La Photographie Ju 00 Re Is

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    #L* m roitQI i l'i i \ IMKl POUR M'in i n DIC1 \llii. M

    ci avec graphies signaltiques ac-

    tuelles.

    aujourd'hui, nous nepouvons que plaindre l< i

    dtenu qui lui se prter

    cette opration. En effet, La

    confection d'un daguerro-type demandant une posetrs longue, quelquefois

    jusqu' quatre ou cinq mi-nutes, et chaque portrait

    ncessitant une nouvelle

    pose, on arrive admirerla patience du sujet qui abien voulu rester immobilejusqu' ce que l'homme dumtier ait lini de fabriquer

    la douzaine ou les dou-zaines de portraits nces-

    saires pour l'envoi aux

    directions de police de tous

    les cantons de la Suisse et F IGi 3,des pays voisins.

    Ce document est le plus ancien en Suisse mentionnant l'em-ploi de la photographie en matire judiciaire, mais il est trsprobable, vu la rdaction mme du document, que, dans lesautres pays, on ne s'est pas non plus servi, avant cette date, de

    l photographie comme moyen d'enqute judiciaire. C'est donctrs probablement la Suisse et spcialement au canton deVaud, dont Lausanne est la capitale, que revient le mrite

    d'avoir introduit la photographie dans la pratique judiciaire.

  • 12 I.A PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    A partir de ce moment la photographie est quelquefois mise contribution pour la confection Je portraits de criminels inconnusdonton veul chercher l'identit. Ces portraits, surtout aprs l'in-troduction dans la pratique photographique du papier sensibilis,sont reproduits en relativement grande quantit et distribus auxdiffrentes directions de police qu'on suppose tre en tat depouvoir donner des renseignements servant tablir l'identit du

    prvenu. Nous venons de direque le nombre de ces copiestait relativement grand.Gela s'applique ce temps

    o quelques douzaines for-maient une quantit fortrespectable. Aujourd'hui ilexiste certains services qui

    peuvent produire facilement,

    pendant une nuit, plusieursmilliers de copies d'un clich,

    grce au papier au glatino-

    bromure et la machine tirage automatique. Il est doncpossible de nos jours, dansl'espace d'une journe, dephotographier un criminel et

    d'envoyer aux diffrentes di-

    rections de police des copies

    plusieurs milliers d'exem-

    plaires.

    Les figures 2, 3, 4, 5 et 6 montrent quelques spcimens dephotographies de criminels prises entre 1860 et 1868 [ . Elles ontt faites au pnitencier de Lausanne. En examinant ces por-traits, on remarque que dj cette poque on avait une tendance donner aux sujets une position uniforme pour tous, la face vis--vis de l'objectif, les mains croises la hauteur des genoux. Il

    Fig. 4.

    i. Les figures 7 et 8 sont des photographies prises en France la mme poque.

  • DAT1 m i oliigi i Dl i \ l'iKH oon M'Hii. m MCI uni.

    es! galement curieux d'observer que tous ce portrait* son!faits de face. Il semble qu' ce temps on estimait Ifl reconnn

    sance plus facile sur un*' photographie de face que sur une

    montrant I' profil du sujet.Ds lors, des photographies de criminels ont t souvent

    faites et ont donn des r-sultats satisfaisants. Aussi

    s'occupa-t-on I' rglemen-ter la position du sujet, la

    rduction de la photogra-

    phie, etc., afin de rendre plus

    uniformes les portraits, cequi facilitait la reconnais-

    sance. Ainsi le ministre de

    la Justice d'Autriche 1 prit

    plus lard, le 18 mars 1892,

    un arrt pour rglemen-ter la photographie des

    dtenus dans les lieux dedtention. En un mot, on

    cra ce que les Allemandsappellent les Verbrccheral-

    bums .C'est aussi en 1869 qu'eut

    lieu la communication re-tentissante du D r Bourion,de Darneis (Vosges), faitepar Vernois l'Acadmiedes Sciences. Bourion avait envoy l'Acadmie des Sciencesune srie de plaques contenant soi-disant l'image du meur-trier sur la rtine d'un homme assassin. Aprs une tudeapprofondie, Vernois conclut que sur aucun des clichs en-

    voys une trace d'image n'tait visible, mais il proposa desremerciements l'auteur de la communication pour avoir

    FlG.

    l.Paul, Handbuch der kriminalistischen Photographie, p. 10.

  • 14 LA IMIOTOdRAl'HIK JUDICIAIRE

    dmontr L'utilit de la photographie en mdecine lgale 1 .Il csl difficile de fixer exactement la date du premie remploi de la

    photographie comme moyen de reconnatre des faux en criture.On trouve des photographies de lettres, etc., datant presque dumoment o Ton commena introduire dans la pratique les

    copies sur papier sensible;

    mais ces reproductionssemblent tre faites pluttcomme documents quecommemoycnd ,analyse. Lesexpertises photographiquesproprement dites datent dudernier quart du xixe sicle.Grce aux travaux deMM. Dertillon Paris, Ies-scrich Berlin, Poppe Francfort

    ,Dennstedt et

    Schpff Hambourg, etc.,l'examen photographique

    des documents crits estdevenu relativement fr-quent, et les rsultats ob-

    tenus sont remarquables.

    Plusieurs des auteurs cits

    plus haut se sont fait unespcialit de l'tude de

    l'emploi de la photogra-

    phie pour la dcouverte defaux en criture.

    L'emploi de l'appareil photographique comme instrument d'en-registrement est dj plus ancien. En effet, dj vers 1868, ons'en est servi pour fixer l'aspect du lieu d'un crime, etc. ;mais cet emploi tait encore rare, et les cas o l'on avait recours

    Fig. G.

    1. Vernois, Application de la photographie la mdecine lgale (Rapport sur unecommunication de M. le D r Bourion : Annales d'hygine, 1870, p. 239).

  • DATKH IIISTORK " l< \>\ \ \ PIM l (KM IP1IIK h DICI uni.

    \ l'objectif photographique Boni bien isol C'csl eulemcnl

    depuis les vingl dernires annes qu'on commence utili eila photographie chaque fois qu'il importe de conserver une

    vue exacte, complte el impartiale ds lieux.(in avait fini par reconnatre que la plaque photographique

    tait capable d'enregistrer

    scrupuleusemenl toul el quedes dtails ngligs au cons-

    tat, mais visibles sur l'imagephotographique, pouvaient

    acqurir dans la suite une

    importance capitale.Quelques villes mmes

    fondrent des ateliers pho-

    tographiques destins

    l'usage policier et judiciaire.D'aprs le British Journal ofPhotography, ce serait Chi-

    cago qui, la premire,aurait install en 1885 un

    tel atelier.

    Enfin, la vritable intro-

    duction de la photographie

    en matire judiciaire datede 1882, poque laquelleM. Alphonse Bertillon cra Paris, sous l'administration F^ ; - ?

    de M. Gamescasse, prfet de

    police, et de M. Vel-Durand, secrtaire gnral, le premier service

    d'identification judiciaire, d'aprs le systme de sa propre inven-tion, et qui rservait, ct des mesures anthropomtriques, une

    large place la photographie. Le systme de M. A. Bertillon,connu sous le nom d'anthropomtrie signaltique, est le pro-

    duit d'un long et patient travail, et c'est M. Bertillon seul que

    reviennent l'honneur et le mrite d'avoirdot l'humanit d'un moded'identification ayant donn, ds sa cration, des rsultats tels

  • 1G LA riloTodRAnilK JUDICIAIRE

    que presque Ions les gouvernements l'ont introduit dans leurspays.

    Le service a t dfinitivement install en excution d'unedlibration du Conseil gnral de la Seine rendue sur la pro-position de M. Gragnon, prfet de police. Les travaux d'appro-

    priation, commencs en f-vrier 1888, sous la direction

    de M. Daumct, architecte

    du palais de justice, M. L.Bourgeois tant prfet depolice, ont t termins le15 fvrier 1889, et l'inau-

    guration du nouveau ser-vice a eu lieu en prsence deM. Loz, prfet de police,assist de M. Lpine, secr-taire gnral, et de M. Go-

    ron, chef de la Sret.

    C'est dans ce serviceadmirablement outill quese sont labores toutes

    les amliorations de cettebelle mthode d'identifica-tion en mme temps quedes travaux de la plus

    haute importance pour laphotographie judiciaire.

    C'est depuis la crationdu systme Bertillon que la photographie judiciaire est devenueune branche spciale de la photographie, et c'est donc M. AlphonseBertillon qui en est le vritable crateur.Le bertillonage , comme on appelle couramment le sys-

    tme d'identification de Bertillon, s'est introduit, comme on l'adj dit plus haut, relativement rapidement dans tous les paysciviliss. C'est la Suisse qui, une des premires, a compris la hauteimportance de ce systme. En effet, le 12 dcembre 1890, les

    Fin. S.

  • DTI I1I8T0R1QI i Dl I \ PIIO roR M'ilii 11 DIC1 URK I

    principaux fonctionnelires des diffrents dpartements cantonsde Justice et Police se runissaient officieusement Berne Celle

    runion avail pour l>ul de prparer l'application de L'anthropotri trie signaltique (( 2 Tous les individus arrts aussitt que le mandat d'arrtaura t dcern par le juge d'instruction seront, avant l'expira-tion dudit mandai, conduits au local destin aux mensurations;

    3 Tout dtenu est oblig de se soumettre la mensuration,sous peine d'tre considr comme coupable de rbellion ;

    4 Le Dparlement de Justice et Police est charg de prendreles mesures ncessaires pour L'excution du prsent arrt quientrera en vigueur immdiatement.

    Certifi conforme :

    Le Chancelier.

    Le grand succs du systme de Bertillon ne pouvait manquerd'amener aussi les autres pays installer des services d'identifi-cation anthropomtrique. L'Allemagne envoya Paris, en au-tomne 1895, l'inspecteur de police de Hillesem pour se familia-

    riser avec la nouvelle mthode. Aprs un sjour de plusieursmois au service de la prfecture de Paris, de Ilullesemrevint Berlin et y installa un service complet calqu sur celuide Paris. Mais, reconnaissant juste titre que le bertillonage ne pouvait donner le maximum d'effet qu' condition d'treexerc dans toutes les grandes villes du royaume prussien, le pr-sident de police de Berlin, avec le consentement du ministre del'Intrieur, invita une confrence Berlin une srie de direc-teurs de police pour les engager par des dmonstrations, etc.,

  • IN I.A PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    introduire galement le systme d'anthropomtrie signaltique.Le rsultat de

  • CIIANTIiK II

    L'APPAREIL PHOTOGRAPHIQUE

    Avant de commencer L'tude les diffrents cas de l'emploi de

    la photographie en matire judiciaire, il sera peut-tre bon dedonner quelques indications sur L'appareil photographique devant

    servir la photographie judiciaire. Il va sans dire que Lesappareils dont la description suit ne peuvent pas servir pour

    tous les travaux qui se prsentent, mais, en mentionnant une

    application demandant une installation spciale, nous en don-nerons en mme temps la description.

    L'emploi des chambres main est dans la plupart des casexclu pour les travaux judiciaires, moins qu'on ne veuille lesemployer la confection de documents instantans, comme lesdiffrentes phases d'un incendie, d'une bagarre, etc., emploi djmentionn dans l'introduction de cet ouvrage.

    La chambre main donne gnralement des images beaucouptrop petites, dfaut corrigible la rigueur par l'agrandissement

    des clichs. Mais comme ordinairement ce genre d'appareil ne

    permet pas une mise au point exacte, la plupart des viseurs n'in-diquant qu'approximativement le champ d'image, l'oprateurn'est jamais sur de ce qu'il a sur sa plaque. En outre, l'angledes objectifs employs pour la plupart des chambres maintant trs grand, cela dans le but de rduire les dimensions del'appareil et pour donner un champ d'image tendu, la perspec-tive est souvent exagre, ce qui peut entraner des erreurs.

    L'appareil main servant au policier prendre des vues docu-

  • 20 l.\ l'IlOTOdKAl'HIK .MDICIAIHK

    mentaires, numres plus haut, devra remplir les eonditionssuivantes :

    1 Le format des plaques ne sera pas infrieur 1/2x9. Ilexiste, il est vrai, quelques appareils possdant un format deplaques plus petit et donnant des images trs fines, mais leurprix est relativement trs lev. Les images des appareils meil-leur march de trs petites dimensions ne permettent pas unagrandissement suffisant;

    2s Son volume sera aussi petit que possible. Il doit tre d'unemploi trs discret pour que le public ne s'aperoive pas desmanipulations de l'agent de police;

    3 Son maniement sera trs simple et le changement deplaques rapide *et sr.

    Il a t construit en Allemagne une chambre dtective parexcellence, la (ieheim Kamera de Stirn. Cet appareil, deforme sphrique, se porte sous la jaquette, l'objectif passant parune boutonnire. Son emploi est absolument invisible. Mais cette

    chambre est d'une construction peuperfectionne, et les objectifs em-ploys de qualit ordinaire, de sorte

    que les images obtenues sont, saufdans des conditions d'clairage extra-

    ordinairement bonnes, trs dfec-

    tueuses.

    La forme Photo-Jumelle (fig. 9)est celle qui semble le mieux con-venir l'usage policier. Ce sont des

    appareils munis de deux systmesoptiques : l'un, le viseur, constitu

    par une lentille divergente qui permet

    de voir exactement et d'isoler ce qu'on obtiendra sur la plaque;

    l'autre, l'objectif, muni d'un obturateur ne dcouvrant pas laplaque quand on l'arme. On s'en sert comme d'une jumelle,c'est--dire en regardant au travers, et par ce fait mme lesimages obtenues avec les photo-jumelles sont prises la hauteurdes yeux. Ces images auront donc une perspective semblable

    Fig. 9. Photo-Jumelle.

  • I. M'I' \l(l II. IMIOTOORAPII 'I

    Fio. 10. Chambre ;'i main pour contrlede la vitesse des automobiles.

    celle que Qous avons coutume de voir couramment, Les photojumelles son! d'un volume et d'un poids rduits, et, en outre, d unmaniement facile et sr. On fera I > ' 1 1 d'agrandir les petits clichdobtenus avec les appareils main.

    Il faut galemcnl citer ici mi petit appareil a main spcialement construit pour con-

    trler la vitesse les anlo-

    raobiles ei fabriqu par le

    constructeur parisien bien

    connu, M. L. Gaumont. Le

    principe de cet appareil

    Ingnieux est en peu demots le suivant :

    C'est unechambre (fig. LO) main munie d'un obtura-teur rideaux deux fentes. Ainsi on obtient sur la mme plaquedeux images de l'automobile on marche, mais, suivant la vite---

    de la marche, empitantpins ou moins Tune surl'autre. Le temps qui

    s'coule entre le passage

    des deux fentes devantla plaque est antrieure-

    ment dtermin en pho-tographiant l'aiguille

    d'un chronomtre. L'in-tervalle de temps entre

    l'impression des deux images sur la plaque est donc connu etcorrespond la vitesse du dplacement de l'automobile.

    Pour dterminer cette dernire, il faut chercher la distanceparcourue pendant qu'on prenait les deux poses. Connaissantl'automobile (le numro se trouve visiblement reproduit sur laphotographie), on mesure la distance des essieux et l'on comparecelle-ci avec celle qui est reproduite sur l'image, ce qui donneimmdiatement l'chelle de rduction. On multiplie alors par lechiffre de rduction trouv la distance existant entre le mme

    Fin. 10 bis. Chambre main pour contrlede la vitesse des automobiles.

  • 0) LA PHOTOORAPHIK JUDICIAIRE

    Fig. 11. Automobile en marche.

    poinl de la voiture sur les deux images, ei ce calcul donne exacte-ment La distance

    parcourue fig. 1 1

    et 12).

    Une (ois que

    Ton connat ces

    deux donnes, in-tervalle de temps

    entre l'impres-

    sion des deuximageset distanceparcourue, il est

    facile de calculer

    la vitesse de l'au-

    tomobile. Pour

    contrler et en-

    registrer automa-

    tiquement la vitesse de dplacement du rideau au moment mmede l'exprience,M. Gaumont aconstruit une se-

    conde chambremunie du disposi-tif suivant 1 :

    Il emploie uneplaque sensible de

    dimension doublede celle qu'il uti-

    lisait dans son pr-

    cdent appareil;

    l'une des moitis

    servant enregis-

    trer la doubleimage de la voiture rsultant du passage de la double fente du

    Fig. 12. Automobile en marche.

    1. F.Monpillard, les Derniers Mots de la chronophotographie et de la cinmatogra-phie dans la Photographie franaise, dcembre 1902.

  • I. IPPARl il. PHOTOOH M'iii"'

    rideau; l'autre moiti, les vibrations d'un diapa ou oign n

    ment talonn. A cet effet l'une des branche de ce diapason porte

    un diaphragme lger perc d'une troite ouverture dans laquelleest enchsse mu petite lentille venant former son foyer sur la

    plaque sensible ; si le diapason se dplace longitudinalcment par

    rapporl a celle-ci, le>> vibrations lumineuses s'inscrivent d'ellemmes sous la forme d'une sinuosit, chaque sommet de lacourbe correspondant une vibration simple. Si maintenant,

    devant la portion de la plaque qui doit recueillir cette Inscrip-

    tion, nous faisons se dplacer QOtre rideau obturateur, mai-

    dispos de (elle sorte qu'aux lentes de l,i portion de ce rideau

    par lesquelles aura pass le faisceau lumineux mis par l'objectifel produisant les deux images de l'automobile correspondent, au

    contraire, des parties pleines, et rciproquement, il en r>ul(e

    qu'au moment prcis o chaque image sera produite celle de lasinusode se trouvera interrompue. Le nombre des vibrations com-prises entre ces deux interruptions, qu'il sera ais dedtermineravec une prcision parfaite sur le clich dvelopp et fix, per-mettra d'valuer exactement l'espace de temps coul entre le

    passage de ces deux fentes, par consquent entre la prise de-deux images. L'inscription est absolument automatique, et lechiffre trouv exempt de toute cause d'erreur.

    Pour oprer, on arme l'obturateur et pousse le diapason jus-qu' l'extrmit de sa course. On dmasque ensuite l'objectif etvise le point devant lequel doitpasser l'automobile dont on dsire

    dterminer la vitesse. Au moment du dclenchement de l'obtu-rateur, le diapason est mis en vibration et en mme temps animd'un mouvement rapide de translation sous l'action d'un ressort ;il suffira de dvelopper l'image pour possder tous les lmentsncessaires la dtermination qu'on veut effectuer. Pourque la petite lentille puisse donner une image assez intensede la sinusode, l'appareil est dispos verticalement sur son

    pied, de sorte que la lumire du ciel vienne frapper directementla petite lentille. L'objectif photographique, tant vertical, estmuni d'un prisme 45 destin ramener verticalement lesrayons formant l'image. L'image est alors naturellement renverse,

  • 2'f LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    ce qui ne gne nullement le rsultat, vu le but de cette pho-tographie.

    Il existe galement dans le commerce des appareils pouvanttre employs comme chambre main ou pied. Ils sont munisd'un verre dpoli permettant une mise au point trs exacte, etlivrs jusqu' la grandeur 18 X 24. Telle est, par exemple, la Klapp-Camera de Goertz-Anschilz. Cette chambre possde desobjectifs 1res bons et angle convenable, c'est--dire permettantde s'approcher assez prs de l'objet photographier sans enexagrer la perspective. L'appareil est muni d'un obturateur deplaques, ce qui, joint la grande luminosit de ses objectifs, rendpossible la confection d'instantans de trs courte dure. Cettechambre, condition qu'on se serve d'un appareil 13 X 18,pouvant tre utilis pour l'instantan la main et la pose surpied avec mise au point sur verre dpoli, est d'un bon emploien photographie judiciaire.

    Elle possde pourtant un inconvnient: les manipulations sontrelativement longues et compliques, et le format de l'appareilouvert assez incommode pour la prise des instantans.En somme, les appareils main sont, en photographie judi-

    ciaire, comme d'ailleurs dans la photographie en gnral, dessupplments des appareils pied et mise au point sur verredpoli.

    Un petit service de photographie judiciaire pourra presquetoujours se contenter d'une bonne chambre soufflet dite de touriste . Comme grandeur de l'appareil, les chambres pourplaques 13 X 18 peuvent suffire la rigueur; il est cependantprfrable d'avoir sa disposition une chambre pour plaques18 X 24. Cette grandeur de plaques est adopte pourles chambresportatives dans la plupart des services photographiques attachsaux directions de police des grandes villes. Certains servicespossdent mme des appareils portatifs allant jusqu' la gran-deur de plaques 21 X 27 et 24 X 30.Une chambre devant servir la prise de photographies judi-

    ciaires doit tre lgre pour faciliter le transport, et trs solide.Elle doit avoir, en outre, l'tat pli, un volume rduit. La plan-

  • LAPPARKII PHOTOORAPHIQUl

    chettede l'objectif sera mobile m tous sens. Le cadre recevant

    le verre dpoli n le chssis devra pouvoir basculer autour d'un

    axe horizontal pour permettre de donner s l'appareil une forteInclinaison. Le lirai;*' du Boufflel devra tre suffisamment longil est ncessaire qu'il atteigne au moins le double du foyer deL'objectif employ afin de permettre la reproduction des objets engrandeur naturelle. La forme carre

  • 20 LA PHOTOGB M'illK JUDICIAIRE

    aux enqutes judiciaires sont livrs par les maisons Zeiss, Ber-thiot, Voigtlnder Ster, etc.

    Une simple question MM. les fabricants d'objectifs photogra-phiques : Ne serait-il pas possible de construire des instruments

    remplissant les conditions mentionnes plus haut et avec desfoyers d'un calcul facile? Ainsi on aura un objectif pour plaques18 X 24 possdant au lieu d'un foyer de 21 cra ,5 une longueurfocale de 20 centimtres. Tous les calculs qu'on voudra effectuer

    et dans lesquels le foyer entre comme facteur seront singuli-

    rement simplifies.

    11 a t dit plus haut qu'en gnral l'angle de l'objectif ne

    devrait pas dpasser 90. Il est vident que pour certains travaux,

    l o on ne dispose que d'un recul fort limit et o il faut quandmme reproduire des surfaces trs grandes, on doit ncessaire-ment avoir recours des instruments ayant un angle d'image

    considrable, c'est--dire en termes techniques aux objectifs

    grand-angulaires. Ces objectifs ne possdent qu'une luminosit

    beaucoup moindre que les objectifs angle moyen. Ilsdemandent par consquent une exposition sensiblement plusprolonge. Mais, en revanche, leur angle tant en moyenne de90-110, ils permettent de se rapprocher trs prs de l'objet

    photographier. Il est pourtant recommandable de ne lesemployer qu'avec prudence cause de l'exagration de la pers-

    pective, consquence invitable de leur grand angle. Cette exag-ration se fait d'autant plus sentir que les premiers objets repro-duits sur l'image se rapprochent de l'objectif.

    Les trousses d'objectifs sont aussi d'un emploi excellent, c'est-

    -dire des tuis contenant un choix de quatre huit jeux diff-rents de lentilles pouvant se visser sur une monture unique. En

    combinant, suivant les cas, les diffrents jeux de lentilles, on peutvarier son angle d'image et, par consquent, aussi la longueur

    focale et la profondeur. Toutefois, les trousses demandent de lapart de l'oprateur une certaine habitude, afin de pouvoir jugerdans chaque cas laquelle des combinaisons possibles est nces-

    saire pour obtenir le rsultat voulu.

    Le pied est une partie trs importante de l'appareil photogra-

  • I \l'l' Mil II l'Ilo I * instruments spciaux s'adaptant la tte du pied

    et sur lesquels on fixe la chambre photographique.Un tel instrument est par exemple le Guross laide

    duquel on peut donner la chambre toutes les positions dsi-res. Ces ttes de pieds mobiles sont fabriques pour des

    chambres de 13 X 18 24 X 30. Mais les pieds ordinairesont une hauteur limite ne dpassant gure l m ,2n 1 BI )30.L'objectif d'un appareil fix verticalement cette hauteur n'em-brasse qu'un champ trs restreint. Le diamtre du champembrass par l'objectif, mme en employant des objectifs grandangle, n'atteint que rarement lm ,50. Dans ces conditions, il esi

    naturellement tout fait impossible de reproduire sur la plaque

    photographique le corps entier d'un homme adulte, parexemple.

    Pour y arriver, il faut donc placer la chambre plus haut.On se servira alors des pieds spciaux permettant d'atteindreune hauteur jusqu' 3 mtres. Tel est, par exemple, le piedadopt par le service photographique de la direction de police deBerlin. C'est, comme les autres pieds ordinaires, un trpied dont

    deux branches sont formes de trois tiges en partie pliante-, enparties coulissantes. Une branche est forme par une chelle entrois parties s'enchssant les unes dans les autres. Ce pied peut

  • 28 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    tre mont jusqu' 3 mtres do hauteur. Sur le triangle runis-sant les trois branches du pied est viss l'appareil servant

    donner la chambre photographique toute inclinaison dsire.Cet appareil est constitu par une base fixe sur la tte du tr-pied et munie de deux tiges en mtal et rainure. Entre lestiges se trouve la planchette sur laquelle vient se placer la

    chambre photographique. Cette planchette, dont l'axe correspondaux rainures des tiges et est retenue dans celles-ci par deux vis ailettes, peut tre incline l'aide d'un arc mtallique gale-ment rainure. On fixe la chambre dans n'importe quelle incli-naison jusqu' 9() n , au moyen de deux vis ailettes passant parles rainures des tiges et celles des arcs. En outre les rainures des

    tiges permettent de monter la planchette porte-chambre plus ou

    moins haut.Pendant la mise au point, l'oprateur monte sur l'chelle.

    L'exposition elle-mme se fait avec un obturateur dclenche-ment pneumatique sans que l'oprateur ait besoin d'occupercette chelle, ce qui vite tout tremblement possible de l'appareil.Le bout des branches du pied est muni de fortes pointes enacier.

    Le service de la prfecture de police de Paris se sert d'un autre

    systme de pied permettant de photographier, avec l'objectif enposition verticale, de grandes surfaces (fg. 13). Le dispositif

    imagin par M. Alphonse Bertillon est le suivant : le systme estcelui du pied boite, c'est--dire que le pied possde trois

    branches dont chacune est constitue par deux tiges coulissantes

    qui sont fixes la hauteur voulue par des vis de serrage. La

    tte du pied est forme par la paroi de la chambre recevant l'ob-jectif munie de trois petites rallonges. C'est ces rallonges quesont fixes les trois branches du pied l'aide de vis de serrage.Le service photographique de Paris possde ce pied en deuxgrandeurs, l'un, permettant un rehaussement de 3 mtres,

    pour une chambre 24X30, l'autre beaucoup plus lger pour unechambre 18X24. La mise au pointest faite une fois pourtoutespour les distances jusqu' la hauteur maximum de 3 mtres. Lahauteur ncessaire pour une rduction voulue est indique sur les

  • i. \i , r mu il i-iioi n.,n \ i'iii"i i

    ligos extrieures des branches lu pied. Il va mi dire qu'avec

    ce systme, n esi fore*'' d'employer toujours le mme objectif, bmoins qu'on qc veuille galement marquer les hauteurs ncl vrai qu'ayant Ira

    vaille souvent avec ce pied, on finit par juger assez exactementle champ embrass par l'objectif. Ce systme esl donc trsrecommandablc pour les grands services de photographie judi-ciaire, tandis que le pied chelle, exigeant pour chaque casune nouvelle mise au point, est prfrable pour les petits

    services.

    Enfin l'auteur de cet ouvrage a fait construire un pied permet-

    tant la prise de photographies en position verticale de la chanfbre

    (/>

  • 30 \.\ ruoTocHAlMIIK JUDICIAIRE

    Fig. 14.

  • I. \l'l' AUI'II, l'Ilnm.li M'ill'.'i I

    on mtal dcoupes ol mobiles, el relies deux < deux par depetites vis de serrage. Il suffil On arrive souvent au mmersultat en munissant sim-plement de bouchons delige les pointes desbranches.

    Un obtura leur n'est pas in-dispensable pour le photo-

    graphe judiciaire, moinsqu'il ne se serve du pied chelle o, comme on a pu voirplus haut, un tel instrument devient ncessaire pour viter latrpidation. Il va sans dire que l'obturateur est d'une ncessit

    absolue pour les instantans, trs rares du reste dans la pratiquede ce genre de photographie. On choisira un obturateur pouvantservir pour la pose et pour l'instanlan. Il doit tre d'une cons-truction simple et solide, et travailler sans choc. Le dclenche-ment se fera par pression pneumatique.

    Fie. 14. Pied chelle.

  • !J2 I.A PHOTOGB IPHIE JUDICIAIRE

    Comme il s'agit toujours dans la photographie judiciaire depose dune trs haute importanee et que, 1res souvent, on ne peutplus refaire, on fera bien de prendre chaque fois deux posesidentiques du mme sujet. Comme cela demande une assezgrandequantit de plaques, on se servira de chssis escamotage pour

    ne pas tre forc d'avoir trop de chssis doubles. Chacun deces chssis peut contenir 12 plaques. Deux chssis escamo-tage contenant ensemble 2i- plaques suffiront toujours.

  • CIIANTIII III

    LA PHOTOGRAPHIE SUR LES LIEUX

    Une des applications les pi us importantes de la photographie

    en matire judiciaire est remploi de l'appareil photographiquesur le lieu d'un crime, d'un suicide, d'un accident, d'un incen-

    die, etc. Avant de donner des dtails sur les mthodes suivre,nous allons examiner brivemenl le rle incombant dan- ce cas L'image photographique.

    La photographie prise sur le lieu du crime, de la catas-

    trophe, etc., sert aux diffrents buts suivants :1 Elle sera un document indiscutable pris automatiquement,

    et reproduisant lidlenient les faits. Le magistrat charg d'uneenqute a ainsi un moyen de mettre tout moment devant sesyeux limage exacte de l'endroit o a eu lieu l'vnement. Laphotographie constituera par consquent, comme on l'a dj ditplus haut, une sorte de mmoire artificielle du magistrat instruc-teur. Et celui-ci a souvent besoin de cette mmoire artificielle etinfaillible. En effet, pendant les heures qu'il a passes sur leslieux lors de son enqute, il est cens avoir tout examin et enavoir pris note. Gela est trs bien en thorie, mais en pratiqueil se peut que certains petits dtails qui lui ont chapp deviennentd'une importance capitale au cours de l'instruction. L'objectionque dans ce cas l'enquteur n'a qu' retourner sur les lieux pour

    rechercher constater la prsence ou l'absence de ces dtails netient pas debout. Ce constat tardif, en effet, est impossible dans

    la plupart des cas, parce que l'aspect gnral du lieu a tout fait3

  • 34 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    chang. Ce lait sera rendu plus clair par un exemple : on trouve,

    -

    ila>

    3>

    dans son lit, le cadavre d'un homme, la tempe perce d'une balle

    de revolver. La main crispe tient encore l'instrument meurtrier.

  • LA PHOTOORAPIIIl I H 1 .1 LIKI

    Lej uge d'instruction appel fai! les constatations d usage aucunetrace de combat, il conclu! au suicide el < I < 1 1 1 1 < le permis d in

    humer. Aprs quelques jours, sur certains indices, on vienl ui d'conomie mal place, devieux matriaux pour btir une grange. Les poutres el leplanches son! ;'i moiti pourries. Une uV ces planche

    au momenl o un domestique du dil paysan passail de u Ledomestique tombe dans la grange el se tue. D'o poursuites contrele paysan. Mais celui-ci, pour se dfendre, avait fait remplacer,

    aprs L'accident, les vieilles planches par des neuves. Malheureu-

    sement pour lui, le juge d'instruction avait fait photographier,lors de son constat, l'aspect du lieu de l'accident. Les photo-graphies montres l'audience prouvaient l'vidence que lamori du domestique avaitbient provoque par ! mauvais taldes matriaux employs et

  • 40 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    naturellement

  • I \ PH01 OOB M'IMI -i it l l i il i ,1

    La mise au point bg fru sur l

  • '.2 LA PHOTOGRAPHIE JUDIC1 URE

    Fig. 18.

    toutes les pripties du forfait. Telle chaise renverse, tel tapis

  • LA PIIOTOORAI'IIII ' i'. i i i n i

  • LA l'iinTni.KAi'im: .in >i ci \ihi-:

    froisse, tel pol de eurs gisanl cass par terre, etc., indiquentclairement qu' cel endroil il y a eu lutte fig. L8 ei 19 . I ne

    grande flaque de sang par terre cl loin

  • LA PIIOTOflllAIMIII i i: l l i i ;

    mouvement. I>c |ln^, tant doon que dans le tra< i d l.\ PHOTOGB \ 1 * 1 1 1 1-: JUDICIAIRE

    but de provoquer un contraste plus marqu entre La coloration

    Fig. 40.

    de la peau et celle des lvres, trop identiques sans cela.Cette diffrence de couleur, reproduite sur la photographie,

  • I. \ PH01 OOH \i*iiii i-i CADA> ri

    aide puissamment s donner au portrait un aspect plus vivant.

    Fig. 41.

    Pour cela on se servira d'une solution borique et alcoolique decarmin qu'on appliquera l'aide d'un pinceau {fig. 39).

  • 8 | LA PHOTOGR V.PHIE JUDICIAIRE

    La tte ainsi arrange , on placera [e cadavre convenable-ment pour le photographier. La manire d'oprer du I) 1 Brouar-del 1 , qui place le cadavre' sur un plan horizontal et le photo-

    graphie avec un appareil fix sur un pied trs haut et dont

    L'objectif a son axe dans un plan vertical, appareil peu prs

    dans le genre de celui actuellement employ dans le service deM. Bertillon, pour la photographie sur les lieux, ne semble pasindique pour ce genre de photographies. Elle ne se prte pas

    ce but parce que le cadavre, se trouvant dans une position

    anormale et peu habituelle, a quelque chose de forc et d'aplati.

    On se servira pour la photographie des cadavres inconnus, fin de reconnaissance, avec beaucoup de succs, de la table duservice de Paris. A la rigueur on peut galement se servir d'unetable ordinaire et maintenir le cadavre, comme il a t djindiqu antrieurement, dans la position assise l'aide d'une

    caisse, ou le placer contre un mur. L'immobilisation de la tte

    est tout fait essentielle. Avant de procder la pose du portrait

    du cadavre, on le laisse reposer au moins dix quinze minutes,cela cause du tassement lent du corps, se produisant toujoursau commencement, quelquefois imperceptible l'il, mais trs

    gnant pour la photographie, surtout s'il s'agit d'une pose de

    longue dure.

    Il est recommandable de placer derrire le cadavre un fondn'ayant que trois cts fixs sur un cadre de bois et possdant

    une large fente au milieu du quatrime ct non fix. 11 est

    facile de glisser le fond ainsi prpar derrire le corps.

    Enfin, si possible, on habillera le cadavre pour le photogra-

    phier. L'aspect plus ou moins habituel d'un corps nu en empchesouvent la reconnaissance; mais le corps revivifi par le procd

    dcrit plus haut n'a plus rien d'trange et sera, par consquent,

    facilement reconnu. Ajoutons qu'on peut, dans une certainemesure, rendre aussi plus reconnaissables par la photographie

    les figures de cadavres ayant stationn trs longtemps dans

    l'eau et qui sont privs par cela, en grande partie, de Tpiderme.

    1. Brouardel et Ogier, le Laboratoire de Toxicologie. Paris, 1891, p. 80.

  • l. \ PHOTOGRAPHIE Dl < IDAVR]

    Dr iris cadavres ni en gnral un aspecl trs repoussant el

    absolument mconnaissable par la couleur rouge (, i brillante de

    leur figure. Dans ce cas, on saupoudre la figure avec une mince

    couche 1 h talc qu'on fait entrer dans l

  • CHAPITRE V

    LA PHOTOGRAPHIE A LA LUMIERE ARTIFICIELLE

    La lumire du jour n'est pas toujours suffisante sur les lieuxd'un crime, d'un accident, d'un suicide, etc.; quelquefois mmeelle fait compltement dfaut. Ainsi dans les caves, corridors, etc.,le jour manque la plupart du temps. Dans ce cas, il faut avoirrecours la lumire artificielle. Cette lumire artificielle s'imposenaturellement aussi pour toutes les poses qu'on veut prendre

    nuitamment.De toutes les sources de lumire artificielle, c'est seulement la

    lumire au magnsium qui entre en jeu pour la pratique de laphotographie judiciaire. C'est en effet cette lumire qui estencore la plus pratique. Les installations sont trs simples et par

    consquent faciles transporter, ce qui a son prix pour l'usagejudiciaire.A la rigueur on peut mme les supprimer compltement et

    allumer simplement la poudre magnsique sur une assiette, uneplanche, une plaque de tle, etc.

    Un service de photographie judiciaire devrait toujours avoir sa disposition une quantit suffisante de poudre magnsique. Ontrouve actuellement dans le commerce un grand choix d'excellentes

    poudres dispensant l'oprateur de se prparer soi-mme cettematire, prparation toujours dangereuse, surtout pour celui quin'est pas habitu manipuler des matires explosibles.

    Le magnsium se trouvant galement dans le commerce sousforme de rubans minces de magnsium pur, on peut aussi Lem-

  • i.\ PHOTOOB M'iiii \ i.\ i.r\in RP ut i n m n i.i.i H7

    ployor sons celle forme dans la pratique de la photographie judiciaire, Dans ce

  • 88 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    La poudre magnsique en brlant dveloppe une grande quan-tit de vapeurs blanches constitues d'oxyde de magnsium < i td'ailleurs tout fail inoffensives pour la sant.

    Cel oxyde de magnsium se dpose ensuite, relativement vite,sous forme d'une poudre fine de couleur blanche. Ayant faireplusieurs poses dans un endroit ferm, on aura donc soin de

    faire disparatre ces vapeurs gnantes par une aration ner-gique ou en se servant d'un dispositif spcial pour la captationdes vapeurs. On peut facilement se fabriquer soi-mme un teldispositif.

    Pour cela on prpare un sac de toile impermable long de 80 100 centimtres, et d'un diamtre de 70 80 centimtres. Cesac est pliable et maintenu ouvert par des cerceaux de fil de fer.Le haut est ferm et muni d'un anneau pour la suspension. Lesac est suspendu 60-80 centimtres environ au-dessus de l'en-droit o se trouve la poudre magnsique.

    Aprs la combustion de cette dernire, les vapeurs s'lventen masse compacte dans une direction verticale et entrent dansle sac. Une lois toute la masse des vapeurs entre dans celui-ci,on le ferme l'aide d'un tirant se trouvant au bas du sac.

    Aprs trs peu de temps, les vapeurs se sont dposes l'in-trieur sous forme de poudre blanche, et l'on peut recommencerla mme opration.

    Le commerce nous livre du reste actuellement toute unesrie d'appareils ou de lampes pour brler la poudre magn-sique. Il y en a de trs bons et de trs pratiques, mais avec un peud'exercice on arrivera facilement travailler, sans appareil sp-

    cial, tout aussi bien, si ce n'est pas mieux, qu'avec une installa-tion spciale.

    L'auteur de ces lignes prfre de beaucoup brler tout sim-plement la pondre dispose en une longue trane, sur une plaquede tle ou autre matire pouvant supporter la chaleur.

    L'allumage se fait l'aide d'une mche ou avec du papiernitr. Les vieux films sont galement d'un bon emploi pour allumerles poudres magnsiques. Pour cela on fait arriver la trane depoudre sur un des bouts du film et on allume ensuite le bout oppos.

  • i. \ l'imi OOB M'iin \ i. \ n \iii ci \it i ri ii il i.i i

    Avec ces lilms on ne risque pas que l'ailuni i avanl

    d'avoir atteint la poudre clair. Lecoton poudre, que I on allume

    a l'aide de l'tincelle lectrique, est tout indiqu pour I alluma

    sVnchronique de plusieurs s urces lumineuses.

    Un dtail observer mi oprant avec les mlanges explosifs de

    magnsium '*! de les allumer de telle sorte que I oprateurpuisse s retirer, avant l'explosion, une certaine distance pour

    ne pas tre atteint par des projections le matire incandescente.Comment faut-il disposer les sources lumineuses pour obtenir

    de bons rsultats avec celle lumire mgnsique?La meilleure disposition est la suivante : on oprera avec trois

    foyers lumineux. Le premier Be trouvera en arrire et au-dessus

    de la chambre photographique ( peu prs 50 centimlres plu-

    haut), le second et le troisime des deux cts de l'appareil la

    hauteur de l'objectif, mais galement en arrire de la chambre.

    A la ligueur, si Ton ne dispose pas de la place ncessaire, on

    peut les placer plus en avant, mais il ne faudrait jamais lesrapprocher de l'objet photographier plus prs que l'appareil lui-

    mme. En tout cas, on les placera de telle sorte que l'ombr del'appareil photographique ne soit pas projete dans le champd'image.

    Il est recommandante, pour ce genre de prise photographique,de munir toujours l'objectif d'un paralumire de forme coniqueet suffisamment long pour le protger, soit contre les rayons

    trop obliques, qui pourraient arriver sur les lentilles et provoquer

    ainsi une image iloue, soit contre les projections de matiresincandescentes. Ce paralumire peut tre form avantageusementpar un cne de carton lger de 40 centimtres de long et doubl

    l'intrieur de papier noir, qu'on fixera l'objectif avec un

    large lastique.

    S'agit-il de photographier une trs grande tendue, une grande

    salle par exemple, on disposera encore d'autres foyers lumineux,

    de manire avoir partout une lumire uniforme et viter

    les ombres trop prononces.Souvent on pourra se contenter d'une seule source lumineuse ;

    c'est le cas, par exemple, pour la prise des cadavres sur les

  • 90 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    lieux, etc. On se servira alors d'un foyer se trouvant 0",50au-dessus et derrire La chambre photographique. En employantla chambre en position verticale L'aide du pied chelle on estforc d'allumer deux foyers lumineux disposs suffisamment loinde deux cts opposs dn cadavre, et peu prs la hauteur del'objectif. Ce dernier sera muni du paralumire. Au hesoin onutilisera des draps blancs comme rflecteurs pour claircir des

    ombres trop fortes.Mentionnons encore qu' la rigueur et pour certains cas, on

    peut se passer de l'emploi du magnsium en se servant unique-ment de l'clairage au gaz, l'lectricit et mme au ptrolecomme source lumineuse. La disposition des lampes sera alorstelle que toutes les parties de l'objet soient claires sans queles lampes elles-mmes se trouvent dans le champ d'image. Desdraps blancs serviront comme rflecteur pour adoucir des ombrestrop opaques.

    Les rsultats qu'on peut ohtenir ainsi sont assez satisfaisants,

    mais le temps de pose peut atteindre, suivant le mode d'clairagechoisi, jusqu' douze heures.

    Malgr le long temps de pose, l'clairage au bec Auer est recom-mandable. Les photographies faites avec cet clairage possdentdes ombres moins exagres que celles au magnsium et l'imagese rapproche par consquent plus del ralit, c'est--dire qu'ellese prsentera davantage dans les tonalits, telles que nous les

    apercevons avec les yeux.

    La combinaison de la lumire au magnsium avec la lumiredu jour a dj t mentionne dans un chapitre antrieur.

  • CIIAIMTIIM VI

    LA PHOTOGRAPHIE DE L'INVISIBLE

    En donnant cette dnomination la Photographie de l'invisible cette partie de la photographie judiciaire, nous n'avons nulle-ment voulu chercher un titre de chapitre pompeux ; mais, malgrnos elTorts, nous n'avons pas pu trouver un terme exprimantmieux le sujet dont nous allons nous occuper dans les lign< jssuivantes.

    Assez lot aprs l'introduction de la photographie dans la pra-tique, on s'est aperu que la plaque photographique tait plussensihlc que notre il pour certaines diffrences de couleurs, et

    qu'on y voyait des dtails qu'on ne distinguait pas l'il nu.

    Survinrent les fameuses photographies naturelles , soi-disant

    trouves dans les yeux d'assassins et auxquelles nous avonsdj fait allusion dans les notes historique*.

    Malgr la rfutation catgorique de l'Acadmie des Sciences deParis par la bouche de M. Vernois, cette fable continue encoreaujourd'hui dfrayer, de temps en temps, les journaux quoti-diens.

    Peu de temps aprs, un nouveau fait, rel celui-l, attirait l'at-tention du public. Une dame voulait faire faire son portrait parun artiste de la lumire. Aprs la premire pose, l'homme dumtier se retire pour constater dans son laboratoire le succs oul'insuccs de l'opration. Le ngatif est bon, mais, bien que la

    cliente et un teint trs pur, sa figure est constelle de taches

  • 92 I.A PIIO'KH.RAPIIIK .HIMOIAIRK

    transparentes. Il rejette la faute sur la mauvaise qualit de laplaque < % t refait la pose. Au dveloppement mme rsultat. Untroisime et quatrime essai donnrent toujours les mmes tachestransparentes sur La figure. 11 abandonne la lutte, pensant corrigerle dfaut par une retouche savante.

    Quelle n'est pas sa stupfaction, quand, voulant remettre,quelques jours plus tard, les preuves sa cliente, il apprendqu'elle est gravement atteinte de la petite vrole.

    Les taches transparentes sur le ngatif n'taient autre choseque l'ruption vroleuse encore compltement invisible l'il.A la mme poque, quelques experts employrent dj, avecsuccs, la photographie pour dcouvrir sur des pices crites desratures, des surcharges, etc. Mais, si, dj de ce temps, la pho-tographie tait un auxiliaire prcieux pour la dcouverte de fauxen criture, etc., elle est devenue actuellement, grce sesperfectionnements, absolument indispensable pour l'expert judi-ciaire.

    Le but de ce chapitre consacr la Photographie de {'invi-sible est d'examiner les cas o Ton peut avoir recours, avecsuccs, la plaque photographique et les mthodes qu'il fautalors suivre pour atteindre son but.

    Disons de suite que l'expertise photographique des critures,vu sa grande importance, sera traite dans un chapitre spcial.

    A. EXAMEN PHOTOGRAPHIQUE DU CORPS D'UN CADAVREEN VUE DE DCOUVRIR DES TRACES DE COUPS, DE STRANGULATION, ETC.

    Un coup ou une pression exerce sur une partie quelconquedu corps humain provoque toujours un panchement de sangsous la peau, par le fait que de petits vaisseaux sanguins crvent.

    Cet panchement, si le coup ou la pression n'ont pas t consid-rables, se traduit par une lgre rougeur.

    Cette rougeur disparat trs rapidement par l'absorption du

  • i \ PHO rodH M'iii i Dl L'INVl 'i i.i i

    sang rpandu. Si, par contre, la quantit du &np a t plut

    grande, l'effet du coup n '!

  • 94 LA HlOTOfiK \ I 1

    1

    1 !: .M ']>ir:i AIUI-:

    ne soit pas trop grande, de retrouver des taches plus sombres,s'il y en a, pouvant provenir de coups ou dune pression.

    La prsence de lches suspectes une l'ois constate, on photo-graphiera en plus grand et suivant les mmes rgles la rgionseule o elles se trouvent. C'est alors au mdecin lgiste, enpossession de ces photographies, de se prononcer sur leur na-ture.

    Ajoutons qu'on posera le cadavre de telle sorte que la lumiresoit uniforme sur toute son tendue. La lumire directe du

    Fig. 42.

    soleil frappant en plein le corps est trs bonne pour obtenir cersultat.

    En procdant au dshabillemcnt du cadavre, on aura naturel-lement soin de n'exercer sur lui aucune pression assez fortepour pouvoir provoquer une trace. Les pressions produisent dureste sur les cadavres, l'absorption ne se faisant plus, des tachesbleutres trs visibles et reconnaissables.Une opinion assez rpandue dans le public est, qu'on peut

    retrouver, sur un cadavre, l'empreinte des lignes papillaires des

  • , \ PHOTOOB M'iiu Dl i INVI IDI B

    doigts ayanl oxerc la pression, \insi,

  • % LA PHOTOGB ItPHIE JUDICIAIREComme les risques de perdre du matriel deviennent nuls, larussite, en suivant ce modo d'opration, est presque absolue.

    La mthode suivre pour dcouvrir photographiquement destraces de sang sur du linge lav est la suivante :On tendra d'abord le linge examiner, de sorte qu'il n'y ait

    pas de plis. S'agit-il d'un mouchoir ou autre petit objet, on ferabien de les mettre dans un chssis-presse suffisamment grand,muni d'une glace et possdant des ressorts assez forts. Cesressorts devront tre puissants pour permettre d'tendre le linge

    ou le mouchoir compltement plat sur la glace du chssis-presse.

    Si c'est, par contre, une chemise qu'on veut examiner etqu'elle n'entre pas dans le chssis-presse, on la fixera, l'aide de punaises, sur une planche, de sorte qu'elle soit aussi

    plate que possible. Cette planche, ou le chssis-presse contenant

    le mouchoir, est ensuite place de sorte que toute son tenduesoit claire par une lumire uniforme.La lumire du soleil est pour cela trs recommandable.Les endroits contenant des traces de sang tant plus jaunes

    que le reste du linge, mais pas assez jaunes pour tre visibles l'il, on intercalera, pour renforcer les contrastes, un filtre bleu

    entre l'objectif et l'objet photographier. Ce filtre bleu a poureffet d'absorber les rayons jaunes. Les endroits lgrementjauntres, dans notre cas prcisment les taches de sang,impressionneront ainsi, moins que le reste, la plaque photogra-phique.

    Comme filtre bleu nous ne pouvons pas beaucoup recomman-der les plaques de verre color. Nous conseillons plutt de seservir de cuvettes spciales faces planes et parallles qu'on

    remplira d'eau colore avec quelques gouttes d'une solution desulfate de cuivre laquelle on a ajout un peu d'ammoniaque.Suivant l'intensit du filtre qu'on dsire, on ajoutera plus oumoins de la solution de sulfate de cuivre ammoniacal.

    La cuvette-filtre sera pose devant l'objectif et relie a celui-cipar un petit sac de toile noire tanche pour la lumire et ouvertaux deux bouts. On se servira comme obturateur d'un carton

  • La Photographie Jiu

    Taches de sang sur un mouchoir(Clich fait par transparence et tir sur papier

    lav au savon.un verre jaune).

  • i. \ riioi 00H ll'HIK ' LUI i

    couvert de peluche noire, qu'on place devant la cuvette liltr;ir un habile oprateur, celle mthode photogra-phique de recherches de taches de sang invisibles l'il estextrmement sensible. La figure L3 montre, par exemple, destaches de sang frachement produites sur un mouchoir. Les

    Fig. 43.

    planches l et II montrent les mmes taches de sang aprs lesecond lavage au savon du mouchoir. Ces taches taient compl-tement invisibles l'il. Ajoutons que, sur le ngatif, le contrasteentre les taches et les parties environnantes est le plus souvent

    trs faible. Mais on peut trs bien arriver le renforcer sur le

    positif en employant, pour la copie, un papier exagrant lescontrastes, tel que le papier Vlox tiquette noire. Le papier(( Rembrandt donne galement de trs bons rsultats.En copiant travers un verre jaune, on augmente encore sen-

    siblement les contrastes. Le clich reproduit par la planche II a

    t tir de cette manire.

  • I. \ PHOTOGRAPIMI Dl i INV1 [BU

    Les autres mthodes qu'on peu! utiliser pour renforcer lecontrastes seront traites dans !u moins forte,de bichromate de potassium.

    On rencontrera le plus de difficults avec des toffes

  • 100 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    siccit e1 on transporte 1

  • i,\ PHOTOOn \l-ii 1 1 l'i l. iw I il. il |n|

    s;i renomme, on 1 une entire confiance en lui. Mai les juiou l'avocat faire voir chacun, sous le microscope, les rsultats obtenu

    Mais ce mode d'explication demande beaucoup de temps el est

    f

    FlG.

    encore d'un rsultat plus ou moins alatoire, parce que la plu-part des gens occups dans un procs judiciaire ne sont pashabitus oprer avec cet instrument. Et tous ceux qui ont tra-vaill avec le microscope savent que, pour bien y voir, surtouten se servant de forts grossissements, il faut une certaine habi-

    tude qui ne s'acquiert pas en quelques minutes.

    Si Ton considre encore le fait que, dans bien des cas, la pr-

    paration microscopique ne se conserve pas, on sera d'accord avecnous pour dclarer ce procd absolument dfectueux, sinonimpossible employer.

    Combien n'est-il pas plus commode (rapporter l'audienceles images photographiques des rsultats constats sous lemicroscope! Ayant trouv sous le microscope des cristaux db-

  • 102 L\ PHOTOGB \IMIIK JUDICIAIRE

    mtine iode, par exemple, en utilisant le procd cit plushaut, on en fera une pose microphotographique.

    Le clich sera agrandi et l'agrandissement apport l'au-dience. Si l'agrandissemenl < i >l suffisant, il sera facile l'expert,tout en donnant la description et l'explication de son examenscientifique, de le montrer de telle manire aux intresss qu'il

    Fig. 45.

    ne soit pas forc de rpter plusieurs fois ses explications.

    Tout le monde aura devant les yeux l'image agrandie desrsultats obtenus par lui et pourra ainsi mieux suivre et surtoutcomprendre son rapport. Il serait naturellement prfrable depouvoir se servir, cet effet, de l'appareil projections, chau-dement recommand par le professeur H. Gross, mais malheu-reusement ce mode de dmonstration a de graves inconvnients,comme nous avons dj eu l'occasion de le dire.

  • \ ninui.K \ i 1 1 ii m- i.*i n \ i m. i.i

    De telles microphotographies seronl d'une grande utilit, nonseulement pour les expertises de lches de

    pour d'autres expertises. Ainsi, La description des oprations microphotographiques b cetteplace dpasserait de beaucoup le cadre de ce travail, consacrla photographie judiciaire.

    Fig. 46.

    Nous nous bornerons dire qu'il est absolument indispensable

    que les microphotographies servant comme tests aune exper-

    tise judiciaire soient aussi parfaites que possible, et que l'expert,

    insuffisamment au courant des manipulations microphotogra-

    phiques, fera bien de s'adresser pour leur confection un spcia-

    liste. Il existe, du reste, des traits spciaux de microphotogra-

    1. Spermatozodes du chien et cristaux d'hmatine iode. Prparation du Prof.D r Strzyzowskv.

  • 104 l-\ PHOTOGB \1MIIK JUDICIAIRE

    phies dus d< >s auteurs trs comptents en l;i matire et o l'ontrouvera les indications ncessaires.

    L'expert pourra tre galement appel dmontrer levant lestribunaux le rsultat d'une expertise spectroscopique In sang, etc.Gomme pour les examens microchimiques il se servira de la pho-tographie pour fixer graphiquement ses rsultats.

    Le professeur H. Gross 1 cite, ce propos, une expertise trs

    intressante, faite parl'expertbien connu, le D r Jessericli de Berlin.On trouva le cadavre moiti carbonis du propritaire

    d'une maison incendie et on souponnait que celui-ci avait tassassin. On sait que du sang frais possde certaines propritsspectroscopiques, se modifiant par l'action de certains ractifschimiques. Si l'on expose ce sang l'action du gaz oxyde decarbone, ses proprits ne sont plus influences par les ractifs

    chimiques, mais restent constantes.Dans notre cas, il se posait la question de savoir si le mort

    avait t axphyxi, ou s'il tait dj mort avant l'incendie. Sil'asphyxie tait la cause de la mort, le sang devait montrer les

    proprits du sang contenant de l'oxyde de carbone. L'expert,le D r Jesserich, se servant pour son examen de quelques gouttesde sang trouves dans le cur du cadavre, constata que l'asphyxien'tait pas la cause de la mort et fixa l'image du spectre obtenu l'analyse spectroscopique sur la plaque photographique. Cettephotographie du spectre trouv joua, l'audience, un rle trsimportant.

    Il faut galement mentionner dans ce chapitre l'emploi, enmatire judiciaire, de la radiographie nous rvlant aussi deschoses invisibles l'il. Les radiographies seront les tests

    du constat du mdecin lgiste. 11 produira, par exemple, l'au-dience l'image radiographique d'une balle de revolver, ayantpntr dans la cuisse, les poumons, etc., lorsque la victime a sur-vcu ses blessures.

    Mais la radiographie est aussi d'un emploi trs efficace dansd'autres expertises.

    1. Prof. D r Gross, Handbuch fin' Untersilchungsrichter ah S;/stem (1er Krimina-listitt, p. 216.

  • i \ PHOTOOH M'iin Dl i i N - ' i MM

    \insi on ,i constate, di le dbut de la radiographie, que le

    pierres prcieuses se comportaient, vis- v\ de rayon \ tout h

    fail autremonl que l*s pierres fausses. Les premier

    facilement traverses par les rayons Roentgen, tandis que le

    dernires s'opposent presque compltement a la traverse de irayons.

    A ce propos, M. Stoecklin, chimiste expert .1 Mulhouse, a publi

    dans la Xai urc ' de curieux el trs concluants rsultats. M. Stoeck-lin se servait pour son expertise d'un tube rglable de MM. Sie-

    mens et Halske, donnant m,20 d'tincelle et plac une dis-

    tance de m ,38.

    La pose a t d'une minute. Les perles fines et les perles imita-

    tion ne montrrent sur l'preuve ainsi obtenue que peu de diff-rence. Cette diffrence devint par contre norme pour les brillantsnaturels et taux.

    Ces derniers furent presque impntrables aux rayons X etdonnrent une image noire, sur l'preuve positive l>ien entendu.

    Les brillants naturels furent facilement traverss par les rayons

    et lurent, sur le positif, d'un dessin trs clair. Un rubis naturel etun rubis imitation, un grenat vritable et un faux, de mme quedes saphirs, des turquoises, des meraudes, des opales et des

    pierres de lune, toujours en ayant soin de mettre une pierre na-turelle ct d'une pierre imitation, donnrent absolument lemme rsultat.La pice naturelle laissa passer les rayons Roentgen, la pice

    imitation empcha, par l'absorption, leur action sur la plaquephotographique.Nous avons donc dans la radiographie un moyen sr de re-

    connatre des pierres naturelles des pierres fausses. Les experts

    feront bien de se servir, en cas de besoin, de cette mthode radio-graphique.

    La Nature, 22 janvier 1808, p. 112.

  • lin, I.A PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    C. LES EMPREINTES INVISIBLES DES LIGNES PAPILLAIRES DES DOIGTS

    Nous avons dj trait dans un des chapilros prcdents laphotographie des empreintes digitales visibles sur les murs, lesglaces, etc. Ici nous donnerons quelques dtails sur la rechercheet la prise photographique de traces invisibles provoques parl'apposition des doigts.

    Ces empreintes invisibles se trouveront surtout sur du papier.En touchant un papier, etc., avec les doigts, nous y laissons, par-tout o la surface du doigt est venue en contact avec sa surface,des parcelles de matires grasses dont la peau est presque tou-

    jours charge. Mais les points qui entrent en contact avec lasurface du papier sont justement les lignes papillaires promi-nentes des doigts.

    Nous avons donc sur le papier une copie exacte de ces ara-besques multiformes des lignes papillaires. Elle sera forme pardes parcelles de graisse infiniment petites et juxtaposes les unesaux autres. Ordinairement cette empreinte ainsi forme reste in-visible l'il, mais elle peut devenir visible, si nous avons pra-lablement pass la main dans les cheveux toujours chargs dunequantit assez considrable de graisse.

    Nous nous occuperons ici seulement des traces invisibles des em-

    preintes. Gomment peut-on les rendre visibles? 11 y a pour celaplusieurs mthodes. La plus ancienne est celle de M. Forgeot 1

    ,

    qui consiste dans l'opration suivante :

    On plonge le papier suspect de contenir des traces d'em-preintes digitales dans l'encre Gardot. Les lignes papillaires res-

    sortiront alors blanches sur fond noir.

    M. Bertillon 2 a trouv un moyen encore plus simple et quia le grand avantage de ne pas altrer le document, comme

    i. Alphonse Bertillon, la Comparaison des critures et VIdentification graphique(Revue scientifique, p. 70).

    2. Ibidem, p. 71.

  • I, \ l'iHHiK.K M'IMI ll l/INVl Mil I

    li> l'ail le trempage dans l'encre Gardol recommand paiM. Forgool

    M. Bcrtillon saupoudre loul simplement le papier avec de lamine de plomb. Los lignes papillaire ea retiennenl la mine

    m*

    l

    &JK

    o^h- (U4H

    S

    Fig. '.7.

    de plomb, tandis que le papier intact ne la retient pas. Les em-

    preintes digitales ressortent par consquent en noir sur un fondblanc [fig. 47).

    Ce dessin trs net et form par la mine de plomb peut trefix L'aide du fixatif ordinaire employ pour les dessins au

  • 108 LA PHOTOGRAPHIE Jl DIC1 URE

    crayon. Il f;uil cependant ajouter que, suivant la qualit du pa-pier support, le dessin, vienl plus ou moins accus.

    Les meilleurs rsultats sont obtenus avec les papiers glacs, oubien satins. Les papiers surface rugueuse ne donnent, par suitede leur surface ingale, que des empreintes bien moins distinctes

  • i.\ PHOTOOH \ I 1 1 1 1 m- L'INVl ua.i. 109

    Le documonl carbonis se trouvanl dans 1 1 1 * chemine, unpole, etc., on prendra !

  • HO I. \ PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    pas visible l'il cl sera reproduit sur une plaque orthochroma-

    tique. n peut rendre des contrastes pi us forts par des moyens

    qui seront indiqus dans le chapitre consacr l'expertise descritures.

    Le papier contenanl une criture une encre aux sels de fer

    et entiremenl calcin n'offre aucune difficult pour la reproduc-tion photographique. Le Irait ressort en brun rouille sur le fond

    blanc. Mais si cette reproduction n'offre pas de difficults l'enlve-

    ment du document calcin de la chemine et son aplanissementen prsentent d'autant plus. Dans ce cas. on suivra la mmemthode que celle indique plus haut, mais avec plus de pr-cautions encore. Ajoutons que la photographie peut, en employantles mmes manipulations, nous faire dcouvrir les numros debillets de banque ou obligations, etc., brls.

    E. DCOUVERTE DES EMPREINTES INVISIBLES D'IMAGES A L'ENCRE D'IMPRIMERIESUR LES FEUILLES DE GARDE

    Les images imprimes aux encres d'imprimerie produisentgnralement des traces sur les feuilles degarde qui les recouvrent.Ces traces sont formes par le dcalquage de petites quantitsd'encre incompltement sche.

    Le plus souvent elles sont, par la petite quantit de l'encre

    dcalque, invisibles l'il La photographie nous permet deles dcouvrir.

    Pour cela la feuille de garde sera mise dans un chssis-presse forte pression, de sorte qu'elle soit compltement aplanie. Lechssis-presse avec la feuille de garde examiner sera clair parune forte lumire. Pour la reproduction du document on se serviradune plaque ordinaire. La pose sera normale et le dveloppementlent. Il est trs rccommandable, si la couleur du papier estblanche, d'intercaler entre l'objectif et l'objet a photographier

    un filtre bleu, constitu par une cuvette-filtre remplie d'une

    solution de sulfate de cuivre ammoniacal. En choisissant un

  • i \ PHOTOGH M'iiii i>i i . i s- i ii.i I 111

    temps de pose cl un filtre convenables, I empreinte de I imimprime, renverse naturellement, sortira en plus clair sur lengatif.

    Les planches l\ ci \ montrent la photographie d une telle em

    preinte. Elles reprsentent l

  • CHAP1T1 VII

    EXAMEN PHOTOGRAPHIQUE DES DOCUMENTS CRITS

    Au cours des chapitres prcdents, nous avons dj eu, maintes reprises, l'occasion de dire, que la plaque photogra-phique est autrement sensible pour les diffrences de teintes etcolorations que l'il humain.Nous avons pu indiquer comment le photographe judiciaire, se

    servant de cette proprit de la plaque sensible, peut dcouvrirdes traces de strangulation sur un cadavre, des traces desang, etc., traces compltement invisibles notre organe visuel.

    Cette particularit des mulsions photographiques est surtoutd'une trs haute valeur pour l'examen des documents crits.

    Depuis assez longtemps dj, les experts chimistes, incapablesde trouver srement par l'examen chimique, des ratures, dessurcharges, etc., sur des pices crites, ont utilis la photogra-

    phie pour arriver leurs fins.

    Les Bertillon, Iesserich, Sonnenschein, Barbieri, Popp, Denns-tedt, Schopff ont travaill au perfectionnement de l'analysephotographique. Ce sont surtout les deux auteurs hambour-geois, MM. Dennstedt et Schopff, qui, dans leur travail devenuclassique [Einiges iber die Anwendung der Photographie zurEntdeckung von Urkundenflschungen *), ont donn pour lapremire fois une description complte des mthodes, qu'il

    1. Hambourg, 1898, Commissions-Yerlag von Lucas Greif u. Sillem. Jahrbuclider ha/mburgischen voissenscliaftliehen A tintait en, XV.

  • La Photographie Judiciaire.

    Lettre brle crite avec une encreaux sels de fer.

  • I'\ \ VI KN IM10 I
  • I I \ LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    l)rs ratures excutes par quelqu'un - du mtier sont souventdifficiles constater < i i ne se traduiseni souvenl que par l'aspect

    fibreux de la surface du papier.MM. Dennstedl et Schpff recommandent d'examiner l'endroit

    suspect du papier en y mettant une goutte d'eau.En effet, le papier tant ratur et, par eonsquent, L'encollage

    tant dtruit, pompe immdiatement l'eau. La goutte d'eau resteau contraire pendant un certain temps telle quelle sur le papiernon trait au rasoir, c'est--dire encore parfaitement encoll.

    Cette preuve, comme nous avons pu nous convaincre person-nellement, est trs concluante et n'altre pas le document,comme le font dj ressortir ces auteurs, si l'on a soin de lescher ensuite compltement.

    L'endroit suspect de ratures ainsi trouv par cet examen mi-croscopique prliminaire, on procde sa prise photographique.La photographie peut tre faite en grandeur naturelle ou sous lemicroscope, en agrandissant.Pour photographier Je document suspect en grandeur naturelle,

    aprs l'avoir lix d'abord sur une planchette (ne pas l'exposersous le verre d'un chssis-presse), on fera la premire pose sousune lumire vive arrivant trs obliquement.

    Pour cela on travaillera dans une chambre noire et l'on utiliseracomme source lumineuse une lampe bec Auer munie d'unrflecteur. Les lampes livres par les fabricants de microscopepour la microphotographie sont d'un trs bon emploi.La mise au point de l'image sera trs exacte. Pour atteindre la

    plus grande nettet possible, M. Bertillon emploie un test : lapremire patte gauche d'une mouche ordinaire. Les tarses decette patte se voient trs bien, avec une loupe, sur le verre dpoliet servent au contrle de la mise au point. On fera adhrer aupapier la patte de mouche en l'humectant un peu.La premire pose faite par une lumire oblique, trs vive, fera,

    la plupart du temps, ressortir les ingalits de la surface par desombres relativement fortes. On la compltera par une secondepose par transparence.

    Pour cela on fixera le document sur un cadre de bois et on

  • i:\ wii \ PHOTOOH M-iii'M i m |)Oi i I GUI I Il ,

    placera la lampe derrire l'objet photographier. Les difTrem

    d'paisseur scronl rendues alors par des endroits plu ou tnoin

    noirs sur le ngatif.

    La photographie mi grandeur naturelle n

  • 1 II I,.\ PHOTOGB M'illl-; JUDICIAIRE

    lente auxquels, pour renforcer les contrastes, on ajoutera unequantit relativement grande de bromure de potassium.

    Les rvlateurs action rapide, comme le paramidophnol(rodinal), etc., sont inutilisables pour ce genre de photographie.Ils aplatissent l'image par la diminution des contrastes. En outreils ont tous une grande tendance au voile.

    Les tra ils sont enlevs par tut moyen chimique. Pour enleverdes traits sur un document crit, les faussaires ne se servent pasuniquement du grattoir, ils emploient trs souvent des moyenschimiques.

    D'aprs le professeur (iross, les moyens chimiques les plususits pour cela sont 1 :

    L 1acide oxalique en solution aqueuse et l'acide chlorhydriquedilu, qu'on applique sur le trait l'aide d'un pinceau et qu'onlimine ensuite par un lavage l'eau, appliqu galement avecun pinceau. Un mlange finement pulvris de carbonate d'am-monium et de soufre, dont on remplit un petit sac de mousse-line fine et avec lequel on frotte rcriture enlever. Une solu-tion aqueuse de chlorure d'tain (1 2) qu'on applique avec un

    pinceau sur l'criture.Les solutions d'hypochlorites, par exemple Thypochlorite de

    sodium, et l'eau chlore.Le faussaire, en employant ces moyens chimiques, russit bien

    faire disparatre les traits de l'criture, mais, dans la plupart descas, il provoque par l aussi un changement de la teinte dupapier aux endroits traits.

    Ce changement de couleur est presque toujours minime etimperceptible l'il; pourtant, il peut tre dcouvert quelque-fois par la plaque photographique. L'endroit trait est devenu,par exemple, lgrement jauntre. Une plaque ordinaire, enchoisissant un temps de pose convenable, nous donnera unetache, sur le ngatif, plus transparente que le reste.

    Le papier possdant une trs lgre teinte jauntre a t trait

    1. Prof. D" II. Gross, Handbuch fur Untersuchungsrichter als System der Krimi-nalistik.

  • i.\ wiia PHOTOOH M'iii' 'i i m i"" i \m i i ' RI i

    partiellement avec une solution blanchi ante la teinte jau

    ntre aura disparu sur tous les points o l'on a appliqu la jolu

    lion blanchissante. Dans ce cas, l'endroit Irait ur !< nj

    I if plus ooir que le peste lu papier.

    En pratique, ces oprations ne sont naturellement pas i simples

    que le fait supposer la thorie. Il faut souvenl beaucoup de

    patience et I' multiples essais pour arriver d< se rsultats con

    cluants.

    La manire de travailler est alors la suivante :Le document examiner est mis dans un chssis-presse muni

    d'une glace. Il sera expos une lumire gale et intense, SI pi

    sible la lumire directe du soleil ou celle d'une forte lampe arc.

    Une srie do poses sur des plaques ordinaires et avec diff-

    rents temps d'exposition servira orienter l'oprateur sur la

    nature de la tache provoque par l'ingrdient chimique.Gomme nous venons de le dire, la tache, sur le ngatif, sera

    plus claire que le reste, si la solution a teint le papier en jaune ;elle sera plus fonce, si, au contraire, le papier a t blanchi aux

    endroits traits.

    Dans ce cas, on pourra augmenter les contrastes en intercalant

    un iiltre bleu entre l'objectif et l'objet photographier. Gommefiltre, on utilisera la cuvette-filtre, remplie d'une solution plus ou

    moins concentre de sulfate de cuivre ammoniacal que nousavons dj mentionne plusieurs reprises.Nous prfrons ici la photographie la lumire incidente

    celle par transparence. Elle nous semble plus sre. L'emploi de

    l'appareil microphotographique n'est galement pas ncessaire.Les ngatifs, ainsi obtenus, seront copis sur un papier don-

    nant des contrastes trs accuss. On se servira, avec succs, dupapier Vlox, marque noire, ou du papier Rembrandt. Onpourra aussi renforcer les contrastes par des moyens que nous

    indiquerons plus loin.

    Tous ces moyens chimiques et mcaniques tant employs parle faussaire pour enlever des traits, on peut souvent, par la pho-

    tographie, retrouver les traits disparus pour notre il.

  • | 18 LA PHOTOOB \1MI1I-: JUDICIAIRE

    En effet, le faussaire a un grand intrt conserver l'endroil

    o il veut faire disparatre des chiffres, etc., dans un lut aussiparfait que possible, et, pour y arriver, il cessera son travail au

    moment o toute trace visible aura disparu. Cela lui viterad'attaquer inutilement le papier.

    Mais si toute trace a disparu, mme pour l'il le plus exerc,il se pourra fort bien que des traces minimes d'encre noire, si letaux a t fait l'aide du grattoir, ou des particules d'oxyde defer jaune soient restes dans la pte du papier; et ce sont prci-sment ces restes que la plaque photographique, par sa grandesensibilit pour les moindres diffrences de certaines couleurs,nous permet de constater.

    On a propos, et les propositions ont t mises en pratique maintes reprises, de traiter chimiquement ces restes d'encre oud'oxyde de fer. Ainsi on recommande l'application d'une solutiond'acide gallique sur les endroits suspects.

    Un traitement des endroits contenant des traces d'critureenleves au moyen de solutions blanchissantes avec du sulfured'ammonium devra galement faire ressortir visiblement lestraits disparus.

    Il est vrai que ces solutions peuvent souvent donner de bonsrsultats, mais elles ont le grand inconvnient, comme le fontdj remarquer MM. Dennstedt et Schpff 1

    ,d'altrer le docu-

    ment. En tous cas, elles ne sont pas ncessaires, si l'on veutemployer la photographie.La plaque photographique est suffisamment sensible pour

    donner des rsultats concluants mme sans avoir noirci prala-blement les traits par un ractif chimique.A ce propos, il faut galement citer la mthode ingnieuse de

    M. Alphonse Bertillon pour faire ressortir des traits enlevsantrieurement, au moins pour l'il, l'aide d'un grattoir.M. Bertillon traite l'endroit gratt avec un fer repasser chaud.On se servira de prfrence d'un fer repasser chauff au gaz.

    1. Einiges iber die Auwendung dev Photograsphie zur Eutdeckung von Urkundenfdlschung, page 8.

  • I- \ \\u \ PHOTOORAPHIQl B DE DOCUMKN1 CRI1 I | Q

    Il doil tre chauff & une temprature telle que, pos sur unpapier blanc, il le brunisse. I'iu l'emploi n promnera le ferchaud sur l'endroit examiner, lequel brunira tr! vite. Le trailenlev par le grattage ressort alors en noir sur un fond brunclair (fig, 57 I.

    Ajoutons qu'on pourra galement traiter au fer chaud L'enversdu papier pour provoquer le mme effet.

    Cette mthode nous a donn d'excellents rsultats, mais elle aaussi l'incom ('nient, comme les ractifs chimiques, d'altrer le

    document.roui* dcouvrir photographiquement les restes d'encre ou, en

    cas d'application de solutions blanchissantes, des traces d'oxydede fer, on procdera comme suit :

    Le document mis avec un lest (la patte de mouche dansun chssis forte pression est plac de sorte qu'il >oil clairpar une lumire trs vive. La lumire directe du soleil ou celled'une lampe arc sont, comme pour toutes les poses semblables,d'un trs bon emploi.On agrandira directement le document l'aide de la chambre

    photographique, si le tirage du soufflet le permet, au moins2 fois. Mieux: vaut l'agrandir 4 5 fois.

    La mise au point se fera sur le test . Il est recommandablede se servir pour ce genre de photographie de la cuvette-filtrebleue, cite dj plusieurs reprises.La pose sera normale. Le clich sera dvelopp avec un rv-

    lateur action lente, de l'oxalate ferreux par exemple. Ledveloppement lent en cuvette verticale a souvent permis l'auteur d'obtenir de trs beaux rsultats.

    Si l'on se sert de l'appareil microphotographique pour dcelerdes traces d'criture, on placera la source lumineuse (lampe bec Aiier) de sorte que le document soit clair par devant.L'clairage par transparence n'est pas, notre avis, trs bonpour ce genre d'expertise photographique.

    L'emploi du filtre bleu est galement indiqu.Le clich montrant des traces d'criture ainsi obtenu, on le

    copie sur du papier.

  • [20 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    Mais, comme bien souvent ces traces ne sonl marques que trsfaiblement, n cherchera renforcer sur La copie les contrastes.

    Pour y arriver, ona diffrents moyens. Le premier consiste tirersur ni) papier spcial exagrant ces contrastes. Telles sonl parexemples l< i s marques dj cites diffrents endroits, " Vlox ,tiquette noire, et Rembrandt .

    Le premier est un papier au chloro-bromurc et dvelop-

    pement. 11 sera dvelopp avec un rvlateur d'action moyenneauquel on ajoute du bromure de potassium. Un bon rvlateurpour cela est l'hydroquinonc-iconogne par exemple. PourTemploi de ce papier, il faut encore ajouter qu'au dveloppementl'image vient d'abord grise, sans vigueur et sans dtails. Les

    ombres semblent aussi grises que les demi-teintes. C'est seulementaprs un certain temps que les ombres ressortent vigoureusementsans que les demi-teintes augmentent sensiblement d'intensit.

    La seconde marque est un papier au chlorure d'argent noir-cissement direct. Il peut tre vir avec les virages ordinaires.

    Un autre moyen pour renforcer les contrastes d'un clich estde le copier travers un verre jaune ou vert. Ce mode de tiragepeut tre employ soit pour les papiers noircissement direct,soit pour ceux dveloppement. Suivant le cas on choisira unverre plus au moins color. Le verre de couleur peut tre rem-plac par un papier transparent de la mme couleur qu'on placesur le chssis-presse.

    Le papier rouge starinis employ pour l'emballage despapiers photographiques peut servir pour cela. Toutefois, cespapiers colors ne sont pas recommandablcs pour les tirages surun papier dveloppement cause de l'ingalit de leur pte.

    Le renforcement au bichlorure de mercure ou l'affaiblissementpermettent souvent d'augmenter les contrastes. Mieux vautencore combiner ces deux oprations. cet effet on affaiblira d'abord le clich dbarrass de toute

    trace d'hyposulfite l'aide d'une faible solution (1 : 100) de persul-fate d'ammonium additionne de quelques gouttes d'acide sulfu-rique. Aprs un nouveau lavage et aprs schage on le soumettra l'action du bain de sublim.

  • i \ \\ii \ PHO i OOH IPHIQl i l'i DOCUM1 m I 'I

    L'imago blanchie sero noircie par un rvlateur photographiqueservan! ordinairement au dveloppement des client l'on abien choisi le degr d'affaiblissement el du renforcemenl ucc\ DO< i M

    commence se noircir. Kilo devient compltement noire pari 01

  • I 2S LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    servant la confection de L'criture a t fortemcnl remplie

    d'encre, et qu'ils diminuent avec La finesse ;ms dire que hi structure du trait ne devieni visible

    qu'avec un fort grossissement (4 6 lois linaire).

    Comme nous venons de 1' dire plus haut, il esl presque im-possible de distinguer photographiquement sur un document destraits produits par deux ou plusieurs encres anciennes de diff-rente composition.

    Il y a naturellement d'anciennes encres de nature 1res di Ile-

    rente. Mais dans ce cas la diffrence devient dj visible L'ilet le faussaire, ayant tout intrt cacher son intervention par

    addition de traits, etc., ne s'en servira forcment pas.L'image agrandie d'critures faites avec d'anciennes encres

    montre pointant presque toujours de grandes diffrences de noir-cissement des traits. Tandis que les uns sont trs foncs (sur lepositif), les autres sont gristres et peuvent mme prendre peuprs la couleur du papier-support.

    Ces diffrences de vigueur proviennent simplement de laquantit plus ou moins considrable d'encre se trouvant dans lebec de la plume au moment de l'criture, ou de la pressionqu'on a exerce sur cette plume, ou encore de l'paisseur destraits provoque par la duret plus ou moins grande dubec.

    11 serait tmraire de conclure de ces diffrences de vigueur l'emploi d'encres de diffrentes qualits.

    MM. Dennstedt et Schopffne donnent une valeur distinctive la varit d'intensit des traits qu' condition que ces diffrences

    se rencontrent dans le mme chiffre. Ils ajoutent que, mme dansce cas, l'expert ne devra pas tre trop affirmatif, et nous ne pou-

    vons que les approuver, puisque nous avons obtenu ces diff-rences d'intensit dans le mme chiffre, crit par nous d'un seultrait sans interruption.

    Les documents crits L'aide d'encres modernes n'offrent pasles mmes difficults. En effet, les couleurs employes pour lateinture des encres sont gnralement, comme nous l'avons djdit plus haut, bleues, violettes ou rougetres. Ces couleurs agis-

  • ''&.,.

    ;/'^^-^;V::^ v;^r r'':A '?''. ''

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  • KXAMI N l'iK.i do U tl'IIIUl K 1)1 DOGUMKM KCHl'l

    s.ini trs diffrera ment sur la plaque en ible nous permettront

    de les di (Troncier photographiquement.Tout le monde sail que !

  • 130 LA PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    aura t examin pralablemenl l'aide du spcctroscope, pours'assurer de l'absorption complte des dits rayons.

    Le ngatif, dvelopp suivant les indications antrieurementdonnes, montrera des diffrences d'intensit dans les traits, siles encres employes ne contenaient pas la mme matire colo-rante. Ces diffrences s'accentuent, si Ton utilise les procds detirage ou de renforcement et d'affaiblissement que nous avonsdcrits en traitant de la photographie des ratures.

    Les diffrences d'intensit pouvant galement provenird'autres causes, de la quantit variable d'encre coulant du becde la plume, de la pression plus ou moins forte, etc., on contr-lera le rsultat au moyen de plaques orlhochromatiques; cesplaques donnent, comme on sait, les couleurs avec des valeurs peu prs semblables celles perues par notre organe visuel.

    L'orthocbromalisme est produit par l'addition directe l'mul-sion ou par trempage de la plaque dans une solution alcooliquede matires colorantes comme l'rythrosine, l'osine, la cya-ninc, etc. Les plaques contenant de l'rythrosine sont plussensibles pour le jaune, celles auxquelles on a additionn de lacyanine, pour le rouge.

    Pour la seconde pose on utilisera une plaque de ce genre, lacyanine, sensible pour le ct le moins rfract du spectre. Lesplaques orlhochromatiques du commerce ( l'rythrosine) ne seprtant pas cet usage, on se prparera par trempage une plaquesensible au rouge.

    Pour celte prparation nous nous servons de la mthode in-dique par le professeur Miethe, donnant des plaques trs sen-sibles pour le rouge. On se prparera d'abord des solutions derouge de glycine, rouge de chinoline et de cyanine, en dissol-vant sparment 1 gramme de chaque matire colorante dans500 centimtres cubes d'alcool. (Ces couleurs sont fabriquespar la Socit par Actions pour la fabrication d'aniline deBerlin.)

    A la solution de cyanine on ajoutera quelques gouttes d'am-moniaque. On mlangera ensuite ensemble 20 centimtres cubesde chaque solution et l'on ajoutera ce mlange 100 centimtres

  • I \ Wll \ PHO l'OOH \|'|||i .1 | |,| |)
  • 132 l.\ PHOTOGRAPHIE JUDICIAIRE

    ne se produit pas, la diffrence 1 < ^ noircissement les traits sui

    la premire pose peul aussi rsulter et de la quantit variable del'encre el de sa concentration plus ou moins grande.En loul cas, l'expert ne peut pas se prononcer sur la diffrence

    existante ou non des encres ayant servi l'criture.

    Cette mthode de renversement des valeurs sur un' secondeplaque sensible pour les rayons rouges ne sert pas seulement a

    diffrencier nettement des encres matires colorantes rouges etbleues, elle peut galement indiquer des diffrences de colorationde deux encres dont la teinte semble identique l'iLEn effet, certaines couleurs rouges laissent passer aussi des

    rayons bleus. Ces encres donnent, par consquent, une autreimage que les encres contenant un rouge pur.MM. Dennstedt et Schpff recommandent pour toutes les poses

    photographiques de ce genre de se servir d'un tmoin indiquantla bonne qualit des plaques orthochromatiques. Ce tmoin con-siste en deux traits, l'un rouge l'autre bleu, qu'on applique surle documenta examiner, de sorte qu'ils se trouvent dans le champd'image embrass par l'objectif.

    Si le renversement des valeurs se produit avec les deux traitstmoins, la plaque orthochromatique est de bonne qualil.

    Le D r Popp 1 propose de remplacer les iiltres colors avec desmatires colorantes par des Iiltres contenant en solution aqueuseune des encres employes, aprs en avoir dtermin spectrosco-piquement les qualits.Pour la pose photographique il utilise la plaque orthochroma-

    tique correspondante et russit ainsi faire paratre sur le clich

    l'une des encres en clair, l'autre en fonc.

    Enfin la troisime des questions soumises l'expert photo-graphe : si deux traits se trouvant sur le mme document sontcrits en mme temps ou des poques diffrentes, peut trersolue photographiquement par diverses indications invisibles l'il, mais visibles sur la plaque photographique.

    1. D 1 Popp, Vber gerichtliche Photographie, Photogr. Correspondenz, 1901, n 2,p. 87.

  • EXAM1 N l'ii'H .11,1; \ l'iih >i i m DOCUMKM KCRI1 1 : :

    Les moyens chimiques ne donnenl pas toujour de rsultatsconcluants. On suii que, dans ce cas, l'examen chimique con i ledans le traitement le traits au i cmhlablcs que possible pardes ;ici(lcs dilus, etc.

    Les critures plus rcentes son! alors attaques plus vite

  • 1 3

    1

    LA PHOTOGB U'IMK JUDICIAIRE

    nu produira des positifs accusanl oettemenl par l'intensit des

    traits leur ge diffrent.La photographie, comme la chimie, ne nous donnera aucun

    rsultat concluant si les

  • I \ wii \ l'imi (d.n \i'in< >i i i.i |)Oi l'MKM h un

    Mais, pour pouvoir jugei ur le photogramme obtenu, lequeldes deux traits passe sur l'autre on b rappclera que le troil leplus jeune s panche toujours plu^

  • i:io l.\ IM [o |H II. JUDICIAIRE

    I n papier bien encoll donnera le plus grand relief, un papiermal encoll ae fera le plus souvenl voir la diffrence d'apposition

    des deux traits (jue par la surchage, p;ir panchement [fig. 53).II est videnl que l'opration devient encore; plus facile si les

    traits se croisant sont produits par deux encres diffrentes. Enappliquant les mthodes donnes antrieurement on arrivera sans

    Fig. 53.

    trop de difficults les diffrencier et reconnatre ensuite leur

    position.

    La zone plus claire au milieu du trait produite par l'carte-ment des deux pointes du bec de la plume pourra nous fournirgalement des indications prcieuses.En effet, elle nous montrera, par sa continuation, le trait qui se

    trouve serperpos l'autre. La zone claire de ce dernier seranoircie jusqu' une certaine distance du point de croisement parLpanchcment du trait suprieur [fig. 54). Ajoutons que cet

  • |\ \\l| A l'IM I .|; \ l'Ill' 'I I \>\ DO! i .11 I I ' I : I I

    dpanchemonl qo >< i produit pas toujours def deu* ct du i isment, mais quelquefois seulemcnl

  • 138 L.A PHOTOGR \l*ll 1 1 . JUDICIAIRE

    pour les autres photographies d'critures, amplement suffisant.Il n'est pas mme recommandable d'agrandir davantage le

    document. Le relief et la surcharge deviennent, sur une image

    trop grossie, difficiles constater cause de L'aspect par trop

    dchir de l'criture.11 faut galement citer dans ce chapitre la dcharge invisible

    on Vimage Iaini le de l'criture.C'est de nouveau M. Alphonse Bertillon qui, le premier, a si-

    gnal ce phnomne important pour les recherches judiciaires.M. A. Bertillon dcrit cette image latente et son dveloppement

    dans son remarquable travail sur la comparaison des critures 1

    de la faon suivante : Savez-vous que l'enveloppe d'une lettre conserve indfini-

    ment emprisonne dans ses mailles la partie de la correspon-dance qui a t directement en contact avec elle? C'est le ph-nomne de la dcharge invisible, curieuse observation que leservice de l'identit judiciaire croit avoir t le premier faireet utiliser.

    Remarquez bien qu'il ne s'agit pas l des maculatures bien

    apparentes, comme celles laisses par une criture encore frache

    sur la feuille vis--vis, par exemple, mais d'une vritable imagelatente beaucoup plus nette, beaucoup plus complte que ces

    traces qui sont, dans la plupart des cas, indchiffrables et que le

    moindre sentiment de propret graphique, dfaut de prudence,fait viter.

    La dcharge d'criture est produite, croyons-nous, par lesmatires sucres et gommeuses. incolores par elles-mmes, que

    toutes les encres contiennent plus ou moins et qui conserventune certaine viscosit longtemps aprs la dessiccation apparente

    de Tcriture.

    Ainsi, pour qu'il y ait formation d'image latente, il faut

    que le document trac, mme depuis plusieurs jours, se Irouveen contact quelques heures durant et sous une faible pression

    avec une feuille de papier, buvard ou non.

    1. Revue scientifique du 18 dcembre 1891 et du 1" janvier 1838, p. 72 et 73.

  • EXAMEN l 'Ile < | OOH M'Ilh 'I I M DOCI i i- 1 I

    " L'impression

  • 1 /, LA PHOTOGB MMlii. JUDIC1 URE

    Disons de suite que la formation de L'image latente dpend del'encre el aussi du papier employ. Nous avons utilis un grand

    Qombre d'encres diffrentes, et c'esl seulement une partie qui nousa donn la dcharge invisible.

    Voil la nomenclature de quelques encre- examines avec lessuccs obtenus :

    1 Encre Stphens, trs noire. Writing : aucun rsultat;2 Aleppo, encre non communicative, noire fixe de Schmutzi-

    ger etG le,Aarau (Suisse) : image trs belle;

    3 Aleppo. Schwarze Tinte (Botlichbraun) de Joseph Ltzelber-

    ger, Zurich (Suisse) : trs beau rsultat;4 N. Antoine et fils, Paris. Blue-Black Writing Flui