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RENCONTRE ET PSYCHOSE Henri Maldiney De Boeck Université | Cahiers de psychologie clinique 2003/2 - no 21 pages 9 à 21 ISSN 1370-074X Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-cahiers-de-psychologie-clinique-2003-2-page-9.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Maldiney Henri , « Rencontre et psychose » , Cahiers de psychologie clinique, 2003/2 no 21, p. 9-21. DOI : 10.3917/cpc.021.0009 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour De Boeck Université. © De Boeck Université. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.161.96.3 - 20/04/2011 23h48. © De Boeck Université Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 190.161.96.3 - 20/04/2011 23h48. © De Boeck Université

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RENCONTRE ET PSYCHOSE Henri Maldiney De Boeck Université | Cahiers de psychologie clinique 2003/2 - no 21pages 9 à 21

ISSN 1370-074X

Article disponible en ligne à l'adresse:

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-cahiers-de-psychologie-clinique-2003-2-page-9.htm

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Pour citer cet article :

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Maldiney Henri , « Rencontre et psychose » ,

Cahiers de psychologie clinique, 2003/2 no 21, p. 9-21. DOI : 10.3917/cpc.021.0009

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RENCONTRE ETPSYCHOSEHenri MALDINEY*

Je n’entends pas traiter du thème de la rencontre à propos de lapsychose, ni du thème de la psychose à propos de la rencontre, parceque ni l’une ni l’autre ne sont des thèmes. Elles ne le deviennent qu’àla suite d’une thématisation qui travestit en objets des existentiaux.

La rencontre passe couramment pour le signe le plus certain de lanormalité, alors que nulle part le pathologique et le normal ne secôtoient d’aussi près que dans son absence. Mais nous n’apercevonspas la profondeur d’absence de cette présence manquante à traversnotre présomptueuse certitude de normopathe. Elle y a perdu touteprofondeur. Elle apparaît, cependant, comme dans un éclair, danscertaines situations psychiatriques, observées par Jacob WYRSCHlors d’un premier entretien avec un patient. À travers des attitudes, desallures, des expressions qui, d’autres fois, passeraient pour les indicesd’une dépression, percent des traits, furtifs mais rigides, dans lesquelsle psychiatre discerne le moment avertisseur d’une schizophrénie. Cethomme qui parle de soi donne l’impression de ne pas y être, de ne pasrencontrer les choses qu’il énonce ; l’impression est d’autant plus fortequ’il s’applique davantage à se maintenir dans l’axe de la situation, àmesure même qu’elle échappe à lui comme à l’autre. L’échec estinsurmontable, car si cet homme est à côté des choses, c’est qu’il està côté de lui-même. Comment peut-il y avoir, dans cet instant, undiscours sans personne ? Il y a un décalage entre la personne que cethomme dénomme en parlant de soi et le personnage qui emprunte sesparoles pour se nommer en lui et s’approprier ses aîtres.

Qu’est-ce donc que cette absence de personne ? La notion depersonne verbale se définit sur la base d’oppositions qui différencient,dans nos langues, les personnes que l’on appelle première, seconde ettroisième. Bien plus lucides et explicites, les grammairiens arabes

* Psychanalyste, Vézelinle Château, F–42590Saint-Paul de Vézelin.

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distinguent celui qui parle, celui à qui il s’adresse et ce dont il est parlé,qu’ils nomment, l’absent. Le propre de la parole est d’amener l’absentà la présence que constitue la co-présence des interlocuteurs. Or, dansles cas évoqués par WYRSCH, l’absent n’est pas présent, parce que lapersonne du patient, dont celui-ci ne cesse de parler, ne se présentejamais, pour cette raison simple qu’il n’y a pas de co-présence, fautede rencontre entre les interlocuteurs. L’incapacité de rencontrer est aufondement de la psychose. C’est pourquoi, tout événement étant unerencontre, il n’y a pas d’événement pour un psychotique.

L’impossibilité de rencontrer alimente indéfiniment la plainte dumélancolique, qui est sa seule façon d’exister. Elle détermine lemaniaque, pour en éviter l’épreuve, à en court-circuiter la possibilitédans une existence en fuite. Le mélancolique se plaint de ne pouvoirrejoindre les autres, de ne pouvoir, comme dit une malade de KUHN,« accompagner ». Elle n’y réussit que parfois, lorsqu’elle participe àun ballet et que son existence est suspendue au rythme générateur del’espace-temps de la danse. Alors il lui est possible d’accéder ou des’accorder à la tonalité existentielle des autres. Quant à la fuite desidées, à quoi se ramène presque tous les aspects de l’existencemaniaque, elle ne consiste pas, comme on pourrait le croire, enéchappées successives de la pensée. Celle-ci ne passe pas d’une idéeà une autre en sautant les intermédiaires, mais elle s’est toujours déjàélevée d’un bond au-dessus du champ de l’expérience. Il ne s’agit pasd’un vol ascensionnel, il s’agit d’un planement au-dessus de tout. Touts’offre au malade sans résistance, sans effort, comme un spectacle quiest toujours déjà là, sans avoir dû jamais commencer. Tout estimmédiatement à sa main, à ceci près, comme dit PÉGUY, qu’il n’apas de mains, parce qu’il ne peut pas être en prise. Il est en osmoseperpétuelle avec ce qui se passe dans son entourage, comme celui quiflotte dans une demi-ivresse, juché sur un haut tabouret de bar, et voitle monde circuler en spectacle autour de lui. Seulement, l’immédiatn’est pas le proche. La proximité implique une tension éloignante quiouvre une sphère de présence dans laquelle quelque chose peut être là.Pour le maniaque, le lointain se perd dans l’informe. Ainsi, dans cerêve, que le rêveur lui-même interprète comme un rêve de mort et dontBINSWANGER dit qu’il n’est déjà plus de l’ordre du rêve, mais de lapsychose : « Je me voyais dans un autre monde merveilleux, dans unemer de mondes où je flottais sans forme. De loin, je voyais la terre etles astres et je me sentais d’une fugacité prodigieuse avec un sentimentde puissance illimitée ». Cette toute-puissance informe est une béanceet l’idée même de rencontre y est frappée de non-lieu.

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Pour ce qui est de la schizophrénie, parmi les trois formes deprésence en échec topiquement schizophréniques analysées parBINSWANGER, le maniérisme, la Verstiegenheit et laVerschrobenheit, je choisirai seulement le maniérisme. Le manié-risme, disait BINSWANGER, c’est la pose. Et, de fait, celui qui doitcomme modèle garder la pose cesse de se dépasser vers un monde, dese prêter aux variations de l’Umwelt et aux appels du Mitwelt. Lemalade schizophrène, qui, pour se donner une contenance, se donneune manière d’être, est entièrement absorbé en elle. Elle est à la foisson modèle intérieur et sa façon d’exister. Il s’enlace à son propreschème d’immanence, mais extériorisé. Il s’institue son personnage.Il joue son propre personnage et le personnage qu’il joue, c’est luiacteur. Dans cette tautologie ludique, l’idée même de rencontre estaberrante.

Pourtant, elle hante le schizophrène, elle est le point critique de sonambivalence. Il en déplore l’absence dans le moment même qu’il s’ydérobe. Un malade de Roland KUHN se plaint de ne pouvoir joindrele national et l’international, le privé et le public, soi et l’autre. C’estpour cela qu’il a dessiné les plans d’une ville autonome, autarcique,qui ne dépendrait que de soi. Et ceci, dans le dessein de joindre, àtravers les rues de sa ville, les autres ou les choses. Or, les choses y sontexposées, dans des espèces de stands, comme des noms, comme desmots, comme des « incorporels » qui n’offrent aucune prise et nemettent en prise sur rien ; sans que les mots, réduits à l’état d’objets,débouchent sur des choses, sans que les choses, étiquetées par lesmots, soient appelées par leur nom à entrer en présence. C’est unefaçon qui est commune, d’ailleurs, aux schizophrènes et aux mélanco-liques : tout a perdu sa tournure. Rien n’est tourné vers nous, ni nousvers rien. Cet homme n’est pas ouvert aux autres, ni les autres à lui. Pasde co-existence dans un monde disjoint. Aussi est-il institué, « pourjoindre le commencement et la fin », une procession rituelle qui fait,tous les six mois, le tour de la ville. Elle en assure les limites, enconsacre le péribole. Mais, c’est du même coup la fixer, l’incarcéreren elle-même. La répétition périodique introduit dans le temps lamême fermeture que dans l’espace. Il ne peut être question derencontre. Le malade ne peut pas rencontrer parce qu’il lui estimpossible d’être présent, en raison de la désarticulation de sa tempo-ralité. La déchéance de la dimension temporelle (et spatiale) del’existence est constitutive de la psychose.

La temporalité du mélancolique se dénonce dans la forme canoni-que de la plainte : « Ah ! si seulement je n’avais pas… je n’en serais

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pas là » ; mais tout est accompli depuis le commencement, y comprisle temps lui-même. Dans ce temps sans tension de durée, rien n’est envoie d’accomplissement, sans cesse de l’accompli se verse en accom-pli. Le « Là » où en est le mélancolique est le même qu’au départ, oùtout est consommé. Le présent de la mélancolie ne s’ouvre pas au sortirdu passé, non plus que son avenir au sortir du présent : il n’y a pas desortie. Le présent mélancolique est un présent de pure décadence,d’incidence nulle, comme il n’en existe dans aucune langue du monde.Il ne peut émerger de l’aspect du participe passé : ce qui, souvent,conduit à dire que l’existence mélancolique est tout en rétentions. Celaest faux. Toute rétention est celle d’un présent tré-passé mais retenu àla façon d’une ombre sous l’horizon d’antériorité qu’ouvre, à partir desoi, le présent vivant actuel en incidence. Pas davantage, l’existencemaniaque ne consiste, symétriquement, qu’en protensions. Apparem-ment, le maniaque est toujours pressé de communiquer. En réalité, iln’y parvient jamais. Il a toujours l’air d’être en avance sur l’instant, deprécéder l’événement, de l’anticiper. En réalité, il s’arrange toujourspour n’être jamais rejoint par le temps, pour que rien jamais n’arrive,pour que le présent n’ait pas le temps d’arriver. Le temps arrive dufutur. La pensée réagit en remontant le temps : elle l’inverse. Quandce contre-mouvement est infini, la pensée rencontre toujours du tempsqui arrive, mais toujours aussi l’inverse. Cela est toujours possible aufutur : le futur remonté en sens inverse de son incidence rencontre bienindéfiniment devant lui du futur incident qui vient, mais indéfinimentce futur s’inverse. Mais ce qui convient au futur disconvient auprésent. Là où le temps incident qui vient ne se verse pas en tempsdécadent qui s’en va, la discrimination des deux n’a pas lieu et il n’ya pas de présent. Loin donc de devancer le temps, les impulsionsmaniaques sont des actes conjuratoires dirigés contre l’avènement duprésent et l’événement d’une rencontre.

L’espace, comme le temps, déchoit dans la psychose. Dans laschizophrénie, sa déchéance revêt deux formes opposées. Par exem-ple, dans le cas de Suzanne Urban, on peut dire que la crise éclate, dansla salle attenante au cabinet de l’urologue, au moment où celui-ci luiapprend avec une mimique effroyable, sans un mot et en lui coupantla parole, que son mari est dans un état désespéré. Cette salle close dontla porte s’ouvre brusquement pour donner passage au médecin est unlieu scénique à l’intérieur duquel tout se passe et duquel on ne peuts’évader. Elle aura ensuite sa résurgence dans l’espace scénique dudélire, dont toutes les issues sont gardées par les persécuteurs. Entreles deux, à l’inverse, le seul lieu d’existence est un espace purement

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atmosphérique, un espace où Suzanne Urban flaire partout des dan-gers, comme les âmes flairent dans l’Hadès, où tout est devenu fumée :il n’y a pas de distance entre la menace et le monde même. Le mondeest devenu entièrement menace et on peut dire que le terrifique ici estabsolu. Pour se donner un espace de relâche, la malade démultiplie leterrifiant en persécuteurs nombreux. Or, ceci a un équivalent dans ladissociation du corps. C’était le cas d’une malade que j’ai vueplusieurs fois à l’hôpital psychiatrique du Vinatier, la même quidemandait aux étudiants stagiaires : « Est-ce que j’existe ? ». À decertains moments, elle se retirait pour aller, disait-elle, retrouver sabête, qui la dévorait de l’intérieur. Son corps était une espèce de sac-cercueil, de corps-sarcophage se dévorant soi-même ; c’est-à-direqu’elle endurait sa résorption en soi. À l’inverse, elle gardait toujoursavec elle les broderies qu’elle avait faites et qui représentaient sesorganes (cœur, foie, poumons, estomac) séparés, alignés les uns à côtédes autres, illustrant la dissociation de l’image du corps, que GiselaPANKOW a analysée, et qui apparaît comme une tentative pour sortirde cet état de résorption, d’involution totale.

Tout cela marque l’incapacité totale de rencontre, en même tempsque les contradictions déchaînées par l’obsession, impossible à conce-voir autant qu’à satisfaire, d’une rencontre lointaine. Nous parlons derencontre, mais dans notre monde institutionnalisé, où les relationssont de plus en plus normées, une rencontre est-elle encore possible ?Qu’appelons-nous rencontre ? Nous parlons de rencontre à proposd’un match de football, d’une bataille, à propos d’une rencontre ausommet, d’un meeting, mais ces rassemblements supposent uneespèce de solidarité pré-contrainte qui interdit absolument ce que l’onpeut appeler la rencontre de deux existants. Sans doute. Mais si nousnous interrogeons sur ce que peut être une rencontre authentique, ilfaut bien voir ce qu’elle implique essentiellement de mystère. Ce motest employé par François TOSQUELLES dans le sens de GabrielMARCEL pour désigner une situation dans laquelle je me trouveengagé, mais telle que je ne peux pas l’énoncer, que je ne peux pas lasignifier. Et, de fait, une rencontre est insignifiable. C’est ce qu’avaienttrès bien vu les stoïciens, quand ils disaient : une langue ne peutexprimer que ses propres exprimables, institués avec elle. Mais, ellene peut jamais dire les choses mêmes à quoi nous avons affaire, lespragmata, qui sont justement l’objet du tygchanon, de la rencontre.Celle-ci échappe aux mots. À l’intérieur d’une langue instituée, il n’ya pas de rencontre. Notre savoir du monde est codifié par le systèmede la langue. Mais il n’enveloppe pas l’acte propre du dire. Il serait

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temps que nous songions à rendre la langue au langage. Or, tout ce quenous avons entendu ces dernières années au sujet de la langue n’est pasfait pour y conduire.

En quoi suis-je impliqué dans une rencontre ? Me voici en présenced’un autre, un autre qui se présente en tant qu’autre, c’est-à-dire tel queje ne peux pas l’inventer. Si je peux l’inventer, il se dissout. Et qu’est-ce que je ne peux pas inventer ? Au sens propre, un visage, qui n’estpas une image. Une image est la thématisation du visage que je metsà ma disposition. Mais dans une rencontre, l’expression de l’autre estun visage qui parle. Même un visage qui se ferme exprime en lumièrenoire sa propre fermeture, qui m’éclaire, en lumière noire, douloureu-sement. Mais lorsque l’autre reste ouvert, son visage rayonne l’espaceoù s’ouvre mon regard. En ce regard que je porte sur l’autre et qui setient dans cette ouverture, je ne rencontre l’autre qu’à m’y trouver moi-même. L’épiphanie d’un existant dans le regard d’un autre exigel’autophanie de celui-ci dans ce même regard.

C’est justement ce à quoi, dans l’exemple de WYRSCH, se heurtentgénéralement les psychiatres. Car, dans l’impossibilité de rencontrerl’autre, chacun éprouve ce manque, ce manque à exister, comme unepossibilité de sa propre existence. Et, cela il ne peut pas le supporter.Pour échapper à cette épreuve en évitant l’occasion de la rencontrer,il est deux façons du regard : le regard par en-dessous, au sens proprehypo-crite, qui enferme le visage de l’autre dans une image close,finie, dont j’ai la maîtrise, que je peux posséder (cf. la caricature) et leregard survolant qui le traverse sans le voir. Le regard par en-dessous,armé, est souvent celui de la psychiatrie. Toutes sortes de techniques« scientifiques » d’évitement permettent au psychiatre de se déroberà l’ouverture à l’autre, laquelle le révèle à soi. Or, cette révélation enchiasme de l’autre et de moi, c’est tout simplement le moment del’existence. C’est là que l’existentiel se sépare du pulsionnel. Il n’y apas de rencontre au plan pulsionnel, il n’est de rencontre que d’existantà existant. Nous pouvons dire que « dans l’état actuel de nos connais-sances », non : de nos positions psychiatriques, tout est conçu etorganisé pour éviter la rencontre et pour en évacuer l’idée dans uneperspective d’objectivation universelle. Objectiver l’autre, en faire unobjet d’observation, un objet d’étude, un objet de soin, de traitement,c’est se mettre à l’abri soi-même comme sujet supposé, et passer outreà l’homme malade pour lui substituer la maladie, pour faire de sonvisage, et de tout ce qui peut témoigner de son visage, un panel desymptômes.

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Ceci marque la rupture de « l’être avec ». La rupture de « l’êtreavec », nous la rencontrons aussi bien dans le domaine historico-socialque dans le domaine psychiatrique. Dans le domaine historico-social,nous assistons aujourd’hui à la fission de la rencontre, qui se trouvedivisée, par une véritable Spaltung, en deux domaines disjoints : l’unde logicisation et l’autre de sensibilisation, où, dans le second, lepathique et, dans le premier, le logique s’est émancipé. Or, il n’y a delogique que de l’objet et, de l’autre côté, la tectonique des plaquespulsionnelles détermine des contacts, non des rencontres, comme il enva aujourd’hui dans le monde incertain de l’adolescence. Ou bien desadolescents, prématurés de tout âge, fusionnant par contagion affec-tive, s’agitent dans une bulle matricielle, en rabattant le plus souventle sur-moi sur le ça, ou bien le moi est court-circuité au niveauparoxysmal sous la forme épileptoïde du trépignement devant la loi,de l’implosion ou de la décharge d’affects violents, sans être capabled’instaurer une autre loi qui puisse valoir pour un monde. Mais àl’opposé, règnent les adultes-maîtres et, pour ce qui actuellement nousoccupe et nous préoccupe, les décideurs de la Santé publique, et plusparticulièrement les organisateurs et les administrateurs de l’institu-tion psychiatrique, dont l’autorité fait loi. Je citerai comme exemplel’usage mondialisé du D.S.M., les codes de procédure, les passationscollectives du test de Rorschach, dont les planches projetées sur écransont tout ce qui subsiste ironiquement en lui de projection – avec, bienentendu, le choix d’avance testé entre trois réponses-modèles prééta-blies.

Cette distinction psycho-sociale entre deux âges de l’homme re-joint celle qu’établissait l’ancienne psychiatrie allemande entreGemütskrankheiten et Geisteskrankheiten, entre les maladies du Gemüt,du cœur, et les maladies de l’esprit. Qu’il s’agisse de la santé plus oumoins équilibrée du « on » ou d’affection pathologique, dans les deuxcas, la contagion affective, d’une part, et l’objectivation, de l’autre,excluent la communication comme l’a montré – pour ce qui est de laseconde – Georges LUKÀCS dans son étude des comportementsesthétique, théorique, pratique, (moral). L’objectivation est la caracté-ristique de l’homme théorique. Dans le comportement logique-théo-rique, la relation sujet-objet est telle qu’il n’y a pas vraiment de sujet :il n’y a qu’un objet. « Chaque comportement théorique se dirige àchaque fois sur un objet, mais sa vérité exige implicitement l’ajuste-ment de cet objet à l’ordre du monde, de sorte que l’objet de laconnaissance théorique est toujours l’intégrale des énoncés vrais. Lecomportement théorique est un procès infini inachevable. Le sujet qui

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lui correspond est une pure construction et non pas un sujet réel ». Sonaccomplissement « en réalité » est irréalisable. Cette situation a unanalogue dans la schizophrénie : l’Oberbegriff (supra-concept) deBLEULER, dans lequel « tous les projets sont suspendus, annulés, enfaveur de la représentation d’un seul concept-objet », à quoi tout seramène et où, désormais, l’expérience est prise dans un systèmed’associations dont elle ne peut plus sortir. Il a bien son équivalent,dans ce qu’on appelle intégrale des propositions vraies. La consciencetranscendantale n’est la conscience de personne. Jamais dans laconnaissance théorique, je m’éprouve réellement Moi.

C’est seulement dans le comportement esthétique que je suis enprésence : en présence d’une œuvre d’art, en co-présence avec elle. Jeme surprends à exister d’une existence propre, insubstituable. Je parled’une œuvre d’art qui en est une : un losange de MONDRIAN ou uneSainte-Victoire de CÉZANNE ou Sainte Sophie de Constantinople. Àce moment, cette œuvre, unique, et moi, unique, nous sommes frappésde réalité. Parce que sa présence est insurmontable, que je ne peux pasl’inventer, mais qu’irrévocablement elle s’ouvre à moi, j’ai la révéla-tion que j’existe. J’existe dans cette ouverture. Je l’existe. L’espace del’œuvre est la courbure unique de toutes ses formes. La premièrecondition qui fait qu’une œuvre d’art existe est qu’elle transcende, nonseulement moi qui la regarde, mais aussi son auteur. Et, au fond,pourquoi resterais-je en contemplation, en ouverture, ou à CEZANNEou à MONDRIAN ou à n’importe qui ? Alors qu’il n’a lui-même larévélation de son œuvre qu’au moment où elle le dépasse et où il estsurpris de l’avoir fait, en disant : c’est impossible.

C’est donc à ce moment que se produit le véritable rapport où moiet l’œuvre nous sommes tous les deux réels. Nous n’existons pas toutesles minutes. Il est assez rare que nous nous surprenions à exister, sinondans des moments dramatiques ou dans des moments de joie excep-tionnelle. De toute façon, il y a là une rencontre comme entre l’œuvreet moi. Mais, une dissociation se produit entre elle et moi dès lors ques’établit entre nous un rapport de sujet à objet et qu’elle est devenueun objet de représentation ou d’estimation. Elle cesse alors d’existercomme cesse d’exister l’autre dont l’homme théorique fait un thèmeobjectivable. C’est de la même façon qu’il est porté atteinte à « l’êtreavec », et le malade le ressent comme l’atteinte la plus grande qu’onpuisse porter à son existence même.

Faire d’un homme malade un exemplaire de maladie, c’est nepouvoir ni ne vouloir savoir rien de son épreuve existentielle. Car,

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comme l’écrit François TOSQUELLES, « il n’y a pas d’attitude dumalade envers la maladie. Il y a attitude envers son vécu. Il ne lutte pascontre la maladie. Il lutte pour établir, rétablir sa condition humaine ».Surtout, définir une maladie revient à proposer un modèle pathologi-que déterminé par une structure ou un complexe de structures. Mais enréalité, il n’y a pas de structure pathologique. Il n’y a pas de structurelà où l’existence est en cause. Par exemple dans le langage, « dans lalangue, tout est procès », écrit Gustave GUILLAUME, « il n’y a pasde substantif, il y a un processus de substantification d’une subtilitéextrême » et qu’il a lui-même suffisamment étudié pour en avoirmesurer la complexité. De même, il n’y a pas de structure pathologi-que, il y a une pathologisation, une pathologisation de l’existence quine fait qu’une avec la métamorphose vécue mais non comprise, del’épreuve d’exister. Voilà pourquoi le psychotique ne peut avoir égardqu’à son vécu, comme nous n’avons, nous aussi, égard qu’au nôtrepropre, et le vivre de son vécu est intransportable dans un monde toutfait ; de même que notre existence est intransportable dans ce mêmemonde tout fait.

Cette pathologisation revêt l’aspect d’une histoire, comme notreexistence aussi revêt l’aspect d’une histoire. Qu’est-ce qu’une his-toire ? C’est le développement d’un projet, au sens de HEIDEGGER,c’est-à-dire qu’elle est l’expression de ce qu’il nomme Dasein. Il fautbien s’entendre sur ce terme. Il signifie « être le là », « être le là » detout ce qui a lieu, « être le là » du monde dans lequel tout arrive, ycompris mes actes, c’est-à-dire qu’il n’y a pas un seul de mes actes quin’implique et n’entraîne avec lui mon monde.

Cette situation est-elle universelle ? Eh bien, non. Il y a unepathologie qui ne se laisse pas impliquer dans ce schème existentiel.Roland KUHN, lors de ses premiers essais d’utilisation du Tofranil, en1956, l’avait employé dans le traitement des schizophrènes. Il avaitalors constaté que la schizophrénie n’en était pas modifiée, maisqu’avait disparu « la composante dépressive ». Ce qui avait disparu,c’était un ensemble de symptômes dont il a reconnu l’unité spécifiqueet le sens nodal originaire et qu’il a désigné par le terme de « dépres-sion vitale ». Elle est plus familière sinon plus accessible aux méde-cins généralistes qu’aux psychiatres. Elle consiste essentiellement àn’avoir communication à rien, pas même et surtout pas à soi. Cethomme, qui souvent vit encore dans le monde, est absent à sa propreprésence sans éprouver une présence d’absence. Il n’est pas perdu aumilieu de l’étant, mais l’être même est perdu. Cet état n’a pas d’âge ;

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il n’a pas d’histoire. On l’observe chez des nourrissons comme chezdes vieillards.

La dite « mort subite des nourrissons » compte pour moitié desmorts survenues au cours de la première année. Toutes les enquêtesaboutissent à mettre en cause l’attitude des parents. Ils ne se sont pasimpliqués – non par intrusion mais par résonance – dans les plis d’uneexistence en attente ou en retrait, manifestée plutôt qu’exprimée pardes attitudes d’appel ou d’abandon, par exemple un cri. Ce cri, il estaussi néfaste de ne pas l’entendre que de le combler par un apportidéalement préconçu et d’en tarir la source. Il s’agit de lui accorderl’accueil d’une présence structurante. Cette dépression originaire a uncorrespondant dans ce que WINNICOTT appelle Break down (je vousrenvoie à « Jeu et réalité » et à la lucide préface de Jean-BertrandPONTALIS). Cette situation ne s’ouvre à partir d’aucun horizonpossible. Elle se découvre à celui qui l’éprouve sans qu’il y soit préparépar une anticipation a priori de lui-même. Il est là, sans être le là del’abîme dans lequel il est jeté. En ce là de nulle part, il est passible desoi. Seul moment : l’exaiphnes (l’instantané sans temps). Et, cemoment est peut-être le déterminant de toutes les psychoses, ce« creux de l’être », comme dit WINNICOTT, « à partir duquel l’exis-tence seulement peut commencer ».

La psychose n’en est pas le développement. Je cite WINNICOTT :« On aurait tort de considérer l’affection psychotique comme uneffondrement, c’est une organisation défensive liée à une agonieprimitive ; agonie sous-jacente contre laquelle se constitue toutetentative de structuration, tout syndrome psycho-pathologique. » C’estla situation initiale, basale, de laquelle surgit aussi bien l’être maladeque l’être qui tente d’exister. Et, dans les deux cas, comment ? Eninstituant une histoire. Parce qu’elle est une forme de présence, au sensde « Dasein » (être le là), la psychose est l’ouverture d’une histoire.Quand est-ce que HEIDEGGER a découvert sa propre pensée ? À lasortie de la première guerre mondiale, au moment où il a découvert lecaractère dramatique de l’histoire constitutive du monde de tous et dumonde de chacun. « Normal » ou « pathologique », « die Welt weltet » :le monde se fait monde. Aussi, l’idée de vie, d’abord retenue parHEIDEGGER, ne peut pas en rendre compte. La vie n’implique pasl’événement-avènement d’un monde. Seul l’implique, selon HEI-DEGGER, ce qu’il nomme à partir de 1924 « Dasein ». Être le là dece qui a lieu d’être, c’est ouvrir le projet d’un monde auquel pouvoirêtre, se faire projet de soi.

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« Le projetant, dit HEIDEGGER, est en jet dans son projet ».Projet qui mène à quoi ? Non pas à une réalité existante, non pas à unepossibilité qu’il aurait à réaliser, mais à une ouverture, à la possibilitéde se rendre possible, d’instituer sa propre possibilité. Qu’est-ce qui asens ? Ce qui est inscrit, à une place déterminée dans un système depossible. Mais, d’où ce système tient-il son être ? Aujourd’hui, nouspouvons dire que l’homme entier, dans son projet fondamental, avoulu être l’origine de toutes ses possibilités. Il est devenu l’uniqueprojet, le projet de soi. Seulement, au-dessous il y a ce « creux » dontparlait WINNICOTT et celui-ci est irréductible au projet. Il n’y a pasmoyen de le signifier. La rencontre, non plus, ne peut être signifiée.Pourquoi ? Parce qu’elle est le moment même de la réalité. La réalitén’est pas ce qui, à priori, est possible, mais ce en quoi, surgissant, cequi est a lieu d’être.

L’homme malade et celui qu’on dit bien portant s’originent aumême « creux » existentiel. Au moment où la réalité est occultée, oùl’homme, engagé dans un divertissement désespéré, tend à devenirobjet, la psychiatrie a pour tâche primaire de détourner le monde despsy du chemin de l’objectivation et de résister à l’industrie psycho-alimentaire de l’information et à l’entreprise générale de robotique.L’existence, comme seul moment de réalité, est le point commun detoute psychologie, qu’elle porte sur l’être qui se croit normal ou surcelui qui se sent, et sans tricher, atteint dans son existence même.

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