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HOMMAGE À ANDRÉ GREEN Pr Dominique Cupa Editions Cazaubon | « Le Carnet PSY » 2012/2 n° 160 | pages 12 à 25 ISSN 1260-5921 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2012-2-page-12.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pr Dominique Cupa, « Hommage à André Green », Le Carnet PSY 2012/2 (n° 160), p. 12-25. DOI 10.3917/lcp.160.0012 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Editions Cazaubon. © Editions Cazaubon. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 190.215.218.214 - 03/08/2015 20h09. © Editions Cazaubon Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Paris 8 - - 190.215.218.214 - 03/08/2015 20h09. © Editions Cazaubon

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  • HOMMAGE ANDR GREENPr Dominique Cupa

    Editions Cazaubon | Le Carnet PSY 2012/2 n 160 | pages 12 25 ISSN 1260-5921

    Article disponible en ligne l'adresse :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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    Pr Dominique Cupa, Hommage Andr Green , Le Carnet PSY 2012/2 (n 160), p. 12-25.DOI 10.3917/lcp.160.0012--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

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  • Paroles daffect pourAndr Green

    Pr Dominique Cupa

    En outre, lanalyste nentendpas seulement avec son oreille ft-ce la troisime mais avecson corps tout entier. Il est sensiblenon seulement aux paroles maisaussi aux intonations de la voix,aux suspensions du rcit, auxsilences et toute lexpressionmotionnelle du patient. Sans ladimension de laffect, lanalyseest une entreprise vaine et strile.Sans le partage avec les motionsdu patient, lanalyste nest quunrobot-interprte qui ferait mieuxde changer de mtier avant quilne soit trop tard. 1

    Jaime cette citation, je la proposesouvent, elle mvoque lhommeprofond, clair, direct avec sesaffects-passion qutait AndrGreen, elle mvoque le psycha-nalyste qui ma fait comprendreque lcoute convoque une dispo-sition profonde du corps louverture, ouverture qui nesaurait se confondre avec unedisposition simplement empathi-que pour lautre mais se pose enbordure du sens. Cette citationmvoque encore un des aspectsessentiels de sa rflexion : laffect,et de ce fait elle saccorde ce quiaujourdhui me saisit, une tris-tesse, un mal lme, une grisailleque les mots ont du mal transmettre car le sens vritableest en attente Nous ne verronsplus, nentendrons plus, nedialoguerons plus, ne nous dispu-terons plus avec lhomme desaffects, des passions

    Je me propose ici, pour lui rendrehommage, de prsenter certains

    points essentiels de sa thorie delaffect travers laquelle ondcouvre en partie lhomme qui at un des plus grands psycha-nalystes de notre poque. Je lefais dautant plus, que je sais quiltait en accord avec ce que jaidj crit ce sujet et quil aimaitquon pense sa pense, que nousla transmettions.

    Le travail dA. Green plonge dansle champ sulfureux de laffect,laffect comme temps fort duchamp psychanalytique , letemps de la rvlation ce quilui permet de proposer un redressement de la thoriefreudienne 2. En effet, la cliniquefreudienne sest appuye sur lesreprsentations inconscientesplutt que sur les affects encentrant la cure surtout surlanalyse des reprsentations.Aussi, Freud a maintenu, selon A.Green, le champ du transfert horsde lanalyse car cest dans letransfert que rapparat laprimaut de laffect sur lareprsentation.

    Le rapport du XXXe Congrs despsychanalystes de languesromanes Paris, en 1970 surLaffect 3, constitue le travailprinceps dA. Green sur ceconcept. Il pose alors lesfondements dune nouvellethorie de laffect qui sedveloppent en contrepoint desthories psychanalytiques struc-turalistes de lpoque, enparticulier celle de Lacan. Il vargulirement remanier cettethorie. Si Freud questionnelaffect partir de la clinique de lanvrose, A. Green interroge poursa part la clinique des tats nonnvrotiques, dont il tait un desspcialistes 4.

    Laffect est regard sur lecorps mu

    A. Green repart, toujours dans cesrflexions, du socle freudien. Ilpose donc, dabord que laffectdsigne un quantum, une quan-tit dexcitation comme Freud lapropos. Cest une affectationnergtique 5 dans le sens o lacharge daffect (de la mme faonquune charge lectrique) estrpartie sur les traces mnsiques.Mobile, variable, transformable etdchargeable, ltat libre ou li decette nergie spcifie des rgimesde fonctionnement diffrents(processus primaires ou secon-daires). Deux destins du quantumsont reprables, soit il spuisedans la dcharge, soit il estsoumis la liaison qui exige lepralable de la rductionquantitative par mesure deconservation du plaisir et desauvegarde du principe de plaisir.

    Mais, A. Green va plus loin. Ilprcise que laffect est unedcharge en partie oriente verslintrieur du corps qui comprendla perception de mouvementsinternes et les sensations de lagamme plaisir-dplaisir. Ainsilaffect apparat selon un doubleversant : un versant corporel et unversant psychique qui lui-mmeest cliv en deux : une activitdauto-observation du change-ment corporel, du mouvement,rsultat dune activit spculairesur le corps et un aspect qualitatif :le plaisir-dplaisir. Laffect seprsente alors comme uneexprience corporelle et psy-chique, dans laquelle la premireest la condition de la seconde.Lexprience corporelle se produit loccasion de la dchargeinterne, mouvement qui rvle lesentiment dexistence du corps

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  • qui sort alors de son silence, lecorps parle. Ce versant de laffectpermet au sujet de prendreconscience de son corps en tantquil en est propritaire, maisaussi en tant quil lui chappe, lemoi ne peut le contrler.Processus de psychisation quisenrichit de la gamme du plaisir-dplaisir auquel laffect introduitle corps. Laffect se dveloppe, setransforme, plaisir et dplaisir seconfondent, inhibent lautre, leremplacent, etc., mais cettedouble polarit toujours prsentenest valable que pour laconscience.

    Laffect prend la parole : chair du signifiant etsignifiant de la chair

    Cest Andr Green que lon doitdavoir soulign la reprsentancede laffect. Il constate que silaffect a une orientation interne,il est aussi orient vers lautre, ilest la fois message pour lin-terne et message qui peut sa-dresser. A. Green introduit laffectdans le discours comme un tenant lieu de reprsentation ,comme un signifiant accom-pagn de son nergtique,nergtique qui conduit auxinvestissements et lui donne savivacit : le discours est vivant .Discours vivant 6, cest ainsi quesintitule son ouvrage sur laffect.A. Green donne la parole laffect. Si, lnergtique affectivedonne la parole au corps, ellenourrit aussi le discours, prend laparole en lui donnant corps.Laffect est selon cette belleformule chair du signifiant etsignifiant de la chair 7. Tant quilapparat comme lment dediscours, laffect se soumet audiscours, tout en se rattachantaux autres lments qui lecompose. Sous leffet destensions internes/externes laffectjoue avec la reprsentation, larecouvre, labolit, en tient lieu.Cependant, laffect peut aussidsorganiser la parole jusqulinintelligible, lindicible duretour au corporel, laffect sedliant alors de la parole. Lorsquelaffect rompt avec la

    reprsentation et prend sa place,il risque de se transformer en untorrent qui rompt les digues durefoulement, submerge les capa-cits de liaison et de matrise duMoi.

    Ainsi, laffect appartient deuxcatgories : celle de lcono-mique et celle du symbolique. A.Green rattache la qualitmouvante , le moteur desdistributions, des changes, destransformations, la catgorie delconomique et celle dusymbolique, ses capacits repr-sentationnelles vivifies par lesforces en provenance du corpspulsionnel. Lconomique trans-forme les forces : vitement duplaisir, recherche du plaisir,matrise des affects. Le sym-bolique ne peut sexercer sansquune force alimente lesprocessus de transformation parlesquels il se constitue, mais cetteforce doit tre travaille pour treopratoire. Les petites quantits sont indispensables au fonction-nement de la pense. Ainsi, forceet sens sont solidaires parce quilssont complmentaires, impen-sables lun sans lautre. De ce fait,dans la mesure mme o la forcecre un rapport de forces, elle estsymbolique.

    Laffect inconscient

    Andr Green tenait beaucoup cet aspect discut de laffect. Laquestion de savoir ce quest unaffect inconscient, est dlicate cards lors quil est inconscientlaffect perd sa qualit , celle-ci constituant lessentiel de ce quipermet de le reconnatre. Endautres termes, laffect incons-cient ou laffect du a comme duSurmoi, est inconcevable pour laconscience, puisque la qualit delaffect ne peut se comprendreque par rapport la conscience.Aprs une lecture trs serre destextes freudiens dans lesquels A.Green montre lexistence daf-fects inconscients dans le travailfreudien 8, il propose que lin-conscient soit constitu de cellules faites daffects lis

    des reprsentations de chose, ouencore que laffect ait un lieninconscient avec la reprsen-tation de chose. Linconscient estle lieu o se joue laccordageentre affect et reprsentation dechose, affect qui va tre partieprenante dans la scnarisationinconsciente des fantasmesoriginaires. En effet, linconscientest cette autre scne o sejoue un spectacle qui affecte lesujet et o se noue, dit AndrGreen, le rapport de laffect aufantasme 9. Les fantasmesoriginaires sont en positionordonnatrice permettant au complexe reprsentation-affect de se construire. Les fantasmesoriginaires fonctionnent commematrice de linconscient, lerefoulement originaire portant surle maintien ltat de refoulprimaire des lments desfantasmes originaires, lmentsperceptifs emprunts au rellabors en traces. Les traces sontdonc organises en fantasmesoriginaires, qui, dans le tempsmme de leur construction,subissent le refoulement originaireles maintenant dans linconscient,o ils vont grer les refoulementsaprs-coup. Pour A. Green, lesfantasmes originaires ne sont pasdes reprsentations, ni descontenus, mais des mdiations, ilssont ce par quoi adviennentreprsentations et contenus 10 .

    Laffect - passion,laffect - origine

    Au cur mme de son travail Passions et destins des passions 11,A. Green introduit une nouvelledfinition de laffect commepassion. Il tait lui-mme unhomme de passions, passion pourla psychanalyse, sa thorisation etsa pratique, passion pourlunivers de la pense. Ce filsdune mre morte ne fait-il pasremarquer que la contrainte penser est un symptme du complexe de la mre morte etque lintellectualisation produc-tive, sorte de sein cognitifrapport, en est une issuefavorable.

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    Pour A. Green, toute pulsion apour unique objet origine, lobjetpassionnellement investi quest lamre. La passion constitue lacharge, en provenance du corpsde lenfant en tat de passi-vation en prise avec les soinsmaternels, quantum daffect li cette dpendance dfinitive lamre. Laffect devient ainsi reprsentant de la passion 12 .La passion affecte le sujet, maislaffect est lui-mme passion,reprsentant de la passion, affect-origine, reprsentation de lapremire rencontre. Il va de soiquici laffect garde toute savaleur de symbolisation, quilgarde son statut topiqueinconscient. Do la propositiondA. Green de considrer lesdiffrents tableaux cliniquescomme des systmes detransformations de la passioninconsciente, comme folie parta-ge par la mre et son enfant, cemodle permettant de travailler la fois du ct des structuresnvrotiques et du ct desstructures psychotiques.

    La passion est prsente dans touttransfert. Cela exige quelanalyste ne ferme plus la porte cette folie, quil consente laccueillir et la partager enlanalysant. Pour ce faire, il fautreconnatre laffect toute saporte. Cest--dire laisser lechamp libre aux affects dans leursaspects les moins ordinaires et lesmoins raisonnables, les pluscontradictoires et les pluscomplexes. Subir la charge de lapassion du transfert est sansdoute extnuant, cest le prix payer, par lanalyste, pour lamarche de lanalyse. Inutile dedire que le contre-transfert est icien premire ligne. 13

    Laffect dsancr de la parole

    Dans Le discours vivant, A. Greenmet en lien hallucination ngativeet affect en partant du stade dumiroir tel quil est propos parLacan. En accord avec lui, A.Green rappelle que, lors du stadedu miroir, la rencontre avec

    limage est accompagne dunaffect, la fameuse assomptionjubilatoire de lenfant. La clini-que de lexprience du miroir,telle quelle se prsente danslhallucination ngative du sujet,montre une absence dimage, lo celle-ci devrait apparatre.Seul est visible lencadrement dumiroir sur lequel aucune trace nesinscrit. Cette absence dereprsentation du sujet estassocie une monte daffectdangoisse rapprocher delangoisse de la perte dobjet. La reprsentation et laffectsont dissocis avec disparition dupouvoir de percevoir la repr-sentation. Ce qui fait dfaut nestpas le sentiment dexistence, maisle pouvoir de reprsentation.Laffect est vcu avec uneintensit maximale, ne pouvantsappuyer sur aucune repr-sentation, puisque le miroir nerenvoie que son reflet. Ce cadrevide voque un autre vide, le videde lAutre. 14 . Le sujet tente deretrouver sa propre image perdueet limpossible retrouvaille suscitelangoisse. Ici, le clivage entrereprsentation et affect est total,ainsi quentre la reprsentation desoi interne et son absence deprojection dans le miroir. Ainsi, lorsde lhallucination ngative, laffectpossde lui seul tout le pouvoirde la reprsentation. Tenant lieu dereprsentation de soi, il est lafois constat de ce qui manque saplace et surgissement de lhorreurqui accompagne le constat. Au-del du constat, il cherche inscrire sur la surface du miroir unereprsentation.

    A. Green dans son travail sur lhallucination ngative de lamre 15 approfondit lhalluci-nation ngative de limage dansle miroir. Lors de la sparationprimaire de la mre et de sonnourrisson, celle-ci sefface entant quobjet primaire laissant laplace aux investissementspropres du Moi qui le constituent.Leffacement produit lhalluci-nation ngative qui mobilise le Moien recherche de reprsentationscomme nous venons de le voir. Ce

    nest pas pour autant que lobjetmaternel disparat. Il devient structure encadrante sur fonddhallu-cination ngative delobjet primaire. Les repr-sentations-affects de la mre sontalors profondment modifies.Elles ne sont plus ces repr-sentations-cadres porteusesdun mixte mre-bb charnellies des affects reprsentantsde la ncessit vitale de la mre,elles ne sont plus ces quasi hallu-cinations affectives des tats desatisfactions et de dtresse.Lobjet maternel ne peut se trans-former en structure encadranteque lorsquil est suffisammentaimant et ainsi suffisammentsolide, pour tre contenant descontenus repr-sentatifs. La struc-ture encadrante garantit la pr-sence de la mre en son absence,il sous-tend une absence qui peutalors tre remplie par lesinvestissements rotiques etagressifs de reprsentations dumoi et de reprsentations dobjet.

    Encore une question AndrGreen : lexprience de sa propremort ne peut-elle tre pensecomme une exprience delhallucination ngative inverse ?Suffisamment soutenu par lastructure encadrante, le mourantpeut laisser en quelque sorte lavie seffacer, effacer avec elle sesinvestissements de lobjet et delui-mme, laisser seffacer lesreprsentations de lautre et delui-mme dans la rencontre delaffect de la fin uni au derniersouffle.

    Pr Dominique CupaMembre de la Socit

    Psychanalytique de Paris,Professeure de psychopathologie

    psychanalytique lUniversit ParisOuest Nanterre La Dfense.

    Notes

    1- A. Green (1992), La dliaison,Psychanalyse, anthropologie etlittrature, Paris, Hachette.2- A. Green (1990), La Folie prive :psychanalyse des cas-limites, Paris,Gallimard, p. 188.3- Revue franaise de psychanalyse,

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  • 34/1970, p. 885-1169, repris in Lediscours vivant : la conceptionpsychanalytique de laffect, PUF,1973.4- Voir ce sujet : Sur ladiscrimination et lindiscriminationentre affect et reprsentation quia fait lobjet dun rapport prsentau Xe Congrs international depsychanalyse Santiago en 1999. 5- Ibid. p. 218.6- A. Green (1973), Le discoursvivant : la conception psycha-nalytique de laffect, Paris, PUF.7- Ibid. p. 3328- Ibid., pp. 233-235. 9- Ibid., p. 234.10-Ibid., p.234. 11- Ibid., p. 14112- Ibid., p. 189.13- Ibid., p. 177.14- Ibid., p. 275.15- A. Green (1983), Narcissismede vie, narcissisme de mort, Paris,d. de Minuit, p. 125-128 et 245-247 et (1993), Le Travail du nga-tif, Paris, d. de Minuit, p. 280-289et (2002b), Ides directrices pourune psychanalyse contemporaine,Paris, PUF, p. 291-293.

    Une certainepolitique de lapsychanalyse :ouverture et fermetPr Ren Roussillon

    Un hommage A Green peut seconcevoir de diverses manirestant les traces laisses par celui-cisont nombreuses et elles mmesvaries. Son empreinte sera multiple tant au plan nationalquinternational. On peut imaginerprsenter ses contributions scientifiques sur le langage et sonrapport la situation psychanaly-tique, ou encore tenter de rsumerce quil a apport sur la questiondes limites et des formes de souf-frances narcissiques dans les-quelles la question des limites estcrucialement engage. Ceci si londcide de sintresser directement ses apports sur la pratique psy-chanalytique elle-mme ce qui estloin de couvrir lensemble de sonuvre comme on sait, car celle-ciconcerne aussi la question, com-bien essentielle, de la crationsous ses diverses formes, maisaussi des diverses formes de pro-duction de limaginaire humain, lemythe, le rve...

    dire vrai aucun des champs dex-pression de la vie psychiqueconsciente et inconsciente et deleur thorisation mtapsycholo-gique na chapp au bonheur deses explorations et la sagacit deses propositions. Quand A. Greensattelait la clinique ou la tho-risation dun champ particulierctait la fois la promesse duneavance significative et lannoncedun renouvellement de la ques-tion. Sa pense tait crative etsexerait dans tous les domaineso une approche psychanalytiquepromettait dtre pertinente : A. Green tait un gnraliste de la pense clinique et psychana-lytique, un gnraliste au sens ouses travaux couvrent lensembledu champ, mais aussi un spcia-liste de chacun de ces champsdans la mesure o quand il saven-turait sur lun deux ctait tou

    jours avec une bonne connais-sance des travaux le concernant etceci, mme sil ne prenait pas tou-jours la peine de les voquer ou deles citer en dtail.

    Le choix ne manque donc pas pourrendre hommage sa prodigieuseactivit et son immense crati-vit scientifique et je dois dire quepour ma part je ne me suis jamaisaventur dans une rflexion surlun des champs que couvre lapense psychanalytique sansmtre pralablement inform surce quA. Green y avait produit.

    Je ne doute pas que nombreux se-ront les travaux qui sauront souli-gner la fcondit de ses diversapports, mais en ces temps trou-bls pour la psychanalyse contem-poraine cest un autre aspect desa prsence dans la communautinternationale que je souhaiterendre hommage : ce que je seraistent de nommer sa politique dela psychanalyse , politique dou-verture et politique de dbats ou-verts. Mais, lhomme est restfidle lui-mme car ce que jevais rappeler rapidement des po-sitions et actions de Green dans sapolitique externe de la psy-chanalyse, nest jamais que latransposition des positions quil atoujours aussi pris au sein de lapolitique interne de la pense psy-chanalytique en tant de ceux qui, une poque o ils taient facile-ment pourfendus par nombre depsychanalystes franais, ont ouvertla rflexion psychanalytique uncertain nombre de psychanalystesanglo-saxons ou dAmrique dusud quil connaissait la suite deses nombreux voyages. Ouvrir lapsychanalyse franaise aux tra-vaux les plus stimulants des psy-

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    HOMMAGE Michel SOUL

    coordonn par Sylvain Missonnieret Bernard Golse

    paratra le 2 avril 2012

    dans le Carnet Psy

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    chanalystes venus dailleurs cest lamme dmarche que celle quenous allons retrouver maintenantdans son action douverture des so-cits de psychanalyse au socius.

    En 1989 alors quil est prsident dela SPP, il initie et inaugure le colloque dit de lUNESCO, premier des Colloques du prsi-dent . Ce colloque marque untournant dans la mesure o ilsagit du premier colloque den-vergure, du premier colloque of-ficiel de la SPP, qui souvre unpublic large de sympathisants dela psychanalyse, de praticiensnappartenant pas aux socitscomposantes de lIPA, dun colloque organis en direction dusicle des cliniciens engags sur leterrain du soin psychique et quicherchent dans la pense psycha-nalytique des repres pour penserleur action sur les divers terrainscliniques o ils oprent.

    A. Green avait largement pressentiles menaces qui planaient sur unepsychanalyse frileuse, ramassesur elle-mme, planque dans unetour divoire et qui refusait le dia-logue avec le socius et les dbatsque celui-ci impliquait. Foin dunepsychanalyse menace de ntreque psychanalyse poussireuse se refermer sur elle-mme, continuer de se penser commepsychanalyse idalise par une intelligentia aux commandes de lavie culturelle, il fallait la fois expliquer et prsenter ses dve-loppements nouveaux et en mmetemps accepter les controversespossibles avec ceux qui commen-aient lui disputer le champ despratiques cliniques. Quand la me-nace sera encore plus prcise denombreuses annes plus tard, etdans le mme esprit il sera encore lorigine dun vaste colloque ras-semblant non seulement len-semble des analystes des socitsfranaises composantes de lIPA,mais aussi des socits issues dumouvement lacanien. Il fallait rta-blir le dialogue interrompu par lesdiverses scissions de 1953, 1963,1968..., montrer que les psychana-lystes de diverses obdiences pou-

    vaient dialoguer entre eux, que lapsychanalyse malgr ses diversitsrestait une, que lon pouvait ras-sembler les forces pour les luttessociales qui sannonaient.

    On pourrait souhaiter quil en futautrement et que les preuves don-nes de la pertinence thrapeu-tique et clinique de la psychanalyseddouanent celle-ci des luttespistmologiques et idologiquesqui parcourent le champ social,mais on sait quil nen est pasainsi. La politique de lautruchesest avre catastrophique et A.Green a toujours t, linverse,au front dune politique de la psy-chanalyse qui a accept le dia-logue, quand il tait possible, avecles tenants de position alternative,ou de ceux qui ont men le com-bat pistmologique et crois lefer avec ceux avec qui le dialoguentait plus possible et quistaient engags dans une entre-prise de meurtre de la pense cli-nique psychanalytique. Dialogueset dbats avec les tenants des TCC,dialogue et dbats avec certainsdes thoriciens des neurosciences -on se souvient de ses dbats avecChangeux - avec les psychologuesdu dveloppement en particulieravec D. Stern -, avec les linguistesles anthropologues etc.

    Ces dialogues et dbats suppo-saient une suffisamment bonneconnaissance des travaux issusdes autres disciplines, on ne dbatbien quavec ce que lon connait etla position qui consiste com-battre les autres dans la mcon-naissance de leurs travaux,mthode que certains des enne-mis de la psychanalyse utilisentsouvent, est trangre la d-marche de Green qui travaillait endtail et autant quil fallait lestextes des tenants des disciplinesavec qui il engageait dbats etdialogues. Ceci autant que faire sepeut bien sr. Green dans ces casl dveloppait des arguments, il nese rpandait pas en haine et en ac-cusations striles, il cherchait continuer de penser et ceci mmesil engageait la polmique et sison ton pouvait tre vif en rponse

    aux attaques dont la psychanalysetait lobjet. Cette position exigedu travail, elle exige de continuerdapprofondir sans relche les fon-dements de la mtapsychologiepsychanalytique, de continuer decreuser la clinique des tableauxpsychopathologiques et aussi biende ceux qui sont donns commeles plus classiques que de ceux quitrouvent de nouvelles formes demanifestation ou sont loriginede nouvelles formes de travail cli-nique. Cest aussi une leon don-ne par A.Green, leon quil dit luimme avoir tir des dbats avecLacan et la psychanalyse laca-nienne, le travail pour continuer depenser la psychanalyse et ses ex-tensions doit se poursuivre, la pen-se clinique issue de lapsychanalyse ne se maintiendraque si les psychanalystes conti-nuent de creuser leur outil de pen-se, leur mthode et leursdispositifs, que sils continuent detravailler la mise au point desconcepts ncessaires lexplora-tion clinique.

    Mais une telle position supposeaussi dtre prt apprendre des autres, senrichir de leurs apports. A. Green acceptait aussidapprendre des autres disciplines- des linguistes, des anthropo-logues, des philosophes, voire desneurosciences avec qui il rentraiten dialogue, dintgrer ce quecelles-ci pouvaient nous apporter,en ceci fidle une tradition freu-dienne, pour autant que ces ap-ports pouvaient tre rapatris dans la mtapsychologie psycha-nalytique. Il na dailleurs jamaisnon plus cach sa sensibilit auxlimites de la psychanalyse commeen tmoigne encore ses dernierslivres o il se penche sur certainsde ses checs. Apprendre delchec sans idaliser la cliniquepsychanalytique dun moment,cest la fois pouvoir continuer defaire progresser celle-ci sans en arrter la question sur un dogmetabli, cest aussi avoir uneconfiance suffisante dans la fcondit de la dmarche pour nepas avoir peur de reconnatre l oelle doit encore travailler.

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    Enfin A. Green a t aussi trs pr-sent sur un autre des aspects cru-ciaux des rapports de lapsychanalyse au socius, celui de cequon appelle, sans doute mala-droitement, de la psychothrapie.Il ne faut pas confondre les nces-sits dun processus de formationdes psychanalystes (la cure typeest ici irremplaable) avec lescontraintes de la pratique concrtedes psychanalystes et ceux-cisaventurent ncessairement loindu cadre standard de la cure type.

    Lune des menaces qui pse sur ledveloppement et lavenir de lapsychanalyse est sans contesteque celle-ci se replie sur le modlede la seule cure type, la cure stan-dard divan / fauteuil au moinstrois sances par semaine, et quese trouve tre plus ou moins dis-qualifi de fait les autres formesde ce quA. Green nommait le travail de psychanalyse voire letravail du psychanalyste. Sur ceterrain l aussi les positions deGreen sont remarquables et enadquation avec les exigencesdune psychanalyse du 21me sicle.On ne peut accuser Green ni dunemconnaissance des fondementsde la pratique psychanalytique nidun quelconque discrdit de celle-ci et cest bien en ceci que sa po-sition a t importante et quellerecle une leon qui doit tre en-tendue. Mais il tait aussi sensible la fois au fait que de nombreuxpsychanalystes se sont aventursdans des dispositifs loigns dudispositif standard et en mmetemps quils ont continu de faireuvre de psychanalyste quilsnont pour autant rien reni deleur identit de psychanalyste.

    Comme D. Anzieu en son tempsavec le concept danalyse tran-sitionnelle , il tait de ceux quipensaient que la pratique psycha-nalytique ntait pas totalementassujettie au cadre standard ber-ceau premier de sa pratique etquelle pouvait inspirer lactiondes cliniciens bien au-del de sonamnagement dans le classiqueface face, souvent seule alterna-tive envisage. L o la souffrancepsychique sexprime, au chevet

    des patients en fin de vie, dans larencontre avec les patients at-teints de maladie psychosoma-tique, dans les prisons o seretrouvent les dlinquants vio-lents, violeurs ou meurtriers, l oles toxicomanes peuvent tre ren-contrs, dans les dispositifs pro-pices aux soins psychiques de lapsychose ou de lautisme, bref lo il est socialement possible depratiquer la clinique, lcoute psy-chanalytique a son degr de perti-nence et le psychanalyste est saplace, et mme souvent il est leseul pouvoir engager lapprocheclinique ncessaire. Bien sr il fauttenir compte aussi bien des parti-cularits des formes dexpressionde la psychopathologie que desparticularits des conditions de larencontre clinique, mais un travailde psychanalyse est possible et untravail qui ne renie rien de lessence de la psychanalyse ni deses fondements. Cette lutte l estessentielle au prsent et lavenirde la psychanalyse et A. Greentait aussi sur ce front l.

    A. Green tait sans doute le dernier reprsentant dune gn-ration de psychanalystes faireuvre de pionnier, la gnrationdes mammouths de la psycha-nalyse, de ces figures exemplairesqui tracent les routes sur les-quelles les gnrations qui suiventpeuvent avancer avec un chemindj un peu balis. Dans la voie delinterface de la psychanalyse avecaussi bien les autres disciplinesquavec le socius, A. Green, dansune ligne que je crois authenti-quement freudienne, a plantquelques jalons dont il reste esprer que la leon ne sera pasperdue et continuera dclairerceux qui sont en responsabilitsde la politique de la psychanalyse.L sera le vritable hommage aucombattant acharn pour la psychanalyse que fut Andr Green.

    Ren RoussillonProfesseur lUniversit de Lyon IICentre de Recherches en Psycho-

    thrapie et Psychologie clinique(CRPPC),

    psychanalyste SPP

    Andr Green,penseur du ngatifPr Franois Richard

    Une thmatique majeure, celle dela ngativit, gouverne lavancede la pense dAndr Green, depuis ses premiers textes des annes 1960-1970 sur lhallucina-tion ngative et sur lirreprsen-table jusqu la notion dedsengagement subjectal en 1973,et du ngatif du ngatif en 2011.

    Nous avions de longues conversa-tions, il mettait lpreuve sesnouvelles ides, tandis que je cher-chais conforter les miennes, ou radicaliser les siennes : ainsi jin-terprtais le travail du ngatifcomme une modalit paradoxalede subjectivation, comme un prlude la reconnaissance delaltrit et, plus rcemment,comme le trait majeur de lactuelmalaise dans la culture. Noschanges, empreints de vivacit,destime, et, fondamentalement,damiti il ne manquait jamaisde senqurir de ma vie, bonheurset soucis se droulaient souslgide, me semble-t-il, dun prin-cipe, sans concession, damour dela vrit. En aot 2010, dans samaison de vacances o je me ren-dais tous les ans selon un rituelimmuable, il eut lintuition dun infini de la ngativit. Un an aprs,il relisait Nietzsche et me parla dungatif du ngatif. Nous tombions daccord : les tats limites sont le

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    fonctionnement adaptatif prva-lent du monde daujourdhui. Jendduisis lhypothse de lexpulsionde lintriorit psychique dans laralit du dehors, de pathologiesen extriorit qui sont des patho-logies de lintriorit.

    Green tait un matre : pas tant enencourageant activement son in-terlocuteur aller de lavant, plu-tt en le laissant avancer delui-mme. Il tait tel le cadre quisefface mais qui reste fonctionnel :il continuera, je crois, remplircette fonction, pour moi, pourdautres - malgr, avec sa dispari-tion.

    Green suggre une radicalit, nondialectisable, du ngatif : Il fautpostuler dans sa forme extrmeune dissociation entre le moi et lesujet o linvestissement accom-pli ou non du premier se dgagedu second, cest--dire procde audsinvestissement de la fonctionde ladhsion au lien qui tmoignede lengagement. Le lien est main-tenu, il ne sagit donc pas duneattaque contre la liaison, il nestpas non plus dsinvesti, il peutmme ltre fortement, cest len-gagement lobjet passant par lapulsion qui se dfait. Engage-ment qui se reconnat danscette ralisation du dsir et pro-cde sa propre reconnaissance et qui sinverse nigmatiquementen un dsengagement subjectal

    () fantasme de dliaison subjec-tale du moi () Cette situationcontraint le moi, en continuant suivre le cours des choses , dconnecter en lui les assises desa subjectivit dont lpreuve est laune du dsir. Ce qui donnelillusion que ces sujets restent despartenaires des pripties dont lavie fournit dinnombrables varits,cest quils paraissent jouer le jeudu social, comme tout un chacun.

    un renversement prs : ils occul-tent (sans se rendre compte de ladiffrence) la distinction entre d-sirer et tre dsir et supposentque les deux sont quivalents 1.Il faut ajouter que si cest len-gagement lobjet passant par lapulsion qui se dfait , cest parceque celui-ci confronte le sujet ladimension la plus intime, intrapsy-chique, de son dsir, intrique auxtraces mnsiques de son histoiredipienne et aux fantasmes in-cestueux en dcoulant, dans uneconomie libidinale de rtentiondes pulsions, condition dun dsirvritable.

    La symptomatologie de lagir et dela dcharge la plus rapide possiblene rsulte pas ici de processusprimaires, demeurs en leur fonc-tionnement puril, mais de lchec supporter laccroissementdexcitation conscutif leffortd ajournement de la dcharge ou de suspension, devenue n-cessaire (Freud S., Formulationssur les deux principes du cours desvnements psychiques, 1911), la constitution dun moi capablede connatre et de contrler lesprocessus primaires, la rtentionprocurant lespace psychique int-rieur o un dsir personnel pourratre ressenti psychiquement etsubjectiv.

    Dans les tats limites, linhibitiondu dsir vrai - reli lhistoiresingulire et aux objets internesinconscients dipiens utilise lesmcanismes compliqus des fonc-tionnements limites plutt que lemcanisme plus simple du refou-lement. On a alors affaire despathologies mixtes nvrose/fonc-

    tionnements limites, dans les-quelles le conflit pulsionnel int-rieur au psychisme thoris par lapsychanalyse, toujours central, estdform par la tendance au dsin-vestissement objectal et au dsen-gagement subjectal. Le complexeddipe se dilue mais reste actif,lappropriation subjective pouvantavoir lieu dans des espaces maldlimits : le ngatif du ngatif serait peut-tre chercher du ctdes formes contemporaines mer-gentes du lien interhumain et dela culture. Green, ce classique quiaimait la tragdie grecque, Sha-kespeare et lopra, tait aussi unpenseur de la crise de la moder-nit.

    Lors du colloque de Cerisy quejavais organis en collaborationavec Fernando Urribarri surluvre dAndr Green et en laprsence de celui-ci 2, il suggra denuancer la notion de subjectiva-tion dont nous avions souventparl : Je lexprimerais plutt entermes de reconnaissance : Ceciest bien de Moi, moi ; ceci estMoi puisque cest en moi .La notion de reprsentation estcomplexe ; il faut distinguer la dlgation de la reprsenta-tion proprement parler et, ducoup quelque chose chappe tou-jours. (p. 244). On voit bien quece propos dveloppe celui de Nar-cissisme de vie, narcissisme demort (1983) : Aborder le narcis-sisme, cest dune certaine faon,sinon de faon certaine, tre enclin une tautologie thorique dansla mesure o Narcisse tend nous sduire dans la thorie quifait miroiter les reflets de son ap-parence .

    Le ngativisme de nombreux ana-lysants daujourdhui exprimeraitun besoin de se soustraire lacaptation par lobjet parce quelleramne aux sortilges spculairesdu Mme. Ce pas de ct par le-quel le sujet se dfausse peut per-mettre de trouver un lieu, certes premire vue autarcique, o sur-vivre comme diffrenci. Telle estdu moins linterprtation (opti-miste) que je fais des formes les

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    La distinction de 1983 entre nar-cissisme de vie et narcissisme demort, le propos de 1984 sur la pa-role analytique qui dsendeuillele langage et redonne lautrela figure des objets et des dsirsquun renoncement a relgusdans lombre 3 , ainsi que celui de1990 (La folie prive) sur le site dusujet comme espace structur parlabsence de la mre mtamor-phose en structure encadrante,convergent vers un point de vuevoisin de celui que je soutiens 4 : Le bb dispose dune facultdiscriminatrice pour reconnatre lavoix de sa mre () ds le pre-mier jour () Il y a destinationavant quil y ait un destinataire() Lchange de paroles nces-site dtudier les relations vocalesentre deux voix () il ny a desujet que pour un autre ()Ltude de lautisme appelle deshypothses thoriques concernantle fonctionnement psychique sub-jectif. tre renvoy au sonore nedonne rien voir. Signifier nestpas suffisant, il manque lvidencedu sentiment dexister (Bion). Il nya pas de langage qui ne se rfre la pulsion () Freud () avaitfait lhypothse que le premier critait lorigine de la comprhen-sion mutuelle : le cri est donc pre-mier. Cela touche un aspect dela vie quil faut dfinir comme uneforme subjective "pour un autre"5.

    Ici lvidence du sentiment dexis-ter renvoie au narcissisme pri-maire absolu, mais ce mmesentiment dexister correspondaussi lprouv du bb confon-dant ce quil ressent de lui-mmeet ce quil peroit du monde, lepassage entre ces deux exp-riences se produit sans transition

    aucune, peut-tre port par unephrase ( il y a destination avantquil y ait un destinataire ) la sub-jectivation allant vers sans forc-ment savoir qui et quoi. Signifiernest pas suffisant , le fonc-tionnement psychique subjectif en est affect dune sorte dau-tisme normal, les voix sengrnent partir du premier cri, nanmoinslintersubjectivit entre en contra-diction avec le caractre aveuglede linvestissement pulsionnel delobjet, dans un sentiment de d-pendance et dincomprhensionde ses vises. Pourtant la viecomme une forme subjective pour un autre creuse un che-min bien rel, quoi quelle em-prunte souvent les traverses dungatif. Pas de rencontre pleine,entire et directe entre deux su-jets.

    Sagit-il de lombre de lobjet dont parle Freud dans Deuil et m-lancolie ? De la capacit treseul en prsence de la mre selon Winnicott ? De tout cela etencore dautre chose, de cette pr-sence disparue.

    Si le transfert est, comme le ditFreud, un amour rel o quelquechose fait pourtant sentir quilnest pas vrai, il est donc vou se dissiper, non sans laisser lesouvenir dune exprience inou-bliable , ce dont on peut conclureque quelque chose de nouveau estcr dans la rencontre analytique plus proche de la vrit que lalittralit perdue comme le ditencore Andr Green (2010).

    Dans les situations en impasse, ondirait quun syndrome de dser-tification psychique 6 interditlassociation libre et la conversionpsychique espre. L extrmededans nest plus accessible linterprtation ? Limplication dupsychanalyste, son attention auxbesoins de reconnaissance du pa-tient, sa sensibilit aux nuancesparfois infinitsimales de lcono-mie de chaque rencontre chaquenouvelle sance, sa capacit dex-pectance de linattendu et de cra-tion de modalits indites de

    lchange, sont susceptibles den-traner une relance du processus.

    Conclusion lucide et nuance : sile ngatif a t intrioris ()comme une direction prise par lesprocessus psychiques, o ceux-cifont corps avec cette direction (Illusions et dsillusions, p. 240), lesujet pourra peut-tre se nourrirde cette ngativit au-del du ma-sochisme, dans une forme de com-promis, une manire de durer etsans doute de survivre tant bienque mal , lanalyse pouvant in-fluencer , tout le moins clai-rer , sinon venir bout desconduites rptitivement entrete-nues . Issue nullement mpri-sable si lon admet quen denombreux cas cest lhumain quifait dfaut plus que lexcs de per-version maligne .

    Franois RichardProfesseur de psychopathologie lUniversit Paris 7 Denis Diderot

    (Centre dtudes en Psychopathologie et Psychanalyse).

    Psychanalyste, Socit Psychanalytique de Paris

    Notes

    1-Green A., Le Travail du ngatif,Paris, Minuit, 1993, pp. 200-202. 2- On trouvera les actes de ce col-loque dans Richard F., Urribarri F.,Autour de luvre dAndr Green.Enjeux pour une psychanalysecontemporaine, PUF, 2005, avec lacoll. de Aisenstein M., Balier C., Bo-tella C. Botella S., Brusset B., CahnR., Delourmel C., Denis A., DiatkineG., Duparc F., Droit R.-P., GodelierM., Guyomard P., Kristeva J., HaagG., Lavalle G., Miller P., PerelbergR., Smadja C., Vincent J.-D., Zaltz-man N.3- Green A., Le langage dans lapsychanalyse , in Langages, 1984,p. 136.4- Richard F., La Rencontre psycha-nalytique, Dunod, 2011.5- Green A., Illusions et dsillusionsdu travail psychanalytique, OdileJacob, 2010, pp. 49, 50 et 51.6- Green A., Le syndrome de d-sertification psychique , in RichardF. (dir.), Le Travail du psychanalysteen psychothrapie, Dunod, 2002.

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  • Andr Green,un matre, un ami

    Franois Duparc

    Andr Green, qui vient hlas denous quitter, tait un psychana-lyste passionn et passionnant.Son uvre lui survivra longtemps,pour notre grand plaisir et pournous consoler un peu de l'avoirperdu. Il tait mondialement re-connu pour l'originalit de sa pen-se et sa passion pour lapsychanalyse, dans le fil de lathorie de Freud et de ses succes-seurs (Lacan, Winnicott, Bion, lespsychosomaticiens de l'cole deParis).

    Sa curiosit insatiable pour les li-mites de la psych, pour les casdifficiles, la littrature, l'art ou lascience contemporaine, en faisaitune figure attachante - un deschefs de file de l'ge d'or de lapsychanalyse franaise. Celle-ci,sans orgueil national exagr,peut en effet se vanter d'avoircontribu avec lui de faon impor-tante diffrents dveloppementsde notre discipline : I- par la tiercitet l'dipe prcoce dans les psychoses et en psychosomatique ;II- par la thorie de la reprsenta-tion et de son ngatif (irreprsen-table, blanc, pense opratoire) enlien avec l'affect; III- par les tho-ries du cadre, de ses dborde-ments, et la prise en compte de lapulsion de mort ; IV- par la trans-mission inter/transgnrationnelle(des fantasmes originaires trau-matiques, en particulier); V- etenfin par la clinique des tats-limites, entre nvroses et psy-choses. Dans tous ces domainesd'extension ou presque, AndrGreen a apport des contributionsessentielles.

    I- Ainsi, pour ce qu'il en est desrats de la tiercit et de l'dipe,mme aux dbuts de la vie oudans les pathologies les plusgraves, Andr Green y a contribupar son travail sur la psychoseblanche et l'hallucination nga-

    tive. Trs tt, ds 1962, il s'taitdj intress la mre phallique des schizophrnes, lorsque le sujetne peut se diffrencier de sa mre,et ne peut l'identifier que par desimages perscutrices, des Damesde pique noires, inductricesd'une confusion d'identit (cf. sontude sur Pouchkine dans L'illu-soire ou la dame en jeu (1971)).Lorsque la confusion l'emporte, lesujet se trouve alors atteint depsychose blanche, premire tapepossible d'une psychose plus pro-ductive. C'tait le cas de L'enfantde a (1973), n de l'union de samre avec son gendre, qui souf-frait d'un blanc de la pense trscommunicatif.

    Dans les formes moins graves, auxconfins du narcissisme, le com-plexe de la mre morte voquel'avortement de la scne primitive,du fait d'un deuil maternel quijoue le rle d'une triangulationprcoce sans vraie relation aupre. Le dsir de la mre pour lepre devient alors irreprsentable. la fin de son uvre (notammentdans Illusions et dsillusions dutravail psychanalytique, 2010),Andr Green s'intressera beau-coup aux checs de la triangula-tion prcoce que rvlent lesmaladies psychosomatiques.

    II- Trs tt galement, Green s'estintress au dsendeuillementdu langage , ranimer le dis-cours des patients comme celuides psychanalystes. Intress parJacques Lacan, au sminaire du-quel il a assist dans les annes60, il a su prendre ses distancesavec l'insistance excessive decelui-ci sur le signifiant, sur leSymbolique aux dpens de l'Ima-ginaire et du Rel, pourtant toustrois prsents aux dbuts du S-minaire de Lacan. En effet, si lalibre association par la parolereste un outil de base de la cureanalytique, Andr Green a vouluque l'analyse reste un Discours vi-vant (titre de son livre de 1973 surl'affect), et viter une ftichisationdu langage, comme Lacan a pu lefaire aprs le premier temps s-ducteur de son discours, condui-

    sant l'affect se dcharger dansl'agir. Pour faire face au Signifiantpaternel omnipotent de Lacan, il autilis la folie maternelle normale,emprunte Winnicott, et son airetransitionnelle pour construire, aucur de la psych, des proces-sus tertiaires , une aire de jeu in-termdiaire entre les processusprimaires de l'inconscient et lesprocessus secondaires de laconscience. Le discours vivant as-socie ainsi des reprsentations demot et des reprsentants psy-chiques de la pulsion, des repr-sentants d'affect. Ces dernierspeuvent tre disjoints du langage,et se dcharger, dans un processusde dsobjectalisation au ser-vice de la pulsion de mort, notam-ment en psychosomatique. Maisces reprsentants non verbauxpeuvent parvenir s'inscrire dansla pense, grce au transfert surla parole , et au travail du ngatif qui se fera dans l'analysepar la mise en jeu du transfert, oupar l'intermdiaire du cadre analytique.

    III- Avec la question du cadre, et lerle de l'hallucination ngative dela mre comme structure enca-drante, enveloppe de la psych(proche de l'ide d'Anzieu sur leMoi-peau), nous arrivons unethorisation importante pour lapsychanalyse franaise. Celle-cis'est beaucoup attache com-prendre comment, au-del de lasimple association libre , lamise en jeu par le transfert, la mu-sique de l'interprtation, le face--face ou la parole couche (voire larelaxation, dans ma pratique)pouvaient permettre de mettre enscne l'irreprsentable, lorsque lavaleur agie de l'affect ou de lamise en acte l'emportent pour untemps sur l'laboration par lelangage.

    En ce qui me concerne, j'ai pour-suivi ce travail par l'analyse dutransfert latral et du transfert surle cadre comme formes du trans-fert du ngatif, et celle de l'hallu-cination ngative comme formeprimaire de reprsentation, proche

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  • de la motricit et de l'motion pri-maire. Sur tous ces sujets, les tra-vaux d'Andr Green m'ont fourniles repres essentiels pour monexploration thorique et cliniquede ces thmes, qu'il avait large-ment anticip.

    IV- Le complexe de la mre morteest un apport fondamental pourtous ceux qui s'intressent autransgnrationnel. Dans ce vcutraumatique invisible (mais un traumatisme invisible n'en estpas moins nocif), la mre morterenvoie en gnral une scneprimitive originaire dfaillante, et un deuil ancien qui n'a pu sefaire dans la parent de la mre,souvent en rsonance avecd'autres deuils en abymes (par unphnomne d'aprs-coups mul-tiples). Au lieu d'une scne primi-tive gnratrice de vie, on a uneintrusion prmature du tiers, uneforme mortifre de la scne primi-tive, sous l'gide d'un deuil nonlabor. propos des fantasmesoriginaires, prcisment, Greena poursuivi son laboration del'dipe en voquant l'antinomiequi a longtemps exist entre lespsychanalystes gnticiens et dela relation d'objet (auquel Bouvet,son premier analyste, appartenait)et les psychanalystes structuraux(dont Lacan, avant Laplanche,tait le chef de file). Mais il a pr-fr conserver les deux acquis defaon conjointe, en associant danssa pense clinique l'hritage fami-lial historique, et l'hritage phylo-gntique auquel Freud tenaitaussi, proche de l'hritage gn-tique. Le tout aboutissant, dans unprocessus de construction, l'dipe complet (cf. La diachronieen psychanalyse, 2000).

    Je dois dire ici que sur ces deuxpoints - les fantasmes originaires,et la temporalit de l'inconscient -j'ai partag une exprience pas-sionnante de chercheur avecAndr Green. N'ayant jamais faitde supervision avec lui, ni assist ses sminaires (mme si j'ai rgu-lirement assist toutes sesconfrences, et lu ses travaux), jen'avais pas eu connaissance de

    son travail propos en Italie en1991 sur les fantasmes originaires,lorsque j'ai moi-mme publi monpremier travail (en 1991 gale-ment !) sur les cinq fantasmes ori-ginaires de Freud commeconstituants de l'dipe et sur lespathologies qu'ils engendrent, enprolongement des complexes fa-miliaux de Lacan, et des hypo-thses de base de Bion, dans lesgroupes familiaux. L'aspect struc-tural ne me semblait pas incom-patible moi non plus avecl'aspect gntique, condition derduire ce dernier un dfautd'laboration li des trauma-tismes. J'ai repris cette faon deconcevoir les choses dans la pr-paration de mon rapport auCongrs de langue franaise de1997 sur Le temps en psychana-lyse, o j'avais associ le tempsgntique des stades et des rela-tions d'objet, et le temps structuralintemporel de l'inconscient, desfantasmes originaires, et del'aprs-coup. Or la mme po -que, Green tait en train de pr-parer son livre sur Le temps clat,et m'a envoy son manuscrit justeaprs la pr-publication de monrapport. Il m'a dit alors : C'est croire que vous aviez assist mon sminaire ! et m'a gratifi,lors du congrs, d'une discussionlogieuse, ce qu'il a t un desrares faire cette occasion,beaucoup de collgues prtendantque le temps n'tait pas unconcept freudien, ou que tout se li-mitait aux deux temps de l'aprs-coup

    V- La construction des fantasmesoriginaires de l'dipe, et sa d-construction ou sa fixation dansdes traumatismes prcoces ou cu-mulatifs (par l'effet de rsonancetraumatique) me semblentd'ailleurs essentiels pour com-prendre les champs cliniques li-mites auxquels Green s'estintress par la suite dans sonlivre de 2002, La pense clinique :le chiasme hystrique, l'analitprimaire, la position phobique cen-trale - auxquels on pourrait ajou- ter les destins de l'affect tels quele gel ou le dbordement torren-

    tiel de l'affect, et la resomatisationcorporelle de l'angoisse. Onretrouve dans ce dernier livre unintrt constant de Green pour laclinique, depuis la psychoseblanche, la folie prive, et lestats-limites entre nvroses et psy-chose. Malgr sa rpugnance pourl'observation des bbs, dans lamesure o cela lui semblait risquerde prter une attitude davantagephnomnologique ou comporte-mentale que psychanalytique, ils'est galement beaucoup int-ress aux travaux sur l'autisme, enlien avec Frances Tustin, les neu-rosciences et la mtapsychologiedu lien primaire. Le clivage entreautisme et sublimation, en parti-culier, ne cessait de l'interroger.

    Pour conclure, je ne saurais m'ar-rter dans cet hommage sans par-ler de l'extraordinaire attiranced'Andr Green pour l'art, la mu-sique, la posie et le thtre, enparticulier. Je ne peux que men-tionner ici son blouissant essaisur la tragdie (Un il en trop,1969), son livre sur Lonard deVinci, (1992) celui sur Hamlet(1982), ses essais sur Le double deDostoevski ou les Mouches deSartre, etc).

    Dans un de ses derniers livres qu'ilm'a fait parvenir en fin 2011 (Dusigne au discours), il reprend unarticle qu'il avait crit pour un livrede Marie-France Castarde sur la

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  • voix, dans lequel il crit : Choisirparmi les genres sublimatoiresnon pas la musique souvent invo-que dans ces lignes, mais satransformation dans la posie,c'est continuer de faire occuper lecentre la parole et au langage ou encore, avec Meschonnic : Le problme potique est de sa-voir ce qui reste de la voix quandce n'est plus du sonore .

    Je lui avais rpondu en novembredernier avec ma confrence sur Larsonance des motions, entre lecorps et l'autre, en argumentantsur le fait que la rsonance venaitdes motions primaires du corps,et ne se reliait au langage quedans le discours vivant et l'affectli ( signifiant de la chair et chairdu signifiant , pour parler commeGreen dans Le discours vivant),comme dans l'opra Caprricio deStrauss, o la musique, la parole etla danse s'associent dans une har-monie potique complte - jusqu'la morale de l'histoire, qui fait debien des motions de simples ca-prices vise de dcharge.

    Puis je lui ai envoy mes vux dertablissement, le sachant malade,et une posie sur l'aprs-coup queje vous livre ci-dessous, sachantqu'il me faisait l'honneur d'appr-cier mes textes potiques. Il m'arpondu trs chaleureusement,quelques jours avant sa mort, pourme remercier de mon pome qu'ilavait apprci, et me souhaiterbeaucoup de joies avec mon pre-mier petit-fils dont je lui avais an-nonc la naissance ! Je retrouvaisune nouvelle fois l'Andr Greenqui m'avait fait l'honneur de m'ap-peler son ami, et qui me faisaitainsi un au revoir trs mouvantpour moi, en aprs-coup.

    Aprs-coup

    Aprs-coup, jai pens que la mortNtait que lillusion de nos nou-veaux dpartsPour une vie meilleure.Aprs-coup, il tait une foisdautres tempsQui sabouchaient limpossible

    Dnouant, fcondant lombilic denos rves.Aprs-coup jai pens limpen-sableLorsque le temps sinverse et quele cur sarrteDans lmotion de transformer lemonde.

    Franois Duparcpsychiatre, psychanalyste SPP

    Bibliographie

    Sur Andr Green (1995); Une thorie vivante,l'uvre d'Andr Green, par Fran-ois Duparc, F.Quartier & M.Ver-morel, Paris, P.U.F, coll. Textes debase en psychanalyse 1997.(1997); Andr Green, par FranoisDuparc, Paris, P.U.F, coll. Psychana-lystes d'aujourd'hui 1997.DAndr Green ; Le tempsclat, Minuit, Paris 2000.-, La diachronie en psychanalyse,Minuit, Paris 2000.- Illusions et dsillusions du travailpsychanalytique, Paris Odile Jacob2010.-, Du signe au discours, IthaqueParis 2011.De Franois Duparc ; (1991)Quavez-vous donc tir au jeudes fantasmes originaires?,Revue fran. de Psychanal., 1991,T. 55 n5. - (1997); Le temps en psychana-lyse; figurations et construction.Rapport au 56me Congrs des Psychanal. de langue franaise,Paris 1997. Bulletin de la SocitPsychanal. de Paris, n43-janv.1997, repris in Revue franaisde psychanalyse n5-1997.-(1998) Llaboration en psycha-nalyse, prface dAndr Green ;LEsprit du temps, Bordeaux, diffu-sion P.U.F. Paris.-, (2005) "La ressaisie de l'infan-tile dans la pense clinique", inAutour de l'uvre d'Andr Green,dirig par F. Richard, P.U.F. Paris2005.-, (2010) "dipe court toujours",in Filigrane, vol. 19 n2, automne2010 (Adieu dipe, bonjour Nar-cisse).

    Ecorces et ramuresPr Maurice CorcosAlejandro Rojas-Urrego

    Ecoute moi, mon fils, dit ledmon en plaant sa main sur

    ma tte. E.A. Poe. Silence

    Ah cest sr que ta voix manquait cette confrence improvise surla transmission laquelle tu nousas convis. Les propos de ton filsqui disait -si tendrement et si jus-tement- sa douleur faite de d-ception et de frustration devantton amour, parfois trop sec et troptendu, souvent trop prudent etdonc trop mesur ont pu exprimerce que tous tes collgues te repro-chaient en catimini une certaineduret. Nous croyons nous avoircompris que ta rigueur livrait sanscesse bataille une fortune ad-verse au bord de ta folie priveand the rest is silence disait legrand Will ton alter ego, frre depapier. Si tu avais pu te rveiller,aurais-tu offert ton fils tes brasou, ton amour de lescrime aurait-il repris le dessus et, latmosphrelectrique de ces dbats dans celugubre crmatorium aidant, tuaurais nouveau dgain jusquce que comme laccoutume la fin de lenvoi tu touches. Etnous aurions encore tous applauditon discours vivant et ton langagede vrit, pour viter que la psy-chanalyse ne devienne un bien deconsommation mme et surtoutlors du dernier repas.

    Beaucoup dentre nous se sou-viennent, pour des raisons tech-niques ou de simple vie, va savoir,beaucoup plus de ta voix que detes yeux... et cest bien dommagecar ton regard lui ntait jamaisdur. Ta voix forte, semblait parvenirdun lointain inou sans cesserdtre prsente, une voix tristesans tre dsabuse, la voix dunhomme qui ne renonce pas. Unevoix combattante, hargneuse, maistoujours suivie de silences chaleu-reux, une voix qui sanimait ou seranimait dans la discussion, prte repartir en guerre contre le d-voiement des concepts, contre lesdiscours sans corps, la voix dun

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  • Don Quichotte emport par ses ju-gements motionnels, se mfiantde la malhonntet de lintellect etde la raison, mais toujours prt dire aprs toutes les batailles per-dues ou gagnes : quest cequon sest bien amus !

    Navons-nous pas t nombreux avoir admir, car ressenti, dans tesconceptions thoriques, le travaildune intelligence dure car per-ante, mais allie un imaginaireextraordinaire qui te donnait cestyle de formidable conteur et quidevrait nous rassurer sur ton am-bition comme sur ta mesure.

    Navons-nous pas t nombreux nous tromper et te surnommer lhomme de laffect , commepour tenter, en te circonscrivantdans le domaine de lmotion, dete calmer. Mais tu ne te laissaispas si facilement embaumer et necessais de rpter que si jamais ilfallait te dfinir comme lhommede quelque chose tu dirais que tues lhomme du pulsionnel . Tunous rappelais alors, et il fallaitvoir ta fougue, que face Borges,ce pre retrouv dans un laby-rinthe peupl de tigres, tu eus lesentiment qu il mettait face face, en toi lhomme de parole quetu tentes dtre et le fauve que tune cesses pas dtre . Ta probit,ton courage et ton thique qui seretrouvaient dans ton travail,ntaient pas issus duneconscience morale mais directe-ment de ton coute et de ta vigi-lance lgard de linconscient, letien et celui de lautre, qui te di-saient dsespoir et dtresse ris-quant de te faire succomber dansle nihilisme de la pulsion de mortet dont tu te sauvais par ton sensdes responsabilits. Ta lucidit surla zone grise en chacun de nouso tu percevais le travail de la pul-sion de mort a entrav douloureu-sement la possibilit dexprimer tachaleur native. Lamour entre unpre et son fils, surtout lorsquilssont unis dans une tendresse m-lancolique, est un exercice de ra-pidit, beaucoup plus dlicat queles combats des chefs o tu excel-lais. Tu prfrais la musique du si-

    lence. Tu coutais la musique enexigeant le silence pour mieuxrver de llment qui se formecomme un nuage au cur deschoses sans anctres et doncsans successeurs.

    Quelques nouvelles den bas : toidont lamour des belles lettreste dispensait davoir chercher lesupport matriel de linconscient,car tu savais le pouvoir de germi-nation du silence, sais-tu quau-jourdhui certains cherchent lemesurer, en dgainant leur IRM ouleur Petscan : Damasio a quittDescartes pour suivre Spinoza,mais matrialiste impnitent, levoil qui cherche localiser aveclimagerie mdicale les rgions etcircuits crbraux de la joie et dela tristesse. Ils oublient ou ne veu-lent pas voir, tant ils sont la re-cherche de lmotion publicitaire,pure, intacte quil est des joiestristes, des tristesses douces, desbonheurs factices et des malheursqui ne le sont pas moins. Maispeut-tre ne le peuvent-ils pas, vasavoir. Ta passion de la vrit dessentiments, qui sigent partout etnulle part, ta rendu parfois partrop parcimonieux et nous pou-vons te reprocher de ttre beau-coup trop empch. Il est desdouceurs et des chaleurs contra-ries qui rendent la sensibilit dif-ficilement exprimable en somme.

    Quand tu rpondais notrequestion : quelle est la couleur dudeuil ? Tu disais le deuil a tou-jours t port en blanc jusqu cequen Espagne on se mette por-ter du noir, et black, si proche deblank, renvoie un endroit dsol,triste et livr au vent, nous rap-pelle Borges Le visage dsertdune mre morte, dans lequel onest bien plus seul quun naufragsur un radeau au milieu delocan, avions-nous pens. Maisnous avons t rassurs en noussouvenant que tu disais avoir aussit scout et que tu aimais marcherdans le dsert Nul doute que tuas russi ta vie durant avec achar-nement le transformer en aire dejeu. Tu ajoutais dailleurs queblanco en espagnol (tes origines

    maternelles) et blank en anglais(ton tropisme britannique de Win-nicott Bion) avaient la mme ori-gine qui veut dire sans couleur.Lide de la mort est lie la non-couleur disais-tu. Et il en est demme des affects qui lui sont ounon lis. Sans couleur. Tu avais rai-son. Le jour de ton enterrement leciel tait trop clair, avec cette lu-mire aigue qui fait plus triste quela grisaille. Tu avais raison ceblanc-l translucide avait quelquechose dternel et de dfinitif.

    Enfant orgueilleux qui au sortir dudsert dEgypte, cest--dire aumoment de lentre dans lexis-tence, ladolescence, a trans-form le principe kantien ( Ais lecourage de te servir de ton propreentendement ) en il faut pen-ser par soi mme ; puis jeuneadulte qui se voulant franais ho-noraire na cess de quitter ses ra-cines pour se trouver enfin telquen lui-mme il se reconnat filsde Racine. Et tu seras parvenu tre un grand penseur franais ! Tudisais et insistais, ce qui peut ap-paratre paradoxal pour un psy-chanalyste, que lon ne devait paste considrer au travers de tes tra-ditions familiales, culturelles ou re-ligieuses (c'est--dire dans tonpass), mais dans tes choix (departir, de te dprendre, de te re-faire dans un futur choisi Encela tu te voulais un hros conra-dien qui toujours dsenvisage)

    Et nous disons choix mais, en fait,pouvais-tu faire autrement ? Nousne parvenons pas ne pas consi-drer que ce choix fut aussifuite dune obsession, dun acte(de lacte de repartir) dans tonpass. Toujours cet cartlemententre ta France idalise etlEgypte honnie. A moins que tonnarcissisme de vie, suffisammentassur en ses bases, ait russi faire de toi un aristocrate an-glais de ceux qui peuvent se d-pouiller de leur moi originaire etchoisir leur vie. Qui le font avec ledtachement et llgance qui ca-ractrisent non le misrable selfesteem, mais le somptueux self-understatement. Ou encore, fort

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  • de ta croyance dans les vertusantiques (courage, thique, sensdu collectif) seras-tu parvenu triompher du chaos du monde quetu croyais non seulement sans si-gnification morale ou divine, maissurtout color de pulsion de mort,color donc de non-couleur en-core. Et tu as tenu parole cr-mation et sans crmoniereligieuse. Mais las ! Mais l ! Tunas pas pu viter la crmoniemorale.

    Pulsion de mort tu navais plusque a la bouche vers la fin !Navais-tu pas jou dans ta jeu-nesse sorbonnarde Cassandre,prophte cataclysmique dont onncoute pas les prdictions, alorsque tu rvais du seul rle tadmesure : celui de Clytemnestre !Et lon se prend penser que si tunavais pas russi tre psycha-nalyste (prdicteur du pass) tuaurais fait une formidable mrepassionnelle. Car enfin sur les pul-sions de destruction, comme Bau-delaire avec qui tu partageais legot et le dgot de la charogne,tu as voulu croire en lexistence enchaque homme dune double pos-tulation vers le bien et vers lemal..., cette seconde tant la des-tructivit pure de la bte assou-pie . Entre le chagrin et la folie,entre lenfer et le nant, entre lesilence et loubli, tout le mondechoisit par peur le chagrin, loubliou mme lenfer, toi tu nhsitaispas taccorder une certaineproximit avec la folie bruyante ousilencieuse de tes patients et crer ton uvre cum-nilo adossau nant. Ce ple de folie et ceple de sagesse que tu savaisaussi reconnatre en toi-mme. Aubord de labme.

    Ta passion de la vrit, nest pasune passion de lautonomie, elleest une passion de laltrit, lavraie, la radicale, celle qui rgne lintrieur de nous et qui est sidangereuse et si effrayante quenous sommes amens la proje-ter sur les autres.

    Finissons avec ton amour immo-dr pour lArt qui a provoqu nos

    rencontres et que ton fils a jalous mais qui ne le quitteplus tant tu y es prsent. Luvredart, disais-tu, rsulte duntransfert dexistence , elle est objet transnarcissique arrachau corps de la mre pour trelev ltre du temps Un devenir qui ncessite laccepta-tion dune paternit . Oui, srement. Elle est aussi, la spiralede lorigine et de la fin aidant, lesretrouvailles tant attendues, enfin,avec une parent. Puisses-tu dormir donc, comme tu las souhait pour Jorge Luis, le douxsommeil des innocents.

    Maurice CorcosProfesseur de psychiatrie de

    lenfant et de ladolescent lUniversit Paris Descartes,

    Chef du service de psychiatrie deladolescent lInstitut Mutua-

    liste Montsouris

    Alejandro Rojas-UrregoPsychiatre, psychanalyste. Mde-cin chef du Service de psychiatrie

    et psychothrapie d'enfants etd'adolescents.

    Fondation de Nant.

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    Biographie Andr Green

    N le 12 mars 1927, au Caire. Predorigine portugaise (Flix Green)et mre dorigine espagnole (Sarine Barcilon) ; dernier dune fratrie de quatre enfants ; vit jusqu 19 ans en Egypte dans lemilieu juif cosmopolite ; tudes aulyce franais du Caire (baccalau-rat en 1945). Arriv Paris en1946. tudes de mdecine(1946/1952).Mdecin psychiatre. (Internat en1953 - Assistanat Henri Rousselle en 1957. - Chef de clinique la facult de mdecinede Paris, Hpital Sainte-Annechez Jean Delay - 1958/59). (cf. matres reconnus Henri EY etJulian De Ajuriaguerra).- Psychanalyste (Socit Psycha-nalytique de Paris).- Trois tranches danalyse,avec Maurice Bouvet (1956/1960),Jean Mallet puis Catherine Parat.- Titulaire en 1965.- Directeur de lInstitut de Psycha-nalyse (1970/1972) et (1974/1975).- Vice-Prsident de lAssociationInternationale de Psychanalyse.- 1975/1977 : lu au congrs deLondres.- Professeur la Freud MemorialChair (University College of London 1979/1980).- Prsident de la SPP (1986/1989).- 1955 : rencontre avec JacquesLacan Sainte-Anne.- 1957 : 1re rencontre avec Winnicott.- de 1961 1966 : il suit assiduement le (et intervient au)Sminaire de Lacan.- 1967 : rupture avec Lacan.- 1976 : 1re rencontre avec W. R.Bion.- Ancien membre du comit de rdaction de la Nouvelle Revue dePsychanalyse de 1970 1995.- Professeur honoraire de lUniversit de Buenos Aires.- Membre de lAcadmie desSciences Humaines de Moscou.- Membre dhonneur de la BritishPsychoanalytic Society- Chevalier de la lgion dhonneur.

    Mari Litza Guttieres-Green.

    Retrouvez une bibliographie dtaille sur notre site www.carnetpsy.com

    (rubrique Le bibliographe)

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  • EXPOSITION Rodin, 300 dessins. La saisie du modle.1890-1917 Muse Rodin, Paris.Jusquau 1er avril 2012.

    La plupart des sculpteurs sont desdessinateurs, mais pour chacun lerapport entre sculpture et dessinest diffrent. Soit un travail quiprpare et accompagne luvresculpte, soit une activit cratrice part entire, dont le rapport lasculpture reste dfinir. Cest lecas de Rodin. Les dessins ne sontpas dats, ils nont pas de rapportavec les sculptures.

    Ils nous donnent voir une autremanire de traiter ce corps de lafemme qui a fascin Rodin toute savie. Saisir les mouvements naturels du corps, avec les dessins instantans , procdqui consiste dessiner rapidement,sans le quitter des yeux, le modlequi volue librement dans lespace.

    Si le corps humain est au centre deluvre de Rodin, cest essen-tiellement le corps fminin quiconstitue le thme des 300 dessinsexposs actuellement au museRodin, qui en possde 4300 sur les6000 rpertoris. Cest dire lim-portance de luvre graphique dece grand sculpteur. On sattend voir des reprsentations du corpsen rapport avec les sculptures. Ilnest est rien car ces 300 dessinssont des visions oniriques, relevantdu fantasme et non de la ralitperceptive.

    On suit le cheminement de Rodindu corps reprsent vers les mta-morphoses du corps, avec des su-perbes jeux forme/fond au moyende laquarelle, le lavis, les rehauts.La couleur dborde la ligne, ce quipermet de saffranchir de la formedu corps et dintroduire ainsi unrapport tout nouveau entre lecorps et lespace.

    Voici ce quen dit Klee : Les con-tours sont tracs en quelquescoups de crayon, un pinceaucharg de couleur leau apportele ton de la chair, un autre trempdans une couleur verdtre, disons,peut indiquer le vtement. Cesttout et leffet est monumental .

    Un corps qui surgit puis sefface,qui merge puis se dissout, dansun espace-temps marqu parlphmre. Elles baignent ellesvolent ? - dans un milieu tanttaquatique, tantt arien, ou donton ne sait plus trs bien de quellematire il sagit. On sent la luttecontre les reprsentationsacadmiques du corps : les mou-vements extravagants, le flou. Toutest ambigu et quivoque. Au pointque pour certains dessins, oncherche o est le corps. Il faut endeviner les contours, tant il est prisdans cette matire onirique. Pourcela Rodin exploite avec unegrande virtuosit toutes les possi-bilits de laquarelle, ses couleurstransparentes et sa fluidit, dont ilsuit les hasards, plus quil ne lacontrle. Telles les Nymphas deMonet, les figures sont entre leauet lair. Sont-elles dedans ? Sont-elles dehors ? Etrange renverse-ment, o la femme contenantedevient la femme contenue.

    Dans les deux dessins sur La Nais-sance de Vnus, la femme esttellement penche en avant que satte semble sortir dentre sesjambes, cest--dire de son sexe,comme le bb la naissance.Comment nat Vnus ? Ici cestcomme si elle accouchait delle-mme ou que lartiste la mettaitau monde. Ce nest pas seulementun auto-engendrement, mais len-gendrement de la mre par le fils.

    Jtais o avant dtre n ? ,demandent les enfants. On a entte des images de Rodin, hommeimposant plutt vieillissant, lematre et lamant de CamilleClaudel, artiste trs reconnu, trs

    loin de limage dun petit garonqui demanderait : Et toi, maman, tu tais o avantdtre ne ? Eh bien, mon enfant, jtais danston ventre , pourrait tre larponse insolite.

    Cest le fantasme central de Rodin :engendrer le corps de la femmequi engendre. Et le spectateur estfascin par la beaut de cetunivers trouble, la limite du rveet de la ralit.

    Simone Korff SausseMatre de confrences

    Universit Paris DiderotPsychanalyste SPP

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    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - Universit Paris 8 - - 190.215.218.214 - 03/08/2015 20h09. Editions Cazaubon