Le jeu psychologique & l’Autonomie

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Le jeu psychologique & l’Autonomie Thierry Carton - 26/01/14 - AT Jeu psychologique et Autonomie.docx - 1 Le jeu psychologique .............................................................................................................................. 1 Persécuteur ..................................................................................................................................................................... 2 Sauveur ........................................................................................................................................................................... 4 Victime ............................................................................................................................................................................ 4 La formule du jeu psychologique .................................................................................................................................... 9 Le triangle d’autonomie ....................................................................................................................... 11 La Protection ................................................................................................................................................................. 11 La Permission ................................................................................................................................................................ 11 La Puissance .................................................................................................................................................................. 11 Le jeu psychologique 1 Adapté du " Manuel de relation d'aide", Jacques et Claire Poujol, Empreinte Temps Présent, 1998. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse transactionnelle Le jeu psychologique fait partie du concept de structuration du temps, l’un des 3 besoins fondamentaux selon eric Berne, la reconnaissance, la stimulation, la structuration du temps (retrait, rituel, passe-temps, activité, les jeux psychologiques, intimité) Beaucoup de personnes vivent des échanges qui blessent plus qu’ils ne construisent et qu'il apparaît pourtant bien difficile d'éviter ; chacun y retombe sans cesse et finit parfois même par s'y complaire. Ces relations qui ne sont ni directes ni franches mais déguisées et de mauvaise foi ont été mises en évidence par Eric Berne, fondateur de l'Analyse Transactionnelle. Il les a appelées stratagèmes ou jeux psychologiques négatifs. Ce sont des mécanismes (inconscients) de manipulation de l'autre, une suite de transactions (d'échanges) cachées progressant vers un but bien défini et prévisible et s'achevant soit par la dévalorisation de l'autre, soit par la dévalorisation de soi-même. Ces manipulations sont toujours nuisibles et pernicieuses. Un « jeu » inconscient dont le but caché est d’obtenir des bénéfices secondaires qui sont une récolte de signes de reconnaissance et de sentiments ainsi que la confirmation de nos croyances de base et l’extorsion d’autorisations. Un jeu psychologique est toujours basé sur des méconnaissances. Les partenaires méconnaissent des capacités (les leurs ou celles de l’autre) à résoudre un problème. Dans la vie quotidienne, il peut être suspecté avoir « joué » si: L’impression est d’avoir passé beaucoup de temps pour parvenir à un résultat nul avec un sentiment d’irritation. Un vague malaise est ressenti, avec un sentiment d’insatisfaction sans savoir à quoi cela tient. 1 Un concept de l’Analyse transactionnelle – Eric Berne

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Le jeu psychologique .............................................................................................................................. 1

Persécuteur ..................................................................................................................................................................... 2

Sauveur ........................................................................................................................................................................... 4

Victime ............................................................................................................................................................................ 4

La formule du jeu psychologique .................................................................................................................................... 9

Le triangle d’autonomie ....................................................................................................................... 11

La Protection ................................................................................................................................................................. 11

La Permission ................................................................................................................................................................ 11

La Puissance .................................................................................................................................................................. 11

Le jeu psychologique1 Adapté du " Manuel de relation d'aide", Jacques et Claire Poujol, Empreinte Temps Présent, 1998. Voir aussi http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse transactionnelle

Le jeu psychologique fait partie du concept de structuration du temps, l’un des 3 besoins fondamentaux selon eric Berne, la reconnaissance, la stimulation, la structuration du temps (retrait, rituel, passe-temps, activité, les jeux psychologiques, intimité) Beaucoup de personnes vivent des échanges qui blessent plus qu’ils ne construisent et qu'il apparaît pourtant bien difficile d'éviter ; chacun y retombe sans cesse et finit parfois même par s'y complaire. Ces relations qui ne sont ni directes ni franches mais déguisées et de mauvaise foi ont été mises en évidence par Eric Berne, fondateur de l'Analyse Transactionnelle. Il les a appelées stratagèmes ou jeux psychologiques négatifs. Ce sont des mécanismes (inconscients) de manipulation de l'autre, une suite de transactions (d'échanges) cachées progressant vers un but bien défini et prévisible et s'achevant soit par la dévalorisation de l'autre, soit par la dévalorisation de soi-même. Ces manipulations sont toujours nuisibles et pernicieuses. Un « jeu » inconscient dont le but caché est d’obtenir des bénéfices secondaires qui sont une récolte de signes de reconnaissance et de sentiments ainsi que la confirmation de nos croyances de base et l’extorsion d’autorisations. Un jeu psychologique est toujours basé sur des méconnaissances. Les partenaires méconnaissent des capacités (les leurs ou celles de l’autre) à résoudre un problème. Dans la vie quotidienne, il peut être suspecté avoir « joué » si:

L’impression est d’avoir passé beaucoup de temps pour parvenir à un résultat nul avec un sentiment d’irritation.

Un vague malaise est ressenti, avec un sentiment d’insatisfaction sans savoir à quoi cela tient.

1 Un concept de l’Analyse transactionnelle – Eric Berne

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Il nous semble qu'à la fin de l'échange il y a un gagnant et un perdant comme après une bataille. « On » croit s'être fait avoir ou alors « on » éprouve la joie malsaine d'avoir bien coincé l'autre…

Ce qui est le plus facilement repérable dans l’échange :

La responsabilité rejetée sur autrui L’aspect récurrent, répétitif Les « petites phrases », hors contexte, surprenantes, bel exemple de manipulation, de fuite

ou d’agressivité

Les « bénéfices » secondaires d’un tel comportement confirment nos croyances de base. Cela nous permet de rester dans ce qui est connu de nous, cela nous rassure et répond à notre besoin de sécurité. Ils sont destructeur et alimentent le processus relationnel de manière illusoire et malsaine, en sentiment de réconfort, de sollicitude, d’attention, (se cajoler, se plaindre, se faire cajoler, se faire plaindre, se faire plaisir, prendre soin de soi), de force et de supériorité, d’infériorité ou d’abandon (colère, tristesse, rancœur, culpabilité, solitude,…) Il s’agit d’une réactivation des stratégies non affirmées (manipulation, fuite et agressivité) de l’enfance. Une manière intéressante de décoder et reconnaître les stratagèmes est illustrée par le triangle dramatique P.S.V. (Persécuteur, Sauveur, Victime) qui sont des comportements, des « rôles » joués à un moment donné. Un des rôles est joué de manière privilégiée. Le triangle dramatique

Dramatique parce qu’il amène les protagonistes à détruire ou se détruire de manière plus ou moins grave. Cela se passe en dehors du principe de réalité, ici et maintenant, hors les faits vérifiables par une question : quel est le problème ? Persécuteur

Il infériorise l'autre, repère ses faiblesses, l'incite aussi à se battre avec d'autres. Il se valorise et par des jugements, dévalorise l’autre qu’il estime incapable de réfléchir, sentir, agir. Le « rôle » de Persécuteur C'est une forme excessive, critique et dévalorisante.

La personne dans ce rôle se croit obligée ou estime efficace d'être très sévère et méchante alors que ce n'est pas nécessaire.

Persécuteur Sauveur

Victime

En dehors de la réalité, l’ici et maintenant

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Elle infériorise et dévalorise les autres, les blâme, met à nu leurs défauts, leur fait la morale, ou les

incite à se battre entre eux. Il s’agit d’une posture habituelle chez elle, une espèce de conditionnement : elle ne sait pas avoir accès à d'autres de ses ressources comme la reconnaissance, la bienveillance, l'empathie : elle est un peu sur pilotage automatique. Elle s'imagine ainsi qu'elle va pouvoir dominer l'autre, mais rien n'est moins sûr. La Victime peut se rebeller ou bien un Sauveur va courir à son secours. Le Persécuteur est quelqu'un qui cherche souvent à se venger d'une frustration. Le Persécuteur

Le persécuteur est convaincu de sa valeur et que celle-ci est bafouée. Son sentiment dominant est la colère. Il veut se venger d'une frustration. Il infériorise, dévalorise, blâme. Il veut dominer l'autre. Il critique, accuse. Il dévalorise. Il attaque, discute sans arrêt. Il rend les autres responsables de ce qui lui arrive ou de ce qui ne marche pas. C’est de la faute des autres. Pose des actes manqués. Fait de l’humour blessant, ironise.

Si je suis dans la position du Persécuteur, je dis :

« Tu veux ma mort », « Tu veux vraiment que je parte », « Toi, toi il n'y en a que pour toi », « Tu n'es pas assez bien pour » « Tu es un incapable », « Ce que tu dis, c’est n’importe quoi »...

« Sans toi... » - Sans lui, sans elle, je ferais tant de choses passionnantes. « Maintenant je te tiens. » - Je coince l'autre en oubliant que je vais être coincé à mon tour

et que j'amorce ainsi une guerre sans fin. « Battez-vous ! » « il devrait », « si tu n'étais pas là, les choses iraient mieux, l'entreprise tournerait bien, les

enfants seraient plus épanouis » (au choix !). Le persécuteur doit apprendre qu'en attaquant l'autre, il cherche d'abord à résoudre ses propres blessures, dont il n'est la plupart du temps même pas conscient, tellement il les a enfouies sous des « croisades » et des « causes » qu'il défend.

J'attise une querelle entre mon conjoint et ma belle-mère par exemple, afin de mieux m'en sortir en me mettant au-dessus de la dispute. Ainsi sa mère s'en va, sans que j'aie eu besoin de m'en mêler. Le Persécuteur : c’est celui qui se croit supérieur aux autres qu’il juge « non ok » (Voir position de vie) : il les critique, les sous-estime, les humilie. Pour éviter d’être Persécuteur :

Écouter ses BESOINS et ses EMOTIONS Mettre rapidement ses LIMITES Mettre de l’énergie pour SOI Considérer l’autre comme quelqu’un de valable, de positif

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Sauveur

Aide l'autre sans que celui-ci ait rien demandé ou même contre son gré; Il se valorise en agissant et dévalorise l’autre dans ce qu’il croit être, son incapacité à réfléchir, sentir, agir. Le Sauveur rend service pour ne plus se sentir coupable. Son sentiment dominant est la culpabilité.

Il fait à la place de l’autre Il s’empresse d’agir Il est étouffant Il agit sans qu’on lui demande Il empêche l’autre de trouver lui-même la solution Il s’occupe des problèmes des autres Il ne prend pas ses besoins en compte…

Lorsque je suis en position de Sauveur, j'ai tendance à dire :

« Je peux t'aider » « Allez laisse-moi faire » « Laisse-moi le faire à ta place. » - Je sais ce qui est bon pour toi. « A ta place » « Je veux seulement t'aider » « Laisse-moi seulement t'aider » « Je me charge de tout ! » Je joue à l'indispensable dont pourtant on se passerait bien. « J'essaie seulement de t'aider. » Mais en voulant imposer mon aide, je risque de devenir

Persécuteur. « Je ne me sens bien que lorsque je fais du bien » « Mais ce que je veux, c'est ton bonheur » « J'essaie de t'aider, et voilà comment tu me récompenses ».

Le « jeu » Sauveur ne doit pas être confondu avec le fait d’aider réellement l’autre ! Quand je suis Sauveur, je ne respecte pas la liberté de l’autre. Je pense pour lui, je décide pour lui, j’agis « pour son bien ! » selon ma propre pensée. Le Sauveur : c’est celui qui prend en charge les autres qu’il perçoit comme Victime. Il est étouffant et se croit sans cesse obligé de venir en aide. Pour éviter d’être Sauveur, avant de rendre service, se demander :

Y a-t-il une demande clairement formulée ? Qu'est-ce qu'on attend de moi au juste ? Est-ce que j'ai la compétence pour aider ? Est-ce que j'ai la disponibilité ? Est-ce que j'ai vraiment envie ? Est que l’autre participe à la résolution de SON problème à « au moins 50%) ? Être à l’écoute de ses besoins.

Le sauveteur doit apprendre à reconnaître que si l'autre n'a pas clairement exprimé (verbalement !) un besoin... il risque de se sentir étouffé, manipulé, régi par lui. Il doit aussi se reconnecter avec ses propres besoins qu'il fuit et qu'il piétine pour « aider » l'autre. Victime

Se fait plus faible qu'elle ne l'est (Victime soumise) ou qui raconte ses difficultés en revendiquant (Victime rebelle) se dévalorise dans ce qu’elle croit être, son incapacité à réfléchir, sentir, agir.

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Si c'est une Victime soumise qui amorce les points faibles d'un Sauveur en exagérant ses handicaps

personnels et en se représentant plus faible qu'elle ne l'est : elle vit un désir comme un besoin impérieux et nécessaire. Ce rôle est souvent associé à la peur de manquer. Si c'est une Victime Rebelle qui amorce les points faibles d'un Persécuteur : elle est agressive, revendique et réclame. Ce rôle est souvent associé à la peur de perdre quelqu'un ou quelque chose ou d'être abandonné ou séparé.

La victime joue souvent au « oui, mais... » Lorsque le sauveur lui propose des solutions, car

pour rester une victime, il ne faut pas avoir de solution... La victime ne dit pas : « J'ai mal au genou », mais seulement : « J'ai mal ». Elle cultive le flou qui ne permet pas de trouver de solution. La victime ne se sent aucune valeur. Son sentiment dominant est la honte. Elle ne se sent pas de responsabilité propre et rejette la faute sur les autres.

Il se plaint, se dévalorise « Pauvre de moi », Il se dit incapable, il cherche un Sauveur pour résoudre les problèmes à sa place C’est toujours lui qui n’y arrive pas Il se dit qu’il n’a pas de chance, c’est trop injuste : le « Caliméro » Il ne demande pas, attend la solution, n’agit pas pour résoudre le problème Il utilise des moyens détournés pour obtenir quelque chose

Lorsque je suis en position de Victime, je me plains :

« Ça n'arrive qu'à moi », « Mais qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça », « J'ai jamais de chance », « pardonne-moi », « j'essaie mais je n'y arrive pas »...

« C'est affreux. » - Je gémis, en m'abandonnant au secret plaisir de me plaindre. « Je suis seul au monde. » - Je me rassure aux frais des autres. « Je suis débordée de travail. » - Je fuis mes responsabilités et je justifie mes échecs en

entraînant l'autre avec moi. C'est le jeu favori des mères de famille qui n'ont pas une minute à elles et cherchent à prouver qu'elles n'ont pas le temps de faire attention à leurs besoins propres.

« Et pourtant, j'ai tout essayé. » - Je crois que l'essentiel est de se fatiguer, d'être méritant, alors que l'essentiel est d'atteindre l'objectif.

« Mon mari décide toujours ce qui est bon pour moi. » - La femme s’est infantilisée en choisissant un homme protecteur, elle lui reproche maintenant ce qu’elle a justement cherché !

« Tu n'as qu'à deviner ce dont j'ai besoin », « si tu m'aimais, tu m'aiderais », « personne ne m'aime, ne m'aide, ne prête attention à ce que je fais, ne me regarde... (au choix !) »

Adopter la position de Victime entraîne beaucoup de fatigue et même de maladies. On ressent une incapacité à être heureux, à recevoir, à coopérer ; on se sent seul, séparé des autres, on a peur des relations ; on se sent persécuté, sacrifié, on a une piètre estime de soi et on ne prend pas sa vie en main.

La Victime, c’est celui qui s’imagine inférieur à tous : incapable, se plaint ; il rencontrera soit un Sauveur qui le prendra en charge, soit un Persécuteur qui le rabrouera. Deux types de Victimes :

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La soumise :

Elle a peur de manquer Elle exagère ses handicaps Elle se présente comme toujours faible Elle impose ses désirs à son entourage La rebelle : Elle a peur de perdre Elle redoute l'abandon Elle est agressive, râle, revendique, réclame.

Pour éviter de devenir Victime : Prendre conscience de ses vrais besoins au travers de ses

émotions et réfléchir à la manière de les satisfaire c’est-à-dire : Utiliser sa pensée Se poser les questions : « que se passe-t-il ? » « Que puis-je faire pour résoudre ? » Transformer ses plaintes en demandes claires.

Au cours d'un échange entre partenaires, si on a adopté l'une ou l'autre de ces trois positions, on se retrouvera tôt ou tard et obligatoirement dans les autres positions. De même qu’un train peut en cacher un autre, une position peut en cacher ou en annoncer une autre ! Si l’on rentre dans une relation par l’angle Sauveur, on va ensuite se retrouver dans l’angle Persécuteur, après être passé par l’angle Victime. Les trois positions ont besoin les unes des autres pour exister : il n’y a pas de Sauveur sans Victime à sauver des mains d’un Persécuteur, et vice-versa. Par exemple imaginons que la femme adopte une position de Victime; elle se plaint et devient Persécutrice de son compagnon en lui reprochant de ne pas assez l'aider; ce dernier, qui a commencé dans une position de Sauveur, va devenir Persécuteur en lui reprochant de râler et de lui faire la morale, etc. Il faut noter que celui qui est dans ce triangle dramatique veut que l'autre « joue » avec lui. Pour cela il lui attribue subtilement un rôle à l'avance. Une Victime demande à l'autre de « jouer » au Sauveur ; ce dernier demande à l'autre de « jouer » à la Victime, etc. Quiconque agit en Sauveur en aidant quelqu'un qui ne s'aide pas soi-même finira inévitablement par se mettre en colère contre cette personne. Chaque fois qu'une personne en position de Victime est sauvée par quelqu'un d'autre, elle sait parfaitement que le Sauveur la conforte dans sa position de dominée et entame sa capacité à exercer son pouvoir. Par conséquent, une personne qui a joué un rôle de Victime vis à-vis d'un Sauveur finira inévitablement par se mettre en colère. Il est donc possible de prédire que toute transaction Sauveur-Victime finira par se transformer en une transaction Persécuteur-Victime.»

Le passage d'une position à l'autre peut se faire très rapidement. Il est à noter que tout être humain à tendance à jouer plus souvent un rôle que les deux autres. Certains ont une tendance à être le Sauveur des autres, d'autres sont des éternelles Victimes, d'autres enfin sont souvent Persécuteurs.

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Si ce triangle est destructeur dans la vie quotidienne, il l'est aussi dans toutes relations professionnelles. Pour certaines personnes, par exemple, leur énergie n'est pas utilisée pour progresser, mais pour contrecarrer toutes les possibilités d'amélioration qu'on leur offre. Elles veulent absolument (consciemment ou inconsciemment) prouver que :

personne ne peut m'aider ma situation est sans espoir je ne vaux rien et les autres ne valent rien non plus Ce que vous me dites est bien, oui, mais ça ne marchera pas pour moi, parce que... .

Vous l'avez reconnu : ces jeux sont typiques de la Victime. Ce sont des personnes « chroniques » que l'on appelle aussi des « tueurs ». Vrais professionnels, ils prennent plaisir pour le plaisir de lutter. Ils ont déjà mis K.O. plusieurs personnes de leur entourage. Et la fin du fin, c’est que bien souvent, de Victime ils deviennent très vite Persécuteur. Au secours !

S'ils rencontrent quelqu'un qui joue en Sauveur à « J'essaie seulement de vous aider », le jeu risque de durer assez longtemps, jusqu'à ce que, exténué (donc Victime), la personne finisse par abandonner la partie ou lui reproche (en Persécuteur) sa mauvaise volonté. On peut jouer indéfiniment à ce jeu qui n’a de ludique que le nom ! Alors ouvrez grands vos yeux

et vos oreilles et n’hésitez pas à prendre vos jambes à votre coup dès que vous détectez une « Victime » dans votre environnement. Chacun entre dans le stratagème par une « porte préférentielle » et changera de « rôle » à un moment donné... Un stratagème (jeu psychologique) est inconscient, involontaire, et a pour résultat des sentiments désagréables : confusion, incompréhension, désir de rejeter la responsabilité sur l’autre … Scénario classique :

La victime : Demande de l'aide, mais n'en veut pas vraiment (sinon, elle ne serait plus

victime) Le sauveur, compatissant : Cherche à aider, sans vérifier la nature du besoin réel Puis, lassé de ne pas y parvenir, il finit par se transformer en persécuteur. La victime contre-attaque : Elle devient « Persécuteur » à son tour et transforme l'ancien

sauveur en victime.

Et ainsi de suite... Quelques exemples de stratagèmes Il y en a une quantité innombrable de jeu psy, dans la vie quotidienne. On les classe selon les diverses situations qu'ils illustrent, en les nommant par une phrase-type qui les résume et permet de mieux les comprendre : Voir le livre « Des jeux et des hommes » d’Eric Berne. Le danger des stratagèmes Ces « jeux » sont un type de relations négatives, non gratifiantes et destructrices à divers degrés et à différentes intensités, dans la mesure où il y a toujours nécessairement deux perdants.

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Ils ont l'apparence d’échanges ordinaires mais sont en réalité des relations faussées et régulièrement conflictuelles : les scènes de ménage en sont l'aboutissement bien connu. Elles laissent un goût amer. Il est donc bon de savoir les démasquer, les identifier et refuser de se laisser piéger. Dans de nombreux cas, repérer le « jeu » et refuser d'y entrer est l'option la plus simple. On demande fermement à l'autre : « Stop ! Je ne veux pas jouer à ce jeu-là ! » Il est plus facile de refuser d’entrer dans un « jeu » dès qu’on l’a repéré que d’en sortir une fois qu’on y est entré… Bien connaître les principaux stratagèmes et ne pas s'y laisser entraîner ne suffit pas. Il convient de comprendre les avantages secrets, les bénéfices secondaires que chacun trouve à ces relations négatives et qui l'incitent à les rechercher : éprouver du plaisir à jouer les rôles que l'on aime et qui constituent notre identité personnelle (Sauveur, Victime ou Persécuteur), maintenir une relation avec l'autre même si elle est négative, fuir les vrais problèmes du couple, etc. Il est bon aussi de rechercher ailleurs que dans les « jeux » d’autres sources de signes de reconnaissance positifs. Si une personne « joue » souvent, il est sans doute en manque de marques d’attention de la part de l’autre. Dans un jeu, les deux joueurs sont complices. Le jeu psychologique ne résout rien, il ne fait que permettre une satisfaction libidinale.

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La formule du jeu psychologique

Formule qui montre les six étapes d'un jeu psychologique. Amorce + Point sensible = Réponse(s) > Coup de théâtre > Moment de stupeur > « Bénéfice(s) - » Des transactions, des sous-entendus, des messages cachés (Amorce / Appât) accrochent des Points faibles réciproques pour déclencher des Réactions (Réponses) où chacun joue un rôle (Persécuteur ou Sauveur ou Victime). Ces transactions vont conduire à un Coup de théâtre, se manifestant par l'inversion des rôles. Suivra de la confusion (Moment de stupeur) et ensuite un Bénéfice négatif, renforçant la position existentielle des participants, obtenant des stimulations, collectionnant les timbres.

1. L’appât, amorce L’émetteur en recherche de reconnaissance lance un appât, un message « à double fond » sous-entendant une dévalorisation de soi ou de l’autre, une phrase dévalorisante ou sous valorisante, en tous cas, pas dans le présent, l’ici et maintenant de la situation.

2. Le point faible Si le partenaire n’y prend garde, sensible à l’image de soi et/ou de l’autre, non affirmé, en doute, ce message peut le toucher intérieurement, le mettre en défaut et tout aussi inconsciemment, répondre à son tour de manière non respectueuse, injuste et inutile mais de toutes façons, prévisibles en lien avec le rôle correspondant. Rôle de Victime si amorce est Persécuteur ou Sauveur par exemple.

3. La ou les réactions Un temps d’échange, de « réponses » se fait. Toujours sur le même mode, hors présent du problème. Mais les deux personnes peuvent tour à tour changer de « rôles »

4. Le coup de théâtre L’un des protagonistes fait un coup d’éclats, le coup de théâtre qui laisse l’autre pantois, sidéré. La porte a claquée ou c’est une décision inattendue, ou… en tous cas l’un des deux a rompu le jeu de réponses

5. Le moment de confusion, de stupeur La personne qui reste est sidérée, surprise, pantois

6. Le « bénéfice » négatif Un sentiment de victoire ou de perte pour l’un ou l’autre, émotion malsaine puisque la situation est non résolue, elle va reprendre de plus belle jusqu'à ce que l’un ou l’autre utilise des ressources qui construisent et respectent les personnes. « C’est toujours la même chose avec lui », « Tu vois comment je n’y arrive pas », « Décidément, c’est un incapable »… « Je voulais tellement l’aider »… L’idée est de ne pas y entrer, d’être affirmé ; à tous moments il est possible d’en sortir dès qu’il est pris conscience qu’un jeu psy est en cours… Comment éviter de jouer ? Prendre conscience de sa manière ou de celle de l’autre, à intervenir hors de « l’ici et maintenant » avec des mots « hors sujet »

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Avant :

Repérer mes points sensibles. Se connaître, c’est repérer ses « points sensibles » qui touchent à l’estime de soi et d’y

« travailler » pour clarifier ce qui appartient au passé, au présent Différencier ce qui m’appartient de ce qui ne m’appartient pas en répondant à la question :

à qui appartient le problème ? (fenêtre d’acceptation – Thomas Grodon). Prendre soin de mes besoins, me cajoler, me faire cajoler, structurer mon temps, (…+ cf la

pyramide de Maslow ou les besoins selon Eric Berne) Développer sa capacité au dialogue, juste utile et bienveillant, et affirmé ! M’entraîner à exprimer, demander, refuser, donner et me donner des signes de

reconnaissance = M’affirmer (message JE).

Au démarrage : Repérer et refuser de donner et de recevoir les amorces. Faire de la métacommunication, c’est-à-dire communiquer sur la mode de communication

en cours, parler du processus de communication avant de parler du sujet proprement dit, interpeller sur la manière dont les choses sont dites

Pendant :

S’arrêter et méta-communiquer : o Différencier ce qui m’appartient de ce qui ne m’appartient pas en répondant à la

question : à qui appartient le problème ? (fenêtre d’acceptation). Pour cela : Clarifier quel est le problème en identifiant les besoins non satisfaits et les

obstacles pour les satisfaire. Exprimer et respecter les besoins des partenaires. Formuler et/ou faire formuler une demande claire et concrète.

Travailler sur les méconnaissances (Voir tableaux des méconnaissances – AT) Utiliser les outils de communication décrit dans le « métamodèle » (PNL)

Après : Refuser les bénéfices secondaires, les remplacer par un signe de reconnaissance positif. Une des manières pour éviter le jeu est d’exprimer ses besoins, ses désirs de manière affirmée, par le « JE » et la coopération, la collaboration, plutôt que par le « Tu », la compétition, l’accommodement ou le retrait et encore, par la manipulation, l’agressivité, la fuite.

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Le triangle d’autonomie

Il représente les ressources que toute personne est capable d’utiliser pour être en relation avec soi et les autres, de manière à résoudre les problèmes dans l’ici et maintenant où chacun y trouve son compte en fonction des contraintes, des valeurs, de sa position sociale, professionnelle, hiérarchique, de sa capacité à réfléchir, à innover, créer, ressentir, soutenir, encourager, de poser des règles adaptées, etc. Il s’agit d’attitudes de Protection - Permission - Puissance dans l’ici et maintenant bien en lien avec l’analyse de la situation, du problème. Respecter le principe de réalité consiste à prendre en compte les exigences du monde réel, et les conséquences de ses actes. Le principe de réalité désigne avant tout la possibilité de s'extraire de l'hallucination, du rêve, dans lesquels triomphe le principe de plaisir et d'admettre l'existence d'une réalité, insatisfaisante. Devenir autonome, en Analyse transactionnelle, c’est développer la faculté à parcourir la vie en faisant des choix clairs et en les assumant, à avoir conscience de ses propres besoins et à savoir les satisfaire. La Protection

Se réfère à l'ensemble des comportements qui sont relatifs à la sécurité, la légitimité, la prudence vis-à-vis de l'action à entreprendre pour l'efficacité du processus. La protection doit être donnée avant toute Permission et conditionne la Puissance. Elle sert à mettre des limites sous la forme d'un cadre qui permet de s'assurer que le travail ou la vie en société se fait dans de bonnes conditions pour toutes les personnes concernées. Les règles de vie sont élémentaires : Cadrer, fixer des règles ou les limites, faire référence aux valeurs, à l’éthique, etc. Les références sont en général des documents types : contrat de travail, code de la route, règlement d’ordre intérieur, fiche de poste, lois et règles, la morale, la religion, l’éthique, la déontologie, etc. Curieusement, la protection permet la liberté… sauf si ces règles étouffent par leur absurdité, inadéquation avec la réalité, le contexte, la culture, etc. La Permission

Se réfère à l'ensemble des comportements qui sont relatifs à la possibilité d'entreprendre, à la satisfaction des besoins, aux opportunités ouvertes par la réalisation de ses objectifs. La permission ne doit être donnée que si une Protection efficace peut être garantie. Elle représente la fonction « Nourricière » de la personne : encourager et soutenir le changement, l’expérimentation, l’affirmation de soi. Exemple : accueil inconditionnel permettant à la personne de dire ses peurs et ses soucis sans retour de flammes. La Puissance

Se réfère à l'ensemble des comportements qui sont relatifs au succès dans les actions entreprises, aux objectifs clairement atteints. La puissance vient après que la protection ait été assurée et la permission donnée.

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Le jeu psychologique & l’Autonomie

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La résultante de ces deux conditions est l’expression de la Puissance de l’individu par l’utilisation combinée de la créativité, des envies et de la personnalité authentique, en prise avec la réalité, les contraintes éventuelles. Lorsque la Permission et la Protection sont présentes dans le cadre de n'importe quelle relation, cela permettra le dégagement de plus de Puissance. Cette puissance est celle de la personne qui est considéré comme intelligent, intuitif, responsable, et bien renseigné en ce qui concerne ses enjeux et ambitions. Les trois P, Permission, Protection et Puissance sont souvent associés aux trois rôles du triangle dramatique. En effet, la Permission est souvent considérée comme la face lumineuse du Sauveteur. La Protection est souvent présentée comme la face positive du Persécuteur, sachant que mettre des limites ou des garde-fous, ça sert aussi à protéger. Et lorsque les deux sont présents, la Puissance est le côté positif du rôle de Victime, représentant l'Enfant Libre et intuitif et créatif, ni soumis ni rebelle. Quels sont les critères de l’autonomie ?2 L'autonomie répond à trois critères : conscience, spontanéité et intimité. Devenir autonome, cela signifie élargir et amplifier nos compétences à :

avoir une conscience claire C’est être en contact avec la réalité, avec « l’ici et maintenant » et, non avec l’ailleurs à un autre moment, passé ou futur. C’est accepter la réalité telle qu’elle est, sans filtre, ni déformation C’est avoir conscience des conséquences de ses choix. J’ai ainsi conscience par exemple que le temps qui passe ne reviendra plus, je ne confonds pas mon conjoint et l’un de mes parents, etc.

être spontané C’est développer notre faculté à ne pas réagir à l'environnement par des comportements automatiques, mais comme nous le souhaitons et d'une manière adéquate à l'environnement. J’ai à ma disposition un large panel de réactions à l’environnement et je m’en sers avec justesse et cohérence

être capable d’intimité

C’est être dans une relation authentique avec l'autre, en toute confiance, c'est-à-dire vraie et appropriée. Cela exclut toutes manipulations ou jeux. Cela peut être un moment de

2 http://analysetransactionnelle.fr/les-concepts-de-base/l-autonomie/

Protection Permission

Puissance

Bien en lien avec la conscience de l’ici et maintenant

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Le jeu psychologique & l’Autonomie

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partage amical comme une mise au point très franche. Il s'agit de développer une capacité à proposer un moment relationnel fort, comme de savoir le recevoir. Je suis capable d’être dans une relation authentique avec l’autre, je peux partager des moments d’émotions vraies – et non jouées - sans jugements ou inhibitions : la joie sûrement, mais je peux aussi exprimer, montrer ma colère ou ma peur et demander à être rassuré.

À noter : L’intimité correspond à la même notion que celle que vous pouvez trouver dans

la structuration du temps (1 des 3 besoins – reconnaissance, stimulation, structuration du temps – retrait, rituel, passe-temps, activité, jeux psychologiques, intimité) La personne établit une relation sincère et exempte de volonté manipulatoire où les interlocuteurs échangent sur ce qu'ils ressentent, et s'impliquent (joie, tristesse...). C'est le mode le plus risqué de communication parce que les personnes montrent leur vulnérabilité, se livrent. C'est un vécu dans l'instant. L'échange est direct et spontané. Structuration du temps rare, de courte durée, et de grande intensité.

Dans le champ organisation le concept d’autonomie trouve aussi toute sa place ; il est possible d’aider une entreprise à avoir une plus grande autonomie (sortir des processus négatifs - conflits, passivité… – et retrouver le chemin de la pleine activité).