Newsletter 3 fr_juin_2010

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EASSE european association single-sex education NUMERO 3 - JUIN 2010 NEWSLETTER Nous vous proposons ci-dessous un com- mentaire (en gris) et des extraits de la synthèse des Conférences de Consensus de l’IUFM de l’académie de Créteil, texte publié sous la direction de Marie Duru- Bellat et de Brigitte Marin, sous le titre de La Mixité à l’école : filles et garçons. « Le système scolaire français a installé la mixité dans les années 1970 pour des raisons démographiques es- sentiellement, et plus tardivement que dans d’autres pays. Elle s’est imposée comme une évidence liée au principe d’égalité. Pourtant, il y avait là un principe po- tentiellement subversif pour l’école républicaine à la française qui s’est construite sur le modèle du sanc- tuaire : il s’agissait de préserver l’école des passions extérieures. Il n’était pas imaginable qu’un maître en- seigne à l’école des filles. Il n’était pas concevable de prendre en compte les désordres de l’adolescence. L’école s’est donc trouvée embarrassée par une mixité introduite subrepticement. Il n’y a pas eu de réflexion préalable sur les changements que cela introduisait. Et l’école a fait comme si elle pouvait continuer à se concentrer sur les apprentissages et les performances, en déniant les corps, la sexualité et les désirs, et plus gé- néralement en négligeant sa vocation éducative. A l’an- cienne séparation des corps (les instituteurs enseignaient aux garçons et les institutrices aux filles) a succédé une indifférenciation perçue a priori comme non probléma- tique et sans préparation ni évaluation des difficultés et des effets. Bref, on a fait comme si la mixité était suf- fisante pour garantir l’égalité, et elle est restée comme le rappelle Geneviève Fraisse, un impensé. » (p. 7) D’entrée de jeu, tout le monde semble d’accord pour re- connaître que la mixité à l’école,telle qu’elle est vécue au- jourd’hui, n’est pas satisfaisante. C’est en ce qui concerne les solutions à apporter qu’il peut y avoir des divergences. « Les recherches montrent que pour améliorer ainsi le sentiment d’efficacité (et en quelque sorte le « dégen- rer »), il peut être plus facile et plus confortable de tra- vailler dans la cadre d’un groupe non-mixte pour éviter la reproduction des stéréotypes de genre et la « division du travail » entre filles et garçons. La psychologie sociale montre en effet que quand ils ou elles sont entre eux, les jeunes des deux sexes font montre de comportements Ch. des Bouleaux 14, 1012 LAUSANNE, SUISSE Tél. +41 79 778 71 67 Fax +41 21 311 15 33 [email protected] www.easse.org La mixité est un impensé et la non-mixité un « interdit-d’y-penser ».

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NUMERO 3 - JUIN 2010

NEWSLETTER

Nous vous proposons ci-dessous un com-mentaire (en gris) et des extraits de la synthèse des Conférences de Consensus de l’IUFM de l’académie de Créteil, texte publié sous la direction de Marie Duru-Bellat et de Brigitte Marin, sous le titre de La Mixité à l’école : filles et garçons.

« Le système scolaire français a installé la mixité dans les années 1970 pour des raisons démographiques es-sentiellement, et plus tardivement que dans d’autres pays. Elle s’est imposée comme une évidence liée au principe d’égalité. Pourtant, il y avait là un principe po-tentiellement subversif pour l’école républicaine à la française qui s’est construite sur le modèle du sanc-tuaire : il s’agissait de préserver l’école des passions extérieures. Il n’était pas imaginable qu’un maître en-seigne à l’école des filles. Il n’était pas concevable de prendre en compte les désordres de l’adolescence.

L’école s’est donc trouvée embarrassée par une mixité introduite subrepticement. Il n’y a pas eu de réflexion préalable sur les changements que cela introduisait. Et l’école a fait comme si elle pouvait continuer à se concentrer sur les apprentissages et les performances, en déniant les corps, la sexualité et les désirs, et plus gé-néralement en négligeant sa vocation éducative. A l’an-cienne séparation des corps (les instituteurs enseignaient aux garçons et les institutrices aux filles) a succédé une indifférenciation perçue a priori comme non probléma-tique et sans préparation ni évaluation des difficultés et des effets. Bref, on a fait comme si la mixité était suf-fisante pour garantir l’égalité, et elle est restée comme le rappelle Geneviève Fraisse, un impensé. » (p. 7)

D’entrée de jeu, tout le monde semble d’accord pour re-connaître que la mixité à l’école, telle qu’elle est vécue au-

jourd’hui, n’est pas satisfaisante. C’est en ce qui concerne les solutions à apporter qu’il peut y avoir des divergences.

« Les recherches montrent que pour améliorer ainsi le sentiment d’efficacité (et en quelque sorte le « dégen-rer »), il peut être plus facile et plus confortable de tra-vailler dans la cadre d’un groupe non-mixte pour éviter la reproduction des stéréotypes de genre et la « division du travail » entre filles et garçons. La psychologie sociale montre en effet que quand ils ou elles sont entre eux, les jeunes des deux sexes font montre de comportements

Ch. des Bouleaux 14, 1012 LAUSANNE, SUISSE Tél. +41 79 778 71 67 Fax +41 21 311 15 33 [email protected] www.easse.org

La mixité est un impensé et la non-mixité un « interdit-d’y-penser ».

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et de préférences moins conformes aux modèles domi-nants, puisqu’ils et elles n’ont plus à s’affirmer/s’afficher aux yeux des autres comme masculins ou féminins. De plus, la constitution de groupes non mixtes offre la possibilité d’adapter les contenus aux demandes des élèves, et les tenants d’une approche genrée des dis-ciplines y voient des avantages. Cette question, taboue en France, de l’opportunité de travailler sur des plages de temps plus ou moins larges, en groupe non mixtes, est sur l’agenda de nombre de pays voisins. » (p. 17)

Selon ce dernier extrait, la non-mixité permettrait d’atteindre plus efficacement l’un des objectifs de la mixité : éviter la reproduction des stéréotypes sexuels, objectif fondamental à l’établissement d’une société égalitaire. Comment expliquer ce tabou vis-à-vis de la non-mixité, tabou dont l’existence semble confirmée par la conclusion du document lui-même ?

« S’il est bien entendu qu’un retour à la non-mixité n’est pas envisageable (ni d’ailleurs envisagé) et signerait un échec et de la société et de l’école, il importe de construire de manière pragmatique des outils pour tendre vers l’égalité entre garçons et filles. […] Il faut, sans remettre en cause la mixité comme principe, oser faire un usage intelligent d’espaces de non-mixité et de différenciation au service du développement de la mixité et de l’égalité. » (p. 18)

Cette conclusion semble peu cohérente au regard des passages cités précédemment : pourquoi ne pas envisa-ger la non-mixité, si la mixité mène l’école à négliger sa vocation éducative (cf. p. 7)… Si la mixité est un impensé par négligence, on constate que la non-mixité l’est tout autant en vertu d’un interdit idéologique. Nous vou-drions l’espace de quelques lignes proposer quelques pistes de réflexions, au risque de briser ce tabou :

La crainte d’un retour en arrière nous semble large-ment infondée. Même dans l’hypothèse improbable où

toutes les écoles redeviendraient non-mixtes, cela ne signifierait pas pour autant que les acquis sociaux en faveur des femmes seraient perdus, car l’influence de l’école sur la fondation d’une société égalitaire ne dé-pend pas de la séparation physique des garçons et des filles, mais du contenu de l’enseignement. Associer la mixité à l’égalité et la non-mixité à l’inégalité est une simplification désastreuse. La reproduction des stéréo-types sexuels dans les classes mixtes le montre bien.

Penser que ceux qui luttent pour la non-mixité sont pour l’abolition de la mixité est une autre simplifica-tion. La disparition de la mixité n’est pas souhaitable, pas plus que l’est celle de la non-mixité. Le mieux est que subsistent les deux options car les enfants sont différents. L’essentiel est que chacun trouve chaussure à son pied et que les parents aient le droit de choisir pour leurs enfants des écoles qui leur conviennent.

De plus, la séparation des élèves selon le sexe peut s’appliquer selon une multitude de modalités, comme le suggère l’un des extraits cités ci-dessus : séparation à certains âges, pour certains cours, durant une certaine période de l’année, seulement en classe ou aussi dans les pauses, etc. Mixité et non-mixité ne sont donc pas deux options incompatibles et à opposer systématiquement, puisqu’elles peuvent coexister au sein d’un même éta-blissement. C’est ainsi qu’à l’échelle du système édu-catif, elles sont à considérer comme complémentaires.

Il faut savoir reconnaître les avantages de l’une comme de l’autre pour construire une offre pédagogique effi-cace à l’échelon national. Diaboliser l’une de ces op-tions ou s’interdire d’y penser se fait au détriment de l’efficacité pédagogique de tout le système éducatif.

EASSE NEWSLETTER NUMERO 3 JUIN 2010 PAGE 2Ch. des Bouleaux 14, 1012 LAUSANNE, SUISSE Tél. + 41 79 778 71 67 Fax + 41 21 311 15 33 [email protected] www.easse.org

La mixité est un impensé et la non-mixité un « interdit-d’y-penser ». (suite)

L’influence de l’école sur la fondation d’une société égali-taire ne dépend pas de la sé-paration physique des garçons et des filles, mais du contenu de l’enseignement. Associer la mixité à l’égalité et la non-mixité à l’inégalité est une simplification désastreuse.

Jean-David Ponci

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Ch. des Bouleaux 14, 1012 LAUSANNE, SUISSE Tél. + 41 79 778 71 67 Fax + 41 21 311 15 33 [email protected] www.easse.org

Une nouvelle école de garçons ouvre ses portes

EASSE NEWSLETTERNUMERO 3 JUIN 2010 PAGE 3

C’est au cœur de la Sologne, dans le département du Cher que l’abbé Régis Spinoza, envoyé par l’Institut du Bon Pasteur est venu fonder les bases d’une future école qui ouvrira ses portes à la rentrée 2010. [...] En parallèle de la fondation de l’école, l’abbé Spinoza a fondé une communauté de frères enseignants entièrement dévolus à l’éducation de la jeunesse qui leur sera confiée. En pleine communion avec l’évêque de Bourges venu visiter la communauté naissante le 21 mars, l’abbé s’inscrit dans une démarche de coopération efficace au service des âmes et des jeunes désireux de recevoir un enseignement en accord avec la beauté du message chrétien.

Dans la future école à la pédagogie originale, tout est cen-tré vers le beau, le bien et le vrai. C’est à cet égard que l’abbé a fait le choix de la liturgie tridentine, apte à tour-ner le regard des enfants vers le beau. Le cadre de l’école porte lui aussi à la contemplation du beau : les 4000 m2 de bâtiments sont entourés d’un parc riche en arbres et en fleurs où le calme règne. Les futurs élèves de l’An-gélus seront instruits à l’aide d’une pédagogie innovante, privilégiant les cours le matin et les activités culturelles, ar-tistiques ou sportives l’après-midi, suivies d’études dirigées, de chant choral et de lecture suivie. Les cours sont assurés

par une équipe de professeurs diplômés d’au moins une li-cence, en étroite collaboration avec le directeur de l’école, l’abbé Spinoza, lui-même diplômé d’Etat et fort de 18 an-nées d’expérience dans l’enseignement et l’éducation. […]

Puisqu’elle est une œuvre d’évangélisation au service de la jeu-nesse, l’Angélus est également un centre spirituel où les adoles-cents peuvent venir passer quelques jours de retraite. En paral-lèle de son activité d’instruction, l’Angélus accueille de la même manière une meute de louveteaux, une clairière de louvettes.

L’été promet par ailleurs d’être riche en événements. En tout premier lieu, après la messe célébrée il y a quelque temps sur les reliques de Sainte Thérèse de Lisieux à Aubigny-sur-Nère, la communauté fêtera la fin de l’année sacerdotale et se consacrera au Sacré-Cœur le 11 juin. Le 9 août, l’Angélus se réunira pour la fête des familles. Le 15 août, l’Angélus ou-vrira grand ses portes pour la fin de la première tranche des travaux, la présentation de l’école à un large public et surtout pour fêter l’Assomption de la Vierge Marie ! Le 28 août verra la rentrée du collège avec une trentaine d’élèves. A terme, à la fin des travaux, l’école sera en mesure d’accueillir 160 élèves !

Fondé en septembre 2009, l’Angélus l’a été pour vous et a besoin de vous ! Vous pouvez adresser vos dons de diverses manières : un chèque à M. l’abbé Spi-noza - l’Angélus - 18380 Presly à l’ordre de l’A.S.E.C. […], ou via le site de l’Angelus http://www.ibp-ange-lus.fr). (extraits du texte de présentation de l’école)

Les futurs élèves de l’Angélus seront instruits à l’aide d’une pédagogie innovante, privilégiant les cours le matin et les activi-tés culturelles, artistiques ou sportives l’après-midi, suivies d’études dirigées, de chant cho-ral et de lecture suivie. A terme, à la fin des travaux, l’école sera en mesure d’accueillir 160 élèves.