nÉvBloppEMENT acRrcot,psemaphore.uqar.ca/1129/1/Jerome_Sawadogo_septembre2014.pdf · 2017. 3....
Transcript of nÉvBloppEMENT acRrcot,psemaphore.uqar.ca/1129/1/Jerome_Sawadogo_septembre2014.pdf · 2017. 3....
uNrvERSrrÉ DU euÉBEC À nrvrousrr
LE pRoJET pôLE DE cRorssANCE DE BAGnÉ GacnÉpôln)coMME TNITIATTvE D'avtÉNacEMENT TERRTToRTAL ET DE
nÉvBloppEMENT acRrcot,p au BURKINA FASO :
AVANTAGES. INCONVENIENTS ET PERSPECTIVES
Mémoire présenté
dans ie cadre du programme de maîtrise en développement régional
en vue de I'obtention du srade de maître ès arts
PAR
o fÉnÔmE sawADocoSeptembre 2014
Composition du jury :
Bruno Jean, président du jury, Université du Québec à Rimouski
Clermont Dugas, directeur de recherche, Université du Québec à Rimouski
Augustin Epanda, examinateur externe, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
Dépôt initial le 15 septembre2}l4 Dépôt final le 5 janviet 2OI5
UNTvERSITÉ DU euÉBEC À RrvousrcrService de la bibliothèque
Avertissement
La diffusion de ce mémoire ou de cette thèse se fait dans le respect des droits de son auteur,
qui a signé le formulaire << Autorisation de reproduire et de dffiser urt rapport, un
mémoire ou Llrxe thèse >>. En signant ce formulaire, l'auteur concède à l'Université du
Québec à Rimouski une licence non exclusive d'utilisation et de publication de Ia totalité
ou d'une partie importante de son travail de recherche pour des fins pédagogiques et non
commerciales. Plus précisément, l'auteut autorise l'Université du Québec à Rimouski à
reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de son travail de recherche à des
fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence
et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de la part de l'auteur à ses droits
moraux ni à ses droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, I'auteur conserve
la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont il possède un exemplaire.
DEDICACE
Je dédie cette æuvre à :
Mes parents qui ont consenti de nombreux sacrifices quant aux charges financières à
supporter pour mon éducation familiale et scolaire.
Mes frères et sæurs pour leur soutien multiforme.
À tous ceux qui à un moment de ma trajectoire existentielle m'ont apporté réconfort et
assrstance.
REMERCIEMENTS
Le travail abattu est le fruit de la convergence des efforts d'un bon nombre de
personnes dont nous tenons à exprimer nos remerciements. Nous nous excusons d'emblée
auprès de ceux dont mention n'est pas faite dans notre propos car nous comprenons les
limites de la mémoire humaine dont l'oubli demeure l'une de ses caractéristiques.
Nos remerciements s'adressent sans exclusive à tous 1es professeurs et professeures
du département Société, territoire et développement de l'Université du Québec à Rimouski
qui n'ont ménagé aucun effort tout au long de notre formation.
Des remerciements particuliers vont à l'adresse de :
- Clermont Dugas, notre professeur de suivi pour sa disponibilité et ia clarté de
directives.
- Paul Richard Dédoui, responsable de la communication de Bagrépôle pour son
ouverture et sa promptitude à nous fournir des informations et de la documentation
nécessaire.
nÉsuntn
Notre recherche consiste à analyser la pertinence d'un projet de développement
international dans son élaboration et son mode de gestion, en I'occurrence le pôle de
croissance de Bagré au Burkina Faso avec pour objectif de déceler ses faiblesses'
Elle revêt un caractère académique visant à jauger et à juger notre capacité de
maniement des concepts et outils analytiques propres au développement régional. La
méthode de recherche utilisée repose essentiellement sur l'analyse documentaire et des
entrevues.
Au sortir de la médiation entre les outils analytiques et les différents aspects du
projet, nous avons émis quelques réserves tant sur sa planification que sa viabilité.
Concernant le volet planification, l'impasse a été faite sur ia dynamique participative qui
devrait désormais structurer toute planification territoriale.
Quant à la valeur intrinsèque de Bagrépôle, nous avons estimé que le projet ne prend
pas suffisamment appui sur ies principes du développement économique local, ni sur les
stratégies du développement durable, car son pilotage obéit à une logique descendante'
Nous avons aussi mis en doute certaines pratiques culturales parce qu'elies ne sont
pas rentables ni en termes d'avantages comparatifs, ni en termes écologique et
environnemental, ni en termes de besoins alimentaires réels de la population.
Soulignons pour terminer que le concept de pôle croissance est inopérant car
l'histoire économique des pays développés nous renseigne sur le fait que les pôles de
croissance ont été localisés dans des zones urbaines économiquement dynamiques. En
référence à ce critère de base, Bagrépôle s'auto exclue de l'appellation < pôle de
croissance>>. L'emploi de la terminologie <plan de développement>> pour caractériser
Bagrépôle aurait été le mieux indiqué. De même, vouloir rééditer 1es pôles de croissance,
aujourd'hui à l'abandon dans les pays de sa naissance, peut aussi paraitre comme un non-
sens. L'idée de << pôle de compétitivité > peut se présenter comme une alternative mais, iciencore, l'infrastructure sociale et économique de Bagré n'est pas suffisamment préparée
pour servir de rampe de lancement d'un tel concept.
Mots clés : développement régional, projet de développement international, déveioppement
économique local, développement durable, avantages comparatifs, pôle de croissance, pôle
de compétitivité
{BSTRACT
Our research is to analyze the relevance of an international development project in itsplanning and its mode of management, in this case the growth pole of Bagré in BurkinaFaso with the objective of identifying its weaknesses.
This academic work aims at gauging and judging our ability to handling regionaldevelopment concepts and analytical tools. The research method used is essentially based
on literature reviews and interviews.
After studying the analytical tools and the different aspects of the Bagré project, wehave some reservations on its planning and its viability. Regarding the planning part, the
impasse was noticed on the participatory dynamic which should now lead all territorialplanning.
About the intrinsic value of the growth pole of Bagré, we estimated that the projectdoes not sufficiently support the principles of local economic development, nor sustainable
development strategies, because its planning follows a backward logic.
We also questioned certain farming practices because they are not profitable in termsof comparative advantages, nor address ecological and environmental issues and the realfood needs of the population.
In conclusion, the concept of growth pole is inoperative because the economic historyof developed countries informs us that growth poles were located in economically dynamicurban areas. In reference to this basic criterion, the project of Bagré excluded itself from theappellation of "growth pole". The use of the terminology "development plan" tocharacterize the Bagré project would have been a better choice. Besides, wanting tocurrently copy the growth poles which were abandoned by countries where they were firstimplemented may also appear as illogic. The idea of "Pole of competiveness" can stand as
an alternative but, here again the sociai and economic infrastructures of Bagre are notsufficiently prepared to serve as a launching pad for such a concept.
Key words: regional development, international development, local economic development,sustainable development, comparative advantages, growth pole, pole of competitiveness
Xi
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS .............. viii
nÉsuvtÉ ...................x
A8STRACT............... ................xii
TABLE DES MATIÈRES..... .....................xv
LISTE DES TABLEAUX...... ....................xix
LISTE DES FIGURES......... .....................xxi
LISTE DES ABRÉVT,q.TTONS. DES SIGLES ET DES ACRONYMES .................. XXiii
TNTRODUCTION CÉNÉn.q.LE............ .......................1
CTIAPITRB T ÉI,ÉVTENTS METHODOLOGIQUES ET CONCEPTUELS DELA RECHERCHE ....................L0
1.,I pnosLÉMA.TIQUE, OBJECTIFS, PERTINENCE SoCIALE ET SCIENTIFIQUE DE
LA RECHERCHE ..........
1.1.1 L.l pnonr,ÉMATreuE DE RECHERCHE ..........
1.I.2 LBs osJpcrrFs DE RECHERCHE
1.1.3 La psnrrNENCE socrALE ET scrENTrFreuE DE LA RECHERCHE ..............
L.2 METHoDoLocTEDERECHERCHE ..............
1.2.1 L'lNAr-vsB DocUMENTATRE ET LES ENTREVUES ..........
L.2.2 SrnarÉcrn D'nNALysn DU pRoJET nacnBpôr,E...............
1.2.3 LBs aspncrs ETHIeUES ET LES DrFFrcur,rÉs DE RECHERCHE..........
1.3 LA cr,anmrcarroN DES coNcpprs DE LA RECHERCHE...........
1.3.1 Ln concrpr nn nÉvnLoppEMENT............... .....................27I.3.2 Ls coNcppr DE nÉvBr,oppBNT AGRTcoLE ............ ...........28
1.3.3 Ln coucppr nn pÉvnLoppEMENT LocAL ,,....28
1.3.4 Ln coNcBpr DE nÉvnr,oppEMENT DURABLE ,........,........,.29
xvl
L.3.5 LE coNCEPT DE PRoJET DE DÉVELoPPEMENT """"""""' 30
1.3.6 LE coNCEpr n'lvtÉNEGEMENT DU TERRITorRE......." ""' 31
1.3.7 LE coNCEPT DE pÔr,n DE cRorssaNcE .......... """""""""' 31
1.3.8 LE coNCEPr DE pÔr,n nn covtpÉrrrrvrrÉ..... """""""""' 33
CHAPITRE 2 PÉSENTATION DU BURKINA FASO ET DU NÉPANTBMENT
DE BAGRÉ.............. """"""""' 3s
2.1. Pnor,rr- HTSTORTQUE ET POLITIQUE DU BURKINA FASO......... .............37
2.2 CoNrBxrn CÉoCnapruQUE, pÉvrocnapruQun ET ADMINIsTRATIF.....'.""' """'372,3 PRINCIPALES cARAcTÉnrsrrQuss PHYSIQUES........"""' """""""""" 45
2.4 Srtuluox soclo-ECoNoMIQUE """""""""" 54
2,4.1 L'lcnIculruRn ET LA PRoDUCTIoN aGRrcoLE...."""""' """""""" 54
2.4.2 L,ÉISVAçE ET LES CONDITIONS AGRO.PASTORALES ...... 56
2.4.3 L'1nusA.NAr............ ..................... 56
2.4.4 MrNBs ET INDUSTRIES ......... """"" 57
2.5 Pl,uvnnrÉ : TNCTDENCES ET c,s.RAcrÉnIsrIQUEs """""" 59
2.6 ASPBCTS INSTITUTIONNELS BT NÉCT-BVTENTAIRES RELATIFS AU SECTEUR
acRrcor,E ET ITYDRAULIQUES..... """""""""" 59
LBs svsrÈMES ET PoLITIQUEs roNcrÈnns................ """' 59
La Srnq.rÉcrn NarroNALE ns DÉvnr-oPPEMENT DunasLB nB
r,'AcnrculruRE InnrcuÉr (SNDDAI) """"" 61
La por-ruQuE NATIoNALE DE L'EAU....... """' 62
La Srnq,rÉcrn NlrroNALE or SÉcumrÉ AI-TwNTAIRE """"""""'62LA poLrTreUE NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ.............................. 65
PnÉsBNrarIoN DU nÉp.tnreMrNT DE BacnÉ...... """"""67LE cLIMATETLAvÉcÉr4rroN............... """" 68
Pnorrr, oÉtuocru,pulE ET socro-ÉcoNoMIQUE. """"""' 68
LBS porpNrLqlrrÉS lB nÉvei-OPPEMENT ou lÉpanrEMENT BaCnÉ ET SES
coNTRAINTES........... """"""""""' 69
2.6.r
2.6.2
2.6.3
2.6.4
2.6.5
2.7
2.7.1
),7)
2.7.3
XVII
CHAPITRE 3 ÉVALUATION DE LA PLANIFICATION ET DE LA PORTÉEDU PÔLE DE CROISSANCE DE BAGRÉ.............. ....,.,......,.....75
3.1 PnÉsBNrarroN DU scHÉN,r,s. DTRECTEUR o'nnaÉNacEMENT ln BlcnÉpô1n......76
3.2 Évar,unrroN DE LA plANrFrcarroN ...............81
3.3 Anucur,arroN DU ScnÉnal Dmrcrpun r'AuÉNacEMENT AUToUR DES
POLITIQUES PUBLIQUTS I,aITÉNAGEMENT DU TERRITOIRE APPLICABLES AUBunxrua Faso........ .....82
3.4 ANar,yse DES rMpacrs socIAUX ET ENVTRoNNEMENTaUx À BacnÉpôr,p.........83
3,4.I lupacls ENvIRoNNEMENTAUX ET SoCIAUX PoSITIFS .....84
3.4.2 Ilrplcrs ENvTRoNNEMENTAUxET socIAUxNÉc.s.rms ............... ......84
3.5 RÉrr,rxroNs suR r.Bs nÉNÉnrcrarRns DU pRoJET ............86
3.6 AN,s,LysB oB Blcnr4pôr.s sELoN l'lppnocur nu pÉvBLoppEMENT
Écorlonareun LocAL ET DE LA pRopRIÉrÉ r,ocar-E DES ENTRnpRISps...............88
3.7 ANEr,ysp or BacnÉpôr,n pAR LA MrsE EN eUESTIoN D'uNE AGRTcULTURE
sÉnrrrÈnn DES suRvrvaNCES DU pacrE cor,oNrar, .........91
3.8 ANar,ysB DES pRATIeups BacnÉpôr.B BN nÉnÉnBNcr À r,l rnÉonrE DEsavANTAGES coMpaRATIFS.......... ....................94
3.9 ANar,ysr DES IRATIeUES cULTURALES À BacnÉpôLE pAR RAppoRT À nnscoNsruÉnarroNs Écor,ocrguEs........... ..........95
3.10 ANar,ysn nn B,q.cRÉpôr,s sELoN r,'Érureur DE LA GoUvERNANCE DEslrancHÉs puBLreuES .................,...97
3.11 Arrl,lr,ysa or BlcnÉpôr,B EN FoNCTToN DES FACTEURS nn nÉussrrE D'uNpRoJET lB oÉvBr,oppEMENT.. .......98
3.12 ANar,ysr rs BncRÉpôr,n EN FoNCTToN DES srnarÉcrps nuoÉvnr,oppEMENT DURABLE .........103
3.13 ANar,ysr lr BacnÉpôr,r sELoN LES pRINCTpES DE LAMULTTFoNCTIoNNALTTÉ on L'acRICur,TURE .................109
3.14 ANar,ysB DEs cHANCES DE succÈs or B.lcRÉpôr,B a,u REGARD DE LASITUATToN cÉocns,puleuE ET socloÉcolcoMleuE on slcRÉ ET DU
BURKTNA FASo......... ..,112
CONCLUSION GÉN8RAL8.............. ,...116
ANNEXE 1 TABLEAUX SYNTHESE DES IMPACTS SOCIAUX ETENVIRONNEMENTAUX POTENTIELS.......... .....T24
ANNEXE 2 SCHÉMA D'ENTREVUE...... ........,.....,126
XViii
nÉrÉnnNCES BIBLIocRAPHIQUES..... ............ 128
Tableau 1:
Tableau 2
Tableau 3
Tableau 4
Tableau 5
Tableau 6
Tableau 7:
LISTE DES TABLEAUX
Quelques données historiques sur le Burkina Faso ......... .................39
Répartition de la population résidente par groupe d'age slon le sexe ...............39
Période et coûts indicatifs des plans quinquennaux.............. ...........19
Coût du premier plan quinquennal (2013-2011)......... .. ... ..............80
Grille d'analyse des stratégies du développement durable ............105
Synthèse des impacts positifs sur les infrastructures et services à
Bagrépôle ...............124
Impacts négatifs sur le développement de certaines activités agricoles ...........I25
XX
LISTE DES FIGARES
Figure 1 La représentation du développement durable selon le modèle de Jacob etSadler .....30
Figure 2:Les 52 acteurs fondateurs du pôle minalogic en France ....................34
Figure 3 : Localisation du Burkina Faso en Afrique ......38
Figure 4 : Pyramide par groupe d'âge de la population résidente du Burkina Faso.............40
Figure 5 : Localisation des provinces les plus peuplées du Burkina Faso............................40
Figure 6 : larépartition des grands groupes ethniques .....................42
Fisure J : Carte des résions administratives du Burkina Faso ......... ..................44
Figure 8 : Carte des zones climatiques du Burkina Faso.......... ........46
Figure 9 : Carte de la pluviometrie moyenne au Burkina Faso ......... .................46
Figure 10: Carte du réseau hydraugraphique du Burkina Faso ......... .................48
Figure 11 : Carte delavégétation du Burkina Faso ......... ................50
Figure 12: Carte des sols du Burkina Faso ......... ...........52
Figure 13 : Localisation de Bagré et de la zone de couverture de Bagrépôle............... ........61
Figure 14 : Lignes électriques à Bagré (15 km)..... .........10
Figure 15 : Centrale hydroélectrique sur le fleuve Nakanbé à Bagré .................70
Figure 16 : Un agriculteur dans son champ de tournesol ................ ...................91
Figure 17 : Vue d'une plantation de bananier à Bagrépôle ............ ...................94
Figure 18 : Centre écotouristique de Bagrépôle ...........111
Figure 19 : Bureau de poste de Bagré... ...... 111
XX11
Figure 20 : L'agence de Coris Bank en construction............... ...... 11 1
Figure 21: Restaurant en construction............... ........... 111
LISTE DES ABREVIATIONS. D.ES SIGLES ET DES ACRONYMES
ACCEDES Alliance Chrétienne pour la Coopération Économique et pour leDéveloppement Social
BAGRÉPÔLE Société de Développement du Pôle Croissance de Bagré
CMRPN Comité militaire de redressement pour le progrès national
CNEAU Conseil National de I'Eau
CNSA Conseil National de Sécurité Alimentaire
CONNED Conseil National de I'Environnement et du Développement Durable
CSLP Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
CSRLP Cadre Stratégique Régional de Lutte contre la Pauvreté
DD Développement Durable
DID Déveioppement International Desjardins
DIPAC L'hrigation Privée et des Activités Connexes
DOM-TOM Départements et Territoires d'Outre-Mer
DRI Développement rural intégré
FAO Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
FQRSC Fonds Québécois de 1a Recherche sur la Société et la Culture
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
GT Gestion des Terroirs
ICI Initiative Conseil International
IDA Association Internationale de Développement
IDH Indice de Développement Humain
IFODER Institut de Formation en Développement rural
INSD Institut de 1a Statistique et du Développement
IMF Institution de Microfinance
IRIS Institut de Recherche et d'Information Socio-économique
MARA Ministère de l'Asriculture et des Ressources animales
xxlv
MAMROT Ministère des Affaires municipales, des Régions et de I'Occupation du
Territoire
MATD Ministère de I'Administration territoriale et de la Décentralisation
MED Ministère de l'Économie et du Développement
MEF Ministère de l'Économie et des Finances
ONG Organisation non gouvernementale
pAGIRE Plan d'Actions pour la Gestion Intégrée de 1a Ressource en Eau
pA-SISA Plan d'Actions Système d'Information sur la Sécurité Alimentaire
PCGES Plan Cadre de Gestion Environnementale et Sociale
PPCB Projet pôle de croissance de Bagré
pNSFMR Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
PFT Partenaires techniques et financiers
PME Petites et moyennes entreprises
PNUD Programme des Nations unies pour le développement
pNOCSUR Plan National d'Organisation et de Coordination des Secours d'Urgence
et de Réhabilitation
SIAO Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou
SNDDAI Stratégie Nationale de Développement Durable de I'Agriculture Irriguée
SNS Stock National de Sécurité Alimentaire
SNSA Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire
SONABEL Société Nationale d'Electricité
UOIHV Union pour la défense des Intérêts de la Haute-Volta
ZUP Zone d'Utllité Publique
INTRODUCTION GENERALE
Mise en contexte
Le Burkina Faso est un tenitoire enclavé (sans façade maritime) situé en Afrique
occidentale. À I'instar des pays d'Afrique noirel, l'agriculture a toujours été le maillon
essentiel de l'économie du pays. Elle contribue pour plus de 50Vo des recettes
d'exportation. À cause de son rôle moteur et du fait qu'elle occupe 90Vo de la population,
les différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depui s 19602 ont toujours
cherché à mettre en æuvre des politiques et des stratégies pour son développement. Les
défis à relever sont de plusieurs ordres.
Aux facteurs climatiques difficiles (sécheresses successives) qui affectent la
productivité agricole, s'ajoutent des déficits organisationnels (faible organisation des
producteurs, non-participation effective des producteurs aux différentes phases
d'éIaboration et d'exécution des projets), techniques (faiblesse des équipements agricoles),
humains (pression démographique). C'est donc dans le but de juguler ces crises inhérentes
au secteur agricole que le gouvernement du Burkina Faso a entrepris de développer des
projets de développement agricoie plus innovants dont la stratégie est bâtie autour des
pôles de croissance agricole. En attendant que ces différents projets prennent forme,
attardons-nous spécifiquement sur le cas de Bagrépôle en tant que pôle de croissance en
phase d'expérimentation.
' L'Afrique est un continent unique, mais les pays arabisants de 1'Afrique du Nord (Algérie, Maloc, Tunisie, Egypte) ontun niveau de développement appr'éciable par lappolt aux pays d'Afrique noire subsaharienne, même si la premièrepuissance (Afiique du Sud) et la deuxième puissance (Nigeria) sont issues de I'Afrique noire.
' 1960 marque l'année d'accessiolr à l'indépendance du Burkina Faso colonie fi'ançaise avant cette date.
z
L'Objet de la recherche
Notre recherche porte sur un projet de développement agricole situé au Burkina Faso
(Afrique de l'ouest) et dénommé pôle de croissance de Bagré ou Bagrépôle. La perspective
de recherche consiste à évaluer 1a pertinence du projet en le soumettant à l'épreuve de
certains critères sur lesquels se fondent les sciences régionales pour déterminer la viabilité
d'une action visant le développement territorial. Les questions suivantes permettent de
saisir l'essentiel de notre objet de recherche : Quel est le contexte socio-économique de
Bagré et du Burkina Faso en tant que tenitoires d'application de Bagrépôle ? Quelle est la
démarche de planification du projet ? Cette démarche répond-telle à une logique
participative ? Quels sont 1es impacts du projet dans son territoire d'application ? Quelles
sont 1es chances de succès du projet par rapport aux différentes conjonctures nationales et
internationales et at regard de son contexte géographique, économique et démographique
d'application ?
Localisation
La zone du projet Bagrépôle est définie comme comprise entre les méridiens 0"14' et
0o 50'nord et les parallèles lI"I2'et 11o53' ouest (voir carte en annexe 2).La superficie
couvefie par le projet est de 493 000 ha selon le décret présidentiel du 2 décembre i998.
C'est un projet d'envergure qui va se déployer sur les plaines aménagées autour du barrage
hydroélectrique de Bagré sur le fleuve Nakanbé dans la région du Centre-Est et plus
spécifiquement dans la province de Boulgou où se trouve localisé le département de Bagté
qui est le lieu concret d'implantation du projet (PPCB, 20ll).
Objectifs et légitimité du projet
Son objectif est de diversifier les cultures et d'accroître les rendements agricoles pour
lutter contre l'insécurité alimentaire. L'idée du projet tire sa logique d'implantation par le
fait que Bagré regorge d'un potentiel agro-pédologique propice au développement de la
production agro-sylvo-pastorale et des opportunités de
(Ouédraogo et al. mai 20lI).
Les caractéristiques du projet
aJ
marchés (locaux et sous-régionaux).
Les caractéristiques du projet s'organisent autour des marchés potentiels à conquérir,
des produits à promouvoir et de la définition de la taille des exploitations et des modèles
d'affaires.
Bagrépôle veut se spécialiser dans certaines productions déjà existantes, mais à l'état
embryonnaire. Il s'agit notamment des secteurs des fruits et légumes, de la pisciculture et
de la production d'aliments de bétail. Les marchés sous-régionaux sont visés pour
l'écoulement de ces différentes productions. Le projet a l'avantage d'être localisé à
proximité d'importants marchés locaux (Ouagadougou, capitale du Burkina Faso) et
régionaux (Ghana, Togo, Niger, etc.). Ces marchés vont donc permettre à Bagrépôle
d'accroitre sa production afin de satisfaire la demande.
En ce qui concerne la taille des exploitations et les modèles d'affaires, le
gouvernement du Burkina Faso souhaite mobiliser une variété de producteurs privés allant
des petits producteurs (2-5 ha), aux exploitants de taiile moyenne (5-50 ha) et aux grands
producteurs (plus de 500 ha).
Les composantes du projet
Trois composantes structurent le projet :
La composante une (1) vise I'amélioration du climat des investissements et des
capacités institutionnelles au profit du secteur privé. L'objectif de cette composante est de
contribuer à améliorer la gestion de la zone du projet et de I'environnement des affaires, de
réduire le coût et le risque de faire des affaires à Bagré. La composante deux (2) se rattache
au développement et à ia gestion des infrastructures critiques. Elle a pour objectif de
compléter I'infrastructure publique dans la zone de concentration de Bagré et de
promouvoir le développement agricole.
4
Ce volet permettra le financement des autres infrastructures manquantes afin de
compléter les investissements déjà réalisés par le gouvernement, à savoir : des réseaux
d'irrigation primaires; des équipements pour le bétalI dans les zones d'élevage; des
équipements pour la conservation du poisson; des voies d'accès vers la zone irriguée et à
l,intérieur de cette zone; l'extension de la distribution de l'électricité et de I'approvisionne-
ment en eau à partir de la centrale hydroélectrique jusqu'à la zone de production.
La composante trois (3) vise le développement des services critiques. Elle s'articule
autout de deux objectifs, à savoir:
a) Promouvoir la fourniture de services essentiels à Bagré par le secteur privé'
Opération à travers laquelle, dans le cadre d'un partenariat public-privé, l'État apportera
son appui au secteur privé en cofinançant les investissements dans I'objectif d'aider à
alléger les coûts de production afin de permettre aux fournisseurs privés de ces services
essentiels d'opérer à Bagré. Ces services comprennent la fourniture de carburant (il n'existe
pas de station-service à Bagré); l'extension de la couverture téléphonique et de I'Internet;
les fournisseurs d'intrants ou les prestataires de services d'entretien et de répatation; les
services bancaires pour apporter des financements en faveur du développement des
infrastructures d'irrigation et des investissements productifs (canaux tertiaires et
aménagement des parcelles, tracteurs, etc.), particuiièrement pour les petits exploitants; les
infrastructures collectives de production (stockage, chaîne du froid), et les services
consultatifs techniques (qualité et normes, développement des compétences, etc.).
b) Stimuler la création de petites enffeprises à Bagré en aidant 1es petits exploitants à
améliorer leurs capacités et à réaliser les investissements nécessaires afin d'être en mesure
de répondre aux besoins des marchés et d'accroître leur compétitivité'
Les résultats attendus et les bénéfÏciaires du projet
Les résultats attendus de la mise en æuvre du projet s'articulent autour de
l'accélération de la croissance économique, la réduction du chômage et de la pauvreté et le
soutien aux communautés de base vivant dans la zone du projet. Les indicateurs quantitatifs
5
attendus de la mise en æuvre du projet qui couvre la période du 31 décembre 20lI au
30 septembre 2OI'7 livrent les estimations suivantes : le secteur agricole serait à mesure de
générer au terme du projet 450 000 tonnes de production agro-pastorale (céréales,
légumineuses, fruits et légumes) ainsi que 2400 tonnes d'aliments pour bétail.
Le secteur halieutique sera susceptible de capitaliser 1250 tonnes de poissons. En
termes de résultats intermédiaires, les attentes renvoient au fait que trois (3) gros
investisseurs exploitant au moins 500 hectares devront être attirés; que 40 entreprises seront
établies à Bagré; que 15 000 hectares seront aménagés et alloués aux producteurs avec des
titres de propriété; que 15 entreprises fournisseurs de services seront établies à Bagré; que
850 investisseurs orivés auront accès à 1'électricité dans la zone de Basré.
Quant à ce qui a trait aux bénéficiaires du projet, mention est faite sur le fait que
20 000 personnes, dont30Vo de femmes, seront des bénéficiaires directs du projet.
On estime à 250 000 personnes les bénéficiaires indirects et que le projet attirera
20 millions de dollars américains d'investissements privés. On prévoit que 30 000 empiois
seront créés dans le pôle de croissance de Bagré durant la première phase du projet (20II-
2017).
Les moyens mis en æuvre à (budget-échéancier)
Le pôle de croissance de Bagré ou Bagrépôle est financé à hauteur de 733,7 millions
de dollars américains. Ce montant est constitué de 115 millions de dollars attribué sous
forme de dons par l'Association Internationale de Développement (IDA), filiale de la
Banque mondiale.
La part contributive du Gouvernement burkinabé est de 8,7 millions de dollars. Le
secteur privé, quant à lui, supportera à hauteur de 10 millions de dollars les coûts du projet
(Ouédraogo, 2012). Prévu pour s'échelonner sur six ans (201I-2017), le projet a été
officiellement lancé le 5 avril 2012 par le Premier Ministre du Burkina Faso, Luc Adolphe
Tiao.
6
Les difficultés de réalisation du projet
En règle générale,l'implantation d'un projet de développement ne se fait pas sans
difficultés. Les difficultés sont généralement d'ordres technique, financier (le financement,
la gestion, les prévisions, les études, I'information) et humain. Mais dans le cadre de
Bagrépôle, il ne semble pas s'être posé des difficultés de cette nature ou du moins aucun
document officiel ne les révèle. I1 n'en demeure pas moins qu'il est fait mention des
difficultés liées aux résidents du milieu. Les difficultés résident dans le fait que sur le
terrain les producteurs familiaux dénoncent 1'expropriation effective de leur terre par l'Etat
au profit des agro-business men.
En effet, au Burkina Faso, la loi sur la propriété foncière indique que la terre
appartient àl'État. Une loi mal comprise par les propriétaires terriens à telle enseigne que
les conflits sont récurrents entre les grands exploitants (agro-business men) et les petits
producteurs (agriculteurs traditionnels). À côté de ces agriculteurs mécontents, on identifie
aussi les pêcheurs qui s'impatientent d'être installés dans un nouvel espace aménagé
promis parlaMaîtrise d'Ouvrage de Bagré (Compaoré et Maré, zJn).
Réalisations actuelles du projet observables
Lors de son séjour au Burkina Faso (du 2I au 26 octobre 2013) dans le cadre de la
mission de suivi du Projet Pôle de Croissance de Bagré, une délégation de la Banque
Mondiale, conduite par Monsieur Paul NOUMBA, directeur cbargé des secteurs privé et
financier de cette institution, a séjourné le jeudi 24 octobre 2013 à Bagré. L'objectif de
cette mission était de visiter quelques les infrastructures critiques en cours de réalisation à
Bagré, (Dédoui, 2013 :5).
La déIégation a constaté Ia réalisation de la ferme apicole, qui compte 387 ruches
produisant chacune en moyenne 20 kg de miel par an. La pépinière avicole prévue pour
s'établir sur un terrain de 2O hectares est en chantier : cette pépinière dont la mission est de
développer le secteur de I'aviculture, est un centre où se mèneront des activités de
production intensive d'ceufs et de poulets de chair. La mission fondamentale de la pépinière
est d'amorcer une transformation technique au sein des populations les plus défavorisées
pour accroître leur esprit d'entreprise.
La pépinière avicole s'appuiera sur 1es principes d'<<empowerment>> pour que les
jeunes et les femmes deviennent des acteurs de leur propre développement, capables
d'initiatives et de créativité. De nombreuses autres infrastructures complémentaires (4
latrines, 1 salle de réunion, un bureau, un local pour gardien, 1 magasin central et un poste
vétérinaire) sont prévues pour rendre le centre viable. La pépinière comprendra trois grands
poulaillers de type californien d'une capacité de 1000 poules chacun et quatre petits
poulaillers d'une capacité 500 poules chacun. La délégation a aussi constaté I'effectivité de
service critique notamment la réalisation du bureau de poste, de la succursale d'une
institution bancaire (CORIS BANK), d'un cybercafé et du chantier de la future radio de
Bagrépôle.
Sont aussi effectifs sur le site du projet, le Centre d'étuvage du riz de Bagré. Les rizeries
WendKonta et Neb-Nooma quant à elles sont investies dans la production, l'achat, le
décorticage du riz. Le champ de tournesol de Monsieur Bagagnan Mahama, qui s'essaie
avec l'appui de Bagrépôle dans la culture de semences de tournesol avec un rendement de 2
tonnes à l'hectare a aussi attiré1'attention des visiteurs. L'objectif de la culture du tournesol
est de permettre à l'avenir aux huileries de disposer en quantité suffisante de graines de
tournesol.
8
Structure du mémoire
Le chapitre premier du mémoire sera consacré à la présentation des éléments
méthodologiques et conceptuels qui structurent la trame analytique de notre discours. Nous
commencerons donc par définir la problématique, les objectifs et la pertinence sociale et
scientifique de la recherche.
11 s'en suivra l'aspect lié à clarification des concepts, qui consistera à passer en revue
les concepts de développement, de développement agricole, de développement locai, de
développement durable, de projet de développement, d'aménagement du territoire, de pôle
de croissance et de pôle de compétitivité. Dans le chapitre deux, nous présenterons en
premier lieu le Burkina Faso dans son contexte géographique, démographique,
démographique et administratif. Nous aborderons par la suite ses principales
caractéristiques physiques et sa situation socio-économique. Nous mettrons également en
relief les aspects institutionnels et réglementaires relatifs au foncier, aux ressources
hydrauliques, à la lutte contre la pauvreté et à la sécurité alimentaire. Dans le second volet
de cette partie, nous présenterons la région de Bagré en tant que zone d'implantation du
projet. Après la localisation de Bagré, nous passerons à l'examen de son climat, de sa
démographie, de son économie, de ses potentialités et contraintes. Le chapitre trois sera
consacré à l'évaluation de la planification, des impacts et de la portée de Bagrépôle.
CHAPITRE 1
Ér,ÉunNrs vrÉnroDoLoGrQUES ET coNCEPTUELS DE LA
RECHERCHE
Le chapitre premier du mémoire va se déployer en trois temps. Dans un premier
temps nous définirons la problématique, les objectifs, la pertinence sociale et scientifique
de ia recherche. Dans un deuxième temps, nous présenterons la méthodologie de la
recherche. Le troisième temps sera consacré à la définition des concepts.
1.1. Problématique, objectifs, pertinence sociale et pertinence scientifique de la
recherche
1. 1. 1 La problématique de recherche
L'articulation de notre sujet requiert un passage en revue des connaissances sur ies
approches de développement ayant eu cours au Burkina Faso bien avant l'émergence de
l'approche pôle de croissance, devenu aujourd'hui fleuron de la stratégie gouvernementale
en matière de développement agricole. Opération à la suite de laquelle nous aborderons la
question des pôles de croissance et questionnerons sa iégitimité par rapport à son insertion
au contexte du Burkina Faso en gén&al et de Bagré en particulier.
Abordons à présent les approches antérieures à l'approche pôle de croissance. 11 va
s'agir de I'approche projet, 1'approche développement rural intégté, l'approche
participative et l'approche gestion des terroirs. Précisons que ces approches de
développement appliquées au Burkina Faso, ne sont pas l'apanage exclusif de ce pays. Ce
sont des approches pensées pour r'épondre aux conjonctures socio-économiques d'un vaste
espace sous régional : les pays sahéliens de l'Afrique sub-saharienne.
11
L'approche projet repose sur des modes de fonctionnement spécifiques mettant
davantage l'accent sur les objectifs des projets en vue d'en garantir l'atteinte à l'aide des
moyens mis à sa disposition. Dans une perspective de management sffatégique, manager
par projet c'est manager les changements et les ruptures de i'organisation; c'est se donner
les moyens d'évoluer et la chance de réussir le changement; c'est une recherche de
performance optimale; c'est enfin un processus qui fait appel à des savoir-faire de tous
genres, notamment techniques, organisationnels, de management, de relations
interpersonnelles. Manager par projet suppose une impiication de tous les acteurs.
Dans le domaine du développement international, selon YODA (2004),l'approche
projet est une approche qui met l'accent sur des actions ciblées, localisées avec des résultats
quantifiables tant sur le plan de la viabilité financière qu'économique, ainsi qu'une
échéance tout en évitant le contrôle exclusif par les services de I'administration. Dans le
contexte du Burkina Faso, I'approche projet a été appréhendée comme : << une intervention
spécifique de l'État sur la paysannerie, permettant d'atteindre des objectifs déterminés, dans
un espace et dans un temps limité, grâce à des moyens importants mais bien définis >
(MARA, 1995). De l'approche projet, on adopta l'approche développent rural intégré
(DRI).
L'approche développement rural intégré s'est développée dans les années 1972-1913
au moment où les pays du Sahel étaient en proie à une terrible séchelesse (Belloncle, 1983).
L'absolue nécessité de faire participer la population à toute opération de développement a
pris sens alors que les processus antérieurs reposaient sur des approches sectorielles peu
inclusives. Autrefois, l'État burkinabé choisissait d'intervenir dans tel ou tel secteur de
l'économie rurale sans réelle intégration de toutes les structures de cette économie. Le
développement rural intégré quant à lui met I'accent sur l'argumentaire défendu par
Maldague (2006) selon lequel << I'homme se situe au centre du développement dont il doit
être à la fois le concepteur, I'agent et le bénéficiaire. Il s'agit là d'une option délibérée,
fondée sur une vision éthique de 1a place qu'occupe l'être humain dans le développement >>.
12
Cette approche visait une transformation profonde des structures de développement
rural. Les projets entrepris selon cette approche dans le contexte du Burkina Faso étaient
spécifiquement dirigés vers des hausses de production et l'amélioration des conditions de
vie des petits agriculteurs traditionnels à travers des politiques et organismes
multisectoriels. Les partenaires des projets DRI étaient souvent des gouvernements
régionaux et nationaux.
L,approche développement mral intégré a Tait par la suite place à l'approche
participative. Cette approche rurale intégrée est une démarche qui implique une gestion
concertée des ressources naturelles du milieu. Elle vise I'amélioration des conditions de vie
des populations tout en assurant le développement des ressources forestières et leur
exploitation/gestion sur une base durable. L'enjeu de I'approche participative est donc
fondamental en ce sens qu'elle contribue dans un contexte de désengagement de I'Etat et
de crise économique et financière à aider les populations, à lutter contre la fatalité et à
mettre tous les moyens en ceuvre pour restaurer etlou conserver le patrimoine naturel, et à
développer leur capital de production pour elles-mêmes et les générations futures. En
d,autres termes, l'approche participative favorise I'enracinement de I'auto-développement
des communautés villageoises de même qu'une prise en charge active de leur propre avenir.
par ailleurs, la mise en æuvre de I'approche participative impose I'apprentissage d'un
mode d'intervention nouveau tant pour les populations, qui ont une vision déformée des
services forestiers (à cause de la répression des agents forestiers), que pour les agents
techniques qui doivent apprendre à être attentifs aux préoccupations des populations plutôt
que de vouloir imposer leur savoir technique (FAO, 1995)'
Étant donné I'incapacité de l'approche participative à juguler les problèmes de
développement agricole, le Burkina Faso à I'image d'autres pays du Sahel s'est approprié
I'approche Gestion des terroirs.
L'approche Gestion des terroirs est apparue dans les années 80 au Sahel,
particulièrement au Burkina Faso, au Maii et au Niger. Elle vise la gestion rationnelle des
T3
ressources naturelles du terroir par ia mise en æuvre d'actions multisectorielles dans une
optique de développement durable (UICN, 2003). La Gestion des terroirs (GT) ou approche
terroir est une approche de développement rural basée sur la participation et laresponsabilisation des communautés rurales pour gérer au mieux les ressources d'un espace
défini, le terroir, dans un cadre de sécurité foncière afin d'assurer leur durabilité et
d' accroître leur valorisation.
Elle associe intimement les actions d'aménagement du terroir, les activités de
productions agro-sylvo-pastorales et la création d'infrastructures socio-économiques dans
la perspective d'un développement durable au niveau local. L'approche Gestion des terroirs
repose sur au moins cinq principes que sont la multisectorialité, la pluridisciplinarité,
I'ascendance et la décentralisation, la concertation et la flexibilité. Elle est multisectorielle
parce qu'elle prend en compte tous les secteurs de la vie économique et sociale des
communautés rurales.
Sa pluridisciplinarité se caractérise par le fait qu'elle s'appuie sur des ressources
humaines pluridiscipiinaires de bon niveau travaillant directement avec les paysans sur le
terrain. Le caractère ascendant et décentralisé de la GT renvoie au fait qu'elle doit créer à
l'échelon local (villageois et inter villageois) une certaine capacité des communautés
rurales à prendre en charge leur propre développement. Une GT concertée a pour but de
limiter les incohérences, la concertation doit être de règle entre les différents acteurs :
paysans, services techniques, administration, ONG, partenaires financiers. Une GT flexible
ne doit être ni dogmatique, ni codifiée. Dans ce sens, les projets doivent être de type ouvert,
à temps multiples (programme) où tout n'est pas arrèté en détail (Enviro-Bf, 2008).
C'est pourquoi une révision de perspective s'est opérée avec l'avènement de
1'approche pôle de croissance. Le discouls gouvernemental à ce sujet est explicite :
L'évaluation des politiques publiques mises en æuvre au Burkina Faso depuis lesindépendances a montré qu'elles n'ont pas permis une exploitation optimale del'ensemble des potentialités de développement. En effet, le pays a expérimentéplusieurs approches de développement parmi lesquelles l'approche projet,
I4
1'approche développement rural intégré, I'approche participative, 1'approche
g"*tion des terroirs. Ces upp.oches ont certes permis d'engranger des acquis, mais
elles comportaient aussi des insuffisances qui ont amené ies autorités à réorienter
les politiques de développement. Dans cette dynamique, le Gouvernement a opté
poui l,upptoche pôle de croissance et de compétitivité. (MEF, 2013)
Mais pourquoi préconiser 1'approche pôle de croissance et pas une autre alors que celle-
ci ne fait plus I'unanimité sur les territoires de son émergence ?
Le point commun entre ies différentes approches précédemment évoquées, avant
i,avènement de l'approche pôle de croissance, est qu'elles n'ont pas tenu leur promesse en
matière de développement. Les raisons avancées pour justifier l'échec de ces projets est à
rechercher dans la faible participation des populations rurales, dans le refus des populations
rurales de collaborer ainsi que dans l'inefficacité des agents de développement. Aussi, ces
approches accordaient-elles une importance primordiale aux experts techniques et aux
chercheurs.L,accent était mis sur I'infrastructure, la formation,les services et provisions,
sans accorder de f importance aux bénéficiaires des programmes (FAO, 2004)'
Si les microprojets de développement ont eu du mal à s'enraciner dans le monde rural
burkinabè à cause du manque d'intérêt des populations dont la culture ne s'accommode pas
toujours avec la cuiture des développeurs, en quoi Bagrépôle peut-il se distinguer
qualitativement des approches précédentes ?
Nous pouvons au moins conjecturer sur le fait que les investissements privés
permettront un accroissement de la productivité avec des gains substantiels pour les
entrepreneurs. Reste à savoir si le projet sera assez structurant pour les populations locales.
Le fait même que le projet soit d'origine gouvernementale et que I'exaltation des
investissements privés d'entreprise étrangères alimentent les discours officiels nous laisse
perplexe sur la capacité du projet à fédérer les énergies locales ? D'ailleurs est-ce le
développement local qui est recherché ? N'est-il pas de bon ton de parler d'un
développement localisé plutôt qu'un développement local ? La recherche permettra
d'étab1fu la distance entre le discours du politique et la réalité du terrain'
15
Soulignons d'emblée que les politiques de développement dans 1es pays sous
développés sont rarement le fruit d'une gestation endogène, mais ie reflet d'institutions
internationales en charge de réguler l'économie africaine et dont la tâche est d'expérimenter
et de vulgariser les concepts fondateurs de l'économie occidentale.
L'affirmation de Huntington cité par Hûlsmann Qffi3:49) sur la nature des rapports
entre le Fond Monétaire International (FMI) et ies pays en développement est révélatrice
d'un certain malaise : << Through the IMF and other international economic institutions, the
West promotes its economic interests and imposes on other nations the economic policies it
thinks appropriate. >> La traduction libre de cet extrait indique le fait qu'à travers le FMI et
d'autres institutions économiques internationales, l'Occident favorise ses intérêts
économiques et impose aux autres nations les politiques économiques qu'il juge
appropriées.
L'approche pôle de croissance est de ce fait une nouvelle panacée dont la Banque
mondiale, en tant qu'institution apportant de I'assistance technique et financière aux
pays en développement, tente d'implémenter au Burkina Faso en particulier et en
général dans d'autres pays économiquement moins avancés. Il est loisible de penser
que la Banque Mondiale exerce une forte influence dans les processus
d'expérimentation des pôles de croissance en Afrique et les gouvernements locaux ne
font qu'assurer la mise en æuvre des programmes :
Les pôles de croissance se positionnent comme une référence pour les paysafricains depuis quelques années .Appuyés par la Banque mondiale, une dizainede pays africains ont été identifiés pour expérimenter différents projets de pôle de
croissance. Entre autres, la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, la Gambie, leMozambique, la RD Congo, Madagascar et le Cameroun (Vercruisse,20131
Cette brève mise au point permet de comprendre comment les politiques publiques
nationales subissent souvent ies influences des organisations supranationales et pose ie
problème de la souveraineté en matière de prise de décision. Il faut comprendre
l'interventionnisme des organismes internationaux dans le fait que l'économie s'est
mondialisée et que les institutions de Bretton woods (Banque Mondiale, Fond Monétaire
t6
International, etc) interviennent pour rétablir les déséquilibre macro-économiques' C'est
dans cette la logique interventionniste que le Fond Monétaire International a imposé les
programmes d'Ajustement Structurel aux pays africains dans les années 80 avec les
fortunes diverses que 1'on connait :
présentés comme des médicaments amers mais efficaces, les programmes
d'ajustement structurel (PAS) ont-ils permis aux économies africaines de
remonter la pente ? t...li1 est facile de démontrer que les politiques d'austérité
préconisées par les institutions de Bretton Woods, notamment le démantèlement
àes entreprises publiques - y compris celles qui jouaient un rôle de service
public, au-delà des aspects marchands - ont contribué à faire progresser
inexorablement la pauvreté et ie chômage un peu partout. Les privatisations,
censées améliorer I'effi,cacité d'un certain nombre de services publics, ont
souvent été une calamité ( Kouamouo 2013)'
La souveraineté des pays pauvres d'Afrique est relative car ces pays obéissent
aux injonctions des organisations financières internationales étant donné que leur
puissance politique, économique, militaire, scientifique ne ieur permet pas d'imposer
leur droit de véto et de décliner des offres désavantageuses. L'approche pôle de
croissance transcende donc le cadre national du Burkina Faso.
Maintenant qu'il est établi que 1'actualité du développement économique dans bon
nombre de pays africains prendra appui sur les pôles de croissance, reste à s'interroger
sur la légitimité de cette approche. Le contexte du Burkina Faso et de Bagré en
particulier servira de repère à notre questionnement.
En effet, les politiques de développement inspirées par la théorie des pôles de
croissance en vogue depuis son impulsion par François Perroux en 1955 ont donné lieu à de
grands aménagements dans les périphéries des sociétés occidentales. Si les bénéfices liés à
une telle approche, notamment les effets d'entrainement, n'ont pas totalement été démentis,
il reste que des effets de stoppage demeurent un des côtés pervers de l'application de cette
théorie.
Les critiques à l'endroit de I'efficacité des pôles de croissance sont diverses, mais
nous retiendrons le cas spécifique du Québec où les critiques ont l'avantage d'être passées
fl
par l'épreuve de la vérification expérimentale. En effet, les études empiriques menées par
Polèse et Scheamur (2003) contestent l'ampleur des effets de diffusion d'un pôle de
croissance. Au-delà d'une certaine distance (plus de 100 km), la diffusion s'estompe.
Montréal étant le pôle de croissance du Québec, seules les régions centrales ont eu le
bénéfice de cette polarisation au détriment des régions périphériques. I1 eut fallu établir
plusieurs pôles de croissance.
L'idée de pôle de croissance n'est pas en elle-même dénuée de sens puisqu'elle a
donné naissance aujourd'hui à plusieurs applications qui s'en inspirent (les pôles de
compétitivité, par exemple). L'influence de cette théorie du développement polarisé est
restée considérable, de sorte que des pays du Sud se l'approprient pour redynamiser
l'aménagement et 1e développement de leur teritoire. À l'image du Plan Nord au Québec
dont la pertinence a été battue en brèche par nombre d'analystes, Bagrépôle au Burkina
Faso mérite d'être questionné,
Le concept pôle de croissance, rappelons-le, a émergé dans une aire géographique et
un contexte socioéconomique particulier : le monde occidental. Le tissu entrepreneurial y
est développé et repose sur une longue tradition de savoir-faire. C'est dire que, dans le
contexte des pays occidentaux, L'État décidait d'accompagner et d'attirer des
investissements dans des régions déjà viables tant sur le plan de I'infrastructure sociale
(capital social, capital humain) qu'économique. A contrario, Bagrépole ne s'appuie pas sur
un tissu entrepreneurial préexistant.
Aussi faut-il souligner qu'habituellement, d'un point de vue historique et au regard
des expériences sécrétées dans les pays économiquement avancés, le concept pôle de
croissance s'applique aux villes. En effet, f idée est que des investissements d'envergure
dans une ville déjà dynamique sur le plan entrepreneudal et où circulent d'importants
capitaux sont susceptibles de transformer cette ville choisie en moteur de croissance avec
comme effet bénéfique la diffusion de la croissance à d'autres régions, voire à l'ensemble
du pays.
18
Sur cet aspect, Bagré n'est pas doté de ressources à même de répondre à ces
exigences car son économie repose essentiellement sur l'agriculture de subsistance de sorte
que 1e choisir comme un pôle de croissance soulève donc des interrogations. Ou du moins
fallait-il choisir une autre dénomination pour caractériser le projet Bagrépôle. La
terminologie plan de développement ne peut-elle pas palaitre plus suggestive?
Si le concept de pôle de croissance doit être questionné tant dans ses aspects
théoriques que pratiques, il nous semble opportun de porter un regard critique sur
l'opérationnalisation du projet en lui-même. Pour ce faire nous comptons bien connaitre les
caractéristiques géographiques et socio-économiques du pays et de la région où s'applique
le projet afin d'être en mes:ure de porter un jugement sur sa pertinence et ses modalité
d'application. Cela permettra de savoir si le contexte du pays ou de la région est un cadre
approprié pour utiliser la stratégie des pôles de croissance
Étant donné que la réussite d'un projet de développement dépend en partie de sa
conception, il nous faudra savoir si la planification de Bagrépôle répond aux standards
d'une planification rigoureuse et actuelle. Il s'agira en particulier de savoir si ia
planification du projet obéit au processus de planification stratégique qui demeure
aujourd'hui une référence en la matière dans les États modernes et démocratiques. Puis
nous discuterons des impacts et de ia portée du projet ainsi que des principes de la
démarche utilisée.
1.1.2 Iæs objectifs de recherche
Notre étude s'articule autour de 4 (quatre) objectifs consistant à : 1) identifier le
contexte socio-économique du Burkina Faso et de Bagré en tant que lieux d'insertion de
Bagrépôle :l'importance de cet objectif est qu'il permet de mettre en évidence le contexte
dans lequel s'appiique le programme afin de bien en établir 1a portée et éventuellement les
difficultés de mise en æuvre; 2) questionner la démarche de planification du projet
I9
Bagrépôle en vue d'évaluer la cohérence et la rigueur de sa conception; 3) identifier les
impacts du projet dans son territoire d'application; 4)juger d'une part des chances de
succès de Bagrépôle par rapport au contexte géographique, socioéconomique et
démographique du Burkina Faso, et d'autre part en soumettant le projet à l'épreuve des
théories fondatrices des sciences résionales.
I.I.3 La pertinence sociale et scientifique de recherche
Évoquer la pertinence sociale et la pertinence scientifique de notre recherche renvoie
à la mise en lumière de l'ensemble des justifications à même de rendre intelligible notre
recherche tant sur le plan social que scientifique. Pour cs qui a trait à la pertinence sociale
de l'étude, il s'agira d'examiner les liens possibles entre le développement du projet et le
changement social qu'il est susceptible d'opérer.
Quant à la pertinence scientifique, elle consistera à rechercher les interrelations entre
les recherches antérieures et notre recherche actuelle afin de voir dans quelle mesure cette
interrelation nous permettra appréhender \a réalité dans sa totalité.
La pertinence sociale de la recherche
Discuter la pertinence sociale d'une recherche sur le pôle de croissance de Bagré c'est
questionner 1'ensemble des conjonctures socio-économiques qui font que Bagrépô1e est un
outil de développement économique et social. Une mise en relation enffe une agriculture de
subsistance et la pauvreté permet d'entrevoir la possibilité du lien entre le pôle de
croissance agricole et le bénéfice social qu'il est susceptible d'engendrer.
Le Burkina Faso reste l'un des pays les plus pauvres de la planète comme l'attestent
les différents rapports du PNUD de ces dernières années. Depuis les années 1990, le PNUD
a défini une nouvelle manière de mesurer le développement en faisant la synthèse des
indicateurs d'espérance de vie, de revenu et de niveau d'études, pour aboutir à un indicateur
20
composite du développement humain3.C'est donc sur la base de l'évaluation du niveau de
développement prenant en compte l'Indice de Développement Humain (IDH) que le
Burkina Faso a été classé 183" pays sur 187 pays en 2013 (Rapport PNUD, 2013).
Une évidence est établie : La pauvreté sévit au Burkina Faso avec son lot d'effets
collatéraux tels les pénuries alimentaires qui engendrent de façon récurrente disettes et
famines. Le constat de 1'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
1'Agriculture (FAO) est à ce sujet parlant :
Les données préliminaires fournies dans le cadre du profil de la pauvreté (étude
INSD) montrent que près'de la moitié de la population (45Vo) du pays n'a pas les
moyens de se procurer la ration alimentaire minimum et d'acheter autre chose que
de la nourriture et peut donc être considérée comme vivant en dessous du seuil de
pauvreré (fixé en 1996 à 44 099 FCFA, soit 88 dollars EU par adulte et par an).
(FAO,2002)
En effet, dans les pays en développement, la pauvreté a une emprise prononcée en
zone rurale où la plupart des exploitations agricoles utilisent des pratiques culturales
rudimentaires. Étant donné que, dans ces pays, I'agriculture est d'un apport considérable à
l'économie nationale, et ce, tant au niveau de I'emploi que du PIB (DD, 2010) et
considérant que I'agriculture demeure le premier impératif du développement (Gaigneau,
1969),1'examen du projet permettra d'établir si celui-ci est à mesure de répondre aux
besoins alimentaires de la population burkinabè dans son ensemble. Si les résultats de la
recherche attestent de la capacité du projet à répondre aux besoins alimentaires du Burkina
Faso, on pourra en ce moment saluer le bénéfice sociai du projet et la pertinence sociale du
projet s'en trouvera justifiée.
3 Rapport sur le développement humain 2013,http ://hdr.undp.org/sites/default/files/hdr-20 1 3-french'pdf.
2I
La pertinence scientifique de la recherche
Précisons que notre étude ne vise pas à vérifier une théorie déjà établie.
donc pas de construire un discours visant à produire de la connaissance
compléter ou d'infléchir des recherches antérieures.
n
d
ne s'agira
même de
Il s'agit plutôt d'une recherche appliquée qui utilise les outils et ressources des
sciences sociales. Nous inscrivons notre recherche dans ce qu'on appelle << évaluation >>.
Évaluation comprise au sens de Leca, cité par Jacob (2010 : 283) comme étant < l'activité
de rassemblement, d'analyse et d'interprétation de f information concernant la mise en
æuvre et f impact de mesures visant à agir sur une situation sociale ainsi que la préparation
de mesures nouvelles >>.
En effet, à la demande des bailleurs de fonds, des projets de déveioppement
internationaux de grande envergure sont soumis à des systèmes spécifiques de suivi et
d'évaluation des opérations en cours (Dufumier, 1996 :281). Sans que Bagrépôle ne soit
pour le moment assujetti à de telles évaluations, nous voulons porter un regard critique de
f intellectuel qui s'intéresse à la pertinence d'un projet de développement dont l'enjeu est
national afin de dire < \a vérité aux décideurs >> selon la traduction libre de << speaking truth
to power > (Wildavsky, 1979, cité par Jacob, 2010 : 283).
L'allure de notre discours est de produire une opinion raisonnée, rigoureuse et
intelligible et qui puise sa substance dans 1a démarche classique des sciences sociales et
régionales.
Méthodologie de la recherche
Parmi les outils de collecte des données, nous avons eu recours spécifiquement à la
l'analyse documentaire et à des entrevues.
r.2
22
1.2.1 L'analyse documentaire et les enffevues
Cette analyse documentaire a été conduite en
documentaire et le dépouillement d'archives tel
méthodologique suivante :
deux phases, à savoir la recherche
que le suggère Ia prescriPtion
On peut distinguer [...] deux grands types d'analyse de documents.
La recherche documentaire, dont l'objet est la littérature scientifique relative à
I'objet d'étude, et dont le but est l'exploration de la littérature en vue d'élaborer
une problématique théorique (cadre théorique et hypothèses). Ce type d'analyse
de document préSente un caractère essentiellement exploratoire.
Le dépouillement d'archives, dont l'objet est tout document sélectionné selon une
stratégie bien précis e et traité comme une donnée de la recherche, au même titre
que le discours recueilli par f interview ou les comportements recueillis par
l'observation, et dont le but est de vérifier une hypothèse. Il présente donc un
caractère essentiellement confirmatoire, à terme du moins. (De Keitele, Roegiers
2009 :27-28)
Nous avons effectué une recension des articles et ouvrages théoriques afin d'affiner la
base conceptuelle et théorique de notre recherche ainsi que de fournir un support analytique
dans la phase d'anaiyse du projet proprement dit.
Concernant ies archives, nous avons exploité les rapports et études obtenus dans les
différents ministères gouvernementaux du Burkina.
On peut citer entre autres le Schéma Directeur d'aménagement qui a servi de base
d'analyse à la planification du projet; le décret portant sur la réglementation des marchés
publics et des délégations de service public; des rapports et études en ligne sur le site
officiel de Bagrépôle ainsi que ceux en version papier obtenus dans les bureaux de
Bagrépôte à Ouagadougou (Burkina Faso).
Des articles de la presse locale burkinabé, version papier et en ligne ont aussi été
consultés.
ZJ
Un séjour au Burkina Faso (05 décembre Z0I3-I8 février 2014) nous a permis de
rencontrer trois acteurs qui suivent l'évolution du projet et dont la crédibilité semble au-
dessus de tout soupçon.
L'un est journaliste, ayant eu maille à partir avec ses employeurs de la fonction
publique autour des questions liées à la censure de f information. Ce journaliste est réputé
pour son indépendance d'esprit. Chose pas très bien appréciée dans les médias publics où
on travaille la plupart du temps à édulcorer l'information au nom du politiquement correct.
il a démissionné et a créé sa propre entreprise de presse et se préoccupe de l'analyse de
1'actualité politique et des questions de gouvernance publique.
Le second est membre influent de la société civile. Il a à son actif plusieurs
mobilisations populaires contre la vie chère.
Le troisième est consultant indépendant et a produit des études environnementales sur
Bagrépôle.
Les entrevues étaient structurées autour des thèmes suivants :
- Le processus de construction sociale de Bagrépole.
- Les intérêts enjeu dans le projet : les bénéficiaires.
- Les enjeux du choix de Bagré comme zone d'implantation du projet.
- Les motivations politiques dans le choix de 1'approche pôle de croissance.
Autour de ces thèmes s'articulaient une série de questions qui permettaient de donner de la
consistance aux informations recherchées par rapport au thème auxquelles elles se
rapportent (c.f annexe 2). L'entrevue a duré une heure pour chacune de ces personnes-
ressources. Les réponses étaient enregistrées et transcrites pour les besoins de i'anaiyse. Le
môme questionnaire a été soumis à tous les interviewés.
24
1.2.2 Stratégies d'analyse du projet Bagrépôle
Discuter la planification du projet Bagrépôle commande que nous définissions une
grille d'analyse avec un niveau d'exigence é\evé. Nous avons utilisé comme référentiel le
modèle de la planification stratégique appliqué au tenitoire et nous nous sommes servis de
ses lignes directrices dans la conduite de notre analyse. En effet : < appliquée à
l'aménagement du territoire, la planification stratégique met en relief l'orientation retenue
par les dirigeants après consultation de 1a population. Elle trace la voie à suivre par tous les
pafienaires, selon un plan d'action qu'ils adoptent et les résultats à atteindre > (Massicote et
a1.,1993).
Nous avons donc posé un diagnostic sur
Bagrépôle avec 1' objectif d' évaluer premièrement
à savoir si elle comporte une vision, des objectifs
une approche partici pati ve.
le schéma directeur d'aménagement de
sa planification, notamment en cherchant
clairs et des orientations formulées selon
Dans un second volet, il s'est agit de savoir si ce schéma se déploie autour des
grandes orientations gouvernementales autour desquelles s'organisentl'aménagement et le
développement du territoire. À des fins de mise en relief des stratégies et politiques de
gestion foncière et hydraulique, une lecture éclairée des différents rapports publiés par les
différentes instances gouvernementales s' est avéré nécessaire.
De même, pour statuer sur la capacité structurante du projet, il nous a fallu soumettre
1e contenu du projet à un questionnement critique qui puise sa légitimité des principes du
développement économique local (prend-t-il en compte la participation populaire?); de la
logique d'orientation de certaines pratiques culturales (1e bien-fondé de la culture de
certaines plantes en termes d'avantages comparatifs?); de l'éthique de la gouvernance des
marchés publics (le respect des principes éthiques liés à l'attribution des marchés
d'aménagement?); de considérations écologiques (le bien-fondé de la culture de certaines
plantes en termes de dégradation de 1'écosystème?); des facteurs de réussite d'un projet de
développement (existence de dispositifs qui favorisent la réussite du projet?); des stratégies
25
du développement durable (respect des exigences du développement durable?); des
convenances de la multifonctionnalité de I'agriculture (prise en compte de l'approche
multifonctionnelle de 1'agriculture?); de la pertinence d'implantation d'un pôle de
croissance (mutation possible vers un pôle de compétitivité versus pôle de croissance à
dynamique exogène?).
L'identification des impacts du projet en termes d'externalités positives et négatives a
nécessité une lecture critique des différents rapports d'évaluation d'impacts
environnementaux et sociaux effectués sur Bagrepôle.
En plus des ressources et supports livresques, notre analyse s'est appuyée sur nos
connaissances reposant sur notre vécu de 1a géographie et de la situation socio-économique
du pays.
T.2.3 Les aspects éthiques et les difficultés de la recherche
Nous avons eu à nous entretenir avec des personnes ressources pour lesquelles il
convient de traiter I'information avec tact afin de ne pas heurter les sensibilités, de façon à
respecter les principes éthiques qui régissent toutes perspectives de recherches sociales au
Québec et dont les institutions de formation s'en font l'écho. En effet :
À la bas" même de toute recherche s'inscrit f impératif moral du respect de ladignité humaine. De cette valeur fondatrice découle une série de principeséthiques directeurs qui sont : le respect des personnes vulnérables; le respect de lavie privée et des renseignements personnels; le respect de la justice et du principed' intégration. (FQRSC, 2002)
C'est donc dire que tout au long du processus de traitement de l'information nous
avons travaillé à protéger leur vie privée et éviter les propos désobligeant à leur égard.
26
pour le cas du Plan Nord au Québec, les matériaux permettant de nourrir ia réflexion
critique sont abondants, car d'importants avis critiques tant du milieu intellectuel que de
citoyens attachés à 1a bonne gouvernance publique ont été émis. L'article publié par
l,Institut de Recherche et d'Informations Socio-économique (IRIS) " À qui profite le Plan
Nord >> est une référence en la matière. (IRIS, 2AOZ)
par contre, Bagrépôle au Burkina Faso souffre du mal de l'unanimisme intellectuel
comme l,attestent les articles de ia quasi-totalité des organes de presse qui lui vouent un
culte avec des discours laudatifs.
Aucune experlise ne s'est déployée pour questionner les coûts économiques, sociaux
et environnementaux du projet en vue de faire la lumière sur ses éventuelles faibiesses.
Comment trouver alors des ressources issues de contre expertises à même de nourrir notre
analyse critique? Soulignons que nous n'avons pas 1'expertise technique nous permettant de
questionner certains aspects par nous-mêmes. L'allure de notre propos n'est pas un
jugement d,expert, mais du chercheur outillé de quelques principes des sciences humaines
et régionales et de nos connaissances issues de notre vécu dans le milieu.
21
1al.J La clarilication des concepts de la recherche
Toute science est d'abord vocabulaire, ensemble de concepts clairement définis.
Toute définition doit servir à I'analyse qui en usera. Le sujet de notre recherche puise sa
substance autour de huit (8) concepts, à savoir: le développement, le développement
agricole, le développement local, le développement durable, le projet de développement,
l'aménagement du territoire, le pôle de croissance et le pôle de compétitivité. I s'agit de
donner du sens à ces notions afin de lever toute équivoque. Précisons qu'il ne s'agit pas de
définitions opérationnelles dont s'accommodent les sciences sociales dans leur processus
d'appréhension du réel. L'objet de notre étude ne nécessite pas une telle approche. Nous
pencherons plutôt pour un exercice basique de définition dont le but est de permettre au
lecteur de savoir de quoi nous parlons.
I.3.7 Le concept de développement
Le concept de développement a connu une mutation quant à son contenu sémantique.
Il revêtait par le passé une acception en lien avec la croissance économique. Mais les débats
autour du sens du concept dans les sciences humaines ont permis une prise en compte de
facteurs intangibles du déveioppement dans sa nouvelle définition. Le développement doit
non pas s'émanciper de la croissance économique, mais cette croissance doit être en lien
étroit avec l'amélioration du bien-être collectif et individuel (Rapport de la Commission
Sud, 1990).
Vu sous cet angle, le développement procède d'un processus évolutif et cumulatif
englobant non seulement la croissance économique mais aussi l'intégration de toutes les
dimensions de l'activité humaine (Julien. 1991\.
28
C,est d'ailleurs pourquoi le point de vue de Rist (1996) s'accommode bien de notre
vision étant donné qu'i1 voit le développement comme une totalité multidimensionnelle,
c'est-à-dire que les dimensions économique, sociale et politique s'imbriquent.
Le passage en revue de ces différents discours autour de l'idée du développement
nous permet de définir le développement cornme l'amélioration qualitative des conditions
de vie d'une société donnée caractérisée par une redistribution équitable des ressources
(biens et services) en circulation sur son territoire.
1.3.2 Le concept de développement agricole
Développer l'agriculture suppose que cette agriculture est dans une situation
inadéquate à même de répondre aux besoins de la population qu'elle est censée satisfaire
par les fruits de sa production. C'est pourquoi la définition suivante peut être jugée
pertinente mais générale : < Le développement agricole est un processus générù de
transformation de I'agriculture, dans les différentes régions du monde et à différentes
époques de I'histoire > (Encyclopédie Wikipédia).
Si le développement agricole implique une transformation, il est évident que cette
transformation vise à accroitre les rendements, la productivité ainsi que la qualité de la
production.C'est dire qu'il va falloir développer les techniques et les technologies agricoles
existantes.On peut alors définir à notre guise le développement agricole en le considérant
comme l'ensemble des transformations techniques et technologiques visant I'optimisation
des rendements quantitatifs et qualitatifs de la production agricole.
1.3.3 Le concept de développement local
Né dans un contexte de déclin de l'État Providence, le ,. développement local >> est
appréhendé en fonction des ancrages théoriques et idéologiques des auteurs qui se
l,approprient. Le développement local est appr'éhendé comme une stratégie d'intervention
qui met 1'emphase sur les actions et initiatives qui partent de la base. Portant l'empreinte de
I'endogénéité, c'est un développement qui est géré par les acteurs du milieu concerné
29
(Prévost, 2002). Le développement local est aussi perçu comme une tentative des acteurs
impliqués dans les collectivités locales pour s'adapter aux différents changements liés au
contexte macroéconomique. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre Vachon (1993), cité
par Dextra (2010), lorsqu'il écrit que le développement local est :
(...) une stratégie qui vise, par des mécanismes de partenariats, à créer unenvironnement propice aux initiatives locales afin d'augmenter la capacité des
collectivité en difficulté, à s'adapter aux nouvelles règles du jeu de la croissancemacro-économique ou à trouver d'autres formes de développement qui, par desmodes d'organisation et de productions inédits, intégreront des préoccupationsd'ordre social, culturel et environnemental parmi les considérations purementéconomiques
Si la vision qui fait du développement local un processus communautariste est
plausible, elle gagnerait cependant à être nuancée, car dans bien de cas le développement
local est la résultante d'initiatives individuelles. Bien souvent, quelques promoteurs ou
entrepreneurs agissant en fonction d'objectifs personnels sont à la base du développement
de leur collectivité.
Nous entendrons par développement local le processus par lequel une synergie
d'initiatives individuelles et collectives participe à I'amélioration de la qualité de vie des
résidents d'une communauté.
1.3.4 Le concept de développement durable
Expression répandue dans les années 90, le < développement durable >) ou
< développement soutenable >> a été connu du public pour la première fois en 1987 dans le
rapport de ia commission Brundtland. De l'avis de cette commission, le développement
durable est << un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans
compromettre la capacrté des générations futures à répondre aux leurs. >> (Rapport
Brundtland, 1987)
S'investir dans un processus de développement durable implique que l'on doit se
préoccuper du bien-être de tous les êtres humains, en veillant bien sûr à assurer aux
30
générations futures au moins autant de possibilités que celles que nous avons eu. 11 s'agira
entre autres de travailler à la préservation des ressources naturelles et à une équitable
redistribution des fruits de la croissance
C'est dans cet esprit que tout progrès enraciné dans la conception du développement
durable consiste à trouver des solutions aux problèmes en lien avec les facteurs
économique, social, écologique, éthique, culturel, territorial et de gouvernance (Riffon et
Villeneuve , 2013: 2). I-es trois aspects, à savoir les aspects économique, social et
environnemental appelés << composantes >> du déveioppement durabie (DD), doivent
interagir de façon dynamique lorsque I'on s'inscrit dans une perspective de DD'
Ëcologlque
Figure ! : Lareprésentation du développement durable selon le modèle de Jacob et SadlerSource : Olivier Riffon et Claude Villeneuve, library.queensu.ca/ojs/index.php/PCEEUarticle/download/4838/4785
1.3.5 Le concept de projet de développement
Dans la perspective de Cleland et King (1983), cités par Somé (2009: 15-16), le
projet est perçu comme << un effort complexe pour atteindre un objectif spécifique, devant
respecter un échéancier et un budget >>. La définition assignée au concept de projet de
développement par la Commission Européenne (2001) s'accommode bien de la définition
de Cleland et King (1983) lorsqu'elle affirme : < le projet est une série d'activités avec des
objectifs précis, conçus pour produire des résultats spécifiques dans un délai donné >'
31
Les idées essentielles qui ressortent de l'analyse de ces deux définitions du concept
de projet de développement sont la spécificité de l'objectif à atteindre, des délais à
respecter à travers un échéancier, et un budget à définir.
On retient en règle générale trois dimensions lorsqu'il s'agit de juger de la réussite du
projet : les préoccupations relatives aux livrables du projet, celles relatives au temps requis
pour réaliser le projet et enfin les préoccupations liées aux efforts monétaires à consentir
pour réaliser le projet.
On perçoit souvent tous les projets comme des projets de développement dans la
mesure où ils apportent le changement dans une organisation. On utilise cependant
l'expression < projet de développement >> pour singulariser 1es projets réalisés dans les pays
en développement avec l'assistance technique, financière et humaine des pays
économiquement avancés ou avec l'appui d'organisations multilatérales (Somé,2009).
Nous inspirant de cette vision et pour cadrer avec notro étude, nous entendrons par
projet de développement l'ensemble des opérations réalisées par les organisations
multilatérales, en l'occurrence la Banque mondiale, en partenariat avec les acteurs des pays
du Sud (exemple du Burkina Faso) et visant I'atteinte d'objectifs développementaux et
respectant des impératifs temporels (échéancier) et financiers (budget).
1.3.6 Le concept d'aménagement du territoire
L'aménagement du territoire est une réaIité multiple, ce qui explique I'existence de
nombreuses définitions. Parmi celles-ci, nous avons retenu deux d'entre elles, I'une qui met
davantage l'accent sur l'action et les cadres territoriaux et I'autre sur l'art et la technique
d'agir. La première issue Des mots de Ia géographie (Brunet, Ferras et Thévy, 1998 29-
30) assimile l'aménagement à l'action volontaire et réfléchie d'une collectivité sur son
territoire, soit au niveau local, soit au niveau régional, soit au niveau national, le territoire
étant pour les mêmes auteurs un espace approprié avec sentiment ou conscience de son
appropriation, une notion à la fois juridique, sociale, culturelie et même affective.
)L
La deuxième définition est celle proposée par le Dictionnaire de I'Urbanisme et de
I,Aménagement (Mer\in et Choay, 1996: 35-40) ;1'aménagement du territoire est, dans ce
cas, 1'art ou la technique de mise en ordre, à travers I'espace d'un pays, leS hommes et leurs
activités, les équipements et les moyens de communication qu'ils peuvent utiliser, en
prenant en compte les contraintes natureiles, humaines et économiques, voire stratégiques.
L, aménagement du territoire apparût, dès lors, comme une intervention des hommes sur
leurs espaces avec différents objectifs en lien avec la réduction des disparités, I'apport des
réponses aux dysfonctionnements, 1a lutte contre la dégradation des cadres de vie'
Si les finalités économiques ont longtemps été le fleuron des aménagistes, deux
autres axes majeurs se sont développés : l'axe social où l'organisation vise à procurer une
qualité certaine d'équipements, de services, un cadre de vie valorisant et où les
préoccupations de justice sociale l'emportent sur celles d'efficacité économique et l'axe
écologique, où I'accent est mis sur I'insertion des sociétés et de leurs interventions dans des
milieux naturels, des écosystèmes fragiles. L'aménagement du territoire a ainsi intégré trois
dimensions majeures que sont les dimensions économiques, sociales et environnementales.
Nous considérons alors l'aménagement du territoire comme l'art d'instrumenter, en
accord avec les collectivités territoriales, des techniques à des fins de planification et de
coordination de I'utilisation du sol, de l'organisation du bâti, ainsi que la répartition des
équipements et des activités dans l'espace géogtaphique'
1.3.1 Le concept de pôie de croissance
On doit à François Perroux I'acception classique assignée à la notion de pôle de
croissance, qui dans une note publiée en 1955 a lancé I'idée de pôle de développement
(polèse et Sheamur, 2003: 7). La notion de pôle de croissance réfère à << une activité
motrice qui exerce des effets d'entrainement auprès d'unités subordonnées en engendrant
une croissance déséquilibrée au plan sectoriel et des effet d'agglomération au plan spatial >
(Ramousse, 2009 : 54-55)'
33
Dans le même ordre d'idées (Proulx,2002: 67) soutient que le postulat de la théorie
des pôles de croissance ou de développement renvoie à f idée que la création de foyers dans
le centre principal d'un hinterland ou d'une périphérie en besoin de développement va
améliorer le système économique de tout le territoire grâce aux effets de diffusion.
La conversion de la théorie des pôles de croissance en stratégie de développement
territorial renvoie à l'idée qu'une concentration des investissements sur un territoire jugé
dynamique aura des effets d'entrainement ou de diffusion sur les économies supra locales.
Pour les besoins de I'analyse, nous entendrons par pôle de croissance ou pôle de
développement tout projet d'aménagement ou de développement au sujet duquel l'État et le
secteur privé s'emploient à des investissements d'envergure sur un territoire cible choisi à
l'intérieur du territoire national en raison du dynamisme de son infrastructure sociale et
économique, avec I'idée que les investissements et la croissance qui en découleront auront
des effets structurants au plan local, supra local et national.
1.3.8 Le concept de pôle de compétitivité
Selon Bouinot (2001) la définition donnée par l'État français au concept de pôle de
compétitivité a été inspirée par le rapport BLANC d'avril 2004 à savoir qu':
[...] un pôle de compétitivité se définit comme la combinaison, sur un espacegéographique donné, d'entreprises, de centres de formation et d'unités derecherche publique ou privée, engagés dans une démarche partenariale destinée àdégager des synergies autour de projets communs au caractère innovant. Cepartenariat s'organise autour d'un marché et d'un domaine technologique etscientifique qui lui est attribué et doit rechercher I'atteinte d'une masse critiquepour atteindre une compétitivité mais aussi une visibilité internationale.
Le concept de pôle de compétitivité est une adaptation au contexte français du
concept de cluster propre à l'américain Porter, concept compris au sens de cet auteur
comme << la concentration géographique d'entreprises interdépendantes : fournisseurs de
biens et de services dans des branches industrielles proches; les firmes livrant le produit
final coopèrent avec les universités et leurs concurrentes >> (Porter, 1998).
34
Il faut donc entrevoir le pôle de compétitivité sur un territoire donné comme
I'association d'entreprises, de centres de recherche et d'organismes de formation, engagés
dans une démarche partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager
des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction d'un (ou de)
marché(s) donné(s).
La figure ci-dessous iliustre la configuration d'un pôle de compétivité (pôle
minalogic de Grenoble en France) dans le contexte français. 28 industriels collaborent avec
18 collectivités et organismes à vocation économique, auxquels s'adjoignent 6 structures de
recherche pubiique et de formation.
lndustriels
o
structures derecherche publique &de formation
' ,18
collectivités etorgaaismes à vocationécon0mique
Figure 2:Les 52 acteurs fondateurs du pôle minalogic en FranceSource : Pecqueur,2007
CHAPITRE 2
pÉsnnrnrroN DU BURKTNA FASo ET DU nÉpEnrrMENT nB slcnÉ
Afin de se faire une idée sur le pôle de croissance de Bagré à des fins d'interprétation
de ses éventuels performances ou faiblesses, il nous apparaît nécessaire de décrire le
contexte d'insertion de ce projet. C'est dans cet esprit que ce chapitre sera consacré à la
présentation du Burkina Faso et du département de Bagré. La description du Burkina Faso
consistera à passer en revue son profil historique et politique, son contexte géographique,
démographique et administratif, ses principales caractéristiques physiques, sa situation
socio-économique ainsi que les aspects institutionnels et réglementaires relatifs aux
secteurs agricole et hydraulique.
Le département de Bagré quant à lui sera dépeint autour des aspects en lien avec son
climat et sa végétation, son profil démographique et socio-économique, ses potentialités de
de développement et ses contraintes.
2.1 Profil historique et politique du Burkina Faso
Le Burkina Faso, connu autrefois sous l'appellation de Haute-Volta, était identifié
avant qu'il ne tombe sous ie joug colonial français sous le nom de < Pays des Mossi >>, en
référence à ce grand peuple ouest-africain et son empire multiséculaire.
Conduite par le capitaine Binger, une première expédition française atteint le
territoire de I'actuel Burkina Faso en 1888 et rejoint Ouagadougou où elle est reçue par le
MoghoNaaba, empereur des Mosse. Ce dernier accepte en 1896 le protectorat des Français,
tandis que les autres royaumes Mossi font de même et c'est ainsi qu'estcréée l'entité Haut-
Sénégal-Niger regroupant leurs teritoires.
36
Intégré à l'empire colonial français en Afrique à la fin du XD(ème siècle, il prend le
nom de < Colonie du Haut Sénégal-Niger >> en 1904, puis < Colonie de Haute-Volta >> en
1919, en réftérence aux trois fleuves qui le traversent (Volta Noire, Volta Rouge et Volta
Blanche). En septembre 1932,la colonie de la Haute-Volta est suppdmée pat un décret
pour des raisons économiques et financières. Elle est partagée entre les colonies du Niger,
de la Côte-d'Ivoire et du Soudan (actuei Mali). En guise de protestation, le Mogho Naba
Saga II qéa en 1945 l'Union pour la défense des Intérêts de la Haute-Voita (UOIHV) et
entreprit la campagne pour la reconstitution de la colonie de Haute-Volta. Le 4 septembre
1947. Ia colonie de la Haute-Volta est rétablie dans ses limites de 1932. Elle accède à
I'indépendance le 5 août 1960.
L'évolution politique du Burkina Faso depuis son indépendance a été marqtée par des
périodes d'instabilité.En effet, le pays a connu plusieurs régimes politiques d'exception
dont la période la plus importante est celle de 1980 à 1981 où trois pouvoirs d'exception se
sont succédés.
Globalement, on considère actuellement que la situation politique au Burkina est
stable, d'autant plus que les coups d'état qui ont abouti à des changements se sont fait sans
heurts violents, contrairement à d'autres pays voisins. C'est pourquoi les bailleurs
internationaux accordent leur confiance à ce pays en allouant des fonds d'aide
internationale au développement. De plus, le Burkina Faso n'a jamais été en cessation de
paiement.
31
Tableau 1 : Quelques données historiques sur le Burkina Faso
Source : Somé,2009
2.2 Contexte géographique, démographiqueetadministratif
2.2.1. Contextegéographique
Le Burkina Faso est situé en Afrique de l'ouest (entre 9"20' et 15"5' de latitude Nord,
5"30' de longitude Ouest et 2"20' de longitude Est), couvre une superficie de 273 I81 kïfiet est limitrophe de six pays que sont le Niger à l'Est, le Mali au Nord, le Ghana et le Togo
au Sud, le Benin au Sud-Est et la Côte-d'Ivoire au Sud-Ouest (INSD)4.
Date Evénements919 Constitution de la Colonie de la Haute-Volta932 Suporession de la Colonie de la Haute-Volta941 Reconstitution de la Haute-Volta960 lndéoendance de la Haute-Volta
t960-1966 Première réoublioue: Président Maurice Yaméoso.1966-1910 Soulèvement populaire, Gouvernement militaire, Chef de l'Etat
Sansoulé Lamizanat97 r-197 4 Deuxième réoublioue Président Sansoulé Lamizanar914- 1916 Gouvernement de renouveau national avec Sangoul é Lamizana
à la tête
1976-1978 Gouvernement de < transition >, gouvernement < d'unionNationale >> avec Sansoulé Lamizana à la tête
1978 -1980 Troisième république. Président Sansoulé Lamizana1980-1982 Arrivée au pouvoir du Comité Militaire de Redressement pour
le Progrès National (CMRPN), chef de l'État le colonel SayeZerbo
1982-1983 Avènement du Conseil du Salut du Peuple (CSP), chef de I'Etatle médecin commandant Jean-Baptiste Ouédraogo
1983-1987 Proclamation du Conseil National de la Révolution (CNR), chef' "!de I'Etat le caoitaine Thomas Sankara
1981- 1991 Avènement du Front Populaire, chef de I'Etat le capitaine BlaiseCompaore
2 juin 1991 IV république, Président Blaise Compaore
" Institut National de la Statistique et du Développernent.
38
)))
Figure 3 : Localisation du Burkina Faso en AfriqueSource : AdaPté de WikiPédia
La démographie
La population du Burkina Faso est estimée à 14 017 262 habitants avec un taux
annuel de croissan ce de 2,47o selon le recensement général de la population et de l'habitat
de 2006. Cette population, selon ies projections, devrait passer à 18,5 millions à l'horizon
2015 : elle est constituée à 51,77o de femmes. La tranche de la population de moins de 15
ans représente 45 7o de la population totale. Sa densité moyenne actuelle est de 51,8
habitants au km2, et sa fraction rurale représente 79,'7Vo, soit plus de 11 millions
d'habitants.
La répartition de la population par groupe d'âges quinquennaux est révélatrice de
f importance de la population des jeunes. En effet, 5J,07o de la population sont des
personnes âgées de moins de 2O ans. L'âge moyen de 2I,8 ans et 1'âge médian de 15,5 ans
caractérisent la jeunesse de la population. Les rappofis de masculinité par groupe d'âges
indiquent qu'avant 15 ans, il y a plus d'hommes que de femmes, tandis qu'au-delà de 15
ans, c'est I'inverse qui s'observe.
La pyramide des âges ci-dessous, représentation graphique de la structure par sexe
selon 1'âge, présente une base large et un rétrécissement progressif vers un sommet effilé.
1 ?,\r./!" j-:t-L--' J Iù.ç^à,^ i \*--
'. \ 1
-*t.-.*i---,.-,;?'; it
39
C'est le signe d'une forte fécondité et d'une mortalité encore élevée, Cette mortalité affecte
plus les hommes que les femmes (INSD, 2006).
Tableau 2: Répartition de la population résidente par groupe d'âges selon le sexe
Groupe d'âgesSexe
Homme Femme Total
0-4 | 230 610 | 206303 2 436 9135-9 r 176 4'73 1 139 237 2 315 710
i0-14 900 103 846 485 1'746 588I f-lv 710 323 764 962 1 4'75 28520-24 530 425 654 953 I 185 37825-29 448 431 560 854 l 009 28530-34 363 408 431 412 794 82035-39 298 236 358 588 656 82440-44 250 143 299 144 549 28745-49 195 016 232'723 42'7 73950-54 166 281 192 529 358 81055-59 t32254 141 309 273 s6360-64 111 1',76 t2'7',786 238 96265-69 80 542 83 067 163 60970-74 63'727 72 555 136 28275-79 37 186 39 927 77 11380-84 21 791 28 s26 5031785+ 18 852 27 438 46290
Total 6 768 739 7 U8s23 140t7 262
Source : INSD, r'ecensement général de la population et de l'habitat, 2006
40
Figure 4 : Pyramide par groupe d'âge de la population résidente du Burkina FasoSource : INSD, Recensement général de la populaton et de I'habitat, 2006
Les zones les plus peuplées du pays sont la province du Kadiogo qui abrite la capitale
Ouagadougou,la province du Houet, le Boulkiemdé, le Kouritenga et I'Oubritenga.
Figure 5 : Localisation des provinces les plus peuplées du Burkina FasoSource : Adapté de WikiPédia
0t:!r5ltê91
41
On constate que la plus petite province, à savoir la province du Kadiogo, située au
centre du pays et illustrée par la couleur bleu foncé, regorge plus de population que ses
quatre (4) concurrentes dont la superficie la surclasse.
La population de la province du Kadiogo (située en zone centrale) était estimée à
1 338 138 habitants lors du recensement de 2006 sur une superficie de 2869 km2 1IIr{SD,
2007), tandis que ses concurrentes indiquaient les tendances suivantes :
La province du Houet, avec une superficie de ll582km2, a une population de
8905ll habitants (INSD, 2006), celle du Boulkiemdé a une superficie de 4269km2 pour
498 008 habitants, quand celle du Kouritenga affiche 250I17 habitants sur une superficie
de 2622yrt. t-a cinquième province la plus peuplée (Province de l'Oubritenga) s'étend sur
un territoire de2778 km2 pour une population de 191 237 habitants,
Cette inégale répartition de la population est en partie due à I'exode des populations
fuyant des périphéries à faible vitalité économique pour se retrouver dans la province du
Kadiogo abritant Ouagadougou, la capitale du pays. Capitale dont la population a été
estimée à I 499 023 habitants composés de 755 519 hommes (50,4Vo) et de
743 444 femmes (49,67o). Le tissu économique y est plus dense et la plupart des services y
sont concentrés. Le processus de décentralisation en cours au Burkina Faso a pour optique
de décentraliser les services publics afin de rendre les régions éloignées plus viables et
attractives.
Nous tenons aussi à préciser que le Burtina Faso ne constitue pas un tout culturel
homogène. Une soixantaine d'ethnies parlant presque autant de langues peuplent ce pays.
Ces différents groupes diffèrent en ce qui concerne leur culture et leur organisation
socioéconomique et politique. Onze (11) grands groupes ethniques sont repartis sur le
territoire burkinabé : les Senoufo, les Bobos, les Lobi, les Dagara, les Marka, les
Gourounsi, les Samo, les Mossi, les Peul, les Gourmantché, les Bissa.
42
Cette diversité cuiturelle est certes une richesse, mais elie comporte des obstacles
quand vient le moment de diffuser l'information sur l'étendue du territoire. Si la langue
française demeure la langue de communication officielle, il n'en demeure pas moins que
beaucoup de stations de radio de proximité ont investi les milieux locaux, diffusant des
programmes dans des langues locales.
2.2.3 L'organisation administrative
Sur le plan administratif, le Burkina Faso compte 13 régions, 45 provinces,
35I départements, 302 communes rurales, 49 communes urbaines et 8 435 villages.
Administrativement, chacune des 13 régions est dirigée par un gouverneur désigné
par le gouvernement pour y représenterl'Etatet y faire appliquer les lois nationales. Il siège
Figure 6:larépartition des grands groupes ethniquesSource: matd.gov.bf
43
aux côtés du conseil régional (élu avec à sa tête un président également élu parmi les
conseillers régionaux),
Les provinces jouent le rôle d'intermédiaire administratif local entre la région et ses
départements, avec à leur tête un Haut-commissaire désigné par le Chef de l'État en accord
avec les gouverneurs de régions. Le département est administrépar un préfet. Étant donné
que la commune n'exerce pas son pouvoir sur I'ensemble du territoire qui lui est dévolu
dans le département, les espaces ruraux restent sous le contrôle de l'État burkinabé, via son
représentant départemental, qui est le préfet.
La commune est la collectivité territoriale de base. L'organe délibérant de la commune est
le conseil municipal. Elle est administrée par un maire assisté par deux adjoints. On
distingue la commune urbaine de la commune rurale. Les communes urbaines sont les
agglomérations qui ont une population résidente d'au moins dix mille habitants ot une
activité économique pouvant générer des ressources propres permettant I'élaboration d'un
budget annuel équilibré en recettes et en dépenses à quinze millions de francs CFA au
moins.
Quant à la ville, l'approche adoptée par le Burkina Faso pour définir les critères d'un centre
urbain est fonctionnelle. Sont urbaines toutes les localités ayant un minimum
d'infrastructures socioéconomiques et administratives (écoles, services administratifs,
réseau de distribution d'eau potable et d'électricité). Le critère de taille est jugé secondaire
au profit des critères de modernisation. L'effectif de population n'est pas pris comme un
critère exclusif d'urbanité, mais il faut toutefois noter qu'une population de moins de
10.000 habitants n'a pas encore été considérée comme centre urbain. Le contenu
conceptuel du milieu urbain est donc relativement flou (Africapolis, 2008 :16).
La commune rurale, elle, est définie comme un regroupement de villages qui ont au
moins 5000 habitants et dont les activités économiques permettent de générer des
ressources budgétaires propres annuelles d'au moins (5000.000) de francs CFA (environ
44
7600 Euros) (Ouédrao go,2007). Le village, quant à lui est une entité rurale administrée par
un délégué administratif assisté d'un conseil de village.
On retiendra que la structure politique du Butkina Faso obéit à un modèle
hiérarchique de type descendant avec un pouvoir central dominant. La décentralisation a du
mal à prendre forme en dépit des discours officiels sur ses vertus. Si les infrastructures
destinées à abriter les élus locaux sont visibles, la délégation du pouvoir par les pouvoirs
centraux tarde à se matérialiser. Une telle configuration du système politique fait que le
projet va s'appliquer de façon autoritaire. L'acceptabilité sociale du projet par les gens du
milieu est relative puisque leur opinion ne peut infléchir les décisions gouvernementales.
Figure 7 : Cafte des régions administratives du Burkina FasoSource : INSD, http://www.insd.bf/n/index.php/burkina/carte-du-burkina-faso/l2le-burkina
tEt la FËclottl dr suil{J[^ tltô
45
2.3 Principales caractéristiques physiques
2.3.I Le climat et son impact sur I'agriculture
Le Burkina Faso se caractérise par I'alternance d'une saison humide et d'une saison
sèche. La moyenne des températures varie selon les saisons entre 2J"C et 30'C au sud et
22"C et 33"C au nord. La saison humide débute de façon progressive entre mai et juin, mais
sa fin intervient de façon brutale entre la fin du mois de septembre et la mi-octobre. La
pluviométrie est caractérisée par de fortes variabilités interannuelles et spatio-temporelles.
Elle présente depuis une quarantaine d'années une tendance à la baisse avec une diminution
des pluies supérieures à 40 mm.
Le Burkina Faso possède un climat tropical de types soudano-sahélien.Du Nord au
Sud, on distingue globalement trois grandes zones climatiques : 1) la zone sahélienne au
Nord avec une pluviométrie inférieure à 600 mm et une amplitude thermique de 11'C;
2)la zone nord-soudanienne, comprise entre 11"30'et 14" latitude Nord, avec une
pluviométrie variant entre 600 et 900 mm et une amplitude thermique de 8"C ; 3) la zone
sud-soudanienne, située au Sud de 11o30'latitude Nord, avec une pluviométrie comprise
entre 900 et 1200 mm et une amplitude thermique de 5oC. Près de 65Vo du pays se trouvent
entre les isohyètes 500 mm et 800 mm. On observe à I'heure actuelle une tendance à
I'aridification du climat au Nord, par une diminution de la période de croissance végétale de
20 à30jours et le déplacement des isohyètes de 100 mm vers le Sud par rapport aux années
60.
La réduction notée dans les volumes de précipitation s'accompagne d'une sensible
élévation des températures. Par ailleurs, les forts taux d'évaporation enregistrés dans le
pays constituent une contrainte majeure à la gestion des ressources en eau, notamment
celles des plans d'eau, généralement peu profonds (3-5 m).
46
uot{gs clfll/ltnu€s tx, 8lrÂt(flÀF so { tafr. 2ado t
bÊd.rl
lrÉra.ff
Figure 8: Carte des zones climatiques du Burkina Faso
Sorr."" : Direction de la Météorologie du Burkina Faso, 1998
Figure 9 : Carte de la pluviométrie moyenne au Burkina Faso
Source :htç ://www.planete-burkina.com/geographie-burkina'php
41
Notons aussi que les changements climatiques auraient des impacts négatifs sur
I'agriculture du Burkina Faso. En effet, en 2006,Ie Conseil National de I'Environnement et
du Développement Durable du Burkina Faso (CONNED) a identifié que les secteurs les
plus vulnérables au changement climatique sont : I'eau,l'agriculture et les forêts (Ana et al,
20II) et que certains effets des changements climatiques sur l'agriculture incluent les
facteurs liés à la dégradation des sols à cause des sécheresses récurrentes, du manque d'eau
et du ruissellement intense en superficie quand il y a des pluies fortes, de la réduction de la
disponibilité d'eau poul l'irrigation et pour le bétail; de la baisse du rendement des cultures
(à cause du manque d'eau et du sol appauvri), ce qui produit une surexploitation des autres
ressources naturelles comme les forestières; de la perte des récoltes à cause des sécheresses;
de la perte des récoltes à cause des inondations et de fortes pluies pendant la saison
pluvieuse; de la diminution des pâturages et des prairies pour le bétail, avec la dégradation
des sols due à I'insuffisance d'eau; de la perte d'animaux lors d'événements extrêmes
comme les sécheresses et les inondations; de la diminution de la production des céréales et
de la perte de récoltes à cause des phénomènes extrêmes qui affectent la sécurité
alimentaire du pays.
2.3.2 La végétation, le relief et I'hydrographie
Le relief et I'hydrographie
Une pénéplaine couvre la plus grande partie du territoire. Elle forme un relief quelque
peu vallonné avec par endroits quelques collines isolées. La partie sud-ouest du pays est
caractérisée par un massif gréseux. Le Ténakourou (747 m) est le point culminant. Le
massif est limité par des falaises très escarpées d'une hauteur d'environ 150 mètres de
haut : Falaise de Banfora, Pics de Sindou, etc. Ces falaises ne sont cependant pas une
entrave aux communications. L'altitude moyenne est de 400 mètres. Le Burkina Faso est
donc un pays plat, avec quelques accidents de tenain localisés.
48
BUSK|NA râSOngstÂu rçY0ReôÊtPltHltlË
tdleb r 1{3100 000
sr t rra
6lf, o'tvorftç
Figure 10 : Le réseau hydrographique du Burkina FasoSource : http://www.blog-city.info/frlparfait.php
Trois cours d'eau principaux traversent le Burkina Fao : le Mouhoun (anciennement
Volta Noire), le Nakambé (Volta Blanche) et le Nazinon (Volta Rouge). Ces cours d'eau ne
servent pas de moyens de communications mais ont I'avantage de permettre I'irrigation des
terres des régions agricoles avoisinantes.
Le Mouhoun (Volta Noire)
Seul cours d'eau permanent avec un bassin versant de 92 000 km2, il prend sa source
sur le versant nord du massif gréseux de la falaise de Banfora, dans une région où les
précipitations dépassent 1 000 mm par an. Il coule d'abord vers le nord-est puis s'infléchit
brusquement vers le sud
Le Nakambé (Volta Blanche)
Il prend sa source à l'est de Ouahigouya, dans une région qui reçoit 500 à 600 mm
d'eau par an. Il draine un bassin versant de 50 000 km2. Il draine toute la partie centrale et
le nord du plateau central et ne coule que pendant la saison des pluies.
49
Le Nazinon(Volta rouge)
Lui, draine la partie sud-ouest du plateau central avec un bassin versant de 20 000km2. Son régime hydrologique est très voisin de celui du Nakambé.
La végétation
La végétation du Burkina Faso est marquée par la prédominance de formations
végétales à couvert peu fermé: steppes, savanes, forêts claires et d'un tissu graminéen
continu ou discontinu. De nombreuses espèces de la flore, tant ligneuses qu'herbacées,
jouent par leurs diverses productions un rôle considérable, aussi bien dans l'économie
nationale que dans la couverture des besoins fondamentaux de la population. Si les espèces
ligneuses occupent une place importante par leur bois à usage divers (feu, construction,
mobilier...), les espèces herbacées concourent de manière notable à I'alimentation humaine;
les feuilles de ces espèces herbacées et leurs graines sont à I'origine de nombreux mets et
composants essentiels des sauces accompagnant les plats de base.
50
0 gr !e ua.|i
égÉtation
0rrlr#rffi **rrr6c
|_1 raæ.t.rto.t érx*rl-.rdrâ t*-lvt-J r.-t rtrr.rt"r.tdrr*Ër æ!:!!g' #*tr
Figure 11 : Carte delavégétation du BurkinaFasoSource : http://www.fructifera.orgÆR/HTMl/Sols veeetation FR'htm
Aux trois zones climatiques du Burkina Faso se rapportent cinq types de végétations.
Les fourrés tigrés, les steppes arborées et arbustives se développent dans le domaine
sahélien. Les savanes arbustives, les savanes boisées et arborées couvrent le domaine
soudanien. Les savanes boisées composées de forêts claires, d'ilôts de forêts denses sèches
et de galeries forestières occupent le domaine soudano-sahélien.
Les savanes boisées, couvrant le Sud, le Sud Ouest et I'Ouest du pays ont plus de valeur
commerciale par le fait qu'en raison de la bonne pluviométrie (entre 901 mm et 1300 mm
de précipitation par an, dans un contexte sahélien) qui s'y déploie, la végétation regorge de
matières ligneuses comestibles, du bois de chauffe et de construction pour l'ensemble du
teritoire national.
51
2.3.4 Les sols et leur fertilité
Sur les 9 millions d'hectares de superficie agricole du Burkina Faso, entre
3,5 millions et 4 millions d'hectares (superficie maximale qui peut l'être en raison des
caractéristiques du milieu physique) sont annuellement emblavés. Ces sols ont en général
une faible profondeur et une capacité de rétention en eau limitée. Pauvres en matières
organiques, ils présentent souvent des encroûtements superficiels qui favorisent le
ruissellement. Ces sols sont exposés à une dégradation accélérée liée à des facteurs aussi
bien naturels (érosion hydrique, érosion éolienne) qu'anthropiques (coupe abusive de bois,
pratiques culturaies inadaptées). Le résultat en est une tendance à la diminution de la
fertilité des sols, à la perte rapide des surfaces cultivables, à l'accroissement du
ruissellement, à I'ensablement des cours d'eau, à la baisse de la nappe phréatique, etc.
52
Figure 12: Carte des sols du Burkina FasoS
Selon les rravaux de Fontès et Guinko (1995) cité par Kagoné (2001) 8 principaux types de
sols sont identifiés au Burkina Faso. Ce sont: les sols femrgineux lessivés, les sols peu
évolués d'érosion, les sols bruns euffophes, les vertisols, les sols ferrallitiques, les sols
halomorphes les sols hydromorphes et les sols minéraux bruts. Les deux premiers types de
sols(les sols ferrugineux lessivés et les sols peu évolués d'érosion) occupent plus des deux
tiers du pays.
Les sols femrgineux lessivés couvrent les plus grandes étendues. Ils sont localisés
essentiellement dans la partie méridionale de la pénéplaine précambrienne, au sud du
13è*"parallèle. Ce sont des sols à texture variable, généralement à tendance sableuse dans
53
les horizons de surface et argileuse dans les horizons plus profonds (> 40 cm). Ils ont un
régime hydrique imparfait, en rapport avec de mauvaises propriétés physiques (porosité et
perméabilité). Ils ont tous une faible capacité d'échange cationique. Ils sont régulièrement
associés à des sols gravillonnaires.
Les sols peu évolués d'érosion sont plutôt situés dans la moitié nord du pays. Iis sont
installés sul des granites et des migmatites dont ils dérivent. Ils présentent un horizon
sableux en surface (15 à 20 cm) et un horizon argileux au-delà. La compacité et
l'imperméabilité de ce second horizon jouent un rôle néfaste pour I'alimentation hydrique
et 1'enracinement.
Les sols bruns eutrophes sont caractérisés par une fraction argileuse importante. La
présence d'argile gonflante leur confère une forte capacité d'échange et un taux de
saturation élevé. Ce sont des sols généralement bien drainés. Leur structure de surface est
variable, de grumeleuse à prismatique. C'est cette propriété qui règle leur fertilité. Ils sont
répartis sur 1'ensemble du territoire, par taches de faible étendue.
Les sols vertisols possèdent la même parcnté texturale que les sols bruns. Ils s'en
distinguent par la structure prismatique de leur horizon B. Ce caractère est lié à leur
position topographique basse. De fait, ce sont des sols beaucoup moins drainés. Ils sont
particulièrement développés dans le sud-est et le centre-ouest.
Les sols ferrallitiques sont localisés dans le sud-ouest du pays où ils occupent une faible
surface. Leur profil s'apparente à celui des sols ferrugineux, mais leurs propriétés
physiques et chimiques les différencient nettement. Ils se distinguent notamment par la
texture argileuse kaolinitique de 1'horizon B qui leur confère une perméabilité satisfaisante.
Ils constituent de bons supports pour les cultures et pour la végétation naturelle dominée
par les savanes arborées.
54
Les sols halomorphes sont installés au nord du pays. De texture variée, ces sols ont une
structure franchement dégradée. Ce sont des sols pauvres qui supportent des steppes
arbustives extrêmement lâches.
Les sols hydromorphes sont installés sur des alluvions fluviatiles ou sur des matériaux
d'altération fins. De faible drainage, ils s'engorgent régulièrement en saison des pluies. Ils
sont surtout développés dans l'ouest du pays.
Les sols minéraux bruts sont des sols de faibie profondeur installés sur la roche-mère ou sur
des horizons cuirassés. Ce sont des sols pauvres. La végétation qu'ils portent est tantôt
clairsemée ou au contraire dense à cause de leur faible aptitude agricole qui les met à l'abri
de toute intervention humaine.
2.4 SrruarroNsoclo-ECoNoMIQUE
L'économie du Burkina Faso est peu diversifiée et repose largement sur l'exploitation
des ressources naturelles. Le secteur primaire (agriculture, élevage et foresterie) y joue un
rôle prepond&ant. Le secteur agricole mobilise près de 86Vo de la population active et
fournit 407o du PIB. Celui-ci procure 6O7o des recettes d'exportation et absorbe en
moyenne 30 à357o du programme d'investissement public.
2.4.1 L'agriculture et la production agricole
Malgré son importance pour l'économie du pays, l'agriculture burkinabé demeure
pour l'essentiel une agriculture de subsistance, dominée par de petites exploitations
famiiiales peu équipées, absorbant très peu d'intrants et encore largement dépendante des
cultures pluviales (88% des superficies cultivées). Elle reste tributaire du caractère aléatoire
de la pluviométrie et donc vulnérable aux aléas du climat.
La production agricole repose essentiellement sur les céréales traditionnelles
(sorgho, mil, maïs, fonio) ainsi que 1es autres cultures vivrières (niébé, voandzou,
55
igname,...) auxquelles s'ajoutent les cuitures de rente dont les principales sont le coton
suivi par I'arachide, le sésame, etc. Quatre types d'exploitations structurent le mode de
production agricole : les petites exploitations familiales, les exploitations familiales de
taille moyenne, les grandes exploitations familiales, les entreprises agricoles.
Les petites exploitations familiales pratiquent une agriculture de subsistance. Elles
sont déshéritées en termes de chaîne de culture attelée et n'utilisent pas d'inffants. Leurs
superficies varient de 3 à 6 ha. Les exploitations familiales de taille moyenne ont une
superficie d'au moins 6 ha et disposent d'une chaîne de culture attelée et utilisent des
intrants pour des cultures de coton et de céréales. Les grandes exploitations familiales ont
des superficies élevées avec un nombre plus élevé d'attelages. Le coton y est cultivé dans
une proportion plus importante que celle des céréales.
Les entreprises agricoles sont de grandes expioitations de plusieurs dizaines, voire
des centaines d'hectares, avec des équipements souvent motorisés pour des productions
maraîchères, fruitières, rizicoles, etc. En termes de catégories de ferme structurant le
paysage agricoie de Bagrépôle, on peut mentionner les fermes rizicoles et piscicoles. Des
exploitations de tournesol sont aussi légion. Parmi les 4 catégories d'exploitation
mentionnées, trois sont représentatives de ces catégories de fermes. Les petites fermes
familiales quant à eiles, à cause de leurs moyens rudimentaires de production se consacrent
à une agriculture exclusivement pluviale de iz et autres céréales locales (riz, sorgho,etc).
La productivité du secteur agricole demeure donc faible et la production est
caractérisée par des fluctuations interannuelles importantes. La productivité varie cependant
non pas en termes de catégorie de ferme mais plutôt en termes de type de climat. Les
fermes agricoles situées dans le sud et le sud ouest du Burkina sont naturellement plus
productives, en raison de l'abondance des précipitations, que celle situées dans les régions
septentrionales là ou règne le climat sahélien sec et aride. L'insécurité alimentaire et
économique, ainsi que la pauvreté au niveau des ménages ruraux est donc la résultante
d'une agriculture très peu performante.
56
2.4.2 L' élevageet les conditions agro-pastorales
Du fait de sa position géographique qui lui confère un climat sahélien et soudanien
sur une grande partie de son territoire, 1e Burkina Faso est un pays aglo-pastoral par
excellence. Les animaux d'élevage Sont constitués de bovins, de caprins, d'ovins, d'asines
et de volailles. L'éIevage au Burkina Faso est basé sur une exploitation intensive des
ressources naturelles (pâturages) avec un recours limité aux sous-produits agricoles et
industriels. si, pendant la saison des pluies, la qualité des pâturages est bonne, celle-ci
baisse vers ia fin de cette saison. Après la récolte, en début de saison sèche les zones
agricoles fournissent des résidus fourragers qui ne suffisent pas à couvrir les besoins
alimentaires des trouPeaux.
Durant les saisons sèches, alors
migrent vers le sud (plus humide) où
dans les parcelles récoltées5.
que 1'eau se fait rare dans le Nord, les éleveurs
les animaux peuvent brouter les résidus de cultures
Les zones qui sont par vocation des zones d'accueil de transhumants en saison sèche
venant du nord et du centre du pays, ainsi que des pays voisins, sont surtout le Sud, le Sud-
est et le Sud-ouest du pays. Cette situation entraîne de nombreux conflits entre agriculteurs
et éieveurs dans ces régions, et même entre éleveurs sédentaires et éleveurs transhumants.
2.4.3 L'artisanat
Ce secteur contribue pour 20Vo au PIB et occupe environ 307o des actifs non
agriculteurs et pour la majorité des femmes. Le Burkina Faso a initié << le Salon
Intemational de I'Artisanat de Ouagadougou (SIAO) >> afin d'impulser et promouvoir la
production artisanale. Au-delà de la promotion, ces manifestions constituent des
opportunités de rencontres et d'échanges des principaux acteurs de ce secteur' Les activités
5 Les parcelles sur lesquelles broutent les animaux sont la propriété d'agriculteurs sâns lien avec les propriétaires
d,animaux. Des conflits récurrents sont enregistrés entre éleveurs et propriétaires de champs à cause des déprédations
occasionnées par les animaux en transhumance. La conduite des animaux sur ces endroits de pâturage se fait en cachette
lorsque les propriétaires teriens sont absents. Interpellé sur la question, le gouvernement du Burtina Faso renvoie aux
calendes g.""qo"'1,idée d,une législation réglementant les zones de pâturage.
57
artisanales sont orientées vers la vannerie, la maroquinerie, la broderie, le tissage, la
teinture, la sculpture sur bois ou en bronze, la peinture et la bijouterie. Un centre d'activités
dénommé < le Village artisanal >> permet aux artisans de conquérir des marchés aussi bien
sous régionaux que régionaux, mais également des marchés européens.
2.4.4 Mines et industries
Le sous-sol du Burkina Faso a des perspectives intéressantes; cependant, il est encore
peu exploité. Comme gisements découverts, on peut citer: le gisement de manganèse de
Tambao, des gisements aurifères avec un très important potentiel, comme celui de Kalsaga
dans le Yatenga (région du Nord), celui de Taparko dans le Centre-Nord, Essakane dans la
région du Sahel, Manafouberi dans la région du Mouhoun et bien d'autres encore. À cela
peuvent être rajoutés le cuivre de Gaoua, le calcaire de Tin-hassan, etc. À I'exception du
cuivre et du calcaire, tous les autres gisements sont en état d'exploitation.
Quant à I'industrie, elle est constituée surtout d'unités de transformation
agroindustrielles : brasseries, pâtes alimentaires, huileries, savonneries, grandes machines,
fabriques d'alcool, unités de transformation mécaniques et métalliques, fabrique des cuirs,
d'abattoirs, etc. Ces unités de transformation sont concentrées à Ouagadougou, la capitale
du pays, et Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso. Le reste du pays est un
désert industriel.
Le Burkina Faso a lancé depuis 1991 un vaste programme de réformes économiques
et sociales avec l'appui de différents pafienaires techniques et financiers. D'importants
progrès ont été accomplis en termes de libéralisation de l'économie et de développement du
secteur privé. Cependant, le pays reste tributaire de l'agriculture, secteur à faible
productivité et dominé par une seule culture d'exportation, à savoir le coton. Le Burkina
Faso a donc intérêt à tout mettre en æuvre pour soutenir la diversification de son économie.
58
2.5 Pluvnnrn : INCIDENCES ET cARACTERISTTQUES
Au regard de certains indicateurs macro-économiques majeurs cofilme le Produit
Intérieur Brut (PIB) par tête d'habitant (652$ en 2013 selon les données de la Banque
mondiale)6, le taux de croissance économique et l'Indice de Développement Humain (0,343
en20!3)1 ,le Burkina Faso se présente comme un pays souffrant d'une pauvreté endémique'
Sur le plan économique, le pays appafiient au groupe des << pays les moins avancés >> selon
ia classification du PNUD et des << pays à faibles revenus >> selon la Banque mondiale. Il
répond également aux critères des << pays à faibie revenu et à déficit vivrier >> du Fond
Alimentaire Mondial (FAO). Il a par aiileurs bénéltcié des mesures d'allégement de la dette
extérieure dans 1e cadre de l'Initiative des << pays pauvles très endettés >.
Les résultats du recensement généraI de la population et de l'habitation de 2006
produits par l'Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD, 2006),
indiquent que 40,I7o des ménages burkinabé sont touchés par la pauvreté. Cette incidence
de la pauvreté est de 52,97o en milieu rural et '7,8Vo en milieu urbain' Globalement, les
ménages urbains demeurent donc moins touchés par la pauvreté. L'incidence et ia gravité
de la pauvreté sont plus fortes pour les femmes que pour les hommes (52Vo contre 48Vo), et
les femmes connaissent une situation plus précaire, avec un accès limité à la terre, à la prise
de décision, aux facteurs de production et au bétail.
Les causes de la pauvreté au Burkina Faso sont de nature structurelle, à savoir que les
principales sources de revenus de la population sont I'agriculture et l'élevage qui subissent
les effets des caprices climatiques; le pays est peu doté en ressources naturelles et est obligé
d'importer à grands coûts des produits pétroliers pour la production de l'électricité et ie
carburant pour les véhicules; les problèmes de santé de ia population sont aggravés par les
maladies endémiques et surtout le renchérissement du coût des produits pharmaceutiques;
l'enclavement du pays renchérit Se$ coûts de transports, d'équipement et
6 pIB par habitant en dollars US. http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GDP.PCAP.CD.
7 Rapport sur le développement humain 2013,http:llhdr.undp.org/sites/default/files/hdr-2013-french.pdf.
59
d'approvisionnement, toutes choses de nature à grever la compétitivité de son économie;
I'infrastructure économique est très peu étoffée, voire inexistante.
2.6 ASPBCTS INSTITUTIONNELS ET REGLEMENTAIRES RELATIFS AU SECTEUR AGRICoLEETHYDRAULIQUES
Aborder l'analyse d'un projet de développement agricole nécessite une mise en
perspective des politiques qui sous-tendent cette activité. La pratique agricoie a besoin de
teffe et d'eau pour son développement; développer l'agriculture a pour finalité de résorber
la pauvreté et lutter contre l'insécurité alimentaire. C'est dans cet esprit que nous avons
choisi de décrypter les questions relatives aux systèmes et politiques foncières, à lastratégie nationale de développement durable de l'agriculture iriguée, à la politique
nationale de I'eau, à la stratégie nationale de sécurité alimentaire et à la politique nationale
de la lutte contre la pauvreté.
Nous procéderons d'abord à l'exposé des différentes politiques et prografirmes en
rapport avec le secteur agricole au Burkina Faso. Puis la conclusion de cette section
consacrera la mise en évidence des effets des programmes et organismes sur Bagrépôle à
savoir si ceux-ci sont des facilitateurs ou des éléments susceptibles de créer des blocages. Ii
sera aussi question de savoir si Bagrépôle est d'un appofi nouveau par rapport à ces
programmes et organismes.
2.6.1 Les systèmes et politiques foncières
2.6.1.1 Régime foncier coutumier
De façon générale, l'accès à la tene se fait traditionnellement soit par héritage
(uniquement pour les hommes, sauf au Sahel8 où la femme peut hériter également), soit par
don, soit par prêt. Ce dernier mode d'accès à 1a terre est suftout appliqué aux allochtones
" Région située dans la partie septentrionale du Burkina Faso.
60
(personnes extérieures à la famille ou au lignage) auxquels on ne peut refuser la terre. En
contrepartie, le bénéficiaire verse ou non une redevance annuelle symbolique. Dans la
société traditionnelle, les femmes et les jeunes ne peuvent pas être propriétaires. Elles
peuvent cependant jouir du droit d'usufruit, avec les risques de retrait à tout moment par les
" anciens " ou le propriétaire terrien.
Mais dans un contexte dominé par l'accroissement du nombre de ruraux, par la
réduction des disponibilités en teffes, les modalités de gestion des terres sont marquées par
une double difficulté : la crise de légitimité des pouvoirs traditionnels et l'inefficacité des
1égislations modernes. En effet, le système traditionnel de gestion des temes a bien
fonctionné dans toutes les sociétés rurales tant que I'autorité coutumière est restée forte, la
religion traditionnelie respectée, I'homogénéité ethnique et culturelle préservée et les
disponibilités en terres importantes. Mais ce système s'est globalement mal adapté aux
mutations sociodémographiques et économiques récentes. Notamment, il a perdu sa
souplesse d'adaptation dans la situation actuelle de plus en plus fréquente de < fin >> des
teffes.
2.6.1.2 Régime foncier moderne
précisons d'entrée de jeu que tout citoyen du Burkina Faso a droit et a directement
accès à la propriété privée du domaine foncier quelle que soit sa classe sociale pourvu qu'i1
puisse avoir 1es ressources pour se I'approprier. Ii est bon cependant de souligner qu'il
n'existe pas de statistiques définissant la portion des terres appartenant à l'État ainsi que la
proportion des individus qui possèdent leur tene'
La loi n"014/96/ADP du 23 mai 1996 portant sur la réorganisation agraire et foncière
er son décret d'application n"97-054/PRESÆM/MEF du 06 février 1997 ainsi que la loi n"
020196/ADP du 10 juillet 1996 portant sur f institution d'une taxe de jouissance pour
l'occupation des terres du domaine foncier national appafienant à l'Etat fixent les modalités
d'accès aux ressources foncières à des fins agricoles. Ainsi, tout détenteur de terre du
foncier national doit se prémunir de l'un des documents suivants : << un aatèté d'affectation;
6I
un arrêté de mise à disposition; un permis d'occuper; un permis urbain d'habiter; un permis
d'exploiter; un bail > (MATD, 1997).
Une nouvelle Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
(PNSFMR) a été adoptée par le décret N' 2007-610/PRES/PM/MAHRH Ie 04 octobre
2007, et un projet de loi a été voté par l'Assemblée Nationale le 17 juin 2009. Cette
nouvelle loi prévoit de répartir le domaine foncier national en trois parties :
- Le Domaine Foncier de I'Etat comprend les aménagements réalisés sur fonds de l'Etat,les
sites et espaces réservés à des projets ou investissements publics, les forêts et réserves
classées, les abords des cours d'eau;
- Le Domaine Foncier des Collectivités Territoriales comprend le reste de l'espace national,
excepté le domaine Foncier de I'Etat;
- Le patrimoine foncier des personnes physiques et morales de droit privé consistera à
créer, à l'intérieur des deux domaines précédents, des espaces de droits pour des individus
etlou groupe de personnes.
2.6.2 La Stratégie Nationale de Développement Durable de l'Agriculture kriguée
(SNDDAI)
En vue de sécuriser et d'intensifier la production agricole, le Gouvernement a engagé
depuis le début des années 70, notamment au lendemain de la grande sécheresse de 7913,la
construction de retenues d'eau à vocation hydro-agricole pour favoriser le développement
de l'agriculture irriguée. Mais au regard des insuffisances récurrentes constatées dans la
mise en valeur et l'expioitation des grands et moyens périmètres, un accent particulier a été
mis sur la petite iruigation à partir de la fin des années 90 et du début des années 2000 avec
la mise en æuvre de projets et programmes pilotes, tels que le Projet de Développement de
l'krigation Privée et des Activités Connexes (DIPAC), le Programme Spécial pour la
Sécurité Alimentaire (PSSA), et le Programme de Développement de la Petite Irrigation
Villageoise (PPry) dont les objectifs globaux sont axés sur la lutte contre la pauvreté, la
sécurité alimentaire" l'accroissement des revenus. la valorisation des ressources naturelles
62
et 1e renforcement des capacités des producteurs. Ce processus a été couronné en 2004 par
l'adoption de 1a Stratégie nationale de développement durable de I'agriculture irriguée
(SNDDAI) dont 1es objectifs sont de : contribuer à la satisfaction des besoins alimentaires
et de la petite industrie locale à partir des produits agricoles, y compris ceux de l'élevage et
de la pêche; contribuer à la lutte contre 1a pauvreté à travers l'accroissement de l'emploi et
des revenus de toutes les couches de la population en développant des technologies
adaptées aux types d'irrigants; promouvoir une utilisation durable des ressources naturelles
en respectant I'environnement. Cela implique i'adoption de pratiques visant la préservation
de ressources rares, notamment l'eau, les sols. La SNDDAI accorde une place importante à
la promotion et au développement de la petite irrigation (individuelle ou communautaire).
Elle est alors perçue cofllme une locomotive pour le développement durable de I'irrigation
et la lutte contre la pauvreté rurale.
2.6.3 La politique nationale de l'eau
Le Gouvernement du Burkina Faso a adopté un document de Politique et stratégie en
matière d'eau, en juillet 1998, soulignant les nouvelles orientations stratégiques devant ie
secteur de I'eau. Désormais, la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) doit régir les
prariques. La loi n"002-2001/AN du 08 février 2OOI portant sur la loi d'orientation relative
à la gestion de I'eau fixe le régime juridique de l'eau au Burkina Faso. Cette loi de
clarification quaiifie l'eau d'éIément faisant partie du patrimoine commun de la nation pour
mieux traduire son appartenance au domaine public. Les compétences des autorités
publiques ont été redéfinies ou modifiées par la loi.
La misê en valeur des ressources en eau revêt deux aspects essentiels : la gestion
intégrée de la ressource en eau et la mobilisation de l'eau pour l'alimentation des
populations et pour I'agriculture. Le Burkina Faso s'est engagé dans un processus de
gestion intégrée des ressources en eau du pays, et actuellement un Plan d'Actions pour la
Gestion Intégrée de 1a Ressource en Eau (PAGIRE) est en cours d'exécution dans le pays.
Le PAGIRE, adopté en mars 2A03, vise 1a restructuration profonde du secteur de I'eau,
63
capital vital pour le Burkina Faso, et est organisé en huit domaines d'actions dont ceux
relatifs : au développement d'un système d'information sur l'eau pour mettre à ladisposition de tous les utilisateurs les données indispensables à la prise de décision; à la
recherche/développement pour comprendre les phénomènes et les comportements et les
infléchir si nécessaire; aux mesures d'urgence pour restaurer les milieux. Le PAGIRE tend
à conseiller les acteurs aux intérêts souvent opposés, dans l'espoir de donner au pays les
moyens de faire face de manière durable aux défis de l'alimentation en eau potable. Les
effets induits de ces conseils visent la résolution des problèmes liés à I'assainissement des
différentes agglomérations urbaines et communautés rurales, par la valorisation
économique de l'eau et le renforcement de la capacité d'autofinancement dans le domaine
de l'eau. Sur le plan institutionnel, l'Etat a créé le Conseil National de l'Eau (CNEau)
composé de représentants de i'administration, du secteur privé et de 1a société civile.
2.6.4 La Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire
Au Burkina Faso, l'alimentation de la population est basée essentiellement sur les
céréales : sorgho, mil, maïs, riz, fonio. Les principaux produits de consommation non
céréaliers sont le niébé, l'igname,... Le bilan céréalier est généralement proche de
l'équilibre (légèrement excédentaire ou déficitaire selon la pluviométrie de I'année), ce qui
donne des taux de couverture des besoins céréaliers variant entre 60 et I20Vo.
Mais cette situation proche de l'équilibre cache d'importantes disparités régionales.
Les zones à risque alimentaire sont des lieux où f insécurité alimentaire se manifeste en
termes d'insuffisance des disponibilités alimentaires, mais également en termes de modicité
des revenus monétaires. Au Burkina Faso, les zones à risque alimentaire sont en majorité
situées dans la moitié nord du pays, mais aussi autour des villes où l'accélération de
l'urbanisation a fondamentalement modifié l'environnement socioéconomique et accentué
le phénomène de pauvreté. Les importations concernent surtout le riz et le b1é et, dans une
moindre mesure, des produits laitiers et le poisson.
64
La sécurité alimentaire se situe au cæur des priorités de développement économique
et social du Burkina, car elle occupe une place de premier plan. C'est pourquoi, le Burkina
Faso a éIaboÉ, au courant de 1998-1999 et adopté en 2000, une Stratégie Nationale de
Sécurité Alimentaire (SNSA). En cohérence avec les principaux axes de réduction de la
pauvreté, la SNSA s'est donnée pour finalité de construire à l'horizon 2015 les conditions
d'une sécurité alimentaire durable et de contribuer structurellement à réduire les inésalités
etla pauvreté au Burkina Faso.
Pour sa mise en ceuvre. la SNSA s'est dotée d'un ensemble de structures et d'outils
dont un Conseil National de Sécurité Alimentaire (CNSA), instance de supervision de la
mise en ceuvre de la SNSA; un Plan National d'Organisation et de Coordination des
Secours d'Urgence et de Réhabilitation (PNOCSUR); un Plan d'Actions Système
d'Information sur la Sécurité Alimentaire (PA-SISA); un Stock National de Sécurité
Alimentaire (SNS).
Bagrépôle s'inscrit dans cette politique de sécurité alimentaire et le projet puise
d'ailleurs sa légitimité par le fait qu'une forte croissance alimentaire pourrait résorber les
pénuries alimentaires que connait le Burkina Faso.
Dans le cadre de la mise en exécution de la Stratégie Nationale de Sécurité
Alimentaire , un atelier a été initié dans le cadre du deuxième objectif stratégique poursuivi
par le programme GWI en Afrique de l'Ouest pour mieux comprendre les dynamiques
locales et appuyer les petits producteurs au niveau des grands aménagements hydro
agricoles existants pour la riziculture, afin d'améliorer durablement leur productivité, leurs
revenus et leur bien-être, par I'apprentissage, le partage de I'information et I'adoption de
bonnes pratiques (innovations). L'amélioration des outils et règles de gouvernance autour
des systèmes d'irrigation existants (structures de gestion de l'eau, organisations paysannes,
systèmes fonciers, financement des exploitations) doit permettre à tous les bénéficiaires
locaux de partager équitablement les ressources en eau et les terres, en évitant les conflits
65
entre usagers, et en exploitant toutes les opportunités d'investissements dans des activités
génératrices de revenus pour assurer leur sécurité alimentaire.
2.6.5 La Politique Nationale de Lutte contre la Pauvreté
Le Burkina Faso a adopté son premier Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
(CSLP) en 2000. Ce CSLP retient comme objectifs prioritaires l'éradication de la pauvreté
extrôme, par la réduction de I'incidence de ia pauvreté de 46,4Vo à 357o à i'horizon 2015;
la mise en æuvre des politiques économiques axées sur la réalisation d'une croissance forte,
durable et mieux répartie; I'accélératron et le renforcement du processus de décentralisation
et ia modernisation de l'administration publique; et l'insertion du Burkina Faso dans le
processus d'intégration régionale et de mondialisation.
Pour atteindre les objectifs globaux, le Gouvernement s'est fixé quatre axes
prioritaires, à savoir I'accélération de la croissance fondée sur 1'équité, la meilleure garantie
de l'accès des pauvres aux services sociaux de base, l'élargissement des opportunités
d'emplois et d'activités génératrices de revenus pour les pauvres et ia promotion de la
bonne gouvernance (Dembélé, 2010).
Tirant leçons des premières années de mise en æuvre du CSLP, le gouvernement a
entamé un processus participatif de révision du CSLP qui a abouti à un deuxième CSLP
adopté en 2004 et qui est caractérisé par sa régionalisation à travers l'élaboration d'un
Cadre Stratégique Régional de Lutte contre la Pauvreté (CSRLP) pour chacune des treize
(13) régions que compte le pays. Les CSRLP tendent à obtenir un meilleur impact des
politiques de développement économique au niveau régional sur l'accroissement du
pouvoir d'achat des populations les plus défavorisées et leur offrir un meilleur cadre
d'épanouissement social. Étant donné que le projet est en démarrage, il est encore hâtif de
vouloir épiloguer sur I'implication concrète du projet sur les populations et les jeunes.
Après l'exposé des différents programmes, faisons à présent une lecture de leur'
apport dans le cadre du projet Bagrépôle. Sans être très exhaustive cette lecture va
66
s'appuyer sur les questions foncières et la sécurité alimentaire, cat à l'heure actuelle de
l'évolution du projet, 1a littérature n'est pas suffisamment fournie sur les volets en lien avec
la politique de I'eau et le développement durable de 1'agriculture irriguée et leur interaction
avec Bagrépôle.
En rapport avec 1es actions de sécurisation foncière à Bagrépôle, il y eu une adoption
de deux décrets en conseil des ministres en séance du 18 décembre 2Ol3.Le premier déctet
a consacré la modification des limites delazone d'utilité publique avec des repères naturels
facilement identifiables par les populations. Le second décret se rapportait à la gestion du
foncier et des ressources naturelles de la dite zone. On a aussi procédé à la délivrance
d,attestation d'attribution provisoire aux exploitants reconnus attributaires en attendant
l'immatriculation pour leur déliver des baux emphytéotiques. Le gouvernement du Burkina
Faso à aussi mis en application des cahiers de charges (KaboÉ, 2014)
Dans le cadre de la mise en exécution des stratégies de sécurité alimentaire et de la
lutte contre La pauvreté, Global Water Initiative (GV/I) et Bagrépôle grâce à I'appui
financier de la Fondation Howard G. Buffett ont initié un atelier dans le cadre du deuxième
objectif stratégique poursuivi par le progranme GWI en Afrique de l'Ouest pour mieux
comprendre les dynamiques locales et appuyer les petits producteurs au niveau des grands
aménagements hydro agricoles existants pour la riziculture, afin d'améliorer durablement
leur productivité, leurs revenus et leur bien-êffe, par l'apprentissage, le partage de
I'information et I'adoption de bonnes pratiques. L'accent a aussi été mis sur l'amélioration
des outils et règ1es de gouvernance autour des systèmes d'irrigation existants (structures de
gestion de l'eau, organisations paysannes, systèmes fonciers, financement des
exploitations) devant permettre à tous les bénéficiaires locaux de partager équitablement les
ressources en eau et les terres, en évitant les conflits entre usagers, et en exploitant toutes
les opportunités d'investissements dans des activités génératrices de revenus pour assurer
leur sécurité alimentaire (UICN, 2Ol3)
67
Au regard de ce qui précède, nous pouvons dire que les différents programmes
institués pour réglementer le secteur agricole et au Burkina Faso ont facilité la mise en
æuvre du projet Bagrepôle en ce sens que le projet n'a fait que s'aligner à des directives
déjà existantes. On ne peut pas dire que Bagrépôle a été d'un apport nouveau à ces
programmes, mais il faut néanmoins reconnaitre que le projet est le lieu d'application de la
panoplie de politiques et programmes qui rendent le développement rural lisible.
2.7 PnÉSnNTITIoN DU DÉPARTEMENT DE BaCnÉ
Avant d'aborder le volet en rapport avec le climat et la végétation, nous allons
d'abord localiser Bagré dans le contexte géographique par rapport au Burkina Faso. Le
département de Bagré est situé à environ 250 km de Ouagadougou (capitale du Burkina
Faso) dans la province du Boulgou suivant I'axe Ouagadougou-Koupéla (route Nationale
4)-Tenkodogo-Bitou (route Nationale 16) et à 30 km et 50 km respectivement des frontières
du Ghana et du Togo.
Figure 13 : Localisation du département de Bagré et de la zone de couverture de BagrépôleSourcel http://www.bagrepole,com/IMG/pdf/opportunites investissernent bagre.pdf
?*2* **{{*tssa** *ag
68
2.1J Le climat et la végétation
Le climat de la zone est soudanien avec une pluviométrie de 800 à 900mm/an,
concentrés entre juin et septembre (hivernage), pluviométrie suffisante pour la production
de plants. La végétation est principalement constituée de formations secondaires de
dégradation: savanes arborées ou arbustives. Les manguiers et les baobabs sont les
principaux arbres.
2.7.2 Profil démographique et socio-économique
Le département de Bagré a une superficie estimée à 430 km2 avec une population
d'environ 30 000 habitants selon ie Recensement général de la population et de l'habitat
(RGPH) de 2006 produit par l'Institut de la Statistique et de la Démographie. Sur le plan
économiqu e, Bagré a connu une évolution liée à la construction du barrage de Bagré, dont
la mise en eau a eu lieu en 1992. Avant la construction de ce banage, l'économie locale
reposait essentiellement sur l'agriculture, regroupant des cultures de subsistance (le mil
principalement, base de I'alimentation locale) et les cultures maraîchères. À ces secteurs
d'activités, il faut ajouter l'élevage, I'activité pastorale essentiellement assumée par les
Peuhle.
La culture maraîchère est l'activité principale en saison sèche, dominée par la
production de I'oignon. Elle est toutefois associée à des cultures telles que Ie tiz,le manioc,
le tabac, la calebasse, la patate douce. Le système de production agricole était identique
avant l'avènement du Barrage de Bagré (avant 1992) sur I'ensemble de la région. Cette
agriculture était constituée par les champs de case et les champs de brousse. Les champs de
case, sur lesquels était pratiquée ia cuiture du sorgho rouge, du maïs, de l'arachide et des
légumes, sont situés autow des habitations.
Les champs de brousse, qui sont éloignés des habitations, étaient destinés à la culture
du mil et du sorgho blanc, parfois en association avec le niébé. Mais depuis l'installation du
gc.oup. social dont l'activité économique principale est l'élevage caractérisée par la transhumance du troupeau. Ce
groupe occupe la paftie septentlionale du Burkina Faso et est reconnu historiquement pour son nomadisme pastoral
69
barrage de Bagré, construit sur le fleuve Nakambé (ex-Volta Blanche) entre 1989 et t992,
dans la province du Boulgou (Bidon, 1995), l'économie locale s'est recomposée et
s'articule autour de la production de I'hydroélectricité, la production hydro-agricole,
l'élevage, l'exploitation des ressources halieutiques et les activités touristiques.
2.7.3 Les potentialités de développement du département Bagré et ses contraintes
2.7.3.1 Les atouts et potentialités du secteur primaire
Le département de Bagré dispose d'importantes potentialités permettant de développer la
production par le biais des aménagements hydro-agricoles avec une maîtrise partielle de
l'eau totale à Bagré. Un impofiant potentiel de bas-fonds aménageables pour une
amélioration de la production agricole pluviale et de contre saison est disponible.
Un important réseau de drainage des eaux pluviales est aussi une donne assez
remarquable à Bagré . Il compte environ 197 7IO ha de cours d'eau et une zone inondable
équivalente à près de I8,57o de la superficie de la région. La faiblesse de la topographie et
la légère inclinaison de ia région favorisent un écoulement à fleur du sol, ce qui explique la
présence de nombreux basfonds. Selon l'étude du plan régional du secteur agro-pastoral, le
réseau hydrographique offre la possibilité d'aménagement de nombreuses retenues d'eau à
vocation agro-pastorale. Aménagées à bon escient, ces sites pourraient faire de la région un
grand producteur de riz pluvial et inigué et de produits du maraîchage.
Concernant les ressources halieutiques, la pêche en tant qu'activité porteuse
économiquement, est un facteur de réduction de la pauvreté dans la région parce que
pratiquée par un grand nombre de résidents. L'existence du plan d'eau de Bagré et sa
relative proximité de Ouagadougou (principal débouché pour le poisson de Bagré)
constituent des atouts pour le développement de la pêche Les nombleuses petites retenues
d'eau offrent un réel potentiel halieutique qui permet aux populations riveraines de
pratiquer la pêche artisanale. La demande croissante en poissons non satisfaite constitue
une opportunité pour I'augmentation de la production.
70
2.7.3,2 Les potentialités du secteur secondaire : l'énergie électrique
En 2003, le nombre d'abonnés de la Societé Nationale Burkinabè (SONABEL) à
Bagré s'élevait à 6 605 et la consommation en mégawatheures était estimée à 8 268.
L'extension progressive du réseau électrique dans les années à venir, décidée par le
Gouvernement à travers sa << Vision 2025 de l'accès aux services énergétiques modernes au
Burkina Faso >>, devrait permettre à Bagré d'améliorer sa situation énergétique, l'électricité
étant un véritable facteur de production de l'activité économique et d'amélioration du cadre
de vie et du développement socioéconomique et culturel.
Figure 14 : Lignes électriques à Bagré (15 km)
Source : service de communication de BagÉpôle,2013
Figure 15: Centrale hydroélectrique sur lefleuve Nakanbé à BagréSource : service de communication de Bagrépôle, 2013
2.7.3.3 Les potentialités du secteur tertiaire
Le tourisme et I'hôtellerie
Bagré dispose de quelques sites touristiques potentiels qui ne demandent qu'à être
valorisés. On peut citer : la tombe de Naba Zoungrana à Komtoèga, la colline Boulgou à
Garango; la rivière Kulbalé, la coiline de Gourgou au Boulgou. L'hôtellerie connaît un
développement réel avec la réalisation de nouvelles infrastructures hôtelières. La position
7I
frontalière avec deux pays voisins (Ghana, Togo) est un atout pour le secteur hôtelier étant
donné que les échanges commerciaux engendrent d'importants flux de personnes.
Le commerce et les télécommunications
Le secteur du commerce est assez bien développé. Ii faut lier cela à la situation
géographique de la région : proximité avec le port de Lomé (Togo) et le Ghana, ce qui est
une oppofiunité certaine pour le développement du commerce. De multiples infrastructures
socio-économiques telles que les marchés régionaux et sous-régionaux, les marchés de
bétarl, les aires d'abattage du bétail sont légion. Le commerce intéresse plusieurs
domaines : produits alimentaires, matériaux de construction, carburant, lubrifiants,
transport, hôtellerie, tissus, colas, etc.
Le commerce se positionne comme la troisième activité économique du département
de Bagré. I1 est favorisé par la situation géographique frontalière du département de Bagré
d'avec les pays que sont le Togo et le Ghana et à l'esprit d'affaires des populations. Le
commerce de bétail est très développé avec les marchés à bétail de Pouytenga, de Bittou et
de Tenkodogo de Ouargayel0. En termes de télécommunications, le département de Bagré
est couvert par tous les opérateurs de téléphonie mobile opérant au Burkina Faso, à savoir
les compagnies : TELMOB, TELECEL ET CELTEL.
Les transports
La position de zone frontalière (avec le Togo et 1e Ghana) du département de Bagré
est un atout considérable dans le domaine des échanges. En 2007, Bagré disposait de
236,17 km de routes bitumées et de 681,19 km de routes en terues. F;n2007,le département
comptabilisait 80 véhicules de transport poids lourd et 2I5 véhicules poids Iéger. Sept (07)
compagnies de transport se partageaient le marché régional.
t0 Pouyt"ngu, Bittou et Tenkodogo sont des villes qui servent cle plate-forme commerciale où les animaux sont
commercialisés vivants. Les animaux d'élevage produits à Bagré y sont acheminés pour y êtle écoulés.
72
Le système financier décentralisé
Dans le domaine de la mobilisation de l'épargne, plusieurs institutions financières
æuvrent à Bagré en vue d'accompagner le développement régional. Ce sont : la Banque
Internationale du Burkina (BB), la BICIA-B, la BACB, la Bank of Africa, les Caisses
populaires et la Caisse des producteurs, des Compagnies d'Assurance comme la FONCIAS,
Ia Générale des Assurances et la SONAR. Il est possible de créer des coopératives
d'épargne et de crédits qui inciteront 1es populations à épargner, afin que cette épargne
puisse être drainée vers le financement de petits projets de développement'
2.7.3.4 Les contraintes au développement
Le secteur de l'élevage
Le secteur de l'élevage souffre de la réduction de I'espace pastorai en raison de la
pression démographique. Les difficultés climatiques inhérentes au Sahel ont pour
conséquence la faiblesse du fourrage naturel en saison sèche ainsi que des probièmes
d'eau pour I'abreuvement des animaux. Sur un plan purement technique, le niveau
d'équipement des éleveurs est quasi inexistant. Le corollaire de tous ces aspects est la faibie
performance des animaux d'élevage à cause de la sous-nutrition, la malnutrition et
I'absence de soins médicaux appropriés. I1 est aussi mentionné que ce secteur souffre des
difficultés de commercialisation des produits de 1'élevage.
Les contraintes démographiques et socioculturelles
La croissance démographique qui augmente I'empiétement des zones résidentieiles
sur les zones agricoles etla dégradation des sols (engendrée par l'érosion et autres facteurs
climatiques) réduisent progressivement les terres cultivables. Si les bonnes terres se
raréfient, cela laisse présager de sérieux conflits pour le contrôle du foncier à l'avenir. Le
mode traditionnel de gestion des terres ne favorise pas une valorisation des exploitations à
cause de la méfiance née du fait que le droit à la propriété ne soit pas encadré par des lois
régaliennes de l'État.
73
Les contraintes d'ordre technique
La pratique des activités agricoles est restée largement traditionnelle. Les cultures sur
brûlis entraînent des défrichements qui exposent les sols à une dégradation rapide et à l'érosion.
Il y a un faible niveau d'équipement des exploitations agricoles. Le bilan des aménagements
hydro-agricoles est mitigé en raison des difficultés de gestion de tous ordres, à savoir le déficit
organisationnel des acteurs, la faible taille des parcelles, la faible intensité culturale, les
calendriers culturaux escamotés, les conflits d'usage sur les ressources en eau, l'insuffisance
des disponibilités hydriques, les difficultés d'adaptation aux opportunités de marché, la faible
organisation de la production, I'insuffisance des équipements agricoles, les difficultés d'accès
aux crédits.les difficultés d'accès aux intrants. f insuffisance de maintenance.
L'élevage est encore extensif et transhumant. Les éleveurs recourent quelques fois aux
traitements vétérinaires, mais le suivi n'est pas régulier. A la fin du mois de mars, la plupart des
puits alimentés par les aquifères en zone de socle sont taris. Pendant la saison sèche,
l'évaporation et f infiltration consomment à elles seules environ 213 de l'eau stockée dans les
retenues de surfacell. Les routes en terre qui représentent l'essentiel du réseau routier régional
enregisffent des dégradations rapides qui exigent un rythme d'entretien soutenu difficile à
supporter financièrement. L'accroissement continu de la population augmente la pression
foncière. L'occupation anarchique des terres par les agriculteurs empiète sur les pâturages
habituels et les pistes de transhumance du bétail et conduit à des conflits. L'organisation de
I'occupation de l'espace est donc nécessaire.
Les contraintes au niveau des besoins sociaux de base
En matière de soins de santé primaire, les principales contraintes sont f insuffisance du
personnel et des structures sanitaires. L'état d'enclavement intra régional reste préoccupant. En
effet, beaucoup de villages à I'intérieur du département de Bagré sont d'accès difficile surtout
en saison hivernale (les routes non asphaltées deviennent boueuses pendant les grandes pluies)
et l'entretien du réseau routier existant n'est pas suffisamment assuré. En matière d'eau et
" La maiolité des terres cultivées sont reliées âux retenues d'eau car la pluviométlie insuffisante atTecte la croissance des
plantes qui soufflent de déficit hydlique lorsque celles-ci sont cultivées loin des points de retenue d'eau.
14
d'assainissement, une part importante de la population continue de souffrir du déficit
d'approvisionnement en eau potable, de I'insuffisance du réseau d'évacuation des eaux
pluviales et usées, puis de l'insalubrité des agglomérations.
CHAPITRE 3
Év.Lr,u,q.TloN DE LA pLANIFICATTON ET DE LA poRTÉn ou pôr,B uncRorssaNcn un slçnÉ
Ce chapitre a pour objectifs d'évaluer dans un premier abord la pertinence
planification du projet et par la suite de discuter sa portée. La structure de I'analyse
matérialiser de la faÇon suivante :
Nous commencerons par présenter brièvement le schéma d'aménagement de
Bagrépôle puis questionnerons sa pertinence au regard des principes de la planification
stratégique territoriale et par rappofi à des principes essentiels qui soutendent les politiques
d'aménagement du territoire au Burkina Faso.
Le second volet de l'analyse consistera à questionner tour à tour la pertinence du
projet Bagrépôle en faisant la lumière sur ses impacts sociaux et environnementaux, à
porter une réflexion sur les éventuels bénéficiaires du projet, à examiner le projet au regard
de 1'approche du développement économique local et de la propriété locale des entreprises,
à questionner certaines pratiques culturales par rapport à leurs survivances coloniales, à
confronter le projet aux exigences de la théories des avantages comparatifs, à soumettre le
projet à 1'épreuve de considérations écologistes.
Aussi le projet Bagrépôle sera-t-il examiné en fonction de l'éthique de la
gouvernance des marchés publics applicables au Burkina Faso, des facteurs de réussite d'un
projet de développement, des stratégies de développement durable, de la
multifonctionnalité de I'agriculture; des chances de succès du projet au regard de la
situation géographique, socioéconomique et démographique du Burkina Faso.
de la
VA SE
16
3.1 PnÉSnNTETIoN DU SCnÉvr,s. DIRECTEUR u'l,uÉNlcrMENT ln BaCnÉpÔr-n
Le Schéma Directeur d'Aménagement de Bagrépôle tient lieu de document de
planification. C'est un document de 24 pages intituié < Schéma directeur d'aménagement,
climat des affaires et mesures incitatives >>. Le document contient cependant deux parties
dont la première est en lien avec l'aménagement proprement dit (page 3 à 13) et le second
est en lien avec le climat des affaires et les mesures incitatives (page 14 ù24).
Le document, du moins la partie qui traite de l'aménagement du projet, est structuré
autour de six (6) points que sont la justification du schéma d'un schémad'aménagement, le
scénario de développement de la Zone d'Utilité Publique de Bagté, les axes de
développement du projet, les plans quinquennaux, ie détail du coût du premier pian
quinquennal et les investissements agricoles prioritaires.
. Justification du schéma directeur d'aménagement
Ce point définit le schéma directeur d'aménagement, le considérant comme un outil
de planification qui doit servir à définir, pour le moyen et long terme, 1es grandes
orientations du développement et servir de cadre de cohérence aux futurs projets et
programmes d' intervention dans la zone concernée
. Scénario de développement delaZone d'Utiiité Publique de Bagré
Le scénario retenu est le tendanciel amélioré car intégrant l'agriculture familiale,
l'agrobusiness local et un agrobusiness exogène dans la zone de concentration, avec
création d'emplois et le renforcement des capacités du paysannat.
1l
Les axes de développement du projet
Dans sa structuration, le schéma directeur d'aménagement de Bagrépôle comporte sept
(7) axes de développement et trois (3) plans quinquennaux pour 1a période 2013-2011 ,2018-
2022 er"2023-202712.
Les sept axes de développement sont les suivants :
1) Une agriculture iriguée avec intensification agricole et production à forte valeur
ajoutée
Le développement de I'irrigation a été retenu comme programme pour atteindre
l'objectif de croissance durable dans le secteur de I'agriculture. L'accent est mis sur les
grands et moyens aménagements qui donnent la priorité à la valorisation des
investissements existants et à la poursuite des nouveaux programmes d'aménagements
basés sur de nouvelles conceptions techniques, de nouvelles règles de gestion de I'eau et de
maintenance des infrastructures d' irrisation.
2) Des cultures pluviales avec amélioration de la fertilité des sols
L'agriculture irriguée ne sera pas la seule à s'enraciner dans les pratiques agricoles à
Bagrépôle. Une restauration par la fertilisation des sols est envisagée afin de développer les
cultures pluviales.
3) Un élevage intensif et semi-intensif
L'élevage intensif et semi-intensif vise à augmenter les rendements de 1a production
animale qui jusque-là était assujettie au mode traditionnel d'élevage basé sur la
transhumance du troupeau. Des techniques modernes seront mises à contribution.
4) Plus d'implication du secteur privé dans la pisciculture
Si 1es exploitations familiales pratiquant une agriculture de subsistance ont été
pendant longtemps légion à Bagré, la nouvelle tendance est la promotion des entreprises
" Si le premier plan quinquennal couvre bien 1'échéancier du projet, une anticipation est faite sur les besoins financiersnécessaires poul couvrir les pians quinquennaux 2018-2022 et 2023-2021 .
18
privées disposant de capitaux et d'un savoir-faire technique pouvant produire en quantité et
en qualité des produits halieutiques.
5) Une production d'hydroélectricité avec extension du réseau électrique
Conçue pour produire annuellemeît 44 Gigawatt/heure (GWH), la production
électrique des dernières années a connu une hausse constante comme le montrent les
chiffres fournis par la Société burkinabé d'électricité (SONABEL) de Bagré:79,21GWH
en2007;74,75 GWH en 2008 et76,89 GWH en 2009 (ICI, rapport final,2010). Une telle
tendance haussière est la résultante d'une extension du réseau électrique pour répondre aux
besoins d'une clientèle en hausse.
6) Une gestion des ressources naturelles accordant une grande importance à la
protection des berges
Cet axe vise à accompagner le projet dans la mise en æuvre de son plan-cadre de
gestion environnementale et sociale destiné à reverdir au moins 400 hectares de berges. Son
objectif est de protéger les berges des cours d'eau, menacées par l'ensablement et l'érosion
hydrique. Les espèces qui ont été mises en tefi:e à l'heure actuelle sont essentiellement des
acacias.
7\ Un éco-tourisme mettant 1'accent sur la vision spoftive et la randonnée
Avec comme support le Centre écotouristique de Bagré,I'objectif de cet axe est de
développer un tourisme écologique. On compte développer un type de tourisme basé sur la
vision sportive : avec ou sans des jumelles d'observation, les touristes pourront contempler
les oiseaux sauvages et auffes animaux qui y ont élu refuge. Aussi la randonnée sportive
sera promue avec des sentiers dégagés pour répondre aux besoins des adeptes de cette
pratique sportive.
79
r Les plans quinquennaux
Le premier plan quinquennai couvre la période allant de l'année 2013 à 1'année 2011.
Son coût est de 116 584 550 000 CFA. Le deuxième plan quinquennal débute en 2018 et
prend fin en 2022 pour un coût estimé à 21 538 350 000 CFA. Le troisième plan
quinquennal prend effet à partir de 2023 et prend fin en 2027 pour un coût de ll 310 850
000 CFA. Le coût total de ces trois plans quinquennaux est de I55 433 750 000 CFA.
Tableau 3 : Période et coûts indicatifs des plans quinquennaux
Période Coûts(CFA)
1"'plan quinquennal 2013 - 201'7 1 i 6 584 550 000
2" plan quinquennal 2018 -2022 21 538 350 000
3" plan quinquennal 2023 -202'1 17 310 850 000
TotalxTaux de change : 1 dollar
EUÆCFA:530
155 433 750 000
S ource : S chéma directeur d' aménagement de B agr ép ôle, 2012.
r Détai1 du coût du premier plan quinquennal
Il s'agit ici d'établir les coûts de réalisation de chaque composante du projet : le
bornage est estimé à 24500 000CFA. Les aménagements hydroélectriques s'élèvent à
91 536100 000 CFA. Les aménagements structurants absorberont la somms de
76 220 000 000 CFA. On affectera 12 844 100 000 CFA aux aménagements externes quand
2 412 000 000 CFA seront consacrés à l'aménagement des bas-fonds. Quant à ce qui atrait
aux infrastructures d'élevage, l'estimation faite pour la réalisation de cette composante du
projet s'élève à2024 000 000 CFA.
On mettra à contribution 209 000 000 CFA pour la réalisation des infrastructures
halieutiques. La mise sur pied des infrastructures de désenclavement nécessitera le montant
80
de 9 810 750 000 CFA et les infrastructures sociales engloutiront la somme de
r0 902 600 000 cFA.
La gestion des ressources naturelles sera rendue possible grâce à des investissements
qui s'élèvenr à hauteur de 17I400 000 CFA. Le refuge de faune quant à lui bénéficiera
d,un montant de 1 54I 150 000 CFA pour sa réalisation. Le coût total des investissements
alloués aux différentes composantes du projet s'élèvent à 116 220 100 000 CFA.
Tableau 4 : Coût du premier plan quinquennal (2013-2017)
Composantes Coûts en FCFA
Bornage 24 500 000
Aménagements hydroagricoles 91 536 100 000
Aménagements structurants 76 220 000 000
Aménasements internes 12 844 100 000
Aménagement bas-fonds 2 4'72000000
Infrastructures d'élevage 2 024000 000
Infrastructures halieutiques 209 000 000
Infrastructures de désenclavement 9 810 750 000
Infrastructures sociales 10 902 600 000
Gestion des ressources naturelles 171 400 000
Refuge faune I 541 750 000
Total coûts de trase
*Taux de change : 1 dollarEUÆCFA:530
116 220 100 000
Source : Schéma directeur d'aménagement de Bagtépôle' 2072
. Investissementsagricolesprioritaires
Les investissements agricoles prioritaires s'articulent autour d'une agriculture
irriguée avec 18 000 hectares supplémentaires; d'un refuge de faune de Woozi destiné à des
aménagements à caractère touristique; d'une forêt à laquelle on consacrera un reboisement
81
des berges et la plantation de bois villageois; la pêche et la pisciculture bénéficieront d'une
concession du centre piscicole; pour le volet élevage, il y aura des aménagements et
équipements pastoraux additionnels.
Si les éléments dont nous venons de faire l'énumération demeurent des projections, il
faut souligner que certaines infrastructures ont été déjà réalisées pour permettre le
déploiement du projet. Au nombre de ces infrastructures on peut citer le barrage
hydroélectrique d'une superficie de 33500 km2 d'un débit de 5500 m3. Il a été initié à des
fins d'irrigation. Ce barrage a constitué I'un des indispensables préalables à la mise en
ceuvre du Projet Pôle de Croissance de Bagré.
On note aussi la réalisation d'un centre éco touristique dont la fonction est de faire la
promotion d'un tourisme durable; d'un institut de formation en développement rural visant
la formation de jeunes aux métiers de l'agriculture et de l'élevage; d'une station de radio
afin de faire circuler I'information dans les langues locales et d'un centre d'affaires en tant
qu'espace de rencontre et d'échanges pour les potentiels investisseurs.
3.2 Évar,uarroN DE LA pLANrFrcATroN
Dans son approche participative, le plan stratégique appliqué au territoire doit au
moins contenir une vision, des orientations, des axes d'intervention, des objectifs, et un
plan d'action. Un regard sur la planification de 1'aménagement de Bagrépôle fait ressortir le
fait qu'il ne s'accommode pas entièrement des principes d'un plan stratégique
d'aménagement et de développement dans son acception actuelle. Le schéma
d'aménagement de Bagrépôle ne comporte pas par exemple une vision stratégique. En
effet :
La vision stratégique est une représentation du futur souhaité, à la fois rationnelleet intuitive, englobante et prospective. Elle implique les forces vives de lacollectivité et elle propose un cadre d'intervention convergent et cohérent, dans1a mise en æuvre d'une ambition commune... L'énoncé de vision stratégique
82
permet de déterminer les orientations multisectorielles et les- actiorrs?^ertinentes
qui serviront de guide aux divers plans élaborés en aval. (MAMROT, 2010)"
Le fait que la vision stratégique soit inexistante semble indiquer qu'une concertation
avec 1es populations locales à des fins de définition des grandes orientations du schéma
directeur d'aménagement a fait défaut. Ce qui pose le problème de la gouvernance
territoriale. En effet, une gouvernance territoriale appropriée doit être inclusive c'est à dire
qu,elle doit permettre la participation des acteurs locaux du secteur public, du privé et de la
société civile (Jean et Bisson, 2008). Agir en faisant fi de la participation publique voudrait
dire que la gouvernance de la société Bagrépôle reste assujettie au modèle traditionnel de la
gouvernance publique descendant (top-down).
Le tableau 4 représente les composantes prévues dans le premier plan (20I3-2Oll)' I
aurait été convenable de mentionner les activités liées à la réaiisation de chaque
composante mentionnée dans le tableau ci-dessus. On aurait pu, pour chaque composante
de développement, établir ies activités à réaiiser, les échéanciers ainsi que les responsables
de la mise en æuvre. Au plan d'action quinquennal, on aurait pu adjoindre des plans
d,actions sectoriels qui définissent clairement les différentes interventions liées à chaque
composante, ainsi que les responsables de la mise en æuvre avec un écbéancier qui rende
lisible le processus.
3.3 Anrrcur,.q,TloN DU SCnÉ\l,s. DrnnCrnuR D'AMÉNAGEMENT AUToUR DES
PSLITIQUE5 PUBLIQUES D,AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE APPLICABLES AU
BumlN.L Fl,so
Si l,aménagement du territoire utiiise des outils des sciences de la gestion dans
l,opérationnalisation de sa planification, il n'en demeure pas moins que le pouvoir politique
intervient dans la définition des grands enjeux d'aménagement. En effet, dans le cadre de
t3 Guid" de la prise de décision en urbanisme : outils de planification http://www.nraml'ot.gouv.clc.calamenagement-du-
territoire/euide-ia-prise-de-decision-en-urbanisme/planificatiol'/visioli-strategique/, consulté le -03-2014.
83
I'harmonisation de I'aménagement des territoires, |'État définit 1es grandes lignes autour
desquelles doivent s'articuler les schémas d'aménagement. Dans le contexte du Burkina
Faso, selon la politique nationale d'aménagement du territoire, un schéma d'aménagement
doit au moins se structurer autour de trois grandes orientations : le développement
économique, I'intégration sociaie et la gestion durable du milieu naturel (MED, 2005). Le
schéma directeur d'aménagement de Bagrépôle est-il respectueux de ces principes?
Ce schéma ne se structure pas de façon cohérente autour des trois orientations
édictées par Ia politique nationale d'aménagement du territoire. L'impression qui se dégage
de ce schéma d'aménagement est son manque de cohérence sans grand lien logique avec 1es
politiques publiques auxquelles il doit tirer sa légitimité. Peut-être tire-t-il sa légitimité de
besoins à satisfaire qui ne sont pas couverts par les politiques publiques existantes. Un
dépassement des politiques publiques existantes pourrait être perçu comme une innovation,
mais s'écarter des règles en vigueur édictées par le gouvernement central peut être sujet à
caution.
Sur le plan de sa structuration, on ne perçoit pas une planification stratégique
intelligible qui rend lisible le processus participatif lié à 1'élaboration du projet, notamment
son adoption par une assemblée publique de consultation. Nulle part le schéma ne fait
allusion aux grandes caractéristiques spatiales et socio-économiques du projet. L'analyse
du contexte physique et humain de la zote d'exécution de Bagrépôle est occultée. On peut
en résumé dire que le schéma d'aménagement de Bagrépôle n'est pas suffisamment
documenté.
3.4 ANIT,ySn DES IMPACTS SOCIAUX ET ENVIRoNNEMENTAUX À BAGRÉPÔLE
il s'agira ici de décrire les impacts environnementaux et sociaux potentiels
(susceptibles d'ôtre constatés sur le terrain dans un avenir proche ou lointain), tel que le
suggère les études d'impacts environnementaux et sociaux réalisés à Bagrépôle (PCGES,
84
Z0ll). L'étude des impacts environnementaux et sociaux à Bagrépôle révèle deux aspects :
ies impacts positifs et les impacts négatifs.
3.4.I Impacts environnementaux et sociaux positifs
En termes d'impacts positifs, le développement du projet va permettre
f intensification, le développement de la compétitivité et la diversification des activités
agropastorales. Les techniques et 1es systèmes de production connaitront une amélioration à
cause du lien recherche-vulgarisation. Ce qui aura cornme incidences positives des
pratiques culturales mieux adaptées à la nature des sols, une appropriation des techniques
de reconstitution de la fertilité des sols, la maîtrise de l'érosion éolienne et hydrique,
l,amélioration de la gestion de I'eau dans les périmètres inigués.
De plus, en termes d'effets bénéfiques du projet, on identifie l'amélioration des
revenus et des conditions de commercialisation, une meilieure valorisation de la production
par la transformation, l'éiargissement de la gamme des productions. I1 faut aussi ajouter
qu,en termes de bénéfices projetés on évoque le renforcement des compétences des
différents acteurs intervenant sur les différentes filières (producteurs, commerçants,
transporteurs, opérateurs économiques); I'information et la formation en matière de bonnes
pratiques (qualité, normes sanitaires et environnementales)'
3.4.2 Impacts environnementaux et sociaux négatifs
Selon les conclusions du rapport de l'étude des impacts sociaux et environnementaux
(pCGES, 20lI), ies activités du projet vont avoir des incidences négatives sur ia cadre de
vie des populations, l'habitat, les infrastructures socioéconomiques et les ressources
naturelles. Et ce, en raison des aménagements et infrastructures prévues, mais surlout avec
l'afflux.des populations migrantes dans Ia zone pour bénéficier du projetla. Les facteurs de
risques environnementaux et sociaux majeurs du projet de Bagré sont de plusieurs ordres.
La pollution liée aux activités agricoles à cause de l'utilisation d'engrais et auffes produits
la Un exode de population de zones économiquement fragiles vers Bagré est prévu en raison du supposé boom
agricole.
85
chimiques aura une des répercussions sur la qualité de l'eau du lac et sera une menace pour
les pôcheries.
La pression démographique dans la zone risque d'induire une altération des zones
humides, des berges du lac et des sanctuaires de faune, ainsi qu'une forte demande en
produits ligneux avec comme corollaire la détérioration progressive de l'environnement.
S'agissant de l'habitat, l'accroissement démographique va se traduire par des exigences de
besoins en terres d'habitation, mais aussi de gestion des déchets solides, ménagers et
liquides. Cet afflux se traduira aussi par des besoins en infrastructures scolaires et
sanitaires, en eau potable. Aussi, le renforcement des structures de polices et de
gendarmerie existantes pour garantir la sécurité des biens et des personnes s'avère
indispensable.
L'étude sur les impacts environnementaux et sociaux est révélatrice d'un fait : il y a
certes des aspects positifs à saluer mais les coûts environnementaux et sociaux sont d'une
ampleur considérable (voir tableaux 6 et7 en annexe).
Sans vouloir verser dans un sensationnalisme alarmiste et tout en ayant une relative
satisfaction à l'égard des apports positifs du projet, on peut dire que les perspectives en
matière de dégladation environnementale sont insoutenables. Ce qui est à déplorer n'est pas
tant le laisser-faire du gouvernement burkinabé que le silence ou le manque d'une société
civile mobilisée autour des questions environnementales et écologiques qui intrigue.
Face aux différentes problématiques environnementales (pollution, déchets
plastiques, électroniques, etc.), il est temps que les élites se mobilisent autour de ces
questions liées au développement durable de leur territoire. Il faut donc du mouvement et
de l'action, et ce, dans le strict respect des valeurs démocratiques si l'on veut que le
Burkina Faso survive aux différentes déorédations humaines et naturelles.
86
1( RÉrr,nxroNs suR r,rs gÉNÉF'ICIAIRES DU PRoJET
Qui seront les vrais bénéficiaires du projet Bagrépôte? Si le discours officiel mobilise
l'opinion sur le bien-fondé du projet Bagrépôle au motif qu'il soit un projet structurant avec
en ligne de mire les populations locales et nationales, un regard critique permet de
relativiser ce discours. I1 est possible que des intérêts économiques privés particuliers
prennent l'ascendant sur la finalité première du projet qui est le développement de
I'agricuiture pour nourrir les populations et leur conférer un bien-être avec les emplois et
services qui en découleront.
À défaut de pouvoir utiliser la médiation d'une expertise technique légitimée par une
production de données quantitatives telle que l'a fait I'IRIS pour le projet Pôle Nord au
euébec, nous procéderons à une analyse logique de discours pour en révéler les
contradictions afin d'en déduire une conclusion qui tiendra lieu de conjecture.
Attardons-nous sur deux morceaux de discours: la première production est l'æuvre
d'Issaka Kargougou, coordonnateur du projet Bagrépôle, et le second est à mettre à l'actif
de Kossaomané Anselme Kambiré, journaliste dans un quotidien du Burkina Faso appelé
Sidwaya, reprenant les propos du même coordonnateur lors d'une entrevue.
Discours 1) Issaka Kargougou :
Mettant en relief les bénéficiaires du projet, Issaka Kargougou parle du principal
groupe cible que sont les :
[...] opérateurs et investisseurs privés nationaux et étrangers, producteurs et
leurs organisations petites et moyennes entreprises (PME) d'exploitation et de
transformation agricoles, institutions publiques en charge de la promotion des
exportations et des investissements agricoles et du développement du secteur
privé à Bagré, fournisseurs de services de développement des entreprises.
87
Discours 2) Moussa Kargougou, repris par Kossaomané Anselme Kambiré :
< Les principaux bénéficiaires du projet sont les ménages vivant à I'intérieur etautour de la zone du projet, grâce à l'accroissement des revenus provenant des
activités agricoies des exploitants et des emplois créés par l'agriculture, lesPetites et Moyennes Entreprises et les services connexes >, précise le directeurgénéral de Bagrépôle, Issaka Kargougou >>. Du reste, ajoute Kambiré, < le projetfait une large place aux opérateurs et investisseurs privés, aux producteurs et àleur organisations, aux PME, aux institutions publiques en charge de lapromotion des exportations, des investissements et au développement généraldel'agriculture et du secteur privé >.
Lors du Forum ouest-africain de développement des entreprises, Moussa Kargougou
(coordonnateur du projet Bagrépôle) est explicite sur le fait que l'emphase est mise sur les
<< opérateurs et investisseurs privés nationaux et étrangers >. Nulle allusion n'est faite sur
les bénéficiaires locaux. Les appétits se sont orientés vers les discours destinés à attirer les
investisseurs privés.
Mais lors de son entrevue avec le journaliste Kossaomané Anselme Kambiré, le
même Moussa Kargougou affirme que <<les principaux bénéficiaires du projet sont les
ménages vivant à f intérieur et autour de la zone du projet >> sans faire directement
référence aux investisseurs privés. C'est 1e journaliste qui a rajoutél'idée selon laquelle << le
projet fait une large place aux opérateurs et investisseurs privés [...] aux institutions
publiques en charge de la promotion des exportations >>.
S'il existe bien dans ie cadre du projet Bagrépôle des institutions en charge de la
promotion des exportations et que l'agrobusiness est la vocation essentielle dévolue à
Bagrépôle, le discours politiquement correct consistant à faire croire que les grands
bénéficiaires du projet sont les résidents du milieu ne résiste pas à I'analyse.
L'agrobusiness man qui investit dans la production agricole a pour seule intention d'avoir
du profit. Les exportations vers les pays de la sous-région sont une perspective rentable.
L'idée de développer l'agriculture pour atteindre 1'autosuffisance alimentaire risque d'être
un échec si des politiques publiques ne viennent pas encadrer la commercialisation des
produits cultivés à Bagrépôle, obligeant les producteurs à satisfaire en priorité à la demande
88
locale. Mais 1à encore nous doutons qu'une telle réglementation soit conforme au droit du
commerce.
3.6 ANn,ysn DE BÀGRÉPÔT-E sBT-oN L'APPROCIIE DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOUTQUT
Local ET DE LA PRoPRIÉIÉ r-ocar,E DES ENTREPRISES
Recourir à I'approche du développement économique local et f idéal qu'il véhicuie
nous permettra de poser un diagnostic sur 1es pratiques développementales en cours à
Bagrépôle. Comment appréhender d'embiée le développement économique local ?
Le développement économique local au cours de son évolution s'est articulé autour
de deux perspectives. Traditionnellement, le développement économique était régi par une
approche descendante << du haut vers le bas >> marquée par les investissements massifs dans
les grands cenffes et la grande entreprise. Mais un renouvellement de perspective s'est
opéré, assignant le développement économique à une approche ascendante << du bas vers le
haut >>.
Cela signifie que le développement économique dans sa nouvelie configuration
suggère une prise en charge du développement par les acteurs du milieu et que les
ressources locales disponibles devront être utilisées pour en créer des nouvelles. Aussi, la
prise en compte des particularités de chaque territoire doit-elle guider les logiques
d'intervention (Proulx, 1994 : 48).
Si les différents documents consultés font l'unanimité sur le fait que le secteur privé
doit s'investir et investir à Bagrépôle, nulle part référence n'est faite sur le fait qu'il faille
organiser et stimuler l'entrepreneurship local. Une agriculture de type familial avec des
moyens rudimentaires préexistait avant 1'aménagement de Bagrépôle. Une réorganisation
de ces populations locales vers de nouvelles formes de pratiques cuiturales pouvait faire
émerger une infrastructure entrepreneuriale à vocation agricole.
89
Mais au nom du sacro-saint principe selon lequel la terre appartient à l'État, on a
procédé à des expropriations de terres pour les attribuer à des < entrepreneurs du dehors ols
dont le sentiment d'appartenance au milieu n'est pas prouvé, mais disposant du capital
nécessaire aux investissements. Nous sortons alors de la logique du développement qui
prend en compte les gens du milieu.
Or il semble exister un lien étroit entre le développement d'une collectivité et
I'appropriation des entreprises par les gens du milieu. Une ébauche d'une thèse d'Alan
Greenpan (2007) établissant le lien étroit entre propriété privée et développement est à ce
sujet poignant: << les gens ne feront pas l'effort nécessaire à la croissance s'ils ne
deviennent pas propriétaires. >>
En effet, pour l'auteur, la propriété privée, lorsqu'elle est encadrée par un cadre
législatif porté par l'État, est un facteur essentiel de développement. Paltons du principe
que nul n'est réellement motivé hors de ses intérêts, égoïsme naturel de l'être humain
oblige. L'acquisition de propriétés libère les énergies individuelles et tout propriétaire est
prêt à consentir davantage d'efforts pour constituer le capital nécessaire à la croissance, si
bien sûr la puissance publique protège le droit de propriété de sorte à soustraire tout
propriétaire de la peur d'être exproprié.
Ce principe a de meilleures performances dans les pays démocratiques où la presse
aiguillonne les pouvoirs publics en les interpellant sur la bonne gouvernance de la propriété
privée et des affaires. Le lien entre propriété privée et développement s'est vu justifié en
pratique par le fait que certaines régions rurales de la Chine socialiste ont connu une
croissance du rendement agricole lorsque I'État a accordé le droit de propriété à des
agriculteurs.
Appliqué au domaine des collectivités territoriales, on peut induire que pius la
proportion des entreprises possédée par 1es gens du milieu est grande, plus la collectivité
15 Entendons par < entrepreneurs du dehors > les entrepl'eneurs non issus du rnilieu local qu'est Bagré.
90
qui habite ce milieu sera développée. Nuançons noffe propos, car en certaines circonstances
l'appropriation des entreprises par les natifs du milieu n'est pas toujours favorable au
développement et peut être source d'inertie.
Si l'importance de la propriété locale des entreprises peut s'avérer une condition
nécessaire au déveioppement de ia collectivité qui l'abrite, elle n'est cependant pas une
condition suffisante. Il faut également qu'existe dans ce milieu un potentiel de
développement qui crée des occasions d'affaires profitables pour d'éventuels entrepreneurs.
En effet, il existe des territoires dont la localisation défavorable et 1a faible dotation en
ressources naturelles font qu'en dépit du fait que l'économie locale soit aux mains des
résidents, elle soit faiblement développée. Il n'en demeure pas moins que la présence dans
le milieu local d'entrepreneurs dynamiques est un gage d'essor économique et social apte à
soutenir le développement durable (Jean et Dumais, 2005).
9l
3.7 ANar,vsn on BacnÉpôr,n pl,n r,a MISE EN euEsrloN n'uNE acRrcuLTUREuÉnruùnB DES suRvrvaNcns DU pacrr coLoNIAL
Figure 16 : Un agriculteur dans son champ de tournesolSource : Service de communication de Bagrépôle, 2013
Il faut décoloniser l'agriculture africaine, serait-on tenté de dire, tant cette agriculture
a du mal à s'émanciper des cultures de rente que les colonisateurs avaient introduites et
dont les productions alimentaient les industries des pays du Nord.
l-e pacte colonial voulait que les pays africains ne produisent que des denréesbrutes, des matières premières à envoyer dans le Nord pour l'industrieeuropéenne. L'Afrique elle-même a été empoignée, partagée, dépecée, et on lui a
imposé ce rôle; fournir des matières premières. Ce pacte colonial dure jusqu'àprésent. Si vous preîez la balance commerciale des pays africains vous verrezque 60 à 80 Vo de la valeur des exportations de ces pays sont des matièrespremières. (Ki-Zerbo, 2003 :27)
Hormis les aléas climatiques, les famines et disettes en Afrique trouvent leur
explication dans le fait que les cultures vivrières composées de céréales et tubercules ont
étéreléguées au second rang au profit des produits agricoles à vocation exportatrice.
Plus d'un demi-siècle après leur indépendance, les pays d'Afrique noire ont du mal à
refonder une agriculture dont la fonction première est de nourrir les populations.
92
Dans le contexte du Burkina Faso, on nourrit la fierté patriotique avec le fait que le
pays est un grand producteur africain de coton alors que les déficits céréaliers sont
récurrents. Le projet Bagrépôle ne déroge pas à cette déviance de l'agriculture dans un
contexte de pauvreté : pourquoi avoir introduit la culture du tournesol sur les terres arables
de Bagrépôle au lieu de développer les productions céréalières de grande envergure?
Selon Benjamin Baguian, Directeur Général de la valorisation des résultats de
recherche et de f innovation du Ministère de la Recherche Scientifique et de l'Innovation
du Burkina Faso : < Le projet tournesol vise un accroissement de la disponibilité d'huile
alimentaire au Burkina Faso d'au moins 60 000 tonnes 1116. C'est dire que de vastes
étendues de terres seront allouées à cette culture. En termes de cohérence, l'huile reste un
complément alimentaire qui s'additionne aux mets de base. Or, la production céréalière est
déficitaire, si bien que des gouvernements étrangers et ONG de développement
international sont sollicités pour pallier ces déficits alimentaires. On a l'exemple de la
coopération japonaise au Burkina Faso qui a fait un don en espèces pour résorber ces
déficits alimentaires :
510 millions de yens, soit environ 2 milliards 550 millions de F CFA, tel est lemontant du don alloué au Burkina Faso par le Japon à l'occasion de la signaturedes documents de l'échange de notes, le mardi 26 novembre 2013. Cette somme
est destinée à l'achat de riz dans le cadre de << l'Aide alimentaire KR 2013 >>. Del'avis de l'ambassadeur du << pays du Soleil levant >>, Masato Futaishi, l'objectifde ce don est de contribuer à la résolution des problèmes alimentaires des
populations, à travers notamment la fourniture << d'une importante quantité > de
riz. (Baki,2013)
Si le premier exemple est du ressort d'un gouvernement étranger,l'exemple suivant
porte le sceau d'une ONG internationale, à savoir I'Alliance chrétienne pour la coopération
économique et pour le développement social (ACCEDES) qui a apporté sa contribution en
vendant à tarif social des denrées alimentaires.
16 Wuroteda Ibrahima Sanou et Ousmane Traoré, Développement des cultures de rente : Susciter I'adhésion des paysans
à la culture du tournesol et du kenaf, [en ligne]http://aib.bfTspip.php?article4341. Consulté 1e 13 avril 2014.
93
Après Nouna, Djibasso, Solenzo, Sanaba, Tougan, Toma et Niankoèrèl7 dans I'Ouestdu Burkina Faso, depuis le mois d'avril 2012, où l'Alliance chrétienne pour lacoopération économique et pour le développement social (ACCEDES) a vendu à prixsocial I 000 tonnes de céréales, c'était au tour de Bobo-Dioulasso de bénéficier de ses
largesses, a expliqué le coordonnateur national de I'ACCEDES, Robert Sanou.Raison pour laquelle I'ONG qu'il dirige a engagé un progranime de secours d'urgenceet d'assistance alimentaire en cédant le sac de 100 kg de maïs à 8 000 F CFA, alorsque sur le marché le même sac coûte 19 000 ou 20 000 F CFA. Pour la ville de Sya,ce sont 200 sacs de 100 kg de maïs, soit 20 tonnes, qui ont été dégagés pour ce faire.(Toé,2012)
Il serait de bon ton de penser le développement de la production de produits vivriers
essentiellement céréaliers. Soulignons que le Burkina Faso à I'instar des autres pays
africains est dépendant des pays asiatiques pour son importation de riz. On peut être
stupéfait que les politiques agricoles ne s'accommodent pas avec les besoins réels des
populations. L'arachide, les graines de coton et le karité sont déjà des sources autochtones
d'huiles végétales. Si, comme le dit le dictionnaire encyclopédique Wikipedia, <<Le
tournesol est, avec le colza et I'olivier, I'une des trois sources principales d'huile
alimentaire en Europe >), or peut parier que la production du tournesol est destinée à
I'exportation.
A l'analyse, on appréhende le fait que la décolonisation politique de l'Afrique ne l'a
pas affranchie de la colonisation des institutions financières internationales. Rappelons que
Bagrépôle est financé par la Banque mondiale et, étant donné que seule la rentabilité
économique guide les prestations de service de cette institution, elle intervient dans
I'orientation des politiques agricoles en encourageant les productions des cultures de rentes.
L'exportation de ces produits de rente permettrait le remboursement de leur dettels.
tt Nouna, Djibasso, Solenzo, Sanaba, Tougan, Toma et Niankoèrè sont des villes situées dans I'Ouest dù Burkina Faso.
18 En général, la Banque mondiale accorde des pr'êts aux États avec obligation de remboursement avec des intérêts. Elleconsacre aussi ses fonds sous forme de dons pour acconpagner certains ploiets jugés structurants. Dans le cadre deBagrépôle, il s'agit donc d'un don plutôt qu'un prêt rernboursable.
94
C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l3-Z,erbo (2003: 29) lorsqu'il écrit : << La
Banque mondiale pousse les pays africains à des productions de rente. Pourquoi? Parce que
les productions de rente rapportent des dollars pour rembourser la dette. >>
3.8 Ann ySr DE BAGRÉPÔLE EN RÉFÉRENcE À LA THÉoRIE DES AVaNTAGES
COMPARATIFS
Figure 17 : Vue d'une plantation de bananier à BagrépôleSource : Le Fason.net :htç://www'lefaso.net/spip'php?article52820
La localisation géographique du pôle de croissance de Bagté offre des opportunités
d'affaires, en raison de sa proximité avec un marché local (Ouagadougou) et des marchés
régionaux constitués par I'ensemble des pays que sont le Ghana, le Togo et le Niger.
L,exploitation des fruits et légumes à Bagrépôle a donc pour ambition de satisfaire ces
marchés potentiels. Ce qui nous intrigue, c'est le développement de la culture de la banane
douce. Nous voulons invoquer la loi des avantages comparatifs pour questionner cette
approche. En effet :
Selon 1a loi des avantages comparatifs de Ricardo (1923), chaque territoire doté
de certaines ressources doit enréaIité se spécialiser dans les options de production
qui l'avantagent ou du moins qui le désavantagent moins que d'autres options'
95
Appliqué aux régions du Québec, à titre d'exemple, cela signifie qu'un territoiredonné doit produire du bois d'æuvre plutôt que du bois de chauffe, de l'électricitéplutôt que du charbon, des pommes de terre plutôt que des tomates. (Proulx, 20ll)
Connue pour ses besoins hydriques importants, le bananier pousse dans ies zones
tropicaies humides. C'est pourquoi des pays comme la Côte-d'Ivoire où le Ghana, en ce qui
concerne la région ouest-africaine, sont d'importants producteurs en la matière par le fait
que naturellement le bananier pousse sur ces territoires, même à l'état sauvage. Soulignons
que la Côte-d'Ivoire, à f image de certains territoires et départements d'outre-mer (DOM-
TOM), exporte vers l'Union européenne des bananes de grande qualité.
Il nous parût inapproprié que Bagrépôle s'oriente dans des filières agricoles où en
termes d'avantages comparatifs il sort perdant face à la 1oi de la concurrence s'il doit
compétitionner avec le Ghana ou la Côte-d'Ivoire.
On dira peut-être que la banane produite à Bagré vise à contenter le marché local.
Môme 1à, tout consommateur averti distingue la différence enffe la banane locale et celle
importée des pays ci-dessus mentionnés. Les bananes importées restent les meilieures. N'y
a-t-il pas lieu de se spécialiser dans les secteurs agricoles où le Burkina Faso a plus
d'avantages comparatifs lors des échanges internationaux?
Le haricot, Ie riz,le sésame sont par exemple des produits très prisés localement et la
demande nationale et sous-régionale est acceptable: pourquoi ne pas développer des
politiques à même de promouvoir ces cultures qui non seulement constituent la base
alimentaire du pays mais sont aussi exportables?
3.9 ANa.r,vsn DES pRATreuES cULTURALES À BlcnÉpôLE pAR RÀppoRT À nnscoNSrDÉRATTONS ÉCOlOCrqUnS
Au nombre des griefs que nous faisons à la culture du bananier, des problèmes
écologiques sont à relever. Le bananier au Burkina Faso est une plante exotique très
96
demandeuse en eau. C'est dire que la culture d'une telle plante sur un territoire en prise
avec des problèmes de sécheresse est problématique. Nous n'irons pas jusqu'à considérer le
bananier cofi1me une plante invasive au sens qu'il pourrait coloniser un territoire et détruire
les autres espèces végétales. Des recherches sur f importation des plantes exotiques
permettent de tirer la sonnette d'alarme sur les effets liés à la culture de certaines plantes
exotiques :
Au Bur.kina Faso, les scientifiques ont pu monttet, dans des conditions
expérimentales contrôlées, que le développement d'E.camaldulensis, l'espèce
d'èucalyptus la plus plantée dans 1e monde, en dehors de son aire d'origine,
réduisaif significativement la diversité des communautés de champignons
mycorhiziens indispensables au bon fonctionnement de l'écosystème. Cet effet
négatif a également été mis en évidence dans le sol d'une plantation sénégalaise,
d'Âcacia holosericea où, quelques mois à peine après son introduction, les
caractéristiques microbiennes du sol ont été totalement transformées. (IRD, 2008)
Si des études n'ont pas porté sur la culture du bananier en tant que plante exotique
dans le contexte du Burkina Faso, la seule évidence est que les zones où il pousse sont très
arrosées et les sols gorgés d'eau. Il peut donc paraître contre-productif de transposer la
culture de cette plante vers des sols d'un pays tropical chaud et sec à comme le Burkina
Faso.
Des pays tels l'Île Maurice ont pris conscience du phénomène écologique
d,assèchement des sols et des mesures sont prises visant le déboisement de certaines
plantes exotiques.
L'introduction de plantes exotiques telles l'eucalyptus a causé I'assèchement de
nombreux points d'eau cofilme celle de Fond-La-Digue [...] Un des effets
néfastes de l'introduction de plantes exotiques à Rodrigues : I'assèchement de
nombreux points d'eau. C'est à ce problème que les autorités ont voulu remédier
en choisissant d'abattre des arbres exotiques [...] pour les remplacer par des
arbres endémiques. Ceux-ci sont plus propices à la protection de l'écosystème,
sans compter qu'ils consomment moins d'eau. (L'Express)"
tn [En ligne] http://www.lexpress.mu/article/des-arbres-sacrifies-pour-sauver-des-rivieres L'Express' des
arbres sacrifiés pour sauver des rivières.
9l
Dans une perspective de développement durable, ii serait souhaitable de cultiver des
plantes indigènes qui s'adaptent à l'environnement climatique local sans le fragiliser
davantage.
3.10 AnnlysE DE BacnÉpôr,E sELoN L'Érurqun DE LA GoUvERNANCE DES MARCHÉs
PUBLICS
Les marchés publics au Burkina Faso sont encadrés par un ensemble de procédures
légales afin de garantir leur transparence. Mais des pratiques en cours dans l'attribution des
marchés liés aux aménagements hydro-agricoles à Bagrépôle soulèvent la question éthique
de la gouvernance des marchés publics. Des réprobations sont faites à l'encontre de
l'entrepteneure Alizeta Gando, (de nationalité burkinabé et résidant dans la ville de
Ouagadougou, capitale nationale) dont les pratiques sont en déphasage avec 1'orthodoxie de
la bonne gouvernance:
Sur un des marchés d'aménasement d'environ 1000 ha. la société de ia belle-mère20 lAlizetaGandol auraiigagn é Ie marcbépour environ 5 milliards de francscfa. Mais une fois adjugé, la beile-mère [Alizeta Gando] traîne les pas pourdémarrer les ouvrages. La société de Gando, après une évaluation sérieuse de lasituation, accuse l'entreprise qui a fait les études qui ont servi au lancementd'appel d'offre, de laxisme. Elle en tire donc la première constatation; il estimpossible de démarrer les travaux, aux coûts où le marché a été attrlbué.
En vertu du Décret N" 2008-173 /PRES/PM/MEF. le ministère des Financesn'aurait pas dû accéder à la requête'l de la belle-mère fAlizeta Gando] qui parcette modification changeait totalement Ie marché. Curieusement, 1e ministère a
dit oui à I'avenant"" d'Ahzeta Gando. La Banque mondiale ayant refusé des'associer à une telle opération, le marché a été naturellement annulé. La structurequi est l'æil et l'oreille de la Banque au sein de Bagré pôle a fait reprendre 1es
20 Alizata Gando est entlepreneure burkinabè résident à Ouagadougou et intervient dans ie secteur des Bâtiments etTravauxPublics.Dans lapresselocale,desjournalistesl'appellentbelle-mèreparcequelafilledecettedernièreaépouséle petit frèr'e du président de la République du Burkina Faso. On lui reproche le fait de bénéflcier des marchés juteuxobtenus de gré à gré en raison de sa ploximité avec ia famille présidentielle.'' La requête de l'entrepreneure auprès du Ministre des Finances consistait à faire r'éviser à la hausse I'enveloppefinancière destinée aux travaux d'aménagement, car ellejuge qu'il existe des biais dans les études ayânt servi à I'appeld'offfe. Ce qui occasionnel'a pour son entreprise des suicoûts dans I'exécution des travaux. Or, sa démarche s'écarte desp"rocédures légales en vigueur.'" Un avenant est un telmejulidique désignant l'acte par lequel on modifie un contrat en cours.
98
études. La variation serait vraiment insignifiante, le projet devrait coûter
maintenant six milliards. La société d'Alizeta Gando avait eu le marché à plus de
cinq milliards. Avec son avenant de 567o, cela aurait coûté un peu plus de huit
milliards de francs cfa. L'attitude du ministère des Finances dans cette affaire est
totalement incompréhensible. Comment une institution qui ne cesse, à coût de
séminaires coûteux, de promouvoir la bonne gouvernance des finances publiques
peut accepter une violation pareille ? On peut aisément imaginer que si c'était sur
iinun""*"nt public, cet avenant serait passé comme lettre à la poste. (Barry, 2013)
Les mis en causes dans cette affaire de vice de procédure dans l'attribution des
marchés d'aménagement hydro-agricole à Bagrepôle sont l'entrepreneure Alizeta Gando et
le Ministère des Finances du Burkina Faso. Vouloir déroger à des lois en vigueur pour
satisfaire un tiers est contraire à l'éthique de la gestion publique et est nuisible à la saine
compétition dans le marché des affaires.
En verru du Décret N"2008-173/PRES/PM/MEF du 19 avril 2008 portant
régiementation gén&ale des marchés publics et des délégations de service public des
sanctions auraient dû s'appliquer face à ces vices de procédure. En effet, les irrégularités
imputables à I'administration et ses agents ainsi que les irrégularités imputables aux
soumissionnaires sont passibles de sanction. Mais les différentes parties mises en cause ne
sont pas pour le moment inquiétées.
3.I.1 AN,s.LYSE DE BacnÉpÔI,E EN FONCTION DES FACTEURS DE RÉUSSITE D,UN PROJET
DEDÉVELOPPEMENT
Selon Conyers et Paul (1992), cités par Somé (2009), ii faut rechercher la clé de
succès des projets de déveioppement dans les éléments suivants: l'environnement du
projet, les caractéristiques du projet, l'émergence du projet, l'organisation et la gestion du
projet.
L'environnement du projet fait appel à un environnement politique national et local
favorable au développemenq un leadership local imputable, engagé, imaginatif et stable;
une expérience de i'autonomie locale. Les caractéristiques du projet se rapportent à
99
f implication des bénéficiaires, I'utilisation des ressources locales et la culture
organisationnelle. L'émergence du projet identifie comme facteurs de succès le mode
d'entrée du projet dans la communauté et la taille du projet (début modeste et croissance
éventuelle). L'organisation et 1a gestion du projet doivent s'articuler autour d'un objectif
clair; une flexibilité; une autonomie et imputabilité; une approche basée sur i'apprentissage;
un développement du leadership et des ressources humaines.
Convenons cependant que ces facteurs se distinguent des critères objectivables
édictés par certains auteurs ou organismes internationaux (Union Européenne, Pnud, etc) et
qui servent à évaluer les projets de développement internationaux.
Les facteurs évoqués ici constituent plutôt une vue d'ensemble des conditions
préalables à la réussite d'un projet de développement international. Bagrépôle n'étant pas
achevé dans sa mise en ceuvre, il n'est guère opportun de tenter une évaluation qui utilise
les ressources et outils empiriques en gestion de projet. D'ailleurs, notre perspective s'en
émancipe volontiers.
Le projet de développement Bagrépôle est à ses débuts et notre propos consistera à
donner notre opinion visant à confronter le contenu et l'allure du projet par rapport aux
conditions préalables de réussite d'un projet de développement.
Savoir donc si Bagrépôle s'inscrit dans une dynamique de succès ou d'échec
commande que nous discutions les différents éléments proposés par Conyers et Paul par
rapport au contenu du projet pôle de croissance de Bagré.
. L'environnement du projet Bagrépôle
Le développement d'un projet de l'envergure de Bagrépôle nécessite une stabilité
politique tant au plan local que national. Mais une lecture de l'actualité au Burkina Faso
indique que des troubles à l'ordre public risquent de survenir à l'horizon 2015. En effet la
volonté de I'actuel chef de l'État de faire sauter le verrou constitutionnel incarné par
I'article 37 de la constitution afin d'abolir la limitation de la durée du mandat présidentiel
100
avec la perspective de se faire réélire indéfiniment soulève déjà des vagues dans l'opinion
publique:
La messe est dite. L'opposition n'a plus à se demander si Blaise ira ou pas en
2015. El1e doit s'apprêter à l'affronter dans les urnes. Cela ne fait I'ombre d'undoute. L'année 2074 va consister à créer les conditions légales d'une cinquième
candidature. Elle va se laire par la voie parlementaire. Avec ou sans sénat. Le
ve11ou de la limitation des mandats présidentiels va sauter. I1 fallait s'y attendre.
Mais on a beau s'y attendre, on espérait quand même que les Dieux inspirent
mieux Blaise Compaoré" pour qu'il s'évite une sortie de scène aussi calamiteuse
que la façon dont il y est entré. Mais visiblement c'est écrit qu'il ne s'en sortira
pas par la grande porte. (Barry, 2OI3 :8)
11 est à craindre que le Burkina Faso, à l'instar d'autres pays africains (le Mali, la
Centrafrique, le Congo-Kinshasa, etc.), ne sombre dans le chaos. Si cette atmosphère
dé1étère perdure, les projets de développement tels que Bagrépôle connaîtront un arrêt car
les partenaires technique et financier ne sauraient continuer de financer des projets sur un
territoire instable.
Le leadership et l'expérience de l'autonomie locale
Le processus de décentralisation en cours au Burkina Faso est révéiateur du fait que
les politiques nationales ne tiennent pas suffisamment compte des ancrages territoriaux et
que f idée que les initiatives locales doivent prendre le pas sur le volontarisme de la toute-
puissance de l'État est à relativiser. Bagrépôle doit plutôt être appréhendé comme un projet
de développement localisé, car il n'est pas la résultante de la fécondité des initiatives et des
volontés des populations locales.
Certes, un certain enthousiasme est perceptible au sein de la population locale en ce sens
que le projet sera pourvoyeur d'emplois et d'un certain bien être. 11 faut cependant
souligner que tout comme dans certaines régions stratégiques du Burkina Faso, riches en
ressources hydriques et foncières l'État caressait depuis des lustres l'espoir de développer
ces zones fertiles. C'est dans cet esprit et dans la dynamique de la mise en æuvre des
23 Nom de I'actuel Chef de l'État du Burkina Faso.
101
projets hydrauiiques que la vallée du Kou (dans le sud-ouest du pays du Burkina Faso) a
été depuis le milieu des années 70,le lieu d'un développement de I'irrigation à des fins
agricoles. Idem pour la vallée du Sourou (dans le Nord Ouest du Burkina Faso) depuis les
années 50.
Si Bagrépôle est d'un secours vital pour l'économie de Bagré,,Ia population n'a pas eu à
intervenir ni dans l'émergence de f idée, ni dans sa mise en ceuvre. L'État a agit selon son
propre agenda. En terme de contribution de la gouvernance locale et régionale à la mise en
æuvre de Bagrépôle on peut noter la sensibilisation (minimisant ainsi les conflits) de la
population locale quant à l'intérêt pour eux de délocaliser certaines de leurs activités
incluses dans la zone du projet et la nécessité pour eux d'être relocalisés ailleurs.
Etant donné que Bagrépôle veut sortir de la logique de l'économie de subsistance
pour faire la promotion de l'agrobusiness et que de grands capitaux doivent être mobilisés,
on conviendra que les entrepreneurs plus nantis du Burkina Faso ou de l'étranger auront
une emprise sur le projet. Bagré et ses environs fourniront de la main d'æuvre non
spécialisée aux entreprises agricoles. On dénombre dans la zone du projet une diversité
d'organisations paysannes réparties entre les groupements villageois agro-pasteurs dont
I'activité principale est I'agriculture, les groupements d'éleveurs, les groupements de jeunes
agriculteurs, les groupements de pêcheurs, les groupements de transformatrices de poisson
et les Coopératives.
Les caractéristiques du projet
Rappelons à des fins de spécification que la terminologie < caractéristique du
projet >> a été utilisée par Conyers et Paul (1992) pour questionner les projets de
développement. Les dimensions définies pat cet auteur ont trait à l'implication des
bénéficiaires, l'utilisation des ressources locales et à la culture organisationnelle.
Le projet Pôle de croissance de Bagré est f initiative du gouvernement burkinabè. On
ne peut pas affirmer que les populations locales (bénéficiaires du projet) ont joué un rôle
r02
moteur dans l'élaboration du projet. Quand à gestion des ressources locale, l'ingénierie du
projet a été pllotée par 1es ressources nationales, pas forcement ressortissant du département
de Bagré. Certains volets techniques ont bénéficié de l'appui d'expert internationaux. La
qualité de leur intervention est au dessus de tout soupçon, la Banque Mondiale procédait
régulièrement au contrôle des travaux.
pour ce qui a trait à la culture organisationnelle, culture organisationnelle entendue au sens
d'ensemble de valeurs et de règles qui régissent une organisation, notons qu'une gamme
d'éléments peuvent être pris en compte :les croyances de l'entreprise, ies méthodes de
travail,I'histoire de l'entreprise, l'éthique, l'engagement social ,les valeurs de 1'entreprise
et les moyens de les transmettre aux autres, ie plaisir et le bien-être au travail, l'esprit
d'équipe, le service à la clientèle, I'environnement de travail, le code vestimentaire
(Boivert,2014).
De cette panoplie d'éléments caractéristiques de la culture organisationnelle nous
nous sommes intéressés à trois éléments : les méthodes de ttavarl, l'esprit d'équipe,
I'environnement de travail. Concernant les méthodes de travail dans la conduite de projet,
une équipe pluridisciplinaire composée de spécialistes des sciences sociales et
d'économistes a été constituée de sorte à réserver le cadre théorique de i'intervention du
projet aux premiers, quand les seconds s'affairent aux volets statistiques et économétriques.
L'environnement du travail a été convivial en dépit de quelques divergences du point de
vue méthodologique. L'esprit d'équipe a donc prévalu tout le long de la mise en æuvre du
projet.
L'émergence du projet
Nos propos antérieurs sur i'environnement et les caractéristiques de Bagrépôle
montrent que ce projet de développement est entré dans la communauté selon le modèle
top-down (du haut vers le bas). D'ailleurs il ne peut que l'être puisqu'il ne fait pas suite à
des revendications de la population. La population n'a pas revendiqué des besoins à
satisfaire puisqu'elle n'a pas été consultée sur la question. L'État a décidé en tant que
103
maître d'ouvrage de développer un espace agricole qu'il juge important pour l'économie
nationale.
L'objectif du projet Bagrépôle repose sur des objectifs clairs : développement socio-
économique par la création d'emplois et la réalisation d'infrastructures structurantes telles
que définies dans le chapitre se rapportant à la présentation du projet Bagrépôle. Il n'est
cependant pas politiquement désincarné, c'est-à-dire qu'il est entièrement porté par |'État
depuis sa conception jusqu'à sa mise en æuvre. S'il faut parler de leadership, il faut encore
voir l'État à la manæuvre. C'est d'ailleurs son rôie, mais une ouverture à des consultations
plus large avec les ressortissants de la zone d'implantation du projet aurait permis au projet
de bénéficier de la faveur d'une onction démocratique. Si des ressources humaines de
qualité ont été mises à contribution par l'État pour la conception du projet, on ne peut pas
par contre dire que le projet en lui-même a ÉvéIé des individus qui se sont démarqués par
leur sens élevé d'un leadership constructif. En terme d'implication sur la qualité du projet,
on peut penser qu'il va simplement répondre aux standards des investisseurs sans
forcement prendre corps avec l'ancrage territorial. Des modifications ou mise à niveau
auraient pû ôtre faites si des leaders politiques locaux avaient voix au chapitre.
3.12 Alur,ysE DE BacnÉpôrp EN FoNcrroN DES srRATÉcrEs DU DÉvELoppEMENTDURABLE
Parmi les propositions de typologie du développement durable dont abonde
littérature, celles édictées par la Chaire en éco-conseil de l'Université du Québec
Chicoutimi fournira le matériau nécessaire à notre analvse.
Parmi 1es quatre (4) niveaux typologiques proposés par Riffon et Villeneuve (2013),
on note :
- La conception du développement durable, entendu comme le fondement de la
compréhension et de la vision du développement durable d'un acteur;
Ia
à
104
- La finalité du développement durable, comprise comme l'ensemble des objectifs qui
motivent l'adhésion au concePt;
- L'approche du développement durable, appréhendé en tant que philosophie d'action
teintant les modalités de mise en æuvre du développement durable à i'échelle de
1'organisation;
- Les stratégies d'application du développement durable renvoient aux méthodes et
outils mobilisés pour l'appiication.
Nous choisirons d'examiner Bagrépôle à la lumière des stratégies d'application du
DD en ce sens que cette typologie est associée à l'action et offre une grille dont le contenu
opérationnel permet d'identifier le type de stratégie dont le projet se prévaut en vue de
juger de sa pefiinence. Le tableau ci-dessous offre un aperçu du résumé des stratégies du
DD
105
Tableau 5 : Grille d'analyse des stratégies du développement durable
Direction
Descendante : ie sommet décisionnel identifie lesproblématiques et coordonne les actions locales ousectorielles
Ascendante : les gens sur le terrain décident desobjectifs prioritaires et des façons de mettre enæuvre le déveloooement dulable
Cadre
Prescriptif: une organisation externe sert deréférence, fixe les objectifs et exige une redditiondes comptes
Volontaire : la démarche est conçue à l'externe,I'olganisation ne rend compte qu'à elle-même
Participation
Participative : favodse f implication active desparties prenantes aux processus décisionnels
Autoritaire : les objectifs, méthodes et priorités sontimposés par un secteur ou un responsable, avec peude participation
Gestion
Pragmatique : le DD progresse par cumul de projetet d'initiatives, seion les ul'gences ou opportunités
Planificatrice : 1'utili sation d' outils de planificationfavorise une démarche d'amélioration continue
Portée
Globale : le DD est appliqué à large échelle, dansl'ensemble des secteurs ou territoires d'uneorsanisation
Sectorielle : le DD est appliqué à l'échelle locale,dans un secteur ou territoire spéciflque
Dépendance
Endogène : la démarche est menée à partir desressources intelnes (à I'organisation ou auterritoire), de façon indépendante
Exogène : la démalche est dépendante des
ressoul'ces externes (à I'organisation ou autenitoire), elle mobilise peu de ressources deressources internes
Prospective
Prévisionnelle (forecast) : l'analyse des tendancespermet l'élaboration des scénarios futurs pourguider les actions
Rétrospective (backcast) : la vision du futur souhaitémène à l'élaboration d'actions Dour atteindre cettevision
Intégration
Parallèle : le DD est abordé par une démarcheparallèle, complémentaire aux activités de gestionde l'orsanisation
Intégrée : les principes de DD sontsystématiquement intégrés dans les actions et outilsde I'organisation
Initiative
Réactive : la démarche est entl'epf ise en réaction à
une situation critique, à une menace, à uneoblisation
Proactive : la démarche est entl'eprise sans pression(interne ou externe), faisant preuve de leadership
Source : Olivier Riffon et Claude Villeneuve. 2013
106
La conception du projet pôle de croissance de Bagré semble s'inscrire dans l'esprit du
développement durable si on s'en tient aux professions de bonne foi qui structurent 1es
discours officiels. Si le projet est à vocation économique avec des bénéfices sociaux en
termes d'emplois et d'infrastructures socioéconomiques, il tient aussi à la valorisation et à
la protection de l'environnement. Reste à savoir si le développement du projet incarne
réeilement les stratégies du développement durable'
11 s'agira alors de discuter des principes qui fondent la direction, le cadre, la
participation, la gestion, la portée, ia dépendance,Iaprospective, I'intégration et I'initiative
tel que suggéré par le tableau ci-dessus. On cherchera à savoir si la direction est
descendante ou ascendante; si le cadre est prescriptif ou volontaire; si la participation est de
type participatif ou autoritaire; si la gestion est pragmatique ou planificatrice; si la portée
est globale ou sectorielle; si la dépendance est endogène ou exogène; si la prospective est
prévisionnelle ou rétroactive; si f intégration est parallèle ou intégrée; si l'initiative est
réactive ou proactive.
La Direction : descendante ou ascendante?
Rappelons que le contexte d'émergence du pôle de croissance de Bagré n'a pas été
engendré par les gens du milieu. C'est une initiative de l'État burkinabé de faire de ce
teritoire un exemple de développement hydroagricole d'envergure. Le financement relève
des partenaires techniques et financiers (Banque mondiale). Il en découle que les grandes
articulations du projet suivent les directives de I'F;tat. Le gouvernement, quant à lui, est
soumis à la vigilance critique des Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
Dans un tel contexte, on retiendra que la direction est descendante car 1e sommet
décisionneIl,État et les pTF) définit les problématiques et coordonne les actions, que ce
soit au plan local ou sectoriel.
t0l
Le cadre : prescriptif ou volontaire?
Étant donné que le cadre d'exécution du projet suit 1a logique d'une direction
ascendante, à partir du moment où les orientations du projet n'ont pas connu leur
maturation sur le pian local et que tout est régi par le sommet décisionnel, on peut sans
ambages affirmer que le cadre est prescriptif.
La participation : logique participative ou autoritaire?
On ne peut nier le fait que les populations qui occupaient les zones d'implantation du
projet ont été consultées et sensibilisés afin de faciliter leur relocalisation sur de nouveau
sites d'habitation. Mais leurs voix n'ont pas pu peser dans la définition de la vision et des
orientations du projet. D'ailleurs, les populations n'ont pas été conviées à cet exercice et vu
que la planification du projet dérogeait aux principes de ia pianification stratégique et
s'accommodait d'une planification traditionnelle, nous pouvons donc affirmer que la
conduite du DD dans le cadre du projet Bagrépôle est davantage empreinte d'une logique
autoritaire que participative.
La gestion : pragmatique ou planificatrice?
La gestion s'inscrit dans une dynamique planificatrice. Des outils de planification
sont utilisés à cet effet, sauf que cette planification utilise les outils traditionnels de
planification. Peut-ôtre aurait-il été recommandable d'y associer la planification stratégique
qui, e11e prend appui sur le consensus et la participation. Même si dans toute planification,
les décisions finales sont toujours prises par un nombre restreint d'individus, recourir à des
approches nouvelles peut revêtir une certaine légitimité démocratique.
La portée : globale ou sectorielle?
Bagrépôle s'inscrit dans une dynamique à même d'insuffler une portée globale dans
son processus de réalisation en lien avec le développement durable. Le projet fait partie
intégrante de la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable. Tous les
108
volets du projet devraient prendre idéalement appui sur les principes de développement
durable. Mais entre l'idéal etlaréalité. l'évidence n'est pas certaine. L'ampieur des impacts
sociaux et environnementaux indique que la rentabilité économique fait ombrage aux
enjeux sociaux et environnementaux. Autrement dit, une préférence semble être accordée à
la rentabilité économique au détriment des impacts sociaux et environnementaux néfastes.
En effet, l'État s'emploie inlassablement à attirer les investissements privés, mais
obligation n'est pas faite aux entreprise d'inclure dans leur cahier de charge un volet en lien
avec la Responsabilité Sociale des Entreprises.
La dépendance : endogène ou exogène?
Une interrelation dynamique prévaut quant aux liens entre ressources endogènes et
exogènes dans la conduite du DD. L'endogénéité relative relève du fait que l'administration
du projet est confiée à un personnel du secteur public choisi par I'Étatburkinabè. Aussi des
consultants indépendants issus du Burkina Faso ont-ils été sélectionnés suite à des appels à
candidature. L'endogénéité est relative car l'expertise ne vient pas du milieu local et que
I'Êtatburkinabé n'a pas les coudées franches vu que les PTF ont un droit de tegatd et sont
à même d'infléchir certaines initiatives qui semblent s'écarter de leurs lignes budgétaires.
La prospective : prévisionnelle ou rétroactive? L'intégration : parallèle ou intégrée?
La prospective est prévisionnelle car c'est l'analyse des tendances actuelies qui
permet l'élaboration de scénarios futurs comme outils d'aide à la décision pour le futur' A
priori, les principes de DD sont intégrés dans ies actions et outils de pilotage du projet.
109
L'initiative : réactive ou proactive?
On peut affirmer que f initiative est réactive, soumise à une obligation de tenir
compte des facteurs environnementaux dans le processus de développement
d'infrastructures socio-économiques, tel que l'exige les institutions de financement des
projets internationaux.
3.L3 AN,u,ysE DE BacnÉpôr,E sELoN LES pRTNCIpES DE LA MULTIFoNCTToNNALITÉ DE
L'AGRICULTURE
Entendons par multifonctionnalité del'agriculture le fait que 1'agricuiture ne soit plus
consacrée à une fonction exclusivement productive, mais qu'elle soit intégratrice des
dimensions sociale et environnementale. Mundler (2010:25) dit à ce propos : << la
multifonctionnalité exprime l'idée que l'agriculture remplit de manière simultanée
plusieurs fonctions; généralement, ces fonctions se déclinent autour du tryptique classique
du développement soutenable : l'économie, le social, l'environnement >>.
Les missions assignées à l'agriculture dans une perspective de développement
durable impliquent que les systèmes agricoles doivent désormais contribuer simultanément
à la production agricole et à la création de valeur ajoutée, à la production des ressources
naturelles, des paysages et à la diversité biologique, à l'équilibre des teritoires et à
l'emploi. Ce sont donc les externalités positives liées à la pratique agricole, notamment les
bienfaits non marchands qui sont recherchés : des citoyens peuvent être favorisés par
l'action de 1'exploitant sans contrepartie. La mise en valeur des paysages, la protection de
la biodiversité et la régulation du climat sont des exemples d'externalités positives que peut
générer I' agriculture (MAMROT)24.
2a La multifonctionnalité de l'agliculture,http://www. mapaq.gouv.qc.ca,/SiteCollectionDocuments/DeveloppementRegional/Multifonctionnalite/definition_multifoncti ioncl iorrnalite.pdf
110
Nous verrons à travers une analyse des documents liés à la conception de Bagrépôle
si celui-ci intègre en tant que projet de développement agricole le principe d'une agriculture
multifonctionnelle. Faisons-en l'état des lieux. Avant d'aborder la question liée aux
externalités que va générer le développement de l'activité agricole à Bagrépôle, il faut
souligner que des réalisations faites sur le site du projet indiquent qu'une révision de
perspective est faite sur la manière d'appréhender l'espace agricole.
Au-delà de la fonction productive assignée au projet ,l'État du Burkina Faso a voulu
faire de Bagrépôle un endroit viable à travers I'installation d'infrastructures de service : un
restaurant. une station de radio, la succursale d'une banque, un bureau de poste, un centre
écotouristique. À titre indicatif, il faut signaler que le secteur du tourisme est considéré au
Burkina Faso comme un vecteur puissant d'éducation envitonnementale et de
développement socioéconomique. Vu sous cet angie, le Centre Écotouristique de Bagré
veut contribuer au développement régional en conciliant l'homme et la nature, à travers une
intégration harmonieuse des activités touristiques, terrestres et nautiques. Pour percevoir
l'ampleur de ce Centre Écotouristique, il nous paraît opportun de décliner son contenu.
Ce centre repose sur les ouvrages que sont: une salle de conférence équipée et
climatisée: un bar restauranq des bâtiments administratifs équipés et climatisés; une salle
d'informatique avec une connexion informatique de haut débit; une piscine; des
infrastructures sportives (terrain de golf, terrain de volley ball, basket, tennis, foot bal de
plage); des infrastructures éducatives (le jardin botanique, le parc animaiier); une boutique
artisanale; une boutique pédicure manucure; les pistes de desserte; un centre médical
équipé; les véhicules de tourisme; les infrastructures récréatives (plage, excursion nautique,
etc.) (ICI,2000).
111
Figure 18 : Centre écotouristique de BagrépôleSource : Service de communication de Bagrépôle
Figure 9 : L' agence de Coris Bank en constructionSource : Service de communication de Bagrépôle
Figure 8 : Bureau de poste de BagréSource : Service de communication de Bagrépôle
Figure 21: Restaurant en constructionSource : Selvice de communication de Bagrépôle
Les externalités positives en lien avec l'aménagement agricole à Bagrépôle reposent
essentiellement sur l'activité touristique. La plaine agricole et les installations
hydroélectriques vont servir le tourisme culturel et éducationnel2so alors que leur vocation
première est d'être une surface cultivable pour la première et un moyen de production
d'électricité pour le second.
25 Les visites de terrain pour les étudiants des institutions scolaires techniques rentrent dans le cadre du tourismeéducationnel, tandis que le tourisme culturel est le propre de tout citoyen ordinaire qui veut se faire une idée des choses.
1t2
Le tourisme sportif repose sur la pêche à la ligne, le pédalo et le hors-bord pour le
sport nautique, alors que ie fleuve Nakanbé dans une acception traditionnelle aurait nourri
les appétits dans une perspective d'exploitation des ressources halieutiques.
La vision des hippopotames et des oiseaux comme tourisme récréatif est une
originalité quand on sait que ces bêtes, autrefois peu protégées alimentaient la
consommation domestique.
3.14 ANaLYSE DEs CHANCES DE SUCCÈS DE BAGRÉPôT-B,I,U REGARD DE LA SITUATION
cÉocRApHIeUE ET SOCIS ÉcoNOvrrQUE DEBAGRÉ ET DU BURKINA FASS
La conduite de ce volet de l'analyse consistera à montrer dans un premier temps les
avantages liés à la localisation de Bagrépôle. Ensuite nous verrons si le projet pourra
stimuler I'agriculture de I'ensemble du pays. Nous verrons en dernier ressort si les
caractéristiques socioéconomiques à Bagré en particulier et au Burkina en général sont
susceptibles de favoriser la réussite du projet.
Commençons par faire remarquer que Bagrépôle a I'avantage d'être localisé dans une zone
ouverte sur des marchés assez importants. Sur le plan national,ll a l'avantage d'être situé
au centre-est du Burkina Faso, position qui lui ouvre les portes des marchés des pays
limitrophes que sont le Ghana et le Togo et le Benin. Aussi ces trois pays à cause des ports
maritimes qu'ils offrent seront les lieux privilégiés ou transiteront les productions destinées
à l'exportation. Sur le plan national, Bagrépôle a I'avantage d'ôtre à environ 2 heures de
route du plus grand marché national qu'est Ouagadougou dont la population actuelle tourne
autour de i200 000 habitants.
Vu I'engouement des entrepreneurs privés à l'égard du projet, on est porté à croire que
le succès de certains enftepreneurs aura au moins l'avantage de susciter des vocations dans
le domaine de l'entrepreneuriat agricole. En effet l'agriculture du Burkina Faso est
demeurée jusque là une agriculture de subsistance. Et les quelques entrepreneurs avaient
rt3
piutôt tendance à s'investir dans le secteur du commerce à savoir l'achat et la revente de
produits manufacturés importés. Peut-être Bagrepôle va-t-il sonner le déclic afin de faire
comprendre à tous que le secteur de l'agriculture est un secteur porteur avec pour
conséquence le développement de l'entrepreneuriat agricole tant au plan local que national.
Cherchons maintenant à examiner les conditions de réussite du projet Bagrépôle par
rapport à la conjoncture socioéconomique dans laquelle s'insère le projet. De prime abord
on peut affirmer que le projet sera une réussite si on s'en tient exclusivement aux
conditions matérielles : la ressource foncière et hydraulique est abondante. Le financement
pour I'exécution du projet est un acquis grâce au fonds de la Banque Mondiale. Le projet
est la concrétisation d'une idée gouvernementale et l'État Burkinabé est le maître d'ouvrage
sous le regard vigilant de ia Banque Mondiale. Les différentes études effectuées sur le
projet ont été validées par les experts de ia Banque Mondiale. Des entreprises privées se
sont mobilisées et sont devenues acquéreurs des plaines aménagées à Bagrépôle à des fins
d'agrobusiness si bien que la pénurie de terres se manifeste déjà. Toute chose égale par
ailleurs, on peut certifier que Bagrépôle sera une réussite. Mais la discussion reste ouverte
quand vient la question de savoir si Bagrépôle aura un vrai encrage territorial. Autrement
dit, est ce que la population locale du département de Bagré pouffa s'approprier le projet?
Étant donné que tous les entrepreneurs d'envergure sont des étrangers, qu'adviendra-il si
par malheur des entreprises agricoles faisaient faillite et étaient amenées à quitter Bagré?
Il est désormais généralement admis que tout processus de développement doit porter
l'empreinte de l'endogénéité. Pour Guindani et Bassand (1982), << Cela ne signifie
nullement le retour à une autarcie plus ou moins mythique ou un repli sur soi [...].Ledéveloppement endogène implique un équilibre entre ouverture et fermeture et un
amalgame entre tradition et modernité que chaque région doit définir en fonction de sa
culture. >> Sur cette base, reconnaissons que la dynamique historique des pôles de
croissance est révélatrice du fait qu'ils se sont bâtis à partir d'un ancrage culturel occidental
(cas des districts industriels dans la Troisième ltalie).
tt4
La reproduction de ces modèles dans les pays industrialisés a I'avantage de la
similitude du substrat culturel. Le problème qui se pose est de savoir si la transposition des
pôles de croissance d'inspiration occidentale aura des chances de succès dans un
environnement différent comme l'Afrique. Déjà que des modèles de développement
importés en Afrique, notamment le modèle libéral, le modèle < dépendantiste >>, les
programmes d'Ajustement Structurel, ont connu des échecs et que des renouvellements de
perspective sont en cours (Favreau,2004).
En effet, l'application de 1a théorie du développement polarisé n'a pas toujours eu le
succès escompté :
L'accentuation du retard de la plupart des pays en développement paf rappofi aux
pays industrialisés, ou encore le développement ttlujours trop lent des régions
peiipnetiqres (par exemple, celui de la Gaspésie, vingt ans après I'expérience du
Bureau d'aménâgement de I'est du Québec) nous amènent à nous poser plusieurs
questions sur I'efficacité des politiques tirées de cette théorie. (Julien, 1987)
pecqueur (2007) établit la distinction entre les pôles de croissance et les pôles de
compétitivitépar le fait que <<dans le cas des pôles de compétitivité, il ne suffit pas de
concentrer des activités éventuellement venues de I'extérieur (comme cela a été \e cas de
Sophia Antipolis près de Nice), mais I'objectif est d'utiliser en quelque sorte, Ie patrimoine
cognitif collectif construit localement dans l'histoire longue >>.
On déduit de la proposition de Pecqueur qu'un pôle de croissance n'est pas
territorialement autosuffisant, mais qu'ii doit aussi compter sur des ressources exogènes
pour sa maturation.. Vouloir implanter un pôle de croissance dans la région de Bagré n'est
donc pas en soi une innovation. C'est donc ces conjonctures inhérentes aux projets de
développement d'obédience top-down qui ont nourri l'idée de Pecqueur (2007) seion
laquelle << les pôles de croissance créés exnihilo constituent la grande utopie
développementiste >>.
115
L16
coNCLUSIoN çÉNnna.r-n
C'est le lieu ici de faire 1a synthèse de nos travaux et éventuellement de réfléchir sur
des perspectives de développement plus accommodantes. Rappelons que dans le cadre de
sa politique nationale de lutte contre la pauvreté pour I'accroissement de 1a sécurité
alimentaire le Gouvernement du Burkina Faso a, sous l'égide de la Banque Mondiale
entrepris de développer un pôle de croissance agricole connu sous l'appellation de
Bagrépôle. Le projet est financé à hauteur de 133,7 miliions de dollars américains dont
115 millions de dollars attribués sous forme de dons par l'Association Internationale de
Développement (IDA) quand |'État burkinabè déboursera 8,7 millions de dollars. Le
montant de la contribution du secteur privé s'élèvera à 10 millions de dollars'
Le projet va s'échelonner sur six ans (20IL-2017). Les composantes du projet visent
essentiellement à 1'amélioration du climat des investissements et des capacités
institutionnelles au profit du secteur privé ainsi qu'au développement et à la gestion des
infrastructures critiques. De même Bagrépôle se caractérise par une dynamique visant la
conquête de marchés potentiels, la promotion de produits spécifiques et la définition de la
taille des exploitations et des modèles d'affaires.
Maintenant que le contexte du projet est mis au jour, passons à son examen.
L'intelligibilité de cet examen sera plus lisible si nous rappelons les objectifs de la
recherche qui ont été les fils conducteurs de nos investigations.
Le premier objectif a consisté à identifier le contexte socio-économique du Burkina
Faso et du département de Bagré en tant que lieu d'insertion de Bgrépôle. Le deuxième
objectif a consisté à évaluer la démarche de planification du projet. Le troisième objectif a
visé à faire le point sur les impacts du projet. Le quatrième objectif s'est rapporté d'une part
à l'examen des chances de succès du projet par rapport au contexte géographique, socio-
économique et démographique du Burkina Faso et d'autre part en soumettant le projet à
l'épreuve des théories fondatrices des sciences sociales.
TI7
Une fois les objectifs de recherche établis, les lignes qui suivent livreront les conclusions de
nos travaux. Discutons à présent des chances de succès de Bagrépôle au regard de la
conjoncture socio-économique et démographique du Burkina Faso et de Bagré.
Évoquons d'abord quelques aspects favorables du projet avant d'aborder la
controverse.
Localisé dans une zone ouverte sur des marchés assez importants Bagrépôle pourra
tirer profit de cette localisation favorable. Sur le plan international, sa position lui ouvre les
portes des marchés des pays limitrophes que sont le Ghana, le Togo et le Benin. À cause
des ports maritimes qu'ils offrent, ces pays seront les lieux privilégiés ou transiteront les
productions destinées à l'exportation. Sur le plan national, Bagrépôle est situé à seulement
2 heures de route du plus grand marché national qu'est Ouagadougou. Regardons à présent
l'influence que peut avoir la structure de ia popuiation sur les chances de succès du projet.
Sur une population résidente de 14 0I7 262 dénombrée en 2006,la population en âge
de travailler (i5 ans ou plus) au BurkinaFaso, est de7 443 564habitants soit 53,1 Vo dela
population résidente (INSD, 2006). Les actifs de cette population sont au nombre de 5 412
102 personnes. Seulement2O,2 7o de cette population active résident en milieu urbain. On
remarque que sur une population nationale de 14 011 262 babrtants, la population rurale est
de 10 835 295. Associant le fait que 1e monde rural est suffisamment peuplé (77 ,29Vo de la
population totale) et que la population active vit en majorité dans les milieux ruraux (79,87o
de la population totale), on peut affirmer que Bagrépôie sera un Leservoir de main
employables dans les fermes agricoles. L'abondance de la main d'ceuvre, le faible coût de
cette main d'æuvre (car non qualifiée), la proximité de cette main d'æuvre sont des aspects
favorables au développement du pôle de croissance agricole à Bagré.
Si les lignes ci-dessus accordent quelque crédit au projet, une avalanche d'aspects négatifs
vient rompre avec cette lueur d'espoir. En effet une combinaison de plusieurs facteurs nous
118
permet de penser que le pôle de croissance de Bagré sera impuissant à solutionner les
probièmes socio-économiques de I'ensemble du territoire burkinabé.
Du point de vue de la structure économique, abordons 1a question de la nature de
f industrie de la transformation agroalimentaire. Les unités de transformation
agroalimentaire sont essentiellement constituées de brasseries, d'usines de production de
pâtes alimentaires, d'huileries, de savonneries, de fabriques d'alcool, d'unités de
transformation mécaniques et métalliques, de fabriques de cuirs, d'abattoirs, etc. Elles sont
concentrées à Ouagadougou, la capitale du pays, et Bobo-Dioulasso de sorte que le reste du
pays n'en n'est pas pourvu. Le département de Bagré n'a aucune unité de transformation
agroalimentaire. Idem pour la région du Centre-Est du Burkina Faso dont dépend ce
département.
En cas de mévente, le risque est la perte de la production car les mécanismes
industriels de conservation des aliments sont inexistanm. Étant donné que les industries
agroalimentaires censées transformer et apporter de la plus value aux aliments bruts
produits à Bagrépôle se trouvent concentrés dans les deux grandes métropoles du pays que
sont Ouagadoufou et Bobo Dioulasso, le département de Bagré sera un milieu producteur
de ressources sans valeur ajoutée, ce qui est une entrave au développement économique de
ce territoire. De même l'éloignement de Bagrépôle des zones couvertes par les industries
agroalimentaires va engendrer le problème du coût de transport des marchandises lorsqu'il
s'agira de livrer de la matière première agricole à ces unités situé à 225 km (distance Bagré
Ouagadougou) et 575 km (distance Bagré-Bobo Dioulasso).
Concernant les facteurs biophysiques, les facteurs pluviométriques et climatiques
peuvent être des facteurs limitant la productivité optimale des fermes agricoles. Les
précipitations dans Lazone de Bagré (centre est du pays) sont relativement faibles (700-900
mm par an) par rapport à la maximale du pays qui est d'environ 1300 ITim par an située
dans la partie australe et occidentale du pays. Si on sait que I'agriculture pluviale ou les
pratiques d'irrigation demandent une ressource hydrique constante, les fluctuations
rt9
climatiques entrainent la raréfaction de la ressource en eau et perturbent la croissance des
plantes.
Remarquons aussi que les approches de développement expérimentés par le Burkina
Faso depuis son indépendance en 1960 (approche projet, approche développement rural
intégré, approche participative et l'approche gestion des terroirs) destinées à exercer une
golrvernance efficace n'ont pas réussi à améliorer de façon significative la situation du pays
et plus particulièrement du monde rural. Ceci peut présager du fait que Bagrépôle ne puisse
pas connaitre un succès, étant donné que les facteurs humains, politiques, techniques
révélés comme handicaps au succès des projets précités sont demeurés en l'état.
D'un point de vue comparatif, la mise en relation entre le pôle de croissance de Bagré
et les plans de développement mis en place par 1es gouvernements provincial et fédéral
dans ies régions de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent au Québec entre 1963 et 1993
permet de relever les observations suivantes :
Plus d'un milliard de dollars canadiens ont été investis dans ces deux régions de l'Est
du Québec (Dugas, 2005). Alors que les investissements ont été considérables dans ces
régions, avec des problèmes de moindre ampleur par rapport aux problèmes renÇontrés au
Burkina Faso, le fattrapage escompté ne fut pas un succès. On comprendrait donc
difficilement comment avec des investissements inférieurs à ceux effectués au Québec,
avec des problèmes culminants ceux du Québec Bagrépôle puisse opérer une
transformation qualitative de la zone de Bagré et insuffler un développement socio
économique à 1'ensemble du territoire national.
Invitons-nous maintenant au volet questionnement du projet Bagrépôle à l'aide
d'outils théoriques qui fondent 1es sciences du territoire.
À propos de la planification du projet, le questionnement de certains aspects du projet
indique que celui-ci souffre de quelques déficiences tant sur le plan de sa planification que
sur le pian de sa pertinence. On a procédé selon les approches traditionnelles en mettant
I'emphase sur les aspects techniques et économétriques, éludant l'approche participative de
r20
la planification territoriale ainsi que la prise en compte de certains principes
d'aménagement du territoire dont se prévaut le Burkina Faso.
On peut aussi émettre des réserves sur le processus de construction sociale du projet
Bagrépôle. I1 ne repose pas entièrement sur les exigences de la gouvernance et du
développement économique local qui postule que tout processus de prise de décision doit
être soumis à la juridiction des trois groupes d'acteurs de la vie publique, à savoir le
pouvoir public (incarné par les é1us locaux et les représentants du gouvernement central), le
secteur privé et la société civile. L'impression qui se dégage est que l'État burkinabé, sous
1'égide de la Banque mondiale, s'est préoccupé d'attirer les investissements privés sans que
les acteurs locaux aient à redire. Les consultations publiques sont donc en deçà des
exigences d'une gouvernance locale démocratique. L'État a agi ici en se prévalant des
prérogatives traditionnelles dévolues à l'État-Providence.
De même au niveau des pratiques culturales à Bagrépôle, nous estimons que la
culture de certaines plantes exotiques ne répond pas au bon sens pratique d'un point de vue
économique et en rapport avec des considérations écologiques. D'un point de vue
économique, I'invocation de ia théorie des avantages comparatifs induit que la culture du
bananier est inopérante sur un territoire où ce produit ne peut être compétitif tant sur le
marché national que sous-régional car des pays voisins (Côte-d'Ivoire, Ghana) sont plus
performants dans ce secteur. L'autre aspect économique sous ie feu de la critique est lié à la
reproduction d'une agriculture néocoioniale. La culture du tournesol à des fins
d'exportation peut rebuter un observateur averti. Quand on sait que les terres arables sont
déficitaires au Burkina Faso en raison de facteurs climatiques et de la pression
démographique, le bon sens patriotique voudrait qu'on assigne l'agriculture burkinabè à
une fonction prioritairement alimentaire. Ce qui n'exclut pas l'exportation en cas de
surproduction.
L'attribution du marché public lié aux projets d'aménagement hydro-agricoles, dans
le contexte de Bagrépôle, a souffert d'un défit de bonne gouvernance. On dénonce le cas de
l'entrepreneure Alizeta Gando (belle-mère de 1'actuel chef de L'État du Burkina Faso) qui a
I2I
voulu outrepasser les règles en vigueur dans le processus d'attribution d'un marché. La
Banque mondiale a décelé cette non-conformité, mais les coupables ne sont guère inquiétés.
La mise à l'épreuve de Bagrépôle vis-à-vis des stratégies du déveioppement durable révèle
des insuffisances liées à la nature de la gouvernance publique qui s'avère peu inclusive,
intégrant peu ou pas les populations dans le processus de planification du projet.
À propos des facteurs de réussite du projet Bagrépôle, I'enjeu est lié au climat
politique délétère. En effet, l'environnement du projet, c'est-à-dire le contexte politique
actuel marqué par des remous sociaux au Burkina Faso, ne présage pas d'un avenir serein.
L'actuel président de la Répubiique du Burkina Faso veut outrepasser les règles
constitutionnelles pour se maintenir à la tête de I'État. L'opposition politique n'envisage
pas lui ouvrir cette avenue. Nombre d'analystes politiques sont unanimes à l'effet que des
soubresauts sociaux sont à prévoir dans les mois qui précèdent l'échéance électorale de
2015. Toute chose qui n'augure pas de lendemains meilleurs pour le projet pôle de
croissance de Bagré.
Ce facteur politique peut donc avoir des incidences sur le financement du projet à
savoir le ralentissement de I'exécution de ce financement ou sa suppression définitive. Au
délà de cet aspect politique, la bonne note du projet est que les investisseurs privés,
accourent sur le site du projet si bien que les teffes aménagées connaissent une rupture de
stock.
Des réflexions sur les retombées et les bénéficiaires du projet Bagrépôle alimentent
quelques méfiances. Etant donné que l'idée de pôle croissance comme approche de
développement a été lancée à titre expérimental par la Banque mondiale qui en assure le
financement, avec bien sûr l'assentiment du gouvernement burkinabé, il est fort probable
que 1e projet ait un penchant capitalistique, dénuée de toute considération sociale. C'est-à-
dire que le profit du secteur privé semble aiguiser et nourrir les appétits au détriment de
causes sociales.
r22
Nous voulons, pour terminer, dire qu'au vu de l'examen du projet Bagrépôle, on peut
cefies affirmer que le projet Bagrépôle aura des retombées positives dans sa zone
d'insertion sans pour autant apporter un dynamisne nouveau à 1'économie de l'ensemble du
pays.
il y a donc lieu de penser le développement stratégique des projets de
développement dans les pays en développement en génétal et au Burkina Faso en
particulier. Le publiciste burkinabé (spécialiste de droit public) Laurent Bado26 avafi
suggéré lors d'une communication, l'idée de l'actionnariat populaire comme stratégie
d'appropriation locale et collective des ressources nationales. Sa voix n'a pas été
suffisamment audible pour trouver oreille favorable auprès des décideurs' Pire, on le traita
d'utopiste. I1 nous revient à notre tour de proposer des perspectives de développement
durable pour le Burkina Faso.
Nous n'aurons pas ici la prétention d'inventer un modèle de développement ex-nihilo.
Mais nous soûlmes au moins d'accord avec I'idée qu'il faille développer l'esprit
entrepreneurial par la création d'entreprises privées, individuelles ou collectives. Alan
Greenpan (2007) évoquait le manque de dynamisme de l'économie française à cause de la
propension de cette société à déifier la vie de fonctionnaire comme un idéal à atteindre, à
I'opposé des sociétés anglo-saxonnes qui, elles, font la promotion des entreprises privées'
Par effet de contagion, les anciennes colonies françaises à l'image du Burkina Faso sont
restées amorphes sur le plan du développement de l'entrepreneuriat. I1 va falloir développer
I'esprit entrepreneurial de lajeunesse et faciliter l'accès au crédit.
Étant donné que les banques ne prêtent de sommes importantes qu'à des individus
solvables ou ayant de bonnes garanties, I'entrepreneuriat individuel aura du mal à prendre
son envol. Nous préconisons l'entrepreneuriat collectif reposant sur le modèle coopératif,
sans bien sûr exclure l'entrepreneuriat individuel pour les individus capables de mobiliser
des ressources à cette fin. Pour ce faire, il va falloir organiser le territoire national en leur
26 professeur (aujourd'hui retraité) de droit public à l'Université de Ouagadougou au Burkina Faso
r23
assignant des fonctions de production. Chaque espace régional devrait pouvoir
spécialiser dans des secteurs d'activité dans lesquels il a un avantage comparatif.
Des diagnostics territoriaux permettront de mettre à jour les potentialités
économiques de chaque région. Les projets d'entreprise pourront alors se déployer en
fonction des opportunités qu'offre chaque région.
ANNEXE 1
TABLEAUX SYNTHÈSB NTS IMPACTS SOCIAUX ET
ENVIRONNEMENTAUX POTENTIELS
Tableau 6 : Synthèse des impacts positifs sur les infrastructures et services à Bagrépôle
Infrastructures el
services
Impacts positifs
AménagementsstructuranBAdducteurs d'eau
- amélioration des conditions de vie des populations
- cadre propice à la production et à la commercialisation des produits
-gestion optimale des ressources en eau
-valorisation des bas-fonds- Amélioration des surfaces aménagées et des productions
-Amélioration des conditions socio-économiques-diminution de 1'exode rural-contribution au désenclavement
-contribution à la recharge des nappes
Marché à bétaildéveloppement des échanges
mise en place d'une base de données
développement activités connexes
contrôle flux commerciaux
Pistes de productions - facilité de transport des productions- accès facile aux marchés
Unités de transfol'mations
valorisation des productions locales
limitation des pertes
bonne conservatioû des Ptoduitsconquête du marché internationalintésration industrielle
Magasins
- entreposage des récoltes, semences et des inffants
- ausmentation durée de conservation
Marchés
- vente des produits-génération d'emPloi- ausmentation des revenus des producteurs
Appui aux OPAa-eroalimentaires dans ledomaine de la recherche
mise au point de variétés aux meilleurs rendements
vulgarisation de nouvelles techniques
mise au point des méthodes de bonne conserv4lqnlelIlg(uits
Unités de conditionnementbonne conservation des Produitsvalorisation des produits locauxaccès au marché internationalannrovisionnement plus éta\é en produits frais
Equipements des forages
diversification des activités agricolespratique du maraîchagemeilleur accès à l'eaumeilleure orqanisation des pâturages
Source : Rapport Final- PCGES du Pole Bagré,2011
r25
Tableau 7: Impacts négatifs sur le développement de certaines activités agricoles
Source : Rapport Final- PCGES du Pole Bagré,2011
lmpacts négatifs potentiels
Milieu humain:Déplacement de popuiations
-Risques liés à l'utilisation accrue de produits phytosanitaires (manipulation en l'absence de précautions
dangereuse
pour la sante humaine et son environnement)-Corrflits relatifs au dloit et à I'usage des sols (cohabitation entre les différents droits, revendications propres à
chaque villa-ee)
- Conflits potentiels entre agriculture et élevage
- L'arrivée de migrants supplémentailes, Installation des hameaux de cultures et accroissement des établissements
humains
-Développement de maladies hydriques (une augmentation de la prévalence du paludisme, des maladies
dianhéiques, des bilharzioses, etc.)
- Le risque de détournement des objectifs du projet (évolution vers d'autres bénéficiaires que ceux envisagés
initiaiement en raison des difficultés d'aménagements)
- Risques pour la santé et la sécurité lors de la gestion des pesticides (contamination du bétail par l'abreuvage;
intoxjcation en cas de mauvaise utilisation; résidus sul les produits; mauvaise gestiorl des emballages; etc.)
-Risques de maladies d'origine hydrique associées à la création de mares d'eau stagnante;
- Déboisement et détérioration de l'habitat faunique;
- Réduction de la biodiversité au niveau des écosystèmes ou des espèces;
- Risques pour la santé et la sécurité dus à l'utilisation inappropriée de machinerie;
- Érosion, salinisation ou dégradation des sols;
-Tarjssement et dégradation des sources d'eau;
- Conflits portant sur l'utilisation des teres ou de l'eau et effets cumuiatifs possibles d'une r'épartition
- Le caractère inéquitable des droits d'accès aux terres ou à I'eau (notamment pour les femmes);
- Difflcultés en ce qui concerne I'intégration des femmes dans les activités agricoles
Milieu biophysique- Gestion irrationnelle (non dulable) des ressources en eau, notamment en ilrigation-Déflichement de zones boisées et destruction d'habitat sensible
- Destruction des non cibles
- Dégradation des sols due à la salinisation, 1'acidification des sols
- Baisse de la fertilité du fait des pratiques culturales
-Élosion des sols, peturbation du cycle hydrologique
-Perte de terre de pâtulage
- Dégradation de Ia qualité des eaux (Pollution nappe souteffaine, cours d'eau, plan d'eau)
- Risque de recrudescence de prédateurs
- Risque de développement de plantes envahissantes
ANNEXE 2
SCHÉMA D'ENTREVUE
Processus de construction sociale de Bagrépôle
Q1. Comment se sont opérés les processus de consultation publique dans
projet Bagrépôle?
Qt.t l" gouvernement a-t-il associé les leaders politiques locaux
dans l'orientation du Projet?Q1.2 Les besoins de la population ont-ils été pris en compte dans
projet?
Les intérêts en jeu dans le Projet
Q.2 Qui sont les vrais bénéficiaires du projet?
e.2.1 Selon vous qui d'entre la population et les entreprises privées bénéficieront
prioritairement des retombées du projet?
Q.2.2 Croyez vous en la capacité d'appropriation du projet par la population
locale?
Les enjeux du choix de Bagré comme zone d'implantation du projet
e.3 Comment expliqu"r-uoor le choix deBagré comme zone d'implantation du projet?
e.3.1 N ya t-it pu. d'autres localités au Burkina Faso présentant les mêmes
caractéristiques que Bagré?
Q.3.zComment expliquez-vous le choix prioritaire de Bagré?
Les motivations politiques dans le choix de I'approche pôle de croissance
e.4 euels ,ont ,è1on vous les motivations du gouvernement dans le choix des pôles de
croissance comme stratégie de développement agricole?
e.4.1 Les motivations politiques ont-elles germées localement ou ont-elles
été nourries par des influences extérieures?
e.4.Zpensez,rour qu" l'approche pôle de croissance appliqué au contexte
deBagréaura du succès contrairement aux approches que le Burkina Faso
a exPérimenté Par le Passé?
MERCI D,AVOIR BIEN VOULU nÉpONpnr, À NOS QUESTIONS
la réalisation du
et la population
1'élaboration du
nÉn'ÉnnNCES BrBLrocRAPHreuES
AFRICAPOLIS. (2008). < Dynamique de l'urbanisation, 1950-2020 : approche géostatistique, Afrique de 1'Ouest >r, Paris, 12 p.
ANGERS, Maurice. (1992). Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines,Les Éditions la Chenelière, 365 p.
BAGRÉPÔLE,., Opportunités d'affaire avecle PôIe de Croissance de Bagré >, 15 pages.
[enligne]<http://www.bagrepole.com/IMG/pdf/opportunites investissement_bagre.pdf>.Consulté Ie 14 -OI-2014.
BAKI, Nestor. (2013). <Aide japonaise au Burkina Faso: Plus de 2 milliards de FCFApour combler le déficit céréalier>>
Consulté le 10 novembreli gnel <http : / / fr . allafrica. com/stories/2O 1 3 | l2l O 621. html.2013.
BARRY, Newton Ahmed. (2013). << Gando sévit à Bagrépôle >. L'Événement IEnlignelchttp://www.evenement-bf.net/>.Consulté le 2O-0I-20I3.
BARRY, Newton Ahmed. (2013). L'Evénement n" 269.
BEDOSSA, Bastien. (2012). < L'émergence du secteur aurifère sffira-t-elle à redresserun modèle de croissance en perte de vitesse? >. Macroéconomie et développement,novembre, n"5,24 pages. [Enligne]<http:/lwww.afd.frlwebdav/shared/PuBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Macrodev/05 -Macrodev.pdf>. Consulté le 1 0-0 1 -20 1 3.
BELLONCLE, Guy. (1983). Le développement rwral intégré : dw concept à I'application.Ressources humaines et développement rural intégré. Paris : CIHEAM, p. 13-18.
BIDON, Stéphanie. (1995). ,, Étude de I'impact du baruage de Bagré (Burkina Faso),sur lesecteur maraîcher : enquêtes sur trois villages de la zone amont>>. Diplôme d'EtudesSupérieures Spécialisé en Nutrition et Alimentation dans les pays en développement,Université de Montpellier, 68 p.
I21
r29
BOISVERT, Cindy.(2004). <<Culture organisationnelle: sa définition et ses enjeux>>
[Enligne] <http ://www. atmanco. com/culture-organisationnelle-quels-enj eux>/.Consulté Le 26 -08 -20 | 4.
BOUINOT, Jean. (2007). << Les pô1es de compétitivité : le recours au modèle desclusters ?>>, Cybergeo : Revue européenne de géographie, [En ligne]<http : I / cybergeo. revue s. or g/ 49 6 \#toc >. Consulté Ie 1 4 septembre 20 I 3 .
BRUNET, Roger, FERRAS, Robert et Hervé THÉRY. (1998), Les mots de la géographie.Dictionnaire critique, Reclus-La Documentation Française, Paris.
COMPAORE, Alain Didier et, Harouna MARE. (2012). << Pleine agricole de Bagré: unpotentiel de 60 000 hectares aménageables>>. Radiotélévision dw Burkina fen ligne]<http://www.rtb.bf/infos/economie /article/pleine-agricole-de-bagre-un>.Consulté 1e
2l-02- 2014.
COMMISSION MONDIALE SUR L'ENVIRONNEMENT ET LEDÉVELOPPEMENTÉ.(1988). Notre avenir à tous,Éditions du fleuve er Publicationsdu Québec, 432p.
COMMISSION SUD. (1990). Défi du Sud,Paris, Economica,324p.
DEDOUI, Paul. (2013). <Mission de suivi de la Banque Mondiaie à Bagré >>, Nouvelle deBagrépôle, no000, sept-oct-nov, 12 p.
DE KEITELE, Jean Marie et Xavier ROEGIERS. (2009). Méthodologie du recueild'informations : fondements des méthodes d'observation, de questionnaire,d'interview et d'étwde de documerzfs, Bruxelles de boeck, 4e édition, 204 pages.
DÉVELOPPEMENT INTERNATIONAL DES JARDINS. (20 1 0). < Financ ement a g ric ole.Un puissant outil de contribution à la sécwrité alimentaire des popuLations> fen ligne]<http ://www. did. qc. calmedia/documents/frlpositionnements/DID-FinancementAgricole-Novembre20 1 0.pdf>. Consulté le 24- IO-20 L3 .
DEXTRA, Hugues. (2010). << La gouvernance et le développement économique local : lienspossibles? >. Thèse de doctorat en développement régional, UQAC-UQAR, 333 p.
DEMBÉLÉ, Youssouf. (2010.) <<Cartographie des z.ones socio-rurales : ut'L owtil d'aide à laPlanification pour Ia gestion en agriculture>>,Burkina Faso[En ligne]<http://www.fao.org/nr/water/docslBFA_LZ_analysis.pdf>.Consulté le 14-08-2014.
DUFUMIER, Marc. (1996). Les projets de développement agricole, Karthala,354p
130
DUGAS, Clermont, Les politiques de développement régional au Canada depuis 1960,
dans Danielle Lafontaine et Bruno Jean, dir. Territoires et fonctions Tome 1 Des
politiques aux théories: Les modèles de développement régional et de gouvernance
èn débats, Rimouski, Éditions du GRIDEq, Éditions du CRDT, 2005,pages-1-13.
ENVIRO-BF. (2008). <G e stion de s Terroirs,', [En ligne]<http://www.envirobf.org/solssit es/439-gestion-des-terroirs.htmb.Consulté le 23-05-
2014.
EpANDA, Augustin. (2003). <<Les milieux ruraux québécois en restructuration : diagnostic,
facteurs tangibles et intangibles de dévitalisation rurale et perspective de
développement local approprié >>. Thèse de doctorat en développement régional,
Rimouski, Université du Québec,387 p.
FAVREAU, Louis. (2004). < Théories et stratégies de développement au Sud : itinéraire de
1960 à aujourcl'hui>, CRDC, Université du Québec en Outaouais, 29 pages
<http://w3.uqo.calcrdcl00-fichiers/publications/cahiers /R32.pdf>.Consulté le 05-01-
2014.
FLÉCHET, Gregory. (2008). < Le reboisement à partir de plantes exotiques peut perturber
tafertilité des sols >>. Institut de Recherche pour le Développement, Fiche n"296,2pages. [En ligne]<file:lllC:Nsers/dugari/Downloads/fas296.pdf>.Consulté le 24-12-
2013
FOND ALIMENTAIRE MONDIAL. (2002). < Burkina Faso, Proposition d'investissement
dans Ie domaine d.e Ia sécurité alimentaire D, 30 pages. len ligne]
<http://www.fao.org/fileadmin/templates/tclspfs/pdf/burkinafaso.pdf>. Consulté ie
24-10-2013.
FOND ALIMENTAIRE MONDIAL. (2004). << Les approches de développement centrées
sur les gens mises en æuvre à la FAO: Quelques leçons pratiques>>. [en ligne]
<http://www.fao.org/docrep/0071j3131f/i3137f00.htm>.Consulté le04-07-2014.
FOND ALIMENTAIRE MONDIAL(1995), << Approche participative, communication et
gestion des ressources forestières en Afrique sahélienne : Bilan' et perspective >> lF,n
lignel, < http://www.fao.org/docreplv9974f/v9914101.htm>. Consulté le I2-OI-20I4.
FOND QUÉBECOIS DE LA RECHERCHE SUR LA SOCIETÉ ET LA CULTURE'
e1ôD. oÛthique de Ia recherche sociale : consentement libre et éclairé,
confidentialité et vie privée > [en ligne]<htç://www.fqrsc.gouv.qc.calupl oad/editew/etique/ethiqueI9}9}2.pdf>. Consulté 1e
9-05-2013.
GAIGNEAU, Désiré. (1969). Agriculture, prernier impératif du développemer;t, Paris,
éditions universitaires, 191 pages'
13I
GREENPAN, Alan. (2001). Le temps des turbulences, << Hachettes Littératures >>, Paris,édition Jean-Claude Lattès.
GUINDANI, Silvio et Michel BASSAND. (1982). Maldéveloppement régional : Pour undéveloppement endogène, Presses polytechniques romandes Lausanne,200 pages.
HULSMANN, Jôrg Guido. (2003). << Pourquoi le FMI nuit-il aux africains ? >>, Labyrinthe[En ligne], <http:/llabyrinthe.revues.org/310>. Consulté 1e 10 septembre 2014.
INITIATIVE CONSEIL INTERNATIONAL. (2000). " Émr des lieux autour clu barragede Bagré au Burkina Faso>>, Rapport final, [en ligne]<http://cmsdata.iucn.orgldownloads/etat_des_lieux_autour_du_barrage_de_bagre_au
_burkina_faso>.pdf.Consulté le 03 -06-2014.
INSTITUT DE RECHERCHE ET D'INFORMATION SOCIO-ÉCONOI,TIQUE,- "À qUiprofite le PIan Nord?recherche.qc.calwp-content/uploads/2012/04,fI\{ote-Plan-Nord-web-3.pdf . >ConsultéIe 28-10-2013.
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DE LA DEMOGRAPHIE.(2006).<Recueil statistique de la région des Hauts-Bassins, Direction Régionale des Hauts-Bassins>>, [En ligne] <http://www.insd.bf/frllMG/pdf/Annuaire_Statistiques_Hauts-Bassins.pdf>.Consult é le 26 -02-2014.
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DE LA DEMOGRAPHIE. (2001).
<La région du centre en chffie>, [Enlignel<http://www.insd.bf/frllMG/pdf/Centre_09_06.pdb.Consulté \e lI-09-20T3.
INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE ET DE LA DEMOGRAPHIE,<<Recensement générale de la population et de I'habitat 2006> [En ligne]<file:///C:lUsers/dugari/Documents/Resultats_definitifs_RGPH_2006>.pdf.
JACOB, Steve. (2010). << L'évaluation des politiques publiques >> dans L'évaluation despolitiques publiques sous la direction de Stéphane Paquin, Luc Bernier et GuyLachapeile, Les Presses de l'Université de Montréal.
JEAN, Bruno et Luc BISSON. (2008). <<La gouvernance partenariale: un facteurdéterminant du développement des communautés rurales >> dans la Revue canadiennedes sciences régionales, vol 33, no 3, pp.539-560 (Numéro spécial sous la directionde Jean-François SIMARD et al. La gouvernance territoriale à l'épreuve des faits).
r32
JEAN, Bruno et Mario DUMAIS. (2005). La propriété locale des entreprises, la relève
entrepreneuriale et le développement des collectivités, Rapport de recherche présenté
au Rèseau des SADC du Québec, Chaire de recherche du Canada en développement
nxaI,2l1 pages.
JULIEN, paul André. (1991). Le développement régional : comment multiplier les Beauce
au Québec? Sainte-Foy, PUL-IQRC, 144 pages'
JULIEN, Pierre-André. (1987). Le développemetxt micro-régional, la PME et la théorie
micro-économique. Groupe de recherche en économie et gestion des petites et
moyennes organisations et de ieur environnement, Université du Québec à Trois-
Rivières, 26 p.
KABORÉ, Etienne. (2014). << Vers une sécurisation foncière du paysan dans la riziculture à
grande échelle au sahel : cas de Bagrépôle>, Atelier régional, (Bamako )les 2 et 3 juin[en
t-ignel <http://www.fao.org/docrepl}}7lj3l37f/i3137f00.htm>.Consulté le 18-06-2013
KAGONÉ, k Hamadé (2001) <<Profilfourrager : Burkina Faso>>, FAO [en ligne]
<http:llwww.fao.orglag/agp/AGPC/doc/Counprof/PDF7o2oflles/Burkina-French.pdf>.Consulté le 25-08-20 I 4.
KI-ZERBO, Joseph. (2003). À quand I'Afrique, Lausanne, Édition d'en bas, 239 pages'
KOUAMOUO, Théophi1e.(2013). <Afrique : à qui ont profité les programmes d'ajustement
structurel ? >>.Le nouu"uu courrier. [En ligne], < http://nouveaucourrier.net/afrique-a-qui-
ont-profite-les-programmes-dajustement-structurel-par-theop>.Consulté le 23-08-2014.
LANVERSIN, Jacques de. (1970). L'aménagement du territoire et la régionalisation,
Paris, Librairies Technique s, 394 pages.
MADIOT, Yves. (1919). L'aménagement du territoire, Paris, Masson ,231pages'
MALDAGUE, Michel. (2004). Traité de gestion de I'environnement tropical:
Développement intégré des régions tropicales. Approche systémique-Notions-
Concepis-Métholes, Tome I (ÉRAIFT), Université de Kinshasa, République
démocratique du Congo, 350 P.
MASSICOTTE, Louis, Robert PETRELLI et collaborateurs. (1993). La planification
stratégique et I'aménagement du tenitoire, Qtébec. Les Publications du Québec,
23 pages.
MERLIN, Pierre et Choay Françoise. (1996), Dictionnaire de I'urbanisme et de
I'aménagement,Patis, PUF, 27I P.
r33
MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES DU BURKINA FASO. (2011).PIan cadre de gestion environnementale et sociale, I45 p.
MINISTÈRE DES AFFAIRES MUNICIPALES. DES RÉGIONS ET DEL'OCCUPATION DU TERRITOIRE. (2010). < Les grandes affectations du teruitoiredans guide de la prise de décision en urbanisme>. [Enlignel<http://www.mamrot.gouv.qc. calamenagement-du-territoire/guide-la-prise-de-decision-en-urbanisme/planification/grandes-affectations-du-teritoire/>. Consulté ieT5-0r-20r4.
MINISTÈRE DES AFFAIRES MUNICIPALES" DES RÉGIONS ET DEL'OCCUPATION DU TERRITOIRE. (2010). <<Grandes orientations d'aménagementdu teruitoire dans guide de la prise de décision en urbanisme>>. [En ligne]<http ://www. mamrot. gouv. qc.calamenagement-du-territoire/guide-la-prise-de-decision-en-urbanisme/planification/grandes-orientations-damenagement-du-territoire/>. Consulté Ie 02-02-20 I 4.
MINISTERE DES AFFAIRES MUNICIPALES. DES REGIONS ETL'OCCUPATION DU TERRITOIRE. (2010). <Guide de la prise de décisionurbanisme, outils de planification>.
DEen
lEnlignelchttp://www.mamrot.gouv.qc. ca/amenagement-du-territoire/guide-la-prise-de-decision-en-urbanisme/planification/vision-strategique/>. Consulté le 12 -0I-20L4.
MINISTÈRE DES AFFAIRES MUNICIPALES. DES RÉGIONS ET DEL'OCCUPATION DU TERRITOIRE. Q0l3\. <Définition de la multifonctionnalitéde 1'agriculture [En ligne]<http://www.mapaq.gouv.qc.calftlProductions/developpementregional/Pages/Muitifonctionnalite.aspx>. Consulté le 12-04-2014.
MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DU DÉVELOPPEMENT DU BURKINA FASO(2005). <<La politique nationale d'aménagement du territoire>'; L9 pages. I En ligne ]<http://www.finances. gov.bf/files/Rapports/PNAT.pdf.Consulté> Le 22-07 -2013.
MINISTÈRE DE L'ÉCoNoMIE ET DES FINANCES.(2013). < Promorion des pôles decroissance au Burkina Faso : Un espoir pour l'amélioration des conditions de vie despopulations> [En ligne] < http://www.lefaso.net/spip.php?articIe56967>.Consulté let4-08-2014
MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DES RESSOURCES ANIMALES. (1995). LES
srandes orientations en matière de terroirs au Burkina Faso.
134
MINISTÈRE DE L'AGRICULTURE ET DES RESSOURCES ANIMALES DU
BURKINA FASO. (1991). Evolution des politiques et stratégies du Ministère chargé
de I'agriculture et de I'élevage (période 1947-1995).
MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DES FINANCES DU BURKINA FASO. (2011).
,<Cadre de potitique de réinstallation des populations, rapport final>>,100 pages. [Enlignel <http:/lwww.dgb.gov.bfldocuments/Rapport-CPRP.pdf>. Consulté le l9-I2-2013.
MINISTÈRE DE L,ADMINISTRATION TERRITORIALE ET DE LADÉCENTRALISATIoN. (t997). <<Décret 97-54/PRES/PM/MEF len ligne]
<htç://www.matd.gov.bf/INFOROUTES/textesl/decrets/decraf.pdf>.Consulté le 8
février 2014.
MINISTÈRE DE L'ÉCONOMIE ET DU DÉVELOPPEMENT. (2003). << Décret portant
règlementation des marchés publics et des déIégations de service public au BurkinaFaso>>, Autorité des Marchés Pubiics, 62 p len lignel<ltttp:/lwww.armp.bflimages/stories/docs/decrets/decret-2008-I73-pres-mp-mef-reglementation_generale_marches_publics. pdf>. Consulté le 12-03 -20 13 .
MUNDLER, Patrick. (2010). < La multifonctionnalité de l'agriculture : enjeux théoriques
et d'arbitrage entre politiques sectorieiles et politiques territoriales >> dans La
multifunctionnalité de I'agriculture et des territoires ruraux, enieux théoriques et
d'action publique, sous la direction de Bruno Jean et de Danielle Lafontaine,23p'Rimouski, Québec : Les Editions du CRDT et du GRIDEQ'
MUNTCIPALITÉ nÉCTONALE DE COMTÉ DE L'fu-E D'ORLÉANS. (2001). Schéma
d'aménagement révisé.
OUÉDRAOGO, Albert. (2012). <Proiet pôle de croissance de Bagré : manuel d'exécution,
version révisée> ,177P. [En ligne]<htç://www.bagrepole.com/IMG/pdf/prendre-la-partie-organisation-du-projet-uniquement_-manuel_d_execution_actualisee_final.pdf>. Consul té le 12-04-20 14.
pECQUEUR, Bernard. (2007). <<Des pôles de croissance aux pôles de compétitivité : un
nouveau partage des ressources cognitives>>. Dans Réalités industrielles
PREVOST, Paul. (2OOZ). < Le développement local : Contexte et définition>>. Cahiers de
recherche IREC 01-03. IRECUS'
POLÈSE, Mario et SHEARMUR, Richard. (2003). <R.I.P. HMR: À propos du concept de
pôle de développement et des stratégies de développement économique des régions
québécoise s>>, Revue canadienne des sciences ré gionale s, 26(l) : 6 1 -86.
135
PORTER, Mickaël Eugene. (1998), On competitiott, Boston, Harvard Bwsiness ReviewBooks, Boston.
PROJET pÔt-B DE CROISSANCE DE BAGRÉ epCe). Q0I1). < PIan cadre de gestionenvironnementale et s ociale >145p[En ligne]<http://wwwwds.worldbank.org/external/default/WDSContentServerÆVDSP/IB/20Ill02lI6/000020953_20110216135336/Rendere1/PDF/E26810v1OFRENCHOAFR1EA1Pi 19662.pdf>.Consulté le 05-03 -2013.
PROULX, Marc-Urbain. (2002). L'économie des territoires aw Québec, Aménagement,Gestion, Développement, Ste-Foy, Presse de l'Université du Québec, 364 pages
PROULX, Marc-Urbain. (2011). Territoires et développement : la richesse du Québec,Québec, Presses de l'Université du Québec, 444 p.
PROULX, Marc-Urbain. (1994). Développement économiqwe: clé de I'autonomie locale,Montréal et Charlesbourg, Les Editions transcontinental et Fondation del'entrepreneurship, 322 p .
PROULX, Marc-Urbain et Nathaly RIVERIN. (2002). << La dynamique spatio-économiquecontemporaine ou recentrage spatial du développement au Québec>. Revue
Interventions économiqwes, n" 28, 15 p
RAMOUSSE, Didier. (2009). << Des pôles de croissance au développement durable >.
Cahiers des Amériques latines [En ligne], <http://cal.revues.org/2039>.Consulté le24-10-2013.
RAPPORT SUR LE DÉVELOPPEMNT HUMAIN. (2013). <<L'essor du Sud: Le progrèshumain dans un monde diversifié>. [En ligne]<http://www.undp.orglcontentldan/undp/llbrarylcorporate/HDR/2013GlobalHDRÆrench/HDR2} 13 Vo2oReportVo20French.pdf>. Consulté le I I -04 -20 14.
RIFFON Olivier et Claude VILLENEUVE. (2013). << Donner voix aux multiplesreprésentations du développement durable dans les formations en génie >>. CanadianEngineering Education Association, 6 p.
ROMERO, Ana, Adama Belemviré et Saya Saulière. (2011). <<Changements climatiques etfemmes agricultrices Burkina Faso: impacts, politiques et pratiques d'adaptation>>,
[En ligne] <http://www.oxfam.org/sites/www.oxfam.org/filesirr-climate-change-women-farmers-burkina- 1307 | 1 -fr_0>.pdf. Consulté le 1 5 avril 2014.
136
SOMÉ, Kpielié Ansaro Zoé. (2009). < Les différentes mutations de l'aide publique au
déveioppement et leur incidence sur les projets de développement : cas du Burkina
Faso>.-Mémoire de maîtrise en gestion de projets, Université du Québec à Rimouski,
199 p.
TOÉ, Jean Marie . (2012). << Burkina Faso: Déficit céréalier, des vivres à prix social pour
Ies familles nécessiteuses, T août 2012> [en ligne]<http:llft.allafrtca.comJstories/201208080419.htmb. Consulté le 12 mars 2Ol4-
UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE. (2003).
Renforcer Ia durabilité sociale des actions de lutte contre Ia désertification : Un
manuel pour réflexion. UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume Unis, 140 p.
UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE.(2013). < Sécurité alimentaire : Quels enjeux pour les petits producteurs dans f irrigation à
grande échelle autour des barrages au Burkina Faso ? > [En ligne]
2http:/lwww.iucn.org/frlnouvelles-homepa ge/?14115/Securite-alimentaire--Quels-enjeux-
pour-les-petits-producteurs-dans-lirrigation-a-grande-echelle-autour-des-barrages-au-Burkina-Faso->. Consulté Ie 12-03 -2014.
VACHON, Bernard avec la collaboration de Francine COALLIER. (1991). Le
développement local, théorie et pratique : réintroduire I'humain dans la logique de
développement. Qaébec, Gaëtan Morin Editeur, Boucherville, 331 p
VERCRUISSE, Anthony. (2013). <<Dossier pole de croissance en Afrique. Des pays seront
au rendez-vous de la croissance>. Le Nouvel Afrique' [En ligne]
<http:/lwww.lenouvelafrique.net/article.php?id-article=91Z&PHPSESSID=aa2794el64e87 eafd3aed533f 1d60c3 1>.Consulté le 23-03-2013 .
V/UROTEDA Ibrahima Sanou et Ousmane TRAORE. Q}lfl-). <<Développement des
cultures de rente: Susciter l'adhésion des paysans à la culture du tournesol et du
kenaf>, Agence d'information du Burkina. [En ligne]
<http://a1b.bf/spip.php?aticle4341>'Consultéle22avrlI2Ol4.
yODA, Blaise. (2004). << Montage et gestion participative des projets de développement
rural: Outils et méthodes d'intervention >>. Mémoire 3ième cycle en agronomie, Ecole
Nationaie d'Agriculture de Mekhnès 174 p.
x11t
xlv