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la lettre de l’Institut Danone TRIBUNE Plaisir et alimentation : incompatibilité ou synergie ? France Bellisle DOSSIER Prébiotiques, probiotiques, synbiotiques et inflammation intestinale Pr Marcel Roberfroid N°85 - Septembre 2007

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la lettre de l’Institut Danone

TRIBUNE

Plaisir et alimentation :incompatibilité ou synergie ?France Bellisle

DOSSIER

Prébiotiques, probiotiques,synbiotiques et inflammationintestinalePr Marcel Roberfroid

N°85 - Septembre 2007

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nous avons appris qu’ils nous nourrissent. Nosancêtres devaient profiter de la présence desources d’énergie alimentaire et les ingérer,même sans faim, afin de se constituer desréserves corporelles qui augmentaient leurschancesdesurvivreencasdepénurie. Ils avaientd’ailleurs un style de vie, sans voiture, sansascenseur, sans chauffage central, qui leur don-nait de multiples occasions d’utiliser ces

réserves.

Notre monde n’est plus le leur.Notre plaisir alimentaire peutêtre obtenu pratiquement sanslimitesde tempsoude lieu, bienau-delàdesbesoinsd’uneviedeplus en plus sédentaire. Le plai-sir est certes une dimensionessentielle d’une « bonne » alimen-

tation. Le problème est que ce plaisirexcède souvent les capacités du mangeur àréguler son bilan d’énergie et l’expose à devoirévaluer ses comportements en termes derisques pour sa santé. À côté du plaisir deman-ger, il faudrait retrouver le plaisir du rassasie-ment, le plaisir de ressentir l’alternance entresatiété et faim, et même le plaisir délicieuxd’éprouver de la faim avant un bon repas, sansparlerduplaisirdebouger.Cesplaisirsmultiples,et nonpas le seul plaisir de consommer, sont lesgarants d’une saine alimentation.

Le plaisir est une grande invention de la Nature.Le plaisir, associé aux comportements suscepti-blesde favoriser lasurvied’un individuoude l’es-pèce, est un mécanisme superbe pour favoriserla recherche et la consommation de ce qui estutile non seulement dans l’immédiat, mais aussipour l’avenir. Certains philosophes et scienti-fiquesontd’ailleursaffirméque leplaisir est tou-jours la signature d’un comportement utile.

Malheureusement, le monde actuelnous conduit à nous interroger surle « trop » de plaisir qui, recher-ché pour lui-même et au-delàdubesoin,mènerait à l’excèsdecalories, à l’obésité, au diabète,auxmaladies cardio-vasculaireset autres syndromes métabo-liques. On pourrait se croire chezun Molière du XXIe siècle dans cettesuccession de catastrophes. Lesmouvementsd’humeur contre la récente médicalisation duchoix des aliments paraissent souvent justifiés.Cependant, force est de constater que l’accès auplaisir alimentaire dans le monde d’aujourd’huidéborde souvent nos capacités d’adaptation àdes conditions pour lesquelles laNaturenenousa pas préparés.

Les humains aiment ce qui les nourrit, c’est cequi a permis à leur espèce de survivre. Ils déve-loppent des préférences pour ce qui leur fournitde l’énergieetdesnutriments.Leplaisirestnotreguidedès lanaissance (etpeut-êtremêmeavant)et nous conduit à rechercher ces aliments dont

Plaisir etalimentation :incompatibilitéou synergie ?

T R I B U N E

France BellisleCRNH Ile de France, Bobigny.

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DOSS I E R

Pr Marcel ROBERFROIDProfesseur émérite, Faculté de médecine

École de pharmacieUniversité Catholique de Louvain, Belgique

Face aux maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, lesdonnées expérimentales disponibles laissent entrevoir desperspectives prometteuses quant aux effets préventifs et/oucuratifs d’une modulation de la microflore intestinale par lesprébiotiques, les probiotiques et/ou les synbiotiques. Certainsprobiotiques, administrés seuls ou associés à un médicament, ontdémontré une efficacité clinique dans la pochite et la rectocolitehémorragique. En ce qui concerne les prébiotiques et unsynbiotique, des premiers résultats encourageants obtenus dansla maladie de Crohn et la pochite incitent à entreprendre de plusvastes études cliniques.

Prébiotiques, probiotiques, synbiotiqueset inflammation intestinale

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D O S S I E R

La physiopathologie des mala-dies inflammatoires chroniquesde l’intestin se révèle complexeet multifactorielle : outre desfacteurs génétiques, elleimplique également des fac-teurs environnementaux. Onévoque notamment desmodifi-cations de composition de lamicroflore intestinale et unealtération de la réponse immu-nitaire contre la flore intestinalerésidente.Se pose alors la question desavoir si une modulation de lamicroflore intestinale par lesprébiotiques, les probiotiqueset/ou les synbiotiques peutavoir un ou des effets préventifset/ou curatifs sur lesMICI ?

PRÉBIOTIQUE, PROBIO-TIQUE, SYNBIOTIQUE :DÉFINITIONS

•PrébiotiqueLe prébiotique a été définicomme un « ingrédient alimen-taire non digestible qui stimulede manière sélective au niveaudu côlon la multiplication oul’activité d’un ou d’un nombrelimité de groupes bactérienssusceptibles d’améliorer la phy-siologiede l’hôte» (Gibson1995 ;Schrezenmeir 2001).

Pour remplir ce rôle, le prébio-tique obéit à trois critères : toutd'abord, ce produit naturel nedoit êtreni hydrolysé, ni absorbédans la partie supérieure dutractus gastro-intestinal, defaçon à pouvoir alimenter lamicroflore colique.Deuxièmement, pour altérerpositivement la compositionainsi que les activités de lamicroflore gastro-intestinale,le prébiotique doit être sélecti-vement fermenté par une ouun nombre limité de bactériespotentiellementbénéfiquesdansle colon.Enfin, le prébiotique doit préfé-rentiellement induire des effetsbénéfiques pour la santé quiauront été démontrés chez desvolontaires humains.

Les molécules qui, à ce jour,satisfont à ces critères sont lesinulines, les galactooligosac-charides (GOS) et le lactulose.Elles entrent dans la composi-tion de certains aliments etcompléments alimentaires. Lesinulines sont des mélangesd’oligo- et de polysaccharidesessentiellement composés defructose. Les termes de fructo-oligosaccharides (FOS) et d’oli-gofructose sont utilisés pourdes inulines de faible poids

FOCUSLes maladiesinflammatoireschroniques de l’intestin(MICI) sontessentiellement lamaladie de Crohnet la rectocolitehémorragique (RCH).Elles se caractérisenttoutes deux par uneinflammation chroniquedu tissu intestinal,responsable de douleursabdominales, diarrhées,asthénie. On rapprocheaussi des MICI la pochiteaprès coloproctectomietotale dans la RCH :il s'agit alors d'uneinflammation duréservoir iléal constituélors de l'interventionchirurgicale. Dans tousles cas, la qualité de viedes patients se trouveprofondément dégradée.

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Objectif Nutrition - Prébiotiques, probiotiques, synbiotiques et inflammation intestinale

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biotiques sont des lactobacilles,des bifidobactéries, Escherichiacoli et la levure Saccharomycesboulardii. Les probiotiques sontutilisés sous forme soit desouches pures et caractérisées(Lactobacillus casei DN-114001, Lactobacillus casei Shirota,Lactobacillus rhamnosus GG,Bifidobacterium lactis Bb12,Bifidobacterium lactis DN-173010…), soit sous forme demélange de souches caractéri-sées, incorporées dans des ali-ments, des compléments ali-mentairesoudesmédicaments.

Contrairement aux prébiotiquesconstituant une famille très

homogène d’oses, les probio-tiques sont réputés avoir deseffets largement souche-spéci-fiques, de sorte que le résultatd’une étude doit être rapporté àla seule souche utilisée. Lesdeux composés diffèrent égale-mentpar leurmoded’actionsurla flore intestinale ; les prébio-tiques favorisent la croissanced’une ou de quelques espècesrésidentes. Ils agissent alors viacette modification de la micro-flore. Dans le cas des probio-tiques, les effets constatéss'expliquent directement parl'introduction de la nouvellesouche bactérienne dans lamicroflore (encadré 1).

moléculaire. D’autres candidatsexistent (isomalto-oligosaccha-rides, lactosucrose, xylo-oligo-saccharides, oligosaccharidesdusoja, gluco-oligosaccharides,gomme arabique, hydrolysatsdepectines…) qui ont fait ou fontl’objet d’études préliminairesmais sans, à ce jour, satisfaireles critères ci-dessus.

•ProbiotiqueUn probiotique est un «micro-organismevivantqui, lorsqu’il estconsommé en quantités adé-quates, produit un bénéfice pourla santé de l’hôte» (FAO / OMS,2001). Les principaux micro-organismesclasséscommepro-

Un prébiotique agit essentiellement via les modifications sélectives de la microflore intestinaleindigène. C’est cette microflore sélectivement modifiée qui directement / indirectement est àl’origine des effets du prébiotique.

Prébiotique

Probiotique

Modificationsde lamicroflore

Effets sur la santé

Effets sur la santé

Un probiotique agit essentiellement du fait de ses qualités propres (largement souche-spécifiques).C’est la nouvelle souche introduite dans lamicroflore qui cause directement les effets duprobiotique.

ENCADRÉ 1 : LES MÉCANISMES D’ACTION DES PRÉBIOTIQUES ET DES PROBIOTIQUES

Implantation danslamicroflore

Muqueuse

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D O S S I E R

• SynbiotiqueUnsynbiotiqueestdéfini commeun produit qui contient à la foisun (des) prébiotique(s) et un(des)probiotique(s).Laprésencede prébiotique(s) exerce un effetbénéfique sur la stabilité du(des) probiotique(s) dans le pro-duit ainsi que sur sa survie etson implantation dans le tractusgastro-intestinal, tant que durela présence du prébiotique.

DESÉTUDESAUXRÉSULTATSCONTRASTÉS

•PrébiotiquesDifférentes formes d’inuline ontété évaluées dans différentsmodèles expérimentaux ainsique dans des études cliniqueshumaines. Ces études avaientpour but de tester l'efficacitédes prébiotiques soit dans laprévention soit dans l’améliora-tion des symptômes des princi-pales maladies inflammatoiresde l’intestin.Les études expérimentales ontportésurdesmodèlesanimaux :rats traités au dextran sulfate(modèle de RCH), rats traitésau trinitrobenzène sulfonate(modèle demaladie deCrohn) etrats transgéniques HLA-B27(développant spontanémentune inflammation intestinale).

Ces étudesmontrent unemodi-fication de la flore cæcale etcolique avec augmentation desbifidobactéries et lactobacilles(effet prébiotique), une aug-mentation de la teneurencyto-kines anti-inflammatoires et enfacteurs immunomodulateursdans la muqueuse cæcale, unediminution de la sécrétion descytokines pro-inflammatoires,et une diminution des signescliniques de colite et des scoresglobaux et histologiques d’in-flammation.Les études humaines ontconcerné la maladie de Crohn,la pochite et, indirectement, laRCH.Dans la maladie de Crohn,une étude préliminaire sur dixpatients confirme l’effet prébio-tique de l’inuline qui augmentela concentration fécale des bifi-dobactéries. L'étude met aussien évidence une augmentation(+ 76%) du nombre des cellulesdendritiques productrices d’in-terleukine-10 (cytokine anti-inflammatoire). Ces variationss’accompagnent d’une amélio-ration de l’indice de gravité cli-nique.Dans laRCH, aucun résultat cli-nique n’est disponible à ce jourchez des patients atteints d’unepathologie déclarée. Toutefois,

dans une étude préliminaire(double aveugle, contrôléecontre placebo), il a été démon-tré que l’oligofructose (3x4g/jour), administré seul ou enassociation avec le métronida-zole (400mg/jour), pouvait, chezles individus sains porteurs debactéries réductricesdesulfate,réduire la production de l’acidesulfhydrique (H2S). En effetcelui-ci pourrait jouer un rôledans l’inflammation observéedans cette maladie. Paral-lèlement à cet effet bénéfiquesur la production d’un métabo-lite toxique, l’administrationd’oligofructose augmente laconcentration fécale des bifido-bactéries et des acides grasvolatils, et diminue le pH fécal.Dans la pochite, l’inflammationest associée à une diminutionde la concentration fécale dubutyrate, une augmentation dupHdesselles, desmodificationsde la composition de la florefécale et une augmentation dela concentration fécale desacides biliaires secondaires.Lors d'une étude clinique préli-minaire randomisée en doubleaveugle contre placebo, 20 pa-tients ont reçu 24g/jour d’inu-line pendant trois semaines.L’efficacité a été évaluée sur lacomposition des selles mais

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Objectif Nutrition - Prébiotiques, probiotiques, synbiotiques et inflammation intestinale

aussi sur l’aspect endoscopiqueet histologique de lamuqueuse.Les résultats démontrent uneaugmentation de la concentra-tion du butyrate fécal (+62%),une diminution du pH fécal, unediminution du nombre deBacteroides, une diminution dela concentration fécale desacides biliaires secondaires(-62%) auxquelles s’associe unediminution de la sévérité dessignes endoscopiques et histo-logiques d’inflammation.

•ProbiotiquesPlusieurs probiotiques ou mé-langes de probiotiques ont étéévalués dans différents mo-dèles expérimentaux ainsi quedans des études cliniqueshumaines.Dans les études expérimen-tales, trois modèles ont été uti-lisés : des souris déficientes eninterleukine-10 (souris«knock-out »), des rats traités au trini-trobenzène sulfonate (modèlede maladie de Crohn), des ratstraités au dextran sulfate(modèle de RCH). Ces étudesmettent en évidence un effetpréventif ou curatif de la colitepar différentes souches delactobacilles, une restaurationde l’effet barrière de la mu-queuse endommagée par l’in-

flammation, une prévention demodifications biochimiques etcytologiques induites par l’in-flammation.Les études humaines ontconcerné la maladie de Crohn,la pochite et la rectocolitehémorragique. Dans lamaladiede Crohn, six études cliniquesont évalué l’effet d’un traite-ment probiotique oud’un traite-ment combiné médicamentplus probiotique sur la rémis-sion à 6, 12 ou 24 mois.Ces études ont été effectuéessur différentes souches :Escherichia coli (une étude),Saccharomyces boulardii (uneétude) et Lactobacillus (quatreétudes). Aucun de ces traite-ments n’amontré d’effet statis-tiquement significatif.Dans la RCH, les probiotiquesont été étudiés seuls ou enassociation àdesmédicaments.Troisétudesévaluant l’effet d’untraitement probiotique seul(Escherichia coli) sur la rémis-sion à 3 ou 12 mois n’ont pasfourni de résultats statistique-ment significatifs. De même,trois études cliniques associantun traitement médicamenteuxet un mélange de probiotiquessur la rémission à 2 ou 12 moisou sur l’index clinique à 3 moisn’ont pas permis de conclure à

un effet statistiquement signifi-catif. Néanmoins, l’associationmédicamentplusBifidobactériesa,dansdeuxétudes,montrédeseffets statistiquement significa-tifs sur l’index de morbidité à3mois (3.7 vs 5.8) et le taux derémissionà12mois (70 vs10%).Dans la pochite, trois études ontété réaliséespour évaluer l’effetd’un mélange de probiotiques(VSL#3) sur la rémission ou laprévention de la maladie : ilaugmente le taux de rémissionà 9 mois (85 vs 0%) et 12 mois(85 vs 6%) et prévient l’appari-tionde lapochite (90 vs60%).Enrevanche, une étude destinéeà évaluer l’effet d’une seulesouche de probiotique (Lacto-bacillus rhamnosus GG) sur l’in-dice de morbidité à 3 mois n’apas montré d’effet statistique-ment significatif.

• SynbiotiquesÀ ce jour, seule une étude atesté l’efficacité d’un synbio-tique (Bifidobacterium longumplus inuline) dans l’évolution deparamètres associés à la RCH.Dans ce protocole, 18 patients(âgés de 24 à 67 ans), ont reçuun synbiotique ou un placebopendant quatre semaines. Lesrésultats démontrent une amé-lioration de l’intégrité histolo-

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D O S S I E R

toires et des défensines (pep-tides antibactériens surexpri-més dans la RCH), et une aug-

mentation significative des bifi-dobactéries fécales.

gique des muqueuses, unediminution de la concentrationdes cytokines pro-inflamma-

TABLEAU 2 : RÉSULTATS DES ÉTUDES EXPÉRIMENTALES SUR LES EFFETS DESPRÉBIOTIQUES, PROBIOTIQUES ET SYNBIOTIQUES DANS LES MALADIESINFLAMMATOIRES DE L’INTESTIN

Prébiotiques(Inulines) Probiotiques Synbiotiques

(Inuline + probiotique)

n = 5 ++ n = 3 ++ n = 0

n : nombre d’études disponibles dans la littérature scientifique (fin 2006).++ : étude(s) positive(s) ayant inclus l’évaluation de paramètres cliniques, histologiques et/ou biochimiques.

TABLEAU 3 : RÉSULTATS DES ÉTUDES CLINIQUES SUR LES EFFETS DES PRÉBIOTIQUES,PROBIOTIQUES ET SYNBIOTIQUES DANS LES MALADIES INFLAMMATOIRESDE L’INTESTIN

n : nombre d’études disponibles dans la littérature scientifique (fin 2006).+ : étude(s) positive(s) ayant inclus uniquement l’évaluation soit de paramètres cliniques, soit de paramètresbiochimiques.

++ : étude(s) positive(s) ayant inclus l’évaluation de paramètres cliniques, histologiques et/ou biochimiques.NS : résultats non significatifs (absence d’effet au cours de l’étude).( ) : résultats préliminaires qui nécessitent des études de confirmation.

Prébiotiques(Inulines) Probiotiques

Synbiotiques(Inuline +probiotique)

Maladie de Crohn n = 1 (++) n = 6 NS n = 0

Rectocolitehémorragique n = 1 (+) n = 4 NS

n = 2 (+) n = 1 (++)

Pochite n = 1 (++) n = 3 +n = 1 NS n = 0

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Objectif Nutrition - Prébiotiques, probiotiques, synbiotiques et inflammation intestinale

Les données expérimentalesdisponibles tant pour les pré-biotiques que pour les probio-tiques laissent entrevoir desperspectives prometteusesquant à l’intérêt de ces produitsdans lapréventionet / ou l’amé-liorationdessymptômesde l’in-flammation. Toutefois cesespoirs ne sont pas toujoursconfirmés par les études cli-niques.Le bilan pour les probiotiquesest assez mitigé puisque, seulsparmi tous les traitements tes-tés,unmélangedeprobiotiques(VSL#3) et une associationprobiotique (bifidobactéries) +médicaments ont démontréune efficacité clinique respecti-vement dans la pochite et laRCH.

Pour les prébiotiques (inulinesexclusivement) et un synbio-tique (inulineetbifidobactéries),les résultats, bien qu’encorepréliminaires,paraissentencou-rageants. En effet, dans lamaladie de Crohn et la pochitepour le prébiotique et la RCHpour le synbiotique, ces pro-duitsont confirméuneefficacitéclinique généralement accom-pagnée d’effets bénéfiques surdifférents paramètres histolo-giques et biochimiques. Cesétudes ont été jugées suffisam-ment prometteuses pour justi-fier l’intérêt de plusieurs clini-ciens et des études cliniquessouvent multicentriques sur degrandes cohortes de patientssont actuellement en cours ouen programmation.

BIBLIOGRAPHIE1. Bibiloni R, Fedorak RN, TannockGW et al. VSL#3 probiotic-mixtureinduces remission in patients withactive ulcerative colitis. Am JGastroenterol. 2005 ; 100 : 1539-46.2. Furet JP, Relano P, Langella Ph.Corthier G. Les probiotiquesconsommés comme alimentsou compléments alimentaires, in :Les aliments fonctionnels,M. Roberfroid, V. Coxam,N. Delzenne, éditeurs,Lavoisier in press.3. Gibson GR, Roberfroid MB.Dietary modulation of the colonicmicrobiota : introducing theconcept of prebiotics. J. Nutr1995 ; 125 : 1401-1412.4. Gibson GR, Probert HM, Van LooJAE, Rastall RA, Roberfroid MB.Dietary modulation of the humancolonic microbiota : updating theconcept of prebiotics, Nutr. Res.Rev. 2004 ; 17 : 259-275.5. Guarner F. Inulin andoligofructose : impact onintestinal diseases and disorders,Br. J. Nutr. 2005 ; 93, suppl. 1 :61- 65.6. Kato K, Mizuno S, Umesaki Y et al.Randomized placebo-controlledtrial assessing the effect ofbifidobacteria-fermentedmilk onactive ulcerative colitis. Aliment.Pharmacol. Ther. 2004 ; 15 : 1133- 41.7. Leenen C, Dieleman LA. Inulinand oligofructose in chronicinflammatory bowel disease,J. Nutr. 2007 ; In press.

CONCLUSION

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R E V U E D E P R E S S E

Child overweight in Franceand its relationship withphysical activity, sedentarybehaviour and socioecono-mic status.Lioret S. et al, EuropeanJournal of Clinical Nutrition2007 ; 61 : 509-516

Lesurpoidset l’obésité infantilessont de plus en plus fréquentsdans les pays développés : enFrance, laprévalencedel’obésitéinfantile a ainsi plus que doubléenvingtans.Cetteaugmentationspectaculaire suggère le rôlede facteurs environnementaux,parmi lesquels l’activité phy-sique, et celui du niveau socio-économique.

Cette étude française, issue del’étude INCA,avaitpourbutd’es-timer la prévalence du surpoids(obésité inclue) chez les enfantsfrançaisâgésde3à14ans,etde

rechercher le rôle de l’activitéphysiqueet /oudelasédentaritédans l’association entre niveausocio-économique et surpoids.

Entre août 1998 et juin 1999,1018 enfants âgés de 3 à 14 ans,constituantunéchantillon repré-sentatif de la population fran-çaise du même âge, renseignè-rent avec leurs parents desquestionnairesconcernantpoids,taille, niveau socio-économique,activité physique et comporte-mentssédentaires (tempspassédevant la télévision ou un jeuvidéo). Les résultats furent ana-lysésenfonctiondesapportsali-mentaires,estimésparunrelevésur 7 jours.Laprévalencedusurpoidsétaitde15,2 %, dont 3,5 % d’enfantsobèses. Le surpoids était moinsfréquent chez les enfants deniveau socio-économique élevé,maisseulementàpartirde6ans.

Principaux déterminants du surpoids infantile en France

Iln’apasétéconstatéd’associationinverse entre le niveau d’activitéphysique et celui descomporte-ments sédentaires. Ce dernierétaitplusélevéchezlesenfantsdebasniveausocio-économique.En analyse multivariée, le sur-poids n'était corrélé à un basniveau d’activité physique quechez les enfants de 3 à 5 ans ;alors qu'il était nettement asso-cié à un haut niveau de compor-tements sédentaires, chez lesenfants de 6 à 14 ans.

Cette étude portant sur un trèslarge échantillon d’enfants,d’âges très variés, montre doncque les comportements séden-taires sont bien associés au sur-poids infantile en France. Enrevanche, leniveaudescompor-tements sédentaires et celui desactivités physiques semblent sedéterminer indépendamment.

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R E V U E D E P R E S S E

Objectif Nutrition,La Lettre de

l’Institut DanoneDirecteur de la publication :Pr Jean Navarro, AP/HP, Paris.Rédacteur en chef :Dr Jean-Laurent Le Quintrec,AP/HP, Hôpital Ste-Périne, Paris.Rédactrice en chef adjointe :Silvy Auboiron, Danone France,Paris.Secrétaire de rédaction :Marie Allard-Méeus.Comité de rédaction :Dr Brigitte Boucher, Paris ;Pr Pierre Bourlioux,Faculté de Pharmacie, Paris ;Pr Frédéric Gottrand, CHU Lille ;M. Saadi Lahlou, Paris ;Pr Fernand Lamisse, Tours ;Dr Martine Pellae, AP/HP, HôpitalBichat, Paris ;Pr Daniel Rigaud, CHULe Bocage, Dijon.Conception-réalisation :PolyPrint Agence - Baton Rouge20/22 rue Labrouste75015 Paris.Chef d’édition :Jean-Charles Fauque.Photogravure/Impression :Diamant Graphic.Dépôt légal : 3e trimestre 2007.Nº ISSN : 1166357 X.

Probiotics for prevention ofnecrotising enterocolitis inpreterm neonates with verylow birthweight : a systema-tic review of randomizedcontrolled trials. DeshpandeG. et al, Lancet 2007 ; 369 :1614-1620

Les prématurés, surtout d'unpoids inférieur à 1500 g, sontparticulièrement vulnérables aurisque d’entérocolite nécro-sante. Le taux de mortalité lié àcettepathologieestde15à30%.Ses causes sont multifacto-rielles, mais la composanteinfectieuse semble importante.L’immaturité des défenses et dela muqueuse digestive favori-sent ce risque infectieux.

Uneéquipedepédiatresaustra-liensaréaliséuneméta-analysede sept études randomiséescontre placebo sur l’effet desprobiotiques sur ces entéroco-lites nécrosantes chez les pré-maturés pesant moins de1500 g. La supplémentation pardifférentes souches de probio-

tiques a débuté dans les dixjours après la naissance et aduré au minimum sept jours.Par rapport au groupe placebo,elle a permis de diminuer lerisque relatif d’entérocolitenécrosante à 0,36.

Le risque de sepsis n’est passignificativement différent. Parcontre, la mortalité due à cesinfections diminue : le risquerelatif dans le groupe probio-tique descend à 0,47, et ce d’au-tant plus que le traitement estinstauré précocement.Les auteurs restent prudentsquant à l’interprétation de leursrésultats, car les souches sonttrès variées et différentes.Cependant, les biologistes ontmontré que les probiotiquesinduisent chez les prématurésune maturation des fonctionsintestinales, réduisent la crois-sance et l’adhésion de micro-organismes pathogènes. Cecipourraitexpliquer l’améliorationde cette pathologie grâce à uneapproche naturelle et non inva-sive.

Probiotiques et entérocolite nécrosantechez les prématurés

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Créé en 1991, l’Institut Danone rassemble des scientifiques, desmédecinset des personnalités dumonde de la nutrition.

Il a pourmission :- d’encourager la recherche dans le domaine de la Nutrition ;- d’informer et de former les professionnels de santé sur tous les sujetsliés à l’alimentation ;- de participer, par des actions d’éducation et d’information, à l’améliorationde l’alimentation de l’ensemble de la population.

L’Institut Danone est une association régie par la loi de juillet 1901.Ses publications ne contiennent aucune information à caractère commercial.

LES NOUVELLES DE L’INSTITUT DANONE

150-152, boulevard Victor-Hugo - 93589 Saint-Ouen Cedex - [email protected]

www.institutdanone.org

L'Institut Danone organiseles XVIèmes Rencontres Scientifiques de Nutrition

Les XVIèmes Rencontres Scientifiques de Nutrition, organisées par l'Institut Danone, auront lieu le6 novembre 2007, à l'Institut Océanographique de Paris.

Au cours de cette journée de conférences et d'échanges, ouverte aux scientifiques et aux profession-nels de la santé, les nombreuses interventions aborderont deux thématiques :• Plasticité et développement cérébral : rôle de l’alimentation ?• Alimentation de la femme enceinte, de l’enfant et santé de l’adulte

La conférence d’actualité abordera le sujet : “Le microbiote intestinal a-t-il un rôle dans l’obésité ?”

Ces XVIèmes rencontres réuniront de nombreux experts : Pr. Pascale Barberger-Gateau (Inserm,Bordeaux), Dr. Sebastien Bouret (Inserm, Lille), Pr. Gerard Corthier (Inra, Jouy-en-Josas),Pr. Claudine Junien (Inserm, Paris), Pr. Dominique Turck (CHULille), Pr. Michel Vidailhet (CHUNancy).

La journée sera également l'occasion de récompenser les lauréats des Prix Institut Danone 2007 etde l’Appel d’Offres Institut Danone - Fondation Recherche Médicale 2007.

Le programme et le formulaire d'inscription sont disponibles sur le site Internet de l'Institut Danone :www.institutdanone.org