Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

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Le nouvel ordre économique international : économie et communication A par Breda PavliC et Cees J. Hamelink c

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Le nouvel ordre économique international : économie et communication

A

par Breda PavliC et Cees J. Hamelink

c

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ISBN 92-3-202311-3 Edition anglaise 92-3-102311-X Edition espagnole 92-3-20231 1-7

Publié en 1985 par l’organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 7, place de Fontenoy - 75700 Paris Composé et imprimé dans les ateliers de l’Unesco

@ Unesco 1985

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Préface

C e propos a pour origine une disposition du Programme et budget approuvé de l'Unesco pour 1981 -1983 (paragraphe 4398) qui prévoyait une étude sur les relations entre un nouvel ordre économique international et un nouvel ordre de la communication. Ses auteurs, Breda Pavli; et Cees J. Hamelink, se sont fixé c o m m e objec- tif de décrire et d'analyser les liens entre ces deux concepts, les mesures prises en vue de leur application effective, et l'évolution surve- nue dans le sens de leur élargissement, de m a - nière & essaypr de définir plus précisément la contribution que les moyens d'information et de communication peuvent apporter à l'instauration d'un nouvel ordre économique. pour but de mettre en lumière la nature et l'am- pleur des obstacles que dressent sur la voie d'un nouvel ordre économique les inégalités et les déséquilibres en matière de communication (y compris la dépendance technologique) et d'exa- miner les effets que l'instauration d'un nouvel ordre économique pourrait avoir sur l'informa- tion et la communication.

Les auteurs ont déliberément adopté une vi - sion globale de la communication, les problèmes posés par l'information spécialisée et la circula- tion des données à travers les frontières consti- tuant à leurs yeux le lien fondamental entre les

Cette étude a

deux ordres. élément c o m m u n la notion d'autosuffisance et s'en servent c o m m e d'un fil conducteur pour faire l'historique de ces deux concepts et défi- nir les termes fondamentaux qui s'y rattachent, avant de passer à un examen plus précis des activités spécialisées en matière d'information. Une attention particulière est accordée aux re- lations commerciales, aux aspects juridiques, au rôle des entreprises transnationales, aux situations relatives des pays industrialisés et des pays en développement, enfin, aux relations entre les pays en développement eux-memes, qu'elles prennent la forme de négociations ou d'actions conjointes. Les auteurs soulignent que, s'ils se sont efforcés de tenir compte des préoccupations et des positions de tous les groupes géopolitiques, leur étude est axée prin- cipalement sur les problèmes et les préoccupa- tions des pays en développement.

L'analyse et la présentation des données figurant dana cette étude, ainsi que les opinions exprimées, n'engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement les vues de l'Unesco. C e document rassemble les reflexions de deux chercheurs spécialisés sur un thème majeur de notre temps qui peut donner lieu à des interpré- tations et des points de vue différents.

Ils prennent c o m m e principal

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Sources

Cette étude est le fruit de la collaboration d'un certain nombre de chercheurs et d'organismes de recherche qui ont pu échanger leurs idées et leurs écrits dans le cadre des activités de la Section de la communication internationale de l'Association internationale des études et recherches su.r l'information (AIERI). Citons notamment Osw aldo Capriles, de 1'Institute for Research on Communication (ININCO), Caracas ; Rita Cruise O'Brien, de 1'Institute of Development Studies (IDS), Brighton ; Cees J. Hamelink, de 1'Institute of School Studies (ISS), La Haye ; Meheroo Jussawalla, de l'East-West Communication Institute, Honolulu ; Breda Pavlid, du Centre de recherches sur la coopération avec les pays en développement, Ljubljana ; Rafael Roncagliolo, de l'Institut latino-américain d'études transnationales (ILET), Mexico ; et Tamas Szecsko, du Centre de recherches sur les communications de masse, Budapest. Breda Pavli6, qui a rédigé le rapport, s'est occupée plus particulièrement de l'introduction, du chapitre 1, des deux premières parties du chapitre 2, de la majeure partie du chapitre 3 (conclusions), des deux bibliographies et de la coordination du projet. l'importante partie du chapitre 2 qui traite de l'information (spécialisée), du commerce et de l'autosuffisance, et il a contribué pour une bonne part à la rédaction du chapitre final. satisfaisant de penser que la présente étude est le fruit d'un effort collectif, il n'en reste pas moins que Breda PavliE assume l'ultime responsabilité des opinions exprimées et des erreurs qui ont pu &tre commises.

Les participants à la Consultation de l'AIER1, patronnée par l'Unesco, se sont réunis à Leicester (Royaume-Uni), du 18 au 22 juillet 1982, ont examiné le texte original et y ont ap- porté quelques améliorations. I1 s'agit de N. Dajan\, K.E. Eapen, F. -J. Eilers, F. Fleck, C. J. Hamelink, J.D. Halloran, Z. Jakab, M. Jussawalla, H. Mowlana, B. Pavli;, R. Ronca- gliolo, A. Sreberny-Mohammadi, R. A. White et P. Henquet (Unesco).

Les travaux de nombreux collègues et amis qui ne figurent pas dans cette liste ont constitué une autre source d'inspiration et d'information. mais nous espérons qu'ils constateront que leurs points de vue ont été intégrés à la substance de cette étude, et qu'ils seront encouragés à collaborer à la poursuite de notre objectif, qui est de mieux connaftre et mieux comprendre le monde où nous vivons, et à soutenir notre action en faveur d'un avenir de paix.

financier, ainsi qu'à la Commission yougoslave pour la coopération avec l'Unesco. adressons également nos remerciements au Centre de recherches sur la coopération avec les pays en développement (Ljubljana) et 21 1'Institute of Social Sciences (La Haye) qui nous ont ac- cordé du temps et des moyens techniques. contribution d'Ankica SokEeviE, qui a dactylographié le manuscrit.

C'est à Cees J. Hamelink que l'on doit

S'il est

Ils sont trop nombreux pour être cités ici,

5, ))

Nous exprimons notre gratitude à l'Unesco qui nous a apporté un soutien tant moral que d i Nous

Enfin, ce travail n'aurait pu etre accompli sans la

Breda PavliE

Cees .J. Hamelink

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Table des matières

PREFACE SOURCES INTRODUCTION .................................................................................................................................................... 9 Chapitre 1 : UN NOUVEL ORDRE INTERNATIONAL ET MONDIAL

DE L‘INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION ..................... 15 1.1 L’évolution d’un concept ............................................................................................... 15 1.2 Principales caractéristiques du nouvel ordre ............................................... 26

LE NOUVEL ORDRE MONDIAL DE L‘INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION - UN ELEMENT COMMUN : L’AUTONOMIE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE ..................... 29 2.1 L’autonomie, principe fondamental du NOEI et du NOMIC ......... 29 2.2 Le rôle des médias dans la réalisation de l‘autonomie ........................... 32

2.2.1 La participation du public comme facteur d’autonomie .............................................................................................................. 33

2.2.2 Éducation, médias et autonomie ............................................................... 36

autonomie ............................................................................................................................ 42 2.3.1 Expansion de certaines activités ................................................ 2.3.2 Flux transfrontières de données et entreprises

2.3.3 Position des pays en développement sur le marché

Chapitre 2 : LE NOUVEL ORDRE ECONOMIQUE INTERNATIONAL ET

2.3 Information (spécialisée), échanges commerciaux et

transnationales .......................................................................... ............................. 46

mondial des biens et des services relatifs a l’information ............................................................................................ 51

Chapitre 3 : QUEL DEVENIR ? .................................................................................................................. 59 3.1 Les (mauvaises) interprétations du nouvel ordre ..................................... 59 3.2 La dialectique relative au nouvel ordre international et

au nouvel ordre mondial de l’information et de la communication .......................................................................................................... 62

BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE DE PUBLICATIONS ET DE DOCUMENTS RELATIFS AU NOUVEL ORDRE MONDIAL DE L‘INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION ...................................................... 69 BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE DE PUBLICATIONS ET DE DOCUMENTS RELATIFS AU NOUVEL ORDRE

0 . 0

. .

ECONOMIQUE INTERNATIONAL ....................................................................................................... 79

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I nt roduct ion

Peu de temps après que l'idée d'un nouvel ordre économique international eut été lancée, au début des années 1970/1, la communauté internationale a été invitée à reconnaftre que "l'instauration d'un nouvel ordre économique international dé- pend non seulement de facteurs politiques et éco- nomiques, mais aussi de facteurs socioculturels, dont le r61e dans le développement ne cesse de croftre et qui sont essentiels dans la lutte des peuples contre toute forme de domination''/2. C o m m e il est dit dans Le monde en devenir, "la finalité même d'un nouvel ordre économique in- ternational dépasse donc le domaine économique proprement dit ; elle vise non seulement la mise en valeur des choses et leur plus juste réparti- tion, mais le développement de tous les hommes et de tout l'homme, dans un processus culturel intégral chargé de valeurs et englobant l'environ- nement national, les rapports sociaux, l'éduca- tion, le bien-être ; il s'agit de donner aussi une base au développement de la communauté inter- nationale elle-mBme"/3. Au niveau théorique, cette approche, tout comme celles qui ont été exprimées ultérieurement dans diverses études, notamment L'avenir du Tiers Monde et Le défi de l'an 2000, s'inscrit dans le droit fil des meil- leures traditions théoriques, et en particulier de celles qui ont été formulées par Guinar Myrdal, qui a montré qu'il est foncièrement irréaliste de penser qu'il existe certains éléments de la réa- lité sociale qui peuvent être qualifiés de "facteurs économiques", et qu'une analyse théorique peut rationnellement se restreindre aux interactions de ces facteurs. Ce postulat est dénué de réa- lisme, nous dit Myrdal, parce que c'est précisé- ment dans cette vaste partie de la réalité sociale que l'analyse économique laisse à l'écart en dis- tinguant les facteurs "économiques" et "non éco- nomiques" que surviennent les changements les plus significatifs pour le développement global de toute société. C'est pourquoi une analyse détail- lée et complète de la société doit prendre en compte les facteurs prétendument "non écono- miques" aussi bien que les facteurs proprement "économiques" tout en distinguant seulement, dans un souci de méthodologie, entre facteurs "plus significatifs" et facteurs ''moins significa- tifs" (le degré de signification étant évalué par rapport au processus de développement)/ 4.

Sur cette base, ilestvite apparu que le nouvel ordre économique international devait nécessaire - ment comporter une dimension socioculturelle. La situation mondiale exigeait l'instauration d'un nouvel ordre socio-culturel international. et cette exigence se manifestait essentiellement, pour le moment du moins, dans la revendication d'un nouvel ordre international et mondi al de

1.

2.

3.

4.

5.

La Déclara tion concernant 1 'instauration d'un nouvel ordre économique international a été adoptée en 1974 par l'Assemblée générale des Nations Unies au cours de sa sixième session extraordinaire. E n vue d'assurer l'applica- tion de cette déclaration, un programme d'ac- tion a été adopté au cours de la septième ses- sion extraordinaire (Résolutions 3201 et 3202/ S-VI et résolution 3362/S-VII). O n considère généralement que cette déclaration et ce pro- gramme procèdent directement de la Quatrième Conférence des chefs d'Etat ou de gouverne- ment des pays non alignés (Alger, 1973). Conférence générale de l'Unesco, dix-huitième session, (Paris, 1974), 18C/Résolutions 12.11. Le monde en devenir (Réflexions sur le nou- vel ordre économique international), Unesco, Paris 1976, p. 18 et 19. Gunnar Myrdal, Théorie économique et pays sous-développés, Paris, Présence africaine, 1959, p. 20. Compte tenu du fait que le terme utilisé à l'origine par les pays non alignés était "nou- vel ordre international de l'information'' (le mot "communication" ayant été ajouté par ia suite), et qu'on emploie maintenant l'expres- sion "nouvel ordre mondial de l'information et de la communication", les auteurs ont ad- mis que ce changement de terminologie a une signification de fond, c'est-à-dire politique, (qui sera au moins partiellement examinée dans cette étude) et ils ont réuni les deux termes, malgré la redondance. Des explica- tions plus détaillées seront fournies ultérieu- rement sur ce point. Les concepts d'informa- tion et de communication, qui ne sont pas définis de façon précise ici, seront constam- ment associés tout au long de ce rapport afin d'éviter une approche trop restrictive des problèmes étudiés.

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l'information et de la communication/5. Avec la cinquième Conférence des chefs d'Etat ou de gou- vernement des pays non alignés (Colombo, 1976) et la dix-neuvième session de la Conférence gé- nérale de l'Unesco (Nairobi, 1976). l'idée d'un nouvel ordre international de l'information (et de la communication) a été lancée officiellement dans l'arène internationale (bien que ses origines soient plus anciennes, c o m m e on le verra dans le chapitre suivant) en tant que complément es- sentiel des efforts déployés pour créer le nouvel ordre économique international.

Depuis lors, un grand nombre de réunions techniques, différentes conférences internatio- nales et une très abondante littérature se sont attachées à l'élaboration conceptuelle des deux ordres/'. nomique international qui a suscité le plus d'at- tention. Cependant l'ordre de l'information et de la communication est désormais mentionné dans des écrits de plus en plus nombreux publiés dans pratiquement toutes les régions du mondep. Assurément, nombre de ces écrits et notamment ceux qui ont trait à la communication ont encore un caractère exploratoire, s'appuient sur des hypothèses plut6t que sur des données de fait et sont d'une portée assez limitée tant dans leur approche théorique que dans leur capacité h cerner des processus qui ne se situent pas dans une simple relation linéaire de cause à effet par leur interrelation dialectique. Tout cela rend les deux ordres vulnérables aux attaques venant aussi bien de "droite" que de "gauche". Cepen- dant, le véritable interet de ce débat tient surtout à ce qu'il permet de mettre en lumière l'ensemble complexe de problèmes auxquels les deux ordres auront à remédier.

L a substance de leur relation n'en reste pas moins dans l'ombre, bien qu'elle soit souvent, quoique sporadiquement, mentionnée dans cer- tains des textes de base, notamment ceux du Mouvement des pays non alignés et du système des Nations Unies, ainsi que chez certains au- teurs. O n constate toujours la m ê m e absence de dialogue entre l'économiste et le spécialiste de la communication, soucieux l'un c o m m e l'autre de venir en aideauTiers Monde/3, mais qui semblent avoir du mal CI trouver un langage commun. Cela est vrai non seulement sur la scène internationale, mais tout autant, sinon plus, au niveau national. D'ailleurs, cette dif- ficulté de communiquer affecte également les "spécialistes de la communication" ; elle se m a - nifeste de différentes façons, la plus frappante étant le penchant de certains professionnels de la communication à réduire systématiquement l'action en faveur d'un nouvel ordre internatio- nal et mondial de l'information et de la communi- cation à un seul de ses aspects, à savoir le r61e de la presse et la défense de sa liberté.

à l'habitude de considérer que les problèmes posés par l'information et la communication con- cernent principalement, sinon exclusivement, les médias de masse (presse, radio, télévision et cinéma). Les médias sont traditionnellement considérés c o m m e des composantes de la "sphère

Jusqu'ici, c'est le nouvel ordre éco-

Cet état de choses tient sans doute en partie

culturelle'' de la société ou, selon la terminologie marxiste, de sa ''superstructure", alors m ê m e qu'ils se sont fondus depuis longtemps dans l'activité industrielle et commerciale et qu'ils sont liés de multiples façons à l'économie de cette société/4.

passée, puisqu'elle sépare, noue l'avons vu, l'"économique'' du "non économique" (c'est-à- dire en l'occurrence du "culturel"), cette atti- tude traduit, de surcrort, soit une ignorance manifeste, soit un rejet délibéré des autres vecteurs, plus récents, de la communication et de l'information, et notamment des nouvelles formes de télécommunications/5, de communi- cation par ordinateur, de communication par satellite et de télématique (fusion de la c o m m u - nication par ordinateur et des télécommunica- tions) qui, c o m m e nous le montrerons, envahissent aujourd'hui tous les domaines de la vie écono- mique, mais surtout les plus décisifs, tels que ie secteur monétaire et financier, le commerce et l'industrie. Etant donné la puissance de ces moyens d'information et de communication, et leur impact sur la vie économique de tous les pays, notamment des pays en développement, la revendication d'un nouvel ordre international et mondial de l'information et de la communi- cation s'inscrit très naturellement dans la perspective de l'instauration d'un nouvel ordre économique international. I1 faut bien voir que les techniques avancées d'information et de c o m - munication ne représentent pas seulement un

1. Pour des raisons de méthode, nous parlons du Nouvel ordre économique international (NOEI) et du Nouvel ordre international et mondial de l'information et de la communication (NOMIC) c o m m e de deux ordres distincts. E n fait, il serait plus exact de parler de deux aspects d'un seul et m ê m e ordre puisqu'ils sont dans leur réalité profonde reliés entre eux et inter- dépendants. Nous reviendrons sur ce point dans la dernière partie de l'étude.

2. Voir à la fin de cette étude la bibliographie sélective consacrée à chacun des deux ordres.

3. Meheroo Jussawalla, "The Economics of In- ternational Communication", Third World Quarterly, Vol. 1, no 3, Londres 1979, pp. 87- 94, I1 existe heureusement de notables excep- tions, en particulier M. Jussawalla elle-même, Thomas H. Guback, Thomas L. McPhail, Jan Pronk, Herbert I. Schiller, Dallas W. Smythe, Juan Somavia, mais, en général, les contacts et la coopération entre les deux disciplines laissent encore beaucoup à désirer.

4. D e nombreux ouvrages, notamment E multiples, un seul monde, Unesco, 1980, Les Nouvelles Editions africaines et la Docu- mentation française décrivent ce processus.

5. Définies par l'Union internationale des télé- communications (UIT) dans les termes sui- vants : "Toute trangmission, émission ou réception de signes, de signaux, d'écrits,, d'images, de sons ou de renseignements de toute nature, par fil, radio-électricité, optique OU autres systèmes électromagnétiques".

Outre qu'elle relève d'une approche déjà dé-

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domaine parmi d'autres du savoir technologique, mais qu'elles peuvent a juste titre etre considé- rées c o m m e le "système de direction et de c o m - mandement" régissant toutes les autres technolo - gies. L a maitrise de cette technologie est un élément essentiel de la répartition et de l'exer- cice du pouvoir social. techniques qui interviennent dans le traitement des données et la télécommunication est généra- teur d'inégalités dans la capacité de collecter, de traiter et d'utiliser l'information - facteur clé du processus de prise de décision sociale. L a lutte pour la maîtrise de ces techniques dans la société est vitale dans la mesure où l'issue déterminera la répartition du pouvoir de déci- sion et, par conséquent, la manière dont toutes les grandes décisions seront prises. L a prise de décision sociale affectera le développement et l'application de toute la g a m m e des technologies. I1 faut noter aussi que les techniques d'informa- tion et de communication ressortissent claire- ment à une "technologie de convergence". D e plus en plus (notamment depuis que le traite- ment des données est associé aux techniques de la télécommunication), cette technologie de con- vergence constitue l'infrastructure indispensable à l'ensemble des prpcessus de la production in- dustrielle, qui tendent à s'identifier à des pro- cessus d'information. Les progrès rapides de la micro-électronique, en particulier, amèneront les industries à prendre conscience de ce que le volume et la différenciation de leur production sont déterminés par l'application d'une techno- logie de l'information très avancée. Sous sa forme appliquée (micro-ordinateurs, robots), cette technologie remplacera pour une large part la main-d'oeuvre non qualifiée et semi- qualifiée, et situera les qualifications requises au niveau de la gestion d'une technologie de pointe.

formation et de communication ne peut qu'en- tramer de fortes concentrations industrielles. Des domaines jusque-là séparés, tels que le traitement des données, le traitement de textes, le stockage de l'information, la photocopie et la transmission d'informations, sont de plus en plus intégrés, par suite du fusionnement des technologies, et peuvent etre exploités par une seule entre prise, inté grée ver ticalement.

Cette étude a donc pour objet de fixer un cadre initial qui permettra d'examiner les inci- dences des différentes technologies modernes de l'information et de la communication dont il fau- dra tenir compte dans l'élaboration conceptuelle du nouvel ordre économique international. L'at- tention se portera tant sur les médias de masse que sur les autres technologies de l'information et de la communication, mais l'accent sera mis sur ces dernières, dans la mesure où elles sont plus directement liées aux problèmes écono- miques, et parce que, de façon générale, elles ont été plut6t négligées jusqu'à présentIl. Cette étude repose notamment sur la conviction qu'en raison des progrès de la technologie, et plus particulièrement de la numérisation de l'infor- mation, les communications de masse et les

L'accès inégal aux

De m ê m e , la convergence des techniques d'in-

communications à l'aide de l'ordinateur, y compris les télécommunications, ne peuvent plus &tre considérées isolément. C e qu'on a appelé la convergence des médias et des données est au coeur de la révolution technologique qui est en train de bouleverser le secteur de la communi- cation et de l'information ; elle éclaire la rela- tion entre lés processus économiques et les pro- cessus de communication, et, partant, entre le nouvel ordre économique international et le nou- vel ordre de l'information et de la communication.

D'autre part, les transformations liées à l'instauration d'un nouvel ordre économique in- ternational, entendu au sens le plus large, ne manqueront pas d'affecter la sphère de l'infor- mation et de la communication, de diverses manières et à différents niveaux, et notamment les systèmes nationaux d'information et de c o m - munication et les communications internationales. Cela est d'autant plus probable que l'instauration d'un nouvel ordre bconomique international semble destinée, en fait, à mettre fin à l'actuel système de relations économiques où les entre- prises transnationales sont les agents écono- miques dominants (en grande partie grSice à leur aptitude à utiliser les nouveaux moyens d'infor- mation et de communication), et où communica- tion et information sont les éléments essentiels des processus globaux de transnationalisation. D e m ê m e , un nouvel ordre économique interna- tional ne pourra qu'entraher des changements fondamentaux non seulement dans les relations internationales mais aussi dans les relations économiques et socio-politiques au sein de chaque nation. Autrement dit, ''l'indépendance économique est la pierre angulaire du nouvel ordre économique international"f2 et constitue son objectif le plus immédiat ; mais, dans une perspective plus large et à plus long terme, le nouvel ordre économique international, c o m m e le nouvel ordre international et mondial de l'in- formation et de la communication, concrétise les aspirations historiques à une égalité et une démocratie authentiques au niveau national aussi bien qu'entre les pays.

L'interdépendance entre nouvel ordre écono- mique international et nouvel ordre internatio- nal et mondial de l'information et de la c o m m u - nication n'est pas pour autant aussi facile à é ta blir scientifiquement qu' il pourrait sembler à première vue. L a méthodologie des sciences sociales, relativement peu développée, surtout dans le domaine de l'information et de la

1. L e cadre de cette étude étant limité, la question des agences de presse nationales et transnationales, qui a été jusqu'ici privilé- giée dans la recherche en matière de c o m m u - nication et dans le débat sur le NOMIC, ne sera abordée qu'en passant. Janez Stanovnik, "Vers un nouvel ordre éco- nomique international", Revue de politique internationale, Vol. XXIX, no 683, Belgrade.

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communication/l, n'est guère apte à s'attaquer à la large gamme de phénomènes et de proces- sus qu'il s'agit d'étudier et dont l'interrelation reste à dkmontrer. La principale difficulté tient certainement à la nécessité d'étudier les ques- tions complexes que soulèvent ces deux ordres dans une optique résolument pluraliste, asso- ciant différentes disciplines : économie, science politique, communications, sociologie, anthro- pologie, philosophie, droit (y compris le droit international)/2 et technologies. Etant donné le cloisonnement traditionnel ("division du travail") entre les différentes disciplines scientifiques, qui est de règle dans toutes les sociétés contem- poraines. à de légères variantes près d'un pays 2 l'autre, il est très difficile de mettre au point une approche authentiquement interdisciplinaire dans le domaine de l'information et de la com- munication. méthodes établies et au modus operandi de chaque discipline qu'à la mentalité des scientifiques, nourris de certaines traditions et souvent inaptes 3 saisir d'autres modes de pensée. pour mieux comprendre les problèmes posés, il est nécessaire d'adopter une approche plus ap- profondie, plus large et plus moderne, qui prenne en compte les théories des classes sociales et de la lytte des classes. C'est devenu une entre- prise extrêmement complexe et difficile, notam- ment à cause des conditions spécifiques de l'évo- lution de chaqun des pays en développement, et des conditions globales créées dans le monde entier par la transnationalisation. S'il existe un certain nombre d'ouvrages,très stimulants qui ont adopté cette optique pour étudier certains aspects de la trame complexe des .processus éco- nomiques ou des problèmes posés par la commu- nication et l'information, une synthèse valable de la totalité des processus reste encore à faire. A cet égard, les médias (ou la communication) de masse et les autres modalités de la technolo- gie de l'information et de la communication (or- dinateurs, satellites, etc. ) doivent être étudiés de façon intégrée, c'est-à-dire en tant que com- posantes d'un tout qui est, d'une part, le sys- tème national et, d'autre part, le système inter- national. La pratique en vigueur jusqu'à ce jour, qui consiste B séparer ces deux ordres dès lors que l'on évoque la problématique de l'informa- tion et de la communication, n'est acceptable qu'à un certain stade de l'analyse, en tant qu'instrument méthodologique; mais le maintien de cette ligne de démarcation a pour effet de fausser tant les problèmes particuliers que la critique globale de la situation actuelle, qui s'exprime dans la nécessité proclamée d'un nou- vel ordre économique international et d'un nou- vel ordre international et mondial de l'informa- tion et de la communication.

D'autres problèmes, non moins importants, viennent de ce qu'il faut évaluer les deux ordres non seulement sous l'angle des besoins et des intérêts des pays en développement mais aussi du point de vue des pays développés. I1 va sans dire que, dans le monde d'aujourd'hui, les graves difficultés rencontrées par les pays en développe - ment13 sont au premier plan des préoccupations ;

Les obstacles tiennent autant aux

E n outre,

,

néanmoins, les meilleurs ouvrages consacrés à ce problème soulignent souvent qu'une transfor- mation radicale des relations internationales, tant dans le domaine économique que dans celui de l'information et de la communication, est fi- nalement une nécessité pour tous les pays du monde. Cette transformation est aussi l'affaire des pays développés, non seulement parce qu'ils subissent de plus en plus le contrecoup des dif- ficultés croissantes que doivent affronter les pays en développement, mais aussi à cause de leurs problèmes internes (chômage, utilisation répressive des moyens modernes d ' informa tion et de communication, concentration des diffé- rentes formes de pouvoir et notamment du pou- voir financier, etc. ), et de la détérioration probable des rapports entre les différents pays industrialisés au cours des prochaines décenniesl4.

.i Les problèmes de méthode qui se posent dans 1.

2.

3.

4.

ce domaine sont au moins partiellement dé- crits dans les ouvrages suivants : Communi- cation Research in Third World Realities, Report of a policy workshop on communica- tion research qui s'est tenu à La Haye, à 1'Institute of Social Studies, en février 1980 ; Oswaldo Capriles, "From National Commu- nication Policies to the New International Information Order : Some Lessons for Re- search", communication présentée à la 12e Conférence scientifique de 1'IA MCR/AERI, Caracas, août 1980 ; Luis R. Beltran, "Alien premises, objects, and methods in Latin American communication research", Commu- nication Research, no 3, 1976 ; Peter Gol- ding et Graham Murdock, "Theories of C o m - munication and Theories of Society", C o m - munication Research, no 5, 1978 ; Thomas L. McPhail, Electronic Colonialism, Sage, 1981. O n trouvera dans l'article d'Antonio Pasquali, "Faut-il comprendre les médias ou la communication?", Cultures, Vol. VI, no 3, Unesco, Paris 1979, des exemples d'une ap- proche encore plus globale et originale. L'ouvrage de Mohammed Bedjaoui, Pour un nouvehordre économique international, publié par l'Unesco en 1979 dans la collection "Nouveaux défis au droit international", est l'une des rares études qui tentent de définir une approche globale privilégiant les aspects juridiques du nouvel ordre économique inter- national. L'expression "pays en développement" est employée ici bien que les auteurs aient cons- cience qu'il ne s'agit pas d'un groupe homo- gène. Cette expression s'applique principa- lement aux pays en développement qui ne sont pas exportateurs de pétrole. D. W. Smythe, T.L. McPhail, C. Duke et d'autres auteurs ont montré que des pays dé- veloppés tels que le Canada, l'Australie et les nations d'Europe occidentale sont de plus en plus préoccupés du maintien de leur souve- raineté économique et politique et de leur identité culturelle face au développement de ce qu'on appelle "l'informatisation de la

(Fin de la note page 13)

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Pour toutes ces raisons, la présente étude ne pouvait porter que sur certains aspects des deux ordres. O n a placé au premier plan le principe (l'objectif) de l'autonomie individuelle et collec- tive, d'abord parce que c'est un des principes fondamentaux des deux ordres, et ensuite, parce qu'il s'agit sans doute d'un des aspects le plus profondément et peut-@tre le plus directement tributaires de l'évolution des moyens d'informa- tion et de communication. Cela sera discuté et vérifié tant au niveau de l'autonomie individuelle (nationale) que de l'autonomie collective (coopé- ration entre pays en développement), mais le problème sera abordé aussi sous deux autres angles : le r61e que peuvent jouer les moyens d'information et de communication dans l'établis- sement de l'autonomie, et ce qui se passe effec- tivement dans le domaine des technologies de l'information et de la communication, avec les incidences probables de cette évolution sur les perspectives qui viennent d'&tre évoquées.

I1 serait difficile, et en fin de compte déce- vant, de vouloir combiner l'immédiat et le long terme, l'esprit pratique et l'élan visionnaire : cela ne pourrait que décevoir ceux qui attendent de cette étude des solutions concrètes B toute une gamme de problèmes qui, dans certaines régions du monde, sont déjà au premier plan des préoc- cupations lorsque l'on y débat des politiques na- tionales dans le cadre d'un nouvel ordre mondial de l'information et de la communication. décevrait également ceux qui voient dans le nou- vel ordre économique international comme dans le NOMIC le modèle d'un monde plusheureux, et attendent donc des descriptions à la fois exhaus- tives et lapidaires des deux ordres, ou, plus exactement, des deux aspects d'un ordre mon- dial meilleur. O n ne trouvera rien de tel ici, bien que nous nous soyons efforcés de réunir d'une manière aussi synthétique que possible les principaux points de vue sur les deux ordres en question et de distinguer au moins quelques-uns des points essentiels qui prouvent leur indépen- dance. Par ailleurs, notre principal souci a été de montrer, à partir d'un examen chronologique concis mais suffisamment approfondi de l'évolution

Cela

de la notion de nouvel ordre international et mondial de l'information et de la communication, associée à celle de nouvel ordre économique in- ternational, que ces deux concepts sont l'expres- sion de deux défis plus vastes lancés au(x) sys- tème(s) actuel(s), qu'ils ont leur origine dans des besoins fondamentaux et très anciens des pays en développement, et enfin qu'ils reflètent l'un et l'autre certaines réalités et nécessités historiques dont la prise en compte revêt une importance ca- pitale non seulement pour ces pays mais pour la communauté internationale tout entière, 11s im- pliquent l'un et l'autre des processus complexes plutût qu'un ensemble rigide de conditions et de pratiques (conception aus s i fréquente qu'erronée ) , processus qui devraient entraîner des transforma- tions structurelles fondamentales propices B l'ins- tauration d'une justice authentique, d'une égalité réelle (non seulement pour ce qui est des classes sociales, de la race, des minorités, etc., mais aussi entre les hommes et les femmes, domaine oùl'inégalité demeure une injustice fondamentale, qui s'exprime de mille façons un peu partout dans le monde), d'une participation démocra- tique ?I la prise de décision, d'un développement multiforme et du pluralisme au plan internatio- nal aussi bien qu'au niveau national.

Si limitée soit-elle, cette étude est une entre- prise ambitieuse ; conscients de l'immense com- plexité des problèmes et des capacités limitées de ceuxquiles ont affrontés, nous puisons quelque réconfort dans les paroles de Goethe : "Seul l'inaccompli est fécond" et nous pensons que ce travail aura surtout pour mérite de susciter de nouvelles recherches.

fin de la note 4 (page précédente) société'' et "le colonialisme électronique". Voir Dallas W, Smythe, Dependency Road: C o m - munications, Capitalism, Consciousness, and Canada, Ablex, N. J., 1981 ; Thomas L. McPhail, op. cit, ; Chris Duke, Impact of Modern Communication technology: Austra- lia, Documents sur le nouvel ordre de la communication, Unesco, na 1, Paris, 1980. -

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Chapitre 1

Un nouvel ordre international et mondial de l'information et de la communication

1. 1 L'évolution d'un concept

L'expression "nouvel ordre international de l'in- formation" est apparue au cours des années 1970 pour traduire la prise de conscience par les pays en développement de leur situation défavorisée dans le domaine de l'information et de la c o m - munication. Tirant la leçon des études effec- tuées dans les années 60, notamment de celles qui avaient mis en lumière les déséquilibres et les inégalités entre pays industriellement déve- loppés et pays en développement/l, ces der- niers, notamment dans le cadre du mouvement des pays non alignés, ont porté les problèmes posés par l'information et la communication de- vant les instances nationales et internationales exigeant qu'il soit accordé davantage d'attention au thème jusqu'alors plut& obscur des relations internationales dans ce domaine.

Les nombreuses études qui ont été faites' dans le monde sur l'utilisation des médias de masse, principalement à l'initiative de l'Unesco, "ont été les premières à donner l'alarme", pour ci- ter Bogdan Osolnik. C'est pourquoi, au col- loque qui s'est tenu à Montréal en 1969, un groupe d'experts patronné par l'Unesco a déclaré dans son rapport que les disparités actuelles font de la libre circulation des nouvelles et des informations un flux unidirectionnel allant du monde développé vers les pays en développement, plut6t qu'un échange réel. L e colloque a souligné la nécessité de protéger l'intégrité culturelle des pays en développement contre les assauts des- tructeurs des programmes qui introduisent dans les environnements locaux des éléments et des valeurs qui leur sont étrangerslz. année, au sein du Comité des utilisations paci- fiques de l'espace extra-atmosphérique (organe de l'ONU), les débats sur la radiodiffusion en direct par satellite ont révélé l'existence d'un grave désaccord entre les Etats membres. Pen- dant la session annuelle du Comité, l'Union so- viétique a demandé que tous les pays soient juri- diquement tenus d'obtenir "l'accord préalable" des gouvernements des pays récepteurs avant d'émettre par satellite. Etats-Unis a rejeté cette demande c o m m e con- traire à l'article 19 de la Déclaration univer- selle des droits de l'homme et constituant "une menace pour la libre circulation de l'informa-

L a m ê m e

L e représentant des

tion". A la suite d'une proposition conjointe des délégations de la Suède et du Canada, un groupe de travail ad hoc sur la radiodiffusion en direct par satellite a été formé en vue d'exa- miner les aspects techniques, juridiques et politiques de ce type de radiodiffusion. Toute- fois, il n'a pas été possible d'aboutir à un ac- cord (bien que cinq réunions se soient tenues entre 1969 et 1974) pour l'adoption de textes juridiques régissant l'emploi des satellites de diffusion directe. E n outre, certains partici- pants ont estimé que la possibilité d'une appli- cation étendue de ce type de technologie n'était pas envisageable avant 1980. L'établissement d'une réglementation de la radiodiffusion en di- rect par satellite a donc été jugé "prématuré"/3.

L'année suivante, en 1970, la Conférence générale de l'Unesco, à sa seizième session, a auto,risé le Directeur général "à aider lesEtats membres à formuler leur politique de l'infor- mation"/4. Cette décision aeu notamment

i.

2.

3.

4.

Certains de ces travaux de recherche furent présentés en 1968 au colloque international "Mass Media and International Understanding" qui s'est tenu B Ljubljana (Yougoslavie), en coopération avec l'Unesco. C e fut l'une des premières réunions internationales ou fut évo- quée la nécessité de changements fondamen- taux dans le domaine de l'information et de la communication internationales. Voir le compte rendu de la réunion dans Mass Media and International Understanding, School of Sociology, Political Science and Journalism, Ljubljana, 1969, pp. 426 et suivantes. Bogdan Osolnik, The N e w International Infor- mation and Communication Order, Jugoslo- venska stvarnost, Belgrade 1980, pp. 15-16. Voir aussi Les moyens d'information dans la société ; nécessité de développer la recherche (Etudes et documents d'information, no 59). Paris, Unesco, 1970. Voir K. Queeney, Direct Broadcast Satellites and the United Nations, Sijthoff et Noordhoff, L a Haye, 1978 ; Ithiel de Sola Pool, "The problems of WARC", Journal of Communica- tion, Vol. 29, no 1, 1979. Conférence générale de l'Unesco, seizième Session, (Paris 1970), 16 C/Résolutions4. 21.

-

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pour conséquence la publication par l'Unesco d'une collection consacrée aux politiques de la communication dans un certain nombre de pays représentatifs, C'était un premier pas vers une description plus systématique de la manière dont la communication est organisée aux diffé- rents niveaux : public, institutionnel, profession- nel. Bien que certaines de ces études n'aient été publiées que quelques années plus tard, elles justifient, à bien des égards, les craintes qui ont commencé à s'exprimer plus clairement dans les pays en développement au début des années 70.

E n 1972, une Réunion d'experts sur la poli- tique et la planification de la communication, convoquée par l'Unesco fut l'une des premières à souligner un certain nombre de problèmes re- latifs à l'information et à la communication, décrits comme des aspects d'un nouveau colo- nialisme culturel/l. L'examen de la plupart de ces problèmes était sous-tendu par un souci fondamental, celui de promouvoir une évaluation plus critique des nouvelles technologies de l'in- formation et de la communication, et de leur développement rapide. jusque-là dans les grandes organisations inter- nationales, attitude fondée principalement sur les travaux de spécialistes de la communication tels que Wilbur Schramm, Daniel Lerner, Lu- cian Pye, Ithiel de Sola Pool, a été remise en cause quand on s'est aperçu que l'écart ne fai- sait que s'agrandir entre pays développés et pays en développement. A la dix-septième session de la Conférence générale de l'Unesco (1972), l'idée d'une Déclaration sur les principes fondamentaux concernant la contribu tion des or ganes d' informa - tion au renforcement de la paix et de la com- préhension internationale; et à la lutte contre la propagande belliciste, le racisme et l'apartheid a été officiellement exprimée pour la première fois. E n même temps le débat sur la mise en service de satellites de diffusion directe a été relancé à l'initiative de l'Union soviétique, qui a présenté une proposition à l'Assemblée géné- rale des Nations Unies pour une conventionobli- gatoire définissant les principes qui devraient régir la radiodiffusion par satellite. Pour l'es- sentiel, cette proposition tendait à réglementer un domaine caractérisé jusqu'alors par le lais- sez -faire occidental. Certaines délégations es- timaient que c'était indispensable, puisque le Traité de l'espace extra-atmosphérique dont les effets étaient dirigés principalement vers la terre, notamment les émissions télévisées trans- mises directement de l'espace, qui semblaient avoir de très nettes incidences politiques/2.

Selon les indications fournies par La United States International Communication Agency (USICA), les Etats-Unis ont pris une position très négative vis-à-vis des propositions avancées par l'Union soviétique, les qualifiant de préma- turées et d'abusivement restrictives. Confor- mément à la politique américaine antérieure (et actuelle), leurs représentants ont estimé que toute réglementation extérieure, quelle qu'elle soit, constituerait une menace pour la tradition intangible de la libre circulation de l'information.

L'attitude qui avait cours

A la grande consternation des Américains, ce- pendant, la volonté d'instituer un principe régu- lateur régissant la radiodiffusion en direct par - satellite s'est exprimée bien au-delà des fron- tières de l'Union soviétique. Par 102 voix contre une, celle des Etats-Unis, l'Assemblée générale des Nations Unies a invité le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra- atmosphérique à "élaborer les principes régis- sant l'utilisation par les Etats des satellites artificiels de la Terre transmettant des émis- sions de télévision en direct, en vue de con- clure un ou des accords internationaux". Ce vote massif exprimait la crainte d'un grand nombre d'Etats de voir les Etats-Unis utiliser leur formidable potentiel technologique à des fins politiques, culturelles ou commerciales''/3. Ce vote, nous y reviendrons par la suite, a été la première manifestation d'une appréhension qui n'a fait que crortre avec le temps.

L'année 1973 a été marquée par un certain nombre d'événements, notamment la Quatrième Conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non alignés qui a réuni à Alger 75 Etats membres, 24 observateurs et 3 pays invi- tés. Pour la première fois, sur le sujet de l'information et de la communication, les pays non alignés ont parlé d'une seule voix. Les pa- ragraphes xiii et xiv du Programme d'action pour la coopération économique, adopté par la Conférence, contenaient notamment ce qui suit : - Les pays en développement devraient se

concerter dans le domaine des communica- tions de masse pour favoriser les échanges d'idées entre eux sur la base des lignes di- rectrices suivantes : (a) réorganiser les circuits de communica-

tions actuels qui sont un héritage du passé colonial et qui ont jusqu'ici entravé les communications libres, directes et ra- pides entre eux.

(b) Prendre l'initiative de mesures communes pour réviser les accords multilatéraux actuels afin de réexaminer les tarifs des dépeches de presse et faciliter entre eux des communications plus rapides et moins coûteuses. Prendre des mesures urgentes pour accé- lérer le processus d'acquisition collective des satellites de communication et mettre au point un code de conduite pour régir leur usage. Encourager des contacts plus nombreux entre les organes d'information, les uni- versités, les bibliothèques, les orga- nismes de planification et de recherche et autres institutions, afin de permettre aux pays en voie de développement

1. Réunion d'experts sur la politique et la plani- fication de la communication, Paris, 17-28 juillet 1972, Rapport final. COM/MD/24, 24 pages.

3. The United States . . . , .op. cit., p. 21.

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d'échanger leurs expériences et leurs connaissances techniques et de partager mutuellement leurs idées /l.

L a dernière partie du texte soulignait la né- cessité pour les pays non alignés d'échanger et de diffuser des informations sur leurs réalisa- tions respectives dans tous les domaines en uti- lisant tous les moyens de communication ; de planifier le partage de leur expérience dans ce domaine par des visites réciproques ; de créer des instituts de recherche scientifique et tech- nique à l'échelon régional et interrégional ; de faciliter la formation des cadres scientifiques et techniques ; d'échanger des programmes de radio et de télévision, etc.

La m ê m e année, c'est-à-dire un an après que les Etats-Unis eurent lancé le Landsat I (1972). le Comité des utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique (ONU) s'est dé- claré gravement préoccupé par les implications sociales, politiques et juridiques de la "télédé- tection", définie par le Groupe des Nations Unies comme "un ensemble de méthodes permettant de déterminer la nature ou l'état d'objets situés à la surface la Terre et d'identifier les phéno- mènes qui se produisent sur cette surface, au- dessus ou au-dessous, grace à des observations faites à partir de plates-formes aéroportées ou satellisées"/2.

Bien que les membres du Comité aient été, semble-t-il, d'accord pour reconnaître que les perspectives favorables ouvertes par la télédé- tection sont immenses, ce qui explique que la prévention ou la limitation n'aient pas été sé- rieusement envisagées, une controverse a néan- moins eu lieu sur les modalités de la diffusion des données obtenues par télédétection. L'Union soviétique a proposé l'adoption d'une série de principes pour la réglementation des activités de télédétection àpartir de l'espace extra-atmos- phérique. L'une des dispositions essentielles de ce projet réaffirmait la souveraineté des E tats sur leurs ressources naturelles, étant entendu que cette souveraineté s'applique aussi aux informations concernant lesdites ressources, conformément à la résolution de 1962 concernant la souveraineté permanente sur les ressources naturelles adoptée par l'Assemblée des Nations Unies. Cette proposition demandait également que soit obtenu l'accord du pays sur le territoire duquel s'exerçait la télédétection avant que les informations sur ses ressources naturelles puissent @tre diffusées. Cependant, l'Argentine, soutenue par d'autres pays d'Amérique latine, dont le Brésil, a demandé que soit instituée une réglementation encore plus contraignante "inter- disant toute activité de télédétection des res- sources naturelles sous juridiction nationale sans accord préalable"/3. C o m m e on pouvait s'y attendre, les Etats-Unis ont adopté une posi- tion presque opposée, se prononçant en faveur de la liberté de télédétection des ressources na- turelles de la Terre, et de la libre diffusion des données obtenues/4.

A la dix-huitième session de la Conférence générale de l'Unesco (1974). le problème de la "libre circulation de l'information'' a longuement

retenu l'attention. L'opinion générale qui s'est dégagée des débats a été que "la libre circula- tion de l'information'', telle qu'elle était com- prise et pratiquée jusque-là, n'avait pratique- ment pas de sens pour les pays (les plus nombreux) dont les infrastructures et la technologie dans le domaine de l'information et de la communica- tion sont extrêmement sous-développées. E n conséquence, les Etats membres ont été invités à prendre des initiatives pour renforcer les moyens de communication des pays en dévelop- pement, de façon à réduire les déséquilibres et les inégalitésl5.

E n 1975, trois initiatives importantes dans le domaine de l'information et de la communi- cation ont été prises au sein du mouvement des pays non alignés. Le 20 janvier 1975, l'agence de presse yougoslave, TANJUG, annon- çait officiellement la création du Pool des agences de presse des pays non alignés regrou- pant 11 agences appartenant à ces pays (ce chiffre est passé aujourd'hui à 68). Au bout de 12 mois, une trentaine d'agences y prenaient déjà une partactive ou avaient fait savoir qu'elles étaient disposées à y participer/6. Selon V. Bu- latovi&, "aucours des 12 premiers mois, Tanjug reçut et retransmit près de 3. 500 informations et nouvelles des agences membres du Pool ; elles furent reprises par les moyens d'informa- tion yougoslaves et par les services étrangers de l'agence (en anglais, français et espagnol). I1 convient d'ajouter près d'un millier d'infor- mations de Yougoslavie ou de dépeches de "Tanjug" de l'étranger, retransmises elles aussi par le Pool"/7. Au vu de ces résultats, le Bu- reau de coordination des pays non slignés, réuni à La Havane en mars 1975, a recommandé (point 28 de sa Déclaration) que l'on poursuive l'action entreprise et que d'autres formes de coopération dans le domaine de l'information soient mises en place et développées. A la Conférence des ministres des affaires étran- gères des pays non alignés, qui s'est tenue à Lima en août 1975, une résolution sur la Coo- pération en matière de diffusion des informations

1. Documents de la Quatrième Conférence au sommet des pays non alignés, Alger 1973 ; Programme d'action pour la coopération éco- nomique ; cité aussi dans : Vladislava Bula- tovi6, Non-alignement et information, Comité fédéral de l'information et Jugoslovenska

I

stvarnost, Belgrade, 1978, p. 67.

1 05/9 8, janvier 19 7 2.

Satellite : What Future for an International

2. Nations Unies, Assemblée générale, A/AC.

3. Hamilton D e Saussure, "Remote Sensing by

Regime, The AmericanJournalof Internatio- nal Law, 71, 4 (octobre 19771, p. 720.

4. The United States . _ _ . OD. cit.. D. 23 .--. ._ -. I -

5. Voir les documents de la dix-huitième Confé- rence générale de l'Unesco, notamment : 18C/90 (Paris, 10/9/74) ; 18C/COM/3/Corr., du 16/11/74 ; 18/123 du 20/11/74.

6. Vladislava Bulatovic, op. cit., p. 32. 7. Ibid. D. 32.

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et des grands moyens de communication a été adoptée. Cette résolution, selon Osolnik, "marque une étape parce qu'elle ne se borne pas à définir les fondements politiques, économiques et culturels du problème : elle prévoit un en- semble de mesures pratiques à prendre à l'éche- lon mondial par les pays non alignés. I1 a été décidé de créer un conseil intergouvernemental chargé de coordonner leur coopération au niveau international, et la Tunisie a été désignée comme pays coordinateur"/l. posé d'accueillir le premier Symposium sur les moyens d'information dans les pays non alignés.

Après une réunion préparatoire tenue à Bel- 'grade en mai 1975, le symposium a eu lieu à Tunis en mars 197 6 en présence des représentants de trente-huit pays membres, de sept observa- teurs et de six organisations internationales. C e fut 1'ur.e des premières réunions internatio- nales OU la nécessité d'instaurer un nouvel ordre international de l'information et de la com- munication comme élément important d'un Nouvel ordre économique international a été présentée officiellement de façon précise et détaillée. Voici quelques-unes des appréciations, constata- tions et propositions du Symposium/2 : -

La Tunisie a alors pro-

Les moyens d'information et de communica- tion jouent un rôle d'une extreme importance dans la lutte commune pour la libération et le développement, l'affirmation de l'indépen- dance politique et économique et la création de nouvelles assises pour l'établissement de relations internationales plus équitables. L'analyse des processus économiques dans la communauté internationale et surtout dans les pays non alignés et les pays en voie de déve- loppement montre que la manière dont ces problèmes sont présentée et commentés dans les Etats avancés inquiète les pays sous- développés, I1 est donc indispensable que les moyens d'information des pays non alignés et des pays en voie de développementassument un rôle de coordination dans tout ce quiconcerne la coopération internationale et fassent con- naître les efforts qu'ils accomplissent pour créer les conditions de l'établissement d'un ordre économique nouveau et plus juste, car c'est le seul moyen d'éliminer les différences économiques existant entre les membres de la communauté universelle. C'est à cette condi- tion seulement qu'ils pourront contribuer à assurer l'indépendance sociale, économique et culturelle des non-alignés et des pays en voie de développement. Les peuples ont le droit d'être informés ob- jectivement sur tous les événements nationaux et internationaux. Mais l'exercice de ce droit est exposé, d'une part, au contrôle de l'Etat, lorsque celui-ci a le monopole des moyens d'in- formation, et, d'autre part, aux informations altérées par les grandes agences mondiales. La culture et la civilisation des non-alignés et des pays en voie de développement, qui cons- tituent pourtant des éléments fondamentaux de tout le patrimoine humain, ont été longtemps la cible des Etats colonisateurs qui en ont présenté une image faussée et déformée.

-

-

-

Ignorant ces cultures et ces traditions, les Etats colonisateurs ont imposé leur propre modèle de civilisation qui ne correspond pas au patrimoine national et qui tranche sur les besoins réels de ces pays et peuples. La circulation à sens unique des informa- tions est le résultat du monopole des grands systèmes mondiaux qui donnent, pour l'es- sentiel, une idée non adéquate et souvent mensongère et tendancieuse des processus sociaux dont les pays en voie de développe- ment sont le théatre. L'état de l'infrastructure technique, auquel il faut ajouter le manque de cadres et les pro- blèmes posés par leur formation et leur spé- cialisation, n'est pas satisfaisant. O n ne pourra remédier à cette situation qu'avec des efforts prolongés et systématiques. Le pro- grès technologique rapide des moyens de communication aggrave à sa manière l'inéga- lité entre les pays en voie de développement et les Etats industrialisés et élargit de plus en plus objectivement le fossé qui les sépare. Pour remédier àcette situation, les mesures suivantes ont été proposées :

établir et développer une infrastructure nationale dans tous les secteurs de l'infor- mation. C'est là une tache prioritaire, étant entendu que les pays non alignés dé- veloppés doivent aider ceux qui le sont moins ; favoriser l'établissement, l'intensification et la promotion de toutes les modalités de coopération par des échanges de programmes, de connaissances et d'expériences ; cette coopération est particulièrement importante dans le domaine scientifique et technologique ; encourager la recherche dans le secteur de l'information et de la communication tout en veillant à développer et à promou- voir les institutions qui se consacrent à cette activités. constituer des centres pour l'instruction et la formation professionnelle des cadres responsables de l'information et de la communication, tout en organisant une aide solidaire aux pays en développement qui prennent des mesures initiales en ma- tière d'instruction et de formation de. cadres.

L e rapport final de ce symposium rassemblait un certain nombre de propositions relatives à l'étude des possibilités de créer des organes d'information indépendants dans les pays non alignés et les autres pays en développement, à l'institution d'agences de presse nationales, à la création de centres d'échange régionaux pour les journalistes et les technologies, et notam-. ment à l'acquisition commune de satellites de communication et au développement futur d'une infrastructure équipée pour la production et la distribution dans le domaine de la communication,

Les recommandations du symposium de Tunis ont été discutées à la Conférence des ministres

1. Bogdan Osolnik, op. cit., p. 17. 2. Vladislava Bulatovi;, op. cit., pp. 36-38.

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de l'information des pays non alignés, qui s'est tenue à N e w Delhi en 1976 et, immédiatement après, à la Cinquième Conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non alignés (Colombo, 1976). Les chefs d'Etat des 84 pays participants ont entériné ces déclarations et re- commandations en les incorporant sous la forme suivante dans la Déclaration politique de la Conférence : ''160. U n nouvel ordre international dans les domaines de l'information et des communica-

tions de masse est aussi important qu'un nouvel ordre économique international.

161. Les pays non alignés ont noté avec in- quiétude la très grande disparité qui ne cesse

de s'accentuer entre les capacités de communi- cation des pays non alignés et celles des pays avancés, disparité qu'ils ont hérité de leur passé colonial. Ceci a eu pour résultat de créer une situation de dépendance et de domination dans laquelle la plupart des pays sont réduits à rece- voir passivement une information insuffisante, déformée et entachée de préjugés. Pour iden- tifier plus pleinement et affirmer leur identité nationale et culturelle, il leur faut remédier à ce grave déséquilibre et prendre de toute urgence des mesures pour donner une plus forte impul- sion à la coopération mutuelle dans ce nouveau domaine.

162. moyens d'information nationaux font partie

L'émancipation et le développement des

intégrante de la lutte :lobale de la plupart des peuples du monde pour acquérir leur indépen- dance politique sur le plan économique et social et il ne faut pas leur refuser le droit d'informer et d'@tre informés objectivement et correcte- ment. L'auto -suffisance en sources d'informa- tion est tout aussi importante que l'auto-suffi- sance technologique, car la dépendance dans le domaine de l'information freine à son tour le développement économique et politique.

163. Les pays non alignés doivent atteindre ces objectifs grâce à leurs propres efforts, à

une coopération plus active à l'échelon bilatéral, régional ou interrégional et à une coordination de leurs activités au sein de l'Organisation des Na- tions Unies et d'autres instances internationales. I1 importe particulièrement que les pays non ali- gnés renforcent leurs infrastructures existantes et qu'ils tirent pleinement parti de la percée scientifique et technologique qui s'est déjà faite dans ce domaine. Cela leur permettrait de dif- fuser plus largement auprès de leur propre pu- blic et dans le reste du monde en général des informations objectives sur ce qui se passechez eux dans divers domaines, notamment dans les domaines social, économique et culturel, et sur leur rôle de plus en plus important au sein de la communauté internationale. ''/l

Cette m ê m e année, au mois de juillet, s'est tenue à San José (Costa Rica), sur l'initiative de l'Unesco, une Conférence intergouvernementale sur les politiques de la communication en A m é - rique latine et dans la région des Caralbes. Cette réunion, qui était la première conférence régio- nale intergouvernementale concacrée à ces pro- blèmes, a été importante pour plusieurs raisons/2.

Les idées suivantes, exprimées dans les recom- mandations de la Conférence, méritent une at- tention particulière, car elles permettent de re- tracer l'évolution du concept de nouvel ordre inter-. national de l'information et de la communication : - L a Conférence a reconnu que "cette circula-

tion équilibrée des messages doit Ctre l'une des sources directes du nouvel ordre socio- économique auquel aspirent nos pays". Elle a également reconnu "la nécessité de nouvelles politiques nationales qui établissent de façon souveraine les priorités et les be- soins respectifs dans le domaine de la circu- lation internationale des messages.

-

1. Documents de la Cinquième Conférence des

2.

chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non aligné, Colombo, 1976, Déclaration politique. O n trouvera des indications détaillées sur les travaux de cette Conférence dans son Rapport final, document COM/MD/38, Unesco, Paris, octobre 1976. L e livre de Rosemary Righter donne une idée de la nature des pressions po- litiques qui se sont exercées à cette occasion : "Les réunions préparatoires (de Bogotá et de Quito) et la Conférence de San José avaient expressément pour objet de définir la marche à suivre pour la mise en oeuvre des plans à long terme de l'Unesco visant à promouvoir les communications nationales qui, selon les termes du document de travail de Costa Rica, doivent renforcer la souveraineté nationale sous tous ses aspects et notamment en ce qui concerne la culture.. . L a Conférence inter- gouvernementale devait se tenir a Quito, mais quand on eut connaissance des rapports des deux réunions préparatoires et de l'ordre du jour provisoire de la Conférence de Quito (mars 1976), l'Association interaméricaine de la presse (IAPA) etd'autres organisations lancèrent une campagne contre les prises de position de l'Unesco et contre la Conférence elle-meme. L'Association interaméricaine de radiodiffusion et 1'IAPA firent une décla- ration commune, le 27 avril, selon laquelle la Conférence était contraire tant à l'Acte constitutif de l'Unesco qu'à la Constitution de nombreux participants. L'Equateur re- tira son invitation, et il fut décidé alors que San José accueillerait la Conférence. " (Rose- m a r y Righter, Whose News ? Burnett Brooks, Londres 1978, p. 153 et 154). Voir égale- ment Raquel Salinas Bascur, "News Agencies and the N e w Information Order'' (couverture par l'Agence Associated Press de la Confé- rence intergouvernementale sur les politiques de la communication en Amérique latine et dans la région des Caratbes, tenue à Costa Rica en iuillet 1976). dans International . _

N e w s and the N e w Information Order par Tapio Varis, Raquel Salinas et Renny Jokelin, - Institute of Journalism and Mass Communica- tion Reports, no 39, Tampere, op. cit., pp. 95 3 98, un apercu des réactions susci- - - tees par les réunions de Bogotá et de Quito et la Conférence de San José.

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Elle a reconnu aussi "qu'il ne sera possible d'appliquer le principe de la libre circulation de l'information que si tous nos pays ont éga- lement accès à toutes les sources d'informa- tion et participent sur un pied d'égalité au contrôle et à l'utilisatian des moyens interna- tionaux de diffusion". A cet effet, sept pro- positions adressées aux Etats membres de la région ont été formulées au paragraphe 4 de la recommandation n" 1, où la Conférence re- commande aux Etats membres de "définir et d'appliquer des politiques, des plans et des textes législatifs qui permettent d'instaurer dans le domaine de la communication des re- lations plus équilibrées tant sur le plan na- tional qu'à l'échelon international. '' I1 est dit en outre dans la recommandation

Considérant que l'expansion des systèmes de communication et d'information est indis- pensable à un développement économique, cul- turel et social intégral, sur le plan tant na- tional que régional, Considérant que tout processus de développe - ment intégral exige une planification, quelles que soient les méthodes adoptées pour celle-ci, Considérant que l'application rationnelle de la planification dans n'importe quel domaine sup- pose la formulation préalable de politiques cohérentes et conformes aux objectifs géné- raux du développement, Sachant que la plupart des pays de l'Amérique latine et des Caraibes n'ont pas formulé de politiques nationales intégrées, ni établi de plan de développement dans le secteur de l'information et de la communication de masse . . .

no 6 :

Ceci est suivi de huit propositions recommandant, entre autres, aux Etats membres de la région "de reconnaître qu'il importe, à titre hautement prioritaire, d'inclure le secteur de la communi- cation de masse et de l'information dans la planifi- cation du développement économique etsocial"/l.

Dans les recommandations no 18 et 19, il est fait explicitement mention du nouvel ordre éco- nomique international : - Considérant que l'un des objectifs immédiats

des politiques de la communication devrait sans doute etre de favoriser l'intégration ré- gionale des pays de l'Amérique latine et des Caratbes dans le contexte général du renfor- cement du Nouvel ordre économique interna- tional fondé sur la Charte des droits et devoirs économiques des Etats,

- Considérant que la coopération entre pays en voie de développement, ou coopération hori- zontale, qui comprend la coopération tech- nique, est l'une des principales voies menant à l'instauration du Nouvel ordre économique international, conçu comme un système de relations économiques internationales diffé- rent du système actuel et qualitativement supérieur, Considérant que cette coopération vise à res- serrer la solidarité et l'aide mutuelle en vue du changement économique et social dans cha- cun des pays - autre aspect du Nouvel ordre

-

économique international - et à accroître leur pouvoir de négociation avec les pays centraux, que celui-ci s'exerce directement ou sous la forme d'une action sur certains mécanismes du marché, Considérant que la coopération horizontale peut contribuer directement à la solution de certains problèmes économiques posés par l'autonomie collective, en favorisant le com- merce, le financement et le transfert de technologies utiles, ainsi qu'au développe- ment autonome, - Considérant que cette dimension politique confère à la coopération horizontale un rule fondamental parmi les processus de nature à assurer l'intégration des pays en voie de développement et leur intégration au reste du monde dans le cadre d'une structure carac- térisée par une interdépendance et une éga- lité authentiques, Considérant que les systèmes de communica- tion sont un élément important de la struc- ture des relations internationales à tous les niveaux et qu'il convient donc de faire en sorte que la coopération horizontale se situe à un' niveau satisfaisant en matière de com- munication, particulièrement pour ce qui est des processus d'intégration régionale et sous-régionale.

Suivent deux recommandations adressées au Di- recteur général de l'Unesco/2.

du nouvel ordre de la communication a eu lieu à Mexico au printemps de 1976. Ce séminaire sur "le r61e de l'information dans le nouvel ordre international" était organisé par l'Institut latino-américain d'études transnationales (ILET), en collaboration avec la Fondation Dag Hammarsk- jöld et sous les auspices du Forum du Tiers Monde. C'était en fait le complément du semi- naire Dag Hammarskjöld des journalistes du Tiers Monde qui s'était tenu à New York durant la Septième session extraordinaire de l'Assem- blée générale des Nationsunies (septembre 1975), et où il a été dit que "l'instauration d'un nouvel ordre économique international suppose que les peuples des pays industrialisés et des nations du Tiers Monde en viennent à comprendre qu'ils ont les uns etles autres le m ê m e intérêt avoir s'éta- blir des conditions internationales quipermettent aux sociétés de toutes les régions du monde de connaître un autre type de développementt'/3.

Le Troisième rapport au Club de Rome dé- clarait que "llaccroissement du potentiel d'in- formation doit etre tenu pour une composante essentielle des tentatives en faveur d'un nouvel ordre international. A cet égard, les pratiques de type "monopole" et les habitudes discrimina- toires inhérentes a la diffusion actuelle de l'in- formation au niveau international doivent etre jugées, en raison de leur subtilité, commel'un

-

-

Une autre réunion internationale sur le thème

- 1. Rapport final, op. cit., pp. 29-30 2. Ibid., p. 40 II

3. Development Dialogue, no 1, Uppsala, 1976.

20

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des pires travers du système actuel"/l. minaire de Mexico a souligné que les effets de la domination et de la dépendance culturelles entretenues par la plupart des systèmes d'infor- mation actuels "sont bien plus insidieux que ceux d'une domination et d'une dépendance pure- ment économiques., O n se heurte à un grand nombre de droits acquis et de privilèges qui sont l'apanage des structures de pouvoir transnatio- nales et des élites locales - dans les domaines politique, financier et professionnel/2. Cette déclaration est suivie de trois remarques fon- damentales dont nous donnons ici de larges extraits13 :

Le sé-

1.

2.

3.

D e même qu'un autre développement, axé sur la satisfaction des besoins humains, endogène, autosuffisant, prennent en compte les impé- ratifs écologiques et fondé sur une transfor- mation profonde des structures sociales au niveau national, est la seule justification d'un nouvel ordre international, le nouvel ordre international de l'information ne sera légitimé que dans la mesure où il contribuera à pro- mouvoir une autre information, allant à l'en- contre des préjugés, combattant l'ignorance et l'aliénation, et susceptible de favoriser la prise de conscience des citoyens et de leur donner ainsi accès au processus de prise de décision. Une telle transformation suppose des progrès majeurs tant au niveau conceptuel -- qulau niveau pratique, touchant à la fois au contenu et aux méthodes de l'information, puisque les rapports entre les "professionnels" et le "public" sont aussi des rapports de do mina tío n. La situation qui règne actuellement dans le domaine de l'information est pour une grande part l'héritage d'un passé marqué par la posi- tion oligopolistique de quatre agences de presse transnationales. Mais de larges per spec tive s s'ouvrent devant l'autosuffisance. Outre la création d'un Pool des agences de presse, la mise en place d'un service de reportages pour le Tiers Monde et la mise en oeuvred'autres mesures pratiques indispensables, elle re- quiert un changement de mentalité de la part de nombreux journalistes, qui ne discernent pas le modèle qui imprègne les comportements culturels, politiques et économiques, ou sont incapables d'y résister. L'autonomie de llin- formation suppose un plus haut degré de cons- cience politique de la part des producteurs de nouvelles. Si l'on veut une information qualitativement différente, il faut donner au principe de la libre circulation de l'information un contenu réellement et pleinement démocratique. I1 faut pour cela desserrer l'emprise des agences de presse transnationales sur les médias, ce qui ne veut aas dire aue la maîtrise de l'informa- tion doive incomber aux gouvernements. Certes, ceux-ci ont un r61e à jouer dans ce domaine, variable selon les circonstances, mais il ne faut pas oublier que les sociétés ,sont perma- nentes, et les gouvernements, 'si dévoués soient-ils au bien public, éphémères. Les sociétés et les individus qui les composent

sont plus riches dans leur diversité, leurs besoins et leurs aspirations que les Etats et leurs appareils bureaucratiques - qui ne de- vraient avoir d'autre raison d'être que de les servir. L'instauration d'un nouvel ordre de l'information et la pratique d'une infor- mation différente n'ont pas pour fin de rem- placer la domination des agences transnatio- nales par celle de bureaucraties nationales, si bien intentionnées soient-elles ; il ne s'agit pas d'arriver à une presse "plus contr6lée" mais à une presse plus libre, capable de ré- pondre vraiment au besoin d'informer et d'etre informé - l'un des besoins fondamen- taux de l'homme. Enfin, ce n'est pas le moins important, l'an-

nee 1976 a été marquée aussi par la tenue de la dix-neuvième session de la Conférence générale de l'Unesco, à Nairobi, qui a donné lieu à des débats "passionnés"/4 sur le nouvel ordre mon- dial de l'information. L'atmosphère mouvemen- tée de cette session tenait pour une grandepart à l'élaboration d'un projet qui allait &tre adopté par la suite à la vingtième session de la Confé- rence générale sous le titre de "Déclaration sur les principes fondamentaux concernant la contri- bution des organes d'information au renforce- ment de la paix et de la compréhension inter- nationales, A la promotion des droits de l'homme et à la lutte contre le racisme, l'apartheid et l'incitation à la guerre", mais elle avait aussi en partie pour origine une résolution présentée par la Tunisie au nom des pays non alignés, qui reprenait les conclusions de la Réunion au som- met de Colombo concernant le nouvel ordre in- ternational de l'information, et demandait à l'Unesco de soutenir certaines des positions de ce mouvement. La Conférence déboucha finale - ment sur l'adoption d'une résolution (Résolution 100) autorisant le Directeur général a confier à une commission internationale le soin de procé- der à l'étude d'ensemble des problèmes de la communication dans la société contemporaine. La Commission était chargée d'élaborer un rapport intérimaire pour la vingtième session de la Confé- rence générale de l'Unesco et un rapport final pour la vingt etunième. La Commission avait notam- ment pour mandat "d'analyser les problèmes de la communication, sous leurs différents aspects, dans la perspective de l'établissement d'un nou- vel ordre économique international et des initia- tives à prendre pour favoriser l'instauration d'un "nouvel ordre mondial de l'information'' ; ensuite, de définir le r61e que pourrait jouer la communication pour faire prendre conscience à

1. Jan Tinbergen (sous la coordination de), Nord/Sud, du défi au dialogue ? Troisième rapport au club de Rome, Sned/Junod, 1978. "Moving Towards a New international Infor- mation Order", Development Dialogue, No 2, Uppsala 1976, p. 9

2.

3. Ibid., p. 10 et l'i; 4. The United States, op. cit., p. 29. -

21

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l'opinion des grands problèmes auxquels le monde se trouve confronté, la sensibiliser à ces problèmes et aider à les résoudre progressive- ment par des actions concertées sur le plan na- tional et interna tionall'll.

La Commission internationale d'étude sur les problèmes de la communication a commencé ses travaux en décembre 1977. Cette m e m e année se-tenait à Sarajevo (Yougoslavie), du 17 au 30 octobre 1977, la Première Conférence des orga- nismes de radiodiffusion des pays non alignés. Dans son document final, la Conférence invitait les non-alignés à entreprendre des actions soli- daires et coordonnées aux conférences des ins- tances et organisations internationales dans les domaines présentant pour eux un intérêt com- mun, en particulier dans ceux des télécommuni- cations, du développement technique, de la stan- dardisation, de la radiodiffusion par satellite, etc. 12. Quelques semaines plus tot, une confé- rence sur "les communications internationales et la participation du Tiers Monde : Cadre con- ceptuel et pratique" avait été organisée à A m s - terdam par 1'ILET. avec un important concours financier du gouvernement néerlandais. Elle avait pour but, comme le montrent les projets de documents, de faire en sorte que les réso- lutions de l'Unesco et les initiatives des pays non alignés dans le domaine de l'information et de la communication se rattachent à une législa- tion internationale, c'est-à-dire d'établir un ensemble de principes pouvant donner un cadre juridique au fonctionnement des médias. I1 reste certainement beaucoup à faire en la matière, mais cette réunion a constitué un premier pas dans cette direction.

Dès 1978, l'effet cumulatif de ces conférences et d'autres réunions/3 se faisait sentir, notam- ment à la vingtième session de la Conférence générale de l'Unesco (Paris), qui fut marquée par deux événements importants : (i) comme nous l'avons déjà noté, la Déclaration sur les prin- cipes fondamentaux concernant la contribution des organes d'information a été adoptée par con- sensus ; et (ii) la Conférence générale a adopté à la majorité des voix, plusieurs pays occiden- taux s'étant abstenus, une résolution portant notamment sur le nouvel ordre de l'information et de la cornmunication dans le monde (projet de résolution 20 C/DR. 311). La résolution déclare notamment : "La Conférence générale,

Réaffirmant l'évidente nécessité de mettre fin à la dépendance du monde en développement dans le domaine de l'information et de la communication,

d'information s'accentue de plus en plus au niveau international malgré le développement des infrastructures de communication,

Consciente que l'ordre actuel de la communica- tion dans le monde est loin d'être satisfaisant,

1. Approuve les efforts tendant à l'instaura- tion d'un nouvel ordre mondial de l'infor- mation et de la communication dus iuste

...

Considérant que le déséquilibre des courants

...

2. Invite le Directeur général A poursuivre ses efforts . . . en vue de l'instauration de ce nouvel ordre qui implique, en parti- culier, la promotion des systèmes natio- naux dans les pays en développement et l'établissement d'un nouvel équilibre et d'une meilleure réciprocité de la circula- tion de l'information. ''14

C o m m e l'a note B. Osolnik, c'est là le pre- mier document adopté dans le cadre des Nations Unies, par une large majorité d'Etats membres, qui affirme la nécessité de l'instauration d'un nouvel ordre de l'information et de la communi- cation. L'Assemblée générale des Nations Unies, à sa 33e session, a adopté peu après la résolu- tion 33/115, "Relations internationales dans le domaine de l'information et des communications de masse", qui a réaffirmé la nécessité d'éta- blir un nouvel ordre mondial et international de l'information et de la communication. Aux termes de cette résolution, l'Assemblée générale : "Affirme la nécessité d'instaurer un nouvel ordre mondial de l'information et de la com- munication plus juste et plus efficace, destiné à renforcer la paix et la compréhension in- ternationale et reposant sur une diffusion plus large et mieux équilibrée de l'informa- tion ; Approuve les efforts déployés pour l'instau- ration de ce nouvel ordre mondial qui doit re flé te r particulière m e nt le s préoccupations et les aspirations légitimes des pays en dé- veloppement et les vues exprimées lors de la vingtième session de la Conférence générale de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture ; Souligne le r61e essentiel du système des Na- t'iöns Unies dans la réalisation de cet objectif. L'année suivante, en février 1979, la deu-

xième conférence intergouvernementale organi- sée par l'Unesco sur le thème qui nous occupe se tenait à Kuala Lumpur (Malaisie). Cette "Conférence intergouvernementale sur les poii- tiques de la communication en Asie et en Océa- nie" adopta 51 importantes recommandations

1.

2.

3.

4.

5.

Voir les Actes de la Conférence générale, dix-neuvième session, Nairobi, 26octobre - 30 novembre 1976, et notamment le vol. 1 (Ré soh t io ns ) . Voir Vladislava Bulatovi&, op. cit., p. 54 ?I 60 et "Documentation'' (Annexe). I1 convient de mentionner notamment la réu- nion "Vers un nouvel ordre mondial de l'in- formation ; conséquences pour la politique du développement", oyganisée par l'Institut für internationale Begegnungen et la Fondation Friedrich-Ebert (Bonn, 4-6 décembre 1978). Le compte rendu de cette réunion a été publié par Dieter Bielenstein (voir la bibliographie). Conférence générale de l'Unesco, vingtième session (Paris, 1978), 20 C/Résolutions 419.112. Voir Assemblée générale des Nations Unies, 33e session, Questions relatives 21 l'informa- tion, document A/33/144, 6 octobre 1978. et plus équilibré ;

22

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relatives à divers aspects des politiques de la communication aux niveaux national, régional et international. Ces recommandations, de même que la Déclaration de la Conférence, reflètent l'évolution de la notion de nouvel ordre mondial de l'information et de la communication depuis la Conférence de San José. C'est ainsi qu'on peut lire dans la Déclaration de Kuala Lumpur :

'I.. . puisque chaque pays est en droit de dé- finir sa politique de la communication, nous de- mandons l'élaboration, par les Etats et les ci- toyens, de politiques et de programmes nationaux d'ensemble fondés sur une vision globale de la communication et sur les buts économiques et sociaux du développement. Les pays qui plani- fient la mise en oeuvre de ces politiques et pro- grammes devraient le faire dans le cadre de la planification nationale globale. 'I

tion accrue des peuples et des individus au pro- cessus de la communication et nous estimons que les organes d information de masse devraient avoir plus de liberté et une plus grande autono- mie et assumer une plus haute responsabilité sociale et que ceux qui les dirigent, comme ceux qui produisent les messages, devraient as- sumer une plus large part de responsabilité in- dividuelle et en même temps bénéficier d'une protection adéquate. "

'I.. . miner les nombreux obstacles qui entravent l'échange et la circulation de l'information . . . 'I

'I.. . Nous invitons les organes d'information à prendre davantage conscience de la possibilite qu'ils ont de jouer le rôle de catalyseur du pro- grès et des réformes socio-économiques."

U n nouvel ordre de l'information et de la communication, plus juste et plus efficace, fondement d'un voisinage humain pacifié, re- quiert à son tour un nouvel esprit d'ouverture sur le monde. culturelle et scientifique entre groupes, nations et régions doit être un élément essentiel de l'ordre que nous cherchons CI instaurer. 'I " Nous demandons instamment à l'ensemble

du système des Nations Unies, et plus particu- lièrement à l'Unesco, de soutenir ces objectifs, de promouvoir diverses formes de coopération régionale et internationale et d'ouvrir ainsi la voie à l'instauration d'un nouvel ordre mondial de la communication et de l'information, plus juste et plus efficace, qui fait partie intégrante des efforts pour établir un nouvel ordre écono- mique international. C e nouvel ordre de la com- munication et de l'information serait, à nos yeux, l'une des plus belles incarnations contem- poraines des idéaux de justice, d'indépendance et d'égalité des hommes et des nations. 'i/1

Parmi les recommandations de la Conférence, il convient de mentionner particulièrement la Recommandation no 8 : "Considérant que la planification est un processus

indispensable pour parvenir à une croissance sociale et économique ordonnée et appropriée,

Reconnaissant que la communication joue un rôle vital pour informer et éduquer la population et l'inciter à atteindre les buts d'un dévelop- pemen t planifié,

I'. . . Nous nous prononçons pour une participa-

que tout soit mis en oeuvre pour éii-

'I.. .

L a collaboration professionnelle,

(La Conférence) Recommande aux Etats membres d'Asie et

d'Océanie de considérer que le domaine de la communication n'est pas seulement un auxi- liaire du développement, mais fait partie in- tégrante du plan de développement propre- ment dit, et de fournir les ressources né- cessaires au développement planifié du sec- teur de la communication en vue de permettre au plan général de développement de porter pleinement ses fruits. L'année suivante, en 1980, la première Con-

férence intergouvernementale sur les politiques de la communication en Afrique, organisée à Yaoundé (Cameroun) adoptait les mêmes posi- tions. Dès sa première page, le document de travail de la Conférence soulignait le rôle que doit jouer la communication dans le développe- ment : "la communication est présente dans les plans et stratégies des organismes gouverne- mentaux et non gouvernementaux, que ceux-ci s'occupent d'agriculture ou d'industrie, de la régulation des naissances, de la protection de la maternité ou de l'enfance, d'éducation ou de nutrition, etc. E n règle générale, toutefois, les rôles assignés à la communication n'ont pas toujours été bien définis dès le début, de sorte que le secteur intéressé et la communication elle-même n'ont pas toujours été en mesure, séparément aussi bien que conjointement, de réaliser toutes leurs potentialités. Ainsi donc, si l'on considère que la communication apporte un soutien, non seulement à tel ou tel autre sec- teur de développement, mais aussi à toutes les activités de développement - et gu'elle consti- tue un secteur disposant de sa propre infrastructure - il appa- raît de toute évidence indispensable de mener une action concertée pour que l'ensemble des efforts de développement de la nation soit très supérieur à la somme de ses composantes - sur- tout s'il s'agit d'un pays en développement ayant des ressources limitées. i'/3

conférence affirme notamment ce qui suit :

tion des problèmes de la communication seule- ment à des transferts de technologies ou à une simple redistribution des ressources, m ê m e si ces transferts et cette redistribution constituent, pour l'Afrique et pour le monde des éléments essentiels d'un nouvel ordre mondial de l'infor- mation et de la communication. La solution de nos problèmes reste organiquement liée à la sauvegarde des libertés fondamentales des indi- vidus et des peuples, de tous les peuples et en particulier de ceux qui continuent d'être les plus défavorisés.

"Dans les pays d'Afrique, le succès du déve- loppement dépendra de plus en plus de la pra- tique de l'autonomie collective. Cette politique, fondée sur une confiance accrue dans les forces

Par ailleurs, la Déclaration adoptée à cette

"Toutefois, on ne saurait ramener la solu-

1. Rapport final, document de l'Unesco CC/MD/

2. Ibid., p. 38 et 39. 3. Document de l'Unesco CC-8O/AFRICOM/S,

42, Paris, juin 1979, p. 31 à 34. - Paris, 16 juillet 1980, p. 3.

23

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internes et sur leur capacité d'innovation, est la seule qui permette d'atténuer une dépendance excessive vis-à-vis de l'extérieur et ce en poli- tique, autant qu'en culture ; en économie, au- tan t qu 'en com munica tion. "/I

A u nombre des activités qui ont été menées dans ce domaine entre 1979 et 1981, citons pour memoire la réunion de la Conférence administra- tive mondiale des radiocommunications (CAMR- 79), qui se tient tous les vingt ans/2, et de la Sixième Conférence des chefs d'Etat ou de gou- vernement des pays non alignés, tenue à La Havane en 1979, qui a approuvé les efforts dé- ployés par les organismes mis en place par le mouvement, adopté un programme de coopbra- tion entre pays non alignés dans le domaine de l'information, et réaffirmé l'importance de la lutte pour la création de nouvelles relations in- ternationales en général et du nouvel ordre inter- national de l'information et de la communication en particulier (Déclaration politique, article 267 et 285). I1 convient de mentionner particulière- ment la vingt et unième session de la Conférence générale de l'Unesco (Belgrade, 1980) où le Rap- port final de la Commission internationale d'étude sur les problèmes de la communication (Commis- sion MacBride) a été présenté, et où la notion d'un nouvel ordre international de l'information et de la communication a reçu une nouvelle im- pulsion. Puisque ces points ont été traités dans plusieurs ouvrages/3, il ne sera fait mention ici que des parties du rapport qui ont un lien di- rect avec notre sujet.

L'idée d'un nouvel ordre international et mon- dial de l'information et de la communication était présente dès le début des travaux de la Commission. Plusieurs documents de travail ont été élaborés sur ce thème/$. Ces documents confirment ce que disait Sean MacBride : "De nombreuses difficultés nous attendront, en par- ticulier lorsqu'il faudra prendre et appliquer des mesures concrètes pour la construction du Nou- vel ordre de l'information, mesures qui devront elles-memes etre gardées constamment àl'étude. Le sens à donner à cette expression ''Nouvel ordre" avec tout ce qu'elle implique est loin de faire l'unanimité, tout comme des désaccords subsistent sur les moyens de l'instaurer. Mais malgré ces divergences, il n'était pas unmembre de la Commission qui ne fût convaincu de la né- cessité d'opérer des réformes de structure dans le domaine de la communication et que l'ordre actuel était pour tous ina~ceptable/~. 'I Malgré les difficultés, ce rapport ouvre des perspec- tives encourageantes, en particulier dans ses conclusions et suggestions (Partie V). I1 sou- ligne la nécessité de renforcer l'indépendance et Ilautodéveloppement par des politiques nationales appropriées dans le domaine de l'information et de la communication, et notamment par le ren- forcement des capacités nationales en ce qui con- cerne le choix des technologies appropriées, priorité étant donnée à la satisfaction des besoins essentiels des peuples ; il souligne également la nécessité d'intégrer les politiques de communi- cation dans les stratégies globales de développe- ment en considérant la communication "comme

..

un élément fondamental du développement, un vecteur qui permet d'assurer une participation politique réelle à la prise de décisions, une base d'information centrale pour la définition des grandes options et un instrument favorisant la prise de conscience des priorités nationales"/6. I1 insiste également sur l'importance de l'accès à l'information technique, le courant d'informa- tion technique à l'intérieur des pays et à travers les frontières nationales étant une des princi- pales ressources du développement. Le rapport déclare à cet égard : "L'accès à cette informa- tion, dont les pays ont besoin en vue de la prise de décisions à tous les niveaux, est aussi essentiel que l'accès aux sources de nouvelles. Ce type d'information est le plus souvent con- centré dans les grandes technostructures. Les pays développés ne fournissent pas suffisamment

~~~

1. Déclaration de Yaoundé, art. V et VI, 1980. 2. On trouvera une information plus complète à

ce sujet dans I. de Sola Pool, "The Problems of WARC", Journal of Communication, Vol. 29. no 1. 1979 : Thomas L. McPhail. Electro- nic Colonialism (The Future of international Broadcasting and Communication), Sage Li- brary of Social Research, Vol. 126, 1981 (voir notamment le Chapitre 6 : "The Medium: International Telecommunications Union and the World Administrative Radio Conférence") ; Anne W. Branscomb, "Waves of the Future: Making WARC Work", Foreign Policy, 1979.

3. Par exemple, Cees J. Hamelind (a), Com- ~ -~

munication in the Eighties: A reader on the "MacBride ReDort'', IDOC International, Rome -- 1980 ; Brigitte Weyl, "Freiheit der Informa- tion? Zur Medienpolitik der Unesco", Publi- zistik, Constance, 1981 : 1 ; Rosemary Righter, "Battle of the Bias", Foreign Policy, 1979 ; Kusum Singh and Bertram Gross, ''Mac Bride: the report and the response", Journal of Communication, automne 81.

4. Mustapha Masmoudi, Le nouvel ordre mondial de l'information, Unesco ; Commission inter- nationale d'étude des problèmes de la commu- nication, n" 31, Paris 1979 ; Bogdan Osolnik, Obiectifs et stratégies d'un nouvel ordre in- ternational de la communication, Unesco : Commission internationale , . . , no 32, Paris 1979 ; Camal El Oteifi, Pour un nouvel ordre international de l'information : remaraues Dré- liminaires, Unesco : Commission internatio- nale . . . , no 33, Paris 1980 ; Cees J. Hame- link, Le nouvel ordre économique international de l'information, Unesco : Commission inter- nationale . . o , no 34, Paris 1979 .; Jan Pronk, Observations sur le nouvel ordre international de l'information et le nouvel ordre économique international, Unesco : Commission interna- tionale . .., no 35, Paris, 1979.

5. Voix multiples. U n seul monde,, Unesco, 1980, Les Nouvelles Editions africaines, et la Documentation française.

6. Ibid., p. 321. - 24

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aux pays en d6veloppement ce type d'information qu'il leur est généralement difficile de se procu- rer. "/1 (La recommandation qui suit sera exa- minée plus loin. ) Enfin, à propos de la néces- sité de réduire la commercialisation de la commu- nication, le rapport recommandFque "la préfé- rence soit donnée dans le renforcement des sys- tèmes de communication, à des formes non commerciales de la communication de masse. C o m m e dans le domaine de l'éducation, des fonds publics pourraient etre attribués à cette fin", et tout en reconnaissant la nécessité pour les mé- dias d'équilibrer leurs recettes et leurs dépenses, il conviendrait de rechercher les moyens de ré- duire les effets négatifs que les considérations commerciales et financières peuvent avoir sur l'organisation et le contenu des courants natio- naux et internationaux de communication/2". Dans ses conclusions, le rapport ne dit pas expressé- ment que ces incidences negatives sont, dans une large mesure, le fait des sociétés transnationales et de la publicité transnationale (avec ses réper- cussions sur la publicité et les systèmes de com- munication internes, qui ont aussi une part de responsabilité), mais il contient plusieurs pas- sages où ce point est abordé, comme il llest d'ailleurs dans des écrits de plus en plus nom- breux/3. Le débat qui a eu lieu à Belgrade à la Conférence générale de l'Unesco sur la base du rapport de la Commission et d'autres textes a conduit à l'adoption par la Conférence de deux importantes résolutions portant sur : port du Directeur général sur les conclusions de la Commission internationale d'étude des problèmes de la communication (adoptée par Consensus), et (ii) le Programme international pour le développement de la communication (PIDC), également adopté par consensus après accord sur deux annexes. La première résolu- tion déclare notamment : "(h)

prendre, plus particulièrement, les études et les analyses nécessaires à la formulation de propositions concrètes et pratiques en vue de l'instauration du nouvel ordre mondial de l'in- formation et de la communication et &convoquer à cette fin une réunion internationale d'experts :

1. Considère :

II-

(i) le Rap-

(La Conférence générale invite le Directeur général) à entreprendre ou à faire entre-

VI . -~ ~

(a) que ce nouvel ordre mondial de l'informa- et de la communication pourrait repo- tion

ser, (i)

(ii)

(iii)

(iv)

(V 1

[vi) la liberté des journalistes et de tous les professionnels des moyens de communication, liberté inséparable de la responsabilité ; la capacité des pays en développe- ment de parvenir à améliorer leur propre situation, notamment en s'équipant, en formant leurs cadres, en améliorant leurs infrastructures, et en rendant leurs moyens d'infor- mation et de communication aptes 2 répondre à leurs besoins et .3 leurs aspirations ;

(viii) la volonté sincère des pays développés de les aider à atteindre ces objectifs ;

(ix) le respect de l'identité culturelle et du droit de chaque nation d'informer l'opinion publique mondiale de ses intérêts, ses aspirations et ses va- leurs sociales et culturelles ; le respect du droit de tous les peuples à participer aux échanges internatio- naux d'information sur la base de l'équité, de la justice et de leur in- térêt mutuel ;

groupes ethniques et sociaux et des individus à accéder aux sources d'in- formation et à participer activement au processus de la communication ;

(b)que ce nouvel ordre mondial de l'informa- tion et de la communication devrait repo- ser sur les principes fondamentaux du droit international tels qu'ils sont inscrits dans la Charte des Nations Unies/4. "

La résolution sur le PIDC a des orientations plus concrètes. Pour ce qui nous concerne,il importe cependant de noter qu'elle recommande explicitement aux E tats membres de promouvoir l'élaboration, aux niveaux national et régional, de 2 s communications. L'un des objectifs principaux assignés à ce programme est de "promouvoir dans les pays en développement, en tenant compte

(vii)

(x)

(xi) le respect du droit du public, des

1. Ibid. . D. 324. ~ I -

2. Ibid., p. 323-324, 3. Voir : A Survev of the Transnational Struc-

ture of the Mass Media and advertising. ILET, Mexico. 1978 : Nations Unies. Transnational

entre autres bases, sur : l'élimination des déséquilibres et des inégalités qui caractérisent la situa- tion actuelle ; l'élimination des effets négatifs de certains monopoles, publics ou pri- vés, et des concentrations excessives : la suppression des obstacles internes et externes qui s'opposent à une cir- culation libre et à une diffusion plus large et mieux équilibrée de l'infor- mation et des idées ;

naux d'information ; la liberté de la presse et de l'information ;

la pluralité des sources et des ca- 4.

-~ Corporations in Advertising, UNCIT, New York, 1979, ST/CTC/8 ; Herbert I. Schiller, La communication suit le capital, Unesco, Commission internationale d'étude des pro- blèmes de la communication, no 47, Paris, 1980 ; Michael H. Anderson, "Transnational Advertising and Politics: The case of Indone- sia", Asian Survey, Vol. XX, n"12, décembre 1980 ; Michael H. Anderson, "China's Great Leap Toward Madison Avenue", Journal of Communication, Vol. 31, no 1, Winter 1981 ; Fred Fejes, "The growth of multinational advertising agencies in Latin America", Journal of Communication, Vol. 30, n04, 1980. Conférence générale de l'Unesco, vingt et unieme session (Belgrade 1980), 21 c / R ~ ~ ~ - lutions 4/ 19.

-

25

Page 22: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

de leurs politiques de la communication et de leurs plans de développement, la création ou le renforcement des infrastructures nécessaires aux différents secteurs de la communication, afin d'accroître en particulier la contribution des- 3 économique, social et culturel endogène et de favoriser l'amélioration de l'échange internatio- nal d'information/l".

Outre ces deux textes, il convient de signaler le projet de résolution présenté par le Venezuela sur "les études à entreprendre pour l'élaboration des principes relatifs à un nouvel ordre mondial $e l'information et de la communication", qui invite le Directeur général à entreprendre im- médiatement des études dans ce sens et 2 pré- senter un rapport à ce sujet à la vingt-deuxième session de la Conférence générale. C e projet a été adopté par 51 voix contre 6 avec 26 abstentions12

L a détermination avec laquelle ces résolutions ont été présentées, tout autant que la campagne véhémente menée contre les travaux de la "Com- mission MacBride" et l'action en faveur d'un nouvel ordre mondial de l'information et de la communication, qui s'est encore intensifiée au cours de ces deux dernières années/3, ne font que confirmer l'importance cruciale de ce pro- blème, surtout lorsqu'on l'envisage par rapport aux données fondamentales du développement économique et à la situation des pays en dévelop- pement dans le cadre de la vie économique (et par conséquent politique) internationale. Avant de nous attaquer à cette dimension du problème, nous indiquerons brièvement quelques-unes des caractéristiques et des composantes essentielles du nouvel ordre mondial de l'information et de la communication.

1.2 Principales caractéEiques du nouvel ordre

1. O n s'accorde, en général, à voir dans l'idée d'un nouvel ordre mondial de l'information et

de la communication un processus plutQt qu'un catalogue de règles et de pratiques. C e proces- SUS est un élément indissociable des efforts dé- ployés pour instaurer le nouvel ordre économique international, parce qu'il vise à introduire davan- tage de justice et d'équité dans les échanges in- ternationaux d'information, aux plans quantitatif et qualitatif, afin de remédier notamment à la situation des pays en développement, gravement défavorisés en ce qui concerne la circulation in- ternationale de l'information. Les circuits de la communication et de l'information, que le nouvel ordre se propose de remplacer, sont con- sidérés par une fraction importante de la c o m - munauté internationale, et surtout par les pays en développement, c o m m e un héritage du passé colonial, qui les a empechés de communiquer librement, directement et rapidement entre eux. E n outre, les circuits de communication demeurent les instruments de leur dépendance vis-à-vis des pays industriellement développés et des sociétés transnationales établies dans ces pays. Cela se traduit de différentes manières, dont la plus importante est la dépendance technologique dans de nombreux domaines - équipement technique, savoir-faire, systèmes de gestion. formation des

spécialistes, etc. Cette dépendance ne fait que s'étendre avec les progrès rapides et l'usage accru des nouvelles technologies de l'informa- tion et de la communication telles que la c o m - munication par ordinateur, les satellites de communication, la télématique, etc. 2. Afin de remédier à cet état de choses, les

pays en développement ont entrepris d'ins- taurer de nouvelles relations dans le secteurde l'information et de la communication, fondées essentiellement sur les principes de l'autodé- pendance individuelle et collective. D'où : (i) la nécessité urgente, pour ces pays, de défi- nir des politiques nationales de l'information et de la communication prévoyant la mise en place et l'utilisation des médias de masse et des tech- nologies nouvelles, ycompris les plus avancées, et définissant une stratégie globale de dévelop- pement national ; (ii) la nécessité d'intensifier la coopération entre pays en développement dans tous les secteurs de l'information et de la c o m - munication et à tous les niveaux - sous-régional, régional et interrégional. 3. Les politiques nationales de l'information et

de la communication doivent fournir une orienta- tion pour fixer les priorités dans ce domaine et choi- sir les technologies appropriées. A u sens large, les politiques de la communication "constituent ainsi des ensembles cohérents de principes et de normes destinés à guider les orientations générales des organes et institutions de c o m m u - nication dans un pays donné. Elles offrent un

1. 2.

3.

Ibid., 21 C/Résolutions 4/21, Annexe. Actes de la Conférence générale, vingt et unième session, Volume 2, Rapports, p. 182. Voir la Déclaration de Talloires sur la liberté de la presse qui, selon Cushrow Irani, cons- titue désormais la réponse réfléchie de la presse libre aux diverses revendications ex- primées par l'Unesco et sous l'appellation de "Nouvel ordre international de l'information'' (Far Eastern Economic Review, 25 décembre 1981, ' p. 28). pour les organ isat ions internationales , Elliott Abrams, a dit à ce propos : "NOUS approuvons la déclaration de Talloires. Nous continuerons de la considérer, dans le sys-

-

L e Secrétaire d'E tat adjoint

tème des Nations Unies, c o m m e une expres- sion fondamentale des valeurs américaines. (Sta te m e nt to the Congressional Subcommi ttee s on International Operations and H u m a n Rights and on International Organizations, 9 juillet 1981, diffusé par USICA). Parmi les réunions internationales de profes- sionnels de l'information qui ont apporté leur soutien au "Rapport MacBride", tout en sou- lignant certains de ses points faibles, il con- vient de mentionner particulièrement la Con- férence scientifique de l'AIERI/IAMCR, qui s'est tenue à Caracas du 25 au 29 août 1980, et qui a été l'une des premières à examiner ce rapport. Voir : Breda PavliL, "Le nouvel ordre international de l'information et de la

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communication", Revue de politique interna- tionale, Vol. XXXI, no 732, Belgrade 1980.

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cadre de référence pour l'élaboration des stra- tégies nationales visant à mettre en place des infrastructures de communication qui auront une fonction à remplir dans le développement éducatif, social, culturel et économiquefl". Clest ainsi qu'on peut lire dans le rapport de la "Commission McBride" : L a communication ne peut plus &tre désormais considérée comme un service accidentel, dont le développement est laissé au hasard, Reconnaître ses possibilités, c'est justifier l'élaboration par toutes les na- tions, et particulièrement les nations en déve- loppement, de politiques de communication glo- bales reliées aux objectifs généraux de caractère social, culturel, économique et politique et fon- dées sur des consultations interministérielles et interdisciplinaires faisant appel à une large par- ticipation publique. Le but à atteindre est de mettre en valeur les capacités spécifiques de chaque forme de communication depuis les formes inte rpe rsonnelle s et traditionnelles jusqu'aux plus modernes, de rendre les hommes et les sociétés conscients de leurs droits, d'harmoniser l'unité dans la diversité et d'en- courager le développement des individus et des communautés à l'intérieur du cadre plus large du développement national dans un monde interdépendantf2. 4. - La coopération sous-régionale, régionale et

interrégionale est un imp6 ra tif fondamental, particuliè re m e nt pour les pays en développe ment, qui s'efforcent de remédier à leur sous-déve- loppement actuel en matière d'information et de communication, et de se libérer de toutes les formes de dépendance. Les problèmes complexes auxquels ces pays se trouvent confrontés - notarn- ment en ce qui concerne la mise en place des infrastructures, le développement des technolo- gies nouvelles et la formation de professionnels de la communication -ne pourront etre résolus que par des efforts conjugués et la mise encom- mun de leurs maigres ressources. La création du Pool des agences de presse des pays nonali- gnés et la coopération de leurs organismes de radiodiffusion ont ouvert la voie dans ce domaine. Mais ce ne sont là que des premiers pays, et il convient de prévoir d'autres formes d'opérations menées en commun, notamment dans la pers- pective de l'utilisation croissante des satellites de communication et d'autres moyens d'infor- mation et de communication complexes et très coQteuxf3. 5. La création d'un nouvel ordre mondial de

l'information et de la communication appelle aussi des changements fondamentaux au hiveau national. L'objectif ultime du nouvel ordre est de rendre possible des relations authentiquement démocratiques à la fois entre les nations et à l'intérieur des différents pays. Cela veut dire qu'il faut mettre la démocratie en pratique en assurant une participation toujours plus grande de l'ensemble de la population au processus de prise de décisions à l'égard de tous les grands probl$mes économiques, politiques, sociaux et culturels de la société, y compris les problèmes de l'information et de la communication. I1 fau- dra pour cela élaborer des formes nouvelles

- certains diront "alternatives" - de gouverne- ment et de gestion qui transcendent les formes actuelles d'organisation appelées "Etats", d'une part et "entreprise privée'' d'autre part. E tant donné l'interdépendance universelle,

toujours plus accentuée, qui elle aussi résulte en partie du moins des moyens modernes d'in- formation et de communication, il serait illu- soire d'espérer que s'opèrent des transforma- tions fondamentales de dimensions planétaires sans que des mesures analogues ne soientprises dans chaque pays. Le poids du passé et l'actuel système transnational sont sans doute les grands responsables des déséquilibres et des dispari- tés qui caractérisent le monde d'aujourd'hui, mais certaines réalités nationales ont aussi con- tribué à créer cet état de choses ; il convient donc de les examiner en profondeur dans le cadre d'une analyse globale, des classes sociales dans le monde contemporain et du rôle que jouent à cet égard les moyens d'information et de communication (notamment les médias de mass e 14. 6. Enfin, il faut rappeler une fois encore que,

national et mondial de l'information et de la communication était liée à la volonté d'établir un nouvel ordre économique international. La relation entre les deux ordres est donc très étroite, l'un ne pouvant exister sans l'autre. Cette corrélation a été souvent réaffirmée, no- tamment dans le rapport final de la "Commis- sion MacBride" et dans la déclaration de Kuala Lumpur, où il est dit qu'l'un nouvel ordre mon- dial de la communication et de l'information plus juste et plus efficace, fait partie intégrante

dès le début, l'idée d'un nouvel ordre inter-

-_ 1.Rappor-t final de la Conférence intergouverne- mentale sur les politiques de la. communica- tion en Amérique latine et dans la région des Caraïbes, Unesco, 1976, p. 56. Voir éga- lement : Luis R. Belgrán S., "National com- munication Policies in Latin America: A Glance at the First Steps", document pour la Conférence internationale sur la politique de la communication et la planification du déve- loppement, 5-10avrill976, East-Westcenter, Honolulu (ronéo typé).

2.Voix multiples, un seul monde, op, cit., p. 317.

3. Cette question sera examinée de manière plus approfondie au chapitre suivant.

4. Voir Seth Siegelaub et Armand Mattelart (e) 3, New York, International General Editions, 1978 ; Armand Mattelart. Mass Media, Ideologies L, The Har- vester Press, Sussex, 1980 ;John Downing, "Mass Media as Ideolo gical Sta te Apparatuses" , Prikazi, no 2, Zagreb, 1978 ; Hans Magnus E nze n s be r ge r , "Ra ids and Reconstructions 'I. -- dans : Essays on Politics Crime and Culture, Pluto Press, Londres, 1976 ; Nicholas Garnham, Towards a Politicai Economy of Mass Communication, Londres, 1978, 59 p. (ronéotypé).

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des efforts pour établir un nouvel ordre écono- mique international". Cependant, la plupart des débats sur le nouvel ordre de l'information et de la communication ont eu tendance jusqulici à négliger cette relation organique entre les deux ordres, c'est-à-dire à réduire le problème à son seul aspect "communication" et à mettre l'ac- cent sur certains éléments, tels que le rôle des

journalistes et, dans une certaine mesure, les agences de presse, la circulation des programmes de télévision, les problèmes tarifaires ou la mise en place d'infrastrucutres de communica- tion. Ces différents éléments ne sont assuré- ment pas sans importance, ni m e m e d'impor- tance mineure, mais ils ne constituent pas à eux seuls les fondements d'un nouvel ordre.

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Chapitre 2

Le nouvel ordre économique international et le nouvel ordre mondial de l'information et de la communication - un élément commun :

l'autonomie individuelle et collective

Pour analyser l'ensemble des interrelations existant entre le nouvel ordre économique inter- national (NOEI) et un nouvel ordre mondial/in- ternational de l'information et de la communica- tion (NOMIC) du point de vue des objectifs visés, tant à court terme qu'à long terme, il faut tenir compte d'une très grande variété de phénomènes et de processus, dont la plupart sont difficiles à expliquer de manière concise. La diversité des approches et des cadres de référence théoriques, qui révèle des divergences fondamentales, et souvent irréductibles, découlant d'intérets so- ciopolitiques différents et parfois m ê m e opposés, rend tout exposé succinct encore plus ardu. I1 nous faut néanmoins tenter de mieux cerner ces deux notions à partir des connaissances dont nous disposons dans les domaines en question (ou tout du moins d'une part relativement repré- sentative d'entre elles).

Afin de rendre plus facile l'analyse de ce su- jet complexe, nous avons décidé d'organiser la description des grands problèmes posés par ces deux ordres (ou, plus exactement, ces deux as- pects d'un m ê m e ordre) autour du concept d'au- tonomie individuelle et collective, qui figure parmi les principes fondamentaux du nouvel ordre économique international et du nouvel ordre mondial de l'information et de la commu- nication. Bien sûr, cela limite quelque peu la signification des deux ordres, mais permet de faire ressortir plus nettement les préoccupations qui sont au centre de la présente étude. De même, parmi les nombreuses questions qui entrent dans le débat sur le nouvel ordre (ou les nouveaux ordres), nous concentrerons notre at- tention sur le r61e des médias (eu égard notam- ment à la participation du public et à l'éducation), de la. communication informatisée (circulation transnationale des données) et de la télédétection par satellite.

Nous tenterons de mettre en lumière l'impor- tance cruciale de l'information et de la commu- nication pour l'établissement du NOEI aussi bien que pour le maintien du système actuel de relations internationales où les moyens d'infor- mation et de communication modernes consti- tuent un élément majeur de la structure du pou- voir transnational ; à cette fin, nous prbsentons les problèmes, d'une part, sous l'angle des

aspirations, puisant notre matière dans les textes fondamentaux et les divers écrits dispo- nibles sur ces questions, et, d'autre part, du point de vue des réalités présentes. essayant alors de montrer que dans ce domaine les évé- nements ont évolué autrement que prévu et qu'il conviendrait par conséquent d'étudier plus atten- tivement la capacité des médias d'entraver aussi bien que de favoriser l'établissement d'un ordre in ternational / mondial meilleur. 2.1 L'autonomie, principe fondamental du NOEI

et du NOMIC -~ -~ ~ ~~~

L a recherche de solutions aux problèmes tou- jours plus graves avec lesquels ils sont aux prises a conduit les pays en développement à introduire le concept d'autonomie individuelle et collective dans leurs propres programmes politiques et dans le débat international. Enoncé pour la première fois à la troisième Conférence des chefs d'E tat ou de gouvernement des pays non alignés (Lusaka, 1970)/1, ce concepta été élaboré lors des réunions de haut niveau tenues ultérieure- ment par les pays non alignés et le Groupe des 7712. Dans la Déclaration économique adoptée à la cinquième Conférence des chefs d'Etat ou de gou- vernement des pays non alignés (Colombo, 16-19 août 1976), on peut lire ce qui suit :

~~

1. Cf. Troisième Conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non alignés, "Dé- claration sur le plan du non-alignement et du progrès économique", in Documents des con- férences et réunions des pays non alignés 1961 -1973, Secrétariat à l'Information du Conseil exécutif fédéral, Belgrade, 1973 ; voir également Odette Jankowitsch et Karl P. Sauvant (dir. publ. ), The Third World Without Superpowers: The Collected Docu- ments of the Non-Aligned Countries, Oceana, Dobbs Ferry, New York, 1978.

2. Cf. "Programme d'Arusha pour l'autonomie collective et cadre de négociations", adoptés à la quatrième Réunion ministérielle du Groupe des 77. Arusha, février 1979 ; pu- blié dans : Karl P. Sauvant (dir. publ.) The Third World Without Superpowers, 2nd Ser.: The Collected Documents of the Group of 77, Oceana, Dobbs Ferry, N. Y., 1981.

--

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."C'est aux pays en développement qu'il appar- tient de tirer pleinement parti de leur potentiel économique, ce qui suppose les facteurs suivants : (a) l'autonomie individuelle, qui permet aux pays en développement d'utiliser leur potentiel écono- mique pour coopérer entre eux à l'instauration du Nouvel ordre économique international ; (b) l'intensification de la coopération économique entre les pays en développement ; (c) le renforcement de leur solidarité et la coor- dination des activités des pays en développement sur un front commun contre toutes les tentatives des impérialistes de semer la division et d'exer- cer des pressions. "/l

Les représentants des pays non alignés qui assistaient à cette conférence se sont en outre déclarés "fermement convaincus que l'instaura- tion du nouvel ordre économique international ne peut etre garantie que si les pays en développe- ment ont foi dans leur autonomie collective. L'autonomie suppose que les pays en développe- ment sont fermement résolus à faire respecter leurs droits économiques légitimes dans les transactions internationales en usant de leur pouvoir de négociation collectif. Elle suppose également qu'ils sont prêts à respecter sur le plan interne la discipline qu'exige le processus de développement économique dans des conditions de justice. Et, surtout, l'autonomie signifie qu'ils sont disposés à explorer et à exploiterles immenses possibilités qu'offre la coopération entre eux dans les domaines financier, technique, commercial, industriel et autres. Au centre m ê m e de ce processus de croissance dans des conditions de justice sociale se situe l'élimina- tion du chômage et de la misère. Celle-ci de- mande l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique propre à satisfaire les besoins fonda- mentaux minimums de la population des pays en développement. E n même temps que cette déclaration, la Conférence a adopté un programme d'action (ébauché lors de la Réunion des mi- nistres des affaires étrangères des pays non ali- gnés, organisée 3 Lima en 1975) visant à déve- lopper la coopération entre pays non alignés dans pour ainsi dire tous les secteurs importants : matières premières, commerce, transports, industrie, coopération financière, développe- ment scientifique et technique, coopération tech- nique, alimentation et agriculture, peche, télé- communications, assurances, santé, emploi et mise en valeur des ressources humaines, tourisme.

a été adopté à la Réunion ministérielle du Groupe des 77 qui s'est tenue à Manille en 1977. A cûté d'énoncés de principes fondamentaux analogues à ceux des pays non alignés, la Déclaration de -. Manille souligne la nécessité pressante de traas- former radicalement les relations économiques internationales afin de faire cesser l'exploita- tion des pays en développement. L'autonomie individuelle et collective est considérée comme l'un des principaux outils de cette transformation/3.

Entendu au sens le plus large, le concept d'autonomie suppose l'adoption de stratégies de développement social et économique qui, au lieu

Un programme d'action encore plus détaillé

1.

2.

3.

4.

5.

6.

de faire appel à des ressources et des idées ac- quises à l'extérieur, reposent sur la mobilisa- tion et l'utilisation des ressources matérielles et humaines de la communauté intéressée. I1 peut donc être appliqué B différents niveaux : local, national, régional et interrégional/4. A l'échelle régionale et interrégionale, c'est-à- dire sur le plan de l'autonomie collective, les objectifs les plus fréquemment cités sont les suivants : (i) la rupture des liens de dépendance maintenus par les pays dominants B l'aide du système des relations internationales ; (ii) la mobilisation de toutes les compétences et de toutes les ressources intérieures ; (i'ii) le ren- forcement de la coopération avec les autres pays en développement ; (iv) la réorientation des ef- forts de développement en fonction des besoins essentiels des peuples des pays en développement/5,

C o m m e l'a souligné Janez Stanovnik, l'auto- nomie ou "l'appui sur ses propres forces n'est pas l'autarcie. I1 représente une confiance en soi-même. des pays en voie de développement. E n tant que tel, il exerce une influence considérable sur le modèle du développement socio-économique national et sur la position de négociation des pays en voie de développement dans les rap- ports internationaux. "/6 Ce qu'il importe de bien comprendre, lorsque l'on parle d'autono- mie, c'est que le principal objectif d'une forme de développement autonome est le bien-être de la population, et non la croissance du PIB. La croissance économique n'est que l'un des moyens permettant d'assurer le bien public et la trans- formation de la société. L'objectif est donc le développement, autrement dit le changement

1

- I1 représente aussi une solidarité

. -.- Documents de la cinquième Conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non alignés, Colombo, 16-19 août 1976, & docu- ment des Nations Unies A/31/197, p. 57. Cf. Documents de la cinquième Conférence des chefs d'Etat ou de gouvernement des pays non alignés, 111 document des Nations Unies A/31/197, p. 63. Cf. Déclaration et Programme d'action de Manille, CNUCED, TD/195, février 1976. Raimo Väyrynen cite la Chine, Cuba, la Ré- publique populaire démocratique de Corée (juche), la République-Unie de Tanzanie (ujamaa) pays ayant adopté des stratégies d'autonomie au niveau national. Cf. Raimo Väyrynan, Interdependence versus Self-Reliance : Two Approaches to International Economic Rela- tions, Tampere Peace Research Institute, Rapport de recherche no 16, 1978, p. 22. Cf. Enrique Oteiza et Franco Sercovich, "Dé- veloppement collectif autocentré", Revue in- ternationale des sciences sociales, no 4, 1976 ; Anton Vratusa, "La coopération suivant le principe d'autonomie collective", Revue de politique internationale, vol. 32, no 756. -s un nouvel ordre éco- nomique internationz, Revue de politique internationale, vol. 29, no 683, Belgrade,

et Sri Lanka comme exemples de

-

1979.

30

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social, la transformation des structures et le bien-&tre de la communauté/l. fait bien ressortir les diverses dimensions de l'autonomie : ''Pour une société en développe- ment, une politique d'autonomie consiste essen- tiellement à renforcer les moyens dont elle dis- pose pour définir ses objectifs, prendre ses propres décisions et les appliquer, et cela dans tous les domaines. Pour que ce genre de poli- tique soit possible, il faut une modification des modes d'interaction entre le Nord et le Sud et la suppression des déséquilibres que ceux-ci en- trahent dans la structure des relations interna- tionales. L'autonomie implique donc que les pays en développement obtiennent le relâchement de liens qui les rattachent aux pays industriali- sés, en opérant des choix parmi leurs liens tra- ditionnels et en mobilisant mieux les ressources indigènes en vue de la satisfaction des besoins indigènes.

Dans un ouvrage antérieur, le m ê m e auteur explique en outre que l'autonomie est un pro- gramme qui exige "dans sa dimension collective que 'les structures politiques, économiques et socioculturelles mises en place pour lier les co- lonies aux métropoles (dans une situation de dé- pendance), soient transformées de manière àlier les pays en développement les uns aux autres (dans une situation d'interdépendance)''. /3 Dé- veloppant cette idée dans un autre ouvrage, Karl P. Sauvant souligne que "quels que soient les moyens utilisés pour rechercher l'autonomie (action directe dans le cas des pays non alignés, négociation dans celui du Groupe de 77). il faut des modes d'organisation qui puissent servir de base à une coopération efficace et qui permette a ins 1 d 'am élio re r la co m m u n ica t io n , d I in te ns if ie r les contacts entre les pays en développement et d'amener ces pays à participer en nombre crois- sant aux affaires d'intérêt commun. I1 est d'au- tant plus important de susciter des courants de communication horizontaux que les structures héritées du passé sont généralement verticales, liant les anciennes colonies à leurs métropoles respectives. La communication horizontale est

Karl P. Sauvant

donc un préalable indispensable pour aiguiser la sensibilité aux questions d'intér&t commun, favo- riser l'identification et la définition des pro- blèmes communs et des possibilités communes, la formulation de solutions communes et la mise en oeuvre de politiques coordonnées. Pour qu'il y ait approche commune, il faut tout d'abord des structures, une organisation sur laquelle ap- puyer aussi bien les actions directes que les négociations internationales". /4

Si rapide que soit l'aperçu que nous venons de donner du concept d'autonomie, il suffit à montrer que 1 ' informa tion/ co mmunica t ion a un r61e important à jouer dans sa concrétisation. Mais avant d'essayer de décrire un peu plus en détail les diverses formes d'information/com- munication susceptibles de contribuer à lui don- ner corps, nous analyserons brièvement ce que représente l'autonomie individuelle et collective. 1. Pour une société en développement, une poli-

tique d'autonomie consiste essentiellement à renforcer sa capacité de définir elle-même ses

1.

2.

3.

4.

objectifs, de prendre ses propres décisions et de les appliquer, et ce dans tous les domaines. Cela suppose la mobilisation et l'exploitation des ressources matérielles et humaines de la communauté (au niveau national, c'est-à-dire sur le plan de l'autonomie individuelle) et une coopération plus étroite entre pays en dévelop- pement (aux niveaux bilatéral, sous-régional, régional et interrégional, c'est-à-dire sur le plan de l'autonomie collective) pour ce qui est de l'utilisation des moyens matériels et intel- lectuels susceptibles d'être mis au service d'ob- jectifs d'intérêt commun. 2. Ce resserrement des liens entre pays en dé-

veloppement est conçu comme passant avant tout par une intensification de la coopération économique et technique dans tous les secteurs essentiels : matières premières, commerce, industrie, finances, alimentation et agriculture, pêche, transports, communications, science et technologie, etc. Outre son objectif fondamen- tal, qui est d'améliorer la situation des diffé- rents pays dans chacun de ces domaines, cette coopération vise en premier lieu à accroître le pouvoir de négociation collectif des pays en dé- veloppement dans le cadre du système des rap- ports de force qui règne dans le monde, notam- ment au regard de la position dominante des entreprises transnationales. Cela suppose au premier chef que chaque pays acquière, à un degré toujours plus grand, unsentiment de con- fiance en lui-même et dans l'ensemble des pays en développement ; il faut aussi un renforce- ment du sens de la solidarité, ce qui signifie que les nations en développement doivent entre- prendre et reconnaître l'identité de leurs pro- blèmes et de leur situation dans les relations inte rna tionales. 3. L'autonomie implique également que les ef-

forts de développement soient réorientés de manière à satisfaire plus rapidement et dans de meilleures conditions les besoins essentiels de la masse de la population des pays en développement, c'est-à-dire àsatisfaire tout d'abord ses besoins en matière d'alimentation, de logement, de santé, d'éducation et d'emploi. Cette idée correspond à l'acception élargie du terme de développement qui s'est fait jour au sein du système des Na- tions Unies il y a une dizaine d'années, et en

*' Ibid., p. 106. Karl P. Sauvant, "Organizational inf ras truc - ture for self-reliance; The Non-Aligned Countries and the Group of 77", rapport pré- senté au Séminaire international sur la pro- motion de la coopération économique et tech- nique entre pays en développement, organisé par la CNUCED et le Centre de recherches pour la coopération avec les pays en dévelop- pement, Ljubljana-Bled, 2-7 novembre 1981,

Karl P. Sauvant et Hajo Hasenpflug (dir. pub. ) The New international Econo_mic Order (Con- frontation or Cooperation between North and South ?), Westview Press, Boulder, Col. 1977, p. 5. Karl P. Sauvant, op. cit., 1981, p. 2.

p. 2.

31

Page 28: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

vertu de laquelle le développement est, pour re- prendre les termes de Hans Singer, "la crois- sance plus la transformation des structures". /I Cette conception du développement va plus loin que celle qui avait cours auparavant (et qui assi- milait le développement à la croissance écono- mique, c'est-à-dire à la croissance du PIB), car elle met l'accent sur les deux points sui- vants : (i) l'intensification de la croissance éco- nomique et la satisfaction des besoins sociaux, politiques et culturels, au sens large, de la population doivent etre considérées comme allant de pair, et non pas comme découlant l'une de l'autre, (la seconde étant généralement considé- rée comme dérivant de la première) ; il a été en effet largement démontré non seulement que la seconde ne suit pas automatiquement, mais que, si on la néglige dès le départ, le "développement" auquel on parvient tend à être déséquilibré et, en définitive, peu satisfaisant ; (ii) le développe - ment social vise principalement à créer les con- ditions propres à permettre aux hommes et aux femmes de s'épanouir librement et sur tous les plans, en harmonie avec les intérets, les be- soins et les objectifs de la communauté. suit qu'hommes et femmes doivent etre les-sujets, et non pas simplement les objets, du processus de développement ; ils doivent avoir la possibilité de contribuer à façonner la réalité dans laquelle ils vivent ; le développement implique la satis- faction des besoins matériels et non matériels, le respect des droits de l'homme, l'égalité et l'abolition de toutes les formes de discrjmination/2. 4. Enfin, il convient de souligner à nouveau que

l'autonomie n'est pas l'autarcie ; eile est au contraire la recherche d'une coopération plus étroite encore entre les nations -toutes les na- tions, et non pas seulement les pays en dévelop- pement -, mais d'une coopération édifiée sur des bases nouvelles, grâce à un renforcement de la position des pays en développement, du point de vue tant de la confiance de chacun d'eux en lui-même et dans l'ensemble du Tiers Monde, que de la place qui leur est dévolue dans la divi- sion internationale du travail, ce qui suppose en fait une modification de la division internatio- nale du travail actuelle. Mais l'établissement d'une coopération internationale reposant sur de telles bases dépend pour une large part de l'uti- lisation qui est faite des moyens modernes d'in- formation/ communication. 2. 2 Le r61e des médias dans la réalisation

de l'autonomie

I1 s'en-

E n ce qui concerne l'information/communication, la réalisation de l'autonomie, individuelle et collective, exige en tout premier lieu que les pays en développement aient plus largement ac- cès à l'information technique et disposent de davantage de moyens pour la diffuser ; la circu- lation de l'information de cette nature à l'échelle nationale et internationale est considérée comme un moyen essentiel de dé~eloppement/~. comme on le verra plus loin, cet aspect de l'in- formation/communication mérite à juste titre de retenir toute notre attention, il importe tout autant d'analyser le r61e des moyens de communica- tion du point de vue des objectifs de l'autonomie.

Si,

Théoriquement, les moyens de communica- tion - autrement dit les médias (terme qui dé- signe essentiellement la presse, la radio, la télévision et le cinéma mais qui, dans un sens plus large, recouvre également l'industrie du disque, du livre, des cassettes audio et vidéo, etc. ) - peuvent contribuer à la réalisation de l'autonomie et, par là, à l'instauration du nou- vel ordre économique international et d'un nou- vel ordre international mondial de l'information et de la communication, de diverses manières et à différents niveaux : local (la ''base"), na- tional, bilatéral, sous-régional, régional, in- terrégional, c'est-à-dire international, et mon- dial. E n dépit des doutes exprimés par certains spécialistes de la communication concernant l'influence et le pouvoir de persuasion réels des médias. il apparaît que ces moyens contribuent _ _ puissamment à former l'opinion publique et, qui plus est, à susciter la participation du public -~ ~ ~~

aux affaires intéressant la communauté. L'opinion publique et la participation du pu-

blic jouent un r61e important en ce qui concerne l'autonomie, que ce soit aux échelons local et national ou au niveau international (mondial) ; elles peuvent dans l'un et l'autre cas constituer soit une aide appréciable, soit au contraire un obstacle capable d'entraver tous les efforts dé- ployés pour appliquer ce principe. Nous tente- rons plus loin de donner un aperçu de quelques- uns des trands espoirs entretenus à cet égard ainsi que des problèmes qui se posent.

I1 est un autre domaine qui intéresse de très près l'autonomie et dans lequel les médias jouent aussi un grand r61e : l'éducation entendue au sens le plus large, c'est-à-dire conçue comme englobant tous les niveaux de l'ensei- gnement, du primaire jusqu'aux degrés les plus poussés de formation et de spécialisation, et comme comprenant à la fois l'extrascolaire et le scolaire. Mais, jusqu'à présent, L'éducation n'a occupé qu'une place relativement limitée dans le débat sur le nouvel ordre économique in- ternational et sur un nouvel ordre internationall

Cité par Jan Pronk, Observations sur la rela- tion entre le nouvel ordre international de l'information et le nouvel ordre économique international, op. cit. Rapport du Secrétaire général de l'organisa- tion des Nations Unies, 35e session, Com- mission des droits de l'homme, document ECOSOC E/CN. 4/1334, New York, 1979. Cf. Voix multiples, un seul monde, op. cit., Conclusions et suggestions, p. 324-325 : "Le courant d'information technique à l'inté- rieur des pays et à travers les frontières nationales est une des principales ressources du développement. L'accès à cette informa- tion, dont les pays ont besoin en vue de la prise de décisions à tous les niveaux est aussi essentiel que l'accès aux sources de nouvelles. Ce type d'information est le plus souvent con- centré dans les grandes technostructures. Les pays développés ne fournissent pas suf- fisamment aux pays en développement ce type d'information qu'il leur est généralement difficile de se procurer. 'I

--

32

Page 29: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

mondial de 1:information et de la communication ; ce qui manque, notamment, c'est une analyse globale qui prenne en considération tous les ni- veaux de l'enseignement et de l'éducation infor- melle, du plus bas au plus élevé, et qui porte en particulier sur le rôle des moyens d'infor- mation et de communication modernes (médias et autres moyens, tels que ceux de la commu- nication informatisée, par exemple), sur leur convergence et leurs interconnexions. Le cadre de la présente étude est trop étroit pour se prC- ter à une entreprise aussi ambitieuse ; du moins nous efforcerons -nous d'esquisser quelques -uns des facteurs qui doivent etre pris en considéra- tion dans une telle analyse et qui revetent une importance particulière pour une politique de développe ment au tono me.

2. 2. 1 La participation du public comme facteur d'autonomie

A une époque comme la nôtre, où les techniques et technologies de l'information et de la commu- nication font d'immenses progrès/l, une large participation du public est à la fois possible et nécessaire : possible, parce que les moyens techniques voulus existent (encore que les aspects économiques et politiques de la question ne soient pas réglés ) ; nécessaire, non seulement parce que la démocratisation du processus de prise de décision est un objectif généralement proclamé, mais aussi parce que ces moyens confèrent à ceux qui les détiennent un pouvoir politique, économique et culturel tel qu'ils ne sauraient etre laissés aux mains d'un groupe social quelconque, dans la mesure où celui-ci défendrait inévitablement des intéréts plus ou moins limités ou égoi'stes contre les intérêts de ia communauté / 2.

Mais si l'on étudie attentivement les politiques nationales en vigueur dans ce domaine, qu'elles soient explicites ou implicites (ou les deux), on s'aperçoit que le contrôle des puissants moyens d'information et de communication (médias et autres moyens) échappe encore très largement au public. Quels que soient, dans tel ou tel pays, les normes et les principes énoncés, on constate, si l'on dépasse le niveau des déclarations offi- cielles pour aborder celui de la pratique quoti- dienne, que la situation du public comme "objet'' ("consommateur" d'information) et comme "sujet" ("créateur" d'information) laisse beaucoup à dé- sirer. E n tant qu'objet, il est la plupart du temps victime de manipulations (répondant à des préoccupations commerciales ou politiques ou encore aux intérets de la bureaucratie d'Etat) ; en tant que sujet, les modes actuels d'organisa- tion lui rendent pratiquement impossible toute participation à grande échelle, ne lui offrant que des occasions limitées de s'exprimer - cour- rier des lecteurs, émissions avec appels des au- diteurs et autres palliatifs. C'est pourquoi la principale question autour de laquelle gravite l'idée d'un nouvel ordre international/mondial de l'information et de la communication est de savoir comment organiser les puissants moyens d'information et de communication de telle sorte que, dans le monde entier. ils soient au service

de la population - de toutes les populations -, et non pas seulement de quelques groupes so- ciaux, qu'il s'agisse de bureaucraties d'Etat, d'entités commerciales privées ou de toute autre "élite".

Les documents de base relatifs aux deux ordres, et en particulier à l'ordre de la com- munication, insistent sur l'importance d'une large participation du public, et cela à deux égards : il s'agit, d'une part, d'obtenir le sou- tien de l'opinion (à l'échelle nationale et inter- nationale) et, d'autre part, d'élargir l'actes aux moyens d'information et de communication (et à l'information en général) et d'associer da- vantage la population aux décisions relatives aux moyens d'information et de cornmunication, à tous les niveaux de leur fonctionnement et sur tous les points importants : contenu, structures et organisation, acquisition et mise au point d'équipements et de technologies, etc. C'est ainsi que dans les documents du colloque des pays non alignés tenu à Tunis en 1976, il est souligné que les moyens d'information du public et de communication demasse ont un rôle primor- dial à jouer dans l'affirmation de l'indépendance politique et économique, dans le développement

1. Cf. 2 s les années 1980 (I, II et III). Commission internationale d'étude des problèmes de la communication, no 81, 82 et 83, Unesco Paris, 1979-1980 ; Ithiel de Sola Pool, Tech- niques et changements dans les communica- tions modernes, Commission internationale d'étude des problèmes de la communication, na 84, Unesco, Paris, 1980 ; Simon Nora et

---

Alain Minc, L'informatisation de la société, Documentation Française, Paris, 1978.

2 Les fondements économiques, socio-politiques (notamment juridiques) et culturels du sys- tème d'information et de communication ont toujours été d'une importance capitale, mais les progrès rapides de la micro-électronique et leurs incidences sur les moyens d'infor- mation et de communication modernes con- fèrent une acuité accrue à la question de sa- voir qui décide de l'utilisation de ces moyens. Dans les pays en développement comme dans les pays industrialisés, on s'interroge sur des points d'une déconcertante complexité touchant les droits fondamentaux de l'homme. A quelles fins ces moyens sont-ils utilisés ? Que signifie la notion d'"information confi- dentielle" (au niveau individuel, c'est-à-dire au niveau de la personne, comme au niveau national), compte tenu des techniques d'infor- mation et de communication extrêmement perfectionnées qui existent maintenant ? Qulen est-il aujourd'hui de la "souveraineté nationale", du ''droit 3 la vie privée" et de la "liberté individuelle" ? Telles sont, pour ne mentionner que celles-là, les questions que l'on se pose. Cf. Jean-Louis Missika et Jean- Philippe Faivret, "L'informatique et les libertés" (I et II) Les Temps modernes, no 373-374 et 375, Paris, 1977.

33

Page 30: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

et dans l'établissement des fondements d'un sys- tème plus, équitable de relations internationales. L a Conférence au sommet de Colombo a enrichi cette idée en affirmant que les pays non alignés et autres pays en développement doivent s'em- ployer à se doter des capacités requises pour fa- ciliter et élargir la diffusion, chez eux et dans l'ensemble du monde, d'informations exactes sur l'évolution de leur propre situation, leurs réus- sites et leurs problèmes dans les domaines so- cial, économique, culturel et autres, ainsi que sur le r61e croissant qu'ils jouent au sein de la communauté internationale. logue, les participants au Séminaire des journa- listes du Tiers Monde D a g Hammarskjöld (New York, 1975) ont estimé que, pour que le NOEI voie le jour, il faut que la possibilité soit donnée aux peuples des pays industrialisés c o m m e à ceux des pays en développement de comprendre qu'il est de leur intéret à tous de créer les con- ditions internationales qui permettront aux so- ciétés de toutes les régions du monde de se dé- velopper selon des voies différentes. Ces idées ont été réaffirmées à presque toutes les réunions internationales ultérieures, dont nous avons pré- senté l'historique au chapitre premier de la pré- sente étude.

également examiné avec le plus grand soin dans le rapport de la "Commission MacBride". Après avoir dûment noté la multiplicité des définitions qui ont été données de ce concept (et notamment la tendance à exagérer l'influence des médias sur le public/l, les auteurs de ce document af- firment : '.'Quoi qu'il en soit, en aucun cas on ne peut négliger le r81e du public dans le déve- loppement de la communication à l'intérieur des pays et entre eux. Sa participation dans la prise de décisions politiques et les affaires publiques en général est d'une importance mondiale"/2. Mais cette participation n'est possible que sillon instaure un système plus démocratique en asso- ciant entièrement le citoyen aux décisions concer- nant les affaires publiques. "L'opinion publique ne serait plus alors seulement opinion, mais plu- tôt une conscience transformée par la connais- sance des affaires publiques et l'expérience des pratiques sociales, et par là m ê m e parfaitement qualifiée pour émettre des jugements. Pour cela, il faut repenser nos systèmes et pratiques de communication. Dépasser la communication à sens unique qui, bien trop souvent, mène à l'en- doctrinement politique, à la consommation effré- née et à des types de comportement social impo- sés, n'est-ce pas là un objectif c o m m u n ?"/3

trouve sur l'opinion publique et son pouvoir des jugements qui sont peut-&tre plus justes, mais aussi plus pessimistes., Ainsi, MacPhail ap- pelle l'attention sur un paradoxe majeur, d'une évidence pour lui indéniable, qui a trait au niveau de l'information du public. S'il est vrai que les pro grès techniques mu1 tiplie nt le s possibilités de choix et que les fibres optiques, les lasers, les micro-ordinateurs, la télévision par câble, les banques de données, les vidéodisques, les systèmes de visualisation des données et toutes

Dans un esprit ana-

L e rôle du public et de l'opinion publique est

Toutefois, à côté de ces affirmations, on

sortes d'autres nouveautés techniques permettent d'accéder instantanément à l'information, il n'en est pas moins probable que "les populations du monde occidental aussi bien que celles des pays moins avancés auront à l'avenir non pas davantage d'informations internationales, mais moins"/4. I1 fait observer en effet que, dans les pays en développement, l'analphabétisme va croissant et les autres médias que le texte écrit coûte trop cher pour que l'usage puisse s'en ré- pandre, tandis que, dans les pays développés à économie de marché, la régression de l'infor- mation internationale s'explique par la réduction du nombre des correspondants à l'étranger (qui reviennent très cher), par la hausse des prix de l'énergie, de la main-d'oeuvre, du papier journal, etc., et par l'humeur de plus en plus introspective'' des rédacteurs en chef, qui ré-

sulterait de la controverse en cours sur la "libre circulation" de l'information et sur la communication en général, et se traduit par une tendance manifeste à privilégier les nouvelles nationales/5. Aujourd'hui déjà, estime MacPhail, une bonne part de ce qui se passe sur la scène internationale, et en particulier dans les pays en développement, ne retient l'attention que d'un très petit nombre de gens. Pour reprendre ses termes, "au fond, d'un côté c o m m e de l'autre (dans le débat sur le NOMIC), nous nous occu- pons des élites. tale, nous parlons soit de l'élite universitaire, soit de l'élite du monde de l'édition représentée dans bien des cas par les grandes entreprises transnationales. moins avancés sont eux aussi des membres soit de l'élite universitaire - qui ont, pour nombre d'entre eux, fait leurs études en Occident - soit des élites administratives et politiques, qu'ils soient en poste dans leur pays d'origine ou repré- sentent leur gouvernement dans les organisations internationales. E n Occident c o m m e dans les pays moins avancés, l'homme de la rue ignore tout du débat sur le NOMIC ; à supposer m e m e qu'il en ait connaissance, on peut penser qu'il ne se sentirait guère concerné, à moins de se voir privé de ses jeux télévisés et de son feuilleton favoris ou encore de la transmission des super- productions hollywoodiennes. Bien peu de gens savent ce qu'est le NOEI ou NOMIC - bienmoins qu'il ne le faudrait. 'I 16. Certains trouveront sans doute cette affirmation exagérée et peu con- forme à la réalité ; elle a néanmoins le mérite de rappeler que le public est incontestablement victime d'une profonde aliénation en ce qui con- cerne aussi bien les médias que les relations internationales ; dans la plupart des cas, anlest que rarement associé au processus de prise des décisions dans ces domaines (et quand il l'est,

II .

S'agissant de la presse occiden-

Les critiques des pays les

1. Voix multiples, un seul monde, op. cit., U. 242-243.

2. Îbid, p. 243. 3. Ibid. p. 248. 4. 5. Ibid. 6. Ibid., p. 246.

- M a c Phail, op. cit., p. 242-243. - - 34

Page 31: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

ce n'est que superficiellement). s'applique au public des 'pays en développement c o m m e à celui des pays industrialisés, quoique la nature et les manifestations de cette aliénation puissent &tre différentesIl.

Cependant, une vaste participation du public est absolument indispensable à la réalisation de changements majeurs allant dans le sens de la démocratie. C o m m e le fait observer MacPhaii, citant 3 ce propos Dennis Schroeder : "Ce type d'attitude (l'humeur introspective qui règne ac- tuellement) ne saurait conduire qu'à des malenten- dus et à des tensions. Ilest absolument impossible de bien comprendre les événements nationaux,

Cette remarque

sociaux, politiques ou économiques, sans E r e - - situer dans le contexte mondial. être davantage question, dans un monde où tout

ment à ce qui se passe en dehors des frontières nationales à moins d'@tre bien informé. L e Tiers Monde, en particulier, acquiert de jour en jour une importance croissante dans les affaires mon- diales. Les décisions qui s'y prennent influent fortement sur les cours mondiaux du pétrole et d'autres produits de base essentiels ; l'instabi- lité politique en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie du Sud-Est et ailleurs, a des répercussions dans les autres régions du globe. tionner un bouton pour faire cesser l'afflux des nouvelles qui nous viennent du reste du monde, mais cela ne saurait modifier ni le cours des événements, ni leurs conséquences. "12 L a né. cessité de sensibiliser, partout dans le monde, les populations aux dimensions internationales des processus, économiques ou autres, qui s'opèrent aujourd'hui, et en particulier au rBle des pays en développement, découle de l'inter- dépendance croissante qui résulte elle-même du mode actuel de division internationale du travail. Les moyens d'information et de communication n'ont cessé d'occuper une place importante dans cette évolution, jouant un rSle complexe et va- rié ; mais les grands médias n'ont pas encore accompli leur tâche.

A propos de l'importance de la participation du public aux efforts déployés pour instaurer le NOEI et un nouvel ordre international/mondial de l'information et de la communication, ainsi que des profondes interrelations entre les deux ordres (ou entre les deux aspects du nouvel ordre), nous relèverons ici une idée intéres- sante exprimée par Rosemary Righter. ''Les comptes rendus donnés par la presse de la sep- tième session extraordinaire des Nations Unies en 1975, dit-elle, avaient attiré l'attention in- ternationale sur les grandes lignes et les dimen- sions de la stratégie des pays en développement. Mais en règle générale, il est plus facile aux Nations Unies d'élaborer des résolutions et m e m e des accords intéressant la majorité nu- mérique que de faire prendre conscience au pu- blic de ce que la plupart de ces pays considèrent c o m m e étant la grande affaire politique de la fin du X X e siècle. Les efforts qu'ils déploient à l'échelle internationale pour établir un nouvel ordre de l'information s'inspirent donc de l'idée qu'il leur faut pouvoir avoir accès aux micros

I1 ne saurait

I1 suffit d'ac-

-

afin d'exercer une pression accrue sur les pays industrialisés. Par conséquent, plus il est dif- ficile d'arracher un accord sur le front écono- mique, plus l'union en faveur d'une nouvelle structure des communications a de chances d'@tre solide13. Cette observation est d'autant plus in- téressante que son auteur, qui est connue pour être systématiquement critique l'égard d'un nouvel ordre inte rnat ional / mondial de 1' informa - tion et de la communication tel qu'il est proposé par l'Unesco. confirme en fait la validité du point de vue des pays en développement, qui considèrent que les structures fondamentales du système économique mondial actuel (dominé par les entreprises transnationales et profondément préjudiciable la prospérité des pays en déve- loppement) sont au fond liées aux structures do- minantes de l'information et des communications et qu'ensemble elles lèsent les intérets des pays en développement. I1 n'est donc pas possible de changer les unes sans modifier les autres ; pour parvenir à un changement digne de ce nom, il faut sensibiliser davantage le public à ces pro- blèmes, à l'échelle nationale aussi bien qu'inter- nationale, mais sensibiliser sans offrir de possi- bilités d'action, c'est-&-dire de participation active au processus de développement d'une so- ciété - ce qui, en dernière analyse, nous ra- mène à la structure économique -, engendre inévitablement un sentiment de frustration, la passivité et, en fin de compte, une attitudedes- tructrice à l'égard de la société. L'histoire il- lustre la logique de ces rapports dialectiques, c o m m e on a pu le voir tout récemment encorel4.

-

1.

2.

3. 4.

A propos de l'aliénation et des moyens d'in- . .

formation, il peut &tre utile de rappeler les ouvrages désormais classiques de C. Wright Mills et de 1'Ecole de Francfort, ainsi que l'article de Robert K. Merton et de Paul Lazarsfeld intitulé "The Narcotizing Dys- function of the Mass Media andsocial Action", in Mass Communications, dir. pub. 'Wilbur Schramm, University of Illinois Press, 1960 : cf. aussi Claus MÜeller, The PoIiticsof Communicats, Oxford University Press, 1973. Dennis Schroeder. A survey of international news coverage by the Canadian media, Rap- ports manuscrits du CRDI, no 20, 1980, p. 3-4, cité dans : MacPhail, op. cit., P. 243. Rosemary Righter, op. cit., p. 244. I1 convient de souligner que ces observations - s'appliquent tout aussi bien aux pays déve- loppés. Les nouvelles techniques d'informa- tion et de communication soulèvent, partout OU elles sont utilisées, le problème de l'élargissement de l'accès du public & l'in- formation (notamment l'information poii- tique] et de la possibilité de fonder une ac- tion sur cette information. Voir à ce propos Chris Duke, Impact of Modern Comrnunic- tion Technology, op. cit.

35

Page 32: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

2. 2. 2 Education, médias et autonomie

D e grands espoirs ont été fondés sur les services que la communication et en particulier les mé- dias peuvent rendre pour la mise en oeuvre de vastes programmes d'éducation, surtout dans les pays en développement, où l'analphabétisme mas- sif reste l'un des principaux obstacles au déve- loppement. Dans les années 1960, certains ex- perts renommés de la communication, notamment Wilbur Schramm et Lakshmana Rao, attribuaient aux médias des capacités que GÖran Hedebro a récapitulées dans les termes suivants : "1 .La communication/les médias peuvent créer

un climat propice au changement en propageant de nouvelles valeurs eten suscitant des attitudes et des comportements favorables à la modernisation. 2. La communication/les médias peuvent faire

Leur action peut aller "de l'alphabétisation à la vulga- risation agricole, en passant par la diffusion de règles d'hygiène ou d'indications pour la ré- paration des voitures" (Schramm, 1967, p. 18). 3. Les médias peuvent faire fonction de multi-

plicateurs des ressources didactiques. 4. Les médias ont ceci de particulier qu'ils

peuvent médiatiser l'expérience d'autrui, ce qui permet d'éviter le coût psychologique et éco- nomique de la mobilité. 5. La communication peut élever le niveau des

aspirations et, par là, stimuler l'action. 6. La communication peut inciter les membres

d'une société à participer à laprise de décisions. 7. Durant les époques de transition, la communi-

cation peut aider à trouver des normes et une harmonie nouvelles (Rao, 1966). 8. Dans une société de type traditionnel, la com-

munication peut modifier la structure du pou- voir en permettant aux masses d'avoir accès au savoir. L'individu informé acquiert davantage d'importance, et le pouvoir des chefs tradition- nels, qui repose sur d'autres facteurs, se trouve remis en cause. 9. La communication peut faire naître le sens de

l'appartenance à une nation. 10. La communication peut aider la majorité de

la population à prendre conscience de sa propre importance et l'amener ainsi à déployer une acti- vité politique plus grande (Rao, 1966). 11. La communication facilite l'élaboration et la

mise en oeuvre de programmes de développe- ment correspondant aux besoins de la population, 12. La communication peut faire du développe-

ment économique, social et politique un pro- cessus auto-entretenu. "/I

Au- cours des années 1970, cependant, un exa- men plus attentif a montré que, dans les paysen développement, les médias ne pouvaient répondre à tant d'espérances et qu'il était nécessaire de revoir entièrement les fondements économiques et sociopolitiques du modèle de développement dont relevait cette vision des médias. Depuis lors, cette question a fait couler beaucoup d'encre, mais nous nous contenterons, pour les besoins de la présente étude, d'esquisser brièvement quelques-uns de ses aspects - ceux qui doivent &tre pris en compte dans une politique d'autonomie.

acquérir de nouvelles compétences,. . . "

1.

2.

L'un d'eux a trait à l'éducation formelle et in- formelle (l'éducation entendue au sens le plus large du terme, c'est-à-dire en tant que pro- cessus de socialisation) et nous traiterons de divers niveaux d'enseignement, notamment de la formation en vue de l'exercice de professions hautement spécialiséesf2.

Ce qu'il importe avant tout de souligner dans la présente étude, ce sont les processus de con- vergence et de renforcement mutuel que l'on peut observer dans différents contextes éducatifs, et surtout dans la manière dont les médias sont utilisés et dans les incidences des autres moyens de communication (comme ceux de la communi- cation informatisée) sur les systèmes d'ensei- gnement d'un certain nombre de pays. Si on les considère dans le contexte des efforts déployés pour instaurer le NOEI, et en particulier pour atteindre ses objectifs à long terme, on peut . craindre que ces processus ne nuisent aux pays

* GÖran Hedebro, Communication and Social in Developing Nations (A Critical View), Stockholm, Ecole de sciences économiques et Ecole de journalisme de Stockholm, 1979, p. 19 ; Wilbur Schramm, "Communication and Change", in: Communication andchange in the Developing Countries, Daniel Lerner et Wilbur Schramm (dir. pub. ), East-West Center Press, Honolulu, 1967 ; Lakshmana Y. V. Rao, Communication and Development Minneapolis, University of Minnesota Press, 1966. Selon Ali Mazrui, la distinction entre éduca- tion formelle et informelle s'établit comme suit : "Dans les sociétés alphabetes, le sys- tème d'éducation formelle est constitué es- sentiellement par les écoles et les universi- tés, ,ainsi que par les cours particuliers de type classique. Mais les processus d'édu- cation informelle ont un caractère plus large, et sont parfois omniprésents. vont des programmes spéciaux d'enseigne- ment diffusés par la télévision et d'autres médias aux expériences didactiques qu'offre le vie elle-même. Dans les sociétés non alphabètes, la distinction entre processus formels et informels d'éducation est moins claire, bien qu'elle existe encore. Les aspects rituels d 'une cérémonie d ' in it ia t ion, par exemple, ont un caractère nettement formel. Mais les enfants se socialisent et se forment également de manière informelle par exemple en écoutant la conversation des adultes ou en observant le comportement du bétail lorsque vient un orage tropical accom- pagné de tonnerre et d'éclairs.'' AliA. Mazrui, "Churches and Multinationals in the Spread of Modern Education: A Third World Pers- pective", Third World Quarterly, vol. I, no 1, Londres, 1979, p. 39.

Ils

36

Page 33: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

en développement, du point de vue aussi bien de leur place dans la division internationale du tra- vail que de leurs problèmes sociaux internes, autrement dit de leurs problèmes de classe. On peut redouter notamment que ne s'accuse encore l'"inadéquation techno-culturelle" qui, pour re - prendre les termes d'Ali A. Mazruifl, résulte de la "profonde incohérence (qui) caractérisait le système d'enseignement importé dans les colo- nies : on inculquait, pour qu'elles servent de base à l'acquisition de compétences occidentales inappropriées, des valeurs occidentales qui n'étaient pas celles qu'il aurait fallu. entre valeurs et techniques constitue ce que l'on peut appeler l'"inadéquation techno-culturelle" de l'héritage occidental de l'Afrique et de cer- taines parties de l'Asie''. Pour aider à saisir tout l'intér&t de cette observation, il convient de citer l'ensemble du texte qui la précède: "DU point de vue social, l'acculturation'' im-

plique la diffusion de certaines valeurs, tech- niques et institutions et leur modification sous l'influence d'un contexte nouveau. Cette distinc- tion entre valeurs, techniques et institutions est des plus utiles lorsque l'on veut étudier ce que l'Afrique a emprunté à l'Occident. derne elle-même est l'une de ces institutions d'emprunt. Le style de l'enseignement, l'étique générale du système et la composition du pro- gramme contribuent à déterminer les valeurs et

Ce divorce

L'école mo-

les techniques que l'école transmet. La diffusion des techniques doit pouvoir s'appuyer sur cer- taines valeurs. ce qui concerne le comportement économique. C o m m e nous l'avons indiqué plus haut, il n'est possible d'int roduire certaines techniques corn - merciales occidentales dans une société africaine que s'il y existe déjà des valeurs économiques qui puissent servir de base à cette technique. La Grande-Bretagne et la France n'ont tenté de trans- mettre ni toutes leurs valeurs ni toutes leurs techniques à leurs colonies, à supposer que cela

Cela est particulièrement net en

~~

fût possible. taines compétences occidentales ont été cultivées dans les écoles africaines. Mais ces valeurs et ces compétences partielles se correspondaient- elles ? Les écoles africaines favorisaient-elles les orientations morales aDDroDriées. comDte

Seules certaines valeurs et cer-

tenu des compétences qu'elles cherchaient à promouvoir ?"/2.

mente solidement au cours de son analyse des forces étrangères qui ont modelé les systèmes d'éducation africains et notamment du r61e des entreprises transnationales, met l'accent sur un point essentiel qui tend à etre perdu de vue dans le débat en cours sur le NOEI et sur un nouvel ordre internationalfmondial de l'information et de la communication : l'importance de la qualité de l'information et de la manière dont celle-ci fonctionne dans 1 'environne me n t écono mique et socioculturel où elle pénètre/3. comporte des aspects très divers ; elle intéresse l'enseignement formel et, sur le plan de l'éduca- tion informelle, l'influence que les médias exercent par le contenu général des messages qu'ils dif- fusent, y compris par la publicitéf4.

La réponse que Mazrui apporte, et qu'il argu-

Cette question

La qualité de l'information - c'est-à-dire le genre de connaissances et de valeurs qu'elle véhicule et la manière dont elle fonctionne dans un environnement donné - est un élément déter- minant d'appréciation pour qui cherche à évaluer la finalité des systèmes scolaires et des pro- grammes de formation, où que ce soit, mais surtout dans les pays en développement. L'édu- cation a été, et est encore, un puissant moyen d'exercer une influence à long terme et d'impo- ser diverses formes de suprématie, dans le cadre tant du système de classes d'un pays que des relations entre dominants et dominés (autre- fois), ou entre pays en développement et pays développés (aujourd'hui). Dans ce cas, les in- formations transmises à ceux qui sont en situa- tion de dépendance sont soigneusement triées, en fonction, essentiellement, des besoins et des intérets des groupes dominants et au détriment des besoins des autres. Nous ne nous attarde- rons pas sur ce fait, qui a déjà été abondamment décrit. I1 convient cependant d'appeler l'atten- tion sur les conséquences que pourraient avoir à cet égard certains phénomènes plus récents du domaine de l'information et de la communication, et notamment sur la convergence qui s'opère entre les médias et les dernières nées des formes d'information et de communication (communica- tion informatisée, télématique, etc. ) et sur le regroupement des producteurs les plus puissants du monde, d'équipements et de programmes (à savoir les entreprises transnationales), re grou- pement qui touche également une partie des médias.

Compte tenu de l'évolution technologique, il n'est plus possible de traiter séparément les grands moyens d'information du public et la com- munica tion informatisée . Le s médias s ' infor ma- tisent rapidement, de sorte que toute circulation

1. Ibid., p. 35. 2. Ibid. 3. Parmi les auteurs qui s'intéressent à ces

questions, il convient de mentionner en par- ticulier Rita Cruise O'Brien et G. K. Hel- leiner, qui les examinent dans "The Poli- tical Economy of Information in a Changing International Economic Order", Inte rnatio - na1 Organization, automne 1980.

4. Ces messages ne passent pas, en général, pour faire partie de l'éducation, mais pour relever simplement de la distraction ou véhiculer "seulement des informations" ; d'après les conclusions de la "Commission MacBride", cependant, les médias devraient être considérés comme ayant bel et bien une action de socialisation et d'acculturation, c'est-à-dire des effets "éducatifs" au sens le plus large du terme, qui influent à la longue sur le r6le de l'individu dans la so- ciété et, mutatis mutandis, sur le r81e du pays dans le monde. Cf. Voix multiples, yn seul monde, op. cit., p. 188-193. Pour une étude plus poussée de la socialisation, voir James D. Halloran (dir. pub. ), Mass Media and Socialization, Kavanaght and Sons, Leeds, 1976.

-

~

37

Page 34: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

d'information devient circulation de données. Ce processus de convergence entre les médias et l'informatique découle de la numérisation de di- verses sortes d'information, ce qui, d'après Juan Rada et d'autres auteurs, permet un ac- croissement considérable de la productivité, mais influe aussi sur les voies et moyens de la circulation de l'information. C o m m e le signalent ces auteurs, cette numérisation entraîne une fu- sion de l'imprimé, de la voix et de l'image, es- tompant la distinction traditionnelle entre les divers moyens de communication/l. D e plus, la convergence entre les médias et l'informatique contribue à atténuer davantage encore la distinc- tion entre le public et le privé, ce qui entrarne d'importantes conséquences sociales, écono - miques et culturelles, qu'il convient d'étudier à la lumière des problèmes liés aux structures po- litico - économique s e t de s forme s d'inégalité. Cette convergence transparaît notamment dans les regroupements qui s'opèrent entre les plus grandes entreprises mondiales de matériel et de logiciels de communication. cents, l'un des plus frappants est la fusion de l'entreprise d'électronique française Matra et de Hachette, l'une des principales maisons d'édition, qui publie plus de 30 quotidiens et périodiques, des vidéo-cassettes, etc. C o m m e l'a déclaré le porte-parole du nouveau groupe Matra-Hachette, la firme électronique Matra a acquis, grace à cette opération, son "arme la pius puissante"- la possibilité d'étendre son influence dans le monde entier par l'intermédiaire du texte écrit et d'autres sortes de médias. Mais il ne s'agit là que de l'un des exemples les plus récents ; dans le cou- rant des années 1970, Armand Mattelart avait déjà relevé ce phénomène à propos de l'achat par ITT de deux maisons d'édition, Bobbs-Merill et Howard-Sams ; Xeros a acheté R. R. Bowker Co, une entreprise vieille de plus d'un siècle connue pour ses ouvrages de référence bibliographique ; Raytheon a absorbé D. C. Heath and Co. (et sa division Lexington Books), qui était spécialisée dans les manuels scolaires et les ouvrages de mathématiques élémentaires, de sciences so- ciales appliquées, de physique et d'étude du français pour l'enseignement supérieur/2. Par ailleurs, comme le signale Mattelart: "A côté de cette vague de fusions, les entreprises d'élec- tronique qui possédaient déjà des médias comme Westinghouse et General Electric ont reformulé leur politique de production de programmes en fonction de l'importance nouvelle de certains marchés. U n rapport publié en 1970 par Westing- house révèle l'intérêt que ces grandes entreprises d'électronique portent à l'éducation : "Westing- house, convaincue que la radio et la télévision sont appelées à jouer un rôle de plus en plus im- portant et qu'elles auront des responsabilités croissantes, en particulier dans le domaine de l'éducation et du journalisme, a lancé l'année dernière des émissions de télévision sur lacul- ture noire, les prisons, la pollution et l'environ- nement, les établissements psychiatriques et le bien-&tre. 'I General Electric, qui possède six stations de radio et trois chaînes de télévision, a créé, avec le groupe d'édition Time-Life, une

Parmi les cas ré- 1.

2.

3. 4.

société spécialisée dans la production de maté- riel d'enseignement audiovisuel, la General Learning Corporation. De son c6té. Westing- house, qui possède sept stations de radio etcinq chahes de télévision, est en train de mettre au point des émissions pour les jeunes. E n 1972, elle a acheté Linguaphone Institute Ltd., l'entre- prise la plus importante du monde dans le do- maine de l'enseignement des langues par la mé- thode audiovisuelle/3.

C e type de fusion est donc un phénomène bien avéré. plan des processus éducatifs, dans le monde entier mais surtout dans les pays en développe- ment, n'ont pas encore fait l'objet d'un examen approfondi, exception faite de quelques études très spécialisées analogues à celles que nous avons mentionnées plus haut. Or, logiquement, si l'instauration du NOEI vise essentiellement 3 créer des relations internationales d'un carac- tère nouveau, dans lesquelles le pouvoir des entreprises transnationales serait bien moindre14,

-J u r n a da, I' T he Micro e lec t ro nic s Re vo -

Les conséquences qu'il entraîne sur le

lution: Implications for the Third World", Development Dialogue, Uppsala, 1981 -1982, p. 53. Armand Matte lar t , "The N e w Mu1 t ina t ional Educators", communication présentée 2 la dixième Conférence IAMCR/AIERI, Leices- ter, 1976, p. 5 (document rédigé sur la base d'informations tirées du Rapport an- nuel 1972 de Xerox et du Rapport annuel 1974 de Raytheon) ; on trouvera également une étude de ce phénomène et de ses inci- dences sociales et culturelles, ainsi que quelques recommandations d 'ordre poli- tique, dans Cees J. Hamelink, ''Public Media and Transborder Data Flows", com- munication présentée à la Conférence mon- diale du BI1 sur les politiques en matière de flux transfrontières des données, Rome, juin 1980. Ibid., p. 8. I1 est intéressant de noter 2 ce sujet l'ob- servation critique de Juan Somavia, qui, après avoir constaté que la déclaration re- lative au NOEI contient vingt principes di- recteurs pour l'instauration de ce nouvel ordye, et que le Programme d'action com- prend dix chapitres sur les moyens propres à réaliser cet objectif, souligne ce qui suit : "Sur ces vingt principes, il en est un qui concerne la réglementation et le con- trôle des entreprises transnationales. Et sur ces dix chapitres, il en est qui con- cerne la réglementation et le contrôle des activités de ces sociétés. I1 semble donc que le problème des transnationales consti- tue en quelque sorte un sujet distinct des autres questions relatives au nouvel ordre économique et que ces entreprises doivent être traitées comme telles, jusque dans les solutions préconisées à leur égard . . . I' ; Juan Somavia, "Democracy and the Pro- cess of Transnationalization", Human Rights, no I, Helsinki, 1981, p. 12.

-

38

Page 35: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

il s'ensuit que les responsables de la politique de l'éducation, en particulier dans les pays en développement, devraient s'intéresser plus qu'ils ne l'ont fait jusqu'à présent aux incidences à long terme de ces fusions et aux intentions des groupes ainsi formés dans le domaine de l'éduca- tif. Mattelart rapporte une anecdote qui a trait au domaine des ordinateurs et des logiciels etqui illustre bien notre propos : afin de résumer les raisons pour lesquelles sa société avait axé ses activités sur les logiciels d'ordinateurs, le pré- sident de Control Data a cité le proverbe chinois suivant : "si tes projets d'avenir portent sur un an, plante du riz ; s'ils portent sur dix ans, plante des arbres ; s'ils portent sur cent ans, éduque les hommes/l. d'hui dans le domaine de l'éducation montre encore une fois à quei point les entreprises trans- nationales savent voir plus loin que quiconque. Les responsables des politiques de l'éducation et de celles de l'information et de la communica- tion des pays en développement devraient donc s'efforcer de bien comprendre en quoi les pro- jets des entreprises transnationales dans ce do- maine touchent leurs stratégies nationales de dé- veloppement et faire tout leur possible pour tirer parti de l'expérience qui a pu être acquise à cet égard.

Pour mesurer toutes les incidences de ce qui précède, il faut cependant tenir compte des autres formes d'éducation, formelles et informelles. U n problème très grave, sur lequel toutes les confé- rences inter gouverne mentales re la tives aux PO - litiques de la communication (San José, Kuala Lumpur et Yaoundé) et plusieurs études de qua- lité/2 ont mis l'accent, est celui de la formation, dans les pays en développement, de spécialistes de quelque domaine que ce soit, et notamment de l'information et de la communication.

Des mesures ont été prises afin de développer la coopération bilatérale, sous-régionale, régio- nale et interrégionale entre pays en développe- ment en matière de formation de personnel de l'information et de la communication, surtout pour répondre aux besoins des médias ; des dis- positions analogues sont prises également au sein du mouvement des pays non alignés. C'est ainsi que certains centres - comme le CESTI (Centre d'études des sciences et techniques de l'informa- tion) de l'université de Dakar, le CLESPAL (Centre international d'études supérieures de journalisme pour l'Amérique latine) de Quito, 1'AIBD (Institut asiatique de développement de la radiodiffusion) de Kuala Lumpur et l'Institut you- goslave de journalisme (Belgrade), qui forme des étudiants des pays non alignés, pour ne citer que ceux-là - sont devenus des institutions impor- tantes et que d'autres, comme le CEETEM (Centro de Telecomunicaciones para el Tercer Mundo) de San José, sont en voie de création13. Mais, d'une manière générale, les progrès sont encore lents, notamment pour ce qui est de la formation dans le domaine des techniques informatiques et des autres formes nouvelles d'information et de com- munication. La majeure partie de la formation donnée dans ces domaines est encore organisée (directe ment ou indirecte m e nt ) par les e ntrepr ¡se s transnationales.

Ce qui se passe aujour-

Les problèmes des pays en développement en matière d'éducation informelle sont encore plus complexes ; qui plus est, on a encore moins tendance à les considérer en liaison avec les conditions à remplir pour l'instauration du NOEI, bien que certains d'entre eux soient de toute évidence liés aux processus économiques ainsi qu'au role du marché, et surtout des en- treprises transnationales, dans les diverses sociétés et dans le monde en général. "Commission MacBride" a fait un effort pour mettre en lumière l'importance et les effets, pour la plupart négatifs, de la commercialisa- tion des médias et de leur subordination auxlois du marché/4, elle n'en a tiré, dans le dernier chapitre de son rapport, qu'une mince conclusion formulée dans les termes suivants : "Les effets sociaux de la commercialisation des médias de masse constituent une préoccupation majeure dans la formulation des politiques et la prise de décisions par les organismes publics et privés". Après quoi, elle a émis les recommandations suivantes : "31. La préférence doit pouvoir être donnée,

munication, à des formes non commerciales de la communication de masse. La promotion de ces types de communication devrait être liée aux tradi- tions, àla culture, aux objectifs de développement

Si la

dans le renforcement des systèmes de com-

I_e_

1. Armand Mattelart, op. cit., p. 5 ; l'auteur a utilisé la source suivante : The Institute for Advanced Technology (IAT), Seminars for professionals in management and data processing, Control Data Corp. , Rockville, Maryland.

2. Voir en particulier : Conférence intergouver- nementale sur les politiques de la communi-

--

cation en Afrique, Document de travail, op. - cit., p. 31-34 ; Rita Cruise O'Brien, Profes- sionalism in Broadcasting : Issues of Interna-

cation en Afrique, Document de travail, op. - cit., p. 31-34 ; Rita Cruise O'Brien, Profes- sionalism in Broadcasting : Issues of Interna- tional Dependence, Institut d'études du déve - loppement, Brighton, Discussion Paper no 100, 1976 ; Elihu Katz et George Wedel1 (en colla- boration avec Michael Pilswort et Don Shinar), Broadcasting in the Third World, Harvard University Press, Cambridge, 1977.

3. Pour le moment, le CEETEM a des activités encore limitées. I1 s'occupe d'"informer et d'aider les pays en développement %organiser et à utiliser les télécommunications comme instrument de développement social, écono- mique et culturel. Il recherche, sélectionne et diffuse des documents, des rapports de recherche et des comptes rendus d'expé- rience relatifs aux télécommunications qui in- téressent les pays en développement". A l'ave- nir, il se chargera aussi de formuler des re- commandations et de proposer des modèles d'organisation et de formation des utilisa- teurs qui soient conformes aux intérêts etaux besoins communs de ces pays. CEETEM News Letter, no 2, avril 1981, San José.

p. 188-193 et ailleurs. 4. Voix multiples, un seul monde op. cit.,

39

Page 36: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

et au système socio-politique de chaque pays. C o m m e dans le domaine de l'éducation. desfonds publics pourraient être attribués à cette fin. 32.Tout en reconnaissant la nécessité pour les

dépenses, il conviendrait de rechercher les moyens de réduire les effets négatifs que les con- sidérations commerciales et financières peuvent avoir sur l'organisation et le contenu des cou- rants nationaux et internationaux de communication. 33.Les structures actuelles du financement des

organes d'information soumises aux exigences du marché peuvent etre améliorées. des études sont à entreprendre sur les moyens de modifier l'importance relative du volume de la publicité par rapport aux coûts, sur les poli- tiques de prix, les contributions volontaires, les subventions, les impôts et autres moyens de finan- cement de façon à promouvoir la fonction sociale des organes de grande information et accroître les services qu'ils rendent à la communauté."/1

sion MacBride ne fait pas ressortir l'importance des liens d'interdépendance qui existent dans ce domaine, ni la manière dont ils agissent sur l'évolution des valeurs dans telle ou telle société, notamment dans les pays en développement, Deux aspects mériteraient une attention particu- lière : (i) le rBle de la publicité transnationale (et nationale) et son influence sur la formation des valeurs dans une société donnée/Z, et (ii) l'at- titude des médias à l'égard des femmes, ques- tion qui est étroitement liée à la première, mais qui a également d'autres dimensions importantes. Ces deux questions, qui sont d'une grande com- plexité, ont retenu l'attention d'un certain nombre de chercheurs/3 ; nous nous efforcerons ci-après de récapituler quelques-uns des résultats de leurs travaux qui intéressent notre sujet, c'est- à-dire les rapports entre le nouvel ordre écono- mique international et un nouvel ordre interna- tional/mondial de l'information et de la commu- nication, en nous limitant au second des aspects évoqués, à savoir le r81e des femmes dans le développement et l'influence des médias ?I cet égard; c'estlà eneffetune questionqueles sciences sociales laissent dans l'ombre (ou traitent mal, dang le meilleur des cas).

Depuis la Conférence mondiale de l'Année in- ternationale de la femme (Mexico, 1975), la condition de la femme est considérée comme un problème de portée mondiale, c'est-à-dire comme une question qui intéresse la stratégie du développement et dont il importe de tenirplei- nement compte dans le cadre des efforts déployés pour instaurer le NOEI : elle est en effet direc- tement liée à celle de la mobilisation de toutes les ressources humaines en vue de la lutte pour le progrès matériel et social dans le monde en- tier et plus particulièrement dans les pays en développement. C o m m e le fait observer Vida Tomgig, "les pays en développement signalent depuis des années les raisons de la pauvreté et du retard extremes qui affectent si cruellement leurs peuples et mettent en garde contre l'élar- gissement nécessaire du fossé qui les sépare des Etats développés. La position sociale et

médias d'équilibrer leurs recettes et leurs

A cet égard,

E n dernière analyse, le rapport de la Commis-

économique difficile des femmes de ces pays est le reflet dramatique de cette situation géné- - rale. O n comprend que, dans ces conditions, les actions conduites par la communauté inter- nationale dans divers secteurs sociaux (santé, enfance, analphabétisme, planning familial, habitat, alimentation, agriculture, etc. ) n'aient que des effets limités. plus nettement que les conséquences ne pouvaient etre' éliminées qu'en agissant sur les causes, sur les racines de cette situation qui résident dans des relations économiques et politiques in- ternationales aussi anachroniques qu'injustes/4.'' I1 a été réaffirmé à l'occasion de réunions inter- nationales ultérieures/5 que l'intégration com- plète des femmes au développement et leur pleine

Il est apparu de plus en

~~

1. - Ibid., p. 323-324. 2. Cette question sera traitée en partie au der-

3. Nous avons déja cité un certain nombre de nier chapitre.

travaux concernant la publicité transnationale ; en ce qui concerne le second aspect, les femmes et les médias, voir : L'Information et la communication en tant aue ressources fa- ~~

vorables à la promotion des femmes, - Confé- rente mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme, Copenhague, 14-30 juil- let 1980, doc. A/CONF. 94/27 ; Esmeralda Arboleda Cuevas, Influence des moyens d'in- formation de masse sur les attitudes vis-à- vis des rôles qui reviennent à la femme et A l'homme dans la société actuelle, document d'information préparé pour la Conférence mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme, Copenhague, 1980, doc. A/ CONF. 94/BP/19 ;. Margaret Gallagher, Women in the Communication Media: Some aspects of their Protrayal and Participation, Sémi- naire international sur les femmes et les médias, Organisation des Nations Unies, New York, 20-23 mai 1980, doc. WCUNDW/ SEM. 1/2 ; Nalini Singh, Women and Mass communication Media: Review and Guidelines, document de travail de la Réunion d'experts sur les femmes et les médias, Vienne, 24-27 novembre 1981, Service de la promotion de la femme du Centre pour le développement social et les affaires humanitaires, Départe- ment des affaires économiques et sociales internationales, doc. AWB/EGM. 81.1/CRP. 1.

femme dans le déVe1ODDement''. Revue de 4. Vida Tomai?!, "Le statut et le r61e de la

1 A,

politique internationale, Vol. XXXII, no 758, Belgrade, 1981. p. 1.

5. Notamment lors de la Conférence des pays non alignés et des autres pays en développe- ment sur le rôle de la femme dans le déve- loppement, Bagdad (mai 1979), de la Confé- rence mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme, Copenhague (juillet 1980) et de la Réunion d'experts de haut ni- veau des pays non alignés et d'autres pays en développement sur le rôle des femmes dans le développement, La Havane (mai 1981

40

Page 37: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

participation à la planification et aux décisions le concernant sont des objectifs étroitement as- sociés à la recherche d'un système nouveau et plus équitable de relations économiques interna- tionales, et que ce principe devrait servir de base à tout débat futur sur cette question/l.

formation et de communication jouent un r61e important à cet égard et qu'il convient de tenir compte de cette dimension du problème dans la recherche d'un nouvel ordre international/mon- dial de l'information et de la communication. Dans cette perspective, il a été estimé qu'il fau- drait étudier un certain nombre de points impor- tants, tels que le rôle des moyens d'information et de communication, notamment des médias, (considérés comme indicateurs du développement), dans la vie des femmes, le r81e des femmes dans les professions de l'information et de la commu- nication (journalisme, postes de direction, de gestion, etc. ) et l'image de la femme véhiculée par les médias. Les documents de travail de la Conférence mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme (Copenhague, 1980), ainsi que le rapport de la Commission MacBride, ap- portent sur ces trois points des éléments d'infor- mation extremement éloquents. Ainsi, des études effectuées en Inde révèlent que 60 70 des femmes des zones rurales n'ont jamais écouté une émis- sion de radio - contre 30% des femmes des zones urbaines/2 - et que 78% d'entre elles n'ont ja- mais vu un film (alors que l'Inde, rappelons-le est l'un des plus grands producteurs de films du monde).

Des résultats analogues ont été obtenus au Kenya. O n estime par ailleurs que, sur les 800 inillions d'analphabètes qui existent dans le monde, 500 millions sont des femmes et que 51 % des femmes asiatiques, 83 70 des femmes africaines et 85 '$& des femmes arabes ne sont capables de lire ni les journaux ni aucune autre sorte de do- cument imprimé/3. Dans le rapport de la C o m - mission MacBride, il est indiqué que "de toutes les violations des droits de l'homme, la plus sys- tématique, la plus répandue et la plus enracinée est le refus de l'égalité entre les femmes et les hommes. Malgré les progrès réalisés au cours des dernières années, il n'existe aucun pays dans le monde où les femmes jouissent d'une complète égalité. Bien qu'elles représentent la moitié ou plus de la moitié de la population, elles sont trai- tées comme un groupe minoritaire, désavantagé et sans pouvoir. Fréquemment, la charge de la pauvreté, du chômage et du retard éducatif pèse plus lourdement sur les femmes que sur les hommes. Le fait que les deux tiers des analpha- tètes dans le monde sont des femmes constitue un exemple alarmant. L'éducation accordée aux filles tend aussi à être inférieure à celle dont les garçons bénéficient et elle est souvent arrêtée

I1 a été reconnu en outre que les moyensd'in-

plus t6t1'/4. Le r61e de l'éducation (formelle et informelle)

et celui des médias méritent une attention parti- culière à cet égard. Bien que cette question ait fait l'objet de multiples études, certaines de ses principales dimensions restent mal comprises, en raison essentiellement d'une tendance tenace à

compartimenter les problèmes et à traiter des questions complexes indépendamment les unes des autres. C'est ainsi que l'on s'est très peu soucié jusqu'à présent de déterminer tous les rapports, pourtant importants, qui existe entre, d'une part, la nécessité de maintenir un grand nombre de femmes (surtout dans les pays en dé- veloppement) dans une situation de dépendance en ayant recours à la discrimination en matière d'éducation (c'est-à-dire en leur interdisant l'accès à l'enseignement supérieur et en faisant obstacle, d'une manière générale, ace qui pour- rait contribuer à une prise de conscience deleur part), ainsi qu'aux médias qui distillent quoti- diennement des clichés sur "l'éternel féminin"/5, et, d'autre part, les besoins de l'industrie m o - derne - en particulier de l'électronique et de la microélectronique, de l'industrie pharmaceutique, des industries du textile, du cuir, des objets de plastique, des pièces de machines, etc. -, qui doit pouvoir disposer d'une main-d'oeuvre par- faitement docile, non qualifiée et surtout bon marché, susceptible d'&re exploitée selon des pratiques considérées à tort comme étant d'un autre temps/6. O n estime que, dans les zones de libre-échange d'Asie, l'industrie de la micro- électronique emploie quelque 200.000 personnes. Mais au lieu de donner du travail aux ouvriers dont les emplois ont été supprimés, ce secteur recrute une autre catégorie de main-d'oeuvre. Ses effectifs sont formés pour environ 80 70 de femmes Sgées de 16 3 24 ans, qui proviennent souvent de familles paysannes. Elles sont par- ticulièrement appréciées, explique -t-on, parce qu'elles sont adroites de leurs mains, qu'elles travaillent vite, qu'elles acceptent volontiers des tâches monotones, et aussi parce qu'elles sont payées deux fois moins que ne le seraient

- 1 1.

2.

3.

4.

5.

6.

Ce principe a été égaiement adopté par l'Unesco et d'autres institutions spécialisées du système des Nations Unies ; cf. "Contri- bution de l'Unesco à l'amélioration de la condition de la femme", document 21 C/i6, rédigé pour la vingt et unième session de la Conférence générale de l'Unesco, Belgrade, 1980. Cf. Margaret Gallagher, "Image et partici- pation des femmes dans les médias", doc.

L'Information et la communication en tant cc. 79/WS/130. que ressources favorables à la promotion des femmes, op. cit. Voix multiples, U n seul monde, op. cit., p. 235. L'étude de Margaret Gallagher montre de fa- çon assez approfondie que ce modèle s'ap- plique dans presque tous les pays. Pour une description récente, voir Barbara Ehrenreich et Annette Fuentes. Life I 3n the Global Assembly Line, manuscrit, janvier 1981 ; Linda Y.C. Lim, Women Workers in Multinational Corporations: The Case of the Electronics Industry in Malaysia and Singa- pore, Michigan Occas: - ional Papers in Women's Studies, Ann Arbor, Michigan, 1980.

41

Page 38: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

des hommes. échange, les femmes vivent dans des conditions misérables, dans les baraquements surpeuplés. Lorsqu'elles cessent d'être utiles (la plupart du temps en raison de troubles graves de la vue et d'autres problèmes de santé, qui mettent moins de dix ans à se manifester), il est facile de "s'en débarrasser" (la prostitution attend celles "qui ont de la chance")/l. Le sort déplorable des femmes qui travaillent dans ces secteurs, en particulier dans celui de la microélectronique - dans les pays en développement, mais aussi dans les pays industrialisés, avec cette diffé- rence que dans les premiers l'exploitation des femmes est encore plus impitoyable, car les lois les protègent encore moins bien - est décrit dans un certain nombre de documents importants publiés par des organisations internationales/2. Mais dans la plupart des pays, les médias de- meurent étrangement indifférents à cette question. La différenciation selon le sexe qui s'est super- posée à la division internationale du travail avec 1 I émergence de s indus tries mode rne s (no ta mment de la microélectronique) et qui fait que 80 à 90 70 des travaux peu qualifiés de montage sont effec- tués dans les pays en développement par des femmes travaillant dans des conditions extrême- ment pénibles et inhumaines, est un sujet qui, apparemment, ne mérite pas les honneurs de la presse écrite et parlée en vertu des critères qui régissent aujourd'hui l'activité de la plupart des médias partout dans le monde.

Dans la plupart des zones de libre-

* * a

Ce qui précède montre que, pour aborder de ma- nière constructive la question de l'instauration d'un nouvel ordre de l'information et de la com- munication, et en particulier celle de son impor- tance pour le NOEI, il convient d'envisager les communications de masse sous un angle nouveau ou, autrement dit, de dépasser la conception quelque peu limitée des médias et de leurs fonc- tions dans la société moderne qui a encore cours aujourd'hui. technologie - des technologies modernes en géné- ral et de la technologie de l'information et de la communication en particulier -, il n'y a plus lieu d'envisager séparément les médias (les moyens d'information du public) et les formes plus perfectionnées de communication (telles que les communications informatisées, les télécom- munications, etc. ), cette distinction étantdépas- Sée et trompeuse. Depuis une dizaine d'années l'in- formatisation rapide de toute l'information, y com- pris de l'information du public - ou plus précisé- ment des médias - transforme toute circulation d'information en circulation de données, ce qui influe considérablement sur la structure de la communication de masse considérée sous l'angle de sa fonction sociale, politique et culturelle dans la société, et comporte en outre des inci- dences économiques considérables/3. Enfin, il est désormais évident que le rôle du marché, du commerce et de l'information en tant que mar- chandise revet, au regard des efforts actuelle- ment déployés dans le monde pour modifier les

Compte tenu de l'évolution de la

structures de l'économie et celles de l'informa- tion et de la communication, une importance bien plus grande qu'on ne l'admet généralement.

2.3 Information (spécialisée), échanges commerciaux et autonomie

Le commerce international a toujours été incon- cevable en l'absence d'échanges d'information. Les voies commerciales et les voies de circu- lation de l'information se sont développées de concert à travers les siècles ; le commerce ne pouvait à l'évidence se passer d'informations concernant les marchés, les produits et les prix, et par l'intermédiaire des marchands, c'est tout un éventail d'informations sur les événements politiques et les innovations tech- niques qui se trouvait propagé le long des routes commerciales.

Bien avant que ne commence l'expansion co- loniale européenne, à la fin du XVe siècle, des courants complexes d'échanges de marchandises et d'informations existaient entre les pays du Sud. Formés dès la préhistoire, ils s'étaient développés à la faveur de l'essor de l'Egypte, de la Chine, de l'Inde et de la Mésopotamie. Les voies qu'ils empruntaient reliaient ainsi l'Asie à l'Afrique, les rives du Pacifique à celles de la Méditerranée.

Au seuil de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, tout un système international d'économie avait pris corps, substituant aux courants Sud- Sud de commerce et d'échanges d'information des courants Sud-Nord. A l'heure actuelle, les exportations des pays en développement sont surtout acheminées vers le Nord. E n 1979, elles ont été expédiées pour plus de 72 % vers le monde développé. Aujourd'hui encore, il cir- cule davantage d'informations entre le Sud et le Nord qu'entre les pays en développement. E n 1976, les communications téléphoniques entre les différentes régions du monde se sont opérées pour 2 % seulement entre des pays en développe- ment et pour 98% entre des pays en développe- ment et des pays de l'OCDE. L a répartition du trafic télex est analogue, quant aux communica- tions télégraphiques, elles s'opèrent à raison de

1.

2.

3.

i , Pour la première partie de ce constat, voir : Cees J. Hamelink, ''The Third World in the Information Age", Dies Natalis 1981, ISS, La Haye, 1981, p. 30 ; pour la dernière par- tie, voir Ehrenreich et Fuentes, op. cit. Voir "L'évaluation technique et les travail- leurs : le développement de la microélectro- nique", Conférence mondiale de la Décennie des Nations Unies pour la femme, Copenhague, 1980 (document A/CONF. 94/26). Ce point est développé dans Cees J. Hame- link, ''Public Media and Transborder Data Flows", op. cit. ; Benjamin M. Compaine, "Shifting Boundaries in the Information Mar- ketplace", Journal of Communication, hiver 1981.

42

Page 39: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

10 % entre des pays en développement et de 90 % entre des pays en développement et des pays de OCDE DE /1.

La faiblesse de la circulation Sud-Sud de l'in- formation constitue un grave obstacle à la coo- pération horizontale entre pays en développe- ment. La plupart des liaisons internationales en matière d ' information, qu ' elles so ie n t t élépho - niques, postales ou maritimes, reflètent encore les structures coloniales et ne relient les pays du Sud que via le Nord. Ce point a du reste été reconnu lors de réunions récentes sur la coopé- ration entre pays en développement. C'est ainsi que la Conférence des Nations Unies sur la coopération technique entre pays en développe- ment (Buenos Aires, 1978) a assigné notamment à la CTPD l'objectif d'accroi'tre et d'améliorer "les communications entre-pays en développe - ment et, partant, . . . de leur donner plus large- ment accès aux connaissances et données d'expé- rience disponibles. et de leur faire acquérir des connaissances nouvelles pour résoudre les pro- blèmes de développement". haut niveau sur la coopération économique entre pays en développement tenue àCaracas (mai 1981) a de même souligné l'importance cruciale des échanges d'information et de la capacité en ma- tière de communication, notamment pour ce qui est de promouvoir le commerce entre les pays en développe m e nt /2.

La Conférence de

2. 3.1 Expansion de certaines activités

L'expansion internationale de la production indus- trielle intervenue au cours des dernières décen- nies a suscité celle d'activités connexes - voyages, services financiers, études de marché et publi- cité -qui sont souvent grosses consommatrices d'information. L'internationalisation des banques a aussi accru radicalement le besoin de réseaux internationaux d'information. Au cours des an- nées soixante et au début des années soixante-dix, les banques des Etats-Unis et, dans leur sillage, les grandes banques de l'Europe de l'Ouest et du Japon se sont implantées dans le monde entier. La croissance des échanges internationaux a joué un rôle capital dans cette évolution. Une forte part des exportations mondiales étant financée par des crédits au commerce extérieur mis en place par les grandes banques, il en est résulté une augmentation des transactions financières. U n autre facteur clé a été l'internationalisation de la production et l'expansion concomitante des investissements à l'étranger des grosses entre- prises industrielles transnationales. venu impossible, dans ces conditions, de conti- nuer à effectuer des transactions financières depuis le siège social ou par l'intermédiaire de banques faisant fonction de correspondants. "Priées de fournir davantage de renseignements sur les possibilités commerciales à l'étranger, les banques ne pouvaient s'acquitter de cette tache que si elles étaient elle-mêmes représen- tées à l'étranger/3. D'oùl'implantation d'agences de représentation à. l'étranger, agences qui se sont bientôt révélées avoirun grave défaut : celui de ne pouvoir conduire de transactions elles-

I1 est de -

mêmes et de devoir continuer à passer par des correspondants.

A l'heure actuelle, la transnationalisation des banques prend essentiellement la forme de réseaux internationaux de succursales, de groupes bancaires internationaux et de consor- tiums bancaires internat ion au^/^.

Afin de répondre aux besoins de communi- cation créés par cette transnationalisation, les banques ont établi des réseaux propres à cha- cune d'elles ou interbancaires.

Au cours de la dernière décennie, plusieurs grosses sociétés transnationales ont également étendu leur activité à des secteurs liés à l'in- formation. Dès la fin des années cinquante, les industries de base traditionnelles - textile, acier, caoutchouc, construction automobile - ont com- mencé à perdre de leur importance au profit d'indus tries nouvelles, comme l'électronique , l'industrie aérospatiale, la biochimie, l'exploi- tation des océans - toutes activités dont l'in- formation est une composante essentielle et caractéristique.

production industrielle multiplie l'importance de l'information. Si fabriquer des produits simples exige beaucoup de travail, de matériel et de compétences manuelles mais relativement peu d'information, il n'en va plus de même lorsqu'il s'agit de produire des machines plus compliquées : là l'information occupe une place de plus en plus grande par rapport au travail et à l'équipe- ment. U n nombre croissant de processus de production sont devenus en fait des processus d'information (par suite de l'emploi de robots industriels par exemple). Aussi les coûts de la production industrielle peuvent-ils être considé- rés comme étant pour une bonne part des coûts d'information - recherche et développement, études de marché et publicité notamment. D e plus, l'internationalisation de la production in- dustrielle appelle un accroissement de la circu- lation de l'information : la coordination des différentes unités des sociétés multinationales dispersées partout dans le monde exige des ré- seaux d ' information très développés A u jour - d'hui une grosse société qui réalise un chiffre d'affaires d'un milliard de dollars consacre

La complexité croissante des processus de

1.

2.

3.

4.

H. Ergas, "The structure on inter-regional telecommunications traffic", document iné- dit, Paris, juin 1978. La Conférence de Caracas a recommandé la mise en place du Système d'information sur les échanges (proposé dans le Plan d'action d'Arusha) en vue de la diffusion de données adéquates sur les courants commerciaux et les débouchés. G. Junne, "Multinational Banks, the State and International Integration" in K. von Beyme (dir. pub. ), German PoliticalSystems, Londres, 1976. Idem. -

43

Page 40: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

quelque 14 millions de dollars aux seules télé- communications/ l. Selon un rapport de l'OCDE, l'importance économique accrue prise par les activités d'information a eu trois grandes inci- dences sur les relations économiques interna- tionales : "Premièrement, elle a stimulé les échanges internationaux de certains biens et ser- vices nouveaux du domaine de l'information tout en renforçant la demande internationale des pro- duits informatifs les plus au point. Deuxième- ment, elle a suscité des investissements inter- nationaux dans les industries de l'information, en particulier celles qui ont trait à des produits et des services nouveaux. Enfin, elle a encou- ragé - en particulier dans le secteur de l'élec- tronique - la formation d'un réseau de transfert- de technologie qui lie des entreprises de pays différents par des accords de licence et des échanges de brevets. E n ce qui concerne la deuxième de ces trois sortes d'incidences, l'im- portance économique du secteur de l'information n'a certes pas échappé à de grosses sociétés transnationales qui n'exerçaient autrefois pour ainsi dire aucune activité et qui ont décidé ré- cemment de s'y implanter. Citons notamment la société pétrolière Exxon qui, par l'entremise d'Exxon Information Systems, englobe 15 entre- prises d'informatique dont Periphonics, l'un des plus gros fabricants de matériel de téléinforma- tique des Etats-Unis en 1979 ; Boeing, le cons- tructeur d'avions, qui possède la Boeing C o m - puter Service Company, entreprise de services informatiques à l'intention d'une clientèle com- merciale dont le chiffre d'affaires s'est élevé à 96 millions de dollars en 1979 ; Saint-Gobain- Pont-à-Mousson, le géant français de la métal- lurgie et des matériaux de construction qui dé- tient 10% du capital de CI1 Honeywell Bull et contrôle Olivetti pour un tiers, rattachant ainsi entre elles deux importantes sociétés d'informa- tique ; Volkswagen, le constructeur automobile, qui contrôle près des trois quarts du capital de Triumph-Adler, fabricant de mini et de micro- ordinateurs ; enfin, le groupe français Matra, déjà mentionné, constructeur de missiles et de matériel électronique, qui a acquis en décembre 1980/3 51 Hachette.

de nombreuses sociétés industrielles parmi les plus importantes ont déployé une intense activité dans le domaine de l'information en créant leurs propres systèmes de médias. Selon un observa- teur, à la fin des années soixante-dix "quelque 300 sociétés des Etats-Unis dont l'activité prin- cipale est totalement étrangère à la communica- tion se sont dotées d'un important équipement vidéo pour diffuser dans l'entreprise des nou- velles qui la concernent ; certaines ont des ma- tériels de cinéma, de vidéo et de traitement de textes qui rivalisent avec ceux des réseaux natio- nauxl4. nombreux qui mettent en cause leur légitimité, les sociétés commerciales modernes recourent aux ultimes perfectionn.ments de la technique afin de "faire passer Lieur/ message plus effi- cacement que jamais"/5.

du capital de la maison d'édition

E n outre, au cours des années soixante-dix,

Pour répondre à ceux de plus en plus

L.

2.

3.

4.

5.

6.

'I

Depuis quelques dizaines d'années, la produc- tivité de l'agriculture et de l'industrie s'est révé- lée insuffisante pour soutenir la croissance écono- mique. Pour tenter de remédier à cette situation, il a fallu accroître la productivité du secteur des services, lequel a pris effectivement une impor- tance croissante dans la plupart des pays avancés. Dès 1978, il employait, dans les pays des com- munautés européennes, environ 50 70 de la popu- lation active. E n 1980, 70% de celle des Etats- Unis y travaillaient, fournissant environ 65 70 du produit national 'brut/6. Cette expansion du sec- teur des services s'accompagne d'un développe- ment de l'utilisation de l'information, dont bon nombre d'activités tertiaires sont de grosses consommatrices. Citons à titre d'exemple les services de traitement de données et de produc- tion de logiciels informatiques,. les banques, les services de conseils professionnels et techniques et d'expertise comptable, le cinéma, la publicité, les assurances et les transports. E n 1980, les échanges mondiaux de services ont représenté 400 milliards de dollars, soit plus de 20 % du chiffre global du commerce mondial.

l'information ont donc pris une importance capi- tale dans les économies nationales comme dans l'économie internationale. Aux Etats-Unis, par exemple, les activités de l'industrie de l'informa- tion sont jugées cruciales pour la survie écono- mique du pays77. Entre 1972 et 1977, les

'

Les échanges commerciaux dans le domaine de

W. N. Barnes (vice-président de Collins C o m - munications Switching Systems, Rockwell In- ternational), cité par "Fortune", 28 janvier 1980. ''The role of information goods and services in international trade", document de travail établi pour le Groupe de travail de l'OCDE sur les politiques de l'information, de l'infor- matique et des communications, Paris, mai 1979. Ces dernières années, Matra avait déjà diver- sifié ses activités en se lançant dans la ra- diodiffusion (Europe I), la télévision (Télé Monte-Carlo), les satellites, la télématique et la presse (Jacinte, 20 ans, Biba). S. Horwitz, ''m R m Wired City" in Harvard Magazine , se pte m b re /oc to bre- 1 9 7 9, p. 18-.19 ; cité dans Herbert I. Schiller, Who Knows: Information in the Age of the Fortune 500, Nordwood, Ablex Publishing, 1981, p. 88. L. H. Warner, président de General Tele- phone and Electronics, cité par Herbert I. Schiller, op. cit. , p. 79. H.L. Freeman et J.E. Spiro, "Services are the maior issue of the 1980s'' dans Transna-

_p

-~ tional Data Report, Vol. 4, no 7, 1981, p. 45. L a National Association of Manufacturers '

. (Association nationale des industriels) a indi- qué dans une lettre qu'elle a adressée en mars 1980 au Président de la Sous-Commission de la Chambre des représentants des Etats-Unis sur l'information de 1'Etat et les libertés in- viduelles que "le secteur de la technologie de l'information sera d'une importance décisive pour les Etats-Unis".

44

Page 41: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

exportations des Etats-Unis dans ce domaine dollars, dans le secteur de la construction d'or- ont doublé, si ce n'est triplé. E n 1977, les dinateurs l'excédent était supérieur à 4 milliards ventes de matériel de télécommunication et d'in- de dollars/2. Cet excédent s'était encore accru formation formaient 10 70 de l'ensemble des ex- en 1980 et, d'après les prévisions, le marché portations de marchandises du pays/l. de l'information auxEtats-Unis devrait connaftre qu'en 1979 la balance commerciale américaine une croissance considérable, c o m m e l'indique accusait un déficit de plus de 30 milliards de le Tableau 1 ci-dessous.

Alors

Branche

TABLEAU 1

- Re cettes Recettes en 1980 en 1990

(milliards de dollars) I

R E C E T T E S P R O J E T E E S DE L'INDUSTRIE DE L'INFORMATION AUX E T A T S -UNIS

Source : Channels and Wall Street Investment Corporation - 1981. L a branche de l'industrie de l'information qui

a le taux de croissance le plus rapide est celle des services informatiques et de la production de logiciels. Avec un chiffre d'affaires estimé à l'heure actuelle à quelque 14 milliards de dol- lars des Etats-Unis, elle devrait devenir la plus importante de l'économie américaine avant la fin des années quatre-vingt^/^. I1 est certain qu'elle présente de grands attraits pour les investis- seurs : elle affiche un taux de croissance et un rendement du capital supérieurs au taux de llin- flation et sa stabilité est de nature à séduire les bailleurs de fonds. Les logiciels évoluent moins vite que le matériel, dont de nouvelles généra- tions plus performantes ne cessent d'apparaftre sur le marché à des prix moindres. Actuelle- ment, la valeur monétaire des logiciels vendus aux Etats-Unis est trois fois supérieure à celle du matériel installé.

pales sociétés transnationales d'information s'établissait à 147 milliards de dollars des Etats- Unis. Elles provenaient pour l'essentiel des ventes de matériel - 48% pour les télécommu- nications, 20 % pour le traitement de données et 13 % pour l'électronique grand public. E n 1980, le commerce mondial des services de télécom- munication s'est élevé à 40.2 milliards de dol- lars. Celui du matériel de télécommunication a atteint un chiffre sensiblement égal. Les plus grosses entreprises de traitement de données du monde ont réalisé des chiffres d'affaires de quelque 60 milliards de dollars. ment tenir compte de la part du marché mondial des services qui est essentiellement liée à l'in- formation et qu'on évaluait en 1980 à quelque 150 milliards de dollars. Si l'on prend aussi également en considération les ventes de branches c o m m e celles des composants électroniques et de l'électronique grand public, la valeur du

E n 1976, le total des recettes des 86 princi-

I1 faut égale-

marché mondial de l'information en 1980 peut être estimée à quelque 350 milliards des Etats- Unis, soit environ 18% des échanges mon- diaux ; c o m m e en 1976, ce sont les produits de la technologie de l'information qui en forment la majeure partie.

tainement parmi les technologies de pointe. C o m m e l'indiquait la National Association of Manufacturers des E tats-Unis, "Tout porte à croire qu'en ces années quatre-vingts où l'éco- nomie mondiale sera caractérisée par une con- currence intense, le secteur de la technologie de l'information prendra une importance déci- sive pour les Etats-Unis. Notre prééminence mondiale dans ce domaine favorisera le com- merce extérieur américain àla fois directement, grace aux exportations de biens et services dans ce secteur lui-même, et indirectement, parce qu'elle améliorera la compétitivité des entre- prises américaines dans \e monde entier et dans tous les secteurs''/4. D e m ê m e , c o m m e l'a dit Charles Lecht, président de Advanced Computer Techniques : "I1 ne fait guère de doute

L a technologie de l'information figure cer-

1.

2. 3.

4.

__ ' Henry Geller, Secrétaire d'Etat au commerce. chargé des communications et de l'informa- tion : déclaration faite à la Sous-Commission de la Chambre des représentants sur l'infor- mation de 1'Etat et les libertés individuelles, 27 mars 1980. Computerworld, 31 mars 1980. A. R. Berkeley, "Millionaire Machine", da'ns Datamation, 20 août 1981, p. 20-36. Voir la note 7 page 46; les données concer- nant les ventes du secteur de l'information en 1976 sont tirées de : Cees J. Hamelink, Fi- nance and Information, Nordwood, A b l e x x - blishing, 1982.

45

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que si nous venions à perdre la position de force et l'avance décisive dont nous jouissons aujour- d'hui dans le domaine de la technologie informa- tique, c'est toute l'économie des Etats-Unis qui s'en ressentirait. "/l.

commerciales des efforts déployés par les Etats pour réglementer les télécommunications, les flux transfrontières de données et les services informatiques est une autre manifestation dulien entre information et échanges commerciaux, Les principaux points de fixation de ces préoccu- pations sont ordinairement la réglementation des flux transfrontières de données, la législation restreignant la possibilité de faire traiter des données A l'étranger, les mesures tendant àsup- primer les liaisons privées de télécommunica- tions ou à en majorer les tarifs, la réglementa- tion du matériel susceptible d'@tre relié aux réseaux publics de télécommunications et

La montée des inquiétudes face aux incidences

l'établissement de normes visant les services qui ont trait à la communication. Témoin cette re- marque de Geza Feketekuty, adjoint du Repré- sentant spécial pour le commerce extérieur des Etats-bnis, chargé de l'élaboration de la politique : "On s'inquiète beaucoup de la désor- ganisation et des distorsions des échanges qui pourraient se produire si les gouvernements m e taient en oeuvre certaines mesures actuellemen à l'étude et s'ils décidaient d'interpréter de fa- çon restrictive des lois qui ont été adoptées mais ne sont pas encore entrées en vigueur. . , . Au-delà de ces préoccupations, l'incerti- tude suscitée par la forte probabilité de l'adop- tion de mesures restrictives par les Etats a dé- couragé de nombreuses entreprises de réaliser les importants investissements qu'elles proje- taient d'effectuer en matière d'équipements de télécommunication internationale et de traite - ment des données. (Tableau 2).

TABLEAU 2

OBSTACLES AUX ECHANGES DANS LES DOMAINES DES TELECOMMUNICATIONS DE LA CIRCULATION DES DONNEES

ET DES SERVICES DE TRAITEMENT DES DONNEES

Pays Nature de l'obstacle Incidences sur les échanges

Japon M e sures adminis tra tive s tendant à décou - rager ou à empêcher la location de circuits privés

République Interdiction de connecter des lignes inter- fédérale nationales aux réseaux publics allemands d'Allemagne à moins de passer par un ordinateur effec-

tuant un minimum d'opérations de traitement

Brésil Obligation de soumettre les liaisons inter- nationales de télétraitement à l'approbation de 1'Etat

Canada Recommandation du gouvernement tendant à ce que les opérations canadiennes de traitement des données soient effectuées au Canada

Réglementation établissant que 40 % du capital des entreprises de services infor- matiques et de constructio.i de matériel de té1 éco m m u n ica tio n do ive n t appartenir à des nationaux

Ni gér ia

France , Législation sur la protection des données restreignant la circulation de l'information

Majoration des coûts pour les gros usagers des réseaux de téléinformatique ; éventuel- lement, nécessité de réduire le volume de la transmission de données

Majoration des cotîts pour les usagers, et notamment pour les petits usagers

Limitation des possibilités qui s'offrent aux entreprises étrangères de fournir des ser- vices au Brésil

Restriction des possibilités de transactions qui s'offrent aux entreprises étrangères de services informa tiques

Discrimination à l'encontre des investisse- ments étrangers

Limitation de la capacité des sociétés trans- nationales d'obtenir 1 'informa tion dont elles ont besoin pour effectuer leurs opérations à 1 I étrange r

Source : Bureau du Responsable spécial pour le commerce extérieur des Etats-Unis - mars 1981.

2. 3.2 Flux transfrontières de données et entreprises transnationales

Agents clés du commerce mondial, les grosses sociétés (ou entreprises) transnationales, indus- trielles et financières font de plus en plus appel à l'information. Les renseignements dont une

socié,té transnationale doit pouvoir disposer, compte tenu de la grande diversité et de l'évolution

1. Ch, P. Lecht, citéparComputerworld, 5 juin

2. Source : Transnational Data Report, Vol. 4,

-"

-1

1978.

no 5, 1981.

46

Page 43: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

souvent rapide des conditions dans lesquelles elle opère sont de quatre ordres : (a)Il lui faut des informations sur le comporte-

ment de ses concurrents. Ces informations, dont la complexité s'accroft évidemment avec le degré de transnationalisation et de diversi- fication de ses activités, a trait pour une grande part à l'évolution technologique (des produits). I1 est également indispensable qu'elle soit in- formée du comportement des consommateurs qu'elle cherche à atteindre. Elle a, de toute évidence, besoin des infor- mations scientifiques et techniques qui se rapportent aux produits particuliers qu'elle fabrique. Enfin, elle a constamment besoin de rensei- gnements sur les conditions économiques, fis - cales, juridiques et politiques qui forment le cadre de ses activités. Elle doit répondre non seulement CI ces be-

soins, liés à son environnement. externe, mais aussi à la demande interne d'informations qu'il lui faut satisfaire pour assurer le fonctionne- ment efficace d'une organisation complexe. La complexité découle du volume des opérations, de la dispersion géographique des établissements et des marchés, de la diversité des produits et des services, et de la rapidité de la croissance.

Si l'utilisation de l'information dans les af- faires n'a rien de nouveau, celle-ci ayant tou- jours fait partie intégrante de différentes tran- sactions commerciales, de profonds changements sont cependant intervenus ces derniers temps. I1 y a eu, d'une part, une évolution quantitative, en ce que le volume de l'information nécessaire à la conduite des affaires a augmenté à tel point que seule l'intelligence électronique peut la mar- triser. Cette augmentation s'explique par la triple expansion du commerce national, des in- vestissements directs à l'étranger et des entre- prises concernées,

et des finances intervenue depuis les années cin- quante s'est traduite par l'apparition d'institu- tions importantes et complexes dont les modèles d'organisation et les desseins stratégiques ont suscité des besoins d'information nouveaux. De plus en plus, l'efficacité de ces sociétés trans- nationalea a dépendu tout autant de leur capacité de collecter des données, de les transférer et de les transformer en informations et en con- naissances productives que de leur activité tra- ditionnelle de production. La structure de la société transnationale s'est ainsi réarticulée autour de l'information. Tout une nouvelle sé- rie d'opérations a vu le jour, comprenant la col- lecte de l'information, son stockage, son traite- ment et sa transmission - autant d'activités spécialisées qui exigent le matériel et les logi- ciels produits par un secteur en pleine expan- sion dans les économies nationales comme dans l'économie internationale : l'industrie de l'information.

Il y a eu également un changement qualitatif qui a eu trait au r81e de l'information : d'auxi-

La transnationalisation rapide de l'industrie

devenue le facteur essentiel. Autrefois, le traite ment de l'information était une opération nécessaire à l'exécution d'activités industrielles et agricoles ; aujourd'hui, par suite de l'auto- matisation croissante, il se substitue à ces ac- tivités. Citons à titre d'exemple le remplace- ment, dans les usines, de certaiqs ouvrierspar des robots, et le recours aux microprocesseurs dans le cadre de la mécanisation de l'agricul- ture. Le secteur des services offre une illus- tration encore plus frappante avec des innova- tions comme la'bureautique ainsi que le cour- rier et les transferts de fonds électroniques.

Ces changements quantitatifs et qualitatifs ont fait de l'information une ressource décisive pour la société transnationale. très clairement du développement rapide de la participation de nombreuses grosses sociétés transnationales à des réseaux transfrontières de téléinformatique qui sont aujourd'hui l'épine dorsale du commerce international. Les socié- tés transnationales ont diverses raisons de créer ces réseaux ou d'y prendre part :

C'est ce qui ressort

elles peuvent tirer des avantages financiers directs du partage des équipements coûteux de télécommunication avec d'autres usagers, installés en différents endroits. Une compa- gnie aérienne qui n'aurait pas les moyens d'exploiter à elle seule un réseau mondial de réservations, peut le faire dès lors que ce réseau est commun à un grand nombre de compagnies ; elles peuvent aussi retirer des avantages du partage de l'accès à une information qui, au- trement, leur coûterait extremement cher ; elles bénéficient également de la possibilité de transmettre et de traiter des volumes im- portants de données d'une manière rapide et sûre pour améliorer leur gestion, leurs acti- vités de commercialisation et leur productivité ; les réseaux permettent une gestion centrali- sée des informations nécessaires pour suivre les fluctuations des taux de change et des cours des produits de base ; les réseaux permettent de réduire le coût des stocks en améliorant la circulation des maté- riels entre les différentes unités de la société ; les sociétés ont la possibilité de mettre en commun des ressources éparpillées/l. A entendre les représentants des entreprises,

on ne peut guère douter qu'ils souscrivent àcette remarque de F. A. Bernasconi, directeur géné- ral de 1'IBI (Bureau intergouvernemental pour l'informatique) : "les flux transfrontières de don- nées sont le sang indispensable à la vie des

C L e constructeur d'automobiles Ford dont le réseau de transmission de données a été mis en place en 1978 affirme avoir économisé 180 millions de dollars des Etats-Unis à l'oc- cation de la conception de son nouveau mo- dèle Escort, en faisant appel au concours de ses meilleurs concepteurs dispersés partout dans le monde. Source : Transnational Data ReDort. Vol. 3. no 6. 1980. liaire important de la production, elle en est I - - <

47

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sociétés transnationales"/l. Cela est corroboré par d'autres remarques c o m m e cette déclaration de Robert E. L. Walker, vice-président de la Continental Illinois Bank : "L'activité de notre banque internationale est entièrbment tributaire de la circulation libre et instantqnée de l'infor- mation. A u cours de nos transactions bancaires, nous avons besoin d'être informés minute par minute de ce qui se passe sur les marchés m o - nétaires du monde entier. "/2 U n autre banquier, Rossiter W, Langhorne, vice-président de Manu- facturers Hanover Trust, étend la portée de ces observations à l'ensemble du monde des affaires : "Les transactions commerciales sur les marchés internationaux exigent aujourd'hui l'accomplisse- ment rapide d'une multiplicité, d'opérations répé- titives ; c'est la condition m ê m e de la fiabilité des services rendus, voire de la survie des en- treprises. Ces opérations seraient impossibles sans la technologie actuelle du traitement des données et des télécommunications. "13 C e point est développé plus amplement par John L. Rankine, directeur des normes, de la sureté des produits et de la protection des données chez IBM : "La circulation de l'information nous est indispen- sable pour diffuser dans le monde entier les ren- se igne m e nts nécessaire s aux études te chnique s et à la fabrication. ainsi que pour aviser nos clients des modifications et améliorations tech- niques que nous apportons à nos produits et qui conditionnent leurs propres activités.

Elle nous est nécessaire également pour faire en sorte que les moyens dont nous pouvons dis- poser en matière d'ingénierie, de technologie et de commercialisation répondent aux besoins des usagers. Tout cela exige que nous tenions un répertoire des compétences du personnel dans le monde entier de façon à pouvoir fournir en tout lieu les concours techniques qui y sont néces- saires. Nous devons pouvoir transférer aussi librement que possible l'information financière et opérationnelle d'une organisation à l'autre. Enfin, nous devons nous maintenir constamment en relation avec les banques et entreprises de transport internationales, c o m m e les compagnies aériennes, qui sont à leur tour tributaires de la libre circulation de l'information pour la conduite de leurs activités. "/4

Les flux transfrontières de données deviennent pour certaines sociétés transnationales une ligne de produits fondamentale comprenant des banques et bases de données, des services de diffusion de données en direct, des réseaux de traitement ou des entreprises de services informatiques. Pour d'autres sociétés transnationales, c o m m e les compagnies aériennes et les banques internatio- nales, la circulation des données est aussi indis- pensable que celle du sangpour un organisme vivant. E n ce qui concerne les banques, ce point de vue a du reste été exprimé à plusieurs reprises par ries membres de la profession, tels que R. D. Hill, président de la First National Bank of Boston, à qui l'on doit les remarques suivantes : "L'inté- gration de la circulation de l'information entre nos bureaux détermine en grande partie notre capacité de gérer et diriger effectivement nos activités internationales. Si nous nous trouvions

emp&chés de communiquer au siège social des renseignements essentiels, notre capacité de gestion globale de la société pourrait s'en res- sentir sensiblement. "/5

L'utilisation des flux transfrontières de don- nées devient un outil de gestion efficace pour un nombre croissant de sociétés. L a nouvelle tech- nologie informatique offre la souplesse néces- saire à une gestion intégrée, c'est-à-dire à la direction centralisée d'opérations décentralisées U n vaste système de traitement central peut etre combiné avec des installations de traitement de textes, de courrier électronique et de téléconfé- rence, permettant une décentralisation plus ou moins poussée. flux de données dans les sociétés transnationales servent généralement à assurer :

O n peut considérer que les

un système d'appui à la prise des décisions par la direction ; les services de maintenance destinés à l'en- treprise et à ses clients ; la surveillance du volume des stocks et de la production ; la surveillance de l'évolution du marché, des prix et des monnaies ; les transferts de fonds tant à l'intérieur de l'entreprise qu'entre sociétés ; la comptabilité interne ; l'accès aux bases de données scientifiquesi techniques ; la transmission et le traitement des données de R-D ; le transfert et la conservation des dossiers individuels. Les grosses sociétés ont besoin d'informa-

tion pour "s'adapter d'une manière pro-active à leurs environnements dynamiques. pose que leurs directions sachent tirer parti de sources externes et relativement incontr6lables de données qualitatives et prospectives, et pro- céder à des opérations peu courantes d'analyse, de simulation et de collation de données diverses pour constituer une information utile àla gestion"/B Elles se trouvent donc,de plus en plus,, dans la

Cela sup-

1. Allocution prononcée par F. A. Bernasconi lors de la Conférence mondiale de 1'IBI sur les politiques en matière de flux de données transfrontières, Rome, juin 1980.

2. Déclaration faite le 13 mars 1980 parR. E. L. Walker devant la Chambre des représentants des Etats-Unis sur l'information de 1'Etat et les libertés individuelles.

cerns about data protection and transborder 3. R. W. Langhorne "Private enterprise con-

data regulation", in D&Regulation, Oxbridge, ONLINE, 1978, p. 141.

4. J. L. Randine, cité dans Transnational Data 5. Source : Transnational Data Report, vol. 3,

6. R. Alloway, "Decision support systems and

Report, vol. 3, no I, 1980.

no 3, 1980.

information flows in the 1980's'' in Teleinfor- matics '79 publié sous la direction de E. J. Boutmy et A. Danthine, Amsterdam (Pays- Bas), 1979, p. 4.

48

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nécessité d'avoir accès à un système de traite- ment permettant de programmer ces données pour les transformer en informations utilisables. Pour pouvoir utiliser ces données c o m m e outil de gestion, il faut donc mettre en place des sys- tèmes d'aide 2I la décision (SAD) et des systèmes d'interface entre les SAD et les bases de données.

national, du recours des sociétés transnationales aux réseaux informatiques peuvent étre étudiées sous l'angle de l'environnement interne des en- treprises et sous celui de leur environnement externe. (1) Environnement interne. L'utilisation des flux

de données accroît la capacité des sociétés transnationales de répondre aux exigences internes. Elle fournit à la direction un outil permettant de répartir plus efficacement les ressources de la société - ce qui est l'essence m ê m e de la ges- tion d'entreprise. C'est le cas par exemple de l'affectation des ressources humaines et plus précisément de la division internationale des taches à l'intérieur de la société. Les réseaux de données facilitent la bonne répartition géogra- phique des emplois. C o m m e le fait observer Alain Madec, "celle-ci consiste bien souvent à mettre les emplois industriels dans les pays en développement, où la main- d'oeuvre coûte peu, et les emplois de matière grise soit autour des gisements de données internes, soit encore là où la demande d'aide 2I la décision est la plus pressante, c'est-à-dire au siège social"/l. L'utilisation des flux de données permet ainsi aux sociétés transnationales de réaliser des éco- nomies d'échelle en spécialisant de plus en plus leurs filiales dans tel ou tel aspect de leur pro- duction. Les réseaux de données contribuent au maintien d'une coordination étroite entre des unités extrêmement dispersées.

de faire face à la complexité de processus de gestion hiérarchisés qui seraient aisément per- turbés par les retards et les distorsions liés au fonctionnement de systèmes de communication moins perfectionnés et qui se dérégleraient en l'absence d'un dispositif efficace de surveillance au siège de la société. L'optimisation du fonc- tionnement du modèle d'organisation qui caracté- rise la société transnationale et qui associe la centralisation et la décentralisation dépend de l'existence de réseaux de données rapides et sûrs. L'organisation des sociétés internatio- nales doit en effet reposer à la fois sur la cen- tralisation et sur la décentralisation. L a centrali- sation est nécessaire pour contrôler le fonctionne- ment de l'ensemble du système. L'application d'une stratégie financière qui suppose le finance- ment continu d'opérations commerciales et la protection des bénéfices de la société exige une surveillance suivie et coordonnée de marchés monétaires extremement fluctuants ainsi que de l'évolution des prix. Une information centrali- sée sur la production est également requise pour faciliter la division internationale du travail au sein de la société. E n revanche, la spécialisation de la productionqui est un impératif capital pour les sociétés transnationales rend la décentralisation

Les conséquences, pour le commerce inter-

L'utilisation des flux de données permet aussi

indispensable pour le fonctionnement optimal des unités locales ou nationales.

Afin de répondre convenablement aux besoins découlant de leur mode d'organisation, les so- ciétés conçoivent des systèmes d'information de gestion. C'est souvent une tache ardue car le modèle centralisation-décentralisation sou- lève des problèmes logistiques complexes lors- qu'il s'agit de mettre en oeuvre un dispositif d'information d'entreprise à l'échelle mondial' Les flux transnationaux de données peuvent en principe contribuer 21 la solution de ces pro- blèmes : ils constituent l'outil de gestion per- mettant de rendre opérationnel le modèle cen- tralisation-décentralisation. "Ils mettent en mesure de déterminer les contrôles et les normes à appliquer dans l'ensemble de l'organisation pour faciliter un pilotage rationnel de la société, en fonction de considérations économiques plu- t6t que des limites des équipements de télécom- munication et d'informatique. L a planification peut etre décentralisée dans la mesure où cela se justifie, tout en restant gérée depuis l'éche- lon central. Les flux transnationaux de don- nées permettent en théorie d'optimiser le fonc- tionnement de ce que Chamoux désigne c o m m e étant l'innovation organisationnelle des sociétés transnationales : le "centre de profit". L a filiale locale peut décider librement de la politique par laquelle elle atteindra les objectifs déterminés par le siège. Elle jouit d'une autonomie décen- tralisée tant qu'elle réalise des bénéfices. L a circulation des données est une composante es- sentielle de ce modèle d'organisation, les filiales faisant continuellement rapport au siège et re- cevant sans cesse des instructions de ce dernier/!. L'information conditionne dans une grande m e - sure l'efficacité externe et interne de la prise des décisions par la direction. L a capacité de décision de cette dernière peut toutefois se trou- ver sérieusement réduite ssil n'existe pas de moyens sûrs de stockage, de diffusion et de re- cherche de l'information. Les systèmes d'in- formation de gestion conçus pour répondre à ce besoin se sont souvent révélés comporter de graves défauts - ceux, par exemple, de ne pas donner ordinairement des informations infor- melles, mais de fournir essentiellement des donnéés quantifiables, d'@tre trop généraux et de livrer souvent leurs renseignements trop tard. Alors que les dirigeants d'entreprise sont cona-

1.

2.

3.

A. J. Madec ''Aspects économiques et juri- diques des flux transfrontières de données", document établi pour la Conférence de haut niveau sur les politiques de l'information, de l'informatique et des communications au cours des années quatre-vingts, O C D E , Paris, oc- tobre 1980. D. A. Woodland et P. S. Doepel, "Management of Distributed Organizations" in E. J. Boutmy et A. Danthine (dir. pub. ), Teleinformatics 79. Amsterdam (Pays-Bas). 1979, p. 10. . " . -

CP. Chamoux, L'information sans frontière, Paris, L a Documentation française, 1980, p. 90.

49

Page 46: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

tamment confrontés à l'inusité et à l'inattendu, ces systèmes ont été conçus dans l'ensemble pour résoudre des problèmes courants. Les s ys t è m e s d ' info r m a tion de gestion informatis és et interactifs peuvent éviter ces écueils efcons- tituer pour les dirigeants de société l'outil souple qui leur permettra d'avoir accès, àpoint n o m m é , à l'information globale détaillée et informelle dont ils ont besoin.

forcer "l'information'' des entreprises. Dans les processus administratifs, financiers et in- dustriels, la manipulation des données grace à l'intelligence artificielle pourrait devenir l'acti- vité centrale de l'entreprise et supplanter et modifier sensiblement le travail humain. L'uti- lisation croissante de la téléinformatique par les banques n'est pas sans répercussion sur celles-ci. les guichets automatiques, l'informatisation des procédures administratives peuvent avoir d'im- portantes incidences sur l'emploi dans le secteur bancaire. D'après le rapport Nora-Minc, l'ins- tallation de nouveaux systèmes informatiques pourrait réduire de 30 % les besoins en personnel des banques au cours des dix prochaines annéesIl. (ii) Environnement externe.

l'utilisation de réseaux informatiques sur l'environnement externe des sociétés transnatio- nales peuvent être examinées de différents points de vue.

(a) L a concentration. Les processus fonda- mentaux de la concentration industrielle - diver- sification, intégration horizontale et intégration verticale - peuvent se trouver favorisés par l'uti- lisation des flux transfrontières de données, dans la mesure où ils impliquent tous trois l'accom- plissement de taches complexes de la surveil- lance rapide et sûre de marchés dispersés.

encore les m ê m e s possibilités d'accès aux flux de données que les gros usagers transnationaux des réseaux de données. ner aux grandes sociétés transnationales un atout d'une importance décisive dans un système de concurrence, peut créer de graves obstacles pour les entreprises nouvelles et renforcer les oligopoles dans différents secteurs économiques. Ainsi, l'utilisation et le développement à grande échelle de réseaux internationaux de télécommu- nications peut avantager les grandes banques par rapport à leurs concurrentes plus petites. Selon S. Rose, les transferts électroniques de fonds vont favoriser la mobilisation de l'épargne et libérer une quantité énorme de ressources, hu- maines et autres, actuellement prisonnières d'une branche atteinte de gigantisme et ineffi- cace. Cet auteur compte que le redéploiement de ces ressources dans des secteurs économiques où elles peuvent &tre employées plus profitable- ment entraihera une expansion de la production nationale et de l'offre de biens et services qui contribuera à contenir les prix/2.

I1 découle de ces affirmations que les trans- ferts électroniques de fonds vont contribuer puis- samment à la concentration du système bancaire : la majeure partie des avoirs financiers d'un pays

L'utilisation des flux de données pourrait ren-

Les transferts électroniques de fonds,

Les incidences de

Les petites et moyennes entreprises n'ont pas

C e fait, qui tend àdon-

se trouvera détenue par un nombre réduit. de banques. L'intensité de capital des infrastruc- tures technologiques requises ainsi que leur maintenance jouera à cet égard un rôle important. I1 est vraisemblable que les grosses banques seront les premières à se doter des dispositifs informatiques les plus perfectionnés, ce qui risque de nuire sérieusement à la compétitivité des petites banques.

diminution des coûts du matériel et des services de traitement des données modifiera cette situa- tion. A cette date, elle a profité surtout aux gros usagers. I1 est à prévoir que les coûts des services de transmission de données sur de grandes distances, à l'intérieur de l'entreprise, diminueront pour les grosses sociétés transna- tionales. E n m ê m e temps, il semble que les coûts de la transmission locale des données ne baissent pas au m ê m e rythme, de sorte qu'ilest très difficile aux petits usagers d'accéder aux réseaux de données. O n peut penser aussi que ces baisses de coût n'auront pas d'incidence sur les grandes installations -. non plus que sur les services de programmation et de maintenance y afférents - et que les systèmes de vastes di- mensions resteront donc surtout l'apanage des grosses sociétés.

(b) Normalisation. L a nécessité de centra- liser le traitement des données conduira peut-etre à souhaiter installer des équipements normalisés dans des unités dispersées géographiquement. Cela pourrait tendre à renforcer encore la struc- ture oligopolistique du secteur de l'informatique et des télécommunications.

L a question est évidemment de savoir si la

(c ) Réglementa tion. D imp0 r tants enjeux sont liés à la libre circulation transfrontière des données pour les gros usagers des flux transnationaux qui vont sans doute chercher à faire pression autour d'eux pour obtenir l'assou- plissement qu'ils souhaitent des réglementations. John Opel, président d'IBM, n'a-t-il pas dit : "A moins de menacer la vie privée des gens et la sécurité nationale, les flux de données devraient être aussi libres d'entraves que possible. "I3 D e m ê m e , pour John Diebold, président du Groupe Diebold, si la libre circulation des don- nées n'était pas assurée il s'ensuivrait : "une récession spectaculaire des industries de l'in- formation, en rapide expansion dans l'économie américaine, et une hausse des coûts, accompa- gnées d'une baisse de la qualité des services rendus à tous les usagers internationaux ; un renchérissement des liaisons longues et des communications internationales ; une forte di- minution de la quantité d'informations dont les Etats-Unis disposent sur le reste du monde"/4.

S. Nora et A. Minc, L'informatisation de société, Paris, L a Documentation française, 1978, p. 36. S. Rose, "The unexpected fall-out from elec- tronic banking" dans Fortune, 24 avril 1978. Source : Transnational Data Report, Vol. 2, no 5, 1979. Source : Transnational Data Report, Vol. 3, no 1, 1980.

50

Page 47: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

(d) Circuits privés. Element décisif des flux transnationaux de données, les télécommunica- tions préoccupent fortement les sociétés trans- nationales. Les tarifs des télécommunications comptent pour beaucoup dans l'utilisation des réseaux informatiques, et s'ils sont établis en fonction de considérations politiques et écono- miques nationales, cela peut restreindre la cir- culation des données/l. Aussi faut-il s'attendre que les sociétés transnationales insistent sur la nécessité de pouvoir louer des circuits à. usage privé à des tarifs indépendants du volume de leur consommation. Phillip Onstad. directeur de la politique des télécommunications chez Control Data, soutient que, si elles ne peuvent obtenir ces circuits, "les progrès de l'informatique ré- partie et de la mise en c o m m u n des bases de données seront sérieusement freinés. Qui plus est, l'efficacité de beaucoup de systèmes de télé- traitement existants se trouvera amoindrie et dans bien des cas, ces services devront etre supprimés"/2. Ces besoins particuliers des gros usagers de flux de données pourraient avoir de graves incidences sur les recettes des ser- vices publics nationaux de télécommunications.

(e) Division du travail. L'existence des flux transnationaux de données peut inciter les socié- tés transnationales à étendre au domaine de la technologie avancée de l'information l'application de la théorie des "avantages comparés". qui veut que chaque nation apporte aux échanges interna- tionaux ce qu'elle peut produire le plus avanta- geusement. L a communication par satellite, jointe au faible coût des terminaux d'accès à distance aux grandes bases de données et aux vastes réseaux informatiques, tend à favoriser la concentration du traitement des données en des points relativement peu nombreux. tement s'opère là où le rapport coût-efficacité est le meilleur, c'est-à-dire dans les installa- tions d'entreprises des Etats-Unis. L e cas du Canada est typique : le transfert du traitement des données aux Etats-Unis y avait fait dispa- raître 4.000 emplois avant 1975 ; en 1980, ce chiffre était passé à 10. O00 et l'on pensait qu'il atteindrait 25.000 en 198513.

Les flux transnationaux de données sont pour les dirigeants de sociétés un moyen de répartir plus rationnellement et plus efficacement les ressources humaines à l'intérieur de la société. Ils leur permettent de maintenir à proximité du siège social les activités administratives, finan- cières et technologiques qui sont essentielles pour la société, et de réserver aux pays en développe- ment la part de la production industrielle qui ne peut y améliorer les perspectives du commerce extérieur. production grosses consommatrices de R-D seront implantées dans le monde développé et la fabrica- tion des produits finals dans les pays en dévelop- pement. "En raison de la diminution du coût des télécommunications et de la transmission de données, ainsi que de la concentration de l'infor- mation dans les pays développés, il devient moins onéreux pour les entreprises et sociétés des pays en développement de "faire résoudre" leurs pro- blèmes au loin que de créer sur place les instal- lations nécessaires. "14

L e trai-

I1 est probable que les activités de

2.3.3 Position des pays en développement sur le marché mondial des biens et des services relatifs à l'information

Les différences qui existent à l'intérieur du sys- tème international actuel, dans l'accès B la ges- tion de l'information, désavantagent fortement les pays en développement sur les marchés mondiaux. Leur incapacité de collecter, de traiter et d'appliquer l'information en fonction de leurs besoins propres compromet leur souve- raineté nationale. La clé du déploiement de leurs ressources est de plus en plus entre les mains d'entités étrangères situées hors de leur territoire. Dans les économies nationales c o m m e dans l'économie internationale, les grosses so- ciétés transnationales se sont assuré un r81e déci- sif dans la répartition en volume et dans l'orien- tation des ressources naturelles, humaine s. financières et scientifiques. L a maîtrise qu'elles ont acquise à cet égard est étroitement liée à leur capacité d'accéder à de grosses quantités de données, de transformer celles-ci en infor- mation fonctionnelle et d'appliquer les connais- sances ainsi obtenues.

Les flux transfrontières de données consti- tuent l'ultime perfectionnement en matière de gestion de l'information et, à l'heure actuelle, on peut supposer sans risque d'erreur que les sociétés transnationales en sont les plus gros utilisateurs. Elles sont en effet en mesure de mobiliser les ressources financières nécessaires pour couvrir les coûts de matériel, de logiciel et de transmission que leur utilisation suppose. Mais elles peuvent aussi mobiliser les compé- tences analytiques et les réseaux industriels qui permettent d'exploiter ces données avec le maxi- m u m d'efficacité. Les flux transfrontières de données accentuent encore de ce fait la ,forte disparité existant entre les capacités d'informa- tion et, partant, les capacités commerciales des pays développés et des pays en développement.

une large part de données financières. culation de celles-ci est commandée essentielle- ment par les grandes banques transnationales qui possèdent ou gèrent des réseaux internatio- naux de télématique. cès aux données financières sont préjudiciables aux pays en développement. I1 en est ainsi, notamment, dans le domaine, actuellement en expansion, des prets internationaux privés. D e plus en plus endettés à l'égard des banques pri- vées, les pays en développement ont besoin de

D e nos jours, ces flux sont constitués pour L a cir-

Ces différences dans l'ac-

1.

2.

3.

4.

''Going Global", in Oatamation, septembre 1980 ; D. Hebditch'IWilldataflowbe stemmed?" in Telecommunications, m a i 1979, p. 75. Source : Transnational Data Report, Vol. 2, no 5, 1979. P. Robinson, "The Economic impact of TDF", document établi pour la Conférence mondiale du BI1 sur les politiques en matière de flux transfrontières de données, Rome, juin 1980. J. F. Rada, "Micro-electronics, Information Technology and its Effects on Developing Countries", rapport pour l'OIT, Genève, 1980, P. 29.

51

Page 48: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

pouvoir s'informer de tous les aspects complexes et mouvants du système financier international. Or, pous qu'ils puissent connaitre les taux de change ou les taux d'intérêt en temps voulu et de manière suffisamment sure, il faudrait qu'ils aient accès non seulement aux circuits de cour- tage des données financières internationales mais aussi aux vastes et coQteux systèmes de traite- ment et de diffusion de l'information.

L e déséquilibre actuel de l'information mon- diale, que vient confirmer le phénomène des flux transfrontières de données, constitue une entrave fondamentale au développement autonome des pays en développement. Qui dit développement auto- nome dit capacité du pays de gérer ses propres affaires - c'est-à-dire de décider en toute indé- pendance de l'allocation de ses ressources. L e choix de ce mode de développement crée de nou- veaux besoins d'information. organisés actuellement, les flux transfrontières de données ne répondent pas à ces besoins. Ils sont axés en effet sur ceux des sociétés transna- tionales et ne fournissent pas aux pays en déve- loppement les renseignements correspondant à leurs intérêts et à leurs priorités. E n fait, ils affaiblissent la capacité de ces pays de décider de l'emploi de leurs ressources.

Une série de données empiriques illustre la structure des échanges mondiaux de biens et de services du domaine de l'information et la posi- tion des pays en développement en la matière. I1 apparaît tout d'abord, c o m m e le montrent les tableaux ci-après, que le commerce de produits tels que les ordinateurs, le matériel de télécom- munications et le matériel électronique grand pu- blic est principalement le fait de l'Amérique du Nord et de l'Europe occidentale.

rale d'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays- Bas, la France et l'Italie s'attribuaient plus de 52 % du total mondial des exportations de maté- riel de télécommunication, et effectuaient plus de 47 % des importations. (Les ventes des prin- cipaux exportateurs parmi les pays en dévelop- pement - la Corée du Sud, Hong Kong, le Brésil, Singapour et le Mexique - s'élevaient à 12.7 % du total mondial. ) On estime à 40 milliards de dol- lars des Etats-Unis la valeur des échanges mon- diaux de matériel de télécommunication en 1980 ; la part combinée de l'Afrique et de l'Amérique latine était de 1,4 milliard de dollars/l.

Si l'on considère les échanges internationaux de produits et services informatiques, les Etats- Unis et l'Europe de l'Ouest sont de loin à la fois les plus gros exportateurs et les plus gros im- portateurs. l'Ouest et des Etats-Unis dans les importations mondiales d'ordinateurs et de matériel de bureau était de 71 % ; celle des pays en développement était de 10,2 %. E n 1979, 54 % des exportations d'ordinateurs des Etats-Unis étaient acheminées vers l'Europe de l'Ouest et 12% vers le Canada. Quatre-vingt-cinq pour cent des ventes françaises étaient destinées à d'autres pays d'Europe de l'Ouest et 5 % aux Etats-Unis. pour cent des exportations britanniques allaient vers d'autres pays d'Europe de l'Ouest et 8 %

Tels qu'ils sont

E n 1979, les Etats-Unis, laRépublique fédé-

E n 1978, la part de l'Europe de

Soixante-dix-neuf

vers les Etats-Unis. Vingt-trois pour cent des importations des Etats -Unis provenaient du Royaume-Uni, de la France et de la République fédérale d'Allemagne. Soixante etonze pour cent des importations de ce dernier pays provenaient des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la France et 73 % des importations françaises provenaient des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Répu- blique fédérale d'Allemagne. E n fait, les échanges internationaux d'informatique s'opèrent en majo- rité à l'intérieur de l'Europe de l'Ouest et de l'Amérique du Nord et entre ces deux régions. Cette structure du commerce international est corroborée par le nombre croissant des accords d'échange de savoir-faire signés ces dernières années. C'est ainsi par exemple que des arran- gements ont été conclus entre General Electric Corporation (Royaume-Uni) et Fairchild (Etats- Unis), Siemens (République fédérale d'Allemagne) et Advanced Micro Devices (Etats-Unis), T h o m - son CSF (France) et Motorola (Etats-Unis). Philips (Pays-Bas) et Signetics (Etats-Unis).

Deuxièmement, la part des pays en dévelop- pement dans les exportations mondiales ne s'est guère améliorée au cours des dernières années, c o m m e l'indique le Tableau 6.

E n outre, c o m m e le montrentles tableaux 7 et 8 les pays en développement ont une balance commerciale déficitaire en ce qui concerne le matériel servant à l'information.

E n 1978, le rapport moyen des exportations aux importations des cinq pays en développement les mieux placés dans le commerce des ordina- teurs (Brésil, Hong Kong, Argentine, Corée du Sud et Singapour) était de O, 88. Pour les pays développés les plus actifs dans ce m ê m e c o m - merce (E tats-Unis, Japon, République fédérale d'Allemagne, Royaume-Uni et France) il était de 1,64.

Dans le monde en développement, le rap- port des exportations aux importations de récep- teurs de radio s'établissait, en 1976, à O, 82 et celui des téléviseurs à 0,22. L a m & m e année, le rapport des exportations aux importations de machines à imprimer des pays en développement les plus actifs dans ce commerce était de 0,48, contre 3,04 pour les principaux commerçants du monde développé (Etats-Unis, France, Royaume- Uni, République fédérale d'Alle magne).

monde en développement devient un important marché d'importation pour les ordinateurs. Entre 1972 et 1975, les importations annuelles moyennes ont progressé de 13,9 % en Asie, (le Japon, pays industrialisé, se plaçant bien entendu en tête), de 44,Z 70 en Afrique et de 38 yo e n A m é - rique latine? A u cours des années soixante-dix, l'Amérique latine est devenue le plus gros im- portateur de l'Hémisphère Sud ; en particulier, les achats du Chili se sont accrus de 202 % et ceux de Cuba de 97 %. A u cours de la deuxième moitié des années soixante-dix, les importations latino-américaines ont continué d'augmenter à

Troisièmement, on remarquera que le

1. ,Source : A. T. et T., citée dans The Econo- mist, 22 aoQt 1981. -

52

Page 49: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

- 111 Fi (d

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4

53

Page 50: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

T A B L E A U 4

Importations (pourcentage du total mondial) Pays

PRINCIPAUX E X P O R T A T E U R S DE MATERIEL DE TELECOMMUNICATION, 1979 (Exportations mondiales : 24,7 milliards de dollars des Etats-Unis)

Exportations (pourcentage du total mondial)

Pays I Part dans les exportations mondiales, en pourcentage

~~

Importations (pourcentage du total mondial)

-

Japon

République fédérale d 'Alle magne

Suisse

E xpor ta tions (pourcentage du total mondial)

26.6

13, O

13, O

Etats-Unis 11.3

Pays -Bas

Royaume-Uni

France

5.8

5.2

4.6

Suède 4.2

Source : United Nations Yearbook of International Trade Statistics 1979.

T A B L E A U 5

I M P O R T A T I O N S ET EXPORTATIONS DE RECEPTEURS DE RA D I O ET DE TELEVISION, 1976 I M P O R T A T I O N S ET E X P O R T A T I O N S DE RECEPTEURS DE RADIO, 1976

Europe de 1'Oue.st 44, O Pays en développement 19,5

22,9

20,3

I M P O R T A T I O N S ET E X P O R T A T I O N S DE RECEPTEURS DE TELEVISION, 1976

~~ ~

Source : United Nations Yearbook of International Trade Statistics, 1977.

54

Page 51: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

TABLEAU 6

EVOLUTION DE L A REPARTITION DES EXPORTATIONS MONDIALES

EXPORTATIONS 1968 1970 1974 1976

Pays développés

Pays en développement

MACHINES A IMPRIMER ET A R E L I E R (en pourcentage du total mondial des pays à économie de marché)

Pays

Pays développés

Pays en développement

RECEPTEURS DE RADIO (en pourcentage du total mondial des pays à économie de marché)

Valeur des Valeur des Balance imp0 r ta tions exportations commerciale

(milliers de dollars) (milliers de dollars) (milliers de dollars]

97,l 96,3 92,5 92,8

2,9 3,7 7.5 7,2

99,6

o, 4 99.6

o, 4 99.3

o, 7

Pays développés 78,9 79.7 Pays en développement

RECEPTEURS DE TELEVISION (en pourcentage du total mondial des pays B économie de marché)

21,l 20,3

Pays développés 94,.9 94,2

Pays en développement 5,1 5,8

Source : United Nations Yearbook of International Trade Statistics, 1977. -

TABLEAU 7

B A L A N C E C O M M E R C I A L E DES P A Y S EN DEVELOPPEMENT O R D I N A T E U R S ET MATERIEL DE B U R E A U , 1978

Corée du Sud 96,2

Singapour 61,3

69,6

82.7

-26,6

+21,4

Rapport exportations / importations

(milliers de dollars)

O, 67

1,31

o, 43 O, 72

1,34

Source : Datamation, janvier 1981.

55

Page 52: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

TABLEAU 8

Pays

B A L A N C E COMMERCIALE DES P A Y S EN DEVELOPPEMENT : MACHINES A IMPRIMER, 1976

Rapport Valeur des Valeur dea Balance imp0 rtations exportations commerciale expor ta tions / impor tat ions

(milliers de dollars) (milliers de dollars) I (milliers de do1lars)l (milliers de dollars) I

I

Rang I Pays

Mexique 24.271

Tha tlande 7.110

Malaisie 5.447

Taux de croissance du marché en 1977-1978 en 1978 (pour ce n ta ge )

Importance du marché

(millions de dollars des Etats-Unis)

129 -24.142

41 -7.069

393 -5.054

o, 53 O, 58 O, 72

A r gent ine 2.180 49 3 -1. 687 0.23

Source : United Nations Yearbook of International Trade Statistics, 1977.

un rythme légèrement plus lent mais supérieur tout de m e m e à la moyenne mondiale (qui s'éta- blissait à 28,2 % en 1977 -1978). L e Brésil est en train de devenir le premier importateur de la ré- gion ;en 1978, il s'est classéau 16e rang de tous les pays du monde pour l'achat d'ordinateurs, avec un taux de croissance de ses importations de

43,3% ; le Mexique arrive à la 20e place, l'Ar- gentine à la 24e et le Venezuela à la 26e. Parmi les marchés d'importation en croissance parti- culièrement rapide figure la République populaire de Chine avec une expansion de 164% en 1977- 1978, et une importance dépassant les 21 mil- lions de dollars (voir le tableau 9 ci-dessous).

TABLEAU 9

MARCHES D'IMPORTATION D'ORDINATEUR EN E X P A N S I O N PARTICULIERE MENT RAPIDE

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

Irak

Chine

Arabie Saoudite

Hong Kong

Thailande

Mexique

Roumanie

Corée du Sud

Afrique du Sud

Brésil

219,7

164,5

105,3

61,9

59,l

50,6

49.7

48,9

48,l

43,3

47

21

80

180

21

161

25

96

167

194 ~~

Source : Datamation, janvier 1981.

C e développement des importations d'ordina- teurs pose_notamment les problèmes suivants : - le caractère fortement oligopolistique de la

production de matériel informatique rend les pays importateurs tributaires d'un très petit nombre de fournisseurs ; les pays importateurs ne disposent générale- ment pas des compétences spécialisées qui leur permettraient d'évaluer et d'intégrer la technologie informatique ;

-

- c'est souvent une technologie dépassée quiest vendue aux pays importateurs ; - les ventes aux pays importateurs prennent fréquemment la forme de marchés globaux dans lesquels la valeur du matériel tend à diminuer et les dépenses afférentes aux logi- ciels augmentent. Quatrièmement, la part des pays en dévelop-

pement dans les ventes de machines de bureau, de matériel de télécommunication et de semi-

56

Page 53: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

conducteurs aux pays de l'OCDE s'est accrue à un rythme rapide ces dernières annéesIl.

loppement dans les importations des pays de l'OCDE est passée de 3,570 à 18,7 % en ce qui concerne le matériel de télécommunication et de 2,2 % à 29 % pour les composants électro- niques. Néanmoins, il convient de noter que ces importations provenaient surtout d'un nombre limité de pays très étroitement spécialisés dans des productions précises. E n outre, ces produc- tions ré sulk ien t surtout d t inve s t is se m e n t s é t ran - gers. L e surcroît de matériel électronique acheté à des pays en développement par les pays de l'OCDE, entre 1970 et 1976, provenait pour plus de 90% de huit pays : le Mexique, le Brésil, la Malaisie, l'Inde, Singapour, la Corée du Sud, Taïwan et Hong Kong.

Cette évolution reflète la structure générale des investissements étrangers directs, lesquels tendent à s'orienter (pour 70 70 environ) vers un certain nombre de pays (une quinzaine), sélec- tionnés en raison de leur stabilité politique, des incitations économiques qu'ils offrent (privilèges fiscaux, importance du marché intérieur et fai- blesse des salaires) et des avantages linguistiques qu'ils présentent (les pays anglophones ont mani- festement la préférence). 1970-1976, six pays (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour, Mexique et Brésil) ont fourni près de 70 70 du total des exportations de produits manufacturés des pays en développement.

L a majeure partie des importations d'électro- nique des membres de l'OCDE provenait de pays spécialisés dans des produits précis : téléviseurs pour Taïwan, composants électroniques pour la Corée et mécanismes de commutation pour le Mexique. quée par les sociétés transnationales qui, lors- qu'elles investissent à l'étranger, choisissent de le faire dans des opérations de production pré- cises'(iso1ées) ne demandant pas de main-d'oeuvre qualifiée, n'exigeant que peu d'investissements en capital fixe et de nature telle que le trans- port des produits intermédiaires entre le s,iège social et les usines implantées outre-mer soit d'un coût modéré. L a participation des pays en développement à la fabrication de matériel élec- tronique, en particulier, se limite à une phase d'une activité caractérisée par son intégration verticale et la centralisation des décisions.

des courants bien précis. L e Mexique, Taïwan

Entre 1965 et 1977, la part des pays en déve-

Pendant la période

Cela reflète bien la stratégie appli-

Les importations se font dans l'ensemble selon

et Hong Kong ont fourni plus de 50% des impor- tations des Etats-Unis ; Hong Kong, Taïwan et Singapour, près de 70 % de celles de la CEE ; la Corée, Taïwanet Singapourquelque 80 %de celles du Japon. Ces courants reflètent ceux des inves- tissements directs à l'étranger. Près de 80 % des importations des Etats-Unis provenant des huit pays cités sont en fait liés à des transac- tions internes aux sociétés/2,

Les exportations de ces pays à bas salaire résultent le plus souvent des investissements des gros fabricants trans nationaux d ' électronique dans les opérations de production et de montage de leurs filiales à l'étranger. autre manifestation de la structure générale des échanges internationaux, dont 30 % environ sont liés à des transactions internes des sociétés transnationale s.

points suivants : -

C'est là une

E n conclusion, il convient de souligner les

dans une branche du commerce mondial qui est actuellement en expansion et dont l'im- portance ne cesse de croftre, la part des pays en développement est minime et s'est à peine accrue ces dernières années ; dans les cas où les exportations de pays en développement ont augmenté, cet accroisse - ment découle essentiellement d'investisse- ments étrangers effectués par des sociétés transnationales ; il est probable que la pro- duction et les exportations d'équipement de télécommunication et de composants électro- niques des pays en développement resteront pendant de nombreuses années encore domi- nées par les gros constructeurs transnatio- naux de matériel électronique ; dans la mesure où ils importent davantage de technologie de pointe en matière de communi- cation, les pays en développement deviennent plus tribu taire s de s pays industrial is és .

-

-

I. "The role of information good and services in international trade", document établi pour le Groupe de travail de l'OCDE sur les poli- tiques de l'information, de l'informatique et des communications, Paris, mai 1979, p. 36-41.

2. P. A. Blesch, "Developing Countries Exports of Electronics and Electrical Engineering Products", rapport établi pour la Banque mondiale, Washington, 1978.

57

Page 54: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

Chapitre 3

Quel devenir ?

3. 1 Les (mauvaises) interprétations du nouvel ordre

L e cadre général de l'ordre économique interna- tional, tel qu'il est apparu après la Deuxième Guerre mondiale, a été conçu lors des conférences de Bretton Woods de 1943-1944, réunies dans le N e w Hampshire, aux Etats-Unis d'Amérique. Ces conférences ont, sans participation notable des pays en développement, jeté les bases d'ins- titutions telles que le Fonds monétaire interna- tional, la Banque mondiale et le GATT. Ces ins- titutions ont offert aux pays en développement un modèle de croissance dans lequel leur expansion serait intimement liée à la structure coloniale existante métropole -satellite. voyait dans les nations en développement un type de croissance industrielle nettement orienté vers les marchés métropolitains. la croissance de ces derniers entramerait une augmentation considérable de la demande des biens produits dans les pays en développement. Bon nombre de ceux-ci avaient une infrastructure industrielle très faible mais, en exploitant l'avan- tage comparatif de coûts salariaux peu élevés, il devait &tre possible de créer une industrie à forte proportion de main-d'oeuvre qui leur per- mettrait de participer dans une certaine mesure au commerce international de biens manufacturés.

A u lieu d'encourager les pays destinataires A mettre en place leur propre infrastructure finan- cière et technologique, on créerait cette nouvelle industrie à l'aide dlimportants transferts finan- ciers et technologiques des métropoles, en utili- sant particulièrement la structure économique naissante des entreprises transnationales. Les pays indus trie lle m e nt moins développés se raie nt ainsi mieux intégrés à l'économie mondiale et l'accroissement de l'emploi suscité par cette nouvelle industrialisation entrainerait tout au moins une augmentation du revenu national et, pensait-on, une répartition plus équitable de ce re ve nu.

Après la Deuxième Guerre mondiale et enpar- ticulier depuis 1965, un grand nombre de pays en développement ont effectivement connu un pro- cessus d'industrialisation, mais celui-ci est tel qu'il les rend extremement tributaires des mar- chés des riches pays industriels. Cette production

C e modèle pré-

O n supposait que

vouée à l'exportation est généralement devenue partie intégrante de la structure industrielle verticale des sociétés transnationales.

Toutefois, ce modèle n'a pas produit l'amé- lioration attendue dans la situation économique des pays en développement. Pendant les années 1960, alors que les économies de marché des métropoles connais sa ie n t une croissance sans précédent, le retard économique des pays pla- cés dans une situation d'industrialisation dépen- dante s'accentua et les efforts déployés au niveau international en faveur du développement, annon- cés à grand bruit par des programmes tels que la première Décennie des Nations Unies pour le développement, rencontrèrent un échec quasi total. I1 en résulta une sérieuse contestation de la validité d'un modèle qui restait essentiel- lement fondé sur une structure "coloniale", et ses hypothèses fondamentales firent l'objet d'at- taques croissantes de la part des dirigeants politiques et des économistes traditionnels. A la fin des années 1960 et surtout au début des années 1970, cette mise en question suscita la proposition d'autres modèles de développement fondés sur les notions de "besoins essentiels", d'"autosuffisante'' et de "nouvel ordre écono- mique international".

tion de l'ordre économique international est le fait que les pays en développement se voient toujours dévolu une part siminime du commerce mondial et à des conditions si défavorables que le déséquilibre économique, déjà grave, ne cesse de s'accentuer. Entre 1964 et 1979, la part des pays en développement dans le total mondial des exportations n'a augmenté que de 22,2 70 à 25,l 70. Dans la plupart des cas, leur capacité d'augmen- ter leur contribution à la production industrielle mondiale reste faible. L a diversification des produits exportés est insuffisante et le commerce se limite trop essentiellement à des relations bilatérales. L e système d'échange est fondé sur des rapports de force entre partenaires de puis- sance inégale, ce qui aggrave la position des plus faibles. E n outre, les pays développés dressent un nombre croissant de barrières pro- tectrices contre les importations en provenance des pays en développement. Enfin, le commerce international est intimement lié à la division

L a principale justification d'une restructura-

59

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internationale du travail. Le système mondial actuel d'échanges commerciaux n'offre aucune perspective réelle de voir s'instaurer une répar- tition plus juste et mieux équilibrée des res- sources matérielles et humaines dans la produc- tio n indus t rielle.

valu, dans un développement du Tiers Monde venant à son heure, à la suite d'une intégration plus complète dans la division internationale du travail et dans les systèmes actuels d'échanges commerciaux, de transfert de technologie, d'as- sistance technique, etc., et notamment d'aide dans le domaine de l'information et de la com- munication, s'est révélée être erronée. Prenant conscience de ce fait, les pays en développement, conduits par ceux qui adhèrent à la politique du non-alignement, ont avancé l'idée d'un nouvel ordre économique international. L'instauration d'un tel ordre, exprimé sous sa forme la plus simple, a géneralement été comprise comme un processus mis en oeuvre par l'adoption de me- sures réfléchies qui finiront par transformer "les règles du jeu pour permettre l'avènement d'une coopération internationale dans laquelle les pays en développement ne se verraient plus tenus d'orienter leur activité économique principale- ment en fonction des intérets des pays dévelop- pés et seraient en mesure, davantage que par le passé, d'orienter leur activité économique en fonction de leur propre intérCt"/l. Cela sup- pose une organisation des relations économiques internationales telle qu'il soit possible à tous les pays de développer leur propre système éco- nomique de manière autonome en exerçant leur souveraineté intégrale sur leurs ressources, et de jouer pleinement et efficacement leur rôle de membres indépendants de la communauté inter- nationale. Au sens large, le nouvel ordre signi- fie l'établissement d'un système économique in- ternational réunissant des pays de systèmes socio-économiques différents dans la recherche d'une solution aux problèmes économiques mon- diaux les plus urgents, dans l'intéret de tous les pays et de tous les peuples ; il signifie également le choix et la mise au point de méthodes d'action internationale dans lesquelles les affrontements feront place au dialogue, à la négociation et à la conclusion d'accords. Ce nouvel ordre est donc le premier programme économique interna- tional qui ait explicitement pour but d'introduire de grands changements structurels qui, selon certains, entraîneraient aussi des changements dans les normes et les valeurs, les règles et les pratiques ainsi que dans les institutions in- vesties du pouvoir de décision/2, alors que, pour d'autres, sa portée resterait plus limitée/3.

Tels ont été les objectifs qui ont inspiré les documents initiaux des pays non alignés et de grandes instances internationales. Toutefois, au cours des années 1970, des nuances impor- tantes (pour ne pas dire plus) sont apparues dans les débats et la conception du nouvelordre économique international a subi certaines modi- fications, m e m e chez les partisans de l'idée ini- tiale. Les principales différences ont trait à la portée, à la dynamique ainsi qu'à l'ordre de

E n bref, la croyance. qui a longtemps pré-

priorité des changements qu'il convient d'appor- ter aux cadres structurels (institutionnels) en place et peuvent se ramener à la question sui- vante : "le nouvel ordre économique internatio- nal est-fi un processus réformiste ou révolu- tionnaire ?", lorsqu'il s'agit de son essence, et à la question "par l'affrontement ou par la coo- pération ? '' (avec les pays développés) lorsqu'on pense aux moyens de le mettre en oeuvre. L'im- portance de ces modifications réside essentiel- lement pour la présente étude dans le fait qu'elles paraissent correspondre au changement fonda- mental qui s'est produit au cours du débat sur un nouvel ordre international-mondial de l'in- formation et de la communication, lorsque le terme initial d'ordre "international" a été rem- placé par celui d'ordre "mondial". donc efforcé de définir la corrélation possible entre ces changements et ce qu'il pourrait en résulter pour l'avenir des nobles aspirations incarnées dans l'idée initiale d'instaurer de nouvelles relations entre les pays et les peuples du monde. Etant donné la complexité de la question et la difficulté d'en suivre toute l'évo- lution à la lumière d'une masse considérable de documents, on étudiera le r61e des sociétés transnationales, ce qui permettra de mieux com- prendre les courants qui sous-tendent les débats, tant dans le domaine du nouvel ordre économique international que dans celui de l'information et de la communication.

Une analyse critique rigoureuse des princi- paux documents relatifs au nouvel ordre écono- mique international (Déclaration et Programme d'action) concernant l'instauration d'un nouvel ordre économique international adoptés en mai 1974 lors de la sixième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies,

1. Contribution de l'Unesco à l'instauration d'un

O n s'est

nouvel ordre économique international : Rap- port du Directeur général, doc. 21 C/l2, Paris, 3 septembre 1980, p. 3.

op. cit., p. 2-12.

ceci.: "Le mot 'ordre' peut revêtir trois signi- fications assez différentes, selon qu'il est envisagé comme un type d'organisation, comme une structure juridique ou comme un système de valeurs". Voir p. 23-27. Notre interpré- tation du nouvel ordre économique internatio- nal est qu'il vise à mettre en place un nouveau système de valeurs fondé sur une nouvelle vi- sion de la signification et des résultats des activités économiques, c'est-à-dire des objec- tifs du système et des moyens de sa mise en oeuvre. A cet égard, comme l'a fait remar- quer Tomislav Popovi6, il est évident qu'il convient de réévaluer bon nombre des réalisa- tions actuelles et futures des sociétés techno- cratiques et de consommation. Voir Tomislav Popovii!, "The Basic Assumptions Underlying the New International Economic Order", Inter- national Problems (Numéro spécial sur le nouvel ordre économique international, 1976- 1977), Belgrade, p. 51.

2. Jan Pronk, Observations sur la relation . . . , 3. Dans Le monde en devenir, op. cit., on lit

60

Page 56: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

Charte des droits et devoirs économiques des Etats adoptée en décembre 1974 à la vingt-neu- vième session de l'Assemblée générale et Réso- lution sur le développement et la coopération économique internationale adoptée en septembre 1975 à la septième session extraordinaire de l'Assemblée générale des Nations Unies/l, c o m m e celle qui a été faite par Karl P. Sauvant, amène à observer qu'étant donné "la philosophie fonda- mentale du nouvel ordre économique international et, en particulier, le r61e qui est assigné aux sociétés transnationales, ce n'est pas un ordre économique mondial nouveau et plus équitable qui est ainsi créé, c'est au contraire l'ancien ordre international sous de nouveaux atours et conforté par la bénédiction des pays en développement"/2. Commentant cette idée, l'auteur insiste sur le fait que cela ne signifie pas que les mesures prises dans le cadre du programme relatif au nouvel ordre soient mauvaises ou inutiles (en fait, elles sont certainement nécessaires pour remédier à des problèmes immédiats et urgents auxquels se heurte le Tiers Monde), mais il est douteux que cette approche puisse entrainer les changements structurels que ce programme s'est fixé c o m m e objectif. L'auteur est parvenu à cette conclusion à la suite d'un examen lucide des principes fondamentaux du nouvel ordre éco- nomique international, qui dénonce en particulier la tendance dominante à voir dans les sociétés transnationales le principal facteur - voire l'épine dorsale - de l'économie mondiale ~ontemporaine/~. des sociétés transnationales selon le programme relatif au nouvel ordre a considérablement évolué entre l'adoption des deux premiers documents de base (en 1974) et celle du troisième, à la fin de 1975. C o m m e l'a dit Sauvant, "l'attitude mitigée où une demande pressante en faveur du contrôle des sociétés transnationales se trouve quelque peu compensée par l'encouragement de leurs opé- rations, a fait place à une attitude d'indifférence bienveillante, ponctuée par un recours à leurs services"/4. E n fait, la résolution qui a été adoptée à la septième session extraordinaire (en 1975) "ne contient pas une seule référence aux sociétés transnationales - et cela après deux an- nées de discussions soutenues (et critiques) sur leurs activités au sein des Nations Unies qui ont abouti, à la fin de 1974, à la décision de créer une Commission des Nations Unies sur les socié- tés transnationales et un Centre des Nations Unies sur les sociétés transnationales/S. E n outre, la nécessité de contrôler les sociétés trans- nationales ou d'appliquer un code de conduite n'est pas mentionnée. M & m e parmi les pays en déve- loppement et dans le cadre du mouvement despays non alignés, malgré leur conscience et leurs m o - tivations politiques, l'accord ne put se faire sur un texte qui fixerait des directives aux sociétés t ransnat ionaie s / 6.

Essayant d'expliquer cela, Sauvant analyse l'importance de deux grands facteurs qui pour- raient &tre à l'origine de l'évolution survenue de- puis les déclarations initiales du début des années 1970. U n de ces facteurs est la récession mon- diale de 1974-1975 et ses effets sur les pays en

D'après cette analyse, la conception du rôle

développement et leur pouvoir de négociation, ce qui peut &tre un phénomène temporaire, alors que l'autre "a un caractère fondamental et met en cause la philosophie qui sous-tend le pro- g r a m m e relatif au nouvel ordre économique in- ternational et, par voie de conséquence, la défi- nition du r61e des sociétés transnationales"/7. Nous laisserons de côté le premier facteur, qui présente moins d'intéret pour le thème de la présente étude ; en revanche, ses observations sur le second facteur nous semblent particuliè- rement pertinentes.

Selon Sauvant, la principale caractéristique du modèle de développement qui sert de base au programme relatif au nouvel ordre économique . .. -.

Résolutions 3201 (S-VI) et 3202 (S-VI), adop- 1.

2.

3.

4. 5. 6.

7.

tées le ler mai 1974 ; résolution 3281 (XXIX), adoptée le 12 décembre 1974 ; et résolution 3362 (S-VII), adoptée le 16 septembre 1975. Karl P. Sauvant, "The Role of Transnational Enterprises in the Establishment of t h e N E 0 : A Critical View", dans Jorge Lozoya et Rosa- rio Green (dir. publ. ), International Trade, Industrialization and the N e w International Economic Order, Elmsford, Pergamon, 1981, p. 141. L'attitude de la plupart des pays développés à l'égard des sociétés transnationales s'ex- prime dans les documents de la Commission trilatérale. Leur vision de l'économie mon- diale est, en fait, celle d'un système de so- ciétés transnationales. - Ibid., p. 110. - Ibid., p. 112. Ainsi que Sauvant le fait remarquer, "cette approche n'est pas, comme'on pourrait @tre tenté de le croire, le compromis auquel ont abouti des négociations serrées engagées lors de la session. A u contraire, le document de négociation de base établi par le Groupe des 77 pour la septième session extraordinaire con- tient un paragraphe presque identique à celui qui a été finalement adopté et il ne fait pas davantage allusion à la question du contrbld'. Le paragraphe proposé par le Groupe des 77 est le suivant : "Les pays développés devraient, chaque fois que cela est possible, encourager leurs entreprises à participer à des projets d'investissement dans le cadre des plans et programmes de développement des pays en dé- veloppement qui le souhaitent et à faire en sorte que ces activités soient menées confor- mément aux lois et règlements en vigueur dans les pays en développement intéressés. 'I L e paragraphe adopté à la septième session ex- traordinaire est le suivant : "Les pays déve- loppés devraient, chaque fois que cela estpos- sible, encourager leurs- entreprises &participer à des projets d'investissement dans le cadre des plans et programmes de développement des pays en développement qui le souhaitent ; cette participation devrait se faire conformément aux lois et règlements en vigueur dans les pays en développement intéressés. " Voir K. P. Sau- vant, op. cit., p. 112 et 160. - Ibid., p. 112.

61

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international est "que son cadre de référence est l'économie mondiale et le marché mondial. L'in- tégration des pays du Tiers Monde dans l'écono- mie mondiale et leur orientation vers le marché mondial doivent normalement déclencher - et ensuite soutenir - le processus de développement.. . Dans ce modèle, le libre accès aux marchésdes pays développés et l'élimination des obstacles au commerce, tels que les pratiques commerciales restrictives et les barrières tarifaires et non ta- rifaires, ont donc une importance décisive. E n fait, l'essentiel du programme commercial du nouvel ordre économique international consiste en une série de propositions visant à atteindre exactement ces buts. Idéalement, les pays en développement souhaiteraient établir une zone de libre-échange à sens uniquej'/l.

Les incidences de cette politique d'intégration s'étendent aussi à la nature des capacités de pro- duction à mettre en place, ce qui soulève la question primordiale de la technologie et de son transfert des pays développés vers les pays en développement. production "doit en outre tenir compte de la ré- partition existante des facteurs de production et des conditions dans lesquelles ils peuvent étre utilisés (disponibilité des capitaux et des compé- tences, soutien du gouvernement aux activités de R-D ; existence de marchés amples et c o m - plexes ; diversité des économies externes ;per- ception du climat de l'investissement et du risque politique, etc. 1. Dans le contexte Nord-Sud, cela signifie que la production dans le Tiers Monde (à l'exclusion des matières premières) tend à nécessiter une main-d'oeuvre importante et peu de technologie. Les procédés industriels et les branches d'activité qui présentent ces ca- ractéristiques sont donc encouragés à se déve- lopper ou à se redéployer dans le Tiers Monde''/2, Cette analyse, dont le paragraphe cité n'est qu'une partie, permet à Sauvant de faire observer que "l'objectif n'est pas tant une division internatio- nale du travail 'nouvelle' que 'plus nette', une di- vision quine soit pas déformée par les obstacles administratifs ou par des considérations d'oppor- tunité politique. U n "système de consultations" (voir la Déclaration et le Plan d'action de Lima concernant le développement et la coopération in- dustriels adoptés par la deuxième Conférence générale de 1'ONUDI. à Lima (12-26 mars 1975). et la section IV, paragraphe 3, de la résolution de la septième session extraordinaire) qui doit faciliter la réalisation de cet objectif constitue donc un élément essentiel de la section relative à l'industrialisation du programme concernant le nouvel ordre économique international. dispositions prises pour la-coopération industrielle et l'encouragement de la participation des socié- tés transnationales en sont les conséquences lo-

L a création de capacités de

giques. sultant de ces processus n'est pas une division

L a division internationale du travail ré-

horizontale, c'est-à-dire une division où un groupe de pays se spécialisent dans une série d'industries et un autre groupe dans une série d'industries comparables. sion verticale qui sépare les procédés industriels (la chafne de montage en est un exemple type) et

C'est plutôt une divi-

les industries en fonction de leur degré de nor- malisation attribuant les plus complexes (y c o m - pris les activités de R-D) aux pays développés. L a principale orientation des liaisons qui inter- viennent dans cette division du travail, et dans le système économique international dont elle fait partie, est telle que les pays développés fournissent les modèles de consommation, la technologie, les compétences, le capital, etc. , aux pays en développement qui, à leur tour, créent des équipements de production pour ali- menter les marchés du Nord"/3. Cette analyse (effectuée correctement du point de vue de la méthodologie et sur la base d'une masse de con- naissances) nous ramène au point de départ de ce chapitre, dans lequel il a été souligné que l'objectif fondamental du nouvel ordre écono- mique international, selon les documents initiaux- étaitun changement radical des règles en vigueur dans les relations internationales afin que les pays en développement puissent orienter leur activité économique en fonction de leurs propres besoins et de leurs propres intérets, et non en fonction des intéréts des pays développés. Le principal objectif du nouvel ordre économique international a-t-il été vraiment affadi au point qu'il n'est plus reconnaissable dans les docu- ments les plus récents des grandes instances internationales ?

croire qu'elle l'est - il est nécessaire d'exami- ner encore plus avant les principaux (flatteurs qui interviennent dans les relations internatio- nale s actuelles.

Cela nous ramène aux questions concernant l'information et la communication, qui doivent maintenant @tre considérées en fonction du rôle des sociétés transnationales, ce qu'on entend par "gouvernement'' et de l'importance de ces questions pour le nouvel ordre économique inter- national ; enfin, cela devrait nous aider à déter- miner le degré et la nature de la corrélation entre les aspects d'un nouvel ordre relatifs à l'économie d'une part, à l'information et à la cow-munication d'autre part, ainsi que l'importance de l'autosuffisance des pays en développement.

Si la réponse est affirmative - et tout porte à

3.2 L a dialectique relative au nouvel ordre international et au nouvel ordre mondial - de. l'information et de la communication

L e chapitre précédent avait essentiellement pour but de montrer l'importance des divers modes d'information et de communication - ils vont des médias en tant qu'instruments d'information générale et. d'action sur l'opinion publique (y compris leur role c o m m e moyen de publicité, de création de stéréotypes féminins, etc. ) jusqu'aux formes actuelles plus élaborées telles que la té- lédétection par satellite et les flux de données transnationaux par ordinateur - pour le renforce - ment de l'autosuffisance individuelle et collective des pays en développement, qui a été reconnue

i. Ibid., p. 126;

3. Ibid., p. 128.

- 2. Ibid,, p. 127.

7

62

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c o m m e l'un des principes fondamentaux du nou- vel ordre économique international. Si l'on exa- mine les différents aspects à prendre en compte, on s'aperçoit que la question des sociétés trans- nationales est pratiquement omniprésente. Puis- qu'il s'agit à l'évidence d'un problème clé dans la conceptualisation du nouvel ordre économique in te rna t ional, il convient d 'a nalys er brieve ment la part prise par ces sociétés dans les phéno- mènes et les processus relatifs à l'information et à la communication. 1. Les nouvelles technologies de l'information

et de la communication, telles que la télé- informatique, les télécommunications, les sa- tellites de communication, etc., présentent de toute évidence une importance capitale pour les sociétés transnationales ; elles ont été produites par ce système et, à leur tour, elles contribuent à son maintien et à sa croissance. Nous n'ajou- terons qu'un seul exemple à ceux qui ont déjà été mentionnés dans les chapitres précédents. Par- lant du "food power", le pouvoir alimentaire, M o h a m m e d Bedjaoui déclare que m e m e les m é - canismes de régulation mis en place dans ce do- maine, et en particulier le respectable Conseil international du blé siégeant ?i Londres, n'ont pu éroder les positions dominantes des cinq grandes compagnies internationales (transnationales), Cargill, Bunge, Continental Grain, Louis Drey- fus et la Cook Industries - qui, dit-il, par de simples télex terrorisent la planète en maîtrisant la loi classique de la confrontation de l'offre et de la demande sur les places boursières des cé- réales de Chicago, de Winnipeg, de Sydney et de Londres. Grâce aux nouvelles technologies de l'information et de la communication, il est en- core plus facile à ces géants d'&tre parfaitement informés, bien avant les autres, de l'état des récoltes dans le monde, de l'évolution de la si- tuation dans chaque pays, des besoins alimen- taires de tous . . . ce qui leur permet de fixer les prix du marché mondial et de détenir ainsi l'une des plus terribles formes de pouvoir. Citant Bertolt Brecht, Bedjaoui rappelle que "les fa- mines ne surviennent pas. par le commerce du grain"/l. ajouter immédiatement que cela n'a rien à voir avec aucune sorte de "théorie du complot'' (qui est en fait trop simpliste pour mériter qu'on s'y arrete) ; mais cela implique une logique profonde, qui est la conséquence de la lutte du capital pour sa survie et qui l'oblige à recourir à n'importe quel moyen ; cette logique fonctionne également en ce qui concerne l'utilisation des moyens d'informa- tion et de communication et leur développement. 2. L e rôle des sociétés transnationales dans les

médias a, jusqu'à présent, fait l'objet d'une très grande attention. Celle-ci a surtout porté sur les agences de presse transnationales (AP, AFP, UPI, Reuters et Tass), les agences de films d'actualités, l'industrie cinématographique, l'édition, l'industrie du disque et la publicité transnationale/2. des approches adoptées par les chercheurs à l'égard de ces questions, l'idée généralement admise que les sociétés transnationales sont pro- fondément engagées dans chacune de ces sphères

Elles sont organisées Cependant, iifaut

Quelles que soient les limites

et y ont de gros intérets est amplement confir- m é e par les données et les déclarations émanant des sociétés transnationales elles-mêmes. Outre qu'ils permettent d'influencer l'opinion publique (par la sélection des nouvelles, leur présenta- tion, etc. ), les médias sont également reconnus par les sociétés transnationales c o m m e d'impor- tants moyens d'influer, pratiquement dans le monde entier, sur les modèles de consommation, ouvrant ainsi la voie à la création de marchés généralement énormes (y compris ceux qui con- cernent le matériel d'information et de c o m m u - ni~ation)/~, et de s'assurer une main-d'oeuvre peu coûteuse et sure qui voit dans les implan- tations locales des sociétés transnationales et de leurs filiales un moyen d'accès à la "vie m o - derne" présentée par les médias.

Cela est particulièrement vrai dans le cas de la publicité. L'expansion 21 l'étranger des agences de publicité des Etats-Unis, par exemple, est directement liée à l'expansion globale du pays dans les domaines de la fabrication de produits manufacturés, du montage, de l'exploitation minière et des activités agricoles.' Dans leur étude de la publicité transnationale, Janus et Roncagliolo laissent entendre que les facteurs ci-après sont des éléments fondamentaux de ce processus de transnationalisation : (1) des taux de croissance supérieurs en dehors du marché

1. M o h a m m e d Bedjaoui, op. cit., p. 40. 2. Outre les ouvrages déjà mentionnés, voir

également Tapio Varis, ''The Mass Media T N C s : A n Overall Review of their Operations and of Control Options", Cooperation and Conflict (Nordic Journal of International Poli- tics), No. 4, Aarhus, 1978 ; Fernando Reyes Matta, "La evolución histórica de las agen- cias transnacionales de noticias hacia la do- minación". L a información en el nuevo orden internacional, ILET, Mexico, 1977 ; Thomas H. Guback, The International Film Industry, Indiana University Press, 1969 ; Noreen Janus et Rafael Ronca gliolo , "Advertising, Mass Media and Dependency", Development Dialogue, No. 1, Uppsala, 1979 ;AllanAshbolt, nMass Media: Structure, Functioning and Control". Essavs in the Political Economv of Australian Capitalism, (Vol. i), Austra- lia-New Zealand Book Co., 1975.

3. Meheroo Jussawalla déclare que, malgré les risques que présente la communication par ordinateur et par satellite, "les pays les moins avancés sont prets à utiliser les tech- niques informatiques, les banques de données et leur propre système de communications par satellite. D u point de vue économique, ils constituent le plus gros marché pour la circulation des données et le matériel cqr- respondant. 'I Voir : Meheroo Jussawalla, Bridging Global Barriers (Two N e w Interna- tional Orders: N E O , NWIO, Papers of the East-West Communication Institute, no 19, Honolulu 1981, p. 9.

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intérieur, (2) des marges bénéficiaires supé- rieures en dehors du marché intérieur, (3) la force d'attraction des marchés locaux, (4) l'éta- lement des risques financiers/l. C o m m e le dé- clare un représentant d'ITI, "en tant que société multinationale ayant des filiales dans, des pays tous les stades de développement industriel et technologique, nous ressentons plus que jamais la nécessité d'une publicité bien comprisel'/z. E n effet, la publicité se caractérise par une croissance rapide. Dans la plupart des pays in- dustrialisés, les dépenses qui lui sont consacrées n'ont cessé d'augmenter depuis 1976 et dépassent de plus en plus la croissance des produits inté- rieurs bruts. E n 1977, les dépenses mondiales de publicité étaient de 70 milliards de dollars et, en 1979, elles atteignaient 96,8 milliards de dol- lars/3. Certains observateurs prévoient qu'elles atteindront 125 milliards de dollars en 1985/4. Les effets de ce phénomène sur les systèmes de valeurs des pays en développement ont été examinés dans un certain nombre d'études intéressante^/^. 3. Quoique l'influence exercée par les sociétés

transnationales sur les diverses formes d'édu- cation et les différents niveaux d'enseignement grâce aux moyens d'information et de communi- cation ( c o m m e on l'a fait observer précédem- ment) n'ait pas autant retenu l'attention, notam- ment dans la perspective d'une analyse plus appro- fondie des incidences à long terme pour les pays en développement, il y a tout lieu de croire que les sociétés transnationales ont réussi à s'intro- duire dans les grands domaines qui sont direc- tement ou indirectement liés aux différents niveaux d'enseignement et de formation. Outre qu'elles organisent très activement des programmes de formation pour leurs propres besoins, elles participent à de nombreux programmes nationaux et m e m e subventionnés par l'Etat, surtout dans des domaines hautement spécialisés (tels que la formation en informatique). D e plus, elles c o m - mencent à être intimement liées à l'industrie de l'édition, les fabricants de matériel électronique ayant absorbé la plupart des grandes maisons d'édition, en particulier celles qui produisent des manuels scolaires et d'autres matériels éducatifs, I1 conviendrait d'évaluer les effets de ces ten- dances en fonction de l'engagement général des sociétés transnationales dans le domaine de l'in- formation et de la communication, c'est-à-dire du rôle qu'elles jouent dans les branches de l'in- formatique et des télécommunications et dans d'autres secteurs, tels que la publicité et les médias en général. "Le noeud du débat sur les nouveaux ordres mondiaux", c o m m e l'a fait ob- server Meheroo Jussawalla, "réside dans le fait que l'émergence des pays en développement cons- titue un véritable tour de force dans un système international dynamique"/6. E n outre, la ques- tion cruciale qui se pose est celle-ci : comment organiser les puissants moyens d'information et de communication au service de l'ensemble de la population de chaque pays et non de certains groupes sociaux seulement, que ce soient des sociétés privées à but lucratif (nationales ou transnationales), des bureaucraties d'E tat (géné- ralement dotées de leur appareil technocratique)

ou UIE quelconque "élite". Tous les documents cités concernant un nouvel ordre font ressortir une demande fondamentale : le développement de la démocratie, de la participation publique au processus de décision et du contrôle public dans tous les secteurs importants de la vie éco- nomique, socio-politique et culturelle. Afin de rattacher cela à ce qui a déjà été dit plus haut, c'est-à-dire à l'importance évidemment capi- tale de l'ensemble du complexe information- communication pour les puissances industrielles, et en particulier pour les sociétés transnatio- nales, ainsi qu'aux tendances qui sont apparues dans le débat sur le nouvel ordre économique in- ternational concernant le rôle des sociétés trans- nationales, il convient de formuler plusieurs o bse rva t ions. 1. L e développement économique - de m ê m e que

le développement en général - a toujours été intimement lié au potentiel d'information et de communication d'une société, eu égard, c o m m e l'a dit Antonio Pasquali, "à l'interdépendance naturelle (reconnue de tout temps, quels que soient les termes utilisés pour la qualifier) de la communication et de la communauté en tant que modes interchangeables fondamentaux de la relation dans sa dimension anthropologique"/7.

aussi dans le fait que "la réalisation du poten- tiel social de l'homme a toujours dépendu de sa capacité de communication avec ses semblables et des forces humaines qui ont eu effectivement la maîtrise des moyens"/8, demeure l'essence des débats sur le développement et sur le rôle des moyens d'information et de communication,

Cette interdépendance naturelle, qui s'exerce

1. N. Janus et R. Roncagliolo, "A survey of the Transnational Structure of the Mass Media and Advertising", rapport pour le Centre des Nations Unies sur les sociétés transnationales, Mexique, juillet 1978, p. 126.

2. HaroldS. Geneen, cité dans HerbertI. Schiller, "Communication accompanies capital flows", Communication 47 pour la Commission inter- nationale d'étude des problèmes de la c o m m u - nication, Unesco, Paris, 1979, p. 3.

3. Advertising Age, 24 mars 1980. 4. M c Cann Erickson, Annual Report 1975. 5. Krishna Kumar, The Social and Cultural Im-

pacts of TransnationalEnterprises, University of Sydney, Transnational Corporation Research Project (Working Paper no 6), 1979 ; Karl p. Sauvant et Bernard Mennins, "Socio-Cul- tura1 Investments within the International Po- litical Economy of North-South Relations : The Role of Transnational Enterprises", c o m - munication présentée au deuxième Colloque de l'Association française pour l'étude du Tiers Monde sur "L'information et le Tiers Monde", Dijon, 1979 ; Meheroo Jussawalla, "Communication Technology Trans fer (Impact on Economic Development)", Telecommuni- cations Policy, décembre 1980.

6. Meheroo Jussawalla, op. cit., p. 5. 7. Antonio Pasquali, op. cit., p. 16. 8. Ibid., p. 14. -

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m e m e si ces derniers, devenus extremement élaborés et capables de conférer un pouvoir ex- traordinaire à ceux (des groupes humains) qui les utilisent, sont fréquemment présentés c o m m e une sorte de "produit autonome, indépendant, capable de créer de nouvelles sociétés ou condi- tions humaines sous l'effet de quelque processus d'évolution spontané, irréversible"/l. L e noeud du présent débat sur le nouvel ordre économique international et sur un nouvel ordre de l'infor- mation et de la communication reste donc cette question fondamentale : Qui (c'est-à-dire quels groupes sociaux particuliers) décide de la m a - nière dont les moyens d'information et de c o m - munication seront utilisés dans une société et - globalement - à quelle fin ? Tout le reste, y compris les questions qui ont plus directement trait aux relations entre, d'une part, le dévelop- pement économique et, d'autre part, le dévelop- pement et l'utilisation des techniques de l'infor- mation et de la communication découle de cette question fondamen tale. 2. E n dépit de ce qui précède - ou plutôt à cause

de ce qui précède - il faut reconnaftre que la quantité et la qualité des moyens d'information et de communication qui existent actuellement et la vitesse avec laquelle ils se sont développés etont pénétré toutes les sphères de l'activité humaine, en particulier dans les pays industriels, ont en- gendré des pouvoirs d'une étendue sans précé- dent, qui sont une source à la fois d'espoir et de crainte pour le progrès humain, pour la réali- sation de l'égalité et de la justice et pour une plus grande participation démocratique dans le monde entier. L'information et la communica- tion sont devenues de grands facteurs de dévelop- pement/2 (et sont peu à peu reconnues c o m m e telles) qui s'expriment sous de multiples formes. (Dans la présente étude, on s'est efforcé d'indi- quer celles qui ont plus directement trait au dé- veloppement économique. ) Ainsi, dans le cas des transactions commerciales, dont l'informa- tion et la communication ont toujours fait partie intégrante, les progrès récents de la technologie ont provoqué d'importants changements quantita- tifs et qualitatifs : le volume de l'information nécessaire à ces transactions a considérablement augmenté, à tel point que seule une intelligence électronique peut y faire face. C o m m e le montre le chapitre précédent, cela est dû à l'expansion du commerce international, aux investissements étrangers directs et aux institutions en jeu, c'est- à-dire à la transnationalisation des activités in- dustrielles et financières qui a entrain6 la créa- tion de vastes et complexes institutions dotées de modèles structurels et de plans stratégiques qui impliquent de nouveaux besoins en matière d'in- formation et de communication. E n ce qui con- cerne les changements qualitatifs, il faut souligner que l'information est passée du rôle de facteur auxiliaire important à celui de facteur essentiel. C o m m e on l'a vu précédemment, le traitement de l'information était autrefois nécessaire pour exé- cuter des activités industrielles et agricoles, mais, avec le développement de l'automatisation, il devient une activité en soi. O n le voit dans le cas de l'application des microprocesseurs, de l'utilisation de robots, etc.

3. Cet environnement d'information et de c o m -

tionné a en fait été créé par d'importantes entre- prises, en particulier les sociétés transnationales, et constitue un de leurs principaux instruments de pouvoir. C o m m e on l'a indiqué, les socié- tés transnationales sont devenues sur le plan de l'économie aussi bien intérieure qu'internatio- nale, les principaux répartiteurs des ressources naturelles, humaines, financières et scientifiques. L a répartition qu'elles assurent est étroitement liée à leur capacité d'accéder à des masses de données, de transformer ces données en infor- mation fonctionnelle et de mettre en application les connaissances ainsi acquises. Face à cet immense pouvoir (dont les points faibles n'ont pas encore été totalement définis), les pays en développe m e nt connaisse nt de nouvelles for m e s - c'est-à-dire des formes supplémentaires - de dépendance qui s'insinuent sous le couvert de l'information, de la communication et de la cul- ture, mais qui ont en fait un caractère écono- mique et politique. 4. Les efforts déployés, en réaction contre cet

état de choses, pour établir un nouvel ordre économique international et de nouvelles rela- tions en matière d'information et de communi- cation semblent particulièrement prometteurs pour ce qui est de renforcer l'autosuffisance in- dividuelle et collective des pays en développe- ment. Cette politique a pour but d'accroître les capacités d'autonomie en ce qui concerne l'éta- blissement d'objectifs, la prise de décisions et leur application dans tous les domaines d'une société en développement. Cela implique la m o - bilisation et l'utilisation des ressources maté- rielles et humaines de la communauté et une plus grande coopération entre pays en développement, aux niveaux bilatéral, sous-régional, régional et interrégional, appliquée à l'exploitation de ces ressources dans les affaires d'intéret c o m - m u n et à la création d'un nouveau cadre éthique qui souligne l'importance de l'amélioration de communication (en tant que relations, échanges d'informations) plutôt que $6 communications (en tant que technologies)/3. E n bref, si les pays en développement veulent assurer leur au- tonomie dans le domaine de l'information et de la communication, ils doivent (a) revoir leur conception du r61e de la communication dans les processus de développement ; (b) réorgani- ser les systèmes d'information nationaux dans

munication complexe et extremement perfec-

~I

1. .Voir l'excellente analyse critique d'A. Pasquali sur les tendances qui se manifestent chez les sDécialistes de la communication dans l'ou- vrage déjà cité, ainsi que dans Comprender la comunicaci6n, Caracas, Monte Avila Edito- res, 1978.

w a g e déjà cité, ainsi que dans Comprender la Comunicaci6n, Caracas, Monte Avila Edito- res, 1978.

2. O n trouvera des aperçus intéressants sur cette question dans L e défi mondial, de Jean- Jacques Servan -Sehre ibe r, Paris, F a yard, 1980. (en particulier dans la troisième partie)..

3. Voir Hamid Mowlana, "Communication, World Order and the H u m a n Potential: Toward an Ethical Framework'' (ronéotypé), Washington, D. C., The American University, 1982.

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le sens d'une décentralisation des communica- tions et d'une plus large participation de tous les groupes sociaux ; (c) établir, au niveau régional, de nouvelles formes de coopération et d'échange d'information (générale et spécialisée) ; (d) a m é - liorer toutes les activités de soutien (développe- ment de l'infrastructure, de la formation, etc. ).

Toutefois, il est important de reconnaftre en m ê m e temps que l'inégalité qui se manifeste ac- tuellement au niveau mondial dans le domaine de l'information et de la communication, confirmée par des phénomènes tels que les flux de données transnationaux/l et la télédétection pas satellite est un des facteurs cruciaux qui empêchent les pays en développement de parvenir à l'autosuffi- sance. C o m m e on l'a déjà fait observer, celle- ci-implique la capacité de gérer son propre dé- veloppement, c'est-à-dire de prendre de façon autonome les décisions relatives à l'allocation des ressources. U n développement indépendant entrafhe de nouveaux besoins en matière d'infor- mation auxquels ne répondent pas (et probable- ment ne peuvent répondre) les flux de données transnationaux actuels, qui sont orientés vers les besoins des sociétés transnationales et ne fournissent pas aux pays en développement l'in- formation essentielle correspondant & leurs be- soins et à leurs priorités. 5. Compte tenu de ce qui précède, on constate

actuellement des signes prometteurs d'une plus grande volonté de la part des pays en développe- ment de coopérer entre eux dans les domaines économique et technique. Cette coopération peut renforcer, au niveau local, les capacités de dé- veloppement autonome et susciter les conditions d'un pouvoir de négociation collectif. D e 1970 à 1979, la part du commerce entre pays en déve- loppement dans le commerce mondial total est passée de 3,5 70 à 6,170. Alors qu'entre 1955 et 1970 le taux moyen de croissance annuelle des flux commerciaux entre les pays en développe- ment était de 6,6 %, ce qui était bien au-dessous des taux de croissance des autres flux commer- ciaux dans le monde, depuis 1971 le tauxde crois- sance annuelle est de 28%. L e commerce des produits manufacturés a connu un accroissement particulièrement rapide : en 1978, sa part dans le commerce total entre pays en développement était de 52,7 %, contre un peu plus de 25 % en 1960 et 42 % en 1970/2. facturés semblent avoir une forte chance de se substituer aux importations des pays industriels. I1 s'agit notamment de produits pour lesquels les pays en développement se trouvent dotés d'un po- te nt iel industriel croissant, te ls que l ' électronique de consommation (récepteurs de radio et de télé- vision), le s composants électronique s (transis tors) et le matériel de télécommunication.

I1 y a toutefois de sérieux obstacles à surmon- ter pour renforcer cette coopération horizontale, notamment les liens résiduels entre les métro- poles et leurs satellites qui influent sur la direc- tion du commerce international, notamment en raison des systèmes préférentiels offerts par les économies de marché métropolitaines et des di- verses conditions qui assortissent les programmes d'aide.

Certains produits manu-

Les insuffisances des infrastructures de

transport et de communication dans les pays en développement constituent un autre obstacle. Les problèmes éternels concernant la balance des paiements et l'obtention de crédits à long terme ajoutent à ces difficultés. U n grand nombre de pays en développement n'ont pas une politique commerciale propre à développer la coopération entre eux et des taxes protectionnistes exorbi- tantes sont imposées sur les produits venant d'autres pays en développement. 6. Des politiques commerciales mieux adaptées

devraient être. étayées par des politiques plus adéquates en matière de technologie, notamment en ce qui concerne les techniques avancées dela communication. L'état actuel de l'élaboration et de la mise en oeuvre des politiques dans le domaine de la téléinformatique, par exemple, laisse beaucoup à désirer. L a plupart des pays en développement s'efforcent davantage de se doter de matériel que de former des informati- ciens. L'accès à l'indépendance industrielle na- tionale ou régionale, la création d'entreprises publiques dans le domaine du traitement des données ou le contrôle des firmes étrangères suscitent généralement peu d'intéret.

E n outre, la plupart des pays en développe- ment ne disposent guère de moyens de procéder à la prospective technologique. signe l'ensemble du processus d'évaluation, de distribution, d'application et de production des connaissances techniques. L a constitution d'une capacité de prospective technologique est un be- soin urgent qui exige des programmes de forma- tion nationaux et régionaux, le partage entre pays en développement des ressources et des ré- sultats en matière de formation et un soutien international suffisant sous forme de ressources matérielles et intellectuelles.

Pour devenir opérationnelle et fonctionnelle, la prospective technologique a besoin du soutien structurel de politiques nationales mises en oeuvre et contr6lées par des institutions compé- tentes. Ces politiques devraient regrouper des domaines autrefois distincts tels que la planifi- cation de la technologie d'une manière générale, l'informatique, les télécommunications, les médias et la législation sur la propriété indus- trielle. Elles devraient définir les besoins et les priorités en matière d'information et modu- ler l'application des techniques avancées de la communication en fonction des ressources dis- ponibles. projections relatives aux effets secondaires de l'introduction de ces techniques et stimuler le

C e terme dé-

Elles devraient en outre faire des

1. .Pour plus de renseignements voir Transna- tional corporations and transborder data flows, document technique, Centre des Nations Unies sur les sociétés transnationales, N e w York. doc. ST/CTC/23.

commerce, voir Le commerce entre pays en 2. Pour plus de détail sur ces statistiques du

développement par grands groupes de laCTCI et par régions, CNUCED, TD/B/C. 7/21, Genève, 20 septembre 1978, et TD/G/C. 7/45, 21 mai 1981.

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transfert de l'information technique entre les pays ayant atteint des stades de développement technologique comparable s. 7. L'élaboration de politiques nationales appro-

priées de l'information et de la communica- tion est en fait un défi majeur aux conceptions admises jusqu'à présent de l'information et de la communication en tant que droit exclusif soit de l'entreprise privée (et de la "presse libre"), soit de la bureaucratie d'Etat (généralement as- similée au "gouvernement"). Une grande partie du débat sur un nouvel ordre de l'information et de la communication (quelle que soit la termi- nologie utilisée) a tourné autour ce cette dicho- tomie, témoignant d'un manque considérable d'imagination dans l'élaboration de nouvelles formes de gouvernement qui dépasseraient ces formes classiques (lesquelles montrent toutes deux les signes indéniables d'une crise profonde) et permettraient plus de démocratie dans les af- faires tant intérieures qu'extérieures. L e nouvel ordre a été entendu c o m m e ayant aussi sa dimen- sion sociale interne. C o m m e l'a dit B. Osolnik, "un de ses principaux objectifs serait de faire en sorte que le progrès technique serve à satis- faire les besoins de l'homme au lieu de devenir l'instrument de son aliénation et de son asser- vissement. L e problème se pose en ces termes non seulement dans les pays en développement, mais aussi dans le monde industrialisé, où, en fait, il se présente parfois sous une forme par- ticulièrement aiguë/l. Et, ne l'oublions pas, il existe dans les pays capitalistes aussi bien que dans les pays socialistes à bureaucratie d'Etat.

Créer un nouvel ordre ne devait donc pas si- gnifier seulement créer "un système de l'infor- mation et de la communication plus efficace et plus équilibré'' qui ne serait qu'une amélioration du système actuel au sens technique et technolo- gique, mais plut6t établir essentiellement be nouveaux types de relations aux niveaux national et international, en considération des possibili- tés historiques qu'offrent les moyens d'informa- tion et de communication (tant modernes que tra- ditionnels, dûment combinés dans le cadre de nouveaux schémas structurels). I1 s'agit de créer une nouvelle qualité et non pas seulement de nouvelles formes. Les critères permettant d'évaluer cette nouvelle qualité doivent s'inspirer de la nécessité, de plus en plus largement re- connue dans le monde entier, d'une démocrati- sation (et, par là, de structures de communica- tion plus démocratiques) au niveau tant national qu'international. C o m m e l'ont déclaré F. Garcïa Márquez et J. Somavia dans le rapport de la Commission MacBride, "Des structures plus dé- mocratiques de la communication constituent une exigence nationale et internationale pour les peuples partout dans le monde. Promouvoir l'ac- cès, la participation, la décentralisation, la ges- tion ouverte et l'éclatement du pouvoir concentré dans les mains des intéréts commerciaux ou bu- reaucratiques est un impératif universel. Ceci est d'une importance particulièrement cruciale pour les pays du Tiers Monde dominés par des régimes minoritaires répressifs"/2. Si ilon se si- tue dans la perspective du nouvel ordre économique

international, démocratiser les structures ac- tuelles de la communication aux niveaux national et international signifie donner au plus grand nombre d'individus possible accès A une informa- tion tant générale que spécialisée, particulière- ment utile du point de vue économique et politique. L a détention de cette information est au plus haut point un instrument, une source et une m a - nifestation du pouvoir social, en particulier du pouvoir de manipuler les individus et les groupes ainsi que l'opinion publique nationale et mon- diale/3. L e renforcement des réseaux de c o m - munication horizontaux contrebalance les struc- tures verticales hiérarchiques) prédominantes/4. 8. Toutefois, cette nouvelle qualité ne saurait

@tre que le résultat de changements complexes intervenant simultanément dans le domaine de l'économie et dans celui de l'information et de la communication, tout en engageant toutes les autres sphères de l'activité humaine. L'idée de créer un nouvel ordre économique international et un nouvel ordre international de l'informa- tion et de la communication, telle qu'elle s'ex- primait initialement dans les principaux docu- ments des pays en développement (en particulier les pays non alignés), avait précisément pour but de tels changements fondamentaux, la démo- cratisation (interne et externe) étant considérée c o m m e le processus clé. Quelles qu'aient pu être les raisons à l'origine du changement de la terminologie employée précédemment dans le cas de l'ordre de l'information et de lacom- munication, qui s'adressait clairement aux na- tions c o m m e étant le principal sujet intervenant dans les relations internationales et qui enoutre constituait un lien évident avec la demande d'un nouvel ordre économique, il n'en demeure pas moins qu'on ne peut:instaurer l'un de ces deux ordres sans instaurer l'autre également, ou plus exactement, qu'un ordre véritablement nouveau ne pourra etre créé que par une action concer- tée dans les deux domaines. C'est d'autant plus vrai que les deux ordres sont devenus interdé- pendants, non seulement au niveau conceptuel,

1. BÖgdan Osolnik, "The Objectives and Prin- cides of a N e w International Order in the Field of Information", Review of International Affairs, Vol. 30, no 711, 1979, p. 13.

2. Voix multiples, U n seul monde, op. cit., p. 347.

3. L a démocratisation de la communication a été définie dans Voix multiples, U n seul monde c o m m e le processus par lequel "(a) l'individu devient-un partenaire actif et non un simple objet de la communication : (b) la variété des messages échangés augmente ; (c) le degré et la qualité de la représentation sociale dans la communication ou de la participation sont augmentés': p. 207.

4. Voir Robert A. White, "Priorities for National Communication Policy in the Third World'' (ronéotypé ; à paraître dans Information So- ciety), Centre for the Study of Communication

~

and Culture, Londres, 1982.

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Page 63: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

mais, de plus en plus, dans la pratique. Leurs points de convergence les plus significatifs sont les cinq points ci-après.

Tec hnolo gie de 1 ' information

Aujourd'hui, les technologies avancées de l'infor- mation et de la communication sont non seule- ment les moyens clés de véhiculer et de traiter l'information. mais aussi, et de plus en plus, des technologies capitales dans le développement économique. Elles fournissent une infrastructure indispensable à tous les processus de production industriels. Elles sont aussi "synergétiques", c'est-à-dire qu'elles suscitent une croissance dans beaucoup d'autres industries. Elles créent une infrastructure complexe autour de leurs pro- duits et de leurs services, c o m m e l'industrie automobile l'a déjà fait au cours du siècle actuel.

Res sources finencières et information-communication

Les deux ressources capitales des deux ordres - l'argent et l'information - sont de plus en plus intimement liées. Tout d'abord, il y a les con- vergences techniques qui sont à l'origine du transfert numérique de tous les types d'informa- tion. Les flux d'argent et les flux d'information aboutissent aux flux de données numériques. existe également une interdépendance financière, en ce sens que les fournisseurs d'information ont besoin d'un financement toujours plus considé- rable et que les grandes banques transnationales deviennent leurs principaux bailleurs de fonds.

I1

C o m m e r c e et information

C o m m e on l'a vu précédemment, le commerce international des produits et des services dans le domaine de l'information et de la communication est devenu un facteur essentiel ducommerce mon- dial. Pour 1980, le marché mondial de l'infor- mation et de la communication peut être estimé à environ 350 milliards de dollars des Etats- Unis, soit 18 % du commerce mondial total.

D ivis io n in te rna t io nale du travail

L a nécessité d'apporter des changements impor- tants dans la division actuelle du travail constitue un élément décisif de l'action menée pour renou- veler les structures économiques. Dans ce con- texte, il a été prévu, selon la thèse des avantages comparatifs, que le Nord, qui a l'avantage du sa- voir, prendrait la tête dans le domaine des tech- niques de pointe, telles que les techniques nu- cléaires, spatiales et celles du traitement des données, alors que le Sud, avec ses bas salaires,

l'emporterait dans la production industrielle à forte proportion de main-d'oeuvre. O n a déjà prévu sur cette base que la part des pays en dé- veloppement dans la production industrielle mon- diale serait de 25 %. Toutefois, cet avantage des bas salaires pour les pays en développement se trouve de plus en plus compromis par le niveau de productivité plus élevé atteint dans les pays industrialisés grace à l'application de la micro- électronique. A cause de l'automatisation, le coût de la main-d'oeuvre devient un facteur moins important par rapport aux investissements dans un matériel perfectionné et une gestion au plus haut niveau.

Certains signes montrent déjà que les indus- tries qui auraient pu, selon toute attente, se déplacer vers le Sud ont de fortes chances de rester au Nord. L'industrie de l'électronique, largement engagée dans des opérations "off- shore", semble prévoir de nouvelles générations d'usines dans le Nord par suite des techniques d 'au toma tisa tion.

Transfert de technologie

Les propositions visant à l'instauration d'un nouvel ordre économique international font une large place à la nécessité d'établir des condi- tions plus équitables de transfert de technologie. L e transfert de technologie est, par essence, un transfert d'information. La technologie, c'est en effet de l'information représentée par des modèles, des diagrammes, des plans et des formules, concrétisée dans des études, des pro- grammes de formation et,du matériel, et trans- férée au moyen de ventes et de l'octroi de li- cences et par l'intermédiaire d'experts techniques. L e transfert de technologie n'est au fond rien d'autre qu'une transmission d'information et, en tant que tel, il est tributaire de la technologie qui fournit les mécanismes appropriés : la techno- logie de l'information. Le volume et la structure du transfert de technologie sont intrinsèquement liés à la présence et à la qualité des infrastruc- tures de l'information. L e développement de la technologie dans son ensemble dépend également de s infrastructures qui facilitent 1 ' innovation technologique par l'échange des données, leur traitement à distance, les exercices de simula- tion et l'établissement de réseaux de distribution pour l'organisation de recherches en commun.

E n conclusion, il se peut donc que toute ten- tative faite pour distinguer les deux ordres dans leur essence aboutisse à un changement, mais ce ne sera pas le type de changement considéré dans la présente étude c o m m e la concrétisation de ces hautes aspirations qui devraient ouvrir la voie à un monde meilleur pour toutes les nations et pour tous les peuples.

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HONGRIE: Akadémiai Könyvesbolr. Vàci u. 22, BUDAPEST V. A.K.V. Könyvrárosok Boltja. Népközrársaság utja 16. BUDAPEST VI.

INDE: Orienr Longman Ltd.. Kamani Marg. Ballard Estare. BOMBAY 400038; 17 Chittaranjan Avenue, CALCUITA 13; 36 A Anna Salai. Mount Road, MADRAS 2; B-317 Asaf Ali Road. NEW DELHI 1; 80/1 MahatmaGandhiRaad. BANGALORE 560001; 3.5. 820 Hyderguda, HYDERABAD 5OOW1. Sour-de;bóts: Oxford Book and Srarionery Co.: 17 Park Strcer, CALCVTTA 70W16; Scindia House. NEW DELHI 110001: Publications Section. Ministrv of Education and Social Wclfak. 511, C-Wing, Shastri Bhaian, NEW DELHI 11MM1.

INDONESIE: Bhraraci Publishers and Booksellers. 29 JI. Oto Iskan- dardinataIII, JAKARTA Indira. P.T.. JI. Dr. SamRaruiangi 37, JA- KARTA PUSAT.

IRAN: Commission nationale Lanienne pour l'Unesco. Seyed Jamal Eddin Assad Abadi ay.. 64rh Street, Bonyad Bdg.. B.P. 1533. TE. HERAN. Kharazmie Publishing and Distribution Co., 20 Vessal Shirazi Srreer. Enghélab Avenue, P.O. Bar 314/1486. TEHERAN.

IRIANDE: T h e Educational Company of Ireland Ltd., Ballymount Road. Walkinstown, DUBLIN 12. Tycooly International Publ. Ltd. 6 Crofton Terrace, Dun Laoghaire Co, DUBLIN.

ISLANDE: Snaebjörn Jonsson & Co. H F.. Hafnarstraeti 9. REYK. IAVIK

I S d L A.B.C. Bookstore Ltd.. P.O. Bor 1283. 71 Allenby Road.

ITALIE: UCOSA (Libreria Commissionaria Sansoni S.D.A.~. Via TELAVIV 61000.

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Lamarmora 41. carcila pusrdie 112, 50121 FIREMI

Puolication and Distribution P O Box 34-31 l'RIPOU JAMAHIKIYA ARABE LIBYENNE Agency for Devclopmcnr of

JAMAÏQUE: Sangster's Book Stores Ltd.. P.Ö,-&ox 366, 101 Warer Lane, KINGSTON. University of the West Indics Bookshop. Mona, KINGSTON

JAPON: Eastern Book Service Inc. Shuhwa Toranomon 3 Bldg, 23-6 Toranomon 3-chome. Minaro-ku. TOKYO 105.

JORDANIE: Jordan Distribution Agency. P.O.B. 375. AMMAN. KENYA: East African Publishing House. P.O. Box 30571, NAIRO-

K O W E T T The Kuwait Bookshop Ca. Ltd., P.O. Box 2942, K W A I T LESOTHO: Mazenod Book Cenrre. P.O. MAZENOD. LIBAN: Librairies Antoine. A. Naufal er Frères. B.P. 656. BEY-

LIBERIA: Cole & Yancy Bookshops Ltd.. P.O. Box 286. MONRD-

LIECHTENSTEIN: Eurocan Tmst Reg.. P.O. Box 5, SCHAAN LUXEMBOURG. Librairie Paul Bruck, 22. Grand-Rue, LUXEM-

BOURG. MADAGASCAR: Commission nationale de la République démo- crarique de Madagascar pour l'Unesco. B.P. 331, ANTANANAN vo.

MALAISIE: Federal Publications Sdn. Bhd., Lot 8238 Jalan 222, Pc- taling Jaya, SELANGOR. University of Malaya Co-operative Book- shop, KUALA LUMPUR 22-11.

MALAWI: Malawi Book Service. Head office. P.O. Box 30044, Chi- chiri, BLANTYRE 3

MALI: Librairie populaire du Mali. B.P. 28, BAMAKO MALTE: Sapienzas. 26 Republic Street. VAIIET~A. MAROC: Toutes /er pubíicaiionr: Librairie <Aux belles unagerr, 281. avenue Mohammed-V. RABAT (CCP 68-74). Librairie des écaler, 12 avenue Hassan II. CASABLANCA rLe Coumur leule- ment (pour /er enseignants): Commission nationale marocaine pour l'éducation, la science et la culture. 19, rue Oqba. B.P. 420, AGDALUBAT (CCP 324-35).

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Roum.

VIA.

MAURICE: Nalanda Co. Ltd.. 30 Bourbon Street, PORT.LOUIS. MAURITANIE: GRA.LI.CO.MA. 1, rue du Souk X. Avenue Ken- nedy, NOUAKCHOTl

MEXIQUE: SABSA, Insurgentes Sur, no 1032-401. MÉXICO 12, D.F. Librería .El Correo de la Unescor. Actipán 66. Colonia del Valle. MEXICO 12 D.F.

M O N A C O : British Library. 30, boulevard des Moulins. M O N E - CARLO.

MOZAMBIQUE.: Instituto Nacional do Livro e do Disco (INLD), avenida 24 deJulho. 1921. r/ c e l.'andar. MAPUTO.

NEPAL: Sajha Prakashan. Pokhowk. KATHMANDU. NICARAGUA: Librería Cultural Nicaragüense. calle 15 de

NIGER: Librairie Mauclerr. B.P. 068, NIAMEY. NIGERIA: The University Bookshop of Ife. The University Book- shop of Ibadan. P.O. Box 286. IBADAN. The Universiry Book- shoo of Nsukka. The Universitv Baokshoo ofLaeas. The Ahmadu

Septiembre y avenida Bolivar, apartado n" 807. MANAGUA

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Belîo.University Bookshop of Zaria. NORVEGE: Touter les publi~a6ionr: Johan Gmndt Tanum, Karl Johans Gate 41/43, OSLO 1. Universitets Bokhandelen. Universi- [erssentiet, P.O. Box 307, BLINDERN OSLO 3.

NOUVELLE-C@DONIE. Reprex SARL, B.P. 1572. NOUMÉA. NOUVELLE-ELANDE: Government Printing Office Bookshops:

Retail Bookshop, 25 Rutland Street. Mail Orders 81 Beach Road, Private Bag C.P.O., AUCKLAND; Rerail Ward Street. Mail Orders. P.O. Box 857. HAMILTON, Rerail Cubacade World Trade Centre. Mulgrave Srreet (Head Office). Mail Orders Private Bag, WEL- LINGTON: Retail 159 Hereford Street, Mad Orders Private Bag. CHRISTCHURCH: Retail Princes Strcct. Mail Orders P.O. Box 1104. DUNEDIN

O U G A N D A : Uganda Bookshop. P.O. Box 7145, KAMPALA PAKISTAN: Mirra Book Agency, 65 Shahrah Quaid-i-Azam. P.O.

PANAMA: Distribuidora Cultura Internacional. apartado 7571. Box 129, LAHORE 3

Zona 5, PANAMA

PARAGUAY: Agcncia de Diarios y Revistas. Sra. Nelly dc García Astillero. Pte. Franco n" 580, ASUNCION.

PAYS-BAS: Kecsing Baeken B.V.. Postbus 1118. 1000 BC AMSTER- DAM Pourierpeïzod+r reulement: D & N F A X O N BV. P.O. Box 197, 1000 A D AMSTERDAM.

PÉROU: Librería Srudium, Plaza Francia 1164, apartado 2139, LIMA.

PHIUPPINES: T h e Modern Book Co.. 922 Rizal Avenue. P.O. Box

POLOGNE: Ars Polona - Ruch. Krakowrkie Przedmiexie 7.00-068 632, MANILA 2800.

WARSZAWA. ORPAN-Import. Palac Kultury, 00-901 WARSZA- WA.

PORTO RICO: Librería *Alma Matern, Cabrera 867. Rio Piedras. PUERTO RICO W925.

PORTUGAL Dias & Andrade Ltda.. Livraria Fortugal. rila de Car- m o 70. LISBOA

Diab. rue du Parlement B.P. 704. DAMAS &PUBLIQUE ARABE SYRIENNE: Librairie Sayegh. Immeuble

RÉPUBUQUE DE COR& Korean National Commission for Unesco'P.0. BOK Centrai 64 SEOUI

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQbE AUEMANDE. Librairies intcr- nationales ou Buchhaus Leipzig. Postfach 140. 701 LEIPUG.

RÉPUBUQUE DOMINICAINE: Librería Blasco, avenida Bolívar no 402, esq. Hermanos Deligne. SANTO DOMINGO.

RÉPUBUQUE-UNIE D E TANZANIE: Dar es Salaam. Bookshop. P.O. Box 9030, DARESSALAAM.

RÉPUBLIQUE-UNIE DU CAMEROUN: Le secréraire général de la Commission narionale de la République-Unie du Cameroun pour l'Unesco. B.P. 16W, YAOUNDB. Librairie *Aux Messageries.. av. de la Liberté. B.P. 5921. DOUALA. Librairie -Aux Frèrcs réunisi, B.P. 5346, DOUALØ. Librairie des Editions Clé, B.P 1501. YAOUNDE. Librairie Saint-Paul. B.P. 763. YAOUNDÉ.

ROUMANIE: ILEXIM. Import-Export. 3 Calea 13 Decembrie. P.O. Box 1-136/1-137. BUCURESi1.

ROYAUME-UNI: H. M. Srationery Officer, 51 Nine Elms Lane. LONDON, S W 8 5DR. Government bookshops: London. Belfast. Birmingham. Bristol. Cardiff. Edinburgh, Manchester.

SENEGAL Librairie Clainfrique. B.P. 2005, DAKAR Librairie des Quatre venta, 91 rue Blanchot, B.P. 1020, D A W .

SEYCHELLES: New Service Lrd.. Kingsrate House, P.O. Box 131, MAHENatianal Bookshop. P.O. Box 48. MAHE

SIERRA LEONE: Fourah Bay. Njala Universiry and Sierra Leone Diocesan Bookshops, FREETOWN.

SINGAPOUR: Federal Publications (S) Pte Ltd. Times Jurong. 2 Jurong Port Road. SINGAPORE 2261

SOMALJE: Modern Book Shop and General, P.O. Box 951. MOGA. DISCIO

SOUDAN: AI Bashir Bookshop. P.O. Box 1118. KHARTOUM SRI LANKA: Lake House Bookshop. Sir Chittampalam Gardiner Mawata. P.O. Box 244. COLOMBO 2.

SUEDE: Touier /er publiuttonr: A/B C.E. Frirzes Kungl. Hovbok- handel, Regeringsgatan 12. Box 16356. S-10327 STOCKHOLM. .Le Courrier. Jeulement: Svenska Fi'-Förbundet, Skolgränd 2, Box 150 50. S-10465 STOCKHOLM(Postgiro 18 46 92). PourlespeXodi- quer reulement: Wenncrgren-Williams AB, Box 30004, S. 104 25 STOCKHOLM

SUISSE: Europa Verlag. Ramistrasse 5. 8024 ZORICH. Librairie Payot. à Genève, Lausanne, Bále. Berne, Vevey. Montreux, Neu- chátel et Zurich.

SURINAME: Suriname National Commission for Unesco, P.O. Box 2943. PARAMARIBO.

TCHAD: Librairie Abssounout, 24, av. Charles-de-Gaulle. B.P.

TCHÉCOSLOVAOUIE: S N ~ L hiena 51. PRAHA I /&boJition 388. NDJAMENA.

, . permonenre). fahranicni liter&% 11 Soukenicka, PRAHA 1. Pour /a Slouaquie seulement: Alfa Verlag. Publishers. Hurbanovo n m . 6, 893 31 BRATISLAVA

THAILANDE: Nihondh and Co. Ltd., 40-42 Charoen Kmng Road, Siyacg Phaya Sri. P.O. Box 402. BANGKOK. Suksapan Panit, Man- sion 9, Rajdamnern Avenue, BANGKOK. Suksit Siam Company, 1715 Rama IV Road. BANGKOK.

TOGO: Librairie évangélique. B.P. 378, LoMB; Librairie du Bon Pasteur, B.P. 1164. LOME: Librairie univcrritairc. B.P. 3481. LOMB

TRINITE-ET-TOBAGO: Narional Commission for Unesco, 18

TUNISIE: Société tunisienne de diffusion. 5, avenue de Carrhage.

TURQUIE: Haret Kitapevi A.C.. Istiklal Caddesi, no 469. Posta

Alexandra Srrect. Sr. Clair, TRINIDAD W.I.

TUNIS.

Kururu 219. Bevoelu. ISTANBUL URSS: Mcihd&&&a)a Kniga, MOSKVA G-200. URUGUAY: Edilyr Uruguaya. S.A.. Maldonada 1092, MONTEVI- DEO.

VENEZUELA: Librería del Este, avenida Francisco de Miranda, 52, Edificio Galipán, aparrado 60337. CARACAS DILAE C.A.. calle San Anronio entre ay. Lincoln y av. Casanova. edificio Hotel Royal, local 2, aparrado 50304. Sabana Grande. CARACAS.

YOUGOSLAVIE: Jugoslovenska Knjiga. Trg Republike >/E, P.O.B. 36, 11-001, BEOGPAD. Drzavna Zalazba Slovenije, Titova C.25, P.O.B. 50-1. 61.000 LJUBLJANA.

ZAÏRE: Librairie du CIDEP, B.P. 2307, KINSHASA I. Commission narionale zaïroise pour I'Unesco. Commissariat d'État chargé de l'éducation nationale. B.P. 32, KINSHASA.

ZAMBIE: National Educational Distriburion Co of Zambia Ltd. P.O. Box 2664, LUSAKA.

ZIMBABWE: Textbook Sales (PVT) Ltd. 68 Union Avenue, HAHARE.

Page 83: Le Nouvel ordre économique international: économie et ...

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