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#73 LE JOURNAL DU SYNDICAT NATIONAL DES PRATICIENS HOSPITALIERS ANESTHÉSISTES-RÉANIMATEURS ÉLARGI Le site du snphar-e : http://www.snphare.com novembre 2015 le point sUr la gouvernance hospita lière : la gouvernance hospita lière : comment, par qui et pourquoi ? comment, par qui et pourquoi ? assemblée générale dU snpHar-e : 15 janvier 2016 appel à candidatUre poUr le renoUvellement des administrateUrs INTERVIEW Un avenir plUs serein est-il envisageable poUr le modèle d’Urgence à la française ?

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LE JOURNAL DU SYNDICAT NATIONAL DES PRATICIENS HOSPITALIERS ANESTHÉSISTES-RÉANIMATEURS ÉLARGI

Le site du snphar-e : http://www.snphare.com

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le point sUr la gouvernance hospitalière :la gouvernance hospitalière :comment, par qui et pourquoi ? comment, par qui et pourquoi ?

assemblée générale dU snpHar-e : 15 janvier 2016 appel à candidatUre poUr le renoUvellement des administrateUrs

INTERVIEWUn avenir plUs serein est-il envisageable poUr le modèle d’Urgence à la française ?

http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n° 66 - Novembre 2013

CON

SEIL

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DM

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TRATIO

NDr Yves REBUFAT - PrésidentCHU de Nantes - Hôpital Laënnec - [email protected]

Dr Nathalie CROS-TERRAUX - Vice- PrésidenteHôpital Général - [email protected]

Dr Veronique AGAESSE - Secrétaire généraleCHU [email protected]

Dr Patrick DASSIER - TrésorierHopital européen Georges Pompidou - [email protected]

Dr Claude WETZEL - Vice- TrésorierPraticien Honoraire CHU de [email protected]

Dr Raphael BRIOT - Secrétaire Général AdjointCHU - SAMU 38 - [email protected]

Dr Max Andre DOPPIA - Secrétaire Général AdjointCHU Côte de Nacre [email protected]

Dr Jullien CROZON - AdministrateurGroupement Hospitalier Edouard Herriot - [email protected]

Michel DRU - AdministrateurCentre Hospitalier H. Mondor - SAMU 94- Cré[email protected]

Dr Jean Luc GAILLARD-REGNAULT - AdministrateurHôpital Jean Verdier - [email protected]

Dr Jean GARRIC - AdministrateurHôpital Central - [email protected]

Dr Louise GOUYET - AdministratriceGroupe Hospitalier Pellegrin - [email protected]

Dr Pascal MENESTRET - AdministrateurHôpital de Ponchaillou - [email protected]

Dr Renaud PÉQUIGNOT - AdministrateurHôpitaux de Saint-Maurice - Gé[email protected]

Dr Didier REA - AdministrateurHôpital de la Source - Orlé[email protected]

Dr Nicole SMOLSKI - AdministratriceHopital de la croix rousse - [email protected]

Dr Richard TORRIELLI - Membre du [email protected]

Commission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation)Site web www.snphar.com

DPCMédecins en formation

Commission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)FMC-DPC - Veille Syndicale

ContentieuxRetraites

`Affaires Européennes

Retraites - UrgencesReprésentation des médecins non-anesthésistesRelation avec les Universitaires

Commission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation - Groupe Communication -Observatoire - Souffrance au Travail -CF

Commission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation) Région parisienne - Urgences

Relations avec le Conseil de l’Ordre des MédecinsRelations avec les déléguésRestructurations hospitalières

Textes officiels - RetraitesAdministrateur CNG FAQ - Conseil supérieur des hôpitaux

Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation)PH temps partielQualité et organisation du bloc

Groupe Communication - Comité Rédaction PHARObservatoire Souffrance au TravailVeille Syndicale - Comité vie professionnelle de la SFAR - CFAR

Groupe Communication - Comité Rédaction PHARObservatoire Souffrance au TravailVeille Syndicale

Commission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation)Groupe Communication - FEMS

Présidente de l'intersyndicale Avenir HospitalierCommission Statutaire Nationale (anesthésie-réanimation)Conseil de Discipline (anesthésie-réanimation)

Chargé de mission - Rédacteur en chef de PHAR-E Groupe Communication - IADE - Gouvernance

Ligne Directe : 02 40 16 51 47Portable : 06 86 87 62 76

Ligne Directe : 02 40 16 51 47Portable : 06 81 58 27 95

Standard : 03 22 82 40 00 Portable : 06 33 63 20 62

Ligne Directe : 01 56 09 23 16Fax : 01 56 09 22 20

Portable : 06 03 69 16 63

Ligne Directe : 03 88 56 09 85Fax : 03 88 56 09 85

Ligne Directe : 04 76 63 42 86Portable :06 81 92 31 42

Standard : 02 31 06 31 06 Fax : 02 31 06 53 81

Portable : 06 83 37 62 64

Standard : 04 72 11 09 85 Service : 04 72 11 02 11

Ligne Directe : 01 48 02 66 93Portable : 06 71 14 74 72

Ligne Directe : 03 83 85 20 08Fax : 03 83 85 26 15

Portable : 06 07 11 50 13

Standard : 05 56 79 56 79Fax : 05 56 79 55 93

Portable : 06 11 94 77 20

Portable : 06 31 18 57 61

Ligne Directe : 02 99 28 90 74Portable : 06 62 81 87

Portable : 06 62 81 87 51

Ligne Directe : 02 38 22 96 08Fax : 02 38 51 49 50

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Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n°73 - Novembre 2015

Président du comité de rédaction : Le président du SNPHAR-ERédacteur en chef : R. TorrielliComité de rédaction : V. Agaesse - R. Briot - N. Cros-Terraux -M. A. Doppia, - L. Heyer - R. Péquignot - Y. Rébufat - N. Smolski Éditeur : Ektopic58 rue Corvisart • 75013 Paris • 01 45 87 77 00Rédaction : S. SargentiniDirecteur de publication : C. MuraPublicité : K. Tabtab - [email protected] : Imprimerie ImprimaturCrédits photos : Phanie

ISSN : 1285-7254

SOMMAIRE

L’HÔPITAL EN CRISEDire que l’hôpital public est « en tension » en certains lieux ou danscertaines spécialités est un doux euphémisme utilisé par les pouvoirspublics pour édulcorer l’état dans lequel se trouve cette institutionà laquelle les français sont très majoritairement attachés. C’est enfait d’une véritable crise, globale et majeure qu’il s’agit.

La fermeture de services d'urgence cet été et de blocs opératoiresau printemps on fait la une de la Presse. Ces fermetures ne sont quela partie émergée de l'iceberg. À y regarder de plus près, on décou-vre que de nombreux services et plateaux techniques ont dû fermerpartiellement pendant l’été faute de pouvoir trouver des médecinspour les faire fonctionner. C’est ce qui nous a motivés pour réalisernotre enquête sur « les fermetures de l’été » dont les résultats com-plets et définitifs seront bientôt disponibles. Nous pouvons aujour-d’hui commencer en soulevant le voile (cf encadré page 5).

La médecine hospitalière française traverse une crise démogra-phique sans précédent. Celle-ci était d’ailleurs très largement pré-visible. D’une part, des mesures malthusiennes ont été prises dansles années 90 par les gouvernements successifs de l'époque, sui-vant l’hypothèse que la diminution du nombre de médecins entrai-nerait une diminution des prescriptions et des actes, et par voie deconséquences, une réduction des dépenses de santé. D’autre part,la pyramide des âges indiquait clairement un départ massif à laretraite des papy-boomer.

La crise hospitalière a été très largement aggravée ces dernièresannées par l’absence de mesures significatives qui auraient purendre les carrières hospitalières attractives pour les plus jeunes, etéviter le départ de collègues de tous âges vers des établissement pri-vés qui offrent pour le moins des revenus plus élevés, quand ce n’estpas des conditions de travail plus satisfaisantes. Ce n’est pas fautede propositions concrètes formulées par le SNPHAR-E lors desdifférentes concertations avec les pouvoirs publics, notamment lorsdes travaux de la commission Le Menn. Mais l’absence de réactivitédu gouvernement confine à la stratégie de l’enlisement pour gagnerdu temps. Cette stratégie n’est-elle pas mortifère pour l’avenir de noshôpitaux ?

Nous sommes donc aujourd'hui dans une crise majeure. Les condi-tions de travail à l'hôpital public se sont furieusement dégradéesdepuis une bonne dizaine d'années. De moins en moins de person-nel est disponible pour faire fonctionner les organisations com-plexes de soins et faire en sorte que les médecins évoluent au seind’un environnement de travail propice à un exercice médical serein,de qualité et de sécurité pour les patients.Les médecins eux-mêmes font aussi les frais de cette politique derestriction puisque leurs salaires sont figés depuis de nombreusesannées tout comme les différentes indemnités perçues pour la per-manence des soins, l’exercice public exclusif et les responsabilitésdiverses. Le chiffre d'une baisse du pouvoir d'achat de 25 à 30 %

ÉDITO

éAnAlyse - TémoignAges

Des médecins venus d’ailleurs prêts à intégrer le

système de santé à la française.............................7

AgenDA...........................................................10

ConTre-CourAnT

Un hôpital, un médecin......................................11

le poinT sur

La gouvernance hospitalière : comment, par qui, et

pourquoi ?...........................................................12

inTerview

Un avenir plus serein est-il envisageable pour le

modèle d’urgence à la française ?.......................14

Assemblée générAle eT

Appel À CAnDiDATure

pour le renouvellement du conseil d'administration du

SNPHAR-E...........................................................18

AnAlyse

Analyse du « rapport Grall » sur la territorialisation

des urgences ......................................................19

mise Au poinT

Transfert des compétences ou coopération

professionnelle ? ...................................................20

eTHiQue

Le médecin, acteur de la fin de vie ? ...................25

inTerview

Le feuilleton de PHAR-E : les missions des PH .....28

peTiTes AnnonCes ................................... 30

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en 10 ans pour les médecins hospitaliers est régulièrementavancé.L'écart de rémunération s'est donc creusé dans certaines spé-cialités entre les médecins ayant uniquement une activitéhospitalière et les médecins libéraux exerçant en cabinet ou enclinique. Dans certaines spécialités comme l'anesthésie-réani-mation ou la radiologie cet écart atteint facilement 300 % enmilieu de carrière et peut aller jusqu'à 500 % pour les « pré-caires » de l'exercice hospitalier que sont les jeunes médecinsqui débutent leur carrière avec des rémunérations parfois hon-teuses, inadaptées à leur niveau d’étude et à leur investisse-ment dans le travail hospitalier.Si l'on associe ces distorsions de rémunération avec la dégra-dation des conditions d'exercice, la lourdeur de la machinehospitalière liée à son inertie intrinsèque, génératrice de frus-trations, on comprend mieux pourquoi beaucoup de jeunesmédecins décident de ne pas faire carrière à l’hôpital public.L'exercice libéral offre aujourd’hui souvent de meilleures condi-tions de travail, des rémunérations plus intéressantes, unmeilleur contrôle de son environnement de travail et au final unequalité de vie et d'exer-cice qu’on ne peut plustrouver à l'hôpital public.

Malgré quelques retou-ches homéopathiques, laT2A reste la règle d’unhôpital public relégué austatut d’une entrepriseen difficulté dont il fautdégraisser les effectifs.Tout le personnel, soi-gnant, médical, et admi-nistratif, est soumis auxinjonctions paradoxalesd’équilibrer recettes etdépenses en fournissantdes soins qui « rapportent » sans forcément répondre auxnécessités de santé publique. Pour le coup, cette « tension »financière perpétuelle ajoute un effet délétère sur les acteursde l’hôpital. Au lieu d’être un moteur de développement, unepression financière de ce type paralyse initiatives et innovation.L’effet inflationniste inévitable du système amène à des pratiquesde croissance d’une « production » de soin qui ne peut satis-faire un médecin de l’hôpital public.

L’intérim médical, ou la solution rustine

La conjonction de ces différents problèmes d'attractivité avecla crise démographique actuelle a conduit à l'émergence d'unenouvelle forme d'exercice : l'intérim médical. Ce mode d'exer-cice se développe et croît de manière exponentielle depuisquelques années. Le développement de l’intérim médical trouve

ses racines dans les vacances de postes et les difficultés quepeuvent avoir les établissements à recruter des médecins qua-lifiés dans des spécialités de plus en plus nombreuses. Les direc-teurs sont contraints d'assurer la continuité du service publicet d’engager à coût élevé des praticiens pour combler les pos-tes vacants. Petites annonces et agences d'intérim pour l'em-ploi médical prolifèrent. Les tarifs, assez homogènes sur leterritoire (650 € nets par jour, 1200 € nets pour 24 heures) onttendance à subir une surenchère car l'intérim n'est plus capa-ble de combler les trous béants laissés dans les plannings parles praticiens hospitaliers en partance.Les recrutements dans les hôpitaux publics sont en concurrenceavec les établissements privés. Mais il existe aussi une concur-rence interne au sein du service public hospitalier. Les rému-nérations s'envolent partout, sauf à l'hôpital pour les prati-ciens en postes, pour qui les contraintes statutaires nepermettent pas de suivre ce mouvement.Le projet de loi de santé et la mission sur l’attractivité prévoientde contrôler et de limiter les dépenses d’intérim médical ce quine semble absolument pas réaliste dans le climat actuel où

chaque établissement,chaque responsable poli-tique est prêt à tout pourmaintenir une offre desoins avec un plateautechnique sur son terri-toire. Les belles déclara-tions de rigueur budgé-taire sur les dépenses desanté faites devant laPresse lors des séancesde l’assemblée nationalefinissent aux oublietteslorsque l’hôpital de sapropre circonscription estmenacé de transforma-tion ou de fermeture.

Attractivité à l'hôpital public

À la suite de notre mouvement de grève d’octobre 2014, la Minis-tre de la Santé a lancé la mission sur l'attractivité des carriè-res médicales hospitalières. Celle-ci a été pilotée par l'anciensénateur d'Ille-et-Vilaine Jacky le Menn. Pendant plus de six moisles organisations syndicales représentatives des praticienshospitaliers, celle des internes et des chefs de clinique, les repré-sentants des employeurs, la FHF (Fédération Hospitalière deFrance) et les différences conférences ont été reçus et audition-nés pour faire valoir leurs différents points de vue sur ce sujet.Le rapport finalisé a été présenté à la ministre en juillet 2015et n’aura été rendu public que le 2 novembre, après que la minis-tre a fait part aux organisations syndicales, à la FHF et aux Confé-rences, des mesures qu’elle comptait prendre, soit après la clô-

EDITORIAL

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ture de cette édition. Quelques fuites (orchestrées ?) dans lapresse médicale permettent d'en connaître les grandes orien-tations. Malgré quelques propositions intéressantes, la plupartdes organisations syndicales considèrent qu’elles seront insuf-fisantes pour endiguer les problèmes démographiques actuels.De plus, ce rapport sera soumis aux arbitrages de la ministrequi aura l’occasion de se montrer timide dans ses choix en rai-son des contraintes budgétaires qui lui sont imposées parBercy.Les premières mesures proposées par ce rapport sont la pro-longation d'activité au delà du départ à la retraite et la régula-tion de l'intérim médical. On comprend très mal pourquoi de tel-les propositions figurent en première place dans un rapport surl'attractivité qui devrait plutôt s’attacher à dynamiser le recru-tement de jeunes médecins. D'autres mesures, qui figurent aurapport, sont plus intéressantes comme l'amélioration de larémunération des praticiens hospitaliers en début de car-rière, la suppression de la différenciation entre le tempsadditionnel de jour et de nuit, la suppression de la différen-ciation entre astreinte opérationnelle et astreinte de sécu-rité, le renforcement du suivi du temps de travail des pra-ticiens, l'attribution par contrat d'une quotité de 20 % detemps de travail pour la réalisation d'activité diverses maisd'intérêt collectif, les notions de valence d'exercice, unemeilleure gestion du développement professionnel continu,le renforcement de la représentation du personnel médicalau cHsct, une meilleure formation des chefs de service, uneamélioration de la gouvernance hospitalière permettantde réaffirmer l'importance du corps médical, la reconnais-sance de l'existence d’équipes médicales dans l'organisa-tion interne des établissements, etc…Mais parmi les 57 mesures destinées à améliorer l'attractivitédes établissements publics hospitaliers, au moment d’écrire cetédito, on ne sait toujours pas lesquelles seront choisies. ce rapport est malgré tout décevant : nous n’y retrouvons pascertaines de nos propositions qui avaient pourtant trouvé un échofavorable au sein des cinq intersyndicales de praticiens hospi-taliers, en particulier la cinquième plage par période de24H qui permettrait la mise en conformité avec la réglementa-tion européenne et une équité avec les praticiens dont le tempsde travail est mesuré en heure et pas en demi-journées. Absenceégalement de reconnaissance du temps de travail additionnelpar la notion d’intérim interne (650 euros nets par jourpour une journée de temps additionnel réalisé dans son éta-blissement d’origine) qui permettait aux établissements à lafois de fidéliser leurs praticiens, de reconnaître leur investis-sement et de réaliser une économie certaine en ne payant pasla prestation de l’agence d’intérim, ni les frais de bouche et delogement.

L'enjeu de l’attractivité est cependant de taille et cette crise apermis une certaine prise de conscience des acteurs sur lesréalités et les particularités de l'exercice médical hospitalier de

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Les premiers résultats denotre enquête sur lesfermetures de l’étéNous avons reçu 2177 réponses à notre questionnaire.Toutes les régions de France sont représentées y comprisl’outre-mer. Plusieurs villes semblent se démarquer maisune analyse plus approfondie des données est nécessaireavant de les présenter en détail. Toutefois, plusieursdépartements se démarquent :

Département Nb de réponsesParis 99Bouches du Rhone 61Calvados 53Nord 53Rhône 51Gironde 45

48 % des répondants déclarent que l’activité a été anor-malement réduite cet été du fait d’un manque de person-nel médical. Concernant les services d’urgence, 0,2 % des répondantdéclarent qu’ils ont du fermer totalement et 12 % qu’ils ontdu procéder à des fermetures partielles ou temporaires.32 % des répondants déclarent que leur établissement aeu recours à des médecins intérimaires pour faire fonc-tionner le service d’urgences. 47 % pour l’ensemble desautres services ou spécialités. 27 % jugent que l’activité aété dégradée pendant la période estivale.47 % déclarent que leur établissement a recours à l’inté-rim tout au long de l’année et 31 % que leur établissementne trouve pas suffisamment d’intérimaires. Les spécialités les plus touchées par les recrutements enintérim sont l’anesthésie-réanimation, la médecine d’ur-gence et la radiologie mais beaucoup de spécialités sonttouchées par ce phénomène tant en médecine qu’en chi-rurgie (pédiatrie, gynécologie-obstétrique, …).Sans avancer des conclusions hâtives, nous pouvonsaffirmer que l’intérim médical est devenu le mode defonctionnement « normal » dans de nombreux établisse-ments, et qu’il existe aujourd’hui des difficultés pourtrouver des intérimaires. Certains établissements n’ontpas eu d’autre choix que de procéder à des réductionsforcées d’activité.Cette étude confirme les données qui nous parviennent duterrain et l’aggravation d’année en année du phénomènelié aux difficultés de recrutement et au manque d’attracti-vité des établissements publics de santé. De notre point devue, la vitesse à laquelle la situation se dégrade mérite untraitement de choc et ce n’est pas en prolongeant l’activi-té des médecins hospitaliers après la retraite qu’on vaendiguer ce phénomène. Il faut une politique urgente etaudacieuse qui permette de recruter de jeunes médecinsen nombre suffisant, de les garder mais aussi de fidéliserles praticiens déjà en place en leur donnant des conditionsd’exercice et de rémunération à la hauteur de leur travailce qui n’est plus le cas depuis plusieurs années.

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certaines spécialités. Du coup apparaissent ici et là des prisesde mesures contraires à la réglementation afin de maintenir lespraticiens en poste et d'éviter de recourir à l'intérim médical.Les initiatives locales pertinentes doivent être encouragées, etcontrôlées avec bienveillance par les ARS et les CRP plutôtque d'être fustigées par les Chambres Régionales des Comptes. Toutefois, il ne s’agit que de pansements provisoiressur un grand corps malade.Certains établissements ont compris que l’activité médicalehospitalière ne se limite pas aux soins portés aux patients et quechaque médecin hospitalier doit pouvoir s’investir, dans lecadre d’une autonomie bien comprise, dans des activités col-lectives, qui permettent l’échange entre praticiens et rompentl’isolement délétère pour la qualité du travail.Il est à souhaiter que les initiatives qui vont dans le bon sensdans ces établissements se développent pour fidéliser et recru-ter les praticiens, même si les arbitrages de la Ministre nesont pas à la hauteur des enjeux, car l’exigence des jeunes géné-rations est encore plus forte que celle de leurs aînés.

Territorialité

En parallèle de la phase de concertation de la mission attrac-tivité, l'Assemblée nationale examinait le projet de Loi de santédans lequel une disposition majeure va concerner les hospita-liers : les groupements hospitaliers de territoires (GHT). Ces nou-velles structures qui succéderont aux communautés hospitaliè-res de territoires (CHT) ont pour ambition de mutualiser enpartie certaines structures de soins sur un territoire de santédonné. Ces mutualisations ne pourront fonctionner que si le pro-jet médical est au cœur du projet. Il ne peut pas y avoir demutualisation ni de regroupement de plateaux techniques sansque les médecins soient partie prenante dans la décision. Eneffet, les problèmes de recrutement, mais aussi l'évolutiontechnique de la médecine, ne permettent plus d'offrir partoutdes soins de qualité en toute sécurité. Il est indispensable deregrouper dans des structures importantes l'ensemble des sec-teurs techniques, en particulier les blocs opératoires et la radio-logie.Bien que cette position soit communément admise par tous, denombreux obstacles devront être préalablement franchis. Lagouvernance de ces GHT devra être suffisamment médicale pourêtre entendue et sortir des jeux de pouvoir qu'ils soient médicauxou administratifs. Si les GHT ne sont pas capables de définir unprojet médical cohérent et qu’ils consistent uniquement à obli-ger les médecins hospitaliers à réaliser un exercice territorialimposé sans aucune contrepartie elles sont vouées à l'échec.De même, les solutions proposées pour améliorer l'attractivitédes carrières hospitalières ne peuvent être soumises à lacontrainte de la territorialité car avant que ces GHT ne se met-tent en place, de nombreux praticiens auront déjà quitté l'hô-pital. Les mesures permettant de restaurer l'attractivité doiventêtre introduites le plus rapidement possible car elles seules per-

mettront de trouver des modes de fonctionnement acceptablesdans un projet ambitieux de santé et de territoire.

Au pied du mur

La médecine hospitalière traverse une crise comme elle n'ena jamais connue. Les différents gouvernements qui se sontsuccédés depuis plus de 20 ans n'ont fait que se lamenter surles finances de la sécurité sociale sans prendre les mesures quis'imposaient faute d'avoir les bons indicateurs pour le faire.Aujourd'hui, l'ensemble du monde hospitalier est au pied du muret l’organisation du service public de santé doit nécessairementévoluer. il ne pourra changer qu'avec la participation desacteurs car eux seuls connaissent la réalité têtue des dif-férents obstacles aux parcours de soins, invisibles pour lesars et le ministère de la santé. Il faut donc une nouvelle donnedans les responsabilités médicales hospitalières et un peu plusde démocratie dans l'organisation de la gouvernance hospita-lière. Ce ne serait pas un luxe si l'on souhaite que l'ambitieuxprojet de territorialisation des parcours de santé puisse voir lejour. Ce qui est certain, c'est que si on laisse le système se déré-guler comme c'est le cas actuellement, le tsunami de la loi dumarché finira d'emporter les décombres de l'hôpital publicdéserté par les médecins hospitaliers. Il faut donc rapidementdes propositions concrètes et audacieuses sur l’attractivitédes carrières médicales et l’organisation territoriale des soins.La territorialisation ne doit pas conditionner les mesures d’at-tractivité. C’est au contraire l’attractivité et le retour à desconditions d’exercice sereines qui permettront le regroupe-ment des structures tout en préservant la garantie de soins deproximité aux usagers de l’hôpital public.

Yves Rébufat, Président du SNPHAR-E

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UN CONSTAT AUX MULTIPLES FACETTES

Le manque chronique de médecins dans de nomb-reux territoires, notamment ruraux, explique que desmédecins étrangers viennent exercer en France. Cephénomène est criant en médecine générale maisaussi à l’hôpital public où la notion de désert médi-cal n’est pas virtuelle. Les CHG et même les CHU dela plupart des grandes métropoles sont aujourd’huien grand déficit de professionnels qualifiés, notam-ment dans les plateaux techniques qui concentrentdes pénibilités particulières de Permanence des soins. Le recrutement de praticiens audiplôme étranger reconnu, estnécessaire pour assurer la missionde service public hospitalier. Cettevacance d’emplois très préoccu-pante résulte de mauvais choix poli-tiques et démographiques passésau point même qu’on en arrive,aujourd’hui, à dépendre d’une maind’œuvre intérimaire française qui nesuffit souvent même plus. Nos col-lègues n’ont pas toujours la connaissance, ni l’expli-cation complète des causes de cette situation nou-velle. Nos collègues étrangers eux-mêmes, pour desraisons historiques ou de politiques de santé dans leurpays, sont venus chercher en France un exerciceprofessionnel plus conforme à leurs attentes : condi-tions matérielles ou technologiques, mais aussi finan-cières, voire même éthiques, qui ne leur étaient pasaccessibles dans leur pays. Il n’y a dès lors aucuneraison qu’ils restent à l’écart d’une histoire et d’uneculture syndicales françaises, toutes deux forgéesdans des combats qui permettent aujourd’hui à tout

praticien, quelle que soit son origine, de bénéficierd’acquis sociaux qu’il faut promouvoir et défendre.

À CHAQUE PAYS SA CULTUREHOSPITALIÈRE

Il aura fallu plusieurs siècles pour que la Francebâtisse sa culture hospitalière et hisse sa médecineau plus haut niveau. Même chez nous, la connais-sance par nos compatriotes de leur système de santéet de son évolution est très imparfaite. Les plus jeu-nes, mais pas seulement, n’ont pas toujours la curio-

sité de puiser, dans notre histoire,l’explication de singularités qu’onne retrouve pas ailleurs. Allez doncfaire comprendre l’empilement destextes qui régissent chacun dessystèmes, public et libéral ou lemodèle ESPIC (ex-PSPH) avec leursmodes d’organisation, de recrute-ment et de rétribution différents ! De récentes et profondes réformessont venues modifier ce qui était

déjà un maquis réglementaire. Ils en ont rendu lacompréhension plus délicate encore : T2A, loi HPST,Gouvernance, réduction de l’expression démocra-tique des praticiens dans les CME, modificationssuccessives de l’arrêté sur la permanence des soinset décompte du temps de travail. On pourrait évoquerici la complexité et la diversité des régimes de cou-verture sociale, de la maladie, la maternité ou de laretraite selon que vous êtes PH, PU-PH, PHC, assis-tant, attaché associé, Interne, ou encore, les modesde rémunération ou de décompte du temps de travail,les RTT, les contrats de temps de travail additionnel,

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ANALYSE - TÉMOIGNAGES

Des médecins venus d’ailleursprêts à intégrer le système de

santé à la française

E n dépit des difficultés que nous connaissons, notre pays jouit d’une grande réputationpour sa culture, son art de vivre et la qualité de sa médecine. son système deprotection sociale reste parmi les plus évolués et les plus accessibles au monde. par

choix de vie ou pour des motifs politiques, économiques ou culturels, l’installation en Francede médecins étrangers témoigne de la mobilité de ces professionnels. une réflexion syndicale s’impose pour faciliter leur insertion au sein de notre communauté depH, dans un système très complexe qu’ils vont devoir découvrir et contribuer à faire vivre.

Le recrutement depraticiens au diplômeétranger reconnu : unenécessité pour assurer lamission de service public

hospitalier.

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ANALYSE - TÉMOIGNAGES

les CET. Bref, il n’est pas simple du tout de s’y retro-uver quand on débarque pour soigner en France !Mais ce qui se vit aussi, c’est parfois l’injustice de l’ar-bitraire. Comment s’en sortir en restant seul ?

AGIR POUR FACILITERL’INVESTISSEMENT SYNDICAL DES

COLLÈGUES ÉTRANGERS

Pour un médecin étranger qui décide de venir travaillerdans nos hôpitaux publics, la communauté hospita-lière doit manifester concrètement sa capacité d’ac-cueil et d’intégration. Le syndicat est à sa place pourfaciliter cette démarche. Il est dans son rôle de pro-mouvoir les valeurs qu’il a portéesen construisant et en luttant pouraméliorer le statut de PH que noscollègues étrangers peuvent à pré-sent revendiquer avec ses droits etses devoirs. Il faut aussi concevoirqu’un praticien syndiqué est pro-bablement mieux inséré dans ungroupe que s’il reste isolé et agitcomme un simple consommateurde droits sociaux qu’il ne contribuepas à consolider. Se syndiquer, c’estaussi partager un certain nombrede considérations sur le travail, sa propre place aussidans la communauté hospitalière : c’est s’engagerpour les autres autant que pour soi-même. C’estpouvoir accéder à des soutiens, mais aussi, par lenombre, soutenir les autres et penser le progrèssocial qui ne vient jamais seul.

Dans ces conditions, il est impensable de laisser noscollègues à l’écart d’une actualité sociale qui lesconcerne très directement. Depuis trois ans, les orga-nisations syndicales investissent du temps, desmoyens matériels dans plusieurs cycles de concer-tation à haut niveau avec les Pouvoirs Publics. Cha-cun a pu connaître les contributions adressées dansle cadre du pacte de Confiance, puis de la Mission LeMenn sur l’attractivité des hôpitaux. La refonte de ladéclinaison des textes statutaires est à la clé, qu’il s’a-gisse de temps de travail, des rémunérations à l’en-trée dans la carrière, ou de la conception même dutravail et de son sens. Il faut soutenir le besoin évi-dent d’accéder au droit d’avoir une activité qui ne soitpas que la production d’actes à la chaîne par des indi-vidus qui n’ont plus le temps de l’élaboration néces-saire de leur travail. C’est ce qu’il nous faut partageravec nos collègues étrangers. Ils ne peuvent rester àl’écart de cette réflexion, ni sans doute, à l’écart des

actions qui seront, à terme, probablement nécessai-res. C’est en quelque sorte, les respecter pour cequ’ils sont par leur choix de l’hôpital public.

L’EXPRESSION AU SEIN D’UNEORGANISATION SYNDICALE DOIT

NÉCESSAIREMENT ÊTRE PROPOSÉE AUXMÉDECINS ÉTRANGERS.

Le SNPHAR-E doit occuper cette position sur le ter-rain, en allant solliciter chaque collègue pour qu’ilcomprenne les raisons d’un engagement nécessaire,témoin de sa contribution à la construction d’un sys-tème qui est aussi le sien.

Les témoignages recueillis expri-ment des attentes (cf encadrés) :une information synthétique sur lesyndicalisme médical hospitalier etle SNPHAR-E en particulier, seraitsans aucun doute une initiative àdévelopper vers tout praticien mani-festant son intérêt pour l’hôpitalpublic. Le montant de la cotisation syndi-cale (170 €) doit être expliqué. Il nesemble pas devoir être un obstacledès lors que son bon usage sera

mieux compris. D’autant plus que la déduction fiscaleà 65 % est une reconnaissance d’utilité sociale quisouvent n’existe pas dans les pays dont nos collèguessont originaires.

Pour conclure, un PH d’origine étrangère doit pouvoirvivre comme un Français : mêmes devoirs, mêmesdroits. On achète bien les mêmes smartphones et lesmêmes voitures avec les mêmes options… On fait lesmêmes gardes et nos journées ont les mêmes duréesavec nos patients. Alors, pourquoi pas le syndica-lisme ? L’élection de médecins PH étrangers au CAdu SNPHAR-E pourrait être la meilleure preuve de l’in-tégration complète des médecins d’origine étran-gère dans le statut de Praticien Hospitalier qui restela raison d’être du SNPHAR-Elargi. Qui est candidat ?

M-A Doppia, Secrétaire général adjoint du SNPHAR-E

http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n°73 - Novrembre 2015

Nos confrères étrangersne peuvent rester à

l’écart de la réflexion quenous menons, ni desactions qui seront, àterme, probablement

nécessaires !

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http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n° 73 - Novembre 2015

J’ai entendu parler dusyndicalisme pour lapremière fois… avec leSNPHAR-E !« Très clairement, si on ne croise pas un syndicalisteinvesti, on n’a pratiquement aucune chance de se syn-diquer surtout si on vient d’un pays étranger où le syn-dicalisme n’est pas une pratique simple et transparen-te. La corruption des élites peut expliquer ce faibletaux de syndicalisation quand on arrive en France.Ensuite, quand on sait, on comprend mieux la nécessi-té de ne pas rester seul. Mais il faut qu’on nousaccompagne dans ce cheminement, à commencer parne pas craindre de représailles car on a toujours unsentiment de plus grande précarité quand on estétranger… »

« J’ignorais la multiplicité des organisations syndica-les de praticiens hospitaliers en France. Inimaginabledans mon pays. Leurs différences ne sont pas simplesà comprendre et, je crois, même pour les Françaiseux- mêmes.... Pour comprendre ça, il m’a fallu croiserdes PH syndiqués et capables de prendre le tempspour m’expliquer. J’avoue ne pas avoir cherché plusloin car, depuis mon arrivée, j’avais déjà passé telle-ment de nuits sur le site service-public.fr pour essayerde comprendre comment faire pour les Impôts, laSécurité Sociale, la mutuelle, l’ARS, le rôle du Conseilde l’Ordre, etc. Bref, l’organisation sociale françaisem’était totalement inconnue avant d’arriver il y a 7 ans. Me renseigner sur un syndicat – et lequel ?- exigeait un effort supplémentaire qu’il m’était difficilede fournir.

F...Anesthésiste CHU

Mon choix de la France :

pour sa langue et sa Culture !

« Oui : francophone et francophile c’est possible ! Mon

projet était mûri de longue date, après l’éducation de

mes enfants, aujourd’hui majeurs et eux-mêmes instal-

lés dans d’autres Pays Européens. Je suis arrivée en me

sentant citoyenne européenne, mais j’ai eu le sentiment

d’être accueillie comme une Européenne « de l’Est ». Il y

avait cette croyance que les Pays de l’Est n’ont pas de

médecins au même niveau. Alors qu’au contraire, les

médecins originaires de ces pays ont accompli des

efforts très importants pour se mettre à niveau de la

médecine occidentale dans leur pays, même bien avant

de venir ! N’oublions pas que le Mur séparant Ouest et

Est a été un mur qui a longtemps privé les médecins

désireux de le faire, de s’initier aux technologies de

l’Ouest. Leur venue n’a pas été une démarche de facilité

comme on pourrait le penser, mais au contraire une

démarche difficile, d’autant plus qu’ils ont eu à refaire

leurs preuves médicales, à s’adapter à une démocratie

mieux installée. Ceci est souvent inconnu des jeunes

générations qui n’ont pas cette connaissance de l’his-

toire contemporaine jusque dans ces détails qui n’en

sont pas. »

K... Anesthésiste. CHU

L’exemple du repos desécurité après la garde« En Bulgarie, c’est un peu particulier à ce point que lebreak est quasiment de fait, l’après-midi, avant laprise d’une garde. Bien entendu, on le prend aprèsaussi ! Le RS en France ne m’a donc pas paru extraor-dinaire et je n’ai pas compris tout de suite que c’étaitune vraie conquête sociale engagée par le SNPHAR-Een 2001. Même chose pour les cotisations sociales sur lesretraites. Je n’ai compris cela que bien plus tard …C’est là que j’ai décidé d’adhérer pour participer moiaussi. Ma manière de m’impliquer comme uneFrançaise !

A... Anesthésiste CH

Se faire accepter n’estpas si simple !« On laisse forcément des choses derrière soi. Sesparents, ses amis, ses relations de travail et aussides habitudes de vie et de travail qu’il faut aban-donner. Et les repères professionnels sont àrecréer en quasi totalité pour s’y retrouver… Sefaire accepter n’est pas si simple. Le SNPHARE,c’est peut-être la part commune la plus visible denos attentes »

M L Anesthésiste Réanimateur en CH

ANALYSE - TÉMOIGNAGES

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http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n° 73 - Novembre 2015

Personne ne vous explique le

système hiérarchique

hospitalier

« Le rôle du CDS, les Pôles, les Affaires médicales, la CME,

vos droits ? C’est quoi un Interne « séniorisé », la médeci-

ne du travail ? On se débrouille pour trouver des relais qui

soient aidants. On pourrait penser que l’Internet a pu être

facilitant mais même pour chercher sur Internet, comment

faire quand on ne sait pas quel site donne l’information, ni

ce qu’il faut chercher à savoir ?»

N G Urgentiste CHU

Ma place dans le systèmecomme PH contractuel,c’était quoi ?« Avec le SNPHAR-E, j’aurais aimé recevoir plus tôt desinformations sur l’organisation hospitalière, ma placedans le système en tant que PH contractuel, leconcours, les échelons et leur progression, l’explica-tion des tableaux de service, de la couverture sociale,de la retraite, mes droits et mes devoirs et peut-êtreaussi, les limites à opposer aux pratiques de l’adminis-tration pour laquelle nous ne sommes parfois qu’unemain d’oeuvre qui tombe bien pour boucher des trous.Mais, en définitive, la France et son hôpital m’ont plu-tôt bien accueilli, m’ont permis d’up-grader ma pra-tique médicale et les échanges avec les confrères dema spécialité et les autres avec lesquels je travaille auquotidien sont normaux et mutuellement respectueux.Malgré les difficultés du début, je me sens aujourd’huiplus accompli. On se sent vraiment plus intégré quandon est syndiqué et impliqué. Il y a là des forces qu’onse découvre et c’est encourageant pour notre avenir …Et, savoir qu’on participe à construire un système meconvient mieux que de rester une pièce rapportée… »

K. V radiologue en CHU

L’exemple de l’écriture cyrillique :s’adapter rapidement à l’écriturelatine… « La crainte de faire des erreurs, de ne pas être reconnue commeétant à la hauteur, favorise l’isolement si personne ne vous aide àcomprendre et à agir dans un monde si différent du vôtre. La pra-tique de la langue qu’on apprend avec Victor Hugo n’est pas la pra-tique de la langue d’un service d’urgences. Peu de collègues se ren-dent à cette évidence.. Tout se passe comme si on était sensé savoirsans même qu’on nous explique. On se débrouille. »

N G Urgentiste CHU

JUILLET 20153 juillet Participation à la réunion plénière sur la Grande Conférence de Santé7, 8 et 10 juillet Réunion de travail : Grande Conférence de Santé

SEPTEMBRE 20154 septembre Conseil d’Administration du SNPHAR-E11 septembre Réunion de travail : Grande Conférence de Santé17 au 19 septembre Présence à la SFAR et assemblée générale du CFAR23 septembre Réunion avec le cabinet de la Ministre de la Santé autour de l’attractivité des carrières

médicales

OCTOBRE 201530/09 au 2 octobre Séminaire des délégués sur le thème « Autonomie professionnelle »8 octobre Réunion de travail : Grande Conférence de Santé16 octobre Participation à la journée du praticien organisé par la CPH

AGENDA DU CA

ANALYSE - TÉMOIGNAGES

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http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n°73 - Novembre 2015

En ces périodes d’austérité budgétaire et derudes négociations avec les pouvoirs publicsau sujet des conditions de travail des médecinsà l’hôpital, nous devons avoir à l’esprit le dan-ger qu’apparaisse en son sein une fracture dela communauté médicale. Une fracture qui pla-cerait d’un côté ceux qui conserveraient unelarge autonomie professionnelle, permise parun champ d’activité choisie, tant dans sesobjectifs que son déroulement dans le temps,et d’un autre côté ceux qui auraient le senti-ment d’une exploitation de leur force de pro-duction, sous le joug du diktat de la Tarificationà l’Activité. Les premiers ne seraient pas sou-mis d’une façon générale à la permanence dessoins, et le temps leur serait donné pour laprise en charge des patients soumis à leur pra-tique. La pratique des seconds serait contrain-te par des horaires extensibles et non désirés,peu ou mal rémunérés, sur des emplois mal-adroitement qualifiés de « postés », ceux desspécialités d’aval, sans maîtrise des flux d’ac-tivité, que ce soit du fait de la survenue d’ur-gences, de programmes opératoires, ou dedemande d’indispensables examens complé-mentaires.

La vérité d’aujourd’hui est tout autre. Tous lesmédecins dans les hôpitaux sont confrontés àde multiples difficultés, même si la grogne estplus aisément justifiée chez ceux qui assumentune permanence des soins sur place. L’absenced’épanouissement professionnel entrainée pard’inacceptables conditions de travail risqued’entraîner de nombreux collègues sur l’uniqueterrain aride des revendications rigides dutemps passé au travail, sans aucune autreaction sur le contenu de ce travail. Il faudraitconsidérer comme un véritable repli identitairel’opinion selon laquelle il serait devenu avéré,irréductible et définitif que les médecins, tou-tes catégories confondues, se considèrent

comme appartenir à une population promise àla perte progressive de leur autonomie, dontl’horizon professionnel se réduirait à une obli-gation de service définie par une quantificationhoraire, accompagné par le sentiment de laperte de respect et de reconnaissance éprou-vée par tous.

Le fonctionnement harmonieux de l’hôpital doitpasser par des conditions de travail homogè-nes pour tous les médecins en son sein. Pourl’obtenir, tous les médecins de l’hôpital, sansexception, doivent avoir une conceptionorgueilleuse et de bon aloi de leur missionmédicale, mission qui va bien au-delà de leurtechnicité et de l’obligation de présence. C’estl’entièreté de la dimension médicale (soins,écoute, formation continue, enseignement aca-démique ou par compagnonnage) qui donnevaleur et rémunération digne et à la hauteur deleur métier, et pouvoir sur leur destin et lasanté publique aux médecins des hôpitaux. Àl’hôpital, les médecins sont salariés, et paspayés à l’acte ou à l’heure… C’est aussi unerevendication salariale que nous devons tenir,en regard de nos responsabilités, de la qualitéde notre travail, et du service rendu au payspar le biais de la santé de nos concitoyens…C’est tout cela qu’il faut inculquer aux collè-gues, c’est de cela qu’ils doivent être cons-cients pour avoir le courage de lutter et ne plusêtre mus par le seul désespoir qui les feraitplutôt fuir vers le privé, ou se réfugier dans lesbras d’une administration tatillonne contenuepar une réglementation qu’elle rêve de ne pasappliquer…

Contre-courant Le billet de Richard Torrielli, Chargé de mission au Conseil d’Administration du SNPHAR-E

Un hôpital, un médecin

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UN PEU D'HISTOIRE

De tous temps, des Hommes ont essayé de soulagerles malades. Probablement de manière assez person-nalisée et magique autrefois, puis de manière plusorganisée. Ainsi, la santé et son organisation étaientdépendantes de médecins d'une part et d'hospicesgérés par des soignants (souvent religieux) d'autrepart.De fortes personnalités médicales vont organiser despoints de rencontre entre médecins et patients et lais-ser leur nom dans l'Histoire. Pour cela ils ont besoin desoignants, qui dispenseront les soins prescrits, ce quipermet aux médecins de consacrer leur temps au dia-gnostic et à la démarche thérapeutique.Lorsque le temps du bénévolat passe, on entre dansle monde du marché du travail : il faut alors des admi-nistratifs pour gérer la partie « gestion du personnel »et permettre aux soignants et médecins de se consa-crer à leur cœur de métier. Et comme toute bonneadministration, l'administration hospitalière ne sauraitexister sans une hiérarchie, au sommet de laquelle estdonc placé un directeur.

L'avantage de ce système, tout est organisé de manièreutile : les soins sont produits pour répondre à desbesoins. Les querelles d'égo sont résolues par le nom-bre de patients réels, les nouveaux besoins entrainentdes spécialisations au fur et à mesure que des méde-cins s'intéressent à de nouveaux problèmes. L'incon-vénient est que rien n'étant trop beau pour les patients,si la santé n'a pas de prix elle a un coût, et il augmenterapidement puisque la population s'accroit et vieillit.Comment obliger des médecins experts à se rationneralors que les patients sont bel et bien là ? Ceux qui

gèrent les deniers publics n'ont aucune expertise nilégitimité pour répondre aux médecins, et la SécuritéSociale que les gouvernements successifs vont saignerà grands coups d'exonérations successives [1] au pro-fit des employeurs se retrouve dans le rouge. Il fautréagir...Les premières tentatives proposaient de promouvoir lachasse au gaspillage, aux prescriptions inutiles ou peuutiles. L'effet fut insuffisant pour éponger la multiplica-tion des exonérations sociales.On créa alors l'objectif national des dépenses d'assu-rance maladie (ONDAM) en 1996 : un plafond qui devaits'imposer à tous, décliné en autant de budgets plafon-nés pour contraindre les hôpitaux à faire des choixstratégiques. La T2A, les PMSI, et les procédures s'a-joutèrent sans fin pour contraindre toujours plus, sansjamais être aussi rapide que la créativité surprenantede nos gouvernants pour creuser le trou.

LA SITUATION ACTUELLE

Une des dernières solutions trouvées par le Présidentde la République précédent fut la création d'une chi-mère improbable : l'Hôpital-Entreprise, avec son pro-duit (des actes), ses ouvriers (les soignants et lesmédecins), ses clients (les patients), et bien sûr, le plusimportant : son patron unique, le directeur, « motivé »par des primes à l'objectif, le seul objectif qui compteétant la marge financière.On connaît le résultat : des déficits encore plus creusés,des soins qui se détériorent, des conditions de travailsans cesse plus éprouvantes, un recrutement devenuproblématique, des objectifs chaque année plus inattei-gnables (mais des primes toujours plus grosses...).Et finalement, le gouvernement suivant (l'actuel), quientre deux atermoiements et autres délais, décide derééquilibrer timidement la gouvernance des hôpitauxdevant l'échec cinglant de la loi HPST sur ce voletfinancier et d'efficience.Nous voilà désormais avec un pouvoir qui était totale-ment concentré dans les mains d'un directeur aveccomme seul outil de rééquilibrage un décret-CME [2]dont on peine à détecter les différences sémantiques

http://www.snphare.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n°73 - Novembre 2015

LE POINT SUR

La gouvernance hospitalière :comment, par qui, et pourquoi ?

N ous sommes aujourd'hui dans une situation pré-explosive : l'Hôpital public ne peutplus recruter suffisamment de médecins, les budgets sont dans le rouge, la qualitédes soins française qui était la meilleure du monde est tombée de son piédestal :

que s'est-il passé ?

Jusqu'à récemment, le directeur était donc le directeur del'administration. Ceux qui dirigeaient l'hôpital étaient ceuxqui en sont la raison d'être et les détenteurs d'expertise,ceux que les patients viennent voir : les médecins. Ce sonteux qui savent quels soins doivent être prodigués et à quelpatients, qui organisent les soins et les circuits en fonctiondes épidémies et endémies.

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avec le précédent [3]. Oui mais ces différences méri-tent d'être saisies !Les compétences de la CME ont été élargies, notam-ment en ce qui concerne la stratégie, les recrutements,les investissements et le regard sur les comptes puisquec'est désormais la CME qui doit statuer sur tout pointà l'ordre du jour du Conseil de Surveillance : c'est loind'être négligeable ! Par ailleurs, la nomination deschefs de pôle se fait par le directeur sur proposition duprésident de CME, c'est-à-dire que c'est lui qui décidedu nom.

Mais de nombreux PCME avaient pris l'habitude de lasituation précédente, avec un pouvoir borné à êtreune courroie de transmission, et une prime variable dechef de pôle fixée en fonction de son degré d'allé-geance au « patron de l'hôpital ». Combien de communautés médicales profiteront dela prochaine élection pour porter à leur tête unmédecin capable de faire appliquer le décret de2013 et rendre aux médecins une partie de la maî-trise de leur exercice ?

LA CLÉ DU SUCCÈS : UNE GOUVERNANCEÉQUILIBRÉE

Dans ces perpétuels mouvements de balancier, où sesitue la meilleure position ? Elle sera ce qu'on en fera,mais les textes actuels permettent une gouvernanceéquilibrée, où chacun est dans son rôle avec des pré-rogatives importantes mais limitées. Les querelles d'é-gos de mandarins tout-puissants ne peuvent plus pré-sider aux destinées des établissements, puisque ledirecteur a les moyens de bloquer les finances en casde dérive et que les développements d'activités nou-velles sont passés au crible des ARS. D'un autre côté,les directeurs ne sont plus les « patrons de l'hôpital »puisqu'ils doivent passer par les CME pour appliquerleur stratégie indiquée par les ARS. On peut regrettercependant qu'ils gardent des pouvoirs bloquants grâceà l'arme de pourrissement massif qu'est l'inertie admi-nistrative. Mais si la communauté médicale sait parlerd'une voix forte et montrer une voie claire, elle aura gainde cause, d'autant plus qu'elle aura su faire vérifier parl'administration que ses projets sont économiquementviables. Une direction qui sait aider les soignants et les méde-cins à porter les projets utiles aux patients pourra jouir

d'une paix sociale stable, là où le rapport de forcechoquant de la loi HPST entrainait des positions dureset des mouvements sociaux incessants, lorsque s'af-frontaient les visions soignantes assises sur la réalité,et les aspirations managériales basées sur l'adéquationrétribuée aux objectifs des ARS sans considérationpour la brutalité des moyens de leur mise en œuvre.

Parmi ces solutions, l'application de la directive euro-péenne [4] qui s'applique à tous les citoyens euro-péens – en particulier l'interdiction de faire travaillerquelqu'un plus de 48H hebdomadaires contre son gré– devrait devenir une priorité, une fois débarrasséedes entraves multipliées par la FHF. En effet, une foisque cette organisation de « patrons » devenue actuel-lement si proche du MEDEF par ses positions, redevien-dra une organisation de directeurs d'administrationhospitalière, elle pourra consacrer son imagination àtrouver des moyens de mettre en application une Loi quis'impose à tous pour le plus grand bénéfice de chacun.Chacun à sa place, et les patients seront bien soi-gnés.

Renaud Péquignot, Administrateur du SNPHAR-E.

RÉFÉRENCES

1- Rapport de la Cour des Comptes 2013 sur la Securite Sociale, chapitre 5 : la

maitrise des niches sociales : un enjeu toujours majeur : « leur montant, tel

qu’estimé à partir de leur présentation, incomplète, en annexe au projet de loi

de financement de la sécurité sociale, est d’environ 52 Md€, soit au minimum

12 % des ressources de la sécurité sociale ou 2,6 points de PIB »

2 - JO n°0221 du 22 septembre 2013 Décret n° 2013-841 du 20 septembre

2013 modifiant les dispositions relatives à la commission médicale d'établisse-

ment et aux transformations des établissements publics de santé et à la poli-

tique du médicament dans les établissements de santé

3 - JO n°0102 du 2 mai 2010 Décret n° 2010-439 du 30 avril 2010 relatif à la

commission médicale d'établissement dans les établissements publics de santé

4 - Directive 2003/88/CE du Parlement européen et du Conseil du 4 novembre

2003 concernant certains aspects de l'aménagement du temps de travail : Arti-

cle 6 « Durée maximale hebdomadaire de travail » alinea b) la durée moyenne

de travail pour chaque période de sept jours n'excède pas quarante-huit heures,

y compris les heures supplémentaires.

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LE POINT SUR

Si chaque partie joue le jeu, c'est à dire évite de dépenserde l'énergie dans la confrontation et la défense de frontiè-res datant de la loi HPST pour s'emparer pleinement del'opportunité que constitue ce rééquilibrage, les hôpitauxet au final les patients (ainsi que les cotisants!) ne peuventque mieux s'en porter.Alors les problèmes d'attractivité devraient eux aussi s'a-méliorer sous les coups de boutoir de l'évidence, et lessolutions pragmatiques pourront enfin être mises enœuvre.

Le directeur est donc remis dans ses fonctions premièresd'avaliser administrativement le choix éclairé de la CME, etne peut plus choisir entre plusieurs noms (ce qui rendaitvirtuel le pouvoir du président de la CME, PCME !).

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PHAR-E : La problématique des urgences hospitaliè-res prend régulièrement le devant de la scène dans l’ac-tualité médicale. Ne pensez-vous pas qu’elle n’est quela partie visible d’un mal profond dont souffre toutl’hôpital public et qui atteint l’ensemble de ses méde-cins, et pas seulement les urgentistes ?François Braun : En effet, ce n’est que la partie émer-gée de l’iceberg. L’organisation actuelle de l’hôpital necorrespond plus aux besoins des patients et des servi-ces d’urgence. Qu’est-ce qu’une urgence ? C’estl’apparition de signes brutaux etinquiétants. C’est pour cela que jene crois pas au terme de « bobolo-gie ». Les patients ont besoin d’ê-tre rassurés face à « l’urgence ».Ne trouvant plus de réponse auprèsde la médecine générale qui connaîtune faillite indéniable, ils se diri-gent forcément vers les servicesd’urgences. Depuis les années 60-70, on constate une évolution desbesoins de santé. Selon moi, cequ’il faut aux urgences c’est un« chef d’orchestre », une régulationmédicale digne de ce nom.

Raphaël Briot : Oui et non. Il existe bien un malaise desmédecins urgentistes au sein de l’hôpital public quitémoigne d’un problème global. Selon le rapport Grall,entre 1990 et 2010 le nombre de patients a presque tri-

plé, de 7 millions de patients nous sommes passés à 18millions ! L’hôpital dans son ensemble est clairementsous pression, les services d’urgence n’y échappentpas. Par ailleurs, le gouvernement serre « les boulons »avec la T2A et transversalement la gestion comptable.Les urgentistes se retrouvent la tête sous l’eau, lemanque de lits et l’occupation optimale des lits entre aut-res, tout cela retentit sur l’activité du médecin urgentistequi finit par être en souffrance.

Michel Dru :C’est un problème glo-bal et général. Petit à petit, l’hôpi-tal se transforme en entreprisecomme le souhaite le gouverne-ment. On demande aux hôpitauxde faire du chiffre. D’ailleurs, denombreuses situations requièrentune attention particulière de la partdes médecins, notamment enmédecine pré-hospitalière. Celareste très difficile à appliquer quandon nous demande d’aller de plusen plus vite et de voir plus demalades. Tout a évolué, de nosjours. Du fait de la crise écono-mique, les patients ne veulent plus

payer leur consultation chez le médecin généraliste, quilui, ne travaille plus du tout comme il pouvait le faire il ya 30 ans. À 18 heures le répondeur du cabinet est enclen-ché la plupart du temps et on entend une voix qui dit :« En cas d’urgence allez à l’hôpital ou appelez le SAMU ».

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INTERVIEW

Un avenir plus serein est-ilenvisageable pour le modèled’urgence à la française ?

D ans les années 60-70, un français sur huit se rendait aux urgences, contre un sur3,5 aujourd’hui. les médecins urgentistes, qui ont obtenu en décembre unelimitation de leur temps de travail clinique à 39 heures, semblent submergés par le

traitement à la chaîne des petits « bobos », la pénibilité du métier et la gestion de leur tempsde travail. De l’organisation des services d’urgences et de la répartition des tâches de chacun,découle une confusion évidente. le rapport grall, commandé par la ministre de la santé,marisol Touraine et dévoilé en juillet dernier, préconise donc une régulation du temps médicalet la création d’un réseau territorial de prise en charge des urgences. les regards croisés de François braun, président du syndicat sAmu-urgences de France,raphaël briot secrétaire général adjoint du snHpAr-e et médecin au sAmu (38) , michel Dru,administrateur du snpHAr-e et médecin au sAmu (94) et pierre Achache urgentiste au CHude lyon.

Les urgences ne doiventpas être un hôpital dansl’hôpital. Il faut à tout prix

préserver le lien del’urgentiste avec

l’établissement danslequel il exerce.

François Braun

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D’autre part, les médecins urgentistes sont victimes deleur succès. Les patients pensent que les médecinssont plus compétents à l’hôpital, d’où la nécessité d’a-voir plus de médecins formés à l’urgence.

Pierre Achache : Evidemment. L’Hôpital d’aujourd’hui estdevenu une machine à ne pas perdre d’argent. Quoiquel’on fasse, la santé restera un domaine non rentable(surtout à court terme). Nous sommes désormaiscontraints à compenser ou même anticiper des pertesfinancières et on s’expose ainsi à une dégradation dusoin. Nous sommes maintenant dans une logique éco-nomique qui se sert du malade au lieu de le servir. Ona le sentiment que la priorité n’est plus aux soins. Selonmoi, l’un des aspects est celui des coûts marginauxque l’Hôpital n’est pas prêt à assumer. J’ai rencontrédes « experts » qui expliquent, par exemple, que sup-primer un poste ne dégradera l’exercice global que d’uncertain pourcentage, laissant un modèle dont les lacu-nes sont programmées mais justifiées par l’économieapportée. Tout est dit. Pour revenir à votre question, laproblématique de l’urgence focalise l’attention mais enfait, ses praticiens font émerger les questions fonda-mentales, sans être eux mêmes à l’origine de tous lesmaux de l’hôpital.

PHAR-E : Le flux des patients aux urgences et la chargede travail des médecins urgentistes ne cessent d’aug-menter. Or, la création du concept de « médecin urgen-tiste » dans les années 90, puis l’accroissement deleur nombre au fil des années ne semble pas résou-dre l’engorgement et les délais d’attente dans les ser-vices d’urgence. Pensez-vous que la multiplicationdes postes de médecins urgentistes soit une solutionau problème ? Ou n’y a -t- il pas une incongruenceentre l’expertise de l’urgentiste et les tâches totalementpolyvalentes qui lui sont confiées ?François Braun : Nous n’avons pasles chiffres exacts, il nous est doncimpossible de comptabiliser le défi-cit en médecins urgentistes. Nousavons impérativement besoin deces réponses pour établir une ana-lyse juste et pertinente. Par ailleurs,il faudrait ôter des mains des urgen-tistes ce qui ne les concerne pas,les sutures simples pour prendreun exemple concret. C’est grâce autransfert de tâches qu’on pourralibérer l’acte intellectuel, et non pasen sautant d’un malade à l’autre en« débitant » parfois entre 20 et 30 patients à l’heure.Dans un premier temps, il faut donc favoriser l’adéqua-tion des effectifs et dans un deuxième temps répartir les

tâches de chacun. Parfois les médecins passent une àdeux heures à chercher un lit, il faut gagner du tempsmédical comme l’indique le rapport Grall. Les urgencesne doivent pas devenir un hôpital dans l’hôpital, il fautà tout prix préserver le lien de l’urgentiste avec son éta-blissement en le recentrant sur son cœur de métier.

Raphaël Briot : Plus de médecins urgentistes, oui celafait partie des solutions. Les services d’urgencessont devenus des « goulots d’étranglements ». Nosconfrères généralistes ne sont pas aidés, entre leursconditions de travail et la permanence des soinsambulatoires qui n’est plus obligatoire depuis 2003,selon l’article 77 du code de déontologie. Leurs sec-teurs de garde sont trop vastes et leur travail n’est pas

valorisé.Il manque des filières de soins« post-urgence ». Il faut prendre lemal à la racine, ces personnels évo-luent dans un enfer quotidien du faitd’une gestion industrielle. Quand lemédecin urgentiste est obligé dechercher des lits, ce n’est pas nor-mal, ce n’est pas son travail, la créa-tion de « bed manager » serait unesolution comme le propose encoreune fois Jean-Yves Le Grall dans sonrapport.

Michel Dru : La médecine d’urgence compte énormé-ment de postes de praticiens hospitaliers vacants et iln’y a pas suffisamment de médecins formés actuelle-

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INTERVIEW

Il faut prendre le mal à laracine. Les personnelshospitaliers évoluent ausein d’un enfer quotidienen raison d’une gestion

industrielleRaphaël Briot

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ment. Aujourd’hui, tous les hôpitaux veulent leur ser-vice d’urgence, même lorsque le nombre de patientsest faible. Il s’agit souvent d’un problème politique local.Les pouvoirs publics savent que certains services d’ur-gence devraient être fermés la nuit et/ou le week-end endéveloppant des SMUR. Ainsi, l’offre de soins en méde-cine d’urgence serait repensée sur un territoire de santédonné.

Pierre Achache : La stratégie qui consisterait à aug-menter encore le nombre de méde-cins urgentistes (en imaginant qu’ilssoient assez nombreux) ne résoudraitpas le problème. Ce serait une fuiteen avant et l’étude de l’histoirerécente le prouve. Pour accroître leurseffectifs et leur confort, certains ser-vices peu regardant ont imposé unelogique inflationniste : plus il y avait demalades, plus il fallait de médecins,plus il y avait de médecins, plus il yavait de malades, on tournait en rond.Aujourd’hui, le discours est de dire« continuez à faire du clientélisme enrecevant tous les patients qui se présentent, même lesurgences ressenties, relativement rémunératrices etcontinuez à exercer vos compétences spécifiques d’ex-cellence ». Nous devons remplir simultanément, desobjectifs quantitatifs et qualitatifs. La spirale est infernale.On ne peut pas tout faire, d’autant que les moyens res-tent, au mieux, constants.

PHAR-E : La création d’un DES de médecine d’urgencesemble acquise. Pourtant elle peine à être actée. N’est ce pas justement à cause de la difficulté de définirson contenu, et par la même le périmètre de l’urgenceet la définition du rôle du médecin urgentiste ?François Braun : Le DES est prêt. La maquette a été vali-dée par le collège et nous sommes dans les « starting-blocks ». Il s’agit d’une spécialité indispensable, tout le monde estd’accord sur ça. C’est la seule solution pour qu’enfin lamédecine d’urgence soit vécue comme une « solution »et pas comme un « problème », comme une « ambition »et non comme une « charge ». Le DES est une étapeessentielle, surtout lorsqu’on voit qu’actuellement, cer-tains services d’urgence doivent être fermés car ils nepeuvent pas recruter des médecins urgentistes euro-péens, formés à l’urgence, car, en France, la médecined’urgence n’est pas une spécialité reconnue. On réaliseà quel point la situation est aberrante !

Raphaël Briot : Non je ne crois pas. La mise en placede cette formation a traîné car, selon moi, il s’agit plus

d’une réforme globale. D’autres spécialités sont concer-nées. Ce n’est pas une preuve de mauvaise volonté dela part du gouvernement. il faut reconnaître que l’élabo-ration d’une telle filière est particulièrement complexe. Le DESC permet déjà de réaliser quatre stages spéci-fiques de six mois (urgences, SAMU et pédiatrie parexemple). Il serait bon d’étoffer les possibilités des étu-diants pour qu’ils aient des compétences plus solidesune fois lâchés dans l’arène.

Michel Dru : Les universitaires et lesurgentistes de terrain doivent peaufi-ner le contenu de ce DES. L’urgen-tiste se trouve confronté aujourd’hui ànombreuses tâches auxquelles il n’estpas préparé, telles la prise en chargedes patients postopératoires ouencore la réanimation. L’urgentiste nedoit pas servir à boucher les trous desautres disciplines médicales. Le nom-bre d’étudiants en médecine et d’in-ternes est en augmentation et beau-coup souhaitent travailler au sein desurgences. Grâce à cette « déferlante

» prochaine de nouveaux médecins, chaque spécialitémédicale se recentrera sur son cœur de métier, avec sinécessaire, des passerelles correctement organisées.

Pierre Achache : Le DES est clairement corrélé à laréforme du 3ème cycle, celle dont la rédaction tardeencore à émerger. C’est vrai qu’il existe un certain floudans les missions dévolues aux spécialistes de l’ur-gence. À mon avis, en dehors des situations d’ur-gence réelle, l’urgentiste n’est qu’un des maillons dela chaîne de santé et il y a sa place. En matière de per-manence des soins, il faudrait savoir précisément oùs’arrête le rôle du médecin généraliste, où commencecelui éventuel de l’urgentiste, et à quel moment lemédecin généraliste doit reprendre son rôle après lepassage aux urgences. Il faudrait également vérifiersi la Médecine d’Urgence n’est pas un moyen depénétrer plus facilement le monde des autres spécia-lités, elles-mêmes déjà engluées dans des problè-mes extrinsèques, réglementaires ou organisation-nels. La Médecine d’urgence actuelle s’inscrit entreun aval, souvent libéral et un amont souvent mixte.Elle ne contrôle ni l’un ni l’autre et reste un vase d’ex-pansion qui fait tampon. Le problème est complexeet le nombre de questions très élevé.

PHAR-E : Comment voyez-vous l’avenir des médecinsurgentistes ? Peut-on être médecin urgentiste toute savie compte tenu de la pénibilité de ce métier ? François Braun : Je pense qu’on peut être urgentiste

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INTERVIEW

Les urgentistes sontvictimes de leur succès,les gens se disent queles médecins sont plus

compétents àl’hôpital…

Michel Dru

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INTERVIEW

toute sa vie, oui. Il faut d’abord distinguer deux types depénibilités : - celles qui sont liées à l’exercice médical (le travail denuit, la permanence les week-end),

- et les pénibilités indues : les urgentistes travaillent en48h et 60h postées.

Pour que ça fonctionne, l’urgentiste doit pouvoir gérerson temps. Avec la circulaire sur le temps de travail onconstate que c’est l’attractivité qui diminue la pénibilité. Nos collègues américains ont 4 shifts soit 32 heures pos-tées par semaine et le reste du temps, ils peuvent seconsacrer à la recherche ou à l’enseignement. Certainsmédecins urgentistes ont déjà 60 ansce qui prouve que l’on peut exercer cemétier toute sa vie, à condition de tra-vailler dans une environnement satis-faisant. Il ne faut pas perdre de vue lefait que les urgentistes ont les mêmesdevoirs et les même droits que lesautres médecins.

Raphaël Briot : C’est une véritablequestion et dire qu’on ne pourrait pas être urgentistetoute sa vie serait une mauvaise réponse. Depuis lesannées 90, certains ne font que ça donc c’est évidem-ment possible. Il est impossible de travailler toute savie un weekend sur deux, deux ou trois nuits parsemaine. Il faut travailler sur cette pénibilité qui peutêtre allégée. des solutions qui rendraient cette activitémoins pénible. Le temps de travail ne peut pas êtrecomptabilisé de la même façon et en favorisant les pas-serelles l’évolution du métier d’urgentiste poserait cer-tainement moins de problèmes.

Michel Dru : En médecine, l’encadrement des jeunespar les anciens, ce que l’on appelle le compagnon-nage, fait partie des missions des praticiens plus âgés.Néanmoins, il est inhumain de demander à un collèguede 60 ans d’assurer 6 gardes par mois bien que, pour

des raisons démographiques, de nombreux praticiens,comme les anesthésistes-réanimateurs, soient forcésde les assurer. Nous assistons, de plus, à une évolu-tion sociétale évidente : les jeunes médecins veulent dutemps pour leur vie personnelle. Enfin, n’oublions pasla féminisation de la profession. Je crois qu’arrivés à uncertain âge et peut-être sans attendre un âge avancé,ils s’écarteront de la médecine d’urgence (spécialitémédicale épuisante du fait des gardes et de l’activitésoutenue) pour autre chose. Je vois l’avenir des méde-cins urgentistes avec des temps partiels et le reste dutemps sera rempli par leur vie familiale et/ou ils setourneront vers d’autres exercices : la médecine huma-nitaire ou libérale…

Pierre Achache : Dans les conditions actuelles d’exer-cice, il sera très dur pour les médecins urgentistes depersister dans cette voie jusqu’à la fin de leur carrière.On voit bien que nos jeunes collègues sont un peueffrayés et qu’ils ont déjà intégré le fait qu’ils n’exer-ceront probablement pas cette spécialité toute leurvie. Ne pourrions nous pas envisager, qu’à l’avenir, lesurgentistes puissent bénéficier de passerelles intéres-santes, leur permettant d’évoluer plus sereinement ?Si les urgentistes continuent à être isolés et épuisés,et si la pénibilité continue à ne pas être reconnue oumal gérée, il sera de plus en plus difficile de susci-

ter des vocations. Dans un schémaidéal, les jeunes médecins qui choi-siraient les urgences devraient pou-voir dire « j’ai une perspective deréorientation et je peux trouver uneporte de sortie quand je le souhai-terai, donc je peux me consacrerà fond à la Médecine d’Urgence ».Il est évidemment difficile de com-mencer une carrière en en envisa-

geant la fin mais le problème doit être rapidementposé afin de pouvoir disposer d’un temps pour yrépondre. Nous devons tout mettre en œuvre pourpouvoir rassurer nos futurs collègues car la pénibilitéde notre genre de carrière en fait s’écarter quelquesun, c’est certain.

PHAR-E : Indubitablement, hormis les urgentistes, lesurgences concernent nombre de médecins de différen-tes spécialités dans un hôpital. Ne doivent ils pas à lafois participer à l’accueil des urgences et bénéficier desmêmes avancées réglementaires ?François Braun : Les différents spécialistes doiventassumer leurs urgences et en assurer l’accueil éga-lement. En revanche, il ne faut pas tout mélanger,chaque métier est différent. Concernant la filière cardio-vasculaire, on remarque que ça marche très

On a le sentiment qu’àl’hôpital la prioritén’est plus aux soins !

Pierre Achache

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bien et que le travail est fluide. L’hôpital doit êtreconcentré sur l’activité programmée car pour l’instantles différentes disciplines sont en compétition alorsqu’elles devraient être complémentaires. Il faut quetous les acteurs des urgences se mettent autour dela table pour discuter justement de la complémenta-rité du territoire de santé.

Raphaël Briot : Oui tout à fait, c’est d’ailleurs un sujetqui revient souvent dans les discussions. Les lignesde gardes alimentées par d’autres spécialités per-mettraient aux jeunes médecins de s’inspirer d’uncertain savoir faire. Pour un rhumatologue par exem-ple, il sera plus difficile d’avoir certains réflexes dansun service d’urgence ce qui est normal. Les derniersprotocoles en matière de transfert de compétencessont très intéressants. Ils vont permettre de fluidifierla machine même si tout ça aura un coût.

Michel Dru : Oui cela semble évident. La gestion del'accueil pourrait permettre à tout le monde de prendrela mesure de ce que sont réellement les urgences auquotidien, chacun pourrait apporter sa pierre à l’édi-fice. Selon moi, il faut garder le socle commun que nousconnaissons déjà, tout le monde doit bénéficier desmêmes avancées statutaires. Par ailleurs, il faudrait pren-

dre des mesures particulières pour ceux qui font des gar-des. Il faut donc essayer de ne pas creuser un fosséentre les différentes spécialités et les différents types demédecins.

Pierre Achache : Il paraît évident que tous ceux qui par-ticipent à la médecine d’urgence doivent avoir les mêmescompensations. Je ne vois pas de raisons à ce que lesspécialités limitrophes soient exclues des perspectivesqui semblent se profiler pour les urgentistes. Cepen-dant, nous vivons encore avec le concept d’une unicitéde statut pour tous les praticiens dans toutes les spé-cialités. Ne pourrions nous pas nous interroger sur l’é-ventuelle obsolescence de cette notion alors qu’on netrouve plus personne pour discuter la pénibilité de laMédecine d’Urgence ? Il faudrait peut-être pouvoir réflé-chir sur ce dogme qui n’est finalement que pseudo-éga-litaire. Cette sorte de nivellement par le bas me paraîtaujourd’hui mal défendable. L’enjeu est celui de l’attrac-tivité des carrières, sujet majeur, déjà sensible et encours de discussion par ailleurs. C’est un peu notre ave-nir qui se joue là.

Propos recueillis par Saveria Sargentini

INTERVIEW

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Appel à candidatures pour le renouvellement du conseild'administration du SNPHAR-E lors de l'AG du 15 janvier 2016 augrand amphithéatre de l'HEGP, Paris.

Comme pour les années précédentes, les élections se dérouleront par voie électronique du 4 décem-bre 2015 au 15 janvier 2016 (14H30) jour de l'assemblée générale qui se tiendra au grand amphithéa-tre de l'hôpital Georges Pompidou, Paris 15e.Les membres sortants sont : Veronique Agaesse, Raphael Briot, Nathalie Cros-Terraux, Patrick Dassier,Michel Dru, Jean Garric, Pascal Menestret, Nicole Smolski

Pour faire acte de candidature au Conseil d’Administration, il est nécessaire d’être à jour de sa cotisa-tion syndicale depuis les 3 dernières années (2013,2014 et 2015).

Les candidatures doivent être adressées au format word (1 page maximum avec photo) au plus tard le 27 novembre 2015 (minuit) à : Véronique Agaesse CHU - Centre Saint Victor, Service d'AnesthésieRéanimation - 354 Boulevard Beauvillé 80054 Amiens cedex 1 [email protected]

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ANALYSE

La première partie du rapport est consacrée à l'historique et à l'é-volution du métier d'urgentiste. En 1993, le rapport Steg déploraitla sous-médicalisation des urgences où les patients n'étaientsouvent pris en charge que par des internes, ce qui était sourced'erreurs diagnostiques, thérapeutiques et d'hospitalisationsexcessives. La séniorisation des services d'urgence était unepréconisation forte de ce rapport Steg ainsi que la catégorisationdes services d'accueil soit en SAU, soit en Antennes d'Accueil etd'Orientation (ANACOR) selon le niveau de leur plateau technique.Il y a vingt ans déjà Adolphe Steg appelait de ses vœux une réin-tégration du médecin généraliste dans la chaîne de l'urgence !

Le deuxième volet du rapport Grall analyse la situation actuelledes urgences. Il note des avancées comme la création de nomb-reux postes de PH, le développement de formations spécifiques(CMU, DESC … et futur DES) et l'émergence d'une filière hospita-lo-universitaire de médecine d'urgence. Il souligne l'efficiencedes filières d'urgence vitale. Les Schémas Régionauxd'Organisation des Soins (SROS) essayent de délivrer de manièrerationnelle les autorisations d'implantation de services d'urgen-ces, mais Jean-Yves Grall déplore l'abandon (depuis 2006) de ladistinction entre SAU et ANACOR pour ne conserver que l'appel-lation générique de « services d'urgences ».

Surtout, le rapport constate l'accroissement du déséquilibreentre l'afflux de passages aux urgences et l'érosion de la perma-nence des soins ambulatoires assurée par le secteur libéral et cemalgré le développement d'associations de médecins généralis-tes type « SOS médecins ». Le rapport s'appuie sur les résultatsde l'enquête de 2013 de la Direction de la recherche, des études,de l'évaluation et des statistiques (Drees) qui montrait que lenombre de passages aux urgences a explosé en vingt ans(18 millions de passages par an en 2013 alors qu'il n'était « que» de 7 millions par an en 1993). Seules 10 % sont des urgencesgraves et 5 % des urgences vitales. Le nombre de patients quirestent hospitalisés à l'issue de leur passage aux urgences n'estque de 20 %. Ce taux est stable depuis 20 ans mais il représenteen valeur absolue (rapportée aux 18 millions de passagesannuels) un nombre colossal de lits d'hospitalisation à trouver enaval des urgences. Concernant la territorialisation et le dogmedes « 30 minutes », le rapport considère que les zones urbainesont surtout besoin d'organisation et de lisibilité dans l'offre desoins. Les zones rurales ont, quant à elles, de réels déficits deressources médicales amenant les hôpitaux à « des dépensesinconsidérées d'intérimaires aux rémunérations parfois exorbi-tantes ». Le rapport souligne l'affaissement de la permanence dessoins ambulatoires avec une érosion du volontariat et unedéresponsabilisation de facto de la médecine libérale. Il constateaussi le cercle vicieux de démotivation des médecins urgentisteshospitaliers soumis à une gestion « industrielle de situationsintriquées dont le rapport avec l’urgence est le plus souvent trèsténu ».

La dernière partie du rapport énonce une série de propositions. Ilsuggère la création d'un réseau territorial de soins non program-més dont le périmètre, les attributions et les moyens sont assez

vagues. Il propose de créer une lettre clé « Acte non programmé »pour les libéraux et de favoriser l'usage des transports sanitaires(notamment les transports infirmiers inter-hospitaliers) au seinde ce réseau. Les horaires d'ouverture des maisons médicales degarde devraient être élargis en journée et une filière de petitetraumatologie (35 % à 40 % des passages aux urgences) pourraitêtre créée. Un retour à une hiérarchisation des structures d'ur-gences en trois catégories (services d'urgences ; antennes d'ur-gences ; centres de soins non programmés) est proposée. Pouroptimiser la ressource médicale les propositions du rapport sontplus précises. La recherche de lits d'aval pourrait être confiée àdes « beds managers » issus des soins infirmiers. Le recours auxmédecins généralistes en régulation pourrait être accru pourrecentrer les urgentistes sur l'activité d'aide médicale urgente.L'exercice médical d'urgentistes en réanimation ou en soinsintensifs pourrait être restreint afin d'accroître leur présencedans les services d'urgence. Il est surtout proposé la créationd'équipes médicales de territoire au sein des futurs GroupementsHospitaliers de Territoires (GHT), quitte à modifier le statut de PHpour permettre la nomination de ces praticiens, non pas sur unhôpital, mais sur un GHT.

NOTRE ANALYSE : Les services d'urgences n'étant que le goulot d'étranglementd'une filière de soins « non programmés » défaillante dans sa glo-balité, il est regrettable que le rapport Grall n'ait pas mieux abor-dé les difficultés en amont et en aval des urgences. Beaucoup de facteurs contribuent au désengagement des libé-raux. En 2003 le code de déontologie a été modifié (notammentson article 77 sur la permanence des soins) et les médecins deville ne satisfont désormais leur devoir de permanence des soinsque « sur la base du volontariat et de la confraternité ». Les sec-teurs de garde à couvrir sont concentrés en territoires de plus enplus vastes obligeant de grands déplacements. Dans de nomb-reux secteurs, il n'y a qu'une maison médicale de garde sanspossibilité de visite à domicile. La « nuit profonde » (au-delà deminuit) n'est plus reconnue par les ARS (donc pas indemnisée)dans la plupart des secteurs de garde. Le rapport aurait pu for-muler plus explicitement des propositions de relance de l'organi-sation collective des cabinets libéraux pour un meilleur maillageterritorial de la permanence des soins.En aval des urgences, les lits disponibles pour l'hospitalisationinopinée de patients des urgences sont de plus en plus rares àcause de la logique T2A et sa course au « taux d'occupation »maximal. Là encore, le rapport Grall aurait pu proposer, par exem-ple, un nombre minimum de lits d'aval spécifiquement dédiés àun service d'urgence.Au final, avec ses propositions principalement axées sur « l'opti-misation des ressources » et la mutualisation d'urgentisteshospitaliers via les GHT, le rapport Grall n'offre qu'une visionassez étroite de la territorialisation des urgences. Si les collabo-rations entre équipes peuvent être intéressantes, l'éparpillementdes praticiens et le partage de la misère démographique ne cons-titue guère une solution d'avenir, ni pour la médecine d'urgence,ni pour les autres spécialités.

Raphaël Briot, Administrateur du SNPHAR-E et de l'intersyndicale Avenir Hospitalier

Analyse du « rapport Grall » sur la territorialisation des urgences(remis par Jean-Yves Grall à Marisol Touraine en juillet 2015)

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L’INTERDISPLINARITÉ DES PRISES ENCHARGE SANITAIRE PRÉCONISÉE DÈS

2002

Déjà en 2002, les articles L.6321-1 et 6321-2 de la Loi2002-203 créaient les réseaux de santé dont l’undes buts était de favoriser l'interdisciplinarité desprises en charge sanitaires. Leurs champs d’applica-tion concernent aussi bien l'éducation à la santé, laprévention, le diagnostic que la réalisation des soins.Parallèlement, toujours en 2002, le Professeur BERLAND se voyait confier par le ministère de laSanté une mission sur la démographie des profes-sions de santé qui conclut devant la diminution signi-ficative du nombre de médecins à la nécessité deredéfinir les différents niveaux d’intervention desdiverses professions de santé, pour une utilisationoptimale des compétences. En 2003, ce même auteur remettait un nouveau rap-port qui s’inscrivait dans le prolongement du précé-dent et consistait en une analyse des éventuellesopportunités de coopération professionnelles. LeProfesseur BERLAND précise bien que « la proposi-tion de délégation de compétences n’a pas pour seulobjectif de résoudre à terme des problèmes de den-sité médicale. Elle est également sous-tendue par lesouci de conserver une qualité de soins dans notrepays et certainement de l’améliorer par une plusgrande disponibilité des médecins pour les tâches etactivités qui le nécessitent ». Dès 2003, la Ministre de la santé demande une expé-rimentation des transferts de compétences. Étantdonné le caractère dérogatoire de ces actes ou orga-nisations par rapport à la réglementation actuelle,ceci a été sous-tendu par l’article 131 de la loi du 09août 2004 qui autorise « par dérogation » des expé-rimentations relatives à la coopération des profession-nels de santé et aux possibilités de transfert de com-pétences entre professions médicales et d'autresprofessions de santé dont les modalités (nature et listedes actes, durées et lieux de conditions de mise en

œuvre, modalités d’évaluation) seront fixées par plu-sieurs arrêtés. Un premier arrêté en 2004 autoriseainsi cinq expérimentations, et un deuxième, en 2006,dix nouveaux projets. Un rapport d’évaluation en 2006 conclut à la faisa-bilité, en toute sécurité pour les patients, dans lesdomaines concernés ; cela rejoint les données de lalittérature anglo-saxonne (Angleterre, USA, Canada). La Haute Autorité de Santé (HAS) se voit, quant à elle,confier la mission d’évaluation de ces expérimenta-tions et d’élaboration de recommandations dans ledomaine de coopérations entre professionnels desanté allant jusqu’aux principes de généralisation deces expérimentations et aussi jusqu’à l’extension duchamp de compétences de certains professionnels desanté du fait de ces actes dérogatoires à leurs décrets de compétences. Selon Yvon BERLAND, il ne s’agirait pas forcément decréer de nouveaux métiers (les fameuses professionsintermédiaires), mais de diversifier les niveaux de

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MISE AU POINT

Transfert des compétences oucoopération professionnelle ?

D epuis le début de ce siècle, sous l’impulsion de facteurs économiques, sociétaux etdémographiques médicaux quantitatifs et aussi géographiques, la médecine et sonorganisation se trouvent dans l’obligation d’évoluer pour toujours répondre à ses

objectifs princeps, à savoir soigner la population en garantissant un égal accès à des soins dequalité dans des conditions sécuritaires idéales.

Les objectifs affichés etavoués de cesexpérimentations de tranfertde compétence sont :�■ Dégager du temps médical en permettant à d’autresprofessionnels d’effectuer certaines tâches dont ilspossèderaient ou auraient acquis les compétences ;

■ Prendre en compte les évolutions des technologiesmédicales, c’est-à-dire en partageant avec d’autresprofessionnels de santé non médicaux, bien formés, laréalisation d’actes jusque-là réservés au corps médi-cal ;

■ Améliorer la prise en charge des patients tant en ter-mes d’accès (orientation, délais) qu’en termes decontinuité ou de coordination des soins ;

■ Valoriser ou donner des perspectives de parcours pro-fessionnels aux paramédicaux qui évoluent dans uncadre contraint réglementaire.

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formation des métiers existants. Il s’agit donc defaire évoluer les professionnels médicaux et les pro-fessionnels paramédicaux vers une meilleure complé-mentarité.

On peut distinguer quatre types d’expérimentation :① La délégation d’actes à visée diagnostique. La

délégation porte sur la réalisation de ceux-ci maisjamais sur l’interprétation strictement réservée aumédecin.

② La mise en œuvre de pratiques collaborativesdédiées. Le médecin confie au paramédical un rôlespécifique dans la prise en charge en équipe, maisun rôle appartenant au champ de compétence del’intéressé. Celui-ci intervient sur prescriptionmédicale et rend compte au médecin. Il intervientdans une chaîne de soins pour l’accompagne-ment et le suivi du patient.

③ La délégation d’actes ou de pratiques tech-niques à visée thérapeutique sur protocole.La réalisation se fait toujours sous le contrôle etla responsabilité du médecin : il peut et doit inter-venir à tout moment.

④ La mise en œuvre de pratiques collaborativesintégrées. La pratique collaborative, sans exclurela possibilité de délégation d’actes, révèle uneévolution dans la conception de la prise en chargedu patient, ainsi que dans les modalités de coopé-ration entre les professionnels qui en découlent,et s’inscrit dans une vision organisationnelle dif-férente, plus proche d’un modèle transversal quehiérarchique. La notion « client-fournisseur »domine par rapport à la notion « déléguant-délé-gataire ». Le délégataire devient, en quelque sorte,autonome, mais le médecin reste le superviseur.

Ainsi, ces expér imentations relèvent de deuxlogiques :■ Une logique adaptative : adapter l’existant aux

évolutions de l’environnement en gardant le mêmecadre de référence. Le processus de généralisationou d’extension sera ici beaucoup plus facile.

■ Une logique transformative, visant à faire évoluerles modèles organisationnels dominants. Cettedernière logique appelle à faire évoluer les frontiè-res identitaires et culturelles entre médecins etnon-médecins, ville et hôpital, médical, médico-social et social. L’organisation territoriale de santépeut être l’occasion de faire évoluer la répartitiondes tâches entre médecins et non médecins.

Déjà en 2006, à l’issue des cinq premières expérimen-tations, l’Observatoire National des Professions deSanté (ONDPS) concluait que « tous les projets pré-

sentés montrent qu’il est possible pour des profes-sionnels paramédicaux de réaliser des actes médicauxsans danger pour les patients, au prix d’une réorga-nisation des processus de travail et d’une étroite col-laboration avec les médecins. » Quant à l’HAS, en2010, elle confirmait, à la suite de l’analyse des dixsuivantes, qu’il était possible de modifier la réparti-tion des interventions des différents professionnels desanté dans des conditions satisfaisantes de qualitéet de sécurité pour les patients. C’était la porteouverte à la mise en œuvre de nouvelles formes decollaboration entre professionnels de santé. Sanspour autant aboutir à une révision totale, réglemen-taire, de l’organisation des professions de santé tantdu point de vue de leur formation initiale, de leurcadre juridique et de leurs conditions d’exercice, leGouvernement a choisi d’autoriser une adaptationconjoncturelle du cadre juridique pour permettre l’é-mergence de nouvelles pratiques sans remettre encause le cadre général actuel. L’article 51 de la loi2009-879, dite loi HPST, crée ainsi trois articles dansle code de la santé publique (articles L.4011-1, L.4011-2 et L.4011-3) dont l’objet est de permettre aux pro-fessionnels de santé de s’engager dans une démar-che de coopération ayant pour objet de transférer,entre eux, des activités, des actes de soins ou deréorganiser leurs modes d’intervention auprès despatients. Cependant, comme le souligne le rapportHENNARD (2011), au fur et à mesure de la générali-sation de ces protocoles sur le territoire national,ceci aboutira à terme à une nouvelle répartition destâches qui induira obligatoirement un nouveau contourdes métiers avec obligation de réajustement des for-mations et des qualifications … L’évolution se fera parl’exemple ou les exemples !

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MISE AU POINT

Déroulement du cadredérogatoire :�■ Les promoteurs soumettent leur projet à l’agencerégionale de santé (ARS), laquelle vérifie que les proto-coles répondent à un besoin de santé constaté auniveau régional.

■ Dans un second temps, les protocoles retenus parl’ARS sont adressés à la HAS pour être analysés, auregard de critères qui doivent être précisés par arrêté(arrêté du 31/12/2009) : assurance de la réelle volontéde coopérer des différents acteurs, garantie assuran-tielle, réalité de l’expérience des promoteurs dans ledomaine concerné.

■ Finalement, le directeur général de l'ARS autorise lamise en œuvre de ces protocoles par arrêté pris aprèsavis conforme de la HAS et qui précise la durée duprotocole.

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L’HAS, seule initialement, peut étendre ces protoco-les, après évaluation, à tout le territoire national, cesderniers devant être ensuite intégrés dans la forma-tion initiale et le développement professionnel continu.

EN 2013, L’ARTICLE 35 DE LA LOI2013-1203 A INTRODUIT

RÈGLEMENTAIREMENT LA NÉCESSITÉ DEPROJET ÉCONOMIQUE DU PROTOCOLEET L’INSERTION D’UN COLLÈGE DE

FINANCEURS

C’est ainsi que sont rédigés les articles L.4011-2-1,L.4011-2-2 et L.4011-2-3, modification des articlesL.4011-1, L.4011-2, complétées par le décret n°2014-919 créant l’article D.41012-1 du CSP, l’arrêté du23/10/2014 modifiant l’arrêté du 31/12/2009. Non pasque la dimension économique n’existait pas avant,tout protocole devant évaluer l’impact économique etson coût donc son efficience ; l’intérêt ici étant de pou-voir bénéficier de financement dérogatoire. Ce collègede financeurs est composé de quatre personnes : ledirecteur de la sécurité sociale, le directeur général del’offre de soins, le directeur de la santé, le directeur del’union des caisses de l’assurance maladie. Il donneson avis à l’HAS d’un point de vue économique tantà l’adoption initiale du protocole, qu’à son renouvel-lement ou sa pérennisation. Quant à l’extension à toutle territoire national par l’HAS, le collège des financeursdoit donner un avis favorable déjà au maintien. L’autre modification importante apportée par la loi de2013 est le retrait de l’obligation d’intégration dans la for-mation initiale et le développement professionnel continuen cas de l’extension à tout le territoire ; si une autreéquipe désire adopter un tel protocole, il lui suffit sim-plement de signaler son adhésion à l’ARS. Cependant,le collège des financeurs peut donner un avis à titre défi-nitif par une inscription des actes sur la liste prévue à l'ar-ticle L. 162-1-7 du code de la sécurité sociale, ce quiimpactera à terme la formation initiale et continue. Enfin,il existe maintenant une obligation pour le directeur del’ARS à prévenir les ordres régionaux des professions desanté concernées de même que les unions profession-nelles de l’autorisation du protocole.

Le cadre réglementaire est donc posé. Il appelle plu-sieurs réflexions et précisions :■ Il s’agit donc d’apporter un cadre ou une sécurité

juridique à de nouvelles pratiques sortant deschamps de compétences des professions de santéconcernées. Nous sommes donc encore dans unephase expérimentale qui dans certains cas pourradéboucher sur une évolution des métiers.

■ Tous les projets sont et restent à l’initiative des

équipes médicales et ont une durée limitée. Certes,ils peuvent être renouvelés, et seulement certainspérennisés. Il semble donc qu’il soit hors de ques-tion d’imposer quoi que ce soit à l’ensemble desprofessionnels de santé, en dehors des actesinscrits par le collège des financeurs. Les idées doi-vent faire leur chemin et aboutir à l’adhésion detous. L’HAS, par son rôle dans l’extension ou lagénéralisation de ces nouvelles pratiques, assurerace rôle de communicant. Les DG ARS pourrontseulement faire appel de projets. Mais ne soyonspas dupes, l’existence de ces projets peut servir demoyen de pression en d’autres endroits par l’ap-plication de la théorie du donnant-donnant …

■ Ils sont tous fortement dépendants des conditionslocales environnementales, et répondent plus à unbesoin locorégional de santé qu’à un besoin natio-nal. Par conséquent, ils ne sont pas forcémentnécessaires, utiles ou applicables dans d’autresrégions. Par ailleurs, ces conditions environne-mentales sont aussi appelées à évoluer, pouvantrendre caduque de tels protocoles ; qu’en sera-t-il alors des personnels formés ?

■ De plus, ils nécessitent une adhésion nette, fran-che de tous les acteurs à un point tel que lesrecommandations de l’HAS demandent un enga-gement écrit de tous les acteurs de santé concer-nés avec le promoteur.

■ Quant à l’efficience, l’introduction d’un collègedes financeurs montre bien que le facteur écono-mique domine.

Cependant il est accepté que la « rentabilité » nepeut être immédiate étant donné entre autres lesbesoins de formation des personnels. Ceci sous-entend aussi que les ARS pourraient financer cesprojets en partie. Le collège des financeurs a aussison rôle à jouer en permettant une non-dévalorisationd’un acte technique effectué par un paramédical enl’attribuant simplement à l’équipe et non à l’individu.

Pour l’HAS, ce qui doit primer, c’est le maintien ou l’a-mélioration de la qualité des soins.■ Les critères d’acceptation par le DG ARS, par

l’HAS et par le collège des financeurs ne sont pasclairement exprimés. Evidement que l’efficienceet la qualité des soins priment. Mais y a-t-il uneconsultation des sociétés savantes, des conseilsnationaux professionnels, d’experts dans la patho-logie concernée ? De quelles garanties scienti-fiques s’entourent l’acceptation de tels protocoles,entre autres quant à l’évaluation a priori des risquespour les patients ?

■ Le fait que les professionnels de santé régionauxne soient seulement qu’avertis de la réalisation de

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MISE AU POINT

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tels protocoles et non consultés signifient bienque le DGARS, l’HAS et le collège des financeursse situent à un niveau supérieur au-delà des cri-tiques ou des craintes de professionnels de terrain.

■ De quelle formation complémentaire adaptée doi-vent bénéficier les professionnels paramédicaux ?Pour l’HAS, certainement d’une formation théo-rique, mais aussi d’une formation pratique par «imprégnation », par compagnonnage. Quel avenirpour ces personnels en cas de mutation, si cetteformation n’est pas sanctionnée par un titre oudiplôme ? Le risque étant que ce compagnonnageampute celui réalisé par les médecins auprès desinternes. Pour preuve, le nombre d’accrochagesexistant pour poser une Carlens entre élèves IADEet DESAR dans les blocs de chirurgie thoracique.

■ C’est le médecin qui reste responsable quel quesoit le type de protocole ou d’expérimentation. Il estétonnant que ce soit lui qui doive apporter la garan-tie assurantielle ! Il aurait été plus logique qu’à cestade, ce soit les tutelles qui garantissent le risque.Sinon c’est un contrat de dupes : en schématisant,vous proposez de faire quelque chose d’illégal,pour le bien national à une autorité qui accepte cefait, mais en cas d’erreur c’est vous qui plongez,seul. Bonjour la solidarité !

EN DEHORS DE LA VALORISATIONPRATIQUE DE LEUR EXERCICE, LA

RÉMUNÉRATION DE CESPROFESSIONNELS DE SANTÉ QUI

ACCEPTENT DE FAIRE PLUS QUE LEURCADRE DE RÉFÉRENCE INTERROGE.

Il ne s’agit pas de charger leur barque pour le mêmesalaire, et on voit bien qu’à terme, les adhésions à cesprotocoles progressant en raison de l’aggravationdes conditions locales d’exercice, se posera le pro-blème des professions intermédiaires, ce qui sous-entend qu’à terme il devra y avoir aussi un impact surla formation initiale et continue.

Pour l’instant un certain nombre d’équipes ont proposédes protocoles. Sur le site des coopérations entre pro-fessionnels de santé (https://coopps.ars.sante.fr), il y aactuellement 253 protocoles autorisés, répondant à 43protocoles princeps qui ont donc été étendus avecadhésion d’équipes d’autres régions (voir répartitiontableau ci-contre). Pour les nouveaux protocoles en cours de valida-tion, seulement 14 seraient refusés, soit à peu près10 % de l’effectif concerné. La grande majorité de cesprotocoles s’appliquent dans les établissements desanté publics.

À bien y regarder, ces protocoles sont loin de mettreà mal l’autorité, l’autonomie et la décision médicales ;de ce fait, le médecin supervise le protocole, il validel’acte s’il y a lieu et il doit être présent (astreinte) encas de problème éventuel. À partir du moment où lesprotocoles sont bien établis et suivis rigoureuse-ment, cela reste possible sans mettre à mal la sécu-rité des patients. La confiance des médecins estfondée sur la reconnaissance des compétences avé-rées des paramédicaux qui ont suivi une formation,et non sur des relations interpersonnelles commecela existait préalablement. Certains actes n’étaientdélégués qu’à certains en fonction des ententes exis-tant avec le déléguant. Maintenant il s’agit beaucoupplus d’une réelle collaboration où chacun joue son rôleet garde son rang à condition que les compétenceset la professionnalisation de tous soient bien recon-nues. Cependant, il existe des réticences, liées auxmédecins devant la diminution de leur volume d’ac-tivité (surtout les libéraux), devant le transfert d’élé-ments diagnostiques et thérapeutiques avec les pro-blèmes de responsabilité que cela engendre, ou liéesaux paramédicaux devant l’absence de revalorisationcertaine, également devant les problèmes de respon-sabilité qui existent aussi à ce niveau.

EN CE QUI CONCERNE L’ANESTHÉSIE-RÉANIMATION, QUATRE PROTOCOLES

ONT ÉTÉ PROPOSÉS À CE JOUR

■ « Transfert de compétences : pose de voie vei-neuse centrale par une IDE », autorisé depuis le21/10/2013 par l’ARS Rhône-Alpes.

■ « Consultation de pré-anesthésie conduite par uneIADE », en cours de validation par l’ARS d’Ile deFrance (dépôt du dossier en décembre 2013, dos-sier qui reste à compléter)

■ « Réalisation par l’IADE des blocs nerveux analgé-siques du membre inférieur sous échographie dansla chirurgie du genou, de la hanche et de la liga-

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Acte technique avec prescription médicale 24

Presciption médicale, renouvellment d’ordonnance,adaptation posologique 31

Interprétation d’examens complémentaires 34

Prescription d’examen complémentaires 41

Suivi patient 43

Établissement d’un diagnostic 43

Autres 69

Acte sans prescription médicale 63

MISE AU POINT

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mentoplastie du genou dans le cadre de la prise encharge de la douleur » en cours de validation parl’ARS PACA (dépôt du dossier en juillet 2014)

■ « Anesthésie locorégionale : perfusion d’anesthé-siants locaux à domicile en sortie de chirurgieambulatoire. » en cours de validation par l’ARSPACA (dépôt du dossier en novembre 2014, dos-sier à compléter en juin 2015).

UNE ARS « OUBLIE » DE CONSULTERLES ANESTHÉSISTES À PROPOS D’UNPROTOCOLE SUR LES CONSULTATIONSPRÉ-ANESTHÉSIQUES CONDUITES PAR

DES IADE

Le protocole « Consultation de pré-anesthésieconduite par une IADE » a été paradoxalement pro-posé dans les objectifs annuels de l’ARS de Lor-raine, sans qu’aucun médecin anesthésiste-réani-mateur (MAR) lorrain n’ait été au courant. Dire quecela a entraîné un tollé de leur part est un euphé-misme. En effet, il a surpris pour plusieurs raisons :■ Aucun MAR lorrain n’était à l’origine de ce proto-

cole. Dire que l’ARS de Lorraine voulait forcer lamain, c’est fort possible.

■ Surtout, aucun n’a vu le besoin régional de santénécessaire à ce protocole : les délais de consulta-tion préanesthésique sont en rapport avec lesdates d’intervention, et il n’existe pas d’attente. Sic’est pour un problème démographique médical, lapopulation IADE est encore plus en difficulté quecelle des MAR. Ces derniers préfèrent les voir aubloc opératoire plutôt qu’en dehors.

■ Par ailleurs, outre l’absence de précision dans lasupervision médicale de ce protocole, l’absence deprécision sur la formation nécessaire des IADE àcette tâche, il semble que du fait de leur dizained’années d’études médicales, seuls les MAR soientaptes à apprécier le risque anesthésique qui reposesur un raisonnement physiopathologique alliantles antécédents du patient et le retentissementéventuel de la chirurgie envisagée.

Ce projet de protocole, apparaissant comme unemauvaise réponse à une éventuelle bonne ques-tion, a été retiré des objectifs de l’ARS de Lorraine.

Ainsi, le transfert des compétences apparaît pluscomme une pratique collaborative, même s’il peutexister certaines délégations d’actes qui sont toujoursencadrées et protocolisées. Cette pratique collabo-rative complémentaire repose sur une reconnais-sance réelle des compétences des professions para-médicales avérées, ou acquises pour certaines, tant

dans leur dimension professionnelle qu’humaine et surle comportement des acteurs concernés (savoir,savoir-faire, savoir être). Elle nécessite une pleineadhésion de tous les acteurs concernés. Elle ne peutqu’aboutir à l’émergence de nouvelles organisationsde prise en charge des patients où le rôle de chacun,complémentaire des autres, serait décrit avec préci-sion, et avec pour objectifs essentiels (HAS – Guideméthodologique) :■ L’amélioration de l’accès au soin en augmentant le

volume d’activité et réduire ainsi les listes d’at-tente ;

■ L’augmentation la qualité des soins afin d’éviterdes complications ;

■ Donner une légitimité et un cadre juridique à despratiques professionnelles existantes ;

■ L’amélioration de la gestion des ressources humai-nes (ouvrir des perspectives d’évolution de carrière,faciliter le recrutement, conserver des postes) oudes conditions de travail ;

■ Dégager du temps médical en recentrant les inter-ventions des médecins sur certaines activités.

Ces nouvelles organisations peuvent apparaîtrecomme une segmentation de l’acte médical, voireun genre de taylorisation que nos directeurs et nostutelles seraient bien tentés de nous imposer. L’initia-tive doit rester médicale, et plus exactement à l’équipemédicale, tout comme la réalisation et le suivi. L’ad-hésion doit être constamment recherchée pour pou-voir durer. Enfin le risque de créer des professions sur-exploitées existe, la question des professionsintermédiaires ou de la reconnaissance de participa-tion à de telles organisations et pratiques doit êtreposée.

Le cadre réglementaire permettant la définition etla réalisation de ces protocoles, choisi par le Gou-vernement, est original, car il permet l’improvisa-tion et l’initiative. Mais il encadre sans trop enca-drer, et soutient sans trop soutenir avec unedimension économique prégnante. Ce ne doit êtrequ’une étape.

Jean Garric, Administrateur du SNPHAR-E

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Tous les médecins sont confrontés à la fin de vie, enfinpresque ; quelques spécialités médicales y échappent.Mais nous partageons tous un point commun : les étu-des médicales ne nous y préparent pas. Pourtant, lesactivités dites de soins critiques exposent ses prati-ciens très fréquemment. L’anesthé-siste-réanimateur, particulièrementcelui qui exerçait en réanimation, seformait par nécessité, au fil du tempset du compagnonnage. Un encadre-ment légal de la fin de vie est venuclore une période où les médecinsprenaient des décisions à la hauteurde leur seule expérience ou autoritémorale. Depuis 2005, les droits despatients et de leurs proches ainsi quel’obligation de collégialité, sont venusrappeler les principes remontant à lamédecine hippocratique et les inscriredans une loi. Loin de nous contraindre, cette loi clarifiaitles termes en mettant l’accent sur le caractère déraison-nable d’un soin qu’il devenait illégal d’entreprendre, soitparce que le groupe soignant l’avait décrit comme tel,soit que le malade ou sa personne de confiance nesouhaitait pas recevoir ce soin.

RÉGIR LA FIN DE VIE EN LÉGIFÉRANTUNIQUEMENT SUR LES « DERNIERS »

SOINS APPORTÉS AU PATIENT RÉVÈLE UNEFAILLE, CELLE D’UNE INCAPACITÉ À

AVOUER LA POSSIBILITÉ D’UN L’ÉCHEC DUTRAITEMENT EN AMONT.

Une remarque s’impose. La loi sur la fin de vie de 2005,si elle constituait une avancée considérable, en définis-sant un soin déraisonnable comme un soin entreprisdans le but de prolonger la vie, sans espoir de réversi-bilité, focalisait cette définition sur les derniers soinsapportés au patient, ceux qui précèdent la mort. Mais

n’est-il pas tout aussi déraisonnable d’entreprendresans réserve, des thérapeutiques agressives et coûteu-ses au seul motif inavoué de repousser le moment où l’ondevra reconnaitre son impuissance au malade ? Fauted’une relation initiale véritablement contractualisée entre

le thérapeute et le patient – « votremaladie est grave, on tente cela, maissi l’on échoue que souhaitez-vous ?» -, les thérapeutiques se succèdent,les « lignes » se suivent et le maladese retrouve en soins critiques sansque l’éventualité de la mort ait étéévoquée. La loi de 2005 met l’accentsur les directives anticipées, mais lesmédecins n’ont pas vraiment changéleurs pratiques quant aux décisionsanticipées. Les premières sont produi-tes par le malade, les secondes parles médecins. Concrètement, ni les

unes ni les autres ne font partie de notre quotidien. Ainsi,la plupart des patients qui sont admis en réanimation alorsqu’ils sont porteurs d’une maladie incurable, n’ont pas dedirectives anticipées, pas plus que leur dossier médicalne mentionne une synthèse quant à la conduite des soinsen cas de dégradation aiguë. Ce qui ne signifie pas queces patients ne doivent pas être admis en réanimation.Mais, si une réflexion a été menée en amont, le niveau desoin sera plus adapté. Par exemple, un choc septique peutêtre rapidement réversible avec des traitements peuagressifs. En cas d’échec de ces derniers, l’escaladedes traitements est évitée et la mort peut survenir dansle calme et le respect du patient, plutôt qu’en état dedéfaillance multi viscérale, avec mise en œuvre de mul-tiples assistances. Ainsi, en raison de ce manque d’an-ticipation, la notion d’acharnement thérapeutique peutencore être dénoncée par ceux qui veulent toujours plusde lois, entre autres les partisans de la légalisation de l’eu-thanasie et du suicide assisté. Ils savent très habilementmettre en œuvre une exploitation médiatique des rares casdifficiles où les solutions restent discutables.

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Le médecin, acteur de la fin de vie ?

D epuis 2005, les droits des patients et de leurs proches ainsi que l’obligation decollégialité, sont venus rappeler les principes remontant à la médecine hippocratiqueet les inscrire dans une loi. loin de nous contraindre, cette loi clarifiait les termes

en mettant l’accent sur le caractère déraisonnable d’un soin qu’il devenait illégald’entreprendre, soit parce que le groupe soignant l’avait décrit comme tel, soit parce que lemalade ou sa personne de confiance ne souhaitait pas recevoir ce soin.

Faute d’une relationinitiale véritablementcontractualisée entre lethérapeute et le patient,le malade se retrouveen soins critiques sansque l’éventualité de lamort ait été évoquée.

““

ETHIQUE

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QUAND LA SÉDATION PROFONDE ETCONTINUE DEVIENT LA JUMELLE CACHÉEDE L’EUTHANASIE, LE SÉNAT RÉAGIT MAISLES MÉDECINS NE SEMBLENT PLUS AVOIR

LEUR MOT À DIRE.

En réponse à la pression, et en accord avec l’engage-ment 21 du candidat François Hollande - Je propose-rai que toute personne majeure en phase avancée ou ter-minale d’une maladie incurable, provoquant unesouffrance physique ou psychique insupportable, et quine peut être apaisée, puisse demander, dans des condi-tions précises et strictes, à bénéficier d’une assistancemédicalisée pour terminer sa vie dans la dignité. -, la mis-sion Claeys/Leonetti proposait de modifier sur deuxpoints importants la loi de 2005 : l’accès à la sédationprofonde et continue demandée par le malade et lecaractère contraignant des directives anticipées. Enclair, le malade pouvait réclamer une sédation terminaleet les directives antici-pées devenaient oppo-sables. Le terme d’évo-lution de la loi, employépar notre ministre, illus-trait bien une certaineassurance affichée parcertains : ces modifica-tions n’étaient qu’uneétape vers la légalisationde l’euthanasie et dusuicide assisté. Ce quidevait être un débatdevenait un combat desanciens contre lesmodernes, encore un. Mais la loi, adoptée en premièrelecture au parlement en mars, était retoquée par lesénat, en juillet 2015, au motif que l’accès à une séda-tion profonde et continue pouvait s’interpréter commeune légalisation non dite de l’euthanasie et du suicideassisté. Par ailleurs, les sénateurs rappelaient que l’hy-dratation et l’alimentation artificielles constituaient belet bien un soin de base et non un acharnement théra-peutique.

Sans détailler chaque mot de cette proposition et ana-lyser tous les débats, il est intéressant d’en dégager leton. Alors que la loi de 2005, surtout après le décret d’ap-plication de 2010 modifiant l’article 37 du code de déon-tologie médicale, offrait au médecin toutes les cartespour prendre des décisions et accompagner la fin de vie,cette version - pourtant jugée déjà dépassée par certains– vise à renforcer les droits du malade et de ses proches.C’était un reproche adressé à la loi de 2005, que de se

préoccuper des médecins et non des malades. Le légis-lateur redresse « le tir » : le médecin devient celui qui peutêtre contraint, à qui l’on peut opposer des directives.D’ailleurs le projet de loi se nomme : « Loi créant de nou-veaux droits en faveur des malades et personnes en finde vie ». Un ton prescriptif est employé et place lemédecin dans le rôle de celui qui doit s’exécuter. Uneobligation de résultat est clairement annoncée : le méde-cin doit assurer une fin de vie digne et apaisée. La pres-cription quitte le domaine médical, l’accès à une séda-tion profonde et continue devient une finalité en soi,alors que la question initiale qui se pose au médecin estde trouver les moyens de traiter une douleur physique,morale, voire sociale. La sédation n’est pourtant pas laseule réponse de la médecine palliative ! Rappelons-nous, ce bouleversement de société ne date pas del’actuel projet de loi. À peine la loi du 22 avril 2005votée, il paraissait banal, pour nombres de députés dedéclarer que la nutrition et l’hydratation artificiellesétaient des thérapeutiques déraisonnables quand elles

s’adressaient à des per-sonnes en fin de vie. Siles réanimateurs ont lon-guement débattu decette question, sansd’ailleurs être toujoursd’accord, au sujet depatients en état végéta-tifs persistants, rien n’estaussi évident dans lecadre de la fin de vie.Nous avons été « pris devitesse » par une sociétécivile, un législateur quiqualifie nos actes. Un

soin de base, devient un acte déraisonnable, sans queles professionnels qui réalisent le soin aient conclu surla question. La qualification de nos actes par des nonmédecins est une atteinte à notre profession. Som-mes-nous en partie responsables de cette main-mise, sommes-nous bien présents dans ce débat ?Mais, tout d’abord, le médecin doit-il être le seulacteur présent ?

À la deuxième question, il est facile de répondre par lanégative, pourtant le législateur compte bien sur nous.Ne retrouve-t-on pas dans le titre du projet de loi, les ter-mes de « malades et fin de vie » mis en perspectives ?Ainsi, l’homme moderne aurait définitivement admisque, dans tous les cas, la fin de vie est une maladie ; lemédecin, bien naturellement, doit s’en occuper. Pre-nons l’exemple de la fin de vie de la personne âgée insti-tutionnalisée, pas nécessairement malade. Assimilercette période à une maladie est une manière malhonnête

ETHIQUE

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de déplacer le problème. Si la prise en charge des per-sonnes âgées pose un problème de solidarité natio-nale, celle-ci doit être partagée, par les proches, lasociété et les professionnels dans leur ensemble. Sim-plifier la réalité et focaliser toutes les responsabilitéssur le médecin est une double erreur. Premièrement, lamédicalisation excessive de la fin de vie aboutira à unedisproportion entre les thérapeutiques et l’avantage quela personne en retirera, sans aborder le problème descoûts. Deuxièmement, en perspective avec le caractèreprescriptif du projet de Loi, le médecin se retrouvera faceà des situations où la pression sociétale lui fera préfé-rer une sédation à toute autre solution. Et l’on voit poin-dre la « nécessité » de la légalisation de l’euthanasie queses partisans ne manqueront pas de présenter, là encore,comme une évidence. Au motif de ne pas laisser souf-frir, alors que c’est la société toute entière qui craint d’af-fronter la souffrance de la personne vulnérable, les solu-tions radicales apparaissent comme incontournables. Etau médecin de s’exécuter, sous la contrainte d’une nou-velle Loi !

« LA RÉANIMATION D’ATTENTE » EST LACONSÉQUENCE D’UN MANQUE DE

COMMUNICATION ÉVIDENT ENTRE LESPATIENTS ET LES MÉDECINS. AVANT

D’ACCOMPAGNER LE PATIENT QUI MEURT,NE FAUDRAIT-IL PAS EN PARLER AVEC

LUI ?

Tenter de répondre cette première question revient à sedemander si nous n’avons pas failli à notre devoir. Enécho à ce qui a été dit en première partie, il est clair quenous vivons au quotidien, en réanimation, une distorsionentre les projets de soins et leurs chances raisonnablesde succès. Ainsi, des patients qui ont subi plusieurs ten-tatives de traitements lourds, sont admis en réanimationsans que la mort ait été évoquée avec eux ou leurs pro-ches. Ce que certains ont nommé « la réanimation d’at-tente » est la marque de cet échec de la communicationentre les malades et les différents acteurs de soins.Initier un traitement engage celui qui le décide, mais aussile malade et tous les acteurs de l’institution. L’anticipa-tion de l’échec n’est pas enseignée. Nous sommes for-més à la poursuite de la réussite, coute que coute. Envi-sager d’emblée l’échec est pourtant une posture éthiquede tous les instants qui peut se résumer simplement :« ce que je propose au malade est-il adapté à sa per-sonne et qu’ai-je à lui proposer en cas d’échec ? » Leschangements de trajectoires que l’on fait subir auxpatients – des soins maximaux parfois d’emblée dérai-sonnables, jusqu’à la limitation des soins en réanimation- peuvent être, à juste titre, vécus comme une atteinte

à l’autonomie. Que le légis-lateur veille au respect decelle-ci et prescrive notreconduite doit nous faireréfléchir à nos propresfonctionnements.

Un autre élément deréponse est à chercherdans notre système definancement de la santé.La tarification à l’activitéest un mode de finance-ment qui est très bienadapté aux soins standar-disés. Une médecine rapide, efficace. Mais pour lespathologies complexes, les réponses doivent coller à laréalité de chacun, ce qui demande du temps, de laconcertation, des hésitations. On peut aboutir à ne pro-duire aucun acte marqueur. Pour ces pratiques, aucunetarification n’est prévue. Écouter un malade durant uneheure est moins rémunérateur que d’écourter l’entretienet le remplacer par un nouvel examen para clinique ouune chimiothérapie compassionnelle qui eux, serontrémunérés. Bien que nous répugnions tous à pratiquerla médecine de la sorte, nous avons, bon gré mal gré,intégré ce management des hôpitaux où nous sommesmontrés du doigt en cas de déviance par rapport à unenorme comptable et à l’exemple des structures privées.S’il ne faut pas balayer les avantages d’une juste rému-nération à l’activité, en matière de médecine ambulatoire,de maîtrise des infections nosocomiales etc…, il esttemps de réclamer une tarification à la qualité ou à latempérance. Cette complicité retrouvée, entre le méde-cin et le malade, est la seule réponse au consumérismeambiant, consumérisme de soins, mais aussi de lois, lesdeux étant étroitement liés.

Alors, encore acteur de la fin de vie ? Oui, par la forcedes choses, par la présence des malades qui meurentde plus en plus en institution. Oui, mais acteur sanstalent, car la pression sociétale et de certains lobbies esttelle que les médecins se sont fait prendre de vitessedans ce débat, tout employés à résoudre les problèmesquotidiens, y compris ceux de la fin de vie. L’absence deformation initiale à la prise en charge palliative et à l’é-thique médicale, l’organisation de la santé et son finan-cement, l’ultra spécialisation, sont des facteurs qui ontabouti à notre absence dans ce débat.

Serge Duperret Anesthésiste-réanimateur à Lyon, hôpital de la

Croix-Rousse

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Retrouver unecomplicité entre le

médecin et le malade,est la seule réponse auconsumérisme ambiant,consumérisme de soins,mais aussi de lois, lesdeux étant étroitement

liés.

ETHIQUE

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PHAR-E : Quelle « représentation » avez-vous d’unmédecin de l’hôpital public ? Quelles sont ses mis-sions ?Julien Lenglet : À mon sens le médecin de l’hôpitalpublic est celui qui a fait le choix d’intégrer une visioncollective de la médecine qui porte des valeurs fortes.Il est le pilier des structures hospitalières s’il parvient àdevenir un cadre supérieur responsable au sein de l’ins-titution dans laquelle il travaille. Il intervient sur plusieurs plans, organisationnel, fonction-nel et il s’investit corps et âme dans tout ce qu’il fait enrestant indépendant notamment en matière de diagnos-tic même s’il fait partie d’une équipe au sein de laquellela hiérarchie peut parfois s’avérer être un peu compli-quée. Sa mission première est de soignertous ceux qui se présentent à lui évi-demment, mais celle ci ne peut êtredissociée d'une mission de recher-che et d'une mission d'enseignement.

Olivier Véran : Lorsque j’avais parti-cipé à la mission Toupillier en 2010,95 % des PH qui avaient répondu àl’enquête affirmaient que leur pre-mière mission était celle du servicepublic. C’est la raison pour laquelle ils font ce choix.C'est pourquoi il faut faire attention à ce que les contrain-tes médico économiques, les enjeux d'efficience, neprennent pas le pas sur leur cœur de métier. Le modede tarification hospitalière, la pression que nombre demédecins ressentent au sein des hôpitaux, le fait deparler d’activité plus que de « malades » toutes cescomposantes occasionnent la souffrance profession-nelle à mon avis.

Renaud Péquignot : Rejoindre le service public estune manière d’exercer son métier pleinement et enadéquation avec toutes les valeurs qu’un médecindoit défendre. Chaque médecin est différent dansson travail à l’hôpital public. Pour certains c’est parceque c’est un métier intéressant, pour d’autres plus

sécurisant, certains s’investissent à leur façon enremplissant les missions d’enseignement et de ges-tion même si la mission la plus importante reste tou-jours la même : apporter les soins nécessaires à ceuxqui en ont besoin.

PHAR-E : Être médecin de l’hôpital public : est ce unsacerdoce, une vocation, un métier comme un autre,une galère ?Julien Lenglet : Je pense que c’est une vocation. Endevenant médecin on s’engage sur le long terme afinde remplir une mission de soins en essayant toujoursde chercher à entretenir la relation avec le patient,ainsi que les dialogues entre les personnels. Le méde-cin de l’hôpital public est d’autant plus concerné

puisqu’il est le garant de cettevaleur au sein de l’établissementdans lequel il exerce. Malgré l’étatactuel de l’hôpital public il faut faireen sorte d’empêcher les jeunesmédecins de s’éloigner alors qu’ilsveulent s’engager sur cette voie.C’est main dans la main avec les «anciens » que des solutions pour-ront être trouvées. Le temps est auchangement pour les médecins de

l’hôpital, et ce changement doit être impulsé par lesdifférentes générations qui se côtoient tous les jours,en faisant un métier qu’ils ont choisi.

Renaud Péquignot : On pourrait dire qu’en raison desdifficultés que connaît l’hôpital aujourd’hui, être méde-cin dans ces conditions serait plutôt une galère. Les jeu-nes savent qu’intégrer un établissement public ne serapas de tout repos. Malgré tout ils sont nombreux àvouloir en faire partie. Cela veut bien dire devenir unmédecin de l’hôpital public relève plus d’une vocation.

Olivier Véran : Tout dépend de comment on le vit. Cha-cun a sa façon de voir les choses. À mon avis c’est unefierté et une chance de pouvoir faire partie de l’exercicehospitalier.

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Le feuilleton de PHAR-E : les missions des PH

C haque médecin a une définition de l’exercice en hôpital public qui lui est propre. lesdifférentes générations se rejoignent-elles toujours sur les fondements de ce métieret sur l’avenir de celui-ci ? pour le savoir, nous avons interrogé Julien lenglet

(président du syndicat national des chefs de clinique), renaud péquignot (gériatre à saintmaurice) et olivier veran (parlementaire, Auteur du rapport veran).

INTERVIEW

Soigner sans avoir à seposer de questions

économiques, c’est ce quiest important pour lesmédecins hospitaliers

Olivier Véran

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PHAR -E : À votre avis, un médecin de l’hôpital publicdoit-il se consacrer de façon exclusive à son établis-sement, ou bien peut-il exercer son activité au dehors,et si oui, sous quelle forme ?Julien Lenglet : Le médecin doit pouvoir gérer sontemps de travail, il doit pouvoir organiser son agenda enfonction de toutes les facettes de son métier. Il se consa-cre à son établissement dans un premier temps maisavec les GHT une mutualisation des moyens qui vamodifier notre façon de travailler sera mise en place. Jene crois pas à l’exemple du médecin qui passe toute sacarrière au sein du même hôpital, selon moi c’est unconcept dépassé depuis longtemps. Il faut que le méde-cin puisse être ancré dans ces futures structures de ter-ritoire tout en ne perdant pas des vues ses missionspremières. Les jeunes médecins veulent pouvoir sedéplacer et connaître d’autres expériences au cours deleur carrière, dans des cadres différents. En terme detemps de travail, les fondations doivent être repenséesà mon sens. Accomplir sa mission de médecin hospi-talier dans de bonnes conditions c’est être en phaseavec toutes les composantes d’un hôpital.

Renaud Péquignot :Jusqu’à maintenant lemédecin hospitalier tra-vaillait uniquement ausein de son établisse-ment. Avec la Loi deSanté et la mise enplace des GHT, les cho-ses vont forcémentchanger. Notre façon

d’appréhender le métier va changer. Ce projet ne peut êtrebénéfique pour tout le monde qu’à partir du moment où leregroupement est bien pensé et que l’organisation est opti-male au sein de chaque équipe. Si cette mesure permet demettre en place un projet médical clair au sein de chaqueétablissement, les médecins pourront diversifier leurs acti-vités et très certainement s’épanouir plus facilement.

Olivier Véran : Je crois à la flexibilité des centres d’exer-cice. Les médecins aiment les challenges et les défis.Lorsqu’on s’inscrit dans une carrière très longue de 30ou 40 ans, on peut avoir envie d’aller voir ailleurs. La fléxi-bilité dans les modes d’exercice permettrait à certainsde se consacrer à la gouvernance hospitalière, ou àl’enseignement même s’il ne sont pas universitaires. Jesuis convaincu que tous les médecins n’ont pas voca-tion à rester 30 ou 40 ans dans le même service.

PHAR-E : Pensez-vous que des signes objectifs d’unemeilleure reconnaissance de la globalité des missionsdes médecins des hôpitaux publics favorisent l’at-

tractivité des carrièreshospitalières ?Julien Lenglet : Oui bienévidemment. Il apparaîtclairement que les méde-cins de l’hôpital public enont assez d’être réduits àdes « managers d’écono-mie ». La rentabilité avanttout n’est pas un conceptcompatible avec l’exercice de ce métier, même de nosjours. Avoir le temps de penser son activité, de faireautre chose sont des éléments fondamentaux en matièrede bien être au travail. L’attractivité ne peut s’appuyer quesur le développement d’une reconnaissance plus justede toutes les missions qui incombent au médecin del’hôpital public.

Renaud Péquignot : Tout a fait puisque à l’heure qu’il estl’hôpital se transforme en entreprise et les médecins enprestataires de service, autant d’évolutions qui minentles médecins au quotidien. L’exercice de notre métier estécrasé par la gestion industrielle qui nous est imposéeet plus particulièrement aux urgences.

PHAR-E : Quelle position pensez-vous qu’un médecinde l’hôpital occupe par rapport à la structure adminis-trative de son établissement ?Julien Lenglet : Ce sujet nous amène à prendre cons-cience de toute la complexité de la machine qu’est l’hô-pital. Il arrive souvent que la communication entre leschefs de pôle et les présidents de CME ne soit pas au beaufixe. Je pense que la question de la gouvernance est unpoint essentiel quant à l’avenir de l’hôpital. Soigner touten gérant les aspects économiques et sociaux c’est pos-sible mais uniquement si TOUS les acteurs d’un établis-sement agissent de concert. Une bonne gestion permetd’apporter une stabilité, qui incitera les jeunes à resterdans les services hospitaliers publics. En simplifiant lesrelations entre tous les professionnels, les médecins pour-ront apprendre à gérer correctement leurs différentes mis-sions.

Renaud Péquignot : Si nous nous heurtons parfois àune impasse en matière de gestion à l’hôpital c’est quele rôle de chacun n’est pas bien défini et que la commu-nication est mauvaise. Etre médecin à l’hôpital signifieparticiper à la gouvernance de celui-ci , cela signifieégalement ne pas être mis à l’écart au moment de laprise de décisions ce qui arrive encore trop souvent.Tout médecin qui s’engage dans le service public doitsavoir qu’il doit composer avec la collectivité et à tousles niveaux.

Propos recueillis par S Sargentini

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INTERVIEW

Le médecin qui passetoute sa carrière au seindu même hôpital : unconcept dépassé !

Julien Lenglet

““

Celui qui s’engage dans leservice public doit savoirqu’il aura à composer avec

la collectivité Renaud Péquignot

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