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Centre de doctrine et d’enseignement du commandement CDEC/DDO – LETTRE DU RETEX–OPÉRATIONS n° 32 – Mars 2017 1 Par le colonel Laurent GIOT, commandant le CIA 2 –NRBC. Introduction L a convention internationale sur l’interdic- tion de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction ou CIAC a été adoptée à Paris le 3 septembre 1992 et est entrée en vigueur le 29 avril 1997. Elle est aujourd’hui ratifiée par 191 États. Si cette étape importante lève une grande partie du risque d’utilisation des armes chimiques par les États, ceux-ci ne sont plus les seuls acteurs capables de jouer un rôle contre la sécurité collective. Le RETEX NRBC 1 des opérations Des événements chimiques ont été obser- vés au Levant en 2016. Ils sont souvent originaux, nous éloignent encore plus des modèles issus de la guerre froide tout en conservant un fort impact psychologique. Une nouvelle forme de prolifération arti- sanale se dessine pour partie issue de savoir-faire jusque-là réservés aux sphères étatiques et d’une volonté désinhibée d’emploi d’armes non conventionnelles. Les mécanismes existants de lutte contre la prolifération ne permettent pas aujourd’hui de contrôler cette menace « subétatique » de portée toutefois encore limitée. Nos forces déployées au Levant sont désormais confrontées à des armes chi- miques rudimentaires. Le devoir des armées est de prendre en compte ce nouvel environ- nement opérationnel afin de conserver notre liberté d’action en acceptant un niveau de risque maîtrisé. Dans ce contexte inédit de prolifération non conventionnelle, les armées doivent parfaire leur organisa- tion et leur entraînement pour y faire face. LE SENS DE CETTE HISTOIRE Les Lettres du Retex – Opérations sont des notes exploratoires destinées à l’information des forces. Elles n’engagent que leurs auteurs. AVERTISSEMENT Lettre du RETEX–OPÉRATIONS n° 32 1 NRBC : Nucléaire Radiologique Bactériologique Chimique. 2 CIA : Centre Interarmées.

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Centre de doctrine et d’enseignement du commandement

CDEC/DDO – LETTRE DU RETEX–OPÉRATIONS n° 32 – Mars 2017 1

Par le colonel Laurent GIOT, commandantle CIA2–NRBC.

Introduction

L a convention internationale sur l’interdic-tion de la mise au point, de la fabrication,du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction ou

CIAC a été adoptée à Paris le 3 septembre1992 et est entrée en vigueur le 29 avril 1997.Elle est aujourd’hui ratifiée par 191 États. Sicette étape importante lève une grande partiedu risque d’utilisation des armes chimiques parles États, ceux-ci ne sont plus les seuls acteurscapables de jouer un rôle contre la sécurité collective.

Le RETEX NRBC1 des opérations

Des événements chimiques ont été obser-vés au Levant en 2016. Ils sont souvent originaux, nous éloignent encore plus desmodèles issus de la guerre froide tout enconservant un fort impact psychologique.Une nouvelle forme de prolifération arti -sanale se dessine pour partie issue desavoir-faire jusque-là réservés aux sphèresétatiques et d’une volonté désinhibée d’emploi d’armes non conventionnelles. Lesmécanismes existants de lutte contre laprolifération ne permettent pas aujourd’huide contrôler cette menace « subétatique »de portée toutefois encore limitée.

Nos forces déployées au Levant sont désormais confrontées à des armes chi-miques rudimentaires. Le devoir des arméesest de prendre en compte ce nouvel environ-nement opérationnel afin de conservernotre liberté d’action en acceptant unniveau de risque maîtrisé. Dans ce contexteinédit de prolifération non conventionnelle,les armées doivent parfaire leur organisa-tion et leur entraînement pour y faire face.

LE SENS DE CETTE HISTOIRE

Les Lettres du Retex – Opérations sont des notes exploratoires destinées à l’information des forces. Elles n’engagentque leurs auteurs.

AVERTISSEMENT

Lettre du RETEX–OPÉRATIONS n° 32

1 NRBC : Nucléaire Radiologique Bactériologique Chimique.2 CIA : Centre Interarmées.

2 CDEC/DDO – LETTRE DU RETEX–OPÉRATIONS n° 32 – Mars 2017

1/ Le renouveau d’une menace élargie

Un risque qui n’est pas seulement unrisque étatique

Alors que l’usage des gaz de combat est large-ment rattaché dans la mémoire collective à laPremière Guerre mondiale, l’Histoire récentemontre qu’une organisation non étatique est enmesure de les utiliser. Ainsi en 1995 la sectejaponaise Aum a dispersé quelques centilitresd’un liquide inodore et incolore, le sarin dans lemétro de Tokyo, tuant 12 personnes et faisantplus de 5 500 contaminés ou blessés dans la panique qui s’en est ensuivie, désorganisantles services de secours et inquiétant toutes les nations du monde qui se sont interrogéessur leur capacité de gestion d’un événement de nature NRBC. Pourtant, le sarin qui a étéemployé est considéré par les spécialistes dudomaine comme un neurotoxique d’anciennegénération ; le VX par exemple, est jugé environdix fois plus mortel…

Un emploi qui se généralise

Le théâtre levantin avait déjà vu l’utilisation desarmes chimiques par un gouvernement contreune population civile à Halabja en Irak, lorsqu’enmars 1988 les Peshmergas kurdes s’étaientemparés de la ville. Le gouvernement central irakien avait mené une attaque chimique parépandage causant entre 3 000 et 5 000 morts.

16 mars 1988, victimes du massacre d’Halabja.

On assiste aujourd’hui à une généralisation de l’emploi des armes chimiques dans le conflit auLevant, en particulier en Syrie. Il est aujourd’huide notoriété publique que du chlore, voire de l’ypérite sont employés régulièrement dansle conflit syrien par le régime syrien commepar des groupes rebelles, principalement aumoyen de tirs d’artillerie. La récente missiond’enquête conjointe de l’ONU (JIM) en Syrie aofficiellement imputé des attaques au chloreaux unités de l’armée syrienne, et à l’ypérite(tristement connu sous l’appellation de « gazmoutarde » pendant la Première Guerre mon-diale) à l’EI.

La dissémination probable des connaissancestechniques et de savoir-faire opérationnelsrésultant en particulier de la présence de mil-liers de volontaires étrangers au sein de Daechsusceptibles de rentrer dans leur pays d’origineavec l’intention de commettre un attentatconstitue une menace crédible. Le rapport auparlement de 2016 sur les conditions d’emploides armées lorsqu’elles interviennent sur leterritoire national pour protéger la populationindique que « Daech dispose par ailleurs de lacapacité à produire de manière autonome destoxiques chimiques. L’introduction sur le terri-toire national de ce type d’agents paraît peuprobable à ce stade compte tenu des risquesinhérents à leur transport (conditionnementparticulier pouvant attirer l’attention, ou êtrel’objet d’une rupture de confinement acciden-telle). Mais la réalisation de projets de ce genrene peut être exclue, compte tenu des objectifs,de l’idéologie et des capacités de l’organisa-tion ».

Le RETEX en OPEX nous indique ainsi que lamenace NRBC a fortement évolué pour serapprocher de celle identifiée sur le territoirenational. Sans enterrer définitivement la menaceétatique d’épandages massifs de produitschimiques de guerre entraînant une contami -nation elle aussi massive, on observe actuelle-ment un emploi de portée plus réduite, aux effets limités. Mais cette notion est relative carla portée psychologique sur les combattants et la portée médiatique sont au moins aussiimportantes.

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L'Organisation pour l'Interdiction des Armes Chimiques (OIAC), organisme chargé de faireappliquer toutes les dispositions de la Conven-tion sur l'interdiction des armes chimiques voitchaque jour son objectif d'élimination complètedes armes chimiques dans le monde s’éloignerdavantage. Mais surtout, et c’est une évolutionmajeure, l’arme de destruction massive queconstitue une arme chimique, est aujourd’huiemployée quotidiennement comme une « vul-gaire » arme conventionnelle.

Un risque diversifié

Une autre évolution touche cette fois le domainebiologique, illustrée par l’engagement desarmées dans le cadre de l’opération Tamarin delutte contre le virus Ebola.

Le 2e régiment de Dragons (2e RD), uniquerégiment en France spécialisé dans la défenseNRBC, a travaillé aux côtés du service de santédes armées (SSA) au sein du Centre de Traite-ment des Soignants en Guinée Conakry. L’as-pect purement médical des soins effectuéspar le SSA a dû être complété et soutenu parune unité hors domaine SSA.

Et l’ensemble du personnel, qu’il appartienneou non au SSA, a dû appliquer des procédures,se soumettre à des règles afin d’éviter lui-même d’être contaminé. Cette opération a misen évidence la similitude de gestion entre unévénement biologique « naturel » comme uneépidémie, et un événement biologique « provo-qué » lors d’une attaque.

Quant à la composante radiologique et nucléaire du domaine NRBC, les dispositifs diffusant despoussières radioactives communément appelés « bombes sales » ne datent pas d’aujourd’hui ;outre les inquiétudes actuelles concernant laprolifération nucléaire à des fins militaires quifont l’objet de nombreux articles dans la presseinternationale, les accidents nucléaires sur les centrales de Tchernobyl et Fukushima ontdémontré, s’il en était besoin, que les arméessont immédiatement sollicitées et qu’une partienon négligeable de la gestion de ces événementsleur est rapidement confiée.

Un risque permanent

Le risque existe, affectant à l’évidence les mili-taires dans leurs engagements opérationnels,mais aussi les populations dans leur ensemble.Ce point est mis en exergue dans la nouvelledoctrine Bio qui vient d’être finalisée et sera diffusée prochainement sous l’acronyme de PIA-3.8.1 Défense biologique des armées.

2/ Une réelle prise encompte de ce risque par les spécialistes

Les unités spécialisées exploitent leurRETEX

Le RETEX NRBC des opérations est malheu-reusement généralement classifié et donc trèspeu diffusé. C’est évidemment en particulier lecas des opérations conjointes du 2e RD avec lesForces Spéciales.

La contribution à la protection des populations ycompris sur le territoire national en appui desmoyens civils constitue l’une des principales mis-sions du domaine de la défense NRBC, en dépitde ses moyens limités. Faisant écho à une pré -occupation réelle des autorités, cet engagement

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Chaîne de décontamination.

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du domaine fait déjà l’objet d’attentions particu-lières. Ainsi, la défense NRBC spécialisée assureune alerte permanente pour armer des cellulesd’aide à la gestion de crise (CAGEC NRBC) des-tinées à renforcer les états-majors interarméesde zone de défense et de sécurité (EMIAZDS).Par ailleurs, les unités spécialisées participentaux entraînements interministériels organiséspar chaque zone de défense sous l’égide du centre national civil et militaire de formation etd’entraînement NRBC (CNCMFE NRBC).

Le cas particulier du désengagementd’un théâtre

Par ailleurs, lors du désengagement de moyensd’un théâtre qu’il soit total ou partiel, et afind’éviter le risque de transfert d’agents biolo-giques naturels vers la métropole, le SSA éla-bore le plan de maîtrise sanitaire en opération(PMSO) qui est mis en œuvre par le personneldu 2e RD selon les procédures fixées par le SSA.L’application du PMSO constitue également unaspect du RETEX Bio qui doit figurer au compterendu de fin de mission.

3/ Des progrès restant à faire : « le NRBC c’est l’affaire de tous » !

Ce slogan a marqué des générations de mili-taires des unités toutes armes (TTA) formés àl’époque de la Guerre Froide, alors que la doc-trine soviétique prévoyait l’usage des armes chi-miques sur une large échelle. Pour de multiplesraisons les unités TTA sont aujourd’hui bienmoins préparées qu’elles ne l’étaient hier à lagestion d’un tel risque.

Pour une prise en compte accrue duRETEX NRBC

Le RETEX ne concerne pas que la DéfenseNRBC spécialisée. Il doit être systématisé etfaire l’objet d’un chapitre dans tout compte-

rendu de fin d’opération. Même une absence demenace est une information en soi. Le recense-ment des capteurs, humains à travers lesobservations, ou matériels, employés ou non,est une information. Le recensement desmoyens de protection NRBC présents sur lethéâtre, leur disponibilité, leur gestion sont desinformations. Les formations, les qualificationsdu personnel armant la chaîne NRBC, les actua-lisations réalisées ou non, la préparation opéra-tionnelle adaptée avant la projection grâce àl’information recueillie sur la situation NRBC du théâtre sont des informations égalementintéressantes. Le maintien ou non des compé-tences et savoir-faire NRBC sur le théâtre estaussi un paramètre à identifier.

Toutes les unités sont concernées

L’un des points de RETEX NRBC TTA négatif leplus fréquent concerne les équipements deprotection : outre des difficultés de gestionrécurrentes, ils sont jugés moins prioritairesque d’autres équipements et de ce fait, mêmeles masques ne bénéficient pas systématique-ment d’un transport par voie aérienne et sontalors acheminés par bateau, pouvant ainsi arriver plusieurs semaines après le personnelqu’ils peuvent protéger et repartant bien avanteux. Cette absence de masques sur un théâtrepourrait paraître anodine. Mais conjuguée à lamission consistant à assurer la défense de

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Décontamination individuelle.

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l’Institut Pasteur à Bangui en République Cen-trafricaine, où un groupe de combat fut engagéen permanence, elle illustre la dangerosité dece choix consistant à priver des soldats de leurunique moyen de protection possible et à l’effi-cacité éprouvée. Cet exemple n’est pas uniqueet les cas de combats, voire de cantonnementsà proximité ou à l’intérieur de sites industrielsde toutes catégories mais présentant toujoursun danger potentiel chimique, radiologique oubiologique sont réguliers.

Il est parfois bon de se souvenir que même le niveau de protection 0, le plus bas existant au sein de l’OTAN, prévoit la présence desmasques à proximité des combattants à défautd’être sur leur tenue ou dans leur sac à dos.

En opération extérieure mais aussi surle territoire national

Depuis le déclenchement de l’opération Senti-nelle, les primo-intervenants sur un événementNRBC dans une grande agglomération, c’estpotentiellement toute unité de l’armée deTerre. Cette assertion va à l’encontre de toutce que l’on enseigne en interministériel où lesprimo-intervenants sont les pompiers et lesforces de sécurité intérieures (FSI) ; l’appel auxarmées n’arrivant que plus tard, en dernierrecours, lorsque la « règle des 4 i »3 s’applique.Avec Sentinelle, la configuration est différenteet les soldats de l’armée de Terre peuvent seretrouver primo-arrivants sur le lieu d’un atten-tat ayant une dimension NRBC. En outre, dansun tel cas, ils feraient partie des rares interve-nants disposant rapidement au minimum d’unmasque, voire d’une tenue de protection NRBCcomplète et seraient parmi les encore plusrares intervenants formés et entraînés à leurport et au travail en ambiance NRBC.

L’action possible des armées dans ce domainefait l’objet d’une publication interarmées inti -tulée « doctrine d’emploi de la défense NRBCsur le territoire national » qui sera diffusée ence début d’année 2017.

On peut noter d’ailleurs que certains de nos voisins européens ont fait le choix d’affichercette capacité de leurs soldats engagés sur desopérations intérieures similaires à Sentinelle, enles équipant de masques qu’ils portent en per-manence à la ceinture lors de leurs patrouilles.

Vers une nouvelle doctrine de défenseNRBC ?

De ce fait, la réaction de nos forces va être différente : outre la volonté de poursuivre le combat en ambiance NRBC suite à une conta-mination massive, la tendance sera très proba-blement de s’orienter vers une nouvelle capacitéd’évacuation des quelques soldats potentielle-ment contaminés. D’une doctrine visant unique-ment à poursuivre la mission en ambianceNRBC, on passerait à un traitement du person-nel contaminé similaire à la gestion d’une explo-sion ayant fait quelques blessés. Le personnelpotentiellement contaminé pourrait être pris en charge et « traité », donc décontaminé « auplus près » par la défense NRBC spécialisée. Il existerait alors une grande similitude entre la doctrine NRBC et la doctrine du SSA.

Le RETEX NRBC des opérations

3 « Règle des 4 i » : En situation courante, les armées sont principalementengagées à terre sur le territoire national en complémentdes forces de sécurité intérieure et des moyens des autres ministères par voie de réquisition ou demande deconcours, dès lors que ces moyens s’avèrent inexistants,insuffisants, inadaptés ou indisponibles.

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Appareil de protection ANP-VP.

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Si cette évolution de doctrine, issue du RETEXdes opérations en cours est validée, les consé-quences sur tous les aspects DORESE (doctrine,organisation ressources humaines, équipement,soutien, entraînement) seront considérables :des modules de la défense NRBC plus légers,très facilement projetables, avec des équi -pements particulièrement allégés eux aussidevront être créés, formés, entraînés en liaisonavec les unités TTA.

Conclusion

La principale recommandation qui pourraitêtre faite à travers cet article sur le RETEXNRBC des opérations, serait de conseiller àchaque décideur à son niveau, de faire appelet d’écouter les conseils avisés du personnelqualifié NRBC présent à chaque échelon, del’unité élémentaire avec son adjudant d’unité,à l’officier de défense NRBC d’état-major deBrigade et de Division, pourvu qu’il soit formé.Les moyens permettant une préparation opé-

rationnelle de qualité intégrant la partie NRBCciblée sur les besoins particuliers des unitésconcernées existent. Le 2 e RD vient par exemple de créer et mettre à disposition desforces un détachement d’appui à l’entraînement (DAE NRBC) ; et les formations proposées par le Centre Interarmées de défense NRBC ont évolué pour répondre aux nouvelles menaces et aux nouveaux besoins des forces.

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Directeur de la publication : Général de Division Antoine WINDECK - CDEC - 1, place Joffre - Case 53 - 75700 PARIS SP 07 ☎ secrétariat 01 44 42 51 02 - Fax secrétariat 01 44 42 81 29 • Rédacteur en chef : Colonel Benoît de la RUELLE, chef du bureau Retour d’expérience ☎ 01 44 42 40 28 • Éditeur rédactionnel : Capitaine Soraya AOUATI • Maquette : MadameSonia RIVIÈRE/CDEC/DAD/PUB • Impression - Routage : EDIACA - 76, rue de la Talaudièrer - CS 80508 - 42007 SAINT-ÉTIENNEcedex 1 ☎ 04 77 95 33 21 ou 04 77 95 33 25 • Tirage : 2 010 exemplaires • Diffusion : CDEC/DAD/PUB ☎ 01 44 42 43 18 •Dépôt légal : Mars 2017 - ISSN de la collection « Lettre du RETEX » 2490-7162 • La version électronique de ce document est enligne sur les sites Intradef du CDEC à l’adresse http://portail-cdec.intradef.gouv.fr • Tous droits de reproduction réservés. Lareproduction du document est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction.

Décontamination d’un véhicule par moyen spécialisé.

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Le RETEX NRBC des opérations

VAB de reconnaissance NRBC.

VAB de reconnaissance NRBC.

Binôme du 2e RD en reconnaissance chimique. Le VAB reco NRBC effectue une identification de terrain des agents chimiques.

Décontamination individuelle.

CDEC/PEP – LETTRE DU RETEX n° 30 – Septembre 2016 1

LE SENS DE CETTE HISTOIRE

Les Lettres du Retex sont des notes

exploratoires destinées à l’information des

forces. Elles n’engagent que leurs auteurs.

AVERTISSEMENT

CENTRE DE DOCTRINE D’EMPLOI DES FORCES

Lettre du RETEX–RECHERCHE n° 31Lettre du RETEX n° 30

Par M. Alexis LANDREAU, apprenti,

Cellule Études/Pôle Études & Prospective

et CBA Foulques d'ABOVILLE,

CDEC/RETEX

Les opérations successives de 2014 et 2015 en Crimée et dans la région du Donbass ont permis au

Kremlin de mettre en application les réformes militaires entreprises depuis la crise géorgienne de

2008 et de constater leur efficacité. Par celles-ci, Moscou a ainsi pu réaffirmer, à la fois, sa puissance

politique, en remettant en cause une frontière internationale garantie par l’Organisation pour la Sécurité

et la Coopération en Europe (OSCE), et sa puissance militaire, en mettant en œuvre un conflit de faible

intensité, passant sous les radars de l’OTAN. La Fédération de Russie est donc en pleine création et mise

en application d’une nouvelle doctrine : (la guerre non-linéaire), autrement appelée

par les anglo-saxons la New Generation Warfare russe.

LA NEW GENERATION WARFARE RUSSE À L’ÉPREUVE

DE LA GUERRE EN UKRAINE

L’annexion de la Crimée par la Fédération

de Russie et les velléités indépendantistes

des régions de Luhansk et de Donetsk

furent la véritable surprise politico-militaire de

l’année 2014. Le 26 mars 2014, quelques

jours après l’épisode criméen, Barack Obama

partageait en pleine conférence de presse

son point de vue selon lequel la Russie était

une puissance régionale en perte d’influence.

Pourtant, force est de constater que depuis le

26 février 2014 et la mise en alerte des troupes

russes le long de la frontière ukrainienne,

Moscou a définitivement confirmé son retour

au sein du grand jeu géopolitique international.

Au-delà de la rapidité de l’annexion de la Crimée,

le conflit en Ukraine a marqué les Occidentaux

par son aspect symbolique de retour de la guerre

en Europe, mais également par les nouvelles

stratégies et modes d’actions employés par les

Russes et les séparatistes pour parvenir à leurs

fins. En effet, alors que la communauté militaire

et scientifique était en plein développement du

principe de « guerre hybride », le conflit ukrainien

s’est imposé comme une incarnation de cette

théorie du moment.

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CDEC/PEP – LETTRE DU RETEX n° 30 – Septembre 2016

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Centre de doctrine et d’enseignement du commandement

CDEC/DDO – LETTRE DU RETEX–TÉMOIGNAGES n° 31 – Février 2017 1

Par le capitaine Paul-Marie, commandantd’unité au 19e Régiment du Génie.

D’ après le Larousse, une sentinelle estl’équivalent d’un factionnaire ; ce sub-stantif est dérivé de l’italien « sentire »,qui signifie « entendre ». L’opération dumême nom a été déclenchée le 12 janvier 2015.Inédit par son ampleur, ce déploiement constituela réponse la plus visible du ministère de laDéfense à la menace terroriste. Beaucoup d’ana-lyses ont porté sur l’opportunité de cet engage-ment, sur son efficacité ou sur ses conséquences,en particulier pour l’armée de Terre, premièrecontributrice. Il restait peut-être à considérer deplus près, au niveau de la compagnie, cellule debase de cette opération, comment celle-ci estappréhendée, alors que les modes d’action, via la« dynamisation » du dispositif, ont récemment évo-lué. En effet, s’il est indéniable que les contraintesrestent très fortes, on peut se demander si cettenouvelle façon de mettre en œuvre la mission aréellement introduit un changement pour lestroupes engagées : est-ce que le soldat déployé«�entend » mieux ?

Dynamisation de SentinelleLa mission d’un capitaine

La dynamisation de la mission Sentinelle,voulue par l’armée de Terre est devenueune réalité depuis août 2016. Les soldatsde l’armée de Terre sont plus visibles,mieux à même de contrer les menaces etconnaissent mieux l’environnement danslequel ils agissent. Mais Sentinelle com-porte aussi des aspects plus contraignantsque l’armée de Terre doit prendre encompte pour rester une armée d’excel-lence dans la durée et demeurer l’élémentde dernier recours capable de protéger lesFrançais.

Donner la parole à un capitaine engagédans l’opération Sentinelle est une occa-sion toujours utile de bénéficier d’uneremontée du terrain. À travers ce témoi-gnage, le lecteur comprendra qu’il y a bienune appropriation par l’armée de Terre dela mission, condition indispensable à sa réa-lisation.

LE SENS DE CETTE HISTOIRE

Les Lettres du Retex – Témoignages sont des notes exploratoires destinées à l’information des forces. Elles n’engagentque leurs auteurs.

AVERTISSEMENT

Lettre du RETEX–TÉMOIGNAGES n° 31

CENTRE DE DOCTRINE D’EMPLOI DES FORCESPar les forces, Pour les forces

CDEF/DREX – LETTRE DU RETEX–RECHERCHE n° 28 – Février 2016 1

Par le Colonel (R) Donatien LEBASTARD

et le Lieutenant-colonel Aleksandar

STEFANOVIC, section traduction du CDEF.

Introduction : la problématique de la trad

uction

Eu égard au caractère très souvent multinational des interventions militaires, des modules de nationalités

différentes sont régulièrement appelés à travailler ensemble. La notion de « fonction opérationnelle »

apparaît par conséquent comme un élément essentiel et structurant de l’organisation commune.

Toutefois, dès la première lecture, ces fonctions ne semblent pas être définies de la même manière en

France et aux États-Unis (EU)1.

Fonctions opérationnelles franç

aises

et warfighting functions américaines

Le point de vue du traducteur f

rançais/anglais

Les Lettres du Retex–Recherc

he sont des

notes exploratoires destinées

à l’informa-

tion des forces. Elles n’engage

nt que leurs

auteurs.

AVERTISSEMENT

Lettre du RETEX–RECHERCHE

n° 28

1 Signalons dès à présent, chose importante, que la présente étude prend en compte en priorité le corpus terminologique américain,

à l’heure actuelle le plus développé ; le choix s’explique en outre par le fait que les traductions des publications du CDEF sont

systématiquement effectuées vers le standard américain.

Considérant l’objectif d'interopérabilité opérationnelle et tactique entre les armées de terre française

et américaine, la bonne compréhension et, par voie de conséquence, la traduction appropriée des

concepts tactiques de chaque pays revêtent une importance particulière. Dans ce cadre, une étude

comparative des fonctions opérationnelles s'imposait et a fait l'objet du présent article.

Il apparaît ainsi que les 6 warfighting functions (WFF ) américaines concernent à la fois le niveau inter-

armées et terrestre, contrairement à l’approche française qui considère 4 fonctions interarmées et

8 fonctions opérationnelles terrestres. Il ne peut donc y avoir bijection parfaite entre les 2 systèmes.

L’analyse des tâches incluses dans les WFF classiques (mission command, intelligence, movement

and maneuver, fires, protection, sustainment ) permet toutefois de leur associer au moins une (parfois

plus) des 24 composantes des fonctions opérationnelles terrestres françaises. Il en est de même

pour l’engagement (WFF émergente).

Réciproquement, l’analyse des composantes des fonctions opérationnelles terrestres françaises

[commandement, appui au commandement, renseignement, contact, appui (au combat), APEO, appui

à l’engagement, logistique] permet de leur associer certaines des tâches des WFF.

Des traductions sont ainsi proposées en s’appuyant sur la documentation disponible lors de la rédac-

tion ; il conviendra cependant de les adapter en cas d’évolution des concepts.

LE SENS DE CETTE HISTOIRE

CENTRE DE DOCTRINE D’EMPLOI DES FORCES

Par les forces, Pour les forces

CDEF/DREX – LETTRE DU RETEX–RECHERCHE n° 29 – Mai 2016 1

Par M. Quentin LENORMAND, étudiantstagiaire au bureau Recherche du CDEF.

Introduction

L a guerre du Kippour, en 1973, marque lafin d’une époque puisqu’il s’agit pour Tsahal(acronyme hébreux de l’armée de défensed’Israël ) du dernier conflit qui l’oppose àune force conventionnelle. Durant les années1980, et surtout 1990, alors qu’Israël conclut destraités de paix avec l’Égypte puis avec la Jordanie,la contestation arabe se cristallise peu à peu ausein d’organisations terroristes, militaires et nonétatiques (création du Hezbollah en 1982 et duHamas en 1987) qui font un usage grandissantdes techniques de guérilla, dans le cadre deconflits de basse intensité. Lors de la premièreguerre du Liban, en 1982, Israël se trouve doncconfronté à cette forme de conflit dont la nou-veauté oblige son armée à revoir ses principesd’emploi1. Ainsi à mesure que l’isolement diploma-tique d’Israël se réduit à la suite de la signature detraités de paix avec les États qui l’environnent,simultanément la menace terroriste croît.

Naplouse (2002) et Sud Liban (2006),le combat en zone urbaineSuccès et échecs israéliens

Si la guerre en milieu urbain n’est pas unespécificité contemporaine, elle représentetoujours un défi tactique pour les militaires.Depuis les années 1980, Tsahal est confron-tée de manière croissante à des groupes ter-roristes dans des conflits de basse intensitése déroulant généralement en milieu urbain.Ce nouvel impératif l’a obligée à repenser sesmodes opératoires. Afin d’anticiper l’évolu-tion tactique de la résistance palestinienne,de nouvelles techniques militaires, inspiréesde courants intellectuels très différents (telque le post-structuralisme), sont apparues. Ce renouveau intellectuel autour de ce cadred’emploi a permis à l’armée israélienne dedévelopper des tactiques de combat nova-trices et de profiter d’une réelle supérioritémilitaire sur les organisations palesti-niennes.

Mais l’efficacité des techniques militairesreste étroitement liée à leur contexte et à lasurprise tactique, surtout dans le cas decombats de type guérilla où les ennemisapprennent l’un de l’autre très rapidement.

LE SENS DE CETTE HISTOIRE

Les Lettres du Retex–Recherche sontdes notes exploratoires destinées à l’in-formation des forces. Elles n’engagentque leurs auteurs.

AVERTISSEMENT

Lettre du RETEX–RECHERCHE n° 29

1 Sarah Nahoum, « La doctrine d’emploi de Tsahal : entre rupture et continuité », Cahier de la Recherche Doctrinale,Paris, CDEF, 2012, p. 31.

Versions électroniques des documents disponibles sur le site du CDEC http://portail-cdec.intradef.gouv.fr

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