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Novembre 2018

Guide méthodologique

PATIENT-TRACEUR

INTER-ETABLISSEMENTS

Novembre 2018

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CONTACTS

CAPPS Bretagne

CHU de Rennes – Bâtiment santé publique

2 rue Henri Le Guilloux 35033 RENNES Cedex

Tel : 02.99.28.37.81

Mail : [email protected]

Site internet : www.gcscapps.fr

Rédaction :

Emma Bajeux

Service d’Epidémiologie et de Santé publique, CHU Rennes.

Remerciements :

Véronique Chesnais, Marina Bouget, Aurore Muret, Thierry Jestin, Cécile Paillé et Pascal Jarno pour

leur aide dans l’élaboration de ce guide.

ABREVIATIONS

AVC Accident Vasculaire Cérébral

CAPPS Coordination pour l'Amélioration des Pratiques Professionnelles en Santé Bretagne

CCECQA Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine

CDU Commission des Usagers

COSMOS COordination Sanitaire MédicO-Social

CME Commission Médicale d’Etablissement

EPP Evaluation des Pratiques Professionnelles

GCS Groupement de Coopération Sanitaire

GHT Groupement Hospitalier de Territoire

HAS Haute Autorité de Santé

IQSS Indicateur Qualité Sécurité des Soins

PAQSS Programme d’Amélioration de la Qualité et de la Sécurité des Soins

SSR Soins de Suite et Réadaptation

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I. CONTEXTE, DEFINITIONS ET OBJECTIFS

A. QUELLE DEFINITION ? La méthode patient-traceur inter-établissements consiste à évaluer de façon rétrospective le

parcours d’un patient au sein des différents établissements dans lesquels il a été hospitalisé au cours

de sa prise en charge, en ciblant l’analyse sur la coordination et la continuité des soins au cours d’un

transfert d’un établissement à l’autre. De la même façon que la méthode patient-traceur interne à un

établissement de santé (1), l’analyse fait appel à l’examen du dossier patient, aux éléments rapportés

par les professionnels de santé ayant pris en charge le patient ainsi qu’au point de vue du patient

concernant sa prise en charge.

B. QUEL OBJECTIF ? L’objectif de cette méthode d’évaluation des pratiques professionnelles est d’identifier des actions

d’amélioration à mettre en œuvre dans chacun des deux établissements afin de favoriser la fluidité

et la continuité du parcours du patient.

C. QUELLE PLUS-VALUE DE LA METHODE? La méthode patient-traceur inter-établissements présente plusieurs avantages par rapport à d’autres

évaluations de pratiques professionnelles, ce qui en fait une méthode souvent appréciée des équipes

médico-soignantes :

Elle place le point de vue du patient voire de son aidant au premier plan de l’évaluation.

Elle met l’accent sur la pluridisciplinarité, favorisant la cohésion des équipes autour

d’objectifs d’amélioration des pratiques professionnelles.

Elle permet aux professionnels de différents établissements de se rencontrer pour une

meilleure compréhension des problématiques et des pratiques de chacun.

Les éléments positifs de la prise en charge (ce qui fonctionne) sont également mis en avant.

Elle permet de cibler l’analyse sur les interfaces et la coordination des soins entre deux

établissements de santé.

D. QUELLE PLACE DANS LES DEMARCHES D’AMELIORATION DE LA QUALITE DES SOINS ? Cette démarche est complémentaire des autres méthodes d’évaluation des pratiques

professionnelles. Les actions d’amélioration identifiées doivent donc également intégrer le PAQSS

(Programme d’Amélioration de la Qualité et de la Sécurité des Soins) et alimenter le compte qualité

de chacun des établissements.

La mise en œuvre de patients-traceur inter-établissements sur un territoire donné doit être faite

dans le cadre d’une politique de déploiement construite par exemple au niveau du comité

stratégique des GHT ou d’un groupement d’établissements.

La méthode patient-traceur inter-établissements sera vraisemblablement une pierre angulaire de la

prochaine certification V2020. En effet, elle permet d’évaluer les parcours des patients au sein des

différentes filières identifiées dans les établissements du GHT qui seront soumis à une démarche de

certification conjointe à compter du 1er Janvier 2020 (2).

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E. QUEL PERIMETRE ? Ce guide propose un cadre d’évaluation pour les parcours impliquant deux établissements sanitaires.

La démarche peut cependant être déclinée dans les secteurs médico-sociaux et ambulatoires après

adaptation des méthodes et outils. A noter, la publication récente d’un guide méthodologique HAS

sur la réalisation de patients-traceur en ville (3).

II. METHODE

A. PRINCIPES GENERAUX Les choix méthodologiques proposés dans ce guide s’appuient sur le guide HAS détaillant la méthode

patient-traceur, interne à un établissement de santé (1), largement utilisée dans le cadre de la

certification V2014 et sur des expérimentations de patients-traceur inter-établissements déjà

implémentées en Bretagne et dans d’autres régions (notamment le projet COSMOS en Nouvelle-

Aquitaine (4)).

Les éléments clés, communs aux deux démarches sont les suivants :

Les mêmes sources de données sont sollicitées (professionnels impliqués dans la prise en

charge du patient, patient lui-même et dossier médical). A noter que le recueil du point de

vue du patient est essentiel à la démarche (on parle sinon de dossier-traceur).

La chronologie et le principe des différentes étapes sont identiques : préparation, évaluation

et suivi du projet.

Cependant, la méthode patient-traceur inter-établissements présente plusieurs spécificités :

Le périmètre du parcours étudié est différent, ciblé dans le cadre de ce guide sur l’interface

entre deux établissements sanitaires A et B :

Préparation de la sortie dans l’établissement A.

Transmission des informations de l’établissement A vers l’établissement B.

Information du patient et de ses proches.

Transport de l’établissement A vers l’établissement B.

Accueil dans l’établissement B.

Survenue éventuelle d’un évènement indésirable.

Le choix des parcours à évaluer peut dépendre de priorités fixées au niveau institutionnel

mais aussi au niveau territorial, notamment dans le cadre des GHT.

Les objectifs de la démarche sont définis conjointement entre les deux établissements.

Les outils utilisés sont différents, adaptés aux objectifs et au périmètre du parcours étudié.

Des grilles d’entretien spécifiques pour le patient et pour les équipes sont proposées (Outils

n° 3 et 4).

Les contraintes logistiques sont plus marquées : mobilisation de l’ensemble des

professionnels des deux établissements impliqués dans la prise en charge du patient sur un

même site pour la réunion inter-équipes.

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Les propositions d’amélioration sont définies collectivement lors d’une réunion inter-équipes

associant les professionnels des 2 établissements ayant participé à la prise en charge du

patient, à partir des manques et dysfonctionnements constatés.

La mise en œuvre des actions d’amélioration nécessite souvent un engagement des

structures de coordination de la qualité des soins à l’échelle territoriale (comité stratégique

du GHT), au-delà de l’engagement institutionnel des deux établissements concernés.

Les bénéfices de la méthode par rapport à d’autres démarches d’amélioration des pratiques

sont d’autant plus importants qu’elle met en contact des professionnels d’établissements

différents qui ne se rencontrent que rarement.

B. LES DIFFERENTES ETAPES

Phase de préparation

1° Constitution du groupe projet

Le groupe projet est composé au minimum d’un référent projet dans chacun des deux

établissements et de deux évaluateurs :

Un référent projet doit être identifié dans chaque établissement. Il peut s’agir d’un cadre de

santé, d’un médecin, d’un responsable qualité… Son rôle est de coordonner le projet au sein

de son établissement, de l’initiation du projet au suivi des actions d’amélioration et de

communiquer sur la démarche au sein de l’établissement.

Les évaluateurs doivent également être identifiés. Ils doivent être au minimum deux. Dans

l’idéal, il s’agit d’un médecin et d’un autre professionnel de santé (cadre de santé,

responsable qualité…), tous deux formés à la démarche patient-traceur. Le médecin peut par

exemple être chargé de réaliser l’entretien patient et d’animer la réunion inter-équipes alors

que le deuxième évaluateur prendra des notes et co-animera la réunion inter-équipes. A

noter qu’en cas de difficultés à mobiliser un médecin, le binôme doit comprendre a minima

un professionnel soignant (cadre de santé par exemple), dans tous les cas formé à la

méthode. Les évaluateurs peuvent être identifiés au sein d’un des deux établissements mais

il peut également s’agir d’évaluateurs extérieurs (autre service de l’établissement, autre

établissement par exemple au sein du GHT, structure régionale d’appui (Capps Bretagne)…).

En revanche, les évaluateurs ne doivent en aucun cas avoir été impliqués dans la prise en

charge du patient.

Dans tous les cas, l’accord des médecins responsables des deux services concernés est indispensable

à la mise en œuvre du projet. Au-delà de leur accord, leur implication dans le projet apparaît comme

un facteur décisif de réussite de la démarche (rôle moteur auprès des équipes, participation à la

réunion inter-équipes, mise en œuvre des actions d’amélioration…).

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2° Echanges préliminaires avec le groupe projet

Dans l’idéal, la préparation de la démarche se fera lors d’une réunion physique associant les

référents projet des deux établissements et les évaluateurs identifiés. Il est souhaitable que les

médecins et cadres de santé des services concernés au sein des deux établissements soient

également présents. Les objectifs de cette réunion sont les suivants :

Présentation de la méthode patient-traceur inter-établissements à l’ensemble des

participants.

Définition du parcours et du profil du patient ciblé. On différencie :

Le parcours ciblé, c’est-à-dire le type de services voire la pathologie concernés

pouvant correspondre à une filière identifiée.

Exemples :

Parcours AVC : Neurologie SSR.

Parcours Gériatrie : Urgences CH1 Médecine CH2…

Le profil du patient, c’est-à-dire les caractéristiques individuelles tels que la tranche

d’âge, les comorbidités éventuelles, le type précis de pathologie ciblée…

Exemples : Patient de moins de 50 ans ayant présenté un AVC avec séquelles minimes. Patient de plus de 80 ans, seul à domicile …

Les modalités de choix du parcours ciblé figurent dans l’encadré page suivante.

Définition commune des objectifs de la démarche entre les deux établissements. Il s’agit

d’identifier les problématiques communes sur lesquelles les établissements souhaitent cibler

leur évaluation et leurs actions d’amélioration.

Identification des éventuels référentiels correspondants aux parcours et profil ciblés

(recommandations HAS, sociétés savantes, protocole interne aux établissements…) afin

d’adapter la grille d’évaluation. Le CAPPS Bretagne peut être sollicité dans ce cadre afin

d’identifier les référentiels pertinents et les documents mobilisés dans d’autres équipes de la

région.

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3° Adaptation des grilles d’évaluation

Les deux grilles d’évaluation, la grille d’entretien patient et la grille d’évaluation inter-équipes,

doivent être adaptées par l’équipe projet en fonction :

du parcours et du profil ciblé,

des référentiels choisis,

des objectifs de la démarche fixés par le groupe projet lors de la réunion de préparation.

Des exemples de grilles sont proposés en annexe (Outils n°3 et 4).

Ces grilles ont été élaborées à partir des grilles HAS concernant les parcours patients-traceur intra-

établissement (1) et des différentes grilles inter-établissements développées localement par des

établissements de santé et des structures régionales d’appui (projet COSMOS en région Aquitaine

(4)).

Elles constituent un cadre d’évaluation et doivent être adaptées à chaque parcours par le groupe

projet, en amont de l’évaluation. Des éléments pourront être ajoutés ou retirés en fonction des

critères ci-dessus.

Le choix du parcours et du profil ciblé peut se faire suivant différents critères :

Activité nouvelle ou à risque.

Population ciblée vulnérable (personne âgée, handicap…).

Fréquence du transfert entre deux établissements.

Nécessité d’harmoniser des pratiques.

Prise en charge posant problème dans les équipes (survenue d’évènements

indésirables, résultats d’IQSS…).

Priorité de l’établissement (par exemple dans le cadre du PAQSS) ou du GHT (pour

les filières identifiées).

Le plus souvent, en dehors de situations à risques spécifiques, il est recommandé de choisir

un parcours et un profil relativement fréquents afin que les actions d’amélioration profitent

à de nombreux patients et pour limiter les difficultés à identifier le patient évalué le jour du

patient-traceur.

Dans tous les cas, l’adhésion des équipes à la méthode est un facteur clé de choix du

parcours, notamment pour les premières expérimentations menées au sein d’un

établissement.

De même, il est recommandé de débuter par des parcours simples, en ciblant une seule

interface, c'est-à-dire le transfert d’un établissement A à un établissement B. Dans un souci

de simplicité et afin de respecter la durée prévue pour la réunion inter-équipes, on évitera

dans un premier temps d’y associer la réalisation d’un patient-traceur évaluant

l’hospitalisation dans l’établissement B voire un transfert ultérieur de l’établissement B à

l’établissement A.

Enfin, il est recommandé d’initier la démarche sur des parcours pour lesquels il n’existe pas

de difficulté majeure déjà identifiée (par exemple, survenue d’un EIG récent avec charge

émotionnelle importante).

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Les éléments du parcours ciblant l’interface entre un établissement A et un établissement B ont été

individualisés de la façon suivante :

Préparation de la sortie dans l’établissement A.

Transmission des informations de l’établissement A vers l’établissement B.

Information du patient et de ses proches.

Transport de l’établissement A vers l’établissement B.

Accueil dans l’établissement B.

Survenue d’un éventuel évènement indésirable.

Pour chaque item évalué, les questions mentionnées en gras italique n’ont pas vocation à être

posées de façon systématique mais peuvent servir de guide pour aider l’animateur à compléter les

informations obtenues en sollicitant plus précisément les équipes.

Les réponses aux différents items évalués figurent sous la forme Oui / Non / Non renseigné / Non

applicable. Il s’agit ici de faciliter le remplissage de la grille pour l’évaluateur, lors de la réunion voire

au décours, lors de la formalisation de la synthèse.

Attention : Il est recommandé de ne pas utiliser ces grilles comme des grilles d’audit. L’ordre

chronologique ne doit pas obligatoirement être respecté et les items doivent être évalués au cours

d’un échange fluide avec le patient ou les équipes.

Les avantages de la méthode patient-traceur résident notamment dans la richesse des échanges avec

le patient et les équipes. Différents éléments très informatifs peuvent émerger au cours des

entretiens alors qu’ils n’avaient pas été identifiés comme tels lors de la préparation du projet. Il est

donc important de favoriser le dialogue au cours de ces réunions, en évitant tout mode

d’interrogation sous forme d’audit.

4° Information et communication

La communication est un point clé de toute démarche d’amélioration des pratiques professionnelles.

Lors de la phase de préparation du projet, en fonction des établissements concernés, devront être

informés de la démarche (Outil n°1) :

Les responsables médico-soignants des services et des pôles concernés (chef de service, chef

de pôle, cadre de santé et cadre supérieur de santé…)

Les direction qualité et direction des soins.

Les commissions qualité des établissements.

+/- Les Commissions Médicales d’Etablissement.

L’ensemble des équipes médicales et soignantes des deux services concernés doit également être

informé du déroulement prochain de la démarche. En revanche, il n’est pas nécessaire de

communiquer sur le patient ciblé par l’évaluation. Cette information peut être délivrée par le

référent projet, un évaluateur, le médecin ou cadre de santé du service, par exemple lors d’une

réunion d’équipe, interne au service.

5° Organisation de l’entretien patient et de la réunion inter-équipes

Le choix de la date et du lieu de réunion doivent être décidés de façon précoce, avant l’identification

du patient correspondant au parcours et au profil ciblé.

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Il est suggéré aux évaluateurs de prévoir une demi-journée pour réaliser un patient-traceur inter-

établissements en prévoyant successivement :

Un temps de consultation du dossier patient – 10 à 20 minutes

L’entretien avec le patient – 30 à 45 minutes

La réunion inter-équipes – 1h30 à 2 heures

Il faut s’assurer de la disponibilité de l’ensemble des dossiers (papier et informatisé) du patient, des

deux établissements afin de pouvoir les consulter avant l’entretien patient et lors de la réunion inter-

équipes.

Il est important de pouvoir réaliser l’entretien patient en amont de la réunion inter-équipes afin de

pouvoir alimenter les échanges entre professionnels des différents constats formulés par le patient,

ce qui constitue un point fort de la démarche.

La réunion inter-équipes doit associer le maximum de professionnels ayant été impliqués dans la

prise en charge du patient identifié : médecins, cadres de santé, infirmiers, aides-soignants, agents

administratifs, secrétaires médicales, professionnels de la rééducation (kinésithérapeutes,

ergothérapeutes, orthophonistes…), diététiciens… en fonction du profil du patient et des

disponibilités des professionnels.

A minima, les médecins responsables de la prise en charge du patient dans chacun des deux services

et un représentant soignant des deux établissements doivent être présents.

Les professionnels ne pouvant être présents pourront faire part de leurs remarques à leur

représentant en amont de la réunion.

A noter qu’il est recommandé de ne pas limiter le nombre de professionnels présents même si les

contraintes en termes d’animation de réunion seront plus importantes si le nombre de participants

est élevé.

Dans l’idéal, la réunion doit être réalisée en présentiel mais il est possible de l’organiser sous forme

de visioconférence. Les premières expériences soulignent la nécessité dans ce cas de mobiliser un

évaluateur sur chacun des sites pour faciliter l’animation de la réunion.

Remarque 1 : Quelques rares expérimentations locales ont associé à la réunion inter-équipes le

transporteur ayant pris en charge le patient lors du transfert. Cette démarche apparaît très

intéressante mais difficile à mettre en œuvre pour des raisons logistiques (accord du transporteur,

difficultés à mobiliser le professionnel concerné…). A défaut, un appel téléphonique en amont de la

réunion peut être envisagé.

Remarque 2 : L’implication des usagers dans la démarche (représentants d’usagers, membres

d’associations…) a fait l’objet de quelques expérimentations locales mais leur rôle et le périmètre de

leur intervention reste encore à préciser.

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6° Rédaction de la fiche projet

La fiche projet doit être rédigée par un des référents projet ou des évaluateurs identifiés. Elle permet

de tracer l’ensemble des choix méthodologiques effectués au terme de la phase de préparation. Un

exemple de fiche projet est proposé en annexe (Outil n°1).

Phase d’évaluation

1° Sélection du patient évalué et obtention de son consentement

Le patient évalué doit correspondre au parcours et au profil préalablement identifiés par le groupe

projet. Ce patient doit être hospitalisé dans l’établissement d’aval le jour de l’évaluation. Dans l’idéal,

le transfert doit avoir eu lieu dans la semaine voire dans les deux semaines précédant l’évaluation.

Les premières expériences indiquent qu’au-delà de deux semaines, il est difficile pour le patient de se

souvenir précisément de son transfert.

Le recueil du consentement du patient est indispensable, de préférence par écrit et par un médecin

en charge du patient.

Il est souhaitable d’identifier plusieurs patients susceptibles de participer à la démarche en amont de

l’évaluation afin de ne pas compromettre la démarche si un évènement médical venait à empêcher la

participation du premier patient ou si celui-ci ne souhaitait plus y prendre part.

2° Lecture du dossier patient

Les évaluateurs consultent les deux dossiers du patient identifié, celui de l’établissement d’amont et

celui de l’établissement d’aval (dossier papier et/ou informatisé). S’y associe un court entretien avec

un médecin de l’établissement d’aval qui pourra fournir aux évaluateurs des données sur l’état de

santé actuel du patient avant de réaliser l’entretien auprès de celui-ci.

10 à 20 minutes

3° Entretien patient

L’entretien doit être conduit dans un lieu calme, préservant la confidentialité des échanges dans la

mesure du possible (éviter les chambres doubles).

Il est principalement conduit par le médecin (lorsque c’est possible), le deuxième évaluateur étant

chargé de prendre des notes et de suivre les éléments de la grille renseignés au fur et à mesure pour

compléter les questions de son collègue.

Après s’être présenté, l’évaluateur rappelle au patient les objectifs de la méthode et de l’entretien,

recueille à nouveau son consentement puis lui rappelle que toutes les informations collectées

resteront anonymes et confidentielles. Il souligne que l’objectif n’est pas de recueillir des éléments

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sur l’état de santé du patient mais de comprendre comment celui-ci a vécu son hospitalisation et

quelle est sa perception de sa prise en charge.

Il interroge ensuite chacun des items de la grille d’entretien patient (Outil n°4). Comme mentionné

plus haut, l’ordre chronologique des questions ne doit pas obligatoirement être respecté et

l’ensemble des items doit être évalué au cours d’un échange fluide avec le patient. En aucun cas,

cette grille ne doit être utilisée comme une grille d’audit.

Un guide d’entretien est proposé en Annexe (Outil n°6).

Il est très important d’intégrer des questions ouvertes (auxquelles le patient ne pourra pas répondre

par oui ou non) : « Comment s’est passé votre transfert entre l’établissement A et B ? », « Comment

s’est passé l’accueil dans l’établissement B ? »….

En fonction du profil du patient et avec son accord, l’entretien peut également être conduit en

présence d’un aidant. Un entretien spécifique avec l’aidant peut également être envisagé. Dans ce

cas, les mêmes items peuvent être interrogés mais il doit bien être signifié à l’aidant qu’il s’agit

d’évaluer son ressenti « en tant qu’aidant » et non de se mettre à la place du patient.

30 à 45 minutes

4° Réunion inter-équipes

Dans l’organisation proposée, la réunion peut être principalement conduite par le médecin (lorsque

c’est possible), le deuxième évaluateur étant chargé de prendre des notes et de suivre les éléments

de la grille renseignés au fur et à mesure pour compléter les questions de son collègue.

Après s’être présenté, l’évaluateur rappelle aux professionnels les objectifs de la méthode et de la

réunion puis interroge chacun des items de la grille d’évaluation inter-équipes (Outil n°3).

Les différents items sont abordés au regard des informations tracées dans le dossier du patient, du

point de vue des professionnels de santé et des informations récoltées lors de l’entretien patient.

Comme mentionné plus haut, l’ordre chronologique des questions ne doit pas obligatoirement être

respecté et l’ensemble des items doivent être abordés lors d’échanges fluides avec les

professionnels. En aucun cas, cette grille ne doit être utilisée comme une grille d’audit.

Un guide de conduite de réunion est proposé en Annexe (Outil n°5).

Il est fondamental de conduire cette réunion dans un climat de bienveillance, sans jugement ni

recherche de responsabilité d’un professionnel. Les professionnels présents doivent en être informés

clairement en début de réunion en précisant qu’il s’agit d’un questionnement collectif sur les

pratiques professionnelles sans remise en cause d’un professionnel à titre individuel.

Au cours de la réunion, il est important :

De solliciter l’ensemble des professionnels présents.

D’alimenter les échanges avec les éléments recueillis lors de l’entretien patient. Ces

informations peuvent être restituées en début de réunion mais dans l’idéal seront

communiquées au fur et à mesure de la réunion pour alimenter les échanges concernant

chacune des thématiques abordées.

De souligner les points positifs de la prise en charge (pas uniquement les points à améliorer).

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Au terme de la réunion, l’animateur soumet une synthèse des points positifs de la prise en charge et

des points à améliorer aux participants pour validation commune. Pour rappel, il ne s’agit pas de

multiplier les actions à mettre en œuvre mais d’en cibler certaines en fonction de priorités définies

collectivement (conséquences importantes pour le patient ou les équipes, action facile à mettre en

œuvre…) et de s’assurer de leur mise en œuvre, de leur suivi et de leur pérennisation.

1h30 à 2h

5° Rédaction d’une fiche de synthèse avec plan d’action

Une fiche de synthèse commune aux deux établissements est rédigée par les évaluateurs au décours

de la réunion inter-équipes. Celle-ci est validée par l’équipe projet avant diffusion aux différentes

équipes et instances des deux établissements. Un exemple de fiche de synthèse est proposé en

annexe (Outil n°7).

Phase de suivi

1° Communication des résultats

Les résultats de la démarche patient-traceur inter-établissements doivent être diffusés auprès :

des équipes médicales et soignantes des deux services participants,

des responsables médico-soignants des services et des pôles concernés (chef de service, chef

de pôle, cadre de santé et cadre supérieur de santé…),

de la direction des soins et de la direction qualité des deux établissements,

des commissions qualité des deux établissements,

de la CDU (Commission des Usagers) des deux établissements,

+/- de la CME des deux établissements,

+/- de la commission qualité du GHT si les deux établissements en font partie

(particulièrement lorsque le parcours patient-traceur vise à évaluer une filière identifiée au

sein du GHT).

2° Mise en place des actions d’amélioration

Comme pour les autres démarches d’évaluation de pratiques professionnelles, la mise en œuvre des

actions d’amélioration sera programmée au sein de chaque établissement : identification et

définition précises des actions à mettre en place, identification du pilote de l’action et des acteurs à

mobiliser, définition du calendrier…

3° Suivi des actions d’amélioration

Le suivi de la mise en œuvre des actions d’amélioration est indispensable et doit être réalisé par les

pilotes identifiés dans chaque établissement.

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Des évaluations spécifiques pourront être planifiées à distance pour apprécier l’évolution des

pratiques en utilisant les méthodes adaptées (par exemple : 2ème patient traceur, audit sur la tenue

du dossier patient, suivi d’indicateur, réalisation d’une analyse processus…).

Les actions mises en place dans le cadre d’une démarche patient-traceur inter-établissements

pourront être intégrées dans le PAQSS de chaque établissement et alimenter leur compte qualité

respectif. Elles pourront également être intégrées dans le PAQSS du GHT.

Les facteurs clés de réussite du projet :

L’implication d’un médecin dans chacun des deux services de soins.

L’adhésion des équipes soignantes au projet.

L’engagement institutionnel des deux établissements dans la démarche.

La phase de préparation du projet (réunion du groupe projet).

Les compétences des évaluateurs en termes de conduite d’entretien et d’animation de

réunion.

L’identification d’un professionnel en charge de la mise en œuvre et du suivi de chaque

action d’amélioration.

La valorisation des résultats de la démarche sur les plans institutionnels et territoriaux

(GHT).

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III. BIBLIOGRAPHIE

1. Haute Autorité de Santé. Le patient-traceur en établissement de santé. Méthode d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins. Guide méthodologique [Internet]. 2014 nov. Disponible sur: https://webzine.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2015-01/guide_methodo_patient_traceur.pdf

2. Décret n° 2016-524 du 27 avril 2016 relatif aux groupements hospitaliers de territoire [Internet]. Disponible sur: https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/4/27/AFSH1609031D/jo

3. Haute Autorité de Santé. Le patient traceur : démarche d’analyse en équipe du parcours du patient. Guide méthodologique. [Internet]. 2016 janv. Disponible sur: https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-03/2_guide_methodologique.pdf

4. CCECQA (Comité de Coordination de l’Evaluation Clinique et de la Qualité en Aquitaine. Patient-traceur inter-établissements : la méthode COSMOS (Coordination Sanitaire Médico-social). Guide méthodologique. [Internet]. 2017 Avril. Disponible sur: http://www.ccecqa.asso.fr/sites/ccecqa.aquisante.priv/files/cosmos_na_-_guide_methodo.pdf?wb48617274=88759645

IV. ANNEXES : OUTILS

Outil n°1 – Fiche projet

Outil n°2 – Synthèse du déroulement de la démarche

Outil n°3 - Grille patient-traceur – Réunion inter-équipes

Outil n°4 – Grille patient-traceur – Entretien patient

Outil n°5 – Guide de réunion inter-équipes

Outil n°6 – Guide d’entretien patient

Outil n°7 – Fiche de synthèse