L'appropriation des outils de gestion du risque dans les ... · 6 3.2 Dynamique de...
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Lappropriation des outils de gestion du risque dans lesprojets : le cas du Crdit Agricole
Gisele Nieto
To cite this version:Gisele Nieto. Lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets : le cas du Crdit Agricole.Sciences de lHomme et Socit. Universit dOrlans, 2009. Franais.
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UNIVERSIT DORLANS
SCIENCES DE LHOMME ET DE LA SOCIET
LABORATOIRE ORLEANAIS DE GESTION
THSE prsente par :
Gisle NIETO-BRU
soutenue le : 30 Novembre 2009
pour obtenir le grade de : Docteur de luniversit dOrlans
Discipline : Sciences de Gestion
Lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets :
le cas du Crdit Agricole Tome 1
THSE dirige par :
Dominique BESSIRE Professeur, IAE dOrlans
JURY :
M. Daniel LEROY, Prsident du jury, Professeur, IAE de Tours Mme Dominique BESSIRE, Professeur, IAE dOrlans M. Frdric GAUTIER, Professeur, IAE de Clermont-Ferrand 1 M. Philippe LORINO, Professeur, ESSEC M. Marc NIKITIN, Professeur, IAE dOrlans Mme. Liliane RIOUX Professeur, Nanterre Paris Ouest
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Remerciements
Je tiens remercier vivement ma Directrice de thse, le Professeur Dominique Bessire de
mavoir accompagne dans ce parcours laborieux en me prodiguant conseils et
encouragements pendant plusieurs annes.
Je remercie galement le Professeur Marc Nikitin qui ma conseille de minscrire en DEA
pour apprendre les mthodologies de la recherche avant de mengager dans un projet de thse.
Je remercie le Professeur Liliane Rioux pour ses remarques fort utiles lors de la pr-
soutenance et pour son soutien chaleureux.
Je remercie le Professeur Daniel Leroy pour laide prcieuse quil ma apporte pour
alimenter la bibliographie du management de projet, du management des risques et des
mthodes de recherche.
Je remercie les Professeurs Philippe Lorino et Frdric Gautier davoir accept dtre les
rapporteurs et de participer au jury de cette thse.
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A Ismal, Samuel et Esteban
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Lhomme est dabord un projet qui se vit subjectivement, au lieu dtre une mousse, une
pourriture ou un chou-fleur ; rien nexiste pralablement ce projet ; rien nest au ciel
intelligible, et lhomme sera dabord ce quil aura projet dtre.
Jean-Paul Sartre, Lexistence est un humanisme, Gallimard, 1996, p.30
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4
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE..12
PREMIERE PARTIE : DE LA GENESE DE LA PROBLEMATIQUE AU
CHOIX DUN CADRE THEORIQUE22
Introduction de la premire partie23
CHAPITRE 1 GERER LE RISQUE DANS LES PROJETS OU LILLUSION DE LA
PERSPECTIVE INSTRUMENTALE ................................................................................. 25
Section 1 Pas de gestion sans outils ................................................................................. 26
1. Les outils de gestion dans lhistoire des Sciences de gestion .................................. 27
1.1. Une Science de lartificiel ................................................................................. 28
1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ? ................................................ 30
2. Outils de gestion et action collective ........................................................................ 33
2.1 Rationalit conomique et management scientifique ......................................... 33
2.2 Les outils de gestion comme formalisation de laction collective ..................... 34
Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : la gestion de projet .......................... 38
1. La figure du projet .................................................................................................... 39
1.1 Histoire du mot projet : entre praxis et tlologie ........................................ 40
1.2 Vers une vision humaniste du projet .................................................................. 43
2. De limprovisation linstrumentation de la gestion de projet ................................ 47
2.1 Un demi-sicle dhistoire du management de projet .......................................... 47
2.2 Une pluralit de dfinitions du projet ................................................................. 50
2.3 Management de projet et gestion de projet ........................................................ 57
Section 3 Comment grer les risques dans un projet ? .................................................... 63
1. Vers une dfinition probabiliste du risque ............................................................... 64
1.1. Lapparition rcente du mot risque ............................................................. 64
1.2 Le futur, objet de connaissance ? ....................................................................... 66
1.3 Le risque : une question de probabilit objective ou subjective ........................ 67
2. La problmatique du risque dans les projets ............................................................ 68
2.1 Dfinitions et typologies des risques dun projet ............................................... 69
2.2 Dmarche de management des risques dans les projets ..................................... 73
CHAPITRE 2 VERS UNE APPROCHE PSYCHOSOCIALE ET COGNITIVE DE
LUSAGE DES OUTILS DE GESTION DU RISQUE ...................................................... 80
Section 1 De la conception lusage ............................................................................... 82
1. Diffrentes grilles de lecture des courants de recherche sur linnovation ................ 83
1.1 Le niveau danalyse : organisationnel et/ou interorganisationnel ...................... 84
1.2 Le phnomne tudi : la diffusion, ladoption ou la mise en uvre ................ 84
1.3 Des perspectives complmentaires ..................................................................... 86
2. Appropriation et usage ............................................................................................. 88
2.1 Lappropriation comme processus psycho-cognitif .......................................... 89
-
5
2.2 Lusage des techniques : un phnomne complexe ........................................... 91
2.3 Usage prescrit et usage en situation ................................................................... 92
Section 2 Un usage diffrenci des outils de gestion du risque dans les projets .............. 96
1. Usage et rapport loutil .......................................................................................... 96
1.1 Cohrence psychologique versus cohrence instrumentale ............................... 97
1.2 Fonction normative des outils et perceptions des acteurs .................................. 98
2. Usage et culture ...................................................................................................... 101
2.1.Une culture forte comme modle culturel pour lorganisation ........................ 102
2.2 La diversit des cultures dans lorganisation ................................................... 103
3. Usage et apprentissage ........................................................................................... 105
Section 3 Reprsentation du risque dans les projets et usage des outils de gestion ....... 110
1. Les reprsentations sociales : quelques lments thoriques ................................. 111
1.1 Concept de reprsentation sociale .................................................................... 111
1.2 Organisation et structure des reprsentations sociales ..................................... 115
1.3 Gense des reprsentations sociales ................................................................. 117
2. Pratiques et reprsentations sociales : une relation complexe ................................ 118
2.1 La condition de saillance socio-cognitive ........................................................ 118
2.2 Lexistence de pratiques communes ................................................................ 120
2.3 Reprsentation du risque : facteur dterminant de lusage des outils de gestion
du risque ................................................................................................................. 121
Conclusion de la premire partie128
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE130
Introduction de la deuxime partie131
CHAPITRE 3 LA LEVEE DES INCERTITUDES DANS LA PHASE EXPLORATOIRE
............................................................................................................................................ 134
Section 1 Le risque dans les projets, un objet de reprsentation sociale ? ..................... 137
1. Pertinence du concept de reprsentation sociale appliqu au risque, la saillance
socio-cognitive ........................................................................................................... 139
1.1 La collecte des donnes auprs des tudiants de LP GPP, GIDT, IDF et RCE 141
1.2 Mise en vidence dune reprsentation sociale du risque ................................ 143
2. Formation universitaire et transformation de la reprsentation du risque .............. 156
2.1 Conditions de formation de la reprsentation du risque ................................... 157
2.2 Transformation de la reprsentation du risque ................................................. 159
Section 2 Les enseignements de lenqute exploratoire auprs des banques de la rgion
Centre ............................................................................................................................. 162
1. Bref historique des banques interroges ................................................................. 167
1.1 Vers une rduction du nombre de caisses rgionales au sein du Crdit Agricole
................................................................................................................................ 167
1.2 La banque Hervet : un srie de rachats et de fusions avant de devenir HSBC
Hervet ..................................................................................................................... 169
1.3 Le groupe Banque Populaire : un rseau de banques rgionales ..................... 170
2. Deux cas diffrents de changement radical des pratiques de gestion de projet ..... 171
2.1 Dbut dappropriation de la nouvelle mthodologie la Banque HSBC Hervet
................................................................................................................................ 172
2.2 La direction du Crdit Agricole Centre Ouest face la faible acceptation de la
nouvelle mthodologie ........................................................................................... 174
3. Institutionnalisation des pratiques de gestion de projet ......................................... 181
3.1 Les mthodologies en usage au CATP et BPVF ........................................... 181
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6
3.2 Dynamique de lappropriation du management de projet au sein du CACL de
1990 2007 ............................................................................................................ 192
CHAPITRE 4 UNE SERIE DE TATONNEMENTS METHODOLOGIQUES .............. 202
Section 1 Les difficults rencontres dans le positionnement pistmologique ............ 204
1. La dmarche de recherche : explorer et tester ........................................................ 205
1.1La phase exploratoire : une dmarche abductive .............................................. 206
1.2 Ltude approfondie : une dmarche hypothtico-dductive ........................... 207
2. Comment tudier les reprsentations sociales ? ..................................................... 209
2.1 Une tude de cas pour tudier les reprsentations du risque ............................ 209
2.2 Mthode qualitative et mthode quantitative ................................................... 211
Section 2 Les remaniements successifs du questionnaire .............................................. 214
1. De la version initiale la version finale ................................................................. 215
1.1 De la version initiale au premier test du questionnaire .................................... 216
1.2 Les modifications apportes avant un nouveau test ......................................... 223
2. La version finale du questionnaire ......................................................................... 224
2.1 Les caractristiques des acteurs interviews ........................................................ 229
2.2 Les reprsentations du risque chez les interviews ......................................... 232
2.3 Lappropriation des outils de gestion ............................................................... 233
Section 3 Ladministration et le traitement du questionnaire ........................................ 238
1. Constitution de lchantillon .................................................................................. 238
1.1 Lacteur mtier ................................................................................................. 239
1.2 Le comit de pilotage ....................................................................................... 241
1.3 Le chef de projet : un homme dinfluence ....................................................... 242
2. Diffusion du questionnaire ..................................................................................... 245
2.1 Une cible difficile atteindre ........................................................................... 245
2.2 La gestion du retour des questionnaires ........................................................... 246
3. Le traitement du questionnaire ............................................................................... 249
Conclusion de la deuxime partie..257
TROISIEME PARTIE : LA CULTURE PROFESSIONNELLE, UN
MARQUEUR DE LUTILISATION DES OUTILS DE GESTION..261
Introduction de la troisime partie.262
CHAPITRE 5 UN USAGE DIFFERENCIE DES OUTILS DE GESTION DU RISQUE 264
Section 1 Le rapport loutil de gestion du risque dans les projets chez les utilisateurs
........................................................................................................................................ 268
1. Caractristiques des outils de gestion et niveau dutilisation ................................. 272
1.1 Premire approche des outils les mieux appropris ......................................... 273
1.2 Croisement des caractristiques des outils et du niveau dutilisation .............. 273
2. Perception de loutil et niveau dutilisation ........................................................... 276
Section 2 Utilisation et caractristiques individuelles .................................................... 279
1. Construction dune typologie des caractristiques individuelles ........................... 282
1.1 Tableau Protocole et Tableau disjonctif utilisables sous STATISTICA .......... 282
1.2 Classification des caractristiques individuelles .............................................. 289
2. Croisement des caractristiques individuelles et de la variable utilisation ............ 297
2.1 Etude comparative des caractristiques des Utilisateurs et des Non Utilisateurs
................................................................................................................................ 297
2.2 Confrontation de la typologie des Caractristiques Individuelles la variable
Utilisation ............................................................................................................... 303
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7
CHAPITRE 6 REPRESENTATION DU RISQUE DANS LES PROJETS ET USAGE
DES OUTILS DE GESTION ............................................................................................. 311
SECTION 1 Contenu de la reprsentation du risque (Module RR) ............................... 315
1. Premire approche du contenu de la reprsentation du risque .............................. 316
1.2 Catgorisation des reprsentations du risque ................................................... 326
Section 2 Croisement des caractristiques individuelles et des reprsentations (Module
CIxRR) ........................................................................................................................... 329
1 Analyse Factorielle des Correspondances applique sur les mots .......................... 330
2 Analyse factorielle des correspondances applique sur les dimensions de la
reprsentation ............................................................................................................. 338
3 Analyse Factorielle des Correspondances appliques sur les classes de dimensions
.................................................................................................................................... 343
Section 3 Croisement des reprsentations du risque RR et de la variable U (Module
RRxU) ............................................................................................................................ 349
1 Le contenu de la reprsentation des Utilisateurs et des Non Utilisateurs ............... 349
2 Les tableaux croiss du Module RRxU ................................................................... 353
Section 4 Le tableau crois du Module RRxCIxU ......................................................... 360
Conclusion de la troisime partie364
CONCLUSION GENERALE366
Bibliographie379
-
8
Table des tableaux
Tableau 1 La dmarche mthodologique de la recherche P131
Tableau 3.1 : Configurations selon le type danalyse et le type de phnomne P140
Tableau 3.2 Ventilation des rpondants selon le sexe, la culture et le statut P141
Tableau 3.3 : Les donnes de base P143
Tableau 3.4 : Le corpus de base des items P143
Tableau 3.5 Indicateurs de diversit et de raret dans lensemble des LP P145
Tableau 3.6 : Rang moyen et frquence des items de la zone centrale P146
Tableau 3.7 : Indicateurs de diversit et de raret dans chaque groupe de LP P147
Tableau 3.8 Les zones centrales selon le type de formation P148
Tableau 3.9 Matrice de similitude dans le groupe RCE P149
Tableau 3.10 Frquences des items communs aux quatre LP P155
Tableau 3.11 Indicateurs de diversit et de raret du groupe GPP P159
Tableau 3.12 Modifications de la zone centrale de la reprsentation du risque P160
Tableau 3.13 Liste des banques contactes P163
Tableau 3.14 Mode de collecte des donnes P164
Tableau 3.15A Comparaison des deux cas de changement de mthodologie
(grille de lecture : phase dappropriation)
P179
Tableau 3.15B Evaluation du niveau de maturit du Crdit Agricole centre
Ouest
P180
Tableau 3.16A Comparaison de la mthodologie en usage au CATP et la
BPVF (phase dappropriation)
P189
Tableau 3.16B Evaluation du niveau de maturit du Crdit Agricole Touraine
Poitou
P190
Tableau 3.16C Evaluation du niveau de maturit de la Banque Populaire Val de
France
P191
Tableau 3.17 Dynamique de lappropriation du management de projet au CACL P199
Tableau 3.18 Phase dappropriation des banques interroges P201
Tableau 4.1 Les diffrents paradigmes (adapt de Thitart) P204
Tableau 4.2 Test du questionnaire version 8 P222
Tableau 4.3 Rcapitulatif des diffrentes versions du questionnaire P224
Tableau 4.4 Correspondance entre les questions et les variables du modle P231
-
9
conceptuel
Tableau 4.5 Correspondance entre les questions et les variables du modle
conceptuel
P236
Tableau 4.6 Suivi de la diffusion du questionnaire P246
Tableau 4.7 Suivi du retour des questionnaires P247
Tableau 4.8 Nombre de questionnaires par caisse P248
Tableau 5.1 Tests de Fisher (caractristique de loutil et niveau
dappropriation)
P274
Tableau 5.2 Test de Fisher (Obligation et niveaux dutilisation 1 et 2) P276
Tableau 5.3 Test de Fisher (Facilit et niveaux dutilisation 1 et 2) P276
Tableau 5.4 Test de Fisher (adaptation et niveaux dutilisation 1 et 2) P277
Tableau 5.5 Test de Fisher (note et niveaux dutilisation 1 et 2) P277
Tableau 5.6 Rsultats des tris plat (partie A du questionnaire) P286
Tableau 5.7 Valeurs propres (ACM_CI) P290
Tableau 5.8 Calcul des taux modifis avec la mthode de Benzcri P291
Tableau 5.9 Variables contribuant la formation des axes P292
Tableau 5.10 Contribution des variables linertie du nuage et linertie des
axes
P293
Tableau 5.11 Typologie des caractristiques individuelles P295
Tableau 5.12 Typologie des caractristiques individuelles P296
Tableau 5.13 Comparaison des caractristiques individuelles dans les deux
strates
P299
Tableau 5.14 Rsultats des tests de Fisher relatifs la comparaison des
proportions chez les Utilisateurs et les Non Utilisateurs
P301
Tableau 5.15 Rsultats des tests de Fisher relatifs la comparaison des
proportions chez les Utilisateurs de niveau 1 et de niveau 2
P302
Tableau 5.16 Croisement des classes CI et de la variable Utilisation P303
Tableau 5.17 Rsultats des tests de Fisher appliqus aux classes CI P304
Tableau 5.18 Hypothses valides et hypothses non valides P309
Tableau 6.1 Corpus de base (189 items) P316
Tableau 6.2 Corpus rduit n1(120 items) P320
Tableau 6.3 Indicateurs de diversit et de raret P323
Tableau 6.4 Zone centrale de la reprsentation du risque P324
-
10
Tableau 6.5 Frquence et rang moyen dans le corpus rduit n1 P325
Tableau 6.6 Les 8 dimensions de la reprsentation du risque P327
Tableau 6.7 Spcificits des 6 classes P327
Tableau 6.8 Corpus n2 P330
Tableau 6.9 Valeurs propres AFC RR_CI P331
Tableau 6.10 Items communs P335
Tableau 6.11 Rsum des rsultats des tests de Fisher P338
Tableau 6.12 Valeurs propres (AFC dim RR_CI) P339
Tableau 6.13 Dimensions communes P342
Tableau 6.14 Rsultats des tests de Fisher pour les dimensions O, E et T P342
Tableau 6.15 Rsultats des tests de Fisher pour les autres dimensions P342
Tableau 6.16 Valeurs propres (AFC CLRR_CI) P343
Tableau 6.17 Rsultats du test de Fisher Classes RR_CI P347
Tableau 6.18 Frquence et rang moyen des items dans les deux strates P350
Tableau 6.19 Calcul des indicateurs de diversit et de raret P352
TABLEAU 6.20 Zone centrale des deux strates P353
Tableau 6.21 Mots cits par les Utilisateurs et les Non Utilisateurs dans le
corpus
P354
Tableau 6.22 Gestion cot/dlai/qualit chez les Non Utilisateurs P355
Tableau 6.23 Gestion cot/dlai/qualit chez les Utilisateurs P355
Tableau 6.24 Gestion des cots/dlais/qualit selon le niveau dappropriation P356
Tableau 6.25 Croisement des dimensions de la reprsentation avec la variable
utilisation
P357
Tableau 6.26 Croisement des classes de dimensions et de la variable U P358
Tableau 6.27 Rsultats des tests de Fisher P361
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11
Table des figures
Figure 1.1 Matrice des objectifs et des mthodes P70
Figure 2.1 Le modle conceptuel et les hypothses initiales P127
Figure 3.1 Arbre maximum de la reprsentation du risque dans les
groupe RCE P150
Figure 3.2 Carte factorielle de la reprsentation du risque P153
Figure 3.3 Rsum des principaux rsultats de lAFC P154
Figure 3.4 Project Management Maturity Model P166
Figure 4.1 Modes de raisonnement et connaissances scientifiques (in
Thitart, p.63) P206
Figure 4.2 Le modle conceptuel P208
Figure 4.3 Le modle global P209
Figure 4.4 Va et vient entre le modle et le terrain p214
Figure 4.5 La question centrale et les choix mthodologiques P256
Figure 5.1 Modle conceptuel du rapport loutil chez les utilisateurs P271
Figure 5.2 Utilisation des outils de gestion, dmarche de traitement des
donnes P272
Figure 5.3 Utilisation et caractristiques individuelles, dmarche de
traitement des donnes P280
Figure 5.4 Graphique des valeurs propres (ACM_CI) P290
Figure 5.5 Carte factorielle (ACM_CI) P294
Figure 5.6 Reprsentation des axes factoriels (ACM_CI) P295
Figure 6.1 Utilisation, reprsentation du risque, caractristiques
individuelles : la dmarche de traitement des donnes P314
Figure 6.2 Carte factorielle (AFC RR_CI), dimension 1x2 P331
Figure 6.3 Synthse des rsultats de lAFC RR_CI (axe 1 et 2) P336
Figure 6.4 Synthse des rsultats de lAFC RR_CI (axe 1 et 3) P337
Figure 6.5 Carte factorielle de lanalyse factorielle AFC dimRR_CI P340
Figure 6.6 Rsum des rsultats de lAFC dimRR_CI P341
Figure 6.7 Carte factorielle (AFC CLRR_CI) P345
-
12
INTRODUCTION GENERALE
Rappel du sommaire gnral
Introduction gnrale
Premire partie : De la gense de la problmatique au choix du cadre thorique
Deuxime partie : Mthodologie de la recherche
Troisime partie : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des outils de
gestion
Conclusion gnrale
Sommaire de lintroduction gnrale
1. La problmatique gnrale de la recherche : ses questions, ses objectifs, son intrt
2. La dmarche mthodologique adopte
3. Le plan de recherche
Le management de projet est n aux Etats-Unis dans les annes 1940-1950 dans le
cadre de projets darmements et de fabrication de fuses. Le modle standard dominant sest
dvelopp pour des grands projets unitaires de 1950 1970. La gestion de projet a diffus
dans les industries de grande srie dans les annes 70. Il sest avr dans les annes 80
inoprant pour rpondre aux besoins de ractivit des entreprises engages dans la
comptition pour lancer de nouveaux produits. Le modle de la concourance a remplac le
-
13
modle standard. La fonction projet sest dveloppe dans les annes 90 durant lesquelles sont
apparus les Project Management Offices (PMO). Les NTIC ont favoris la diffusion de la
gestion de projet dans les entreprises grce notamment lIntranet. Actuellement tous les
secteurs dactivit sont concerns par la gestion et le pilotage de projets.
La dfinition du projet du Project Management Institute extraite du Guide to the
Project Management Body of Knowledge de 2000 est la suivante : A project is a temporary
endeavor undertaken to create a unique product, service or result. Cette dfinition met
laccent sur le caractre temporaire du projet, la nouveaut quapporte le projet quil sagisse
dun produit, dun service ou dun rsultat. La norme Afnor X50-115 dfinit en 2002 le
projet comme processus unique, qui consiste en un ensemble dactivits coordonnes et
matrises, comportant des dates de dbut et de fin, entrepris dans le but datteindre un
objectif conforme des exigences spcifiques . Cette dfinition prcise la ncessit de
dfinir les tches raliser et les outils de coordination et de contrle mettre en uvre, elle
fait rfrence aux besoins du client que le projet doit satisfaire et elle situe lactivit projet
dans sa dimension temporelle. Un projet ainsi dfini a un dbut et une fin, il engage des
ressources et il est donc important de matriser les dlais, les cots et la qualit.
Dans cette introduction nous prsentons la problmatique gnrale de la recherche, sa
dmarche mthodologique et le plan de recherche.
1. La problmatique gnrale de recherche : ses questions, ses objectifs et son intrt
La recherche concerne les outils de gestion de projet et se rattache au contrle de
gestion. Lorigine de notre question de recherche se situe dans nos observations ralises
durant notre pratique professionnelle denseignement : nous avons constat chez les tudiants
de formation initiale des difficults intgrer les risques dans la gestion de projet et
assimiler le principe de suivi des risques. Nous avons repr les mmes difficults lors de
stages de formation continue organiss pour des entreprises. Lappropriation des outils de
gestion du risque par les acteurs de lorganisation ne va pas de soi.
La question de recherche est la suivante :
Pourquoi, dans une mme organisation, certains individus sapproprient-ils les outils de
gestion et dautres pas ?
-
14
Notre objet de recherche est limit aux outils de gestion du risque dans les projets.
Notre recherche se propose datteindre deux objectifs : un objectif descriptif et un objectif
explicatif.
Un objectif descriptif :
Cette recherche est novatrice du fait que lappropriation est une thmatique encore
insuffisamment tudie. Le premier objectif est donc de dcrire le rapport loutil. Quelles
sont les caractristiques des outils de gestion de projet les mieux appropris ? Comment sont-
ils perus ? Sont-ils jugs faciles, utiles et adapts ? Sont-ils utiliss par obligation ? Sont-ils
frquemment utiliss ? Peut-on alors mettre en vidence plusieurs niveaux dutilisation ? Cet
objectif correspond la question de recherche prliminaire suivante :
Q1 : Quel est le rapport loutil de gestion du risque dans les projets?
Un objectif explicatif :
Lappropriation est un processus complexe. Nous tudions lusage des outils dans sa
dfinition restreinte lutilisation. Certains acteurs impliqus dans des projets nutilisent
jamais des outils de gestion de projet, dautres en utilisent plus ou moins frquemment. Peut-
on trouver dans les caractristiques des individus des facteurs explicatifs du niveau
dutilisation ? Les hommes utilisent-ils plus souvent les outils que les femmes ? Quelle est
linfluence de lexprience acquise, de la culture professionnelle ? Est-ce le fait dutiliser ou
non un outil est li la phase du projet dans laquelle lindividu intervient, son rle comme
chef de projet ou acteur mtier ? Est-ce que ceux qui ont suivi une formation sont plus
utilisateurs que les autres ?
Do la deuxime question de recherche :
Q2 : Est-ce que les Utilisateurs possdent des caractristiques diffrentes des Non
Utilisateurs ?
-
15
Moliner et al. (2002) soulignent quil est toujours possible de mobiliser la thorie
des reprsentations pour tudier une question donne. [] En premier lieu, on doit se
souvenir quune reprsentation est un structure dopinions, dinformations et de croyances
que les individus utilisent pour interprter et comprendre certains aspects de leur
environnement social []. Mais parfois, on observe des prises de position, des conduites ou
des interactions qui ne trouvent pas leur explication dans les situations sociales o elles
apparaissent. Aux yeux de lobservateur extrieur, il y a comme un dcalage entre ce que
disent ou font les gens et les caractristiques des situations o ils se trouvent. [] On peut
alors faire lhypothse que ces individus ont une perception particulire de cette situation ou
de certains de ses aspects. (p. 35-36). Les personnes impliques dans les projets sont
confrontes une situation dincertitude et pourtant toutes nutilisent pas des outils pour grer
les risques. Nous cherchons dans les reprsentations du risque des facteurs explicatifs du
niveau dutilisation. Nous nous demandons par exemple si les utilisateurs manifestent une
plus forte proccupation pour la gestion des cots, la gestion des dlais ou la gestion de la
qualit.
Do la troisime question de recherche :
Q3 : Est-ce que les Utilisateurs ont des reprsentations du risque diffrentes des Non
Utilisateurs ?
Lintrt de la recherche est la fois thorique et managrial :
sur le plan thorique, loriginalit est de mobiliser des thories de psychologie sociale.
Le concept de reprsentation sociale est relativement peu mobilis dans les Sciences
de gestion quoique utilis dans divers travaux sur le marketing (Devallet-Ezanno,
2008 ; Cegarra & Michel, 2001 ; Michel, 1999, sur le management (Laufer, 2007 ;
Schieb-Bienfat, 2008), sur le contrle de gestion (Dreveton, 2008) etc.
sur le plan managrial, les rsultats de la recherche peuvent aider les managers
comprendre pourquoi ils rencontrent des difficults dans la diffusion des outils de
gestion et les orienter vers un vritable management de lappropriation des outils.
Dans cette optique les praticiens sont invits prendre en compte la valeur
lusage des outils de gestion et construire des tableaux de bord pour le suivi
dindicateurs dappropriation (De Vaujany, 2005).
-
16
2. La dmarche mthodologique
La dmarche adopte comprend une phase exploratoire et une phase dtude
approfondie dun cas.
La phase exploratoire est subdivise en deux tudes :
une tude pour vrifier la pertinence du concept de reprsentation
sociale appliqu au risque dans les projets : en effet le concept de
reprsentation sociale introduit par les sciences sociales est diffrent de celui
de reprsentation individuelle : il sagit dune forme de connaissance,
socialement labore et partage, ayant une vise pratique et concourant la
construction dune ralit commune un ensemble social (Jodelet, 1989a,
p.36).
une tude pour connatre les pratiques de management de projet de plusieurs
organisations et y reprer des phases diffrentes du processus dappropriation
(phase de pr-appropriation, phase dappropriation originelle, phase de
rappropriations, De Vaujany, 2005) ainsi que les niveaux de maturit du
management de projet (Gray & Larson, 2006).
La phase de ltude approfondie comprend trois tudes :
ltude du rapport loutil de gestion chez les utilisateurs en croisant les
caractristiques des outils et la perception des outils avec le niveau
dutilisation. Les diffrents niveaux sont dfinis partir de la frquence
dutilisation (niveau 1 : faible utilisation, niveau 2 : forte utilisation),
ltude des caractristiques des individus en les croisant avec le niveau
dutilisation (niveau 0 : pas dutilisation, niveau 1 : faible utilisation, niveau 3 :
forte utilisation),
ltude des reprsentations du risque pour les croiser avec le niveau
dutilisation (niveau 0 : pas dutilisation, niveau 1 : faible utilisation, niveau 3 :
forte utilisation)
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17
La recherche mobilise les deux types de mthodes, qualitative et quantitative. La
mthode qualitative est mise en uvre dans les entretiens auprs des directeurs pour explorer
et dcrire le terrain de recherche au cours de la phase exploratoire. Une dmarche abductive a
servi dlimiter le cadre conceptuel et thorique. La phase dexploration sachve sur la
proposition dun certain nombre dhypothses.
La technique du questionnaire pour tudier le contenu de la reprsentation sociale du risque
correspond une volont de quantification en prenant en compte un grand nombre de
variables : la frquence des vocations du mot inducteur risque est ncessaire pour
conclure sur la consensualit de la reprsentation et les diffrentes variables servent reprer
les variations interindividuelles. De plus le questionnaire est un outil appropri pour comparer
le groupe des utilisateurs celui des non utilisateurs.
3. Le plan de la recherche
Le corps de la thse est divis en trois parties. La premire partie a pour but
dintroduire la problmatique gnrale et dexposer le cadre conceptuel et thorique de la
recherche. La deuxime partie est consacre la mthodologie de la recherche. La troisime
partie prsente les traitements effectus et les rsultats obtenus.
La premire partie correspond au cadrage du projet de recherche et reconstruit la gense
de la problmatique partir de la question fondamentale originelle de lapprentissage des
outils de gestion et aboutit la proposition des hypothses.
Notre pratique denseignement des outils de contrle de gestion nous place dans une
perspective instrumentale dans laquelle loutil de gestion est un vecteur de rationalit dans
lorganisation. En formalisant laction collective il devient un outil de travail pour les acteurs.
Nous avons constat que la notion de risque nest pas vidente et que le rapport aux outils de
gestion du risque dans les projets nest pas simple. Lappropriation des outils ne va pas de soi.
Notre question de recherche est centre sur lappropriation des outils de gestion des risques
dans un projet.
Hazebrouck et Badot (1996) ont identifi deux paradigmes dans le management de
projet : une conception mcaniste reposant sur la performance vue travers le triangle
vertueux : cot-dlai-qualit et une conception postmoderne fonde sur leffet
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surgnrateur dfini comme la capacit sur gnrer de lexpertise et du bien-tre,
capitalisables, dans le futur, par les membres de lquipe projet mais aussi par le reste de la
firme, de son rseau, voire mme de ses concurrents .
Le premier chapitre prsente avec la conception mcaniste du management de projet
vhiculant une rationalit mcanique base de rgles et de procdures (Navarre, 1993 in
Hazebroucq et Badot, 1996, p.32). Dans cette approche rationnelle et instrumentale
lappropriation est quasi-instantane : elle repose sur le mythe de la rationalit.
Le deuxime chapitre prsente avec la conception postmoderne du management de projet
recherchant notamment la satisfaction de lquipe projet ainsi que des effets positifs en termes
dapprentissages. Lcoute des acteurs et la communication sont donc des facteurs importants
pour la russite des projets. Nous nous intressons aux perceptions et aux reprsentations des
acteurs et cest donc cette conception que nous retiendrons.
Avant de pouvoir tre appropri par les acteurs, loutil doit tre introduit dans lorganisation
puis tre diffus : il est dabord une innovation managriale. La problmatique est donc
rattacher au champ thorique de linnovation et le phnomne tudi est la mise en oeuvre.
Moisdon (1997, p. 8) souligne le caractre irraliste des hypothses de rationalit intgres
dans les outils par rapport aux systmes de rationalits locales en interaction que constituent
les organisations . Lincompltude des outils de gestion incite les acteurs interprter les
outils dans la mise en acte des outils (De Vaujany, 2005).
Nous nous positionnons dans une approche psycho-sociale et cognitive pour tudier
lappropriation des outils de gestion du risque dans les projets. Le cadre conceptuel repose sur
le concept de reprsentation sociale et le cadre thorique mobilise des thories de la
psychologie sociale, des thories culturelles, des thories de la dissonance cognitive et de la
cration de connaissances.
Nous proposons un modle conceptuel et nous formulons des hypothses. Le modle
descriptif vise dcrire les caractristiques des outils et la perception des acteurs selon le
niveau dutilisation. Le modle explicatif cherche identifier chez les individus deux types de
facteurs dterminant leur niveau dutilisation : (1) leurs caractristiques individuelles (sexe,
ge, culture professionnelle, exprience des projets selon leur nature et leur dure, rle dans le
projet, formation en gestion de projet, formation en gestion des risques), (2) leurs
reprsentations du risque.
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19
La deuxime partie comprend deux chapitres pour prsenter la mthodologie. Le
chapitre 3 expose les rsultats des deux tudes exploratoires ralises dans la phase de
faisabilit du projet de recherche. La premire tude exploratoire a t effectue auprs
dtudiants pour vrifier la pertinence du concept de reprsentation sociale appliqu au risque
dans les projets et lintrt de la variable formation. Le risque dans les projets, vocateur chez
des tudiants, a de fortes chances dtre galement vocateur chez des professionnels
impliqus dans des projets depuis plus longtemps que des tudiants. Il est raliste de penser
que si une reprsentation consensuelle est mise en vidence chez les tudiants, la probabilit
est grande de constater le mme phnomne chez des professionnels. Par contre, il est
impossible de conclure linfluence dterminante de la formation sur les reprsentations. Le
phnomne est complexe et relve dinteractions et non de dtermination. Les enseignements
tirs de cette tude ont t utiles pour prciser la question de recherche, laborer le
questionnaire et conduire la recherche.
La deuxime tude exploratoire a pour but de dfricher le terrain de la recherche. Des
entretiens sont raliss auprs de directeurs de banques de la rgion Centre. Lanalyse des
entretiens aboutit au classement des banques en fonction de la phase dappropriation et du
niveau de maturit de management de projet. Les rsultats obtenus amliorent notre
comprhension du processus dappropriation et du contexte dans lequel il se produit. Le
Crdit Agricole est choisi comme terrain de la recherche.
Le chapitre 4 expose les ttonnements de la mthodologie de la recherche. La thse
intgre diffrentes mthodes (qualitative et quantitative) et repose sur ltude dun cas unique
afin de respecter la contrainte dhomognit de la population. Le questionnaire a subi
plusieurs remaniements au fur et mesure de la maturation de la problmatique. Les
personnes interroges sont impliques dans les projets en tant que chef de projet, acteur
mtier ou membre du comit de pilotage. Les modules de traitements reprennent les
croisements dcrits dans les modles descriptif et explicatif.
La troisime partie est constitue de deux chapitres ddis aux rsultats de ltude
empirique.
Dans le chapitre 5 nous produisons les rsultats correspondant aux hypothses testes
concernant les deux premires questions :
Q 1 : Quel est le rapport loutil de gestion du risque dans les projets ?
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Q2 : Est-ce que les utilisateurs possdent des caractristiques diffrentes des non
utilisateurs ?
Nous croisons avec la variable utilisation dune part les caractristiques des outils et la
perception des utilisateurs, et dautre part les caractristiques individuelles. Lobjectif de
ltude est de dcrire le rapport loutil des utilisateurs et dexpliquer lusage diffrenci des
outils en fonction des caractristiques individuelles.
Le chapitre 6 est entirement consacr ltude des reprsentations du risque afin de
rpondre la dernire question :
Q3 : Est-ce que les utilisateurs ont des reprsentations du risque diffrentes des non
utilisateurs ?
Nous croisons la reprsentation du risque dune part avec les caractristiques individuelles,
dautre part avec la variable utilisation, puis avec les caractristiques individuelles et la
variable utilisation prises simultanment.
Ces rsultats sont discuts dans la conclusion gnrale en rebouclant sur les thories
mobilises initialement pour comprendre lappropriation des outils de gestion du risque dans
le cas singulier du Crdit Agricole. Nous mettons en vidence le rle de la culture
professionnelle comme marqueur de lappropriation.
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Le schma suivant rsume la dmarche gnrale de la recherche :
PREMIERE PARTIE : De la gense de la problmatique la recherche dun cadre thorique
Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale Section 1 Pas de gestion sans outils
Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : la
gestion de projet
- la figure du projet : dimension opratoire et
humaine
- le projet dans les organisations :
une instrumentation remplaant limprovisation
dans la ralisation
un management spcifique et contingent, des
outils varis, contingents, hard ou soft
Section 3 Comment grer les risques dans un projet ?
Risque = probabilit x impact Matriser le risque dans le projet : de quels risques sagit-il ? quelle dmarche rationnelle ?
LA QUESTION DE RECHERCHE : pourquoi, dans une mme organisation, certains individus
sapproprient-ils les outils de gestion des risques dans le projet et dautres pas ?
Chapitre 2 Vers une approche psychosociale et cognitive de lusage des outils de gestion des
risques dans les projets Section 1 De la conception
lusage
concept dappropriation
et dusage
Section 2 Un usage diffrenci des
outils
usage et rapport loutil
usage et culture
usage et apprentissage
Section 3 Reprsentation du risque
et usage des outils de gestion du
risque
concept de reprsentation
sociale
DEUXIEME PARTIE : Mthodologie de la recherche
Chapitre 3 Phase exploratoire : la leve des incertitudes Section 1 Le risque dans le projet : un objet de
reprsentation sociale ?
pertinence du concept RS
la variable formation
Section 2 Les banques de la rgion Centre, un
futur terrain de la recherche ?
phases du processus dappropriation
niveau de maturit du management de projet
Chapitre 4 Une srie de ttonnements mthodologiques Section 1 Positionnement
pistmologique
tude de cas
positivisme amnag
Section 2 Les remaniements
successifs du questionnaire
volution des versions
prsentation de la version
finale
Section 3 Ladministration et
traitement
chantillon
diffusion
traitement
Sciences de gestion : des artefacts qui
rationalisent laction collective en la
formalisant
Perspective instrumentale : rationalit et
normalisation des comportements
TROISIEME PARTIE : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des
outils de gestion
Chapitre 5 Un usage diffrenci des outils de gestion du risque Section 1 le rapport loutil
Section 2 Utilisation et caractristiques
individuelles CIxU
Chapitre 6 Reprsentation du risque et usage des outils de gestion du risque Section 1 Contenu
de la reprsentation
du risque RR
Section 2 Croisement des
caractristiques du risque et
des reprsentations du
risque RRxCI
Section 3 Croisement des
reprsentations du risque
et de la variable RRxU
Section 4 Le
tableau crois
RRxCIxU
-
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PREMIERE PARTIE : DE LA GENESE
DE LA PROBLEMATIQUE AU CHOIX
DUN CADRE THEORIQUE
Rappel du sommaire gnral
Introduction gnrale
Premire partie : De la gense de la problmatique au choix du cadre thorique
Deuxime partie : Mthodologie de la recherche
Troisime partie : La culture professionnelle, un marqueur de lutilisation des outils de
gestion
Conclusion gnrale
Sommaire de la premire partie
Introduction de la premire partie
Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale
Chapitre 2 Vers une approche psychosociale et cognitive de lusage des outils de gestion du
risque dans les projets
Conclusion de la premire partie
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Introduction de la premire partie
Lenseignement des outils de gestion lude souvent les problmes lis leur
introduction et leur diffusion au sein dune organisation donne. Lide dune appropriation
quasi-instantane de loutil repose sans doute sur les mythes gestionnaires de la rationalit et
de la hirarchie : loutil de gestion est un outil de travail qui permet de prendre des dcisions
rationnelles dune part dans le but dune action efficace et efficiente, et dautre part dans
lintention dexercer un contrle sur les acteurs de lorganisation.
Enseigner les outils de gestion dans une perspective traditionnelle , cest par
consquent demble se positionner dans une perspective instrumentale centre sur les
fonctionnalits de loutil le rendant propre rsoudre un problme de gestion. Le fait que son
utilisation exige parfois un minimum de connaissances scientifiques comme par exemple le
calcul matriciel pour rpartir les charges indirectes et qu certains gards il constitue une
technologie peut expliquer que certaines formations de gestion soient rattaches
lenseignement technologique. Mais comme dautres technologies, loutil de gestion peut
savrer incomplet, il peut servir des usages multiples loigns de lusage prvu par le
concepteur, et il doit tre contextualis pour devenir oprationnel.
La prise en compte de lutilisateur en situation de gestion est donc fondamentale : il
peut rejeter loutil, se lapproprier, le modifier, lutiliser des fins autres que celles prvues.
De plus, loutil nest pas neutre dans lorganisation : il sert la fois la structurer, en assurant
une certaine permanence dans la manire de rsoudre les problmes rcurrents, et la
transformer en impactant sur les relations et les savoirs.
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24
Les outils de gestion de projet sont utiles pour prendre en compte le risque inhrent
tout projet. En effet le projet est une construction du futur et donc dun monde possible mais
pas encore cr. Le caractre novateur et innovant du projet oblige imaginer ce qui nexiste
pas encore et les diffrents acteurs impliqus quels quils soient, membres du comit de
pilotage, chefs de projet, sponsors, acteurs mtiers, acteurs directs ou indirects, devront
expliciter leurs points de vue et mettre en concurrence leurs diverses reprsentations. Une
interrogation nat ds lors sur le rle que peut jouer la reprsentation du risque dans le projet :
comment influence-t-elle lutilisation des outils de gestion ou, en dautres termes, y a t-il
des reprsentations du risque plus favorables que dautres lappropriation des outils de
gestion du risque ? Est-ce quil est possible de mettre en vidence dautres facteurs
explicatifs pour rpondre la question de recherche suivante : pourquoi, dans une mme
organisation, certains individus sapproprient-ils des outils de gestion des risques dans le
projet et dautres pas ?
Le premier chapitre est centr sur une perspective instrumentale des outils de gestion.
Dans lhistoire des sciences de gestion les outils sont des artefacts pour rationaliser laction
collective en la formalisant. Il ny a pas de gestion sans outils et lactivit projet na pas
chapp la mise en place dune instrumentation spcifique. En donnant loutil de gestion
le statut doutil de travail rationnel, il semble logique de penser que son appropriation par les
individus soit quasi-instantane.
Le deuxime chapitre renverse cette perspective en nous positionnant dans une
perspective psychosociale et cognitive dans laquelle les acteurs de lorganisation dune part
peuvent rejeter loutil, et dautre part ne se lapproprient quau cours dun processus
individuel et collectif dapprentissage. Nous exposons les concepts et les thories mobiliss
dans le cadre de notre recherche pour dcrire le rapport loutil de gestion des utilisateurs et
reprer des facteurs individuels susceptibles dexpliquer la diffrenciation de leur usage. Nous
explicitons le modle dappropriation des outils de gestion de projet et les hypothses qui ont
t testes partir dun tude mene au sein du Crdit Agricole.
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CHAPITRE 1 GERER LE RISQUE DANS LES PROJETS OU
LILLUSION DE LA PERSPECTIVE INSTRUMENTALE
SOMMAIRE
Section 1 Pas de gestion sans outils
1 Les outils de gestion dans lhistoire des Sciences de gestion
1.1 Une Science de lartificiel
1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ?
2 Outils de gestion et action collective
2.1 Rationalit conomique et management scientifique
2.2 Les outils de gestion comme formalisation de laction collective
Section 2 Linstrumentation spcifique du projet : le management de projet
1 La figure du projet
1.1 Histoire du mot projet : entre praxis et tlologie
1.2 Vers une vision humaniste du projet
2 De limprovisation linstrumentation de la gestion de projet
2.1 Un demi-sicle dhistoire du management de projet
2.2 Une pluralit de dfinitions du projet
2.3 Management de projet et gestion de projet
Section 3 Comment grer les risques dans un projet ?
1 Vers une dfinition probabiliste du risque
1.1 Lapparition rcente du mot risque
1.2 Le futur, objet de connaissance ?
1.3 Le risque : une question de probabilit objective ou subjective
2 La problmatique du risque dans les projet
2.1 Dfinition et typologie des risques dun projet
2.2 Dmarche de management des risques dans les projets
Conclusion du chapitre 1
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 26
Il est difficile dvoquer le management dune entreprise ou dune administration sans
lui associer un ensemble doutils de gestion. Lenseignement de la gestion est relativement
rcent et revt une double dimension scientifique et technologique. Dans une optique
instrumentale, loutil de gestion sert rationaliser le travail du gestionnaire. Il ny a pas de
gestion sans outils comme le montre lhistoire des Sciences de gestion.
Lactivit projet est une activit particulire qui ncessite dans lorganisation une
instrumentation spcifique. Lhistoire du management de projet nous permet de comprendre
comment limprovisation a laiss la place la conception de la dmarche rationnelle et des
outils standards de la gestion de projet. Le projet introduit de la nouveaut. Le risque est donc
inhrent au projet. Des outils et des mthodes spcifiques ont t dvelopps pour le matriser.
Dans une perspective instrumentale, les outils de gestion de projet servent rationaliser le
travail sans se proccuper du point de vue de lutilisateur : le mythe gestionnaire de la
rationalit (March, 1999) justifie la croyance que lappropriation va de soi.
La premire section est centre sur les dimensions artefactuelle et rationnelle des outils
de gestion : le statut de loutil de gestion est celui dun outil de travail assurant la rgulation
technique de lorganisation. La seconde section est consacre une catgorie particulire
doutils de gestion, les outils de gestion de projets. Le management de projet se superpose au
management global de lorganisation. De nombreux chercheurs ont mis laccent sur son
caractre fortement contingent. Dans la troisime section, nous montrons que le risque est une
notion rcente et que la vision moderne du risque se rfre au concept de probabilit. Nous
empruntons Courtot (1998) son analyse de la gestion du risque dans les projets.
Section 1 Pas de gestion sans outils
Peaucelle (2003) attribue Fayol la paternit du concept doutil de gestion sous
lexpression doutillage administratif, un ensemble de documents qui renseignent le chef et
lui permettent en toutes circonstances de prendre des dcisions en connaissance de cause
(Fayol, 1923). La dfinition propose par Moisdon (1997) nest gure loigne : les outils de
gestion constituent un ensemble de raisonnements et de connaissances [] destin
instruire les divers actes classiques de la gestion, que lon peut regrouper dans les termes de la
trilogie classique : prvoir, dcider, contrler (p.7).
Les Sciences de gestion produisent des artefacts pour faciliter le travail intellectuel de
gestion en introduisant la rationalit dans la conduite des organisations. La fonction de loutil
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 27
de gestion est de rationaliser le travail grce une formalisation de laction collective. Fayol
dans ladministration et Taylor dans la production ont t les premiers expliciter une
dmarche scientifique fonde sur la rationalisation des activits. Lhistoire des entreprises
peut alors tre apprhende comme une histoire des techniques de gestion rsultant des
vagues successives de rationalisation en contrle de gestion : introduction des cots standards
aux Etats-Unis dans les annes 20 du sicle dernier, des budgets dans les annes 30, plus
rcemment tableau de bord prospectif, mthode ABC, etc. Leffort de conception de
nouveaux outils sest accompagn dune sophistication croissante lie linformatisation de
la gestion des organisations.
Nous abordons dans le premier paragraphe la dimension scientifique et la nature
artefactuelle des outils de gestion travers une double lecture de lhistoire des Sciences de
gestion. Le second paragraphe montre que loutil de gestion en formalisant laction collective
devient un lment structurant de lorganisation.
1. Les outils de gestion dans lhistoire des
Sciences de gestion
Lactivit gestionnaire nest pas rcente et est lie lhistoire des organisations alors
que lenseignement de la gestion ne sest dvelopp quau XXe sicle dans les lyces, les
universits, les coles de gestion ainsi que dans les coles dingnieurs. Cet enseignement
figure comme enseignement technologique par opposition aux matires de lenseignement
gnral. Quenseigne-t-on ? De quoi sagit-il : une technologie ou des techniques de gestion ?
La gestion semble la fois connue du grand public et fort mconnue. Elle est souvent
confondue et mme rduite la comptabilit. Les outils de gestion sinscrivent dans lhistoire
des Sciences de gestion ; une approche historique est utile pour comprendre la nature et la
gense des outils de gestion (Nikitin, 1997).
Niktin (2003) reprend la datation de Cheyssel et Pavis (2001) : lappellation Sciences
de Gestion serait ne en mai ou juin 1969. Elle est prennise dans lenseignement suprieur
au niveau des diplmes et des laboratoires de recherche. Nikitin situe la cration des
premires coles de commerce dans les annes 1870 tandis que la discipline de gestion nest
pas encore introduite dans les universits. Lvolution des vocables est intressante car elle
marque lintroduction de la dimension scientifique : coles dans les annes 1970 et 1980,
instituts dans les annes 1900 puis coles de sciences commerciales aprs 1910. LESSEC ou
Ecole Suprieure des Sciences Economiques et Commerciales a t cre en 1913.
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 28
Nous emprunterons Nikitin (2003) et Hatchuel (2000) leur analyse complmentaire
de lhistoire des sciences de gestion : passage dune science des affaires aux sciences de
gestion chez le premier, passage progressif dun projet ducatif un projet scientifique
original chez le second.
1.1. Une Science de lartificiel
Lhistoire des sciences de gestion est relativement rcente. Nikitin (2003) dcrit le
passage dune science des affaires aux Sciences de Gestion. La science des affaires avant le
XIX e sicle concernait les affaires au sens juridique du terme, la gestion des biens fonciers,
des contrats de mariage, des successions. Le terme de science correspondait la connaissance
ordinaire, sans caractre de scientificit. Ce nest qu la fin du XIX e sicle quapparat
vritablement une science des affaires fonde sur lide dintroduire de la rationalit dans
ladministration et lorganisation du travail. Nikitin cite les publications de Grard-Joseph
Christian en 1919 (Vues sur le systme gnral des oprations industrielles, ou plan de
technonomie), de Jean-Gustave Courcelle-Seneuil en 1855 (Manuel des affaires) et
dAdolphe Guilbault en 1877 (Trait dconomie industrielle. Etude prliminaire,
organisation et conduite des entreprises). Si ces trois auteurs affirment la ncessit
dintroduire de la rationalit dans la gestion des entreprises , leur objectif nest pas de crer
une nouvelle science au sens moderne du terme. Nikitin fait rfrence deux autres
ouvrages : La science des affaires publi en 1919 par Mosselmans dont deux paragraphes
seulement sont vritablement consacrs la science des affaires (p.71) et Les seize axiomes
de la nouvelle science des affaires publi par Herbert Casson en 1919 dont lobjectif est
considr comme particulirement ambitieux (p.72) ; en effet, Nikitin cite Casson : A
partir du moment o nous serons en mesure de formuler davance lissue dun cas donn,
nous pourrons dire que notre connaissance est scientifique (p.72). Mais la faiblesse
thorique des coles de gestion de lpoque explique les difficults construire une science.
Nikitin sinterroge mme sur le statut des sciences de gestion. Les sciences exactes ne
peuvent pas servir de modle comme le montrent les tentatives de construction dune science
des affaires. Cependant quelques gardes fou peuvent viter les drives : lexistence dune
communaut universitaire, lobservation des pratiques et la confrontation avec des thories, la
rflexion pistmologique, la recherche historique (Nikitin, 2003).
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 29
Hatchuel (2000) analyse les diffrentes tapes du dveloppement des sciences de
gestion en identifiant les transformations successives de son projet. Sa contribution permet
dclairer galement sur le pluriel du mot science dans le vocable sciences de gestion.
La premire tape de 1900 1939 est constitue par un projet pdagogique. Les premiers
auteurs, Taylor et Fayol taient des industriels. Le texte de Pierre Pezeu (1918) reprend la
doctrine de Taylor et la complte par une morale de bon chef . Pierre Joly (1933) vise
quant lui professionnaliser la fonction de dirigeant et prconise la mthode des cas pour
prparer aux affaires.
Dans la seconde tape de 1947 1965, le projet devient un projet dingnierie et connat un
clatement dans des spcialits professionnelles diffrentes. Les premiers manuels
universitaires en tmoignent. Ds lors, le dveloppement du champ de la gestion est pens
comme un perfectionnement continu des techniques et saccompagne dune
professionnalisation accrue dans les diffrents domaines (marketing, finance, comptabilit
etc.).
Mais en devenant une discipline carrefour , la priode suivante est fortement marque par
des interrogations sur les fondements des sciences de gestion : quel est son objet, quel est le
statut de ses techniques et leur efficacit ? Les questions pistmologiques ont concern les
diffrents paradigmes de recherche (positivisme, interprtativisme, constuctivisme) dans les
annes 70. Cette priode est donc fortement marque par des interrogations sur les
fondements des sciences de gestion et un regain dintrt pour les approches
pistmologiques. De plus, les mthodes de recherche qualitatives ont mis en vidence la
ncessit de prendre en compte les savoirs des acteurs et ont favoris le dveloppement de
thories de lapprentissage collectif. : [Ces approches] ont attir lattention sur la dynamique
des savoirs dans les entreprises et donc sur la capacit de celles-ci rinventer leur
fonctionnement (Hatchuel, 2000, p. 12).
A partir de 1975, dimportantes transformations ont eu lieu dans les entreprises. Les
doctrines de lapprentissage collectif se sont donc dveloppes conjointement un
mouvement profond de reconstruction des entreprises : un mouvement qui saccompagne de
rationalisations indites et fortement dstabilisantes puisquelles visent les processus de
rgnration des comptences et les processus de conception de lentreprise (Hatchuel,
2000, p. 12 ).
Hatchuel nous invite rflchir sur les fondements des sciences de gestion et suggre
de ne plus considrer les sciences de gestion comme un carrefour pluridisciplinaire o se
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 30
croisent de multiples courants . Il nous propose de voir lobjet des sciences de gestion
comme une thorie axiomatique et gnalogique de laction collective dans laquelle
lentreprise est une forme artefactuelle de vie collective. La thorie de laction collective ne se
rsume ni un principe totalisateur qui explique le cours de laction collective mais dont on
ne sait pas comment il est mobilis ni un sujet totalisateur qui dterminerait laction
collective lui seul (p. 20). La thorie axiomatique repose sur le principe de non-
sparabilit entre savoir et relation : une relation est donc la fois un savoir sur ce qui relie
des acteurs et une condition pesant sur les savoirs dtenus par chacun (p.33). Dans cette
optique lhistoire des entreprises nest pas analyse comme la mise en uvre dune rationalit
absolue et universelle mais comme une gnalogie des processus de rationalisation de laction
collective. En sappuyant sur les travaux de recherche dans le domaine de la gense des
techniques, Hatchuel souligne le lien existant entre les techniques et les rationalisations de
laction collective : Les techniques ne peuvent tre produites par des collectifs humains que
dans la mesure, et dans la mesure seulement, des rationalisations de laction collective dont ils
sont capables (p.23). Le dveloppement des techniques est donc la consquence des
rationalisations passes ou la cause de lapparition dun nouveau modle de laction
collective.
Les techniques de gestion et les objets de gestion ne sont par consquent que des
formes de rationalisation collective. Mais sagit-il de techniques, de technologies ou doutils
de gestion ?
1.2 Technologies, techniques ou outils de gestion ?
La gestion est enseigne dans les lyces dans les classes STG (Sciences et
technologies de gestion) anciennement dnommes STT (Sciences et technologies tertiaires).
Outre le fait de mettre laccent sur la spcificit des activits de gestion par rapport aux
activits tertiaires, la nouvelle appellation conserve le terme de technologie. Dans le cadre de
lUniversit, le diplme de licence ne fait rfrence quaux Sciences de gestion et le diplme
du DUT (Diplme universitaire de technologie) est dlivr dans un IUT (Institut universitaire
de technologie). La gestion revt donc actuellement un double caractre scientifique et
technologique.
Quel est le sens du mot technologie ? Quel est son rapport avec les sciences et avec la
technique ? Ne faudrait-il pas dire plutt les techniques ? Logos signifie science et techn
signifie art. La signification anglaise du mot technology lapprhende comme sciences
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 31
appliques tandis que lacception franaise lui prfre parfois le sens dtude de la
technique.
Une revue de littrature non exhaustive nous permet de retenir deux approches de la
technologie :
lapproche technique et scientifique : la technologie est un modle de rsolution de
problmes. Selon Ribault et al. (1991), la technologie est un ensemble de
connaissances appartenant plusieurs disciplines, de moyens humains, matriels,
financiers et de savoirs-faire permettant de valoriser les connaissances.
lapproche stratgique : la technologie est considre comme une ressource pouvant
gnrer un avantage concurrentiel (Porter, 1986).
Ces deux approches ne sont pas exclusives lune de lautre : les innovations technologiques
gnres par les diverses sciences sinsrent dans les diffrentes fonctions de lentreprise et
contribuent crer de la valeur ce qui procure un avantage stratgique.
Le caractre stratgique de la technologie justifie la gestion des technologies nouvelles,
indissociables de la notion de risque. Plus linnovation est forte, plus le risque est important.
Ce risque est li lincompltude des informations relatives aux impacts de la nouvelle
technologie. Les volutions technologiques peuvent tre gres en considrant :
le positionnement des technologies : la technologie suit une courbe de vie en S. Toute
technologie a une limite : quels que soient les investissements raliss, son efficacit
tend vers une limite. Cela rend ncessaire de grer les discontinuits technologiques.
la prvision des ruptures technologiques par une mthode intuitive pratique auprs
dexperts et/ou par une mthode matricielle croisant deux critres, par exemple
lopportunit de technologies (avis des experts sur les gains potentiels, les
performances supplmentaires, les risques encourus, les investissements ncessaires)
et lopportunit de march (les besoins des clients, les marges potentielles).
En considrant la technologie comme tude des techniques, nous pouvons remarquer que
les techniques de gestion sont rattacher un champ dtude plus large incluant dautres
techniques utilises dans les organisations comme les techniques de production.
Lapprentissage de la gestion porte sur un ensemble de techniques de gestion qui voluent
dans le temps et dans lespace. De Vaujany (2005) oppose lentreprise point familiale,
dimplantation locale, fonctionnant avec peu doutils de gestion et lentreprise institutionnelle,
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Chapitre 1 Grer le risque dans les projets ou lillusion de la perspective instrumentale 32
base sur lactionnariat, dimplantation internationale, caractrise par labondance doutils
produits en partie par de multiples parties prenantes externes. Nous assistons par ailleurs
comme dans les technologies industrielles un renouvellement des techniques de gestion. Par
exemple, la comptabilit par activits est venue concurrencer la mthode des centres
danalyse dans le calcul des cots complets. Plusieurs de ces innovations managriales ont fait
lobjet de publications scientifiques : les cots standards (Zimnovitch, 1996), les budgets
(Berland, 1997), le tableau de bord prospectif (Kaplan et Norton, 2001), le bilan socital
(Capron, 2003), la comptabilit par activit (Nikitin, 2000 ; Alcouffe, Berland et Levant,
2003 ; Godowski, 2003 etc.).
La diversit terminologique contenue la fois dans les discours des managers comme
dans les travaux des chercheurs et des enseignants souligne lambigut des concepts :
technique ou outil de gestion ? Instrument, instrumentation : quel terme retenir ? Gilbert
(1998) utilise le terme instrumentation dans la double acception de contenu et de
processus. Le dictionnaire lectronique Trsor de la Langue franaise Informatis (2009)
dfinit loutil comme objet fabriqu, utilis manuellement, dot dune forme et de
proprits adaptes un procs de production dtermin et permettant de transformer lobjet
de travail selon un but fix . Cette dfinition met laccent sur lide quil sagit dun artefact
possdant des proprits qui le rendent fonctionnel pour raliser un certain travail. Ce sens
apparat ds 1174 trs nettement : objet fabriqu qui sert faire un travail . Au sens figur,
un outil est un moyen, ce qui permet dobtenir un rsultat, dagir sur quelque chose et le
terme instrument est un synonyme. Le mot outil nous place donc demble dans une
perspective instrumentale et le travail dont il est question est un travail de gestion.
En quoi consiste lactivit gestionnaire ? Le Dictionnaire de la langue franaise Le Petit
Robert (1993) dfinit le management comme ensemble de connaissances concernant
lorganisation et la gestion dune entreprise et comme application de ces connaissances
servant manager c'est--dire administrer, conduire, grer, organiser . Cette dfinition
est rapprocher de celle de la gestion, science de ladministration, de la direction dune
organisation et de ses diffrentes fonctions .
Notre intention nest pas dentrer dans le dbat portant sur la question de savoir si la
gestion est un art ou une science. Mais lhistoire de la gestion nous apprend que la
concurrence entre les firmes lie la recherche du profit maximum pousse rationaliser le
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travail. Les techniques de gestion sont selon Hatchuel des consquences des rationalisations
passes de laction collective ou bien des causes de nouveaux modles daction collective.
2. Outils de gestion et action collective
Enseigner la gestion dans le contexte scolaire et universitaire, cest souvent enseigner
des outils comme sil sagissait dobjets naturels, allant de soi : ils sont vidents puisque
rationnels et la rationalit est suppose universelle. Lutilisation de techniques mathmatiques
ne peut que renforcer la croyance dune rationalit naturelle de lactivit gestionnaire.
Selon Nikitin (2003), lide dintroduire une dmarche rationnelle et scientifique
dans la conduite des entreprises remonte, au moins, au dbut du XIXe sicle (p.69). Ce qui
explique lapparition dune science des affaires est lvolution de la taille des firmes,
entranant une plus grande division du travail et une rflexion sur lorganisation des usines et
des bureaux (p.68).
Le premier paragraphe rappelle que la rationalit conomique est un lment
fondamental de notre ralit conomique et quelle est lie la division du travail. Comment
diviser le travail tout en assurant lintgration des diffrentes activits et la cohsion de
lorganisation ? Le second paragraphe montre que loutil de gestion est un artefact conu pour
simplifier le travail de chacun et apporter des rponses. Il en rsulte quen formalisant laction
collective, il normalise les comportements et a un effet structurant dans lorganisation.
2.1 Rationalit conomique et management scientifique
La recherche de rationalit est lie lhistoire des firmes engages dans la recherche
de productivit dans les activits de production et dans les activits administratives.
L'importance de la division du travail a t souligne ds 1776 par un conomiste
classique, Adam Smith (1723-1790) dans lexemple dune manufacture dpingles. La
division du travail y est associe la rationalit conomique (Smith, 1776).
Taylor (1856-1915) poursuivra dans cette voie qu'il nomme organisation scientifique
du travail (OST) caractrise notamment par lobservation et le chronomtrage des tches, la
dcomposition des gestes des oprateurs et la dtermination des temps standards ncessaires
la ralisation dune tche (Livian, 2001).
Fayol, contemporain de Taylor labora sa thorie dune science administrative vers 1890. Elle
comprend les cinq lments dadministration : planifier, organiser ( munir l'entreprise de
tout ce qui est utile son fonctionnement ), commander ( faire fonctionner le corps social
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), coordonner ( mettre l'harmonie entre tous les actes de l'entreprise ), contrler ( vrifier
que tout se passe conformment au programme adopt, aux ordres donns, aux principes
admis , et signaler les fautes et les erreurs afin qu'on puisse rparer et en viter le retour ).
L outillage administratif est constitu des outils de gestion servant planifier, organiser,
commander, coordonner et contrler.
Le principe de la division du travail est donc prsent chez Taylor et chez Fayol, les
deux grands prcurseurs des sciences de gestion. Ce principe obit la rationalit
conomique. Le concept de rationalit sancre dans la microconomie qui suppose que le
comportement du consommateur et du producteur sont rationnels c'est--dire quils cherchent
maximiser leur utilit. La recherche de loptimum suppose que linformation soit gratuite et
permette de faire des choix efficients.
Est rationnelle laction ou la dcision qui repose sur les raisons objectivement les
meilleures (Boudon, 1990, p. 54). Weber (1956) dfinit la technique rationnelle comme
mise en uvre de moyens orients intentionnellement et mthodiquement en fonctions
dexpriences, de rflexions et -en poussant la rationalit son plus haut degr- de
considrations scientifiques . (Weber, 1956, p.104). Un des critres de la rationalit dune
technique est aussi le clbre principe du moindre effort , c'est--dire du rendement
optimum par rapport aux moyens mettre en uvre (Weber, p.105). Une technique ainsi
comprise existe dans toute activit (Weber, p.105). Nous pouvons considrer loutil de
gestion comme une technique au sens de Weber : une technique sert conomiser les moyens
dans un certain but selon le principe du moindre effort.
Dans une perspective instrumentale, lapprentissage de la gestion pourrait se rsumer
dans lacquisition de ces techniques rationnelles qui permettent doptimiser les choix. Les
pres fondateurs des sciences de gestion, Taylor et Fayol, ont contribu la rationalisation des
activits de production et des activits administratives. Les outils de gestion constituent ainsi
les outils de travail du gestionnaire travaillant dans une organisation : en explicitant ce que
chacun doit faire et comment le faire, ils formalisent laction collective.
2.2 Les outils de gestion comme formalisation de
laction col lective
Lhistoire des outils de gestion est relativement rcente comme celle de son
enseignement : peu doutils sont prsents dans lentreprise-point de la thorie no-classique
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tandis que quils se multiplient dans lentreprise institutionnelle (de Vaujany, 2005). Le
gouvernement par les instruments tend se gnraliser (Lascoumes et Le Gales, 2004) car
lesprit gestionnaire est dans lair du temps (Ogien, 1995). La notion doutil de gestion est
aborde sous des dnominations diffrentes (instruments de gestion, instrumentation,
machines de gestion, dispositifs de gestion, appareils gestionnaires, innovations managriales
etc.). Les dfinitions qui sont retenues par ces chercheurs mettent laccent sur la formalisation
et sur laction. Moisdon (1997) dfinit loutil de gestion comme toute formalisation de
lactivit organise , David (1998, p.44) comme tout dispositif formalis permettant
laction organise .
Parmi toutes les organisations, lentreprise a t particulirement tudie par les
Sciences de gestion. Lentreprise na pas lapanage de laction collective rflchie et lon
pense aussi activement dans une famille ou dans un couvent (Hatchuel, 2000, p.17). Mais
dans lentreprise, des ressources sont consacres aux activits dtude, de conception et de
recherche. Il en rsulte que lentreprise nest donc pas une classe particulire de
phnomnes collectifs, mais plutt lune des formes la plus universelle de laction collective
[]. Les Sciences de gestion [] doivent donc penser la forme la plus artefactuelle de
laction collective (p. 17). Lentreprise est une organisation qui nadmet pas de dfinition
naturelle, lentreprise est artificielle. Simon (2004) tudie les sciences de lartificiel comme
sciences de la conception et il dfinit le mot artificiel dans son sens le plus neutre possible :
fait par lhomme, par opposition naturel (p. 30).
Si la nature de lentreprise est artefactuelle, dans une vision de laction organise
rflchie, ce nest pas le hasard qui guide laction. Laction collective exige de diviser le
travail et de le coordonner de faon ce que les actions individuelles convergent vers laction
collective. Loutil de gestion, dans une approche fonctionnaliste, est la mdiation permettant
de russir cette diffrenciation/intgration dans une organisation. Loutil va dire comment sy
prendre pour atteindre les objectifs : il prescrit une mthode. Dans cette optique
instrumentale, loutil de gestion est un outil pour organiser le travail de faon logique et
rationnelle (de Vaujany, 2005). Plusieurs chercheurs se focalisent sur le caractre mdiatis
de lactivit humaine (Vygotski, 1934-1985 ; Dewey, 1967-1993). La thorie instrumentale de
Lorino (2002) reprend lide que toute activit est mdiatise par loutil. Fayol lavait
pressenti puisque, comparant loutil de gestion loutil physique qui facilite le travail
physique, loutillage administratif aide aux tches intellectuelles de gestion par leur
dimension formatrice (Fayol, 1916). Berry (1983) a galement soulign la ncessit des
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instruments de gestion comme une vidence parce la conduite des grandes organisations
dpasse les capacits dun homme (p. 3).
Loutil en tant quartefact fournit une reprsentation symbolique de la ralit et dans
une approche positiviste, reprsentationniste et computationnelle , il permet
dobjectiver laction subjective (Lorino, 2002).