Les Assassins de la Mémoire

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ALL 7.45 € / BEL 6.95 € / ESP 6.95 € / ITA 6.95 € / GR 6.95 € / PORT CONT 6.90 € / LUX 6.95 € / CH 11.80 FS / MAR 65 DH / TUN 6.90 TND / CAN 9.95 $ CAD / DOM/S 6.85 € / MAY 8.20 € / TOM/A 1650 XPF / TOM/S 900 XPF / MAY 8.25 € / CH 11.80FS NUMÉRO 24 - JUILLET-AOÛT 2015 • Briseurs d’icônes • Destructeurs de livres • Saccageurs de sanctuaires 3’:HIKSLI=XUZ^ZV:?k@a@c@o@a"; M 08183 - 24 - F: 5,95 E - RD LES ASSASSINS DE LA MÉMOIRE Depuis 4 000 ans, ils prennent le passé pour cible SPÉCIAL

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Des condamnations à la damnation dans l'Antiquité aux destructions réalisées par les fanatiques de Daech, les Assassins de la Mémoire n'ont cessé, en vain, depuis 4 000 de prendre le passé et la mémoire de l'humanité pour cible. Un dossier inédit et éclairant.

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ALL 7.45 € / BEL 6.95 € / ESP 6.95 € / ITA 6.95 € / GR 6.95 € / PORT CONT 6.90 € / LUX 6.95 € / CH 11.80 FS / MAR 65 DH / TUN 6.90 TND / CAN 9.95 $ CAD / DOM/S 6.85 € / MAY 8.20 € / TOM/A 1650 XPF / TOM/S 900 XPF / MAY 8.25 € / CH 11.80FS

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NUMÉRO 24 - JUILLET-AOÛT 2015

• Briseurs d’icônes• Destructeurs de livres• Saccageurs de sanctuaires

3’:HIKSLI=XUZ^ZV:?k@a@c@o@a";M 08183 - 24 - F: 5,95 E - RD

LES ASSASSINSDE LA MÉMOIRE

Depuis 4 000 ans, ils prennent le passé pour cible

S P É C I A L

MÉMOIREMÉMOIRE

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3ASSASSINS DE LA MÉMOIREJUILLET-AOÛT 2015

ÉDITORIAL

Victor BattaggionRédacteur en chef adjoint chargé des Spéciaux

Quand les pierres saignent

FÉVRIER 2015 : à grand renfort de marteaux piqueurs et de maillets, les fanatiques de l’État isla-mique s’en prennent aux vestiges archéologiques préislamiques du musée de Mossoul… Un carnage en règle. Ces images savamment mises en scène

et diffusées sur Internet et les réseaux sociaux sont conster-nantes. Démentes, même. Le rouleau compresseur de la machine Daech écrase tout sur son passage, fonçant, droit devant, sur l’autoroute de la destruction de l’Histoire. Direc-tion : le néant. Prochaine étape, Palmyre ? Possible…

Reste l’incrédulité – et affirmer qu’une partie des antiqui-tés détruites à Mossoul étaient des copies ne règle rien à l’af-faire. D’aucuns diraient que ce ne sont que des pierres érodées par le temps et le vent. Non, elles sont tout. Elles sont l’héri-tage de nos pères. Cette tragédie, ce djihad contre le passé, nous ont incités à revenir sur tous ces « assassins de la mémoire », sur tous ces moments d’aveuglement où des hommes ont voulu, au nom d’une idéologie, ou folie, effacer l’empreinte de temps révolus. Damnatio memoriæ (condam-nations à l’oubli), autodafés (de l’Inquisition, du IIIe Reich), iconoclasmes (sous l’Empire byzantin, lors des guerres de Religion, à la Révolution), destructions méthodiques de villes.

Et Daech ? Le groupe terroriste veut anéantir la mémoire des civilisations passées. Il peut toujours essayer. L’Histoire, comme vous le lirez dans ces pages, démontre que toute ten-tative similaire s’est soldée par un échec. Cuisant. On ne contraint pas l’humanité à s’amputer d’une partie de ce qu’elle est, de son héritage culturel. Cette vérité vit enracinée dans le cœur et dans l’âme des peuples. Elle est la lumière renais-sante. La hantise de l’ombre. La nuit peut envelopper le monde d’un voile noir. L’aube n’est jamais bien loin… L

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SOMMAIRE

LES AUTEURS

6 CINÉMA 8 LES DATES CLÉS

I DAMNATIO MEMORIÆ 12 HATCHEPSOUT, LA REINE

QUI N’A JAMAIS EXISTÉ ?La pharaonne a fait beaucoup parler d’elle, ses descendants ont pourtant effacé ses traces, par Claudine Le Tourneur d’Ison

16 AKHENATON : L’ÉCLIPSE D’UN PHARAONLe « fils d’Aton » opte pour un dieu unique. Une hérésie pour ses successeurs qui renouent avec la tradition, par Aude Gros de Beler

22 DOMITIEN : LA CHUTE DU SEIGNEUR DIEUTout avait bien commencé, mais, au fil des ans, la cruauté de ce prince éclate au grand jour, causant sa perte, par Catherine Salles

I AUTODAFÉS 30 QUI A (VRAIMENT) DÉTRUIT LA

BIBLIOTHÈQUE D’ALEXANDRIE ?Une disparition qui a fait date, plusieurs coupables possibles, mais, au final, un grand mystère, par Mathieu Tillier

34 AVERROÈS, UN PHILOSOPHE EN DISGRÂCEDans l’Andalousie des Almohades, un homme se risque à concilier sa foi et l’amour d’Aristote, par Nicolas Weill-Parot

40 SAVONAROLE : L’AUSTÉRITÉ AU NOM DE DIEUBijoux, vêtements, livres, tout doit être brûlé en place publique, prêche ce moine, à la grande colère du pape, par Serge Legat

44 INQUISITION : TOUT FEU TOUT FLAMMELutter contre les déviances, voilà la mission immense que reçoit cette institution, apparue au XIIIe siècle, par Laurent Vissière

52 LA LISTE DES LIVRES INTERDITSL’imprimerie multiplie les ouvrages… et les lectures « dangereuses », mais l’Église va les pointer du doigt, par Véronique Dumas

54 LE IIIe REICH BRÛLE L’ESPRIT DES LUMIÈRESAvec l’aide des étudiants allemands, le met-teur en scène des spectacles nazis, Goebbels, va se surpasser, par Lionel Richard

BÉATRICE CASEAU est maître de conférences en histoire byzantine à la Sorbonne. Elle a collaboré à de nombreux ouvrages, dont, en 2014, Chrétiens précurseurs, de Marie-Françoise Baslez (Albin Michel).

OLIVIER COQUARD est membre du comité éditorial d’Historia et professeur à Henri-IV. On lui doit, cette année chez Tallandier, Quand le monde a basculé. Nouvelle Histoire de la Révolution française.

VÉRONIQUE DUMAS est journaliste et collabore régulièrement à notre magazine. Elle s’est spécialisée dans l’histoire du patrimoine et de sa conservation.

BRUNO DUMÉZIL est maître de conférences en histoire médiévale à l’université de la Défense. Il a cosigné en 2014, avec Magali Coumert, Les Royaumes barbares en Occident (PUF).

AUDE GROS DE BELER est égyptologue et enseigne à l’université de Nîmes-Vauban. Éditrice à Actes Sud, elle y a publié en 2013 L’Égypte à très petit pas, destiné au jeune public.

SERGE LEGAT est diplômé de l’École du Louvre. Historien d’art et conférencier des Musées nationaux, il est aussi l’auteur, en 2000, de Léonard de Vinci et la Joconde (Vilo éditions).

DENIS LEFEBVRE a fondé et dirige la collection « L’encyclopédie du socialisme ». Son enquête sur Les Secret de l’expédition de Suez est parue en 2010 aux éditions Perrin.

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N° 24 JUILLET-AOÛT 2015

I ICONOCLASMES 62 À BYZANCE, LA VALSE

DES IDOLESAdoration ? Vénération ? Idolâtrie ? Clercs et empereurs se déchirent à propos des repré-sentations divines…, par Béatrice Caseau

68 GUERRES DE RELIGION : LA BATAILLE DE L’IMAGEObjets d’arts et monuments vont être les premières victimes des querelles théologiques qui enflamment le siècle, par Alain Lottin

74 VANDALES ? VOUS AVEZ DIT VANDALES ?Aristocrates et religieux font les frais de la fureur révolutionnaire – qui n’a pas que des mauvais côtés, par Olivier Coquard

80 QUAND LE MOLLAH OMAR CONDAMNE BOUDDHAChefs-d’œuvre d’un art autrefois au carrefour des cultures, ils n’ont pas résisté aux talibans…, par Denis Lefebvre

I PATRIMOINE POUR CIBLE 86 MAIN BASSE SUR

LES SANCTUAIRES ?Dans l’Antiquité tardive, qu’ont fait les catho-liques des temples païens ? La réponse n’est pas si simple, par Bruno Dumézil

90 COMMENT TUER UNE VILLEMises à sac, pillées, dépeuplées ? L’Histoire montre pourtant qu’il est bien difficile de détruire une cité, par Laurent Vissière

96 DAECH : LA THÉORIE DU CHAOSDe Mossoul à Palmyre, des sphinx assyriens aux chapiteaux corinthiens, tout est désormais menacé…, par Olivier Weber

102 L’INVITÉ DU SPÉCIAL : OLIVIER WEBER

CLAUDINE LE TOURNEUR D’ISON est journaliste et écrivain. Passionnée par l’Égypte et l’Asie, elle a signé, en 2013, Temples perdus. Et Henri Mouhot découvrit Angkor (CNRS).

ALAIN LOTTIN est professeur émérite des universités de Lille-III et d’Artois. Auteur fécond, il a coécrit en 2013 Les Casseurs de l’été 1566. L’iconoclasme dans le Nord (Septentrion).

LIONEL RICHARD est professeur émérite de l’université de Picardie, expert du nazisme et de l’Allemagne du XXe siècle. On lui doit, notamment, La Fabrication d’Adolf Hitler (Autrement, 2014).

CATHERINE SALLES est membre du comité éditorial d’Historia. Spécialiste du monde gréco-romain, traductrice de Tacite, elle a publié Les Bas-Fonds de l’Antiquité (Payot, « PBP », 2014).

MATHIEU TILLIER enseigne l’histoire de l’Islam médiéval à la Sorbonne. Il a récemment présenté, traduit et annoté Histoire des cadis égyptiens (Institut français d’archéologie orientale, 2013).

LAURENT VISSIÈRE est membre du comité éditorial d’Historia. Médiéviste et professeur à la Sorbonne, il a signé Tous les deables d’enfer (Droz, 2014), consacré au siège de Rhodes en 1480.

NICOLAS WEILL-PAROT est professeur d’histoire médiévale à l’université de Paris-Est-Créteil. Il est l’auteur des Points aveugles de la nature (Les Belles Lettres, 2013).

OLIVIER WEBER est journaliste, écrivain et ex-diplomate. Spécialiste des conflits, il a signé, entre autres, La Confession de Massoud (Flammarion, 2013) et French Doctors (Robert Laffont, 2014).

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28 HISTORIA SPÉCIALASSASSINS DE LA MÉMOIRE

Purificatrices et destructrices , les flammes sont souvent mises à contribution par les autorités politiques

et religieuses pour éliminer les oppositions et les déviances, qu’il s’agisse de livres… ou d’individus !

AUTODAFÉS

ASSASSINS DE LA MÉMOIRE

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40 ASSASSINS DE LA MÉMOIRE HISTORIA SPÉCIAL

Le 7 février 1497, les Florentins, menés par le prédicateur, précipitent dans un brasier tous les objets de luxe jugés immoraux : livres, cosmétiques, robes… Tout y passe.

Par Serge Legat

Au XVIe siècle, le peintre Giorgio Vasari rapporte que « Savonarole proclamait chaque jour en chaire que les peintures lascives, la musique et les livres parlant

d’amour portaient les âmes au mal ». Le moine dominicain avait effectivement une aversion pour tout ce qui pouvait, selon lui, représenter une corruption spirituelle. Et le falò delle vanità (« bûcher des vanités »), qui a lieu le 7 février 1497 à Florence, piazza della Signoria, est une façon de trouver un remède à ces maux qui minent la société florentine…

TOUT BRÛLER POUR MIEUX SE SAUVEREn ce jour de Mardi gras, les disciples du moine Jérôme Savonarole (1452-1498) collectent, afin de les brûler, les objets censés pousser au péché et détourner l’homme des principes et des règles de la vraie foi. Sont particulièrement visés tous ceux qui touchent à la vanité : robes,

SAVONAROLE : L’AUSTÉRITÉ AU NOM DE DIEU

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41ASSASSINS DE LA MÉMOIREJUILLET-AOÛT 2015

bijoux et parures, perruques, cosmétiques. Sont également voués aux flammes les livres jugés immoraux ou licencieux (entre autres, ceux de Boccace et de Pétrarque), les recueils de chants non religieux, les images impies, impures ou considérées comme telles. Sans oublier les peintures d’inspiration mythologique, où triomphent les nus masculins et féminins, en particulier sur les cassoni, ces coffres de mariage peints – où Vénus, Mars et l’Olympe gréco-romain s’exhibent en images lascives – qui deviennent une proie toute désignée. Savo-narole n’est pas l’inventeur de tels bûchers. Les fidèles de Bernardin de Sienne (1380-1444), franciscain canonisé le 24 mai 1450 par le pape Nicolas V, accompagnaient fréquemment les sermons du grand prêcheur franciscain par de semblables brasiers.

APPELÉ AUPRÈS DES PLUS GRANDSSavonarole est né à Ferrare en 1452 ; il est le troisième fils d’une famille aisée. Élevé par son grand-père, professeur et médecin réputé, il se destine naturellement à la médecine. Il fré-quente l’université de Ferrare, où il obtient un diplôme en arts. Ses lectures le portent aussi bien vers Platon et Aristote que vers saint Tho-mas d’Aquin. À l’âge de 20 ans, Jérôme rédige un poème, De ruina mundi, où il stigmatise déjà l’avilissement de la société contemporaine et l’ascendant qu’exercent la luxure et l’impiété sur l’être humain. En 1475, il publie De ruina ecclesiæ, dans lequel il fustige cette fois la Curie romaine et la condamne de toute la hauteur de son mépris. La même année, il rejoint le cou-vent Saint-Dominique de Bologne, où il prend l’habit en 1476. Il s’établit ensuite à Florence, au couvent Saint-Marc, en 1482, dans les der-nières années du règne de Laurent Ier de Médi-cis, dit Laurent le Magnifique. Il en deviendra le prieur en 1491.

Sa carrière de prédicateur débute avec suc-cès. Ses prêches ordonnent aux fidèles de reve-nir aux stricts principes de l’Évangile et

Le geste et la paroleÀ la fin du XVe s., Florence voit la chute de la maison des Médicis et l’arrivée des troupes françaises dans la péninsule. Autant de bouleversements que le moine tente d’expliquer : la cité a été choisie par Dieu pour la rénovation morale de toute la chrétienté… à condition que ses habitants se plient à la volonté divine, incarnée par le verbe de Savonarole.

Le Sermon de Savonarole, par Nicolaï Lomtiev (1816-1858).

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54 HISTORIA SPÉCIALASSASSINS DE LA MÉMOIRE

Une croix sur la cultureÀ Berlin, les livres confisqués par les SA et les militants sont convoyés et brûlés sur Opernplatz [actuelle Bebelplatz]. Une opération dont la mise en scène a été minutieusement préparée quelques jours plus tôt par l’Union des étudiants allemands, contrôlée par les nazis depuis 1931.

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55JUILLET-AOÛT 2015 ASSASSINS DE LA MÉMOIRE

LE IIIe REICH BRÛLE L’ESPRIT DES LUMIÈRES

Par Lionel Richard

Le 10 mai 1933, les ouvrages de grands intellectuels germanophones, considérés comme nocifs, sont rassemblés dans vingt-deux universités, puis livrés aux flammes. Ces autodafés sont, pour Goebbels, une manière de désintoxiquer le pays.

Dans les 25 points du programme du Parti allemand national-socia-liste des travailleurs (NSDAP), qui voit le jour en février 1920, l’avenir de l’Allemagne est prévu.

Le point 5 rejette l’assimilation des Juifs à des « citoyens allemands », et le point 23 réclame des lois « contre toute tendance artistique ou littéraire exerçant une influence désagréga-trice sur la vie du peuple ». Les velléités pour le concrétiser n’ont pas manqué.

En mars 1930, la fraction nazie au Parlement dépose un projet de loi exigeant que les « falsi-ficateurs et destructeurs » de la « germanité » soient déclarés « traîtres à la culture alle-mande ». Rejet par les députés ! Pour peu de temps. Avec l’accession de Hitler au poste de chancelier, le 30 janvier 1933, la théorie va s’inscrire enfin dans la pratique… Dès février, des cohortes nazies perturbent les concerts de musique moderne, occupent les écoles d’art, pourchassent les acteurs « juifs » dans les théâtres. L’académie prussienne des Arts est

remaniée autoritairement. Des dizaines d’écri-vains – parmi eux, Alfred Döblin, Ricarda Huch, les frères Heinrich et Thomas Mann – en démissionnent pour protester.

LA PROPAGANDE, UNE AFFAIRE D’ÉTAT !L’incendie du Reichstag, dans la nuit du 27 au 28 février 1933, est l’occasion idéale que saisit Hitler pour asseoir l’arbitraire de son pouvoir. Un arrêté « pour la protection du peuple et de l’État » autorise toutes les mesures de coerci-tion. Devant la répression qui les menace, les intellectuels fuient par centaines vers la France, la Tchécoslovaquie ou les Pays-Bas.

L’Allemagne est le seul État qui, à l’époque, se dote d’un ministère pour l’Information du peuple et la Propagande. Le 13 mars 1933, l’ar-rêté le concernant signale qu’existence lui est donnée « pour la reconstruction nationale de la patrie allemande ». Son titulaire, Joseph Goebbels, annonce plus précisément : « Ce ministère a pour tâche de procéder en Alle-magne à une mobilisation intellectuelle. Il est ak

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