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N°11 Mai-juin 2002 IGN Reportage Reportage L ÉCOLOGIE PAR LES CARTES L ÉCOLOGIE PAR LES CARTES Conservatoire botanique national alpin IGN MAGAZINE IGN MAGAZINE IGN IGN Le monde de l’Institut Géographique National N°11 Mai-juin 2002 MAGAZINE Le monde de l’Institut Géographique National MAGAZINE Conservatoire botanique national alpin PARTENARIAT ET INNOVATION STBA, MURMUR PARTENARIAT ET INNOVATION STBA, MURMUR

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N°11 Mai-juin 2002

IGN

ReportageReportage

L’ÉCOLOGIE PARLES CARTES

L’ÉCOLOGIE PARLES CARTES

Conservatoire botanique national alpin

IGN

MAGA

ZINE

IGN

MAGA

ZINEIGNIGN Le monde de l’Institut Géographique National

N°11 Mai-juin 2002

MAGAZINELe monde de l’Institut Géographique NationalMAGAZINE

Conservatoire botanique national alpin

PARTENARIAT ET INNOVATIONSTBA, MURMUR

PARTENARIAT ET INNOVATIONSTBA, MURMUR

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Tend

ance

Agen

daRepèresRepères

e projet Unification des bases dedonnées (UBD) de l’IGN vise à ras-sembler les données permettant la

fabrication des produits BD TOPO ®, BDCARTO ®, GEOROUTE ® et BD Parcellaire ®

au sein d’une même base unifiée, et àmettre en route une mise à jour en continusimultanée de ces données. Cette baseunifiée a vocation à rester uniquementinterne.Des outils de mise en correspondanced’objets serviront à la construction de cettebase unifiée. La mise à jour se fera, d’unepart, par la saisie des évolutions du terrainà l’échelle la plus grande (i.e. BD TOPO ®)et, d’autre part, par leur propagation surles objets des bases aux échelles pluspetites (i.e. BD CARTO ®). De cette baseunifiée mise à jour, seront extraites les BDexternes, porteuses des mises à jour.

DES GAINS EN QUALITÉ

ET EN PRODUCTIVITÉ

Ce projet, dépendant du service de larecherche, a démarré en avril 2002, pourune durée de quatre ans, avec une équipeinitiale de trois personnes : Bruno Bordin,David Caudrelier et Frank Fuchs, le chefde projet. Ils travailleront en synergie avecd’autres équipes de l’IGN, qui progres-sent actuellement sur la définition d’unebase de collecte commune à BD TOPO ®,GEOROUTE ® et BD CARTO ®, ou sur lerapprochement des géométries de BDTOPO ® et de GEOROUTE ®.Ce qu’il faut attendre de tous ces travaux,c’est tout d’abord un gain en qualité pourl’utilisateur : gain de cohérence internede la BD TOPO ®, une meilleure cohé-rence entre les bases, l’interopérabilitéentre les produits. Ce sont des gains de pro-ductivité par une meilleure homogénéi-sation des processus de production et demise à jour.

L

> Le 7, arrivéedu P’tit tour à véloOrganisé par l’Union sportive del’enseignement du premier degré(Usep), en partenariat avec l’IGN.Convergence de deux bouclesayant mobilisé 22 000 enfants àtravers 39 départements.

> Du 25 mai au 22 septembre« Des bêtes et des hommes »À Rambouillet, sur les grilles du château. Exposition des photos d’animaux réalisées au Salon de l’agriculture par Yann Arthus-Bertrand.Carte IGN routière géante situant leslieux d’origine de ces animaux.

e 4 mai 2002, le satellite Spot 5 duCnes s’est brillamment envolé avec tousses capteurs (HRG, HRS) en emportant

ses passagers favoris, Végétation et Doris.Spot 5 est, de fait, le premier satellite d’unegénération qui intéressera au plus haut pointles cartographes de par ses performancesgéométriques (2,5 mètres de résolution au solaprès traitement avec le supermode ; une fau-chée de 120 kilomètres, une localisation bienplus efficace avec un nouvel instrument Doriset un senseur stellaire ; une stéréoscopie avant-arrière avec des images prises le même jour: presque une révolution).

DE BELLES IMAGES POUR

LES CARTOGRAPHES DU MONDE ENTIER

L’IGN, par son service de production IGN-Espace à Toulouse avec ses 71 agents, estcomplètement impliqué dans la recette en volde Spot 5 avec les équipes du Cnes, et plusspécifiquement dans les expertises géomé-

triques de tous ses nouveaux futurs produits(disponibles à partir de juillet) :– étalonnages et évaluation des performancesde qualité image au sein des équipes Cnes ;et à IGN Espace en propre :– équipement en points d’appui pour lesbesoins de l’étalonnage de la localisation ;– évaluation de la qualité de restitution alti-métrique (potentiel en production de MNT) ;– évaluation du potentiel planimétrique desdifférentes images (résolutions variées).L’IGN joue une fois de plus le rôle d’expertphotogrammétrique et cartographique auprèsdu Cnes, depuis la définition du satellite etde ses capteurs jusqu’à son exploitation.Les premiers résultats semblent confirmer lesattentes exprimées à la suite des expertisesréalisées par IGN-Espace dans le cadre duPPU (Programme préparatoire à l’utilisation)de Spot 5 en 2000. Rendez-vous en sep-tembre pour de bien belles images pour lescartographes du monde entier ! ■

SPOT 5 À L’IGN, EN PLEINE RECETTE EN VOL

PROJET UBDPROJET UBD

MAI

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SPOT 5 À L’IGN, EN PLEINE RECETTE EN VOL

IGN est totalement impliqué dans le succès de Spot 5. Les performances dece satellite intéresseront tout particulièrement les géographes. Rendez-vous en septembre !

MAI JUINJUIN> Le 4, lancement duCédérom Parisde la collection « Terredes villes », éd. Belin,réalisé en partenariatavec l’IGN, l’Iaurif,Spot Image et la BNF.

> Le 19, Expo d’artÀ l’espace IGN, 107, rueLa Boétie, 75008 Paris, présentation en avant-premièredes œuvres artistiques de Michel Guéranger réalisées à partir de photogra-phies aériennes de l’IGN.

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Libération

(27 mars)Galiléo : une boussolepour l’Europe« “Enfin, nous avons dit oui àGaliléo.”, Loyola de Palacio,la commissaire européenne chargée des Transports, n’apas caché son soulagement.En dépit des fortes pressionsde Washington […], la Grande-Bretagne et les Pays-Bas ontlevé leurs objections après un an de blocage. “Galiléo était un enjeu de souveraineté pour l’Union”, a relevé le ministre espagnolFrancisco Alvarez Cascos […].La question était : voulons-nous être de simples consom-mateurs du GPS américain ?“Nous avons répondu non” ,s’est-il réjoui. »Jean Quatremer.

« Malgré la qualité du projet etson équation économique plutôt avenante, il a bien faillifinir au panier. La diversitédes cultures politiques chez lesÉtats membres, en particulierla différence des cultures militaires, reste un lourd handicap. Mais une fois celui-ci surmonté, il se crée de factoune exigence supplémentairede cohérence. La démarche est bancale mais l’essentiel est qu’elle avance. »Gérard Dupuy.

PressePresse

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■ Les « découvertes régionales »– La vallée du Lot, du mont Lozère à la Garonne,(1 : 250 000). Des hauts plateaux du Gévaudan aux plainesd’Aquitaine, tout sur la navigation fluviale, les activités en eaux vives, mais aussi les randonnées, le cyclotourisme, le patrimoine culturel.– Cantal, activités nature (1 : 100 000). Renseignements sur lessentiers de randonnée, les itinéraires de cyclotourisme, de VTT ou équestres, lesparcours de pêche ou canoë-kayak, sites naturels d’escalade, ski, surf, para-pente, deltaplane… Au verso de nombreuses indications touristiques et sportives.(Prix indicatif 2002 : 5,35 €.)

■ Les « plein air »– Creuse, randonnée N° 5 : cantons de Guéret, Ahun, Saint-Sulpice-les-Champs, Pontarion (1 : 50 000). Les points fortssont les itinéraires fléchés de randonnée pédestre et de VTT.

– Val de Lorraine : 500 kilomètres de sentiers de randonnéesentre Pont-à-Mousson, Liverdun et Nomeny (1 : 40 000).Carte « spéciale randonnée pédestre » avec les héberge-ments, les sites remarquables, le patrimoine culturel, les acti-vités équestres et nautiques. Au verso, 26 circuits détaillés.(Prix indicatif 2002 : 7,95 €.)

LA TERRE ÉCRITE

e tout temps, lesgéomètres ontaménagé la surface

de la Terre pour y implanterdes villes, des réseaux, desparcellaires, des frontières.Cette écriture traverse lessiècles. Voici, vu du ciel, un lexique en images de ces formes qui nouspermettent de comprendrele fonctionnement desespaces de la planète. De la vue cavalière à laphoto satellitaire, ces formessont d’abord l’expressionmatérielle des fonctions liéesà l’organisation sociale deshommes. Ainsi la Terre a-t-elle accumulé des signes,qui, superposés et partielle-ment effacés, forment lepalimpseste* que nousrévèle cet ouvrage dePhilippe Pinchemel et PierreClergeot et auquel ontparticipé Daniel Menet et le service photographique de l’IGN.Éd. Publi-Topex, 40, avenue Hoche,75008 Paris. 17,69 €.

D

LIVRE NOUVEAUTÉSAvec les beaux jours, revoici les activités de plein air.

NOUVEAUTÉSLIVRE

LA TERRE ÉCRITE

www.scot-sa.com

application «e-cité» de la sociététoulousaine Scot, partenaire del’IGN, a reçu le Géo d’Or dans

la catégorie « Mieux communiquer avecle public », décerné par un jury de jour-nalistes de la presse spécialisée et grandpublic,lors du salon Géoévénement 2002.

UN SERVEUR WEB DÉDIÉ

AUX COMMUNES

«e-cité» offre, aux communes et agglo-mérations souhaitant gérer et diffuserl’information relative à leur territoire,un serveur Internet dédié et sécurisé.La donnée territoriale s’organise autourd’une base cartographique intégrantles données IGN au 1 : 25 000 ; desphotos aériennes, des plans de villes,ainsi que des données cadastrales digi-

talisées. Elle peut également intégrerle POS, les différents zonages admi-nistratifs ou environnementaux de lacommune, voire des zonages extra-communaux (découpages scolaires,contraintes architecturales) et les dif-férents réseaux.

L’

De gauche à droite, H. Joannes (Scot), J. Poulit (IGN) et L. Fiorio (Scot).

> Du 1er juillet au 30 sept.« La Terre et le Rhône vus du ciel »Devant la préfecture et l’hôtel du département du Rhône, exposition des photos aériennes de Yann Arthus-Bertrand localisées sur deuxcartes IGN géantes.

JUILLETJUILLET> Le 26, de 9 h à 17 h, Forum technique GPS. À l’ENSG deMarne-la-Vallée. Le forum comprend deuxparties :un cycle de 4 conférences surdes applications ; une exposition des der-nières innovations en matière de GPS,accompagnée de démonstrations sur lesite. Entrée libre.

> Du 2 au 6, « École d’été »Détermination du champ de gravité terrestre par les nouvelles missions spatiales, à l’ENSG-Forcalquier, en collaboration avec le GRGS, le Cnes et l’observatoire de la Côte d’Azur.

SEPTEMBRESEPTEMBRE> Du 5 juillet au 30 septembre,exposition cartographiqueà Goult (Vaucluse). Elle estorganisée par l’IGN, lePNR du Luberon et la citédes sciences de la Villette.

GÉO D’OR 2002GÉO D’OR 2002

*Parchemin manuscrit dont l’écriture a été effacée de manière à le réutiliser.

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ReportageReportage

L’ÉCOLOGIE PAR

LES CARTESL’ÉCOLOGIE PAR

LES CARTES

Le Conservatoire botanique national alpin de Gap-Charance

ans un de ses derniers ouvrages (1), Jean-Marie Pelt (2) lance ce cri d’alarme : « Lerythme naturel d’extinction des espècesvégétales est évalué à une tous les vingt-sept ans, hors intervention humaine.Aujourd’hui, chaque jour en voit disparaître

cinq pour les forêts tropicales. À ce rythme, plus de 20% des espèces peuplant la planète pourraient dispa-raître d’ici à 2050. » Tout récemment (3), l’astrophysicienHubert Reeves ajoute : « En réalité, nous sommes uneespèce parmi tant d’autres et, de surcroît, face à l’ap-pauvrissement de la biodiversité dont nous sommes res-ponsables, nous mériterions, plus que toute autre, le nomd’espèce nuisible. » Cet appauvrissement des écosys-tèmes, cette érosion génétique qu’ont provoqués les évo-lutions irréversibles de nos sociétés ont fini par déclen-cher une prise de conscience du danger et la créationde structures pour y remédier. Le Conservatoire bota-nique national alpin de Gap-Charance est l’une d’entreelles. IGN Magazine a demandé à Jean-Pierre Dalmas,directeur de l’établissement, de cerner les enjeux, d’énu-mérer le détail des missions du CBNA et de décrire saméthodologie de travail, qui repose, pour une bonnepart, sur la cartographie.

UNE DOUBLE MISSION D’INVENTAIRE

ET DE CONSERVATION DU PATRIMOINE

Le Conservatoire est un établissement public, agréé parle ministère de l’Environnement. Il a pour mission d’éta-blir, dans un premier temps, l’inventaire des espècesvégétales et de leur habitat sur l’ensemble des départe-ments qui relèvent de sa compétence. Dans un deuxièmetemps, il doit prendre les mesures adéquates pour conser-

DAU SEIN D’UN MONDE OÙ FAUNE ET FLORE

SE DÉGRADENT, DES ÉTABLISSEMENTS TEL

LE CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL

ALPIN DE GAP ŒUVRENT À LEUR PRÉSERVATION.

ILS SONT, PAR EXCELLENCE, SELON LE BOTANISTE

JEAN-MARIE PELT, LES « GARDIENS DU TEMPLE ».

Réunion, dans le cadre du programme international Interreg.

Image de fond : doronic à grandes fleurs, sur unéboulis siliceux. Habitat d’intérêt communautaire.

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Le Conservatoire assure lacommunication institution-nelle liée à ses activités, ainsique les actions de formationorganisées pour les professionnels et les publicsspécialisés. Les opérationsscolaires et grand publicsont déléguées au servicemunicipal d’animationdépendant de la ville de Gap.Ses missions essentiellesrelèvent des domaines suivants :• visites guidées ;• salles d’exposition ;• stages de taille et greffage ;• activités pédagogiques ;• salons et expositions ;• conférences et colloques ;• formation scientifique et

technique ;• présentation de collections

et de banque culturale ;• publication de documents

et de films… ;• relations avec la presse.

STRUCTURE ET MISSIONS DU CBNA

ver ce patrimoine, soit sur place (in situ) lorsque la choseest possible, soit en le délocalisant (ex situ) si les cir-constances l’imposent. L’espèce est alors réintroduite ausein d’un habitat propice à son développement durable(voir encadré page 6-7). Le Conservatoire entretient desrelations très étroites avec les espaces protégés, tels lesparcs nationaux ou régionaux, et avec l’ONF. Certainsdépartements ont également mis en place une politiqued’achat des espaces naturels sensibles. À cela s’ajou-tent des zones à l’intérieur desquelles la France s’en-gage à maintenir certains paysages végétaux en l’état,dans le cadre de la directive européenne Natura 2000(voir encadré p. 6). Jean-Pierre Dalmas :

Natura 2000 n’est pas un règlement à

l’intérieur duquel les mesures seraient impo-

sées. C’est une directive dont la transposi-

tion dans le droit français fixe un objectif et

des obligations de résultat. La démarche est

contractuelle, sur un périmètre d’éligibilité,

avec des aides de l’Union européenne pour

réaliser des objectifs de conservation et de

gestion de la biodiversité compatibles avec

un développement durable.

Dans le cadre de cette démarche, la France

n’est pas à la pointe. Toutefois, la Région

Paca et, tout particulièrement, les deux dépar-

tements des Hautes-Alpes et des Alpes-

Maritimes contribuent à relever la moyenne

nationale, puisque environ 25 % de leur sur-

face y est inscrite. C’est considérable, car

lorsqu’une législation se met en place sur le

quart d’un pays, il ne s’agit plus de la consti-

tution d’une réserve mais de gestion de l’amé-

nagement de son territoire. Parmi ces zones,

certaines représentent le cœur de la straté-

gie de développement économique d’un

département. Ainsi, a été classé tout le réseau

steppique des fonds de vallées de la Durance,

de l’Argentière jusqu’à Embrun, où l’on est

confronté à de l’agriculture, de l’urbanisme,

des transports, etc. Dans le cadre de tels pro-

jets, nous sommes consultés en tant qu’ex-

perts, de plus en plus souvent en amont. Le

Conservatoire réalise un « porté à connais-

sance » auprès des collectivités locales, des

administrations, des établissements publics

intervenant dans l’aménagement et la ges-

tion du territoire ; il est soumis au droit de

réserve lors des expertises. Nous travaillons

avec l’EDF, avec les gens qui font des auto-

routes ou le TGV… Nous ne sommes pas là

pour bloquer un projet, mais toute atteinte à

une espèce protégée est un délit. Nous avons

pour mission d’évaluer et de proposer des

mesures de gestion appropriées pour empê-

cher la disparition de l’espèce. Si des impé-

ratifs socio-économiques prioritaires ou tech-

niques rendent la chose impossible, notre

tâche consiste à prendre des mesures conser-

vatoires ex situ et à réintroduire la plante

ultérieurement au sein d’un habitat favorable,

dans le cadre de procédures visées par le

ministère.

>>

Le CBNA est assimilé à un établissement public àcaractère scientifique et technique. Il est géré parun syndicat mixte composé de quatre membresfondateurs ayant chacun trois administrateurs :• la ville de Gap ;• le Parc national des Écrins ;• le Conservatoire botanique national de Porquerolles

(Parc national de Port-Cros) ;• le département des Hautes-Alpes. Il a créé deux antennes dans les départements éloignés du siège :• à Chambéry, en liaison avec le Parc national de la

Vanoise ;• dans le Parc naturel régional des Bauges.Environ quarante-cinq personnes travaillent sur le site,dont treize permanents. Chaque année, de nombreux sta-giaires y sont accueillis. La communication, l’accueil du public et des scolaires

sont pris en charge par la ville de Gap. Le CBNA occupeun domaine de 7 hectares, ancienne résidence des archevêques de Gap.Ses missions principales sont :• d’assurer la connaissance, la conservation, l’évaluation

et la valorisation du patrimoine végétal sur la zoned’agrément ;

• de centraliser, de valider et d’homogénéiser les donnéessur les travaux Natura 2000 (inventaire de la flore etcartographie des milieux) ;

• d’intervenir à titre d’expert auprès des collectivitéslocales, des administrations, des établissements publicsou des associations ;

• d’apporter une aide à la décision pour un aménage-ment de l’espace dans un concept de développementdurable (tourisme, évolution des paysages…) ;

• d’assurer des missions de communication.Son budget est de 1,4 million d’euros par an.

UNE MISSION DECOMMUNICATION

Le CBNA partage avecl’administration du Parc nationaldes Écrins l’ancienne résidence des archevêques de Gap.

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ReportageReportage

Le réseau Natura 2000 apour objectif de contribuer à

préserver la diversité biologique sur le territoirede l’Union européenne. Il

assure le maintien ou le rétablissement des habitats

naturels et des habitats d’espèces de la flore et de la

faune sauvage d’intérêt communautaire. Il est

composé de sites désignésspécialement par chacun

des États membres en appli-cation des directives

européennes dites «Oiseaux»et «Habitats» de 1979 et

1992. Sa création contribue,en outre, à la réalisation desobjectifs de la convention de

Rio de juin 1992.

NATURA 2000

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Par ailleurs, de nombreuses surfaces, cultivées depuisdes temps immémoriaux, sont tombées en déshérence.La France s’engage à maintenir en état des paysagesvégétaux éligibles au niveau européen suivant une pro-portion de 60 % pour ce qui est rare et très menacé etde 15 % pour ce qui est plus commun. Dans les Alpesdu Sud, le principal écueil auquel se heurtent les mesuresde conservation découle de l’abandon du milieu rural.Pour maintenir des pratiques culturales traditionnelles,l’État propose des contrats d’exploitation aux proprié-taires de parcelles abandonnées biologiquement inté-ressantes, avec des subventions et un cahier des chargesà respecter. Cette expérience a déjà été tentée avec suc-cès en Autriche et en Suisse. S’ensuivent des négocia-tions souvent longues et complexes, tous les intérêtsdevant être pris en compte.

Les cartes sont l’outil de base qui nous

permet d’établir et de matérialiser l’inven-

taire des espèces et des habitats. Mais elles

ont de multiples usages. Quand nous sommes

en mesure de présenter aux propriétaires

des documents très précis à l’échelle du par-

cellaire, il est plus facile de dépassionner

le débat. Peu de gens savent lire les cartes

au 1 : 25 000. L’agriculteur auquel vous

soumettez cela n’y voit que des pattes de

mouche. En revanche, si vous lui montrez

une photo orthonormée et que vous zoomez

à l’échelle du 1 : 1 000, il reconnaît son

champ, sa haie, sa maison, son mur… Il se

sent concerné et perçoit d’emblée les avan-

tages et les inconvénients de ce qu’on lui

propose. On peut établir un dialogue...

Lorsqu’ils constatent que les parcelles qui

nous intéressent sont des terrains aban-

donnés, répartis sur tout le territoire, et ne

présentant aucun intérêt sur le plan agri-

cole et urbanisme, les propriétaires négo-

cient au coup par coup, et ils deviennent

favorables au projet. Il faut que chacun y

trouve son compte, que la démarche

>>

Ancolie des Alpes, espèce protégée, d’intérêt communautaire.

Potentillion caulescentis, végétation de falaises et pentes rocheuses calcaires. Habitat d’intérêtcommunautaire.

À gauche, un secteur traité en infrarouge qui permet, entre autres,de distinguer les feuillus des conifères. Au centre, un extrait de laBD ORTHO ® et, à droite, un SCAN EDR® noir et blancautorisant les ajouts de couleurs. En superposition en bleu, lacartographie des zones humides. Ici, une vue du col Bayard.

Sites Natura 2000, en France.

Sites Natura 2000, en Région Paca.

Sabot-de-Vénus, espèce protégée, d’intérêt communautaire.

[email protected] >>

CONSERVATION EX SITU ET RÉINTRODULa conservation ex situ constitue l’outil permettantde préserver des spécimens vivants et du matérielgénétique apte à reproduire ces spécimens, endehors de leur milieu naturel.Elle sous-entend la maîtrise totale de procédurestechniques variées : conservation des semences, germination, multiplication et culture des espècesmenacées, pour lesquelles, souvent, peu d’informa-tions bibliographiques sont disponibles. Elle nécessite un approfondissement des connaissances sur leur biologie.

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soit compatible avec la viabilité des

entreprises et la capacité de travail des

exploitants. C’est assez compliqué !

Pour en arriver là, il faut zoner le territoire, situer lestypes de paysages, qualifier leur état, leurs régimes depropriété… Pour ce faire, le Conservatoire utilise un cer-tain nombre de produits de l’IGN, des outils particuliè-rement performants en regard des méthodes antérieures.

DES HERBIERS DES SOCIÉTÉS SAVANTES

À L’ORTHOPHOTO

Les archives du Conservatoire remontent à 1750. Il ahérité de plusieurs herbiers historiques de botanistes duXVIIIe et du XIXe siècle. Jadis, beaucoup de gens herbori-saient, soit par passion, soit pour obtenir les substancesqui composaient le substrat de la pharmacopée. Ils nom-maient les espèces – souvent de leur propre nom –, décri-vaient les habitats et les situaient. Le Conservatoire ainformatisé ces données et il arrive encore que l’on redé-couvre une plante que l’on croyait éteinte grâce à cegenre de document digne des mémoires des sociétéssavantes.Plus proches de nous, les services du Conservatoire ontlongtemps dû se contenter de travailler à partir de cartesau 1 : 20 000 dessinées dans les années 30 et réédi-tées dans les années 60, sans forcément avoir été réac-tualisées. Au cours de cette période, les universités deMarseille, de Nice et de Grenoble avaient entrepris deconstituer un énorme corpus de recherche sur les affini-tés floristiques entre le paysage végétal français et ceuxde l’arc alpin et méditerranéen. Elles avaient entreprisd’analyser les migrations d’espèces afin de reconstituerl’évolution du paysage européen depuis la fonte des gla-ciers, il y a 10 000 ans. Mais, entre les années 70 etles années 80, à une époque où l’informatique n’étaitpas encore démocratisée, un changement stratégiqueau niveau national élimina ces travaux du champ de larecherche. Les inventaires flore tombèrent peu à peu endésuétude et le Conservatoire eut la chance de récupé-rer un demi-siècle d’archives promises à la destruction.Avec le changement climatique, ces informations

7

Née en 1990, l’initiative communautaire Interreg faitla promotion de projets decoopération entre zones frontalières intérieures àl’Europe. Elle constitue unepartie fondamentale du budget des Fonds structurelseuropéens. La mise en placede référentiels communs pourcommuniquer vis-à-vis des différents partenaires nationaux et internationaux,ainsi que les échanges desavoirs et de savoir-faire favori-sent la valorisation et le développement durable del’ensemble de ces territoires.

Saxifrage du Mercantour, espèce protégée dont la conservation nécessite la désignation de sites pour le réseau Natura 2000.

Cet étrange quadrillage représente les plantations d’épicéas quiservent, depuis 1914, de barrières contre le vent du nord et quiarrêtent la neige. Cette configuration est aisément repérable parsatellite.

Coquelicots, une espècejadis commune, en voie de régression.

INTERREG

Carte des séries de végétationdans l’arc alpin.

>>

UCTION IN SITU DE LA FLORE SAUVAGE

Récolte de matériel végétal

Semences Organes végétatifs(préséchage, tri, (nettoyage,désydratation, rempotage, conditionnement) repiquage)

Banque de semences Banque culturale(réfrigération 4 ° C, (jardin conservatoire,congélation – 18° C) site de multiplication)

Conservation à long terme

Réintroduction in situ>>

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ReportageReportage

n’y est pas la même. À cet égard, l’infrarouge, qui a faitson apparition au cours des années 80, a constitué uneavancée considérable, ces clichés permettant de distin-guer les différents types de végétation. Pour travailler surle terrain et pour la réalisation de cartes, la BD ORTHO ®

et les photos IFC sont désormais les plus utilisés.

Pour la restitution cartographique, nous

utilisons des SCAN EDR® et non des

SCAN 25 ®, parce que nous dessinons dessus

et ajoutons des couleurs. Nous avons besoin

d’un support neutre, sans ombres portées, où

ne figurent aucuns détails hormis le relief, le

réseau hydrique, les limites administratives

et la toponymie. Au moment où l’IGN a pro-

posé le SCAN EDR®, la micro-informatique

s’est généralisée et nous avons été en mesure

de dessiner directement sur écran, à l’aide

de logiciels comme MapInfo, ou Arcview.

C’était l’Amérique !

C’est sur ses propres deniers que le Conservatoire aacquis ses premiers fichiers scannés. Depuis, il bénéfi-cie des subventions européennes. L’importance de cettemesure est énorme, car elle permet aux établissementsayant pour mission de préserver la santé de notre pla-nète de parler un langage commun à partir d’une pano-plie d’outils et de procédures cohérente. Pour le plusgrand bien de tous. ■

retrouvent une actualité brûlante. Elles permettentd’étudier les interactions de la faune et de la flore ausein d’un immense espace vivant, de partir d’un pointde départ, de constater ce qui a changé et d’établir desstatistiques. Néanmoins, sur le plan technique, ces docu-ments demeuraient imprécis et d’un usage complexe.Jean-Pierre Dalmas :

Établir la carte d’un paysage végétal,

comme on établit une carte géologique, ça

se fait depuis très longtemps, mais de manière

artisanale. Sur le terrain, on prend des

jumelles et des crayons de couleur et on des-

sine les masses végétales en se calant sur le

1 : 25 000. Un paysage est rarement homo-

gène. Il faut gommer les informations trop

précises par rapport à l’échelle de repré-

sentation. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous

utilisons l’infrarouge, les TOP 25 ®, le SCAN

EDR ® et la BD ORTHO ®.

Le Conservatoire travaille avec l’Institut depuis huit ans.Déjà, les cartes IGN de la deuxième génération – lesTOP 25® issues de levés photogrammétriques – étaientbeaucoup plus précises que les 1 : 20 000, les micro-reliefs ne pouvaient plus y être confondus avec des ruis-seaux et des petites arêtes. Le 1 : 25 000 permettait unbon calage, mais il était difficile d’y représenter de petitsobjets. D’autre part, les différences microclimatiques sontconsidérables. Il existe des micro-vallons de moins de10 m dont le fond enneigé est à 0 ° C, tandis que lacrête, déneigée, est à – 40 ° C en hiver. La végétation

>>

Sur le domaine, près de 7 ha (5,5 ha de fruitiers et 1 ha de rosiers) sont actuellement occupés par les collections de variétésanciennes. La mise en collection de celles-ci est une façon de conserver, à moyen terme, les ressources génétiques qu’ellescontiennent en limitant les mutations génétiques très fréquentes lors des conservations in vitro.

LA BANQUEDE SEMENCES

Iris chamaeris en floraison au Conservatoire.

La banque desemences du

Conservatoire comprend :

• un fonds existantintroduit de 1979 à

1996 et riche de2 200 échantillonspour 800 espèces ;

• sur la période 1998-1999, 350 tests de

germination ont été mis en place.

L’approfondissementdes connaissances sur

la physiologie desespèces permet de

définir les conditionsoptimales de germina-

tion des semences. Cette connaissance

permet :– de disposer d’un

outil permettant desuivre l’évolution de

leur viabilité, à long etmoyen terme ;– de produire

des plants ;– d’optimiser les proto-coles de réintroduction

in situ et la gestion des populations de la

nature.Certaines espèces

demeurent viablesaprès dix-sept années.

(1) La Terre en héritage. Éditeur Fayard.(2) Voir page 12.(3) Métro, 24 avril 2002.

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ChronologieChronologie

1999L’agrément du ministère est renouvelé pourcinq ans. L’établissement prend le nom de Conservatoire botanique national alpin.

1979-1992

Directives européennes «Oiseaux» et«Habitats».

1992Convention de Rio sur la nature. Création du syndicat mixte Conservatoirebotanique alpin de Gap-Charance par la ville de Gap, le Conservatoire botaniquenational de Porquerolles, le Conseil général des Hautes-Alpes et le Parc national des Écrins.

1993Le syndicat mixte devient leConservatoire botanique national deGap-Charance, suite à l’agrémentaccordé par le ministère de l’Environnement (J.O. du 15-06-1993). Sa zone d’agrément couvre septdépartements.

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Contact :Conservatoirebotanique national alpin Domaine de Charance05000 Gap.

Tél. : 04 92 53 56 82.Fax : 04 92 51 94 58.E-mail :[email protected] :www.cbn-alpin.org

La conception de la base de données floristique est uneopération longue et complexe allant de la conception delogiciels appropriés à la rédaction de bordereaux de saisie,la localisation géographique et la saisie des données.

Jean-Pierre Dalmas, directeur du site, surveille lafloraison de la primevère de Haller, un événement rare.Depuis 1999, près de 500 lots de plantes ont été mis enculture, représentant environ 250 espèces.

CARTE 1 : 20 000, SCAN EDR® ET MODÈLE NUMÉRIQUE DE TERRAIN

Répartition de l’edelweissà l’échelle de l’arc alpin français et sur SCAN EDR®

Parc naturel du Queyras : évolution du couvert forestier entre 1948 et 1995.

Edelweiss, espèce dont lacueillette est réglementée par arrêté préfectoral danscertains départements. SCAN EDR ®.

Traitements : – extraction et confrontation des masques forêts ;

– calcul du modèle tridimensionnel à partir du MNT ;

– représentation de la carte de progression en 3 dimensions.

Applications :– calcul de l’incidence de l’évolution du couvert forestier

sur la fermeture du paysage ;

– hiérarchisation des conséquences entraînées par

le phénomène ;

– identification des sites sur lesquels il faudrait

poursuivre l’analyse.

LE FONDSDOCUMENTAIRE

BibliothèqueUne documentalistegère 2 000 ouvrages etplus de 10 000 tirés àpart et articles concer-nant la flore, l’écologieet la biodiversité. Elle gère également unebase de données biblio-graphique informatiséed’environ 21 000 réfé-rences.DiapothèqueLe Conservatoire aconstitué, au fil des ans,une importante diapothèque. Une basede données «Image» esten cours de constitutiongrâce au scannage desdiapositives. Uneréflexion est en courssur la façon de rendreles données bibliogra-phiques et iconogra-phiques accessibles sur Internet.HerbiersLe Conservatoire ahérité de nombreux herbiers historiques. Ils sont en cours de restauration.

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Modèle numérique de terrain (MNT).

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LE PLAN DE SERVITUDES AÉRONAUTIQUES EST UN DOCUMENT,

À LONG TERME, DESTINÉ À ASSURER LA PROTECTION

DE L’AÉRODROME DANS SON EXTENSION MAXIMALE.

SERVICE TECHNIQUE DES BASES AÉRIENNES – IGN AMÉNAGEMENT-ENVIRONNEMENT

LES PLANS DE SERVITUDES AÉRONAUTIQUES

LE PLAN DE SERVITUDESAÉRONAUTIQUES

Il s’agit d’un document, opposableaux tiers, qui fait l’objet d’uneenquête publique de droit commun.Le PSA définit une servitude nonaltius tollendi autour de l’aéro-drome, en vue d’empêcher l’érectiond’obstacles gênants et de permettrela suppression de ceux qui existent,afin de préserver la sécurité de lacirculation aérienne aux abordsimmédiats de l’aérodrome.

Le PSA doit être, en principe, cohérent avec les dispositions techniques prévuesdans l’avant-projet de plan de masse (APPM)de l’aérodrome. Les règles relatives à l’établissement des servitudes aéronautiques sont définiesdans l’arrêté du 31 décembre 1984, modifiépar l’arrêté du 20 août 1992. Un nouvelarrêté est en cours d’approbation. La nouvelle instruction technique sur les aérodromes civils relative aux dégagements aéronautiques est, quant à elle, terminée et en cours de diffusion (Itac, chapitre 12). Les PSA sont également soumis aux règlesdéfinies dans l’instruction du 17 décembre1996 concernant les procédures de planification aéroportuaire pour les aérodromes civils. Une fois approuvé, le PSA est annexé auxdocuments d’urbanisme des communesconcernées par les surfaces de dégagementsde l’aérodrome (POS ou PLU).

es servitudes aéronautiques entrent dans le cadredes servitudes d’utilité publique (SUP) et, à l’oc-casion de la mise en place d’une nouvelle régle-mentation, le Service Technique de Bases

Aériennes (STBA) a commandé à l’IGN la réalisationd’outils logiciels permettant la génération moderniséede ces plans de servitudes.IGN Aménagement-Environnement a développé uneméthodologie qui, à partir d’une base de données loca-lisée, permet :• le calcul automatique du modèle numérique dessurfaces de dégagement (MNSD) * ;• l’analyse de la position du sol par rapport àla surface de dégagement ;• l’analyse des zones du sursol et des obstaclestraversant la surface de dégagement (voir vue 3Dci-dessus).Ces analyses permettent ensuite de réduire les travauxet les mesures sur le terrain, nécessaires à la réalisa-tion finale des plans de servitudes ;• la réalisation de sorties graphiques de qualité. ■

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* L’insertion d’une piste d’aérodrome dans son environnement doit être telle que toutavion admissible par cette piste puisse, à l’abri de dégagements aéronautiques,

achever ou débuter sur celle-ci des manœuvres d’approche ou de départ. Le MNSD est la représentation numérique de ces dégagements.

PartenariatPartenariat

Contacts

www.aviation-civile.gouv.fr

[email protected]

Surface de dégagement en 3 D.

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râce à la couverture croissante de l’informa-tion géographique, il est fréquent de disposerde plusieurs bases de données sur la mêmezone : elles diffèrent par leur résolution, par

les objets contenus, par la géométrie et les attributs deces objets.La représentation multiple est la possibilité d’accéder àplusieurs représentations d’un phénomène géographique,ces différentes représentations étant reliées puisqu’ellescorrespondent à une même entité du monde réel. Cebesoin se ressent de plus en plus :– en production pour éviter la saisie redondante desdonnées ;– en maintenance pour repérer les incohérences entrebases, propager les mises à jour ;– en utilisation pour disposer d’une information plusriche et plus cohérente.

CINQ PARTENAIRES POUR UN MÊME OBJECTIF

Réalisé avec le soutien du programme « Technologie dela société de l’information », le projet européen derecherche MurMur (N° IST 1999 10723) a réuni cinqpartenaires, de janvier 2000 à juin 2002, dans l’ob-jectif de développer une plate-forme logicielle qui, asso-ciée à un système de gestion de bases de données, per-met de modéliser, de créer, puis d’interroger une basede données multireprésentées.• Star Informatic de Liège est éditeur de SIG et lea-der du projet ;• l’école polytechnique fédérale de Lausanneet l’université de Lausanne ont mis au point un lan-gage de modélisation de données, MADS, incluant lareprésentation multiple des données spatio-temporelles ; • le département informatique de l’université librede Bruxelles est spécialisé dans les solutions « orientéobjet ».• le Cemagref, organisme français de recherche pourl’ingénierie de l’agriculture et de l’environnement, pos-sède une unité de recherche sur les risques naturels, qui

utilise des données spatio-temporelles et multireprésen-tées (plans cadastraux, couloirs d’avalanche, etc.). Ilparticipe au projet en tant qu’utilisateur ;• l’IGN participe, par l’intermédiaire de l’un de seslaboratoires, en tant qu’utilisateur et producteur de don-nées pour la gestion et l’utilisation cohérentes de sestrois principales bases vecteur : BD TOPO ®,BD CARTO ® et GEOROUTE ®.

DE NOUVELLES PISTES

Pour répondre à l’objectif d’aide à la modélisa-tion, un éditeur graphique de schémas concep-tuels de données en langage MADS a vu le jour.Il permet de saisir très précisément les classes,leurs propriétés, les relations et les attributs, touten vérifiant que les règles de grammaire du lan-gage ont été respectées. Ensuite, dans le but d’im-plémenter la base modélisée dans un SGBD, untraducteur de schéma a été réalisé, du langageMADS vers Oracle 9i à dimension spatiale, permettantd’y créer automatiquement des tables. Les concepts com-plexes comme la multireprésentation, non assimilablespar un SGBD classique, sont d’abord décomposés en desattributs plus simples. D’autres systèmes comme Arcviewseront visés, dans un second temps, par ce traducteur.Une fois la base créée, puis peuplée, elle peut être inter-rogée par un moteur de requête original, développé pourpermettre d’éditer graphiquement une requête depuis leschéma MADS de données. Le système se charge de latraduction en langage de manipulation de données (SQLdans le cas d’Oracle). Les données sont alors affichéesdans une fenêtre de visualisation de type SIG.Si les requêtes prises en charge par le système sontencore sommaires à la fin du projet, cette expérience(l’une des premières dans le domaine) contribue àl’avancée des connaissances sur les données spatio-temporelles multireprésentées et explore de nouvellespistes dans les techniques d’interrogation des basesde données. ■

« MULTIPLE RESOLUTIONAND MULTIPLE REPRESENTATION »

LE PROJET EUROPÉEN DE RECHERCHE « MURMUR » MURMUR A RÉUNI CINQ PARTENAIRES, DONT L’IGN, DANS L’OBJECTIF DE

DÉVELOPPER UNE PLATE-FORME LOGICIELLE PERMETTANT DE MODÉLISER,

DE CRÉER, PUIS D’INTERROGER UNE BASE DE DONNÉES MULTIREPRÉSENTÉES.

G

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L’équipe MurMur. De gauche àdroite : Sophie Monties (EPFL),Éric El Osta (Star), YvesDennebouy (EPFL), YannickManche et Roland Burnet(Cemagref), Olivier Samyn etEsteban Zimanyi (ULB),Sandrine Balley (IGN).Sont absents du cliché : StefanoSpaccapietra (EPFL), ChristineParent (Unil), Louis Jacomet(ULB), Serge Motet (IGN).

InnovationInnovation

L’interface de l’éditeur de schémas en langage MADS,développé par MurMur.

Contacts MurMur :www.mur-mur.orglbdwww.epfl.ch/e/Murmur

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PortraitPortrait

@Magazine de l’Institut géographique national, 136 bis, rue de Grenelle, 75700 Paris 07 SP. Tél. : 01 43 98 80 00. Publication bimestrielle,ISSN 1624-9305. Directeur de la publication : Jean Poulit, directrice de la rédaction : Anne-Catherine Ferrari, rédacteur en chef : OlivierBouiri. Comité de rédaction : Élisabeth Aracheloff, Michel Bacchus, Bernard Bèzes, Jean-Marc Bornarel, Jean-Paul Darteyre, Jacqueline Erbetta,Christian Faad, Philippe Gerbe, Jacques Giralt, Philippe Guhur (ETC), Daniel Houriez, François Lecordix, Martine Lutrot, Nathalie Marthe-Bismuth,Roger Serre, Isabelle Veillet, François Vivier, Alain Perret. Ont participé à ce numéro : Frank Fuchs, Sandrine Balley. Création : Alain Cadinot. Conception éditoriale et graphique : Éditions Taitbout Communication, tél. : 01 44 53 28 90. Photos : IGN, Olivier Bouiri, CBNA, Bertrand Bodin. Couverture : Bertrand Bodin (Eryngium alpinum L. La Reine des Alpes, espèce protégée). www.ign.fr

Pour toute information à caractère professionnel :

VU DU PONT DU TITANICDérèglements climatiques, pollutions diverses, tempêtes, inondations, obsession duprofit à court terme, le tout vécu dans une relative indifférence. Et si la planète étaitsur la mauvaise pente ? Nous avons interrogé Jean-Marie Pelt, qui a voué sa vie àla recherche d’un équilibre entre les hommes et leur environnement.

TROIS QUESTIONS À JEAN-MARIE PELT, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT EUROPÉEN D’ÉCOLOGIETROIS QUESTIONS À JEAN-MARIE PELT, PRÉSIDENT DE L’INSTITUT EUROPÉEN D’ÉCOLOGIE

l est probablement superflude présenter Jean-MariePelt, ce jeune sexagénaire,botaniste et écrivain de

renom, spécialiste de la phar-macognosie (connaissance de lapharmacopée par les plantes). Ilfut, avec René Dumont, un despremiers à introduire le mot «éco-logie» dans notre langage. DeL’Homme renaturé, son troisièmeouvrage qui date de 1977 etobtint plusieurs prix, dont le Prixeuropéen d’écologie, à La Terreen héritage, paru en sep-tembre 2000, il a écrit plus d’unevingtaine d’ouvrages traitant aussibien des Plantes en péril (un deses titres) que de la place et durôle de l’homme dans l’univers etd’un nécessaire retour à Dieu àtravers l’analyse des pensées desaint François d’Assise et de saintThomas d’Aquin. Nous leconnaissons également pour desprogrammes télévisuels commeL’Aventure des plantes ou LaPreuve par cinq… et pour les ren-dez-vous hebdomadaires qu’ilnous fixe sur France Inter. Il acommencé sa carrière de pro-fesseur à la faculté de pharma-cie de Nancy et fut maire adjointde Metz, en charge de l’écolo-gie urbaine et de l’environnement.

IGN Magazine : Pouvez-vous nous résumer le sensde votre action ?Jean-Marie Pelt : C’est en1972 que j’ai fondé l’Institut euro-péen d’écologie de Metz. Le terme

était alors inconnu. Aujourd’hui,l’écologie a pris ses marques mais,à cette époque, il s’agissait de lefaire émerger. Pollutions de toutenature, érosion génétique, toxico-logie de l’environnement : il fallaitagir simultanément sur tous lesfronts. L’écologie propose uneéthique en vue d’un équilibre entrela nature et nous. Si l’équilibre estrompu, personne ne peut envisa-ger ce que le futur sera. Pour neparler que des plantes, une catas-trophe se déroule sousnos yeux : en l’es-pace d’un demi-siècle, l’homme aréduit les forêts tropi-cales humides demoitié. C’est un faitconnu, repéré,analysé par satel-lite. Il fait l’objetd’innombrablesconférences interna-tionales qui sont autantde peines perdues. LaTerre continue de sedesquamer et de s’exfolier. Les auto-rités conjuguent leurs expertisespour tenter de nous prouver quemarées noires, tempêtes et inon-dations ne sont qu’un enchaîne-ment d’événements ponctuels dontil serait illusoire de tenter de tirerun enseignement général. C’estpourquoi je dis que le monde esten état d’urgence, que le temps desavertissements est passé et qu’ilserait temps de changer de cap aulieu de nous contenter de ranger lestransats sur le pont du Titanic.

IGN M. : Quel est, selonvous, le pire danger quinous menace ?J.-M. P. : Tout est lié et, logi-quement, c’est contre les OGMque nous devons focaliser nosénergies. Ils risquent de créer uneperturbation éternelle. La naturea mis 4,5 milliards d’années pournous faire tels que nous sommes.En faisant voler en éclats les bar-rières spécifiques entre les espèces

végétales et animales,nous risquons d’entrerdans l’irréversible. Le déve loppementd e l ’ a g r i c u l t u r e

p r oduc t i v i s t e ad é j à p o r t é

d e g r a v e satteintes à labiodiversité.

Les rendements stupéfiants de certaines

monocultures ont laissécroire un moment quela richesse en espècesétait défavorable à la

productivité. Des expériencesmenées pour le prouver ont aboutiau résultat inverse : elles ont montré que celle-ci baisse de80 grammes au m2 lorsque lenombre d’espèces est divisé pardeux. Les apprentis sorciers decertaines firmes nous annoncentfroidement l’avènement d’une“nouvelle culture”, de plus en plusmono-variétale. Je prendrail’exemple du colza, une plantedont le dynamisme est spectacu-laire. Quand vous avez un champ

de colza, il se répand partout, jus-qu’en hauteur dans les intersticesdes murs ! Si, par-dessus le mar-ché, on le manipule génétique-ment pour qu’il tolère les pesti-cides comme le Round up, afinqu’il ne soit pas parasité par desherbes voisines, celles-ci vont inté-grer le transgène de résistance etdévelopper les mêmes facultésd’envahissement. La terreur enperspective !

IGN M. : Il s’agit donc d’undésastre annoncé et inéluc-table ?J.-M. Pelt : J’espère quenon, mais on ne bouge que le dosau mur. Et nous y sommes ! Lesannées à venir ne seront pas detout repos, nous allons devoir faireface à d’extraordinaires soubre-sauts. Nous sommes dans l’œil ducyclone, une position très précaire.Mais, d’un autre côté, nous pour-rions comparer notre époque àcelle de la Renaissance, en plusdense car les choses vont plus vite.Si je demeure optimiste, c’est grâceà l’implication des jeunes, qui sontde plus en plus sensibles à la dis-parition des bosquets, des haies etdes bois, et à l’importance queprennent le « tourisme vert » et les« classes vertes ». Dans cet esprit, les conservatoiresnationaux comme celui de Gap-Charance jouent un rôle de pre-mier plan. Ils constituent le sanc-tuaire de la connaissance dupatrimoine biologique. Ils sont lesgardiens du temple . ■

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Ancolie des Alpes, espèceprotégée, d’intérêtcommunautaire.

VU DU PONT DU TITANIC

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