La Sociologie de La Communication

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Anne-Marie Laulan La sociologie de la communication In: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp. 147-163. Citer ce document / Cite this document : Laulan Anne-Marie. La sociologie de la communication. In: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp. 147-163. doi : 10.3406/colan.1979.1298 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1979_num_41_1_1298

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Anne-Marie Laulan

La sociologie de la communicationIn: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp. 147-163.

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Laulan Anne-Marie. La sociologie de la communication. In: Communication et langages. N°41-42, 1er-2ème trimestre 1979. pp.147-163.

doi : 10.3406/colan.1979.1298

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1979_num_41_1_1298

LA SOCIOLOGIE

DE LA

COMMUNICATION

par Anne-Marie Laulan

Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir..., et chacun de nous pratique quotidiennement la communication même s'il n'en connaît guère les lois. Cette référence à Molière est une mise en garde (de l'auteur et des lecteurs) sur les dangers qu'il y aurait à ériger des « lois » absolues, à énoncer des « théories » définitives à délimiter des « champs » dans un domaine aussi vaste et aussi flou que celui de la Communication. Toute vie sociale (y compris chez les animaux), toute conquête de l'espace physique (voies de communication), toute exploration des civilisations disparues, toute planification de notre monde, demain, tout cela constitue des faits de communication. La quasi-totalité des disciplines scientifiques est concernée mais, de plus, les enjeux politiques, économiques et techniques sont eux aussi considérables. D'où la difficulté de cerner avec précision pareil sujet, d'où le risque de toute étude historique... Cependant, le point de vue du sociologue demeure spécifique, ce qui facilitera ma tâche : je retiendrai, du champ si vaste des recherches en Communication, uniquement ce qui débouche sur des systèmes sociaux. Les études purement théoriques, à caractère mathématique, ou tout au moins formalisé, les études de prospectives économique ou technique, les applications d'ordre interpersonnel, pédagogiques, les perspectives politiques ou idéologiques en tant que telles, voilà autant de branches de la Communication que je n'évoquerai pas ici. Le. seuil, pour moi, c'est l'activité des nommes, le comportement social des utilisateurs, des usagers, des consommateurs de communication.

REPERES SUR LA RECHERCHE EN SOCIOLOGIE DE LA COMMUNICATION

Les activités de recherche en Sociologie, toujours subordonnées à des contrats ou à des subventions, paraissent un bon indicateur des « besoins en communication » l, à condition bien enten-

1. Il faut distinguer le « besoin », qui renvoie aux considérations sociales, de la « demande », formulée en termes commerciaux par des experts économiques. Un rapport de Patrice Flichy (Institut National de l' Audio- Visuel) étudie concrètement le décalage entre les demandes évaluées par les technocrates et l'usage effectif, en fonction des besoins réels, des nouveaux media dans différents types de sociétés humaines.

La sociologie de la communication

du d'y inclure les recherches sur les mouvements marginaux, la contre-culture, l'appropriation ou le rejet de certaines techniques. Le cas de la vidéo légère nous paraît exemplaire : inventée pendant la guerre par les Japonais, à des fins militaires, puis utilisée, surtout au Canada, dans l'espoir de créer une « télévision communautaire » durant les années 70, elle est actuellement dégradée en instrument de contrôle (industrie), de surveillance (grands magasins, grands immeubles) ou d'enregistrement (télévision domestique). Le sort de cette « nouvelle » technique confirme, s'il en était besoin, qu'en Sociologie de la Communication, seule compte la légitimation par les mouvements sociaux, ce qui suppose un certain délai. Sans chercher le moins du monde à être exhaustif, il faut pourtant se rattacher à des courants ou à des manifestations de recherche internationale. La Sociologie* de la Communication n'est pas une spécialité française, hélas ; l'étude de Marie-Thérèse Basse2 sur les formes et les systèmes de pensées collectives, dresse un inventaire des publications et des programmes de recherche. Elle constate que les Etats, les partis, les Eglises, les industriels, certains syndicats, s'intéressent à la Communication, publient de nombreux articles dans les revues de praticiens et tentent d'utiliser à leur profit les nouveaux media, mais que, dans le même temps, en notre pays, « paradoxalement, les recherches scientifiques (...) sont relativement rares ». Il existe par contre d'importantes équipes de recherches en Grande-Bretagne, Suisse, Allemagne, Italie, Finlande, également en Europe de l'Est, Hongrie, Yougoslavie, par exemple. Le Conseil de l'Europe (Département Education et Culture) finance d'intéressantes recherches comparatives et diffuse des rapports témoignant de l'ouverture d'esprit de cet organisme pour ce qui touche à la Communication. Il est donc difficile de retracer l'évolution de la Sociologie de la Communication durant la dernière décennie à partir des. recherches françaises en ce domaine, mais des publications internationales, avec la participation de spécialistes français,

^ permettent de repérer les nouvelles tendances et d'enregistrer 5 le caractère périmé de certains thèmes de recherche autrefois S florissants.

| LES CLASSIQUES "^ Les noms de W. Schramm, P. Lazarsfeld et E. Katz sont connus 50 de tous les spécialistes en Communication. Pourtant, de ce côté-

.| ci de l'Atlantique, on a quelque peu tendance à oublier que 2 Personal Influence fut publié en 1955 et The People'Choice en 1 g 2. La Recherche en Sciences Humaines en 1976 et 1977, Section B : la Commu- E nication de masse, C.N.R.S., 1978, 224 p. (pp. 79 à 84). o O

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EN FRANCE

Les travaux de Jean Cazeneuve 3 font autorité tant par le nombre de ses publications que par le souci des nuances et de la dimension humaine qu'il apporte en ce domaine. Il fut l'un des premiers à s'interroger sur les pouvoirs réels de la Télévision, à souligner l'évolution de la conception du public, la diversité des attitudes des usagers. Sociologue et ethnologue de formation, il n'est jamais tombé dans les pièges de l'utopie techniciste, importée du continent américain, ni dans la condamnation sommaire au nom de principes moraux, des effets fâcheux qu'engendreraient automatiquement les techniques de diffusion collective. Sa réflexion, on le sait, s'appuie et se nourrit désormais de responsabilités professionnelles au plus haut niveau.

Il convient de mentionner également les travaux de l'Institut Français de Presse que dirige Francis Balle. Cet institut, rattaché à l'Université Paris II, principalement axée sur les sciences juridique et économique, offre un cycle, complet d'études dans le domaine de l'Information : licence, maîtrise, diplôme d'études spécialisées, diplôme d'études approfondies, thèses.

Les recherches concernent principalement, parmi les moyens d'information, la presse, ainsi que les aspects juridiques des institutions, surtout dans les démocraties de type occidental. La Sociologie de la Communication, rigoureuse et quantitative, porte sur les audiences, la crédibilité des media. Depuis peu, en collaboration avec l'Université Paris I, cet Institut publie la Revue Française de Communication, diffusée par abonnement. C.E.E.P.T., 38 rue de Bassano.

Le Centre d'Etudes des Communications de masse (équipe de recherche du C.N.R.S.) qui publie la célèbre revue Communications, a changé de nom et d'objectif depuis 1973. Délaissant la Communication de masse, les chercheurs du C.E.T.S.A.S. mettent désormais l'accent sur une démarche épistémologique interdisciplinaire.

3. Voir bibliographie à la fin.

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o O

Fin 1975, le C.N.R.S. a créé le S.E.R.D.D.A.V. (Service d'Etude, de Réalisation et de Diffusion de Documents Audio-Visuels). Ce service n'a pas vocation de recherche, mais il peut servir de relais et de banc d'essai pour certains travaux à caractère instrumental ; il organise des Rencontres Internationales de l'Audio-Visuel Scientifique, manifestations annuelles d'où la Sociologie de la Communication n'est jamais absente.

Sur le plan universitaire existent trois filières de Communication (Bordeaux, Villetaneuse, Grenoble) et plusieurs départements, ou sections, où s'élaborent des thèses de troisième cycle. Cependant, aucun centre4 (Universitaire ou C.N.R.S.) ne se consacre, actuellement, à la Sociologie de la Communication en tant que telle. On annonce la création par le C.N.R.S. d'un Laboratoire associé des Sciences de l'Information et de la Communication (LA SIC) qui regroupe à Bordeaux I'I.L.T.A.M., le Centre d'Etudes de Presse, le Centre d'Etudes du Théâtre. Ce Laboratoire n'est pas rattaché aux Sciences humaines.

La Revue Communication et Langages, totalement indépendante des instances universitaires, offre entre autres le grand mérite de réserver l'une de ses rubriques à la Sociologie de la Communication et de permettre ainsi à de jeunes chercheurs de faire connaître leurs résultats, dans un éclectisme tout à l'honneur de la rédaction.

4. La plupart des enseignants en Communication appartiennent à la 52e section du Comité Consultatif des Universités et sont membres de la Société des Sciences de l'Information et de la Communication, fondée par Robert Escarpit, actuellement présidée par Jean Meyriat ; siège : Maison des Sciences de l'Homme, 54, bd Raspail à Paris.

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1948 ! C'est dire que, dès la fin de la guerre, l'hypothèse des effets directs et pour ainsi dire mécaniques de la communication « de masse » s'est révélée être une fausse piste. On sait que les techniques de diffusion collective sont de piètres outils pour qui veut les utiliser à des fins persuasives, principalement pour deux raisons :

1. La correction que permettrait le feedback (le retour, l'action émise par le destinataire) n'est guère possible : la presse, la télévision, l'affiche publicitaire sont des systèmes de communication à voie unique ; le courrier des lecteurs n'est pas représentatif de l'ensemble, les mesures d'audience restent quantitatives et souvent grossières, les graffiti sur les affiches demeurent sans effet profond. Le dialogue ne peut s'établir entre un émetteur tout-puissant, inaccessible, et des individus isolés, étrangers les uns aux autres.

2. Le poids «des relations sociales dans la décision, dans l'influence ou même la manipulation, se trouve négligé par les media de masse. Ni le matraquage publicitaire, ni la spectacularisation des luttes électorales n'ont pu entamer le processus « réel » de la communication, lourd et. lent de toutes i sortes de médiations, d'interactions et de relais fort bien décrits par. Katz et Lazarsfeld sous le nom de « Two Steps Flow of Communication 5. On. ne peut qu'être étonné de la persistance dans l'opinion publique et chez les « émetteurs » d'une foi quasi aveugle, ou de dénonciations toujours virulentes (ce qui revient d'ailleurs au même),, envers ■ les «redoutables» pouvoirs attribués aux media. Trente années de recherches démontrent pourtant amplement que les campagnes publicitaires ou électorales manquent souvent leur but, que les destinataires des messages les réinterprètent, introduisant des distorsions par rapport aux propos et aux intentions des émetteurs.

5. L'équivalent en français serait : Les deux paliers de la Communication.

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ÉVOLUTION DES THÈMES

ET DES MÉTHODES

Désireuse de mesurer ce qui sépare, en 10 ans, les thèmes et et les méthodes en Sociologie de la Communication, je comparerai les interventions présentées lors de deux symposiums internationaux de Communication de masse : 1) A> Ljubljana (Yougoslavie), 1968, sous la responsabilité du Professeur France Vreg. 2) A Uppsala (Suède), 1978, sous la responsabilité du Professeur Elihu Katz.

1968 a) Le thème du premier symposium témoigne d'une certaine confiance dans les pouvoirs des media ; il s'intitule Les mass media et la compréhension internationale. Au contraire, l'inquiétude, la remise en cause, caractérisent le symposium de 1978, sur le thème: Les mass media et le changement' social. Ce symposium s'est tenu à l'occasion^ du Neuvième Congrès Mondial. de Sociologie, lui-même consacré à l'exploration des Voies du Développement. Crise de la Sociologie, crise économique suffisent à expliquer l'accent mis, dansJes recherches récentes, sur l'évolution de nos sociétés,- le contexte social et historique étant le facteur principal en communication.

b) Lors du symposium de 1968, les interventions sont regroupées autour de trois axes : en. premier, le rôle de l'opinion publique internationale sur. les conflits- entre nations, les monopoles, les

«petits» pays, les régionalismes. On est encore dans l'ère du fonctionnalisme.- Mac Lean Jr pose, par exemple, le problème

suivant : nous savons combien il est difficile de raccorder l'« in put », et le « out put », ou si l'on préfère, ce que les

cv, émetteurs ont décidé de sélectionner et ce que les récepteurs 2 vont à leur tour retenir, rejeter, transmettre. Mac Lean Jr propose -J des stratégies de communication planifiée, inspirées de la §, théorie des jeux : il lui paraît possible, grâce à des techniques |> statistiques et sémantiques, d'édifier des typologies, de telle

JH sorte que tout individu puisse être classé dans -telle ou telle aï case. « On pourra alors déterminer quels sont les élans ou les § » rejets envers telle ou telle source de communication, quels ~ «programmes de télévision ou de radio l'atteignent, quels •| » magazines il lit... Le Communicateur sera ainsi à même de | » planifier de façon plus efficace. Le processus de communi- S » cation se ramène alors à une gigantesque et fascinante partie ô

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» de jeux d'échecs. » Ainsi, l'essentiel de la tâche de celui (Etat, parti, agence...) qui cherche à influencer les autres consistera, tel un bon ingénieur, àbien. assembler les différents éléments du système nouveau 6.

Une deuxième série d'interventions concerne les problèmes professionnels et institutionnels de l'information internationale : problèmes d'éthique, difficultés de collaboration, de circulation, d'échanges de programme... Il me paraît, remarquable que les dix-sept interventions sur ce thème émanent exclusivement de sociologues des pays de l'Est. Joseph Weiser tient des propos prophétiques (pour l'époque) lorsqu'il constate : « Mills a raison » lorsqu'il dit que la sociologie contemporaine (...) américanisée... » est devenue principalement le domaine des techniciens de » recherche, que ses résultats sont l'objet d'un emploi bureau- » cratique quant au perfectionnement des méthodes de manipu- » lation avec les gens.» Il poursuit en attirant solennellement l'attention de Jean d'Arcy, représentant officiel de l'O.N.U., sur la contradiction entre le système existant de l'information internationale, édifié à la fin du xixe siècle pour la défense et les intérêts de quelques grandes puissances, et les besoins du monde d'aujourd'hui, exigeant un système vraiment mondial d'information internationale. « Les questions existentielles de «poids des nations et des. peuples devraient être présentées »à la .conscience des gens par l'information d'une agence » mondiale qui œuvrerait sous l'égide des Nations unies. »

Le troisième thème : La liberté de l'information et les Nations unies est introduit par Jean d'Arcy. Celui-ci -constate qu'une nouvelle approche du problème est nécessaire, qu'il convient de réexaminer sous l'éclairage de l'avenir les structures juridiques ; souveraineté des Etats, monopole et contrôle de l'information ne peuventplus se concilier avec l'époque moderne où la combinaison de tous les moyens de communication et de mémorisation qu'offre l'électronique, dans une- société d'abondance, donne à chaque individu, le moyen de.se mettre en relation selon son choix avec toute l'expression et avec toute la mémoire humaines. Ce document me paraît contenir, en germe, trois courants qui connaîtront un inégal développement pendant la décennie suivante.

6. Les travaux d'A. Moles, en France, nous paraissent caractérisés par cette démarche d'ingénieur. Cf. Socio-dynamique de la Culture, Mouton, 1967 et la Communication, Denoël, 1971. Cybernique, structuralisme, systémique, sont les cadres de références méthodologiques qui les inspirent.

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STRUCTURALISME, CRITIQUE IDEOLOGIQUE ET ANALYSE DE FAITS DE LANGUE

Jusqu'en 1975, à peu près, les publications, contrats et « plans » en Europe occidentale seront caractérisés partrois traits : — triomphe du structuralisme, à propos duquel on parlera même de terrorisme, et donties publications les. plus importantes figurent. dans la revue, Communications ;

— parallèlement — le plus souvent en antagonisme — , développement d'un fort courant de critique idéologique, inspiré de Marx et de Marcuse, nourri du Mai 68 français ; les analyses portent, pour l'essentiel, sur les conditions de production des messages, c'est-à-dire sur les groupes émetteurs; les revues Critique, Cinéthique, Cahiers du Cinéma offrent nombre d'articles de ce genre ; à la même époque paraissent de nombreux ouvrages consacrés au rapport du pouvoir d'informer (presse, radio, T.V.), avec l'argent et avec le pouvoir politique ; la société de consommation est longuement analysée et dénoncée ;

— d'innombrables analyses de contenu occupent également étudiants et chercheurs : on comptabilise les scènes de violence ou d'érotisme à la télévision, on vilipende l'image de la femme véhiculée par la publicité, puis dans les contes de fées. Pour des raisons essentiellement matériel les* de commodité méthodologique, c'est surtout la presse écrite qui fait l'objet de ce dénombrement minutieux, de ces analyses de faits de langue7. L'étude de l'image fixe (photographie par exemple) n'est pourtant guère satisfaisante, et celle de l'image animée se heurte encore, de nos jours, à des difficultés méthodologiques non surmontées. Durant cette période, la sociologie « traditionnelle », avec ses enquêtes- sur le terrain, sa quantification, est, il faut bien le reconnaître, délaissée et décriée, tant par les structuralistes, qui s'en tiennent aux faits de langue et dédaignent « la parole », que par les idéologues pour qui l'infrastructure économique, les rapports' de force (pouvoir et pouvoirs) constituent la seule perspective valide.

|> Les études se situent à un niveau très abstrait -2 ■g Et même très formalisé de « l'organisation » : organisation en c un « texte », organisation hiérarchique et financière en un réseau, ~ strates, .pyramides, organigrammes. Enoncé, ordre, système... .o § 7. Maurice Mouillau, à Lyon, travaille aussi sur l'idéologie invisible, c'est-à- Ç dire latente, en complétant l'étude du texte par * l'utilisation de l'espace im- Ç primé (présence/absence, mise en valeur typographique, etc.). o O

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La. «parole» c'est-à-dire la possibilité d'une version, d'une variante par rapport au texte ou à la structure, la « réponse » voire la « riposte » des destinataires qui sont aussi des sujets actifs de l'acte de connaissance et des citoyens actifs dans la pratique politique — tout ce champ de la Communication paraît escamoté durant cette période. Seul ce qui est publié, télévisé, proclamé, retient l'attention des chercheurs, tout le domaine du non-dit, de l'implicite, du rejeté en silence, ce que j'appellerai les formes et les temps de réponse des destinataires, tous ces phénomènes et processus, peu apparents et donc difficiles à saisir, mesurer et quantifier, sont tenus comme subordonnés. Comment ne pas s'étonner/s'indigner de cette domination, de cette violence du manifesté, du produit, de cet incroyable privilège du champ de l'émetteur — et de son message* — dans la plupart des études, fort peu sociologiques il est vrai, de la Communication durant cette période ?

« L'ILLUSION TECHNICISTE » Durant ce même stade (de 1966 à 1973, date de la crise économique et du déclin de la société de consommation) se développe un nouveau marché industriel, caractérisé par la miniaturisation, le portable, l'automatisation. Appareils photographiques, caméras 8 mm, vidéo légère font une percée économique très remarquée chez less amateurs, c'est-à-dire dans le grand public. La multiplication des satellites (propriété de certains Etats, puis d'organismes, puis de sociétés multinationales) oblige à redéfinir à l'échelle internationale à la fois le marché commercial des Télécommunications, les rapports entre Nations et — sur le plan théorique — les modèles ou schémas de communication. Une extraordinaire utopie/euphorie se développe sur le continent américain, avec pour chantre Marshall McLuhan dont on oublie trop souvent qu'il fut d'abord professeur de littérature anglaise et spécialiste de Lewis Carroll. J'appelle illusion techniciste ce courant fort tenace en Communication (et déjà présent au symposium de Ljubljana) qui attribue aux inventions de la technologie un pouvoir alors qu'il s'agit de simples virtualités. Non, Marshall McLuhan, les caractéristiques techniques du médium ne font pas- le message et ne définissent pas les processus de communication. Les vrais problèmes sont ailleurs : psycho-sociologiques, historico-sociologiques, selon qu'on se place au niveau interpersonnel ou au niveau d'une ethnie, d'une région 8. Répétons-le, seuls les comportements sociaux effectifs permettent de décider de l'avenir des systèmes de communica- 8. Qu'il me soit permis de renvoyer à un article publié dans Communication et langages sous le titre « Les Impasses de la Communication » n° 25, 1975, ainsi qu'à l'étude effectuée pour le C.N.R.S. : la Vidéo, un nouveau moyen de Communication, éd. C.N.R.S., 1977, collection A.T.P.

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tion 9 et il est vraiment déplorable que tant de commissions, celles de l'U.N.E.S.C.O. comprises, adoptent un point de vue de technicien sans prendre en compte, l'insertion sociale des citoyens-usagers.

1978 On aurait pu craindre que le -choix de cette date .fût une commodité (anniversaire- de la revue) et constitue un artefact. Les hasards du calendrier font. que (coïncidence ou concomitance ?) trois, et même quatre importantes manifestations internationales, portant sur, le thème de la communication, se sont déroulées en Europe à quelques semaines d'intervalle10. Je retiendrai, comme texte de référence, le symposium « Communication de masse et changement social » (Congrès Mondial de Sociologie) sans toutefois m'interdire de l'enrichir des préoccupations exprimées en d'autres instances, mais, avec les mêmes perspectives, par des spécialistes venus d'horizons très divers. De multiples raisons expliquent sinon le pessimisme, tout au moins l'inquiétude qui ressort des conclusions. Le champ des forces internationales a considérablement évolué, la civilisation occidentale est sévèrement ébranlée, et sur le plan plus modeste de la méthodologie, force est de redescendre, des. formes, essences, modèles et autres abstractions séduisantes vers la réalité terre à terre des ethnies, des particularismes, des régio- nalismes et des marginalismes. L'ethno-sociologie (nullement triomphante et encore moins universaliste) me paraît caractériser les courants actuels de la Sociologie de la Communication. Le texte des communications envoyées par le symposium à Uppsala représente un volume de 400 pages, qui seront publiées par les, éditions S.A.G.E. (Association. Internationale de Sociologie). Le rapporteur des débats, Tomas Szecskcr, directeur du Centre d'Etudes des Communications de masse de la Radio- Télévision magyare à Budapest (Hongrie), constate une indis-

§ cutable convergence des conclusions, en dépit des différences 5. méthodologiques, des niveaux d'abstraction et' des. « lieux » S différents : pays sur-développés, développés, en voie de déve- §J loppement.

j= 9. Cf. le remarquable article d'Alphonse Sillbermann, Revue Internationale — des Sciences Sociales, vol. XXIX, 1977, n° 2 : « L'avenir des Systèmes de ■g Communication et du Comportement social », pp. 363-367. c 10. Symposium, 9° Congrès Mondial de Sociologie Uppsala, août 1978. Sympo- .o sium - « Communication dans l'action humaine » patronné par la Fondation •£ Honda, Paris 23-27 octobre 1978 (actes à paraître). .y IIIe Rencontres Interntionales de l'audio-visuet scientifique, C.N.R.S., Paris, § 7-10 novembre 1978 (actes à paraître). g Assemblée Générale de l'UJV.E.S.C.O. : Rapport de la Commission Sean S McBride sur la Communication (texte publié). o O

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MOINS L'IDEOLOGIE QUE LA SITUATION En sociologie, les longitudes comptent moins que les latitudes ou, si l'on préfère, une certaine homogénéité ressort des études venant du. camp occidental et du camp des pays socialistes, alors que la situation historico-économique des pays du tiers monde, généralement « au Sud », entraîne des analyses spécifiques. Finalement, plus que l'idéologie (capitalisme/marxisme), c'est la situation : colonisateur/ colonisés qui parait le mieux rendre compte des clivages. Cette analyse ressort également pour le symposium Honda et pour le rapport McBride à l'U.N.E.S.C.O.

Premier grand- thème: /'interrelation, l'interdépendance des facteurs : production, distribution, consommation, artificiellement isolées dans les travaux plus anciens, la communication de masse étant, à chaque stade, en relation mutuelle avec chacun des facteurs et avec l'ensemble culturel.

Deuxième grand thème : avec une nouvelle fois référence à ce que C.W. Mills appelle « l'I.B.M. Sociology » pour s'en moquer, le rapporteur constate la quasi-disparition des études de type fonctionnaliste.et, au contraire, l'accroissement des recherches du type de sociologie historique.

L'événement majeur de cette décennie ne paraît pas être le développement de nouvelles possibilités techniques popularisées en France, après le rapport Nora-Minc sous le nom de Télématique, c'est-à-dire le couplage des performances de l'électronique et des transmissions à distance par satellite, avec diffusion et visualisation sur le téléviseur domestique. Les sociologues, en 1978, ne paraissent plus céder à ce que j'ai appelé l'illusion techniciste. L'événement majeur, c'est la conférence d'Helsinki, l'apparition d'un Nouvel Ordre de l'Information ; le rapporteur évoque aussi ce que l'affaire du Watergate a entraîné, pour les chercheurs en communication, provoquant douloureusement la reformulation des relations entre les systèmes de communication de masse et la société u.

L'ANALYSE NE PEUT PLUS ETRE SIMPLISTE Moins- encore réduire à une formulation sommaire le rôle joué parles media dans le changement social,- comme on le fit pendant trop longtemps : — les media, miroir oureflet de la société, agissant pour renforcer, reproduire, maintenir ? — les media, porte-parole de l'avant-garde culturelle au sens 11. Ayant Watergate, films, émissions TV et reportages photos sur la guerre au Viêt-nam avaient également « fait basculer » l'opinion publique américaine.

La sociologie de la communication

large, seuls capables de diffuser rapidement l'innovation et de la rendre crédible et acceptable pour l'ensemble de la population ? En 1978, après d'innombrables études, on ne peut que répondre : ce n'est pas si simple, on observe parfois des changements, parfois la. reproduction. L'essentiel - est que le changement social éventuel dépend du contexte et non pas (ou* pas uniquement) des messages émis par les media.*

La conclusion du rapport fait d'abord état de la « relativité » des pays, situations et media, objet des études présentées, nullement exhaustives ou représentatives. Ces limitations faites; on peut observer les traits suivants :

1. La plupart des chercheurs répondent de façon pessimiste à la question : les media favorisent-ils le changement social ? Seules les expériences faites en pays socialistes ou en pays en voie de développement font exception, mais elles sont peu nombreuses encore.

2. Il n'est plus possible de mener une étude rigoureuse sur une seule émission, dans une courte période, sur un médium. Les recherches doivent, pour présenter signification et non pas simple inventaire ou dénombrement, porter sur des macrosignes, se placer au niveau societal. La psychologie des « gatekeepers » n'est plus de mise, mais bien plutôt les conditions institutionnelles et professionnelles dans lesquelles tout com- municateur intervient. Cependant, il convient de tempérer ce haut niveau d'abstraction en considérant en même temps les aspects historiques, les différents types de société, les différents systèmes de communication de masse. 3. Les études ponctuelles sont en nombre décroissant, l'intérêt se porte vers des analyses longitudinales (incluant le temps, ■le processus) ou sur différentes périodes temporelles confrontées. Dans ce changement de perspective méthodologique intervient d'une part, et dans tous les pays, l'habitude de définir des politiques (culturelles ou autres), des campagnes, d'établir des plans ; d'autre part, la sociologie elle-même inclut de plus en plus le temps (évolution, changement, développement) comme donnée essentielle, ce qui ne va pas sans entraîner de redoutables problèmes méthodologiques. Un « effet » immédiat, une réponse ou réaction à un stimulus sont "sans portée en sociologie, les « faits sociaux » ne sont ni des choses, ni des états, mais des processus dont les effets exigent le long terme pour être mesurables.

3 S s o o

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RENVERSEMENT DES

MODÈLES TRADITIONNELS

La crise méthodologique qui affecte les sciences de la Communication et la sciologie de la Communication reflète-t-elle la crise de la Société occidentale elle-même12? Je distinguerai trois éléments bien distincts de réponse : — des réponses théoriques et prospectives ; — des résultats et des constats; — des progrès méthodologiques.

NOUVEAUX MEDIA, NOUVELLES FORMES DE COMMUNICATION, NOUVELLES FORMES D'ORGANISATION SOCIALE ?

Lors du symposium Honda, deux théoriciens ont tenté de tracer le portrait de la société et de la communication, demain. Ithiel de Sola- Pool (du M.I.T., Massachusets) montre que les nouveaux media (satellites, ordinateurs, systèmes bi-directionnels interactifs) rendent caduques un certain nombre d'organisations politiques et sociales : l'Etat-nation devrait, sinon disparaître du moins perdre de son importance ; la bureaucratie, engendrée comme l'a montré A. Weber par une société à hiérarchie verti- cale.perd sa raison d'être. Le rapport des villes, centres d'achat, de marché, de décision, et des campagnes (lieux de production) et des régions industrielles (production) devrait lui aussi être profondément modifié par les Télécommunications. Enfin, la division du travail intellectuel/manuel devrait disparaître au profit d'une société plus égalitaire où 90 % des métiers seraient consacrés à l'information. Pour sa part, Alain ^Touraine (Ecole des Hautes Etudes en sciences sociales, Paris) fait état de la crise de la société industrielle (politiquement, économiquement, socialement). Nous sommes dans une époque de transformation culturelle : passage de la société des pères à la société des frères, d'une société de gaspillage à une société de frugalité, accroissement de la production de biens et de services à forte charge d'information. Crise, certes, mais aussi nouvelle étape du développement. Les techniques modernes permettent d'établir des réseaux très complexes de communication,- de construire des ensembles de production aux éléments interdépendants dans des séquences données. La communication, c'est essentiellement la Gestion.

12. Il me paraît significatif que le thème du prochain Colloque (1980) des Sciences de l'Information et de la Communication porte sur « les obstacles à la Communication. »

La sociologie de la communication

Mais on ne peut feindre d'oublier que des conflits de pouvoir vont se produire. Dans la société industrielle, les conflits naissaient de l'appropriation sociale de l'effort de production, et des bénéfices de la distribution commerciale. Désormais, les conflits naissent de la lutte pour l'appropriation sociale de l'information u. La nouvelle classe dirigeante, c'est la technocratie, celle qui contrôle le maximum d'informations par un appareil centralisé de gestion. La conception anti-technocratique se définit, elle aussi, en termes de communication; mais elle recherche et favorise des communications interpersonnelles, à l'intérieur de petites collectivités. Elle insiste sur- la vigilante critique des appareils technocratiques de gestion, elle. met l'accent sur la nécessité de mettre en place des relations horizontales et de permettre la diffusion aussi égale que possible de l'information à l'intérieur d'une population donnée14. Capitalisme ou appareil d'Etat? Ces notions sont périmées dans une société post-industrielle; par contre demeurent les deux idées d'un conflit social central (pour le pouvoir) et d'un champ culturel encore plus général (soins médicaux, transports, éducation, loisirs, recherche).

DE LA COMMUNICATION DE MASSE . A LA COMMUNICATION SOCIALE

La recherche en Communication de masse a. connu un mauvais départ, en raison de la toute-puissance attribuée à tort aux media. Le problème était posé à l'envers parce qu'on cherchait à manipuler ou à influencer les gens, il a fallu presque trente ans pour s'apercevoir de l'importance des processus de résistance, de rejet, de transformation. J'ai moi-même insisté sur la nécessité de renverser le schéma « classique » de la Communication, qui va de l'émetteur au récepteur et montre comment le destinataire du message est producteur, du sens, maître du processus de communication : il accepte ou rejette, à coup sûr il transforme et investit.

Le relais indispensable du groupe a été bien longtemps tenu cm pour négligeable, accessoire. Je le désigne sous le terme de 2 « médiations ». A peu près tous les chercheurs en communi- > cation sont d'accord, en 1978, sur, les points suivants : o. — le, groupe social primaire auquel, appartient tout individu |> joue un rôle d'intermédiaire entre les media et l'individu (ce -2 que j'appelle les filtres culturels) ; qS — l'information. émise peut être amplifiée par le groupe si elle

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^ 13. Par exemple : les radios libres, la presse écrite, l'achat ou la location .y de satellites, le « droit » sur la télédétection, l'équipement en ordinateur et § l'accès à l'informatique... ç 14.' Ces branches de l'alternative sont évoquées dans le rapport Nora Mine £ et dans le rapport McBride (U.N.E.S.C.O.). (S

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correspond aux intérêts, valeurs, attentes de ce groupe ; dans ce cas, le groupe jouera un rôle positif d'onde porteuse, connu et étudié: sous le nom de rumeur, bouche à oreille. Sans le support du groupe, l'information tombe à plat; elle peut même être violemment rejetée. La nouveauté de l'information, une trop grande dissonance soit intellectuelle, soit morale, soit affective entraîne également des réactions de rejet par le groupe, qui joue un rôle conservateur de résistance au changement. Cependant, un individu en désaccord avec son groupe peut s'appuyer sur les. media pour mieux résister aux . pressions conservatrices. A ce moment-là, les media favorisent le changement, la dissidence, voire la révolution. On peut en donner de- nombreux exemples: rôle de la presse pour la libéralisation de l'avortement,' rôle des transistors pour les mouvements d'indépendance nationale, rôle des radios vertes, ou locales, pour l'écologie, etc. Les nuances des travaux présentés au symposium d'Uppsala rendent compte de la complexité des situations.

L'échec, relatif, de la communication de masse s'explique par la méconnaissance de la communication sociale. Sans l'appui ou la complicité des groupes dans lesquels vivent les individus, il ne peut y avoir- de communication, mais. seulement de la diffusion collective, avec un énorme gaspillage. L'effet « boomerang », c'est-à-dire l'obtention d'une réaction négative par rapport à l'effet escompté s'explique par la méconnaissance, le mépris et parfois la violation du respect des valeurs, habitudes et règles. de vie d'individus enracinés dans des groupes. La recherche d'une influence, d'une manipulation deJa « cible » a fini par provoquer des phénomènes de « résistance » au sens médical du terme : désaffection envers les media, perte de crédibilité, perte d'audience sont constatées dans la plupart des pays occidentaux. .

RENOUVEAU DES METHODES DE RECHERCHE Nous sommes indiscutablement, à la fin du xxe siècle, au terme d'un type d'organisation sociale, politique, économique. Nous -commençons seulement d'entrevoir ce que les nouveaux moyens de communication offrent comme virtualités de transformation profonde de tous- les mécanismes sociaux. La société de demain sera une société de gestion (de communication), mais les luttes pour l'appropriation du Pouvoir et des pouvoirs, déplacées, n'en seront pas moins vives. La communication sociale se confond de plus en plus avec la communication politique. Que le lecteur veuille bien se reporter à l'article de Dan Mimo publié dans la Revue Française de Communication [n° 2, février 1979) pour mieux connaître les caractéristiques de cette nouvelle branche de la communication.

La sociologie de la communication

Autour des années 70, l'analyse « rhétorique » mettait l'accent sur le message émis (les producteurs). et transmis (les canaux, les supports, la diffusion, l'analyse de. contenu). Presque personne ne s'intéressait à « ce que les gens font des messages », à la façon dontJ'information. est reçue, interprétée, discutée. A l'heure actuelle, on observe, sur le plan, des méthodes de recherche, d'intéressantes innovations, de nouvelles stratégies de recherche. Le déplacement de. l'intérêt se fait vers un point de perspective; transactionnelle. Puisque le processus de communication n'a rien de mécanique et qu'il ne fonctionne pas s'il est à- sens unique,, il faut comprendre que la signification d'un message est' le changement qu'il produit. Aucune recherche n'est valide si elle porte sur un point isolé de l'ensemble. « II faut trouver des approches qui examinent à la fois » le contenu du i message, sa .réception et son interprétation » actives, qui à leur tour, ajoutent une signification accrue au » message, au-delà du contenu apparent» écrit: Dan Mimo.

CHANGEMENT DE NOM, CHANGEMENT D'ATTITUDE? A l'issu. du 9e Congrès Mondial de Sociologie, le Groupe de' Recherches en Communication de massea décidé de sedis- soudre, en tant que tel ce qui revient à dire que la Sociologie de la Communication de masse n'existe pas. Désormais, le groupe porte le nom de Sociologie de la Communication, des Cultures et de la Connaissance. Comment ne pas .y voir la rupture. éclatante- avec ces fausses pistes que constituent ce que j'ai appelé «la démarche de l'ingénieur.» et «l'illusion techniciste ». Dans l'article cité d'Alphons»Silbermann; l'auteur constate que la civilisation des mass media a poussé l'homme dans un « exil intérieur » fait de dépersonnalisation des relations humaines, de .froide objectivité, d'indifférence, affective, de rôles morcelés et contradictoires, de repli craintif devant les forces aliénantes et manipulatrices. Solitude de l'homme des media. Les nouvelles méthodes, les nouvelles perspectives de la Socio-

^ logie de la Communication consistent, on l'a vu, à retrouver 2 • le souci de l'histoire, de la culture, du particularisme, du ^ régional. §, Qu'est-ce, sinon rappeler qu'il- n'y a de communication que §, sociale et qu'il n'y a de science de l'homme que dans une J dimension humaine existentielle ? ■g Etrangement, la Sociologie de la Communication, en 1978, paraît c bien proche des généreuses intuitions de mai 1968. •S A.-M. Laulan 03 .o "5

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CHOIX D'OUVRAGES EN LANGUE FRANÇAISE

• Abraham Moles et Collaborateurs, La Communication, Retz, 1971. • Jacques Mousseau et Collaborateurs, Les Communications de masse, Retz, 1972. • Jean Cazeneuve et Collaborateurs, les Communications de masse,. guide alphabétique, Denoël-Gonthier, Coll. Médiations 1976. • Francis Balle Institutions et Publics des Moyens d'Information, Editions Monchrestien, 1973. Une version entièrement remaniée doit être publiée en 1980. • Francis Balle, Jean Padioleau, Sociologie de l'Information, textes fondamentaux, 1973. • Anne-Marie Laulan La Vidéo, un nouveau moyen d'Information, C.N.R.S., 1977. • Anne-Marie Laulan/ Cinéma, Presse, Public, Retz, 1978. • Jean Cazeneuve Les Pouvoirs de la Télévision, Gallimard, 1970/ La Société de l'ubiquité, Denoël-Gonthier4Médiations, 1972).. L'Homme-téléspectateur, Denoël-Gonthier (Médiations, 1974).

Revues : Communications (le Seuil), ' • Communication et langages (Retz). Revue Française de Communication. ». Revue Internationale de Recherches de Communication (trilingue), Verlag (Allemagne Fédérale).