L’Inde - JICA...l’exemple le plus emblé-matique des efforts de modernisation de l’Inde, non...

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OCTOBRE 2012 JICA’S WORLD 3 2 JICA’S WORLD OCTOBRE 2012 Recablage de la capitale indienne des TI Ci-dessus : Construction de la voie ferrée à Bangalore Gauche : Produire plus d’énergie Haut : Des oiseaux au coucher du soleil Ci-dessus : Le plus grand marché de la soie au monde Matériel roulant dans le métro de Delhi Nouveau tunnel pour le métro Reconstruction d’un canal d’irrigation L’Inde en mouvement

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OCTOBRE 2012 JICA’S WORLD 32 JICA’S WORLD OCTOBRE 2012

Recablagede lacapitale indienne des TI

Ci-dessus :Construction de la voie ferrée à Bangalore

Gauche :Produire plus d’énergie

Haut :Des oiseaux aucoucher du soleil

Ci-dessus :Le plus grandmarché de la soieau monde

Matériel roulantdans le métro de Delhi

Nouveautunnel pour le métro

Reconstructiond’un canal d’irrigationL’Inde

enmouvement

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l’exemple le plus emblé-matique des efforts demodernisation de l’Inde,non seulement pour lesservices qu’il rend à sesusagers, mais aussi parcequ’il crée du lien social.Encouragées par la

réussite de Delhi, d’autresvilles indiennes commeBangalore, la capitale flo-

rissante desTI, Chennaiet Calcutta, mettent en œuvre des plansde modernisation similaires, soutenuspar des prêts de plusieurs millions dedollars de l’Agence japonaise de coopé-ration internationale (JICA). Le Japon et l’Inde ont établi des rela-

tions diplomatiques en 1952 et six ansplus tard, le Japon étendait son aide pu-blique au développement (apd) à ce pays.Ces dernières années, sans discontinuer,l’Inde a été l’un des plus grands parte-naires pour le développement de laJICA. Parallèlement à la construction des

divers réseaux de métro, la JICAdéploieune aide pour d’autres projets d’infrastructures telsque la construction d’autoroutes, la productiond’énergie, l’industrie, l’eau et l’assainissement, maisaussi pour la sylviculture et l’agriculture, la santé etl’éducation, la formation, l’établissement de parte-nariats et l’envoi de jeunes volontaires JOCVen Inde.

L’Inde éternelleTout au long de son histoire, le sous-continent indien a été l’un des lieux les plus fasci-nants, pittoresques et importants du développementhumain. En 1947, la fin de la domination colonialebritannique marque la création de deux États mo-

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lorsqu’une femme de 27 ans a récemmentdonné naissance à une petite fille dans une ramedu métro de Delhi, l’incident a fait immédiate-ment la une dans tout le pays.Les responsables ont annoncé fièrement qu’il

s’agissait d’un fait sans précédent pour le métro, etprobablement pour l’ensemble des systèmes de trans-ports urbains de ce type dans le monde.Sans doute, mais au-delà d’une venue au monde

spectaculaire pour ce bébé, baptisé Maitraiyee par

ses parents, l’incident met aussi en lumière d’unemanière inhabituelle les efforts de l’Inde pour mo-derniser ses infrastructures délabrées, s’affirmer entant que puissance économique mondiale et réformerde larges pans de sa société.Avec une aide financière et technique importante

du Japon, la première section du métro a été inau-gurée dans la capitale en 2002. Aujourd’hui, avecses 190 kilomètres de voies, autant que le métro deTokyo, et dans une ville réputée pour son réseau detransport pittoresque et chaotique, il est aussi propre,sûr et efficace que le réseau japonais.Le métro de Delhi constitue probablement

dernes, l’Inde et le Pakistan voisin, suivis par le Ban-gladesh.Aujourd’hui, l’Inde est la plus grande démocratie

du monde. Avec une population estimée à 1,2 milliardd’habitants, elle ravira bientôt à la Chinela place de pays le plus peuplé de la pla-nète. Dans les années 1960, l’Inde a étéle centre névralgique de ce que l’on a ap-pelé « la révolution verte », qui a permisde nourrir plusieurs centaines de mil-lions de personnes parmi les plus pauvresdu monde, puis elle est devenue unepuissance économique émergente ainsiqu’un pays donateur pour d’autres paysen développement.Mais l’Inde doit encore faire face à

des problèmes colossaux, comme en témoigne l’incident de juillet 2012 qui atouché près de 630 millions de personnes — la po-pulation cumulée de l’Europe et des États-Unis —dans ce qui a probablement été la plus grande panned’électricité du monde. Des dizaines de millions depersonnes restent prisonnières de la pauvreté et lesdisparités sociales sont endémiques. Aujourd’hui, de l’avis général des experts en dé-

veloppement, la création d’infrastructures efficaces

est fondamentale pour un développement global dansd’autres domaines tels que la santé, l’éducation, lasécurité alimentaire et l’éradication de la pauvreté,c’est pourquoi l’engagement de la JICA joue un rôle

clé dans la quête indienne de moderni-sation. Le métro de Delhi s’est révélé être un

catalyseur tant économique que social.Au moins 2 millions de personnes utili-sent les 142 stations et voyagent sur les7 lignes du réseau. Les émissions an-nuelles de carbone ont été réduites deprès de 283 000 tonnes et 150 000 vé-hicules ont été retirés des rues saturéesde la ville. (Malheureusement, à mesureque la population de la capitale aug-mente, de nouveaux véhicules conti-nuent d’arriver, au rythme de 1 000 par

jour, aggravant ainsi les embouteillages.) Dans une lutte sans répit pour l’amélioration des

transports, 120 kilomètres de lignes de métro sup-plémentaires ont déjà été approuvées, avec la colla-boration continue de la JICA.

Une cure de rajeunissementSelon des responsables, le cœur du vieux

« Nous noussentons

totalement ensécurité dansle métro etpouvonsvoyager à

toute heure. »

Prendre le train

Fourniture accrue d’électricité

Delhi étendson réseaude métro.

Les routes chaotiques de Delhi

l’Inde

Les femmes peuvent voyageren toute sécurité.

En quête demodernisation

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en aide à des millions d’autres habitants de zonesrurales avec l’objectif de préserver les forêts du pays,qui couvrent environ 25 % du territoire et sont me-nacées par la croissance démographique rapide, l’in-dustrialisation, le développement de l’agriculture, etle changement climatique. Parallèlement au réensemencement de vastes

zones de terre dénudée et à la protection du couvertforestier, une autre composante des projets, tout aussiimportante, consiste à encourager le renforcementdes liens entre les communautés villageoises dontles moyens de subsistance dépendent de la forêt etles responsables forestiers, ainsi qu’à promouvoir les

petites industries, notam-ment dans le domaine de laproduction de jus, la vanne-rie, la poterie et la floricul-ture. La JICA est le plus im-

portant donateur dans cesecteur. Dans le domaine de la

santé, l’Agence accorde lapriorité à la réduction destaux de mortalité infantileet maternelle, à l’améliora-tion de l’accès aux soins desanté pour les personnes so-cialement défavorisées, etau renforcement de la lutte

contre les maladies infectieuses.Dans le domaine de l’éducation, elle collabore avec

l’Institut indien de technologie, à Hyderabad, pourle financement de la construction des bâtiments ducampus, et elle organise des échanges entre étudiantset experts industriels et universitaires. Depuis le début des années 1990, de nombreux

experts japonais, à court et long terme, se relayentpour renforcer l’industrie de la soie, très réputée etessentielle pour le pays.L’Inde est le deuxième producteur mondial de

soie, après la Chine, mais également le plus grandconsommateur de cette fibre textile. Mais la majoritéde la production du pays est basée sur une race devers à soie dite « multivoltine » qui, bien qu’elle soitadaptée au climat tropical indien, est relativementpeu productive et donne une soie de qualité infé-rieure. Les experts de la JICA et leurs homologues indiens

ont introduit une série de nouveaux hybrides bivoltinsdont les rendements sont plus élevés et qui donnentdes produits finaux de meilleure qualité.Les agriculteurs disent que, dans un premier

temps, leurs revenus ont été multipliés par trois, maisqu’ils continuent de faire face à de nouveaux pro-blèmes car les hybrides sont fragiles et délicats, lescoûts énergétiques et de la main-d’œuvre augmen-tent, tandis que l’étalement urbain réduit les terrainsdisponibles pour cultiver les mûriers, indispensablespour nourrir les vers à soie. L’Inde a effectué de grandes avancées dans de

nombreux domaines, mais les progrès économiqueset sociaux restent fragiles.

Delhi et le quartier commercial ont déjà subi une vé-ritable cure de rajeunissement, de même que d’autresparties dégradées de la ville. L’impact social a été énorme. Les stations et les

wagons sont propres, les trains ponctuels et les ticketsabordables, le tarif le moins cher étant de 8 roupies(environ 16 centimes usd). Il n’y a presque pas decrachats, de saletés ou de déchets, monnaie courantesur les trains de ligne plus anciens du pays.Avocats et ouvriers voyagent en train ensemble,

contribuant ainsi à mettre fin au terrible système descastes. Les femmes et les jeunes filles voyagent deplus en plus dans le métro à toute heure du jour, ras-surées de savoir que l’intégralité du réseau est soussurveillance constante.« Nous nous sentons totalement en sécurité dans

le métro et pouvons voyager à toute heure », confientune mère et sa fille à un visiteur. C’est égalementparce qu’il est propre et sûr que Juli Devi, âgée de 27ans, a choisi ce moyen de transport pour arriver àtemps à l’hôpital pour accoucher. C’est finalementles passagers et le personnel qui l’ont aidée. Le métro de Delhi peut parfois paraître un univers

surréaliste et Anuj Dayal, le porte-parole en chef duréseau le décrit comme une « machine à remonter letemps. L’univers du métro incarne le monde déve-loppé, mais dès que vous le quittez, vous replongezdans le bruit, le chaos et la saleté. »

Un effet transformateurLe métro de Bangalore a eu un effet detransformation similaire sur la ville, bien qu’il n’aitque 6 stations et 6,7 kilomètres de lignes en fonc-tionnement, sur un total de 42,3 kilomètres prévus. La capitale indienne des hautes technologies n’en

est cependant pas moins dynamique, les voies souter-raines et aériennes apparaissent un peu partout dansla ville qui s’efforce de finir les travaux pour 2013. Pre-mière Japonaise à avoir obtenu un diplôme universi-taire en construction de tunnels, Reiko Abe travaillesur le réseau du métro avec Yukio Tezuka qui, bienqu’il ait consacré sa vie à des projets similaires autourdu monde, estime que Bangalore « est le site le plusdifficile d’entre tous, car le sol à creuser est tantôtmeuble, tantôt constitué d’un granit dur comme lediamant, ce qui rend le forage lent et coûteux. »

« La JICA a été le catalyseur de tout ce projet »,expliquait récemment avec enthousiasme N. Siva-sailam, directeur général de la Bangalore Metro RailCorporation, à un visiteur, « sans la JICA, rien detout cela n’aurait été possible. »Selon lui, plusieurs villes indiennes envisagent

d’adopter un système de transport rapide similaire.La JICA a déjà accordé des prêts d’apd équivalant à380 millions usd pour un projet à Calcutta, et 1 mil-liard usd pour le métro de Chennai, dont la premièrephase doit être achevée en 2014-15. La moitié des6,6 milliards usd de coût des deux premières phasesdu projet de métro de Delhi a été couverte par desprêts concessionnels japonais. De nouvelles sources d’énergie fiables sont tout

aussi vitales pour la croissance économique de l’Inde,comme l’a montré la coupure de courant du mois dejuillet. En plus du réseau métropolitain, la JICAcontribue à réduire de près de 30 % les pertes élec-triques à Bangalore, et elle appuie financièrementl’introduction d’un système automatisé de distribu-tion (voir page 10). Dans l’État de l’Andhra Pradesh, la JICA participe

au financement de la construction d’une centralethermique à charbon de 1 000 mw pour stimulerl’approvisionnement en électricité et le développe-ment de l’économie régionale. La JICA a réalisé une étude de faisabilité pour la

mise en place de « corridors ferroviaires à grande vi-tesse dédiés au fret » entre Delhi et le principal portdu pays, Bombay, situé à l’ouest, et entre Ludhiana,Delhi et Calcutta, à l’est. Kiyoshi Dachiku, qui a consacré sa vie à la concep-

tion, à la construction et àl’entretien d’autoroutes auJapon et à travers lemonde, aide l’Inde à mo-derniser son réseau auto-routier. Bien que le paysdispose de 4 millions de ki-

lomètres de routes, il n’y a que 200 kilomètres devoies rapides (voir page 8).

De l’eau, des arbres et de la soieLa première usine de traitement des eauxusées été construite par l’administration britanniqueen 1937. À côté, se trouve la station d’épurationd’Okhla, récemment mise en service, dont la capacitéde traitement est d’environ 136,2 millions de litresd’eau usée par jour. Cette station a été construite dansle cadre du plan d’action de Yamuna, lancé en 1992et dont l’achèvement est prévu en 2017, avec un ap-port de 609 millions usd de la JICA pour ce projetdont l’objectif global est de réduire la pollution dansla rivière Yamuna et d’améliorer la qualité de l’eaupour les dizaines de millions de personnes qui viventsur ses berges. Au sud-est de l’Inde, la JICA a contribué à réha-

biliter 305 kilomètres de canaux d’irrigation et 960kilomètres de chenaux secondaires, de ponts, d’aque-ducs et de routes agricoles, améliorant ainsi consi-dérablement la vie de près de 2 millions d’agriculteurspauvres et de leurs familles dont l’existence précairerepose sur la culture du riz, du tournesol, de l’arachideet du millet. Une série de 21 projets de la JICA permet de venir

Creusement d’un tunnelpourle nouveau métro de BangaloreLe réseau de métro

de Bangalore commenceà prendre forme.

Amélioration des soins de santé en Inde

Recablagede Bangalore

L’éducation esthautement prioritaire.

l’IndeEn quête de

modernisation

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L’Inde possède 4 millions de kilomètresde routes. Mais ce pays dont la superficie estéquivalente à un tiers de l’Europe ou des États-Unis n’a que 200 kilomètres d’autoroutes. Kiyoshi Dachiku a consacré sa vie à la concep-

tion, la construction et l’entretien d’autoroutes auJapon et partout dans le monde. Sa dernière mis-sion, l’une des plus difficiles de sa carrière,consiste à aider l’Inde à développer son réseauautoroutier.Les experts en développement s’accordent géné-

ralement à dire qu’un réseau completd’infrastructures routières, portuaires et énergé-tiques, est essentiel pour progresser dans d’autresdomaines tels que la santé et l’éducation.Dachiku compare le réseau autoroutier à la

« colonne vertébrale du corps humain. Elle sou-tient tout l’ensemble. » Selon lui, les autoroutessont « trois fois plus sûres, trois fois plus rapideset permettent de transporter trois fois plus de marchandises que les routes classiques. »Au départ, le développement des transports en

Inde reposait essentiellement sur le réseau ferro-viaire aujourd’hui vétuste. Ces dernièresdécennies, avec des ressources limitées, le gouver-nement a mis l’accent sur le développement d’unréseau routier national à deux ou quatre voies qui,aujourd’hui, est souvent chaotique, anarchique,peu réglementé et envahi de hordes de camions,

de bus, de taxis à trois ou quatre roues, de chars àbœufs et de motos. Pour construire de nouvelles routes en Inde,

l’une des étapes les plus épineuses, qui prend par-fois des années, consiste à négocier l’acquisitionde terres avec des agriculteurs et despropriétaires conservateurs et souvent méfiants. Dachiku a soumis une quantité impressionnante

de rapports et de suggestions innovantes pourrationaliser le système d’acquisition, notammentun aménagement audacieux des postes de péagequi pourrait à la fois accélérer le passage des véhi-cules et réduire la superficie des terresnécessaires pour construire un complexe. Le quartier de Shibuya, au cœur de Tokyo, est

l’un des endroits les plus fréquentés du mondemais l’application, dans les rues, d’une peinturespéciale résistante à la chaleur, a permis deréduire le niveau global de température de près dedix degrés, explique Dachiku. Selon lui, un revêtement similaire pourrait

convenir au climat tropical de l’Inde dans les zonesoù il est impossible de planter des arbres pourfaire de l’ombre. Cela permettrait en outre dediminuer les besoins d’acquisition de terrains. Mais « le défi est considérable et la situation

évolue très lentement. J’ai parfois l’impression de donner une tape sur le dos d’un éléphant »,admet-il.

La rivière Yamuna prend sasource dans le glacier imma-culé de Yamunotri, dans lesmontagnes basses de l’Hima-laya, puis serpente à travers lesplaines jusqu’à la capitale in-dienne, Delhi, avant derejoindre les eaux sa-crées du Gange à Allaha-bad.

Ils sont des dizainesde millions à vivre le longde ses berges, mais àcause de l’urbanisationgalopante, des activitésindustrielles et agricoles,et de la forte croissancedémographique, la ri-vière est gravement pol-luée et les moyens desubsistance et la santé deces populations sont me-nacés.

Plus au sud, Banga-lore, la capitale floris-sante des TI, doitégalement faire face à degraves problèmes d’eau.Elle a besoin de plusd’eau et de meilleuresinstallations de traite-ment et d’assainissement pourune population qui a déjà franchila barre des 8 millions et qui de-vrait doubler au cours des pro-chaines années, sa croissanceétant la plus rapide du pays.

Dans le cadre de sonengagement global pourrésoudre les problèmes liés à l’eau et à l’assainissement du pays, la JICA entend mettre en œuvre deux projetsextrêmement ambitieux, surplusieurs années, pour répondre

aux défis dans ces deuxdomaines.

Le plan d’action de Yamuna aété lancé en 1992 et doit se termi-ner en 2017. La JICA s’est engagéeà hauteur de 609 millions USD,

soit plus de 80 % ducoût total d’un pro-jet dont l’objectifglobal est de réduirela pollution de la ri-vière Yamuna etd’améliorer la qualité de l’eaupour la population vivant à proxi-mité, à Delhi, et dans les États del’Haryana et de l’Uttar Pradesh.

Le plan couvre les moindresdétails – la construction de cen-taines de nouvelles toilettes pu-bliques, le reboisement de

partir d’une pièce minuscule ne pouvant accueillir plus de deux personnes.

À proximité, la toute nouvellestation d’Okhla, qui vient d’êtremise en service, dispose d’une capacité de traitement d’environ136,2 millions de litres d’eau uséepar jour.

« Sans des améliorationscomme celle-ci, la rivière seraitdéjà morte », expliquait récem-ment l’un des responsables de lastation, « il n’y aurait probable-ment plus d’eau, si ce n’est l’eauusée non traitée. Aujourd’hui,nous pouvons entendre le chantdes oiseaux de la réserve d’àcôté. Ils reviennent et la vie demillions de personnes a été amé-liorée. »

La réussite de Bangalore, entant que centre technologique,médical et éducatif, ne va passans certains problèmes. C’estpourquoi la JICA apporte 85 %des financements pour accroîtrede 50 % l’approvisionnement eneau douce de la zonemétropolitaine, réhabiliter desdizaines de kilomètres d’égoutset construire des usines detraitement des eaux uséessupplémentaires.

Malgré la richesse manifestede Bangalore, il y a plus de 600bidonvilles officiellement réper-toriés autour de la ville. L’un deséléments innovants du projet,mis en œuvre par l’intermédiairede quatre organisations non gou-vernementales locales, consisteà aider les près de 600 000 habi-tants de ces zones à avoir unaccès régulier à une eau salubreet à éliminer leurs déchets.

sections clés de la rivière, la miseen place d’activités publiquesd’éducation et de sensibilisation,et même la fourniture de di-zaines de crématoriums pourprévenir l’immersion de cada-

vres dans la rivière. Mais c’est la

construction ou la ré-habilitation de cen-taines de kilomètresd’égouts et laconstruction ou la mo-dernisation de di-zaines de stations depompage ou d’assai-nissement qui sont aucœur du projet.

À la périphérie deDelhi, l’ancien et leneuf sont intimementmêlés. La ville n’est lacapitale du pays quedepuis un quart de siè-cle et la population

n’était que de quelques centainesde milliers d’habitants lorsquel’administration coloniale britan-nique a construit la premièreusine de traitement des eaux, en1937. Elle fonctionne encore,mais la plupart des opérationssont manuelles et contrôlées à

« Aujourd’hui, nous pouvons entendre le chant des oiseaux. »

Lorsque des ingénieurs néerlandaisont construit un canal, en 1870, dans ce qui est aujourd’hui l’État de l’AndhraPradesh, au sud-est de l’Inde, c’était unemerveille d’ingénierie. Le canal s’étirait sur plus de 305 kilomè-

tres, du fleuve Tungabhadra, à l’est, jusqu’aufleuve Pennar, au sud, servant à la fois de

grande voie navigableet, avec 825 kilomètresde chenaux secon-daires, de système d’ir-rigation essentiel aux agriculteurs. Dans les décennies qui ont suivi, le rail et la

route ont supplanté le canal comme voie detransport et, avec la dégradation de ses che-

naux, c’est le moyen de subsistance de cen-taines de milliers d’agriculteurs pauvres quia été mis en danger.Dans le cadre de l’engagement global de la

Routes, eau, etenergie

Les infrastructuressont la clé dudéveloppementéconomique etsocial. En plus deson soutienfinancier au réseaude transport urbainrapide, la JICAparticipe à laconstruction deroutes, à des projetsliés à l’eau et àl’assainissement,ainsi qu’aurenforcement duréseau énergétiqueindien.

JICA pour renforcer l’agriculture et le déve-loppement rural en Inde, un programmedestiné à réhabiliter le réseau a été ap-prouvé en 1996 et pratiquement achevé du-

rant l’été 2012. Un barrage de 630 mètres, plus long

qu’aucune autre structure similaire auJapon, a été construit à l’entrée du canal,

explique le chef d’équipe, Yasuhiro Kamiya,qui a passé 15 ans en Inde en tant qu’ingé-nieur civil.Le canal principal a été rénové dans son

intégralité, ainsi que 960 kilomètres de che-naux secondaires ; des ponts ; des aqueducset des routes agricoles ont été remis en étatet 60 associations locales d’usagers

´

Une meilleure agricul ture, une meilleure education´

Faire bouger les choses

L’Inde doit de toute urgence moderniser son réseau routier saturé et chaotique.

Fournir plus d’eau àBangalore.

l’IndeEn quête de

modernisation

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OCTOBRE 2012 JICA’S WORLD 1110 JICA’S WORLD OCTOBRE 2012

Ce fut sans doute la plusgrande coupure de courantdu monde. Près de 630 millionsde personnes — deux fois la popu-

lation des États-Unis ou de l’Europe— ont été privéesd’électricité dansune grande partiedu nord de l’Inde.

La crise de juilleta non seulementmis en lumière lesénormes problèmesauxquels l’industrieénergétique doitfaire face, mais pa-radoxalement, elle aaussi révélé le vastepotentiel d’une despuissances indus-trielles les plus pro-metteuses dumonde, si elle peutrelever avec succèsles défis majeursliés aux infrastruc-tures.

Même avantcette panne impres-sionnante, les don-nées officielles

indiquaient que les particuliers etles entreprises indiennes per-daient près de 4 333 minuteschaque année à cause des cou-

de l’eau et d’autres organisa-tions d’agriculteurs ont étérenforcées. Kamiya estime que le pro-

jet a eu un impact considéra-ble pour près de 2 millions depersonnes — des agriculteurs etleurs familles qui vivent de la cul-ture du riz, des tournesols, del’arachide, du millet et du pi-ment.« Avant, le réseau était si dété-

rioré que la plupart d’entre nousn’avait aucun accès à l’eau », a ré-cemment confié un agriculteur à

P resque chaque jour de l’an-née, une foule d’hommes gesticu-lants se rassemble sur une place de

marché couverte, entre la cité ancienne deMysore et le nouveau centre dehaute technologie de Bangalore. Ilsexaminent et négocient des monti-cules de petites coques blanches oujaunâtres empilées sur de grandsplateaux verts. Les habitants de Ramanagaram

— la ville de la soie — aiment à ré-péter que c’est le plus grand marchéde ce type au monde où un millierd’agriculteurs viennent quotidien-nement pour vendre de petitescoques duveteuses — les coconsdes vers à soie — à quelque 400acheteurs qui se chargeront de lesdérouler pour en faire des fils.Ce n’est que l’une des étapes d’un

long processus qui consiste à trans-former la fine coque du cocon duver à soie en fils de soie utiliséspour fabriquerles vêtements lesplus beaux et lesplus séduisantsdu monde, destapis et autresobjets de luxe.La Chine est

le plus grandproducteur mon-dial de soie, maisl’Inde est à la foisle deuxième pro-ducteur mondial,le plus grandconsommateuret l’une des rares régions du monde à avoirconnu une augmentation de la production,ces dernières années. Cependant, le secteur souffre d’un han-

dicap. La majorité de la production est ba-sée sur une race de vers à soie multivoltinequi, bien qu’elle soit adaptée au climat tro-pical indien, est relativement peu produc-tive et donne une soie de qualité inférieure. Au début des années 1990, les experts

de la JICA, à court et long terme, et leurshomologues indiens ont introduit une sériede nouveaux hybrides, une race bivoltine,auprès d’un nombre croissant d’agricul-teurs.

Cela a été un processus délicatet extrêmement complexe.En effet, la race bivoltine affec-

tionne les climats tempérés plutôt

que les conditions climatiques tropi-cales. Les vulgarisateurs agricoles etles agriculteurs indiens ont dû acqué-rir tout un éventail de nouvelles com-pétences couvrant la production defeuilles de mûrier de qualité supérieurepour nourrir les vers à soie ; la produc-tion de semences, la préservation, le

traitement, l’incubation et la lutte contreles maladies ; le séchage du cocon, les essais,le stockage, l’étouffage et les techniques

un visiteur. Lui et plusieurs deses voisins ont déclaré que laproduction rizicole avait quadru-plé depuis. « Nous y avons surtout gagné

sur le plan de l’éducation » es-time un autre agriculteur. « Dé-sormais, nous pouvons nonseulement envoyer nos enfants àl’école mais aussi dans des éta-

blissements d’enseignement su-périeur. » Un voisin d’ajouter : « Maintenant, nous avons destracteurs » et un autre de renchérir : « Et des téléphones portables. Peut-être deux outrois d’entre nous. » Près de 73 % des 75 millions

d’habitants de l’Andhra Pradeshdépendent de l’agriculture et

leur survie reste fragile. Kamiya, qui a également

passé de nombreuses années auNigeria et dans d’autres pays endéveloppement, participe au-jourd’hui à un autre projet fi-nancé par la JICA visant àréhabiliter et améliorer les ins-tallations d’irrigation, la gestionde l’eau et les pratiques agri-coles dans une autre partie del’État.

Un programmedestiné àréhabiliter

le réseau a étéapprouvé en 1996 et pratiquementachevé durant l’été 2012.

La plus grande panne electrique du mondeavec une population de 8 millionsd’habitants, la capitale indus-trielle des TI, en pleine expan-sion, est dotée d’hôpitaux, decentres médicaux, d’écoles d’in-génieurs et d’autres centres d’en-seignement supérieur.

La demande en électricité adoublé au cours des dernières an-nées, mais un projet innovant entrois phases, financé à 80 % pardes prêts de la JICA, vise à ré-duire les coupures de 30 %, àaméliorer la fiabilité de l’approvi-sionnement et à contrôler effica-cement les coûts énergétiques enintroduisant un système de dis-tribution automatisé et en reca-blant plusieurs centaines dekilomètres de réseau.

Dans l’État de l’Andhra Pra-desh, sur la côte est de l’Inde, leJapon a participé au finance-ment de la construction d’unecentrale thermique à charbon de1 000 MW dans le port de Visha-khapatnam, pour réduire lescoupures énergétiques fré-quentes et mettre fin au goulotd’étranglement qui entrave ledéveloppement économique dela région.

pures de courant. De plus, l’écartentre l’offre et la demanded’énergie n’a cessé de s’accroîtreau cours de la dernière décennie.Ce chiffre est à comparer aux 11minutes perdues chaque annéepar les Japonais à cause des cou-pures de courant.

La JICA déploie une aide signi-ficative pour augmenter les res-sources énergétiques et diminuerles émissions de gaz à effet deserre en Inde, en finançant descentrales thermiques à haut ren-dement, en améliorant les cen-trales existantes ainsi que lesréseaux de transmission et dedistribution, en formant des tech-niciens et des responsables in-diens et en stimulant ledéveloppement des énergies re-nouvelables et la conservation del’énergie.

Par exemple, dans le cadred’un projet unique en son genreen Inde, la JICA contribue actuel-lement au recablage et à la ré-duction des pertes électriques àBangalore. Autrefois décritecomme une cité-jardin, affichantaujourd’hui la croissance démo-graphique la plus rapide de l’Inde

d’enroulage avan-cées. Les phases sui-

vantes de ce projetpluriannuel de laJICA ont permisd’affiner les nou-velles technologieset de renforcer lesservices de vulgari-sation séricicole.Les résultats ont

été très positifs.Mais l’Inde continued’importer chaqueannée près de 8 000tonnes de soie bivol-

tine de qualité supérieure de Chine, ponc-tionnant ainsi ses réserves de devisesétrangères. L’augmentation de la produc-tion nationale permettrait de réduire significativement ces importations. Des agriculteurs interrogés récemment

ont déclaré que leurs revenus par acreavaient bondi de 50 000 roupies (1 000usd) à 150 000 roupies (3 000 usd) paracre à la fin du projet de la JICA et que lenombre d’emplois ruraux avait égalementprogressé. Parallèlement au projet et avec l’appui

financier de la JICA, des experts indiensont organisé des séminaires de formationpour des responsables de pays tiers origi-naires du Kenya, du Ghana, du Nigeria, duLaos, du Népal, d’Ouganda, de Madagascaret du Kirghizistan.Le programme a été considéré comme

une réussite majeure, tant et si bien qu’il aremporté un prix prestigieux décerné parla JICA parmi près de 10 000 autres pro-grammes. Mais les agriculteurs et les responsables

indiens s’inquiètent de futurs problèmes.Les nouveaux hybrides introduits sont ex-trêmement délicats et fragiles. Dans l’en-semble, les agriculteurs ont récemment notéune baisse des rendements, tandis que lescoûts, notamment de main-d’œuvre etd’énergie, augmentaient. Alors que Bangalore, situé à proximité,

émerge comme le centre des hautes tech-nologies en Inde, l’étalement urbain conduità une raréfaction des terrains disponiblespour cultiver le mûrier dont se nourrissentles vers à soie.

routes,eau, etenergie´

´

Réhabilitation du canal

Le plus grand marchéde vers àsoie dumonde

Les habitants de Ramanagaram—la ville de la soie—aiment à répéter que c’est le plus grand marché

de ce type au monde.

Le tri deslarvesmâleset femelles des vers à soie La

séparationdu fil de soie

du cocon

Recablage de Bangalore

La route indiennede la soie

l’IndeEn quête de

modernisation

Page 6: L’Inde - JICA...l’exemple le plus emblé-matique des efforts de modernisation de l’Inde, non seulement pour les services qu’il rend à ses usagers, mais aussi parce qu’il

OCTOBRE 2012 JICA’S WORLD 1312 JICA’S WORLD OCTOBRE 2012

même importance à ré-duire la pauvreté au seindes communautés dontles moyens de subsistancedépendent essentielle-ment des forêts en en-courageant une coopéra-tion plus étroite avec lesresponsables locaux et enintroduisant des activitésgénératrices de revenus. Un projet ambitieux

de 147 millions usd étalésur 8 ans et couvrant l’en-semble de l’État du Kar-nataka, dans le sud dupays, intègre tous ces ob-jectifs, notamment la protection des forêtscôtières de mangroves et de l’écosystèmemarin. L’éducation environnementale estenseignée dans 2 000 écoles. Idigaradasarahalli est une communauté

rurale typique de moins de 500 habitantsqui a vu son niveau de vie, déjà fort bas,

décroître d’année en année, àcause de la dégradation conti-nuelle des forêts environnantes,due au pâturage non régle-menté, aux feux de forêts fré-quents et à la destruction d’ar-bres pour le bois de chauffage. Mais depuis 2006, la roue a

tourné. Les villageois ont co-opéré avec les responsables forestiers locaux pour protégeractivement les forêts, replanterde larges pans de terre dénudéeet reconstituer la nappe phréa-tique. Lors d’une visite récente, les

villageois ont présenté une séried’activités entreprises à petiteéchelle, notamment la floriculture,la fabrication de guirlandes et l’éle-vage d’animaux. Les membres présents à une

réunion de village ont tous recon-nu : « Il y a à peine quelques années,il fallait quitter le village pour trou-ver un emploi. Aujourd’hui, onvient ici chercher du travail. »Des fossés de drainage ont été

installés et un villageois constate :« Notre santé s’est nettement amé-liorée grâce à ces installations et àla fourniture d’eau douce. » Les

parents expliquent que pour la premièrefois, ils peuvent envoyer leurs enfants suivreun enseignement supérieur. L’un des anciens du village le confirme :

« Il y a quelques années, notre village semourait à petit feu. Aujourd’hui nous nousportons mieux que jamais. »

Sauver les foretsˆ

L ’inde est le septième pays dumonde par sa superficie et l’une desrégions les plus riches de la planètepar sa biodiversité. Les forêts, qui

couvrent près d’un quart du territoireindien, sont très diverses : forêts tropicaleshumides à feuillage persistant dans les îlesAndaman, arbustes alpins secs de l’Hima-laya, forêts de pins, végétation désertiquesemi-aride ou encore mangroves côtières. Ces forêts abritent près de 1 250 espèces

d’oiseaux, 15 000 plantes florissantes et degrands mammifères comme le tigre duBengale, l’éléphant d’Asie, le rhinocérosindien, le lion persan et le léopard. Mais d’ici quelques années, l’Inde, dont

la taille équivaut à un tiers de celle de l’Eu-rope ou des États-Unis, deviendra le paysle plus peuplé au monde, avec plus d’unmilliard d’habitants. Comme dans d’autresparties du monde en développement, bonnombre de ces forêts sont sous pression àcause de la croissance démographique, del’industrialisation, du développement del’agriculture et du changement climatique. La JICA a commencé sa coopération

avec l’Inde en 1991 pour contribuer à lapréservation du couvert forestier du payset, depuis, l’Agence a pris part à 22 projetsdans l’ensemble des divers milieux forestiers,devenant ainsi le plus important donateurdans ce secteur.Les activités de l’Agence ont plusieurs

objectifs fondamentaux : contribuer à pré-server les forêts existantes, régénérer parreboisement les étendues de terre endom-magées, renforcer les agences gouverne-mentales et améliorer les compétences dupersonnel. Les projets s’attachent avec la

« Il y a à peinequelquesannées, il

fallait quitter le village pourtrouver unemploi.

Aujourd’hui, on vient icichercher dutravail. »

Lafloricultureapporte uncomplément de revenus auxvillageois.

La civilisation birmane remonte à 13 000 ansavant notreère. Depuis lors, de puissants em-pires, mais aussi des guerres incessantes ont vu le jour dans le pays. Le territoire regorge desaphirs, de perles, de jade, et sur-tout de rubis —90 % des res-sources mondiales — de forêts deteck et d’autres bois précieuxainsi que d’abondantes res-sources de pétrole et de gaz natu-rel. Mais le pays est également ledeuxième producteur mondial de

pavot à opium. Aujourd’hui, comme au fil de

sa longue histoire, le Myanmarreste une terre de contrastesforts et de contradictions. Selon des données officielles,

90 % de ses 55 millions d’habi-tants savent lire et écrire, unchiffre extrêmement élevé pourun pays en développement. Ce-pendant, l’Organisation mon-diale de la santé (OMS) estimeque le pays dispose de l’un dessystèmes de santé les plus pré-

caires au monde. Du fait du développement éco-

nomique faible et de l’isolementinternational, la majeure partiede l’environnement et des éco-systèmes du pays reste vierge etintacte. Mais les précieuses fo-rêts de mangroves des régionscôtières densément peupléessont soumises à une telle pres-sion qu’elles pourraient complè-tement disparaître d’ici quelquesannées. Malgré son fort potentiel

naturel, le Myanmar, ravagé pardes années de troubles internes,est l’un des pays les plus pauvresdu monde.

Des changementsgraduelsCertains signes portent à croireque la situation pourrait com-mencer à évoluer. Les autoritéscentrales et quelques-uns desgroupes rebelles issus de minori-tés ethniques sont parvenus àdes accords encore fragiles.

DES SIGNES D’UN PRINTEMPS BIRMAN?

On l’a ditvieille dequelque 2600 ans, à Rangoun, la magnifiquepagode deShwedagonrecouverte defeuilles d’or est le cœursymbolique du Myanmar.

l’IndeEn quête de

modernisation

Page 7: L’Inde - JICA...l’exemple le plus emblé-matique des efforts de modernisation de l’Inde, non seulement pour les services qu’il rend à ses usagers, mais aussi parce qu’il

qui représentent 30 % de la population. Mais avec les premiers signes

hésitants d’émergence de la paix,la JICA a envoyé cette année plu-sieurs délégations dans l’ÉtatKaren, au sud-est, près de la frontière avec la Thaïlande, pourdiscuter d’un possible programmede quatre ans visant à promouvoirla réhabilitation des infrastruc-tures de base dans la région, puis àrépondre aux demandes dans ledomaine de l’éducation, de lasanté et de l’hébergement. Il n’y a jamais assez de res-

sources pour couvrir tous les besoins des pays en développe-ment, mais les experts sont de plusen plus nombreux à penser que les infrastructures de base comme lesroutes, les ponts, les ports, les systèmes d’adduction d’eau et l’énergie servent de tremplin pourprogresser dans d’autres domaines comme l’économie,la santé et l’éducation. Les infrastructures du Myanmar

datent de plusieurs dizaines d’an-nées et elles se dégradent. Respon-sables et experts de la JICAparticipent actuellement à unesérie de discussions, d’études de

faisabilité et d’accords initiauxpour stimuler ce secteur. Plusieurs de ces accords portent

sur l’élaboration de plans d’amé-nagement globaux couvrant desdomaines tels que le réseau natio-nal de transport, les voies ferroviaires et le développement de la ville de Rangoun. Trente experts japonais partici-

peront à la conception d’unschéma directeur global pour Rangoun, la capitale économiquedu pays, dont la population de plusde 5 millions d’habitants devraitdoubler dans les 25 prochaines années. L’Agence a déjà aidé d’autres cen-

tres urbains en développement ra-pide, notamment Hanoï, Manille,Bangkok et Kaboul, dans le cadrede projets similaires. À Rangoun, leschéma directeur couvrira chaqueaspect de la vie urbaine — lesroutes, les cours d’eau, les besoinsliés au trafic ferroviaire et aérien,les nouvelles sources d’énergie,l’approvisionnement en eau, l’assainissement, le drainage, lagestion des déchets solides et laformation d’experts pour assurer lefonctionnement et la maintenancedes nouvelles infrastructures.

La JICA fournit deux nouveauxferries pour connecter le centre-ville et la proche banlieue de partet d’autre du fleuve Yangon. Nonloin, l’Agence participera au déve-loppement du port maritime deThilawa et d’une possible zone économique et industrielle.Les experts japonais dispense-

ront des conseils sur la manièred’améliorer le système de distribu-tion électrique à Rangoun, réputéepour les coupures de courant fré-quentes pendant la saison sèche,et un autre expert travaille d’oreset déjà sur un projet d’approvision-nement en eau. Un autre projet à l’étude, se

chiffrant à plusieurs millions dedollars, permettra de moderniserla maintenance et la sécurité del’infrastructure ferroviaire quidate en grande partie de l’èrecoloniale britannique, avant ladeuxième guerre mondiale. « Le pays a besoin d’une révi-

sion complète, d’une rénovationintégrale de toutes ses infrastruc-tures », a déclaré récemment unhaut responsable. Cela exigera denombreuses expertises, plusieursmilliards de dollars et des décen-nies de travail.

Après plusieurs années d’isolementquasi total, le nouveau gouverne-ment a décidé d’ouvrir le pays aumonde extérieur.Le président Thein Sein s’est

rendu au Japon en avril pour discuter avec le premier ministreYoshihiko Noda, et les deux partiesse sont accordées à annuler la plupart des dettes anciennes du Myanmar. Cela a permis d’ouvrir lavoie à un accroissement de l’aide auMyanmar, et plus particulièrementà l’octroi de prêts en yens via l’aidepublique au développement (APD)de Tokyo. L’Agence japonaise de coopéra-

tion internationale (JICA), le princi-pal organisme d’aide audéveloppement du Japon, est activeau Myanmar depuis 1981. Mais, reflet du malaise international suscité par la junte militaire del’époque, elle a limité son action àl’aide humanitaire de base dans desdomaines tels que l’éducation, lasanté et le développement rural. Par exemple, lorsque le cyclone

Nargis a frappé le Myanmar en2008, tuant au moins 78 000 personnes (56 000 autres sont toujours portées disparues) et en affectant plus de 2 millions, la JICA

a immédiatement envoyé du matériel d’urgence et une équipemédicale pour venir en aide aux victimes L’Agence a contribué à la réhabili-

tation du port de Rangoun, où desdizaines de navires avaient sombré,ainsi qu’au rétablissement d’unevie normale et de la productionagricole dans les zones rurales. À l’époque, la JICA participait à

un autre projet dans le delta del’Ayeyarwady, au sud du pays, pourréhabiliter des forêts de mangrovesdévastées qui, ironiquement,avaient permis aux communautéslocales de se protéger des catas-trophes naturelles par le passé. Les résultats du projet ont été anéantisavant que ce dernier ne soit repriset étendu jusqu’à 2013.

Une aide à long termeL’Agence participe à d’autres activi-tés d’aide humanitaire à long termeen faisant appel à des experts japo-nais, à une aide technique et à unsoutien financier pour lutter contreles maladies infectieuses mortellestelles que le VIH/sida, le paludismeet la tuberculose et pour fournir demeilleurs services de rééducationaux personnes souffrant de pro-

blèmes médicaux complexes telsque des paralysies cérébrales, desaccidents vasculaires cérébraux oudes lésions de la moelle épinière.Par ailleurs, la JICA intervient auprès des 140 000 personnessourdes du Myanmar pour leur permettre de mener des vies plusproductives. Dans les zones sèches du centre

du pays — non loin des ruines dePagan, l’un des plus beaux sites archéologiques mondiaux regrou-pant près de 2 800 monuments datant du 10e siècle — la JICA a participé au forage de centaines denouveaux puits et à la réhabilita-tion de certains existants pour fournir un approvisionnement eneau salubre aux communautés locales et contribuer au reboise-ment de paysages dénudés. Dans l’État Shan, au nord du

pays, les habitants vivent depuisdes décennies de la culture desgraines de pavot à opium. L’aide dela JICA, commencée en 2005, conti-nue d’agir auprès de ces commu-nautés pour l’adoption de culturesalternatives telles que le maïs, lacanne à sucre et les légumes, afinde préserver les moyens de subsis-tance dans les zones rurales.

Un projet de cinq ans vise à ren-forcer le système de production rizicole, vitale pour le pays, et à introduire un système d’enseigne-ment ambitieux, mieux adapté auxbesoins des élèves, dans les écolesprimaires.

De grandschangementsPour aller plus loin, il est très pro-bable que la JICA étende largementson action à plusieurs autres domaines clés. Plusieurs centaines d’étudiants

et de stagiaires du Myanmar sui-vront chaque année des cours auJapon pour renforcer le vivier demain-d’œuvre qualifiée dans plu-sieurs domaines. Une composante clé des activi-

tés de la JICA dans d’autres partiesdu monde consiste à aider les ré-gions et les communautés à sortirde situations conflictuelles.Au Myanmar, il y a eu des

centaines de milliers de déplacésinternes et près de 200 000 réfugiés ont fui vers les pays voisins au cours des décennies deconflit opposant les forces gouver-nementales à quelques-unes des 135 minorités ethniques du pays

OCTOBRE 2012 JICA’S WORLD 1514 JICA’S WORLD OCTOBRE 2012

L’Agence japonaise de coopérationinternationale (jica) est le plus grandorganisme bilatéral dedéveloppement dumonde, opérant dansquelque 150 pays pouraider les personnes lesplus vulnérables de laplanète.

Éditeur :Noriko Suzuki

Bureau des Médias etdes relations publiques

Rédacteur :Raymond Wilkinson

Directeur artistique :Vincent Winter Associés

JICA’S WORLDest une publication de la JICANibancho Center Bldg 5-25, Niban-choChiyoda-ku Tokyo 102-8012 JAPON

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Contactez-nous :[email protected]

Couverture : L’Indeéternelle est en route versla modernisation.

’ sJICA

WORLD

Aujourd’hui,comme au fil de sa longue histoire, le Myanmar resteune terre decontrastes forts etde contradictions.

Forage de puits communautaires dans les zones sèches du centre du Myanmar.

L’ensemble desinfrastructuresde Rangoun,nécessite unerénovationmajeure.

DES SIGNES D’UN PRINTEMPS BIRMAN?

Les infrastructures du Myanmar –routes, ponts, voies ferrées, trafic fluvial etaérien, installations énergétiques –doivent être entièrement reconstruites.

Aide aux groupesvulnérables, notamment lessourds, et les populationsexposées au risque d’infectionpar le VIH/sida, le paludismeou la tuberculose.

La JICA contribue à l’améliorationdu système de production rizicole.

Élimination de laproduction de graines de pavot et introduction de cultures alternativestelles que le maïs, la canne à sucre et les légumes.

Les forêts de mangrovessont réhabilitées aprèsplusieurs décennies dedévastation.

Introductiond’unnouveausystèmeéducatifadapté auxbesoins desélèves.