Néo-ruraux

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MRC Brome-Missisquoi Sutton Néo-ruraux Vivre et cultiver à Sutton de maniàre viable, accessible et agréable. Source: Fond de plan: MRC Brome- Missiquoi et Google Maps Le projet se situe dans la Ville de Suon, à l’extrémité sud-est de la Montérégie, à la limite de l’Estrie... À environ 1h15 de Montréal. Suon propose des paysages de très grande qualité; sa géographie vallonée du pié- mont des Appalaches s’allie à un patrimoine culturel riche bien préservé. La région est parculièrement dynamique et innovatrice dans sa geson des paysages, faisant écho jusqu’ici. Nous avons décidé d’y apporter notre contribuon. Localisation Alexandre Gilbert David Murray APA 4301 Projet de fin d etudes Hiver 2011 Ecole d architecture de paysage Universite de Montreal

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Rapport résumé du projet de fin d'étude en Architecture de Paysage. Réalisé par Alexandre Gilbert et David Murray, Université de Montréal, 2011.

Transcript of Néo-ruraux

MRC Brome-Missisquoi

Sutton

Néo-rurauxVivre et cultiver à Sutton de maniàre viable, accessible et agréable.

Source: Fond de plan: MRC Brome- Missiquoi et Google Maps

Le projet se situe dans la Ville de Sutton, à l’extrémité sud-est de la Montérégie, à la limite de l’Estrie... À environ 1h15 de Montréal.

Sutton propose des paysages de très grande qualité; sa géographie vallonée du pié-mont des Appalaches s’allie à un patrimoine culturel riche bien préservé.

La région est particulièrement dynamique et innovatrice dans sa gestion des paysages, faisant écho jusqu’ici. Nous avons décidé d’y apporter notre contribution.

Localisation

Alexandre GilbertDavid Murray

APA 4301 Projet de fin d etudes Hiver 2011 Ecole d architecture de paysage Universite de Montreal

http://www.letoursutton.com/

http://www.sutton.ca/f_histoire.html

http://www.cantonsdelest.com/thematicArticle/1/a-velo-dans-les-cantons Clovis DurandCouvert forestier dans le CantonIllustration de la déprise agricole, la recolonisation des terres par la friche ou le reboisement résulte en une fermeture graduelle des paysages.

Inventaire et caractérisation des paysages de Sutton, recommandations et pistes d’interventions. Beaudoin, Cadieux et Lescarbeau 2003.

20001923

Mise en contexte

La ville de Sutton, après la venue des Loyalistes, était surtout agricole jusque dans les années 1960. Devant la déprise de cette activité, l’ouverture de la station de ski Mont Sutton fit du récréo-tourisme la première activité économique.

Ce changement à eu un impact majeur sur les paysages. La place qu’a perdu l’agri-culture dans le Canton de Sutton est observable par la reprise du couvert forestier. On voit ci-dessous deux plans du couvert forestier, le premier datant de 1923 et l’autre de 2000. Les terres agricoles, lorsqu’elles ne sont plus cultivées, sont la plupart du temps reboisées en résineux, laissées en friches et parfois entretenues pour conserver les vues.

Aujourd’hui, cette position s’est renforcée avec des activités de villégiature cen-trées sur la culture et le plein air, prônant un art de vivre plus sain. Le paysage est support et moteur de ces activités.

La ferme Francey sur le chemin Perkins à Sutton.

La station de Ski Mont Sutton qui débute ses opérations dans les années 1950.

Sutton est aujourd’hui synonyme de plein air et de paysages magnifiques.

Évolution du territoire

Zone boisée

N

- Simard et Guimond, INRS-UCS, juin 2006

Gentrification Rurale : «Mouvement de migrants urbains de classe moyenne vers les milieux ruraux initialement attirés par un foncier bâti peu coûteux et plus récemment par un style de vie naturel, sain et paisible...»

Accélération de la déprise agricole Fermeture progressive des vues et du territoire

Artificialisation des vuesDemande croissante de biens et de services citadins

Écart disproportionné des revenus et du niveau d’éducationEngendre une ségrégation socio-spatiale

Augmentation des valeurs foncières

Problématique: Gentrification rurale?

Impacts

Entre 1996 et 2006, augmentation de 15% de la population de SuttonLa majorité des néo-suttonais est composée d’anciens montréalais, très scolarisés, aisés finacièrement, généralement retraités qui s’établissent surtout dans le canton, à l’extérieur du village. Ces néo-ruraux choisissent généralement des résidences cossues sur un chemin sans issue, et sont à la recherche de vues et de tranquilité. Cette situation, et particulièrement son intensité, transforme le paysage local.

La demande suscitée fait en sorte que le territoire est davantage utilisé par les villé-giateurs; les valeurs foncières augmentent et de moins en moins de gens ont accès au territoire. La situation pour les jeunes de la région ou les agriculteurs en devient préoccupante. Les ouvertures sur le paysage de Sutton, héritage du passé agricole, ne sont plus cultivées. Ces terres sont généralement reboisées ou dans certains cas entretenues sans pratique agricole.

Il en résulte un territoire toujours plus fermé, morcelé par des chemins sans issue, une ségrégation socio-spatiale entre les néo-ruraux et les habitants locaux et une certaine artificialisation du paysage.

Comment faciliter l’accessibilité à la proprieté et à l’agriculture tout en assurant l’authenticité des paysages dans un contexte de gentrification du milieu rural ?

Les suttonais, néo-suttonais et aspirants néo-suttonais ne sont pas tous millionaires. Une quantité appréciable d’une autre catégorie de néo-ruraux contribue aussi à la compositon du paysage social. La proximité de Montréal, combinée au paysage exceptionnel n’attire pas que de riches retraités. La région brille aussi par une diversité culturelle supportée par la plus grande concentration d’artistes par habitant au Québec. Écologistes et amoureux de la nature sont aussi du lot. Souvent fervents de

http://www.projetecosphere.org/fr/index-brome.php crédit: Francois Cliche

culture associative, cette masse critique est très présente et active dans la vie culturelle suttonaise. Nous nous sommes tournés vers ces gens, sensibles à l’impact de leur mode de vie sur l’environnement ainsi qu’au plaisir que procure les projets collectifs.

Il est indéniable que Sutton exerce son attrait; comment se manifeste-t-il sur le territoire? Où serait-il acceptable que ces personnes s’établissent et comment?

ConservationOrganisme de conservation sans but lucratif Protège les milieux naturels des Appalaches

DéveloppementRéglemente l’implantation de nouveaux lotissements

Limites à l’étalementGroupe de citoyensMet la cause des paysages de l’avantIntérêts pour la conservation et le patrimoine

Accès à la terrePlan de développement et de zonage agricole

Acteurs

Source: Sunward Cohousing, Michigan http://www.sunward.org/album/family-photo2008.html

Choix d’un site

Route

Rue

Voie ferrée

Périmètre urbain

Zone blanche

Zone de protection de moyenne altitude

Zone innondable

Corridor faunique

Zone de protection de haute altitude

Conservation publique et privée

Milieux humides

Zone agricole

N

À l’aide d’un découpage des zones sensibles ou de contraintes légales effectué par l’Association du Corridor Appalachien, ce dessine une zone où les contrainte au développement sont moins présente. Il en résulte nénamoins une zone ou les pressions de développement, déjà fortes, risque de ce concentrer. Depuis ce constat, plusieurs opportunités de développement, émanant de propriétaires dont les intentions étaient connues, ont été étudiées.

Le choix du site s’est arrêté sur des lots conjoints, hors des zones sensibles écologiques, sans zonage restrictif, subissant des pressions foncières. Sa relative proximité du village ainsi que son zonage blanc et vert (agricole) fournissent les qualités nécessaires à l’implantation d’un prototype de lotissement innovateur.

Zones sensibles du secteur

Source:Hydrographie; CPTAQ 2011. Informations; ACA 2008

Secteur préférentiel et site choisi

Source:Fond de plan; CPTAQ 2011. Informations; ACA 2008Source:ACA 2008

19851938

Évolution du site

Particularités du siteCours d’eau et protection riveraine

Pentes

Forêt mature

Zone agricole

Servitude d’oléoduc

Vues

Zones préférentielles

Les voies de circulation demandant excavation doivent franchir la ligne de servitude perpendiculairement à celle-ci. L’exploitant de la servitude la débroussaille régulièrement

La trouée dans le couvert forestier, les hauts de talus et les zones découvertes agricoles présentent des vues potentielles exploitables

Ces milieux sont les plus représentatifs du climax régional

Les terres agricoles doivent être préservées, la construction de plus qu’une résidence n’est pas autorisée sur un lot zoné vert

Une bande de protection riveraine doit être respectée le long des cours d’eau en raison de la sensibilité des milieux riverains et du maintien de la qualité de l’eau

Afin d’éviter des risques d’érosion et des surcoûts de construction, il est préférable d’éviter de construire en pente

Photographies: Alexandre Gilbert

Une analyse de photographies aériennes anciennes permettent de constater que les lots étaient utilisés à des fins de pâturages dans les années 30, et que plus tard furent abandonnés. Plusieurs bassins furent creusés vers les années 60 et la quasi-totalité de la zone blanche a été reconquise par la forêt.

La méthodologie développée par McHarg (1970) puis reprise par Arendt (1990) Nous a permis de déterminer les zones les moins sensibles du territoire à développer. Le lotissement de conservation vise à planifier de manière créative l’implantation de bâtiments sur un terrain. Les zones sensibles et les différents potentiels paysagers sont pris en compte dans la définition des zones préférentielles.

N

Programmation et objectifs d’aménagement

Habitat groupé, à proximité des services qui rend accessible la propriété, la nature et l’agriculture.

En regard aux problématiques soulevées précédemment, il est proposé de développer un habitat groupé, à proximité des services qui rend accessible la propriété, la nature et l’agriculture.

Pour ce faire, il est impératif d’intégrer le plus efficacement au design des moyens favorisant l’atteinte de ce but. Mettre de l’avant l’accessibilité foncière, autant pour le logement que pour les parcelles agricoles, permet de garder un objectif de faibles coûts. Une dépense majeure dans un projet de lotissement est la construction des bâtiments; une sobriété et une efficacité architecturale sera visée.

Dans une perspective de projet d’habitation groupée, il est également de premier ordre de considérer des aménagements favorisant l’esprit de communauté dans une intergénérationalité. L’environnement collectif doit être sécuritaire et agréable, d’où un souci d’intégrer les transports actifs et la priorité piétonne comme incontournables de l’espace. Ces modes de transport contribueront au maillage du territoire, évitant l’enclavement du site et des terrains voisins.

Plus concrètement, ces objectifs se traduiront sur le site par des transports actifs privilégiés, deux cellules de développement, des infrastruc-tures collectives et une zone agricole maintenue et respectée.

N

Reseaux souterrains

L’aménagement, inspiré à la fois des principes du conservation subdivision desing du cohousing et de la forêt habitée prend la forme de deux cellules résidentielles à infrastructures collectives. Située au milieu des lots conjoints, l’implantation des 22 résidences modulables et de la maison collective se fait en dehors des zones sensibles du site.

Au milieu de chaque développement se trouve un espace collectif, partiellement boisé, vers lequel les résidences sont tournées. Séparées par des espaces boisés, les maisons présentent très peu de fenestration sur leur façade nord, préservant l’intimité de chacun.

Les poches de développement sont designées de manière à diriger la circulation en son centre sans restreindre l’accès aux résidences; un chemin d’appoint, sans stationnement, est prévu au pourtour des espaces centraux. Résidents et visiteurs seront invités à laisser leur automobile aux entrées du site; il en résultera un environnement plus sécuritaire pour ses usagers. Un ratio de 1.5 à 1.8 stationnement par habitation est respecté.

L’expérience du site sera enrichie par le réseau de sentiers piétons et multifonctionnels permettant le maillage du territoire. Reliant les deux poches de développement aux principaux points d’intérêt du site, les sentiers allient fonctionalisme et esthétisme en des boucles de promenade. Utilisables comme accès d’urgence, les sentiers multifonctionnels évitent l’enclavage du site.

Rue

Voie de service

Voie cyclable - Accès d’urgence

Sentier piéton

Stationnements

Réseau électrique

Bassin de rétention d’eaux grises

Égouts - Fosse septique

Eaux usées brutes - Système d’épuration

Eaux traitées - Champ de polissage

Habitations groupées

Schéma de circulation

N

Architecture et voisinageLe regroupement des habitations en groupes permet un avantage indéniable; la diminution des coûts de construction et de maintenance. Habitation groupée et gestion collective signifient moins de mouvements de terrain, voie d’accès plus courte, systèmes de chauffage, d’alimentation en eau et en électricité et de traitement des eaux usées plus performants et moins coûteux, habitations préfabriquées et sans déchets de constructions sur le site, etc.

Véritable colle sociale, le bâtiment héberge toutes les activités collectives. Garderie, atelier, chambre d’invité, salle de réunion ou de réception. Son usage est flexible et libre et représente une extension de l’espace des habitations individuelles.

Le choix de l’architecture est inspiré de la maison adaptable de l’architecte Avi Freidman, dont la particularité est de pouvoir s’adapter à différentes générations ou à des familles plus nombreuses. L’utilisation passive de l’énergie solaire combinée à un système de chauffage par géothermie, ainsi que la récupération des eaux de pluie et grise dans le batiments réduisent considérablement son impact environnemental.

Vue à vol d’oiseau

Détail de l’esquisse d’aménagement

Schéma eau et énergie Perspective de l’habitation

La grande nature accessibleAllez comme il vous plaîtPar le réseau de sentiers multifonctionnels, il est possible de rejoindre le village de Sutton par divers moyens; À pied ou en vélo au printemps, été ou automne, ou encore en ski de fond ou en raquette en hiver. La courte distance entre le développement et le village favorise le transport actif; les trois kilomètres seront franchis entre 10 et 40 minutes, selon le mode de déplacement, et pour le plus grand bien-être de l’usager.

La vue pour tousDu haut de la pente principale, au milieu de la forêt mature, une passerelle s’élance. En ligne droite entre les arbres, elle permet à l’observateur de prendre de l’altitude au-dessus de la cime des arbres. Après quelques mètres sur ce trottoir de bois aérien, une plateforme nous offre une vue incroyable sur le mont Pinacle et les environs. Du haut de ses vingt mètres, le belvédère démocratise la vue privilégiée. Elle n’est plus l’apanage exclusif d’un seul résident, mais bien accessible à tous en tout temps. Place au privilège de prendre un verre de vin au niveau de la canopée, devant un coucher de soleil grandiose avec quelques amis...

Un réseau de plein airL’attrait principal de la localité demeure ses activités de grande nature; un réseau de sentiers d’étale sur tout le massif des Monts Sutton. La réserve des Montagnes vertes, le Parc d’environnement de Sutton, les sentiers de l’estrie ainsi que le «Diable Vert» forment un réseau pédestre au nombreux points de vue exceptionnels. Il est possible de rejoindre ce réseau à partir du site par le tracé de l’oléoduc, largement utilisé à ces fins actuellement.

D’autres activités de plein air sont possibles en toutes saisons; le centre de ski Mont Sutton poursuit ses activités depuis 50 ans. Les sentiers sur les sommets se parcourent en raquette. Le centre «Sutton en haut» offre entre autres du parcours aérien, un réseau de pistes de ski de fond et de raquettes également. C’est donc dans un choix diversifié d’activités de plein air et culturelles que les futurs habitants du développement évolueront.

Gouvernance et gestion collective

Terrain privé

Terrain en gestion collective

Zone agricole sous gestion d’un comité

Expansion possible de la zone cultivée

Il est suggéré que le site soit régulé sur le modèle du cohabitat, sous la formule légal de la copropriété divise. Propriétaires de petits terrains privés, entourant l’espace commun central, les habitants du lotissement seraient amenés à se prononcer ensembles sur la gestion de la section zonée blanche du site, en vert-gris sur le graphique.

Dans le conseil serait inclu un comité agricole, chargé de la gestion des projets agricoles de petite envergure conjoints au développement. Ce comité pourrait être appelé à muter en coopérative afin de lui fournir un encadrement légal dans le futur.

Schéma de gouvernance

Ces projets s’articuleraient selon diférentes échelles d’exploitation et selon différentes productions. Constitués de propriétaires, le comité louerait par bail les terres exploitables à des fins agricoles. Ces bails, de 10 à 20 ans de durée, selon la production planifiée, assurerait l’entretien pérenne des lots agricoles de petite taille. Une expansion sur les lots contigus serait envisageable. Jusqu’à 15 hectares dans le secteur pourraient être investis dans un futur proche.

Les agriculteurs du dimancheTerres agricolesLe zonage des lots offre une opportunité courrue par le néo-rural au pouce vert; des terres agricoles, à flanc de colline et de bonne qualité peuvent être investies. De plus, des espaces sont réservés pour chaque occupant afin d’aménager son propre potager. Le contact avec la terre privilégié pourra incarner le rêve de plusieurs...

Les projets collectifs, qu’il s’agisse d’habitation ou d’agriculture, ont le potentiel incroyable de dynamiser et d’actualiser le paysage. Les néo-ruraux deviennent agents vecteurs de ce phénomène et assurent un développement authentique des paysages de Sutton.