à trouver des façons de se faireentendre, et à lutter contre la discrimination dontsont victimes les personnes atteintes du VIH/SIDA.L’atelier a utilisé diverses méthodes incluant desjeux interactifs, des jeux de rôle, des exposés et desdiscussions de groupe qui ont su allier l’apport d’in-formations difficiles à l’acquisition de capacités.

Les 45 participants furent tous invités sur la base deleur compétence ou de leur expérience particulière,dans le but de favoriser l’enseignement mutuel etde mettre les connaissances acquises lors de l’ate-lier au service de la lutte quotidienne contre leVIH/SIDA. En d’autres termes, les jeunes et lesadultes participèrent à l’atelier à la fois commeenseignants et comme élèves.

Commentaire – L’accent a porté sur la forma-tion et l’acquisition de capacités. Le fait de réunirdes jeunes déjà actifs comme journalistes ou mili-tants, a permis d’utiliser les connaissances et l’ex-périence des participants pour atteindre cet objec-tif. Le fait de réunir des adultes et des jeunes apermis d’échanger toutes sortes de points de vue etde confronter les connaissances. Les jeunes partici-pants avaient évidemment 16 ans ou plus, un grandnombre d’entre eux ayant de 20 à 25 ans. L’un desrésultats fut la rédaction d’un rapport qui sertactuellement d’instrument de formation et présen-te les méthodologies utilisées pendant l’atelier. Ilfournit aussi de nombreux conseils pratiques queles participants ont ramenés dans leurs pays où ilspeuvent être utilisés par d’autres jeunes militants etjournalistes.

3.2.3 Conférences organisées avec et pour les enfants

Congrès des jeunes du millénaire, Hawaii,199936

Le Congrès des jeunes du millénaire a rassem-blé à Hawaii plus de 600 jeunes provenant de plusde 100 pays pour décider des priorités et d’un pro-gramme d’action pour un futur viable au cours des1000 prochaines années. Ce congrès est né du sen-timent de frustration suscité par l’échec du Som-met mondial de Rio sur l’environnement. Desenfants avaient participé à ce sommet, mais dans lecadre d’un programme établi par les adultes. Lecongrès du millénaire a donné aux jeunes la possi-bilité d’élaborer leur propre programme et de déter-miner leurs priorités.

Le processus fut coordonné par Peace ChildInternational. Il débuta par une demande adresséeau niveau national par le biais des ONG à des mil-lions d’enfants du monde entier, de remplir descartes de priorités et de les faire parvenir aux coor-donnateurs nationaux. Ensuite les jeunes votèrent

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35 “Young People’s Voices on HIV/AIDS: A Communica-tion for Development Workshop’, ONUSIDA/UNICEF,199836 Be the Change : Youth Solutions for the New Millenium,Peace Child International, Londres, 2000

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congrès ait été suivi d’un programme d’action clairet efficace. De plus il a donné la preuve des avan-tages liés aux projets de développement dirigés parles jeunes. Par exemple, un projet d’approvisionne-ment en eau en Tanzanie, qui aurait coûté 75.000$US s’il avait été mené par une équipe d’adultes, apu être réalisé par une équipe de ‘Sois le change-ment’ avec le soutien de bénévoles adultes, pourmoins de 5.000$US. Les projets fournissent aussiun enseignement pratique, forment de jeunescitoyens socialement responsables et apportent uneperspective de viabilité.

Sommet des Enfants du Commonwealth,1999, Durban37

En 1999, Durban, en Afrique du Sud, abrita larencontre des chefs de gouvernement des pays duCommonwealth. Il fut décidé, par l’entremise duComité national sud-africain pour les droits de l’en-fant, de profiter de l’occasion pour organiser enmême temps un Sommet des enfants du Common-wealth de manière à promouvoir le respect desdroits de l’enfant.

Le processus de planification débuta un an àl’avance. Une équipe de travail nationale fut éta-blie en Afrique du Sud afin de coordonner le pro-jet. Les commissions furent priées d’encourager laparticipation au Sommet des délégués de leurspays. Ceux qui répondirent, ainsi que les ONGs’occupant d’enfants et disposées à fournir leurassistance, furent invités à participer. On demandaà chaque pays de consulter les enfants sur lesquestions à aborder et de sélectionner des délé-gués qui devaient être âgés de 12 à 15 ans et venirau Sommet accompagnés par des adultes. Dix-sept pays participèrent avec 43 enfants déléguéset 21 adultes accompagnateurs. Chaque paysdevait financer sa participation. Ceux qui ne pou-vaient pas furent aidés par l’UNICEF ou Save theChildren. Les auxiliaires des ateliers furent choisispar l’équipe de travail nationale, bénéficièrentd’une rencontre de formation et reçurent desdirectives concernant leur rôle.

Les enfants disposèrent d’un jour avant leSommet pour faire connaissance entre eux et avecles auxiliaires, pour s’organiser en groupes théma-tiques, et s’installer en général. Ils passèrent ensui-te trois jours à travailler au sein de leurs groupesthématiques (pauvreté, santé, protection de l’en-fant, loisirs, culture et identité, communication et

leurs priorités principales et élirent leurs représen-tants au congrès au cours d’assemblées nationales.612 jeunes se rencontrèrent donc à Hawaii pourconfronter leurs expériences et établir des straté-gies mondiales au service des priorités convenues.Des conseillers étaient présents pour aider lesjeunes à partager leurs connaissances et leurs expé-riences. Les délégués définirent dix prioritésmajeures et développèrent ensuite des plans d’ac-tion détaillés pour leur mise en œuvre. L’éducationapparut comme la priorité absolue, assortie d’uneforte demande non pour l’enseignement tradition-nel, mais pour un nouveau type d’éducation enmesure de préparer les enfants à vivre en harmonieavec l’environnement et la société. Parmi les autrespriorités, citons la construction de la paix, la réduc-tion des dépenses militaires, la promotion des droitshumains et l’éradication du VIH/SIDA.

Après le congrès, un groupe de jeunes chargésde la rédaction d’un rapport se réunit pour rassem-bler les illustrations, les poèmes, les essais et lesplans d’action recueillis par les coordinateurs natio-naux. Il en résulta un magnifique rapport decongrès illustrant la créativité, l’engagement etl’énergie des jeunes participants.

Le congrès a donné naissance à un programmed’action, ‘Sois le changement’, qui accordera depetites subventions à des projets menés par desjeunes de moins de 25 ans avec l’assistance deconseillers adultes. Les fonds seront recueillis à tra-vers un site web établi en partenariat avec la Fon-dation NetAid, et distribués par un comité de direc-tion de six jeunes élus lors du congrès de même quecinq adultes. Les projets choisis sont sur le site webainsi que leurs exigences budgétaires de façon à ceque les particuliers ou les écoles puissent choisir unprojet et l’appuyer. Le site web constitue égale-ment une ressource pour d’autres groupes à larecherche d’idées pour un développement durable.

Commentaire – Le congrès ‘appartint’ auxenfants et aux jeunes tout au long du processus. Laplanification au niveau national, le choix des ques-tions à l’ordre du jour, l’élection des participants, lagestion de l’événement lui-même et la productiondu rapport de congrès furent pris en charge par lesjeunes pour les jeunes avec l’aide et le soutien desadultes, mais jamais sous leur contrôle. Cela prouvela capacité des jeunes de gérer avec plein succèsune entreprise complexe et exigeante. Le congrès aégalement souligné que les enfants veulent êtreperçus comme instruments d’un développementdurable plutôt que comme simples bénéficiaires decelui-ci.

Il est d’une importance considérable que le

42 PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU PROCESSUS DECISIONNEL DEMOCRATIQUE

37 ‘Commonwealth Children’s Summit, Final Report’, 9-16 novembre 1999, Durban, Comité national pour lesdroits des enfants, 1999

Page 48: PROMOUVOIR LA PARTICIPATION DES ENFANTS AU … · point de vue. Article 12 : l’enfant a le droit d’être entendu et pris en considération. Article 13 : l’enfant a droit à

information, éducation, environnement). Les résul-tats furent ensuite communiqués au cours d’unesession plénière et une équipe de rédacteursadultes se réunit pour produire une Charte desdroits à partir de ces résultats. Le jour suivant, lesdélégués se rendirent au Sommet du Common-wealth afin de remettre leur Charte des droits, ettinrent une conférence de presse où un groupe dejeunes commentèrent les recommandations qu’ilsavaient présentées au Sommet du Commonwealth.Les enfants eurent aussi l’occasion de rencontrerdes ministres sud-africains et le président.

Après la conférence, la Charte des droits futdistribuée aux gouvernements et aux ONG pourfavoriser la participation des enfants à de tellesmanifestations et promouvoir le respect des droitsde l’enfant. La Charte fut aussi mise sur le site Webdu Sommet(http://childrensummit.worldonline.co.za - aujourd’hui fermé).

Commentaire – Un certain nombre d’ensei-gnements furent tirés de ce Sommet :● La planification aurait dû commencer plus tôt –

les organisateurs de la conférence considèrentque 18 mois de préparation auraient été néces-saires. Il aurait fallu établir et respecter des calen-driers plus précis;

● Un organisateur général doit être nommé debonne heure pour garantir la mise en place de lacoordination et de la logistique, et le comité deplanification doit refléter le caractère internatio-nal de la manifestation ;

● Il est nécessaire de préciser la nature et ladimension de la participation des enfants, ainsique ce que l’on attend d’eux. Cela devrait êtrecommuniqué aux enfants ; les enfants, parexemple, auraient dû être associés à la rédactiondu rapport ;

● Les enfants auraient dû être mieux préparés, parexemple, en ce qui concerne les différentes idéeset conceptions culturelles ;

● Le rôle des adultes accompagnateurs et des auxi-liaires aurait dû être plus clair dès le départ car ilsdoivent travailler avec les enfants sur une base derespect mutuel ;

● Il fallait accorder plus d’attention à la questiondes langues et à l’emploi d’adultes ou d’ enfantscomme interprètes ;

● La procédure de sélection des participants doitêtre transparente et strictement respectée ;

● Il faut faire plus d’effort pour assurer la participa-tion d’enfants handicapés ;

● Une meilleure intégration au processus desadultes est nécessaire ;

● Il fallait réfléchir davantage à la question du suivi

et des mécanismes de rétroinformation ;● Il faut se comporter avec davantage de cohérence

envers envers les enfants et s’engager à les res-pecter ; un code de pratiques et de directives des-tiné aux auxiliaires adultes pourrait être très utileà cet égard.

Forum avec les enfants travailleurs, Oslo,199738

En 1997, le ministère des Affaires étrangères deNorvège a organisé une conférence en marge de lapréparation de la Convention de l’OIT consacréeaux pires conditions de travail des enfants. Troisenfants furent invités à participer à la première par-tie de la conférence, mais ne furent pas initialementinvités à participer à la section ministérielle de laconférence. Save the Children Alliance décida d’invi-ter des enfants travailleurs de différents pays à par-ticiper à un forum dont le but premier était d’ap-puyer la participation des enfants à la conférenceprincipale. 22 enfants participèrent, chacun accom-pagné d’un adulte qui faisait également fonctiond’interprète. Ils avaient tous déjà participé à desrencontres régionales sur le même problème etbeaucoup aussi à la rencontre internationale d’Am-sterdam quelques mois auparavant. Ils apparte-naient tous à des organisations ou à des mouve-ments. Ils restèrent à Oslo une semaine – trois joursde préparation, trois jours de conférence et un jourde suivi.

La décision d’organiser le forum fut prise peuavant la conférence et deux auxiliaires furent enga-gés. La préparation de l’ordre du jour fut laissée decôté jusqu’à l’arrivée des enfants, mais on s’em-ploya a contacter des personnes susceptibles d’êtreinterviewées par les enfants (comme le Ministrepour le Développement et les Droits de l’Homme),et à organiser une conférence de presse. Lesenfants profitèrent de la rencontre avec le ministrepour négocier la permission de prendre la paroledurant la partie ministérielle de la conférence. Ilspréparèrent ensuite l’ordre du jour, discutèrent dessujets à présenter à la conférence, décidèrent quidevait participer, élaborèrent un discours pour lapartie ministérielle de la conférence et organisèrentune conférence de presse. Un conflit surgit car ungroupe d’enfants était venu avec un programme dif-férent de celui des autres et se sentait obligé de lerespecter car il leur avait été remis par des enfantsde leur organisation. Ce groupe abandonna donc leforum.

Commentaire – La manifestation souleva plu-

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38 Voir note 19

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sur la dégradation de l’environnement et l’augmen-tation de la pauvreté et de l’inégalité. Elle visaitentre autres à entendre de la bouche des enfantscomment cela se répercute sur leur existence, à leurfournir des instruments et une plate-forme pourfaire connaître leurs préoccupations et à promouvoirle concept et la pratique de la participation. Laconférence rassembla 62 jeunes de 14 à 17 ans et 26adultes.

On insista sur l’importance de préparer soi-gneusement les enfants au cours des cinq mois quiprécédèrent la conférence. Un coordonnateur deconférence fut engagé pour établir un comité orga-nisateur d’adultes et aider à la création d’un groupede coordination d’enfants dans chaque pays. Cesgroupes, à leur tour, furent mis en contact avec uncertain nombre de groupes de travail d’enfants dansleur pays et diffusèrent des informations sur lesdroits de l’enfant, entreprirent une série de projetssur l’environnement, fournirent des informationssur la crise de la mer d’Aral et sélectionnèrent etpréparèrent des délégués à la conférence. Lesgroupes d’enfants des six républiques bénéficèrentpendant trois jours d’ateliers de formation à la par-ticipation, et les auxiliaires adultes reçurent égale-ment une formation. Quelques semaines avant laconférence proprement dite, des membres desgroupes de coordination de chaque pays se réuni-rent pour discuter des questions de planification etde préparation, et pour s’entendre sur le program-me de la conférence ainsi que sur le rôle et les res-ponsabilités des adultes au sein de la conférence.Ne seraient-ils présents que pour faciliter les tra-vaux ou bien aussi pour y participer ? Lors de cettepériode de préparation, le comité organisateur adul-te s’est chargé des questions administrativescomme, par exemple, les locaux, la préparation depochettes de documentation, et les questions lin-guistiques.

La conférence dura cinq jours. Un comitédirecteur comptant six enfants et six adultes futformé la veille de la conférence pour contrôler sondéroulement quotidien. La conférence s’employaen particulier à fournir aux enfants des possibilitésde confronter leurs expériences. Chaque groupenational exposa des problèmes définis lors de lapréparation de la conférence. Ces contributionsprirent des formes variées : théâtre, poésie, spec-tacles de marionnettes, débats sur une exposition.

sieurs questions importantes et mit en lumière uncertain nombre de tensions:● Elle réaffirma l’importance pour les enfants qui

participent à des rencontres régionales ou inter-nationales d’appartenir à un groupe ou à des orga-nisations. Cela renforce leur capacité de contri-bution et crée des possibilités de suivi;

● A cet égard, il est nécessaire que ces apparte-nances soient communiquées aux adultes afinqu’ils comprennent d’où viennent les enfants,connaissent leur expérience et leurs liens organi-sationnels – comme les participants adultes four-nissent de courtes informations biographiques ;

● Les enfants ont des divergences d’opinions de lamême manière que les adultes et l’on ne peutprétendre qu’ils forment un groupe homogènesimplement parce qu’ils sont des enfants ;

● Les auxiliaires adultes doivent avoir un mandatclair et devraient se rencontrer à l’avance pour sepréparer et considérer les éventuelles difficultés,par exemple déterminer s’il faut intervenirlorsque les enfants participants vont au-delà deleurs intentions de départ, comment établir deslimites tout en encourageant un niveau optimumde participation, ou comment garantir qu’ungroupe d’enfants ne cherche pas à dominer tousles autres;

● Les adultes doivent être préparés à des manifes-tations auxquelles participent des enfants defaçon à éviter des comportements insultants,indifférents ou irrespectueux envers eux – ondoit absolument insister sur le fait que les enfantsdoivent être traités de la même façon que lesadultes ;

● Il arrive que les adultes manipulent les enfantspour promouvoir leur programme ;

● La participation des enfants peut changer les atti-tudes à la fois envers les enfants et envers lespolitiques en discussion ;

● La participation formelle des enfants aux séancesprincipales des conférences semble avoir un plusgrand impact que leur seule participation auxrencontres secondaires ;

● Des enfants de 13 ans à peine ont participé defaçon efficace et ne doivent pas être exclus parcertains adultes qui considèrent qu’ils ne sont pasà leur place.

Conférence sur la citoyenneté des enfants etl’environnement, Karakalpakstan, 199939

Cette conférence fut organisée à Karakalpaks-tan par deux ONG, Save the Children RU et Perzent,afin de réunir des enfants de six pays du bassin dela mer d’Aral pour discuter de leurs préoccupations

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39 ‘Children’s Response to the Aral Sea Crisis : Children’sCitizenship and Environment Conference Report’,Nukus, Karakalpakstan, 11-5 septembre 1999, Save theChildren/Perzent, 1999

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Les enfants furent conduits dans une ville au bordde la mer d’Aral pour qu’ils voient les consé-quences de la catastrophe écologique. Ils discutè-rent ensuite de leur programme d’action pourl’avenir.

A la fin de la conférence, les enfants furentinvités à juger l’expérience. Malgré leurs nom-breuses critiques circonstanciées concernant entreautres l’attitude de certains adultes, les exigencesdu programme, les attentes envers les membres ducomité directeur, et la nécessité de plus de divertis-sements, ils avaient indubitablement retiré tousd’énormes bénéfices de l’expérience.

Commentaire – Cette conférence est caracté-risée par l’attention apportée par les organisateurs àla préparation et à la programmation, ainsi qu’à leurdécision de faire participer les enfants du début duprocessus jusqu’à l’évaluation finale. Ces élémentsfurent décisifs pour le succès de la manifestation.Les enfants apprécièrent particulièrement d’avoir

eu la possibilité de faire quelque chose pour eux-mêmes et considérèrent que la conférence avait étéfructueuse, permettant à des enfants d’âges diversprovenant de milieux et de pays différents, de serencontrer et de travailler ensemble avec succès. Laparticipation leur apporta à tous de nombreuxenseignements. Pour les adultes aussi le processusfut une expérience enrichissante au cours delaquelle ils découvrirent les qualités des enfantsdont ils apprirent à canaliser les énergies créatrices,et travaillèrent avec des enfants provenant demilieux très divers.

Les activités de suivi s’annoncent aussi impor-tantes que la conférence proprement dite. En parti-culier, un projet de citoyenneté générale d’AsieCentrale a été développé dans la région par SCF RUpour promouvoir la compréhension de la citoyenne-té en fournissant aux enfants des possibilités d’ac-quérir expérience et savoir grâce à leurs propresprojets individuels.

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Matériel de référence supplémentaire

Les écrits suivants peuvent avoir de l’intérêt pour ceux qui souhaitent en savoir davantage sur la question de laparticipation démocratique des enfants.

Children’s Participation, Roger Hart. UNICEF/Earthscan, New York, 1997

Children’s Participation: from Tokenism to Citizenship, Roger Hart. Centre international pour le déve-loppement de l’enfant, UNICEF, Florence, 1992

Children’s Rights : Turning Principles into Practice, A. Petren et J. Himes. Save the Children et UNI-CEF, Stockholm, 2000

Document de séance sur la promotion de la participation stratégique des adolescents, R, Rajani. UNICEF, document non publié.

Empowering Children and Young People. Children’s Rights Office/Save the Children, Londres, 1998

Involving Young Researchers: How to Enable Young People to Design and Conduct Research, P. Kirby.Joseph Rowntree Foundation/Save the Children, York, 1999

Listening to Children: Children, Ethics and Social Research, P. Alderson. Barnardos, Londres, 1995

Listening to Smaller Voices: Children in an Environment of Change. Actionaid, (pas de date de publi-cation)

Never Too Young : How Young Children Can Take Responsibility and Make Decisions : A Handbookfor Early Years Workers. National Early Years Network/Save the Children, Londres, 1997

Rights and Responsibilities in Family and Society, M. Flekkoy et N. Kaufman. Jessica Kingsley,Londres, 1997

Seen and Heard: Involving Disabled Children and Young People in Research and Development Pro-jects, L. Ward. YPS et Rowntree Foundation, York, 1997

Taking Part: Children’s Participation in Decision-Making, G. Lansdown. Institute of Public PolicyResearch, Londres, 1995

The Political Participation of Children, R. Rajani. Harvard Center for Population and Development,Cambridge, Mass., USA, 2000

Young People as Researchers: A Learning Resource Pack. Joseph Rowntree Foundation/Save the Chil-dren, York, 2000

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PROMOUVOIR LA PARTICIPATIONDES ENFANTS AU PROCESSUSDECISIONNEL DEMOCRATIQUE

Dans cet Insight Innocenti, Gerison Lansdown examine l’article 12 de la Convention relative aux droits de l’enfant,selon lequel les enfants ont le droit de participer aux décisionsqui les concernent.Lansdown se livre à une étude approfondie de la significationde cet article en tant qu’instrument au service des enfantspour protester contre les violations de leurs droits et agirpour défendre ces droits. Elle met aussi l’accent sur ce quel’article n’énonce pas, par exemple le fait qu’il ne donne pasaux enfants le droit de fouler aux pieds les droits des autres –en particulier des parents. Elle recommande avec insistanced’écouter les enfants, indique les conséquences d’un man-quement en ce sens et récuse un grand nombre des argu-ments qui ont été émis contre la participation des enfants.L’Insight se veut, avant tout, un guide pratique sur la ques-tion, fournissant des listes récapitulatives claires pour la par-ticipation des enfants aux conférences, et de nombreuxexemples concrets d’initiatives récentes.

Centre de recherche Innocenti de l’UNICEFPiazza SS. Annunziata, 1250122 Florence, Italie

Tél.: +39 055 203 30Fax: +39 055 244 817E-mail (informations générales): [email protected] (commandes de publications): [email protected]

Site internet: www.unicef-icdc.org

ISBN: 88-85401-74-0