Les effets sociaux de la politique d'ajustement structurel

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Clément Les effets sociaux du programme d'ajustement structurel marocain In: Politique étrangère N°4 - 1995 - 60e année pp. 1003-1013. Abstract The Social Effects of the Moroccan Structural Adjustment Programme, by Jean-François Clément After having centred its development policy on import-substitution and on state intervention, Morocco, in the early 80's, implemented a structural adjustment programme, stressing state disengagement, deregulation, promotion of the private sector and opening-up to global markets. This has not prevented rising unem-ployment, particularly among young graduates, and the growth of the illegal eco-nomy. However, has led to the gradual emergence of a civil society in the face of an all - powerful state, more widespread wealth and put an end to a climate of latent terror. This has notably brought about an enhancement of women 's and prisoners' rights, as well as freedom of expression. But this programme should be complemented by a social plan, especially in housing and in the reduction of inequalities, as well as by political reform, in order to build a genuine state of law. Résumé Le Maroc, après avoir axé sa politique de développement sur la substitution aux importations, assise sur une forte emprise de l'Etat, a mis en place au début des années 80 un plan d'ajustement structurel, insistant sur le désengagement de l'Etat, la déréglementation, la promotion du secteur privé et l'ouverture au marché mondial. Il n'a pas empêché la montée du chômage, en particulier des jeunes diplômés, et l'essor notable de l'économie illégale. Cependant, l'enrichissement généralisé a entraîné la formation progressive d'une société civile face à un Etat tout-puissant, et a mis fin à la terreur latente. Ceci se traduit, notamment, par l'amélioration de la condition des femmes et des prisonniers, et de la liberté d'expression. Toutefois, ce plan devrait s'accompagner d'un projet social, surtout en matière de logement et de réduction des inégalités, et d'une réforme politique visant à la formation d'un véritable Etat de droit. Citer ce document / Cite this document : Clément. Les effets sociaux du programme d'ajustement structurel marocain. In: Politique étrangère N°4 - 1995 - 60e année pp. 1003-1013. doi : 10.3406/polit.1995.4476 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1995_num_60_4_4476

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Les effets sociaux de la politique d'ajustement structurel

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  • Clment

    Les effets sociaux du programme d'ajustement structurelmarocainIn: Politique trangre N4 - 1995 - 60e anne pp. 1003-1013.

    AbstractThe Social Effects of the Moroccan Structural Adjustment Programme, by Jean-Franois ClmentAfter having centred its development policy on import-substitution and on state intervention, Morocco, in the early 80's,implemented a structural adjustment programme, stressing state disengagement, deregulation, promotion of the private sectorand opening-up to global markets. This has not prevented rising unem-ployment, particularly among young graduates, and thegrowth of the illegal eco-nomy. However, has led to the gradual emergence of a civil society in the face of an all - powerful state,more widespread wealth and put an end to a climate of latent terror. This has notably brought about an enhancement of women's and prisoners' rights, as well as freedom of expression. But this programme should be complemented by a social plan,especially in housing and in the reduction of inequalities, as well as by political reform, in order to build a genuine state of law.

    RsumLe Maroc, aprs avoir ax sa politique de dveloppement sur la substitution aux importations, assise sur une forte emprise del'Etat, a mis en place au dbut des annes 80 un plan d'ajustement structurel, insistant sur le dsengagement de l'Etat, ladrglementation, la promotion du secteur priv et l'ouverture au march mondial. Il n'a pas empch la monte du chmage, enparticulier des jeunes diplms, et l'essor notable de l'conomie illgale. Cependant, l'enrichissement gnralis a entran laformation progressive d'une socit civile face un Etat tout-puissant, et a mis fin la terreur latente. Ceci se traduit,notamment, par l'amlioration de la condition des femmes et des prisonniers, et de la libert d'expression. Toutefois, ce plandevrait s'accompagner d'un projet social, surtout en matire de logement et de rduction des ingalits, et d'une rformepolitique visant la formation d'un vritable Etat de droit.

    Citer ce document / Cite this document :

    Clment. Les effets sociaux du programme d'ajustement structurel marocain. In: Politique trangre N4 - 1995 - 60e anne pp.1003-1013.

    doi : 10.3406/polit.1995.4476

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1995_num_60_4_4476

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    Jean-Franois CLMENT Les effets sociaux du programme d'ajustement structurel marocain

    Depuis son Indpendance, le Maroc a connu, si l'on simplifie quelque peu, deux grandes politiques conomiques. Il y eut, tout d'abord, une politique de substitution aux importations qui dura jusqu'aux dbuts des

    annes 80 [1]. Avec des moyens limits qui furent l'exportation de produits agricoles et de la pche [2], une industrie textile naissante [3], les revenus des travailleurs migrs et les phosphates, le pays entreprit un premier dveloppement. En effet, il ne disposait pas de ptrole, ce qui l'empcha de crer une industrie industrialisante l'instar de son voisin algrien. Le premier dveloppement du Maroc indpendant fut donc caractris par une forte action de l'Etat : en faveur de l'agriculture tout d'abord, avec une politique de construction de barrages et l'objectif d'irrigation de 1 million d'hectares ; en faveur du tourisme ensuite ; enfin, en faveur d'industries de transformation protges du march mondial par d'importants droits de douanes. L'objectif tait d'obtenir une croissance conomique suprieure 3,3 %, chiffre correspondant l'ancien taux de croissance naturel de la population.

    L'abondance, l'poque, de ressources bancaires internationales, mais aussi l'existence, au Maroc, de codes d'investissements trs favorables ainsi que la faiblesse des salaires [4] ont pu attirer les investisseurs trangers. Mais ceux-ci pouvaient aussi tre rebuts par la faiblesse de la demande solvable ou par les ventuels risques politiques lis, par exemple, aux lois de marocanisation , aux menaces manant de l'arme ou aux rvoltes urbaines. Enfin, durant la priode 1960-1980, une dette sans cesse accrue et un dficit budgtaire important al

    imentrent une forte inflation.

    Les consquences sociales de cette politique furent l'apparition d'une bourgeoisie locale assez dynamique avec une myriade d'entreprises familiales de petite taille. Les disparits sociales se sont accrues [5]. Mais l'Etat-providence veillait : il fournissait des emplois en dcuplant, par exemple, la taille de l'administration ou en crant des entreprises publiques [6]. Il construisait des lotissements pour les nouveaux habitants des bidonvilles et veillait la sant publique, faisant pour cela toujours plus appel des prts trangers, entranant des dsquilibres internes et externes croissants.

    Faute d'une intgration entre ses diffrents secteurs, l'conomie marocaine restait trs dpendante de la pluviosit annuelle et des variations des conditions

    * Professeur Sup 'Est, groupe ICN, Nancy.

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    naturelles [7]. Diffrents freins le cot de l'nergie, les monopoles des transports, l'absence de recherche scientifique et technique [8], la faiblesse des tlcommunications, les attitudes mercantilistes d'un patronat protg [9] limitaient la comptitivit des entreprises. Certains y voyaient le rsultat d'une alliance privilgie entre l'Etat et les notables paysans bridant la croissance de la bourgeoisie afin d'viter des changements sociaux trop brutaux et donc la fin de la prdominance de la dynastie alaouite [10]. Cette politique fut interrompue brutalement aprs 1978, et surtout aprs 1983. La chute des prix des phosphates, le cot de la guerre du Sahara, une scheresse longue et gnralise, le renchrissement du cot de l'nergie, la limitation de l'migration marocaine en Europe, et par consquent la croissance continue de la dette et des dsquilibres conomiques1 [11], conduisirent la mise en place d'un plan de stabilisation en 1978 [12] et d'une nouvelle politique d'ajustement structurel en 1983. Ds lors, l'Etat, cours de devises mais aussi de moyens de paiement proprement nationaux, cesse d'intervenir, en optant pour une vision librale dans les domaines de la production. Il prend aussi la dcision de privatiser une partie du secteur public productif [13]. Il cherche ainsi rduire ses dpenses sociales dans les domaines de la sant, de la construction ou du soutien la consommation des produits de premire ncessit. Les dpenses d'quipement sont galement diminues. L'Etat s'efforce, en outre, de se procurer des ressources nouvelles en privilgiant la demande externe, et donc les exportations. En mme temps, il dmantle les protections douanires pour ouvrir le pays au march mondial afin de moderniser les entreprises ou d'en crer partir de l'initiative prive et au moyen des capitaux marocains ou trangers. Il procde aussi des rformes fiscales [14] ou celle du march financier. Il opre la libralisation des changes lie la dprciation du dirham et tente d'augmenter le volume des rserves de change 2. Les prix sont librs, les subventions, abaisses et les monopoles, supprims [15]. On esprait ainsi relancer la croissance, qui s'levait seulement 2 % en 1983, et galement rduire le taux d'inflation, qui tait l'poque de 10 %. Avec cette politique strictement conomiste, un Etat moins ambitieux 3 attend que la concurrence au sein du secteur priv augmente la productivit. Ceci aurait pour consquence de modifier les valeurs de la socit marocaine, l'individualisme prvalant dsormais sur le communautarisme et l'entrepreneur sur le fonctionnaire. L'ouverture au march mondial devrait briser les replis communautaires ou identitaires (rgionaux, nationalistes ou islamistes car les identits tribales sont dsormais inoprantes). De nouvelles lites devraient apparatre cette occasion. Les classes moyennes devraient se renforcer et donc une socit civile se mettre en place face l'Etat avec des revendications nouvelles, ceci tant le prix payer pour la rduction des fonctions de l'administration. Comme la rduction de la croissance dmographique est dj amorce, cela devrait enfin conduire un enrichissement rgulier du pays. En effet, une croissance cono-

    1. Le dficit budgtaire est pass depuis de 12 % du PIB, en 1983, 3 % en 1994, tandis que le dficit de la balance des paiements a volu de 12 % 2,3 %. 2. Celles-ci taient nulles en 1983. Elles reprsentaient 6,5 mois d'importations la fin 1994. 3. La part des administrations publiques dans la formation brute du capital fixe (FBCF) est passe de 28,8 % du PIB en 1981 13,4 % en 1990.

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    mique moyenne suprieure 2,4 %, aujourd'hui suprieure 2 %, serait assure de dpasser les nouveaux taux de croissance dmographique. Un premier problme est de savoir si ces esprances, entrevues par les thoriciens libraux, se sont ralises dans les faits. On pourrait donc dj poser la question des effets de cette nouvelle politique dans le domaine conomique 4. Mais on pourrait galement se demander quels sont les effets dans le domaine social, tout en sachant que les consquences de cette nouvelle politique ne peuvent se faire sentir que sur le long terme. Si celle-ci a t instaure il y a douze ans, les rformes ont t progressives et sont loin d'tre acheves. Celle-ci est- elle vraiment la cause des changements sociaux en cours ? Qu'en est-il donc des effets sociaux dj visibles ?

    Cette politique de rforme a-t-elle modifi la dmographie du pays ? A-t-elle transform le march du travail en rduisant le chmage ? A-t-elle frein l'exode rural et la mobilit au sein de la population active ? A-t-elle transform l'ducation afin de mieux l'adapter au march de l'emploi ? A-t-elle fait apparatre de nouvelles couches sociales, et enfin est-elle l'origine de la constitution d'un Etat de droit ? Les questions ne manquent pas et il y en aurait bien d'autres. Tout d'abord, les rformes structurelles mises en uvre partir de 1983 n'ont eu aucun effet notable sur le plan dmographique. La baisse de la fcondit en milieu urbain avait dj commenc bien auparavant. Elle rsulte essentiellement de la scolarisation mais aussi des dpenses antrieures de sant 5. Elle est aussi lie l' individualisation des femmes en milieu urbain 6. Elle est cependant trs prononce 7. La population lgale s'lve 26 073 717 personnes seulement en 1994, aprs le recensement gnral, alors que l'on s'attendait un chiffre beaucoup plus lev. Cette chute de la croissance dmographique va rduire le poids des jeunes dans la population, mais pas avant une quinzaine d'annes. Paralllement apparatra un groupe de personnes du troisime ge dont le dveloppement sera li l'augmentation de la dure moyenne de la vie.

    En tenant compte des changements trs rapides de la variable dmographique, observe-t-on maintenant des modifications dues la politique d'ajustement structurel sur le march de l'emploi ? Apparemment oui. La population active occupe (selon la dfinition marocaine de cette population active, les personnes

    4. Le plan d'ajustement structurel a eu d'excellents rsultats dans un premier temps, avec une croissance moyenne du PIB de 5 % entre 1985 et 1990. Les dsquilibres internes et externes ont t rduits de faon spectaculaire, le dficit budgtaire est pass de 10 % du PIB 7,7 % en 1985 et 1,4 % en 1990 avant de s'accrotre brutalement la suite d'une scheresse persistante [16]. 5. La politique d'ajustement structurel a eu pour effet de diminuer les dpenses publiques de sant, sauf dans les CHU (Centres hospitaliers universitaires) de Rabat et de Casablanca. Les hpitaux publics, qui assuraient 90 % des soins en 1980, n'en assurent plus que 66 % en 1987, les cliniques prives ayant augment leur part. Dsormais les hpitaux fonctionnent 50 % de leur capacit par manque de matriel. Or, 80 % de la population est sans couverture sociale. 6. La contraception a pratiquement doubl en dix ans. 35,9 % des femmes en ge de procrer utilisaient des moyens contraceptifs en 1987, contre 19,4 % en 1979. Dsormais plus d'une femme sur deux vivant en ville matrise sa fcondit. 7. On comptait, selon l'indice synthtique de fcondit, 5,9 enfants par femme en 1977, 5,5 en 1982 et 4,5 en 1987, soit 1 enfant de moins par femme en cinq ans, 1,5 enfant de moins en milieu urbain. Cet indice est de 4,2 en 1994. Mais il y a d'normes disparits rgionales. Ceci a pour consquence la rduction de l'accroissement naturel qui tait de 2,4 % en 1987, soit 2,8 % la campagne et 1,8 % en milieu urbain. Le taux actuel est de 2,06 % en 1994 [17].

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    de plus de 7 ans qui travaillent) a trs fortement augment ds la mise en place de cette politique. On est en effet pass de 8,7 millions de personnes ayant un emploi en 1986 9,9 millions en 1990. Mais peut-on y voir un effet de la nouvelle politique ou seulement de la pluviomtrie favorable dans la seconde moiti des annes 80 ? On pourra y rpondre en comparant ces rsultats ceux du dbut des annes 90 o les conditions climatiques ont t beaucoup moins favorables. De 1985 1990, malgr les rformes, seulement la moiti des emplois ncessaires pour absorber les jeunes se prsentant chaque anne sur le march du travail ont t crs. En consquence, le taux de chmage a augment rapidement, passant de 9,3 % de la population active en 1986 12,1 % en 1990. D'une part, l'Etat ne cre dsormais plus que trs peu d'emplois [18] ; d'autre part, le secteur priv privilgie, dans le cadre de la nouvelle politique qui favorise l'exportation, les emplois peu productifs et mal rmunrs. Une catgorie nouvelle apparat donc au Maroc, celle des jeunes diplms chmeurs, issus de la formation professionnelle ou de l'universit. Toutefois, le taux de chmage baisse trs fortement aprs l'ge de 25 ans. Si, avec la politique d'ajustement structurel, l'Etat diminue considrablement ses dpenses, il ne le fait pas de manire homogne. Il privilgie les zones urbaines et donc la rgion ctire qui s'tend de Knitra Safi. Comme l'emploi non qualifi est par ailleurs favoris, les villes de la cte attirent des ruraux un point tel qu'aujourd'hui 43 % des actifs ruraux sont des femmes, le phnomne tant particulirement accentu dans certaines rgions (mais, pour les trois quarts d'entre elles, ces femmes occupent des fonctions d'ouvrires agricoles et non de chefs d'exploitation). On observe donc une double volution. Dans les villes, alors que la population s'est accrue de 16 % de 1985 1989, la population active occupe a augment de 21 % et celle la recherche d'un emploi, de 24 %. Le chmage des jeunes, qui en touche un sur trois, est ainsi devenu un problme essentiel 8 [19]. Des rformes importantes du systme scolaire, indpendantes du programme d'ajustement structurel, ont commenc partir de 1984-1985. La nouvelle politique n'a pas touch au budget de l'ducation qui reprsente un tiers du budget de l'Etat. Mais, comme il semble moins utile d'tre scolaris, on observe une baisse des effectifs dans l'enseignement primaire, surtout la campagne o la carte scolaire a t modifie et o les coles ont t regroupes. Dsormais, en milieu rural, seulement un tiers des filles et deux tiers des garons vont l'cole primaire. On a amlior les taux de russite dans l'enseignement secondaire. En effet, en sixime et en neuvime annes de l'enseignement de base et en troisime anne du nouvel enseignement secondaire, un nombre accru d'lves sont orients vers la formation professionnelle (108 000 lves en 1989-1990 contre 38 000 en 1983-1984). En consquence, le nombre des candidats au baccalaurat 9 a considrablement diminu mais leur taux de russite a aussi augment.

    8. Des grves de la faim de docteurs s-sciences chmeurs eurent lieu en 1995 Rabat et Safi. Ces jeunes dveloppent l'ide d'un droit l'emploi car le favoritisme et l'ingalit face l'emploi sont jugs inacceptables. 9. On est pass de 177 000 candidats en 1987, 103 000 en 1989, en rduisant le nombre des candidats libres.

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    L'enseignement suprieur a vu surtout se dvelopper le nombre des licencis en sciences et des diplms du troisime cycle. Le dsengagement de l'Etat induit, dans tous les domaines, y compris dans celui, nouveau, de la formation professionnelle, le dveloppement d'un secteur priv actif. Par exemple, les investissements agricoles ont augment en moyenne de 11 % entre 1981 et 1990. La part de l'Etat, qui tait de 73 % en 1981, est passe 26 % en 1990. Les investissements agricoles de l'Etat n'ont augment que de 3,1 % en moyenne durant la dernire dcennie, ce qui est infrieur l'inflation. En revanche, le secteur priv a connu une croissance annuelle moyenne de 25 %. Aujourd'hui, ce secteur est le premier investisseur agricole (64 % des investissements en 1990 contre 27 % en 1981). Une nouvelle bourgeoisie rurale (en partie citadine pour la floriculture et le marachage) est donc en train d'apparatre. Elle a profit de la politique de construction de barrages mais aussi de la diffusion des engrais 10, dsormais produits au Maroc, pour augmenter de plus de 1 million d'hectares les superficies cultives en utilisant les serres, les semences slectionnes et les irrigations par aspersion ou par goutte--goutte [20]. La consquence est que le Maroc a pratiquement recouvr, sauf pour les crales n [21], l'huile et le sucre, son autosuffisance alimentaire [22]. Dsormais, le bl tendre dpassant le bl dur, les paysans consomment du pain blanc comme les citadins, ce qui est un changement symbolique trs important. Mais nul ne peut encore prvoir les rcoltes futures qui dpendent des alas climatiques (94 millions de quintaux de crales en 1994 et 25 millions en 1995 par exemple, la chute globale de la production agricole tant en 1995 de 56 %). Or le PIB dpend troitement, aujourd'hui encore, de la production de crales (qui a connu une croissance globale de 11,5 % en 1994, tout fait exceptionnelle, mais une dcroissance en 1995) 12. La politique d'ajustement structurel a surtout eu un effet sur les nouvelles formes de bourgeoisie urbaine. Les choix en faveur de l'exportation ont dvelopp des secteurs qui existaient dj, comme le textile, ou qui en taient encore l'tat artisanal, comme la pche. Mais, dans l'analyse, il convient de distinguer l'conomie officielle avec ses principaux secteurs (production industrielle, secteur financier, banques et Bourse) des autres formes de l'conomie, conomies spontane, clandestine et illgale, ces deux derniers secteurs correspondant environ 40 % de la production totale de biens et de services.

    En ce qui concerne l'conomie officielle, l'Etat avait cr un secteur priv marocain aprs 1973 par le biais de l'Office de dveloppement industriel (ODI). Cette politique a t efficace puisque le nombre d'entreprises est pass de 1 918 en 1969 2 980 en 1980. En 1988, les deux tiers des entreprises existantes avaient

    10. Depuis juillet 1990, l'Etat cesse de soutenir les prix des engrais. Comme les surfaces cultives resteront sans doute les mmes, les rendements risquent de varier plus fortement. 11. Du point de vue du consommateur, le problme se pose de savoir s'il ne vaut pas mieux acheter du bl tendre sur le march mondial o il est la fois moins cher et de meilleure qualit. 12. L'agriculture reprsente 20 % du PIB en 1994. La rduction de 56 % de la production agricole en 1995 va donc diminuer mcaniquement le PIB de 10 % mais il faut y ajouter les effets en amont et en aval. D'o la dcroissance du PIB de 4 5 % en 1995 en termes constants, ce qui peut relancer l'inflation ou provoquer une dvaluation du dirham. Mais, en mme temps, un accroissement de 10 % des exportations et de 20 % des investissements des entreprises, des achats l'tranger de produits alimentaires, un contrle rigoureux des prix et un programme d'urgence d'aide au monde rural devraient prvenir d'ventuels mouvements sociaux.

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    t cres aprs 1973. Le nouveau code des investissements de 1983 avec ses avantages particuliers pour les entreprises exportatrices, la dprciation du dirham, l'assouplissement des rgimes douaniers et d'octroi du crdit avec des taux bonifis pour l'exportation, tout cela a encourag l'mergence d'un nouveau groupe de dirigeants de PME-PMI, essentiellement celles qui exportent, mme s'il y a eu dprotection graduelle des entreprises et si la valeur ajoute des tablissements industriels est reste au mme niveau, en dirhams constants, entre 1980 et 1990. La part de l'industrie dans les exportations est passe de 38 % en 1980 53 % en 1985 et 68 % en 1990. Ce pays, qui exportait jadis des matires premires et des produits agricoles, est devenu exportateur de produits textiles, d'acide phosphorique et d'engrais. On a donc pu parler d'un nouveau dragon , l'instar des pays que l'on nomme ainsi en Asie, aux portes de l'Europe [23]. Mais, si les balances commerciales partielles sont devenues excdentaires pour le textile et le cuir aprs 1978, et pour les produits chimiques aprs 1983, elles sont trs dficitaires pour les industries mtallurgique, mcanique et nergtique, c'est--dire pour les biens d'quipement (seulement 10 % des importations sont couvertes, ce qui est un frein majeur pour l'expansion conomique du pays). L'industrie marocaine demeure donc une industrie fabriquant des produits semi- finis avec une faible valeur ajoute. Les entreprises sont, pour l'essentiel, ct des entreprises publiques et de leurs filiales, des entreprises familiales avec peu de fonds propres. Il n'y a en ralit que trois vritables groupes industriels dans le pays, l'OCP (Office chrifien des phosphates) et l'ONA lis l'Etat, et le groupe priv Kittani [24]. Il en faudrait d'autres, comme en Turquie, qui puissent servir de moteur au dveloppement. C'est l'une des causes les plus importantes de la faiblesse de la grande bourgeoisie marocaine. Celle-ci tient aussi la raret des vritables entrepreneurs qui sont le plus souvent jeunes, bien forms et familiariss avec les techniques modernes de gestion. Ils travaillent avec l'tranger et sont regroups sur l'axe Knitra-Casablanca (et parfois Tanger et Fs). Mais la plupart des dirigeants sont soit des hommes du secteur tatique protg, souvent arrogants et extrmement dpensiers, soit des travailleurs acharns, autodidactes, qui se sont enrichis mais qui continuent se soucier du sort de leurs concitoyens. Ils sont fiers de leur russite mais n'acceptent pas les gaspillages. Ils refusent l'assistance des banques et n'utilisent pas les techniques modernes de gestion. On s'est demand si le processus de privatisation aurait des effets sur les classes moyennes qui accderaient, ainsi, au march financier. Fouad Filali, directeur de l'ONA, a dclar qu'il s'interdisait de participer aux privatisations en cours. Le Maroc a besoin d'entreprises libres et srement pas de monopoles . Les tablissements bancaires marocains et leurs filiales dtenues plus de 20 % de leur capital par les maisons-mres ne peuvent, selon la loi, soumissionner dans les oprations de privatisation. Mais qui achte vraiment les actions offertes sur le march cette occasion ? S'agit-il d'hommes de paille du palais, d'anciens groupes de la haute bourgeoisie ou de segments nouveaux de la moyenne bourgeoisie ? On ne peut rpondre de manire prcise. On sait simplement que 150 000 personnes ont particip des achats d'actions la Bourse de Casablanca qui a dsormais un chiffre d'affaires quotidien moyen de 50 millions de dirhams.

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    53 % des acheteurs sont originaires de Casablanca et de la rgion Centre. Les autres rgions sont trs peu reprsentes. Les Marocains de l'tranger ont achet 23,3 % des actions. La privatisation renforce donc la puissance conomique de Casablanca. On sait aussi que 3 765 salaris des entreprises privatises ont achet 486 994 actions. Le capital tranger, pourtant sollicit, a peu particip ces oprations. La part du capital national a t en moyenne de 64 %. Le premier investisseur tranger a t la Suisse avec 12 % des achats d'actions, suivie du Royaume-Uni avec 8,6 %, de la France avec 7 % et des Etats-Unis avec 6,6 %. Mais on s'est bien gard de faire la moindre enqute sur l'origine sociale des bnficiaires marocains de la privatisation. Autour des entreprises qui se sont dveloppes pour l'exportation, de nombreuses microentreprises pratiquant la sous-traitance se sont cres ces dernires annes. C'est ce que l'on peut appeler l'conomie spontane, qui n'avait pas t prvue par les plans de dveloppement 13. Ces nouvelles socits ne sont pas toujours enregistres car elles demeurent le plus souvent familiales. L'conomie illgale fournit environ 40 % de la production. Le travail clandestin est le plus important. Il s'agit de microentreprises non dclares et qui n'acquittent aucun impt, patente ou cotisation la scurit sociale [25]. Certaines sont spcialises dans la contrefaon de produits occidentaux sans paiement de droits, ce qui les oblige amliorer sans cesse leurs productions, ne serait-ce que pour tre crdibles comme dans l'industrie du cuir [26]. Toutes les entreprises des secteurs de la contrebande [27] et de la drogue entrent galement dans ce cadre. Les premires approvisionnent le march marocain et font baisser les prix, les secondes exportent vers l'Europe et rapportent des devises. Ces volutions crent nanmoins une socit civile qui arrive limiter le pouvoir de l'Etat. On ne vit plus actuellement au Maroc dans une atmosphre de terreur latente. Les leaders potentiels des oppositions non lgales ne sont plus menacs de torture ou de disparition. Des citoyens en arrivent mme demander des comptes l'administration et faire condamner, ce qui est vraiment nouveau, des policiers corrompus. Une organisation marocaine des droits de l'homme est dsormais trs active et dfend aussi bien le droit de runion que celui de remontrance des chansonniers et des humoristes comme Senoussi ou Bziz. Les universits n'hsitent plus organiser des colloques sur les droits de l'homme ou sur l'thique islamique et la dmocratie. Un ministre-dlgu charg des Droits de l'homme a mme t nomm rcemment. Des parents de prisonniers politiques vont jusqu' protester publiquement. La dfense des droits des prisonniers, politiques ou de droit commun, et l'amlioration de leurs conditions de dtention deviennent donc des proccupations gnrales. Ces dmarches ne sont pas sans effets. Les dtenus, 46 000 actuellement rpartis dans 40 pnitenciers, voient leurs conditions de dtention s'amliorer effectivement et leurs droits plus souvent respects. Mais la promiscuit reste importante (par exemple, on trouve de 18 24 prisonniers par cellule el Jadida en 1995). Par ailleurs, l'alimentation reste trs insuffisante, ce qui entrane des risques de

    13. Il s'agit, par exemple, d'un ouvrier qui achte en Europe une machine pour faire les vignettes qui signalent la marque ou la taille des chemises. Il fournit alors son ancien patron, ou d'autres, les vignettes ncessaires des prix infrieurs ceux des vignettes importes.

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    contagion. Un dtenu cote en moyenne, en 1995, 11 dirhams par jour. Gale et tuberculose sont des maladies frquentes dans les prisons marocaines. Trs peu de dtenus sont scolariss ou peuvent travailler en ateliers. En tout cas, depuis quelques annes, un nouveau regard sur ces prisonniers commence se faire jour. Des exils ont pu rentrer au Maroc et des amnisties gnrales ont t promulgues. Enfin, le bagne de Tazmamart a t ras, mais les disparus sahraouis ne sont toujours pas librs. Par ailleurs, des mouvements fministes se sont dvelopps ces dernires annes. Des collections de livres de rflexion consacrs aux femmes ont t cres et ont une audience importante, ce qui est exceptionnel dans le monde arabe [28]. Toute cette effervescence laisse entrevoir des changements ultrieurs et des volutions qui seront trs diffrentes de celles observes en Algrie. Mais, actuellement, le march de l'emploi n'est globalement pas trs favorable pour les femmes. Reste que la prsence d'un trs grand nombre de femmes dans les filires universitaires peut, dans l'avenir, avoir des rpercussions sur leur statut et donc rduire les discriminations leur gard. L'apparition de groupes d'intellectuels et d'une presse diversifie constitue un autre indice de la naissance d'une socit civile. Un trs grand nombre de revues ou de maisons d'dition fournissent dsormais, des prix abordables, les ouvrages dont les jeunes Marocains scolariss ont besoin pour leurs tudes. En effet, les livres en provenance de l'tranger, n'tant pas subventionns, sont devenus peu peu inaccessibles. Le Maroc n'est pas encore un Etat de droit mais l'volution en cours, depuis 1992, y conduit peu peu. Est-ce li la politique d'ajustement structurel ? Cela semble tre le cas, l'image de la politique qui a progressivement conduit la mise en place de FEtat-providence en Europe et qui a t le prix payer pour y assurer la paix sociale depuis le XIXe sicle. Il reste donc maintenant reconnatre officiellement l'existence de disparus 14, et prendre en compte les dommages subis par les prisonniers politiques et les personnes tortures. La solidarit au sein de la socit civile doit tre renforce afin que l'on ne se contente plus d'ignorer ou de punir les marginaux sans les aider se resocialiser . Si des efforts ont t raliss pour les handicaps physiques, la situation est bien diffrente en ce qui concerne les dtenus ou les malades mentaux. Globalement, la socit marocaine s'enrichit, lentement mais srement. Si sa croissance dmographique naturelle est aujourd'hui d'un peu plus de 2 %, la croissance conomique annuelle moyenne a t de 4 % entre 1985 et 1994. Le PIB par habitant a donc doubl en vingt ans. Mais, paralllement, la politique d'ajustement a chou au vu du dficit de la balance des paiements qui est nouveau considrable en 1995, aprs avoir t matris jusqu'en 1994. Tant que la croissance moyenne du Maroc ne sera pas d'au moins 7 %, ce qui supposerait le passage un autre niveau de dveloppement ou une intgration accrue l'conomie europenne, la russite sera incertaine.

    14. Les disparus qui ont t librs, aprs plusieurs annes de mise au secret, ont aujourd'hui un statut de disparu. Certains peroivent des allocations, de 5 000 dirhams mensuels, mais n'ont pas reu d'indemnits pour le dommage subi. Ces personnes attendent toujours la ralisation des promesses concernant leur rinsertion sociale et la dlivrance de passeports.

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    Les ingalits s'accroissent bien que, globalement, la proportion de pauvres se rduise *5 ou que le revenu moyen augmente 16. Il peut donc y avoir croissance sans dveloppement. La dernire enqute nationale sur le niveau de vie des mnages, effectue en 1990 et 1991, en tmoigne, ainsi que l'importance de la mendicit ou le dveloppement de la violence. Celle-ci, surtout juvnile, se dplace des quartiers priphriques vers les centres urbains. La police, devant le dveloppement des nouvelles demandes sociales en matire de droits de l'homme, ne recourt plus la torture. Dsormais, les commissariats et les prisons ne font plus peur. En consquence, les dlinquants semblent plus audacieux. Des bandes, sur le modle amricain, commencent apparatre et vivent la loi comme une extriorit absolue. La formation de ghettos est possible dans les annes venir. La rpression accrue de la contrebande ou du trafic de drogue encourage et c'est trs visible actuellement Tanger ce type de drive. Le plan d'ajustement structurel devrait donc tre complt par un plan d'ajustement social qui pourrait constituer le grand projet de la prochaine dcennie. En effet, on constate tout d'abord que l'apprhension de ce plan conomique n'a pas t la mme selon les diffrentes catgories sociales. Ceux qui disposaient dj d'avantages sociaux taient favorables ce changement, contrairement aux plus dfavoriss. Si les jeunes qui sont instruits acceptent plus facilement que leurs ans de mme niveau d'instruction les ajustements en cours, et donc les changements de valeur qui leur sont associs, ceux qui ne sont pas instruits sont plus hostiles aux transformations que leurs ans de mme niveau. Mais le statut socioconomique ne dtermine pas lui seul les ractions la nouvelle politique. L'acculturation, mesure par le degr d'instruction et l'accs aux mdias, joue un rle central, dsormais aussi pregnant que le statut socioconomique, d'o l'importance de la question de la prsence des antennes paraboliques.

    Les plus pauvres, surtout des ruraux, devront tre aids soit directement, soit indirectement par une augmentation des rendements agricoles. Les licenciements de salaris, pour des raisons conomiques, ne devraient plus se faire sans consultation pralable de leurs reprsentants. D'autres proposent la mise en place d'oprations mains propres au Maroc, en particulier pour l'assainissement de la gestion des entreprises publiques. Mais l'urgence est de fournir des logements dcents et surtout des emplois aux jeunes dsoeuvrs susceptibles de sombrer dans la violence. Un programme de 200 000 logements vient d'tre engag et l'ide d'un droit au logement commence se faire jour 17. Une politique de

    15. Il y a trente ans, 30 % des plus pauvres se partageaient 10 % des revenus globaux; ils taient 16,1 % en 1989 et sont 13,9 % aujourd'hui. Les ingalits sont donc maintenant plus gographiques que sociales. La socit marocaine, qui pouvait tre pense en termes de lutte des classes dans les annes 60 et 70, ne peut plus l'tre aujourd'hui. Toutefois, la politique rgionale de l'Etat ne bnficie qu' ceux qui sont dj privilgis. Dans les campagnes, les carts de consommation entre les plus riches et les plus pauvres s'accroissent [29]. La seule rponse envisage est de proposer un abattement de 50 % sur les impts dans les rgions les plus dfavorises. 16. Le revenu moyen est pass, en quinze ans, de 3 600 6 780 dirhams (en dirhams courants) et le SMIC a t multipli par 3. 17. Le dsengagement de l'Etat a favoris les initiatives des promoteurs immobiliers. Aujourd'hui 48 % des Marocains sont propritaires de leur logement contre 37 % en 1983 et la proportion de l'habitat insalubre en milieu urbain est passe de 26 % il y a quinze ans 14 % aujourd'hui. Ceci signifie que les bidonvilles ont t considrablement rduits. L'objectif de construction de 200 000 logements va permettre, en outre, de crer des emplois. Ds prsent, 110 000 logements vont tre mis en chantier, 48 000 raliss par l'Etat et 57 000 par le secteur priv.

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    mise en place de divertissements bon march, en particulier dans les petits centres urbains, semble aussi ncessaire. Enfin, la cration de syndicats diversifis de lycens, plutt que ranimer l'ancien syndicat UNEM (Union nationale des tudiants marocains), serait aussi importante afin de briser les tentatives d'appropriation entreprises par les islamistes. Tout ce qui peut permettre de pallier la faiblesse de la socit civile doit dsormais tre encourag.

    Un retour aux missions fondamentales de l'Etat, avec sa dimension sociale, est ncessaire. Ceci est parfaitement compatible avec l'extension de l'initiative prive, qui semble tre le seul moyen de redonner aux Marocains confiance en eux, alors que cette absence de confiance a eu, jusqu' prsent, des effets nfastes. D'autre part, la nouvelle constitution de 1992 reprsente certes un changement, mais encore limit [30]. Le dsengagement de l'Etat a, de fait, augment le pouvoir des autorits locales. Toutefois, au-del des nouveaux quilibres entre pouvoirs centraux et pouvoirs locaux, un pays en proie aux transformations multiples et parfois trs rapides se doit d'inventer de nouveaux modles [31]. Ainsi ce plan d'ajustement structurel, essentiellement conomique, aura surtout des effets politiques, car le Maroc reste une socit o l'conomie est dpendante des alas climatiques. La tche primordiale, l'avenir, sera d'assurer l'autonomie de la sphre conomique. En fait, le combat pour l'indpendance ne fait que commencer.

    NOTES BIBLIOGRAPHIQUES

    [I] M.S. Sadi, Le processus d'industrialisation par substitution d'importations au Maroc, mmoire de DES, Facult de droit, Casablanca, 1976 ; Jamil Salmi, Planification sans dveloppement, valuation de l'exprience marocaine de planification (1960-1979), Les Editions maghrbines, Casablanca, 1979, 334 pages. [2] M. A. el Glaoui, Plaidoyer pour la pche ctire , RJPEM, n 6, 1979, Rabat. [3] L. Jadi, Industrie textile et processus d'industrialisation au Maroc, ditions de la Facult de droit, Rabat, 1979. [4] A. Berrada, La politique des bas salaires au Maroc, bauche d'analyse , BESM, n 157, p. 48- 52, Rabat, 1986 ; id., Fiscalit indirecte, pouvoir d'achat et accumulation du capital , Al-Asas, n 52, 53 et 54, mai, juin et juillet 1983, Sal.

    [5] Aziz Lahlou, Emploi et ingalits au Maroc, Les Editions maghrbines, Casablanca, 1985. [6] Ahmed el Midaoui, Les entreprises publiques au Maroc et leur participation au dveloppement, Afrique-Orient, Casablanca, 1981 ; Abdelaziz Jazouli, Variations d'un thme majeur : les entreprises publiques au Maroc , Maroc-Europe, n 2, 1992, p. 195-224, Rabat. [7] Habib el Malki, L'conomie marocaine, bilan d'une dcennie, 1970-1980, ditions du CNRS, Paris, 1982. [8] M. Germouni, Essai sur les problmes de l'engineering et de la technologie au Maroc, ditions de la Facult de droit, Rabat, 1978. [9] Ahmed Darouich, Mohamed Chiguer, Abdelkader Berrada, Etudes sur le secteur industriel au Maroc, al-Marif al-Jadida, Rabat, 1988 ; collectif, Etat et dveloppement industriel au Maroc, Les Editions maghrbines, Casablanca, 1982. [10] Rmy Leveau, Le Fellah marocain dfenseur du trne, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1976 (rdition, mme diteur, collection Rfrences , 1985). [II] Pour les donnes relatives aux dsquilibres croissants, Abdellatif Aqallal, La balance marocaine des paiements, Imprimerie de Fdala, Mohammedia, 1988.

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    [12] La croissance du dsquilibre financier est analyse par Jamil Salmi, Planification sans dveloppement, valuation de l'exprience marocaine de planification (1960-1979), Les Editions maghrbines, Casablanca, 1979. [13] Mohamed Bedhri, Privatisation et rforme des entreprises publiques dans les pays de VU MA, Afrique-Orient, Casablanca, 1991 ; Jean-Philippe Bras, Les privatisations au Maroc , Revue franaise d'administration publique, n 59, juillet-septembre 1991, Paris ; Ahmed Bouachik, Les privatisations au Maroc, Morocco Printing and Publishing Co., Rabat, 1993. [14] M. Elktiri et M. Akesbi, La rforme de la fiscalit marocaine a l'heure de l'ajustement structurel, Toubkal, Casablanca, 1987. [15] Fatima Sbihi-Benkhadra, La dmonopolisation de l'OCE , RMFPE, n 6, 1990, Casablanca. [16] Voir Chaouki Benazzou et Tawfik Mouline, Panorama conomique du Maroc 1985-1990, al Marif al-Jadida, Rabat, 1993. [17] Voir Analyses et tendances dmographiques au Maroc, CERED, Rabat, 1986. [18] Abderrahim el Badaoui, Chronique des annes de crise, l'conomie marocaine entre conjonctures et structures, Editions affaires communales, Casablanca, 1989. [19] Conseil national de la jeunesse et de l'avenir, Etre jeune au Maroc , Jeunesse et avenir, n 3, dcembre 1994, Rabat. [20] Moha Khettouch, La recherche agronomique, volution, fonction, INRA, Rabat, tome 1, 1990. [21] S. Ouattar et T. E. Ameziane, Les crales au Maroc, de la recherche a l'amlioration des techniques de production, Toubkal, Casablanca, 1989. [22] Najib Akesbi et Driss Guerraoui, Enjeux agricoles, Le Fennec, Casablanca, 1991. [23] S. Leymarie et J. Tripier, Maroc : le prochain Dragon ?, Eddif, Casablanca, 1992. [24] Abdelkader Berrada, Mohamed Chiguer et Ahmed Darouich, Le grand capital priv marocain (lments de rflexion) , Al-Asas, n 49, fvrier 1983, p. 32-41, Sal ; Sad Mohamed Sadi, Concentration financire et formation des groupes conomiques privs marocains, thse de doctorat de sciences de gestion, Paris-Dauphine, 1983. [25] Mohamed Salahdine, Les petits mtiers clandestins, Eddif, Casablanca, 1988 ; Omar Mounir, Parole de charlatan, Eddif, Casablanca, 1992. [26] Omar Akalay, Un regard sur l'conomie marocaine, Wallada, Casablanca, 1991. [27] Mohammed Chiguer, March de change et comportement de l'entrepreneur : cas de la rgion conomique de l'Oriental marocain , dans L'investissement et le dveloppement socioconomique dans la rgion de l'Oriental (ouvrage collectif), Oujda, 1987. [28] Par exemple, Ghita el Khayat, Le Maghreb des femmes, les femmes dans VU MA, Eddif, Casablanca, 1992 ; ouvrage collectif (sous la direction de F. Mernissi), Femmes partages, famille-travail, Le Fennec, Casablanca, 1988 ; Abdessamad Dialmy, Sexualit et discours au Maroc, Afrique-Orient, Casablanca, 1988 ; ouvrage collectif (sous la direction de Acha Belarbi), Corps au fminin, Le Fennec, Casablanca, 1991 ; ouvrage collectif (sous la direction de F. Mernissi), Femme et pouvoirs, Le Fennec, Casablanca, 1990 ; ouvrage collectif, Femmes et violences, Friedrich Ebert Stiftung et Pumag, Marrakech, 1993 ; Fatima Mernissi, Sultanes oublies, Le Fennec, Casablanca, 1990 ; id., Chahrazad n'est pas marocaine, Le Fennec, Casablanca, 1991 ; Acha Belarbi, Enfance au quotidien, Le Fennec, Casablanca, 1991 ; etc. [29] Voir Ahmed Trachen, Dveloppement et dynamique de l'ingalit, Economica, Paris, 1985. [30] Sad Tangeaoui, Les entrepreneurs marocains, pouvoir, socit et modernit, Karthala, Paris, 1994. [31] Abdelali Benamour, Le Maroc interpell, Eddif, Casablanca, 1993.

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