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MIGRATIONS INTERNATIONALES ET PAUVRETE EN AFRIQUE DE L’OUEST ABDOU SALAM FALL ET ROKHAYA CISSÉ SOCIOLOGUES INSTITUT FONDAMENT AL D’AFRIQUE NOIRE, UNIVERSITÉ DE DAKAR JANVIER 2007 Document de travail N° 5

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MIGRATIONS INTERNATIONALES E TPAUVRETE EN AFRIQUE DE L’OUEST

ABDOU SALAM FALL ETROKHAYA CISSÉ

SOCIOLOGUES INSTITUT FONDAMENTAL D’AFRIQUE NOIRE, UNIVERSITÉ DE DAKAR

JANVIER 2007

Document de travail N° 5

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Cette contribu-tion propose unétat des lieux desquestions migra-toires dans uncontexte ouestafricain marquépar une pauvretémassive. Elleindique éga l e-

ment un certain nombre de centres d’intérêt der e ch e r che relatifs à la migration et la pauvretédans cette région. Pour ce faire, un bref rappel desthéories des logiques de reproduction des migra-tions internationales met en avant ces détermi-nants. En effet, si les migrations internationalesen provenance de l’Afrique de l’Ouest s’intensi-fient en se massifiant c’est d’une part, dû au fait

qu’elles trouvent dans ses mobiles et réseaux lesressources de sa reproduction et, d’autre part,qu’elles restent paradoxalement, pour une largepart, stimulées voire complexifiées par les politi-ques de fermeture de frontières appliquées pardifférents pays d’accueil. Il n’empêche que cesmigrations demeurent une réponse par défaut enraison des fortes vulnérabilités de cette régionconfrontée à un niveau des plus faibles comparéeau reste du monde.

Une telle situation corrobore différentesthéories relatives à la migration dont une des pre-mières est relative à Ravenstein (1885) qui faitréférence à un certain nombre de lois issues del'analyse des données disponibles à l'époque, tel-les que la primauté des migrations de courtes dis-tances, l’existence d’un contre flux migratoirec o m p e n satoire pour chaque flux migratoire, ledésir d’améliorer le statut sur le plan matérielcomme principal motif des migrations.

Une autre théorie est celle de l’économieduale qui soutient que les économies se décom-posent en deux secteurs: un secteur traditionnelet un secteur moderne. Le premier disposant d’unsurplus de main-d'œuvre et le second prompt àabsorber cette offre de travail suivant un mode derémunération beaucoup plus attractif que dans lesecteur traditionnel (Lewis 1954, Ranis et Fe i1961). Le flux migratoire est donc maintenu tantque ce différentiel n'est pas résorbé.

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Cette approche dualiste dans les années70 a été fortement critiquée par Todaro, qui lajuge à la limite caricaturale au profit d’une théo-rie de la migration dans laquelle la décision demigrer relève d’un choix rationnel basé sur un cal-cul coûts-bénéfices. De plus, Todaro étend lanotion de dualisme au milieu urbain en deux sec-teurs distincts : le secteur moderne et le secteurinformel dans lequel s’engouffrent en premierlieu les migrants et qui continue à s’étoffer d’oùune croissance urbaine soutenue (Bocquier etTraoré, 2000).

D’autres théories peuvent être rappelées,notamment celle des réseaux selon laquelle « l e smigrations sont des processus auto-entretenus »(Borrel, 1999)1, la théorie privilégiant les coûtsd’opportunité ou théorie « i n s t i t u t i o n n e l l e »considérant les supports des orga n i sations huma-nitaires ou les filières souterraines comme un «capital social pour l’accès aux marchés du travailé t r a n g e r ». Pareillement, il convient de mention-ner la théorie de la « c a u salité cumulative » quimet l’emphase sur les modifications entraînéespar les migrations sur le contexte social où s’éla-borent les stratégies migratoires qui finissent parprovoquer un potentiel de stock de candidats audépart (Myrdal, 1957). Ces différentes théoriesmontrent que les facteurs de perpétuation de lamigration sont donc inscrits au cœur du faitm i g r a t o i r e .

En revanche, l’approche néo-classiquestandard plaçant la migration comme un effet«des différences géographiques entre l’offre et lademande de travail» (répulsion-attraction oupush-pull) et celle de l’ « économie monde »selon laquelle le capitalisme crée dans les périphé-ries « une population mobile disposée à migrer »gardent leur généralité en ce sens qu’elles sousestiment les stratégies des acteurs et se contententde l’explication par les « facteurs historiques degrande ampleur ». De ce fait, elles n’accordentpas d’intérêt aux implications sociales et écono-miques de telles inégalités structurelles qui, ànotre sens, méritent plus d’attention. En effet,alors que le modèle de rattrapage de l’occidentsombre dans la crise faisant douter des formesd’ascension sociale habituelle dans la régionOuest africaine (politiques sociales faibles : qua-lité faible de l’école qui forme des ch ô m e u r s ,manque d’équité et d’accessibilité des services desanté, insuffisance des infrastructures et inéga l i t é sd’accès à l’eau et aux dispositions performantesd ’ a s sainissement et d’aménagement, sa t u r a t i o ndes filières agricoles de production de rente), lescontre sociétés s’imposent par un modèle « i n d i-

g è n e » consacrant les nouvelles réussites portéespar des groupes issus des secteurs populaires. Deplus en plus de jeunes renoncent à l’idéal habituelde réussite sociale par les longues études, l’accèsaux hautes fonctions bureaucratiques ou tech n o-cratiques, l’accès à l’emploi par un apprentissa g en o r m é .

A l’heure actuelle, nous sommes au cœurde la nouvelle économie de la migration du tra-vail qui soutient que la migration repose sur unchoix collectif fait par un groupe d'individus, sou-vent le ménage. La famille avance l'argent néces-saire pour payer les coûts de la migration (visa ,passeport, transports, installation). La migrationn'est plus déterminée par les écarts de revenuscomme dans les théories précédentes, mais parune logique de diversification des revenus et desécurité face aux facteurs de basculement desménages dans la pauvreté.

Il y a ainsi une inversion du modèle deréussite qui structure le plus les migrations. C’estdésormais le règne du gain immédiat et de l’effetmiracle. D’autres métiers ou stratégies sont valo-risés, notamment chez les populations jeunes.Les modèles émergents privilégient le profil dumigrant investisseur dans son milieu d’origine ;le commerçant n’ayant pas bénéficié de transmis-sion de patrimoine par héritage et issu du secteurp o p u l a i r e ; l’homme ou la femme d’affaires rusé(e) et audacieux (se). Avec la complicité de leursparents, de plus en plus d’acteurs sociaux, jeuneset moins jeunes aspirent presque tous à migrerpour ensuite investir chez eux dans l’immobilier,le commerce et prendre en charge significative-ment les dépenses de la famille d’origine. Les jeu-nes socialisés dans les grandes villes sont devenusles premiers candidats à la migration internatio-nale. Pour cela, ils font du « t a q a l e » [m o b i l i s e rplusieurs bouts de ressources] pour financer ledépart. Les billets « a r r i v é e - p a y é e » sont propo-sés à leurs parents par des intermédiaires quidemandent en gage un titre foncier ou les bijouxen or d’un des membres de la famille.

La migration entretient donc la migra-tion. Le migrant n’est pas seul. Il s’appuie sur sesgroupes d’appartenance dans les différentes éta-pes de la migration. Toutefois, la migration ouvrela voie à une culture translocale qui participe àreconfigurer les rapports du migrant à ses com-munautés et au monde par le truchement dest e chnologies de l’information et de la communi-cation. La place importante des transferts d’ar-gent sur les économies domestiques Ouest afri-caines participe également à doper la migration.

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Les candidats au départ se laissent prendre àl’élan de futurs faiseurs de miracle au point deprendre des risques particulièrement élevés. Lesembarcations de fortune qui les conduisent mas-sivement aux Iles Canaries au prix sans appel deplusieurs morts durant ces traversées maritimesredoutables traduisent ce rapport inédit aux ris-ques. Parvenir à destination ou périr, « Barça oub a r sa a q » (Barcelone ou les cimetières) telle estl’expression du cul de sac dans laquelle se sontinscrits désormais les nouveaux courants migra-toires Ouest africains en direction de l’Oc c i d e n t .Lorsque les modalités de départ s’apparentent ausuicide perceptible auprès des milliers de person-nes du Sénégal, de la Mauritanie, de Guinée etc.,il devient aisé de considérer que le lien pau-vreté/migration internationale devient un desenjeux de premier ordre dans l’évolution dessociétés ouest africaines. La pauvreté suffit –ellepour changer aussi fortement les schémas deréussite sociale ?

En outre, il nous semble important d’ex-plorer le fait que si la dynamique des migrationsest largement portée par le potentiel de miraclequi lui est attribué, c’est en raison du brouillagede ses propres statistiques de réussite. Cette faiblelisibilité est mise en évidence par le témoignagesuivant d’un migrant « personne ne peut per-

suader Demba que la réussite de Saliou est uneexception par rapport à un groupe de cent immi-grés. Il préfère rêver d’être la prochaine exceptionet donnera, sans hésiter, à quiconque peut luia s s u r e r son entrée à Paris, Los Angeles ouMadrid, les 3000 Euros que son kiosque à painlui ont rapporté » Mbaye S. A., 2005 :20). Ilnous apparaît que la socialisation de ce nouveaurapport au risque (logique binaire de deux extrê-mes) constitue un des ressorts des dynamiquesmigratoires faiblement convoqué dans les étudesmigratoires. Il faut en arriver à une chronicité dela pauvreté telle que les prises de risques inconsi-dérés deviennent la règle qui organise les migra-tions internationales aussi massives.

Pour esquisser des réponses à cet ensem-ble de centres d’intérêt des rech e r ches relativesaux migrations internationales, il est d’abordutile de s’arrêter sur l’évolution du contexte ouestafricain des ménages pauvres. Ensuite, il serasuccessivement traité l’évolution des flux migra-toires, les déterminants de la migration interna-tionale, les politiques migratoires, les effets sur lesmilieux de départ et d’accueil et enfin les tendan-ces de la migration internationale. En conclu-sion, les thèmes de rech e r che seront esquisséspour indiquer les axes d’investi gation des futuresr e ch e r ch e s .

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ontexte Ouest africaind ’ é volution des ménages pauvresC

L’Afrique de l’Ouest regroupe 16 paystous membres de la Co m m u n a u t éEconomique des Etats de l’A f r i q u ede l’Ouest (CEDEAO), à l’excep-tion de la Mauritanie qui appartientà l’Union du Maghreb Arabe( UMA). La population de la régionest de 237 millions d’habitants envi-

ron et représente 29% de la population totale del ’Afrique sub-saharienne. Mais le Nigeria à lui seulavec plus de 120 millions d’habitants abrite plus de lamoitié de la population de la région. En outre, lepoids démographique de l’Afrique de l’Ouest est rela-tivement plus important que son poids économique,

car la région ne produit qu’environ 14% du PIB del ’Afrique subsa h a r i e n n e .

Les pays connaissent des situations différen-tielles résultant de dotations naturelles et de politi-ques économiques différentes. Treize pays ont unaccès à la mer tandis que trois sont des pays enclavés(Burkina, Mali, Niger). On y trouve différentes zonesclimatiques, des déserts aux forêts humides, mais éga-lement différentes spécialisations économiques.Certains pays disposent de ressources minières etpétrolières considérables (Nigeria, Mauritanie) tandisque d’autres ne profitent pas de leurs potentielsencore faiblement maîtrisés dans ces domaines. Auniveau économique et monétaire, la région concentreplusieurs régimes monétaires et de change, même sitous les pays francophones partagent la même mon-naie. Ce pluralisme peut obérer l’intégration des éco-nomies domestiques. Certaine économies sontaujourd’hui dans un état stationnaire ou régressif.

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C’est le cas de la Côte d’Ivoire dont la crise politiqueactuelle a des impacts économiques considérablesdans la zone UEMOA dont elle produit environ 40%du PIB.

L’agriculture reste et restera pour longtempsencore un secteur stratégique pour la plupart desÉtats membres de la CEDEAO. Sa contribution auPIB varie entre 30 et 60 % selon les pays ; elle parti-cipe pour 60 à 80 % à la valeur des recettes d’expor-tation et procure des emplois à près de 70 % de lapopulation (CEDEAO, 2003). La production agri-cole s’est accrue de seulement 0,6 % environ par anau cours des 10 dernières années, tandis que la popu-lation a de son côté progressé de 2,7% environ par an; ce qui a creusé le déficit alimentaire et accru lesimportations de produits agricoles. La croissance dela production enregistrée résulte davantage de l’ac-croissement des superficies qu’à l’augmentation desr e n d e m e n t s .

Toutefois, la performance du secteur agricolevarie considérablement selon les produits agricoles etselon les pays. Par exemple, même si au cours des 40dernières années une baisse sensible a été constatéedans la production par tête de certaines céréales loca-les traditionnelles comme le mil et le sorgho surtoutdans les pays sahéliens, des augmentations importan-tes ont été notées pour les tubercules ou le niébé. Lecheptel a également connu une croissance plus oumoins égale à celle de la population, c’est à dire entre2,5 et 3%.

Au rythme de la croissance démographiqueactuelle (2,7% par an), la population va doubler d’icià 2020 (Lauzon, 2005)2. Cette croissance démographi-que va surtout affecter le développement des villes. En1960, la population urbaine d’Afrique de l’Ouest nereprésentait que 13 % de la population totale ; en1990, les petites et grandes villes atteignaient 40 % dela population totale et on prévoit que 60 % ou plusde la population de la région résidera en milieu urbaind’ici 2020 et on dénombrera probablement 300 villesdes plus de 100 000 habitants contre 90 en 1990.( Toulmin et Guèye, 2003).

L’Afrique de l’Ouest fait partie des régions lesplus touchées par la pauvreté. Le revenu moyen p e rc a p i t a se situe selon les statistiques entre 305 et 340US$. La pauvreté extrême touche environ 40 à 45%de la population (REPA, 2005) avec des variationsassez importantes selon les pays car la proportion depersonnes vivant avec moins d’un dollar par jourvariait de 15% au Sénégal à plus de 60% au BurkinaFaso, Niger, Sierra Leone et Togo (Oduro, in Guèye etal. 2005)3. Quatorze des 16 pays que compte la régionsont des PMA donc éligibles à l’initiative PPTE. Il fauté galement noter que la pauvreté frappe plus durementle milieu rural où 70% des pauvres de la populationvivent dans une situation de pauvreté extrême (Guèye2006). La pauvreté reste un phénomène multidimen-

sionnel qui résulte de la combinaison de facteurssocioculturels, économiques et politiques.

Causes de la pauvreté des ménages rurauxet de la faible performance des systèmes agricoles

L’exclusion et la marginalisation sociales, lefaible accès aux ressources clés, comme la terre, le cré-dit, l’accès difficile aux marchés, l’inadaptation despolitiques nationales de même que les règles inéqui-tables du commerce international, interagissent pourralentir le développement des exploitations agricolesfamiliales et maintenir la plupart des ménages rurauxdans une situation de pauvreté extrême.

En effet, il existe une corrélation étroite entrela performance du secteur agricole et l’incidence de lapauvreté. Au plan des politiques, les programmesd’ajustement structurel initiés dans les années 1980,ont imposé la libéralisation et le désengagement del’Etat. Cette situation s’est traduite par une baisse del’investissement, par les exploitations agricoles fami-liales rurales qui n’avaient plus accès au crédit et nebénéficiaient plus de la garantie des prix pour leursproduits.

Parallèlement, la plupart des exportationsagricoles repose sur un nombre limité de produits pri-maires, offrant par conséquent très peu de valeurajoutée. La dégradation des prix sur les marchés inter-nationaux des produits non ou peu transformés, aobligé les pays ouest-africains à accroître sensible-ment les surfaces consacrées aux cultures de rente etle volume des exportations pour maintenir le niveaudes recettes, essentielles pour assumer le service de ladette (CEDEAO, 2003)4. En effet, les pratiques com-merciales des pays de l’union Européenne et des EtatsUnis ont contribué à la détérioration des conditionsde vie des populations rurales. Le cas du coton estillustratif de cette situation. Quelques 1-2 millions defamilles en Afrique de l’Ouest produisent le coton et16 millions de personnes environ dépendent directe-ment ou indirectement de l’impact de la productionde coton.

La production globale est passée de 200 000tonnes dans les années 1970 à environ 1, 037,000 ton-nes en 2003. Malheureusement, les cours mondiauxont chuté de moitié depuis le milieu des années 1990.Ceci a eu une conséquence dramatique dans les éco-nomies ouest africaines et on estime que cette baissede prix a causé une perte des recettes d’exportationsde l’ordre 12%, 8% et 9% respectivement pour leBurkina Faso, le Mali et le Bénin, correspondant à1%, 1,7% et 1 ,4% de leur PIB (OXFAM, 2002)5.Minot et Daniels (2002) montrent qu’une réductionde 40% du prix du coton au Bénin peut faire passerl’incidence de la pauvreté de son niveau actuel qui estde 37% à 59 % parmi les cotonculteurs et de 40% à48% pour l’ensemble des producteurs.

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Au-delà de leurs impacts sur les revenus tirésdes produits agricoles, les accords sur le commercet o u chent également des domaines qui auparavantsemblaient si éloignés du commerce : il s’agit del ’ é galité des genres, la protection de l’environnement,les droits et conditions de travail (Kathleen Bohene,2005). Dans la même veine, le FIDA (2005) men-tionne clairement que de plus en plus, la questiondes marchés et des pauvres doit être envisagée sousl’angle des conséquences de la mondialisation plutôtque seulement d’une transformation du régime com-mercial. En effet, les populations pauvres sont inté-grées malgré elles dans la mondialisation. D’abord, àtravers la commercialisation de leurs produits maisé galement par l’imposition de modèles de consom-mation de plus en plus extravertis. Ainsi, les produitstraditionnels d’usage courant conçus à partir de pro-duits locaux sont de plus en plus remplacés par desproduits importés, allant des ustensiles domestiquesen passant par les équipements d’intérieur, aux habi-tudes alimentaires auxquels se sont greffés de nou-veaux produits, tels que le téléphone cellulaire quirenforcent l’insertion dans l’économie monde. Lessystèmes de production agricole se trouvent ainsi fon-damentalement modifiés et se trouvent obligés des’ouvrir vers le marché, étant donné l’importance del’argent dans les différentes transactions sociales etéconomiques.

Les conséquences du poids de la dette onté galement été un facteur ayant maintenu les ménagesruraux dans la pauvreté, malgré l’adoption récente del’initiative PPTE. Les ressources affectées au paye-ment de la dette constituent un manque à ga g n e rimportant pour les secteurs sociaux et surtout l’inves-tissement en faveur de l’agriculture. A titre d’illustra-tion, le Niger qui fait partie des quatre pays les pluspauvres de la planète avait en 2002, un service de ladette extérieure avant rééchelonnement qui se ch i f-frait à 60,1 milliards F CFA et représentait 4,3% duPIB, 31,7% des recettes budgétaires et 25,9% desexportations (Niger République du, 2005). L’ e n c o u r sde la dette extérieure, représenterait l’équivalent de 4ans et 7 mois d’exportation. Une étude de l’UNICEFet du PNUD a montré qu’en 1995, seuls environ20% des ressources publiques allaient aux services debase contre environ 30% pour le service de la dette.

Dans la région sahélienne, la détériorationdes conditions climatiques a également contribué à laréduction de la performance du secteur agricole.Cette sous-région a connu une baisse de 20 à 30 %des précipitations prévues entre les périodes 1931-60et 1961- 90 (Hulme, 1996) et d’une répartition sa i s o n-nière plus imprévisible. Cette situation a entraîné desmigrations importantes vers le sud où le potentielagricole était plus important ; ce qui s’est traduit parune pression foncière élevée, la mise en cultures dezones forestières. Cette géographie « h o s t i l e » estrenforcée dans certains pays comme le Niger où seul12% du territoire sont propices à l’agriculture sur unesuperficie de plus de 1, 200,000 km?.

Tendances futures qui vont influencer l’avenir desménages pauvres

Au plan de l’équilibre des grands ensemblesgéographiques, il existe une forte probabilité d’inver-sion radicale des tendances car alors qu’en Afrique del ’ Ouest et du Centre la proportion des citadins est de38% contre 62% de ruraux, en 2020 c’est plus de 60%de la population qui vivra des les villes. Ce processusd ’ u r b a n i sation va de pair avec l’accroissement de lademande urbaine des produits agricoles. C’est doncun marché attrayant qui s’ouvre aux produits du ter-roir en particulier si l’africanisation de la cuisine descitadins se fortifie.

L’agriculture n’est plus la principale source derevenus monétaire dans beaucoup de zones ruralesd ’Afrique de l’Ouest en raison de la faible producti-vité agricole dans les pays Sahéliens et de l’enclave-ment des zones de production inhérent à l’absenceou la défectuosité de l’infrastructure et de l’équipe-ment routier. Même avec le retour progressif de lapluviométrie, il est probable que cette tendance va sep o u r s u i v r e .

La libéralisation des prix des produits agri-coles accentuera la faible insertion des producteurssahéliens dans le marché de l’exportation de cesproduits. Les producteurs dépendront de l’effecti-vité et de l’autonomie des politiques des institu-tions régionales (CEDEAO, UEMOA, CILSS ,CEMAC, UA, NEPAD) pour s’attribuer la nichedes échanges intra-région et inter-région. Si leséchanges commerciaux entre pays ouest africains etentre africains en général ne s’améliore pas très for-tement, la marginalisation de l’Afrique de l’Ouestdans le cours mondial prendra les allures d’unerelégation et la consommation subira durablementune perméabilité aux produits manufacturiers asia-tiques et autres bons marchés.

Cette dépendance et l’extraversion économi-que devraient pousser les Etats à appuyer les initiati-ves d’entreprenariat rural visant à créer de la valeurajoutée aux produits locaux pour augmenter leurcompétitivité, mais cela dépendra en grande partiedes possibilités de réalisation d’économies d’échelle.

Les flux de ressources en provenance desémigrés sont les sources essentielles de financementdes exploitations familiales agricoles mais ces fluxvont probablement augmenter avant d’entamer dansplusieurs années encore une diminution qui pourraitdécouler du fait que les fils de migrants socialisés dansles lieux de destination ne s’investissent que peu pourleur milieu d’origine. Mais la migration est éga l e m e n tune source de création d’une nouvelle demande pourl ’ a r t i sanat, le commerce, les services ainsi que dans lavie culturelle, dans l’impulsion des relations à dis-tance.

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L'histoire des migrations et de l'urba-n i sation en Afrique au Sud duSahara peut être découpée en troisgrandes étapes. Du XV IIe au XI Xesiècle la traite des esclaves domine;entre 1880 et 1945, la colonisa t i o nentraîne l'implantation de quelquesvilles-comptoirs. Pendant l'époque

coloniale également, certaines migrations intra-africaines ontété favorisées afin d'accélérer le développement économiquede certaines régions stratégiques. Les populations de l'intérieuront été encouragées à émigrer vers des pays comme le Sénéga l ,la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria. (Gregory, 1988).

De plus, les facteurs politiques, économiques et écologiquesont drainé d’intenses mouvements migratoires internes etexternes. L'exode rural, d’abord massif a connu un fléch i s s e-ment depuis le début des années 80, et même une certaineinversion dans certains pays.

Les migrations intern e sLes migrations internes influent de nombreuses

façons sur la répartition des populations et sont étroitementliées au processus d’urbanisation accéléré que connaissentbon nombre de pays africains. Cette urbanisation est corrélée

à une série de facteurs complexes d’attraction que sont lesopportunités d’emploi, d’éducation et d’accès amélioré auxsoins de santé offerts par les centres urbains. A coté de ces fac-teurs d’attraction, il existe un certain nombre de facteurs répul-sifs des zones de départ qui s’apparente à la pauvreté, la dégra-dation de l’environnement, les conflits, etc.

En dépit des nombreuses enquêtes réalisées, lesmigrations internes restent largement méconnues. Les tendan-ces observées à partir de données rétrospectives d’enquêtesnationales récentes montrent que l’émigration rurale internetend désormais à stagner, voire à reculer, tandis que l’émigra-tion urbaine interne progresse.

L’exode rural est la forme de migration la mieuxconnue en Afrique de l’Ouest. Dans les pays sahéliens, le sur-peuplement de certaines zones rurales, la dégradation de l’en-vironnement et les conditions climatiques défavorables ontcontribué à augmenter l’insécurité alimentaire et l’exode rural.Le secteur agricole demeure de loin le plus important pour-voyeur d’emplois en Afrique mais il n’est plus en mesure d’ab-sorber la main d’œuvre locale, ni de garantir l’autosuffisa n c ealimentaire.

Les stratégies de survie des populations rurales,confrontées à des difficultés socioéconomiques et à une pau-vreté croissante, intègrent la migration comme un moyen dediversifier les risques. De nombreuses études ont été menéespour documenter cette démarche surtout dans les pays sa h é-l i e n s .

Cependant, si les migrations en provenance dumonde rural demeurent majoritaires, les flux des ruraux versles capitales se révèlent relativement de moins en moinsimportants, ne comptant par exemple que 11% en Côted ’ Ivoire et 33% au Burkina Faso du total des échanges entre

vo lution des flux migra t o i r e sE3

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villes et campagnes. Et, contrairement aux idées reçues, onobserve même l’émergence du phénomène inverse. Les mou-vements des populations depuis les capitales vers le monderural apparaissent ainsi substantiels, allant de 14% en Guinéeà 23% au Burkina Faso.

La croissance urbaine en Afrique a connu un fléch i s-sement depuis le milieu des années 1980, les rythmes d’urba-n i sation ont ralenti en Afrique de l’Ouest, suite à une baissede la contribution des migrations à la croissance urbaine(Bocquier et Traoré, 2000).Cependant, s’il est vrai que lesmigrations internes contribuent de moins en moins à la crois-sance urbaine, elles continuent toutefois à jouer un rôleimportant dans les dynamiques de peuplement. Dans les paysd ’Afrique de l’Ouest, les indices d’intensité migratoire n’ontcessé de progresser en trente ans, par conséquent la faiblec r o i s sance migratoire du milieu urbain ne traduit pas une sta-bilité des populations.

De plus la mobilité migratoire progresse de façondifférenciée selon le sexe et l’âge, les femmes atteignent desniveaux semblables aux niveaux masculins et les jeunes onttoujours été les plus mobiles. Le phénomène observé ici estun système de va-et-vient entre villes et campagnes parce queles migrants n’arrivent à s’insérer dans aucun des deuxmilieux, ce qui semble constituer ainsi un indice de précarité.( B e a u chemin, 2004).

Au Sénégal, un certain équilibre est même observa-ble entre les deux milieux au regard des sommes des sortantset des entrants, même si Dakar(32,5%) garde une place domi-nante dans les mouvements migratoires avant Di o u r b e l(13,2%) , Thiès (11,7%) et Kaolack (10,3%) (DPS / 2 0 0 4 :deuxième enquête Sénégalaise auprès des ménages). Une évo-lution historique est à noter car les mouvements de courtedurée pendant la saison des pluies, vers le bassin arachidier ontprogressivement conduit aux migrations permanentes dirigéesvers les pôles urbains, où la demande en travail était plus régu-lière qu’en zone rurale. Aujourd’hui, même si les migrationsde courte durée restent fréquentes, celles-ci se sont diversifiéeset sont devenues permanentes notamment à travers le regrou-pement familial.

Les années 1990 marquent un tournant dans l’ana-lyse des flux migratoires internes dans toutes l’Afrique del ’ Ouest. On n’assiste plus en effet, comme dans le passé, à undéversement des populations rurales vers les capitales, ni despays enclavés vers les pays côtiers. Comme on peut l’observerau Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire, la crise de la dernièredécennie semble avoir même rééquilibré les échanges enfaveur du milieu rural.

Comme nous l’avons vu plus haut les études desmigrations entre villes et campagnes, fait de l’émigration ruraleun axe central voire exclusif. L’exode rural est l’expressionc o n sacrée et soutient que les zones rurales se vident au profitdes zones urbaines. Ce constat est si fort que les résultats, quimontrent que l’émigration rurale décline ou que l’émigrationurbaine progresse, ne sont pas pris en considération. Plusieursauteurs ont montré l’intérêt exclusif accordé aux migrationsrurales par les sciences sociales et les décideurs. (Mich a e lLipton, 1988), alors que l’on distingue quatre types de migra-tions internes : campagne-ville, rurale interne, urbaine interneet ville-campagne, (Richard Bilsborrow, 1998).

Une requalification des mouvements de popula-tions semblent donc nécessaire au regard des mutations desmigrations internes en Afrique de l’Ouest qui sont passéesprogressivement d’un phénomène incontrôlé qui échappe à lastructure sociale, à un dispositif stable de redistribution demain d‘œuvre. Une fois la migration reconnue comme unevéritable stratégie de sortie de la pauvreté, la famille ou la com-munauté établissent des projets migratoires et des mécanismesde régulation des comportements des sédentaires et desm i g r a n t s .

De même, les raisons des migrations ne sont pastoujours seulement d’ordre économique ou politique, ellessont également de nature éducative, religieuse, sociale ou cul-turelle. Des rech e r ches empiriques conduites en Afrique del ’ Ouest montrent que la migration ne peut être vue seulementen tant que processus économique, mais doit être considéréeé galement comme un processus social (Ammassari, 2002).

En effet, les migrations se déclinent au travers de dif-férents groupes sociaux définis en fonction du sexe et de l'âge,suivant leurs propres appartenances ethniques et religieuses,qui induisent une multiplicité et une complexité accrues desmatrices migratoires. Les migrations ne peuvent plus êtree n v i sagées uniquement comme des mouvements de force detravail en quête d’un environnement plus propice. La capacitédes acteurs à agir par eux-mêmes dans un contexte nouveauet surtout de crise, l’ingéniosité, les réseaux de solidarité et lespossibilités de réinvention des conditions d’existence, sontdésormais à inscrire au cœur de l’analyse du fait migratoire

Les migrations intern a t i o n a l e sDans les 25 dernières années les migrations ont dou-

blé, et on retrouve 40% des migrants dans les pays en déve-loppement, cette tendance Sud-Sud se confirme.Aujourd’hui, on ne peut plus faire la distinction entre paysd’origine, de transit ou de destination car de nombreux paysentre dans les trois cas. Les données qui portent sur les migra-tions internationales sont récentes et proviennent de l’OIM ,OIT et HCR : En 2005, on dénombre 200 millions demigrants internationaux, on compte pour l’Afrique 16,2%, lesfemmes constituent prés de 48, 6% du nombre total demigrants dans le monde selon le rapport de la Co m m i s s i o nmondiale sur les migrations internationales (2005). L’A f r i q u ede l’Ouest est une grande zone de départ mais il est difficiled’en évaluer le nombre d’après les chiffres officiels qui necompte que sur la migration régulière différente de celle «c l a n d e s t i n e ». Les statistiques les plus disponibles concernentessentiellement le comptage partiel des ambassades et servicesconsulaires de leurs ressortissants ou le comptage incompletdes associations de leurs membres.

L'Afrique de l'Ouest a toujours été le théâtre d'inten-ses mouvements migratoires qui expliquent en grande partiela répartition géographique actuelle. La forme de mobilité laplus ancienne est celle liée à la rech e r che de nouvelles terres deculture ou de pâturage. Par le passé, ces migrations avaient par-fois d'importantes implications socio-politiques parce qu'ellesont toujours accompagné la formation des États précoloniauxqui, à leur tour, ont souvent provoqué des déplacements ch e zles populations vaincues.

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L'ampleur des mouvements migratoires n'a cepen-dant été mise en évidence que grâce à la première série derecensements de la population, effectuée au milieu des années1 970 dans ces pays : près d'un résident sur quatre vit là où iln'est pas né. La deuxième (milieu des années 1980) et la troi-sième (milieu des années 1990) séries de recensements se sontintéressées davantage à ces mouvements en mesurant, outre les t o ck d'étrangers, les flux de l'année précédant la période dudénombrement. Mais ce sont surtout des travaux notammentdu réseau d’étude des migrations ouest-africaines (REMUA O)qui ont permis de mieux les appréhender convenablement( Ouedraogo, 2002).

Les flux migratoires contemporains épousent lescontours de la dynamique spatiale marquée par l’attrait deszones côtières. Ils sont inspirés à la fois par les axes historiquesde circulation des produits (Barry & Harding 1992) et les sch é-mas coloniaux d’aménagement régional qui a peu évolué( S e ck 1970). Les migrations internationales sont intenses maiselles s'effectuent essentiellement dans la région entre pays afri-cains. La Côte d'Ivoire est la plaque tournante de ces migra-tions parce qu'elle est impliquée dans la moitié d'entre elles àla fois comme pays de départ et surtout comme pays d'arrivée; et même si ses échanges avec le Burkina (40% des flux) et leMali (12% des flux) sont les plus importants, elle est aussi leseul pays à accueillir un nombre élevé d'immigrants prove-nant des autres pays de la région du reste de l'Afrique et dumonde (Ouedraogo, 2002).

Au Sénégal, outre la confusion entre flux et stock smigratoires, la difficulté à mesurer le volume de l’expatriations é n é galaise est liée à son caractère spontané depuis la suppres-

sion, en 1981, de l’autorisation préalable de sortie du territoirenational. Si l’Afrique constitue la principale destination séné-galaise avec près de 58 % des départs, entre 1988 et 1992( EMUS), certains pays du Nord ont fait une entrée remarquéedans le champ migratoire sénégalais notamment vers l’Europedu Sud et l’Amérique du Nord. En effet, les flux migratoiressont caractérisés par une orientation sous-régionale, ils s’éten-dent aussi à toutes les régions du continent. La présence séné-galaise en Afrique, largement sous-évaluée dans les statistiquesdisponibles, est essentiellement le résultat de deux vagues trèsdifficiles à démêler.

Depuis le milieu des années 1980, on assiste à la finde la prééminence de la vallée du fleuve Sénégal comme prin-cipal bassin de recrutement des candidats au départ versl ’ é t r a n g e r. Actuellement, les émigrés sénégalais proviennentpresque de toutes les régions du pays, de plus en plus du cen-tre ouest et des banlieues des grandes villes.

Le verrouillage des frontières de l’UnionEuropéenne et les expulsions d’étrangers dans les pays afri-cains a réduit les possibilités d’émigration légale des Sénéga l a i svers les destinations classiques et entraîné un basculement dela migration des Sénégalais vers les réseaux officieux de départqui explorent sans cesse de nouvelles destinations.

Au Sénégal, 162.953 émigrés internationaux ont étédénombrés dont 84% d’hommes et 16% de femmes. Ce sémigrés sont en majorité des jeunes puisque 68% de l’effectifappartient à la structure d’âge 15-34 ans contre 26% à la tran-che d’âge 35-54 ans. Les femmes qui émigrent sont propor-tionnellement plus jeunes que les hommes (74% contre 68%).

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Tous les pays de la région sont impliqués dans cesé changes migratoires même s'ils ont, à l'exception de la Côted ' Ivoire, des soldes négatifs. En dépit de l'allongement de ladurée de résidence dans les pays d'accueil, l'intensité desmigrations de retour, caractéristique des mouvements circu-laires, reste relativement forte. Il convient de noter que lespays de l'Afrique de l'Ouest francophone ont eu jusqu'ici despolitiques migratoires implicites du laisser-faire, faute demoyens politiques, institutionnels et financiers. Il n'empêch equ'ils ont presque tous pris individuellement des mesuresponctuelles et souvent spectaculaires pour réglementer les fluxmigratoires internationaux ou gérer leurs stocks d'étrangers.Certains pays d'émigration comme le Burkina Faso et le Maliont vainement essayé par moments de contrôler les départsvers l'extérieur.

Les pays d'immigration comme la Côte d'Ivoire etle Nigeria ont eu, de leur côté, à expulser des migrants quisouvent repartent après que la situation sociopolitique se soitnormalisée. Quelques accords bilatéraux ont également étésignés en vue du contrôle et de la rentabilisation des flux maissans grand succès par manque de mécanismes de suivi et àcause de la plus grande efficacité des réseaux.( Petit, 2002).

C’est dire que les phénomènes migratoires sontd’une grande diversité et présentent de sérieuses difficultésd’observation et d’analyse et ce, d’autant plus que plusieurscaractéristiques migratoires s’articulent souvent dans les itiné-raires migratoires de nombreuses personnes rendant encoreplus difficile l’analyse du phénomène. Une migration sa i s o n-nière de la campagne vers les villes peut brusquement débou-cher sur une migration internationale clandestine à l’issue delaquelle l’intéressé peut, parfois obtenir un statut de réfugié.Ainsi, non seulement les migrations internationales se pour-suivent de manière incontrôlée mais elles se sont aussi redé-ployées en fonction de la conjoncture économique globale etrégionale : émergence des migrations des femmes, intensifica-tion des migrations vers l'Afrique centrale et australe, l'Europeméditerranéenne (Italie, Espagne) et l'Amérique du Nord.

Les résultats des derniers recensements des deuxpays les plus concernés indiquent bien cette tendance à l'in-tensification. Aujourd’hui, le processus de migration est carac-térisé par d’importantes dynamiques de reconfiguration et decomplexification avec la construction de nouvelles formes demobilité aux logiques particulières et un élargissement du bas-sin migratoire. Ces nouveaux modèles migratoires peuventêtre appréhendés soit par la diversification des formes migra-toires, du profil des candidats, des mobiles de leurs déplace-ments et des impacts des mobilités.

On assiste à une irruption de nouveaux acteurs et denouvelles formes de mobilité :

au féminin, (encore que la prédominance des migrations duBurkina Faso vers le milieu rural de la Côte d’Ivoire où lesm i g rants servent dans des plantations sont des jeunes hommeson peut se demander, d’une part, si le Burkina Faso reste enr e t rait des tendances actuelles de la sous région qui semblentsuggérer une augmentation de la migration féminine auto-nome) et que dans la plupart des pays (surtout ceux d'immi-g ration récente) les migrants masculins africains sont bien plusnombreux que les femmes, en particulier en Italie, en Es p a g n e ,en Allemagne, alors que dans les pays d'implantation plusanciens comme le Ro y a u m e - Uni ou la France, le ra p p o r t

numérique entre les sexes est plus équilibré sous l'action demesures facilitant le ra p p r o chement familial. Les opportunitésde départ dépendent de l'offre des pays du Nord. Par exemple,en Espagne, la forte demande dans les services domestiques,e n t raîne une tolérance assez grande envers l'arrivée des femmes.Il est probable que l'immigration féminine va s’y développerplus rapidement que celle des hommes.

m i g ration clandestine

demandeurs d’asile

m i g rations forcées.

Ces formes de mobilité deviennent un vaste proces-sus de biens, capitaux, d’idées et de pratiques et peuvent êtrerévélatrices des migrations circulaires basées sur des liens fami-liers, séculaires ou clandestins, pendulaires relatifs aux activitéscommerciales. (Mimche Ho n o r é , 2 0 0 5 ) .

Au total, on observe une intensification des mouve-ments migratoires en Afrique de l’Ouest, liée à plusieurs fac-t e u r s :

- un contexte international favorable à l’intensification desflux de biens et d’informations;

- une instabilité politique de certains pays (Côte d’Iv o i r e ,Sierra Leone, Liberia) frappés par des guerres et des conflitsarmés qui entraînent des déplacements massifs et forcés ;

- une paupérisation économique qui forcément pousse lesgens à migrer pour améliorer leurs conditions d’existence;

- une menace persistante des effets dévastateurs du VIH quif a u che les principaux pourvoyeurs de ressources aux ménagesde plus en plus nombreux, l a i s sant de jeunes enfants orphe-lins, chefs de ménages sans revenu.

1- Dans ce ra p p o rt de Connaissance de l’ emploi desRevenus et des Coûts-Association (CERC -Association) diri-gée par Cath é rine Borrel se réfère à diff é rents trava u xHugo, 19 81, Massey et al., 1993, Po rtes et Borocz, 19 8 9 .

2 - Lauzon, No rmad (2005). Sécurité alimenta i re à moye net long te rme dans le Sahel et en Afri que del ’ O u e s t . C S AO

3 - Guèye, Bara et al (2005). Aperçu sur la pauvreté ch ro-n i que au Niger. Pe rc e ptions, stratégies et questions émer-g e n tes. CPRC CEDEAO (2003)

4 - FO RUM REGIONAL OUEST-A F R I CAIN SUR L’ E L A BO-R ATION DU CADRE DE POLITIQUE AG R I COLE CO M-MUNE ET LE VOLET AG R I COLE DU NEPAD. CEDEAO

5 - OX FAM (2002). Cultivating Pove rty The Impact of USC ot ton Subsidies on Africa. OX FA M

6 - Selon l’ IOT, le nombre de travailleurs migrants enA f ri que serait de 20 millions, soit 1/5 du total pour lemonde entier, d’ ici 2025 un Africain sur dix trava i l l e rahors de son pays d’ origine.

7- « La réussite de Saliou est une exc e ption par ra p p o rt àch a que groupe de 100 immigrés…(…) la moitié des immi-grés re n t rent bredouilles ». Mbaye. A, 2005- ModouModou – Anro a rt Ediciones, S.L, p 20.

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es déterminants des migra t i o n sL

La migration internationale est géné-ralement une réponse à des écarts età des disparités liées aux contrain-tes rencontrées dans leurs paysd’origine et considère qu’il existeailleurs des conditions et des pers-

pectives meilleures. Dans le monde actuel, les principa-les forces motrices des migrations internationales relè-vent des « 3D » : différences en matière de développe-ment, de démographie et de démocratie. Selon laCommission, le nombre de personnes cherchant àmigrer va continuer d’augmenter à l’avenir parce queces écarts s’élargissent. Les politiques migratoiresdevront donc tenir dûment compte de cette tendance,en veillant à ce que les migrations d’ampleur accrueapportent de réels bénéfices aux pays d’origine, aux paysde destination et aux migrants eux-mêmes.(Commission mondiale des migrations internationales,2005).

Disparités du développement

Selon le Programme des Nations Unies pour ledéveloppement (PNUD), la proportion de la popula-tion mondiale qui vit dans la pauvreté a baissé plus rapi-dement au cours des 50 dernières années qu’il ne l’avaitfait au cours des 500 années antérieures. Pourtant, l’écartentre les niveaux de vie des pays prospères et des payspauvres continue de se creuser. Les migrants qui passentd’une économie à faible revenu à une économie àrevenu élevé parviennent souvent à gagner 20 à 30 foisplus que chez eux. Bien que le coût de la vie soit engénéral plus élevé dans les pays de destination.

Dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, les dif-ficultés économiques se traduisent par un secteur

industriel en crise entraînant une vague de déflations etde départs volontaires. Le secteur privé moderne subitles conséquences de la déstructuration des industries, lepatronat en général est obligé de procéder à des com-pressions de son personnel. La fonction publique a geléson recrutement sur l’injonction des bailleurs de fondset la faillite de l’emploi est alors la chose la mieux parta-gée dans un contexte d’ajustement structurel en Afriquede l’ouest.

L’informel devient alors la seule alternative enterme d’espace d’insertion professionnelle des actifs à larecherche d’emplois. Les migrants en exode, quittent lecontexte rural, pour des conditions d’existence totale-ment nouvelles en milieu urbain dans lequel, ils doiventtrouver leurs propres mécanismes d’insertion, souventdans les « petits métiers ».

Si l’on tient compte de cette réalité existentielleet matérielle, les migrations correspondent à un proces-sus d’apparition de sujets qui s’accomplit à travers unagir technique ou pratique.

C’est aussi un cadre favorable à l’émergence etau développement des réseaux complexes (confrérie,parenté, voisinage et profession) qui organisent lesdéparts vers l’étranger. La prééminence de l’informeldans les modes d’insertion urbaine a catalysé les départsvers l’étranger.

Dans les îles du Cap-Vert où même si l'émigra-tion s'inscrit dans la tradition migratoire portugaise,l'absence de ressources énergétiques, le manque d'eau, lamarginalisation de l'agriculture, un chômage endémi-que, place l'archipel dans une situation de dépendancevis-à-vis des capverdiens de l’extérieur et du Portugal.

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Dans des îles où le nombre de ressortissants à l'étrangerest supérieur à celui de la population résidente, l'étudedes migrations et des circulations migratoires pourraits’interroger sur les rapports entre identité et territoire etles mécanismes des mutations contemporaines dessociétés et identités insulaires.

On peut s’attendre à voir migrer de plus en plusde ces personnes, d’abord des zones rurales vers les zonesurbaines, puis vers d’autres pays. Les migrants clandestinsvont plus vers des destinations de grandes métropoles oùse développent plus facilement des activités informelles,ceci est imputable à la pauvreté des ressources locales, dela misère sociale ; au sous-emploi, à l’inadéquation entreformation et emploi. A coté de cela, il faut rajouter ledésir pour les populations de jeunes de découvrir deshorizons nouveaux et une nouvelle manière de vivre, letransnationalisme qui consiste à considérer que les fron-tières n’existent pas, et qu’on est pas indéfiniment ratta-ché à une nation. Cette dynamique est renforcée par lesnouvelles technologies, l’internet, la télévision numéri-que, etc. (Sofiane Bouhdida, 2000).

- Disparités démographiques

Beaucoup de pays les plus prospères dumonde, ont maintenant des niveaux de fertilité infé-rieurs au taux de remplacement de 2,12 par femme. Leurpopulation diminue et vieillit, situation qui met en périlleur capacité de maintenir les niveaux de croissance éco-nomique actuels ainsi que les régimes de retraite et desécurité sociale. Par contre, pratiquement tout l’accrois-sement de la population mondiale se produit dans lespays en développement. Selon la Division de la popula-tion des Nations Unies, les taux de fertilité estimés pourla période 2000–2005 vont de 1,4 seulement en Europeet 2,5 en Amérique Latine et Caraïbes, à 3,8 dans lespays arabes et 5,4 en Afrique subsaharienne. Selon lesstatistiques de la Banque mondiale, la main d’oeuvremondiale devrait passer de 3,0 à 3,4 milliards entre 2001et 2010, soit une augmentation moyenne de 40 millionspar an. Sur cet accroissement annuel, 38 millions vien-dront des pays en développement et seulement deuxmillions des pays à revenu élevé. Sur la base des tendan-ces actuelles, d’ici à la fin de cette décennie, quelque 86% de la population active mondiale viendront des paysen développement.

En Afrique, la population de l’Afrique sub-saharienne s’est accrue plus rapidement que celle detoute autre région au cours des 40 dernières années. Enraison de ses niveaux de fertilité relativement élevés,cette région semble devoir être la principale source decroissance de la population mondiale dans les 20 pro-chaines années, même si la pandémie du VIH/SIDA aréduit l’espérance de vie gagnée durant les précédentesdécennies. Selon les statistiques de l’ONU, la popula-tion totale de l’Afrique devrait passer de 794 millions en2000 à 1,1 milliard en 2025.

- Démocratie et gouvernance

Les disparités dans les domaines de la démocratie, de lagouvernance, des droits de l’homme et de la sécurité des

personnes doivent aussi être prises en considération.Bon nombre d’Etats qui ont un chômage important, desrevenus faibles et des taux de croissance démographiqueélevés sont aussi des pays où le processus démocratiqueest fragile, où l’Etat de droit est défaillant et où l’admi-nistration publique est inefficace. En migrant, les per-sonnes se prémunissent de la précarité économique etpolitique des crises politiques, des conflits armés, .etc.

Les citoyens d’aujourd’hui souhaitent aussiavoir la possibilité d’exprimer leur opinion, de partici-per au débat politique, de remettre en question des cul-tures conservatrices et de se libérer des contraintes socia-les. S’ils ne peuvent satisfaire ces aspirations dans leurpays, ils chercheront à entrer sur le marché du travaildans des sociétés où de telles perspectives sont possi-bles. (Commission mondiale sur les migrations interna-tionales, 2005).

- Facteur développement durable

Si l’adoption du développement durable fait l’unani-mité chez la plupart des auteurs au Nord comme auSud, force est de constater qu’il n’a pas fait l’objetd’analyse en tant que facteur pouvant favoriser lesmigrations des populations du Sud vers le Nord. Par ail-leurs, il faut noter que les migrations sont avant toutliées à la rech e r che de meilleures conditions de vie.Elles sont sources d’enrichissement culturel, social maissurtout économique. En d’autres termes, le développe-ment durable dont les fondements reposent sur cetteéquité inter et intra générationnelle à l’échelle globalesemble contribuer à accentuer le départ de nombreuxjeunes. La mise en œuvre du développement durable enAfrique subsaharienne doit nécessairement reposer surle secteur agricole qui mobilise plus de 70% de la popu-lation dans un pays comme le Sénégal. Or, la multipli-cation de la réglementation, de la fixation des taxes etl’instauration de normes de management –environne-ment et qualité- risque de contribuer à l’exclusion dusecteur agricole des nouveaux circuits de l’économiemondialisée. D’où la conséquence de mettre sur lesroutes, la force du continent. (Dramé, 2006).

Au Mali, dans le pays Dogon, le facteur envi-ronnemental lié au milieu topographique contrasté estun facteur très déterminant ( Petit et Charbit, 1997 ) . E neffet, les différences significatives entre le plateau et leséboulis entraînent un accès différencié aux ressourceséconomiques. Dans ce cas précis, le facteur topographi-que n’est pas suffisant à expliquer le phénomène, il fauts’intéresser à la coopération, à l’identité, le genre et lesstratégies de survie.

- Facteur Age

Facteur très important de l’émigration internationalepuisque, aussi bien pour les hommes que pour les fem-mes. Les plus jeunes sont largement plus enclins àmigrer vers l’extérieur du pays. Chez le jeune hommecélibataire, le risque d’émigrer est près de six fois celuidu marié, alors qu’on ne distingue pas de différencesignificative(au seuil de 10%) entre les femmes céliba-taires et mariées.( Zourkaleini Younoussi, 2000).

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- Niveau d’éducation

Le niveau d’éducation est un facteur déterminant pourl’émigration des hommes, même après contrôle desvariables contextuelles. Avec une probabilité d’émigrerqui est parfois multipliée par 100 on est tenté de direque l’émigration masculine concerne essentiellement leshommes qui n’ont jamais fréquenté une école. La pau-vreté des ménages est expliquée également dans les der-nières études par le faible niveau d’instruction des chefsde ménage (plus de 89% d’entre eux n’ont aucun niveaud’instruction et seuls environ 8% ont achevé leur cycleprimaire (QUID 2001).

- Existence d’infrastructures (routes, postede santé, écoles, etc.)

Les hommes qui résident dans un village avec,par exemple, une école primaire qui se situerait dans unrayon de dix kilomètres ont une propension d’émigrertrois fois plus élevée que ceux se situant dans un villagequi abrite une école primaire. Par ailleurs, hommes etfemmes partent plus des régions pauvres, comme onpouvait s’y attendre.

Il ressort de ce qui précède qu’en Afrique del’Ouest, la gestion des frontières subit une pression trèsimportante due aux nombreux courants migratoires quisont considérés comme des « flux mélangés » qui necorrespondent pas au projet de migration initial. Parexemple, des personnes en quête d’asile qui se déplacentpour d’autres raisons. Le manque de données fiables estl’un des principaux obstacles de gestion des migrations.La collecte, l’analyse et l’échange de données restent cri-tiques dans la région (Union Africaine, 2005).

Les représentations contemporaines des fron-tières mettent en jeu deux logiques, une étatique et uneplus spontanée opérée par les populations. Ici, le partagede l’Afrique n’a pas tenu compte des homogénéités desgroupes ethniques et socioculturels : « les connaissan-ces de la réalité africaine s’accordent pour reconnaîtreque des centaines de milliers de personnes traversenttous les jours sans formalités les frontières terrestres depratiquement tous les pays d’Afrique au Sud du Sahara(Mimche Honoré, 2005).

L'Afrique de l'Ouest a toujours été le théâtred'intenses mouvements migratoires qui expliquent engrande partie la répartition géographique actuelle de sapopulation. La forme de mobilité la plus ancienne estcelle liée à la recherche de nouvelles terres de culture oude pâturage : le pastoralisme nomade ou transhumantsubsiste dans la partie septentrionale de la région (norddu Sénégal, du Mali, du Burkina et du Niger) alors quequelques milliers de familles d'agriculteurs de la savanecontinuent chaque année à effectuer des migrationsagricoles vers le sud.

Le découpage politico administratif del'Afrique de l'Ouest en 15 pays à longues frontières arti-ficielles, dans les années 1960, a contribué à internatio-naliser davantage ces migrations contemporaines. Unedes caractéristiques les plus importantes est que tous lespays de la région sont impliqués dans ces échanges

migratoires et en dépit de l'allongement de la durée derésidence dans les pays d'accueil, l'intensité des migra-tions de retour, la caractéristique des mouvements circu-laires, reste relativement forte.

L'Afrique de l'Ouest est probablement l'unedes régions du monde où le brassage des populations aété le plus important au cours des quatre derniers sièclesen raison de l'extrême mobilité de sa population. Selonles écrits sociohistoriques, l'Afrique de l'Ouest a été pen-dant longtemps un espace de contacts et d'échangessocioculturels entre les éleveurs nomades du nord et lesagriculteurs sédentaires du sud.

Ce plurilinguisme, l'histoire coloniale del’Afrique, et ses implications identitaires, le caractèremultinational des États ainsi que la transnationalité desprincipaux groupes ethnolinguistiques ont multiplié lenombre de référents identitaires entremêlés entre eux,ont fini par contraindre les populations Ouest-africainesà vivre un multiculturalisme profond qui présentel’avantage de la reconnaissance et de la tolérance vis-à-vis des différences, en particulier celles liées à l'originegénéalogique, à la langue et à la religion. (Ouedraogo,2002).

Malgré la politisation des espaces et les crispa-tions qui proviennent des dérives identitaires, la porositéhistorique de l’Afrique se poursuit en dehors de toutcadre institutionnel, la connexion des espaces qui enrésulte est lisible tant au niveau des dynamiques spatialesque des pratiques quotidiennes qui coïncident rarementavec le cadre étatique (Bach 1991; Igué 1995; Traoré &Bocquier 1998 ; Mbembé 1999 ; Bonte 2004).

Les mesures adoptées par les institutions supra-nationales restent le plus souvent lettre morte dans lamesure où chaque pays se réserve le droit de réglementerl’accès à son territoire. Il en résulte que la législationapplicable aux étrangers varie d’un pays à un autrec o n d u i sant ainsi à des stratégies de contournement voireune « informalisation » de la mobilité. Aussi loin que l’onremonte dans l’histoire africaine, la circulation des hom-mes et des biens apparaît comme une constante bâtieautour de courants d’échanges dont la visibilité est com-mandée par la complémentarité régionale ( Fall, P.D. 200)

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es politiques migra t o i r e sL5

Les migrations internationalesfont intervenir une pluralité d’ac-teurs qui ont des intérêts diffé-rents et parfois opposés, et ellessont de plus en plus liées à d’au-tres questions mondiales pres-santes telles que le développe-ment, le commerce, les droits de

l’homme et la sécurité, ce qui signifie d’importants défisen matière de gouvernance. Dans le domaine des migra-tions internationales, la gouvernance prend différentesformes, telles que les politiques et programmes migratoi-res nationaux, les pourparlers et accords entre Etats, lesforums et les processus consultatifs multilatéraux, les acti-vités des orga n i sations internationales, ainsi que les lois etles normes. La gouvernance nationale des migrationsinternationales doit relever quatre défis spécifiques :

- Le premier concerne le manque de cohérenceen ce que de nombreux Etats n’ont pas réussi à défi-

nir des objectifs clairs pour leurs politiques migratoi-r e s .

- Un deuxième défi est celui de la coordinationlors de l’élaboration des politiques et dans leur appli-c a t i o n : les responsabilités en matière de migrationssont réparties entre plusieurs ministères, notammentceux traitant des migrations et ceux qui gèrent lesproblématiques mondiales connexes mentionnéesau début de ce chapitre. Par ailleurs, il y a trop peude concertation entre les gouvernements et d’autresacteurs tels que le secteur des entreprises et la sociétéc i v i l e .

- Un troisième défi est celui des capacités. Laplupart des Etats reconnaissent l’importance desmigrations internationales et ch e r chent à aborder laquestion dans le strict respect des obligations inter-nationales.

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- Un quatrième défi est la coopération avec lesautres Etats. La nature même des migrations transna-tionales exige une coopération internationale et uner e s p o n sabilité partagée. Pourtant, la réalité est que laplupart des Etats n’ont pas eu la volonté de s’enga g e rpleinement envers le principe de la coopérationinternationale dans le domaine des migrations inter-nationales, et cela parce que les politiques migratoi-res sont toujours essentiellement formulées auniveau national. Cette réticence des Etats à coopérersur la question des migrations internationales pro-vient d’un dilemme très réel. Contrôler qui entre surleur territoire et qui y reste fait partie intégrante de lasouveraineté des Etats.

- Un cinquième défi est l’articulation préciseentre les politiques sectorielles de développement etles politiques de migration. Les procédures d’inves-tissement dans le secteur de l’économie du pays sontcomplexes en dehors des circuits informels. Les poli-tiques d’incitation au retour se sont souvent soldéspar des échecs. La modicité des sommes allouées auxcandidats, l’impréparation des émigrés à l’entrepre-nariat et leur méconnaissance du contexte local dufait de leur absence parfois longue, la pressionsociale, les difficultés relatives au contexte économi-que n’ont pas facilité les opérations de réinsertionprofessionnelle des émigrés dans leurs pays d’origine.

Parce que les Etats sont les propriétaires effectifsdes orga n i sations internationales, l’incohérence auniveau national a tendance à remonter jusqu’à affecter letravail de ces institutions multilatérales. La cohérencecommence chez soi, or les Etats n’arrivent pas à définirdes objectifs clairs pour les politiques migratoires natio-n a l e s .

O r, si les Etats veulent s’atteler à la question desmigrations internationales de manière cohérente, ils doi-vent avoir convenu d’objectifs nationaux pour leurs poli-tiques migratoires, ainsi que de critères conformes audroit international, sur l’entrée et la résidence des non-citoyens. Bien que la nature exacte de ces objectifs et cri-tères varie selon les traditions, les besoins et les circons-tances de chaque pays, ils devraient porter au minimumsur les points suivants :

• le rôle des migrations internationales en rapportavec la croissance économique et le développement ;

• le regroupement familial, l’asile, la protection desréfugiés et la réinstallation ;

• la prévention de la migration irrégulière et la promo-tion de la migration régulière ;

• l’intégration, ceci comprenant les droits et les obli-gations des migrants, des citoyens et de l’Etat ;

• la protection des droits des migrants.

Dans de nombreux autres pays, les critèresdemeurent implicites ou n’ont pas été formulés. Une desraisons données pour ce manque de transparence est, dela part des gouvernements, la crainte de l’opposition de

la population. (Commission mondiale des migrations,2 0 0 5 ) .

Une spécificité dans le contexte africain est laprééminence des décideurs politiques sur l’opinion publi-que. L’absence de lien entre les deux sphères se traduit parune absence de synergie entre les politiques. Les uns légi-fèrent sur la base des intérêts propres tandis que lesseconds sont réduits et essayent de trouver des réponsesaux problèmes existentiels.

En Afrique de l’Ouest, la gestion des migrationsest un des défis critiques des Etats actuellement dans lamesure où ces migrations, si elles sont bien gérées, ont lepotentiel de produire des avantages significatifs pour lespays d’origine comme de destination. Cela sous-entend lamise au point des politiques globales qui intègrent deplus en plus des dimensions sociales, économiques, cul-turelles, sanitaires et sécuritaires (Union Africaine, 2005).

Les politiques de migrations sont quand mêmedéfinies au niveau national, qui en fonction de leur his-toire, niveau de développement et leur situation écono-mique se trouvent pour la plupart dans un dilemmeouverture/ fermeture, c’est le cas de la Cote d’ivoire, duNigéria, et de l’Afrique du Sud (Véronique Petit, 2002).

On note tout de même une prise de consciencec r o i s sante du fait que le droit souverain des Etats ne suf-fit plus à gérer les problèmes de migration contempo-raine. Il est devenu impératif d’amorcer un dialogue sous-régional, régional et même panafricain tenant compte despréoccupations gouvernementales en matière de travail,santé, éducation et sécurité. (Union Africaine, 2005).C’est dans ce cadre que l’Union Africaine (UA) et l’O r ga n i sation Internationale pour les Migrations (OIM )ont initié un cadre stratégique global pour une politiqueintégrée, qui fait porte sur des priorités découlant desconsultations régionales. Cependant, à l’heure actuelle,les institutions sous-régionales ne s’accordent pas toutesautour des questions de migrations tandis que l’UAs ’ a chemine vers l’intégration régionale, le NEPAD neconsidère pas la migration comme une priorité secto-rielle.

Les politiques d’incitation au retour se sont sou-vent soldées par des échecs (Guèye C., 2005). La modicitédes sommes allouées aux candidats, l’impréparation desémigrés à l’entreprenariat et leur méconnaissance ducontexte local du fait de leur absence parfois longue, lapression sociale, les difficultés relatives au contexte éco-nomique n’ont pas facilité les opérations de réinsertionprofessionnelle des émigrés dans leurs pays d’origine.

Les migrants n’envisagent la réussite de leurmigration que dans le cadre d’un entre deux des diffé-rents pôles du système migratoire. C’est pourquoi, il estabsurde de parler de réintégration des émigrés dans lespays d’origine (Guèye C., 2005). Ce concept est peuadapté parce que les migrants se considèrent commeayant toujours appartenu à leur village ou quartiersurbains qu’ils ont équipé en infrastructures collectives,qu’ils ont pourvu en dépenses d’entretien des familles res-tées, avec lequel ils ont échangé des nouvelles de manièreq u a s i - q u o t i d i e n n e .

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es effets des migrations sur les milieux de départ et de destinationL6

- Déséquilibres démographiquesSi l’installation des migrants internationaux et

de leurs familles vient rajeunir la population des paysindustrialisés, elle provoque un phénomène inverse devieillissement dans les pays de départ puisque demanière générale l’immigration dans les pays d’accueilfait appel à une main d’œuvre jeune et masculine. Cevieillissement n’est pas perceptible au niveau de chaqueEtat puisque la part de la population active demeureimportante et continue à croître, pour l’Afrique en toutcas, en raison du taux d’accroissement de sa population.En fait, c’est surtout en milieu rural que l’on observeune diminution de la population active, soit à destina-tion de l’étranger, soit vers les zones urbaines du pays.Ceux qui restent, les plus jeunes, les anciens et les fem-mes vont donc suppléer à l’absence des hommes actifs.Au « vieillissement » des zones de départ, s’ajoute le dés-équilibre du rapport de masculinité, car les hommessont les plus nombreux à partir, les femmes, si elles lesrejoignent, le faisant souvent de manière différée. Ceconstat démographique d’un déséquilibre du rapport demasculinité a des implications sociologiques sur lessociétés d’origine (Véronique Petit, 2002).

- Des transferts pour alimenter ledéveloppement économique des paysd’origine Les liens entretenus par les migrants avec le pays d'ori-gine sont multiples et porteurs de transformations socia-les parfois significatives. Les migrants peuvent être par-fois considérés a contrario comme un frein au dévelop-pement. Cela pourrait contribuer à développer unementalité d'assisté dans les pays d'origine, à freiner touteinitiative locale. La dépendance aux revenus de la migra-tion accélère la désaffection de l’agriculture (Fall A.S,2003).

Les migrants dans le pays d'accueil surtout s'ilssont au Nord acquièrent de nouvelles compétencestechniques ou professionnelles. Ils tentent égalementd'accumuler de l'épargne. Ils sont susceptibles d'effec-tuer à la fois des transferts monétaires et des transfertsde compétences, ils ont donc en théorie les capacités etles moyens d'insuffler un changement dans leur paysd'origine (Véronique Petit, 2002). Les transferts moné-taires ont été l’un des principaux amortisseurs de la crisealimentaire au Sahel (Fall A.S, 2003) et selon Pélissier(2001), les retombées de la migration internationale ontbeaucoup contribué au rééquilibrage villes/campagnes.

Plus spécifiquement, la migration internatio-nale sénégalaise mobilise des flux importants d’émigrésqui gagnent des revenus importants dont la plus grandepartie est rapatriée dans le pays. L’épargne sert essentiel-lement à financer le retour, elle porte généralement surdes ressources courtes, moins de cinq ans. Divers méca-nismes à la fois formels et informels sont utilisés pourl’envoi des fonds. Si ces envois de fonds contribuent àl’amélioration des conditions de vie des familles restéesau pays, elles ne se sont pas traduites dans la réalité parun développement économique significatif des paysd’origine. L’empreinte n’est a priori visible que dans lesecteur immobilier et la prise en charge des dépensesdomestiques des familles.

- Les facteurs d'instabilité politi-que à l’origine de migrations forcées

Les mouvements des réfugiés en raison de l'in-tensité et de la soudaineté de leurs flux, posent de mul-tiples problèmes aux Etats qui les accueillent de gré oude force. Ces problèmes sont d'autant plus importantslorsque ces Etats sont eux-mêmes dans une situationéconomique, ou écologique ou politique fragile. Lesréfugiés deviennent alors un facteur aggravant d'une

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situation déjà précaire et ils peuvent mettre en périll'équilibre politique d'une région.

A l'heure actuelle, plus de 450 000 sierra-léo-nais sont en quête d'asile en Afrique de l’Ouest, princi-palement en Guinée et au Libéria, mais aussi en Côte-d'Ivoire, en Gambie et au Nigeria. La Guinée accueilledepuis le début des années 90 des réfugiés libériens, puissierra-léonais depuis l'éclatement de la violence en 1991et son intensification de 1997 à 1999 en Sierra Leone. Legouvernement guinéen a décidé de demander des com-pensations à la communauté internationale en raisondes dégâts sur l'environnement (utilisation des ressour-ces locales) causés par 366 000 réfugiés.

En Côte d’Ivoire, à partir des années 80, l'ac-croissement de la population est perçu comme un élé-ment perturbateur du développement et une politiquede population visant à ralentir le rythme de la crois-sance est mise en place. A l’origine, les migrants interna-tionaux sont en majorité employés comme ouvriers agri-coles, il s'agit de favoriser le développement de l'écono-mie de plantation (secteur jugé prioritaire), tandis queles migrants internes ivoiriens migrent vers les zonesurbaines. Cependant, si dans un premier temps les tra-vailleurs s'installent bien en milieu rural, ils ne tardentpas à partir en ville à la recherche de meilleures oppor-tunités de travail en raison de la faiblesse des salairesdans le secteur agricole. En 1985, alors que devait êtremise en place la deuxième étape de la Convention rela-tive à la liberté de résidence, la Côte d'Ivoire prend desmesures restrictives à l'égard des étrangers : des secteurs

d'activités ont été réservés aux nationaux, par l'ivoirisa-tion des emplois. La cause principale de cette volonté demaîtriser les flux migratoires est la politique d'ajuste-ment structurel imposée par le Fonds Mo n é t a i r eInternational (FMI) en 1980, en raison de la crise del'économie de plantation.

Dans les pays européens, les insuffisances del’insertion résidentielle, professionnelle des travailleursmigrants constituent une hypothèque sur le retour destravailleurs migrants dans leurs pays d’origine et a servid’argument à l’extrême droite montante. La quête « despapiers » est une œuvre de longue haleine et saisit tou-tes les opportunités : mariages, demande d’asile, parrai-nage de l’employeur, régularisations collectives…

- L’amélioration du statut de la femme

Si la migration n'explique pas à elle seule, loins'en faut, l'amélioration du statut de la femme,elle a cependant un impact positif dans le sens où ellecontribue à l'introduction de nouveauxmodèles de comportements qui facilitent et accélèrentle changement social dans ces sociétés.

Il est important de se pencher sur l'étude de lamigration féminine et de ses conséquences sur les rela-tions de genre. En effet, les mouvements migratoiresaffectent la condition des femmes et leurs rapports avecles hommes de leur famille, que ce soit leur mari ouelles-mêmes qui partent.

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es tendances des migra t i o n sL7

Le nombre de personnes cher-chant à migrer d’un pays du faitdes disparités de développe-ment et de la démographie, dela qualité de la gouvernance, vaaugmenter (Commission mon-diale des migrations, 2005).L’Afrique de l’Ouest n’est pas en

reste, la mobilité qui s’internationalise, les barrières lin-guistiques, la proximité politique, géographique necommandent plus les choix de destination. Même dansle cas des migrations internes à l’Afrique de l’Ouest, l’in-stabilité politique de pays comme la Côte d’Ivoire, ontconduit à la recherche de destinations alternatives et demutations profondes dans les circuits migratoires.

C’est le cas du modèle de migration étape par

étape de migration, d'abord des secteurs ruraux aux vil-les, et puis des villes aux destinations étrangères(Adepoju, 2004), qui semble évoluer vers un modèle oùl’exode rural n’est plus un préalable aux migrationsinternationales comme cela a pu se produire au Mali,Burkina, Côte d’Ivoire et Sénégal. Le milieu ruralaccroît ses échanges avec les pays étrangers et la ville nedevient qu’une alternative secondaire (Bocquier etTraoré 2000).

Le phénomène migratoire tend à s’intensifierproportionnellement aux mesures de restrictions de plusen plus fortes dans les pays d’accueil, de plus les migra-tions intra-africaines diminuent au profit des migrationsvers les pays d’Europe.

Les migrants africains adoptent des méthodes

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plus sophistiquées, plus audacieuses, pour déjouer lesbarrières frontalières.

Un nombre de plus en plus important des jeu-nes est impliqué dans des entreprises de casse-cou pourgagner l'entrée dans l'Europe à bord d’embarcations defortune (les migrants sénégalais en Espagne par les îlesCanaries).

Le facteur de traction est si fort que beaucouprisquent leurs vies pour partir, comme démontré par lesdeux jeunes garçons ghanéens qui sont morts commepassagers clandestins sur un vol au départ du Ghanavers l'Angleterre en 2002.

De par leur ingéniosité, les réseaux arrivent àdéjouer les politiques migratoires les plus restrictives. Aleur tour, les politiques entretiennent la stigmatisationdu migrant, considéré comme « un pilleur » des res-sources d’une économie en récession.

Dans un tel environnement, la migrationd’abord de travail évolue vers une migration de naturecommerciale qui concerne de plus en plus des acteursissus du secteur informel. Ce sont la plupart du tempsdes marchands ambulants et des commerçants cher-chant à profiter du marché relativement ouvert ou despetits entrepreneurs qui importent l'habillement et l’ar-tisanat d’art africain, etc. Ces filières se créent et s’en-tretiennent au travers des réseaux de regroupementsfamiliaux, professionnels ou ethniques en quête d’espa-ces nouveaux, en fonction des destinations les plus fruc-tueuses (Fall A.S, 2003).

Ce ne sont pas seulement les types de migra-tions qui sont en mutation, mais également les candi-dats. Le verrou de la sélectivité ne résiste pas à la déter-mination des migrants de tenter coûte que coûte leurchance ailleurs. Le droit de migrer s’universalise à telpoint que des catégories à priori non « éligibles » seretrouvent dans les embarcations de fortune : les débi-les et les handicapés… qui ne sont bons qu’à mendierchez nous …ailleurs ont leurs droits et s’insèrent dans lavie active sans aucune discrimination. (Mbaye. S, 2005).Ou Alors, « des femmes enceintes ou récemmentaccouchées avec leurs bébés qui débarquent chaque joursur les côtes espagnoles dans des pateras… ».

Il est vrai, le modèle actuel de la migrationféminine rompt avec le rôle sédentaire de la femme tan-dis que les hommes se déplaçaient autour à la recherchedu travail payé. Une part significative de ces femmes secompose des migrants qui se déplacent indépendam-ment pour accomplir leurs propres projets migratoires.

On est plus dans le cas d’un quelconqueregroupement familial ni dans celui des migrationsinternes de courtes distances : par exemple au Nigeriaet au Ghana, on voit de plus en plus des femmes méde-cins recrutées en Arabie Saoudite, au Royaume-Uni ouaux USA et qui contribuent de manière déterminante

aux revenus du ménage resté dans le pays d’origine(Adepoju, 2004).

La féminisation de la migration pourrait doncs’accroître car les femmes représentent la moitié de lapopulation de migrants dans le monde en tant que chefde famille à la recherche de nouvelles opportunités. L’onpourrait assister ainsi de plus en plus vers une migrationde travail sans fixation définitive dans le pays d’accueil.

Avec l’accélération des flux de migrants d’ori-gine africaine, et la saturation relative du commerceambulant, la migration ouest africaine évolue vers l’illé-galité. L’émigré s’insère faute de mieux dans les secteursqui lui sont accessibles.

Du coup, un basculement vers l’économie cri-minelle s’en trouve dés lors facilité. Il s’agit de trafic depapiers pour rester conforme à la législation, d’êtreshumains (femmes, enfants, etc.) à des fins d’exploitationsexuelle et la pornographie en direction de l’Europe(Italie, Allemagne, Espagne, France, Suède, RoyaumeUni, les Pays Bas) ou pour le travail de domestique.

Ce brassage des populations induit une fortepandémie du sida du fait de la mobilité accrue despopulations surtout en Afrique de l’Ouest. Les migrantssont particulièrement exposés au risque sanitaire du faitde leur statut et de leur faible accès en général aux servi-ces de santé. La densification des flux migratoires6 pré-sage d’une propagation accrue du VIH dans les prochai-nes décennies.

Quant aux capacités d’insertion professionnelledans les pays d’accueil, elles vont augmenter du fait duvieillissement de la population et du développementéconomique. Il faut envisager un retour du recrutementde la main d’oeuvre étrangère comme c’est le cas déjàdans les secteurs de pointe comme l’informatique et lesNTIC. La vitesse des flux d’information, les change-ments économiques, les déplacements de plus en pusfacilités vont doper les attentes nouvelles des popula-tions et constituer un levier important des flux migratoi-res. Cette circulation migratoire intense porte les germesd’une valorisation rapide des retombées pour les pays dedépart en ce sens qu’elle est bipolaire. L’écart de revenusentre travailleurs migrants et travailleurs restés au paysconstitue un facteur d’incitation à la migration interna-tionale.

Cependant, il convient de rappeler que mêmesi les transferts de fonds sont importants, ils restent fluc-tuants et étroitement dépendants de la situation dumigrant, elle-même très changeante au gré des politiquesd’immigration. On assiste à une véritable illusion statis-tique car ceux qui réussissent ne sont pas si nombreuxque l’on pourrait le croire (Mbaye. S, 2005)7.

L’écart de poids entre les monnaies locales parrapport aux grandes monnaies des pays d’accueil(Dollar, Euro) va accroître le niveau d’accumulationfinancière des travailleurs migrants et le pouvoir d’at-traction des pays développés.

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1 Dans ce rapport de Connaissance de l’emploi desRevenus et des Coûts-Association (CERC-Association)dirigée par Cathérine Borrel se réfère à différents tra-vaux Hugo, 1981, Massey et al., 1993, Portes etBorocz, 1989.2 Lauzon, Normad (2005). Sécurité alimentaire à moyenet long terme dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest.CSAO

3 Guèye, Bara et al (2005). Aperçu sur la pauvreté chro-nique au Niger. Perceptions, stratégies et questionsémergentes. CPRCCEDEAO (2003)4 FORUM REGIONAL OUEST-AFRICAIN SUR L’ELABORATION DU CADRE DEPOLITIQUE AGRICOLE COMMUNE ET LEVOLET AGRICOLE DU NEPAD. CEDEAO

5 OXFAM (2002). Cultivating Poverty The Impact ofUS Cotton Subsidies on Africa. OXFAM

6 Selon l’IOT, le nombre de travailleurs migrants enAfrique serait de 20 millions, soit 1/5 du total pourle monde entier, d’ici 2025 un Africain sur dix tra-vaillera hors de son pays d’origine.

7 « La réussite de Saliou est une exception par rapportà chaque groupe de 100 immigrés…(…) la moitié desimmigrés rentrent bredouilles ». Mbaye. A, 2005-Modou Modou – Anroart Ediciones, S.L, p 20.

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MIGRATIONS INTERNATIONALES

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