L'appropriation des outils de gestion du risque dans les ... · 6 3.2 Dynamique de...

606
HAL Id: tel-00476258 https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00476258 Submitted on 25 Apr 2010 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. L’appropriation des outils de gestion du risque dans les projets : le cas du Crédit Agricole Gisele Nieto To cite this version: Gisele Nieto. L’appropriation des outils de gestion du risque dans les projets : le cas du Crédit Agricole. Sciences de l’Homme et Société. Université d’Orléans, 2009. Français. <tel-00476258>

Transcript of L'appropriation des outils de gestion du risque dans les ... · 6 3.2 Dynamique de...

  • HAL Id: tel-00476258https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00476258

    Submitted on 25 Apr 2010

    HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

    Larchive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestine au dpt et la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publis ou non,manant des tablissements denseignement et derecherche franais ou trangers, des laboratoirespublics ou privs.

    Lappropriation des outils de gestion du risque dans lesprojets : le cas du Crdit Agricole

    Gisele Nieto

    To cite this version:Gisele Nieto. Lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets : le cas du Crdit Agricole.Sciences de lHomme et Socit. Universit dOrlans, 2009. Franais.

    https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00476258https://hal.archives-ouvertes.fr

  • UNIVERSIT DORLANS

    SCIENCES DE LHOMME ET DE LA SOCIET

    LABORATOIRE ORLEANAIS DE GESTION

    THSE prsente par :

    Gisle NIETO-BRU

    soutenue le : 30 Novembre 2009

    pour obtenir le grade de : Docteur de luniversit dOrlans

    Discipline : Sciences de Gestion

    Lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets :

    le cas du Crdit Agricole Tome 1

    THSE dirige par :

    Dominique BESSIRE Professeur, IAE dOrlans

    JURY :

    M. Daniel LEROY, Prsident du jury, Professeur, IAE de Tours Mme Dominique BESSIRE, Professeur, IAE dOrlans M. Frdric GAUTIER, Professeur, IAE de Clermont-Ferrand 1 M. Philippe LORINO, Professeur, ESSEC M. Marc NIKITIN, Professeur, IAE dOrlans Mme. Liliane RIOUX Professeur, Nanterre Paris Ouest

  • Remerciements

    Je tiens remercier vivement ma Directrice de thse, le Professeur Dominique Bessire de

    mavoir accompagne dans ce parcours laborieux en me prodiguant conseils et

    encouragements pendant plusieurs annes.

    Je remercie galement le Professeur Marc Nikitin qui ma conseille de minscrire en DEA

    pour apprendre les mthodologies de la recherche avant de mengager dans un projet de thse.

    Je remercie le Professeur Liliane Rioux pour ses remarques fort utiles lors de la pr-

    soutenance et pour son soutien chaleureux.

    Je remercie le Professeur Daniel Leroy pour laide prcieuse quil ma apporte pour

    alimenter la bibliographie du management de projet, du management des risques et des

    mthodes de recherche.

    Je remercie les Professeurs Philippe Lorino et Frdric Gautier davoir accept dtre les

    rapporteurs et de participer au jury de cette thse.

  • A Ismal, Samuel et Esteban

  • Lhomme est dabord un projet qui se vit subjectivement, au lieu dtre une mousse, une

    pourriture ou un chou-fleur ; rien nexiste pralablement ce projet ; rien nest au ciel

    intelligible, et lhomme sera dabord ce quil aura projet dtre.

    Jean-Paul Sartre, Lexistence est un humanisme, Gallimard, 1996, p.30

  • 4

    TABLE DES MATIERES

    INTRODUCTION GENERALE..12

    PREMIERE PARTIE : DE LA GENESE DE LA PROBLEMATIQUE AU

    CHOIX DUN CADRE THEORIQUE22

    Introduction de la premire partie23

    CHAPITRE 1 GERER LE RISQUE DANS LES PROJETS OU LILLUSION DE LA

    PERSPECTIVE INSTRUMENTALE ................................................................................. 25

    Section 1 Pas de gestion sans outils ................................................................................. 26

    1. Les outils de gestion dans lhistoire des Sciences de gestion .................................. 27

    1.1. Une Science de lartificiel ................................................................................. 28

    1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ? ................................................ 30

    2. Outils de gestion et action collective ........................................................................ 33

    2.1 Rationalit conomique et management scientifique ......................................... 33

    2.2 Les outils de gestion comme formalisation de laction collective ..................... 34

    Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : la gestion de projet .......................... 38

    1. La figure du projet .................................................................................................... 39

    1.1 Histoire du mot projet : entre praxis et tlologie ........................................ 40

    1.2 Vers une vision humaniste du projet .................................................................. 43

    2. De limprovisation linstrumentation de la gestion de projet ................................ 47

    2.1 Un demi-sicle dhistoire du management de projet .......................................... 47

    2.2 Une pluralit de dfinitions du projet ................................................................. 50

    2.3 Management de projet et gestion de projet ........................................................ 57

    Section 3 Comment grer les risques dans un projet ? .................................................... 63

    1. Vers une dfinition probabiliste du risque ............................................................... 64

    1.1. Lapparition rcente du mot risque ............................................................. 64

    1.2 Le futur, objet de connaissance ? ....................................................................... 66

    1.3 Le risque : une question de probabilit objective ou subjective ........................ 67

    2. La problmatique du risque dans les projets ............................................................ 68

    2.1 Dfinitions et typologies des risques dun projet ............................................... 69

    2.2 Dmarche de management des risques dans les projets ..................................... 73

    CHAPITRE 2 VERS UNE APPROCHE PSYCHOSOCIALE ET COGNITIVE DE

    LUSAGE DES OUTILS DE GESTION DU RISQUE ...................................................... 80

    Section 1 De la conception lusage ............................................................................... 82

    1. Diffrentes grilles de lecture des courants de recherche sur linnovation ................ 83

    1.1 Le niveau danalyse : organisationnel et/ou interorganisationnel ...................... 84

    1.2 Le phnomne tudi : la diffusion, ladoption ou la mise en uvre ................ 84

    1.3 Des perspectives complmentaires ..................................................................... 86

    2. Appropriation et usage ............................................................................................. 88

    2.1 Lappropriation comme processus psycho-cognitif .......................................... 89

  • 5

    2.2 Lusage des techniques : un phnomne complexe ........................................... 91

    2.3 Usage prescrit et usage en situation ................................................................... 92

    Section 2 Un usage diffrenci des outils de gestion du risque dans les projets .............. 96

    1. Usage et rapport loutil .......................................................................................... 96

    1.1 Cohrence psychologique versus cohrence instrumentale ............................... 97

    1.2 Fonction normative des outils et perceptions des acteurs .................................. 98

    2. Usage et culture ...................................................................................................... 101

    2.1.Une culture forte comme modle culturel pour lorganisation ........................ 102

    2.2 La diversit des cultures dans lorganisation ................................................... 103

    3. Usage et apprentissage ........................................................................................... 105

    Section 3 Reprsentation du risque dans les projets et usage des outils de gestion ....... 110

    1. Les reprsentations sociales : quelques lments thoriques ................................. 111

    1.1 Concept de reprsentation sociale .................................................................... 111

    1.2 Organisation et structure des reprsentations sociales ..................................... 115

    1.3 Gense des reprsentations sociales ................................................................. 117

    2. Pratiques et reprsentations sociales : une relation complexe ................................ 118

    2.1 La condition de saillance socio-cognitive ........................................................ 118

    2.2 Lexistence de pratiques communes ................................................................ 120

    2.3 Reprsentation du risque : facteur dterminant de lusage des outils de gestion

    du risque ................................................................................................................. 121

    Conclusion de la premire partie128

    DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE130

    Introduction de la deuxime partie131

    CHAPITRE 3 LA LEVEE DES INCERTITUDES DANS LA PHASE EXPLORATOIRE

    ............................................................................................................................................ 134

    Section 1 Le risque dans les projets, un objet de reprsentation sociale ? ..................... 137

    1. Pertinence du concept de reprsentation sociale appliqu au risque, la saillance

    socio-cognitive ........................................................................................................... 139

    1.1 La collecte des donnes auprs des tudiants de LP GPP, GIDT, IDF et RCE 141

    1.2 Mise en vidence dune reprsentation sociale du risque ................................ 143

    2. Formation universitaire et transformation de la reprsentation du risque .............. 156

    2.1 Conditions de formation de la reprsentation du risque ................................... 157

    2.2 Transformation de la reprsentation du risque ................................................. 159

    Section 2 Les enseignements de lenqute exploratoire auprs des banques de la rgion

    Centre ............................................................................................................................. 162

    1. Bref historique des banques interroges ................................................................. 167

    1.1 Vers une rduction du nombre de caisses rgionales au sein du Crdit Agricole

    ................................................................................................................................ 167

    1.2 La banque Hervet : un srie de rachats et de fusions avant de devenir HSBC

    Hervet ..................................................................................................................... 169

    1.3 Le groupe Banque Populaire : un rseau de banques rgionales ..................... 170

    2. Deux cas diffrents de changement radical des pratiques de gestion de projet ..... 171

    2.1 Dbut dappropriation de la nouvelle mthodologie la Banque HSBC Hervet

    ................................................................................................................................ 172

    2.2 La direction du Crdit Agricole Centre Ouest face la faible acceptation de la

    nouvelle mthodologie ........................................................................................... 174

    3. Institutionnalisation des pratiques de gestion de projet ......................................... 181

    3.1 Les mthodologies en usage au CATP et BPVF ........................................... 181

  • 6

    3.2 Dynamique de lappropriation du management de projet au sein du CACL de

    1990 2007 ............................................................................................................ 192

    CHAPITRE 4 UNE SERIE DE TATONNEMENTS METHODOLOGIQUES .............. 202

    Section 1 Les difficults rencontres dans le positionnement pistmologique ............ 204

    1. La dmarche de recherche : explorer et tester ........................................................ 205

    1.1La phase exploratoire : une dmarche abductive .............................................. 206

    1.2 Ltude approfondie : une dmarche hypothtico-dductive ........................... 207

    2. Comment tudier les reprsentations sociales ? ..................................................... 209

    2.1 Une tude de cas pour tudier les reprsentations du risque ............................ 209

    2.2 Mthode qualitative et mthode quantitative ................................................... 211

    Section 2 Les remaniements successifs du questionnaire .............................................. 214

    1. De la version initiale la version finale ................................................................. 215

    1.1 De la version initiale au premier test du questionnaire .................................... 216

    1.2 Les modifications apportes avant un nouveau test ......................................... 223

    2. La version finale du questionnaire ......................................................................... 224

    2.1 Les caractristiques des acteurs interviews ........................................................ 229

    2.2 Les reprsentations du risque chez les interviews ......................................... 232

    2.3 Lappropriation des outils de gestion ............................................................... 233

    Section 3 Ladministration et le traitement du questionnaire ........................................ 238

    1. Constitution de lchantillon .................................................................................. 238

    1.1 Lacteur mtier ................................................................................................. 239

    1.2 Le comit de pilotage ....................................................................................... 241

    1.3 Le chef de projet : un homme dinfluence ....................................................... 242

    2. Diffusion du questionnaire ..................................................................................... 245

    2.1 Une cible difficile atteindre ........................................................................... 245

    2.2 La gestion du retour des questionnaires ........................................................... 246

    3. Le traitement du questionnaire ............................................................................... 249

    Conclusion de la deuxime partie..257

    TROISIEME PARTIE : LA CULTURE PROFESSIONNELLE, UN

    MARQUEUR DE LUTILISATION DES OUTILS DE GESTION..261

    Introduction de la troisime partie.262

    CHAPITRE 5 UN USAGE DIFFERENCIE DES OUTILS DE GESTION DU RISQUE 264

    Section 1 Le rapport loutil de gestion du risque dans les projets chez les utilisateurs

    ........................................................................................................................................ 268

    1. Caractristiques des outils de gestion et niveau dutilisation ................................. 272

    1.1 Premire approche des outils les mieux appropris ......................................... 273

    1.2 Croisement des caractristiques des outils et du niveau dutilisation .............. 273

    2. Perception de loutil et niveau dutilisation ........................................................... 276

    Section 2 Utilisation et caractristiques individuelles .................................................... 279

    1. Construction dune typologie des caractristiques individuelles ........................... 282

    1.1 Tableau Protocole et Tableau disjonctif utilisables sous STATISTICA .......... 282

    1.2 Classification des caractristiques individuelles .............................................. 289

    2. Croisement des caractristiques individuelles et de la variable utilisation ............ 297

    2.1 Etude comparative des caractristiques des Utilisateurs et des Non Utilisateurs

    ................................................................................................................................ 297

    2.2 Confrontation de la typologie des Caractristiques Individuelles la variable

    Utilisation ............................................................................................................... 303

  • 7

    CHAPITRE 6 REPRESENTATION DU RISQUE DANS LES PROJETS ET USAGE

    DES OUTILS DE GESTION ............................................................................................. 311

    SECTION 1 Contenu de la reprsentation du risque (Module RR) ............................... 315

    1. Premire approche du contenu de la reprsentation du risque .............................. 316

    1.2 Catgorisation des reprsentations du risque ................................................... 326

    Section 2 Croisement des caractristiques individuelles et des reprsentations (Module

    CIxRR) ........................................................................................................................... 329

    1 Analyse Factorielle des Correspondances applique sur les mots .......................... 330

    2 Analyse factorielle des correspondances applique sur les dimensions de la

    reprsentation ............................................................................................................. 338

    3 Analyse Factorielle des Correspondances appliques sur les classes de dimensions

    .................................................................................................................................... 343

    Section 3 Croisement des reprsentations du risque RR et de la variable U (Module

    RRxU) ............................................................................................................................ 349

    1 Le contenu de la reprsentation des Utilisateurs et des Non Utilisateurs ............... 349

    2 Les tableaux croiss du Module RRxU ................................................................... 353

    Section 4 Le tableau crois du Module RRxCIxU ......................................................... 360

    Conclusion de la troisime partie364

    CONCLUSION GENERALE366

    Bibliographie379

  • 8

    Table des tableaux

    Tableau 1 La dmarche mthodologique de la recherche P131

    Tableau 3.1 : Configurations selon le type danalyse et le type de phnomne P140

    Tableau 3.2 Ventilation des rpondants selon le sexe, la culture et le statut P141

    Tableau 3.3 : Les donnes de base P143

    Tableau 3.4 : Le corpus de base des items P143

    Tableau 3.5 Indicateurs de diversit et de raret dans lensemble des LP P145

    Tableau 3.6 : Rang moyen et frquence des items de la zone centrale P146

    Tableau 3.7 : Indicateurs de diversit et de raret dans chaque groupe de LP P147

    Tableau 3.8 Les zones centrales selon le type de formation P148

    Tableau 3.9 Matrice de similitude dans le groupe RCE P149

    Tableau 3.10 Frquences des items communs aux quatre LP P155

    Tableau 3.11 Indicateurs de diversit et de raret du groupe GPP P159

    Tableau 3.12 Modifications de la zone centrale de la reprsentation du risque P160

    Tableau 3.13 Liste des banques contactes P163

    Tableau 3.14 Mode de collecte des donnes P164

    Tableau 3.15A Comparaison des deux cas de changement de mthodologie

    (grille de lecture : phase dappropriation)

    P179

    Tableau 3.15B Evaluation du niveau de maturit du Crdit Agricole centre

    Ouest

    P180

    Tableau 3.16A Comparaison de la mthodologie en usage au CATP et la

    BPVF (phase dappropriation)

    P189

    Tableau 3.16B Evaluation du niveau de maturit du Crdit Agricole Touraine

    Poitou

    P190

    Tableau 3.16C Evaluation du niveau de maturit de la Banque Populaire Val de

    France

    P191

    Tableau 3.17 Dynamique de lappropriation du management de projet au CACL P199

    Tableau 3.18 Phase dappropriation des banques interroges P201

    Tableau 4.1 Les diffrents paradigmes (adapt de Thitart) P204

    Tableau 4.2 Test du questionnaire version 8 P222

    Tableau 4.3 Rcapitulatif des diffrentes versions du questionnaire P224

    Tableau 4.4 Correspondance entre les questions et les variables du modle P231

  • 9

    conceptuel

    Tableau 4.5 Correspondance entre les questions et les variables du modle

    conceptuel

    P236

    Tableau 4.6 Suivi de la diffusion du questionnaire P246

    Tableau 4.7 Suivi du retour des questionnaires P247

    Tableau 4.8 Nombre de questionnaires par caisse P248

    Tableau 5.1 Tests de Fisher (caractristique de loutil et niveau

    dappropriation)

    P274

    Tableau 5.2 Test de Fisher (Obligation et niveaux dutilisation 1 et 2) P276

    Tableau 5.3 Test de Fisher (Facilit et niveaux dutilisation 1 et 2) P276

    Tableau 5.4 Test de Fisher (adaptation et niveaux dutilisation 1 et 2) P277

    Tableau 5.5 Test de Fisher (note et niveaux dutilisation 1 et 2) P277

    Tableau 5.6 Rsultats des tris plat (partie A du questionnaire) P286

    Tableau 5.7 Valeurs propres (ACM_CI) P290

    Tableau 5.8 Calcul des taux modifis avec la mthode de Benzcri P291

    Tableau 5.9 Variables contribuant la formation des axes P292

    Tableau 5.10 Contribution des variables linertie du nuage et linertie des

    axes

    P293

    Tableau 5.11 Typologie des caractristiques individuelles P295

    Tableau 5.12 Typologie des caractristiques individuelles P296

    Tableau 5.13 Comparaison des caractristiques individuelles dans les deux

    strates

    P299

    Tableau 5.14 Rsultats des tests de Fisher relatifs la comparaison des

    proportions chez les Utilisateurs et les Non Utilisateurs

    P301

    Tableau 5.15 Rsultats des tests de Fisher relatifs la comparaison des

    proportions chez les Utilisateurs de niveau 1 et de niveau 2

    P302

    Tableau 5.16 Croisement des classes CI et de la variable Utilisation P303

    Tableau 5.17 Rsultats des tests de Fisher appliqus aux classes CI P304

    Tableau 5.18 Hypothses valides et hypothses non valides P309

    Tableau 6.1 Corpus de base (189 items) P316

    Tableau 6.2 Corpus rduit n1(120 items) P320

    Tableau 6.3 Indicateurs de diversit et de raret P323

    Tableau 6.4 Zone centrale de la reprsentation du risque P324

  • 10

    Tableau 6.5 Frquence et rang moyen dans le corpus rduit n1 P325

    Tableau 6.6 Les 8 dimensions de la reprsentation du risque P327

    Tableau 6.7 Spcificits des 6 classes P327

    Tableau 6.8 Corpus n2 P330

    Tableau 6.9 Valeurs propres AFC RR_CI P331

    Tableau 6.10 Items communs P335

    Tableau 6.11 Rsum des rsultats des tests de Fisher P338

    Tableau 6.12 Valeurs propres (AFC dim RR_CI) P339

    Tableau 6.13 Dimensions communes P342

    Tableau 6.14 Rsultats des tests de Fisher pour les dimensions O, E et T P342

    Tableau 6.15 Rsultats des tests de Fisher pour les autres dimensions P342

    Tableau 6.16 Valeurs propres (AFC CLRR_CI) P343

    Tableau 6.17 Rsultats du test de Fisher Classes RR_CI P347

    Tableau 6.18 Frquence et rang moyen des items dans les deux strates P350

    Tableau 6.19 Calcul des indicateurs de diversit et de raret P352

    TABLEAU 6.20 Zone centrale des deux strates P353

    Tableau 6.21 Mots cits par les Utilisateurs et les Non Utilisateurs dans le

    corpus

    P354

    Tableau 6.22 Gestion cot/dlai/qualit chez les Non Utilisateurs P355

    Tableau 6.23 Gestion cot/dlai/qualit chez les Utilisateurs P355

    Tableau 6.24 Gestion des cots/dlais/qualit selon le niveau dappropriation P356

    Tableau 6.25 Croisement des dimensions de la reprsentation avec la variable

    utilisation

    P357

    Tableau 6.26 Croisement des classes de dimensions et de la variable U P358

    Tableau 6.27 Rsultats des tests de Fisher P361

  • 11

    Table des figures

    Figure 1.1 Matrice des objectifs et des mthodes P70

    Figure 2.1 Le modle conceptuel et les hypothses initiales P127

    Figure 3.1 Arbre maximum de la reprsentation du risque dans les

    groupe RCE P150

    Figure 3.2 Carte factorielle de la reprsentation du risque P153

    Figure 3.3 Rsum des principaux rsultats de lAFC P154

    Figure 3.4 Project Management Maturity Model P166

    Figure 4.1 Modes de raisonnement et connaissances scientifiques (in

    Thitart, p.63) P206

    Figure 4.2 Le modle conceptuel P208

    Figure 4.3 Le modle global P209

    Figure 4.4 Va et vient entre le modle et le terrain p214

    Figure 4.5 La question centrale et les choix mthodologiques P256

    Figure 5.1 Modle conceptuel du rapport loutil chez les utilisateurs P271

    Figure 5.2 Utilisation des outils de gestion, dmarche de traitement des

    donnes P272

    Figure 5.3 Utilisation et caractristiques individuelles, dmarche de

    traitement des donnes P280

    Figure 5.4 Graphique des valeurs propres (ACM_CI) P290

    Figure 5.5 Carte factorielle (ACM_CI) P294

    Figure 5.6 Reprsentation des axes factoriels (ACM_CI) P295

    Figure 6.1 Utilisation, reprsentation du risque, caractristiques

    individuelles : la dmarche de traitement des donnes P314

    Figure 6.2 Carte factorielle (AFC RR_CI), dimension 1x2 P331

    Figure 6.3 Synthse des rsultats de lAFC RR_CI (axe 1 et 2) P336

    Figure 6.4 Synthse des rsultats de lAFC RR_CI (axe 1 et 3) P337

    Figure 6.5 Carte factorielle de lanalyse factorielle AFC dimRR_CI P340

    Figure 6.6 Rsum des rsultats de lAFC dimRR_CI P341

    Figure 6.7 Carte factorielle (AFC CLRR_CI) P345

  • 12

    INTRODUCTION GENERALE

    Rappel du sommaire gnral

    Introduction gnrale

    Premire partie : De la gense de la problmatique au choix du cadre thorique

    Deuxime partie : Mthodologie de la recherche

    Troisime partie : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des outils de

    gestion

    Conclusion gnrale

    Sommaire de lintroduction gnrale

    1. La problmatique gnrale de la recherche : ses questions, ses objectifs, son intrt

    2. La dmarche mthodologique adopte

    3. Le plan de recherche

    Le management de projet est n aux Etats-Unis dans les annes 1940-1950 dans le

    cadre de projets darmements et de fabrication de fuses. Le modle standard dominant sest

    dvelopp pour des grands projets unitaires de 1950 1970. La gestion de projet a diffus

    dans les industries de grande srie dans les annes 70. Il sest avr dans les annes 80

    inoprant pour rpondre aux besoins de ractivit des entreprises engages dans la

    comptition pour lancer de nouveaux produits. Le modle de la concourance a remplac le

  • 13

    modle standard. La fonction projet sest dveloppe dans les annes 90 durant lesquelles sont

    apparus les Project Management Offices (PMO). Les NTIC ont favoris la diffusion de la

    gestion de projet dans les entreprises grce notamment lIntranet. Actuellement tous les

    secteurs dactivit sont concerns par la gestion et le pilotage de projets.

    La dfinition du projet du Project Management Institute extraite du Guide to the

    Project Management Body of Knowledge de 2000 est la suivante : A project is a temporary

    endeavor undertaken to create a unique product, service or result. Cette dfinition met

    laccent sur le caractre temporaire du projet, la nouveaut quapporte le projet quil sagisse

    dun produit, dun service ou dun rsultat. La norme Afnor X50-115 dfinit en 2002 le

    projet comme processus unique, qui consiste en un ensemble dactivits coordonnes et

    matrises, comportant des dates de dbut et de fin, entrepris dans le but datteindre un

    objectif conforme des exigences spcifiques . Cette dfinition prcise la ncessit de

    dfinir les tches raliser et les outils de coordination et de contrle mettre en uvre, elle

    fait rfrence aux besoins du client que le projet doit satisfaire et elle situe lactivit projet

    dans sa dimension temporelle. Un projet ainsi dfini a un dbut et une fin, il engage des

    ressources et il est donc important de matriser les dlais, les cots et la qualit.

    Dans cette introduction nous prsentons la problmatique gnrale de la recherche, sa

    dmarche mthodologique et le plan de recherche.

    1. La problmatique gnrale de recherche : ses questions, ses objectifs et son intrt

    La recherche concerne les outils de gestion de projet et se rattache au contrle de

    gestion. Lorigine de notre question de recherche se situe dans nos observations ralises

    durant notre pratique professionnelle denseignement : nous avons constat chez les tudiants

    de formation initiale des difficults intgrer les risques dans la gestion de projet et

    assimiler le principe de suivi des risques. Nous avons repr les mmes difficults lors de

    stages de formation continue organiss pour des entreprises. Lappropriation des outils de

    gestion du risque par les acteurs de lorganisation ne va pas de soi.

    La question de recherche est la suivante :

    Pourquoi, dans une mme organisation, certains individus sapproprient-ils les outils de

    gestion et dautres pas ?

  • 14

    Notre objet de recherche est limit aux outils de gestion du risque dans les projets.

    Notre recherche se propose datteindre deux objectifs : un objectif descriptif et un objectif

    explicatif.

    Un objectif descriptif :

    Cette recherche est novatrice du fait que lappropriation est une thmatique encore

    insuffisamment tudie. Le premier objectif est donc de dcrire le rapport loutil. Quelles

    sont les caractristiques des outils de gestion de projet les mieux appropris ? Comment sont-

    ils perus ? Sont-ils jugs faciles, utiles et adapts ? Sont-ils utiliss par obligation ? Sont-ils

    frquemment utiliss ? Peut-on alors mettre en vidence plusieurs niveaux dutilisation ? Cet

    objectif correspond la question de recherche prliminaire suivante :

    Q1 : Quel est le rapport loutil de gestion du risque dans les projets?

    Un objectif explicatif :

    Lappropriation est un processus complexe. Nous tudions lusage des outils dans sa

    dfinition restreinte lutilisation. Certains acteurs impliqus dans des projets nutilisent

    jamais des outils de gestion de projet, dautres en utilisent plus ou moins frquemment. Peut-

    on trouver dans les caractristiques des individus des facteurs explicatifs du niveau

    dutilisation ? Les hommes utilisent-ils plus souvent les outils que les femmes ? Quelle est

    linfluence de lexprience acquise, de la culture professionnelle ? Est-ce le fait dutiliser ou

    non un outil est li la phase du projet dans laquelle lindividu intervient, son rle comme

    chef de projet ou acteur mtier ? Est-ce que ceux qui ont suivi une formation sont plus

    utilisateurs que les autres ?

    Do la deuxime question de recherche :

    Q2 : Est-ce que les Utilisateurs possdent des caractristiques diffrentes des Non

    Utilisateurs ?

  • 15

    Moliner et al. (2002) soulignent quil est toujours possible de mobiliser la thorie

    des reprsentations pour tudier une question donne. [] En premier lieu, on doit se

    souvenir quune reprsentation est un structure dopinions, dinformations et de croyances

    que les individus utilisent pour interprter et comprendre certains aspects de leur

    environnement social []. Mais parfois, on observe des prises de position, des conduites ou

    des interactions qui ne trouvent pas leur explication dans les situations sociales o elles

    apparaissent. Aux yeux de lobservateur extrieur, il y a comme un dcalage entre ce que

    disent ou font les gens et les caractristiques des situations o ils se trouvent. [] On peut

    alors faire lhypothse que ces individus ont une perception particulire de cette situation ou

    de certains de ses aspects. (p. 35-36). Les personnes impliques dans les projets sont

    confrontes une situation dincertitude et pourtant toutes nutilisent pas des outils pour grer

    les risques. Nous cherchons dans les reprsentations du risque des facteurs explicatifs du

    niveau dutilisation. Nous nous demandons par exemple si les utilisateurs manifestent une

    plus forte proccupation pour la gestion des cots, la gestion des dlais ou la gestion de la

    qualit.

    Do la troisime question de recherche :

    Q3 : Est-ce que les Utilisateurs ont des reprsentations du risque diffrentes des Non

    Utilisateurs ?

    Lintrt de la recherche est la fois thorique et managrial :

    sur le plan thorique, loriginalit est de mobiliser des thories de psychologie sociale.

    Le concept de reprsentation sociale est relativement peu mobilis dans les Sciences

    de gestion quoique utilis dans divers travaux sur le marketing (Devallet-Ezanno,

    2008 ; Cegarra & Michel, 2001 ; Michel, 1999, sur le management (Laufer, 2007 ;

    Schieb-Bienfat, 2008), sur le contrle de gestion (Dreveton, 2008) etc.

    sur le plan managrial, les rsultats de la recherche peuvent aider les managers

    comprendre pourquoi ils rencontrent des difficults dans la diffusion des outils de

    gestion et les orienter vers un vritable management de lappropriation des outils.

    Dans cette optique les praticiens sont invits prendre en compte la valeur

    lusage des outils de gestion et construire des tableaux de bord pour le suivi

    dindicateurs dappropriation (De Vaujany, 2005).

  • 16

    2. La dmarche mthodologique

    La dmarche adopte comprend une phase exploratoire et une phase dtude

    approfondie dun cas.

    La phase exploratoire est subdivise en deux tudes :

    une tude pour vrifier la pertinence du concept de reprsentation

    sociale appliqu au risque dans les projets : en effet le concept de

    reprsentation sociale introduit par les sciences sociales est diffrent de celui

    de reprsentation individuelle : il sagit dune forme de connaissance,

    socialement labore et partage, ayant une vise pratique et concourant la

    construction dune ralit commune un ensemble social (Jodelet, 1989a,

    p.36).

    une tude pour connatre les pratiques de management de projet de plusieurs

    organisations et y reprer des phases diffrentes du processus dappropriation

    (phase de pr-appropriation, phase dappropriation originelle, phase de

    rappropriations, De Vaujany, 2005) ainsi que les niveaux de maturit du

    management de projet (Gray & Larson, 2006).

    La phase de ltude approfondie comprend trois tudes :

    ltude du rapport loutil de gestion chez les utilisateurs en croisant les

    caractristiques des outils et la perception des outils avec le niveau

    dutilisation. Les diffrents niveaux sont dfinis partir de la frquence

    dutilisation (niveau 1 : faible utilisation, niveau 2 : forte utilisation),

    ltude des caractristiques des individus en les croisant avec le niveau

    dutilisation (niveau 0 : pas dutilisation, niveau 1 : faible utilisation, niveau 3 :

    forte utilisation),

    ltude des reprsentations du risque pour les croiser avec le niveau

    dutilisation (niveau 0 : pas dutilisation, niveau 1 : faible utilisation, niveau 3 :

    forte utilisation)

  • 17

    La recherche mobilise les deux types de mthodes, qualitative et quantitative. La

    mthode qualitative est mise en uvre dans les entretiens auprs des directeurs pour explorer

    et dcrire le terrain de recherche au cours de la phase exploratoire. Une dmarche abductive a

    servi dlimiter le cadre conceptuel et thorique. La phase dexploration sachve sur la

    proposition dun certain nombre dhypothses.

    La technique du questionnaire pour tudier le contenu de la reprsentation sociale du risque

    correspond une volont de quantification en prenant en compte un grand nombre de

    variables : la frquence des vocations du mot inducteur risque est ncessaire pour

    conclure sur la consensualit de la reprsentation et les diffrentes variables servent reprer

    les variations interindividuelles. De plus le questionnaire est un outil appropri pour comparer

    le groupe des utilisateurs celui des non utilisateurs.

    3. Le plan de la recherche

    Le corps de la thse est divis en trois parties. La premire partie a pour but

    dintroduire la problmatique gnrale et dexposer le cadre conceptuel et thorique de la

    recherche. La deuxime partie est consacre la mthodologie de la recherche. La troisime

    partie prsente les traitements effectus et les rsultats obtenus.

    La premire partie correspond au cadrage du projet de recherche et reconstruit la gense

    de la problmatique partir de la question fondamentale originelle de lapprentissage des

    outils de gestion et aboutit la proposition des hypothses.

    Notre pratique denseignement des outils de contrle de gestion nous place dans une

    perspective instrumentale dans laquelle loutil de gestion est un vecteur de rationalit dans

    lorganisation. En formalisant laction collective il devient un outil de travail pour les acteurs.

    Nous avons constat que la notion de risque nest pas vidente et que le rapport aux outils de

    gestion du risque dans les projets nest pas simple. Lappropriation des outils ne va pas de soi.

    Notre question de recherche est centre sur lappropriation des outils de gestion des risques

    dans un projet.

    Hazebrouck et Badot (1996) ont identifi deux paradigmes dans le management de

    projet : une conception mcaniste reposant sur la performance vue travers le triangle

    vertueux : cot-dlai-qualit et une conception postmoderne fonde sur leffet

  • 18

    surgnrateur dfini comme la capacit sur gnrer de lexpertise et du bien-tre,

    capitalisables, dans le futur, par les membres de lquipe projet mais aussi par le reste de la

    firme, de son rseau, voire mme de ses concurrents .

    Le premier chapitre prsente avec la conception mcaniste du management de projet

    vhiculant une rationalit mcanique base de rgles et de procdures (Navarre, 1993 in

    Hazebroucq et Badot, 1996, p.32). Dans cette approche rationnelle et instrumentale

    lappropriation est quasi-instantane : elle repose sur le mythe de la rationalit.

    Le deuxime chapitre prsente avec la conception postmoderne du management de projet

    recherchant notamment la satisfaction de lquipe projet ainsi que des effets positifs en termes

    dapprentissages. Lcoute des acteurs et la communication sont donc des facteurs importants

    pour la russite des projets. Nous nous intressons aux perceptions et aux reprsentations des

    acteurs et cest donc cette conception que nous retiendrons.

    Avant de pouvoir tre appropri par les acteurs, loutil doit tre introduit dans lorganisation

    puis tre diffus : il est dabord une innovation managriale. La problmatique est donc

    rattacher au champ thorique de linnovation et le phnomne tudi est la mise en oeuvre.

    Moisdon (1997, p. 8) souligne le caractre irraliste des hypothses de rationalit intgres

    dans les outils par rapport aux systmes de rationalits locales en interaction que constituent

    les organisations . Lincompltude des outils de gestion incite les acteurs interprter les

    outils dans la mise en acte des outils (De Vaujany, 2005).

    Nous nous positionnons dans une approche psycho-sociale et cognitive pour tudier

    lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets. Le cadre conceptuel repose sur

    le concept de reprsentation sociale et le cadre thorique mobilise des thories de la

    psychologie sociale, des thories culturelles, des thories de la dissonance cognitive et de la

    cration de connaissances.

    Nous proposons un modle conceptuel et nous formulons des hypothses. Le modle

    descriptif vise dcrire les caractristiques des outils et la perception des acteurs selon le

    niveau dutilisation. Le modle explicatif cherche identifier chez les individus deux types de

    facteurs dterminant leur niveau dutilisation : (1) leurs caractristiques individuelles (sexe,

    ge, culture professionnelle, exprience des projets selon leur nature et leur dure, rle dans le

    projet, formation en gestion de projet, formation en gestion des risques), (2) leurs

    reprsentations du risque.

  • 19

    La deuxime partie comprend deux chapitres pour prsenter la mthodologie. Le

    chapitre 3 expose les rsultats des deux tudes exploratoires ralises dans la phase de

    faisabilit du projet de recherche. La premire tude exploratoire a t effectue auprs

    dtudiants pour vrifier la pertinence du concept de reprsentation sociale appliqu au risque

    dans les projets et lintrt de la variable formation. Le risque dans les projets, vocateur chez

    des tudiants, a de fortes chances dtre galement vocateur chez des professionnels

    impliqus dans des projets depuis plus longtemps que des tudiants. Il est raliste de penser

    que si une reprsentation consensuelle est mise en vidence chez les tudiants, la probabilit

    est grande de constater le mme phnomne chez des professionnels. Par contre, il est

    impossible de conclure linfluence dterminante de la formation sur les reprsentations. Le

    phnomne est complexe et relve dinteractions et non de dtermination. Les enseignements

    tirs de cette tude ont t utiles pour prciser la question de recherche, laborer le

    questionnaire et conduire la recherche.

    La deuxime tude exploratoire a pour but de dfricher le terrain de la recherche. Des

    entretiens sont raliss auprs de directeurs de banques de la rgion Centre. Lanalyse des

    entretiens aboutit au classement des banques en fonction de la phase dappropriation et du

    niveau de maturit de management de projet. Les rsultats obtenus amliorent notre

    comprhension du processus dappropriation et du contexte dans lequel il se produit. Le

    Crdit Agricole est choisi comme terrain de la recherche.

    Le chapitre 4 expose les ttonnements de la mthodologie de la recherche. La thse

    intgre diffrentes mthodes (qualitative et quantitative) et repose sur ltude dun cas unique

    afin de respecter la contrainte dhomognit de la population. Le questionnaire a subi

    plusieurs remaniements au fur et mesure de la maturation de la problmatique. Les

    personnes interroges sont impliques dans les projets en tant que chef de projet, acteur

    mtier ou membre du comit de pilotage. Les modules de traitements reprennent les

    croisements dcrits dans les modles descriptif et explicatif.

    La troisime partie est constitue de deux chapitres ddis aux rsultats de ltude

    empirique.

    Dans le chapitre 5 nous produisons les rsultats correspondant aux hypothses testes

    concernant les deux premires questions :

    Q 1 : Quel est le rapport loutil de gestion du risque dans les projets ?

  • 20

    Q2 : Est-ce que les utilisateurs possdent des caractristiques diffrentes des non

    utilisateurs ?

    Nous croisons avec la variable utilisation dune part les caractristiques des outils et la

    perception des utilisateurs, et dautre part les caractristiques individuelles. Lobjectif de

    ltude est de dcrire le rapport loutil des utilisateurs et dexpliquer lusage diffrenci des

    outils en fonction des caractristiques individuelles.

    Le chapitre 6 est entirement consacr ltude des reprsentations du risque afin de

    rpondre la dernire question :

    Q3 : Est-ce que les utilisateurs ont des reprsentations du risque diffrentes des non

    utilisateurs ?

    Nous croisons la reprsentation du risque dune part avec les caractristiques individuelles,

    dautre part avec la variable utilisation, puis avec les caractristiques individuelles et la

    variable utilisation prises simultanment.

    Ces rsultats sont discuts dans la conclusion gnrale en rebouclant sur les thories

    mobilises initialement pour comprendre lappropriation des outils de gestion du risque dans

    le cas singulier du Crdit Agricole. Nous mettons en vidence le rle de la culture

    professionnelle comme marqueur de lappropriation.

  • 21

    Le schma suivant rsume la dmarche gnrale de la recherche :

    PREMIERE PARTIE : De la gense de la problmatique la recherche dun cadre thorique

    Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale Section 1 Pas de gestion sans outils

    Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : la

    gestion de projet

    - la figure du projet : dimension opratoire et

    humaine

    - le projet dans les organisations :

    une instrumentation remplaant limprovisation

    dans la ralisation

    un management spcifique et contingent, des

    outils varis, contingents, hard ou soft

    Section 3 Comment grer les risques dans un projet ?

    Risque = probabilit x impact Matriser le risque dans le projet : de quels risques sagit-il ? quelle dmarche rationnelle ?

    LA QUESTION DE RECHERCHE : pourquoi, dans une mme organisation, certains individus

    sapproprient-ils les outils de gestion des risques dans le projet et dautres pas ?

    Chapitre 2 Vers une approche psychosociale et cognitive de lusage des outils de gestion des

    risques dans les projets Section 1 De la conception

    lusage

    concept dappropriation

    et dusage

    Section 2 Un usage diffrenci des

    outils

    usage et rapport loutil

    usage et culture

    usage et apprentissage

    Section 3 Reprsentation du risque

    et usage des outils de gestion du

    risque

    concept de reprsentation

    sociale

    DEUXIEME PARTIE : Mthodologie de la recherche

    Chapitre 3 Phase exploratoire : la leve des incertitudes Section 1 Le risque dans le projet : un objet de

    reprsentation sociale ?

    pertinence du concept RS

    la variable formation

    Section 2 Les banques de la rgion Centre, un

    futur terrain de la recherche ?

    phases du processus dappropriation

    niveau de maturit du management de projet

    Chapitre 4 Une srie de ttonnements mthodologiques Section 1 Positionnement

    pistmologique

    tude de cas

    positivisme amnag

    Section 2 Les remaniements

    successifs du questionnaire

    volution des versions

    prsentation de la version

    finale

    Section 3 Ladministration et

    traitement

    chantillon

    diffusion

    traitement

    Sciences de gestion : des artefacts qui

    rationalisent laction collective en la

    formalisant

    Perspective instrumentale : rationalit et

    normalisation des comportements

    TROISIEME PARTIE : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des

    outils de gestion

    Chapitre 5 Un usage diffrenci des outils de gestion du risque Section 1 le rapport loutil

    Section 2 Utilisation et caractristiques

    individuelles CIxU

    Chapitre 6 Reprsentation du risque et usage des outils de gestion du risque Section 1 Contenu

    de la reprsentation

    du risque RR

    Section 2 Croisement des

    caractristiques du risque et

    des reprsentations du

    risque RRxCI

    Section 3 Croisement des

    reprsentations du risque

    et de la variable RRxU

    Section 4 Le

    tableau crois

    RRxCIxU

  • 22

    PREMIERE PARTIE : DE LA GENESE

    DE LA PROBLEMATIQUE AU CHOIX

    DUN CADRE THEORIQUE

    Rappel du sommaire gnral

    Introduction gnrale

    Premire partie : De la gense de la problmatique au choix du cadre thorique

    Deuxime partie : Mthodologie de la recherche

    Troisime partie : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des outils de

    gestion

    Conclusion gnrale

    Sommaire de la premire partie

    Introduction de la premire partie

    Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale

    Chapitre 2 Vers une approche psychosociale et cognitive de lusage des outils de gestion du

    risque dans les projets

    Conclusion de la premire partie

  • 23

    Introduction de la premire partie

    Lenseignement des outils de gestion lude souvent les problmes lis leur

    introduction et leur diffusion au sein dune organisation donne. Lide dune appropriation

    quasi-instantane de loutil repose sans doute sur les mythes gestionnaires de la rationalit et

    de la hirarchie : loutil de gestion est un outil de travail qui permet de prendre des dcisions

    rationnelles dune part dans le but dune action efficace et efficiente, et dautre part dans

    lintention dexercer un contrle sur les acteurs de lorganisation.

    Enseigner les outils de gestion dans une perspective traditionnelle , cest par

    consquent demble se positionner dans une perspective instrumentale centre sur les

    fonctionnalits de loutil le rendant propre rsoudre un problme de gestion. Le fait que son

    utilisation exige parfois un minimum de connaissances scientifiques comme par exemple le

    calcul matriciel pour rpartir les charges indirectes et qu certains gards il constitue une

    technologie peut expliquer que certaines formations de gestion soient rattaches

    lenseignement technologique. Mais comme dautres technologies, loutil de gestion peut

    savrer incomplet, il peut servir des usages multiples loigns de lusage prvu par le

    concepteur, et il doit tre contextualis pour devenir oprationnel.

    La prise en compte de lutilisateur en situation de gestion est donc fondamentale : il

    peut rejeter loutil, se lapproprier, le modifier, lutiliser des fins autres que celles prvues.

    De plus, loutil nest pas neutre dans lorganisation : il sert la fois la structurer, en assurant

    une certaine permanence dans la manire de rsoudre les problmes rcurrents, et la

    transformer en impactant sur les relations et les savoirs.

  • 24

    Les outils de gestion de projet sont utiles pour prendre en compte le risque inhrent

    tout projet. En effet le projet est une construction du futur et donc dun monde possible mais

    pas encore cr. Le caractre novateur et innovant du projet oblige imaginer ce qui nexiste

    pas encore et les diffrents acteurs impliqus quels quils soient, membres du comit de

    pilotage, chefs de projet, sponsors, acteurs mtiers, acteurs directs ou indirects, devront

    expliciter leurs points de vue et mettre en concurrence leurs diverses reprsentations. Une

    interrogation nat ds lors sur le rle que peut jouer la reprsentation du risque dans le projet :

    comment influence-t-elle lutilisation des outils de gestion ou, en dautres termes, y a t-il

    des reprsentations du risque plus favorables que dautres lappropriation des outils de

    gestion du risque ? Est-ce quil est possible de mettre en vidence dautres facteurs

    explicatifs pour rpondre la question de recherche suivante : pourquoi, dans une mme

    organisation, certains individus sapproprient-ils des outils de gestion des risques dans le

    projet et dautres pas ?

    Le premier chapitre est centr sur une perspective instrumentale des outils de gestion.

    Dans lhistoire des sciences de gestion les outils sont des artefacts pour rationaliser laction

    collective en la formalisant. Il ny a pas de gestion sans outils et lactivit projet na pas

    chapp la mise en place dune instrumentation spcifique. En donnant loutil de gestion

    le statut doutil de travail rationnel, il semble logique de penser que son appropriation par les

    individus soit quasi-instantane.

    Le deuxime chapitre renverse cette perspective en nous positionnant dans une

    perspective psychosociale et cognitive dans laquelle les acteurs de lorganisation dune part

    peuvent rejeter loutil, et dautre part ne se lapproprient quau cours dun processus

    individuel et collectif dapprentissage. Nous exposons les concepts et les thories mobiliss

    dans le cadre de notre recherche pour dcrire le rapport loutil de gestion des utilisateurs et

    reprer des facteurs individuels susceptibles dexpliquer la diffrenciation de leur usage. Nous

    explicitons le modle dappropriation des outils de gestion de projet et les hypothses qui ont

    t testes partir dun tude mene au sein du Crdit Agricole.

  • 25

    CHAPITRE 1 GERER LE RISQUE DANS LES PROJETS OU

    LILLUSION DE LA PERSPECTIVE INSTRUMENTALE

    SOMMAIRE

    Section 1 Pas de gestion sans outils

    1 Les outils de gestion dans lhistoire des Sciences de gestion

    1.1 Une Science de lartificiel

    1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ?

    2 Outils de gestion et action collective

    2.1 Rationalit conomique et management scientifique

    2.2 Les outils de gestion comme formalisation de laction collective

    Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : le management de projet

    1 La figure du projet

    1.1 Histoire du mot projet : entre praxis et tlologie

    1.2 Vers une vision humaniste du projet

    2 De limprovisation linstrumentation de la gestion de projet

    2.1 Un demi-sicle dhistoire du management de projet

    2.2 Une pluralit de dfinitions du projet

    2.3 Management de projet et gestion de projet

    Section 3 Comment grer les risques dans un projet ?

    1 Vers une dfinition probabiliste du risque

    1.1 Lapparition rcente du mot risque

    1.2 Le futur, objet de connaissance ?

    1.3 Le risque : une question de probabilit objective ou subjective

    2 La problmatique du risque dans les projet

    2.1 Dfinition et typologie des risques dun projet

    2.2 Dmarche de management des risques dans les projets

    Conclusion du chapitre 1

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 26

    Il est difficile dvoquer le management dune entreprise ou dune administration sans

    lui associer un ensemble doutils de gestion. Lenseignement de la gestion est relativement

    rcent et revt une double dimension scientifique et technologique. Dans une optique

    instrumentale, loutil de gestion sert rationaliser le travail du gestionnaire. Il ny a pas de

    gestion sans outils comme le montre lhistoire des Sciences de gestion.

    Lactivit projet est une activit particulire qui ncessite dans lorganisation une

    instrumentation spcifique. Lhistoire du management de projet nous permet de comprendre

    comment limprovisation a laiss la place la conception de la dmarche rationnelle et des

    outils standards de la gestion de projet. Le projet introduit de la nouveaut. Le risque est donc

    inhrent au projet. Des outils et des mthodes spcifiques ont t dvelopps pour le matriser.

    Dans une perspective instrumentale, les outils de gestion de projet servent rationaliser le

    travail sans se proccuper du point de vue de lutilisateur : le mythe gestionnaire de la

    rationalit (March, 1999) justifie la croyance que lappropriation va de soi.

    La premire section est centre sur les dimensions artefactuelle et rationnelle des outils

    de gestion : le statut de loutil de gestion est celui dun outil de travail assurant la rgulation

    technique de lorganisation. La seconde section est consacre une catgorie particulire

    doutils de gestion, les outils de gestion de projets. Le management de projet se superpose au

    management global de lorganisation. De nombreux chercheurs ont mis laccent sur son

    caractre fortement contingent. Dans la troisime section, nous montrons que le risque est une

    notion rcente et que la vision moderne du risque se rfre au concept de probabilit. Nous

    empruntons Courtot (1998) son analyse de la gestion du risque dans les projets.

    Section 1 Pas de gestion sans outils

    Peaucelle (2003) attribue Fayol la paternit du concept doutil de gestion sous

    lexpression doutillage administratif, un ensemble de documents qui renseignent le chef et

    lui permettent en toutes circonstances de prendre des dcisions en connaissance de cause

    (Fayol, 1923). La dfinition propose par Moisdon (1997) nest gure loigne : les outils de

    gestion constituent un ensemble de raisonnements et de connaissances [] destin

    instruire les divers actes classiques de la gestion, que lon peut regrouper dans les termes de la

    trilogie classique : prvoir, dcider, contrler (p.7).

    Les Sciences de gestion produisent des artefacts pour faciliter le travail intellectuel de

    gestion en introduisant la rationalit dans la conduite des organisations. La fonction de loutil

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 27

    de gestion est de rationaliser le travail grce une formalisation de laction collective. Fayol

    dans ladministration et Taylor dans la production ont t les premiers expliciter une

    dmarche scientifique fonde sur la rationalisation des activits. Lhistoire des entreprises

    peut alors tre apprhende comme une histoire des techniques de gestion rsultant des

    vagues successives de rationalisation en contrle de gestion : introduction des cots standards

    aux Etats-Unis dans les annes 20 du sicle dernier, des budgets dans les annes 30, plus

    rcemment tableau de bord prospectif, mthode ABC, etc. Leffort de conception de

    nouveaux outils sest accompagn dune sophistication croissante lie linformatisation de

    la gestion des organisations.

    Nous abordons dans le premier paragraphe la dimension scientifique et la nature

    artefactuelle des outils de gestion travers une double lecture de lhistoire des Sciences de

    gestion. Le second paragraphe montre que loutil de gestion en formalisant laction collective

    devient un lment structurant de lorganisation.

    1. Les outils de gestion dans lhistoire des

    Sciences de gestion

    Lactivit gestionnaire nest pas rcente et est lie lhistoire des organisations alors

    que lenseignement de la gestion ne sest dvelopp quau XXe sicle dans les lyces, les

    universits, les coles de gestion ainsi que dans les coles dingnieurs. Cet enseignement

    figure comme enseignement technologique par opposition aux matires de lenseignement

    gnral. Quenseigne-t-on ? De quoi sagit-il : une technologie ou des techniques de gestion ?

    La gestion semble la fois connue du grand public et fort mconnue. Elle est souvent

    confondue et mme rduite la comptabilit. Les outils de gestion sinscrivent dans lhistoire

    des Sciences de gestion ; une approche historique est utile pour comprendre la nature et la

    gense des outils de gestion (Nikitin, 1997).

    Niktin (2003) reprend la datation de Cheyssel et Pavis (2001) : lappellation Sciences

    de Gestion serait ne en mai ou juin 1969. Elle est prennise dans lenseignement suprieur

    au niveau des diplmes et des laboratoires de recherche. Nikitin situe la cration des

    premires coles de commerce dans les annes 1870 tandis que la discipline de gestion nest

    pas encore introduite dans les universits. Lvolution des vocables est intressante car elle

    marque lintroduction de la dimension scientifique : coles dans les annes 1970 et 1980,

    instituts dans les annes 1900 puis coles de sciences commerciales aprs 1910. LESSEC ou

    Ecole Suprieure des Sciences Economiques et Commerciales a t cre en 1913.

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 28

    Nous emprunterons Nikitin (2003) et Hatchuel (2000) leur analyse complmentaire

    de lhistoire des sciences de gestion : passage dune science des affaires aux sciences de

    gestion chez le premier, passage progressif dun projet ducatif un projet scientifique

    original chez le second.

    1.1. Une Science de lartificiel

    Lhistoire des sciences de gestion est relativement rcente. Nikitin (2003) dcrit le

    passage dune science des affaires aux Sciences de Gestion. La science des affaires avant le

    XIX e sicle concernait les affaires au sens juridique du terme, la gestion des biens fonciers,

    des contrats de mariage, des successions. Le terme de science correspondait la connaissance

    ordinaire, sans caractre de scientificit. Ce nest qu la fin du XIX e sicle quapparat

    vritablement une science des affaires fonde sur lide dintroduire de la rationalit dans

    ladministration et lorganisation du travail. Nikitin cite les publications de Grard-Joseph

    Christian en 1919 (Vues sur le systme gnral des oprations industrielles, ou plan de

    technonomie), de Jean-Gustave Courcelle-Seneuil en 1855 (Manuel des affaires) et

    dAdolphe Guilbault en 1877 (Trait dconomie industrielle. Etude prliminaire,

    organisation et conduite des entreprises). Si ces trois auteurs affirment la ncessit

    dintroduire de la rationalit dans la gestion des entreprises , leur objectif nest pas de crer

    une nouvelle science au sens moderne du terme. Nikitin fait rfrence deux autres

    ouvrages : La science des affaires publi en 1919 par Mosselmans dont deux paragraphes

    seulement sont vritablement consacrs la science des affaires (p.71) et Les seize axiomes

    de la nouvelle science des affaires publi par Herbert Casson en 1919 dont lobjectif est

    considr comme particulirement ambitieux (p.72) ; en effet, Nikitin cite Casson : A

    partir du moment o nous serons en mesure de formuler davance lissue dun cas donn,

    nous pourrons dire que notre connaissance est scientifique (p.72). Mais la faiblesse

    thorique des coles de gestion de lpoque explique les difficults construire une science.

    Nikitin sinterroge mme sur le statut des sciences de gestion. Les sciences exactes ne

    peuvent pas servir de modle comme le montrent les tentatives de construction dune science

    des affaires. Cependant quelques gardes fou peuvent viter les drives : lexistence dune

    communaut universitaire, lobservation des pratiques et la confrontation avec des thories, la

    rflexion pistmologique, la recherche historique (Nikitin, 2003).

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 29

    Hatchuel (2000) analyse les diffrentes tapes du dveloppement des sciences de

    gestion en identifiant les transformations successives de son projet. Sa contribution permet

    dclairer galement sur le pluriel du mot science dans le vocable sciences de gestion.

    La premire tape de 1900 1939 est constitue par un projet pdagogique. Les premiers

    auteurs, Taylor et Fayol taient des industriels. Le texte de Pierre Pezeu (1918) reprend la

    doctrine de Taylor et la complte par une morale de bon chef . Pierre Joly (1933) vise

    quant lui professionnaliser la fonction de dirigeant et prconise la mthode des cas pour

    prparer aux affaires.

    Dans la seconde tape de 1947 1965, le projet devient un projet dingnierie et connat un

    clatement dans des spcialits professionnelles diffrentes. Les premiers manuels

    universitaires en tmoignent. Ds lors, le dveloppement du champ de la gestion est pens

    comme un perfectionnement continu des techniques et saccompagne dune

    professionnalisation accrue dans les diffrents domaines (marketing, finance, comptabilit

    etc.).

    Mais en devenant une discipline carrefour , la priode suivante est fortement marque par

    des interrogations sur les fondements des sciences de gestion : quel est son objet, quel est le

    statut de ses techniques et leur efficacit ? Les questions pistmologiques ont concern les

    diffrents paradigmes de recherche (positivisme, interprtativisme, constuctivisme) dans les

    annes 70. Cette priode est donc fortement marque par des interrogations sur les

    fondements des sciences de gestion et un regain dintrt pour les approches

    pistmologiques. De plus, les mthodes de recherche qualitatives ont mis en vidence la

    ncessit de prendre en compte les savoirs des acteurs et ont favoris le dveloppement de

    thories de lapprentissage collectif. : [Ces approches] ont attir lattention sur la dynamique

    des savoirs dans les entreprises et donc sur la capacit de celles-ci rinventer leur

    fonctionnement (Hatchuel, 2000, p. 12).

    A partir de 1975, dimportantes transformations ont eu lieu dans les entreprises. Les

    doctrines de lapprentissage collectif se sont donc dveloppes conjointement un

    mouvement profond de reconstruction des entreprises : un mouvement qui saccompagne de

    rationalisations indites et fortement dstabilisantes puisquelles visent les processus de

    rgnration des comptences et les processus de conception de lentreprise (Hatchuel,

    2000, p. 12 ).

    Hatchuel nous invite rflchir sur les fondements des sciences de gestion et suggre

    de ne plus considrer les sciences de gestion comme un carrefour pluridisciplinaire o se

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 30

    croisent de multiples courants . Il nous propose de voir lobjet des sciences de gestion

    comme une thorie axiomatique et gnalogique de laction collective dans laquelle

    lentreprise est une forme artefactuelle de vie collective. La thorie de laction collective ne se

    rsume ni un principe totalisateur qui explique le cours de laction collective mais dont on

    ne sait pas comment il est mobilis ni un sujet totalisateur qui dterminerait laction

    collective lui seul (p. 20). La thorie axiomatique repose sur le principe de non-

    sparabilit entre savoir et relation : une relation est donc la fois un savoir sur ce qui relie

    des acteurs et une condition pesant sur les savoirs dtenus par chacun (p.33). Dans cette

    optique lhistoire des entreprises nest pas analyse comme la mise en uvre dune rationalit

    absolue et universelle mais comme une gnalogie des processus de rationalisation de laction

    collective. En sappuyant sur les travaux de recherche dans le domaine de la gense des

    techniques, Hatchuel souligne le lien existant entre les techniques et les rationalisations de

    laction collective : Les techniques ne peuvent tre produites par des collectifs humains que

    dans la mesure, et dans la mesure seulement, des rationalisations de laction collective dont ils

    sont capables (p.23). Le dveloppement des techniques est donc la consquence des

    rationalisations passes ou la cause de lapparition dun nouveau modle de laction

    collective.

    Les techniques de gestion et les objets de gestion ne sont par consquent que des

    formes de rationalisation collective. Mais sagit-il de techniques, de technologies ou doutils

    de gestion ?

    1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ?

    La gestion est enseigne dans les lyces dans les classes STG (Sciences et

    technologies de gestion) anciennement dnommes STT (Sciences et technologies tertiaires).

    Outre le fait de mettre laccent sur la spcificit des activits de gestion par rapport aux

    activits tertiaires, la nouvelle appellation conserve le terme de technologie. Dans le cadre de

    lUniversit, le diplme de licence ne fait rfrence quaux Sciences de gestion et le diplme

    du DUT (Diplme universitaire de technologie) est dlivr dans un IUT (Institut universitaire

    de technologie). La gestion revt donc actuellement un double caractre scientifique et

    technologique.

    Quel est le sens du mot technologie ? Quel est son rapport avec les sciences et avec la

    technique ? Ne faudrait-il pas dire plutt les techniques ? Logos signifie science et techn

    signifie art. La signification anglaise du mot technology lapprhende comme sciences

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 31

    appliques tandis que lacception franaise lui prfre parfois le sens dtude de la

    technique.

    Une revue de littrature non exhaustive nous permet de retenir deux approches de la

    technologie :

    lapproche technique et scientifique : la technologie est un modle de rsolution de

    problmes. Selon Ribault et al. (1991), la technologie est un ensemble de

    connaissances appartenant plusieurs disciplines, de moyens humains, matriels,

    financiers et de savoirs-faire permettant de valoriser les connaissances.

    lapproche stratgique : la technologie est considre comme une ressource pouvant

    gnrer un avantage concurrentiel (Porter, 1986).

    Ces deux approches ne sont pas exclusives lune de lautre : les innovations technologiques

    gnres par les diverses sciences sinsrent dans les diffrentes fonctions de lentreprise et

    contribuent crer de la valeur ce qui procure un avantage stratgique.

    Le caractre stratgique de la technologie justifie la gestion des technologies nouvelles,

    indissociables de la notion de risque. Plus linnovation est forte, plus le risque est important.

    Ce risque est li lincompltude des informations relatives aux impacts de la nouvelle

    technologie. Les volutions technologiques peuvent tre gres en considrant :

    le positionnement des technologies : la technologie suit une courbe de vie en S. Toute

    technologie a une limite : quels que soient les investissements raliss, son efficacit

    tend vers une limite. Cela rend ncessaire de grer les discontinuits technologiques.

    la prvision des ruptures technologiques par une mthode intuitive pratique auprs

    dexperts et/ou par une mthode matricielle croisant deux critres, par exemple

    lopportunit de technologies (avis des experts sur les gains potentiels, les

    performances supplmentaires, les risques encourus, les investissements ncessaires)

    et lopportunit de march (les besoins des clients, les marges potentielles).

    En considrant la technologie comme tude des techniques, nous pouvons remarquer que

    les techniques de gestion sont rattacher un champ dtude plus large incluant dautres

    techniques utilises dans les organisations comme les techniques de production.

    Lapprentissage de la gestion porte sur un ensemble de techniques de gestion qui voluent

    dans le temps et dans lespace. De Vaujany (2005) oppose lentreprise point familiale,

    dimplantation locale, fonctionnant avec peu doutils de gestion et lentreprise institutionnelle,

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 32

    base sur lactionnariat, dimplantation internationale, caractrise par labondance doutils

    produits en partie par de multiples parties prenantes externes. Nous assistons par ailleurs

    comme dans les technologies industrielles un renouvellement des techniques de gestion. Par

    exemple, la comptabilit par activits est venue concurrencer la mthode des centres

    danalyse dans le calcul des cots complets. Plusieurs de ces innovations managriales ont fait

    lobjet de publications scientifiques : les cots standards (Zimnovitch, 1996), les budgets

    (Berland, 1997), le tableau de bord prospectif (Kaplan et Norton, 2001), le bilan socital

    (Capron, 2003), la comptabilit par activit (Nikitin, 2000 ; Alcouffe, Berland et Levant,

    2003 ; Godowski, 2003 etc.).

    La diversit terminologique contenue la fois dans les discours des managers comme

    dans les travaux des chercheurs et des enseignants souligne lambigut des concepts :

    technique ou outil de gestion ? Instrument, instrumentation : quel terme retenir ? Gilbert

    (1998) utilise le terme instrumentation dans la double acception de contenu et de

    processus. Le dictionnaire lectronique Trsor de la Langue franaise Informatis (2009)

    dfinit loutil comme objet fabriqu, utilis manuellement, dot dune forme et de

    proprits adaptes un procs de production dtermin et permettant de transformer lobjet

    de travail selon un but fix . Cette dfinition met laccent sur lide quil sagit dun artefact

    possdant des proprits qui le rendent fonctionnel pour raliser un certain travail. Ce sens

    apparat ds 1174 trs nettement : objet fabriqu qui sert faire un travail . Au sens figur,

    un outil est un moyen, ce qui permet dobtenir un rsultat, dagir sur quelque chose et le

    terme instrument est un synonyme. Le mot outil nous place donc demble dans une

    perspective instrumentale et le travail dont il est question est un travail de gestion.

    En quoi consiste lactivit gestionnaire ? Le Dictionnaire de la langue franaise Le Petit

    Robert (1993) dfinit le management comme ensemble de connaissances concernant

    lorganisation et la gestion dune entreprise et comme application de ces connaissances

    servant manager c'est--dire administrer, conduire, grer, organiser . Cette dfinition

    est rapprocher de celle de la gestion, science de ladministration, de la direction dune

    organisation et de ses diffrentes fonctions .

    Notre intention nest pas dentrer dans le dbat portant sur la question de savoir si la

    gestion est un art ou une science. Mais lhistoire de la gestion nous apprend que la

    concurrence entre les firmes lie la recherche du profit maximum pousse rationaliser le

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 33

    travail. Les techniques de gestion sont selon Hatchuel des consquences des rationalisations

    passes de laction collective ou bien des causes de nouveaux modles daction collective.

    2. Outils de gestion et action collective

    Enseigner la gestion dans le contexte scolaire et universitaire, cest souvent enseigner

    des outils comme sil sagissait dobjets naturels, allant de soi : ils sont vidents puisque

    rationnels et la rationalit est suppose universelle. Lutilisation de techniques mathmatiques

    ne peut que renforcer la croyance dune rationalit naturelle de lactivit gestionnaire.

    Selon Nikitin (2003), lide dintroduire une dmarche rationnelle et scientifique

    dans la conduite des entreprises remonte, au moins, au dbut du XIXe sicle (p.69). Ce qui

    explique lapparition dune science des affaires est lvolution de la taille des firmes,

    entranant une plus grande division du travail et une rflexion sur lorganisation des usines et

    des bureaux (p.68).

    Le premier paragraphe rappelle que la rationalit conomique est un lment

    fondamental de notre ralit conomique et quelle est lie la division du travail. Comment

    diviser le travail tout en assurant lintgration des diffrentes activits et la cohsion de

    lorganisation ? Le second paragraphe montre que loutil de gestion est un artefact conu pour

    simplifier le travail de chacun et apporter des rponses. Il en rsulte quen formalisant laction

    collective, il normalise les comportements et a un effet structurant dans lorganisation.

    2.1 Rationalit conomique et management scientifique

    La recherche de rationalit est lie lhistoire des firmes engages dans la recherche

    de productivit dans les activits de production et dans les activits administratives.

    L'importance de la division du travail a t souligne ds 1776 par un conomiste

    classique, Adam Smith (1723-1790) dans lexemple dune manufacture dpingles. La

    division du travail y est associe la rationalit conomique (Smith, 1776).

    Taylor (1856-1915) poursuivra dans cette voie qu'il nomme organisation scientifique

    du travail (OST) caractrise notamment par lobservation et le chronomtrage des tches, la

    dcomposition des gestes des oprateurs et la dtermination des temps standards ncessaires

    la ralisation dune tche (Livian, 2001).

    Fayol, contemporain de Taylor labora sa thorie dune science administrative vers 1890. Elle

    comprend les cinq lments dadministration : planifier, organiser ( munir l'entreprise de

    tout ce qui est utile son fonctionnement ), commander ( faire fonctionner le corps social

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 34

    ), coordonner ( mettre l'harmonie entre tous les actes de l'entreprise ), contrler ( vrifier

    que tout se passe conformment au programme adopt, aux ordres donns, aux principes

    admis , et signaler les fautes et les erreurs afin qu'on puisse rparer et en viter le retour ).

    L outillage administratif est constitu des outils de gestion servant planifier, organiser,

    commander, coordonner et contrler.

    Le principe de la division du travail est donc prsent chez Taylor et chez Fayol, les

    deux grands prcurseurs des sciences de gestion. Ce principe obit la rationalit

    conomique. Le concept de rationalit sancre dans la microconomie qui suppose que le

    comportement du consommateur et du producteur sont rationnels c'est--dire quils cherchent

    maximiser leur utilit. La recherche de loptimum suppose que linformation soit gratuite et

    permette de faire des choix efficients.

    Est rationnelle laction ou la dcision qui repose sur les raisons objectivement les

    meilleures (Boudon, 1990, p. 54). Weber (1956) dfinit la technique rationnelle comme

    mise en uvre de moyens orients intentionnellement et mthodiquement en fonctions

    dexpriences, de rflexions et -en poussant la rationalit son plus haut degr- de

    considrations scientifiques . (Weber, 1956, p.104). Un des critres de la rationalit dune

    technique est aussi le clbre principe du moindre effort , c'est--dire du rendement

    optimum par rapport aux moyens mettre en uvre (Weber, p.105). Une technique ainsi

    comprise existe dans toute activit (Weber, p.105). Nous pouvons considrer loutil de

    gestion comme une technique au sens de Weber : une technique sert conomiser les moyens

    dans un certain but selon le principe du moindre effort.

    Dans une perspective instrumentale, lapprentissage de la gestion pourrait se rsumer

    dans lacquisition de ces techniques rationnelles qui permettent doptimiser les choix. Les

    pres fondateurs des sciences de gestion, Taylor et Fayol, ont contribu la rationalisation des

    activits de production et des activits administratives. Les outils de gestion constituent ainsi

    les outils de travail du gestionnaire travaillant dans une organisation : en explicitant ce que

    chacun doit faire et comment le faire, ils formalisent laction collective.

    2.2 Les outils de gestion comme formalisation de

    laction col lective

    Lhistoire des outils de gestion est relativement rcente comme celle de son

    enseignement : peu doutils sont prsents dans lentreprise-point de la thorie no-classique

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 35

    tandis que quils se multiplient dans lentreprise institutionnelle (de Vaujany, 2005). Le

    gouvernement par les instruments tend se gnraliser (Lascoumes et Le Gales, 2004) car

    lesprit gestionnaire est dans lair du temps (Ogien, 1995). La notion doutil de gestion est

    aborde sous des dnominations diffrentes (instruments de gestion, instrumentation,

    machines de gestion, dispositifs de gestion, appareils gestionnaires, innovations managriales

    etc.). Les dfinitions qui sont retenues par ces chercheurs mettent laccent sur la formalisation

    et sur laction. Moisdon (1997) dfinit loutil de gestion comme toute formalisation de

    lactivit organise , David (1998, p.44) comme tout dispositif formalis permettant

    laction organise .

    Parmi toutes les organisations, lentreprise a t particulirement tudie par les

    Sciences de gestion. Lentreprise na pas lapanage de laction collective rflchie et lon

    pense aussi activement dans une famille ou dans un couvent (Hatchuel, 2000, p.17). Mais

    dans lentreprise, des ressources sont consacres aux activits dtude, de conception et de

    recherche. Il en rsulte que lentreprise nest donc pas une classe particulire de

    phnomnes collectifs, mais plutt lune des formes la plus universelle de laction collective

    []. Les Sciences de gestion [] doivent donc penser la forme la plus artefactuelle de

    laction collective (p. 17). Lentreprise est une organisation qui nadmet pas de dfinition

    naturelle, lentreprise est artificielle. Simon (2004) tudie les sciences de lartificiel comme

    sciences de la conception et il dfinit le mot artificiel dans son sens le plus neutre possible :

    fait par lhomme, par opposition naturel (p. 30).

    Si la nature de lentreprise est artefactuelle, dans une vision de laction organise

    rflchie, ce nest pas le hasard qui guide laction. Laction collective exige de diviser le

    travail et de le coordonner de faon ce que les actions individuelles convergent vers laction

    collective. Loutil de gestion, dans une approche fonctionnaliste, est la mdiation permettant

    de russir cette diffrenciation/intgration dans une organisation. Loutil va dire comment sy

    prendre pour atteindre les objectifs : il prescrit une mthode. Dans cette optique

    instrumentale, loutil de gestion est un outil pour organiser le travail de faon logique et

    rationnelle (de Vaujany, 2005). Plusieurs chercheurs se focalisent sur le caractre mdiatis

    de lactivit humaine (Vygotski, 1934-1985 ; Dewey, 1967-1993). La thorie instrumentale de

    Lorino (2002) reprend lide que toute activit est mdiatise par loutil. Fayol lavait

    pressenti puisque, comparant loutil de gestion loutil physique qui facilite le travail

    physique, loutillage administratif aide aux tches intellectuelles de gestion par leur

    dimension formatrice (Fayol, 1916). Berry (1983) a galement soulign la ncessit des

  • Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 36

    instruments de gestion comme une vidence parce la conduite des grandes organisations

    dpasse les capacits dun homme (p. 3).

    Loutil en tant quartefact fournit une reprsentation symbolique de la ralit et dans

    une approche positiviste, reprsentationniste et computationnelle , il permet

    dobjectiver laction subjective (Lorino, 2002).