L'Amour en La Afrique Romaine

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Leïla Ladjimi-Sebaï L'amour en Afrique romaine. In: Antiquités africaines, 26,1990. pp. 205-216. Abstract What did the Africans in the Roman age think of love, and how did they express it ? If love first has " Littérature as reference and above all poetry ", one has to aknowledge the fact that, except for " Apuleius' Metamorphosis ", which contains an actual " love doctrine ", the African Littérature is poor in information of that type. What Littérature does not reveal, epigraphy abounds in, though epitaphs informs us about legitimate love, and the mutual affection between husband and wife. One inscription by Hr Ben Ismail in Dougga's area, evokes that feeling and gives it a supplementary dimension. Love is stronger than death and is transformed into an eternity token. In immortalizing their feeling, the two defuncts are eternal lovers, the representative, the first African heros of eternal love. Résumé Quelle idée les Africains de l'époque romaine se faisaient-ils de l'amour, et comment Fexprimaient-ils ? Si l'amour a d'abord « la littérature pour réfèrent et essentiellement la poésie », il faut reconnaître que la littérature africaine, si l'on excepte les Métamorphoses d'Apulée qui renferment une véritable « doctrine de l'Amour », est pauvre en renseignements de cet ordre. Ce que nous refuse la littérature est compensé par l'epigraphie, à cette nuance près que les épitaphes nous renseignent surtout sur les amours légitimes, la mutuelle affection qui lie les époux. Une inscription de Hr Ben Ismaïl aux environs de Dougga évoque ce sentiment en lui donnant une dimension supplémentaire : l'Amour est plus fort que la Mort et devient un gage d'éternité. En immortalisant leur sentiment, les deux défunts sont des amants éternels, les représentants, les premiers héros africains de l'Amour éternel. Citer ce document / Cite this document : Ladjimi-Sebaï Leïla. L'amour en Afrique romaine. In: Antiquités africaines, 26,1990. pp. 205-216. doi : 10.3406/antaf.1990.1174 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1990_num_26_1_1174

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  • Lela Ladjimi-Seba

    L'amour en Afrique romaine.In: Antiquits africaines, 26,1990. pp. 205-216.

    AbstractWhat did the Africans in the Roman age think of love, and how did they express it ?If love first has " Littrature as reference and above all poetry ", one has to aknowledge the fact that, except for " Apuleius'Metamorphosis ", which contains an actual " love doctrine ", the African Littrature is poor in information of that type.What Littrature does not reveal, epigraphy abounds in, though epitaphs informs us about legitimate love, and the mutualaffection between husband and wife.One inscription by Hr Ben Ismail in Dougga's area, evokes that feeling and gives it a supplementary dimension. Love is strongerthan death and is transformed into an eternity token. In immortalizing their feeling, the two defuncts are eternal lovers, therepresentative, the first African heros of eternal love.

    RsumQuelle ide les Africains de l'poque romaine se faisaient-ils de l'amour, et comment Fexprimaient-ils ?Si l'amour a d'abord la littrature pour rfrent et essentiellement la posie , il faut reconnatre que la littrature africaine, sil'on excepte les Mtamorphoses d'Apule qui renferment une vritable doctrine de l'Amour , est pauvre en renseignements decet ordre.Ce que nous refuse la littrature est compens par l'epigraphie, cette nuance prs que les pitaphes nous renseignent surtoutsur les amours lgitimes, la mutuelle affection qui lie les poux.Une inscription de Hr Ben Ismal aux environs de Dougga voque ce sentiment en lui donnant une dimension supplmentaire :l'Amour est plus fort que la Mort et devient un gage d'ternit. En immortalisant leur sentiment, les deux dfunts sont des amantsternels, les reprsentants, les premiers hros africains de l'Amour ternel.

    Citer ce document / Cite this document :

    Ladjimi-Seba Lela. L'amour en Afrique romaine. In: Antiquits africaines, 26,1990. pp. 205-216.

    doi : 10.3406/antaf.1990.1174

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/antaf_0066-4871_1990_num_26_1_1174

  • Antiquits africaines t. 26, 1990, p. 205-216

    L'AMOUR EN AFRIQUE ROMAINE

    A propos d'une inscription mtrique des environs de Dougga-Tunisie

    (C./.L VIII, 27380; CLE, 1971)

    par

    L LADJIMI SEBA

    Rsum Quelle ide les Africains de l'poque romaine se faisaient-ils de l'amour, et comment Fexprimaient-ils ? Si l'amour a d'abord la littrature pour rfrent et essentiellement la posie , il faut reconnatre que la littrature

    africaine, si l'on excepte les Mtamorphoses d'Apule qui renferment une vritable doctrine de l'Amour , est pauvre en renseignements de cet ordre.

    Ce que nous refuse la littrature est compens par l'epigraphie, cette nuance prs que les pitaphes nous renseignent surtout sur les amours lgitimes, la mutuelle affection qui lie les poux.

    Une inscription de Hr Ben Ismal aux environs de Dougga voque ce sentiment en lui donnant une dimension supplmentaire : l'Amour est plus fort que la Mort et devient un gage d'ternit. En immortalisant leur sentiment, les deux dfunts sont des amants ternels, les reprsentants, les premiers hros africains de l'Amour ternel.

    Abstract What did the Africans in the Roman age think of love, and how did they express it ? If love first has " Littrature as reference and above all poetry ", one has to aknowledge the fact that, except for " Apuleius' Metamorphosis ", which contains an actual " love doctrine ", the African Littrature is poor in information of

    that type. What Littrature does not reveal, epigraphy abounds in, though epitaphs informs us about legitimate love, and the

    mutual affection between husband and wife. One inscription by Hr Ben Ismail in Dougga's area, evokes that feeling and gives it a supplementary dimension. Love

    is stronger than death and is transformed into an eternity token. In immortalizing their feeling, the two defuncts are eternal lovers, the representative, the first African heros of eternal love.

    Il n'est pas facile de parler des sentiments humains, surtout de l'amour cette illusion du pote. L'explication relve de la complexit du sentiment lui-mme, laquelle viennent s'ajouter les diffrences constates au niveau de ses modes d'expression. L'amour n'tant que le reflet d'une culture, il devient

    Institut national d'Archologie et d'Art, 4, place du chteau, Tunis.

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    vident que les rapports entre amour et expression de l'amour varient selon les temps et les lieux, et que l'on n'aime pas de la mme faon chez Marguerite Duras, dans la Grce de Platon ou en Afrique l'poque romaine.

    Le sentiment en tant que tel ne prte pas discussion, et savoir si les Anciens, en Afrique ou ailleurs, aimaient et prouvaient rellement, est hors de propos ; mais essayer de comprendre l'ide qu'ils se faisaient de l'amour et les diverses manires qu'ils avaient de l'exprimer ou de l'exalter est possible, puisque l'amour est d'abord littrature, c'est dire qu'il a la littrature pour rfrent et essentiellement la posie \

    Certes la littrature africaine, si l'on excepte les Mtamorphoses d'Apule sur lesquelles nous reviendrons, est pauvre en renseignements de cet ordre ; dans leur ensemble les auteurs africains accordent peu de place aux sentiments et les affaires de cur ne paraissent pas les mouvoir particulirement ; les hrones de l'Amour, les Dlie, Cynthie, Corinne et autres beauts chantes et immortalises par les lgiaques, n'ont pas d'muls parmi les africaines ; l'lgie potique ou erotique romaine en tant qu'expression d'une culture qui plonge ses racines dans la Grce de Callimaque lui-mme fondateur du genre, semble s'tre limite dans le temps et dans l'espace2. Il faut cependant souligner que ce genre lgiaque ne s'adressait qu' une lite et ne concernait qu'une catgorie sociale dtermine, le beau monde , car d'une manire gnrale, les Anciens se mfiaient de l'amour, surtout de la passion, cette plaie, ce flau, ce sentiment ngatif qui prive l'homme de sa raison et en fait un esclave enchan et non plus un matre triomphant 3.

    Les hommes de lettres africains n'ont pas chapp la rgle et mme Apule - dans le seul tmoignage raliste que nous conservons de son uvre - Apule donc, considre l'amour comme un trouble profond des sens, un tat voisin de la dmence : elle n'tait pas dans son bon sens, elle t'aimait perdument dira-t-il au cours de son procs devant ses juges et le peuple de la bonne ville d'Oea4. Il ne pouvait dans ce contexte que s'inscrire dans les ides de son temps et la morale de ses concitoyens.

    Il est vrai cependant qu'Apule conteur et romancier observe plus de nuances : ses Mtamorphoses comportent un pisode qui pourrait, la rigueur, se rapprocher du genre lgiaque : ce sont les amours de Lucius et de Photis ; tout y est, ou presque : Photis est une esclave, une irrgulire inpousable, avec laquelle une liaison est permise, et Lucius devient lui-mme l'esclave d'une passion, narre avec des dtails qui transgressent largement la pudibonderie traditionnelle5.

    Et il y a plus : les Mtamorphoses nous donnent une ide peu prs complte des diverses manifestations de l'amour au IIe sicle.

    Il y a d'abord les amours ancillaires de Lucius et de Photis qui s'inscrivent parfaitement dans les murs du temps ; il y a aussi les drames qui sparent les amants malheureux, les sombres machinations trames par les mes enchanes dans des passions malsaines - femmes criminelles, magiciennes, empoisonneuses, maris tromps, liaisons interdites, antinaturelles ou la limite de l'inceste - ; il y a enfin l'amour triomphant

    1 Pour reprendre une expression de Veyne (P.), L'lgie erotique romaine, l'amour, la posie et l'Occident. Paris, 1983, p. 62 et 127, ouvrage qui nous a largement inspire pour cette tude.

    2 Cette remarque pourrait nous mener trs loin, car si le genre lgiaque a donn le ton toute la posie amoureuse, donc l'une des formes essentielles de l'expression de l'amour pendant 20 sicles, (cf Veyne (P.), op. cit.) il faut reconnatre que le genre en question n'a pas dbord certaines zones gographiques bien dtermines dont l'Afrique semble exclue. Pour des raisons historiques encore inexplicables, il semblerait qu'en Afrique on n'ait pas t sduit par cette forme d'art l'une des plus sophistiques de toute l'histoire des littratures (Veyne P., op. cit., p. 9). On pourrait mme se demander dans quelle mesure cette littrature du beau monde pouvait toucher nos bons bourgeois provinciaux d'Afrique.

    3 Veyne (P.), op. cit., p. 148-149. 4 Apol. LXXIX. 5 Met., Livre II ; il ne faut pas pousser trop loin la comparaison ; la rencontre de Lucius et de Photis n'est qu'une

    amourette banale et sans lendemain.

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    qui survit aux preuves, et que nous retrouvons dans le conte de l'Amour et de Psych 6, celui qui fait de l'amant un dieu : c'est l'amour sublim qui trouve son apothose dans le livre d'Isis 7.

    Tous les tats de l'amour, dans ses reprsentations les plus frustes ou les plus sublimes sont ainsi mentionns, et l'on peut dire avec P. Grimai que les Mtamorphoses d'Apule renferment une vritable doctrine de l'amour, l'amour divin et salvateur qui permet de communiquer avec le principe fondamental, principe fminin reprsent par Isis, syncrtisme de toutes les divinits fminines, symbole de la femme ternelle, dispensatrice des biens de la vie8.

    A cette exception prs, si nous voulons savoir quelle ide les Africains avaient ou se faisaient de l'amour, ce ne sont pas les textes littraires qu'il faudra interroger.

    Ce que nous refuse la littrature est compens dans une bonne mesure par l'pigraphie, et force nous est d'interroger les inscriptions, surtout les pitaphes lesquelles, sans chapper elles non plus aux lois du genre - idalisation et exagration des qualits des dfunts qui prennent pratiquement valeur de symbole 9 - et tout en faisant rfrence un certain type de culture, nous permettent tout de mme d'apprhender les faits humains de manire plus directe, parfois originale, surtout quand elles chappent l'ordinaire et aux rgles gnrales 10. On ne le dira jamais assez, les textes funraires mritent toute l'attention de l'historien, car il s'y trouve souvent des renseignements encore mal, ou sous-exploits.

    Certes il ne s'agit pas dans les inscriptions funraires de retracer les amours particulires que le pote porte aux irrgulires ou aux dviantes sociales ; les pitaphes dans leur quasi majorit nous parlent des amours lgitimes et de la mutuelle affection des poux ' ' ; d'autre part, si la posie amoureuse est d'une manire gnrale une fiction12, les funraires, mme quand elles prennent l'allure de pomes, essayent, autant que faire se peut, de dpeindre la ralit, ou du moins de s'en rapprocher 13.

    Une tude mene sur La femme en Afrique l'poque romaine ( partir de la documentation pigraphique) 14, a montr que comme partout dans le monde romain, les relations conjugales sont fondes sur les bonnes murs et les vertus multiples des pouses, la rciprocit des sentiments et la complmentarit des caractres, enfin sur la bonne entente au sein des mnages, celle qui fait que chacun reconnat la place qui lui revient, seul gage de russite d'un mariage solide et durable. Mais au-del de toutes ces conditions, il apparat aussi que les unions reposent sur l'amour ; cet lment nouveau est particulirement imputable la place grandissante que tenait la femme, non seulement sur le plan familial o elle est la fois matrona et domina, mais aussi sur le plan social. Cette tendance, bauche la fin de la Rpublique et au dbut de l'Empire, ira en s'accentuant, tant Rome que dans les provinces, sous l'influence grandissante des cultes orientaux, celui d'Isis essentiellement, qui accorde une place importante la femme, voire une divinisation,

    6 Met., Livre VI. 7 Met., Livre XI. 8 Grimal (P.), L'amour Rome. Paris, 1963, p. 327 sq. surtout p. 332. 9 Galletier (E.), tude sur la posie funraire romaine d'aprs les inscriptions. Paris, 1922. 10 Durry (M.), Rhabilitation des funerariae . R.E.L., t. 47, bis (=Mlanges Marcel Durry) 1969, p. 255-264. 11 Avec une exception cependant : un texte parle d'une concubine ; v. infra. 12 Veyne (P.), op. cit., p. 37 et 71 ; d'aprs une expression de Properce : fallax opus, l'lgie, uvre trompeuse . 13 Surtout celles qui chappent aux lois du genre de par leur formulaire et de par le message qu'elles comportent. 14 Ladjimi Seba (L.), Thse de Doctorat de IIIe cycle. Aix-Marseille I, 1977, indite.

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    et sous l'influence des courants philosophiques, notamment celui des Stociens, doctrinaires de l'amour conjugal 15 ; l'amour deviendra, au mme titre que les autres qualits, un modle de vertu atteindre.

    L'influence des doctrines religieuses et philosophiques aura donc t prpondrante ; elle trouvera son apothose l'poque chrtienne, o l'amour sera considr comme le plus noble des sentiments 16. C'est ainsi qu'en parfaite concordance avec la morale traditionnelle, cherchant se distinguer par leurs uvres, la qualit et la noblesse de leurs sentiments, les Anciens n'hsiteront plus faire rfrence l'amour, en clbrer la profondeur et la force sur les inscriptions. Certes on ne peut toujours s'exprimer librement, mais malgr la pudeur qui caractrise les pices pigraphiques, la douleur exprime sur les pitaphes tmoigne de cet amour profond, d'une certaine passion mme entre les conjoints.

    Les exemples de ce type ne sont pas rares en Afrique : Cornelia Galla a fait faire un portrait de marbre de son poux ; ainsi, tant qu'elle vivra, l'image et le souvenir de son poux ne pourront pas la quitter : dum uita manet, toto est in corde maritus 17.

    Aemilius Primus Flauianus et Iulia Setina partageaient les mmes qualits morales et le mme amour conjugal : moribus eximi(i) s parties et amore iugalin.

    Vibia Caeli (f(ilia)) et son poux Ianuarius ont rivalis de pit, de vertu, de modestie et d'amour : certaui tecum coniunx pietate, uirtute, frugalitate et amore 19. .

    A la mort de Iulia Spes, son mari ne trouvera de consolation sa douleur qu'au souvenir de leur remarquable amour : quisqus amai coniunx hoc exemplo coniungat amore (m) ; est autem uitae dulce solaciolum 20.

    Geminia Bona est loue par son mari seulement pour l'avoir toujours aim : maemoriae (sic) Geminiae Bonae... que me fsejmper amauit2i.

    Aurelia (?) Mammosa est clbre par son poux Florus qui n'a pas eu grand mrite l'aimer d'amour : Florus... quam non in merito magno dilexit amore22.

    Il ne faut pas oublier ce tombeau d'amour, tumulus amoris, lev sa concubine Arria Datiua par un amant anonyme23, ni ce mari enchan son pouse par un grand amour, mar(itus) caro deuinctus amore2*.

    C'est enfin le dsespoir qui arrache un poux ce cri passionn : dfijgna coniunx, te adoro25.

    15 Les anciens feront de l'amour la naturelle affection pour les siens que diront les Stociens, doctrinaires de l'amour conjugal ; car il est normal au stocisme d'ignorer les sentiments d'lection et de ne saluer que les sentiments induits par les institutions, en prenant l'effet pour la cause . Veyne (P.), op. cit., p. 156.

    16 Sentiment sublim considr comme le ciment indispensable aux relations humaines d'une manire gnrale ; la doctrine chrtienne par ailleurs n'a pas favoris une mancipation de la femme ; il y aurait mme eu rgression.

    17 Hadra (Ammaedara) : CIL, 434 = 11518 et p. 2359 ; CLE., 380 ; I.L.T., 426. 18 Mdaourouch (Madauros) : I.L.Alg., II, 2240. 19 Hr Haj Abid (rgion de Hadra) : CLE., 2299 ; ILA., 175 ; I.L.T., 489. Il faut remarquer que Claudius Ianuarius

    aprs le dcs de son pouse Vibia avec laquelle il s'entendait si bien, a semble-t-il convol une seconde fois en justes noces, mais avait d mettre le dsir de se faire enterrer auprs de sa premire femme.

    20 Constantine (Cirta) : CIL, 7427 ; CLE., 1288 ; I.L.Alg., II, 1244. 21 Sigus : CIL, 5709 ; I.L.Alg., II, 6527. 22 Mdaourouch (Madauros) : A.E., 1919, 46 ; I.L.Alg., I, 2242. 23 Stif (Sitifis) : CIL., 8532. Seule exception la notion d'amour lgitime et qui explique srement l'anonymat du

    ddicant. 24 Hr Routilia (rgion de Kasserine) : ILA., 115 ; CLE., 2113 ; I.L.T., 348. 25 Tebessa (Theveste) : CIL., 2005 ; C.L.E., 1615. La liste ci-dessus n'est pas exhaustive, il y a bien sr d'autres

    exemples.

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    De ce fait, l'inscription que nous prsentons maintenant n'a rien d'original ; deux poux, unis de cur et de sentiments voquent l'amour, base mme de leur union. Le texte comporte nanmoins une dimension supplmentaire et mrite qu'on s'y arrte un instant.

    A Hr Ben Ismail, aux environs de Dougga26, a t dcouvert un autel funraire base et corniche moulures, portant sur la face principale une inscription que L. Poinssot a publie au Corpus des Inscriptions Latines (tome VIII, Afrique), sans aucun commentaire 27. La face gauche de l'autel est brute et comporte un dcrochement d'origine, preuve que la pierre devait tre encastre et faire partie d'une ensemble plus important 28 ; la face latrale droite est lisse, mais semble avoir t retaille dans sa partie suprieure, ce qui suppose un remploi tardif (fig. 1).

    Fig. 1 . - Autel funraire de Hr Ben Ismail, vue d'ensemble.

    L'autel est aujourd'hui conserv sur l'esplanade contigue au thtre de Dougga. Matire : calcaire blanc Hauteur totale : 1,04 m Largeur : 0,34 m paisseur : 0,36 m Champ p. : 0,65 m 0,28 m H.d.l. : 0,02 m (petites, rgulires et bien graves).

    26 A.A.T., Dougga n 202. Localit faisant srement partie du territoire de Dougga, v. C.I.L., 27374 et B.C.T.H., 1910, p. CCXXXII.

    27 C.I.L., 27380 ; C.L.E., 1971. 28 Voir infra l'tude de N. Ferchiou, p. 217-221.

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    l DIS EST SACRATVS MANIBVS HIC TVMVLVS

    QVI EG IT O SSA PI AE C AE NVMIS I A E

    5 MARCELLJnAE QVINTI O RIS

    QVORVM QVOT SIC SVNT CONIVNCTA SEPVLCRA

    TESTANTVR QVAMCONCOR 10 DESEXEGERINT AEVOM

    QVOS NEC MORS POTVIT SE I VN G E R E LONGE

    CRVDELIS QVAE SOLA POTEST DISIVGERE AMANTES

    Texte

    Except les noms des personnages (1er nom de la dfunte, 2e et 3e noms de l'poux), la pierre est en bon tat de conservation et le texte parfaitement lisible (fig. 2).

    Dveloppement

    L. 1 sq. Dis est sacratus manibus \ hic tumulus \ Qui tegit ossapiae |...

    L.7 sq. Quorum quoi sic sunt \ coniuncta sepulcra | Testantur quam concor\des exegerint aeuon, \ Quos nec mors potuit | seiungere longe, \ Crudelis quae sola potest \ disiu(n)gere amantes.

    Carmen funraire sans aucune indication de christianisme poque incertaine Hexamtres dactyliques dfecteux 29. Les noms des personnages ont presque entirement disparu. A la 1. 4, le premier nom de la dfunte commence par un C ou un G et se termine par AE avec un

    intervalle de 6 ou 7 lettres manquantes ; on pourrait, sans tre affirmatif, restituer un gentilice comme Caecilia, Calpurnia, Castricia, Cornelia, Crispina, Crepereia, ou mme Gabinia, tous ces gentilices tant attests Dougga30. Numisius se retrouve au moins deux fois Dougga31, ainsi que Marcellinusn.

    29 Colafrancesco (P.), Massaro (M.), Ricci (M.-L.), Concordanze dei Carmina Latina Epigraphica. Edipuglia, Bari, 1986.

    30 Ci Indices CI. L. Vili. 31 C.I.L., 27094 et 15545 (Dougga). 32 Marcellinus, a relativement frquent en Afrique ; au moins deux fois Dougga, C.I.L., 27013 et 26678.

  • L'AMOUR EN AFRIQUE ROMAINE 211

    Fig. 2. - Texte (C.I.L., 27380 ; C.L.E., 1971).

    Les noms de l'poux posent plus de problme : faut-il la 1. 5 lire Quinti comme le propose le C.I.L. ? Nous aurions l le dveloppement intgral du praenomen, ce qui est rare mais toutefois possible dans la posie funraire, pour des raisons videntes de versification.

    Il est pratiquement impossible de reconstituer le dbut de la 1. 6, la lettre O (ou B) n'offrant, vu sa position, aucune indication valable.

  • 212 L. LADJIMI SEBA

    Pour la fin de cette ligne on peut tout au plus suggrer : - soit uxo\ris, rfrence la qualit d'pouse de Numisia Marcellina ; - soit le dbut d'un cognomen (qui serait celui de l'poux) se terminant par RIS (au g.), comme Victor,

    Viator, Pastor (plusieurs fois attest Dougga), ou encore Adiutor. Notons ce sujet que les inscriptions provenant de Hr Ben Ismail sont rares : en dehors de ce texte,

    le C.I.L. mentionne l'pitaphe d'une certaine Labennia Venustul [a], dcde 33 ans33 ; par ailleurs, une inscription indite, encore in situ (fig. 3), concerne un Labennius Felico Adiutorisf. dcd 1 an et 3 mois 34. Si, comme nous le disions plus haut, notre autel faisait partie d'un ensemble architectural, il serait possible de rattacher ces diffrents textes une spulture familiale commune : celle des Labennii^ '. Serait-il absurde de ce fait, de rattacher l'inscription indite de Labennius Felico Adiutorisf. notre texte, et de restituer ainsi la 1. 6 : La]b[ennii Adiuto]ris (soit 17 lettres pour cette ligne, ce qui concorde avec l'ensemble de

    Fig. 3. - Epitaphe de Labennius Felico Adiutorisf. dcd 1 an, dcouverte et conserve in situ Hr Ben Ismail

    33 Hr Ben Ismal : C.I.L, 27379. 34 Hr Ben Ismal : Autel en calcaire blanc ; base et corniche moulures ; H. totale : 1,24 m ; Champ p. 0,69 m 0,295 m.

    h.d.l. 0,045 m. D m s\Labenni\us Felico \ Adiutorisf. \ p.v.a. anno I (?) | mens IH \ h.s.e. In situ. 35 Le gentilice Labennius, ou plus frquemment Labenius est peu reprsent en Afrique.

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    l'inscription)? L'poux de Numisia Marcellina est peut-tre Quintus Labennius Adiutor; mais vu le dlabrement de la pierre, ceci reste videmment hypothtique.

    Comme la plupart des uvres du mme genre, ce pome se compose de plusieurs parties : ) la prsentation du tombeau, tumulus sacratus, ddi aux dieux mnes (1. 1-3) ; 2) la prsentation des dfunts (1. 4-6) ; 3) une description plus prcise de la spulture coniuncta sepulcra (1. 7-8) ; 4) une allusion la vie commune des poux concordes exegerint aeuom (1. 9-10) ; 5) enfin une conclusion philosophique sur l'amour et la mort qui fait tout l'intrt du texte : nec mors

    potuit seiungere longe crudelis quae sola potes t disiu(n)gere amantes (1. 11-14). Les poux n'ont pas t spars longtemps (1. 11-12), cependant aucune indication n'est donne quant

    l'antriorit du dcs de l'pouse ou de l'poux ; encore qu' travers la prsentation de l'pitaphe, il semblerait que Numisia soit morte la premire ; la ddicace serait donc l'uvre du mari.

    Le formulaire de cette pitaphe versifie est assez intressant pour qu'on s'arrte aux diffrents termes qui font bien sr rfrence au langage littraire et potique, et peut-tre mme juridique. L. 1-2 : Tumulus sacratus

    Le monument funraire est d'emble qualifi de tumulus36, terme qui fait partie, dans la langue juridique des res religiosae, c'est--dire des monuments (ou des terrains) affects aux spultures et confis aux dieux Mnes : religiosae quae dus manibus relictae sunt 37. Les res religiosae taient soumises une stricte codification 38, et de surcrot inalinables, mme si les membres d'une mme famille avaient le droit d'tre ensevelis dans un mme tombeau, droit par ailleurs transmis aux hritiers 39.

    Tout en tant ddi aux dieux Mnes, le tumulus est sacratus, formule tout fait indite dans ce contexte et qui semble vouloir rattacher le monument funraire aux res sacrae soit, du point de vue juridique, aux difices ou aux objets diuini iuris consacrs aux dieux suprieurs par une loi, un snatus consulte, ou une constitution : sacrae sunt quae dus superis consacratae sunt40.

    Cette association des dieux Mnes un difice qualifi de sacratus et ce glissement volontaire du langage dans le formulaire donnent au monument, qui faisait sans aucun doute partie des res religiosae jurifiquement parlant, un caractre plus sacr qu' l'ordinaire, surtout quand on connat la somme d'interdits lis aux lieux consacrs, leur inalinabilit, leur inviolabilit et les dfenses multiples de leur porter atteinte41, quand on sait aussi que les choses sacres ne perdent leur caractre qu'aprs une crmonie religieuse destine les rendre profanes42.

    Ainsi le monument n'est pas seulement confi aux dieux Mnes, ce qu'on aurait retrouv dans la formule habituelle dus Manibus sacrum. Dclar sacratus on a voulu en souligner le caractre particulier, sacr, inviolable, auguste et vnrable et, au-del de la sphre strictement juridique, lui donner un caractre d'immortabilit et d'ternit43.

    36 Emploi assez frquent dans la posie funraire, cf Concordanze... et mme l'poque chrtienne. 37 Gaius, II, 4. 38 Plusieurs interdits sont lis aux lieux religieux, notamment aux lieux de spulture ; v. Cuq (E.), Les institutions

    juridiques romaines, Paris, 1904, p. 280. Sur ces questions Vischer (F. De), Le droit des tombeaux romains. Milan, 1963 et Toynbee (J.M.C.), Death and burial in the roman world, Londres, 1971, ouvrages queje n'ai malheureusement pu consulter pour cette tude.

    39 Dig. L 5, L VI. 40 Gaius, II, 4. 41 Cuq (E.), op. cit. 42 Gaius, II, 5. 43 Sacro, avi, atum : rendre immortel, terniser, se retrouve chez Horace, od., I, 26 ; Ep., 2, 1, 49.

  • 214 L. LADJIMI SEBA

    Notons donc la singularit de ce formulaire, qui n'est presque jamais employ dans le contexte funraire, mais qui est parfois utilis l'poque tardive, surtout dans l'pigraphie chrtienne44; cette remarque pourrait constituer pour notre texte un indice de datation. L. 3 : Tegit ossa

    Tego, ere : couvrir, protger, abriter ; en parlant de spultures : ossa tegebat humus, la terre recouvrait 45 ses os .

    L. 8 : Coniuncta sepulcra Coniunctus, a dsigne l'union donne par l'amiti, la parent ou le mariage ; le terme est ici associ

    sepulcra (sepulcrum trs frquent s'crit plutt sepulchrum) qui est le lieu o l'on dpose les corps des dfunts : locus ubi corpus ossave hominis condita sunt46. L'pitaphe comporte donc deux termes relatifs au tombeau : tumulus (1. 2) dsigne le monument : un tumulus peut d'ailleurs tre honoraire, tumulus honorarius est cenotaphium41 ; sepulcrum est plus physique ; c'est le lieu o les corps sont rellement enterrs.

    Indpendamment de l'aspect extrieur du monument (tumulus), il y a dans coniuncta sepulcra l'ide de deux corps unis et physiquement runis dans un abri commun qui est le tombeau. L. 9 : Concordes

    Parfois assimil coniuncti ; mais au-del de la simple union donne par l'amiti, la parent ou le mariage, il y a dans concordes l'ide plus forte d'une union de cur et de sentiment avec quelqu'un : qui est unius cordis id est unius animi4*. L. 10 : Exegerint aeuom

    Expression qui se retrouve chez les potes49. Si dans exire il y a une notion d'achvement, de fin (exire uitam = achever sa vie, mourir), aeuum (crit dans le texte aeuom) appartient au langage potique notamment la posie funraire 50 et dsigne le temps immense sans commencement ni fin ; cette expression signifie donc passer le temps de la vie, mais dsigne un temps qui fut et sera toujours le mme, introduisant ainsi une notion d'ternit. L. 11 : Mors... crudelis

    Mors est frquemment employ dans la posie funraire51, mais mors associe crudelis est rare52. L. 12 : Seiungere (ou seiugare)

    Sparer ou dsunir ; se retrouve souvent dans la langue d'Apule 53.

    44 Concordanze... s.v., sacratus. 45 Ovide, Met., 15, 56. 46 Ulpien, Dig. II, 7, 2. 47 Sutone, Claude, 1. 48 Ths. Ling. Lat. 49 Lucrce, 4, 1235 ; Virgile, Aen., 7, 776, etc. 50 Nombreuses rfrences chez Plaute, Pacuvius, Lucrce, Virgile cf Ths. Ling. Lat. 51 Rfrence normale, cf Concordanze... s.v. mors ; se retrouve au moins sept fois en Afrique. 52 Rome, C.L.E., 59, date incertaine ; et Agger (Hr Sidi Amara, Byzacne) C.L.E., 1612, IIP s. Notons cependant pour

    ces deux textes la restitution de crudelis. 53 Met. 6,10-6,17 ; Apoi, 82 ; Socr., 6.

  • L'AMOUR EN AFRIQUE ROMAINE 2 1 5

    L. 14 : Disiugere (pro disiungere) amantes Disiungere signifie stricto sensu, briser une relation M, c'est pourquoi on ne peut dsunir les amants :

    ne nos disiungere amantes55. Amans, quant lui, est employ dans divers sens, surtout de celui qui aime la patrie, les dieux, etc. la place de amator, et ne fait presque jamais rfrence l'amour sentiment 56.

    Le terme n'est pratiquement jamais utilis dans les inscriptions ; on lui prfre le superlatif amantissi- mus, a qui lui te toute sa puissance.

    Traduction

    (Consacr) aux dieux Mnes, ce monument funraire immortel recouvre les os de la pieuse ...Numisia Marcellina (et de son poux) Quintus (Labennius Adiutor ?). Ainsi sont-ils runis dans un tombeau commun, tmoin de leur vie commune, eux que la mort n'a pu sparer longtemps, mort cruelle qui, seule, peut dsunir les amants. Ce texte s'inscrit dans la srie de textes pigraphiques cits plus haut, o il apparat que l'quilibre des

    unions repose souvent sur l'amour ; de surcrot, deux topoi qui font traditionnellement partie de l'pigra- phie funraire sont prsents ici.

    D'abord le thme de la tombe qui runit les corps des poux et rend le mariage, l'union, ternels au-del de la mort 57 ; il s'agit d'un topos antique que l'on trouve dj l'poque rpublicaine 58. Le tombeau est ainsi conu comme la maison ternelle, la domus aeterna 59.

    Ensuite un topos philosophique plus rcent renvoyant une identit entre la vie et la mort60, une manire d'hroser les dfunts dont les actes de la vie sont transcends par la mort. Ces deux topoi, d'une grande banalit, prennent cependant sous la plume de certains potes, un tonnant relief ; et c'est le cas ici.

    Cette pitaphe en fait chappe par certains aspects aux rgles traditionnelles de l'pigraphie funraire ; en dehors de l'invocation aux dieux Mnes, elle-mme originale dans son formulaire indit, il n'est nullement fait rfrence aux qualits et vertus des dfunts ; ces derniers ne racontent pas, ne se racontent pas ; l'auteur ou les auteurs ne veulent rien dmontrer, tel point qu'on se demande si cet crit est rellement destin, comme c'est toujours le cas, tre lu par le promeneur, le uiator auquel on s'adresse

    54 Ordinum concordiam disiunxit, Cicern, Ait., 1, 18,3. 55 Plaute, Asin., 665. 56 Cicern, Tuse, 4, 12 fait nanmoins la diffrence entre amator et amans. 57 Les cas sont frquents en Afrique : Ain Heja (Agbia), C.I.L., 1 557 cf 1 5554 et p. 2694 ; Mdaourouch (Madauros), A.E.,

    1919, 46 et I.L.Alg., I, 2240 et 2242 ; Mactar (Mactaris), C.I.L., 647 cf 11787. 58 Gugusi (P.), Aspetti litter ari dei Carmina Latina Epigraphica. Bologna, 1985 p. 56 ; Lattimore (R.), Thmes in Greek

    and Latin epitaphs, Urbana, 1942, p. 249. 59 Ce qui se trouve implicitement dans le texte de Agbia (cf note 57) o il est dit : Hic sepulta, set (sic) domi es. 60 Gugusi (P.), op. cit., p. 57.

  • 216 L. LADJIMISEBA

    frquemment ; il y a seulement en quelques phrases l'nonc d'une vrit qui appartient l'auteur, sans qu'il soit demand ( autrui) d'en partager la conviction 61.

    Aucun dtail biographique ne vient encombrer le message ; la rfrence au nombre d'annes qu'on a vcu ensemble, l'ge du dcs, ne sont mme pas indiqus ; sans doute n'ont-ils aucune importance, cette pice nous parlant finalement d'ternit ; il a suffi de mentionner qu'on a pass ensemble le temps de la vie, temps qui se prolonge au-del de la vie, et de la mort, qui n'est qu'un accident dans cette recherche de l'immortalit.

    D'autre part, et bien qu'il nous parle d'amour, l'crit chappe au manirisme dsuet de la posie amoureuse, chappe aux tournures clinquantes et ampoules de la posie funraire, laquelle, pour faire souvent rfrence aux uvres classiques, ne dbouche souvent que sur des compositions de maigre facture, mouvantes parfois de par leur maladresse mme.

    La grande affaire ici tant l'amour et la mort, il n'y aurait presque rien rajouter cette pice quasi parfaite, tant du point de vue de la langue que du message qu'elle comporte ; la sobrit de la langue fait la grandeur d'un message qui est moins un cri, que le triomphe d'une philosophie tranquille : tout comme le pote s'immortalise en immortalisant l'aime 62, les amants s'immortalisent en immortalisant leur amour, un amour apparemment impossible puisque la mort y met fin, mais auquel la mort redonne toute sa puissance : la mort cruelle spare, mais elle sait aussi runir les amants.

    Marcellina et Quintus sont bien des amants ternels, les reprsentants, les hros africains de l'Amour ternel.

    Septembre 1988

    61 Veyne (P.), op. cit., p. 112. 62 Veyne (P.), op. cit., p. 125.

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    IllustrationsFig. 1 . - Autel funraire de Hr Ben Ismail, vue d'ensembleFig. 2. - Texte (C.I.L., 27380 ; C.L.E., 1971)Fig. 3. - Epitaphe de Labennius Felico Adiutoris f. dcd 1 an, dcouverte et conserve in situ Hr Ben Ismal

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