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LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL N°785 - NOVEMBRE2012 - WWW.FFBB.COM LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL CéLINE DUMERC, LA NOUVELLE STAR LE 3X3 VERSION JUNIORS LE VENDéSPACE ACCUEILLE L’EURO LA RENTRéE AU CFBB

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LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE BASKETBALL

N°785 - NOvemBRe2012 - WWW.FFBB.COM

LE MAGAZINE DE LA FÉDÉRATIONFRANÇAISE DE BASKETBALL

CélineDumerC,

la nouvelle star

le 3x3version juniors

le venDéspaCe accueille l’euro

la rentrée au cFBB

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CéLinE DumErC >

Les premières de dumerc

A 30 ans, quelques semaines après les Jeux Olympiques, Céline Dumerc jouit d’une notoriété unique pour une basketteuse. Les médias généralistes découvrent le talent de la meneuse de l’Équipe de France. Les entraîneurs de tous ses débuts témoignent : débuts au Centre Fédéral, débuts en Équipe de France, débuts à Tarbes et débuts à Bourges. Pour mieux comprendre son parcours.

Propos recueillis par Julien Guérineau

" Quand je Lui ai annoncé Qu’eLLe intégrait L’insep, c’était à saLbris. céLine a bondi de joie et sa maman a pLeuré tout Le chemin du retour."

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pascaL pisanEn 1997, à 15 ans, Céline Dumerc,

originaire de Tarbes, intègre le Centre Fédéral, dans le Bois de Vincennes. Elle y restera trois saisons en évoluant en NF1."La première fois que je l’ai vue c’était en février 1997 à Mont-de-Marsan. Je cherchais une meneuse de jeu pour l’Équipe de France cadettes. Je cherchais partout. Je l’ai vue et après ça elle n’a plus loupé un stage. Nous avons fait 5 championnats d’Europe et un championnat du Monde en jeunes ensemble. Et je connais bien ses parents puisque je suis de Tarbes. Quand je lui ai annoncé qu’elle intégrait l’INSEP, c’était à Salbris. Céline a bondi de joie… et sa maman a pleuré tout le chemin du retour. C’était douloureux pour la famille d’une enfant unique.Céline, quand on l’a dans son équipe, on ne peut plus s’en passer. C’est sa caractéristique première. Elle n’était pas particulièrement impressionnante techni-quement. Physiquement elle avait du coffre mais d’autres en avaient tout autant. Ce qui l’a amené où elle est aujourd’hui c’est sa capacité à faire gagner les autres. J’ai également entraîné Tony Parker et les gens de l’extérieur étaient nombreux à douter de leur réussite. Mais quand on les avait à ses côtés on comprenait qu’il s’agissait de joueur et de joueuse exceptionnels. En minimes elle faisait une bonne chose pour une mauvaise. Mais elle faisait tout, elle était partout. Quand les autres faisaient 10 allers-retours, elle en faisait 20. Au plus haut niveau elle est parvenue à gérer son activité, son énergie et ainsi gagner en efficacité. Mais elle a conservé sa capacité, par son engagement, son exemple, à tirer les autres vers le haut.Sa tendance à douter d’elle-même ? C’était l’objectif numéro un de ses entraîneurs de l’époque. Je passais des soirées entières à parler pour lui dire que je croyais en elle. Quand on lui annonçait qu’elle serait capitaine, elle n’y croyait pas. Elle pensait que c’était toujours pour sa voisine. Céline n’a jamais cessé de progresser et de passer devant des jeunes filles qui étaient, au départ, plus fortes qu’elle. Elle aime travailler et ne supporte pas la médiocrité et la défaite. Quand elle est rentrée de Russie c’est parce qu’elle estimait qu’elle ne travaillait pas assez là-bas. Enfin c’est une meneuse qui nourrit des relations fusionnelles avec ses entraîneurs. J’étais persuadée qu’elle allait réussir. Mais de là à devenir une star du basket féminin…"

damien LeyroLLesÉté 2000, quelques jours après les Jeux de Sydney, Céline Dumerc rejoint le club

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lors de sa dernière saison au club. Elle a grandi en même temps que nous."

aLain jardeLLe 3 août 2003, au sortir d’un podium avec l’Équipe de France espoirs au Mon-dial en Croatie, Céline Dumerc rejoint le groupe des A. Trois semaines plus tard, le 23 août, elle fait ses débuts en bleu contre la Slovaquie, à Lorient."A ma grande surprise il se colporte l’idée que cela s’est mal passé entre Céline Dumerc et moi. Ce n’est pas du tout le cas. Bien au contraire. C’est facile de se demander aujourd’hui, alors qu’elle a 30 ans, pourquoi Jardel ne la faisait pas jouer à 21 ans (ndlr : 39 minutes en six matches, deux matches sans entrer en jeu à l'Euro 2013) ? Je crois qu’il faut surtout replacer les choses dans leur contexte. La génération qui a gagné la médaille d’argent à Londres n’est pas une génération spontanée. Sur les 12 joueuses, 7 ont fait leur début avant 2006. Je ne revendique rien mais la question est de savoir si les joueuses auraient une médaille autour du cou si elles n’avaient pas connu très tôt

à Londres. Peut-être avait-elle moins confiance à l’époque. C’est une joueuse qui faisait parler sa vitesse avec beaucoup de percussions, de drives. Elle avait énormément de gaz. Au niveau leadership on sentait son mental et son caractère. Elle n’hésitait pas à remettre en place les Américaines de l’équipe. A l’époque nous avions rencontré Patrick Beesley qui gérait les sorties des joueuses

de Tarbes. En trois ans elle contribue à faire grimper le TGB dans la hiérarchie du basket féminin : 5e, 3e puis finaliste en 2003 après une finale de Coupe Ronchetti un an plus tôt."Avec Céline ce sont surtout des souvenirs collectifs. En dix ans il s’est passé beaucoup de choses mais j’ai passé trois ans avec elle à sa sortie de l’INSEP. J’étais donc son coach pour son

"a L’époQue nous avions rencontré patrick beesLey Qui gérait Les sorties des joueuses de L’insep. a tarbes Les profiLs Qui nous intéressaient étaient ceux de céLine et d’émiLie gomis."

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année rookie. Elle avait choisi de revenir chez elle pour son premier contrat pro. On plaçait de grands espoirs en elle et dès la deuxième année elle est devenue titulaire. A mon arrivée, Christelle Mijoul (3 sélections en Équipe de France) était déjà au club, sous contrat. Laure Savasta pouvait également aider sur le poste. Mais Céline a de suite montré l’étendue de ses qualités. Intérieurement elle avait probablement des craintes et des doutes mais elle ne laissait rien transparaître. Pour son âge elle possédait une certaine maturité. Elle avait une envie de réussir et surtout de travailler.J’ai vu ses performances aux Jeux Olympiques et cela fait extrêmement plaisir. Les voir heureuses avec Émilie Gomis, c’est surtout ça qui est intéressant. Techniquement, il y a dix ans, Céline n’avait pas la qualité de tir qu’on a vue

de l’INSEP. A Tarbes les profils qui nous intéressaient étaient ceux de Céline et d’Émilie Gomis. Les deux ont accepté de nous rejoindre. Nous avions du temps de jeu et une Coupe d’Europe à offrir. C’était le deal : leur mettre le pied à l’étrier rapidement. Tarbes jouait les premiers rôles mais ne visait pas le titre. Et chaque année elles ont franchi les paliers pour ensuite grandir dans leur carrière au bout de nos trois années ensemble. C’était le plan mais parfois les choses ne se passent pas comme prévu. Quand j’ai rejoint le club on m’a indiqué que le but était de modifier l’effectif avec des jeunes joueuses à fort potentiel. Les résultats ont été excellents. Quand Céline a pris définitivement les rênes de l’équipe nous avons atteint la finale du championnat de France et de la coupe Ronchetti, ce qui nous permis de participer à l’Euroligue

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Presse Sports / Pochat

l’expérience d’un Mondial ou d’un Euro ?

J’ai souvent sélectionné des gens très

jeunes comme Edwige Lawson qui a 18 ans

lors de son premier match, Élodie Godin

(18 ans), Émilie Gomis (18 ans), Emmeline

Ndongue (19 ans) et bien évidemment

Céline Dumerc (21 ans). Quand Céline

arrive, elle prend la succession de Yannick

Souvré qui a tracé le sillon. A l’époque

Edwige Lawson est en pleine possession

de ses moyens et Audrey Sauret rayonne

sur son poste. A ses débuts elle est donc

troisième meneuse. Quand on me dit ça

s’est mal passé, je rigole parce que Céline

n’a simplement pas joué les premiers

rôles derrière les leaders de l’équipe.

Un an plus tard, pour disputer les

qualifications à l’Euro 2005, elle est en

balance avec une autre joueuse sans

doute plus en avance mais c’est bien

Céline que je choisis. J’étais allé voir

Céline jouer au Mondial espoirs 2003 en

Croatie. Quelques semaines plus tard elle

était en sélection avec les A pour l’Euro.

Je pense que sa présence si tôt explique

qu’en 2006 au Mondial elle fait un

tournoi d’enfer. Aujourd’hui il faut donc

se poser la question : qui est la prochaine

meneuse de l’Équipe de France ? Intégrer

des jeunes n’est pas évident. En 2001 FiB

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il faut que je justifie à la maman d’Edwige Lawson le fait qu’elle joue moins que les autres (il rit). Mais à 22 ans elle était championne d’Europe."

pierre vincentÉté 2003, Céline Dumerc quitte Tarbes pour Bourges. Le club n’a plus gagné le titre de champion de France depuis 2000 et débute une nouvelle ère sous la houlette de l’ancien entraîneur de l’Équipe de France juniors."Céline et moi sommes arrivés à Bourges ensemble. Ou plutôt elle avant moi puisqu’elle avait déjà signé. Je la connaissais depuis longtemps. La première fois que je l’ai vue c’était à Salbris à tournoi inter-ligue où il y avait Tony Parker d’ailleurs. Moi j’étais sur le scouting des garçons mais j’avais été voir les filles aussi parce que Christophe Fourcade, qui était mon assistant de l’époque, est tarbais et il voulait voir les filles du Midi Pyrénées. J’avais vu une boule d’énergie, un leader d’équipe. Quand je suis arrivé elle tirait la gueule suite à une interview qui ne s’était pas forcément bien passé… A la demande quel est ton trait de caractère elle avait répondu : lunatique. On a d’ailleurs une perception de Céline très positive mais avec elle on n’est pas dans la demi-mesure. C’est quelqu’un de dur, d’engagé…Elle a pris très vite de la place. Mais la première année c’était chaud, tendu au niveau de l’équipe. Je voyais bien qu’il y avait des choses qui n’allaient pas et l’attitude n’était pas bonne. Et je leur disais il faut que l’on fasse des efforts en dehors du groupe, il y a des choses qu’il faut se dire, des choses qu’il faut régler, c’est votre job de les régler parce que vous jouez ensemble et qu’on ne peut pas faire fi des événements. Aujourd’hui avec 10 ans d’expérience, elle a appris à gérer un

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groupe, à savoir quand parler, quoi dire, ne pas tout régenter, pas tout gérer mais dire les choses, savoir comment les dire et pas à n’importe qui et différemment… Elle connaît son métier.On manque de joueurs comme ça. Elle travaille beaucoup, veut gagner, veut porter son équipe. Elle me fait penser au porte drapeau qui s’effondre pendant la bataille, un type arrive derrière prend le drapeau et tire tout le monde derrière lui. C’est exactement ça Céline. Ses coéquipières iraient au bout du monde avec elle. Par contre, quand elle estime qu’elle n’a pas la légitimé parce qu’elle n’est pas performante, elle a moins d’impact sur le groupe. Elle ne s’autorise pas à avoir de l’impact. Je lui ai expliqué qu’elle n’était pas obligé de mettre 20 points pour pouvoir parler aux joueuses. Tu peux aussi être en difficulté, tu peux aussi ne pas réussir mais ce sont deux choses différentes. Pour elle c’est compliqué ça. Et il faut qu’elle ait tout le monde derrière elle aussi. Parce que quand elle n’a pas tout le monde derrière elle, ça la mine. C’est quelqu’un qui a une estime d’elle-même assez basse et qui a une tolérance à l’erreur quasi nulle. Mais elle se soigne.Quand elle est partie en Russie cela a été extrêmement douloureux. Tout le monde lui expliquait qu’elle devait y aller mais elle n’était pas prête. Elle n’y est pas tout à fait allée à reculons mais elle savait qu’elle ne trouverait pas ce qu’elle cherchait avant même de partir. Céline ne joue pas pour l’argent. C’est une joueuse d’équipe et elle savait qu’en allant là bas, elle allait tomber dans un monde à part. Ce n’est pas pour rien qu’elle est revenue à Bourges et signé

5 ans."

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"J’ai l’âme d’un bâtisseur"

Avant de mener les 20 ans et moins tricolores à trois médailles lors des trois derniers Euros (or, bronze puis argent), Jean-Aimé Toupane a connu une longue et riche carrière professionnelle conclue sous le maillot de Toulouse. Le nouvel entraîneur de Hyères-Toulon en Pro B, se souvient.

Propos recueillis par Julien Guérineau

"Je n’ai plus retouché un ballon après ma carrière. Je cours beaucoup, Je fais un peu de muscu et J’ai eu la chance de me mettre très tôt au golf."

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le 20 septembre 1997 F

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"C’était un match à Pau lors de ma dernière saison chez les pros… on

avait dû le perdre une fois de plus (il ri-gole). Je ne suis pas quelqu’un de nostal-gique. Quand c’est fini c’est fini. C’est pour cette raison que j’ai fait durer parce que je savais que le jour où je m’arrêterais, je ne reviendrais pas en arrière. Mais c’est sympa de se revoir. A part le fait que j’ai dû prendre 8-10 kilos depuis. C’est mon frère aîné qui m’a amené au basket. Et très tôt on m’a ex-pliqué que le basket devait se jouer des deux côtés du terrain. J’avais une réputa-tion de défenseur et pourtant quand j’étais à Gravelines j’étais parmi les meilleurs mar-queurs français (15,0 pts de moyenne en 91-92). Aujourd’hui on me qualifie de coach défensif mais je trouve que ça n’a aucun sens. Il faut simplement avoir les fonda-mentaux. J’ai eu des équipes qui étaient très offensives tout simplement parce que j’avais des joueurs qui se prêtaient à ce type de jeu. L’important pour un coach c’est de tirer la quintessence de son groupe. Il faut partir des qualités des joueurs pour mettre tout en place. Mes joueurs n’ont aucune idée de ma car-rière de joueur. D’ailleurs quand tu viens

chez moi, rien ne se rapporte au basket. Aux Etats-unis ils ont la culture des an-ciens. C’est dommage que nous n’ayons pas ça en France. En Afrique on dit que lorsqu’un vieillard meurt, c’est une biblio-thèque qui brûle.J’avais 39 ans sur cette photo. J’ai eu la chance de ne jamais avoir eu la moindre blessure grave. Ça aide à la longévité. Cette dernière saison je ne joue quasiment pas (4 matches disputés). D’ailleurs j’avais pré-vu d’arrêter sur la montée en pro A l’année précédente (8,4 pts en 23’ en 1996-97). En fait j’avais un deal avec Laurent Buffard : je m’entraînais comme tout le monde, j’enca-drais et je rassurais les jeunes mais s’il ne me faisait pas rentrer je ne faisais pas la gueule. Le coéquipier modèle ! A l’époque si je jouais encore j’étais déjà dans l’après. Et depuis pas mal d’années. Je suis devenu directeur sportif à la fin de cette saison 1997-98. Je n’ai plus retouché un ballon après ma carrière. Je cours beaucoup, je fais un peu de muscu et j’ai eu la chance de me mettre très tôt au golf. D’ailleurs les gens ne le savent pas mais à 10 ans, mon fils Axel était un des plus bas handicaps de France. Après il a fallu qu’il choisisse.

A Toulouse avec mon cursus STApS je terminais mon DESS en management du sport à l’université paul Sabatier. J’entraînais déjà, notamment l’équipe uNSS avec qui on a été deux fois cham-pions de France. Mon noyau dur c’était les joueurs d’Yves Baratet à Valence-Condom. Le BE2 je l’avais déjà en 1992 donc je savais que j’allais devenir entraîneur. Simplement Christian Mercier, le président des Spacer’s, m’a proposé d’être directeur sportif. un an plus tard, Laurent Buffard est écarté et je reprends l’équipe. Le club avait des problèmes d’argent et l’objectif était de se maintenir. on a bataillé et spor-tivement les Spacer’s s’étaient maintenus. Mais le sponsor principal a arrêté son in-vestissement et le club a disparu. Je suis resté terminer mes études en coachant les garçons en N3, avant de partir sur Clermont-Ferrand. Je suis souvent dans des clubs qui mettent sur pied des projets. J’aime ça. partir de zéro ne me fait pas peur. J’ai l’âme d’un bâtisseur."

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CAHIERS DE L’ENTRAÎNEURLe 3x3