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LES ELEMENTS FAVORISANT LE PASSAGE A LA VIE ADULTE CHEZ LES
JEUNES PLACES EN INSTITUTION EN CENTRE JEUNESSE, SELON LE POINT DE
VUE DES INTERVENANTS QUI LES ACCOMPAGNENT
Par
Pascal Thibault
Essai sous la supervision de Marianne Saint-Jacques.
Travail présenté dans le cadre de la Maîtrise en intervention en toxicomanie.
Université de Sherbrooke
Faculté de médecine et des sciences de la santé
© 23 décembre 2015
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Table des matières
Remerciements……….…………………………………………….……………………….……iii
Résumé et mots clés………….…………………………………….……………………………..iv
1. INTRODUCTION………..………………….……….…………………….…….…………..…………………1
2. Objectif de l’essai………….……………………………………..……………………………2
2.1. Constats issus de mon expérience clinique…………….…………..……………………….2
2.2. Constats dans la littérature……………………………….…..……………………………..3
2.3. Objectif……………..…………………………………………..…………………………..6
3. Méthode………………………………………………….…………………………………….7
3.1. Justification du moyen……….………………..……………………………..…..…………7
3.2. Déroulements des activités…………………………………………………………………7
3.3. Analyse des données……………………………………….……………………………….9
4. Résultats et interprétation…………………………………………………..………….………9
4.1. Caractéristiques de la transition à la vie adulte…….……………….……………………..10
4.2. Transition de vie réussie………….…………………….…………….……………………11
4.2.1. La réussite c’est le développement de l’autonomie………….……….…..……………12
4.2.2. Les progrès plutôt que la réussite………….……………………….………………..13
a) indicateurs de progrès…………………….………………………….….………………13
b) Idiosyncrasique / relatif…………………………………………..……………………..14
4.3. Comment faciliter le processus de transition à la vie adulte pour les jeunes placés…..….15
4.3.1. Empowerment…………………………………………………..…………………..…16
a) Le paradoxe de l’encadrement en CJ et le développement de l’autonomie……..….…..17
b) Exigences en CJ / en milieu naturel…………………..……………………………..…17
4.3.2. Travail sur l’espoir et la bienveillance……………………………..……….………..18
4.3.3. Continuité…………………………………………….…….………………..……….18
a) La continuité des services après 18 ans…………………………………………………18
b) la continuité des liens parentaux / communautaires……………….……………………18
c) des programmes et services offerts dans le CJ…………………………..………………19
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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4.4. Une intégration des interventions, des services multidisciplinaires et/ou inter-
établissements…………………………………………………………………..…
……20
5. Discussion………………………………..…….…….………………….………………….20
5.1. Résumé des principaux constats………..……………..………………..………………..20
5.2. Forces et limites de l’essai……………….…..………………………….……………….23
5.3. Recommandations………………….……….…..………………….…………………….25
Liste de références…………..……..……………….…………..……..……………..….……….27
Annexe A : Grille d’entrevue du groupe focalisé..…….…………………………….………..…
30
Annexe B : Formulaire d’engagement du milieu …………………………………………….… 32
Annexe C : Formulaire de consentement……………………………………………………….. 33
Annexe D : Exemple de grille d’analyse et du verbatim de la question 1 ..……………..………36
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Remerciements
J’aimerais tout d’abord remercier le Centre jeunesse de Montréal-Institue universitaire pour
son ouverture me permettant rapidement la tenue d’un groupe focalisé au sein de l’équipe de
réinsertion sociale. À ce titre, je tiens à souligner la grande générosité de la chef de service de
l’équipe de réinsertion sociale à l’adolescence, Madame Isabelle Lavertue.
Je tiens également à remercier le Fonds de bourse Jean Lapointe pour l’octroi d’une bourse
d’étude, me permettant ainsi d’actualiser mon essai dans les temps requis. Aussi, j’aimerais
remercier ma directrice d’essai, Madame Marianne Saint-Jacques, pour son grand soutien, sa
patience, son encadrement et, surtout, ses bonnes idées. Un merci spécial à Madame Karine
Bertrand pour ses bons conseils lors des séminaires.
Finalement, je tiens à remercier de tout mon coeur mon épouse Mélanie et ma fille Mégane
pour leur soutien et leur grande patience à mon égard tout au long de la réalisation de mon essai.
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Résumé et mots clés
Cet essai vise à étudier les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes
placés en institution en Centre jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les
accompagnent.
Un groupe focalisé a eu lieu dans un local des Centres jeunesse de Montréal-Institut
universitaire dans le but de recueillir leurs points de vue sur le sujet. Les données qualitatives
recueillies ont été analysées à partir d’une grille d’analyse mixte construite à partir de la grille
d’entrevue et des données émergentes de la discussion de groupe.
Les analyses ont permis de découvrir des thèmes par rapport aux caractéristiques d’une
transition à la vie adulte pour les jeunes placés versus les jeunes non placés qui s’avèrent
notamment brutales, irréversibles et condensées. Le thème de l’autonomie a aussi été identifié
comme facteurs de succès. Les intervenants ont préféré le thème de critères de progrès plutôt que
celui de succès tel qu’un domaine de vie stable, être connecté à un réseau d’aide, être heureux,
éviter la rue ou l’incarcération. Les thèmes de l’empowerment, le caractère idiosyncrasique et de
processus d’une transition, le paradoxe de l’encadrement limitant l’empowerment ont également
été nommés. Les notions d’espoir et de bienveillance sont apparues comme éléments qui
facilitent le passage à la vie adulte, à l’instar de la continuité des services après 18 ans, des liens
parentaux et communautaires, des services et des programmes du Centre jeunesse et finalement
l’intégration des interventions et des services interdisciplinaires ou inter-établissements.
Mots clés :
— Passage à la vie adulte, transition à la vie adulte, jeunes en difficulté
— Jeunes placés en centre jeunesse, foster youth, best pratices.
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1. INTRODUCTION
En 2004, le documentaire de Denis Arcand, les « Voleurs d’enfance », présentait un
portrait accablant par rapport aux jeunes qui sortent du système de la DPJ à 18 ans. Le
documentaire présente une triste réalité pour les jeunes pris en charge par l’État au Québec, qui
se retrouvent souvent très mal outillés pour faire face aux exigences de la vie adulte. On y
constate l’impuissance des intervenants devant l’ampleur des problèmes complexes que peuvent
vivre certains de ces jeunes et la faiblesse des dispositifs mis à leurs dispositions pour venir en
aide aux jeunes.
Cette transition difficilement vécue pour ces jeunes entraîne souvent des conséquences
négatives au plan personnel, socio-économique, ainsi que des coûts pour la société. Certains
d’entre eux risquent même de se retrouver dans la rue et vivre de l’exclusion sociale et de
développer ou voir s’aggraver des troubles liés aux substances psychoactives et des troubles de la
santé mentale. Inversement, il n’est pas rare que la consommation et les troubles de la santé
mentale soient partie prenante d’un tableau clinique exigeant un encadrement plus serré et donc,
que le jeune se retrouve hébergé (Goldstein, 2011).
Plusieurs jeunes hébergés présentent donc un pronostic défavorable à l’égard de leur
transition à la vie adulte en raison d’un tableau clinique complexe et des facteurs de risque dont
font partie la toxicomanie et les troubles de santé mentale concomitants. Ainsi, intervenir auprès
de cette population demeure un défi pour les intervenants qui œuvrent auprès de ces jeunes.
L’objectif central de cet essai synthèse vise donc à documenter les éléments favorisant le passage
à l’âge adulte chez les jeunes hébergés.
En réaction à ce documentaire, les Centres jeunesse (CJ) du Québec se sont empressés de
mettre en place de nouveaux programmes pour les jeunes placés en protection de la jeunesse, des
cadres de références et surtout des amendements à la Loi de la protection de la jeunesse (LPJ) en
2007, visant notamment à améliorer la création et la stabilité du projet de vie des jeunes (“Loi sur
la protection de la jeunesse, RLRQ c P-34.1,” n.d.).
Dans le cadre de cet essai synthèse, il sera surtout question d’explorer ce qui favorise le
passage à l’âge adulte des jeunes placés en institution, âgés de 16 à18 ans, vulnérables quant au
passage à l’autonomie. Je cherche à comprendre ce qui facilite la transition, le sens d’une
transition réussie, selon les intervenants sur le plan des pratiques en vue de maximiser
l’autonomisation de ces jeunes en difficulté. De plus, étant donné l’ambiguïté qui persiste sur la
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signification d’une transition « réussie » chez les jeunes, il m’apparaît opportun de tenter
d’approfondir le sens que cela prend pour les intervenants, à l’instar du sens de l’autonomie.
2. OBJECTIF DE L’ESSAI
2.1. Constats issus de mon expérience clinique
Depuis les amendements à la LPJ en 2007, le placement des jeunes est moins systématique
et moins fréquent. Par ailleurs, je constate que certains jeunes placés en milieu institutionnel
présentent plus de risque de vivre difficilement une transition à la vie adulte comparativement
aux jeunes sans difficulté non placés. Les jeunes que nous suivons en milieu naturel ont
davantage de ressources personnelles et familiales pour faire face à l’arrêt des services du CJ à
18 ans.
Les adolescents qui en viennent à un placement présentent plusieurs caractéristiques à
risque communes au plan personnel et familial. Lorsque l’on en vient à un placement en centre
de réadaptation choisi par le centre jeunesse, c’est principalement pour des motifs de troubles
graves de comportements. La consommation de drogues, les fréquentations à risque, les fugues,
la violence, l’absentéisme scolaire, le non-respect des parents sont du nombre des problèmes
auxquels les parents se retrouvent impuissants et doivent convenir d’un placement en centre
jeunesse et/ou souvent c’est la Cour qui l’ordonne. De fait, placement est requis lorsqu’un jeune
a besoin de protection pour sa sécurité et/ou celle des autres et pour assurer un meilleur
développement.
La structure des établissements publics ou contractuels d’hébergement en CJ représente
aussi un réel défi pour les jeunes en raison des exigences de l’encadrement qui diffèrent du
milieu familial. Lorsque le placement prend fin abruptement à 18 ans, certains jeunes plus
vulnérables n’ont souvent pas les ressources personnelles ou familiales ni les acquis nécessaires
pour effectuer une transition à la vie adulte. Les intervenants qui accompagnent les jeunes
risquent de se retrouver alors démunis devant le décalage des exigences de la vie adulte et les
capacités de certains jeunes d’y répondre.
D’autres facteurs inhérents à l’organisation du CJ font parfois obstacle au travail clinique
nécessaire à la mobilisation des jeunes et des parents tels que le roulement et l’instabilité du
personnel, la charge administrative des intervenants au détriment du temps dédié aux tâches
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cliniques, les changements d’unité ou les déplacements chez les jeunes, le manque de ressource,
etc.
Mon expérience m’a permis de constater que certains jeunes réussissent mieux que d’autres
à faire leur transition à la vie adulte. Lesquels ? Ont-ils certaines caractéristiques ou est-ce
justement en dépit de leur grande vulnérabilité, d’un tableau complexe de santé mentale,
toxicomanie et autres problèmes sociaux ? J’ai aussi constaté que certains intervenants observent
et vivent davantage de succès que d’autres auprès de certains jeunes hébergés, présentant un
pronostic défavorable. Malgré la vulnérabilité des jeunes et de leur entourage, les problèmes
engendrés par la consommation, la délinquance et les troubles de santé mentale de ces jeunes,
certains intervenants paraissent plus en mesure de favoriser l’implication des parents et la
mobilisation du jeune. Par conséquent, il m’apparaît intéressant de questionner les intervenants
sur leurs perceptions à l’égard des éléments favorisant le passage à la vie adulte chez ce groupe
de jeunes hébergés et vulnérables.
Il semble tout aussi pertinent de vérifier la perception des intervenants au regard d’une
transition, sur quoi se basent-ils pour la qualifier comme étant réussie ? Et qu’est-ce qui facilite
ce processus ? À travers ce questionnement, mon intention est de faire émerger des
recommandations cliniques qui seraient une plus-value quant à l’accompagnement de ces jeunes.
2.2. Les constats dans la littérature
Il existe une imposante littérature sur les transitions à la vie adulte chez les jeunes en
difficulté (Goyette, Pontbriand & Bellot, 2011). À ce titre, les auteurs indiquent que certains
jeunes en difficulté doivent relever des défis importants arrivés à l’âge adulte et risquent de se
retrouver dans la rue en raison du manque de ressources ou bien en l’absence d’interventions qui
devraient leur être destinées (Goyette, Pontbriand & Bellot, 2011).
Ainsi, les jeunes placés ne parviennent pas toujours à développer l’autonomie nécessaire
pour subvenir à leurs besoins lorsqu’ils sortent du système. Ils ont généralement de moins bons
acquis comparativement aux jeunes de la population générale ou comparativement aux jeunes
vivant des difficultés, recevant des services des CJ, mais qui ont été maintenus dans leur famille
d’origine. Étant donné les difficultés émotionnelles, les déficits de compétences personnelles et
la faiblesse des réseaux sociaux des jeunes placés, plusieurs auteurs rapportent qu’un placement
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peut constituer un facteur fragilisant les jeunes placés dans leurs transitions à la vie adulte
(Goldstein, 2011; Goyette & Royer, 2009; Keable, Malo & Daigneault, 2011).
Selon la littérature, il existe un lien entre les caractéristiques personnelles des jeunes en
situation de placement et les difficultés qu’ils peuvent vivre lorsqu’arrivés à la transition à la vie
adulte. Selon Shaw (dans Goyette, 2003) :
« Les adolescents qui ont de mauvais rapports avec leurs parents sont portés à se
sentir exclus, maltraités, critiqués. Ils sont plus susceptibles d’avoir des problèmes de
santé mentale, de souffrir d’anxiété ou de dépression, et de développer une plus
grande dépendance au tabac et aux drogues [...] Durant la période cruciale de
transition entre l’école et le milieu du travail, l’anxiété et la dépression peuvent
causer l’abandon scolaire, l’exclusion, l’itinérance, la consommation abusive
d’alcool et de drogues, la criminalité, et la victimisation, voire l’automutilation et le
suicide ». (Goyette, 2003, p. 8)
En 2011, Keable, Malo et Daigneault, dans un document de référence du CJ, soulignent
qu’un placement peut entraîner des conséquences pour le jeune sur le plan du soutien familial,
dont une rupture avec les parents aux prises avec de nombreuses difficultés. À la majorité, le
jeune peut se voir contraint de se débrouiller seul. Dans la même veine, les auteurs ajoutent
qu’un placement peut aussi être une forme d’apaisement pour l’intervenant, souvent vécu comme
une solution au problème. Un des pièges concerne les exigences du quotidien qui demandent
beaucoup d’énergie aux intervenants. Celle-ci est mise sur le maintien de l’ordre, ce qui prend
souvent le dessus sur le travail nécessaire à l’apprentissage des compétences nécessaires à
l’autonomie.
Sur le plan de la consommation de drogues et d’alcool chez les adolescents placés, cela
représente évidemment un important défi d’intervention pour les intervenants du CJ. À cet égard,
une étude de Tremblay, Tremblay et Simard (2007) menée auprès de 889 jeunes, âgés de 14 à 17
ans ayant consulté pour une demande d’aide dans un centre spécialisé de traitement des
dépendances aux SPA de la région de Québec, a démontré qu’un placement est associé à la
gravité de la toxicomanie chez les jeunes ayant été placés. L’outil utilisé pour évaluer la situation
des jeunes a été l’Indice de gravité d’une toxicomanie pour les adolescents (IGT-ADO) (Landry
et coll., 2000). Selon eux, « plus le nombre et la durée des placements sont élevés, plus la gravité
de la toxicomanie est élevée. L’association est particulièrement importante en ce qui concerne la
gravité de consommation des drogues illicites autres que le cannabis » (Tremblay, Tremblay &
Simard, 2007, p. 48).
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Bien que l’essai ne porte pas spécifiquement sur les jeunes consommateurs, les jeunes
placés en CJ sont très nombreux à recevoir des services en toxicomanie ou présenter une
consommation à risque ou encore une problématique de drogue. À cet effet, la littérature montre
que ces deux clientèles se recoupent sur plusieurs points (Laventure, Pauzé & Déry, 2009). De
fait, en utilisant l’IGT, Laventure et coll., (2009) ont mené leur étude auprès de 408 adolescents
desservis par différents CJ du Québec. Les résultats démontrent « qu’être plus âgé et fréquenter
un nombre plus élevé d’amis consommateurs caractérisent davantage les jeunes des CJ
présentant une consommation élevée de psychotropes que les autres types de jeunes non
placés. » (Laventure et coll., 2009, p. 33).
Dans un rapport récent (Frappier, Duchesne & Lambert, 2015) sur la clientèle des CJ, 45 %
des jeunes des CJ du Québec reçoivent un feu rouge au questionnaire de repérage DEPADO
(Landry et coll., 2004), c’est-à-dire qu’ils présentent probablement un trouble de l’usage aux
SPA. Si l’on inclut les feux jaunes, c’est 69 % des jeunes hébergés qui présentent une
consommation à risque ou problématique. Ces résultats concordent avec ceux de Laventure,
Désy et Pauzé (2008) qui souligne l’importance d’intervenir chez les jeunes placés qui
consomment puisqu’ils s’associent davantage avec des pairs consommateurs que les jeunes
n’ayant pas de problème de consommation, ce qui constitue un facteur de risque eu égard de la
transition à la vie adulte.
Il est aussi question dans la littérature de facteurs de protection chez les jeunes en situation
de placement. Dans une démarche d’enquête sur les interventions visant l’insertion des jeunes de
16 à 18 ans, qui reçoivent les services des CJ, Goyette (2003) a demandé à des informateurs-clés
de résumer les principales caractéristiques et composantes des pratiques employées auprès de ces
jeunes. Les données ont été recueillies à l’aide de questionnaires descriptifs, de la documentation
et des notes d’entrevues téléphoniques. Goyette évoque, entre autres, l’importance de développer
des partenariats avec les organismes communautaires en vue de construire un réseau de services,
de soutien et de personnes autour des jeunes qui quittent les CJ, pour les accompagner dans les
transitions qu’ils ont à vivre pour devenir des adultes autonomes (Goyette, 2003). Cette
affirmation concorde avec d’autres auteurs qui stipulent que les jeunes placés et qui réussissent
mieux leur transition à la vie adulte sont ceux qui paraissaient les moins isolés socialement, avec
moins de problèmes personnels et davantage de compétences personnelles (Macé & Gagné,
2009).
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D’autre part, les efforts du programme de réinsertion sociale du Centre jeunesse de
Montréal-Institut universitaire (CJM-IU) qui se déploient à l’intérieur d’un processus dans lequel
interagissent des composantes individuelles et environnementales. Ce programme vise à
diminuer la durée de placement en institution et à éviter la récurrence du placement (Keable,
Malo & Daigneault, 2011). Les interventions du programme mettent principalement l’accent sur
quatre domaines de réinsertion (personnel, familial/relationnel, fonctionnel/productif et
symbolique) pour faciliter le passage à la vie adulte (Keable et coll., 2011).
La littérature propose également la contribution des intervenants qui accompagnent les
jeunes placés. De fait, l’intervenant est parfois vu comme le seul vecteur positif de changement
présent dans le réseau de certains jeunes (Goyette & Royer, 2009). Or, les intervenants du CJM-
IU qui seront interviewés dans cet essai sont ceux du programme de réinsertion sociale. Le point
de vue de ces intervenants est sollicité parce qu’ils sont les mieux placés, travaillant la transition
à la vie adulte avant la fermeture des dossiers. Leurs points de vue sont privilégiés, car ils ont des
opinions et des expertises sur le sujet. Ils sont riches d’expériences auprès de plusieurs jeunes
placés sur plusieurs trajectoires, ils réfléchissent régulièrement sur ce que facilite une transition
dans leurs suivis. Par conséquent, interroger ces intervenants sur leurs expériences de « succès »
vécus auprès des jeunes permettra de mieux nous éclairer sur ce qui caractérise une transition
pour ce type de clientèle et les cibles d’intervention à préconiser.
2.3. Objectif
Étant donné mon rôle d’intervenant en protection de la jeunesse et le phénomène existant
de jeunes adultes qui se retrouvent peu outillés à la fin d’un placement, il me semble approprié
de centrer mon objet d’étude sur les éléments qui peuvent favoriser cette transition pour les
jeunes. En effet, il m’apparaît opportun d’étudier le point de vue des intervenants qui les
accompagnent pour mieux comprendre, à travers leurs expériences professionnelles, les
caractéristiques d’une transition réussie et ce qui facilite ce processus de passage à la vie
autonome chez les jeunes placés. À partir des réponses obtenues à la suite de cet essai, il me sera
possible de formuler des recommandations pour la pratique ou pour mieux intervenir auprès de
ces jeunes.
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3. MÉTHODE
3.1. Justification du moyen
Les intervenants en réinsertion sociale au CJM-IU qui accompagnent les jeunes lors de
leurs placements sont les informateurs clés qui ont été invités dans le cadre d’un groupe focalisé
(Krueger & Casey, 2000). Les participants sélectionnés partageaient des caractéristiques
communes sur le plan des expériences, ce qui leur a permis de contribuer à une meilleure
connaissance du thème à l’étude (Fortin, 2010). Chacun d’eux est considéré comme un témoin
privilégié du phénomène, mais également comme un agent de changement des trajectoires de ces
jeunes au regard de leurs transitions.
Un des avantages du groupe focalisé se situe dans le fait de cerner les points d’accord et de
controverse et les points de vue susceptibles d’évoluer par le biais du groupe de discussion. Un
des apports de cet essai et de cette méthode est de mettre en commun les réflexions et les
connaissances issues du travail individuel des intervenants, développées sur le terrain en regard
des succès cliniques. Par ailleurs, le sujet ne comporte pas de caractère intime susceptible de
mettre mal à l’aise les intervenants. Le recours à ce moyen m’a permis d’atteindre mon objectif
de façon très satisfaisante.
3.2. Déroulement des activités
Conformément à l’approche théorique de Krueger et Casey (2000), une grille d’entretien
(voir en annexe) a préalablement été construite pour me permettre d’animer la discussion de
façon à aborder les thèmes et le contenu spécifique pour répondre à mon objectif de
recherche (Krueger & Casey, 2000). La grille de question a été élaborée à partir des lectures
effectuées lors du premier séminaire et de mes questionnements issus de mon milieu de pratique.
Afin de cibler le groupe de discussion, j’ai été jumelé à la chef de service de réinsertion
sociale à l’adolescence. Lors de mon premier contact avec la chef du programme de réinsertion
du CJM-IU, celle-ci m’a fourni des informations pertinentes en regard du sujet, ce qui m’a
permis de mettre au point ma grille d’entrevue et de valider certains thèmes. Il m’a aussi été
possible de vérifier à nouveau les thèmes que j’avais choisis lors de discussions avec des
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collègues lors des séminaires. Par la suite, j’ai retravaillé la grille de question en fonction des
rétroactions de ma directrice d’essai juste avant la tenue du groupe de discussion.
En ce qui concerne la planification de l’animation du groupe focalisé, j’ai contacté la DSP
du CJM-IU pour obtenir l’autorisation pour entreprendre ma démarche de consultation des
intervenants du service de réinsertion sociale. Les intervenants de ce service semblaient être les
informateurs clés de ce milieu en regard des connaissances du sujet recherché par cet essai. La
chef de service du programme de réinsertion m’a proposé de procéder à la discussion de groupe
dans le cadre d’une réunion d’équipe mensuelle où devait se regrouper celle-ci.
Une limitation se situe premièrement dans la taille du groupe qui ne respectait pas les
paramètres proposés par Krueger et Casey (2000). Un total de 20 intervenants, âgés de 38 à 60
ans, ont été rencontrés dans le cadre du groupe de discussion. Par ailleurs, le niveau d’expérience
des intervenants qui étaient présents s’échelonnait de l’âge de 3 à 30 ans. Au total, le groupe de
discussion fût constitué de quinze éducateurs, soit du service de réinsertion, du programme
qualification Jeunesse et des services d’intégration socioprofessionnelle, et d’autres intervenants
ayant des titres tels que conseiller en adaptation au travail, instructeurs en milieu de travail et
autres titres connexes.. Compte tenu de la présence de toutes ces personnes, la composition du
groupe paru suffisamment homogène eu égard des connaissances et des expériences communes
du sujet.
La rencontre de groupe a été enregistrée et la durée fût de 1 h 50 min. La conduite de la
discussion de groupe a également respecté les procédures proposées par Krueger et Casey
(2000). En tant qu’animateur et modérateur, j’ai débuté en soulignant le but de mon essai, puis
en posant une question pour briser la glace. La participation de la chef de service fut facilitante
dans sa participation aux échanges sur les thèmes et en résumant l’essence du contenu des
discussions. Par ailleurs, de par son rôle d’influence en tant que supérieure hiérarchique de
l’équipe, certaines personnes pourraient ne pas s’être pleinement exprimées en raison de sa
présence.
3.3. Analyse des données
Pour bien décrire le point de vue des intervenants, nous avons effectué une analyse des
données par l’étude du contenu thématique découlant de l’écoute de l’enregistrement de la
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discussion de groupe, qui fût aussi retranscrite intégralement pour permettre l’élaboration de la
grille d’analyse. Le verbatim fût utilisé tout au long de l’analyse des données.
En vue de trier l’information, nous avons construit une grille d’analyse mixte (voir en
Annexe). Une grille de codification sur fichier Excel a aussi été construite afin de regrouper les
thèmes et sous-thèmes émanant de la discussion de groupe. Les thèmes premiers de cette grille
étaient liés à la grille de question et donc issus de la documentation scientifique et clinique
consultée. Ensuite la grille de codification s’est étayée en cours de lecture et d’analyse du
verbatim ainsi qu’au cours de très nombreuses interactions et échanges entre la directrice et
l’auteur de cet essai synthèse.
Une relecture du verbatim et de la grille d’analyse a été effectuée par la directrice de l’essai
pour assurer une l’objectivité et la neutralité de l’analyse. Les résultats ont également été
présentés lors des séminaires d’essai synthèse permettant d’exposer les données et leur
interprétation aux intervenants de la maîtrise en intervention en toxicomanie et au professeur qui
donnèrent leurs rétroactions. J’ai également consulté la littérature et trouvé des similitudes par
rapport aux résultats, ce qui permit de vérifier la concordance de ceux-ci avec la documentation
scientifique.
4. Résultats et interprétation
La section résultat a permis de dégager trois principaux thèmes évoqués lors du groupe de
discussion. Tout d’abord, les intervenants ont décrit les caractéristiques d’une transition à l’âge
adulte en distinguant la transition pour les jeunes placés et celle pour les jeunes sans
difficulté/non placés. Ils ont ensuite abordé la question de la réussite d’une transition et des
éléments constitutifs de cette celle-ci qui s’est traduite plutôt par les éléments liés au progrès
effectué par ces jeunes dans un processus de transition. Et finalement, les intervenants se sont
centrés sur les moyens permettant de faciliter une transition à l’âge adulte a chez les jeunes
placés en institution.
4.1. Caractéristiques de la transition à la vie adulte.
La principale préoccupation des intervenants du groupe de discussion est que la transition à
la vie adulte chez les jeunes placés en institution est différente de celle des jeunes sans difficulté
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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vivant dans leur milieu familial. On observe que les attentes face aux jeunes lors de l’atteinte de
la majorité, soit la présomption d’être un adulte au plan social et d’avoir acquis la maturité qui
l’accompagne, soulèvent des contraintes de temps et de nombreuses attentes souvent non
réalistes et plus exigeantes pour les jeunes placés et pour qui les services cessent à 18 ans en
comparaison de leurs pairs non placés.
Dans un souci de synthèse, le tableau de la page suivante résume les caractéristiques qui
ont émergé du groupe de discussion quant aux différences eu égard à la transition chez les jeunes
placés/non placés sans difficulté. Les caractéristiques de cette transition pour les jeunes placés
concernent la précocité de la transition exigée et son aspect condensé dans le temps, le fait
qu’elle est imposée plutôt que choisie et donc brutale, qu’elle est définitive et déphasée quant
aux besoins des jeunes. Quant aux jeunes non placés sans difficulté, la transition est vue comme
étant plus étendue, plus tardive et réversible.
Tableau 1 : Les caractéristiques d’une transition chez les jeunes placés en CJ vs non placés.
jeunes placés en CJ jeunes sans difficulté/ non placés
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Précoce et condensée - Moi je pense que pour les jeunes du centre
jeunesse, ils sont confrontés vraiment à des
réalités beaucoup plus d'adulte, c'est-à-dire
s'ils ont a déménager en appartement à 17 ans
1/2 par exemple, ils sont confrontés à des
réalités d'adulte dans un corps, dans un
développement qui n'est pas eux!
Imposée/ brutale - Ils se retrouvent du jour au lendemain et puis
là, ils sont, ils se sentent comme des chiens
dans une allée de quilles…c’est brutal
- Ajouter un autre qui disait que le dossier est
fermé à 18 ans, que c’est fini
Définitive - Parce qu’on le répète là, mais à 18 ans la
chop ferme, on s’en lave les mains, on fait
nos rapports. Fermeture, majorité, tout est
fait, on peut fermer la machine.
Déphasée quant aux besoins des jeunes. - Souvent je trouve que le milieu de vie est
super pressé pour que le jeune se retrouve en
action, qui se retrouve en stage, qui soit
capable de se lever tout seul sans cadrant,
qui soit capable de faire le trajet d'autobus,
qui ne revienne pas en retard. Quand il
revient dans son milieu de vie, on s'attend
aussi à ce qu'ils participent à toutes les
activités de la soirée, qu'il fasse un sport,
même s'il a passé huit heures dans une
cuisine, à travailler debout toute la journée
d'arrache pied, ils n'ont pas le droit de
revenir à la maison pis de relaxer. Je trouve
que c'est beaucoup demandé, est-ce qu'on
peut juste les aider tranquillement à faire la
transition.
Étendue et tardive
- Les transitions sont plus concentrées, dans le 16
à 18 ans, comparativement à un adolescent qui
est dans son milieu familial, où est-ce que les
transitions sont beaucoup plus espacées,
séquentielles sur plusieurs années.
- Parce que ce qu'on constate tous, au niveau de
la société, l'adolescence s'étire beaucoup plus
longtemps, pis on finit les études à proche la
trentaine, on fait nos familles plus tard.
Réversible
- Mais je reviens, c'est là que nos jeunes, de plus
en plus hypothéqués, pis que les jeunes au
Québec partent de la maison à 26 ans, tandis
que nous autres c'est à 18 ans...
Selon les intervenants, il n’y a pas de place pour
des transitions réversibles chez les jeunes placés en
CJ, alors que c’est un besoin très important dans la
vie d’un jeune en général.
Selon Molgat (dans Goyette et coll., 2011) :
« il est possible de voir des jeunes
retourner dans leur milieu familial ou
sur les bancs d’école dans leur
trajectoire. Toujours selon l’auteur,
cette tendance est comprise en terme
d’exploration identitaire ou
d’accumulation de ressources en vue
d’une pleine intégration de la société.
On réfère dans ces propos à l’idée de
la « réversibilité des transitions ».
4.2. Transition de vie réussie.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Selon les intervenants, la transition de vie réussie correspond de facto à l’entraînement à
l’autonomie et semble initialement être l’issue de la transition dans leur discussion. Ils préfèrent
cependant définir cette réussite sous l’angle du progrès plutôt que de l’atteinte de critère de
réussite. En ce sens, ces derniers parlent d’un processus d’autonomisation idiosyncrasique et des
indicateurs de progrès des jeunes dans ce processus.
4.2.1. La réussite c’est le développement de l’autonomie
Partant du postulat qu’une transition réussie correspond au fait que les jeunes en situation
de placement soient suffisamment autonomes arrivés à 18 ans, nous avons exploré comment les
intervenants définissent l’autonomie pour ces jeunes. Cette notion est considérée comme un
objectif social auquel les intervenants sont confrontés pour les jeunes en placement qui arrivent à
18 ans. Selon la réponse des intervenants, on cherche minimalement à faire en sorte que les
jeunes arrivent à répondre à leurs besoins de base, à se nourrir et à se loger par eux-mêmes.
« Pour moi, c’est beaucoup ça le sens d'autonomie, c'est être capable d'identifier certains
besoins, de répondre à ses besoins, se débrouiller, apprendre à aller à la pharmacie, à s'équiper graduellement avec le réseau social. Comme mon collègue Richard le
mentionnait, a devenir indépendant, faire des choix pour lui, apprendre à s'affirmer, à dire ce qu'il veut, ce qu'il ne veut pas, l'accompagner là dedans. Pour moi, c'est ça le
passage à la vie adulte. »
Les objectifs semblent toutefois trop nombreux et exigeants pour les jeunes placés du fait
qu’ils y arrivent difficilement à 18 ans. Ainsi, les intervenants sont confrontés au fait que
l’atteinte de cet objectif est beaucoup plus longue et encore plus complexe à accomplir pour des
jeunes vulnérables comme les jeunes placés en institution.
« On décide pour eux autres, quand est-ce que tu fais si ou ça, quand ils se retrouvent
complètement libres, ils ont été tellement surinvestis par rapport à ça, ils perdent leurs
repères …Pis des fois, y a des jeunes qui arrivent à échéance de leur placement, pis y ont
pas encore été habiletés à faire des choix comme ça...qu'est-ce que tu vas faire quand le
cadre ne sera plus là ? »
4.2.2. Les progrès plutôt que la réussite.
Ceci nous mène à l’idée que les intervenants sont unanimes quant au malaise d’utiliser la
notion de réussite. Non seulement la réussite leur a été imposée par nous dans le guide
d’entrevue, mais elle semble aussi leur être imposée socialement. Ainsi, pour répondre à la
question du guide d’entrevue, les intervenants du groupe de discussion réfèrent davantage à la
notion de progrès.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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« Exactement, j'allais dans ce sens-là, moi ça me fatiguait le mot réussite, alors je me dis
c'est quoi une réussite...ce n'est pas la même d'une personne à un autre, moi c'est de
l'amener à ce qu'il soit plus indépendant, capable de prendre certaines responsabilités et
aussi je dirais, d'avoir une meilleure qualité de vie de par le passé… Donc la réussite me
dérange parce qu’on parle de normes et quand on parle de normes on parle de
classifications, pis ça me dérange beaucoup honnêtement. »
Or, les intervenants tentent de définir ces progrès qui constituent selon eux la réussite de leurs
interventions et du travail fait par ces jeunes. En discutant de ce que constitue pour ces jeunes et
pour eux-mêmes un succès dans le suivi, ils soulèvent plusieurs indicateurs de progrès. Par
ailleurs, les progrès sont fortement dépendants des jeunes.
a) Indicateurs de progrès.
Selon les intervenants, le progrès dans le processus de transition chez les jeunes se mesure à la
fin de services et du placement minimalement par l’atteinte d’au moins un de ces indicateurs de
progrès :
— Au moins une des sphères de vie est stable
« Pour moi, ça peut être qu’il ait au moins une sphère dans sa vie qui a de la stabilité.
Parce que ça peut être aussi qu’il n’est pas prêt à aller travailler, qu’il ait vécu des choses
à travers, mais juste le fait d’aller vivre en appartement pis d’être stable, ou d’aller vivre
chez ses parents, pis de sortir d’une institution, des routines, pis s’approprier ça, pis qu’il
est stable un certain nombre de mois, c’est déjà une réussite. Ça ne peut pas être toutes les
sphères de sa vie au moins une sphère de sa vie qui est stable. »
— Être connecté à des personnes ressources autres que les intervenants du Centre Jeunesse et
s’être créé un réseau d’aide et communautaire.
« Pour moi une réussite, c’est quand on est capable de le réseauter dans son milieu, qui
devient moins dépendant juste de nous autres ou des éducateurs, qui peut faire plus
référence à son milieu ou au milieu, tant communautaire que des ressources de quartier. »
— Être heureux
« Indépendamment d’où il est rendu, s’il est heureux, ben ça sera déjà un pas de plus. Ça,
c’est un critère de réussite. C’est être heureux. Moi j’ai un de mes jeunes qui butinent, qui
se promènent un peu partout, mais à chaque fois je le vois là, ben c’est un rayon de soleil.
Ben peut-être que lui devrait montrer ça aux autres… parce qu’il y en a qui ont réussi pis
ils sont excessivement malheureux. »
— Éviter la rue au le crime
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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« C’est quand ils ne sont pas incarcérés. Moi je travaille avec les contrevenants, c’est le
gros de ma clientèle. C’est les mêmes jeunes que l’on retrouve, mais encore davantage
plus poqués, avec plus de mauvais choix dans leurs vies, avec lesquels il faut travailler
encore plus fort. Ne serait-ce que juste pour les amener sur une autre voie ou qu’ils aient
au moins à l’esprit une possibilité d’entrevoir une possibilité d’entrevoir une autre voie
que l’incarcération. »
« Puis quand on dit c’est quoi une réussite, je ne sais pas si vous allez être d’accord avec
moi, mais moi si l’on peut leur épargner la rue, de l’itinérance, pour moi c’est un plus. »
Compte tenu des caractéristiques des jeunes placés et des contraintes imposées par la
société, les intervenants considèrent qu’un critère minimal d’autonomie ou de progrès pour un
jeune placé est d’avoir au moins atteint une de ces sphères. L’idée générale est que la transition
est un processus dont l’atteinte n’est que partielle à 18 ans.
b) Idiosyncrasique/relatif.
L’idée que l’autonomie pour les jeunes placés, comme les autres adolescents, soit un
processus idiosyncrasique et séquentiel est soulevée tout au long de la discussion de groupe.
« Les transitions sont concentrées hein! dans le 16 a 18 ans, comparativement à un
adolescent qui est dans son milieu familial, où est-ce que les transitions sont beaucoup
plus espacées, séquentielles sur plusieurs années. »
La jeunesse en transition vers la vie adulte implique nécessairement des expériences
individuelles, ce qui rend donc l’autonomie relative au vécu individuel. Par ailleurs, les
intervenants soulignent les parcours, les besoins et les ressources très différents de ces jeunes qui
s’orienteront vers une vie autonome de façon très différente. De plus, certains devront subvenir
complètement à leurs besoins, d’autres préserveront des liens avec leur famille et communauté et
n’auront pas les mêmes exigences vers la transition après 18 ans.
« Je me dis c’est quoi une réussite, ce n’est pas la même d’une personne à un autre. Pis
c’est de petits objectifs, qui ne sont certainement pas les miens et ce que je souhaiterais
pour mes enfants, mais c’est vraiment de respecter le rythme et je pense que c’est en
faisant avec eux, dans des petites choses, qu’on accompli, souvent on se donne des gros
objectifs. »
« Je tenais aussi à dire par rapport aux caractéristiques des jeunes, il y en a qui présente
un taux faible d’espoir, mais qui font de belles réussites, comparativement à un autre jeune
en qui on pouvait déceler plus capacités et qu’en fin de compte... on est déçu. »
c) La notion de processus.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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L’expérience des intervenants démontre que la transition à la vie adulte peut être un
processus naturel où le progrès et les atteintes visées en regard de l’autonomie se concrétisent
souvent plus tard, après 18 ans. On constate que certains jeunes se mettent en mouvement malgré
leur enfance difficile et peuvent se créer une stabilité dans la vie, occuper un travail, être en
relation, avoir des enfants et éprouver une gratitude envers certains intervenants qui sont passés
dans leurs vies. Il semble alors que ce ne soit pas l’atteinte de l’autonomie qui est à mettre en
place, mais le processus qui les mènera à cette autonomie, atteinte plus tard, après l’arrêt des
services.
« J’ai un jeune qui m’a retrouvé après 12 ans, pour me dire merci, que ce sont mes anciens
qui m’ont retrouvé, me dire, j’ai une maison, une femme, un enfant, pis j’ai une bonne job.
J’ai dit, regarde, t’as fait ma vie au centre jeunesse, c’est ma retraite. Parce qu’il se mette
en mouvement par eux autres même. »
4.3. Comment faciliter le processus de transition à la vie adulte pour les jeunes placés.
Selon les intervenants du groupe de discussion, la transition à la vie adulte pour les jeunes
placés peut être facilitée par des stratégies d’intervention ayant recours à l’empowerment. Par
ailleurs, un paradoxe a émergé dans la discussion en ce qui concerne le niveau d’encadrement
des jeunes placés en Centre Jeunesse et l’acquisition de l’autonomie. Les intervenants ont aussi
abordé l’importance des stratégies visant l’espoir et la bienveillance dans le suivi auprès de ces
jeunes. Deux thèmes quant à eux visaient la structure des soins et services, soit la continuité et
l’intégration des services et des interventions.
4.3.1. Empowerment.
Ce qui facilite la transition selon les intervenants du groupe de discussion, c’est notamment
l’empowerment. Selon eux, il est capital que les jeunes puissent apprendre à devenir responsable
de leurs choix qu’ils puissent décider et agir d’eux-mêmes, vivre leurs propres expériences afin
de développer la confiance en soi et les habiletés à prendre soin de soi par soi-même.
« Dans l’apprentissage, l’institution a mon avis, a à développer un type d’intervention qui
favorise l’acquisition d’autonomie quand les jeunes sont hébergés. Qu’ils apprennent à
penser pour eux, à prendre des décisions, à se responsabiliser dans leurs unités de vie, à
apprendre ce que c’est qu’être un citoyen actif. C’est quoi être un citoyen dans la vie, c’est
quoi les responsabilités en tant que citoyen qu’on a... je trouve que c’est un volet majeur. »
« Pis on ne le met pas assez en situation de faire des choses de la vie normale, de décider
quand ils vont le faire, où, avec qui.... faut tout contrôler, faut tout décider à leur place, pis
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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après on dit... ben la il n’est pas capable tout seul... ben non on ne l’habitue pas a faire les
choses par lui-même. »
a) Le paradoxe de l’encadrement en CJ et le développement de l’autonomie.
Nous constatons la présence d’un paradoxe lorsque les intervenants évoquent l’importance
que les jeunes puissent acquérir de l’autonomie en recourant à l’empowerment. Il appert, par
ailleurs, que l’encadrement est considéré comme pouvant aussi nuire à l’autonomisation des
jeunes vu les exigences trop élevées. Il est également paradoxal l’idée de laisser de tels jeunes
faire de mauvais choix, décider d’eux-mêmes et vivre leurs propres expériences quant en fait,
ceux-ci sont généralement placés en institution en raison de leur faible capacité d’autorégulation
nécessitant un encadrement.
« On décide pour eux autres, quand est-ce que tu fais si ou ça, quand ils se retrouvent
complètement libres, ils ont été tellement surinvestis par rapport à ça, ils perdent leurs
repères. Pis des fois, y a des jeunes qui arrivent à échéance de leur placement, pis y ont
pas encore été habiletés à faire des choix comme ça, qu’est-ce que tu vas faire quand le
cadre ne sera plus là ? »
« … mais pour moi c’est quand où on va être dans de l’écart, où on va se rapprocher le
plus possible de la normalité, de la réalité versus de ramener les jeunes dans la réalité
institutionnelle... souvent on dit les jeunes sont institutionnalisés, ben ça s’en est un défi, il
faut justement les désinstitutionnaliser, pis des fois nos programmes et structures ne sont
pas fait pour ça... au contraire on va les consolider, pis la on crée des monstres... les
jeunes là quand ils sont toujours accrochés, qui ont toujours besoin d’un intervenant, pis
là il ne comprenne pas comment ça que du jour au lendemain... y a pu personne. »
b) Les exigences en CJ /en milieu normal.
Les intervenants proposent que l’hébergement respecte davantage les capacités et le rythme
des jeunes placés. De fait, le court délai pour réadapter les jeunes avant 18 ans, ainsi que les
attentes sociales pour que les jeunes soient suffisamment autonomes à 18 ans, entraînent des
exigences organisationnelles qui apparaissent, aux yeux des intervenants du groupe focalisé,
comme déphasées par rapport à la capacité de ces jeunes de s’adapter au rythme d’apprentissage
imposé.
« Pour le vivre régulièrement avec les jeunes que j’accompagne en stage, souvent je trouve
que le milieu de vie est super pressé pour que le jeune se retrouve en action, qui se
retrouve en stage, qui soit capable de se lever tout seul sans cadrant, qui soit capable de
faire le trajet d’autobus, qui ne revienne pas en retard. Quand il revient dans son milieu de
vie, on s’attend aussi à ce qu’ils participent à toutes les activités de la soirée, qu’il fasse un
sport, même s’il a passé huit heures dans une cuisine, à travailler debout toute la journée
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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d’arrache-pied, ils n’ont pas le droit de revenir à la maison pis de relaxer. Je trouve que
c’est beaucoup demander, est-ce qu’on peut juste les aider tranquillement à faire la
transition. »
4.3.2. Travail sur l’espoir et la bienveillance.
L’espoir et la bienveillance sont d’importantes cibles d’interventions aux yeux des
intervenants du groupe. Selon eux, nous devons encourager les jeunes en insistant sur le fait que
la vie peut aussi leur apporter des jours meilleurs et qu’il est important qu’ils apprennent à se
faire confiance.
« Pis toujours travailler l’espoir, des jours meilleurs parce que ça existe, ça ne peut pas
toujours être laid, mais ç ne peut pas toujours être beau. Faut toujours essayer d’être
réaliste, mais toujours avec un petit plus de... ça va t’arriver un jour, fais-toi confiance,
c’est important. »
Selon les intervenants, la bienveillance est également une cible primordiale à atteindre pour
favoriser l’épanouissement des jeunes vivant un placement.
« Faut les soutenir, les accompagner beaucoup, faire avec, je pense que c’est primordial…
respecter la personne comme elle est. L’intégrité des personnes, ça je trouve ça très, très
important. Pis nos jeunes, quand ils font confiance, ils sentent qu’on croit en eux, c’est
parce qu’on les respecte comme un individu à part entière. Pis c’est ça qui les fait grandir.
Pis ça, moi j’y crois profondément, ça les fait grandir. »
4.3.3. La continuité.
Le thème de la continuité soulevé par les intervenants du groupe focalisé est subdivisé en
trois sous-thèmes de manière à expliquer la continuité des services après 18 ans, la continuité des
liens parentaux et des liens avec les partenariats des réseaux d’aide, ainsi que les programmes et
services offerts au sein des centres jeunesse.
a) la continuité des services après 18 ans.
Dans leurs propos, les intervenants soulèvent à plusieurs reprises l’importance d’avoir une
continuité des services au-delà de la majorité pour les jeunes. Ils insistent d’une part sur le fait
que tous les jeunes devraient avoir accès à un appartement supervisé, ce qui demeure selon eux
un contexte favorisant pour les jeunes.
« Pis il y a aussi les appartements supervisés là, continuer après 18 ans... ça va bien là, il
est impliqué dans un projet, tu ne dis pas ok y a 18 ans... on arrête ça... c’est à cet âge-là
qu’on apprend à 18 ans. »
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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« Ben plus vite mis en contexte de réalité, donc les appartements supervisés, c’est un
contexte fort favorisant aux apprentissages de la vie autonome. »
« Ils devraient tous passer par là. Ça devrait être automatique après l’hébergement en
centre, comme ça la marche serait moins haute. »
D’autre part, les intervenants insistent sur l’importance de prolonger les services des
centres jeunesse qui s’étendraient au-delà de 18 ans, voir même jusqu’à 21 ans.
« Ça serait intéressant d’ajouter un délai, après 18 ans, qui pourrait aider à consolider, à
une dernière intervention pour éviter qu’il ait une dérive, on poursuit au-delà du 3 ans,
après le placement. »
b) la continuité des liens parentaux/communautaires.
Ce thème réfère aux racines des jeunes qui ont été brisées en début de placement et
l’importance de mettre l’emphase dans les interventions sur le rétablissement et le maintien des
liens. Les intervenants critiquent le désengagement et/ou la mise à l’écart des parents et
proposent de préserver les liens avec les parents et les personnes de la communauté. Ce sujet
évolue du début à la fin de la discussion, les intervenants mettent ici l’emphase sur l’approche
systémique.
« J’ai l’impression qu’on évacue les parents beaucoup trop vite. La systémique n’est pas
assez utilisée. Le parent, pis ce qui a autour du parent, le quartier, la voisine, le
pharmacien, on les évacue tellement vite qu’on en est à s’inventer de parents substituts
jusqu’à 25 ans. »
« Le lien reste là tout le temps, quand même, peu importe le parent qu’ils ont eu... le lien
reste là. C’est étonnant de voir comment la famille réapparaît autour de 17 ans. Donc peu
importe, la maman était toxicomane... il a été battu... peu importe, c’est la qu’il retourne
pareille. A 18 ans, c’est la qu’il va aller. Pis faut l’entendre ça. »
c) des programmes et services offerts dans le CJ.
Dans la discussion, les intervenants font référence à des compartimentations et à des sauts
discontinus dans l’offre de services intra-muros. Par conséquent, ils proposent que les services en
hébergement s’adaptent de manière à mettre l’emphase sur la continuité des services en vue de
préserver les liens.
« Le CJ aime beaucoup le terme continuité de service, avant et après 18 ans, mais je
trouve aussi que c’est important la continuité du lien. Ça on ne l’a pas... c’est dans le gage
de succès. C’est ce qu’on a pas… c’est qu’il y a comme un paradoxe... ils ont une blessure
affective et ils passent leur placement a changer de lien, on parle de rupture de lien... on
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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remet le couteau dans la plaie à chaque fois... on ne l’a pas.. Ils ont besoin de figures et
souvent un regard admiratif, mais sur une longue période. S’il pouvait avoir un travailleur
social qui les accueille au départ et qui les accompagne jusqu’à la fin, ce serait
formidable, il y aurait au moins une personne qui est garante de lui donner les bons
services... on parlait de continuité du lien et de service. »
Pour s’assurer d’une meilleure continuité, les intervenants proposent de développer des
ponts intra-muros et extra-muros, c’est-à-dire des liens entre les services mêmes des centres
jeunesse, dans la communauté et dans le public pour faciliter la transition des 18 ans et plus vers
les autres services adultes.
« L’idée de dire qu’il y aurait une équipe du CJ, mais qui travaille aussi avec les
organismes communautaires, parce qu’en fait ton jeune quand il reste chez vous, tu
l’envoies au CLSC, tu l’envoies dans la vie de tous les jours dans des points de services.
Ça dépend des jeunes où ils sont rendus. »
4.4. Une intégration des interventions, des services multidisciplinaires et/ou inter-
établissements.
Même si les services sont offerts avant ou après 18 ans, les intervenants rapportent que
plusieurs ressources ne sont pas toujours accessibles ou en mesure d’offrir des services aux
jeunes en raison de leurs difficultés et/ou leurs caractéristiques personnelles, créant ainsi une
rupture dans le continuum de services. Les intervenants donnent l’exemple du risque important
de passage à l’acte chez certains jeunes placés qui entravent par exemple l’accès aux services de
santé mentale, en CRDI ou autres types de services, faute de moyens de ces programmes ou
établissement pour intervenir auprès de ces jeunes. Ainsi, au-delà de la continuité des services, il
y a toute la question de l’intégration des interventions et/ou des services qui s’avère importante.
« Santé mentale c’est difficile de réseauter, c’est rare les gars qu’on a qui sont
diagnostiqués et qu’avant 18 ans, qui permet d’avoir accès aux services adultes. La
plupart de nos jeunes ne sont pas diagnostiqués, c’est toujours des diagnostics... des
symptômes... présentent des signes de... mais ça ça ne vaut rien quand t’essaies d’arriver
dans les services adultes, parce que ça prend un diagnostic… Faut se battre et on a
l’impression que dans ce réseau-là on n’a pas de repères non plus, parce qu’on entend des
choses différentes selon le praticien, selon le milieu, selon la ressource, alors on est plus
dans le néant par rapport à ces ressources-là… santé mentale, c’est malheureusement... ça
devrait être celui qui est le plus accessible, alors c’est presque inaccessible pour notre
clientèle entre autres. »
« Pis moi je découvre beaucoup les partenaires, entre autres un dossier, c’est eux qui
m’aide à passer à travers, ce n’est pas mon équipe en réinsertion sociale, c’est PIAM, au
niveau orientation sexuelle, la prostitution, changement de sexe, qui me permet de faire un
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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travail avec ce jeune-là en particulier... la complexité du dossier me remet tout le temps
devant ça... j’ai besoin de ces partenaires-là parce que je ne peux pas y arriver tout seul. »
5. Discussion
5.1. Résumé des principaux constats
Cet essai a permis de mettre en évidence trois principaux paradoxes en regard de mon sujet
d’étude, soit le paradoxe 1) entre les exigences d’une transition condensée, forcée et finale qui
requiert plus d’acquis et une plus grande autonomie que pour les jeunes sans difficulté ; 2) entre
l’encadrement très serré dans les CJ mis en place pour les besoins de protection du jeune et le
besoin de développer l’autonomie et l’empowerment par une prise en charge de soi-même et une
augmentation de la liberté et des choix que fait le jeune dans sa transition ; 3) entre le besoin
accru de stabilité et de continuité des services et de lien établi pour ces jeunes comme cible
thérapeutique prioritaire et le déracinement familial et la discontinuité des services et des
programmes observés au cœur des CJ et suite à l’atteinte de la majorité.
Le premier paradoxe concerne les contraintes de temps et les exigences liées au passage à
la vie adulte pour les jeunes placés qui arrivent à leur majorité et pour qui les services des CJ
cessent à 18 ans. La littérature suggère qu’une transition en douceur vers l’âge adulte peut servir
de bon départ vers une vie adulte épanouie et remplie de succès. Ainsi, Castel (2003) indique que
pour être disposé à se projeter dans le futur, ils doivent disposer au présent d’un minimum de
sécurité.
Pour compléter une transition, le jeune doit atteindre des objectifs éducatifs, devenir
autosuffisant sur le plan économique, développer et maintenir des relations sociales
satisfaisantes. Selon la littérature et selon les intervenants sondés dans l’essai, atteindre de tels
buts semble beaucoup plus long et encore plus complexe à accomplir pour des jeunes en
difficulté (Goyette et coll., 2011; Xie et coll., 2014).
Par ailleurs, les jeunes non placés/sans difficulté sont beaucoup plus susceptibles de
demeurer aux études plus longuement et décrocheront un travail stable avant de devenir
parents (Goyette et coll., 2011). Ces mêmes auteurs évoquent également la réversibilité des
transitions qui n’est malheureusement pas accessible et réalisable pour les jeunes placés en
raison de la politique actuelle des CJ (Goyette et coll., 2011).
Le second paradoxe émergeant des résultats concerne le besoin d’hébergement et
d’encadrement élevé chez les jeunes placés qui ont par ailleurs aussi besoin de développer un
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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sens des responsabilités et en faisant des expériences par eux-mêmes. Cette notion correspondant
à l’empowerment est définie dans la littérature comme un processus d’appropriation à plusieurs
dimensions, s’articulant en simultané sur les plans de la participation, l’acquisition de
connaissances spécifiques, l’estime de soi et la conscience critique (Ninacs, 1995). Cet auteur
suggère également que les êtres humains possèdent le pouvoir d’agir pour assurer leur mieux-
être et leur épanouissement.
Dans la même veine, il ressort un constat sur les pratiques qui facilitent le processus de
passage à la vie adulte chez les jeunes placés, notamment celles qui ciblent l’empowerment et le
réseau d’aide et social chez les jeunes. Dans mon essai, il appert que l’encadrement peut limiter
l’autonomie des jeunes. Aussi, les centres de réadaptation (en dépendance) retiennent comme
fondamental le principe d’autonomisation, c’est-à-dire le pouvoir d’agir de l’usager dans sa
démarche de réinsertion sociale. (Desrosiers et coll., 2012).
À l’intérieur de ce même paradoxe se regroupent aussi les approches positives (Linley &
Harrington, 2006) qui sont également évoquées dans le groupe de discussion. De fait, les
intervenants tablent sur l’importance du respect, de l’espoir, de la bienveillance et de
l’empowerment. Peu importe que ce soit les caractéristiques des intervenants, des interventions
ou des attitudes favorisant une meilleure progression, ce sont les mêmes thèmes qui émergent,
peu importe l’angle de vue, le message qu’ils nous transmettent demeure le même.
De fait, les intervenants mentionnent que les conditions de réussites auprès des jeunes sont
intimement liées aux interventions qui mettent l’emphase sur les forces des jeunes placés, ce qui
correspond à l’une des contributions majeures de l’approche positive mise de l’avant par Martin
Seligman (1999). Ce courant insiste sur le fait que chaque personne est investie par des forces
qui se doivent d’être exploitées et développées, visant un épanouissement de soi et un
fonctionnement optimal (Linley & Harrington, 2006). Or, pour toutes sortes de raisons de
sécurité, à tort ou à raison, la structure de l’hébergement en institution en CJ n’est pas conçue
pour réaliser l’atteinte de ces cibles ou le recours à ce type d’intervention.
Le dernier paradoxe concerne l’importance de la continuité des liens et des services et
comment les intervenants du CJM-IU semblent avoir certaines déceptions à cet égard.
Concernant la continuité des liens, Denis (2015) indique que le désinvestissement parental
auprès des jeunes est fortement associé aux facteurs de risque de développer une consommation
problématique de drogues chez les adolescents. En outre, l’alliance thérapeutique faisant partie
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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des ingrédients actifs des meilleures pratiques en toxicomanie demeure un défi pour les CJ et
peut être compromise dans un contexte de roulement de personnel, faisant en sorte que plusieurs
personnes peuvent être appelées à intervenir auprès d’un jeune (Brunelle, Cousineau & Ledoux,
dans Landry et coll., 2012).
Le sujet de la continuité et de l’intégration des services est un enjeu que l’on retrouve chez
les jeunes placés et les jeunes toxicomanes en démarche de réadaptation. De plus, c’est un enjeu
majeur que l’on retrouve dans plusieurs secteurs de santé actuellement. Par exemple, les services
en toxicomanie chez les jeunes sont offerts jusqu’à 25 ans en Centre de réadaptation en
dépendance (CRD) et les études mettent l’emphase sur le suivi (Landry et coll., 2012).
Aussi, les services intégrés entre les CJ, les CRD et en santé mentale représentent des
enjeux très importants dans la littérature (Landry et coll., 2012). À cela se rajoutent l’intégration
et la continuité de ces services entre services jeunesse et ceux offerts à la clientèle adulte, où les
services et les intervenants sont peu liés et les acteurs travaillent de façon fort différente
(Dubreucq et coll., 2012).
Dans un guide de meilleures pratiques en toxicomanie auprès des jeunes et leurs
entourages, Bertrand et coll. (2006) observent que la complexité et la spécificité des
problématiques chez les adolescents nécessitent l’étroite collaboration entre les multiples
organismes, établissements et partenaires impliqués auprès de la jeunesse. Les mêmes auteurs
soulignent aussi la nécessité d’arrimage entre les divers services de première et deuxième ligne,
entre les services de toxicomanie chez les jeunes, en santé mentale et les centres jeunesse.
5.2. Forces et limites de l’essai
La première force qui ressort de mon essai réside dans la rigueur méthodologique. Entre
autres, le fait d’avoir eu recours à des personnes expérimentées, ce qui assure une bonne
crédibilité des données. Tous les participants sont issus du CJ, notamment de l’équipe de
réinsertion sociale, des ateliers socioprofessionnels et du Projet Qualification Jeunesse (PQJ).
Les personnes ont donné leurs perceptions, leurs sentiments et leurs pensées à l’égard des thèmes
recherchés (Krueger & Casey, 2000).
Afin de m’assurer de la vérification de l’objectivité et de la fiabilité, j’ai également procédé
à l’explicitation transparente de toutes les démarches de l’essai, notamment par la vérification
des analyses via la directrice de l’essai, par les nombreux retours entre les diverses étapes
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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d’analyse, entre les thèmes identifiés, la lecture des verbatims et enfin par la consultation avec le
groupe d’étudiants lors des séminaires (Van der Maren, 1996).
Comme deuxième force, notons le nombre élevé de personnes s’étant présenté au groupe,
ce qui suggère que le sujet de cet essai s’avère mobilisateur pour le milieu, adressant peut-être
des besoins importants tant de la clientèle adolescente que des intervenants du milieu. On peut
penser que leur besoin d’être entendu, d’avoir un impact sur les services/pratiques en place ou
d’être soutenus explique cette grande participation, tant leur présence et leur participation active
dans le groupe de discussion. Leur participation en grand nombre est en soi un résultat qui
mériterait d’être approfondi. Aussi, il importe de mentionner que l’organisation du CJM-IU est
très ouverte et collabore bien à donner accès aux intervenants, facilitant ainsi leur démarche
académique.
Une autre force concerne les nombreux constats de l’essai qui abondent dans le même sens
des études recensées. Force est donné de constater que les thèmes qui ont émergé dans la
discussion de groupe ont permis de répondre à plusieurs questions du guide d’entrevue. Les
intervenants nous a permis de réfléchir sur certaines spécificités d’une transition réussie versus
de progrès pour cette population à risque et d’évaluer les pratiques dans ce milieu. Enfin, nous
observons également l’émergence de recommandations par cette réflexion collective à l’égard
des pratiques qui devraient être mises de l’avant pour les jeunes placés à l’issue d’un placement à
18 ans.
Une première limite concerne la taille de mon groupe qui ne respecte pas les paramètres
proposés par Krueger et Casey (2000). Le groupe était composé de 20 personnes, un trop grand
nombre auquel je ne m’attendais pas initialement. Nous aurions clairement pu décomposer ce
nombre pour faire trois discussions de groupe. Il se peut que le matériel recueilli soit moins riche
ou moins nombreux à certains endroits en raison du trop grand nombre de personnes, faisant en
sorte de limiter la profondeur de la discussion. Au travers des analyses, notamment des
indicateurs de réussites, à plusieurs endroits le matériel s’est avéré répétitif, probablement en
raison de cette principale limite.
Une autre limite concerne la présence d’un personnel-cadre dans le groupe focalisé. Bien
que la participation de la chef de service puisse avoir été bénéfique à savoir qu’elle a participé en
échangeant sur les thèmes et en résumant parfois l’essence du contenu, on peut émettre
l’hypothèse que certaines personnes puissent avoir été freinées dans leur désir de s’exprimer.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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5.3. Recommandations
Cet essai confirme l’importance du soutien social et des parents pour les jeunes en
transition. La primauté parentale est également un aspect fondamental de la LPJ. À ce sujet, ma
pratique m’a permis de constater que les parents sont parfois rapidement évacués dans un
placement à long terme pour certains jeunes. Par conséquent, il est donc recommandé que
davantage d’efforts soient déployés au sein des unités d’hébergement pour impliquer les parents
et la famille dans le processus de réinsertion sociale et/ou de transition des jeunes à la vie adulte.
Un autre résultat de l’essai concerne les réflexes institutionnels en hébergement et le
paradoxe du besoin d’encadrement qui limite l’autonomisation des jeunes. La littérature
(Bertrand et coll., 2006; Ninacs, 1995) semble également abonder dans le sens d’une approche
davantage centrée sur l’empowerment favorisant l’apprentissage. Il serait donc souhaitable que
davantage d’efforts soient déployés en ce sens au sein de l’hébergement. Pour se faire, il est
recommandé que l’auteur de cet essai puisse présenter les résultats aux personnes gestionnaires
responsables de ses services en hébergement.
Le thème de partenariat et d’intégration des services est apparu comme un enjeu central en
termes de meilleures pratiques à adopter pour les jeunes placés en CJ, ce qui est également
largement souligné dans la documentation sur l’intervention en toxicomanie, notamment chez les
jeunes (Bertrand et coll., 2006; Dubreucq et coll., 2012). Dans ma pratique, j’observe aussi ce
problème récurrent associé à de longs délais pour avoir des services pour les jeunes. Il est donc
recommandé que davantage de formations croisées (Landry et coll., 2012; Perreault et coll.,
2009) entre les partenaires du réseau soient mises en place pour permettre une meilleure
continuité des services offerts aux jeunes placés.
Un autre constat qui émane de l’essai concerne l’arrêt brutal des services à 18 ans en CJ et
la discontinuité des services de santé mentale constatée par les intervenants. Selon Bertrand et
coll., (2006) : « tant dans le réseau de la protection de la jeunesse, dans le réseau de services en
santé mentale que dans celui des services en toxicomanie, il est important de planifier
soigneusement la transition entre les services aux jeunes et ceux destinés aux adultes. » (p. 19)
À cet égard, il serait souhaitable que des services multidisciplinaires puissent davantage
être offerts aux jeunes qui arrivent à la fin d’un placement, qui présente une problématique de
toxicomanie et/ou de santé mentale. Aussi, l’accès à un appartement supervisé pour tous ces
jeunes à l’issue d’un placement à 18 ans serait une des pistes de solution qui pourrait permettre
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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une meilleure transition à la vie adulte. Ces deux dernières recommandations sont souhaitables,
mais peut-être difficilement applicables dans un contexte actuel d’austérité. Malgré la faisabilité
limitée de ces recommandations en contexte de coupure, l’importance de leur mise en place
semble cruciale et permettrait probablement de limiter les coûts humains comme financiers dans
le futur.
Conclusion
Cet essai démontre bien l’importance d’assurer une continuité dans l’offre des services, à
l’instar de l’intégration des pratiques et des services intra-muros et extra-muros. Les approches
positives et intégratives apparaissent à mon sens comme étant des pratiques à privilégier auprès
des jeunes en difficulté, notamment auprès des jeunes toxicomanes vivant difficilement l’aide
offerte de l’extérieur. Finalement, cet essai démontre également l’importance de la notion
d’espoir, de respect et de l’aide bienveillante pouvant assurer un lien de confiance avec la
clientèle jeunesse, favorisant le soutient des jeunes dans le difficile passage à la vie adulte. Tant
que ces ingrédients seront présents au sein des services offerts aux jeunes, nous serons plus
susceptibles d’entrevoir des trajectoires de vie moins précaires pour nos jeunes en difficulté.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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ANNEXE A: GRILLE D’ENTREVUE DU GROUPE FOCALISE
Définition du passage à la vie adulte pour jeunes placés en institution, qui ont 16-18 ans, et la
définition de la réussite de cette transiton à la vie adulte chez ces jeunes.
1. Qu’est-ce ça veut dire un passage à la vie adulte ? Ça implique quoi pour les jeunes qui sont
placés cette transition de vie ? Ça implique quoi ?
1.a. Par rapport aux jeunes ne recevant pas de services des CJ ?
1.b. Par rapport aux autres jeunes des CJ qui ne sont pas placés ?
2. Qu’est-ce que ça veut dire une transition à la vie adulte réussie pour cette clientèle, qu’est-
ce que ça implique ?
2.a. Par rapport aux autres clientèles ?
2.b. Quels sont les indicateurs de réussites utilisés et quels sont les indicateurs qui
devraient être utilisés pour cette clientèle?
2.c. L’autonomie est souvent utilisée comme critère de réussite, mais qu’est-ce que cela
veut dire pour ces jeunes?
i. Et est-ce un critère de réussite de la transition? Est-ce un synonyme de réussite?
ii. Doit-on se questionner sur cet aspect de la transition de vie et quelle particularité
a cette dimension chez cette clientèle?
Les histoires de réussite : que peut-on en apprendre ?
3. En repensant aux jeunes placés, âgés entre 16-18 ans, que vous avez suivis et pour qui cette
transition s’annonçait difficile/fragile mais qui y sont parvenus, qu’avez-vous appris de vos
interventions auprès d'eux ?
1.a. Caractéristiques des jeunes.
1.b. Caractéristiques des intervenants
1.c. Les interventions
1.d. Les contextes de vie… etc.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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1.e. Que peut-on apprendre de vos interventions auprès de ces jeunes qui y sont
parvenus?
Les pratiques en place.
4. Maintenant, au sein de l’organisation du CJ, quels sont les pratiques cliniques et/ou les
services que vous jugez efficaces et essentiels au suivi de ces jeunes dans ou vers leur
transition de vie à l’âge adulte.
4.a. À l’interne?
4.b. Aux services socio-professionnels ?
4.c. Quelles sont les pratiques qui sont spécifiques à ces jeunes très vulnérables (placés)
dans leur suivis vers une transition réussie ?
4.d. Que manque-t-il pour assurer un meilleur suivi ou augmenter les chances de réussite
dans la transition auprès de ces jeunes?
4.e. Quel est notre rôle comme intervenant dans cette transition vers la vie adulte ?
Rôle des ressources communautaires.
5. Comment percevez-vous le rôle, l'importance et les impacts des ressources communautaires
5.a. les ressources en santé mentale ?
5.b. en toxicomanie ?
5.c. Autres types de ressources…
5.d. Comment percevez-vous la collaboration avec ces partenaires ?
Pistes d’amélioration des services
6. Dans le contexte montréalais, en termes de pratiques, d'interventions ou services offerts aux
jeunes placés en institution, quel changement apporteriez vous afin de faciliter la transition
à la vie adulte pour cette clientèle ?
6.a. Qu'est-ce que vous changeriez
6.b. Qu'est-ce qui manque ? Qu'ajouteriez-vous ?
ANNEXE B: FORMULAIRE D’ENGAGEMENT DU MILIEU
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Programmes d’études en toxicomanie
FORMULAIRE D’ENGAGEMENT DU MILIEU
Maîtrise en intervention en toxicomanie
➲ VEUILLEZ VOUS DÉPLACER AVEC LA TOUCHE TAB DE VOTRE CLAVIER
ÉTUDIANTE ou ÉTUDIANT
Nom : Pascal Thibault
Matricule : 01186727 Adresse : 6501 Maurice Duplessis, Montréal, H1G1Z3
Courriel: [email protected]
Téléphone : 514-647-2996
SUJET DE L’ESSAI SYNTHÈSE
Les éléments qui favorisent le passage à l’autonomie à la vie adulte chez les jeunes placés en
institution en centre jeunesse, âgés de 16 à 18 ans, selon les perceptions des intervenants du
service de réinsertion sociale au CJM-IU.
RÉPONDANT DU MILIEU
Nom : Mme Sylvie Constantineau, Directrice des services professionnels et des affaires
universitaires du CJM-IU
Adresse : 4675, rue Bélanger, Montréal
Courriel: [email protected]
Téléphone : 514-593-3020
ACCEPTATION DU RÉPONDANT DU MILIEU J’accepte de soutenir l’étudiant ci-haut mentionné dans le cadre de son essai synthèse
Signature : __________________________________ Date : ____________________
J’accepte le soutien du répondant ci-haut mentionné dans le cadre de mon essai synthèse au
programme de maîtrise en intervention en toxicomanie.
Signature : __________________________________ Date : ____________________
➲ Prière de retourner le formulaire dûment rempli au secrétariat:
Formulaire reçu par : _________________________ Date : ____________________
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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ANNEXE C: FORMULAIRE D’INFORMATION ET DE CONSENTEMENT
A. INTRODUCTION
Dans le cadre de notre formation de maîtrise professionnelle en intervention en toxicomanie
(MIT) à l’Université de Sherbrooke, nous demandons votre collaboration pour réaliser cet essai
synthèse.
Titre de l’essai synthèse : Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes
placés en institution en centre jeunesse, âgés de 16 à 18 ans, du point de vue des intervenants qui
les accompagnent.
Objectif de l’essai synthèse : Le but de cet essai synthèse vise à documenter, selon les
perceptions des intervenants du Centre jeunesse de Montréal-Institut universitaire (CJM-IU), les
éléments qui favorisent le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution, âgés de 16
à 18 ans. Le but est d’explorer ce que les intervenants considèrent comme étant indispensable
comme pratiques cliniques dispensés à ces jeunes, de façon à maximiser leur autonomisation à
l’âge adulte. De plus, à travers cet essai, je souhaite faire émerger des recommandations
cliniques qui seraient une plus-value dans l’accompagnement de ces jeunes.
Cet essai synthèse sera mené par Pascal Thibault, étudiant(e) à la MIT de l’Université de
Sherbrooke et sera encadré par Marianne Saint-Jacques, Ph.D., directrice.
Leurs coordonnées sont les suivantes
514-858-4862
450-463-1835, poste 61844
L’essai de cet(te) étudiant(e) est mené dans le cadre de ses fonctions professionnelles : à titre de
A.R.H à la direction de la protection de la jeunesse, section É/O des signalements au CJM-IU.
Madame Sylvie Constantineau, Directrice des services professionnels et des affaires
universitaires a accepté que cet essai synthèse se réalise au CJM-IU.
B. DESCRIPTION DE VOTRE IMPLICATION
À titre d’intervenant, vous êtes invités à participer à un groupe de discussion (focus group) d’une
durée de 1h30. Cette discussion se déroulera dans le cadre d’une réunion clinique au CJM-IU et
les principaux thèmes abordés sont les service et pratiques indispensables et/ou complémentaires
à l’égard des pratiques cliniques et des services dispensés chez les jeunes placés en institution au
CJM-IU, contribuant à maximiser l’autonomisation des jeunes lors de la transition à la vie adulte.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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C. RISQUES ET BÉNÉFICES
Nous considérons qu’il y a très peu de risque à participer à ce groupe de discussion. Néanmoins,
il se peut que certains sujets (ou certaines questions) soulevés lors des échanges avec lesquels
vous pourriez être en désaccord ou inconfortable. Par ailleurs, vous êtes complètement libres de
refuser de répondre à une question ou cesser votre participation à la discussion à tout moment si
vous n’êtes pas à l’aise. À la fin de la discussion de groupe en tant d’étudiant à la maîtrise, je suis
disposé à répondre à toutes questions ou à fournir des informations ou ressources au besoin.
Vous pouvez aussi aborder votre inconfort lors d’une supervision ou avec un collègue.
À titre de bénéfice personnelle, ce groupe de discussion peut permet l’opportunité de faire un
bilan, le point par rapport aux pratiques et services dispensés, d’apporter votre contribution
professionnelle, vos connaissance à l’égard des difficultés et des succès cliniques que vous avez
expérimenté avec les jeunes.
D. CONFIDENTIALITÉ
Tous les renseignements colligés dans le cadre de votre implication dans cet essai synthèse
seront traités de façon strictement confidentielle. Votre nom et tout renseignement permettant de
vous identifier ne seront mentionnés dans aucun document. Les renseignements recueillis lors de
la discussion de groupe, les enregistrements et les résultats d’analyse ne pourront être utilisés et
entendus que par le directrice d’essai et l’étudiant et ils seront détruits dans les six mois suivant
le dépôt de l’essai synthèse ou encore au maximum, trois ans suivant cette rencontre.
À noter que la confidentialité sera assurée conformément aux lois et règlements en vigueur.
Advenant que la vie ou la sécurité d’une personne soit en danger de façon imminente ou encore
que la sécurité d’un enfant soit compromise, un bris de confidentialité pourrait s’avérer
nécessaire.
Chacun des participants à la rencontre de groupe sera sensibilisé à l'importance de préserver la
confidentialité des échanges. Tout de même, il demeure possible que certains participants ne
respectent pas cette règle.
E. COMPENSATION
Aucune compensation ni rémunération ne sera allouée pour votre participation à cet essai.
F. PERSONNES-RESSOURCES
Pour toute question, commentaire ou préoccupation concernant votre participation à cet essai
synthèse, vous pouvez contacter l’étudiant ou la directrice d’essai (voir coordonnées ci-dessus).
Si, pour une quelconque raison, vous ne désirez pas en discuter avec ces personnes ou si vous
désirez porter plainte quant à vos droits à titre de participant(e) à cet essai synthèse, vous pouvez
contacter :
Lise Roy, directrice des Programmes d’études en toxicomanie
Tél. : 450 463-1835, poste 61795 ou 1 888 463-1835
G. CONSENTEMENT
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Par la présente, je reconnais :
- avoir lu le présent formulaire d’information et de consentement. Je reconnais qu’on a
répondu à toutes mes questions, qu’on m’a laissé le temps voulu pour prendre une
décision et qu’on m’a offert une copie du présent formulaire.
- avoir compris que ma participation à cet essai synthèse est volontaire et que je peux me
retirer de l’essai à tout moment sans aucune conséquence et qu’advenant mon refus de
participer ou le retrait de ma participation à cet essai, il n’y aura aucun impact à tire
d’employé ou intervenant au CJM-IU.
- accepter que les résultats obtenus dans le cadre de cet essai synthèse soient rendus
publics, conformément aux exigences du programme de maîtrise de l’Université de
Sherbrooke.
- consentir à participer à cet essai synthèse, tel que décrit dans le présent formulaire de
consentement et d’information.
(Nom du participant(e)) (signature du participant(e)) (date)
(Nom de la personne (signature de la personne) (date)
obtenant le consentement)
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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ANNEXE D : EXEMPLE DE GRILLE D’ANALYSE ET DU VERBATIM POUR LA
QUESTION 1.
ID codes Unité de signification
Verbatim des participants
16 - les AFITS
- réussite :
l’apprentissage chez
les jeunes en difficulté
et les amener à un
niveau supérieur
- Bien pour moi en travaillant aux « AFIT» c'est un atelier de formation des jeunes où les
jeunes travaillent énormément les attitudes et comportements transférables en milieu de
travail et pour nous une réussite c'est d'avoir réussi à apprendre aux jeunes, avec tres peu
d'outils, très peu de moyen, très peu scolarisé ou non scolarisable, et de l'avoir amené à
un niveau supérieur, pouvant même être employé.
2 - tire profit de ses
expériences
- répète davantage ses
- idiosyncrasique
- C'est très variable, ça dépend d'où tu pars avec un certain type de jeune, pour moi un
jeune qui réussi c'est un jeune qui tire profits de ses expériences, qui répète de plus en plus
ses succès et de moins en moins ses erreurs. C'est très variable, un jeune peux partir de...
Beaucoup plus équipé qu'un autre, mais si le processus est le même, pour moi c'est une
réussite.
15 - la notion de réussite
rend inconfortable, on
préfère le progrès
- les critères de progrès
sont:
- être plus responsable
- plus indépendant,
- meilleure qualité de
vie
- les interventions
efficaces sont faire
avec de petits
objectifs
- respect du rythme
- faire avec eux
- ramener à la base le
concept selon lequel
les jeunes font pleins
de bons coups au
quotidien
- exactement, j'allais dans ce sens là, moi ça me fatiguait le mot réussite, alors je me dis
c'est quoi une réussite...ce n'est pas la même d'une personne à un autre, moi c'est de
l'amener à ce qu'il soit plus indépendant, capable de prendre certaines responsabilités et
aussi je dirais, d'avoir une meilleure qualité de vie de par le passé. Pis c'est de petits
objectifs, qui ne sont certainement pas les miens et ce que je souhaiterais pour mes
enfants, mais c'est vraiment de respecter le rythme et je pense que c'est en faisant avec
eux, dans des petites choses, qu'on accompli....souvent on se donne des gros objectifs, mais
je pense que dans la vie de tous les jours ils en font un paquet de bons coups. Je pense
souvent que ce n'est pas assez ramené à la base pour moi c'est ça. Donc la réussite me
dérange parle que on parle de normes et quand on parle de normes on parle de
classifications, pis ça me dérange beaucoup honnêtement.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Thibault, P. (2015). Les éléments favorisant le passage à la vie adulte chez les jeunes placés en institution en Centre Jeunesse, selon le point de vue des intervenants qui les accompagnent. Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke