Miracle et savants : l'objection scientifique contre le ...20et%20miracl… · d'en prendre...

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Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Miracle et savants : l'objection scientifique contre le miracle / par J. de Bonniot,...

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Miracle et savants :l'objection scientifique

contre le miracle / par J. deBonniot,...

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Bonniot, Joseph de (1831-1889). Miracle et savants : l'objectionscientifique contre le miracle / par J. de Bonniot,.... 1882.

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MIRACLE ET SAVANTS

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OUVRAGES DU MÊME AUTEUR:

&M MALHEURS DE LA tTNL.OSOPaiE.

~MfCMM dt~hC~B~ )Mt ~MM~M~~mM~UM~tbeanvoLin-8' efr.

1bB!n~e<mvMge,tvot.im.Mjësas.3ff.M

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MIRACLE ET SAVAm

;L'OBJECIiON SGtEmQUE

CONTRE

LE MIRACLE

PARR

j. tMEtM~a~nMvr s. j.

PARISBRAY ET RETAUX, HBRAÏRES-ËMTEURS

82, RCB BONAfABT~, 83

1882Dteit*de tttdMtten et dt t~KdtMtMnt<ttrr<

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ETMIRACLE SAVANTS

Si la science, dans ses conclusions certaines, étaitopposéeau miracle, J'on n'aurait qu'à s'inclinerde-vant une telle aotorM et à rejeter le sumatore!,comme l'on doit rejeter toute erreur; car it n'y apoint de vérité contre la vérité, ni de science MB&!aTéritë avoir la science, c'est savoir, et sans îa vëritel'on ne sait rien. Malheureusement le nom de lascience, nom presque sacré quand il est pur, est annom, que l'on profane à l'envi. La vérité, tmmeBS&

en elle.même, est très bornée par rapportà nous ceqne nous en apercevons et nous approprions est enréalitépendechose, il fantl'avouersans fausse humi"Mtë.Cepeu de chose est l'objet de notre science à nous,

membres de l'humanité civilisée. Au-delà, s'étend à~innni ce que nousnesavonspas:c'est ïà qn'babt~ntropinion, t'hypothese et l'esprit de système, créant àplaisir des fantômes plus ou moinsspécieux, en leurdonnant un certain nombre de traits emprontes a hscience. Ces apparences attirent et trompent les es-

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~<!<mt!tdit~nsÏ'ÉcdtaMquecompte est ~n~. L'object«onscieaUQq~e<on~M temiracle a vu le jour dans ce pays, qu'un écrivain

Jtt~aJtS appelle plaisamment DreoMÏaad,le royaumedes rêves.

On appelleplusspécialementsavants,de nosjours,&s hommesqui font professiond'étudier la natureetses lois. C'est du milieu de ces savants qu'est partiel'objection que nous nous proposons d'examiner ici.N~aijt M &winMt pu enaire qM toNs MM qui lape~M~MtOteatd~ii au N4ae tij~e. Le pl~ Mav~les iacredates n'ont de la scLenjee~uete Ternis, et,~0~MmM~Mbte, t'NMradaj~ mat d'août pt~s<~M)iaaF à<a?oqaer la SMence,que ee ~erots e~moins solide. Les revues et surtoHjt ies joafoam re-~'j~ttde pMottMje sctBnit&qMe, .eti'aa est aatMd'~aa~ate ~MBd M ~t h <bai$ se d~ieraaf deJea!S-6hrist pour croire sur parole des cbarlatxm.s

aassi effronlés. La &~ raisoBBabie est abandoaaé)~W~tM~pïde.~i ~i 3~irde·

Noas <ÏMaas MamoMt t*abjeBt)Mtelle qa~eH& estp~sentéepâf les véntaM~s savants, et telle qa'eUe

~~<Mat&BpM <BS MMots qui ne aoat pM ~at~tâ! Ce~~poiatp~)rm~)oai~t~~B~MchoistMnsleiypjade ces dermers: ils p~aj~t~9ppM de <:<MM~<M<M peaf <pt'aM r~aittiM ~)tMê?-'Bt~MtMt a'~qnef à eu. Ha p<m <m-4MM~ MearhaiB s'est fait ua nom qui ledisti~ae parmitoM

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~Hncrédotesà vernis scientiaqwe. Cet homme, tris-tement célèbre, est M. Renan. On sait qu'il passe savie à chercher l'explication naturelle du christia-nisme, c'est-à-dire, à faire effort pour dêtnure ladoctrine du miracle: n'a guère ruiné que sa répu-tation de penseur intelligent. Nous ne pouvons nousadresser à personne qui soit pourvu de meiHenrepacotille c'est par l'examen de son objection soi-disant scientifiqueque nous allons commencer.

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Dans son plus récent ouvrage, intitulé Marc-Aurèle ou la /~M du monde antique, M. Renan nousfait lire les paroles suivantes (pp. 637,638) < Une

autre cause a miné fortement, de nos jours, hreligion que nos aïeux pratiquèrent avec un si pleincontentement.La négation du surnaturel est devenue

an dogme absolu pour tout esprit cultivé. L'histoiredu monde physiqueet du monde moral nous apparaîtcomme un développement ayant ses causes en lui-même et excluant le miracle, c'est-à-direl'intervenution de volontésparticulières réfléchies. Or, au pointde vue du christianisme, l'histoire du monde n'estqu'une série de miracles. La création, l'histoire <ïa

peuple Juif, le rôle de Jésus, même passés au creM~de l'exégèse la plus libérale, laissent un reliquat de

surnaturel qu'aucune opération ne peutni supprimer,ni transformer. Les religionssémitiquesmonotheiatessont au fond ennemies de la science physique, qui

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Mar piM~tt une dimmation, presque une négationdeDieu. Dieu a tout fait et fait tout encore, voilà leuruniverseHe explication. Le christianisme, bien quen'ayant pas porté ce dogme aux mêmes exagérations

que l'islam, implique la révélation, c'est-à-dire unmirac~, un fait tel que la science n'en a jamais cons-tata. Entre le christianisme et la science, la lutte est.donc inévitable; l'un des deux adversaires doit suc-comber. »

On !e voit, M. Renan s'énonce ici avec la solennitéd*ue coneMe. Mais, entre autres différences qui dis-ttaguent M. Renan d'un concile, il y en a une queMas voaïeas faiM Mmarqaer. Un coacUe fait toa-~

~jônra précéder ses canons de chapitres quHes ex-pliquent M. Renan, comme tous les docteurs de laË~Mr pensée, proaancedu haut de iMMnaM!iMtt~ê~<MMtQ8MM qui sont ses canons; quant auxcha-pitres, quant aux prémisses où se trouve la raisondeses aiBrmatioas, il ne nousdonnenullepart le moyend'en prendre connaissance. Personne n'a moins derespect pour la pensée d'autrui que les libres-penseurs.

Mais, en général, l'on ne réfute une conclusion que<!aM sM prémisses. Nous serons donc fofce de re-monter, la logique nous en donne le moyen, à cesprincipes que l'on ne veut pas produire au jour, et(peu &iM voir la vanité.

Au milieu de taphraséotogiesans consistancedupassage que nous avons cité, on peut remarquerune

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<<a<~i~,napp~~qnt~~a~a~~<t'~cis, c'est l'opposition du miracle et de la science,c'~st-dire la condamnation ~nitive du mirajete

par punique jo~a de la vérité, qat est la scieQu'est-ce, en eSët, qj~ te miracle, et qu'est-ce quenous révèle la science? La réponse à cette doubleq~esiton est eoBj~a~edans p~teph~se: c L'histoiredu ~nonde physique et du mondemoral nousapparaîtcotna~e un dévetoppement ayant ses causes en !ui-B)eo)e et excluant le mirac~, c'est~-dire rin~rTea"tion de votontespartiGaûeDBS réfléchies. La ppe-miére partie de cette propostiion nous offre ce queM. Renan considère conuae UB Msuttatacqa~ de !a

MiBace, et !a seconde une dëamtion du miracle telque l'entend M. Renan. Le vague de l'expression c'apu se dégager même de ceMie proposition fondamen-hta; ïnais, avec qne}qu9 effort du regard, OB tpnwà y distinguer ces deux points: d'après la science,tous les phénomènes du monde ont leur cause dan~le monde, et d'autre part le miracle Mrait un pMno-mène produit dans le monde par une cause exté-rieure au monde. D'où, la conclusion: le miracle estcondamné par la science. Sous cette forme, nQB$

avons, je ne dis pas l'objection scientifiquecontre lemiracle, mais l'opinion concernant le miracle de lajfonte des écrivains qui, sans être savants, prëteadeotrejeter le surnaturel au nom de h scieeM.

Pour s'en rendre bien compte et en apprécier }~

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!ëM', n importe d'abord de savoir en quel sens ony prend le termede monde. Le monde est l'ensembledes êtres qui tombent on peuvent tomber sous les

MM. Cette dënnition nominale, nous croyons avoirle droit de l'affirmer, exprime rigoureusement lapensée de tous les adversaires que nous avons à com-battre en ce moment. Elle fait naître une questiondont la solution intéresse essentiellement le surna-turel. On se demande aussitôt si cet ensemble desêtrea que les incrédules scientifiques appellent le

moade, comprendtousles êtres, ou si au-delàexistentd'autres êtres d'essence différente. C'est, on le voit,weqaesticn de frontières: il s'agit de savoir sitecontourdu monde est tellement vaste qu'il n'y aitaudehors plus de place pour aucun pays, ou si c'estanesimplelimiteentre des contrées voisines. S'itn'yà riea au delà du monde physique, il ne s'agit plusde parler de miracle le surnaturel devient un non-sens.~MUe est donc la réponse donnée par les incré-

'dutes à la question des frontières du monde? Elle esttriple. Les uns, les radicaux du parti, affirmentréso-iMtentque lemondephysique est tout, etqu'M-detàiïa'y a rien, absolument rien: on les appelle maté-rialistes. Nous dirons plus bas ce qu'il faut penserde cette adlrmation.

D'autres, bien plus nombreux, disent que la ré-gton située au-delà du monde physique est absolu-

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ment inaccessible à nos moyens d'investigation.

< C'est pour nous l'inconnu, prétendent-ils; nousnous gardons bien de le nier ou de l'amrmer; nousne connaissons que le monde physique et nous nevoulons parler que de ce que nous connaissons l'in-coMMat~aMcest une donnée qui n'entre jamais dans

nos calculs. Ceux qui parlent de la sorte sont lespositivistes. L'inconnaissableest une porte toujoursouverte par où ils s'échappent devant l'accusation dematérialisme. De fait, cette porte ne leur sert pas à

autre chose; ils repoussent avec non moins d'ardeur,sinon avec autant de logique, que les matérialistesavoués, l'intervention de l'inconnaissable, c'est-à-dire de Dieu et des êtres spirituels dans les affairesde ce monde. M. Renan, peut-être sans le vouloir etsans s'en douter, est un vrai positiviste. Mais, poèterêveur, il a cela de particulier, qu'il permet volon-tiers à son imagination de se promener mélancoli-quement dans les régions de l'MtconttOtSMMe auquelH ne croit pas. S'il parle du monde moral, il ne faut

pas se laisser prendre à cette expression volée parmégarde chez le voisin son monde moral a lui estconstitué par les êtres matériels, capables, d'aprèslui, de produire ces phénomènes que l'on appelle

moraux et que l'on peut désigner sous le nom géné-rique de pensées. Ce sont là des effets immédiats dela matière tout aussi bien que le déplacement d'uncaillou que la vague roule sur la grève.

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En8~ BM troisième classe d'!ncr~ïu!es ne cr<!nt

pal de rendre homaMge ) ceMe Tente qoe !<e NMadephysique n'est pas tout, et qu'au delà il y a les pre-mières de toutes les réalités, t'âme et Dieu. Lemonde moral n.est pas poreuxune expressionvide,c'est la sphère des agents immatëriels. En tant qu'itcomprend l'âme, le monde moral est plongé dans leBMnde physique, dont il subit l'action et sur lequelil réagit. En tant qn'it comprend Dieu, le mondemor,)! a produit et réglé le monde physique, maisune~M~ pour toutes.

Cepnis <M cornent sotennet!. Dieu ne peut plusrien sur le monde physique, qu'il a jeté dans les

espaces en un lieu où son bras ne peut plus at-teindre. Ces penseurs sont proprement les rationa-listes.

Ce rapide exposé montre ctatrement que les troisclasses d~ncrédn!<6s ont chacune sa raison propre derejeter le surn2turel. Les matérialistes supprimentle miracte, parce qu'ils en suppriment la cause; lespositivistess'imaginent qu'il su~t pour arriver a~même résultat de refuser d'avoir une opinion ausujet de cette cause les rationalistes reconnaissent

tme cause capable en elle-même de produire desphénomènes surnaturels, mais ils lui interdisent,pour une raison que nous dirons plus loin, d'enprpdmre jamais. Les uns et les autres ont cela de

commun qu'ils veulent rendre la scienceresponsable

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de hBM aanMttOM.~yidje~BMot la M!enM M t~entpM t tous le a~e dégage, et e'<at !t an a~ns UMforte présomption qu'))s s'en seront laissé coateT parq~e!qua in~gao~ paréj8 d'un pom us~rp~ car hsc!eoM est <bM!a9Mnt incapable d'<tvo!r detu tan-gages. La prësotoptjton va dpyeoir certitade.

D'abord, vous, m~ënaHstes, vous pr6tondez avoirappr!a ia 9M<Rjce q~i! ~'y o r~ <n d~& dumonde physique. Si vous êtes sicc~es, vo~s vousêtes laissé tromper, ï/h~stotre a gardé le souvenird'aa.Mntpteaf avouée qui e~it fort habtte en scoatt.eU'ht~oiMn'a pas menti. L~s contours d'unestatue peuvent à la rigueur s'apprécieravec la main

n~ ~eBjgte aidd d~ toucher, s'il a d'autre part lesqualités de l'artiste, produira des statues qui ne se-ront pas sans mérite. Mais le toucher n'atteint pasles conteurs qu'aurait-on dit de l'amateur de pein-ture qui, pour prononcer entra deux tableaux degrands maîtres, s'en serait rapporté au jugement dusentpteuravengte? Au moins qu'il était distrait. LesBMtérMtUsies commetteat précisément la même dis-traction, lorsqu'ils en appellent à la science pourprononcer sur les limites du monde physique.

Qu'est-ce~ en effet, que la science pour eux? C'estla connaissance dn monde matériel. Comment seproduit cette connaissance ? Par l'usage convenable-meBt fé~ des cinq sens,et par i'adjonctiond'instra-ments destinés à faciliter ou à préciser rasage dj~

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MM. Lt Mience, h seule que conMisM ïe matëdt-?1$, regarde, écouterpalpe, Caire, goùte; elle pèse,elle mesure, eUe divise, elle groupe; elle use dascalpel, du microscope, du télescope en un mot,elle a tout ce qu'ii faut pour opérer sur des corps etpour les connaitre; mais eUe n'a que cela; à l'égardde tout ce qui n'est pas corps, elle est aveugte-nee;le sens qui est indispensablepour atteindre jusquelui fait radicalement défaut. N'est-il pas souveraine-ment ridicule de prendre une balance, un mètre, unréactif chimique, une lunette pour étudier ~me etDieu? Que dirait-on du savant qui, après avoir tentéune expérience de cette nature, s'écrierait je n'airien vu? Certes, ce n'est point son hMnccés qui prâ-terait à rire, mais la naïveté de son entreprise. Lascience n'a qu'une réponse correcte touchant cettegrave question; elle répond: cela ne me regardepas. Dose les matérialistes ne sont pas le moins dumonde autorisés à produire son témoignage en fa-

veur de leur opinion; car on est en droit de leur op-poser avant tout une exception d'incompétence,comme on l'oppose au témoignage d'un aveugle surles couleurs.

Les positivistes, sur ce point, ne sont pas d'unavis diSérent. Leur principe fondamental consiste àn'accepter comme démontré que ce que démontrent

.ÏM sciences qu'ils appellent positives. Or ils s'abs-6ennent de se prononcer, comme nous l'avons dit)

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MTïM limites du monde rëe!. Preuve indubitableque la science ne leurdémontre absolument rien surce point. Leur tort à eux n'est pas d'étendre lascience au delà de sa portée, c'est de prétendre quela science est l'uniquevoie de la certitude. Commentn'ont-ils pas vu que la réalité la plus constante et laplua irréfragable pour l'homme, c'est M proprepensée et que cette pensée est absolument réfractaireà tous les moyens d'investigation de la science?

i~ Le positiviste porte au dedans de lui, il est lui-même une protestation perpétuelle contre sa théorie,et il ne s'en aperçoit pas 1

Il est donc maintenant acquis que la science nedépose pas contre l'existence de causes surnatu-relles nous ne voulons pas examiner encore si ellene serait pas condamne" à l'absurde, dans l'hypo-thèse où de telles caus~ n'existeraient pas; sontémoignagenégatif nous suffit pour le mom<mt. Ce

n'est point en portant leur attention sur l'MtCOMKOM-

MM~ qui peut-être n'existe pas, que i&s positivistes

se croient en droit de condamner le miracle, c'est ens'appuyant sur tes conditions du monde matériel.A cet égard, ils donnent la main aux rationalistes,qui ferment le monde au Dieu qu'ils admettent,

parce que le monde ne comporte pas une telle ingé-rence. Les raisons sont les mêmes de part et d'autre,nous pouvons les réunir sous un même chef.

M. Jules Simon, l'un des pins célèbresrationalistes

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~w~~oqw,t,~M~t~6<rK~e~ qne!q~M mots !a raison de cette exclusion. 0dit (~K~ ~~r~<, ~? ëd. p. 384) « Considé-tp~ Mt~nce Sor quoi nepose-t~iie?Swr !< ~<~

!<HS djB B~re. ~ats si l'unité, rimmo~t!rh~nx~ ~omipent à ce po<nt ia science, comment~frait-~n~B~da!~ ~p~ paoade qu'elle nMSh!~e MP voïoa~ papuc~ense, des mouvementsdésordonné de$ défog~t!ons perpét!!e!!es à la loi? »

Cette inpte ~~m~oj~o~ do substantifs des<g~e lem~e~d.~ pes~~e M, SM~oa il est juste de

le faire remarquer, car !e portratt est loin d'êtreS~!e. W, Lettré re~~t sans €~8 sur la mornepa~t la ~~ce est ~ppo~te, a les lois de htB~~rB oa sont pu ~OHia~Ies or }e miracle, effetd'npe vo~ë cap~oeuse, e$t 69 opposition avecc~B ~m~tatMU~, ~s Hbfes~ensettrs aD~ïa~,M. Sj~IBB~act~, oBt Me manière propred'e~pr~er ta m~me idée. Ils disent que la sciencee~ ~c~të p~ij~ i~UMMame~ ÏM eeetsa,~e]~ nai:a~8) ma~ M yoN8 sapiez que l'inter-ve!?<~ 4'~ ~8~~ extra-naturel an mUieu de cesphe~a~~ e~ p~iM~ jC'ea est fait de cettetactt~ PfPP~tM°~ ~éyËMmeo~ cessant d'êtrecertain a~ayenir. Toa~ c~a revi~ à dire: qu'itn'y a pa~ de ~ciecce, s~ les lois de la nature Msont pas ~sQ~nmen~ immnabte. que le miraciLe

cpntred}~ essen~emBni cette immuiabi!itê, et

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par <MM<<pMt;t, n)i)~c!e <~t }mpossiMe.~chiquons-nous sur tout ceci. Mais qu'on nous

p~me~e d'abord une observat~oa au sujet de cette~afniôrs proposition qua !e mirac~ eaojtredit lascience. On !e voit, la science est ici éteyeela hau-tear ~un principe tn~iscutab~e eUe prepè~e tout,e!~ domtn~ jtoat. ~ocs cnoyons que cette positionn'est pas légitime; car, au dessus de ia science, il ya )ncontest.ab)en)ent la yërité. Nos adversaires fontde science nn moute, où la connaissancedevra étMcouMe et prendre une forme convenue à l'avance.Ils ont tort, la science n'est pas un moule, elle esta~ aairoff; eHjene talonnepas son objet,e!!ereCechitÏB$ objets têts qa'i!s sont en eux-mêmes. Ce n'estqn'arcette condition qu'et!e est la science: un miroirqui, par sa constitution propre, trouMe les imagesq~'H reçoit, esjt an miroir iaax; la science qui dé-Ètr~e la venté n'est plus !a science, mais rerrenr.Vous dites que, si ~es tois de ~a natare sont chan-g~a~, tjt j~'y anra plus d.escien~.C'est ïe contraireq~'it ~aut dM'e; si ie~ lois de ia natnre son changean-tes, la sci~ee constste oxprimLer cette mobititédaas ~oanatssanee, pomme cela a !teu, tout lemondj6 en ~nvijeat, pour la science historique Fer-reur eonsisteratt a~orsa constituer une science surle~ ~j~cip~des Ms imoinaMes. La science estdo-m~e etr6g!ee ~r son objet; il est indispensaMedela cpnstdér&t' de ce <côte, si Fon yeut s'en faire une

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idée exacte. Dans la question présente, ce qu'il fautexaminer c'est l'immutabilité des lois de la natureeh elles-mêmes, indépendamment du rapport quecette immutabilité peut avoir avec la science. Lascience consiste ici à enregistrer la solution de cettequestion, qu'elle soit affirmative, qu'elle soit ndgat-tive, n'importe: la science vraie n'est qu'à cette con-dition. Donc les lois de la nature sont-elles immua-bles? Voilà uniquementce qu'il faut examiner pourapprécier l'objection qu'on prétend diriger contre lemiracle au nom de la science. Nous demandons qu'ilnous soit permis de réserver notre réponse pour laseconde partie de ce travail où sa place est mieuxmarquée. Ici nous nous contenterons de quelquesconsidérations qui servirontau moins à dégager leterrain de la discussion.

Les positivistes sont particulièrement plaisantsquand ils opposent fièrement au miracle la fixité,l'immutabilité des lois de la nature. Le principe ïbn-damental de leur philosophie consiste à dire que laconnaissancepositive, la seule sur laquelle on doive

et puisse faire fond, a pour source et (pour mesurel'expérience l'on sait ce qu'on explore par les sons

le surplus est objet de doute invincible. Mais, y avez-vousreSéchi.messieursIespositivistes?est-ce quevousavez réellementexploré par les sens la fixité et l'im-mutabilité des lois de la nature? Quelle en est doncla couleur, la forme, la dimension, la dureté, la tem-

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përature? car c'est de telles propriétés que les sensrendent témoignage. Les sens atteignent le phéno-mène matériel présent. Quant au fait matériel futur,qui n'est pas encore; quant au lien ontologique desfaits entre eux, quant à leurs rapports essentiels quiles appellent dans l'existence ou les en excluent àdivers titres, quant à leurs lois et aux conséquencesde ces lois, les sens sont aussi radicalement inca-pables d'en donner la moindre notion, que I~œU estincapable de flairer une rose, ou l'oreille de regar-der un paysage. Le fait est qu'en vertu de leurs prin-cipes, les positivistes n'ont le droit d'être sûrs derien; car être surde quelquechose, c'est comprendrequ'il est impossiblede se tromper au sujet de cettechose, et l'impossibilité n'est certainement pas unobjet sensible.

Du reste, ils conviennent eux-mêmes de bonnegrâce qu'ils n'ont que des connaissances relatives,c'est-à-direvraies par supposition, ou, ce qui revientau même, des connaissancesdouteuses, ou, ce quirevient encore au même, des connaissancesqui n'ensont pas. Les lois de la nature sont tellement fixesdans leur esprit, qu'il est parfaitement possible, dansleur esprit, qu'il n'y ait pas de loi du tout. Rien neleur répond que le soleil se lèvera demain, qu~il nedonnera pas des ténèbres au lieu de lumière, que lesNeuves ne remonteront pas à leur source, que le feude leur cuisine ne se congèlera pas et que l'eau fraî-

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@M~!ëur biN~p~s centrâmes. Èref, iï n'est

pas ~hypothèseet<ravagaaie qui s6 so~jnstïnéefpar~e~ Système et dont ? puissent s6 pr~ettrtt déir'~rc euM&eïnes Ïa triste réa~âtton. Et ce s(M{

tes metMesphilosophes qui jettent fetï ét ~aMmë au§eNt &totd6Mrac!e~ parce que le mifâcle~st uàéMcëpt!o~a<~ ÏoiS ~e ta ùaMTë! ïMtMë~MsïSMrûa-vadtage avec de tels adversa!!t'es.

Les rattûBaiistes métitent ~tm d'égards. LeurspriMeipesleaT donnent Ïe d. 't d'avoir ttM ôpïBîônsûr les ~!S de h nàtarë ét les cônseqtïeYtces togfquesde ces lois. Seulement personne n~a le droit d'avoirde~ MêMf tausses dans Uûe Mâ~tère ~r Ïâ~hette on àÏe'arO~ ravoir des idées: te~ rattonaMstes Outre-

passent sîagnfiêrënient leur droitau sujet des Ms déla nature.Dieuest l'auteurde ces lois, ils M ~ônvfen-

N~ hienp!us,iîsïëprou~O~a un prëoiter<r~it,H es< correct En voie! un deuiieOM qui n~ gùer~moins de trente. Us convîendratent YOionttër~, ndo~mt&OBSà lé pMf~r'itsc~o~aïtcûo )Mtn ar~en~pour étabHrqueûieu né peut supprimerces ntetnes~

îo~ Ce pouvoir est donc au nîoiM ppoî~i~f. `~

?[? Metï né pôTTr~-N pas retab~ ce af

LM rationaiistessont bien forcés d'admettre de~tfactioBsuccessive d'une ctasse fort {mportantade creMares, celle des~fes v!vaa<<. Poaf f~~cc ~mêt~ c'est loi coMi~Me <Mt

MrM et de t'âme qui est saccessivementdétruite. Or'rien n~m-tètM d'tKhcettM <pM cette dcstMcttoe stMeeMtve ta <? MMttale: l'induction astronomfquemême dépose en faveur d'na?! treMF. M~M ta dettfttcMcM ~M 6<ret~ trest-etts ~as ? ë~-tmction de leurs lois?'t

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d~bordë~abn puis supprime~oùs ne voyons pascoin'mënt on filetait ce point sans manquer à la

Ïo~ique et sana meconaa~e îes caractères essen-tiels de ïa <0ut6-pûissànce. Les rationa!istes noussuivent jusque là; mais aussitôt its brouiUënt toutpar ce trait inconcevaMe: <Ïa suspënstOn des Ïoîs

de îâ nature est iBatposstDÏe;~ ifs ne voient pas quesupprimer et rétablif est l'équivalent tigoureuxde la suspension temporaire, dê ntême que deuiet trois a~UM part et trois et deux de l'autre, sont

au même titre l'équivalent de cinq.Je sais bien qu'ils ont recours, pour se tirer d~af-

taire, a l'immutabilité des conseits divins. Mais, cetargument ne se rattachant que d'une manière indi-recte à l'objection scientifique, nous nous contente-tons de rappeler aux rationatistesque Ï~mmuiabiMte

des conseils divins s'accorde à merveine avec leschangements les plus variés et tes plus rapides dansïes créatures qui sont l'objet de tes conse~. LesrationaMstes admettent comme nous que les choses

de ce monde sont réglées par rimmuabîe sagesse deDiec, et ils voient comme nous que ces choses nesont rien moins qu'immuables. C'est donc une bienfaible ressource que i'immatabitite divine pourétablir que le miracle est impossible p~ree ~'<)est 6ssen<!eMe~eni une innovai, un caM~-mSM.

Mais où les raUooatiStesmaoqaeïtt sortMt & MCfS

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davoirsaephilosophes,c'est dans l'idée qu'ils sefor-ment du miracle. Aux yeux de M. Jules Simon, nousFtTOM Tttt !& miracle t pom caractères: 'anevolOBh<é capri~ease, des mouvements désordonnés, désdérogations perpétuelles à la lot. Le vague et lamulticiplité des expressions marquent assurémentune pensée qui n'est pas sûre de soi*. Plus calme etplus respectueux des droits de la vérité, le philoso-pheauraitreconnu lui-même etpresquesur le champqu'aucun des traits décrits par lui n'appartient anmiracle. On en sera facilement convaincu, si l'onveut bien faire avec. nous les considérations que?. Jules Simon a malheureusement omises pour sonpropre compte.

Commençons par le dernier trait, celui a des déro-gations perpétuelles à la loi. Une loi soumise àdes dérogations perpétuelles cesse d'être une loi ilsuBit d'énoncer cela pour en voir l'évidente vérité.Or, le miraclesuppose précisément la condition con-traire: Il n'y a pas de miracle, s'il n'y a pas de loi.C'est en effet parce qu'il contraste vivement avec laloi, qu'il est miracle, qu'il a sa signification.propre,

t Avec un pen d'attention,il est facile de saisir, dans la pen-sée de l'incrédule, le moment où le trouble se fait, où la crain.te de la vérité l'empêchede la regarder en face et le poaMe. &&it Mte, toat~pMdp.veM une conclusion que de groMi6Me<ttMMM a~M~MM~t t seules prepMees et où il se oramponaeM~5 totce. 6t M.mM Simon nous afBfmatt qu'il a ~fatMëntregardé en face tes trois caraeMre& qu'il attribue au miraclenoM prendrions la liberté de lui dire que nous avons, ponrt$ «MM, âne trop haute idée de a& pénétration.

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c'est-à-direqu~il témoignede l'interventiond'unagentsupérieur à la loi. Supposezque tous lesmorts, ou

mêmeseulement le plus grand nombre, ressuscitentdans les dix jours qui suivent le trépas, qu'y aura-t-ilde merveilleux à ce que Lazare ressuscite le qua-trième jour, ou le n!s do la ve~ve de Naim quelquesheures après sa mort? Ainsi donc ce trait, loin d'ap-partenir au miracle, le détruit. H y a eu certaine-

ment ici un peu de précipitation dans l'esprit du ra-tionaliste, et la précipitation n'est jamais permise en

matière si grave.M. Jules Simon est-il plus attentifquand il parle

de mouvements désordonnés à propos du miracle?L'une des plus grandes dimcultës de la théodicée, il

le saitbien, c'est la présencedu mal, même physique,dans la création.

Les athées appellent catégoriquement cette pré-sence un désordre, et M. Jules Simon, comme tousles théistes, ne disconvient pas que le mal physique

ne fût en soi un désordre, s'il n'était ramené aubien par certaines conséquences accidentelles, cequi veut dire que le mal physique est vraiment undésordre et qu'il rentre dans l'ordre en vertu d'unecause extérieure qui le domine. Maintenant, si nousnous rappelons le passage célèbre de, l'Évangile:

«les* aveugles voient, les sourds eaMadent, les boi-

tenx marchent, les lépreux sontpurinés, d'abordnous y reconnaîtronsune ennmération de ïOMXj~-

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s~oes, c~st4-dîre dé véritables désordres pins ladisparition de tous ces mam physiques en ~Mtd'iSte ëà~ ertérienre, c"est'A.dire le retablissemeotdé l'ordre 60 plusieurs points. Or, tout te mondesaitque ce passage contient le type de fa plupart desmiracles du christianisme. Ld miràcie e~t doncordinairement une cause efficace d'ordre ~ue signi-fient ators les mouvements désordonnés de M.

ja!es Simon? quelque désordre dans sa peosee, on aÏ8' droit de Ïe croire. S'it menait le desordre dansl'application d'un moyen qui n'est point préparé parhf aatOre, cela revieodrait à dire, par exempte, queNôtre-Seigneur aurait commis un désordre parcequ'il guérit la belle-mèrede saint Pierreen la prenantpar la main, au lien de lui admimstrër du sulfate dequiniae. De pareils arguments n'ont Q'âS<rë ïnerite

que de faire rire. L'ordre, c'est la subordination desêtres, et l'ordre suprême, c'est la subordination detotis Ïes etre~ <ans exception à îeuf àutenr. Si Ï'on-Tner humain n'a pas un empire absolu sur rceuvredont il est l'auteur, c'est qu'il n'est auteur qu'entrès petite partie, et que l'ouvrier suprême no s'estpoint dépouilïé de ses droits suprêmes.

~este «la volonté capricieuse. M. Renan, au

conttaire, on l'a vu plus haut, parle do < volontés

réÛëcMes. Les deux incrédules ne sont pas près des'entendre l'uri loutre sur ce point. Se sont-ils com-pr~ 6nMa& de ~6n c6fe? < Volonté caprideMe et

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t w!cate ~e~eehie c<Mvi)6nneat égatemeot pen & !a

~o~oa da RMt~c~. M, J~ Stme~ar~rd&~repF~~nter le mincie comme l'acte d'Ma ouvrier qui,après avoir conçu et fabri~jé un instrument com-p}i< teBPbe tao~ & une roue, tantôt â an ressort,~Bt6t à nae vis, taptôt à ~a te~er, par jeu et par~ëisoeuvrement: voilà le capriM. M. reaaa semblede son côte supposer que ro~vMjer, après avoirexécuté son ouvrage, le regarde marcher, en vérifieles mouvements, et que, remarquaattm défaut, tantôte~ ua point, tantôt en un autre, il s'ingénie à y porterremède voi!~ réflexion. Dieu ne réBëchit pas,p~fee qij'il sait tout par nature; il n'a pas de caprice,

parce qu'il est infiniment sage. Or, le miracle s'ac-cpntn)0dc tort bien d'une telle science et d'une tellesagesse. Ce n'est point un acte, par lequel Dieu seravise et r.etouche son oeuvre.

L'easembte du monde matériel n'est nullementCU)di6é par le miracle; quelquesindividusseulementjen éprouvent les effets physiques, dont le retentisse-ment sur toute la machinen'estpasappréciable. L'onBe remarque pas assez combien cette majestueusemachine est à la fois souple et solide. Les incrédulesla conçoiventcomme un immense château de cartesque ït moindre chiquenaude, pap ËMmpte, la gué-fison d'an aveugle, ferait crouler. Rien n'est plusinexact. En Y~t.pn une preuve sans r4pUque? Lesind~~n BtisMQt et meurent sans que la maMhe

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~aendede Fâcheraenéprouvela moindre déviation;les espèces mômes disparaissent tout entières et lagrande machine continue son mouvement aussiimpassible que la locomotive qui vient d'écraser unciron. Qu'un homme meure, puis ressuscite, eMe ensera certainement aussi peu affectée que si, à la placede l'homme ressuscite, un autre homme étaitentré dans la vie par la voie ordinaire de la géné-ration.

Mais les conditionsdu miracle sontbien différentes

par rapport au monde moral, c'est-à-dire à l'ordrehumain. Là, il n'est plus un accident, il occupe uneplace importante. Dans l'ordre moral, il faut distin-guer la part de Dieu et la part de l'homme. La partde Dieu comprend, parmi plusieurs autreséléments,les inclinations du cœur de l'homme, qui a, dans sapart, le pouvoir d'en user ou d'en abuser. L'une de

ces inclinations est, avec le sentiment religieux, lebesoin de croire à l'intervention de la divinité dansles affaires humaines. C'est là un fait qu'il seraitdéraisonnable de contester: l'histoire en porte letémoignage de tous côtés. On arrive sans doute àcomprimer cette tendance, à se persuader qu'on l'adétruite en son propre cœur; mais, outre que cesefforts prouvent la réalité de ce que l'on veutdétruire,il en reste toujours des racines rebelles à toutes lesindustries de la libre pensée les plus incrédules,après avoir rejeté la foi au surnaturel, gardent tou-

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jours un coin de leur esprit ouvert t ce qui en est lahideuse contrefaçon les hommes les moins croyantsscat d'ordinaire les plus superstitieux. Convenonsdonc que nous sommes portés par nature à croireau miracle. Mais l'objet d'une inclination naturelleest aussi bien dans l'ordre que l'inclination naturelle,car il serait contradictoire que le terme ?1 d'autrecondition que la tendance, qu'un chemin fut tracépour conduire n'importe où, même à son terme si

par hasard il en avait un. Le miracle ne saurait doncêtre un accident, une exceptiondans l'ordre moralil en est une partie intégrante.

Non, le miracle n'a rien de capricieux, il ne com-promet rien, pas même le don de prophétie que lessavants s'attribuent si juste titre. Nous devonsajouter ce mot pour rassurer en particulier les posi-tivistes anglais.

Ïl est parfaitementvrai que les sciencesde la naturesont la connaissance des lois de la nature, et quecette connaissance permet de prédire avec certitudeles effets des agents soumis à ces lois. Mais quelleestla formule précise et rigoureuse de ces prédictions ?La voici telle qu'aucun savant n'oserait la contesterou la récuser < Un agentdonné produit toujoursunmême effet, supposé qu'il se trouve dans des condi-tions rigoureusement identiques. » La flamme d'unebougie approchée d'une quantité quelconque depoudre à canon la met presque instantanément en

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a~~t. M MM, My < pMtMH «oa~ttNMit Mh. BotM aatnM, il est indispensableque htptMdM soit Se~C. S~ donc HP savant M TOit point =)BM eM<a)Mha itoMMe d''Mt pnMdre aa c<M)t<et

~NM <MM!eMe,it n'anfa point la peas~e d'aHribuer

ce ~'t t une révotte de !a aatnre contre la science.fkm M~Mr n*es< nnt!<~Btmis ea dësarMi, mais Mteeatraire eonarmé par cet ~~oement, où, les Madi-tions du phénomème prévu n'étant pas tontes pre-MBtes, ce phénomène ne devait pas s'MeoatpMf.

~est là précisément ce qui a lien dans toatmiracte tes conditionsdu pheaornéne font visible-ment changées, Invariablement !e miMC~e pf~aenteaÈe 'eondîtton sensiblequi ne se rencontre dans aacanentre événement cetteconditi on, c'est fact!onmêmeda ~aamâtarge pendae seesiMede façons diverseStSi le savant se plaint alors que le phéaoateaept~MH

pat M s'arrive pascomme il l'a prédit, il a vraiment.tMt. car la prophétie <va~ certainement omis BMeeMMtion qui se preseate d<nM la feaSté, tt sa~fl'action du thaumaturge. Il aurait dû dire, s'il avaitvoa!tt s'exprimeren toate nguenr < ïes conditionsM $M~ pas iM <t]t<CM~ donc ~e pbéaomtM seM~ateoMot toat aatpe. t Oa vo<< que cette gM~edifficulté sar !aqaeHe tes inerédo~es font beaac<Htpét<!M~,o<r !ap!apMtd'~aiMame'OB!tp<$d'<a<MMisea potH' 4ëchMf MttaMeet la M~i~M meoa~patibles, cette grosse dimcnité est à peine une toile

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d'Maignëa. Ainsi en est-il de la plupartdes raisonsoù les libres-penseurs pendent leur incrédulité.N'est-ce pas pour cela queSatanest appe!ë Belzébuth,

roi des t~<M«~€S?

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L'univers est une grande énigme que la. sciencecherche à deviner non sans bonheur. Pour faire `

comprendre l'explication qu'elle en donne aujour-d'hui, nous emploierons une comparaison.

Rien de connu comme une montre ce sont desroues engrenéesdansd'autres roues et mises enmou-vement par un ressort de telle sorte qu'une aignille

en tournant marque I~s diversesheures du jour. Unemain sans doute a été nécessaire pour remonter,comme on dit, ce petit instrument, mais il n'en estpas moins vrai que, cette opération faite, tout dépendde l'élasticité du ressort et de la disposition conve-nable des pièces du mécanisme. Le mouvementen-gendré parla pièce principale peut, en se distribuantdans les diverses parties de l'instrument,prendredesformes diverses, marquer l'heure en un point, lesminutes en un autre, en un autre les secondes,en unautre les saisons, les phases de la tune, te jour de

n

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l'année, sonner à des moments prévus, exécutermême de petits airs de musique. Une montre estle type de l'univers, qui est une montre immense.

Les rouages et les pièces de ce chef-d'oeuvre d'hor-logerie transcendante ne sont pas seulement cesglobes que nous voyons tourner au-dessus de nostêtes avec un ordre et une précision si admirables:tes moindres molécules de la matière tangible et del'éther ont leur part active dans l'harmonieuniver-selle. Toutes ces pièces sont engrenées les unes danstes autres, et obéissent9 un même ressort. Ce ne sontpoint tes instanjt-s successifs de la durée que marquecette horloge, mais les divers phénomènesde la na-ture physique. Ce qui se passe au ciet, sur ta surfaceet dans les entrailles des planètes, les grands effets

qui nous frappent de surpns~ et ceux qui sont au-dessous de notre attention on de not"e observation,la course régulière des astres dans ~s espaces, lachute d'une feuille,

Le moindre vent qui d'aventureFait rider la face de l'eau,

l'évaporation d'une gouMede rosée, tout, absolument

toutce qui commence et finit dans l'univers matériel,

est un résultat ou une forme du mouvement de lagrande machine. !t y a plus, tout ce qui a précédédans le temps est pour quelque chose dans le phéno'-

méne MnportMt oa msigmaant que noae obMfveM

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<mj6uf<rhui~ et ce même phe<!om6u6 à sua tour mar-

queta désormais son empreinte sur tous les phéno-mènes qui suivrontjasqa'~t Ïa En des temps.

Cette conception, restreinte aux phénomènes pu-rement matériels, est, croyons-nous,universellementadoptée par tes savants. Mais d'autres faits encores'accomplissentsur ce vaste théâtre, des faits dont lanature intime est d'un ordre tout diSërentj et qui ce-pendant nai~ent aa milieudes phénomènesmatef ie!soù ils jonent en un sens très ~rai Ïe rôle de causesetd'effets. Nons voulons parler, on l'a déjà compris,des phénomènesvitaux, c'est-à-dire,des phénomènesphysMogiqaes et des phénomènes psychologiques.Or'; l'on se demande si les phénomènes vitaux sontenchaînés dans les mouvements subordonnés de lagrande montre, de manière à suivre mathématique-ment un groupe d'antécédents mécaniques, pourdevenir cause au même titre. La réponse n'est com-prise qu'à la condition de se rendre comptedes rap-ports qui existent entre les phénomènesmatériels etles phénomènes vitaux.

Les phénomènes physiologiques ne sont autrechose que l'exercice des fonctions d'un organismevivant. D'une part, ils se trouventintimement mèlés,

du moins dans la vie animale, aux phénomènes psy-chotogiques. L'action de marcher, par exemple, estassociée à la volonté de marcher qui semble en êtrele principe. Mais, si l'on fait abstraction de cet élé-

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ment supérieur,cephenomènese confond & première

vue avec le phénomène purement matériel, et, saufla perfection de la manœuvre, l'on ne voit pas enquoi le mouvementdesjambes d'un organismevivantdiffère des mouvements des jambes d'un automate.Ainsi la partie matérielle du phénomène physiolo-gique peut rentrer dans la série des mouvements en-chainés de l'univers, pourvu que l'on dégage suBS-

sammentte phénomènepsychologiquedont ildépend.C'est sur ce dernier q<~Ia dioicultése concentre.

Il n'est pas douteux que l'organismeest indispen-sable à l'exercice des facultés de l'âme. Il y a telsphénomènes physiologiques qui sont au moins lacondition desphénomènes psychologiques.Ainsi,parexemple, l'on ne voit pas, si la rétine n'est pasfrappée et convenablementébranléepar un rayon ïu-minenx l'on ne pense pas, si tel département ducerveau n'entre pas en vibration d'une certaine ma-nière. Entre les deuxséries de phénomènesassociée,l'on comprend que les rapports puissent être divers:

ou bien les phénomènes de l'âme sont de simpleseffets des phénomènes du corps, ou bien ceux-cisontles effets de ceux-là, ou bien il y a parallélisme etharmonie entre les deux séries sans influence réci-

proque,ou bien il y a des uns aux autreséchanged'ac-tions et de réactions. Nous sommes ici sur les confinsde la science,et l'on saitque les questionsde frontièresont pleines d'incertitude.Les savants les plus sages,

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les vrais savants se gardent de s'aventurer dans cesrégions mal déSnies. Leurs théories, n'embrassant

que le monde p~sique proprement dit, doiventétreaccueilliesavec tout le respect que mérite une Ouvrede l'intelligence lorsqu'elles'exercedans la plénitudede ses droits. Mais tous ceux que l'on appelle savants

ne procèdent pas avec la mêmesagesse. Oubliant quela science,dont les sens externes constituent l'unique

moyend'information, n'a point qualité pour se pro-noncersur l'âme, ils ne craignent pas de soutenir

que les opérations de cette cause extra-physiquesontdes effets des agents physiques. Plusieurs même vontjusqu'à soutenir que phénomènes physiques, physio-logiques et psychologiquessont au fond une seule etmême chose, des mouvements de la matière, et quela différence en est toute entière dans le point de vueoù l'on se place pour en prendre connaissance.

M. Dubois-Reymond est l'un des plus connusparmi ces théoriciens téméraires. Voici comment ilenglobe tous les phénomènes de l'univers sous unemême formule matérialiste. < L'on peut concevoir,dit-il (AeMM Scient. t. xtv, P. 337), une telle con-naissance de la nature qu'on puisse représenter tousles phénomènes de l'univers par une formule mathé-matique, par un immensesystème d'équations diné-rentieHes simultanées, d'où l'on pourrait, pourchaque instant donné, déduire le lieu, la vitesse eth ~Motionde chaque atome de l'univers. De même

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que l'astronome peut prédire de longues années àravance le jour où une comète reviendra du fondde l'espace se montrer dans nos orages, de même

cette intelligence (celle qui aurait trouvé la for-mule) pourrait lire dans son équation le jour où lacroix grecque reprendra sa place sur la coupole deSainte-Sophie et celui où l'Angleterre brùtera sondernier morceau de hoai!Ie<"# <

Nous ne réfutons pas en ce moment, nous décri-vons. Les phénomènes physiques sont les rouagesde la grande montre, nous venons de le dire; il nomreste à voir. comment ils s'engreceat les UM daa<les autres.

Une vérité tend à s'établir qui bientôt peut-êtreMra l'autoritéd'un axiome; on peut l'énoacerainsi:tous tes phénomènes du monde physique sont desformesde mouvement. Pour en comprendre le sens,H faut se rappeler que le mouvement a deux formesprincipales: il est sensible ou moléculaire. Le mou-vement sensible est le changementde lieu d'un corpsconsidéré dans son ensemble le mouvementmolé-culaire est le changement de leurs positions respec-tives subi par les molécules qui composentun corps.Or, l'on a constaté par des observations précises,

que le mouvement sensible en disparaissant, donnenaissancea une quantité de chaleur rigoureusementproportionnelle, et que cette même quantité de cba-leur en N'éteignant donne n&bMnce prectaemeat t tt

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quantitédemouvementsensible d'oùelle était née. Delà, on a conclu, avec une extrême vraisemblance,quela chaleur est un mouvement moléculaire déterminé

par un mouvementsensible. Ce premier pas une foisaccompli, les autres classes de phénomènes phy-siques devaient naturellement se ranger sous uneconception analogue. Les calculs précis qui ont eupour résuttat de déterminer l'équivalent mécaniquede la chaleur, n'ont pas encore été appliquésà toutesles branches de la physique, mais les anatogies quel'on a constatées sont assez grandes et assez nom-breuses pour que l'on ait le droit de considérer lesphénomènes électriques, magnétiques et lumineux,comme des formes spécialesde mouvementmolécu-laire.

Dès 1843, W. Grove écrivait a J'ai dit, relative-ment aux diverses forces ou affections de la matière,que chacune d'entre elles peut médiatement ou im-M:~t<~ctHeMtproduire les autres, et c'est tout ce queje puis me hasarder à aulrmer d'elles dans l'étatactnel de la science; mais, après beaucoup de ré-flexions, j'incline fortement vers l'opinion que lascience marche rapidement vers la démonstrationde relations immédiates ou directes entre toutes cesforces. En d'autres termes, il sera bientôt acquis àla scienceque tous les phénomènes du monde phy-sique peuvent se transformer en proportions rigou-reuses les uns dans les autres. Nous croyons ne pas

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nous tromper en affirmantque Grove a été bon pro-phète et que sa prédiction n'est pas loin d'être plei-nement réalisée. Il n'est peut-être pas de savant quin'admette aujourd'hui cette proposition: tout dansla nature physique est forme de mouvement, et lesphénomènesde la nature ne sont que des variations

ou des transformations de ces formes. C'est ainsi queles rouages de la grande horloge s'engrènent lesuns dansées autres.

L'idée de cette transformation amène naturelle-ment l'idée de quelque chose qui se transforme, etpar conséquent de quelque chose qui, changeantperpétuellement dans ses manifestations, reste anfond toujours identique. Ce quelque chose est assu-rément en soi inaccessibleà nos moyens d'investiga-tion, nous n'en connaissons que les manifestationsextérieures. On l'appelle force, nom de cause, mou-vement, nom d'effet. Mais, puisque cet inconnu per-sévère dans son identité, l'on a cru pouvoir en con-clure que le mouvement ne se crée ni ne s'anéantit.C'est en ce sens que Montgolfier écrivait dès i800

< le mouvement ne peut pas plus être anéanti quecréé. Avec plus d'exactitude dans l'expression,

Grove dit de son côté « Plus nous étudions de prèsleur nature, plus nous sommes convaincus, AMMMM-

nement parlant, que ni la matière ni la force nepeuvent être créées ou anéanties. Il Il ne serait

pu dMncHe de recueillir beaucoup de ciMoM

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équivalentes dans les physiciens contemporains.Le lecteur se dira peut-être que nous sommes bien

loin de la question des miracles. Nous ne l'avons pascependant perdue un instant de vue, et ces détailsétaient nécessaires pour apprécier justement la va-leur de l'objection que l'on dirige, au nom de lascience, contre la possibilité d'événements surnatu-rels. Le miracle, en effet, semble se présentercomme la production d'un phénomène qui n'estpoint contenu dans l'évolution des forces de la na-ture, il est constitué par une certaine forme de mou-vement dont la cause est extérieure à la nature.Mais nous venons de voir que le mouvement n'estpas plus créé qu'il n'est anéanti. Donc il n'y a pas demiracle. Telle est l'objection scientifique ramenée à

ses termes les plus simples et les plus clairs. I! y ena de plus difficiles à résoudre.

Commençons par marquer les limites dn prin-cipe < le mouvement ne peut pas plus être anéanti

que créé. Les savants, nous entendons ceux quis'occupent de la science sans arrière pensée d'incré-dulité, les savants se gardent bien de toucher dansleur proposition à la question d'origine; ils segardent bien de prétendre que le mouvement estéternel. Rien ne leur en donne le droit, et ce serait

un empiètement bien malheureux sur la métaphy-sique. Ils considèrent les phénomènes tels que lesleur offre l~niveM dans ses conditions actuelles,

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sans s'occuperdes MMweM Grove ajoute à Ma pa-roles cette restriction extrêmement sage ~MmotHe-

Mpn~porJont; ce qui réserve les droits du créateur.Seguin termine la note qu'il a imprimée à la fin del'ouvrage de Grove, intitulé Corrélation des forcesp~MM, par ces mots que nous voulons rapporterintégratement. « Voir, comme nous le faisonsNt. Grove et moi, dans tous les corps, des assem-blages divers d'une seule et même matière, danstous les phénomènes, des mouvements imprimés àcette matière unique, n'est-ce pas rendre un hom-mage plus éclatant encore à t'unité et à la puissancecréatrice, suivant la devise qui caractérise toutes les

œuvres de Dieu simplicité et économie dans lesmoyens, richesse et variété dans tes résultats 'Hfaut donc entendre le principe dont nous nous occu-pons en ce sens que depuis l'origine de ce mondevisible, le mouvement ne se crée ni ne s'anéantit.

Mais, le miracle étant un accident dans le coursdes choses, cette condition ne suSIra-t-ette pas pourle rendre impossible, sinon essentiellement, dumoins eu égard aux nécessitéscontingentes?

Avant de répondre a cette question et pour y re-pondre, qu'on nous permette de rappeler ua grandfait bien connu et non moins remarquable. Parmiles phénomènesdont nous sommes à chaque instantles témoins, il en est un très grand nombre dontl'homme est réellement la cause. S'il est possible de

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mettre en question !< manière dont Mtte causes'exerce, il n'est pas possible de méconnattre que

son exercice est la source où le phénomène puise, je

ne dis pas sa substance, mais son existence. La vued'une viite, d'un champ cultivé, d'une usine, snmt

pour rendre aussi évident que le jour ce que nousaffirmons. Ce n'est pas tout, les phénomènes dontl'existence est ainsi déterminée par l'homme, entrentdans le courant immensedes phénomènes purementnaturels et y mêlent pour toujours leur influence.L'on a dit que les opérations humaines sont, aussibien que l'écoulement des eaux, ou les variationsde la température, des phénomènes enchainés àd'autres phénomènes c'est une aCtrmation pinsque gratuite. Quoi qu'il en soit de la partie physiqueet matérielle de nos actions, il n'en reste pas moinsindubitable que cet élément extérieur dépend d'unélément intérieur, et que celui-ci n'a rien à voir avecles phénomènes encbainé~. Pour lancer un caillou,

comme pour bâtir un palais, nous concevons, nousvoûtons et puis nous exécutons ce que nous avonsconçu et voutu. Concevoir et vouloir sont la causede t'exécution, et, ai l'exécution retombe plus onmoins Mas les lois du monde physique, la concep-tion et la résolution sont très certainement d'unordre supérieur. Donc l'homme est très certaine-ment la cause, te principe de l'existence d'une foulede phénomènes physiques. Nous pouvons regarder

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ce pointcommesolidement établi. Ajoutons que tesmatérialistes même le reconnaissent, lorsqu'ils nesongent pas à soutenir directement leur système.

Ceci posé, nous avons le droit de raisonner de lasorte. Ou bien l'homme, dans ses opérations exté-rieures, produit quelque quantité de mouvement;ou bien, la production d'un phénomène physique,p<r une cause extérieure à la série des causes phy-sique, n'exige pas !a production d'une quantitéquelconque de mouvementnouveau. Or, chacun desmembres de l'alternativeest également favorable aumiracle, également ruineux pour l'objection.

Personne ne soutient que l'homme produise toutle mouvement qui constitue ses opérations exté-rieures. L'observation ne permet pas de douter quela plus grande partie de la force dont il dispose nesoit de la chaleur, ou du mouvement moléculaireconverti en mouvement sensible. Les aliments sonten général le charbon qui donne sa puissance ac-tuelle à cette machine à feu vivante. Mais la mesureprécise n'a pas encore été appliquée à un tel sujet,et peut-être même ne pourra-t-elle jamais l'être. Il ya donc une petite quantité de mouvement, suffisante

pour mettre en jeu tout le reste, dont l'origine n'estpas déterminée. C'est le coup de pouce, la détented'un ressort, la pression d'un bouton qui livre car-rière à des forces formidables, et là-dessus l'hypo-thèse a le champ libre. Si l'on admet que cette mi-

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nimeqcmtM de mouvement est réellementproduitepar le principe vivant, immatériel, et l'on en a ledroit, dès lors il cesse d'être rigoureusement vrai,vrai socs exception, que le mouvement ne se créepas une brèche est ouverte par où le miraclepénètre avec la plus grande facilité.

La seconde partie de l'alternative consiste à dire

que l'hommea uneactionréelle sur un grand nombrede phénomènes physiques sans produire toutefois

aucun mouvement nouveau. Sa puissance est ainsi,

non une puissance productrice, mais une puissancesimplement directive. !1 emprunte au courant desforces créées quelques unités, les combine suivant

un ordre dont sa raison et sa volontésontleprincipeet la règle, puis les abandonne à leur pente, mais

avec une manièred'agir toute nouvellequi désormais

marquerasa tracedans l'évolution de l'univers.Cetteconception de l'activité extérieure de l'homme estsoutenue par plus d~un penseur. Ce qui tombe im-médiatement sous l'eSicacité de la volonté, ce n'est

pas la force ou le mouvement dans ses élémentsconstitutifs, c'est sa direction. Commentse produit

une telle action? assurément nous ne saurions ledire; la fécondité de toutes les causes sans exceptionest pournousun mystère insondable,nous ne savons

pas même comment le mouvement passe d'un mo-bile dans un autre. Nous savons seulement que lechangement de direction est un accidentqui ne mo-

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diCt ?<? le aMMvementM iat~néme. itte~xtu, qMnous avons déjà citent qui a consacre M vie a t'éludede* mouvementsphysiques, écritceci < Laforcent,par M nature,esMntie!!ementpositive, «t~M<<<Ht«de M direction, et l'on peut changer à volonté cettedirection sans rien lui faire perdre de son intensité,ni an mouvementqui en est t$ produit. » Ce qu'ilprouve aussitôt par un exemple. H ne serait donc

pas nécessairede produire un mouvement pour mo-diSer h direetton d'an MtM «rnaveaM~ Da Mate,

le fait de ï'activité extérieore de l'homme, de sonactionefficacesur les phénomènes de la nature, c'est-t~ife sur la matière en coavemeBtt Mt une TérMau moins aussi cer<a!ne que !e priMiqe physique dela conservationdei forces.Oonc.snpposequerhommeM toh ~tM Mt 6)MMt t~aMe de aio~vMMa~il faut de

iôatt aeceMitë qu~t Mt c~pacM de le diri~f.D'où nous conciuroM, avec toute la rigueur de !a ïo-gique~ que tes eonditiMM du mouvement soat par-MteBMMeempatiMeêaveeteMiMc~.Ca~Mrho~BM,

avec son pouvoir seul de diriger, produit les mer-veilles dont nous sommesles témoio~ des agents sa-pedeur< a t'eoaBM MMat Mrtainement capablesd'etercerun pouvoir directif plus grand eBeore etpar conséquent de faire des miracles.

KotredéMOMtDtt~tavoes'BOMbesoinde tedire?'1est coneue dM~ ï'aypeth&M queDieu s'astreindrait

'!(<)? oMe.

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hn-meme respecter nvtolablement principe de laforce. 16'Mais, il ne faut pas l'oublier, ce principe n'a rien

d'absolu, d'essentiel, c'est une loi contingente,

comme la matière dont il règle les éventions. H n'estpoint une déduction de vérités nécessaires telle queles théorèmes de la géométrie il est !a conclusionraisonnée de données expérimentales. Dieu, qui enest l'auteur, ne saurait en être dominé: il en est lemaitre souverain, comme de tout ce qui procède de

sa libre vo!onté. Ajoutons qu'il a certainementassezde ressourcesdans sa sagesse, pour déroger à ceprin-cipe sans que l'ordre générâten éprouve le moindretrouble, sans que le principe même cesse d'être ri-goureusement vrai dans la série subséquente de seseffets.

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Nous avons montré que le principe scientifiquedela conservation on de la constancede la force dans lemonde physique peut se concilier avec le miracle,puisqu'il se concilie avec l'interventionde l'intelli-gence et de la volonté de l'homme dans les phéno-mènes de l'ordrematériel. Nous pourrionsdoncnousarrêter ici, car nous nous sommes proposé deprouverque l'on a vainement tenté de s'appuyer sur lesthéories des savants pour fermer l'accès du monde

au miracle. Mais le fait que l'homme en tient la portetoute ouverte peut, en donnant au miracle un aspectassez inaccoutumé, jeter quelque trouble dans lesesprits. Quelques considérationssont donc indispen-sablespour la clarté de la doctrine.

L'on dénnit quelquefoisle miracle nnphénoménequi est au-dessusde la nature. Cette définition ren-ferme une équivoque;car le mot « nature » est à

m

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doubleentente. Ce mot représente d'abord l'ensembledes propriétés qui~constitnent un être et qui lerendent apte à produire certain groupe d'actes déter-minés, distincts de ceux qui sont propres à tout agentde nature différente. C'est en ce sens qu'on parle dela nature de la pierre, de la nature de l'animal, dela nature de l'homme, de la nature même de Dieu.Si l'on entend le mot a nature e de cette façon,et l'on en a parfaitement Je droit, alors il fautadmettre les deux points suivants: D'abord, il 'estclair qu'un phénomène est toujours produit parqneiqat Mtore sans cela, ce serait an effet sanscaose, c'est-à-dire une impossibilité. Ensuite, rienn'empêche que deux agents de natures différentes,!'M Mperiear, t'Mtre inférieur, ne conconrenten vue d'an effet commun, et ne concourent efBea-cement. Or, dans ce cas, l'affet produit n'est pasMpéfieMè hMtane de ragent Mpédecr, mais Il est

aa-deMUS de la nature de l'agent inférieur. Ce seradonc un miracle, par rapport à celui-ci, et nn phé-nomène naturel, coatoruiM la nature, par rapportà

cetoMà. Le charbon, le fer, l'eau et le feu, livrés a~

leur propre nature, n'auraient certainement jamais

produit la lampe électrique la lampe éiectnqae est

un miracle par rapport au charbon, an fer, & !'e<m

et au feu; mais ellene l'est paspar rapporta l'homme,

car, en disposant des forces de là matière de telle

sorte que le resaitat a été la lampe eÏectriqM~

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l'homme < dépio~ tout simplement les aptitudes de

M MtaM.Nous trouvonsla même idée dans nn écrivain an-

~tais de grande valeur, W. H. Mallock. Qu'on nouspermette de reproduire ses paroles, extraites d'unarticle intitulé ~M and cert/~ca~on et publié enoctobre i878 dans le Nineteenth CM<Mry. ït est bonde savoir que cet auteur est protestant mais profeMe

une haute Mttme pourriÉgtiaecatholique.

< Si !e libre arbitre de l'homme est vraiment uneforce dans h vie et st la nature est uniforme, il doit~tpeaae force eurBatBreHe,agissant sor la matièredont elle est essentiellement indépendante. Or, toutlogicien qui admet le pouvoir d'une telle votonté,doit admettre non Maternent la possibilité des mi-racles, mais admettre aussi le fait actuel de leur oc-currencejournaHére.Tout acte de la volontéhumaineest, dans la rigueur des termes, an vrai miracle seu-ïemeot ce miracle a lien dans l'étroite enceinte ducrâne. Les motécutesdu cerveau sont arrangées, dis.posées d'âne manière spéciate, par une influencesumatureite: leurs mouvementsautomatiques Mtc-rels sont suspendus une force distincte intervientpour leur imprimerune direction. Sans doute dansle langage ordinaire, lesons da mot miracle est plusrestreint mais, par rapport à la nature, c'est essea-Uettement la ménM chose. Ce que roîmppeltecorn*.i&anêËMnt mirades, ce sont dM actes. Ma .d< h

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libre volonté de l'homme, mais de la libre volontéde Dieu, qui dérange les mouvements automatiquesde la matière hors du crâne, de la môme façon quela libre volonté de l'hommé dérange les mouve-mentsautomatiquesde la cervelle sous le crâne. Unefois la libre volonté de l'homme reconnue, l'impos-sibilité et même l'improbabilité du miracle s'éva-nouissent.

< La sciencea projeté sur cette question une lu-mière infinie et inattendue. Si les faits ont la signi-fication que je crois, lorsque j'affirme que je lance

une pierre parce que j'ai choisi de la lancer, ou quej'arrête une pierre qui roule, parce que j'ai choiside l'arrêter, j'ai introduit, dans l'univers matériel,

en agissant ainsi sur la matière, un désordrede na-ture exactementle même, saufpour les dimensions,

que celui que produisit Josuéen arrêtant la lune au-dessus de l'Ajalon.

Ainsi, répétons-le, car ce fait est décisif dans laquestion, l'homme emprunte au courantdes mouve-ments de l'universquelques-unesde ses unités, il lesutilise, leur donne pour quelques instants la formequ'il lui plaît, puis il les abandonneà leur proprepente. Il n'est pas facile de dire comment s'opèrecette prise de possession, mais la nier, c'estnier l'industrie, c'est nier les arts, c'est nier lascience, c'est nier l'homme lui-même. Nous sa-vona que rincrëdolite savante ne recule pas ton-

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jours devant une conséquence aussi absurde

laisser à l'homme son indépendanceet sa domination

sur les autres êtres, c'est affirmer le miracle qu'ilne soit donc plus, dans la machine brutaledu monde,qu'un rouage semblableà tous les autres, au caillou,

au soliveau,saufen ce qu'it a la sotte naïvetéde s'at-tribuer un rôle supérieur. Mais nous savons aussique cette opinion n'a pas de bien profondes racines,et que ceux qui la cultivent avec le plus de zèlel'arrachent promptement lorsqu'il s'agit de défendreleurs droits de paternité sur leurs oeuvres, le méritede leurs découvertes. La série des mouvements en-chaînés n'a plus alors de vertu, c'est leur travail,leur talent, leur génie qui a tout fait. Tant il estvrai que la vérité est plus forte que l'esprit desystème

Entre l'homme et Dieu y a-t-il des êtres plusgrands que l'homme et moindres que Dieu? Lascience n'en sait rien, n'en peut rien savoir et parconséquentn'a pas le droit de le nier. Si ces êtres,qui sont les anges, existent, d'abord il n'est pasdouteux qu'ils ne sont pas compris dans la série desphénomènesmécaniques dont se compose notre uni-

vers. La raison eu est bien simple ils sont imma-tériels, et le mouvement matériel ne peut se trouveren un sujet qui n'est pas matière. En second lieu,ils exercent leur action sur la matière qui de soncoté ne peut les atteindre. En effet, la création est

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une œuvre essentiellement ordonnée, et l'ordreparmi les êtres capables d'action. exige que les in-férieurs soient soumis à l'action des supérieurs.Il faut ou nier l'ordre, ou accorder cette subor-dination. C'eat la raison même donnée jadis par!os scolastiques nous pensons qu'elle a gardétoute sa valeur en vieillissant. Du reste, ce que l'onest en toute hypothèse obligé d'admettre, c'est quel'existence d'êtres supérieurs à l'homme et capablesd'agir sur la matière, est une chose possible. Rienn'empéjbo de supposer que leur action est pure-ment directive, qu'ils ne créent rien, non pas même

une unité de mouvement. Mais, de même que toutesles énergies du monde livrées à elles-mêmespendantdes tiectes sans Sn n'auraient pas pu produire lepremiervers de l'Iliade, ni même le frontispice del'Almanach Liégeois, lesquels sont de vrais miracles

par rapport à !a nature physique, et des miraclesproduits par la direction de l'homme imposée auxforces de la nature physique; de même les effets quir~atteat de la direction imposée par les anges tcette méme sature, à celles de 18 nature animale etde la nature humaine, sont supérieurs à tout ce quepeavMt ie< natures inferienrea, depaie l'eiomentmatérieljasqa'à MM M tont des miracles surnatu-rels et surhumains. Or, pour lé dire en passant, s'ilM noua est pas <aci!ededoMerdei'ex!steBcedesMgM nne preuvedirecte, dea que des faits sarhu-

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BMtM, dont Dieu n'est pae l'auteur, sont constatés,il devient expérimentalementcertainqu'ilya d'autrescréatures au-dessus de nous, que les anges existent.

Ce que les hommes peuvent, ce que les angespeuvent, Dieu le peut il peut mettre en jeu lesforces qu'il a créées, mais de telle sorte que l'effetproduit dépasse la puissance de la nature physiqueabandonnée à elle-même, ou bien dirigée par la na-ture humaine ou par la nature angéiique. Il suffitd'énoncer une telle vérité pour montrer qu'elles'imposera la raison. Ainsi, sans toucher à la cons-tance relative de la somme des énergies qui animentl'univers, la raison est encore forcée d'admettre au-dessus des effetssurnaturels et des effets surhumains,deseuetssurangéHques, des miracles divins. Cetteconclusion n'est qu'une application du principe demécanique en vertu duquel chaque force concou-rante a son effet total dans la résultante, complétée

par ce fait d'observation que cette même résultanteporte eaMBtieUementl'empreinte de la cause direc-trice~ toit que cette cause soit une force au sens mé-canique du mot, soit qu'elle ait une action d'espèce

toute dtMf<nte.Ainsi le Mat f<!t de la préMnced'agents de nature

différentedans l'univers rend le miracle, entendu auMM relatif, presque nécessaire et, si t'oo peut ledire tout à fait natare!. A moins de parquer lesagents en des compartiments réciproquement in-

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franchissables, les phénomènes relativement surna-turels ont leur place dans le coursnatureldes choses,aussi bien que les phénomènes dont l'origine estsans mélange. Cette considération qui, on le voit,est fondée solidement, c'est-à-dire sur la vérité, acependant un défaut elle semble ôter an miracle

son auréole, en l'abaissant, pour ainsi dire, à la vul-garité des événements les plus communs. Ceci estune difficulté de famille, où les incrédules, dûmentréfutés, croyons-nous, par ce que nous venons dedire, n'ont rien à voir. Nous la résoudronsplus loin,mais nous devons d'abord examiner un autre sensdu mot et l'aspect particulierqu'il donne à la doc-trine.

Le mot nature est souvent pris en un sens collectif

pour signifier tous les êtres de la création sensible,qui constitue alors comme une sphère distincte decelle de Dieu et des êtres purement spirituels. Nousn'avons pas à examiner lesmerveilleuxattributsdontles langueshumaines gratifientla nature, lorsqu'ellesont peur du nom de Dieu.Ce sont en général des mé-

taphorescreuses qui.enamusantl'oreille,font oublierà l'intelligence les lois de la pensée. La nature n'estrien en dehors des êtres dont e!le est la somme et deleurs actions réciproques.sinonun mot.Pour en étu-dier le rôle réel, il faut étudier le rôle réel des êtreset des actions dont elle est la somme. Un phénomèneproduit en dehors de la nature ainsi entendue serait

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assurément un miracle. Mais un tel phénomène est-il possible? Assurément Dieu, qui a créé tous lesêtres qui existent hors de lui, qui leur a donné lespuissancespar lesquelles ils agissent, peut directe-ment donner l'existence à chacun de~phénoménes

que chacun de ces êtres a la capacité de produire, ilpeut leur donner l'existence sans le concours d'au-cune cause distincte de lui. Et, comme sa puissances'étend à la fois sur les uns et les autres, il peut lesproduire tous à la fois, autant du moins que l'exis-tence des uns est compatible avec l'existence desautres il peut, sans l'univers, tout ce qui se faitdans l'univers. n peut infiniment plus encore, carl'univers est bornéet sa puissance ne l'est pas. Toutcela est rigoureusement vrai, si l'on considère lapuissance de Dieu en elle-même mais Dieu lui-même n'a-t-il pas librement limité l'exercice de sapuissance en créant le monde dans telles et tellesconditions ? La production directe d'un phénomènesans le concoursd'un être créé ne serait-elle pas encontradiction avec ce qui est?q

Ce n'est pas précisément la pensée de Dieu etde son existence qui parait importune à beaucoupde personnes, mais bien celle de son interventiondans nos affaires, de sa Providence. Aussi, l'on con-sent volontiers à lui laisser créer le monde une fois

pour toutes, pourvu qu'après cela il se retire dansson éternité et ne s'occupe plus de nous, ni de ce qui

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nons regat~e de près oa de loin. Ce que betaccapsouhaitent, beaucoup s'imaginent le croire. Un dé-ploiement nouveau de la Tooto-PaiMMCo ne ren-contre paa d~otre contradiction que cette croyancede la voiodW, contradiction morale et non ontolo-gique. Or, rien n'est plus facile que de dissiper unetelle diatcaUëet de la dissiper scientinqaemeBt. Un

grand <ait s'est accompli depuis la créationpremière,dont Dieu seul est l'auteur. Nous voulons parler de

l'apparition sur la terre des êtres vivants. M estmaintenant scientifiquementdémontre que, pendantde longs siècles, le monde n'eut d'autre règne que !erègne minéral il n'est pas moins incontestablequela vie n'a pu sortir des minéraux, qu'il n'a fallu pourla produire rien moins qu'un acte créateur~ Que l'onsoutienne, si l'on veut,que les plantes et les animauxsont, en ce qui concerne l'organisation, des combi-naisons nouvelles d'énergies déjà existantes, nousne voulons pas y contredire; mais la vie, cetteflamme, cette puissance qui dirige, qui utilise lesénergies d'un organisme et en règle révolution,estune force sans analogie dans le règne physique, uneforce substantielleqai n'existait pas et que te créa'teur introduisit dans l'existence le jour qu'il Stparaîtresur la terre, ce qui en est la gloire, les êtresanimés. Donc, la puissance créatrice ne s'est pointemprisonnée eMe-méme dans son repos éternel,après en être sortie une seule fois, et rien ne noua

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MtoriM croire qu'eue M M manltestera pins pardes phénomènes dont la nature ne contient pas la

cause.Les miMc!eâ proprement dits sont des manifesta-

tions de la cause créatrice, des oeuvres proprementdivines. Comme nous venons de le remarquer, cesmiracles ne supposent pas essentiellement une in-fraction à la constancede la somme des énergies del'univers. La résurrection d'un mort, par exemple,que le Créateur peut seul opérer, se comprend fortbien si l'on suppose dans l'organisme une simpleréorganisation des forces qui déjà s'y sont rencon-trées. A cet égard, le phénomène peut s'assimiler àcelui qui a lieu lorsqu'on nouve! être vivant entredans la vie par la voie ordinaire de ia génération. Laréunion du principe vivant èt de l'organisme, enquoi consiste vraiment, dans le cas d'une résarreo-tion, le miracle divin, ne tombe pas sous les condi-tions du mouvementet de ses lois.

Mtisla production d'un phénomène dans les con-ditions que Bous menonsd'examiner successivement,suffit-elle à la notion du miracle? La réponse à cetteqnestion peut être double. Si l'un considère le mi-racle en lui-même, dans son essence, en tant qu'ilest effet de sa cause efficiente, assurément ce quenous avons dit doit <aSire, et les objections d'unesciencemal digérée noas semblent ainsi pleinementrésolues. Mais, si l'on ne s'en tient plus seulement à

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l'essence du miracle, si l'on envisage le côté moral,la fin, la signification, notre description réclame uncomplément.

Le miracle, suivant le langage expressif de l'Écri-ture, est signe, c'est-à-dire un moyen sensible

par lequel Dieu révèle à l'homme sa présence et sonaction actuelle. Or, ce caractère suppose nécessaire-

ment que le miracle est une oeuvre extraordinaire

non moins que surnaturelle; extraordinaire pourexciter l'attention, surnaturelle pour marquer sonorigine. Le miracle est donc une exception, non pasà tout ordre, ce qui serait absurde, mais à cet ordreque nous allonsdire.

Les phénomènes qui se produisent ordinairementdépendent du concours de plusieurs agents naturelset même sensibles le monde visible n'est pas autrechose que l'ensemble ordonné des agents matériels,animés ou inanimés, de leurs opérations et desphénomènes qui en résultent. Il y a des causessecrètes qui déterminent ce concours d'agentsspéciaux pour produire des phénomènes spéciaux,

sans quoi le mélange confus de tous les agentsenfanterait le chaos au lieu de cette belle ordon-nance qui a mérité au monde son nom. Certainesinfluences mystérieuses rapprochent les êtres desdivers règnes et unissent leurs aptitudes diverseset harmoniques pour un effet commun. Ce n'estpoint par hasard que le vent pousse une graine

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sur un peu de terre végétale, que la chaleur, l'humi-dité et la lumière y versent tour à tour quelquechosede leurs trésors pour permettre à cette graine deparcourir toute la série de son évolution le vent, lapluie, la lumière, la chaleur, les éléments de la terrevégétalemême et la graine obéissent à une loi trèsflexible, mais très efficace pour garantir, si l'on peutainsi dire, à notre planète la somme de végétationqui lui a été mesurée. Une force moins cachée estcelle qui groupe les agents doués de sensibilité c'estl'instinct, dont l'hommemême est, malgré ses résis-tances apparentes, ordinairement le serviteur. Mys-térieux dans sa nature, l'instinct se laisse étudierdans ses effets, et on le voit conduire sûrement lesanimaux aux fins les plus variées, s'en servant tantôtpour restituer aux trésors du règne minéral les em-prunts contractés par les êtres vivants, tantôt pourdistribuer sur la terre et pour conserver les espècesvégétales, et toujours préparant avec certitude tesconditions de l'exercice de leurs fonctionsparmi lesêtres animés. Inutile d'insister sur ces merveillesdont la science n'a découvert encore que la minimepartie, et que l'on ne remarque pas sans une étudesérieuse et soutenue.

Si la raison de cette loi n'est pas familière ancommun des hommes, tons en constatent spontané-ment les premiers résuttats dans une foule de casordinaires. Nous sommes habitués à voir les agents

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de It nature combiner ïenrs opérations par groupesspéciauxet donnerainsi naissanceà des phénomèneetpéciaux. C'ett it le court des choses, court uni-forme et tranquiiie, dont le spectacle se déroute per-pétueitemeBt sous nos yeux, sans produire en nousla moindre émotion, parce que rien n'en déraoge lasurface. Mais qu'un Oot ~y~ouieve, qu'une anomalie

se produise dans le concours des agents; ou dans lescaractères du phénomène, que t'un des agents ordi-naires fasse défaut et produise une lacune dans le

concours des causessans que le résultat soit altéré,que le phénomène soit tout différent de ceux quenous avons l'habituded'observer, alors notre atten-tion est soudainement saisie, nous sommes étonnés,et nous sommes forcés de reconnaître la présence etl'action d'un agent extraordinaire.

En général, c'est l'anomalie dans le concours de<

agentsqui tire vivementl'homme de son indiOérence.Faisons comprendre cela par nn exempte. En pleinhiver, au milieudes bois, un voyageuraperçoit unemadone dont le vent a étoilé de neige la niche rus-"tique; H s'approcheet voit aux pieds de la Vïergennbouquet de roses fraîchement épanouies; alors,comme les Hébreux à la vue de la manne qui tombaitdu ciel, il se dit à lui-même < qu'est-ce que ceci ?

Puis, la réSexion aidant; il raisonne de la sorte:« Pour faire épanouir des roses, il faut une tempé-

.rature doace; or, cet agent faif évidemmentdé&o<

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en ce lien glacé. Il est vrai qu'en cette saison il y ades serres où les roses parviennent tant bien que malà s'ouvrir; mais ces fleurs n'ont pu se transporterd'elles-mêmes aux pieds de cette madone. Voyons

s'il est quelque pieux fidèle qui ait apporté ici lestémoignagesde sa vénération, il aura laissé des ves-tiges or, sur la nappe de neige immaculée, je n'a-perçois d'autre trace que cette de mes pas. Encore

nne fois, qu'est-ce donc que ceci? Voità commentl'absence des causes naturelles d'un phénomène,absence et phénomène très facilement constatés, faitcrier au miracle. Le miracle des roses nous a étérapporté par un homme qui assurait en avoir ététémoin nous n'en garantissons pas autrement l'au-thenticité.Plus rarement, c'est dans le phénomène que seremarque d'abord l'anomaHe. Un convoi funèbretraverse la place publique. Un homme de Dieu lerencontre. tt s'approche du cercueil, et, au nom duMaitre de la vie, commandeau mort de se levé. lemort se tève, il parle, il est vivant. Un mort ressus-cité, voi!a, certes, un phénomène qui sort tout en-tier de l'ordre de la nature. S'il y a un concoursd'agents naturels qui, sous certaines conditions, ap-pene infailliblement la vie dans an ensemble déter-miné d'éMments matériel, il n'y en a pas qui larende cet organisme une fois qu'il l'a perdue. Ici,le témoin n'a pas besoin de chercher quel élément

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fait défaut le phénomène parle de lui-même et,contrastantd'une manière absolue avec tout ce queproduit la nature, s'impose à l'admiration et se pro-clame miracle.

Ce qui ne frappe pas moins le témoin du miracle,c'est la manièredont le thaumaturge le produit etparoù il se distingue totalement des agents physiques.Tout ce qui s'accomplitnaturellement sous nos yeuxest l'effet d'actions réciproques de la matière sur lamatière, ce sont des mouvements communiqués etreçus, des mouvements qui naissent de mouvementsqui précèdent et qui s'éteignent dansdes mouvementsqu'ils engendrent, ce sont des phénomènes dont letempsest avec l'espaceune conditionessentielle.Riende semblabledans le miracle lephénomene s'accom-plit à l'ordredu thaumaturge,instantanément,absolu-mentcommesi lesforcesbrutesqu'ilmeten jeuétaientdouées d'intelligence, de volonté, et de la docilité laplus parfaite. Le thaumaturge se fait obéir par des

agentsnaturellement incapablesd'obéir, incapables de

recevoir un ordre etde s'y conformer;ilentre en par-ticipation de la puissance admirable que 1~'psalmistedécrit par cesdeux mots sublimes <~c<f~/<!CM M<Kf.

NousenavoMun exemple saisissant dans la tempêteapaisée 7tMp~'<n~c~M«<!Mtftet ~ctct est tMM~wt-litas magna. Entre le thaumaturge et les agentsphy-siquesunepuMMMe intervient-ellepourlessoumettreà son commandement, ad <M<tM~, comme parle saint

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Thomas? on bien existe-t-il certainesconditions quiplacent immédiatementces mêmes forces brutessonsla direction complètede l'être intelligent?Nous nesaurions répondre à ces questions. Mais, quelle quesoit au fond l'essence de ce pouvoir qui commande

en maître à la matière, les hommes ne peuvent envoir la manifestationsans être forcés par l'évidencela plus irrésistible de confesser que la nature n'ajamais rien oSërt de semblableà leur observation etqu'un phénomène accompli dans de tellesconditionsest très certainement surnaturel.

Résumons-nousbriévement.Lemiracleestune con-séquencenécessairedu concoursd'agents qui différententreeux d'ordreet de nature; car le phénomène quirésulte de ce concours est évidemmentsupérieurauxcapacités des agentsconcourantsde natureinférieureet par conséquent rigoureusement surnaturel parrapport à ces agents inférieurs. Pour nier le miracle

avec quelque logique, il faut, ou bien nier l'existencede ces agents de natures diverses et subordonnées,

ou bien nier que leurs opérations puissent se subor-donner en vue d'un effet à produire. Or, il est un faitpatent comme le jour, qui ôte à ces deux négationstout fondementraisonnable, c'est le fait de la naturehumaine mettant en oeuvre ies agents de la naturebrute et même de la nature vivante pour produiredes effets incontestablement très supérieursà ceuxque produisent ces natures inférieures laissées à

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e!!es~6a~.L'homtaefaitvéHtab!ementdesmirac!e3,et !'on MmpoM ses opérât<oos extefieares à cellesdes agents ptacés au-dessous de lui.

Le rôle de l'homme dans le monde physiqueprouve donc expérimentalement que les agents decatares d~efscs peovent antr leurs opérations, ?que de ce concouMrésulte un phénomènemiraculeux

ar rapport aux agents de nature inKr!eure. Ûonc,13. subordination des ageatf divers~ depnis l'élémentmatériel jusqu'à Dieu, appelle nécessairement lemiracle.

En vain obje<Ae-t-on<~eïâ constanee des énergiesde la nature protestecontre la possibilité du concoursdes causes immatérielles avec les forces physiques;que cette constance, qui est un dogme seieotMqne,serait troubléesi un seu! miracleavait lieu en vertud'un tel concours, parce que le mtràcte serait ehpartie un phénomène phystque sans antécédent phy~sique, et par conséquentajouterait quelque chose à]a somme des énergies. L'homme avec son activité

propre est encore là pour démentir cette prétecdaeincompatibilité d'un phénomène sans antécédentphysique avec la constancedes énergies de la nature.M agit de mille manières et avec une pleine liberté,c'esH-dire, sans que ses doterminattoMatentun an-tëcMent phystqae: tten est !e principe iodëpÉodaat;et n agit de telle sorte qu'une f&u!e de pheoomeoeaphystqaes lui dotantd~exiaier. atnMKhM ïeaf6)ad,

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do moins dans leur forme. Si t'oo douait ici deFio~portance de la forme, que i'on compare un pa!a!s,

oeuvre de t'homme et de la nature, à une carrière,oeuvre de la nature toute seule. Donc, ou bien H

faut dire que l'homme agit par une puissancedtrec-~e qui donne naissance aux phénomènessans rienajouter à la somme des énergies; ou bien it ~utcon"venir que la somme de ces énergies, accrue dequelque quantité par l'activité de l'homme, n'est pas

absolument constante. La doctrine du miracle s'ac-commode également bien de l'une on de l'autrecorne du dilemme. Ce qui prouve que, pour tournercontre le miracle la proposition de la constance desénergies, H faut n'en comprendre ni les limites, nimême !a signification.La naissance des mouvementsest un grand mystère, et c'est faire preuve au moinsde naïveté que de chercher une objection dans unmystère.

Ces considérationssuffisent amplement pour mon-trer que te surnaturel est Ja chose !a p!us naturelledd monde. Les natures supérieures font naturelle-ment et essentiellement leurs opérations, et elles necessentpas d'êtrenatures pourêtre supérieures. Mais,parmi ces opérations, il en est qui sont ordonnéespour manifester spécialement la volonté divine, cesont les miracles proprement dits, des œuvres quiexcitent !'ëtonnement et l'admiration parce qu'ellessont ~c~oor~M~M.Elles sont extraordinaires,on

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bien parce qu'elles constituent un phénomène ordi-nairequipreadnaissance malgrél'absenceévidente de

l'unon de plusieursde ses agentsordinaires,paroù ildevient évidemment extraordinaire; ou bien, parcequ'elles constituent un phénomène que nul agent or-dinaire n'a le pouvoir de produire; ou bien enna~

parce qu'elles mettent en jeu les agentsordinaires,d'une manière évidemment extraordinaire, c'est-à-dire par des voies que leur nature ne connaît pas. A

ces marques, il n'est pas possible de ne pas recon-naître l'intervention d'un agentsupérieurà la naturephysique et à la nature humaine. C'est ainsi que lemiracle proprementdit, qui est une application ri-goureuse de la loi essentielle des causes et de leursubordination,déroge cependant aux lois visibles,c'est-à-dire, à l'ordre extérieur des causes phy-siques.

Ajoutons en unissant uneobservation qui a sonim-portance. L'influence des ennemis du surnaturel,in-fluence malheureusement inévitable, a pour effet dedéformer en nous et à notre insu la notionexacte desrapports du monde avec Dieu. Si l'on n'y prendgarde, l'on en vient à considérer le monde presque ààleur manière. Comme eux, l'on voit en Dieu unouvrir, et, dans le monde, une machine construite

par lui. Et, de même qu'une machine vulgaire, unefoiscoMtruite, remplitses fonctionsindépendammentdu constructeur, l'on s'imagine volontiers que la

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machine du monde, une fois sortie des mains duCréateur, accomplit son évolution uniquement parsa propre vertu, c'est-à-dire par le moyen de l'im-pulsion qu'elle a reçue et par le jeu automatique desdiverses pièces qui la composent. Voici en quoi l'ons'éloigne des rationalistes, et l'on espère rester dansla vérité. Dieu n'a pas absolument perdu le droitde toucher à sa machine, mais it n'en use qu'avec laplus extrême réserve, en de très rares circonstanceset s'il en est fortement prié. Ordinairement il secontente de regarder de fort loin le mouvement del'univers.

Rien n'est plus faux que cette conception. En au-cune doses parties, en aucun instant de sa durée, lacréation n'est indépendante du Créateur. Nous

sommes infiniment moins maîtres de nos pensées etde nos déterminations libres, que Dieu ne l'est desphénomènes du monde, depuis les mouvements desastres jusqu'aux vibrations des molécules innom-brables de la matière universelle. Dieu est hors dumonde en ce sens que le monde est diMinct de lui

mais il n'est pas hors du monde en ce sens qu'il esten un lieu et le monde en un autre. Le monde estplongé en Dieu pour recevoir à chaque instant de luil'être et l'agir. Les phénomènes qui s'yaccomplissent

ne sont pas moins l'oeuvre de la puissance divineque coMe des agents naturels. Mais leur forme Mn-sible dérobe à nos esprits l'action de Dieu. L'habi-

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tttde noos enveï~e e<Mnm~ d'en broaMM~jM

nous fait oublier t~tïto soleil. Le miracle dëchtrele votiepour les yeuxMia<, etiM tHamuMm~i<MHa!)t

d'<<n rayon <ïeD!ea.